YAN 2017 Diffusion
YAN 2017 Diffusion
Présentée par
« Rui/ YAN »
ABSTRACT :
The present study focuses on scientific verb constructions, i.e., the lexicon situated
between general language and terminology and which is used for scientific expressions,
whose rhetorical and pragmatic function must be mastered while writing scientific
discourse. Based on the Corpus Pattern Analysis model, we develop a lexical resource
of verb patterns using NLP techniques, which include collocations and recurring verbal
constructions. The purpose of this resource is to help non-native speakers to write their
academic writings in French.
From an educational point of view, in order to understand better the difficulties of
foreign students with regard to scientific verb constructions, we establish a diagnosis
which includes the analysis of both errors and cases of overuse and underuse (notably
compared to native students). The results show that both unexperienced natives and
non-natives have to face difficulties related to discourse genre. In order to answer these
linguistic needs, we suggest that a verb pattern resource should be integrated into
corpus-based teaching of academic writing so as to help students gain autonomy in
corpus manipulation.
KEY WORDS : verb constructions, interdisciplinary scientific words, corpus
linguistics, patterns, scientific writings
TITLE : Study of scientific verbal constructions from a educational perspective : using
the corpus in the diagnosis of the language needs of the FLE (French as a Foreign
Language) with the techniques of NLP
iii
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier ici toutes les personnes qui m’ont aidée à réaliser les
recherches que j’ai menées durant ces cinq belles années passées à l’Université
Grenoble Alpes.
J’adresse mes remerciements les plus sincères aux membres du jury pour
l’intérêt qu’ils ont bien voulu manifester quant au sujet de la thèse. Je remercie
Natalie Kübler et Jan Goes d’avoir accepté d’être les rapporteurs de cette thèse, ainsi
que John Osborne et Francis Grossmann d’avoir accepté de faire partie du jury.
iv
Au-delà de mon université, mes remerciements vont au groupe de recherche
RIILP de l’Université Wolverhampton qui m’a accueillie pour un séjour de recherche.
Je tiens à remercier Patrick Hanks et Sara Moze pour m’avoir aidée à mieux
comprendre la construction des patrons CPA dans le PDEV.
Merci également à tous les étudiants qui ont accepté de participer à mes
expériementations didactiques.
Les soutiens des amis et de la famille sont essentiels pour la vie. J’ai eu la chance
d’avoir des amis qui m’ont entourée pendant la période de rédaction. Merci à mes deux
amis français connectés sur QQ, Maryvonne et Jean, pour nos échanges tant culturels
que linguistiques, leur disponibilité et leur infatigable relecture de la thèse. Je remercie
également Yoann et Fabrice d’avoir corrigé mon travail même s’ils sont eux aussi en
période de finalisation de la thèse. Merci à Fanny, Anita, He, Liwen, Tingting et Yanru,
qui m’ont presque permis d’oublier ma solitude.
Avec le recul, ces années n’ont pas été faciles pour mes parents et pour mes
beaux-parents. C’est pourquoi je les remercie énormément de m’avoir permis de vivre
ma vie, me démontrant ainsi, s’il en était besoin, toute l’étendue de l’amour qu’ils me
portent. Un merci tout particulier à ma maman qui s’est montrée tellement
compréhensive pour me soutenir.
J’ai aussi, bien sûr, une pensée toute particulière pour l’homme de ma vie, Lei, qui
m’a accompagnée pendant tous les hauts et les bas de la vie et n’a jamais douté de mes
compétences.
Je dédie cette thèse à mes grands-parents qui m’ont quittée pendant le cours de
mes études. J’aurais tellement aimé leur rendre un peu de tout ce qu’ils m’ont prodigué,
et qui a fait ma force, en leur faisant partager ma fierté et mon bonheur d’avoir résussi,
car c’est à eux surtout que je dois d’être celle que je suis aujourd’hui !
v
vi
vii
SOMMAIRE
INTRODUCTION ................................................................................................................................. 1
1. CONTEXTE DE L’ETUDE........................................................................................................................... 1
2. INTERET ET OBJECTIFS DU TRAVAIL ..................................................................................................... 2
3. LA LINGUISTIQUE DE CORPUS ET LA LEXICOGRAPHIE ASSOCIEES AU TRAITEMENT
AUTOMATIQUE DES LANGUES (TAL) AU SERVICE DE LA DIDACTIQUE DE L’ECRIT ................................. 3
viii
Scientifiques (ARTES) .............................................................................................................. 45
1.4.2. Integrer les corpus dans l’elaboration et l’utilisation du dictionnaire :
The Louvain EAP Dictionary (LEAD) ................................................................................. 49
1.4.3. Appliquer le CPA a l’ecrit scientifique : E-Advanced Learner’s Dictionary
of Verbes in Science (DicSci) .................................................................................................. 52
1.5. BILAN ...................................................................................................................................................... 57
ix
3.1.2. Extraction des cadres de sous-categorisation par TAL ................................. 94
3.2. TRAITEMENT SEMANTIQUE DES VERBES DU LST ............................................................................ 97
3.2.1. Reperage des acceptions avec la ressource LVF ............................................... 98
3.2.2. Classification semantique ....................................................................................... 104
3.3. UTILISATION DU MODELE CPA DANS L’ECRIT SCIENTIFIQUE....................................................... 108
3.3.1. Attribution des types/roles semantiques ......................................................... 109
3.3.2. Vers des patrons syntaxiques specifiques au genre ..................................... 114
3.3.3. Representation des patrons par entree onomasiologique ........................ 120
3.3.4. Recapitulatif des points communs et des differences ............................... 122
3.4. BILAN .................................................................................................................................................... 123
x
CHAPITRE V. DIAGNOSTIC DES BESOINS LANGAGIERS CHEZ LES APPRENANTS
CHINOIS ........................................................................................................................................... 211
5.1. TROIS NOTIONS ESSENTIELLES POUR LE DIAGNOSTIC : LES NORMES, LES ERREURS ET LES
SPECIFICITES ................................................................................................................................................ 213
5.1.1. Les normes linguistiques propres aux ecrits scientifiques ....................... 213
5.1.2. Les erreurs..................................................................................................................... 214
5.1.3. Les specificites ............................................................................................................. 215
5.2. DIAGNOSTIC I : ERREURS RELATIVES AUX VERBES DU LST ..................................................... 216
5.2.1. Typologie des erreurs en FLM et FLE................................................................. 216
5.2.2. Constitution d’une typologie des erreurs centree sur les verbes du LST
........................................................................................................................................................ 222
5.2.3. Analyse des erreurs ................................................................................................... 225
5.3. DIAGNOSTIC II : SPECIFICITES LIEES AUX CONSTRUCTIONS VERBALES DU LST ................... 240
5.3.1. Etudes representatives sur les specificites dans le domaine de l’EAP.. 240
5.3.2. Constitution de la grille de diagnostic sur les specificites ......................... 247
5.3.3. Analyse des specificites ............................................................................................ 250
5.4. RECAPITULATIF DU DIAGNOSTIC....................................................................................................... 271
5.5. PISTES DIDACTIQUES .......................................................................................................................... 273
5.5.1. Enseignement des patrons avec le corpus ....................................................... 274
5.5.2. Deux experimentations initiales .......................................................................... 277
5.5.3. Exemples d’exercices adaptes ............................................................................... 286
xi
LISTE DES ILLUSTRATIONS
Figure 1-1 : Les verbes du LST et les patrons verbaux dans une conclusion d’article
d’economie ____________________________________________________________________________________ 41
Figure 1-2 : Extrait du schema collocationnel pour la notion |DESCRIPTION| en français
(Pecman, 2004, p. 357) _______________________________________________________________________ 47
Figure 1-3 : Acces aux unites phraseologiques par fonctions discursives dans la base
ARTES __________________________________________________________________________________________ 48
Figure 1-4 : Entree du nom source dans le LEAD (Paquot, 2012, p. 175) ________________ 50
Figure 1-5 : Note d’erreurs pour l’entree de l’expression on the contrary dans le LEAD
(ibid., p. 173) __________________________________________________________________________________ 51
Figure 1-6 : Extrait du reseau collocationnel du verbe show (Williams & Millon, 2010, p.
1256) __________________________________________________________________________________________ 54
Figure 1-7 : Patrons et collocations du verbe show dans le DicSi (Williams & Millon, 2010,
p. 1255) ________________________________________________________________________________________ 56
Figure 2-1 : Les usages des trois corpus constitues dans notre etude ____________________ 65
Figure 2-2 : Selection d’un sous-corpus dans ScienQuest pour le corpus français de
Scientext : articles de recherche dans 10 disciplines SHS _________________________________ 83
Figure 2-3 : Requete pour le verbe observer ayant comme sujet les pronoms nous/on/je
et objet les noms ______________________________________________________________________________ 84
Figure 2-4 : Visualisation en lemme des constructions verbales nous/on/je + observer +
noms ___________________________________________________________________________________________ 85
Figure 2-5 : Visualisation de repartition par disciplines ___________________________________ 85
Figure 2-6 : Requete pour les co-occurrents d’adverbes du verbe analyser ______________ 86
Figure 2-7 : Visualisation des co-occurrents d’adverbes du verbe analyser______________ 87
Figure 2-8 : Requete pour le verbe analyser ayant comme sujet les pronoms et objet les
noms ___________________________________________________________________________________________ 88
Figure 2-9 : Lignes de concordances pour le verbe analyser ayant comme sujet les
pronoms et objet les noms ___________________________________________________________________ 88
Figure 2-10 : Requete des constructions en comme avec les verbes montrer, indiquer,
souligner et expliquer dans le corpus Sup-Natifs __________________________________________ 90
Figure 3-1 : Exemple d’analyse en dependances ___________________________________________ 95
Figure 3-2 : Les patrons du verbe explain dans le PDEV __________________________________ 120
Figure 3-3 : Representation des patrons du verbe expliquer avec l’entree par classe __ 121
Figure 3-4 : Representation des patrons et des constructions verbales avec l’entree par
fonction rhetorique-exemple du verbe expliquer _________________________________________ 122
Figure 4-1 : La classification des verbes d’analyse a etudier _____________________________ 129
Figure 4-2 : Les frequences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes de comparaison) ______________________________________________ 132
Figure 4-3 : Les noms objets des verbes de comparaison (en %) ________________________ 134
Figure 4-4 : Les frequences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes de constat) _____________________________________________________ 139
Figure 4-5 : Les noms objets des verbes de constat (en %) ______________________________ 141
Figure 4-6 : Les frequences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes de description) ________________________________________________ 145
Figure 4-7 : Les noms objets des verbes de description (en %) __________________________ 147
Figure 4-8 : Les frequences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes d’examen)______________________________________________________ 151
Figure 4-9 : Les noms objets des verbes d’examen (en %) _______________________________ 153
Figure 4-10 : Les frequences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
xii
co-occurrences des verbes d’interpretation) ______________________________________________ 157
Figure 4-11 : Les noms objets des verbes d’interpretation (en %) ______________________ 159
Figure 4-12 : Les principales constructions verbales des verbes d’analyse et leur
fonctions ______________________________________________________________________________________ 162
Figure 4-13 : Classification des verbes de positionnement a etudier ____________________ 164
Figure 4-14 : Les frequences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes d’opinion)______________________________________________________ 168
Figure 4-15 : Les frequences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes de demonstration) ____________________________________________ 172
Figure 4-16 : Les sujets metonymiques des verbes de demonstration (en %) __________ 174
Figure 4-17 : Les noms objets des verbes de demonstration (en %) ____________________ 174
Figure 4-18 : Les frequences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes de mise en relief) _____________________________________________ 179
Figure 4-19 : Les noms objets des verbes de mise en relief (en %) ______________________ 181
Figure 4-20 : Les frequences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes de choix) _______________________________________________________ 185
Figure 4-21 : Les noms objets des verbes de choix (en %) _______________________________ 186
Tableau 4.12 : Patrons lexico-syntaxiques des verbes de choix __________________________ 188
Figure 4-22 : Les frequences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes d’hypothese)___________________________________________________ 191
Figure 4-23 : Les frequences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes de proposition) ________________________________________________ 197
Figure 4-24 : Les sujets metonymiques des verbes de proposition (en %) _____________ 198
Figure 4-25 : Les noms objets des verbes de proposition (en %) ________________________ 199
Figure 4-26 : Les frequences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes d’inference) ____________________________________________________ 203
Graphique 4-27 : Les noms objets du verbe deduire (en %) _____________________________ 205
Figure 4-28 : Les principales constructions verbales des verbes de positionnement __ 208
Figure 5-1 : Repartition des erreurs selon les classes d’erreurs de la typologie ________ 226
Figure 5-2 : Repartition des erreurs selon les types d’erreurs de la typologie __________ 227
Figure 5-3 : Ratio de frequence relative pour les 20 verbes les plus frequents de notre
liste du LST ___________________________________________________________________________________ 252
Figure 5-4 : Ratio de frequence relative pour les 20 verbes du LST les plus utilises par les
apprenants chinois __________________________________________________________________________ 254
Figure 5-5 : Ratio de frequence relative pour les 20 verbes du LST les plus utilises par les
novices français ______________________________________________________________________________ 256
Figure 5-6 : La proportion des constructions Sujet humain + Verbe + que (considerer, etc.)
________________________________________________________________________________________________ 258
Figure 5-7 : La proportion des constructions sujet humain + choisir + objet nominal
(choisir, etc.) __________________________________________________________________________________ 260
Figure 5-8 : La proportion des constructions passives____________________________________ 263
Figure 5-9 : La proportion des constructions sous-employees ou absentes chez les
apprenants chinois __________________________________________________________________________ 265
Figure 5-10 : La proportion des constructions suremployees chez les apprenants chinois
________________________________________________________________________________________________ 268
Figure 5-11 : Entree onomasiologique de l’outil Dicorpus_‘faire un rappel du travail
presente’ ______________________________________________________________________________________ 281
Figure 5-12 : L’activite redactionnelle sur l’outil Scribplus_______________________________ 282
xiii
INDEX DES TABLES
Tableau 1.1 : Les constructions verbales du verbe dire dans le Lexique-Grammaire ____ 11
Tableau 1.2 : Comparaison des constructions verbales du verbe dire dans le
Lexique-Grammaire et dans l’etude de Willems ____________________________________________ 14
Tableau 1.3 : Les 13 emplois du verbe dire repertories dans le LVF ______________________ 17
Tableau 2.1 : Composition du corpus d’analyse ____________________________________________ 69
Tableau 2.2 : Recapitulatif de la comparabilite de trois corpus d’analyse ________________ 81
Tableau 3.1 : Trois cadres de sous-categorisation du verbe montrer _____________________ 96
Tableau 3.2 : Reperage des acceptions des sens relevant de l’ecrit scientifique a partir du
modele lexicographique LVF _________________________________________________________________ 98
Tableau 3.3 : L’entree 10 du verbe appliquer dans le LVF ________________________________ 101
Tableau 3.4 : L’entree 02 du verbe postuler dans le LVF __________________________________ 102
Tableau 3.5 : L’entree 02 du verbe caracteriser dans le LVF ______________________________ 103
Tableau 3.6 : Les cinq entrees du verbe interroger dans le LVF __________________________ 104
Tableau 3.7 : Acceptions du verbe expliquer dans le corpus Scientext-SHS _____________ 106
Tableau 3.8 : Exemples de sous-classes ____________________________________________________ 107
Tableau 3.9 : Les types semantiques utilises dans l’analyse des patrons ________________ 111
Tableau 3.10 : Comparaison entre le modele CPA et notre adaptation __________________ 123
Tableau 4.1 : Patrons lexico-syntaxiques des verbes de comparaison ___________________ 136
Tableau 4.2 : Recapitulatif des constructions syntaxiques recurrentes des verbes de
constat ________________________________________________________________________________________ 139
Tableau 4.3 : Patrons lexico-syntaxiques des verbes de constat _________________________ 143
Tableau 4.4 : Patrons lexico-syntaxiques des verbes de description _____________________ 148
Tableau 4.5 : Recapitulatif des constructions syntaxiques recurrentes des verbes
d’examen et leurs fonctions correspondantes _____________________________________________ 151
Tableau 4.6 : Patrons lexico-syntaxiques des verbes de description _____________________ 154
Tableau 4.7 : Patrons lexico-syntaxiques des verbes d’interpretation ___________________ 160
Tableau 4.8 : Recapitulatif des constructions syntaxiques recurrentes des verbes
d’opinion et leurs fonctions correspondantes _____________________________________________ 167
Tableau 4.9 : Patrons lexico-syntaxiques des verbes d’opinion __________________________ 170
Tableau 4.10 : Patrons lexico-syntaxiques des verbes de demonstration _______________ 176
Tableau 4.11 : Patrons lexico-syntaxiques des verbes de mise en relief _________________ 182
Tableau 4.13 : Patrons lexico-syntaxiques des verbes d’hypothese ______________________ 193
Tableau 4.14 : Patrons lexico-syntaxiques des verbes de proposition ___________________ 201
Tableau 4.15 : Patrons lexico-syntaxiques des verbes d’inference _______________________ 206
Tableau 5.1 : Les types d’erreurs de combinatoire restreinte (Anctil, 2010, p. 194) ___ 218
Tableau 5.2 : Classement des erreurs propose par Ying (2013, p. 94) ___________________ 220
Tableau 5.3 : Typologie des erreurs centree sur les verbes du LST ______________________ 224
Tableau 5.4 : Grille de diagnostic sur les specificites ______________________________________ 249
Tableau 5.5 : Les frequences absolue/relative et le ratio de frequence relative pour le
verbe montrer ________________________________________________________________________________ 251
Tableau 5.6 : Recapitulatif de diagnostic ___________________________________________________ 272
Tableau 5.7 : Concordancier du verbe montrer ____________________________________________ 287
Tableau 5.8 : Exercice de classement semantique _________________________________________ 288
Tableau 5.9 : Correction de l’exercice ______________________________________________________ 288
xiv
xv
INTRODUCTION
Cette thèse doctorale s’inscrit dans le cadre de deux projets de recherche ANR
menés au Lidilem, à savoir les projets Scientext1 et TermITH2. Le projet Scientext
(2007-2010) a permis de constituer un corpus d’écrits scientifiques permettant
d’effectuer des études linguistiques. Il offre aux chercheurs intéressés par le texte
scientifique des ressources textuelles qui leur permettent d’effectuer plusieurs types
de recherches dont l’étude de la langue scientifique pour l’aide à la rédaction des
écrits universitaires auprès des étudiants étrangers, ce qui constitue le cadre de notre
travail. Le projet TermITH (2012-2016) s’est intéressé à l’indexation automatique des
textes scientifiques en sciences humaines et sociales. Les travaux menés au
laboratoire Lidilem dans le cadre de ce projet avaient pour objectif principal de
construire une ressource intégrant les éléments du lexique scientifique
transdisciplinaire (LST), ce qui suppose la détection, la désambiguïsation et l’analyse
des mots du LST dans les textes. Dans ce cadre, notre travail a consisté à établir les
classes des verbes du LST et à identifier les constructions verbales ainsi que les
routines sémantico-rhétoriques intégrant des verbes du LST.
1. Contexte de l’étude
1
Projet ANR Agence Nationale pour la Recherche (Gouvernement Français) coordonné par le
LIDILEM, ce projet est sous la responsabilité d’Agnès Tutin et Francis Grossmann du LIDILEM. Site du
projet Scientext : http://scientext.msh-alpes.fr/scientext-site/spip.php?article1 (consulté le 23/05/2016)
2
TermITH (Terminologie et Indexation de Textes en sciences Humaines) : ANR-12-CORD-0029
CONTINT. ATILF, INIST, LIDILEM, LINA, INRIA NGE et Saclay :
http://www.atilf.fr/ressources/termith/ (consulté le 23/02/2016)
3
Le dossier « Chiffres clés des étudiants internationaux » de Campus France, février 2017 :
http://ressources.campusfrance.org/publi_institu/etude_prospect/chiffres_cles/fr/chiffres_cles.pdf
(consulté le 23/05/2016)
1
Introduction
L’étude de ces patrons est envisagée dans une conception étendue du domaine de
la phraséologie. Nous focaliserons notre attention sur le lien entre un verbe particulier
et l’environnement lexico-syntaxique dont le verbe fait partie, car les travaux sur ce
sujet montrent que les mots ont tendance à entrer dans un nombre relativement
restreint de patrons (Hanks & Pustejovsky, 2005 ; Popescu et al., 2014). Pour un
verbe, chaque patron est associé à un sens particulier et obéit à des structures
syntagmatiques et à des valeurs sémantiques spécifiques. Ces patrons verbaux sont
intégrés dans la phraséologie transdisciplinaire scientifique et les études montrent
qu’ils y sont particulièrement surreprésentés (Tutin, 2014 ; Paquot, 2010).
2
Introduction
Notre motivation pour les patrons lexico-syntaxiques des verbes du LST est liée
aux complexités linguistiques du phénomène (d’ordre morphosyntaxique, syntaxique
et sémantique) pour les apprenants et aux exigences de l’écrit scientifique. Ici, nous
rejoignons l’avis de Cavalla (2014) selon lequel, l’enseignement et l’apprentissage
(ci-après l’E/A) de la phraséologie en général et des patrons lexico-syntaxiques de
verbes en particulier pourrait constituer une aide à la lecture et à l’écriture du texte
scientifique. En outre, la bonne maîtrise des patrons préfabriqués, dans ce genre, est
requise pour écrire un texte scientifique de qualité acceptable pour intégrer la « tribu
académique » (Tutin, 2010a).
3
Introduction
composés aux syntagmes plus ou moins idiomatiques en passant par les locutions, les
expressions, les collocations et les patrons. Dans notre étude, la linguistique de corpus
permet d’observer les comportements sémantique et syntaxique des verbes,
notamment les constructions syntaxiques et les collocations, et d’identifier les patrons
lexico-syntaxiques des verbes du LST récurrents dans l’écrit scientifique. Il faut
souligner que l’étude de la phraséologie débouche souvent sur des approches fondées
sur corpus comme les pattern grammars de Hunston et Francis (2000) et le modèle
Corpus Pattern Analysis (CPA) de Hanks (2013). Ces approches font apparaître des
projets lexicographiques comme Collins COBUILD Grammar Patterns 1 : Verbs
(Hunston & Francis, 1996), Collins COBUILD Grammar Patterns 2 : Nouns and
Adjectives (Hunston & Francis, 1997) et Pattern Dictionary of English Verbs (PDEV)
(Hanks, 2013).
4
Introduction
notre étude ont des visées didactiques précises. D’une part, les corpus d’écrits
universitaires d’étudiants (le Sup-Chinois et le Sup-Natifs) permettent d’observer
l’utilisation des verbes du LST dans les écrits des étudiants et d’identifier les
difficultés des apprenants chinois en amont de la recherche orientée vers la didactique
de l’écrit académique. D’autre part, l’utilisation d’un corpus numérique pour la classe
de langue présente un intérêt certain pour l’enseignement de la phraséologie. Nous
montrons dans le chapitre V comment exploiter les données du corpus TermITH-SHS
en vue d’enseigner les constructions verbales des verbes du LST.
4. Plan de la thèse
Dans le chapitre II, nous présentons la constitution des données utilisées dans
l’analyse des verbes et le diagnostic. Nous explicitons les différents usages de trois
corpus, mettant en avant les rôles de ces corpus dans cette recherche.
5
Introduction
verbes d’analyse et les verbes de positionnement, qui sont décrits dans le chapitre IV.
Dans le chapitre V, nous mettons en place les grilles de diagnostic des besoins
langagiers. Nous nous appuyons sur les corpus d’écrits universitaires d’étudiants (le
Sup-Chinois et le Sup-Natifs) en vue de cerner les erreurs et les spécificités liées à
l’utilisation des verbes et des constructions verbales du LST chez les apprenants
chinois. Nous proposons également des pistes didactiques dans lesquelles nous
décrivons deux expérimentations effectuées auprès des étudiants chinois, ce qui nous
conduit ensuite à des réflexions didactiques sur l’enseignement des verbes et des
constructions verbales du LST avec l’utilisation des corpus en classe de FLE.
5. Hypothèses et questions
Sur le plan linguistique, on peut supposer que les verbes du LST, plus
précisément les verbes d’analyse et les verbes de positionnement, présentent des
spécificités tant au niveau sémantique que syntaxique dans l’écrit scientifique. Nous
postulons également que l’étude des patrons verbaux permet de mettre en évidence
ces spécificités. Différentes questions sont ainsi posées : Quel modèle à adopter pour
analyser les verbes du LST dans notre étude linguistique à visée didactique ? Quelles
données permettent d’observer le comportement lexico-syntaxique des verbes dans
l’écrit scientifique ? Quelles sont les constructions verbales fréquemment mobilisées
par les verbes d’analyse et les verbes de positionnement, et quelles sont leurs
fonctions spécifiques ?
6
Introduction
Quelle approche adopter pour l’E/A des patrons ? Quel type d’outil à mettre en
place ?
7
Chapitre I.
Les patrons verbaux du lexique scientifique
transdisciplinaire
1.1. LES PATRONS LEXICO-SYNTAXIQUES DES VERBES : DES ELEMENTS PRECONSTRUITS
ASSOCIANT UNE CONSTRUCTION SYNTAXIQUE ET UN SENS ........................................................... 9
1.1.1. Verbes et constructions dans la linguistique française ...................... 9
1.1.2. La notion de construction dans la linguistique cognitive (Fillmore,
Goldberg) ....................................................................................................................... 17
1.1.3. Des constructions aux patrons dans la linguistique contextualiste
anglo-saxonne .............................................................................................................. 21
1.2. LES ECRITS SCIENTIFIQUES ET LES VERBES DU LEXIQUE SCIENTIFIQUE
TRANSDISCIPLINAIRE...................................................................................................................... 28
1.2.1. Ecrit scientifique et ecrit academique .................................................... 29
1.2.2. Le lexique scientifique transdisciplinaire (LST) et le projet
Scientext ......................................................................................................................... 30
1.2.3. Verbes dans l’English for Academic Purposes ....................................... 33
1.2.4. Les patrons des verbes du LST dans le cadre du CPA ....................... 39
1.3. LA PHRASEOLOGIE DU LEXIQUE SCIENTIFIQUE TRANSDISCIPLINAIRE : DEFICITS
PERSISTANTS DES APPRENANTS NON-NATIFS .............................................................................. 42
1.4. PROBLEMATISATION ET REFLEXION EN VUE DES APPLICATIONS PEDAGOGIQUES SUR LES
PATRONS VERBAUX .......................................................................................................................... 44
1.4.1. Combiner l’approche syntactico-semantique et onomasiologique :
le modele de Pecman et son application dans l’Aide à la Rédaction de
TExtes Scientifiques (ARTES) .................................................................................. 45
1.4.2. Integrer les corpus dans l’elaboration et l’utilisation du
dictionnaire : The Louvain EAP Dictionary (LEAD)........................................ 49
1.4.3. Appliquer le CPA a l’ecrit scientifique : E-Advanced Learner’s
Dictionary of Verbes in Science (DicSci) .............................................................. 52
1.5. BILAN ....................................................................................................................................... 57
8
Chapitre I
En linguistique française (qui inclut ici les représentants suisses et belges), des
chercheurs ont tenté de relier les formes du langage à leur sens. En 1909, les
régularités constructionnelles sont abordées sous l’aspect phraséologique par Bally
dans son ouvrage, le Traité de stylistique française. Selon lui, la phraséologie peut
être lexicale, mais aussi grammaticale. Par exemple, la maison de Paul, la
construction le/la N de SN est associée à la signification de la propriété :
D’une manière générale on pourrait prouver qu’une foule de faits de syntaxe ne sont que des
1.1.1.1. Le lexique-grammaire
9
Chapitre I
Mais parce que l’exemple (1) peut se transformer en une complétive et un objet
indirect (Il m’a dit qu’il a de l’argent.) alors que l’exemple (2) aura seulement une
complétive (Il veut qu’il soit riche.), ces deux verbes relèvent de deux tables1 de
constructions différentes (table 9 et table 6). En d’autres termes, ici, la transformation
en complétive précédée d’un objet indirect constitue une propriété définitoire du
premier exemple. Suivant ce principe, les constructions syntaxiques de 6000 verbes
ont été classées dans 81 tables et représentées par des cadres de sous-catégorisation
du type N0 V Qu P à N2 (table 9). Prenons l’exemple de la table 9. Cette grande
classe syntaxique regroupe environ 400 verbes qui peuvent être répartis en une série
de sous-classes dont des verbes sémantiquement homogènes et intervenant dans la
communication : affirmer, annoncer, avouer, confirmer, demander, dire, évoquer, etc.
Mais ce travail de classement des verbes sémantiquement homogènes au sein de
chaque table ne fait pas l’objet d’une présentation détaillée dans l’ouvrage de Gross.
Par ailleurs, il faut noter que cette construction inclut aussi des verbes peu utilisés tels
que bourdonner, bramer, chuinter, tonitruer, ce qui est dû au faible nombre de
données et au critère de fréquence.
1
Chaque table regroupe les verbes ayant des propriétés similaires. Celles-ci sont présentées par un
codage en « + » et « - » précisant si le verbe concerné possède ou non cette propriété. Ainsi, chaque table
constitue une classe syntaxique. Les tables du Lexique-Grammaire sont téléchargeables en ligne :
http://infolingu.univ-mlv.fr/
10
Chapitre I
Il est à noter que la polysémie des verbes, présentés selon leurs propriétés
syntaxiques, n’est pas clairement précisée. Par exemple le verbe dire2 appartient à
trois tables différentes qui dénotent chacune un sens, mais ce dernier n’est pas
explicité et devra être déduit de l’exemple :
Une analyse ne doit pas rendre compte du sens d’une forme donnée, mais plutôt du sens des
formes quasi synonymes, et ceci au moyen de propriétés syntaxiques, voisines. […] les
p. 224)
2
Les tables sont mises en ligne par le Laboratoire d’Informatique Gaspard-Monge (LIGM). Consulté le
6 novembre 2015 : http://infolingu.univ-mlv.fr/DonneesLinguistiques/Lexiques-Grammaires/Present
ation.html
11
Chapitre I
(3) le choix d’une construction implique le choix d’un certain lexique. (ibid., p. 239)
12
Chapitre I
pars).
13
Chapitre I
14
Chapitre I
De façon générale, nous pensons que ces deux modèles ont mis en évidence le
lien étroit entre les constructions verbales et leur interprétation sémantique.
Cependant, dans l’étude de Willems, l’analyse sémantique occupe une place plus
importante par rapport au modèle du Lexique-Grammaire. À l’issue de l’étude de ces
deux modèles, on retient que l’analyse des constructions verbales permet de dégager
des caractéristiques syntaxiques et sémantiques du verbe. Il faut souligner que ces
deux modèles, n’ayant pas une visée lexicographique, ne couvrent que certains sens
du verbe et montrent donc quelques lacunes dans la description des constructions
verbales. Nous allons maintenant présenter un modèle lexicographique des verbes
français qui nous paraît plus exhaustif.
3
Consulté le 23 novembre 2015 : http://rali.iro.umontreal.ca/rali/?q=fr/LVF
15
Chapitre I
Sur le plan syntaxique, chaque variante syntaxique est exprimée à l’aide d’un
schème de construction syntaxique qui comporte une association de lettres et de
chiffres entre crochets (voir la rubrique construction ci-dessous). À chaque entrée
verbale peuvent correspondre un ou deux schèmes de construction (dont l’un relève
souvent de l’emploi pronominal). Par exemple, le schème de construction de l’entrée
dire 02 « T14a0 » se lit « transitif direct à sujet humain, et suivi par une complétive
ou un complément chose ». Les opérateurs et les schèmes font ressortir les propriétés
sémantiques et syntaxiques des verbes et constituent deux éléments primordiaux du
LVF. Nous présentons ci-dessous les entrées du verbe dire dans le LVF en le
comparant aux deux modèles précédents :
16
Chapitre I
L’écrivain d~ la
dire T13l8 - ([ind] abstrait exprimer, tristesse dans son
C4c.2 LITt
13 P3008 par qc décrire poème. Ses vers d~
l'amour.
Tableau 1.3 : Les 13 emplois du verbe dire répertoriés dans le LVF
Même si la notion de construction n’est pas encore théorisée dans ces travaux, ils
ont très tôt découvert des régularités constructionnelles en mettant en valeur
l’interaction entre les propriétés sémantiques et les constructions syntaxiques dans la
classification des constructions verbales. En outre, ils proposent des approches
similaires en plusieurs points aux modèles des Grammaires de Construction que nous
allons présenter dans la section suivante, mais bien avant les travaux américains.
(Fillmore, Goldberg)
17
Chapitre I
cognitive. Fillmore et al. (1988) considèrent que les constructions peuvent être
grammaticales, mais aussi lexicales comme les expressions idiomatiques (le
connecteur let alone) dans la mesure où elles sont dotées d’une interprétation
sémantique qui est non prédictible à partir des composants. Ce point de vue se
rapproche de l’idée de Bally et il est partagé par Goldberg qui revendique le caractère
non prédictible des propriétés grammaticales, sémantiques et pragmatiques des
constructions :
A construction is [...] a pairing of form with meaning/use such that some aspect of the form
or some aspect of the meaning/use is not strictly predicable from the component parts or
from other constructions already established to exist in the language (Goldberg, 1998 : 205).
Ces constructions se présentent sous des formes variées (Goldberg, 2003, p. 217)
telles que des morphèmes (anti-), des mots (and), des idiomes (let alone), et des
structures syntaxiques dont les éléments lexicaux sont partiellement saturés :
The Xer the Yer : the more you think about it, the less you understand.
(traduction de l’auteur : Plus tu y penses, moins tu comprends.)
Ici, les éléments lexicaux sont fixes. Selon Goldberg (ibid., p. 221), ces
constructions sont des « stored pairings of form and function » (paires des formes et
des fonctions mémorisées) qui établissent le lien entre la forme et l’interprétation
sémantique. Par exemple, dans la phrase suivante :
18
Chapitre I
L’implication la plus fondamentale est alors que la construction considérée devient une
signifiante — sans que soit posée de distinction préalable entre syntaxe et sémantique.
Depuis des années, certains linguistes cognitifs ont intégré le corpus dans
l’analyse des constructions. En appliquant l’approche des Grammaires de
Construction au français, J. François et M. Sénéchal se basent sur Frantext et Le
Monde (année 1993) pour étudier les verbes de production de parole dans trois cadres
prédicatifs dotés d’un même prototype sémantique « interaction entre deux
partenaires X et Y respectivement exprimés par le sujet et l’objet (direct ou
19
Chapitre I
De façon générale, ces trois cadres prédicatifs étant trois variantes regroupées
sous un même prototype sémantique qui portent la signification communicationnelle,
chaque cadre est analysé en repérant les verbes associés. Par exemple, le cadre
prédicatif N1(X) V N2(Y) à INF(A) est exploité par 28 verbes dont obliger, aider, inviter
et amener pour citer les plus fréquents. Il s’agit d’accomplir A (l’action de partir dans
l’exemple) et Y (Marie dans l’exemple) est en cause. Cette étude a montré que les
Grammaires de Construction permettent d’expliquer les cas de polysémie verbale
(l’interprétation du verbe est différente selon les constructions dans lesquelles il entre)
et le fait qu’un verbe possède plusieurs constructions (Legallois, 2005, p. 112).
Comme nous l’avons mentionné plus haut, notre étude se fonde sur l’approche des
patrons, et plus précisément sur l’approche CPA. Cette approche accorde un rôle
important aux constructions verbales et aux collocations pour désambiguïser les sens
du verbe. Il nous semble important de justifier notre choix dans la section suivante où
nous allons présenter la notion des patrons par rapport à celle des constructions.
20
Chapitre I
contextualiste anglo-saxonne
A.S. Hornby a été précurseur dans son intérêt pour les patrons grammaticaux. En
tant que professeur d’anglais langue étrangère, il a très vite découvert que les
apprenants d’anglais rencontraient des difficultés avec les constructions syntaxiques
en anglais du fait de leur méconnaissance des patrons lexicaux. Ce constat l’a conduit
à prêter plus d’attention à l’usage et à l’encodage de la langue. Hanks (2008) a
résumé les principes de Hornby comme suit :
Language in use is highly patterned. Each word is typically associated with only a small
number of syntactic patrons [...] Verb patterns are the most important. (Hanks, 2008, p. 2).
The principle of idiom is that a language user has available to him or her a large number of
semi-preconstructed phrases that constitute single choices, even though they might appear to
4
Ce dictionnaire comporte d’abord des entrées de verbes. Dans des éditions ultérieures les noms et les
adjectifs sont aussi intégrés. Il a donné naissance au fameux dictionnaire Oxford Advanced Learner’s
Dictionary of Current English (OALD).
21
Chapitre I
Sinclair indique par ailleurs que seul le corpus permet de révéler les patrons
propres au discours et propose donc une méthodologie « corpus-driven » – l’analyse
empirique du corpus pour l’étude linguistique – qui constitue la méthode d’analyse
fondamentale des travaux linguistiques contextualistes. Et depuis, « la lexicographie,
l’enseignement et les corpus sont intimement liés. La tendance contextualiste est le
fruit de l’interaction entre les trois éléments de base » (Williams, 2006, p.152).
(1) Un patron détermine le sens du mot. La plupart des mots isolés n’ont pas de
sens ou plutôt des sens ambigus alors que le sens n’apparaît que dans un
patron particulier qui est essentiel pour déterminer le sens du mot.
(2) Un patron peut contribuer à la maîtrise de la langue (exactitude et variété).
Suivant le principe de l’idiomaticité, le patron permet de faciliter tant la
compréhension pour comprendre le sens du mot que la production pour
reconstruire le sens du mot.
L’approche « The Pattern Grammar » introduite par ces auteurs a été ensuite
mise en pratique dans deux volumes intitulés respectivement Collins COBUILD
Grammar Patterns 1 Verbs et Collins COBUILD Grammar Patterns 2 Nouns and
Adjectives, où les patrons sont « représentés presque au même niveau de
généralisation, exclusivement en termes de catégories grammaticales des mots, à
l’exception de certaines prépositions » (Hanks, 2008, p. 106, notre traduction). En ce
qui concerne le premier volume portant sur les patrons des verbes, on remarque que
soixante patrons principaux de verbes en anglais ont été dégagés. Ces patrons verbaux
ont été classés sous cinq grandes catégories (Hunston & Francis, 2000, p. 51-56) :
(1) le verbe est suivi par un groupe substantif, adjectif ou une proposition ; ex. :
22
Chapitre I
5
Ces exemples sont repris des auteurs dans le même ouvrage.
23
Chapitre I
verb–together with the typical semantic values of each argument. Different semantic values
of arguments (subject, object, prepositional object) activate different meanings of the verb.
Les patrons CPA sont aussi des patrons de sens puisque chaque patron est
associé à un sens (présenté sous le nom implicature). Afin de saisir le sens de chaque
patron, les éléments lexicaux qui constituent le patron sont caractérisés sur le plan
6
Selon Hanks, le mot ne possède pas de sens mais plutôt des sens potentiels qui peuvent être activés par
le patron autour du mot selon des contextes différents.
7
On peut se référer au sens donné par Tutin (2014, p. 30) « expressions récurrentes, essentiellement
binaires, dont les éléments entretiennent une relation syntaxique comme faire une hypothèse ».
8
Consulté le 25 novembre 2016 à l’adresse : http://www.pdev.org.uk/#browse?q=;f=C. Ce dictionnaire
est encore en cours de construction, 1286 verbes en anglais y sont répertoriés et l’objectif est d’atteindre
5396 verbes.
24
Chapitre I
L’exemple suivant illustre un patron du verbe execute qui signifie qu’un être
humain ou une institution exécute un plan, un ordre ou une activité. [[Human]],
[[Institution]], [[Plan]], [[Command]], [[Activity]] sont des types sémantiques.
fréquence=19,2%)
Example : The student has the opportunity to formulate and execute a search. (Traduction
Les types sémantiques peuvent parfois être complétés par les rôles sémantiques
(ex. : [[Human = Doctor]]), selon le contexte spécifique du texte. Le rôle sémantique
est « le rôle que remplit un des éléments du patron en contexte » (EL Maarouf, 2011, p.
71). Considérons le patron suivant pour le verbe swallow (dans le sens de
‘dépenser’) :
9
Un type sémantique est une classe qui est attribuée à une lexie, il est indiqué entre crochets.
10
Cette ontologie évolue au fur et à mesure de la construction des patrons, accessible en ligne :
http://www.pdev.org.uk/#onto, consulté le 25 novembre 2016.
11
Obtenu du site de PDEV : http://pdev.org.uk/#browse?q=execute;f=A;v=execute, consulté le 25
novembre 2016, un taux de fréquence est associé à chaque patron. Dans l’exemple cité, le taux de
fréquence est de 19,2%.
12
Lexical set [[Plan]] = {design, plan...} ; Lexical set [[Command]] = {instruction, order, decision...} ;
Lexical set [[Activity]] = {research, work, study...} ;
25
Chapitre I
Dans cet exemple, [[resource]] est un type sémantique alors que [[money]] est un
rôle sémantique. Par ailleurs, certaines catégories grammaticales comme les adverbes,
les prépositions ou les syntagmes grammaticaux (par exemple, les infinitifs ou les
complétives) sont décrits dans les patrons lorsque ces éléments exercent une influence
sur le sens du patron étudié. Par exemple, dans le patron suivant, le verbe fail (dans le
sens de ‘ne pas parvenir à faire quelque chose’) est suivi par un syntagme
prépositionnel.
were expected to do
En dehors de l’anglais langue générale, l’approche CPA a aussi été adaptée à des
langues romanes telles que l’espagnol dans les deux projets en cours Diccionario de
Aprendizaje de Español como Lengua Extranjera (DAELE) (Renau & Battaner, 2012;
Renau & Alonso, à paraitre), Verbario (Nazar & Renau, 2016) et l’italien (Jezek &
Frontini, 2010). De plus, il a été montré que le modèle CPA peut aussi être appliqué
dans les domaines de spécialité comme l’environnement (Alonso & Renau, 2013), la
médecine et la biologie (Williams & Millon, 2013).
Patterns are composed of word classes and function words such as prepositions, and there is
used to distinguish one sense of a word from another when the overall syntactic structure is
26
Chapitre I
Nous constatons que dans le CPA, Hanks met en avant les valeurs sémantiques
qui permettent de distinguer le sens lorsque deux phrases partagent la même structure
syntagmatique. Comparons les deux phrases : firing bullet from a gun et firing a
person from a job (Hanks, 2008, p. 21) : la Pattern Grammar traite ces deux phrases
dans un même patron tel V N from N tandis que dans le CPA, deux patrons sont
attribués et ils se différencient par leurs propres types sémantiques : Fire [[Projectile]]
from [[Firearm]] vs Fire [[Human]] from [[Activity]]. En fait, la désambiguïsation
du sens à travers les types sémantiques au niveau des compléments nous semble
importante dans la mesure où elle permet non seulement de distinguer la polysémie
du verbe, mais aussi de distinguer des verbes synonymes partageant la même
structure syntagmatique, par exemple, observer une évolution (un processus), mais
constater un fait (un résultat).
Enfin, nous constatons trois principales différences entre ces deux approches :
(1) Le CPA est basé sur des usages réguliers des verbes et son objectif n’est pas
de relever tous les patrons/sens du verbe, mais de relever les prototypes des
patrons.
(2) Le CPA examine chaque verbe individuellement et met en évidence
l’association entre un patron et un sens. Ensuite, les patrons verbaux servent
à distinguer les différents sens d’un verbe, tandis que le Pattern Grammar
cherche la généralisation incluant un grand nombre de mots.
(3) Contrairement à l’approche Pattern Grammar qui se limite aux catégories
grammaticales, le modèle CPA considère un patron comme un ensemble
incluant non seulement la structure syntagmatique, mais aussi les valeurs
sémantiques. En ce sens, le CPA a accordé un rôle important aux collocations
dans l’identification des patrons.
27
Chapitre I
Le patron défini dans notre étude est donc cohérent avec celui du modèle CPA.
Nous nous intéressons plus spécialement aux patrons verbaux dans l’écrit scientifique.
Notre domaine d’étude et notre objectif sont donc plus spécifiques. En nous inspirant
du modèle CPA, nous allons adapter le modèle à notre cas et préciser quelques
traitements différents dans le chapitre III. Dans ce qui suit, nous allons présenter ce
que nous entendons par ‘patron verbal dans l’écrit scientifique’.
28
Chapitre I
Partant des besoins des étudiants allophones, nous nous intéressons plus
particulièrement aux écrits scientifiques en milieu universitaire (rapport, dossier,
mémoire, thèse, article scientifique, communication écrite). Ces écrits relèvent donc
d’un sous-domaine des écrits scientifiques, élaborés dans un contexte académique par
des spécialistes d’un domaine – des experts – traitant une problématique clairement
posée à laquelle ils tentent d’apporter des réponses (Swales, 1990). L’importance de
la maîtrise de ces écrits est liée au fait qu’ils restent le moyen d’évaluation privilégié
des études supérieures et constituent donc un défi pour les étudiants allophones en
vue de valider leurs formations et obtenir un diplôme.
Nous abordons le terme « science » dans un sens large incluant les sciences
exactes ainsi que les sciences humaines et sociales (SHS). Notre intérêt portant sur les
13
La communauté de discours est définie par Bizzell (1992, p. 222) comme un groupe d’individus
partageant certaines pratiques langagières. Ces pratiques sont formalisées tant au niveau des conventions
stylistiques que des savoirs scientifiques.
29
Chapitre I
Dans notre étude, nous nous focalisons sur le lexique des écrits scientifiques.
Cette étude est envisagée dans une perspective large qui implique non seulement les
aspects lexicaux, mais aussi discursifs.
Scientext
30
Chapitre I
travaux de Tutin (2007a) dont l’étude se fonde sur un corpus composé d’écrits
scientifiques venant des disciplines SHS dans le corpus Scientext.
Selon elle, l’écrit scientifique est composé de cinq strates de lexique : le lexique
propre aux écrits scientifiques (traversant : analyse, proposer un modèle, mener une
enquête), le lexique abstrait général (non spécifique aux écrits scientifiques et
relevant aussi d’autres types d’écrits argumentatifs ou informatifs : voir l’intérêt,
autrement dit, à savoir, considérer…comme…), le lexique méthodologique
disciplinaire (métascientifique, spécialisé et lié à la discipline : en coupe instantanée,
panel ), le lexique terminologique (collocation, biophysique) et le lexique de la
langue générale (connaître, habitudes de consommation).
Ensuite, le LST n’est pas un lexique spécialisé, mais plutôt un lexique abstrait
particulièrement représenté dans les écrits scientifiques » (Tutin, 2007a) (ex : poser
un problème, permettre de). En fait, d’une part, il est difficile de dissocier ce lexique,
spécifique aux écrits scientifiques, du lexique abstrait non terminologique qui peut
31
Chapitre I
32
Chapitre I
encore peu étudié sauf dans quelques études de cas : verbes de constat (on peut
constater que) (Grossmann, 2014b), verbes causatifs (permettre de proposer que,
amener à faire une hypothèse) (Bak & Novakova, 2013), constructions verbales
impersonnelles et passives (il ressort de ces travaux que, peut être considéré comme)
(Fifielska, 2015). Les patrons des verbes du LST dans l’écrit scientifique n’ont pas –
à notre connaissance – fait l’objet de travaux en français que ce soit dans la
linguistique ou la didactique, d’où l’intérêt de notre étude.
Comme nous l’avons mentionné plus haut, le LST rejoint le concept similaire du
vocabulaire anglais étudié dans le cadre du English for Academic Purposes (ci-après
désigné par EAP). Dans la section suivante, il nous semble donc important de
présenter quelques-uns des nombreux travaux effectués sur ce lexique dans le
domaine EAP, concernant notamment les questions liées à la délimitation et à la
classification des mots du EAP.
Coxhead (2010, 2002) a défini les mots du EAP dans Academic Word List
(ci-après désigné par AWL). Cette liste organisée par niveaux de fréquence regroupe
570 familles de mots du EAP les plus fréquents répartis dans 28 disciplines dont le
droit, les sciences, la littérature, et le commerce comme analyse, approach, concept,
context, formula, method etc. Les sens de ces mots sont considérés comme non
spécifiques par rapport à la terminologie d’une discipline scientifique, mais en même
temps, plus formels que la langue générale. En revanche, on peut souligner, à l’instar
de Tran (2014), que l’étude de Coxhead n’est basée que sur des critères
lexicométriques, des indices de fréquence et n’effectue pas encore un classement
notionnel. Pour l’exploitation pédagogique de cette liste, il nous semble indispensable
33
Chapitre I
d’« intégrer des informations sur les fonctions sémantiques et rhétoriques » (Tutin,
2010c, p. 145).
Ce point de vue est partagé par Paquot (2010) qui confirme qu’il faut se focaliser
sur les fonctions discursives et rhétoriques de l’« academic vocabulary » en ajoutant
que le champ d’étude restant ouvert, l’« academic vocabulary » ne peut pas être
considéré comme une liste de mots spécialisés exclusifs.
