Aspects sociocritiques du microcosme littéraire ivoirien
Sociocritical aspects of Ivoirian literary microcosm
Eymard Emmanuelle
Université Paris 13
Mots-clés : sociocritique ; Côte d’Ivoire ; microcosme littéraire ; écrivain ; intellectuel
sociocriticism ; Ivory Coast ; literary microcosm ; writer ; intellectual
Résumé : Jean-Marie Adiaffi et Bernard Zadi Zaourou, figures majeures de la littérature de
Côte d’Ivoire, incarnent également les problématiques inhérentes à la littérature de ce pays
postcolonial. L’étude de leur « bio/graphie » dévoile ainsi tour à tour leur engagement
personnel au sein du champ politique et la visée performative qu’ils entendaient donner à
leurs œuvres. En se réappropriant les outils de la sociocritique, le présent article entend donc
révéler quelques-unes des spécificités de ce microcosme littéraire en montrant
particulièrement les liens entre prises de position politiques et écriture militante, pouvoir
politique et microcosme littéraire.
Dans ses travaux sur la sociologie de la littérature, Bourdieu introduit et théorise la
notion de champ littéraire, qu’il définit comme étant : « un champ de forces agissant sur tous
ceux qui y entrent, et de manière différentielle selon la position qu’ils y occupent (...), en
même temps qu’un champ de luttes de concurrence qui tendent à conserver ou à transformer
ce champ de forces »1. Partant, il explique que le champ doit acquérir et conserver une
autonomie à l’égard des autres champs, et particulièrement à l’égard des champs économiques
et politiques. « Le principe de hiérarchisation interne »2 et la lutte entre les différents agents
du champ assurent alors sa pérennité et façonnent un espace dégagé des logiques externes,
prompt à susciter des avant-gardes pour lesquelles la valeur symbolique d’une œuvre domine
comparativement à sa valeur économique ou politique. L’on peut ainsi parler d’autonomie du
champ, tel qu’en France dès 1848 et la volonté de « l’art pour l’art »3. Or Bourdieu ajoute que
« le degré d’autonomie du champ (...) varie considérablement selon les époques et les
traditions nationales »4. Ce faisant, nous ne pourrions nous résoudre à parler avec N’Goran,
de « champ littéraire africain »5 car, bien que son étude soit d’un apport précieux concernant
notamment l’historicité des productions littéraires africaines et de leurs discours exégétiques,
l’emploi du terme au singulier et son usage même dans un contexte postcolonial demeurent
problématiques. En effet, concernant le premier aspect, il nous semble impropre de parler de
littérature africaine et donc de champ littéraire africain dans la mesure où ce continent
compte nombre de réalités sociopolitiques, historiques et littéraires fort distinctes d’une
région à l’autre voire d’un pays à l’autre. Le choix de son corpus contient déjà les germes
d’une contradiction dans la mesure où N’Goran choisit d’exemplifier son analyse avec l’étude
des œuvres de Senghor, Césaire, Zadi Zaourou et Pacéré Titinga, tous noirs francophones. Or
l’Afrique contient encore des zones anglophones et lusophones, des écritures swahili et
kikuyu, un monde arabe et kabyle etc. auquel le critique ne s’intéresse pas. Et Césaire, outre
ses préoccupations négrocentrées, a aussi à voir, et peut-être d’abord, avec les littératures
antillaises. D’autre part, en considérant le second aspect, il nous semble impropre d’user du
syntagme bourdieusien de champ littéraire pour mener l’étude des productions littéraires
africaines. Le critique ivoirien évacue trop rapidement la question de l’autonomie, pourtant
corollaire à celle de champ et nécessaire à sa genèse et à sa durabilité, déclarant seulement
que celui-ci est « un monde social particulier, voire un microcosme dont les propriétés
1
Pierre Bourdieu, « Le champ littéraire », in Actes de la recherche en sciences sociales, septembre 1991, pp 4-5
2
Ibid., p 7
3
voir entre autres Les Règles de l’art, [1992], Paris, Seuil, 1998
4
Pierre Bourdieu, « Le champ littéraire », art.cit., p 8
5
David K. N’Goran, Le champ littéraire africain, essai pour une théorie, Paris, l’Harmattan, 2009
générales reposent sur l’ « oralité » et la « tradition » et dont la spécificité constitue sa
frontière avec les sociétés (par exemple politique et économique) voisines »6. Si de façon
objective nous pouvons effectivement dire que la plupart des écrits africains et des discours
théoriques consubstantiels sont à mettre en rapport avec « l’oralité » et la « tradition », ceux-
ci ne sauraient à eux seuls constituer ni « la raison spécifique » ni le nomos du champ, ni
même garantir son indépendance de fonctionnement et de production de valeur symbolique
par rapport aux autres champs. Il nous semble en effet qu’en considérant les espaces littéraires
africains, l’on ne peut parler d’autonomie. Qu’il s’agisse de la production et de la diffusion de
la littérature, du discours critique local, de l’enseignement des littératures nationales à l’école
ou bien encore du positionnement des écrivains dans le monde social, rien ne garantit
l’autonomie du champ compte tenu de la forte pression exercée par les pouvoirs politiques
endogènes et le peu de capital économique dont bénéficient ces instances comme les
producteurs d’œuvres. La notion de champ littéraire est donc imparfaite pour mener l’étude
sociocritique de ces espaces, les champs économique et politique entravant son
fonctionnement. Nous préférerons l’usage de la notion de genèse du champ littéraire
concernant le processus d’élaboration d’un champ spécifique, et celui de microcosme
littéraire pour traiter du réseau relationnel tissé entre les instances du livre, leur réception, les
écrivains, etc.
