MIRACLES
QUOTIDIENS
HISTOIRES REELLES
DE GUERISONS PAR
HYPNOSE
Tout est déjà en vous
Miracles quotidiens
Remerciements
Merci à Olivier Chevalier
pour sa relecture et sa correction du manuscrit Note des auteurs
Ce livre utilise le masculin
comme convention grammaticale usuelle.
Toutefois, lorsqu’il est fait appel à vous, « lecteur », nous pensons bien sûr
aux femmes autant qu’aux hommes.
AVERTISSEMENT : le contenu de ce livre repose sur le savoir et
l’expérience de l’auteur.
Il est conçu dans un but éducatif. Avant de pratiquer l’une des techniques de
ce livre, consultez un professionnel de la santé ou de la psychologie, pour
avis. La pratique des techniques de ce livre est sous la responsabilité du
lecteur. L’auteur et l’éditeur du présent ouvrage ne préconisent pas, ni
n’approuvent un auto-traitement par des personnes profanes en la matière,
et l’auteur et l’éditeur ne sont en aucun cas responsables de tout dommage
physique ou psychologique pouvant se produire suite à la pratique des
instructions contenues dans ce livre. Les personnes non-informées et non-
qualifiées intéressées par les traitements exposés dans ce livre doivent
consulter un praticien professionnel qualifié.
© 2008-2011, Editions IFHE, Paris
ISBN 978-2-916149-07-3
Image de couverture © Martine Eisenlohr - Fotolia.com
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courtes citations justifiées par le caractère pédagogique, scientifique ou
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toutefois du respect des dispositions (Art L 122-10 à L 122-12 et Art. L 335-
2) relatives à la reproduction par reprographie.
Olivier Lockert
et Patricia d’Angeli
MIRACLES
QUOTIDIENS
Histoires réelles
de guérisons par
HYPNOSE
IFHE EDITIONS
Miracles quotidiens
A propos des auteurs
Olivier Lockert est engagé depuis plus de vingt ans dans les domaines de la
Santé, la préservation et l’amélioration de la Qualité de la Vie et l’Évolution
Humaine au sens le plus large.
Autodidacte, initiateur du courant de l’Hypnose Humaniste, enseignant en
Hypnose Ericksonienne et en PNL, fondateur de l’Institut Français
d’Hypnose Ericksonienne, Olivier Lockert est particulièrement apprécié
pour son expérience, l’humanisme, la simplicité et la profondeur qu’il
apporte à ses interventions.
Olivier Lockert est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’Hypnose,
accessibles à tous, dont l’ouvrage de référence « Hypnose », le livre
« Hypnose Humaniste » et les romans philosophiques « Créateurs de Réalité
», vendus dans plus de 55 pays.
~oOo~
Patricia d’Angeli est thérapeute, spécialisée dans le travail sur les relations
à soi, aux autres, et l’harmonie de couple.
Praticienne expérimentée et intuitive de l’Hypnose Humaniste, formée à la
psychologie jungienne (symbolisme, rêves), Patricia d’Angeli apporte son
aide dans les passages importants de la vie : mariage, naissance d'un enfant,
divorce, deuil, changement d'activité professionnelle, difficulté d'évolution
personnelle, sociale ou spirituelle, en lien souvent avec les loyautés
parentales ou familiales.
Patricia d’Angeli est co-fondatrice de l’Institut Français d'Hypnose
Ericksonienne, où elle anime des ateliers de travail sur la relation à soi et aux
autres, sur le couple, etc. Elle est l’auteure du livre
« Psychothérapie », qui présente son approche de la thérapie.
Olivier Lockert et Patricia d’Angeli vivent ensemble depuis plus de vingt
ans. Ils ont deux grands garçons.
Miracles quotidiens
Aux rencontres que l’on fait
aux détours du Chemin,
qui ne sont jamais des hasards
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AU MENU
Un peu d’Histoire
11
Quatre grandes formes d’Hypnose
16
I – UNE APPROCHE INTUITIVE
1. La jeune fille aux bras fous
21
Et : Un papa dans les étoiles 2. Delphine, l’hôtesse de l’air légère comme
l’air
32
Et : Annabelle est boulimique 3. La Résistante se croit en 1942 !
42
Et : Audrey s’arrache les cils – L’obèse furieuse 4.
David,
l’ange
compulsif
57
Et : Ma première rencontre avec Dominique
> A vous maintenant ! Explications et exercices
65
II – L’HYPNOSE ERICKSONIENNE
5. La maîtresse voit des
fantômes
73
Et : Annie meurt de soif – Ingrid grossit de peur d’être belle 6. Même pas
mal ! Histoires de douleur
92
Et : Accouchement facile – Une sclérose en contre-plaqué
Dentiste et sutures – La langue de Maxime – Le tympan d’Olivier Le cancer
d’Adrienne - La verrue plantaire de Ghislaine La fracture ouverte de
Maurice
7. Hanna et la jeune rebelle
125
Et : Margot, les nuages et le soleil – Hier, j’étais alcoolique Hypnodrogue
inoffensive - Mathieu ne fera plus de cauchemars 8. Allergies, vous avez dit
allergies ?
153
Et : Bernard et le soleil – Arthur voulait un chat La petite fille et le chien –
Isabelle rêve de pommes et de tomates
> A vous maintenant ! Explications et exercices
171
Miracles quotidiens
III – LA NOUVELLE HYPNOSE
9. Sylviane laisse sa fille s’envoler
183
Et : La jeune femme colérique redevient bébé – Mamie retrouve ses amours
et se redresse – Mon troisième fils va mourir… -
Quarante-quatre ans de dépression 10. Fleur oublie qu’elle a fumé un jour
221
Et : Corinne perd sa phobie et découvre le bonheur - Je suis timide, mais je
me soigne – La jeune fille violée sèche ses larmes
11.
Guidée
par
les
anges
245
Et : Anne et Eva se refont un squelette – Franck libère son corps Grégoire
reconstruit son système immunitaire…
12. Antonio retrouve sa langue natale
263
Et : Stéphane retrouve 20db d’audition - Adieu acouphènes Adieu lunettes –
Guillaume est un génie – Lucy devient soleil
> A vous maintenant ! Explications et exercices
289
IV – L’HYPNOSE HUMANISTE
13. Oumff !! Le singe sorcier
313
Et : L’américaine perd la tête – L’exorcisme de Sandra Nadège
raccompagne la petite fille – Ludovic retrouve sa maman décédée et arrête
la drogue…
14. Au paradis des bébés
356
Et : Andrea ne veut plus de fantômes – Dominique passe au travers du soleil
- Joséphine et Raquel rencontrent leur âme-sœur – Sébastien retrouve sa
famille disparue…
15. La voie de la Conscience
390
Et : Blessures à nettoyer - Briser la glace - Quel est ce mal qui me ronge ?-
Retirer l’épine et s’ouvrir à la Lumière - Retrouver Qui Je Suis 16. Miracles
quotidiens
441
Et : La Demoiselle abusée trouve la paix – Trente minutes pour enlever un
bégaiement de naissance - Adieu la sclérose en plaque – Quand l’ennemi
devient un ami : un vrai miracle ?
> A vous maintenant ! Explications et exercices
475
Conclusion
511
Miracles quotidiens
Miracles quotidiens
INTRODUCTION
" La vie est un rêve, fais-en une réalité"
Mère Teresa
Voici plus de vingt ans que la vie me fait rencontrer des personnes en quête
de santé, de mieux-être ou d’évolution.
Je n’ai jamais vraiment cherché à soigner qui que ce soit, comme un
médecin ou un psy le feraient. Je n’ai pas plus décidé de rencontrer la jeune
fille aux bras fous que Dominique avant qu’il ne passe au travers du soleil
!...
Chacun est venu vers moi, et je n’ai pas pour habitude de refuser une main
tendue. Qu’auriez-vous fait à ma place ?
Alors, j’ai cherché à comprendre, à découvrir les clés de l’esprit humain,
afin de mieux aider ceux qui me faisaient confiance.
Et me voilà aujourd’hui avec vous, plus de dix mille rencontres
hypnothérapeutiques plus tard.
Nous allons fêter cela ensemble : je vais vous raconter des histoires qui
vous montreront que sommeillent en vous plus de forces et de magie que
vous ne l’imaginez… Les récits d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont
changé leur vie : guérisons de bleus à l’âme, d’allergies ou de cancers en
phase terminale, santé retrouvée et vie améliorée, amours épanouis,
examens réussis, paix de l’esprit… Il n’y a pas de petits ou de grands
changements. Tous sont des métamorphoses qui ont fait grandir celles et
ceux qui les ont vécues.
Peut-être grandirez-vous, vous aussi, en lisant ces histoires ?
C’est, du moins, tout ce que je vous souhaite. Certains livres ont ce
pouvoir… Un autre miracle ?... Qui sait ?
Olivier Lockert
Institut Français d’Hypnose Ericksonienne, Paris 9
Miracles quotidiens
10
Miracles quotidiens
TOUTE UNE HISTOIRE !
D’où vient l’Hypnose ?
L’être humain a toujours cherché à découvrir les mystères de son propre
fonctionnement et de la vie en général, comme le rappelle le célèbre
frontispice du temple de Delphes :
« Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux ».
Faute de parvenir à appréhender les clés cachées de la Vie, ou même à
vraiment se comprendre lui-même, l’homme en quête de savoir finissait
quand même tôt ou tard à mieux comprendre son prochain, ses façons de
vivre, bien… et mal.
C’est le désir d’appliquer sur d’autres les prémices de ce qu’ils avaient cru
comprendre de l’existence qui a poussé les êtres en quête de savoir à aider
leur entourage – une manière de vérifier concrètement la justesse de leurs
intuitions : leur groupe allait pouvoir rester en bonne santé, guérir lorsqu’il
y avait maladie ou blessure, et mieux vivre aussi, bien sûr.
Cette forme d’entraide a donc toujours existé. Il est naturel qu’elle ait
d’abord pris la forme la plus accessible, celle d’une action verbale. Et nous
allons voir que les rituels et les paroles utilisés allaient conduire à une
découverte majeure : lorsque l’être humain accède à ses ressources
profondes, il n’est plus le même que d’habitude ! On dira bien plus tard
qu’il entre en
« Etat Modifié de Conscience » (EMC).
Alors, bien que certains voient les indices d’un soin par la parole dans
certaines peintures préhistoriques, les premiers écrits vérifiables remontent
aux Sumériens, il y a 6000 ans.
Il y a 3500 ans, une stèle égyptienne, sous Ramsès II, décrit ce que nous
appellerions aujourd’hui une “séance d’hypnose”.
11
Miracles quotidiens
Il y a plus de 2000 ans, Socrate parlait du terpnos logos (une façon lente et
monotone de parler) comme d’une manière particulière de s’exprimer qui
mettait les gens en “état de réceptivité”. Socrate se décrivait d’ailleurs lui-
même comme un accoucheur d’âmes… Un autre grec de ses
contemporains, Antiphon d’Athènes, annonçait ouvertement sur le
frontispice de sa maison qu’il avait le pouvoir de guérir avec les mots !
Partout, des druides et prêtres celtes, grecs et romains, aux chamans et
sorciers africains, amérindiens, aborigènes ou Inuits, on retrouve la pratique
de soins parlés et des rituels liés au monde de l’esprit (ou des esprits).
Avec le temps, certains chercheurs se spécialisèrent dans la connaissance
pure de la Vie (philosophes) alors que d’autres se concentrèrent sur la
conception de différentes méthodes pour aider leur prochain (thérapeutes) :
plantes, minéraux, substances animales, mais aussi astrologie, magnétisme,
etc.
Paracelse, médecin alchimiste suisse (1529), était connu pour ses grandes
connaissances sur l’homme et la vie. Il pratiquait à peu près toutes les «
sciences » de l’époque qui lui permettaient d’aller vers son but : découvrir
et comprendre les rouages mêmes de la Vie
! But qu’ont toujours nos
scientifiques actuels, bien que leurs domaines de recherche soient
aujourd’hui beaucoup plus morcelés.
Et c’est le docteur Franz Anton Mesmer (1766), disciple spirituel de
Paracelse, qui devint le premier «
psycho-
thérapeute », puisqu’il n’utilisait aucune substance matérielle pour ses
soins. Rien d’autre que le Magnétisme Animal.
Il est intéressant de remarquer que le mot « psychothérapie »
ne fut inventé qu’un siècle plus tard, en 1872, par un médecin anglais du
nom de Daniel Hack Tuke ; et c’est un français, le professeur et célèbre
hypnothérapeute Hippolyte Bernheim, qui en popularisera l’usage dans
toute l’Europe – pour désigner sa méthode thérapeutique basée sur la
suggestion hypnotique (1891).
12
Miracles quotidiens
Toujours est-il que venait de naître une forme de thérapie n’utilisait aucune
substance matérielle. C’était le premier pas vers l’arrivée de la « thérapie
par le seul biais de l’esprit » : la psycho-thérapie. Le soin de l’âme, par
l’âme.
A l’époque, la pratique du magnétisme de Mesmer triompha comme outil
thérapeutique à la pointe du progrès, dans tous les royaumes occidentaux.
Et c’est vraisemblablement en voulant imiter Mesmer que d’autres, n’ayant
apparemment pas son don particulier, inventèrent sans même s’en rendre
compte… la suggestion ! Tout simplement en ajoutant la parole à l’action :
« et tous les jours, maintenant, vous allez bien mieux… et chaque jour de
mieux en mieux. »
C’est en Ecosse, en 1841, que le chirurgien James Braid inventa le mot :
“hypnose”. La division s’accentua entre la thérapie par le corps (médecine)
et celle qui n’utilisait que l’esprit (psychothérapie). Parallèlement, les
magnéto-thérapeutes ont encore beaucoup de succès, et tout ce petit monde
se bagarre gentiment pour remporter une impossible victoire : savoir quel «
morceau » de l’Homme il vaut mieux étudier et pratiquer pour être dans « la
Vérité ».
Et s’ils avaient tous raison et que la plus grande erreur fut de séparer le
corps, l’esprit et son essence vitale ?
L’Hypnose existe !
Et elle est énormément utilisée, surtout en médecine justement, où des
milliers d’hypno-anesthésies sont réalisées avec succès. Il n’est pas un
grand nom de la psychologie ou de la psychothérapie moderne qui n’ait pas
été formé en Hypnose. Le célèbre Sigmund Freud lui-même débuta en se
formant auprès de Charcot et de Bernheim, dont il traduisit en allemand les
ouvrages. Sigmund Freud écrira à la fin de sa vie : « il n’y a pas de substitut
à l’Hypnose » !
13
Miracles quotidiens
Il conseillait d’ailleurs aux débutants : Celui qui aborde l'hypnotisme à
moitié incrédule, qui se faisant, se trouve peut-être lui-même tout drôle, qui
révèle par sa mimique, sa voix et ses gestes qu'il n'attend rien de la
tentative, n'aura aucune raison de s'étonner de son insuccès et devrait
plutôt laisser cette méthode de traitement à d'autres médecins qui sont en
mesure de la pratiquer sans se sentir atteints dans leur dignité médicale,
parce qu'ils se sont, par l'expérience et la lecture, persuadés de la réalité et
de l'importance de l'influence hypnotique. (Freud, 1891) Pierre Janet
(1919), père de la Psychologie Clinique et ami de Charcot et Freud,
poursuit seul en France ses travaux sur le phénomène hypnotique, alors que
l’Hypnose commence à passer de mode. Pierre Janet développera les
techniques de régressions hypnotiques, aujourd’hui encore très utilisées, et
sera sans doute le premier à utiliser la capacité holographique du cerveau à
visée thérapeutique, comme elle sera popularisée quatre-vingt ans plus tard
par l’Hypnose Humaniste.
Puis vient Milton Erickson, célèbre psychiatre américain né en 1901, à
l’origine d’une mutation majeure des conceptions et techniques hypnotiques
– et de la psychothérapie en général.
Erickson parvient à induire un état hypnotique vérifiable sans ordre direct,
par un langage calme et – en apparence –
non dirigiste. Sa technique reprend les anciennes procédures et les
perfectionne, ce qui permet d’ouvrir l’hypnothérapie au plus grand nombre.
L’Hypnose Ericksonienne est née.
Juillet 1965, en France, Léon Chertok, psychanalyste expert en Hypnose
accueille Milton Erickson à Paris pour un congrès d’Hypnose. Le psychiatre
américain fait la une de plusieurs revues scientifiques, mais il faudra
attendre encore presque trente ans avant qu’il ne soit vraiment connu en
France.
Les élèves d’Erickson tels que Jay Haley, Ernest Rossi ou Richard Bandler
et John Grinder, co-créateurs de la Programmation Neuro-Linguistique
(PNL, 1975), développeront à la 14
Miracles quotidiens
suite d’Erickson de vastes applications pratiques, en thérapie comme en
pédagogie, en communication ou en management.
Un peu plus de quarante ans après, la technique d’Erickson continue
d’évoluer. Aujourd’hui, de plus en plus de personnes utilisent les outils de
l’Hypnose Ericksonienne dans un esprit d’évolution personnelle, inconnu
chez Erickson.
En 1979, Daniel Araoz, sexologue et hypnothérapeute, baptisera « Nouvelle
Hypnose » l’utilisation moderne des techniques hypnotiques de Milton
Erickson, pour la santé, bien sûr, mais aussi pour une recherche de bien-être
et de compréhension de soi.
Corps et émotions réunis à nouveau, il manque encore un niveau pour que
l’Hypnose soit complète.
Suite logique de l’ouverture au Développement Personnel, il apparaît une
ultime forme d’Hypnose qui remet la personne dans son unité : corps,
émotions, mental, esprit, écosystème…
L’Hypnose Humaniste (Lockert, 2001) s’appuie sur des structures
techniques originales et une philosophie étoffée afin de « réunifier la
personne » et lui permettre d’agir sur elle en toute conscience, pour guérir
et grandir.
Une pratique naturelle de découverte de soi Au-delà de la technique,
l’Hypnose apparaît enfin comme l’ensemble des idées, théories et
procédures destinées à apprendre à une personne à utiliser pleinement son
propre esprit, avec une aide extérieure de départ (l’hypnotiseur).
On comprend que les techniques de l’Hypnose nous concernent tous,
comme un « mode d’emploi » pour partir à notre propre découverte. Elles
peuvent être utilisées par chacun dans la vie quotidienne aussi bien que
dans certaines professions, comme la thérapie bien évidemment, mais aussi
la communication ou la pédagogie. L’Etat Modifié de Conscience n’est
qu’un phénomène transitoire, qui disparaîtra lorsque nous serons habitués à
être pleinement nous-mêmes… à 100% !
15
Miracles quotidiens
QUATRE GRANDES FORMES D’HYPNOSE
Le mot “hypnose” désigne à la fois un état de conscience modifié et l’outil
utilisé pour atteindre cet état de conscience.
Il existe donc un autre état d’être que la veille ou le sommeil : un état de
conscience proche du rêve – et différentes manières
de créer et d’utiliser cet état particulier.
Pour distinguer les deux sens du mot, j’utilise une majuscule pour parler de
la pratique (Hypnose) et je laisse le mot tel quel lorsqu’il s’agit de l’état de
conscience (hypnose).
Voilà pourquoi, on fait de l’Hypnose et on est en hypnose.
1- L’Hypnose Classique et semi-traditionnelle
C’est l’Hypnose de nos ancêtres, celle qui a donné naissance à la
psychothérapie et que vous avez surtout vu utilisée en spectacle. De forme
autoritaire, techniquement assez simple, l’Hypnose Classique est encore
employée de nos jours par quelques praticiens, surtout dans sa forme dite
semi-traditionnelle, mêlée aux techniques de l’Hypnose Ericksonienne.
2- L’Hypnose Ericksonienne
Créée par le célèbre psychiatre américain Milton Erickson, elle utilise un
langage subtil, extrêmement travaillé. De forme stratégique et en apparence
non-dirigiste, c’est la technique hypnotique à la base de la pratique
thérapeutique actuelle.
L’Hypnose d’Erickson fut décryptée par les créateurs de la Programmation
Neuro-Linguistique, qui ouvrirent au plus grand nombre le savoir-faire d’un
génie de la psychothérapie.
Les praticiens modernes évoluèrent avec leur époque : de la thérapie
familiale, ou systémique, à la Nouvelle Hypnose.
16
Miracles quotidiens
3- La Nouvelle Hypnose
Le courant de la « Nouvelle Hypnose » conserve les outils majeurs du
célèbre psychiatre et les adoucit pour les utiliser en médecine, en
psychologie et en psychothérapie, mais aussi en développement personnel.
Pour la première fois, la parole est donnée au patient. Les analogies
d’Erickson se transforment en véritables histoires thérapeutiques, parfois
très sophistiquées ; la technique hypnotique perd définitivement tout aspect
dirigiste, même camouflé. La personne participe désormais activement et
consciemment à son traitement.
La Nouvelle Hypnose dépasse le soin strictement médical ou psychologique
et tient compte du bien-être et de la qualité de vie des personnes. C’est une
« Hypnose pour Soi » qui trouvera son aboutissement dans l’Hypnose
Humaniste.
4- L’Hypnose Humaniste
A la fois innovation technique et retour aux sources, l’Hypnose Humaniste
renverse la coutume de ne s’adresser qu’à l’Inconscient, pour travailler avec
la Conscience majuscule de la personne. Les spécificités hypnotiques de
cette forme d’Hypnose, ainsi que sa philosophie pratique, relèvent le défi
d’aider la personne à retrouver son unité Corps-Esprit.
Avec le langage simple de l’Hypnose Classique, l’esprit de la Nouvelle
Hypnose et des structures d’inductions hypnotiques inversées, ouvertes,
l’Hypnose Humaniste plonge au cœur des rouages qui forgent la perception
que nous avons de la réalité.
Grâce à une véritable reconnexion, l’Hypnose Humaniste permet des
changements rapides et holistiques. Par ses aspects spirituels, sa philosophie
et ses préoccupations écologiques, l’Hypnose Humaniste est une « Hypnose
pour Nous ».
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Miracles quotidiens
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Miracles quotidiens
Une approche
intuitive
"Deux choses instruisent l'homme de toute sa nature : l'instinct et
l'expérience"
Blaise Pascal
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Miracles quotidiens
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Miracles quotidiens
=1=
LA JEUNE FILLE AUX BRAS FOUS
ela vous aurait sauté aux yeux : la jeune fille à qui j’étais sensé e
C nseigner l’art du piano souffrait d’un handicap moteur important. Elle
était menue, le visage pâle entouré de cheveux noirs, et ses yeux me
scrutaient à travers de fines lunettes rondes. A l’époque, je n’aurais pu
nommer ce dont elle souffrait ; tout ce que je voyais c’était que les bras de
la jeune fille faisaient ce qu’ils voulaient, remuant l’air comme les branches
d’un batteur électroménager devenu fou !
La Vie trouve toujours le moyen de vous emmener là où elle le veut. Nous
étions en mars 1986 et l’air transparent de mon petit village de bord de mer
semblait attendre quelque chose.
C’était l’année de mes seize ans et tout ce qui me passionnait, c’était la
musique, le piano, les synthétiseurs. Si vous m’aviez dit alors que je
pouvais aider qui que ce soit à mieux vivre, et que j’en ferais même mon
métier, cela m’aurait bien fait rire.
Tout ce que je voulais faire, c’était de la musique. Mais la Vie avait d’autres
projets pour moi. Elle me guida ainsi sur ma voie de la façon la plus
naturelle du monde. Je voulais gagner un peu d’argent de poche en donnant
des cours de piano. Qu’à cela ne tienne : ma première « cliente » me
contacta presque aussitôt. Et voilà ! Le tour était joué.
Le soleil frôlait l’horizon boisé, donnant une teinte ambrée au paysage. Tout
était calme. J’allais à pied à mon premier cours, un peu anxieux de savoir
comment j’allais m’improviser « prof de musique » et parfaitement
inconscient que j’avançais à grands pas vers mon destin.
21
Miracles quotidiens
M’y voilà. Jolie maison de plein pied, beau jardin paysagé.
Je m’engageai dans l’allée empierrée et sonnai à la porte.
C’est la jeune fille qui ouvrit.
Deux yeux foncés m’observaient en silence, exprimant un mélange
d’excitation et de retenue : avant de bouger, la jeune fille voulait connaître
ma réaction lorsque je la verrais.
Masquant de mon mieux ma surprise, et comprenant sa légitime angoisse, je
lui envoyai un sourire que je voulais le plus rassurant possible ; lui dire « ça
va, c’est ok, on y va. »
Elle me fit entrer. Et voilà, c’était immanquable : lorsqu’elle voulait attraper
quelque chose, on voyait que la jeune fille devait focaliser son attention,
concentrer toute sa volonté pour saisir l’objet de ses convoitises... Et
pendant ce temps, l’autre bras battait l’air violemment. Tout le monde
reculait autour d’elle.
Souvent, elle abandonnait avant même d’essayer, décou-ragée d’avance par
les efforts à produire. Comment vouliez-vous que je lui apprenne le piano ?
La deuxième chose qui me frappa, presque littéralement, c’était la petite
sœur ! Elle n’avait que huit ans, mais elle abusait sinistrement de la
malchance de son aînée. Tout était prétexte à lui signifier son handicap. Elle
courait en tous sens, criant, cognant et esquivant les ripostes. Elle avait pris
la place de meneuse et ce n’était que disputes permanentes entre les deux
filles. Me voyant entrer chez elle, la cadette était devenue furieuse ! Pensez
donc : on allait s’occuper de sa sœur ? Et elle, allait-on lui accorder
l’attention qu’elle tentait d’attirer à tous les instants ? Quelle était cette
injustice ?
Nous étions dans un petit village de quelques centaines d’habitants, et les
distractions étaient rares sur place. Voire nulles pour qui n’aimait pas la
nature. Alors, faire de la musique électronique, sur le petit clavier que le
Père Noël avait apporté il y a quelques mois, et à domicile en plus… Les
parents ne pouvaient offrir ce privilège qu’à la grande sœur !
22
Miracles quotidiens
Etant donnée la situation, je proposai à cette boule de nerfs de se joindre à
nous, bien conscient pourtant que cela n’allait pas me faciliter la tâche.
C’était donc la première fois que je donnais des cours de musique à
quelqu’un. J’inventai au fur et à mesure des exercices destinés à libérer les
bras de la jeune fille qui m’était confiée. Un bras d’abord : et je plaçai la
petite sœur du côté où cela remuait dans tous les sens !
Je venais, sans le savoir, de redécouvrir une des bases de l’Hypnose : la
dissociation. La situation naturelle m’avait guidé, bien évidemment. De
mon côté, à droite, j’éduquais le bras à parcourir le clavier du piano
électronique que nous avions posé sur le lit ; de l’autre, la jeune fille,
attentive à ne pas blesser sa petite sœur, tentait désespérément de contrôler
son bras fou. Un part d’elle concentrée sur le piano, l’autre s’efforçant de
maîtriser l’immaîtrisable.
Le côté droit étant celui de la logique, j’allais pouvoir instiller dans ma
jeune élève les processus moteurs cérébraux qui pourraient peut-être – par
miracle ? – remettre de l’ordre dans sa machine corporelle. Le côté gauche,
celui du cœur et des émotions, était quant à lui bien occupé à redonner à la
petite sœur la place qui était la sienne, celle d’une petite sœur ! Hé oui !
Elle était devenue si dominante et envahissante : l’activité incessante du
bras fou obligeait l’enfant à se méfier de sa grande sœur, replaçant ainsi
cette dernière à sa position d’autorité. Avec un peu d’espace pour respirer,
aussi.
Pensez-vous que la jeune fille était consciente de tout cela ?
Bien sûr que non !
Pensez-vous que je l’étais, moi ?... Pas plus.
La rencontre ayant plu aux deux filles, elles demandèrent à leurs parents de
me faire revenir le mardi soir suivant.
Rendez-vous était pris : je viendrais leur apprendre la musique toutes les
semaines après l’école.
Le jeu était lancé.
23
Miracles quotidiens
Avais-je une quelconque intention de soin, durant cette rapide heure
hebdomadaire ? Non, tout ce qui m’intéressait, c’était d’arriver à mes fins :
faire en sorte que la jeune fille pose enfin ses deux mains sur le clavier du
piano pour jouer son premier morceau de musique. Et j’allais y arriver. J’en
étais sûr ! Bien inconscient de ce que cela impliquait d’un point de vue
thérapeutique.
Guérir ? Ce n’était ni dans mon vocabulaire, ni dans mes pensées. Plaisir ?
Ah, ça oui. Alors, nous nous amusions.
J’inventais toutes sortes de jeux, toujours basés sur la dissociation gauche /
droite, le contrôle spontané.
« Maintenant, dessine des ronds avec la main gauche et tape sur le clavier
avec ta main droite, lui disais-je. Voilà, une note sur deux, en même
temps… C’est bien.
- Mais c’est trop dur, je n’y arrive pas…
- Tu viens juste de commencer. Allez, courage !
- Et moi, je peux le faire aussi ? » criait la petite sœur.
Plusieurs années plus tard, j’apprendrais que mes phrases étaient structurées
en suggestions hypnotiques et que mon approche était dite « utilisationnelle
». Un grand monsieur était connu pour faire cela très bien. Un certain
Erickson.
Je n’étais d’ailleurs pas le seul à retrouver instinctivement les bases de la
communication thérapeutique, tout comme Milton Erickson l’avait fait en
son temps : des recherches en ethnopsychiatrie ont montré que, partout
autour du monde, tous les « chamans », « sorciers », « guérisseurs »,
utilisent les mêmes structures de langage : un vocabulaire à la fois très flou
d’un point de vue logique, et pourtant très évocateur, puissant au niveau des
émotions, et l’utilisation d’un schéma naturel chez l’être humain : la cassure
entre le conscient et l’Inconscient. « Quelque chose en vous sait de quoi je
parle ! »
Je n’apprendrais tout cela que bien plus tard.
Pour lors, la jeune fille, sa sœur et moi nous étions vus une douzaine de
fois, avant que l’été n’arrive. Il faisait beau et les 24
Miracles quotidiens
jours brillaient bien après l’heure où ma chère mère imposait le coucher.
Tous les gamins, enfermés à l’école chaque jour de ce grand soleil, sentaient
les grandes vacances approcher. Et c’est ainsi que ma dernière rencontre
avec la jeune fille arriva.
Je n’avais pas vu le temps passer.
Un soir de juin, je sortais de la chambre où nous faisions de la musique.
Notre dernier cours était terminé et j’étais bien content de mon élève. Les
principes que j’avais fais en sorte de lui inculquer (les miens, en
l’occurrence, faute d’autres références) avaient fait leur œuvre :
1 – Qui ne tente rien n’a rien ! Donc, agis !
2 – Fais ce qu’il faut pour que cela fonctionne.
3 – Pour cela : débrouille-toi !
C’était probablement basique, mais cela avait l’avantage d’être pratique :
pas de théorie complexe à comprendre ou à faire comprendre avant de
passer à l’action, et surtout une grande place laissée à l’improvisation, à
l’intuition.
Les parents m’interceptèrent juste avant que je ne m’en aille. Ils avaient
l’air émus et le père tenait une bouteille de champagne et quelques verres
dans les mains.
« Tu resteras bien dîner, Olivier.
- Heu… c’est gentil, mais… pourquoi ?
- Pour Lisa, bien sûr. Je ne sais pas comment tu as fait !
- Fait quoi ? »
Là, les deux adultes me regardèrent, surpris. Puis le père se reprit et
m’expliqua :
« Eh bien, ses bras, bien sûr. »
Je me retournai vers la jeune fille, rougissante. Qu’est-ce qu’ils avaient, ses
bras ? Je ne voyais pas.
« Lisa peut manger parmi nous, maintenant, m’expliqua la maman. Nous
avons mis sa petite table au grenier. Elle peut aussi s’habiller et se coiffer
toute seule… C’est formidable !
25
Miracles quotidiens
- Oh, félicitations ! m’exclamai-je, un peu honteux de ne pas m’être aperçu
de ses progrès. Et comment avez-vous fait ?
- Hé ! C’est à nous de te le demander ! »
Quoi ? Que voulaient-ils dire ?... Avais-je eu une quelconque part dans le
rétablissement de la fillette ? Si c’était possible, je le saurais, n’est-ce pas
?... Mon esprit était dans le brouillard.
J’achevai de remercier les parents pour leur invitation et repartis chez moi à
pied, la bouteille de champagne dans les bras, encore sous le choc de cette
annonce incroyable.
J’étais plus perplexe que vous ne sauriez l’imaginer. Cela me faisait plaisir,
évidemment, et c’était très flatteur… si cela pouvait être vrai. Mais ne
confondaient-ils pas avec quelqu’un d’autre ? Je n’avais rien fait de
particulier.
Enfin, peut-être que si, mais de là à guérir la jeune fille…
~oOo~
Tous les thérapeutes vous le raconteront : lorsque vous êtes engagé à cent
pour cent dans le processus de changement de la personne, vous basculez en
fonctionnement intuitif, connecté à la personne par un lien mystérieux.
Cette « thérapie intuitive » est probablement la plus puissante, puisqu’elle
est naturelle, spontanée. C’est l’ancestral « guérir avec les mots », celui des
sages grecs de l’antiquité, pour lequel il n’y a ni étude ni diplôme ; un
moment hors du temps et forcément difficile à décrire où vous devenez le
canal de guérison, le levier de changement de la personne.
Etait-ce de l’Hypnose ? Théoriquement non, puisque je n’en avais appliqué
aucune procédure consciemment, bien qu’en pratique, on reconnaît
aujourd’hui dans la communication des meilleurs thérapeutes, pédagogues,
managers ou leaders, les mêmes structures de langage que celles que l’on
apprend en Hypnose thérapeutique (les « suggestions hypnotiques »).
26
Miracles quotidiens
L’état d’hypnose est, quant à lui, assez ordinaire – une fois que vous savez
le reconnaître : lorsque vous êtes absorbé par une émission télévisée, un
film au cinéma, un courrier à écrire, un bon livre… ou une leçon de piano.
Votre esprit est
« ailleurs »… Vous êtes « dans la lune » : « en transe » !
Ce n’est que cela, l’hypnose. Un autre état de perception, de votre
conscience habituelle du monde. Il suffit de plonger dans une tâche
quelconque pour le découvrir ; quelque chose se met en route en parallèle,
en nous – à moins que ce
« quelque chose » ait toujours été là sans qu’on le sache ?
L’hypnotiseur a appris à vous guider, vous montrer les portes, vous donner
les clés d’accès à ce monde caché, inconscient.
Et c’est tout. C’est vous qui faites le reste.
Alors, ce que j’ai fait avec la fillette était peut-être de l’Hypnose, dans le
sens où je me suis appliqué à modifier son état habituel d’être (le handicap)
pour la mettre en contact ponctuellement avec ses ressources profondes
(jouer du piano avec moi), le tout dans l’objectif que cela reste en elle
après.
N’est-ce pas la structure d’une séance de thérapie ? Ce qui était certain,
c’est que la petite fille avait changé.
D’autres évènements allaient confirmer mes premiers pas.
Un papa dans les étoiles
L’été était passé et, la rentrée venue, j’avais commencé à me bâtir une petite
réputation de musicien-thérapeute. Les gens s’étaient dit que si je pouvais
aider une personne handicapée à apprendre la musique, je pourrais tout
aussi bien les aider à se libérer de tout ce dont ils souffraient – ce qui était
probablement largement exagéré. Au fil des mois, j’enchaînais de mon
mieux les rencontres, avec un certain succès.
J’aurais pu me renseigner sur ce qu’était la thérapie, ce qui existait,
comment cela se passait habituellement. J’aurais pu lire des ouvrages de
psychologie, piocher dans l’immense 27
Miracles quotidiens
littérature thérapeutique. Mais, j’allais sur mes dix-sept ans et j’avais bien
d’autres choses à faire que me plonger dans des livres pour lesquels je
n’avais strictement aucun intérêt.
J’avais réussi une première fois, je réussirais bien les suivantes… Et je dois
avouer aussi que cela m’aurait ennuyé d’appliquer une autre « méthode »
que la mienne ! J’aurais eu l’impression de tricher, de copier ou d’imiter, de
faire de l’artificiel. Je n’avais pas beaucoup d’expérience, mais
suffisamment pour me rendre compte que la Vie était imprévisible et qu’on
n’apprenait pas à la connaître dans les livres.
J’aimais observer mes camarades de cour d’école, depuis tout petit. Je
m’asseyais sur un bord de trottoir et je regardais les gens vivre. Cela
m’intéressait au plus haut point – et cela m’intéresse toujours ! Par
exemple, je jouais à respirer en même temps qu’eux. Amusant : on
s’entraîne à ça en formation à l’Hypnose ou à la PNL, et je faisais cela de
moi-même, tout gamin – même la nuit, en écoutant la respiration de mon
frère, avec qui je partageais ma chambre. Je cherchais cette synchronisation
respiratoire, que l’on sait si utile en thérapie pour faciliter l’osmose avec le
patient et l’intuition thérapeutique.
Par contre, à l’époque, je n’avais aucune idée de ce à quoi cela pouvait bien
servir. C’était juste une sorte de défi pour moi. Comme devenir capable de
penser et ressentir comme l’autre – ce que l’on appelle techniquement « se
mettre en tri sur l’autre ». Je faisais cela à huit ans, juste pour jouer.
C’est à peu près au même âge que j’ai lu mon premier livre sur l’Hypnose.
Je ne m’en suis souvenu que bien des années plus tard, en ouvrant un carton
plein de mes jouets d’enfance.
Il y avait là, au milieu de tant de souvenirs, un disque de carton sur lequel
j’avais collé puis découpé une spirale noire.
Un dessin photocopié dans un livre d’Hypnose de Paul-Clément Jagot, que
je reconnus alors. Je l’avais donc lu ?
Eh oui !… Souvenir… Je jouais à essayer de m’hypnotiser par fascination,
dans la glace de la salle de bain familiale – de 28
Miracles quotidiens
m’auto-hypnotiser en faisant tourner devant moi ce cercle magique ! Mes
parents tenaient à l’époque une librairie. Je n’avais eu qu’à emprunter un
livre en rayon et la photo-copieuse du magasin était là, à disposition.
Il est curieux de se dire qu’on est peut-être « prédestiné » à faire quelque
chose de sa vie.
En attendant, je poursuivais tranquillement mes études, sans vraiment
d’intérêt d’ailleurs : ma vie était bien plus palpitante le mercredi et le
samedi que tous les jours d’école. Je mettais en pratique durant mes
journées libres le fruit de mes observations. Issu d’une famille à l’esprit
plutôt ouvert, et n’étant pas de nature à faire des bêtises, j’étais laissé assez
libre.
Je recevais donc mes « consultations » comme un adulte. Je n’avais pas dix-
huit ans !
Mes parents n’étaient absolument pas d’une profession médicale ou psycho-
quelque- chose. Je ne parlais donc pas souvent des choses que je faisais. A
vrai dire, une fois mon travail accompli, je n’y pensais moi-même pas
beaucoup.
J’étais plus dans l’action que dans la compréhension. Les choses se
faisaient, c’est tout. Et je passais à autre chose.
Mon père avait fait, cinq ou six ans auparavant, un infarctus assez grave. En
fait, je crois bien qu’il est mort… Mais heureusement, cela n’avait été que
transitoire ! Il nous était revenu.
Dans ces années, cela ne s’appelait pas encore une NDE ( near death
experience) ou EMI ( expérience de mort imminente) et on n’avait à ce sujet
que peu de témoignages, pas de tunnel et de belle lumière dans les
feuilletons télé. Rien. Mais nous en avions parlé entre nous, en famille. Cela
m’avait ouvert à un aspect de l’existence que mes petits copains ne
soupçonnaient pas. Je pense que je ne voyais pas non plus les êtres qui
m’entouraient comme tous les garçons de mon âge. Bien sûr, ce n’était pas
comme si j’avais vécu moi-même cette expérience – mais elle avait été si
forte, pour nous tous, qu’il aurait été impossible que je n’en sois pas
marqué.
29
Miracles quotidiens
Quand vous avez onze ans et que votre père vient de tomber devant vous,
pratiquement mort, lorsque les pompiers l’emportent sur la civière, même si
personne ne le dit à voix haute, vous comprenez qu’un jour les gens
meurent. Et que ce jour-là, c’est le tour de votre père. Mais on ne vous avait
pas prévenu. Personne ne vous avait dit que cela pouvait arriver n’importe
quand... Par exemple, maintenant !
Dans mon esprit d’enfant, j’imaginais une scène morbide : mon père
entreposé dans un couloir blafard de l’hôpital, celui qui mène à la morgue,
une étiquette accrochée à son gros orteil, dépassant d’une couverture.
Mais, après huit ou neuf minutes de « mort cérébrale » un type passe dans
le couloir et prévient l’équipe médicale que
« le mort bouge sur le brancard ! » Affolement général.
Réanimation. Quatre semaines d’hospitalisation et vous récu-pérez un jour
votre père, bien vivant. Miracle ?
Plusieurs mois après, vous écoutez votre père miraculé vous raconter «
comment c’était là-haut ». Il n’avait osé en parler à personne jusque-là,
craignant qu’on le prenne pour fou. Mais vous, votre père, vous le croyez.
Vous sentez son émotion. Et maintenant, dans vos rêves, vous visitez ces
mondes qu’avant vous il avait exploré…
Des années plus tard, vous n’avez pas encore fini de grandir que la Vie vous
amène une jeune fille, perdue dans son corps et dans sa tête. Mais le monde
vous paraît si simple à comprendre. Et beaucoup d’autres vont suivre après
elle, comme cette adolescente rebelle, orpheline, habillée comme un garçon,
qui marchait visiblement à côté de sa voie. Je ne pouvais pas lui donner
mon impression comme cela, alors la communication indirecte que j’avais
développée m’aida à lui faire retrouver son chemin.
Et cet autre orphelin, cassé de partout (ses amis de l’orphelinat l’avaient jeté
par le balcon du premier étage, pour s’amuser, il en avait perdu toutes les
dents d’un côté de la 30
Miracles quotidiens
mâchoire !) ; les services sociaux me l’avaient envoyé. Il mit son mal en
paroles, et moi de la musique par-dessus. C’était beau. Cela exorcisa ses
démons et pansa ses plaies.
Et ce jeune homme devenu hémiplégique et aveugle suite à une bagarre, sur
le parking d’une boîte de nuit, où il avait reçu un coup de barre de fer dans
le bas du dos. La présidente de l’association locale des non-voyants et
malvoyants m’avait demandé si je pouvais lui rendre visite à l’hôpital. Nous
nous étions alors retrouvés à « jouer de la batterie », lui dans son lit, du seul
bras valide qui lui restait, et moi assis à côté en lui racontant des histoires
destinées à calmer sa douleur et son chagrin. De l’Hypnose ? Des
métaphores thérapeutiques ? Si vous voulez. Quelle technique sophistiquée,
quelle structure ?
Aucune. Simplement un peu d’humanité et de compréhension.
Savez-vous ce qui se déclenche en vous lorsque vous êtes en danger ? Ce
qui vous sauve ou aide à sauver vos camarades pendant un accident ou une
catastrophe ? C’est au-delà des mots. Cela sort de vous tout seul – comme si
ça ne venait pas de vous, d’ailleurs. C’est « ce qu’il fallait faire ». Alors, je
ne sais pas si je parvenais à rayonner vraiment tout cela en permanence,
mais je faisais de mon mieux, et ce mieux devait suffire, car les gens
changeaient. Et vite en plus, car je ne les voyais généralement pas plus de
trois ou quatre fois !
Ces rémissions étaient pour moi inexplicables ; mais je faisais confiance à
la vie pour « m’aider à aider » les gens correctement et je comptais bien
découvrir à l’avenir les mécanismes de l’existence, la philosophie de tout
cela.
Les pages qui suivent vous donneront un début d’explication, car les choses
les plus puissantes se cachent dans la simplicité. Quant à moi, je suivais
mon chemin.
31
Miracles quotidiens
=2=
DELPHINE, L’HOTESSE DE L’AIR
LEGERE COMME L’AIR !
Quand je pense à Delphine, l’hôtesse de l’air, cela me laisse perplexe.
Grande et jolie femme, Delphine vint me voir un après-midi d’été. Rien ne
laissait paraître qu’elle était anorexique. Elle ne l’était pas au point
d’afficher cette maigreur désastreuse que l’on connaît dans les pires cas.
Libéré de mes obligations militaires et désormais certain de vouloir faire
mon métier de l’aide à mon prochain, j’avais repris mes études. Ma
compagne, Patricia, et moi vivions enfin sous le même toit. Elle poursuivait
aussi ses études. Je donnais quelques consultations, afin de payer le loyer.
Patricia faisait également des gardes aux urgences et dans une petite
association de surveillance à domicile pour les personnes âgées... Je n’avais
pas perdu la main pendant cette année sous les drapeaux, en tant que
chauffeur ambulancier, bien au contraire : j’avais servi dans un centre de
formation militaire où les jeunes recrues involontaires tentaient souvent
d’échapper à leur sort par la dépression nerveuse ou le suicide. Je n’avais
donc pas eu le temps de m’ennuyer !
Avec mes nouvelles études et toutes mes lectures, j’avais commencé à
perdre cette innocence qui faisait mon efficacité première. Je connus cela
plusieurs fois dans ma vie, à chaque fois que je conscientisais mes actions
intuitives : lorsque j’appris véritablement l’Hypnose puis, quelques temps
plus tard, durant la période qui suivit ma formation en PNL, et aussi durant
les deux années pendant lesquelles j’écrivis mon premier livre. Mettre à
jour la technique, raisonner les 32
Miracles quotidiens
procédures, agir avec mon esprit logique plutôt qu’avec mon intuition, voilà
qui me faisait perdre tout mes moyens. Et c’était le cas lorsque je reçus
Delphine pour la première fois.
C’en était au point où, moi qui avais déjà rencontré des centaines de
personnes, je tremblais comme une feuille morte prête à se détacher de
l’arbre !
Conscientiser ce qui est intuitif permet de s’améliorer, c’est certain, mais la
phase d’apprentissage qui nécessite de tout remettre à plat est toujours une
période difficile. Quelle confiance dut m’accorder la jeune femme pour ne
pas fuir devant ce tout jeune « thérapeute » qui prétendait que ses frissons
venaient du froid… en plein mois de juin !
J’avais l’esprit encombré de théories qui bloquaient mon plus simple bon
sens.
« Apprenez vos théories aussi bien que vous le pouvez, puis mettez-les de
côté quand vous entrez en contact avec le vivant miracle de l'âme humaine
» disait Jung. Voilà ce qu’il me fallait retrouver : le vibrant contact avec
l’âme humaine !
Je me concentrai donc à la tâche : reconquérir l’intuition, laisser faire les
choses afin que la personne soit mon guide, ne faire qu’un avec elle, ne plus
penser et agir…
« Bon, commençai-je après un raclement de gorge, vous ne m’avez toujours
pas dit !
- Quoi donc ? » fit-elle.
Delphine était une belle jeune femme, blonde aux yeux bleus, au visage
rayonnant et aux formes parfaites. Elle savait habilement jouer de la
séduction, ce qui était inhabituel chez une jeune femme souffrant
d’anorexie.
Delphine marqua un silence insistant, me laissant ainsi la parole, ses yeux
de biche plantés dans les miens.
« Quel âge avez-vous ? repris-je assez directement.
- J’ai vingt-six ans.
- Oh ! Parfait ! Vous savez que toutes les études montrent que l’anorexie
disparaît spontanément à vingt-six ans ? »
33
Miracles quotidiens
Ce qui était vrai. Dans les livres, du moins. Bon, cela n’allait pas la guérir,
mais j’espérais descendre ainsi de la position haute, toute puissante, dans
laquelle elle essayait de me placer. Si je pouvais avoir l’air incapable, elle
lâcherait ses résistances et me permettrait, sans le vouloir, de faire mon
travail plus facilement.
« De toutes façons, vous ne m’avez pas encore dit…
- Mais quoi donc ? »
Ah ! Elle s’énervait. Voilà qu’elle reprenait, elle, la position haute. J’étais
sommé de répondre !
Je le fis avec mon air le plus bête :
« Ben… ce qu’il faut faire pour vous guérir ! »
En plein dans le mille. Elle secoua la tête d’un air désabusé, me prenant
sans doute pour le dernier des idiots. J’avais remarqué que, lorsque mon
intuition était en baisse ou plus difficile à capter, je pouvais obtenir des
indices directement de la personne : en les lui demandant !
Au niveau conscient, elle n’avait pas la réponse (sinon elle se serait déjà
soignée par elle-même) mais l’Inconscient comprenait parfaitement le
message et répondait souvent aussitôt, de manière non-verbale ou par un
lapsus.
Ce fut le cas avec Delphine : son ventre se contracta d’un coup, comme si
elle avait eu un haut-le-cœur. Je ne sais même pas si elle s’en rendit compte.
Je compris à ce signe qu’elle avait en elle quelque chose à expulser, et
qu’elle refusait de manger, comme de peur d’en ingérer un peu plus…
Tellement de personnes boulimiques ou anorexiques confondent ce manque
ou ce trop-plein avec un besoin matériel (la nourriture) alors qu’il s’agit
simplement d’un symbole utilisé par notre esprit pour nous faire
comprendre la source du « mal ». La personne boulimique cherche à
combler un vide, celle qui est anorexique à empêcher une invasion. Cela
peut sembler une interprétation facile, psychologie de comptoir, pourtant
c’est souvent vrai. La vérité est simple. La vie est simple.
34
Miracles quotidiens
A partir de cette constatation, je travaillai à rechercher tout ce dont elle
pouvait vouloir se débarrasser. Ce n’était pas très difficile à trouver, les
causes sont souvent les mêmes : un compagnon ou une maman trop
envahissante. Pour Delphine, c’était sa maman. Elle débarquait chez elle
n’importe quand, elle imposait à sa fille des invitations qu’elle ne refusait
jamais, par politesse. En fait, malgré son départ assez jeune de la maison,
Delphine n’avait jamais eu de vie à elle. La jeune femme me décrivit sa
mère comme un personnage plein d’énergie, ayant réussi dans la vie et
habitué à ce qu’on lui obéisse. Elles étaient toutes deux en bons termes,
bien que de violentes disputes les opposaient quelquefois. La maman faisait
même son possible pour aider sa fille à se soigner.
« On va régler cela vite fait bien fait, assurai-je. Enfin, on, je voulais dire :
vous ! ... Quand revoyez-vous votre tendre mère ?
- Nous avons un week-end ensemble.
- Encore ? Elle n’était pas déjà chez vous dimanche dernier ?
- Si, rougit-elle, mais cette fois c’est moi qui y vais…
- Ah, bien ! Ça change tout ! grimaçai-je. On va faire un truc : je vous invite
à un week-end. C’est professionnel, vous ne pouvez pas refuser ! »
La jeune femme me regarda avec étonnement. C’était notre première
rencontre, je savais qu’elle vivait avec quelqu’un, elle savait aussi que je
vivais avec quelqu’un et, en plus, j’étais plus jeune qu’elle. Elle se
demandait où je voulais en venir.
« Y a-t-il un endroit où vous aimeriez aller, avec votre amoureux, pour être
loin de chez vous ce week-end ? Parce que la maman, elle va être furieuse
que vous lui ayez posé un lapin ! Et si elle débarque chez vous – je vous
connais – vous allez lui ouvrir la porte et vous excuser !
- Vous voulez dire que je ne vais pas aller chez ma mère ce dimanche, sans
la prévenir ?
35
Miracles quotidiens
- Si vous la prévenez, elle va reporter, ou insister, ou s’inviter. Ça ne sert à
rien. Je veux que vous lui montriez qui décide de votre vie… Vous !... Oh,
nous avions rendez-vous ?
Tu sais, maman, avec la vie que j’ai… J’ai oublié !... Et vous lui sortez le
même regard innocent que vous m’avez servi tout à l’heure ! »
La jeune femme baissa les yeux pour masquer un petit rire.
La stratégie lui plaisait. Il me fallait maintenant la convaincre de la mettre
vraiment en œuvre.
Elle décida de partir pour Deauville. Je lui fis réserver son hôtel, devant
moi, par téléphone. Son cœur battait fort. Elle était troublée comme une
adolescente qui embrasse un garçon pour la première fois !
« Bien, conclus-je. Le sort en est jeté… Dites donc, c’est cher, Deauville !
Vous ne pouvez pas perdre autant d’argent.
Et puis, à cette saison, c’est beau. »
Elle ne m’écoutait plus. Je la voyais penser, à son week-end tranquille, sans
doute, et à sa mère.
« Vous pensez qu’elle va me lâcher, après ça ?
- Oh, non ! Elle va être furieuse ! répondis-je avec un large sourire satisfait.
Êtes-vous prête à tenir bon ? Vous avez quel âge, déjà ? Ah oui…
majeure… ça devrait aller, alors.
- Ne vous fichez pas de moi ! » rougit-elle à nouveau.
Je l’aidai donc à se préparer aux différentes attaques de sa mère. Je
découvris en passant que son père ne vivait plus avec sa mère – ses parents
avaient divorcé. La mère ayant copieusement enfoncé son ex-mari, la jeune
femme ne l’avait jamais revu. Nous en discutâmes, pour conclure qu’une
femme vexée (surtout sa mère !) pouvait avoir raconté toutes sortes de
bêtises à propos de cet homme. Elle décida de lui téléphoner puis, si le
premier contact s’avérait positif, d’aller lui rendre visite.
A la fin de notre première heure, Delphine partit avec une réservation pour
Deauville, un bon tour à jouer à sa mère, un 36
Miracles quotidiens
verrou de porte à changer (au cas où) et la décision de revoir son père…
Je la retrouvai, comme prévu, la semaine suivante. Elle était radieuse ! Le
week-end avait été charmant. Sa mère n’avait pas attendu son retour roulée
en boule sur le paillasson, comme elle l’avait craint ! Le téléphone n’avait
sonné que deux jours après. Delphine avait pris l’air étonné que nous avions
travaillé ensemble et, finalement, tout s’était très bien passé.
Ce premier pas de liberté posé, les autres s’enchaînèrent aisément et la
jeune femme retrouva sa liberté.
« Au fait, pourquoi étiez-vous venu ? lui demandai-je à l’occasion de notre
troisième et dernière entrevue, deux mois plus tard. Mis à par les problèmes
avec maman… (je prononçai ce dernier mot sur un ton exagérément
dégoûté, tout en souriant).
- Anorexie, répondit-elle simplement.
- Et alors ? »
Elle sourit à son tour.
« Disons que je suis tranquille de ce côté-là depuis Deauville, finit-elle par
avouer.
- Et vous avez grossi ?
- Juste ce qu’il faut. C’est mon copain qui est content !
- Et vous ?
- Je suis libre, souffla-t-elle en un sourire. »
Delphine trouva un poste à terre. Elle n’avait plus besoin de fuir. Son
compagnon et elle fondèrent une famille, ce dont une jolie carte de
naissance m’informa l’année suivante.
Alors, quels outils avais-je appliqués, avec Delphine ? Un peu d’Hypnose,
pour favoriser la visualisation de l’action à réaliser, s’y préparer et
l’accepter – et une bonne dose de stratégie, mélange de suggestions, de
recadrages verbaux et d’injonctions thérapeutiques. Et comment avais-je su
quoi 37
Miracles quotidiens
faire ? Technique ? Savoir-faire ? Grande expérience ? Non…
Delphine elle-même me l’avait dit.
La réponse est toujours dans la personne, nulle part ailleurs.
Bien prétentieux celui qui se croit investi d’un quelconque
« pouvoir ». Tout l’art est dans ce reflet renvoyé à la personne. Un miroir
lui-même suffisamment propre pour redonner à la personne ce qu’elle
transmet à travers vous.
Annabelle est boulimique
Laissez-moi vous conter rapidement cet autre cas, afin de compléter
l’exemple précédent.
C’est l’histoire d’une jeune femme, libre et avide d’amour.
Assez fine, de corps comme de visage, le regard expressif et un petit nez
mutin, les joues parsemées de tâches de rousseur.
Elle va se marier dans un mois. Trente jours exactement.
Petit problème : elle mange et se fait vomir quasiment toute la journée et, si
elle a réussi à cacher cette habitude à son futur mari, elle craint fort qu’il ne
découvre tôt ou tard cette facette peu glorieuse d’elle-même. Il faudrait
vraiment qu’elle arrête.
Ici encore, un détail me mènera à la solution.
« Alors, vous vous mariez dans un mois
? fis-je en
réfléchissant à la stratégie que j’allais pouvoir adopter… Et, combien de
fois mangez-vous, chaque jour ?
- Eh bien, cela m’arrive parfois plus de quinze fois. »
Cela n’avait rien d’étonnant. Certaines jeunes femmes ont les dents rongées
par l’acide, tellement elles se font vomir.
« Quoi, seulement quinze fois !? m’écriai-je, provocateur.
Vous vous fichez de moi ! Une véritable boulimique vomis-seuse comme
vous se vide au moins trente fois par jour ! »
Ça, par contre, je doute que cela soit vrai – du moins, je n’en avais pas la
moindre preuve – mais il m’était venu une idée, ou plutôt un parallèle
amusant, entre le nombre de compulsions quotidiennes et la date de son
mariage.
38
Miracles quotidiens
« Vous devez bien vomir parfois jusqu’à vingt fois par jour ?
- C’est vrai, avoua Annabelle à ma surprise. Mais c’est surtout si je suis
toute seule à la maison. Papa et maman travaillent ensemble, et moi je
m’ennuie, alors je mange…
mais je me dégoûte. Il faut que tout ça s’arrête ! »
Lorsque la personne est suffisamment volontaire pour accepter une
prescription de tâche à accomplir, on peut tenter une approche rapide, une
sorte de déprogrammation basée sur la saturation physique et émotionnelle.
Pour être efficace, la prescription doit être donnée à la personne avec son
engagement de faire « quoi que ce soit »
qu’on lui demande de faire ; elle doit être aussi parfaitement adaptée à la
situation de la personne et lui être expliquée dans un langage simple,
utilisant les jeux de suggestions et de langage que l’on connaît en hypnose,
ceci afin d’éviter les critiques conscientes et favoriser l’acceptation de la
tâche.
C’est une forme de communication dite « éricksonienne », car on y retrouve
les techniques issues de l’Hypnose du même nom, mais sans modification
de l’état de conscience – on pourrait presque dire sans hypnose.
« Je suis d’accord, il faut que tout ça s’arrête, répétai-je, et je connais bien
une méthode sûre à 100%, ce qui est rare en thérapie, vous admettrez…
mais… je ne sais pas… Nous avons juste le temps et vous ne pourrez vous
permettre une journée de décalage… Non, je crains que cela ne fonctionne
pas et je crains que vous ne soyez pas prête, de toutes façons. »
Imaginez bien la frustration de la jeune femme, d’entendre son thérapeute
lui annoncer une méthode garantie efficace pour l’aider, et de ne pouvoir y
avoir accès, pour des motifs plus qu’évasifs ! C’est en fait la ruse grossière
utilisée pour obtenir l’accord de travail de la personne.
39
Miracles quotidiens
« Mais je ne vous demande pas votre avis, clama Annabelle, si vous
connaissez un moyen de m’aider, j’exige que vous me l’appreniez !
- Eh ! dis-je pour me défendre. Si vous loupez tout, alors après vous irez
dire partout que je promets des choses qui ne fonctionnent pas, alors non…
je préfère ne pas tenter.
- Je prends la responsabilité de tout, reprit-elle. Dites-moi ce qu’il faut faire,
et je m’en débrouillerai.
- Permettez-moi de douter, répondis-je de plus belle. Ce sont de belles
paroles, mais quand je vous aurai dit de quoi il s’agit, vous ferez comme
tout le monde : rien ! Et vous direz partout que ce que je conseille est nul…
- Non ! Je ferai tout ce que vous me demanderez !
- Vraiment ?... Alors, jurez-le ! »
Eh voilà. Le plus dur est d’arriver naturellement à ce moment où la
personne va s’engager sur ce qu’elle a de plus cher à respecter votre
prescription « garantie 100% », à faire quoi que vous lui demandiez de
faire, jusqu’à rémission.
Milton Erickson, dont nous parlerons dans le chapitre suivant, était
vraiment diabolique lorsqu’il devait convaincre quelqu’un d’accomplir une
tâche quelconque. Jay Haley, quant à lui, demandait parfois à ces patients
de revenir la semaine suivante seulement s’ils étaient décidés de faire
« quoi que ce soit » qu’il leur demanderait de faire !
Cet art des prescriptions thérapeutiques est utilisé aujourd’hui en thérapie
brève, mais il n’est pas forcément du goût de tous les thérapeutes. En
l’occurrence, vue l’urgence de la situation de la jeune femme et l’aspect
compulsif de sa situation, je n’avais pas d’autre idée. Son mariage prochain
viendrait, il fallait l’espérer, lui apporter l’amour dont elle avait visiblement
besoin.
« Bien. Voici ce que vous allez faire, alors : vous vous mariez dans trente
jours. Vous allez donc vous faire vomir trente fois aujourd’hui.
40
Miracles quotidiens
- Comment ça ? me coupa la jeune femme.
- Attendez : je vous demande de faire en sorte de manger et vomir trente
fois aujourd’hui. Débrouillez-vous pour ça. Par contre, demain il faudra le
faire vingt-neuf fois…
- Et après-demain, vingt-huit fois, compléta-t-elle.
- Vous avez tout compris. »
Il allait falloir dix jours au moins avant qu’Annabelle retrouve son rythme
normal de compulsion. Entre-temps, elle se serait elle-même dégoûtée de
son rituel. On peut très bien se dégoûter de son plat favori, si on en mange
trop. Suite à une indigestion, sa simple odeur nous repousse, alors
qu’auparavant ce même plat nous faisait saliver.
Même système ici, la cause (probablement le manque d’amour et ses
relations familiales) étant prise en charge par le futur mariage.
Annabelle vomit donc consciencieusement pendant un mois.
La veille de son mariage, elle mangea juste ce qu’il fallait pour vomir une
dernière fois et, le grand jour, j’étais invité à la cérémonie, qui se déroula
parfaitement – dans la joie et sans la moindre compulsion.
Depuis, Annabelle a fait deux petites filles et savoure la vie qu’elle espérait
depuis tant d’années.
De telles approches stratégiques, issues de ce que l’on connait aujourd’hui
des êtres humains, utilisent le langage de l’Hypnose, pour les prescriptions,
mais ne recherchent pas l’état hypnotique.
Véritables mécaniques de l’Inconscient, elles permettent de traiter nombre
de cas où la cause, si elle est importante pour la personne, n’est pas
existentielle.
41
Miracles quotidiens
=3=
LA RESISTANTE
SE CROIT EN 1942 !
Un jour, je remplissais quelques papiers destinés à la survie de
l’administration française, quand la porte de mon bureau s’ouvrit en
claquant. La petite pièce où je recevais était au rez-de-chaussée et donnait
sur un petit jardin. N’importe qui aurait pu entrer sans prévenir, la porte
n’était pas verrouillée, mais personne ne l’avait encore jamais fait… jusqu’à
ce jour !
Quelqu’un roula littéralement sur la moquette, projeté par une force
violente. Le corps s’écrasa contre ma petite bibliothèque, faisant vibrer les
murs peu épais.
« Je n’ai pas été suivie ? » cria une voix féminine.
Je restai muet. La femme se releva et courut fermer la porte.
« Vous êtes résistant ou collabo ? me demanda-t-elle.
- Résistant ! » lançai-je sans réfléchir.
J’étais plaqué dans mon fauteuil, peu protégé par la largeur d’un bureau bon
marché. Elle s’approcha de moi, suspicieuse, la mâchoire crispée, et scruta
mon regard comme pour vérifier si je mentais. Ses yeux étaient d’un noir
profond et ses cheveux bruns en bataille sur sa tête. De taille moyenne, elle
portait une ample robe fleurie, passée de mode.
« Je sors de chez mon psychiatre, m’expliqua-t-elle en s’asseyant devant
moi. C’était un collabo. Je m’en suis aperçue à temps. Je l’ai claqué, ce
salaud.
- …claqué ? répétai-je, inquiet.
- Deux baffes dans la tête, oui, et j’ai dévasté son bureau. Il appelait la
Gestapo quand je me suis enfuie.
- Et vous êtes arrivée ici comment ? »
42
Miracles quotidiens
Elle me regarda comme si la question était incongrue.
« Normalement, je suis incognito » ajoutai-je.
Là, la jeune femme s’effondra en sanglots. Elle devait avoir vu mes
coordonnées dans l’annuaire, et elle venait de s’en souvenir. Cela ne collait
pas avec son histoire de poursuite.
« Nous ne sommes pas en 1942, n’est-ce pas ? gémit-elle, réalisant son
délire.
- Vous pensez que nous sommes en 1942 ? »
Son visage se défit. Plus trace d’arrogance ou de méfiance.
La jeune femme avait l’air perdu. Elle secoua la tête en réponse à ma
question… Bon, au moins, elle n’était pas totalement folle !
A mon tour de la scruter. Elle oscillait entre délire paranoïaque et
schizophrénie… Un psychiatre l’aurait fort probablement internée, mais je
n’étais pas psychiatre et, malgré mes lectures et futures études en
psychopathologie, je m’efforçais de ne pas étiqueter les gens.
Lorsqu’elle fut calmée, nous commençâmes à discuter. Elle m’apprit qu’elle
était née et habitait en France mais vivait à mi-temps en Allemagne.
« Comment ça, à mi-temps ?
- Parce que je ne tiens pas longtemps là-bas. Je finis toujours par avoir une
crise… et mes parents sont obligés de venir me chercher. Cela leur coûte
cher : déménagement dans un sens, re-déménagement dans l’autre sens. Je
n’arrête pas !
- D’accord… mais si vous n’êtes pas bien en Allemagne, pourquoi y allez-
vous ?
- C’est plus fort que moi. J’ai une attirance irrésistible pour ce pays. J’ai
appris la langue quasi-instinctivement. J’y suis bien… si seulement je
n’avais pas ces crises.
- Et ça fait longtemps que vous jonglez entre les deux pays ?
- Une dizaine d’années » avoua-t-elle.
Génial ! Elle me raconta aussi qu’elle avait cru plusieurs fois être guérie,
mais que son psychiatre, puis une autre fois 43
Miracles quotidiens
une voyante, lui avaient « prédit » sa rechute… Prédictions faciles ! Elle
était donc retournée en Allemagne, peut-être guérie, mais la suggestion
perverse avait fait son chemin en elle… et elle avait effectivement rechuté.
Ce qui montrait soit qu’elle pouvait guérir, puisqu’elle avait des périodes
« normales », soit qu’elle était très suggestible, si une simple suggestion
avait pu provoquer une nouvelle crise. L’une ou l’autre chose était très
positive pour moi.
Parce que vous avez intérêt à l’être, positif, quand vous faites ce métier.
Qu’auriez-vous fait à ma place, en voyant arriver cette jeune femme à
l’improviste dans votre bureau ?
Vous croyez que cela s’apprend dans les livres ? « En cas de crise
d’hystérie, prononcez la formule magique suivante… »
Malheureusement, non.
Je sais, aujourd’hui, ce que j’aurais pu faire avec cette femme. C’est à cela
que sert l’expérience. Comme disait le philosophe, l’expérience est une
lumière qui brille dans notre dos, elle éclaire le passé et ne parle pas de
l’avenir. De plus, chaque rencontre, chaque situation, chaque personne est
différente. Comment savoir, alors ? Que faire ?... Respirer comme la
personne en face de vous, voilà ce que dictait mon expérience :
m’imprégner d’elle, tâcher de penser comme elle, de vivre et bouger
comme elle… et agir dans cet esprit de fusion pour sortir la personne de son
mauvais pas.
Vous devenez alors une sorte de miroir où la personne trouve son reflet
curatif. Pourquoi curatif ? Car, bien entendu, vous ne serez un miroir fidèle
que des bonnes choses ; les mauvaises ne passeront pas votre crible, votre
miroir les déformera, les transformant en bonnes choses. Savoir pratiquer
cette mise en images reformante est une des bases de la thérapie.
Enfant, et une bonne moitié de l’adolescence, j’avais été relativement
enfermé sur moi-même, très timide. J’avais donc appris à obtenir ce que je
voulais indirectement, afin de ne pas avoir à demander directement. J’avais
surmonté ma timidité, 44
Miracles quotidiens
mais mon « entraînement » allait maintenant devenir un de mes atouts
professionnels.
Alors, en apparence, la jeune femme et moi, nous discutions : pas besoin
d’hypnose avec elle. Modifier l’état de conscience de quelqu’un ne sert que
si ce n’est pas déjà fait !
Et on ne pouvait pas dire que ma patiente était dans un état ordinaire de
conscience. Elle revint ainsi me voir régulièrement.
Elle arrivait souvent « en 1942 », puis avait des spasmes de conscience
ordinaire où elle pleurait beaucoup, et puis elle retournait « en 1942 », et
revenait encore… Nos rencontres se passaient ainsi, ponts tendus entre deux
époques.
Mon « miroir reformant » ne laissa passer aucune des choses qui pouvaient
s’avérer déterminantes dans la genèse de son délire. Un peu comme un
scanner qui scrute la structure d’une œuvre d’art, à la recherche de failles,
de fissures ou de cassures, prêt à y injecter un solide ciment. Parlait-elle de
l’Allemagne que je la renvoyais vers d’autres images inconscientes, par
simple association d’idée. Le lien semblait positif
– c’est-à-dire, elle souriait, respirait calmement et son visage était détendu –
pas de souci. Mais si le lien, l’association d’idées, provoquait crispation,
froncement de sourcils, augmentation de la respiration, alors je faisais en
sorte de
« décrocher » les deux idées – comme on défait un nœud – par un recadrage
verbal, un tour de passe-passe avec les mots (ce que l’on appelle en anglais,
un sleight of mouth).
Ainsi, de nœuds dénoués en conflits résolus, nous avancions doucement sur
le chemin du mieux-être.
Si, parfois, il est utile de modifier l’état ordinaire de conscience de
quelqu’un, ceci afin de distraire son esprit conscient, sa logique, et faire un
travail qui touchera les couches les plus profondes de sa psyché, il est
d’autres situations où nous avons affaire directement aux strates
inconscientes, comme dans le cas des psychoses : le limon est remonté à la
surface, brouillant toutes perceptions !
45
Miracles quotidiens
Le but n’est plus alors d’hypnotiser la personne, mais de la
« déshypnotiser », de l’aider à retrouver un fonctionnement rationnel et
contrôlé, et non plus dépendant de ses pulsions émotionnelles. C’est là qu’il
est intéressant de savoir modifier la perception ordinaire d’une personne à
volonté : si celle-ci se retrouve coincée dans un monde qui ne lui permet
pas de vivre normalement, alors on connaîtra mieux les chemins à
emprunter pour l’aider à regagner la « surface », à retrouver des repères
psychocorporels et sociaux.
Il est difficile de décrire exactement ce qui se passe dans de telles situations
: la « machine à soigner » se met en route en vous et dirige l’intervention. Il
a été montré que les débutants en psychothérapie ont de bien meilleurs
résultats que les professionnels confirmés… Et c’est compréhensible
: ne
sachant pas quoi faire pour aider la personne, ils sont bien obligés de faire
confiance à leur instinct ; celui-ci étant programmé pour la survie, comme
chez les animaux, il guide facilement le thérapeute et la personne qu’il
accompagne, sur le chemin de la guérison. Le « professionnel », quant à lui,
a appris quoi faire et comment le faire – s’il mêle cette connaissance à son
instinct, il deviendra un excellent thérapeute. Mais s’il n’applique que la
théorie, alors il sera toujours moins bon qu’un simple débutant… J’ai donc
décidé, il y a longtemps, de rester un éternel débutant ! Et je vous garantis
que ce n’est pas une voie plus facile, car elle suppose d’avancer
continuellement sans savoir vraiment où l’on va, de faire confiance à son
Inconscient, à la personne… à la Vie.
Pas très sécurisant, mais extrêmement efficace !
Après tout, beaucoup pratiquent cela pour leurs loisirs : c’est une sorte de
glisse contrôlée, comme en roller skate, en ski ou en chute libre. C’est du «
laisser-faire » contrôlé.
Et la jeune femme ? Elle finit par avoir de plus en plus de périodes « ici et
maintenant ». Je tentai de la convaincre que son don pour la langue
allemande était plus utile partout 46
Miracles quotidiens
ailleurs qu’en Allemagne, où tout le monde parlait allemand !
Qu’elle pourrait faire traductrice ou interprète… Elle me dit vouloir voir du
monde. Je suggérai le métier d’hôtesse d’accueil, dans de grands hôtels à la
clientèle distinguée.
Un jour, nous décidâmes qu’elle n’avait plus besoin de moi, et elle partit
sans donner de nouvelles. Je reçus pourtant une lettre d’elle, au moins trois
ans après nos rencontres. Elle travaillait dans un hôtel de luxe comme
hôtesse d’accueil pour la clientèle allemande !
Son écriture était encore tremblante, j’y voyais un reste de fragilité, mais
elle disait être avec un ami, et heureuse.
Son sourire éclaire encore ma mémoire.
~oOo~
De simples recadrages suffisent souvent à renverser une situation
pathogène. « Recadrage » ? Oui, recadrer est l’art de présenter une situation
sous un autre jour, afin que la personne concernée se libère d’une
interprétation malsaine de la réalité.
Par exemple, les blagues sont des recadrages communs, car elles présentent
une scène, que l’on croit comprendre, jusqu’à la chute qui donne un sens
différent à toute l’histoire… ce qui provoque une réaction incontrôlable et
impossible à « forcer » : le rire ! Savoir provoquer à la demande une
réaction naturelle est la base de l’Hypnose. Pensez-y, c’est une action
vraiment paradoxale : provoquer du spontané !
Savez-vous si ce que vous prenez pour votre réalité est vraiment la seule
interprétation possible de ce que vous vivez ?
Et s’il existait une voie parallèle à la vôtre, là, juste à côté ?
Un chemin de plus grand bonheur qui n’attendrait que vous.
47
Miracles quotidiens
Audrey s’arrache les cils
La petite fille avait les yeux à vif : ses cils n’étaient plus que croûtes
sanguinolentes. Même ses sourcils étaient épars.
Petite rouquine à la mine intelligente, Audrey était assise à côté de sa
maman. Toutes les deux me regardaient comme si j’étais le sauveur. Le
papa étant gendarme, la famille avait souvent déménagé et, depuis
qu’Audrey s’arrachait les cils, sa maman l’avait emmenée consulter toutes
sortes de thérapeutes.
A l’époque, je ne pratiquais rien qui ne puisse être étiqueté.
Ni « psychanalyse », ni « sophrologie » ou « rééducation »…
ni donc « hypnose ». Je me demande ce qui avait pu donner idée à la
maman de m’emmener sa fille, mais elle paraissait avoir beaucoup d’espoir
en moi, ce qui n’est jamais très confortable, même quand vous savez ce que
vous pratiquez !
C’est qu’en thérapie, nous ne faisons pas de mécanique. Un mécanicien «
sait » toujours comment réparer votre voiture.
Ici, nous travaillons avec des êtres humains, bien plus complexes et
changeants que tout ce que l’on peut imaginer.
Si les méthodes sont nombreuses, il ne faut pas se faire d’illusion : vous ne
trouverez jamais le mode d’emploi des êtres humains dans les livres ou à
l’université !
Quand quelqu’un a besoin d’aide et compte sur vous, et même si vous avez
une formation théorique et technique adéquate, il n’y a rien d’autre à faire
que se jeter à l’eau.
« Dis-donc, lançai-je à la fillette, tu viens me voir ? »
Je jetai un œil à la maman pendant que la fillette se levait pour faire le tour
de mon bureau. Mes bras semblaient se tendre pour l’accueillir, et c’est
peut-être bien ce que j’avais pensé faire aussi, mais au dernier moment,
j’esquivai la jeune fille et je lui cédai ma place sur le « grand fauteuil » du
docteur (les gens vous appellent souvent docteur quand ils viennent se faire
soigner, même si vous êtes psychologue).
48
Miracles quotidiens
La fillette écarquilla grand les yeux et je lui souris en tourbillonnant autour
d’elle pour aller m’asseoir à côté de sa mère. Aussitôt, je mimai l’enfant de
manière clownesque.
« Docteur, j’ai les bras trop courts pour m’arracher les cheveux, aidez-moi à
faire pousser mes bras ! » fis-je en me recroquevillant sur le siège. Je n’osai
pas regarder la mère, qui ne devait pas être loin de décrocher mon téléphone
pour appeler les services psychiatriques !
Il y a des moments où il ne faut pas avoir d’ego !
Quoi qu’il en soit, la fillette rit beaucoup et joua le jeu du thérapeute, me
révélant sans le savoir de précieux détails sur sa compulsion. Par exemple,
je crus comprendre qu’il y avait un rapport entre les cils qu’elle s’arrachait
et son petit frère.
Un peu plus tard, je me retrouvai allongé avec elle sur la moquette, en train
de feuilleter un catalogue imaginaire de jouets. Là, je découvris une chose
étrange : elle parlait des garçons systématiquement à droite et des filles à
gauche du catalogue. Pour vérifier, je pris une revue sur la table basse et la
fillette me décrivit toujours des jouets « de fille » en parlant des pages de
gauche (même si les photos de la revue présentaient un homme) et toujours
des jouets « de garçon »
en décrivant les pages de droite (même s’il s’agissait de photos montrant
des femmes ou des objets féminins).
Je n’étais pas là pour interpréter – mon opinion étant que l’interprétation ne
peut être que personnelle et que je ne pourrais, d’une manière ou d’une
autre, lui apporter que ma vision des choses, et non pas la compréhension
fondamentale qu’apporte une véritable révélation personnelle. Alors je
prenais note de ce qui me semblait être des nœuds à dénouer dans l’esprit
de la fillette. En l’occurrence, casser une certaine séparation, un
cloisonnement entre le féminin et le masculin ; et puis « soigner » quelque
chose qui se serait produit en elle, probablement à la naissance de son petit
frère.
49
Miracles quotidiens
Encore un peu plus tard, nous jouions sur et sous la table basse, une fois
moi dessus et elle couchée sous la table, une autre fois moi sous la table et
elle debout dessus. Ayant gentiment inversé encore une fois nos « ordres de
grandeur », je me laissai tomber dans le fauteuil de relaxation dans lequel je
faisais asseoir les gens pour leur « raconter des histoires »
(en fait, j’apprendrais quelques années plus tard que je faisais de l’hypnose
sans le savoir). La fillette se mit donc à
« m’hypnotiser » ! Elle jouait à la psy et me demandait de fermer les yeux
et de l’écouter attentivement… C’est là qu’avec ses mots d’enfant elle me
révéla comment briser le dernier nœud en elle. Je fermai docilement les
yeux un bon moment, puis je lui lançai joyeusement :
« A moi maintenant ! »
La fillette prit ma place et je commençai à lui redonner ce qu’elle m’avait
décrit à l’instant. De fait, la petite fille se calma aussitôt. Sa respiration se
fit plus forte, plus bruyante. J’en profitai pour glisser un sourire à la
maman, qui était toujours là à ma grande surprise ! J’espérais lui faire
comprendre que tout ce à quoi elle venait d’assister avait eu un but, et que
nous étions parvenus au moment clé.
Avait-elle compris ou était-elle simplement très patiente ? Je ne sais pas.
Toujours est-il qu’elle ne dit rien et que je poursuivis ma séance instinctive
avec la fillette.
Quinze minutes plus tard, la mère et la fille étaient sur le pas de ma porte.
Parfaitement conscient que mon jeune âge n’était pas fait pour rassurer la
maman et que la séance avait dû lui paraître très «
particulière
», j’étais tiraillé par l’envie
d’expliquer un peu plus à la mère ce que j’avais cru faire…
Mais je savais aussi que si je faisais cela – y compris si je m’isolais un
instant avec la mère – la fillette comprendrait que tout cela avait été joué,
voire « prémédité ». La technique, certes étrange mais tout de même
structurée, d’un thérapeute comme les autres. Or, la fillette savait très bien
ce qu’avaient 50
Miracles quotidiens
donné les séances précédentes, avec les autres thérapeutes. Je ne voulais pas
prendre le risque de casser tout ce que je venais de faire – même si je
n’avais aucune garantie du résultat.
La porte se referma donc sur l’air interrogatif de la maman.
Le coup de téléphone fatidique mit cinq jours à arriver : je savais que la
mère allait me rappeler pour me demander à quoi tout cela avait rimé !
N’étant pas certain d’être capable de lui faire comprendre, j’appréhendais
un peu l’appel.
« Monsieur Lockert ?
- Moi-même.
- La maman d’Audrey à l’appareil.
- Ah ! Mada…
- Qu’avez-vous fait à ma fille ? » coupa la mère d’un ton sec.
C’est bien ce que je craignais, la dame m’avait pris pour une sorte de fou,
qui avait joué inutilement avec sa fille…
Prudent, je lui demandai avant tout comment allait Audrey.
« Mais elle va très bien, c’est pour cela que je vous appelle !
Je ne vous ai pas contacté plus tôt afin d’en être sûre, mais cela fait cinq
jours qu’Audrey ne touche plus à ses yeux.
- C’est formidable !
- C’est un miracle, oui. D’autant que depuis deux ou trois jours, elle
reproduit avec son petit frère la séance peu ordinaire que vous avez eue
avec elle.
- C’est-à-dire ? demandai-je, étonné et content.
- Eh bien, elle se roule par terre, elle rit bêtement, elle fait n’importe quoi…
Mais ça marche : cela faisait quelques mois que Louis commençait à
s’arracher les cils comme sa sœur et il semble s’être arrêté aussi. Elle lui a
appris.
- Et, par curiosité, depuis combien de temps Audrey s’arrachait-elle les cils
?
- Depuis la naissance de son petit frère, elle avait cinq ans.
- C’est l’âge que va avoir Louis, n’est-ce-pas ? »
51
Miracles quotidiens
Incroyables synchronisations pathologiques. La fillette avait commencé à se
faire du mal à la naissance du petit frère, comme j’en avais eu l’intuition, et
le petit frère commençait maintenant à reproduire le symptôme de sa sœur,
au même âge. Et, elle qui s’était soignée, soignait à son tour le petit frère.
N’est-elle pas belle, la vie ?
L’obèse furieuse !
Si vous êtes attentif, vous reconnaîtrez partout les rythmes synchronisés de
la vie. Qu’on les appelle « hasards » ou bien
« coïncidences », on ne peut nier avoir déjà vécu, un jour ou un autre, ces
curieuses concordances : je pense à une amie, le téléphone sonne : c’est elle
! Je débute une phrase exactement en même temps que ma compagne, et
avec les mêmes mots ; tout comme nous marchions au même rythme, sans
calcul ou désir conscient de faire une chose pareille.
Et si vous savez voir cette danse de la vie, alors vous pouvez vous glisser en
elle, ondoyer à sa cadence, accélérer ou ralentir comme elle, et même
déclencher d’autres vagues de vie par vous-même.
Dans le domaine de l’aide de son prochain, il est rare que ce qui nous
correspond, notre « vague » à nous, convienne également à la personne en
face. Ainsi, être content de ce que l’on dit n’est jamais un très bon signe.
C’est vrai : si je suis un homme, dans la quarantaine, en bonne santé, et que
je m’adresse à une vieille femme mourante, à l’hôpital, les mots qui me
viendront ne me correspondraient absolument pas, à moi, mais seront
exactement ceux qu’une grand-mère malade aurait besoin d’entendre. Si, en
entendant mes propres paroles, je me mettais à les juger, je ne pourrais le
faire que suivant mes propres critères. Je trouverais alors mon discours tout
à fait inapproprié… Il faut avoir cette conscience de 52
Miracles quotidiens
reconnaitre que les paroles qui s’accordent à l’autre ne sont pas forcément
celles qu’il nous faudrait, à nous.
Aussi, la seule vraie manière de savoir si ce que nous avons fait est juste est
de laisser faire la vie. Si, dans les jours qui suivent notre intervention, la
personne ne change pas, alors ce que nous avons fait était vraiment
inadapté. Mais il est impossible de savoir si tel est le cas avant d’avoir
laissé faire la personne. Elle-même ne pourrait d’ailleurs pas juger non plus
notre intervention, puisque la meilleure action thérapeutique touche souvent
soit une de ses facettes inconscientes (en hypnose), soit une zone blessée et
donc sensible. De fait, la personne que l’on a réussie à « toucher » au juste
point risque fort d’être furieuse contre nous, un peu comme si vous voyiez
quelqu’un s’approcher d’une épine plantée dans votre bras : vous avez déjà
souffert au moment où l’épine est entrée en vous, alors vous n’avez aucune
intention de laisser qui que ce soit s’approcher à nouveau de votre bras,
même si c’est pour vous aider à enlever l’épine !
Dans les deux cas, la personne peut être mécontente de votre intervention,
précisément parce qu’elle a réussi !
Le cas suivant illustre tout à fait cette situation qui, heureusement, n’est pas
à généraliser.
Une silhouette massive masquait l’ouverture de la porte. On venait de
sonner et je ne voyais pas bien qui se présentait à moi. Avec du recul, je vis
se dessiner une grosse dame à l’imposante perruque bouclée. Elle
m’observait de ses yeux ronds. Il ne s’était encore rien passé et je trouvais
déjà cette dame antipathique – ce qui m’arrivait rarement.
« Vous comptez rester là ? » lançai-je sans réfléchir.
Oops ! Je venais de m’entendre apostropher la dame aux yeux ronds – elle
n’allait pas bien réagir, c’est sûr !
La grosse femme entra en marmonnant et se présenta de façon fort peu
polie. Elle me passa devant sans un regard et, alors qu’elle s’installait dans
le fauteuil de consultation, elle 53
Miracles quotidiens
ne cessa de tout critiquer : mon bureau, son emplacement, l’immeuble, moi,
etc. A la fois étonné et amusé par le ton que prenait ce début de rencontre,
je lui renvoyai ses critiques au fur et à mesure. Le ton monta ainsi
rapidement jusqu’à en venir à des insultes personnelles de plus en plus
appuyées.
Alors que la femme répliquait à une de mes réparties, j’entrai un instant en
moi-même, au risque de perdre le
« contact » avec elle, afin de bien vérifier mes sensations internes. Il me
fallait être certain que je n’étais pas en train de réagir à une pulsion
personnelle, ce que l’on appelle « se projeter », en thérapie, c’est-à-dire
parler de soi et non à l’autre. Peut-être y avait-il un détail chez cette dame
qui irritait l’une de mes cordes sensibles ? Je me rappelle un jour avoir
trouvé un homme antipathique, sans raison apparente, jusqu’à entendre un
enregistrement de sa voix et y reconnaître ma voix à moi, que je cherchais à
l’époque à travailler.
N’aimant alors pas ma voix, et la reconnaissant intuitivement chez cet
homme, il m’énervait !… Pourtant, avec la grosse dame, je me trouvais
intérieurement fort calme. Rien ne vibrait en moi. Au contraire, je
m’amusais à inventer de cinglantes réparties, à la mesure de ce qu’elle
m’envoyait.
Convaincu qu’il devait s’agir d’un phénomène de synchronisation, je laissai
faire… La séance se conclut ainsi, sur des paroles agressives et bruyantes !
« Hep ! Où allez-vous ? criai-je en barrant le passage à ma chère patiente.
Vous oubliez mes honoraires !
- Et vous ne croyez pas que je vais vous payer en plus !
- Ah ! Pour vous supporter, je trouve que ce n’est pas bien cher – il faudrait
que j’augmente mes tarifs pour vous !
- Oh ! » s’indigna la femme en me tendant un billet à contrecœur.
J’eus à peine le temps de la remercier avec un sourire hypo-crite que la
porte claquait derrière elle.
54
Miracles quotidiens
Encore étonné de cette curieuse séance, je racontai mon aventure à ma
compagne, Patricia. Nous pensions bien ne plus jamais revoir la grosse
dame à l’imposante chevelure.
La semaine suivante, à l’heure dite, ma patiente se présenta à nouveau.
« Encore vous ? fis-je. Que faites-vous là ?
- Nous avons rendez-vous » rétorqua-t-elle.
Réflexe, plutôt joueur que véritablement agressif, je lui claquai la porte au
nez ! Elle serait furieuse, après ça !
Pas manqué, la dame sonna encore. Je la fis entrer en soupirant, feignant
d’être profondément ennuyé de la revoir.
Je vous passe le détail de la séance, plus furieuse encore que la précédente !
Et lorsque je confirmai en fin d’heure à la grosse dame qu’il fallait bien
qu’elle me paye encore, elle laissa son argent sur le bureau en me
maudissant et claqua la porte derrière elle encore plus fort que la première
fois.
Me précipitant à sa suite, je clamai bruyamment :
« J’espère qu’on ne la reverra jamais, cette fois ! »
Moitié honteux de moi, moitié amusé, dans la totale incompréhension de la
relation qui s’était nouée entre cette dame et moi, je pensais bien que, cette
fois-ci, je ne la reverrais réellement jamais.
Et pourtant, la semaine suivante, elle sonna à nouveau à ma porte !
Curieusement, je lui ouvris très calmement et elle-même resta tout à fait
polie, presque sympathique, même.
Je ne laissai paraître aucune surprise, et nous fîmes une excellente séance
sur son excès de poids.
« Il faut que je m’excuse auprès de vous » murmura-t-elle au moment où
nous allions nous quitter.
Bien que curieux d’obtenir quelques explications sur le déroulement de nos
deux premières séances, j’étais resté muet à leur sujet. Je lui répondis donc
qu’elle n’avait à s’excuser de rien, puisque je lui avais renvoyé autant
qu’elle m’avait donné.
Nous étions quittes, et il n’y avait rien à ajouter.
55
Miracles quotidiens
« Vous êtes gentil, fit-elle en baissant les yeux, mais je dois vous confier
quelque chose…
- Si vous pensez que c’est bien, je vous écoute.
- Alors, voilà, commença-t-elle en s’éclaircissant la gorge. La nuit qui a
suivi notre seconde rencontre, j’ai rêvé de mon beau-père, l’homme avec
lequel s’était remariée ma mère… et qui a abusé de moi de l’âge de douze
ans jusqu’à ce que je m’enfuie de la maison, à dix-huit ans. Et dans mon
rêve, mon beau-père avait… votre tête !! »
D’accord ! Tout s’expliquait. La femme me raconta s’être réveillée en
sursaut. Elle venait de comprendre que je lui avais servi de « défouloir »
durant deux séances, chose qu’elle n’avait jamais pu faire avec ses
précédents thérapeutes. Elle s’était purgée avec moi de la colère et de la
haine qu’elle avait accumulées contre son beau-père, sans jamais pouvoir
l’exprimer. C’était ça qui la gonflait !
Elle s’excusa encore et je la rassurai, lui affirmant que je n’avais pas pris
nos échanges pour moi – ce qui était vrai, mon cœur ne battait pas plus vite
durant nos altercations, ce qui n’aurait pas été le cas si je m’y étais senti
impliqué.
Les gens parlent toujours d’eux-mêmes, n’est-ce-pas ?
Je revis encore la dame deux ou trois fois. Elle perdit du poids, remit sa
maman à sa place (elle avait un peu envahi sa vie !), s’épanouit enfin dans
son travail et se maria avec un homme ayant une très bonne situation.
Bien heureusement, cet exemple est exceptionnel. Je n’ai jamais eu d’autres
rencontres comme celle-ci et, la plupart du temps, les gens repartent
heureux de leur séance thérapeutique.
Mais vous voyez que la satisfaction n’est pas forcément immédiate et, si
j’avais réprimé ce que me dictait l’intuition, la « grosse dame » serait peut-
être encore maintenant à la recherche d’un thérapeute.
56
Miracles quotidiens
=4=
DAVID, UN ANGE COMPULSIF
Ayant enfin retrouvé l’intuition de mes débuts, je travaillais maintenant à
temps plein auprès de personnes en difficultés, toujours grâce à ma «
méthode » personnelle, essentiellement intuitive et encore souvent avec des
instruments de musique.
La plupart des personnes que je recevais à cette époque étaient handicapées
: hémiplégiques, tétraplégiques, non-voyantes ou malvoyantes, handicapées
mentales, ou en rééducation suite à un accident. J’intervenais dans les
filiales régionales d’associations nationales, dans un centre de rééducation
et j’allais travailler une ou deux soirées par semaine dans les foyers de
personnes handicapées mentales. Les gens y étaient adorables et nous
faisions un travail formidable.
Toujours est-il que tout cela finit par devenir suffisamment connu pour
s’ébruiter dans la presse locale et faire plusieurs premières pages. Toutes
sortes de gens qui n’avaient strictement aucun handicap venaient à moi : «
si vous pouvez aider une personne non-voyante, me disait-on, vous devez
pouvoir m’aider, moi et mes petits soucis. » Je recevais donc un public
chaque semaine plus vaste.
Et David poussa ma porte.
Difficile de dire si l’être qui se tenait devant moi était d’essence masculine
ou féminine. Avec un sourire franc et naïf, il se présenta. « David ». C’était
donc un garçon, d’une vingtaine d’années apparemment. Il était grand et
blond, les yeux bleus, et son visage était étrangement serein.
David pensait être une sorte d’extraterrestre dans sa famille : papa chômeur
professionnel, maman alcoolique, une sœur acariâtre et phobique… et
aucun blond ! L’ensemble de la 57
Miracles quotidiens
maisonnée semblait lui en vouloir de son apparente perfection physique et
psychologique.
« Heureusement, me confia le garçon, j’ai mon obsession de la saleté, afin
de leur ressembler un peu. »
Curieuse remarque ! Personnellement, avec ses manières soignées et son
caractère androgyne, je trouvais que mon jeune patient ressemblait
beaucoup à un ange, et sa répulsion pour la saleté me paraissait presque
normale. Il avait l’air si pur.
David me raconta les avis de ses précédents thérapeutes, qui voyaient en lui
un grand malade.
« Personne ne peut m’aider, conclut-il, avant d’ajouter à mi-voix : et je crois
même qu’ils ont peur de moi…
- Vous savez ce que disait Jung ? Les gens le fuyaient, lui aussi.
L'inconscient des gens qui vivent artificiellement me perçoit comme un
danger, expliquait-il. Tout en moi les irrite, disait-il : ma façon de parler,
ma façon de rire ; ils sentent la nature. Et je pense que c’est probablement
le sentiment que vous inspirez autour de vous : vous respirez la nature ! »
Le personnage me fascinait. Quelque chose en lui semblait rayonner d’une
sagesse peu ordinaire, pourtant sa naïveté l’empêchait de s’en enorgueillir.
Il était si loin des contin-gences et des passions humaines, tout lui paraissait
simple et naturel – et le problème essentiel était qu’il était le seul à partager
cette impression.
Je percevais David comme une sorte « d’erreur d’incarnation », si on peut
dire. Je lui dis avoir de la chance de le rencontrer, ce que je pensais
sincèrement. C’est donc en estimant ses compulsions comme normales que
nous commençâmes sa thérapie. Il était enchanté !
Nous avons déjà parlé de la synchronisation, cette symbiose que tout bon
thérapeute doit créer entre lui et son patient.
C’est une technique d’intervention, mise en place articifielle-ment, un peu
comme générer des « atomes crochus » avec la personne, afin que
l’ambiance soit agréable et que les phénomènes d’intuition apparaissent.
58
Miracles quotidiens
Quand vous êtes habitué à créer spontanément et en permanence cette
synchronisation, comme je pouvais l’être pour l’avoir pratiquée depuis mon
enfance, vous en venez à ne plus vraiment savoir si la sympathie que vous
ressentez pour la personne en face de vous est « naturelle » ou si elle est
issue de votre technique. C’est le fameux contre-transfert dont il est
d’usage de se méfier en psychothérapie.
David me donna là une leçon à retenir : lui était naturellement en
synchronisation avec tout le monde, aussi trouvait-il tout le monde fort
sympathique et c’était justement l’inverse qui lui paraissait anormal ! Chez
lui, le contre-transfert pour son prochain était permanent et il ne semblait
pas s’en plaindre. Je réalisai ainsi qu’il avait probablement raison et que
notre individualisme forcené nous avait tous emprisonnés.
Je ne dis jamais à David qu’il me semblait être un ange, le fait était si
évident que cela aurait été comme redondant de lui faire remarquer. Et bien
entendu, tout mon accompagnement s’en ressentait : ma première guidance
servit à l’aider à se reconnecter à « sa vraie nature », afin de lui faire
comprendre par l’expérience vécue que quelqu’un « comme lui » ne
pouvait, évidemment, que ressentir de l’horreur face aux immondices
humaines, les déchets des repas, les poubelles, les trottoirs, etc. En, en
même temps, « quelqu’un comme lui était bien au-dessus de tout cela ». Il
entrait en transe comme s’il retrouvait son état naturel, une sorte de
libération. Il fut donc facile de transformer sa réaction par rapport au
monde.
David me quitta après cette première rencontre avec le soulagement de
quelqu’un qui vient de se retrouver.
Notre deuxième rencontre me confirma la justesse de notre intervention :
depuis dix jours, il n’avait plus aucune crainte ou obsession vis-à-vis de la
saleté. Il avait même marché pieds nus dans le gazon, ce qu’il n’avait, dit-il,
jamais fait !
Son problème de départ ayant été rapidement réglé, nous élargîmes nos
discussions : David voulait voir le monde, son 59
Miracles quotidiens
rêve était presque enfantin. Il voulait devenir conducteur international
d’autobus de tourisme !
Problème, il ne savait pas assez compter pour rendre la monnaie… et il
n’avait pas le permis nécessaire à l’exercice de la profession de ses rêves.
Les quelques séances qui suivirent me servirent à l’aider à apprendre à
mieux compter, puis nous révisâmes ensemble les leçons de son permis
Transport en commun.
« Liszt était un très grand pianiste, expliquai-je à David, et il avait une
méthode bien à lui pour vérifier que son élève connaissait correctement son
morceau de piano : Liszt lui mettait un journal sur les mains, pendant qu’il
jouait, et l’élève devait lui lire les nouvelles du jour sans s’arrêter. Puis ils
en discutaient ensemble, toujours sans s’arrêter de jouer.
Alors, voilà ce que vous allez faire… »
Je me plaçai à gauche du jeune homme, après lui avoir donné un papier et
un crayon.
« Regardez-moi et rappelez-moi les points essentiels du quatrième chapitre
de votre Code… et dessinez en même temps des cercles sur le papier qui est
à votre droite. »
Nous avions commencé par de simples points, puis des lignes droites,
tracées de la main droite pendant que la leçon était prononcée en me
regardant dans les yeux, sur la gauche.
Les cercles, ensuite, étaient aussi assez faciles à réaliser sans y penser
vraiment. Mais David savait que l’étape suivante consistait à dessiner un
carré, puis un triangle bien pointu, et enfin l’ébauche d’une maison, avec
fenêtres et cheminée.
Je voyais le jeune homme maîtriser sa respiration, tiraillé par le besoin de
regarder ce que faisait sa main droite ; mais il résistait vaillamment et
apprenait ainsi à automatiser ses apprentissages. Etait-il en état ordinaire de
conscience, durant ses exercices ? Certes non ! Sa respiration était
haletante, et son teint de peau rougissait aussi. Il ne faisait que lever les
yeux vers le haut – j’apprendrais bien plus tard qu’il s’agissait 60
Miracles quotidiens
d’un signe montrant que le jeune homme « fabriquait » de l’image. Il
gravait ses leçons en lettres de marbre dans son esprit et n’avait ensuite qu’à
aller les rechercher.
Mes effets de dissociation psychologique, de travail inconscient et toutes les
bonnes suggestions que j’avais données à David avaient-elles été efficaces ?
Il semblerait que oui, puisque le jeune homme revint un jour, fier comme
Artaban, avec son permis en poche, décroché du premier coup !
Pas mal pour quelqu’un qui avait fait si peu d’études…
Ce fut le début de sa vie professionnelle. David put quitter sa famille et
vivre dans un petit appartement. Je continuai de le voir régulièrement,
comme une sorte de conseiller. Son premier employeur abusa de lui, et je
l’aidai à trouver un travail où on le respecterait. Ce fut tôt fait, car le jeune
homme savait séduire par son honnêteté, clairement perceptible. Il s’agissait
simplement de trouver un employeur qui ne profiterait pas de sa gentillesse
naturelle.
Vint un jour notre dernière rencontre. Je fis asseoir David dans un bon
fauteuil, il ferma les yeux, et je lui racontai une longue histoire destinée à
lui insuffler toutes les bonnes choses que je lui souhaitais. J’avais toujours
eu un faible pour les métaphores, ces histoires qui guérissent qui me
permettaient de faire comprendre mes impressions et de faire passer mes
suggestions thérapeutiques avec délicatesse.
L’histoire que j’improvisai ce jour-là pour David s’envola avec lui. Je me
souviens seulement qu’au début de l’histoire, je mis dans la main du jeune
homme une pierre colorée, qu’il serra très fort tout au long du conte, « pour
charger la pierre de l’énergie de nos rencontres. » Je lui dis que la pierre lui
porterait chance. Je sais que ce fut le cas et que David parcourt maintenant
le monde avec elle.
~oOo~
61
Miracles quotidiens
Ma première rencontre avec Dominique
Nous venions de déménager. Ma compagne Patricia s’était vue proposer un
poste assez intéressant dans l’assistance psychologique par téléphone,
domaine dans lequel elle excellait.
C’était le jour de notre emménagement, le camion venait de s’en aller, nous
laissant au milieu d’une pile immense de cartons. Comme nous étions déjà
bien occupés, une personne de notre famille nous avait préparé le terrain, et
nous n’avions vraiment plus qu’à déballer nos affaires. Je venais donc de
sortir le téléphone de sa caisse. La ligne était en fonction, mais je n’en
connaissais moi-même pas encore le numéro.
L’appareil était branché depuis dix minutes quand il sonna. Je décrochai en
pensant à un appel familial : « Je suis malheureuse !... » entendis-je
pleurnicher à l’autre bout du fil.
« Allo ? A qui souhaitez-vous parler ? répondis-je.
- Vous êtes bien psychothérapeute ?
- Heu… ça dépend » répondis-je, circonspect.
Personne ne me connaissait dans cette ville. Personne ne savait que nous
emménagions, et encore moins quel métier nous faisions, ma compagne et
moi-même. Ce devait donc être une erreur de numéro… Curieuse erreur !
La personne commença à me raconter sa vie. Elle était dans tous ses états.
Je finis par lui proposer de passer, en la prévenant que mon appartement
était plein de cartons –
d’ailleurs, il n’était pas prévu que je reçoive ici. Elle accepta, mais confia
ne pas avoir de véhicule.
« Je suis juste au centre ville, à deux pas de chez vous…
Peut-être pouvez-vous passer me prendre ? » proposa-t-elle.
Et là, je fis ce qu’un thérapeute professionnel ne devrait jamais faire :
j’acceptai d’aller chercher cette personne en voiture. Un comble ! Déjà que
je la recevais à l’improviste !
62
Miracles quotidiens
L’expérience m’apprendra par la suite qu’il n’y a jamais (ou très rarement)
de vraies urgences en psychothérapie. Bien que je préfère autant recevoir la
personne en pleine crise, afin d’être en contact directement avec le
problème, ce n’était pas à elle de me dicter où, quand et comment se
passeraient nos rencontres. C’est au thérapeute de garder le contrôle des
opérations, sous peine de ne pouvoir mener à bien son intervention
thérapeutique. Mais il me fallait bien faire mon apprentissage, et on
n’apprend pas ce genre de choses à l’école !
« D’accord, finis-je par dire, après une seconde de réflexion.
Comment vous reconnaîtrai-je ?
- Heu… hésita un instant la voix… Il faut que je vous dise… je ne suis pas
une femme… mais un homme. »
Un homme !! Avec une voix aussi aiguë ? J’avais cru que c’était une dame,
et plutôt assez âgée même !
« Vous me reconnaîtrez à mon boa de fourrure rose. »
Eh voilà ! C’était le bouquet ! Je venais de proposer à un travesti de venir
discuter un moment à la maison, le jour de mon emménagement… Au
moins, songeai-je en souriant, je ne connaissais personne dans la ville –
parce que j’allais tout de même m’arrêter en plein centre d’une petite ville,
un samedi, pour faire monter avec moi un travesti à boa rose !
Mais quel était ce miracle ? Une erreur de téléphone ? Cela vous est déjà
arrivé, à vous, qu’une personne vous téléphone en croyant appeler son psy,
et que vous vous retrouviez à la recevoir en consultation ? Eh bien, ce genre
de « coïncidences » semblait me courir après ! Au point que ma famille
plaisantait avec moi à ce propos. A chaque fois que quelqu’un allait mal,
qu’il y avait des personnes handicapées en visite quelque part ou qu’une
personne faisait une crise en pleine rue, c’était : « un client pour toi, Olivier
!»
Voilà comment on se retrouve thérapeute sans l’avoir cherché. Dame Nature
sait ce qu’elle veut…
63
Miracles quotidiens
Pour moi, l’art de jouer avec les courants de la Vie pour permettre aux gens
de retrouver Ce Qu’Ils Sont vraiment n’est ni une science, ni un métier.
C’est quelque chose que nous devrions tous savoir faire.
Ainsi, je ne me sens pas « thérapeute » et, pour moi, tout cela n’est pas « de
la thérapie ». C’est une aide apportée à quelqu’un qui ne sait pas se servir
de Ce Qu’Il Est, une façon de retrouver la mémoire. Cela tient plus de
l’enseignement que de l’intervention strictement thérapeutique.
Ce jour-là, Dominique et moi n’avons fait que discuter. Il pleura beaucoup
; j’appris que lorsqu’il avait «
l’âme
joyeuse », il écoutait sa chanteuse préférée (celle qui est un garçon, sans
contrefaçon) à tue-tête sur sa chaîne stéréo, et qu’il dansait nu dans son
jardin, sous les cris réprobateurs de sa chère mère. Il avait tout de même
près de quarante ans !
Il repartit après un peu plus d’une heure, de la lumière plein les yeux. Il me
confia avoir « le cœur en fête » et, bien que le personnage ait été
psychologiquement très perturbé, cela faisait tout de même plaisir à voir.
La vie me renverrait ce garçon. La différence, cette fois, c’est que ce serait
dans une autre ville où lui et moi aurions tous deux, par hasard, tout juste
emménagé. Lui appellerait un nouveau « psy », trouvé dans l’annuaire, pour
lui demander des massages d’un genre très particulier, et moi, reconnaissant
sa voix bien caractéristique, j’aurais un temps d’avance sur lui, le
connaissant déjà et sachant donc quoi et comment faire.
Ce ne serait pas avant plusieurs années, mais je sais être patient, et j’ai une
excellente mémoire !
64
Miracles quotidiens
A VOUS, MAINTENANT !
Alors, pourquoi pensez-vous que je vous raconte toutes ces histoires ? Et
vous, pourquoi les lisez-vous ?
La connaissance n’est rien sans l’action. Alors, je vous ai donné quelques
exemples de ce que quelqu’un de bonne volonté peut faire pour soi-même
et les autres, dans le respect de chacun et dans les limites de ses propres
compétences.
Maintenant, c’est à votre tour. D’abord, quelques règles…
1. Thérapie bien ordonnée commence par soi-même Force est de
constater que les mirages du passé cachent bien souvent la réalité présente.
Combien se rendent malheureux de porter encore les drames d’un autre âge
? Pourtant, sauriez-vous revenir à ce passé ? Possédez-vous la machine à
remonter le temps ? Non, pas plus que moi. Donc, le passé et tous ses
drames, votre éducation et tout ce qui vous a bâti tel que vous êtes est…
seulement en vous. Nulle part ailleurs.
Tel cet homme qui titube sous le poids d’une charge qu’on lui a confié sans
qu’il en connaisse la raison, et qu’il porte depuis tant d’années. Pourquoi ?
Pourquoi porte-t-il tout cela ?
Parce que papa, maman, un enseignant ou un copain le lui ont donné ? La
plupart du temps sans se rendre compte de ce qu’ils faisaient… Tous ces
jugements, toutes ces sentences sur les gens et le monde, que nous avons
entendus et incorporés, sans en comprendre le sens, et que nous portons en
nous depuis si longtemps maintenant que nous les pensons nôtres.
Allez reprendre toute la charge que notre homme promène : il se battra pour
la garder, certain qu’elle lui appartient, depuis le temps qu’il la porte !
Esclavage auto-entretenu…
65
Miracles quotidiens
Voilà la thérapie à laquelle il faut se soumettre : réapprendre à penser par
soi-même, faire le tri des choses qui nous aident de celles qui nous écrasent,
éventuellement demander l’aide d’une personne neutre qui nous aidera à
panser nos plaies et à gagner le courage de devenir Celui/Celle Que Nous
Sommes.
Sans quoi, comment reconnaître la réalité des mirages que nous entretenons
et qui nous emprisonnent ? Comment vivre ?
Comment oser vouloir aider quelqu’un d’autre à cette tâche ?
Enfin, ne croyez pas que cette œuvre sera facile ou qu’elle se terminera un
jour, car l’amélioration et l’évolution humaine est probablement sans fin,
chaque pas vers la lumière vous en dévoilant une plus grande encore, plus
belle et attirante.
2. Développez votre intuition et faites-lui confiance Le voile de brouillard
se dissipant, vous allez commencer à percevoir de mieux en mieux ce qui
vous fait, vous, mais aussi ce qui pousse tout un chacun dans sa vie. Vous
comprendrez pourquoi telle jeune fille se déprécie, pourquoi tel homme est
si agressif, pourquoi telle femme est outrageu-sement séductrice ou au
contraire bien trop renfermée. Vous ne le comprendrez pas seulement
intellectuellement : vous saurez ces choses fondamentalement, quasi
mécaniquement, d’instinct. Vous saurez surtout faire la diffé-rence entre ce
qui vient de vous (projections personnelles) et ce qui ne vous appartient pas
et qui vient donc, en toute logique, de la personne en face de vous… et doit
lui revenir !
Ayant saisi les rouages de la vie, vous pourrez chercher à les modifier, les
changer ou les améliorer. Encore faudra-t-il aussi faire confiance à vos
impressions, tout en continuant de les scruter, en chasse d’éventuelles
projections personnelles. Les intuitions seront des idées à redonner aux gens
; les projections personnelles et autres cordes sensibles, possiblement
froissées, vous serviront à vous améliorer vous-même.
66
Miracles quotidiens
3. Prenez les autres comme reflet de vous Nous verrons dans les pages
qui viennent que rien de bien n’est possible sans le fameux « connais-toi,
toi-même ».
Ayant trouvé un équilibre de vie, il va s’agir de repérer les manières d’être,
de penser et de vivre qui vous conviennent et que vous souhaitez épanouir.
Ce sera chose plus facile en observant votre entourage – et même les gens
de la rue :
- Notez, chez toutes les personnes que vous pouvez croiser dans l’existence,
ce qui vous plaît et que vous aimeriez reproduire. Votre esprit profond
gardera ce désir, qui grandira sans que vous le sachiez et se transformera en
comportement, pour finir un jour par éclore dans votre vie.
- Notez aussi tout ce qui ne vous plaît pas, les erreurs à ne pas reproduire,
les manières de faire et de penser qui ne servent qu’à se rendre malheureux
et décidez une bonne fois pour toute de ne pas agir de la même façon !
Bien entendu, la personne que vous croisez le plus souvent est celle que
vous voyez tous les matins dans votre miroir. Il faudra bien, pour que tout
cela serve, avoir le courage de vous regarder en face, honnêtement et sans
cynisme ou mesquinerie, afin de poser sur table vos qualités et défauts, ce
qui vous plaît en vous et que vous souhaitez conserver, et ce qui ne vous
convient pas ou plus et que vous souhaitez changer.
Attention aux auto-jugements
! Si juger est inutile et
dégradant pour autrui, ce n’est pas plus sain pour soi-même.
Oubliez donc les « suis-je bête », « quel idiot » et autres inter-jections peu
amicales. Ne vous sous-estimez pas plus que vous ne vous surestimez.
Posez les faits et agissez en fonction : « ça, je garde, ça non, ça non plus, et
ça oui… » etc.
Ensuite, vous pourrez estimer le travail effectué en fonction de ce qui aura
changé dans votre vie. Prenons comme idée, certes peut-être étrange, que
l’on attire dans la vie ce que l’on émane, alors vos rencontres, les gens que
vous verrez vivre, 67
Miracles quotidiens
que vous côtoierez ou non, ceux qui vous plairont et – plus important
encore – ceux qui vous énerveront, vous rendront agressif ou, mieux, vous
blesseront : tous ceux-là vous montreront ce qui est en vous, les beautés et
les turpitudes.
Il faut un courage hors du commun pour reconnaître ce que l’on est en
réalité, et un plus grand courage encore pour le changer. Ce qui vous
paraîtra être votre « pire défaut », au début, se révèlera peut-être seulement
être un masque, un détail de peu d’importance par rapport à l’immensité
d’un sentiment si profondément ancré en vous qu’il vous forge littéralement
; un sentiment qui se trouve précisément être à l’origine de ce que vous
désirez changer dans votre vie.
Qui peut se vanter de s’être changé soi-même ?
Vous, bientôt !
Et ce n’est que fort de vos premiers pas vers vous-même que vous aurez la
solidité d’âme nécessaire à apporter une aide à votre prochain, ne serait-ce
que par votre exemple.
EXERCICES
Je ne pense pas que l’intuition puisse se développer comme un muscle ou
une capacité intellectuelle. Elle est, pour moi, le résultat d’un état d’être,
que certains possèdent naturellement et que d’autres ne possèderont jamais.
Non qu’ils ne le puissent pas, mais que l’esprit qui permet cette intuition et
ses plus grandes réalisations leur est si peu naturel que l’acquérir jusqu’à ce
qu’il leur soit naturel leur demanderait plus d’efforts et d’énergie que la
récompense attendue pour tout ce travail.
Nous sommes tous confrontés aux mêmes choix : tout nous est possible,
tout nous est accessible… mais en fonction de notre 68
Miracles quotidiens
nature de base, l’effort à fournir pour atteindre l’objectif est plus ou moins
grand. Nombreux seront ceux qui préfèreront se détourner du chemin, voire
le bafouer, ou tout simplement continuer à rêver à ceux qui en sont
capables, sans eux-mêmes bouger le petit doigt pour commencer à être de
Ceux Qui Peuvent.
Voici pour vous quelques exemples d’exercices à pratiquer pour développer
votre attention aux autres, votre sentiment d’unité, personnel et
interpersonnel, et donc votre intuition : 1. Quand vous dites ou faites
quelque chose, vérifiez que cela n’importune personne (exemple : si je me
lève la nuit, je n’allume pas la lumière afin de ne pas gêner mon épouse).
En gros, habituez-vous à vous mettre à la place de l’autre, ce que l’on
appelle techniquement « être en tri sur l’autre ».
2. Jouez à respirer en même temps que l’autre. La personne en face de vous
vit à son rythme ; vous devez forcément pouvoir respirer comme elle et
vous en porter bien.
3. Tout en respirant de manière synchronisée, imaginez que vous inspirez le
même air que la personne. Sentez comme cela vous connecte à elle, que
vous ne faites plus qu’un. Bougez et ressentez comme elle (guettez vos
projections personnelles !).
4. Puisque vous êtes capable de respirer en même temps qu’une autre
personne, eh bien imaginez que vous respirez en même temps que les
arbres, les fleurs et les oiseaux. En plus, ce n’est pas loin d’être vrai : nous
utilisons effectivement tous le même air ! Laissez votre regard couvrir
l’horizon, à la fois très présent et connecté à toutes choses, même lointaines.
5. Lorsque vous êtes au plus calme, guettez vos pensées et ressentez avec
honnêteté celles qui vous énergétisent et celles qui vous « vident », celles
qui viennent de vous et celles que vous répétez parce qu’on vous y a dressé
(éducation, TV, morale, etc.). Soufflez fort hors de vous les pensées
parasites.
69
Miracles quotidiens
6. De la même manière, repérez vos comportements choisis et ceux que
vous répétez par habitude, « parce que ça se fait »
ou parce qu’on vous y a dressé. Vous n’avez pas à vivre par automatisme :
décidez de vivre consciemment !
Un collègue me dit une parole « blessante » et je réagis mal.
Suis-je réellement blessé ou est-ce que je réagis comme cela parce que tout
le monde réagit ainsi ? Si vous savez avoir raison, alors il n’y a rien qui
justifie la colère. Si vous vous sentez blessé, alors vous avez repéré une
corde sensible qui, lorsqu’elle sera guérie, ne vous blessera plus – en tous
cas, ce n’est rien qui vienne de l’autre en face et justifie votre colère.
7. Etant soucieux de votre impact sur les autres, dans le sentiment de ne
faire qu’un avec eux et le monde, conscient de vos pensées et de la raison
de vos actes et sentiments, vous ne vivez plus comme un robot égoïste mais
au plus proche de ce qu’on peut espérer d’un être humain. Veillez
maintenant à ne plus vous « brancher » sur des sources polluantes (infos,
images ou films violents, dégradants, etc.). Inspirez la lumière qui vous
entoure et rayonnez-la autour de vous.
Cette connexion établie, faites en sorte de penser en mode
« global », « symbolique » et non plus analytique, découpant.
Vous verrez alors apparaître les paroles du monde, pour vous.
Soyez toujours TRES attentif à vos projections personnelles et autres
résonances dues à votre histoire de vie : vous souhaitez percevoir la
vibration du monde, pas le reflet de vous-même –
ou du moins, il s’agit de savoir percevoir la différence afin de se servir de
chaque chose à bon escient. Que votre perception soit naturelle et naïve,
comme le regard d’un enfant, sans désir ou attente particulière, sans idée
préconçue ni jugement.
L’honnêteté est ici des plus importantes, et on ne peut être totalement franc
avec soi-même quand on ne l’est pas déjà avec autrui. Donc, bas les
masques !
De « coïncidences heureuses » en signes évidents, vous comprendrez
bientôt le langage des autres et du monde.
70
Miracles quotidiens
II
Hypnose
Ericksonienne
"Plus que la technique, c'est la philosophie qui sous-tend l'approche, les
comportements et les stratégies employées par le thérapeute qui
permettront au patient de recouvrer le mieux-être"
Milton Erickson
71
Miracles quotidiens
72
Miracles quotidiens
=5=
LA MAÎTRESSE VOIT DES FANTÔMES !
’il est possible d’aider son prochain par pur instinct, sans fo
S rmation aucune, que serait-il possible de faire en travail-lant cet instinct ?
En huit années, à raison de quelques personnes tous les jours, j’avais déjà
aidé plusieurs milliers de femmes et d’hommes à vivre mieux, à se
débarrasser de sentiments ou de mémoires pénibles, à mieux comprendre
les mécanismes de leur vie aussi, afin de trouver la paix de l’âme et prendre
la barre de ce grand navire qu’est l’existence.
On ne peut donner que ce que l’on a. Ainsi, la vie m’amenait les personnes
qui m’aidaient, par leurs exemples ou leurs problèmes, à saisir chaque
semaine un peu mieux les secrets de l’esprit, à prendre conscience de son
impact fabuleux sur notre réalité. Je voyais presque littéralement les gens
fabriquer leurs propres malheurs ! De là à vouloir ensuite retourner ces
subtils mais puissants mécanismes pour qu’ils distillent du bonheur au
quotidien, il n’y avait qu’un petit pas, que je m’efforçais assidûment de
franchir.
Mon instinct thérapeutique, bien qu’affûté, allait avoir besoin d’une fusée
de propulsion. Celle-ci allait prendre la forme d’une révélation de la part
d’un collègue médecin.
« Quand te décideras-tu à dire ce que tu fais, Olivier ?
- Que veux-tu dire ?
- Que dis-tu faire, en ce moment ?