L’Academic Keyword List (ci-après désigné par AKL) de Paquot est basée sur le
critère de fréquence, mais aussi sur les critères sémantiques et pragmatiques. Par
exemple, le nom analysis étant morphologiquement associé au verbe analyse est
ajouté même s’il n’atteint pas le critère de fréquence attendu (ibid., p. 54-55). Cette
liste couvre 40% de l’AWL et inclut des mots qui en sont absents comme aim, argue,
cause, claim, effect. Au total, elle regroupe 930 mots dont 233 verbes14, répartis
essentiellement en sciences humaines et sociales. Il faut noter par ailleurs que les
mots sont relevés dans un grand corpus de textes académiques (dont des extraits du
BNC et dans les corpus de différentes disciplines) ainsi que dans des corpus
d’apprenants dont la langue maternelle est, pour une grande majorité, le français.
Dans ces deux listes, les verbes figurent toujours à une place prédominante du
14
Consulté le 14 janvier 2016 à l’adresse : https://www.uclouvain.be/en-372126.html
34
Chapitre I
fait de leur co-occurrence avec les noms, les adverbes et de leur apparition récurrente
dans des structures syntaxiques. Ils font l’objet de travaux de classification dans
lesquels les chercheurs s’accordent à prendre en compte leurs propriétés sémantiques
et syntaxiques.
Dans notre étude, nous souhaitons établir un classement des verbes du LST en
fonction de leurs propriétés sémantiques et syntaxiques (cf. Chapitre III). Faute de
référence en français, nous allons notamment nous référer aux travaux similaires
effectués en anglais qui peuvent inspirer notre travail de classement.
(1) Verbes d’activités (activity verbs) qui renvoient aux actions volontaires ou
non volontaires comme obtain, use, produce, give.
(4) Verbes de liaison (linking verbs) qui relèvent des états ou des existences
comme be, become, keep, prove.
L’auteure précise que ces cinq classes sémantiques jouent un rôle important dans
la rédaction scientifique. À côté de la liste, des pistes didactiques sont proposées sur
l’enseignement de ces classes de verbes, et l’auteure souligne l’importance des
combinaisons lexicales (les noms, les prépositions et les complétives) et les
35
Chapitre I
régularités syntaxiques.
That is, by simply replacing the subject noun or the verb with various proximate alternatives,
L2 writers can actually come up with a great number of diverse and contextually appropriate
Par exemple, l’auteure souligne que les verbes de déclaration ont tendance à
apparaître dans certaines constructions telles que The author(s) V that, The author(s)
describe N (data, information, etc.) to V that. Selon elle, ces régularités syntaxiques
doivent être mises en avant pour aider l’apprenant à s’approprier des expressions
adaptées dans leur écrit académique. Nous partageons l’avis de l’auteur sur cette
réflexion. En revanche, il nous semble que cette classification peut être affinée et
subdivisée en différents champs sémantiques pour faire ressortir des propriétés
sémantiques et syntaxiques plus homogènes.
Dans le cadre du projet KIAP15, Fløttum et ses collègues (Fløttum et al., 2006)
en se basant sur un corpus varié d’écrits scientifiques en sciences humaines
(linguistique), sciences sociales (économie) et sciences expérimentales (médecine),
ont étudié les valeurs sémantiques et pragmatiques des verbes afin de déterminer les
rôles et les activités de l’auteur dans l’écrit scientifique. Quatre groupes de verbes
correspondant à quatre rôles (scripteur, chercheur, argumentateur, évaluateur) sont
proposés et basés sur les fonctions discursives suivantes :
15
KIAP : Kulturell Identitet i Akademisk Prosa (Identité culturelle dans les écrits scientifiques).
36
Chapitre I
emotion verbs and verb constructions) liés aux activités de l’évaluation : feel,
be struck by, be content to, etc. Cette classe est proche de la classe 2 (verbes
psychologiques) de Hinkel.
for dynamicity…
B. I show that two recent accounts of this are indequate, bouth conceptually… (Fløttum et al.,
2006, p. 89)
D’après Fløttum, le premier verbe show appartient aux verbes de discours alors
que le deuxième appartient aux verbes de position. Ceci s’explique par le fait que,
dans la première phrase, le verbe apparaît dans un co-texte métatextuel (in section 4
below) qui présente la structure du texte. Cette distinction ne nous semble pas utile
puisque nous envisageons de proposer un classement des verbes en fonction de leurs
propriétés sémantiques et syntaxiques.
37
Chapitre I
En dehors des travaux sur le classement des verbes du EAP, ces verbes sont
surtout étudiés dans une notion étendue de la phraséologie héritière de la linguistique
de corpus anglo-saxonne avec des approches statistiques. Selon Bolly (2011), les
unités polylexicales relevées par les études de corpus en phraséologie statistique se
présentent sous différentes formes :
Une combinaison de deux ou plusieurs unités linguistiques liées entre elles lexicalement (par
prosodie sémantique) et/ou syntaxiquement (par exemple, les colligations, les patrons, les
Ce propos nous amène à supposer que le concept clé qui relie ces différentes
unités polylexicales réside dans la relation de co-apparition des mots dans le contexte,
celle-ci peut être interprétée comme suit :
the relationship that a lexical item has with items that appear with greater than random
38
Chapitre I
BMC : [[Human 1 | Human Group]] treat [[Human 2 = Patient | Laboratory Animal = Rat,
Comme le soulignent les auteurs (Williams, Millon, & Alonso, 2011, p. 18),
c’est surtout la sélection des types/rôles sémantiques ainsi que des groupes lexicaux
spécifiques au domaine d’étude qui marque la différence entre le sens général et le
sens spécifique du verbe.
By looking at the concordances, it can be observed that even though the patterns are similar
to that used in general language, in the BMC the difference lying in the arguments of the verb;
in terms of Hanks, on the number of collocates that normally populate an argument slot in
relation to the verb. While in general language ‘[[Anything]] is called’, in our corpus ‘X’ is a
more limited set of lexical items. (Williams, Millon, & Alonso, 2012, p. 1011‑ 1012)
39
Chapitre I
Schutz (2012) applique le modèle CPA pour décrire des verbes polysémiques
comme find dans l’écrit académique de l’anglais. Son corpus de 3 millions de mots
rassemble trois disciplines, le commerce, la linguistique et la médecine. Les patrons
lexico-syntaxiques du verbe find dans ces trois disciplines ont été identifiés et le
résultat montre que les patrons les plus fréquents sont communs aux trois disciplines :
Carpenter found that stakeholder characteristics influenced global risk taking of IPO
firms. (commerce)
Corpus linguists have found that affective meaning can extend over segments of text
Some studies found that those who drank coffee were the healthiest cohort
members...(médecine)
Bellu found a correlation between task motivation and sales growth. (commerce)
Studies have consistently found an association between higher coffee consumption and
L’auteure a par ailleurs noté que, pour les patrons les moins fréquents, la grande
différence entre les disciplines se situe au niveau de collocations, d’où l’intérêt de
l’enseignement de ces collocations relevant de la discipline :
40
Chapitre I
des deux autres. Nous supposons que l’étude des patrons de verbes au sein des
disciplines SHS apporte des résultats plus homogènes, ce qui nécessite un travail de
généralisation rigoureux.
Rappelons que nous étudions la phraséologie dans une conception large qui porte
sur les patrons de verbes dans l’usage, lexicaux et lexico-syntaxiques, repérables par
le biais d’analyses de fréquence en linguistique de corpus. Nous allons illustrer les
verbes du LST ainsi que les patrons des verbes qui nous intéressent, à partir d’un
exemple :
Au cours de cette contribution, nous avons tenté d’établir un lien entre la théorie
économique du consommateur et le concept de développement soutenable. Pour ce
faire, nous avons procédé en deux étapes. Dans un premier temps, nous
proposons un aperçu de la consommation dans la théorie économique, en partant
de l’analyse économique standard pour mettre en avant ses limites...
[267-Article-Économie-Conclusion]
Figure 1-1 : Les verbes du LST et les patrons verbaux dans une conclusion
d’article d’économie
Les mots du LST sont marqués en gras, les mots constituants des patrons des
verbes sont soulignés. Nous présentons ci-dessous les 3 patrons potentiels.
41
Chapitre I
Nous avons déjà montré que la phraséologie dont font partie les patrons verbaux
occupe une place de premier plan dans l’écrit scientifique. Comme le souligne Tutin
(2014), d’une part, la maîtrise de ces éléments « prêts à écrire » permet aux
apprenants d’entrer dans la « communauté de discours » ; d’autre part, la phraséologie
transdisciplinaire n’est pas une terminologie, mais peut être considérée comme un
lexique du genre. De ce fait, elle « constitue une voie d’entrée privilégiée pour l’étude
épistémologique des discours scientifiques » (ibid., p. 27).
Comme souligné plus haut, les travaux didactiques ont été menés sur différents
42
Chapitre I
Toujours dans le domaine des écrits académiques, Bolly (2011) a étudié 589
séquences récurrentes construites avec les deux verbes à haute fréquence prendre et
donner dans les textes académiques des apprenants du français L2 anglophones et
néerlandophones. L’auteur a montré que les apprenants non-natifs produisent
essentiellement des « déviances formelles » qui sont liées au caractère non acceptable
ou non attesté des unités phraséologiques dans l’usage. Il nous semble intéressant de
noter que le verbe est la catégorie grammaticale qui présente le plus d’erreurs - 25%
des unités phraséologiques déviantes : prendre une vue microéconomique (adopter un
point de vue microéconomique), la réflexion que donne le théâtre (la réflexion
qu’apporte le théâtre).
En dehors des erreurs, les chercheurs dans le domaine de l’EFL ont également
relevé des cas de suremploi et de sous-emploi chez les apprenants par rapport aux
natifs, par exemple, le suremploi de certaines séquences peu fréquentes chez les natifs
telles que as far as I am concerned chez les apprenants français (Granger, 2008) , to
my mind, I think that chez les apprenants de différentes langues maternelles (Gilquin
& Paquot, 2008). Les cas de sous-emploi s’avèrent plus nombreux : des séquences
remplissant des fonctions rhétoriques importantes comme it’s possible that chez les
apprenants sinophones (HongKong) (Hyland, 2008b), as suggested by (Granger &
Paquot, 2009b) et it could be argued that, be explained in terms of (Paquot, 2010)
chez les apprenants de différentes langues maternelles.
43
Chapitre I
Dans une étude précédente (Hatier & Yan, 2017), nous avons examiné les
constructions verbales de 4 verbes du LST (montrer, considérer, décrire et expliquer)
dans un corpus composé de mémoires de recherche d’un groupe d’apprenants
chinois16 en le comparant au corpus Scientext-SHS17. Les résultats montrent que par
rapport aux experts, les constructions verbales présentes dans le corpus d’apprenants
se caractérisent par une sous-utilisation :
À la suite de cette étude, nous allons approfondir l’analyse des difficultés des
apprenants chinois en matière de constructions verbales dans le chapitre V où l’on
propose un diagnostic tant sur les erreurs que sur les cas de suremploi et de
sous-emploi.
16
Nous envisageons d’intégrer à cette étude un corpus d’écrits d’étudiants natifs (corpus de littéracie
avancée) afin de le comparer aux corpus d’experts et de non-natifs.
17
Composé d’articles de recherche de revue en sciences humaines et sociales.
44
Chapitre I
Le dictionnaire ARTES 18
est une base de données terminologique et
phraséologique propre à la langue scientifique (Pecman & Kübler, 2011), destinée à
faciliter la rédaction scientifique et la traduction dans les discours spécialisés. La base
en ligne propose notamment deux fonctions de recherche des données : la première
d’ordre terminologique (la rubrique « terminologie en contexte ») permet d’accéder
aux termes spécialisés avec les informations sur les définitions, les collocations et les
traductions ; la deuxième d’ordre phraséologique (la rubrique « phraséologie
discursive »), basée principalement sur l’étude de Pecman (2004, 2007, 2012), fournit
les unités phraséologiques19 (notamment en anglais et en français) de la Langue
18
La base de données a été conçue dans une perspective plurilingue (français, anglais, allemand,
espagnol, etc.) et a accordé une priorité au français et à l’anglais. La ressource lexicale concerne
notamment les domaines des Sciences de la Terre et des Planètes (STEP) et les domaines des sciences de
l'environnement. Elle est en grande partie en libre accès : https://artes.eila.univ-paris-diderot.fr/,
consulté le 15 mai 2016.
19
D’après Pecman (2004), les unités phraséologiques peuvent être définies comme « toute association
arbitraire de deux ou plusieurs mots susceptible d’être réutilisée a droit au statut d’unité
phraséologique » (Pecman, 2004, p. 28), par exemple, jouer un rôle, objectif ultime, il est possible de,
45
Chapitre I
etc.
20
Les fonctions rhétoriques/discursives sont définies par Pecman (2012) comme des « unités textuelles
au contenu informationnel attendu, qui s’actualisent dans des structures lexico-grammaticales
reconnaissables au sein d’un type de discours, et, nécessairement, d’un type de genre textuel » (Pecman,
2012, p. 118).
46
Chapitre I
47
Chapitre I
Figure 1-3 : Accès aux unités phraséologiques par fonctions discursives dans la
base ARTES
48
Chapitre I
21
L’accès du dictionnaire est réservé aux personnels et étudiants de l’Université catholique de Louvain :
http://130.104.6.153/test002/web/app.php/login, consulté le 20 avril, 2017.
49
Chapitre I
Figure 1-4 : Entrée du nom source dans le LEAD (Paquot, 2012, p. 175)
d’apprenants afin d’identifier les difficultés et les besoins des apprenants. Ces
derniers ont ainsi guidé la sélection des entrées, des éléments phraséologiques et des
exercices ciblés22. Les erreurs relevées dans les corpus d’apprenants sont traitées avec
des feedback sous forme de notes comme illustré dans la figure 1-5 :
Figure 1-5 : Note d’erreurs pour l’entrée de l’expression on the contrary dans le
LEAD (ibid., p. 173)
Un autre point qui nous semble intéressant dans le dictionnaire LEAD est
l’intégration dans le dictionnaire des corpus d’experts utilisés dans la description
lexicographique. Ainsi, les apprenants peuvent accéder directement aux corpus
d’experts depuis le dictionnaire en ligne, soit pour chercher un mot ou une expression,
soit pour formuler des requêtes précises afin d’identifier des collocations ou des
séquences récurrentes. D’après Paquot (2012), le fait de proposer une consultation
22
Dans le dictionnaire, les exercices sont proposés en fonction des difficultés identifiées. Il s’agit
notamment des exercices lacunaires, des exercices à choix multiples créés avec le logiciel Hot potatoes.
51
Chapitre I
directe du corpus permet aux apprenants d’accéder à plus d’informations (ou à des
informations plus ciblées) et de travailler en autonomie. On ne nie pas les avantages
de la consultation directe du corpus par les apprenants. Par contre, cette proposition
reste discutable, car les apprenants risquent d’être noyés par la masse d’informations
dans le corpus. À l’instar de Chambers (2010) et Cavalla (Cavalla & Loiseau, 2013),
nous pensons qu’au plan technique, les apprenants ont besoin d’être formés sur la
manipulation du logiciel de concordance, par exemple, comment formuler une
requête sur l’interface d’interrogation du corpus. Par ailleurs, comme le souligne
Cavalla (ibid., p. 166), du point de vue discursif, « la découverte des spécificités »
liées aux éléments phraséologiques n’est pas évidente. Ainsi, nous rejoignons Cavalla
et Chambers sur le fait qu’il est plus raisonnable de passer par une phase d’initiation
où les apprenants peuvent travailler sur des lignes de concordances sélectionnées et
des exercices préparés par les enseignants qui encouragent « une forme
constructiviste d’apprentissage » (Chambers, 2010, p. 15). Le problème de la
consultation directe des concordances est également soulevé par les auteurs
eux-mêmes (Granger & Paquot, 2015). D’après ces derniers, l’outil doit aussi rendre
les ressources du corpus plus accessibles aux non-linguistes. Cette idée est confirmée
par les feedbacks des étudiants qui ne trouvent pas la consultation directe des corpus
utile tandis qu’un groupe de doctorants et de chercheurs l’ont bien appréciée.
Nous reviendrons sur l’utilisation des corpus dans l’E/A des langues étrangères
dans le chapitre II.
52
Chapitre I
Comme les deux ressources mentionnées plus haut, le DicSi favorise aussi
l’exploitation des éléments phraséologiques pour l’encodage de l’anglais. S’appuyant
sur le corpus BioMed Central corpus (BMC), il est consacré à l’étude des collocations
et des patrons lexico-syntaxiques autour du verbe et s’adresse à des locuteurs
non-natifs, en particulier les biologistes et les médecins ayant besoin de rédiger en
anglais.
53
Chapitre I
Figure 1-6 : Extrait du réseau collocationnel du verbe show (Williams & Millon,
2010, p. 1256)
En fait, l’analyse des collocations vise d’une part à construire des classes
sémantiques des verbes, c’est-à-dire que les verbes partageant un certain nombre de
co-occurrents sont susceptible d’être regroupés dans une même classe sémantique.
D’autre part, cette analyse contribue à établir des patrons lexico-syntaxiques.
Concernant le cas du verbe, ce sont notamment les co-occurrents nominaux qui jouent
un rôle important. Dans notre étude, l’identification des co-occurrents du verbe
constitue aussi une étape importante (cf. Chapitre III).
54
Chapitre I
moléculaire, comme dans l’exemple suivant : blot was probed with monoclonal
antibodies (La membrane est examinée avec des anticorps monoclonaux). Ainsi, du
général vers le spécifique, la notion d’examen est constante, mais le type d’instrument
utilisé change. L’étude de la résonance collocationnelle permet de mieux saisir le sens
noyau du mot dans un contexte large. Par exemple, pour le verbe probe, le sens noyau
identifié est « examiner ».
Enfin, l’analyse des patrons des verbes fondée sur le modèle CPA consiste à
compléter les deux méthodes précédentes. Comme souligné plus haut, l’identification
des patrons est basée sur l’observation du corpus BMC et l’extraction du réseau
collocationnel. Nous illustrons dans la figure 1-7 les patrons identifiés pour le verbe
show dans le dictionnaire.
55
Chapitre I
Figure 1-7 : Patrons et collocations du verbe show dans le DicSi (Williams &
Millon, 2010, p. 1255)
Comme on peut le constater, les patrons identifiés ont permis de créer deux
classes sémantiques auxquelles appartient le verbe show, soit les classes « evidence »
et « position ». Les patrons lexico-syntaxiques mettent en avant des structures
syntaxiques récurrentes telles que as shown in figure X.
Dans le cadre de notre étude, nous nous limitons à aborder les données
56
Chapitre I
linguistiques que nous souhaitons intégrer dans cet outil. Signalons que ces données
linguistiques sont exploitables par les enseignants et les linguistes, mais ne
s’adressent pas directement aux apprenants. Il faut donc envisager une étape de
didactisation ultérieurement. Nous proposons des pistes didactiques (par exemple,
comment exploiter les données) à la fin du chapitre V. Par ailleurs, notons que dans
une étude précédente, nous avons déjà essayé d’intégrer quelques patrons verbaux
dans l’outil Dicorpus23 (Yan & Hatier, 2016) (cf. Chapitre V). En effet, l’outil que
nous voulons développer pourrait prendre la forme de Dicorpus, ce dernier
correspondant à notre objectif d’application pédagogique présenté ci-dessus,
notamment dans la mesure où il permet à l’apprenant de consulter des concordances
présélectionnées par l’enseignant. Il est encore en cours de construction (Tran &
Falaise, 2016) et nous souhaitons l’enrichir ultérieurement avec notre échantillon de
patrons.
Enfin, nous rejoignons l’idée de Tutin (2005) qu’un dictionnaire/un outil mettant
les éléments phraséologiques spécialisés est indispensable pour l’E/A du français et
peut constituer un complément aux ressources lexicographiques existantes comme le
Petit Robert.
1.5. Bilan
Dans ce chapitre, nous avons d’abord présenté notre objet d’étude – les verbes
du LST – et plus précisément les patrons des verbes du LST dans le domaine de
l’écrit scientifique. En examinant plusieurs modèles consacrés à l’étude des
constructions verbales (Grammaires de Construction) ou aux patrons verbaux
(Pattern Grammar), nous avons adopté le modèle CPA de Hanks pour étudier les
propriétés sémantiques et syntaxiques des verbes du LST. Ce modèle fondé sur des
usages réguliers des verbes, permet d’accéder aux sens du verbe à travers l’analyse
des constructions syntaxiques et des co-occurrences associées du verbe.
23
Outil, conçu par Achille Falaise (docteur en informatique et ingénieur de recherche) et Thi Thu Hoai
Tran (docteure en FLE), fait office d’assistant phraséologique pour la rédaction scientifique en français
et constitue une adaptation didactique du corpus Scientext :
http://corpora.aiakide.net/scientext18/services/dicorpus/doc/
57
Chapitre I
Si nous nous intéressons à l’analyse des patrons, c’est parce que nous sommes
du même avis que Hanks et d’autres linguistes (comme les distributionnalistes ou les
contextualistes), pour lesquels le mot n’a pas de sens intrinsèque, mais des sens
potentiels qui peuvent être activés par les mots qui l’entourent. En ce sens, les patrons
lexico-syntaxiques liés aux mots sont révélateurs des sens du mot, et cette démarche
est rendue possible par l’étude de corpus.
Sur le plan didactique, nous avons souligné que la phraséologie du LST constitue
des difficultés majeures pour les apprenants. Afin de répondre à ces problèmes, nous
avons mené nos premières réflexions en vue des applications pédagogiques sur les
patrons verbaux, notamment en examinant trois ressources phraséologiques qui
inspirent notre conception d’un outil d’aide à la rédaction scientifique (cf. Chapitre
V).
58
Chapitre II.
Constitution et exploration des corpus
2.1. UNE APPROCHE INSCRITE DANS LA LINGUISTIQUE DE CORPUS .......................................... 61
2.1.1. La linguistique de corpus : apports et limites ..................................... 62
2.1.2. Une approche associant les analyses « corpus-based » et
« corpus-driven » ....................................................................................................... 63
2.2. L’UTILISATION DE TROIS CORPUS DANS NOTRE ANALYSE LINGUISTIQUE AVEC UN OBJECTIF
DIDACTIQUE PRECIS ....................................................................................................................... 64
2.2.1. Les usages de trois corpus dans notre etude ...................................... 64
2.2.2. L’interet des corpus dans l’enseignement et l’apprentissage des
langues etrangeres .................................................................................................... 66
2.3. LES CORPUS D’ANALYSE ......................................................................................................... 68
2.3.1. Le corpus d’analyse : Scientext-SHS........................................................ 68
2.3.2. Le corpus d’apprenants : corpus Sup-Chinois .................................... 70
2.3.3. Le corpus d’etudiants natifs : corpus Sup-Natifs ............................... 76
2.3.4. Les choix des methodes d’analyse pour le diagnostic des besoins
langagiers ...................................................................................................................... 78
2.3.5. Le tableau recapitulatif de comparabilite ............................................. 80
2.4. LES OUTILS D’EXPLOITATION ................................................................................................ 81
2.4.1. ScienQuest ........................................................................................................ 82
2.4.2. Le Lexicoscope ................................................................................................ 86
2.4.3. TXM ..................................................................................................................... 89
2.5. BILAN ...................................................................................................................................... 91
Dans ce chapitre, nous présentons les données de corpus utilisées dans notre
analyse linguistique avec un objectif didactique précis – l’enseignement des
constructions verbales du LST pour aider à la rédaction académique. L’analyse
linguistique se compose de deux parties, la première relative à l’étude des patrons
lexico-syntaxiques des verbes du LST dans l’écrit scientifique (cf. Chapitre IV), la
seconde à l’analyse des besoins langagiers liée à l’utilisation des verbes du LST chez
les apprenants chinois (cf. Chapitre V). Nous nous posons principalement les
questions suivantes : quel corpus de référence permet l’étude des caractéristiques
linguistiques de l’écrit scientifique ? Quelles données collecter pour identifier les
difficultés spécifiques concernant l’emploi des verbes et des constructions verbales du
LST pour les apprenants chinois et les scripteurs français novices dans l’écriture
académique ?
Pour ce faire, nous avons utilisé trois corpus. D’abord, le corpus d’experts
Scientext-SHS, utilisé en amont pour relever des constructions verbales
caractéristiques des pratiques expertes et en aval comme une source de données pour
59
Chapitre II
Nous commencerons par justifier le choix de l’approche sur corpus adoptée pour
l’étude des patrons verbaux. Ensuite, après avoir présenté la constitution des trois
corpus, nous nous interrogerons sur les questions de genre et de comparabilité liées
aux corpus. Pour finir, nous abordons les outils d’exploitation qui nous sont utiles
pour l’analyse sur corpus.
60
Chapitre II
enrichis par des étiquetages, et rassemblés : (i) de manière théorique réflexive en tenant
compte des discours et des genres, et (ii) de manière pratique en vue d’une gamme
1
Nous pouvons citer par exemple le dictionnaire Idiomatic and Syntactic English édité (ISED) par A.S.
Hornby et le dictionnaire Collins Cobuild English Dictionary (COBUILD) édité par J. M. Sinclair.
61
Chapitre II
Par ailleurs, comme le fait remarquer Sánchez Cárdenas (2010), si l’on considère
62
Chapitre II
Arrêtons-nous maintenant sur l’approche sur corpus adoptée pour l’étude des
patrons verbaux.
« corpus-driven »
Pour notre part, nous avons choisi de combiner ces deux approches qui nous
semblent compatibles et complémentaires. D’une part, nous privilégions l’approche
corpus-based dans la mesure où les corpus sont d’abord utilisés pour valider nos
hypothèses et illustrer le modèle linguistique développé. Par exemple, l’analyse des
deux corpus d’écrits d’étudiants permet de vérifier l’hypothèse selon laquelle
63
Chapitre II
manipuler des constructions verbales dans des écrits académiques est plus difficile
pour des apprenants chinois que pour des étudiants natifs du français. En outre, étant
donné que nous adoptons la ressource lexicographique du LVF comme point de départ
de notre analyse linguistique portant sur les verbes du LST dans le corpus
Scientext-SHS, nous partons du point de vue selon lequel il y a adéquation entre les
constructions syntaxiques et leur interprétation sémantique (Dubois &
Dubois-Charlier, 1997) (cf. Chapitre I). Ce postulat théorique est important pour
guider notre analyse linguistique, permettant de proposer une classification
sémantique des verbes du LST (cf. Chapitre III)
Dans la section suivante, nous aborderons les usages des trois corpus mentionnés
ci-dessus dans notre analyse linguistique avec un objectif didactique précis –
l’enseignement des constructions verbales du LST pour aider à la rédaction
académique.
64
Chapitre II
2015). Comme ces travaux, notre intérêt porte sur l’étude des phénomènes
phraséologiques dans une perspective didactique. Cependant, notre réflexion se
distingue de ces dernières sur le point suivant : nous cherchons à délimiter les objets
d’enseignement à partir des difficultés observés dans les corpus d’apprenants. À notre
connaissance, il existe de nombreuses études consacrées à la description des
phénomènes phraséologiques de la langue, mais peu d’entre elles se centrent sur les
difficultés des apprenants en français comme langue étrangère. Notons que nous
suivons ces études à propos de l’enseignement de ces éléments à partir des données
du corpus (cf. Chapitre V).
Enfin, notre étude vise à montrer que les corpus spécialisés comme Scientext
peuvent contribuer à l’amélioration de l’E/A dans le domaine de l’écrit scientifique, et
cela tant du point de vue linguistique, pour cibler les contenus d’enseignement, que du
point de vue didactique, pour intégrer les données authentiques, dans la classe de FLE
notamment. En nous inspirant de la proposition de Römer (2010)2, nous illustrons les
usages des trois corpus constitués dans le cadre de notre étude dans la figure 2-1 :
En amont En aval
Diagnostic des
Descriptions besoins Exploitations
linguistiques langagiers à concrètes dans
pour la classe travers l'étude la classe
comparative
Figure 2-1 : Les usages des trois corpus constitués dans notre étude
2
Cette figure se base sur la figure 2.1 proposée par Römer (2010, p. 19), elle constitue une version
adaptée à notre cas d’étude.
65
Chapitre II
Après avoir précisé les différents usages de trois corpus dans le cadre de notre
étude, nous présenterons dans la section suivante l’intérêt des corpus dans l’E/A des
langues étrangères.
langues étrangères
66
Chapitre II
Par ailleurs, il faut aussi mentionner les corpus d’apprenants, souvent constitués
dans le but de prendre en compte les productions d’apprenants en cours d’acquisition.
Ils peuvent donner accès aux erreurs et aux difficultés des apprenants (Boulton et al.,
2013). En outre, la comparaison des corpus d’apprenants par rapport aux corpus de
natifs permet de révéler les utilisations spécifiques liées aux apprenants (ex. : le
sous-emploi ou le suremploi des mots, des phrases et des constructions) (Paquot, 2010)
et d’aider à cibler des éléments linguistiques précis qui sont absents des discours des
apprenants. Ainsi, les corpus d’apprenants répondent aux objets/objectifs
d’enseignement puisque les résultats du diagnostic à partir des corpus d’apprenants
peuvent être intégrés dans les dictionnaires d’apprentissage, les manuels, les
méthodes ou les outils d’aide à la rédaction, etc. (Gilquin et al., 2007)
67
Chapitre II
pensons que ces deux corpus de petite taille ne peuvent représenter que des situations
d’enseignement précises. En revanche, même s’ils sont dotés d’une valeur
représentative moins importante, ils nous fournissent « une plus grande facilité
d’analyse, de prise en main, d’interprétation et de constitution » (Aston, 1997 ; cité
par Cavalla & Loiseau, 2014, p. 168), permettant d’établir un diagnostic plus ciblé et
de créer des matériaux didactiques plus spécifiques.
Nous abordons dans la section suivante les différentes étapes de constitution des
trois corpus.
3
Parmi les 500 articles scientifiques qui composent notre corpus d’analyse, seuls 164 articles, d’environ
1 million de mots, relevant de quatre disciplines (linguistique, psychologie, économie, sciences du
langage) sont diffusables et consultables en ligne.
68
Chapitre II
69
Chapitre II
4
Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur. Depuis 2014, cette agence est
devenue l’HCERES : Haut Conseil de l’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur.
70
Chapitre II
Ainsi, afin d’identifier les difficultés des apprenants liées à l’utilisation des
verbes et des constructions verbales du LST pour les aider ensuite dans leurs écrits
académiques, il nous semble important de prendre en compte à la fois les erreurs ainsi
que les cas de sous-emploi et de suremploi. Pour répondre à ce besoin, nous avons
donc constitué un corpus de FLE des non-natifs (le corpus Sup-Chinois) qui permet
de relever les erreurs centrées sur les verbes du LST dans les écrits académiques des
apprenants. Par ailleurs, nous avons utilisé un corpus de FLM des étudiants natifs (le
corpus Sup-Natifs) qui permet de mettre en évidence les cas de sous-emploi et de
suremploi liés à l’utilisation des verbes et des constructions verbales du LST chez les
apprenants chinois.
71
Chapitre II
• le sujet du mémoire
• la structure du mémoire
• la qualité de la langue
Ainsi, la rédaction des mémoires doit répondre non seulement aux exigences de
la langue (orthographe, lexique et syntaxe), mais aussi aux exigences argumentatives
et discursives. Autrement dit, l’étudiant doit montrer à travers la rédaction non
seulement ses connaissances sur la langue, mais aussi exprimer son point de vue,
formuler des hypothèses, synthétiser, établir la cause et l’effet, illustrer avec des
exemples et construire une argumentation, etc.
Il faut noter que les mémoires des apprenants chinois ne sont pas complètement
5
Un dictionnaire bilingue (chinois-français) en ligne : http://www.frdic.com/
6
Le mémoire de Master (硕士论文 shuòshì lùnwén en chinois) des promotions 2010 et 2011 comporte
environ 60 pages hors annexes. Il est rédigé pendant les deux dernières années du cycle de 3 ans.
72
Chapitre II
authentiques, car ils sont partiellement corrigés par les enseignants chinois, mais ceci
n’est pas gênant, sachant que les corrections ne portent que sur les erreurs
grammaticales (en particulier l’orthographe) et plus rarement sur les erreurs lexicales
ou syntaxiques. Par exemple, on peut trouver des erreurs lexicales comme s’acharner
à décrire la différence ou des erreurs sur les constructions comme le processus peut
illustré comme. Par ailleurs, de nombreux passages incompréhensibles nous amènent
à penser que la plupart des mémoires ne sont pas complètement corrigés, comme en
témoigne l’exemple suivant :
quantifiée, qui « suppose au contraire que le phénomène soit évalué dans sa durée à partir
chinois_linguistique_1)
Dans cet exemple, il est difficile de repérer le sujet de la phrase. Les structures
syntaxiques erronées rendent le texte incopmpréhensible. D’ailleurs, nous pouvons
avancer que les enseignants non-natifs ne connaissent pas toujours très bien les
éléments phraséologiques de la langue et que donc on pourra y retrouver des erreurs
inconnues de ces enseignants. En ce sens, les données collectées constituent des
indicateurs lexicaux qui fixent notre attention sur les erreurs effectives liées aux
constructions verbales et sur les besoins lexicaux ainsi manifestés.
Par rapport aux corpus des locuteurs natifs, les corpus d’apprenants représentent
les variétés des non-natifs dans l’apprentissage d’une langue seconde ou étrangère. En
ce qui concerne le nôtre, il s’agit d’un corpus qui représente une variété des étudiants
chinois dans l’apprentissage de français langue étrangère. À l’instar de Gilquin, nous
retenons deux aspects essentiels dans la définition des corpus d’apprenants :
73
Chapitre II
Les critères de conception qui influencent les productions des apprenants doivent
être contrôlés afin de valoriser l’utilité des corpus d’apprenants. Il nous paraît
important de prendre en compte ces critères dans la constitution du corpus et dans
l’interprétation des résultats. Nous rejoignons Granger et al., (2015) qui affirme que la
collecte aléatoire de données hétérogènes ne peut pas être considérée comme un
corpus d’apprenants. Cette affirmation rejoint la définition des corpus de Rastier que
nous avons évoquée dans la section 2.1. On peut en déduire qu’il ne devrait pas y
avoir de différences entre les corpus d’apprenants et les corpus de locuteurs natifs, les
uns comme les autres étant composés de données structurées. Tenant compte des
éléments mentionnés plus haut, nous adoptons la définition de Granger :
Computer learner corpora are electronic collections of authentic FL/SL textual data
assembled according to explicit design criteria for a particular SLA/FLT purpose. They are
encoded in a standardised and homogeneous way and documented as to their origin and
74
Chapitre II
académique
Le corpus ICLE est utilisé dans un grand nombre de recherches 8 qui visent à
identifier l’utilisation des structures grammaticales et des éléments lexicaux et
discursifs dans les écrits académiques des apprenants. La variété des sous-corpus,
composés des écrits produits par des apprenants de différentes langues maternelles
7
Consulté le 20 mai 2016 à l’adresse suivante : http://www.uclouvain.be/en-cecl-lcworld.html
8
Liste des publications basées sur l’étude du corpus ICLE :
http://www.fltr.ucl.ac.be/FLTR/GERM/ETAN/CECL/learner%20corpus%20bibliography.html
75
Chapitre II
En dehors du corpus ICLE, nous pouvons citer les projets suivants : the Hong
Kong University of Science & Technology learner corpus (HKUST) (Milton &
Chowdhury, 1994), the Corpus of Academic Learner English (CALE) (Callies &
Zaytseva, 2013), the Scientext English Learner Corpus (Henderson, 2014). Dans la
même lignée de ces travaux, on se focalise sur les besoins langagiers des apprenants
dans leurs écrits académiques en français. Cependant, notre corpus est spécialisé en ce
que nous nous focalisons sur le public des apprenants chinois, en vue de les aider à
répondre aux attentes scripturales de l’institution.
9
Corpus constitué par Rinck, F. Boch, F, & Jacques, M-P, consulté le 11/01/2016 à l’adresse suivante :
http://lidilem.u-grenoble3.fr/ressources/corpus-du-labo/article/corpus-litteracie-avancee
76
Chapitre II
en vue d’analyser les compétences rédactionnelles des étudiants en français. Enfin, ils
partagent certaines marques linguistiques, par exemple des marqueurs d’organisation
tels que tout d’abord, et des marqueurs énonciatifs comme on ou encore nous.
Cependant, il faut souligner que certaines différences existent entre ces deux corpus.
On revient sur cette question de comparabilité dans la section 2.3.5.
Comme le soulignent Gilquin et Paquot (2008), par rapport aux corpus d’experts,
les écrits des étudiants natifs fournissent des données mieux adaptées pour cibler les
difficultés des apprenants non-natifs dans la mesure où ils permettent d’effectuer une
comparaison d’une façon juste et égale. La question du type de modèle pour une
comparaison reste entière :
On the one hand, it can be argued that in order to evaluate foreign learner writing by students
justly, we need to use native-speaker writing that is also produced by students for
comparison. On the other hand, it can also be argued that professional writing represents the
norm that advanced foreign learner writers try to reach and their teachers try to promote. In
this respect, a useful corpus for comparison is one which offers a collection of what
Bazerman (1994: 131) calls ‘expert performances’. (Ädel, 2006, p. 206-207, cité par Gilquin
77
Chapitre II
de modèle parce que les étudiants natifs (universitaires), en tant que scripteurs novices
en matière de rédaction scientifique, sont eux-mêmes confrontés aux difficultés liées à
la maîtrise de l’écrit (par exemple, le mélange du registre) et à la construction des
savoirs disciplinaires (par exemple, la difficulté à se positionner) (Rinck, 2011). Ainsi,
dans une étude récente (Hatier & Yan, 2017) sur les constructions verbales de quatre
verbes (montrer, considérer, expliquer, décrire), nous avons observé que les difficultés
liées aux fonctions rhétoriques/discursives (absence de constructions verbales comme
s’expliquer par, considérons ces facteurs) sont largement partagées par les étudiants
natifs et non-natifs.
2.3.4. Les choix des méthodes d’analyse pour le diagnostic des besoins
langagiers
Nous allons maintenant nous arrêter sur les méthodes d’exploitation de corpus
d’apprenants. Compte tenu de nos objectifs liés à l’analyse linguistique des besoins
langagiers, nous avons adopté deux méthodes d’analyse dans l’analyse des corpus
d’apprenants : l’analyse des erreurs et l’analyse des résultats de comparaisons de
corpus.
78
Chapitre II
79
Chapitre II
Les deux corpus de mémoires d’étudiants chinois et français, même s’ils portent
la même dénomination, n’illustrent pas des pratiques identiques, car les mémoires
d’étudiants chinois ne suivent pas une démarche expérimentale. La méthodologie y
est absente et l’analyse scientifique consiste notamment à mener une discussion
culturelle et linguistique. De ce fait, il nous semble que les mémoires d’étudiants
chinois se rapprochent du genre de la dissertation. Par contre, ces deux corpus
relevant de l’écriture d’apprentissage peuvent être regroupés dans un même
sous-genre dit d’« écrits de recherche en formation » (Reuter, 2004). Comme le
soulignent Cadet et Rinck (2014, p. 4), ces mémoires produits dans le contexte
académique présentent une logique interne et externe (écritures codifiées) en posant
« la question de leurs relations avec “les écrits pour penser” et des relations entre
savoirs universitaires, savoirs scolaires et vécus ».
Rappelons que, pour l’ensemble de ces genres d’écrits, nous nous intéressons au
niveau lexical transdisciplinaire. Sur cette dimension linguistique, les articles de
recherche ont beaucoup de points communs avec les écrits de recherche en formation,
ce qui rend l’analyse comparative faisable. Néanmoins, nous sommes consciente que
les trois corpus d’analyse ne sont pas tout à fait comparables en matière de genre.
Lors de l’étape d’analyse contrastive, nous tiendrons compte de ces différences de
genre dans les corpus.
80
Chapitre II
Comme nous l’avons déjà expliqué, notre objectif en comparant ces trois corpus
est d’aboutir au diagnostic des difficultés liées aux verbes et aux constructions
verbales du LST pour les apprenants chinois, en prenant en considération les éléments
lexicaux et syntaxiques à enseigner dans les cours du FLE.
texte
Comme indiqué dans le tableau, le corpus Sup-Natifs est plus proche du corpus
Sup-Chinois, notamment aux niveaux de la taille, du genre et du type de texte. Il
servira donc de référence pour la comparaison. Par ailleurs, le corpus Scientext-SHS,
avec une taille beaucoup plus importante, constitue un modèle d’experts que les
scripteurs novices souhaitent atteindre, car il fournit les éléments linguistiques qui
nous intéressent en termes de fréquences.
Les différences entre les trois corpus, notamment celles liées aux disciplines
seront prises en compte dans l’interprétation des données. Nous expliquons dans la
section suivante la méthode et les outils d’exploitation pour les trois corpus d’analyse.
Dans cette partie, nous présentons trois outils d’exploitation utilisés dans notre
81
Chapitre II
2.4.1. ScienQuest
10
http://corpora.aiakide.net/scientext18
11
La plateforme comporte un ensemble de sous-corpus en ligne : un corpus français d’écrits
scientifiques, un corpus anglais d’écrits scientifiques, un corpus anglais d’apprenants et un corpus
expérimental de commentaires évaluatifs. En outre, un corpus français d’apprenants est en cours de
construction.
82
Chapitre II
patrons verbaux dans les articles de recherche relevant de 10 disciplines SHS, toutes
les parties textuelles confondues.
Figure 2-2 : Sélection d’un sous-corpus dans ScienQuest pour le corpus français
de Scientext : articles de recherche dans 10 disciplines SHS
Après avoir délimité le corpus d’analyse, nous pouvons accéder aux requêtes par
trois modes de recherche fondés sur le même langage du moteur de recherche
ConcQuest12 développé par Kraif et Falaise (Falaise et al., 2011b) : une recherche
sémantique qui fournit un accès onomasiologique, renvoyant à des fonctions
sémantiques spécifiques préétablies (ex. : formulation d’une hypothèse), une
recherche libre guidée qui permet de définir la requête aux niveaux
morphosyntaxiques et syntaxiques (ex. : le verbe montrer accepte quel type de noms
comme objet direct), et une recherche avancée qui utilise des expressions régulières et
les dépendances syntaxiques dans une requête complexe (ex. : création de requêtes
complexes avec des relations syntaxiques variées).
Nous adoptons dans notre étude le mode de recherche libre guidée en raison de
sa simplicité d’accès (notamment par rapport à la recherche avancée qui est davantage
réservée aux linguistes familiarisés avec le TAL) qui permet de sélectionner des
12
Un logiciel d’extraction de concordances permettant de rechercher des expressions complexes.
83
Chapitre II
formes, des lemmes, des catégories et des relations syntaxiques simplement. En outre,
il est possible de limiter le nombre d’occurrences à 100 mots ou plus, et paramétrer
les contextes gauche et droit selon les besoins. La figure 2-3 illustre la recherche pour
le verbe observer ayant comme sujet les pronoms nous/on/je et comme objet direct un
nom.
Figure 2-3 : Requête pour le verbe observer ayant comme sujet les pronoms
nous/on/je et objet les noms
Dans ScienQuest, une fois les requêtes terminées, les concordances affichées
dans un format classique KWIC (Key Word In Context) peuvent être filtrées,
sauvegardées, puis exportées dans un tableur (format HTML, CSV ou XLSX) pour
effectuer une analyse notamment sémantique des patrons verbaux. Les statistiques sur
les occurrences trouvées peuvent être obtenues en fonction de différents critères :
forme, lemme, catégorie, traits morphosyntaxiques, partie textuelle, genre et
discipline. Par exemple, la figure 2-4 indique le nombre d’occurrences et le
84
Chapitre II
85
Chapitre II
2.4.2. Le Lexicoscope
13
Cet outil permet d’avoir, pour un mot donné, l’ensemble de ses co-occurrents les plus significatifs, il
est accessible en ligne : http://dip01.u-grenoble3.fr/~kraifo/lexicoscope/
86
Chapitre II
Ces données se révèlent utiles pour interpréter les valeurs sémantiques du verbe.
87
Chapitre II
Figure 2-8 : Requête pour le verbe analyser ayant comme sujet les pronoms et
objet les noms
Figure 2-9 : Lignes de concordances pour le verbe analyser ayant comme sujet
les pronoms et objet les noms
Rappelons que sur le plan linguistique, le corpus Scientext-SHS est utilisé pour
88
Chapitre II
observer les constructions syntaxiques associées au verbe du LST ainsi que les
collocations au niveau des arguments sélectionnées par le verbe. Nous envisageons
d’extraire ces informations de manière semi-automatique avec des techniques de TAL,
puisque le travail d’extraction automatique présente certaines limites (cf. Chapitre III)
et le recours aux outils ScienQuest et Lexicoscope nous permet de vérifier et d’affiner
les données extraites, facilitant par conséquent l’interprétation sémantique des
constructions verbales.
Reste à présenter l’outil TXM qui nous a servi pour l’analyse des corpus
Sup-Chinois et Sup-Natifs.
2.4.3. TXM
Les deux corpus d’étudiants ont été annotés au plan textuel par deux linguistes
qualifiés14 sous le format TEI Lite (Text Encoding Initiative), avec le langage de
balisage XML. En outre, un étiquetage morphosyntaxique a été réalisé 15 avec
l’étiqueteur MElt 16 pour rendre possible l’extraction automatique d’informations
grammaticales.
Afin d’examiner l’emploi des constructions verbales du LST dans ces deux
corpus, nous avons procédé à une analyse manuelle à l’aide du logiciel Textométrie
(TXM)17, conçu par Heiden et ses collègues (Heiden, Magué, & Pincemin, 2010). Ce
logiciel a l’avantage de proposer des requêtes en Corpus Query Language (CQL) et
par conséquent de créer des concordances pour des schémas lexico-grammaticaux
complexes (Pecman, 2012, p. 122). Nous donnons ci-dessous deux exemples de
requêtes.
14
Le corpus d’apprenants chinois est annoté par Clarisse Bayol, étudiante de Master en sciences du
langage à l’Université Stendhal, celle-ci est encadrée par Thi Thu Hoai Tran ; le corpus d’étudiants
français est annoté par Marie-Paule Jacques dans le cadre du projet « Littéracie avancée ».
15
Nous remercions Marie-Paule Jaques pour son travail d’étiquetage morpho-syntaxique dans le corpus
Sup-Chinois.
16
Un étiqueteur statistique librement disponible en ligne : http://gforge.inria.fr/projects/lingwb/
17
http://textometrie.ens-lyon.fr/
89
Chapitre II
(2) [lemma="comme"][]{0,5}[lemma="montrer|indiquer|souligner|expliquer"]
comme je l’ai indiqué plus haut, comme nous l’explique X, comme on l’a
souligné dans le texte, etc.
Comme on peut le constater, il est possible de faire une requête sur une propriété
du mot (catégorie grammaticale), une combinaison d’informations (croisement d’une
catégorie et d’un trait morphologique) ainsi que des séquences d’unités lexicales
(insertion ou distance). La première requête permet d’extraire les occurrences du
verbe décrire au participe passé et précédé d’un nom commun avec une distance de
zéro à quatre. La deuxième requête permet d’extraire les occurrences des
constructions en comme suivis des verbes montrer, indiquer, souligner et expliquer.
De cette manière, nous pouvons donc vérifier si les formes verbales ou les
constructions verbales récurrentes dans les écrits scientifiques se rencontrent dans les
deux corpus d’étudiants. La figure 2-10 illustre la deuxième requête dans le corpus
Sup-Natifs :
Figure 2-10 : Requête des constructions en comme avec les verbes montrer,
indiquer, souligner et expliquer dans le corpus Sup-Natifs
Les occurrences peuvent être affichées en associant leur forme et leur propriété
morphosyntaxique. Il y a 192 occurrences et la colonne « pivot » recense les mots
recherchés. Par défaut, les concordances sont triées par ordre alphabétique de la
90
Chapitre II
colonne « pivot ». Notons en outre que les concordances peuvent être exportées au
format CSV. Pour résumer, l’exploration de deux corpus d’étudiants associe l’analyse
manuelle et automatique et permet ainsi d’étudier l’emploi des verbes et des
constructions verbales du LST dans les écrits des scripteurs novices par rapport aux
experts.
2.5. Bilan
Dans ce chapitre, nous avons présenté les données collectées dans notre étude.
Nous nous sommes positionnée d’abord par rapport à la vision sur la linguistique de
corpus qui constitue de nos jours la méthodologie privilégiée de recherche
linguistique. Néanmoins, on ne peut pas se passer des théories linguistiques existantes
et négliger l’importance des interprétations des données. Dans le domaine de l’écrit
scientifique et académique, il a été démontré que les corpus sont utiles non seulement
pour comprendre le fonctionnement de la langue du genre, mais aussi pour favoriser
son apprentissage.
