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Cours de Droit Penal Des Affaires L3 Affaires 2022 Ok

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REPUBLIQUE DU SENEGAL

UNIVERSITE ALIOUNE DIOP DE BAMBEY


« L’excellence est ma constance, l’éthique ma vertu »

UFR ECONOMIE, MANAGEMENT


ET INGENIERIE JURIDIQUE

DÉPARTEMENT : INGENIERIE JURIDIQUE


COURS DE DROIT PENAL DES AFFAIRES

INTRODUCTION

En moins d'une dizaine d'années, la société sénégalaise a connu de profonds bouleversements,


secouée par des mutations politiques économiques et sociales. A cet égard, diverses tendances
peuvent être notées dont les plus marquantes demeurent:
1 la pression démographique. En effet, depuis les indépendances, le Sénégal connaît un
rythme d'accroissement démographique important du à une fécondité élevée et intense. Par
ailleurs, on peut noter un fort déséquilibre dans la répartition de la population et une
urbanisation accélérée. A titre d'exemple, la région de Dakar, à elle seule abrite 22% de la
population totale sur une superficie représentant 0,3% du territoire nationale, soit une densité
de 2,710 habitants au kilomètre carré. Et selon les projections disponibles, la population
urbaine sera de l'ordre de 63% de la population totale en 2005.
2 Des progrès accélérés de la technologie à lesquels il faut ajouter l'interdépendance de
nombreux systèmes économiques. Il faut souligner cependant que l'actualité récente de
l'intégration régionale pose la question cruciale de la dichotomie entre la conception de la

1
politique monétaire qui est le fait d'une instance supranationale et de celle de la politique
budgétaire qui relève des Etats.

3 Changement politique. Contexte politique d'un multipartisme intégral, les formations


politiques ont vu leur nombre augmenter et en 2000, plus de 60 partis politiques légalement
reconnus sont enregistrés au niveau des services du Ministère de l'Intérieur. Cependant, la
caractéristique essentielle demeure l'élection présidentielle de février-mars 2000 qui a
débouché sur la première alternance démocratique du pays.

C'est au regard de ces transformations, de ces mutations et évolutions, qu'il faut comprendre
d'une manière générale, l'étude du droit, où certaines disciplines juridiques ont connu de
profonds changements. Le Sénégal a en effet adhéré à l'organisation pour l'harmonisation du
droit des affaires en Afrique, plus connue sous l'appellation OHADA dont l'objectif principal
est de permettre une certaine lisibilité, modernité et transparence, relativement à la
compréhension, la pratique et l'application judiciaire du droit des affaires.

Nous pouvons souligner à cet égard que ce traité qui uniformise ce droit des affaires n'y
apporte aucune définition. Cependant, l'analyse des actes uniformes pose le constat d'un droit
convergent, articulé autour de diverses disciplines dont le droit commercial, le droit des
sociétés, les procédures collectives, le droit de la vente, le droit du transport, le droit du
travail, le droit comptable et les voies d'exécution. Il s'agit d'un droit des affaires africain
fondamentalement économique. Ainsi, il peut être défini, comme organisant les rapports
contractuels dans le champs économique protéiforme et corrélativement assurant la mise en
place de mécanismes de sanction aux atteintes portées dans l'exécution des normes unifiées.
Dans cet esprit, le droit pénal général s'il est resté la souveraineté pénale des Etats membres
relativement à la sanction, il faut noter cependant la tendance de l'émergence d'un droit pénal
des affaires qui tend de plus en plus à se démarquer, voire à s'autonomiser. Mais ce droit
pénal, si actuel, si médiatisée par rapport au délit d'abus de biens sociaux, à la banqueroute, la
prise illégale d'intérêts, le blanchiment d'argent, existe t-il réellement?

En d'autres termes, il faut se poser la question de savoir si le droit pénal des affaires n'est
qu'une construction artificielle qui n'a d'autre objet que de rassembler sous la même étiquette,
dans un cours ou un manuel, un certain nombre d'infraction ayant comme seul point commun
de se rattacher plus ou moins directement à la vie des affaires ou, si au contraire, les "affaires"

2
imposent que les infractions qui sanctionnent les infractions répréhensibles qu'elles sécrètent,
présentent des caractéristiques particulières formant un tout homogène? Ainsi posée, la
question stipule l'affrontement entre deux thèses, à savoir: le droit pénal des affaires, est-ce un
mythe ou est-ce une réalité?
Une première détermination du droit pénal des affaires invite à postuler que ce droit n'est
autre que celui sanctionnant tout ce qui se rapporte à l'entreprise. Ainsi est prise en
considération, une certaine dimension économique et financière qui constitue l'essentiel
autour duquel graviteraient bien d'autres comportements. A cet égard, on peut facilement
intégrer le droit pénal du travail dans le droit pénal des affaires ou encore de certaines
infractions concernant l'environnement. C'est dire par exemple que lorsqu'une entreprise
pollue l'atmosphère, ce délit de pollution relèverait du domaine des affaires. A pousser plus
loin l'extension, un chef d'entreprise qui contraint sa secrétaire à des rapports sexuels serait à
la limite un criminel d'affaires.
On voit aisément que le "terme" affaire demeure vague et insuffisant pour caractériser le droit
pénal des affaires. Il en est de même du cadre qu'est l'entreprise qui est un critère imprécis. En
conséquence, il faut rechercher d'autres éléments d'appréciation, et il nous semble plus
rationnel d'opérer pour une légitimation de la valeur que chaque incrimination est appelée à
protéger. La notion de valeur à protéger demeure plus pertinente dans la mesure où elle
intègre aisément les différents intérêts qui gravitent autour des activités financières, des
activités de production, de distribution et de consommation des richesses. Cette approche
permet d'articuler le droit pénal des affaires autour de deux disciplines, le droit pénal financier
et le droit pénal économique.
Le droit pénal économique est une branche du droit dont certains domaines font partie du
droit pénal des affaires, mais qui déborde du cadre de celui ci à certains égards. Au-delà, les
différences se font jour quant au but poursuivi. Le droit des affaires a pour objectif principal
d'assurer la sécurité des transactions dans l'intérêt éventuel des victimes, et aussi dans l'intérêt
des hommes d'affaires et même des affaires en général. Le droit pénal s'efforçant de distiller
ici une dose de loyauté que les "affairistes" livrés à eux-mêmes trahiraient. Quant au droit
pénal économique, il est moins soucieux de morale que d'efficacité, en effet, le dirigisme dont
il s'inspire nécessairement l'oppose dans une certaine mesure, au droit des affaires stricto
sensu, et au droit pénal des affaires, même, lorsqu'il entend favoriser le libéralisme ou lutter
contre la spéculation. Le droit des affaires sur bien des dispositions constitue un droit libéral,
pour ne pas dire capitaliste, même quand il restreint la liberté du capital.

3
Il faut en définitive pour conclure quant à cette distinction entre droit pénal financier et droit
pénal économique dire que la question n'est pas nouvelle, non plus que cette délimitation soit
des plus pertinente. En effet, une analyse des incriminations en matière de crédit et de prix
permet d'en montrer la relativité dans la mesure où ces incriminations ont à la fois des
implications économiques et financières, qui plus est les questions financières sont partie
intégrantes de l'économie. Une activité financière est par la force des choses, une activité
économique.
On vient de le voir, si les différentes analyses ainsi dégagées ne permettent pas une approche
homogène du droit pénal des affaires, il faut souligner néanmoins l'existence de quelques
traits dominants du droit pénal des affaires qui s'articulent à la fois, autour des éléments
constitutifs et autour de la répression de l'infraction.
I AU NIVEAU DES ELEMENTS CONSTITUTIFS.

D'une manière générale, on s'accorde à présenter le droit pénal des affaires comme la branche
du droit pénal qui a déformé un certain nombre de règles ou de principes majeurs.

Relativement à l'élément légal de l'infraction


La première difficulté que rencontre celui qui s'intéresse à ce domaine est le constat qu'il
n'existe pas de "code pénal des affaires" rassemblant les infractions qui sanctionnent les divers
aspects de la criminalité d'affaires. Le droit pénal des affaires trouve donc ses sources à la fois
dans le code pénal qui comporte l'incrimination d'infractions dites de "droit commun", mais
dont le domaine est fréquemment celui des affaires (escroquerie, abus de confiance, faux,
recel…) et dans de nombreuses lois extérieures au code pénal. La panoplie répressive du droit
pénal des affaires n'est donc pas sans diversité. Surtout, on constate de profonds changements
dans la législation applicable, de façon à s'opposer à l'imagination de délinquants face aux
techniques nouvelles, d'où des incriminations plus ou moins récentes telles, délit d'initié,
piratage informatique, ou blanchiment d'argent provenant d'un crime ou d'un délit. Cette
analyse permettait de souligner l'hétérogénéité du droit pénal des affaires au niveau du droit
interne. Désormais, il faut recentrer la question en prenant en considération l'ensemble du
dispositif pénal que contient chaque acte uniforme du traité portant harmonisation du droit des
affaires en Afrique.

Concernant l'élément matériel

4
Le droit pénal général consacre traditionnellement certaines infractions sanctionnant des
omissions ou des abstentions. Concernant le droit pénal des affaires, on remarque une
multiplication des dites infractions à telle enseigne que l'élément matériel de l'infraction est
parfois réduit à peu de choses. Cette tendance est fortement marquée en droit des sociétés.
D'une manière générale, il est sanctionné pénalement les dirigeants qui n'auront pas rempli
leurs obligations à l'égard des actionnaires ou les commissaires aux comptes qui n'auront pas
révélé au Procureur de la République les faits délictueux dont ils auront eu connaissance. Ce
qu'il faut souligner ici, est que le droit pénal entend imposer des règles positives de conduite.
S'agissant enfin de l'élément intentionnel
Le droit pénal sénégalais à l'instar de celui d'autres pays démocratiques consacre un principe
général " il n y a point de crime ou de délit sans intention de le commettre". Ce principe
s'applique également au droit pénal des affaires, où il faut noter cependant que l'élément
moral n'exige pas toujours l'intention coupable. Cela est vrai pour les deux exemples cités
précédemment concernant les obligations du dirigeant social à l'égard des actionnaires ou de
la non révélation de faits délictueux par le commissaire aux comptes au Procureur de la
République. Ici en effet, l'intention coupable est présumée, ( sauf preuve contraire ). Pourquoi,
parce que les agissements proviennent d'un professionnel qui ne peut ignorer le sens et la
portée de ses actes. En droit pénal des affaires, il est fréquent que les prévenus prétendent
n'avoir été qu'imprudents, alors que leurs victimes, et le ministère public, soutiennent que la
faute commise est intentionnelle. Cette discussion est évidemment fondamentale lorsque seule
l'infraction intentionnelle est punie. On constatera que dans certains cas, les juges estiment
que les imprudences ou négligences de certains hommes d'affaires sont trop conscientes pour
être de simples imprudences ou négligences. Il serait en effet trop facile, de camoufler ses
fautes intentionnelles sous le masque de la simple audace professionnelle imprudente.
L'exercice d'une profession oblige la compétence et la prudence surtout lorsque les fonds
sociaux sont manipulés1.

