Répertoire - Les Fleurs Du Mal (49 Textes)
Répertoire - Les Fleurs Du Mal (49 Textes)
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01. + "Le Dormeur du Val" d'Arthur Rimbaud.
C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
m
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
hi
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
ra
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
-Ib
📖
Arthur Rimbaud, octobre 1870
02. + "Le Bateau Ivre" d'Arthur Rimbaud.
bi
Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
tim
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
hi
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !
ra
J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baisers montant aux yeux des mers avec lenteurs,
-Ib
La circulation des sèves inouïes,
Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !
bi
J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l’assaut des récifs,
tim
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
hi
Des lichens de soleil et des morves d’azur ;
ra
Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
-Ib
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;
bi
Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
tim
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l’Europe aux anciens parapets !
📖
Arthur Rimbaud, Poésies
03. + "Brise Marine" de Stéphane Mallarmé.
La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
Fuir ! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots …
hi
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots !
ra
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Stéphane Mallarmé, Vers et Prose, 1893
04. + "L'Âme du Vin" de Charles Baudelaire.
-Ib
Un soir, l’âme du vin chantait dans les bouteilles :
« Homme, vers toi je pousse, ô cher déshérité,
Sous ma prison de verre et mes cires vermeilles,
bi
Un chant plein de lumière et de fraternité !
tim
Je sais combien il faut, sur la colline en flamme,
De peine, de sueur et de soleil cuisant
Pour engendrer ma vie et pour me donner l’âme ;
Mais je ne serai point ingrat ni malfaisant,
zi
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
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05. + "Le Cygne" de Charles Baudelaire.
A Victor Hugo
m
Le vieux Paris n'est plus (la forme d'une ville
Change plus vite, hélas ! que le coeur d'un mortel) ;
hi
Je ne vois qu'en esprit tout ce camp de baraques,
ra
Ces tas de chapiteaux ébauchés et de fûts,
Les herbes, les gros blocs verdis par l'eau des flaques,
-Ib
Et, brillant aux carreaux, le bric-à-brac confus.
II
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
A quiconque a perdu ce qui ne se retrouve
Jamais, jamais ! à ceux qui s'abreuvent de pleurs
hi
Et tètent la Douleur comme une bonne louve !
Aux maigres orphelins séchant comme des fleurs !
ra
Ainsi dans la forêt où mon esprit s'exile
-Ib
Un vieux Souvenir sonne à plein souffle du cor !
Je pense aux matelots oubliés dans une île,
Aux captifs, aux vaincus !... à bien d'autres encor !
bi
tim
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Charles Baudelaire - Les Fleurs du mal
06. + "Les Assis" d'Arthur Rimbaud.
Noirs de loupes, grêlés, les yeux cerclés de bagues
Vertes, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs,
zi
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Qui charge l’oeil souffrant de la chienne battue,
Et vous suez, pris dans un atroce entonnoir.
hi
Rassis, les poings noyés dans des manchettes sales,
ra
Ils songent à ceux-là qui les ont fait lever
Et, de l’aurore au soir, des grappes d’amygdales
-Ib
Sous leurs mentons chétifs s’agitent à crever.
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Arthur Rimbaud, Poésies
M
Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. - Et je l'ai trouvée amère. - Et je l'ai injuriée.
Je me suis armé contre la justice.
rid
Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c'est à vous que mon trésor a été confié!
Je parvins à faire s'évanouir dans mon esprit toute l'espérance humaine. Sur toute joie pour
l'étrangler j'ai fait le bond sourd de la bête féroce.
Fa
J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appelé les
fléaux, pour m'étouffer avec le sable, avec le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé
dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie.
Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot.
Or, tout dernièrement, m'étant trouvé sur le point de faire le dernier couac! j'ai songé à
rechercher le clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.
La charité est cette clef. - Cette inspiration prouve que j'ai rêvé!
"Tu resteras hyène, etc.... ," se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots.
"Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux."
Ah! j'en ai trop pris: - Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée! et en
attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l'écrivain l'absence des
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
facultés descriptives ou instructives, je vous détache des quelques hideux feuillets demon carnet de
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damné.
08. + "Le Corbeau" de Charles Baudelaire (Traduction d’Edgar Allan Poe).
« Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais, faible et fatigué, sur maint précieux et
curieux volume d’une doctrine oubliée, pendant que je donnais de la tête, presque assoupi, soudain il
se fit un tapotement, comme de quelqu’un frappant doucement, frappant à la porte de ma chambre. «
C’est quelque visiteur, — murmurai-je, — qui frappe à la porte de ma chambre ; ce n’est que cela, et rien
de plus. »
Ah ! distinctement je me souviens que c’était dans le glacial décembre, et chaque tison brodait à son
tour le plancher du reflet de son agonie. Ardemment je désirais le matin ; en vain m’étais-je efforcé de
tirer de mes livres un sursis à ma tristesse, ma tristesse pour ma Lénore perdue, pour la précieuse et
m
rayonnante fille que les anges nomment Lénore, — et qu’ici on ne nommera jamais plus.
hi
Et le soyeux, triste et vague bruissement des rideaux pourprés me pénétrait, me remplissait de
terreurs fantastiques, inconnues pour moi jusqu’à ce jour ; si bien qu’enfin, pour apaiser le battement
ra
de mon cœur, je me dressai, répétant : « C’est quelque visiteur qui sollicite l’entrée à la porte de ma
chambre, quelque visiteur attardé sollicitant l’entrée à la porte de ma chambre ; — c’est cela même, et
-Ib
rien de plus. »
Mon âme en ce moment se sentit plus forte. N’hésitant donc pas plus longtemps : « Monsieur, —
bi
dis-je, — ou madame, en vérité j’implore votre pardon ; mais le fait est que je sommeillais, et vous êtes
venu frapper si doucement, si faiblement vous êtes venu taper à la porte de ma chambre, qu’à peine
tim
étais-je certain de vous avoir entendu. » Et alors j’ouvris la porte toute grande ; — les ténèbres, et rien
de plus !
