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Sujet Corrige Droit Adminstratif Mag 2023

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CMD/SASJA

MINISTÈRE DE LA JUSTICE RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE


ET DES DROITS DE L’HOMME Union – Discipline – Travail
-------------- ---------

--------------
ECOLE DE LA MAGISTRATURE
-----------------

CONCOURS DIRECT D’ADMISSION EN 2024 A L’ECOLE


DE LA MAGISTRATURE : SESSION D’OCTOBRE 2023
EPREUVE D’ADMISSIBILITE : DROIT ADMINISTRATIF

Durée de l’épreuve : 04 heures

Coefficient : 4

SUJET : CAS PRATIQUE

La Brasserie Vin-Dor, sis à Yopougon a, pour l’année 2022, vu ses


bénéfices croitre de plus de 30% du fait de l’émergence d’une classe
moyenne ivoirienne toujours plus friande de vins de qualité. Cette
circonstance a contraint les employés de la brasserie Vin d’or à travailler
au-delà des heures habituelles de services pour satisfaire les
commandes de l’année 2022 en cours.
Ainsi, dès le 02 février 2022, lors de leurs temps de pause, les employés
de Vin d’or ont mandaté leur représentant syndical monsieur Kiravi à
l’effet de négocier une réévaluation de leurs primes. Malheureusement,
lors des négociations, qui se sont déroulés du 04 au 07 février 2022,
monsieur Bovin s’est heurté à l’intransigeance du directeur de la
brasserie Vin-d ’or, monsieur Boss Atchebé qui estime n’avoir aucune
raison valable de leur accorder la réévaluation de leur prime. Le
lendemain, face à l’échec des négociations, monsieur Kiravi et les autres
employés ont déclenché une grève qui a paralysé les unités de
production de la brasserie Vin d’or, empêchant, de ce fait, cette dernière
d’honorer une commande pour le mariage d’une haute autorité du pays.
Furieux, le Directeur de la brasserie, jugeant monsieur Kiravi
responsable de cette grève qu’il estime illégale, a saisi l’inspecteur du
travail de Yopougon qui a autorisé son licenciement.
Monsieur Kiravi, qui conteste son licenciement décide de se rendre chez
son ami koffi, titulaire d’un master en droit, pour obtenir des conseils

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Morofè - Tél : 27 35 96 39 16 / 27 35 96 39 86
sur la procédure à suivre. En cours de route, monsieur Kiravi, en colère
et roulant à vive allure, perd la maîtrise de son véhicule, suite à la
crevaison de son pneu avant gauche au contact d’une crevasse sur le
bitume.
Violemment percuté par un gros camion, monsieur Kiravi est transporté
aux urgences du CHU de Yopougon. Face à l’état de sa jambe droite,
présentant de multiples fractures, les médecins décident de l’amputer.
Malheureusement Bacchus l’anesthésiste est introuvable. Celui-ci,
pendant ses heures de services, comme à son habitude, s’est éclipsé
pour consommer ses bouteilles de vin qu’il conserve jalousement dans
l’un des placards à balaie du CHU. Après avoir été interpellé par la
diffusion d’un message dans l’interphone du CHU, Bacchus se présente,
peu lucide, en salle d’opération et est autorisé par le chirurgien en chef
à pratiquer l’anesthésie. Mais, celui-ci se trompe sur le dosage du
produit anesthésiant, provoquant ainsi l’invalidité de monsieur Kiravi.
Les ayants droits de monsieur Kiravi viennent vous consulter,
conseillez-les utilement.

PROPOSITION DE CORRIGE

-Présentation : 1 point ;

Ce cas pratique pose trois problèmes :


-Le problème relatif au licenciement de monsieur KIRAVI (5 points) ;
-Le problème relatif à l’accident de monsieur KIRAVI (7 points) ;
-Le problème lié à son invalidité (7 points).