II AU NIVEAU DE LA SANCTION DES INFRACTIONS

1
Crim., 6 mars 1947, B 320 ; 8 février 1968, B 42 (Experts comptables chevronnés. V n° 24 à propos de la faute
d'imprudence, ce qui sera annoncé pour l'escroquerie, le recel et le droit pénal des sociétés, particulièrement pour
les commissaires aux comptes.
Sur la discussion, d'une manière générale, voir BOULOC, la présomption d'innocence en droit pénal des affaires,
rev de sciences criminelles, 1995, p 465; et J F RENNUCI, note sous cass crim 27 mars 1997, rev de sc crim
1997; p 850.

5
Trois observations seront successivement abordées, à savoir, qui est coupable, quel est le
tribunal compétent, et quelles sont les peines applicables.

1 La détermination des personnes responsables.


Il faut constater que l'obsession qui anime le droit pénal en la matière est la recherche d'une
certaine efficacité. En effet, concernant le droit des sociétés, l'accent est mis sur la personne
du chef d'entreprise es qualité en ce qu'elle traduit une certaine puissance sociale et
économique. Il faut surtout noter et quoi de plus réaliste que la personne coupable peut être
une personne physique ou morale2. Si l'auteur principal peut être une personne physique, leur
responsabilité peut être relevée en tant que complice et certains actes de complicité par aide
ou par assistance peuvent même être érigés comme étant des infractions distinctes. Ce qui
revient logiquement à faire relativement à certaines infractions connexes, leurs complices en
auteur principal.

2 Le tribunal compétent
Le droit pénal des affaires ne déroge pas aux règles habituelles de compétences en matière
répressive. Selon que l'infraction poursuivie sera qualifiée contravention, délit, ce sera le cas
le plus fréquent ou crime, elle sera jugée par un tribunal de police, un tribunal correctionnel,
ou une cour d'assises. Dans le ressort de chaque Cour d'Appel, un ou plusieurs tribunaux de
grandes instances sont compétentes pour l'instruction et, s'il s'agit de délit, le jugement de
certaines infractions ( blanchiment d'argent, escroquerie, abus frauduleux de l'état d'ignorance,
ou de la situation de faiblesse, abus de confiance, concussion, corruption, trafic d'influence,
prise illégal d'intérêts, prévus par le code pénal. Des délits en matière de sociétés
commerciales, en matière de redressement et de liquidation judiciaire des entreprises. De
délits prévus en matière de construction et d'habitation, en matière de consommation ou en
matière boursière etc.… Ici, c'est parce que le législateur a du tenir compte du fait que de
nombreux délits présentaient une grande complexité et que ces affaires ne pouvaient être
instruites ou jugées que par des magistrats spécialisés en matière économique et financière.
Au Sénégal, il n y a pas encore de sections spécialisées en la matière

2
Sur ce dernier point, il faut remarquer le retard du législateur communautaire africain (OHADA) qui avait là
l'occasion de consacrer la responsabilité pénale de la personne morale dans le cas de recel, d'escroquerie, de
banqueroute ou de délit d'initié.

6
3 La sanction pénale
Les sanctions prévues en droit pénal des affaires manifestent une nette capacité d'adaptation
relativement à la particularité des intérêts en présence. D'une manière systématique, le juge a
recours à l'emprisonnement et à l'amende. Il faut cependant observer que le plafond de cette
amende est souvent très élevé. Ce qui à priori paraît normal quand il s'agit de sanctionner des
individus animés par l'appât du gain. En outre ces personnes physiques peuvent encourir des
peines complémentaires qui dans certains cas sont assez redoutables. Il peut s'agir de
l'interdiction d'exploiter ou d'exercer une activité professionnelle dans l'exercice de laquelle
l'infraction a été commise, l'interdiction d'émettre des chèques ou de l'exclusion des marchés
publics. A l'amende et l'emprisonnement, il faut encore retenir l'hostilité de certaines
juridictions à l'admission de l'action civile pour de nombreuses infractions économiques et
financières, présumées ne porter atteinte qu'à l'intérêt général, dont le ministère public a la
charge. Enfin, il est désormais classique de souligner l'exclusion de nombreuses infractions de
droit pénal des affaires du bénéfice de l'amnistie, notamment les infractions en matière fiscale,
douanière et cambiaire. Comme le souligne le professeur JEANDIDIER, l'exclusion de
l'amnistie du droit pénal est au demeurant réconfortante dans la mesure où l'amnistie est en
générale perçue comme un mécanisme perturbateur. Quant au rejet de l'action civile il faut
noter qu'il n'est pas particulièrement propre au droit des affaires !
En définitive, il faut convenir que l'étude des quelques traits dominants du droit pénal des
affaires ne semble pas imposer un particularisme spécifique du droit pénal des affaires. C'est
noter que ce droit n'a pas fait sécession, il n'a pas l'autonomie médiatique qu'on lui prête et
qu'il fait partie intégrante du droit pénal spécial.

Le droit de l'Afrique de l'ouest est fortement marqué par le droit français, le droit pénal des
affaires au Sénégal et le droit de l'OHADA, en sont encore plus marqués, tant au niveau de la
construction juridique, que de l'application judiciaire par la référence à la jurisprudence et à
son évolution. Concrètement le droit pénal des affaires ne peut être mesuré. Cette déficience
résulte de la difficulté de se procurer la jurisprudence sénégalaise et de l'absence de
publication spécifique relative à la doctrine du droit des affaires. Cependant quelques études
notamment celle des Nations Unies sur l'évolution du Sénégal permet d'appréhender un état
relatif de la criminalité. Ainsi on peut relever que les statistiques sur la criminalité ont
connu dans leur ensemble une baise significative de 33% durant la période 1998/1999.
Les vols ( y compris recel ) ont connu une baisse de 32%. Le nombre de crimes et délits
contre les personnes a diminué de 50% et de 34,2% pour l'usage des stupéfiants.

7
2eme Intro
L’intervention du droit pénal dans la quasi-totalité de la vie sociale tend à moraliser les
rapports personnels. Le droit des affaires n’a pas échappé à cet « impérialisme » du droit
pénal. Le droit pénal des affaires est essentiellement un droit spécial qui traite des infractions
en droit des sociétés, en matière financière, boursière, banquière, en droit de la consommation
et de la concurrence lesquelles infractions sont généralement commises par une certaine
catégorie de la population. Il a pour but de moraliser les rapports d’affaires et s’articule autour
de 2 disciplines à savoir le droit pénal financier et le droit pénal économique. Cette criminalité
en col blanc présente certaines spécificités en plus de concerner certaines catégories de la
population elle n’est pas violente et est plutôt astucieuse, elle se singularise aussi par ses
éléments constitutifs principalement les éléments légal et moral et par la responsabilité pénal
des autorités. Il n’existe pas un code pénal des affaires rassemblant tous les crimes et délits en
la matière en dehors des infractions classiques relative à la délinquance d’astuce (escroquerie,
abus de confiance etc.) Les infractions sont prévues par des textes épars qui organisent la vie
des affaires. Les infractions s’y trouvent souvent à moins que renvoi ne soit fait au code
pénal. Il y a donc une hétérogénéité au niveau des sources. En droit pénal des affaires
l’intention frauduleuse est essentielle pour consommer l’infraction. Cependant cette intention
est présumée car l’infracteur est très souvent un professionnel qui ne peut ignorer le sens et la
portée de ses actes. L’auteur d’une infraction en droit des affaires peut être une personne
physique ou morale et certains comportements qui s’analyse en complicité en droit commun
sont souvent des infractions distinctes les sanctions patrimoniales (amende, confiscation…)
sont privilégiées à la peine privative de liberté (amende, cotisation…) les peines
complémentaires et supplémentaires sont aussi à prononcer (interdiction d’exploiter,
d’émettre des chèques etc.).