Scrutant profondément ces ténèbres, je me tins longtemps plein d’étonnement, de crainte, de doute,
zi
rêvant des rêves qu’aucun mortel n’a jamais osé rêver ; mais le silence ne fut pas troublé, et
l’immobilité ne donna aucun signe, et le seul mot proféré fut un nom chuchoté : « Lénore ! » — C’était
'la
moi qui le chuchotais, et un écho à son tour murmura ce mot : « Lénore ! » — Purement cela, et rien de
plus.
M
Rentrant dans ma chambre, et sentant en moi toute mon âme incendiée, j’entendis bientôt un coup un
peu plus fort que le premier. « Sûrement, — dis-je, — sûrement, il y a quelque chose aux jalousies de
a
ma fenêtre ; voyons donc ce que c’est, et explorons ce mystère. Laissons mon cœur se calmer un
instant, et explorons ce mystère ; — c’est le vent, et rien de plus. »
rid
Je poussai alors le volet, et, avec un tumultueux battement d’ailes, entra un majestueux corbeau digne
des anciens jours. Il ne fit pas la moindre révérence, il ne s’arrêta pas, il n’hésita pas une minute ; mais,
Fa
avec la mine d’un lord ou d’une lady, il se percha au-dessus de la porte de ma chambre ; il se percha
sur un buste de Pallas juste au-dessus de la porte de ma chambre ; — il se percha, s’installa, et rien de
plus.
Alors cet oiseau d’ébène, par la gravité de son maintien et la sévérité de sa physionomie, induisant ma
triste imagination à sourire : « Bien que ta tête, — lui dis-je, — soit sans huppe et sans cimier, tu n’es
certes pas un poltron, lugubre et ancien corbeau, voyageur parti des rivages de la nuit. Dis-moi quel
est ton nom seigneurial aux rivages de la Nuit plutonienne ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »
Je fus émerveillé que ce disgracieux volatile entendît si facilement la parole, bien que sa réponse n’eût
pas un bien grand sens et ne me fût pas d’un grand secours ; car nous devons convenir que jamais il
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
ne fut donné à un homme vivant de voir un oiseau au-dessus de la porte de sa chambre, un oiseau ou
une bête sur un buste sculpté au-dessus de la porte de sa chambre, se nommant d’un nom tel que
Jamais plus !
Mais le corbeau, perché solitairement sur le buste placide, ne proféra que ce mot unique, comme si
dans ce mot unique il répandait toute son âme. Il ne prononça rien de plus ; il ne remua pas une
plume, — jusqu’à ce que je me prisse à murmurer faiblement : « D’autres amis se sont déjà envolés
loin de moi ; vers le matin, lui aussi, il me quittera comme mes anciennes espérances déjà envolées. »
L’oiseau dit alors : « Jamais plus ! »
Tressaillant au bruit de cette réponse jetée avec tant d’à-propos : « Sans doute, — dis-je, — ce qu’il
prononce est tout son bagage de savoir, qu’il a pris chez quelque maître infortuné que le Malheur
m
impitoyable a poursuivi ardemment, sans répit, jusqu’à ce que ses chansons n’eussent plus qu’un seul
refrain, jusqu’à ce que le De profundis de son Espérance eût pris ce mélancolique refrain : Jamais,
hi
jamais plus !
ra
Mais, le corbeau induisant encore toute ma triste âme à sourire, je roulai tout de suite un siège à
coussins en face de l’oiseau et du buste et de la porte ; alors, m’enfonçant dans le velours, je
-Ib
m’appliquai à enchaîner les idées aux idées, cherchant ce que cet augural oiseau des anciens jours, ce
que ce triste, disgracieux, sinistre, maigre et augural oiseau des anciens jours voulait faire entendre en
croassant son Jamais plus ! bi
Je me tenais ainsi, rêvant, conjecturant, mais n’adressant plus une syllabe à l’oiseau, dont les yeux
tim
ardents me brûlaient maintenant jusqu’au fond du cœur ; je cherchais à deviner cela, et plus encore,
ma tête reposant à l’aise sur le velours du coussin que caressait la lumière de la lampe, ce velours
violet caressé par la lumière de la lampe que sa tête, à Elle, ne pressera plus, — ah ! jamais plus !
zi
Alors il me sembla que l’air s’épaississait, parfumé par un encensoir invisible que balançaient des
séraphins dont les pas frôlaient le tapis de la chambre. « Infortuné ! — m’écriai-je, — ton Dieu t’a donné
'la
par ses anges, il t’a envoyé du répit, du répit et du népenthès dans tes ressouvenirs de Lénore ! Bois,
oh ! bois ce bon népenthès, et oublie cette Lénore perdue ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »
M
« Prophète ! — dis-je, — être de malheur ! oiseau ou démon, mais toujours prophète ! que tu sois un
envoyé du Tentateur, ou que la tempête t’ait simplement échoué, naufragé, mais encore intrépide, sur
a
cette terre déserte, ensorcelée, dans ce logis par l’Horreur hanté, — dis-moi sincèrement, je t’en
supplie, existe-t-il, existe-t-il ici un baume de Judée ? Dis, dis, je t’en supplie ! » Le corbeau dit : «
rid
Jamais plus ! »
« Prophète ! — dis-je, — être de malheur ! oiseau ou démon ! toujours prophète ! par ce Ciel tendu sur
Fa
nos têtes, par ce Dieu que tous deux nous adorons, dis à cette âme chargée de douleur si, dans le
Paradis lointain, elle pourra embrasser une fille sainte que les anges nomment Lénore, embrasser une
précieuse et rayonnante fille que les anges nomment Lénore. » Le corbeau dit : « Jamais plus ! »
« Que cette parole soit le signal de notre séparation, oiseau ou démon ! — hurlai-je en me redressant.