I – LE LICENCIEMENT DE MONSIEUR KIRAVI (5 points)


- Monsieur KIRAVI, en sa qualité de délégué syndical, est un salarié
protégé. Son licenciement est soumis à l’autorisation préalable du
l’Inspecteur du Travail (Art 61.8 du code travail)
En l’espèce, cette exigence a été respectée par l’employeur, en ce qu’il a
obtenu de l’inspecteur du travail l’autorisation de licenciement de
monsieur KIRAVI (0,5 point).
-Monsieur KIRAVI peut contester son licenciement en exerçant un
recours aux fins d’annulation de la décision de l’inspecteur du Travail.
(0,5 point)

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Procédure de contestation du licenciement
✓ Exercice d’un recours administratif préalable
Soit gracieux (en saisissant l’Inspecteur du Travail) soit hiérarchique (en
saisissant le Ministre de l’Emploi et de la Protection Sociale).
Ce recours administratif préalable doit être formé, par écrit, dans un
délai de deux (02) mois à compter de la publication, de la notification ou
de la connaissance acquise de la décision de licenciement (article 72 de
la loi sur le Conseil d’Etat) ; (1 point)
✓ Exercice du recours pour excès de pouvoir
Si deux (02) mois après le recours administratif préalable monsieur
KIRAVI n’obtient pas de réponse ou en cas de silence de l’autorité
administrative, pendant plus de deux (2) mois, monsieur KIRAVI devra
saisir le Conseil d’Etat par une requête en annulation pour excès de
pouvoir de la décision de l’Inspecteur du Travail. Il dispose d’un délai de
deux mois (02) mois à compter de la date de rejet du recours
administratif préalable (article 73 de la loi sur le Conseil d’Etat ou deux
(2) mois en cas de silence gardé par l’autorité administrative. (1 point)
Les probables décisions du Conseil d’Etat :
➢ Annulation de la décision de l’inspecteur du travail :
Dans ce cas, réintégration de monsieur KIRAVI dans l’entreprise.
En cas de refus de réintégrer monsieur KIRAVI par son employeur, ce
dernier devra saisir le Tribunal pour un licenciement abusif. (1 point)
➢ Rejet du recours en annulation de monsieur KIRAVI :
Dans cette hypothèse, le licenciement de monsieur KIRAVI s’en trouvera
justifié. (1 point)
En conclusion, eu égard au caractère illégal de la grève, pour non-
respect de préavis, la procédure de monsieur KIRAVI a peu de chance
d’aboutir. (1 point)
Voir Arrêt n°96 du 26 avril 2017 de la chambre administrative de
la Cour suprême Société YAOURE Mining SA dite YMSA C/
Inspecteur du Travail de Bouaflé.

II – L’ACCIDENT DE MONSIEUR KIRAVI (7 points)


La responsabilité de l’Etat peut-elle être engagée dans l’accident de la
circulation dont est victime monsieur KIRAVI ?
L’Etat peut-il partager sa responsabilité avec monsieur KIRAVI ?
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La responsabilité de l’Etat
Pour engager la responsabilité de l’Etat, il faut démontrer un préjudice,
son imputabilité, le fait générateur et l’absence de toute cause
d’exonération. (0,5 point)
➢ Le préjudice suppose que monsieur KIRAVI a subi un dommage.
En l’espèce existence d’un préjudice (l’accident de circulation a
provoqué des dégâts matériels et corporels) ; (1 point)

➢ L’imputabilité : Pour ouvrir droit à réparation le préjudice doit


avoir un lien de causalité avec l’activité avec l’activité
administrative d’une personne publique. En l’espèce l’accident
s’est produit sur un ouvrage public (la route). (1 point)

➢ Le fait générateur du préjudice : le préjudice ne sera réparé par


l’administration que s’il est causé par son fait. La responsabilité
de l’Etat peut être retenue sur la base d’une faute ou en l’absence
toute faute.