Nous avons introduit successivement les corpus qui jouent chacun un rôle dans
notre analyse linguistique avec un objectif didactique précis tel que l’aide à la
rédaction académique. Nous nous sommes concentrée plus particulièrement sur la
présentation du corpus d’apprenant Sup-Chinois qui permet d’effectuer une étude de
diagnostic des besoins langagiers. Comme nous l’avons montré, dans le domaine du
FLE, il existe peu de corpus d’apprenants inscrits dans un genre précis comme l’écrit
académique, et ayant pour objectif le diagnostic des besoins langagiers. Il s’agit donc
d’un aspect qui montre l’intérêt de notre étude. Nous avons ensuite abordé la question
de la comparabilité des corpus dans le cadre de notre étude. Certes, il existe différents
critères de comparabilité, que ce soit qualitatifs ou quantitatifs, mais ils ne peuvent
pas tous être pris en compte. En ce qui concerne notre étude, la comparabilité des trois
corpus est basée à la fois sur certaines caractéristiques communes aux textes et sur les
objectifs applicables des corpus. Enfin, nous avons illustré l’utilisation de plusieurs
outils d’exploitation (ScienQuest, Lexicoscope et TXM) qui facilitent notre analyse
linguistique sur corpus.
91
Chapitre III.
Les patrons lexico-syntaxiques des verbes du
LST : de l’extraction à la modélisation
3.1. EXTRACTION DES VERBES DU LST ET DES CADRES DE SOUS-CATEGORISATION .............. 93
3.1.1. Extraction des verbes du LST .................................................................... 93
3.1.2. Extraction des cadres de sous-categorisation par TAL ................... 94
3.2. TRAITEMENT SEMANTIQUE DES VERBES DU LST ............................................................... 97
3.2.1. Reperage des acceptions avec la ressource LVF ................................. 98
3.2.2. Classification semantique ......................................................................... 104
3.3. UTILISATION DU MODELE CPA DANS L’ECRIT SCIENTIFIQUE .......................................... 108
3.3.1. Attribution des types/roles semantiques ........................................... 109
3.3.2. Vers des patrons syntaxiques specifiques au genre ....................... 114
3.3.3. Representation des patrons par entree onomasiologique ........... 120
3.3.4. Recapitulatif des points communs et des differences................... 122
3.4. BILAN .................................................................................................................................... 123
92
Chapitre III
(2) Identification des sens du verbe à partir des cadres extraits et des lignes de
concordances du corpus Scientext-SHS, en faisant des correspondances
avec la ressource LVF
(3) Créations des patrons en adaptant le modèle CPA à notre objectif spécifique
1
Dans le PDEV, la construction des patrons lexico-syntaxiques d’un verbe se réalise à partir de 250
lignes de concordances aléatoires, un numéro identique du patron est attribué à chaque ligne de
concordance partageant le même sens.
93
Chapitre III
La liste des mots ainsi obtenue est ensuite soumise à la validation finale par des
experts linguistes en s’appuyant sur des exemples phrastiques issus de différentes
disciplines et sur les associations lexicosyntaxiques les plus significatives extraites
des analyses en dépendances (Hatier, et al., 2016). À l’issue de la validation manuelle,
on obtient une ressource du LST composée de 1297 mots pleins (noms, verbes,
adjectifs et adverbes) dont 342 verbes simples. La liste des verbes du LST est
détaillée dans l’Annexe 1. Par ailleurs, cette liste du LST est enrichie par une
classification sémantique en classes et sous-classes transcatégorielles (noms, verbes,
adjectifs et adverbes)2 à travers un travail manuel d’identification des sens présents
dans le corpus Scientext-SHS, ce qui permet de passer d’une liste de lemmes du LST
à une liste ayant pour entrées des acceptions. Nous reviendrons sur ce point dans la
section 3.2.2.
Une fois l’extraction des verbes effectuée, nous envisageons dans un deuxième
temps d’extraire les cadres de sous-catégorisation des verbes du LST.
Le travail d’extraction des cadres effectué par Hatier est basé sur le corpus
Scientext-SHS annoté aux niveaux morphologique et syntaxique à l’aide de
2
Nous avons effectué le travail du traitement sémantique des verbes du LST dans le cadre du projet
TermITH dont l’objectif est d’établir une ressource du LST pour analyser les procédés rhétoriques
propres au genre de l’écrit scientifique et pour aider à la rédaction et à la compréhension scientifique. Les
traitements sémantiques des autres catégories grammaticales du LST (noms, adjectifs et adverbes) sont
effectués en parallèle par d’autres collègues du projet.
94
Chapitre III
l’analyseur en dépendances XIP (Yan & Hatier, 2016 ; Hatier & Yan, 2017). Nous
résumons ci-dessous ce travail d’extraction en deux étapes :
Dans un premier temps, pour chaque occurrence verbale, l’ensemble des relations
syntaxiques impliquant le verbe étudié est extrait automatiquement à l’aide du corpus
analysé en dépendances avec XIP (voir la figure 2-7). Dans un deuxième temps,
certaines relations de dépendance sont regroupées sous une même étiquette3 (ex :
passif, complétive), ce qui permet de faire émerger les constructions syntaxiques les
plus fréquentes. Il s’agit d’un regroupement des occurrences en convertissant les
représentations selon un formalisme proche du modèle CPA.
3
Les compléments adverbiaux ne sont pas pris en compte.
95
Chapitre III
également intégré le trait [+hum] lorsque le co-occurrent est un des pronoms suivants :
je, on, nous (le trait [-hum] indique que le co-occurrent ne relève pas de ces pronoms).
Le tableau 3.1 présente, pour l’exemple du verbe montrer, les trois cadres les plus
fréquents associés à ses compléments les plus fréquents (le chiffre précédant le
co-occurrent étant le nombre de fois où le mot apparaît dans cette relation, dans le
cadre indiqué).
Il nous est alors possible d’identifier le cadre le plus fréquent (ici 762
occurrences) pour le verbe montrer, comprenant un sujet non humain et une
complétive introduite par que. Sont également renseignés, pour chaque cadre, des
exemples ainsi que les co-occurrents les plus fréquents. Par exemple, pour le premier
cadre, les co-occurrents les plus fréquents à la place du sujet sont les noms résultat,
analyse, étude, travail et tableau.
Néanmoins, l’extraction des cadres par les techniques de TAL présente aussi des
limites. D’une part, nous avons constaté des erreurs venant de l’analyse syntaxique
4
Les cadres de sous-catégorisation extraits pour les verbes du LST sont mis en ligne par Hatier et
consultables à l’adresse suivante : http://sylvain.hatier.me/lst/lst_csc.php
96
Chapitre III
Compte tenu de ces limites, nous pensons qu’il est indispensable de faire une
vérification manuelle à partir des cadres de sous-catégorisation identifiés. Pour cela,
nous utilisons le Lexicoscope pour enrichir les informations sur les co-occurrences au
niveau des actants tous cadres confondus, et observons, à l’aide des outils
Lexicoscope et ScienQuest, les concordances correspondant aux cadres afin de
vérifier en corpus leur validité. Par ailleurs, concernant le calcul de fréquence des
cadres, étant donné que nous ne pouvons pas avoir une statistique approximative,
nous avons choisi de ne pas intégrer le nombre d’occurrences dans notre analyse
linguistique de patrons verbaux. L’absence de cette information n’est pas gênante
puisque le travail d’extraction des cadres de sous-catégorisation a identifié les
constructions syntaxiques les plus fréquentes. Notre objectif est d’analyser les
constructions verbales fréquentes et non pas toutes les constructions qui apparaissent
dans le corpus, car sur le plan didactique ce sont des éléments intéressants à aborder.
La liste des verbes du LST obtenue à la suite de l’extraction automatique est une
liste de lemmes. Ces verbes peuvent être polysémiques, par exemple le verbe
supposer renvoie à la formulation d’une hypothèse (supposons que tout le marché soit
effectivement servi…) ou au fait de produire une conséquence logique (nos résultats
laissent supposer que…). Il nous semble donc important d’identifier les sens présents
pour chaque verbe du LST. Pour ce faire, nous nous basons sur la ressource Les
verbes du français (LVF). En effet, comme évoqué dans le chapitre I, ce dictionnaire
se caractérise d’une part par l’exhaustivité de l’inventaire des emplois des verbes
français, et d’autre part par la mise en corrélation entre les constructions syntaxiques
97
Chapitre III
Nous procédons aux traitements sémantiques des verbes du LST qui comportent
deux étapes :
Nous commençons par le repérage des acceptions des verbes du LST présents
dans le corpus en nous référant aux entrées verbales répertoriées dans le LVF. Nous
travaillons à partir d’un fichier Excel qui conserve tous les verbes extraits (334 au
total) et répertoriés dans le LVF. Dans le tableau 3-2, toutes les acceptions considérées
comme relevant de l’écrit scientifique sont marquées dans la colonne « LST
Oui/Non ».
Tableau 3.2 : Repérage des acceptions des sens relevant de l’écrit scientifique à
partir du modèle lexicographique LVF
Par exemple, pour le verbe aborder, six entrées sont répertoriées dans le LVF,
98
Chapitre III
mais nous n’avons repéré qu’une seule acception (aborder 04) présente dans le
corpus. Pour les analyses, nous nous inspirons d’abord des domaines du LVF (voir la
colonne E). Nous éliminons dans un premier temps les entrées (aborder 01, 02, 03)
appartenant aux domaines sans rapport avec le contexte scientifique comme le
domaine de la marine, du militaire, et des véhicules motorisés, etc. Ensuite, nous
recensons les acceptions présentes dans le corpus et relevant de l’écrit scientifique5 à
l’aide des cadres de sous-catégorisations et des concordances extraites du corpus. Par
exemple, le cadre de sous-catégorisation le plus fréquent du verbe aborder se présente
comme suit :
(SUBJ-hum) aborder_VERB(OBJ-hum)
[1] Nous souhaitons aborder la question des pathologies sociales et des logiques de
réification telle qu’elle a été récemment reposée par Axel Honneth. (scinfo_40)
5
Parmi les sens présents dans le corpus, nous ne retenons que les sens utilisés dans les activités
scientifiques, qu’il s’agisse du positionnement, du raisonnement ou des processus d’écriture. Par
exemple, le sens ‘manifester un sentiment’ du verbe du LST exprimer dans l’exemple exprimer sa colère
appartenant à la langue générale ne relève pas d’un usage spécifique à l’écrit scientifique. Ainsi, ce sens
n’a pas été retenu.
99
Chapitre III
Il est intéressant de constater que les sens des verbes du LST dans l’écrit
scientifique relèvent souvent de sens spécifiques ou abstraits qui diffèrent du sens
premier indiqué dans les dictionnaires classiques, mais il en est souvent proche. Le
sens LST est généralement une spécialisation d’un sens apparaissant dans le LVF.
Autrement dit, les sens LST peuvent à la fois se rapprocher des sens du LVF et se
spécialiser. Nous présentons ci-dessous deux cas représentatifs rencontrés dans la
phase du repérage des acceptions scientifiques.
[2] Pour cela, nous utilisons les modèles de durée appliqués aux périodes de chômage
indemnisé. (économie_34)
Nous mettons en lien ce sens avec l’entrée 10 du verbe appliquer qui prend le
sens ‘adapter’ (voir le tableau 3.3).
100
Chapitre III
Le LVF indique deux constructions verbales liées à ce sens : « T13a0 » qui se lit
« transitif direct à sujet humain et à objet chose, suivi par un complément introduit par
la proposition à » et « P30a0 » qui veut dire « construction pronominale à sujet chose
et suivi par un complément introduit par la proposition à ». Même si le passif n’est
pas indiqué dans le LVF, il s’agit bien du même sens. Dans notre tableau d’analyse
(tableau 3.2), nous ajoutons la colonne « passif » pour indiquer les cas où le sens
s’associe préférentiellement à cette construction dans l’écrit scientifique. Cette
information intéressante du point de vue didactique sera ensuite ajoutée dans la
modélisation des patrons verbaux. En ce qui concerne les constructions syntaxiques,
hormis le passif, nous rencontrons aussi des constructions à l’impératif (ex. :
considérons ces cas) ou impersonnelles (ex. : il est montré que) dont la plupart sont
spécifiques ou largement présentes dans l’écrit scientifique. Nous essayons de voir si
le sens lié à ces constructions se trouve dans le LVF. Si le sens est présent, nous
notons la variation syntaxique, sinon, il nous faut décrire et expliquer le nouveau sens.
[3] Notre approche ne postulant pas l’existence de structures syntaxiques autonomes par
rapport aux termes constitutifs d’un énoncé, le débat ne peut pas être posé dans les
mêmes termes.
Il s’agit ici d’un emploi métonymique. En effet, dans l’exemple, ce n’est pas
l’approche qui postule, mais c’est la personne qui postule au moyen d’une approche.
101
Chapitre III
De ce fait, nous considérons que le sens de l’exemple [3] peut correspondre à l’entrée
02 du verbe postuler dans le LVF, comme dans le tableau 3.4.
Quand le sens identifié dans le corpus est absent du LVF, nous créons une
nouvelle acception pour le verbe dans notre tableau d’analyse. Ceci est souvent le cas
quand le verbe accepte un sujet inanimé et qu’il ne s’agit pas d’un emploi
métonymique. Nous allons illustrer ce cas avec deux exemples concrets : les verbes
caractériser et interroger.
Pour le verbe caractériser, nous relevons deux sens dans le corpus : le premier
sens est ‘mettre en évidence des traits’ où le verbe a un sujet humain, comme dans
l’exemple [4] :
[4] Si on prend en compte le fait que les entités directement touchables sont les substances
rôle. (linguistique_33)
Alors que le deuxième sens est ‘constituer le trait distinctif de quelque chose’ où
le verbe choisit un sujet inanimé comme dans l’exemple [5] :
[5] Lorsqu’on la situe dans le prolongement des discours du XVII e siècle sur le roman,
102
Chapitre III
romanesque au XVIIIe siècle semble donc moins relever d’une rupture avec un mode
En revanche, le LVF ne présente qu’un seul sens pour le verbe caractériser (voir
le tableau 3.5) :
L’opérateur « [ind] qc/qn par trait » veut dire « montrer quelque chose ou
quelqu’un par un trait » et la construction « T1908 » se lit « transitif direct à sujet
humain et à objet chose ou humain, peut être suivi par un circonstant de manière ».
Cette entrée verbale rejoint le premier sens. Il semble donc nécessaire de créer une
nouvelle acception pour le verbe dans le sens de ‘constituer le trait distinctif de
quelque chose’.
par ces deux instances autres que la famille que sont le groupe de pairs et les nouveaux
[7] Plus généralement, l’ensemble de ces observations interroge la nature des opérations
Dans ces deux exemples, le verbe interroger ayant un sujet inanimé prend le sens
‘mettre en cause, contester la vérité’. Dans le LVF, les entrées verbales ont un sujet
humain et les sens présents impliquent soit un questionnement (voir les entrées 01, 04,
et 05) soit une consultation (voir les entrées 02 et 03), étant assez éloignés du sens
spécifique trouvé dans le corpus, comme illustré dans le tableau 3.6.
103
Chapitre III
Ainsi, nous avons créé une nouvelle acception pour le verbe dans le sens de
‘mettre en cause, contester la vérité’ considérant que celui-ci est spécifique à l’écrit
scientifique.
Nous avons présenté dans ce qui précède le repérage manuel des acceptions des
verbes du LST à travers notamment deux cas représentatifs. À l’issue du repérage,
nous obtenons 515 acceptions pour 334 verbes.
104
Chapitre III
Dans un premier temps, nous nous inspirons des « opérateurs » du LVF. Les
éléments primaires des « opérateurs » permettent d’interpréter sémantiquement un
verbe en utilisant des fonctions sémantiques telles que « dic » (communiquer quelque
chose), « fac » (réaliser une action), « ind » (montrer), etc. À partir de ces fonctions,
nous avons commencé à regrouper les acceptions des verbes qui partagent le même
code dans la même classe.
Ensuite, nous souhaitons faire émerger des classes lexico-syntaxiques grâce aux
constructions syntaxiques. Par exemple, l’opérateur « [ger.mens] QUE » regroupe les
acceptions ayant une valeur sémantique ‘avoir une telle pensée’ et comportant la
complétive que. Nous obtenons ainsi les verbes suivants qui expriment une opinion
neutre : concevoir, considérer, estimer, juger, supposer.
Par ailleurs, nous marquons les sous-classes où les acceptions ont un sujet
humain avec le signe dièse (ex. : la sous-classe « #comparaison ») pour les distinguer
de celles qui ont un sujet non humain lorsqu’il ne s’agit pas d’emplois métonymiques.
6
Le Trésor de la langue française informatisé (TLFi), consultable en ligne : http://atilf.atilf.fr/tlf.htm
105
Chapitre III
Il faut noter que les classifications sémantiques manuelles sur les quatre
catégories (nom, adverbe, adjectif et verbe) ont été effectuées concomitamment et de
façon collaborative7 pour garantir l’homogénéité transcatégorielle dans le cadre du
projet Termith. Ainsi, certaines classes couvrent plusieurs catégories étudiées, par
exemple la sous-classe « description » couvre le verbe présenter-2 dans le sens de
‘montrer, exposer’ (les résultats sont présentés dans le tableau) et le
nom présentation-1 dans le sens de ‘fait de montrer’ (cette présentation des différents
types de théories pragmatiques).
7
Un travail d’harmonisation a été effectué par Magdalena Augustyn entre les classifications des
catégories grammaticales (adjectifs, noms, adverbes et verbes). Nous la remercions également pour son
aide dans la construction des classes des verbes.
106
Chapitre III
Une fois la classification des verbes effectuée, nous obtenons une ressource des
verbes du LST dont les entrées lexicales sont des acceptions, avec pour informations,
la classe, la sous-classe et une courte définition. Il nous reste à enrichir cette ressource
avec l’analyse des patrons lexico-syntaxiques par classe de verbes.
Nous allons présenter dans la section suivante la modélisation des patrons fondée
sur le modèle CPA en précisant les points qui différencient notre travail de celui de
Hanks. Rappelons que notre objectif est plus spécifique, car lié à l’écrit scientifique et
qu’il s’inscrit dans une perspective didactique d’aide à la rédaction scientifique.
107
Chapitre III
Rappelons que notre choix du modèle CPA se justifie par les caractéristiques du
modèle. D’abord, le CPA est présenté comme une méthode destinée à décrire le
comportement lexico-syntaxique du verbe à travers l’analyse des patrons. Les patrons
CPA sont considérés comme des patrons de sens. Comme le souligne EL Maarouf
(2011, p. 89), l’avantage de ce modèle est qu’il permet de « décrire le sens d’un verbe
en contexte en fonction des patrons principaux dans lesquels il est employé ». Dans
un deuxième temps, il utilise des catégories sémantiques nommées « types
sémantiques » pour caractériser les arguments nominaux qui apparaissent dans un
patron (cf. Chapitre I), ce qui affine l’analyse du sens. Ainsi, en identifiant les patrons
principaux d’un verbe, nous prenons en compte non seulement les constructions
syntaxiques récurrentes, mais aussi les collocations/co-occurrences qui entourent le
verbe. Enfin, le CPA accorde un rôle primordial aux corpus et aux contextes. Ce
faisant, les patrons représentent les emplois usuels et réels du mot dont les apprenants
ont besoin. En vue de faciliter les tâches rédactionnelles liées aux écrits universitaires,
il nous semble donc primordial de dégager chaque sens de mot en contexte, ce qui
permettra ensuite la désambiguïsation lexicale.
Étant donné que notre objectif est de relever les emplois usuels du verbe dans le
domaine de l’écrit scientifique avec une visée didactique, il nous a semblé essentiel
d’adapter le modèle CPA à nos besoins. En fait, la modélisation des patrons des
verbes du LST doit déboucher sur une ressource de patrons (sous format
lexicographique) à laquelle l’enseignant peut avoir accès pour l’aide à l’écrit
scientifique. Dans la section suivante, nous présenterons notre modélisation des
patrons des verbes du LST en réfléchissant sur la façon de présenter cette ressource de
patrons. Nous aborderons les questions essentielles suivantes :
108
Chapitre III
fréquence=100%)
Objective]] to happen
Comme dans le CPA, nous ajoutons des types sémantiques dans la construction
d’un patron. Dans un premier temps, nous nous appuyons sur les co-occurrents
109
Chapitre III
[8] Loin de rejeter les théories classiques de l’anthropologie culturelle du XXe siècle, on
montre que l’obsession de l’authenticité culturelle n’est pas nouvelle et que l’éloge du
[9] Certains rejettent catégoriquement l’idée d’une préposition vide ou, plus
[10] L’hypothèse de marchés complets étant rejetée, nous nous intéressons aux alternatives
110
Chapitre III
Cette liste des types sémantiques pourrait être complétée et enrichie par d’autres
types sémantiques au fur et à mesure de la construction des patrons. Il faut noter que
la plupart des unités lexicales relevées peuvent être catégorisées avec les
classes/sous-classes des noms du LST. Cependant, lorsque la majorité des occurrences
n’appartient pas aux noms du LST, nous choisissons de créer un type sémantique pour
les représenter.
[11] Cependant, nous pouvons supposer que ce n’est pas le seul facteur qui explique le
[12] Les difficultés financières de la ville (Zawatka - Gerlach, 2005) et des principes
différence. (geo.xml-s1427)
111
Chapitre III
[13] La dépense importante que ces spectacles entraînent explique peut-être leur absence
Ici, le verbe prend le sens de ‘constituer une des causes de’. Les noms facteur,
difficulté et dépense en position sujet peuvent être catégorisés comme [[élément]]
explicatif. Les noms succès, différence et absence en position objet peuvent être
regroupés sous les types sémantiques [[cas|relation]]. En analysant une variété des
occurrences au niveau des arguments du verbe, nous pouvons proposer le patron
suivant :
environnement, bien-être)
Ici, le type sémantique [[situation]] peut être défini comme l’ensemble des
conditions matérielles ou morales dans lesquelles se trouve une personne. Dans ces
deux patrons, les unités lexicales en position objet sont du même type sémantique et
pourtant les co-occurrents sont différents. En effet, d’une part, notre corpus est limité.
D’autre part, cette différence est liée au sens de ces deux verbes. Le verbe confronter
implique une signification négative ‘se trouve contraint de faire face à quelque chose’
et il mobilise plus souvent des mots à polarité négative (difficulté, échec, etc.). Le
verbe améliorer veut dire ‘changer en mieux’ et est souvent entouré des mots tels que
condition, confort, situation, environnement, etc. Nous avons donc associé le rôle
sémantique [[négatif]] au type sémantique [[situation]] dans le patron du verbe
112
Chapitre III
Enfin, en combinant les types et les rôles sémantiques, nous parvenons à décrire
les unités lexicales au niveau des arguments d’un patron donné, faisant ressortir le
sens du verbe.
[14] En mobilisant une approche intégrative mêlant la problématique du lien social sur
113
Chapitre III
Face aux difficultés liées à l’attribution des types sémantiques, une des solutions
serait de lister les principaux co-occurrents dans une position syntaxique donnée et de
les associer au type sémantique. L’intégration des co-occurrents permet de mettre en
lumière les relations collocationnelles entre le verbe et les mots qui l’entourent. En
outre, rappelons que l’identification des préférences sémantiques au niveau des
arguments d’un patron donné consiste à mettre en évidence le sens du patron. Les
patrons des verbes du LST sont des patrons prototypiques et il ne faut pas qu’ils
deviennent des modèles à suivre impérativement. En fin de compte, il est impossible
que les types/rôles sémantiques décrivent toutes les possibilités du mot puisque d’une
part, notre corpus est limité et que d’autre part, la langue est un système évolutif et de
ce fait, l’interaction entre les sens du verbe et ses arguments est imprévisible :
The interaction between the meanings of V and that of N may cause the semantic type of N
Ainsi, pendant l’attribution des types sémantiques, le choix d’un type sémantique
est souvent le résultat d’un compromis. D’un côté, nous tenons à proposer des
catégories sémantiques qui incluent la majorité des unités lexicales ; de l’autre, nous
ne listons pas toutes les possibilités, ce qui risquerait d’alourdir la lecture du patron.
114
Chapitre III
Selon Hanks, le sens du patron prime sur les variations syntaxiques et de ce fait,
les variations syntaxiques qui n’ont pas d’influence sur le sens du verbe (par exemple,
la phrase à la forme passive) ne sont pas traitées comme un patron à part. On se
démarque de Hanks sur ce point, puisque nous identifions les patrons verbaux dans le
genre de l’écrit scientifique. Il apparaît important de prendre en compte les variations
syntaxiques dans la modélisation des patrons dans la mesure où les verbes du LST se
caractérisent par des constructions spécifiques, importantes à souligner au plan
didactique. À partir des cadres de sous-catégorisations extraits, nous pouvons
constituer des patrons syntaxiques. Nous présentons ci-dessous quelques cas de
variations syntaxiques rencontrées dans notre analyse avec notamment l’exemple du
verbe expliquer. Dans l’écrit scientifique, ce verbe possède une large gamme de
structures syntaxiques.
(OBJ -hum)(PASSIF)expliquer_VERB
115
Chapitre III
[15] Remarquons que certains phénomènes peuvent déjà être expliqués à la lueur de ce que
[16] Si les élèves des deux groupes se soumettent à des tests de connaissance en fin de
ci-dessus…(scienceseducation.xml-s8089)
[17] On peut ainsi expliquer l’attrait contemporain pour la notion de réseau en santé, dans
réduits. (economie_21)
116
Chapitre III
semble que), introduire une interprétation (il en découle que), etc. Compte tenu de la
diversité des fonctions rhétoriques que jouent ces constructions, il s’avère important
de les organiser selon leurs fonctions rhétoriques manifestées. Ceci pourrait constituer
une entrée onomasiologique intéressante pour la rédaction scientifique. En revanche,
la présence de ces constructions ne donne pas lieu à la création d’un nouveau patron.
Nous choisissons de les marquer sous forme de commentaires pour ne pas alourdir la
représentation des patrons (cf. Chapitre IV). Par exemple, nous avons relevé des
contextes impersonnels (il est à noter que, il convient de noter que, il est intéressant
de noter que) et des constructions avec verbes impersonnels introducteurs pour le
verbe noter dans notre corpus (il faut noter que). Nous les associons au patron
principal ci-dessous qui s’actualise dans l’exemple 18 :
[18] On peut noter que le facteur d’impact de certaines revues en libre accès s’envole.
(scinfo.xml-s13373)
Les constructions en comme sont très productives dans l’écrit scientifique. Ces
marqueurs introduisent « des comparatives méta-énonciatives » (Debaisieux et Martin
2010, p. 321 ; cité par Grossmann 2014a, p. 764). Comme le souligne Grossmann
(ibid.), ces constructions ont pour fonctions principales de faire un rappel ou un
renvoi afin de guider le lecteur (comme évoqué précédemment, comme l’illustre le
tableau suivant), et d’introduire une référence afin de renforcer l’argumentation
(comme le fait remarquer X). Il est intéressant de remarquer que ces constructions
sont plus contraintes que les constructions passives, étant strictement associées à
certains groupes de verbes tels que les verbes de constat (observer), verbes de
démonstration (montrer), verbes de proposition (suggérer), verbes de communication
(évoquer) et verbes de révélation (illustrer), etc. Les rôles rhétoriques ainsi que le
nombre limité de ces constructions nous amènent donc à les faire figurer dans la
représentation des patrons. Sur le plan didactique, la maîtrise de ces constructions
117
Chapitre III
[19] Comme l’explique Nadelmann, l’OCRTIS [17] était dans les années 1970 - 1980 le
correspondant privilégié de la DEA et filtrait les relations de ce dernier avec les autres
[20] Vient aussi s’y greffer le phénomène des accès aux articles par liens extérieurs,
[21] L’ambiguïté du message est aussi illustrée par une forme en quelque sorte
(Sauvageot, 1995).
‘conduire à’
[22] Ces multiples méthodes ont permis au final d’identifier 110 blogs et 42 sites natifs
118
Chapitre III
(sciencespolitiques.xml-s20709)
suivante. (eco.xml-s11441)
[[cas|processus|relation=conséquence]]
[25] L’analyse des origines des instruments d’action publique environnementale de l’UE
l’existence d’un système décisionnel à plusieurs niveaux, ainsi que la capacité limitée
119
Chapitre III
Dans le chapitre I, nous avons expliqué que le modèle CPA a été appliqué dans la
construction du dictionnaire Pattern Dictionary of English Verbs (PDEV) pour
identifier les patrons d’emploi usuel des verbes anglais de la langue générale. Ce
dictionnaire suit une représentation classique avec comme entrée le verbe. Chaque
verbe regroupe différents patrons qui sont associés aux sens du verbe. Par exemple, le
verbe explain présente cinq patrons différents, ce qui témoigne de la polysémie de ce
verbe (voir la figure 3-2) .
On peut remarquer que les patrons et les sens du verbe sont présentés de manière
linéaire en fonction de leur fréquence. Dans notre étude, l’analyse des patrons du
verbe vise à proposer à l’enseignant du FLE une ressource des patrons exploitable
pour la classe. De ce fait, l’entrée par le verbe et les patrons en premier ne nous
120
Chapitre III
expliquer-1 expliquer-2
Figure 3-3 : Représentation des patrons du verbe expliquer avec l’entrée par
classe
121
Chapitre III
Après avoir présenté la modélisation des patrons verbaux adaptée à notre étude
avec un objectif didactique, nous résumons dans la section suivante les points
communs et les différences entre le modèle CPA et notre adaptation.
De manière générale, nous nous démarquons des patrons CPA du fait que nous
ne cherchons pas à identifier les patrons d’emploi usuels des verbes dans la langue
générale, mais nous nous intéressons à un genre de texte particulier qui est l’écrit
scientifique. Notre objectif spécifique implique une adaptation du modèle CPA tant au
niveau de la méthode d’analyse qu’au niveau de l’analyse des patrons. Nous
proposons ci-dessous un tableau récapitulatif qui résume les points communs et
différents entre le modèle CPA et notre adaptation.
122
Chapitre III
3.4. Bilan
Ensuite, nous avons montré que la plupart des acceptions des verbes du LST
relevées dans le corpus Scientext-SHS peuvent correspondre aux entrées verbales
dans le LVF. En revanche, des spécificités propres à l’écrit scientifique, liées aux
collocations et aux constructions syntaxiques nécessitent d’être prises en compte. Le
travail du repérage a abouti à une classification des acceptions verbales qui facilite
l’analyse des patrons verbaux. Enfin, en adaptant le modèle CPA à un corpus
123
Chapitre III
spécialisé, nous avons expliqué différents choix d’analyse pour mieux saisir les
spécificités sémantiques et syntaxiques des verbes du LST. Les problèmes principaux
posés par la modélisation des patrons à partir d’un corpus spécialisé concernent d’une
part la façon de typer les arguments nominaux, et d’autre part, le traitement des
variations syntaxiques.
124
Chapitre IV.
Analyse linguistique des verbes du LST
4.1. INTERET POUR LES VERBES CHOISIS .................................................................................. 126
4.1.1. Choix des verbes d’analyse ....................................................................... 126
4.1.2. Choix des verbes de positionnement ................................................... 126
4.2. PARAMETRES DE L’ANALYSE ............................................................................................... 127
4.3. LES VERBES D’ANALYSE ....................................................................................................... 128
4.3.1. Verbes de comparaison .............................................................................. 129
4.3.2. Verbes de constat ......................................................................................... 136
4.3.3. Verbes de description ................................................................................. 143
4.3.4. Verbes d’examen........................................................................................... 148
4.3.5. Verbes d’interpretation.............................................................................. 154
4.3.6. Recapitulatif ................................................................................................... 160
4.4. LES VERBES DE POSITIONNEMENT ..................................................................................... 163
4.4.1. Verbes d’opinion........................................................................................... 165
4.4.2. Verbes de demonstration .......................................................................... 170
4.4.3. Verbes de mise en relief ............................................................................. 176
4.4.4. Verbes de choix ............................................................................................. 182
4.4.5. Verbes d’hypothese ..................................................................................... 188
4.4.6. Verbes de proposition ................................................................................ 194
4.4.7. Verbes d’inference ....................................................................................... 201
4.4.8. Recapitulatif ................................................................................................... 206
4.5. BILAN................................................................................................................................. 209
125
Chapitre IV
Notre choix des verbes d’analyse est d’abord lié à leurs rôles importants dans
l’énonciation. L’étude des verbes permet de mettre en évidence les rôles de chercheur
assumés par le scripteur (Fløttum et al., 2006). Dans l’activité d’analyse,
l’auteur/chercheur présente les démarches scientifiques et le processus de construction
des connaissances dans la discipline.
126
Chapitre IV
Sur le plan didactique, ces verbes font partie des verbes sous-employés par les
apprenants (Granger & Paquot, 2009b). Cavalla (2015) a souligné que les apprenants
ont des difficultés à se positionner dans leur écrit académique, souvent à cause de
lacunes lexicales pour le faire de façon appropriée (Chavez, 2008, Mroué, 2012). Par
ailleurs, les apprenants ont du mal à s’affirmer comme auteurs dans leur discours « par
le biais du travail langagier sur l’objet concerné et sur les discours existants à son
propos » et la prise de position se caractérise souvent par l’affirmation de leur
subjectivité. (Deschepper & Thyrion, 2008, p. 74). Ainsi, nous pensons qu’il est
important d’aider les apprenants à développer la compétence d’argumentation. La
maîtrise des verbes de positionnement constitue donc un objectif pédagogique crucial.
Dans les sections 4.3 et 4.4, notre approche lexicale et phraséologique analyse les
constructions verbales et les fonctions des verbes d’analyse et de positionnement, et par
conséquent amène à comprendre l’importance de la construction d’une identité de
chercheur/argumentateur dans l’écrit scientifique. Avant de procéder à l’analyse, il
nous semble nécessaire d’expliciter les paramètres de notre analyse.
Nous commençons par définir chaque sous-classe de verbes en insistant sur leurs
propriétés communes. Nous nous référons également au dictionnaire TLFi pour
proposer une définition générale pour chaque sous-classe de verbes. Dans un
deuxième temps, nos analyses sémantiques et syntaxiques des patrons verbaux vont
s’articuler autour de trois paramètres :
127
Chapitre IV
expliquant les valeurs sémantiques associées. Ce choix se justifie par le fait que
chaque construction syntaxique possède une valeur spécifique et a tendance à
apparaître dans un contexte discursif précis. Par exemple, la construction en comme
revêt souvent une valeur évidentielle et métatextuelle (cf. Chapitre III), utilisée
concomitamment avec l’argumentation ou la déclaration d’un fait. Par ailleurs, le
traitement combiné des aspects syntaxiques et sémantiques permet de faire ressortir
les différentes nuances de sens et de mieux comprendre le fonctionnement spécifique
de chaque verbe au sein du discours scientifique.
Enfin, au niveau des arguments nominaux, nous axons nos analyses sur les sujets
métonymiques et les objets nominaux. D’une part, les emplois métonymiques du type
cette étude consistent en « des stratégies d’évitement de la mention explicite de
l’agent » (Tutin, 2010a, p, 20). Nous pensons que les sujets métonymiques, fréquents
dans l’écrit scientifique, sont révélateurs de la voix de l’auteur et qu’ils doivent être
pris en compte dans notre analyse des verbes. D’autre part, l’analyse des objets nous
permet de relever les collocations du type V+N.
À l’issue des analyses de chaque sous-classe, nous présentons les patrons sous
forme de tableau. Celui-ci constitue donc la ressource finale destinée aux enseignants
et fera l’objet de l’exploitation à titre d’exemple dans le chapitre V.
Comme nous l’avons déjà souligné, les verbes d’analyse, utilisés dans notre
corpus d’écrit scientifique, remplissent un rôle d’analyse dans les activités liées au
processus de recherche : description des données, analyse des relations entre les
variables, comparaison des résultats attendus, interprétation des écarts et des résultats.
128
Chapitre IV
verbes d'analyse
Sous chaque classe, nous avons choisi d’étudier les verbes fréquents et
représentatifs. Par ailleurs, l’observation du corpus nous permet de voir que ces
verbes présentent des constructions syntaxiques variées et qu’ils sont associés à des
fonctions rhétoriques importantes. Nous allons procéder à l’analyse des verbes par
sous-classe.
129
Chapitre IV
Dans cette sous-classe, les trois verbes prennent comme sujet un nom humain et
objet un nom inanimé. Deux cas apparaissent : 1) l’objet inanimé consiste en deux ou
plusieurs éléments à comparer [1] 2) l’objet inanimé comporte le premier élément à
comparer et celui-ci est suivi par le complément prépositionnel à qui introduit le
deuxième élément [2].
Pour mettre ceci en évidence, les auteurs comparent des mots de fréquence d’usage
différente. (ling.xml-s10940)
[2] Malgré ces limites, nous avons voulu confronter nos résultats sur la ségrégation
Pascal Ory livre une vision quelque peu téléologique, dans l’idée de critiquer ceux qui
« décadence ». (histoire.xml-s22649)
130
Chapitre IV
vue de dégager des résultats’. Dans l’exemple [4], on pourrait dire que les données sont
examinées par rapport aux catégories proposées.
[4] Essayons à présent de confronter nos données aux catégories proposées par Philippe
Descola. (anthropologie.xml-s12772)
[5] En comparant ces résultats avec ceux d'autres projets similaires (le compte Flickr de
[6] Globalement, tous ces résultats sont conformes à Barsalou et Sewell (1984), à cette
nuance près qu’on observe une différence selon le type de catégorie : les catégories
[7] Ce classement peut être comparé aux résultats d’une enquête menée dans quatre
(sciencespolitiques.xml-s1509)
131
Chapitre IV
14
12
10
8 comparer
6 confronter
4 opposer
2
0
je on nous
Figure 4-2 : Les fréquences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes de comparaison)
Conformément à notre hypothèse, les trois pronoms sujets ne sont pas fréquents.
Il est intéressant de constater que le verbe comparer s’associe davantage au pronom
on qui est souvent suivi par le modalisateur pouvoir [8] :
pas des enquêtes sur les personnes susceptibles d’être victimes de crime, mais sur les
132
Chapitre IV
[9] Quand on compare les rapports de Flaubert et de George Sand avec leur éditeur
commun, on constate que c’est la femme de lettres qui a conquis non seulement
Les pronoms on et nous sont peu fréquents avec les verbes confronter et opposer
dans le sens de comparaison, ce qui peut en partie s’expliquer par la polysémie de ces
deux verbes. Par contre, nous avons relevé quelques cas dans lesquels le verbe
opposer est associé au sujet du pronom on. Il est intéressant de constater que la valeur
de on est différente de celle de l’exemple [9]. Dans l’exemple [10], le pronom on
représente les autres chercheurs. Cet emploi du pronom on figure parmi les six valeurs
définies par Fløttum et al. (2006)1.
circulation (le droit des individus sur lequel repose l’essentiel de notre édifice juridique)
au principe d’un contrôle du centre vers la périphérie. Mais les choses ne sont pas si
simples…(sociologie.xml-s10435)
Cet exemple montre que le verbe opposer à polarité négative n’est pas
fréquemment utilisé par les auteurs pour décrire leurs activités de la comparaison.
Dans l’acception de ‘comparer’, il nous semble que le verbe comparer a plus de
fonctions que les deux autres verbes.
c. Arguments nominaux
1
Selon Fløttum et al., il existe six valeurs de on dans l’écrit scientifique, situées soit du côté personnel
soit du côté indéfini. Ces six valeurs sont présentées comme suit : « ON1 représente l’auteur
correspondant à je/nous ; ON2 remplace l’auteur et les lecteurs correspondant à je/nous+les lecteurs ;
ON3 renvoie à l’auteur et la communauté discursive limitée correspondant à je/nous+mes/nos
collègues ; ON4 représente l’auteur et la communauté « non limitée » correspondant à je/nous+ « tout
le monde » ; ON5 représente les lecteurs ; ON6 remplace les autres correspondant aux autres
chercheurs ».
133
Chapitre IV
apparaît que le verbe comparer est le plus productif. La figure 4-3 donne un aperçu
des noms objets les plus fréquents :
4 comparer
confronter
3
opposer
2
0
analyse résultat situation évolution
Pour les verbes comparer et confronter, les noms en commun relevés sont
analyse et résultat. Le verbe comparer peut aussi s’associer aux noms abstraits qui se
rapportent à une activité ou à un cas (situation) [11] tandis que le verbe confronter ne
s’associe à ces noms que dans le sens de ‘s’affronter à’.
[11] On montre, enfin, de quelle manière le prix garanti optimal associé aux contrats
proposés pour le gel de terre permet de limiter le coût social des rentes d’information
asymétrique. (eco.xml-s17461)
Concernant le verbe opposer, le nombre faible des noms objets ne nous permet
pas de proposer un aperçu général. Comme signalé plus haut, il semble moins utilisé
par les auteurs dans leur analyse comparative du fait de son sémantisme négatif
mettant en contraste deux éléments.
Pour les trois verbes de comparaison étudiés, les objets à comparer sont souvent
le thème de la phrase, surtout si l’on considère le nombre récurrent de constructions
au passif. Si ces trois verbes partagent des constructions similaires sur le plan
syntaxique, ils se distinguent par contre en termes de sémantisme des objets.
Contrairement au verbe opposer davantage mobilisé pour présenter deux choses
totalement différentes, comparer et confronter semblent être davantage employés dans
134
Chapitre IV
2
Ici, nous ne pouvons pas proposer le nombre des patrons identifiés puisqu’à cause des limites de
l’extraction des cadres de sous-catégorisation (cf. Chapitre III), il est impossible de regrouper les cadres
par acception manuellement. Rappelons cependant que nous appliquons le seuil de fréquence absolue à
20 et celui de dispersion à 3 disciplines pour qu’une acception soit considérée comme effectivement
présente et transdisciplinaire dans le corpus d’analyse. Ces critères nous semblent donc suffisants pour
relever les patrons les plus fréquents.
135
Chapitre IV
Pour les trois verbes de constat, les structures privilégiées sont la construction
avec complétive conjonctive (on constate que) et celle avec un complément nominal
(on observe un effet). Ces deux constructions, apparemment préférées dans le constat
des activités scientifiques, acceptent un sujet humain et prennent le sens de « ‘prendre
connaissance de la réalité d’un fait au moyen d’observation scientifique’ »
(Grossmann, 2014b, p. 86). D’une manière générale, les verbes constater et noter
s’associent fréquemment à la construction en complétive alors que le verbe observer a
une préférence pour le complément nominal.
136
Chapitre IV
données [12], ou à l’aide des éléments péri-textuels (tableau, figure, etc.) [13] :
[12] Des huit interventions que j’analyse, j’ai constaté que ces constructions peuvent se
diviser en deux catégories selon le rôle qu’elles jouent au sein de ces interventions.
(ling.xml-s11253)
[13] Cependant, on peut voir dans la partie basse du tableau que cette tendance n’est pas
confirmée dans deux cas : l’arabe littéraire et le français. On peut observer que non
seulement les chiffres de la colonne des "non" en production sont les mêmes que ceux
[14] Nous n’avons pas reproduit ici les effets d’une taxation plus forte des revenus
financiers des ménages, parce qu’ils sont un peu complexes à analyser. On peut noter
cependant qu’à cause d’un effet Laffer, les conséquences budgétaires ex post de cette
[15] Quelle que soit la condition, nous observons une augmentation des durées de tenue
lorsque l’objet familier est présenté à nouveau lors de la phase test de reconnaissance.
(psycho.xml-s12966)
À cela s’ajoute la construction en comme qui semble être privilégiée par le verbe
observer. Comme le souligne Grossmann et Tutin (2010a, 2010b), cette construction
marque une « fonction métatextuelle et/ou évidentielle », soit pour faciliter le guidage
de lecture en ajoutant une preuve telle que les données figurant sur un graphique
(comme on l’observe sur le graphique) [16], soit pour renforcer son argument à
137
Chapitre IV
travers les propos d’un autre chercheur (comme l’observent Morris et Jones (1990))
[17] :
[16] Comme on l’observe sur le graphique, ce sont donc principalement les localités au
(geo.xml-s10734)
contenu de la boucle phonologique est un aspect singulier de la tâche qui requiert une
Dans les deux exemples ci-dessus, le verbe utilisé avec une valeur évidentielle
est associé à une fonction argumentative. En dehors de ces constructions syntaxiques
principales, il nous semble que les verbes de constat sont facilement utilisés dans des
contextes impersonnels, en particulier le verbe noter (il est à noter que, il convient de
noter que, il est intéressant de noter que) [18].
[18] Enfin, il est intéressant de noter que, même parmi les enfants qui réussissent les deux
révision. (psycho.xml-s11430)
Ainsi se confirme le fait que ce dernier se caractérise par une valeur d’ajout ou
de commentaire, servant à renforcer l’argument précédent (Grossmann, 2014b). En
outre, le passif et le passif pronominal sont relevés pour le verbe observer. Le verbe
constater se distingue des autres verbes par une fréquence assez élevée dans la
construction force est de constater que, notamment utilisée pour aborder un résultat
de recherche ou un argument souvent largement reconnu et incontestable [19].
traduisait par des effets négatifs sur l’estime de soi, force est de constater que ce
Les trois verbes de constat présentent des constructions syntaxiques assez variées
et intéressantes sur le plan didactique, que nous récapitulons dans le tableau 4.2.
138
Chapitre IV
observer qch. s’observe (42/1428), qch. est observé (26/1428), si l’on observe (21/1428),
permettre d’observer (19/1428), comme l’observe qn. (17/1428),
constater force est de constater que (62/619), permettre de constater (22/619), il est
intéressant/frappant/paradoxal de constater que (20/619)
noter il faut noter que (63/250), il est à noter que (42/250), il est intéressant/important
de noter que (39/250), il convient de noter que (8/250)
Tableau 4.2 : Récapitulatif des constructions syntaxiques récurrentes des verbes
de constat
Comme nous l’avons souligné plus haut, les verbes de constat mobilisent un
sujet humain et celui-ci renvoie souvent à l’auteur. En revanche, si l’on considère les
pronoms sujets mettant en jeu l’auteur (je, on et nous), on constate que c’est le
pronom on qui est le plus fréquemment employé par les trois verbes, de manière assez
nette, comme illustré dans la figure 4-4 :
35
30
25
20 constater
observer
15
noter
10
0
je on nous
Figure 4-4 : Les fréquences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes de constat)
139
Chapitre IV
[20] On peut noter que, même dans Surveiller et punir, Foucault insiste peu, par rapport à
disciplinaire. (scienceseducation.xml-s10219)
[21] Cet effet, assez fréquemment décrit, s'observe à la fois lors de tâches de production, de
En revanche, les pronoms je et nous sont presque absents pour le verbe noter, ce
qui pourrait s’expliquer par l’importance de sa valeur de commentaire qui consiste à
attirer l’attention du lecteur, et de ce fait, c’est le on incluant l’auteur et le lecteur qui
est prédominant.
c. Arguments nominaux
Pour les verbes de constat, les sujets nominaux récurrents se rapportent à l’auteur
ou à un chercheur cité. Nous nous intéressons aux objets noms qui sont assez variés,
en particulier pour le verbe observer, comme illustré dans la figure 4-5 :
140
Chapitre IV
6
5
4
3
constater
2
observer
1 noter
0
Le verbe observer peut prendre comme objet des noms qui renvoient à un objet
observable (donnée), à une relation (différence, effet, écart, corrélation, résultat), à un
processus (augmentation, processus) ou à un cas (phénomène, situation) [22] :
[22] Ces données ont été observées chez les quatre groupes d’enfants de la première à la
Enfin, il nous semble que les trois verbes sont étroitement liés au co-constat.
L’association entre les verbes de constat et le pronom on inclusif a la fonction
principale d’inviter le lecteur dans la découverte de la preuve, en les associant à
l’argumentation (Fløttum et al., 2006 ; Grossmann & Tutin, 2010b). Par contre, ils
apparaissent différents tant au niveau syntaxique que sémantique. Contrairement au
verbe observer « davantage mobilisé pour décrire la phrase empirique de la
recherche » (Grossmann, 2014b, p. 99), constater et noter ont une dimension plus
abstraite, revêtant une valeur argumentative plus importante. Si le verbe constater,
davantage employé dans la construction en complétive que, introduit un résultat, le
verbe noter, fréquemment utilisé dans les contextes impersonnels, introduit le plus
141
Chapitre IV
142
Chapitre IV
sémantiques
Routines si l’on observe (21/1428)
force est de constater que (62/619)
il est intéressant/frappant/paradoxal de constater que (20/619)
il faut noter que (63/250)
il est à noter que (42/250)
il est intéressant/important de noter que (39/250)
il convient de noter que (8/250)
Commentaires le pronom on est très fréquent. Le verbe noter est fréquemment associés aux
adverbes discursifs tels que cependant, également, par ailleurs, toutefois, tout
d’abord.
Tableau 4.3 : Patrons lexico-syntaxiques des verbes de constat
[23] On peut représenter les principaux types de théories pragmatiques par les parcours
suivants. (ling.xml-s11633)
Cependant, nous avons remarqué que cette construction syntaxique est beaucoup
moins fréquente que le passif dans notre corpus d’analyse. Lorsque le verbe décrire
figure dans des structures au passif, il appelle fréquemment un adverbe de temps
(précédemment) ou d’espace (ici, ci-dessous) permettant la navigation textuelle, avec
par conséquent une valeur métatextuelle [24] :
143
Chapitre IV
[24] Ce mécanisme peut être décrit ici : on sélectionne le plus souvent les propos que l’on
tient en fonction de ce que l’on croit savoir des personnes à qui l’on s’adresse.