- Eh bien, c’est un curieux mélange… J’utilise la musique pour ouvrir la
personne à son instinct, et je tente au mieux d’activer ses ressources
profondes de guérison.
- Je crois que tu devrais officialiser ta pratique, car tu sais très bien que ce
que tu fais n’a rien à voir avec la musique.
- Et qu’est-ce que je fais, alors ?
73
Miracles quotidiens
- D’après moi, de l’Hypnose.
- De quoi ??? »
Passé le moment de stupeur, mon collègue, par ailleurs formé en sexologie,
et donc en hypnose – outil très utilisé dans ce domaine délicat – me proposa
de m’allonger par terre.
Il allait me faire vivre une expérience d’hypnose.
Je savais bien que je ne faisais pas exactement de musico-thérapie, puisqu’il
en existe deux formes, passive et active, et bien que me rapprochant plus de
la forme active, je n’en pratiquais absolument pas les techniques.
« Tu n’entends que ma voix et seulement ma voix, récitait mon collègue, et
je te demande maintenant de lever très haut les yeux derrière les paupières
fermées… Je sais que cela va tirer, mais tu gardes les yeux levés… garde
les yeux levés…
et fixe un point au-dessus de toi, un point qui va être d’une couleur
particulière, peut-être bleu ou rouge… et qui pourra changer aussi de
couleur… Fixe ce point et laisse-toi partir avec la couleur. »
Je vivais une induction d’Hypnose Classique, sans en connaître encore le
nom. Mon guide me plaça bientôt dans une visualisation bucolique : des
arbres, une forêt, un cours d’eau, une barque dans laquelle il me fit allonger
pour flotter le long du cours d’eau, jusqu’à franchir un portail végétal fait
d’arbres… et ma main gauche, celle de son côté, qui se levait, se levait, de
plus en plus, sans que je n’y puisse rien !
J’étais estomaqué ! Je riais nerveusement, les paupières pourtant
hermétiquement closes… et le bras en lévitation.
Il fallait absolument que j’apprenne à faire cela !
« Et quel rapport avec ce que je fais ? demandai-je à mon collègue après
l’expérience.
- Ta manière de dissocier les gens, d’entrer dans leur monde, de leur
balancer tes suggestions, l’air de rien… »
Je riais encore, me reconnaissant dans la description.
D’accord, je faisais de l’Hypnose. Quelle curieuse surprise !
74
Miracles quotidiens
Mais je ne le faisais qu’approximativement, sans en connaître les règles et
mécanismes.
Les ouvrages immédiatement disponibles à la bibliothèque municipale ne
m’aidèrent guère à mieux comprendre le phénomène. Il n’y était question
que d’Hypnose Classique, dont les astuces et outils me paraissaient bien
trop directs et grossiers. Je m’efforçais au contraire d’agir de manière
subtile, le plus camouflé possible pour la conscience de la personne, en
symbiose avec elle.
Puis je découvris l’hypnose du docteur Milton Erickson, l’Hypnose
Ericksonienne, intuitive et structurée : voilà qui me plaisait ! Je passai
plusieurs mois à me remettre à l’anglais, avec ma compagne Patricia, afin
de pouvoir partir étudier avec ceux que je considérais comme de bons
maîtres potentiels : Carol Erickson, la fille aînée de Milton Erickson, et
Richard Bandler, mon préféré, créateur fou et génial de la Programmation
Neuro-Linguistique (PNL) selon l’observation d’Erickson.
Je rencontrai durant ma période d’apprentissage le plus grand nombre de
ces maîtres de l’Hypnothérapie et de la thérapie brève, dite stratégique.
Quelle angoisse, la première fois que j’assistai à une démonstration
d’hypnose par Carol Erickson : et si tout ce que j’avais pratiqué ces
dernières années était bon à mettre à la poubelle ? Malgré mes résultats et
ce que j’avais entendu du début du cours de Carol, j’avais quand même un
gros trac. Ce qu’elle avait commencé à enseigner au groupe m’était
familier, je n’osais pas dire autour de moi que j’appliquais déjà tout cela, de
moi-même. Mais la voir pratiquer, avec un vrai patient… Et quel
soulagement, dès les premières paroles, de me reconnaître en elle. Esprit
différent, mais même pratique. Carol Erickson avait un style plus moderne
(plus « Nouvelle Hypnose ») que son père, et cela correspondait à ce que je
faisais. Même chose, plus tard, avec Richard Bandler, dont je prédisais les
phrases et gestes.
A croire que nous étions reliés !
75
Miracles quotidiens
Je sais maintenant que cela n’avait rien de bien exceptionnel, pour avoir
entendu mes propres élèves m’avouer le même sentiment, bien des années
après, alors que j’étais moi-même devenu le « modèle ». On se reconnaît,
en quasi-osmose, avec la personne dont on est proche d’esprit.
Toujours est-il que je n’appris pas grand-chose, techniquement, mais que
ces rencontres me libérèrent. J’achevai ma période d’apprenti-sage
beaucoup moins sage ! J’avais gagné en assertivité et en audace, en plaisir
d’agir aussi, avec un bon recul sur les problèmes humains les plus graves.
Mon engagement avec les associations de personnes handicapées
s’intensifia, à tel point qu’un soir, le téléphone sonna : c’était la présidence
de la République. La bonne blague ! Ma compagne, qui allait bientôt
accoucher de notre premier enfant, avait répondu. Elle rit bien et raccrocha
gentiment : le préfet allait soi-disant me porter lui-même une invitation à
dîner avec le Président de la République !
Curieuse farce… J’avais bien obtenu un an avant une reconnaissance
régionale pour mon travail, et l’année suivante la validation nationale de
cette récompense, réservée aux jeunes qui portaient une action utile à la
société. J’étais même passé à la télévision nationale, sur la plupart des
chaînes.
Evidemment, le lendemain, point de préfet. Nous y avions presque cru…
D’où le choc lorsque, le surlendemain, avec motards et voitures à drapeaux,
le préfet lui-même, comme promis, vint m’apporter la fameuse invitation !
Le président, nouvellement élu, visitait ses provinces, à commencer par la
nôtre, et il voulait rencontrer et dîner avec les jeunes qui en faisaient
l’avenir. Eh bien, je peux vous dire que dîner avec un président, quand on
n’a pas vingt-cinq ans, c’est impressionnant !
Quoi qu’il en soit, après quelques semaines de gloire télévisée, la vie reprit
son cours. Hypnotique, bien sûr.
C’est ainsi que Sophie franchit ma porte, toute menue et 76
Miracles quotidiens
fragile. Elle était professeur des écoles, actuellement en congé maladie car
elle avait des « visions » : lorsqu’elle se regardait dans un miroir, elle voyait
un squelette ; et lorsqu’elle jetait un œil dans son rétroviseur, en voiture,
c’était un gorille qui apparaissait. De plus, elle avait aussi des «
prémonitions ». Par exemple, elle me raconta avoir vu un mariage, sur le
parvis d’une église, trois jours avant qu’il ait réellement lieu…
En bref, son médecin l’avait envoyée voir un psychiatre, qui lui avait
prescrit une hospitalisation sans date de sortie.
Nous étions à quelques semaines de Noël.
« C’est vraiment super, ce que vous arrivez à faire ! lançai-je d’un air
impressionné. Vous m’apprenez ? »
Je ne plaisantais pas. Si ça avait été le cas, Sophie l’aurait perçu et se serait
bien évidemment vexée, à juste titre. Non, je pensais réellement ce que je
disais… mais j’avais aussi une idée derrière la tête : je voulais que la jeune
femme prenne conscience des mécanismes que son esprit utilisait pour créer
ses hallucinations. Je voulais utiliser avec elle un processus hypnotique à
l’envers. Au lieu d’éloigner la perception logique et consciente pour
permettre à l’Inconscient de se restructurer, je voulais aider l’analyse
logique à pénétrer les profondeurs de l’Inconscient, pour détruire les
rouages vicieux de l’hallucination. Avais-je une chance ?
Tout d’abord, il faut comprendre comment fonctionne une induction
hypnotique. C’est assez simple, en fait, il s’agit de pousser la personne à
focaliser ses perceptions, à en réduire le champ. C’est un peu comme
lorsque vous vous endormez : vous vous étendez, la plupart du temps dans
un lit, ce qui réduit vos perceptions physiques – le corps ne bouge plus, ou
beaucoup moins, et il ne ressent que le contact du matelas et des draps. Et
puis, vous fermez les yeux, afin de ne plus voir que les produits de votre
imagination. Enfin, vous préférez le calme, afin que votre cerveau réduise
également tout ce qui concerne le son. Etant en hypoactivité sensorielle, en
baisse 77
Miracles quotidiens
de perceptions visuelles, auditives et physiques, votre corps se détache petit
à petit de la réalité matérielle… et s’endort.
L’induction hypnotique fonctionne exactement de la même manière : la
personne s’est focalisée, à réduit l’étendue de ses perceptions sensorielles
(elle fixe sa main, par exemple, assise sans bouger, et n’entend plus que la
voix de l’hypnothérapeute), et finit par « entrer en elle ». C’est la phase
d’absorption, de repli sur soi. Le contrôle conscient est de plus en plus
faible et l’Inconscient est stimulé par les suggestions de l’hypnothérapeute,
qui l’encourage à se mobiliser, à réagir, à prendre le dessus sur la personne
– un doigt qui bouge nerveusement, les oscillations de la tête, la respiration
qui change, etc. Tout cela est reconnu, exprimé à voix haute par
l’hypnothérapeute, afin que la personne entende que son corps « bouge tout
seul », reprend sa liberté.
Bien obligée de reconnaître la réalité du phénomène, l’arrivée progressive
d’un état où « des choses » arrivent sans qu’elle n’y puisse rien, la personne
lâche prise, s’abandonne à l’Inconscient. Voilà l’état d’être très particulier
que l’on appelle hypnose, une bascule sur le fonctionnement instinctif.
Bien heureusement, l’Inconscient n’est pas laissé seul aux commandes du
corps et des émotions, tel qu’on le voit lorsque la personne délire, sujette à
la fièvre par exemple.
L’Inconscient tout seul n’est rien ; il lui faut une Conscience pour lui
indiquer le chemin. C’est un excellent serviteur, mais rien de plus.
L’hypnothérapeute tient donc le rôle de guide, usant en Hypnose
thérapeutique d’un langage suffisamment précis – en apparence – mais en
vérité assez vaste pour permettre à l’Inconscient de comprendre la nécessité
de bouger, mais sans lui dire exactement comment, ce qui lui laisse la
liberté d’agir au mieux pour la personne. Ayant l’ordre de trouver une
solution (sans plus de précision), l’Inconscient utilise ses capacités
créatrices pour créer et mettre en place LA solution idéale pour la personne.
Seulement, voilà, l’Inconscient de Sophie délirait complè-78
Miracles quotidiens
tement. Quelque chose l’avait conduit à dysfonctionner. La partie
consciente, logique et contrôlée de l’esprit de la jeune femme ne maîtrisait
plus la situation. Il fallait l’aider à stopper le chaos inconscient, pas lui
laisser plus de liberté !
Connaissant les mécanismes habituels de l’hypnose, j’allais pouvoir les
retourner à la faveur de ma patiente.
« Soyez sympa : j’ai toujours rêvé de pouvoir voir les choses de l’invisible
comme vous. Apprenez-moi…
- Vous plaisantez ? répliqua Sophie.
- Evidemment, pour vous c’est facile, gémis-je. Vous ne voulez pas
m’apprendre alors ?
- Mais si, se laissa-t-elle faire, mais… »
Elle était vraiment perturbée. Tout le monde voulait l’enfermer, folle qu’elle
était, et moi je voulais devenir comme elle.
C’était à n’y rien comprendre.
Devant mon regard sincèrement demandeur, elle commença.
« Bon… eh bien, d’abord je ne fais rien de particulier. Cela me vient
comme ça. C’est comme si quelque chose partait de moi pour s’étendre
partout autour de moi. Et je vois ces choses… Cela passe par… mon
énergie ? Enfin, vous voyez, ce qui se lance partout autour de moi.
- Ok, confirmai-je. Donc, je dois ressentir quelque chose qui sort de moi et
s’élance partout autour de moi ? »
Elle hocha la tête.
« Et ensuite les visions arriveront ? » conclus-je.
Sophie regardait comme à travers moi. J’avais réussi à la concentrer sur
elle-même, sur ses sensations. Elle s’était intériorisée et n’était plus dans
son état ordinaire – un peu comme vous, lorsque vous lisez ce livre et que
vous décrochez de la réalité autour. En fait, elle était en transe hypnotique
légère. Il me suffisait maintenant de l’aider à prendre encore et encore plus
conscience de ce qui se jouait en elle. Sa conscience reconnaîtrait les
mécanismes inconscients, ce qui les détruirait, exactement comme vous
bloquez 79
Miracles quotidiens
sans le savoir le bruit de votre respiration, par le fait même d’en être
conscient – alors qu’on entend très bien la respiration de quelqu’un qui
commence à s’endormir, tout simplement parce qu’il n’y fait plus attention :
il n’est déjà « plus là ». Le mécanisme de conscience sociale, celui qui se
préoccupe de comment les autres nous perçoivent, s’est dissipé et la
respiration fait à nouveau du bruit… Il suffit pourtant que vous y fassiez
attention pour que le bruit disparaisse. Tout comme j’espérais que Sophie
ferait disparaître aussi spontanément ses hallucinations, autres productions
involontaires de l’Inconscient.
Les séances passèrent, où l’hypnose était prétexte à aider Sophie à mieux
comprendre son « don ». Elle m’expliquait ses découvertes et, un jour, je
réussis même, piètre prodige, à visualiser un canard colvert sur la moquette
– non pas un canard translucide et évanescent, comme le sont les fruits de
l’imagination, mais un « vrai » canard, opaque et consistant, gambadant
dans mon bureau ! A la différence de Sophie, cette hallucination volontaire
me forçait à une énorme dépense d’énergie mentale, et elle ne durait pas
longtemps.
« Au fait, demandai-je à Sophie, ce jour-là, vous pratiquez toujours, vous ?
- Bof, non. J’ai arrêté. Cela ne m’intéresse plus. »
Comme j’aurais voulu que son psychiatre entende cela !
Imaginez-vous une schizophrène vous expliquer qu’elle ne délire plus parce
que cela ne l’intéresse plus ?
Fidèle à mon rôle, je m’étonnai de l’arrêt de cette pratique et demandai si
cela était bien raisonnable : elle pourrait perdre son don !... Mais ça ne
semblait guère lui importer.
Sophie passa tout de même Noël à l’hôpital – son médecin n’ayant voulu
constater sa guérison. Elle y aida beaucoup de gens, puis retourna à ses
jeunes élèves. Un an après, une petite carte m’apprit qu’elle était devenue
maman, mariée et heureuse.
80
Miracles quotidiens
Annie meurt de soif
Les approches issues de l’Hypnose, comme la psychanalyse, expliquent
bien les différents processus de l’Inconscient.
Evidemment, les écoles de pensées sont légions. Toutefois, en prenant le
plus logique de chaque théorie, et sans vous laisser arrêter par les
apparences (telle technique étant plus à la mode ou plébiscitée, et telle autre
considérée comme nulle) en sachant qu’il y a une part de vérité en tout,
vous pouvez reconstituer assez facilement le puzzle de notre psyché.
Première de mes conclusions : l’Inconscient est une sorte d’immense
machinerie automatisée, emplie de tout ce que nous avons rencontré depuis
le début de notre vie, et qui conduit pratiquement l’intégralité de notre
existence. Il n’est ni bon ni mauvais. Il est nous, mais caché. C’est tout.
Et puisqu’il conduit notre mécanique humaine : physique, sentimentale et
émotionnelle, autant être copain avec lui !
Ce qu’avait oublié Annie.
Un jour, une de mes anciennes patientes m’envoya une dame de ses amies
qui souffrait d’un étrange problème : elle ne pouvait pas absorber de
liquide, sous aucune forme, excepté en mâchonnant de la brioche imbibée,
ce qui lui posait des problèmes d’hydratation.
La dame en question était extrêmement mince, filiforme.
Elle avait « tout tenté » depuis dix-huit ans que le problème persistait. Un
jour, elle s’était engouée en buvant du thé et depuis elle ne pouvait plus rien
avaler de liquide.
Posée avec raideur dans mon fauteuil de relaxation, elle me fixait du fond
de ses orbites enfoncées. Sa peau était froissée et d’une blancheur anormale.
Pourtant, la vivacité de son regard indiquait un fort tempérament. De plus,
Annie était une femme très intelligente et de beaucoup de classe.
Je devinais que, sous ses cheveux laissés blancs, un monde de pensées
s’agitait pour comprendre ce que je lui faisais.
81
Miracles quotidiens
Ce n’était pourtant pas compliqué ! Je faisais comme elle.
J’essayais de percer le secret de son mal, tâchant de mon mieux de voir en
elle, de lire ce qu’elle exprimait inconsciemment.
Après avoir soigneusement vérifié l’écologie de sa situation, afin d’être
certain de ma décision, je conclus à une simple erreur de protection de la
part de son Inconscient. A priori, pas d’avantages cachés à conserver ce
symptôme, qui n’était apparemment pas apparu suite à un traumatisme ou à
une expérience désagréable. Personne non plus dans la famille ou le cercle
social à qui cela puisse profiter.
Je lui expliquai donc mon point de vue et la manière de le corriger : puisque
l’Inconscient pensait, pour on ne sait quelle raison, qu’il fallait la protéger
de toute absorption de liquide, il nous faudrait descendre à son niveau,
grâce à l’hypnose, et lui expliquer directement qu’il pouvait cesser cela.
La méthode paraissait trop simple pour être efficace, mais la dame donna
son accord pour l’expérience d’hypnose.
« Et vous voyez… depuis que je vous ai demandé de fixer cette main… elle
ne bouge plus… Je vous avais prévenu que je vous expliquerais où je
voulais en venir… Et vous voyez…
depuis que je vous ai demandé de fixer cette main… elle ne bouge plus…
elle ne bouge plus… Et vous n’avez rien fait pour ça, pas de volonté ou de
concentration… vous avez fait simplement… rien… Et c’est une autre sorte
de contrôle que vous apprenez là… plus puissant encore que celui de
d’habitude… S’il est vrai que nous utilisons consciemment seulement dix
pour cent de notre cerveau… alors vous êtes en train d’apprendre à utiliser
les quatre-vingt dix qui restent.
Alors, c’est bien beau d’avoir réussi à immobiliser cette main, et je me
doute que l’Inconscient sait aussi de quoi je parle… mais le vrai contrôle,
c’est de décider, vous… Alors, laisser s’instiller en vous l’idée du
mouvement. »
Quelques secondes à peine après, un doigt bougeait.
« Voilà, c’est très très bien… et toujours sans rien faire…
82
Miracles quotidiens
volontairement… Votre petit conscient laisse faire… votre intention… et
votre Inconscient… qui va trouver dans cette expérience l’espace de liberté
dont il avait besoin, depuis tant d’années, pour réparer ce qui a besoin, et
rendre la vie à tout ce qui en a besoin… C’est très bien. »
En effet, l’ensemble des doigts de la main droite venait d’emporter la main
de la dame dans les airs. Ses paupières clignaient tellement qu’elles se
fermèrent bientôt complètement. La tête se pencha alors un peu sur la
poitrine. Annie était en transe hypnotique, son Inconscient venait de
prendre les commandes. Je n’avais plus qu’à le guider, plus ou moins
directement, par allusions et métaphores, et à l’aide d’un langage étudié,
vers la mise en place de sa solution.
L’Hypnose Ericksonienne se caractérise par une technique linguistique
assez poussée, que les gens de la Nouvelle Hypnose, dont je fais partie, ont
développée encore plus.
A noter également que toutes considérations spirituelles, même camouflées,
étaient absentes chez Erickson, ce qui n’est pas mon cas. Ma pratique de
l’Hypnose Ericksonienne, bien que plus proche de la Nouvelle Hypnose et
de ce qui deviendra l’Hypnose Humaniste, sera toujours pure et
respectueuse d’Erickson, d’un point de vue technique, ceci afin de préserver
son héritage.
Ma patiente, malgré un esprit rationnel, porté sur l’intellect, un
fonctionnement mental visuel, dissocié, donc peu impliqué, entra toutefois
en transe hypnotique assez rapidement.
L’Hypnose est une voie royale de connaissance de soi, grande ouverte pour
les naïfs et les simples d’esprit, au meilleur sens du terme, bien sûr. Et c’est
sa difficulté : il faut accepter ce lâcher-prise, cette autre forme de contrôle,
comme en ski ou en roller-skate, où l’on glisse mais conduit tout de même.
Et c’est chose plus difficile à qui réfléchit trop !
Nous verrons aussi dans ce livre qu’il existe un moyen d’agir en hypnose en
pleine conscience. C’est la voie tracée 83
Miracles quotidiens
par l’Hypnose Humaniste – mais nous n’en sommes pas là.
Ainsi, en même temps que je faisais en sorte de réassocier Annie à son
corps, par un jeu de suggestions, j’expliquais à son Inconscient qu’il avait
bien fait de l’empêcher de s’étouffer avec le thé, la première fois.
« Et il faut une présence d’esprit incroyable pour savoir aussi bien réagir, et
aussi vite… Je suis réellement admiratif...
et, en même temps, pourquoi perdre toute la connaissance acquise ?... Car je
suis sûr que l’Inconscient, qui m’écoute et comprend, a conservé
précieusement tous les bons réflexes de déglutition… et qu’il les a peut-être
bien encore améliorés, depuis toutes ces années… pour s’en servir un
jour… comme aujourd’hui… et demain… et tous les jours à venir. »
La dame rentra chez elle après une séance d’une heure. Elle m’appela le
soir même pour m’informer qu’un miracle s’était produit et qu’elle pouvait
enfin boire, comme autrefois !
Miracle ? Attendez la suite de l’histoire... Malheureusement, la dame avait
pris un rendez-vous, avant de me voir, avec un thérapeute pratiquant en
piscine. Ne voulant décommander du jour pour le lendemain, elle se rendit
tout de même à son autre rendez-vous : sous prétexte de revivre les
traumatismes de sa naissance, enveloppée dans un drap et plongée dans
l’eau, ce fut un véritable désastre et elle manqua de peu de se noyer, buvant
plusieurs fois la tasse !
Comme de bien entendu, à son retour chez elle, elle était à nouveau bloquée
et me téléphona pour revenir me voir.
Déçu et furieux, j’acceptai un rendez-vous, que je passai à la sermonner
pour l’irrespect qu’elle avait eu à l’égard de son Inconscient, qui venait de
lui faire confiance et de la guérir !
J’étais ainsi en symbiose avec son Inconscient, et elle sortit de chez moi
toute penaude, la gorge toujours aussi bloquée.
Une année entière passa et puis un jour le téléphone sonna : c’était la dame
qui venait faire son mea culpa.
84
Miracles quotidiens
Je la reçus en rendez-vous et la sermonnai une nouvelle fois, toujours afin
de me faire bien voir de son Inconscient. Il avait décidé de se bloquer à
nouveau, je n’allais pas dire qu’il avait eu tort, pour ensuite le supplier, en
hypnose, de débloquer la dame ! Donc, j’enguirlandais un bon coup Annie,
qui était en dessous de tout, la pauvre, et je recommençai la séance que
nous avions eue la toute première fois :
« Et je vous avertis que je ne peux rien faire pour vous, lui répétai-je sans
arrêt. Il va vous falloir compter sur la clémence de votre Inconscient… »
Et elle entra dans une profonde transe hypnotique.
Et comme son Inconscient fut bienveillant, un nouvel appel téléphonique
m’avertit, dès le retour d’Annie chez elle, que sa gorge s’était enfin
débloquée complètement.
La leçon porta, et Annie fut vigilante à ne plus froisser son être profond.
~oOo~
Hippolyte Bernheim est le médecin français qui inventa le mot
psychothérapie pour désigner le soin du corps et de l’esprit par le biais de la
suggestion hypnotique. C’était en 1891. Bernheim pensait que la suggestion
était le levier essentiel du changement chez ses patients, même sans état
d’hypnose. Il a découvert et prouvé que nous sommes tous
« suggestibles », avec ou sans hypnose – cette dernière jouant seulement le
rôle de multiplicateur d’intensité.
Nous utilisons tous déjà la suggestion, du verbe suggérer (proposer),
puisque nous parlons et que le langage sert essentiellement à communiquer,
avec les autres comme nous-même.
Que faites-vous lorsque vous parlez à quelqu’un ? Vous essayez de partager
vos sentiments, une idée ou un besoin – et 85
Miracles quotidiens
même sans vouloir directement convaincre, vous aimeriez bien quand
même que l’autre en vienne à partager vos opinions.
Voilà ce qu’est la suggestion : l’acte de partager une idée.
En hypnose, ce que nous tentons de partager est une connaissance, l’art et la
manière de guérir, de changer ou de s’améliorer. En ce sens, les suggestions
sont des propositions, car bien malin serait celui qui saurait exactement ce
qui convient exactement au bonheur d’un autre que lui.
La personne malade l’est tout simplement car son esprit profond ne sait que
faire face à la situation. S’il avait su, il aurait déjà enclenché un processus
de guérison. Mais il est perdu. L’hypnothérapeute est là pour porter, au juste
niveau, les graines de solution dont la personne s’emparera inconsciemment
pour guérir. Ces graines sont des propositions de changement. Des
suggestions. Et nous aurions tous grand besoin de connaître nos
mécanismes profonds, afin de maîtriser à bon escient nos rouages
inconscients.
L’Hypnose Ericksonienne, puis la Nouvelle Hypnose, ont sophistiqué à
l’extrême l’art de la suggestion, qu’elle soit verbale ou non (gestes, ton et
direction de voix, etc.). Mais doit-on être diplômé pour vivre bien ? Doit-on
être d’une profession particulière pour aider son prochain ? Je crois que
non. Se servir de sa tête devrait être enseigné dans les écoles, et pas juste au
niveau intellectuel.
Par contre, doit-on avoir une formation spécifique pour faire du soin son
métier ? Je pense que oui, savoir bien vivre et aider les siens est une chose ;
être capable de traiter n’importe quel souci, de recevoir la personne, quelle
qu’elle soit, qui pousse votre porte, est un métier qui ne s’improvise pas.
D’autant qu’au-delà des apprentissages universitaires, être thérapeute exige
une qualité d’être qui se travaille, à défaut de pouvoir s’apprendre à l’école.
Laissons donc ceux qui souhaitent se professionnaliser poursuivre leur
chemin, et continuons notre aventure au pays 86
Miracles quotidiens
de la conscience et de l’Inconscient, pour découvrir une bien curieuse
réaction psychologique.
Ingrid grossit de peur d’être belle
Cela avait mal commencé avec cette grande et forte femme à l’accent
hongrois. A peine était-elle entrée dans mon bureau qu’Ingrid s’était mise à
critiquer à peu près tout ce qu’elle voyait et entendait : la tapisserie des
murs était du plus mauvais goût, et elle ne s’accordait pas du tout avec la
moquette, d’ailleurs j’étais très mal habillé, j’avais un culot fou d’oser la
recevoir dans pareille tenue et, en plus, pourquoi la regarder avec un tel
regard, pourquoi lui dire ceci et cela ?
Bref, rien ne lui plaisait. Mais que faisait-elle là ?...
Cinq minutes durant, je laissai s’énerver toute seule la grande femme aux
cheveux blonds retenus en chignon serré.
Puis, j’intervins sur le même ton qu’elle :
« Dites-donc, ça ne vous ennuie pas d’entrer chez les gens pour critiquer
tout ce qui vous passe par la tête ? Je vous ai demandé quelque chose, moi ?
»
J’avais réfléchi à la situation. La grosse femme ne me semblait pas vraiment
agressive. Il ne s’était encore rien passé entre nous ; ce qu’elle racontait ne
pouvait donc venir de moi.
Il devait s’agir de son profil psychologique. Effectivement, certaines
personnes recherchent comme cela la confrontation.
Elles testent la valeur de leur interlocuteur en l’agressant. S’il réagit et tient
le coup, ces personnes en concluent que l’autre a de la valeur, qu’il est
comme elles. Si, par contre, il faiblit, alors elles le délaissent, le classant
aussitôt parmi les pleutres.
Espérant avoir compris la situation, j’agressai à mon tour verbalement la
grande femme – calmement, puisque je n’étais pas le moins du monde
énervé, mais fermement.
« Vous savez quoi ? Je n’ai pas l’habitude que l’on me parle comme cela. Si
vous venez pour une bonne raison, bouclez-la 87
Miracles quotidiens
et asseyez-vous, que je fasse mon métier. Sinon, la porte est par-là ! Vous
me comprenez bien ? »
Mais rien n’y fit. Le ton monta encore et encore, et les paroles devinrent de
plus en plus violentes. Non pas hystériques, comme dans le cas de l’Obèse
furieuse, dont je vous ai parlé page 42, mais aussi féroces que le choc de
deux lourdes épées durant un duel.
Et puis, tout à coup, pratiquement après trois-quarts d’heure d’affrontement,
et alors que je commençais à croire que je m’étais trompé et qu’il m’allait
falloir mettre réellement dehors cette grossière intruse, elle se tut et déclara
:
« Vous en avez, là-dedans, vous ! »
Elle souriait, pleine d’un calme absolu.
« Vous n’êtes pas mal non plus, rétorquai-je après une seconde. Alors, on
bosse ou on continue de jouer ?
- On bosse, fit-elle en s’asseyant enfin.
- Je peux savoir ce qui vous amène ? »
La rencontre thérapeutique pouvait enfin commencer !
Ingrid me raconta son exil politique. Comment elle était devenue professeur
de français dans une grande école parisienne, alors qu’elle n’était pas
francophone de naissance, son travail acharné pour réussir. Sa réussite.
« Je ne peux qu’être admiratif de tout ça, dis-je sur le ton de celui qui n’en
pense rien, alors qu’elle concluait son histoire, mais si tout est si beau : que
faites-vous là ?
- Vous m’avez vue, répliqua-t-elle, je suis énorme, un vrai veau, j’ai au
moins trente kilos à perdre.
- Et vous n’avez pas toujours été comme cela ?
- Absolument pas ! » confirma-t-elle en sortant une photo d’elle, jeune.
Elle était effectivement toute mince et très jolie.
« Depuis quand avez-vous pris tout ce poids ? demandai-je.
- Cela fait quelques années. »
Voilà. Nous avions posé le problème. Ingrid voulait perdre 88
Miracles quotidiens
du poids. Bien sûr, elle avait fait tous les régimes du monde et, bien sûr
encore, elle avait perdu puis repris des kilos et des kilos, à s’en dégoûter
elle-même… Aujourd’hui, elle voulait retrouver un poids acceptable, bien
consciente qu’à son âge (elle devait avoir dans les quarante-cinq ans) elle
n’aurait probablement plus jamais la ligne de ses vingt ans.
C’était une mission que je pouvais accepter. Nous nous vîmes donc trois
séances, avant que ne me vienne l’idée de lui proposer une régression
hypnotique – technique peu orthodoxe en ce qui concerne la perte de poids.
J’avais idée que les blocages d’Ingrid étaient moins évidents qu’elle voulait
le laisser croire… d’autant qu’elle n’avait, a priori, aucune envie de refaire
un tour dans son passé.
« Et ma voix vous accompagnera, aussi loin que vous rêvez, aussi loin que
votre esprit… voyage… et ma voix peut devenir un élément de ce rêve… la
voix d’un ami ou d’un proche, le bruissement du vent ou l’une de vos
pensées. »
Tout en tenant la main d’Ingrid, afin de lui témoigner ma présence et mon
soutien, je paraphrasais Milton Erickson dans l’une de ses suggestions de
protection favorites.
Ayant associé la tenue de la main à la fois à la confiance et à la sécurité,
mais aussi au problème à régler – ce que l’on appelle en termes techniques
« poser un ancrage ». Je me servais de cet ancrage pour stimuler les
mémoires physiques, quasi cellulaires, qui me conduiraient à la source
véritable, ressentie et non intellectuelle, de la situation d’Ingrid.
Pas manqué ! Après quelques anecdotes de peu d’importance, je vis la
respiration d’Ingrid devenir haletante : elle allait craquer émotionnellement.
Loin de la retenir (ce qu’elle avait fait d’elle-même durant toutes ces
années), je l’encourageai à se détendre et à laisser aller ses émotions, afin
de mieux en cerner l’origine.
Vous savez combien la gorge se serre lorsque les émotions se font trop
pressantes. Que pensez-vous qu’il arrive si, au lieu de laisser la gorge se
contracter, vous faites l’effort de la 89
Miracles quotidiens
laisser s’ouvrir ?... Voilà : en deux secondes, Ingrid n’était plus qu’un
torrent de larmes.
Dans ce genre d’exercice, il s’agit de bien faire la distinction entre la
sympathie ( sym : avec, et pathos : émotion), le fait de
« souffrir avec » la personne, et l’ empathie, le fait de « comprendre la
douleur » de l’autre, véritable compassion. Sans quoi, pressé par vos
propres émotions, vous craquez nerveusement, vous vous mettez à pleurer
avec la personne que vous étiez sensé aider et… qui viendra vous soigner,
tous les deux ?
Les thérapeutes, psy ou médecins, savent prendre le recul nécessaire à
l’exercice de leur métier, sans forcément se dés-humaniser
: l’humour ou une bonne philosophie de vie permettent aisément de
conserver le recul et le calme indispensables à une intervention
thérapeutique correcte.
Et qu’avait donc découvert Ingrid ? Eh bien, elle venait de retrouver le
souvenir de son amant en Hongrie, un jeune homme qu’elle avait perdu en
fuyant son pays. Il était parti de son côté et, bien qu’ils se fussent juré de se
retrouver, la vie les avait séparés… Elle avait fini par faire taire sa mémoire,
elle s’était mariée, s’était plongée éperdument dans son métier et avait fait
de beaux enfants. Et puis, un jour, il y a une dizaine d’années de cela, elle
se trouvait dans un aéroport avec sa petite famille, attendant l’avion du
départ, quand le jeune homme qu’elle aimait autrefois déboucha d’un
couloir devant elle. Il l’avait immédiatement reconnue… mais elle fit
semblant de ne pas le voir. Elle venait de ressentir une si violente attraction
pour son ancien amant qu’elle aurait pu tout quitter pour lui, tout
recommencer avec lui ! Là, sans la moindre arrière-pensée ! Elle avait senti
la terrible et impétueuse force de l’amour… Mais elle s’était retenue, au
prix d’un effort qu’aucun animal n’aurait pu soutenir.
Mais l’être humain n’est pas encore prêt à porter avec vérité ce qualificatif,
tellement sont encore puissantes en nous nos pulsions animales. La logique,
le rationnel et la routine avaient 90
Miracles quotidiens
bien réussi à contraindre l’amour… Pourtant cette énergie, retenue
prisonnière en Ingrid, pouvait faire irruption à tout moment, mettant en
danger la vie bien établie de la femme.
L’Inconscient, défenseur de l’habitude et de la routine, avait trouvé la
solution. Voilà ce qui déclenchait les pleurs d’Ingrid, insoutenable douleur :
il l’avait rendue laide afin que l’amant passé la rejette en cas de nouvelle
rencontre. Car, elle le savait, si le hasard venait à les réunir à nouveau, elle
ne pourrait résister une seconde fois, et elle abandonnerait tout, métier,
foyer, mari et enfants. Toute une vie de construction.
Si elle ne pouvait sauvegarder ce qu’elle avait bâti, sa laideur le ferait pour
elle. Alors, elle avait pris plusieurs dizaines de kilos, pour se protéger
d’elle-même.
Elle avait grossi pour ne plus être désirable.
Voilà. Maintenant, elle savait.
Forte de cette prise de conscience, Ingrid réfléchit longtemps et comprit
que, désormais, plus rien ne la séparerait de son mari et que, si cela même
devait arriver, leurs enfants étaient grands et elle conserverait l’amitié de
son époux. Plus rien ne l’empêchait donc de perdre du poids, ce qui se fit le
plus naturellement du monde, en quelques mois.
Je revis Ingrid deux ou trois fois durant les années qui suivirent, à
l’occasion des épreuves que la vie nous apporte.
Nous étions devenus comme amis et elle me faisait confiance.
Ingrid avait gagné son poids idéal et elle vivait heureuse, l’âme enfin en
paix.
91
Miracles quotidiens
=6=
MÊME PAS MAL !
HISTOIRES DE DOULEUR
J’étais devenu père de famille et je passais mes journées à aider mon
prochain. La découverte de l’Hypnose m’avait confirmé mon travail
instinctif. Oui, il était possible de traiter efficacement et rapidement la
plupart des troubles issus des dysfonctionnements de l’Inconscient, sans
aller chercher dans les méandres du « pourquoi ». Bien sûr, la quête du sens
des choses de la vie m’intéressait ; elle était ma base de pensée et
s’exprimait dans mon approche personnelle de la thérapie.
Mais en Hypnose Ericksonienne, point de question existentielle : si la
personne était malade, c’était parce que la personne essayait de faire
consciemment ce que son Inconscient ferait mieux qu’elle, disait Milton
Erickson. Et pour bon nombre des personnes qui m’arrivaient en
consultations, c’était exact. Il n’y avait donc généralement aucune raison
d’aller compliquer ce qui, en fait, était assez simple. Il se passait quelque
chose dans la vie de la personne que l’Inconscient n’arrivait pas à gérer : il
suffisait donc de savoir expliquer à l’Inconscient comment se sortir de la
situation. Il faisait déjà de son mieux pour aider la personne ? Alors, le
thérapeute l’aiderait à trouver une solution encore meilleure.
Simple question de bon sens, où l’on permet à la vie de retrouver son cours
naturel…
Compulsions, alcool, tabac, peurs et même allergies disparaissaient en
quelques séances. Je vous en donnerai des exemples un peu plus loin. En
attendant, je découvrais une utilité quasi familiale à l’Hypnose, un outil «
de famille »
pour les petits bobos de tous les jours.
92
Miracles quotidiens
J’ai commencé à vous expliquer, au tout début de ce livre, combien
l’apprentissage de l’Hypnose devrait être ouvert à tous, et non aux seuls
thérapeutes professionnels : l’Hypnose est l’art d’utiliser son esprit. Ce qui
prend une dimension immédiatement pratique lorsqu’on parle de la douleur
dentiste, maladie, opération ou chute de votre enfant… Toute maman
devrait pouvoir soulager la douleur sans médecin – ou en attendant le
médecin.
Evidemment, l’éducation est primordiale, car la douleur est avant tout une
information utile. Il ne s’agirait pas de l’effacer sans prendre en compte son
message : qu’arriverait-il si la douleur au côté droit, rapidement
anesthésiée, devenait péritonite, quelques jours après ? Oui, c’était une
simple appendicite, au début. Mais non traitée, elle pouvait être mortelle
pour l’être cher que l’on voulait protéger.
La douleur est une information utile. Il ne faut jamais, au grand jamais, la
supprimer sans un diagnostic médical ! C’est d’ailleurs la raison pour
laquelle je n’enseigne pas les techniques d’anesthésie hypnotique en
formation d’auto-hypnose, mais seulement durant les formations en
Hypnose de niveau professionnel – même si ces formations sont également
ouvertes à tous, au départ – car les gens y ont eu le temps de mûrir leur
pratique de l’Hypnose et l’utilisent à bon escient.
Et lorsque vous avez la compréhension du phénomène, quelle aide pour les
moments difficiles de la vie ! Lorsque votre enfant ou un autre proche s’est
blessé : j’ai eu occasion de pratiquer une anesthésie, après le passage du
médecin, sur une de mes grands-mères qui s’était cassé le col du fémur en
tombant. Quel soulagement pour elle !
Je vais donc vous donner quelques exemples d’application, issus de mes
rencontres thérapeutiques, de ma vie personnelle et des expériences de mes
étudiants en Hypnose.
93
Miracles quotidiens
Accouchement facile
Estelle allait avoir son premier enfant et, comme bien des futures mamans
d’aujourd’hui, elle savait que la douleur de l’enfantement n’était pas
inéluctable. Son frère était l’un de mes collègues et amis de longue date ;
elle vint donc à ma rencontre en toute confiance.
Vous savez combien est important le rôle de l’équipe médicale dans pareil
moment de vie. Le mari peut toujours dire ce qu’il veut, rassurer comme il
peut : rien ne remplace l’avis sûr d’un « professionnel ». C’est ainsi que
l’une de mes anciennes élèves en Hypnose, sage-femme, est couramment
appelée, dans l’hôpital où elle exerce, pour les accouchements difficiles –
non pas qu’elle utilise directement l’Hypnose sous la forme d’inductions
hypnotiques, mais elle a l’art du langage (les suggestions) et s’en sert
abondamment pour rassurer, accompagner et favoriser les processus
naturels.
Telle femme est coincée depuis plusieurs heures à trois centimètres
d’ouverture du col ; la sage-femme fit appeler mon ex-élève, qui arrive très
sûre d’elle et affirme avec une grande certitude et une totale honnêteté : «
oh, ça ! Ce n’est rien.
Dans deux heures, tout au plus… maxi trois… vous ferez un gros câlin à
votre beau bébé. C’est une fille ou un garçon ? »
conclut-elle en regardant la maman dans les yeux.
Et deux heures et demie après, le col a pris sept centimètres d’ouverture (ce
qui est déjà étonnant, pour une femme qui était bloquée depuis plusieurs
heures !) et en plus, le bébé vient au monde comme une fleur, à la grande
joie des parents.
Un autre jour, cette même sage-femme me raconte avoir accompagné une
future maman dans une anesthésie hypnotique, comme elle l’avait déjà fait
de très nombreuses fois. La sage-femme, portant bien son titre, prenait
toujours la précaution de laisser à la maman le poussoir lui permettant de
commander elle-même l’injection d’anesthésiant, comme il se 94
Miracles quotidiens
fait couramment – au cas où elle ressentirait tout de même le besoin d’un
soutien chimique durant le travail. Et comme à chaque fois, l’enfant arriva
sans souci, rapidement et surtout sans douleur… Ce n’est qu’en aidant à
débarrasser la salle que la sage-femme s’aperçut qu’elle avait oublié de
brancher l’appareil permettant l’injection d’anesthésiant ! Autrement dit,
elle était persuadée que son action verbale n’était pas suffisante et elle se
reposait en partie sur l’action chimique…
Et ce n’est qu’en se rendant compte que la maman n’avait eu aucune
injection (vu que la machine n’était pas branchée !) que la sage-femme prit
réellement conscience de la réalité indubitable et totale de l’anesthésie
hypnotique.
Croire crée les choses. La sage-femme était tellement convaincue du fait
que l’anesthésie ne pouvait que survenir que celle-ci réussissait… avec ou
sans machine !
Cela me rappelle l’histoire de ce médecin allergologue qui, voulant tester
l’effet placebo, commanda deux paquets du médicament dont avait besoin
l’un de ses patients des plus sévèrement malades. Le premier était le vrai
médicament, alors que le deuxième était un placebo utilisé par le laboratoire
pour les tests en double-aveugle. Le médecin administra donc le placebo à
son patient, qui en ressenti jusqu’à quatre-vingt pour cent des bénéfices du
vrai médicament !
Le médecin était fort surpris de ce résultat très satisfaisant, mais décida de
donner tout de même le vrai médicament à son patient – question d’éthique
professionnelle, tout de même.
Quinze jours passèrent avant que le bon docteur ne reçoive un courrier
désolé du laboratoire : il y avait eu une erreur dans l’envoi de la commande.
En réalité, le vrai médicament était dans le second colis, celui qui avait été
étiqueté « placebo » !
Choc ! Que s’était-il donc réellement passé ? Le patient avait absorbé le
vrai médicament, qui n’avait eu que 80%
d’efficacité… parce que le médecin était persuadé qu’il s’agissait d’un
placebo ! Ensuite, le patient avait été complè-95
Miracles quotidiens
tement soulagé grâce à un produit qui n’était en fin de compte que du sucre,
tout ça parce que le bon médecin était cette fois-ci intimement convaincu
qu’il s’agissait en fait du vrai médicament. Voyez le pouvoir de nos
croyances !
Il y a là de quoi réfléchir.
Le « pouvoir » de l’Hypnose est dans la personne elle-même.
L’hypnothérapeute conscient de cela ne fait que de son mieux pour en
persuader la personne, grâce à ses multiples suggestions, destinées à
prouver à la personne la réalité des phénomènes déclenchés. Si on réfléchit
bien, l’hypnotiseur ne fait que donner des explications et des descriptions :
« Et le bras devient si léger qu’il s’envole par lui-même. »
La personne entend cela, y croit, et le bras s’envole, dévoilant à la personne
les pouvoirs de son Inconscient.
L’Hypnothérapie est l’art d’apprendre à l’Inconscient les différentes
manières de guérir. L’Inconscient fait ensuite le reste tout seul.
L’hypnothérapeute n’a aucun pouvoir, ni celui de vous endormir, ni celui de
vous guérir. Tout est en vous.
Ainsi, Estelle m’accordait gentiment la confiance de la future maman à sa
sage-femme. Notre collaboration ne pourrait donc qu’être fructueuse.
Qu’elle réussite serait-ce donc que de parvenir à bloquer l’action de
quelqu’un qui ne cherche qu’à vous révéler à vous-même ?
Comme à mon habitude pour les préparations à l’accouchement, nous nous
vîmes seulement trois fois : la première rencontre sert à poser le décor, à
faire mutuellement connaissance, à s’apprivoiser. La plus grande prudence
est nécessaire à l’hypnothérapeute, car il utilise un langage très activateur,
surtout au niveau du corps où le conscient ne peut pas contrer son action,
souvent immédiate. Ainsi, au bon vouloir des suggestions hypnotiques, une
plaie peut ne pas saigner, ou seulement de la quantité indiquée ! Charcot
faisait apparaître ou disparaître les verrues par le même procédé. La
personne ne sait pas commander à son corps, elle ne peut donc le 96
Miracles quotidiens
bloquer – du moins, pas consciemment. Et l’hypnothérapeute va amener la
future maman à s’imaginer son accouchement avec force détails ! Que
pensez-vous qu’il pourrait se passer ?
Elle pourrait accoucher, oui !
Tout l’art est donc dans cet équilibre, entre visualisation et conscience du
moment présent – donc, entre implication et la dissociation qui couperait
l’effet physique et viendrait empêcher une bonne préparation (celle-ci
restant intellectuelle).
La seconde séance est l’occasion d’entrer plus profond en hypnose, avec
une anesthésie posée, enlevée et reposée, autant qu’il le faut, jusqu’à ce
qu’elle se relie émotionnellement au moment de l’accouchement. Encore un
ancrage, dont nous avons déjà parlé page 89 à propos d’une régression.
L’esprit profond de la personne, également en charge des processus
physiques, associe l’anesthésie hypnotique à la douleur possible. Cette
douleur a été soigneusement échelonnée, puis son intensité maximum a été
décidée par la maman. Eh oui, c’est qu’elle ne voudrait tout de même pas
accoucher sans s’en apercevoir ! Autrefois, les mamans avaient la
péridurale, mais elle « recevaient » leur enfant parfois sans avoir vraiment
réalisé qu’elles avaient enfanté. Soulagement de l’anesthésie, mais
déception d’un moment plus fade que prévu…
En graduant la douleur, puis en en choisissant l’intensité maximum, la
maman pourra ressentir son accouchement, sans que la douleur de celui-ci
ne dépasse le seuil supportable. Le beurre et l’argent du beurre !
A la fin de l’heure de travail hypnotique, le seul fait de penser à
l’accouchement déclenchait chez Estelle l’insensibilité de la partie basse du
corps, de sous les seins à la pointe des orteils
; insensibilité vérifiée par diverses tortures infligées avec respect par
l’hypnothérapeute : pincements de la peau et des muscles, très forts appuis
sur des zones sensibles, etc. Tester la douleur, sans blesser bien sûr !
La maman est prête à accoucher.
97
Miracles quotidiens
La troisième séance est programmée à quinze jours de la date prévue de
l’accouchement car, souvent, pour un premier bébé, l’accouchement arrive
plus tôt que prévu… Toute la préparation aura donc eu lieu dans le dernier
mois de grossesse. Inutile de s’y prendre plus tôt, au risque que la future
maman ne gâche le travail réalisé en s’angoissant inutilement. Souvenez-
vous que le travail de l’hypnothérapeute aura consisté essentiellement à
apprendre à la maman (comme à tout autre patient) l’étendu de ses pouvoirs
sur elle-même. Il serait très facile pour son esprit critique d’aller, après
coup, analyser intellectuellement les apprentissages et les résultats pourtant
indubitablement constatés. Mauvaise foi naturelle de la part du petit esprit
conscient, rationnel et analytique, mais forcément malvenue lorsqu’on
espère un soulagement venant des forces insondables qui gisent bien
cachées en nous.
L’apprentissage hypnotique a donc lieu au plus proche de la date prévue
d’accouchement. La troisième séance sert simplement à rassurer la maman
sur ses compétences :
« Alors, Estelle, pensez à bébé… Fermez les yeux et respirez… Oh, elle
bouge ! Voyez, elle participe ! »
J’avais fait installer Estelle en position : le dos soutenu, les fesses au raz du
large fauteuil et les deux pieds posés contre les dossiers de deux chaises,
jambes repliées et bien écartés.
Etant en synchronisation avec la maman, j’étais dans la même position – et
c’est là que vous priez pour qu’il ne rentre personne !... Bref, la séance se
déroulait à merveille. Je tenais la main à Estelle, afin de simuler le contact
qu’elle aurait au moment de son accouchement, un ancrage physique qui
viendrait renforcer l’ancrage psychologique. J’avais pris la précaution de ne
pas préciser qui tiendrait la main, au cas où le fier mari tourne de l’œil le
jour J ou préfère encourager sa femme depuis le bistrot du coin ! Grand
bien m’en prit car, le jour J, c’est effectivement la maman d’Estelle qui lui
tint la main… Je vous en toucherai d’ailleurs un mot, tout à l’heure.
98
Miracles quotidiens
Après quelques dizaines de minutes d’accompagnement, je sentis la main
d’Estelle assez raide. La jeune femme étant en transe hypnotique, je
reconnus chez elle un état de catalepsie et me dis que je pourrais laisser sa
main flotter toute seule dans les airs, ce qui renforcerait son état d’hypnose.
Comme il m’arrive de le faire dans ces cas-là, je dégageai ma propre main
en induisant chez moi une lévitation du bras, ainsi ma main bougerait avec
les spasmes nerveux et inimi-tables de l’Inconscient. La sensation,
inconsciemment ressentie par la jeune femme, intensifierait encore plus sa
catalepsie. L’hypnose se renforce au contact de l’hypnose.
Cela fonctionna à la perfection ! Estelle ne sentait absolument plus le bas de
son corps. Elle déclenchait l’anesthésie à volonté, rien qu’en pensant
accoucher ! Heureuse et rassurée, elle se savait maintenant prête. Je mis
donc bientôt fin à cette séance d’hypnose pleine de promesses.
Seulement voilà : fort occupé à ramener Estelle bien ici et maintenant, je
m’étais oublié !... Comment donc, « oublié » ?
Eh bien, j’avais aidé la jeune femme à sortir d’hypnose, mais je n’avais pas
eu la même pensée pour moi. Je ne m’étais pas aperçu à quel point j’avais
été pleinement synchronisé avec elle durant l’expérience… jusqu’à vouloir
bouger et me lever : impossible ! Mes jambes étaient totalement et
absolument bloquées. A vrai dire, je ne les sentais même plus. Elles
n’étaient pas seulement indolores ; elles avaient comme disparu ! Je ne les
ressentais plus du tout. Et Estelle s’était relevée.
Elle me regardait curieusement, probablement intriguée par ma position,
pas très correcte ! Et moi, j’entretenais à la fois un discours calme et amical,
style « tout va bien, tout est normal » et je me faisais mentalement revenir,
aussi vite que possible, afin d’écourter cette situation pénible.
Et c’est là que vous trouvez en vous des trésors d’habileté mentale, pour
tenir un discours extérieur en même temps que vous vous racontez autre
chose à l’intérieur !
Et enfin, mes jambes me laissèrent me lever.
99
Miracles quotidiens
Je fus convié à l’hôpital, pour aller saluer la venue d’une jolie petite fille.
J’y fis la connaissance de la maman d’Estelle, très curieuse de saluer
l’homme grâce à qui sa fille avait pu discuter de la couleur des rideaux de la
chambre de bébé en plein milieu de son accouchement !
Une sclérose en contre-plaqué
Les anesthésies hypnotiques peuvent être aussi rapidement produites,
lorsque la situation l’exige.
L’homme qui entrait en boitant dans mon bureau souffrait visiblement
d’une sclérose en plaque. Il ne tarderait sans doute pas à se retrouver en
fauteuil roulant.
Le visage buriné, le regard doux mais comme mort, l’homme était assez
grand et fort bien bâti. Dans sa jeunesse, il avait dû être une force de la
nature, probablement assez impétueuse. S’il n’avait pu exprimer la tempête
que je devinais à ses traits, ou s’il s’était condamné à la taire, pour une
raison ou une autre, il y avait certainement là la cause de sa maladie : une
violente énergie réprimée qui avait tout broyé à l’intérieur, faute de pouvoir
s’exprimer.
Mais je n’eus pas le loisir d’aborder ce genre de considérations, puisque la
demande du monsieur n’était pas d’agir pour guérir, mais qu’on le soulage
de ses douleurs. Au profil de l’homme, je n’essayai même pas de discuter. Il
était venu avec sa femme, petit être rond et tremblant, inquiet de l’antre
dans lequel elle s’aventurait, encombrée de son mari à la perpétuelle limite
du déséquilibre – si un tel homme venait à tomber, il nous faudrait de l’aide
pour le relever ! La petite dame avait donc bien de quoi s’inquiéter.
J’assis la femme dans mon fauteuil de relaxation et je laissai le monsieur
dans le siège d’accueil, plus haut et facile pour se relever. Me tournant vers
lui, je commençai sans tarder l’induction hypnotique.
100
Miracles quotidiens
En quelques minutes, le grand bonhomme était profondément en transe
hypnotique. Sa lourde tête reposait sur sa poitrine, soulevée par
intermittence par une respiration ample.
J’optai pour une technique simple, une suggestion indirecte, quasi-
impossible à contrer consciemment, bien que l’homme ne soit visiblement
plus en état d’opposer une quelconque résistance à l’action hypnotique :
« Et maintenant, dis-je en me redressant, votre corps, c’est ça ! »
Et je tapai trois fois sourdement contre la grosse armoire en bois qui
décorait mon bureau. Suggestion non-verbale : je venais de signifier au
corps de l’homme hypnotisé qu’il était devenu aussi insensible qu’un bout
de bois.
Aussitôt dit, aussitôt vérifié : je me penchai à nouveau vers l’homme et lui
pinçai violemment le dessus de la main.
Un petit cri me fit me retourner. C’était sa femme, que j’avais un peu
oubliée. Elle regardait son mari, les yeux écarquillés, les mains sur sa
bouche grande ouverte.
Je lui envoyai un sourire rassurant et lui fit signe que son homme apprenait
inconsciemment très bien et très vite.
Le gaillard étant parti très très loin, je profitai du temps qui me restait pour
placer une longue métaphore qui, j’espère, lui aura apporté un peu plus de
bien-être qu’une simple anesthésie. Puis, je le ramenai à la surface de la
planète.
« Et… bien le bonjour, mon bon monsieur ! lançai-je d’un ton joyeux.
Comment allez-vous bien mieux, maintenant ? »
Il souriait aux anges.
« Tu vas bien, chéri ? Tu te souviens de quelque chose ? »
L’homme fit signe que non à sa femme.
« Mais, il t’a pincé la main très fort ! gémit-elle, affolée.
- Vous sentez-vous douloureux ? repris-je.
- Non non, je vais bien, merci » répondit le mari.
Je lançai le même sourire satisfait à la petite dame, complètement
estomaquée par ce qu’elle venait de voir.
Son homme ne guérit pas, mais vécu sans douleurs.
101
Miracles quotidiens
Dentiste et sutures indolores
Comprendre les mécanismes de son propre corps permet de mieux vivre
certaines expériences douloureuses mais obligatoires… comme le passage
chez le dentiste, par exemple !
Si on les laisse faire, le corps et l’esprit possèdent un système instinctif de
défense : ils se dissocient. En termes clairs, le corps et l’esprit prennent une
distance mutuelle. Les perceptions physiques ressenties s’en trouvent
considérablement amoindries, quand elles ne disparaissent pas, tout
simplement. Ainsi, un homme qui fut battu par son père étant enfant, ne
ressentait plus les douleurs physiques, à tel point qu’au cours de sa
formation en Hypnose, le jour où l’on apprenait les anesthésies et leur
emploi, il fut incapable de se tester avant l’expérience : il entrait
spontanément en état modifié de conscience. Revers de la médaille, toute la
période occultée de son enfance refit brusquement surface, le plongeant
dans des sanglots irrépressibles – comme il était touchant de voir ce fort
gaillard de la cinquantaine, charis-matique et plein d’humour, pleurer
comme un enfant… Il soigna cette part ancienne de lui, mais son exemple
vous montre que le corps et l’esprit savent se défendre de la douleur. A nous
de lancer ce processus naturel quand il n’entre pas en œuvre spontanément.
Ainsi, chez mon dentiste, je fixe un point sur le plafond et je pense à autre
chose. Voilà, c’est fait : je me suis dissocié de la situation. Chacun sait faire
cela ; il s’agit simplement d’ampli-fier le phénomène pour couper toutes
sensations physiques, ou du moins les atténuer nettement. Il faut aussi
penser à prévenir son dentiste car, la première fois que j’ai fait cela, le
praticien avait besoin de percer une dent, pour y visser je ne sais quoi, et
apparemment il s’attendait à ce que je bouge pour arrêter de percer… Mais
je n’ai pas bougé. Il finit donc par s’arrêter, un peu curieux de mon absence
de réaction.
102
Miracles quotidiens
J’étais par ailleurs très conscient de toute l’opération. Le dentiste fit une
radio et revint me montrer l’image de ma dent, traversée par la fine mèche
d’acier. Il avait foré à travers, sans que je ne ressente la douleur !
Autre exemple, avec cette petite fille de neuf ans qui prévient un de mes
anciens élèves en Hypnose, dentiste de profession, qu’il ne fallait pas qu’il
lui parle car elle allait « enlever toute seule la douleur ». Elle avait tout de
même une molaire à arracher ! Le dentiste, connaissant l’Hypnose, ne dit
rien et commença son travail prudemment. Où la fillette avait-elle appris à
faire cela ? Toujours est-il que lui-même n’était qu’à moitié persuadé qu’on
pouvait enlever une dent aussi importante sans douleur (malgré sa
formation, un comble !), et à une enfant en plus. Eh bien, la petite fille lui
montra : le moment venu, le dentiste saisit la dent avec sa pince, fit levier
sur la molaire jusqu’à ce que la racine cède, et procéda à l’extraction
comme à l’ordinaire… mais sans anesthésie chimique ! Il était bluffé ! Et la
fillette était très fière d’elle.
La télévision nationale montra un jour une extraction similaire, également
avec une jeune fille. Cette fois-ci, c’est le dentiste qui induisit l’état
d’hypnose. Cela lui prit moins de temps que pour préparer son matériel
d’anesthésie : en trois minutes, la jeune fille était en transe hypnotique. En
deux minutes de plus, elle était suffisamment dissociée pour extraire la
dent. Le praticien profita de la séance pour projeter la fille dans son avenir
proche de jeune femme ; il fit un pont entre ce qu’apprenait son corps en ce
moment, et comment le corps pourrait utiliser ces apprentissages pour que
les moments les moins faciles de son développement de femme se passent
bien. C’était extraordinaire à voir et à entendre ! Très beau. Et la dent fut
extraite sans douleur.
Est-ce que cela ne devrait pas toujours se passer ainsi ?
Allez, une autre fois, c’est ma femme qui eut besoin d’une 103
Miracles quotidiens
grosse opération dentaire : il s’agissait de retirer ce qu’avait (mal) fait un
dentiste précédent pour tout refaire en mieux. Il y en avait pour deux heures
de « travaux » ! Et malheureusement, cela ne se passait pas aussi facilement
que prévu…
Après une heure de travail patient et acharné, le praticien commençait à
fatiguer. Patricia se mit donc en auto-hypnose, d’abord pour contrer la
douleur, puis pour faciliter le processus d’extraction (en demandant aux
gencives de se mobiliser pour expulser ce qui n’avait plus sa place en elle)
et puis enfin pour faire disparaître le temps – ce que l’on appelle faire une «
distorsion du temps ».
Ma compagne s’endormit donc, mais du sommeil de l’hypnose, car
personne ne pourrait réellement dormir avec un dentiste qui fourrage dans
sa bouche ! Cinq minutes après, le dentiste la réveillait, le sourire aux
lèvres, pour lui montrer ce qu’il avait enfin réussi à extraire. En fait, cela
avait pris une heure supplémentaire ! Et Patricia n’avait rien senti ni perçu
du temps écoulé.
Bien sûr, cette auto-anesthésie est conservée tout le temps où l’anesthésiant
chimique, mit en place durant l’opération, ne fait plus effet, et jusqu’à ce
que la douleur se calme.
Peut-être pensez-vous que les personnes qui savent gérer ainsi leur douleur
sont des êtres exceptionnels ?
Ils le sont sans doute, mais pas comme vous le pensez, puisque vous
possédez comme eux cette capacité. Ce qui les rend peu ordinaires, c’est
leur faculté à être conscients d’eux-mêmes, à dialoguer naturellement avec
leur Inconscient.
Nous apprendrons par certains des exemples de ce livre que, parfois, dans
des situations extrêmes, dans des cas de maladie grave, mortelle, le fait
d’être « Un-Conscient », unifié avec son Inconscient et capable d’interagir
volontairement avec lui, est la seule solution de survie. Mais pourquoi
attendre d’être malade pour être vraiment soi-même, à 100% ?
104
Miracles quotidiens
L’Hypnose, comme je vous l’ai déjà dit et comme je vous le répèterai, est
une porte d’accès à soi-même, une voie de connaissance de soi, un mode
d’emploi pour la vie.
Autre application rigoureusement pratique : les bobos de nos enfants. La
scène se déroule un jour de fête d’école. Mon fils aîné, Alexandre, galope
dans la cour goudronnée de l’école avec un sandwich dans chaque main.
Tout heureux de la fête, il vient nous apporter à manger… mais le seul arbre
qui a bien voulu pousser, alors qu’on a goudronné toute sa terre autour, s’est
défendu en soulevant la croûte épaisse et rugueuse, permettant à l’une de
ses racines de dépasser du sol de quelques centimètres. Juste ce qu’il faut
pour qu’un pied d’enfant s’y entrave. Et voilà mon fils en vol plané,
crampon-né à ses sandwichs, si bien qu’il atterrit violemment sur le menton
pour les protéger !
Nous accourons et le félicitons vivement pour avoir réussi à sauver les
sandwichs. Je me mets à invectiver l’arbre avec mon fils, pour détourner
son attention de la douleur, pendant que ma femme examine son menton.
Celui-ci est ouvert jusqu’à l’os, que l’on voit au fond de la plaie… La fête
est finie, nous sommes bons pour les urgences.
Une compresse sur le menton, Patricia maintient l’attention d’Alexandre
vers le ciel. En effet, le regard se baisse vers le corps pour augmenter les
sensations physiques. C’est ainsi que l’on voit les personnes dépressives
constamment penchées en avant, le regard vers le sol, vers le bas. En
permettant aux yeux de monter, on coupe au maximum la personne de ses
perceptions physiques – le regard vers le ciel correspondant aux perceptions
visuelles, mentales, aux idées et non plus aux choses du corps et des
sensations.
Arrivés sur place, et une heure d’attente plus tard, nous sommes reçus par
une jeune médecin.
« Pourriez-vous sortir, s’il vous plaît ? » me fait-elle, craignant sans doute
que je tourne de l’œil.
105
Miracles quotidiens
Mais on ne peut s’évanouir quand un être aimé souffre et que l’on sait
pouvoir y remédier ! J’insistai donc pour rester, ainsi que ma femme, qui
travailla en son temps aux urgences.
C’est que nous voulions maintenir et renforcer l’analgésie (diminution de la
douleur) mise en place depuis plus d’une heure. Qu’allait dire le médecin à
notre fils, sans nous ?
« Ne sois pas inquiet, tu n’as pas à avoir peur, ce sera juste une petite
piqûre, comme un moustique. »
Et voilà Alexandre, effrayé, qui se met à pleurer pour la première fois !
Bravo !
Bien sûr, elle ne savait pas, alors je détourne aussitôt l’attention de mon fils
vers le haut. Etant placé à sa tête, il me suffisait de lui montrer tout ce qui
était derrière moi :
« Oh ! Tu as vu ?? Je crois bien que c’était Casper, le petit fantôme ! Pas sûr
que c’était lui… Attend, il va revenir. »
Notre fils avait tout juste quatre ans à l’époque, et Casper était son héros du
moment.
Pendant ce temps, ma femme lui tenait la tête pour l’empêcher de bouger et
permettre à la jeune médecin de faire correctement son travail de suture.
Elle lui susurrait aussi à l’oreille de douces paroles, pour le calmer et
chasser la douleur.
Evidemment, l’équipe médicale, peu habituée à ce type d’intervention, fit
bien une ou deux remarques :
« Comme il est calme ! » (cela, ça va)
« C’est curieux, il devrait avoir mal » (ça, c’est moins bien !)
« Il ne pleure pas ? » (pas génial non plus…) Remarques que nous
couvrions à chaque fois d’une blague ou d’une bonne parole. Et tout se
passa à merveille, pour tout le monde, pour l’enfant comme pour l’équipe
médicale.
Est-ce que tous les parents du monde ne devraient pas savoir faire cela ?
Franchement ?
Continuons dans le même genre.
106
Miracles quotidiens
La langue de Maxime
Cette fois-ci, c’est notre petit dernier qui fit des siennes.
Un soir, alors que nous devions partir, ma compagne et moi, en voyage pour
une dizaine de jours, à l’autre bout de la planète, le petit glissa et tomba la
bouche ouverte sur le rebord de son lit. Ah !! C’était horrible à voir : sa
langue s’était fendue en deux, avec une vilaine déchirure en plein milieu,
comme si l’organe pouvait à tout moment se défaire et laisser partir
l’énorme morceau de langue lacéré !
A nouveau, nous étions partis pour les urgences. A cette époque, nous
habitions sur Paris, et c’est dans un hôpital pour enfants parmi les plus
importants de la capitale que nous arrivâmes en catastrophe… pour deux
heures d’attente, dans un service pratiquement désert de tout personnel.
Clin d’œil du destin, les seules personnes qui attendaient dans la salle
étaient deux parents et leur enfant, du même âge que le nôtre : il s’était
fendu la langue en deux, exactement comme Maxime, mais lui en tombant
dans sa baignoire !
L’enfant avait l’air sonné. Il reposait, la tête sur les genoux de sa mère, la
bouche plaquée contre un linge ensanglanté.
Maxime, lui, était debout, un peu sonné aussi mais actif. De plus, il ne
saignait plus. Fidèles à la procédure de détourne-ment d’attention que je
vous ai décrite précédemment, nous occupâmes notre fils : ma femme lui
trouva du papier et des crayons pour dessiner, et je le reprenais sur mes
genoux pour le baigner de bonnes suggestions apaisantes quand, par
malheur, il heurtait sa langue blessée, dans sa bouche – ce qui provoquait
évidemment une grande douleur. Deux minutes de suggestions après, il
repartait dessiner.
L’attente se prolongeant, Maxime finit par oublier sa douleur et il jouait à
tirer sa « langue de serpent » aux gens qui nous avaient rejoints dans la salle
d’attente !
107
Miracles quotidiens
L’autre enfant était toujours sonné. Il paraissait se vider de son énergie et
ses deux parents étaient muets et hagards. Ils regardaient parfois le nôtre
gambader dans une incompréhension totale. Je m’approchai pour me
renseigner sur leur enfant. C’est ainsi que j’appris ce qui lui était arrivé. La
maman demanda à son fils de montrer sa langue : elle était bien moins
touchée que celle de Maxime. Ce qui n’arrangeait pas l’incompréhension
des deux parents…
Je tâchai gentiment de leur expliquer qu’en faisant certains gestes simples,
en offrant certaines paroles simples, en faisant en sorte que l’enfant pense à
autre chose, cela diminuerait considérablement sa douleur, il se calmerait et
arrêterait très certainement de saigner – car il saignait toujours.
Les parents m’écoutèrent, mais ne m’entendirent pas. Après tout, qui étais-
je ? Pas le médecin de l’hôpital, en tous cas.
Alors, pourquoi écouter ce que raconte un étranger ?
Ils passèrent les premiers, enfin. Et bientôt, ce fut notre tour.
Nous les vîmes assis devant la porte du bureau du médecin, encore plus
interloqués qu’auparavant. Ils avaient visiblement reçu une mauvaise
nouvelle – et nous nous apprêtions à apprendre la même.
« Vous êtes sûr qu’il n’y a pas besoin de l’hospitaliser ? fis-je répéter et
confirmer au jeune interne à l’accent des pays de l’est qui nous avait reçus.
- Non, je vous garantis. Votre enfant ne saigne plus. La langue est un organe
qui se reconstruit facilement. Ne lui faites rien boire ou manger de chaud
dans les prochains jours et cela cicatrisera tout seul.
- Mais, les gens, devant votre bureau, demanda ma femme, qu’attendent-ils
? Leur enfant a aussi la langue coupée…
- Oui, mais lui est en état de choc, il ne s’en remet pas, et sa langue saigne
encore beaucoup. On ne peut recoudre la langue d’un enfant comme cela, et
la sienne ne se remettra pas toute seule. Il nous faut procéder à une
anesthésie générale. »
108
Miracles quotidiens
Avec tous les risques que cela comprend sur un enfant de quatre ans !
La maman de l’autre enfant nous vit ressortir. Elle avait vu la langue de
Maxime (ainsi que toute la salle d’attente !). Et c’était impossible pour elle
que le médecin le laisse partir.
Elle faillit se lever, comme pour nous retenir… mais elle ne bougea pas.
Son regard était si incroyablement triste et interrogatif. C’était pénible à
voir.
Oui, tous les parents devraient savoir soigner leur enfant.
Il nous restait un défi : nous partions dans quatre jours et le médecin avait
dit qu’il en faudrait au moins sept ou huit avant que la langue ne cicatrise.
Or, nous ne voulions pas partir en laissant notre plus jeune fils avec une
plaie pareille !
Nous le gardâmes donc au travail, avec nous, et pendant qu’il jouait, à tour
de rôle nous continuions de le baigner de suggestions – pour la cicatrisation
rapide de sa langue, cette fois.
Le troisième jour, la langue tenait en place, elle avait repris sa forme, et les
bords de la plaie avaient blanchi (sans doute la peau morte aux limites de la
blessure).
Le quatrième jour au matin, la langue paraissait cicatrisée.
Nous la montrâmes à un médecin avant de prendre notre avion, afin de nous
rassurer.
« Il est tombé la semaine dernière, n’est-ce pas ? fit le praticien. Cela se voit
à l’avancée de sa cicatrisation. Oui, vous pouvez être tranquille, la langue
de votre fils est remise. Dans deux ou trois mois, plus rien ne se verra. »
Soulagés, nous pûmes nous envoler.
Effectivement, aujourd’hui, la cicatrice sur la langue de Maxime est quasi
indétectable. Nous avions eu plus de peur que de mal… Mais, comment
s’était passée l’opération de l’autre garçon ? Bien, nous l’espérions.
109
Miracles quotidiens
Le tympan d’Olivier
L’anesthésie hypnotique a une particularité, que la médecine a vérifiée
récemment auprès de yogis : lorsque vous incisez le corps pendant une
opération chirurgicale, celui-ci produit les hormones du stress qui
perturbent le fonctionnement de la personne, d’où le temps de rémission et
les problèmes post-opératoires. Pourtant, on a observé que le corps n’était
absolument pas stressé chez les yogis qui montrent le contrôle de leur esprit
sur leur corps en se transperçant d’aiguilles.
Leur corps ne sécrète pas les fameuses hormones : il ne stresse pas ! Donc,
il n’est pas choqué, ne se bloque pas, il se remet et cicatrise plus vite. C’est
exactement ce qui se passe lorsqu’on utilise une anesthésie hypnotique
plutôt que chimique.
Tout se passe comme si l’anesthésiant artificiel endormait le corps en
emprisonnant l’esprit en lui (c’est une métaphore !).
L’esprit de la personne étant toujours « présent » – ce qui a aussi été vérifié
grâce à la mémoire qu’ont certaines personnes de leur opération – il vit
l’opération, a peur et se stresse, répercutant toute sa peur et son stress sur le
corps, qui en souffre et somatise (fabrique des symptômes).
Tout au contraire, lorsqu’on accompagne la personne dans une anesthésie
hypnotique, elle « quitte son corps » (c’est toujours une métaphore
!). L’hypnose étant un état de
dissociation, l’esprit de la personne se calme, comprend ce qui va se passer,
se place en observateur… et laisse faire.
La personne sort d’anesthésie plus vite, elle a de l’appétit, se sent bien, a
beaucoup moins d’effets secondaires qu’avec la chimie, se rétablit plus vite,
etc. Tout cela a été vérifié.
Voici donc le récit d’une petite aventure personnelle : j’ai toujours été
sensible des oreilles, depuis tout petit, et à chaque fois que je prenais de
l’altitude – à la montagne, par exemple
– la redescente m’était fastidieuse. La pression me faisait 110
Miracles quotidiens
beaucoup souffrir, au point qu’il m’est arrivé deux fois que le tympan ne
supporte pas et éclate. Cela fait très mal !!
Ces deux expériences m’ont appris chacune des choses différentes. Par
respect de la chronologie, je vais vous conter d’abord la première, bien
qu’elle soit plus éloignée de notre chapitre : souffrant beaucoup de mon
oreille, je m’étais finalement décidé à aller voir le médecin du petit village
de montagne où nous étions logés. En quelques minutes, le praticien avait
vérifié qu’il s’agissait bien de mon tympan.
« Il n’y a rien d’autre à faire qu’attendre que cela passe, me dit-il d’un air
bourru et blasé.
- Attendre que cela passe ? m’écriai-je. Mais cela fait trois jours que je
souffre… Vous n’avez rien à me conseiller ?
- Prenez de l’aspirine.
- Mais j’en mange tous les jours depuis deux jours : cela ne me fait rien.
Pourtant, je prends la boîte avec ! répliquai-je avec une pointe d’humour,
pour me calmer moi-même.
- Alors, j’ai quelque chose pour vous… »
Allez savoir ce qui éveilla ma suspicion, mais je savais alors que le bon
médecin allait me donner un placebo ! Il ouvrit le tiroir de son bureau et en
sortit une petite boîte bleue et blanche.
« Cela vous soulagera en quinze minutes. Prenez une à deux pilules toutes
les deux heures, pas plus. »
Eh voilà. J’allais avoir le choix entre refuser la suggestion, car visiblement
il s’agissait de petites pilules au sucre, d’un placebo, ou accepter la
suggestion en toute connaissance de cause, maîtriser mon esprit conscient,
analytique et rationnel, le faire taire et laisser mon Inconscient me soulager.
Je pris les pilules que me tendait le médecin.
Quinze minutes plus tard, alors que j’étais pourtant très circonspect sur
l’efficacité du procédé : plus de douleur !
Merci les pilules au sucre. Et merci à mon esprit conscient d’avoir eu la
sagesse d’accepter le traitement.
111
Miracles quotidiens
De retour chez nous, un collègue de ma femme, médecin, me confirma qu’il
s’agissait de placebo :
« Oh, ça ? J’en donne à mes patientes, à la clinique, quand elles ne peuvent
pas dormir. C’est un placebo. Du sucre. »
Bingo !
Petite question, sur laquelle nous reviendrons au chapitre de l’Hypnose
Humaniste : pourquoi, puisque je savais que les pilules étaient en sucre et
n’avaient aucun effet physique, pourquoi ai-je pourtant eu besoin d’elles ?
Pourquoi avons-nous encore besoin de nous convaincre, avec un petit rituel,
un médicament (même en sucre) ou… une séance d’hypnose, pour activer
notre médecin intérieur ?
La seconde fois où je me suis fais mal au tympan à cause de l’altitude, j’ai
tout de même encore mis deux jours avant de penser que je pouvais me
faire une anesthésie hypnotique.
Vous savez ce que c’est, lorsque l’on souffre, on aime bien se faire cajoler.
J’ai donc demandé à ma compagne Patricia de me faire cette induction
hypnotique.
« Fixe la main… Quelle main veux-tu ?
- La droite, répondis-je, c’est celle de l’oreille.
- Ok, alors fixe la main droite et laisse bien les yeux ouverts, jusqu’à ce que
les paupières clignotent, tellement, que tu ne peux plus les tenir ouvertes…
voilà… fixe la main… et les paupières clignent… de plus en plus… et de
plus en plus…
jusqu’à ce que… tu ne peux plus les tenir ouvertes… les yeux se ferment…
et, curieusement, la main droite devient aussi légère que les paupières sont
louuuurdes… de plus en plus lourdes… louuuuuurdes… et la main si
légère… »
Induction hypnotique semi-traditionnelle, donc, mêlant une approche assez
directe aux outils de langage d’Erickson.
Mes paupières se fermèrent rapidement, et ma main droite se souleva par
petites secousses, doigt après doigt.
« Voilà, c’est très très bien… et la main s’envole maintenant vers le
visage… C’est très bien… et de plus en plus. »
112
Miracles quotidiens
La voix de ma douce compagne me guidait dans un processus que je
connaissais mais avec lequel je n’interférais pas, comme avec la pilule au
sucre. Pourquoi, sous prétexte que je connais la technique, devrais-je
l’empêcher de fonctionner ? Milton Erickson, comme d’autres brillants
thérapeutes après lui, pensait qu’il ne fallait rien expliquer de la procédure
thérapeutique au patient, sous peine qu’il l’entrave ou la détruise. Et il avait
raison, malheureusement : combien de fois me suis-je fait couper l’herbe
sous le pied par des patients auxquels j’avais expliqué ce que nous allions
faire, afin de les rendre plus autonomes ? Quand c’est impossible, il vaut
donc mieux ne rien dire, c’est sûr… ce qui n’empêche tout de même pas de
tenter d’expliquer, au début. C’est du moins mon avis. Quitte à faire
machine arrière, le cas échéant. Car si la personne prend l’explication et
accepte de changer en toute conscience, l’impact de la thérapie est
beaucoup plus vaste : non seulement la personne a changé (c’est tout ce
qu’elle voulait), mais en plus elle se connaît mieux et il y a fort à parier que
cela soit une solide garantie « anti-rechute » !
« Peut-être ressens-tu comme la main s’est bien engourdie maintenant »
continuait Patricia.
Effectivement, comme il arrive souvent à l’occasion d’une catalepsie ou
d’une lévitation du bras, je ne sentais plus ma main – un peu comme
lorsque vous avez des fourmis.
« C’est cet engourdissement qui va envahir l’oreille et toute la tête quand…
la main va toucher l’oreille… »
Et ma main se dirigeait tout doucement vers ma tête. Je sentais la tête
bouger par spasmes nerveux, pour se mettre dans l’alignement de la main.
Par contre, je n’avais aucune idée de la localisation de ma main.
L’Inconscient ne perçoit ni le temps ni les distances ; il n’a tout simplement
pas les fonctions nécessaires, qui sont logées au niveau du néocortex. Etant
inconscient, je ne percevais plus l’emplacement de ma main, ni sa distance
par rapport à moi.
113
Miracles quotidiens
Et puis, la main toucha la tête, au niveau du maxillaire, sous l’oreille. Cela
me fit l’effet d’un extincteur sur le feu de ma douleur. Pshiiiiit !! Tout
s’éteint ! Le soulagement fut instantané. Pourquoi n’avais-je pas fait cela
plus tôt ?
Immédiatement, tout mon corps se décrispa. Tous les blocages cédèrent un
à un, des pieds à la tête. C’est fou comme la douleur peut crisper tout le
corps sans qu’on ne s’en rende compte ! Imaginez ce que cela doit être de
rester comme cela des jours et des jours… Enfin, pour moi cela allait
mieux.
Soulagement.
Voulez-vous savoir comment j’ai résolu la sensibilité de mes oreilles ? Eh
bien, c’était l’année suivante, toujours à la montagne. Alors que j’avais pris
grand soin de ne pas m’infliger de montées et redescentes trop rapide, je
voyais venir avec appréhension le moment du retour, la fin de notre séjour.
Il allait bien falloir redescendre. Et, même en allant doucement en voiture,
mes oreilles « cloquaient » toujours et pouvaient rester ainsi, me laissant la
tête comme dans un aquarium, pendant des jours – parfois plusieurs
semaines.
Je pris donc le taureau par les cornes et me fis tout simplement une petite
séance d’auto-hypnose. Pourquoi « petite » ?
Parce qu’elle dura moins de cinq minutes. Le temps de me mettre en état de
transe hypnotique, avec une lévitation d’un bras afin de vérifier la réalité de
l’état en question. Je demandai à mon cher Inconscient de faire ce qu’il
fallait, durant la descente de la montagne, pour que les oreilles supportent le
changement de pression. Et c’est tout.
C’est ainsi que, pour la première fois depuis des années, je pus faire le
voyage sans douleur. Au moment où la pression commença son effet,
quelque chose que je savais important pour moi, que je connaissais sans
pourtant pouvoir le nommer, céda. Quelque chose changea en moi – je ne
sais quoi.
J’avalai ma salive, les oreilles craquèrent, mais aucune douleur. C’était fini.
J’étais libre ! Et plus jamais ça ne revint.
114
Miracles quotidiens
Le cancer d’Adrienne
On pense parfois qu’il faut être bien ou détendu pour entrer en état
d’hypnose. Or, l’Hypnose n’est pas de la relaxation. Si le plus souvent l’état
hypnotique est agréable, ce n’est pas toujours le cas, surtout en thérapie où
l’on se doit d’aller titiller les zones sensibles de la personne, là où se cache
l’épine qui la blesse – afin de la lui retirer. De plus, s’il fallait être tranquille
et au calme pour entrer en transe hypnotique, l’Hypnose ne serait pas
souvent utile. Vous avez déjà vu ces spectacles d’hypnose ? L’artiste parle
vite et fort dans son micro, il y a des éclairages qui surchauffent la scène,
plein de monde qui vous regarde… et vous entrez tout de même en transe !
Et c’est pareil avec ce type qui s’est fait renverser par une voiture : il gît sur
le trottoir, le genou en miettes, et comme vous voulez lui faire une induction
d’anesthésie, en attendant les pompiers, vous lui dites : « Mais calmez-
vous, bon sang, si vous hurlez tout le temps comment voulez-vous que je
vous hypnotise ? » Non : il faut prendre les choses dans le bon sens : c’est
parce que vous l’aurez hypnotisé et lui aurez retiré sa douleur qu’il ne
hurlera plus, et pas l’inverse !
L’Hypnose n’a rien à voir avec la relaxation. Ainsi, il est très possible –
dans le cas imaginaire de notre accidenté de la route – de faire focaliser la
personne sur sa douleur pour, justement, la lui retirer, comme dans le cas de
cette dame au teint grisâtre, venue assister à mes formations.
Adrienne avait l’air bien malade, ce qu’elle niait puisqu’elle avait signé un
engagement d’inscription en formation professionnelle à l’Hypnose qui
stipulait qu’elle se portait bien, tant physiquement que
psychologiquement… et qu’elle était en ce moment devant moi, en
formation en Hypnose !
Grande dame au visage émacié, tous les jours en pull bleu, elle exhibait
avec fierté un négativisme que partagent certains 115
Miracles quotidiens
esprits ultra-rationalistes, comme s’il s’agissait d’une preuve d’intelligence.
Vouloir que tout soit toujours noir, tout autant que vouloir que tout soit
toujours blanc, n’est pas preuve d’équilibre, bien que le pessimisme soit
plus à rapprocher d’une forme d’esprit pathologique, quand l’optimisme se
caractérise souvent par une plus grande force de caractère.
Toujours est-il que, s’il n’y avait pas eu cette fameuse déclaration sur
l’honneur, et si la dame en question n’avait pas en plus fait partie du corps
médical, j’aurais bien dit qu’elle souffrait d’un cancer.
Il me fallut attendre plusieurs semaines de formation avant de découvrir la
vérité. S’étant mise à dos la plupart des participants à la formation en raison
de son esprit assez insupportable, Adrienne se retrouvait souvent seule pour
faire les exercices. C’est ainsi qu’elle se porta volontaire pour la
démonstration que je fais des anesthésies hypnotiques, le jour où nous les
étudions. Au moins, elle aurait vécu le phénomène avec quelqu’un, si elle
ne trouvait personne ensuite pour pratiquer ! Quand je demandai trois
volontaires, elle fut donc la première à lever le bras, avec un enthousiasme
qui aurait dû éveiller mes soupçons. Mais je l’acceptai et elle rejoignit les
deux autres personnes grâce à qui j’allais pouvoir démontrer trois ou quatre
techniques différentes d’analgésie.
Il existe de multiples manières de produire une anesthésie en Hypnose. En
réalité, le phénomène est assez simple à produire. Il est impressionnant en
raison de la crainte que la douleur suscite, à juste titre, mais si vous avez le
niveau technique et l’expérience nécessaires, ce n’est pas quelque chose de
difficile à provoquer chez la personne. C’est pourquoi je mêle souvent à ma
démonstration une technique que j’invente au moment même – quand vous
avez compris l’essence du phénomène, ceci est assez facile à faire, une
sorte d’improvisation technique, comme au piano ou à la guitare.
Ce jour-là, je fus bien heureux d’avoir exercé cette aptitude 116
Miracles quotidiens
à improviser une séance d’Hypnose, plus que dans les mots eux-mêmes,
mais dans sa structure profonde, car cela allait me servir à me sortir d’un
guet-apens thérapeutique !
Adrienne était la seconde personne à passer, et elle avait observé la
première induction avec un air de défi : sur elle, ce genre de choses «
simplistes » ne saurait fonctionner, semblait-elle exprimer silencieusement.
Pourtant, elle respirait fortement et ne paraissait pas être au mieux de sa
forme, déjà vacillante.
« A nous, maintenant, fis-je à Adrienne après avoir conclu avec la première
personne par quelques suggestions apaisantes. Donc, vous l’avez compris,
pour les besoins de la démonstration, j’ai besoin de trouver un point
sensible chez vous, un endroit qui vous fait plus facilement mal afin de
mettre en évidence – pour vous et pour le groupe – les effets de l’anesthésie
hypnotique… Où est-ce pour vous ?
- Au ventre. J’ai très mal au ventre, répondit-elle en me regardant droit dans
les yeux, froidement.
- Au ventre ? Ça ne va pas être très pratique pour pincer ou provoquer une
douleur, même légère…
- Vous n’avez besoin de rien faire. J’ai déjà très mal au ventre. J’ai un
cancer de l’utérus, qui me fait beaucoup souffrir, et comme je savais qu’il y
aurait une démonstration sur la douleur, aujourd’hui, je n’ai pas pris mes
médicaments.
- Vous n’avez pas pris vos médicaments ?? m’écriai-je. Il ne faut jamais
faire cela ! »
Me souvenant qu’elle était médecin elle-même, bien qu’assez abasourdi, je
m’en tins là et passai aussitôt à la suite.
« OK, donc si je touche le ventre, dis-je en avançant ma main vers elle, ça
vous fera très mal ?
- Oui, confirma-t-elle d’une voix un peu inquiète.
- Je peux ? »
Elle hocha la tête, et j’appuyai doucement le dos de ma main sur son ventre.
Elle écarquilla immédiatement les yeux, en serrant les dents, le visage
soudain blême.
117
Miracles quotidiens
« Oh, mais c’est donc vrai ! lançai-je avec un grand sourire.
Quand j’appuie, ça fait très mal… et vous savez que je vais appuyer encore,
dans un instant. »
La réplique en apparence sadique est volontaire. Elle sert à montrer à la
personne que la douleur n’effraie pas le praticien, bien au contraire, et que
rien ne le retiendra de faire encore plus mal, ce dont la personne essaiera de
se protéger, en acceptant d’autant mieux l’induction et l’anesthésie
hypnotique.
L’idée qui m’était venue en appuyant sur le ventre d’Adrienne était que je
pouvais peut-être apprendre au corps à baisser l’intensité de la douleur par
saturation de douleur, exactement comme on le fait spontanément en se
frottant le coude, lorsqu’on l’a cogné quelque part
: l’information
"douleur" est noyée par toutes les informations physiques envoyées au
cerveau par le frottement au niveau du coude.
Je n’avais jamais tenté pareille expérience, mais il me semblait que cela
pouvait fonctionner, au moins par suggestion.
Ma main n’avait pas bougé du ventre d’Adrienne, qui se remettait tant bien
que mal de sa douleur. Je lui expliquai comment on soulage une douleur, au
coude par exemple, en la frottant, en la saturant d’informations. Elle ne
disait rien.
« Alors, voilà ce qui va se passer… Vous voulez m’aider ?
- (elle hoche la tête)
- D’accord, alors faites une chose pour moi… Faites…
Rien ! Je sais que cela va être dur, mais ne faites rien. Ok ?
- Ok, fit-elle doucement.
- Bien. Merci. Alors, ça commence. Laissez seulement votre corps réagir
comme il sait le faire… »
Et j’appuyai légèrement sur le ventre d’Adrienne, comme la première fois –
sauf que maintenant, elle était prévenue.
Adrienne blêmit à nouveau.
« Et pensez à respirer, aussi : ça aide à vivre ! »
Puis, sans rien ajouter d’autre, je relâchai et ré-appuyai sur le ventre, en
augmentant très doucement la force d’appui.
118
Miracles quotidiens
Après quelques poussées sur le ventre, ma force d’appui ayant pratiquement
doublé par rapport à la première fois, sans qu’Adrienne ne se soit évanouie
– ce que l’on aurait pu craindre auparavant – je la félicitai.
« Là, j’appuie déjà deux fois plus fort que tout à l’heure, et la douleur est
pareille ? Ou ?...
- C’est un peu moins fort, commenta Adrienne.
- Un peu moins fort ? Alors que j’appuie plus ?... C’est très très bien…
Alors, le corps va continuer d’apprendre. »
Je misais sur le contexte de départ : la saturation d’informations qui
provoque l’anesthésie, qui convenait d’ailleurs bien à son caractère, en
utilisant symboliquement la façon qu’elle avait de se pourrir la vie, mais à
son avantage.
Le peu de paroles était aussi voulu, le contexte étant posé, j’espérais
qu’Adrienne ferait le travail (inconsciemment) par elle-même. Ce que l’on
appelle une suggestion indirecte tacite.
Et cela fonctionnait visiblement bien.
Au bout de quelques minutes, non seulement j’appuyais vraiment fort sur le
ventre d’Adrienne – ce que je n’aurais pas osé faire au départ, vu sa très
forte réaction – mais en plus son visage s’était calmé et elle avait repris bon
teint. Le groupe observait cela avec stupéfaction, la frayeur de départ
s’étant dissipée avec les bonnes réactions d’Adrienne.
« Cela va bien mieux, maintenant, confirmai-je à Adrienne, sans risque de
me tromper, étant donné son visage tranquille.
- (prenant une grande inspiration) Oui, ça va.
- (constatant une légère incongruence dans la réponse) Mais ?
…il y a quelque chose qui ne va toujours pas, n’est-ce pas ? »
Que la douleur au ventre soit partie sans le moindre médicament et en
quelques minutes à peine était déjà un miracle en soi, mais les gens en
veulent toujours plus…
« J’ai toujours bien mal au dos, répondit-elle.
- Quand m’avez-vous parlé de ce mal au dos ? Bon, ok, il suffit de vous
mettre une ceinture de force, autour des reins. »
119
Miracles quotidiens
Il est vrai que j’aurais pu penser moi-même à cette douleur dans le dos,
probable, mais la personne a besoin d’exprimer ce qu’elle ressent à voix
haute : la parole crée, et ce qui s’envole dans l’air prend déjà une sorte de
densité, qui permet de travailler sur la chose en question. Ici, la douleur au
dos.
Le fait étant exprimé, je pouvais plus facilement l’aborder par métaphore,
ce qu’Adrienne, pourtant d’ordinaire très rationnelle, comprit parfaitement.
Etait-elle donc en état d’hypnose ? Et quand, donc, avais-je procédé à
l’induction hypnotique ?... Parce que vous pensez qu’il faut ajouter une
technique quelconque pour modifier l’état de conscience de quelqu’un qui
souffre à ce point-là ?
Vous pensez que cette personne est dans son état normal ?
Non, pas besoin d’en rajouter, quand quelqu’un souffre comme cela, elle est
déjà en état modifié de conscience.
Adrienne prit donc la métaphore de la grosse ceinture que l’on se met
autour des reins pour se protéger du mal de dos.
« Et serrez bien fort la ceinture » ajoutai-je.
Le sourire d’Adrienne me confirma que ces quelques paroles avaient fait
leur œuvre.
L’anesthésie hypnotique, posée à 15h00, fit effet jusqu’à minuit, heure à
laquelle Adrienne me raconta s’être réveillée de douleur. Elle repensa alors
à notre séance, resserra sa ceinture… et se rendormit. La douleur cessa
encore jusqu’à midi, le lendemain, et Adrienne resserra à nouveau sa
ceinture. Elle arrêta de prendre les médicaments destinés à soulager sa
douleur et poursuivit son traitement avec l’hypnose comme seul soutien
anesthésique.
120
Miracles quotidiens
La verrue plantaire de Ghislaine
C’est à la suite d’une pareille démonstration d’hypno-analgésie que
Ghislaine, sage-femme de profession, eut cette curieuse idée de se retirer
elle-même une verrue plantaire.
" On ne croit que ce que l’on voit" dit le proverbe, or en Hypnose, " on ne
voit que ce que l’on croit". Si quelque chose vous paraît impossible à
réaliser, en Hypnose autant et peut-être plus que dans la vie, vous aurez
raison : vous ne parviendrez jamais à réaliser cette chose, ce qui viendra
confirmer et renforcer votre conviction de base. Il y a donc des parties de la
formation que je dispense en Hypnose qui ne sont pas illustrées par une
démonstration, parce qu’il est important que les apprentis hypnothérapeutes
parviennent à une propre conviction, à dépasser leurs limites
psychologiques. Mais, il y a d’autres parties de la formation pour lesquelles
les démonstrations sont indispensables, comme les anesthésies par exemple.
Les élèves ayant constaté par eux-mêmes le phénomène, ils l’expérimentent
ensuite souvent avec succès du premier coup, ce qui n’était pas évident.
Ghislaine avait été particulièrement convaincue par cette partie du cours et
avait brillamment réussi les expériences pratiques entre étudiants.
Le lendemain, durant une pause de la formation, je vis ma compagne
Patricia, dans un escalier, en train d’observer le dessous d’un pied de
Ghislaine. Bien que curieux de ce que j’avais pris pour un autre de ces
mystérieux rituels féminins, je ne m’approchai pas et restai discret sur la
chose. Pourtant, à l’heure du repas, je ne pus m’empêcher d’aborder le
sujet.
« Ah, je vous ai vues tout à l’heure, dans l’escalier, avec Ghislaine…
C’était bien ? demandai-je à Patricia.
- Oh, tu sais ce qu’elle a fait, Ghislaine ?
- Eh bien, non, justement…
121
Miracles quotidiens
- Après ton cours sur les anesthésies, elle a testé gentiment sur ses amies de
formation, et puis elle est rentrée à sa chambre d’hôtel – elle avait sa trousse
médicale avec elle –
elle a pris un bistouri, elle s’est anesthésiée le pied, et a retiré comme ça une
verrue plantaire qu’elle avait !... Figure-toi qu’elle m’a montré la plaie, ce
matin, et qu’elle avait cicatrisé dans la nuit !! C’était encore tout rose, bien
sûr, mais pas saignant, la peau a déjà commencé à bien se reformer. »
Ne vous amusez pas à faire cela chez vous ! Ghislaine était une
professionnelle soignante et elle prenait ses responsabilités. Elle me confia
plus tard avoir « testé quelque chose », une « suggestion d’hyper-
cicatrisation » : elle avait demandé à son corps de faire en sorte que la plaie
cicatrise plus vite que de nature. Ghislaine avait pensé que si ça pouvait
fonctionner, ce serait génial… et ça a fonctionné !
Où sont les limites de notre esprit ?
La fracture ouverte de Maurice
Dans le même style, et pour conclure avec les expériences d’anesthésies
hypnotiques, voici comment Maurice, peintre en bâtiment de son état, put
aider son fils aîné, lors d’un accident.
Maurice a cette qualité d’être qu’il possède une foi inébran-lable en la vie.
Certains associeraient cette foi à une forme de naïveté mais, comme le
précisait le professeur Bernheim, de son temps : la crédulité, ou naïveté, est
le fait de croire en n’importe quoi ; la crédivité est cette capacité que
certains ont de pouvoir croire sans preuve. La crédulité est une faiblesse, la
crédivité est une force.
Le terme « crédivité », inventé par Bernheim, n’est pas resté dans le
dictionnaire, mais l’idée était bonne : croire à n’importe quoi sans réflexion
ni intelligence n’a rien de profitable ; mais pouvoir croire et donc agir sur sa
seule conviction est une puissance que beaucoup envient.
122
Miracles quotidiens
Maurice n’avait peut-être pas l’intelligence des diplômes, mais il avait celle
du cœur, bien plus importante dans la vie, et quand il faisait quelque chose,
il y croyait à 100%, ce qui donnait à ses suggestions hypnotiques une
efficacité incom-parable, jalousée par bien des professionnels.
C’est ainsi que, bien longtemps après la formation en Hypnose qu’il avait
faite pour son propre plaisir, Maurice et son fils étaient partis pour la
journée en randonnée cycliste.
Le fils de Maurice devait avoir à l’époque une vingtaine d’années et, avec
son père, il pratiquait le vélo tout-terrain.
C’est au plus profond de la forêt que le fils de Maurice fit une mauvaise
chute. Il n’était pas vraiment sonné, mais une douleur insoutenable montait
de sa jambe gauche. Le papa examina la peau déchirée, pour constater que
quelque chose de dur sortait de la jambe : très vraisemblablement, son fils
devait s’être brisé le tibia. Il s’agissait d’une fracture ouverte !
Fort de sa confiance en l’Hypnose, Maurice décida de pratiquer une
anesthésie hypnotique sur son fils, afin de l’aider à patienter jusqu’à ce que
les secours arrivent ; cela fonctionna parfaitement et il put le laisser seul,
l’esprit tranquille, pendant qu’il partait à la recherche d’un téléphone.
Lorsque Maurice revint avec l’équipe du SAMU, son fils l’attendait
calmement, les yeux clos, la respiration tranquille.
Il maintenait du mieux qu’il pouvait l’anesthésie de son père.
Le médecin put procéder aux premiers soins et, arrivé à l’hôpital, le fils de
Maurice ne souffrait toujours pas.
Le chirurgien qui se chargea de remettre la fracture fut si impressionné du
calme du jeune homme, et de l’absence indubitable de douleur, qu’il
autorisa que la pose de la broche se fasse également sous anesthésie
hypnotique, sous surveillance de l’anesthésiste habituel, bien sûr. L’équipe
médicale, bien qu’au courant des possibilités de l’Hypnose en travail
d’urgence, n’avait peut-être jamais eu l’occasion de travailler réellement
avec un patient en état d’hypnose. C’était le 123
Miracles quotidiens
moment de tester in vivo ce que cela donnait ! Aujourd’hui, il ne se passe
plus un congrès d’anesthésistes sans un atelier ou une conférence sur les
possibilités médicales de l’Hypnose.
Toutefois, cette pratique reste encore anecdotique et très liée aux impératifs
budgétaires des hôpitaux. Une anesthésie hypnotique prend en effet plus de
temps à « poser » qu’une anesthésie chimique, ce qui est bien sûr moins
rentable…
Quoi qu’il en soit, le chirurgien et l’anesthésiste de l’hôpital où le fils de
Maurice avait reçu ses soins furent si satisfaits de l’intervention hypnotique
du papa qu’ils l’autorisèrent même à renouveler l’expérience, cette fois-ci
avec un peu plus de préparation, lorsque le moment fut venu de retirer la
broche de la jambe. Et tout se passa à nouveau formidablement bien.
S’il est possible de comprendre les nécessités financières des entreprises
hospitalières, on pourrait tout de même espérer qu’une place plus large soit
faite à des interventions plus humaines, lorsque les conditions et le patient
le permettent.
Nul besoin d’être psychologue, ou même porté sur la psychologie, pour
produire une anesthésie hypnotique. Un minimum de formation permet aux
médecins intéressés d’intégrer, et relativement facilement en plus, cette
technique dans leur pratique, en hypnose pure ou en hypnosédation.
Toutefois : pourquoi vouloir confier aux mêmes professionnels tous les
domaines de la santé ? Le monde médical est extrêmement technique et il
évolue à grande vitesse. Les professionnels de ce secteur n’ont pas
forcément envie d’ajouter encore aux obligations de leur métier… comme
ils peuvent très bien ne pas avoir d’intérêt pour cette facette de l’être
humain. Laissons donc la mécanique aux mécaniciens, et le travail avec
l’esprit aux professionnels de l’esprit.
Les hôpitaux engagent bien des clowns et des magiciens pour divertir leurs
patients, pourquoi pas des psychothérapeutes pour prendre en charge leur
bien-être psychologique ?
124
Miracles quotidiens
=7=
HANNA ET LA JEUNE REBELLE
Hanna était une grande et belle femme d’une trentaine d’années. Sa longue
chevelure blonde auréolait un regard bleu profond qui semblait vous
transpercer. La jeune femme se savait séduisante et elle en jouait ! Je la
connaissais depuis quelques temps déjà, ainsi que son mari, lorsque survint
un phénomène étrange et tout à fait incompréhensible à qui ne connaît pas
les mécanismes de l’Inconscient. Comme Hanna l’avouait elle-même, elle
avait toujours eu un tempérament fort, à l’image de son physique assez
sportif. Son entourage avait toujours pensé qu’il s’agissait du caractère
d’Hanna, très fière de sa beauté et très susceptible d’en abuser à l’occasion.
Plus tard, lorsque la situation se fut calmée, Walter, le mari d’Hanna, me
confia qu’il avait toujours connu sa femme ainsi et que les disputes
conjugales avaient été choses courantes depuis le début de leur relation, il y
a dix ans.
Vous allez voir à quel point on peut être téléguidé par notre Inconscient,
dont certaines facettes peuvent être si présentes que plus personne ne trouve
cela anormal.
Voici donc l’histoire d’Hanna : un soir, alors qu’ils s’étaient disputés
comme cela leur arrivait souvent, Hanna devint comme hystérique. Elle ne
parlait plus avec sa voix habituelle, elle utilisait un vocabulaire que l’on
aurait attribué plutôt à une fillette qu’à une adulte, et elle trépignait, hurlant
et pleurant, secouée d’une rage venue des tréfonds d’elle-même.
Walter me raconta avoir d’abord été surpris de la violence de la réaction
émotionnelle de sa femme, avant de comprendre que celle qui hurlait
devant lui n’était pas la femme qu’il avait toujours connue. C’est là qu’il
m’appela en urgence.
125
Miracles quotidiens
Lorsque j’arrivai sur les lieux, Hanna et Walter paraissaient tous les deux
hagards. Lui ne savait pas quoi penser de la situation, et elle était comme
droguée. Walter me fit le récit de ce qui venait de se passer pendant que
Hanna restait prostrée, accroupie contre une armoire, dans un coin de la
pièce. Ses cheveux habituellement si bien coiffés lui retombaient sur les
yeux, comme pour cacher le vide de son regard.
Fort du peu d’informations que m’avait données Walter, je conclus à une
sorte de régression de la jeune femme. Elle avait pris la physionomie d’une
adolescente vexée et, si j’avais raison, son ton de voix nous confirmerait
son âge. Je m’approchai donc doucement d’elle.
« Hanna… on peut parler ?
- Va-t-en ! cria-t-elle brusquement. Tu es pareil que lui !! »
Je connaissais la jeune femme très chic et distinguée, exprimant avec
aisance une grâce naturelle, et son langage était habituellement en harmonie
avec son élégance – mais, là, ce n’était plus du tout le cas. Elle avait la voix
et l’attitude d’une adolescente. D’instinct, je lui aurais donné treize ans et,
croyant toujours avoir à faire à une régression spontanée, je la grondais
comme on pourrait gronder une jeune fille :
« Dis donc, fillette, à treize ans on ne parle pas comme ça à un adulte !
Alors, tu te calmes et tu me dis ce que tu veux. »
On prend l’habitude, lorsque l’on pratique depuis longtemps les régressions
hypnotiques, d’adopter le ton de voix qui convient à l’âge atteint par la
personne en état d’hypnose : on parle différemment à un enfant de trois ans,
qu’à un adolescent ou à un adulte. Et c’est ce que je faisais avec Hanna,
sous le regard surpris du mari.
Hanna recommença aussitôt à hurler, véritablement hystérique, au point que
nous fûmes obligés, Walter et moi, d’immobiliser doucement, mais
fermement la jeune femme.
Je commençais à me dire qu’il allait falloir l’hospitaliser !
Mais Hanna finit par se calmer, haletante, le regard à nouveau 126
Miracles quotidiens
vide, comme d’une frustration longtemps contenue et qui serait retournée se
cacher dans son antre profond.
Je profitai de l’accalmie pour parler à nouveau à Hanna, cette fois sur un
ton d’adulte, afin de dissocier la jeune femme de son comportement
d’enfant et l’aider à en sortir, à la faire revenir au présent. Quelle ne fut pas
ma surprise de constater que Hanna n’était absolument pas en régression : il
n’y avait plus de « partie adulte » présente, mes paroles se heurtaient à la
logique de la jeune adolescente, qui usait du corps adulte pour réaliser ses
caprices ! On aurait cru voir une personnalité multiple, chose extrêmement
rare.
D’ordinaire, la personne présente une cassure de personnalité : une facette
d’elle perturbe son comportement habituel, jusqu’à créer parfois de réels
conflits intérieurs. On a alors accès aux différentes facettes de la personne.
On s’adresse à l’esprit conscient, adulte et qui a fait le chemin jusqu’au
cabinet de consultation, et on parle avec lui de ce qui l’ennuie. La personne
répond en parlant de l’autre partie :
« C’est comme si, à chaque fois que je voulais faire du vélo, quelque chose
m’en empêchait… Je me dis que je vais perdre mon temps, que j’ai bien
d’autres choses de mieux à faire, que ce n’est pas bon pour moi, etc. » dira-
t-elle, par exemple.
La personne adulte, l’identité habituelle, s’exprime sur ce qui la gêne et, en
passant par une symbolisation consciente, on parvient à communiquer avec
la facette inconsciente :
« Ok (la personne est en état d’hypnose) : demandez donc à cette partie de
vous ce qu’elle fait ici…
- Elle (voit une armure)… est là pour me protéger. »
Voyez comment le thérapeute s’adresse en direct à la personne, à son
identité majoritaire, pour obtenir de l’information sur la facette cachée de sa
personnalité.
Dans le cas d’Hanna, c’était impossible : il n’y avait que la partie
auparavant inconsciente. Impossible de recontacter l’identité adulte que l’on
connaissait autrefois.
127
Miracles quotidiens
Hanna semblait comme possédée par la jeune fille rebelle et chaque
proposition que je pouvais faire était aussitôt rejetée.
Même me mettre en synchronisation avec son esprit ne fonctionnait pas, car
Hanna adulte connaissait cette technique et la fille qui avait pris les
commandes d’elle se servait des connaissances de l’adulte pour jouer dans
ce monde-ci.
La situation semblait assez désespérée ! Mon intuition sur son âge paraissait
juste, car l’adolescente avait été comme choquée de m’entendre prononcer
son âge. Si je m’étais trompé, elle aurait ricané ou l’adulte aurait refait
surface pour me dire que je délirais. Là au contraire, Hanna donnait
l’impression d’être une sorte de fantôme, habitué à ne pas être vu, à voyager
invisible dans la vie, et qu’une sorte de médium aurait révélé. La jeune fille
rebelle me regardait comme s’il était impossible que je l’aie découverte.
Je pris tout de même la décision de croire que l’adulte, l’identité habituelle
d’Hanna que la fillette rebelle avait envahie, était toujours quelque part en
Hanna et qu’elle pouvait m’entendre. Je me mis donc à faire le récit de l’art
et la manière de panser la « déchirure d’esprit », de réparer la cassure qui
était certainement à l’origine de la fillette rebelle.
Nous avons déjà parlé page 102 de cette particularité psychologique : si un
enfant se trouve blessé ou traumatisé, pour se protéger, il se dissocie. Or,
cette dissociation fragmente l’esprit. La partie principale de l’esprit
continue de grandir et forme la personne adulte que l’on a en face de soi,
alors que l’enfant qui a fui le corps a stoppé sa croissance et est toujours
quelque part dans l’esprit de la personne, à l’âge qu’il avait au moment des
faits. Généralement, on s’aperçoit de la présence d’une fragmentation de
l’esprit, d’une « partie » dissociée, lorsque l’on aborde certains sujets et que
la personne y répond avec une voix plus jeune. Ce n’est alors plus l’adulte
qui s’exprime, mais l’enfant intérieur.
128
Miracles quotidiens
L’extraordinaire du cas d’Hanna, c’était que la petite partie d’elle-même qui
s’était dissociée avait pris tellement de force qu’elle parvenait à dominer la
personne entière ! Je n’avais jamais vu cela. Alors, je m’accrochai à ma
stratégie et répétai plusieurs fois le récit de ces personnes – d’anciens
patients à moi – qui avait résorbé leur cassure intérieure en consolant
l’enfant en eux, puis en le prenant par la main, pour le faire grandir en taille
et en âge… Le faire grandir, physiquement, jusqu’à ce que l’enfant atteigne
exactement la même taille que la personne adulte, et puis vérifier que les
années soient passées également sur l’enfant, lui enseignant tout ce que
l’adulte sait aujourd’hui, afin que l’enfant intérieur ait le même âge
exactement et les mêmes connaissances que la personne qui fait ce travail
de reconstruction intérieure.
Arrivé à un certain point, l’enfant intérieur, fragmenté, n’en est plus un : il
devient si proche de la personne globale qu’il fusionne à nouveau avec elle,
spontanément. Et la fracture ancienne disparaît enfin…
Hanna et Walter revinrent me voir trois jours durant, pendant lesquels je
répétais mon manège. Je passais des heures avec Hanna, ce qui aurait été
impossible si j’avais été en animation de formation ou si mes journées
avaient été déjà pleines.
Heureusement, le hasard fait souvent bien les choses !
Et voyez encore une fois l’importance de posséder chacun une bonne
connaissance des mécanismes de l’Inconscient. Si Hanna et Walter avaient
su ce que je savais sur le fonctionnement de l’esprit humain, ils n’auraient
pas eu besoin de moi. Nous devrions tous savoir comment nous
fonctionnons !
Le soir du troisième jour, Hanna s’effondra en larmes. Elle m’écoutait
expliquer comment résorber sa brisure intérieure.
Je parlais à la jeune fille rebelle, très douée et très intelligente, puisqu’elle
utilisait les savoirs de l’adulte pour se défendre, et je devais justifier mes
arguments, expliquer comment serait la vie après – lui dire qu’elle ne
disparaîtrait pas. Car la jeune fille 129
Miracles quotidiens
rebelle avait peur : peur de mourir, de ne plus exister en tant que telle… Et
comment dire à quelqu’un qu’il ne va pas disparaître, même s’il cessera
d’être ce qu’il est. Pour la jeune fille rebelle, cela ressemblait beaucoup trop
à la mort ! Oui, elle existerait encore, sous une autre forme, elle se fondrait
en Hanna et pourrait profiter de tous les avantages de la vie adulte, de toute
cette liberté, tout en conservant la joie de vivre et l’esprit qui lui étaient
chers.
Elle ne me croyait pas… Et c’était compréhensible : vous avez déjà tous
entendu ces histoires de vie après la mort. Et vous y croyez, vous ? Si oui,
tant mieux pour vous, car la jeune fille rebelle, elle, avait bien du mal avec
cette idée. Pour elle, « se fondre avec l’adulte » revenait à mourir. Point.
Bien que plutôt tenace, je commençais un peu à m’inquiéter.
J’avais nettement l’impression de parler dans le vide. La seule personne qui
me répondait étant celle pour qui tout cela ne pouvait que mal se finir,
quelle motivation pouvait-elle avoir à faire ce que je lui demandais ? Qu’y
gagnerait-elle ?
Et maintenant, Hanna pleurait à chaudes larmes.
« Je vous ai menti, fit-elle d’une voix grave.
- Comment, menti ?
- Ce midi, quand vous m’avez demandé si la petite fille était toujours là…
quand j’ai répondu, c’était moi. Mais je ne voulais pas que cela finisse, tout
a été beaucoup trop vite, je ne m’y attendais pas… alors, j’ai joué la
comédie, j’ai fait comme si j’étais elle… Mais, il n’y a plus de petite fille.
Votre thérapie a fonctionné » conclut-elle comme un reproche.
Je n’osai y croire ! Mes paroles étaient donc passées ! Le lambeau de chair
à vif qu’avait été la jeune fille rebelle avait cicatrisé. Et Hanna était guérie.
« Puis-je vous poser une question ? demandai-je à Hanna.
- Oui, laquelle ?
- J’aimerais vous raconter ce qui a pu provoquer la cassure en vous, d’après
moi… et vous me dites si j’ai bien deviné.
130
Miracles quotidiens
- Allez-y toujours… »
J’avais ramassé pas mal d’indices, durant ces trois jours auprès d’Hanna et
de son mari Walter, et j’en avais déduit ce qui avait pu se passer pour
Hanna, l’année de ses treize ans.
Toute mon intervention avait été basée sur cette théorie, en plus de la
structure de reconstruction que je vous ai décrite. Et j’avais envie de savoir
si j’avais réussi à deviner le passé, à déduire du présent les évènements à
l’origine de la jeune fille rebelle :
« Alors, voilà, je vous présente ça comme une histoire et, si ça se trouve,
tout est faux – bien que les différents éléments s’accordent logiquement.
- Allez-y donc.
- Ok, eh bien un jour, la jeune Hanna est tombée éperdument amoureuse
d’un garçon un peu plus vieux qu’elle ; elle était folle de lui… mais le père
de la jeune Hanna refusait qu’elle sorte autant qu’elle le désirait. Elle était
encore trop jeune, lui disait-il. La jeune fille ne pouvait se battre contre son
père, qui la retenait chez elle et elle sentait que, si elle ne voyait pas plus
souvent son amoureux, elle le perdrait.
« Un jour, prise de désespoir, la jeune Hanna se rebella contre son père. Il y
eut peut-être même des insultes ?... Quoi qu’il en soit, alors qu’il ne l’avait
jamais frappée, le bon papa, jusque-là adoré, la gifla violemment –
probablement plus fort qu’il ne l’aurait voulu, mais le mal était fait. La
jeune Hanna se réfugia en larmes dans sa chambre, la tête résonnant encore
de la gifle paternelle… et quelques temps après, elle perdit son amoureux
qui, comme sans doute tous les garçons de cet âge, n’allait pas attendre
après une jeune fille fantôme.
« La jeune Hanna vécut alors son premier et plus horrible anéantissement.
Elle ne s’en remit jamais… et le corps et l’esprit d’Hanna continuèrent de
grandir… sans elle.
« C’est elle, la jeune rebelle qui a hanté votre vie ; c’est elle qui a déclenché
toutes les pires disputes de votre vie avec Walter, judicieusement choisi
pour ressembler à votre père ; 131
Miracles quotidiens
c’était elle qui se battait pour sa liberté, avec une ténacité étonnante pour
une femme déjà aussi libre que vous, Hanna ; c’était elle qui se blessait à la
tête et qui cherchait à se faire gifler par Walter, quitte à le gifler vous-même
pour lui montrer ce que vous recherchiez – bien que Walter ait toujours
résisté à l’appel provocateur de la jeune fille rebelle et ne vous ait jamais
touchée, vous, Hanna.
« Vous avez épousé Walter pour reconquérir le cœur perdu de votre père ;
mais la jeune rebelle a tenté, toute votre vie ensemble, de briser votre
couple. Elle a insulté Walter, l’a poussé à bout, à maintes reprises, mais
votre courageux chevalier servant n’a jamais craqué et c’est cela, au
moment anniversaire de la gifle que vous avez reçue à l’âge de treize ans
(c’était à ce même moment de l’année, n’est-ce pas ?), c’est cela qui a
insupporté et énervé tellement la jeune fille rebelle qu’elle a littéralement
craqué : de cachée qu’elle était toutes ces années, elle a fait surface, vous
envahissant, Hanna.
Elle a pris possession de vous pour arriver à ses fins… mais vous ne vous
êtes pas laissé faire, et vous l’avez guérie.
« Ce que vous avez fait, Hanna, est époustouflant. Je n’avais jamais vu
quelqu’un franchir si vite et avec autant de succès une barrière inconsciente
aussi phénoménale ! Vous avez réussi à franchir un cycle de vie… D’autres
que vous y auraient passé leur existence entière, submergés par une blessure
si profonde qu’elle déterminait toute leur vie, sans qu’ils le sachent.
Combien vivent comme cela, téléguidés par leur Inconscient, incapables de
reconnaître que leurs faits et gestes, leurs pensées et leurs sentiments leur
viennent d’une sorte de programme, hérité de leur éducation, de la morale
ou d’une blessure de vie, comme vous, Hanna ?... Mais, vous, avez réussi à
franchir cela, à dépasser cette étape de vie. Comment votre vie va être belle
et épanouie, maintenant ! »
Hanna et Walter, qui était là, m’avaient écouté stupéfaits.
Etais-je tombé juste à ce point ?
132
Miracles quotidiens
« Eh bien… dites-moi ? demandai-je à Hanna. Est-ce que cela a du sens
pour vous ? Qu’en dites-vous ?
- Walter vous a raconté mon enfance, n’est-ce pas ?
- Je vous promets que non, et vous savez bien que nous n’en aurions pas eu
le temps, j’étais toujours avec vous… Donc, la jeune fille amoureuse, la
gifle, la reconquête inconsciente de votre papa, votre caractère qui était en
fait celui de la fillette ?
- Oui oui, confirma Hanna en me regardant comme si j’étais une sorte
d’extraterrestre, c’est incroyable. Vous venez de décrire un de mes
souvenirs d’enfance. Je ne sais même pas si je l’avais déjà raconté à Walter.
- Tu m’en avais raconté des morceaux, fit Walter, mais je ne les avais
jamais assemblés. Je pensais qu’il s’agissait de différents moments de ta
vie… Mais c’est vrai que nos disputes étaient toujours axées sur le même
thème : ta liberté, soi-disant je t’emprisonnais, je t’empêchais d’aimer les
gens que tu voulais, etc. Et tu avais une sorte de pouvoir, de don pour
m’énerver, comme jamais je ne m’énerve avec personne d’autre… Et puis,
ce truc avec la tête, c’est vrai aussi. C’est comme si tu essayais de
m’obliger à te frapper – je ne l’ai jamais fait ! Mais je comprends mieux
d’où ça venait… C’est vraiment complètement incroyable. Je n’en reviens
pas de la puissance de l’Inconscient, qui manipule autant la personne que
son entourage… Incroyable ! »
Personnellement, j’étais assez content d’avoir pu remonter aussi
précisément dans l’histoire d’Hanna, sur l’observation de quelques faits
présents, comme un Sherlock Holmes de l’esprit. Mes années d’observation
et de compréhension du genre humain étaient payantes, et j’étais fier
d’avoir pu aider Hanna à franchir ce cycle de vie, comme je le lui avais dit.