Dans le cas de monsieur KIRAVI, la responsabilité de l’Etat est une


responsabilité sans faute (dommages causés par un ouvrage public en
l’occurrence la route. (1 point)
Le régime juridique applicable est lié à la détermination de la
qualité de monsieur KIRAVI.
En l’espèce, monsieur KIRAVI est un usager de l’ouvrage public, en ce
qu’il utilisait la route (ouvrage public) au moment où est survenu
l’accident. (0,5 point)
Ayant la qualité d’usager, monsieur KIRAVI n’a pas à établir la faute de
l’administration dès lors que l’accident s’est produit pendant qu’il
utilisait l’ouvrage public (la route).
Ici, la responsabilité de l’administration est fondée sur une présomption
de faute. Toutefois, elle peut se dégager de toute responsabilité en
démontrant qu’elle n’a pas commis de faute, en rapportant la preuve
que l’ouvrage public a été bien entretenu. (0,5 point)
Dans le cas d’espèce, la responsabilité de l’Etat est engagée, en ce que
le dommage est survenu du fait de l’existence d’une crevasse sur le
bitume. Cela dénote du manque d’entretien de l’ouvrage public (arrêt
centaures routiers 14 janvier 1970, arrêt DJAN Ziago Joseph C/Etat de
CI 31 décembre 1986). (0,5 point)
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La responsabilité partagée de l’Etat
Lorsque la faute de la victime et celle de l’administration ont concouru
du dommage, il y a partage de responsabilité.
En l’espèce, monsieur KIRAVI a concouru à la survenance de l’accident
du fait de l’excessivité de sa vitesse. (0,5 point)
Voir arrêt société des transports du sud, Cour d’Appel d’Abidjan 24
novembre 1969 ; Dans cette affaire le juge a considéré que le conducteur
du véhicule endommagé « roulait… à une vitesse excessive et a commis
une imprudence de nature à atténuer la responsabilité de l’Etat ». (0,5
point)
La juridiction compétente
En attendant la mise en place des Tribunaux administratifs, c’est le
Tribunal du lieu de la commission du dommage qui sera compétent. (1
point)

III – LE PROBLEME DE L’INVALIDITE DE MONSIEUR KIRAVI (7


points)
En outre le service public hospitalier et les agents de santé, en
l’occurrence Bacchus et le chirurgien, à qui incombe la réparation du
dommage subi par monsieur KIRAVI ?
Des faits de l’espèce, il y a cumul de fautes entrainant un cumul de
responsabilité, c’est-à-dire que la responsabilité, c’est-à-dire que la
responsabilité de l’administration hospitalière peut être engagée de
même que celle de monsieur Bacchus et du chirurgien. (1 point)
La responsabilité des services publics hospitaliers (2 points)
L’invalidité de monsieur KIRAVI résulte des actes médicaux ou
chirurgicaux. Dans un tel cas, pour engager la responsabilité de
l’administration hospitalière, la preuve d’une faute lourde doit être
rapportée.
En l’espèce, le chirurgien, alors même qu’il a constaté l’état d’ébriété de
l’anesthésiste l’a autorisé à pratiquer un acte médical. Une faute lourde
a donc été commise, susceptible d’entrainer la responsabilité de l’Etat.

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La responsabilité des agents de santé (3 points)
-La faute personnelle de BACCHUS (1,5 point)
Est qualité de faute personnelle la faute commise par l’agent en dehors
du service ou pendant le service si elle est tellement incompatible avec
le service public ou les « pratiques administratives normales » qu’elle
revêt une particulière gravité ou révèle la personnalité de son auteur et
les préoccupations d’ordre privé qui l’animent.
En l’espèce, BACCHUS pendant ses heures de service a consommé de
l’alcool et n’étant pas lucide, il s’est trompé dans le dosage du produit
anesthésiant entrainant une invalidité de monsieur KIRAVI.
Cette attitude (consommation de l’alcool), incompatible avec le service
public ou les « pratiques administratives normales », revêt une
particulière gravité.
BACCHUS s’est donc rendu coupable d’une faute personnelle commise
pendant le service.
-La faute de service du chirurgien (1,5 point)
Est qualifiée de faute de service, la faute commise par un agent dans
l’exercice de ses fonctions, c’est-à-dire pendant le service, avec les
moyens du service, et en dehors de tout intérêt personnel.
En l’espèce, BACCHUS a été autorisé par le chirurgien chef à pratiquer
l’anesthésie alors qu’il n’était pas en état de le faire. Entrainant ainsi
l’invalidité de monsieur KIRAVI.
Il y a une faute de service du chirurgien en chef.

Réparation du préjudice
Il appartiendra à monsieur KIRAVI, compte tenu du cumul de
responsabilité, de poursuivre l’administration, par la saisine du
Tribunal de Première instance, statuant en matière administrative, ou
le juge civil pour engager la responsabilité des agents de santé.
Cependant, compte tenu de la solvabilité de l’Etat, monsieur KIRAVI a
plus d’intérêt à poursuivre l’administration. (Arrêt Anguet du 03 février
1911 et arrêt Lemonnier du 26 juillet 1918 du Conseil d’Etat Français). (1
point)

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