La présente étude se proposera de faire un état des lieux, non pas des microcosmes
littéraires africains, cette entreprise étant beaucoup trop ambitieuse dans le cadre d’un article,
mais de certains aspects du microcosme littéraire ivoirien. En effet, depuis la fin des années
70, la Côte d’Ivoire bénéficie d’un certain prestige au plan culturel, et particulièrement
littéraire, dans la mesure où une forte émulation intellectuelle a permis la production d’œuvres
de qualité qui ont su faire date dans l’histoire des littératures africaines, ce qui a suscité notre
intérêt. Toutefois, il ne sera pas ici question de la production contemporaine car, eu égard à la
grave crise sociopolitique que traverse le pays depuis près de quinze ans, il semble que les
œuvres littéraires soient très marquées par l’anomie et ces difficultés sociopolitiques, et que
l’écrivain prenne plus sa plume dans l’urgence que par choix - l’objectif d’un Konan ou d’un
Koffi semblant être par exemple d’enrayer rapidement les tares de leur société via le prisme
de l’écriture littéraire. Cette situation, qui certainement ne saurait perdurer, peut donc être
envisagée comme un moment particulier mais non caractéristique de la production littéraire
ivoirienne dans son ensemble. De fait, nous favoriserons l’étude de la trajectoire et de l’œuvre
6
Ibid., p 211
de deux auteurs ivoiriens de renom durant les années 80 et 90, qui, par cette popularité, ont
durablement marqué la littérature ivoirienne, à savoir Jean-Marie Adiaffi et Bernard Zadi
Zaourou. L’on pourra nous objecter qu’il n’est pas pertinent, dans le cadre d’une telle analyse,
de laisser de côté l’étude du fonctionnement des instances de la littérature. Nous pensons
cependant que ce travail a déjà été amorcé ailleurs7 avec intelligence et qu’il n’est pas
nécessaire ici d’y revenir.
Dans un premier temps, il faudra s’attacher au parcours de ces deux écrivains au sein
du monde sociopolitique ivoirien des années 70 à 90. Puis nous mènerons une brève analyse
de certaines de leurs œuvres afin d’en dégager quelques-unes des fonctions principales. Alors,
nous montrerons que, compte tenu des prises de position ethnocentrées de chacun de ces deux
hommes et de leurs écrits, la notion de microcosme littéraire n’est peut-être pas suffisante
pour mener l’analyse sociocritique de la production littéraire de Côte d’Ivoire.
Le combat politique
Dans un texte hommage à Jean-Marie Adiaffi8, Bernard Zadi Zaourou raconte
les liens qui l’unissaient à certains de ses contemporains à compter du milieu des années 70.