Car l’Inconscient est d’ordinaire si puissant, qu’il est rare de rencontrer des
gens possédant la force de caractère nécessaire à le transcender. Des gens
capables de retrouver leur identité vraie et devenir vraiment eux-mêmes.
133
Miracles quotidiens
Margot, les nuages et le soleil
On ne peut jamais juger si l’expérience vécue par la personne la marquera à
vie ou non – certains traverseront sans encombre de terribles épreuves de
vie, et s’en trouveront peut-être même grandis, quand d’autres
s’effondreront sous des choses qui pourraient nous paraître insignifiantes.
La gravité ou le manque de gravité apparent n’indiquent pas comment la
personne va réagir inconsciemment, à long terme.
Ainsi, il est toujours bon d’éduquer chacun sur les particularités de son
Inconscient, les plus petits comme les grands.
Margot avait neuf ans à peine. C’était une jolie petite fille aux cheveux fins,
coiffés comme ceux de sa maman. Tout allait pour le mieux dans sa vie
d’enfant, si ce n’était qu’à son âge elle faisait encore pipi au lit.
La maman de Margot ayant entendu parler de l’Hypnose vint un jour me
confier sa fille.
« Voilà docteur…
- Oh, je ne suis pas docteur, vous savez, l’interrompis-je.
- Oui, bien Margot souffre d’énurésie, et…
- Houlala ! m’exclamai-je en coupant à nouveau la parole à la maman et en
me retournant vers sa fille. Cela doit être horrible ! Et c’est très douloureux
? Ça fait mal ?
- Ben non, ça fait pas mal, monsieur, répondit la fillette.
- Tu ne souffres pas, alors ?
- Non, j’ai même pas mal !
- Bon, tant mieux, et qu’est-ce qui se passe alors ?
- Je fais pipi dans mon lit sans faire exprès. »
Voilà qui était bien mieux formulé.
« Oh, tu fais pipi dans ton lit sans faire exprès ? Eh bien, tant mieux aussi…
ça veut dire que ça s’arrêtera aussi sans faire exprès… Mais tu sais
comment demander ça à ton corps ?
- Ben non, c’est pour ça que je suis là. »
134
Miracles quotidiens
La petite fille avait exprimé mieux que sa maman son souci et l’objectif de
notre rencontre. Je n’allais pas la soigner ou lui faire quoi que ce soit.
J’allais lui apprendre à parler avec son corps – et elle pourrait ensuite lui
demander d’arrêter de
« faire pipi dans son lit sans faire exprès ».
La maman assise dans un coin de la pièce, Margot et moi nous mîmes en
devoir de découvrir comment parler à son corps. J’en profitai pour poser de
discrètes questions à la fillette sur sa vie, à la maison, à l’école, avec ses
parents, le petit frère et les copines. Apparemment, tout allait bien. Il devait
s’être passé quelque chose, un jour, qui avait bloqué la petite fille dans son
apprentissage de la propreté, mais cette chose semblait avoir disparu… sauf
que le blocage était resté.
Il suffisait maintenant à Margot de trouver son moyen à elle de
communiquer avec son Inconscient.
Il aurait été plus facile d’induire une transe hypnotique chez l’enfant, puis
de lui donner quelques suggestions, directes ou métaphoriques (« fermer le
robinet dans le ventre »), mais elle n’aurait pu alors faire connaissance avec
son Inconscient.
Milton Erickson n’a jamais vraiment cherché à ce que ses patients prennent
conscience de leur Inconscient – il leur demandait de lui faire confiance («
faites confiance à votre Inconscient » est la phrase la plus célèbre
d’Erickson !), pas d’entrer en collaboration active avec lui. Il s’agissait de
le laisser faire. On trouve cependant, en Hypnose Ericksonienne, la trace
d’une première association d’action entre l’esprit conscient de la personne
et son esprit Inconscient chez Ernest Lawrence Rossi, qui fut l’ami et un
proche collaborateur de Milton Erickson. Rossi finissait souvent ses
inductions hypnotiques par quelque chose comme cela :
« Et vous pouvez revenir ici et maintenant, au fur et à mesure que votre
esprit conscient et votre esprit Inconscient comprennent qu’ils peuvent
désormais collaborer, chaque jour. »
C’était le premier pas vers une participation plus active de 135
Miracles quotidiens
l’esprit conscient (ce que vous identifiez par « Moi ») et l’esprit profond,
inconscient, de la personne. Le second pas fut franchi par les praticiens
modernes de l’Hypnose, dont le sexothérapeute Daniel Araoz, qui baptisa «
Nouvelle
Hypnose » l’utilisation des techniques éricksoniennes dans un esprit plus
vaste d’évolution personnelle.
Le cas de Margot pourrait donc dignement figurer au chapitre suivant sur la
Nouvelle Hypnose, car la fillette apprit par son expérience à collaborer avec
son Inconscient, plutôt qu’à lui faire aveuglément confiance.
Quoi qu’il en soit, il illustre bien mon propos, qui est de vous montrer à
quel point votre Inconscient peut déterminer votre existence, du plus simple
détail à l’entièreté de votre vie, comme dans le cas précédent d’Hanna…
alors qu’il peut suffire de peu, lorsque c’est pris à temps, pour lui demander
de changer de comportement – de vous faire changer.
Margot avait maintenant trouvé un moyen secret (elle ne voulait pas me le
dire, pour l’instant) de demander ce qu’elle désirait à son Inconscient.
« Mais je ne sais pas à qui je dois le dire, fit-elle.
- Tu veux que je te le présente ? proposai-je.
- Oh oui, comment allez-vous faire ?
- C’est très facile. Il faut que tu sois bien assise, c’est tout. »
La fillette s’installa dans mon fauteuil de cuir vert et je commençai une
induction hypnotique rapide :
« Regarde ta main… laquelle tu veux ?... La main droite ?
D’accord. Alors, regarde la main droite. Tu vas voir, elle va devenir légère
toute seule, mais tu ne fais rien, hein ?
Promis ? Tu la laisses faire, sinon c’est de la triche ! »
La fillette promit et commença à fixer sa main.
« Garde bien encore les yeux ouverts pour voir quel doigt de la main va
commencer à bouger en premier… Et puis, si les yeux deviennent trop
fatigués de regarder, quand ça va arriver tu peux juste continuer de regarder
la main en imagination. »
136
Miracles quotidiens
En quelques minutes, la main de Margot flottait à hauteur de son visage.
Elle l’avait observée monter, puis ses paupières s’étaient closes par petites
saccades répétées.
« Tu as vu ton Inconscient faire bouger la main ?
- Hmmm, fit l’enfant en hochant la tête.
- Donc, tu sais qu’il existe maintenant… Tu sens qu’il est en toi et que,
finalement, c’est ton grand Toi… juste toi plus grande et plus forte que tu
pensais… et que tu peux lui demander tout ce que tu veux… puisque c’est
Toi ! »
Je laissai Margot réfléchir quelques secondes à tout cela, puis lui proposai
de poser sa demande :
« Tu m’as dit que tu avais trouvé un moyen d’avoir ton lit bien sec tous les
matins… un moyen secret… et il faudrait que ton copain l’Inconscient fasse
ça pour toi… C’est facile !
Pour lui demander, tu n’as pas besoin de réfléchir ou de le vouloir très
fort… Tu n’as qu’à en avoir envie, tout comme tu peux avoir envie de lever
ta main et elle se lève… Tu as vu comme l’Inconscient peut faire lever ta
main sans que tu ne fasses rien, si tu en as envie… Ben, ça sera pareil pour
le ventre… si tu lui demandes à ta façon secrète. »
Les yeux fermés de la fillette bougeaient fortement, exactement comme
ceux d’une personne qui rêve. Je savais qu’elle était en contact avec elle-
même.
A l’issue de cette première rencontre, la maman me demanda quand est-ce
qu’elle devait me ramener Margot.
Aussitôt, je vis du coin de l’œil la fillette sursauter : s’il y avait besoin de
revenir, c’est qu’on n’avait pas vraiment fait ce qu’il fallait aujourd’hui !
Donner un second rendez-vous à la maman aurait tout simplement annulé
tout le travail effectué… Ainsi, bien que j’aurais moi-même pu souhaiter
revoir la fillette, je m’exclamai joyeusement en réponse :
« Quel rendez-vous ? Mais Margot a fait ce qu’il fallait ! »
A côté de moi, la fillette souriait avec plaisir.
137
Miracles quotidiens
Et c’est Margot elle-même, trois semaines plus tard, qui demanda à sa
maman de la ramener chez moi : elle voulait m’annoncer elle-même son
succès ! Margot m’expliqua qu’elle avait demandé à son Inconscient de
rêver de soleil.
Quand c’était le cas et qu’elle rêvait de soleil, le lit restait sec.
Si jamais elle rêvait de nuages, il lui fallait vite se lever…
Au cours de la première semaine, elle rêva malheureusement deux fois de
pluie, et elle mouilla son lit, mais elle me dit elle-même ne pas en avoir été
troublée car « elle savait que son Inconscient lui amènerait le soleil la nuit
suivante ».
Effectivement, les semaines suivantes, elle ne rêva que de soleil. Margot
m’avait d’ailleurs fait un joli tableau, sorte d’agenda des dernières
semaines, on l’on voyait les nuages et parfois la pluie se transformer en un
beau paysage ensoleillé.
Le lit de Margot était maintenant sec toutes les nuits et sa vie pleine de
soleil.
Hier, j’étais alcoolique
On lit parfois dans les ouvrages spécialisés en Hypnose que cette approche
n’est pas utilisable avec les personnes droguées, alcooliques ou – d’un point
de vue général – habituées aux états modifiés de conscience (bien que
provoqués par la drogue ou l’alcool, ou même des médicaments). Comme si
la personne, de rester par trop consciente du processus hypnotique, pouvait
en profiter pour l’empêcher ou le briser.
Tout cela peut être certainement vrai pour un thérapeute habitué à travailler
avec des patients « endormis », sans réaction contestataire ni critique. Ce
serait vite oublier que seul le patient sait où il a mal et qu’il est souvent
bien dommage d’avoir à travailler avec quelqu’un d’amorphe.
Personnellement, j’aime bien travailler avec les personnes habituées à
d’autres « états de conscience » : le processus d’induction hypnotique s’en
trouve raccourci. Il n’y en a pas !
138
Miracles quotidiens
Par contre, je n’ai pas droit à l’erreur car, si la personne change
spontanément d’état de conscience, simplement lorsque je lui fais repenser
à son dernier « trip » ou à sa dernière « cuite » – ou lorsqu’elle arrive chez
moi droguée ou alcoolisée, donc déjà dans un autre état que sa conscience
normale – elle conserve dans cet état un jugement et une capacité
d’observation que les gens ordinaires n’ont plus.
Gérard était un homme branché, souriant, ses vêtements étaient soignés et
on voyait qu’il prenait grand soin de son look. Gérard avait réussi dans la
publicité et il en était fier.
Alors qu’il était parti de rien, son équipe comptait maintenant près d’une
cinquantaine de personnes, ce qui était énorme.
Gérard venait me voir pour un problème quasi professionnel, m’expliqua-t-
il
: il travaillait tellement, jusqu’à
quatorze heures par jour, que depuis cinq ans il se « dopait à la vodka ».
Chaque jour, il emportait au bureau une bouteille d’eau minérale d’un litre
et demi remplie d’alcool, qu’il buvait systématiquement après le départ de
ses employés, puisqu’il restait travailler le soir, souvent fort tard.
Gérard m’assura ne jamais boire chez lui, ni seul ni avec des amis,
seulement au travail, « pour tenir ». Il souffrait donc d’un stress si
oppressant qu’il n’avait trouvé que l’alcool pour le soulager.
Autre détail d’importance, Gérard m’expliqua que dans son milieu
professionnel (du moins pour les gens qu’il côtoyait), il était souvent de
coutume de fêter la signature d’un contrat par la consommation de quelques
grammes de cocaïne, ce qui n’était pas forcément désagréable, dit-il, mais
l’alcool était nécessaire là également pour tempérer les effets de la drogue.
Pour moi qui ne fume pas et qui ne bois pas d’alcool, je découvrais un autre
monde !
Je profitai du recueil d’informations de début de séance pour me renseigner
sur les sensations de toutes ses substances.
139
Miracles quotidiens
Ayant récolté les éléments qui me permettraient d’accompagner Gérard en
hypnose sans dire de bêtise, j’optai pour une technique d’intervention qui
allait me permettre de contacter la source inconsciente du stress de Gérard,
et de faire en sorte que cette part profonde de lui invente d’autres solutions
que l’alcool pour surmonter sa charge de travail.
Travailler logiquement et consciemment n’aurait guère aidé la situation,
puisque le stress (comme la peur) est un ressenti profond que seul
l’Inconscient de Gérard déterminait. Si ce dernier n’avait pour l’instant
trouvé aucun autre moyen que l’alcool, il fallait l’aider à mettre à jour
d’autres solutions…
mais toujours inconsciemment, c'est-à-dire au niveau qui générait le
problème.
Fidèle à mon habitude, certes pas très éricksonienne, je lui expliquai tout
cela et nous commençâmes l’induction hypnotique.
Comme beaucoup d’artistes ou de personnes créatives, Gérard s’avéra être
très doué pour entrer en hypnose. Il avait probablement aussi beaucoup de
sommeil en retard et mon induction axée sur la remémoration de ses plus
mémorables cuites avait probablement bien aidé aussi ! Toujours est-il qu’il
entra assez rapidement dans une transe hypnotique moyenne, presque
profonde. Je ne m’adressais plus à lui, mais seulement à son Inconscient,
m’aidant de certains signaux physiques mis en place par suggestion, pour
savoir si celui-ci comprenait et agissait : lorsque l’Inconscient était
d’accord, il y avait une petite secousse de la tête de Gérard, sur le côté ; et
lorsqu’il n’était pas d’accord, les pattes d’oie au coin de ses yeux se
fronçaient. Il s’agissait de ce que l’on appelle techniquement un signaling,
celui-ci étant dit naturaliste car il utilisait des indices spontanés chez la
personne, alors que le signaling formel utilise simplement des mouvements
de doigts.
« Et j’aimerais demander maintenant à l’Inconscient de Gérard de découvrir
la véritable source de ce qu’il y a à changer dans Gérard pour que sa vie
s’améliore… »
140
Miracles quotidiens
J’allais ainsi à la recherche de la vraie cause du problème, au-delà de la
compréhension logique et de la version officielle donnée par Gérard. Je
n’en connaîtrais jamais la teneur – pas plus que Gérard – mais je saurais
quand l’Inconscient aurait découvert cette véritable cause avec l’apparition
du signal OK, quand la tête aurait cette petite saccade impossible à imiter
volontairement. Je savais aussi que mon indice serait des plus honnêtes, car
Gérard ignorait comment je voyais que son Inconscient me répondait.
De questions posées en réponses inconscientes, j’en arrivai à cibler
précisément la partie psychologique profonde responsable des soucis de
Gérard, et même à m’adresser à elle.
« Et c’est comme un jeu… inventer plein d’autres manières de faire… mille
et une autres façons de répondre à cette même situation, à ce besoin
profond… de toutes les manières possibles : on s’en fiche, c’est juste un jeu
!... Et cette part de Gérard qui s’occupe de tout cela peut à nouveau me
signaler qu’elle a inventé beaucoup d’autres façons de vivre, de bouger et
de penser, de percevoir le monde et d’y réagir, simplement comme elle l’a
déjà fait tout à l’heure… »
Je ne pouvais pas dire spécifiquement de quoi il s’agissait quand je parlais
de ce qui changeait chez Gérard, puisque c’était la cause profonde
déterminée par l’Inconscient de Gérard, et qu’il m’était impossible d’en
connaître l’essence.
Parler d’elle suffisait à cette part de lui pour se reconnaître.
Preuve m’en était qu’elle réagissait, ce dont nous aurions confirmation
prochaine avec la transformation de Gérard.
C’est ainsi que, suivant un protocole d’intervention précis, j’aidais la petite
partie de l’Inconscient en charge du symptôme à trouver d’autres moyens
de résoudre son problème. Quand ce rouage profond de la personnalité de
Gérard m’envoya le signal OK pour me confirmer qu’il avait trouvé et
accepté une autre façon de faire pour être bien au travail, ni moi ni même
Gérard ne savions de quoi il s’agissait. Gérard, lui, n’avait 141
Miracles quotidiens
même pas conscience d’avoir signalé quoi que ce soit ! C’est donc dans la
plus grande interrogation qu’il sortit de transe hypnotique, après quelques
suggestions pour qu’il accepte enfin de se faire davantage aider dans son
travail.
D’un naturel spontané et joueur, Gérard m’avait avoué en début de notre
rencontre qu’il était très circonspect quant à la réussite de la séance
d’hypnose et que « si cela marchait, il me tiendrait aussitôt au courant »…
ce qu’il fit dès le lendemain matin, car il venait de passer sa première nuit
de travail sans alcool depuis cinq ans ! Il était stupéfait et parlait de miracle
pur et simple ! Je modérai son enthousiasme en le poussant à rester aux
aguets d’une éventuelle amélioration supplémentaire tout à fait imprévue.
Un trimestre plus tard (c’était le temps qu’il s’était donné pour valider notre
seule et unique séance), il m’appela pour me confirmer avoir véritablement
changé. Pour se récompenser, il avait aussi décidé de partir un peu plus
souvent en week-end avec sa femme et disait réfléchir aux moyens de ne
pas travailler plus de douze heures par jour.
Un an après, alors que je recevais un groupe de formation à propos des
addictions à l’alcool, la drogue, etc. je reçus un autre email de Gérard qui
fêtait sa première année de liberté retrouvée ! Une séance d’hypnose pour
cinq ans de dépendance à l’alcool, il y avait de quoi être fier de cette
réussite.
Hypnodrogue inoffensive
Malheureusement, la plupart des cas de traitement de l’alcoolisme sont bien
plus longs à traiter, car ils ne concernent pas un problème ponctuel de vie,
mais l’existence tout entière.
Si Gérard avait été brisé dès l’enfance et qu’il avait fui dans l’alcool ou la
drogue, le travail n’aurait pas du tout été le même, c’est évident. C’est toute
sa personnalité qu’il aurait fallu guérir et reconstruire.
142
Miracles quotidiens
Son cas nous montre toutefois que si le souci n’est pas caractériel ou
existentiel, il peut être facilement surmonté.
L’histoire de ce couple d’anciens baba-cools illustre d’une autre manière le
fait que changer peut être rapide, si on prend la situation dans le bon esprit.
La jeune femme qui venait de s’asseoir devant moi était grande et assez
jolie. Ses lunettes rondes maintenaient la frange d’une longue chevelure
brune. Directe et souriante, elle m’expliqua qu’elle et son conjoint fumaient
du haschich depuis toujours, que c’était leur plaisir, mais qu’ils devaient
arrêter car leur fils devenait un peu trop grand et qu’il était parfois choqué
de les voir tous les deux « partis », le dimanche toute la journée, allongés
sur leur lit. Bien qu’ils apprécient cette drogue et en consomment avec
modération, disait-elle, il leur fallait stopper cela pour raisons familiales.
« Et si je vous proposais de continuer ? lançai-je, provocateur.
Mais gratuitement, plus rien à acheter, et sans les incon-vénients qui vous
font croire qu’il faut arrêter…
- Je ne comprends pas, commença la jeune femme en se redressant dans son
fauteuil, les yeux plein d’intérêt.
- Je vous propose de trouver un moyen de vous envoyer en l’air, mais sans
drogue, gratuitement, et avec la capacité d’entrer et de sortir à volonté de
l’état en question, par exemple si le téléphone sonne ou si votre fils a besoin
de vous.
- Et c’est possible, ça ? »
Je répondis par un large sourire mystérieux.
« Je vous montre ? On y va ? »
La solution était simple :
1. évoquer les effets de la drogue permet de mettre la personne en état
d’hypnose ;
2. beaucoup de personnes qui connaissent la drogue me disent que
l’hypnose leur fait le même effet ; 3. l’auto-hypnose peut s’apprendre en
moins d’une heure.
143
Miracles quotidiens
J’allais conduire la jeune femme en état hypnotique par évocation de ses
sensations lorsqu’elle était droguée. Elle entrerait en transe et vivrait les
mêmes trips. Il me suffirait de bien lui expliquer comment reproduire le
phénomène pour qu’elle puisse s’envoyer en l’air à volonté, gratuitement,
puis interrompre et reprendre l’expérience quand elle le désirait, sans effet
secondaire physique, ni temps d’inertie.
Par ailleurs, la jeune femme ne présentait aucun des signes ou indices de
fuite de la réalité, rien de vraiment pathologique qu’il aurait mieux valu
traiter, plutôt que l’encourager à abandonner encore son quotidien, même
d’une autre façon.
Non, la jeune femme paraissait saine et je me devais de respecter son choix
et son goût pour ses voyages dominicaux.
J’allais lui offrir la possibilité de les effectuer différemment, voilà tout.
« Alors, quel effet ça fait, quand vous fumez ?... Comment vous savez que
cela commence à être bien ?
- Oh, ça me picote curieusement sur le dessus de la tête.
- Ça vous picote curieusement sur le dessus de la tête… oh, et après ? Cela
continue comment ?
- Heu… (ferme les yeux un instant) le picotement devient plus intense… et
ça me fait drôle dans le visage.
- Ah, ça vous fait drôle dans le visage… et ? »
Vous comprenez le procédé ? Je poussais la jeune femme à me décrire son
entrée en état modifié de conscience (celui de la drogue), puis je répétais à
sa suite et au présent ce qu’elle venait de me dire. Ses yeux s’étaient
complètement fermés.
« Hmmm… il y a des couleurs qui viennent…
- Hmmm… des couleurs qui viennent… oui…
- Et il y en a une, là… elle est belle…
- Elle est belle, hein… Vous l’aimez ?...
- Oui, je l’aime… Elle est belle… et elle m’envahit.
- Elle vous envahit… C’est bien… Et c’est bon ? »
La jeune femme dodelinait inconsciemment de la tête.
144
Miracles quotidiens
Après cette première transe, la jeune femme était tout excitée ! Elle avait
compris qu’elle pouvait vivre ses expériences sans drogue, simplement en
hypnose. Nous allions reproduire l’induction deux autres fois, durant notre
heure de rencontre, et je n’aurais plus qu’à parler de moins en moins, la
laisser remettre en place d’elle-même le processus, jusqu’à ce qu’elle soit
autonome.
A la fin de l’heure, la jeune femme savait entrer en état d’hypnose toute
seule, et elle était ravie !
Deux jours plus tard, son conjoint vint me voir pour que je lui apprenne la
même chose – ce que nous fîmes. Il me raconta combien sa femme était
heureuse, comme elle se sentait libérée, de savoir qu’elle pouvait retrouver
cet état à volonté, n’importe où, sans exigence ni limite particulière…
Du coup, elle semblait en avoir moins besoin. Mais ce n’était pas encore
son cas, et il était impatient !
Malheureusement, il nous fallut bien plus d’une rencontre avec ce monsieur
car, comme Gérard dans notre cas précédent, le haschich faisait partie
intégrante de son activité professionnelle (laquelle ? il ne me l’avait pas dit)
mais visiblement, il ne pouvait pas arrêter aussi facilement. Nous dûmes
donc trouver des ruses et astuces, développer sa capacité à exprimer ses
propres besoins et volontés, en plus de l’apprentissage de l’auto-hypnose.
Cela nous prit plus de temps, mais lui aussi parvint à se libérer de sa
dépendance à la drogue. Désormais, il se shootait à l’hypnose !
~oOo~
Voyez comme il est curieux que le fait de retrouver l’entièreté de son esprit
fasse basculer l’être humain en « état modifié de conscience »… Peut-être
viendra le jour où cet état nous sera naturel et où l’utilisation à 100% de ce
que nous sommes ne nous paraîtra plus étrange ou surnaturel ?
145
Miracles quotidiens
Mathieu ne fera plus de cauchemars
Parfois, une expérience nous poursuit jusqu’à ce qu’on veuille bien la
comprendre – non pas que nous refusions d’apprendre sur nous même, mais
cet apprentissage risque de bousculer notre train-train, notre routine
quotidienne, et changer ainsi la petite vie à laquelle nous étions habitués.
L’Inconscient a horreur que l’on vienne perturber l’équilibre qu’il a pris
soin d’installer pour nous, aussi nous fait-il craindre tout ce qui risque de
nous changer… même si ce changement va dans le sens de la santé ou du
mieux-être.
Cette peur étant quelque chose de viscéral, elle est à la fois simple et
terriblement difficile à surmonter. En tant qu’émotion primaire, il suffirait
de se pousser un grand coup en avant pour dépasser cette peur… Mais c’est
ce « il suffit » qui est difficile, justement, comme pour toutes choses
simples.
Il est en réalité beaucoup plus facile de réaliser quelque chose de compliqué
que quelque chose de simple : lorsqu’une chose est compliquée, on le sait
car elle est constituée de différentes parties elles-mêmes difficiles à
comprendre ou réaliser, alors on tronçonne la chose globale en ses
différentes petites parties et on se met au travail : on apprend à réaliser
chaque élément, patiemment et courageusement. Se faisant, on en oublie la
peur provoquée par l’objet d’ensemble, on oublie que cette chose pourrait
nous faire changer, car on ne travaille que sur des fractions de cette chose,
incapables de quoi que ce soit directement… Quand c’est compliqué, c’est
plus facile ! On s’attelle à la tâche, on apprend, on travaille, et un jour ou
l’autre, on réussit… et on change.
Il en est tout autrement pour une chose simple : la simplicité est du
complexe resserré. Ce sont mille et une petites choses qui, depuis qu’elles
sont ensemble, ont forgé un Tout bien plus vaste que l’addition de chacune
d’elles. Vouloir atteindre ce Tout d’un seul coup revient à être capable
d’agir 146
Miracles quotidiens
simultanément sur l’immense complexité qui forge cet objet unique, sans
faille, comme un bloc lisse et incompréhensible.
Pour bouger cet objet : « il suffit » de le faire. Rien à apprendre ou à
comprendre, « il suffit »… Et c’est cela qui est extrêmement difficile à
faire. Vous connaissez le point de départ ; vous connaissez le point d’arrivée
; il n’y a rien entre les deux qu’une enjambée, un pas à franchir. « Il suffit »
de faire ce pas pour réussir… Un pas qui bougera tout ce qui est en vous ;
un pas que vous ne pourrez faire qu’en bougeant tout ce qui est en vous. La
simplicité, c’est difficile !
La simplicité en thérapie amène à l’élégance et à la puissance d’action : peu
de choses faites, pour une réussite totale. C’est un idéal à atteindre.
Il m’est arrivé d’atteindre cet idéal, souvent sans le faire exprès, en soignant
une personne en moins d’une minute : la personne frappe à ma porte,
lorsque j’ouvre, comme à mon habitude, je me synchronise à elle (voir page
42) et l’intuition vient… plus vite que d’ordinaire ! Là, j’invite la personne
à entrer, et dans la phrase suivante je me mets à parler de vaches : nous
sommes en plein Paris et il n’y a aucune vache à l’horizon ! Mais une
perceuse fait un bruit rauque dans un mur lointain, que j’identifie en
plaisantant avec le meugle-ment d’une vache – ce qui ne m’est pas habituel,
je n’ai rien à faire avec les vaches, je ne m’y intéresse pas et n’y pense
jamais… mais là, je parle de vaches, et je dis quelque chose d’amusant à
propos de la jalousie des vaches entre elles. Rien de logique ou en rapport
avec la situation : je me dirigeai vers mon bureau pour y faire entrer la
personne. Elle était avec moi depuis moins de vingt secondes. Je pensais
simplement faire une de ces blagues idiotes mais qui font sourire, pour
mettre un peu de bonne humeur… La personne s’arrêta net et me regarda
avec des yeux ronds :
« Qu’avez-vous dit ? »
Et là, je sus que j’avais (encore) mis les pieds dans le plat !
147
Miracles quotidiens
« Rien du tout, ce n’était qu’une blague : je suis abonné à Mickey
Magazine, rien de très intellectuel, rassurez-vous.
- Mais, j’ai été élevé dans une ferme ! Je me suis occupé des vaches depuis
l’âge de quatre ans et vous me parlez de vaches.
Je venais parce que je vivais mal une jalousie excessive par rapport à mon
compagnon… mais… ce que vous avez dit…
J’ai compris… J’ai compris que cette jalousie venait de moi et qu’en réalité
je n’ai rien à craindre de concret de mon compagnon. Je ne risque rien !
(elle sourit) Ça va mieux, merci ! »
Nous n’étions pas même encore entrés dans mon bureau !
Evidemment, l’idéal aurait été que je fasse tout cela exprès…
Le fait que je me sois mis en synchronisation était indubitable, je le fais en
permanence, même hors consultations ; l’intuition que j’avais eue m’était
habituelle aussi, c’est une chose qui m’arrive tout le temps ; ne reste plus
qu’à contrôler consciemment tout cela. Faire exprès. « Il suffit » !
Eh bien, parfois on frôle cet idéal. Comme dans le cas de Mathieu, un jeune
homme de vingt-huit ans au teint pâle, qui me disait mal dormir en raison
de cauchemars à répétition.
Ici, l’action fut moins rapide (quinze à vingt minutes), mais le résultat tout
aussi efficace et durable. Mathieu faisait des cauchemars ? J’allais donc lui
en donner.
« Ces cauchemars, comment finissent-ils ?
- En fait, expliqua le jeune homme, c’est toujours le même cauchemar qui
me réveille…
- Le même cauchemar ? Depuis toutes ces années ? Et vous ne savez pas
comment il finit ? »
Plutôt qu’aller explorer les profondeurs de sa psyché, l’idée me vint
d’accompagner Mathieu au moins jusqu’au bout de son cauchemar, qui
semblait être comme une "œuvre inachevée", qui se répéterait sans fin
jusqu’à ce qu’on la conclue.
J’expliquai donc à Mathieu mon plan : il allait refaire son cauchemar sous
hypnose, mais je serais là pour le rassurer.
Ça ne le rassura pas du tout !
148
Miracles quotidiens
L’hypnotiseur doit être suffisamment doux et en même temps fort et solide
dans son accompagnement pour tranquilliser la personne qu’il guide. C’est
un peu comme un guide de haute montagne : si votre guide a le bras faible
et qu’il semble ne pas connaître vraiment la montagne, vous laisserez-vous
pendre à la corde qu’il vous tend pour descendre dans le gouffre ? Lui
ferez-vous cette confiance ?... En Hypnose, c’est la même chose : la
personne sent si son guide a la force de la conduire dans le précipice de son
Inconscient. Et si elle ne sent pas cette force en lui, jamais elle ne sautera
dans le trou !
Vous feriez pareil, et moi aussi ; c’est tout à fait humain.
Une part de Mathieu dut donc ressentir cette force en moi, car bien
qu’encore plus blanc, il entra en transe hypnotique très rapidement, ce qui
est un grand signe de confiance.
En quelques minutes, Mathieu se retrouva secoué de spasmes nerveux. Il
était vraiment entré dans l’action et son cauchemar arrivait à grands pas…
Alors, vous avez déjà vu quelqu’un qui dort, que vous réveillez sans faire
exprès, en entrant dans sa chambre par exemple, et qui se rendort aussitôt
lorsqu’il voit que c’est vous ? Eh bien, c’est ce que fit Mathieu avec son
cauchemar : les rêves nous semblent durer longtemps, mais en vérité ils ne
font que quelques secondes ; Mathieu entra ainsi dans son cauchemar et, un
rien de temps après, il sursauta en criant, comme quelqu’un qui se réveille
d’un cauchemar, justement ! Sauf que je lui tenais la main et qu’aussitôt
qu’il ouvrit les yeux, je lui ordonnai de replonger dans le rêve :
« Je suis là, vous êtes fort, continuez le rêve : allez-y ! »
Mathieu referma les yeux et recommença à grimacer. Deux secondes plus
tard, il rouvrait les yeux, terrifié.
« Mon dieu… gémit-il.
- Vous avez compris ? »
Et il éclata en sanglots.
De ce jour, Mathieu ne fit plus jamais de cauchemars.
149
Miracles quotidiens
L’histoire ne se termine pourtant pas aussi simplement, car ce qu’avait
découvert Mathieu lui révéla une facette de lui qui souffrait d’un mal aussi
vieux que lui. Nous nous revîmes encore quelques temps en thérapie, pour
traiter le problème qui lui était apparu – mais, désormais, Mathieu dormait
et il avait la force physique et la paix de l’esprit nécessaire pour faire
correctement son travail de changement.
~oOo~
Savoir interrompre un cercle vicieux inconscient a parfois aussi son utilité
en dehors de la thérapie officielle. Il est arrivé un jour un accident à ma
compagne, Patricia, qui aurait pu mal se terminer si nous n’avions pas su,
tous les deux, comment fonctionne l’Inconscient.
Lorsqu’une personne est en transe hypnotique, on peut stabiliser cet état
modifié de conscience en créant un phénomène hypnotique – une lévitation
du bras, par exemple – qui servira à confirmer en permanence à la personne
qu’elle est en état d’hypnose : le bras flotte devant le visage de la personne,
qui trouve cela étrange et se dit qu’elle doit être en transe, cette même
pensée vient renforcer l’état d’hypnose… et donc la lévitation du bras ; le
bras flottant de mieux en mieux, la personne se trouve convaincue qu’elle
est bien en hypnose, ce qui maintient d’autant mieux la lévitation du bras,
etc.
C’est le cercle vertueux de l’induction hypnotique.
Mais, voilà comment l’esprit peut entrer dans pareil cercle et s’en servir
involontairement pour stabiliser un mal.
Lors de vacances à la montagne, Patricia, un peu casse-cou, entreprit de
faire quelques acrobaties en snow-board… sauf qu’elle ne savait pas faire
de snow-board ! Elle n’eut donc pas le temps d’effectuer le saut périlleux
prévu, et elle chuta sur le tremplin d’envol et vint frapper violemment
l’arrière de sa tête contre la neige, pas très dure pourtant à l’endroit de sa
150
Miracles quotidiens
chute. Elle se releva sans aucune mémoire de ce qu’elle faisait là : amnésie
spontanée !
Le phénomène est courant en hypnose et les gens le vivent alors sans trop
d’inquiétude. Mais, il n’en est pas de même dans la vraie vie. Patricia me
regarda, affolée :
« Qu’est-ce que je fais là ?... Où sommes-nous ? »
Houla ! Amnésie ! Le choc sur la tête avait dû la sonner. Je lui répondis,
mais ses questions tournaient en boucle.
« Oui, mais… on est où ?... Qu’est-ce que je fais là ?
- Je viens de te le dire… »
Patricia se concentrait sur les dix secondes qu’elle avait oubliées, ce qui
entretenait son trou de mémoire. Elle faisait comme la personne qui regarde
sa main et se confirme qu’elle est bien en état modifié de conscience. Sauf
que, là, je ne pouvais pas prendre la main de la personne et la baisser pour
annuler cette auto-confirmation spontanée ! Le phénomène était purement
psychique, je n’y avais pas accès : il me fallait pourtant empêcher ma
compagne de tourner sans fin dans ce cercle vicieux… d’autant qu’elle
commençait à inquiéter les gens autour, qui pouvaient alerter un médecin,
lequel ne saurait rien faire d’autre que l’hospitaliser.
Imaginez que je bloque le bras d’une personne en l’air, grâce à une
catalepsie hypnotique – le même phénomène qui permettrait de mettre cette
même personne entre deux chaises dans un spectacle d’hypnose. La
particularité de la catalepsie hypnotique est que le bras bloqué n’a plus
aucun jeu ; la personne a le bras comme soudé. Que penserait un médecin
d’un tel état physique, s’il ne savait pas qu’il avait été obtenu par voie
psychique – ou s’il refusait cette éventualité ? Il diagnostiquerait la
contracture, en trouverait les causes physiques, mais ces « causes » ne
seraient que les « effets »
de ma suggestion. En fait, le médecin déciderait probablement d’opérer
cette personne pour la libérer ; il travaillerait sur l’effet, sur la mécanique, et
non sur les causes à l’origine de l’état de la personne : un phénomène
psychologique !
151
Miracles quotidiens
La pensée détermine ce que vivent le corps et l’esprit. Ici, ma compagne
s’était fait sans le vouloir ce que l’on appelle en Hypnose une « interruption
de pattern ». Elle avait stoppé un instant son esprit, par le choc, créant un
vide de pensées…
Ainsi donc, grâce à la compréhension du mécanisme inconscient à l’origine
de l’amnésie de Patricia, ainsi que de la manière dont elle entretenait tout
aussi involontairement cette amnésie, j’avais une chance d’intervenir au
bon niveau, non pas celui de l’effet (l’amnésie) mais celui de la cause : la
vérification en boucle de la réalité du trou de mémoire.
« Mon dieu, j’ai oublié… mais qu’ai-je oublié ?... Je ne sais plus ! Donc,
j’ai perdu la mémoire… J’ai tout oublié… Mais quoi ? Qu’ai-je oublié… Je
ne sais pas… Ah ! J’ai perdu la mémoire… Je suis amnésique, j’ai oublié…
» Etc.
En réalité, l’amnésie ne concerne que dix secondes du vécu de la personne,
mais ce seul trou dans le continuum de sa réalité l’effraie à ce point qu’elle
tente désespérément de le combler ; elle s’y penche encore et encore, en une
véritable boucle hypnotique, au risque d’y tomber définitivement. Car,
préoccupée qu’elle est de ce tout petit espace sans mémoire, elle en oublie
de vivre, ici et maintenant, et elle entretient l’amnésie du temps qui passe au
présent.
C’est ainsi que Patricia oublia une bonne demi-heure de sa vie, jusqu’à ce
que j’arrive à la convaincre de stopper toute forme de pensée en elle.
Sachant ce qu’est une « interruption de pattern », elle comprit que je parlais
d’une boucle hypnotique…
Bien que toujours inquiète, Patricia retrouva son calme. Je pus l’aider à
rassembler les morceaux de sa mémoire : nous nous sommes installés dans
un coin tranquille, et nous avons rejoué la scène. Elle sur le snow-board,
jusqu’à sa chute –
comme dans le cas de Mathieu et son cauchemar. Malgré sa peur de tout
recommencer, elle réussit à « boucler la boucle »
et retrouva la mémoire, à son grand soulagement.
Happy end. Merci l’Hypnose !
152
Miracles quotidiens
=8=
ALLERGIES, VOUS AVEZ DIT ALLERGIES ?
Voici un autre domaine où l’on vérifie l’importance des croyances que l’on
peut avoir en thérapie : nous n’avons aucun cas connu d’allergie soignée par
Milton Erickson…
Pourquoi ? A mon idée, parce que le thérapeute hors du commun n’arrivait
pas à soigner ses propres allergies. N’ayant pas la conviction nécessaire à
réussir, le seul cas d’Erickson qui approche le traitement d’une allergie est
celui d’une dame qui souffrait d’érythèmes solaires et qu’Erickson réussit à
persuader de ne plus sortir au soleil ! Ce n’est pas vraiment ce que l’on
pourrait espérer du traitement d’une allergie.
Pourtant, les héritiers d’Erickson parviennent à soigner les allergies, et
même particulièrement bien. Ce n’était donc pas la technique qui était en
cause, l’Hypnose Ericksonienne, mais l’homme qui l’appliquait, fût-il
Erickson lui-même.
D’un point de vue purement théorique, ce chapitre devrait donc plutôt
trouver sa place dans la « Nouvelle Hypnose », puisque la structure qui
permet le traitement rapide et efficace des allergies est issue de la PNL et
que l’on appelle Nouvelle Hypnose l’alliance des outils de Milton Erickson
à ceux de la Programmation Neuro-Linguistique (entre autres).
Je l’ai toutefois laissé ici, avec les histoires d’Hypnose Ericksonienne, car
vous verrez que les cas suivants concernent tous bien l’Inconscient lui-
même et son maniement par le thérapeute, plutôt que l’esprit, au sens
existentiel du terme, ce qui est plus du domaine de la Nouvelle Hypnose.
Voyons ensemble quelques exemples variés du traitement hypnotique des
allergies.
153
Miracles quotidiens
Bernard et le soleil
Qu’est-ce qu’une allergie ? C’est une réaction inadaptée du système
immunitaire contre un élément neutre, c'est-à-dire tout à fait inoffensif pour
le corps. Par exemple, le pollen n’a rien de toxique ou polluant, on pourrait
même en manger à la cuillère ! C’est quelque chose d’inoffensif mais contre
lequel le corps de certaines personnes réagit violemment. Par contre, le
formol ou la pollution n’ont rien d’inoffensif, il est donc normal que le
corps s’en protège, générant une réaction physiologique désagréable. Il ne
serait pas écologique pour la personne de désactiver cette réaction de
protection : elle s’empoisonnerait alors ; dans ce cas, on ne traiterait donc
pas
« une allergie » – même si la réaction de la personne ressemble à une
allergie – mais on aiderait son système à mieux réagir par rapport à son
environnement.
Beaucoup d’enfants souffrent aujourd’hui d’allergie en raison de la
pollution qui irrite nos cellules et les rend hyper-sensibles aux agressions
extérieures. Un enfant au système protecteur déjà un peu fragile réagit alors
physiquement à des substances qui ne l’auraient pas touché avec un terrain
immunitaire plus fort…
Autre cas de confusion avec les vraies allergies : les intolérances
alimentaires, comme celle au lait de vache. Il est connu de tous que l’on ne
doit absolument jamais donner de lait de vache à un nourrisson, sous peine
d’empoisonnement !
Eh bien, certains adultes ne développent jamais la protéine qui permet la
digestion du lait de vache et leur organisme ne supporte que difficilement,
voire pas du tout, d’en boire. Ça, ce n’est pas une allergie, c’est une
intolérance alimentaire. Là encore, désactiver la réaction de protection du
corps ouvrirait toutes grandes les portes à une saturation de l’organisme par
des matières qu’il ne digère pas ou peu. On ne doit pas faire cela, ce serait
encore une fois anti-écologique.
154
Miracles quotidiens
Si vous ne supportez pas un aliment (ou autre chose) n’en consommez pas !
C’est simple.
Une allergie, c’est une réaction de votre organisme à quelque chose qui n’a
rien de toxique, de polluant ou d’in-digeste. Tout le monde mange, touche
ou côtoie telle substance sans souci, sauf vous ? Alors, vous souffrez
probablement d’une allergie : une erreur de votre système immunitaire, qui
identifie comme dangereuse une chose qui ne l’est pas.
Le travail en hypnose consistera à aller expliquer au corps, dans son
langage, qu’il a fait une erreur, et comment la corriger. Mais il reste une
dernière chose à vérifier…
Y a-t-il un contexte psychologique spécifique autour de cette allergie ? Est-
elle survenue après un incident particulier ou un moment de vie spécial ?
Quel impact a votre allergie sur votre entourage ?... Ainsi, un adolescent
développa une forte allergie qui l’empêchait d’aller étudier au collège. Les
médecins confirmèrent l’allergie et prescrivirent un traitement
antihistaminique (traitement symptômatique). Lorsque l’adolescent me fut
amené, je découvris que son père, ingénieur, avait été licencié un mois
avant l’apparition des allergies… Le père ayant un caractère très dépressif,
voire suicidaire, le fils avait développé inconsciemment une réaction
allergique pour occuper son père et l’empêcher de faire une bêtise. Ne
pouvant étudier au collège, le père devait lui faire la leçon, ce qui lui
donnait beaucoup de travail et mille et une choses à penser chaque jour,
pour préparer ses cours.
Le fils, bien involontairement, protégeait son père de la dépression. Je reçus
le père en consultation et l’allergie du fils disparut instantanément, aussitôt
qu’il sentit son père protégé par un autre que lui. Cela, ce n’était
absolument pas une allergie ! C’était une réaction allergique, une
psychosoma-tisation qui avait pris la forme d’une allergie. Comme dans
l’exemple du bras bloqué en catalepsie hypnotique, les médecins avaient pu
vérifier la réalité physique du phénomène, 155
Miracles quotidiens
indéniable (analyses sanguines révélant l’allergie), mais cette allergie était
due à une cause psychologique, et non physique.
Traiter seulement l’allergie aurait été la preuve d’une grande
incompréhension de la psychologie humaine, en plus d’une intervention
complètement inefficace !
Le cas de Bernard était bien une véritable allergie. Rien ne l’avait
prédisposé à avoir ce type de réaction ; rien de psychologique ; et le soleil
n’avait jamais été quelque chose de dangereux pour les êtres humains, à
dose normale, bien au contraire. Nous allions ainsi pouvoir travailler
sûrement et rapidement, pour une guérison immédiate et durable.
Bernard était un solide gaillard de soixante-dix ans passés.
Ancien militaire, il avait bourlingué à travers le monde et plus
particulièrement en Afrique. Quelle ironie de considérer cela, quand on sait
qu’il souffrait d’érythèmes solaires, qui l’avaient incommodé une grande
partie de son existence, alors qu’il allait s’en débarrasser en moins d’une
demi-heure !
Intelligent et en même temps habitué à suivre une directive sans faillir,
Bernard entra rapidement en transe hypnotique.
Bien que les personnes dont je vous raconte les histoires entrent souvent
plutôt facilement en état d’hypnose, il faut savoir que ce n’est pas toujours
le cas. Il ne s’agirait pas de croire qu’il faut être naïf ou peu éduqué pour
faire docilement ce que l’hypnotiseur ordonne, car l’hypnose fonctionne
bien mieux avec des personnes de bonne éducation ou qui ont simplement
la sensibilité de comprendre le fonc-tionnement de leur esprit profond.
Ainsi, les artistes, les chefs d’entreprise, les personnes qui réussissent dans
la vie et les casse-cou sont les quatre catégories de personnes les plus
douées pour les choses de l’esprit, un peu comme si elles étaient
naturellement « connectées » à elles-mêmes – ce qui expliquerait leur
créativité, leurs intuitions pour les bonnes décisions à prendre, en entreprise
comme pour sauver leur vie, dans le cas des casse-cou. Et c’est cette
connexion qui facilite 156
Miracles quotidiens
le passage de l’état ordinaire de conscience à l’état d’hypnose ; c’est cette
connexion que nous devons (re)découvrir et apprendre à utiliser lorsque
nous souhaitons nous servir de l’étendue des possibilités de notre esprit.
C’est un apprentissage que la bonne volonté et un nombre minimum et
suffisant de neurones favorisent grandement !
Comme toutes les personnes qui parviennent à influer sur le cours de leur
existence par le simple pouvoir de leur esprit, Bernard était à la fois
sensible et de bonne volonté. Il ne savait pas comment soigner son allergie,
mais il avait trouvé quelqu’un qui disait pouvoir lui apprendre, alors il
écoutait et agissait sans poser de questions inutiles.
Voici encore un défaut de l’esprit commun : il se bloque en voulant
intellectualiser avant d’agir, alors que seule l’action permet de comprendre.
D’abord on apprend à marcher, ensuite on se sert de ses jambes pour aller à
l’université étudier la biologie de la marche. Et l’immense majorité des
humains, pourtant très compétents dans l’art de marcher, n’ont jamais mis –
et ne mettront jamais – les pieds à l’université. Ce qui ne les empêche
aucunement de marcher ! D’abord agir, ensuite comprendre, grâce à cette
action : vous pourriez tout savoir de la physique de l’équilibre en vélo, que
vous ne sauriez pour autant pas tenir en équilibre sur un vélo ! Pour cela, il
vous faut monter sur le vélo et faire fonctionner vos mollets.
Ensuite seulement votre vélo avancera et, si cela vous chante, vous pourrez
chercher à en comprendre le mécanisme d’équilibre.
Alors, bien sûr, il fallut des ingénieurs pour mettre au point le vélo, tout
comme ceux qui conçoivent aujourd’hui les voitures que vous utilisez…
mais vous n’avez absolument pas besoin de savoir ce que sait un ingénieur
pour utiliser votre vélo ou tourner la clé de contact de votre voiture. Par
contre, vous devez apprendre à vous en servir : à tenir en équilibre ou à
conduire. Agir. Ensuite, pourquoi pas, comprendre.
157
Miracles quotidiens
Ceci est une règle de base importante à retenir et appliquer, le principe de la
crédivité de Bernheim.
Le domaine existentiel en est la seule exception, ce dont nous reparlerons
plus tard, comme déjà dit.
Bernard était donc entré en transe hypnotique. Sa nuque rasée de près
s’arrondissait pour permettre au menton de reposer lourdement sur sa
poitrine. Je l’avais aidé à plonger dans un espace imaginaire de haute
sécurité ; un endroit qui le protègerait de tout ; puis j’avais stabilisé
physiquement ce sentiment par un ancrage, l’appui d’un point sur son
poignet (ça aurait pu être sa cuisse ou son genou, peu importe) qui
permettrait à la mémoire du corps de reconnaître cet état de sécurité en cas
de besoin. Nous allions pouvoir commencer :
« Vous avez compris que la réaction du corps est très certainement tout
simplement une erreur… et qu’il vous suffit d’enseigner à l’Inconscient
comment réagir sainement… pour qu’il puisse réagir sainement… dès
maintenant, et pour tout le temps à venir…
- (Bernard acquiesce doucement, de tout le haut du corps)
- Bien. Et comme l’Inconscient comprend très bien… quand on lui parle de
la bonne façon… vous allez lui dire comment il peut réagir sainement… de
la bonne façon… et je vous guiderai simplement… Et d’abord, dites-moi,
qu’est-ce qui est vraiment très proche de la lumière du soleil, mais qui ne
fait rien au corps ?… que du bien… Qu’est-ce qui est comme du soleil,
mais auquel le corps réagit sainement… Dites-moi…
- (réfléchit un long moment, puis dit) Un néon horticole.
- Oui ! Un néon horticole, qui imite la lumière naturelle, la lumière du
soleil… …et à ça, vous êtes sûr, le corps réagit sainement ? Le système
immunitaire, la peau… tout… tout réagit sainement ?
- (la physiologie de Bernard change ; visiblement, son corps rayonne de
santé ; tout va bien ; il réagit bien : j’appuie sur son poignet un peu plus
fort, imperceptiblement, afin d’ancrer 158
Miracles quotidiens
dans le corps la saine réaction biologique ; je ferais de même à chaque étape
du processus, à chaque fois que Bernard me montrera que son corps réagit
sainement : je ne lui dis rien, je l’ancre simplement au niveau physique, afin
que le corps comprenne de manière subliminale ce que je veux : « ça, c’est
bien, continue, oui ». Bernard se balance très doucement, sûrement sans
s’en rendre compte ; c’est son signe oui).
« C’est parfait, poursuivis-je après un temps, et c’est cela que le corps a
besoin d’apprendre… C’est ça, exactement…
Alors, voilà comment : Bernard, vous restez bien avec moi, ici (je stimule
l’ancrage), et pendant ce temps, envoyez une sorte de clone de vous-
même… exactement vous, le même visage, les mêmes vêtements, les
mêmes pensées… bref, vous en double… Disons que nous appellerons ce
double Bernard bis.
Et c’est ce Bernard bis qui va voyager. »
J’avais tous les éléments nécessaires : la dissociation entre
« Bernard allergique au soleil » mais qui avait compris que son corps
pouvait apprendre à réagir sainement, et son double, exactement lui en
moins vulnérable (« ce n’est qu’un clone »), lequel clone allait pouvoir faire
les apprentissages nécessaires.
J’avais aussi un élément de référence pour la réaction du corps : quelque
chose de quasi identique à l’allergène, mais qui ne provoquait aucune
réaction immunitaire ; quelque chose qui allait montrer l’exemple au corps,
lui apprendre comment réagir dorénavant par rapport au soleil.
Commença alors un voyage d’une vingtaine de minutes durant lesquelles
Bernard bis, le clone, allait visiter des bâtiments éclairés doucement, puis
violemment, par des néons horticoles – Bernard bis n’aurait aucune réaction
physique suite à cet éclairage, ce que j’ancrerai discrètement tout en le
faisant constater consciemment à Bernard, toujours en transe et solidement
maintenu à l’abri dans son espace protégé.
Très progressivement, j’amènerai Bernard bis, le clone, en contact avec la
lumière du soleil, de manière parfois loufoque, 159
Miracles quotidiens
surtout au début et à la fin de l’accompagnement. Au début, d’abord, pour
ne pas effrayer Bernard :
« ( ma voix vers le clone imaginaire) Et cette pièce noire, un jour, fut
éclairée par le soleil, mais !... ( voix vers Bernard) rassurez-vous ! ( voix
vers le clone) Il fait nuit, maintenant, et Bernard bis ( voix vers Bernard) ne
craint rien… ( voix vers le clone) Pourtant, de se dire qu’un jour il y eut là
du vrai soleil… et le corps réagit ( à Bernard) parfaitement bien ! »
Ainsi, une part dissociée de l’esprit de Bernard apprend à réagir sainement
face au soleil, sans aucune réaction allergique chez Bernard, qui m’écoute.
La dissociation d’esprit coupe le contact avec le corps, ce qui sécurise
l’opération – et si Bernard venait à s’associer à l’expérience, à la vivre
vraiment comme s’il y était, je le verrais tout de suite à sa réaction
physiologique : il commencerait aussitôt une crise d’allergie !
Et je le ramènerais alors dans sa zone de sécurité.
Il est important que la personne qui vit ce processus soit réellement en
transe hypnotique, et pas seulement assise tranquillement sur une chaise, les
yeux fermés, car l’état d’hypnose permet une excellente réaction à la
suggestion, seule voie de secours en cas de souci : si je dis à une personne
en crise de « s’envoler loin d’ici », il ne se passera pas grand-chose, alors
que si cette personne est en transe hypnotique, elle s’imaginera tout à coup
être devenue un oiseau qui s’envole effectivement loin de l’expérience
désagréable.
L’Hypnothérapie permet des actions impossibles autrement.
Ce sont ces particularités psychologiques qui en font un outil
d’excellence… à condition que l’hypnothérapeute ait bien la compétence
minimum de savoir conduire son patient dans un réel état d’hypnose !
En fin d’accompagnement, la proportion d’élément neutre (le néon
horticole) incorporée à la guidance hypnotique est devenue négligeable : il
ne reste plus que l’élément autrefois déclencheur de l’allergie (le soleil)…
et il est désactivé.
160
Miracles quotidiens
On voit alors la personne vivre en contact de façon tout à fait saine avec ce
qui provoquait autrefois chez elle une réaction d’allergie. Une dame qui
rougissait et se mouchait rien qu’à penser au pollen vivra en état d’hypnose
un « réel »
contact avec le pollen sans plus aucune réaction.
Arrivé à ce point-là, j’exagère l’accompagnement afin de saturer le système
immunitaire de la personne. Je pourrais par exemple plonger la dame dans
une piscine pleine de pollen !
Ainsi, grâce au même phénomène d’habituation qui survient quand vous
vous frottez le coude après vous être cogné, pour chasser la douleur
(saturation nerveuse par excès d’information), le système immunitaire de la
personne comprend que tout cela est absurde, que le pollen n’a rien de
dangereux, que l’on peut s’y baigner, que l’on pourrait même en manger !
Je conduisis donc Bernard bis tellement au soleil, dans le soleil, que
logiquement aucun être humain n’y aurait survécu.
La situation était si impossible que tout autre contact avec le soleil lui
semblerait dorénavant ridiculement anodin.
A la fin du processus, le système immunitaire et physique de la personne a
créé un modèle de réaction saine à l’élément autrefois allergène (le double).
Il s’agira alors juste de l’aider à l’intégrer, de la manière la plus simple :
« Et cela vous plairait, à vous, de pouvoir vivre aussi sainement ?... Bien
sûr… Vous savez, ce double, c’est comme un programme informatique…
tout ce qu’il faut à votre corps pour bien réagir sainement, maintenant…
Ouvrez-lui les bras.
Rejoignez votre double… c’est vous… Ouvrez-lui les bras et
…reprenez-le en vous… et sentez cette nouvelle bonne et saine réaction…
ce nouveau programme… rentrer en vous…
dans votre sang… dans vos tissus… Désormais, votre corps sait réagir
autrement… sainement… et c’est si agréable. »
Bernard sortit de chez moi en chemisette, les bras à l’air.
Nous étions en août, il faisait 38°c et le soleil cognait dur. Et Bernard n’était
plus allergique au soleil. Terminé.
161
Miracles quotidiens
Arthur voulait un chat
Quand on pense que Bernard avait passé son existence à se protéger du
soleil alors que son organisme pouvait apprendre une bien meilleure
réaction en trente minutes, et facilement…
Je revis plusieurs fois Bernard, pour des visites amicales. Il était fier d’avoir
su changer ; il voulait me montrer que cela tenait, que ce qu’il avait appris à
son corps fonctionnait bien.
Le changement, quand il s’agit de réparer une erreur physique ou
psychologique, est la plupart du temps instantané : rien à apprendre,
comprendre ou faire évoluer. Le système du corps ou de l’esprit s’était
trompé, cela arrive aux meilleurs d’entre nous. Dès lors qu’une solution
survient, spontanément ou par le biais du thérapeute, c’est tout
naturellement que la personne s’en saisit – au niveau inconscient, bien sûr,
puisque c’est là qu’est la source de nos actes et pensées. Nul besoin alors
d’attendre autre chose pour voir la guérison survenir.
L’Inconscient réagit quelques dixièmes de secondes avant que nous en
soyons conscients ; une information placée au niveau inconscient modulera
donc tous nos faits et gestes, y compris notre physiologie, et nous ne
pourrons qu’en constater le résultat. C’est la raison pour laquelle l’hypnose,
agissant à la source, est un outil si puissant.
Je me souviens d’un été où Patricia, ma compagne, et nos deux enfants,
nous logions dans une petite ferme durant une grande formation d’un mois
que j’animais cette année-là. Les enfants avaient sympathisé avec le chat
des voisins, qui passait ainsi le plus clair de son temps chez nous… Or,
Alexandre, notre aîné, était revenu couvert de plaques rouges de son
premier contact avec le chat ! Nous n’avions alors aucun animal de
compagnie, et Alexandre se révélait être allergique aux chats… Bien. Un
bon nettoyage du visage et des mains à l’eau claire et la réaction allergique
se calma, mais Alexandre ne pouvait plus toucher au chat.
162
Miracles quotidiens
Un soir, alors que nous revenions juste de la formation, nous trouvâmes
Alexandre, le visage couvert de plaques, les yeux rougis, le nez bouché. Il
avait touché au chat !
Tandis que je débarrassais la voiture, j’envoyai mon fil voir sa mère, à
l’intérieur – afin qu’elle lui passe un gant humide sur la figure, avais-je
pensé.
Dix minutes plus tard, je vois mon fil ressortir le visage frais et sans aucune
plaque. Etonné, je lui demandai ce que sa mère lui avait fait :
« Ben, de l’hypnose ! » répondit-il, d’évidence.
Bien sûr ! Pourquoi ne l’avions-nous pas fait tout de suite ?
L’enfant, en quelques minutes, avait saisi le stratagème ; il avait envoyé son
clone apprendre à bien réagir pendant que, lui, faisait un câlin avec sa
maman. Enfin, il reprit son double en lui, et par la même occasion le
nouveau fonctionnement immunitaire. Durant l’expérience, les plaques
avaient disparu, le nez s’était débouché. Il ressortit joyeusement de la
maison pour aller voir qui, pensez-vous ?... Le chat, évidemment !
J’observais Alexandre, retenant de justesse mon envie de lui interdire de
toucher l’animal : rien, aucune réaction ! Alors qu’un quart d’heure avant
son visage se couvrait instantanément de plaques rouges, il ne se passait
plus rien.
Depuis, nous avons un beau chat Sacré de Birmanie à la maison, qui dort le
plus souvent dans le lit d’Alexandre !
C’est exactement ce qui se passa pour Arthur, un garçon d’une douzaine
d’années, à la différence qu’Arthur était allergique depuis tout petit, et à
énormément de choses. Tous les mois, il retrouvait ses copains allergiques
pour la visite à l’hôpital ; il prenait quotidiennement des médicaments
destinés à le protéger et à atténuer ses allergies et intolérances, faute de
pouvoir réellement les guérir… Mais Arthur voulait un chat. Sa maman
étant d’accord, ils avaient pris rendez-vous avec moi à 14h00, puis chez
l’éleveur du chat tant convoité, à 17h00. Voilà ce que l’on pouvait appeler
de l’optimisme !
163
Miracles quotidiens
Ne pensez-vous pas que toutes les mamans devraient pouvoir s’occuper
elles-mêmes de leurs enfants ?
Patricia l’avait fait pour notre fils. Cette maman allait devoir passer par moi
pour soigner son enfant. Pourtant, en une quinzaine de jours
d’apprentissage, elle aurait appris à s’occuper des siens de manière simple
et efficace.
J’aime aider les gens qui en ont besoin ; j’aime encore plus leur apprendre à
ne plus avoir besoin de personne.
Ce travail d’éducation est ma mission, et ce livre y participe.
En attendant, la maman d’Arthur me le confiait pour qu’à l’avenir il puisse
profiter de la vie comme tout enfant. Et cela commençait par la possibilité
d’avoir le chat de ses rêves !
Comme le disait le célèbre Dr Patch, « on traite une maladie, on gagne, on
perd... On traite une personne, on gagne quoi qu'il arrive ! » Moi, je n’allais
pas soigner une allergie, j’allais permettre à un enfant d’avoir une vie saine.
Ce n’était plus du tout le même challenge et, vous auriez été à ma place,
vous y auriez placé la même énergie.
Je n’ai pas besoin de vous raconter à nouveau le processus de soin, vous le
connaissez, grâce à l’exemple précédent de Bernard et du soleil. Ce que je
fis avec Arthur n’avait rien d’extraordinaire, techniquement parlant, si ce
n’était le résultat obtenu : en sortant de chez moi, Arthur fila à son rendez-
vous chez… l’allergologue ! Eh oui, la maman avait prévu un autre rendez-
vous entre moi et l’éleveur de chat. Elle voulait s’assurer de l’efficacité de
notre séance – ce qui était bien normal et fournissait l’occasion d’une
vérification médicale, toujours bienvenue.
Le médecin fit une prise de sang, dont les résultats n’arriveraient que
quelques jours plus tard.
Et tout le monde courut ensuite à l’élevage félin. Arthur choisit son chat et
le prit dans ses bras : suspens ! Le matin, il aurait été saisi d’une violente
crise allergique qui aurait obligé la maman à lui faire une injection
d’antihistaminiques…
164
Miracles quotidiens
Arthur caressait le chat, heureux comme jamais. Son visage était serein, sa
peau saine, sa respiration aérée.
Rien, plus aucune réaction allergique ! Victoire !
Trois jours après, dans la boîte aux lettres, les analyses mensuelles
arrivèrent : Arthur était toujours allergique, à tout ce qui l’avait toujours
rendu allergique. Rien n’avait changé.
Pourtant, au moment où la maman lisait ses lignes, Arthur jouait avec son
chat et n’avait absolument aucun signe d’allergie. D’ailleurs, il n’avait plus
aucune des nombreuses allergies qui lui avaient pourri l’existence jusque-là.
La maman garda pour elle le résultat des analyses et attendit le rendez-vous
médical du mois suivant. A nouveau la prise de sang, et à nouveau
l’analyse… mais celle-ci révéla cette fois qu’Arthur n’avait plus aucune
allergie ! Le médecin était sidéré et dans une incompréhension totale !
« Tout ceci est impossible, dit-il, nous allons refaire les analyses. Il y a
peut-être eu une erreur de dossier… »
Arthur et sa maman étaient rayonnants de joie. Le médecin dû sentir que
quelque chose n’allait pas.
« Et cette histoire de chat. Vous n’allez pas en acheter un, comme vous
m’en aviez parlé, n’est-ce pas ! Ce n’est pas parce que les analyses d’Arthur
disent que…
- Mais, j’ai déjà un chat ! s’écria l’enfant, révélant le secret.
- Ce n’est pas vrai, lança le praticien.
- Si, confirma la mère, depuis le soir de notre dernier rendez-vous. Nous
avons fait de l’hypnose. »
Gageons que la stupeur qui saisit l’homme de l’art lui permit d’entrevoir
que les voies de guérison sont multiples et que le corps ne devrait jamais
être séparé de l’esprit.
Toujours est-il qu’en sortant de ce rendez-vous, Arthur et sa maman
passèrent un moment chez un de ses copains allergiques. Arthur en profita
pour me téléphoner, pour me remercier… et il me passa son copain au
téléphone. Il voulait que je l’aide comme j’avais aidé Arthur.
165
Miracles quotidiens
Comment refuser cela à un enfant ?
Je le remerciai de sa confiance et lui demandai de me passer sa maman,
avec laquelle nous convînmes d’un rendez-vous.
Là, j’aurais pu penser que la thérapie du copain d’Arthur serait tout ce qu’il
y a de plus facile : après tout, il avait vu de ses yeux la guérison de son ami,
il guérirait facilement, ne serait-ce que par effet placebo !... Mais ce n’est
pourtant pas ce qui se passa. Alors qu’Arthur avait réussi à soigner toutes
ses allergies d’un coup, aidé par les suggestions généralisantes de fin de
séance (« et l’Inconscient va pouvoir appliquer ce qu’il a appris à tout ce
qui ressemble à une allergie », etc.), son ami et moi, nous dûmes traiter
toutes ses allergies une par une ! Alors que cela avait été si facile avec
Arthur, il fallut ruser et découvrir une à une les pièces du puzzle de sa
guérison. Les thérapies sont vraiment toutes différentes.
Au bout du compte, le copain d’Arthur fut lui aussi libéré de ses allergies,
mais ce fut plus dur et long à obtenir – et pourquoi ? Aucune idée, personne
ne peut savoir cela. En tout état de cause, ce phénomène nous montre
clairement que le traitement hypnotique des allergies ne repose pas sur un
effet placebo, sans quoi l’ami d’Arthur aurait guéri de toutes ses allergies
du premier coup, suivant l’exemple de son ami.
~oOo~
Vous vous demandez peut-être s’il est possible d’appliquer le traitement
hypnotique sur des allergies potentiellement mortelles ? La réponse est «
oui, mais », car ceci est fortement déconseillé – non pas à cause d’une
possible inefficacité du procédé (que l’allergie soit létale ou non ne change
rien à la technique et à son efficacité) ; mais si la personne venait à désobéir
à l’hypnothérapeute durant l’expérience, et à s’associer à l’allergène avant
la fin de la thérapie, elle entrerait en crise, avec toutes les conséquences
imaginables…
166
Miracles quotidiens
La petite fille et le chien
Jean-Louis vint me voir à la fin de l’après-midi de formation sur le
traitement hypnotique des allergies. Il voulait savoir plus exactement
comment s’occuper de sa fille de deux ans, allergique aux poils de chat et
de chien : comment faire pour placer la structure thérapeutique avec une
enfant qui, par définition, ne tenait pas en place ?
Je lui résumai en quelques mots l’art et la manière de travailler avec les
enfants : ceux-ci n’ont pas encore développé de carapace logique. Celle-ci
protège nos strates émotionnelles pour notre plus grand bien, mais aussi
parfois pour notre plus grand embarras, quand il nous est nécessaire
d’atteindre les couches profondes de notre psyché, comme en hypnose.
Les enfants n’ont donc pas besoin d’induction hypnotique, comme on
l’entend pour des adultes. Chez ces derniers, il faut rouvrir un chemin qui
ne sert plus que rarement, alors que les enfants baignent au quotidien dans
le monde sensible de l’imaginaire. L’induction hypnotique, passage d’un
état de conscience à un autre, n’est alors plus qu’une simple formalité. A
peu près tout ce qui peut passer pour magique, tout ce qui est ludique,
permettra à un enfant de réaccéder à son imaginaire, à la créativité de son
inconscient.
Le thérapeute peut donc se permettre d’être direct et informel dans son
langage ; par contre, il se doit d’agir avec rapidité, l’enfant entrant et
ressortant de transe en quelques dizaines de secondes. Il faudra ainsi
fractionner le travail en plusieurs petites transes de quelques secondes à
quelques minutes, comme un ensemble d’épisodes du dessin animé favori
de l’enfant. Parfois, l’enfant entrera en transe plus profonde, et il ne faudra
pas s’effrayer de ses yeux révulsés et des modifications parfois
impressionnantes de sa physiologie, comme on les observe aussi chez les
adultes en transe profonde.
Les enfants sont de très bons sujets hypnotiques.
167
Miracles quotidiens
J’expliquai tout cela à Jean-Louis, qui me remercia.
Et je n’en entendis plus parler.
Ce n’est que plusieurs mois plus tard que j’appris le fin mot de l’histoire : la
fillette avait un jour caressé un chien et s’était retrouvée en quelques
minutes avec la figure couverte de plaques, les yeux gonflés et la gorge de
plus en plus serrée.
Les parents s’affolèrent, à juste titre, et la conduisirent d’urgence à l’hôpital
le plus proche.
Le médecin diagnostiqua un œdème de Quincke, ce qui aurait
potentiellement pu être fatal à la petite fille, et la mit sous médication. Le
médecin expliqua aux parents qu’il leur faudrait consulter un allergologue,
ce qu’ils firent bien évidemment, et "les meilleurs", sans véritable succès
toutefois, car le verdict était toujours le même :
« Votre fille souffre d’allergie grave ; on ne peut rien faire, sauf tenter une
désensibilisation ; cela durera jusqu’à ses dix ans, ce qui réduira au mieux
ses réactions allergiques, sans garantie de succès. Il lui faudra désormais
absolument éviter le contact avec les animaux et vous porterez sur vous en
permanence ce produit à lui injecter en cas d’accident. »
Les parents avaient consulté nombre de professionnels de la thérapie et le
papa était maintenant convaincu qu’il lui fallait agir par lui-même. Il ne
pouvait risquer que sa fille décède accidentellement, à l’école ou chez ses
grands-parents…
Au retour de sa formation en Hypnose, Jean-Louis hypno-tisa donc sa fille
avec toutes les précautions nécessaires (et même davantage !) et lui
appliqua le protocole de traitement hypnotique des allergies.
La séance dura une demi-heure, ce qui est assez long, puisque cela
correspond à peu près au temps que cela aurait pris pour traiter un adulte –
qui nécessite beaucoup plus de temps de compréhension et d’assimilation
qu’un enfant.
Jean-Louis ne se risqua pourtant pas à vérifier immédiatement le bon
résultat de son hypnothérapie.
168
Miracles quotidiens
Jusqu’au jour où, quelques mois après l’intervention hypnotique, la fillette
accompagna ses parents à un dîner chez des amis. C’est là qu’elle se
précipita spontanément, et sans que personne n’ait le temps de l’en
empêcher, sur un bon gros labrador, du genre de ceux que l’on voit dans les
films.
Les parents retinrent leur haleine, faute de pouvoir retenir leur fille… Celle-
ci prit l’animal dans ses bras, enfouie sa tête dans ses poils, lui embrassa le
museau. Et ?... Et ?... …Rien !
Pas la moindre réaction allergique ! La séance d’Hypnose avait fonctionné,
pour le plus grand soulagement des parents et la joie de la fillette.
Je reçus peu de temps après une sympathique photo de la petite fille et du
labrador, se faisant un gros câlin.
Isabelle rêve de pommes et de tomates
Une autre année, également le soir de la formation sur le traitement
hypnotique des allergies, c’est Gérard qui fit le plus beau des cadeaux à son
épouse, Isabelle.
Dès lors que vous savez que vous pouvez aider quelqu’un, et que vous
savez quoi faire et comment le faire, ne pas agir serait presque un crime ; en
tous cas, ce serait de la « non-assistance à personne en danger ». Il est très
différent d’être thérapeute, c’est-à-dire formé à recevoir n’importe qui, pour
n’importe quel problème. Cela demande une grande stabilité
psychologique, une grande connaissance humaine et une très bonne maîtrise
des techniques de psychothérapie. Mais vous n’avez pas besoin d’un niveau
technique professionnel pour aider quelqu’un que vous connaissez, dont
vous connaissez le problème et lorsque vous savez vraiment quoi faire.
Cela, c’est de l’entraide, et tout le monde devrait en être capable.
Isabelle n’avait pas touché à un fruit ou à un légume frais depuis son
enfance. Bien qu’elle eut adoré croquer une pomme ou une carotte, elle y
était allergique.
169
Miracles quotidiens
Gérard revint donc de sa journée de formation avec la structure du
traitement hypnotique des allergies bien en tête…
et il avait envie de s’entraîner encore sur quelqu’un !
Evidemment, il avait bien pratiqué cette technique une ou deux fois durant
la journée, mais la formation – comme son nom l’indique – ne sert qu’à
former, elle donne la forme, elle ne permet pas directement l’intégration des
acquis. Pour cela, il faut pratiquer et pratiquer encore. Et Gérard ne
comptait pas perdre de temps. Il demanda donc à Isabelle d’être son cobaye
pour ses exercices, comme chaque soir depuis le début de la formation, ce
qu’elle accepta bien volontiers.
Alors, quand on débute et que l’on doit s’entraîner, il est fortement conseillé
de ne PAS le faire sur de vrais problèmes.
Il ne vous viendrait pas à l’idée d’apprendre votre rôle de théâtre devant le
public à qui est destinée la pièce ? Eh bien, c’est exactement la même chose
en psychothérapie, il y a des gestes et des paroles qui doivent être exercés
tranquillement, en faisant semblant avec un ou une amie. Isabelle était très
consciente de tout cela, comme son mari, aussi proposa-t-elle un « faux
sujet » pour que Gérard s’entraîne… mais, très honnêtement, elle pensa
bien à ses propres allergies durant la demi-heure que dura l’expérience
d’hypnose. Et c’est ce que l’on appelle une suggestion tacite : une
suggestion apportée par la personne elle-même, sans connaissance du
thérapeute.
Celle-ci fut des plus bénéfiques à Isabelle.
La nuit était venue et tout le monde s’était endormi. Saisi d’une intuition,
Gérard s’éveilla en sursaut : Isabelle n’était plus là ! Il se leva
précipitamment et sortit de leur chambre.
Une lumière brillait dans la cuisine. Gérard ouvrit la porte…
Isabelle était là, à genoux devant le frigo. Elle se régalait de tomates
fraiches. Il y avait un trognon de pomme sur la table et Isabelle regardait
déjà avec envie les carottes.
« J’en avais envie depuis si longtemps ! »
170
Miracles quotidiens
A VOUS, MAINTENANT !
Grâce aux premiers exercices de ce livre, vous avez déjà travaillé votre
intuition, préalable indispensable à un véritable contact avec l’Inconscient.
Allons désormais plus avant, dans la lignée de ce que nous conseillait
Milton Erickson : 1. « Faites confiance à votre Inconscient ! »
Le sage de Phoenix pensait que nombre de nos soucis viennent du fait que
notre petit conscient essaie de faire ce que notre Inconscient ferait mieux, et
il avait pour une grande part raison. Votre esprit profond prend en charge
une quantité phénoménale de processus biologiques, cognitifs, émotionnels
et mentaux, dont vous n’avez pas idée. L’Inconscient est omniprésent et
gère pratiquement tout de votre vie. Tenter de le bloquer est absolument
idiot et presque suicidaire !
Il ne s’agit bien évidemment pas d’accepter de vivre sans conscience, mais
de faciliter le travail de cette part profonde de vous, qui n’existe pas sans
raison. Cela commence par vous faire confiance – ou, plus précisément, à
faire confiance à votre Inconscient. Comprenez bien que ce que vous
pourriez identifier comme une facette quasi séparée de vous (« ce n’est pas
moi, c’est l’Inconscient ») est en réalité une partie de vous très concrète ;
l’Inconscient n’est rien d’autre que vous. Mais c’est juste une part de vous
dont vous n’êtes pas conscient, d’où son appellation… Il n’y a donc aucune
raison pour l’ignorer ou vous en méfier. L’Inconscient, c’est aussi vous.
Lorsque je vous parle de vous faire confiance, je ne parle pas directement
de « confiance en soi » : on peut être fort timide et pourtant avoir foi en ses
capacités profondes.
171
Miracles quotidiens
Faire confiance à votre Inconscient, c’est savoir qu’il est responsable de :
- votre vie biologique (rythme cardiaque, appétit, vie sexuelle, température
du corps, cycle nocturne, système immunitaire, apparence physique, etc.) ;
- vos apprentissages et votre capacité à apprendre ;
- vos émotions, vos sentiments ;
- vos convictions, vos croyances et vos valeurs ;
- vos pensées, votre logique, votre « intelligence » ;
- vos actions, vos réactions aux autres…
Faire confiance à votre Inconscient, c’est être conscient de ne contrôler
qu’une très infime partie de votre existence et accepter cet état de fait, puis
être capable d’en tirer parti : après tout, le plus pénible se fait
automatiquement. Vous disposez d’un serviteur et ami fidèle, profitez-en !
Et pour cela, il faut bien connaître votre Inconscient. Son fonctionnement
général, bien sûr, mais aussi vos idio-syncrasies, tout ce qui vous est
particulier, ce qui vous fait réagir, vous, et ne ferait réagir personne d’autre.
Encore une fois, il faut arriver à l’honnêteté de prendre conscience de ce
que vous êtes. Et sachant ce que vous êtes, il sera presque facile de
comprendre ce qui vous pousse dans la vie. Bien sûr, cela n’y changera rien,
au début, mais cela vous donnera la conscience nécessaire à accepter ce qui,
finalement, est bon pour vous, et modifier ensuite tout ce qui doit l’être.
2. Soyez à votre écoute
Connaître et comprendre les lois de l’Inconscient ne sert à rien si vous n’y
êtes pas attentif. Car l’Inconscient, par définition, n’est pas conscient…
Vous ne percevrez donc son action sur vous que par les effets produits : je
préfère telle situation à telle autre ; celle-ci me met mal à l’aise, l’autre me
procure du plaisir ; je ne supporte pas tel type de personnalité, et je suis
constamment attiré par le même genre de personnes.
172
Miracles quotidiens
Tout cela trahit ce qui me fait. Si je sais cela et le prends en compte, alors je
me connais déjà un peu, je me comprends, je sais d’où je viens et pourquoi
je vais là où je vais… Je peux donc potentiellement changer, si ça ne me
convient pas.
Le pire est d’agir sans savoir pourquoi. A priori, quand tout va bien, être
inconscient n’a aucune importance – au contraire, l’automatisme nous
permet de goûter pleinement à la situation agréable, sans s’occuper de rien.
C’est quand la vie devient pénible ou douloureuse qu’il est presque vital de
savoir ce qui nous a mené là, ce qui nous y maintient, si la situation ne
dépend que de nous, si on peut faire quelque chose pour la changer, si on
veut vraiment la changer aussi ! Car, souvent on s’illusionne, seul geôlier de
la prison qui nous enferme.
Savoir ce qui nous anime permet de décider en conscience ; cela ne nous
change pas – il y a une différence entre connaître le pourquoi et mettre en
place la solution. Bien souvent savoir nous donne l’impression d’être
dispensé d’ agir, grossière erreur – mais savoir permet l’action qui, sans
connaissance, aurait été aussi chaotique qu’aléatoire.
Et pour savoir, il faut percevoir. Il faut ouvrir les yeux, tendre l’oreille,
ressentir le plus petit frémissement de votre être.
Pour savoir, il faut être à l’écoute de Soi.
Enfin, comme pour les phénomènes d’intuition, il faut être prêt à réagir en
fonction de l’information pressentie et avec le moins d’inertie possible… ce
qui n’est pas toujours évident et demande là encore une grande honnêteté
personnelle : quand on est lancé sur une voie, il est difficile d’admettre que
ce n’est pas la bonne et de faire demi-tour ! Quand on est
« noyé » dans un sentiment, il est difficile d’admettre qu’il nous vient
d’automatismes profondément ancrés en nous ; il est encore plus difficile de
trouver la force de changer de cap, malgré ce qui nous pousse à agir.
Et il n’est parfois pas plus facile de laisser faire ce qui est bon pour nous,
même si on sait parfaitement que c’est bien !
173
Miracles quotidiens
3. C’est vous le patron !
Eh oui ! Voilà une idée qui dépasse l’esprit éricksonien, puisque Milton
Erickson conseillait seulement de faire confiance à son Inconscient, de se
laisser bringuebaler dans la vie suivant ses caprices, et non de tenter de lui
imposer une direction quelconque – ce qui est très compréhensible, tant
sont nombreux les gens qui n’arrivent déjà pas à simplement laisser faire
leurs processus naturels. Une chose après l’autre.
Oui, l’Inconscient gère notre survie, et il n’y a donc rien de mieux placé que
cette strate profonde de notre psyché pour assurer notre confort vital.
Oui, l’Inconscient gère nos apprentissages et, grâce à lui, nous savons bien
plus de choses que nous sommes conscients de savoir. « Nous savons plus
que nous savons ».
Oui, l’Inconscient nous rend la vie plus confortable et nous protège,
refoulant les mauvaises choses, dirigeant notre attention loin de ce qui nous
dérange…
Toutefois, il n’y a rien d’opposé ou de paradoxal à profiter de cette
immense machinerie interne et à en diriger l’action. Bien au contraire, les
deux idées sont en vérité tout à fait complémentaires. L’Inconscient est tel
un bon moteur, une machine perfectionnée : si personne ne lui donne la
direction, la bonne machine finira dans un mur ! L’Inconscient est un
excellent serviteur, mais un fort mauvais maître. Vous pouvez donc avoir
une grande confiance en la machine, elle est bien rôdée et elle s’est
améliorée depuis les millénaires que l’être humain existe – tout en restant
bien conscient que l’Inconscient n’est qu’une machine ; une machine dont
vous devez tenir le volant si vous souhaitez arriver un jour là où vous le
désirez.
174
Miracles quotidiens
EXERCICES
Il n’existe aucune pratique plus sophistiquée que l’Hypnose pour accéder à
l’Inconscient et en utiliser les ressources.
Notre but ici n’est pas de vous apprendre à vous mettre en état d’hypnose –
il y a des ouvrages plus spécialisés et, tout comme le vélo, c’est par la
pratique que vous découvrirez réellement, pour l’avoir vécu, ce qu’est
vraiment l’état d’hypnose. Votre corps et votre esprit retrouveront la voie
naturelle vers vous-même en cheminant concrètement vers votre objectif,
non en lisant simplement un livre qui parle du chemin et de votre objectif.
Apprendre, c’est agir. Et on n’agit jamais mieux que guidé par quelqu’un
qui a déjà parcouru lui-même le chemin : quelques séances avec un
hypnothérapeute ou un bon week-end de formation vous ouvriront toutes
grandes les portes de l’autonomie.
Je vais vous donner quelques exercices qui vous aideront à trouver votre
chemin, puis à utiliser ce qu’il est possible de faire avec votre Inconscient.
Certaines choses, vous l’avez compris par les histoires de ce chapitre, ne
deviennent possibles qu’en Etat Modifié de Conscience : il sera donc
parfois indispensable de savoir atteindre l’état d’hypnose.
Malgré cela, et bien que ces exercices s’appuient sur les caractéristiques de
l’Inconscient, vous pourrez souvent les appliquer au quotidien, et non pas
seulement en état de transe hypnotique.
1. Observez l’Inconscient en action chez les autres. Notez leurs réactions
physiques involontaires, dans différentes situations de la vie (stress, doute,
joie, etc.). Faites cela jusqu’à pouvoir prédire, par les signes perçus, la
réaction et les sentiments des gens que vous observez.
2. Retournez l’observation sur vous-même !
175
Miracles quotidiens
3. En vous exerçant au point 2, vous aurez probablement remarqué que les
signes inconscients disparaissent sitôt que vous les avez repérés… Il en va
de même chez les autres : faites-leur remarquer que leur nez bouge quand
ils mentent et vous ne verrez plus jamais leur nez bouger ; pourtant ils
continueront de mentir ! Ne parlez donc jamais à haute voix de ce que vous
observez, sinon vous perdrez la communication avec l’Inconscient de la
personne.
Le phénomène pourrait par contre servir de métaphore pour faire
comprendre à la personne qu’elle peut effacer un comportement inconscient
désagréable, sans aucune volonté, seulement en posant son attention dessus
(plus avec « le nez qui bouge », mais avec une compulsion, des pensées,
etc.).
Pour ce qui vous concerne, vous allez d’abord vous entraîner à conserver
consciemment les phénomènes inconscients. Il s’agit de maîtriser chez vous
ce phénomène de blocage spontané.
Focalisez votre attention sur une de vos mains. Les doigts bougent en
permanence, par petites saccades, c’est quelque chose de naturel et commun
à tous… Pourtant, plus vous regardez votre main, moins elle bouge ! A
croire qu’elle est comme bloquée – en fait, elle l’est : par votre attention
consciente ; comme si elle se sentait observée.
Inspirez donc tranquillement, laissez les paupières battre à leur rythme,
même si elles viennent à se fermer, et demandez mentalement aux doigts de
votre main de bouger à leur gré, comme si vous ne vous en occupiez pas.
Vous voulez être spectateur de votre Inconscient, en entrevoir l’activité
cachée.
Détendez-vous et restez bien focalisé ; oubliez le monde autour ; centrez-
vous sur l’attente du phénomène, qui ne tardera pas. Remerciez alors
mentalement votre Inconscient et demandez-lui de généraliser le
mouvement aux autres doigts, ou de faire bouger tout le poignet, ou de
rendre carrément la main entière si légère qu’elle va se soulever dans les
airs !
Vous pourriez aussi demander à votre Inconscient de vous montrer « le
doigt qui dit oui » et « le doigt qui dit non ».
176
Miracles quotidiens
Vous obtiendriez alors ce que l’on appelle techniquement un signaling : une
communication directe et visible avec votre Inconscient, qui répondra ainsi
par oui ou non à toutes vos questions, lorsque vous vous remettez en
contact avec lui, c’est-à-dire quand vous retrouvez le même état de
conscience qui vous a permis le premier contact… Un état de conscience
peu ordinaire, vous l’avez senti ? Un léger état d’hypnose !
4. Passons un cran de difficulté. Repérez maintenant une de vos réactions
inconscientes ; le fait d’avoir posé sur elle votre attention consciente l’a
faite disparaître (par définition : elle n’était plus inconsciente !) ;
maintenant, si cette réaction vous était utile, reconnaissez-la et rappelez-la.
Par exemple :
« Ok, j’ai la gorge qui déglutit quand je m’apprête à dire une bêtise… J’ai
vu ce même signe chez les autres. Et je souhaite que ce signe reste et me
serve désormais d’avertisseur. »
Puis, guettez la prochaine fois où vous dites ou faites quelque chose qui
vous dessert (une « bêtise ») et tâchez de savoir si votre gorge a dégluti. Si
non, redemandez encore le signe ; si oui, entraînez-vous maintenant à
reconnaître le signe avant de dire ou faire la bêtise, et à stopper net votre
action !
Comprenez bien que probablement toutes les maladies sont des signes de
votre Inconscient. Si vous savez interpréter tout ce que votre Inconscient
vous dit, vous ne prenez plus jamais de décisions vraiment mauvaises, vous
ne vous sentez mal que très ponctuellement, car vous devinez les causes de
votre malaise, vous savez à tout moment à peu près quoi faire pour
remédier à ce qui vous arrive – et, même si vous ne pouvez pas mettre en
place seul la solution (on n’est pas toujours responsable de tout !), cela vous
enlève une sacrée épine du pied et allège considérablement votre vie
quotidienne.
Etant ami avec votre Inconscient, celui-ci n’a plus besoin de
« forcer » la communication par des procédés désagréables et vous vivez au
mieux du possible.
5. Et quand vous ne savez pas quoi faire, demandez !…
177
Miracles quotidiens
L’Inconscient est hyper-créatif. C'est-à-dire que lorsque vous lui demandez
de trouver une solution, soit il la possède et vous l’offre, soit il ne la
possède pas et il la fabrique. Il se sert de tout ce que vous avez vécu pour «
faire du neuf avec du vieux » et trouvera souvent à vous sortir d’affaire en
utilisant une synthèse de vos capacités actuelles.
On entre ici dans un domaine un peu plus technique et vous trouverez
quantité d’outils utilisables au quotidien dans les ouvrages d’apprentissage
de l’Hypnose. Voici néanmoins une manière simple de lancer un processus
de résolution inconsciente de problème, inspiré de la Méthode de Rossi*.
Il faut au préalable vous être entraîné au point 3 jusqu’à être capable de
percevoir un signaling, c'est-à-dire un mouvement inconscient trahissant
une réponse « oui » ou « non ».
A ce moment-là, focalisez-vous sur vous-même, gardez bien les yeux
ouverts et fixés sur vos mains. Disons que votre Inconscient vous signale un
« oui » en bougeant l’index droit et qu’il vous fait « non » par un petit
mouvement nerveux du pouce gauche (il y a d’autres signaling possibles
que sur les doigts, par des sensations par exemple, mais celles-ci peuvent
être plus facilement influencées par l’activité consciente et seront donc
moins fiables pour notre expérience). Vous allez d’abord demander à votre
Inconscient s’il est d’accord pour trouver et mettre en place une solution à
votre souci.
De deux choses l’une, soit vous obtiendrez la réponse
« oui » et continuerez directement l’expérience, soit vous obtiendrez la
réponse «
non
», et alors vous accepterez
mentalement cette réponse (respect du choix inconscient) et demanderez
alors humblement à l’Inconscient de choisir lui-
même ce sur quoi il convient de travailler pour améliorer votre situation.
Vous obtiendrez alors votre « oui » !
Focalisez maintenant votre regard sur la main qui signale le
« oui » et demandez à l’Inconscient de rechercher en vous, dans
* Lire « Hypnose », cours complet, du même auteur (Editions IFHE) 178
Miracles quotidiens
toutes vos expériences de vie, tout ce que vous avez vu, entendu, ressenti,
pensé, etc. tous les ingrédients nécessaires à la mise en place de la solution,
et de vous transmettre un signal « oui » quand ce sera fait – ce qui sera
généralement assez rapide, l’Inconscient ayant une capacité de calcul que
ne possède à ce jour aucun ordinateur au monde, il passera une quantité
considérable d’évènements en revue afin d’en dégager les faits et ressources
utiles à la construction de ce qu’il pense vous être indispensable. Notez que
vous n’avez pas à connaître ces ingrédients, qui restent inconscients.
Votre signal obtenu, restez toujours spectateur de ce qui arrive, honnêtement
et sans aucune interférence. Vous pouvez même penser à tout autre chose
qu’à ce qui se produit.
Demandez maintenant à l’Inconscient d’utiliser tous les ingrédients qu’il a
mis à jour pour mettre en place la solution, immédiatement, et de vous
transmettre un signal « oui »
quand ce sera fait. Le signal « non » n’aura servi qu’au début, puisque
l’Inconscient a accepté de faire le travail, vous n’avez ensuite plus besoin
que d’un signe « ok, c’est fait ».
Voici une technique simple et purement inconsciente, qui se rapproche au
plus d’une intervention hypnotique, et que vous pourrez faire tout seul,
simplement et tranquillement.
Vous serez surpris des résultats que vous en obtiendrez !
Vous connaissez maintenant mieux votre Inconscient et ses immenses
possibilités, entrons ensemble dans le monde de la Nouvelle Hypnose, où
les outils de santé que nous a légués Milton Erickson se sont ouverts pour
permettre aussi une meilleure qualité de vie et un développement personnel.
179
Miracles quotidiens
180
Miracles quotidiens
III
Nouvelle
Hypnose
"La tendance la plus profonde de toute activité humaine est la marche vers
l'équilibre"
Jean Piaget
181
Miracles quotidiens
182
Miracles quotidiens
=9=
SYLVIANE LAISSE
SA FILLE S’ENVOLER
La porte s’ouvrit et je vis une gerbe de lumière se projeter devant la femme
au visage fermé. Cette fleur solaire était encore en bouton, mais elle
contenait quelque chose… ou plutôt quelqu’un ! Une jeune fille roulée en
fœtus.
La vision s’effaça.
« Entrez, je vous prie » dis-je en me reprenant.
Il est une chose d’avoir des intuitions, et il est bien autre chose de se risquer
à en parler ouvertement. Après tout, rien ne me garantissait que je n’avais
pas tout simplement rêvé !
Règle numéro 1 concernant les intuitions : utiliser les siennes et taire celles
qui concernent les autres, jusqu’à ce qu’elles se vérifient… ou non. Je ne fis
donc aucune allusion à ma vision.
« Eh bien, en quoi puis-je vous être utile ? » demandai-je à ma patiente
après l’avoir invitée à s’asseoir.
Elle se mit aussitôt à pleurer. Je gardai mes distances – il est humain de
vouloir se rapprocher de quelqu’un qui souffre, mais ce n’est pas toujours
bien perçu. Là encore, il faut faire confiance à son intuition, et la mienne
me dictait de rester à ma place. En fait, si je m’étais approché, je serais
entré dans la zone lumineuse que j’avais perçue un peu plus tôt… Bien
entendu, je ne compris cela qu’en réfléchissant plus tard à cette douloureuse
séance d’hypnose.
« Comment vous appelez-vous ?
- Sylviane, fit la femme sans lever les yeux.
- D’accord, Sylviane. Je n’ai pas besoin de savoir ce qui fait mal… juste ce
que vous attendez de moi. »
Sylviane respira un grand coup et releva la tête.
183
Miracles quotidiens
Comme l’expliquait Milton Erickson, si vous voulez savoir si quelqu’un a
des frères ou des sœurs, parlez de vos frères et sœurs – même si vous n’en
avez aucun ! Vous verrez alors la personne réagir à ce que vous dites sur
vos frères, ou sur vos sœurs, ou ni à l’un ni à l’autre, ce qui vous indiquera
la composition de sa fratrie.
De la même manière, Erickson proposait à ses patients de garder pour eux
ce qui ne regardait pas le thérapeute – ce qui présupposait qu’il existait de
telles choses – et de n’exposer que ce qui était utile à la thérapie. Cela
soulageait la personne et lui permettait de se lancer… Et au final, « afin que
vous puissiez comprendre convenablement sa situation », elle vous avait
raconté l’ensemble de sa vie ! C’est ainsi que Sylviane finit par m’expliquer
comment sa fille avait été tuée dans un accident de voiture, deux ans
auparavant.
Depuis ce temps, elle n’avait jamais réussi à faire le deuil de sa fille et
passait ses journées à pleurer. Elle avait pourtant un travail intéressant, un
mari attentif et une autre fille, mais elle n’arrivait pas à tourner la page sur
ce terrible moment – ce qui paraît très compréhensible.
La Nouvelle Hypnose, application élargie des techniques hypnotiques de
Milton Erickson, possède des structures issues de la Programmation Neuro-
Linguistique (PNL), dont un processus qui permet de favoriser les deuils.
La différence fondamentale entre la Nouvelle Hypnose et l’Hypnose
Ericksonienne réside dans l’esprit dans lequel se fait l’intervention. Alors
que l’Hypnose d’Erickson est mécanique, psychiatrique, la Nouvelle
Hypnose est orientée vers l’individu et se préoccupe de domaines qui
n’auraient pas forcément suscité l’intérêt médical, comme la confiance en
soi, le bien-être conjugal ou simplement le fait de rechercher sa voie dans la
vie. La Nouvelle Hypnose a aussi abandonné les techniques « dures » de
Milton Erickson, comme les suggestions post-hypnotiques ou les
prescriptions.
184
Miracles quotidiens
Il faut dire qu’Erickson vécut à une époque qui n’est plus la nôtre : il avait
20 ans avec le charleston, 40 ans en 1940, et il était à la retraite quand
Sylvie Vartan chantait « L’école est finie » !
Il est un peu normal que le monde ait évolué entretemps et que la technicité
unique et précieuse d’Erickson ait suivi le même chemin, se bonifiant avec
le temps et se transformant au point de ne plus avoir grand-chose de
commun avec la pratique originelle de son fondateur. C’est ainsi qu’en
1979
Daniel Araoz donna le nom de « Nouvelle Hypnose » à la forme d’Hypnose
que la plupart des praticiens exerce aujourd’hui.
En effet, rares sont ceux qui font encore de l’Hypnose Ericksonienne, au
sens technique strict, même s’ils gardent cette appellation connue pour
désigner leur pratique. Parmi les milliers d’élèves que j’ai formés en
Hypnose, pour l’instant pas un seul ne pratique vraiment l’Hypnose
Ericksonienne.
Tout le monde fait de la Nouvelle Hypnose. Les gens viennent se former en
Hypnose, attirés par la renommée du célèbre psychiatre, mais attendent de
découvrir les secrets d’une pratique qui n’est plus la sienne. Outre la
technique pure, l’esprit d’Erickson et les exemples de ses thérapies ne font
plus frémir – ou pas au meilleur sens. Plus personne ne voudrait pratiquer
l’Hypnose comme il y a cinquante ans !
Je voulais simplement préciser ce point avec vous, avant d’aller plus loin,
afin que les choses soient claires. S’il n’est absolument pas question de
renier l’héritage d’Erickson, sans qui nous n’aurions rien fait, il est idiot de
s’entêter à baptiser
« télégraphe » un « téléphone portable » : la chose a changé, le nom a donc
changé aussi. Faisons de même en Hypnose.
La Nouvelle Hypnose est une pratique que ne reconnaîtrait pas Milton
Erickson ; respectons ce qu’il nous a appris en sachant identifier ce que l’on
exerce, sans confusion.
Enfin, dans une sorte d’œcuménisme hypnotique, je serais partisan
d’effacer de notre langage courant les différenciations qui n’intéressent et
ne concernent que les spécialistes, pour ne plus parler que d’ Hypnose, dans
toutes ses acceptations.
185
Miracles quotidiens
Les experts sauront donc discerner les variantes techniques et leur attribuer
une juste paternité, sans ambigüité.
Par ailleurs, le plus large public, dont vous faites peut-être partie, n’aura
plus à se préoccuper de théories finalement de peu d’importance concrète,
pour ne garder de la chose que son meilleur aspect : l’Hypnose est une vraie
clé de découverte de Soi et de compréhension, un outil de changement sans
égal et une voie d’évolution plus vaste qu’on ne l’imagine encore.
En tant qu’hypnothérapeute Humaniste, je suis plus à l’aise en Nouvelle
Hypnose et, si je connais parfaitement les outils de l’Hypnose
Ericksonienne, je ne la pratique qu’exceptionnellement, lorsque la situation
l’exige. La sagesse consiste à ne jamais choisir de camp et à connaître
toutes les facettes possibles de notre art afin de les appliquer à bon escient.
Ainsi, voilà l’histoire d’un envol, à la manière de la Nouvelle Hypnose :
Les cheveux courts et peu entretenus de Sylviane ne parvenaient pas à
masquer les dégâts que le chagrin lui avait fait subir. Son visage tendu
contrastait avec les yeux rougis de cette femme brisée. Si elle ne parvenait
pas à se libérer au plus vite de sa douleur, Sylviane accumulerait bien plus
de stress que ne pourrait en supporter son organisme… L’histoire pouvait
mal finir. On peut réellement mourir de chagrin.
« Êtes-vous prête, aujourd’hui, à soulager cette souffrance ?
demandai-je à Sylviane. Je veux dire : la douleur est une chose, se punir en
est une autre… Cela fait deux années…
Que voudrait votre fille, pour vous ? Pensez-vous qu’elle serait heureuse de
vous voir vous laisser mourir de chagrin ?
Honnêtement… que vous souhaiterait-elle ? »
Argument simple et qui aide la personne à sortir du cercle vicieux de l’auto-
flagellation.
Sylviane redressa enfin la tête.
« Julie était une fille bien, commença-t-elle… Elle s’occupait de sa famille,
malgré ses études. Elle était toujours si…
186
Miracles quotidiens
- Et vous aurait-elle laissée longtemps pleurer, si elle avait été là ? repris-je
pour empêcher la femme de replonger dans les sanglots. L’aurait-elle fait ?
- Non, admit la femme.
- Non, répétai-je en appuyant sur le mot. Alors, que pouvez-vous faire pour
respecter ce qu’elle aurait souhaité pour vous ?
- Il faudrait que j’arrive à la laisser partir…
- La laisser partir ? »
Je repensai à la vision que j’avais eue plus tôt.
« Pourquoi la laisser partir ? Où est-elle, maintenant ? »
Sylviane ferma les yeux et grimaça.
« Elle est dans mon cœur » répondit-elle.
Sauf que la réponse ne collait pas avec le mouvement des mains de
Sylviane, qui indiquait quelque chose devant elle.
La femme en pleurs n’avait pas vraiment besoin qu’on la pousse dans un
état de conscience très différent de ce qu’elle vivait en ce moment.
L’induction hypnotique sert à modifier l’état de conscience ordinaire de la
personne… et Sylviane était loin d’être dans son état ordinaire de
conscience. Il me suffisait donc simplement de l’aider à plonger plus avant
dans ses sensations, afin qu’elle décroche réellement de la réalité concrète
et vive vraiment ce qui la hantait depuis deux ans.
« Montrez-la-moi » fis-je très directement, présupposant par là que la fille
de Sylviane n’était pas vraiment dans son cœur mais dans un espace qui
pouvait m’être visible.
Sylviane tendit sa main droite devant elle, paume vers le haut, comme si
elle y tenait quelque chose… ou quelqu’un.
« Elle est là ? murmurai-je. Juste devant vous ? »
La maman hocha la tête silencieusement. Des larmes coulaient le long de
ses joues.
« Moi, vous savez, je ne peux pas la voir… Alors, s’il vous plaît, décrivez-
la-moi.
- Elle est belle, commença Sylviane, toute dorée de lumière.
Comme une fleur…
187
Miracles quotidiens
- Quelque chose vous relie à elle ? demandai-je.
- Oui, c’est la tige de la fleur… un peu comme si je tendais mes bras et
qu’elle se nichait dans mes mains entr’ouvertes. »
C’était ce que j’avais vu en ouvrant la porte ! C’était exactement l’image
que j’avais perçue ! Heureusement que je n’avais rien dit à Sylviane, je
n’aurais alors jamais su si ma vision était réelle ou si j’avais influencé la
maman par un effet de suggestion.
Soudain, je réalisai la nature du phénomène : c’était la mère qui retenait la
fille ; elle l’empêchait de partir.
D’ordinaire, les personnes en deuil symbolisent leur lien à l’être cher par un
fil de lumière, un drap blanc, une ceinture ou, à la limite, une chaîne :
quelque chose qui accroche autant l’une que l’autre personne. Or, il
semblait ici que seule la maman maintenait la fille. Ce n’était pas normal.
« Si je comprends bien, un lien lumineux part de vous…
- Oui.
- D’où cela ?
- De mon ventre.
- Et ce lien s’ouvre comme des mains pour faire une sorte de berceau à
Julie, qui est lovée là, en fœtus…
- C’est ça, oui.
- Et comment est-elle reliée à vous, elle ?
- Par mes mains.
- D’accord, par vos mains… Vous la maintenez… mais, elle, y a-t-il
quelque chose qui la relie à vous ?
- Que voulez-vous dire ?
- J’ai juste besoin de savoir si l’accroche est réciproque.
- Une maman ne peut pas laisser partir sa fille…
- Eh oui, il est difficile à une maman de laisser partir sa fille.
C’est un peu comme à la fin de l’adolescence… Arrive un jour où votre
enfant doit prendre son envol… Vous ne voulez pas l’emprisonner, n’est-ce
pas ? Vous l’aimez ? »
La maman éclata en sanglots.
188
Miracles quotidiens
Il est déjà difficile de faire son deuil quand le lien est réciproque, mais si en
plus il existe une volonté délibérée de retenir l’autre de la part d’un des
acteurs de la situation, cela n’allait pas nous faciliter le travail.
Je passai donc un long moment à discuter avec Sylviane, à lui expliquer
que, par sa décision de laisser sa fille s’envoler, elle lui ferait le plus beau
des cadeaux, qu’elle ne la perdrait pas, car la mémoire de ceux que l’on
aime nous habite toujours. Toutes choses qui sont plus faciles à comprendre
qu’à réellement accepter lorsqu’on est concerné.
Sylviane sécha enfin ses larmes et accepta de rompre le lien par lequel elle
maintenait sa fille avec elle.
« Que faut-il faire, alors, pour libérer Julie ? demandai-je.
Ouvrir les mains ? Séparer la tige de lumière ? Quoi donc ?...
- Juste ouvrir les mains, je suppose, fit Sylviane.
- Ouvrir les mains, d’accord… Je vous laisse faire… Vous me direz juste
quand ce sera fait. »
Deux minutes silencieuses plus tard, la femme hochait la tête avec un léger
sourire forcé.
« Ok, c’est fait ? Où est Julie, maintenant ?
- Juste là, devant moi, répondit Sylviane en montrant un endroit dans l’air à
un mètre cinquante d’elle.
- D’accord, vous lui envoyez toujours tout votre amour…
vos meilleures pensées… »
La tête de Sylviane continuait de se balancer de haut en bas,
machinalement. Son visage montrait qu’elle était ailleurs.
« Et tout votre amour lui fait une merveilleuse bulle de lumière… Quelque
chose qui l’enveloppe et la protège…
Vous le voyez, n’est-ce pas ?... Et toute cette lumière rayonne sur vous,
comme un soleil dont vous ne pouvez et voulez pas vous mettre à l’abri…
Une merveilleuse lumière, sur vous également… Tellement d’amour et de
bonnes pensées… Une vibration si pure qu’elle vous lave et vous fait du
bien… Sur vous… comme sur Julie… qui s’envole… en paix. »
189
Miracles quotidiens
A ces mots, les sanglots de Sylviane, qui s’étaient calmés, reprirent de plus
belle – ce qui est souvent le cas lorsque la personne comprend au plus
profond d’elle que l’être cher va maintenant réellement s’en aller.
Ce n’est pas un moment facile, mais très libérateur.
« Vous pouvez l’accompagner un moment, proposai-je.
Laissez-vous vous envoler, vous aussi, dans votre bulle de lumière et suivez
votre fille… Suivez Julie… elle vous montre la voie, regardez… Bien sûr, il
y a un moment où vous ne pourrez pas aller plus loin… Accompagnez-la
aussi longtemps que possible et voyez comme elle est heureuse. »
Sans verser dans les clichés, les récits de NDE ( near death experience)
nous fournissent une description universellement partagée de la manière
dont la plupart des êtres humains imaginent le passage de la mort : la
lumière, un chemin ou un tunnel, des êtres chers ou très sages qui
accueillent le défunt, une paix intense, une compréhension totale, etc.
Même sans les suggérer, ces éléments sont récurrents dans les
accompagnements hypnotiques de deuil, on peut donc s’avancer sans
crainte et les utiliser pour faciliter le travail avec la personne.
Les plus cartésiens, lorsqu’ils souffrent, acceptent les idées issues de la
spiritualité – quitte à les abandonner après, lorsque tout va mieux.
C’est ainsi que Sylviane fit ses adieux à sa fille. Je vis la poitrine de la
maman se soulever profondément et redescendre paisiblement, dans un
soupir aussi involontaire que soulagé.
Lorsqu’elle sortit de transe hypnotique, un voile obscur s’était levé sur
Sylviane. La mémoire, même intense, d’un être cher ne remplacera jamais
le pétillement de la vraie vie.
Une mémoire, par essence, est un petit morceau de passé – et on ne vit pas
dans le passé. En libérant sa fille, Sylviane s’était libérée, elle aussi,
permettant à ses plaies de guérir et à une nouvelle vie d’éclore.
190
Miracles quotidiens
La fureur de vivre !
Qui sait d’où nous viennent nos sentiments, notre caractère, tout ce qui nous
forge et que l’on prend pour soi-même ?
Parfois, on imagine qu’il faut de violents traumatismes pour influencer une
destinée. En vérité, comme un immense puzzle, nous sommes faits
d’innombrables petites pièces et un trait de caractère particulièrement
marquant peut être issu d’une expérience a priori de peu d’importance.
Corinne était une petite dame d’origine espagnole. Elle venait me voir pour
que je l’aide à surmonter ses colères ravageuses ! Certes, elle avait du
tempérament, mais ses coups de sang, peut-être charmants les premiers
temps, étaient en train de tuer son couple. Même sa mère, au caractère aussi
trempé que celui de sa fille (et pour cause !) trouvait qu’elle exagérait et en
était venue à plaindre son gendre.
Corinne, les yeux brillants de rage contenue, avait décidé de prendre les
choses en main et pensait que l’hypnose pourrait la « forcer » à devenir
autre chose qu’elle-même – ce qui est malheureusement souvent l’idée
qu’on se fait de l’hypnose : une sorte d’opération cérébrale capable de vous
changer, sans que vous n’ayez besoin de faire quoi que ce soit, même pas
d’être d’accord avec l’opération en question !... Si ce supposé pouvoir
existait, il serait parfois bien utile au thérapeute honnête en peine avec ses
patients les plus coriaces ; mais il n’existe pas, et si la personne en quête de
changement ne prend pas la peine de bouger, si elle se contente de se laisser
faire, alors il y a peu de chance que la thérapie soit efficace, soit-elle
hypnotique. Le meilleur outil de changement ne va pas jusqu’à forcer une
conscience à évoluer ; le meilleur des soins ne peut pas obliger une
personne à guérir, à grandir.
Alors, si en plus la personne ne veut pas changer, alors il n’y a rien à faire,
hypnose ou autre, rien n’y fera.
191
Miracles quotidiens
Et heureusement ! Car s’il existait un quelconque moyen de forcer une
personne à penser ce qu’elle refuse de penser, croyez bien que les dictateurs
de tous poils se seraient rués sur la technique en question, et nous aurions
tous un Big Brother en guise de seul choix de pensées et de vie.
Corinne voulait changer, mais elle se méprenait sur la manière dont
l’Hypnose allait pouvoir l’aider. Je pris donc quelques minutes pour lui
expliquer la nature de l’Hypnose, en tant que pratique et en tant que
phénomène.
Rassurée, Corinne accepta avec plus de sérénité l’expérience que je lui
proposai : il s’agirait d’ancrer en elle le sentiment qui sous-tendait ses crises
de colère et de nous en servir de guide pour remonter le temps, à la
recherche de l’expérience de vie qui avait généré en elle cette fureur.
« Ce ne sera pas facile, lui confiai-je, car si quelque chose a pu modifier à
ce point-là le cours de votre existence, il se peut que cela soit peu agréable à
retrouver – c’est du moins une possibilité à garder en tête, afin de ne pas
reculer devant l’obstacle lorsqu’il se présentera. Nous ne sommes pas ici
pour un voyage d’agrément, mais pour procéder à un changement dans le
flot des choses qui vous ont faite telle que vous êtes aujourd’hui… Il vous
faut retrouver l’expérience à l’origine de tout cela ; la reconsidérer et,
éventuellement, la remanier – un peu comme vous changeriez un arbre en
remontant au moment où sa graine a été conçue et plantée.
Êtes-vous prête pour cela ? »
Corinne m’avait écouté sans un mot, gravement. Je ne lui avais pas menti.
Je n’avais pas amoindri l’opération, pas plus que je ne l’avais exagérée.
Changer de vie n’est pas une décision que l’on prend à la légère. Si elle
pensait modifier simplement une facette d’elle-même sans que cela ne
touche tout le reste, elle se trompait. Le changement est comme un pavé
dans la mare, il ne fera pas qu’une seule vague mais va tout secouer. Bon
nombre de choses changeront alors, de 192
Miracles quotidiens
manière positive, certes, mais il faut savoir ce que l’on fait, afin de se lancer
en toute connaissance de causes et agir à 100%.
L’Hypnose n’est pas une technique psychothérapeutique ordinaire. D’abord,
elle est à l’origine de toutes les autres pratiques, ne serait-ce que parce que
c’est pour elle qu’a été inventé le mot psychothérapie. Ensuite, parce que
les praticiens de l’Hypnose sont le plus souvent des professionnels
pragmatiques, plus portés à l’action concrète qu’aux discussions
intellectuelles. L’Hypnose est une thérapie brève : il faut que cela bouge !
On ne va pas rester des semaines à tourner autour du problème. En un quart
d’heure, on se sera fait une première idée de la situation et, aussitôt, on
testera une manière de changer ; et si cette première tentative s’avère
infructueuse, alors on en tirera des leçons tangibles sur la façon de procéder
à d’autres tentatives, avançant ainsi toujours dans le monde factuel plutôt
que dans celui des hypothèses invérifiables.
Corinne avait bien compris que nous plongions immédiatement dans le vif
du sujet. Elle l’espérait, comme nombre de ceux qui osent faire le pas et
prendre un rendez-vous avec un professionnel de la relation d’aide. Nous
avons tous entendu ces sarcasmes sur la nullité des « psys » de tous genres,
souvent « aussi malades que leurs patients, sinon plus. » On retrouve cette
caricature dans les discussions populaires autant que dans les romans ou les
films de cinéma. Le grand public a une idée assez médiocre des
professionnels de l’esprit, et ce à juste titre. Il n’y a pas de fumée sans feu.
Il faut donc une bonne dose de courage pour pousser la porte d’un psy, avec
l’espoir insensé d’y trouver une aide efficace !
Corinne avait eu ce courage en venant me voir, j’allais faire en sorte de
mériter sa confiance. Elle avait déjà fermé les yeux et écoutait avec
attention mes instructions, destinées à lui permettre d’entrer en état modifié
de conscience.
« Nous aurons besoin de votre esprit de décision consciente, aussi n’entrez
pas trop profondément en transe hypnotique. »
193
Miracles quotidiens
La jeune femme respirait maintenant plus fortement. Son visage était
concentré ; ses traits étaient tirés ; ses yeux bougeaient fortement sous ses
paupières, un peu comme on le voit chez les gens qui rêvent. Elle était en
état d’hypnose.
« Ecoutez-moi bien, Corinne, ma voix vous accompagnera aussi loin que
votre voyage vous emmènera… Je serai toujours là à vos côtés, invisible et
présent, comme le souffle du vent… ou le battement de votre cœur… Et
vous allez orienter votre attention sur un souvenir… et quand vous l’aurez
pleinement retrouvé, je ferai en sorte que votre corps, votre mémoire
biologique, ancre, stabilise, cette expérience…
simplement en appuyant doucement sur le poignet droit… et c’est le
sentiment caché sous ce souvenir qui vous guidera à travers le temps, vers
sa source profonde, tout au fond de vous
…et d’abord, juste… laissez remonter la mémoire de votre dernière crise de
colère… C’était peut-être ce matin, ou il y a deux jours, je ne sais pas… la
dernière fois où c’est arrivé. »
Vous noterez la suggestion ambiguë à propos de la dernière crise de colère :
s’agit-il de la plus récente ? Ou serait-elle vraiment la dernière qu’elle
aurait à vivre ?
Les yeux de Corinne se mirent à bouger de plus belle, signe d’intense
activité intérieure, et ses mâchoires se crispèrent.
« Voilà. Juste voir ce qu’il y a à voir de cette expérience…
et entendre ce qu’il y a à entendre… »
Je posais aussitôt l’ancrage qui agirait comme une sorte d’accélérateur nous
permettant de rejoindre d’autres expériences similaires, ayant la même
source dans l’existence de Corinne. Un ancrage physique – on dit
kinesthésique – a l’avantage d’être plus proche des sentiments primaires de
la personne, moins influençable par l’intellect ou l’imagination, donc plus
proche de la « vérité » que nous recherchons. La personne peut avoir le
diable au corps, elle l’a dans le sang, ou dans la peau, ça la prend aux
tripes… toutes expressions qui montrent que les sentiments les plus
profonds touchent le 194
Miracles quotidiens
corps. Ancrer au corps permettra de remonter plus facilement et
honnêtement à la source.
« Et puis, juste ressentir ce qui est utile de ressentir, avant de laisser tout
cela s’envoler… S’envoler… maintenant. »
Pour l’ancrage, la personne n’a pas besoin de pleurer ou hurler, d’être à
nouveau aussi mal que durant sa précédente crise, quelle qu’en soit la
nature. Un tiers du sentiment suffit et, lorsque la personne laisse le souvenir
se dissoudre, le thérapeute en maintient l’essence profonde par son ancrage
physique. L’image et le son ont disparu. Le ressenti servira de fil d’Ariane
pour guider la personne vers l’expérience à l’origine de ses soucis.
« Et vous pouvez simplement laisser faire… Laissez cette mémoire en vous
(j’appuie un peu sur l’ancrage) susciter un autre souvenir… d’il y a plus
longtemps… D’autres images…
d’autres pensées… Ça vous revient… c’était… il y a plus…
loooongtemps… (les yeux se remettent à bouger) C’est bien.
Et à nouveau voir ce qu’il y a à voir de ce souvenir… les détails importants
qui vous aident à savoir… qu’est-ce qui se passe ?… Et entendre aussi…
les sons… et les paroles… Vos pensées… Et juste ressentir ce qu’il est
correct de ressentir, juste… ce qu’il faut… et laisser partir le reste. »
La personne ayant retrouvé un autre souvenir, je relâche l’ancrage, comme
on arrêterait d’appuyer sur l’accélérateur pour freiner la voiture. Corinne
me décrivit alors un souvenir plus ancien. Ce n’était pas une crise de colère.
« Et quel âge aviez-vous ? lui demandai-je.
- Vingt-deux ou vingt-trois ans.
- Vingt-deux ou vingt-trois ans » repris-je après elle, sur le même ton de
voix, afin d’ancrer de manière auditive cette étape, au cas où il me faille y
revenir plus tard.
Et c’est ainsi que nous remontâmes le temps, de souvenir en souvenir,
parfois banals, parfois plus difficiles. J’ancrais chaque étape parcourue en
prononçant l’âge donné par Corinne.
195
Miracles quotidiens
Après six ou sept souvenirs, de plus en plus anciens, Corinne me dit ne plus
rien trouver.
« C’est tout noir, fit-elle avec une mine boudeuse.
- Tout noir ? Oh… et c’est du tout noir de vide… comme l’espace… ou
c’est du tout noir d’obscurité, comme dans une grotte où on ne voit rien ?
- C’est tout noir comme dans une grotte confirma la jeune femme après
avoir réfléchi un instant.
- Et quel genre de grotte est-ce donc ? »
Aussi loin dans le temps, c’était facile à deviner ! Corinne secouait la tête
en signe de déni. Nous allions résoudre la situation en faisant d’une pierre
deux coups : si nous étions bien arrivés comme je le pensais à l’expérience
d’origine, il me fallait sortir Corinne de son vécu – non pas de la transe
hypnotique, juste du contexte du souvenir – ce que l’on appelle se dissocier,
afin de modérer les sentiments désagréables qu’elle pourrait ressentir. Ce
recul lui permettrait aussi de découvrir quelle grotte lui cachait ainsi la
pleine lumière du jour.
« Alors, envolez-vous, Corinne… Envolez-vous ! »
Presque instantanément, la jeune femme éclata en sanglots.
« C’est maman, gémit-elle.
- Maman ? répétai-je, feignant la surprise, et où êtes-vous, vous ? Où êtes-
vous ?
- Dans son ventre… »
Et voilà, c’était prévisible !
Corinne enfin calmée, nous commençâmes à étudier la situation.
« Que se passe-t-il pour Corinne petit bébé ?
- Elle a froid.
- Et pourquoi ? Qu’est-ce qui s’est passé ?
- Je ne sais pas.
- Eh bien, demandez à Corinne petit bébé, elle le sait, elle !
- (Corinne secoua la tête de gauche à droite)
- Allez, vous savez comme les mamans et les bébés sont liés.
Vous allez replonger un instant dans Corinne petit bébé, et 196
Miracles quotidiens
ensuite vous remonterez vers l’esprit de votre maman, pour savoir ce qui
s’est passé… Ok ?... Alors, allez-y !
- (fronçant les sourcils) Maman a eu un malaise.
- Comment ça, un malaise ?
- Je ne sais pas, une sorte d’hypoglycémie… Elle s’est évanouie un instant,
et quand elle est revenue à elle, je ne bougeais plus.
