Tube à Rayons X et formation de l’image radiologique N.
M
Historique
C’est Wilhelm Röentgen, qui découvre que son tube de Hittorf-Crookes, entouré d’un papier noir, fait briller une
plaque de platino-cyanure de baryum qui se trouvait là par hasard
Roëntgen intercale des objets entre le tube et la plaque et la fluorescence persiste. Il conclut qu’il existe un
rayonnement provenant du tube, traversant le bois, les métaux et la chair, qu’il nomme « rayons X »
1913 : le tube de coolidge : Coolidge crée une cathode de filament spiralé de tungstène, fixée sur une pièce de
concentration en molybdène
Rappel sur l’atome
Les atomes qui sont les constituants élémentaires de la matière sont de très petite taille 10-10 m, ils sont constitués
d’un noyau central entouré d’un nuage électronique disposé en couches orbitaires
Le diamètre du noyau est environ 10000 fois plus petit que celui de l’atome, il concentre l’essentiel de la masse de
l’atome
« La matière est surtout constituée de vide » Rutherford
Organisation en couches orbitaires
Energie de liaison W : énergie qu’il faut fournir à l’atome pour arracher l’électron du
champ périnucléaoire ; cette énergie diminue d’une couche à l’autre quand on s’éloigne du
noyau, cette énergie dépend du Z2
Ainsi Wk = 13,6 Kev pour l’hydrogène et 74,4 KeV pour le tungstène
Production des Rayons X
Définition :
Les rayonnements X sont des rayonnements électromagnétiques de très courte longueur d’onde
En radiodiagnostic, l’émission des rayon X est obtenue par le bombardement d’une cible par un faisceau
d’électrons accéléré dans le vide
Bases physiques
Effet thermo-ionique :
À l’état normal la quasi-totalité des électrons sont liés à l’atome
Pour les extraire des structures atomiques, il faut apporter de l’énergie
Il y a donc libération des électrons avec création d’un véritable « nuage électronique » au tour du filament chauffé,
c’est l’effet thermo-ionique ou effet Edison
Le filament du tungstène est placé dans une ampoule de verre où règne le vide (pour que les électrons n’interfèrent
pas avec les molécules d’air)
Cette ampoule contient également une plaque cylindrique portée par un potentiel + (anode) par rapport au filament
de Tungstène (cathode)
En modifiant l’intensité du courant chauffant le filament et la ddp, on modifie l’intensité du courant passant entre
anode et cathode
Faisceau d’électron
Dans un tube à rayons X type Coolidge les électrons sont accélérés par une forte différence de potentiel de plusieurs
milliers de volts, formant un faisceau d’électrons qui suit les lignes de force du champ électrique :
✓ À une ddp de 120 K volts ils ont une énergie de 120 KeV
✓ À une ddp de 100 K volts la vitesse de électrons est 180 000 Km/s
Interaction des électrons avec la matière :
Interaction avec les électrons périphériques de l’atome (rayonnement de fluorescence)
Lorsque les électrons accélérés percutent une cible matérielle, il y a perte d’énergie et émission du rayonnement X
Il y a génération d’un rayonnement de fluorescence constitué de photons d’énergie différente selon la couche
électronique concernée :
✓ En cas d’interaction avec les électrons des couches profondes ils se produit une émission de fluorescence
avec des photon d’énergie relativement élevée et différentes en fonction de la couche concernée
✓ Si par contre, c’est un électron des couches périphérique qui est éjecté, il y a émission de photon peu
énergétique qui seront absorbés par la matière environnante avec émission de chaleur
Interaction avec le champs électronique périnucléaire : Rayonnement de freinage
L’électron est soumis à une accélération centripète intense (charge positive du noyau), il rayonne de l’énergie sous
forme d’un photon, il change de direction et se trouve finalement ralenti
Le rayonnement émis est appelé rayonnement de freinage ou « Bremstrahlung »
Le rayonnement de freinage ne survient que dans la proportion de 1 pour 100 à 1 pour 1000 par rapport au
rayonnement de fluorescence, si bien que les interactions électron-matière produisent plus de la chaleur que de
rayon X
Spectre de rayonnement X :
Le rayonnement X obtenu a la particularité d’être polychromatique, poly énergétique c’est à dire formé d’énergies
(donc de longueur d’onde) différentes
Le spectre obtenu est complexe, formé par la superposition de 2 spectres :
1. Spectre continu : prédominant, correspond au rayonnement de freinage
2. Spectre discontinu (spectre de raies) : correspond à la répartition des énergies des photons de fluorescence
Avec une cible en tungstène seule la raie de 69 KeV est utilisée (arrachement des électrons de la couche K entraine
l’émission de photons énergétiques de fluorescence)
Bases technologiques
Tube à rayons X
Le tube est l’élément essentiel d’une chaine radiogène, c’est même le maillant limitant
Il est utilisé en radiologie conventionnelle, vasculaire numérique et en tomodensitométrie (scanner)
Il doit répondre à 2 qualités indispensables mais contradictoires :
1. Grande puissance pour réaliser des radiographies avec temps de pose très court afin de diminuer le flou