— Rentre dans la tempête, retourne au rivage de la Nuit plutonienne ; ne laisse pas ici une seule plume
noire comme souvenir du mensonge que ton âme a proféré ; laisse ma solitude inviolée ; quitte ce
buste au-dessus de ma porte ; arrache ton bec de mon cœur et précipite ton spectre loin de ma porte !
» Le corbeau dit : « Jamais plus ! »
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
Et le corbeau, immuable, est toujours installé, toujours installé sur le buste pâle de Pallas, juste
au-dessus de la porte de ma chambre ; et ses yeux ont toute la semblance des yeux d’un démon qui
rêve ; et la lumière de la lampe, en ruisselant sur lui, projette son ombre sur le plancher ; et mon âme,
hors du cercle de cette ombre qui gît flottante sur le plancher, ne pourra plus s’élever, — jamais plus !
📖
09. + "Cauchemar" de Paul Verlaine.
J’ai vu passer dans mon rêve
– Tel l’ouragan sur la grève, –
D’une main tenant un glaive
Et de l’autre un sablier,
Ce cavalier
m
Des ballades d’Allemagne
Qu’à travers ville et campagne,
hi
Et du fleuve à la montagne,
Et des forêts au vallon,
ra
Un étalon
-Ib
Rouge-flamme et noir d’ébène,
Sans bride, ni mors, ni rêne,
Ni hop ! ni cravache, entraîne bi
Parmi des râlements sourds
Toujours ! toujours !
tim
Claquait au vent,
rid
Paul Verlaine
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10. + "Au Lecteur" de Charles Baudelaire.
La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas,
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.
hi
Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange
ra
Le sein martyrisé d'une antique catin,
Nous volons au passage un plaisir clandestin
-Ib
Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.
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Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
11. + "Une Charogne" de Charles Baudelaire.
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
hi
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.
ra
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
-Ib
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons. bi
Tout cela descendait, montait comme une vague,
tim
Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
zi
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
Carl Solomon
m
hi
I
ra
J’ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés
-Ib
hystériques nus,
se traînant à l’aube dans les rues nègres à la recherche d’une furieuse piqûre,
bi
initiés à tête d’ange brûlant pour la liaison céleste ancienne avec la dynamo
tim
qui pauvreté et haillons et œil creux et défoncés restèrent debout en fumant dans
zi
qui ont mis à nu leurs cerveaux aux Cieux sous le Métro Aérien et vu des anges
a
qui ont passé à travers des universités avec des yeux radieux froids hallucinant
qui ont été expulsés des académies pour folie et pour publications d’odes obscènes
qui se sont blottis en sous-vêtements dans des chambres pas rasés brûlant leur argent
qui furent arrêtés dans leurs barbes pubiennes en revenant de Laredo avec une ceinture
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
qui mangèrent du feu dans des hôtels à peinture ou burent de la térébenthine dans
avec des rêves, avec de la drogue, avec des cauchemars qui marchent, l’alcool la
m
vers les pôles du Canada et de Paterson, illuminant tout le monde immobile du
hi
Temps-intervalle,
ra
solidités de peyotl des halls, aurores de jardinets arbre vert cimetière, ivresse de
-Ib
vin par-dessus les toits, banlieues de vitrines de magasins de fumeurs de haschisch
de ballade en auto défoncés néon feux rouges clignotants, vibrations de soleil et lune
bi
et arbre dans rugissants crépuscules d’hivers de Brooklyn, imprécations de poubelle
tim
qui s’enchaînèrent pleins de benzédrine sur les rames de métro pour le voyage sans fin
zi
de Battery au Bronx sacré jusqu’à ce que le bruit des roues et des enfants les firent
'la
qui sombrèrent toute la nuit dans la lumière de sous-marin de chez Bickford flottèrent
rid
à la dérive et restèrent assis durant l’après-midi de bière plate dans le désert de Chez
qui parlèrent sans discontinuer pendant 70 heures du parc à la piaule au bar à l’asile
des escaliers de secours en bas des rebords de fenêtres en bas de l’Empire State
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
blablateurs hurlant vomissant murmurant des faits des souvenirs des anecdotes des
orgasmes visuels et des traumatismes des hôpitaux et des prisons et des guerres,
des intellects entiers dégorgés en mémoire intégrale pour sept jour et sept nuits avec
qui disparurent dans le nulle-part Zen de New Jersey laissant une traînée de cartes
m
souffrant des sueurs de l’Est et des os sous la meule de Tanger, et des migraines de
hi
Chine sous le repli de la drogue dans la lugubre chambre meublée de Newark
ra
qui errèrent et errèrent en tournant à minuit dans la cour du chemin de fer en se
-Ib
demandant où aller, et s’en allèrent s’en laisser de cœurs brisés,
qui allumèrent des cigarettes dans des wagons à bestiaux wagons à bestiaux wagons
bi
à bestiaux wagons à bestiaux cahotant à travers neige vers des fermes désolées
tim
qui se sont esseulés le long des rues de l’Idaho, cherchant des anges indiens
M
qui ont pensé qu’ils étaient seulement fous quand Baltimore luisait en extase
rid
surnaturelle,
qui ont sauté dans des limousines avec les Chinois de l’Oklahoma sous
Fa
qui flânèrent affamés et tout seuls dans Houston cherchant du jazz, sexe, soupe,
qui disparurent à l’intérieur des volcans mexicains ne laissant derrière eux que
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
cheminée de Chicago,
qui réapparurent sur la Côte Ouest enquêtant sur le F.B.I. en barbe et en culottes
courtes avec de grands yeux de pacifistes sensuels dans leur peau sombre,
qui ont brûlé des trous de cigarettes dans leurs bras en protestant contre la brume
m
de tabac narcotique du capitalisme,
hi
qui distribuèrent des brochures sur-communistes à Union Square en pleurant et
ra
en se déshabillant pendant que les sirènes de Los Alamos les rattrapèrent en
-Ib
hurlant, et descendirent Wall Street en hurlant, et le ferry-boat de Staten Island
hurlait aussi, bi
qui s’écroulèrent en pleurant dans des gymnases blancs nus et tremblants devant
tim