- Et pourquoi vous ne bougez plus ?
- Parce que j’ai froid !! »
Je compris que le malaise de la maman avait fait chuter sa température
corporelle. Le bébé s’était alors immobilisé pour conserver sa chaleur. Il
s’était blotti, en quelque sorte. Et lorsque la maman était revenue à elle, ne
sentant plus son bébé, elle avait eu très peur, et cette fois-ci c’est le stress
qui la glaça jusqu’au sang, empêchant encore bébé de bouger.
C’était un véritable cercle vicieux : plus la maman stressait, moins le bébé
bougeait, moins le bébé bougeait et plus la maman stressait ! Il fallait faire
quelque chose !
Si on peut aider la personne à retrouver le trauma à l’origine de ses
problèmes, il est hors de question de lui proposer directement une solution.
Le devoir de l’hypnothérapeute est de guider la personne, de lui montrer
diverses portes, mais non de lui en imposer certaines. C’est à la personne de
choisir, de décider et de changer. Il lui faut trouver sa solution.
J’exhortai Corinne à découvrir un moyen de calmer sa maman. J’avais bien,
personnellement, une petite idée sur la chose, mais je ne pouvais partager
cette idée avec la jeune femme, au risque de l’influencer. Je la laissai donc
faire, tester et vérifier mille et une façons de changer le cours des choses…
sans succès :
« Il faut que maman sache que je vais bien…
- Oui, c’est évident.
- Je n’ai qu’à lui dire… Je vais lui susurrer ma présence à l’oreille, comme
une voix dans sa tête.
197
Miracles quotidiens
- Pourquoi pas ? Faites-le… et dites-moi ensuite comment cela fonctionne
bien. »
On peut faire ce genre de suggestion à la personne, ce qui renforcera
l’efficacité de la solution si elle est bonne, sans empêcher la personne de
vous dire que cela ne va pas, si jamais c’était le cas. La preuve :
« (grimaçant) Non, ça ne marche pas !
- Que se passe-t-il ?
- Rien, justement. Je lui dis des choses à l’oreille, mais ça l’affole encore
plus : elle pense à moi plus fort, et ça la rend encore plus mal… Je n’y
comprends rien ! » s’écrie Corinne.
Ah ! Voici donc l’origine de sa colère.
« On se calme, répondis-je. Et si vous essayiez une autre voie ? D’habitude,
une bonne manière de se planter est de continuer à faire encore et encore un
truc qui ne marche pas.
Là, je vous sens un peu tendue (euphémisme !)… Comment pourriez-vous
utiliser différemment cette force ? »
La jeune femme réfléchit un instant avant de sourire.
« Moi, je lui donnerais bien un coup de pied dans le ventre.
- Eh bien voilà ! m’exclamai-je, comme si j’étais sûr qu’il s’agissait cette
fois de la solution. Allez-y : après tout, tous les bébés font cela tout le
temps, et les mamans adorent sentir leur enfant bouger en elle… Allez-y ! »
Je vis Corinne se concentrer encore plus ; son visage reprit l’expression
qu’il avait lorsqu’elle « était » le bébé dans le ventre de sa mère, et un
sursaut d’énergie la fit tressaillir.
« Alors ? questionnai-je, impatient.
- Je crois que cela fonctionne…
- Pour le savoir, laissez bébé Corinne avec sa maman et rejoignez-moi…
Faites accélérer le temps et laissez passer un quart d’heure… une demi-
heure… une heure… ça va ? »
La jeune femme acquiesçait de la tête.
« Ok. Alors, faites passer quelques jours… quelques semaines… …
Quelques mois… et le bébé grandit… différemment, car quelque chose est
guéri en elle. »
198
Miracles quotidiens
Corinne était très émue. Un doux sourire commençait à poindre sur son
visage. Je la laissais faire, tranquillement, un long moment. Puis, je repris
l’accompagnement :
« Maintenant, revenez juste avant le malaise de maman et voyez comme
bébé Corinne réagit bien, aussitôt que maman revient à elle, pour la rassurer
tout de suite… C’est bien, ça ?
- Oui, c’est bien. Ça va mieux.
- Vous voulez bien que bébé Corinne garde tout ça, bien en elle ? Pour que
la vie soit meilleure maintenant… »
Un oui de la tête me poussa à continuer.
« Alors… plongez dans ce bébé… redevenez cet enfant et…
emplissez-vous de ce sentiment merveilleux d’avoir trouvé la solution…
d’avoir su aider maman… et… tout va mieux ! »
Une larme roula sur la joue de Corinne. Je lui laissai encore un moment
pour intégrer tout cela.
« Et maintenant, le temps s’accélère prodigieusement ! Tout va très vite et
lorsque j’aurai compté jusqu’à 3 vous serez de nouveau bien revenue au
présent… Le bébé que vous êtes grandit… grandit, grandit, grandit… et les
années passent…
et rien n’est plus comme avant… La vie a changé !
« 1… 2… 3… bien ici et maintenant ! »
Je me penchai en avant afin d’effleurer le poignet de Corinne, à l’endroit de
l’ancrage négatif. Si la jeune femme avait réagi par une grimace, même
infime, j’aurais alors su que notre expérience n’avait servi à rien, car le
sentiment précédent aurait toujours été actif. Mais il n’en fut rien.
L’ancrage était vide, désactivé. Cela avait fonctionné !
« Et lorsque je vous touche, comme ça, dis-je, est-ce bien vous tout entière
que je touche ?... L’enfant qui a grandi ? »
Je voulais aussi vérifier que Corinne n’avait pas gardé un souvenir du bébé,
dissocié d’elle (une fragmentation de personnalité comme celles dont nous
avons déjà parlé) mais qu’elle était bien une, pleine et entière, adulte.
Un sourire me le confirma. Tout allait bien.
199
Miracles quotidiens
Corinne rentra chez elle, un peu secouée – ce qui peut se comprendre quand
ce qui fonde toute une existence vient d’être remanié. Elle téléphona à sa
mère, qui confirma l’incident durant la grossesse.
La vérité nous importe peu ; si la personne croit à ce qu’elle vit en hypnose,
c’est qu’elle portait en elle cette expérience, comme un fichier informatique
sur un disque dur, une épine dans la chair de sa personnalité. Vraie ou
fausse, il faut la lui retirer et soigner la plaie. Il arrive malgré tout que les
personnes qui ont vécu cette expérience se fassent confirmer leurs
réminiscences, comme cette femme qui s’était retrouvée elle aussi dans le
ventre de sa mère, qui aurait eu un accident de vélo… « Sauf que ma mère
n’est jamais montée de sa vie sur un vélo » me dit-elle aussitôt sortie de
transe hypnotique.
« Tout cela n’est donc qu’affabulation ? » Je lui expliquai donc le peu
d’importance de la vérité vraie en thérapie.
Elle aussi téléphona à sa mère, qui fut fort surprise d’entendre parler de cet
évènement lointain : en effet, elle était bien montée sur un vélo, une seule
fois, et c’était durant sa grossesse. Elle était tombée en voulant essayer le
vélo de son mari, alors qu’elle n’avait jamais fait de vélo et n’en avait plus
jamais refait après. Un vélo bleu, comme dans le souvenir hypnotique de
ma patiente !
Bien entendu, tout cela peut s’expliquer logiquement – les personnes ayant
pu entendre parler de ces moments de vie de leurs parents, trop jeunes par
exemple pour s’en souvenir consciemment. L’hypnose leur aurait permis
d’en retrouver la mémoire… Quoi qu’il en soit, l’important était qu’ils se
soient guéris de l’impact sur eux de ces « souvenirs ».
Corinne se prit à ranger sa maison en arrivant chez elle, comme si elle avait
besoin d’exprimer au-dehors un ordre intérieur nouveau. Elle n’eut plus
jamais de crises de colère hystérique et se découvrit douce et patiente.
200
Miracles quotidiens
Mamie retrouve ses amours et se redresse Un jour, une de mes patientes
m’amena sa mère, âgée alors de presque quatre-vingt ans. La vieille femme
était très marquée par le temps et ressemblait plus à une sorte de tortue
préhistorique qu’à une personne âgée
: elle était toute
recroquevillée sur elle-même, extrêmement ridée et avançait sur le chemin
qui menait à ma porte, agrippée à sa canne et à sa fille, avec une lenteur
telle qu’on la voyait à peine bouger.
A la fois amusé et perplexe sur ce que je pourrais bien faire pour aider cette
pauvre femme, je l’attendais au pas de ma porte. L’idée de monter la grand-
mère sur un skateboard pour l’aider à avancer me traversa l’esprit ! C’est
qu’il fallait bien qu’elle atteigne ma porte avant la fin de notre heure de
rendez-vous, si nous voulions faire quelque chose !
Comme je le craignais, la vieille femme ne venait pas pour quelque chose
que je pouvais l’aider à soigner. Elle voulait que je « traite sa cataracte » !
Passé le moment d’incrédulité (traiter la cataracte par hypnose !),
j’expliquai à la mère et à la fille qu’elles devraient « voir cela » avec leur
médecin, qui les orienterait certainement vers une simple opération
chirurgicale, bénigne et très efficace pour ses yeux.
La dame étant dans mon fauteuil de consultation pour encore près de trois-
quarts d’heure, je demandai à la fille de nous laisser et commençai à
questionner la vieille femme sur sa vie et en particulier sur son mari,
apparemment assez vaillant. Je l’avais vu au loin sortir une cigarette pour
fumer, appuyé sur le capot de sa voiture de sport garée devant ma porte,
alors que les deux femmes me rejoignaient à leur rythme.
J’appris ainsi que l’homme était bien plus âgé que sa femme ! Celle-ci me
raconta que, pendant la seconde guerre mondiale, son mari avait servi en
Afrique où un sorcier lui avait prédit une vie exceptionnellement longue.
201
Miracles quotidiens
Bien sûr, à trente ans, il n’avait pas cru à « toutes ces sornettes », mais à
cinquante ans l’idée lui parut amusante et à soixante-dix ans, il était
convaincu d’être quasiment immortel.
L’homme se portait donc à merveille, malgré ses quatre-vingt-cinq
printemps, contrairement à sa femme qui était persuadée, m’avoua-t-elle, de
devoir mourir bien avant lui.
« Vous êtes bien égoïste ! m’écriai-je assez fort pour que la vieille femme
m’entende sans confusion. Votre mari vous a-t-il fait quoi que ce soit pour
que vous lui infligiez cela ? Savez-vous ce que c’est que de perdre son
amour ? »
Je découvrirai bientôt que oui, mais à ce moment-là je ne pouvais deviner
(et la vieille femme non plus) à quel point j’étais tombé juste. Je poursuivis
donc sans m’arrêter :
« Vous vous laissez partir avant lui !... Vous ne savez donc pas ce qui est
arrivé à Roméo, dans l’histoire, lorsqu’il sut qu’il avait perdu sa Juliette ?...
Vous voulez donc le tuer ? »
conclus-je avec véhémence.
J’avais largement exagéré, mais la vieille femme en fut tout de même
ébranlée. La vieillesse nous redonne notre sensibilité d’enfant, ce qui a
parfois des avantages.
Je persuadai ainsi la vieille femme de copier en elle la conviction
d’immortalité de son cher mari, ceci afin de ne pas l’abandonner
prématurément.
« C’est plus facile à dire qu’à faire, mon jeune ami » fit la vieille dame,
lentement.
Je souris, à la fois satisfait et touché par la volonté ravivée de la femme de
se raccrocher à son homme.
« Il y a une façon de faire facile… Je vous explique. Et pour cela, vous
n’avez pas besoin de vos yeux, au contraire.
Laissez votre esprit se reposer et suivez bien ma voix…
« Il y a des expressions qui trahissent comment on fonctionne à
l’intérieur… Elle a un avenir brillant, son avenir est
tout tracé ou, au contraire, elle n’y voit pas plus loin que le bout de son nez,
pour dire qu’elle ne prévoit rien.
202
Miracles quotidiens
« Tout cela parle de comment cela fonctionne dans notre tête, les uns ayant
comme un vrai chemin, une voie ou une route toute tracée – imaginaire,
bien sûr, mais bien réelle pour l’esprit. C’est ça qui les projette dans la vie,
loin et longtemps, alors que ceux qui n’y voient pas plus loin que le bout de
leur nez n’ont qu’une perception intérieure réduite de leur avenir, ce qui
n’aide pas à mieux vivre, prendre les bonnes décisions et tout ce genre de
chose. C’est ce que l’on appelle notre Ligne de Temps, comment notre
cerveau comprend le temps.
« Tout le monde a une Ligne de Temps, sans le savoir. Et votre Roméo s’en
est construite une belle et longue, comme une énergie qu’il projette au
loin… Sa voie à lui. »
En fait, la Ligne de Temps n’a rien à voir avec la longévité.
Mais c’était une jolie métaphore tout de même pour faire comprendre ce
que je voulais à la vieille femme, je fis donc pour elle un parallèle qui n’a,
d’ordinaire, pas lieu d’être.
A noter également que la recherche de la Ligne de Temps se fait en état
ordinaire de conscience, car il s’agit d’une mise à jour, d’une
conscientisation. On cherche à faire remonter du matériau inconscient à la
conscience. Donc, pas d’induction.
« Et comment est-elle, votre Ligne ?... repris-je. Quand vous imaginez
derrière vos paupières fermées, que voyez-vous ?
- Pas grand-chose, avoua la vieille dame.
- Quand vous projetez votre imagination au loin, quand vous pensez à la vie
à venir… »
La dame secouait la tête de gauche à droite. Je me doutais de cette réaction ;
je plaçai donc la suggestion prévue :
« Et celle de votre mari ? »
Là, le visage de la vieille femme s’ouvrit un peu.
« C’est comme un jet de feu, murmura-t-elle. C’est beau.
- Et pour vous ?...
- Moi ?
- Oui, vous : puisque vous arrivez à percevoir l’avenir enflam-mé de votre
homme, vous devez pouvoir percevoir le vôtre.
203
Miracles quotidiens
- (hésitante) Je n’en ai pas…
- Vous n’en avez plus, vous voulez dire, car beaucoup de gens aimeraient
avoir vécu jusqu’à votre âge. C’est déjà une grande vie… (je la laissai
réfléchir un peu, puis) Et si vous copiiez le jet de feu de votre mari ?
- Mais, lui, ce n’est pas pareil… Le sorcier…
- Vous pensez qu’il lui a fabriqué ?
- Non, mais il l’avait avant.
- Oui, tout comme vous à trente ans, sauf que lui l’a gardé, et pas vous… A
trente ans, il avait encore bien plus de cinquante-cinq ou soixante ans
devant lui… Et c’est tout ce temps qu’il pousse et lance devant lui, sans le
savoir… Parce qu’il croit à son sorcier. Et vous, vous croyez aux sorciers ?
- (sourit et secoue la tête) Non.
- Alors, vous n’avez pas besoin d’eux pour projeter votre avenir loin devant
vous… Et je sais ce que vous pensez…
Votre âge, la vieillesse et tout ça… Quel âge il a, Roméo ? »
La vieille femme comprit alors qu’elle n’avait pas d’excuse.
Son visage s’éclaira un peu plus et on aurait pu voir briller ses yeux derrière
leur voile diaphane.
« Un jet de feu, ou autre chose qui vous plaît mieux, continuai-je. Ce n’est
que de l’imagination : qu’est-ce que ça fait ? Rien ! Alors, faites-le… Vous
verrez bien ! »
Petite suggestion en passant ! La vieille dame acquiesça et s’inventa une
brillante Ligne de Temps, aussi longue que celle de son mari.
« Vérifiez bien qu’elle soit de la même taille, insistai-je. Il ne s’agirait pas
que vous viviez deux cent ans ! Roméo et Juliette partent ensemble ou pas
du tout ! »
Tout cela amusait maintenant la vieille femme qui s’était vraiment prise au
jeu.
Sa fille se présenta à l’heure et les deux femmes reprirent le chemin de la
maison, bras dessus, bras dessous. Je n’avais pas donné d’autre rendez-vous
à la vieille dame.
204
Miracles quotidiens
La semaine suivante, la fille me ramena tout de même sa mère « qui avait
des choses à me dire ». Celle-ci parcourut le chemin jusqu’à mon bureau à
une vitesse qui me sembla supérieure à celle de la semaine dernière – ou
alors, c’est que je m’étais accoutumé à sa lenteur. Pourtant, la vieille dame
paraissait un peu plus droite, moins courbée.
Abandonnant les réponses à ces interrogations, je fis entrer ma patiente, me
demandant ce que l’on pourrait faire de plus, ensemble pendant une heure.
Elle s’installa sans un mot puis son regard se leva vers moi. Je me
rapprochai d’elle.
« Il faut que je vous raconte quelque chose… Quelque chose que je ne peux
raconter à personne d’autre que vous. »
Le ton mystérieux de la vieille femme aurait pu paraître amusant à celui
qui, face à une personne âgée, s’attendait à recevoir avec le plus grand
cérémonial la confidence de la fameuse recette de la confiture à la fraise qui
fait tant d’envieux parmi ses petits-enfants et ses amies…
Pourtant, un je-ne-sais-quoi d’infiniment profond, comme une grande
tristesse, se dégageait de la dame.
« Il faut d’abord me jurer de ne jamais parler de ce que je vais vous dire à
ma fille ou à mon mari.
- Je vous le promets, certifiai-je.
- C’est une histoire incroyable… » commença la vieille femme avant de
s’interrompre longuement.
Je lui laissai le temps.
« Voilà… dans le temps, j’ai été follement amoureuse d’un homme. Ce
n’était pas Raymond. L’homme dont je vous parle, je l’ai rencontré bien
avant la guerre… Saleté d’allemands… (secoue la tête en grimaçant)… Cet
homme est parti au combat, comme tous les autres, et il n’est jamais
revenu… (silence)… Je l’ai longtemps attendu. Et puis, j’ai rencontré
Raymond, juste un ami… Mais, quand je compris que je ne reverrais jamais
mon homme, finalement, avec Raymond, on se maria… Version officielle. »
205
Miracles quotidiens
J’observais avec intérêt la vieille dame, bien conscient d’être le témoin
privilégié de faits d’un autre temps – et peut-être d’évènements hors du
commun.
« Comment j’ai vécu, toutes ces années ? fit-elle en se parlant toute seule…
Vous savez ce que j’ai fait, le lendemain de notre discussion ? me demanda-
t-elle. Eh bien, j’ai eu grand envie d’aller voir au grenier. Et ne me
demandez pas pourquoi, je n’en sais fichtre rien ! Alors, j’ai réussi à faire
glisser l’échelle que Raymond coince dans les cartons à côté de la trappe, et
j’ai grimpé jusqu’au grenier. »
J’imaginai avec horreur la vieille femme accrochée à son échelle,
tremblante et quasiment aveugle ! Quelle force de détermination avait-elle
dû avoir pour accomplir cela !
« Heureusement, Raymond a posé du parquet entre les poutres. Il voulait
s’installer un billard, là-haut … Il n’avait pas pensé à la trappe… Mais on a
le plancher… Sinon, je serais bien passé à travers le plafond. »
La vieille femme frôlait sa révélation, et elle gagnait du temps. C’était bien
normal. Je me taisais et attendais.
« Bon, je suis allée tout droit jusqu’à un coffre. Il était là depuis toujours, je
le savais… mais je n’avais pas le souvenir de l’avoir acheté ou mis là. Je
savais qu’il était à moi ; c’était la petite clé que j’avais toujours sur moi…
Je croyais que cette clé, c’était un porte-bonheur… »
La vieille femme commença à pleurer.
« Allons, calmez-vous, soufflai-je doucement.
- Ça va aller. Il faut que je continue… Le coffre, il n’était pas aussi
poussiéreux qu’il aurait dû… A l’intérieur, il y avait toutes ces lettres… Je
les connaissais toutes par cœur. Toutes ses lettres à lui… Comment je
pouvais me cacher ça ? »
Après la guerre, la vieille femme avait retrouvé son amoureux. Il n’était pas
mort ! Mais elle était maintenant mariée et on ne divorçait pas comme ça, à
l’époque, d’autant qu’elle aimait quand même bien son Raymond…
206
Miracles quotidiens
Ainsi, les deux amants s’étaient cachés durant cinquante ans.
Cinquante ans de correspondance soigneusement rangée dans le coffre aux
secrets !... L’adresse des lettres montrait que la correspondance avait
continué malgré les déménagements successifs de la vieille femme. Et
celle-ci conservait tous ses secrets dans son grenier, depuis tout ce temps.
Tromper son mari, ne serait-ce que de façon épistolaire, avait été si
contraire à sa morale que la vieille femme avait refoulé toute sa vie tout ce
qui avait trait à son amour caché.
Toute sa vie, elle lui avait écrit… et avait tout oublié au fur et à mesure,
comme pour préserver sa bonne conscience !
Incroyables mécanismes de l’Inconscient, qui peut nous faire vivre deux
vies en une, masquées l’une pour l’autre.
La vieille femme avait fini par lever le voile. Soulagée de son secret envers
elle-même, elle pouvait enfin accepter de suivre « dans le temps » le second
homme de sa vie.
Mon troisième fils va mourir
L’ouverture d’esprit de la Nouvelle Hypnose lui permet d’aborder certains
problèmes d’une manière différente d’Erickson, comme par exemple en «
transgénérationnel ».
Monique vint me voir afin que je l’aide à surmonter une dépression
nerveuse récemment déclarée. Le mois précédent, son médecin avait
diagnostiqué chez elle un état dépressif grave et lui avait prescrit nombre de
médicaments. Nous étions en septembre.
Vous auriez pu croiser Monique sur un trottoir sans même la voir, pourtant
son histoire était digne d’un film de magie noire.
« Il arrive souvent que les personnes qui souffrent de dépression aient vécu
quelque chose de traumatisant ou stressant dans les années précédentes, lui
expliquai-je. Avez-vous quelque chose de cet ordre à faire remarquer ? »
207
Miracles quotidiens
Il est rare que la personne vous réponde directement, ou alors c’est plutôt
suspect, comme trop évident pour être vrai.
Ce qui fait que, dans tous les cas, le thérapeute cherchera à en savoir plus
sur l’histoire récente de la personne.
« Non, je ne vois rien de particulier… fit Monique.
- Rien de particulier. Bon, tant mieux, répliquai-je. Alors, qu’avez-vous fait
de beau cet été ? Qui a pu créer une telle faille en vous… cette dépression,
je veux dire. »
Le visage de la femme s’assombrit, mais elle passa les minutes qui suivirent
à me raconter des banalités.
« Et la famille ? » interrogeai-je sur le même ton ordinaire.
C’est là qu’elle fondit en larmes. Enfin !
Le thérapeute est comme un chercheur d’or. Il tâtonne jusqu’à trouver un
filon à exploiter, et les larmes sont souvent la marque d’un bon filon pour la
thérapie.
« On a diagnostiqué un cancer à mon fils… gémit-elle.
- Eh bien, décidemment ! Quelle famille ! Alors, ça ce n’est rien de
particulier, c’est cela ?
- Si, bien sûr, mais ça n’a pas de rapport direct avec moi.
- Non, fis-je en forçant le ton, ce n’est que votre fils… Et donc, vous avez
décidé d’être malades tous les deux ?
- Ce n’est pas ça… C’est que je ne supporte pas.
- La maladie de votre fils ? Mais c’est bien compréhensible.
- Non… le destin. Je ne supporte pas cette idée.
- Qu’il y ait un destin ? C’est ça ?... Que voulez-vous dire ?
- Oh, vous ne me croiriez pas.
- Si vous saviez tout ce que j’ai déjà pu entendre, c’est vous qui ne le
croiriez pas… Je pense que vous pouvez y aller.
Dites-moi, quel rapport il y a entre vos maladies. »
La femme me regarda un instant, les yeux rougis.
« Il n’y a pas de rapport entre nos maladies, commença-telle en prenant une
large respiration. C’est moi que ça rend malade. Pour mon fils, c’est une
histoire de famille… Voilà, chez moi, tous les troisièmes enfants mâles
meurent. »
208
Miracles quotidiens
C’est là qu’il faut bien contrôler ses émotions, afin de ne pas trahir une trop
grande incrédulité, ce qui ferait aussitôt regretter à la personne de s’être
confiée.
« Eh bien, déjà, il faut arriver à faire trois enfants et que le troisième soit
chaque fois un garçon, lançai-je en plaisantant.
- Les femmes de ma lignée y arrivent toutes, continua Monique sans
sourire.
- Et leur troisième enfant meurt à chaque fois ?
- Avant quarante ans, oui. Cela fait plus de cent cinquante ans que cela dure,
confirma ma patiente. C’est une malédiction. »
Une malédiction ! Nous voilà bien…
A priori, la technique thérapeutique était toute trouvée. S’il s’agissait
vraiment d’une injonction transgénérationnelle, quelque chose qui se
transmettait de génération en génération, alors il « suffisait » de rompre ce
lien.
Un seul souci, la victime n’était pas dans la pièce.
« Alors, vous ne supportez pas ce destin, cette malédiction, et c’est cela qui
vous a rendue vous-même malade ? »
Monique confirma de la tête.
« Il va avoir quarante ans en décembre et le docteur lui trouve un cancer…
Il va mourir ! Mon grand fils… »
- Bien. Je comprends mieux, fis-je toujours sur un ton plaisant, comme si
toute la situation était normale. Alors, je vous propose un truc… aussi fou
que votre histoire. Je vous propose de commencer par sauver votre fils – et
on verra pour vous ensuite. Qu’en dites-vous ? »
Cette fois, c’était à elle de me regarder avec des yeux ronds.
« Sauver mon fils. Je suppose que vous savez comment…
- Exactement. Puisque toutes les femmes de votre lignée transportent avec
elles cette malédiction, comme vous trans-portez cette malédiction, c’est à
vous de rompre ce sort funeste… Vous parlez de lignée. C’est exactement
cela. C’est un lien, une ligne qui court et vous emprisonne. Que faudrait-il
faire, d’après vous ? La réponse est dans la question…
209
Miracles quotidiens
- Rompre le lien ? Nous libérer toutes.
- Bien sûr : rompre le lien ! Et sauver ainsi votre fils. »
Bon. J’avais légèrement influencé la réponse de la dame par mon énoncé,
mais elle croyait à cette histoire de malédiction et, disait-elle, aucun enfant
n’y avait échappé. Toutes les femmes de sa famille avaient fait au moins
trois enfants, dont le troisième était un garçon qui, à chaque fois, était mort
avant quarante ans. Si tout cela était vrai – et j’aurais pu chercher à le
vérifier – ça avait tout de même de quoi laisser perplexe !
Mais, j’avais déjà vu pareil cas – et même pire – où c’était tout le monde
qui mourait avant cinquante ans. Allez savoir pourquoi cinquante ans… Là
où on ne sourit plus, c’est quand la personne qui vous raconte cela vous dit
que, déjà, ses parents et ses frères et sœurs sont tous morts, qu’elle a eu le
temps de faire une fille, maintenant assez grande pour comprendre ce qui
arrive (à seulement sept ans) et qu’on vient de lui découvrir une maladie
sanguine rare qui devrait la tuer en quelques mois ! De quoi vous glacer le
sang !
Pour cette personne aussi, nous avions choisi de travailler sur ce qui
semblait être une « loyauté familiale » fatale.
De fait, cette histoire se déroulait il y a une dizaine d’années et la dame est
aujourd’hui guérie et bien vivante. Elle s’est même découvert un « don »
pour guérir les autres (cf. p.463).
Le symbole du « lien » ayant été exprimé par Monique, ma patiente
actuelle, il m’avait été très facile de faire comme si ce
« lien » avait une réalité plus concrète que métaphorique. Une réalité si
concrète, d’ailleurs, que le rompre la guérirait.
J’allais donc hypnotiser Monique pour lui permettre de percevoir l’invisible
: le lien assassin qui forçait son destin et allait tuer son enfant, comme il en
avait tué bien d’autres.
Remarquez bien qu’il était de peu d’importance pour moi, si je sais rester
neutre, de croire ou de ne pas croire à toute cette histoire… si je fais le
nécessaire pour qu’elle finisse bien. Un thérapeute n’a pas à juger son
patient.
210
Miracles quotidiens
« Pouvons-nous utiliser le bracelet que vous portez au poignet ? Bien…
Retirez-le et gardez-le tenu entre le pouce et l’index… le regard fixé sur le
bracelet, comme ça. Bien… »
Une idée venait de me traverser l’esprit. Monique portait un bracelet fait de
cuir et de grosses perles qui restait arrondi lorsqu’elle le portait entre ses
doigts.
« Voilà… Veillez à bien garder les paupières ouvertes tant que c’est possible
et… fixez le bracelet… C’est bien… Vous allez maintenant laisser
doucement… glisser le regard dans l’ouverture du bracelet, cet anneau qui
forme un passage…
invisible… et votre regard peut commencer à devenir plus flou, comme
lorsque vous… voyez l’air onduler… comme lorsqu’il fait très chaud, au-
dessus d’une route… l’air ondule
…et glisse, comme un voile… que votre regard peut pénétrer et traverser…
Fixez bien… fixez bien… fixez bien le passage
…et laissez-vous entrainer à travers… (les paupières clignent maintenant
rapidement) Gardez les paupières ouvertes tant que c’est possible, car
lorsqu’elles se fermeront, vous…
passez à travers la porte … (les yeux se ferment) Voilà !...
Passez à travers cette porte… et ouvrez grands les yeux de l’esprit…
Paupières fermées… Esprit ouvert… Paupières fermées… les yeux de votre
esprit, grand ouverts… car plus votre esprit s’ouvre et plus les paupières
restent naturellement hermétiquement closes, comme soudées… lourdes…
comme la tête (la tête de Monique tourne sur elle-même, ce qui ne doit pas
être très confortable, je vais l’alourdir afin qu’elle repose sur sa poitrine)…
plus lourde… plus louuuurde… et la sensation calme le corps… et l’esprit
(je pose la main sur le dessus de la tête de Monique, qui s’arrête aussitôt de
bouger et vient doucement se reposer sur la poitrine ; Monique respire
amplement et je vois son cœur battre la chamade et faire palpiter le tissu de
son chemisier)… Calme… le corps…
calme… tranquille… et le cœur bat fort et solide… calme…
fort et solide… caaaalmmme… tranquille… Voilà… »
Le bracelet était tombé par terre et Monique était en transe.
211
Miracles quotidiens
« Et l’esprit s’envole maintenant juste un peu… s’envole maintenant juste
un peu… ce qu’il faut pour prendre le recul
…et voir… la lignée… voir… la lignée… Ce qui relie Monique à toutes les
femmes de sa famille… Voir… la lignée jusqu’à son commencement… Et
ça ne sert à rien de voir les choses qui ne servent à rien… comme les
visages ou les gens
…car ce ne sont que des maillons anciens… Juste voir… la lignée… et me
dire en quelques mots, simples… à quoi ça ressemble ? Qu’est-ce qu’il y a
là ?... A quoi ça ressemble ? »
Les lèvres de Monique se mirent à bouger, mais rien n’en sortit. La femme
s’agitait un peu, cette fois je la laissai faire.
« Oui ? fis-je pour l’encourager. Bien laisser la gorge respirer… et faire
passer l’air dans la bouche… pour bouger la langue et faire des mots…
Bien articuler… Mieux… Plus fort… Allez !... Allez !!... (les lèvres
bougent encore). Oui ?
- C’est bleu…
- C’est bleu ?
- Un tourbillon bleu… très grand…
- C’est bleu, très grand… comment ?
- Jusqu’à l’horizon.
- Jusqu’à l’horizon ? Et c’est large ? Ou c’est long ?
- C’est long… tout bleu… Je ne vois pas le début.
- C’est bien… bien comme ça… Et comment c’est accroché à Monique ?
C’est accroché à Monique ?
- Je suis dedans.
- Elle est dedans ? Restez bien avec moi… Bien au-dessus de tout ça… Elle
est dedans ? Vous le voyez d’ici ?... Est-ce que c’est bon pour elle de
continuer sans le bleu ? Est-ce qu’elle peut vivre plus loin, tant qu’elle veut,
sans le bleu ?
- (secoue la tête) Il faut autre chose…
- Bien sûr, il faut toujours autre chose, et vous pourrez lui donner tout à
l’heure… Alors, elle peut vivre sans le bleu, juste pour elle, sa famille et
ceux qu’elle aime ?
- (le corps a un spasme) Oui…
212
Miracles quotidiens
- Oui… c’est bien… Parce qu’aujourd’hui, Monique se détache du grand
tourbillon allongé bleu… Car tout ce qui a un début a une fin… et c’est la
fin du grand tourbillon bleu…
la fin… de cette ligne bleue… Vous le voyez bien ?
- (bouge un peu la tête, je présume un « oui »)
- Décrivez-moi… Parlez pour que cela devienne vrai.
- Il y a une nouvelle ligne, toute en or, lumineuse… Ça se décroche du
bleu… mais le bleu la suit. Je n’arrive pas à l’empêcher.
- Vous n’avez pas besoin de l’empêcher. Aujourd’hui, vous le voyez, la
ligne or s’est détachée de la ligne bleue… Elle avait toujours été là, la ligne
d’or, vous le savez ça… Elle avait toujours été là, même si on ne la voyait
pas… Et aujourd’hui, elle devient libre… indépendante et libre… C’est
comme une autre naissance… à vous-même… Libre… et pure… Alors, il
faut laisser la ligne en or, lumineuse, grandir et s’élancer vers l’avenir… Il
faut surtout la laisser s’appuyer sur la passé, car c’est comme cela que le
passé reste à sa place… C’est comme une frontière. Il y avait du bleu, et
puis ça fait comme une fissure, c’est ça hein ?... Et ça continue en lumière,
or…
- (hoche encore la tête)
- Un tout petit espace, comme entre deux aimants qu’on n’arrive pas à
coller ensemble… Impossible !... Parce que si la ligne bleue et la ligne or
étaient si différentes, opposées, alors elles pourraient s’attirer… Mais elles
sont du même sang, de la même polarité, et deux aimants plus ou deux
aimants moins, ça se repousse… et rien ne peut les faire se coller…
C’est ainsi… Alors, la faille entre les deux lignes est comme une ligne de
sauvegarde… et votre ligne d’or s’appuie sur cet espace pour s’élancer…
vers l’avenir… et grandir… Un long bout de temps en bleu, et maintenant
un long bout de temps en or, lumineux. Et vous venez de commencer ce
chemin doré. »
Prudent, je n’avais pas voulu proposer à Monique une métaphore de rupture
plus radicale. En jouant la carte de la continuité différente, j’étais sûr de lui
plaire.
213
Miracles quotidiens
« Désormais, votre chemin a changé… et celui de votre fils aussi… Avez-
vous une fille ?
- (fait signe que oui, de la tête) Hmmm…
- Vous rendez-vous compte du cadeau inestimable que vous venez de lui
faire, ainsi qu’à toutes les femmes de votre lignée ? Désormais, la
malédiction est levée. Plus rien ne sera jamais pareil. Vous êtes libre et elles
sont toutes libres…
Elles… et leurs enfants… Libres ! »
Monique ne s’attendait certainement pas à ce genre de séance d’hypnose
lorsqu’elle était entrée chez moi… Elle repartit sans me reparler de sa
dépression, tant l’expérience qu’elle venait de vivre avait été forte.
Je la revis un mois après. Son médecin lui avait retiré ses médicaments et la
dépression semblait être partie « toute seule ». Mais la bonne nouvelle
venait de son fils.
« Je vous promets que je ne lui ai pas parlé de notre rencontre. Il n’aurait
pas compris. Le professeur qu’il allait voir était surpris de le trouver en si
bonne forme, il a demandé de nouvelles analyses… Il parle de rémission
spontanée. »
Le cancer de son fils s’était volatilisé !
D’aucuns y verront pure magie. Les autres, portés sur des explications plus
rationnelles, penseront avec justesse que la dépression de la maman était
due au stress de l’inéluctable perte de son fils. Soulagée de sa « malédiction
», elle avait pu guérir facilement. Le changement de croyance de la maman
avait ensuite modifié ses comportements envers son fils, ce qui avait
modifié le substrat psychologique de sa maladie et provoqué ainsi sa
guérison à lui.
C’est possible… Tout est possible !
~oOo~
214
Miracles quotidiens
44 ans de dépression
La dame était assez forte de stature, mais elle pleurait tout le temps. A vrai
dire, il semblait bien qu’elle pleurait depuis…
quarante-quatre ans ! Depuis la mort de son père, devant elle, alors qu’elle
n’avait que onze ans.
Au moins, la question de savoir d’où provenait la dépression de cette
femme ne se posait pas : son père avait été renversé par une moto devant la
maison familiale, et la petite fille d’alors avait assisté à (presque) toute son
agonie.
Le problème, en plus du traumatisme indéniable, venait du
« presque », car la fillette avait sa chambre juste au-dessus de la salle à
manger et, à l’époque, à la campagne, les gens de sa famille n’avaient pu
joindre un docteur et avaient étendu le blessé sur la table de la salle à
manger… La fillette avait donc entendu son père agoniser toute la nuit
depuis sa chambre !
Mais, au petit matin, le papa avait disparu. Quand elle avait demandé où il
était passé, on lui avait alors expliqué que
« papa est parti travailler » ! Et ce n’est que deux jours plus tard, au
cimetière, qu’elle découvrit l’horrible vérité…
La fillette avait d’abord été anorexique, jusqu’à l’âge de seize ans, avant de
sombrer dans la dépression.
Toute une vie de dépression !
Clin d’œil amusant, elle s’était mariée et son mari, chauffeur d’autobus,
travaillait dur alors qu’elle restait tranquillement à la maison grâce aux
allocations (en France, la dépression grave peut être considérée comme un
handicap et les personnes qui en souffrent sont indemnisées). Ainsi, le cher
mari s’était un jour durement blessé le dos au travail, en voulant soulever
un objet lourd… et il avait « gagné » ses indemnités de travailleur
handicapé. Le couple était donc à la fois libre de tout travail et rémunéré par
l’Etat ! Rien de très motivant pour changer et guérir.
215
Miracles quotidiens
Pourtant, la solution paraissait simple : il fallait que cette femme
accomplisse ce qu’elle n’avait pu accomplir : assister son père dans ses
derniers instants. L’accompagner.
Après une bonne discussion sur l’opportunité de guérir par rapport aux
allocations de l’Etat, nous pûmes commencer. Il n’y avait plus d’obstacle, le
couple était désormais à la retraite.
Sûr de ma solution, j’optai pour une régression hypnotique.
« Nous allons d’abord vérifier l’origine réelle de la dépression, expliquai-je,
en remontant le temps jusqu’à la source de tout cela… J’aimerais juste que
vous soyez le plus neutre possible et que vous laissiez les souvenirs et les
perceptions revenir à vous plus comme on peut avoir des intuitions que par
une réflexion logique et consciente. D’accord ?... J’aurais d’ailleurs besoin
pour cela d’ancrer le sentiment dans les mémoires du corps… Ça se fait
juste en posant un appui sur le genou ou le poignet… Où est-ce que c’est
d’accord pour vous ? Là sur le genou ? OK. »
Le mari, qui était venu assister à la séance avec sa femme, jusque-là plutôt
discret, se trémoussa sur son siège. Il n’aimait apparemment pas trop l’idée
qu’on puisse mettre la main sur les genoux de sa femme ! Même si j’avais
moins de trente ans à l’époque et qu’elle en avait plus de soixante.
« Monsieur, nous allons avoir besoin de votre aide, fis-je donc en réponse à
la gêne du mari… Vous avez entendu que j’avais besoin de stabiliser le
sentiment de votre femme afin que celui-ci, d’une manière plus
émotionnelle que mentale, nous aide à retrouver la vraie source de tout
cela… Voulez-vous bien vous approcher afin de poser la main à l’endroit
que votre femme vient d’indiquer, tout à l’heure, quand je vous le dirai ? Il
faudra maintenir un appui stable, sans changer de force ni d’endroit, et
l’enlever et le remettre quand je vous ferais signe. Ça va pour vous ? »
L’homme, rassuré et content de participer au sauvetage de sa femme, prit
position, prêt à agir ! Il était encore plus grand 216
Miracles quotidiens
que sa femme et ses mains faisaient bien deux fois la taille des miennes. Je
n’avais donc aucune raison de le vexer !
« On y va ? »
Les deux me donnèrent leur accord en même temps.
« Alors, c’est parti : madame, voulez-vous simplement fermer les yeux et
vous remémorer la dernière fois où vous vous êtes sentie déprimée… »
Ce serait facile, elle pleurait toute la journée ! J’avais pris le parti de
produire un état modifié de conscience durant le processus – et non avant,
comme il se fait d’ordinaire – ceci afin de produire un plus grand contraste
entre l’état actuel de ma patiente (considéré comme déjà « altéré ») et son
état physique et moral après l’expérience, si tout se passait bien.
Je ne ferais ainsi pas que la sortir de transe. A la fin de notre rencontre,
lorsqu’elle reviendrait à elle-même, elle le ferait littéralement, regagnant
par là même la joie de vivre.
Voici donc que ma patiente recommençait à pleurer.
« Allez-y, monsieur, placez votre main ici et maintenez un appui ferme et
fixe. Cela va accrocher ce qui est dans votre femme et la fait tant pleurer…
Vous entendez, madame, votre mari bloque ce qui vous fait souffrir… vous
pouvez laisser partir ce mauvais sentiment… afin de permettre à votre
esprit profond, à toute la mémoire, de vous guider jusqu’à un autre
souvenir, ayant la même origine… la même source. »
Vous reconnaissez un processus que nous avons déjà utilisé dans certains
exemples de ce livre. Il nous sert ici à être sûrs de l’origine des symptômes
de la dame, même si elle paraît évidente. Parfois, l’intellect bâtit des
théories auxquelles la personne adhère si fortement qu’elle en devient
convaincante, égarant ainsi le thérapeute et la thérapie. L’Inconscient, au
moins, ne ment et ne se trompe jamais.
Mais notre voyage à travers les mémoires de ma patiente nous conduisit
tout de même à la mort du papa et la femme se retrouva à l’âge de onze
ans… Emotions !
217
Miracles quotidiens
L’origine de la dépression de ma patiente paraissait évidente depuis le
début, mais ce n’est pas toujours le cas chez d’autres personnes, avec qui on
peut douter de la réalité de l’expérience soi-disant traumatisante. Un psy
bien intentionné mais pas assez neutre dans ses interprétations peut, sans le
faire exprès, créer chez son patient ce que l’on appelle un False Memory
Syndrom (littéralement : syndrome de fausse mémoire). Un faux souvenir !
A priori, ce psy là devrait retourner à l’école, car il existe des moyens
techniques pour retrouver avec la personne ce qui se rapproche au plus près
de la vérité, des évènements réels. Nous en reparlerons. Il sera parfois
important de pouvoir refaire vivre son passé à la personne de telle manière
que, s’il ne s’y est rien produit de particulier, elle s’en rende compte elle-
même.
On peut avoir les symptômes d’un traumatisme seulement imaginé – et les
psys sont souvent, malheureusement, à la source de ses malencontreuses
interprétations. D’où l’importance suprême d’être clair en soi-même et de
bon niveau technique quand on veut faire profession d’aider son prochain !
Dans le cas présent, il n’y avait pas vraiment à se tromper, ce qui
n’empêche pas de faire les choses correctement :
« Et où êtes-vous, maintenant ?
- (d’une petite voix) Dans ma chambre…
- Et il est où, papa ?
- Il s’est fait mal.
- Il est où ?
- En bas, avec maman.
- Et toi, tu ne veux pas être avec lui ?
- Si, mais les grands m’ont dit de monter.
- Et ils t’ont interdit de redescendre ?
- Non… Je peux ?
- Tu veux ?
- Oui… Je crois que papa, il va mourir.
- Mince ! Oh, je suis désolé… Va vite le rejoindre, alors. »
218
Miracles quotidiens
L’approche était, certes, un peu directe, mais nous n’avions pas trente-six
solutions. La petite fille avait été marquée toute sa vie de ne pas avoir
assisté son père dans ses derniers instants, nous n’allions pas reproduire la
scène.
Cette fois, la petite fille tint la main de son père toute la nuit, jusqu’à son
décès aux premières heures du jour.
Elle pleura beaucoup – toutes les larmes versées pendant plus de quarante
ans trouvaient enfin leur raison. Et puis, elle se calma étrangement. Son
papa s’en allait "dans les étoiles".
A ce moment-là, la séance d’hypnose bascula sur un traitement de deuil,
comme nous en avons déjà vu, et la petite fille continua d’accompagner en
esprit l’âme de son père qui s’envolait, jusqu’à lui dire adieu :
« Je vois plein de gens… J’ai l’impression que papa les aime et qu’ils
aiment aussi beaucoup papa. Oh… !
- Que se passe-t-il ?
- Papa m’a lâché la main.
- Il va être heureux ?
- (avec une petite moue) Oui…
- Demande-lui un souvenir de lui, quelque chose qui t’aidera tous les jours,
quand tu en auras besoin. »
Du coin de l’œil, je vis ma patiente tâtonner à la recherche de quelque
chose. Son mari approcha sa main, qu’elle prit.
Au-delà du transfert évident, c’était touchant.
« Ça vient de là, quand on dit voir le bout du tunnel ? fit la femme d’une
voix plus adulte. C’est plein de lumière, vraiment beau… C’est un paysage
resplendissant.
- N’en aviez-vous jamais rêvé ? lui dis-je, reparlant cette fois à ma patiente
et non plus à la petite fille, puisqu’elle semblait revenue à elle.
- Peut-être que si, confirma-t-elle. Ça ne m’est pas étranger.
- Comment vous sentez-vous ?
- Bien. »
A ces mots, elle s’écroula en sanglot, comme pour relâcher 219
Miracles quotidiens
toute la pression de l’expérience. Elle tenait fort son mari par la main et lui,
gros nounours, pleurait aussi à chaudes larmes.
Je me reculai pour les laisser entre eux.
Enfin apaisée, la dame rouvrit les yeux et me serra longuement les mains,
en guise de remerciement silencieux.
Je sus qu’elle allait mieux trois semaines après, lorsqu’elle sonna chez moi
à l’improviste, toute souriante, les bras chargés d’un olivier en pot à mon
intention !
De ce jour, elle avait retrouvé le goût de la vie et un sourire qui l’avait
attendue pendant quarante-quatre ans.
Nous nous revîmes quatre autre fois, afin que je l’aide à établir un nouvel
équilibre de vie, ce qui n’est jamais facile quand on a toujours vécu malade,
ni pour la personne elle-même, ni pour son entourage proche et familial. Il
faut souvent faire le médiateur entre la personne guérie et la famille qui se
plaint de ce changement « intolérable » !
Pour l’anecdote, deux mois plus tard, c’est le mari que je vis arriver en
consultation. Sa femme avait tellement changé qu’il somatisait : un eczéma
s’était développé partout à la racine de ses cheveux ! C’est qu’il s’était
marié avec quelqu’un qui lui faisait ses repas sans rien dire ni rien
demander, qui lui laissait choisir quelle chaîne de télé regarder le soir, etc.
Ce n’était plus le cas maintenant, ce qui le perturbait beaucoup !
Une bonne discussion (pour l’esprit) et une petite séance d’hypnose (pour le
corps) suffit à remettre les choses en place et chasser le stress à l’origine de
l’eczéma.
Et ils vécurent heureux.
220
Miracles quotidiens
= 10 =
FLEUR OUBLIE
QU’ELLE A FUME UN JOUR
Si la Nouvelle Hypnose permet de traiter des cas lourds comme ceux que
nous venons de voir, elle se penche avec autant de succès sur des « petits
soucis » tels que la tabagie ou la timidité, afin d’améliorer le quotidien de
chacun.
Grâce aux outils légués par Milton Erickson, sophistiqués par les praticiens
de la Nouvelle Hypnose, et un ensemble de présupposés, d’ idées clés sur la
vie, les interventions en hypnose sont devenues plus faciles, légères et
rapides, apportant à qui en a besoin un changement profond et durable.
C’est ainsi que Fleur oublia qu’elle avait, un jour, fumé.
« Joli prénom, fis-je à la demoiselle à la longue chevelure brune qui venait
de prendre place dans mon fauteuil de cuir vert.
- Ce n’est pas toujours facile à porter, répondit-elle. On attend toujours de
moi patience et douceur, et j’ai comme tout le monde mes humeurs. »
La demoiselle avait du caractère !
« En quoi puis-je vous être utile ? lui demandai-je en me reculant
légèrement pour lui signifier que j’avais compris son message et que nous
entrions désormais dans le vif du sujet.
- Je viens pour arrêter de fumer. J’ai entendu dire que l’hypnose pouvait
aider.
- Oui, c’est le mot juste. L’hypnose est une aide précieuse pour arrêter de
fumer, car elle permettra à votre corps, dès que vous aurez décidé d’arrêter
de fumer, de redémarrer ses automatismes et de se débarrasser plus
rapidement des toxines qui l’encrassent. Cela ne vous obligera pas à arrêter,
mais cela 221
Miracles quotidiens
vous y aidera en rendant tout plus facile lorsque vous arrêterez d’acheter
des cigarettes et de les mettre à la bouche. »
Certaines personnes croient que l’Hypnose va les forcer à arrêter de fumer.
Nous en avons déjà parlé : bien heureusement, personne ne peut vous
obliger avec l’Hypnose à faire quoi que ce soit que vous ne vouliez pas,
contre votre gré. Si tel était le cas, nous n’aurions plus qu’un dictateur pour
gouverner la planète ! Mais, nous gardons tous notre libre-arbitre.
Maintenant, il existe des méthodes hypnotiques basées sur le dégoût et qui
fonctionnent pour environ 25% des cas, et dont l’efficacité durable n’a
jamais pu être mise en évidence.
Cela fait beaucoup de défauts pour une méthode : moins d’heureux élus et
pas de succès définitif sûr…
Il vaut mieux s’accrocher aux motivations profondes de la personne, quitte
à aller les chercher si celle-ci ne les a pas vraiment au moment de la séance,
et axer le travail de changement sur des choses essentielles, voire
existentielles pour la personne. Le succès sera alors assuré, définitivement.
Vous fumez ? Et vous aimez cela, n’est-ce pas ? Alors, pourquoi arrêteriez-
vous ? Pas pour une meilleure santé, en tous cas, sinon vous ne seriez pas
en train de fumer en ce moment… Eh oui, tout le monde sait que la
cigarette n’est pas des meilleures pour arranger la santé, et pourtant plein de
gens fument encore. Une meilleure santé n’est donc pas un argument
valable contre le plaisir. Les gens peuvent arriver à se tuer pour plus de
plaisir, par exemple avec la cigarette.
Non, il faut trouver autre chose, et c’est en faisant la séance d’Hypnose sur
l’atteinte de ce « quelque chose » de suprême pour la personne qu’elle
stoppera la cigarette. Ce sera peut-être pour la santé de ses enfants, ou pour
regagner la liberté, aliénée par les substances addictives que les fabricants
de cigarettes ajoutent à leurs produits pour fidéliser leur clientèle.
Regardez sur un paquet de cigarette : comme tout produit, la composition
est obligatoirement indiquée ; vous trouverez 222
Miracles quotidiens
alors certainement dans vos cigarettes des agents de saveur, le nom
politiquement correct des additifs destinés à vous rendre
« accro » à la marque ; c’est une stratégie de marketing biologique
découverte par une célèbre marque de boisson gazeuse et utilisée depuis la
seconde guerre mondiale. Or, quand la personne découvre à quoi elle est
véritablement droguée, non au tabac mais au « marketing », ça lui donne
souvent la force d’arrêter de se faire duper !
D’autres encore cesseront de fumer pour être sûr de vivre assez longtemps
pour aller jusqu’au bout d’une mission de vie. Un chercheur pour ses
recherches, quelqu’un qui travaille dans l’humanitaire pour les personnes
qu’il aide, etc.
Ce n’est qu’une fois cet « objectif supérieur » mis à jour que la séance
d’Hypnose pourra commencer. Elle traitera de l’atteinte de cet objectif – qui
implicite l’arrêt du tabac – mais il ne sera plus directement question de la
cigarette, qui disparaîtra simplement pour permettre l’atteinte du but ultime.
Ainsi, 99% des fumeurs arrêteront la cigarette en une seule séance
d’Hypnose.
Une année, j’ai compté combien j’avais aidé de personnes à arrêter de
fumer. Il y en avait plus de 500 ! Cela avait été mon année anti-cigarette :
presque la moitié de mes consultations !
Eh bien, sur toutes ces personnes, seulement 2 n’ont pas arrêté de fumer en
une seule séance. La première était un maître d’hôtel fort sympathique qui
appelait sa cigarette « mon amie ». Il s’entendait moyennement avec son
épouse et la cigarette était pour lui un refuge, en même temps qu’elle
l’aidait à se déstresser. Il fallut trouver avec lui une autre
« amie » avant qu’il n’arrête, et aussi un moyen de travailler moins et de
baisser son niveau professionnel de stress.
La seconde personne était une dame d’origine russe qui avait découvert la
cigarette en arrivant en France pour raisons politiques. Celle-ci était
devenue le symbole de sa nouvelle liberté. Et vous n’enlevez pas comme ça
pareil symbole !
223
Miracles quotidiens
Plus récemment, je rencontrai une dame qui prétendait vouloir arrêter de
fumer. Je la regardai avec de grands yeux ronds : elle avait les cheveux
coupés « à la garçonne », comme les femmes des années Charleston, et elle
portait en permanence à la bouche un élégant porte-cigarettes qui
complétait son identité très particulière. Arrêter de fumer l’aurait privée
d’un trait essentiel de sa personnalité extérieure et je doutai qu’elle fût prête
à pareil changement !
Je n’eus pas l’occasion de travailler avec elle pour cela, mais il ne me
semble pas que cette dame aurait arrêté la cigarette. Elle faisait trop partie
d’elle, de son personnage.
Mis à part semblables cas, plutôt exceptionnels, toutes les personnes que je
reçois pour arrêter de fumer stoppent la cigarette du premier coup, à la
première séance.
Ce qui ne veut pas dire qu’ils le font en sortant de chez moi ! Ce serait
contraire à ce que je vous ai expliqué en début de chapitre : l’Hypnose
permet à ceux qui souhaitent arrêter de fumer de le faire quand ils le
décideront. Et ce peut être tout de suite, demain ou dans six mois, peu
importe.
C’est ce que j’expliquai à Fleur :
« L’Hypnose enclenchera en vous les processus qui vous permettront
d’arrêter sans difficulté. Bien sûr, en ce qui concerne le moment d’arrêter,
c’est-à-dire de ne plus prendre de cigarette, cela restera de votre libre-
arbitre. L’Hypnose ne permet pas de vous bloquer les bras au niveau du
coude, afin de vous empêcher de porter une cigarette à la bouche !
- J’avais bien compris, fit-elle en riant.
- Alors, pas besoin de vous stresser, de vous mettre la pression. Nous
enclenchons ensemble le processus et vous arrêtez ensuite quand bon vous
semble. »
Fleur avait mis à jour son objectif supérieur, qui était de participer à une
Terre meilleure. Je débutai donc une induction tranquille, que je comptais
faire suivre d’une métaphore. Je verrais laquelle le moment venu…
224
Miracles quotidiens
Plus l’induction avançait, et plus la jeune femme aux longs cheveux se
penchait sur le côté. Je l’accompagnai un moment dans ce mouvement,
avant de devoir arrêter, faute de la souplesse nécessaire. Je me demandais
bien, d’ailleurs, comment elle-même faisait pour tenir aussi longtemps dans
cette curieuse position sans se faire mal… Ses cheveux en étaient venus à
toucher par terre, sur le côté du fauteuil.
Et c’est ce qui me donna l’idée de la métaphore.
« Il y avait un bel endroit sur Terre… un petit bout de forêt, comme une
ronde clairière, où autrefois poussaient les plus jolies fleurs sauvages que
l’on ait vu… Cet endroit de paradis était malheureusement touché par je-ne-
sais quel mauvais sort, car il s’était comme… asséché… et plus rien n’y
poussait correctement… Les plantes trainaient leurs feuilles autrefois fières
et fertiles sur le sol poussiéreux… »
Allusion aux cheveux de la belle, trainant par terre.
« Pourtant, vint un jour un simple jardinier, qui s’éprit de ce coin de nature
et décida de le remettre en état… Pour sûr qu’il travailla, dur, chaque jour…
Et chaque nuit, il en rêvait… Et comme si la nature avait su lire ses rêves, le
petit coin de forêt reverdit… Doucement… Et les plantes commencèrent à
retrouver leur force… La sève à circuler de mieux en mieux dans les fines
tiges aux mille nuances de couleurs vertes… »
Et je poursuivai ma métaphore, guettant un signe bien concret chez ma
patiente : j’espérais qu’à l’écoute du récit, son corps se redresse, en
parallèle des plantes retrouvant leur santé dans mon histoire. C’était
ambitieux, mais cela fonctionna à merveille ! La jeune femme se redressait
doucement, au rythme des soins métaphoriques prodigués par le jardinier.
Habituellement, quand une personne en hypnose se met dans une position
inconfortable, on pose la suggestion que le corps bouge ou se redresse, que
le cou tienne la tête bien droite sur les épaules ou le tronc bien en équilibre
sur le siège, afin d’éviter un quelconque inconfort. Ici, je pariai sur une 225
Miracles quotidiens
réaction de ma patiente synchronisée à mon histoire thérapeutique. C’était
bien sûr un risque : ma séance pouvait fort bien fonctionner par effet de
suggestion, et que la jeune femme en ressorte toute courbaturée car le corps
n’aurait pas bougé d’un iota ! Mais le corps de Fleur suivit bel et bien la
suggestion, me donnant l’indication de l’efficacité de ma métaphore, et
commença à se redresser.
C’était très beau à voir. Comme d’assister à la renaissance d’une véritable
fleur, assoiffée et tombée par terre, en train de retrouver la vitalité et la
force, et de se redresser.
La séance toucha à sa fin et la jeune femme rouvrit doucement les yeux :
« Bien, et quand fera-t-on de l’hypnose, alors ? » demanda-t-elle dès qu’elle
fut suffisamment réorientée.
Je la regardai un instant avec le plus grand étonnement. Se moquait-elle de
moi ? Ou avait-elle vraiment oublié tout ce que nous venions de faire ?
« Parce que c’est bien beau de parler, comme font tous les psys, mais je suis
venue vous voir précisément pour éviter cela et agir vraiment. On m’avait
dit que vous pratiquiez l’hypnose… Me suis-je trompée ? »
Apparemment, elle ne faisait pas semblant.
« Non, on vous a bien renseigné, répondis-je enfin, et je pensais que nous
en avions fait, complétai-je prudemment.
- Pas pour l’instant, en tous cas, ou alors il va falloir m’expliquer ce que
vous appelez de l’hypnose. »
Amnésie complète de la séance. C’était la première fois que je voyais cela à
ce point-là !
Lorsque l’Inconscient d’une personne fait une amnésie sans qu’on lui ait
demandé, c’est qu’il doit avoir une très bonne raison. Bien que j’ignore tout
à fait laquelle, je me devais de respecter son choix et de ne plus rien faire
pour tenter de lever le voile de la mémoire de Fleur.
« Se reverra-t-on la semaine prochaine ? fis-je simplement.
226
Miracles quotidiens
- Si on fait de l’hypnose, oui.
- Je vous le promets ! » m’avançai-je imprudemment.
Car la jeune femme revint la semaine suivante :
« Bonjour, alors dites-moi ce qui a changé pour vous depuis la semaine
dernière ? Vous fumez encore ?
- Comment ça, fumer ? s’exclama Fleur. J’ai arrêté depuis une dizaine de
jours, je pensais vous l’avoir dit… »
Première nouvelle !
« Et j’espère que cette fois-ci nous traiterons en hypnose mes soucis
relationnels avec ma mère. »
Deuxième nouvelle !!
« Puis-je me permettre de vous demander de me résumer la situation ?
tentai-je avec un instant d’hésitation.
- On ne va pas encore en parler toute l’heure !
- Bien sûr que non, assurai-je comme si toute cette conversation était
normale. Je souhaite juste vérifier la manière dont vous exprimez la
situation, par rapport à la semaine passée, et on y va tout de suite. »
Rassurée, la jeune femme me résuma la (nouvelle) situation et je n’eus que
ce peu de renseignements pour aborder une seconde séance d’hypnose.
Dois-je vraiment vous raconter la suite ?... Fleur s’effondra sur le côté.
J’utilisai à nouveau une métaphore en lien avec son état physique, afin
d’avoir un indicateur visible de l’avancée de ma thérapie inconsciente, et
lorsque la jeune femme se fut redressée, elle oublia encore tout à son réveil.
« Je dois vous avouer que je suis franchement déçue » fit-elle, apparemment
réellement dépitée.
Perplexe face à la situation, je ne dis mot et la conviai à une nouvelle
séance, la semaine suivante.
Quelques jours plus tard, un appel téléphonique m’avertit que Fleur annulait
son troisième rendez-vous : elle ne fumait plus, s’entendait bien avec sa
mère, mais nous n’avions jamais fait d’hypnose, alors elle ne comptait pas
poursuivre !
227
Miracles quotidiens
Je ne revis jamais pareil cas d’amnésie spontanée.
Bien que l’histoire puisse paraître cocasse ou incroyable, la jeune femme
guérit à chaque fois en une seule séance. Ses soucis n’étaient certes pas très
graves non plus, mais tout de même. Qu’elle m’en veuille de ne soi-disant
jamais avoir fait d’hypnose n’était finalement pas très important, puisque
tout avait si bien fonctionné. Et puis, j’avais vécu une si curieuse
expérience. Je découvrais un peu plus les bizarreries de l’esprit humain,
parfois si complexe, parfois si étrangement et simplement mécanique.
Corinne perd sa phobie et découvre le bonheur A cette époque de ma
vie, je me formais en Programmation Neuro-Linguistique (PNL) auprès de
Richard Bandler, son principal créateur. Je connaissais l’approche de nom,
elle était sensée avoir mis à jour l’intuition et le génie de thérapeutes hors
du commun, principalement Milton Erickson, ce qui ne pouvait que
m’intéresser. Toutefois, je ne comprenais rien à ces techniques et à leurs
appellations barbares.
Après avoir rejeté un temps la PNL, comme bien des éricksoniens, je
décidai d’aller me former à la source, afin de vraiment comprendre ce qui
faisait la puissance de cette approche, si incompréhensible pour moi de
prime abord.
Dès la première démonstration de Richard Bandler, je découvris une des
causes de mon incapacité à obtenir des résultats thérapeutiques avec la PNL
: Bandler mettait les gens en état de transe hypnotique avant d’appliquer sa
technique !
Où était-ce indiqué dans les livres français de PNL ? Nulle part ! Je
comprenais mieux pourquoi cela ne marchait pas.
John Grinder, co-fondateur de la PNL, aimait à dire que rien n’était
impossible à atteindre si on se mettait dans le juste état de conscience.
Pourquoi ne pas avoir dit franchement qu’il parlait d’hypnose ? Peut-être
pour ne pas effrayer son public avec le mot « hypnose », souvent mal
compris ?
228
Miracles quotidiens
Quoi qu’il en soit, je voyais Richard Bandler mettre les gens en transe
hypnotique toute la journée. Il ne faisait plus aucun doute maintenant que
PNL et Hypnose avaient été malencontreusement dissociées et que les
techniques PNL reposaient essentiellement sur des structures hypnotiques.
Un jour, en formation, Richard Bandler appliqua une technique appelée «
recadrage ». J’en connaissais la version livresque, qui n’avait jamais donné
aucun résultat avec mes patients, mais celle-ci était très différente, très
hypnotique. La personne ne participait consciemment en rien et toute la
technique thérapeutique se déroulait en accord avec l’Inconscient de la
personne traitée et ses différentes strates psychologiques. On pouvait même
«
voir
» l’Inconscient
travailler pour la personne, localiser la source de son problème, rechercher
des solutions, en choisir finalement une qui lui convenait, grâce à des
mouvements inconscients du corps de la personne. Autrement dit, le
thérapeute pouvait poser des demandes à l’Inconscient et obtenir une
réponse très concrète, visible et vérifiable par tous, lorsque la solution avait
été mise en place ! Une révolution technique !
Je m’empressai de noter, point par point, la procédure thérapeutique
démontrée par Richard Bandler, bien plus complète lorsqu’il la pratiquait
que ce qui était décrit dans les livres… et je ramenai cela chez moi, en
France.
Ne me manquait plus qu’un patient avec qui essayer ma fameuse technique.
Il est révélateur de noter que ce « recadrage hypnotique », puisque
fonctionnant seulement avec et grâce à l’Inconscient, ne nécessitait pas du
tout de compréhension consciente – ni de la personne accompagnée, ni du
thérapeute lui-même.
Ainsi, lorsque pour la première fois j’ai eu occasion de mettre en pratique
cette procédure, j’en connaissais les différents points stratégiques et
techniques, mais je n’avais encore aucune compréhension de leur raison
d’être.
229
Miracles quotidiens
Agir pour comprendre, comme le bébé qui apprend à marcher en essayant
de se mettre debout, voilà le moteur profond de tout apprentissage efficace.
Si, au contraire de cela, vous essayez de comprendre avant d’agir, selon la
norme intellectuelle établie, alors vous serez forcément limité par vos
pensées, compréhensions et convictions. Comprenez bien que la pensée est
à la source de toutes choses ; elle détermine tout ce que vous pensez
pouvoir faire… ou ne pas pouvoir faire ! Sans aucune connotation
religieuse, on pourrait appeler cela vos « croyances » sur ce qui vous est
accessible ou non dans la vie.
Vous pensez pouvoir réussir ? Eh bien, le croire vous facilitera la vie et
votre prochaine réussite.
Vous pensez ne pas pouvoir réussir ? Alors vos pensées elles-mêmes vous
mettront des obstacles sur le chemin de la réussite espérée, parfois même
jusqu’à vous faire échouer.
La seule manière de contourner ce problème est d’agir comme si vous ne
pouviez que réussir !
L’acte posé, votre cerveau l’enregistrera et se fera à l’idée qu’il est possible.
C’est seulement comme cela que vos pensées changeront et vous offriront
enfin la conviction que, oui, vous pouvez réussir.
Le faire d’abord ; s’en convaincre ensuite ; comprendre plus tard, si on y
tient vraiment.
Notez bien, toutefois, que « faire » n’est pas « essayer » !
Car un essai porte le doute en soi, et si vous agissez pour tenter de vous
convaincre et non pour réussir, alors vous n’obtiendrez que le fruit porté par
votre action, à savoir : espoir et doute, à la place de conviction et réussite.
Agissez en premier lieu, mais agissez pour réussir, non pour essayer si cela
fonctionne. Ensuite, votre esprit suivra.
C’est la seule façon d’ajouter des options à votre système de pensées. Pour
croire à quelque chose, commencez par agir comme si cette chose existait
déjà pour vous.
230
Miracles quotidiens
C’est ce que je fis avec Corinne, petite femme pleine d’énergie, aux
cheveux blonds coupés en brosse et aux grands yeux bleus, fixés sur moi.
Corinne venait me voir pour traiter une agoraphobie. Allais-je lui proposer
« d’essayer quelque chose, pour voir », ou bien appliquer avec elle une
technique thérapeutique efficace immédiatement dans sa situation ?
Mettez-vous à la place de Corinne. Vous n’auriez pas aimé que l’on fasse
des expériences sur vous ! Je n’avais donc pour seul choix que de réussir, ce
qui présupposait de suivre le processus de Richard Bandler comme Bandler
lui-même l’aurait fait, techniquement, bien sûr, mais surtout avec la même
conviction, la même détente, le même humour et la totale conviction du
résultat positif à venir !
Souvenez-vous du médecin de la page 95, qui donne un médicament à son
patient en croyant qu’il s’agit d’un placebo.
Le fait de croire que le médicament serait sans effet avait désactivé
l’efficacité thérapeutique du produit pour le patient !
Alors qu’au contraire, le placebo (pris par erreur par le médecin pour le vrai
médicament) allait donner de vrais bons résultats. Vos croyances et
convictions sont primordiales lorsque vous agissez – et pas seulement en
thérapie.
J’avais foi en ma technique ; je la savais efficace aussi parce que je
l’appliquais avec une totale conviction : cela ne pourrait donc que
fonctionner.
Corinne me fixait dans les yeux, de son regard clair. Elle ne cillait pas. Par
chance, étant entraîné en Hypnose Classique à ne pas cligner des yeux pour
fixer les gens droit dans les yeux, je soutenais le regard de ma patiente. Et
elle me fixa comme cela pratiquement vingt minutes, jusqu’à ce que ses
paupières se ferment enfin !
Par ailleurs, je l’avais conduite en hypnose grâce à une induction très
ordinaire, et j’avais induit chez elle une forte impression de légèreté dans
son bras droit.
231
Miracles quotidiens
« C’est curieux, murmura la jeune femme, je vois en esprit mon corps
éthérique qui se détache de moi. »
Corps éthérique ? Houlala !
« C’est tout à fait normal, assurai-je d’un ton ordinaire, par contre il est
curieux que vous le voyiez… Sentez-vous, là, que je le saisis pour l’élever
davantage ? »
Plutôt que nier la perception de la jeune femme, j’allais l’utiliser. Je fis
mine de saisir quelque chose dans l’air – afin de m’aider à agir avec la plus
complète conviction et je soulevai ce bras invisible de la même manière que
je l’aurais fait avec un bras de chair et d’os, pour induire une lévitation.
« Oh, mon bras bouge tout seul ! » fit Corinne.
De fait, le bras bien solide et concret de la jeune femme venait de bouger. Il
se soulevait exactement de la même manière que si je l’avais saisi par le
poignet.
Je continuai de monter ce que j’avais invisiblement attrapé et, bientôt, le
bras réel fut suspendu en l’air.
Corinne était maintenant bien profondément en transe. Je commençai à
suivre, par cœur et évidemment moins bien que je ne pourrais le faire
aujourd’hui, la technique PNL observée chez Richard Bandler. C’était
certainement peu créatif, par rapport aux séances improvisées, sur-mesure,
que j’offrais habituellement à mes patients.
Encore maintenant, cette technique dite de Recadrage me paraît très
mécanique. J’ai d’ailleurs appris à la camoufler dans une métaphore
thérapeutique, par exemple. Toutefois, il est indéniable qu’elle est efficace
en l’état : une quinzaine de jours après notre unique séance, Corinne revint
me voir.
« Il faut que je vous dise, commença-t-elle d’un ton tragique.
- Quoi donc ? répondis-je, inquiet.
- Oh, il faut que je vous dise… reprit-elle, effondrée.
- Mais quoi donc ? insistai-je.
- Tout va merveilleusement bien ! s’exclama-t-elle en se redressant, les
yeux et le visage éclatants.
232
Miracles quotidiens
- Oh, vous m’avez fait peur ! répliquai-je. Il ne faut pas me faire cela, j’ai le
cœur sensible !
- Et vous savez quoi ?
- Bien, non…
- Non seulement je peux aller et venir où je veux. Plus de phobie. Mais mes
quatre plus gros problèmes dans la vie se sont réglés pour ainsi dire tout
seul. Je ne savais pas que ce serait possible un jour ; je m’étais faite à l’idée
de vivre toujours avec… Je crois que j’ai atteint le bonheur avec un grand
B. »
Voilà une phrase probablement très bête quand elle est sortie de son
contexte, ou lorsqu’on la lit de façon détachée, mais je peux vous garantir
que la joie et la sincérité de Corinne m’ont marqué à vie et que je me
souviens avec force du moment où elle me dit avoir atteint le bonheur.
Avoir participé à aider une personne à être plus heureuse est une chose
magique, indescriptible.
Je suis timide, mais je me soigne
Continuons avec un autre exemple d’application d’une technique de
Programmation Neuro-Linguistique en hypnose, pour vous montrer qu’il est
très possible de changer de vie et de surmonter des problèmes
psychologiques, certes pas d’ordre psychiatrique, mais suffisamment graves
et handicapants pour gâcher toute une vie – et cela, très facilement.
Le schéma PNL qui permet de générer un comportement nouveau, lorsqu’il
est baigné d’hypnose, devient une structure extrêmement puissante de
changement. Certaines subtilités permettent même de vérifier en cours
d’intervention l’adéquation et l’accord entre les désirs conscients et ceux
qui proviennent de l’Inconscient. On voit littéralement si la personne est en
pleine harmonie avec elle-même.
Dit comme ça, cela peut paraître étrange ou improbable, mais c’est pourtant
très simple à appliquer.
233
Miracles quotidiens
A ce propos, l’objet de ce livre n’étant pas technique, si vous désirez
apprendre l’hypnose et pratiquer par vous-même, vous trouverez un résumé
des formations que je donne dans le livre de référence « Hypnose », avec
les explications relatives aux structures, et chaque procédé expliqué point
par point.
Je recommande d’ailleurs aux personnes débutantes dans ce domaine de
veiller à apprendre l’Hypnose et la PNL dans le même temps, car l’Hypnose
en tant qu’état ne sert à rien en elle-même : il faut en faire quelque chose. Et
la PNL, comme nous l’avons vu, ne fonctionne qu’à cause des principes
hypnotiques qu’elle contient. Sans mise en état d’hypnose de la personne,
comment pourriez-vous profiter des mécanismes hypnotiques qui rendraient
votre intervention efficace ?
Les personnes déjà formées en PNL et qui viennent apprendre ensuite
l’Hypnose avec moi regrettent toutes amèrement de ne pas avoir suivi un
enseignement cumulé, car lorsque vous savez pratiquer « la PNL en
hypnose » ou
« l’hypnose avec la PNL », vous ne faites plus jamais l’un sans l’autre ! Ce
qui est dans le cours naturel des choses, puisque la PNL est la modélisation
de Milton Erickson, la recherche et l’imitation du savoir-faire du meilleur
hypnothérapeute que le monde ait connu… Il est normal qu’elle se pratique
donc en état d’hypnose !
En plus des structures techniques, un hypnothérapeute complet saura agir
avec instinct, comme nous l’avons vu au premier chapitre, et aussi à la
manière d’Erickson, comme au second chapitre. Il saura idéalement encore
intervenir au niveau de l’Inconscient comme à celui de la Conscience de la
personne, ainsi qu’il est possible de le faire en Hypnose Humaniste, objet
du dernier chapitre de cet ouvrage.
Mais, trêve de discours technique, revenons à notre cas : François souffrait
d’une timidité si intense qu’il n’osait pas me regarder, moi son thérapeute.
Il contemplait la moquette 234
Miracles quotidiens
avec la plus grande attention, si bien que je dus me mettre à genoux devant
lui pour saisir son regard fuyant et lui sourire.
Je savais bien qu’en agissant ainsi je le mettais encore plus mal à l’aise,
mais quand vous voulez arracher une épine vous ne l’évitez pas. Bien au
contraire, vous la saisissez fermement.
Et c’est ce que je faisais, en m’assurant de l’avoir tout entière, avec la
meilleure prise possible.
Au bout de quinze minutes de ce petit jeu – moi à genoux suivant de gauche
à droite le regard apeuré de François –
celui-ci leva enfin la tête, « timidement », j’allais dire…
François était un homme de quarante-cinq ans, père de famille et doté d’un
bon métier. Sa timidité maladive avait toujours été un grand handicap pour
lui.
« Alors, dites-moi, maintenant que l’on peut parler entre hommes, lui dis-je,
quelles sont les choses qui vous font le plus peur ?
- Oh… Tout ce qui représente une autorité, d’abord.
- Mais vous ne vouliez pas me regarder, moi. Pourtant, je ne suis pas une
autorité, fis-je avec un sourire en le fixant droit dans les yeux, sachant bien
qu’il pensait le contraire.
- (rougit encore plus) Et il y a les inconnus… Les femmes, surtout,
continua-t-il afin d’éviter de me répondre.
- Toutes les femmes ? demandai-je. Même votre femme ?
- Non, ma femme, je la connais… comme mes deux filles.
- Donc, toutes les femmes sauf votre femme et vos filles.
Ben, alors… lesquelles ?
- (avec un petit sourire) Vous savez… les jolies femmes.
- Parce qu’elles sont moches, vos filles et votre femme ?
- Non ! Je n’ai pas dit ça ! se défendit-il.
- Ben, je crois que si. »
Je voulais l’amener à se confronter à moi. Puisqu’il me prenait pour une
figure d’autorité, cela pourrait nous servir de premier terrain d’exercice. Il
me fallait le mettre « hors de lui », puisque « lui » était timide.
235
Miracles quotidiens
Après un bon quart d’heure de ce traitement de choc, il était prêt pour
l’induction hypnotique ; suffisamment excédé et pourtant incapable de me
répondre vraiment, coincé qu’il était par sa timidité. J’avais sensibilisé au
mieux la dissociation qui existait naturellement en lui entre « ce qu’il était »
(timide) et
« ce qu’il aurait voulu être » (son vrai Soi).
L’induction hypnotique allait achever cette dissociation.
« Vous sentez comme vous respirez vite ? Vous êtes tout rouge ! Comme en
arrivant… Il fait chaud, hein ? »
Le pauvre hochait la tête sans rien dire.
« Vous sentez en vous ce qui bloque votre gorge ? C’est de ça dont vous
voulez vous débarrasser, n’est-ce pas ?... Alors, laissez-le s’échapper de
vous… Fermez les yeux et soufflez ce truc hors de vous… Allez, faites-le
sortir ! »
François commença à souffler, presqu’en râlant tellement sa respiration
était rauque. Il ne lui fallut pas longtemps pour m’oublier et entrer dans ses
émotions.
Première étape de l’induction hypnotique : la focalisation sur une
expérience. Deuxième étape : l’absorption dans cette expérience. C’était
fait. Troisième et dernière étape : la dissociation entre ici et maintenant et
l’imaginaire, le monde des émotions ; la séparation entre Conscient et
Inconscient.
François était si bien entré dans le jeu qu’il ne se rendait plus compte de ce
qu’il faisait. Il était ailleurs… C’est déjà un état modifié de conscience
(EMC), son corps entier montrait les prémices de l’entrée en un véritable
état d’hypnose.
Parfois, quand on souffre, il ne suffit de rien d’autre que de se plonger
davantage encore dans sa souffrance pour tout oublier. Et si vous cherchiez
l’épine à retirer, alors vous l’avez juste devant vous. Plus besoin de
chercher.
Toute souffrance est due à l’Inconscient – voilà pourquoi il sait quoi et
comment faire pour la réparer – qu’elle soit physique, liée au corps, ou
émotionnelle, ou bien encore mentale. Et l’hypnose traite directement avec
l’Inconscient.
236
Miracles quotidiens
« Vous savez, articula-t-il entre deux souffles, je suis prêt à tout pour
changer, même à tenter l’hypnose.
- Je vois cela, assurai-je, commentant sans lui dire son visage porteur de
tous les signes de la transe hypnotique.
- Allez-vous me transformer intérieurement, comme vous m’avez dit tout à
l’heure ? »
Je lui avais donné le nom de la technique que je comptais appliquer avec
lui, la Transformation Hypnotique Intérieure.
Le nom lui avait bien plu !
« Vous allez vous transformer, oui, rectifiai-je. Et parmi toutes les choses
dont je pourrais parler, certaines seront pour votre Inconscient et d’autres
pour vous… Voilà pourquoi si vous ne comprenez pas ce que je veux, cela
n’a pas d’importance – car ce n’est pas toujours à vous que je parle.
J’aurai parfois besoin de votre avis à vous, François, et d’autres fois votre
corps exprimera les décisions de votre esprit profond. Vous ne vous en
rendrez pas compte, mais si vous étiez à ma place, ce serait visible et
évident pour vous.
Ainsi mon rôle sera de vous tenir informé de ce qui se passe en vous, et de
vous guider dans ce voyage. D’accord ?
- D’accord, fit doucement l’homme en baissant involontairement la tête,
comme s’il s’assoupissait.
- C’est très bien, dis-je en m’adressant à l’Inconscient.
Alors, j’ai besoin d’abord que l’esprit profond de François aille rechercher
l’ensemble des comportements physiques et des pensées, des émotions et
des idées aussi, qui sont à l’origine de tout ce qui le préoccupe et le
bloque… »
Presque aussitôt, la tête de François donna un petit coup en avant, comme si
les muscles du cou avaient eu une faiblesse vite reprise. Cela pouvait être le
signal de l’Inconscient pour un "ok, c’est fait". J’allais m’en assurer.
« Et en toutes choses, il y a du bon à garder, que François le comprenne ou
non… et moi non plus… Et l’Inconscient peut très bien comprendre cela et
garder pour François tout le bon 237
Miracles quotidiens
des anciens schémas de comportement et de pensée… comme découvrir
tout le bon et le mettre de côté, là où cela pourra resservir, plus tard, quand
François en aura besoin. »
Je n’avais pas fini ma phrase que la tête de l’homme donnait la même petite
secousse. Je bougeai au fur et à mesure de la même manière, respirant et
vibrant au rythme de François.
« C’est fait ? » demandai-je comme si je n’avais pas vu le signal. Et à
nouveau la tête hocha un petit coup. C’était donc vraiment le signe
inconscient ! J’allais pouvoir continuer d’appliquer ma technique.
Et c’est ainsi que François vécut sa première transe hypnotique, avec
enthousiasme, un bras suspendu en lévitation afin de stabiliser son état
d’hypnose.
J’obtins de son Inconscient qu’il fasse émerger de nouveaux schémas de
comportement et de pensée, plus adaptés à la vie que François désirait.
L’Inconscient est très créatif, aussi s’il ne possède pas un mécanisme de vie,
il le copie sur un modèle existant ou l’invente, purement et simplement – ce
qui est très pratique pour la thérapie, mais un peu moins lorsque la personne
fabule ou devient paranoïaque !
Pour ce qui nous concerne, François vit apparaître en son esprit un nouveau
Lui-même, plus assertif, plus viril (sic)… Il se vit et s’entendit agir, de loin,
afin d’avoir toutes possibilités de superviser et corriger ce qu’il allait
devenir.
Je voyais au fur et à mesure son Inconscient réagir, ce qui me permettait de
vérifier l’harmonie intérieure, entre ce que François me racontait
consciemment de son expérience et ce qu’exprimait son Inconscient : si
François avait été content d’une situation et que l’Inconscient m’avait
envoyé un signal négatif, j’aurais su que « quelque chose » clochait.
Ce ne fut pas le cas, et François plongea en hypnose dans son nouveau Lui-
même, qu’il essaya comme on essaie un vêtement, pour l’ajuster, le mettre à
sa mesure. Je le poussai même à s’inventer et à vivre les pires situations
sociales !
238
Miracles quotidiens
Lorsque tout convint à François, je demandai à son Inconscient de faire
pour lui une chose extrêmement rusée :
« Cher Inconscient…
- (petit signe de tête en réponse)
- J’aimerais que vous découvriez tout ce qui poussait François à penser,
ressentir et agir comme il le faisait autrefois, tous les déclencheurs de ses
anciens comportements
…(signe de tête) voilà… et que vous accrochez maintenant à ces dizaines,
centaines ou milliers de petites choses du quotidien… la nouvelle façon de
vivre de François… Ainsi, le quotidien, au lieu de faire rechuter François,
sera précisément ce qui entretiendra son nouveau bien-être… Ainsi, ce sont
tous les déclencheurs des anciennes habitudes qui provoque-ront
automatiquement les nouvelles habitudes ! »
Ne serait-ce pas magique autant qu’imparable ?
François venait d’assez loin, alors nous avions convenu d’une seconde
rencontre, quarante-huit heures plus tard.
François allait donc devoir affronter Paris, seul.
Deux jours après, c’est un homme véritablement transformé que je
retrouvai. Il était rayonnant !
François passa l’heure de cette deuxième séance à me raconter ses
aventures parisiennes et, notamment, la manière dont il avait abordé pour
demander sa route – en sortant de chez moi – un policier : un inconnu dans
la rue, donc… figure d’autorité ! D’une pierre deux coups !
Plus tard, il s’était même arrêté dans un bar avec son plan, encore une fois
pour se faire confirmer son chemin. Il avait immédiatement sympathisé
avec les clients de l’établissement qui l’avaient retenu pour boire un verre.
François s’était ainsi prouvé de manière indéniable qu’il était devenu un
autre homme : vraiment Lui-même.
Nous naissons tous avec la possibilité de devenir Celui ou Celle que nous
sommes vraiment.
239
Miracles quotidiens
La jeune fille violée sèche ses larmes Afin de conclure ce rapide aperçu
des possibilités de l’hypnose lorsqu’elle mêle les techniques logiques de la
PNL, voici l’histoire de Fanny, dramatiquement violée par son oncle deux
jours avant que je ne la voie.
Heureusement, il ne s’agissait pas de ce genre de viol où l’agresseur
meurtrit sa victime, voire la tue. L’oncle pervers avait mis ses doigts avec
insistance là où il n’aurait jamais dû ne serait-ce que poser les yeux… Cela
s’était passé le dimanche précédent et la petite demoiselle de onze ans
pleurait depuis sans relâche. La maman voulait bien sûr porter plainte et elle
voulait pour cela un avis psychologique.
« Mais vous me permettez de parler un peu à Fanny, afin de l’aider à
surmonter ce qu’elle a vécu.
- Pourquoi faire ? rétorqua la maman. J’ai juste besoin que vous m’écriviez
sur un papier à entête que ma fille est traumatisée, pour la gendarmerie.
- Vous savez, insistai-je, je n’ai pas l’habitude de recevoir une fillette en
pleurs et de la laisser repartir dans le même état.
- Faites-moi donc d’abord le papier que je vous demande. »
La maman paraissait n’avoir aucune illusion quant aux éventualités
thérapeutiques de mon intervention. Elle voulait son papier, point. Je pris
donc le temps de parler un peu avec Fanny, sans aborder ses souvenirs
directs ou ses sentiments, afin que la maman ne me suspecte pas d’essayer
d’aider sa fille contre son avis… Etrange situation pour moi… Puis, je lui
fis son document, sur mon ordinateur.
Lorsqu’elle eut enfin ce qu’elle voulait, je profitai de ce qu’elle devait me
régler la consultation pour lancer quelques phrases en apparence anodines à
la petite Fanny, toujours en pleurs. J’allais essayer de travailler discrètement
ses submodalités, c’est-à-dire la manière dont elle avait encodé en elle les
mauvais souvenirs du dimanche passé.
240
Miracles quotidiens
Pas besoin d’induction hypnotique quand la personne est déjà visiblement
en état modifié de conscience – hors de son état psychologique habituel.
De plus, les enfants et adolescents sont encore en bonne partie connectés à
leurs ressentis intérieurs, ce qui rend l’hypnose très facile à utiliser avec
eux.
L’un dans l’autre, je captai l’attention de la petite Fanny pendant que sa
mère établissait un chèque à mon ordre :
« Tu as vu tous les diplômes que j’ai là (en montrant le haut du mur à ma
gauche, en un geste anormalement lent, ce qui eut pour effet de faire lever
les yeux de la jeune fille, les sortant ainsi de la position – vers le bas et la
droite – dans laquelle ils paraissaient soudés depuis le début de l’entretien,
position qui correspond au kinesthésique, aux douleurs et sentiments)… Je
n’ai plus de place pour en mettre d’autres ! »
Ce qui était vrai, mes quelques diplômes étaient accrochés au mur depuis le
bord de mon bureau jusqu’au plafond.
Fanny jeta un rapide coup d’œil puis me regarda, moi, avec un air navré.
Aussitôt, je pointai du doigt le cadre le plus haut pour lui faire relever
encore les yeux.
Les mouvements des yeux d’une personne trahissent son fonctionnement
cérébral. C’est un phénomène découvert à la fin du XIXème siècle et qui fut
utilisé concrètement par la PNL. C’est ainsi que pour sortir la personne des
mauvais sentiments dans lesquels elle peut être plongée, il faut trouver le
moyen déjà de lui faire sortir les yeux de là où ils sont plongés (en bas et à
sa droite). On peut ainsi aider une personne à retrouver ou à se débarrasser
d’une image intérieure, une pensée ou un son, une sensation, etc.
Fanny haussa des épaules pour me signifier qu’elle se fichait de mes
diplômes – ce dont elle avait bien raison !
Pourtant, sans en démordre, je commentai mes « nombreux diplômes » d’un
air satisfait. Je l’empêchais, en attirant son attention, de replonger dans ses
mauvaises pensées.
241
Miracles quotidiens
« Tu me diras, poursuivis-je, je pourrais bien mettre d’autres diplômes ici
(en montrant le mur à ma droite où s’ouvrait une fenêtre)… Ah, mais ça
n’irait pas !... Ils s’en iraient par la fenêtre (avec un geste évocateur)… Je
ne les reverrais jamais plus… Et, je ne sais pas… (tourné vers la lumière,
pour maintenir l’attention de la jeune fille) Tu sais ce que ça fait, quand tu
perds quelque chose que tu croyais solidement attaché à toi… Ça
s’éloigne… tellement… que, parfois, si tes yeux sont un peu brouillés
(allusion à ses larmes), ça peut même devenir tout flou… et comme ça
s’éloigne encore… un moment… tu ne vois plus du tout où c’est parti ! »
La jeune fille regardait la fenêtre d’un air songeur. Elle ne comprenait
probablement rien à mon petit discours ; car en hypnose, on ne parle pas à
la logique ou au conscient de la personne. On donne des directives à
l’Inconscient. Et que venais-je de demander à l’Inconscient de Fanny ? Je
lui avais montré des choses pénibles, dans un coin sombre (pas de fenêtre).
Je les avais soulevées dans les airs (sorties du corps, entrées dans le
domaine mental/visuel/contrôlable) puis transportées vers la lumière… où
ces choses pénibles ce sont dissous, par éloignement et brouillage visuel.
Par analogie, j’espérais que ce qui était « sous les yeux » de Fanny (dans le
kinesthésique, en bas à sa droite) avait suivi le mouvement et s’était dissipé
dans la clarté de la fenêtre.
« Boh ! ajoutai-je rapidement en voyant que la maman achevait d’écrire son
chèque, de toutes manières, tout cela ne sert qu’à ennuyer les gens… C’est
vrai, hein ?
- (la jeune fille acquiesça, sans trop savoir pourquoi)
- Ben oui, c’est du passé… et à quoi ça sert, le passé, les vieilles choses ?...
Moi, je dis : à rien (geste de la main par-dessus mon épaule, vers l’arrière).
C’est vrai, non ? »
Je tournai aussitôt la tête vers la maman, qui se rendait juste compte que
j’avais dit quelque chose durant la minute et demie de ses travaux
d’écriture.
242
Miracles quotidiens
Les submodalités sont les détails d’encodage cérébral de nos expériences
visuelles, auditives et physiques. Une image peut par exemple être
panoramique ou toute petite, bien nette ou très floue, colorée ou en noir et
blanc, fixe ou en film, etc.
Si vous modifiez l’encodage d’un souvenir, que peut-il bien se passer ? Soit
vous en améliorez la perception et la personne vivra encore mieux son
souvenir ; soit vous en perturbez la perception, et la personne aura
beaucoup de difficulté, voire l’impossibilité, de retrouver le fameux
souvenir…
Et comment pouvez-vous être malheureux à cause d’un souvenir que vous
n’avez plus ? Il n’est pas enfoui ou caché en vous, là où il pourrait distiller
son venin ni vu ni connu, non : il a disparu ! Vous ne le sentez plus…
Terminé !
Il est également intéressant de noter qu’effacer une mémoire inconsciente
n’efface aucunement la leçon qu’a pu tirer la personne de cette expérience.
En fait, suivant la compréhension de l’Hypnose Humaniste, qui accepte
l’idée d’une Conscience supérieure, vous venez de débarrasser l’Inconscient
d’une épine. Le disque dur est nettoyé du virus qui l’empêchait de
fonctionner au mieux… mais l’informaticien a bien noté ce qui venait de lui
arriver, il s’en souvient. Son ordinateur (le corps, l’Inconscient) est à
nouveau sain et a retrouvé la paix, et lui (la Conscience supérieure) sait ce
qu’il a vécu et comment faire pour que cela ne recommence jamais.
Car, s’il n’existait que notre petit conscient (perception des choses) et
l’Inconscient, en effaçant un souvenir comme je l’avais fait avec Fanny, la
personne aurait dû avoir une amnésie de l’expérience – or, il n’en fut rien :
la personne est soulagée (l’Inconscient va mieux) mais elle (Soi,
Conscience supérieure) se souvient très bien qu’il lui est arrivé quelque
chose.
Enfin, le travail avec les submodalités est bien évidemment possible hors
transe hypnotique, mais celle-ci est inévitable lorsqu’il s’agit de mettre à
jour des déclencheurs inconscients
– et ils le sont pratiquement toujours en thérapie.
243
Miracles quotidiens
Avec Fanny, vu l’impossibilité de faire une séance normale, vu qu’elle
connaissait très bien (et pour cause) la source de ses problèmes, et vu
qu’elle n’était, en plus, pas dans son état ordinaire, donc dans une sorte d’
état modifié de conscience, il n’y avait pas besoin d’hypnose formelle.
J’avais donc tenté avec elle d’appliquer ce qui, statistiquement, fonctionne
le plus souvent dans le cas d’une mémoire traumatique encodée en images :
déplacement hors zone sensible, éloignement, brouillage, jusqu’à
disparition de la perception négative.
Est-ce que cela avait fonctionné ? Aucune idée, mais Fanny ne pleurait plus
(sa maman m’avait dit qu’elle pleurait sans discontinuer depuis deux
jours…). Alors ?
Quelques jours plus tard, la maman de Fanny me téléphone :
« Qu’avez-vous fait à ma fille ?? criait-elle.
- Oh, excusez-moi mais vous savez bien que vous n’avez pas voulu que je
fasse quoi que ce soit. Je n’ai rien fait. Mais que lui arrive-t-il ? Dites-
moi… elle ne va pas bien ?
- Si on veut : elle ne veut plus porter plainte contre son oncle ! Elle dit que
tout ça c’est du passé… »
Je souriais jusqu’aux oreilles. Heureusement que la chère maman n’était pas
là pour me voir ! Mon intervention, bien que faite avec approximation, avait
porté ses fruits.
« Bien. Passez-la-moi, je vais arranger cela. »
La maman donna le combiné à sa fille, que je félicitai pour avoir su
apprendre d’un évènement qui en aurait traumatisé plus d’une à vie et
grandir avec tant d’aisance et de rapidité ; puis je lui expliquai que ce
n’était pas parce qu’elle allait mieux maintenant que son oncle ne devait pas
être puni.
« Si un enfant fait une bêtise, même si on l’aime et que l’on a réussi à
réparer, il faut quand même le punir un peu, pour qu’il ne recommence
jamais, avec personne. Tu comprends ? »
Fanny surmonta son épreuve, qu’elle oublia vite, et l’oncle fut porté devant
la justice, comme il se doit.
244
Miracles quotidiens
= 11 =
GUIDEE PAR LES ANGES
Milton Erickson se méfiait du fait de discuter de la thérapie avec ses
patients, arguant de l’opinion, compréhensible, que la personne – une fois
informée de la stratégie du thérapeute –
pourrait trop facilement la détruire par une résistance logique et consciente.
Erickson estimait que la plupart des maux proviennent de ce que « le
conscient essaie de faire ce que l’Inconscient aurait mieux fait », ce qui est
souvent vrai.
Alors, il n’expliquait jamais rien à ses patients et pratiquait une
hypnothérapie quasi uniquement inconsciente. Changer d’abord,
comprendre ensuite… si on y tient vraiment !
Si cette position stratégique se défend et a des avantages thérapeutiques
(pas de résistance possible), elle a aussi ses désavantages, notamment en ce
qui concerne les symptômes ayant pour origine un problème existentiel.
Car, alors, si la personne ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive, bien
que possiblement soignée par une bonne technique thérapeutique, elle n’est
pas guérie et le message de la « mal a dit », non pris en compte, ressurgira
ailleurs sous une forme ou une autre.
Dans des soucis autres qu’existentiels, une compréhension uniquement
inconsciente peut suffire : le conscient est mis à l’écart, le temps que
l’Inconscient apprenne à agir différemment ; la personne guérit et reprend
ensuite sa vie ordinaire.
Par contre, si la maladie provient d’un manque d’alignement personnel dans
sa propre existence, si la personne ne marche pas sur le chemin qui est le
sien, le mal-être accumulé, s’il est intense, peut mener à une fin de vie
précoce et inéluctable.
C’est cette dimension existentielle qu’a pris en compte la Nouvelle
Hypnose et qui touche à son apothéose en Hypnose Humaniste où elle est la
base essentielle de travail.
245
Miracles quotidiens
Voilà pourquoi, dans ces pratiques modernes, la qualité de vie de la
personne importe autant que sa santé physique. On retrouve cela en
évidence dans les accompagnements hypnotiques autant que dans l’esprit
qui anime le thérapeute lui-même.
Il est alors évident que la Nouvelle Hypnose, bien que basée sur les outils et
techniques d’Erickson, est fondamentalement différente, plus douce, plus
émotionnelle, plus profonde, au sens humain, spirituel et noble de ce terme.
L’auto-hypnose est une forme précoce de contrôle de l’Inconscient par la
conscience même de la personne. Une des premières manières,
historiquement, que les êtres humains ont eues de reprendre leur vie en
main, jusqu’alors laissée aux commandes d’un Inconscient par nature
incontrôlable.
Avant le début du XIXème siècle, l’autosuggestion n’existait pas, pour la
simple et bonne raison que la psychologie de l’époque reconnaissait
seulement notre esprit conscient et notre esprit Inconscient, profond. Donc,
soit la personne restait consciente – et elle n’était alors évidemment pas en
hypnose – soit elle passait en mode inconscient et, par définition, elle ne
pouvait bien sûr plus contrôler son état.
Or, on s’aperçut qu’un auto-contrôle était possible, pour on ne sait quelle
raison… L’avenir verra apparaître, notamment en Hypnose Humaniste, la
notion de Conscience majuscule, hors de l’Inconscient et du conscient lui-
même, et par là même capable de contrôler l’un comme l’autre.
Ce niveau supérieur d’existence explique notre faculté à faire de l’auto-
hypnose et d’envoyer soi-même balader son conscient pour libérer
l’Inconscient – et aussi le phénomène étrange d’être conscient de ses rêves
(« tiens, je rêve ») car, de toute évidence, on n’est plus éveillé lorsque l’on
dort, et si nous étions seulement inconscients, comme assommés, alors nous
ne pourrions pas savoir que nous rêvons !
Il existe donc bien un troisième niveau d’être ; et c’est cette Conscience qui
est à l’œuvre en auto-hypnose.
246
Miracles quotidiens
Retrouver et utiliser la conscience de soi est un des piliers de la Nouvelle
Hypnose et de l’Hypnose Humaniste, chacune à leur manière :
- En Nouvelle Hypnose, la personne est amenée à l’autonomie par l’auto-
contrôle de son Inconscient, qui restera toutefois non- conscient, contrôlé
mais toujours hors de perception consciente. L’auto-hypnose est le
summum de cette autonomie. En effet, pour la plupart des situations de vie,
la seule chose qui amène la personne chez un thérapeute est le fait qu’elle
ne sache pas quoi faire pour résoudre son problème. Si elle avait été
éduquée depuis l’enfance à se servir de ce qu’elle est, de son propre esprit,
de son corps, elle n’aurait plus que très rarement besoin d’un professionnel.
Grâce à l’auto-hypnose, dès que la personne a compris comment agir sur
elle, elle est libre !
- En Hypnose Humaniste, le thérapeute devient un guide, un initiateur-
pédagogue, qui conduit la personne à devenir au mieux du possible « un-
consciente », c'est-à-dire unifiée à ce qui fut son Inconscient, rendant ainsi
cette appellation absurde puisque plus rien en elle n’est alors inconscient –
bien que les phénomènes puissent rester automatiques ! Et c’est en état de
conscience que le travail de changement est réalisé, par la personne elle-
même. Nous en parlerons plus tard.
La personne qui sait pratiquer l’auto-hypnose a donc en main la possibilité
de demander ce qu’elle veut à son esprit inconscient. En Nouvelle Hypnose,
domaine qui nous intéresse ici, la personne n’est pas consciente du contenu
et des mécanismes de cette part profonde d’elle-même, mais elle peut
obtenir des signes visibles et sensibles de réponse.
Evidemment, la teneur des réponses et résultats possibles est interdépendant
du niveau de sagesse et de connaissance de soi de la personne, l’Inconscient
gardant toujours le privilège de la protection physique et psychologique de
la personne. Ce qui peut sembler une limite est ainsi une protection.
247
Miracles quotidiens
Corollaire à tout cela : en Nouvelle Hypnose, le thérapeute fait plus que
s’adapter à ses patients, il accepte littéralement ce qu’ils amènent dans le
travail de changement, aussi bizarre ou contraire aux propres croyances du
thérapeute que ce soit.
Si la personne est athée, nous le serons aussi, si elle est religieuse, nous
serons religieux – et de sa religion à elle. Si elle croit aux fées et aux lutins
ou à la réincarnation, nous y croirons de la même manière.
Et Françoise croyait aux anges.
Petite femme aux cheveux courts et aux yeux clairs, Françoise était une
anthologie vivante du malheur ! Calmement et presque comme si tout cela
était ordinaire, Françoise me raconta sa vie… Il lui était tout arrivé ; rien
dans son existence n’avait été normal. Une maladresse de la sage-femme lui
valut une fracture du crâne le jour de sa naissance. Elle aurait pu mourir
quelques minutes après avoir vu le jour pour la première fois. Enfant, elle
fut de ces enfants pâles et toujours fragiles, mais elle ne se plaignait jamais.
Adolescente, elle attrapa une maladie rare et fut envoyée loin des siens, en
cure.
Malgré des soins approximatifs, elle finit par se remettre, suffisamment
pour poursuivre ses études.
Peu de soutien familial, des amours quasi-inexistants. Plus tard, un mari
banal et fuyant. La joie aurait pu venir de ses enfants. Eh non ! Car
certaines personnes semblent maudites.
Elle me raconta son premier accouchement, à peine croyable.
« Effectivement, vous semblez être poursuivie par le mauvais sort, lui dis-
je, mais vous m’avez dit avoir deux filles.
- Pour ma deuxième, ajouta Françoise, un problème de fermeture du col
m’obligea à rester alitée dès le quatrième mois, avec un système de
protection intra-utérin afin d’éviter un accouchement prématuré et la mort
du bébé. Enfin, le médecin estima qu’une césarienne serait plus prudente,
mais une des apprenties sages-femmes a confondu les grammes et les
milligrammes en me faisant une piqure et cela a arrêté d’un 248
Miracles quotidiens
coup le cœur de la maman et du bébé. Heureusement, tout était prévu pour
le sortir d’urgence, mais le temps qu’on fasse repartir le cœur, la jeune
apprentie m’avait repiquée avec son produit destiné à augmenter les
contractions et j’avais fait un second arrêt cardiaque. J’ai failli perdre mon
enfant, mais je m’en suis sortie… Je m’en sors toujours. »
Voilà ce que Françoise répétait après chaque anecdote : je m’en sors
toujours.
Le reste de sa vie était un récit à peine croyable des troubles physiques les
plus étranges qu’un être humain puisse souffrir.
A chaque fois, Françoise avait recouvré ses forces et guéri.
J’écoutais parler cette femme, décontenancé par l’intensité profonde de son
calme. Tout allait toujours bien pour elle, quoi qu’il arrive. Elle avait une
foi absolue en la vie.
Sa dernière aventure était un coma de plusieurs mois, survenu apparemment
sans raison, d’où elle était sortie alors que ses médecins préparaient déjà
l’autorisation de don d’organes… Et maintenant, elle avait un cancer
généralisé. Ça ne semblait pas l’étonner.
Le regard de cette femme d’apparence anodine me paraissait étrangement
profond, comme joueur, malgré la situation. Elle surfait sur la vie. Oui, il
devait y avoir une raison supérieure à une vie pareille. Elle n’était pas un
être ordinaire… Comment imaginer un esprit aussi pur et aussi accablé ? Je
lui expliquai très honnêtement mon sentiment et nous discutâmes une bonne
moitié de l’heure, réservant la deuxième partie pour un voyage en esprit.
Afin de correspondre aux caractéristiques d’un accompagnement de
Nouvelle Hypnose, je guidai Françoise vers son « être supérieur », suivant
la philosophie propre à l’Hypnose Humaniste, mais en conservant la
dissociation d’esprit de l’hypnose habituelle :
« Il y a quelque chose en vous qui vous guide, n’est-ce pas ? »
[question présupposant une différence entre elle et cette partie ; en Hypnose
Humaniste nous aurions demandé à Françoise d’accéder à sa
« plus grande et belle partie d’elle-même », Ce Qu’Elle Est vraiment]
249
Miracles quotidiens
« Oui, j’ai toujours senti cette force en moi, répond Françoise, comme une
présence, un soutien. »
[Françoise répond dans le cadre de ma question, en exprimant une
séparation entre elle et la « force » qui l’aide. Cette manière de faire est plus
douce pour certaines personnes, qui n’ont pas encore accepté ou pris
conscience de leur responsabilité dans ce qui leur arrive au quotidien]
« Alors, fermez les yeux, afin d’ouvrir votre esprit, et allons à la rencontre
de cette présence, si vous le voulez bien. »
Françoise clôt les paupières et prit spontanément une large inspiration –
indice concret de cette prise de contact avec les choses invisibles qui nous
font et nous guident, ainsi qu’en témoigne l’expression «
avoir l’inspiration
» en ce qui
concerne notre créativité : on l’aspire littéralement en nous.
« Voilà… et en même temps que vous prenez profond en vous l’air qui vous
entoure… chargé de tout ce qu’il contient de force et d’énergie pour vous…
l’œil de votre esprit peut s’ouvrir afin de contempler la Vie, en vous et au-
delà de vous.
Juste laissez venir ce qui vient… images… impressions…
pensées ou sonorités… odeurs peut-être… ressentis.
- Je me sens plus légère.
- Plus légère… c’est bien… Notez comme la respiration continue de
manière automatique… prenant plus de cette légèreté et de cette force à
l’inspiration… et vous nettoyant de tout ce qui vous alourdissait, à chaque
souffle… Et gardez votre Intention dirigée vers la Vie elle-même,
bouillonnante et vibrante… et de plus en plus subtile… fine… épurée… et
lumineuse… au fur et à mesure où votre esprit s’élève vers elle… Ressentez
comme votre Intention vous propulse, tout autant que la Vie vous attire à
elle… …Dites-moi ce qui vous vient… ce que vous ressentez ou vivez…
Dites-moi.
- Il y a une sorte de point… une lumière bleutée.
- Une lumière bleutée ?... Vous allez vers elle ?
- Le bleu colore très légèrement le noir qui m’entoure, je ne m’en étais pas
aperçu… C’est comme le rayonnement du point que je vois… Ses ailes.
250
Miracles quotidiens
- Ses ailes ?
- Ça y est. Je suis avec la lumière…
- Bleutée ?
- Oui… (une larme se décroche du coin de son œil)
- (après un instant) Décrivez-moi…
- Je ne peux pas… …C’est tellement d’Amour…
- Tellement d’Amour ?…
- C’est mon ange.
- Votre ange ?
- Oui… en fait, je sens une présence nombreuse… Une grande force.
- Et c’est cette force qui vous protège ?
- (fait « non » de la tête)
- (j’attends un moment, puis insiste) Dites-moi…
- Je suis comme eux.
- C’est-à-dire ?
- Je suis comme eux.
- Vous êtes un ange ?
- Non, je suis comme eux. Une Présence. »
Je comprends que la force que Françoise a rencontrée est ce qui la protège,
en quelque sorte, et qu’après avoir eu la sensation d’une entité séparée
d’elle, Françoise expérimente le fait de ne plus être qu’Une avec elle – d’où
sa difficulté à me décrire plus précisément ses impressions, sa place ou son
rôle.
Que l’on accepte la réalité de telles forces ou présences ou que l’on
interprète l’expérience de Françoise comme un contact avec son Inconscient
(ou autre chose) importe peu en thérapie, puisque l’essentiel est que
Françoise ait trouvé un levier thérapeutique – qu’il soit réel ou symbolique.
« Vous sentez-vous vous régénérer plus vite en leur présence, ou plutôt
quand vous êtes comme eux ?
[suggestion impliquant la présence ressentie et/ou le fait d’être unie à cette
présence, et qui présuppose un effet thérapeutique spontané]
- Oui, je suis bien.
251
Miracles quotidiens
- Ok, c’est parfait… Et y a-t-il quelque chose que vous ayez à faire ?
Quelque chose de spécial ?
- Je veux savoir ce qui m’arrive…
- Vous voulez savoir ce qui vous arrive maintenant ?
- Non, ce qui m’arrive depuis le début.
- Pourquoi vous étiez souvent malade ?
- (silence… …après un moment, elle bouge)
- Oui ?
- Non, je ne pense pas, fit-elle, comme pour elle-même.
- Dites-moi…
- (sourire) J’ai l’impression… non…
- Allez, dites-moi, je ne dirai rien à vos amis ! insistai-je encore sur un ton
plaisant.
- Ça me fait l’effet d’être venu ici pour aider toutes ces maladies à évoluer.
- Comment ça, à évoluer ?
- Comme si à chaque fois que je guérissais, il y avait un peu moins de
maladies sur Terre.
- Eh bien, c’est au moins statistiquement vrai. Et ?...
- (avec émotion) C’est ma mission. »
C’était exactement ce que j’avais ressenti lors de l’entretien préliminaire
avec Françoise : comme si elle était une sorte d’âme plus élevée que la
moyenne, venue accomplir une sorte d’œuvre. Il n’était absolument pas
normal de voir une femme avec autant de sagesse souffrir d’autant
d’afflictions. Ses yeux brillaient d’une lumière si profonde…
« Et vous ne le saviez pas avant ? demandai-je.
- Je ne pouvais l’accepter.
- Vous savez ce que vous avez à faire, alors, maintenant ?
- Oui, je vais guérir et puis passer à autre chose.
- Et votre mission ?
- Je ne sais pas… j’avais à comprendre quelque chose… Je ne pourrais pas
vous dire quoi… Mais, maintenant, j’ai la réponse en moi… Je peux passer
à autre chose. »
252
Miracles quotidiens
Je profitai du reste de notre temps pour apprendre à Françoise l’auto-
hypnose, afin qu’elle puisse recontacter son état ressource autant que
souhaité, de manière autonome.
Lorsque je pus vérifier qu’elle entrait et sortait de transe hypnotique avec
facilité, et qu’elle était capable de retourner à sa « présence » comme elle le
voulait, nous nous dîmes au revoir. Je comptais bien la laisser achever sa
guérison par elle-même. Nous nous reverrions lorsqu’elle le jugerait utile.
Je revis mon angélique patiente un mois et demi après. Elle avait pratiqué
quotidiennement l’auto-hypnose, s’en servant pour « rejoindre ses anges » !
Quoi que j’en pense, elle était toute sourire et exhibait à bout de bras une
lettre de son médecin pour le radiothérapeute : plus besoin de traitement,
disait le courrier du spécialiste à son collègue, le cancer de madame était
terminé. Rémission spontanée spectaculaire !
J’aime les rémissions spontanées !
Françoise profita de vacances méritées aux Antilles, avec sa fille, et revint
me voir pour que je l’aide à « changer son étoile », entrer dans une nouvelle
vie – une « re-mission »
après sa rémission – ce que les techniques d’Hypnose Humaniste permirent
en quelques séances de plus.
~oOo~
Notez avant que nous ne continuions que je parle souvent de cas réglés en
une seule séance. Ce sont les plus spectaculaires et il est important de savoir
qu’ils existent pour s’ouvrir à la magie d’une telle possibilité. Maintenant,
si la situation exige trois, quatre ou quinze consultations, nous les ferons.
Un « traitement en une séance » est le résultat de mois ou d’années de
maturation chez la personne. Le thérapeute n’est qu’un déclencheur, au bon
moment.
De même, je suis heureux de suivre et d’aider, par téléphone ou email, la
personne en période de changement, afin qu’elle intègre au mieux ce
qu’elle a vécu durant la consultation.
253
Miracles quotidiens
Anne et Eva se refont un squelette
J’aimerais maintenant vous montrer comment des personnes comme vous et
moi, connaissant les clés de leur esprit, et grâce à l’auto-hypnose, purent
s’aider dans la guérison de maladies ou d’accidents graves.
Cet été-là, Eva avait présumé de ses forces, car la chute qu’elle fit en ski
nautique faillit lui être fatale. La jeune femme avait suivi mon cours
d’Hypnose quelques mois auparavant. Thérapeute fort compétente, elle
connaissait bien le fonctionnement de l’esprit et elle avait appris à se
connaître elle-même. Pourtant, lorsqu’elle reprit conscience à l’hôpital,
l’équipe médicale ne prévoyait pas de la voir remarcher un jour. Commença
alors pour Eva un combat de chaque jour : elle allait ressouder mentalement
tout ce qui était cassé en elle, tout remettre en ordre et retrouver l’usage de
son corps !
C’est là qu’intervient la magie de l’Hypnose. Vous avez déjà eu mal aux
dents ? On a le réflexe de mettre la main contre la mâchoire, là où on a
mal… En vain, car cette main posée soulage mais n’enlève pas vraiment la
douleur.
En Hypnose, après l’induction hypnotique, on peut induire une lévitation de
la main, que l’on engourdira par suggestion.
Lorsque cette main viendra se poser contre la mâchoire, ce sera alors
comme un coup d’extincteur sur le feu douloureux.
Pschiiiiit ! Plus rien ! D’un coup… L’acte réalisé en Hypnose a une
efficacité impossible en état ordinaire de conscience.
Eva n’allait donc pas simplement imaginer que ses multiples fractures, à la
colonne vertébrale, aux cervicales, allaient se résorber, se remettre toutes
seules. Elle le ferait en transe hypnotique, ce qui permettrait à sa pensée de
se réaliser, de devenir réelle. Et elle allait le faire sans relâche, trois à cinq
fois par jour, et parfois plus !
Ceux qui guérissent ont avant tout la volonté sans faille de guérir. Ils se
savent, se voient et se sentent déjà guéris.
254
Miracles quotidiens
La guérison alla plus vite qu’Eva ne l’aurait pensé. Ses exercices
pluriquotidiens d’auto-hypnose fonctionnaient apparemment très bien. Elle
put rapidement quitter l’hôpital et retourner chez elle, au premier
étonnement de ses médecins.
Mais elle ne s’arrêta pas là. Lorsque je la revis en formation, Eva portait en
permanence un énorme corset de plâtre…
Malgré le poids, la douleur, ses difficultés à bouger comme à parler, Eva
restait rayonnante. Elle savait qu’elle réussirait.
Ainsi vint le jour où la jeune femme put se libérer de sa gangue,
pratiquement sans aucune séquelle de son accident.
Eva étonna ses médecins en retrouvant toute sa mobilité. Vous pourriez la
croiser un beau jour sans jamais vous rendre compte que cette femme au
caractère bien trempé avait failli rester paralysée à vie. Tout à fait comme
Anne, d’ailleurs…
Durant l’une de mes formations, plusieurs de mes élèves me poussèrent à
aller interroger discrètement Anne, sophrologue amateur, sur ce qu’elle
avait fait depuis le début de son cursus avec moi. Il paraît qu’elle était
arrivée à moitié paralysée.
Anne était une femme dans la quarantaine, discrète et toujours souriante.
Elle prenait un café à la table des pauses lorsque je m’approchai d’elle pour
prendre de ses nouvelles :
« Tout se passe bien, Anne ?
- Oui oui, comme toujours… Oh, il faut que je vous remercie pour la
formation !
- Quelque chose de spécial ? demandai-je en lui tendant la perche, curieux
de son histoire.
- Sans vous, je ne serais pas là…
- Il ne faut peut-être pas exagérer, Anne. Que voulez-vous dire ?
- C’est-à-dire... quand j’ai commencé cette formation en Hypnose, c’était
pour moi le dernier espoir… Il y a un an et demi, j’ai fait une grave chute
de cheval, en voulant sauter un obstacle. L’hôpital où j’ai été amenée en
urgence n’a pas su diagnostiquer une fracture du sacrum et de la 3ème
lombaire.
255
Miracles quotidiens
Ils m’ont renvoyée chez moi sans traitement, mais cinq jours après ma
jambe droite était entièrement paralysée, ainsi que le fonctionnement de
mes viscères et une grande partie de mon côté droit… Là, j’ai été
hospitalisée en urgence, et on m’a laissé comprendre qu’une erreur de
diagnostic avait été faite et que je ne remarcherais jamais plus.
- Oh !... »
Je regardai Anne, les yeux ronds, ne sachant que lui dire.
Elle était là, debout devant moi.
« Grâce à ma formation en sophrologie, poursuivit Anne, je travaillais tous
les jours sur moi et je suis parvenue à recouvrer une bonne part de mes
fonctions vitales, mais je suis restée quand même paralysée de tout le côté
droit. C’est là que je me suis inscrite à votre formation… A vrai dire, je n’y
croyais qu’à moitié, mais c’est durant le niveau
« Technicien » que tout a basculé ! Un de mes collègues de stage me faisait
un exercice, pour s’entraîner – ce devait être celui sur les submodalités. Je
nettoyais mon accident en gom-mant le souvenir de la chute, quand une
sensation à la fois glacée et brûlante est descendue dans ma poitrine, à
droite, comme un filet d’eau !!... Cela faisait un an que je ne sentais
absolument plus rien de ce côté-là ! Vous pensez mon excitation !
- J’imagine ! répondis-je en songeant que j’aurais aimé être le témoin de ce
moment magique.
- J’ai eu alors une intuition géniale, car nous n’avions pas encore vu cette
technique en formation
: j’ai remplacé
l’espace imaginaire en moi, vidé par la scène, par la scène telle qu’elle
aurait dû se passer. Un parfait saut d’obstacle. »
Je restai admiratif de son inventivité. Anne avait su exactement quoi faire,
sans que personne ne lui explique.
« Pensez que je ne me suis pas arrêtée là ! J’avais une énergie folle, je n’en
dormais plus la nuit : je m’enregistrais des inductions hypnotiques et je les
écoutais chaque jour tout en me faisant d’autres inductions, pour multiplier
l’effet ! »
256
Miracles quotidiens
Alors qu’Anne me racontait son histoire, soit quelques mois à peine après le
début de sa formation en Hypnose, elle était en pleine forme, souriante, et
personne n’aurait pu soupçonner qu’elle avait un jour été paralysée !
Son diplôme en poche, Anne ouvrit un cabinet de consultations en
Hypnothérapie, où elle reçoit désormais les gens qui peuvent profiter de son
expérience.
Alors qu’elle revenait en tant que « Personne Ressource », durant une autre
de mes formations, je racontai son histoire à mes élèves du moment.
« Incroyable, n’est-ce pas ? conclus-je. On raconte toujours des guérisons
merveilleuses, mais on ne voit jamais les personnes à qui c’est arrivé.
Aujourd’hui, nous avons de la chance, Anne est parmi nous… »
Et c’est en présentant Anne à mes élèves stupéfaits et émus que Franck se
leva pour témoigner à son tour.
Franck libère son corps
Franck était un grand et beau jeune homme, carré d’épaules, au regard rieur
et au sourire séduisant. Je l’avais convié à m’assister pour une
démonstration, quelques jours auparavant, et tout le monde avait pu
constater son entrain et sa bonne humeur. Quel surprise de le voir se lever
pour témoigner :
« Voilà, moi aussi j’ai une histoire pour illustrer le cours de ce matin. Il y a
plusieurs années de cela, je suis subitement tombé paralysé de tout le côté
droit, comme Anne… Alors qu’on m’emmenait à l’hôpital, j’ai fait un
nouveau malaise et tout mon côté gauche s’est paralysé aussi. Je ne pouvais
plus bouger que les yeux !... On avait d’abord cru à une attaque cérébrale,
mais que la paralysie soit passée des deux côtés à la fois, ce n’était pas
normal… On m’a fait d’autres analyses et on s’est aperçu que j’avais une
sclérose en plaque fou-droyante. On m’a dit que je serais paralysé toute ma
vie.