8
CHAPITRE 1er : LES ATTEINTES AUX PROPRIETES.

Parmi les infractions commises contre les particuliers, on distingue généralement celles qui
portent atteinte aux personnes et celles qui portent atteinte aux propriétés. Les crimes et délits
contre les propriétés sont divers et variés mais ceux qui retiendront notre attention parce que
liée à la vie des affaires sont l’abus de confiance et l’escroquerie ils sont caractérisés par la
malhonnêteté et la fraude. L’abus de confiance et l’escroquerie sont des appropriations
frauduleuses de la chose d’autrui comme le vol. Mais dans l’abus de confiance la remise de la
chose a été consentie librement. Donc le délinquant a légitimement la chose entre les mains
dans l’escroquerie la remise fait suite à l’un des procédé frauduleux énuméré par la loi (usage
d’un faux nom ou d’une fausse qualité ou emploi de manœuvre frauduleuse). Par ailleurs dans
l’abus de confiance la remise est antérieure à la fraude alors que dans l’escroquerie la remise
est postérieure à la fraude et déterminée par celle-ci. Rappelons que dans le vol
l’appréhension frauduleuse de la chose d’autrui est faite malgré la volonté du possesseur ou à
son insu.
SECTION 1 : L’ABUS DE CONFIANCE.
L’abus de confiance trouve son siège en l’article 383 du code pénal. Ce texte dispose «
Quiconque ayant reçu des propriétaires possesseurs ou détenteurs, des effets, deniers,
marchandises, billets, quittance ou écrit contenant ou opérant obligations ou décharge ou
bien quelconque à titre de louage de dépôt, de mandat, de nantissement, de prêt à usage ou
un travail salarié ou non salarié n’aura pas après simple mise en demeure exécuté son
engagement de les rendre ou représenter ou d’en faire un usage ou un emploi déterminé sera
puni d’un emprisonnement de 6 au moins et de 4 ans au plus et d’une amende de 20.000
francs au moins et de 3.000.000 de francs. » Nous allons examiner successivement les
conditions préalables (paragraphe 1), les éléments constitutifs (paragraphe 2) et les faits
justificatifs (paragraphe 3).
PARAGRAPHE I : LES CONDITIONS PREALABLES
Les conditions préalables sont relatives à l’objet de la remise et à la nature du contrat.
L’infraction repose d’abord sur la remise volontaire et précaire de la chose, à charge pour le
bénéficiaire de la restituer ultérieurement. C’est sur ce point que l’abus de confiance se
distingue du vol et de l’escroquerie. Dès lors que le bien est détourné de l’usage pour lequel il
a été remis ou s’il n’est pas restitué dans le délai fixé, l’abus de confiance peut être
caractérisé.

9
Dans certaines législations comme le Sénégal, il y a une énumération limitative des objets
dont l’appropriation frauduleuse est punissable. Ce sont les effets, deniers, marchandises,
billets, quittances ou tout autre écrit contenant ou opérant obligation ou décharge. Une loi
récemment votée loi n°2016-29 du 08 novembre 2016 modifiant le code pénal a ajoutée «
biens quelconques » pour élargir l’incrimination comme par exemple à des documents n’ayant
pas une valeur financière appréciable (lettre missive…). Dans d’autres pays comme en France
le texte prévoit tout juste le détournement de fond, valeur ou bien quelconque dans tous les
cas l’objet consiste en un bien meuble corporel ou incorporel. L’abus de confiance ne peut
porter sur un immeuble (insusceptible de déplacement ou de dissipation).
Ensuite, en ce qui concerne le contrat en vertu duquel l’objet a été remis, certains le
considèrent comme étant la finalité de l’analyse (affectation déterminée du bien).
Contrairement au code pénal français3, les textes sénégalais prévoient des types de contrats
pour lesquels l’abus de confiance peut être retenu à savoir le louage, le dépôt, le mandat, le
nantissement, le prêt à usage et le travail salarié et le travail non salarié. Par ailleurs l’illicéité
du contrat ou même sa nullité relative n’a aucune influence sur la constitution de l’action.
Quels sont les contrats prévus à l’article 383 du code pénal ?
Il s’agit respectivement du :
1 - Le louage : Le louage d’une chose ou d’ouvrage est un contrat par lequel l’une des parties
s’oblige à faire jouir l’autre d’une chose pendant un certain temps ou s’engage à faire quelque
chose pour l’autre, moyennant un certain prix. Le bail d’une chose mobilière oblige le
locataire à restituer la dite chose. Le crédit-bail ou leasing est un contrat de louage qu’il
convient de distinguer de la vente à tempérament qui, étant une vente, ne peut faire l’objet
d’un abus de confiance. Dans le cas du crédit-bail, le locataire a la possibilité d’acheter alors
que dans le cas de la vente à tempérament, il devient ipso facto propriétaire. L’abus de
confiance ne peut avoir pour objet qu’un meuble. Cependant dans le bail à loyer,
l’incrimination atteint le locataire en garni qui détourne l’un des meubles garnissant les lieux
loués. De même, en ce qui concerne le bail à cheptel, la vente d’un animal par le preneur
constitue un abus de confiance.
2 - le dépôt : Il consiste à remettre un bien à une personne à charge pour elle de le représenter
dans des conditions déterminées. Il faut faire une distinction entre le dépôt irrégulier portant

3
Article 314-1 Modifié par LOI n°2020-1672 du 24 décembre 2020 dispose « L'abus de confiance est le fait par
une personne de détourner, au préjudice d'autrui, des fonds, des valeurs ou un bien quelconque qui lui ont été
remis et qu'elle a acceptés à charge de les rendre, de les représenter ou d'en faire un usage déterminé. L'abus de
confiance est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 375 000 euros d'amende ». La réforme de 2020 a extirpé
le contrat des conditions d’existence de l’abus de confiance.

10
sur un bien fongible qui peut être restitué en équivalent et le dépôt régulier qui exige la
restitution en nature. Il n’y a abus de confiance que dans le dépôt régulier, sauf preuve de
détournement. Le contrat d’approvisionnement de meubles conclu entre un fabricant et un
commerçant constitue un stock en perpétuel renouvellement et non un dépôt régulier. Le
dépôt peut être volontaire ou ordonné comme par exemple le séquestre.
3 - Le mandat ou procuration : C’est un contrat par lequel une personne acquiert le pouvoir de
faire quelque chose pour le compte et au nom d’une autre personne. Toutes les formes de
mandat peuvent être incriminées à savoir :
- Le mandat exprès ou tacite
- Le mandat légal ou conventionnel
- Le mandat à titre onéreux ou à titre gratuit, principal ou accessoire.
Les choses considérées comme remise à titre de mandat sont, non seulement celles que le
mandataire a reçu du mandant lui-même mais aussi celles qu’il a reçu de tiers pour les
remettre au mandant. Il en est ainsi du détournement d’un encaisseur de banque qui détient à
titre de mandat non seulement les fonds que le patron lui a remis pour effectuer des
paiements, mais encore ceux qu’il recueille au cours de sa tournée pour les remettre au patron.
Constitue aussi un abus de confiance le détournement du tuteur sur les biens du pupille.
4 - Le nantissement : C’est un contrat par lequel un débiteur remet à un créancier une chose
destinée à garantir le paiement de sa créance. L’abus de confiance ne pouvant avoir pour objet
qu’un meuble, le nantissement s’entend du gage mobilier, mais non l’antichrèse qui porte sur
des immeubles. Il est nécessaire d’établir préalablement l’existence du contrat de
nantissement. Car si le débiteur détourne un bien dont il est propriétaire mais qui a fait l’objet
d’une procédure d’exécution, il y a détournement d’objet saisi et non abus de confiance.
5 - Le prêt à usage ou commodat : Appelé aussi commodat, le prêt à usage suppose la remise
d’une chose déterminée et individualisée à être restituée en nature et après usage. Il convient
donc de distinguer l’usage de la consommation. Dans ce dernier cas, il ne peut y avoir abus de
confiance puisque les parties ont convenu de la non restitution de la chose prêtée. De même si
le prêt porte sur une somme d’argent ou sur des choses consomptibles l’abus de confiance est
inconcevable. Le prêt doit donc porter une chose qui doit être restituée, même après usage.
6 - La remise pour un travail salarié ou non salarié : La chose peut avoir été remise pour
l’accomplissement d’un travail salarié ou non salarié. Ce n’est pas la rémunération du travail
qui compte mais la confiance faite à celui qui l’exécute. Ainsi commet un abus de confiance
l’ouvrier ou l’entrepreneur qui détourne la chose qui lui a été remise pour réparation ou
transformation, ou qui ne restitue pas les outils dont il disposait pour travailler. Il en est de

11
même de celui qui détourne des objets d’art qui lui avaient été remis aux fins de restauration
ou du représentant de commerce qui ne restitue pas la collection qui lui avait été remise pour
démarcher la clientèle. Commet aussi un abus de confiance la personne chargée de la vente
des billets de loterie qui détourne un billet qui lui a été remis pour qu’elle vérifie s’il est
gagnant ou non. Par contre la caissière d’une grande surface qui emporte des marchandises
sans les payer comment un vol et non un abus de confiance, car les marchandises ne lui ont
pas été remis pour l’exécution de son travail. A l’exception de ces six contrats limitativement
énumérés par l’article 383 CP, le détournement d’une chose remise au titre d’un autre contrat
ne peut constituer un abus de confiance. Ainsi n’entrent pas dans les prévisions de l’article
383 du code pénal :
1) Le contrat de vente ou le transfert de propriété fait disparaître la notion de confiance dans
la restitution.
2) La location vente assimilée à la vente à crédit puisqu’à l’expiration du délai, le locataire
devient ipso facto propriétaire.
3) Le contrat d’entreprise. A la différence du travail salarié, l’entrepreneur conserve son
indépendance, exclusive de tout lien de préposition.
4) Contrat de société. Mais il existe d’abus de biens sociaux.
5) Le contrat d’échange.
En tout état de cause, l’abus de confiance suppose une condition préalable qui consiste en la
remise de fonds, valeurs ou biens à charge de les rendre, de les représenter ou d'en faire un
usage déterminé. L’incrimination porte donc sur des biens mobiliers tels qu’une somme
d’argent, une carte bancaire, un chèque, voire des biens professionnels tels que des
marchandises ou encore un fichier client.
L'abus de confiance est une infraction intentionnelle, qui nécessite la volonté d'intervertir le
titre de propriété de la part de la personne qui adopte un comportement incompatible avec son
engagement. Cette personne veut se comporter comme le véritable propriétaire de la chose
alors qu'il ne dispose que d'un titre temporaire et précaire.

PARAGRAPHE II. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS.