« J’avais réussi à forger une sainte alliance entre les universitaires, les écrivains, les artistes et
les journalistes d’Abidjan, déclare-t-il. C’est ainsi que se forma autour de moi un cercle
intérieur où se retrouvaient des jeunes au noms célèbres aujourd’hui : Amédée Pierre, Laurent
Gbagbo, Adiaffi Jean-Marie, Écaré Désiré, Kinimo Man-Jusu, Abdel Kader Sangaré, Sidiki
Bakaba, Lohouri Djidji Gabriel, le Bationo de la BAD (...), Bilé de la RTI, Kaba Taïfour,
Gaoussou Kamissoko, j’en passe et nos très regrettés Désiré Gorga Bada, Jean Servais
Bationo du groupe Fraternité Matin, Niangoran Porquet, Diégou Bailly, Noël X Ebony, et
d’autres encore (...). Nous nous réunissions presque chaque jour au Café de Saint Jean de
Cocody (...). C’était l’époque de l’association des amis de l’art, de la grève d’Amédée Pierre
qui donna naissance au BURIDA, l’époque de la révolution de l’art dramatique en Côte
d’Ivoire avec la floraison des écoles et notamment la bataille de L’œil, suite à la censure de
cette œuvre par le Ministre de la culture Hié-Néa. Adiaffi était de toutes les batailles que nous
7
Voir par exemple Germain-Arsène Kadi, Le champ littéraire africain depuis 1960. Roman, écrivains et société
ivoiriens, Paris, l’Harmattan, 2010
8
Bernard Zadi Zaourou, « Témoignage en mémoire de Jean-Marie Adiaffi », texte lu par un tiers, Zadi Zaourou
étant malade, lors des journées de commémoration à la mémoire de Jean-Marie Adiaffi organisées à par l’AECI
à Abidjan, 20 décembre 2009, inédit
menions alors pour refaire le monde »9. Les différentes personnalités qu’énumère ainsi Zadi
Zaourou et qui se retrouvaient quotidiennement étaient des artistes, des écrivains, des
universitaires et des journalistes, c’est-à-dire des créateurs et des critiques. Ailleurs, Zadi
Zaourou précise que « cette fratrie (...) a beaucoup apporté au mouvement des idées,
notamment à la lutte contre les préjugés ethniques et au processus de conquête des libertés de
base. »10 Ces hommes avaient ainsi en commun deux objectifs principaux : le développement
d’un art moderne proprement ivoirien enraciné dans les cultures endogènes et la lutte contre le
pouvoir du parti unique, deux intérêts associés pour « refaire le monde ». Certains d’entre eux
sont sans nul doute à classer parmi les avant-gardes tels Porquet et Amédée Pierre qui
respectivement en littérature et en musique, impulsèrent la naissance d’un art motivé par les
traditions locales dès le début des années 70. Durant les discussions avec leurs pairs, il est
certain qu’ils surent inciter certains d’entre eux à suivre leur prise de position artistique. Ces
fraternités artistiques participent donc à la formation du microcosme littéraire qui aurait pu de
fait devenir un champ littéraire suivant le sens bourdieusien s’il n’y avait eu le deuxième
intérêt du groupement évoqué ci-avant, le combat contre le régime d’Houphouët-Boigny. Les
créateurs, et particulièrement les écrivains, s’ils initient des débats quant au contenu de la
littérature et à la nécessité de produire des textes avec leurs contemporains critiques, ne
peuvent pas prétendre à une autonomie du microcosme puisqu’ils s’engagent simultanément
dans le champ politique en véhiculant un discours en faveur de la démocratie et du
multipartisme. Cependant, ce n’est pas parce qu’ils prennent ainsi position que cette
autonomie ne peut exister mais parce que préalablement le champ littéraire n’est pas
constitué. Bourdieu écrit à ce sujet que « l’intellectuel est un personnage bidimensionnel qui
n’existe et ne subsiste comme tel que si (et seulement si) il est investi d’une autorité
spécifique, conférée par un monde intellectuel autonome (c’est-à-dire indépendant des
pouvoirs religieux, politiques, économiques) dont il respecte les lois spécifiques, et si (et
seulement si) il engage cette autorité spécifique dans les luttes politiques »11. En considérant
l’écrivain comme Bourdieu l’intellectuel, et alors qu’un champ littéraire autonome,
indépendant des logiques externes, ne s’est pas encore constitué tandis que prend position ce
groupement contre le régime d’Houphouët-Boigny, l’écrivain ne peut fonder son autorité,
celle nécessaire pour qu’il prenne publiquement position, que sur sa personne ou bien son
parcours au sein de la vie sociale. La constitution du champ littéraire doit être préalable à
9
Ibid.
10
Bernard Zadi Zaourou, Manifeste du Mouvement des Élites pour les Lumières (MODEL), Abidjan, 2009,
inédit
11
Pierre Bourdieu, Les règles de l’art, op.cit., p 547
l’implication, dans la vie politique, de ses agents et non le contraire. De fait, lorsque Zadi
Zaourou et Adiaffi développent, à compter du milieu des années 70, un discours politique, ils
ne peuvent par la suite devenir des créateurs dégagés des problématiques sociopolitiques et
moteurs de la genèse du champ littéraire comme ils sont identifiés par leurs pairs et leurs
concitoyens, d’abord et avant tout comme des agents du champ politique. Et ceci d’autant
plus car, outre ce regroupement informel auquel ils participent, ils militent personnellement
en faveur du changement.