qui mordirent les détectives au cou et poussèrent un cri aigu de plaisir dans les
zi
paniers à salade pour n’avoir commis aucun crime sauf celui de leur propre
'la
qui hurlèrent à genoux dans le métro et furent traînés du toit en agitant parties
a
génitales et manuscrits,
rid
qui sucèrent et furent sucés par ces séraphins humains, les marins, caresses
Fa
qui baisèrent le matin et le soir dans les roseraies et sur le gazon des jardins
publics et des cimetières répandant leur semence à qui que ce soit, jouisse
qui pourra,
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
qui perdirent leurs boys d’amour à trois vieilles mégères du destin la mégère
la matrice et la mégère borgne qui ne fait rien d’autre que de rester assise
sur son cul et de couper les fils d’or intellectuels du métier à tisser de
m
l’artisan,
hi
qui copulèrent en extase et insatiables avec une bouteille de bière une fiancée
ra
un paquet de cigarettes une bougie et tombèrent du lit et continuèrent le
-Ib
long du plancher et dans le couloir et s’arrêtèrent au mur évanouis avec
qui sucèrent le con d’un million de filles tremblantes dans le soleil couchant, et
ils avaient les yeux rouges au matin mais prêts à sucer le con du soleil levant,
zi
qui sortirent draguer à travers le Colorado, dans des myriades de voiture de nuit
M
dans la cour des restaurants, dans les rangées boiteuses de cinémas, au sommet
des montagnes dans des grottes ou avec des serveuses maigres dans des
Fa
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
qui marchèrent toute la nuit avec leurs chaussures pleines de sang le long des docks
enneigés pour attendre qu’une porte sur l’East River s’ouvre sur une chambre
qui sur les appartements des bords de l’eau de l’Hudson River créèrent de grands
m
drames-suicides sous le projecteur bleu du temps de guerre de la lune et leurs têtes
hi
seront couronnées de laurier dans l’oubli,
ra
qui mangèrent le ragoût de mouton imaginaire ou digérèrent le crabe au fond boueux
-Ib
des rivières de la Bowery,
qui sanglotèrent à la romance des rues avec leurs voitures à bras pleines d’oignons et
bi
de mauvaises musiques,
tim
qui restèrent assis dans des boîtes, respirant dans l’obscurité sous le pont, et se
qui toussèrent au sixième étage de Harlem couronnés de feu sous le ciel tuberculeux
'la
qui gribouillèrent toute la nuit dans un rock and roll par-dessus des incantations
a
qui firent cuire des poumons cœur pieds queue borsht et tortillas d’animaux pourris
qui jetèrent leurs montres par-dessus le toit pour remplir leur bulletin de vote en
faveur de l’Eternité hors du Temps, et des réveils leur tombèrent sur la tête tous
qui se tailladèrent les poignets trois fois de suite sans succès, renoncèrent et furent
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
obligés d’ouvrir des magasins d’antiquité, où ils crurent qu’ils devenaient vieux
et sanglotèrent,
qui furent brûlés vivant dans leurs innocents complet-vestons en flanelle sur la
des régiments de fer de la haute couture et les cris de nitro-glycérine des pédés
m
qui furent écrasés par les taxis ivres de la Réalité Absolue,
hi
qui se jetèrent en bas du Brooklyn Bridge ceci est vraiment arrivé et s’en allèrent à
ra
pied inconnus et oubliés dans l’hébétement fantôme de la soupe des ruelles et des
-Ib
voitures de pompier de Chinatown et pas même une bière à l’œil,
qui chantèrent de désespoir par la fenêtre, tombèrent par la fenêtre du métro, sautèrent
bi
dans le crasseux Passaic, se jetèrent sur les nègres, pleurèrent partout dans la rue,
tim
dansèrent nu-pieds sur des verres de vin brisés et brisèrent des disques de jazz
les W.C. ensanglantés, des râles dans les oreilles et l’explosion de sifflets à vapeur
'la
géants,
M
à Birmingham,
j’avais une vision ou si tu avais une vision ou s’il avait une vision pour savoir
l’Eternité,
restèrent tout seul à Denver et finalement s’en allèrent pour savoir le Temps,
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
qui tombèrent à genoux dans des cathédrales sans espoir en priant pour le salut
des uns et des autres et la lumière et les poitrines, jusqu’à ce que l’âme illumine
qui en prison se fracassèrent à travers leur cerveau attendant des criminels impossibles
avec des têtes d’or et le charme de la réalité dans leurs cœurs et chantèrent le doux
m
blues d’Alcatraz,
hi
qui se sont retirés au Mexique pour nourrir une intoxication, ou au Rocky Mount au
ra
tendre Boudha ou à Tanger aux garçons ou sur la ligne du Pacifique Sud à la
-Ib
locomotive noire ou à Harvard ou à Narcisse ou à Woodlawn à la guirlande de
marguerites ou à la tombe, bi
qui exigèrent qu’un tribunal statue sur la santé mentale accusant la radio d’hypnotisme
tim
et qui se retrouvèrent avec leur insanité et leurs mains et la décision des jurés en
suspens,
zi
qui jetèrent de la salade de pomme de terre sur des conférenciers traitant du dadaïsme
'la
granit de l’asile d’aliénés avec leurs têtes rasées et dans un discours d’arlequin de
a
du ping-pong et de l’amnésie,
qui dans une protestation sans humour ne renversèrent qu’une table de ping-pong
vraiment chauve sauf une perruque de sang, et des larmes, et des doigts à
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
l’écho de l’esprit, dansant le rock and roll dans les royaumes dolmens blancs de
m
mur sans réponse et la dernière chambre meublée évacuée jusqu’au dernier morceau
hi
du mobilier mental, un papier jaune se dressait tordu sur le cintre métallique dans le
ra
placard, et même cela dans l’imagination, rien qu’un petit bout d’hallucination
-Ib
encourageant –
et qui traversèrent donc en courant les rues glacées obsédés par l’éclair brusque de
qui rêvèrent et qui pratiquèrent des brèches incarnées dans le Temps et l’Espace
'la
Aeterna Deus
et infinie,
le momo fou et angélique béat dans le Temps, inconnu, et pourtant inscrivant ici
21
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
l’Amérique pour l’amour dans un eli eli lamma lamma sabacthani cri de
saxophone qui fit trembler les villes jusqu’à leur dernière radio
avec le cœur absolu du poème de la vie arraché à leurs propres corps bon à
m
hi
II
ra
Quel sphinx de ciment et d’aluminium a défoncé leurs crânes et dévoré leurs
-Ib
cervelles et leur imagination ?