Les éléments constitutifs de l’abus de confiance sont la remise à titre précaire, le
détournement ou la dissipation du bien, la mise en demeure infructueuse et le préjudice. Dans
le cadre de l’abus de confiance il y a nécessairement la remise d’une chose, elle doit être
volontaire et librement consentie. La remise est aussi précaire car elle comporte une
obligation de rendre le bien, de le représenter ou d’en faire un usage déterminé c’est-à-dire

12
employer le bien à une fin prévu, l’utiliser d’une manière convenue. La remise n’est pas
forcément directe. Le détournement est un changement de destination de la chose remise à
une fin précise. La dissipation consiste en la disparition de l’objet (destruction, aliénation…).
Le détournement est une notion plus large et englobe même la dissipation, en effet il est
forcément préalable à la dissipation laquelle est une forme de détournement, c’est pour cette
raison qu’en France seule cette notion a été retenue lors de la réforme du code pénal.
La mise en demeure est faite par tout moyen : réclamation suffisamment nette et précise, acte
extrajudiciaire, plainte… dès qu’elle reste infructueuse la mise en demeure consomme l’abus
de confiance. Le préjudice est la privation du bien du propriétaire ou possesseur de son droit
sur le bien, il est matériel ou morale, actuel ou éventuel, il n’est pas nécessaire que le
détournement est personnellement profité au coupable. L’abus de confiance est une infraction
intentionnel car c’est par une infraction frauduleuse en pleine connaissance de cause que
l’auteur a détourné ou dissipé le bien, en plus de la peine d’emprisonnement et d’amende des
peines complémentaires et accessoires (interdiction de séjour) peuvent être prononcé. La
complicité est punie par la loi tandis que la tentative paraît impossible. Il existe des
circonstances aggravantes lorsque l’abus de confiance a été commis par une personne faisant
appel au public par contre la loi qu’il n’y a pas d’abus de confiance si l’inexécution de
l’obligation est due à la force majeure du fait du remettant ou d’un tiers ou la faute
involontaire de l’auteur. La preuve de ces faits justificatifs incombe à la personne poursuivie
ou bien à l’auteur. Pour l’exercice du droit de rétention qui permet au créancier de détenir une
chose appartenant à son débiteur et d’en refuser la restitution jusqu’au payement, la détention
doit être matériel et porté sur la chose détenu en liaison avec la créance. L’abus de confiance
est un délit dont la prescription se fait à partir de la mise en demeure.
PARAGRAPHE III: FAITS JUSTIFICATIFS ET AGGRAVATION DE LA
SANCTION
Il n'y a pas de délit lorsque l'inexécution de l'engagement a pour cause la force majeure, le fait
du remettant ou d'un tiers ou la faute involontaire de l'auteur. Celui-ci peut établir le fait
justificatif par tous moyens. Si l'abus de confiance a été commis par une personne faisant
appel au public, afin d'obtenir, soit pour son propre compte, soit comme directeur,
administrateur ou agent d'une société ou d'une entreprise commerciale ou industrielle, la
remise de fonds ou valeurs à titre de dépôt, de mandat ou de nantissement, la durée.de
l'emprisonnement pourra être portée à dix ans et l'amende à 12.000.000 de francs. Dans tous
les cas, les coupables pourront être en outre frappés pour dix ans au plus de l'interdiction des

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droits mentionnés en l'article 34 du présent Code; ils pourront aussi être frappés de
l'interdiction de séjour pendant le même nombre d'années.

SECTION 2 : L’ESCROQUERIE.
L’escroquerie est prévue à l’article 379 du code pénal, au terme dudit texte « quiconque soit
en faisant usage de faux noms ou de fausses qualités soit en employant des manœuvres
frauduleuses quelconques se sera fait remettre ou délivrer ou aura tenté de se faire elle-même
délivrer des fonds, des meubles ou des obligations, dispositions, billets, promesses, quittances
ou décharges ou des biens quelconques et aura par ces moyens escroquer ou tenter
d’escroquer la totalité ou partie de la fortune d’autrui sera punie d’un emprisonnement d’1 an
au moins et de 5 ans au plus et d’une amende de 100.000 à 1.000.000 au plus ». Sur la base de
ce texte les éléments constitutifs de l’escroquerie sont d’une part le faux nom, d’une fausse
qualité ou de manœuvre frauduleuse et d’autre part la remise déterminée par l’un de ces
procédés de tromperie.
PARAGRAPHE I. LES PROCEDES DE TROMPERIE
L’escroquerie est constituée par des procédés de tromperie antérieure et déterminant de la
remise de biens quelconques. Les procédés de tromperie sont l’usage de faux noms, l’usage
de fausses qualités ou l’emploi de manœuvres frauduleuses. L’usage de faux noms correspond
à l’usage d’un faux nom ou prénom, imagine ou réel, autre que le sien pour provoquer la
remise de biens. L’usage d’une fausse qualité renvoie à l’emploi de titre, profession,
nationalité ou état (l’âge, la filiation, la situation matrimoniale…) différent du sien dans le but
de provoquer la remise du bien. Les manœuvres frauduleuses sont constituées d’un ensemble
de comportements frauduleux antérieures et déterminant pour la remise de biens Ex :
allégation mensongère conforté par un élément extérieur (documents vrais ou faux, tiers
certificateur de bonne ou mauvaise foi, réel ou fictif, mise en scène, machination,
carambouille…) De simples mensonges ne sont pas suffisants pour caractériser l’escroquerie
sauf s’ils portent sur l’affirmation d’un faux nom ou d’une fausse qualité ou s’il est étayé et
conforté par des actes extérieurs comme une véritable mise en scène de la production de
documents ou de l’intervention d’un tiers. Ces effets frauduleux doivent avoir entrainé la
remise qui est le second élément de l’escroquerie.
PARAGRAPHE II- LA REMISE
Les moyens d’escroquerie sont utilisés pour déterminer la remise d’un bien, ils sont antérieurs
à la remise. Celle-ci est constituée même si la remise est effectuée par un tiers ou que le bien a

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été remis à un tiers de bonne ou mauvaise foi pourvu que l’auteur de l’escroquerie ait
provoqué ladite remise.
Le délit se consomme donc par la remise de la chose. Elle est implicite. Mais la notion de
décharge a donné lieu à une difficulté d’interprétation. Par exemple une personne, en utilisant
une rondelle de cuivre qu’il introduit dans un parcmètre, obtient le droit de stationner sans
bourse délier. Il n’y a eu aucune remise de ticket, ni a priori décharge. Mais il a été jugé que
l’auteur a obtenu frauduleusement une décharge de prix bien qu’il n’y ait eu aucune remise
matérielle. Les peines de l’escroquerie restent donc applicables à l’introduction d’une rondelle
de cuivre sans valeur un parcmètre. Le même principe s’applique également pour
l’escroquerie au Taxiphone et aux appareils distributeurs de billets de banques.
Le préjudice causé par la remise peut être matériel ou moral et la constitution de l’infraction
n’exige pas la réalisation d’un profit, il faut préciser au passage que les immeubles sont
insusceptibles d’escroquerie.
L’escroquerie suppose donc un préjudice, mais ce dernier a un caractère particulier et peut
n’être qu’éventuel. Il y a nécessairement préjudice, lorsqu’il y a eu remise de la chose. D’une
manière générale, il a escroquerie lorsque la remise de la chose a été le résultat de moyens
frauduleux et non librement consentie. La notion de préjudice peut donc s’analyser en un vice
du consentement. Un dommage moral suffit. De même, le préjudice peut n’être qu’éventuel.
L’escroquerie est punie de peine d’emprisonnement et d’amende plus sévère que l’abus de
confiance et le juge peut prononcer en outre des peines complémentaires accessoires. Les
circonstances aggravantes sont liés à la commission de l’infraction par une personne ayant fait
appel au public.
L’escroquerie est un délit intentionnel. L’auteur doit avoir conscience des moyens frauduleux
utilisés pour obtenir la remise de la chose. Une simple négligence ne constitue pas la
mauvaise foi. Il faut distinguer l’intention et le mobile. Ainsi un créancier ne peut se faire
remettre par son débiteur des fonds qu’il n’aurait pas délivrés sans manœuvres frauduleuses.
Peu importe donc le mobile auquel a obéi. C’est au juge qu’il appartient d’apprécier
souverainement la mauvaise foi.
La tentative est prévue et punie par la loi de même que la complicité et la complicité de
tentative. La prescription court à partir de la remise s’il y en a plusieurs.

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CHAPITRE 2 : LES DELITS DE CONSEQUENCE.

Recel et blanchiment: deux délits de conséquence

À l'heure où la grande criminalité se trouve organisée en réseaux internationaux, la


qualification des malversations qu'elle engendre devient un exercice d'analyse complexe mais
précis des infractions en concours. Cependant, depuis toujours, certains crimes ou délits ne se
commettent que parce que d'autres l'ont été. Ils prolongent en quelque sorte la criminalité
d'origine ; ils sont, comme l'écrivaient déjà en 1984 les professeurs Merle et Vitu 1 à propos
du recel, un «épilogue» à une infraction antérieure. Les criminologues vont même plus loin en
affirmant que c'est le receleur qui fait le voleur 2. Et il est tout aussi évident que l'argent sale,
celui qui provient du crime, conduit les délinquants à le blanchir, un tel acte devenant
impérieux.
Ce sont donc des raisons criminologiques et sociologiques qui font du blanchiment un délit de
conséquence au même titre que le recel. Mais qu'emporte un tel qualificatif au regard du
régime juridique de l'infraction dite de conséquence ? Et qu'est-ce au juste qu'un délit de
conséquence ?
Il y a délit de conséquence lorsque la définition légale d'une infraction comporte parmi ses
éléments constitutifs l'exigence d'un crime antérieurement commis ou tenté.
Et tel est bien le cas du recel mais aussi du blanchiment qui sont les plus fréquemment
invoqués.
SECTION 1 : LE RECEL
Selon l’article 430 du code pénal « ceux qui, sciemment, auront recelé, en tout ou partie, des
choses enlevées, détournées ou obtenues à l’aide d’un crime ou d’un délit, seront punis des
peines prévues par l’article 370. L’amende pourra même être élevée au-delà de 200.000 francs
jusqu’à la moitié de la valeur des objets. ». La définition donnée par le droit français semble
être plus digeste que celle de l’article 430 du Code pénal. En effet, le recel est «le fait de
dissimuler, de détenir ou de transmettre une chose ou de faire office d'intermédiaire afin de
transmettre, en sachant que cette chose provient d'un crime ou d'un délit» (article 321-1 du
code pénal français.
Le recel est donc un délit de conséquence par excellence. Il est la suite d’une infraction
principale dont il dépend, nous allons voir les conditions préalables avant les éléments
constitutifs.