de mouvement
2. Grande finesse du foyer pour obtenir des images de grande résolution spatiale en diminuant le flou
géométrique
Les différents éléments du tube (type de description tdd) : tube de coolidge
2 électrodes : anode et cathode sont placées au sein d’une ampoule où règne le vide
La cathode
La cathode comprend un filament et une pièce de concentration
Le filament est habituellement en tungstène : enroulement hélicoidal d’un fil de 0,2 à 0,3 mm de section
Il est parcouru par un courant de chauffage de forte intensité qui par effet joule le porte à une température de
2000°C environ
Au fond de la pièce de concentration sont placées les filament (2 filaments de taille différente), afin de focaliser le
faisceau d’électron elle est portée à un potentiel négatif, plus ce potentiel est négatif, meilleure est la focalisation
et plus la surface de l’anode frappée par les électrons est petite
L’anode
Sa conception tient compte de 2 impératifs = la puissance et la surface de production des rayons X de petite taille
Anode fixe : la surface où est produite la chaleur est très restreinte et il y a risque de fusion (> 2500 °C) avec
cratérisation de la pastille de tungstène
Anode tournante : disque de forme tronconique épais de quelques millimètres tournant en regard de la cathode
Avantage de l’anode tournante :
✓ Meilleure évacuation de la chaleur
✓ Moindre détérioration de l’anode
✓ Durée allongée de fonctionnement
Les disques en molybdène ou en graphite acceptent à masse égale beaucoup plus d’énergie pour atteindre la même
température
L’augmentation de la vitesse de rotation augmente la quantité de chaleur que l’anode peut accepter
La cathode est légèrement
décalée pour être en
périphérie de l’anode
Fonctionnement du tube : caractéristiques thermiques
Différents modes de fonctionnement :
✓ Régime du cliché seul pour la radiologie conventionnelle l’anode a le temps de se refroidir
✓ Régime de sériographie
✓ Régime de radio cinéma et tomodensitométrie
✓ Régime de radioscopie
Usure du tube radiogène
✓ Vieillissement du tube dû à l’échauffement répété de la piste d’anode
✓ Apparition de microfissures qui sont à l’origine de :
▪ La baisse de la durée de vie du tube radiogène
▪ Les rayon X nés au fond des fissures sont arrêtés par les aspérités (bosses) de voisinage avec baisse du
rendement du tube
Faisceau de rayon X et image radiante
Le radiodiagnostic consiste à explorer les structures anatomiques internes d’un sujet à l’aide d’une image formée
par un faisceau de rayons X
Le faisceau est plus ou moins absorbé selon les structures rencontrées et il perd de son homogénéité : ces créations
« d’ombre portées » constituent l’image radiante
Caractéristiques physiques
1-Énergie et puissance rayonnée :
L’énergie totale rayonnée est proportionnelle à :
✓ À l’intensité du courant haute tension (I)
✓ Au temps de pose (t)
✓ Numéro atomique de l’atome (Z)
✓ Et au carré de la tension (U2)
2-Direction et section de faisseau :
On appelle rayon directeur l’axe du faisceau passant par le foyer et le centre du tube
La section perpendiculaire au rayon directeur et croit proportionnellement au carré de la distance au tube
3-Dureté des rayons X :
Le rayonnement X est polychromatique, plus la longueur d’onde est courte et plus le rayonnement est pénétrant
rayonnement dur
A l’inverse : le rayonnement formé des photons moins énergétiques (plus grande longueur d’onde) est appelé
rayonnement mou
Propriété optique des rayon x
Les rayons X sont des rayonnements électromagnétiques et en tant que tels se déplacent en droite ligne même dans
le vide à la vitesse de 300000 Km/s
Comme la lumière ils peuvent traversée la matière et y subir des interférences ou se réfléchir ou se réfracter
10000 fois plus énergique que la lumière explique leur pouvoir pénétrant
Formation de l’image radiante
Interaction des photons avec la matière :
Différentes interactions
Lorsqu’un faisceau de rayons X pénètre dans un milieu naturel on constate une disparition progressive des photons qui
le constituent, cette diminution est appelée atténuation et résulte de l’interaction d’un certain nombre de photons avec
les atomes de la matière traversée. 2 type d’interactions que sont :
1-Interaction des photons avec les électrons périphériques : Effet compton
Il s’agit d’une diffusion du photon incident avec perte d’énergie
Le photon incident d’énergie E interagit avec un électron d’une couche périphérique, lui transfère une énergie Ea ;
le reste de l’énergie est emporté sous forme d’un photon diffusé appelé photon Compton
2-Interaction des photons avec les électrons profonds : Effet photoélectrique
Arrachement d’un électron de la couche profonde d’un atome. L’ionisation ou excitation de l’atome qu’elle provoque
est responsable du rayonnement de fluorescence de faible énergie
Atténuation du faisceau
L’image radiologique n’est pas l’image de l’objet lui-même mais la projection sur un plan des valeurs µ des
coefficients d’atténuation de chaque structure atteinte par les photons X.