âme et du Congrès des afflictions ! Moloch dont les buildings sont jugements !
a
Moloch dont la pensée est mécanique pure ! Moloch dont le sang est de l’argent
qui coule ! Moloch dont les doigts sont dix armées ! Moloch dont la poitrine
Fa
est une dynamo cannibale ! Moloch dont l’oreille est une tombe fumante !
Moloch dont les yeux sont mille fenêtres aveugles ! Moloch dont les gratte-ciel
se dressent dans les longues rues comme des Jéhovahs infinis ! Moloch dont
les usines rêvent et croassent dans la brume ! Moloch dont les cheminées et
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Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
Moloch dont l’amour est pétrole et pierre sans fin ! Moloch dont l’âme est
dont le sort est un nuage d’hydrogène asexué ! Moloch dont le nom est Pensée !
Moloch en qui je m’asseois et me sens seul ! Moloch où je rêve d’Anges ! Fou dans
Moloch ! Suceur de bite en Moloch ! Sans amour et sans homme dans Moloch !
Moloch qui me pénétra tôt ! Moloch en qui je suis une conscience sans corps !
m
Moloch qui me fit fuir de peur hors de mon extase naturelle ! Moloch que
hi
j’abandonne ! Réveil dans Moloch ! lumière coulant du ciel !
ra
Moloch ! Moloch ! Appartements robots ! banlieues invisibles ! trésors squelettiques !
-Ib
capitales aveugles ! industries démoniaques ! nations spectres ! asiles invincibles !
fleuve américain !
'la
sensibles !
a
Mentalités ! Amours neuves ! Génération folle ! en bas sur les rochers du Temps !
Fa
Vrai rire sacré dans le fleuve ! ils ont vu cela ! les yeux fous ! les hurlements sacrés !
Ils ont dit adieu ! ils ont sauté du toit ! vers la solitude ! gesticulant ! portant des
III
23
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Je suis avec toi à Rockland
hi
où tu as assassiné tes douze secrétaires
ra
Je suis avec toi à Rockland
-Ib
où tu ris de cet humour invisible
épouvantable
Bronx
24
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
ping-pong de l’abîme
m
où cinquante électrochocs supplémentaires ne restitueront pas ton âme
hi
à ton corps après le pèlerinage à la croix dans le vide
ra
Je suis avec toi à Rockland
-Ib
où tu accuses de folie tes médecins et complote la révolution socialiste
25
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
dans mes rêves tu marches ruisselant d’un voyage en mer sur l’autoroute
📖
occidentale
13. + "Zone" de Guillaume Apollinaire.
À la fin tu es las de ce monde ancien
m
Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin
hi
Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine
ra
Ici même les automobiles ont l’air d’être anciennes
La religion seule est restée toute neuve la religion
-Ib
Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation
26
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Pupille Christ de l’œil
Vingtième pupille des siècle il sait y faire
hi
Et changé en oiseau ce siècle comme Jésus monte dans l’air
Les diables dans les abîmes lèvent la tête pour le regarder
ra
Ils disent qu’il imite Simon Mage en Judée
Ils crient s’il sait voler qu’on l’appelle voleur
-Ib
Les anges voltigent autour du joli voltigeur
Icare Enoch Elie Apollonius de Thyane
Flottent autour du premier aéroplane
bi
Ils s’écartent parfois pour laisser passer ceux que
[ 10 ]
tim
transporte la Sainte-Eucharistie
Ces prêtre qui montent éternellement élevant l’hostie
L’avion se pose enfin sans refermer les ailes
zi
27
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Le sang de votre Sacré Cœur m’a inondé à Montmartre
Je suis malade d’ouïr les paroles bienheureuses
hi
L’amour dont je souffre est une maladie honteuse
Et l’image qui te possède te fait survivre dans l’insomnie et dans l’angoisse
ra
[ 12 ]
-Ib
C’est toujours près de toi cette image qui passe
[ 13 ]
Te voici à Amsterdam avec une jeune fille que tu trouves belle et qui est laide
Elle doit se marier avec un étudiant de Leyde
On y loue des chambres en latin Cubicula locanda
28
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Tu regardes les yeux pleins de larmes ces pauvres émigrants
[ 14 ]
hi
Ils croient en Dieu ils prient les femmes allaitent des enfants
ra
Ils emplissent de leur odeur le hall de la gare Saint-Lazare
Ils ont foi dans leur étoile comme les rois-mages
-Ib
Ils espèrent gagner de l’argent dans l’Argentine
Et revenir dans leur pays après avoir fait fortune
Une famille transporte un édredon rouge comme vous transportez votre cœur
bi
Cet édredon et nos rêves sont aussi irréels
Quelques-uns de ces émigrants restent ici et se logent
tim
Rue des Rosiers ou rue des Écouffes dans des bouges
Je les ai vus souvent le soir ils prennent l’air dans la rue
Et se déplacent rarement comme les pièces aux échecs
Il y a surtout des Juifs leurs femmes portent perruque
zi
Ces femmes ne sont pas méchantes elles ont des soucis cependant
Toutes même la plus laide a fait souffrir son amant
rid
29
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
Adieu Adieu
m
Soleil cou coupé
hi
📖
Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
14. + "The Waste Land" de T.S. Eliot.
ra
I. L’ENSEVELISSEMENT DES MORTS
-Ib
Avril, le mois le plus cruel, fait surgir
Les lilas de la terre inanimée, entremêle
La mémoire et les désirs, irritebi
Les racines engourdies, de sa pluie printanière.