(sciencespolitiques.xml-s10465)
[25] Cette précaution prise, on peut maintenant tenter, à la lumière des réponses aux
[26] Des phénomènes, des processus et des structures, forcément complexes, sont ainsi
représentés dans une figure synthétique qui peut avoir valeur de paradigme reconnu.
(geo.xml-s10905)
les entreprises structurellement déficitaires n’ont jamais intérêt à embaucher sur CDI.
(eco.xml-s5367)
[28] Nous avons donc décrit, à travers l’analyse des dossiers disciplinaires, cinq processus
(sciencespolitiques.xml-s14930)
Un autre point différent à souligner est lié aux différents moyens de description
mobilisés par ces trois verbes : le verbe décrire met en évidence l’activité de
description au moyen de la formulation (décrire brièvement) ; le verbe représenter
144
Chapitre IV
rend perceptibles les traits à l’aide d’un schéma ou un graphique (représenter dans la
figure suivante) ; enfin, le verbe détailler fait apparaître les moindres éléments liés
aux caractéristiques (détailler en annexe). Ces différences sémantiques expliquent
ainsi leur préférence de circonstants de manière.
Au niveau du sujet, on constate que les pronoms mettant en jeu l’auteur sont peu
fréquents, ce qui peut s’expliquer par la prédominance du passif pour les trois verbes,
montrant ainsi que la présence de l’auteur est implicite dans l’activité de description.
Les résultats obtenus sont illustrés dans la figure 4-6 :
3.5
2.5
décrire
2
représenter
1.5 détailler
0.5
0
je on nous
Figure 4-6 : Les fréquences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes de description)
[29] Afin de discuter les théories de la convergence et des digital natives, nous allons à
présent décrire trois cas de pratiques de jeunes observées sur les médias sociaux.
145
Chapitre IV
(scinfo.xml-s10714)
[30] Enfin, nous détaillons l’ensemble des extensions possibles à partir de ces premiers
Le pronom on est moins présent ou même absent. Par ailleurs, ses valeurs variées
sont difficiles à interpréter. Comparons les exemples [31] et [32] :
[31] Dans cette figure, on représente aussi les liens thématiques concernant les
[32] Je crois que tout cela n’a pas été vu en grande partie parce que l’on représente
les femmes (tout comme la figure 4 privilégie la filiation par les hommes).
(anthropologie.xml-s15791)
c. Arguments nominaux
À la place du sujet, des cas d’emploi métonymique sont relevés pour les verbes
décrire et représenter où l’auteur s’efface derrière la partie textuelle (paragraphe, partie
du texte : la section décrit X = nous décrivons X dans la section) ou le moyen de
description (graphique, figure : cette figure représente X = nous représentons X dans
la figure), comme en témoigne l’exemple [33] :
146
Chapitre IV
fonction objet, mais on peut essayer d’en tirer des généralisations par rapport à ce que
l’on décrit. Tout d’abord, le verbe décrire peut sélectionner un objet scientifique
(méthode, phénomène, situation, sens), un processus (évolution, processus) ou une
relation (résultat, différence). Ensuite, le verbe représenter appelle plus fréquemment
que les autres un nom abstrait (lien, fait) qui nécessite d’être décrit à l’aide d’un
élément graphique ou visuel. Enfin, le verbe détailler se rapproche du verbe décrire
dans la mesure où il préfère des noms renvoyant à l’objet d’étude (exemple, modèle)
ou au rapport entre deux quantités (résultat), ces noms étant souvent au pluriel. Nous
présentons les objets nominaux les plus fréquents dans la figure 4-7 :
3.5
2.5
2
décrire
1.5
représenter
1 détailler
0.5
147
Chapitre IV
De même que les verbes de constat, les verbes d’examen relevés sont interprétés
sémantiquement dans le LVF comme des verbes psychologiques et partagent le sens
de base ‘manifester telle activité réflexive sur qn/qc’. Plus précisément, ces verbes
signifient ‘étudier en détail, faire l’analyse de quelque chose pour en avoir une
connaissance approfondie, juger de sa valeur’ (d’après le TLFi). Dans la recherche
scientifique, ces verbes sont notamment utilisés pour aborder et remettre en question
un objet de recherche afin de mener des réflexions autour de cet objet, pour se former
ainsi son propre point de vue. Ils permettent donc d’établir le lien entre le scripteur
(rôle de chercheur) et son objet d’étude observable (données) ou abstrait (approche,
caractéristique, relation). Nous proposons d’observer quatre verbes représentatifs
148
Chapitre IV
Pour les verbes étudiés, la structure privilégiée est une construction avec
complément nominal [34] :
[34] Dans cet article, nous examinons l’influence d’un évènement dans les pratiques
(scinfo.xml-s12128)
Il est intéressant de constater que ces verbes sont fréquemment associés aux
adverbes d’énumération (d’abord, ensuite) ou aux déictiques de lieu (ici, plus haut).
Ici, les verbes remplissent une fonction métatextuelle renforcée par l’indication du
temps du passé ou du futur, comme le montrent les exemples [35] et [36] :
c'est-à-dire en particulier les conséquences de deux décisions qui n’ont pas suscité de
(histoire.xml-s5599)
[36] Nous étudions ici des énoncés figuraux basés sur l’expression de références plurielles
[37] Les effets de la discrimination du troisième degré sur les prix et le bien-être ont été le
[38] Les situations que nous étudions dans nos recherches sont des situations de classe
que nous qualifions d’ordinaires, au sens où elles ne sont pas issues d’une ingénierie
didactique. (scienceseducation.xml-s11429)
149
Chapitre IV
[39] Maintenant que les conséquences des phénomènes d’agrégation sociale et/ou
académique sur les performances des élèves sont documentées, il importe d’en
L’observation du corpus nous permet de constater que ces verbes sont utilisés
dans des constructions qui ont des fonctions différentes :
[40] Il s’agit à présent d’examiner comment et dans quelle mesure les services installés
[41] Notre approche est celle d’une géographie culturelle appliquée à l’animal, domaine
[42] Cet article se propose d’analyser le rôle des outils spirituels et politiques dans
150
Chapitre IV
(6/955)/explorer (4/212)
Tableau 4.5 : Récapitulatif des constructions syntaxiques récurrentes des verbes
d’examen et leurs fonctions correspondantes
En ce qui concerne les pronoms sujets, nous avons relevé une fréquence
relativement élevée pour les pronoms nous et on. Contrairement à d’autres verbes
étudiés précédemment qui montrent une préférence marquée pour un seul pronom, ces
quatre verbes peuvent sélectionner soit le pronom nous et soit le pronom on en
fonction du contexte. La figure 4-8 donne un aperçu de leurs fréquences relatives dans
le corpus :
5
examiner
4 étudier
analyser
3
explorer
2
0
je on nous
Figure 4-8 : Les fréquences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes d’examen)
[43] Nous cherchons tout juste à mettre en exergue quelques faits caractéristiques. On
examinera ainsi, en revenant sur des travaux plus anciens (notamment Cadiot 1999 et
151
Chapitre IV
[44] Pourtant, si l’on examine attentivement cette table de scolarité située dans l’annexe de
(scienceseducation.xml-s3044)
[45] Dans le cadre du présent article, nous voudrions explorer ces aspects contradictoires
[46] Dans cet article, nous avons analysé par quels mécanismes le niveau des allocations
chômage peut affecter le taux de chômage de long terme dans le cadre d’un modèle de
Enfin, il faut souligner que l’emploi du pronom je reste marginal, mais il n’est
pas absent de notre corpus.
c. Arguments nominaux
Des emplois métonymiques (article, section) ont été constatés, qui consistent en
une autre façon de marquer la présence de l’auteur. Des associations comme l’article
examine (23/498)/étudie (27/971) ou la section étudie (10/971)/analyse (8/955) sont
ainsi naturelles. Ces mentions dépersonnalisées de l’auteur produisent un effet
objectivant.
Quant aux noms objets, les quatre verbes sont productifs. Deux cas se détachent
nettement : d’un côté, les verbes examiner, étudier et analyser peuvent sélectionner
des noms relevant d’un processus (processus, évolution, dynamique, comportement),
d’une relation (effet, relation) ou d’une propriété (caractéristique) ; d’un autre côté, le
152
Chapitre IV
4.5
4
3.5
3
2.5
examiner
2
étudier
1.5
analyser
1
explorer
0.5
0
153
Chapitre IV
154
Chapitre IV
Pour les trois verbes étudiés, les structures privilégiées se montrent assez
différentes : le verbe expliquer privilégie la construction avec une complétive (nous
expliquons que/comment/pourquoi) [47] et avec un complément nominal (nous
expliquons cette différence) alors que les verbes interpréter et expliciter préfèrent la
construction avec un complément nominal (nous interprétons/explicitons les
conséquences) [48]. Le verbe interpréter se distingue par le fait que son complément
nominal est souvent suivi de la préposition comme qui introduit le sens attribué [49] :
[47] On essaiera donc d’expliquer pourquoi la forme des patrons ne correspond pas
[48] C’est sur ce schéma que nous expliciterons plus en détail les différentes étapes qui
conduisent à l’élaboration d’un patron complexe dont les performances en corpus sont
satisfaisantes. (ling.xml-s13359)
155
Chapitre IV
[50] Ne peut-on expliquer aussi la faiblesse des pratiques paysagères en forêt par une
[51] Dans le répertoire de Minette, on trouve une Suvre dont le thème pouvait être
(histoire.xml-s2941)
Ici, la construction passive nous semble jouer une double fonction. D’une part, le
fait d’éviter la mention de l’auteur permet de produire un effet objectivant, d’autre
part, le passif contribue à présenter l’objet d’interprétation comme le thème de la
phrase, ce qui a pour effet d’assurer une cohérence textuelle et d’attirer l’attention du
lecteur sur la preuve et la justification, et non pas sur l’agent.
politique monétaire et plus spécifiquement l’impact de cette dernière sur le taux des
crédits distribués : la modification des taux directeurs affecte le coût des ressources.
(eco.xml-s14765)
Nous avons également remarqué que le verbe expliquer est fréquemment utilisé
156
Chapitre IV
dans la construction comportant comme pour citer le propos d’un autre chercheur ou
renvoyer à sa propre explication. Dans l’exemple [53], la construction rappelle le
point de vue de l’auteur et contribue à la cohérence textuelle. Dans l’exemple [54], la
construction aide à renforcer l’argument de l’auteur en le rapprochant d’un autre point
de vue attesté dans le champ. Ici, le verbe prend une valeur métadiscursive,
permettant d’« associer le lecteur à l’argumentation scientifique » (Grossmann &
Tutin, 2010b, p. 3).
[53] Comme nous l’avons expliqué dans la section 3.3, le principe de l’apprentissage
[54] L’ambiguïté du message est aussi illustrée par une forme en quelque sorte
7
6
5
4 interpréter
3 expliquer
2 expliciter
1
0
je on nous
Figure 4-10 : Les fréquences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes d’interprétation)
D’une manière générale, les trois pronoms sont peu fréquents pour cette
157
Chapitre IV
sous-classe, ce qui confirme que les verbes étudiés sont davantage utilisés au passif.
Par contre, nous avons relevé une fréquence relativement élevée du pronom on pour
le verbe interpréter qui mobilise souvent le modalisateur pouvoir. Dans l’exemple
[55], l’association de on et pouvoir nous semble avoir une double valeur sémantique :
d’une part, le on représente « une interprétation exclusive » (auteur+communauté de
discours) (Tutin, 2010b, p. 36) dans laquelle l’auteur indique que sa manière
d’interprétation n’est pas personnelle, mais partagée par la communauté scientifique.
D’autre part, l’association on +pouvoir semble mettre en place une négociation avec
le lecteur, « laissant la possibilité d’adhérer ou non » à son raisonnement (Hyland
2005b, cité par Grossmann & Tutin, 2010b, p. 3).
de la dissonance cognitive, comme nous l’avons fait pour rendre compte a posteriori de
(psycho.xml-s10493)
c. Arguments nominaux
académique, que cet outil est revendiqué comme source d’inspiration pour la
mode de cet outil (il est alors largement fait référence à la Lisbon scorecard dans la
presse internationale [51] et dans les débats sur la stratégie de Lisbonne entre les élites
Sémantiquement, les objets nominaux autorisés par les trois verbes étudiés sont
assez différents. Les objets les plus fréquents sont illustrés dans la figure 4-11 :
158
Chapitre IV
7
6
5
4
3 interpréter
2 expliquer
1 expliciter
0
En fait, le verbe interpréter est souvent associé aux noms renvoyant à la relation
entre deux entités (résultat, conséquence) aux cas (phénomène, fait) ou aux données
(donnée). Il s’agit plutôt des objets concrets et construits de l’analyse scientifique, à
partir desquels, l’auteur donne son point de vue et formule une conclusion. Quant au
verbe expliquer, il est difficile de l’associer aux objets concrets comme le nom donnée.
Il apparaît que ce verbe a une dimension plus abstraite, sélectionnant par conséquent
des noms relevant des types sémantiques [[processus]] (comportement, choix), [[cas]]
(fait, phénomène) ou même [[relation]] (différence, relation). Enfin, le verbe expliciter
se rapproche du verbe expliquer dans la mesure où il privilégie des noms renvoyant à
une entité abstraite qui peut être la finalité (objectif), l’explicatif (sens) ou la relation
(différence, lien, conséquence).
Les trois verbes étudiés ont montré des propriétés différentes tant au niveau
sémantique que syntaxique. Les verbes expliquer et expliciter se rapprochent
sémantiquement en ce qu’ils partagent des noms objets abstraits similaires alors que
le verbe interpréter marque bien une prise de position de l’auteur, comme en
témoigne le caractère récurrent de la construction on peut interpréter. Cependant, sur
le plan argumentatif, ces verbes introduisent tous le raisonnement et la justification de
l’auteur (permet d’expliciter/expliquer, peut être interprété, on peut l’interpréter)
dont la responsabilité est souvent atténuée par le modalisateur pouvoir.
159
Chapitre IV
4.3.6. Récapitulatif
Les verbes d’analyse étudiés peuvent être considérés comme des verbes de
discours puisqu’ils ont des fonctions discursives importantes : guider le lecteur (la
combinaison avec des expressions métatextuelles : dans un premier temps) ;
impliquer le lecteur dans l’activité de recherche (l’association avec le pronom on
160
Chapitre IV
inclusif) ; mettre en relief les objets d’étude (l’apparition dans des constructions au
passif, constructions relatives). Ces principales fonctions sont détaillées dans la figure
4-12.
Concernant les constructions verbales, comme nous l’avons expliqué plus haut,
le nombre récurrent de constructions relatives (la méthode que nous décrivons), de
passifs (les données peuvent être interprétées comme) témoigne du fait que dans
l’analyse scientifique, la description des objets d’étude prime sur la présence de
l’auteur. Par ailleurs, les différents types de constructions impersonnelles montrent
que l’analyse scientifique consiste en un processus de recherche qui vise l’objectivité
(Liddicoat, 2008 ; Fifielska, 2015) : les constructions avec verbes impersonnels
introducteurs (il faut noter que) et les contextes impersonnels (il est intéressant de
constater).
161
Chapitre IV
Figure 4-12 : Les principales constructions verbales des verbes d’analyse et leurs
fonctions
162
Chapitre IV
3
Les verbes de démonstration et les verbes d’inférence font partie des verbes d’analyse, mais étant
donnée leurs fonctions rhétoriques et discursives (voir la figure 4-29), nous avons choisi de les
rapprocher des verbes de positionnement et de les analyser dans cette section.
163
Chapitre IV
verbes de
positionnement
choix et apports
opinion
hypothèse scientifiques
considérer,
choisir, adopter, supposer, montrer, souligner, conclure, proposer,
affirmer,
retenir postuler démontrer insister déduire suggérer
admettre
164
Chapitre IV
Nous entendons par verbes d’opinion les verbes psychologiques qui partagent le
sens de base ‘avoir tel sentiment, telle activité consciente’ (d’après le LVF). Ils sont
notamment abordés dans l’étude de la modalisation, à côté des adverbes à mon avis,
selon moi, etc. (Tuchais, 2013). Dans l’écrit scientifique, ils servent à introduire le
jugement asserté par l’auteur, impliquant par conséquent sa prise en charge d’un
contenu de pensée (Yan, 2014). Ces verbes sont « plus souvent introduits à l’aide d’un
pronom incluant la communauté de discours (nous et on exclusifs) et sont souvent
fortement modalisés » (on peut considérer que) (Tutin, 2010b, p. 38). Nous avons
relevé une dizaine de verbes d’opinion (voir l’Annexe 2), mais nous n’abordons ici
que trois verbes considérer (2548), affirmer (729) et admettre (379). Au niveau
sémantique, ces trois verbes sont non ambigus ; au niveau syntaxique, ils présentent
des constructions variées. Notons par ailleurs que le sens du verbe affirmer est
différent de deux autres verbes : ces derniers induisent qu’une réflexion peut avoir
lieu, tandis que dans l’affirmation, l’opinion est tranchée. Cependant, en termes de
modalisation, il semble intéressant de les analyser ensemble.
[57] Les mêmes monnaies peuvent venir tantôt en équivalents à des biens matériels, tantôt
en substituts à des humains. On peut même affirmer que leur spécificité est plutôt
Notons que cette association est fréquente pour les trois verbes étudiés : pouvoir
considérer que (359/2548), pouvoir affirmer que (51/729), pouvoir admettre que
(34/379). Cette tendance à la modalisation peut également s’observer dans le contexte
impersonnel il est possible de [58] :
[58] Il est donc possible de considérer, avec Jenkins et Perrow (1977), que la situation de
165
Chapitre IV
à des moyens d’action traditionnels tels que le vote, l'argent permettant de financer des
Rappelons que nous avons abordé les marques d’atténuation lors de l’analyse des
verbes d’interprétation. Ici, l’emploi des marques linguistiques (on peut considérer, il
est possible de) a pour fonction principale d’atténuer l’assertion de l’auteur. Au lieu
d’exprimer une opinion tranchée du type je pense que, l’auteur introduit son point de
vue en favorisant la crédibilité de son discours, ce qui permet de persuader le lecteur
de son bien-fondé (Hyland, 2005b ; Grossmann & Tutin, 2010b ; Rinck, 2010a).
Ensuite, nous avons remarqué que ces trois verbes apparaissent souvent dans des
constructions causatives (amener à considérer que, permettre d’affirmer/considérer
que, conduire à admettre que). Dans l’exemple [59], l’auteur justifie le bien-fondé de
son opinion par les entretiens et l’analyse réalisés. De ce fait, son propos gagne
davantage en crédibilité, impliquant un raisonnement causal et une dimension
argumentative.
[59] Au-delà de ces différences, une série d’entretiens menés depuis 2004 avec des acteurs
institutionnels, des urbanistes et des architectes, des militants associatifs et des acteurs
locaux, ainsi que l’analyse qualitative d’un large corpus de documents [3] nous
permettent d’affirmer que non seulement les pouvoirs publics ont fait de l’espace
(geo.xml-s4092)
l’espace », en considérant qu’elle « se manifeste dès que des individus, classés par la
société dans des catégories sociales distinctes, dotées d’une valorisation sociale
différenciée, se trouvent séparés dans l’espace et sont ainsi amenés à peu se côtoyer »
Notons que le verbe admettre se distingue des autres verbes par le fait qu’il est
fréquemment utilisé pour introduire un point de vue reconnu dans la communauté
166
Chapitre IV
[61] Il est admis généralement que la conception et la réalisation de PISA ont réduit ces
biais au maximum de ce que les techniques actuelles autorisent en la matière. Mais les
biais culturels qui demeurent sont-ils de nature à fausser l’appréhension des écarts de
compétence entre pays, tels que ceux que nous mobilisons dans cet article? La réponse
En ce qui concerne les adverbes, nous avons remarqué que ces verbes appellent
souvent des adverbes à fonction discursive (Tran, 2014) tels que par ailleurs, en outre,
cependant, en effet, introduisant un changement de perspective ou non sur le thème
développé [62].
[62] On considère, en effet, que les producteurs sont caractérisés par un paramètre de
167
Chapitre IV
Les verbes d’opinion acceptent un sujet humain. Il nous semble donc important
d’observer les associations entre les verbes d’opinion et les pronoms sujets mettant en
jeu l’auteur (je, on et nous) afin d’étudier la dimension énonciative liée à cette
sous-classe.
25
20
15 considérer
affirmer
10
admettre
5
0
je on nous
Figure 4-14 : Les fréquences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes d’opinion)
Comme le montre la figure 4-14, il apparaît que l’emploi des pronoms nous et je
reste marginal. Par ailleurs, il est intéressant de noter que le verbe affirmer est peu
utilisé avec ces trois pronoms. En effet, ce verbe est fréquemment associé au sujet
renvoyant à un autre chercheur [63] :
[63] Dervin pose d’autres éléments qui rejoignent les prémisses conceptuelles de Weick.
Elle affirme qu’une des découvertes du sense – making est que l’acte de
s’ancrent dans leurs histoires et leurs cadres conceptuels (Dervin, 1998 ; Savolainen,
2006). (scinfo.xml-s2383)
Cet emploi particulier peut être expliqué par le sens de ce verbe qui se rapporte à
une opinion tranchée et est davantage utilisé pour rapporter les discours d’autrui.
Pour les verbes considérer et admettre, le pronom on est préféré, en particulier dans
l’association on+pouvoir, ce qui traduit une responsabilité atténuée de l’auteur.
[64] Il s’agit donc bien d’une relation intersubjective où chacun des protagonistes est
168
Chapitre IV
reconnu en tant que sujet désirant et l’on peut affirmer que cette dimension est
169
Chapitre IV
Dans le LVF, les verbes de démonstration sont classés comme des « verbes de
communication » et ont le sens de base ‘faire connaître la preuve’. Ces verbes
consistent à ‘établir au moyen de faits, de témoignages, de raisonnements, la vérité ou
la réalité de (quelque chose)’ (d’après le TLFi). Deux verbes représentatifs de cette
sous-classe se distinguent nettement en nombre d’occurrences : montrer (3114)
démontrer (326). Dans l’écrit scientifique, la vérité se construit à travers des données
scientifiques ou d’autres propositions, justifiées comme vraies. Ainsi, la mise en scène
de preuve joue un rôle important pour établir l’assertion de l’auteur dans la recherche
scientifique.
La construction avec complétive met en scène le fait prouvé soit par d’autres
chercheurs [65], soit par l’auteur lui-même [66] (prouvée ou à prouver). Quand il
s’agit de l’auteur, la construction comporte souvent un déictique de lieu (ici, plus
haut), le lecteur étant invité à s’y reporter. Cette caractéristique présente des points
communs avec les verbes de constat et d’autres verbes d’analyse ayant une valeur
métatextuelle comme étudier, examiner, décrire. Dans l’exemple [66], le verbe
introduit une démonstration servant à construire l’argumentation de l’auteur.
170
Chapitre IV
[65] D'autres études expérimentales avaient déjà nuancé cette théorie. Martin (1979) a
montré qu’en fonction de la densité des éléments locaux d’une forme hiérarchique,
[66] Je tenterai ici de démontrer que l’idée développée par Pirenne doit être révisée.
(histoire.xml-s11496)
[67] Dans un second temps, nous montrons que le choix et la combinaison des
l’UE…(sciences politiques_148)
[68] Cependant, nous avons montré qu’il existe une zone où l’introduction de la
concurrence conduit à la présence de trop de services offerts par rapport à une situation
[69] On serait, donc, tentée d’en déduire que les données contextuelles d’ordre situationnel
n’ont d’incidence que discursive reposant sur une disjonction provisoire entre signe et
171
Chapitre IV
Orecchioni (1980) à propos des déictiques : "ce qui varie avec la situation, c’est le
[70] Plusieurs différences persistent selon les zones prises en compte. Comme nous
leur propre langue régionale (basque, corse, kanak, occitan, alsacien, breton, créoles)
(sciencespolitiques.xml-s8322)
8
7
6
5
montrer
4
démontrer
3
2
1
0
je on nous
Figure 4-15 : Les fréquences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes de démonstration)
172
Chapitre IV
effectuées dans les bases de données, nous avons montré que les projets collaboratifs
Lorsque les verbes sont associés au pronom on, ce dernier semble représenter
seulement l’auteur (singulier ou collectif). Contrairement aux verbes d’opinion qui
peut être employés avec le on inclusif, les verbes de démonstration n’impliquent pas
une négociation avec le lecteur [72].
[72] Aussi s’intéresse-t-on spécifiquement à la pénalité monétaire devant être mise en place
lorsque des pénalités budgétaires sont impossibles à pratiquer. On montre alors, sous
politique budgétaire est décentralisée doit être plus inflationniste qu’une Union ou la
Notons par ailleurs que le cas est différent pour le verbe démontrer qui marque
relativement une faible proportion dans les associations « pronoms sujets+verbe ». En
revanche, il s’intègre souvent dans des constructions au passif [73] :
[73] À ce moment, l’exactitude des hypothèses sur la validité des estimations est
solution. (sciencespolitiques_46)
c. Arguments nominaux
173
Chapitre IV
2 montrer
0 démontrer
Le nombre relevé est assez limité, mais il est intéressant de noter que le verbe
montrer est celui qui s’associe le plus souvent à un nom métonymique, qui représente
souvent l’étude d’un autre chercheur. En se fondant sur les résultats de l’étude
d’autrui, l’auteur renforce son argumentation [74] :
[74] Comme l’ont montré notamment les analyses de Donzelot (2007), on assiste à un
renouveau des interrogations sur le lien social : dans un contexte de forte croissance
Les arguments nominaux de l’objet, contiennent des noms abstraits tels que
importance, existence, différence, lien, capacité, limite, effet, rôle qui peuvent être
regroupés dans les types sémantiques [[propriété]] et [[relation]]. La figure ci-dessous
détaille, pour les deux verbes étudiés, les objets les plus fréquents :
1.5
1 montrer
démontrer
0.5
Dans la figure 4-17, les objets nominaux sont plus variés pour le verbe montrer
174
Chapitre IV
alors que le verbe démontrer a une préférence marquée pour les noms existence et
capacité. Ceci pourrait s’expliquer d’une part par la différence de leurs fréquences
dans le corpus et d’autre part par leurs différences sémantiques. En effet, comme déjà
souligné, le verbe montrer peut revêtir une valeur métatextuelle où la dimension
argumentative est absente. Cependant, cette valeur métatextuelle est presque absente
pour le verbe démontrer qui implique toujours un processus d’explication et de
raisonnement rigoureux. Comparons les exemples [75] et [76] :
[75] Après avoir montré la manière dont s’établissent les dynamiques coalitionnelles et les
[76] Cela nous amène donc à privilégier une interprétation des présents résultats en termes
aptitudes avec l’âge à titre de piste causale imposerait d’en démontrer l’existence
relation négative entre QI et facteur général apparaît chez l’adulte non retardé.
(psycho.xml-s9385)
Il nous semble donc que ces deux verbes synonymes utilisés dans le sens de
‘démonstration scientifique’ partagent des constructions similaires. Cependant, le
verbe montrer a fondamentalement un rôle moins argumentatif étant donné sa valeur
métatextuelle. Les deux verbes ont une tendance de modalisation avec le modalisateur
pouvoir, mais la forme modalisée on+pouvoir reste moins fréquente par rapport aux
verbes d’opinion. En effet, les verbes de démonstration s’associent préféremment aux
pronoms qui renvoient à l’auteur (singulier ou collectif). Le récapitulatif des patrons
est présenté dans le tableau ci-dessous:
175
Chapitre IV
(sciencespolitiques.xml-s10059)
4. [[entité abstraite|évènement]] permet de montrer [complétive que ou
comment]
Ex : Cette discontinuité permet de montrer que l’équilibre est
génériquement déterminé dès lors que cette proportion est strictement
positive. (eco.xml-s14052)
5. [[entité abstraite|évènement]] permet de montrer [[qualité|relation]]
Ex : L’analyse détaillée des résultats obtenus nous a permis de montrer
l’existence de cet effet et de le caractériser. (psycho.xml-s11888)
Lexset [[qualité|relation]] : importance, effet, différence, lien, existence,
capacité, limite, rôle
Sens : Quelqu’un justifie et met en évidence la vérité (ou l’existence) d’un fait
scientifique.
démontrer 1. [[humain=auteur, chercheur]] (pouvoir) démontre (adverbe discursif)
[complétive que ou comment]
Ex : ROCHET et CHONÉ [1998] démontrent en effet que le monopole
multiproduit utilise généralement les ventes liées. (eco.xml-s11192)
2. [[humain=auteur, chercheur]] (pouvoir) démontre (adverbe discursif)
[[qualité|relation]]
Ex : Enfin, nous avons également démontré les limites d’une approche
fondée sur des critères de surface…(ling.xml-s13545)
3. comme le démontre [[humain=auteur, chercheur]]
Ex : Notons que ce résultat, obtenu dans le cadre de notre modèle avec
demande unitaire, est plus général, comme l’a démontré JULLIEN [2000].
(eco.xml-s11308)
4. [[entité abstraite|évènement]] permet de démontrer [[qualité|relation]]
Ex : L’étude de cette liste permet de démontrer l’hétérogénéité de la ligue
qui comprend à la fois des représentants de l’élite marchande et
immobilière…(histoire.xml-s24468)
Lexset [[qualité|relation]] : importance, effet, existence, capacité, limite, rôle
Sens : Quelqu’un fournit la preuve pour établir la vérité (ou l’existence) d’un fait
scientifique en suivant un raisonnement rigoureux.
Valeurs valeur argumentative, valeur démonstrative, valeur métatextuelle
sémantiques
Routines il a été montré que (8/3114)
tendre à démontrer que (7/326)
(cela est) démontré (24/326)
l’objectif est de montrer (19/3114)
Commentaires Sujets métonymiques sont fréquents, le passif est présent, en particulier pour le
verbe démontrer, le pronom nous est plus fréquent pour le verbe montrer. Le
verbe montrer s’associe fréquemment aux adverbes d’énumération (d’abord,
dans un premier temps) de temps (précédemment) ou d’espace (ici).
Tableau 4.10 : Patrons lexico-syntaxiques des verbes de démonstration
176
Chapitre IV
relevé deux verbes de mise en relief tels que souligner (1158) et insister (408) dans le
corpus. Leur sens repéré dans le LVF est de ‘communiquer quelque chose avec force’.
En plus de ces deux verbes, nous pouvons également citer des expressions
polylexicales ayant la même valeur sémantique : mettre en lumière, mettre en évidence
et mettre en exergue.
[77] Knobloch souligne l’importance du langage intérieur pour la production des énoncés
[78] Bien au contraire, ces incompétences relèvent d’un désintérêt pour ces questions, bien
sociabilité. (scinfo.xml-s10770)
Quant au verbe transitif indirect insister suivi par la préposition sur, il peut
prendre un complément nominal ou apparaître dans la construction comportant le fait
que [79].
[79] Nous avons pour notre part bien insisté sur le fait que les instruments n’apparaissent
pas dans un vide institutionnel et nous avons donc privilégié une définition englobante
de l’instrumentation... (sciencespolitiques.xml-s12108)
177
Chapitre IV
[80] Ces deux secteurs seront analysés successivement, en insistant pour chacun d’entre
eux sur le choix et la combinaison des instruments, d’une part, et sur leurs effets pour
(sciencespolitiques.xml-s17219)
Par ailleurs, il est fréquent de voir que ces deux verbes mobilisent un adverbe
discursif : par exemple, ainsi, également, d’ailleurs, aussi, avec par conséquent une
dimension argumentative bien présente [81] :
[81] Son livre, A Question of Torture (2006), montre que la « brutalisation » de la torture
s’est accrue grâce aux travaux approfondis de psychologues (et non pas de psychiatres)
cependant que cette approche visant à « gagner les cSurs et les esprits » s » inspire du
programme « Cords », appliqué par les États-Unis au Sud - Viêt-Nam dans les années
Dans cet exemple, l’auteur se situe par rapport à l’étude d’un autre chercheur,
mettant en relief un changement de point de vue. Ici, la mise en relief est renforcée
par le futur injonctif, caractéristique similaire au verbe noter soulignée par
Grossmann et Tutin (2010b).
[82] En effet, comme l’ont souligné notamment CAMPBELL et SHILLER [1991], la pente
observée et la pente théorique (calculée en tenant compte des contraintes imposées par
(eco.xml-s10084)
[83] Comme nous l’avons souligné dans la première partie de cette étude, bien que
178
Chapitre IV
Dans cet exemple, l’auteur fait un rappel d’un point important en assurant une
cohérence textuelle.
Comme on peut le voir dans le graphique 4-18, les pronoms mettant en jeu
l’auteur ne sont pas fréquents. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que ces deux
verbes sont fréquemment utilisés pour citer des travaux autres que ceux de l’auteur.
3 souligner
insister
2
0
je on nous
Figure 4-18 : Les fréquences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes de mise en relief)
Les pronoms on et nous sont utilisés à peu près dans la même proportion. Dans
les deux cas, les pronoms représentent notamment l’auteur (singulier ou collectif)
parce que l’acte de mise en relief implique un patient (le lecteur) implicite à qui
l’auteur souhaite signaler quelque chose d’important. Il semble qu’ici l’emploi
inclusif du pronom on est absent, voir l’exemple [84].
[84] Loin de souscrire à une forme de déterminisme institutionnel, nous préférons insister,
à la suite de Pierson, sur les limites d’une analyse par trop fonctionnaliste qui ferait
l’impasse sur l’horizon temporel réduit ou encore sur les effets indésirables qui
179
Chapitre IV
(sciencespolitiques.xml-s16012)
c. Arguments nominaux
Nous avons constaté que les noms métonymiques les plus fréquemment
mobilisés par les deux verbes sont étude, rapport, travail et recherche. Précisons que
des sujets métonymiques similaires ont été relevés pour le verbe montrer.
Contrairement aux verbes d’opinion qui « mettent en jeu un processus cognitif
complexe » et qui acceptent difficilement les sujets métonymiques (Tutin 2010, p. 36),
les verbes de mise en relief, ayant une valeur métatextuelle, semblent avoir plus
d’affinité avec les sujets métonymiques (cette étude souligne l’importance de). Par
ailleurs, il est intéressant de noter qu’ici, l’emploi métonymique est utilisé notamment
pour renvoyer aux travaux d’autrui. En se référant à d’autres études, l’auteur exprime
soit une convergence [85] soit une divergence [86] sur laquelle se construit le point de
vue de l’auteur.
[85] On remarque que la navigation est nettement plus significative : elle est sept fois
essentiellement dans le cadre d’une navigation. Une étude récente, qui a également
souligné cet aspect [17], présente clairement dans son analyse l’importance de
(scinfo.xml-s13101)
[86] Pourtant, dans la littérature consacrée aux discours sur l’homme appuyés sur les
sciences de la vie au XIXe siècle, cet aspect du succès de la biologie est nettement
moins souligné que d’autres. Ces travaux insistent en effet généralement davantage
particulièrement prêté attention à tout ce qui souligne dans ces théories les supposées
Au niveau de l’objet, il nous semble que les deux verbes ont tendance à choisir
des noms renvoyant à la qualité d’une entité abstraite ou concrète (importance, rôle,
180
Chapitre IV
aspect, intérêt, difficulté). Il s’agit donc d’un aspect particulier que la personne
souhaite mettre en relief.
En outre, nous remarquons une fréquence très élevée du nom fait associé au
verbe insister, ce qui est lié à la présence de la construction insister sur le fait que. La
répartition des noms est illustrée dans la figure 4-19 :
16
14
12
10
8
souligner
6
insister
4
2
0
Figure 4-19 : Les noms objets des verbes de mise en relief (en %)
Enfin, il nous semble que cette sous-classe partage des propriétés sémantique et
syntaxique similaires au verbe montrer (constructions syntaxiques, emploi
métonymique, l’emploi des pronoms on et nous). Nous avons montré que les verbes
de mise en relief remplissent deux fonctions essentielles dans l’écrit scientifique :
mettre en relief un aspect saillant lié à un fait scientifique et signaler une citation afin
de renforcer l’argument de l’auteur. Nous présentons les patrons prototypiques des
verbes souligner et insister dans le tableau ci-dessous :
181
Chapitre IV
[87] Si l’approche adoptée ici est néanmoins intéressante pour mettre en évidence des
182
Chapitre IV
différences entre pays, elle demandera à l’évidence à être prolongée par des approches
plus qualitatives et/ou multi - niveaux, si cette exploration suggère qu’il y a là des
[88] Le modèle théorique de l’étude a été comparé avec les trois modèles alternatifs
potentiels. Le modèle final retenu a ensuite été utilisé pour vérifier les hypothèses
Dans ces deux exemples, les objets scientifiques (approche, modèle) sont
thématisés et deviennent le sujet de la phrase. L’auteur met l’accent sur l’intérêt de
son choix [87] et l’usage de ces objets [88]. En fait, il est intéressant de noter que ces
verbes apparaissent dans un co-texte avec des marques linguistiques de l’objectif ou
de la cause, mettant en jeu une justification du choix. Par exemple, on rencontre
l’adverbe, donc, les connecteurs pourquoi, car et les prépositions pour, afin de,
comme l’illustre l’exemple [89] :
[89] Le but du présent article est d’adopter une démarche similaire pour le modèle WS -
(eco.xml-s1039)
Le gérondif est aussi présent pour les trois verbes choisir (25/837), adopter
(28/664) et retenir (11/640). Il introduit souvent une manière ou une cause et semble
confirmer que les verbes de choix sont fortement liés au raisonnement causal, comme
dans les exemples [90] et [91] :
[90] En choisissant cette méthode, nous avons postulé que les données verbales obtenues
[91] En adoptant une perspective de longue durée, nous pouvons comprendre les raisons
pour lesquelles les autorités françaises ont accepté en 2007 de confier la définition des
183
Chapitre IV
[92] Nous avons donc choisi d’effectuer les estimations à partir des postes forestiers de
l’Igbp pour prendre en compte la part relative des différents écosystèmes présents par
pays. Dans la « jungle des chiffres contradictoires », nous avons décidé de synthétiser
Dans cet exemple, le verbe choisir est lié à la narration scientifique et l’auteur
présente sa démarche méthodologique. Cette fonction métatextuelle est plus marquée
avec le temps du passé composé.
De manière générale, l’emploi des pronoms sujets est différent pour les trois
verbes étudiés. Dans la figure 4-20, deux cas se détachent dans le corpus : le verbe
choisir préfère le pronom nous alors que les deux autres s’associent plus fréquemment
au pronom on.
184
Chapitre IV
4 choisir
adopter
3
retenir
2
0
je on nous
Figure 4-20 : Les fréquences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes de choix)
[93] On a retenu les productions les plus fréquentes afin de faciliter, lors de la
[94] Selon que l’on adopte le point de vue de Necka (1997) ou celui d’Eysenck et Calvo
(1992), deux modèles explicatifs de l’effet de l’anxiété sont envisagés. Pour Necka, les
stratégies interviennent pour donner une priorité soit aux mécanismes de stockage soit
c. Arguments nominaux
L’examen de l’ensemble des objets noms les plus fréquents pour les trois verbes
de choix permet de constater que ces noms renvoient majoritairement qux objets
scientifiques. Notons par ailleurs que le verbe choisir reste moins productif que les
185
Chapitre IV
3 choisir
adopter
2
retenir
1
[95] Pour commenter nos résultats, nous adopterons d’abord un point de vue structuraliste
puis, poussés par les faits, phénoménologique pour discuter de la spécificité d’une
186
Chapitre IV
responsabilité des besoins individuels) ont été testées. Les premières n’ont pas été
intégrées aux modèles présentés, dans la mesure où elles n’amélioraient pas de façon
significative leur qualité prédictive par rapport aux variables de contrôle déjà retenues.
(sciencespolitiques.xml-s1202)
187
Chapitre IV
Pour les deux verbes étudiés, les structures privilégiées dans la formulation
d’hypothèses sont la construction en complétive que [97] et la construction avec
188
Chapitre IV
[97] En effet, nous pouvons supposer que, malgré l’effort de mémorisation, ce type
d’apprentissage n’est plus opérationnel dès lors que l’élève est confronté à une épreuve
qui implique la réutilisation des savoirs appris dans un contexte sensiblement différent.
(scienceseducation.xml-s1671)
[98] Néanmoins, la motivation extrinsèque ne doit pas être uniquement considérée comme
une motivation non autodéterminée dans la mesure où des individus peuvent être
intégrée. (psycho.xml-s39)
[99] Notre but en choisissant la presse était de rencontrer des figures présumées non
littéraires, et donc de pouvoir considérer sous un angle différent ce qui est appelé
généralement " figure de style ". Nous supposons en effet que, dans un discours
informatif tel que celui de la presse, l’objectif de l’énonciateur est centré sur le contenu
189
Chapitre IV
[100] Supposons que les bilingues, conscients qu’ils doivent traiter successivement deux
l’activation de leurs deux langues. Dans ce cas, les résultats obtenus pourraient refléter
[101] Ce constat métathéorique souligne, s’il en était besoin, l’intérêt et la portée des
résultats obtenus dans cette recherche. C’est ainsi qu’on table volontiers sur la
persuasion pour inciter autrui à modifier ses idées ou ses conduites. Nos résultats
quelqu’un, il est pertinent de créer les circonstances qui l’amèneront à décider par
De même que les verbes d’opinion, les deux verbes d’hypothèse marquent une
fréquence relativement élevée du pronom on, comme l’illustre la figure 4-22 :
190
Chapitre IV
16
14
12
10
8 supposer
postuler
6
0
je on nous
Figure 4-22 : Les fréquences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes d’hypothèse)
La forme modalisée pouvoir est privilégiée pour le pronom on. Notons par
ailleurs qu’elle apparaît davantage dans la partie du développement des articles du
corpus, servant à introduire une interprétation atténuée ou à poser une affirmation
nuancée [102] :
[102] Dans les cas de maladie d’Alzheimer, on n’observe pas cette « aide » exceptionnelle de
voisinage. On peut supposer que la perte d’autonomie (au sens fort, c’est-à-dire
l’aliénation mentale, alors que la personne peut avoir conservé son indépendance
Nous avons vu cette association (on peut l’interpréter comme, on peut considérer
que) est liée à une fonction de négociation. Ici, le pronom on semble impliquer la
communauté de discours et le lecteur dans son interprétation personnelle et le verbe
prend une valeur interprétative.
Par ailleurs, nous avons également relevé une présence non négligeable du
pronom du pronom nous. Il peut renvoyer soit à l’auteur unique (singulier ou collectif)
[103] soit à l’auteur et à la communauté de discours [104] :
[103] L’objectif de cet article étant de caractériser les effets engendrés par une pratique de
supposons que les firmes ont la possibilité de se signaler auprès des consommateurs
191
Chapitre IV
[104] En effet, nous pouvons supposer que, malgré l’effort de mémorisation, ce type
d’apprentissage n’est plus opérationnel dès lors que l’élève est confronté à une épreuve
qui implique la réutilisation des savoirs appris dans un contexte sensiblement différent
7. (scienceseducation.xml-s1671)
Dans l’exemple [104], le verbe introduit une hypothèse qui doit être confirmée
ultérieurement, prenant ainsi la valeur hypothétique. De manière tendancielle, il
semble que dans l’introduction, concernant la formulation des hypothèses, cette
combinaison nous auteur+supposer/postuler est fréquente, à côté de l’objectif de
l’étude et des questions posées.
c. Arguments nominaux
Contrairement aux verbes d’opinion, les sujets métonymiques ne sont pas exclus
avec les verbes d’hypothèse, mais ils sont peu fréquents.
Au niveau de l’objet, les noms sont peu productifs (en particulier pour supposer).
Ceci peut être lié au faible nombre de constructions avec complément nominal. De
manière tendancielle, les objets nominaux autorisés par les deux verbes sont des noms
abstraits tels que différence, existence, relation, nécessité, etc. Le faible nombre des
objets nominaux ne nous permet pas de proposer une interprétation au niveau
sémantique, mais il est intéressant de constater la présence du raisonnement causal,
comme le montrent les exemples [105] et [106] :
[105] Il nous semble donc raisonnable de nous aligner sur les tendances de la littérature en
[106] Lorsque nous parlons de compréhension, nous sommes amenés à supposer l’existence
d’un savoir ordinaire des uns et des autres, savoir qui repose sur des typifications et des
attributions. (sociologie.xml-s8004)
Dans ces exemples, l’hypothèse posée se rapporte à la relation entre deux objets
(lien) ou à l’état d’un objet d’étude (existence).
À l’issue de cette analyse, nous avons montré que supposer et postuler peuvent
192
Chapitre IV
être utilisés non seulement pour introduire une hypothèse en amont de l’étude, mais
aussi marquer une interprétation des résultats. Dans l’expression de l’hypothèse, ces
verbes mobilisent préférentiellement la construction en complétive que. En outre, ces
verbes sont à rapprocher des verbes d’opinion en ce qu’ils mettent l’accent sur le
processus de modalisation et de raisonnement, et l’on observe la fréquence élevée du
modalisateur pouvoir, des adverbes discursifs et des constructions causatives.
193
Chapitre IV
(ling.xml-s10072)
Par ailleurs, comme en témoignent les exemples [108] et [109], ces verbes
peuvent autoriser l’alternance du passif ou du passif réduit, le verbe proposer restant
beaucoup plus productif.
[108] À la différence des études qui se focalisent sur un type d’accident particulier (exemple
en compte tous les types d’accidents dans une même analyse. (psycho.xml-s4214)
194
Chapitre IV
[109] Comme dans l’étude de Detterman et Daniel (1989), une analyse confirmatoire
Dans les deux exemples ci-dessus, l’objet proposé (méthode) est mis en avant. Il
s’agit d’introduire une notion, une méthode nouvelle ou empruntée à d’autres
chercheurs qui correspondent ici aux compléments d’agent. Il apparaît que l’important
est d’attirer l’attention du lecteur sur les objets scientifiques et non de parler de la
personne qui a proposé ces objets. Il est à noter que dans cet emploi, le verbe
proposer est fréquemment associé au déictique de lieu ici (46/2247) qui signifie ‘sur
ce sujet’. Ce déictique permet à l’auteur de mettre l’accent sur son apport particulier
[108].
En dehors de ces constructions, les deux verbes peuvent également être utilisés
pour présenter les activités d’analyse lorsqu’ils acceptent un verbe à infinitif introduit
par la proposition de (proposer de Vinf : 234/2247, suggérer de Vinf : 19/520) comme
le montrent les exemples [110] et [111] :
[110] Pour clarifier ce point, je propose de comparer ce mode de classement des animaux,
seulement suggéré par les textes, avec un autre qui, lui, est tout à fait explicite : leur
De plus, le gérondif a également été constaté pour ces deux verbes (en proposant
57/2247, en suggérant 15/520). Ici, il peut introduire la manière et la simultanéité
195
Chapitre IV
[112] :
[112] Nous confirmons cette conclusion en proposant un exemple simple avec préférences
CES et technologie Cobb - Douglas dans lequel l’équilibre stationnaire est localement
Au-delà de ces constructions communes, ces deux verbes ont leurs propres
caractéristiques au niveau syntaxique. En fait, le verbe suggérer se distingue par le
fait qu’il privilège de manière assez nette la construction en complétive que [113] :
[113] Le principal argument repose sur la sensibilité du test formel à la spécification retenue.
Ainsi, TAYLOR [1992] suggère que des imperfections "mineures" sur les données
pourraient conduire au rejet de la théorie, alors même que les deux pentes des taux
d’origine extrarégionale. Il est donc vrai qu’au cours du bas Moyen Âge, la noblesse de
(histoire.xml-s11576)
196
Chapitre IV
Parmi les trois pronoms examinés, le pronom nous est le plus fréquent (voir la
figure 4-23) :
4
proposer
3 suggérer
2
0
je on nous
Figure 4-23 : Les fréquences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en % en
co-occurrences des verbes de proposition)
[115] Bien que les résultats de Major et al. (1993) continuent d’être fréquemment cités et
utilisés pour développer certaines propositions théoriques, des travaux plus récents
tendent à montrer que... Ainsi, nous suggérons que les résultats obtenus par Major et
al. (1993) ne s’appliqueraient pas dans un contexte qui menace l’identité sociale.
(psycho.xml-s12387)
[116] Nous voudrions, dans les pages qui suivent, proposer une réflexion autour de
Dans l’exemple [115], l’auteur affiche son idée par rapport aux pairs. Quant à
l’exemple [116], l’auteur souligne sa contribution (réflexion) à la connaissance
197
Chapitre IV
scientifique.
c. Arguments nominaux
La figure 4-24 ci-dessous illustre la répartition des sujets métonymiques les plus
fréquents pour cette sous-classe. Le verbe proposer s’associe fréquemment au nom
article tandis que suggérer préfère le nom étude.