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PARAGRAPHE : LES CONDITIONS PREALABLES
L’infraction primaire qui a procurée la chose recelée est un crime ou un délit. Mais il importe
peu que le receleur connaisse la nature ou la qualification exacte de l’infraction. Une
contravention ne peut donner lieu à un recel. L’objet du recel doit être une chose directement
liée à une infraction primaire et qui peut être dissimulée, transmise ou détenue. Il peut être
retrouvé en totalité ou en partie. Le recel peut être retenu même si l’auteur de l’action
principal est en fuite, n’a pas été jugée, est décédé ou est demeuré inconnu.
PARAGRAPHE II. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS
Il y a deux (2) types de recel, le recel matériel et le recel profit.
Le premier consiste en la réception préalable d’une chose suivie de sa détention, sa
dissimulation ou de sa transmission en sachant qu’elle provient d’un crime ou d’un délit. Le
receleur peut avoir directement reçu la chose ou par l’intermédiaire d’un tiers de bonne ou
de mauvaise foi. La détention peut être personnelle ou faite par l’intermédiaire d’un tiers
mandataire ou d’un préposé, elle peut être de courte durée (comme l’exemple du garagiste qui
reçoit un véhicule volé pour changer la plaque d’immatriculation).
Le second est réalisé lorsqu’on bénéficie par tout moyen d’un produit dont on sait qu’il
provient d’un crime ou d’un délit. L’individu n’a pas besoin d’avoir la chose entre les mains,
il suffit juste qu’il en tire profit ou qu’il s’en serve, à titre illustratif est receleur (recel
d’usage) l’individu qui en connaissance de cause accepte de faire une promenade dans
une voiture volée par son ami ou bien celui qui consomme sciemment les choses volées
ou encore qui accepte de se faire payer par des fonds qu’il sait provenir d’un vol.
Pour l’élément moral, il est établi par présomption de l’intention, c’est-à-dire à partie des
circonstances d’acquisition de la chose (vil prix, pas de facture, acquisition en pleine nuit,
dans un endroit inhabituel…).
Quant à la sanction le recel suit le régime de l’infraction d’origine tant sur les peines
principales, que complémentaire et accessoires. La prescription court à partir du moment où
on a cessé de détenir ou d’utiliser la chose recelée.
SECTION 2 : LE BLANCHIMENT

La loi no 2018-03 du 23 février 2018 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le


financement du terrorisme consacre une compétence quasi-universelle en son article 130. Elle
permet aux juridictions sénégalaises de juger toute personne, physique ou morale, poursuivie
des infractions qu'elle a prévues, lorsque le lieu de commission est situé dans l'un des

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territoires des États membres, ou dans un État tiers, lorsque pour ce dernier cas, une
convention internationale leur en donne compétence.
Quelques observations sur le Principe de compétence universelle prévue par Résolution
no 74/192 du 18 décembre 2019 de l'Assemblée générale des Nations Unies intitulée «
PORTÉE ET APPLICATION DU PRINCIPE DE COMPÉTENCE UNIVERSELLE »
La compétence pénale des juridictions sénégalaises a longtemps reposé sur les critères de
nationalité et de territorialité. Les articles 664 et suivants du Code de procédure pénale, qui
l'organisent, exigent d'ailleurs le principe de la double incrimination, lorsque l'infraction
commise à l'étranger, constitue un délit, sauf si la victime est de nationalité sénégalaise. Dans
le premier cas, la dénonciation officielle du pays, lieu de commission du délit, demeure
nécessaire. La règle de la compétence universelle est introduite en droit pénal sénégalais par
la loi no 2007-05 du 12 février 2007 modifiant le Code de procédure pénale et relative à la
mise en œuvre du Traité de Rome instituant la Cour pénale internationale. Ce texte donne
compétence aux juridictions sénégalaises pour connaître des crimes de génocide, crimes
contre l'humanité et crimes de guerre prévus aux articles 431-1 à 431-5, ainsi que des actes
terroristes prévus par les articles 279-1 à 279-3 et 279- 5. Il a permis, avec la création des
Chambres africaines extraordinaires, de juger Hussein Habré dont l'affaire était estimée,
auparavant, hors du périmètre de compétence des juridictions sénégalaises.

C’est la Loi no 2018-03 du 23 février 2018 relative à la lutte contre le blanchiment de


capitaux et le financement du terrorisme consacre en son Article 7.
PARAGRAPHE I. LA CONDITION PREALABLE
Le blanchiment suppose un infraction d’origine qui est un crime ou un délit, les
contraventions étant exclues. Il y a une large panoplie d’infractions dont la manipulation du
produit peut constituer un blanchiment. Le texte incrimine aussi bien le produit direct
qu’indirect de l’infraction primaire, mais cette dernière doit être suffisamment établie dans ses
différents éléments constitutifs. Ainsi l’infraction préalable doit être objectivement qualifiable
et punissable. Donc bien que le blanchiment soit une infraction autonome, la preuve du lien
entre l’infraction principale et l’opération de blanchiment doit être rapportée ou déduite des
circonstances de faits. Mais contrairement au recel l’auteur de l’infraction primaire peut être
son propre blanchisseur c’est l’auto blanchiment. Aussi le produit peut être identique à
l’infraction principale ou tout simplement être un bien qui représente le produit. Le
blanchiment peut porter également sur un bien incorporel.
PARAGRAPHE II. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS

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C’est la Loi La no 2018-03 du 23 février 2018 relative à la lutte contre le blanchiment de
capitaux et le financement du terrorisme qui consacre le blanchiment.
Ainsi, selon l’article 7 sont considérés comme blanchiment de capitaux, les agissements
énumérés, ci-après, commis intentionnellement :
a) la conversion ou le transfert de biens, par toute personne qui sait ou aurait dû savoir que ces
biens proviennent d'un crime ou délit ou d'une participation à un crime ou délit, dans le but de
dissimuler ou de déguiser l'origine illicite desdits biens, ou d'aider toute personne impliquée
dans cette activité à échapper aux conséquences juridiques de ses actes ;
b) la dissimulation ou le déguisement de la nature, de l'origine, de l'emplacement de la
disposition, du mouvement ou de la propriété réels de biens ou des droits y relatifs, par toute
personne qui sait ou aurait dû savoir que ces biens proviennent d'un crime ou délit ou d'une
participation à un crime ou délit ;
c) l'acquisition, la détention ou l'utilisation de biens, dont celui qui s'y livre, sait ou aurait dû
savoir, au moment où il les réceptionne que ces biens proviennent d'un crime ou délit ou d'une
participation à un crime ou délit ;
d) la participation à l'un des actes visés aux points a), b) et c) du présent article, le fait de
s'associer pour le commettre, de tenter de le commettre, d'aider ou d'inciter quelqu'un à le
commettre ou de le conseiller, à cet effet, ou de faciliter l'exécution d'un tel acte.
Il y a blanchiment de capitaux, même si cet acte est commis par l'auteur de l'infraction ayant
procuré les biens à blanchir.
Il y a également blanchiment de capitaux, même si les activités qui sont à l'origine des biens à
blanchir sont exercées sur le territoire d'un autre Etat membre ou celui d'un Etat tiers. La
connaissance ou l'intention, en tant qu'éléments des activités susmentionnées, peuvent être
déduites de circonstances factuelles objectives.
Parmi cette énumération, la forme de blanchiment la plus connue, c’est l’opération qui
consiste à masquer l’origine illégale des produits en les réintroduisant dans des circuits légaux
de l’économie. Cela se fait en 3 phases :
- Le placement qui est l’introduction des fonds illégaux dans le système économique et
financier.
- Le lavage qui est l’empilement ou l’effacement des traces.
- L’essorage qui est l’introduction ou la conversion des fonds dans des circuits économiques
légaux. A part cette forme complexe, la simple manipulation en connaissance de cause, de
biens provenant d’infractions constitue un blanchiment.

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Concernant l’élément moral, il est établit à travers de présomption tirée de circonstances de
faits. Il suffit que l’auteur sache que les fonds proviennent d’une infraction, même s’il ne
connait pas la nature ou la qualification de ladite infraction d’origine. Il faut en outre qu’il ait
la volonté de leur donner l’apparence de licéité ou de participer à une telle entreprise. C’est
cet élément supplémentaire qui permet de distinguer le blanchiment du recel.
Section I.- Peines applicables en matière de blanchiment de capitaux
Article 113.- Sanctions pénales applicables aux personnes physiques Les personnes
physiques coupables d’une infraction de blanchiment de capitaux, sont punies d’un
emprisonnement de trois à sept ans et d’une amende égale au triple de la valeur des biens ou
des fonds sur lesquels ont porté les opérations de blanchiment. La tentative de blanchiment est
punie des mêmes peines. Article 114.- Sanctions pénales applicables à l’entente, l’association,
la complicité en vue du blanchiment de capitaux L’entente ou la participation à une
association en vue de la commission d’un fait constitutif de blanchiment de capitaux,
l’association pour commettre ledit fait, l’aide, l’incitation ou le conseil à une personne
physique ou morale, en vue de l’exécuter ou d’en faciliter l’exécution sont punies des mêmes
peines prévues à l’article 113 de la présente loi.
Article 115.- Circonstances aggravantes Les peines prévues à l’article 113 de la présente loi,
sont portées au double : 1. lorsque l’infraction de blanchiment de capitaux est commise de
façon habituelle ou en utilisant les facilités que procure l’exercice d’une activité
professionnelle ;
2. lorsque l’auteur de l’infraction est en état de récidive. Dans ce cas, les condamnations
prononcées à l’étranger sont prises en compte pour établir la récidive ;
3. lorsque l’infraction de blanchiment est commise en bande organisée. Lorsque le crime ou le
délit dont proviennent les biens ou les sommes d’argent sur lesquels a porté l’infraction de
blanchiment est puni d’une peine privative de liberté d’une durée supérieure à celle de
l’emprisonnement encouru en application de l’article 113 de la présente loi, le blanchiment est
puni des peines attachées à l’infraction d’origine dont son auteur a eu connaissance et, si cette
infraction est accompagnée de circonstances aggravantes, des peines attachées aux seules
circonstances dont il a eu connaissance.
Article 116.- Sanctions pénales de certains agissements liés au blanchiment
Sont punis d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de cent mille à un
million cinq cent mille francs CFA ou de l’une de ces deux peines seulement, 50 les
personnes et dirigeants ou préposés des personnes physiques ou morales visées aux articles 5
et 6 de la présente loi, lorsque ces derniers auront intentionnellement :