L'atténuation dépend du produit µ.x :
𝑰 = 𝑰𝟎 × 𝒆 − 𝝁 × 𝒙
✓ μ : coefficient Atténuation
✓ x : distance traversée
Le noircissement du film est la traduction visuelle des variations locales du facteur d'atténuation
μ faible → donne une clarté
μ élevé → donne une opacité
Influence de E (énergie), x (épaisseur de l’objet x), µ (coefficient d’atténuation) : 𝑰 = 𝑰𝟎 × 𝒆 − 𝝁 × 𝒙
μ élevé et d’épaisseur faible → image grise claire
μ faible et d’épaisseur faible → image grise foncée
↑ énergie du faisceau x → grande pénétration →
image plus claire
Caractéristique de l’image radiante
Les structures anatomiques du sujet radiographié traversées par le rayonnement ont des « opacité radiologiques »
différentes c’est à dire elles atténuent différemment le faisceau de rayons X
Il existe 4 densité radiologiques fondamentale en radiographie : Le gaz, la graisse, l’eau (hydrique) et le métal
Lorsque le contraste naturel entre 2 structures est insuffisant l’utilisation de produit de contraste (iode, baryte)
permet de les différencier les µ sont différents
Rayonnement diffusé :
Origine : les interactions du rayonnement incident subis dans l’organisme provoquent la formation de photons
secondaires diffusé émis dans toutes les directions de l’espace, rarement photon de fluorescence plus souvent effet
Compton, ces photons ne sont pas porteurs d’information et brouille l’image radiante en diminuant le contraste
Facteurs agissant sur le rayonnement diffusé :
✓ Section du faisceau de rayonnement X
✓ Epaisseur traversée
✓ Energie du photon incident : plus important en haute tension car effet Compton majoré
✓ Numéro atomique du milieu : les tissus mous génèrent plus de rayons diffusés car les effet photo-électriques
sont plus rare que dans les structures osseuses
Le rayon transmis est Le Rayonnement diffusé est
monodirectionnel émis dans toutes les directions
Formation géométrique des images :
La projection de l’image radiologique obéit à des lois géométriques :
Loi de projection conique : l’image d’un organe sur une section perpendiculaire du rayon directeur est agrandie et cet
agrandissement est d’autant plus grand que l’organe est plus près du foyer (pour une distance foyer-plan de projection
donnée)
Loi de confusion des plans : l’image projetée n’est pas celle d’un plan mais d’un volume fait de plusieurs plans, il y a
confusion dans le plan de projection d’image de structures appartenant à des plans différents (c’est la confusion des
plans). Pour remédier à cet état il faut modifier l’angle d’incidence ou recourir à la tomographie
Flou géométrique : manque de netteté de l’image, d’autant plus grand que :
✓ La dimension du foyer est grande (foyer non ponctuel)
✓ La structure radiographiée est éloignée du plan de projection
✓ La structure radiographiée est proche du foyer
Si la structure radiographiée est plus petite que la dimension du foyer il y
aura une diminution du contraste pouvant aller jusqu’à l’effacement
Flou cinétique : flou des contours d’une structure en mouvement (du patient ou des viscères)
Le flou cinétique affecte :
✓ Le cœur
✓ Les poumons
Solutions :
✓ Immobilisation – apnée
✓ Courte durée de prise d’image ou temps de pose (1/10e de seconde)
✓ Séquence rapide de clichés : 50 à 100 images/s
✓ Synchronisation
Formation des contours :
Pour qu’il est une formation des contours d’un organe il faut que l’intensité de l’image radiante présente de
brusques discontinuités c’est-à-dire un gradient important
Il faut que l’objet soit tangent au rayon directeur
Contraste de l’image radiante :
Les modificateurs du contraste :
𝑰 −𝑰
Définition : 𝑪 = 𝑰𝟏 + 𝑰𝟐 dépend directement de 𝑰 = 𝑰𝟎 × 𝒆 − 𝝁 × 𝒙
𝟏 𝟐
Traitement de l’image radiante :
Les modificateurs du contraste :
Adapter les réglages de V (kV) et de i .t (mAs) :
Choix de la tension : le réglage de la tension est à la fois le plus important et le plus efficace, son augmentation
améliore la pénétration des rayons X, c’est le paramètre à régler en premier
En basse tension : l’effet photoélectrique prédomine : l’atténuation est proportionnelle au numéro atomique et le