4
3.5
3
2.5
2
1.5 proposer
1 suggérer
0.5
0
article étude travail texte théorie section
Si l’on examine l’emploi des sujets article et étude de plus près, on constate que
l’expression cet article propose apparaît souvent dans le résumé ou l’introduction,
revêtant ainsi une valeur métatextuelle. Par exemple, dans l’exemple [117], le verbe
proposer sert à introduire l’objectif de l’étude :
[117] Cet article propose une analyse empirique des transformations de l’espace régional
« périphériques ». (sociologie.xml-s16190)
198
Chapitre IV
[118] Notre étude suggère que les enfants utilisent des modèles d’indices graphiques
typiques pour marquer les émotions. Ainsi, l’homme joyeux est représenté au moyen
(psycho.xml-s14428)
[119] Plusieurs études récentes suggèrent d’autre part que des rapports de patronage
importants pouvaient être établis par la parenté spirituelle : qu’en est -il dans le cas des
Morend ? (histoire.xml-s21948)
3.5
3
2.5
2
1.5
1 proposer
0.5
0 suggérer
Deux classes sémantiques peuvent être distinguées : d’une part, les objets
nominaux peuvent être des noms renvoyant aux objets construits de l’activité
scientifique (modèle, approche, solution, piste), en particulier ceux qui relèvent de la
méthode de recherche scientifique tels que méthode, méthodologie, dispositif, outil,
etc. [120] ; d’autre part, les objets nominaux peuvent marquer un processus cognitif
comme interprétation, description, modélisation et définition [121] :
[120] Ici, nous proposons une méthode permettant de tester l’hypothèse de marchés
[121] Cet article conjugue perspectives théoriques et appliquées dont la validité scientifique
199
Chapitre IV
scinfo.xml-s11042
Le faible nombre des objets nominaux autorisés par le verbe suggérer ne nous
permet pas de proposer une généralisation.
200
Chapitre IV
Notons par ailleurs qu’en plus des verbes étudiés, l’inférence peut aussi être
introduite par des verbes de relation (il ressort de l’analyse que, il en découle/résulte
que) ou des connecteurs (par conséquent, en conséquence).
201
Chapitre IV
[122] À l’inverse, on observe que, parmi les utilisateurs occasionnels d’Internet, aucun n’a
familiarisation passant par des usages d’Internet qui ne répondent pas nécessairement à
[123] Quant au reste de la noblesse, celle-ci ne comptait alors que 10,9 % de nobles
allochtones. On peut en conclure que, pour la haute noblesse, l’existence des réseaux
(histoire.xml-s11722)
[124] Certaines modalités peuvent donc être associées, avec un très faible taux d’erreur, à
l’absence d’amis virtuels, et on peut donc en déduire un profil social qui se traduit
Comme indiqué plus haut, ces deux verbes sont étroitement liés au raisonnement
causal, ce qui est renforcé par le fait qu’ils établissent une inférence à l’aide des
constructions causatives : permettre de conclure (21/392), conduire à conclure
(6/392), amener à conclure (5/392), permettre de déduire (7/176). On a également
202
Chapitre IV
les mots (sachant que les mots les plus courants en français ont 1,2 syllabe en moyenne,
[126] Le matériau ligneux peut se déduire du fait que les dessins ne montrent ni motif
sculpté, ni renflement aux extrémités, à la différence des caducées des vases à figures
À l’issue de cet examen des constructions syntaxiques, il semble que les verbes
déduire et conclure mettent en jeu un processus de l’effacement énonciatif. Nous
allons maintenant examiner leur association avec les trois pronoms sujets.
50
40
30
conclure
20 déduire
10
0
je on nous
Figure 4-26 : Les fréquences relatives des pronoms sujets je, on et nous (en %
en co-occurrences des verbes d’inférence)
203
Chapitre IV
analysé précédemment dans l’étude des verbes d’opinion et des verbes d’hypothèse.
En effet, en incluant la communauté de discours et le lecteur dans son argumentation,
l’auteur les persuade de la validité de son inférence, la conclusion obtenue étant ainsi
convaincante [127] :
[127] Soit l’expression "j’ai mis le vin dans le frigo". Elle fait référence à l’objet déplaçable
interprétation, on peut déduire que le lexème vin peut donner accès à des
[128] Nous pouvons conclure que des comportements électoraux propres aux minorités
ethniques sont autant présents en Belgique qu’aux Pays-Bas [42], malgré les structures
En effet, nos résultats montrent que les électeurs d’origine non européenne présentent
(sciencespolitiques.xml-s21218)
c. Arguments nominaux
Comme nous l’avons déjà souligné, contrairement au verbe conclure qui est
employé préférentiellement avec une complétive que, le verbe déduire peut s’associer
à la construction nominale qui marque le résultat. Nous nous intéressons ici au
complément d’objet direct puisque le complément d’objet indirect est souvent
remplacé par le pronom anaphorique en. La figure 4-27 donne un aperçu de la
fréquence.
204
Chapitre IV
1.2
1
0.8
0.6
0.4
0.2 déduire
0
De manière générale, le nombre des objets nominaux est assez réduit, ce qui peut
s’expliquer par la fréquence élevée de la construction en complétive que.
Sémantiquement, les noms peuvent renvoyer soit à une conclusion obtenue à l’issue
d’un processus d’inférence (résultat, conséquence), soit à un résultat non vérifié
(hypothèse) [129] :
[129] On peut en déduire les hypothèses suivantes, que la comparaison des deux cohortes
Dans l’exemple ci-dessus, le verbe déduire introduit une hypothèse, fonction qui
est absente pour le verbe conclure.
Cette sous-classe est à rapprocher des verbes d’opinion, car si les verbes
d’inférence expriment une prise de position forte de l’auteur, celle-ci a tendance d’être
atténuée à l’aide de la forme modalisée on+pouvoir. Par ailleurs, cette sous-classe se
caractérise par un effacement énonciatif (permettre de conclure, il faut en déduire
que). Les deux verbes ont en commun de privilégier la construction en complétive
que comportant souvent le pronom anaphorique en. Si le verbe déduire est
exclusivement utilisé pour marquer l’issue d’une inférence, conclure peut traduire non
seulement une inférence, mais aussi une conclusion.
205
Chapitre IV
4.4.8. Récapitulatif
À l’issue de l’analyse, nous avons montré que les verbes de positionnement ont
des propriétés sémantiques et syntaxiques différentes, marquant des prises de position
de l’auteur fortes ou discrètes.
D’abord, les verbes d’opinion, les verbes d’inférence et les verbes d’hypothèse
sont sémantiquement et syntaxiquement plus proches, servant à exprimer des prises
de position marquées et fortes de l’auteur. L’étude des patrons verbaux nous permet
de dégager deux caractéristiques. D’une part, ces verbes ont tendance à être modalisés.
En associant la communauté de discours et le lecteur à l’argumentation, l’auteur
atténue sa responsabilité et favorise la crédibilité de son assertion. Ce résultat semble
206
Chapitre IV
207
Chapitre IV
À l’issue de l’analyse des patrons de deux classes de verbes, nous pensons avoir
208
Chapitre IV
fait émerger certaines spécificités liées au genre de l’écrit scientifique que nous allons
mettre en avant dans le bilan ci-dessous.
4.5. Bilan
209
Chapitre IV
(2014), dans l’écrit scientifique, l’auteur étaye et prouve ses affirmations à partir
de différentes preuves et de différentes voix énonciatives pour construire son
raisonnement argumenté.
Enfin, à l’issue de l’analyse, la question que nous nous posons est de savoir
comment aborder les patrons lexico-syntaxiques des verbes véhiculant les spécificités
liées au genre de l’écrit scientifique dans la classe de FLE.
Avant de réfléchir à cette question, il nous semble utile d’examiner les difficultés
des apprenants en matière de verbes étudiés dans le chapitre V afin de proposer des
pistes didactiques adéquates.
210
Chapitre V.
Diagnostic des besoins langagiers chez les a
pprenants chinois
5.1. TROIS NOTIONS ESSENTIELLES POUR LE DIAGNOSTIC : LES NORMES, LES ERREURS ET
LES SPECIFICITES .......................................................................................................................... 213
5.1.1. Les normes linguistiques propres aux ecrits scientifiques.......... 213
5.1.2. Les erreurs ...................................................................................................... 214
5.1.3. Les specificites .............................................................................................. 215
5.2. DIAGNOSTIC I : ERREURS RELATIVES AUX VERBES DU LST .......................................... 216
5.2.1. Typologie des erreurs en FLM et FLE................................................... 216
5.2.2. Constitution d’une typologie des erreurs centree sur les verbes du
LST ................................................................................................................................. 222
5.2.3. Analyse des erreurs ..................................................................................... 225
5.3. DIAGNOSTIC II : SPECIFICITES LIEES AUX CONSTRUCTIONS VERBALES DU LST ......... 240
5.3.1. Etudes representatives sur les specificites dans le domaine de
l’EAP .............................................................................................................................. 240
5.3.2. Constitution de la grille de diagnostic sur les specificites ........... 247
5.3.3. Analyse des specificites ............................................................................. 250
5.4. RECAPITULATIF DU DIAGNOSTIC ........................................................................................ 271
5.5. PISTES DIDACTIQUES ........................................................................................................... 273
5.5.1. Enseignement des patrons avec le corpus ......................................... 274
5.5.2. Deux experimentations initiales ............................................................ 277
5.5.3. Exemples d’exercices adaptes ................................................................. 286
Ce diagnostic comporte deux parties. La première vise à révéler les erreurs liées
aux constructions verbales dans un corpus d’apprenants. La deuxième partie, fondée
sur la comparaison entre un corpus d’apprenants et un corpus d’étudiants natifs, porte
sur les spécificités et consiste à mettre en évidence les cas de suremploi et de
sous-emploi de verbes du LST et de constructions verbales (en particulier, les verbes
d’analyse et de positionnement) dans notre corpus d’apprenants chinois. Notre analyse
ne se limite pas aux aspects lexicaux et syntaxiques, mais intègre aussi le niveau
211
Chapitre V
discursif. Les questions sous-jacentes auxquelles nous essaierons de répondre sont les
suivantes : les apprenants chinois maîtrisent-ils les verbes du LST ? Plus précisément,
concernant les verbes étudiés, maîtrisent-ils la diversité des constructions verbales ?
Quelles sont leurs lacunes liées aux constructions verbales ? Enfin, au niveau discursif,
emploient-ils les verbes pour décrire leur objet de recherche, pour se référer aux
travaux d’autrui, pour expliquer et démontrer les faits, pour exprimer leur prise de
position ? Dans l’affirmative, s’ils ont des lacunes, quelles sont-elles ?
Ce chapitre sera organisé comme suit. Nous aborderons d’abord les notions
d’erreur, de spécificité et de norme que nous définissons dans le cadre de cette étude.
Une fois ces notions précisées, nous présenterons la première partie de notre diagnostic
portant sur les erreurs, qui sera guidé par une typologie d’erreurs, en partie fondée sur
un état de l’art. Nous effectuerons une analyse des erreurs des apprenants chinois en
nous focalisant sur les aspects lexicaux, sémantiques, syntaxiques et discursifs qui
permettent d’évaluer le degré de maîtrise ou non des constructions verbales dans l’écrit
scientifique par les apprenants. Dans un second temps, nous proposerons un diagnostic
des spécificités, en mettant en contraste deux corpus (le Corpus Sup-Natifs et le Corpus
Sup-Chinois) avec l’outil TXM. Nous confronterons également les écrits des
apprenants chinois à nos patrons verbaux afin d’en dégager les spécificités. Enfin, après
avoir proposé un bilan sur les besoins langagiers, nous présenterons deux
expérimentations didactiques à partir des résultats d’analyse en menant une réflexion
sur l’E/A des patrons verbaux avec corpus.
212
Chapitre V
D’abord, les normes peuvent être déterminées par l’usage. Il s’agit de rendre
compte des régularités observables de la langue à travers la fréquence et des
tendances statistiques. Ensuite, les normes peuvent être imposées par des institutions
comme l’Académie française à travers des « ouvrages de référence comme les
grammaires, mais surtout à travers les dictionnaires » (ibid., p. 55). Enfin, les normes
varient en fonction des situations de communication et des genres de discours. Ainsi,
le contexte académique exigera l’emploi d’un vocabulaire formel ou spécialisé, en
conformité avec les pratiques langagières dans le milieu de l’E/A et de la discipline
universitaire.
Dans le contexte des écrits scientifiques, les normes linguistiques sont conçues
dans la communauté de discours où elles sont appliquées. Comme le souligne Cavalla
(2010a), elles renvoient aux codes linguistiques reconnus par tous les membres de la
communauté en question. Ces codes décrits en termes de discours (l’effacement du
sujet, l’utilisation des tournures nominales et impersonnelles) (Reuter, 1998) et de
lexique (collocation, phraséologie transversale) (Chavez, 2008 ; Cavalla, 2015)
peuvent « engendrer des déconvenues rédactionnelles que le lecteur repère
213
Chapitre V
Ainsi, il nous semble pertinent de choisir les experts comme nos locuteurs de
référence. La conception des normes linguistiques que nous avons adoptée se traduit
par le choix du corpus d’experts Scientext-SHS comme modèle.
L’erreur est souvent définie comme « un écart par rapport à une norme » (Anctil,
2005, p. 66). Ainsi la détermination de l’erreur varie en fonction des normes choisies.
Il apparaît important de comprendre ce qu’est l’erreur dans le cadre de cette thèse.
Tenant compte de la conception des normes linguistiques présentées ci-dessus, nous
pouvons définir l’erreur linguistique propre aux écrits scientifiques comme suit :
Élément linguistique (mot, expression, ou construction) qui ne respecte pas soit les
règles grammaticales de la langue soit les codes linguistiques reconnus par la
communauté de discours.
214
Chapitre V
Dans le chapitre II, nous avons expliqué que l’interlangue se caractérise non
seulement par les erreurs mais aussi par des cas de suremploi et de sous-emploi
(Granger, 2007). Nous pourrions faire appel au terme « spécificités » pour désigner
ces cas de suremploi et de sous-emploi qui « associés aux erreurs pures et simples,
trahissent l’origine allophone des apprenants » (ibid., p. 132).
On peut souligner que, contrairement aux erreurs qui sont souvent définies par
rapport aux règles grammaticales, les spécificités sont plus subjectives et dépendent
du jugement sur l’usage, sur le contexte de communication et sur le genre de discours.
Concernant notre étude, il s’agit des spécificités se rapportant aux codes linguistiques,
plus précisément aux patrons verbaux (cf. Chapitre IV), propres au genre de l’écrit
scientifique. En d’autres termes, nous entendons par spécificités :
Dans la section suivante, nous allons commencer par les analyses des erreurs.
Les analyses des spécificités seront abordées dans la section 5.3.
215
Chapitre V
Dans cette partie, nous cherchons à établir le diagnostic sur les erreurs. Pour ce
faire, nous dresserons d’abord un état de l’art concernant les analyses des erreurs afin
de proposer une typologie des erreurs. Elle nous aidera ensuite à relever les erreurs
fréquentes dans les écrits des apprenants chinois aux plans morphologique,
sémantique et syntaxique.
Dans le chapitre II, nous avons montré que les corpus d’apprenants sont souvent
utilisés pour l’analyse des erreurs assistée ou non par ordinateur. Ces études s’avèrent
utiles pour comprendre et analyser les productions langagières des apprenants en
raison de leur taille et de leur représentativité (Granger, 2012 ; De Cock & Tyne,
2014).
En fait, comme le souligne Luste-Chaâ (2008), l’analyse des erreurs a pris son
essor dans les années 70 et différentes typologies fondées sur des critères de
classement très divers sont proposées, notamment en contexte de productions d’écrits
(Catach et al., 1980 ; Garcia-Debanc, 1990 ; Granger & Monfort, 1994 ; Anctil, 2010).
Cette évolution s’est accompagnée de l’apparition des corpus d’apprenants et de la
linguistique de corpus, notamment pour le traitement des données (par exemple les
corpus pourvus d’annotations d’erreurs).
Étant donné que notre intérêt porte sur le lexique, nous présenterons d’abord la
typologie des erreurs lexicales d’Anctil (2005, 2010) construite dans une perspective
didactique avec un public du français langue maternnelle (FLM). Dans un deuxième
216
Chapitre V
temps, en vue de mieux cibler notre public, nous proposons un aperçu des erreurs
fréquentes chez les apprenants chinois, notamment en matière de lexique et de
syntaxe.
Cette typologie est divisée en trois catégories : 1) les aspects liés à l’unité
lexicale (forme, sens, propriétés de combinatoire grammaticale/lexicale), 2)
l’utilisation d’une lexie fictive (création d’un sens inexistant, impropriété, dérivation
morphologique inexistante) et 3) les erreurs liées au contexte (registre de langue,
répétition, imprécision, etc.) (Anctil, 2005, p. 65-66). Néanmoins, on peut remettre en
question certains regroupements. Par exemple, des erreurs sémantiques sont réparties
dans plusieurs cases de la grille (sens, création d’un sens inexistant, impropriété,
imprécision). Ces problèmes ont été ensuite pris en compte par l’auteur et des
aménagements ont été apportés dans la nouvelle version. Dans cette dernière, Anctil
(2010) rassemble les erreurs en trois grandes classes telles que forme, sens, et
combinatoire restreinte aux niveaux grammatical, lexical et pragmatique.
1
Concernant les propriétés de combinatoire, Anctil (2005) a suivi les principes de la lexicologie de
Mel’čuk (Lexicologie Explicative et Combinatoire) et a distingué deux grands axes : la combinatoire
grammaticale et la combinatoire lexicale. Le premier relève du comportement morphologique et
syntaxique d’une unité lexicale (lexème ou locution) alors que le deuxième renvoie aux problèmes de
collocation.
217
Chapitre V
Un point intéressant dans l’analyse effectuée par l’auteur, est qu’il est montré
qu’à travers la répartition des classes de mots dans chaque grande classe d’erreurs, le
verbe représente 55,5% des erreurs de combinatoire syntaxique, 41,5% des erreurs de
sens et 30,7% des erreurs formelles (Anctil, 2010, p. 280). Nous pensons qu’il est
indispensable de prendre en compte ces classes lors de l’analyse des erreurs liées au
verbe.
Nous retenons de cette typologie qu’il est important de prendre en compte les
aspects de combinatoire restreinte (aux niveaux grammatical, lexical et pragmatique).
Les différents types d’erreurs sont illustrés dans le tableau 5.1 :
Tableau 5.1 : Les types d’erreurs de combinatoire restreinte (Anctil, 2010, p. 194)
218
Chapitre V
Par ailleurs, les erreurs sur les propriétés de combinatoire lexicale sont divisées
en trois sous-classes liées aux collocations. Il nous semble important de les intégrer
dans notre typologie parce que les collocations constituent une partie importante de
patrons verbaux. Cependant, nous allons repenser ces sous-classes en fonction de
notre objet d’analyse pour voir si elles sont adaptées aux apprenants chinois.
Dans la section suivante, nous présentons deux thèses consacrées à l’analyse des
erreurs fréquentes chez les apprenants chinois.
Dans le domaine du FLE, les erreurs commises par les apprenants chinois sont
peu étudiées. Nous pouvons par contre mentionner deux thèses qui proposent des
analyses sur les principales erreurs commises à l’écrit par les apprenants chinois. Il est
intéressant de noter que les deux auteurs ont adopté deux approches différentes : la
thèse de Hou (2008) adopte une approche comparative et vise à comprendre les sources
des erreurs tandis que la thèse de Ying (2013), avec une approche cognitive, cherche à
proposer une remédiation au plan didactique.
Hou (2008) a recensé 4498 erreurs dans les textes (à dominante argumentative)
collectés auprès d’étudiants de français dans deux universités chinoises dont le niveau
de langue n’est pas communiqué. Son étude se fonde sur une approche comparative.
L’objectif est de chercher la source des erreurs à travers la comparaison entre la
langue maternelle (le chinois) et la langue étrangère (le français).
Les erreurs relevées sont classées dans trois grandes catégories : erreurs de forme
(orthographe, conjugaison, etc.), d’ordre syntactico-sémantique (préposition, structure,
synonymie, etc.) et d’ordre pragmatique (registre, coréférence, etc.). Pour chaque type
d’erreurs catégorisé, l’auteur a proposé une analyse qui met en avant le fait que les
erreurs liées à la langue maternelle ne constituent pas la seule cause d’erreurs chez les
apprenants, et que les caractéristiques du français ainsi que les stratégies
d’apprentissage des apprenants jouent un rôle important.
D’après les statistiques obtenues, les erreurs les plus fréquentes commises par les
219
Chapitre V
(1) les erreurs de prépositions, par exemple, les apprenants n’utilisent pas
correctement la préposition régie par le verbe (ex : réfléchir à, continuer de).
D’après l’auteur, ces erreurs sont dues essentiellement à la propriété du verbe
(le caractère transitif ou intransitif) ;
(2) les erreurs de structure (ordre des mots, emploi de la négation, etc.), par
exemple, les apprenants mettent souvent l’adverbe avant le verbe dans la
phrase, du fait d’un transfert de la langue maternelle. En fait, comme le
souligne l’auteur, les erreurs de structure sont souvent liées aux
caractéristiques du français, mais également à celles du chinois. Autrement
dit, l’influence de la langue maternelle induit des erreurs chez les apprenants.
Nous pensons que les erreurs de préposition et de structure sont deux aspects
importants à intégrer dans notre analyse.
Dans une autre étude, Ying (2013) a constitué un corpus de 1020 erreurs auprès
de deux publics : des apprenants à l’Alliance Française de Wuhan (niveau débutant) et
des étudiants de français à l’Université Jianghan (niveau intermédiaire). Ses données
sont des exercices de composition écrite (à dominante descriptive et argumentative).
Trois grandes catégories ont été proposées : erreurs lexicales, grammaticales et
sociopragmatiques, comme l’illustre le tableau 5.2 :
Tableau 5.2 : Classement des erreurs proposé par Ying (2013, p. 94)
220
Chapitre V
En dehors des erreurs syntaxiques similaires à celles relevées par Hou (en ce qui
concerne les prépositions régies par le verbe et l’ordre des mots), Ying a également
classé les erreurs liées aux constructions erronées telles que les phrases incomplètes
ou mal composées. Par exemple, l’omission des compléments d’objet comme avec le
verbe renoncer (à ce rêve), ou la formulation de phrases incompréhensibles produites
par une traduction littérale du chinois vers le français. Ces aspects concernant les
constructions verbales seront pris en compte dans notre grille d’analyse.
Par ailleurs, elle a suggéré quelques remédiations vis à vis des erreurs
syntaxiques. Par exemple, concernant l’apprentissage du verbe, l’auteure (ibid., p. 226)
a souligné que celui-ci doit inclure une connaissance sur la propriété et l’utilisation du
verbe, proposant une mémorisation des verbes en compagnie des prépositions. Son
point de vue rejoint celui de Chollet et Robert (2007) qui ont proposé un ouvrage
répertoriant les verbes français et leurs prépositions pour l’E/A du FLE. Dans la
même perspective, nous pensons que l’E/A des verbes en compagnie des prépositions
correspond parfaitement à notre conception de patron dans laquelle un mot doit
s’apprendre en compagnie des éléments linguistiques fréquents qui l’entourent.
Notons par ailleurs que ce point de vue est partagé par de nombreux travaux sur la
didactique du lexique dans lesquels nous pouvons mentionner l’approche lexicale
(The lexical approach) proposée par Lewis (1993 ; 1997).
221
Chapitre V
Enfin, il apparaît que les résultats de Hou et de Ying ont notamment mis en
évidence des maladresses liées aux connaissances élémentaires du français telles que
l’orthographe, la conjugaison, l’accord, etc. Les erreurs au niveau des constructions
verbales se montrent en revanche beaucoup moins fréquentes. Ces résultats pourraient
être liés aux niveaux des apprenants et aux types des textes du corpus. Mais ceci ne veut
pas pour autant dire que les constructions verbales posent moins de problèmes aux
apprenants chinois. Bien au contraire, on peut supposer qu’à un niveau plus élevé (à
partir du niveau B2), les apprenants feront moins d’erreurs sur la forme et que
davantage de difficultés apparaîtront aux niveaux phrastique et discursif. Par ailleurs,
les outils de correction orthographique et grammaticale peuvent relever la plupart des
erreurs liées aux règles grammaticales mais difficilement celles qui apparaissent aux
niveaux lexico-syntaxiques et discursifs. On suppose donc que les erreurs de
constructions verbales ne peuvent pas être détectées par la machine et constituent
alors une des grandes difficultés des apprenants chinois.
5.2.2. Constitution d’une typologie des erreurs centrée sur les verbes
du LST
Après avoir analysé les travaux de quelques auteurs à propos de l’analyse des
erreurs dans le domaine du FLE et du FLM, nous avons retenu plusieurs points
intéressants à prendre en compte dans la construction de notre typologie des erreurs :
(1) les différents aspects liés au verbe : forme, sens, propriétés combinatoires
(2) les erreurs fréquentes liées à l’emploi du verbe chez les apprenants chinois :
erreurs de TAM, erreurs de sens, erreurs de préposition régie par le verbe
(3) concernant l’emploi des constructions verbales chez les apprenants chinois :
ordre des mots, emploi de négation, constructions incomplètes ou erronées
Par ailleurs, nous avons effectué les premières observations dans le corpus. Nous
avons constaté que certaines erreurs sont quasiment absentes de notre corpus. Par
222
Chapitre V
exemple, les erreurs d’emploi de négation liées aux verbes du LST (ex : * Aucun
candidat a été retenu) ne sont pas étudiées car absentes du corpus.
Notons par ailleurs que notre typologie joue un rôle de guidage dans l’analyse et
que des modifications pourraient être apportées en fonction des résultats de
diagnostic.
Rappelons que notre objectif est de constituer une grille qui nous aidera à
diagnostiquer les difficultés des apprenants chinois dans l’utilisation des verbes du
LST et des constructions verbales. C’est pourquoi notre typologie doit être centrée sur
les verbes du LST et leurs constructions verbales, et présenter à la fois une certaine
clarté et une simplicité pour une utilisation par des non spécialistes (apprenants,
enseignants non linguistes).
Au niveau de la Erreurs d’ordre des mots Ex : Tout au long du roman, l’auteur a nous
grammaire et de la (pronom, adverbe) décrit (nous a décrit) neuf voyages…
syntaxe
Utilisation erronée d’une Ex : Nous l’expliquons par (dans) la
préposition paragraphe suivante...
Structure syntaxique erronée Ex : On pourrait constater (constater qu’) il
223
Chapitre V
Il faut noter que, parmi les quatre classes d’erreurs présentées dans le tableau,
nous nous focalisons particulièrement sur les trois dernières. En effet, la première
observation du Corpus Sup-Chinois nous révèle que les erreurs d’orthographe et de
conjugaison liées au verbe sont peu présentes, parce que d’une part, notre corpus est
partiellement corrigé (cf. Chapitre II), d’autre part, on peut supposer qu’à un niveau
élevé (B1+), les erreurs au niveau morphologique diminuent significativement.
Quant aux erreurs relatives aux structures syntaxiques erronées, nous adoptons
une conception plus large qui vise à prendre en compte les choix lexicaux
inappropriés aux écrits scientifiques, par exemple les constructions ne respectant pas
les codes linguistiques de l’écrit scientifique (ex : Tout cela vaut la peine d'être étudié ;
il est donc conseillé de l’expliquer). Selon Anctil (2005, p. 118), ces erreurs soumises
à une norme « stylistique » sont plus subjectives et de ce fait, elles sont souvent
considérées plutôt comme des maladresses. Cependant, ces dernières ont reçu le statut
d’erreur dans notre étude. En effet, dans la perspective de l’E/A des écrits
universitaires, d’une part, ces erreurs de norme indiquent une certaine
méconnaissance du genre scientifique pour les étudiants chinois ; d’autre part, elles
sont souvent pénalisées par les enseignants lors des corrections. Nous illustrons plus
loin ces erreurs avec des exemples plus concrets.
Enfin, il nous semble important de souligner que les types d’erreurs proposés ne
sont pas assez fins. Avec un corpus de petite taille, nous préférons travailler avec des
classes d’erreurs englobantes afin d’observer les principales difficultés des apprenants.
D’ailleurs, nous n’avons pas intégré les erreurs comme celles de ponctuation dans
notre typologie, mais nous pensons que ces erreurs sont importantes à prendre en
compte dans un futur travail.
Dans la section suivante, en nous appuyant sur cette typologie, nous allons
analyser les différents types d’erreurs dans le Corpus Sup-Chinois avec l’outil TXM,
et tant aux niveaux quantitatif que qualitatif.
224
Chapitre V
Nous nous attachons à examiner les erreurs centrées sur les verbes du LST. Pour
ce faire, nous prenons 10 verbes que nous avons déjà étudiés au chapitre IV (choisir,
considérer, comparer, décrire, étudier, expliquer, montrer, noter, proposer, supposer).
Ces verbes ont été retenus parce qu’ils sont fréquents et présentent des
constructions/fonctions importantes et variées dans l’écrit scientifique (cf. Chapitre
IV). Notre objectif est donc de voir si ces verbes et leurs constructions verbales sont
maîtrisés par les apprenants chinois. Si cela n’est pas le cas, quelles sont les lacunes
langagières ?
La répartition des erreurs par classe est illustrée dans la figure 5-1 :
2
Le logiciel nous propose trois expressions régulières. Le point « . » peut remplacer n’importe quel
caractère ; l’étoile « * » s’applique à ce qui précède et veut dire “de 0 à infini” ; le plus « + » s’applique à
ce qui précède et veut dire “de 1 à infini”. Par exemple, la requête « [lemma=“c.*er”] » permet de relever
tous les mots qui commencent par la lettre « c » et qui se terminent par « er ».
225
Chapitre V
Au niveau du
registre, 3%
Au niveau
morphologique,
14%
Au niveau de la Au niveau
grammaire et de sémantique et
la syntaxe, 52% des
cooccurrences
lexicales, 31%
Figure 5-1 : Répartition des erreurs selon les classes d’erreurs de la typologie
De manière générale, la plupart des erreurs relevées sont relatives aux propriétés
sémantique et syntaxique des verbes (83%), avec en particulier 52% pour celles
relevant du niveau de la grammaire et de la syntaxe.
Les erreurs relatives au registre sont les moins fréquentes (3%). Ce nombre peut
s’expliquer par le fait que les étudiants chinois apprennent beaucoup de vocabulaire
du français standard, notamment dans les manuels de FLE qui utilisent également le
registre soutenu. De ce fait, ils connaissent moins bien le langage du registre familier,
n’étant pas capables d’établir la distinction entre le registre familier et le registre
standard de même, il leur est difficile parfois de faire la distinction entre un usage oral
et un usage écrit. Par ailleurs, conformément à notre première observation lors de la
constitution de la typologie, les étudiants chinois ayant un niveau B1 acquis font
moins d’erreurs au niveau morphologique (14%).
La répartition des erreurs par types est illustrée dans la figure 5-2 :
226
Chapitre V
erreurs erreurs de
d'orthographe conjugaison
1% 3%
Expression et
structure
appartenant à un
registre de erreurs du TAM
langue 10%
inapproprié structure
3% syntaxique
erronée
(omission,
déformation, erreurs de sens
etc.) 15%
34%
erreurs de
collocation
11%
erreurs
d'ordre
des mots
utilisation 10% erreurs de
erronée d'une cooccurrence
préposition 5%
8%
Figure 5-2 : Répartition des erreurs selon les types d’erreurs de la typologie
227
Chapitre V
Erreurs d’orthographe
relation…)
2. C’est selon les cas concrets qu’il choit le mode le plus adéquat. (traduction_4) (Correction
proposée : choisit)
Ces cas très rares pourraient s’expliquer par la négligence des étudiants et on
pourrait même dire que ce sont des coquilles, des erreurs de frappe et pas de
méconnaissance. Ainsi, ces erreurs d’orthographe ne semblent pas représenter des
difficultés.
Erreurs de conjugaison
Parmi les sept erreurs de conjugaison relevées, trois cas se rapportent au verbe
écrit à l’infinitif là où un mode et un temps serait à utiliser, comme le montre
l’exemple 3 :
3. Influencé par ces autres, plutôt par leurs pensées et paroles, l’auteur trouve le nouveau sens
dans ces anciennes pensées et paroles et proposer ses propres idées. (traduction_8)
4. Les quatre principes « L’égalité et des avantages mutuels, mettant l’accent sur des résultats
228
Chapitre V
On relève souvent cette erreur chez les natifs aussi car ils oublient quel est leur
sujet grammatical. Ainsi, l’origine de ces erreurs pourrait être due à la négligence.
Notons par ailleurs que les verbes du LST étudiés sont majoritairement des verbes
réguliers et leur conjugaison n’est pas compliquée pour les étudiants chinois.
Comme souligné plus haut, la plupart des erreurs morphologiques sont liées au
TAM. Dans la plupart du temps, les apprenants ont employé le temps du passé simple
de l’indicatif plutôt que le présent ou le participe passé, comme dans l’exemple
suivant :
5. Dans ses plusieurs ouvrages, il nous montra que le capitalisme se développe grâce à
l'existence d'une catégorie sociale. (Correction proposée ; Dans plusieurs de ses ouvrages, il
Dans la phrase il nous montra qui implique un lien avec le présent, au lieu
d’utiliser le passé composé, l’étudiant a choisi le passé simple. Il faut noter que le
passé simple, souvent utilisé dans le récit écrit, est quasiment absent dans l’écrit
scientifique. Les étudiants chinois ont souvent rencontré le temps du passé simple
dans des œuvres littéraires sur lesquelles ils travaillent souvent et qu’ils ont très peu
travaillé avec des textes scientifiques. Par conséquent, ils sont peu familiarisés avec
les temps présents dans le genre de l’écrit scientifique, comme en témoigne l’exemple
6 où l’étudiant a utilisé à la fois le futur proche et le futur simple :
6. Ainsi, nous irons expliquer les différences culturelles sino-françaises dans la traduction dans
expliquerons...)
Il semble, dans notre corpus, que les étudiants chinois connaissent les temps du
verbe mais qu’ils ne maîtrisent pas les nuances de leurs valeurs sémantiques qui
donnent lieu à des erreurs comme celles presentées ci-dessus.
229
Chapitre V
Erreurs de sens
Comme nous l’avons souligné plus haut, les erreurs de sens occupent le
deuxième rang (15%). Parmi les 32 erreurs recensées, la plupart des erreurs viennent
d’une confusion entre deux verbes synonymes :
7. Sa lecture de Freud ne se limite pas à l’orthodoxie freudienne, il veut saisir les pensées
8. Il reçoit les signaux intertextuels dans le texte original et essayer de le montrer dans le texte
(Correction proposée : Il décrypte les signaux intertextuels dans le texte original et essaie de
9. Cette œuvre se compose totalement de trois parties, la première partie note en désordre le
souvenir…) (littérature_4)
Il est intéressant de remarquer que ce sont notamment les verbes noter et montrer
qui posent problème, car ils sont courants et donc mieux connus des étudiants chinois
qui en font un suremploi. Dans l’exemple 7, le verbe montrer est utilisé pour signifier
« porter quelque chose à la connaissance de quelqu’un » plutôt que « démontrer,
mettre en évidence » parce que la phrase n’implique pas un processus de justification.
Quant à l’exemple 8, le lien sémantique entre le verbe montrer et restituer est moins
évident, mais ils consistent à rendre quelque chose visible. L’étudiant ne semble pas
totalement maîtriser le sens du verbe montrer (faire voir, mettre en évidence quelque
chose tel qu’il est), puisque dans ce contexte de traduction, il s’agit de « rétablir » les
signaux intertextuels dans son état original. Dans l’exemple 9, il existe un lien
sémantique entre les verbes noter et décrire qui se rapportent à l’écrit. L’emploi
erroné du verbe noter nous permet de voir que l’étudiant n’a pas bien saisi le sens de
ce verbe : noter signifie « mettre une observation par écrit » ou « remarquer » au sens
figuré, alors qu’il s’agit de « représenter » le souvenir dans l’œuvre.
230
Chapitre V
Pourtant, on doit admettre qu’il n’est pas toujours aisé d’expliquer l’origine de
ces erreurs, mais on pourrait supposer que les étudiants chinois qui ont l’habitude de
recourir à des dictionnaires sino-français (ceux-ci présentent souvent des traductions
littérales sans contexte) ne maîtrisent pas totalement les nuances sémantiques des
mots.
Erreurs de collocation
Les erreurs de collocation représentent 11% (25 cas) des erreurs relevées.
Comme nous nous intéressons aux verbes du LST, la majorité des erreurs sont des
collocations verbales ayant un nom comme base et un verbe comme collocatif. On
peut distinguer deux cas différents : le premier cas concerne l’utilisation d’un nom
imprécis alors que le deuxième se rapporte au choix d’un collocatif inapproprié.
théorie de la traduction, on commence à croire qu’il n’y a que la linguistique qui pourra décrire
11. Au XXe siècle, les dirigeants chinois ont visité fréquemment plusieurs pays africains, ainsi
que la Chine a organisé plusieurs fois les sommets et les forums sino- africains, tout montre
la Chine a-t-elle organisé plusieurs fois les sommets…, tout ceci montre une attention de la
Comme on peut le constater, les noms objets imprécis sont des noms
« passe-partout » comme tout, chose. Dans l’exemple 10, on peut supposer que
l’étudiant a une connaissance limitée sur les noms d’objets qui peuvent apparaître en
co-occurrence avec le verbe expliquer, ce qui l’amène à employer un terme vague et
imprécis. Quant à l’exemple 11, il semble que l’étudiant a voulu utiliser la locution
tout ceci montre, mais il ne maîtrise pas bien son insertion syntagmatique. Le
deuxième cas d’erreur de collocation rencontré est l’emploi d’un collocatif
inapproprié (voir les exemples suivants) :
231
Chapitre V
12. Comme un grand maître en roman social et psychologique, François Mauriac choisit aussi des
problèmes réalistes qui existaient dans les familles les plus communes de la société
représentatives)
éducative moderne. On peut conclure (sur) les trois caractères ci-dessous en étudiant ces
pensées pour mieux faire la réforme de nos jours. (collocations: en nous inspirant de ces idées)
(socioculturel_2)
14. Nous essayons quand même de proposer un peu d’opinions sur les problèmes discutable
donner nos opinions sur certains sujets à discussion dans le domaine de traduction.)
15. En comparant détaillement les deux versions, de différents problèmes seront présentés et
232
Chapitre V
Nous avons également rencontré des cas où les adverbes sont mal choisis et ne
correspondent pas au sens exprimé, comme dans les exemples suivants :
16. Il convient de noter définitivement, que cette syntaxe courte constitue le trait original du
17. Nous proposerons grossièrement une distinction de quatre grands courants textuel,
Dans l’exemple 16, le contexte élargi nous aide à affirmer que l’étudiant a utilisé
définitivement pour marquer le dernier élément, alors que les adverbes enfin,
finalement auraient été plus appropriés. Quant à l’exemple 17, le choix de l’adverbe
grossièrement nous paraît maladroit. Cet adverbe peut signifier ‘en employant un
langage familier/grossier’ ce qui n’entre pas dans le registre attendu dans les écrits
scientifiques. Mais il peut signifier aussi ‘de façon sommaire, sans détail’ et dans ce
cas il pourrait être accepté. Toutefois, son caractère polysémique et la prégnance du
sens lié à la familiarité des propos, limite son utilisation dans un discours scientifique.
Enfin, les cas relevés ne sont pas nombreux, ce qui peut s’expliquer par le fait
que l’emploi des cooccurences [verbe+adverbe] est restreint dans l’écrit des
apprenants. On pourrait penser que les apprenants ne disposent pas des connaissances
qui leur permettraient de recourir aux co-occurrences [verbe+adverbe].
Les erreurs présentées ci-dessus nous conduisent à supposer que les étudiants
chinois manquent de moyens pour trouver les collocatifs ou les co-occurrents
appropriés. Les dictionnaires sino-français ne leur proposent pas ces informations de
combinatoire lexicale ; ils choisissent par conséquent soit de créer une forme
inexistante, soit d’employer un terme qui ne traduit pas le sens visé.
De manière générale, les étudiants chinois n’ont pas une bonne appréhension du
phénomène de combinatoire lexicale tant en compréhension qu’en production.
Lorsqu’il s’agit de mots inconnus, ils recourent souvent aux dictionnaires
sino-français pour vérifier les traductions en français, ce qui pourrait expliquer la
233
Chapitre V
Les erreurs d’ordre des mots représentent 10% (22 cas) des erreurs relevées. La
plupart des erreurs (17 cas) viennent de la mauvaise place de l’adverbe, comme en
témoignent les exemples 18 et 19 :
18. On souvent considère quand comme connecteur de simultanéité qui peut donner lieu à une
considère souvent)
19. Lawrence Venuti, le linguiste qui est de Italien American (un Italo-Américain), a proposé
d’abord ces deux stratégies de la traduction cibliste et de la traduction sourcière dans son livre
20. Tout au long du roman, l’auteur a nous décrit neuf voyages mais pas un seul en apparence.
234
Chapitre V
21. De plus, c’est peut-être que les étudiants peuvent obtenir leurs diplômes en choisissant passer
l’examen ou la thèse ou tous les deux… (socioculturel_2) (Correction proposée : il se peut que
Une autre partie des erreurs (10 cas) se rapporte au sens de la préposition. Par
exemple, dans l’exemple 22, l’apprenant aurait dû employer la préposition dans qui
introduit une localisation alors que dans l’exemple 23, il y a lieu d’utiliser une
préposition pour exprimer le but.
22. Mais quelle que ce soit, la version doit être acceptée par le lecteur, au contenu comme à la
23. Nous ne pouvons pas imposer le concept culturel de langue originale au lecteur cible, ne
pouvons pas plus utiliser le type et la standard de culture original à expliquer les autres
Comme nous l’avons souligné, ce type d’erreurs totalise 34% (76 cas) des
erreurs relevées, et constitue donc le cas le plus fréquent de notre corpus. Nous
pouvons distinguer trois catégories : l’omission d’un élément dans la phrase (12 cas),
des structures déformées ou inexistantes (58 cas), ou encore des structures
maladroites (6 cas).
Les cas d’omission peuvent être attribuables soit à la négligence des apprenants
soit à une maîtrise insuffisante des constructions syntaxiques. Dans l’exemple 24, il
manque le pronom le devant le verbe expliquer, qui renvoie à la citation entre
guillemets. Dans l’exemple 25, l’apprenant aurait dû ajouter l’auxiliaire être pour
235
Chapitre V
25. Monsieur LUO Dagang qui insiste sur ce que les œuvres littéraires peuvent considérées
comme le miroir de la vie des écrivains. (Correction proposée : Luo Dagang insiste
Au-delà des erreurs sus-citées, la plupart des erreurs (58 cas) de structure
syntaxique erronée correspondent à des cas où la structure syntaxique n’est pas
respectée. Dans l’exemple 26, la structure est déformée, puisque le sujet est absent et
que la construction pousser à étudier et analyser est rarement utilisée dans l’écrit
scientifique pour établir une relation de cause à effet. Rappelons que dans le chapitre
III, nous avons expliqué que les constructions causatives amener/conduire à faire
quelque chose sont fréquentes dans l’écrit scientifique. Il apparaît qu’ici, l’apprenant
manque de moyens linguistiques pour justifier le choix de son sujet portant sur l’étude
du passé simple et de l’imparfait.
26. Après avoir lit la lecture de quelques livres linguistiques de Gosselin, Touratier, Bres, etc.,
proposée : La lecture des ouvrages de….nous amène à nous intéresser à l’étude et à l’analyse
27. Comparant à la variante la plus populaire ci-dessus citée, même si les deux dernières sont
très différentes, il existe encore des points communs. (littérature_3) (Correction proposée :
Comparées à la variante la plus populaire citée ci-dessus, les deux dernières sont très
236
Chapitre V
28. Il est hors de doute que Meschonnic considère la poétique comme une théorie plus
considère…) (traduction_1)
29. Pour traduire ces références et ces noms propres, les traducteurs de nos jours emploient
traduction sémantique. Voyons le tableau que nous avons fait pour illustrer quelques
façons choisies par les traducteurs. (traduction_1) (Correction proposée : Nous illustrons
dans le tableau suivant les différentes façons de traductions adoptées par les traducteurs)
30. Il nous vaut mieux de considérer le paysage de la littérature comme une combinaison de la
On voit bien que ces exemples sont beaucoup plus compréhensibles que
l’exemple 27. Les exemples 28 et 29 peuvent être considérés comme une maladresse,
car ils ne sont pas totalement faux du point de vue strictement linguistique. Ici, il nous
semble intéressant de les analyser avec l’exemple 30 qui est incorrect parce que ces
trois exemples font bien ressortir le fait que les apprenants ne disposent pas de
moyens linguistiques pour exprimer certaines fonctions rhétoriques dans leur écrit
académique. Il s’agit de proposer une illustration avec le tableau (l’exemple 29), de
référer au propos d’un chercheur (l’exemple 28) et d’introduire un point de vue
(l’exemple 30). Nous croyons que ces erreurs ou plutôt, maladresses, sont attribuables
au fait que les apprenants sont peu familiarisés avec le genre de l’écrit scientifique
ainsi que les constructions syntaxiques spécifiques ou fréquentes dans l’écrit
scientifique, trahissant par conséquent le statut de novices des apprenants chinois dans
le domaine de l’écrit scientifique.
237
Chapitre V
Les sept erreurs relevées (3%) se rapportent au cas où l’apprenant emploie une
expression ou une structure appartenant à un registre inapproprié, en mélangeant
notamment des usages oraux et écrits, comme dans les deux exemples suivants :
31. Quand Simon parle du sentiment de la création de La Route des Flandres, il explique
comme ça : toutes les choses surgissent ensemble dans mon esprit… (littérature_12)
32. Ce qu’on doit étudier, c’est que dans un modèle ou une circonstance si centralisée,
Les erreurs relatives au registre sont parmi les moins fréquentes, mais elles n’ont
pas le même statut que les erreurs de type morphologique. En effet, nous pensons que
ces erreurs relatives au registre sont plus problématiques, car elles ne respectent ni la
norme linguistique, ni les codes linguistiques reconnus par la communauté de
discours. L’expression comme ça et la structure ce que…c’est que apparaissent à
l’oral mais ne sont pas acceptables à l’écrit. Ce type d’erreurs peut être attribuable au
fait que l’apprenant n’est pas conscient de l’existence des usages oraux et écrits de la
langue. Nous pensons que le fait de sensibiliser l’apprenant aux constructions
verbales fréquentes et à la notion d’usage dans l’écrit scientifique, en les distinguant
des autres formes à la fois d’usage et de registres, permet de réduire ce type d’erreur.
238
Chapitre V
Les sources possibles des erreurs relevées sont assez diverses : une surcharge
cognitive (négligence), l’influence de la langue maternelle, le manque de savoir sur
les propriétés sémantique et syntaxique des verbes français, le manque de
connaissances sur les codes linguistiques dans l’écrit scientifique. Parmi ces causes,
dans le cadre de cette thèse, les deux dernières paraissent primordiales. En effet,
l’analyse du comportement lexico-syntaxique des verbes du LST dans le chapitre IV
nous permet d’envisager des remédiations. Il nous semble que le fait de sensibiliser
les apprenants à la phraséologie associée au verbe (par exemple, collocations,
constructions syntaxiques, routines verbales) pourra les aider à mieux saisir les sens
du verbe et à comprendre le fonctionnement de la langue scientifique. Ce processus
de sensibilisation pourrait être développé dans des activités d’observation sur le
corpus que nous expliquerons plus en détail dans la section 5.5.
De manière générale, d’une part, on constate que les apprenants ne maîtrisent pas
bien la langue, car ils sont encore en phase d’acquisition de la compétence langagière ;
d’autre part, si l’on considère l’emploi de temps verbaux inappropriés et la production
de constructions maladroites, on peut supposer que les apprenants connaissent
insuffisamment les codes linguistiques de l’écrit scientifique. En fait, à notre
connaissance, le genre de l’écrit scientifique ne fait pas l’objet d’un enseignement
spécifique pour ce public. On pourrait faire l’hypothèse que certaines lacunes liées à
cette dimension empêchent l’apprenant d’employer les expressions et les
constructions appropriées au genre et au contexte. C’est pourquoi nous pensons que
ces lacunes pourraient être notamment mises en évidence par l’analyse des cas de
sous-emploi et de suremploi en comparaison avec les écrits de natifs.
239
Chapitre V
Dans cette section, nous tentons de proposer une grille de diagnostic sur les
spécificités qui guideront notre analyse comparative entre le Corpus Sup-Chinois et le
Corpus Sup-Natifs. Cette grille sert à révéler les verbes du LST et leurs constructions
verbales sur-employées ou sous-employées, permettant ainsi d’évaluer dans quelle
mesure les apprenants chinois maîtrisent les constructions spécifiques de l’écrit
scientifique.
l’EAP
240
Chapitre V
connaissance de, donner une brève histoire de) dans les textes académiques et l’étude
de Forsberg (2010) consacrée aux séquences phraséologiques à l’oral (ex : disons que,
c’est vrai que).
Étant donné que notre intérêt porte sur les constructions verbales, nous
présentons deux études consacrées aux constructions verbales dans les écrits des
apprenants afin de comprendre ce que font les apprenants avec ces éléments. Nous
pourrons ensuite faire des choix quant aux éléments à aborder pour la classe de FLE.