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1. fait au propriétaire des sommes ou à l’auteur des opérations visées à l'article 7, des
révélations sur la déclaration qu’ils sont tenus de faire ou sur les suites qui lui ont été
réservées ;
2. détruit ou soustrait des pièces ou documents relatifs aux obligations d’identification visées
aux articles 26 à 31 dont la conservation est prévue par l’article 35 de la présente loi ;
3. réalisé ou tenté de réaliser sous une fausse identité l’une des opérations visées aux articles
32, 33 et 39 à 45 et 53 de la présente loi ;
4. informé par tous moyens la ou (les) personnes visée(s) par l’enquête menée pour les faits de
blanchiment de capitaux dont ils auront eu connaissance, en raison de leur profession ou de
leurs fonctions ;
5. communiqué aux autorités judiciaires ou aux fonctionnaires compétents pour constater les
infractions d’origine et subséquentes des actes et documents visés à l’article 89 de la présente
loi, qu’ils savent falsifiés ou erronés ;
6. communiqué des renseignements ou documents à des personnes autres que celles visées à
l’article 36 de la présente loi ;
7. omis de procéder à la déclaration de soupçon, prévue à l’article 79 de la présente loi, alors
que les circonstances amenaient à déduire que les sommes d’argent pouvaient provenir d’une
infraction de blanchiment de capitaux telle que définie à l'article 7 de la présente loi.
Sont punis d’une amende de cinquante mille à sept cent cinquante mille francs CFA, les
personnes et dirigeants ou préposés des personnes physiques ou morales visées aux
articles 5 et 6, lorsque ces derniers auront non intentionnellement :
1. omis de faire la déclaration de soupçon, prévue à l’article 79 de la présente loi ;
2. contrevenu aux dispositions des articles 16, 18 à 40 et 79 de la présente loi.
L’article 117, les personnes physiques coupables des infractions définies aux articles 113 à
116 de la loi, peuvent également encourir les peines complémentaires suivantes :
1. l’interdiction définitive de séjour sur le territoire national ou pour une durée de un à cinq
ans, prononcée contre tout étranger condamné ;
2. l’interdiction de séjour pour une durée de un à cinq ans dans une ou des circonscriptions
administratives ;
3. l’interdiction de quitter le territoire national et le retrait du passeport pour une durée de six
mois à trois ans ;
4. l’interdiction de l'exercice des droits civils et politiques pour une durée de six mois à trois
ans ;

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5. l’interdiction de conduire des engins à moteur terrestres, marins et aériens et le retrait des
permis ou licences de conduire pour une durée de trois à six ans ;
6. l’interdiction définitive ou pour une durée de trois à six ans d’exercer la profession ou
l’activité à l’occasion de laquelle l’infraction a été commise et l'interdiction d’exercer une
fonction publique ;
7. l’interdiction d’émettre des chèques autres que ceux qui permettent le retrait de fonds par le
tireur auprès du tiré ou ceux qui sont certifiés et l'interdiction d’utiliser des cartes de paiement
pendant trois à six ans ;
8. l’interdiction de détenir ou de porter une arme soumise à autorisation pendant trois à six ans
;
9. la confiscation de tout ou partie des biens d’origine licite du condamné.
Aucune sanction pénale prononcée pour infraction de blanchiment de capitaux ne peut être
assortie du sursis (Article 118 de la loi de 2018)..

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CHAPITRE 3 : LES ATTEINTES A LA FOI PUBLIQUE ET A LA PROBITE.
Les infractions qui portent atteinte à la foi publique et à la probité ont cette particularité de
rompre la confiance et la loyauté qui doivent régir les transactions.
SECTION 1 : LE FAUX ET L’USAGE DE FAUX.
Le faux et l’usage de faux sont 2 éléments distincts, mais le second ne peut pas se concevoir
sans le premier qui dans son acception courante recouvre toutes les formes de mensonge,
d’altération de la vérité et de tromperie.
PARAGRAPHE I. LE FAUX
Le faux en écriture est prévu et puni par les articles 130 à 148 du code pénal. Ces dispositions
répriment successivement les faux en écriture publiques et authentiques (actes des officiers
ministériels comme les notaires et les agents publics comme les fonctionnaires art 130 et
svts), les faux en écritures privées de commerce ou de banque (lettres, factures, chèques…art
135 et svts) et les faux dans des documents administratifs (passeports, pièces d’identités Art
137 et svts).
Le faux est commis de diverses façon notamment par falsification de signature, altération,
contrefaçon ou insertion d’écritures, supposition de personne, dénaturation frauduleuse
de la suspension d’un acte, constatation de faits faux… C’est une altération frauduleuse de
la vérité commise à l’effet d’établir la preuve d’un droit ou d’un fait ayant des conséquences
juridiques, le texte vise principalement l’écrit qui est un support important dans le
fonctionnement des affaires et dans les relations privées et professionnelles. En France le
texte incriminant le faux a étendu l’infraction à «tout autre support d’expression de la pensée
». Le faux est souvent une infraction de moyen permettant de réaliser une infraction finale ou
infraction objective. Il est constitué même si l’auteur n’a pas pu ou n’a pas voulu en faire
usage. Pour les procédés du faux on distingue le faux matériel du faux intellectuel.
Le faux matériel est une falsification physique du document par des rajouts, ratures,
modifications, surcharges…
Quant au faux intellectuel il est commis dans un document de sorte qu’il apparaisse
authentique dans sa forme mais a un contenu mensonger. L’acte a tous les apparences de
régularité mais il contient des mentions inexactes (constatation de faits faux, supposition de
personnes, etc.). Le préjudice causé par le faux est inhérent à la nature de la pièce, il peut être
matériel, moral ou social, il peut même être éventuel. Celui-ci découle de la conscience de
l’individu d’altérer la vérité et de causer éventuellement un préjudice à autrui. Le faux est
puni de peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 10 ans notamment pour les faux en

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écritures publiques et authentiques ainsi que de peines d’amende complémentaires et
accessoires.
PARAGRAPHE II. L’USAGE DE FAUX.
L’usage consiste à utiliser une pièce fausse pour en tirer profit ou pour nuire à autrui.
La loi prévoit cette possibilité pour tous les types et procédés de faux, mais c’est une
infraction autonome. Même s’il est autonome le délit d’usage de faux a un lien avec celui de
faux car on ne peut pas concevoir l’usage de faux si au préalable on n’a pas établi l’existence
d’un faux. Il importe peu qu’on connaisse, poursuive ou condamne l’auteur du faux, il suffit
juste de le démontrer. L’auteur du faux peut faire usage de faux, en pareil situation il est
poursuivi pour faux et usage de faux, à défaut un tiers peut faire usage du faux et dans pareil
cas le premier est poursuivi pour faux, et le second pour usage de faux. La complicité ainsi
que la tentative d’usage de faux est puni (Article 133 Dans tous les cas exprimés aux articles
«130» à «132», celui qui aura fait usage ou tenté de faire usage des actes faux sera puni d'un
emprisonnement de deux ans au moins à dix ans au plus.).
La prescription court à partir de l’instant où l’individu à arrêter de faire usage du faux donc
l’infraction demeure tant que le comportement délictuel perdure.
SECTION 2 : LA CORRUPTION, LA CONCUSSION ET LE TRAFIC
D’INFLUENCE.
Des incriminations de la corruption, de la concussion et du trafic d’influence visent à protéger
l’ordre public, la moralité publique et donc l’intérêt général. Elle trouve leur siège dans les
articles 159 à 163 du Code Pénal.
PARAGRAPHE I. LA CORRUPTION
La corruption consiste à solliciter, agréer recevoir ou céder des offres, promesses, dons,
présents ou commissions pour faire ou s’abstenir de faire de son emploi ou encore pour
obtenir soit l’accomplissement ou l’abstention d’un acte soit certaines faveurs ou avantages.
La corruption met en jeu deux personnes physiques ou morales un corrupteur et un
corrompue. L’incrimination couvre ces deux personnes c’est pour cette raison que l’on
distingue la corruption active et la corruption passive. L’intérêt de cette dualité est de faire de
ces deux infractions formelles des délits autonomes indépendants l’un de l’autre, la répression
du corrupteur est ainsi détaché de celle du corrompue. Tous les deux pourront être poursuivis
séparément sans que le sort de l’un ne dépende du sort de l’autre.
A) DISTINCTION ENTRE CORRUPTION ACTIVE ET CORRUPTION PASSIVE.
La corruption active vise le particulier qui corrompt un agent de l’Etat ou assimilé et qui est
donc le corrupteur. C’est le fait pour une personne morale de faire directement ou