Zadi Zaourou initie par exemple des rendez-vous avec ses étudiants en littérature et
linguistique au GRTO12. Il leur inculque l’intérêt pour les cultures locales et les forme
politiquement, de façon clandestine, aux doctrines de gauche. Tel qu’il nous le déclarait lors
d’un entretien il y a quelques mois : « quand nous étions dans la clandestinité politique et que
nous étions alors marxistes, nous rêvions d’une révolution. Le GRTO nous a servi de base
d’appui. »13. L’institut de recherche devient ainsi l’un des lieux stratégiques où se fomentent
les luttes politiques et syndicales. Avec deux de ses collègues universitaires, Wodié et
Gbagbo, au sein du SYNARES14 et de regroupements éphémères, Zadi Zaourou s’impose
rapidement comme l’une des figures majeures de la lutte contre le parti unique et sa voix est
crainte par le pouvoir comme le démontre par exemple l’annulation des « conférences
conflictuelles »15 de février 1982. Jean-Marie Adiaffi, pour sa part, engage sa parole lors de
conférences publiques ou dans le cadre d’interviews avec les médias. Il profite de chaque
micro qui lui est tendu pour brocarder le régime d’Houpouët-Boigny, devenant dans
l’imaginaire collectif et suivant l’appellation des médias locaux « l’insulteur public », « le
foulosophe ». Interrogé par Jean-Baptiste Kouamé pour le journal Notre Temps lors de la
parution de son roman Silence, on développe, il affirme par exemple : « les vrais militants des
indépendances ont été assassinés, Lumumba, Sankara, Cabral et (...), la longévité de ceux qui
se sont maintenus au pouvoir dépend de l’allégeance aux intérêts occidentaux. (...). Ce sont
des comploteurs contre l’Afrique. »16. Ce propos de 1992 disqualifie explicitement
l’omnipotence de certains chefs d’États africains et, par extension, critique le régime
d’Houphouët-Boigny de moins en moins populaire à cette date. Toutefois, et au-delà de la
12
Groupe de Recherche en Tradition Orale créé par Bernard Zadi Zaourou en 1975 et aujourd’hui rattaché à
l’Université de Cocody, Abidjan.
13
Emmanuelle Eymard, « Entretien avec Bernard Zadi Zaourou », le 20 août 2010, GRTO, Abidjan, inédit
14
Syndicat National de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur
15
Voir à ce sujet Tiburce Koffi, L’agonie du jardin : du grand rêve au désastre, Abidjan, NEI/CEDA, 2006, p 74
et suivantes.
16
Jean-Baptiste Kouamé, « Mon livre est une basilique », in Notre Temps n°44 du 4 mars 1992, p 15
nécessité de résister, de cette imprécation de Fanon qu’aime à répéter Zadi Zaourou17
stipulant que « chaque génération doit (...) découvrir sa mission, la remplir ou la trahir »18,
nous ne pourrions nous contenter de dire que ces hommes s’engagent politiquement dans une
perspective purement humaniste sinon comment interpréter leur entrée en politique en tant
qu’homme du pouvoir, dès 199319 ?
Comme le montre la sociologue Laurence Proteau : « lorsque la compétence
intellectuelle n’est qu’une ressource supplémentaire pour intégrer l’espace politique, et n’est
légitime qu’à la condition d’être subordonnée à la fonction politique, il n’y a pas d’existence
autonome d’un statut d’«intellectuel ». Il faut comprendre les luttes syndicales, non seulement
comme des manifestations corporatistes, mais surtout comme des revendications à occuper
une position dans le champ du pouvoir au titre d’élite « intellectuelle » autonome »20. Or, et
comme nous le disions précédemment, ni un champ littéraire ni un champ intellectuel
constitués ne leur garantissant préalablement une autorité spécifique et une liberté dégagée
des logiques externes, Zadi Zaourou et Adiaffi ne peuvent, en entrant dans le gouvernement
de Bédié, s’assurer une position d’« élite « intellectuelle » autonome ». Ils sont pris dans un
pouvoir qui utilise leur image et leur notoriété mais dans lequel leurs paroles n’ont que peu
d’impacts. En outre, cette allégeance à la gouvernance de Bédié, qui chez Adiaffi est d’autant
plus nette qu’il participe activement aux travaux de la CURDIPHE et signe la prose élégiaque
Lire Henri Konan Bédié21, doit engager une réévaluation des prises de position militantes des
deux hommes durant les années 70 à 90, leur objectif semblant double : à la fois participer à
l’ouverture démocratique mais également, et de façon individuelle, obtenir la reconnaissance
du pouvoir politique puis y être incorporé. Mais l’on sait, et Zadi Zaourou semble aujourd’hui
en être conscient22, que « l’enrôlement des intellectuels par le pouvoir confisque leur voix et
les détourne du rôle qui est le leur »23. Ce faisant, ne gagnant rien dans cette intrusion dans le
champ politique, ils perdent avant tout la possibilité de contribuer à la genèse d’un champ
littéraire. Cependant il leur reste l’écriture. Il faudrait donc à présent s’intéresser à leurs
17
Voir à ce sujet Eymard Emmanuelle, « Entretien avec Bernard Zadi Zaourou », int.cit.