257
Miracles quotidiens
Ça, c’était impossible
!... Après les premiers jours
d’abattement, je me suis dit que je ferais à nouveau du surf, que je sortirais
encore avec des filles, que je vivrais ! »
Bouche bée, tout le monde s’était retourné vers Franck, qui était debout
dans le fond de la salle. Comme tous, je ne revenais pas de ce que nous
racontait ce grand et fort jeune homme, que nous connaissions tous pour
être plutôt sportif.
Après les histoires d’Eva et d’Anne – et après avoir vu Anne en chair et en
os, surtout – le fait que l’un d’entre eux témoigne spontanément électrisait
la salle.
« A l’époque, je vivais loin de France, continua Franck, alors j’allai sur
internet. On m’aida à chercher tout ce qui existait à propos de la méditation,
que je pratiquais déjà, et surtout au sujet de l’Hypnose, que je ne
connaissais pas mais qui m’attirait beaucoup… J’ai trouvé sur différents
sites internet de très bonnes critiques du livre d’Olivier Lockert, "Hypnose"
et je l’ai acheté par correspondance… Je crois que j’ai mis en pratique
presque tout le livre !... Je n’avais que ça à faire. Je voulais remarcher,
refaire du sport… Vivre !
Et voilà, conclut simplement Franck, comme à la fin d’un tour de magie,
quand tout le monde a encore les yeux grand ouverts et le souffle coupé. Je
suis là, debout et en pleine forme. »
Quelqu’un dut sortir de transe, car on commença à applaudir et, bientôt,
c’est toute la salle qui battait des mains, riant et pleurant, de l’émotion plein
les yeux.
Guérir de maladies aussi graves est toujours un miracle, et il faut des êtres
hors du commun pour braver la matière avec la seule force de l’esprit. Mais
ces êtres nous montrent que la magie est possible. Elle existe ! Ils nous
montrent la voie.
Et nous pouvons tous, à notre façon, être hors du commun.
~oOo~
258
Miracles quotidiens
Grégoire reconstruit son système immunitaire Pour parachever ce
chapitre sur l’auto-hypnose, voici le récit de l’histoire de Grégoire, petit
homme aux cheveux gris et aux yeux clairs, cachés derrière ses fines
lunettes d’informaticien. Les aléas de la vie avaient fait de lui une des
premières victimes du Sida. Il se battait contre le virus depuis près de vingt
années quand je le rencontrai à l’occasion de l’une de mes formations en
Hypnose.
Grégoire resta lui aussi très discret durant son apprentissage de l’Hypnose
et ce n’est que quelques temps après la toute fin des cours que j’appris quel
prodige il avait réussi.
Grégoire s’apprêtait à fêter ses « vingt ans de maladie » ; je lui suggérai
qu’il serait certainement bien plus joyeux de pouvoir fêter une guérison !
C’est là qu’il me confia être séropositif et m’expliqua les nombreuses
thérapies alternatives tentées pour doper le fonctionnement de son système
immunitaire. Chaque technique fut comme un pas en avant, mais aucune
approche ne sut pousser Grégoire à la guérison espérée. Son état de santé
était stable, mais il ne devait la vie qu’aux multiples médications.
Ce que Grégoire souhaitait vraiment, c’était de se débarrasser de ses
médicaments. Pouvoir vivre une vie presque comme les autres… et il avait
espoir en l’Hypnose pour cela.
Comme Franck, dont nous venons de parler, Grégoire pratiquait la
méditation, aussi lui fut-il facile de se plonger en auto-hypnose, sitôt qu’il
en eut compris et expérimenté le fonctionnement. Ces états de conscience
sont très proches.
De plus, alors qu’un hypnothérapeute doit avoir l’intuition des phrases
justes à prononcer à l’attention de la personne qu’il guide, lorsque vous
pratiquez l’auto-hypnose vous êtes votre propre thérapeute. Il est alors
forcément plus facile pour vous de penser les choses les plus adaptées à
votre état !
259
Miracles quotidiens
Afin d’éviter l’écueil de suggestions directes inadéquates, un
hypnothérapeute éricksonien apprend à poser des suggestions indirectes, en
allusion, ambiguës, à sens multiple, voire carrément vides de sens –
simplement porteuses d’une direction de sens, un schéma qui guide la
compréhension de la personne, sans pour autant lui dicter ladite
compréhension :
« Car il y a dans votre vie peu de personnes si importantes qu’elles
déterminent, par leur présence ou leur absence, par leurs paroles et leurs
silences, la qualité de votre vie à vous. »
Voilà le type de phrase, apparemment creuse et pourtant très forte
émotionnellement, que prononcerait un hypnothérapeute éricksonien. Le
patient pensera naturellement un peu plus loin que la phrase entendue : à
son père ou à sa mère, à son compagnon, sa compagne, à un ami perdu ou à
tout autre… Et une bizarrerie du cerveau humain fera qu’après la séance
d’hypnose, la personne jurera sur ce qu’elle a de plus précieux que vous
avez parlé de son père ou de sa mère, de son compagnon, de sa compagne,
de son ami ! Elle l’a entendu !
En fait, l’hypnothérapeute n’aura jamais prononcé de paroles aussi précises
– et pour cause : il ne savait pas du tout quelle était la personne importante
en question !…
Eh bien, en auto-hypnose, vous pouvez penser directement à ce que vous
voulez. Nul besoin de technique compliquée, de langage hypnotique à
multiples niveaux. Vous savez bien ce qui vous fait mal, vous y pensez – le
reste se fait tout seul !
Par contre, si vous pouvez facilement cibler la zone de travail, ce qui
souffre en vous, les personnes éventuellement impliquées, etc., vous ne
devez pas donner vous-même la solution. Sinon, à quoi bon pratiquer
l’auto-hypnose ?
Si vous avez la solution en tête, pourquoi aller la demander à votre
Inconscient ?... L’énoncé de votre désir, votre besoin ou votre objectif doit
être le plus précis possible, mais le chemin par lequel vous pouvez y arriver
doit rester ouvert.
Laissez faire votre Inconscient ; faites-lui confiance !
260
Miracles quotidiens
Ainsi, Grégoire ne tenta pas de découvrir par quel moyen son système
immunitaire pourrait mieux fonctionner.
Le fait même de s’intéresser à son système immunitaire aurait déjà été une
erreur – car rien ne disait que la solution devait venir de là, précisément.
Peut-être existait-il d’autres manières d’être en bonne santé, dans sa
situation ? Le risque de trop de précision est de se fourvoyer dans une
impasse, de demander au corps de faire quelque chose d’impossible.
Il en est de même dans la vie. Si mon objectif est d’être heureux et que cela
passe pour moi par l’achat d’une très jolie maison, et que celle qui hante
mes désirs est celle-là, là-bas, où habite déjà toute une famille… dois-je
souhaiter le départ de toute la famille ? Et pour quelle raison ? Mon
bonheur doit-il passer avant celui des autres ?
Je n’ai pas de réponse à ça, mais il sera très certainement beaucoup plus
efficace de souhaiter « être heureux », sans autre précision, laissant le reste
en sous-entendu vague. Alors, peut-être rencontrerai-je une personne qui
changera ma vie, la personne en question m’emmènera bien loin de ma
région d’origine (et de la maison rêvée), pour commencer une vie
nouvelle… dans l’ancienne maison de famille de l’être qui partage
désormais ma vie… Une maison encore plus belle que celle de mes rêves,
ce qui me comblera au-delà de mes plus fous espoirs. J’aurai alors et mon «
âme-sœur » et un lieu de vie idéal. Si je m’étais entêté à vouloir coûte que
coûte naviguer à contre-courant de la vie, qu’aurais-je obtenu ?
Peine et frustration… Que d’efforts inutiles !
Grégoire demanda donc « la santé » à son corps et à son esprit global, avec
l’intention implicite de faire ce qui convenait pour l’atteindre… et à la
surprise générale, c’est ce qui arriva. Les mois passaient et les CD4
revenaient à la normale. Il suffisait à Grégoire de constater, analyse après
analyse, comme si cela avait été la chose la plus naturelle du monde, que
son état de santé s’améliorait constamment.
261
Miracles quotidiens
Après tout, il n’était pas mort ! Quelque chose en lui savait donc rester en
vie. Un peu comme une personne toujours en découvert bancaire, toujours «
dans le rouge », mais jamais de là à être interdite bancaire. Tantôt plus
riche, tantôt plus pauvre, en dessus ou en dessous de zéro, mais jamais
définitivement en zone rouge. Quelque chose la protégeait de la faillite
complète, lui permettant chaque mois de se renflouer, bon gré mal gré. Il
devait donc être possible de fixer la zone rouge un peu plus haut, de mettre
la barre sur 100 ou 1000 et de voir ce qui se produirait… Le même
mécanisme de survie agirait désormais pour maintenir le niveau du compte
bancaire autour du 100 plutôt que du zéro. Et après quelques mois de cela,
il suffirait de se libérer de l’accroche à un nombre précis pour constater
simplement que « le compte bancaire se stabilise, non pas à 100 ou 1000,
mais chaque mois un peu plus haut que le mois précédent » …Et cela
fonctionne !
La santé de Grégoire fit de même : elle se stabilisa chaque mois toujours un
peu plus haut, un peu mieux, jusqu’à être en permanence bonne, et même
très bonne. Grégoire pratiquait son auto-hypnose quotidienne, agrémentée
d’une recherche permanente d’amélioration personnelle, sur sa vie familiale
passée, son éducation, ses loyautés par rapport à ses parents, ses relations
aux autres et à lui-même, et toute la charge que nous traînons tous et qui
alourdit ou bloque nos vies.
Son allègement personnel permit l’efficacité de l’auto-hypnose. Tout son
système corps-esprit changea et Grégoire retrouva la santé – toujours
séropositif, mais fort et serein.
Grégoire fêta donc dignement ses vingt années d’évolution personnelle, fier,
heureux et en pleine santé. Il témoigna de son parcours dans de nombreuses
émissions télé et radio, dans la presse et sur internet, afin de montrer
l’exemple : oui, tout est possible à qui travaille en harmonie avec soi-même
!
262
Miracles quotidiens
= 12 =
ANTONIO RETROUVE
SA LANGUE NATALE
L’Hypnose Classique, baptisée, pratiquée et théorisée par des médecins
(Braid, Bernheim, Charcot…) reste en grande partie réservée aux
applications médicales, tout comme l’Hypnose Ericksonienne. Il faut dire
que l’intérêt pour les approches de Développement Personnel dut attendre
que les guerres finissent et que le niveau d’éducation et de vie des
populations occidentales augmente… Ce n’est donc qu’avec les années 60
que l’Hypnose s’ouvre à la qualité de vie des personnes, et par la même
occasion à un plus vaste public que celui des thérapeutes et de leurs
patients. Et ce n’est qu’à l’aube des années 80 que la Nouvelle Hypnose est
baptisée par un hypnosexologue américain, Daniel Araoz. Elle est donc
toute récente et encore souvent confondue avec l’Hypnose d’Erickson.
Vous avez lu dans ce chapitre que la Nouvelle Hypnose couvre nombre
d’applications médicales ou psychologiques, à sa manière à elle.
Découvrons maintenant quelques histoires où la Nouvelle Hypnose permit à
des gens qui ne souffraient de rien de particulier de vivre mieux,
d’améliorer la qualité générale de leur vie, leur satisfaction ou leur confort
de vie.
Si ce n’est pas encore fait, vous comprendrez que l’hypnose n’est pas
affaire de don, d’un thérapeute « hors du commun »
qu’on ne peut qu’admirer ou envier, mais qu’elle est une clé, un savoir
indispensable à chacun, qui dépasse largement le cadre d’un simple « outil
», et que tout le monde peut se découvrir soi-même et utiliser les pouvoirs
de son esprit…
Voilà aussi pourquoi je vous conte les cas de mes élèves, apprentis
hypnotiseurs de tous horizons et de tous niveaux sociaux.
263
Miracles quotidiens
Antonio était un vigoureux gaillard, au profil généreux et à la large
moustache. Imprimeur de formation, il pratiquait l’Hypnose pour son
simple plaisir, pour mieux se connaître et pour comprendre ses semblables
et la vie.
Je rencontrai Antonio au cours d’une formation à laquelle participait
également une de mes anciennes patientes, Perla, petite dame au fort
caractère, d’origine argentine, qui avait littéralement métamorphosé son
existence en quelques consultations, stoppant une maladie grave, guérissant
de son passé, changeant de travail et retrouvant la garde de son fils unique.
Un soir, Antonio vint me trouver pour me demander mon aide : il
m’expliqua être d’origine espagnole et avoir été élevé en France, suite au
déménagement de ses parents. De toute la famille, il était le seul né en
France et n’avait ainsi jamais développé l’accent de ses parents. De fait,
aujourd’hui, il ne parlait plus du tout espagnol et voulait savoir si je pouvais
l’aider à retrouver sa langue d’origine.
« Mais as-tu déjà parlé espagnol ? lui demandai-je.
- Bien sûr, dès que j’ai su parler… Voici ce qui s’est passé.
C’était pour mon cinquième anniversaire. Toute la famille était là et il y
avait un gros gâteau sur la table, rien que pour moi. J’étais très fier et
heureux de ma fête et mon père me fit grimper sur la table pour que je
chante une chanson – ce que je fis avec beaucoup de plaisir… Mais à peine
avais-je commencé à chanter que toute la table se mit à rire ! Ils se
moquaient de moi à cause de mon accent français !!... Vous pensez que ça
m’a vexé ! Je suis parti, furieux, pleurer dans ma chambre et, ce jour-là, je
me suis promis que plus jamais je ne parlerais espagnol… Et c’est ce que
j’ai fait.
- Et maintenant, vous aimeriez retrouver vos origines. Je comprends. Alors,
la bonne nouvelle, c’est que les recherches prouvent que le cerveau stocke
dans notre mémoire à long terme tout ce que nous avons utilisé dans notre
vie durant au moins trois ans. Donc, ayant parlé espagnol jusqu’à cinq ans,
264
Miracles quotidiens
ce savoir doit effectivement être caché quelque part en vous…
Si vous m’aviez dit : je veux parler russe mais je n’ai jamais entendu ni
parlé cette langue de ma vie, là il y aurait eu un gros souci. L’Inconscient a
beau être très fort, il n’a pas la science infuse. Il ne peut ressortir que ce
qu’il a en lui ! Un guitariste qui voudrait s’améliorer à la guitare pourrait
utiliser l’Hypnose avec efficacité, mais un non-guitariste devrait tout de
même apprendre – en plus de l’Hypnose – les positions des mains, la
technique, etc. Tout cela ne s’invente pas. Si on ne l’a pas en nous, on ne l’y
trouvera pas par miracle !
- Mais moi, je parlais espagnol, répliqua Antonio.
- Et c’est pour ça qu’on a une chance de réussir ! »
J’expliquai ensuite à Antonio que le contexte de la formation n’était
absolument pas adapté à la thérapie et que s’il voulait un accompagnement
personnel, je pourrais lui indiquer quelques bons praticiens. Je ne voulais
pas mélanger mon rôle d’enseignant et celui, fort différent, de thérapeute ou
de coach.
La vie nous facilita la tâche car, le lendemain, j’enseignai au groupe la
technique de Remodélisation d’Histoire de Vie, à base de régression, tout à
fait adaptée au cas d’Antonio.
Sans l’en avertir, j’allai trouver Perla. Etant argentine, elle parlait
couramment espagnol. Je lui demandai de s’arranger pour travailler avec
Antonio :
« Il faudrait commencer l’induction hypnotique en français et, dès
qu’Antonio aura atteint l’âge de cinq ans ou moins, commencer à placer
quelques mots en espagnol, doucement, jusqu’à ce que vous arriviez à ne
plus parler qu’en espagnol.
Avec un peu de chance, il ne s’en rendra même pas compte ! »
Et c’est ce qui arriva.
Perla avait le culot nécessaire pour tenter l’expérience alors qu’elle
pratiquait cette technique pour la première fois. Avec son caractère
chaleureux et enjoué, elle n’eut aucune peine à décider Antonio de travailler
avec elle et je la vis, de loin, se lancer dans l’induction hypnotique avec
grande résolution.
265
Miracles quotidiens
La personne en état d’hypnose, et qui plus est en régression hypnotique,
doit sentir votre force et votre assise, un peu comme on teste l’arceau de
sécurité qui bloque nos genoux sur un « grand huit » : si l’arceau bouge ou,
pire, s’ouvre ! on descend tout de suite du manège, affolé. Et c’est bien
normal.
Il en est de même en thérapie. Beaucoup de gens testent leur thérapeute,
pour vérifier qu’il a la solidité nécessaire, l’assurance et la maîtrise
indispensables quand on s’apprête à plonger au fond de soi. On sait qu’on
va à l’encontre de choses que l’on a toujours redoutées et, si on le fait
aujourd’hui, c’est uniquement parce qu’on se sent bien accompagné !
Perla avait compris cela et, bien qu’elle faisait une tête de moins
qu’Antonio, et trois fois moins en largeur, elle maniait son patient avec
l’aisance d’une professionnelle.
Antonio entra donc en régression hypnotique. Personne autour ne s’étonna
d’entendre Perla parler espagnol, étant donnés ses origines et son accent
marqué, et le prénom évocateur d’Antonio. Ce que les autres participants à
la formation ne savaient pas, c’est qu’Antonio n’était pas sensé comprendre
ce que disait Perla, ayant « perdu » son espagnol.
Mais la séance était tranquille et suivait son cours comme si de rien n’était.
Perla ne parlait maintenant plus qu’en espagnol et commença à ramener
Antonio au présent tout en continuant à parler espagnol. L’idée était de
ramener ainsi ses compétences linguistiques passées.
« ¿ Como estas ? demanda enfin Perla, la séance terminée.
- Muy bien, gracias, répondit Antonio sans y penser.
- ¿ Hablas español ahora ? fit remarquer la jeune femme.
- ¡ Oh ! »
Notre gaillard en pleurait ! Il avait travaillé sur un problème inventé, pour
l’exercice, et n’avait effectivement pas remarqué le passage à l’espagnol !
Le soir après la formation, très fier, Antonio m’attendait à la sortie de
l’établissement. Il me chanta une chanson en espagnol pour me prouver sa
réussite.
266
Miracles quotidiens
De ce jour, Antonio put reparler en espagnol. Bien sûr, comme quelqu’un
qui n’était pas monté à vélo depuis très longtemps et vacille un peu à la
reprise, il mit un peu de temps à retrouver sa fluidité de langage, mais il
parlait !
Nous n’oublions rien ; des trésors gisent au fond de nous, et il suffit parfois
d’un simple coup de pouce pour les libérer.
Stéphane retrouve 20db d’audition
L’avantage de faire confiance à son Inconscient est qu’il n’y a pas besoin de
comprendre, ni même de réfléchir, pour accéder à ses ressources. Il
m’arrive par exemple couramment de découvrir ce que je dis (ou écris !)
après l’avoir dit (ou écrit). Dans un de mes romans, toute la fin est
différente de ce que je pensais écrire – bien que le final ait été le but
premier de l’écriture de ce livre, l’occasion pour moi de présenter une clé
importante de la vie, ce qui me fut « dicté » lors de l’écriture du chapitre de
conclusion était entièrement nouveau pour moi ! Je dus même ajouter un
chapitre imprévu pour expliquer ce qui pour moi était aussi une découverte
!
Trois années me furent nécessaires pour découvrir à quel point ce que
j’avais écrit ce jour-là dans mon livre était juste.
C’est la même chose en consultation ou durant mes cours, où parfois
j’ouvre la bouche sans savoir du tout ce qui va en sortir – ce qui est très
stressant au début ! C’est pourtant la meilleure manière d’actionner son
intuition, en connexion directe avec les courants de la Vie et avec le moins
possible d’intervention du mental ou de la logique. J’apprends à chaque fois
de nouvelles choses, plus précises, plus efficaces ou plus exactes que ce que
j’aurais pu dire ou écrire par moi-même, en réfléchissant ou avec la
meilleure volonté.
Ne dit-on d’ailleurs pas : « si j’avais voulu le faire exprès, je n’aurais pas
mieux fait » ?
267
Miracles quotidiens
Laisser faire son Inconscient est donc la première chose que nous apprenons
en formation, dès le premier jour. L’intuition est le premier et plus
important outil d’intervention.
C’est par le même mécanisme que je réponds aux questions souvent très
pertinentes de mes patients et de mes élèves.
Ainsi, un jour, un jeune éducateur me demanda comment pratiquer
l’Hypnose auprès de personnes malentendantes (bonne question
!) et en particulier, comment faire du
saupoudrage en langage des signes (très bonne question !!).
Le saupoudrage est une technique qui permet de cacher, par diverses
astuces de langage, des suggestions hypnotiques à l’intérieur de textes
variés, hypnotiques ou non. Disons que dans ses applications les plus
subtiles, c’est une forme de langage subliminal, comme il existe les images
subliminales, cachées dans la multitude des images qui forment un film.
Autant dire qu’il paraissait difficile d’appliquer en langage des signes une
technique de communication aussi subtile…
C’est donc avec étonnement que, malgré ma perplexité à l’écoute de la
question, je répondis aussitôt au jeune homme :
« C’est facile, les personnes que vous guidez lisent-elles sur les lèvres ? Oui
? Bon, alors pour l’induction hypnotique demandez-leur de fixer votre
bouche, tout en continuant de regarder vos mains en vision périphérique –
trouvez un prétexte. Ainsi, vous obtiendrez la focalisation, qui est la
première étape d’une induction hypnotique. Peu après, vous commencerez à
embrouiller votre communication en langage des signes, en écartant les
bras, en oubliant certains gestes, etc. ce qui vous apportera la confusion
nécessaire à toute bonne induction hypnotique éricksonienne… La personne
devra décupler sa concentration pour vous suivre, et vous l’aurez ainsi
absorbée dans l’expérience, ce qui est la seconde étape d’une induction
hypnotique… Pour la dernière étape, vous pourrez utiliser le saupoudrage,
justement, à la manière du pendule des anciens, en recentrant vos gestes, de
plus en 268
Miracles quotidiens
plus calmes, et en faisant attention à garder vos mains à égale distance entre
vous et la personne sauf pour « marquer »
certains mots dans l’Inconscient de la personne – là vous avancerez vos
mains un peu plus vers son visage. Pas assez pour que cela puisse être
repéré, mais suffisamment pour que l’Inconscient le remarque. Ensuite, il
vous suffira d’approcher de cette façon les mots du visage de la personne,
qui formeront ainsi les suggestions hypnotiques de votre choix.
Voilà ! L’Inconscient de la personne prendra le pas sur le fonctionnement
conscient, et celle-ci entrera en transe hypnotique. »
Le jeune éducateur était ravi de la technique et moi j’étais très content de
l’avoir apprise ! Il me raconta quelques semaines plus tard le succès de ses
expériences d’Hypnose avec les personnes malentendantes qu’il aidait.
J’eus aussi l’occasion d’expliquer cette façon de faire à l’un de mes ex-
élèves, thérapeute et formateur, qui l’expérimenta aussi avec succès auprès
d’une patiente malentendante.
Si je n’avais pas osé laisser répondre mon Inconscient et que j’avais
expliqué à mon élève ce que je savais faire, logiquement, d’expérience,
nous n’aurions rien appris, ni lui ni moi.
Lorsque Nicole me parla de son fils Stéphane, malentendant, je lui
expliquai aussi ma technique. Elle voulait savoir si l’Hypnose pouvait aider
son fils à mieux entendre…
« Mieux entendre ? fis-je avec circonspection. Vous savez, l’Hypnose n’est
pas une panacée universelle, capable de miracle sans qu’on ait quoi que ce
soit à faire, ou dans des cas impossibles, génétiques ou de naissance… Il
faut être logique.
Si j’ai un désordre intestinal, je prends des médicaments ; si je me suis
cassé le bras, je vais me faire mettre un plâtre à l’hôpital ; si je suis chauve
ou si j’ai les pieds plats, eh bien je crains que ce soit pour la vie… Ce n’est
pas l’Hypnose qui va me faire repousser les cheveux ou modifier mon
squelette !...
J’ai eu, un jour, un patient chauve qui voulait faire repousser 269
Miracles quotidiens
ses cheveux ; il s’avéra qu’il souffrait d’une pelade, un choc émotionnel
suite à son divorce. Là, ça va, c’est de notre domaine, celui de la
psychologie et des choses de l’esprit…
Que disent les médecins qui s’occupent de votre fils ?
- Ils disent que son audiogramme présente un creux anormal dans les
fréquences moyennes, et qu’il ne devrait pas. J’ai l’impression qu’il y a des
choses qu’il ne veut pas entendre…
- Oui, c’est possible. Et en même temps, il faut se méfier des interprétations
rapides, basées sur des clichés. Se plaint-il de quoi que ce soit ? Je veux
dire, avez-vous remarqué que son comportement ait changé ou s’est-il passé
quelque chose de remarquable dans la famille, ces deux dernières années ?
- Pas que je sache…
- Mais votre médecin pense que son audiogramme n’est pas conforme à ce
qu’il devrait être, sans raison physique ?
- Oui…
- Bon… Alors, en théorie, l’Hypnose ne permet pas de changer quelque
chose qui est naturellement cassé. Stéphane est malentendant depuis
toujours, n’est-ce pas ?
- Oui, depuis sa naissance.
- Donc, son audition est normale, pour lui. J’entends par là qu’une personne
qui voit correctement de ses deux yeux et qui perd la vue souffre d’un
problème ; celle qui est née aveugle possède un handicap, c’est sûr, mais
pour elle son état est habituel. Elle l’a toujours connu. Elle est née comme
ça.
- Je comprends.
- Donc, vous ne pourrez pas modifier ce qui est normal pour Stéphane.
L’Hypnose aide la nature à reprendre son cours normal. Une femme qui
s’est bloquée psychologiquement au moment de la croissance de sa poitrine
peut avoir de petits seins. En libérant les émotions bloquées, la thérapie
libèrera son développement physique et son tour de poitrine aug-mentera.
Ça, ce n’est pas un miracle, c’est normal. C’est la nature qui reprend son
cours. Stéphane entendra peut-être 270
Miracles quotidiens
mieux, de la même manière, si son déficit auditif est anormal et que l’on
parvient à rectifier ce qui coince. Vous comprenez ?
- Oui, tout à fait. Je n’attendais rien de particulier, commença à se justifier
la maman…
- Les miracles sont possibles, dis-je en l’interrompant, je suis bien placé
pour le savoir, mais il faut rester lucide. C’est la raison de cette petite mise
au point. Tenez, un de mes élèves en Suisse était pilote d’avion, pour
l’armée je crois. Un jour, il s’écrasa avec son avion. Il faisait des acrobaties,
je pense, en tous cas des choses risquées et il était possible que cela tourne
mal. Il se sortit de justesse de l’accident, mais ses tympans furent
gravement touchés, physiquement et de manière irréversible. N’ayant plus
le niveau auditif nécessaire, il fut interdit de vol, ce qui lui était
insupportable. Qu’à cela ne tienne, il développa d’autres centres d’intérêt,
dont l’Hypnose. C’est après sa formation qu’un ami hypnothérapeute suisse
et lui tentèrent tout de même de réparer ses tympans endommagés… et le
miracle se produisit, car il retrouva suffisamment d’audition pour obtenir à
nouveau l’autorisation de voler ! Ça, c’est un miracle, car les dommages
étaient physiques et les mécanismes de l’oreille ne sont pas sensés pouvoir
se reconstruire. Mais cela s’est produit… Donc, si le minimum logique le
permet, la seule règle à retenir est Qui ne tente rien n’a rien ! Et agir avec
entièreté et détermination, comme si vous ne pouviez que réussir – tout en
gardant le fusible protecteur, tout au fond de vous, de savoir que vous êtes
en train de tenter un miracle et qu’il est possible que rien ne se produise…
Si vous ne faites rien, il n’arrivera rien, c’est sûr ; si vous agissez, il arrivera
peut-être quelque chose. »
Nicole réfléchit une bonne minute avant de répondre :
« Ma logique me dit que Stéphane n’entendra jamais comme tout le monde.
Je ne m’attends à rien de ce côté-là. Mais ce creux auditif, ça je suis sûr
qu’on peut y faire quelque chose !
- Alors, cela fonctionnera ! » affirmai-je avec conviction.
271
Miracles quotidiens
Nicole repartit chez elle après sa semaine de formation. Je ne la revis que
plusieurs mois plus tard. Elle se présenta avec deux audiogrammes : le
premier, daté d’une année, montrait le creux d’audition dans le médium de
son fils Stéphane ; le second présentait une courbe basse, typique d’une
personne malentendante, mais la courbe était régulière. Le creux dans le
médium avait disparu !
« Félicitations ! lançai-je avec enthousiasme. On dirait que cela a
fonctionné comme vous l’aviez prédit. Comment avez-vous fait ?
- A vrai dire, je n’ai rien fait de spécial. Stéphane était d’accord pour
essayer l’Hypnose, et comme je sortais de formation, j’avais une excuse
toute trouvée : il fallait que je m’entraîne ! Mais nous n’avons fait que trois
séances, assez espacées d’ailleurs. La première fois, c’était facile, je lui
racontais ce qui me venait, sans technique particulière… Par contre, les
séances suivantes, je ne savais plus trop quoi lui dire.
- Quand ça ne sort plus, expliquai-je, c’est souvent qu’il n’y a plus rien
d’important à faire pour la personne.
- C’est probablement vrai, parce qu’à l’audiogramme de cette année, le
creux dans les fréquences moyennes avait disparu. Stéphane a tout de même
gagné 20dB d’audition ! Le spécialiste a dit que c’était une amélioration
très inhabituelle !
Alors, je ne sais pas si cela vient de l’Hypnose…
- Et du fait que maman et son fils se soient aussi rapprochés.
- Oui, ça peut avoir joué, effectivement.
- L’important, c’est que Stéphane entende mieux.
- C’est vrai, cela a changé sa vie. Il est plus confiant, plus ouvert. Il ramène
des copains à la maison… »
Nicole souriait jusqu’aux oreilles.
Voilà ! Trois petites séances d’Hypnose pour plus de bonheur au quotidien.
Il aurait été dommage de s’en priver !
~oOo~
272
Miracles quotidiens
Adieu acouphènes
Restons dans le domaine de l’audition pour montrer que, lorsque la vie
reprend son cours, beaucoup des phénomènes parasites qui forment les
maladies disparaissent.
C’est un peu comme un train qui roulerait à côté de ses rails : il avance
moins vite, dépense trois fois plus d’énergie pour faire le même chemin, et
mal en plus ; tout le monde est secoué à l’intérieur et le convoi risque de se
renverser à tout moment. Alors que, lorsque le train est sur ses rails, tout va
si facilement ! Plus besoin de réfléchir, on est comme guidé, les directions
changent pour le mieux sans qu’on y pense. Plus besoin de forcer, la route
est facile. On dépense moins d’énergie pour aller plus vite et plus loin. Les
évènements et bonnes rencontres arrivent « comme par hasard ». Bref, c’est
le paradis !... C’est la raison pour laquelle il est si important de trouver sa
voie, ses rails à soi – et d’être très vigilant à ne plus les perdre, car il est
beaucoup plus difficile de retrouver son chemin que de rester tranquillement
dessus ; en montagne par exemple, quand on est parti marcher dans l’herbe
autour, on ne voit plus où est le chemin. Il est facile de se perdre !
Les ennuis de la vie sont là pour baliser le Chemin et nous en indiquer la
présence. On trébuche lorsqu’on touche les bas-côtés de la voie. Avec un
peu de pratique, il est facile de rester au milieu de la route qu’on s’est tracé,
en tâtonnant doucement pour savoir où l’on se trouve et sentir les virages.
Malheureusement, le monde avance en aveugle et quitte sa route sans même
s’en rendre compte. Et il n’y a plus qu’à réparer les dégâts quand on se
retrouve abîmé au fond d’un ravin, parfois si profond que la lumière elle-
même semble avoir disparu. Les maladies et autres échecs sentimentaux ou
professionnels sont nos ravins… On n’y tombe pas tout seul, d’un coup,
sans avertissement. Ils sont visibles de loin ! Les 273
Miracles quotidiens
indices sont nombreux avant l’accident. Pourquoi attendre de changer sa
route quand on pressent qu’elle finit mal ? A cause de l’habitude ? De la
routine ?... Danger !
Un jour, je reçus en consultation une femme mariée à un malentendant. Elle
se plaignait qu’elle et son mari « ne s’entendaient plus »… et elle venait
pour des acouphènes !
Si ça, ce ne sont pas des indices !!
Plutôt qu’essayer de panser une jambe de bois, je lui expliquai mon point de
vue sur sa situation – de façon neutre et factuelle : un alignement de faits,
que cette femme venait à l’instant de m’énoncer sans prendre conscience de
ce qu’elle disait, et qui révélaient son mal-être... et donc la cause de ses
acouphènes. La femme prit conscience, littéralement, et sortit de chez moi
avec un rapide merci.
Quand je la revis, quinze jours après, elle me raconta être partie de chez
moi directement pour le bord de la mer, où elle s’offrit une bonne semaine
de repos ! Son mari, profitant de son handicap, se faisait tranquillement
entretenir et était devenu une sorte de tyran domestique. Sans nouvelle de sa
femme (il ne savait pas non plus qu’elle était venue me voir), et seul à la
maison, il avait cruellement pris conscience de l’importance de sa
compagne dans sa vie, aux niveaux pratique et affectif, et avait dû
apprendre à se débrouiller seul.
Au retour de ma patiente, le mari était transformé, beaucoup plus amoureux
et attentif à sa femme, conscient du partage des tâches nécessaire dans un
couple… et les acouphènes de madame s’étaient «
curieusement » volatilisés durant la
semaine de vacances, pour ne plus jamais réapparaître.
Les livres de thérapie fourmillent d’exemples de guérisons dues au fait que
les gens ont commencé à prendre leurs malheurs comme des indicateurs de
la voie à suivre.
Une fois sur vos rails, le chemin sous vos pieds, les ennuis disparaissent
comme par enchantement. En fait, ils ne servaient qu’à vous ramener chez
vous…
274
Miracles quotidiens
Les personnes qui se forment en Hypnose savent bien qu’ils ne sont pas en
stage de développement personnel, et encore moins en thérapie ; mais il
paraît impossible d’acquérir correctement une pratique comme l’Hypnose
sans changer soi-même. Cela se fait tout seul, presque sans y penser, au fil
des leçons, des discussions et des exercices, et c’est probablement ce qui est
arrivé à Ingrid durant sa première semaine de cours.
Nous venions d’achever le niveau Technicien en Hypnose et Ingrid, toute
jeune femme peu accoutumée à rester aussi longtemps éloignée des siens,
téléphona à sa maman pour lui donner des nouvelles et raconter ses
aventures hypnotiques.
Il n’est pas évident, avec l’aura sulfureuse que possède encore l’Hypnose,
d’annoncer à son entourage que l’on part apprendre à mettre les gens en
transe, loin de chez soi, pendant plus d’un mois consécutif. Les médias
commencent à diffuser une meilleure information à propos de l’Hypnose et
on s’éloigne doucement – du moins, il faut l’espérer – de ces temps où tout
ce qui permettait aux populations de mieux vivre et de penser par elles-
mêmes était interdit, comme en ex-Union Soviétique, en Chine, et encore
aujourd’hui dans nombre de pays dictatoriaux où l’usage de l’Hypnose est
strictement réservé aux seuls médecins (tout comme la méditation, le yoga,
les arts martiaux et tout ce qui ouvre à un tant soit peu de développement
personnel ou spirituel).
La maman d’Ingrid, rassurée par le récit de cette première semaine, lui
demanda des nouvelles de ses acouphènes :
« Tu pourrais d’ailleurs peut-être en parler à ton formateur.
Il connaît certainement un moyen de soigner ça, fit-elle.
- Oh, attends… murmura Ingrid, étonnée et pensive… Je ne les entends
plus.
- Quoi donc ? demanda la mère.
- Mes acouphènes… Je ne les entends plus ! Ça faisait des années que cela
ne m’était pas arrivé ! Ils sont partis !! »
Etonnant, ce qui arrive, quand on retrouve son chemin !
275
Miracles quotidiens
Ingrid n’avait rien fait de spécial, cette semaine-là, hormis apprendre à être
plus attentive aux autres, aux signes de la vie, à son intuition. Elle
découvrait un véritable art de vivre.
Ingrid marchait enfin sur son Chemin et les cailloux qui le bordent
cessèrent de l’ennuyer.
Adieu lunettes
Petite mise au point par rapport au récit précédent, puisque nous abordons
le domaine visuel : la métaphore du chemin ne doit pas vous faire croire
que ce qui vous arrive actuellement, si vous vous sentez perdu, ne fait pas
partie de votre évolution.
La vie est très souvent paradoxale, ainsi que les vérités qui la décrivent.
L’une d’elle énonce que la route que vous parcourez pour trouver votre
Chemin fait partie du Chemin lui-même – ou, si vous préférez : rien
n’arrive par hasard et tout converge vers votre accomplissement.
Nul besoin de se désespérer, donc. Gardez simplement soigneusement en
vous que les épreuves que vous traversez peut-être en ce moment, aussi
pénibles soient-elles, sont les marches – certes, parfois un peu hautes – qui
vous permettent d’accéder à votre plus grand et meilleur Vous-même.
C’est le principe même de la résilience et, pour en profiter, il s’agit «
simplement » (et c’est le défi) de survivre aux épreuves, de se transcender
soi-même. Alors, comme le disait Alexandre le Grand, paraphrasé par
Nietzsche : tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, plus sage et plus
heureux.
Henri, quant à lui, était très loin de ces considérations. Il suivait son mois de
formation, comme l’avait fait Ingrid, prenant plaisir aux exercices pour ce
qu’ils étaient, sans bien encore savoir comment il les appliquerait
professionnellement ou personnellement. Il était scénariste, auteur des
histoires de ces films qui occupent vos soirées télévisées, et espérait trouver
avec l’Hypnose d’autres voies d’inspiration.
276
Miracles quotidiens
En attendant, de manière très pratique, il concentrait ses efforts sur ses
yeux. Il fallait bien trouver un sujet aux exercices d’apprentissage de la
formation !
Henri s’était fait opérer au laser, afin de quitter les lunettes qui trônaient sur
son nez depuis bien trop d’années. Miracle de la médecine moderne,
l’opération des rétines avait fort bien fonctionné et, après une courte
période de rémission, il avait 8/10 aux deux yeux. Il pouvait vivre presque
toujours sans lunettes. Petite déception, tout de même, bien qu’il en fût
prévenu, de ce que ses yeux ne soient pas à 10/10 après l’opération. Mais
c’était déjà formidable, rationnalisait-il…
Et puis, une fois en formation, la devise Qui ne tente rien n’a rien le
persuada d’essayer tout de même de travailler sur sa vision. Il en fit donc
son cheval de bataille et le moindre exercice, bien que souvent hors de
propos, était prétexte à améliorer sa vue et gagner les deux dixièmes
manquants.
Tout comme Ingrid, Henri ne découvrit pas d’exercice miracle ou une
technique parfaite pour travailler sur ses yeux.
Non, il demanda simplement encore et encore à son Inconscient de corriger
ses yeux. C’était son idée derrière la tête permanente, son leitmotiv.
Pourquoi répéter sans cesse ? me direz-vous. Parce que l’Inconscient, si
complexe et puissant qu’il soit, a le niveau mental d’un enfant de 6 ans. En
d’autres termes, il apprend très vite, mais il faut parfois lui répéter souvent
les choses. Et de manière simple et imagée. L’esprit comprend et change
très vite ; l’Inconscient est un peu plus lent, et le corps encore un peu plus
lent. Quand on travaille sur ces deux derniers niveaux, il faut donc répéter
inlassablement. Mais cela paie !
Car au bout de son mois de formation, passé sans lunettes, Henri avait
regagné sa vision d’adolescent : 10/10 !
Depuis, lorsque Henri se stresse ou fatigue, sa vue baisse : des deux
dixièmes gagnés. Lui aussi a donc son signe d’avertissement, la balise qui
lui indique de rester sur son chemin.
277
Miracles quotidiens
Il suffit que sa vue faiblisse pour que Henri perçoive l’alerte et prenne
conscience de ce qui ne va pas dans sa vie. Il n’a plus ensuite qu’à rectifier
son erreur de direction : faire un meilleur choix, oser s’affirmer, abandonner
une décision prise à la hâte, etc. pour que sa vision retrouve ses 10/10.
La vie est pleine de signes qui vous guident sur votre Chemin.
Et le premier et meilleur signe est… vous-même.
Souvenez-vous : « Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les
dieux » !
Guillaume est un génie
Un de mes élèves me demanda un jour si je pouvais aider son fils,
Guillaume, à préparer ses examens de fin d’année. Il avait tout juste dix-
huit ans. Ce genre de demande est courante vers le mois de mai, pour les
adolescents qui se préparent au baccalauréat, lorsque la pression scolaire
devient trop intense. J’acceptai donc.
Guillaume se présenta comme un jeune homme de bonne famille, habillé et
coiffé de manière classique, ouvert à la pratique de l’Hypnose à cause de
son père qui avait abreuvé toute la famille des récits de ses apprentissages
hypnotiques, mais pourtant presque trop policé.
« Avez-vous déjà expérimenté l’hypnose avec votre père ?
demandais-je à Guillaume.
- Non. Mais j’aurais pu, avec tout ce que mon paternel nous a raconté, j’en
connais déjà beaucoup sur le sujet.
- Plus qu’à mettre tout ça en pratique, alors… D’abord, il faut définir un
objectif : même le meilleur archer ne peut mettre dans le mille… s’il n’y a
pas de cible !
- Ben, a priori, c’est surtout pour les nerfs.
- Le stress ?
- Oui, je flippe trop. Je me rends malade…
278
Miracles quotidiens
- Oui, c’est à peine mieux que de ne pas travailler. Disons qu’il ne faut pas
en faire trop, pas se saturer.
- C’est que je vais droit dans le mur. Pour l’instant, je suis cinquième de ma
classe, mais en partant de la fin !
- Effectivement, fis-je avec un clin d’œil. On se fait une petite expérience
d’hypnose, alors ? »
Guillaume voulait se déstresser et j’avais aussi compris que ses résultats
scolaires n’étaient pas au mieux. Cela allait me permettre de jouer un peu !
D’abord, l’induction hypnotique. Je me souviens qu’à mes débuts, je
craignais de travailler avec les adolescents –
d’abord parce que je n’étais pas loin d’avoir le même âge, et ensuite parce
que j’imaginais qu’ils seraient plutôt rebelles aux suggestions, qu’ils «
résisteraient », si on peut dire.
En fait, ma première consultation avec un adolescent me démontra qu’au
contraire les jeunes étaient d’excellents sujets d’hypnose, si on savait les
prendre. Le côté joueur, confus et emmêlé de la Nouvelle Hypnose se
mariait à merveille avec le travail avec les adolescents et à mon heureuse
surprise, les séances d’Hypnose fonctionnaient toujours très bien avec eux.
Bien qu’elles fussent parfois rocambolesques – comme cette fois où
l’adolescent me tourna littéralement le dos, grâce au siège pivotant de mon
fauteuil, et où je menais toute la thérapie en observant les réactions… de la
maman ! Désolée de la réaction de son fils, elle ne pouvait le quitter des
yeux et réagissait immédiatement au moindre de ses gestes. L’ado entra
ainsi en transe, avec moi dans son dos, et la séance se passa si bien que ce
fut lui qui insista ensuite pour revenir me voir en consultation !
Guillaume, très participatif, entra rapidement dans une transe assez
profonde. Je provoquais chez lui une lévitation du bras ; ses gestes étaient si
rapides que je sus qu’il réagissait aux suggestions hypnotiques de manière
littérale, c'est-à-dire en prenant mes paroles au pied de la lettre.
279
Miracles quotidiens
Par exemple, quand je lui suggérai que sa main allait s’élever jusqu’à venir
toucher le visage, au lieu d’un simple contact du bout d’un doigt, comme il
se fait habituellement au moment de la rencontre de la main et du visage,
Guillaume se mit à se palper la tête sous toutes les coutures : « toucher le
visage ». Il le faisait sans s’arrêter. C’était une réaction automatique de
l’Inconscient, preuve de la grande suggestibilité du jeune homme.
La transe hypnotique étant bien installée, je commençai mon intervention à
la manière de Milton Erickson, en faisant imaginer à Guillaume le passage
de ses examens, une projection dans l’avenir destinée à distraire l’esprit
conscient par mille détails de la salle. En faisant en sorte, par suggestions
post-hypnotiques, que le mental n’interfère pas le jour J avec l’activité
inconsciente, la mémoire pourrait faire son œuvre et remplir tranquillement
les feuilles d’examen :
« Et vous remarquerez comme vos pas résonnent curieusement sur le sol,
lorsque vous rejoindrez votre salle, malgré le brouhaha sourd des gens
autour de vous…. D’ailleurs, vous tâcherez de vérifier s’il n’y a pas une
plinthe, courant le long des murs – ce qui est d’usage quand on veut habiller
joliment la liaison entre le plancher et les murs… Ce qui explique peut-être
pourquoi les gens marchent tous dans la même direction, ou presque, et
vous avec… Et ce bruit grinçant des chaises qui se tirent et reprennent leur
place, avec un poids supplémentaire… Et les visages concentrés des
personnes présentes, occupées à leur travail… dans un silence presque
palpable, parce qu’en fait plein de petits bruits… Et pendant que votre
esprit logique est curieux de savoir si dans cette pièce aussi il y a une
plinthe… et du visage si sérieux de tous ces gens… le bruit des
respirations… pendant ce temps, votre main parcoure la feuille, transcrivant
sans relâche les réponses à des questions que vous avez à peine remarquées
consciemment…
et que vous vérifierez simplement quand tout sera fini. »
280
Miracles quotidiens
Erickson témoigne de nombre de personnes qu’il a ainsi aidé à surmonter
leur stress, en impliquant leur mental dans une banale activité
d’observation, pendant que leur Inconscient travaille à l’abri des pensées
négatives de peur ou de doute.
Lui-même pratiquait ainsi en consultation et il racontait qu’il lui arrivait
fréquemment de devoir relire ses propres notes pour découvrir ce qu’il avait
fait avec son patient !
Il faut dire que, souffrant beaucoup, Milton Erickson passait sa vie en état
d’hypnose, pour calmer la douleur. Il était normal, ou du moins
compréhensible, qu’il pratique dans ce même état de conscience, plus
inconscient que conscient.
Vous-même n’avez pas besoin de perdre conscience pour laisser faire votre
Inconscient, si vous êtes ami avec lui et d’accord pour le laisser faire. Au
contraire, faites autre chose de complémentaire pendant qu’il travaille !
C’est sur cette idée – et voyant que Guillaume recevait bien ce que je venais
de lui raconter – que j’osai franchir un cran supplémentaire de suggestion
hypnotique.
Selon certaines croyances, à la base notamment de la pratique de l’Hypnose
Humaniste, notre esprit ne se limite pas à de simples échanges
électromagnétiques dans l’organe gélatineux et grisâtre qui nous sert de
cerveau. Nous serions plus que ce qu’il y paraît au niveau physique. Ainsi,
nos pensées nous dépasseraient – autant que les pensées de tout un chacun –
et c’était là que je voulais en venir avec Guillaume, afin de l’aider à ma
façon à remonter son niveau scolaire :
« Et pendant que votre regard parcourt la salle, vous pouvez commencer à
deviner… à ressentir, même… toute cette énergie en effervescence… C’est
que tout le monde dans cette salle pense et travaille à la même chose !...
Toutes ces pensées, comme des dizaines et des milliers de petites bulles qui
s’élèvent dans les airs, au-dessus des têtes… Vous avez déjà vu les photos
de ces élèves en manque d’inspiration, mordillant leur stylo, le regard perdu
dans les airs… On sait 281
Miracles quotidiens
inconsciemment où aller chercher l’information !... Et vous le savez
maintenant très consciemment… Comme des volutes de fumée, bleutée…
toutes ces pensées… Chacun a une partie de la réponse… personne n’a
véritablement l’ensemble… Vous pouvez inspirer légèrement pour vous
imprégner de toutes ces informations, sans même y faire attention…
L’inspiration, celle des poètes et des génies…. L’air de la salle en est plein !
Alors que la main écrit sans relâche, transcrivant de manière continue ce
que votre esprit perçoit et emmagasine. »
Je poursuivis un moment sur le même ton, décrivant les pensées des
participants comme émanant de leur être, emplissant la pièce, et Guillaume
qui s’en remplissait instinctivement, comme si tout cela était l’évidence
même.
Ensuite, j’aidai le jeune homme à faire un peu de nettoyage intérieur,
symboliquement :
« Et puis, c’est un peu comme quand on sait que l’on rêve…
Qui observe ? Pas notre petit mental, puisqu’il dort… Pas notre Inconscient,
puisqu’il est, par définition, inconscient et que, de toutes manières, c’est
souvent de lui que viennent les rêves – on ne peut pas s’auto-observer de
dedans, il faut une position de recul pour cela… Oui, il y a autre chose en
nous…
un plus grand Nous-mêmes… Et vous pouvez vous observer, Guillaume,
comme on observe quelqu’un d’autre… Vous pouvez voir celui que vous
êtes, dans cette salle, se souvenir et écrire, respirer, intégrer et écrire…
encore et encore…
jusqu’à ce que le travail soit fait… Et vous pouvez vous voir comme par
transparence… Et s’il y a en vous des choses noires ou bouchées, des blocs
cassés ou coincés, comme des bulles sales dans un beau bloc de cristal pur :
enlevez-les, nettoyez-les, réparez ce qu’il y a à réparer, faites circuler ce qui
bouchonne. Faites-le avec vos mains, comme si des rayons de lumière
sortaient du bout de vos doigts : entrez dans le cristal et faites ce qu’il faut
pour que la silhouette devienne pure et belle… Allez-y, prenez tout le temps
nécessaire. »
282
Miracles quotidiens
Enfin, je vérifiai que Guillaume était correctement branché aux sources
mêmes de la Vie :
« Ok, c’est fait ?... Alors reprenez votre silhouette… et sentez comme vous
êtes bien mieux maintenant… Plus léger, plus serein… Comme vous
respirez mieux… Voilà… Et j’aimerais maintenant vous demander de sentir
l’énergie de votre ventre se durcir, devenir plus dense et plus forte… ça fait
durcir aussi les abdominaux, voilà… C’est bien… Et vous pouvez la faire
tournoyer, encore et encore, très très vite, comme une petite galaxie
intérieure… Allez-y !... Ok, alors maintenant il y a comme deux rayons
lasers qui vont partir de cette boule d’énergie dans le ventre, jusque dans les
jambes, tout au bout des pieds, même… jusque dans les orteils… et même
encore plus loin… Les deux rayons lasers partent à toute vitesse dans le sol,
et s’enfoncent, très très loin, comme au centre de la Terre, où ils vont se
nouer, s’ancrer, s’enraciner, et permettre à toute l’énergie puissante,
vibrante et tellurique de la planète de remonter en vous… Voilà… à travers
les jambes, et jusque dans le ventre… Très très bien.
Et de la galaxie tournoyante de votre ventre part aussi un vaste et beau
rayon lumineux, vers le haut, à travers la poitrine, la nuque et la tête,
jusqu’au sommet du crâne, vers le ciel… Le rayon part si loin vers l’infini
qu’il s’enfonce et s’ancre lui aussi très puissamment à la Source de tout ce
qui existe… la Vie elle-même… Et ce rayon de lumière s’élargit et s’ouvre,
comme un tube… par lequel redescend vers vous et en vous la pure
Lumière de la Création… Une énergie incroyable… qui descend jusque
dans votre ventre… remplit votre corps, votre esprit… et vient se mêler à
l’énergie de la Terre, au cœur de votre galaxie… tournoyante.
« C’est quelque chose qui grandit tellement en vous que cela vous dépasse
bientôt, venant d’abord affleurer… à fleur de peau… comme si la Lumière
sortait de vous… et rapidement la Lumière vous dépasse et vous entoure,
attirant à vous plus de Lumière encore… vous protégeant, aussi… Voilà. »
283
Miracles quotidiens
Pour une première séance d’hypnose, Guillaume était servi !
Je mis un bon moment à le ramener à la réalité matérielle.
Cette première et unique rencontre se termina ainsi sur quelques
suggestions post-hypnotiques, destinées à ancrer les apprentissages
hypnotiques dans la vie quotidienne du jeune homme, au-delà des seuls
examens. Et il repartit chez lui.
C’est son père qui m’annonça la bonne nouvelle, seulement à la rentrée
suivante :
« Alors que Guillaume était quarante-cinquième sur cinquante de sa
promotion au moment où il était venu vous voir, m’expliqua le papa, il a été
reçu à son concours d’entrée à l’Ecole Supérieure de Physique, cinquième
sur cinquante !
- Un concours d’entrée ? Je n’avais pas compris cela ! J’ai cru que
Guillaume passait le bac !
- Pas du tout. Maintenant, il fait de la recherche, tout ce qu’il aime. Mais il
a beaucoup changé. Ça lui fait un peu peur, d’ailleurs ; il faudra que vous
lui parliez pour le rassurer.
- Pas de souci, assurai-je.
- C’est que depuis son expérience d’hypnose, Guillaume parvient à
résoudre, avec ses professeurs, des problèmes de recherche sans
raisonnement logique. C’est-à-dire qu’il pense de manière symbolique. Il
dit qu’il voit des choses dans l’espace et qu’il lui suffit de les assembler
pour en déduire la réponse ! Et c’est qu’il résout des équations, comme ça !
»
On dirait que ma petite métaphore avait fait son effet !
Je rassurai le papa, ainsi que Guillaume, que je vis un peu plus tard et qui
me confirma sa nouvelle manière de penser.
Les réponses « lui venaient », il ne savait pas d’où…
De plus, il avait changé de coiffure (il était hirsute, à vrai dire !) ainsi que
ses habitudes vestimentaires, très à la mode.
Guillaume découvrait Qui Il Est, à tâtons, plus en phase avec lui-même et la
vie, et poursuivait ses études avec succès.
284
Miracles quotidiens
Lucy devient soleil
Concluons ce grand chapitre sur la Nouvelle Hypnose par un petit mot sur
les couples et l’évolution personnelle.
Le regard doux sous une boule de cheveux mi-longs, il ressortait de Lucy
comme une impression de force retenue, ou de timidité. Même sans bien la
connaître, il était aisé de deviner que la jeune femme souffrait des restes
d’une éducation sans doute un peu trop répressive, qui ne lui avait pas
permis de s’épanouir. Elle semblait se mettre toujours au second plan,
choisissant même pour amies des personnes de plus bas niveau social ou
culturel, comme pour se confirmer une appartenance inférieure à la sienne.
Lucy travaillait dans le domaine de la formation professionnelle ; elle
recherchait donc en l’Hypnose des outils de communication pour son
travail, rien de plus. Pourtant, il était difficile de ne pas lui demander
pourquoi elle se rabaissait ainsi, afin de travailler sur cette limitation et l’en
libérer.
Mais nous étions en formation, et la formation n’est pas de la thérapie. Je
laissai donc les choses se faire, offrant seulement les suggestions générales
de changement et de mieux-être dont j’ai l’habitude dans mon cours,
spectateur des changements psychologiques et comportementaux de la
jeune femme.
Comme Ingrid, dont nous avons parlé un peu plus tôt, Lucy avait choisi de
ne d’abord s’inscrire qu’aux sept premières journées de la formation, « pour
voir ». Elle repartit chez elle après cette semaine d’Hypnose si positivement
transformée que son mari ne la reconnut pas ! Elle était rayonnante, plus
douce, plus attentive, plus patiente avec lui et leurs enfants…
Lucy s’était découverte. Durant la semaine, elle avait fait un rêve où elle
s’était vue soleil, resplendissante. Le contraste avec sa vie actuelle l’avait
d’abord atterrée, effondrée, et puis elle avait pris la décision de devenir ce
soleil : elle-même !
285
Miracles quotidiens
Génial ! pourrait-on penser de prime abord…
Ce serait sans prendre en considération qu’un couple, comme une famille,
est un Tout, et que si un de ses éléments évolue, c’est tout un écosystème
qui se disloque ! Le mari mit dix mois à se remettre de la métamorphose de
sa femme !!
Au début, elle était à tel point joyeuse au quotidien qu’il était persuadé
qu’elle avait un amant !... Et la situation empira quand Lucy repartit à Paris
pour suivre le reste de sa formation !
Or, la jeune femme n’avait d’autre relation qu’avec elle-même – ce qui
avait déjà de quoi bouleverser n’importe qui.
Lucy acheva tout de même sa formation en Hypnose, mais dut tempérer ses
ardeurs au changement afin de laisser le temps à son mari d’évoluer avec
elle.
Je conseille toujours aux personnes qui vivent en couple de travailler à deux
leur développement personnel. Pas forcément faire tous les deux la même
chose, mais veiller chacun à progresser en harmonie avec son ou sa
conjointe.
Souvenez-vous de la blague de l’homme qui cherchait la femme parfaite,
laquelle cherchait – malheureusement pour lui ! –
l’homme parfait : quand l’un change, l’autre doit faire de même sans quoi
on court le risque que celui ou celle qui a travaillé à s’améliorer ne supporte
plus l’autre, reconnaissant en celui-ci les vieux schémas négatifs dont la
personne vient juste de sortir. L’autre devenant le témoin et le rappel
quotidien du passé, sa présence et sa manière de vivre deviennent
rapidement insupportable et la séparation semble devenir la seule solution
évidente pour sortir de l’enfer…
Il vaut mieux vivre à deux qui sentent mauvais sans s’en rendre compte,
plutôt que l’un retrouve la propreté et son odorat et s’en mette à détester son
compagnon ! Remarquez que cela vaut dans les deux sens. Vous connaissez
peut-être l’allégorie de cet égoutier qui ne vivait que pour son métier, dans
une puanteur insoutenable ? Un jour l’égoutier se prend de vouloir sortir de
son trou et visiter les quartiers chics…
286
Miracles quotidiens
Au hasard de sa promenade, il entre dans une parfumerie, emplie des
flagrances les plus délicates et enchanteresses.
Mais voilà que l’égoutier s’effondre d’un coup, évanoui ! On appelle alors
de toute urgence ses amis égoutiers qui le raniment à l’aide d’un seau de «
bonne eau » des égouts.
Morale de l’histoire : on est bien dans sa propre odeur et on s’entoure des
gens qui sentent comme nous !
C’est ainsi que le mari de Lucy ne reconnaissait plus sa compagne, la
trouvant détestable bien que, de l’avis de tous, elle s’était merveilleusement
améliorée.
On ne se met pas ensemble par hasard. Nos Inconscients s’attirent,
reconnaissant chez l’autre ce qui nous équilibre. Il y a complémentarité de
caractère. Nous comblons le mal de l’autre, et l’autre comble notre mal.
Avant d’avoir guéri leurs blessures d’enfance et être parvenus à une honnête
connaissance de soi, à une existence consciente, c’est ainsi que les hommes
et les femmes se mettent en couple.
Comme deux plaques continentales qui perdent leur équilibre, le
changement de l’un va donc créer des frictions tectoniques et engendrer les
pires tremblements de terre et autres éruptions volcaniques, jusqu’à ce que
quelque chose change… Rupture ou mise en place d’un nouvel équilibre.
Il faut connaître ce mécanisme pour ne pas s’étonner des disputes qui
arrivent quand l’un ou l’autre évolue, et avoir la patience compréhensive de
laisser passer un peu de temps pour que les deux partenaires se nivellent,
retrouvent une autre harmonie – ceci sans rompre précocement, au risque de
tout perdre par impatience.
Bien entendu, pour celui ou celle qui a changé, il ne s’agit pas de régresser.
C’est à l’autre d’avancer ; ce qu’il ou elle niera dans les premiers temps.
C’est normal. Question d’ego.
Et celui qui a évolué ne peut aider son ou sa partenaire dans ce chemin, car
cela maintiendrait sa position de « celui qui sait » et empêcherait la mise à
niveau, à égalité. Il faut donc 287
Miracles quotidiens
laisser l’autre faire son chemin, lui faire confiance, l’aider discrè-tement…
Encore faut-il qu’il ou elle en ait la volonté !
Voilà pourquoi il est important, dans un couple, que les deux travaillent sur
eux (ou pas du tout !), que ce soit un esprit commun, une manière de vivre.
Et cela ne vaut pas qu’en développement personnel. Par exemple, si l’un
fait attention aux mauvais ancrages de la vie quotidienne, à garder toujours
un regard neuf, comme au premier jour… et pas l’autre : au bout du
compte, l’un sera toujours amoureux quand l’autre se sera blasé, englué
dans la routine, l’amour tué par excès de grisaille… et, au moment du
divorce, ce sera encore pire que de n’avoir rien fait, car la séparation ne
viendra que d’un seul, laissant en plan celui ou celle qui avait fait avec
ténacité le travail quotidien nécessaire pour – justement – rester toujours
amoureux !
Mais on ne peut forcer l’autre, ni le faire évoluer avec nous ; il faut donc «
bien se trouver ». Alors, vous pourrez travailler sur vous, devenir jour après
jour un peu plus Ce Que Vous Etes vraiment ; l’autre, reflet de vous-même,
partenaire sur le chemin, non pas en fusion mais associé de route, fera de
même.
Et ce sera le paradis !
Cela n’empêchera pas les ennuis d’arriver, mais vous serez deux pour les
affronter, vous en comprendrez les sources et les motivations (des clés pour
vous faire avancer), ce qui vous permettra de les transcender plutôt que les
subir passivement.
Et puis, il y aura aussi moins d’ennui et plus de bonheur !
Marche après marche, vous avancerez à deux sur vos chemins respectifs,
partenaires d’évolution, tous deux conscients et pratiquants des choses de la
vie.
288
Miracles quotidiens
A VOUS, MAINTENANT !
Où en êtes-vous de votre cheminement personnel ? Avez-vous mis en
pratique les différents exercices, techniques ou psychologiques de ce livre ?
Les astuces disséminées dans les récits ? Commencez-vous à ressentir qu’il
vous est possible de voir, d’entendre et de ressentir bien plus de choses,
grâce à plus d’intuition et à un vrai contact avec votre Inconscient ?
Nous allons franchir une étape. Vous allez maintenant vous entraîner à
devenir « Un-Conscient » : non plus seulement faire confiance à votre
Inconscient, comme le suggérait Milton Erickson, mais avoir une relation
directe avec lui.
Qu’il devienne plus que votre meilleur ami : une véritable part de vous,
réunifiée. Cette reconnexion, lorsque vous l’atteindrez, sera votre accès à
une conscience plus vaste, de vous et de tout ce qui vous entoure, telle que
nous la développerons dans le chapitre suivant sur l’Hypnose Humaniste.
Les exercices précédents de ce livre étaient relativement abordables. Ici, ils
deviennent plus difficiles, non techniquement, mais parce qu’ils touchent à
votre vie entière.
1. Prenez la direction de votre existence : découvrez comment votre
Inconscient dirige votre vie !
Vous souvenez-vous du dernier point à travailler dont je vous parlais page
174 dans le chapitre « A vous maintenant »
sur l’Inconscient ? J’y écrivais que l’Inconscient vous rend la vie
confortable et qu’il vous protège, refoulant les soi-disant mauvaises choses
et dirigeant votre attention loin de ce qui 289
Miracles quotidiens
pourrait vous déranger… Maintenant que vous avez grandi, reconsidérons
cette fonction sous un jour différent.
Je vous disais que vous pouviez devenir le « patron » de votre Inconscient,
son directeur, celui qui donne la direction.
Dans le chapitre précédent, nous avions limité cette notion à donner des
instructions à l’Inconscient – et je vous avais expliqué comment le faire
assez facilement.
Toutefois, il y a une différence entre choisir la direction vers laquelle notre
surf avance sur la vague et pouvoir carrément diriger la vague elle-même !
J’aimerais vous faire comprendre qu’en faisant des choix parmi ceux qui
s’offrent à vous dans un système donné, vous ne modifiez pas le système,
vous jouez avec. J’aime cette citation qui dit qu’on n’a pas inventé
l’électricité en peaufinant la bougie ! Quand un système ne donne pas le
résultat souhaité, il ne sert à rien de tenter de l’améliorer, il faut le changer.
On peut réparer une voiture pendant des années, mais il arrive un moment
où il faut tout de même en acheter une autre. En informatique, cela va
encore plus vite… Bon nombre des gouvernants de notre planète n’ont pas
encore compris cela, qui nous promettent des merveilles sans comprendre
que ces nouveautés ne peuvent émerger d’un système ancien, obsolète.
Quand tous les bouts sont en miettes, il faut tout mettre à plat et changer.
Souvenez-vous de la femme mariée à un malentendant : elle et son mari ne
s’entendaient plus, et elle venait consulter pour des acouphènes ! Son
système de vie était inadapté. Tenter de la soigner dans ces conditions
revenait à vouloir cuisiner un plat sans les bons ingrédients. Cela ne
fonctionnerait jamais. Il est impossible de faire du neuf avec de l’ancien.
Pour créer le nouveau, il faut changer le système, modifier les ingrédients.
Or – et c’est la mauvaise nouvelle du jour –
c’est votre Inconscient qui gère les ingrédients de votre vie.
Pas vous. Et d’où viennent ces ingrédients, qui déterminent vos pensées et
vos émotions, vos actions et réactions à toutes 290
Miracles quotidiens
choses de votre existence ? D’évènements de votre enfance si éloignés que
vous les avez oubliés, si vous les avez jamais connus consciemment !...
Voici votre libre-arbitre.
Non seulement votre Inconscient choisit vos pensées et actes, mais aussi les
personnes avec lesquelles vous vivez, le métier que vous exercez, la qualité
de vos relations personnelles et professionnelles, le schéma de votre vie tout
entière, ce que vous avez peut-être pris jusque-là pour une suite de
coïncidences… Tout ne sert qu’au dessein inconscient de vos loyautés
familiales – et vous passez votre vie à reproduire ou fuir (deux facettes
d’une même médaille) l’exemple de papa ou de maman, à réagir des années
après à ce qu’ils vous ont fait ou non, dit ou non, et comment vous y avez
réagi à l’époque.
Sachant qu’eux-mêmes ont vécu leur vie, et vous ont donc éduqué selon les
schémas qu’ils avaient hérités de leurs propres parents, voyez dans quel
bourbier tout le monde est !
N’allez pas croire que parce que votre enfance a été heureuse vous allez
échapper à ce corset invisible, qui enserre et restreint nos vies. Il suffit d’un
rien, généralement d’une banale interprétation d’enfant, pour faire basculer
et conduire l’existence dans une direction et un schéma que vous, adulte et
libre pensant, n’aurez absolument pas choisi : petit garçon, vous croisez le
regard de votre papa qui admire une jolie femme, et voilà l’enfant qui en
déduit très inconsciemment que son père trompe sa mère. Résultat, il se
mariera avec une jolie femme et la trompera, « pour faire comme papa »,
ceci parfaitement inconsciemment. Cela implique une manière d’être et de
penser, un type de relations masculines et un autre type de relations
féminines, le "choix" d’une partenaire qui correspondra à ce schéma, c’est-
à-dire qui aura le besoin complémentaire, celui de la « femme trompée » –
car la vie ne lèse personne et s’arrange pour que Qui se ressemble
s’assemble.
Bref, la vie entière de cet homme, peut-être d’un naturel fidèle, sera
modelée par un schéma qui ne lui appartient pas.
291
Miracles quotidiens
Je vous laisse imaginer la suite de ce genre de vie : divorce, relations
multiples, années de solitude ou de malheur… Tout ça parce que notre «
cher Inconscient » aura compris quelque chose de travers, étant enfant !
Formidable !!
Bien sûr, si l’évènement s’est réellement produit, qui plus est s’il a été
caché (non-dits familiaux) vous obtenez le même résultat. L’enfant perçoit
et réagit ensuite, une fois adulte.
Il y a encore mieux ! Prenons l’exemple d’une personne qui vous dit ne pas
avoir été désirée, ou que sa mère ne l’aimait pas (ou son père), etc. Eh bien,
il est possible que l’enfant ait cru qu’on ne l’aimait pas alors que ses
parents l’aimaient vraiment, qu’ils s’étaient comportés de façon normale et
avaient fait tout ce que de bons parents font, selon eux !...
Mais l’enfant, lui, n’a pas ressenti l’amour de ses parents.
C’est le comble ! C’est vraiment Faites vous-mêmes votre malheur ! Il n’y a
absolument rien d’autre à la base, qu’une interprétation… Car nous sommes
davantage qu’un bloc inconscient programmé par la vie et notre éducation,
nous sommes aussi une conscience individuelle qui a ses propres
caractéristiques, quelles que soient l’éducation, la famille et la vie vécue.
On peut donc juger une chose différemment de nos parents ; par exemple :
quels comportements ont les parents aimants. Et si les nôtres n’agissent pas
selon notre idée de la chose, on en vient à se croire mal-aimé alors qu’il
n’en est rien. Et énormément de gens entrent dans ce cas de figure,
s’imaginant des choses sur leur passé, des choses qui n’ont existé que dans
leur tête.
Evidemment, s’agissant d’interprétations et de croyances sur la réalité, vous
n’arriverez jamais à convaincre quelqu’un qu’il se rend malade tout seul,
sur la base de faits imaginaires mal-interprétés… En thérapie, on traitera
donc les soi-disant malheurs vécus comme réels. Le client a toujours raison
!
292
Miracles quotidiens
Alors, bien sûr, vous pouvez diriger votre Inconscient, c'est-à-dire lui
indiquer telle ou telle autre direction, mais vos perceptions et pensées sont
déterminées par votre Inconscient
– et vous ne pouvez choisir quelque chose dont vous ignorez l’existence. Le
mécanisme de protection rassurant vous enferme dans une illusion, vous
coupant d’une réalité dont vous ne savez rien. Vous êtes piégé ! Vos soi-
disant "choix"
seront toujours ceux que vous offrira l’Inconscient.
Vous ne dirigez donc jamais vraiment l’Inconscient ; vous ne faites que
tourner dans un cercle vicieux dont il est le maître.
Heureusement, la vie vous offre une porte de sortie vers votre liberté : la
prise de conscience ! L’être humain est capable d’abstraction. Il peut
réfléchir sur lui. Il peut prendre conscience (littéralement). Ce phénomène
de réunification psychologique vous permet de sortir momentanément de
l’emprise de vos schémas habituels pour les considérer au mieux de ce
qu’ils sont et décider si vous les acceptez ou non.
Ne soyons toutefois pas trop optimistes sur cette neutralité.
On aime nos illusions. Il vaut mieux se faire aider d’une personne neutre
pour se découvrir (retournez voir page 67, pour travailler avec les autres
comme reflet de soi). Et par
« neutre », il va de soi qu’il ne s’agit de personne de proche, ni
sentimentalement, ni familialement, ni socialement !
Voici aujourd’hui le défi que je vous propose : repérer et mettre à jour vos
schémas inconscients. Car ce n’est qu’en prenant conscience du chemin que
vous fait suivre votre Inconscient que vous pourrez vivre consciemment.
Nous en reparlerons dans les exercices. Gardez juste en tête à partir de
maintenant de ne plus agir ou réagir sans vérifier d’où viennent vos
comportements, pensées, émotions, etc.
Un indice, déjà : agir en conformité avec l’Inconscient nous fait plaisir,
d’une manière ou d’une autre. Et quand on a vraiment plaisir à gratter un
bouton qui démange, on en viendrait presque à l’entretenir, n’est-ce pas ?
293
Miracles quotidiens
2. Prenez la direction de votre existence : déconditionnez-vous des
schémas de votre Inconscient !
Suite logique de la première idée, si vous voulez un jour pouvoir vivre «
Un-Conscient », uni à votre Inconscient, maître de sa direction, au mieux de
vos capacités et ressources, il vous faut stopper les schémas
comportementaux auxquels vous répondez, pour le moment encore,
involontairement.
Je suppose que vous avez maintenant saisi que je ne parle pas de simples
compulsions mais du scénario complet de votre existence, en plus de votre
façon de penser et de vivre, de vos relations personnelles et
professionnelles, de votre réussite ou non dans la vie, dans tous les
domaines, et aussi des personnes elles-mêmes que vous attirez à vous, avec
lesquelles vous avez ou non des affinités, et de tout ce que vous faites avec
tout ça. Une vie épanouie et heureuse, conforme à votre idéal… ou non !
Nombre de problèmes de vie, voire de maladies, viennent de l’opposition
profonde entre la vie rêvée et la vie vécue, entre le fait de suivre la voie
tracée par d’autres quand on souhaite intimement marcher sur son propre
chemin.
Le fait d’arrêter de répondre à des injonctions inconscientes mettra fin à
cette tourmente intérieure, cet écartèlement quotidien entre ce qui est en
vous et ce que vous vivez vraiment.
Vous découvrirez alors, peut-être avec surprise, que bien des soucis que
vous connaissiez disparaîtront d’eux-mêmes…
Ce travail de déconditionnement, souvent long et difficile, comme le
sevrage à une drogue, demande plus de volonté, de force, de courage et
d’espoir que ne sont capables d’en développer la plupart des gens. De fait, il
est assez rare de rencontrer une personne qui a su se libérer de ses schémas
inconscients. Peut-être ferez-vous partie de ceux-là ? C’est ce que je vous
souhaite. Au moins saurez-vous vous affranchir des schémas les plus
contraignants. (cf. exercices ci-après) 294
Miracles quotidiens
3. Tout ce qui peut être imaginé est réel !
A partir du moment où vous commencez à vivre, non plus manipulé par
votre Inconscient, mais en utilisant sciemment vos ressources inconscientes,
un monde nouveau s’ouvre à vous !
Bien entendu, il ne s’agit pas de vouloir vivre entièrement en mode
conscient, de penser la nuit à faire battre son cœur, à déclencher soi-même
la digestion après les repas, etc. Ce serait complètement idiot (et
impossible). Les automatismes inconscients sont d’excellents serviteurs et
sont là pour libérer notre esprit conscient de milliers de tâches subalternes.
Par contre, en dirigeant la part existentielle de l’Inconscient, le maître n’est
plus asservi par le serviteur et c’est pleinement détendu et libre qu’il peut
envisager l’existence.
Mais alors, à quoi ressemble une vie où l’Inconscient n’a plus qu’une place
de collaborateur, précieux certes, mais plus aux commandes de toute la
personne, comme auparavant ?
Déjà, il est intéressant de noter que les médecins qui s’occupent de
psychosomatique affirment que le fait d’avoir « le muscle de l’imagination
ankylosé » est à l’origine du fait que le corps tombe malade – le message de
la « mal a dit » n’ayant pu parvenir à la conscience par le biais de l’esprit.
Vivre en collaboration avec l’Inconscient permet cela : nous servir de ce qui
nous vient à l’esprit, sous forme d’impressions, de pensées ou d’idées,
d’émotions, de rêves ou de cauchemars, comme indices de vie, pour
modifier, améliorer, changer immédiatement ce qui doit l’être. Voilà…
l’âme agit !
Je me souviens d’un monsieur particulièrement enrobé, venu me voir pour
un ulcère à l’estomac, et dont l’Inconscient (en transe hypnotique profonde)
m’avait avoué lui avoir fait
« un trou dans le ventre pour qu’il écoute mieux » ! Et oui, il aimait la
nourriture mais ne tenait pas compte des idées qui lui venaient à l’esprit :
qu’à cela ne tienne, l’Inconscient, ce rusé, l’a touché là où il était sûr d’être
pris en compte, à l’estomac !
295
Miracles quotidiens
Uni à votre Inconscient, vous prenez ses messages en temps réel, épargnant
à votre corps de se meurtrir pour que l’esprit se fasse comprendre. Vous
avez alors en main un outil idéal de santé et d’évolution. Je vous montrerai
dans les exercices une façon d’utiliser votre Inconscient pour changer ou
faire évoluer tout ce que vous voulez dans la vie.
En attendant, voici quelques exemples de ce qu’il est possible de faire,
grâce au travail en union avec l’Inconscient :
- stopper une douleur ; un jour, je me suis cassé une côte en faisant une
mauvaise chute : impossible de rire ou tousser, très difficile et douloureux
de respirer, je ne dormais plus de la nuit… Quand j’en ai eu assez, j’ai
fermé les yeux et imaginé à quoi pouvait bien ressembler le circuit de la
douleur dans mon corps. Ça m’est apparu comme des fils électriques de
couleurs rouge et bleue. Les rouges semblaient en cause, je les ai changés
de couleur – le jaune me plaisait bien. Instantanément, la douleur disparut !
Et quand je dis instantanément, c’est vraiment tout à fait immédiat. Etais-je
en transe hypnotique pour cela ? Pas du tout ! J’ai laissé mon Inconscient
me fournir une information, que j’ai modifiée consciemment.
C’est tout… Encore faut-il être en contact avec son Inconscient !
Et si vous ne connaissez pas la solution à votre problème, eh bien demandez
simplement. Par exemple, un jour j’ai voulu imiter un yogi qui stoppait son
pouls ! Je n’avais aucune idée de la manière de faire cela, j’ai donc juste
demandé au corps de produire l’effet, avec l’arrière-pensée que cela ne me
soit pas nuisible, en « fusible » de protection, et ça a fonctionné !
En fait, l’Inconscient n’a évidemment pas arrêté mon cœur, il a dû clampser
une artère, en haut du bras. Je ne m’y attendais pas, mais je l’ai senti : cela
provoquait des pulsions cardiaques désordonnées et un cognement
désagréable dans toute l’autre moitié du corps !... Je n’ai pas recommencé
l’expérience et je ne vous la conseille pas !
296
Miracles quotidiens
Bon, c’était un exemple d’action inutile, mais on peut tout à fait imaginer
couper l’arrivée sanguine des petits vaisseaux qui alimentent une tumeur
cancéreuse.
Autre exemple :
- se recaler dans le temps, le décalage horaire est souvent désagréable, en
voyage. Lors d’un voyage à Bali, en escale à Bangkok à deux heures du
matin, j’ai fermé les yeux pour
« mettre ma pendule à l’heure ». Au dehors, le jour se levait –
il était sept heures du matin, en Thaïlande. Il m’est apparu un réveil. J’ai
fait mentalement avancer les aiguilles sur sept heures. Au fur et à mesure,
mon espace intérieur s’éclairait, comme si, réellement, le jour se levait en
moi. Je sus alors que mon horloge biologique s’était recalée sur la bonne
heure.
J’avançai encore d’une heure, pour me mettre à l’heure de Bali. Et voilà !
Adieu le décalage horaire. C’est simple !
Voyons deux autres exemples plus anodins :
- humidifier ses lentilles de contact, quand vous êtes obligé de les garder
toute la nuit, en voyage en avion par exemple. Il vous suffit de demander
aux yeux de continuer l’humidification des globes oculaires, même derrière
les paupières fermées. C’est tout. Vous pouvez dormir. En vous réveillant,
au lieu de vous retrouver avec deux coquilles de plastique opaque sur les
yeux, vos lentilles sont claires et parfaitement humidifiée. Naturel et sans
produit !
- faire porter son gobelet pendant son sommeil, comme le raconte Carol
Erickson, la fille aînée de Milton Erickson.
C’était aussi en avion, Carol voulait faire une sieste mais elle ne pouvait
poser son gobelet d’eau. Elle demanda alors à son Inconscient de le lui tenir
et ferma tranquillement les yeux !
Ce cher Inconscient fit parfaitement son travail, car quelques heures plus
tard, Carol se réveilla et trouva sa main vide suspendue en l’air ; bien
surprise, car elle avait oublié l’histoire du gobelet, qu’une hôtesse avait
retiré de sa main 297
Miracles quotidiens
durant son sommeil ! Mais l’Inconscient était resté en position, fidèle au
poste, tant qu’on ne lui avait pas dit d’arrêter.
Voilà qui est ne faire plus qu’un avec son Inconscient, non ?
Bien sûr, votre Inconscient peut vous aider à :
- accéder à votre créativité à la demande, c’est-à-dire en stoppant ou
relançant le processus créatif à la demande, ce qui est bien pratique si vous
travaillez dans le domaine des arts.
Ou à :
- avoir un signal d’alarme pour les moments où l’on ne se respecte pas, où
l’on risque de quitter sa Voie, comme Henri avec ses yeux (page 276) ou
cette patiente dont nous parle Richard Bandler, co-créateur de la PNL, et
dont les pieds fourmillaient tellement quand elle acceptait de se laisser
bafouer par son mari qu’elle en perdait l’équilibre.
Lorsqu’elle sut à quoi correspondait ce qu’elle prenait auparavant pour une
maladie, un problème, les fourmis dans ses jambes lui servirent
d’avertisseur et elle ne se laissa plus
« marcher sur les pieds » par son cher compagnon !
Heureusement, ce genre de signaling, comme nous avons appris à en
produire par un indice du corps (mouvement d’un doigt, page 176), peut
être plus subtil et prendre la forme d’une simple pensée ou même d’une
impression diffuse.
L’idée serait de percevoir des signaux de plus en plus subtils, comme la
réaction d’une autre personne (à l’un de nos comportements involontaires)
ou un évènement quelconque (qu’on aurait attiré, d’une manière ou d’une
autre) : vous possèderiez alors un signaling, une voie d’accès à votre
Inconscient, non plus par un petit mouvement d’un de vos doigts, mais
grâce au monde entier ! Chaque chose de votre existence devenant un guide
sur votre chemin.
Enfin, être uni à votre Inconscient, c’est aussi :
- accéder à votre intuition, et là on dépasse l’Inconscient, car celui-ci ne
possède que ce qu’il a en lui… Pour trouver 298
Miracles quotidiens
des réponses nouvelles, de nouveaux schémas, rester dans le cadre
inconscient n’est pas idéal : il faut une connexion à plus grand que soi, un
accès à cette Conscience majuscule.
Le Dr Simonton, célèbre cancérologue et expert en visualisation, raconte
l’exemple d’un de ses jeunes patients, un enfant atteint de leucémie qui
découvrit par lui-même son remède, grâce à son Guide Intérieur – un
contact imaginaire avec une présence active et autonome.
Il ne peut s’agir de l’Inconscient, car un enfant ne peut pas connaître ce type
de médication. Même s’il en avait entendu parler, l’Inconscient n’a pas la
science infuse et l’enfant n’aurait su dicter au médecin qu’une bouillie de
données et non une recette précise avec les dosages exacts nécessaires à le
soigner ! De plus, il paraît très improbable que l’enfant ait entendu « par
hasard » l’explication d’une médication qui corresponde exactement à son
cas… Non, quelque chose d’autre de plus vaste que l’enfant lui a dicté la
réponse.
Mais le phénomène est somme toute assez anodin, et vous avez
probablement déjà vécu de ces moments où vous aviez tout à coup
connaissance de choses que vous ne pouviez connaître, par exemple la
personne qui vous appelait au téléphone ou celle qui allait franchir le pas de
votre porte.
Vous pensiez à votre amie
: c’est elle
!… C’est cela,
l’intuition, et ça ne peut s’expliquer par une connaissance inconsciente.
Quand vous vous retournez dans la rue parce que quelqu’un vous regarde
dans votre dos, vous n’avez pas les yeux derrière la tête, mais vous avez
senti une présence…
Nous dépassons là, largement, le domaine de l’Inconscient.
C’est le monde que nous explorerons au prochain chapitre.
299
Miracles quotidiens
EXERCICES
Voyons maintenant comment mettre tout cela en pratique.
Rassurez-vous, il est normal que cela soit difficile au début : comme je vous
l’ai déjà dit, le chemin que vous vous apprêtez à prendre est très
probablement un des plus durs qu’il soit ! Il est parfaitement humain de se
sentir découragé au bout de quelques jours. Vous n’avez pas à réussir du
premier coup…
Le travail est trop immense à accomplir. On surestime toujours ce qu’il est
possible de faire en une semaine, tout comme on sous-estime grandement
ce qu’il est possible d’atteindre en quelques mois. Allez à votre pas, mais
sûrement.
Prenez votre temps, la réflexion et le repos nécessaire.
Soignez-vous, chouchoutez-vous, prenez plaisir à vivre : c’est la seule vraie
façon de trouver l’énergie pour poursuivre le chemin.
Et dites-vous bien que peu d’êtres ont le courage d’accomplir ce véritable
déconditionnement mental, d’ouvrir la porte vers leur liberté, leur être
véritable.
Allons-y !
1. D’abord, il s’agira de repérer vos schémas inconscients.
La difficulté évidente vient du fait que tous ces comportements sont
involontaires ; il y a de grandes chances pour que vous ne vous rendiez
compte de les avoir eus qu’après coup !
Comment repérer une réaction inconsciente, provoquée par une «
programmation mentale » inconnue de vous ?
Papier, crayon, et notez :
- la valeur morale la plus importante à vos yeux ;
- la pire chose (action, défaut, etc.) selon vous.
Vous savez qu’on ne peut désirer que ce qui nous manque ?
La valeur morale que vous avez notée est donc presque certainement
quelque chose que vous recherchez à atteindre… et donc que vous n’avez
pas encore en vous. Qui vous manque.
300
Miracles quotidiens
Alors que l’atrocité que vous avez notée est la marque d’une frayeur, d’un
dégoût… Mais : pourquoi avoir pensé à cela, si ça n’était pas quelque part
dans vos pensées… en vous ?
Réfléchissez à la raison pour laquelle vous recherchez cette valeur morale ;
d’où cela vous vient-il ? Et qu’y a-t-il en vous qui vous a poussé à noter
cette « pire chose » sur le papier ?
Un défaut que vous craignez d’exprimer ? Quelque chose qui vous fait
horreur parce que vous l’avez souvent combattu ?
D’où cela vous vient-il ? De qui ? De quand ?...
Cherchez maintenant dans votre vie tout ce que vous faites en rapport avec
la recherche de la qualité notée, de cette valeur morale. Peut-être en avez-
vous fait votre métier, le moteur de votre existence, un hobby à temps plein,
une passion ?
Peut-être toute votre vie au contraire s’est arrangée pour ne pas développer
la « pire chose » : découvrez tout ce qui montre ce que vous faites pour
transcender cette « chose » ou la cacher, la tenir loin de vous.
2. Remarquez ce qui vous énerve : qu’avez-vous vu, entendu ? Qu’est-ce
que l’autre a dit ou fait ?... Quelle est la corde sensible, la blessure qui
frémit en vous, quand vous vous énervez ? Prenez conscience que d’autres
personnes ne réagissent pas comme vous à la même chose.
Notez toutes les choses qui vous font réagir négativement et tâchez d’en
déduire un schéma, un scénario ; jouez au détective, cherchez l’origine de
tout cela !
Allez voir du côté de vos parents : malgré le côté cliché, cela vient
malheureusement très souvent de là…
Fuyez-vous quelque chose (déni) ? Et quand quelqu’un ou quelque chose
vous rappelle ce que vous fuyez, une part de vous prend peur et réagit par
l’agressivité, de crainte peut-être d’être submergé par cette chose que vous
fuyez ?
Faites-vous votre possible pour dépasser une façon d’être ou de penser, et la
confrontation avec des personnes qui ont ce défaut et n’y font rien vous
énerve au plus haut point ?
301
Miracles quotidiens
Prenez conscience que votre réaction ne vient que de vous.
Les autres n’y sont pour rien. Ensuite, partez à la découverte des
évènements de votre passé à l’origine de votre réaction : s’est-il produit
quelque chose que l’enfant que vous étiez a pu mal comprendre ? Auquel
vous, adulte, continuez de réagir ?
Suivez-vous un modèle (parental ?), en positif (« je fais tout comme ») ou
en négatif (« je ne fais rien comme ») ?
3. Avez-vous des convictions radicales, des choses dont vous êtes
persuadé et dont vous essayez de persuader les autres quand ils ne sont pas
de votre avis ? Repérez les sujets de discussion sur lesquels vous vous
entêtez, qui vous font monter la voix, voire devenir violent, quand les autres
en face restent calmes et logiques… Cherchez bien à qui vous res-semblez
quand vous agissez ainsi ! Demandez autour de vous, à des personnes qui
connaissent vos parents, par exemple.
Faites l’effort de maîtriser vos nerfs et d’admettre que vous agissez, non pas
par vous-même, mais en suivant aveuglément un schéma qui ne vous
appartient pas… Décidez ensuite avec le plus de logique et de détachement
si vous désirez ou non conserver ce type de comportement… Faites en sorte
de répondre par vous-même, sans laisser « l’autre en vous » le faire à votre
place ! Ouvrez les yeux sur vous-même.
4. Maintenant que vous êtes un peu plus conscients des personnes que vous
avez modélisées, surveillez-vous et ana-lysez vos faits et gestes, vos
pensées et même votre timbre de voix… Prenez conscience de tous ces
moments où vous n’êtes pas vous, où vous ne faites qu’agir comme un
robot, que réagir à une vieille épine… Cela demande beaucoup de
détachement, ce qui n’est d’ordinaire pas conseillé : on profite bien mieux
de la vie en s’y plongeant ! Toutefois, pour votre projet d’évolution, ce
détachement sera votre seule porte vers la liberté. Prenez le temps de
l’analyse ; plus tard, le travail étant fait, vous arrêterez tout ça et croquerez
la vie à pleines dents !
302
Miracles quotidiens
5. Vos façons d’être influencent aussi le comportement des gens qui vous
entourent, jusqu’aux inconnus que vous croisez un instant seulement dans la
rue… Cherchez à différencier les comportements que vous avez
provoqués chez les autres, de ceux qui ne viennent que d’eux.
Un comportement de l’autre fabriqué par vous se reconnaît facilement au
fait qu’il vous touche (en bien ou mal), signe de présence chez vous d’une
corde sensible, d’un processus sensible à travailler… Un comportement de
l’autre qui vient de ses propres schémas inconscients ne vous touche pas.
Même excessif, voire hystérique, vous restez en distance émotionnelle, car
vous ne vous reconnaissez pas. Vous sentez que tout cela n’est pas à vous,
que vous n’en êtes pas à l’origine.
Prenez conscience que tout ce qui vous énerve chez les autres ne vient que
de vous. Souriez en constatant que leurs pires énervements ne vous
touchent pas, vous ; tandis que des broutilles vous hérissent le poil, signe
d’épine chez vous !
L’enfer, c’est les autres, dit-on…
Quand vous reconnaîtrez qu’en fait vous êtes votre seul enfer, vous serez
déjà plus proche du Paradis.
6. Reste à déconditionner tous ces schémas inconscients.
Bonne ou mauvaise nouvelle, au choix : il n’y a pas trente-six façons de
faire… Vous pouvez parcourir toute la littérature disponible, toutes les
techniques les plus perfectionnées, les plus anciennes ou les plus modernes,
on en revient toujours à la même chose, habillée différemment : il faut
sevrer son Inconscient d’une habitude de penser, c’est tout. Cela signifie
l’empêcher consciemment, volontairement, de continuer à faire ce qu’il fait
et l’instruire de ce que vous voulez qu’il fasse à la place. Le « et » est très
important : quelqu’un qui vous dit que ce que vous faites n’est pas bien,
sans vous donner la solution, ne vous sert à rien. C’est même très énervant !
Mais si la personne vous indique ce qui coince et vous donne la solution, ce
qui fonctionne, c’est mieux !
303
Miracles quotidiens
Alors, il va s’agir de contrer tous les schémas inconscients que vous avez
précédemment repérés :
1. Prenez conscience immédiatement que vous êtes dans un schéma
comportemental ou de pensée que vous n’avez pas choisi, qui ne vient pas
de vous, auquel vous répondez involontairement…
2. Ayez une pensée pour son origine : mettez-la au passé… Détachez-la de
vous. Ce n’est pas Vous.
3. Remplacez le comportement ou la pensée non-désirée par ce que vous
auriez aimé à la place : un autre comportement ou une autre pensée,
conforme à ce que vous êtes, à vos choix moraux et de vie.
Et il va falloir faire cela, encore et encore, jusqu’à ce que l’Inconscient
– qui n’est qu’un bloc de gelée qui balance dans le sens du premier
mouvement qu’on lui a donné –
finisse par changer de sens et adopter « votre sens à vous ».
J’ai aidé un jour une jeune femme qui venait de quitter une secte. Sa tête
était truffée de toutes les règles que son ancien gourou lui avait imposées.
Pour chaque chose de la vie, il y avait une obligation ou une interdiction,
une pensée à avoir ou ne pas avoir, quelque chose à faire ou à ne surtout pas
faire !
Et elle voulait se débarrasser de tout cela…
L’Hypnose ne peut rien de bien pour ça. Oh, bien sûr, l’hypnotiseur qui
jouerait à l’apprenti-sorcier pourrait mettre la personne en transe
hypnotique et expliquer par lui-même à l’Inconscient tout ce qu’il faudrait
qu’il fasse à la place des anciennes choses… et tout décider à la place de la
personne, qui aurait donc ainsi tout simplement changé de gourou !
Car, si je mets la personne en état d’hypnose et que je demande à son
Inconscient, de manière non-spécifique, de
« faire au mieux pour la personne », il refera encore et toujours selon ce
qu’il a en lui, c’est-à-dire toutes les règles du gourou.
304
Miracles quotidiens
La seule manière de sortir de ce cercle vicieux est de passer au-dessus de
l’Inconscient. Il faut une action en conscience.
Quand il s’agit de choses non-existentielles, simplement techniques,
l’hypnothérapeute s’en charge par lui-même et guide l’Inconscient à
accomplir ce qui convient pour soigner la personne. Cela peut être neutre,
car cela reste technique. Or, ici, on touche aux choix de vie de la personne.
L’hypnothérapeute ne peut pas décider pour la personne… et celle-ci ne
peut laisser son Inconscient continuer de diriger sa vie !
Elle ne peut donc qu’agir « en son âme et conscience », faire preuve de
volonté, de décision sur le genre de personne qu’elle veut être et devenir…
et agir en conséquence.
A force, l’Inconscient finira par reconnaître le chemin et continuera de faire
penser et agir la personne, machinalement, dans la voie choisie par la
personne. C’est un peu comme lorsque vous balancez les jambes, assis sur
le bord d’une table.
Au bout d’un moment, le balancement des jambes continue tout seul…
L’Inconscient fonctionne comme cela.
La jeune femme pleurait devant la tâche. Il faut dire qu’elle était épuisée, le
teint livide, à la fois dépressive et perpétuelle-ment au bord de la crise de
nerf. Pourtant, courageuse, elle se mit à la tâche de contrer tout ce que son
Inconscient lui rabâchait aux oreilles à longueur de journée : « fais ceci », et
elle répliquait « non, je vais faire plutôt cela »… Reconnaître l’action
inconsciente, en cibler l’origine, décider d’une action volontaire, un
meilleur choix, une décision consciente, et agir.
La semaine suivante, je revis la jeune femme, presque aussi blanche qu’à sa
première visite : elle me dit qu’elle devait corriger des centaines de pensées
par jour, c’était horrible !!
Je l’encourageai à poursuivre… et elle tint bon.
Trois semaines après, d’un courage admirable, ce n’était plus la même : elle
s’était transformée ! Non seulement, elle s’était sevrée de son gourou, mais
cela lui avait forgé un caractère de battante ; elle s’était découverte et
épanouie.
305
Miracles quotidiens
7. Et si vous utilisiez maintenant votre nouvelle connexion avec votre
Inconscient ? Comme au précédent chapitre « A vous maintenant », où
nous avions pris de l’avance en propo-sant une utilisation consciente de
l’Inconscient, nous allons ici aussi nous avancer sur le prochain chapitre et
découvrir une technique simple de travail sur soi en conscience.
Il ne s’agit plus de seulement demander à votre Inconscient d’agir à votre
place, pour vous, mais de vous-même agir sur et avec l’Inconscient,
notamment en utilisant votre imagination.
Souvenez-vous que les troubles psychosomatiques viennent d’avoir « le
muscle de l’imagination ankylosé » ! Eh bien, nous allons le faire travailler.
Le principe est simple : sauf pour certaines intuitions, tout ce qui vous vient
à l’esprit sort de vous. Quand un élève en Hypnose « invente » une maladie
pour permettre à son collègue de formation de s’entraîner, en fait il
symbolise quelque chose qui existe réellement en lui.
L’avantage, c’est que grâce à cette symbolisation, il va pouvoir travailler
vraiment sur lui sans risque émotionnel.
Un symbole, par définition, ré-unit. Ce que vous imaginez contient donc
bien plus que ce dont vous êtes conscient. Cela fait les délices des
psychanalystes, mais nous n’avons pas à nous occuper du sens profond de
nos symboles pour pouvoir nous en servir à notre avantage : en modifiant le
symbole, je modifie logiquement tout ce qu’il cache ! Nul besoin ainsi
d’avoir compris quoi que ce soit. Ce qui était exprimé par le symbole
change quand je change le symbole, aussi vaste, profond ou même grave,
que ce soit… Et tout cela facilement et sans émotions fortes. Que demander
de plus ?
Ici, nous allons apprendre à avoir une action volontaire, consciente, sur
l’Inconscient. En Hypnose Humaniste, on peut réaliser la même chose mais
sur des choses qui viennent de notre Conscience majuscule, notre être
global.
Notre petit conscient est un ballon gonflable ; l’Inconscient est l’air qui est
dedans ; la Conscience est tout l’air dehors !
306
Miracles quotidiens
Vous retrouverez ce genre de Thérapie Symbolique dans les livres
d’Hypnose Humaniste. Nous allons en apprendre une version simplifiée,
accessible à tous et déjà très efficace.
1. D’abord, vous mettre dans le bon état de pensée. Pour agir en
conscience, il faut penser plus large que le seul processus à activer. Par
exemple, si j’étais une main, et que je ne me sentais être qu’une main, je ne
pourrais pas m’élever dans les airs par moi-même, impossible !
Par contre, si je prends conscience du bras qui me porte, lui-même rattaché
à l’épaule et au corps, et qu’enfin je parviens à percevoir l’ensemble de ma
personne (dont mes mains), alors ce « moi » plus vaste peut décider de lever
sa main – qui s’élève alors très facilement. Le grand nous agit mieux et plus
facilement que le petit nous.
Cette conscience élargie est la base de travail en Hypnose Humaniste. Pour
lors, imaginez qu’il existe au-delà de vous un plus grand vous-même,
imaginez-le et ressentez-le à votre manière. Prenez le temps nécessaire et
veillez à être complètement acteur, associé à ce plus vaste et beau vous-
même, conscient et inconscient, plein et entier, connecté à la Vie elle-même.
2. Dès lors, vous ne pensez et réagissez plus selon les seules normes de
votre Inconscient : il ne représente plus ici votre totalité mais juste une part
de vous.
Appelez la situation à travailler. Celle-ci vous apparaîtra symboliquement
– car seul le mental casse et sépare les choses, alors que Conscience et
Inconscient les perçoivent dans leur unité. En conscience élargie, votre
perception et toutes les décisions que vous pourrez prendre ne seront plus
filtrées par l’Inconscient.
Laissez votre perception se « densifier », devenir plus claire et évidente.
Le symbole gagne en détails.
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Miracles quotidiens
3. Libre de vos ressentis et actions, contactez le symbole à travailler, soit
mentalement, soit physiquement –
imaginez que vous pouvez le toucher, lui parler, etc. Et faites-en ensuite ce
qu’il vous plaît : peut-être voudrez-vous l’envoyer derrière vous, dans le
passé ? Peut-être ressentirez-vous le besoin de le nettoyer, de faire la paix
avec lui, de le malaxer ou l’étirer, de lui envoyer de l’énergie, de le
diminuer ou de le faire grandir, même de le transformer purement et
simplement, voire de le faire disparaître. Suivez votre intuition, sans
réfléchir !
Vous n’avez pas besoin de comprendre ou de savoir sur quoi vous travaillez
vraiment – surtout pas ! Vous briseriez la magie… Le symbole contient bien
plus d’éléments que ce que vous pouvez imaginer. Le rationnaliser ne
pourrait que l’amoindrir, le diminuer, et diminuer par la même occasion
l’impact de ce travail symbolique sur vous.
Faites votre œuvre de changement. S’il y a un décor autour de vous, vous
pouvez interagir avec ; s’il y a des personnages, comme dans un rêve, faites
avec eux ce qui vous semble convenir. Le meilleur guide de conduite est
votre impression : si cela vous fait plaisir, faites-le !
Il est important de faire ce travail non pas dans l’état traditionnel
d’hypnose, c’est-à-dire plongé dans l’Inconscient, car c’est encore lui qui
dicterait votre conduite, mais le plus possible en état élargi de conscience –
à la fois en contact avec l’Inconscient, afin de conserver un pouvoir
d’action sur lui, et plus vaste que lui, de façon à juger correctement la
situation et vous laisser guider par les sentiments et intuitions émanant de
Ce Que Vous Êtes idéalement, votre meilleur vous-même, l’homme ou la
femme que vous rêvez d’être et de devenir depuis toujours.
Ensuite, réorientez-vous à la réalité habituelle et reprenez le cours de votre
existence. Oubliez tout ça et laissez faire la Vie.
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Miracles quotidiens
Les symboles qui vous apparaîtront durant l’expérience seront certes issus
de l’Inconscient, mais par votre travail de libération vous serez déjà plus
apte à les juger objectivement ; et grâce à la phase d’ouverture de
conscience, vous ne serez plus seulement plongé dans les strates de
l’Inconscient.
Ces deux conditions vous garantissent un impact sain et positif sur
l’Inconscient, par une position globale d’action.
Et lorsque, plus tard, vous replongerez inévitablement dans l’Inconscient
(puisqu’il est notre « assistant de vie » dans la réalité concrète), vous
profiterez d’un Inconscient qui répondra à vos souhaits et désirs de vie, et
non plus aux ordres des voix de votre passé.
Et vous pouvez refaire cette expérience autant que voulu, pour toutes les
situations qui vous paraissent dépendre des décisions et réactions de votre
Inconscient !
Nous franchissons une nouvelle étape. Après avoir exploré notre intuition
pure, puis les arcanes historiques de l’hypnose thérapeutique, jusqu’à ses
applications les plus récentes, dans les domaines de la santé et du
développement personnel…
est-il vraiment possible d’aller plus loin ?
La plupart d’entre nous pourraient s’arrêter là. Il y aurait déjà de quoi bien
vivre, en santé et heureux.
Mais l’être humain est utopique. Il veut toujours plus.
N’est-ce pas ?... Avouez que vous aimeriez en savoir encore et encore plus !
Dépasser les frontières de votre égo ; soulever le voile qui recouvre
pudiquement les secrets de la Vie.
Tentons l’aventure, si vous le voulez bien.
Suivez-moi…
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Miracles quotidiens
IV
Hypnose
Humaniste
" Ceux qui rêvent éveillés ont conscience de mille choses qui échappent à
ceux qui ne rêvent qu'endormis"
Edgar Poe
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312
Miracles quotidiens
= 13 =
OUMFF !
LE SINGE SORCIER
Comment savez-vous que vous êtes éveillé ?
Vous avez déjà fait de ces rêves qui semblent si réels que vous pensiez agir
vraiment, dans le monde concret.
Eternelle interrogation métaphysique. Suis-je un être éveillé faisant un rêve,
ou suis-je le simple rêve d’un dormeur : moi ?
Et si je vous proposais une voie de réponse ?
Vous conviendrez avec moi qu’il est impossible d’éveiller quelqu’un qui est
déjà éveillé. D’accord ? Bon…
Alors voilà : en Hypnose habituelle, c’est-à-dire toutes les formes
d’Hypnose que nous avons abordées jusqu’ici, le praticien utilise une
technique linguistique spéciale pour accentuer les réactions inconscientes
de la personne, jusqu’à ce que le dit Inconscient l’emporte sur l’état
conscient et fasse basculer la personne dans un état second, différent,
modifié.
Par la suite, après le travail thérapeutique, il paraît évident qu’il faut faire
quelque chose pour reconduire la personne à son état ordinaire – sans quoi
elle ne pourrait pas se lever, conduire, rentrer chez elle ou tenir une
conversation correcte.
La procédure de ce « réveil » est en fait extrêmement simple : le praticien
reproduit l’induction hypnotique, mais toute à l’envers. S’il a compté de 1 à
10 pour produire l’état hypnotique, il comptera de 10 à 1 pour l’annuler. S’il
a induit un sur-fonctionnement inconscient, il le réduira jusqu’à ce qu’il
reprenne un flux normal. S’il a dissocié la personne, la plaçant en
spectatrice de sa vie, il lui redonnera le pouvoir de décider et d’agir sur elle.
Il ne lui dira plus : « et l’Inconscient 313
Miracles quotidiens
rend cette main de plus en plus légère » mais « vous pouvez bouger votre
main, l’ouvrir et la fermer ». Résultat, la personne inconsciente, dissociée,
retrouvera conscience et unité.
Et voilà l’idée qui m’est venue : et si au lieu d’utiliser cette technique de
réveil sur une personne déjà en état d’hypnose, on l’utilisait chez quelqu’un
de tout à fait éveillé ?
Bien sûr, cette personne étant parfaitement consciente, il ne se passerait
absolument rien ? Eh bien : vérifions !
Voilà le secret tout simple de l’induction hypnotique de l’Hypnose
Humaniste. Car, là, oh surprise : la personne soi-disant éveillée change
radicalement d’état de conscience.
En fait, celle-ci ne devait pas être si lucide que cela, puisque dans son
nouvel état de perception la personne voit, entend, ressent, pense et
découvre les réponses à toutes ses questions.
Elle s’est éveillée !
La Psychologie du siècle dernier n’admettait que l’existence de
l’Inconscient et de notre esprit conscient (de perception), que les
philosophes de la Renaissance, puis les premiers hypnotiseurs et enfin le
célèbre Sigmund Freud ont exploré.
La théorie me paraissait néanmoins présenter de sérieuses lacunes. Par
exemple, l’Inconscient est lié à l’instinct de survie, ce qui lui permet de
nous faire oublier des pans entiers de notre existence, à visée de protection.
On appelle cela
« refouler ». Et on ne voit pas ou n’entend pas tout ce qui, pourtant, se
déroule sous nos yeux. On oublie des choses, on distord la réalité afin
qu’elle colle à notre idée du monde…
Mais alors, pourquoi ce même Inconscient laisse-t-il les idées noires
envahir un être au point qu’il veuille mettre un terme à ses jours ? Pourquoi
laisse-t-il les gens fumer ou se droguer
? Pourquoi ne bloque-t-il pas carrément tout comportement qui va, c’est
certain, à l’encontre de la survie ?
Plus simplement : lorsque votre petit esprit conscient dort, vous êtes comme
débranché, vous n’avez plus connaissance, ou conscience, des choses
autour de vous. Il reste l’Inconscient, 314
Miracles quotidiens
qui vous fait rêver… Or, vous avez déjà pris conscience, une nuit ou l’autre,
que vous rêviez. Cela vous est déjà arrivé.
Pourtant, ce devrait être impossible : s’il n’existait que l’Inconscient (qui
rêve) et votre esprit conscient (qui dort), vous ne pourriez logiquement pas
savoir que vous rêvez ! Si vous étiez seulement inconscient, par définition,
vous ne pourriez avoir conscience de quoi que ce soit. Comme nous l’avons
déjà dit, il existe donc un troisième niveau de perception : la Conscience.
Avec une majuscule.
Et vous savez comment l’atteindre : lorsque vous rêvez, nous venons d’en
parler, et en procédant à une induction hypnotique à l’envers, comme
expliqué au début de ce chapitre. Une induction « en ouverture », plutôt
qu’en repli sur soi. Une induction qui réunit au lieu d’isoler davantage.
Tout cela a l’air bien simple – et ça l’est. Le seul souci est plus
philosophique que technique. Il réside dans les implications du phénomène,
car la possibilité vérifiable d’un autre niveau d’existence au-delà de nous-
mêmes peut considérablement changer votre idée de la vie et du monde.
Voilà pourquoi l’Hypnose Humaniste inclut toute une description des strates
supérieures de conscience, basée sur les récits de ceux qui les ont vécues et
les vivent, des personnes le plus souvent comme vous et moi, qui de plus
n’avaient même jamais fait d’Hypnose – ou quoi que ce soit d’autre de ce
genre – dans leur vie. Cette philosophie pratique est un guide pour le
nouveau voyageur en Conscience et ceux qui ont commencé le chemin et
conduisent d’autres voyageurs.
L’Hypnose Humaniste n’a pas que ces particularités
technique d’induction inversée et philosophie. Pratiquement tout ce qu’un
hypnothérapeute a pu apprendre en Hypnose conventionnelle doit être
désappris, car conduisant à la désunion, à la dissociation – base de
l’Hypnose habituelle.
315
Miracles quotidiens
Il faut dire qu’il est bien plus facile d’appuyer sur un levier existant – la
brisure entre le conscient et l’Inconscient – que de tenter de réconcilier ces
deux là !
De fait, l’Hypnose Humaniste s’assortit d’une panoplie de nouvelles
techniques et embrasse beaucoup de pratiques plus anciennes, et souvent
millénaires, en les débarrassant de leur pittoresque et de leurs superstitions
d’un autre âge.
Ainsi, muni d’un langage simple, celui du cœur, soulagé des procédures
complexes destinées à manipuler la personne par le biais de son
Inconscient, fort d’une tradition aussi vieille que l’Humanité et plein d’une
nouvelle conscience, celle d’un éveil général, actuel, tout autour du Monde,
le praticien en Hypnose Humaniste s’élance dans l’Inconnu avec la
personne qu’il guide. Le symptôme de départ sera souvent très rapidement
dépassé, soulagé, alors que l’esprit de la personne s’ouvre à un univers
totalement incroyable où tout devient possible.
Sans aller chercher d’exemple auquel vous ne pourriez encore croire (il en
viendra beaucoup dans les pages qui viennent), je me souviens d’une
femme qui pourrait vous faire comprendre la nature de cette Conscience
majuscule.
Elle s’appelait Chantal et n’était pas gâtée par la nature, ni du côté
physique, ni du côté intellectuel. D’un tempérament naïf et plutôt
envahissant, s’exprimant assez grossièrement et à forte voix, Chantal n’était
pas aimée par le groupe de formation. Les gens la fuyaient purement et
simplement !
Un jour, alors que j’animais une formation de découverte en Hypnose
Humaniste à laquelle Chantal assistait, elle se porta volontaire pour une
expérience. Il s’agissait de prendre conscience de son « Soi idéal » et de se
fondre en lui.
La philosophie de l’Hypnose Humaniste stipule que nous avons tous une
conscience supérieure, rayon de lumière d’un même soleil. Par essence,
toutes les consciences seraient donc parfaitement égales entre elles, aussi
âgées et évoluées, toutes pleines de la même connaissance.
316
Miracles quotidiens
Un être en apparence idiot serait donc une conscience supérieure qui aurait
pris « en charge » une plus grande partie de la vie à faire évoluer. Dans ce
sens, il y aurait moins de mérite à être éveillé, car cela signifierait tout
simplement que vous avez choisi, en Conscience, une moins grande partie
de vie à faire évoluer – du moins, une plus facile que les autres !
Si tout cela était vrai, Chantal devait être une conscience supérieure
vraiment très courageuse !
Mais, à vrai dire, personne dans l’assemblée ne croyait vraiment à cette
idée, plus philosophique que concrète. Bien sûr, tout le monde était
d’accord sur le concept, très moral et positif, mais personne n’y croyait
corps et âme.
Je guidais donc Chantal dans ce que l’on appelle, en Hypnose Humaniste,
un Etat Extraordinaire de Conscience (EEC, dans le sens de « plus que
ordinaire » de conscience), puis au plus proche de sa conscience supérieure,
en limite de cette Conscience majuscule, unie au Tout, et de son petit moi.
Là où se trouve l’enveloppe de la graine, l’information de sa mission ici-
bas, ce qu’elle peut devenir de meilleur, ce qui pousse la personne à grandir
et évoluer : son Soi idéal !
Et nous entendîmes tous Chantal se mettre à parler un langage qu’elle
n’aurait elle-même probablement pas compris, dans son état ordinaire de
conscience : ni en structure de langage, ni en vocabulaire, tout ce qui sortait
de la bouche de Chantal était empreint d’une si grande sagesse que cela
impressionnait positivement toute personne qui l’entendait.
Vous savez comment on peut reconnaître, en quelques mots, un message qui
dépasse l’entendement humain habituel. Il est si pur et si simple, si
profondément exact à la fois !
C’était ainsi que Chantal parlait…
En Hypnose Humaniste, il n’y a pas de « réveil », puisque la personne est
déjà éveillée dans cet état d’hypnose. Pourtant, l’Hypnose Humaniste n’est
pas un miracle, une évolution prodigieuse et instantanée de la conscience.
L’éveil ne reste pas.
317
Miracles quotidiens
Il ne s’agit que d’Hypnose : un état modifié de conscience, un état passager
de conscience, ponctuel.
Oh ! On ne va pas pour autant ramener volontairement la personne : cet état
se dissipera peut-être. Certainement, même.
Mais pourquoi l’aider ? Alors, il est de coutume de laisser la personne vivre
autant que possible son expérience d’éveil.
Attention, cela est possible justement parce qu’il n’y a PAS
de dissociation de conscience. La personne n’est pas en
« sortie hors du corps » ou en soi-disant « expansion de conscience », où en
fait elle serait complètement dissociée, son corps ici-bas et son esprit
ailleurs. Non, elle est vraiment unie à elle-même et à la Vie. Pleine et
entière. Il n’y a jamais de désunion en Hypnose Humaniste ; la personne est
donc toujours parfaitement consciente – bien plus que d’ordinaire, même.
Elle pourrait donc repartir ainsi, et même conduire une voiture ou tenir une
conversation parfaitement normale.
De même, pour ceux qui y ont pensé, la sagesse plus que ordinaire de
Chantal – comme de toute personne en EEC – ne vient pas d’un quelconque
channeling, ces nouvelles pratiques qui consistent (pour ceux qui acceptent
cette idée) à se laisser pénétrer par un « esprit » espéré supérieur, censé
nous dicter un message de connaissance, quasi-divin. Les médiums de nos
jours, les médiums du temps des spirites. Il n’y a rien de tout cela en
Hypnose Humaniste, où Chantal reste Chantal, et elle seule. Bien plus « elle
» que d’ordinaire, voilà tout.
Chantal a donc vécu son expérience et s’est imprégnée de son Soi idéal, en
conservant une impression lumineuse qui guidera ses jours. Pour lors, elle
est revenue parmi ses collègues de formation. Vous la verriez ! Entourée de
toute la salle, chacun posant sa question et Chantal répondant à tous !
Cela aurait mérité d’être filmé, car il se dégageait quelque chose
d’indéfinissable de cette femme, une énergie subtile que tous
reconnaissaient intuitivement. Et ses paroles… si pures et si pleines de sens
; si justes, aimantes et généreuses.
318
Miracles quotidiens
Et puis, Chantal est redevenue Chantal.
Elle est tout de même restée baignée de son Soi idéal plus d’une demi-heure
et puis, cet état s’est dissipé, chassé par la lourdeur de la vie ici-bas, je
suppose.
Conserver toujours cette conscience supérieure est un défi, la voie
d’évolution de tout être, certainement. Mais cela est plus que « de
l’Hypnose », c’est l’histoire de toute la Vie.
Saisissez-vous mieux désormais ce que l’on connecte en Hypnose
Humaniste et les prodigieuses possibilités d’action sur soi qui se profilent à
l’horizon de votre compréhension ?
Ce livre n’a pas pour vocation d’entrer plus avant dans la technique de cette
nouvelle forme d’Hypnose.
Si les aspects techniques vous intéressent, vous lirez avec plaisir mon livre
« Hypnose Humaniste », qui lui est dédié.
Passons pour l’heure à nos histoires de guérison, sachant désormais que
notre action ne sera jamais inconsciente, que la personne ne sera jamais
dissociée, séparée d’elle-même, éloignée volontairement de son
Inconscient, que nous n’essaierons en aucune manière de la manipuler sans
qu’elle le sache mais, au contraire, que nous l’instruirons au fur et à mesure
de ce qu’elle devra faire, elle, pour agir au mieux sur elle-même, guidée
mais autonome.
A l’heure où la physique de pointe nous décrit un univers fait de minuscules
cordes et de membranes grandes comme des univers, aux multiples
dimensions parallèles, notez enfin qu’il paraît impossible de distinguer ce
qui est vrai (au sens de réel) de ce qui est faux (au sens de sans existence).
Le monde de l’esprit est si vaste ! Toutes les croyances seront donc
acceptées par l’hypnothérapeute Humaniste, pourvu qu’elles soient
aidantes, qu’elles permettent à la personne de mieux vivre.
Après l’Hypnose de nos grands-pères et la haute technicité du langage
d’Erickson, par ailleurs strictement médicale, cette Hypnose Humaniste
nous promet d’infinis voyages !
319
Miracles quotidiens
Oumff ?
Bien que n’étant pas « humanistes », car basées sur des techniques
d’induction hypnotique qui dissocient la personne, les régressions sont déjà
des techniques hypnotiques où la traditionnelle et sacro-sainte dissociation
conscient/Inconscient n’est plus si évidente : en effet, on ne parle plus à la
troisième personne (« et le bras devient léger », « l’Inconscient va faire
ceci-cela… ») mais en direct à la personne accompagnée :
« dites-moi ce qui vous vient à l’esprit… Que voyez-vous ? »
La seule dissociation perceptible est thérapeutique, entre le Soi du passé,
généralement blessé, et la personne présente :
« Vous voyez l’enfant d’autrefois ?... Que pouvez-vous lui conseiller pour
qu’il vive mieux cette expérience ?... Pour que tout cela n’arrive jamais plus
?»
Tout comme l’auto-hypnose, la régression hypnotique travaille déjà en
collaboration avec la Conscience de la personne, seule capable de la guérir.
On comprend que si la personne était toujours « consciente », au sens
ordinaire du terme, elle ne serait par définition pas en état d’hypnose. Or,
elle ne peut être à la fois « inconsciente » et nous parler – du moins pas
dans ces termes, avec logique et raison.
Donc, si la personne n’est pas que inconsciente, et puisqu’elle ne peut être
ordinairement consciente, que reste-t-il ?
Voilà. Il s’agit bien d’une action « en conscience », rendue possible grâce à
l’apport de connaissances du thérapeute (sa technique, son expérience, sa
perception de la personne), en interaction avec la conscience supérieure de
la personne, stimulée par l’action thérapeutique.
Jung disait que la Conscience était « numineuse », c’est-à-dire qu’elle était
attirée par le mouvement, l’énergie, l’émotion : comme le travail
thérapeutique ! Et Erickson expliquait que, souvent, la personne croyait ne
pas être en transe, du fait d’être « consciente d’être consciente ». Plus que
consciente !
320
Miracles quotidiens
Donc, bien en état hypnotique, le mental déconnecté, l’Inconscient
suractivé, et la Conscience libérée.
Si on ne peut théoriquement pas classer les régressions, y compris celles
que l’on dit « dans les vies antérieures », dans l’Hypnose Humaniste, je les
ai insérées dans ce chapitre à cause de cette action « en conscience » de la
personne sur elle-même – et de l’aspect très particulier du monde et de la
vie que cette expérience présuppose, si on accepte l’hypothèse que la
personne retrouve un matériau réel et non halluciné.
Une dernière chose avant de tourner cette page.
L’Hypnose Humaniste explique que le temps n’existe pas et que nous
sommes Un, à la fois partout et toujours. Cela peut être important à
comprendre avant de lire ce qui suit.