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indirectement des offres, des promesses, dons, présents, commissions… pour obtenir d’un
agent de l’Etat qui accomplisse ou s’abstienne d’accomplir un acte relevant de sa fonction .
La corruption passive vise l’agent de l’Etat ou assimilé qui sollicite, agrée ou reçoit
directement ou indirectement des avantages illicites pour accomplir ou ne pas accomplir un
acte relevant de ses fonctions. La corruption passive est plus blâmable car il implique un
agent public sensé agir pour l’intérêt général.
B) LES ELEMENTS CONSTITUTIFS.
Les éléments constitutifs sont l’élément matériel de corruption et l’élément intentionnel. Le
pacte de corruption est l’existence à savoir d’un accord entre le corrupteur et le corrompu et
qui a pour objet la sollicitation ou l’agrément aux fins d’obtenir ce qui est promis et il importe
peu que la contrepartie promise ait été remise, il faut que la sollicitation ou l’agrément soit
antérieure à l’acte en dehors des versements en espèces tout bien peut être inclus. L’avantage
peut même être immatériel comme les relations sexuelles ou le licenciement d’un ennemi.
L’acte que pose l’agent public est un acte qui entre dans les attributions statutaires
fonctionnelles de l’agent public.
S’agissant de l’élément intentionnel, il réside dans la finalité de la sollicitation ou de
l’agrément. La corruption est punie des peines d’emprisonnement allant d’un mois à 5 ans ou
de 5 ans à 10 ans et de peines d’amende complémentaire et supplémentaire.
Le point de départ du délai de la prescription de l’action publique est le jour de la conclusion
du pacte de corruption ou le jour où le dernier acte de corruption a été accompli. Certains
auteurs considèrent que la corruption est une infraction clandestine et qu’ainsi la prescription
peut être reportée au jour de la découverte.
PARAGRAPHE II. LA CONCUSSION
La concussion est le fait par une personne dépositaire de l’autorité public ou chargé d’une
mission de service public de recevoir, d’exiger ou d’ordonner de percevoir à titre de droit ou
contribution impôt ou taxes publiques, une somme qu’elle sait ne pas être due ou excédée ce
qui est due. Il consiste aussi à accorder sous une forme quelconque et pour quelques motifs
que ce soit une exonération ou franchise des droits, contributions, impôts ou taxes publics en
violation des textes légaux ou complémentaires. Dans la corruption il y a un échange entre le
corrupteur et le corrompu alors que dans la concussion il n’y a qu’un agent qui outrepasse ses
prérogatives en réclamant une prestation exagérée ou en exonérant un particulier d’une
prestation obligatoire sans qu’un texte ne l’autorise, l’élément intentionnel à l’acte la
concussion est aussi sévèrement réprimé que la corruption.
PARAGRAPHE III. LE TRAFIC D’INFLUENCE.

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Le trafic d’influence consiste dans le fait qu’un agent public corrompu agisse à la demande
d’un particulier corrupteur pour abuser de son influence réel ou supposé en vue de faire
obtenir en faveur de ce dernier des décorations, médailles, distinction, récompenses, décisions
favorables, places, fonctions, emploi, marché, entreprise ou des faveurs ou bénéfices
quelconques accordés par l’autorité publique ou par une administration placée sous le contrôle
de la puissance publique. Cette infraction est proche de la corruption, mais en l’espèce l’agent
public incriminé joue le rôle d’intermédiaire et use de son influence au bénéfice d’un tiers qui
le sollicite. Le trafic d’influence est différent du lobbying. Le trafic d’influence est aussi
sévèrement puni le jour de la proposition de l’acte ou de la perception de l’avantage
SECTION 3 : LE FAVORITISME ET LA PRISE ILLEGALE D’INTERET.
L’incrimination du favoritisme et de la prise illégale d’intérêt dénote une volonté d’une part
de favoriser la transparence et une concurrence saine entre les entreprises au bénéfice de toute
la collectivité et d’autre part d’éviter tout conflit d’intérêt entre les affaires publiques et
privées des agents de l’Etat afin de préserver leur indépendance et leur impartialité.
PARAGRAPHE I. LE FAVORITISME.
Le favoritisme est le fait pour un agent public de procurer à une personne, un avantage
injustifié par un acte illégal visant à rompre l’égalité des candidats au marché public. Cette
incrimination a pour but de réprimer les comportements attentatoires aux règles d’attribution
des marchés publics. Les agents publics concernés sont ceux qui sont dépositaires de
l’autorité publique, ceux qui sont chargés d’une mission de service publique, ceux qui sont
investis d’un mandat électif public et ceux qui exercent des fonctions de représentants,
administrateurs ou agents de l’Etat, des collectivités territoriales, des établissements publics,
des sociétés d’économie mixtes, d’intérêt national chargée d’une mission de service public et
des sociétés d’économie mixtes locales ainsi que toutes personnes agissant pour leur compte.
En dehors de cette condition préalable personnelle, à savoir la qualité de l’agent, il y a la
condition économique de nature administrative, qui s’agit en l’espèce d’un marché public ou
d’une délégation de service public.
Quant à l’élément matériel, il est constitué par l’acte contraire aux dispositions législatives et
règlementaires garantissant l’égalité d’accès, et l’égalité des candidats au marché public,
lequel acte est destiné à procurer ou à tenter de procurer un avantage injustifié à une personne.
L’auteur a généralement une contrepartie ou une répartition, mais l’infraction est consommée
même s’il n’a pas retiré de bénéfice personnel de son acte. Le point de départ de la
prescription est le jour de la réalisation de l’acte qui peut être retardé au jour de la découverte
s’il y eu dissimulation.

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PARAGRAPHE II. LA PRISE ILLEGAL D’INTERET.
La prise illégale d’intérêt selon l’article 157 du Code Pénal est le fait pour un agent public de
prendre, recevoir ou conserver directement ou indirectement, un intérêt quelconque dans un
acte, une entreprise ou une opération dont il a au moment de l’acte en tout ou partie
l’administration ou la surveillance , l’infraction vise à éviter que le fonctionnaire puisse se
trouver dans une situation telle que ses intérêts soient en contradiction avec ceux de l’Etat ou
de la collectivité qu’il représente. La première finalité du délit est dons de tracer une frontière
entre les affaires publiques et les affaires privées et d’interdire aux agents publics d’utiliser les
pouvoirs publics pour servir leurs affaires personnelles. La deuxième finalité est de garantir
l’impartialité et l’indépendance des décisions publiques en posant des incompatibilités. Ce
n’est pas l’enrichissement de l’agent qui est pris en compte mais tout conflit d’intérêt qui
puisse troubler l’objectivité requis de lui dans l’exercice de ses fonctions. Ainsi l’infraction
est constituée même si l’agent public ne réalise aucun profit. Le texte réprime la participation
par travail, conseil ou capitaux. Avant l’expiration du délai légal 3 ans suivant la cessation des
fonctions de l’agent public. L’élément moral est le fait qu’un agent public ait agi en pleine
connaissance de cause. Le délit appartient a la catégorie des délits généraux. Donc il ne peut
pas y avoir de constitution de parti civil d’un particulier sauf si le délit porte atteinte à des
intérêts prives. La sanction peut être pénale mais aussi administrative. Sur le plan pénal il y’a
des peines d’emprisonnement jusqu’à 5 ans et d’amende sur le plan administratif c’est
généralement l’annulation des actes accomplis par l’auteur. Le point de départ de la
prescription est le jour du dernier acte accompli par l’agent public par lequel il reçoit un
intérêt ou le jour ou cesse la conservation délictueuse.
PARAGRAPHE III LE DELIT D’INITIE :
Le délit d’initie relève du droit pénal boursier. L’incrimination vise à sanctionner ceux qui
utilisent des infos détenu de par leur fonction pour troubler le court de la bourse et porter
atteinte a la transparence du marché et a l’égalité des investisseurs. L’infraction est
consommée si trois éléments sont réunis. D’abord l’agent doit être parmi les personnes initie
selon la loi ensuite il doit détenir une information prive. Enfin il doit effectuer une opération
interdite sur le marché règlementé. En utilisant directement ou indirectement l’information
privilège. Pour les personnes inities on peut distinguer les dirigeants des sociétés qui sont le
président, directeur généraux les membres directoires les administrateurs membre du conseil
de surveillance les représentants permanents, des personnes disposant a l’occasion de
l’exercice de leur profession ou fonction d’information privilège. Ils sont vises afin qu’ils
évitent alors qu’ils détiennent des informations privilèges de par leur statut de dirigeant dans

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leur société de les utiliser à des fins personnelles. Les personnes autres que les dirigeants ou
autre initie indirect sont ceux qui détiennent une information privilège a l’occasion de
l’exercice de leur fonction ou de leur profession et qui l’utilisent à des fins personnels : sont
concernés les employer de la société qui ne sont pas des dirigeants comme également des tiers
qui entretiennent avec elle des relations professionnelles. (ex : le salarie qui a accès a des
dossiers confidentiels, le liquidateur, l’avocat, l’architecte) en dehors des inities directs et
indirects toute personne qui possède en connaissance de cause les informations privilège et
qui les utilisent directement ou indirectement peut être reconnu atteint et convaincu du délit
d’initie peu importe sa qualité ou le moyen par lequel il se l’est procure. S’agissant de la
notion d’information privilège elle est selon la jurisprudence celle dont le public n’a pas
connaissance et qui porte sur un objet précis elle est donc confidentiel et précise dans son
objet et son caractère. Pour être privilège l’information doit pouvoir etre utilise
immédiatement et influe sur les marche boursier. Cependant l’information précise n’est pas
nécessairement une information certaine. Donc le privilège ne consiste pas a savoir ceux que
les autres ne savent pas mais a le savoir avant eux. L’antériorité de la connaissance de
l’information.

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CHAPITRE 4 : LES INFRACTIONS RELATIVES A LA VIE DES SOCIETES.
Les infractions relatives à la vie des sociétés sont principalement prévues par l’acte uniforme
adopté dans le cadre de l’OHADA. Le texte incriminant renvoie généralement au droit interne
des Etats membres pour la détermination des sanctions. Nous aborderons dans une première
section 1 l’abus des biens sociaux, en section 2 la banqueroute et en section 3 les autres
infractions relatives à la gestion des sociétés.
SECTION 1 : L’ABUS DES BIENS SOCIAUX.
L’abus de biens sociaux est une infraction prévue par l’article 891 de l’acte uniforme relative
aux sociétés commerciales et punies par les articles 6 et 7 de la loi 98-22 du 6 mars 1998
portant sur les sanctions pénales applicables aux infractions contenues dans l'Acte uniforme
relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d'intérêt économique. Selon le dit
acte uniforme « Encourt une sanction pénale le gérant de la société à responsabilité limité, les
administrateurs, le président directeur général, le directeur général, le directeur général
adjoint, le président de la société par action simplifiée, l’administrateur général ou
l’administrateur général adjoint qui de mauvaise foi font des biens ou du crédit de la
société un usage qu’ils savent contraire à l’intérêt de celle-ci, à des fins personnelles,
matérielles ou morales ou pour favoriser une personne morale dans laquelle ils sont
intéressés directement ou indirectement. » Avant de nous pencher sur les éléments
constitutifs nous allons d’abord voir les conditions préalables.
PARAGRAPHE I. LES CONDITIONS PREALABLES.
Les conditions préalables à la constitution du bien d’abus sociaux sont relatives à l’objet, à la
nature de la société et à la qualité de l’auteur. Pour l’objet, le texte vise les biens sociaux ou le
crédit social. Les biens sociaux sont les biens mobiliers et immobiliers du patrimoine social.
L’abus porte généralement sur les biens corporels ou les fonds de la société. Le crédit social
est la réputation commerciale de la société, c’est-à-dire la confiance qu’inspire la société en
raison de sa surface financière, de la nature de ses affaires, de la bonne marche de l’entreprise.
Ainsi lorsqu’on utilise la société comme caution pour des dettes personnelles, on porte
atteinte à la réputation de la société, à son image de marque, il y a donc abus de biens sociaux.
Dans l’espace OHADA, seule certaines sociétés peuvent être victime de ce délit (SARL,
SAS). Dans d’autres pays, la SA est incluse. La qualité de l’auteur est déterminante. Le texte
vise uniquement le gérant, les administrateurs, le président directeur général ou directeur
général, le directeur général adjoint et le président, l’administrateur général ou
l’administrateur général adjoint de la SARL et de la SAS. Ce sont des dirigeants de droit et de