L’étude de Wulff et Gries (2011) porte sur les constructions avec l’infinitif ou le
gérondif comme compléments de verbes. Au niveau sémantique, ces deux
constructions se distinguent par le fait que la première désigne une possibilité (ex : I
try to finish it. /J’essaie de le finir.) alors que la deuxième renvoie à un événement
réel (I stop talking. /J’arrête de parler.). Wulff et Gries ont examiné ces deux
3
Il vient du terme anglais « metadiscourse » traduit par Grossmann (2012). Ce terme est employé par
Hyland pour désigner « l’ensemble des marques impliquant une forme de réflexivité du scripteur dans le
cadre de la négociation de l’interaction avec le lecteur appartenant à une communauté spécifique ». (ibid.,
p. 149)
241
Chapitre V
(1) X MAKE Y Vinf : This does not make the scam legitimate. (traduction : Ceci
ne rend pas l’escroquerie plus légitime.)
(2) X MAKE Y Vpp : The effects are making themselves felt. (traduction : Les
conséquences se font sentir.)
242
Chapitre V
Par ailleurs, les auteurs ont suggéré que ces différences peuvent être expliquées
par trois éléments tels que le manque de connaissances, le transfert de la langue
maternelle et le manque de matériels d’enseignement appropriés.
Ces trois caractéristiques seront prises en compte lors de notre diagnostic sur les
spécificités.
La constitution des listes de l’EAP telles que AWL et AKL (cf. Chapitre I) a
conduit les chercheurs à examiner si les mots considérés comme essentiels dans
l’EAP sont présents dans les écrits des apprenants, et si oui, comment ces derniers les
utilisent par rapport aux experts. La comparaison des corpus basée sur ces listes
constitue ainsi un autre aspect permettant de mettre en évidence les spécificités des
apprenants.
Basée sur la liste de l’AWL, Chen et al. (2009) ont calculé la fréquence des mots
243
Chapitre V
appartenant à cette liste dans les résumés des revues relevant des domaines du
commerce et du management. Les auteurs ont mis en contraste des revues publiées à
Taiwan et celles publiées à l’international. De manière générale, les résultats ont
montré que les mots de l’EAP sont plus présents dans les revues publiées à
l’international. Ainsi, les auteurs soulignent l’importance de ces mots pour les
étudiants s’ils souhaitent améliorer leurs compétences en lecture et en écriture, en se
rapprochant des normes internationales.
De même que Chen et al., Paquot (2010) s’intéresse aux mots essentiels dans
l’EAP. Son étude se fonde sur l’élaboration de la liste de l’AKL et comprend une
dimension rhétorique dans la mesure où elle se focalise sur les mots remplissant des
fonctions rhétoriques importantes telles que l’expression de l’effet et de la cause,
l’illustration par des exemples, la comparaison, etc. En comparant le corpus ICLE à
un sous-corpus de BNC, l’auteure a souligné qu’environ 50% de mots de l’AKL sont
sous-employés par les apprenants dont les noms comme argument, difference et les
verbes tels que argue, illustrate, exemplify et explain. Il a été également montré que
les apprenants ont un répertoire lexical plus limité au sujet du choix de mots ou
d’expressions revêtant certaines fonctions rhétoriques. Par exemple, ils se limitent aux
adverbiaux for example et for instance pour exemplifier, ignorant les mots spécifiques
remplissant cette fonction tels que illustrate et exemplify. Les fonctions rhétoriques
constituent donc un aspect non négligeable dans l’étude sur les spécificités que nous
allons approfondir dans la section suivante.
De nombreux travaux (Hyland & Milton, 1997 ; Ädel, 2003 ; Hyland, 2004 ;
Noble, 2006) tendent à montrer que les difficultés rencontrées par les apprenants de
niveau avancé, se situent essentiellement au plan des fonctions communicatives et
pragmatiques : des difficultés à interagir avec le lecteur, à se référer au discours
d’autrui, à atténuer l’assertion, à exprimer son point de vue ou à structurer le discours.
Précisons que la question du métadiscours concerne différents types de marqueurs
dont font partie les constructions verbales.
Arrêtons-nous sur deux études du domaine : 1) celle de Neff et al. (2004) portant
244
Chapitre V
Neff et al. (2004) ont examiné les marqueurs de positionnement (ex : I think, it’s
true that) dans trois corpus différents : corpus d’apprenants d’anglais composé
d’écrits argumentatifs produits par un public hétérogène (des apprenants espagnols,
italiens, français et allemands), corpus d’étudiants états-uniens (écrits argumentatifs)
et corpus d’articles de recherche d’experts. À l’issue de l’étude contrastive, les
auteurs ont constaté dans le corpus d’apprenants, d’une part, un suremploi du pronom
personnel I associé aux verbes d’opinion comme think, believe et des constructions
servant à exprimer l’évidence du fait (ex : it’s clear that, it’s well known that) ; et
d’autre part, un sous-emploi des phrases modalisées et un manque de justification de
l’assertion (en particulier après l’assertion certaine de l’auteur). Par ailleurs, il s’avère
que les étudiants états-uniens occupent une place intermédiaire entre les apprenants
non-natifs et les experts. Par exemple, comme les apprenants non-natifs, ils utilisent
davantage de constructions servant à exprimer l’évidence, ce qui révèle qu’ils ont des
difficultés à se positionner et à remettre en cause ce qu’ils lisent, trahissant ainsi leur
statut de novice.
Ayant mis en évidence les lacunes au sujet des fonctions rhétoriques dans le
discours scientifique, ces deux études s’accordent à conclure à la nécessité de l’E/A
de ces marqueurs lors de la rédaction d’écrits universitaires par des apprenants de
245
Chapitre V
langues étrangères à l’université. Enfin, il nous semble donc pertinent de relier les
constructions verbales à leurs fonctions rhétoriques lors de notre diagnostic afin de
mettre en avant les lacunes au niveau discursif.
Néanmoins, précisons que les trois aspects mettant en avant les spécificités des
apprenants sont étroitement liés. De notre point de vue, ces études peuvent donner un
aperçu plus complet sur les lacunes des apprenants. L’étude de Granger et Paquot
(2009b), présentée ci-dessous, prend en compte ces trois aspects.
Dans un premier temps, les auteures ont examiné respectivement les 100 verbes
les plus fréquents dans le corpus d’apprenants ICLE et un corpus d’experts. À travers
la comparaison, il s’est avéré que 55,4% de ces verbes sont sur-employés tandis que
29% sont sous-employés par les apprenants. Les auteures ont remarqué que parmi les
verbes sous-employés, 88% appartiennent à la liste de l’AKL dont les verbes describe,
suggest, note, include. Quant aux verbes sur-employés, 90% relèvent de l’anglais
langue générale dont les verbes want, feel, dream. Les premiers résultats ont donc
conduit à dégager des lacunes liées aux verbes de l’EAP.
Dans un deuxième temps, les auteures se sont focalisées sur les différences sur
les formes verbales afin d’examiner l’emploi des patrons verbaux comportant ces
formes chez les apprenants. Les formes verbales étudiées comprennent le temps au
246
Chapitre V
Ensuite, les auteures ont interprété ces résultats en faisant un lien avec les
fonctions rhétoriques, affirmant que les formes verbales sous-employées indiquent la
non maîtrise des patrons servant à certaines fonctions rhétoriques qui sont pourtant au
cœur du genre de l’écrit académique. Il s’agit par exemple du patron ‘as VVN in/by’,
utilisé pour se référer à d’autres travaux (as suggested by) ou pour renvoyer aux
éléments péri-textuels (as shown in).
247
Chapitre V
(2) Ensuite, les spécificités liées aux écrits universitaires des apprenants sont
peu prises en compte dans l’enseignement du FLE, ce qui peut s’expliquer
par le fait qu’elles sont plus difficiles à détecter par rapport aux erreurs et
qu’elles demandent un travail de constitution de corpus complexe.
(3) Enfin, à notre connaissance, les spécificités liées aux constructions verbales
dans les écrits scientifiques des apprenants sont encore peu explorées dans
le domaine de l’EAP comme dans le FLE. Les chercheurs se sont interrogés
notamment sur certaines constructions verbales particulières (ex :
constructions causatives) (Wulff & Gries, 2011 ; Gilquin, 2012) mais pas
toutes et peu encore pour le français. Notre étude se distingue de ces
travaux par le fait qu’avec une entrée verbale, nous souhaitons relever les
principales difficultés des apprenants liées à l’utilisation des verbes du LST,
notamment en termes de constructions syntaxiques.
248
Chapitre V
1. Les apprenants chinois sous-emploient les verbes du LST par rapport aux
novices français et aux experts.
Paramètre Processus
Fréquence des verbes 1. Observer les 20 verbes du LST les plus fréquents chez les
experts et répartition chez les apprenants chinois et les novices
français
2. Observer les 20 verbes du LST les plus fréquents chez les
apprenants chinois (par rapport aux experts) et répartition chez
les novices français
3. Observer les 20 verbes du LST les plus fréquents chez les
novices français (par rapport aux experts) et répartition chez les
apprenants chinois
Fréquences des 1. Observer la fréquence des constructions verbales récurrentes
constructions verbales pour les 10 verbes fréquents étudiés (verbes d’analyse et verbes
de positionnement) chez les apprenants chinois et les novices
français
2. Observer la diversité de ces constructions verbales chez les
apprenants chinois et les novices français
3. Observer, pour les 10 verbes, les constructions suremployées
par les apprenants chinois
Tableau 5.4 : Grille de diagnostic sur les spécificités
• Elle est fondée sur les analyses des verbes (verbes d’analyse et verbes de
positionnement) ;
• Elle est constituée de deux étapes d’analyse : la comparaison par rapport à la
liste du LST et aux constructions verbales ainsi que l’observation des
fonctions rhétoriques associées.
249
Chapitre V
Dans un premier temps, nous évaluons le nombre des verbes du LST (342 verbes
extraits du corpus Scientext-SHS) dans le corpus d’apprenants chinois et le corpus de
novices français afin de voir quels sont les verbes surreprésentés et sous-représentés
dans les écrits d’apprenants chinois (par rapport aux novices français et aux experts).
Dans un deuxième temps, nous reprenons les 10 verbes retenus pour le diagnostic des
erreurs (choisir, considérer, comparer, décrire, étudier, expliquer, montrer, noter,
proposer, supposer) afin d’examiner leurs constructions verbales présentes dans les
deux corpus. Celles-ci seront ensuite comparées aux patrons verbaux obtenus dans le
chapitre IV. Finalement, pour les 10 verbes retenus, nous observons, chez les
apprenants chinois et les novices français, la fréquence et la diversité des routines
verbales remplissant les fonctions rhétoriques.
Notons par ailleurs que dans l’analyse des spécificités sur les 10 verbes, nous
n’abordons pas les fréquences brutes du corpus Scientext-SHS puisqu’au niveau
quantitatif, ce dernier n’est pas comparable aux deux autres corpus.
Avant de procéder à une analyse qualitative pour les 10 verbes du LST (choisir,
considérer, comparer, décrire, étudier, expliquer, montrer, noter, proposer, supposer) et
pour leurs constructions, nous rappelons que l’ensemble des verbes du LST est
constitué à partir du corpus d’experts Scientext-SHS dans le cadre du projet Termith
(Hatier et al. 2016). Ce lexique est composé de 342 verbes (cf. Chapitre III). Nous
avons d’abord observé si les 342 verbes apparaissaient dans les deux corpus : 334
apparaissent dans le corpus d’étudiants chinois contre 336 dans le corpus d’étudiants
français. Cette forte présence montre que le LST est central dans ces écrits. On peut
en déduire que les apprenants chinois sont conscients d’une variété lexicale des
verbes du LST, mais le fait que ces verbes soient présents dans leurs écrits ne veut pas
250
Chapitre V
pour autant dire qu’ils en maîtrisent les constructions et le sens. On se posera ainsi les
questions suivantes : quelles sont les constructions verbales mobilisées ? Les verbes
sont-ils employés à bon escient au plan sémantique? Les étudiants perçoivent-ils la
polysémie ?
251
Chapitre V
Ainsi, les cas de sous-emplois relevés permettent de repérer les verbes à intégrer dans
les activités.
Si nous nous intéressons aux 20 verbes les plus fréquents du LST du corpus
d’experts, les novices français, et encore plus les apprenants chinois, marquent une
tendance au sous-emploi comme l’illustre la figure 5-3 :
conduire
exister
réaliser
produire corpus
expliquer d'apprenants
obtenir chinois/TermITH
représenter
définir corpus de novices
porter français/TermITH
devenir
apparaître
proposer
sembler
utiliser
considérer
constituer
agir
présenter
montrer
permettre
0 1 2 3 4
Figure 5-3 : Ratio de fréquence relative pour les 20 verbes les plus fréquents4 de
notre liste du LST
4
Ces verbes sont classés dans l’ordre croissant selon la fréquence des 20 verbes dans le corpus
d’experts.
252
Chapitre V
Chapitre IV). Par exemple, le verbe permettre (fréquence relative de 3172 pour le
Corpus Sup-Natifs contre 178 pour le Corpus Sup-Chinois) est ainsi largement utilisé
dans la construction causative permettre de, une construction essentielle dans
l’argumentation scientifique (voir les exemples 33 et 34 venant des deux corpus).
33 Alors cette conception permet d’expliquer pourquoi l’« aspect aoristique » (la
(apprenants chinois_linguistique_1)
34 De plus, le modèle des rimes permet de mettre en évidence l’importance des relations
français_6_BOCH_M)
Dans un deuxième temps, nous souhaitons examiner quels sont les verbes du
LST les plus spécifiques par les apprenants chinois. La figure 5-4 donne un aperçu
des 20 verbes du LST les plus spécifiques.
253
Chapitre V
conformer
concentrer
manifester corpus
signifier d'apprenants
remplacer chinois/TermITH
provoquer
corpus de novices
séparer français/TermITH
exister
exprimer
posséder
mentionner
préconiser
détailler
négliger
refléter
approfondir
symboliser
diviser
influencer
traduire
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Figure 5-4 : Ratio de fréquence relative pour les 20 verbes du LST les plus
utilisés par les apprenants chinois
35 L’auteur assimile ce principe à une « lecture devinette » qui se traduit par une
méthode mise en place par l »enfant pour reconnaitre à partir d'indices le mot le plus
36 Et les traducteurs préfèrent traduire ce poème en vers libre au lieu de vers traditionnel
254
Chapitre V
Nous faisons le même constat pour d’autres verbes comme exprimer, refléter,
symboliser, signifier, manifester, remplacer. Bien qu’étant des éléments du LST, ils
sont souvent employés dans un sens ne s’inscrivant pas dans notre définition du LST,
mais qui renvoie à l’interprétation des objets littéraires [37] :
(apprenants chinois_littérature_6)
chinois_littérature_2)
Afin de mieux comprendre les différences entre les apprenants chinois et les
novices français, nous présentons dans la figure ci-dessous les 20 verbes les plus
spécifiques des novices français :
255
Chapitre V
concentrer
intéresser
utiliser
ancrer
aborder
approfondir
enrichir
respecter
faciliter
corpus d'apprenants
baser chinois/TermITH
détailler
émettre corpus de novices
recueillir français/TermITH
questionner
adapter
guider
motiver
corriger
préconiser
progresser
0 2 4 6 8 10
Figure 5-5 : Ratio de fréquence relative pour les 20 verbes du LST les plus
utilisés par les novices français
Nous avons montré précédemment que certains emplois non-LST de verbes pour
lesquels on observe une fréquence élevée dans le corpus d’apprenants chinois sont
liés aux thématiques abordées par les apprenants chinois. De la même manière, la
thématique du corpus de novices français, la didactique, est fortement réprésentée
parmi les verbes les plus spécifiques : progresser, respecter, corriger, guider et
motiver (voir l’exemple [40]) :
40 C’est également grâce à l’enseignant qui, par ses échanges oraux avec les enfants,
L’analyse qualitative des concordances est ici nécessaire pour savoir si les verbes
sont effectivement utilisés dans leur sens scientifique ou bien si les novices français et
les apprenants chinois ne maîtrisent pas l’emploi de sens spécialisés.
256
Chapitre V
En outre, il est intéressant de constater que les étudiants chinois connaissent tous
les verbes, mais ils les utilisent moins que les natifs. Donc, nous pensons qu’il s’agit
de lacunes peut-être davantage sémantiques voire donc de lacunes discursives puisque
les étudiants chinois ne savent pas quel verbe utiliser à quel moment.
Dans cette partie, nous reprenons les 10 verbes retenus pour l’analyse des erreurs
et déjà étudiés dans le chapitre IV (choisir, considérer, comparer, décrire, étudier,
expliquer, montrer, noter, proposer, supposer) afin d’examiner les constructions
verbales surreprésentées et sous-représentées chez les apprenants chinois et les
novices français. Ces données seront confrontées à nos analyses des patrons verbaux
pour mettre en lumière les différences. Nous émettons l’hypothèse que les
constructions verbales dans les écrits chinois sont moins variées que celles des
novices français et des experts.
257
Chapitre V
supposer associé à cette construction est absent de notre corpus d’apprenants chinois.
60%
50%
40%
30%
novices français
20%
apprenants chinois
10%
0%
Nous avons déjà montré dans le chapitre IV que les verbes associés à cette
construction activent des sens spécifiques dans l’écrit scientifique, surtout lorsque le
sujet humain renvoie à l’auteur (ou aux auteurs). Au niveau du sémantisme, le
sous-emploi de ces verbes dans cette construction implique que les sens associés y
sont sous-employés. Par exemple, le verbe considérer (nous considérons que) prend le
sens « se former une opinion », le verbe noter (on note que) signifie « remarquer,
prêter attention à » et le verbe supposer veut dire « faire l’hypothèse que ».
Si l’on examine les cinq verbes dans cette construction, on peut constater que les
novices français présentent des emplois similaires aux patrons identifiés dans le
corpus d’experts. Par exemple, pour le verbe montrer, quelques emplois
métonymiques au niveau du sujet ont été relevés chez les novices français (9/354
occurrences) (recherche/étude montre que), tandis que ces emplois sont quasiment
absents (2/272 occurrences) chez les apprenants chinois (voir l’exemple [41]).
nombreuses études ont montré que l’entourage de l’enfant avait un rôle dans cet
Par ailleurs, de même que les experts, les novices français choisissent souvent le
pronom on ou nous comme sujet qui représente l’auteur (ou les auteurs), notamment
258
Chapitre V
synthèse. On note que ce sont exactement les procédures développées plus haut par
français_26_BOCH_M)
43 En ce sens, Ricci montre que la Chine est guidée par des philosophes, ce qui
chinois_socioculturel_3)
259
Chapitre V
80%
70%
60%
50%
40%
novices français
30%
apprenants chinois
20%
10%
0%
Notons par ailleurs que pour le verbe considérer, la construction retenue est
(sujet humain) considérer (objet nominal) comme. La principale différence entre les
deux publics concerne notamment les verbes étudier, expliquer, montrer, proposer, et
supposer, moins utilisés par les novices français dans ce type de construction.
(apprenants chinois_literature_10)
Les noms naïveté, tendresse, sagesse n’appartiennent pas au LST tandis que le
nom méthode fait partie de moyens mis en place pour effectuer une recherche
scientifique. Par rapport aux apprenants chinois, les novices français emploient
davantage des noms objets relevant du LST, se rapprochant ainsi des experts. Prenons
l’exemple du verbe montrer, utilisé par les experts pour des objets-noms renvoyant à
260
Chapitre V
une qualité (importance, rôle) ou une relation (lien, différence) (cf. Chapitre IV). Ces
emplois ont également été relevés chez les novices français (6/354 occurrences) mais
sont quasiment absents chez les apprenants chinois. Comparons les exemples [46] et
[47] :
47 Dans lequel, l’auteur nous montre la vie des différents personnages qui n’ont ni de
Dans l’exemple [47], le verbe montrer est utilisé dans le sens de ‘faire imaginer,
représenter à l’esprit’ et non pas dans le sens de ‘démontrer’. Ces différences d’emploi
peuvent s’expliquer par plusieurs facteurs : d’abord, comme nous l’avons déjà
mentionné, les thématiques des mémoires d’apprenants chinois sont différentes de
celles des novices français. Ensuite, les écrits des apprenants chinois relèvent plutôt
du type descriptif que d’un type argumentatif. Or, il s’agit de mémoires de fin
d’études de master, qui devraient bien au contraire être du type argumentatif. C’est
pourquoi nous considérons que ces mémoires ne sont pas de véritables travaux de
recherche. Enfin, il apparaît que les apprenants chinois ne sont pas familiarisés avec
les sens du verbe appartenant à l’écrit scientifique, ignorant ainsi les rôles de ces
verbes dans ce type d’écrit.
Par ailleurs, rappelons que dans la section 5.2.3., nous avons relevé des erreurs
de collocations verbales chez les apprenants chinois. Les apprenants chinois sont
confrontés à davantage de difficultés que les novices français concernant le choix des
objets nominaux (voir les exemples [48] et [49]) :
langue à l'aide de la même langue, généralement quand on explique une chose dans
261
Chapitre V
qualité.)
Dans l’exemple [48], l’objet nominal une chose est un terme imprécis alors que
dans l’exemple [49], l’emploi du mot tactique est maladroit et ne convient pas dans ce
contexte.
Construction au passif
Il nous semble important de rappeler que dans le chapitre IV, nous avons montré
que ces verbes fréquemment employés au passif ou au passif réduit (modèle
décrit/étudié/proposé) permettent de mettre en avant l’objet à analyser : les résultats
sont décrits dans la section suivante, notre choix peut être expliqué par le fait que,
l’exemple étudié nous permet de dire que, l’approche proposée s’inscrit dans, etc.
Nous avons également expliqué dans le chapitre III que les formes passives dans
l’écrit scientifique ont pour fonctions principales d’« assurer une progression à thème
constant », d’« effacer le sujet, alléger la structure phrastique » et de contribuer à
« l’impersonnalité du texte technoscientifique » (Riegel et al. 2009 ; Kocourek 1991 ;
cité par Fifielska 2015, p. 58). Afin de savoir si la construction au passif (y compris le
passif réduit) est maîtrisée par les apprenants chinois, nous avons examiné cette
construction dans les deux corpus, à travers sept verbes indiqués dans la figure 5-8.
262
Chapitre V
50%
40%
30%
0%
On remarque que les 3 verbes décrire, étudier et proposer sont davantage utilisés
au passif (ou au passif réduit) par les novices français. Notons par ailleurs que le
passif réduit est beaucoup moins fréquent chez les apprenants chinois : on relève pour
le verbe décrire 10/237 occurrences chez les apprenants chinois contre 12/102
occurrences chez les novices français, pour le verbe étudier 3/135 occurrences contre
29/119 occurrences et pour proposer, 13/129 occurrences contre 102/473 occurrences.
51 Même au cours de l’écriture, l’auteur ne possède pas l’autorité absolue sur son œuvre.
Il écrit le texte, le texte a aussi de l’influence sur lui, ils sont situé dans un cycle
texte exerce aussi une influence sur l’auteur, si bien qu’on pourrait dire qu’ils sont en
interaction l’un avec l’autre. Cette relation peut être considérée comme
intersubjective)
263
Chapitre V
sujet dans la phrase nous pouvons décrire leur relation. Il semble qu’ici, la forme
passive conviendrait mieux puisque, d’une part, elle enlèverait le caractère personnel
donné par le nous à la forme active, atténuant ainsi l’implication de l’auteur en tant
que sujet ; d’autre part, elle maintiendrait la cohésion textuelle, permettant de centrer
le propos sur la relation entre l’auteur et son texte. D’ailleurs, l’exemple [51] présente
des erreurs sémantiques liées au verbe.
chinois_linguistique_1)
Il est important de souligner que ce verbe est classé comme un verbe d’opinion,
parmi les verbes étudiés dans le chapitre IV. Les verbes souvent utilisés au passif sont
des verbes d’analyse dont les objets sont fortement thématisés. Ainsi, il nous semble
que cette tendance de thématisation n’est pas prise en compte par les apprenants
chinois.
264
Chapitre V
12.00%
9.00%
novices français
6.00%
apprenants chinois
3.00%
0.00%
De manière générale, deux cas peuvent être distingués : d’une part, les contextes
impersonnels il est important/intéressant de (comparer, noter) et les constructions
causatives permettre d’expliquer/montrer/étudier sont sous-employées par les
apprenants chinois. Comme expliqué dans le chapitre IV, les premières expriment la
nécessité ou l’intérêt lié à la comparaison des données et à la prise de conscience
d’une information supplémentaire alors que les secondes servent à mettre en évidence
le processus de raisonnement et à justifier le choix et l’analyse de l’auteur. Le
sous-emploi de ces constructions nous conduit à supposer leur non-maîtrise ou tout au
moins une maîtrise insuffisante de la part des apprenants chinois. L’exemple suivant
semble confirmer notre hypothèse :
persistait parmi les élites, par conséquence, l’activité de la traduction entre le français
français était la langue des élites. Par conséquent, l’activité de la traduction entre le
265
Chapitre V
français et d’autres langues a été largement pratiquée pendant une longue période.)
Pourtant, les résultats nous montrent que les écrits des novices français se
rapprochent davantage de ceux des experts, tant du point de vue quantitatif que
qualitatif. Une meilleure maîtrise de la langue facilite sans conteste leur rédaction
scientifique. Ce n’est pas le cas des étudiants chinois qui n’ont pas appris à
argumenter dans le système éducatif chinois et sont moins sensibilisés au genre
textuel d’écrit scientifique. Notre diagnostic rejoint l’étude de Bi (2016) qui a mis en
évidence des écarts rhétoriques entre les pratiques des écrits argumentatifs en français
266
Chapitre V
Pour conclure, on relève des difficultés pour les deux publics dans la maîtrise de
la diversité des constructions verbales, qui sont nettement accentuées pour les
apprenants chinois. En effet, l’état d’interlangue très imparfaite, associé à la
non-maîtrise du genre de l’écrit scientifique et au déficit de la compétence
argumentative, constitue un handicap qui gêne considérablement les apprenants
chinois dans la rédaction académique.
267
Chapitre V
3
novices français
2
apprenants chinois
54 En outre, les écrivains étrangers sont devenus les écrivains du monde après que ses
œuvres avaient été publiés en France. Cela montre bien la principal raison pour la
55 Comment s’intégrer dans la culture et la vie du pays immigré, comment être admis par
les habitants locaux, tout cela montre les problèmes de l’intégration sur
Chez les novices français, la construction avec le sujet cela est mobilisée par
trois verbes montrer, expliquer et supposer (voir l’exemple [56]).
268
Chapitre V
56 La définition d’être attentif c’est selon le psychologue W. James (1983) ; cité par
Mialet (1999), et repris par Le Manchec (2005) « prendre possession par l’esprit d’un
objet ou courant de pensée… ». Le Manchec (2005) explique que cela suppose trois
français_12_BOCH_M)
Notre constat rejoint l’étude de Boch et Rinck (2016) qui s’intéresse à l’usage
des anaphores démonstratives (ceci, cela, celui-ci, ce N, etc.) dans un sous-corpus de
« Littéracie avancée » (corpus de novices français) en le comparant aux pratiques
d’experts. Les auteures ont remarqué que le pronom cela est surreprésenté chez les
étudiants français par rapport aux experts. Les premiers préfèrent ne pas spécifier
l’anaphore tandis que les experts emploient fréquemment les « anaphores
résomptives » du type Ces analyses permettent qui mettent en valeur la fonction de
synthèse conceptuelle et qui contribuent à l’argumentation dans l’écrit scientifique.
De notre point de vue, sur le plan lexical, l’emploi du pronom démonstratif cela
peut être considéré comme un moyen détourné de pallier le manque de vocabulaire et
de collocations verbales comportant une anaphore nominale (Cette hypothèse peut,
Cet aperçu global indique, Ce point de vue rejoint, etc.). Sur le plan discursif, comme
le soulignent Boch et Rinck (ibid.), l’emploi du cela révèle que les anaphores
résomptives sont peu maîtrisées par les étudiants et que les étudiants n’ont pas encore
acquis la compétence à reformuler, à résumer une portion du discours.
57 Molendijk propose : « l’antécédent temporel d'une phrase P est un fait auquel P est
relié à l’aide d’un rapport textuel » […] (Arie Molendijk, Cahiers Chronos 1 –
pour les africains de résoudre leurs propres choses. En même temps, il a expliqué
269
Chapitre V
chinois_socioculturel_1)
59 Touratier considère que « l’unité morphologique d'imparfait [_..._] doit être associée
à un signifié non proprement temporel comme "non- actuel" plutôt qu'au signifié
monde hors d'atteinte, temps de l'inaccessible et non du passé en tant que tel ».
Coseriu observe également que « dans le système verbal des langues romanes, [_..._]
l’imparfait n'est pas à proprement parler un temps du passé mais uniquement le centre
(et le terme neutre) du plan inactuel et [_..._] s’oppose tout d’abord à l’ensemble du
Il nous paraît intéressant de noter que la construction dans laquelle le verbe est
suivi d’une citation directe est également relevée chez les étudiants français,
270
Chapitre V
Plusieurs chercheurs ont souligné l’usage abondant des discours directs cités
dans les productions des étudiants natifs, qui sont parfois mal compris, voire inutiles
(Pollet & Piette, 2002). Selon Boch et Grossmann (2002), la présence forte de la
citation est problématique au niveau de l’argumentation et est caractéristique des
écrits des novices, contrairement à ceux des experts qui préfèrent l’évocation ou la
reformulation de la source. À ce sujet, Mroué (2014) explique que l’usage abondant
des citations est lié d’une part, au « stéréotype répandu selon lequel les citations
témoignent d’une bonne documentation » (ibid., p. 54), et d’autre part au fait que
« citer peut servir de stratégie d’évitement du plagiat » (ibid.). Ainsi, on peut penser
que les deux publics sont confrontés à la même difficulté d’intégrer le discours
d’autrui dans leur texte, mais il apparaît que les maladresses chez les apprenants sont
plus importantes du fait que ces derniers emploient souvent une construction
maladroite, introduisant la citation de manière massive et abrupte (comme dans
l’exmple [59]).
À l’issue de l’analyse des spécificités, nous observons que nous avons obtenu
des résultats comparables à ceux de l’étude de Granger et de Paquot (2009b). Nous
avons mis en évidence que le statut de novice en matière de rédaction scientifique
confronte de manière identique les étudiants natifs et non-natifs aux difficultés de
l’usage des verbes du LST et de leurs constructions. Les étudiants natifs connaissent
peut-être mieux la langue, mais ne maîtrisent pas encore les normes du genre. Les
apprenants chinois produisent des spécificités davantage du côté du sous-emploi des
verbes du LST et des constructions. Cela semble en corrélation avec le
développement en cours de leur interlangue, contrairement aux étudiants natifs.
271
Chapitre V
Comme Gilquin et Paquot (2008), nous pensons que les écrits académiques des
étudiants natifs occupent une place intermédiaire entre ceux des apprenants chinois et
ceux des experts.
Si l’on considère les erreurs analysées, on se rend compte que les difficultés sont
plus grandes pour les apprenants chinois, du fait de leur statut d’apprenants du
français, qu’il s’agisse des confusions de registre, des erreurs de collocations ou des
expressions/tournures maladroites. Nous rejoignons l’idée de Granger et Paquot (2009)
selon laquelle les difficultés des étudiants non-natifs méritent d’être prises en compte
et traitées spécifiquement puisqu’ils ont des problèmes liés à la maîtrise de la langue.
Diagnostic Cas
Analyse des erreurs Les erreurs relevées sont relatives aux propriétés sémantique et
syntaxique des verbes avec un total de 83% parmi lesquelles la structure
syntaxique erronée représente 34% des cas
Observation des cas de 1. Verbes suremployés : devenir, exister, diviser, etc.
suremploi 2. Constructions limitées: diviser en, se concentrer sur, etc.
3. Constructions suremployées : construction à la forme active avec
sujet humain et objet non animé, cela montre que, il
souligne/propose : « … »
Observation des cas de 1. Verbes sous-employés : montrer, permettre, proposer, expliquer,
sous-emploi etc.
2. Constructions sous-employées ou absentes : construction en
complétive que avec comme sujet les pronoms on ou nous, passif,
passif pronominal, construction comportant comme (comme on le
montre), permettre (permet d’expliquer), constructions
impersonnelles ou contextes impersonnels (il convient de noter
que)
3. Fonctions rhétoriques sous-employées ou absentes : guider le
lecteur (comme nous l’avons montré/expliqué/souligné plus haut) ;
renvoyer à d’autres travaux (comme le souligne X) ; exprimer la
nécessité ou l’intérêt de l’activité scientifique, (il importe de
proposer/étudier, il est intéressant de comparer/constater) ;
apporter une justification ou argument (permettre d’expliquer,
amener/conduire à supposer) ; exprimer son point de vue,
reformuler le discours d’autrui pour illustrer et appuyer une
affirmation
Tableau 5.6 : Récapitulatif de diagnostic
Il est important de souligner que ces résultats de diagnostic ont été corroborés
par d’autres expérimentations que nous avons menées pendant un cours de Français
sur Objectifs Universitaires (désormais FOU) dispensé auprès de six étudiants chinois
de Master 2 en SHS à l’Université Grenoble Alpes (voir la section 5.5). Le relevé des
erreurs et des cas de sous-emploi effectué apparaît tout à fait comparable concernant
272
Chapitre V
Rappelons que les analyses des erreurs et des spécificités ont pour objectif de
mieux outiller l’E/A des constructions verbales du LST. Nous proposerons dans la
section suivante, des pistes didactiques.
Afin de remédier aux lacunes relevées, nous envisageons de proposer deux types
de ressources qui pourraient aider les apprenants chinois dans leur rédaction
académique.
Le premier type de ressource est constitué d’une base de données que les
enseignants de FLE pourraient utiliser pour l’enseignement du lexique de l’écrit
scientifique. Le second peut être considéré comme un exemple illustrant comment
l’utilisation des données des corpus en classe de langue peut contribuer à
l’enseignement des constructions verbales du LST.
Dans le chapitre II, nous avons expliqué que le corpus Scientext-SHS peut être
utilisé en amont dans la description linguistique pour la classe, et en aval dans des
exploitations didactiques concrètes. Dans les parties 5.5.2. et 5.5.3., en nous basant
sur notre ressource lexicale des patrons verbaux ainsi que sur les résultats de
diagnostic, nous souhaitons proposer quelques pistes d’exploitations didactiques
concrètes en insistant sur l’importance de l’utilisation des corpus en classe de langue.
273
Chapitre V
Dans un premier temps, nous aborderons les trois façons d’enseigner les corpus.
Ensuite, nous présenterons deux expérimentations effectuées avec des mastérisants
chinois, qui nous ont permis de prendre du recul et de proposer des pistes didactiques
mieux adaptées.
Par illustration on entend le fait de présenter à la classe d’étudiants en langues étrangères, des
données réelles ; l’interaction concerne la deuxième phase du travail des étudiants qui
créer sa propre « règle » (qui sera affinée au fur et à mesure que le corpus de données
274
Chapitre V
beaucoup utilisé les corpus, notamment dans le domaine du FLE. Comme souligné
par Ciekanski (2014, p. 112) : on constate « un écart entre le consensus théorique qui
se dégage des recherches menées sur l'utilisation effective des corpus et leur
intégration dans les pratiques enseignantes en contexte d’apprentissage », ce qui
s’explique par plusieurs éléments. Du côté de l’enseignant, il est nécessaire de former
les enseignants à la méthodologie de linguistique de corpus tant sur les plans théorique,
que méthodologique et technique (Kübler, 2014). Par ailleurs, l’utilisation des corpus
en cours de langue demande à l’enseignant d’assurer un rôle de guide afin d’aider
l’apprenant à avancer dans son apprentissage. Comme le montrent plusieurs
chercheurs (Di Vito, 2013 ; Giuliani & Hannachi, 2010), l’apprentissage
insuffisamment guidé risque de désorienter et de décourager l’apprenant, notamment
lorsqu’il s’agit d’éléments linguistiques complexes à observer et à analyser.
275
Chapitre V
(3) « exploiting to teach » : cette approche vise à enseigner l’usage des corpus à
des formateurs (enseignants, talistes ou linguistes) à des fins d’utilisation
(pas forcément didactique). Concernant l’utilisation didactique, il s’agit
d’« exploiter les corpus et l’interprétation des résultats pour enseigner une
langue » (ibid., p. 165).
De même que Cavalla (ibid.), nous adoptons les deux dernières approches dans
les exploitations didactiques concrètes. Concernant « teaching to exploit », il est
possible d’envisager deux manières de procéder : soit la manière indirecte où
l’apprenant (et peut être l’enseignant aussi en tant que « l’utilisateur novice des
corpus ») (Kübler, 2014) travaille sur des exercices conçus à partir de concordances
présélectionnées ; soit la manière directe où l’apprenant est amené à découvrir
comment interroger le corpus pour ensuite être capable de chercher seul des éléments
linguistiques dans le corpus. Ici, notre réflexion porte notamment sur la manière
indirecte de l’approche « teaching to exploit », parce que d’une part, le corpus
Scientext « n’est pas a priori conçu pour une utilisation pédagogique » (Cavalla &
Loiseau, 2014, p. 167), d’où l’importance de la sélection des données utilisables en
classe ; d’autre part, comme expliqué dans le chapitre I, afin d’éviter à l’apprenant de
se perdre dans des exemples trop fournis ou trop complexes et d’encourager un
apprentissage progressif. Il est en effet important de passer par une phase d’initiation
au cours de laquelle l’apprenant peut travailler sur des lignes de concordances
sélectionnées et des exercices préparés par les enseignants (Chambers, 2010 ; Cavalla
& Loiseau, 2014). Quant à l’approche « exploiting to teach », comme expliqué plus
haut, nous montrons de quelle façon exploiter notre base de données de patrons
(ressources des corpus) pour créer du matériau pédagogique. Ceci constitue un
exemple illustrant nos réflexions sur l’enseignement des constructions verbales avec
le corpus en FLE. Notons par ailleurs que ces deux approches accordent une place
importante à la réflexion métalinguistique du fait que le travail sur les concordances
met en jeu une activité d’observation et des compétences d’induction.
276
Chapitre V
Ayant l’objectif d’enseigner les constructions verbales du LST avec le corpus (en
particulier la consultation indirecte), nous avons proposé deux expérimentations
didactiques auprès de deux publics différents d’apprenants. Ces premières expériences
nous permettent de lier les analyses linguistiques aux pratiques concrètes et de mener
une réflexion sur les apports et les limites des corpus dans l’enseignement des
constructions verbales du LST.
(1) une séquence générale sur l’écrit scientifique qui amène l’apprenant à
découvrir le genre de l’écrit scientifique
(2) une séquence particulière sur les constructions verbales des verbes d’opinion
pour entraîner l’apprenant à l’utilisation de constructions verbales
spécifiques relevant de l’opinion (considérer, affirmer, estimer, admettre,
rejeter, etc.)
Les exercices proposés dans cette expérimentation sont fournis dans l’Annexe 3.
Notons par ailleurs que les exercices sont conçus à partir des données du corpus
Scientext. Lors de la séquence générale sur l’écrit scientifique, nous avons proposé
5
Ces étudiants ont participé volontairement à l’expérimentation. Pendant la première séance, il est
apparu que les 16 étudiants avaient peu de connaissance sur l’écrit scientifique et une connaissance
limitée sur les verbes d’opinion.
277
Chapitre V
notamment des exercices de repérage (par exemple, repérer les différentes parties de
l’article scientifique) pour que les étudiants puissent découvrir eux-mêmes la structure
organisationnelle et le fonctionnement des phénomènes linguistiques de l’écrit
scientifique. Quant à la séquence sur les verbes d’opinion, nous avons proposé une
progression classique allant des exercices de repérage des constructions verbales des
verbes d’opinion vers le réemploi des éléments étudiés dans une tâche rédactionnelle,
en passant par l’approfondissement des savoirs relatifs aux propriétés sémantiques et
syntaxiques, à travers des exercices d’association (sens et constructions
correspondantes), des exercices lacunaires (verbes synonymes) et des exercices de
reformulation.
Il faut souligner que les activités de repérage ont été privilégiées dans les séances
parce que notre public était peu familiarisé avec l’écrit scientifique (il confond l’écrit
journalistique et l’écrit scientifique) et moins encore avec les constructions verbales
liées à l’expression de l’opinion. Pendant le repérage du phénomène, nous avons
privilégié l’approche inductive qui se marie bien avec l’utilisation des corpus pour
l’enseignement/apprentissage des phénomènes linguistiques. En effet, cette approche
crée une certaine motivation chez les étudiants parce qu’ils découvrent eux-mêmes les
régularités, le fonctionnement des phénomènes linguistiques. Par ailleurs, la
formulation des règles par eux-mêmes développe chez eux une prise de conscience
linguistique et cela faciliterait donc une bonne mémorisation. Cependant, nous
n’avons pas rejeté l’approche déductive qui peut être utilisée pour apporter des
explications et renforcer les connaissances.
278
Chapitre V
suffisamment anticipé les difficultés des étudiants. Nous pensions qu’il serait
profitable de privilégier les activités en petits groupes afin que les étudiants
s’entraident. Ensuite, nous n’avons pas proposé suffisamment d’entraînement à l’écrit.
Il est apparu que des activités rédactionnelles de courts paragraphes par imitation,
dans lesquelles les étudiants pourraient réemployer les mots appris, pourraient
constituer une étape importante pour qu’ils puissent ensuite se sentir plus à l’aise dans
la rédaction de leurs écrits universitaires.
6
Les six étudiants chinois ont participé volontairement à l’expérimentation. Ils viennent de différentes
spécialités dont la linguistique, les sciences de l’information et de la communication, les sciences du
langage et le traitement automatique des langues.
279
Chapitre V
(3) Fixation des connaissances : il est proposé de travailler sur les différents
aspects liés aux verbes tels que la synonymie, les alternances syntaxiques,
ou les valeurs sémantiques, afin de renforcer les acquis des étudiants.
280
Chapitre V
281
Chapitre V
282
Chapitre V
Ces constats rejoignent ceux mentionnés par Lewis (2006) et Boulton (2008) sur
le lien étroit entre une approche sur corpus et les styles d’apprentissage des
apprenants : « Les résultats indiquent clairement que les styles d’apprentissages
[inductif ou déductif]… ont une incidence sur l’efficacité d’une approche sur
corpus… [qui] favorise fortement ceux d’un style inductif » (Lewis, 2006, p. 104).
Dans le travail de Lewis (2006), 78% des apprenants sont considérés comme
déductifs et préfèrent avoir à leur disposition des règles pour un travail sur corpus.
L’enseignement doit non seulement tenir compte du niveau et du besoin des
apprenants, mais également de leur style d’apprentissage. L’approche déductive
s’avère nécessaire pour réduire la surcharge cognitive des étudiants et pour ne pas
décourager ceux qui ont un style inductif. Comme nous l’avons évoqué ci-dessus,
l’approche inductive nous semble un type d’entrée qui correspond bien à l’utilisation
du corpus selon le DDL, pourtant les apprenants peuvent choisir leur propre approche.
De manière générale, nous pensons que les étudiants ont tiré profit de ces
activités pédagogiques, car pendant les cours ils ont développé progressivement leurs
connaissances sur les constructions verbales du LST en faisant preuve de leur capacité
à repérer, à classer et à conceptualiser les règles de fonctionnement de l’écrit
7
Réponse d’une des étudiants qui a participé à notre expérimentation.
283
Chapitre V
scientifique. En examinant les écrits des étudiants, nous avons constaté qu’ils avaient
su réemployer la plupart des constructions étudiées dans un contexte approprié.
Pour conclure, ces deux expérimentations nous ont permis de prendre du recul et
de mener une réflexion sur l’enseignement des éléments phraséologiques au moyen
des corpus. Nous résumons ci-dessous les idées qui pourraient guider des
expérimentations didactiques ultérieures ou d’autres pratiques d’enseignement.
Sur le plan des exercices proposés, les résultats des expérimentations nous ont
confirmé que le repérage du phénomène est essentiel pour sensibiliser les apprenants
aux phénomènes phraséologiques. En revanche, il nous semble important de varier les
modalités des exercices pour éviter la répétition et maintenir leur attention. En effet,
nous avons remarqué que les exercices de repérage proposés sont trop répétitifs et que
284
Chapitre V
les étudiants s’ennuient facilement au bout de trois extraits. Par ailleurs, au vu des
difficultés en matière de terminologie linguistique dans le corpus Scientext, nous
pensons qu’avant de travailler sur les textes du corpus Scientext, il est nécessaire de
passer par une étape préliminaire, dans laquelle l’enseignant peut choisir et donner
des exemples venant de l’écrit scientifique de vulgarisation orientés vers le grand
public (par exemple des revues encyclopédiques, et pourquoi pas de construire un
corpus de vulgarisation scientifique comme Sciences Humaines8).
À travers ces deux expérimentations, nous avons montré que l’enseignement des
constructions verbales du LST au moyen du corpus Scientext présente un grand
intérêt. La ressource lexicale que nous avons proposée fournit un matériau
pédagogique prêt à l’emploi, permettant de faire prendre conscience à l’apprenant les
spécificités des verbes dans l’écrit scientifique. Ici, le corpus Scientext joue un rôle
important, qu’il s’agisse soit d’une mise en place des exercices variés soit d’une
exploitation des textes authentiques (Cavalla & Loiseau, 2014). Les exercices ainsi
que les outils Dicorpus et Scribplus que nous avons mis en place contribuent
ensemble à faciliter la rédaction universitaire pour ces étudiants chinois, en répondant
à leurs besoins linguistiques. Notre proposition didactique pourrait être appliquée à
d’autres contextes d’enseignement mais il revient à l’enseignant de choisir et
d’adapter la démarche et les outils à son public en fonction des besoins spécifiques de
ce dernier.
8
Ce corpus est disponible en ligne : https://www.ortolang.fr/market/corpora/scienceshumaines, consulté
le 12 décembre 2016.
285
Chapitre V
Les deux exemples d’activités que nous souhaitons mettre en avant présentent
deux types d’exercices qui ont bien fonctionné lors de nos expérimentations. Nous les
avons élaborés en prenant en compte nos réflexions et en faisant un lien avec les
résultats d’analyses linguistiques du Chapitre IV. Rappelons que les exercices
proposés ont pour objectif principal d’amener les étudiants progressivement vers une
palette plus large des constructions verbales caractéristiques des pratiques expertes, et
que celles-ci sont construites en fonction des besoins linguistiques des étudiants
chinois et dans la perspective d’associer l’enseignement des phénomènes
phraséologiques à l’utilisation des corpus en classe de FLE.
Comme expliqué plus haut, l’activité de repérage dans les textes est essentielle
pour sensibiliser l’apprenant aux phénomènes phraséologiques. L’enseignant peut
utiliser les corpus pour extraire des concordanciers pertinents autour d’un phénomène
phraséologique. Dans le tableau 5.7 figure un exemple du concordancier du verbe
montrer, extrait du corpus Scientext. Ici, nous proposons de faire observer aux
étudiants les structures syntaxiques (variations syntaxiques, temps et mode du verbe,
etc.) pour relever par la suite les propriétés sémantiques du verbe.
286
Chapitre V
nous l’avons une analyse de son rapport avec l’Homme à différentes échelles
de temps et d’espace.
que si le coût marginal de contrôle est suffisamment faible, le prix
Dans la situation de
de la haute qualité, à l’équilibre avec test, est supérieur au coût
libre entrée envisagée, montrons
marginal, mais il est inférieur au prix de la haute qualité à
nous
l’équilibre sans test.
que l’on peut trouver de manière équivalente la valeur de ce
revenu seuil en comparant la fonction d' utilité indirecte dérivée
On peut montrer
de ce modèle à la fonction d’utilité indirecte issue du modèle
contraint où le niveau de la taxe serait nul.
Tableau 5.7 : Concordancier du verbe montrer
• Sens : est-ce que montrer a ici plusieurs sens ? Est-ce que les formes figées
que vous avez repérées ont des sens particuliers ? L’enseignant peut
demander à l’apprenant de s’arrêter sur la construction en comme et guider
l’apprenant à cerner le sens ou la fonction.
Un autre type d’exercice que nous souhaitons mettre en avant consiste à classer
les constructions verbales selon leurs valeurs sémantiques ou fonctions rhétoriques.
Nous supposons que l’apprenant les a déjà travaillées en amont. Il permet à
l’apprenant de mieux comprendre à quoi servent les constructions étudiées et de
produire sa propre liste lexicale. Dans le tableau 5.8, nous proposons de classer les
formules suivantes dans trois cases différentes selon leurs fonctions rhétoriques. Il
s’agit de trois groupes sémantiques appartenant au champ sémantique du
287
Chapitre V
positionnement.
Pour résumer, sur le plan didactique, afin de remédier aux lacunes langagières en
matière de constructions verbales du LST, nous avons présenté deux types de
ressources destinées au public du FLE. Ces ressources démontrent bien l’apport des
corpus à l’enseignement des phénomènes phraséologiques et représentent nos
premières réflexions didactiques dans la perspective d’intégrer les corpus dans les
pratiques enseignantes. Dans une recherche ultérieure, nous envisageons d’enrichir
notre ressource lexicale des patrons, de mettre à l’épreuve et de varier nos exercices
dans d’autres contextes d’enseignement.