L’hiver nous tint au chaud, recouvrant
tim
Le sol d’une neige sans souvenir, nourrissant
De tubercules desséchés un reste de vie.
L’été nous a surpris ; quand il s’est abattu sur
le Starnbergersee,
zi
30
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
Mais
Il y a de l’ombre sous ce roc rouge
(Viens dans l’ombre de ce roc rouge)
Et je te ferai voir
Non pas ton ombre marchant à grands pas derrière
toi le matin,
Non pas ton ombre s’élevant le soir à ta rencontre,
Je te ferai voir, dans une poignée de poussière, la
peur.
Frisch weht der Wind
Der Heimat zu
Mein Irisch Kind,
m
Wo weilest du ?
« Vous m’avez donné des jacinthes, la première fois,
hi
il y a un an ;
« On m’appelait la fille aux jacinthes. »
ra
— Mais lorsque nous revînmes du jardin des jacinthes,
tard dans la nuit,
-Ib
Vous aviez les bras pleins, vos cheveux étaient humides,
je ne pus
Parler et mon regard faillit, je n’étais
bi
Ni vivant ni mort, et je ne connaissais rien,
Les yeux plongeant au cœur de la lumière, le silence.
tim
Oed’ und leer das Meer.
Madame Sosostris, la célèbre voyante,
Était fort enrhumée, elle est considérée
Néanmoins comme la femme la plus sage d’Europe
zi
31
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
« Ou bien le gel soudain a-t-il défait son lit ?
« Oh ! Tiens à distance le Chien, tu sais, l’ami des
hi
hommes,
« Avec ses griffes, il risquerait de l’arracher de
ra
terre !
« Toi ! Hypocrite lecteur... Mon semblable, mon
-Ib
frère ! »
32
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Éclatent en paroles, puis retombent immobiles, sauvagement.
« Comme je suis énervée, ce soir. Oui, ce sont les
hi
nerfs. Reste avec moi.
« Dis-moi quelque chose. Pourquoi ne parles-tu jamais ?
ra
Parle.
« A quoi est-ce que tu penses ? Oui, pense. Quoi ?
-Ib
« Je ne sais jamais ce que tu penses. Hein ? »
Je pense que nous sommes dans l’allée des rats
Où les morts ont perdu leurs os.bi
« Ce bruit, qu’est-ce ?
Le vent sous la porte.
tim
« Eh bien, quel est-ce bruit ? Que fait le vent ? »
Rien encore rien
« Est-ce
« Que tu ne sais rien? Est-ce que tu ne vois rien? Estce que tu ne te souviens de
zi
« Rien ? »
Je me souviens
'la
Mais
Tiens tiens tiens tiens ce rag chexpirien —
C’est si élégant
a
Si intelligent
« Qu’est-ce que je vais faire maintenant ? Qu’est-ce que
rid
je vais faire ? »
« Je vais me précipiter dehors, je vais longer les rues,
« Les cheveux défaits, comme ça... Et demain qu’allonsnous faire ?
Fa
33
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
peu la mine
Il voudra savoir ce que t’en as fait, de l’argent qu’il
t’a donné
Pour que tu te fasses faire des dents. Parfaitement !
Qu’on te les enlève toutes, Lilou, qu’on t’y mette un
beau râtelier,
Qu’il a dit, bon sang je te jure, je peux plus voir la
gueule que t’as.
Et moi, donc ! que je lui ai dit. Quand même, pense un
peu à ce pauvre Albert,
Ça fait quatre ans qu’il est dans l’armée, il voudra un
peu s’amuser,
m
Et si c’est pas avec toi, ça sera avec une autre, que
je lui ai dit.
hi
Ah, c’est comme ça ? qu’elle a dit. Ouais, c’est comme
ça, que je lui ai dit.
ra
Bon, bien je saurai qui remercier, qu’elle a dit, en
m’envoyant un de ces regards.
-Ib
MESSIEURS DAMES S’IL VOUS PLAÎT C’EST L’HEURE
Si ça te plaît pas, ça sera tant pis pour toi, que je lui
ai dit. bi
Y en a qui sauront en profiter si c’est pas toi.
En tout cas si Albert te laisse tomber tu pourras pas
tim
dire qu’on t’a pas prévenue
Tu devrais avoir honte, que je lui ai dit, d’avoir l’air
usée comme ça.
(Pensez ! Elle n’a que trente et un ans.)
zi
qu’elle a dit.
(Ça lui en fait cinq déjà, et avec le petit Georges elle a
M
failli crever.)
Le pharmacien a dit que ça irait tout seul, mais je m’en
suis jamais remise.
a
Juste ce dimanche Albert était rentré, ils avaient un quartier de lard chaud,
Ils m’ont invitée à déjeuner, ça ne vous dit rien un quartier de lard chaud ?
MESSIEURS DAMES S’IL VOUS PLAÎT C’EST L’HEURE
MESSIEURS DAMES S’IL VOUS PLAÎT C’EST L’HEURE
Bonsoir Jean. Bonsoir Luce. Bonsoir Paulette. Allez, bonsoir.
Allez. Goonight. Goonight.
Bonne nuit, mesdames, good night, sweet ladies, good night,
📖
good night.
15. + "In a Station of the Metro" d'Ezra Pound.
L'apparition de ces visages dans la foule qui grouille:
Pétales sur un rameau noir, mouillé.