18
Frantz Fanon, Les damnés de la terre, [1961], Paris, La découverte, « Poche », p 197
19
Bernard Zadi Zaourou devient alors Ministre de la Culture et Jean-Marie Adiaffi, Sous-directeur des cultures
religieuses, philosophiques et juridiques à la Direction du Patrimoine auprès du Ministère de la Culture.
20
Laurence Proteau, Passions scolaires en Côte d’Ivoire. École, État et société, Paris, Karthala, 2002, pp 97-98
21
Jean-Marie Adiaffi, Lire Henri Konan Bédié, La graine, la semence, la moisson et le grenier, Abidjan, Neter,
1998
22
Voir à ce sujet Ahmed M. Traoré, « Côte d’ivoire, Le Pr Bernard Zadi Zaourou : « les partis politiques ont
neutralisé les intellectuels » » in Nord-Sud du 22 janvier 2009, consulté en ligne sur
http://fr.allafrica.com/stories/200901230871.html?page=1 le 20 juin 2009.
23
Edward W. Saïd, Des intellectuels et du pouvoir, [1994], Paris, Seuil, « Essais », traduit de l’anglais par Paul
Chemla et Dominique Eddé, 1996, p 34
productions écrites afin de comprendre de quelle façon leur parti pris idéologique résonne
dans leurs œuvres.
Des productions littéraires à visée performative
Après l’Indépendance, les écrivains ivoiriens souhaitent « reterritorialiser » leurs écrits
afin de répondre aux exigences historiques nouvelles : participer à la construction nationale.
Ainsi Jean-Marie Adiaffi déclare-t-il : « j’agis pour la prise de conscience du peuple ivoirien.
Pour que la Côte d’Ivoire utilise vraiment toutes ses potentialités »24. Dès lors, il semble
opportun de parler d’écrivain à vocation nationale dont les productions écrites recouvrent
différentes fonctions. Nous en relèverons quatre qui nous semblent les plus opératoires pour
en mener l’analyse : la fonction critique, la fonction politique et programmatique, la fonction
pédagogique et la fonction culturelle. Cependant, il ne saurait être question d’une littérature
spéculaire entendue comme le « reflet » du monde sociopolitique au sens des exégètes
marxistes, mais plutôt de sa volonté agissante, du discours particulier qu’elle diffuse dans
cette nation ivoirienne en construction. Bien que nous pensions que les œuvres de ces deux
auteurs ont également proposé une esthétique singulière, hétérodoxe par rapport à l’écriture
de l’ex-métropole, et tournée vers la recherche du Beau, concernant particulièrement la
poésie, il apparaît plus important ici de centrer notre attention sur leur visée fonctionnaliste
dans la mesure où, d’une part, au cours des années 80/90, il semble que « l’écrire-agir » ait
primé sur « l’écrire-écrire » et, d’autre part, parce que les positions sociopolitiques de Zadi
Zaourou comme d’Adiaffi nous engagent dans une telle lecture. Il s’agit ici d’interpréter les
textes à l’aune de la « bio/graphie », c’est-à-dire cette « difficile étreinte »25 entre l’homme et
son œuvre, sa trajectoire et ses productions.