Prenez une feuille de papier. C’est l’espace-temps, éclairé d’un coup par le
même soleil-Conscience. Le temps ne vaut que pour les cellules du papier,
séparées les unes des autres, mais pourtant éclairées simultanément par le
soleil.
Imaginez que ce soleil soit l’origine de chacune des petites cellules qui
forment la feuille de papier : elles ont l’impression d’être arrivées les unes à
la suite des autres, à cause de l’espace qui les sépare et du temps nécessaire
pour traverser cet espace, propre à leur dimension… Pourtant les petites
cellules sont toutes co-existantes, simultanément, puisque étant créées en
même temps, maintenant, par le soleil.
Donc, lesdites régressions hypnotiques, si on les accepte comme autre
chose qu’un pur fantasme de la part de la personne (ce qui peut néanmoins
être le cas !), impliquent l’existence d’une dimension qui nous échappe.
Disons pour simplifier que j’ai classé ces cas ici en raison de cette
implication transpersonnelle, et je vous laisse consulter mon ouvrage
spécialisé sur l’Hypnose Humaniste pour mieux saisir les nuances
philosophiques et techniques.
Voyons donc plutôt nos histoires…
321
Miracles quotidiens
Oumff !!
Elle était grande et belle, très élégante et un brin guindée. Sa longue
chevelure brune la suivait comme un panache.
« Voilà, me lança-t-elle très directement, je suis jalouse, et cela n’est plus
supportable. Je comprends bien que le sentiment amoureux puisse conduire
à certains excès de caractère, mais je commence moi-même à m’insupporter
!»
Je souris intérieurement de la situation. Il n’était pas courant qu’une femme
(ou un homme) fasse spontanément la démarche de chercher la cause d’une
jalousie excessive.
Il y aurait de multiples manières d’aborder la situation, la plupart assez
superficielles, comme souvent malheureusement en thérapie de couple, où
la thérapeutique n’a pour unique dessein que pondérer les excès et les
crises, et apprendre aux deux conjoints à « vivre avec », alors qu’ils sont les
marques d’un besoin profond d’évolution, d’une libération.
La recherche de ces mécanismes profonds, leur conscientisation par la
personne et la démarche d’évolution qui s’ensuit est plutôt le travail de ma
compagne, Patricia, excellente praticienne d’Hypnose Humaniste, formée à
l’analyse jungienne, à la sexothérapie et qui a fondé sa propre vision de la
thérapie de couple, que je trouve (cela dit le plus honnêtement possible)
extrêmement puissante, même dans une vision de travail personnel,
individuel, et non conjugal ou amoureux.
Pourquoi cette dame était-elle donc venue me voir, moi, plutôt que Patricia
? Je songeai à la rediriger vers elle après notre expérience. Pour lors, je ne
pouvais que chercher moi-même à retrouver les causes anciennes de ses
sentiments négatifs, causes de souffrance pour elle et son compagnon.
Je pensais à une simple régression hypnotique, celle dont Freud, Breuer et
Janet vantaient les mérites.
« Bien, on va faire un truc » répondis-je.
322
Miracles quotidiens
Quand vous êtes hypnothérapeute, les gens savent que vous faites de
l’Hypnose. Pas la peine de leur rappeler au moment où leurs nerfs sont sous
tension !
Pas la peine non plus de leur expliquer les différentes sortes d’Hypnose. Ils
viennent chercher le mieux-être, pas un cours de psychologie ou de
psychothérapie.
« Prenez une grande respiration. Cela va vous aider à détendre les épaules
et la cage thoracique… Voilà. Installez-vous au mieux et laissez les
paupières se fermer… Si elles se rouvrent, laissez-les faire, et respirez
encore… jusqu’à ce que les paupières tiennent fermées d’elles-mêmes.
Bien. »
L’induction hypnotique que je commençais n’avait rien d’Humaniste et je
n’avais pas même l’intention de me diriger vers cette sorte
d’accompagnement. On imagine souvent qu’un professionnel qui a créé une
technique ne pratique plus que celle-ci. A l’instar de Milton Erickson, qui
appliquait d’autres méthodes que les siennes, pour environ 4 patients sur 10,
je sais reconnaître le besoin d’une personne pour telle ou telle approche, et
choisir les procédures adéquates.
Ainsi, j’utilise souvent la Nouvelle Hypnose, comme tout hypnothérapeute
actuel, et l’Hypnose Ericksonienne, bien sûr, quand c’est adapté, tout autant
que des inductions plus classiques, si je sens que la personne en tirera
avantage, et je me dirige d’évidence vers l’Hypnose Humaniste quand il
s’agit de permettre à la personne d’agir loin des entraves et des filtres de
perception de son Inconscient.
Chaque approche a ses spécificités et ses applications, qu’il faut connaître
et respecter.
Pour lors, je voulais simplement emmener ma patiente en régression. Point.
Plutôt Nouvelle Hypnose, donc.
« Et j’aimerais que vous laissiez revenir le souvenir de la dernière fois où
vous avez eu une dispute avec votre conjoint, et revoir par vos yeux,
comme si vous y étiez à nouveau… et entendre ce qu’il dit, ce que vous
dites… Vraiment… »
323
Miracles quotidiens
Les émotions provoquées par cette réminiscence allaient pouvoir nous
servir de fil d’Ariane, et nous permettre de remonter ainsi jusqu’à l’origine
du symptôme.
Ma patiente grimaçait et remuait la tête de gauche à droite.
« Donnez-moi maintenant la main… Voilà… C’est une façon de dire à votre
corps que vous n’êtes pas seule… Je suis avec vous… Et c’est une façon
aussi de saisir en vous les traces lointaines de ce qui provoque vraiment ces
disputes…
Alors, laissez s’envoler ces mauvais souvenirs… car votre corps détient la
mémoire des origines de tout cela… et il va vous y conduire… Permettez à
votre Inconscient de vous emporter à travers le temps… ou de laisser
remonter à vous…
une autre expérience… ayant la même racine, un lien commun avec la
dispute de tout à l’heure… Laissez… »
La femme prit une inspiration plus profonde, signe qu’elle relâchait le
souvenir de sa récente dispute. Son visage était en attente, calme…
Soudain, une ride de réflexion se creusa entre ses deux yeux, plus crispés.
Sa respiration devint haletante.
Je relâchai la pression sur la main de la patiente – c’était ma connexion
avec sa réaction physique, la mémoire de son corps, une sorte
d’accélérateur vers l’expérience d’origine.
« Oui ?... fis-je doucement. Que ce passe-t-il, là ?
- C’est mon père.
- Oui, votre père… Que fait-il ?
- Il est avec ma mère. »
La femme aux longs cheveux bruns me raconta ainsi, au fur et à mesure de
sa descente à travers le temps, quatre ou cinq souvenirs, de plus en plus
lointains. Je notais à chaque fois son âge, afin de pouvoir revenir au même
instant, plus tard, pour vérification. Puis, je saisis de nouveau sa main, afin
de pousser le corps à aller plus loin, à travers ses mémoires.
« C’est très bien… alors, laissez tout cela s’envoler, comme vous savez
maintenant le faire… Libérez l’écran de votre esprit et permettez à une
autre expérience de se présenter… »
324
Miracles quotidiens
C’est là que tout bascula.
L’élégante femme me parut devenir plus carrée d’épaules.
Son dos s’arrondit. Son front se plissa et même ses yeux paraissaient plus
enfoncés qu’auparavant. La mâchoire serrée s’ouvrit brusquement, pour
lancer un bruyant :
« Oumff !!
- Oumff ? répondis-je, synchronisation oblige.
- Oumff ! sembla-t-elle confirmer.
- Oumff… » ajoutai-je, en témoignage de mon accord.
Et là, votre esprit va très vite ! Qu’arrivait-il à ma patiente ?
Qu’allais-je pouvoir faire avec elle si elle ne parlait plus qu’en borborygmes
? Simulait-elle ?...
Quand on travaille avec une personne d’une autre langue de naissance que
le français, l’hypnothérapeute pose une suggestion qui fait office de «
fusible » : que la personne continue de s’adresser au thérapeute en français,
même si son expérience est vécue dans une autre langue. Mais, ici, je
n’avais pas prévu ce fusible ! Je tentai tout de même d’entrer en contact :
« Oumff… vous comprenez ! Oumff !!
- Oumff ! » affirma-t-elle en réponse.
Donc, ma patiente comprenait encore le français.
« Oumff, oumff, improvisai-je avec conviction, vous comprenez, oumff…
et vous pouvez aussi répondre. Oumff !
- (silence)
- Oumff, repris-je… Penser oumff… ressentir oumff… et parler à moi ma
langue… Oumff ? »
J’attendis, plein d’espoir, une bonne poignée de secondes.
« Oumff, fit simplement la patiente, apparemment d’accord pour traduire
pour moi ses pensées.
- Oumff ! répliquai-je avec contentement. Alors… oumff…
qui êtes-vous ?
- (silence interrogatif)
- Oumff… ajoutai-je pour me reprendre, comprenant que 325
Miracles quotidiens
ma question était trop complexe pour ma patiente. Que faites-vous, alors ?
Oumff ?
- J’écrase des herbes, oumff !! répondit-elle enfin.
- Des herbes, oumff ? Et qu’y a-t-il autour de vous ?
- Les arbres… les autres… Oumff… le groupe.
- Oumff !... Bien !... Et vous êtes quoi dans le groupe.
- Oumff, celui qui guérit ! »
Pause ! Résumons la situation : visiblement, ma distinguée patiente était
passée au travers du plancher du temps et était revenue à une époque
semble-t-il préhistorique. Elle vivait avec son groupe, en lisière d’une forêt,
et avait appris avec un ancien à guérir les membres de son groupe. Et,
apparemment, elle était plutôt un mâle ! Plutôt grognon, même !
Et comment allais-je bien pouvoir traiter sa jalousie, moi ?
Je décidai qu’il s’agissait plus de son problème que du mien, et je lui donnai
libre pouvoir de faire ce qui lui convenait, comme on le pratique en
Hypnose Humaniste.
Evidemment, il allait falloir lui présenter avec le ton :
« Oumff… commençai-je d’un ton sceptique… mon avis que vous n’êtes
qu’un piètre guérisseur !
- Oumff !!!! s’écria aussitôt l’homme-singe furieux et gesticulant (je vous
rappelle qu’il ressemblait pour moi à une élégante femme de la trentaine,
plutôt BCBG !)
- Mouais, insistai-je lourdement… En fait… oumff… vous ne pouvez pas
savoir faire ce que nous savons faire, à notre époque… Oumff ! Que savez-
vous ? me moquai-je.
- Oumff, oumff !!!! hurlait presque le guérisseur préhistorique, à la limite de
quitter son siège.
- Oui, bien… prouvez-le ! assénai-je. J’ai là une femme qui se plaint des
disputes avec son mari. Que sauriez-vous y faire ?
- Oumff ! répondit ma patiente avec conviction.
- Vous pourriez la guérir ?
- Oumff !! confirma la femme en me lançant un regard noir.
- Eh bien : faites-le ! Et dites-moi quand ce sera fait… »
326
Miracles quotidiens
Et je laissai faire l’homme-singe guérisseur !
Il suffisait d’oser… Celui-ci (enfin : ma patiente) commença alors une sorte
de danse, rythmée par les grognements. Elle s’agitait beaucoup et je
commençais à me demander si j’avais eu une bonne idée. Et puis, enfin, elle
s’apaisa.
« Oumff ! fit-elle d’un ton sans appel.
- C’est fini ? demandai-je avec un doute exagéré.
- Oumff !! répéta le guérisseur, comme si j’étais idiot de ne pas m’en rendre
compte et qu’il voulait que je vérifie.
- Oumff, m’inclinai-je. Nous verrons bien… Alors, oumff, permettez à
l’esprit de cette jeune femme de traverser à nouveau le temps… et s’élancer
à travers les strates de la vie… jusqu’à moi, ici… Retrouver cette époque…
»
J’étais toujours en train de procéder au retour de régression quand ma
patiente ouvrit d’un coup les yeux et m’envoya sa main dans la figure, une
grande claque que j’évitai de justesse !
« Que m’avez-vous fait ? cria-t-elle.
- Mais, je n’ai rien fait, moi !
- Vous m’avez transformée en singe, c’est honteux !! »
Ne pouvant lui faire entendre raison, je me résignai à la raccompagner
jusqu’à la porte, non sans avoir soigneusement vérifié qu’elle était bien à
nouveau en état ordinaire de conscience. Et elle partit.
Nous avions programmé un second rendez-vous, une semaine plus tard,
mais je ne m’attendais pas à la voir se présenter. Pourtant, la sonnette
annonça son arrivée.
« Quelle semaine ! commença-t-elle, avant même de s’être installée.
D’abord, il faut que je vous dise : votre truc de fou a parfaitement
fonctionné. C’est comme si j’étais désactivée. Il y a quelque chose qui est
parti en moi. Je me sens plus libre, plus légère. En fait, je vivais en
permanence sous tension, sans m’en rendre compte – et peut-être bien
depuis toujours.
Merci.
- Vous savez, c’est vous qui avez fait tout le travail ! »
327
Miracles quotidiens
Et c’était, pour le coup, encore plus vrai qu’à l’habitude.
Merci Oumff !
« Sinon, quoi d’autre ? demandai-je.
- Oh, curieuse chose. Cette semaine, je me garais dans une petite ruelle,
derrière un grand magasin, mais je me sentais mal, j’avais une sorte de
frisson froid… Je me suis garée quand même et suis partie faire mes
courses. Au retour, toute la rue était barricadée ; il y avait la Police partout.
Une personne s’était fait assassiner, juste à côté de ma voiture !
Poignardée !!... Et je crois que c’est ça que j’avais senti.
De fait, j’ai maintenant presque tous les jours des intuitions qui se vérifient.
Je vois plein de choses, des coïncidences qui me parlent – je crois qu’on
appelle ça des synchronicités ?
- C’est cela, oui. En gros, vous me dites que vous êtes à nouveau connectée
à votre intuition. C’est formidable ! »
Et nous passâmes toute l’heure à discuter de philosophie et d’ésotérisme –
elle qui était si cartésienne, une semaine avant.
Le moins que l’on pouvait dire, c’était que ce qu’elle avait contacté un peu
plus de huit jours auparavant l’avait transformée. D’abord soulagée de sa
corde sensible, sa jalousie, probablement héritée de son modèle parental ; et
puis ouverte à son être sensible, à nouveau libre de s’exprimer.
Mais qu’était-ce ? Une part profonde de son Inconscient ?
Une réelle régression « dans une vie antérieure » ? Un épisode psychotique
ponctuel, aux effets bizarrement thérapeutiques ?
Qui sait ?
Comme le disait Thureau : « Toute perception de la Vérité est la découverte
d’une analogie. » Une illusion de plus.
Qu’importe donc, pourvu que ma patiente aille mieux.
328
Miracles quotidiens
L’américaine perd la tête
On m’amena un jour un enfant qui était né avec les orteils tout abîmés,
comme plein d’eczéma. Or, il ne me semble pas qu’un bébé puisse souffrir
d’eczéma in utéro !
A sa naissance, ses ongles de pieds étaient jaunis et tordus.
Personne dans la famille, proche ou éloignée, n’avait de pareils orteils ! Et
l’enfant devenait hystérique quand sa mère voulait lui couper les ongles de
pieds – seulement les pieds, il ne disait rien quand il s’agissait des mains.
Alors, nous avons déjà parlé des intuitions thérapeutiques. Il est parfois
délicat de toutes les exprimer – d’autant que rien ne prouve qu’il s’agisse
réellement d’intuitions, et non de simples projections psychologiques de la
part du thérapeute.
Comme je vous l’expliquais un peu plus tôt dans ce livre, je me suis donné
comme règle de garder pour moi les intuitions qui concernaient les autres
personnes (ce qui ne m’empêche pas de tenter de les vérifier, discrètement),
mais de toujours appliquer aussitôt les intuitions me concernant.
Ainsi, je ne dis mot de l’horrible intuition qui me vint quand on me présenta
l’enfant, alors âgé de seulement quelques semaines. Il me semblait qu’il
était mort torturé, dans sa vie précédente, et qu’on lui avait coupé les pieds,
pour être précis.
Rien ne justifiait cette étrange impression, inhabituelle chez moi. En parler
aux parents n’aurait servi à rien… Qu’aurions-nous pu y faire, si mon
impression avait pu être juste ?
Je revis l’enfant deux ou trois fois, pour cette même cause, jusqu’à ce qu’il
ait deux ans. Alors, je me décidai à parler à la mère de mon intuition, qui ne
me quittait pas : eh bien, figurez-vous qu’elle avait la même, depuis le
début !
Nous expliquâmes alors gentiment et avec douceur au petit enfant que «
tout était fini, qu’il n’était plus dans la même vie. »
329
Miracles quotidiens
Et tout disparut, définitivement : eczéma, ongles abimés et même des
terreurs nocturnes, que l’enfant avait régulièrement.
Aujourd’hui, il doit avoir six ou sept ans, et ses orteils sont forts et sains,
comme s’il n’y avait jamais rien eu.
Qu’en penser ?
En Hypnose Humaniste, on ne cherche pas plus loin : si certaines personnes
trouvent réconfort ou guérison après un traitement de leurs « vies
antérieures », alors c’est qu’elles existent – que ce soit au sens réel ou
symbolique.
D’un point de vue théorique, puisque au niveau de la Conscience majuscule
le temps n’existe pas (souvenez-vous de la métaphore du soleil éclairant la
feuille de papier), il n’y a pas de « vie antérieure », mais une multitude
d’expressions d’une même Conscience, d’un même soleil : Vous, sous
différentes formes, vivant différents scénarii, pour résoudre une même
problématique, relever le même challenge, l’évolution ou la transcendance
de la part de Vie qui vous est dévolue.
Voilà pourquoi lorsque vous parvenez à guérir, que ce soit dans « cette vie »
ou dans une « vie antérieure » ou parallèle, c’est en vérité Vous qui
guérissez, le soleil à l’origine de tous ces rayons. Et toutes les histoires de
Vous se transforment : celle de votre « vie antérieure » et votre vie bien
concrète et présente, aussi. Magique, n’est-ce pas ?
Toutefois, si l’idée de vies antérieures est acceptée en Hypnose Humaniste,
ce n’est pas pour autant que le praticien va en parler à ses patients, ou tenter
de les instruire (et encore moins de les convaincre) de sa vision particulière
de l’existence. L’hypnothérapeute pratique la thérapie. La personne ne
s’adresse à lui que pour cela ; pour qu’il l’aide à retrouver le bien-être.
Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse
! Les théories qui soutiennent la pratique de l’Hypnose Humaniste restent
donc dans la seule tête du praticien Humaniste. Et la personne vit sa séance
d’Hypnose, sous sa forme la plus adaptée pour elle.
330
Miracles quotidiens
C’est ainsi qu’une jeune femme, américaine, vint me voir pour que je l’aide
à arrêter de s’arracher les cheveux. En effet, elle passait son temps à
enrouler de fines mèches de ses beaux cheveux blonds autour de ses doigts
et à tirer dessus jusqu’à ce qu’ils se déracinent : trichotillomanie !
Elle faisait cela depuis toujours, selon elle, et aucun des nombreux
thérapeutes qu’elle avait consultés n’avait pu arranger la situation, en
France comme aux États-Unis.
Lors de notre première rencontre, j’eus tout de suite envie de lui faire vivre
une régression « dans une vie antérieure » –
je ne sais pourquoi – mais je gardai cette brillante idée pour moi, ne sachant
si elle réagirait bien si je lui en parlais.
J’optai donc pour une technique de Nouvelle Hypnose : un Recadrage
hypnotique, que l’on utilise habituellement pour traiter les compulsions.
Cela semblait parfaitement indiqué.
La semaine suivante, face à l’absence de changement chez ma patiente,
j’osai lui proposer la fameuse régression. Elle accepta avec grand plaisir,
m’expliquant qu’elle avait toujours voulu vivre pareille expérience. Ouf !...
Aussitôt dit, aussitôt fait, nous commençâmes l’induction en ouverture, de
type Humaniste. Je guidai la jeune femme à se percevoir plus grande et plus
vaste que son seul corps physique. Goethe disait que « pour qu'un homme
accomplisse tout ce qu'on lui demande, il doit se considérer comme plus
grand qu'il n'est. » Ma patiente se sentit bientôt aussi vaste que l’univers,
pouvant sentir les galaxies flotter en elle…
« Et, comme un océan, capable de bercer toute la vie qui le remplit… vous
pouvez laisser aller votre esprit au travers cet immense vous-même… d’une
étoile à l’autre… par-delà l’espace… et le temps… Comme de pouvoir
sentir la vague arriver, en savourer la turbulence… tout en ressentant tout au
fond de vous-même son origine… ce qui a provoqué la vague… Tout là-
bas… Et laisser tranquillement votre attention se déplacer jusqu’à ce
point… précis. »
331
Miracles quotidiens
La jeune américaine suivait scrupuleusement mes instructions. Elle était
rapidement entrée en transe. Après ce qu’on appelle une «
expansion matérielle
», nous étions assez
facilement passés à une « expansion temporelle ».
Cette phase intermédiaire franchie, j’orientai ma patiente vers un espace et
un temps où se trouve la solution.
« Je vois une lumière, murmura-t-elle.
- Ok, alors permettez aux yeux de votre esprit de s’ouvrir.
Approchez-vous suffisamment de cet endroit pour prendre pied. Laissez-
vous poser… doucement… et ressentir ce qu’il y a à ressentir, là où vous
êtes… »
N’ayant pas cité précisément l’origine de la vague temporelle de mon
induction (celle-ci aurait pu tout autant provenir du présent, du passé que du
futur), je n’avais aucune idée de ce qu’allait trouver la jeune femme. Elle
aurait pu aussi bien découvrir un endroit futuriste ou une des planètes d’un
monde parallèle !
« Vous sentez votre corps ? demandai-je afin de l’aider à entrer vraiment
dans l’expérience.
- Oui, confirma-t-elle.
- Vous avez des vêtements ? (ce n’était pas évident !)
- Oui, une belle robe longue, bleue ciel, et une haute coiffe blanche sur la
tête. »
Je laissai la voyageuse en esprit apprécier l’endroit vivait où cette
expression d’elle-même.
Elle me décrivit une sorte de château moyenâgeux, entouré de prairies et
bordé sur un côté par une profonde forêt.
Il ne se passait pas grand-chose, alors je l’invitai à se diriger vers la période
de cette vie où il se produisait quelque chose d’important pour elle.
« Heu… Je ne sais pas… C’est juste qu’il fait beau… Je suis en train de
sortir du château.
- Vous êtes seule ?
- Oui, je vais me promener, comme je le fais souvent.
332
Miracles quotidiens
- Quel âge avez-vous, à peu près ?
- Seize ans. Je suis mariée, mais mon mari n’est pas là et mes sœurs sont
occupées… Oh !...
- Oui ?... Que se passe-t-il ?
- Il y a un homme, là…
- Et ?
- Il est à cheval… Il lance sa monture vers moi… Oh, non, il empoigne son
épée ! NON !!! »
Je vis alors ma patiente lancer sa main en avant, comme pour retenir
quelque chose. Terrible impression. Le cavalier lui aurait-il coupé la tête
?… Et ce geste ? Avait-elle tenté de la retenir ?... La jeune femme s’était
effondrée en larmes et je la fis rapidement se dissocier de la scène :
« Allez ! Appuyez un grand coup sur vos jambes : envolez-vous ! Allez !
Elancez-vous dans le ciel. Sortez de là !!...
- (elle se calme un peu et renifle)
- Voilà, c’est bien… Tranquille… Je ne veux pas savoir ce qui s’est passé. »
Tout à coup, je remarquai, noué autour de son cou, le même foulard rouge,
qu’elle portait lors de la première séance…
Curieuse coïncidence !
Alors, à la manière d’une Remodélisation d’Histoire de Vie (cf. le cas
d’Antonio, p. 265), j’aidai ma patiente à remonter dans le temps, juste avant
l’accident, afin qu’elle puisse trouver la manière de changer le cours des
évènements.
« Réfléchissons… Que pourriez-vous faire pour que tout se passe bien
pendant cette promenade ? »
La jeune américaine était très créative. Elle inventa de multiples solutions et
nous les essayâmes, les unes après les autres… Voir le coup arriver et s’en
défendre ? Tchac ! Non, loupé… Convaincre une de ses sœurs de
l’accompagner ?
Tchac, tchac ! Encore pire !... Cherchez encore…
Finalement, la jeune femme eut l’idée de sortir à cheval et accompagnée
d’un garde.
333
Miracles quotidiens
« Voyons ce que cela donne, cette fois.
- Je vois l’homme arriver… Il se méfie, on dirait… Oui, il hésite… Ça y
est, c’est bon, il part.
- Et vous continuez votre promenade ?
- Oui, c’est bien, maintenant.
- Vous me promettez de toujours sortir accompagnée, désormais ?
- Je vous le jure ! » lança-t-elle en riant.
Pour le plaisir, nous laissâmes le temps défiler encore un peu, afin qu’elle
profite du plaisir d’avoir des enfants, de les voir grandir, de partager son
bonheur avec sa famille.
Lorsque la jeune femme revint pour une séance de suivi, elle se déclara
enchantée de son voyage dans le passé et m’expliqua ne plus s’être tripotée,
ni arrachée les cheveux depuis. Et elle n’avait plus son foulard rouge.
Je la revis plusieurs mois après – elle souhaitait que je l’aide à arrêter de
fumer. Elle me confirma sa guérison et un indescriptible soulagement, qui
allégeait sa vie.
L’exorcisme de Sandra
« Je vous préviens, je prends les hommes pour des punching-balls !... Alors,
vous voulez toujours me recevoir ?
- Venez donc, je pratique également les arts martiaux ! »
Quel accueil ! Sandra venait de me téléphoner, après avoir trouvé mes
coordonnées au hasard dans l’annuaire, car le centre de désintoxication du
coin refusait de prendre en charge sa fille de seize ans, droguée, si elle-
même, la maman, ne se faisait pas suivre psychologiquement.
Pour sauver sa fille, elle avait pris rendez-vous « avec le premier venu »,
pourvu qu’il lui fasse l’attestation nécessaire.
Autant dire qu’elle n’était pas demandeuse de thérapie. Et j’avais cru
comprendre qu’elle avait un problème avec les 334
Miracles quotidiens
hommes. Pourquoi donc alors m’avoir choisi, moi, un homme ?
Il m’était bien arrivé, un jour, de recevoir une femme victime de viol, et
dont l’agresseur se prénommait : Olivier !
Peut-être est-ce parce que « là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve »,
comme le disait le poète ?
Quoi qu’il en soit, notre première rencontre fut aussi surprenante pour
Sandra que pour moi. D’abord parce que, au contraire de ses menaces, elle
fut charmante, dès le départ –
bien que de tempérament assez rude. Peut-être avait-elle senti une
différence en moi, par rapport aux autres hommes de son entourage ? En
effet, malgré son maquillage noir très marqué, ses cheveux courts, noir de
jais, dressés sur sa tête, et une tenue intégralement d’ébène, Sandra était
sciemment assez sexy. Une façon, je suppose, d’accentuer la provocation.
Son corsage était largement entrouvert et laissait voir la broderie de son
soutien-gorge, aussi noir que tout le reste.
Bien que sa poitrine fut pratiquement inexistante, j’imagine que la pointe de
chair qui illuminait toutes ces ténèbres devait attirer l’œil – ce qu’elle
s’empressait évidem-ment de prendre pour la pire offense.
Sandra avait déclaré la guerre aux hommes, mais « c’était eux qui avaient
commencé ». Son dernier compagnon, père de sa plus jeune fille, l’avait
battue au point de la plonger plusieurs semaines dans le coma. Son visage
portait les cicatrises des coups reçus. Ses oreilles étaient recousues contre
son crâne.
Sandra m’expliqua avoir eu, lors de cette ultime bataille, de nombreuses
côtes cassées et de multiples lésions internes…
Mais je n’avais pas réagi en voyant Sandra se profiler dans l’ouverture de
ma porte – ni à son décolleté, ni à ses cicatrises.
Et cela l’avait immédiatement calmée.
Nous avions donc commencé à discuter, presque comme si nous étions amis
de longue date.
C’est que Sandra était loin d’être une femme ordinaire !
335
Miracles quotidiens
Nous nous vîmes pendant plusieurs mois. Elle avait beaucoup à guérir en
elle, encore plus qu’elle n’avait eu à cicatriser à l’extérieur… Nos
discussions portaient sur tout et rien à la fois, sur la vie en général, y
compris dans ses aspects les plus spirituels, et Sandra était enchantée de
cela car, dans son milieu, elle ne connaissait personne à qui parler de tout
ça.
Un jour que nous discutions, le regard de Sandra s’enfonça dans le vague,
puis soudain, elle me demanda le téléphone.
« Chérie ? fit-elle, sitôt que son interlocuteur décrocha.
- Je n’ai rien fait du tout, maman…
- Sors de cette cuisine et ne recommence jamais ça !
- Bien maman.
- C’était ma fille, m’expliqua-t-elle en raccrochant. Elle jouait avec les
allumettes et du papier, dans la cuisine. »
Comment avait-elle su ça ??
A chaque séance, il se passait de petites choses curieuses, comme cela. Une
autre fois, alors que nous avions pratiquement terminé le travail qui nous
avait fait nous rencontrer, elle m’amena son journal intime. Quatre mois
avant notre rencontre, elle avait noté un rêve. Elle avait rêvé d’un jeune
homme (j’étais bien plus jeune qu’elle), qui faisait de la musique (il y avait
un piano dans ma salle de consultation), qui la ramène-rait vers la lumière –
et c’est littéralement et émotionnellement ce que nous avions fait ensemble,
lors de nos rencontres.
Je l’avais aidée à pardonner à son ex-compagnon. Cela avait si bien
fonctionné que, pour la première fois depuis l’agression, elle avait pu
accompagner sa fille chez lui, au lieu de la poser au coin de la rue, à cent
mètres de sa maison. Elle avait senti ce calme profond, signe incontestable
de la guérison de toutes blessures intérieures – un sentiment désarçonnant
pour la personne en face. L’homme s’était lui aussi senti vidé de toute
colère, de toute haine.
J’avais aussi aidé Sandra à se libérer de l’emprise d’une secte satanique.
Vous voulez que je vous raconte ?
336
Miracles quotidiens
Allons-y !
Un matin, Sandra arriva chez moi d’humeur plutôt chagrine.
Nous étions comme deux amis, je lui demandai donc très directement ce qui
n’allait pas.
« Je ne t’ai jamais vraiment raconté ce qui m’arrivait avec Jeanne… confia-
t-elle, d’une voix agitée… Elle fait partie d’un groupe de femmes, et elle
m’y a invitée, depuis deux ans maintenant… Des trucs bizarres ! Un jour,
Jeanne m’a offert un rocking-chair. Au début, je croyais que c’était les
enfants qui l’avaient fait bouger… mais non : il bouge tout seul ! »
Bien. J’étais peut-être, pour je ne sais quelle raison, plus proche de Sandra
que d’un autre patient, mais pas de là à tout gober sans réfléchir. Toutefois,
ma profession m’avait habitué à conserver toujours le plus grand calme,
quoi qu’il arrive.
« Et alors ? fis-je, de l’air de celui que rien ne surprend.
- Et alors, depuis que j’ai ce satané fauteuil, il m’arrive d’être éjectée de
mon lit en pleine nuit !... Le fauteuil ne bouge pas tout seul. Il y a quelque
chose dedans.
- Quelque chose dedans ?
- Oui, mes filles aussi ont vu le lit bouger et des objets posés dessus sauter
en l’air, projetés !
- Et le rocking-chair ?
- Personne ne s’assoit jamais dedans… Par moment, je ne peux même plus
utiliser ma chambre. Je dors ailleurs.
- Oui, c’est une histoire de fous… Ça ne peut pas continuer.
Quel est ton rapport, exactement, avec ce groupe ?
- Moi, je ne connais que Jeanne. Mais elle fait de la magie noire. Elle
m’apprend ces trucs-là… Moi, je ne voulais pas, mais ça avait l’air
amusant, au début. J’étais curieuse.
- Je comprends bien. Le problème, c’est que l’on attire ce sur quoi on porte
notre attention, alors on ne peut pas dire que ce soit un domaine très
lumineux, n’est-ce pas ?... Donc, que tout cela existe ou non, cela attire à toi
– parce que cela te met dans un état d’esprit particulier – des choses plutôt
noires. »
337
Miracles quotidiens
Elle était toute noire ! Depuis que je la connaissais. C’était la première fois
que je faisais une remarque, bien qu’indirecte, sur ses tenues. Je la laissai
réfléchir quelques secondes.
« Bon, que veux-tu que nous fassions ?
- Moi, je ne connais que Jeanne, répéta-t-elle. Mais elle me dit que,
maintenant, je suis prête. Elle veut que je rencontre leur groupe… Elles ont
un gourou… Mais je sais qu’ils font des trucs que je n’aime pas. Je n’ai pas
envie.
- Et tu ne peux pas le dire à ton amie ?
- Je ne sais pas si c’est mon amie !... Je n’ai pas du tout envie d’y aller, c’est
tout… Je suis coincée.
- Dis donc, tu es une boxeuse d’hommes professionnelle, ce n’est pas un
paquet de nanas qui va t’arrêter ?... Bon, ok… On se fait une petite
expérience, à ma façon ? »
Sandra entrait extrêmement bien en transe. Elle se décon-nectait jusqu’à de
profonds états hypnotiques. De plus, elle avait de l’entraînement, grâce à
nos déjà nombreuses séances d’hypnose. L’induction fut donc facile et
rapide.
« Ok, alors laisse ton esprit rejoindre Jeanne… Où est-elle ?
- Elle est devant l’entrée d’une grotte. Elle veut que je la suive à l’intérieur.
- Alors, c’est le moment de vérifier tes intuitions… Je suis là, je te suis. »
Sandra réagit à mes allusions et sa respiration commença à s’accélérer. Elle
entrait dans la grotte, symbole d’inconnu.
« Raconte-moi… demandai-je.
- Il y a beaucoup d’autres femmes. Elles m’accueillent.
Elles sont très gentilles avec moi, elles me tendent les bras et me sourient…
- Et toi, tu es contente ? Tu te sens bien ?
- Je suis inquiète. Je ne vois plus Jeanne. Elle est devenue l’une de ses
femmes… Ah, elles s’écartent devant moi… Je vois un homme, tout au
fond de la caverne.
- Il y a de la lumière ?
338
Miracles quotidiens
- Oui, c’est éclairé par plein de bougies. Cela fait une lumière ambre,
oscillante… Mais je ne me sens pas bien. J’ai une mauvaise impression.
- L’homme a l’air dangereux ?
- Non, il paraît accueillant, comme toutes les autres. Il me fait signe de
m’approcher de lui.
- Eh bien, fais au moins quelques pas vers lui, pour ne pas attirer la
méfiance. Je suis avec toi… C’est bon, tu y es ?
- Oui. »
Et là, quelle idée me prit de lui proposer :
« Un miroir… Tu connais la propriété de la vie et des miroirs ? Tous deux
sont pareils : la vie est comme un miroir.
Si tu lui grimaces, elle te grimace ; si tu lui souris, elle te sourit. Ta vie est
le reflet de ce que tu as en toi… Ce n’est pas toujours amusant ni facile à
accepter, mais c’est un excellent test, et tout à fait neutre, puisque toi seule
en es juge… Alors, tu sais ce que tu pourrais faire, là ?
- (elle secoue la tête, en signe de négation)
- Tu pourrais faire le miroir, pour tous ces gens… Leur renvoyer ce qu’ils
t’envoient. Si c’est aussi positif et bénéfique qu’ils le disent, ils seront les
plus heureux du monde et tu sauras vraiment ce qu’il y avait au fond
d’eux…
Par contre, s’il y a autre chose en eux… »
Là, Sandra prit une interminable inspiration, son visage se figea d’effroi et
elle ouvrit en grand ses yeux, tout blancs, révulsés à cause de l’hypnose…
Et un long hurlement jaillit de ses poumons !!... Elle se leva d’un bond et
partit en courant dans la pièce, frappant contre les murs au hasard.
« Olivieeeeeeer !!! criait-elle. Olivieeeeeer !!! Aide-moi !!! »
Dans ces moments-là, le temps s’arrête, comme pour me laisser le temps de
réfléchir à cette grande question : pourquoi moi ?? Je regardai Sandra courir
dans mon bureau de douze mètres carré. Elle n’allait pas bien loin… Mais
elle allait finir 339
Miracles quotidiens
par se faire mal. Je me mis donc en travers de son chemin et elle se jeta
involontairement sur moi.
Quand elle sentit mon contact, elle m’agrippa les mains de toutes ses forces.
Je fis pression sur ses poignets pour la rassoir dans le fauteuil et maintins la
prise pour la calmer et marquer ma présence physique.
« Ben voilà ! Tu sais, maintenant… remarquai-je d’une voix calme et posée.
Alors, tu vas pouvoir sortir de là… Appelle la solution… Vas-y ! Appelle-là
!»
En Hypnose Humaniste, le thérapeute n’est qu’un accom-pagnant, un guide.
Il ne suggère rien de décisif. Il peut proposer des portes, indiquer le chemin,
mais toutes les décisions cruciales sont prises par la personne. Choix et
recherche de solutions lui appartiennent, un peu comme le papillon naissant
de sa chrysalide, qui a besoin de l’effort de sa libération, de tendre ses ailes
pour quitter la prison de soie, afin d’emplir son corps de la force qui lui
permettra de s’envoler. Aidez-le à se libérer de son cocon, et vous le tuez.
Bien involontairement, c’est sûr, mais vous le tuez.
Chacun a à se délivrer de ses propres prisons.
« Oh… laissa-t-elle échapper doucement… Une plume ! »
Sandra levait les yeux au ciel.
« Il y a une plume ?
- Oui, une toute petite plume. »
Sandra saisit du bout des doigts la plume venue du ciel, et le fin duvet
l’emporta vers le soleil.
Longtemps après cette expérience, Sandra avait encore les yeux qui
s’humidifiaient en pensant à « sa » plume.
Son amie Jeanne, curieusement, avait laissé plusieurs mots inquiets sur son
répondeur téléphonique, au moment-même où nous faisions notre
expérience. Elle dut se vexer, car Sandra n’en entendit plus jamais parler.
Et le lit arrêta de bouger !
340
Miracles quotidiens
Cette expérience marqua un tournant radical dans la thérapie de Sandra, qui
changea de ce jour du tout au tout.
La ténébreuse combattante arriva à notre prochain rendez-vous avec un
petit chemisier orange vif sous son cuir noir !
Un mois plus tard, Sandra s’habillait de couleurs variées, en noir de temps
en temps, pourquoi pas, mais aussi de multiples autres façons, comme les
femmes aiment le faire.
Alors, cet exorcisme : rêve ou réalité symbolique ?
Les plus rêveurs d’entre vous y verront une réalité indubitable, une
véritable conjuration, le désenvoûtement de forces obscures, qui auraient
emprisonné Sandra peut-être à tout jamais, en achevant d’obscurcir son âme
déjà meurtrie.
Les plus psychologues remarqueront l’analogie entre l’homme redouté, le «
gourou » de son rêve et la part d’ombre masculine de Sandra, son animus
dirait Jung. C’était probablement cette part de son Inconscient qui avait
attiré à elle des hommes en apparence gentils, mais qui cachaient à chaque
fois une grande violence. La mémoire de ses relations passées lui avait
appris à se méfier de tels hommes, et dans notre expérience, c’était ce qui
lui avait permis de se libérer.
Le miroir que je lui avais proposé avait dévoilé le symbole négatif et l’avait
retourné contre lui, le métamorphosant.
Ayant illuminé sa part d’ombre, Sandra avait pu contacter ce qui lui était
autrefois interdit : son paradis intérieur, symbolisé par la plume – celle d’un
ange, bien sûr !
Sandra s’était ouverte à une vie meilleure, non pas dans un paradis virtuel,
inaccessible, mais bien ici et maintenant, très concrètement, avec ses deux
filles.
Saviez-vous que le monde était empli de magie ? Il existe de nombreuses
dimensions parallèles, séparées d’un cheveu à peine. L’enfer et le paradis
sont ici – pas besoin de chercher plus loin. Et il s’en faut de peu pour passer
de l’un à l’autre.
341
Miracles quotidiens
Nadège raccompagne la petite fille
Nadège était une femme sérieuse ! Directrice marketing d’une importante
société internationale, elle pensait avec logique et vivait dans un monde des
plus rationnels.
Si elle n’avait pas fait la connaissance de ce grand et bel homme, quelques
mois auparavant, elle ne se serait pas retrouvée à suivre cette étrange
formation en Hypnose !
Oui, elle avait enfin trouvé l’amour, et elle sentait que son nouveau
compagnon pouvait être « le bon ». Elle l’avait suivi en formation, pour ne
pas être séparée de lui – et puis, elle avait pris goût à cette forme de travail
psychologique. Cela n’était pas si incohérent que cela, cela avait une raison,
un sens, des règles. Oui, cela l’intéressait vraiment !
Ce que Nadège n’avait pas prévu, c’est qu’on ne peut pas apprendre une
pratique comme l’Hypnose sans travailler aussi sur soi ; car le premier outil
thérapeutique, c’est le thérapeute lui-même. Ainsi, chaque jour, l’apprenti
hypnothérapeute s’affine, se découvre, et cela remue beaucoup, à l’intérieur.
Depuis bientôt une quinzaine d’années, j’ai vu passer des milliers d’élèves
en formation à l’Hypnose ; je connais les effets de ma formation, les vagues
– creux et pics – et leurs répercutions sur le moral. Par exemple, certains
sentent tout de suite que « quelque chose » bouge en eux. Ceux-là veulent
quitter la formation le jour-même. Instinct de survie, routinier.
C’est normal et compréhensible : je suis pareil, dans une situation identique.
L’Inconscient se défend, il veut rester comme il a toujours été. C’est
humain.
Pour la majorité, le creux arrive après trois ou quatre jours.
Le moral s’effondre : « je n’y arriverai jamais ! »… Et il faut du courage
pour surmonter cette baisse de confiance. Mais les assistants de formation
sont là pour montrer l’exemple : eux aussi débutaient, il n’y a pas si
longtemps, et ils s’en sont sortis. La preuve ! C’est donc possible !
342
Miracles quotidiens
Et les nuits sont souvent tumultueuses, pleines de rêves.
L’Inconscient est en effervescence… et s’il contient d’anciennes bulles,
celles-ci vont se libérer, comme le gaz qui s’échappe en bouillonnant du
plus profond du lac, quand passe une vague ou un courant plus fort que les
autres.
Et quand les bulles crèvent la surface, l’esprit conscient a l’opportunité de
comprendre enfin ce qui se trame sous le miroir opaque des profondeurs. Et
changer.
Voilà comment le compagnon de Nadège en vint à glisser un message de
SOS sous la porte de ma chambre d’hôtel, un soir très tard : la jeune femme
était devenue hystérique, elle hurlait puis riait, puis pleurait, et hurlait
encore !
Elle semblait revenir à elle, puis tout recommençait. Elle qu’il connaissait si
calme et si cartésienne…
Malheureusement, je n’étais pas dans ma chambre d’hôtel ce soir-là, et
quand je rentrai, il était trop tard – Nadège et son compagnon s’étaient
endormis d’épuisement.
Je les retrouvai tous deux en formation, le lendemain.
Nadège était aussi paisible qu’à son habitude.
Nous convînmes d’un rendez-vous, le soir même, afin que je puisse vérifier
par moi-même cette étrange situation et confirmer à Nadège qu’elle pouvait
poursuivre la formation, l’esprit tranquille. C’est qu’elle s’inquiétait pour sa
santé mentale, et il est vrai qu’il y avait de quoi ! Les gens pouvaient réagir
parfois fortement à la formation, mais jamais à ce point-là. Ici, il y avait
autre chose à débusquer.
Ainsi que nous en avons déjà parlé, il me semble que lorsqu’une personne
est emprisonnée dans des comportements inconscients, involontaires – des
comportements qui touchent à son identité tout entière, et non pas
simplement superficiels, comme le besoin de fumer, de se ronger les ongles
ou de manger plus que de raison – la dernière des choses à faire serait de
plonger la personne un peu plus dans son Inconscient.
343
Miracles quotidiens
Certes, cela nous permettrait d’accéder directement aux mécanismes du
symptôme, mais la personne étant inconsciente, le thérapeute serait le seul à
pouvoir suggérer de nouvelles directions à l’Inconscient – ce qui serait un
abus de pouvoir tout à fait inacceptable, hors de toute éthique.
L’autre solution, utilisée en Hypnose Ericksonienne et Nouvelle Hypnose,
serait d’utiliser un langage suffisamment vague pour que l’Inconscient
comprenne qu’il doive bouger, mais sans qu’on lui dise quoi faire, ni
comment, ni quand, ni rien du tout de concret, en fait… Et l’Inconscient se
mobilise, active ses ressources créatives et change de direction.
La personne se transforme, bien sûr, mais toujours dans le seul cadre qui lui
est accessible : celui de l’Inconscient.
Par exemple, on demandera à la partie psychologique inconsciente
responsable d’un comportement alcoolique de mettre à jour toutes les
raisons de cette addiction, puis d’utiliser ces raisons pour générer (toujours
inconsciemment) de nouvelles manières de répondre à ces mêmes causes –
toujours dans le même schéma, donc, mais plus positivement.
C’est ce que j’avais fait avec Gérard (p.138), et il avait arrêté de boire en
une seule séance. Cela fonctionne à merveille !
MAIS ! Cela n’avait rien changé à la personnalité de Gérard, fondée sur des
mécanismes inconscients que seule une volonté supérieure, hors de
l’Inconscient lui-même – qui a pour seule fonction de s’auto-entretenir –
pourrait changer.
Richard Bandler le dit très bien : « le cerveau n’est pas conçu pour obtenir
des résultats, mais pour suivre une direction. Si vous savez comment le
cerveau fonctionne, vous pourrez choisir vos propres directions. Sinon,
quelqu’un d’autre le fera pour vous » ! C’est très clair.
Lorsque notre Inconscient s’est bâti, nous étions bien trop jeunes pour
choisir nos directions – ce sont donc nos parents qui ont fait ce choix pour
nous, oh bien sûr, très involontairement ; mais ils l’ont fait. Suivant les
directions qu’ils suivaient eux-mêmes à cause de leurs propres parents, etc,
etc.
344
Miracles quotidiens
Il n’y a donc pas de « responsable ». Pas la peine de chercher un coupable,
vous remonteriez aux premiers temps de l’Humanité… pour en conclure
que les premiers hominidés, tout comme vous enfant, ne savaient pas plus
que vous ce qu’ils faisaient. Vous voyez : pas de coupable. Seulement
l’opportunité de prendre conscience, et de se dire : « eh bien, j’ai fait ceci
jusqu’à présent, et c’était le mieux que je pouvais faire ; alors, maintenant,
je préfère vivre autrement ! »
Changer de direction ! Et comme Richard Bandler le présuppose, en parlant
du cerveau à la troisième personne, comme d’un objet à manipuler : il faut
bien quelqu’un pour commander à ce cerveau. Vous ! Vous êtes votre propre
« directeur de conscience », à condition d’agir par-delà la machine, et non
depuis son intérieur – entravé et aveugle.
A condition d’agir en conscience, donc.
C’est ce qu’avait fait Sandra. En état élargi de conscience, elle avait pu
jouer avec ses mécanismes inconscients – non pas en suivant les directions
de l’Inconscient, comme un surfeur déséquilibré qui retrouve enfin le flux
de la vague (ce qui est parfait en d’autres situations thérapeutiques) mais en
parvenant à changer la direction de la vague !
Voilà qui est « agir en conscience », guidé par ses plus hautes aspirations, et
non par les besoins animaux et émotionnels d’un cerveau aux réponses
archaïques.
L’être humain fait cela sans cesse, bravant le chaos naturel pour
comprendre, grandir, bâtir, évoluer. Avançant obstiné-ment, de peur de
reculer s’il s’arrêtait !
Je n’allais donc pas plonger Nadège un peu plus dans son Inconscient,
apparemment affolé et paniqué. J’allais tenter de lui en redonner les
commandes, lui permettre d’en prendre conscience et de changer ce qu’il y
avait à changer.
Bien sûr, ce devait être au niveau symbolique car, comment discuter avec
une personne, si ce n’est dans son langage ?
345
Miracles quotidiens
Vous vous souvenez, parfois, de vos rêves ? Et ils vous semblent souvent
futiles, incompréhensibles. Pourtant, il n’y a que rarement des rêves
inutiles. Ils ont tous leur signification.
Et je fus le premier étonné de l’apprendre, par l’expérience.
On ne comprend pas le langage très symbolique de l’Inconscient, fait
d’analogies et de références à un monde qui ne nous préoccupe guère.
Imaginez la déception de votre Inconscient, tentant chaque nuit de vous
faire comprendre ses besoins, et vous – ignare – incapable de saisir ses
messages !
Les rêves ont tous un sens ; il n’y en a pas d’inutiles –
même ces rêves que l’on dit « utilitaires », « de tri », qui servent soi-disant
à faire le ménage dans votre psyché. Ceux-là aussi, aussi surprenant que ce
soit, ont un sens.
C’est donc bien dans sa langue à lui que l’Inconscient s’exprimera – et que
vous soyez en Conscience ne vous permettra peut-être pas plus de le
comprendre. Mais vous pourrez tout de même l’utiliser, jouer avec – et pas
seulement dans le seul cadre des réponses inconscientes, celles qui vous
viennent naturellement à l’esprit lorsque vous êtes éveillé ou en transe
hypnotique traditionnelle. En état élargi de conscience, vous aurez accès à
la même connaissance que Chantal (p.316) ; des choses qui vous dépassent
et vous offriront la possibilité et la chance de vous dépasser.
Par contre, en Hypnose Humaniste, il n’y a pas de technique de confusion,
on ne cherche pas à égarer le mental, à le perdre.
Il est donc toujours possible à la personne de juger et critiquer ce qui lui
arrive. Elle est seule maître à bord ; elle décide.
Il faudra ainsi avoir la sagesse d’accepter et de faire ce qui vient à l’esprit,
dans cette forme d’Hypnose, car cela contredit parfois ce à quoi l’on croyait
auparavant – ce qui nous paraissait sensé et raisonnable, judicieux ou bon
pour nous. C’est ce qu’avaient su faire Oumff, le grand sorcier, et la jeune
américaine venue en Europe soigner une vie antérieure moyenâgeuse !
C’est ce qu’allait aussi apprendre Nadège…
346
Miracles quotidiens
« Alors, Nadège, que s’est-il passé, hier soir ? Tu avais l’air plutôt calme,
aujourd’hui, même joyeuse…
- C’est ça, intervint le mari, c’était comme hier soir, ces crises de rire :
Nadège ne rit jamais comme cela !
- C’est vrai, Nadège ? » fis-je en regardant la jeune femme droit dans les
yeux.
Mon attitude directe entra en résonance avec ce qui se cachait dans l’esprit
de Nadège, dont le visage changea aussitôt d’expression. Son regard se fit
défiant et sa voix devint cristalline, comme celle d’une petite fille.
« Ça te r’garde pas ! lança-t-elle.
- Ben non, ça c’est sûr, répondis-je avec un ton de voix enfantin. Mais
comme j’suis curieux… j’voudrais bien savoir.
T’as quel âge, déjà ? »
Dans les situations de crise psychotique, il est absolument déconseillé de
pratiquer l’Hypnose : l’induction, à base de dissociation, achèverait de
briser le lien ténu entre le monde réel et le monde imaginaire de la
personne. Elle décom-penserait complètement et deviendrait difficile à
rattraper.
Par contre, l’induction hypnotique Humaniste rassemble et réunit ; elle
s’ouvre aux dimensions de l’esprit de la personne, offrant la possibilité de
récupérer les morceaux épars et de les remettre enfin ensemble.
C’est probablement la seule bonne technique de manipulation
psychologique à pratiquer sur une personne psychotique.
Et, contrairement à l’habitude en Hypnose Humaniste, on fera
« revenir » la personne, ce qui participera à densifier encore plus la
nouvelle structure de sa personnalité.
Ici, je me trouvais face à une partie isolée de la psyché de Nadège, seule
aux gouvernes de l’ensemble de la personne. Il me fallait la traiter, faire en
sorte de lui apporter soulagement, puis réunir la personne en elle-même.
« Je sais pas mon âge, gémit Nadège petite fille.
- Oh… tu sais pas ?... Bah, tu as au moins quatre ans !
347
Miracles quotidiens
- Non, j’ai trois ans, répliqua aussitôt la fillette.
- Ah, trois ans ? Tu fais plus grande ! »
A côté de nous, le compagnon de Nadège était halluciné !
« Et tu fais quoi, ici ? » demandai-je.
Nadège petite fille me regarda un long moment, figée.
J’avais apparemment touché la corde sensible… Son visage s’effondra et la
fillette se précipita dans mes bras, en pleurs.
« Je suis toute seule ! pleurait-elle.
- Mais, ils sont où, tes parents ?
- (redoublant de pleurs) Ils sont partis…
- Ben, ils sont partis où ?
- Ils sont au ciel… »
Je jetai un œil au compagnon de Nadège, qui me faisait non de la tête. Ses
parents étaient toujours vivants.
« Ils sont partis sans toi ?... continuai-je. Ils savent que tu es là, au moins ?
- Je sais pas… Je les vois pas…
- Et tu n’as personne, ici ?
- Si… ma copine…
- Ta copine ? Qui c’est ?
- Ben, Nadège ! »
Ok. De deux choses l’une : soit il s’agissait d’un dédouble-ment de
personnalité, soit la fillette était réelle.
Vu la situation, assez étrange, j’optai pour la seconde hypothèse. J’allai
prendre la fillette pour une personne à part entière, séparée de Nadège.
Jouer le jeu.
« C’est ta copine depuis longtemps ?
- Oh, oui !
- D’accord. Et elle ne peut pas t’aider ?
- Non, elle ne peut rien pour moi… mais elle est gentille.
- Bon, et tu aimerais retrouver tes parents ?
- Oh oui, bien sûr ! Tu sais où ils sont ?
- Donne-moi la main… tu vas voir. »
348
Miracles quotidiens
La fillette s’installa sur mes genoux (souvenez-vous qu’elle avait bien la
trentaine passée et que son compagnon regardait la scène, les yeux ronds !).
On se donna la main.
Je commençai une rapide induction en ouverture :
« Allez, il y a comme quelque chose qui peut s’ouvrir en toi, comme une
porte… C’est un peu comme une fleur qui s’ouvre… et ça s’ouvre… et tout
ce que tu es grandi… Tu t’envoles vers les étoiles… toujours assise ici,
avec moi, et à la fois partout… partout, partout… Voilà : prend une grande
inspiration… Plus grande que ça, allez !... Voilà, c’est bien…
Et à chaque grande et profonde respiration, tu deviens plus grande et tu
veux voir que tu peux ouvrir tes ailes… comme si tu avais un grand
vêtement, avec des manches très larges… et quand tu tournes sur toi-même,
ça fait virevolter tes manches et elles viennent frôler les étoiles, partout…
Et si tu tends tes bras, tu peux jouer avec… Et sentir ton corps reposer sur la
petite Terre, ici… Et tu sens aussi tout le monde qui vit ici…
et tout le monde qui vit partout… Et tu sais très bien qui tu cherches… qui
tu veux retrouver.
- Papa ! s’écria Nadège-fillette.
- Oui, et maman, aussi.
- Oui, mais c’est papa que je vois, là-bas !
- Oh ! Où est-il, dis-moi ?
- (montre du doigt) Il est là-bas, dans la lumière.
- Dans la lumière ? D’accord… Et tu veux le rejoindre ?
- Oh oui, oh oui !
- Alors, vas-y…
- (hésite) J’ai peur…
- Et de quoi, dis-moi. Tu veux que je vienne avec toi ?
- Oui (elle serre ma main plus fort).
- Alors, je viens… Vas-y : envole-toi vers ton papa… (je laisse passer
quelques dizaines de secondes) Ça va ? Tu le vois toujours ? Il est content
de te retrouver ?
- Oui, il me sourit… Je m’approche de lui… Il est dans une grande
lumière… Maman est juste derrière lui. »
349
Miracles quotidiens
Je sentais que l’heure de la séparation d’avec Nadège-adulte était venue. Il
allait falloir rompre ce lien, d’une manière ou d’une autre, et je craignais
que la « petite fille » n’hésite ou, pire, ne rebrousse chemin. Il est d’usage,
dans les accompagnements de deuil, de proposer à la personne qui reste de
couper le lien qui l’unit à la personne décédée. Là, je n’étais en contact
qu’avec la fillette qui remontait au ciel… et il me semblait que le fait de
couper ou d’interrompre quoi que ce soit pouvait la freiner, la bloquer dans
ce qu’elle avait à faire.
Puis je vis une alliance d’argent, à l’un des doigts de la main droite de
Nadège :
« Tu sais ce que tu dois faire, maintenant ? dis-je.
- Non, répondit la fillette.
- Tes parents sont là-bas, tout proche, c’est ça ?
- Oui…
- Et tu aimerais bien les rejoindre ?
- Oui…
- Mais tu ne le fais pas… Tu sais pourquoi ?
- Ben, non… fit la fillette avec une petite moue.
- Moi, je sais que tu as un peu peur de perdre ta meilleure copine. C’est pas
vrai ?
- Si, sourit-elle.
- Alors, c’est facile : il te faut un souvenir d’elle. Quelque chose qui fera
que tu pourras toujours lui parler, être avec elle.
Tu vois le joli petit cordon d’argent qui vous relie, toute les deux ? (petite
suggestion de ma part, basée sur un fait souvent observé durant ce genre
d’expérience)
- Oui, je le vois. Il est entre Nadège et moi.
- Voilà. Eh bien, fais passer ton doigt tout autour de ce joli cordon d’argent,
pour t’en faire une bague… »
J’avais espoir qu’en procédant ainsi, le cordon lâche, et c’est ce qui se
produisit. Aussitôt, le corps de Nadège, toujours assise sur mes genoux, et
qui s’était blottie contre moi, me parut plus ferme – non plus comme le
corps d’une enfant, 350
Miracles quotidiens
mais comme le corps d’une femme ! Cela en devenait presque gênant, tout
à coup. Je jetai un œil au compagnon, qui n’avait rien perçu de particulier.
Je continuai donc à parler à Nadège d’une voix enfantine, au cas où…
« Et tu peux rejoindre tes parents, maintenant. »
Nadège rit doucement. Sa voix était plus grave. Adulte.
« Elle est partie ! » dit-elle.
Incroyable. Je l’avais senti !
Nadège rouvrit les yeux. Elle était parfaitement bien, soulagée.
Nous nous regardions sans rien dire, incrédules de tout ce que nous venions
de vivre… Puis, je proposai au couple d’aller dîner ensemble (ce qui allait
me permettre de vérifier discrètement que Nadège était bien revenue à son
état normal).
La soirée fut fort sympathique et les semaines de formation qui suivirent me
montrèrent que Nadège avait bien retrouvé sa personnalité adulte.
Elle me raconta avoir eu, enfant, une petite copine orpheline qui s’était fait
renverser par une voiture, devant elle. D’après elle, c’était son esprit qui,
perdu, l’avait rejointe à ce moment-là et ne l’avait plus quittée. Nous lui
avions permis de retrouver ses parents.
Plusieurs nuits durant, Nadège rêva de sa petite copine.
Elles gardèrent contact, toutes les deux.
Neuf mois plus tard, Nadège devint maman… d’une petite fille ! Dont je
devins le parrain.
C’était il y a dix ans, maintenant. Nadège et son compagnon se sont mariés
et vivent heureux. La famille s’est agrandie.
Nadège a quitté depuis longtemps son travail d’entreprise.
Elle est devenue thérapeute, utilisant ainsi le don qu’elle s’est découvert à
aider les autres.
351
Miracles quotidiens
Ludovic retrouve sa maman décédée
et arrête la drogue
La coupe rasta, le bonnet coloré, le tee-shirt Bob Marley : mon jeune
patient était très typé ! Il travaillait dans l’import-export d’instruments de
musique africains, tambours, etc.
Alors, bien sûr, les instruments n’arrivaient pas toujours « à vide »…
Pourtant, il venait pour arrêter de fumer.
Non, ce n’était pas du tabac !
Nous parlions, il y a quelques pages, du cas de Gérard qui avait arrêté de
boire (p.138). Je vous expliquais dans l’histoire de Gérard que beaucoup
d’hypnothérapeutes craignent les patients alcooliques ou drogués car, en
état d’hypnose, ceux-ci ne perdent pas autant conscience que le patient
ordinaire – à cause de leur habitude des « états modifiés de conscience ».
Etant plus présents que les autres, ces patients peuvent à tout moment juger
ou critiquer la procédure thérapeutique, ce que certains thérapeutes
n’apprécient guère ! En effet, il est bien plus facile d’appliquer une
technique au petit bonheur la chance sur un patient anesthésié, que de
vérifier au fur et à mesure de l’intervention, grâce à une personne bien
éveillée, que notre approche thérapeutique est en adéquation.
Certains hypnothérapeutes ont même été jusqu’à écrire que l’Hypnose
n’était pas une pratique indiquée pour le traitement des addictions à l’alcool
ou à la drogue ! Tout ça parce qu’en fait, ils n’arrivent pas à les soigner.
En Hypnose Humaniste, le souci de l’état d’éveil de la personne ne se pose
pas, puisqu’il n’y a jamais endormissement.
C’est une chose à laquelle on veille, par exemple en faisant continuellement
parler la personne. De plus, comme je vous l’ai déjà expliqué, il n’y a pas
de dissociation en Hypnose Humaniste, donc pas de « perte de conscience
», de mise en état d’inconscience. La personne est et reste consciente. Et
352
Miracles quotidiens
même souvent bien plus consciente qu’à l’ordinaire, d’où le nom de l’état
hypnotique Humaniste : Etat Extra-ordinaire de Conscience. Plus
qu’ordinaire.
Bien que pensant avoir affaire à une simple compulsion, que l’on traite
habituellement en mode inconscient, en Hypnose Ericksonienne, j’optai je
ne sais pourquoi pour une induction hypnotique en ouverture, de type
Humaniste donc.
La chose me fut facilitée par la cause même de la venue du jeune homme en
consultation : il fumait du haschich. Je lui demandai donc de me décrire les
effets de cette drogue sur lui.
C’était une induction dite par rappel d’une transe précédente, sans la
dissociation habituelle conscient/Inconscient.
Alors que Ludovic me décrivait son « dernier pétard »
(ambiguïté volontaire destinée à lui suggérer indirectement que ce pétard
pouvait être, non pas le dernier en date, mais bel et bien « le dernier », tout
court), je commençai une Remodélisation d’Histoire de Vie – une technique
dont je vous ai déjà parlé plusieurs fois.
Après une rapide régression, qui permit à Ludovic de remonter le temps, de
souvenirs en souvenirs, mon jeune patient devint soudain muet. Son visage
était livide.
Alors, il peut arriver que l’on ait une tête un peu étrange, quand on est en
état d’hypnose : le teint pâle, les traits très tirées, les mâchoires crispées,
etc. Cela n’a rien d’anormal et la personne dans cet état n’en est pas le
moins du monde dérangée – il n’y a que pour nous que c’est curieux à voir.
Maintenant, en cas de doute, il est bon de simplement demander à la
personne si tout va bien, ce qu’elle confirme généralement… La respiration
saccadée du jeune rasta ne me disant toutefois rien qui vaille, je lui
demandai à plusieurs reprises si tout allait bien. Toujours pas de réponse.
« Ok, alors sors de là ! intimai-je avec fermeté. Allez, prends une grande
respiration. Allez, vas-y ! Et élance-toi. Sors d’ici ! »
353
Miracles quotidiens
En état ordinaire de conscience, vous pourrez toujours ordonner à
quelqu’un en crise émotionnelle de se calmer, vous obtiendrez juste l’effet
contraire : de plus en plus de pleurs ! On ne peut pas stopper volontairement
un état de choc.
Mais on peut sortir involontairement de cet état, c’est-à-dire non pas grâce à
un effet de la volonté, mais parce que notre Inconscient aura réagi à une
suggestion hypnotique – et c’est là un des grands avantages de la thérapie
hypnotique : si je vois que la personne frôle un très mauvais souvenir, je
peux lui demander de ne plus rien voir. Juste entendre et ressentir.
C’est une dissociation, non pas entre le conscient et l’Inconscient, mais
entre la personne et le souvenir traumatique.
Ainsi, je pourrais lui suggérer de ne plus rien ressentir et de tout voir et
entendre, ou l’inverse, lui permettant de franchir l’épreuve avec bien plus
de facilité : retrouver les informations, prendre conscience, mais sans
souffrance, ou au contraire laisser l’Inconscient se purger, se nettoyer,
pleurer un bon coup, sans savoir pourquoi, et donc sans être choqué et sans
empirer la situation par des interprétations morales.
Ludovic étant en transe hypnotique, ma suggestion lui permit de s’extirper
de l’expérience douloureuse qu’il semblait avoir retrouvée.
« Alors, fis-je, dis-moi ce que tu vois…
- Je suis au pied de l’escalier. »
Et le jeune homme s’effondra en larmes, sans m’en dire plus… Il est normal
de laisser s’exprimer l’émotion. Il suffit de se retrouver face à soi, plus
jeune, pour s’en retrouver saisi, même si la situation est très ordinaire. Le
vécu hypnotique est suffisamment réaliste pour être impressionnant !
Alors, quand la situation est grave, il est bien normal d’en être touché,
même si on ne revit pas directement la crise.
« Voilà, l’encourageai-je calmement. C’est bien… Respire.
Et dis-moi juste… qu’est-ce qu’il se passe ?
- Ma mère est morte. »
354
Miracles quotidiens
Oh ! Surprise ! Je pouvais m’attendre à beaucoup de choses, en ce qui
concerne une addiction, mais pas à cela.
« Ta mère est morte ?... Mais, dis-moi, quel âge as-tu ?
- J’ai douze ans. Ma mère devait m’emmener faire des courses. Elle était au
premier étage et elle a glissé dans l’escalier en descendant. »
C’était horrible ! La mère de ce garçon s’était cassé le cou devant lui, en
tombant dans l’escalier. Pas étonnant qu’il soit traumatisé… Je comprenais
tout à coup pourquoi il voulait s’envoyer en l’air avec ses pétards : en fait,
il cherchait inconsciemment à retrouver sa mère décédée.
Je basculai aussitôt sur un Traitement de Deuil, un raccompagnement
comme nous l’avions fait avec Nadège et sa petite fille. Il fallut bien se
rendre à l’évidence : la maman était « toujours là ». Ludovic la recherchait
aveuglément, à chaque fois qu’il fumait… et c’était l’espoir constamment
renouvelé de la retrouver qui l’empêchait d’arrêter.
Je vous passe les détails, traditionnels, d’un traitement de deuil : la montée
vers le ciel, main dans la main avec la maman, à travers un tunnel de
lumière au bout duquel attendent, prêts à accueillir la maman, des êtres
chers et quelques êtres de lumière, le cordon à couper... Emotion.
Aller et retour, la séance dura tout juste une heure. Le jeune homme s’en
alla, peu convaincu de l’efficacité de ce que nous venions de faire – de ce
qu’il venait de vivre.
Huit mois plus tard, Ludovic me rappela pourtant, afin que je l’aide à
arrêter de fumer. « Les pétards ? » demandai-je.
Silence au bout du fil… Cela faisait huit mois qu’il avait arrêté et je venais
juste de lui en faire prendre conscience, par ma question ! Pour lui, nous
n’avions fait ensemble qu’un
« voyage astral », très impressionnant, mais rien de plus.
Il ne se droguait plus et ne s’en était pas rendu compte. Je le reçus pour la
cigarette. Il arrêta aussi en une séance.
355
Miracles quotidiens
= 14 =
AU PARADIS DES BEBES
La dame était plutôt grosse… et elle pleurait sans arrêt.
Dépressive ! C’était assez facile à comprendre.
A la lecture du titre de ce chapitre, et avec l’expérience que vous avez,
après plus de trois cent cinquante pages de récits d’hypnose, vous pourriez
deviner la technique que je vais choisir pour aider cette dame à sortir de sa
dépression. Après tout, nous avons parlé d’un cas quasi similaire page 215,
à propos d’une femme dépressive depuis quarante-quatre ans !
Il me semble qu’il y a tout de même ici un détail à préciser.
Connaissez-vous les photos Kirlian ? Il s’agit d’un procédé photographique
basé sur une différence de tension électrique.
Vous posez vos mains sur une plaque métallique isolée et on envoie du
courant électrique. Vous voyez alors apparaître une luminescence bleutée.
Comme on a disposé du papier photo entre vos mains et les plaques, la
lumière bleutée s’imprime sur le papier et vous obtenez une jolie photo de
votre énergie.
Le procédé existe depuis très longtemps, et on sait maintenant interpréter
les différences de rayonnement, essentiellement parce qu’ils suivent les
méridiens d’acupuncture –
que l’on voit d’ailleurs très clairement sur les photos.
Tout cela pour dire que lorsqu’une personne est dépressive, cela se voit sur
ses photos Kirlian. L’empreinte énergétique révèle beaucoup de choses, y
compris l’état physiologique ou affectif – et même si la personne a bien
mangé ce midi !
Là où nous sortons de l’ordinaire, c’est lorsque le problème est exogène,
c'est-à-dire lorsqu’il ne vient pas de l’activité propre de la personne.
Lorsque « autre chose » est en cause.
On peut ainsi photographier une agression psychique…
356
Miracles quotidiens
Tout comme on voit très bien à l’image lorsque « maman n’est pas partie »,
comme dans le cas de Ludovic : une boule d’énergie flotte à côté de la
personne, reliée à elle par un ensemble de filaments énergétiques !
Il faut le voir pour le croire ! Et l’imagerie Kirlian démontre d’autres
phénomènes bien plus étranges encore.
Pour lors, je voulais simplement pointer qu’une dépression pouvait être
endogène, provenir de l’état d’esprit de la personne même, ou exogène :
provenir de « quelque chose » d’extérieur.
La dame dépressive depuis plus de quarante ans souffrait d’une dépression
endogène. Elle n’avait pas fait son deuil.
Par contre, Ludovic, tout comme la grosse dame en pleurs, ne me paraissait
pas souffrir à cause d’un trouble psychologique – du moins, pas
directement. Si la mère de Ludovic s’en était allée, il aurait pu faire son
deuil, lui, avec les années.
Mais sa mère était toujours « par là », et il la sentait…
Mon intuition me disait que la grosse dame souffrait pour une cause
similaire.
« Alors, que s’est-il produit de particulier, il y a deux ans, lorsque vous avez
commencé à ressentir cette dépression ?
demandai-je plusieurs fois.
- Rien du tout. Non rien » répondait à chaque fois la dame.
Certes, j’aurais pu la guider dans une régression, à la recherche de la source
de sa tristesse intérieure, ou mobiliser ses ressources inconscientes pour
surmonter cette épreuve soi-disant inconnue… Mais, il me semblait
important que cela se passe en conscience, sans pouvoir dire pourquoi.
Alors, j’insistai… Et puis, enfin, la dame marmonna entre deux larmes,
d’un air de dire que cela n’avait aucune importance :
« Oh, j’ai bien fait une fausse couche… »
Ah, tiens !
« Oh… Et à quel terme était-ce ?
- Six mois, répondit la dame en pleurant de plus belle.
- C’est terrible…
357
Miracles quotidiens
- Nous avions déjà choisi le prénom, continua la femme en cherchant un
nouveau mouchoir… C’était une fille… Mon mari et moi, nous avions déjà
terminé sa chambre.
- Et vous n’avez jamais voulu un autre enfant, depuis ?
- Si, bien sûr, mais nous n’y arrivons pas. Le médecin a dit que c’était une
stérilité psychologique. »
Evidemment.
De toute évidence, nous étions partis pour un nouveau traitement de deuil.
Aussitôt après une induction en ouverture – qui se fit plus facilement que je
ne l’aurais cru – j’évoquai la mémoire du défunt bébé. Bizarrement, il
semblait déjà parti, comme si le deuil avait déjà été fait. Nous partîmes
donc à sa recherche.
« Je sens où elle est, expliquai la maman.
- C’est très bien… Suivez votre intuition.
- (après un moment) Ça y est, j’y suis… Oh ! »
La femme venait d’éclater en sanglots, mais l’émotion était différente. Il ne
s’agissait plus d’une "fuite émotionnelle", comme si les pleurs étaient les
larmes d’énergie s’échappant de la personne, mais d’une belle, forte et saine
émotion.
« C’est le paradis des bébés ! s’exclama la femme, sans doute un peu plus
fortement qu’elle ne l’aurait voulu… Il y a ma fille. Elle est là ! C’est elle,
j’en suis sûre. »
Une fillette de deux ans accueillait sa maman.
Séquence émotion.
L’endroit sortait tout droit d’un conte de fées, tout un paysage merveilleux,
agréablement planté et bordé d’arbres. Au centre, il y avait une mare, à
l’eau lisse comme un miroir.
La petite fille y amena sa mère et lui montra sa vie à venir.
Pendant ce temps, la femme décrivait à haute voix, parlait à sa fille, lui
répondait. J’écoutais sans dire mot. Elles finirent par se séparer, la mère
promettant à l’enfant de vivre heureuse, l’enfant lui assurant sa présence
silencieuse.
358
Miracles quotidiens
L’enfant défunt avait soigné sa mère.
La sortie de transe se fit toute seule ; ce n’était plus moi le guide. La femme
et moi, nous nous quittâmes dans un silence respectueux de ce qui venait de
se passer, échangeant nos sourires complices. Nous savions bien tous deux
qu’il n’y avait rien à ajouter.
Vous devinez la suite. La dame avait arrêté de pleurer. Elle reprit le cours de
sa vie et reçut l’heureuse nouvelle quelques semaines plus tard : elle était
enceinte !
Andrea ne veut plus de fantômes
Tout cela pourrait paraître purement psychologique si les photos Kirlian ne
venaient nous prouver par l’image l’existence de présences… (cf. en
Bibliographie, Hadjo) Le procédé est également intéressant dans des cas
plus ordinaires. Une photo d’un jeune garçon traumatisé par un accident
montre que toute sa psyché est bloquée : les zones dédiées à l’esprit
n’apparaissent tout simplement plus du tout sur les photos ! Il suffit d’une
induction hypnotique et d’une régression pour voir réapparaître toute
l’image, de pleines grappes de boules toxiques. Les marques du
traumatisme.
Une dernière photo après la séance d’Hypnose montre la disparition des
boules toxiques et une image énergétique pleine et entière, saine et
rayonnante.
Mais il n’est pas toujours possible de photographier les phénomènes les
plus étranges.
Vous avez déjà entendu parler des poltergeists ? Les esprits frappeurs des
légendes. Réalité ou fiction ? Qui sait ?
De curieuses petites boules d’énergie se baladent parfois sur les photos
Kirlian, hors des zones photographiables, c’est-à-dire là où il n’y a pas
d’électricité pour marquer le papier !
Mais alors, quelle énergie a marqué la photo ?
359
Miracles quotidiens
J’imagine votre mine perplexe !
Je vous avais prévenu qu’en Hypnose Humaniste, il fallait avoir l’esprit
ouvert à toutes sortes de choses… Les curiosités de la vie étant souvent
scientifiquement invérifiables (expériences non-reproductibles, et pour
cause !), disons que leur réalité dépend de votre opinion à leurs sujets. Et
chaque
« vérité » étant par nature strictement subjective, il est donc impossible de
différencier ou de juger les vraies des fausses.
Conclusion : chacun son opinion !
Et il faut bien avoir l’esprit ouvert et tolérant quand une grande et jolie
jeune femme comme Andrea pousse votre porte.
Le papa, banquier très rationnel, m’adressait sa fille vraiment en dernier
recours, comme cela arrive souvent en Hypnose.
Les gens ont suivi une thérapie inefficace pendant trois ans (mais le
thérapeute était sympa, se justifient-ils) et ils ne laissent souvent qu’une
chance à l’hypnothérapeute de les soigner ! Une séance… Ils demandent un
miracle là où personne d’autre n’a réussi. C’est gentil de faire confiance,
mais nous aimerions aussi, en Hypnose thérapeutique, avoir un peu de
temps devant nous…
Certains cas, non-existentiels, peuvent être traités très rapidement – en fait,
ce sont des dysfonctions de l’Inconscient : allergies, phobies, compulsions,
etc. Il est alors assez facile de redonner à la Nature son cours originel.
L’Inconscient ne demande que cela. Souvent une séance suffit.
Mais lorsque la personne amène toute une vie déstructurée, c’est un travail
immense, thérapeutique et de maturation pour la personne – cela ne se fait
pas en une fois ! Il faut avancer tranquillement, prendre le temps de mûrir
les choses, comprendre et changer à son rythme. C’est une évolution.
« Même l’exorciste du diocèse n’a rien pu faire pour elle, m’expliqua le
père.
- Et vous avez pensé à moi, alors… Sympa ! »
360
Miracles quotidiens
Andrea voyait des fantômes.
De deux choses l’une, soit nous entrions dans le premier cas : l’Inconscient
dysfonctionnait, pour une raison ou une autre, et l’affaire serait rapidement
et facilement réglée ; soit Andrea souffrait de troubles psychotiques, suite à
une vie plus ou moins horrible ou traumatisante, et là cela demanderait
beaucoup plus de temps pour espérer une rémission.
Bien sûr, il restait l’option « étrange » : que la jeune femme ait de réelles
perceptions. Mais cela n’existe pas, n’est-ce pas ?
A vingt-six ans, la jeune femme était architecte et travaillait dans un milieu
d’hommes où il lui fallait se faire respecter quotidiennement. Son travail
avançait correctement, sans plus.
Elle n’avait pas de relation amoureuse fixe et elle élevait seule son premier
enfant, âgé de quatre ans. Chose inquiétante : lui aussi voyait des fantômes.
Dans la maison – ce que confirma le sérieux papa banquier
– les meubles s’ouvraient tout seuls, les pendules s’arrêtaient quand Andrea
entrait et reprenaient quand elle sortait, et autres phénomènes plus que
surprenants.
Alors, hallucination collective ? Hystérie contagieuse ?
Malheureusement, comme nous le disions plus haut, dans le domaine
psychique, il est impossible de discerner ce que l’on pourrait espérer être «
la vérité » : un phénomène concret objectivable par tout observateur.
L’esprit a ses particularités que la raison cartésienne ordinaire ignore. Ce
que l’on retrouve d’ailleurs dans d’autres domaines, plus scientifiques,
comme la physique quantique où, comme l’expliquait Einstein : la théorie
détermine l’observation. Ce que vous pensez de la situation fabrique la
situation. Autrement dit, vous ne voyez que ce à quoi vous croyez (et non
l’inverse).
Fidèle à la philosophie Humaniste, ouverte et tolérante, je pris donc pour
réelles les perceptions d’Andrea. Qu’elles soient symboliques ou réelles ne
changeaient rien pour moi.
361
Miracles quotidiens
Outre l’aspect terrifiant de telles visions, et le fait que son médecin voulait
la faire interner pour schizophrénie, la situation devenait dangereuse, car
Andrea ne savait plus faire la différence entre les « vivants » et les « morts
».
C’est-à-dire qu’en voiture, elle pouvait piler en plein milieu de la route,
croyant avoir vu quelqu’un traverser !…
La première chose que je fis fut de la prendre au sérieux : nous discutâmes
longuement de ses visions, elle m’apprit ce qu’elle savait des fantômes et je
fis de même, d’un point de vue purement philosophique.
Une induction Humaniste permet théoriquement de s’ouvrir aux dimensions
les plus subtiles de la Vie. N’étant pas capable moi-même de percevoir les
champs d’énergie, comme certains prétendent le faire (aura, etc.), j’aide
mes patients à prendre conscience d’eux-mêmes, à percevoir leurs propres
énergies, puis à faire ce qu’il faut pour arranger leur situation.
On n’est jamais mieux servi que par soi-même !
Plusieurs expériences d’Hypnose Humaniste permirent ainsi à Andrea de se
familiariser avec ses perceptions, de communiquer avec ses « fantômes »,
leur poser des questions, obtenir leurs réponses… Elle commença à ne plus
les craindre.
Puis, nous tentâmes diverses approches : demander aux âmes défuntes
d’aller habiter ailleurs, par exemple !
Imaginez que son fils de trois ans fixait le salon, depuis le haut de l’escalier.
Sa mère lui demande ce qu’il voit, et le fils de répondre :
« Il y a tous les messieurs-dames qui mangent en bas. »
La mère descend l’escalier pour se mettre à hauteur de son fils et voit (dit-
elle) toute une famille installée dans son salon, les uns se restaurant, les
autres bavardant, avec des enfants qui courent partout et font les fous !
Alors, cela peu faire rire ou paraître douteux, vu de notre côté, mais
imaginez que vous voyiez réellement cela dans votre salon, de vos yeux :
dans quel état seriez-vous ??
362
Miracles quotidiens
La première réaction de la jeune femme avait été probablement celle que
vous auriez eue aussi. Elle avait été voir un psychiatre, qui lui avait prescrit
les médicaments appropriés à son cas… Mais cela n’avait strictement rien
changé – outre qu’elle était nébuleuse toute la journée.
Nous avions alors tenté de régler son niveau de perception, comme une
radio, afin de ne plus percevoir que ce qu’elle voulait bien – et de faire de
même pour son fils.
D’abord, elle me rapporta que son fils allait mieux. Il dormait et n’affolait
plus sa maîtresse avec des histoires horribles. Finalement, Andrea prit
conscience de l’origine de toutes ses perceptions : elle-même !
Que ces fantômes existent ou non importait peu, puisque tout le monde ne
les voyait pas. Il lui suffisait de devenir
« comme tout le monde »… ou presque !
Quelque chose, un réglage différent, faisait qu’elle voyait ce que d’autres
ne voyaient pas. Il s’agissait de modifier ce réglage, si ces perceptions ne
lui étaient pas utiles.
Elle avait trouvé sa solution logique !
Après notre quatrième rencontre, Andrea me raconta qu’elle ne voyait plus
de fantômes, même si elle croyait toujours en l’existence d’autres formes de
vie que la vie organique, incarnée, que nous connaissons tous.
Elle avait même commencé à appliquer nos discussions plus philosophiques
dans la vie (cf. Core Gem, en Bibliographie).
J’avais suggéré à Andrea d’utiliser ses pouvoirs pour réaliser ses rêves
plutôt que ses cauchemars.
Si elle était si certaine d’avoir provoqué tout ce chaos dans sa vie, si elle
était réellement l’origine de toutes ces choses, alors elle n’avait qu’à centrer
son Intention, son désir de vie, dans une direction plus appropriée. Tout
simplement !
Quand vous n’avez pas pour habitude que vos pensées se réalisent aussitôt
dans votre vie, cette idée peut vous paraître 363
Miracles quotidiens
absurde, mais quand vous venez de passer plus d’une année à vous battre
avec l’effet très concret de vos pensées, la prise de conscience de votre «
pouvoir créateur », de votre influence sur la réalité, est un eurêka salutaire,
salvateur !
Les yeux d’Andrea s’agrandirent, et je pouvais littéralement la voir
imaginer son avenir, meilleur, idéal. Elle souriait.
Deux mois après, un après-midi, alors que nous n’avions plus de contacts
téléphoniques depuis quelques temps, des coups de klaxon sous mes
fenêtres attirèrent mon attention : c’était Andrea dans une Mercedes
flambant neuve !
Elle m’avait pris au mot. Son activité était désormais florissante, les
contrats tombaient les uns après les autres, et elle avait rencontré l’âme-
sœur. Elle allait bientôt se marier.
Et elle avait tenu à venir me montrer le signe de sa réussite : la voiture que
je lui avais prédit qu’elle conduirait bientôt !
Dominique passe au travers du soleil
Je connaissais la voix de la personne qui venait de prendre rendez-vous
avec moi : je l’avais déjà rencontrée dans une autre ville. Suite à une erreur
de numéro, Dominique m’avait raconté sa vie au téléphone, puis je l’avais
reçu en consultation – une fois. Souvenez-vous, c’était page 62…
Il s’était avéré que la voix féminine à qui j’avais parlé presque une heure au
téléphone appartenait à un homme, et pas franchement efféminé – si ce
n’était le boa rose ! Voilà pourquoi j’avais mémorisé la voix de ce singulier
personnage.
Et il me rappelait ! Comment cela pouvait-il être possible ?
Dominique avait pour habitude de visiter tout thérapeute s’inscrivant sur
l’annuaire. J’avais déménagé – et les hasards de la vie l’avaient fait
déménager aussi, dans la même ville.
Cela fait beaucoup de hasards, vous ne trouvez pas ?
Lors de notre première rencontre, je n’avais fait qu’effleurer 364
Miracles quotidiens
le problème : Dominique avait un énorme problème d’identité sexuelle. Il
caricaturait une attitude féminine, admirant Mylène Farmer (« quand j’ai
l’âme en joie, je chante ses chansons, tout nu dans mon jardin » m’avait-il
avoué). Bien qu’il affirmât ne pas être homosexuel, Dominique aimait
regarder des images d’hommes nus et m’avait – pour l’occasion –
apporté moult photos de lui, dans le plus simple appareil…
afin d’illustrer les poèmes qu’il m’avait gentiment composés !
Il espérait aussi que je lui fasse quelques doux « massages intégraux » ou
que je lui fasse rencontrer « d’autres hommes comme lui ». C’est d’ailleurs
grâce à ces espoirs non démentis que je l’avais attiré dans mon antre
thérapeutique.
Je me doutais que je n’aurais qu’une seule possibilité d’aider Dominique –
quoi que je puisse faire pour lui.
Celui-ci arriva en avance à notre rendez-vous. Il n’avait pas son boa rose,
j’étais presque déçu !
Dominique me tendit une main flasque en se dandinant, puis entra et posa
son sac à main et ses quelques affaires en tas derrière la porte d’entrée –
malgré le porte-manteau.
Il était pure joie ! Je devais être son cadeau de Noël, la meilleure chose qui
lui arrivait depuis longtemps. Le pauvre.
Dès que je pus me libérer de tous les poèmes, photos et dessins de nus qui
constituaient le lourd dossier qu’il avait ouvert sur mes genoux, je proposai
à Dominique « une expérience érotique ». Pieux mensonge !
Dominique ferma les yeux en se trémoussant dans mon fauteuil. Il
s’attendait certainement à quelque chose de très physique… C’est un peu
tout de même ce qui se produisit :
« Vous ne commencez pas ? fit-il, impatient.
- Le plus grand plaisir commence par l’esprit – je suis psy, ne l’oubliez pas,
j’ai mes vices à moi… Laissez-moi vous faire découvrir mon monde.
- Hmmm » laissa-t-il échapper, indécis.
Et je commençai mon induction hypnotique.
365
Miracles quotidiens
Dominique entra en transe avec toute la rapidité que l’on pouvait attendre
de quelqu’un d’aussi sensible.
Malgré tout, je continuai à approfondir l’induction… Il voulait des
sensations ? Il allait en avoir !
Après quarante-cinq minutes d’induction de transe, Dominique avait oublié
jusqu’à son prénom ou son existence sur Terre. Je lui avais fait vivre
diverses activations psycho-corporelles (lévitation… du bras ! lourdeur,
chaleur, hallucinations, etc.) assorties d’un véritable bombardement de
toutes les suggestions camouflées que j’avais pu imaginer.
Le principe d’une maladie est qu’il s’agit d’un état anormal.
Je ne savais pas ce qui coinçait ou n’allait pas dans le bon sens, chez
Dominique – et il ne me donnerait probablement jamais l’occasion de le
savoir – alors je pris le parti de le soigner, quoi qu’il ait, de lui faire vivre un
vaste échantillon de tout ce que je savais faire, susceptible de l’aider à
recouvrer le bien-être physique et moral.
C’était très simple : si son état psychologique était normal, alors il resterait
le même, en mieux, même. Par contre, s’il avait le moindre souci, j’espérais
que toute la lumière que j’envoyais à Dominique chasserait cette ombre.
« Et cela me rappelle une histoire » m’entendis-je dire.
Le temps d’un souffle, le temps s’arrêta pour moi : je n’avais absolument
aucune idée de ce que j’allais lui raconter.
La vérité, c’est que je n’avais aucune histoire en tête.
Et, comme vous le savez peut-être, en Hypnose, afin d’être parfaitement
calqué sur la personne accompagnée, le thérapeute parle en rythme avec sa
respiration. J’avais donc placé ma phrase sur l’expiration ; Dominique et
moi avions ensuite pris une légère inspiration ; puis je devais reparler.
Je basculai alors sur une métaphore…
Cela vous est-il déjà arrivé de vous écouter parler ? Pas simplement de
prendre plaisir à parler, mais vraiment apprendre de ce que vous entendez…
alors que ça sort de votre bouche !
366
Miracles quotidiens
Nombre de thérapeutes vous raconteront ces moments hors du temps où le
mental a laissé place à une plus grande conscience – exactement comme si
autre chose parlait à travers vous. C’est pertinent, c’est plein de sens, c’est
aussi bien structuré que possible. En fait, comme dit l’expression, vous
auriez voulu faire tout cela exprès, vous n’auriez pas pu mieux faire ! C’est
la magie en action.
Je crois intimement que c’est cela, la thérapie, ce qui soigne la personne. Le
thérapeute n’est qu’un intermédiaire entre ce phénomène de la Nature et le
patient. C’est un flot.
Voilà pourquoi, en essence, la séance d’Hypnose est une longue prière du
thérapeute pour son patient.
Je me laissais bercer avec lui par les mots qui me venaient.
Il était question d’un vilain petit canard qui était en fait un aigle, d’une
basse-cour où personne ne reconnaissait le petit canard-aiglon à sa juste
valeur, puis d’un envol, très haut dans le ciel… si haut qu’il traversa le
soleil, au summum d’une ascension pleine d’émotion. L’immense et
puissante boule de feu et de lumière franchie, Dominique s’était lavé de tout
chaos, la part féminine en lui (« celle que nous avons tous, nous les
hommes ») avait repris sa place, laissant sa liberté à la part masculine de
l’aiglon grandissant, etc.
Dominique rouvrit les yeux sans que je ne le fasse revenir.
Il avait découvert une autre facette du monde et s’était transformé.
Il se leva en vacillant et rejoint le coin où il avait posé ses affaires. Je le vis
s’agenouiller, puis se recroqueviller sur lui-même, la tête contre la poitrine.
Il respirait très fort, comme choqué, ou sonné… Je respectai son silence.
Enfin, il se releva. J’eus l’impression qu’il se tenait plus droit. Qu’il était
plus carré, aussi.
« Je crois que nous n’aurons plus l’occasion de nous revoir, fit-il d’une voix
que je ne lui connaissais pas, grave et virile.
- En effet » acquiesçai-je en souriant doucement.
367
Miracles quotidiens
Il me serra la main de façon très ferme et me dit étrangement adieu.
Un de mes collègues me donna involontairement de ses nouvelles : il me
raconta qu’il se faisait draguer depuis plusieurs mois par un de ses patients,
auquel il avait maladroitement confié son téléphone personnel, et que celui-
ci le harcelait continuellement. L’homme correspondait parfaitement à la
description de Dominique !
Or, le patient en question avait cessé d’appeler, presque un mois durant. Et
lorsqu’il avait fait sa réapparition, ce n’était plus le même. Comme si un
fantôme s’était envolé. Une blessure béante s’était refermée. Le mariage
sacré du Masculin et du Féminin avait eu lieu, donnant naissance à un être
épanoui qui s’émerveillait maintenant de la Vie.
Joséphine et Raquel rencontrent leur âme-sœur Lorsqu’on accepte de
quitter le point de vue individualiste et de percevoir le monde comme une
Unité, nous tous réunis, membres d’une même grande famille, comme
peuvent l’être toutes les cellules d’un même grand corps, beaucoup de
choses mystérieuses trouvent leur explication.
Par exemple, des chercheurs ont demandé à un groupe d’une douzaine de
personnes de se concentrer sur un générateur aléatoire de sons. Il s’agissait
d’un compteur Geiger – vous devez déjà en avoir entendu. Le crépitement
qui sort de ces appareils détectant la radioactivité est parfaitement
chaotique.
Pourtant, lorsque l’ensemble du groupe se concentrait, il pouvait faire
diminuer ou augmenter, à volonté, la fréquence des « clic-clic-clic-clic »
qu’émettait l’appareil !
C’est déjà étonnant, mais lisez un peu la suite : l’équipe de chercheurs a
renouvelé l’expérience avec un autre type de sons, tout aussi aléatoire. Il
s’agissait des « tac-tac-tac » des pneus de voitures passant sur un tuyau en
plastique tendu en 368
Miracles quotidiens
travers d’une route. Bien entendu, on ne peut prévoir combien de voitures
passeront, à quel rythme et à quel moment…
Là encore, le groupe, ignorant qu’il s’agissait de bruits de véhicules bien
réels, qui roulaient au même moment sur une route de la région, est parvenu
à augmenter ou diminuer la fréquence des « tac-tac-tac ».
Par contre, l’implication de cette dernière expérience est très différente : il
est une chose d’admettre que l’esprit puisse modifier la constitution ou
l’activité de la matière… Il est bien autre chose d’admettre qu’un groupe
humain puisse interférer sur l’activité d’un autre groupe humain, totalement
ignorant de l’expérience en cours !
Une autre expérience, réalisée en juillet 1993 à Washington, a prouvé qu’un
groupe de 4000 personnes pouvait faire chuter le taux de criminalité d’une
ville entière, simplement en envoyant de « bonnes pensées ». La police,
prévenue de l’expérience, a bien été obligée de constater l’impossible : la
criminalité a baissé de presque 25% pendant un mois (les policiers
interviewés peu auparavant avaient déclaré à la télévision qu’il faudrait
qu’il neige en plein juillet pour que la criminalité baisse tant soi peu !)…
Vous admettrez comme moi que la simple gentillesse n’a jamais arrêté la
violence. Ce n’est donc pas par « effet placebo » que les criminels de la
ville de Washington ont commis moins de méfaits. Ce n’est pas non plus
pour faire plaisir à qui que ce soit… Aucune influence directe n’était
possible. La seule explication est qu’ils ont décidé, par eux-mêmes, de ne
pas commettre ces méfaits. Ils n’en avaient pas envie… Quelque chose les
avait mis dans un autre état d’esprit. Tout comme pour les automobilistes
qui passaient sur le tuyau en plastique en travers de la route. Personne ne les
a forcés à prendre leur voiture un peu plus tard pour diminuer les « tac-tac-
tac » qu’entendait le groupe.
Il y a une connivence de pensées dans l’Humanité.
369
Miracles quotidiens
Quand le groupe a désiré que la fréquence des « tac-tac »
diminue, le nombre de voitures qui passaient sur le tuyau tendu en travers
de la route a baissé. Il fallut que des personnes comme vous et moi
modifient le cours de leur vie.
Etant donné qu’il est impossible de montrer l’existence d’une quelconque «
force » contraignante entre le groupe et les automobilistes, venant de
partout dans le pays, l’explication la plus plausible est l’Unité : nous
sommes tous les cellules d’un même grand corps. Le super-organisme de
l’Humanité.
Ainsi, si je désire lever la main, les cellules de ma main et de mon bras
s’envolent. Etaient-elles d’accord pour cela ? Je crois qu’elles s’en fichent :
elles sont d’accord pour faire ce que je désire faire, car elles sont « moi ».
Elles sont heureuses de bouger si je veux bouger, car à ce moment-là, elles
aussi ont envie de bouger. Et lorsqu’il me plaît de rester immobile, elles
aussi préfèrent rester immobiles.
Car nous ne formons qu’un seul Être.
Tout comme l’Humanité et ses six milliards de cellules.
Ainsi, il suffit qu’un groupe suffisamment nombreux ait un désir de paix
pour que cela fasse chuter, par effet statistique, le désir de violence, la
colère, le mépris, la jalousie, la peur, etc.
En fait, il y avait environ 600.000 habitants à Washington en 1993. Si vous
calculez, Cela signifie que 0,66% de la population a eu une influence
positive sur l'ensemble de la ville !
De là à chercher à savoir combien il faudrait de personnes de bonne volonté
pour influencer la terre entière…
Je vous laisse le plaisir de calculer. Toujours est-il que l’on comprend tout à
coup beaucoup mieux l’importance de la joie de vivre au quotidien, de la
bonne humeur et de la tolérance !
C’est la raison pour laquelle, en Hypnose Humaniste, on aide chaque être
humain à changer, car un par un, c’est toute l’Humanité qui change. Comme
le dit le Coran : « Qui sauve un homme sauve l’Humanité ». C’est de cette
mission que vient l’appellation humaniste de l’Hypnose Humaniste.
370
Miracles quotidiens
Il existe néanmoins des applications plus simples et plus individuelles à la
notion philosophique d’Unité.
Vous avez déjà entendu parler de ces femmes, battues dès leur enfance par
un père violent, et qui continuent d’être battues par leurs conjoints
successifs ? Franchement, comment est-il possible de tomber
systématiquement sur un homme violent ? Tous les hommes ne sont pas des
brutes… (si si !) Quel mystère attire quasi systématiquement les êtres qui
vont bien ensemble – pour le meilleur et pour le pire ? Chacun se retrouvant
avec la personne qui reflète le couple de ses propres parents, en symétrie
parfaite ou en évitement, ce qui revient au même, la racine étant la même.
Il faut que les Inconscients se reconnaissent. Mais il faut tout de même au
préalable qu’ils se rencontrent !
Voici deux histoires qui mettent en évidence cette fameuse loi de
l’Attraction : on attire ce qu’on a en soi. Vous qui vous intéressez à
l’Hypnose, vous comprendrez peut-être mieux que d’autres ce que l’on
entend par « en soi ».
En effet, la plupart d’entre nous n’obtiennent jamais ce que nous désirons…
consciemment ! Or, si la loi d’Attraction est juste, si on attire à soi ce qu’il
y a en nous, cela signifie que c’est autre chose que notre mental, notre esprit
conscient, qui a eu un effet d’attraction, qui a créé les évènements.
Notre Inconscient !... C’est en effet lui qui détermine chacun de nos actes,
chacune de nos émotions, la moindre de nos pensées, une demi-seconde
avant que nous n’en prenions conscience. C’est lui qu’il faut parvenir à
aligner avec nos désirs et nos rêves – afin de ne plus être condamné à obéir
sans espoir de changement aux ordres d’un passé révolu.
Joséphine était une jolie petite dame brune d’une trentaine d’années, un peu
ronde et toute en sourire. Pourtant, elle recherchait désespérément l’âme-
sœur : l’homme avec qui elle vivrait heureuse et ferait ses enfants.
371
Miracles quotidiens
De toute évidence, je ne pourrais rien faire en Hypnose ordinaire pour aider
Joséphine. Je pouvais par contre lui expliquer certaines bases de la
philosophie Humaniste, en particulier le phénomène d’Attraction et le
principe d’Unité.
Ses nouvelles convictions, si toutes ces théories étaient vraies, lui
permettraient d’aimanter son futur amant !
Alors, parfois, on entend les critiques cyniques et aigries de quelques
intellectuels au teint gris contre ce qu’ils appellent : la « pensée magique ».
Selon eux, ce serait la pire des maladies !... Alors, soit ces messieurs ont
raison et de pauvres gens naïfs s’illusionnent – pourtant, leurs croyances,
tout comme les religions, les aident à supporter une vie souvent difficile.
Qu’y a-t-il de mauvais à cela ? Soit, ces messieurs ont tort, et les pensées
créent réellement la réalité, comme on le voit déjà dans les laboratoires de
physique où la théorie détermine l’observation : les idées de l’observateur
deviennent réalité concrète et mesurable !
Comme toute vérité, par essence subjective, on ne pourra jamais prouver
qui a raison, des uns ou des autres. Donc, autant suivre André Gide,
lorsqu’il nous explique que « la croyance que je considère comme vraie est
celle qui me permet de faire le meilleur usage de ma force, me donne les
meilleurs moyens de transformer mes vertus en action ».
Alors, tant pis, j’allais faire preuve de « pensées magiques »
avec la belle Joséphine !
Parmi les différentes formes d’inductions hypnotiques Humanistes, il en est
une que je nomme Intériorisation consciente. Elle consiste à plonger en soi,
tout comme en Hypnose ordinaire, mais en faisant le maximum pour garder
conscience, ce qui est plutôt difficile, car anti-naturel.
La personne atteint alors un état d’hyper-conscience, qui gomme peu ou
prou le caractère non-conscient de l’Inconscient.
Etant « Un-Conscient », il est plus facile de changer.
372
Miracles quotidiens
« Oh, vous avez senti comme votre Inconscient a fait bouger votre doigt, à
l’instant ? » faisais-je remarquer à Joséphine afin de mettre en lumière la
moindre réaction involontaire, de façon à ce que la jeune femme se
réapproprie ses agissements, même inconscients.
Ainsi, petit à petit, Joséphine entrait en transe hypnotique, selon un
processus quasi-habituel, si ce n’était qu’elle restait consciente de tout – tel
un plongeur sous-marin découvrant les abymes. A ce jeu, il est facile de
déraper et de perdre conscience. Cela n’aurait pas d’importance, il suffit
alors de poursuivre comme en séance d’Hypnose conventionnelle. La
prochaine tentative permettra à la personne d’aller plus loin encore en elle,
consciente au plus profond de son Inconscient.
Après presque quinze minutes d’induction hypnotique, Joséphine était en
lisière de conscience et d’inconscience. Je sentis que si je la guidais un peu
plus loin, elle ne pourrait plus supporter la pression naturelle qui pousse à
l’évanouis-sement, comme parfois l’on prend conscience que l’on rêve et
pourtant, une seconde après, on oublie tout…
Je profitai donc de ce moment hors du temps pour raconter une bien
curieuse histoire à Joséphine :
« Vous savez, depuis que vous êtes née, depuis que votre corps a touché la
Terre, endormi dans votre berceau, puis lorsque vos petits pieds d’enfant
ont foulé le sol avec hésitation, notre planète a appris à vous connaitre…
Depuis toutes ces années, la Terre vous a découverte, elle vous sait, elle
vous sent. Elle sait, en ce moment-même ce que vous faites… et pourquoi
vous le faites. Elle vous connaît !... Elle sait vos joies et vos peines… Ce
que vous recherchez dans la vie… Ce dont vous avez besoin… Ce qu’il
vous faut… Et lorsque vous parcourez la planète, vos pas résonnent sur elle,
comme les caresses d’un enfant sur la peau de sa mère.
« Et la Terre connaît ainsi chacun de ses enfants… Si bien, qu’elle sait très
bien lesquels s’harmonisent au mieux… Elle 373
Miracles quotidiens
le sait, mieux que vous et moi… Alors, peut-être pouvez-vous simplement
lui faire confiance, afin qu’elle vous guide ?...
« En fait, il s’agit d’un simple effet de résonance, une vibration… Bien, oui
: lorsque vous marchez sur un trottoir, par exemple, vos pas résonnent…
Les pas de tout le monde résonnent
!… C’est comme ça que les vibrations qui
s’accordent peuvent se rencontrer… sans que vous n’ayez rien d’autre à
faire que laisser faire la Vie : vous marchez, vos pas résonnent, ils
parcourent la ville, et viennent s’accrocher aux pas de l’homme qui vous
recherche comme vous le cherchez.
« C’est comme deux guitares : vous grattez les cordes de l’une, et l’autre se
met à vibrer aussi. Vos pas vont guider l’homme qui vous cherche jusqu’à
vous… Et vous le verrez s’approcher de vous, sans qu’il sache, au détour
d’une promenade… Vous le reconnaîtrez du premier coup ! »
Voilà, ça c’était de la pensée magique ! Un enfant n’aurait pas cru à une
histoire pareille. Je n’avais aucune illusion quant à ma patiente. Je savais
que la métaphore l’avait fait sourire et qu’elle repartait de chez moi
détendue et amusée, sans plus.
Je lui avais toutefois indirectement suggéré qu’elle ne trouverait pas l’âme-
sœur en restant chez elle : pour que ses pas « résonnent sur le trottoir »,
fallait-il encore qu’elle sorte et parcoure la ville.
Nous avions fait la séance un mercredi. Le vendredi, elle rencontra
l’homme qui devint son mari et le père de ses enfants !
(sourire)
Pur hasard ?... D’accord, je vous le refais !
Raquel entra dans mon bureau la semaine suivante. Grande dame de la
cinquantaine, à la chevelure grise mais encore longue, elle dirigeait une
importante entreprise, dont elle était la créatrice. Comme beaucoup de
femmes actives, elle avait fait passer la carrière avant sa vie amoureuse. Le
père de ses enfants l’avait quittée il y a bien longtemps et les enfants étaient
grands. Elle aussi recherchait l’âme-sœur.
374
Miracles quotidiens
La Vie est joueuse : je reçus Raquel un mercredi… comme Joséphine, huit
jours auparavant.
« Voilà, je vous ai préparé la description détaillée de l’homme que je
recherche, déclara Raquel en s’installant dans mon fauteuil.
- Vous savez, je fais de la thérapie, pas des miracles… Mais je peux vous
expliquer comment les faire, vous ! »
Je saisis les feuilles qu’elle avait posées sur ses genoux et qu’elle
s’apprêtait à me lire.
« C’est ça, votre homme parfait ? m’exclamai-je après avoir parcouru la
longue liste des yeux. Alors, je crois que j’ai une mauvaise nouvelle…
- Et laquelle, répliqua Raquel en fronçant les sourcils.
- Il n’est pas humain !... Toute cette liste de qualités miri-fiques, je ne pense
pas que vous puissiez la retrouver toute dans un seul être humain… Il est
déjà difficile de les trouver une par une, alors…
- Vous pensez que j’ai exagéré ? Pourtant, je n’ai fait qu’écrire ce qui me
paraissait raisonnable.
- Oui, et c’est ce que je disais, cet homme n’existe pas. »
S’en suivit une longue discussion, car Raquel était une femme d’affaires,
habituée aux tractations. Elle venait me voir car elle « accusait une petite
baisse d’énergie ». Rapidement, le fond du problème était venu à la surface
: elle manquait d’affection. Bien sûr, elle ne l’avait pas exprimé ainsi. Elle
était une dure, elle avait réussi en affaires ; rien d’autre ne comptait… Si ce
n’est qu’elle se dirigeait lentement mais sûrement vers une belle dépression
nerveuse.
La philosophie Humaniste, mis à part ses aspects spirituels qui peuvent
parfois paraître abstraits, est plutôt hédoniste. La Conscience va vers le
plaisir, contrairement à l’Inconscient, en charge de notre survie.
L’hypnothérapeute Humaniste pense qu’il suffit d’être heureux pour
changer le monde !
Ce n’est pas une question morale, mais de survie de l’Humanité.
375
Miracles quotidiens
La pratique même de l’Hypnose Humaniste se base sur l’addition plutôt que
l’amputation : ajouter au lieu de retirer. Les techniques sont gourmandes,
elles ajoutent, sans choisir. Il n’y a pas de « ou… ou… », seulement des «
et… et… »
Vanille ou chocolat ? Non : vanille et chocolat !
Naturellement optimiste, l’hypnothérapeute Humaniste va donc chercher à
permettre à ses patients de vivre avec plaisir, et de réaliser leurs rêves, aussi
utopiques soient-ils.
Après tout, qui ne tente rien, n’a rien.
Cela ne l’empêche pas d’être réaliste, car il s’agit de vivre la tête dans les
étoiles, mais avec les pieds solidement ancrés à la planète : un pied dans
chaque monde !
Enfin, il est suffisamment responsable de lui-même pour comprendre que
rien ne lui tombera tout cru dans la bouche : c’est parce qu’il s’aide d’abord
lui-même que le ciel l’aidera.
Ce rapide cours d’Hypnose Humaniste donné à Raquel, elle avait relativisé
ses exigences et était d’accord avec moi pour dire que l’Amour ne se
restreignait pas à des qualités physiques ou morales, qu’il était une magie
entre deux êtres, complémentaires au plus profond de leur âme.
Une des manières les plus efficaces de « créer sa réalité »
est d’avoir une exigence totale sur l’objectif à atteindre (ici, le bonheur
affectif) et la plus grande flexibilité sur l’art et la manière d’atteindre cet
objectif. Et c’est dans cette foi que réside le secret : la capacité à croire à ce
point que l’on obtiendra ce que l’on souhaite fait que la joie anticipée
dégage l’énergie positive qui, alors, permettra la réalisation de notre rêve !...
Parce qu’il faut être pour avoir. Ce que peu de gens comprennent et mettent
en œuvre.
J’emmenai donc Raquel en expansion de conscience, afin qu’elle fusionne
avec son Soi Idéal, la plus pure expression d’elle-même, le rêve de sa
Conscience pour sa vie ici.
376
Miracles quotidiens
« Maintenant, laissez la plus pure joie que vous ayez jamais vécue emplir
tout ce que vous êtes… Rayonnez cette joie comme un soleil… Sentez-la en
vous et partout autour de vous… Parfois, le bonheur est si profond que
votre cœur bat très fort dans votre poitrine… C’est vrai, n’est-ce pas ?...
Alors, pourquoi ne pas ressentir cette joie dans tout votre corps ?... Jusqu’à
la moelle de vos os… et jusqu’à fleur de peau… Tellement que, bientôt,
vous ne parvenez plus à contenir toute cette joie… Et c’est une véritable,
littérale, explosion de joie… Comme la naissance d’une étoile, un soleil.
Vous !... Et le monde entier s’emplit de votre joie…
jusqu’aux confins de la Création. »
Je laissais Raquel vivre ce que je lui demandais. Elle me racontait et me
confirmait au fur et à mesure ses sensations.
« Et puis, repris-je, toute cette lumière met en contraste les parts d’ombre en
vous… Comme si, par plus de joie, en vous et partout, l’ombre en devenait
plus profonde, par ailleurs…
Eh bien, rassemblez toute cette ombre – même les plus petits bouts –
prenez-les et donnez-les moi. »
J’avais remarqué, par expérience, qu’il était souvent plus facile aux
personnes en expansion de conscience de sortir l’ombre symbolique qui
leur restait, à ce point-là de l’expérience, plutôt que d’essayer de la
transformer.
Après tout, Raquel ne cherchait pas directement à travailler sur elle, et elle
n’était pas en thérapie. De plus, je ne pouvais pas lui demander de retirer
cette part d’ombre d’elle : puisqu’elle était « tout » ! Où aurait-elle pu la
mettre ?
Avant de poursuivre, je voulais que l’âme de Raquel soit la plus lumineuse
possible, car nous allions l’étendre au plus grand du possible – et un tout
petit point noir, là où nous allions, prendrait des proportions gigantesques.
Raquel se débarrassa donc tout simplement des restes de son ombre
symbolique, en me les donnant. Elle se sentait libre et plus légère ; nous
pouvions poursuivre.
377
Miracles quotidiens
« C’est parfait. Alors, c’est là que tout commence vraiment.
Vous vous sentez emplir la totalité de l’univers. Vrai ?
- Oui, c’est ça…
- Et tout l’univers, tout Vous, est empli de joie et de lumière.
Exact ?
- Oui…
- Alors, ouvrez une porte, un passage… Créez le chemin qui vous ouvre à
une plus grande et plus belle dimension encore.
Ouvrez simplement cette porte… et franchissez-la… Et laissez toute votre
joie et votre lumière se libérer… et emplir cet espace, plus vaste que tout ce
que vous pouviez imaginer jusqu’à maintenant… Sentez-vous transcender,
dépasser la joie la plus ineffable… et devenir Tout, au-delà de tout. »
Ce type d’expérience est pratiquement indescriptible, émotionnellement
parlant. Il faut pourtant pousser la personne à décrire verbalement, à haute
voix, ce qu’elle vit, car c’est le seul moyen pour que cette expérience
spirituelle, par nature éthérée et impalpable, pénètre notre réalité – certes,
par la parole, mais le son est déjà une manifestation physique, la première
expression de ce rêve de l’esprit… La parole crée !
Lorsque l’esprit de la personne parvient à densifier son vécu en de simples
mots, celui-ci perd souvent en précision – les mots ne parviennent pas à
décrire exactement la complétude de l’expérience – mais celle-ci entre dans
la réalité concrète et ça, c’est d’une importance primordiale.
Raquel continua donc de me décrire au mieux son ressenti.
Et je l’aidai à renouveler ce passage initiatique autant de fois que possible,
franchissant de nouvelles portes, découvrant de nouveaux univers, toujours
et encore plus vastes.
Enfin, Raquel toucha ses limites et ne parvint plus à aller plus loin, tout
simplement car l’espace dans lequel elle venait de s’étendre, de déployer
son être global, était sans limite.
Attention toutefois de ne pas croire qu’elle avait atteint la plus pure
Conscience, au sens absolu du terme… Raquel avait 378
Miracles quotidiens
atteint sa plus pure Conscience, au moment de notre expérience. Une autre
fois, plus tard, elle irait peut-être un peu plus loin encore, plus proche de la
Perfection.
Mais, une pareille expansion de conscience n’est pas une course. Être à la
fois pleinement conscient d’être assis sur un fauteuil, ici, dans le cabinet de
consultation avec son hypnothérapeute ET dans tout l’univers matériel ET
conscient des mouvements de son Inconscient Et rayonnant dans plusieurs
autres dimensions de conscience à la fois ET au-delà de tout, en pure
Conscience… Tout cela n’est pas un challenge : chacun va à sa mesure, là
où c’est possible, réaliser le travail thérapeutique. Il n’y a pas, à ce jeu-là,
de meilleurs que d’autres. Chaque réponse est bonne, puisque c’est celle de
la personne. Il n’y en aurait pas de meilleure.
« Bien, maintenant, prenez conscience du fait que vous, pleine Conscience,
vous êtes volontairement densifiée, comme condensée, pour former ce
premier espace, que vous contenez… et l’espace précédent… et l’autre
espace qu’il contient aussi… comme de multiples poupées russes… Et tout
au centre, au niveau le plus dense : vous, corps et âme.
- Oui, je le sens, c’est comme si la lumière s’était tellement comprimée
qu’elle avait cessé d’être de la lumière.
- C’est cela. C’est comme ça que la Conscience crée le monde matériel,
concret, comme si vous, plein soleil, envoy-iez vos rayons au lointain, et
qu’ils s’épaississent… Et vous, Raquel, ici avec moi sur ce fauteuil, êtes
l’extrême pointe densifiée d’un de ces rayons, matérialisée – une parmi de
multiples autres expressions de vous-même.
- C’est magique » murmura-t-elle, en laissant perler à ses yeux des larmes
d’émotions.
La réaction émotionnelle était compréhensible et témoignait de la pleine
union de conscience de Raquel. Si elle avait été dissociée, elle n’aurait pu
ressentir d’émotion. Il n’y aurait pas eu non plus de lien entre « elle ici » et
son esprit global.
379
Miracles quotidiens
Or, c’est ce lien, le fait d’être associé et non dissocié, qui permet aux rêves
vécus en conscience de devenir réalité.
Autant dire qu’être associé, en union, est de première importance si vous
voulez que toutes vos belles expériences servent à quelque chose… Il y a
trop de « grands sages », forts de leurs hautes connaissances acquises en
esprit, et pourtant pauvres, malheureux et souvent malades… Il y a un
problème ! Leur connaissance et leur sagesse n’ont pas de chemin pour
s’incarner et avoir un impact concret sur le monde d’ici et maintenant.
Alors : à quoi bon ?
En Hypnose Humaniste, on veille à ce que la personne soit toujours
associée à elle-même, de son corps physique aux plus subtiles dimensions
de Conscience, justement pour que la lumière et la force retrouvée pénètrent
jusqu’au cœur des cellules de la personne, au creux de chaque seconde de
sa vie.
« Chacun de ces univers est Vous, tout aussi vivant et réel que Vous en
pleine Conscience, en ce moment, que Vous lorsque vous êtes juste
consciente des choses matérielles, dans votre vie de tous les jours… Tout
est Vous… Alors, faites donc une chose, maintenant : appelez la Conscience
qui a accepté de partager votre expérience de vie tout en bas, dans le monde
concret… Appelez cette Conscience complice.
- Oh… C’est comme si un autre univers s’approchait de moi… C’est
immense… et vibrant… Je sens qu’on se connaît déjà… mais… …Ce n’est
pas un homme.
- (sourire) Bien sûr : pas à ce niveau de conscience où tout est Information !
Vous non plus, vous n’êtes pas sexuée, ici.
- C’est vrai… Pourtant, je sens que c’est lui… C’est comme un ami de très
longue date, qui vit avec moi depuis toujours.
- Une Conscience comme vous, ni plus âgée ni plus savante, ni homme ni
femme, juste votre amie, votre égale, complice d’un jeu : votre vie sur cette
Terre. C’est cela ?
- C’est tout à fait ça.
- Donc, maintenant, vous savez qu’il existe.
380
Miracles quotidiens
- Oui » confirma Raquel avec un large sourire.
Rassurée, Raquel dirigea son faisceau de conscience vers ce qui constituait
l’une des expressions d’elle-même : la Raquel assise avec moi, dans mon
bureau. Tout comme un océan qui peut contempler sa plénitude depuis le
fond de lui-même, depuis la mi-eau, ou depuis les plus fines vaguelettes, la
personne joue avec sa « position de perception » – non pas dissociée, mais
se percevant depuis différents endroits d’elle-même.
Il n’y a pas de sortie de transe, en Hypnose Humaniste. On a bien travaillé
à éveiller la personne, ce n’est pas pour la ré-endormir à la fin de
l’expérience !
Raquel ouvrit donc simplement les yeux, toujours reliée à la plus vaste et
plus complète expression d’elle-même.
Autant on ne pourrait pas laisser une personne repartir en état
d’inconscience – souvent, de toute façon, elle ne pourrait même pas se lever
! Autant il est très possible de rester, tant que possible, en état plus
qu’ordinaire de conscience, en hyper-conscience. C’est même très agréable
!
Raquel m’avait raconté, entre autres choses, qu’elle cherchait à renouveler
son mobilier de bureau.
Le vendredi qui suivit, je tombai par hasard sur une publicité pour de très
beaux meubles, assez design, modernes et pourtant chaleureux. C'est surtout
leur marque qui m’interpela : Beaux Comme La Vie ! Aussitôt, je songeai à
Raquel.
Eh bien, figurez-vous qu’au même moment, Raquel avait pris son après-
midi et roulait en voiture dans Paris, à la recherche d’un magasin de
meubles pour son bureau.
Elle croisa la devanture d’un magasin qui la séduisit aussitôt.
Il s’appelait : Beaux Comme La Vie. C’était le magasin d’expo-sition des
meubles dont je venais de voir la publicité !
En entrant dans la boutique, elle sut qu’elle avait trouvé ses meubles… Et
là, elle fit connaissance avec un client qui s’extasiait comme elle sur le
design des meubles de l’endroit.
381
Miracles quotidiens
Il était designer, intelligent et bel homme. Elle tomba sous le charme…
Aujourd’hui, ils vivent ensemble.
Je vois la publicité des meubles en même temps que Raquel en trouve le
magasin. Je pense à elle, alors qu’elle rencontre l’homme de sa vie – ce
pour quoi elle était venue me voir.
Séance le mercredi ; rencontre avec son homme le vendredi.
Tout comme Joséphine !
Amusantes coïncidences, n’est-ce pas ?
Parfois, la Vie nous offre de telles synchronicités qu’elles paraissent
impossibles, même au plus ouvert d’esprit – au point que, parfois, cela
donne vraiment l’impression très forte de vivre dans un décor de carton pâte
où nous jouons simplement tous un rôle. Une grande pièce de théâtre.