34
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
À VICTOR HUGO
m
Les maisons, dont la brume allongeait la hauteur,
Simulaient les deux quais d’une rivière accrue,
hi
Et que, décor semblable à l’âme de l’acteur,
ra
Un brouillard sale et jaune inondait tout l’espace,
-Ib
Je suivais, roidissant mes nerfs comme un héros
Et discutant avec mon âme déjà lasse,
Le faubourg secoué par les lourds tombereaux.
bi
Tout à coup, un vieillard dont les guenilles jaunes
tim
Imitaient la couleur de ce ciel pluvieux,
Et dont l’aspect aurait fait pleuvoir les aumônes,
Sans la méchanceté qui luisait dans ses yeux,
zi
35
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Exaspéré comme un ivrogne qui voit double,
hi
Je rentrai, je fermai ma porte, épouvanté,
Malade et morfondu, l’esprit fiévreux et trouble,
ra
Blessé par le mystère et par l’absurdité !
-Ib
Vainement ma raison voulait prendre la barre ;
La tempête en jouant déroutait ses efforts,
Et mon âme dansait, dansait, vieille gabarre
bi
📖
Sans mâts, sur une mer monstrueuse et sans bords !
📖
18. + "I Hear America Singing" de Walt Whitman.
tim
📖
19. + "Tintern Abbey" de William Wordsworth.
📖
20. + "Harlem" de Langston Hughes.
📖
21. + "The Negro Speaks of Rivers" de Langston Hughes.
📖
22. + "Canto General" de Pablo Neruda.
zi
📖
23. + "Still I Rise" de Maya Angelou.
24. + “L'Invitation au Voyage" de Charles Baudelaire.
'la
36
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
hi
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
ra
Qu’ils viennent du bout du monde.
– Les soleils couchants
-Ib
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ; bi
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière.
tim
📖
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal (1857)
25. + "Apparition" de Stéphane Mallarmé.
'la
📖
Stéphane Mallarmé, Vers et Prose, 1893
26. + "Les Métamorphoses du Vampire" de Charles Baudelaire.
La femme cependant, de sa bouche de fraise,
En se tordant ainsi qu'un serpent sur la braise,
37
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Que sur ces matelas qui se pâment d'émoi,
Les anges impuissants se damneraient pour moi ! "
hi
Quand elle eut de mes os sucé toute la moelle,
ra
Et que languissamment je me tournai vers elle
Pour lui rendre un baiser d'amour, je ne vis plus
-Ib
Qu'une outre aux flancs gluants, toute pleine de pus !
Je fermai les deux yeux, dans ma froide épouvante,
Et quand je les rouvris à la clarté vivante,
bi
A mes côtés, au lieu du mannequin puissant
Qui semblait avoir fait provision de sang,
tim
Tremblaient confusément des débris de squelette,
Qui d'eux-mêmes rendaient le cri d'une girouette
Ou d'une enseigne, au bout d'une tringle de fer,
📖
Que balance le vent pendant les nuits d'hiver.
zi
38
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
privilège de montrer les plumes de sa queue aux autres
grues inférieures en intelligence), avec son cri vigilant
hi
de mélancolique sentinelle, pour repousser l’ennemi
commun, elle vire avec flexibilité la pointe de la figure
ra
géométrique (c’est peut-être un triangle, mais on ne voit
pas le troisième côté que forment dans l’espace ces
-Ib
curieux oiseaux de passage), soit à bâbord, soit à
tribord, comme un habile capitaine ; et, manœuvrant
avec des ailes qui ne paraissent pas plus grandes que
bi
celles d’un moineau, parce qu’elle n’est pas bête, elle
prend ainsi un autre chemin philosophique et plus sûr.
tim
39
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
puissance plus forte que la volonté... Malédiction ! La
pierre voudrait se soustraire aux lois de la pesanteur ?
hi
Impossible. Impossible, si le mal voulait s’allier avec le
📖
bien. C’est ce que je disais plus haut.
ra
28. + "La Lune blanche" de Paul Verlaine.
La lune blanche
-Ib
Luit dans les bois ;
De chaque branche
Part une voix bi
Sous la ramée…
Ô bien-aimée.
tim
L’étang reflète,
Profond miroir,
La silhouette
Du saule noir
zi
Où le vent pleure…
Rêvons, c’est l’heure.
'la
Un vaste et tendre
Apaisement
M
Semble descendre
Du firmament
Que l’astre irise…
a
40
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
📖
30. + "Le Balcon" de Charles Baudelaire.
Le balcon
Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses,
Ô toi, tous mes plaisirs ! ô toi, tous mes devoirs !
Tu te rappelleras la beauté des caresses,
m
La douceur du foyer et le charme des soirs,
Mère des souvenirs, maîtresse des maîtresses !
hi
Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon,
ra
Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses.
Que ton sein m'était doux ! que ton coeur m'était bon !
Nous avons dit souvent d'impérissables choses
-Ib
Les soirs illuminés par l'ardeur du charbon.
📖
- Ô serments ! ô parfums ! ô baisers infinis !
31. + "LXXVIII - Spleen" de Charles Baudelaire.
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
II nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
41
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
hi
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
ra
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
-Ib
📖
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
32. + "A une passante" de Charles Baudelaire.
bi
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
tim
Une femme passa, d’une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l’ourlet;
📖
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
33. + "Le Guignon" de Charles Baudelaire.
Pour soulever un poids si lourd,
Sisyphe, il faudrait ton courage !
Bien qu'on ait du coeur à l'ouvrage,
L'Art est long et le Temps est court.
42
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
📖
Dans les solitudes profondes.
34. + "L'Albatros" de Charles Baudelaire.
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
m
Le navire glissant sur les gouffres amers.
hi
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
ra
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.
-Ib
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
bi
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !
tim
📖
Charles Baudelaire
35. + "Les Hiboux" de Charles Baudelaire.