Concernant la première fonction, les textes diffusent une critique à l’égard du pouvoir
dictatorial. Sa Majesté Orduriale SAGE-ROI-EMPEREUR-PHARAON-PROPHETE-
MESSIE-PRESIDENT-A-VIE de Silence, on développe26 est la personnification caricaturale
des souverains tout-puissants que connaît l’Afrique quand, de façon symbolique, la pièce de
théâtre La termitière met en scène Ouga-la-main-de-fer et Woudigô « le dévoreur de
cerveau » mais aussi le monarque, ce chef qui ne craint pas de déclarer : « Mon rôle à moi,
24
Masoso Kraidy, Zio Mousa, « Les dossiers maudits de Jean-Marie Adiaffi », extrait de Ivoir’soir, Abidjan, 22
janvier 1992, p 11
25
Dominique Maingueneau, Le contexte de l’œuvre littéraire. Énonciation, écrivain, société, Paris, Dunos, 1993,
p 46
26
Jean-Marie Adiaffi, Silence, on développe, Ivry-sur-Seine/Dakar, Éditions Nouvelles du Sud, 1992
c’est de refaire la création, et même de surpasser Dieu dans son œuvre »27. La fonction
critique est donc ce discours acerbe face au temps réel et présent, cette dénonciation des
pouvoirs tyranniques que nombre d’éléments fictionnels tendent à fonder. Les « pouvoirs
maléfiques » sont omniprésents dans les textes des deux auteurs ivoiriens mais ils rivalisent
avec le Bien, c’est-à-dire d’autres forces placées cette fois-ci du côté de la justice, de la liberté
et de l’égalité, dont la présence engage une nouvelle fonction, la fonction politique et
programmatique. Dans le théâtre de Zadi Zaourou, c’est ce « peuple » aspirant au changement
qui fait dire à Derive que : « dans toutes ces pièces, il s’agit (...) d’appeler à la désaliénation
du peuple, pour le faire passer, avec l’aide d’une élite militante (...) de la victimisation passive
à la lutte active »28 bien que l’esthétique didiga engage également la parole du côté du
symbole. Mais dans La tignasse29 comme dans La termitière30 la part idéologique reste
présente. Quand dans La tignasse les dilemmes demeurent posés tandis que se clôt la pièce,
dans La termitière, ils trouvent une résolution. Djergbeugbeu, l’Initié grâce auquel le
monarque est défait de son pouvoir, permet au « peuple » d’être victorieux. Les didascalies
conclusives, au ton plus littéraire que technique, le dévoilent bien : « L’Initié s’est redressé, il
arrache sa tunique qu’un villageois recueille, jette sa canne à un autre et bondit sur Ouga en
hurlant de défi. (...) Brandissant en emblèmes sa tunique et sa canne, le peuple est tendu vers
l’Initié en un geste de soutien. Derrière le rempart de Ouga, le monarque de son côté supporte
son combattant. (...) Tendus l’un vers l’autre, les corps bandés plient et se redressent tour à
tour, et enfin, l’Initié domine. De toute sa hauteur, il pèse sur Ouga qui s’affaisse lentement ;
simultanément, le monarque privé de sa force, s’écroule sur lui-même comme une poupée de
chiffon. »31. Le roman et la poésie d’Adiaffi véhiculent un propos similaire. Or ici, ce n’est
que tautologie de l’affirmer dans la mesure où toute son œuvre est sous-titrée « Assanou
Atin32 : la piste de la Libération ». En effet, chacun de ses textes est tendu vers la libération :
Mélédouman arrive à se soustraire à l’idéologie coloniale dans La carte d’identité33, N’da
Sounan et Aurore réussissent à détrôner le dictateur N’da Fangan dans Silence, on
développe34. Dans Les naufragés de l’intelligence, c’est « la victoire de N’da Kpa, la victoire
27
Bernard Zadi Zaourou, La termitière, Abidjan, Neter/NEI, 2001, p 108. Notons que cette pièce, publiée
tardivement, a été jouée par la troupe Didiga dès le début des années 80.
28
Jean Derive, « Du théâtre historique au théâtre initiatique : le parcours d’un dramaturge engagé », extrait du
Colloque en hommage à Bernard Zadi Zaourou, Université de Cocody, Abidjan, 2008 , inédit
29
Bernard Zadi Zaourou, La Tignasse, Abidjan, CEDA, 1984
30
Bernard Zadi Zaourou, La Termitière, op.cit.
31
Ibid., p 122
32
Littéralement, en langue agni, « le chemin dans la piste marécageuse ».