288
Conclusion
CONCLUSION GENERALE
Résultats essentiels
Ensuite, l’étude des patrons verbaux a mis en évidence des spécificités liées au
comportement lexico-syntaxique des verbes dans l’écrit scientifique, qui se
manifestent notamment à travers les constructions syntaxiques récurrentes, les sens
mobilisés et les fonctions associées. En examinant les verbes d’analyse et les verbes
de positionnement, nous avons fait émerger des propriétés propres à chaque groupe de
classe. Les verbes d’analyse, qui relient le rôle du chercheur aux objets d’étude,
remplissent ainsi des valeurs métatextuelles importantes ; tandis que les verbes de
positionnement, employés pour exprimer des prises de position marquées ou discrètes
de l’auteur, sont davantage associés aux valeurs argumentatives. Les résultats
d’analyse obtenus se situent dans la continuité d’autres travaux effectués au sein du
289
Conclusion
Lidilem (Boch & Rinck, 2010 ; Rinck, 2010a ; Tutin & Grossmann, 2014), selon
lesquels l’écrit scientifique est une écriture à visée objectivante et argumentative.
D’une part, la construction des faits scientifiques s’appuie sur les exemples, les
données et les résultats ; d’autre part, l’élaboration des connaissances nouvelles se
fonde sur l’expression des opinions et la justification des choix.
Pour répondre à ces besoins langagiers, nous avons proposé des activités
d’enseignement des verbes du LST en intégrant un corpus spécialisé d’écrits
scientifiques en classe de langue. Les activités mises en place ont montré comment
faire travailler les apprenants sur les différents aspects des verbes (associations
lexicales, structures syntaxiques). Un tel enseignement présente le grand intérêt de
sensibiliser les apprenants aux formules discursives, aux processus d’analyse ou au
290
Conclusion
Limites et perspectives
Bien que cette étude ait permis de mieux comprendre les régularités sémantiques
et syntaxiques des verbes du LST et les besoins langagiers des apprenants, elle
connaît plusieurs limites. La première limite réside dans la phase d’extraction
automatique des cadres. Il nous semble important de gérer les cas d’erreur d’analyse
syntaxique (verbe sans sujet, transitif sans objet) et d’améliorer les regroupements
d’occurrences en vue de proposer un calcul approximatif de fréquence pour chaque
patron. Nous envisageons également d’intégrer des informations sémantiques
automatiquement dans les cadres de sous-catégorisation. Par exemple, le verbe
démontrer sélectionne des sujets de la classe [[qualité|relation]] : importance, effet,
existence, capacité, limite, rôle.
291
Conclusion
292
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308
ANNEXE
309
ANNEXE 1
310
intégrer 827 6.037 signifier 651 2.140 juger 500 0.946
fonder 826 6.494 accorder 645 2.164 qualifier 498 2.676
contribuer 819 6.656 préciser 644 1.532 posséder 496 1.477
choisir 817 1.069 atteindre 643 1.073 comporter 494 3.003
favoriser 809 6.771 adopter 638 2.951 employer 493 2.130
organiser 798 1.186 consacrer 630 2.329 interpréter 484 4.482
renvoyer 797 4.069 retenir 626 1.403 résumer 483 3.335
limiter 779 4.207 confirmer 619 1.433 manifester 479 2.738
appuyer 771 2.452 estimer 614 1.061 affecter 475 3.970
participer 761 1.769 intervenir 609 1.716 conserver 472 1.843
révéler 759 1.981 constater 608 1.806 entraîner 466 1.177
interroger 754 1.879 appartenir 608 1.553 résulter 464 12.615
reposer 752 2.518 modifier 602 3.942 adapter 464 2.680
tendre 749 1.488 accompagner 601 1.233 soutenir 464 1.178
dépendre 746 3.827 appliquer 587 3.040 illustrer 455 6.045
intéresser 744 1.650 apporter 587 0.948 justifier 454 2.719
former 735 1.930 privilégier 579 7.507 pratiquer 450 2.470
disposer 728 2.006 concevoir 576 3.390 vérifier 450 1.133
fournir 720 2.847 composer 571 2.184 attribuer 448 3.959
placer 712 0.907 exercer 569 3.675 examiner 444 1.463
partager 710 1.693 mobiliser 557 4.431 avérer 437 5.230
augmenter 700 2.282 renforcer 550 2.812 aborder 433 2.915
traduire 692 4.521 témoigner 549 3.103 saisir 430 1.079
affirmer 684 1.315 opérer 542 4.028 transformer 429 1.449
envisager 681 2.845 amener 538 0.996 soumettre 428 2.580
opposer 673 2.604 maintenir 534 1.057 accroître 414 5.578
publier 673 2.140 demeurer 527 1.866 figurer 412 1.928
élever 671 1.672 suggérer 526 2.408 centrer 411 6.028
tenter 663 0.896 mesurer 512 2.962 contenir 407 1.499
évaluer 659 6.615 varier 511 8.893 compléter 406 3.490
traiter 658 1.659 contrôler 511 1.500 élaborer 396 6.996
introduire 657 5.252 comparer 506 4.076 insister 390 1.264
importer 654 1.055 convenir 500 2.264 structurer 389 20.421
311
calculer 388 5.021 provenir 314 2.659 généraliser 243 7.691
entretenir 385 2.551 diffuser 314 2.074 rassembler 243 0.950
admettre 383 1.208 respecter 312 1.040 générer 240 5.136
provoquer 379 1.176 baser 309 2.451 valider 238 4.563
confronter 377 3.709 engendrer 306 6.521 dessiner 237 1.405
conclure 377 1.488 rapprocher 303 1.549 recourir 233 5.906
dépasser 376 1.206 différencier 302 18.097 combiner 231 8.560
regrouper 367 3.332 formuler 300 4.505 recueillir 229 1.694
attacher 361 1.617 résoudre 300 1.393 émerger 228 3.051
exclure 360 3.134 satisfaire 294 1.680 revendiquer 228 2.712
tester 355 2.878 contraindre 293 2.528 attester 225 8.410
procéder 355 2.319 aboutir 290 3.198 différer 225 7.460
inclure 353 6.127 améliorer 290 1.649 élargir 221 2.914
fonctionner 353 1.404 résider 288 4.368 conférer 220 7.418
nommer 346 1.600 garantir 286 2.025 articuler 218 4.978
autoriser 344 1.435 signaler 284 1.746 assumer 217 1.876
appréhender 342 10.188 séparer 280 1.071 confondre 216 2.431
faciliter 342 3.573 influencer 273 6.683 corréler 214 104.285
relier 339 2.966 rejeter 272 1.510 distribuer 209 1.819
classer 339 1.936 restreindre 271 8.362 exploiter 207 3.046
diminuer 335 3.208 refléter 271 4.830 répartir 207 3.024
évoluer 335 1.993 accéder 268 2.437 éclairer 206 1.250
étendre 334 1.600 remplacer 264 0.959 reproduire 202 2.425
mentionner 333 3.872 rechercher 262 1.417 émettre 199 1.129
nécessiter 321 4.851 expliciter 260 35.910 emprunter 198 1.282
dégager 320 1.090 inciter 257 2.488 énoncer 196 8.804
repérer 318 1.534 concentrer 256 1.275 explorer 190 2.210
induire 317 15.991 multiplier 255 1.795 localiser 189 2.620
référer 317 14.140 précéder 252 2.525 sélectionner 186 3.146
doter 317 2.865 critiquer 252 2.281 spécifier 178 27.203
discuter 317 1.009 prétendre 248 1.080 diviser 178 1.437
démontrer 315 2.991 inspirer 247 1.305 déduire 175 4.359
exposer 315 1.326 exiger 245 1.047 renouveler 175 1.811
312
consulter 174 1.113 reporter 127 1.519 objectiver 90 28.347
découler 172 8.938 nuancer 126 9.433 reconstruire 95 2.205
substituer 172 7.990 recenser 125 2.695 préconiser 94 2.233
focaliser 171 6.944 approfondir 124 5.931 coïncider 93 4.882
prolonger 171 1.899 alimenter 124 1.351 conjuguer 93 4.710
hériter 168 2.049 contester 124 1.226 englober 92 6.770
recouvrir 163 1.217 invoquer 123 2.307 objectiver 90 28.347
assimiler 162 5.378 reconstituer 121 2.566 affiner 88 5.612
ressortir 155 1.288 progresser 121 0.937 subsister 88 2.303
inverser 154 3.504 simplifier 120 3.703 retracer 87 2.616
efforcer 153 1.047 ajuster 120 2.927 redéfinir 86 10.577
instituer 152 8.724 décliner 119 2.091 amorcer 86 2.756
accentuer 151 3.173 débattre 117 1.069 converger 85 4.889
rattacher 147 5.886 collecter 115 3.081 équivaloir 85 3.024
assigner 146 4.884 corriger 115 1.591 esquisser 85 1.943
enrichir 146 2.606 sous-tendre 112 29.822 dissocier 83 10.208
guider 146 1.033 cerner 110 2.668 relativiser 83 4.523
motiver 144 2.037 questionner 108 1.764 hiérarchiser 82 19.253
compenser 138 2.211 succéder 107 0.917 symboliser 82 3.273
postuler 134 9.180 conformer 106 3.631 démarquer 80 5.395
conditionner 132 4.955 formaliser 104 12.436 affranchir 80 4.368
délimiter 131 7.742 contraster 103 6.634 raisonner 78 2.387
apparenter 131 5.088 véhiculer 101 5.538 médiatiser 77 7.393
conforter 131 3.502 masquer 101 1.737 advenir 74 2.435
isoler 131 1.697 ancrer 100 3.398 amplifier 74 2.096
heurter 131 1.036 atténuer 98 2.880 influer 73 5.082
négliger 130 2.509 reconstruire 95 2.205 occulter 73 3.002
détailler 130 2.156 préconiser 94 2.233 replacer 69 3.000
déboucher 130 1.797 coïncider 93 4.882 disperser 69 1.056
restituer 127 4.085 conjuguer 93 4.710 prôner 66 1.705
revêtir 127 3.166 englober 92 6.770 contredire 56 1.720
313
ANNEXE 2
314
#détermination définir_1, déterminer_1
Action scientifique qui vise à délimiter des propriétés de qqch.
#évaluation_quantitative calculer_1, estimer_1, évaluer_1, recenser
Déterminer, marquer (par un jugement favorable ou
défavorable) une quantité.
N[sujet] +V+ N[COD]
#évaluation_qualitative mesurer 07, mesurer 08
Déterminer, marquer (par un jugement favorable ou calculer_2, estimer_3, évaluer_2, mesurer_1,
défavorable) une qualité, la valeur de qqch, le résultat d'une mesurer_2
action.
N[sujet] +V+ N[COD]
#examen aborder, analyser, approfondir, considérer_2,
Action scientifique qui vise à étudier en détail, faire l'analyse contrôler, critiquer, étudier, examiner,
de qqch pour en avoir une connaissance approfondie, juger de explorer_1, explorer_2, soumettre_1, tester,
sa valeur. traiter_1, traiter_2, vérifier_1
N[sujet] +V+ N[COD]/passif
#identification cerner, dégager, distinguer_2, rechercher
Action scientifique qui vise à approcher en vue d'une saisie
précise. L'objet désigne qqch d’abstrait ou une réalité
considérée abstraitement, qui passe pour difficile à saisir.
N[sujet] +V+ N[COD] (de N2/que P)
#interprétation éclairer_1, expliciter_1, expliquer_1,
Donner un sens personnel, parmi d'autres possibles, à un acte, interpréter, justifier_1, raisonner
à un fait, dont l'explication n'apparaît pas de manière évidente.
N[sujet] +V+ N[COD]
N[sujet] +V
#réalisation atteindre_3, construire, élaborer, esquisser,
Action scientifique qui vise à obtenir un résultat, mener à bien établir_2, générer_1, instituer, publier,
un projet par la mise en œuvre de moyens appropriés. réaliser_1, reconstituer, reconstruire,
N[sujet] +V+ N[COD] reproduire_1, restituer
#réexamen nuancer, préciser_1, redéfinir, relativiser_1
Reconsidérer qqch d’abstrait en y apportant des informations
supplémentaires, des éclaircissements et des modifications.
N[sujet] +V+ N[COD]
315
ancrage_construction #choix admettre_1, adopter, choisir_1, choisir_2,
(construction du modèle d’analyse : problématique, Se décider, se déterminer entre deux ou plusieurs choses; opter intégrer_2, privilégier, retenir_1, sélectionner
hypothèses, conceptualisation, définition, réflexion, pour un parti, pour une solution.
références) N[sujet] +V+ N [COD] de V/passif
#conception concevoir_1, constituer_1, structu_2,
Processus par lequel on forme ou crée dans son esprit une idée, structure_2, structure316, former_1,
un projet, une œuvre. structure_1
N[sujet] +V+ N[COD]/passif
#dénomination désigner, nommer, qualifier
Action scientifique qui vise à attribuer un nom à qqch.
N[sujet] +V+ N[COD]
#fondement ancrer, appuyer_1, appuyer_s’_2, baser_1,
Action scientifique qui vise à prendre qqch pour base, pour baser_se_2, établir_1, fonder, inspirer_s’_2,
principe fondamental et de démontrer une chose en justifiant la reposer_se_2
démonstration par ces principes (des faits, des théories, des
preuves, une documentation) qui soutiennent l’hypothèse.
N[sujet] +V+ sur/de/dans N[CO] / passif
#hypothèse postuler, supposer_1
poser qqch comme hypothèse servant de base à un
raisonnement, à une argumentation dans une recherche.
N[sujet] +V+ N[COD]/que P
#finalité attacher_s’_2, consacrer_se_1, efforcer_se,
Avoir en vue et mettre en œuvre son action dans un but employer_s'_1, envisager_2, proposer_se_2,
déterminé N[sujet] + à/de + V/N tendre_1, tenter, viser_1
N[sujet] +V+ N
#référence référer_1, référer_se_2, reporter_se_1
Action scientifique qui vise à se servir de qqch comme appui,
repère ; faire référence à, idée de faire appel, recourir à qqch
(différence avec #fondement)
N[sujet] +V+ à N[COI]
#restriction délimiter_1, limiter_1, limiter_se_2,
Déterminer avec précision les limites de qqch. restreindre
Être V + à/de + V/N N[sujet] +V+ N
#thème centrer, concentrer_2, consulter, focaliser_se,
316
Rassembler ses forces intellectuelles ou affectives et les porter interroger_s’_1, questionner
sur un certain objet, à l’exclusion de tout autre ; y appliquer
avec force (sa pensée, son attention, etc.).
N[sujet] +V+ sur N[COI] N[sujet] +V+ qn + sur+ N
N[sujet] +V+ N[COD]
communication #discussion débattre, discuter, intervenir_2
Classe regroupant les verbes de communication et de Acte communicatif par lequel on procède à une prise de parole
transfert des idées (selon le type de message, le dans une discussion pour donner son avis ; l’examen
moyen et la manière de transmission, faisant ou non contradictoire d'une question, d’une affaire; en débattre.
partie d’une interaction). N[sujet] +V+ N[COD]/de N N[sujet] +V
#faire savoir diffuser, exposer, exprimer_1, indiquer_1,
Acte communicatif par lequel on rend manifeste par toutes marquer_1, médiatiser, mentionner_2,
sortes de signes (langage écrit, oral, etc.), de façon volontaire préciser_2, révéler_1, signaler_1, véhiculer
ou non, ce que l’on pense.
N[sujet] +V+ N[COD]/que P
#formulation émettre, énoncer, évoquer_2, formuler,
Acte communicatif par lequel on énonce avec la concision et la invoquer, résumer_1
netteté d’une formule.
N[sujet] +V+ N[COD]
#mention citer_1, citer_2, mentionner_1
Acte communicatif par lequel on fait remarquer qqch par la
parole ou par un écrit en signalant, sans s'étendre.
N[sujet] +V+N[COD]
#proposition proposer_1, soumettre_2, suggérer_1
Acte communicatif par lequel on présente qqch d’abstrait
(objet=analyse, modèle, projet, solution, définition, approche,
etc.) à la réflexion, à l'examen ou à l’évaluation de qqn.
N[sujet] +V+ N[COD] (à N2 de V/que P)
#mise en relief insister, souligner
Action d’attacher et de donner une importance particulière à
qqch.
état attribution apporter_2, conférer, consacrer_2, doter_2,
Classe des verbes renvoyant à l’état au sens général : L’état d’une entité qui fournit qqch, contribue à qqch. fournir_2, offrir_2
une manière d’être, une situation ou condition N[sujet] +V+ N[COD]
317
statique. composition composer_se_1, consister_3, former_2,
L’état d’une entité qui constitue assemblage ou combinaison structurer_2
de plusieurs éléments ou parties ; dotée d’une certaine
structure.
N[sujet] +V+ (de,en) N[COD/COI]/passif
représentation caractériser_2, composer_2, consister_1,
L’état d’avoir la même valeur qualitative, d’avoir pour équivaloir, représenter_2, représenter_4,
equivalence ou de constituer le trait distinctif ou dominant de résider, signifier, symboliser
qqch tout en le rendant reconnaissable.
N[sujet] +V+ N[COD]/ dans/à N[sujet] +V+ N[COD]/passif
existence agir_s’_2, apparaître_2, avérer_s'_2,
L’état de se montrer dans sa réalité, de se trouver dans une constituer_2, demeurer_1, demeurer_2,
certaine situation. exister_2
N[sujet/impersonnel ] +V+ N[COD] N[sujet/ impersonnel]
+V+ de N[COI]/que P
fondement consister_2, reposer_1
L’état d’être fondé sur qqch, d’avoir son essence, ses
propriétés dans qqch. N[sujet] +V+ à/sur N[COI]
inclusion admettre_3, comporter_2, contenir,
L’état de comprendre, de réunir en soi par nature des éléments disposer_2, inclure, introduire_2, partager_2,
ou des caractères qualitatifs ou quantitatifs. porter_1, posséder_2, présenter_2,
N[sujet] +V+ N[COD]/de N rassembler_2, regrouper_3, reporter_2,
revêtir
localisation figurer, précéder_2, situer_se_1
L’état de trouver sa place dans des limites spatiales
déterminées.
N[sujet] +V (+CC)
Manifestation affirmer_2, avérer_s’_1, dessiner_se_1,
L’état de se manifester, d’émerger, venir à la conscience. exister_1, imposer_s’_2, manifester_se,
refléter_se_2, traduire
318
N[sujet] +V+ N[COD]/ à/sur N
modalité #obligation contraindre_1, imposer_1, soumettre_se_3
Expression de l'attitude du locuteur par rapport au #permission autoriser_1
contenu propositionnel de son énoncé. nécessité convenir_2, exiger, importer_1, nécessiter
Évaluation de la nécessité.
obligation importer_2
permission autoriser_2, permettre_1
probabilité paraître_1, paraître_2, sembler
évaluation des chances de réalisation de la relation prédicative,
la probabilité
restriction contraindre_2, délimiter_2, réduire_se_1
Apporter des limites à une entité.
observation #classement classer_1, hiérarchiser
Sélection d’unités d’observation, collecte des Action scientifique qui vise à distribuer (objet=données, objet
données, recueil des informations, expérimentation, d’étude) dans des catégories distinctes selon des critères
tests définis.
N[sujet] +V+ N[COD]
#collecte collecter, concentrer_1, confondre, englober,
Action scientifique qui vise à rassembler toute sorte rassembler_1, recueillir, regrouper_1,
d'éléments concrets ou abstraits (Objet=généraleme nt regrouper_2
données scientifiques) en vue d'une action précise.
N[sujet]+V+ N[COD] / passif
#inclusion inscrire_1, intégrer_1, introduire_1
Action scientifique qui vise à introduire un élément (objet
concret ou abstrait) dans un ensemble afin que, s’y
incorporant, il forme un tout cohérent.
N[sujet] +V+ N[COD]
#séparation disperser, dissocier, distinguer_3, diviser,
Action scientifique qui vise à distinguer toute sorte d'éléments isoler, répartir_1, répartir_2, séparer_1
concrets ou abstraits (Objet=généralement données
scientifiques) en vue d'une action précise.
N[sujet] +V+ N[COD]
processus_cognitif_psycho #conformité accorder_s’_2, rapprocher_se_2, rejoindre
319
Classe regroupant les verbes renvoyant processus Se rendre proche par rapport à qqch, à qqn en retrouvant
cognitifs et psychologiques ne relevant pas certains traits communs.
prioritairement de l’activité scientifique. #correspondance adapter_s’_1, conformer
Se mettre en accord avec d’autres
individus/entités/circonstances mettant en évidence les
ressemblances, la conformité.
N[sujet] +V+ à N[COI]
#démarcation affranchir_1, démarquer_se,
Se rendre différent par rapport à qqch, à qqn. différencier_se_1
N[sujet] +V+ de N[COI]
#opinion_défavorable contester, exclure_1, négliger, opposer_s’_2,
Prise de position par rapport à l’objet, mise en discussion, en rejeter
doute.
N[sujet] +V+ N[COD]/à +N[COI]/que P
#opinion_favorable favoriser, préconiser, prôner, soutenir_2
Prise de position par rapport à l’objet, jugement positif sur la
valeur, sur l’utilité, approbation.
N[sujet] +V+ N[COD]/que P
#opinion_neutre admettre_2, affirmer_1, assumer,
Considération générale sans jugement ou orientation concevoir_2, considérer_1, considérer_3,
particulière. envisager_1, estimer_2, garantir_2, juger,
N[sujet] +V+ N[COD]/que P prétendre, reconnaître, représenter_se_3,
revendiquer, soutenir_1, supposer_2
#positionnement placer_se_2
Prise de conscience sur la position/la place vis-à-vis de qqch.
N[sujet] +V (+CC)
#processus_psychologique convenir_1, intéresser_2, montrer_se_3,
Processus psychologiques généraux. partager_1, permettre_se_2, présenter_se_3,
respecter, satisfaire_1
processus_évolutif #amélioration affiner, améliorer, compenser, compléter,
Processus évolutif par lequel on rend meilleur, plus corriger, faciliter, objectiver, relever_1,
satisfaisant, on change en mieux qqch. renouveler, simplifier
N[sujet] +V+ N[COD]
320
#augmentation accentuer, accroître, amplifier, augmenter_1,
Processus évolutif par lequel on rend plus considérable (en développer_1, élever_1, multiplier_1
quantité, en durée, etc.) ou plus fort (en intensité), en ajoutant à
ce qui existe qqch de même nature.
N[sujet] +V+ N[COD]
#baisse atténuer, diminuer_1, réduire_2
Processus évolutif par lequel on rend moins considérable (en
quantité, en durée, etc.) ou plus fort (en intensité), par
retranchement partiel.
N[sujet] +V+ N[COD]
#changement alimenter, développer_3, enrichir, inverser,
Processus évolutif par lequel on rend plus ou moins différent, modifier_1, remplacer, substituer_2, varier_1
on fait subir une modification, on remplace en mettant à la
place qqch de différent mais de même nature ou fonction.
N[sujet] +V+ N[COD]
#extension élargir, étendre, généraliser
Processus évolutif par lequel on augmente l'importance, la
portée de qqch.
N[sujet] +V+ N[COD]
amélioration relativiser_2
Processus évolutif par lequel qqch devient meilleur, plus
satisfaisant, change en mieux.
N[sujet] +V+ N[COD]
augmentation augmenter_2, dépasser, élever_s'_2,
Processus évolutif par lequel qqch devient plus considérable multiplier_2, progresser_1, renforcer
(en quantité, en durée, etc.) ou plus fort (en intensité).
N[sujet] +V N[sujet] +V+ N[COD]
baisse décliner, diminuer_2
Processus évolutif par lequel qqch devient moins considérable
(en quantité, en durée, etc.) ou plus fort (en intensité). N[sujet]
+V N[sujet] +V+ N[COD]
changement devenir, évoluer, modifier_2, progresser_2,
Processus évolutif par lequel qqch devient plus ou moins prolonger_se, substituer_se_1,
différent, subit une modification ou change progressivement transformer_se_1, transformer_2, varier_2
321
de position ou de nature.
N[sujet] +V N[sujet] +V+attibut N[sujet] +V+ N[COD]/à
N[sujet] +V (vers)
processus_humain #action agir_1, comporter_se_3, procéder_3
Classe regroupant les verbes renvoyant aux processus Réaliser une action, une transformation ou une opération
humains généraux . complexe
(il s’agit des processus qui ne relèvent ni du cognitif N[sujet] +V (+CC de manière)
ni du scientifique) #attribution accorder_1, apporter_1, assigner, attacher_1,
Processus par lequel on donne qqch, une propriété, à un attribuer, distribuer, doter_1, fournir_1,
élément. offrir_1, porter_2
N[sujet] +V+ N[COD] à N2
#composition organiser
Combiner les éléments d'un ensemble d'une certaine manière.
N[sujet] +V+ N[COD]
#faire conduire_1, effectuer, exercer, mener_2,
Verbes supports (transitifs) désignant la réalisation de qqch. opérer_1, procéder_1
N[sujet] +V+ N[COD]
#localisation localiser, placer_1, replacer, situer_2
Attribuer un emplacement à (une chose), mettre dans un ordre
déterminé, dans un ensemble.
N[sujet] +V+ N[COD] (+CC)
#obtenir accéder_1, atteindre_1, disposer_1,
Avoir à soi, disposer de (qqch), parvenir à se faire accorder, à obtenir_1, obtenir_2, posséder_1, retenir_2,
se faire donner. saisir_se_2
N[sujet] +V+ N[COD]/à N/de N
#usage appliquer_1, appliquer_2, employer_2,
Faire usage de qqch, appliquer un procédé, une technique, emprunter, exploiter_1, mobiliser, pratiquer,
faire agir un objet, une méthode afin d'obtenir un effet qui recourir_1, recourir_2, utiliser
permette d'aboutir à une fin déterminée.
N[sujet] +V+ N[COD]/à N
processus_non humain action comporter_se_1, fonctionner_1,
Classe regroupant les verbes renvoyant aux processus Remplir (dans un ensemble) une fonction déterminée. fonctionner_2
non humains qui ne sont pas statiques, qui expriment N[sujet] +V (+CC de manière)
322
une action. choix exclure_2
dissimulation masquer, occulter
Présenter une apparence qui cache qqch, qui empêche que l'on
se rende compte ou que l'on prenne conscience de qqch.
N[sujet] +V+ N[COD]
événement apparaître_3, intervenir_1, produire_se_2,
(En parlant d'un phénomène, d’un évènement, d’une chose) reproduire_se_2
venir à l'existence, arriver, survenir, le plus souvent après une
succession d’autres faits.
N[sujet] +V
obtenir accéder_2, atteindre_2
Disposer de (qqch), parvenir à se faire accorder.
N[sujet] +V+ N[COD]/à N
révélation décrire_2, démontrer_2, dessiner_2,
Rendre manifeste, laisser apparaître clairement la vérité d'un éclairer_2, expliciter_2, exprimer_2,
fait, les caractéristiques d'une entité abstraite. indiquer_2, marquer_2, montrer_1,
N[sujet] +V+ N[COD]/que P refléter_1, révéler_se_2, signaler_2,
témoigner
usage exploiter_2
Faire usage de qqch, appliquer un procédé, une technique,
faire agir un objet, une méthode afin d'obtenir un effet qui
permette d'aboutir à une fin déterminée.
N[sujet] +V+ N[COD]
attestation attester, confirmer, conforter, garantir_1,
Constituer la preuve, la justification de la vérité, de la validité justifier_2, valider, vérifier_2
de qqch.
N[sujet] +V+ N[COD]/que P
contestation interroger_2
Contester la vérité, la validité de qqch.
N[sujet] +V+N[COD]
relation #appartenance appartenir_1, participer_2
Classe regroupant les verbes renvoyant aux différents Relation renvoyant pour un individu au fait d'appartenir à un
types de relation entre entités ou exprimant une mise milieu, une collectivité.
en relation effectuée selon différents critères. N[sujet] +V+ à N[COI]
323
#association accompagner_1, articuler, associer,
Action de mettre en relation, réunir en un tout des éléments combiner_1, conjuguer, corréler, lier,
divers qui se complètent et produisent un effet unique. rattacher, relier
N[sujet] +V+ N[COD] + à/avec N2
#cause_objectif amener, inciter, renvoyer_1
Relation causale avec indication du point d'aboutissement.
N[sujet] +V+ N[COD] + à N[COI]/ Vinf
#influence influencer, influer_1
Relation renvoyant au fait de produire un effet suscitant des
modifications, manière d’agir sur qqn ou qqch. N[sujet] +V+
N[COD]
#opposition confronter_se_2, heurter_se
Relation caractérisant qqn par le rapprochement avec d’autres,
mettant en évidence leurs différences. N[sujet] +V+ à N[COI]
appartenance appartenir_2, inscrire_s’_2, participer_1,
Relation caractérisant un état d’une entité par rapport à un relever_3, ressortir_2
ensemble dont elle fait partie.
N[sujet] +V+ à/de/N[COI]
association accompagner_2, combiner_2
Relation caractérisant un état d’une entité mise ensemble,
réunie avec d’autres éléments.
N[sujet] +V+ N[COD] //dans/de N
cause_objectif amener, inciter, renvoyer_1
Relation causale avec indication du point d'aboutissement.
N[sujet] +V+ à N[COI]
N[sujet] +V+ sur N[COI]
correspondance adapter_s’_2, ajuster, coïncider, converger_2,
Relation caractérisant un état d’une entité par le correspondre, satisfaire_2
rapprochement avec d’autres entités, mettant en évidence leurs
ressemblances/conformité.
N[sujet] +V+ N[COD]// à/avec N[COI]
implication_cause conditionner, déterminer_2, engendrer,
Relation d’implication consistant en ce qu'une chose (un fait, entraîner_1, entraîner_2, évoquer_1,
une idée, un caractère) entraîne comme conséquence logique expliquer_2, générer_2, impliquer,
324
une autre. imposer_3, induire, motiver, produire_1,
N[sujet] +V+ N[COD]/à N[COI]/que P provoquer, sous- tendre, suggérer_2,
supposer_3
influence guider, influer_2, inspirer_1, opérer_2
Relation renvoyant au fait de produire un effet suscitant des
modifications, manière d'agir sur qqn ou qqch.
N[sujet] +V+ sur N[COI]
opposition affranchir_2, contraster, contredire,
Relation caractérisant un état d’une entité par le différencier_se_2, différer, distinguer_se_1,
rapprochement avec d’autres entités, mettant en évidence leurs opposer_3, séparer_2
différences.
N[sujet] +V+ N[COD]// de/avec /à N[COI]
source découler, dépendre, hériter, procéder_2,
Relation mettant en lien l’origine, la raison de qqch et le provenir, ressortir_1, résulter
résultat.
N[sujet] +V+ de N
temporalité #début amorcer
Classe de verbes caractérisant un processus par N[sujet] +V+ N[COD]
rapport au temps : durée, fréquence, chronologie
(localisation sur l’axe temporel), début et fin.
#durée entretenir_1, entretenir_2
N[sujet] +V+ N[COD]
#fin aboutir_2, conclure_1
N[sujet] +V+ N[COD]/à N
chronologie précéder_1, succéder
N[sujet] +V+ N[COD]/à N
début apparaître_1, émerger, établir_s’_3
N[sujet] +V
durée conserver, maintenir, subsister
N[sujet] +V N[sujet] +V+ N[COD]
fin aboutir_1, contribuer, converger_1, mener_1,
N[sujet] +V+ à/vers N[COI] résumer_se_2, tendre_2
325
ANNEXE 3
Expérimentation didactique I
Cette expérimentation devrait permettre aux étudiants (avec un niveau au
minimum B1) de s’initier au discours scientifique : l’accent sera surtout mis sur les
opinions de l’auteur.
326
Document 1 :
Un nouveau titre, et pas n’importe lequel, sur un curriculum vitae déjà très fourni :
24 pages de distinctions, de publications, de prix en tous genres, auxquels s’ajoute
donc, depuis lundi 13 octobre, ce prix Nobel d’économie 2014. Jean Tirole,
chercheur à l’université de Toulouse et directeur de l’école d’économie de
Toulouse, était invité de RFI mardi 14 octobre.
Jean Tirole: J’espère que cela ne va pas changer trop de choses, je n’ai pas très bien
dormi cette nuit mais c’est merveilleux ce qui m’arrive. Je pense que ça va être un
peu difficile à vivre dans le court terme, mais j’espère pouvoir retrouver ma vie de
chercheur. Ce n’est que du bonheur, en tout cas, pour l’instant. […]
RFI: Un Nobel dans un pays en crise, cela fait dire à certains commentateurs qu’il y
a peut-être trop de distance, chez nous, entre théorie et pratique. Partagez-vous ce
point de vue, à savoir que les Français sauraient mieux parler économie que la
gérer ?
2. Quel est le point de vue de Jean Tirole par rapport à la culture économique ?
Relevez les mots qui vous permettent de justifier votre opinion.
327
Document 2 :
Pour tenter d’expliquer pourquoi les femmes ingénieurs accèdent moins souvent que
leurs collègues masculins aux fonctions dirigeantes, nous avons mené une recherche
auprès d’élèves ingénieurs masculins et féminins poursuivant leur formation à
l’Institut National des Télécommunications. Nous nous sommes demandé si les
projets professionnels et personnels respectifs à chacun des deux sexes se
ressemblent ou pas en première année. En d’autres termes, les étudiantes
envisagent-elles de rentabiliser leur diplôme d’ingénieur de la même façon que les
étudiants ? Les résultats de l’étude montrent que les projets d’avenir des étudiantes
sont assez différents de ceux de leurs homologues masculins. Elles ont, en effet,
globalement des projets professionnels moins ambitieux qu’eux car pour elles vie
professionnelle et vie familiale entreront souvent en compétition. Elles envisagent
notamment plus souvent que les garçons des aménagements de leur travail pour
dégager du temps pour leur vie familiale. On peut penser qu’elles anticipent de «
s’adapter raisonnablement », selon l’expression de M. Duru Bellat (1990), à la
division sexuée du travail mais aussi qu’elles ont des difficultés à se projeter dans
des rôles pour lesquels il existe encore pour l’instant bien peu de modèles féminins.
On retrouve là le poids des rôles de sexe. Les femmes, quelle que soit leur formation,
sont plus lourdement mises à contribution que les hommes pour assurer la marche de
la structure familiale et payent le prix de ce rôle en matière de promotion et de
carrière.
Christine Fontanini « Elèves ingénieurs : aspirations et projets de vie. Une question de genre. »,
Scientext communication_142_sciedu_AREF2007_Fontanini_entete
2. Quel est le point de vue défendu par l’auteur ? Relevez les expressions où se
trouve l’opinion. Connaissez-vous d’autres verbes ou d’autres expressions qui
expriment l’opinion ? Cherchez dans un dictionnaire les synonymes des verbes
(ou des expressions) puis refaites la phrase avec ceux de votre choix.
328
[2] Observation de l’écrit scientifique
Consigne : Lisez le document 3 et répondez aux questions
Document 3 :
1. Qu’est-ce que l’auteur souhaite expliquer à travers cet extrait (sa fonction dans
l’article), cet extrait vient de quelle partie de l’article (résumé, introduction,
conclusion) ?
1) A l’issue des analyses effectuées, quelques points méritent d’être soulignés à l’égard
des représentations et des pratiques langagières des apprenants franco-allemands. Nous
remarquons, en premier lieu, que les représentations fonctionnent comme des
mécanismes qui aident les élèves à gérer le choix des langues au cours de l’interaction
et à interpréter leur sens et leur valeur conversationnelle.
2) En partant de ces observations, nous allons tenter de comprendre, par une analyse
empirique, ce qu'est une séquence médiatique « chargée d'émotions ».
3) Pour apporter des éléments de réponse à la question de la réception, nous avons mis
en place un « test de réception », qui ne tient pas lieu de véritable étude de la réception
mais qui donne quelques indications pertinentes pour notre analyse. Nous avons projeté
la séquence décrite à trente étudiants (inscrits en formation d’ingénieurs à l’Université
de Technologie de Troyes). Ces étudiants suivent un cours d'analyse des médias et ont
répondu au test dans le cadre d'une séance de travaux dirigés.
329
4). On pourra donc parler de « dispositif émotionnel » pour définir cette combinaison
de paramètres et faire l'hypothèse qu'une séquence de parole à la télévision sera d'autant
plus chargée émotionnellement qu’elle fera intervenir un grand nombre d'éléments de
ce dispositif.
6). Cet article traite des émotions dans une émission de télévision, et plus précisément
de la mise en place d'un « dispositif émotionnel » au cours d'un « talk-show ». Ce
travail est basé sur l'analyse multimodale de l'émission « Demain les jeunes », diffusée
sur France 2 en mars 94. L’analyse de cette séquence émotionnelle (une jeune fille
parlant de son désespoir) montre que sa force émotionnelle dépend d'un dispositif
global et multimodal. L'expression des émotions est basée sur le verbal, le vocal et le
mimogestuel, mais est aussi induite par un cadrage préalable (l'animateur parle de
l'angoisse de la jeunesse) et renforcée par le filmage (gros plans). Cette analyse est
complétée par un test de réception. Ce travail s'inscrit dans le champ de la pragmatique
des interactions médiatiques.
L’écrit scientifique est un type d’écrit argumentatif, un écrit d’opinion qui permet de
faire avancer la connaissance au sein d’une communauté scientifique. Il vise à décrire
les recherches scientifiques menées par l’auteur dans un domaine particulier et à
diffuser les résultats d’une recherche intégrant une synthèse critique de l’état du terrain
de recherche avec la précision des objets d’étude, des objectifs et des hypothèses ; un
cadre théorique articulé ; une présentation détaillée des méthodologies choisies, des
analyses des données et des résultats obtenus ; le soulignement de l’opinion ; les
suggestions et les limites de la recherche.
Dans l’écrit scientifique, on remarque que certains verbes sont employés pour exprimer
une opinion de l’auteur (penser, croire, considérer, estimer, juger, etc.). L’opinion de
330
l’auteur peut être favorable (admettre, affirmer), neutre (penser, considérer) ou
défavorable (rejeter, contester). Certains verbes d’opinion sont souvent modalisés ou
introduits dans une subordonnée de condition (on peux considérer que, si l’on admet
l’idée, il est possible de supposer que), ce qui atténue la prise de position individuelle.
De ce fait, l’opinion de l’auteur est moins subjective et plus partagée.
[1] Découverte de l’opinion
Consigne : Lisez les extraits suivants et répondez aux questions
Extrait 1 :
En suivant cette piste relative à l’influence des moyens de communication sur les
modes de pensée, il est possible de considérer que - de la même manière que lors de
l’introduction de l’écriture et de l’imprimerie - l’essor actuel des Technologies de
l’Information et de la Communication (TIC) en général, mais aussi en formation, a et
aura des répercussions majeures sur l’évolution des connaissances et des modes de
raisonnement. (Sciences de l’éducation : De la raison graphique à la raison
numérique ? Evolutions du rapport à l’écrit dans les espaces virtuels)
1. Quelle est l’opinion de l’auteur par rapport à l’essor actuel des TIC ? Relevez les
expressions où se trouve l’opinion.
2. Parmi les verbes suivants, lequel (ou lesquels) pourrait-on utiliser avant la
complétive « que » comme synonyme du verbe « considérer » ? Admettre,
affirmer, penser, croire, juger, estimer. Justifiez votre choix à l’aide d’un
dictionnaire.
Extrait 2 :
En effet, un peu plus de la moitié (57,1%) des interviewés préfèrent la musique aux
paroles turques (8 sur 14, dont la moitié n'a mentionné que la musique turque et le reste
l'a mise en parallèle avec la musique grecque) ; trois sur quatorze (21,4%) aiment la
musique turque autant que la musique grecque, tandis que deux sur quatorze (14,2%)
déclarent préférer la musique grecque et un seul interviewé (7,1%) prétend aimer plus
la musique grecque, mais nous nous permettons de contester son affirmation, vu
l'ensemble de son discours particulièrement surveillé et parfois contradictoire.
(Linguistique : La place et les fonctions réservées à la langue minorée : le cas de bafra
(grèce)
331
4. Pourquoi l’auteur dit « nous nous permettons de », il y aura quelle différence si on
l’enlève de l’extrait ?
Extrait 3 :
1. Quelles sont les deux opinions opposées dans l’extrait ? Relevez les expressions
où se trouve l’opinion.
2. Parmi les verbes suivants, lequel pourrait-on utiliser pour remplacer « jugeant » et
« considérant » ? Admettre, affirmer, penser, croire, soutenir, supposer, estimer,
trouver.
1. Nous estimons pour notre part que cette perspective a. donner une évaluation sur quelque chose
caricature à l'excès une situation bien plus complexe. d’abstrait
2. De récentes données expérimentales nous b. donner une opinion sur un objet ou un
permettent d’estimer l’évolution de la force de la phénomène
mémoire haptique chez le jeune bébé au cours de la c. prendre la mesure du prix, de la durée ou de la
première année. quantité de quelque chose en donnant une
3. On estime par ailleurs à environ 225 000 personnes référence statistique
la migration pendulaire de navetteurs non recensés.
332
2. Nous proposons une étude quantifiée du modèle,
afin de juger de l'optimalité du ratio capital
public/PIB en France.
1. Finalement, à supposer qu’il existe bien une a. penser quelque chose comme probable sans
différenciation des aptitudes avec l'âge… pouvoir affirmer de façon positive
2. Tout d’abord, contrairement à ce que nous b. donner le moyen de se former une idée sans
supposons, ZEIRA fait l’hypothèse que le bien affirmation
produit dans le premier secteur sert à la fois de bien de c. impliquer une condition nécessaire ou un fait
capital et de bien de consommation. scientifique
3. Ces variations de l’indice laissent supposer que des d. poser à titre d’hypothèse sans jugement
phénomènes de différents types influencent le niveau
de tolérance du public français.
4. Le total atteindrait 18,3 milliards, avec un rythme
de trois milliards par an, ce qui suppose le maintien
d'une croissance régionale rapide.
1. Nous ne contestons pas la pertinence du modèle a. après un jugement de réalité, accepter quelque
SILEX dans l'étude sémantique des mots suffixés, chose par l’esprit
mais par contre nous questionnons sa pertinence dans b. se former dans l’esprit une idée prise sur
le domaine préfixal . quelque chose
2. On peut admettre que la méthode possède la c. un jugement que la personne a énoncé comme
propriété de préserver des mésinterprétations . vrai plus haut
3. On peut néanmoins penser qu’elle aura un effet d. ne pas mettre en discussion ou en doute la
indirect ou différé en suscitant sur le tard chez l'auteur réalité ou la vérité d’un fait, la valeur d’une idée,
littéraire. d’une théorie
4. En revanche, on rejette systématiquement la e. refuser totalement quelque chose une idée, ou
non-causalité pour les données britanniques. un fait
5. On pourrait croire qu’elles constituent l’enjeu
ultime de la prime scolarité.
6. À ce titre, Mellon s’oppose au principe de l’impôt
sur les ventes (sales tax) qu’il juge politiquement
désastreux et peu convaincant en termes budgétaires.
7. Comme nous l’avons affirmé ci-dessus, seule une
étude sur les routines pourrait nous dire si le feeling,
la méthode, ou les deux (habitus) correspondent à
cette sensibilité reproductive.
8. En fait, on peut exclure l’idée que les bénéfices
perçus proviennent de bénéfices réels autres que ceux
qui ont été investigués jusqu’à présent.
333
2. Le choix est donc essentiellement binaire : soit l’on dépasse cette limite, jugeant
que (estimer, admettre) cette norme implicite est trop coûteuse comparativement
aux dommages catastrophiques qu’elle permet d’éviter, soit l’on s’y conforme,
considérant, au contraire, que la destruction de l’environnement due à la
catastrophe justifie des mesures de dépollution drastiques.
4. Plusieurs indices laissent penser que (supposer, considérer) ces alliances opèrent
aux dépens des régulations professionnelles habituelles.
6. Prises en charge par le conseil, ces mesures ne permettent pas de supposer (penser,
admettre) que l’initiative, ni même le reste de l’organisation, procèdent de la
même instance.
7. Quant au problème plus spécifique du rapport entre les emplois discursifs d’un
mot et ses autres emplois, nous ne pensons pas (juger, croire) qu’il y ait de rupture
nette.
10. Le langage mathématique est en effet jugé (supposer, penser) supérieur au langage
naturel (Simon, 1957 , 90).
[4] Travailler sur l’antonymie
1. Pourtant, même si l’on admet (s’opposer à, contester, rejeter, exclure) l’idée d’une
certaine universalité du traitement orthographique, la variété des tendances n’est
pas négligeable pour autant.
334
Un autre point important, sur lequel nous allons insister, est que nous considérons que
les caractéristiques de ces instruments ne présagent en rien de l’activité qui va en
découler pour l’usager. Nous rejoignons Perriault, pour qui il faut admettre les usages
détournés comme des indicateurs d’appropriation effective. Avec Pierre Schaeffer,
nous considérons que toute nouvelle utilisation d’une machine à communiquer
constitue une hypothèse à vérifier (Schaeffer, 1970). En d’autres termes, nous rejetons
le postulat d’utilité universelle des machines relevant de cette catégorie : leur utilité est
toujours à démontrer.
1. Quelles sont les opinions de l’auteur ? Relevez les mots qui vous permettent de
justifier votre choix.
Consigne : Réécrivez les phrases suivantes avec les verbes ou les constructions
données
EX : Marie Duru Bellat (1990) montre que pour comprendre les choix d’orientation et
professionnels des filles, il est nécessaire de prendre en compte le fonctionnement
actuel de la famille. (juger)
Réécriture : Pour comprendre les choix d’orientation et professionnels des filles, Marie
Duru Bellat (1990) juge nécessaire de prendre en compte le fonctionnement actuel de la
famille.
1. Ces résultats nous poussent à croire qu’on trouvera, chez des adolescents,
davantage de moyens de compensation, phénomène qui serait lié à une diminution
des erreurs. (amener /conduire à penser que)
2. De façon générale, nous pouvons affirmer que le sens est aussi soumis à la norme
prescriptive, puisque les différents sens associés aux vocables sont décrits dans les
dictionnaires et sont plutôt statiques. (possible de penser que)
4. Arrivée à ce point de notre discussion, nous croyons pouvoir formuler encore une
remarque concernant les études sur l’objet direct/transitivité. (penser)
6. L’intérêt du focus group réside dans le fait de recueillir les opinions des personnes
formulées dans le cadre d’une discussion, en pensant que la dynamique et les
335
échanges qui se créent entre les personnes les aident à développer leur réflexion.
(considérer que)
Consigne : A l’aide de la liste des mots, remplissez les trous par les mots corrects,
n’oubliez pas de conjuguer les verbes si besoin.
1. En linguistique, il est _____de considérer que la langue répond à des règles que
l’on peut expliciter.
4. Cette recherche m’a ________à considérer les processus d’étiquetage comme des
composantes de ce qu’on appelle de manière indifférenciée les dynamiques
identitaires.
6. Bien que peu surprenante, cette constatation est tout de même préoccupante
________l’on considère que les textes ont été rédigés à la maison et que le recours
aux ouvrages de référence était permis.
10. La distribution restant stable, on peut penser,________, que cela s’explique par
une stabilité de la fonction des concepts.
11. Dans cet ensemble, nous avons retenu uniquement ceux qui présentent au moins
trois occurrences dans chacun des corpus, en _______que pour pouvoir
caractériser le fonctionnement en contexte de ces unités, on ne peut se contenter
d’un hapax ni de deux occurrences.
336
[6] Réutiliser
337
ANNEXE 4
Expérimentation didactique II
Activités : Les apprenants s’expliquent leur sujet de recherche deux par deux, le
deuxième doit expliquer au groupe le sujet de l’autre.
Activités : Les étudiants sont amenés à exprimer leurs idées sur le type d’écrit du
mémoire avec des mots-clés. Après la mise en commun, les idées reformulées, classées
seront présentées sous une forme synthétique comme indiqué ci-dessous dans
l’encadré.
Explication : Cette étape permet de vérifier les connaissances des apprenants sur l’écrit
universitaire et de faire le point. Ensuite, les idées rassemblées aident à la construction
d’un savoir de base sur le type d’écrit du mémoire.
338
Découverte du LST et des constructions de verbes du LST (20
m)
Pour tenter d’expliquer pourquoi les femmes ingénieurs accèdent moins souvent que
leurs collègues masculins aux fonctions dirigeantes, nous avons mené une recherche
auprès d’élèves ingénieurs masculins et féminins poursuivant leur formation à l’Institut
National des Télécommunications. Nous nous sommes demandé si les projets
professionnels et personnels respectifs à chacun des deux sexes se ressemblent ou pas
en première année. En d’autres termes, les étudiantes envisagent-elles de rentabiliser
leur diplôme d’ingénieur de la même façon que les étudiants ? Les résultats de l’étude
montrent que les projets d’avenir des étudiantes sont assez différents de ceux de leurs
homologues masculins. Elles ont, en effet, globalement des projets professionnels
moins ambitieux qu’eux car pour elles vie professionnelle et vie familiale entreront
souvent en compétition. Elles envisagent notamment plus souvent que les garçons des
aménagements de leur travail pour dégager du temps pour leur vie familiale. On peut
penser qu’elles anticipent de « s’adapter raisonnablement », selon l’expression de M.
Duru Bellat (1990), à la division sexuée du travail mais aussi qu’elles ont des difficultés
à se projeter dans des rôles pour lesquels il existe encore pour l’instant bien peu de
modèles féminins. On retrouve là le poids des rôles de sexe. Les femmes, quelle que
soit leur formation, sont plus lourdement mises à contribution que les hommes pour
assurer la marche de la structure familiale et payent le prix de ce rôle en matière de
promotion et de carrière.