M
43
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
📖
36. + "Le Serpent qui danse" de Charles Baudelaire.
Que j'aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !
m
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
hi
Pour un ciel lointain.
ra
Tes yeux où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
-Ib
Sont deux bijoux froids où se mêlent
L’or avec le fer.
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
'la
📖
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal
37. + "L'Horloge" de Charles Baudelaire.
Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : » Souviens-toi !
44
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor !
hi
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
ra
Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or !
-Ib
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c’est la loi.
Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi !
bi
Le gouffre a toujours soif ; la clepsydre se vide.
tim
Tantôt sonnera l’heure où le divin Hasard,
Où l’auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le repentir même (oh ! la dernière auberge !),
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! »
zi
📖
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal
'la
I
a
45
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Et dont l’esprit humain n’a jamais su le nom !
hi
II
ra
Nous imitons, horreur ! la toupie et la boule
Dans leur valse et leurs bonds ; même dans nos sommeils
-Ib
La Curiosité nous tourmente et nous roule,
Comme un Ange cruel qui fouette des soleils.
bi
Singulière fortune où le but se déplace,
Et, n’étant nulle part, peut être n’importe où !
tim
Où l’Homme, dont jamais l’espérance n’est lasse,
Pour trouver le repos court toujours comme un fou !
III
46
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
Dites, qu’avez-vous vu ?
IV
m
« Nous avons vu des astres
Et des flots ; nous avons vu des sables aussi ;
hi
Et, malgré bien des chocs et d’imprévus désastres,
Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.
ra
La gloire du soleil sur la mer violette,
-Ib
La gloire des cités dans le soleil couchant,
Allumaient dans nos coeurs une ardeur inquiète
De plonger dans un ciel au reflet alléchant.
bi
Les plus riches cités, les plus beaux paysages,
tim
Jamais ne contenaient l’attrait mystérieux
De ceux que le hasard fait avec les nuages.
Et toujours le désir nous rendait soucieux !
zi
47
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
VI
« Ô cerveaux enfantins !
m
Esclave de l’esclave et ruisseau dans l’égout ;
hi
Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote ;
La fête qu’assaisonne et parfume le sang ;
ra
Le poison du pouvoir énervant le despote,
Et le peuple amoureux du fouet abrutissant ;
-Ib
Plusieurs religions semblables à la nôtre,
Toutes escaladant le ciel ; la Sainteté,
bi
Comme en un lit de plume un délicat se vautre,
Dans les clous et le crin cherchant la volupté ;
tim
VII
rid
48
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Les fruits miraculeux dont votre cœur a faim ;
Venez vous enivrer de la douceur étrange
hi
De cette après-midi qui n’a jamais de fin ! »
ra
À l’accent familier nous devinons le spectre ;
Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous.
-Ib
« Pour rafraîchir ton cœur nage vers ton Électre ! »
Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.
VIII
bi
tim
Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l’ancre !
Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre,
Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons !
zi
📖
Charles Baudelaire
a
49
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Et qui, soûl de son sang, préférerait en somme
La douleur à la mort et l’enfer au néant !
hi
📖
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal
ra
40. + "L'Étranger" de Charles Baudelaire.
— Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
-Ib
— Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
— Tes amis ?
— Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
bi
— Ta patrie ?
— J’ignore sous quelle latitude elle est située.
tim
— La beauté ?
— Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
— L’or ?
— Je le hais comme vous haïssez Dieu.
zi
📖
Charles Baudelaire, Petits poèmes en prose, 1869
M
50
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
📖
42. + "Hymne à la Beauté" de Charles Baudelaire.
Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
Ô Beauté ! ton regard, infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.
m
Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien ;
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
hi
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.
ra
Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques ;
De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant,
-Ib
Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,
Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.
bi
L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,
Crépite, flambe et dit : Bénissons ce flambeau !
tim
L'amoureux pantelant incliné sur sa belle
A l'air d'un moribond caressant son tombeau.
📖
L'univers moins hideux et les instants moins lourds ?
43. + "Élévation" de Charles Baudelaire.
rid
51
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
📖
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal
m
44. + "L'Invitation au Voyage" de Charles Baudelaire.
Mon enfant, ma sœur,
hi
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
ra
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
-Ib
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés bi
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
tim
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
À l’âme en secret
Sa douce langue natale.
52
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
📖
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal (1857)
m
45. + "Spleen (I)" de Charles Baudelaire.
LXXV - Spleen
hi
Pluviôse, irrité contre la ville entière,
ra
De son urne à grands flots verse un froid ténébreux
Aux pâles habitants du voisin cimetière
-Ib
Et la mortalité sur les faubourgs brumeux.
📖
Causent sinistrement de leurs amours défunts.
46. + "La Chevelure" de Charles Baudelaire.
Ô toison, moutonnant jusque sur l'encolure !
a
53
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues,
hi
Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond ;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
ra
Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
De l'huile de coco, du musc et du goudron.
-Ib
Longtemps ! toujours ! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
bi
Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde !
N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde
tim
📖
Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?
47. + "La Béatrice" de Charles Baudelaire.
Dans des terrains cendreux, calcinés, sans verdure,
Comme je me plaignais un jour à la nature,
zi
54
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
📖
Et leur versait parfois quelque sale caresse.
48. + "Le Poison" de Charles Baudelaire.
Le vin sait revêtir le plus sordide bouge
D'un luxe miraculeux,
Et fait surgir plus d'un portique fabuleux
Dans l'or de sa vapeur rouge,
m
Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux.
hi
L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes,
Allonge l'illimité,
ra
Approfondit le temps, creuse la volupté,
Et de plaisirs noirs et mornes
-Ib
Remplit l'âme au delà de sa capacité.
📖
La roule défaillante aux rives de la mort !
M
55
Farida M'Lazitimbi-Ibrahim
m
hi
ra
-Ib
bi
tim
zi
'la
M
a
rid
Fa
56