33
Jean-Marie Adiaffi, La carte d’identité, [1980], Paris, Hatier, « Monde noir poche », 2002
34
Jean-Marie Adiaffi, Silence, on développe, op.cit.
de Guégon, le Bien, sur N’da Tê, le Mal et Kalifa Dollar, le gangster »35. Il en va de même
dans les deux poèmes fleuves Galerie infernale36 et D’éclairs et de foudres37 où, notamment
dans ce texte, les derniers vers disent la chute des ennemis du progrès. À l’attention des
dictateurs, le poète s’exclame : « Craignez que la chute de la nuit n’entraîne la vôtre » puis
poursuit par cette sentence : « Trop tard c’est fait roi vermoulu »38. Alors le texte se referme
par ce mot si souvent convoqué dans les proses et poèmes des deux écrivains : « Peuple »
dont la calligraphie39 verticale symbolise sa souveraineté à venir en même temps que l’arme
pour combattre, le dessin renvoyant par exemple à la forme de l’épée, interprétation que
renforcent les derniers termes répétés, telle une scansion, à plusieurs reprises « guérilleros »,
« guérison », « miracle », « guerre »40. Partant, tous ces textes campent finalement un monde
où le Bien l’emporte toujours sur le Mal, où l’imaginaire renvoie à un au-delà de la situation
sociopolitique réelle, là où la liberté du « peuple » est acquise, là où les rêves de changements
trouvent une réalisation. Nous pouvons alors aborder la troisième fonction, la fonction
pédagogique comme le dévoilent les nombreuses occurrences du syntagme slogan de Silence,
on développe, « informer, former pour transformer »41. Les textes semblent en effet guidés par
une volonté performative où le peuple fictionnel aurait pour ambition d’interpeller le peuple
réel, c’est-à-dire l’ensemble des lecteurs afin que la démarche de libération initiée dans la
fiction impulse un changement similaire, sinon équivalent, dans le monde réel. Créant et
diffusant un réseau de croyances nouvelles s’appuyant sur des valeurs de justice et d’équité,
ils façonnent une idéologie politique progressiste prompte à solliciter le lecteur afin que celui-
ci reproduise la lutte fictionnelle victorieuse dans sa société. Or, une difficulté subsiste et
interroge. En effet, dans toutes ces œuvres, la libération est possible grâce à l’intervention
d’un ou de deux héros à la position sociale supérieure par rapport au peuple dont ils
souhaitent l’émancipation. Ils incarnent dès lors une nouvelle hiérarchie qui, si elle se fonde
sur des bases plus libertaires que le règne du monarque détrôné, n’édifie pas moins un
pouvoir vertical où ce peuple demeure dominé. On a affaire, comme l’écrit le philosophe
Rancière, à « la reproduction du pouvoir des spécialistes »42 ce qui a partie liée avec la
35
Jean-Marie Adiaffi, Les naufragés de l’intelligence, Abidjan, CEDA, 2000, p 325
36
Jean-Marie Adiaffi, Galerie infernale, Abidjan, CEDA, 1984
37
Jean-Marie Adiaffi, D’éclairs et de foudres, Abidjan, CEDA, 1980
38
Ibid., p 105
39
Peu
p
l
e
40
Ibid. p 106
41
p 136, 142, 145, 147, 195, 341, 364, 371, 395, 452, 489, 519 et 526.
42
Jacques Rancière, La leçon d’Althusser, Paris, Gallimard, 1974, p 202
position sociale d’Adiaffi et de Zadi Zaourou eux-mêmes, militants du changement politique
mais intellectuels élitaires dont les habitus n’ont que peu à voir avec ceux de la majorité de
leurs concitoyens. Ainsi, les intellectuels et partant, les écrivains, qui, se situant socialement
plus du côté du pouvoir que des « masses », pour le dire comme Marx, ne peuvent introduire
qu’une évolution limitée dans leur société. Par extension également, le microcosme littéraire
ne peut se situer que dans le champ du pouvoir dans la mesure où ses agents y prennent part.
De fait, la genèse d’un champ littéraire comme son autonomie semblent improbables tant que
les écrivains ne se seront pas complètement dégagés, personnellement et intellectuellement,
des contingences qu’engendre une proximité avec le champ politique. Par ailleurs, et nous en
arrivons à la quatrième fonction des textes littéraires, l’ancrage culturel de ceux-ci paraît tout
aussi problématique.
Une nation littéraire fragmentée
En effet, les différentes œuvres étudiées sont très marquées culturellement : l’on ne
saurait comprendre tout à fait l’écriture de Zadi Zaourou sans s’intéresser préalablement aux
us et coutumes du peuple bété ou bien lire les productions d’Adiaffi sans maîtriser différents
aspects des traditions akan et plus spécifiquement agni. Si, en tant qu’Ivoiriens, ces hommes
aspirent à participer à la construction nationale, en tant qu’écrivains ressortissants de terroirs
spécifiques, ils « défendent et illustrent » avant tout dans leurs textes les cultures de la zone
géographique dont ils sont personnellement issus, le sud ouest bété chez Zadi Zaourou, le sud
est agni chez Adiaffi. Nous pourrions citer plusieurs exemples à l’appui de cette assertion tant
nombre d’éléments concourent en ce sens. Nous en retiendrons un, peut-être le plus probant.