339
3. D’après vous, cet extrait vient de quelle partie de l’article ? Et pourquoi ?
Document 2 :
Public
auprès d’enfants bilingues français/anglais pour tester les hypothèses
suivantes.
Hypothèses
de l’apprentissage de la lecture. Ainsi, nous postulons que les enfants
bilingues feront preuve de capacités métaphonologiques avant
d'apprendre à lire. De plus, du fait de l’interaction entre les deux langues
acquises, les enfants bilingues ne témoigneront pas du même type de
préférence pour les unités subsyllabiques que les enfants monolingues.
Nous supposons qu'ils ne feront pas preuve de la même sensibilité
phonologique que leurs pairs monolingues.
Activités : Cette étape est divisée en trois parties dont chacune traite une fonction
particulière dans l’introduction: 1) présenter l’objet théorique, 2) problématiser l’objet
théorique, 3) poser les questions.
340
Dans chaque partie, l’apprenant doit travailler sur des extraits courts et repérer des
constructions ayant trait aux fonctions mentionnées ci-dessus. Les constructions ainsi
que les différents procédés utilisés seront étudiés.
Explication : Il s’agit d’une étape intermédiaire qui aide l’apprenant à faire une
progression propice à la compréhension des phénomènes linguistiques nouveaux dans
l’introduction.
Extrait 1.
Dans cet article, nous nous intéresserons à l’évolution de l’activité sur la plate-forme
pendant les deux premières années d’usage par les étudiants (2005 et 2006). Nous
montrerons quels facteurs ont permis l’émergence d’une double dynamique : une
dynamique d’écriture et une dynamique communautaire, les deux se trouvant dans une
relation d’interdépendance réciproque.
(Renáta Varga, 2007, Évolution des usages d’une plate-forme collaborative, Conditions
d’émergence d’une double dynamique communautaire et d’écriture, Congrès
International ARE (Actualité de la Recherche en Éducation et en Formation), Aug
2007, Strasbourg)
Extrait 2.
341
Extrait 3.
Consigne : Dans les extraits suivants, observez comment l’auteur montre que l’objet
traité présente de l’intérêt. Soulignez les éléments linguistiques qui exposent l’objet
théorique/l’objectif théorique et ceux qui montrent l’intérêt de l’étude.
Extrait 4.
« Cet article propose une description systématique des emplois et valeurs des indéfinis
n’importe qui/n’importe quoi/n’importe quel N. les indéfinis de cette série, comme la
plupart des indéfinis autres que l’article indéfini, n’ont pas – à notre connaissance – fait
l’objet de travaux un tant ou soit peu systématiques.
Extrait 5.
« la réflexion portera plus particulièrement sur quelque chose et d’autres indéfinis, dont
l’intérêt théorique dans le cadre de la valence n’a jamais été sérieusement examiné.
(B. Defrancq & D. Willems, 1998, Travaux de linguistique 35)
Extrait 6.
Ces deux objectifs, premiers dans la recherche d’aide à l’écrit universitaire, ont
rapidement révélé des interrogations dont les réponses restent encore en suspens malgré
les efforts de chercheurs à ce propos : comment aborder ces collocations spécifiques
auprès de publics universitaires non natifs du français (Verlinde et al., 2006) ? Quel
type de description linguistique peut aider l’enseignant à mieux cerner les spécificités
342
de ces éléments linguistiques parfois complexes (au plan syntaxique et lexical
notamment) (Leeman, 2005, Tutin, 2007a) ? Faut-il ériger ces collocations en « normes
» scientifiques dès l’instant où elles apparaissent presque systématiquement (pour
certaines) dans les écrits scientifiques (Binon et al., 2003) ?
Ces questions, vastes, guident notre réflexion afin de comprendre ce dont le didacticien
a besoin au plan linguistique pour aborder sereinement ces éléments en cours de FLES.
Extrait 7.
« Pour éviter une démarche aussi paradoxale, nous nous proposons, dans cet article de
remettre en cause le postulat syntaxique dont elle procède et d’explorer une autre
approche théorique de la composition nominale. A cet effet, nous nous efforcerons de
montrer, à partir de l’examen d’un cas précis, <…> que la composition nominale met en
œuvre des éléments et des modes d’assemblages spécifiques…(I. Tamba & B.
Bosredon, 1991, Langue française 91)
Extrait 8 :
« Mon intention est de montrer que le nom propre n’es pas une sous-catégorie du nom,
contrairement à ce qu’affirment un grand nombre de grammairiens, et d’essayer de
comprendre pourquoi cette sous-catégorisation s’est si longtemps maintenu dans la
tradition grammaticale. »
(N. Flaux, 1995, in M. Noailly (éd.), Nom propre et nomination, Paris, Klincksieck)
Consigne : Dans les extraits suivants, observez comment l’auteur pose des questions.
Soulignez les éléments linguistiques qui indiquent les questions posées.
Extrait 8.
343
Perspective Pluridisciplinaire. Colloque International Des ÉTudiants Chercheurs En
Didactique Des Langues Et En Linguistique (p. 259-266). Grenoble: Presses
Universitaires de Grenoble.)
Extrait 9.
A partir de ces éléments, nous nous sommes demandé si les étudiantes envisagent de
rentabiliser leur diplôme d’ingénieur à plus ou moins long terme de la même façon que
les étudiants. En d’autres termes, est-ce que les filles, en début de formation dans
l’ingénierie, anticipent un moindre investissement de leur future vie professionnelle
comparativement aux garçons? Pour tenter de répondre à cette question, nous avons
mené une recherche auprès d’élèves ingénieurs masculins et féminins de l’Institut
National des Télécommunications (INT) pour observer si les projets professionnels et
personnels respectifs à chacun des deux sexes différent en première année de
formation.
1.
2.
344
La première question que l’on se pose alors est la suivante : le confort en train est-il une
catégorie cognitive de ce type ?
3.
4.
Cet article porte sur la manière dont les formes linguistiques en contexte, utilisant les
ressources de la langue mises en discours, renseignent sur les structures cognitives
construites à partir des perceptions sensorielles. On tente ici d’identifier, à partir de
l’analyse des formes adjectivales, les représentations individuelles et partagées qui se
construisent dans les discours des voyageurs, lorsqu’on les interroge sur leur
expérience sensible du confort.
Consigne : Classez les formules suivantes dans le tableau par groupe de deux. Les
premiers exemples sont indiqués.
Activité : L’apprenant doit classer les différentes constructions verbales étudiées selon
leurs valeurs sémantiques.
Explication : Cette étape vise à fixer les acquis de l’apprenant et leur permet de faire un
récapitulatif. De plus, il peut approfondir ses connaissances sur les différents sens des
verbes étudiés.
345
13) Nous abordons la question....
14) Cet article porte sur...
15) On s’attache à étudier...
16) Nous portons notre attention sur...
On s’intéresse à la question... Dans cet article, on s’efforce Les questions que nous nous
(ra) de... posons sont les suivantes...
Activités : L’apprenant doit rédiger après le cours une quinzaine de lignes sur son sujet
de recherche en utilisant les constructions étudiées. Un aide-mémoire qui récapitule
toutes les constructions étudiées sera proposé.
Explication : Cette étape vise à consolider les connaissances acquises de l’apprenant.
Activité : Dans cette étape, les étudiants seront amenés à découvrir le lexique et les
constructions qui portent sur le positionnement. À partir d’un document écrit, ils
doivent relever les deux points de vue de l’auteur et relever les arguments qui
contribuent à les soutenir en soulignant les éléments linguistiques du positionnement.
346
Nous empruntons ces idées, qui ont été discutées par de nombreux auteurs, aux champs
de la situated cognition et du cognitive apprenticeship (Brown et al., 1989 ; Lave et
Wenger, 1991 ; Wenger, 1998) qui considèrent que la cognition et l'apprentissage sont
situés et que l'activité est une part intégrante des processus d'apprentissage. Lave et
Wenger (1991) soulignent à ce propos que l'apprentissage résulte de la participation à
l’activité d'une communauté de pratique. Les activités situées s’avèrent être ainsi un
analyseur fécond des processus d'apprentissage. <…>
1. Relevez les deux idées principales soutenues par l’auteur et remplissez la colonne
gauche du tableau suivant. Soulignez les éléments linguistiques qui vous
permettent de justifier votre choix.
2. Relevez les chercheurs ainsi que leurs opinions qui servent d’arguments pour
soutenir les deux idées de l’auteur et remplissez la colonne droite du tableau
suivant. (le premier exemple est donné).
347
Idées principales de l’auteur Chercheurs/opinions servant des
arguments
2.
3. Trouvez des expressions synonymes pour dire « nous considérons que… » à l’aide
de l’outil CNTRL en ligne : http://www.cnrtl.fr/synonymie/
Activité : Cette étape est divisée en trois champs sémantiques : prise de position
neutre/favorable/défavorable. L’apprenant sera amené à travailler sur des extraits
courts et repérer des constructions qui expriment les différentes prises de position de
l’auteur/du chercheur.
Explication : Il s’agit d’une étape intermédiaire qui aide l’apprenant à faire une
progression propice à la compréhension des phénomènes linguistiques nouveaux par
rapport à la prise de position, en particulier dans l’état de l’art.
Consigne : relevez les expressions qui portent sur la prise de position. Est-ce que
l’auteur/le chercheur est d’accord avec ?
Extrait 1.
348
Extrait 2.
Le choix est donc essentiellement binaire : soit l’on dépasse cette limite, jugeant que
cette norme implicite est trop coûteuse comparativement aux dommages
catastrophiques qu’elle permet d’éviter, soit l’on s’y conforme, considérant, au
contraire, que la destruction de l’environnement due à la catastrophe justifie des
mesures de dépollution drastiques.
Extrait 3.
La libre circulation des travailleurs et des capitaux serait requise afin de tirer
pleinement parti du potentiel du marché commun. Pour « faciliter les changements
qu’exige le progrès économique », les auteurs estiment nécessaire de compenser les
déséquilibres du marché dans deux domaines : le soutien aux régions sous-développées
et la réadaptation des travailleurs.
Extrait 4.
théories existantes
Extrait 5.
349
Un autre point important, sur lequel nous allons insister, est que nous considérons que
les caractéristiques de ces instruments ne présagent en rien de l’activité qui va en
découler pour l’usager. Nous rejoignons Perriault (op. cit., p. 6), pour qui il faut «
admettre que les usages de ces machines ne se conforment pas toujours à une utilisation
canonique de référence, en d’autres termes, admettre et retenir les usages détournés
comme des indicateurs d’appropriation effective.
(François-Xavier Bernard. L’impact cognitif des dispositifs médiatiques sur les enfants d’âge préscolaire
en situation d'apprentissage avec un adulte. Étude d’un cas de simulateur informatique dans le contexte
d'une exposition scientifique. Education. Université René Descartes -Paris V, 2006.)
Extrait 6.
M. Merleau Ponty (1945), s’accorde avec Husserl et Heidegger pour dire que la
temporalité en tant que « flux temporel », n'est pas un objet de notre savoir, mais une
dimension de notre être. La relation du sujet incarné au monde n’est pas de l'ordre de la
mise à distance réflexive mais relève de l’immersion.
Extrait 7.
Extrait 8.
En effet, à l'instar de C. Perelman (2002), nous pensons que ce sont les moments
discursifs et délibératifs qui confèrent une rationalité aux activités pratiques. Nous
convenons cependant qu’une évaluation plus fine mériterait d’être entreprise pour
corroborer ou non cette conviction. Après tout, ce qui est dit ne l’est que pour quelques
élèves ; qu’en est-il des autres ?
350
Présenter une prise de position défavorable avec une mise en
discussion
Extrait 9.
Extrait 10.
Nos analyses typologiques nous ont conduits à postuler un certain nombre de tendances
structurelles et organisationnelles qui confirment, prolongent ou remettent en cause des
résultats d'études antérieures sur la syllabe (chapitre III).
Extrait 11.
L’AC considère ainsi que l’étude comparée des systèmes phonologiques, syntaxiques,
morphologiques etc. de deux langues permet de prévoir les erreurs potentielles d’un
individu natif d’une langue 1 apprenant une langue 2. La faiblesse du postulat de ce
domaine a rapidement été soulignée puisque peu d’erreurs supposées apparaissaient
effectivement dans les productions. En s’opposant au postulat fondateur de l’AC, l’AE
s’est intéressée aux erreurs produites.
Activité : Dans cette étape, l’apprenant doit réécrire les phrases avec des
mots/expressions donnés. L’objectif est de faire manipuler les différentes constructions
en matière de prise de position.
351
Explication : L’apprenant entre dans la phase d’appropriation des éléments
linguistiques. Cette activité lui permet de systématiser les constructions étudiées.
Consigne : Réécrivez les phrases suivantes avec les verbes ou les constructions donnés.
EX : Marie Duru Bellat (1990) montre que pour comprendre les choix d'orientation et
professionnels des filles, il est nécessaire de prendre en compte le fonctionnement
actuel de la famille. (juger)
1. Ces résultats nous poussent à croire qu’on trouvera, chez des adolescents, davantage
de moyens de compensation, phénomène qui serait lié à une diminution des erreurs.
(amener /conduire à penser que)
2. De façon générale, nous pouvons affirmer que le sens est aussi soumis à la norme
prescriptive, puisque les différents sens associés aux vocables sont décrits dans les
dictionnaires et sont plutôt statiques. (possible de penser que)
4. Arrivée à ce point de notre discussion, nous croyons pouvoir formuler encore une
remarque concernant les études sur l’objet direct/transitivité. (penser)
6. L’intérêt du focus group réside dans le fait de recueillir les opinions des personnes
formulées dans le cadre d’une discussion, en pensant que la dynamique et les échanges
qui se créent entre les personnes les aident à développer leur réflexion. (considérer que)
7. Comme Baron et Bruillard (2001), nous ne considérons pas qu’une approche centrée
sur un champ théorique unique se suffit à expliquer la diversité des phénomènes à
prendre en compte. (à l’instar de, penser)
Activité : Dans cette étape, en petits groupes de 2-3, l’apprenant doit rédiger la suite
d’un paragraphe à partir des arguments donnés. Il doit enchaîner les arguments des
différents chercheurs avec les constructions étudiées.
352
Explication : Il s’agit toujours de la phrase d’appropriation des éléments linguistiques.
Mais en même temps, cela prépare l’apprenant à rédiger un bout d’écrit sur la prise de
position dans son propre mémoire.
_____________________________________________________________________
_____________________________________________________________________
_____________________________________________________________________
_________________________________________________________________
Arguments :
Albero (2003): « la multiplicité des échanges qu’ils soient centrés sur les contenus, les
processus ou procédures ou bien sur la dimension psycho-affective des apprentissages,
fait partie intégrante de la formation». Et puis, « l’interaction humaine est indispensable
à l’autostructuration des connaissances et à la construction de l’image de soi en tant
qu’apprenant efficace ».
Proposition de réponse:
Albero (2003) insiste sur le fait que « la multiplicité des échanges qu’ils soient centrés
sur les contenus, les processus ou procédures ou bien sur la dimension psycho-affective
des apprentissages, fait partie intégrante de la formation ». Elle ajoute même que «
l’interaction humaine est indispensable à l’autostructuration des connaissances et à la
construction de l’image de soi en tant qu’apprenant efficace ». D’Halluin et Biolluz
(2006) considèrent aussi que les interactions interpersonnelles sont indispensables pour
accentuer les activités de type comparatif et conceptuel qui manquent dans
l’apprentissage individuel. Gaberan et Leprince (2006) tiennent le même discours et
précisent que le tuteur, en position de mentor, doit favoriser ces échanges
353
interpersonnels. Quant à Grosjean (2006), elle affirme que le tuteur joue « un rôle
fondamental dans la construction du lien social » et celui-ci, en favorisant « le
sentiment d’appartenance à une communauté éducative, est indispensable à tout
processus d’apprentissage et constitue un élément essentiel contribuant à briser
l’isolement de l’étudiant » (Glikman, 2002).
Explication : Cette étape vise à fixer les acquis de l’apprenant et leur permet de faire un
récapitulatif. En outre, l’apprenant peut approfondir ses connaissances sur les différents
sens des verbes de positionnement qui s’organisent sur une échelle d’intensité.
Consigne : Classez les expressions suivantes dans le tableau selon le degré d’intensité
dans la prise de position (de l’accord ++, vers le désaccord --).
1. On pense/considère/admet/affirme/estime/juge/souligne/suppose que…
2. On préconise/soutient/reconnaît que…
3. En considérant/pensant que…
4. Nous insistons sur le point/le fait…
5. On s’accorde avec qn…
6. On rejoint qn/ le point de vue de qn…
7. On se rapproche de (approche/théorie)…
8. On rejette l’hypothèse/la théorie…
9. On s’oppose au postulat…
10. On remet en cause les résultats/la théorie/l’idée…
11. On remet en question les résultats/la théorie/l’idée…
12. On conteste une hypothèse…
++ + - --
354
VI. Production écrite (25m)
Activité : Après la séance, l’apprenant doit lire trois auteurs/ouvrages importants dans
sa bibliographie. Il doit exprimer en une quinzaine de lignes sa prise de position par
rapport à ces auteurs/ouvrages.
Explication : Le premier objectif est surtout de vérifier si les apprenants ont bien
compris ce qu’ils ont appris en termes linguistiques. Ensuite, l’enseignant peut vérifier
s’ils sont capables de comprendre les théories de la discipline.
Consigne : Dans le cadre de votre mémoire, vous allez choisir trois ou quatre
auteurs/ouvrages importants ayant traité d’un même sujet de recherche. Rédigez en une
quinzaine de lignes votre prise de position par rapport aux différents points de vue
existants.
Activité : Dans cette étape, à partir d’un document écrit, les apprenants travaillent en
binômes pour repérer le lexique et les constructions qui portent sur le choix de
l’approche et la collecte des données en répondant aux questions.
Ayant pour objectif la mise au jour des préoccupations et des enjeux éthiques de la
Explication du choix
profession enseignante au collégial, tels qu’identifiés par les enseignants, nous avons
opté pour la méthode du focus group. La méthode du focus group ou groupe de
discussion (Geoffrion, 1992 ; Krueger, 1998 ; Morgan, 1997) permet de réunir des
personnes dans un climat de discussion libre, par ailleurs animée et thématiquement
355
orientée par un animateur/chercheur. Dans ce contexte, la discussion est ouverte et
permet la formulation ou l'énoncé d'un large spectre d'enjeux, à partir de quatre ou cinq
thèmes déterminés par le cadre théorique, selon un guide d'animation préétabli. Cette
formulation ne se fait cependant pas en vase clos, mais dans le contexte d'une
discussion qui favorise l'échange et la réflexion avec des pairs que ne permettent pas,
par exemple, des entrevues réalisées sur une base individuelle.
Les données ont été recueillies auprès de six groupes de discussion dans lesquels les
enseignants ont été réunis en fonction du secteur où ils enseignent, pré-universitaire,
technique ou de la formation générale, à raison de deux groupes de discussion par
secteur, dans des collèges différents, dont quatre étaient situés dans les grands centres
urbains et deux en région.
2. L’auteur a utilisé quelle méthode pour atteindre cet objectif ? Et pourquoi le choix
de cette méthode ? Soulignez l’élément linguistique qui justifie votre choix.
4. Trouvez des expressions synonymes pour dire « opter pour» à l’aide de l’outil
CNTRL en ligne : http://www.cnrtl.fr/synonymie/
Activité : Cette étape est divisée en trois champs sémantiques : le choix de l’approche,
la limite d’un choix et la collecte des données. Les apprenants travaillent en groupe et
seront conduits à explorer des extraits courts et repérer des constructions liées à ces
trois champs sémantiques.
Explication : Il s’agit d’une étape intermédiaire qui aide l’apprenant à faire une
progression propice à la compréhension des phénomènes linguistiques nouveaux par
rapport au choix et à la collecte des données dans la méthodologie.
Extrait 1.
356
Ce souci d'intégration des niveaux linguistiques, à travers l'objet que constitue la
liaison, nous a conduite à adopter une démarche pluridisciplinaire, essentielle, nous
semble-t-il, pour circonscrire notre champ d'étude. Cette pluridisciplinarité correspond
à la fois à une ouverture à différents champs des Sciences du Langage (phonologie,
syntaxe, etc.) et aux rapprochements que nous avons effectués entre linguistique et
psychologie. Cette pluridisciplinarité nous est rapidement apparue nécessaire pour
deux raisons.
Extrait 2.
Dans un premier temps, nous avons transcrit les enregistrements des échanges à l'aide
d'un tableau qui distingue les interventions du parent de celles de son enfant. Nous
avons retenu un mode de transcription qui permet de rendre compte aussi bien des
interventions verbales que des interventions non verbales (gestes, manipulations,
mimiques, etc.) des deux partenaires.
[sed-the-69-body] - L'impact cognitif des dispositifs médiatiques sur les enfants d'âge
préscolaire en situation d'apprentissage avec un adulte (BERNARD)
Extrait 3.
Pour mener à bien cet objectif, nous nous sommes appuyé sur un dispositif unique,
l'élément " dessine avec ton doigt ", présenté dans l'exposition des 3/5 ans de la Cité des
enfants, à la Cité des sciences et de l'industrie. Par ailleurs, nous avons privilégié une
approche qualitative basée sur une démarche d'analyse approfondie, portant par
conséquent sur un échantillon relativement restreint de participants.
[sed-the-69-body] – L’impact cognitif des dispositifs médiatiques sur les enfants d’âge
préscolaire en situation d'apprentissage avec un adulte (BERNARD)
Extrait 4.
Ce travail représente une tentative d'explication du sens des lexèmes dans un contexte
particulier. Pour y parvenir, nous avons opté pour une approche sémantico-lexicale,
c'est-à-dire traiter du sens grâce à un outil d'analyse la lexicographie et une
méthodologie sémantique appelée componentielle.
357
Présenter la limite d’un choix
Extrait 5.
Pour les besoins de notre étude de cas, nous avons sélectionné trois extraits de la
séquence complète. Nous nous limitons à analyser la mise en route de l'activité
conjointe entre l'apprenant et l'employé expert en nous focalisant sur la façon dont
l'apprenant accède à la tâche ainsi que sur le régime de distribution de celle-ci. Nous
montrons que la ratification de la participation de l'apprenant est construite localement
et collectivement, et qu'elle a des effets au niveau de son identité telle qu'elle se
construit en situation.
Extrait 6.
Extrait 7.
Afin de recueillir les requêtes [3] formulées par les élèves, nous avons procédé à
l'enregistrement des adresses web (URL[4]) des moteurs de recherche dans les
historiques des navigateurs (exclusivement Internet Explorer) utilisés pendant la séance
durant laquelle les élèves avaient fourni un travail autonome de recherche sur Internet.
Nous avons ainsi recueilli les historiques de 9 sessions, c'est-à-dire le travail de 18
élèves, étant donné qu'ils travaillaient en binômes. À partir de ces historiques nous
avons retenu 95 requêtes pour notre analyse [5].
Extrait 8.
358
Cette étude exploratoire est basée sur un corpus composé de 10 textes du XIXème
collectés dans le cadre d’un projet qui porte sur l’étude des marqueurs linguistiques de
la subjectivité. Ce corpus représente 830 000 mots et est essentiellement composé de
romans. Nous avons également utilisé un corpus complémentaire, afin de vérifier la
fréquence de certaines structures mais aussi pour bénéficier de textes plus
contemporains. Il est issu de la base catégorisée de Frantext et composé de romans qui
couvrent la période 1990-2005, soit 22 textes et plus de 1,5 millions de mots.
Extrait 9.
Nous avons choisi, pour un travail sur la métonymie et la synecdoque qui dépasse le
cadre de cet article, de rassembler un corpus de textes de la presse généraliste sur des
thèmes d’actualité susceptibles d’intéresser le grand public, ou instaurés comme tels
par les journalistes, puisque ces thèmes ont été à un moment donné présentés à la
« Une ». Le corpus se compose de 160 articles analysés de Libération, le Monde, le
Figaro sur trois thèmes : la guerre du Kosovo, (corpus Kosovo ci-après) ; les accords
conduisant à la participation au gouvernement du parti d’extrême-droite (FPÖ) en
Autriche (corpus Autriche ci-après) ; le report du Congrès pour le vote sur le Conseil
Supérieur de la Magistrature (corpus CSM ci-après).
Notre but en choisissant la presse était de rencontrer des figures présumées non
littéraires, et donc de pouvoir considérer sous un angle différent ce qui est appelé
généralement « figure de style ».
Activité : Dans cette étape, les apprenants travaillent en groupe et doivent choisir le bon
verbe selon le sens donné. Il s’agit de groupes de verbes synonymes donnés qui servent
à présenter le choix de l’approche, la limite d’un choix et la collecte des données.
L’objectif est d’amener l’apprenant à distinguer les verbes synonymes dans un contexte
donné et à s’approprier le sens des verbes.
359
1. Nous avons isolé plus de 200 objets économiques dans notre corpus, que nous
avons regroupés en classes fonctionnelles. (classer les éléments dans un groupe
selon un critère cohérent)
4. Poudat qui semble plus restrictive, dans le sens où elle entend s'appuyer sur des
revues notoires, plus diffusées dans le champ, alors que nous avons retenu aussi
bien des revues nationales que des revues locales. (Conserver après un examen
critique, après une sélection.)
360
Les éléments de la méthodologie :
- des questionnaires et des entretiens semi-directifs conduits avec les élèves dans les
trois lycées
- En raison d’espace limitée, l’analyse des données orales de deux élèves des lycées de
Buc et de Sarrebruck seulement
Explication : Cette étape vise à fixer les acquis de l’apprenant et lui permet de faire un
récapitulatif. En plus, il peut approfondir ses connaissances sur les différents sens des
constructions.
Présenter un choix favorable Présenter la limite d’un choix Présenter la collecte des
données
361
Consigne : Dans le cadre de votre mémoire, vous allez présenter en quelques lignes
l’approche adoptée et la collecte des données en essayant de répondre aux questions
suivantes :
Activité : Dans cette étape, à partir d’un document écrit, les apprenants travaillent en
binômes pour repérer le lexique et les constructions qui portent sur l’illustration et le
constat en répondant aux questions.
362
Le tableau montre que plus de la moitié des élèves n’aiment pas le résumé et la
discussion. On peut penser que ce désintérêt tient, entre autres, à deux raisons
principales. La première pourrait être d’ordre générique. Nous faisons l’hypothèse en
effet que les élèves ne maîtrisent pas, voire ne disposent pas de représentations précises
des règles de codification et de structuration non linguistiques des textes à produire
(Rastier, 1989), en rapport avec les tâches d’écriture demandées. Cette hypothèse peut
être posée dans la mesure où 44% des élèves interrogés considèrent, en réponse à une
autre question (cf. 4.3.4), qu’il faut, pour écrire, avoir des modèles en tête. La deuxième
relèverait de « l’image scripturale » dévalorisante qu’ils se font de leurs textes par
rapport aux textes des auteurs de la littérature qu’ils étudient à l’école (Delcambre &
Reuter, 2002). Se mesurant souvent à l’aune de ces derniers, ils ont construit une «
image de soi » comme de piètres scripteurs. En effet, quand il s’agit d’attribuer la
valeur de « véritable écrit », les écrits qu’ils produisent en milieu scolaire ne sont
majoritairement pas qualifiés comme de véritables écrits, contrairement à ceux
d’écrivains et de journalistes (cf. 4.3.2). Par ailleurs, nous observons un écart de 25%
entre l’investissement vis - à - vis des outils de la langue et vis - à - vis de l’écriture. Les
élèves préfèrent les exercices de grammaire aux travaux d’écriture. Étant donné cet
écart, on peut se demander s’il n’y a pas, dans leurs conceptions sur les modalités
d’acquisition de l’écriture, une certaine dissonance entre compétence linguistique et
savoir écrire.
Ali Djaroun, Quand les lycéens algériens parlent de leurs compétences scripturales :
enjeux et perspectives didactiques.
3. Trouvez des mots synonymes qui peuvent remplacer le verbe « observer» dans le
texte à l’aide de l’outil CNTRL en ligne : http://www.cnrtl.fr/synonymie/ (ex :
remarquer, constater, noter, voir ?)
et au constat (40m)
Explication : Il s’agit d’une étape intermédiaire qui aide l’apprenant à faire une
progression propice à la compréhension des phénomènes linguistiques nouveaux par
rapport à l’illustration et au constat dans la partie de l’analyse.
Consigne : Relevez les expressions qui portent sur l’illustration. Relevez les
expressions qui portent sur le constat.
363
Éclairer le propos par une illustration graphique
Extrait 1.
(J.P. Haton & M.C. Haton, 1989, L’intelligence artificielle, Paris, PUF : 97)
Extrait 2.
Extrait 3.
Les résultats du Tableau 4 montrent qu’à 5 ans les enfants utilisent principalement un
seul indice pour marquer l’émotion dans leurs dessins, tandis qu’à partir de 8 ans, deux
ou trois indices marquent l’émotion dans les dessins expressifs. Par ailleurs, chez les
enfants de 11 ans, il apparaît que la tendance à utiliser trois indices ou plus pour
marquer graphiquement l’émotion est plus prononcée que chez les enfants de 8 ans et
les adultes. Le test du X 2 (avec un seuil alpha de ,05) révèle que, toute émotion
confondue, les dessins expressifs à un seul indice sont significativement plus nombreux
chez les enfants de 5 ans (12/13) que chez les enfants de 8 ans (9/33), X2 (1) = 13,39, p
- ,01.
Extrait 4.
364
élaborer, les élèves ne sont pas en mesure d'exprimer des points de vue et des opinions
stables ou figés. L’argumentation dialoguée peut impliquer un travail
cognitif-langagier accru, avec des tentatives d’association ou de dissociation des
notions, comme le montre l’extrait tiré du corpus reproduit dans la Figure 13 ci-dessous
(où aucun changement d'opinions n'est exprimé).
Extrait 5.
Plus grand est ce nombre, plus fort est l’effet. Par exemple, dans le tableau D (résultats
pour Schaerbeek), on peut constater que l’origine exerce un impact plus important sur
le comportement électoral que les trois autres variables structurelles, à savoir le genre
(dont l’effet n’est pas significatif), le niveau d’éducation et la position
socio-économique. Ces résultats montrent que les comportements électoraux des
groupes ethniques sont en partie indépendants de leur niveau d’éducation ou de leur
statut socioéconomique.
Extrait 6.
L’observation de la figure 1 montre que, quelle que soit la tranche d’âge, les enfants
issus du milieu cadre réalisent davantage de liaisons facultatives conforment à la cible
adulte que les enfants issus du milieu ouvrier. Nous notons d’ailleurs un effet
significatif du milieu social (ANOVA 5, F 1,179 = 11, 123, p = 0,001). Nous
remarquons également qu’à 2 - 3 ans, les différences entre les enfants des deux
milieux sont peu importantes et qu’elles s’accroissent progressivement durant le
développement. A 5 - 6 ans, la différence entre les taux de réalisation de liaisons
facultatives chez les enfants des 2 milieux (40 ,70% chez les enfants de parents cadres
et 21% chez les enfants de parents ouvriers) devient significative (Holm - Sidak, p =
0,011).
Extrait 7.
Les exemples du tableau 2, concernant les sports collectifs, mettent en évidence les
transformations didactiques opérées sur ces situations motrices par les enseignants.
365
On s'aperçoit ici que la transformation d’un sport en un jeu didactique s’étend sur une
échelle allant de la dénaturation à la modification légère du jeu sportif de référence.
Dans le cas du volleyball, nous observons souvent que sa pratique s’accomplit dans un
3 contre 3 ou encore au sein d'un 4 contre 4. Cette situation est rencontrée fréquemment
au lycée car l’évaluation certificative du baccalauréat est effectuée dans ces conditions.
Extrait 8.
Conformément aux résultats obtenus par Elliot et McGregor (2001) pour la version en
langue anglaise du questionnaire, l’analyse met en évidence l’existence de quatre
facteurs distincts qui expliquent en tout 74% de la variance. Comme on peut le voir
dans le tableau 7, le premier facteur comprend les trois items de performance-approche
et explique 30.9% de la variance. Le second facteur explique 16.6% de la variance et
correspond aux trois items de maîtrise-approche. Le troisième facteur explique pour sa
part 14.7% de la variance. Il correspond au but de maîtrise-évitement et comprend les
trois items y correspondant. Il est intéressant de noter que les items de
maîtrise-approche sont très peu représentés sur le facteur 2 et réciproquement. Enfin, le
dernier facteur regroupe les trois items d’évitement de la performance et explique
12.1% de la variance. Tout comme pour les items de maîtrise, ces trois items sont très
peu représentés par le facteur 1 (performance-approche) et réciproquement [43].
([psy-the-504-body] - Conflit sociocognitif et buts d’accomplissement : effets interactifs sur
l’apprentissage et le mode de régulation du conflit (Darnon))
d’illustration (15m)
Activité : Les apprenants travaillent en groupe et doivent choisir parmi plusieurs verbes
proposés, le (les) verbe (s) qui conviennent le mieux dans la phrase. En outre, il doivent
rayer le verbe inapproprié. Il s’agit de verbes d’illustration et de constat qu’on a
travaillé dans la phase précédente. Pour faciliter la tâche, ils peuvent consulter le
dictionnaire TLFi en ligne.
Consigne : À l’aide du dictionnaire TLFi, rayez le mauvais verbe ou les mauvais verbes
qui ne peut (peuvent) pas entrer dans la phrase et choisissez le bon verbe ou les bons
verbes. Conjuguez le verbe si besoin.
1. Dans le tableau ci-dessous______ (montrer, indiquer, présenter) les acteurs ayant été
choisis régulièrement comme destinataires des interrelations des enseignants (rangs 1
366
ou 2 dans plus de 50% des cas). Plusieurs faits peuvent ________ (voir, remarquer,
constater).
2. Nous avons cherché à________ (observer, remarquer, constater) les effets du sexe,
de l'âge et de la CSP sur Rn. Comme le ______ (signaler, montrer, illustrer) la figure 1,
deux phénomènes sont à ______ (remarquer, noter, voir).
3. Si nous comparons les réponses à la question ouverte des enfants issus de milieux
défavorisés fréquentant des écoles socialement mixtes et ceux fréquentant des écoles
non mixtes, nous ______ (observer, noter, constater) que les enfants faisant
spontanément référence à l'interaction sont significativement plus nombreux dans les
écoles mixtes (chi2= 4,458à 1ddl; p=0,034).
Activité : Dans cette étape, les apprenants travaillent en groupe et doivent choisir et
insérer les adverbes proposés dans la phrase. Il s’agit des adverbes « localisateurs », du
type de ici, ci-dessous et des adverbes de « relation logique » du type de cependant,
également, donc, d’ailleurs. Pour chaque phrase proposée, plusieurs choix sont
possibles, l’objectif est que la phrase soit mieux structurée avec les adverbes insérés
aux bons endroits.
367
cerner l’utilisation de ces adverbes et donc – nous l’espérons – de mieux les
comprendre en termes de distribution syntaxique.
1. Le Tableau 3 détaille ces paradigmes verbaux. Nous constatons que être et avoir
présentent cinq formes différentes sur les six du paradigme. <…> Cette première
ananlyse permet de constater que le système verbal enfantin porte beaucoup moins bien
l’étiquette de « pauvreté morphologique » que son équivalent adulte…(Katérina
PALASIS-JOURDAN, syntaxe, acquisition et dialectologie : la pluridisciplinarité
appliqué à l’étude du sujet nul enfantin)
2. Le tableau montre que la forme allemande werden + infinitif, très contestée comme
Temps (entre autres à cause de sa forme composée), a toutes les caractéristiques
formelles d’un Temps futur (cf. Rebotier, 2006). On ne constate pas de véritable
différence entre les Parfaits allemand et français, alors qu’on attendait une
grammaticalisation plus avancée en français à cause de son emploi généralisé à l’oral.
(Aude Bebotier, Les critères de grammaticalisation pour les temps composés en
français et en allemand)
3. Ces tableaux permettent de mettre en évidence une combinaison privilégiée entre les
objets sales et rate avec le prédicat grow, plus qu'avec tout autre prédicat. Nous
observons une forte association entre réduire et coûts/taux en français, alors que
l'anglais utilise indifféremment to reduce ou to cut costs/rates. La présentation des
combinaisons les plus fréquentes avec l’objet conceptuel CURRENCY.
([lin-the-614-body] - Contribution à la traduction de documents économiques anglais :
importance de l’extraction et de la représentation de sens (Ledouble))
4. On trouve des différences entre la forme la plus souvent produite par les apprenants
et la forme la plus fréquente dans l’input, on peut voir qu’il y a une assez bonne
correspondance pour les premiers et les derniers verbes de la liste. On peut noter que les
apprenants ont uniquement produit le verbe préférer à la forme courte du présent, ce qui
correspond à l’hypothèse d’un lien préférentiel entre les verbes d’état et la forme courte
du présent. (Formes par défaut et fréquence dans l’input en FLE, Anita Thomas)
Explication : Cette étape vise à fixer les acquis de l’apprenant et lui permet de faire un
récapitulatif. De plus, il peut approfondir ses connaissances sur les différents sens des
constructions.
368
Consigne : Vous venez d’apprendre des expressions liées à l’illustration et au constat.
Faites un récapitulatif des expressions étudiées.
Parler d’une illustration Parler d’un constat Proposer une interprétation
Activité : L’apprenant doit observer et lire les informations indiquées dans l’encadré et
sur la figure ci-dessous.
Illustration : Les domaines langagiers déficitaires, mis en évidence par les différentes
épreuves du BILO
Public : deux groupes d’enfants (les ESML 6-9 ans et 9-11 ans)
369
Fiche pédagogique de la cinquième séance (120m) : faire un
rappel de l’étude présentée et résumer les résultats obtenus
Activité : Dans cette étape, à partir de quatre documents écrits, les apprenants
travaillent à deux pour distinguer l’introduction de la conclusion à travers des verbes
(en particulier le temps des verbes, et les différentes collocations liées à l’hypothèse) en
repérant les indices linguistiques qui caractérisent la conclusion.
Comme l’introduction est déjà abordée dans la première séance, l’apprenant sera
conduit à travailler sur l’introduction et puis sur la conclusion pour comparer les verbes
à aborder dans ces deux parties d’un mémoire. A la fin de l’exercice, il est proposé de
trouver des synonymes pour les collocations associées à l’hypothèse à l’aide de l’outil
CNTRL. La mise en commun pour cet exercice ne sera faite qu’après la présentation de
l’utilisation du corpus (Scientext).
Ensuite, concernant les deux documents sur l’hypothèse, l’apprenant va découvrir les
collocations associées à l’hypothèse qui apparaissent dans des parties textuelles
différentes. D’ailleurs, l’exercice sur les synonymes des collocations ne sera corrigé
qu’après la présentation de l’utilisation du corpus, ce qui leur permettra de découvrir
l’avantage du corpus.
Consigne : Vous travaillez à deux. Lisez, comparez les deux documents suivants et
répondez aux questions.
Document 1
Dans ce qui suit, nous allons analyser le rôle de chacune de ces composantes et surtout
une des constructions syntactico-énonciatives qui sert l'injure, à savoir l’apostrophe,
considérée dans deux de ses réalisations : comme apostrophe neutre vs injurieuse.
370
([lin-com-518-introduction] - Pour une étude de l'apostrophe injurieuse (MATEIU)
(Autour des langues et du langage : perspective pluridisciplinaire))
Document 2
Au cours de cette contribution, nous avons tenté d’établir un lien entre la théorie
économique du consommateur et le concept de développement soutenable. Pour ce
faire, nous avons procédé en deux étapes. Dans un premier temps, nous proposons un
aperçu de la consommation dans la théorie économique, en partant de l’analyse
économique standard pour mettre en avant ses limites : préférences données, absence
d’explication structurelle des processus de consommation. Nous avons ensuite analysé
l’apport de la "nouvelle économie du consommateur" qui dégage des processus de
consommation en critiquant la théorie économique traditionnelle. Cependant, au terme
de la première partie, il apparaît qu'il n'existe pas de théorie spécifique de la
Critiquer/théorie 109 consommation : le producteur et le consommateur sont traités de
façon symétrique d'un point de vue analytique, sans prendre en compte la dimension
sociale de la consommation.
(Patrick Jolivet, Audrey Aknin Consommation et développement durable : définition d’une
problématique)
1. Quels sont les sujets abordés dans les deux documents ci-dessus ?
3. Comparez les indices linguistiques repérés dans ces deux documents, quelles sont
les différences ? Quelles sont les fonctions typiques de ces indices linguistiques ?
(ou à quoi servent ces indices linguistiques ?)
Consigne : Vous travaillez à deux. Lisez, comparez les deux documents suivants et
répondez aux questions.
Document 3
Les noms d'affect (désormais N_affect) tels peur, colère, joie, amour, etc., sont
sémantiquement complexes et, de plus, fortement polysémiques. Nous nous proposons
d’étudier les caractéristiques de cette polysémie dans le cadre d'un traitement unitaire
des N_affect permettant de poursuivre l'entreprise typologique initiée sur ces noms à
partir de leurs propriétés combinatoires (Tutin et al., 2006, Goossens, 2005). Nous nous
demanderons en particulier si ces noms obéissent à des modèles de polysémie
spécifique, et sur quelles bases on peut fonder les régularités observées. Nous émettons
en effet l'hypothèse qu'il existe des schémas de polysémie régulière qui pourraient
s'avérer caractéristiques de cette classe de noms et susceptibles de nous renseigner sur
leurs caractéristiques sémantiques. Afin de tester cette hypothèse, nous avons décidé de
nous intéresser dans un premier temps à un seul type de dérivation polysémique
régulière, les cas où le N_affect semble exprimer en réalité la source de cet affect.
371
([lin-com-403-introduction] - Régularités et irrégularités dans la polysémie des noms
d'affect : le cas de l'expression de la source de l'affect (Goosens) (Autour des langues et
du langage: perspective pluridisciplinaire))
Document 4
1. Quels sont les sujets abordés dans les deux documents ci-dessus ?
3. Observez le nom « hypothèse » dans ces deux documents. Quels sont les différents
verbes associés ? Peut-on les remplacer par d’autres verbes ? (Vous pouvez consulter le
dictionnaire TLFi. A la fin de la séance, vous pouvez tester votre proposition avec le
corpus.
Activité : Cette étape est divisée en deux champs sémantiques : faire un rappel du
travail présenté (Nous avons analysé/étudié/réalisé…) et résumer l’essentiel des
résultats. Le dernier est divisé en deux champs : faire un retour sur l’hypothèse (l’étude
permet de vérifier notre hypothèse) et extraire des résultats (le résultat se dégage de, on
peut conclure à…, etc.). Les apprenants travaillent en groupe et seront amenés à
analyser des extraits courts pour repérer des constructions liées à ces deux champs
sémantiques.
Explication : Il s’agit d’une étape intermédiaire qui aide l’apprenant à faire une
progression propice à la compréhension des phénomènes linguistiques nouveaux par
rapport à la présentation des résultats dans la conclusion.
372
Consigne : Relevez les expressions qui permettent de faire un rappel du travail
présenté.
Extrait 1.
Nous avons étudié le jeu stratégique de marché avec bien-monnaie dans le modèle à
générations imbriquées. La monnaie est considérée comme un bien durable sans utilité.
De ce fait, c’est un modèle proche de celui de Samuelson et il permet une analyse claire
des relations entre l'équilibre de concurrence imparfaite et celui de concurrence
parfaite.
Extrait 2.
Dans cet article, nous avons analysé par quels mécanismes le niveau des allocations
chômage peut affecter le taux de chômage de long terme dans le cadre d’un modèle de
négociations salariales. Pour ce faire, nous avons explicitement distingué une allocation
d’assurance chômage, qui verse pour une durée limitée une allocation dont le montant
est en partie indexée sur le dernier salaire reçu, et d’une allocation d’assistance
chômage forfaitaire et illimitée.
Nous avons alors montré qu’il y avait deux canaux essentiels par lesquels le niveau des
allocations chômage affecte le taux de chômage de long terme.
([eco-art-308-conclusion] – L’impact de l'assurance chômage et de l’assistance chômage sur le chômage
d’équilibre (Etienne) (Annales d’économie et de statistique, 53, 31-41, 1999))
Extrait 3.
Consigne : Relevez les expressions qui permettent de résumer l’essentiel des résultats
obtenus en faisant un retour sur l’hypothèse.
373
Extrait 4.
Nos analyses typologiques nous ont conduits à postuler un certain nombre de tendances
structurelles et organisationnelles qui confirment, prolongent ou remettent en cause des
résultats d’études antérieures sur la syllabe (chapitre III). Après avoir établi une
typologie des langues en fonction de la structuration syllabique des unités lexicales
(nombre de syllabes, de phonèmes,...), nous nous sommes intéressés à l'organisation
interne de la syllabe. La mise en évidence de structures syllabiques extrêmement
favorisées, ainsi que de tendances nettes quant à l’apparition des différentes structures
dans les langues a conforté l’hypothèse de l’existence de contraintes pesant sur
l'organisation syllabique.
(Isabelle Rousset. Structures syllabiques et lexicales des langues du monde données, typologies,
tendances universelles et contraintes substantielles. Linguistics. Université Stendhal – Grenoble III,
2004. French.)
Consigne : Relevez les expressions qui permettent de résumer l’essentiel des résultats.
Extrait 5.
Ces quelques éléments d’analyse présentés dans cette contribution ne permettent certes
pas de conclure à l’existence d’effets d’une raison numérique à l’œuvre. Ils restent
insuffisants pour rendre intelligible la situation relativement inédite que nous
traversons et qui voit la transformation des actes de lecture, des procédés graphiques et
des supports de stockage des écrits. Ces résultats partiels permettent néanmoins, à titre
exploratoire, de dégager quelques pistes relatives aux évolutions du rapport à l’écrit
dans les environnements numériques.
Frédérique BROS, De la raison graphique à la raison numérique ? Evolutions du rapport à l’écrit dans les
espaces virtuels
Extrait 6.
374
Explication : Cette étape vise à fixer les acquis de l’apprenant et lui permet de faire un
récapitulatif. De plus, il peut approfondir ses connaissances sur les différents sens des
constructions.
Expressions liées au
« résultat »
Expressions liées à
« l’hypothèse »
Activité : Dans un premier temps, on va présenter le corpus Scientext (le choix des
textes et la requête libre). En reprenant l’exercice sur les collocatifs du mot
« hypothèse », on montre comment faire une recherche sur tous les verbes ayant
comme objet direct le mot « hypothèse ». Cette présentation brève permet à l’apprenant
de pouvoir accéder aux exemples authentiques selon leur besoin dans leur future
rédaction. Dans un deuxième temps, on présente l’outil Dicorpus avec des exemples
présélectionnés. Les deux entrées (par expression et par sens) sont montrées.
375
Fiche pédagogique de la sixième séance (120m) : vers
l’autonomie de rédaction à l’aide de Dicorpus
Activité : Au début de la séance, on fait un petit rappel sur les deux outils présentés
dans la séance précédente en proposant un exercice de requête sur le corpus Scientext.
Consigne : Le mot résultat est un nom fréquent dans la conclusion, il est intéressant de
voir comment il est utilisé dans les constructions verbales. Choisissez les textes qui
vous intéressent et faites une requête permettant de repérer les verbes ayant comme
sujet résultat.
Question : Quel est le verbe le plus fréquent ayant comme sujet résultat ? Repérez
quelques constructions que vous allez utiliser dans la conclusion de votre mémoire.
Scribplus :
type : argumentative
376
commentaire : Pensez à réutiliser les constructions verbales que vous avez apprises
dans la séance précédente. Bon clavier !
Vous pouvez utiliser la ressource Dicorpus pour chercher les expressions et les
exemples.
Étape 1. Vous allez tout d’abord revoir la partie d’introduction rédigée, et puis faire un
rappel de l’étude en reformulant le sujet de recherche, la problématique ou la
méthodologie adoptée. Développez-les en quatre lignes et n’oubliez pas d’utiliser les
constructions étudiées.
Exemple : Nous avons étudié le jeu stratégique de marché avec bien-monnaie dans le
modèle à générations imbriquées. La monnaie est considérée comme un bien durable
sans utilité. De ce fait, c'est un modèle proche de celui de Samuelson et il permet une
analyse claire des relations entre l'équilibre de concurrence imparfaite et celui de
concurrence parfaite. [eco-art-39-conclusion]
Étape 2. Dans un deuxième temps, vous pouvez faire un retour sur l’hypothèse que
vous avez formulée en amont de l’étude. Est-ce que les analyses vous permettent de la
valider ? Développez-les en deux ou trois lignes.
Étape 3. Il est temps de mettre en évidence les résultats obtenus en vous demandant ce
que vous pouvez déduire de vos analyses. Développez-les en 2 ou 3 lignes.
Exemple : S’il est permis de valider nos hypothèses à partir du moment où aucun
stagiaire en FOAD n’a, à ce jour, abandonné la formation, on peut conclure que la
personnalisation de la formation alliée au sentiment d’appartenance à un groupe ont
permis de lutter contre les abandons. [sed-com-86-conclusion]
377