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fait qui se sont immiscés dans la gestion, néanmoins la responsabilité n’est pas collective, elle
est personnelle.
PARAGRAPHE II. LES ELEMENTS CONSTITUTIFS.
Pour que le délit d’abus de biens sociaux soit constitué, il faut cumulativement, un élément
matériel et un élément intentionnel. L’élément matériel est l’usage contraire à l’intérêt social.
L’usage est l’accomplissement d’actes d’administration ou de disposition (aliénation,
acquisition…). La jurisprudence a ajouté l’omission d’agir ou l’abstention volontaire comme
le cas d’un dirigeant qui s’abstient de demander à une autre société où il a des intérêts, le
payement des marchandises livrées. L’usage est abusif s’il est contraire à l’intérêt social.
L’intérêt social est une notion générale et abstraite non défini par la loi. C’est l’intérêt
patrimoniale supérieur de la personne morale (ce n’est pas l’intérêt propre, ni commun des
associés). Sa détermination est laissée à l’appréciation du juge, et elle varie de société en
société. On peut toutefois donner des cas d’illustration comme l’acte qui porte atteinte au
patrimoine social (appauvrissement de la société, perte illégitime), l’exemple du dirigeant qui
utilise des fonds sociaux pour des dépenses purement personnels (vacances à son propre
compte, achat de mobiliers de maison ), qui mène une opération pour le compte de la société
en réclamant une commission personnelle, qui fait payer à la société des honoraires d’avocats
pour des affaires personnelles, le cas fréquent de rémunération indus ou excessive des
dirigeants, si le dirigeant commet un acte de gestion illicite même si c’est dans l’intérêt de la
société, il y a abus de biens sociaux car il a exposé la société ou la personne morale aux
risques de sanctions pénales et fiscales. L’élément intentionnel est a recherché dans la
mauvaise foi du dirigeant qui n’ignore pas qu’il accompli un acte contraire à l’intérêt social
par un détournement illicite de fonds ou par le risque anormal qu’il fait courir à la société. En
outre le dirigeant incriminé doit avoir agi à des fins personnelles ou pour favoriser une autre
société ou entreprise dans laquelle il est directement ou indirectement intéressé. L’intérêt
personnel désigne l’intérêt matériel, moral ou professionnel du dirigeant.
SECTION 2 : LA BANQUEROUTE
Les délits de banqueroute sont prévus par les articles 227 à 240 de l’acte uniforme relatif aux
procédures collectives d’apurements du passif et puni par les articles 376 et 377 du Code
Pénal. Ces infractions sanctionnent les atteintes au droit des créanciers d’une entreprise en
difficulté commise par les dirigeants qui s’accaparent ou détournent les biens de la société
dans leur intérêt personnel. La France a abandonné la distinction traditionnelle entre la
banqueroute simple et la banqueroute frauduleuse contrairement au législateur OHADA.
Avant de se pencher sur ces 2 formes de banqueroute, il convient d’aborder les conditions

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préalables à la constitution de l’infraction. En effet il y a d’une part les personnes
exclusivement concernés, à savoir les commerçants et les associés des sociétés commerciales,
et pour les infractions assimilées, il y a les dirigeants sociaux et les personnes physiques
représentantes permanentes des personnes morales commerçantes. De part il y a l’état de
cessation des payements de la société. Il faut préciser qu’en France, il faut l’ouverture d’une
procédure collective de redressement judiciaire ou de la liquidation des biens alors que dans
l’espace OHADA, le constat de la cessation des payements par une juridiction n’est pas
nécessaire. La banqueroute peut être obtenu avec ou sans constatation de la cessation des
payements.
PARAGRAPHE I. LA BANQUEROUTE SIMPLE
Selon les articles 228 et suivants de l’AUPCAP la banqueroute simple est constitué à
l’encontre de particuliers en état de cessation des payements ou d’un dirigeant de mauvaise
foi :
- Qui a contracté sans recevoir des valeurs en échange des engagements jugés trop importants.
- Dans l’intention de retarder la constatation de la cessation des payements, a fait des achats
en vue d’une revente au-dessus du coût ou a employer des moyens ruineux pour se procurer
des fonds.
- Sans excuse légitime n’a pas fait la déclaration de son état de cessation de payement dans un
délai de 30 jours, a tenu ou fait tenir une comptabilité incomplète ou irrégulière, a fait des
opérations de pur hasard ou des opérations fictives.
- Après cessation des payements, on a payé un créancier ou fait payer au préjudice de la
masse.
- A détourner ou dissimuler ou tenter de détourner ou de dissimuler une partie du patrimoine
de la personne morale ou s’est frauduleusement reconnu de sommes qui ne sont pas dues. La
banqueroute simple est puni de peine qui peuvent aller jusqu’à 2 ans.
PARAGRAPHE II. LA BANQUEROUTE FRAUDULEUSE.
Selon les articles 229 et suivants de l’AUPCAP, la banqueroute frauduleuse peut être retenue
contre le particulier en cessation des payements ou durant une procédure de règlement
judiciaire ainsi que le dirigeant qui : - A soustrait sa comptabilité ou fait présenter un compte
de résultat ou un bilan à l’état actif ou passif inexact ou incomplet. - A dissiper dissimuler tout
une partie de son actif. - A exercer la profession de commerçant ou de dirigeant contrairement
à une interdiction légale. - S’est frauduleusement reconnu débiteur de somme non due, a
accomplie des actes pour lesquels l’autorisation du président de la juridiction compétente est
obligatoire. - A stipuler avec un créancier des avantages particuliers etc. Les peines prévues

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sont plus sévères que celles de la banqueroute simple, elles peuvent aller jusqu’à 10 ans.
SECTION 3 : LES AUTRES INFRACTIONS RELATIVES A LA GESTION DES
SOCIETES
Il existe des agissements frauduleux qui, lorsqu’ils sont commis lors de la gestion des sociétés
sont constitutifs d’infractions ces délits sont prévus par les articles 888 à 905 de l’acte
uniforme relatifs au droit des sociétés et du GIE.
En premier lieu, il y a les infractions relatives à la gérance, l’administration ou la direction des
sociétés comme le fait :
• De sciemment négocier des actions non entièrement libérés ou des actions numéraires pour
lequel le versement du quart nominal n’a pas été effectué
• Pour les dirigeants sociaux de sciemment opérer entre les actionnaires ou les actions, la
réparation de dividendes fictifs en l’absence d’inventaire ou au moyen d’inventaire frauduleux
• Pour les dirigeants sociaux de publier ou de présenter aux actionnaires ou les associés, la
répartition de dividendes fictifs en l’absence d’inventaire ou un moyen d’inventaire
frauduleux.
• Pour les dirigeants sociaux de sciemment publier ou présenter ou actionnaires ou associés
des états financiers de synthèse falsifiées en vue de dissimuler la véritable situation de la
société.
• Pour les dirigeants sociaux d’omettre de déposer des états financiers dans le mois qui suit
leur approbation
• De sciemment omettre de faire figurer sur les actes de la société destinée au tiers, la
dénomination sociale ou d’omettre de la faire procéder ou suivre de l’indication de la forme
de la société du montant de son capital sociale, de l’adresse de son siège sociale et de la
mention de son immatriculation au RCCM.
• Les dirigeants sociaux d’une société étrangère ou la personne physique étrangère dont la
succursale, au-delà d’une durée de 2 ans n’a été ni apporté à une société de droit préexistent
ou a créer de l’un des états partie ni radier tombe aussi sur le cout de la loi Les infractions
relatives aux assemblée générale au rang des quelles figurent le fait de sciemment empêcher
un actionnaire ou un associé de participer à une assemblée générale ou pour les dirigeants
sociaux de sciemment omettre d’établir des procès verbaux d’assemblées générales dans les
formes requises par l’acte uniforme.
Au titre des infractions relatives aux modifications du capital des sociétés anonymes, il y a
l’augmentation ou la réduction irrégulière du capital,

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la fourniture ou la confirmation d’indications inexacte lors de l’assemblée générale de
suppression du droit préférentiel de souscription.
Les infractions relatives au contrôle des sociétés sont la non-désignation de commissaire de
compte au le défaut de convocation de ceux-ci aux assemblées générales, l’entrave aux
vérifications et aux contrôles des commissaires aux comptes, le non respect des
incompatibilités légales attachées à la fonction de commissaire au compte et la fourniture ou
la confirmation mensongères par le commissaire au compte ou la non communication de
celui-ci des faits délictueux au procureur.
Les infractions relatives à la dissolution de société sont le fait pour le dirigeant d’une société
en difficulté d’omettre de convoquer l’assemblée générale extraordinaire en vue de la
dissolution anticipée ou de procéder aux formalités de publicité.
Les infractions relatives à la liquidation des sociétés visent le liquidateur qui a omis de
procéder aux publicités légales aux diligences requise en vers les associés de créanciers aux
niveaux du RCCM ou de la juridiction compétente ou encore qui a abusé.

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