Zadi Zaourou développe et modernise l’esthétique du didiga43 quand Adiaffi n’a de cesse
d’introduire le bossonisme44 dans ses textes. De façon macrostructurale, les textes sont ancrés
avant tout et presque exclusivement dans des traditions endogènes spécifiques. Dès lors, le
microcosme littéraire, qui comme le champ littéraire a à voir avec le cadre géographique
national, se fissure et il n’y en aurait plus un seul, réunissant tous les écrivains à l’échelle du
pays, mais plusieurs, fondés sur les différentes traditions nationales. Ainsi faudrait-il parler de
43
Le didiga est un art bété, le récit des chasseurs traditionnels et de leurs exploits, voir « Qu’est ce que le
didiga », in La termitière, op.cit., pp 123-143
44
Le bossonisme est la religiosité de l’ethnie agni, un « animisme » pour reprendre l’appellation ethnographique,
nommée bossonisme par Adiaffi lui-même suivant la racine « bosson », signifiant génie en langue agni, voir
Véronique Duchesne, « Le Bossonisme ou comment être « moderne et de religion africaine » », in Présence
africaine n° 161-162, 2000
microcosme littéraire bété, réunissant les littératures orales et écrites, les conteurs et les
écrivains modernes. De fait, pour mener à bien l’étude sociocritique de l’espace littéraire
ivoirien, nous ne pouvons que nous attacher à l’étude tant du microcosme littéraire national
qu’à celle des différents microcosmes régionaux dans la mesure où nous pensons que les
productions littéraires se situent dans cette tension entre échelle étatique et échelle ethnique,
qu’elles doivent donc être appréhendées concurremment à partir et en fonction de ces deux
espaces. Toutefois, ces prises de position « nativistes »45 affectent la vocation nationale des
écrivains et tendent à éclater le devenir-nation de la Côte d’Ivoire comme une culture
régionalisée ne saurait garantir la pleine identification à la nation de tous ses ressortissants.
L’étude sociocritique du microcosme littéraire ivoirien, et plus particulièrement des
liens entre écrivains et champ politique mais aussi des différentes fonctions que portent les
textes, laisse à penser que la réalisation d’un champ littéraire, au sens bourdieusien, reste
encore du domaine de l’avenir. En effet, en adhérant personnellement au champ du pouvoir,
Adiaffi et Zadi Zaourou, figures de proue du monde littéraire de leur pays dans les années 80,
ne pouvaient simultanément permettre au microcosme littéraire d’accéder à une autonomie et
donc de devenir champ. Par ailleurs, leurs productions écrites, bien que se voulant
prescriptives et annonciatrices de changements politiques, ne créent que de nouveaux
pouvoirs dominateurs quand bien même ceux qui le possèdent sont guidés par des idées de
progrès. Enfin, l’ancrage ethnocentré de ces textes ne permet pas la réalisation de la nation,
cet imaginaire collectif que les deux écrivains appelaient pourtant de leur vœu. De surcroît, ce
parti pris culturel fissure le microcosme littéraire et constitue de nouveaux microcosmes, à
l’échelle ethnique, qui s’ils ont pour mérite de diffuser les traditions ancestrales, restent
limités à des visées culturalistes. Ainsi ce triple engagement, politique, national et ethnique de
la part des écrivains fonde-t-il les prémisses d’un discours problématique qui, dans la bouche
du politique, devint au milieu des années 90 celui de « l’ivoirité ». Afin qu’un champ littéraire
se constitue et que la littérature puisse véritablement se départir des logiques externes, les
producteurs d’œuvres contemporains auraient donc intérêt à s’assurer une autonomie vis-à-vis
du pouvoir politique, ce qui pourrait, par la suite, leur permettre d’intervenir dans le champ du
pouvoir en tant « qu’élite « intellectuelle » autonome ».
45
sur la définition de ce terme voir par exemple Laura Chrisman, « Nationalisme et études postcoloniales », in
Neil Lazarus (dir.), Penser le postcolonial, une introduction critique, [2004], traduit de l’anglais par Marianne
Gourlez, Christophe Jaquet et Hélène Quiniou, Paris, Amsterdam, 2006, pp 292-294
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