contraste est très marqué entre l’os et le tissu mou, ex : chercher un corps étranger dans les parties molles,
mammographie, clichés du squelette
En haute tension : l’effet Compton prédomine : la masse volumique de l’objet est le facteur principal du contraste :
L’os et les tissus mous ont des masses volumiques voisines ce qui génère un faible contraste
Réglage de l’intensité et du temps de pose : la densité photographique est proportionnelle au produit It (mAs)
Diminuer le μ d’un milieu :
✓ Air (poumon – digestif) remplace localement le tissu et il est visible car il y a un coefficient d’atténuation faible
✓ Clichés en inspiration-expiration, eau gazeuse…
Renforcer le μ d’un milieu : par exemple en utilisant des produits de contraste :
✓ Sels de baryum (tube digestif) remplissent une cavité
✓ Composés iodés (vaisseaux) se diluent dans le sang Apparaissent opaques (blancs)
✓ Repères métalliques (clips et prothèse) implantés
Pour un meilleur contraste : la distance focale doit être respectée
Modification épaisseur :
La compression diminue l’épaisseur traversée et améliore aussi le contraste (moins de rayonnement diffusé) :
procubitus, ballonnet
Paramètres à réglés
Lutte contre le rayonnement diffusé
En évitant sa formation : on utilise :
✓ Diaphragme et localisateur
✓ Compression de l’objet à imagé
✓ Diminuer la tension → diminuer le rayonnement diffusé
Moyen évitant que le diffusé ne parvienne sur le film
Technique de Broedel (air gap des anglosaxons) :
Augmenter la distance sujet-film avec dans ce cas augmenter la distance foyer-sujet, utilisée pour réaliser par ex :
un télé thorax
Grille anti diffusante (GAD) :
Malgré leurs orientation les lames de plomb de la GAD arrêtent une partie de rayonnement transmis (30-40%)
ce qui donne une image de trame gênante sur l’image
Pour effacer cette image de trame sur la grille, celle-ci est animée d’un mouvement oscillatoire perpendiculaire
à l’axe des lame (c’est le principe de potter buckey)
Indication de la grille anti diffusante : Épaisseur totale traversée est supérieure à 10 cm et surface du faisceau
dépasse 10 cm de côté et si la tension est > 70 Kv
Précaution d’utilisation de la GAD :
✓ Centré et perpendiculaire au RD
✓ Bonne distance de focalisation
✓ Nécessité d’augmenter les éléments mAs (milli ampères secondes)
Lutte contre les flous :
Diminution du flou géométrique Diminution du flou cinétique
✓ Choix d’un petit foyer ✓ Apnée
✓ Diminution de la distance sujet-film ✓ Immobilité à l’aide de sacs de sable ou appuis sur statif
✓ Augmentation de la distance foyer-sujet ✓ Diminution du temps de pose
Lutte contre la confusion des plans : clichés de profils – positionnement du patient – compression par un ballon…
Action sur les projections coniques : Agrandissement direct : pour une distance foyer-film donnée l’agrandissement
est d’autant plus grand que la distance foyer-structure est faible
Téléradiographie : un moyen pour lutter contre l’agrandissement :
✓ Donne à la structure une image non agrandie ou agrandie de manière négligeable
✓ Sujet placé contre le film à une grande distance du foyer (téléthorax : distance focale de 2 m, télérachis 1,5 m,
télécrane 4 m)
Transformation de l’image radiante en image lumineuse
Plusieurs détecteurs existent
Couple film écran de la radiographie conventionnelle
Amplificateur de luminance dont l’image peut être filmé et numérisé
Plaque à phosphorescence rémanente
Qualité de l’image radiographique
Résolution en contraste : c’est l’aptitude à différencier 2 plages de densité optique proche et surtout de différencier
une structure contrastée du voile de fond ou bruit
Résolution spatiale : c’est l’aptitude à différencier une structure de petite taille
Vocabulaires pour décrire les densités radiographiques
Clarté : Quand les rayons X atteint le film ils provoquent un noircissement, mais puisqu’ils ont atteint le corps on
parle de clarté
Opacité : dans les zones non exposées, le film reste transparent (blanc), mais comme les rayons ont été arrêtés par les
structures radiographiées on parle d’opacité