Dans ce jeu, rien n’est chaotique ou décousu. Pas d’accident ou de
malchance. Rien qui n’ait une cause… Par exemple, comme l’enseigne ma
compagne, Patricia, nous avons toujours le meilleur partenaire possible, car
celui-ci est en reflet avec notre être profond. Si nous traversons une crise,
plutôt que se battre, se plaindre ou divorcer, il s’agit de l’aider à changer, à
grandir ou à guérir, car en le soignant, lui ou elle, c’est vous-même que
vous soignez, et qui guérissez. Car votre partenaire est votre reflet ! N’est-
ce pas magique ?
Bien entendu, un coup de pouce sur le chemin est très souvent le bienvenu,
car la tâche est ardue. Les prises de conscience doivent être nombreuses, le
courage de changer immense, l’honnêteté à toute épreuve – et les inductions
hypnotiques Humanistes sont de première importance, afin de permettre à la
personne de ressentir, estimer et agir sur ce qu’elle est au fond d’elle, au
niveau inconscient, et ce, débarrassée des miroirs déformants de
l’Inconscient.
~oOo~
382
Miracles quotidiens
Sébastien retrouve sa famille disparue Voici une dernière histoire de ré-
union, d’un autre genre cette fois, pour vous montrer encore que, vraiment,
nous ne sommes pas séparés, mais tous les membres inconscients d’un seul
et même super-organisme : l’espèce humaine.
La petite dame rondouillarde qui venait d’entrer dans mon bureau tenait par
la main un grand adolescent maigre et couvert d’acné. La mère et son fils,
apparemment.
Elle portait une jupe aux couleurs fanées, autrefois blanche ornée de fleurs
rouges. Sur la tête, un de ces anciens fichus en tissu ciré,
approximativement assorti à sa jupe. Un gros pull-over bleu semblait prêt à
la protéger du froid. Elle devait travailler à l’extérieur, ce que ses mains
abimées et calleuses confirmaient. Peut-être agricultrice ? Mais elle ne se
présenta pas. Elle venait pour son fils… adoptif.
« Sébastien ne travaille plus bien à l’école, et ça me fait du souci, me
confia-t-elle comme une maladie honteuse.
- C’est vrai, ça ? » demandai-je à l’adolescent.
Il me regardait en coin, les yeux baissés, le teint rougi de timidité – alors
qu’il était plus grand que moi ! Son sourire gêné et ses attitudes malhabiles
me firent deviner que la Nature ne lui avait pas offert la plus grande
intelligence.
De fait, il ne me répondit pas, se contentant de rire doucement.
« Et tu fais quoi comme études ? repris-je.
- Il fait menuisier, expliqua la mère à sa place. Et ses examens sont pour
juin. Son professeur m’a dit que Sébastien ne faisait plus rien, alors qu’il
travaillait bien avant…
- Avant quoi ? interrogeai-je.
- Dis-lui, toi, tes sornettes ! fit la mère à son fils, sans obtenir plus de
réaction que moi.
- Bon, résumai-je avec la mère, votre fils se déconcentre dans ses études
pour une raison qu’il m’expliquera tout à 383
Miracles quotidiens
l’heure, et ça vous inquiète, c’est ça ?... C’est bien normal.
Voulez-vous nous laisser, maintenant ? Sébastien est un grand jeune
homme, je pense qu’il va se débrouiller. »
La mère acquiesça et sortit attendre dans la petite pièce à côté de mon
bureau. Je me tournai vers Sébastien. Le pauvre n’était vraiment pas gâté
par la nature. Il se dégageait toutefois de lui une grande sensibilité.
« Alors, tu t’entends bien avec ta maman d’adoption ?
- Oui, papa et maman sont très gentils, mais, s’empressa-t-il d’ajouter, ce ne
sont pas mes vrais parents ! »
Pour la première fois, il avait levé les yeux vers moi. Sa réaction était
compréhensive et typique des enfants orphelins.
« Je sais bien ça, assurai-je. Et ils t’aiment très fort, tu sais ?
- Oui, je sais, répondit-il en abaissant encore les yeux.
- Alors, si tu me disais comment je peux t’aider…
- Je veux juste retrouver mes frères et sœurs.
- C’est ça qui te perturbe à l’école ? Tu penses à eux ?
- Oui, tout le temps depuis que j’ai vu à la télé qu’on pouvait les retrouver.
- Une émission ?
- Oui, alors je leur ai écrit une lettre. Je l’ai ici…
- Une lettre ? C’est très bien ça. Tu me fais voir ? »
Sébastien sortit de la poche de son blouson une simple feuille de cahier
déchirée, sur laquelle il avait bravement exprimé sa tristesse d’être loin des
siens et son désir de les retrouver.
Il avait deux autres frères et une sœur. Toute la famille avait été séparée – je
n’ai pas bien compris pour quelle raison. Ces deux frères étaient dans une
famille ; sa sœur dans une autre et lui encore ailleurs… Une anomalie que
la loi a corrigée, désormais, mais qui avait alors dispersé les frères et sœur.
Tout à coup, je remarquai sur la lettre un détail :
« Tu n’as pas mis leur adresse…
- C’est que je la connais pas.
384
Miracles quotidiens
- Ah !... Mais si tu n’as pas leur adresse, comment comptes-tu leur envoyer
ta lettre ?
- Ben, le facteur va leur amener.
- Il ne les connaît pas, le facteur, tu sais… »
Je remarquai encore que Sébastien avait adressé sa lettre à tous ses frères et
sœur, sans indiquer leur nom de famille.
« Tu n’as pas mis leur nom, ajoutai-je. Tu connais le nom de leur famille
d’adoption.
- Non, mais ils s’appellent comme moi.
- Oui… »
Sauf que maintenant, ils ne portaient plus le même nom !
Sébastien était vraiment perdu dans les réalités de la vie…
Que vouliez-vous que je fasse à tout ça ? Sa mère adoptive semblait penser
que j’allais l’hypnotiser pour le « forcer » à reprendre ses études. Il avait
pratiquement terminé son cursus d’apprentissage. Son diplôme en poche, il
allait pouvoir trouver un patron et commencer à travailler, être un peu plus
autonome, et aider financièrement ses parents d’adoption.
Je pouvais bien tenter quelque chose, qui aurait l’avantage de lui faire
reprendre ses études… Soit cela fonctionnait, et ce serait un miracle – soit
Sébastien serait horriblement déçu, mais il aurait son diplôme et je pourrais
toujours retravailler avec lui, pour l’aider à faire son deuil.
Allez, je tentai le tout pour le tout !
« Bon, tu es dans une drôle de situation, tu sais, mais tu as une force que tu
ignores. Je peux peut-être t’aider, lui dis-je. Il faut que tu me promettes
d’abord de reprendre tes études…
Ok ?... Tu t’inquiètes pour tes frères et ta sœur ; mais s’ils étaient avec toi,
tu travaillerais, n’est-ce pas ? Tu es un bon garçon, je sais que tu as toujours
bien travaillé.
- Oui, m’ssieur, je travaillerai dur, même, tellement je serais content que ma
famille est là, avec moi. »
C’était touchant. Il avait tellement foi en moi.
385
Miracles quotidiens
« Tu vois, c’est ça, ta force… Alors, voilà, d’abord, promets-moi que tu vas
travailler dur pour avoir ton diplôme. Il va falloir que tu montres à tes profs
que tu sais travailler, et bien travailler, en plus. D’accord ? Tu me le
promets ?
- Et je retrouverai ma famille ?
- Ça, c’est autre chose. Je t’expliquerai après. C’est que si ta famille arrive
et apprend que tu as loupé ton diplôme, ils vont trouver que c’est nul. Alors,
je ne veux pas t’aider à les retrouver tout de suite, s’ils voient que tu as tout
loupé en arrivant. Je veux que tu sois super pour eux. D’accord ?
- D’accord, déclara-t-il avec enthousiasme. Je serai le meilleur menuisier,
pour qu’ils me trouvent super en arrivant.
- Voilà, mais je te préviens qu’ils n’arriveront peut-être pas avant ton
diplôme, pour ne pas te gêner. Il faudra que tu sois concentré, tout ce temps,
pour réussir – et tes frères et ta sœur ne veulent peut-être pas te gêner…
- Ils ne vont pas venir tout de suite ? murmura Sébastien.
- Moi, je ne sais pas. Peut-être que si, mais moi, si j’étais eux, j’aurais peur
que tu oublies de travailler si j’arrivais tout de suite, et je serais très vexé si
tu n’avais pas ton diplôme à cause de moi. »
Difficile d’éveiller l’espoir, l’enthousiasme, en prenant les précautions
minimums pour ne pas trop décevoir, en cas de non-réussite. C’est un peu
comme avec un patient atteint d’une maladie lourde, potentiellement
mortelle : s’il ne se bat pas, il ne s’en sortira pas, ça c’est sûr. Par contre, il
ne se battra que s’il croit ferme à sa guérison… laquelle n’est absolument
pas garantie, très loin de là !! Comme le disait Morgan Freeman, dans l’un
de ses films : « tu veux voir un miracle, fils ? Deviens ce miracle ! »… Et
ça, c’est très dur à enclencher, quand on sait qu’on a une forte chance
d’échouer tout de même. Se lancer avec espoir, conscient de ses chances.
Encore une fois, nous allions faire « de la pensée magique ».
Après tout, théoriquement, nous ne sommes qu’Un !
386
Miracles quotidiens
« Bien, maintenant que tu as promis de te remettre au travail
– tu as juré, n’est-ce-pas ?
- J’ai juré !
- Bon, alors, prends ta lettre… Non, pas la peine de la déplier, garde-la entre
tes mains, voilà… Tu sais comment ça marche, la radio ? C’est un peu
compliqué, je vais te faire un dessin.
Alors, voilà, ça c’est la Terre, toute ronde… Autour, il y a tout l’air. On
appelle ça, l’atmosphère. Ça n’a l’air de rien, mais ça fait beaucoup
d’épaisseur au-dessus de notre tête et, quand tu envoies dans le ciel une
onde radio, de la musique, les informations, toutes ces choses-là, eh bien
elles s’envolent jusqu’à toucher le fond du ciel, là où c’est tout bleu… Ça
ne peut pas aller plus loin, parce qu’il n’y a rien après, et du coup, ça
rebondit et ça redescend sur Terre… Bing d’un côté, et bang de l’autre : tu
vois, en rebondissant, la musique a réussi à contourner l’arrondi de la Terre.
Si on avait envoyé l’onde radio tout droit, et si les ondes pouvaient passer
tout entières à travers l’atmosphère, l’épaisseur autour de la Terre, alors la
musique partirait sur la lune, ou plus loin, et on n’entendrait pas la radio. Tu
comprends ?
- Hmmm ?... fit Sébastien, concentré et perplexe.
- C’est grâce à ça qu’on peut envoyer la musique partout autour de la
planète : les ondes radios rebondissent sur l’air et font le tour du monde.
C’est super, hein ? C’est ce qui fait que si tu allumes une radio, n’importe
où, tu peux entendre de la musique ou des gens qui parlent – même ici, tu
allumes une radio, et tu entends ce que tu veux. Il y en a plein, même !...
Alors, tu sais ce que tu dois faire ?
- Non…
- Il faut que tu envoies ta lettre tellement haut dans le ciel qu’elle va
rebondir partout… Et tes frères, et ta sœur, on ne sait pas où ils sont, mais
eux ils te cherchent, comme toi tu les cherches – c’est un peu comme si,
tous les quatre, vous aviez votre radio allumée, alors ils vont entendre ta
lettre arriver.
Toi tu envoies ta lettre, et ta lettre trouve ta famille… »
387
Miracles quotidiens
Lancer un projet en Conscience, comme pour informer l’avenir de nos
souhaits, de nos rêves, puis attendre tranquillement qu’ils « redescendent »,
qu’ils se réalisent. C’est une technique pour créer sa réalité que j’avais
décrite dans un de mes romans (cf. Core Gem, en Bibliographie).
Bien sûr, j’avais quelque peu arrangé les explications en utilisant la
métaphore simplifiée des ondes radio, pour Sébastien. Mais s’il était
possible de déclencher des évènements dans sa vie à venir, d’une place de
parking à l’endroit prévu à un appel téléphonique pour du travail ou une
rencontre par hasard… il devait bien être possible d’informer le destin du
désir de Sébastien de retrouver sa famille.
Surréaliste, n’est-ce pas ?
A l’époque, Patricia et moi n’utilisions cette technique que pour co-créer
avec la Vie notre chemin ici-bas, d’un point de vue matériel ou spirituel. Il
est vrai que cela pouvait inclure des rencontres, mais je n’avais pas
conscientisé cet aspect, et il me semblait très culotté d’oser proposer une «
solution »
pareille à Sébastien.
Sa force, c’était sa naïveté. Car, c’est bien connu : « heureux les simples
d’esprit ». Il est cent fois plus facile de créer sa réalité quand on agit avec
toute la conviction possible.
Sébastien croyait en moi, et il avait désespérément envie de retrouver sa
famille. Il n’avait aucun doute, aucune faille dans son action en Conscience.
Nous avions une chance !
« Tu es prêt ? dis-je. Tu as déjà fait des prières ? Eh bien, c’est un peu
pareil… Tu sens ton papier entre tes mains ? Tu sais ce que tu as écrit
dessus ? Tu sais ce que tu veux ? Tu sens ton cœur qui bat fort ?... Alors,
respire un bon coup : ça va aller très vite. C’est comme lancer une balle très
fort au loin. Tu lances le plus fort possible. Bien sûr, pour que la balle parte
au loin, il faut la lâcher ! Tu imagines : si l’antenne de la radio gardait tous
les messages pour elle, personne n’entendrait rien. Il faut lancer fort et tout
lâcher. Ok ?
388
Miracles quotidiens
- D’accord, confirma Sébastien, très tendu.
- Alors, je compte jusqu’à trois, et à trois tu envoies ton message en l’air,
avec ta tête, tu le penses très fort, c’est le muscle de ton esprit qui lance.
C’est lui qui tient ta lettre…
Prêt ? Tends-toi encore plus… C’est ça… Je compte : un…
deux… trois : lance fort vers le ciel !! Et lâche tout !! »
Je laissai l’adolescent comme suivre son message des yeux, à travers le ciel.
« Allez, ouvre les yeux. Laisse ta lettre s’en aller. Laisse-la, sinon elle va
rester ici. Ne pense surtout plus à elle. Détends-toi. Tu sais qu’elle est
partie… Elle est partout, maintenant.
Tes frères et ta sœur vont la recevoir, comme on peut recevoir la radio,
partout où on est… Il n’y a plus qu’à attendre. »
En rappelant la mère, à côté, je ne savais pas vraiment que penser de cette
séance atypique. J’avais déjà utilisé ce que j’appelle le « Core Gem », l’art
de créer sa réalité, avec bien des patients et, finalement, Joséphine et Raquel
avaient, à leurs façons, créé elles aussi leur réalité. Mais si cela ne
fonctionnait pas, le pauvre Sébastien serait vraiment déçu.
Au moins, je lui aurais permis de se calmer et de passer ses examens dans la
bonne humeur, plein d’espoir.
Ensuite, qui vivrait, verrait…
Alors, vous le voulez, ce happy end ?
Bah, si je vous le dis, vous ne me croirez pas !... Et vous l’avez déjà
deviné… Mais cela vous ferait tellement plaisir de le lire, alors : une
semaine après ses examens, la gendarmerie demanda à parler à Sébastien.
Un avis de recherche avait été déposé par ses frères et sa sœur, qui voulaient
le retrouver.
Les retrouvailles eurent lieu durant l’été !
Alors… Coïncidence improbable ou mise en évidence d’une réelle
dimension supérieure de conscience ? Qui sait ?
Je pense que vous avez déjà votre avis. Moi, j’ai le mien.
389
Miracles quotidiens
= 15 =
LA VOIE
DE LA CONSCIENCE
Nous entrons maintenant dans l’application la plus utilisée et une des plus
caractéristiques de l’Hypnose Humaniste, basée sur la philosophie qui sous-
tend cette approche.
Imaginez qu’il soit possible d’agir non plus sur ce qui est déjà en vous,
mais sur ce qui est à l’origine de tout ce qui vous arrive ; non plus sur ce
qui entretient vos actes, mais sur ce qui les déclenche. Il serait alors
possible de corriger un problème à sa base, avant même qu’il ne se pose !
Quand on travaille sur l’Inconscient, on modifie un mécanisme
psychologique qui s’est bâti en nous, au passé.
Quand on travaille sur la Conscience, on agit sur ce qui déclenche les actes
qui seront ensuite mémorisés par l’Inconscient. On modifie la source de
notre présent, ce qui génère notre existence. En intervenant au niveau de la
Conscience, on a une action directe sur les fondements de la réalité.
La Thérapie Symbolique est une application concrète directe des idées qui
dirigent l’Hypnose Humaniste.
Pour que vous compreniez bien les histoires qui vont suivre, j’aimerais vous
expliquer en quelques pages le fonctionnement de cette thérapie nouvelle
norme – sinon, vous ne croirez pas ce que je vais vous raconter !
Tout d’abord, il faut bien comprendre que les symboles, tels
qu’appréhendés en Hypnose Humaniste, sont des « blocs d’informations »,
concrets et très réels. Sous leur aspect simple (souvent une image), ils
cachent un processus psychologique complexe, fait de très nombreux
composants pour la plupart 390
Miracles quotidiens
totalement inconscients ; c'est ainsi que la visualisation ou les techniques
métaphoriques s'avèrent très puissantes et réellement efficaces pour de
nombreux cas.
En effet, croyant modifier une simple « imagination », on mobilise et active
d’immenses et profonds champs d’informations, autrement inaccessibles.
Le symbole est seulement la pointe émergée de l’iceberg du processus
psychologique, manipulé tout entier par le symbole.
Le symbole, vu par l’Hypnose Humaniste, n’est donc plus seulement une
simple analogie, une métaphore des processus de pensée de la personne :
c’est la toute petite partie visible des mécanismes réels de son esprit, aussi
bien concrets (les rouages, l’architecture) que subtils (l’Information).
Donc, si vous modifiez un symbole, vous modifiez ce qui fait la personne
entière !
Pour le dire encore plus simplement, alors que les thérapeutes
conventionnels pensent qu’un symbole est quelque chose d’irréel, le
thérapeute en Hypnose Humaniste estime que le symbole est tout aussi réel
que vos bras ou vos jambes. Ainsi, bien que l’Information contenue dans le
symbole soit invisible, en la modifiant, c’est ce qui vous forge corps et âme
que vous transformez.
Il faut avoir saisi cela pour vraiment prendre conscience de ce qui va se
jouer en Thérapie Symbolique…
Mais, pourquoi ne perçoit-on pas directement l’Information ?
Pourquoi ne voit-on que des symboles, et non pas quelque chose de concret
et logique ? Tout simplement parce que notre cerveau rationnel n'est
absolument pas capable de synthétiser clairement une information faite de
milliers, voire de millions de données. Alors, il s’en fait une idée résumée :
une image. Un symbole ! C’est un masque, tout simplement.
Le cerveau, notre « décodeur », fait ce qu’il peut avec la Réalité. Il la
résume. Nous baignons dans un bain de plus de 391
Miracles quotidiens
400 milliards d’informations reçues par seconde. Notre esprit inconscient
ne parvient à en traiter que 2000… et notre petit mental gère tant bien que
mal environ 7 informations simultanées… Autrement dit : rien du tout !!
Le mental n’a absolument pas la puissance nécessaire à traiter la somme
phénoménale d’informations qui constitue la réalité ! C’est ce qui fait que
notre Inconscient nous parle en rêves, dans un langage que l’on ne
comprend pas toujours –
un langage qui tente de nous faire assimiler d’un coup la globalité d’un
message qui nous dépasse largement.
Mais, par contre, nous pouvons jouer avec les symboles et, par là même,
prendre contact avec la Réalité entière.
Les symboles sont les traces compréhensibles de notre fonctionnement
subtil... Celui de l’Inconscient, tout comme celui de la Conscience
majuscule, racine de la Création.
L’utilisation habituelle des symboles en thérapie consiste à pousser
l’Inconscient à nous dévoiler son fonctionnement, ses rouages. Puisqu’il n'a
pas la même logique, ni le même langage que notre esprit logique, ce qui
nous parviendra aura la forme d’une métaphore, un rêve – des symboles,
donc.
On pourra ensuite faire diverses choses avec ces symboles : analyse,
interprétation, modification, etc.
Grâce à une métaphore, on pourra mettre en scène les différents acteurs de
la situation, dans un décor et suivant un scénario qui reproduisent la vie de
la personne – souvent sans qu’elle ne s’en rende compte. Et c’est en
changeant l’interaction des personnages ou le décor, que l’on pourra
résoudre les soucis de la personne, à l’abri des résistances mentales.
On utilise donc l’Inconscient pour modifier l’Inconscient.
En simplifié, une personne migraineuse va imaginer qu’elle desserre l’étau
qui lui enserre les tempes et adieu migraines !
C'est l’utilisation thérapeutique ordinaire des symboles, que l’on retrouve
un peu partout.
392
Miracles quotidiens
La Thérapie Symbolique de l’Hypnose Humaniste agit à un niveau
totalement différent.
Puisque nous savons que nous prenons conscience de nos actes une demi-
seconde en moyenne après que notre Inconscient les ait déclenchés – et
que, par ailleurs, ce même Inconscient ne fait rien tant qu’on ne lui
demande pas : il faut quelque chose « d’autre » à l’origine des actions
inconscientes.
On trouve d’abord tout le panel de nos comportements engrammés par le
passé, sortes de petits programmes acquis ; il y a aussi les déclencheurs
externes, tels que l’environnement ou notre entourage… Mais tout cela
n’explique pas l’entièreté des réactions de l’Inconscient, de nos actes et de
nos choix.
Soit nous sommes des robots réagissant aveuglément aux stimuli de ce qui
nous entoure ; soit nous avons un tant soi peu de libre-arbitre, et il faut le
situer ailleurs que dans notre esprit conscient, toujours en retard par rapport
à l’Inconscient, ou que dans l’Inconscient lui-même, produit de notre passé.
Si ce qui est capable de prendre conscience que nous rêvons, au plus
profond de la nuit, alors que l’Inconscient est en ébullition et notre petit
conscient totalement désactivé, existe vraiment. Alors, c’est à ce niveau-là
qu’il nous faut agir !
Lorsque l'on remonte aussi haut que possible dans la chaîne décisionnaire
de nos processus cognitifs, il arrive un moment où il n'y a plus rien d’autre
à déduire ou théoriser. Simplement : quelque chose a donné l’ordre premier.
C'est le « Je veux ».
Et qu’est-ce donc que ce Je, sinon l’essence vraie de Ce Que Nous Sommes
vraiment, au-delà des filtres mêmes de notre éducation, de nos expériences
de vie, de la société dans laquelle nous vivons et de sa culture – donc, avant
les filtres de tout ce qui est stocké dans l’Inconscient ?
Nous sommes ici bien au-delà de l’Inconscient lui-même, dans ce qui
gouverne l’Inconscient, comme le reste de notre personne : la Conscience
majuscule.
393
Miracles quotidiens
L’intervention de Thérapie Symbolique se fera donc toujours en état de
conscience élargie. Nous ne voulons pas d’un acte dicté par l’Inconscient ou
notre mental ; nous recherchons un acte éclairé, posé en toute conscience.
Cette Conscience majuscule est vécue comme hors de l’espace et du temps,
elle donne à la personne une impression d’omniscience : elle « sait »
pourquoi elle est là, pourquoi elle a vécu tout ce qu'elle a vécu, et comment
toute sa vie évoluera si elle ne change pas... Elle oubliera parfois tout cela
après l’expérience d'Hypnose Humaniste mais, au moment de l'action
thérapeutique, elle sera « dedans » !
Et c'est maintenant que commence la Thérapie Symbolique : la personne en
Etat Extraordinaire de Conscience ( plus que ordinaire de conscience) voit
« des choses » flotter autour d'elle, en elle, ou même accrochées à elle...
En fait, elle ne " voit" rien, car elle est au-delà de la biologie, des cinq sens
déterminés par son corps. Elle est "Esprit" et perçoit en tant que tel, d'une
manière globale et instantanée (hors temps), ce qui est très particulier à
vivre.
Et c’est en interceptant et modifiant ces "boules de pensées", les symboles,
qui déterminent nos pensées, nos ressentis, notre vécu... que l’on modifiera
radicalement notre vie. Soit parce que l’on ne tombera pas malade (ayant
"gommé" ou "nettoyé" la maladie avant qu'elle n'arrive), soit parce qu'on en
retirera la racine, l’origine fondamentale : l’ordre donné par notre Esprit lui-
même, ce qui active notre cerveau et s’écoule ensuite en nous sous formes
d’injonctions nerveuses, hormonales, etc.
Science-fiction ?... Hé non ! Car, encore une fois, ces amas d’idées ou
d’Information, peuvent se photographier lorsqu’ils arrivent au plus près de
nous (sous forme énergétique, à ce moment-là). Cela est possible grâce à
l'effet Kirlian, dont nous avons déjà parlé (voir le livre de Georges Hadjo
sur les
« Etats Modifiés de Conscience », en Bibliographie).
394
Miracles quotidiens
Alors, pour résumer :
1. Je mets la personne en EEC ;
2. Elle me raconte que (ceci-cela) est en elle ou flotte autour d’elle ; sa
description est symbolique puisque son esprit logique (néocortex) est
incapable de décoder l'immensité de l’Information perçue (photo Kirlian
possible) ; 3. Je l’aide à mobiliser, bouger, éliminer, nettoyer, transformer le
symbole en question (nous savons donc qu'il s'agit de bien plus qu'une
production de l'Inconscient) ; 4. La cause fondamentale, essentielle, de son
mal-être ayant été traitée, je reprends une photo Kirlian : la boule de
pensées a disparu ; la personne s’est transformée de façon positive !
Et voilà ! L'intervention aura demandé moins d’une demi-heure.
Absolument rien à voir avec l’utilisation thérapeutique habituelle des
symboles.
La Thérapie Symbolique, outil principal de l'Hypnose Humaniste, permet
un effet immédiat et vérifiable chez la personne. Pour impacter réellement
le niveau visé, cette technique demande à être pratiquée en Etat
Extraordinaire de Conscience, hors de l’Inconscient, faute de quoi elle
serait totalement inefficace (du moins au niveau souhaité) – tout comme
une personne qui ne serait pas en état d’hypnose ("ordinaire") ne pourrait
pas se faire une anesthésie simplement en se touchant la cuisse, ce qui est
pourtant possible dès lors qu’elle est en Etat Modifié de Conscience, en
hypnose.
Il ne s'agit plus d'instruire l’Inconscient sur ce que nous souhaiterions qu’il
fasse pour nous – une sorte de repro-
grammation qui peut demander des jours et des jours.
Il s’agit de (re)prendre les commandes de Ce Que Nous Sommes afin
d’opérer un changement instantané.
Et pour cela, il faut être capable d’estimer librement le symbole, de manière
neutre, loin des carcans de perception de l’Inconscient – donc : en
Conscience.
395
Miracles quotidiens
Précision utile, avant d’aller plus loin : l’ expansion de conscience de
l’Hypnose Humaniste conduit la personne à vivre des états d’être si
différents de l’Hypnose ordinaire que cela ne manque pas de soulever en
elle, en plus des aspects thérapeutiques, d’importantes questions
philosophiques.
Le plus cartésien est poussé à remettre en question bon nombre de ses
anciennes convictions, non sur la base d’une théorie – au caractère parfois
très surprenant, il faut dire –
mais d’un vécu bouleversant. Il découle de ces particularités que l’Hypnose
Humaniste est parfois assimilée à une approche « ésotérique » ou «
initiatique ».
J’entends quelquefois un thérapeute raconter : « oh, je lui ai fait une
hypnose Humaniste. Elle était partie dans les étoiles, elle flirtait avec les
galaxies – elle a même vu les anges ! »
Mais si la personne, durant cette expérience apparemment très éthérée, était
en état dissocié de conscience, alors qu’elle ait eu des visions cosmiques ou
divines n’y change rien : ce n’était absolument pas de l’Hypnose Humaniste
!
Bien que nombre de mes exemples soient eux-mêmes très
« spéciaux », très spirituels ou « illuminés» (!), cette approche ne se définit
pas par un caractère mystique ou new-age, mais par une technique
d’induction hypnotique inversée, « en ouverture
» plutôt qu’en «
repli sur soi
» et par sa
conséquence directe, l’acceptation d’un troisième niveau de conscience,
après le conscient et l’Inconscient : la Conscience.
Ainsi, bien des séances d’Hypnose Humaniste restent très terre-à-terre,
lorsqu’elles sont menées avec des personnes d’esprit posé et rationnel. Etant
par ailleurs en état de conscience associé (pas de dissociation comme en
Hypnose habituelle) et en contact avec leur Conscience (survenue de
réponses instantanées, possibilité de manipuler les rouages de leur
Inconscient, par voie symbolique, sans distorsion de perception), alors il
s’agit bien d’Hypnose Humaniste.
396
Miracles quotidiens
Comme il me semble vous l’avoir déjà précisé, le thérapeute en Hypnose
Humaniste n’explique absolument pas à ses patients les théories et la
philosophie qui sous-tendent son approche. Contrairement à d’autres formes
de psychothérapie, le patient n’a pas besoin d’accepter, ni même d’avoir
compris les bases de l’Hypnose Humaniste pour pouvoir l’utiliser.
La plupart des personnes avec qui je pratique l’Hypnose Humaniste ne le
sauront ainsi jamais, car elles ne savent pas distinguer les différentes formes
d’Hypnose : elles savent que nous avons fait une induction hypnotique,
elles ressentent qu’elles sont en « état différent de conscience », et qu’il se
passe de « curieuses choses dans leur corps et dans leur tête ».
Cela suffit pour en conclure qu’elles sont en état d’hypnose.
Laquelle ? Peu importe, pourvu qu’elles retrouvent la santé et le mieux-
être… et facilement, en plus.
C’est ainsi qu’un de mes élèves fut appelé en pleine formation auprès de sa
femme, qui allait accoucher.
Sachant son compagnon en formation en Hypnose, elle lui demanda « une
petite séance d’Hypnose », pour se détendre et aider à passer les heures de
contractions. Ne sachant que faire, Julien choisit de faire vivre à sa femme
une induction Humaniste en ouverture – un exemple que je donnais pendant
le cours.
Le col était à cinq centimètres après cinq heures de travail : normal, un
centimètre par heure… Il restait donc encore cinq heures à tenir ! Julien
commença alors simplement à lire l’induction… Il me raconta ne pas avoir
eu le temps de la finir : les sages-femmes arrivèrent en courant ! Baisse de
tension, de la maman et du bébé !! Le col était ouvert à dix centimètres !!
Tout le monde fila en salle d’accouchement et dix minutes après, comme
une fleur, bébé était né !
Simple reconnexion à Ce Que Nous Sommes. L’induction avait déstressé la
maman, qui avait alors accouché sereinement.
Tout est en nous, depuis toujours. Utilisons-le !
397
Miracles quotidiens
Blessures à nettoyer
Voyons d’abord quelques cas simples. Vous connaissez les expressions : «
mais où va-t-il chercher tout ça ? » ou encore :
« ah, ça me revient ! » ou « ça y est, j’y suis ! »…
Mais de quel endroit parle-t-on, sans y faire attention ? De toute évidence,
d’un lieu d’où nous viennent nos pensées.
Ce champ qui nous entoure contiendrait les blocs d’Information qui
déterminent nos émotions et nos actions. Et ce sont ces blocs d’idées
densifiées qui formeraient les symboles que nous percevons très
spontanément en pensant à telle ou telle chose, ou à telle ou telle situation.
Si ces choses que l’on imagine sont si réelles que cela, en les modifiant, on
devrait sentir un changement évident. Non ?
Eh bien, tentons l’expérience !
Je discutais de tout cela avec un groupe de formation.
C’était l’été et il faisait chaud, aussi avions-nous laissé les fenêtres de la
salle ouvertes… Je demandai alors à une dame qui se trouvait devant moi
de penser à un mauvais souvenir.
Aussitôt, je la vis baisser les yeux, comme pour regarder quelque chose
devant son plexus solaire. Parfois, les gens font un geste des mains qui
trahit l’emplacement dans l’espace de l’objet que nous aurons à « travailler
». Ils le montrent vraiment, avec leurs mains, indiquant involontairement
son emplacement, et même sa taille… Je fis donc remarquer son regard à la
dame en question, qui eut un petit rire.
« Fermez les yeux un instant… Voilà… Prenez une bonne inspiration et
sentez-vous emplir toute la salle… C’est bien, comme ça… Voilà… Et que
voyez-vous, devant vous, là où vous regardiez tout à l’heure ? »
Il faut comprendre aussi que, du point de vue de l’Hypnose Humaniste, ma
dernière phrase ne constitue pas une forme de suggestion. Si vous pensiez
ainsi, cela voudrait dire que vous 398
Miracles quotidiens
ne croyez pas en l’existence réelle d’une chose, là, dans l’espace – et qu’il
vous faudrait donc la suggérer : la créer pour l’enlever. Générer un effet
placebo, en quelque sorte.
Or, si on accepte la théorie qui montre que nos pensées sont d’abord issues
d’un Nous plus vaste – le « champ morpho-génétique » du biologiste Rupert
Sheldrake, ce que nous appelons ici : la Conscience majuscule – alors le
regard de la personne a vu quelque chose d’invisible, mais tout à fait
concret. Ma phrase est donc l’expression d’un fait, et non une suggestion
hypnotique.
Il en ira toujours ainsi en Hypnose Humaniste : lorsque je guide une
personne et que je lui demande de mieux regarder, car il y a une chose, là
où elle est, qu’elle ne voit pas, je dis cela car j’ai moi-même visité ce lieu de
l’Esprit – que toute personne qui y accède explore comme moi – ce qui me
permet d’en connaître les détails comme on connaît une région, et donc de
pouvoir guider la personne, lui indiquer la route.
Donc, si je sais qu’il y a quelque chose à voir ici, et que la personne ne
m’en parle pas, je me permets d’insister, afin que celle-ci précise sa
perception du lieu et prenne conscience, très littéralement, de ce qui s’y
passe pour elle.
« Il y a une sorte de nuage grisâtre, fait mon élève, en souriant, comme de
crainte d’être prise pour folle.
- Ok, et si je mets mes mains là, je le touche ? »
Mon acceptation de sa perception la rassure immédiatement.
Au moins, si elle est folle, elle n’est pas la seule !
« Oui, c’est ça, confirme-t-elle en corrigeant la position de ma main gauche.
- Et si je bouge comme ça… ça bouge aussi ? »
Et là, tout le monde voit le visage de la dame blanchir ! Sa respiration a
changé, plus rapide. Il se passe quelque chose.
« Ok, repris-je aussi en souriant, ça bouge… Donc, je le recule comme
cela… Ça va mieux ?
- Mmmm… fait la dame, perplexe.
399
Miracles quotidiens
- Ce n’est pas encore ça, n’est-ce pas… Alors, je recule encore… Jusque-
là… Quel effet ça fait ? »
Et je teste, en bougeant l’objet fait d’informations, la boule de pensées
négative. Le visage de mon élève se tend de plus en plus et l’idée me vient
qu’elle semble craindre que je relâche d’un coup ce que je tiens dans les
mains, comme s’il s’agissait d’un bloc de pierre tendu dans un élastique et
dirigé vers son visage.
« Allez, je recule encore ! »
Et cette fois, je place mes mains à l’extérieur de la pièce, par la fenêtre. La
dame est toujours très tendue.
« Je le jette au loin, derrière les arbres, tout là-bas… »
La dame ne bouge pas, comme si l’éloignement, en fait, ne changeait
absolument rien à son appréhension.
« Et là, ça va mieux ? » fis-je alors en claquant par surprise la fenêtre
coulissante, comme un couperet.
La personne sursauta brusquement sur sa chaise, comme si l’élastique avait
cassé. Son visage était de nouveau rose et de bon teint. Elle riait
nerveusement. Tout allait mieux !
Amusant, n’est-ce pas ?
La plupart du temps, en thérapie, c’est la personne qui se charge elle-même
du travail. Par exemple, un homme qui se plaignait « d’en avoir plein le dos
» s’aperçoit, en expansion de conscience – donc en se percevant de plus
haut – qu’il traîne toute une grappe de briques rouges dans son dos, comme
la reproduction d’une colonne vertébrale, mais en briques ! Il a été bien
difficile de l’aider à trouver sa solution.
Rien n’y faisait, les briques étaient là et solidement accrochées. Impossible
de les enlever. Mais il finit par avoir l’idée de les transformer, de changer
leur densité : il se fit une colonne vertébrale de pains de piscine, vous savez,
les blocs de mousse que l’on met en ceinture aux enfants qui apprennent à
nager ! Et ses problèmes disparurent…
400
Miracles quotidiens
Parfois, ce que la personne ressent est non-identifié, comme cet homme qui
ressentait les ordres de son père comme une boule dure derrière sa tête.
Après presque un quart d’heure à essayer en vain de retirer cette pierre qui
lui collait au crâne, je la pris dans ma main et la retirai moi-même.
Bien entendu, puisqu’il ne m’est pas possible de ressentir ce que ressent la
personne, je mime l’effort, avec sueur et gestes !
Cela donne parfois des situations rocambolesques, comme pour cette jeune
femme qui avait une phobie de contact, dès lors qu’il s’agissait de quoi que
ce soit en dessous de son nombril. Elle avait du charme et des petits amis,
qui ne restaient pourtant pas très longtemps, faute de pouvoir signifier plus
concrètement leur amour !
Je décris ce cas dans un de mes romans, « Core Gem ». La jeune femme en
expansion de conscience s’aperçut qu’elle vivait debout dans un tonneau
d’acier hérissé de pointes ! Et l’objet était si bien conçu qu’il était
impossible de le briser ou de le démonter. Elle ne pouvait pas non plus s’en
saisir, à cause des pointes… Il y avait plusieurs tables alignées le long du
mur de la pièce où je recevais la jeune femme : je sautai sur la plus proche
et, d’un geste rapide, saisis ma patiente par la main et la soulevai tout
entière !
Tous les deux debout sur la table, je lui demandai si elle était toujours dans
son tonneau.
« Ben non, fit-elle, il est resté par terre ! »
S’en suivit tout un jeu pour bien marquer la séparation d’avec le tonneau et
nous nous enfuîmes par la porte, essoufflés, mais libres !
La jeune femme testa le soir même sa nouvelle liberté… en couchant avec
un serveur qu’elle avait séduit dans un restaurant ! Heureuse de constater
qu’elle pouvait désormais être touchée partout où elle le désirait, elle put
rentrer chez elle, annoncer la bonne nouvelle à son ami.
401
Miracles quotidiens
Oui mais, pensez-vous peut-être : tout cela n’est qu’imagination ! Et vous
auriez raison… Seulement, un objet peut être imaginaire et pourtant tout ce
qu’il y a de plus réel, au moins pour la personne qui l’imagine.
Pablo Picasso décrivait ainsi le champ du réel : « Tout ce qui peut être
imaginé est réel. » Simple et précis, non ?
Et si on en croit les plus grands de ce monde, l’artiste n’était peut-être pas si
éloigné de la vérité. Montaigne n’avait-il pas compris, il y a si longtemps
déjà qu’ une forte imagination produit l’événement ? C’est ainsi que
l’imagination gouverne le monde, affirmait Napoléon Bonaparte.
C’est pour toutes ces raisons qu’Albert Einstein lui-même expliquait que
toute réalisation a d’abord été un rêve dans la tête de quelqu'un. D’abord le
rêve, ensuite la pensée, seulement alors, l’acte. Même lorsque l’on est
inconscient de ce processus… Par retour, l’acte, expression de Ce Que Nous
Sommes, remonte à sa source, comme une effervescence, celle de la Vie :
produisant alors d’autres bulles de pensées, ce que l’on appelle
l’Inconscient Collectif, et d’autres rêves. Une Conscience majuscule
évoluée. Qui permettra à d’autres, encore d’autres rêves, d’autres pensées et
d’autres actes…
Et ainsi de suite.
D’où l’importance suprême de veiller à ce que l’on exprime.
Car nos actes concrétisent la plus pire… Oops : la plus pure expression de
Nous-même… En fait, l’un ou l’autre !
C’est ce qui est à l’origine de l’Honneur, au sens le plus noble. Le fait
d’exprimer seulement la plus belle facette de nous, quitte à y laisser sa vie.
Car, intuitivement, les êtres humains ressentent qu’ils « chargent » en retour
ce qui leur a donné la vie, déterminant ainsi le sort des générations futures.
Et si nous portons tous au-dessus de nos têtes un noir nuage, ce n’est pas
une raison pour l’entretenir… Faute de pouvoir nettoyer tout cela d’un
coup, à nous tout seul, au moins pouvons-nous épurer ce qui nous concerne.
Et comme disait 402
Miracles quotidiens
Brassens : « la seule révolution possible, c'est d’essayer de s'améliorer soi-
même, en espérant que les autres fassent la même démarche. Le monde ira
mieux alors. »
Chacun peut donc s’ouvrir en conscience et percevoir ce qui le constitue,
pour le modifier, le transcender, le faire évoluer.
Briser la glace
Voyons quelques autres exemples de manipulation de ces boules de
pensées, que l’Hypnose Humaniste baptise : « Objets Informationnels ».
Un jour, je trouve une jeune femme qui suivait ma formation en pleurs dans
mon bureau. Un exercice s’était a priori mal passé ? Je tentais doucement
de la calmer. Sa partenaire avait semble-t-il involontairement touché une
corde sensible.
Il faut dire qu’en formation, on ne fait pas de thérapie, on s’entraîne… Mais
nos collègues de formation, s’ils sont volontaires pour servir de cobayes,
comme nous à notre tour pour qu’eux aussi puissent s’entraîner, n’en sont
pas moins humains, avec leurs soucis et leur sensibilité.
L’une ou l’autre des paroles de sa partenaire avait donc froissé la jeune
femme. Elle n’était donc pas dans son état ordinaire de conscience – pas
besoin, dans ces cas-là, d’induction hypnotique ; tout comme lorsque vous
intervenez sur les lieux d’un accident, par exemple.
Sans bien savoir pourquoi, j’avais une mauvaise impression en ce qui
concerne le ventre de la jeune femme : il me semblait dur et froid – ce qui
était tout à fait irrationnel !
« Vous vous sentez comment, là ? fis-je tout de même en montrant son
ventre du plat de la main.
- Mal ! répondit la jeune femme en redoublant de pleurs.
- D’accord… et ça ressemble à quoi, ce qui fait le mal ?
- C’est un gros bloc de glace.
403
Miracles quotidiens
- Ah oui ? remarquai-je, étonné de mon intuition. Et qu’est-ce qu’il fait là
?... C’est à vous ? Vous voulez le garder ?...
- Mais non, gémit-elle.
- Alors, on l’enlève ? »
Bien qu’il ait été plus facile et certainement plus judicieux que la jeune
femme enlève ce qu’elle avait dans le ventre elle-même, elle n’était pas en
mesure de le faire. Elle pleurait toujours et rien ne semblait pouvoir la
calmer.
« Bon, je le prends, alors… Je peux ? »
Je fis mine d’approcher mes mains de son ventre, et je ne voulais pas la
toucher sans permission.
« Oui, murmura-t-elle en secouant la tête de haut en bas.
- Ok, alors je passe dedans, comme ça, expliquai-je tout en appuyant le dos
de mes mains sur son ventre, comme pour saisir un objet profond dans son
ventre… Et je tire doucement.
Ça va ?... C’est froid, hein ? »
Et je retirai doucement le bloc de glace de son ventre. Cela ne prit pas plus
d’une minute. Et elle sécha ses pleurs.
« Bon, on y retourne ? » ajoutai-je en montrant la direction de la salle de
cours avec un petit sourire.
Elle acquiesça d’un signe de tête.
En retournant en salle, je croisai Patricia qui me fit aussi un signe de la tête,
un « non », cette fois. Ne comprenant pas, je m’approchai.
« Ne parle pas de bébés avec cette dame, m’expliqua-t-elle, car elle suit un
traitement pour en avoir un, tous les matins à l’hôpital, mais elle n’y arrive
pas. C’est un sujet sensible.
- Oh !... Je viens justement de lui enlever un gros bout de glace du ventre,
répondis-je. Elle n’allait pas bien, alors… »
Quelques semaines plus tard, la jeune femme nous apprit qu’elle était
enceinte et que la date présumée de fécondation était… le jour où nous
avions retiré le bloc de glace !
Incroyable, n’est-ce pas ?
404
Miracles quotidiens
Depuis, cette jeune femme est devenue maman, et elle a bien changé.
Beaucoup de choses ont changé dans sa vie…
Pas seulement à cause de ce bout de glace, sûrement, mais j’aime croire
qu’il y a contribué.
La Thérapie Symbolique n’est pas forcément toujours aussi mécanique.
Vous aurez remarqué qu’il y avait beaucoup d’exemples masculins dans les
pages précédentes. Les hommes préfèrent généralement enlever les choses
plutôt que les transformer, comme le font les femmes. Peut-être est-ce dans
la nature des hommes ? Quoi qu’il en soit, les femmes ont souvent une
perception plus globale de la situation, et donc des solutions qui vont
également vers la globalité.
Par exemple, vous connaissez l’expression : « je tiens une de ces formes ! »
ou au contraire « tu n’as pas la forme » ou
« tu n’es pas en forme »… Quelle est donc cette forme que l’on peut
attraper, avoir et qui nous permet d’être ?
Puisqu’en Hypnose Humaniste, l’imaginaire est à la source du réel, cette
forme doit être plus qu’une métaphore.
Les chamans des temps anciens l’appelaient simplement la forme humaine,
le « moule » qui permet à la nature de s’incarner, les chercheurs modernes
l’appellent champ morpho-génétique – et on voit que chaque espèce à son
propre champ, son propre moule, qui lui donne forme. En Hypnose
Humaniste, on l’appelle « Soi idéal », la meilleure part de nous, reflet
créateur miniature de ce que les religions ont baptisé tout aussi simplement
« le Créateur ».
Sans entrer dans des considérations philosophiques, il est facile de
comprendre que, même si on ne donnait à cette forme qu’une valeur
métaphorique, la modifier aurait un impact direct, ne serait-ce que
psychologique, sur la personne.
Et si en plus la mythologie et les recherches modernes avaient raison, alors
en changeant ce « moule créateur », ce sont les fondements même de la
personne, physique et psychologique, que l’on pourrait manipuler !
405
Miracles quotidiens
Heureusement ou malheureusement, l’Hypnose Humaniste fonctionne
exactement comme toute autre forme d’Hypnose : son efficacité vient de
l’expérience et du savoir-faire du praticien – ici, du niveau de conscience de
la personne.
Donc, en théorie, changer l’infrastructure subtile de la personne pourrait la
transformer radicalement et instantanément, mais en pratique, ce n’est pas
aussi évident que cela – les forces en jeu sont colossales, par rapport à notre
petite compréhension des choses, et il faut avoir paradoxalement l’exact
équilibre de naïveté et d’un haut niveau de conscience pour obtenir
volontairement un changement optimal.
Comprenez bien que ce que j’appelle « optimal » tient davantage du miracle
que de la psychothérapie ! Mes visées sont très hautes – et le livre s’y prête.
Je pensais notamment à ce cas, cité par le Dr Melvin Morse (cf.
Bibliographie), où un homme pose ses mains, sans bien savoir pourquoi, sur
un enfant souffrant d’une maladie génétique, par définition incurable : le
lendemain matin, l’enfant était guéri !
Le Dr Morse, plusieurs fois élu « meilleur médecin des USA », reconnu par
ses pairs, explique que pour que le génome de l’enfant se recombine tel
qu’il l’a fait – ce qui est déjà impossible – il aurait fallu des mois… Mais
tout s’est fait en une seule nuit. Et ce n’est pas un exemple isolé ! Vous
reconnaîtrez tout de même qu’il y a de quoi intriguer et attirer n’importe
quel thérapeute !
En théorie, donc, une action en conscience sur ce qui nous fonde, au niveau
le plus essentiel qui soit, devrait permettre de reproduire volontairement de
tels miracles. En pratique, cela demande de la part de la personne d’être
réellement connecté au niveau en question – ce qui n’est déjà pas si évident
– et de porter une action pleine et entière, sans doute ni hésitation, car,
souvenez-vous, en Hypnose Humaniste, ce ne sont pas tant les mots qui
comptent que l’ensemble de tout ce que vous exprimez, corps et âme, en
paroles ou en sentiments.
406
Miracles quotidiens
Conscient de l’exigence extrême de ces conditions, et de mes propres
limites humaines, je me contente généralement de moins miraculeux
(sourire) ! Ce qui donne tout de même des résultats pour le moins
surprenants.
Par exemple, durant une de mes formations en Hypnose Humaniste une
femme se porta volontaire pour une démonstration. Elle était atteinte de la
maladie de Parkinson. En principe, l’Hypnose ne peut rien pour ce genre de
maladie.
Sauf à espérer une action régénérescente, peu probable étant donnés les
mécanismes neurologiques de cette maladie.
A moins que l’on puisse agir directement sur ce qui forme notre
neurologie… mais ce serait de la science-fiction ! Allez, rappelez-moi
l’adage de l’Hypnose Humaniste : « qui ne tente rien n’a rien ! ». Alors,
action : la dame étant thérapeute, elle était parfaitement consciente de
l’impossibilité de ce que nous allions tenter – elle ne serait donc pas déçue
en cas d’échec.
Toutefois, elle agit avec la plus totale conviction, ce que d’autres pourraient
appeler « avec foi », ce qui, finalement, est un terme assez exact pour
décrire le juste état d’esprit nécessaire à ce type d’intervention – non pas au
sens de la croyance en quelque chose qui n’existe pas, mais au sens de la
capacité à porter une action à 100% sans preuve préalable d’une réussite
potentielle.
Nous fîmes une induction « en ouverture », comme il se doit, et j’aidai la
personne à s’ouvrir à sa plus belle, plus pure et plus vaste expression d’elle-
même (cf. Raquel, p.377).
« Ça y est ? demandai-je quand la femme fut au mieux du possible
identifiée à son Soi idéal… J’aimerais maintenant que vous preniez
conscience de la différence qui existe entre votre plénitude présente et votre
expression incarnée, assise ici sur le fauteuil… Ressentez celle que vous
êtes ici-bas et souriez en vous-même, comme une mère bénit et protège son
plus jeune enfant… Et guérissez celle que vous êtes…
Envoyez-lui votre lumière… Je vous laisse faire. »
407
Miracles quotidiens
A la fin de la formation, elle était venue me remercier, pré-tendant que ses
tremblements diminuaient. Je lui avais pris les mains, pour la féliciter – et
pour vérifier, aussi. Effectivement, elle ne tremblait plus… Mais était-ce
une preuve ?
Je restais mesuré quant à cette soi-disant réussite, et comptais bien revoir
cette dame plus tard.
Six mois après cette curieuse expérience imprévue, la dame revint suivre à
nouveau la formation en Hypnose Humaniste.
Elle y accompagnait l’une de ses amies, également thérapeute, et en
profitait pour revoir le cours et pratiquer un peu (on ne comprend pas
toujours tout du premier coup, revenir une seconde fois est souvent très
apprécié !).
A la pause, je remarquai qu’elle pouvait remplir normalement son gobelet
de thé. Ses mains bougeaient encore un peu, mais on ne pouvait plus
appeler cela trembler. Me voyant, elle s’approcha de moi et me prit les
mains.
« Je ne tremble plus, vous voyez ! »
Elle était fière et heureuse… Et moi aussi !
Page 271, je citais à une de mes patientes le cas d’un de mes élèves qui
avait aidé un pilote à retrouver l’audition, alors qu’il avait eu les tympans
endommagés dans un accident d’avion. Eh bien, il s’agissait là aussi d’une
action sur la forme de la personne, son champ subtil essentiel, qui lui donne
corps… et qui peut donc, par nature, le réparer.
On pourrait raconter ainsi des dizaines de ces petits exemples, pas
forcément très intéressants à décrire, rien de spectaculaire ni de très
technique, mais au résultat pourtant à chaque fois incroyable.
Allez, juste un dernier exemple, dans le genre « Thérapie Symbolique
appliquée à la forme humaine » : je reçus un jour en consultation une dame
qui semblait murée en elle-même.
Je l’aurais dite psychotique. Elle affirmait n’avoir jamais eu de relations
amicales, même enfant.
408
Miracles quotidiens
Elle vivait seule, bien sûr, et affirmait vouloir mettre fin à ses jours. Ce qui
était compréhensible, si elle vivait vraiment l’enfer qu’elle me décrivait…
Vous avez déjà eu une otite ?
Outre que cela fait très mal, on entend le monde autour comme si on avait
la tête dans un seau… C’est vrai, n’est-ce pas ? C’est très désagréable ! Eh
bien, imaginez-vous vivre en permanence comme cela, y compris au niveau
visuel et émotionnel : comme si le reste du monde existait derrière la vitre
d’un aquarium, et vous dans l’eau. Cela doit être terrible !
J’étais un peu désespéré à entendre l’histoire de cette femme, par ailleurs
fort sensée et intelligente. Que vouliez-vous que je fasse pour elle ? pensai-
je en l’écoutant.
Parfois, c’est aussi au thérapeute d’avoir foi en la Vie. C’est ainsi que de
mon air le plus joyeux, je lui annonçai que « nous allions faire une petite
expérience ».
Je ne vais pas entrer dans le détail, car nous avons encore beaucoup
d’histoires différentes à raconter, mais j’improvisai une procédure, qui est
restée dans les annales de l’Hypnose Humaniste comme la technique de la
momie, que j’ai re-baptisée « Eclosion » : j’ai guidé cette femme dans son
Soi idéal, que nous avons considéré comme l’étoile qui guidait sa vie, et ma
patiente a décidé qu’elle préférait changer d’étoile ; non pas qu’elle
n’aimait pas celle-ci, qui devait probablement avoir son utilité pour elle,
mais qu’elle désirait maintenant vivre autre chose. Elle devait donc changer
de forme. Changer son Soi idéal, donc, dans notre jargon.
Après avoir procédé au transfert des bonnes choses qu’elle souhaitait
conserver, et emplit son nouveau Soi idéal de toutes les qualités d’être et de
vie dont elle rêvait, la femme prit son élan et entra dans sa nouvelle étoile.
Cela eut un effet si radical sur elle qu’elle changea de prénom ! Elle se
rebaptisa
– ce qui est très symbolique.
Nous restâmes en contact quelques temps par emails. Elle s’était décrite
comme moyennement satisfaite de sa seule et 409
Miracles quotidiens
unique séance avec moi et je pensais qu’elle était un peu gonflée de se
plaindre : pouvait-on sortir d’une situation à ce point dramatique en une
seule séance ? N’était-elle pas restée des années en thérapie, par ailleurs,
sans résultat aucun ?...
Elle pouvait m’accorder un peu de clémence !
Bref, j’avais hâte de la revoir.
Deux mois après, elle reprit rendez-vous. La femme qui passa ma porte
n’était plus la même !! J’en restai estomaquée.
Et elle était très consciente de son incroyable changement.
« Ah, vous disiez que rien n’avait changé pour vous ? Je vois ça !... Vous
êtes rayonnante ! » m’exclamai-je en riant.
Elle restait sans voix, un large sourire au visage.
Que vouliez-vous que nous fassions d’autres, maintenant ?
Elle m’avait écrit d’abord sous son nouveau prénom, puis elle avait repris
l’ancien, et j’avais persisté à l’appeler par son nouveau prénom. Là, elle
m’avait apporté une gentille carte de remerciement… signée de son
nouveau prénom !
Je la revis encore, plusieurs mois après. Son visage autrefois fermé s’était
ouvert mais aussi durcit à la fois. Elle avait goûté à la réalité. Elle s’habillait
avec goût et avait dû jeter la quasi-totalité de son ancienne garde-robe ! Ce
n’était vraiment plus la même femme. Elle avait changé de travail, s’était
faite des amies, et même des amis – sans « e » !
Et comment avions-nous fait ce miracle ? En une seule séance, mais au
juste niveau, essentiel, fondamental, celui qui la forgeait tout entière…
Vraiment, une réelle éclosion.
Nous reparlerons dans quelques pages des actions possibles au niveau de
notre Soi idéal qui, s’il existe réellement, devrait nous permettre de
rencontrer d’autres consciences, et de vérifier ensuite l’impact concret de
ces rencontres !
Mais c’est pour plus tard. Poursuivons à notre rythme.
~oOo~
410
Miracles quotidiens
Quel est ce mal qui me ronge ?
Il me semble vous l’avoir déjà précisé, mais deux fois valent mieux qu’une,
je pense : je raconte beaucoup de « guérisons en une séance ». C’est le but
de ce livre, vous offrir les récits de ces miracles quotidiens.
Il est bien évident que si la plus grande partie des thérapies se terminent
aussi bien et aussi vite, c’est essentiellement parce que la clé de leur
réussite était simple à mettre en place.
Relisez ces histoires : leurs solutions étaient somme toute assez souvent «
mécaniques », si on peut dire : il suffisait de corriger ou modifier un rouage
psychique. Même si celui-ci était très profond chez la personne, avec une
bonne compréhension psychologique, une bonne maîtrise technique et
beaucoup de bon cœur, nos miracles étaient assez faciles à atteindre et
mettre en place. La personne n’attendait que ça !
Maintenant, certaines situations exigent parfois le remaniement de toute la
vie de la personne, un travail qui dépasse la simple rectification ou
redirection inconsciente, la libération d’un blocage ou l’apaisement d’une
douleur : lorsque la personne a toujours vécu selon un modèle malheureux,
c’est l’ensemble de ses comportements dirigés par l’Inconscient qui doivent
être conscientisés, puis ensuite choisis et remaniés.
Par pur principe d’éthique, ce n’est pas au thérapeute de poser des choix
pour la personne. Nous en avons déjà parlé : celui-ci peu apporter un soin,
libérer ou débloquer, il peut suggérer à l’Inconscient d’utiliser mieux ou
différemment ses ressources, mais le thérapeute ne peut absolument pas
décider de la direction à prendre dans la vie de la personne !
Il s’agit là de bien plus que de thérapie. C’est d’évolution personnelle que
l’on parle, du sens d’une vie tout entière.
Une telle œuvre nécessite plusieurs séances, une douzaine de rencontres
pour lancer les choses, avec beaucoup de travail 411
Miracles quotidiens
personnel entre les séances, impliquant souvent le conjoint, si conjoint il y
a… Et c’est compréhensible : d’abord, il y a les exercices à faire avec le
thérapeute, les expériences d’hypnose à vivre, le travail de changement à
réaliser au quotidien. Tout cela prend du temps. Et ce temps est nécessaire à
la maturation affective et psychologique de la personne. Il faut dans ces
situations-là une phase de transition, c’est humain et normal.
Si c’est ce qu’il aime, un hypnothérapeute pourra tout à fait préférer
travailler avec des personnes qui ont besoin d’une aide rapide, car il suffira
de découvrir l’épine à retirer chez elles pour aider ces personnes à recouvrer
santé et mieux-être.
J’ai longtemps travaillé en recevant toutes les personnes qui se présentaient
à moi. Aujourd’hui, après vingt ans de pratique, et parce qu’il m’est
physiquement impossible de recevoir tout le monde, je me concentre sur
l’aide de personnes souffrant de problèmes graves, soit physiquement
(cancer, sida, sclérose en plaque, maladies graves et/ou à l’issue fatale) soit
au niveau existentiel (psychoses, sous leurs différentes formes, tendances au
suicide, anorexies, etc.).
J’ai donc connu des années de « miracles faciles » et ceux-ci sont forcément
plus rares maintenant, étant données les personnes que j’accompagne. Les
histoires ne finissent pas toutes bien, mais les miracles, quand ils sont là,
n’en sont que plus impressionnants et édifiants.
Ma compagne, Patricia, accompagne des personnes en évolution de vie, elle
a une prédisposition à comprendre et déceler les rouages de l’Inconscient,
par l’intermédiaire des rêves et symboles qu’exprime la personne. Le travail
de conscientisation effectué, Patricia ne travaille ensuite qu’avec l’Hypnose
Humaniste – seule capable d’une action sur l’Inconscient, débarrassée des
contraintes de l’Inconscient.
Elle ne reçoit donc que pour des thérapies plutôt longues, car centrées sur
l’évolution de la personne. Les miracles obtenus métamorphosent alors
toute la vie.
412
Miracles quotidiens
J’aimerais maintenant vous reparler d’actions thérapeutiques ponctuelles,
donc aux effets immédiatement vérifiables, mais d’un autre genre que les
précédentes.
Un jour, un de mes patients se plaignait de ne pouvoir avancer dans la vie.
Ce type de problème vient souvent d’une loyauté familiale – pour un
homme, avec le père.
En fait, il avait dû se disputer avec son père et en garder la trace
psychologique car, en ouverture de conscience, le jeune homme finit par
prendre conscience d’une blessure sous son bras, puis que cette blessure
saignait, et enfin qu’il y avait comme… un chien qui lui dévorait le flanc
gauche !
La perception de ces choses subtiles est comme une exploration
archéologique : même en état d’hypnose, il faut un réel effort de conscience
pour préciser et parvenir à densifier le bloc d’informations, de façon à
pouvoir le manipuler.
Tout cela est d’ordinaire complètement inconscient. Il est donc bien plus
facile pour le thérapeute de plonger davantage son patient dans
l’Inconscient, de profiter de ce mouvement naturel, pour ensuite faire son
possible pour l’aider, à tâtons, avec des outils hypnotiques de langage qui
permettent une action à large spectre (comme les antibiotiques du même
type).
Car on ne sait alors plus du tout quoi travailler, ni comment.
Mais pourquoi endormir son patient, alors que c’est lui qui sait le mieux où
il a mal !… En Hypnose Humaniste, on aide la personne à gagner en
conscience d’elle-même, de ses phénomènes inconscients, pour mieux les
travailler.
Le picotement du début, sous le bras, prit ainsi une couleur rouge, puis
survint une impression malsaine, et enfin la perception diffuse « d’une
bête… des crocs… ah !!! »
Le jeune homme trouva le moyen de décrocher l’animal, il fallut encore
ensuite panser les plaies, les guérir – pour cela, la lumière est un excellent
moyen !
Il prit enfin une profonde respiration involontaire, signe de soulagement. Ça
y est, c’était fini. Il allait pouvoir vivre sa vie sans cette blessure du passé…
413
Miracles quotidiens
Une autre fois, un autre homme ressentit une sorte de gros insecte lui
dévorer la poitrine ! Et impossible de décrocher la bestiole, qu’il finit par
tuer à coups de tournevis !!
Les expériences de Thérapie Symbolique ne sont heureusement pas toutes
aussi dégoûtantes. Je suppose que ces symboles témoignent d’une certaine
tournure d’esprit chez la personne... Quoi qu’il en soit, celle-ci était enfin
soulagée. La bestiole était morte, et il nous fallut combler le « vide »
qu’elle avait creusé dans la poitrine, toujours par un peu de magie – la
lumière – archétype de pureté, s’il en est.
Les « symboles » de ces deux cas sont vraiment différents de tous ceux dont
nous avons déjà parlé, vous ne trouvez pas ?
On pourrait presque jurer que, pour les personnes concernées, ces choses
étaient vivantes !... Et si elles l’étaient vraiment ?
Oh, pas forcément pour ces deux personnes-là… Mais, par exemple, la
petite fille de Nadège, page 342 : était-elle réelle ou imaginaire ? Plus
difficile à dire, dans ce cas.
Ici encore, l’imagerie Kirlian nous montre de bien étranges choses. Je vous
parlais de la mère de Ludovic, page 357, dont on pouvait voir la présence
sur la photo… C’est déjà sidérant !
Mais, avouez qu’à partir du moment où l’on commence à admettre une
forme de vie hors du corps physique, il n’y a plus qu’un petit pas pour
imaginer la possibilité d’autres formes de vie qui ne possèderaient pas du
tout de corps physique.
Et pourquoi pas ?... En fait, à partir du moment où ces présences se
photographient, on sort des suppositions pour entrer dans la constatation
pure et simple.
Vous trouverez des photos très explicites dans les livres de Georges Hadjo
ou à la fin du livre « Hypnose Humaniste »
(voir en Bibliographie), si besoin était de vous convaincre.
La question suivante se pose donc : est-il possible de faire en sorte de se
débarrasser de telles présences en Thérapie Symbolique ? A priori, oui, bien
que la technique soit forcément différente, s’agissant d’entités vivantes et
non d’objets.
414
Miracles quotidiens
C’est d’ailleurs ainsi qu’on les différencie : un Objet Informationnel est
comme un hologramme. Comme son nom l’indique, c’est un bloc
d’informations. Il ne réagit que selon les possibilités qui sont engrammées
en lui.
Par exemple, comment savoir si je suis en présence de mon grand-père ou
d’un bloc fait de la mémoire de mon grand-père ? Eh bien, très facilement :
si je n’obtiens de cette
« présence » que des souvenirs, alors je peux en déduire que la chose ne fait
qu’utiliser, ressortir des informations qu’elle a déjà en elle – rien de
nouveau. Pas de vie. Pas de conscience.
Mais si la présence réagit à moi de façon intelligente, avec des interactions
nouvelles – celles que je connaissais de mon grand-père, plus plein d’autres
choses, comme si j’étais en présence d’un être vivant, capable de
nouveauté, alors là, oui, il y a une étrangeté. Car un bloc mémoire ne peut
logiquement ressortir que ce qu’il a en lui, comme un programme. Il faut
une conscience pour faire preuve d’imprévisibilité, d’innovation.
Vous êtes probablement en train de vous dire que l’Hypnose Humaniste est
un monde étrange ! Le fait est que sur la base d’une pensée logique et
structurée, dès lors que vous possédez un modèle théorique solide comme
celui de l’Hypnose Humaniste, il devient possible d’admettre l’impossible.
Après tout, la science actuelle est incapable d’identifier ce qui constitue
95% de l’univers : toute la matière accumulée de l’univers, ce que l’on
nomme baryons, tout ce qui est concret et palpable, ne remplit que 5% de
l’univers connu !
De quoi sont fait les 95% restants ? Personne ne le sait. Les scientifiques
ont baptisé Matière Noire 25% de cette masse inconnue et Energie Sombre
les 70% qui lient le tout…
La Terre est plus petite qu’un simple atome dans l’immensité de l’univers.
Comment croire que cette toute petite chose soit la seule qui abrite la vie
dans tout cet espace (et on ne parle ici que des 5% d’univers fait de matière
concrète) ?
Comment croire que TOUT le reste, 95%, est vide ?
415
Miracles quotidiens
Bref, en vérité, il importe peu de savoir si tout cela existe réellement ou
non, car tant que la personne nous dit percevoir
« quelque chose » qui vit ou qui s’accroche à elle, alors que cette « chose »
soit réelle, imaginaire ou symbolique n’a absolument aucune importance :
elle est réelle pour la personne, ce qui la rend malade, très concrètement.
La débarrasser de cette « chose », l’aider à la transformer est tout ce qui
compte.
Edith Fiore, une psychologue américaine formée à la base en Hypnose
Ericksonienne, s’est spécialisée dans le ré-accompagnement de ces
présences, qui hantent certaines personnes. Son approche est certes
spirituelle mais logique et solide, très humaine. Vous lirez son livre avec
profit, si le sujet vous intéresse (cf. Bibliographie).
Ce que nous avons fait avec la petite fille de Nadège est un excellent
exemple du processus de raccompagnement. On peut toutefois envisager
des approches plus directes, radicales.
Divers symptômes témoignent d’une présence : fatigue anormale, manque
d’appétit et d’énergie, anémie, réveils difficiles où vous êtes plus fatigué
qu’au coucher…
Bien des personnes « ouvertes d’esprit » et pratiquant des techniques de
méditation ou de sophrologie se font ainsi envahir par des énergies dont
elles n’avaient pas forcément compris l’exacte teneur. Cela se reconnaît
facilement : une personne en état modifié de conscience fait preuve
d’économie de mouvement ; cela veut dire qu’elle bouge et parle très peu, et
difficilement. La seule chose qui puisse la faire remuer par violentes
saccades, c’est une forte souffrance inconsciente.
Cette souffrance peut être émotionnelle, bien sûr – et toute personne qui a
vécu de grandes douleurs sait bien comme on peut quasiment convulser
dans le plus terrible chagrin.
Mais quand tout va bien dans la vie, comment expliquer ces mouvements
saccadés et brusques de la main de la personne en transe ? Comme si
quelqu’un jouait avec les fils de la marionnette… Autre chose fait bouger la
personne !
416
Miracles quotidiens
Cette « chose » n’est plus son esprit conscient, puisqu’elle est en transe – ce
n’est pas non plus son Inconscient, car il ne devrait réagir qu’aux
instructions de l’hypnotiseur. Enfin, sa Conscience majuscule ne déclenche
pas de mouvements désordonnés, mais au contraire une plus grande paix.
Donc ?... On va appliquer une technique pour chasser ce qui fait bouger la
personne – même sans le dire directement à la personne, qui ne sait pas que
l’on travaille avec ses mouvements comme repère. Et les mouvements
brusques disparaissent, comme par enchantement : ce que l’on a fait a donc
modifié la source des mouvements. Et la personne retrouve son énergie, elle
dort mieux, gagne en vitalité, en concentration, etc.
Le phénomène physique vérifiable le plus étonnant est l’anémie. Etonnant
car l’anémie (manque de fer) correspond aux légendes : les vampires étaient
présumés sucer le sang, n’est-ce pas ? Ce qui cause forcément une
anémie…
La personne vampirisée au plan psychologique (en fait, cela se situe au
niveau de son champ astral) perd son énergie, son suc vital… et elle fait de
l’anémie. Amusant, non ?
Les légendes ont toujours un fond de vérité.
Il m’est ainsi arrivé de raccompagner un père décédé, ancien homme
politique connu, qui squattait autour de sa fille, cherchant à la pousser à
continuer sa mission politique !
A l’improviste, pendant une démonstration en formation, j’ai aidé une
biologiste bouddhiste à se débarrasser de toute la vermine qui l’infestait ;
vermine attrapée alors qu’elle faisait de la méditation – apparemment dans
de mauvaises zones de conscience (trop basses pour elle : ce qui y vivait
l’avait prise pour une batterie énergétique, un vivier nourricier !).
J’ai aidé un consultant en entreprise à vivre sans « Jésus », une présence
plutôt envahissante et fort peu spirituelle, qui profitait de lui et
l’annihilait…
Que d’étranges séances d’hypnose !
417
Miracles quotidiens
Pour les uns, contact fut pris avec la présence, avec qui nous pûmes
dialoguer – ce qui est très impressionnant quand cela vous arrive et que
vous savez que ce n’est pas un film !
La différence avec un délire ou une mémoire est évidente : le récit de la
personne est cohérent et aucunement symbolique.
A force de travailler avec l’Inconscient, on devient capable d’en reconnaître
les effets (d’où l’importance d’une formation en Hypnose ordinaire, en plus
de celle en Hypnose Humaniste).
On sait donc quand on a affaire à l’Inconscient… à la Conscience… ou à
autre chose !
Ici, la présence agissait, en plus de réagir, preuve d’esprit d’initiative, dont
serait incapable une « mémoire », un programme inconscient activé par la
personne. Il n’y avait aussi aucune résonance symbolique, particularité
ordinaire des crises psychotiques, en apparence incohérentes – ou plutôt qui
ont leur propre « logique irrationnelle ».
Non, tout était bien concret et rationnel… Sauf que ce Jim n’était personne
que ma patiente connaissait, qu’il semblait avoir vécu avant même sa
naissance, et qu’il avait juste trouvé confortable de pouvoir goûter à
nouveau un peu à la vie d’ici-bas, par l’intermédiaire de la jeune femme, ma
patiente !
Nous avons réussi à décider Jim de s’ouvrir à la Lumière, et il regagna un
lieu de la Conscience où il avait mieux à faire.
D’autres fois, ce fut plus radical : un homme, était apparemment assailli par
une forme d’énergie agressive. Sur les photos Kirlian, celle-ci prenait la
forme d’une petite punaise qui s’enfonçait dans sa peau ! On voyait comme
un petit dard qui pénétrait un des doigts de l’homme.
Là, j’aidai mon patient à concentrer une forte énergie dans son plexus, afin
de reproduire la naissance d’une étoile : une explosion atomique ! L’homme
densifia tellement l’énergie en lui qu’elle finit par exploser, comme un
soleil… nettoyant au passage tout ce qui existait en et autour de lui.
Au revoir la petite punaise énergétivore !
418
Miracles quotidiens
Retirer l’épine et s’ouvrir à la Lumière Si toutes ces histoires peuvent
paraître extraordinaires ou inquiétantes, une bonne connaissance de la
cartographie des différents états de Conscience vous permet de faire tous les
voyages en esprit que vous voulez, en parfaite sécurité.
C’est l’ignorance qui est source de tous les ennuis.
En Hypnose Humaniste, on ne s’attarde pas dans les bas niveaux de
Conscience – ce que la tradition appelle « astral ».
Si les bases philosophiques de l’Hypnose Humaniste sont exactes, chaque
être humain libère ses pensées, toute sa vie.
La sphère de toutes ces vibrations inconscientes forme ce que Teilhard de
Chardin appelait la Noosphère (sphère des esprits) et Jung : Inconscient
Collectif… Connaissant le niveau de
« sagesse » de l’Humanité, je ne connais personne qui ait envie de s’y
baigner longtemps ! Ici s’entassent de fort belles choses, mais aussi toute la
bêtise et la méchanceté du monde.
Par effet de cohérence, tout ce qui se ressemble s’assemble.
Imaginez ce que l’on peut trouver dans de pareilles eaux…
Voilà pourquoi, durant les inductions d’Hypnose Humaniste, il est demandé
à la personne de se concentrer sur ses « plus belles pensées » : car elles vont
la trans-porter instantanément vers les plus hautes strates de Conscience, les
plus sublimes, les plus nobles, les plus pures et pleines de joie !
Connecté à cette Source de Vie, tout devient possible.
En pure Conscience, il n’y a plus ni formes, ni symboles, ni vision, ni
pensée, ni rien. Seulement la sensation d’être et la pleine conscience de
Tout. D’où le simple nom de cet état : Conscience.
Saint-Augustin savait déjà cela, lorsqu’il conseillait :
« Quand tu penses à Dieu, tout ce qui peut se présenter à toi en forme
corporelle, chasse-le, expulse-le, répudie-le, fuis-le ! »
La vraie Conscience n’a ni yeux, ni bouche, ni corps. Elle n’est ni image, ni
son, ni ressenti. Seulement conscience.
419
Miracles quotidiens
Myriam arriva chez moi à 45 ans.
De 13 à 17 ans, son père l’avait violée, tant physiquement que moralement.
Par exemple, il l’obligeait à laisser la porte ouverte lorsqu’elle allait aux
toilettes, et il se masturbait en la regardant uriner. Il l’empêchait d’avoir le
moindre instant de vie privée… Myriam finit par s’enfuir de chez elle.
Elle travailla dur et réussit sa vie, mais elle resta marquée à jamais par
l’enfer que lui avait fait vivre cet homme.
Frigide et stérile, Myriam n’avait rien développé de sa féminité. Elle avait
même fait tout le contraire ! Son corps s’était asséché et son visage portait
les stigmates de l’acné qu’elle avait développée, adolescente, pour faire fuir
son père
…en vain !... Un matin, devant son miroir, elle s’était trouvée jolie et avait
eu peur que ça n’attire encore plus le monstre avec qui elle était
emprisonnée. Elle avait alors décidé de s’enlaidir, de détruire son visage…
Trois jours après, elle était couverte d’acné purulente. Cela n’arrêta pas le
père. Mais, trente ans après, son visage était toujours crevassé par l’acné.
Myriam venait me voir parce qu’elle avait un cancer.
Devinez où… Aux ovaires, bien sûr !
Elle s’était présentée à moi comme très rationnelle, plus intéressée par les
dosages de sa chimiothérapie que par son esprit. Pourtant, une toute petite
phrase m’ouvrit la voie :
« Ce monstre m’a arraché la vie !
- Il vous a arraché la vie ? répétai-je, ravi.
- Oui, pourquoi ? fit-elle, étonnée.
- Eh bien, parce que je ne peux rien contre toutes les horreurs que vous avez
vécues, mais je peux vous aider à vous reconnecter avec la Vie ! Ça, je peux
le faire. »
Son visage meurtri s’illumina – et je sus que nous pourrions réussir. Nous
parlâmes un moment de ses conceptions de la vie, plutôt spirituelles, puis je
lui demandai :
« Mais alors, à quoi rime tout ça… la vie… pour quoi faire ?
- C’est l’énigme de ma vie – comme de beaucoup, je pense.
420
Miracles quotidiens
- Je vous donne mon idée, alors… Juste une idée : et si, vous, petite
étincelle d’un immense soleil créateur, vous étiez ici pour aider à purifier ce
qui constitue la Création ? Je veux dire, ici-bas, tout est loin d’être net,
n’est-ce pas ?... Et si nous étions tous les rayons d’un même et immense
soleil ? Et que ce soleil irradie continuellement cette Terre, rayon après
rayon, justement pour illuminer la planète. La nettoyer…
Alors, ce serait normal de plonger dans la merde – enfin, je parle surtout
pour vous, car il y en a qui ont moins de boulot que d’autres, n’est-ce pas ?
Vous devez être une Conscience bien courageuse, pour avoir accepté de
plonger votre lumière dans ce pétrin… Vous devez être vraiment forte. »
Myriam avait retrouvé le sourire. Mon histoire l’amusait.
« Mais on dirait que la merde était plus tenace que prévu !
Et vous êtes toute salie et abimée… Vous avez perdu votre lumière en cours
de route… …Et si on allait la retrouver ?
- (sceptique et silencieuse)
- En fait, cela n’a rien d’extraordinaire, il suffit juste de savoir comment
faire… Allez, je vous montre. »
Et je commençai une induction en ouverture, comme je vous en ai déjà
donné l’exemple.
Dix minutes après, Myriam se reconnectait massivement avec la Lumière,
non pas seulement la sienne, mais celle de ce
« Soleil créateur » originel, que je lui avais décrit.
Comprenez bien qu’il n’y a pas de dissociation en Hypnose Humaniste. En
fait, Myriam n’avait pas vraiment été rejoindre la lumière, ce qui aurait
indiqué une dissociation entre le corps et l’esprit, un chemin à parcourir
d’elle à la lumière.
Myriam faisait déjà du yoga et de la méditation. Elle savait se dissocier. Ça
l’avait aidé à survivre, mais pas à guérir.
Au contraire, j’aidai Myriam à étendre à ce point son esprit qu’elle fut
bientôt partout… Etant devenue « Tout », la lumière fit forcément à
nouveau partie d’elle, corps et âme.
421
Miracles quotidiens
Et c’est à ce moment-là que cela devint rodéo ! Car Myriam sentit la
lumière en elle, au cœur de chacune de ses cellules –
et vous savez combien l’ombre craint la lumière !
Toute cette noirceur, qu’elle portait en elle depuis des années, commença à
se dissiper, à se dissoudre : les pleurs de paix retrouvée de Myriam firent
place à de profonds hurlements. C’était à glacer le sang ! Myriam était arc-
boutée contre mon fauteuil. Seule la tête touchait le dossier. Elle était
secouée de spasmes de douleurs : l’épine s’évaporait.
Je ne pouvais rien faire d’autre que laisser faire. Laisser la vie achever son
œuvre purificatrice. J’accompagnai simplement de quelques paroles, afin
que Myriam ne se sente pas seule.
Enfin, Myriam se calma. Elle respirait paisiblement.
Nous reprîmes une discussion plus ordinaire… Et c’est là que je me rendis
compte, plutôt intuitivement, que son énergie n’était pas entièrement
descendue en elle, physiquement.
J’avais l’impression que tout s’était arrêté à la ceinture.
« Et jusqu’où vous remplit toute cette nouvelle énergie ?
demandai-je doucement.
- Jusque-là, me montra Myriam en indiquant ses hanches.
- Bien, c’est ce qu’il me semblait. Alors, inspirez profondément, et poussez
fort cette énergie jusqu’à vos pieds…
Vous avez besoin d’être tout entière emplie de Vie. »
Myriam poussa donc, réellement. Elle respirait fort et faisait clairement de
son mieux pour que l’énergie de vie l’emplisse cette fois vraiment jusqu’à
la moindre de ses cellules.
Soudain, elle se remit à hurler, à nouveau arc-boutée contre mon fauteuil.
Mais son hurlement était très différent, et au mouvement de ses hanches, il
n’était aucune doute possible : c’était maintenant beaucoup plus agréable
que tout à l’heure !
C’est dans un véritable orgasme que Myriam retrouva sa féminité… Quinze
jours plus tard, analyses : plus de cancer !
422
Miracles quotidiens
Allez, encore un autre exemple de ce qu’est capable votre Conscience, avec
le cas d’une autre de mes patientes, maigre à faire peur, le teint si gris qu’il
en paraissait inhumain, en reflet de la couleur morne et terne de ses
vêtements.
Le regard de cette femme était d’une grande méchanceté, et ses paroles
agressives et négatives au possible.
Alors, vous savez qu’il est extrêmement rare d’entendre un être humain
parler à un autre ? Oui, la plupart du temps, les gens ne parlent qu’à eux, et
d’eux. Quand une de nos cordes sensibles est touchée, on s’énerve, on
agresse verbalement, pour se protéger – et l’autre en face prend tout cela
pour lui, au lieu d’y voir l’expression de notre blessure intérieure…
Persuadé que l’on vient de parler de lui, l’autre se vexe ! Et nous renvoie en
retour l’expression de sa blessure à lui : ce que nous prenons à notre tour
pour nous, au lieu de compatir pour la blessure de l’autre et, pourquoi pas,
nous excuser… Donc, on se vexe aussi et on hausse le ton, blessé que nous
sommes.
Et ainsi de suite… Histoire d’une bagarre entre deux sourds.
Chacun centré sur son nombril, ne parlant que de lui.
Je ne me vexai donc pas de l’agressivité de la dame au teint gris, la
comprenant blessée. Ses paroles étaient le pus qui s’écoulait des plaies de
son âme. Rien qui ne me concernait.
L’histoire qui suit vous montre que la Conscience est créatrice et hors du
temps : ce qu’elle vit crée une information stockée dans nos mémoires
inconscientes, et qui a un impact sur le corps. Que l’expérience soit
concrète ou imaginaire ne change rien. De plus, la Conscience pose
l’information créée dans les strates du corps au moment où elle pense
l’avoir créée, c’est-à-dire, pour cette femme… à l’âge de trois ans !
Je vous raconte : comme son teint de peau l’indiquait, la dame souffrait
d’un cancer.
« Au sein » me précisa-t-elle.
Rapport à la féminité, pensai-je, comme dans le cas précédent.
423
Miracles quotidiens
« Ok, et pouvez-vous me dire ce qui s’est passé de stressant ces dernières
années ?... On sait que, très souvent, le corps peut développer un cancer
suite à un stress violent, non traité, dans les deux ans environ après
l’évènement traumatisant.
- Il ne s’est rien passé, non… je ne vois pas. »
Après une douzaine de minutes de discussion, le visage de la dame se
contracta et celle-ci se mit à pleurer.
« Par contre, cela n’a sans doute rien à voir, mais j’ai quelque chose de
terrible sur le cœur… »
Cancer au sein. De quel côté ? Vous pariez ?... Gauche.
« …mais cela n’a rien à voir avec mon cancer. Enfin, je crois… ça s’est
passé il y a si longtemps… Je n’en ai d’ailleurs aucun souvenir… C’est
mon psychiatre qui a tout découvert… (pleurs)… J’ai été violée… par mon
grand-père.
- Et vous n’en avez aucun souvenir ? fis-je, perplexe. A quel âge était-ce ?
- J’avais trois ans.
- Et vos parents ne se sont aperçus de rien, alors ?
- Non, mais mon grand-père est encore vivant : il a cent ans cette année…
Quand j’ai su, je suis allé le voir, pour qu’il avoue tout et s’excuse… mais il
a tout nié, le salaud !!!
- Et vos parents ?
- Ils m’ont dit que le psy était fou, qu’il avait tout inventé.
En fait, ils couvrent le grand-père, je le sais ! »
Houla… J’ai déjà vu beaucoup de personnes qui s’étaient faites violer, et
cette dame-là n’avait pas les caractéristiques des personnes que j’avais déjà
rencontrées. Elle avait un esprit tourné vers le négatif, le pessimisme, mais
elle ne paraissait pas avoir été victime d’attouchements ou de viol.
Mais bon, si le psychiatre l’avait dit…
« Donc, si j’ai bien compris, repris-je, votre grand-père nie vous avoir
agressée ou touchée, vos parents n’ont aucun souvenir que vous ayez
changé de comportement, toute petite, et ce psychiatre, bien sûr, ne vous
connaissait pas, enfant…
424
Miracles quotidiens
- Non, pourquoi ?
- Alors, dites-moi, comment savez-vous qu’il a raison ?
- Je le sais !!!! » me hurla-t-elle au visage.
Formidable !
« Et, quand est-ce que votre psychiatre vous a annoncé cela ? demandai-je,
presque sûr de la réponse.
- Oh, c’était il y a deux ans.
- Et auparavant, comment alliez-vous ?
- Bien, mais j’ai toujours senti qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas
chez moi… C’était ça !! »
Ok. La dame croyait en l’histoire du psy et s’autodétruisait.
Comprenez bien l’importance du problème : si cette femme s’était «
fabriqué » sa douleur, puis le cancer qui en résultait, ce n’était pas
simplement à cause de l’annonce du psy, il y a deux ans. D’un point de vue
psychologique, la dame souffrait virtuellement depuis son enfance :
l’information donnée par le psy s’est rangée dans les « dossiers-mémoire »
correspondant à l’époque supposée des faits. Elle a voyagé dans le temps
(en fait, il n’y a pas de temps)… et elle a ainsi usé et détruit le corps et
l’esprit en proportion des prétendues années passées !
La seule solution fut de faire revivre son passé à la dame, en prenant toutes
les précautions pour qu’elle ne s’invente pas toute une histoire de viol. Je
lui demandai donc, une fois en transe hypnotique, de revenir directement à
sa naissance… de s’envoler par-delà l’espace et le temps et de se poser au
moment de son arrivée au monde – alors que tout allait bien.
Puis, je lui demandai de me raconter sa vie. De cette manière, je ne posai
aucune suggestion susceptible de l’influencer, et ma patiente étant prise
dans le revécu de son histoire de vie, elle en oublierait probablement
d’inventer des épisodes inédits ! C’était la technique la plus sûre pour
retrouver, en régression hypnotique, un souvenir au plus proche de la vérité.
Sauf que la dame ne retrouva aucun viol. Rien du tout !
425
Miracles quotidiens
Et voilà ! Les années passaient, heureuses. Et pas de grand-père violeur à
l’horizon.
Quand elle en arriva à me décrire ses dix ans, je lui fis remarquer que son
enfance avait été bien paisible et joyeuse.
Elle se rendit alors compte qu’elle n’avait jamais été violée.
Aussitôt, la dame se mit à grimacer horriblement ! Ses mains s’agrippaient
et tordaient ses vêtements sur son ventre.
Elle pleurait à chaudes larmes et gémissait en se mordant les lèvres, en
tapant de tout son corps contre les bords du fauteuil.
Tout à coup, je pris conscience que ses mains n’agrippaient pas seulement
ses vêtements : ils semblaient chercher à retirer quelque chose d’elle ! Je lui
fis immédiatement remarquer :
« Je comprends que ce soit terrible de prendre conscience de ça… mais il y
a quelque chose que vos mains cherchent à arracher de vous, vous en
rendez-vous compte ? »
Mon discours était volontairement ambigu, afin que la dame puisse
éventuellement se raccrocher encore à l’idée de son viol, ce qui la
rassurerait : elle ne se serait pas rendue malade pour rien… Et elle pouvait
penser avoir bien trouvé l’origine de son mal. Elle le tenait dans ses mains !
Bien que je pense plutôt qu’elle était vexée d’avoir cru son psy, si cela lui
faisait plaisir de croire autre chose, ça ne me dérangeait pas. L’important
était qu’elle sorte d’elle toute cette fureur, cette peine et cette douleur
accumulées.
« Voilà, agrippez vraiment fort cette boule d’émotions négatives… Tenez-la
bien et tirez doucement dessus, pour la sortir tout entière de vous. C’est très
bien. Allez-y. »
Cris, pleurs et spasmes…
En fait, c’était de la Thérapie Symbolique, comme nous en avons déjà parlé.
La dame retirait très physiquement d’elle la cause de sa maladie – ce n’était
à mon avis pas celle qu’elle croyait mais, en fait, cela n’avait aucune
importance.
Un mois après, je revis ma patiente : je ne la reconnus pas !!
Elle était habillée joliment, même plutôt chic, dans les tons 426
Miracles quotidiens
rouges, avec un chapeau à la mode et une robe assortie. Elle avait pris
douze kilos, me dit-elle ! Et elle se faisait désormais confiance, son estime
d’elle était au beau fixe, ce qui ne lui était probablement jamais arrivé –
ayant été d’un caractère d’ordinaire plutôt sombre ; elle me dit être
maintenant capable de chasser d’un « revers de la main amusé » les vieilles
habitudes de pensée négative qui lui restaient encore (cela ne faisait qu’un
mois à peine qu’elle avait changé !).
Maintenant, elle aimait la vie, m’expliqua-t-elle. Elle faisait à nouveau
l’amour – alors qu’elle était frigide depuis des années – et se cuisinait de
bons petits plats.
Transformée !
Ah oui, son cancer du sein entra en « rémission spontanée »
suite à cette première séance.
Retrouver Qui Je Suis
Vous comprenez l’ampleur du pouvoir de votre esprit sur votre existence ?
Et, quand je parle d’esprit, je pense à un niveau global : corps, inconscient,
mental, âme et conscience.
Il suffit que votre corps souffre pour que votre mental soit plus lent. Il suffit
que la Conscience vous envoie tel ou tel type d’information pour que toute
votre vie change. Il suffit que votre Inconscient tourne sur de vieux
programmes pour qu’il vous renvoie toujours et encore dans les mêmes
murs. Il suffit que votre petit conscient fasse du blocus pour empêcher la
Nature de suivre son cours… Il suffit que de lourds nuages planent au-
dessus de vous, que vous ayez l’âme sombre, pour que votre vie entière soit
triste et morose, voire pire !
Tous les niveaux sont importants.
On parle souvent d’agir « corps et âme » ou encore « en son âme et
conscience »… Vous avez là les principaux niveaux avec lesquels il vaut
mieux être en harmonie.
427
Miracles quotidiens
Et si je peux vivre en Conscience, celle-ci étant la strate qui dirige et
interpénètre tous les autres niveaux, alors j’ai un pouvoir d’action possible
sur tout ce qui fait ma vie. Vous avez déjà eu de nombreux exemples dans
ce livre. Tenez, un jour je fais une chute en sport et je me retrouve avec des
ecchymoses, quasi-noires, sur les avant-bras. Pas très présentable pour un
formateur. On va croire que je me suis battu !
Je m’assois, fais la paix en moi (je suis en pleine rue), et j’envoie de la
lumière guérisseuse sur mes blessures. Ce n’est plus de l’Hypnose, à partir
du moment où l’action est faite en état ordinaire de conscience. C’est
vraiment une action en conscience, portée sur l’ici et maintenant, à partir
d’un niveau d’être plus vaste, vécu au quotidien.
Et je reprends mon sport, un peu inquiet pour mes bras, toujours aussi
noirs… Et puis, dix minutes plus tard, les meurtrissures ne sont plus que
violettes… Et dix minutes encore après, presque toutes les ecchymoses sont
parties, sauf deux ou trois bleus, qui partiront dans la nuit.
Incroyable, n’est-ce pas ?
Si la Conscience peut avoir une telle action sur mon corps, imaginez ce
qu’elle peut faire à son niveau naturel, celui des choses subtiles,
énergétiques et informationnelles !
La vie n’est faite que d’évolution, continuelle, et les blocages ou difficultés
d’évolution sont à l’origine de la quasi-totalité des troubles physiques ou
psychologiques.
Comment utiliser la Conscience pour aider à cette évolution ?
Je vais vous donner mon astuce à moi. Elle repose sur plusieurs
constatations : d’abord, il y a de fortes chances pour que l’on retourne à la
Conscience chaque nuit, afin de nous ressourcer. Une super séance
d’hypnose naturelle, en quelque sorte. Ensuite, les rêves témoignent du
fonctionnement de l’Inconscient, qui dirige notre vie. Enfin, comme moi,
vous n’avez peut-être pas le temps ou le courage de passer une demi-heure
à faire de l’auto-hypnose, tous les jours…
428
Miracles quotidiens
Et si vous utilisiez vos nuits pour guérir et grandir ?
Pas besoin d’induction hypnotique compliquée, puisque le sommeil vous
emportera en Conscience sans que vous ayez quoi que ce soit à faire. La
meilleure transe qui soit.
Pas besoin de rester lucide de vos rêves, comme certains le font, puisque les
souvenirs éventuels de ceux-ci, au réveil, vous informeront amplement de «
l’état des lieux » et du travail qui vous reste à faire sur vous. Pas de triche
possible.
Patricia, ma compagne, possède une sorte de don pour interpréter les rêves,
pour peu qu’elle ait les données nécessaires sur votre vie. Il m’a suffit de lui
confier un premier rêve pour savoir où j’en étais dans ma vie. Maintenant,
le soir, je m’endors avec l’idée de travailler à m’améliorer, suivant ce que
j’ai compris du travail à effectuer. Pas besoin de grande concentration ou de
forte volonté, juste une « idée derrière la tête », une intention… et de laisser
faire sa Conscience.
Alors que, bizarrement, je ne me souvenais que rarement de mes rêves,
maintenant, ils me restent au réveil… et je peux donc les raconter à Patricia,
qui m’explique de quoi il s’agit (car c’est souvent incompréhensible pour
un non-initié) et je poursuis ensuite mon travail sur moi, la nuit suivante.
Facile, non ?
Si vous n’avez pas la chance, comme moi, d’avoir votre coach à la maison,
notez vos rêves et confiez-les le plus souvent possible à une personne qui
vous connaît bien et qui est capable de les interpréter, de manière neutre.
Cela permet d’avancer dans la vie, plutôt facilement, même si les prises de
conscience que ce type d’exercice amène peuvent parfois être
émotionnellement violentes. Il faut dans ce cas être vraiment honnête avec
soi-même, et changer sa vie en conséquence des « informations » reçues en
rêves.
Voilà, par contre, ce qui est difficile. Et c’est là que l’on mesure le courage
et la volonté que l’on a de s’améliorer, sachant qu’au bout il y a une vie
meilleure, heureuse et joyeuse.
429
Miracles quotidiens
C’est ainsi qu’il y a deux grandes familles de Thérapie Symbolique, en
Hypnose Humaniste : celle dont je vous ai déjà parlé, qui est ma façon à
moi de pratiquer ; et la Thérapie Symbolique Avancée que pratique ma
femme, Patricia d’Angeli, beaucoup technique, axée sur la symbolique
inconsciente et toute la compréhension qu’on peut en avoir, afin de mieux la
faire évoluer en expansion de conscience, dans un deuxième temps, grâce
aux séances d’Hypnose Humaniste.
Comme nous en avons déjà parlé : d’où mieux percevoir l’Inconscient que
du point de vue de la Conscience ? Illuminé, plutôt que noyé dans les
brumes de l’inconscience…
En conscience, Patricia ne vous fait donc pas travailler sur les matériaux
informationnels liés à la Conscience ou à l’âme, comme je le fais, mais sur
ce qui emplit votre Inconscient et influence émotionnellement toute votre
vie ici-bas.
Les deux formes de Thérapie Symbolique sont complémentaires, car il
arrive parfois à Patricia d’utiliser ma (simple) façon de faire pour aider une
personne à se débarrasser ou à transformer un bloc d’Information gênant.
La plupart du temps, toutefois, Patricia vous emmène en état élargi de
Conscience, puis vous demande de franchir un passage, comme une porte
(ou ce qui vous vient à l’esprit), afin de découvrir ce qu’il y a derrière.
Métaphore du voile levé sur l’Inconscient.
Ainsi, un jour, guidé par Patricia, je me retrouvai dans un pays non-identifié
d’Afrique du nord, apparemment plutôt totalitaire. J’y livrais une machine à
laver la vaisselle (?)…
Les douaniers, armés jusqu’aux dents, me laissèrent entrer, mais une fois à
l’intérieur du pays, j’appris que l’usage ou la possession d’une machine à
laver était passible de peine de mort ! Et je me retrouvai poursuivi par toute
l’armée du pays !
A un moment, j’entrai dans un vaste marché couvert. Il s’y vendait, en
guise de nourriture, des milliers d’oiseaux morts.
Tout au bout de ce marché trônait un homme terrible.
430
Miracles quotidiens
Devant lui, s’alignait une longue file de femmes voilées de noir, le regard
éteint et tourné vers le sol. Encadrées par des militaires, elles amenaient
leur oiseau (vivant) à l’homme, qui leur donnait à manger des graines,
apparemment empoisonnées, car aussitôt qu’ils les avaient avalées, les
oiseaux tombaient raides morts !... Et on les ajoutait à l’étalage du marché,
où d’autres femmes les achetaient pour nourrir leur famille.
L’horreur de la situation me sortit de transe hypnotique. Je savais par
ailleurs que, en hypnose comme en rêve, nous ne voyons toujours que des
reflets de nous. C’est ainsi que notre Inconscient s’adresse à nous. Par
exemple, si vous rêvez d’un homme, il s’agit du reflet de votre âme
masculine ; si vous rêvez d’une femme, c’est le reflet de votre âme
féminine ; et s’il s’agit d’un enfant, c’est la partie de vous qui évolue…
Sur ce peu de connaissances, je savais qu’il ne fallait pas se battre contre
soi-même, bien que cette partie de moi, inconnue, puisse prendre n’importe
quelle forme dans mon rêve hypnotique, même agressive. Je passai ainsi
deux longues heures, à demi-conscient, à chercher et mettre en place une
solution à mon expérience, pour faire cesser la guerre dans ce pays, et
l’oppression des femmes, etc, etc.
Je ressentais qu’il ne servirait à rien d’apporter davantage de lumière à tous
ces gens… Pour je ne sais quelle raison, le soleil (venant du ciel, donc) me
paraissait tout à fait proscrit.
La seule idée qui me vint fut ainsi d’illuminer le cœur de notre planète, d’y
insuffler encore et encore plus de lumière intérieure pour que la Terre
rayonne jusqu’à sa surface et change toutes les personnes de mon rêve, les
guérisse de dedans.
Quand j’eus fais mon maximum, je m’endormis d’épuisement.
Patricia, qui m’avait laissé travailler, revint prendre de mes nouvelles :
« Tu avais compris ta vision ? me demanda-t-elle.
- Non, fis-je, pas plus que mes rêves de la nuit…
- Alors, qu’as-tu fait pour y remédier ? »
431
Miracles quotidiens
Je lui racontai combien j’avais peiné à illuminer le noyau de la Terre pour
sauver tous ces gens, pensant qu’il s’agissait de reflets de mon Inconscient
ou de mon âme.
« Bel effort, sourit-elle, mais ce n’était pas un rêve à toi, tu as eu une vision
collective.
- C’est-à-dire ?
- Quand tu vois beaucoup de monde, comme dans ton expérience, tu n’es
pas en projection de toi, mais de la société tout entière. Tu te souviens que
tu livrais une machine à laver la vaisselle ?
- Ah oui, c’est vrai… J’avais oublié ce détail curieux.
- C’était un symbole de l’allègement du travail des femmes.
Et tu entrais dans un pays dominé par le patriarcat, dans son extrême. Tu te
souviens qu’on y tuait des oiseaux, tu m’as dit tout à l’heure qu’il y avait
beaucoup de pigeons…
- Oui.
- Et te souviens-tu de l’animal que tu avais choisi, l’autre jour, comme
symbole de ton âme féminine ?
- La colombe, répondis-je. Oh !...
- Oui, dans ce marché, l’homme tuait l’âme féminine, et ces femmes stériles
faisaient consommer à leur famille le cadavre de ce qu’elles avaient été. »
Mon dieu ! pensai-je.
« Alors, évidemment, tu as ressenti avec justesse : davantage de soleil,
symbole masculin par excellence, ne pouvait soigner ce pays. Tu as
judicieusement choisi d’illuminer le cœur de la Terre, notre mère à tous,
symbole millénaire du féminin. »
- Oh ! Trop fort... Mais je n’ai pas réussi, fis-je, inquiet.
- Rassure-toi, tu ne pouvais pas changer le monde à toi tout seul. Si de plus
en plus d’hommes se mettent à penser et vivre comme toi, unis à leur
Féminin sacré, alors ce monde grandira et retrouvera un jour son harmonie.
»
Curieuse expérience, transpersonnelle, collective, comme il en arrive
parfois en Hypnose Humaniste (de : « pour l’Humanité »).
432
Miracles quotidiens
Bien évidemment, de telles aventures en Conscience sont possibles pour
changer individuellement. Patricia m’en a fait vivre beaucoup, et mes rêves
m’en amènent d’autres.
Cette forme de Thérapie Symbolique étant plutôt du ressort de Patricia,
c’est elle qui va vous raconter le cas suivant, un exemple de l’une de ses
thérapies :
« Maria était une jeune femme de vingt-cinq ans. Elle avait subi, lorsqu’elle
était très jeune, des attouchements sexuels de la part de son grand père, et
elle gardait en elle une grande colère de ce souvenir.
Maria avait l’impression de ne pas avoir droit au plaisir sexuel, sauf pour
des rencontres de passage. A partir du moment où elle éprouvait de l’amour,
tout le plaisir s’éva-nouissait immédiatement… Or, elle venait de se marier
avec un homme qu’elle aimait profondément, mais avec qui elle avait une
perte complète de désir.
Je demandai à Maria de se détendre et de fermer les yeux.
Puis, je lui fis une induction en Hypnose Humaniste. Elle se sentit grandir
au-delà des limites de son corps. Grande comme la pièce dans laquelle nous
nous trouvions, puis grande comme l’immeuble, le quartier, la planète,
l’univers…
Jusqu’à ce qu’elle se sente partout : sur le fauteuil en face de moi et au-delà
de toute limite.
Parvenue à cet état d’unification, je demandai à la jeune femme de
visualiser un vortex – symbole de la porte qui allait pouvoir la faire pénétrer
en Conscience à l’intérieur d’elle-même – puis de passer cette porte et de
me décrire ce qu’elle voyait derrière.
- Je suis sur un chemin, me dit-elle. Je traverse une immense prairie baignée
par le soleil.
Je lui demandai donc de marcher sur ce chemin et de me décrire ses
rencontres éventuelles.
433
Miracles quotidiens
Après un long moment, Maria se retrouva devant une grande porte en bois.
Et elle se mit à pleurer.
- Que se passe-t-il, Maria ?
- J’ai déjà rêvé de cette porte.
- Racontez-moi votre rêve…
- J’étais devant cette porte, je voulais passer, mais la porte était fermée et je
n’avais pas la clé. J’ai regardé par la serrure, et derrière, il y avait mon mari.
Il avait une clé dans ses mains, mais pour une raison étrange, il n’arrivait
pas à ouvrir la porte, la clé ne rentrait pas dans la serrure… Alors j’ai vu
mon mari devenir petit, minuscule. Si petit qu’il a pu me rejoindre en
passant par une brèche minuscule. Mais la porte est restée fermée. Et je me
sentais triste. Comme maintenant.
Ce rêve illustrait à merveille la situation actuelle de Maria.
La porte représentait l’accès à elle-même et à son potentiel intérieur. Mais
cette porte était fermée. Son mari derrière la porte ne pouvait pas l’aider, car
la clé ne rentrait pas dans la serrure, mais il finit par la rejoindre…
Effectivement, il était près d’elle dans la vie, il vivait à ses côtés, sans
toutefois pouvoir l’aider à accéder au plaisir. Il n’avait pas la bonne clé,
autrement dit, le problème ne pouvait être résolu par lui. Et Maria se sentait
triste, comme dans la vie.
- Vous n’êtes plus dans votre rêve Maria, expliquai-je, vous êtes
parfaitement consciente. Ce que vous vivez maintenant, c’est vous qui le
créez. Votre mari n’est pas ici, vous ne le voyez pas… Et il vous suffit de
penser que la porte s’ouvre pour qu’elle s’ouvre… Dites-moi ce qu’il y a
derrière.
Maria vit ainsi la porte s’ouvrir sur une place au milieu de laquelle se
trouvait une fontaine, source de vie.
Derrière cette fontaine, un énorme escalier montait vers une sorte de
temple. Et en haut de l’escalier, se trouvait un trône.
Je lui demandai alors de se diriger vers l’escalier et, en passant, de toucher
l’eau de la fontaine.
434
Miracles quotidiens
En touchant cette eau, symbole de vie, je savais que je la mettais en contact
avec sa source intérieure. L’eau est le symbole de la sexualité, de la matrice
et de la vie… En effet, Maria, en touchant cette eau se sentit pleine
d’énergie.
Puis elle se dirigea vers l’escalier. Là, elle vit descendre un être de lumière,
androgyne, décrit comme une partie d’elle-même. Je lui demandai donc de
se fondre dans cet être et d’absorber en elle cette partie qui s’était
probablement détachée d’elle depuis bien longtemps.
Effectivement, elle se sentit tout de suite pleine et entière.
Puis la jeune femme décida de monter les marches de l’escalier et s’assit sur
le trône.
Elle pouvait voir de haut la place et la fontaine, et elle s’aperçut que cette
place était pleine de gens. Toutes les personnes qu’elle connaissait dans sa
vie étaient là et semblaient attendre quelque chose. Parmi elles, elle
reconnut son mari.
Je lui demandai donc d’imaginer son mari prendre de l’eau avec une coupe
à la fontaine et de venir la rejoindre afin qu’ils puissent boire cette coupe
ensemble.
Par cette métaphore, je suggérais en fait à Maria de laisser son mari
participer à son retour vers le désir, l’eau comme je le disais tout à l’heure
est le symbole de la sexualité. La coupe, emblème du sexe féminin, et l’eau,
son sang porteur de vie.
Au fur et à mesure qu’elle buvait à cette coupe, Maria me disait qu’elle
sentait la vie entrer en elle ; elle en appréciait chaque goutte comme un don
merveilleux.
Elle prit ensuite la main de son mari et éprouva un amour immense. Elle se
sentit s’envoler avec lui et, enlacés, devenir ensemble des êtres de lumière
vibrant d’amour.
Puis, elle entendit son mari lui dire que leur chemin devait se séparer pour
un temps car elle devait avancer seule pour découvrir des choses
importantes pour elle.
Elle reviendrait ensuite pour pouvoir vivre leur vie à deux.
435
Miracles quotidiens
Maria vit alors se dessiner en face d’elle un deuxième vortex. Derrière cette
nouvelle porte, un autre monde lui apparut, correspondant à une autre
facette d’elle-même.
Ce monde prenait la forme d’un vaste désert aride. Maria ne s’y sentait pas
bien. Je lui demandai donc de laisser venir à elle un guide qui pourrait
l’accompagner et l’aider.
Maria vit arriver un cheval, sur lequel elle monta.
Cette partie de la consultation fut particulièrement émou-vante. Maria se
sentait filer comme le vent dans une liberté totale. Elle vivait pleinement
son expérience et ne voulait plus s’arrêter… Je la laissai profiter de ce
moment, jusqu’à ce qu’elle arrive au bord d’un immense lac, symbole une
fois de plus de la vie et de la sexualité.
Cette fois, elle prit l’initiative de se mettre nue et de se baigner (!). Elle se
sentait différente, avec de longs cheveux, alors qu’elle les avait courts dans
sa vie.
Je lui demandai de jouer avec l’eau, de la ressentir sur son corps, de
maîtriser complètement cet élément, de plonger et de le respirer, d’être
l’eau, car « en rêve, tout est possible ».
Des dauphins vinrent alors entourer Maria et jouer avec elle.
La jeune femme se sentait sauvage et libre.
Puis, Maria se sentit attirée vers le fond du lac. Là se trouvait une grotte.
Centre intime de son être. Utérus sacré.
Au fond de la grotte, elle eut la surprise de rencontrer son grand-père…
Tout d’abord, une grande colère s’empara d’elle, vite remplacée par une
sorte de compréhension, comme si, à ce niveau de perception, tout pouvait
avoir un sens.
Pour ancrer cette compréhension en elle, je décidai d’intervenir davantage
et je guidai Maria dans la technique utilisée pour les pardons et les deuils,
telle qu’Olivier vous l’a expliquée page 186, avec l’histoire de Sylviane.
Cette technique était parfaite pour la réconciliation que Maria avait à vivre
avec son grand-père. Et le fait qu’elle soit en conscience à ce moment-là
augmentait l’effet sur elle.
436
Miracles quotidiens
A la fin du processus, je demandai à Maria de conserver un lien d’amour
avec son grand-père : le lien du cœur, représenté par de la lumière, libre et
brillante.
C’est alors qu’elle vit soudain ce lien d’amour se détacher d’elle, s’envoler
et retomber sous forme de pierres précieuses.
Maria ramassa toutes les pierres précieuses, les mit dans un petit sac autour
de son ventre, puis reprit le chemin du retour.
Revenue à la fontaine, Maria retrouva son mari et toutes les personnes
qu’elle avait connues dans sa vie, qui l’attendaient.
Elle offrit à chacun une pierre précieuse et garda pour elle et son
compagnon un diamant de forte taille.
Maria s’avança vers son mari, qu’elle embrassa tendrement, et ensemble ils
gravirent les marches du trône.
Il est amusant de constater que les symboles exprimés par Maria durant son
expérience hypnotique restèrent parfaitement énigmatiques pour la jeune
femme. Et c’est un des avantages de la Thérapie Symbolique, comme de
toute thérapie basée sur les métaphores : autant la compréhension des
symboles peut paraître évidente à autrui, autant pour celui ou celle qui est
concerné, toute l’histoire garde son mystère.
Ainsi, pas d’émotion négative, pas de peur ni de menta-lisation. Pas de
résistance possible et un changement rapide.
Maria envoya quelques jours plus tard une belle et longue lettre à toutes les
personnes qu’elle aimait et qui avaient participé à sa libération. En effet, sa
vie de couple s’était métamorphosée et elle vivait enfin heureuse, à tous
niveaux. »
~oOo~
Si l’histoire de la patiente de Patricia nous plonge dans un monde quasi-
onirique, celui de notre Inconscient, la signification de l’expérience vécue
est parfois moins cachée, plus évidente à saisir, comme dans cet autre cas,
celui d’une femme que nous avons reçue tous les deux, Patricia et moi.
437
Miracles quotidiens
Judith perdait du sang depuis presque un an, maintenant. Ses médecins lui
annonçaient que si son état ne s’améliorait pas malgré les traitements, il
allait falloir la mettre sous perfusion, puis l’opérer – ce qui ne plaisait pas
du tout à cette femme dynamique de la quarantaine à la puissante chevelure
noire.
Judith s’était formée en Hypnose Ericksonienne, il y a plusieurs années de
cela. Elle pratiquait en Hypnothérapie et nous avions gardé avec elle un bon
contact. Pourtant, elle mit un long moment à se décider à demander de
l’aide.
Son problème étant plutôt féminin, c’est Patricia qui la reçut la première,
pour une séance à sa manière.
Après le recueil d’informations et une induction en ouverture, Patricia
guida Judith jusqu’à son Soi idéal, afin qu’elle puisse prendre conscience
des mécanismes qui l’avaient menée à ce point de son existence.
Alors que Judith avait été une célibataire convaincue, plus ou moins de bon
gré d’ailleurs, elle venait de trouver « l’homme de sa vie ». C’est à ce
moment-là que les saignements avaient commencé… Il y avait donc un
rapport à découvrir.
Associée à son Soi idéal, Judith se laissa porter à la rencontre des âmes qui
jouèrent un rôle dans sa vie – et qu’elle ne fut pas sa surprise de rejoindre
une présence de très forte énergie, une masse de conscience qu’elle identifia
à… son arrière-grand-mère maternelle !
Quand vous êtes en conscience, vous n’apprenez pas les évènements sous
forme visuelle ou auditive, comme de revoir une scène du passé ou
d’entendre une voix vous parler. C’est comme si, l’instant d’avant vous ne
saviez pas une chose, et l’instant d’après, cette chose vous paraissait
évidente. Elle était arrivée dans votre esprit, directement et sans transition.
C’est ainsi que Judith sut que son arrière-grand-père avait trompé sa femme
avec… sa belle-mère ! L’arrière-grand-mère, furieuse, avait comme «
maudit » sa propre mère et reprit de force son mari, un être au caractère
faible et peureux.
438
Miracles quotidiens
Judith aimait son mari, mais elle dut s’avouer qu’il avait curieusement les
mêmes traits de caractère que son arrière-grand-père ! Autre curiosité,
Judith et son mari avaient le même écart d’âge que l’arrière-grand-père et sa
maîtresse.
Autrement dit, Judith avait pris le (mauvais) rôle de la femme qui avait
trompé son arrière-grand-mère !
« Et qu’est-il arrivé à cette femme ? demanda Patricia.
- Elle est morte… d’hémorragie.
- Comment ?... Vous le saviez ?
- Oui, je le savais. Mais je n’avais pas fait le rapprochement avec mon
arrière-grand-mère et cette histoire de tromperie…
Dans ma famille, beaucoup de femmes sont mortes comme cela. Je pensais
que c’était génétique.
- Et qu’en disent vos médecins ?
- Ils ne savent pas. Ils veulent simplement me retirer l’utérus.
- D’accord… »
Judith avait compris d’où venait son mal et comment elle avait
inconsciemment reproduit un épisode malheureux de son histoire familiale.
En conscience, elle pardonna à son arrière-grand-mère pour le mal qu’elle
avait jeté sur sa lignée – elle avait compris qu’il s’agissait d’une femme
blessée, dont les pensées négatives avaient été décuplées par le chagrin.
L’arrière-grand-mère guérie et pardonnée, Judith revint à elle, chamboulée
mais soulagée.
Pourtant, les saignements n’arrêtèrent pas…
De retour à la maison, Judith ne put supporter la présence de son mari – et,
curieusement, c’était réciproque. Ils décidèrent de faire une petite pause, le
temps que Judith aille mieux.
Ils se retrouveraient, sur de nouvelles bases, plus saines, le moment venu,
car leur amour était véritable.
Huit jours passèrent sans amélioration physique, et cela malgré le
soulagement et le mieux-être psychologique de Judith.
Je lui demandai donc de passer me voir, afin d’accélérer son processus de
guérison par une action sur son Inconscient.
439
Miracles quotidiens
Cette séance-là fut bien plus traditionnelle : il s’agissait d’accéder à
l’Inconscient de Judith et de l’aider à se débarrasser de ses mémoires
anciennes, enkystées.
Nous l’avons dit, si l’esprit peut changer instantanément, l’Inconscient –
comme le corps – a besoin d’un délai. Il est lent et routinier. Quand il est
lancé sur un chemin, il le suit jusqu’à rencontrer quelque chose qui l’en
détourne.
Et cette chose, ça allait être moi !
L’Inconscient est comme un bloc de gelée. Si vous cognez sur la table sur
laquelle est posée la gelée, tout le bloc va se mettre à trembler. Maintenant,
vous pouvez toujours cogner différemment sur la table, d’un bord ou de
l’autre, ça m’étonnerait que vous arriviez à stopper les tremblements du
bloc de gelée !... Il en est de même pour l’Inconscient et le corps, qui
mettent un temps à réagir à un traumatisme, mais que l’on a ensuite du mal
à calmer, car ils gardent leur inertie.
En conscience, il aurait fallu une énergie incroyable pour impacter à ce
point et aussi rapidement la matière. Ce serait théoriquement possible, mais
il était bien plus facile, dans ce cas, de passer directement par l’Inconscient,
quitte à mettre provisoirement de côté la volonté de la personne – comme
en Hypnose traditionnelle, donc.
Judith en transe profonde, je calmai directement l’Inconscient par
suggestions directes, lui expliquant que toute cette histoire du passé était bel
et bien terminée, finie !
Je répétai cela durant une pleine heure. Puisque la cause de la maladie avait
été traitée en Conscience, avec Patricia, il ne restait plus qu’à nettoyer le
côté physique.
Deux heures après cette seconde séance, les saignements s’arrêtèrent !
Par précaution, les médecins de Judith l’opérèrent… Pour rien car, en
anesthésie générale, ils s’aperçurent que Judith n’avait plus rien. Son utérus
était parfaitement sain !
440
Miracles quotidiens
= 16 =
MIRACLES QUOTIDIENS
En Hypnose Humaniste, les cas de Judith ou Maria sont nombreux. Ils
touchent autant le niveau physique ou psychologique, que le fil de
l’existence tout entière des personnes.
Une personne qui a vécu, ne serait-ce qu’une fois, le fait d’être dans son Soi
idéal n’est plus jamais la même.
Mieux : il est très possible, comme nous en avons déjà parlé, de contacter
depuis cet état d’ouverture de conscience d’autres Soi idéal… Quand il
s’agit de parents, parfois décédés, ou même de personnes que vous estimiez
être vos pires ennemis, le fait de sentir leur présence sous forme de masses
de Conscience pure, égales à ce qui est Vous, votre Soi idéal, alors vous
comprenez – non pas en théorie, mais pour l’avoir vécu – que toutes les
âmes sont égales, de même âge et de même avancée spirituelle. Il n’y en a
pas de bonnes et de mauvaises. Il n’y en a pas de plus ou moins évoluées.
De plus, vous ressentez dans toute votre totalité que toute cette vie n’est
qu’un jeu, un théâtre, que vous jouez avec vos
« ami/es » tout à fait volontairement, aussi horrible soit votre existence. Et
ça, personne ne vous l’inculque : vous le découvrez par vous-même, par
votre conscience. Vous le savez.
Cela change votre vision de la vie.
C’est cette même vision holistique qui guide l’hypnothérapeute Humaniste,
lui fait voir toute personne comme une Conscience au travail – comme lui –
chargée d’un fardeau qu’elle peine à porter. Il s’agit alors très humainement
de se mettre à deux pour soulager la charge.
Tous les rayons d’un même soleil.
441
Miracles quotidiens
Dans ce livre, je vous ai donné de nombreux exemples de l’importance et
de l’intérêt quotidien de bien connaître le fonctionnement de votre esprit et
de savoir l’utiliser.
Vous avez compris désormais que votre « esprit » est plus qu’un mécanisme
caché de votre psyché, mais qu’il est Vous, au sens le plus noble, le plus
plein et le plus beau qui soit.
Comme nous le rappelle la physique quantique, où le rôle de l’observateur
est déterminant puisqu’il modifie l’expérience, c’est Vous qui créez votre
réalité – non pas le « petit vous », votre mental, votre esprit conscient, mais
ce Vous majuscule fait des mémoires de votre corps, héritées de votre
lignée, et aussi de vos apprentissages inconscients, tout comme de tout ce
que vous savez consciemment, et évidemment des flots d’informations que
nous partageons aux niveaux de notre Inconscient collectif, notre âme
humaine, et enfin de la Conscience majuscule, source et évolution de tout
ce qui est.
C’est uniquement lorsque tous ces niveaux sont harmonisés, en cohérence,
que l’on peut estimer vivre pleinement, en toute conscience. Tant qu’un
niveau dysfonctionne, ou fonctionne sans relation avec les autres niveaux,
l’être ne vit pas dans sa totalité… et ne peut donc pas dire qu’il « crée sa vie
».
Il est toujours dépendant du fonctionnement séparé de l’une de ses facettes,
une part de lui qui lui échappe.
Heureusement, nul besoin d’être exceptionnel au quotidien.
Il suffit de savoir l’être au bon moment ! C’est la première condition du
miracle : obtenir l’alignement même ponctuel de nos différentes facettes,
afin qu’elles agissent en pleine cohésion, de toute leur puissance, pour notre
plus grand bien.
Voici les dernières histoires de ce livre. Celles de personnes qui ont su
changer le cours de leur vie par une meilleure connaissance d’elles-mêmes,
ou tout simplement en utilisant leur plein potentiel humain. Ce sera notre
bouquet final !
442
Miracles quotidiens
La Demoiselle abusée trouve la paix
Alors que j’animais une formation sur Genève, je consacrais mes soirées à
l’écriture du livre « Core Gem 2 ». Ce roman est plein des récits de mes
thérapies, arrangés en fiction pour les besoins de la cause. Le fil du livre,
plutôt onirique, me sert à illustrer des démonstrations pratiques des idées et
techniques qui forgent l’Hypnose Humaniste… J’écris donc grâce à mon
expérience de thérapeute et aux réponses que je « reçois » à mes
interrogations les plus philosophiques ; ce qui ne peut se faire que sur des
bases très concrètes, pour être autre chose qu’un ensemble hétéroclite de
divagations.
Or, ce soir-là, il me manquait un exemple pour illustrer ce que j’appelle la
Thérapie de rue : l’application d’outils simples, comme la Thérapie
Symbolique ou les Submodalités, dans des situations d’entraide humaine.
L’Hypnose Humaniste professe que nous sommes tous unis, que nous
sommes tous sur le même bateau, etc. Ce serait un comble si cette forme de
thérapie ne se pratiquait qu’à titre individuel, pour un mieux-être personnel
! Il paraît donc logique que, dès le moment où vous savez quoi faire pour
soulager une souffrance, vous utilisiez votre connaissance en cas de besoin
pour les autres – où que ce soit, et donc pas uniquement en consultations de
psychothérapie.
Bien sûr, je ne cours pas après les gens pour les aider, mais si le « hasard »
me fait rencontrer une personne dans le besoin, et si je sais pouvoir l’aider :
pourquoi donc ne pas le faire ? Ce serait de la non-assistance à personne en
danger !
Je voulais donc que le héros de mon roman rencontre par hasard quelqu’un
à aider… J’avais déjà raconté dans ce livre beaucoup d’autres thérapies
spontanées, entraides entre âmes compagnes de voyage. Je voulais pour ce
chapitre un exemple 443
Miracles quotidiens
simple, direct, sans connotation philosophique… et je n’en trouvais pas qui
me plaise dans les archives de ma mémoire.
Après avoir cherché un (court) moment, et comme je sais que l’inspiration
ne se force pas – elle vient au bon moment –
je décidai de sortir pour manger quelque chose et me changer les idées.
C’est là que je vis la Demoiselle !
Si vous voulez lire l’histoire complète, elle est transcrite telle qu’elle dans
le « Core Gem 2 », car j’ai écrit cette partie du livre aussitôt en revenant à
ma chambre d’hôtel, à la suite de ma rencontre avec celle que j’ai appelée
la Demoiselle.
Je vais me contenter ici de vous résumer l’aventure.
Le petit salon de thé était tenu par un couple d’hommes.
Coquettement décoré, il abritait une faune disparate : étudiants, artistes,
couples de toutes orientations… Les gens se saluaient, on se levait pour
aller se chercher une des délicieuses pâtisseries des maîtres des lieux, idéal
accompagnement gourmand des thés au mille parfums que proposait
l’établissement.
Dans l’arrière-salle, une grande table longue accueillait une sorte de
réunion. Un de mes collègues sur Genève y animait un groupe de parole
pour personnes suicidaires. Ne voulant pas gêner l’intimité des débats, je
m’étais installé à une petite table et observais de loin tout ce petit monde.
Une jeune fille, peut-être étudiante, semblait dans la même situation que
moi : un peu en retrait des rires des uns et des discussions des autres. Elle
attendait apparemment son ami, un des membres de la réunion. Pourtant,
cette Demoiselle paraissait à la limite de la crise de nerfs ! Son fin visage
bordé de cheveux presque noirs contrastait avec les lourdes chaussures qui
l’ancraient au sol. Les chaussettes arc-en-ciel qui dépassaient de ses boots
prenaient dans ce contexte un sens quasi symbolique : comme si toute la vie
de cette jeune femme avait été terrassée, « mise à la terre ».
Des mains, elle tordait le tissu de son jean, entre ses jambes.
444
Miracles quotidiens
Peut-être pouvez-vous imaginer combien il est difficile de se retenir d’agir
quand on voit quelqu’un souffrir et que l’on pressent un moyen simple et
efficace de le soulager ?
Mon collègue, animateur bénévole de ce groupe de prévention contre le
suicide, savait très bien ce que je pouvais faire. Et il m’avait vu regarder la
jeune fille.
« Tu sais quoi faire ? me demanda-t-il de loin, sans même chercher à
vérifier si nous parlions bien de la même chose.
- Ça oui ! » répondis-je, n’attendant que de pouvoir passer à l’action.
Il expliqua aussitôt en quelques mots à la Demoiselle que je pouvais l’aider
et lui demanda de me suivre.
Si mon intuition était juste, il se pouvait que la Demoiselle ait été victime
d’un viol, vu ses mouvements nerveux, à s’en tordre les doigts, entre ses
jambes… Lui demander de s’isoler avec un homme n’était pas très délicat !
Heureusement, l’endroit était tout petit. Il n’y avait pas de quoi s’égarer, ni
se cacher. Nous nous installâmes donc à une table isolée, mais bien en vue
de tout le monde.
La jeune fille était gênée autant que je pouvais être sur le quivive, soucieux
du moindre de mes mots et gestes, afin de ne rien provoquer d’effrayant
pour ma jeune patiente improvisée.
« Thierry a pensé que je pouvais vous aider parce qu’il a vu la même chose
que moi : vos mains qui tordent le tissu du pantalon… C’est comme s’il y
avait quelque chose, là… Une chose que vous tentez de sortir de vous… Je
voudrais juste vous montrer comment l’enlever. »
La Demoiselle me regardait comme une biche apeurée face à un chasseur !
Malgré mon insistance répétée à lui expliquer que je n’avais pas besoin de
savoir ce dont elle souffrait, elle tint à m’expliquer qu’elle avait déjà vu des
dizaines de psy.
Son beau-père l’avait violée de l’âge de six ans à ses seize ans, jusqu’à ce
qu’elle fuit la maison de sa mère.
J’avais vu juste…
445
Miracles quotidiens
« Quoi qu’il vous soit arrivé, assurai-je, ça a laissé une marque en vous –
c’est comme une mémoire, incrustée dans votre chair… C’est ça que vos
mains essaient de sortir de vous.
Et si elles essaient de le faire, c’est qu’elles savent qu’elles peuvent
réussir… C’est à la fois impossible, quand on ne sait pas comment faire, et
très facile quand on sait faire… Je vous montre ? Moi, je ne ferai rien du
tout, juste vous expliquer et c’est vous qui ferez tout, ok ? Et si ça ne vous
plaît pas, eh bien on arrête tout, tout de suite. D’accord ?
- D’accord. »
C’est ainsi que j’entrai dans un processus de Thérapie Symbolique quasi-
scolaire : petit 1, petit 2, petit 3, etc. Un vrai cas d’école ! Tout ce qu’il y a
de plus simple, structuré… et qui aurait pourtant d’une belle répercussion !
Après avoir aidé la Demoiselle à retirer la tâche sombre qui la hantait, je la
guidai à se ré-ancrer à la terre – ce que désirait son corps, d’après la
demande symbolique de ses grosses chaussures, lourdes et ornées d’un arc-
en-ciel !
Enfin, j’expliquai à la jeune fille l’art et la manière de se protéger en
générant tout autour d’elle une aura protectrice.
Durant tout ce processus, qui dura une bonne demi-heure, pas un
gémissement, pas une larme. La Demoiselle était très concentrée, très
impliquée. Elle vivait à 100% les actions thérapeutiques, transpirant quand
il fallait retirer d’elle la masse sombre, se débattant pour étaler la couleur
protectrice tout autour d’elle, etc. Elle ne cherchait pas à comprendre ou
rationnaliser : elle agissait, pour elle, pour sa vie à venir.
C’était beau et émouvant.
Quand nous en eûmes fini, la jeune fille ne voulait plus ouvrir les yeux. Elle
craignait que le rêve ne se brise, que tout ce qu’elle venait de vivre, si
libérateur, ne s’évapore…
Pourtant, les paupières s’ouvrirent, avec précautions, papillon-nèrent
quelques instants, et la Demoiselle fondit en larmes !
446
Miracles quotidiens
Les yeux à nouveau fermés, comme pour se protéger, la jeune femme battait
l’air d’un bras. Elle cherchait à s’accrocher. Je m’approchai et elle me saisit
l’épaule.
« Je suis là, je suis là » lui dis-je, étonné de sa réaction.
La Demoiselle finit par se calmer et rouvrit les paupières en clignotant. Elle
regardait autour d’elle comme si c’était la première fois qu’elle voyait.
Aussitôt, elle se tourna dans la direction vers laquelle, quelques minutes
auparavant, elle avait jeté sa mauvaise mémoire. Je me plaçai
immédiatement en barrage. La Demoiselle avait l’air affolé :
« Ça n’y est plus, ça n’y est plus, répétait-elle sans cesse.
Toutes ces années… et maintenant, c’est parti... C’est parti ! »
Elle tâtonnait dans l’air, à l’endroit où elle avait auparavant situé la masse
de mémoire sombre. Plus rien !
Elle était si étonnée, presque choquée, qu’elle craquait émotionnellement –
elle qui avait jusque-là résisté aux larmes.
« C’est si impossible… toutes ces années… et c’est parti ! »
Elle se précipita dans mes bras et je l’accueillis, un peu gêné.
Le groupe nous regardait discrètement, éberlué par la scène.
« Ça va, rassurai-je… C’est fini… c’est fini. »
La demoiselle lâcha ses derniers sanglots et enfouit sa tête contre mon
épaule un moment, pour se reprendre.
Attiré par une sensation d’être observé, je tournai légèrement la tête. Mon
collègue me souriait du regard.
Je lui renvoyai un sourire.
~oOo~
En Thérapie de rue, il n’y a pas de résistance de la part de la personne. Il est
si incroyable de rencontrer quelqu’un qui vous aide pour rien, comme ça.
Les gens ne savent même pas que c’est possible. Donc, la technique
thérapeutique passe comme dans du beurre. Dix fois plus facilement qu’en
cabinet de consultation. Et puis, ensuite, on disparaît, laissant la personne
prendre conscience de sa nouvelle vie qui commence.
447
Miracles quotidiens
30 minutes pour un bégaiement de naissance Si, en Thérapie de rue, il est
de coutume de s’éclipser à la fin de l’intervention, il est d’autres moments
où l’on aimerait être présent pour assister à la joie de la guérison !
J’ai plaisir à imaginer les cris de fête des parents de Paul, lorsqu’ils se
rendirent compte que leur fils était guéri – il est vrai que j’aurais été
heureux d’assister à cette révélation…
mais le destin (et Paul) en décidèrent autrement.
Je vous raconte.
Un de mes élèves en Hypnose m’adressa une famille de ses connaissances.
Le fils de la maison, âgé de treize ans, bégayait
« depuis sa naissance » et mon élève pensait que je pouvais y faire quelque
chose !
Vous allez voir là une autre intervention de Thérapie Symbolique, encore
plus simple que la précédente, et qui aurait très bien pu avoir lieu en
Thérapie de rue, tant l’action thérapeutique s’est déroulée naturellement, sur
l’idée de l’adolescent, que je ne faisais que guider.
Le jour du rendez-vous, le père, la mère et le fils entrèrent dans mon bureau
en une procession silencieuse.
Les parents demandèrent des chaises supplémentaires pour s’installer,
comme au spectacle, devant le fauteuil de consultation. Je les laissai faire
avant de leur demander à quoi ils jouaient. La mère me répondit d’un air
angoissé qu’il fallait qu’ils m’informent de tout ce qu’ils avaient tenté pour
guérir leur fils, puis que je leur explique comment j’allais moi-même
procéder… C’était la meilleure ! Je les mis gentiment dehors, sous le regard
discrètement satisfait de Paul.
Il était hors de question que je travaille sous surveillance.
Autant cela ne me gêne pas de garder les parents dans la pièce quand je
travaille avec des enfants ; autant si les parents me 448
Miracles quotidiens
semblent envahissants, curieux et possessifs, il me paraît du premier bon
sens de les maintenir à l’écart.
Peut-être pouvaient-ils avoir un rôle dans la genèse et l’entretien du
symptôme de mon patient, et il faudrait alors que je les réintègre dans la
thérapie pour en assurer la complétude, mais tant que cela n’était pas
prouvé, ils étaient mieux dehors.
Après une discussion assez informelle, il apparut qu’effectivement le jeune
homme avait toujours bégayé, aussi loin que portait sa mémoire :
« Je ne comprends pas trop ce que veut dire bègue de naissance, me permis-
je de préciser… Tu ne parlais pas à ta naissance, si ?
- (silence)
- Ou alors, tout bébé, tu faisais : a… a… a… areuh ? »
Je voulais ridiculiser l’idée selon laquelle son bégaiement était inscrit en lui
comme un code génétique.
L’adolescent sourit à cette curieuse idée – sans se vexer, car j’avais tourné
ma remarque à l’encontre de ses parents (« qui avaient de drôles d’idées »)
et non contre lui.
Je me demandais vraiment comment l’aider. Les techniques usuelles en
Hypnothérapie ne me semblaient pas adaptées à son cas. Comme il arrive
malheureusement trop souvent, Paul était de ces adolescents très faiblement
– voire pas du tout –
engagé dans la thérapie, car blasés par de multiples rencontres soi-disant
thérapeutiques, commencées bien trop jeune.
J’eus alors l’idée d’une autre question provocatrice :
« Au fait, quand tu penses, dans ta tête : tu bégaies ?
- Non, fit l’ado en me regardant bizarrement.
- Ok… Ben, tu sais quoi, je ne veux plus t’entendre parler.
T’as qu’à penser à voix haute ! »
Cela le fit un peu sourire.
Bien sûr, ce n’est pas ça qui allait le guérir, mais ces blagues pouvait
contribuer à assouplir son symptôme.
449
Miracles quotidiens
Je basculai immédiatement sur « un petit jeu ». Il s’agissait de fermer les
yeux et de me décrire, comme ça lui venait, ce qui l’empêchait de parler
comme tout un chacun.
« C’est une sorte de pâte, fit Paul, du chewing-gum.
- Ah oui ? Où ça ?...
- C’est partout, là, dans ma bouche. »
L’adolescent me montrait sa mâchoire. Je lui fis préciser les caractéristiques
de cette pâte, en utilisant et répétant plusieurs suggestions d’induction
hypnotique, soigneusement camouflées dans mon questionnement. Comme
prévu, je vis son visage se fermer, signe d’intériorisation.
Je n’avais pas produit de dissociation, donc si Paul était bien en état modifié
de conscience, il devait avoir gagné la conscience de ses propres
phénomènes inconscients, ce que l’on appelle simplement une
Intériorisation consciente.
« Et si tu retirais ce chewing-gum de ta mâchoire ? finis-je par lui
demander. C’est possible, ça ? Maintenant… »
Et Paul commença alors son travail, d’abord avec timidité, puis avec plus
d’engagement, comme la Demoiselle du chapitre précédent lorsqu’elle
retira d’elle la masse sombre qui la polluait. L’adolescent travaillait avec le
plus grand soin, en s’aidant des deux mains. Je le guidais du mieux
possible.
La pâte symbolique enlevée, il ne parla plus de la séance, craignant peut-
être de vérifier ce qu’il venait de faire.
Les parents revinrent à l’heure dite et commencèrent à se réinstaller sur leur
chaise, comme au début de la séance. Je n’en croyais pas mes yeux !
Je quittai donc la pièce pour rejoindre mon bureau, attendant le paiement de
mes honoraires. Ils me rejoignirent, l’air surpris et un peu déçu.
« Vous ne nous racontez pas ? demanda la maman.
- Paul le fera, j’en suis sûr.
- Mais, ça a fonctionné, au moins ? »
Comment voulaient-ils que je leur réponde ?
450
Miracles quotidiens
Je l’espérais autant qu’eux – mais cela aurait été un miracle.
Après tout, qu’avions-nous fait ? Enlever un chewing-gum imaginaire dans
la mâchoire de l’adolescent ? S’ils racontaient cela ailleurs, j’en serais
ridiculisé pour le restant de mes jours.
Et leur cher fils ne m’aidait pas. Il semblait absorbé par la contemplation de
la vue par la fenêtre…
« Et pouvons-nous avoir un autre rendez-vous ? Ce n’est pas facile de vous
voir, alors tant qu’on est là… »
Mais je ne pouvais pas non plus leur donner rendez-vous, au risque de
casser mon intervention thérapeutique : si l’adolescent entendait que l’on
prenait date pour lui d’une autre rencontre, cela ne pourrait que signifier
que notre travail n’avait servi à rien – ou, du moins, que je n’en étais pas
sûr.
Je n’allais pas me couler moi-même. Donc, pas de rendez-vous. Et toute la
famille quitta enfin mon bureau.
Ils étaient venus de si loin pour me voir, j’imaginais leur déception – tout
autant que je restais perplexe.
Ce n’est que dans la voiture, sur le chemin du retour, que Paul ouvrit la
bouche et dit d’une voix nette et fluide :
« C’est bon, maman, maintenant je parle bien. »
Le papa lâcha le volant et faillit avoir un accident ! La maman poussait des
hurlements hystériques de joie. Toute la famille pleura et dansa de joie sur
le bord de l’autoroute, pendant une bonne demi-heure !
Mon élève me raconta l’épisode de l’autoroute et comment Paul retrouva
une élocution complète en quelques semaines.
Juste du chewing-gum dans la mâchoire…
~oOo~
451
Miracles quotidiens
Adieu la sclérose en plaque et bonjour la Vie !
Cela faisait mal au cœur de voir cette belle jeune femme marcher avec des
cannes anglaises, ses maigres jambes littéralement vrillées sur elles-mêmes.
Pas besoin de lui demander pour quoi elle venait : sclérose en plaque.
Ses grands yeux brillants illuminaient un visage fin et souriant,
délicatement bronzé et auréolé d’une épaisse chevelure noire.
Pourtant, il n’était pas difficile de discerner, sous ce masque angélique, un
tempérament de feu.
« Je ne sais pas vraiment ce qu’est l’Hypnose, et je me fiche bien de ce que
vous me ferez, me lança-t-elle en rentrant. Je sais que je vais guérir. J’ai
juste besoin d’un coup de pouce. »
Voilà qui était parlé !
Quelques mois auparavant, une femme dans la quarantaine était entrée dans
mon bureau, comme si elle était chez elle.
Tailleur strict, cheveux courts, mâchoires serrées. Elle aussi souffrait d’une
sclérose en plaque – beaucoup moins avancée puisqu’elle marchait encore
très bien. Elle venait « pour voir ce que c’était que l’Hypnose »… En visite,
en somme.
J’avais été obligé de rappeler à cette personne que, dans sa situation, et si
elle voulait tenter de changer les choses, il lui fallait choisir un moyen
thérapeutique et s’y engager à fond –
quelle que soit la technique de soin choisie. Ce serait son engagement
personnel qui serait déterminant.
Une étude avait été réalisée dans l’espoir de découvrir la meilleure thérapie
parallèle pour le cancer. Les chercheurs avaient interviewé 500 survivants :
des personnes atteintes d’un cancer pronostiqué fatal, et qui pourtant étaient
toujours vivantes dix années après la date estimée de décès. Qu’avaient-
elles fait pour s’en sortir ?... Les uns avaient jeuné, les autres avaient chanté
ou dansé ; certains avaient suivi tel ou tel régime alimentaire ; d’autres une
thérapie X ou Y, etc.
452
Miracles quotidiens
Au bout du compte, les chercheurs avaient abandonné leur enquête car « il
ne ressort de l’étude aucune thérapeutique particulière, le seul point
commun aux survivants étant leur farouche détermination à guérir ».
Mais, c’était ça leur secret de guérison : la détermination !
Nous en avons déjà parlé : au-delà de toute technique, de tout ce que vous
pouvez manger ou vous injecter dans le corps, c’est ce qui se passe dans
votre esprit qui détermine le résultat de tout ce que vous ferez. Tel homme,
persuadé qu’on lui a jeté un sort mortel, mourra dans les délais prévus par le
méchant sorcier – car c’est toujours ce qui se passe dans sa culture. Le
même bâton à plumes, pointé sur un occidental, restera sans aucun résultat !
Milton Erickson a étudié les cas de mort spontanée et toutes les personnes
qui croyaient bientôt mourir sont décédées au jour et à l’heure dite, sans
qu’aucun soin n’ait pu les sauver. La seule personne, convaincue qu’elle
allait mourir, et qui a pu être sauvée, le fut en retrouvant le sorcier qui avait
jeté le soi-disant sort et en le menaçant de prison s’il n’expliquait pas au
patient qu’il allait vivre. Un simple mot du sorcier, plus apeuré que
magique, et le patient repartait tout joyeux et bien vivant !
On peut vivre ou mourir de nos croyances… C’est le pouvoir de nos auto-
suggestions, toujours plus fortes que les meilleures suggestions du meilleur
des hypnotiseurs.
Je ne peux donc pas aider une personne qui ne veut pas être aidée – au
moins inconsciemment. Par exemple, une jeune femme anorexique refusera
mon aide consciemment, mais son inconscient me signifiera son désir de
vivre, très directement, grâce aux mouvements de doigts « oui » et « non »,
qui surviennent hors champ de conscience de la personne.
Je pourrais donc commencer ma thérapie avec toutes les chances de succès,
car le petit conscient n’est pas capable de contrer l’Inconscient (sinon, on ne
pourrait pas mettre une personne en état d’hypnose… et personne ne
tomberait malade !) 453
Miracles quotidiens
Autre exemple : si la personne qu’on me demande d’aider n’en a pas fait
personnellement la demande explicite, les mécanismes du changement ne se
mettent pas en route. Ce serait un peu comme d’être conduit chez un
médecin, qui vous donne le meilleur des médicaments pour vous… mais
vous refusez d’ouvrir la bouche ! Il est impossible de vous faire avaler la
médication qui, pourtant, vous sauverait.
La première des conditions à la guérison est donc l’engagement personnel,
conscient ou inconscient, un « je veux guérir ». Le problème est que cet
engagement n’est pas toujours présent – au grand malheur de la famille qui,
souvent, refuse ce désir d’en finir du patient.
Une étude statistique des Simonton, le couple dont nous avons déjà parlé
page 299, qui travaille sur des cas de cancer en phase terminale (moins de 6
mois de survie), montre que 50% de leurs patients ne veulent pas guérir.
Non pas qu’ils l’aimeraient mais qu’ils ont perdu espoir, ou quoi que ce soit
dans ce genre. Non : ils ne souhaitent plus vivre. C’est tout.
Or, on a montré qu’une simple cellule qui perd sa raison de vivre meurt. Le
phénomène porte un nom et il nous est même vital : c’est l’apoptose. La
mort cellulaire, grâce à laquelle nos cellules sont renouvelées, mais aussi
grâce à laquelle notre corps s’est formé tel qu’il est aujourd’hui, alors que
nous étions encore dans le ventre maternel. En résumé, une cellule vit tant
qu’elle a une fonction, un rôle à tenir. Dès lors que ce rôle cesse d’exister, la
cellule meurt – simple écologie du système qui s’auto-entretient.
Lorsque l’apoptose ne fonctionne plus, il y a prolifération anarchique des
cellules. Cela s’appelle : le cancer !
Dans la nature, la mort est donc nécessaire à la vie.
Le souci, c’est qu’en tant que « grande cellule », nous réagissons comme
nos petites cellules. Dès que nous perdons notre raison de vivre, nous
mourrons…
454
Miracles quotidiens
Et il n’y a pas grand-chose à y faire. On peut toujours se battre, tenter de
remonter le moral… Mais le plus sage serait d’accepter cette décision
globale de la personne.
Après tout, la mort est une étape par laquelle nous passerons tous, sans
exception, que ce soit tôt ou tard. Il n’y a pas à juger, sur nos sentiments à
nous, du « bon » ou « mauvais »
moment du départ d’une personne, même aimée. Il n’y a, sentimentalement
parlant, jamais de « bon moment » pour une séparation… C’est ainsi.
Donc, la moitié des personnes qui sont condamnées par une maladie grave
ont en fait, à un niveau plus ou moins conscient, décidé de mourir. Il faut le
savoir, ensuite le détecter, et enfin le respecter. Ce qui n’empêche pas de
tout faire pour que ce passage final se passe au mieux.
Voilà pourquoi, même dans des cas moins graves, l’engagement de la
personne est décisif.
La femme de la quarantaine qui était venue me voir avec sa sclérose en
plaque n’avait pas cet engagement. Je savais qu’elle ne pourrait pas se
soigner par le biais de son esprit – si la médecine trouvait le moyen de la
soigner de manière chimique ou mécanique, tant mieux pour elle, mais si ce
moyen n’existait pas, alors on ne pourrait rien faire pour elle.
Effectivement, je vis cette femme deux fois : la première pour mettre les
choses au point ; et la deuxième, où je la vis plus détendue, et où nous
pûmes faire un bon travail, non de soin mais de soulagement, qui lui fit du
bien – faute de pouvoir faire mieux ou plus.
Souvenez-vous du vieil homme qui était venu me voir, également pour une
sclérose en plaque, page 100… Lui n’avait aucune intention de se soigner ;
il voulait moins souffrir, voilà tout, et sa demande était respectable, dans le
sens où il ne s’illusionnait pas avec une soi-disant recherche de thérapie
miracle, tout en s’attendant à ce que tout arrive tout seul !
455
Miracles quotidiens
Contrairement à tous ces gens, la jeune femme au teint doré et aux grands
yeux brillants était déterminée à guérir, par quelque moyen que ce soit ! Et
pour moi, le thérapeute, c’était plutôt une bonne nouvelle. Enfin de
l’engagement personnel !
Cependant, à ma grande surprise, nos deux premières séances furent un
véritable fiasco… Malgré sa volonté déclarée de guérir, je n’arrivais pas à
trouver chez ma patiente le déclencheur de suffisamment de motivation.
La première fois, je cherchai à mieux cibler sa hargne contre la maladie,
étudiant avec elle les raisons symboliques d’une telle pathologie (souvent
de l’agressivité non-exprimée).
Mais la seconde séance me révéla que rien de ce que j’avais pu lui raconter
n’avait servi… La jeune femme n’avait rien fait entre nos deux séances, pas
le moindre exercice d’auto-hypnose, pas la moindre prescription – et dans
le cas d’une maladie lourde, comme la sclérose en plaque, c’était fatal.
Pourtant, elle savait qu’il lui faudrait s’investir à 200% pour avoir une
faible chance de déclencher le miracle.
Je changeai alors de stratégie et concentrai ma patiente sur sa petite fille de
trois ans : voilà pour qui elle allait guérir, pour sa fille, pour qu’elle ait une
maman en bonne santé, pour qu’elle ait un bon exemple maternel… pour
toutes les
« bonnes raisons » que nous pûmes trouver. Sans effet, puisque la première
chose qu’elle me déclara à la rencontre suivante était qu’elle en avait «
marre de toujours s’occuper des autres » ! Elle n’avait encore rien fait pour
se soigner…
Cette troisième séance fut donc la bonne : elle ne voulait pas guérir pour les
autres, mais pour elle. Soit. Abandonnant toute stratégie thérapeutique, je la
mis simplement en transe hypnotique, lui fit une anesthésie avec suggestion
post-hypnotique (pour que l’anesthésie revienne d’elle-même en cas de
douleur) et je lui prescris d’affirmer ses droits de femme au sein de sa
famille, y compris auprès de sa fille, et d’aller au besoin
« hurler sa rage au fond des bois ». Ce qu’elle fit !
456
Miracles quotidiens
D’abord, la jeune femme avait été stupéfaite de sentir sa douleur disparaître.
Il est vrai que, d’ordinaire, on garde la douleur comme un témoin – quand
elle disparaît d’elle-même, c’est le signe de la guérison. Mais c’est bien là
une idée de thérapeute, qui ne souffre pas !
En ressentant son corps s’apaiser, elle avait pris confiance et foi en
l’Hypnose. En plus de lui faire du bien, l’anesthésie l’avait convaincue.
Désormais, elle avait la certitude et le pouvoir d’action nécessaire à la suite
de sa thérapie.
Lorsque je revis ma patiente, c’était deux mois après notre troisième
rencontre (pour cause de planning surchargé) et une bonne nouvelle
m’attendait : la sclérose en plaque était stop-pée depuis notre précédente
séance.
« Je ne sais pas ce que vous m’avez fait ! me dit ma jeune patiente, mais ça
a été formidable. »
En réalité, je n’avais pas fait grand-chose, que me fourvoyer pendant deux
séances et la soulager à la troisième rencontre.
Lui demander d’être ferme sur sa place dans la famille et ses droits en tant
que femme m’avait paru être une demande normale, valable pour toute
femme – et l’envoyer crier dans les bois était sensé lui permettre de sortir
d’elle l’énergie qui lui broyait les os. C’était tout. Rien de magique…
Une cinquième et dernière séance, un mois plus tard, m’apprit que la
sclérose en plaque régressait, que ses symptômes étaient « en voie de
rémission », avec l’aide d’un excellent kinésithérapeute qui s’occupait
d’elle pratiquement tous les jours. La jeune femme me souhaita bonne
continu-ation, toujours appuyée sur ses béquilles, mais sans plus aucune
douleur et confiante en l’avenir.
Aujourd’hui, sa situation familiale est saine. Elle remarche normalement et
personne ne saurait dire qu’un jour elle avait souffert d’une maladie aussi
handicapante.
457
Miracles quotidiens
Quand l’ennemi devient un ami.
Un « vrai » miracle ?
Parfois, notre Inconscient n’a pas la bonne réponse. Il nous fait même
quelquefois faire l’inverse de ce qu’il conviendrait pour sauver la situation,
comme le conducteur qui tourne son volant dans le sens où il souhaite aller,
alors que sa voiture est partie en dérive sur une plaque de verglas. Ça se
comprend, mais c’est justement le geste qui enverra tout le monde dans le
décor, lui, sa voiture et toute la famille qui est à l’intérieur…
Il lui aurait fallu contre-braquer, produire par réflexe un geste tout à fait
antinaturel : tourner son volant dans le sens contraire de là où il voulait
aller. Comment poser un tel geste quand on ne sait pas ? Pour se sauver
dans pareille situation, il faut avoir appris. Il faut la connaissance et
l’expérience.
Par instinct de protection, humain et compréhensible, l’être humain cherche
à se mettre en sécurité. Mais, comme l’homme sur le verglas, il fait
précisément le contraire de ce qui pourrait lui apporter sérénité et confort :
il construit des murs et des normes, il se barricade et s’isole. L’autre devient
un étranger, contre lequel il faut se défendre… L’un s’étant coupé de
l’autre, peu importe celui qui a commencé, les deux se retrouvent dans la
même position supposée dangereuse. Les deux se sont armés. Lequel aura
le courage insensé de jeter les fusils – au risque d’être attaqué et de se
perdre ?
Que feriez-vous, vous ?
Et de quoi parlons-nous là ? De l’état du monde ? Du cancer ou du sida ?
De maladies auto-immunes ou d’allergies ? De phobies ou de psychoses ?...
Peu importe, car toutes ces choses ont la même racine : la peur.
Comment sortir de ce cercle vicieux ? Peut-être tout simplement en
injectant dans le système l’énergie racine inverse ?
458
Miracles quotidiens
L’Amour.
Non pas le sentiment amoureux ou la condescendance mièvre, mais cette
méta-énergie que l’Hypnose Humaniste – entre autres philosophies – estime
être à l’origine de Tout.
Le mot dieu vient de la racine latine « dies », qui dérive elle-même de la
racine sanskrite « div » qui signifie : ce qui brille, qui est lumineux.
Les êtres humains ont, depuis toujours, adoré le soleil, source de vie sur
Terre. Est-ce l’astre qui a inscrit dans nos gènes l’archétype de la Lumière
comme essence supérieure spirituelle, ou le soleil est-il le reflet terrestre
d’une présence subtile supérieure ? Vaste question… Toujours est-il que
l’être humain a de tous temps associé symboliquement le divin et la
lumière, état de suprême perfection, omnisciente, omni-présente, sans début
ni fin, pleine du plus parfait Amour – et, bien entendu : invulnérable.
L’archétype de la Lumière est si puissant chez tout être humain – sans
chercher plus loin à connaître sa teneur réelle ou symbolique – peut-être
pourrions-nous simplement nous en servir en thérapie ?
Celui qui vivrait imprégné de cette Lumière risquerait-il encore quelque
chose ? Celui qui se sait l’un des rayons de cette Lumière infinie pourrait-il
s’éteindre ?
De quoi pourrait-il avoir peur ?
Les guerres et les famines – si on omet leur aspect financier et les bénéfices
qu’en retirent ceux qui les entretiennent – sont les produits d’un même mal,
tout comme un simple rhume, le sida, une maladie génétique ou une
maladie auto-immune.
Elles reposent sur la peur.
Vous pensez avoir besoin de protection ? Mais on ne se protège que contre
des ennemis potentiels. Penser ainsi amène la peur, la séparation d’avec les
autres, le monde, la vie…
459
Miracles quotidiens
Séparé de l’énergie de vie, le corps se meurt. Finalement, le système
s’autodétruit d’avoir trop voulu se protéger.
« L’autre » serait-il forcément dangereux ? N’est-il pas un être humain, doté
d’un cœur et d’émotions telles que les vôtres ? Le même sang ne coule-t-il
pas dans ses veines ?
Le virus du rhume vous paraît redoutable ? La petite bête pourrait-elle
manger la grosse ?
Le monde vous donne des boutons ? Mais qui l’a construit ainsi ? Et qui en
entretient la pollution ? Vous ne vivez pas dans une poubelle : cet air vicié
est le résultat de nos activités humaines, tel l’oxygène que rejetaient les
premières bactéries, gaz ô combien mortel pour elles ! Les bactéries ont-
elles disparu ? Bien sûr que non : elles se sont transformées, voilà tout, et
sans elles nous ne serions pas là.
Pourquoi n’évoluerions-nous pas, comme elles ?
Notre Terre, le milieu dans lequel nous vivons, que ce soit l’environnement
ou les gens qui nous entourent, tout cela est la conséquence de notre vie, de
nos choix, de ce que nous sommes. Cela pourrait-il nous tuer ? Peut-être, si
nous n’y faisons rien. Si nous continuons dans la peur.
Entrer dans la Lumière et vivre dans l’Amour et la tolérance n’est pas une
vaine idée creuse. Commençons par le rhume.
Au lieu de tenter d’échapper au virus, pourquoi ne pas faire briller la
Lumière en soi et accueillir ce qui nous semble être un mal ? Curieuse idée,
n’est-ce pas ?
Explications : en fait, ce que nous appelons « mal » est généralement un
phénomène possédant, par rapport à nous, une différence de potentiel
vibratoire. Exemple simple : notre énergie, l’électromagnétisme, est au
cœur de nos cellules.
Notre cerveau fonctionne grâce à cette énergie ; nos atomes restent en
cohésion grâce à cette force subtile, qui vibre de manière infiniment plus
élevée que l’électricité des prises ménagères. Par ailleurs, l’électricité de
votre maison est par-460
Miracles quotidiens
faite pour faire fonctionner votre frigo, la télé, illuminer le repas du soir…
mais si vous mettez les doigts dans la prise, vous êtes mort ! Et pourtant,
l’électricité n’est pas interdite ou jugée « mauvaise » pour autant ! Un virus,
c’est pareil, c’est un organisme qui a son utilité dans la création, qui voit en
nous son avenir et qui se rapproche de nous pour fusionner et évoluer –
comme la pomme que vous mangez disparaît en apparence, mais en réalité
devient vous, en se mêlant à vos cellules. Elle est passée du stade de fruit au
stade d’humain en quelques heures ! Le virus, le microbe, rhume, grippe ou
sida : tous veulent la même chose. Ils veulent grandir. Evoluer.
Quelle ironie de voir que l’être « supérieur » destiné à leur apporter cette
croissance meurt de la rencontre !
Briller et maintenir sa Lumière est la solution pour jouer vraiment son rôle
de Transformateur. Non plus rejeter ou fuir, dans la peur et l’agressivité,
mais accueillir et aimer.
Sur la compréhension de notre rôle humain de Transformateur, voyons
comment remédier au rhume…
Alors que je travaillais avec des personnes handicapées mentales, beaucoup
étaient chroniquement enrhumées, grippées, malades. La personne
s’essuyait le nez d’un revers de main en me voyant arriver, puis me tendait
la même main avec un grand sourire ravi en guise de salut.
Allais-je refuser cette main tendue ? Bien sûr que non… Et j’attrapai donc
le rhume, en même temps que la main.
Alors, j’ai tout essayé, mentalement, pour me « protéger »
de ce rhume – horrible égoïste que j’étais alors ! En fait, voulant me
protéger, qu’étais-je en train de faire ? Me couper de la personne qui
m’accueillait, que j’étais censé aider… Et surtout, je la laissais avec son
rhume. Bravo le thérapeute !
Le jour où je compris la leçon, une grande lumière éclaira mon esprit : au
lieu de fuir le rhume de mon patient, je l’invitai à entrer en moi – dans la
Lumière. J’avais alors 461
Miracles quotidiens
compris que je n’avais rien à fuir, rien contre quoi me défendre, si j’étais
TOUT... Pouvez-vous être vidé de votre énergie quand vous êtes la Source
de Tout ? Eh non ! On ne peut vider l’océan. Alors, je restai concentré sur la
Lumière et me laissai emplir par le rhume – petite entité en quête de
transformation. Et le miracle se produisit : mon patient arrêta de renifler. Le
rhume s’était envolé ! Et par voie de conséquence, je ne l’attrapai pas à mon
tour. CQFD.
Quelques mois après, je prenais l’avion pour me rendre à Montréal, pour la
formation que je donne là-bas. Deux hommes s’assirent à côté de moi. Les
deux reniflaient et toussaient !
Premier réflexe : « oh non, je vais rester enfermé 7 heures à côté de ces
types, qui vont me refiler leur grippe, et moi j’ai six jours à tenir à me
donner à 200% pour ma formation… Je ne peux pas être malade. Que faire
? » J’avais comme arrière-pensée de trouver un moyen de me… protéger.
Aussitôt, heureusement, je pris conscience de ce que j’étais en train de
reproduire. Même vieux schémas.
Je dirigeai donc un peu plus mes pensées vers la Lumière et me laissai m’en
emplir. Puis j’appelai volontairement la maladie des deux hommes vers
moi. Que risquais-je ? Si j’étais la Vie elle-même ? Rien du tout. Donc,
j’appelai mentalement à moi la maladie des deux hommes, qui s’arrêtèrent
tous les deux de tousser, exactement au même moment.
Coïncidence ? Ils avaient eu des quintes de toux pendant quarante-cinq
minutes, durant toute l’attente avant de monter dans l’avion. Ils toussaient
et se mouchaient encore en s’asseyant autour de moi… et là, plus rien.
Curieux hasard, non ?
Et, bien sûr, ils ne toussèrent plus de tout le voyage.
Résultat, je ne sais pas s’ils furent définitivement guéris, mais moi je
n’attrapai pas le rhume !
Au lieu de fuir, de s’isoler des autres et de ce qui fait la vie, donc de
l’énergie aussi, au risque de me mettre en dishar-462
Miracles quotidiens
monie avec l’Equilibre naturel : je guéris le porteur en prenant mentalement
en moi le microbe. Celui-ci se transforme en moi comme la pomme que je
digère et qui devient
« moi ». Cette mort est une transformation, un changement d’état. Le virus
transformé est devenu partie intégrante de moi.
En quelque sorte, je l’ai aidé à évoluer.
Voilà une bonne action bénéfique pour tous, pour la personne, qui guérit –
et pour vous, qui évitez de tomber malade !
Nous serions-nous éloignés de l’Hypnose ? Si vous pensez encore que
l’Hypnose est un outil thérapeutique que l’on applique sans humanité sur
des patients, alors peut-être… Mais si vous avez compris que l’Hypnose
nous sert de clé d’accès à nous-mêmes, pour un jour parvenir à utiliser nos
pleins potentiels humains, vivre pleinement, en santé et heureux, alors nous
sommes dans l’aboutissement de notre recherche.
Voici deux exemples d’application en thérapie : Virginie était une petite
dame ronde dotée d’un caractère bien trempée. Elle participait discrètement
à mes formations, jusqu’au jour où l’une des techniques la mit en colère.
« Pardonnez-moi, lança-t-elle sur un ton qui ne laissait pas le choix, mais je
crois que tout ça, c’est de la foutaise ! »
Nous étions en train de parler de la Remodélisation d’Histoire de Vie, une
technique dont nous avons parlé page 265, entre autres. Si mon élève
réagissait aussi brusquement, c’est que nous avions à coup sûr frotté une de
ses cordes sensibles.
Le cours de Praticien en Hypnose est plein de ces moments où les futurs
praticiens apprennent à se tester, à ressentir là où ils sont les plus sensibles,
afin de prendre conscience de ce qu’ils ont à travailler sur eux.
Evidemment, ce travail d’évolution est personnel et ne se fait pas
entièrement dans le cours.
« Tu penses à une amie proche, je suppose, répondis-je à Virginie en me
moquant gentiment de son ton brusque. Quand 463
Miracles quotidiens
quelque-chose nous énerve ou nous intrigue, c’est souvent parce qu’on
pense à une amie très proche, n’est-ce pas ?
- Oui, c’est moi, admit-elle en retrouvant un peu son calme.
- Alors, ça peut être dit en groupe ?
- Bien sûr : il y a que j’ai du mal à accepter qu’on puisse soigner son passé
pour arranger le présent. Moi, j’ai perdu toute ma famille. Je sais que j’y
passerai aussi, ainsi que ma seule fille. Changer le passé n’y pourra rien…
- Comme pour tout le monde ici, continuai-je. C’est la vie, une maladie
sexuellement transmissible à 100% mortelle !
- Ça dépend à quel âge. Chez moi, tout le monde meurt à partir de la
quarantaine. Personne n’a jamais atteint 50 ans.
- Oh, et de quoi souffrez-vous ?
- C’est une sorte de dégénérescence du cholestérol, qui devient poison pour
l’organisme, qui finit par en mourir…
Mes parents sont morts il y a longtemps, les leurs avant eux.
Mes frères et mes sœurs sont déjà partis. Je suis la dernière. Et je vais
bientôt les rejoindre… Ça va, je me suis faite à l’idée, mais c’est pour ma
fille que je m’inquiète. »
Un médecin cardiologue, présent à cette formation, posa quelques questions
à la jeune femme, puis lui nomma une maladie – qu’elle reconnut pour être
la sienne.
« Mais, ce n’est pas génétique, expliqua-t-il en conclusion.
- Alors, pourquoi tout le monde est mort ? s’écria Virginie.
- On se calme, interrompis-je rapidement. C’est effectivement curieux. Si
les analyses et les symptômes indiquent cette maladie, mais qu’elle n’est
pas transmissible de mère en fille, pourquoi en mourrez-vous tous depuis
des générations ? »
Nous remîmes cette discussion à plus tard et je repris mon cours – mais à la
pause j’invitai Virginie à venir me voir en consultation, lorsque sa
formation serait terminée.
C’était des années avant le cas de Judith, que nous avions traité, Patricia et
moi (cf. p.438). Aujourd’hui, connaissant les deux histoires, vous pourriez y
voir un parallèle – à juste titre.
464
Miracles quotidiens
Il y avait bien une histoire de loyauté familiale là-dessous.
Rien d’autre ne pouvait expliquer le phénomène.
Là aussi, la solution serait dans le pardon.
La formation achevée, je demandai à Virginie en consultation privée,
comment elle percevait son passé.
« Comme une longue traînée sombre, faite d’enterrements et de douleur.
- Et quand vous pensez à tout ça, quel est votre sentiment ?
- J’ai peur, pour ma fille… et pour moi, aussi. »
Evidemment. Comment auriez-vous réagi, vous ? Quelle pire menace ?...
Comme le conducteur sur la plaque de verglas, n’auriez-vous pas aussi
braqué votre volant vers la vie, et non vers la mort ? Ce n’était pourtant pas
la bonne réponse.
« On va faire un truc bizarre, annonçai-je à Virginie. Ok ?
- Au point où j’en suis, de toutes manières…
- D’abord, repris-je en lui souriant, j’aimerais que vous pensiez à ce qui
vous est le plus agréable au monde.
- Ma fille ! répondit Virginie instantanément.
- Voyez-la sourire, et souriez-lui. Entendez-la rire. Remplissez-vous de son
bonheur, de sa légèreté, de son insouciance. »
Virginie souriait, les yeux fermés. Une perle brillante vint souligner ses
paupières closes.
« Vous n’avez pas besoin de tristesse, mais de joie. C’est normal d’être
ému… si c’est une bonne émotion… Vous savez comme les mamans et
leurs enfants sont connectés. Que voulez-vous lui envoyer ? »
Virginie prit une bonne respiration et son sourire s’élargit.
« Voilà, c’est vraiment super. Très très bien… Eh bien, toute cette joie,
faites-en une grande lumière, pleine d’amour, et respirez-la à pleins
poumons… Emplissez-vous-en… et puis pensez à toute votre lignée, et
envoyez-lui cette joie, ce bonheur, toute cette grande lumière, pleine de
rires et d’insouciance… Et voyez comme ça les illumine.
465
Miracles quotidiens
- Mais, si je fais ça, je vais me reconnecter à eux, rétorqua Virginie avec une
grimace de dégoût.
- Oui, car ils sont votre famille. Ils ne sont pas maudits.
Vous n’êtes pas maudites, vous et votre fille. Ils sont vos racines… le sang
qui coule dans vos veines… Allez ! »
Virginie se concentra et envoya sincèrement toute la lumière qu’elle put à sa
famille, tous ces gens, depuis des années et des années. Elle les aima, ce
jour-là, peut-être comme elle ne l’avait jamais fait auparavant.
Et, d’une manière ou d’une autre, elle les guérit.
« Ils brillent tous… fit-elle.
- Et la ligne ?
- Avant, elle ne me touchait pas…
- Ce qui ne vous empêchait pas d’être malade.
- C’est vrai… Mais, maintenant, nous ne faisons qu’un…
Merci. Désormais, je me sens en paix avec moi-même. »
Virginie avait arrêté de fuir. Elle avait transformé sa peur en amour. Sa
dernière réflexion résonnait comme un adieu à la vie, les dernières paroles
d’une condamnée. J’espérai que l’avenir lui réservait une meilleure
surprise.
Ce n’est que deux années plus tard que j’eus des nouvelles de Virginie. Elle
avait franchi le cap. Elle était désormais plus âgée que toutes les personnes
disparues de sa famille.
La « maladie génétique » avait disparu… et l’heureuse maman s’était
découvert un don pour les soins énergétiques.
Elle était devenue magnétiseuse ! Ses murs étaient couverts des lettres de
remerciement des personnes qu’elle avait aidées.
« Vous avez bien fait de vivre ! lui lançai-je avec un clin d’œil. »
Happy end.
Un autre miracle, pensez-vous ? Laissez-moi vous conter une toute dernière
histoire, celle d’un artiste peu ordinaire.
466
Miracles quotidiens
Céleste portait un prénom prédestiné : il ne vivait pas sur Terre, mais dans
les étoiles, en permanence.
Artiste, peintre, dyslexique et homosexuel, Céleste était par essence plus
connecté que tout autre à son « âme féminine », globale et spirituelle, celle
qui nous a donné vie à tous.
Malgré un look coloré et très original, Céleste n’était pas à proprement
parler efféminé, non, il avait plutôt intégré au mieux ses essences
masculines et féminines, comme d’autres peuvent le faire différemment,
quels que soient leur orientation sexuelle et leur métier. Il était par ailleurs
également connecté à ce qu’il appelait son « équipe spirituelle » : les âmes
qu’il estimait le guider dans sa vie.
Tout cela – entre autres choses – faisait de Céleste un personnage hors du
commun, très connaisseur des choses subtiles de l’esprit et que bien des
gens aurait pourtant jugé naïf ou illuminé. Peu importe, puisque toutes ces
caractéristiques allaient lui sauver la vie !
Céleste vivait en trio. Trois hommes en harmonie – situation qui pourrait
donner leçon à bien des couples hétéro ordinaires, en matière de tolérance et
de jalousie… Malheureusement, ses deux partenaires étaient séropositifs.
Ensemble depuis 14 ans, Céleste n’avait jamais été contaminé, ce qui était
déjà un exploit. Il croyait à sa bonne étoile protectrice.
Pourtant, un jour de baisse de moral, au moment d’un câlin avec l’un de ses
partenaires, Céleste pensa « mince, là je suis bon ! » Il n’était pas en forme ;
il n’avait pas forcément fait ce câlin pour les bonnes raisons… Bref, comme
nous produisons tous des cellules cancéreuses, chaque jour, mais que le
corps les élimine au fur et à mesure, Céleste s’était protégé du sida durant
des années. Pourtant, un coup de stress ou une baisse d’énergie font que,
parfois, certains d’entre nous n’éliminent pas quelques cellules
cancéreuses… et la maladie se développe.
Ce fut la même chose pour Céleste : ce jour-là, son corps accepta le virus et
il devint séropositif.
467
Miracles quotidiens
Qu’à cela ne tienne ! On n’est pas illuminé pour rien !
Céleste allait faire ce qu’il fallait pour retrouver la santé !
Le physicien Jean-Pierre Garnier-Malet, connu pour ses travaux sur le
temps, raconte cette anecdote touchante : un jour, un enfant vint le
questionner. Pourtant, son père voyait d’un mauvais œil les travaux du
physicien.
« Papa dit que tu es complètement allumé » fit l’enfant.
Celui-ci fixait le physicien droit dans les yeux.
« Ça m’a fait réfléchir, reprit-il, parce que moi, j’allume une lampe pour y
voir clair. Alors, je me suis dit : si je vais voir l’allumé, il pourra peut-être
m’éclairer ? »
Comme le disait avec humour Michel Audiard : heureux soient les fêlés, car
ils laisseront passer la lumière !
Peut-être les originaux n’existent-ils que pour nous montrer la voie, peut-
être d’abord d’une façon imparfaite, mais tout de même d’une autre
manière que la vieille norme établie, qui ne fait qu’apporter chaque jour les
preuves de son obsolescence.
Céleste vint donc me voir avec une demande très claire :
« J’ai le sida et je veux en guérir. Pouvez-vous m’aider ? »
Formulé comme cela, par une personne qui prenait ses responsabilités et ne
cherchait pas un remède miracle qu’on lui appliquerait sans qu’elle ne fasse
rien, le défi était jouable.
Bien évidemment, il est une chose de tenter l’impossible et une toute autre
de laisser la personne se bercer d’illusion. Le rêve ne nous porte que s’il est
solide, sinon il vous laisse tomber de très haut… Plus dure sera la chute !
Comme il est d’usage dans le traitement des maladies lourdes, je passai un
bon moment à informer Céleste du peu de chances que nous avions de
réussir.
Il y a d’ailleurs là un paradoxe, pour un hypnotiseur : car en le prévenant de
l’impossibilité de la chose, je lui donnais en quelque sorte la suggestion de
rester malade – alors que mon but était quand même de tout faire pour le
soigner.
468
Miracles quotidiens
C’est la contradiction entre l’espoir guérisseur et l’avertissement
indispensable à un engagement conscient et entier :
« oui monsieur, vos médecins ont raison, toute rémission est impossible,
sauf miracle ». Comme pour les cas de cancer ou autre maladie létale, on se
doit de confirmer à la personne que l’Hypnose n’est pas la dernière chance,
le dernier espoir. Il n’y a pas de chance ou d’espoir à attendre…
A un niveau psychologique, l’espoir et le doute sont intimement liés.
D’ailleurs, quand vous avez espoir, ne croisez-vous pas les doigts, comme
pour attirer la chance ? Donc, en fait, vous savez qu’avoir espoir n’est pas
garantie de réussite. Que pour réussir, il vous faudra un miracle. Alors,
c’est ce que je confirme à la personne. « Oui, c’est foutu… » Pas d’espoir
insensé… Pourtant, sans espoir, pas de vie, pas de guérison possible ; et
c’est toute l’étrangeté de la situation.
Alors, on en vient à parler de « devenir ce miracle », donc d’obtenir un
résultat exceptionnel en devenant une personne exceptionnelle – en
s’extirpant de la statistique.
S’il y a une chance, c’est seulement celle-ci, car la technique n’est que pour
très peu, lorsqu’elle est bien appliquée, dans la guérison d’une personne –
elle apporte un soin, c’est tout. C’est toujours la personne qui guérit.
Le thérapeute guide, soutient et soulage, donne des astuces et la personne
suscite et développe le miracle en elle.
C’est la seule recette.
Comme nous en avons déjà parlé, cette recette ne s’applique
malheureusement pas à tout le monde, d’où l’importance des recherches
médicales, qui sauront peut-être un jour découvrir une solution adaptable à
tous, sans personnalité spécifique.
En attendant, Céleste et moi allions partir à la recherche de ce miracle. Les
fortes convictions spirituelles de l’artiste nous aidaient, au moins en ce qu’il
ne craignait pas de mourir.
C’était déjà un stress en moins à prendre en charge.
469
Miracles quotidiens
Nous commençâmes par la base, avec un nettoyage systématique de tout ce
que nous pouvions trouver au niveau Inconscient – donc plutôt familial –
puis un nettoyage de vie, avec par exemple la vente d’une ancienne maison
de famille, porteuse de bien des mémoires, vendue le jour de l’anniversaire
de Céleste, comme nous l’espérions.
L’avantage d’unir deux allumés est que cela démultiplie les
« techniques » possibles, comme de faire un lien entre une vente de maison,
invendue depuis des années et une libération émotionnelle intérieure.
Quelle chance avions-nous pour que la maison se vende enfin ? Et quelle
chance pour que cela se produise sur une date clé, par ailleurs choisie
d’avance ?
Heureusement, le « hasard » aime ce qui brille et, durant cette thérapie, il
nous aida plus souvent qu’à notre tour.
Entre autres choses, j’aidai Céleste à se brancher sur d’autres formes
d’énergie, grâce aux inductions d’Hypnose Humaniste – il participa même à
la formation – il méditait chaque matin et la vie se chargeait de lui faire
comprendre si notre travail avançait, comme ce jour où, après avoir posé
une question, Céleste vit sortir de la forêt, devant lui, son oiseau fétiche (il
n’en avait jamais vu dans la région). L’oiseau vola jusqu’à lui, fit un tour
au-dessus de lui, puis repartit.
Deuxième question, l’oiseau ressort à nouveau du bois et fait un autre tour
au-dessus de Céleste, bouche bée !
Nouvel élan, nouvelle vie… Chaque « mal-a-dit » porte son message à
recevoir ! La maladie est comme une lettre que l’on sait porteuse d’une
mauvaise nouvelle, qu’on laisse au fond de la boîte aux lettres et qui pourrit
tout ce qui s’entasse au-dessus… Un jour, il faut avoir le courage d’ouvrir
cette lettre.
Parfois même, son objet est périmé, il n’y a donc plus rien à craindre,
depuis longtemps : la lettre traite d’un fait passé, déjà réglé. Il n’y a donc
qu’à l’ouvrir et en prendre connaissance, et puis passer à autre chose.
470
Miracles quotidiens
Cela n’a l’air de rien, mais cela demande souvent plus de courage que la
plupart des gens n’en ont…
La guérison est faite de mille et une petites choses.
Toutes ces petites choses sont importantes, pourtant, et doivent être traitées
jusqu’au bout. Et ce n’est malheureusement pas un processus que le
thérapeute contrôle entièrement.
J’ai le désagréable souvenir d’une de mes patientes, atteinte d’un cancer du
pancréas au stade terminal. Je la vis pour la première fois en janvier. Ses
médecins venaient de l’opérer.
Devant l’ampleur des dégâts, ils l’avaient refermée sans rien faire… Il lui
restait quatre semaines à vivre.
J’avais expliqué à ma patiente qu’il lui faudrait un miracle pour être encore
en vie à notre prochain rendez-vous.
Jusque-là, elle avait vécu dans le déni, persuadée qu’elle s’en sortirait,
d’une manière ou d’une autre, mais sans jamais avoir posé d’acte
thérapeutique concret… Or, si miracle il y a, nous y contribuons toujours
grandement.
Elle commença ainsi à faire ce qu’il convenait pour régler ce qui nous
semblait être à l’origine de sa maladie – un conflit avec son mari – et elle se
présenta au rendez-vous suivant.
C’était déjà un miracle si elle tenait encore debout !... Son infirmière,
formée en Hypnose avec moi, s’occupait d’elle chaque jour, la tenant à bout
de bras.
Ma patiente atteignit donc, puis dépassa, la date fatidique.
Sa maladie entra en rémission en avril. En juillet, elle était guérie. Le
cancer avait disparu – mais tout son organisme était détruit, sans espoir…
Chose impensable, il s’opéra chez elle un second miracle : une
reconstruction organique ! Quelque chose qui est censé être impossible au
niveau du pancréas. Et pourtant… En décembre, ma patiente était comme
neuve.
Son infirmière et la cancérologue commencèrent à envisager d’écrire un
livre sur ma patiente. Mais, au printemps, le mari, soulagé d’avoir retrouvé
sa femme, recommença à entrer dans leurs vieux schémas – et elle de se
laisser faire.
471
Miracles quotidiens
Erreur fatale : tout au bonheur des premières améliorations, ma patiente,
que je n’avais pas revue depuis huit mois, avait omis de poursuivre le «
simple » travail de couple que nous avions entamé. Or, leur problème de
couple était à l’origine de sa maladie… Evidemment, il avait été urgent de
soigner le corps, sans quoi elle serait morte. Mais si vous laissez couler le
poison, tôt ou tard, il redevient actif !
Lorsque ma patiente prit conscience qu’elle et son mari reprenaient encore
les mêmes chemins qu’autrefois, la maladie revint brutalement et en quinze
jours la jeune femme était morte. Trente-huit ans, mère de deux enfants…
Bien sûr, elle était déjà condamnée au moment où je l’avais rencontrée.
Mais il y avait eu cette rémission incroyable. Tout le monde avait cru au
miracle… En fait, nous étions passés à côté pour pas grand-chose, trois fois
rien. Un « détail ».
Sauf qu’il s’agissait de la clé de tout. Il n’y a pas de petit détail. Croyez
bien qu’une chose pareille marque pour toujours et que vous savez, ensuite,
que lorsqu’un travail est commencé, il faut l’achever, sans repos ni relâche !
Parmi tout ce dont nous avons pu parler, Céleste et moi, il y avait forcément
les implications de la philosophie Humaniste.
Son corps avait perdu ses « défenses », mais de quoi avait-il à se protéger ?
Lui qui était si branché, toujours dans les étoiles ? Il est vrai qu’il
n’appréciait guère la vie ici-bas, si rustre à son idée. Il était plus heureux
dans son univers spirituel. Mais pouvait-il se protéger du monde entier ? Et
si… comble de l’ironie pour une personne qui souffre d’un problème de
défense immunitaire… et si, au lieu de tenter de renforcer son système de
défense : et s’il l’abandonnait, tout simplement ?
Je veux dire, psychologiquement, mentalement, au cœur de ses émotions :
s’il était si plein de Lumière, que craignait-il ?
Et je lui expliquai ma métaphore de l’ombre et de la lumière.
472
Miracles quotidiens
Que se passe-t-il quand on ouvre les portes d’une toute petite pièce
lumineuse entourée de ténèbres infinies ? L’obscurité se précipite-t-elle
dans la petite pièce, la faisant disparaitre ?
Bien sûr que non. Au contraire, et à sa mesure, la petite pièce éclaire même
un peu les profondes ténèbres.
On n’a jamais vu une lumière se faire éteindre par une ombre. C’est
impossible. Donc… que craint-on, si on est plein de Lumière ?
Les idées peuvent changer le monde. C’est ce qu’elles font depuis la nuit
des temps. Et c’est exactement la même chose pour la personne qui veut
voir ses lymphocytes T4 remonter et sa charge virale disparaître. Elle doit
changer l’esprit avec lequel elle perçoit le monde, ce qui la changera, elle,
et tout son fonctionnement physique à la suite.
La charge virale de Céleste qui était stable à 40.000 passa brusquement à
200.000 lorsque nous commençâmes à toucher à sa famille. Le médecin qui
s’occupait de lui s’affola un peu (car Céleste ne prenait aucun traitement)
mais il était lui-même adepte du chamanisme – aussi curieux que celui
puisse paraître pour un médecin en charge d’un important service dans un
hôpital parisien – donc, plutôt ouvert d’esprit. Il accepta ainsi de nous
laisser poursuivre l’aventure.
Ça, c’était en juin. Céleste accepta de s’ouvrir au monde. Il cessa d’avoir
peur, profondément, inconsciemment – et un grand poids s’envola. Puis il
accueillit en lui toute chose qui se présentait, comme une grande lumière
purificatrice. Une sorte de système immunitaire de nouvelle génération.
Enfin, il régla ses problèmes de famille… et la maison fut vendue au même
moment.
Résultat des analyses de juillet : le virus n’était plus présent que sous forme
de « traces » !... Durant l’été, Céleste changea totalement de vie et
commença à réaliser ses rêves.
Fin septembre, les analyses indiquaient que le virus n’était plus du tout
décelable dans son organisme.
473
Miracles quotidiens
Bien sûr, ce fut la fête ! Le système immunitaire de Céleste était désormais
sain et fort – et une mononucléose, avec laquelle il vivait sans traitement
avait guéri elle aussi !
Son médecin lui dit que son cas était « exceptionnellement rare », que sa
guérison avait eu lieu avec « une vitesse incroyable ». Bref, bien qu’ouvert
à ce genre de possibilité, le bon docteur était lui-même stupéfait. Et il y
avait de quoi.
N’allez pas croire pourtant que le cas de Céleste soit unique.
La littérature expose plusieurs cas de réussites dans le traitement du virus
HIV, suivant diverses approches uniquement psychologiques, et cela depuis
des années.
La guérison n’est pas affaire de technique, mais d’esprit.
C’est la victoire de l’Amour sur la peur.
Céleste et moi sommes devenus amis. Il me disait il y a quelques jours
combien son existence avait changé :
« Tu sais, Olivier, c’est vraiment comme si tout ça, avant, appartenait à une
autre vie – c’est exactement comme si je m’étais réincarné et que tout avait
recommencé… Deux vies en une, c’est génial ! »
Désormais, Céleste goûte pleinement la vie, probablement plus conscient
que tout autre de la saveur de chaque instant.
474
Miracles quotidiens
A VOUS, MAINTENANT !
Avant de conclure ce livre, voyons ensemble quelques idées et exercices à
mettre en œuvre pour cheminer vers votre plus grande Conscience.
L’Hypnose Humaniste ne propose pas directement d’atteindre une plus
grande ouverture de conscience au quotidien. Vous avez compris que l’état
d’expansion de conscience de l’Hypnose Humaniste, tout comme l’état
d’inconscience de l’Hypnose ordinaire est simplement un « état modifié du
conscient ».
Il est donc tout à fait ponctuel. L’hypnothérapeute Humaniste se sert d’un
état de plus grande conscience pour atteindre ses objectifs thérapeutiques,
comme il le ferait en utilisant les ressources inconscientes, avec d’autres
formes d’Hypnose.
Toutefois, il est possible d’utiliser personnellement les outils et les
différents éléments de la philosophie Humaniste pour retrouver la mémoire
de Qui Nous Sommes vraiment, et ceci pour notre plus grand bénéfice
quotidien.
Il est important également de noter qu’il serait difficile, et peut-être
impossible, de commencer votre évolution personnelle à ce point du livre,
sans être passé par la découverte et l’optimisation de votre intuition,
première ouverture à vous-même ; puis l’obtention d’un contact avec votre
Inconscient, et enfin une fusion avec lui. Ce serait comme vouloir poser la
clé de voûte sans avoir bâti les premiers murs ; comme vouloir voir la
beauté du monde tout en refusant les petites choses qui font la perfection du
grand Tout. Ce serait vouloir aller bien trop vite et passer à côté de très
belles choses.
475
Miracles quotidiens
Grâce à une meilleure intuition, votre vie pourrait vraiment être transformée
! Elle vous comblerait au point que vous n’en espéreriez peut-être rien de
plus.
En ayant un bon contact avec votre Inconscient, vous ne seriez plus jamais
malade, ou pas bien longtemps ; vous profiteriez chaque jour de mille petits
signes qui vous guideraient et embelliraient encore votre vie. Combien de
personnes ici-bas ne rêveraient que de cela ?
Lorsque vous parvenez à ne faire plus qu’Un avec votre Inconscient, celui-
ci ne mérite plus son nom. Vous êtes plein, entier et sans plus aucune zone
d’ombre. Grâce à cette fusion, vous vous connaîtriez complètement – et
vous savez que celui qui se connaît lui-même « connaît l’Univers et les
dieux » !
Que demander de plus ?
Prenez donc attention à ne pas viser immédiatement trop haut, en sautant
des étapes, ce qui vous fermerait les portes de votre plus grande
Conscience. Chaque élément est vital, unique et nécessaire. Rien n’est assez
petit pour ne pas avoir sa place dans l’immense mécanique de la Vie.
Il suffit qu’il manque la plus petite pièce pour que plus rien ne fonctionne…
La maturité est également gourmande de temps. Ne soyez donc pas trop
pressé d’arriver. Le bonheur se trouve en chemin.
Restez vigilant et humble par rapport à vous-même et accomplissez
pleinement chaque étape précédente de ce livre.
On ne fait pas la course ; aucune phase n’est meilleure ou supérieure à une
autre, car toutes peuvent vous apporter la plénitude. Avancez toujours, mais
à votre rythme.
Le contact avec votre Conscience, votre plus belle étoile, vous servira à
traverser la vie avec plus d’aisance, de bonheur et de beauté ; elle ne doit
pas vous séparer de l’existence, mais bien au contraire vous la faire goûter
au maximum.
476
Miracles quotidiens
La première et plus importante idée à accepter, pour marcher sur la voie
d’une plus grande conscience, est celle-ci : 1. Nous sommes tous créateurs
de notre réalité Et toute personne qui vous dira le contraire se berce encore
d’illusions car, quel que soit le point de vue par lequel vous preniez
l’existence, qu’il soit logique, causal, émotionnel, statistique,
psychologique, spirituel ou magique : vous êtes toujours l’origine de tout ce
qui vous arrive !
Nous forgeons notre existence par le moindre de nos choix, par un
trébuchement malencontreux ou une rencontre imprévue, pour avoir rougi
ou osé, pour avoir été la pièce du puzzle qui s’emboîtait ou ne s’emboîtait
pas dans l’image d’ensemble, nous ne pouvons qu’être le maillon décisif,
seul déclencheur des réactions en chaîne qui peuplent notre quotidien.
Nous créons notre réalité, que vous compreniez cela par un ensemble de
causes et d’effets, en termes de statistiques ou par une pensée plus magique.
Nous créons notre réalité.
Je suppose qu’après 477 pages d’hypnose, vous commencez à en être
convaincu. Le fait est que tant que vous vous réfugierez dans l’illusion de la
fatalité et du chaos, vous ne pourrez jamais prendre les rênes de votre
destinée. Si vous pensez que « ce sont les autres » qui font votre vie, vous
ne pourrez jamais rien y changer : on peut évoluer, soi-même, mais on ne
peut forcer personne à le faire. La pire erreur est de faire dépendre son
bonheur d’autrui !
Vous avez toujours le choix. On dit que les plus terribles conséquences
viennent de ce que l’on n’a pas osé faire... Il y a toujours un prix à payer,
pour tout, que ce soit le prix de l’action ou celui de l’inaction. A vous de
juger ce qu’il vous en coûte de bouger vers une vie meilleure ou de stagner
dans une existence sans surprise.
Mais, quoi que vous fassiez, vous serez toujours le seul créateur de votre
vie. C’est ainsi.
477
Miracles quotidiens
J’entends parfois dire : « oui, vous, vous parvenez à créer votre réalité, mais
pas moi – je n’ai pas ce don. » Mais, il n’y a pas de don ! La seule
différence entre ceux qui parviennent à réaliser leurs rêves et les autres est
uniquement dans la conscience de cette évidence : nous sommes tous
créateurs de notre réalité. Il n’existe donc que deux façons d’être créateur :
soit consciemment, soit inconsciemment – et nous avons vu que
l’Inconscient n’est pas toujours notre meilleur guide.
En gagnant la ténacité de cette conscience, vous saurez analyser et
comprendre ce qui a déterminé votre quotidien.
Si ce que vous vivez ne vous plaît pas, et faute de pouvoir changer ce qui
est déjà arrivé, vous pourrez le faire évoluer, le changer, l’effacer ou
prendre une toute autre direction.
Ce n’est qu’en acceptant la responsabilité de l’entièreté de votre existence
que vous gagnez le pouvoir d’en faire ce que vous voulez – y compris si ce
changement vous est, pour le moment, inaccessible : au moins, vous savez
qu’il vous faut travailler, apprendre, vous améliorer pour atteindre votre
objectif, l’objet de votre désir, quel qu’il soit.
Alors, évidemment, accepter d’être créateur de sa vie est facile quand tout
va bien. Ça l’est beaucoup moins quand l’existence est dure. Pourtant, rien
ne peut arrêter une âme guidée par son étoile, fixée sur le but à atteindre.
Une célèbre top-modèle est originaire du Burkina Faso, l’un des pays les
plus pauvres du monde ! Pourquoi elle alors que tant meurent de faim
autour ? Qu’est-ce qui fait que les uns s’en sortent et pas les autres ?
Destin… ou volonté profonde ?
Vouloir changer les autres, le monde, pour de mauvaises raisons est un
défaut d’adolescence : on projette au-dehors ce que l’on a à faire au-dedans
– un peu comme l’Humanité actuelle, qui s’autodétruit à force
d’inconscience, se battant au-dehors contre un ennemi intérieur. On accuse
les autres de nos propres blessures. Mais, ce n’est pas en faisant exploser
notre planète qu’on dissipera les cuirasses de l’ego !
478
Miracles quotidiens
L’Humanité se trompe de combat, et ceux à qui profitent les guerres se
frottent les mains, inconscients de leur perte à venir.
Car nous sommes tous sur le même bateau…
2. Nous sommes tous liés les uns aux autres Paradoxe magique : alors que
nous sommes seuls maîtres de notre vie, nous sommes en même temps tous
reliés, codépen-dants et autonomes. Quelle vérité incroyable, n’est-ce pas ?
Car, si votre vision est petite, linéaire et non globale, alors vous ne pouvez
saisir l’immensité de cette idée :
- OUI, nous sommes seuls créateurs de notre existence ; et
- OUI, nous sommes tous dépendants les uns des autres.
Ne dit-on pas que la vérité est le point d'équilibre de deux contradictions ?
Comme la petite cellule de votre corps, si petite et pourtant indispensable à
votre santé. Fait-elle vivre à elle seule tout le corps ? A son niveau, bien sûr
que non ; mais au niveau du corps, oui, évidemment, car si elle meurt c’est
tout un équilibre qui est rompu, première glissade vers la mort de tout le
système.
Le Coran dit que celui qui sauve un homme, sauve l’Humanité. Car tout a
une répercussion sur Tout. La plus petite chose vient refléter les plus
grandes… et vice-versa.
Notre univers entier est holographique.
Le paradoxe est le suivant : si je peux créer ma réalité, alors je peux réaliser
quelque chose qui est mon seul bonheur et, peut-être, la perte de tous les
autres – peu m’importe ! Mais, si les autres disparaissent, je disparais aussi
et ne peux donc pas profiter de ce que j’ai égoïstement créé…
Damned ! Ainsi, le système s’auto-protège : quand je suis seul, je peux
rouler tranquillement, tous les feux passent au vert devant moi, mais si
quelqu’un arrive au feu avant moi, et si sa croyance est que ce feu ne peut
que passer au rouge et 479
Miracles quotidiens
l’empêcher de passer, c’est ce qui se produira – car ma volonté n’a pas à
prévaloir sur la sienne. C’est ce que l’on appelle un « conflit d’Intention » :
le plus fort de nos deux désirs l’emportera, ce qui n’est jamais une situation
très saine.
Alors, si l’étendu de mes rêves possibles dépend des autres, je ne suis donc
pas « seul créateur de ma vie » ?
La réponse est dans une pensée plus vaste : la petite cellule qui voudrait ne
vivre que pour elle sortirait du système et disparaîtrait. Heureusement, et
naturellement, la cellule en question ne souhaite que participer à la vie de ce
plus grand corps… Pourquoi ne ferions-nous pas de même, nous ?
Qu’est-ce qui nous empêche de trouver notre bonheur d’une manière
collective ? Au contraire de ces jeux où il faut un gagnant et un perdant, la
vie autorise de multiples vainqueurs.
Si vous jouez au football, il y aura une équipe gagnante et une équipe
perdante. Reflet de la guerre. Mais si vous jouez à la roulette, l’un peut
parier sur les nombres pairs, l’autre sur les rouges, et le résultat peut tout à
fait permettre au deux de gagner. Pas de compétition, pas de perdant. Si
vous aimez les balades en vélo, faire des figures en parachutisme ou
improviser de petites pièces de théâtre, vous aurez besoin de vos partenaires
pour vous amuser. Loin des jeux de pouvoir, vous prendrez plaisir à la
collaboration.
Souvenez-vous, c’est en aidant mes voisins à guérir de leur rhume que je
conserve la santé. C’est en faisant passer le feu au vert, non pour moi mais
pour la voiture de devant, que j’offre à un conducteur une heureuse surprise
: voir une porte s’ouvrir devant soi, comme par magie – et moi, je passe au
vert, comme prévu. D’une pierre, deux coups !
Vanille et chocolat. Un « double cadeau ».
Nous sommes tous reliés. C’est ce qui me permet de trouver une place de
parking là où je l’attendais : une âme complice a déplacé sa voiture pour me
laisser me garer. Sympa, non ?
480
Miracles quotidiens
Ainsi, il est possible d’être créateur de sa réalité, de vivre en conscience, et
dans le respect d’autrui. Ce « et » qui relie est même la base de l’art de
créer sa réalité, non par moralité, mais parce que suivant les principes
d’existence de notre réalité, cela ne fonctionnerait pas autrement.
Si vous voulez voir vos rêves se réaliser, il vous faudra donc prendre en
compte votre impact sur le monde, que ce soit en vivant heureux ou en
bonne santé, par l’exemple que vous donnez, l’amour que vous offrez à
votre conjoint, la bonne humeur à vos collègues de bureau, ce que vous
faites pour votre quartier ou ce que vous apportez à votre pays ou à la
planète.
Vos rêves se doivent d’être en harmonie avec votre place dans le monde.
3. Découvrez et vivez votre Mission !
Cela n’est pas forcément quelque chose de visible ou de grandiose, au sens
exubérant du terme. C’est ce que vous êtes fait pour faire ici-bas. Voilà tout.
Il se peut que ce soit simplement être un conjoint aimant ou un bon parent
pour vos enfants. Votre mission pourrait être de sortir de l’alcoolisme ou de
l’ensemble des comportements inconscients dont vous avez hérité ; votre
guérison, si vous êtes souffrant ; votre méticulosité au travail ; votre
réussite, si vous êtes désargenté ; la reconnaissance de vos activités par le
plus grand nombre, si vous faites partie de ceux qui véhiculent l’espoir ou
la beauté, artiste ou travailleur de la paix… Tout cela pourrait être votre «
mission ».
La seule question est donc : qu’elle est-elle ?
La philosophie de l’Hypnose Humaniste explique que chaque conscience,
tel l’un des rayons d’un grand Soleil, descend ici-bas pour illuminer une
part de la Création, l’embellir, la purifier ou la guérir. Quelle est votre part à
vous ?
481
Miracles quotidiens
Finalement, vous comprenez que l’ensemble de ce livre parlait de votre
mission : des dizaines et des dizaines d’exemples de personnes qui ont
réussi à illuminer leur vie, et les moyens qu’ils ont utilisés pour cela.
Les exercices précédents avaient également la même utilité : vous permettre
d’acquérir les outils et les idées pour une vie meilleure, plus en santé, plus
riche, plus épanouie…
C’est ainsi qu’à nous tous, nous faisons évoluer la Création.
Simplement en parvenant à vivre pleinement heureux. N’est-ce pas
merveilleux ?
Evidemment, comme nous en parlions un peu plus haut, il est bien plus
facile d’accepter d’être le « créateur de sa vie », à la tête d’une « mission
»… quand la vie est belle !
Par contre, quand l’existence est une longue torture, il est infiniment plus
difficile d’accepter ces mêmes idées. Un peu comme celui qui sait se
relaxer… seulement quand tout va bien ! C’est sans doute formidable et très
agréable, mais c’est surtout lorsque tout va mal, quand on est plongé dans la
douleur et le chaos, qu’il faut savoir atteindre le calme.
C’est là que l’on reconnaît le véritable sage. Celui qui se connaît lui-même
et qui a intégré les lois de l’existence.
Et ce n’est pas pour autant que cela en devient facile.
Comme le dit un proverbe anglais : le paresseux appelle chance le succès
du travailleur ! Ce qui vaut aussi pour la réussite psychologique ou
spirituelle. Il est tentant de croire que celui qui parvient à vivre heureux n’a
rien fait pour cela, que tout lui est arrivé sans qu’il n’ait eu à travailler sur
lui.
Encore une illusion, qui coupe de l’atteinte du bonheur et de la réussite
enviée.
Oui, la « chance » existe, ce coup de pouce du destin, mais il faut lui donner
de l’élan : aide-toi et le ciel t’aidera, explique un autre dicton connu. Pas
d’effort, pas d’effet.
Il faut donc avoir le courage de chaque pas.
482
Miracles quotidiens
Cela demande d’abord de se reconnecter aux autres et au monde. Ce que
vous avez fait à la fin du chapitre 1, en travail-lant votre intuition.
Cela demande ensuite de se reconnecter à soi-même, ce que vous avez fait
en reconnaissant votre Inconscient, avec les exercices du chapitre 2.
Cela demande enfin de prendre conscience et de retrouver les commandes
et la direction de sa vie, ce que vous avez fait en suivant les exercices du
chapitre 3.
Il serait tout à fait normal et compréhensible que vous soyez encore à
travailler un niveau particulier, 1, 2 ou 3. L’atteinte de l’harmonie dans
l’une de ces strates d’existence prouverait déjà une vie réussie.
Il n’y a aucune honte à travailler à atteindre la plénitude du niveau 1 alors
que d’autres se vantent d’être au 3ème palier.
Comme déjà dit, il serait stupide et inutile de sauter des étapes, car alors
aucun travail, aucune évolution ne serait réellement faite, chaque niveau
étant nécessaire au suivant.
Si vous en êtes donc à la première étape, c’est parfait : continuez jusqu’à y
être à l’aise et vous sentir mieux dans la vie. Vous aurez alors plus réussi
que tout autre.
Idem pour les étapes suivantes. A chacun son rythme. Je ne veux pas qu’en
vous donnant à chaque fois les exercices pour le niveau suivant vous soyez
tenté de brûler les étapes. Cela gâcherait tout votre travail d’évolution
personnelle.
Il y a bien un « secret » qui permet de vivre pleinement heureux, de réaliser
ses rêves. Il est dans l’atteinte de l’harmonie dans chaque cycle de vie. Ce
n’est que lorsque votre être profond, inconscient, aura fait le chemin, que
vous pourrez vivre en conscience et faire de vos rêves des réalités.
En attendant, tant que vous posez une volonté ou un désir dans l’existence,
et que la Vie vous apporte autre chose que ce dont vous rêviez, c’est que
vous avez à travailler sur votre Inconscient. La véritable Conscience
s’atteint ainsi…
483
Miracles quotidiens
EXERCICES
Comme de coutume dans les exercices qui concluent chaque chapitre de ce
livre, nous allons quelque peu déborder de notre sujet. Au chapitre sur
l’Hypnose Ericksonienne, vous ne vous êtes pas contenté de « faire
confiance à votre Inconscient » comme l’aurait souhaité Erickson : vous
vous êtes permis d’en prendre la direction, de lui donner des directives !
Au chapitre sur la Nouvelle Hypnose, vous êtes allé un peu plus loin encore
en cherchant à reprogrammer les schémas qui dirigent votre vie en sous-
couche. Vous avez même appris à manipuler directement les données
inconscientes. Tout ceci pour vivre « Un-conscient », non plus mené par le
bout du nez par des choses dont vous ignoriez l’existence, mais conduit
dans la vie par des programmes automatiques que vous avez vous-même
choisis et mis en place.
Comment pourrions-nous faire mieux en Hypnose Humaniste, tout en
restant dans l’Hypnose, c'est-à-dire dans le cadre d’une intervention
structurée, technique ?… Un thérapeute fait cela avec la personne qu’il
guide : il explique, dirige, montre des voies possibles. C’est de la thérapie.
L’obtention d’un état de conscience plus vaste, utile, mais momentané.
N’aimeriez-vous pas aller plus loin, aujourd’hui ? Et pour le final de ce
livre, quitter le domaine de l’Hypnose, prendre votre envol et faire de ces
états extra ordinaires de conscience votre pain quotidien, ordinaire ? Non
plus accéder ponctuellement à ces états élargis de conscience, mais devenir
une personne qui existe à son plus vaste potentiel, 24h/24 ?
L’Hypnose, même « humaniste », est la création provisoire d’un état
spécifique de conscience facilitant d’obtention d’un résultat souhaité. Je
vous propose de marcher sur le chemin de vous-même, au quotidien…
Entrons dans la magie !
484
Miracles quotidiens
1. Comme l’électricité conduit vos paroles dans les câbles téléphoniques,
l’énergie est le véhicule de l’Information. Or, votre plus grande Conscience
est constituée d’Information !...
Vous n’en aurez donc jamais assez. Le souci est que votre corps s’est
habitué à un certain niveau énergétique, et qu’il fera tout pour chasser ce
qu’il prendra pour un excédent. C’est un peu comme lorsque vous êtes
surexcité(e), votre corps entre en ébullition – vos hormones aussi – et vous
avez soudain très envie de faire l’amour ! C’est la solution que choisit votre
corps pour « éliminer » ce qu’il estime être une surcharge.
Vous pourriez tout aussi bien devenir agressif, provoquer une dispute (très
énergétivore !), manger, aller faire du sport, etc.
Alors, normalement, le fait d’avoir travaillé sur votre Inconscient devrait
avoir libéré votre capacité énergétique. Si vous vouliez mettre 500 litres
d’eau dans un aquarium de cette même contenance, mais rempli de vieilles
choses, cela déborderait ! Non pas que l’aquarium ne fasse pas 500 litres,
mais il est déjà plein de déchets… Votre travail sur l’Inconscient doit avoir
déjà bien vidé votre aquarium – ce qui a déjà dû vous remettre en énergie.
Disons donc que vous êtes prêt à gagner encore un peu plus d’énergie…
Parfois, on se plaint de manquer d’énergie, de ne pas avoir « la pêche » ! Un
peu comme un poisson qui se plaindrait de manquer d’eau… Car, de toute
évidence, nous vivons tous sur une immense pile électromagnétique. La
Terre est un gros aimant : son rayonnement magnétique est si puissant qu’il
nous protège des vents solaires. Sans lui, nous serions tous grillés, depuis
bien longtemps. Donc, nous sommes une fine limaille de fer, posée sur un
gros aimant. Nous sommes aussi plein d’énergie que possible… Comment
pourrions-nous en manquer ? Tout simplement parce que notre corps est
comme une éponge : il ne s’emplit et retient l’énergie que parce qu’il vibre.
Imaginez que les courbes d’une vibration dessinée soient les alvéoles d’une
éponge.
485
Miracles quotidiens
Quand cela ne vibre pas, les alvéoles se referment. Quand cela vibre, cela
ouvre les alvéoles. Quand cela vibre très très vite, cela fait en vous des
milliards de très petites alvéoles, un peu comme les matériaux microporeux,
capables de retenir des dizaines de fois leur poids en volume d’eau : une
super éponge !
Pour vous gorger au mieux d’énergie, il vous faut vibrer le plus vite
possible. C’est le but de ce premier exercice.
Vous trouverez dans le livre « Hypnose Humaniste » plusieurs techniques
différentes pour augmenter votre niveau vibratoire.
J’aimerais plutôt vous proposer ici la technique de Sylvain Lancelot, un de
mes amis et collègue hypnothérapeute. Le jour où il l’a découverte, il était
tellement ré-énergétisé qu’il n’a pas fermé l’œil de la nuit ! C’est vous
dire…
Il vous l’expliquerait probablement différemment. Je vous donne ici ce que
j’en ai compris – ma façon de faire :
• Fermez les yeux, afin de vous connecter à l’expression subtile de ce que
vous êtes ;
• Imaginez-vous comme un nuage électromagnétique, vibrant de vie,
d’énergie ;
• Vérifiez si vous êtes « dans » votre corps ou si vous le voyez de dehors…
Si c’est le cas, remettez-vous en phase en dirigeant le nuage
électromagnétique autour du corps. Voyez le nuage entourer et pénétrer
votre corps ;
• Prenez conscience que toutes vos cellules sont comme de petites ampoules
: elles vont toutes s’allumer au contact du nuage (votre Conscience),
chassant par-là même toute obscurité en vous. Dedans, au cœur des cellules,
puis jusqu’à fleur de peau, et enfin tout autour de vous, voyez et ressentez
combien toute cette Lumière incarnée embrase l’air, loin au-delà de vous !
• Envoyez un grand MERCI à votre corps d’exister et de vous soutenir et
recevez en retour l’immense MERCI des milliards de cellules qui vivent en
vous et par vous.
486
Miracles quotidiens
Vous voilà comme un grand soleil, lumineux et plein de gratitude ! Rien ne
vibre plus vite que la lumière : vous venez d’augmenter d’un coup votre
niveau vibratoire, et avec lui votre capacité à vous emplir d’énergie – ce qui
se fera maintenant tout seul, puisque vous êtes devenu une « super éponge »
!
Parfois, quand un exercice ou une expérience ne donne pas le résultat
souhaité, demandez-vous si vous aviez l’énergie pour réussir la chose.
N’avez-vous jamais remarqué comme tout fonctionne mieux, presque tout
seul, quand vous êtes en forme, joyeux et sautillant ? L’énergie attire
l’énergie. C’est un tourbillon, avec vous comme épicentre.
2. Le deuxième exercice ressemble à ce que vous avez fait quand vous
étiez à la chasse aux schémas inconscients. Il s’agit de vous reconnaître
responsable de tout ce qui vous arrive : surtout et même quand c’est le pire !
Dites-vous bien que c’est « une partie » de vous qui a fait ça… Pas vous
consciemment, bien sûr : encore un tour de votre cher ami l’Inconscient !
Qu’à cela ne tienne, vous aller remettre de l’ordre dans tout cela. Après
tout, qui est le patron ?
Une expérience a montré qu’en plaçant des images subliminales de Pepsi
dans un film, les gens ont envie de boire du Pepsi, mais s’ils trouvent du
Coca en magasin, l’image publicitaire de cette marque est tellement forte
qu’ils achètent quand même Coca, malgré les images subliminales « Pepsi
».
Notre volonté devient la plus forte quand elle se pare de conscience ! Le
Savoir fait basculer le conscient d’un état de perception-réaction à un état
de décision – le premier est esclave de l’Inconscient, le deuxième en est le
maître.
En prenant conscience de ce que vous créez dans votre vie, ces schémas
cessent d’être inconscients. Vous savez qu’ils existent, ils ne vous mènent
plus par le bout du nez. Et vous pouvez choisir de faire ce qui vous plaît, et
non ce qu’on vous a mis dans la tête, même de manière subliminale.
487
Miracles quotidiens
3. L’expérience suivante consiste à savoir se mettre en état élargi de
conscience. Je vous ai présenté une façon résumée de penser et d’accomplir
ce processus d’ouverture de conscience, à la page 307. Voyons comment
nous pouvons l’améliorer. En Hypnose, la technique d’induction
hypnotique sert à plonger les gens dans l’inconscience : on accentue à tel
point les réactions inconscientes qu’elles finissent par prendre le dessus sur
la personne. Cette manœuvre est facilitée par le fait que la quasi-totalité des
personnes sont déjà très déconnectées « Conscient-Inconscient ». C’est un
jeu d’enfant que d’accentuer la cassure naturelle et envoyer balader le petit
conscient, ne laissant aux commandes que l’Inconscient.
Celui-ci ne faisant rien par lui-même, l’hypnotiseur se charge alors de lui
donner les directives thérapeutiques.
Toutefois, à la fin de la séance d’Hypnose, il faut bien
« faire revenir » la personne. On ne peut pas la laisser endormie !
C’est précisément cette technique de réveil que nous allons utiliser, mais à
partir de l’état ordinaire de conscience.
Comme nous en avons déjà parlé, pages 313 et 314, il survient alors un
phénomène curieux : la personne soi-disant déjà pleinement réveillée…
s’éveille !!
C’est donc tout à fait lucide, uni à la totalité de vous-même, que vous
pourrez pleinement vous exprimer. C’est en agissant depuis votre être
global que vous posez vraiment une action en conscience, alignée sur tout
ce que vous êtes : conscient et Inconscient, corps, âme et esprit.
Ce devrait être, à l’idéal, notre état d’être au quotidien.
Voyons une technique simple, parmi celles que propose l’Hypnose
Humaniste, pour atteindre cet état holistique.
La première chose à bien comprendre est qu’il n’y a rien à
« atteindre ». C’est une prise de conscience. Un éveil. Tout est déjà là,
présent, en nous. Il s’agit de retirer la cataracte sensorielle et émotionnelle
qui nous aveugle et nous diminue.
488
Miracles quotidiens
Prenons comme base une induction hypnotique de Nouvelle Hypnose, et
inversons-la. L’induction en « spirale sensorielle »
part de ce que perçoit la personne autour d’elle, puis resserre cette
perception en un repli sur soi qui finit par couper la personne du monde
extérieur. La personne est comme dans un autre monde, elle est « ailleurs ».
Ne reste plus que son esprit Inconscient, la marionnette, et l’hypnotiseur, le
marionnettiste.
Heureusement, dans la majorité des cas, une bonne part de l’esprit conscient
de la personne reste en observateur, ce qui lui permet de savoir ce qui se
passe et – éventuellement – de diriger quelque peu les manœuvres.
En procédant à l’inverse de cette technique hypnotique, nous obtiendrons
une « ouverture d’esprit » à la place de la traditionnelle dissociation. Il
s’agira de bien veiller à toujours rester associé, acteur de l’expérience,
présent à soi-même, ici et maintenant, enraciné Terre-Ciel – ce qui n’est pas
forcément évident, surtout quand on a l’habitude de la cassure Conscient
/ Inconscient, ou l’expérience de l’Hypnose habituelle.
• Tout d’abord, remarquez ce que vous voyez autour de vous. Ce point,
considéré comme votre plus vaste perception, en Hypnose habituelle, à
partir duquel on travaillera à focaliser la personne, sera pour nous votre «
plus petite attention ».
Notez mentalement trois ou quatre éléments visuels, puis autant d’éléments
auditifs (bruits, sons, etc.) et vos sensations physiques. Restez dans l’idée
de modifier votre état habituel de conscience, d’entrer en transe hypnotique.
• Fermez les yeux et prenez une grande et lente inspiration, comme pour
laisser entrer le monde en vous… Laissez doucement repartir l’air de vos
poumons et suivez-le mentalement.
Vous savez que vous respirez le même air que vos voisins.
L’air qui est en ce moment dans vos poumons était peut-être il y a un instant
dans les poumons d’une personne qui passait sur le trottoir devant chez
vous… C’est l’air du monde.
489
Miracles quotidiens
Sentez-vous connecté aux gens qui habitent votre quartier, votre ville, votre
région… Laissez votre esprit imaginer le plus de détails possibles sur tous
ces gens, leur habitat, leurs habitudes, ce qu’ils font maintenant :
- Voyez en imagination les autres pièces de l’endroit où vous faites cette
expérience ; dites-vous que votre esprit voyage à travers ces pièces. Notez
que vous êtes à la fois conscient de ce qui se passe en vous, autour de vous,
et visitez en imagination la maison ou l’immeuble, puis la rue… Voyez les
gens passer, suivez les voitures… Revenez mentalement chez vous – si
vous habitez un immeuble, imaginez l’activité de vos voisins. Imaginez-
vous partager leur vie… Repensez au grouillement de la vie extérieure
: voyez les
voitures parcourir la ville, y entrer et en sortir ; suivez celles qui s’éloignent
; dépassez-les et percevez les paysages comme si vous étiez un oiseau… et
laissez votre esprit voyager – tout en restant bien conscient d’être assis ou
allongé tranquillement chez vous.
Guettez sur vous les petits signes d’un état d’hypnose : absence de
déglutition, peut-être un peu froid si c’est l’hiver, absence de mouvement et
légers tressail-lements spasmodiques des doigts, de temps en temps,
mouvements involontaires des yeux, des paupières, etc.
- Entendez ce qui se passe autour de vous, en même temps que vous laissez
votre imaginaire voyager – je veux dire que cette étape ne suit pas la
précédente, elle lui est simultanée : si vous n’êtes pas très auditif/ve, il
faudra vraiment penser à porter votre attention sur les sons, les paroles et
les silences. Le bruit des pas de cet homme qui s’éloigne sur le trottoir. Le
bruit de votre respiration, qui se fait désormais entendre. Les voix d’enfants
qui jouent dans le parc voisin. Entendez tout cela, en imagination. Laissez-
vous porter…
490
Miracles quotidiens
- Ressentez aussi le plus de choses possibles : l’air qui vous entoure et
caresse votre peau, votre visage ; l’air qui entre dans vos poumons, comme
au début de l’expérience ; le poids de votre corps, là où il repose ; vos
vêtements ; éventuellement les odeurs de la pièce…
Imaginez que vous pouvez sentir aussi les odeurs différentes des autres
pièces et remarquez que l’air est le même, partout dans le monde, sauf dans
ses odeurs.
Finalement, l’air de la rue qui est entré dans votre maison est devenu l’air
de la cuisine en prenant l’odeur de cette pièce-là, mais cet air aurait pu
devenir l’air du salon ou de la chambre. Un peu comme les cellules de votre
corps, à peu près toutes identiques, si ce n’est dans leur fonction, leur
localisation dans le grand système qui vous fait, vous… Un peu comme
toutes les petites cellules humaines du grand système social qui nous
abrite… Remarquez comme la petite goutte d’eau dans l’océan peut
facilement se sentir être l’océan, tout en gardant la conscience d’elle, petite
goutte d’eau… Toujours la même eau. Comme l’énergie qui nous parcourt
toutes et tous… Et l’air que nous respirons… Sentez-vous de plus en plus
relié à toutes les personnes que vous voyez et que vous entendez…
Sentez- vous être ces autres petites gouttes d’eau dans l’immense océan de
la vie… Sentez-vous être l’océan lui-même… Il est fait de milliards et de
milliards de gouttes d’eau, comme vous… La même eau !
Votre esprit étant resté bien conscient – et même plus – des choses qui vous
entourent, dans la pièce où vous vous trouvez, et conscient en plus de toute
la vie qui fourmille tout autour de vous, dans toute votre maison, votre
quartier, votre ville, votre pays… et pourquoi pas, sur toute la Terre, et
même dans l’univers tout entier : votre esprit embrasse littéralement toute
cette vie, à laquelle vous êtes maintenant connecté.
491
Miracles quotidiens
Vous pouvez intégrer à votre conscience élargie le fait de vous enraciner à
la Terre-Mère et au Ciel-Père, afin d’être solide en vous-même et par
rapport au monde. Vous pouvez même laissez venir à vous les symboles du
fonctionnement de votre esprit Inconscient : ballet coloré et virevoltant – ce
que nous ferons de toute façon au point 4.
Après 5 à 20mn de cette méditation active, rouvrez simplement les yeux et
reprenez vos activités.
Pas besoin de « revenir ici et maintenant » car vous n’êtes parti nulle part,
au contraire, vous étiez partout ! Il est tout à fait possible de rester dans
cette conscience élargie en permanence - on finit même par s’y habituer et,
au contraire, c’est lorsqu’on en est déconnecté que plus rien ne va comme
on veut : plus d’heureux hasards, plus de bonnes idées, plus de coïncidences
aidantes, plus de signes. Il suffit alors de se « reconnecter » au monde, à la
Vie, pour que tout revienne en ordre !
L’être humain est probablement le seul habitant de cette planète à être
persuadé de son individualité. Il s’imagine être séparé de toute vie,
autonome et sans besoin – or il n’existe et ne survit que grâce à toute la vie
autour de lui.
Cette anomalie de pensée est source de la quasi-totalité de nos
embêtements, à titre individuel, social et collectif.
Comme l’expliquait Albert Einstein : « Un être humain est une partie du
tout que nous appelons Univers... une partie limitée dans le temps et dans
l'espace. Il fait l'expérience de lui-même, de ses pensées et de ses sentiments
comme séparés du reste – une sorte d'illusion de sa conscience.
Cette illusion est comme une prison pour nous, nous limitant à nos désirs
personnels et à n'avoir de l'affection que pour les quelques personnes qui
nous sont les plus proches.
Nôtre tâche doit être de nous libérer de cette prison en élar-gissant notre
cercle de compassion afin d'embrasser toutes les créatures vivantes, la
totalité de la nature et sa beauté. »
492
Miracles quotidiens
4. Première application, intérieure. Vous allez recommencer l’exercice de
la page 307, mais sur des matériaux informationnels, constitutifs, et non
plus simplement sur des ingrédients déjà stockés en vous. Imaginez un X
dont vous êtes le centre : la croisée du X est le moment présent ; en dessous
du X, c’est le passé, la mémoire de tout ce que nous avons fait, vous et moi,
nos parents et l’Humanité tout entière ; c’est l’Inconscient individuel et
collectif. L’Hypnose permet d’agir sur ce matériau inconscient, qui
supporte le présent mais qui n’est constitué que de « passé ». Voyons si
nous pouvons intervenir sur le dessus de ce X vertical, non pas le futur,
mais ce qui crée le présent : la Conscience, l’Information de l’univers.
L’Inconscient intervient en toutes choses ½ seconde avant notre esprit
conscient, qui n’est donc que le spectateur après coup de ce que nous a fait
faire l’Inconscient. En intervenant au niveau Inconscient, nous agissons au
fondement de nos pensées, sentiments et actions (ou inactions)
quotidiennes.
Or, l’Inconscient, nous l’avons vu en Hypnose, n’agit que sur commande :
il fait ce qu’on lui demande et ne fait rien tant qu’il n’en a pas reçu la
suggestion, l’injonction. La personne malade peut mourir de son mal sans
que son Inconscient ne fasse rien… tout simplement car personne ne lui a
demandé d’intervenir. Si un hypnothérapeute pose les bonnes suggestions,
l’Inconscient se met en branle, active nos ressources profondes et, bien
souvent, parvient à sauver la personne.
Pourquoi ne l’a-t-il pas fait avant que le thérapeute n’inter-vienne ? Parce
qu’il est incapable d’agir seul. Il faut « quelque chose » pour le pousser à
l’action : la Conscience – que ce soit celle d’une autre personne (ici, le
thérapeute) ou la vôtre.
Donc, autant que ce soit la vôtre ! On n’est jamais mieux servi que par soi-
même… Le souci est que ce Soi-même est si profond et vaste qu’il nous est
tout aussi caché que l’Inconscient. Il faut un processus, l’induction
hypnotique « en ouverture » en ce qui nous concerne, pour l’atteindre et
nous en servir.
493
Miracles quotidiens
Vous êtes donc en Etat Elargi de Conscience – ce que l’on appelle dans le
jargon un « Etat Extraordinaire de Conscience ».
Que se passe-t-il quand, dans cet état, vous dirigez le faisceau de votre
attention sur un domaine particulier de la vie : votre Inconscient, vos
émotions, par exemple ? Il vous vient à l’esprit des symboles, tout comme
lorsque vous avez fait l’exercice de la page 307. Mais… sont-ce les mêmes
?
Oui et non : si vous avez dirigé votre attention sur l’Inconscient, il est
normal que vous ayez appelé les mêmes matériaux, par contre, en EEC,
votre perception de ces rouages inconscients et les actions qui vont vous
être possibles ne seront plus du tout les mêmes ! Vous n’intervenez plus «
de l’intérieur », mais d’une position globale, holistique – hors Inconscient.
Je vous explique : lorsque vous êtes vraiment en Conscience, plus rien
n’apparaît sous forme sensorielle : plus d’image ou de son, de ressenti ou
d’émotion. Vous n’êtes pas dans l’Inconscient, et vous n’êtes même plus
dans la strate de votre âme, ce vaste « inconscient extérieur ». Vous avez
atteint ce qui constitue tout le Système, un niveau de pure Information.
Si vous percevez des symboles alors que vous êtes en EEC, c’est que vous
êtes plus bas, dans la strate de l’âme : celle où existe tout ce qui vit. C’est
normal et c’est le niveau habituel d’intervention en Hypnose Humaniste,
celui qui nous intéresse le plus, finalement. Ici, vous êtes vous-même et au-
delà de vous- même. Même si vous vous intéressez aux mécanismes de
l’Inconscient, ceux-ci seront perçus de façon neutre, de l’extérieur et non
de manière filtrée, de l’intérieur : par exemple, d’ordinaire, si votre
Inconscient vous fait voir la vie en bleu – comme si vous aviez des lunettes
bleues sur le nez –
et qu’à travers ce filtre vous regardez le soleil, de quelle couleur le
percevez-vous ?... Vert ! Alors, que ce n’est pas du tout la réalité. Le soleil
est plutôt jaune-doré. Vous ne le voyez autrement qu’à cause des filtres de
votre esprit Inconscient.
Pour une action juste, il faudrait agir sans filtre.
494
Miracles quotidiens
En conscience, vous avez bien contacté le même matériau inconscient, mais
vous vous rendez compte de sa vraie couleur
– « oh ! il est tout bleu ! » – et de la réelle couleur de tout ce qui vous
entoure. Votre action est ainsi libre des schémas inconscients qui dirigent
habituellement votre existence.
En appliquant l’exercice de la page 307 en Etat Elargi de Conscience
(EEC), vous n’agissez plus à travers des filtres, quasi en aveugle, mais en
toute conscience, au plus proche de la réelle réalité des choses qui vous
font.
Et si vous appelez ce qui fabrique votre quotidien, non pas ce qui
provient de votre Inconscient, du passé, mais les rouages de la grande
Conscience elle-même, ce qui crée le présent, vous verrez apparaître de la
même façon des symboles : lumières, formes, objets, personnages, etc. Car
votre esprit conscient, celui qui voyage, que ce soit dans l’Inconscient ou la
grande Conscience, n’a pas la puissance de traitement nécessaire à la
perception de tels flots gigantesques d’Information ! Alors, il leur donne
une forme acceptable pour vous, proche de ce que vous connaissez.
L’Inconscient et la Conscience sont comme un papa ou une maman qui
raconte une analogie à son enfant, un conte, pour lui expliquer quelque
chose de bien trop compliqué pour son âge. Notre petit conscient arrive
ainsi à se « faire une idée » utilisable des matériaux fondamentaux qui
pourront alors être travaillés.
La différence entre un travail en Hypnose ordinaire et un travail en Hypnose
Humaniste est donc radicale : l’une agit sur du « déjà vécu », qui influence
certes votre réalité, mais qui ne lui est pas fondamentale ; l’autre intervient
sur ce qui crée votre réalité. Imaginez pouvoir transformer ce qui
fabrique votre présent ! C’est ce que vous faites en modifiant les
symboles perçus en Etat Elargi de Conscience.
Et rapidement, vous vous rendrez compte que, non seulement vous pouvez
modifier ce qui bâtit votre réalité, mais que vous pouvez également créer
vous - même votre réalité !
495
Miracles quotidiens
5. Seconde application, extérieure. Créer sa réalité ! …
La physique quantique nous montre que tous les potentiels co-existent en
permanence. C’est la conscience de l’observateur qui fait « s’effondrer dans
la réalité » un évènement plutôt qu’un autre, en se posant sur cet évènement
en particulier.
D’autre part, la théorie des cordes va encore plus loin en démontrant que
ces petites choses en forme de corde, qui vibrent au cœur des plus infimes
particules qui nous composent, peuvent en fait s’étendre de manière si vaste
que parfois elles peuvent atteindre la taille d’une galaxie tout entière, et
peut-être même de notre univers… Ce qui forge notre corps serait donc la
même chose que ce sur quoi repose toute la Création. Une Information
unique pour un univers uni !
Nous sommes tous Un : la petite goutte d’eau fait l’océan.
Elle est l’océan et l’océan n’existerait pas sans elle. La petite goutte d’eau
est Tout en même temps qu’elle est elle.
La science moderne explique qu’au niveau fondamental, et jusqu’au cœur
de nos cellules, de nos atomes, l’univers est fait d’Information. Nous
baignons dans une réalité, dont nous sommes un fragment, qui est fait d’une
chose qui nous fait nous aussi… L’eau peut bouger et ainsi agir sur les
courants de l’océan : vous aussi, vous pouvez faire bouger le monde !
La première et plus intéressante façon de vous entraîner à créer de
nouveaux courants de vie est d’agir sur votre vie quotidienne, en mobilisant
ce qui vous fait, vous : vos pensées, vos sentiments, ce à quoi vous croyez,
ce que vous faites dans votre vie… Voyons comment rendre vos rêves
réalisables.
Vous êtes devenue la personne à qui peuvent arriver vos rêves ? Vous avez
pris conscience que la première chose qui agit sur votre réalité est votre
Inconscient. C’est lui le patron, puisqu’il intervient toujours avant que vous
ne le sachiez.
Vous avez donc fait en sorte de vous harmoniser à votre esprit inconscient,
afin que vos désirs soient ses désirs et que ses désirs soient vos désirs ?...
Alors : allons-y !
496
Miracles quotidiens
Il semblerait que l’univers fonctionne comme un hologramme : de la plus
vaste à la plus petite des choses qui le composent, tout contient Tout. Vous
êtes un reflet miniature de l’univers et l’univers ressemble beaucoup au
système de vos atomes…
L’Information qui explique à vos cellules où se placer dans votre corps et
quoi y faire est la même Information qui structure les corps stellaires et
planétaires et qui parcourt l’univers.
Il existe de multiples manières de jouer sur votre présence au sein de
l’immense océan de la réalité, afin d’en diriger les courants – en
collaboration et en harmonie avec la Vie. J’en ai présenté plusieurs dans le
roman « Core Gem » (cf. biblio).
En voici une autre, inédite :
• Si vous voulez vraiment créer votre réalité, vous, et non votre cher
Inconscient, il vous faut vivre le plus possible en conscience. C’est un idéal
pour beaucoup d’entre nous. Donc, en attendant d’être éveillé au quotidien,
avant de créer quoi que ce soit il va falloir vous mettre en ouverture de
conscience, en connexion au Tout, grâce à une induction Humaniste.
Utilisez par exemple celle que je vous ai expliquée à la p. 489.
Puis…
• Récapitulez votre situation. Embrassez l’entièreté de votre vie telle
qu’elle est précisément maintenant, prenez-la à bras le corps. Déplacez
ensuite votre attention sur la situation à modifier ou à créer ; (re)penser au
moindre des détails de cette situation va densifier l’expérience, incarner
l’Information.
Veillez en faisant cela à rester bien neutre, à ne pas projeter de solution ;
restez dans les faits ! Il s’agit de créer une
« boule de pensées » de ce qui vous constitue au jour d’aujourd’hui, non de
vous lancer dans vos rêves et espoirs.
Il n’est pas évident de garder cette neutralité et de faire entièrement
confiance à la Vie – quand nous souhaitons qu’une situation retrouve son
harmonie, nous avons la plupart du temps une idée sur le comment…
Laissez plutôt faire la Vie !
497
Miracles quotidiens
Si nous savions réellement ce qui est le meilleur pour nous, consciemment,
nous n’en serions pas à appeler une solution !
Acceptez donc que la Vie ait probablement une autre idée que vous sur la
situation et laissez-la reprendre son cours, quel qu’il soit – même si je sais
bien qu’accepter cela à un côté effrayant, quand la situation nous tient
vraiment à cœur.
Vous vous rendrez compte, après, que la Vie fait toujours le meilleur pour
vous, même si on ne le comprend pas toujours sur le moment.
• Puisque vous êtes en conscience, connecté au Tout, un avec l’océan de la
Vie, vous pouvez tout autant explorer le fond de cet océan, ou la mi-eau,
comme vous venez de le faire, qu’aller flirter avec la lumière, au raz des
vaguelettes de votre surface. Alors : allez-y ! Elevez-vous pour emporter
à la Conscience l’Information que vous venez de densifier.
Cette Information va se corriger, s’épurer, trouver sa solution, se
rééquilibrer, se guérir ou s’harmoniser à la Lumière du Tout. Veillez à vous
élever en Vous-même, petite goutte d’eau dans l’océan, unie à toute la
grande eau autour, et qui explore ce dont elle fait partie. Quand on s’élève
en dissociation, l’Information qui nous constitue dans le monde incarné
reste
« en bas ». En vous élevant « corps et âme », « en votre âme et conscience
», c’est tout ce qui est Vous qui s’élève et vient se rééquilibrer spontanément
au contact de la Conscience.
Comme en phase 2, vous n’avez pas à proposer de solution, ni même à
penser à une issue possible, à votre avis « plus favorable » qu’une autre.
Faites confiance à votre plus haute Conscience, qui sait mieux que votre
mental ce qu’il vous faut à tous les niveaux (physique, émotionnel, etc.). Il
a dû vous arriver parfois de vivre une expérience désagréable qui s’est
révélée être finalement un grand bien dans votre existence. Ce que vous
aviez pris au premier abord pour un « mal » était en fait «
la solution
», mais vous ne l’auriez pas adoptée
volontairement… alors, la Vie vous a un peu poussé aux fesses 498
Miracles quotidiens
pour que vous preniez votre chemin. Ici, c’est un peu la même chose, en
plus doux, car vous n’opposerez pas de résistance.
Laissez-vous emporter et guider par la vague !
L’Information incarnée, qui vous constitue ici-bas, va s’en-richir, s’épurer et
se ré-harmoniser au contact de la Conscience.
Puis…
• Réorientez votre attention, précédemment dirigée vers la lumière, à
effleurer les vaguelettes, et laissez-vous reposer à mi-eau ou vers le fond, au
contact de la matière, de tout ce qui fait notre monde ici-bas – mouvement
continuel de l’eau qui vient se nourrir au soleil puis emporte sa lumière
dans le ventre de l’océan. Il s’agit de ramener votre attention vers
l’intérieur de vous-même, comme un phare qui peut illuminer telle ou telle
partie du paysage : orientez votre phare sur votre réalité présente tout en
conservant jusqu’au cœur de vos cellules la lumière qui vous a
rééquilibré, qui a créé pour vous un avenir différent, « idéal » (dans le sens
de
« proche de l’Idée » : la plus belle vision de Vous-même).
La Lumière de la Conscience a imprégné votre esprit subtil, puis votre âme,
puis elle s’est mêlée à l’énergie qui parcourt votre corps et a continué sa
descente dans la matière, jusqu’au creux de vous-même, pour nourrir votre
mémoire cellulaire, la re-programmer – agir sur la mémoire de l’eau de
votre corps, l’eau qui vous constitue à 70%, rappelez-vous !
Vous avez peut-être déjà vu une goutte d’eau photographiée par le procédé
Kirlian, avant et après qu’on lui ait envoyé des pensées d’Amour ? Cet
appareil permet de visualiser les champs d’énergie. La première photo
Kirlian montrait juste un petit cercle d’eau, neutre, et alors que personne n’a
touché à la goutte d’eau ou à l’appareil d’imagerie sur lequel elle est posée,
la seconde photo, prise après le flot de bonnes pensées, dévoile comme un
petit soleil miniature : la goutte d’eau rayonne de l’énergie qu’elle vient
d’acquérir !
499
Miracles quotidiens
La démonstration est faite également par le japonais Masuru Emoto, avec
ses photos de cristallisation d’eau : l’eau qui gèle fait de petits cristaux ;
quand on lui envoie des pensées de haine, on voit que les cristaux d’eau
sont tout déformés, chaotiques ; alors que si on envoie plein d’Amour à
cette eau, même simplement en diffusant une musique agréable ou encore
en l’étiquetant avec le mot « Amour » : les cristaux sont d’une grande
beauté, harmonieux et épanouis.
Et nous ne sommes pratiquement faits que d’eau !! Voyez l’importance de
vous « charger » positivement.
Votre mémoire cellulaire étant ré-harmonisée, tout comme votre esprit
inconscient et votre âme, c’est toute la chaîne transgénérationnelle qui est
réorientée. Vous vous dirigez vers un avenir meilleur, plus conforme à vos
rêves.
~oOo~
Tout cela peut paraître magique ou merveilleux, mais c’est le résultat d’un
long processus d’évolution : les plus beaux rêves ne se réalisent («
deviennent réels ») que si vous êtes déjà à l’image de ces « plus beaux rêves
».
C’était l’objet de tous les exercices précédents de ce livre : vous aider à
devenir le réceptacle de ce que vous pouvez créer.
Je rêve de bonheur, une « Information » capable de vibrer de la manière la
plus pure dans ma vie, de m’apporter toute la joie et le plaisir que je
souhaite… mais je reste dans le doute, une vibration informe et chaotique.
Même si j’attirais à moi toute la Lumière possible, elle ne pourrait pas
rester : mon
« éponge » (voir page 486) est encore trop grossière, elle est incapable de se
gorger d’un élément aussi fin et subtil.
On ne force pas l’évolution de la conscience, la petite part ici-bas de la
grande Conscience, ce reflet incarné qui a besoin de guérir et de grandir.
C’est votre mission à vous, de devenir l’être à qui peuvent arriver vos rêves
les plus beaux !
500
Miracles quotidiens
Par ailleurs, cette particularité du fonctionnement de la vie vous protège : si,
chaque jour, j’envoie de mauvaises pensées et que je vibre négativement,
mon corps et mon âme sont tout à fait en adéquation avec ce que je suis en
train de « créer » et je réalise/rend réel tout le mal possible dans mon
existence…
Comme je suis inconscient, et qui plus est forcément encore plus
inconscient de ce processus, non content d’avoir fait mon propre malheur, je
m’en plains !...
Il peut arriver à tout le monde d’envoyer de mauvaises pensées : je ne suis
pas parfait et il n’y a pas besoin d’être parfait pour être heureux. Cette idée
est une légende, une illusion qui éloigne et sépare du bonheur. Vous êtes
déjà parfait, aujourd’hui. Ce qui nous manque à tous est de vivre plus en
conscience. Ainsi, je suis énervé et j’envoie des pensées que je sais
dégradantes, pour moi ou les autres : mais j’en prends conscience, je peux
basculer vers plus d’Amour, de positif, et devenir ainsi imperméable aux
mauvaises choses. Ouf !
C’est cette « inversion de phase » qui va vous protéger. Et c’est ainsi que
l’on comprend très concrètement la fameuse injonction « aime ton ennemi »
– car si une personne vous souhaite vraiment du mal, et si vous êtes vous-
même dans cette même vibration, alors vous faites un récepteur parfait pour
une vie de malheur ! Alors que si vous parvenez à rester dans l’Amour, les
bonnes vibrations, il y a incompatibilité entre les vibrations envoyées et
votre réceptacle à vous : vous devenez imperméable aux mauvaises choses !
CQFD.
Donc, quand vous créez votre vie, ayez profondément et totalement
confiance en ce que vous venez de faire : sentez-vous déjà bien, soyez bien
et heureux par avance.
Croyez que vous êtes déjà heureux (par anticipation) et vous le
deviendrez vraiment – car vos bonnes pensées vont créer un pont entre le
rêve et la réalité ; la vie rêvée pourra descendre et s’incarner dans votre
réalité.
501
Miracles quotidiens
6. Gagnons un cran de compréhension sur ce qui fait la Vie.
Nous avons compris que nous sommes tous unis : comment donc prétendre
créer seul notre réalité, séparé de tous ? Il y a là un paradoxe intellectuel :
ou bien je suis créateur de ma vie, ou bien les autres ont une influence sur
moi et tout ne m’est pas accessible… Alors, où est la vérité ?
Comme toujours en Hypnose Humaniste, la vérité est dans le « et aussi »
plutôt que le « ou bien » : vanille ou chocolat ?
Non : vanille et chocolat ! Célèbre principe de gourmandise.
L’idée n’est pas forcément facile à saisir. Pour l’appréhender, il vous faut
vraiment intégrer le fait que nous sommes tous un seul et même organisme
multicellulaire. Prenons l’exemple d’une cellule de votre main : elle vit sa
vie et fait en sorte que votre main se porte bien, elle est donc « seule
créatrice » de sa vie ; mais lorsque vous décidez de lever le bras, elle suit !
Tout simplement parce que « votre volonté » est sa volonté.
C’est le secret du Ainsi soit-il. Vous êtes une parcelle du grand Tout. Quand
vous vivez réellement en conscience avec cela, votre plus grand désir est
le plus grand désir de la Vie.
Pas besoin de vous forcer ou de faire un quelconque effort : ce qui vous
attire, ce que vous aimez est ce que le Tout aime !
Ainsi, nul autre n’est un obstacle pour vous, car il est Vous.
Je peux donc créer ma vie selon ma volonté, car il se trouve que, sans que je
le sache, cette volonté est celle de la Vie elle-même, celle de mon voisin,
des êtres qui vivent partout sur Terre, comme des petits animaux de mon
jardin et des forêts.
Créer consciemment votre réalité (c'est-à-dire avec votre petit conscient)
doit toujours prendre en compte ce fait.
Et c’est ainsi que l’on prend conscience que l’on attire à soi les gens qui
sont nos reflets, les porteurs de messages à notre attention… Que ce soit au
travail, les collègues, les amis, et bien évidemment dans votre couple.
L’autre est votre reflet : vous vous voyez en lui, et vous le sentez en vous ;
il se voit en vous et vous sent en lui. C’est une des clés de la Vie.
502
Miracles quotidiens
Conscient de ce jeu de reflets, quand quelqu’un vous énerve, alors vous
découvrez une facette cachée de vous-même, une part de vous
probablement blessée, à guérir ou faire évoluer.
Allez-vous pour ça vous retourner sur vous-même ? Pas forcément : comme
pour la petite goutte d’eau, envoyez plein d’Amour, de bonnes pensées à la
personne qui vous énerve (votre reflet) et vous l’apaiserez – vous guérirez
cette part de vous-même en guérissant l’autre. C’est magique !
Cela n’a peut-être l’air de rien et vous mettrez peut-être cette idée parmi
tant d’autres dans un coin de votre esprit, pourtant elle est la clé de tout :
votre succès au travail comme en amour, votre joie de vivre au quotidien…
Tout.
Aimez les autres comme vous-même, car ils sont vous-même !
Encore plus magique ? Cette sagesse existe de par le monde depuis
toujours. Certains chamans la pratiquent encore. Ainsi, lorsqu’ils voient
venir à eux un patient, souvent en reflet avec leur problématique
personnelle du moment – comme il arrive aussi aux thérapeutes modernes
et scientifiques, qui n’auront pas manqué de remarquer la répétition de cette
troublante
« coïncidence » – ils savent très bien que la personne malade est un
messager à leur attention, que l’entraide est forcément mutuelle. Alors,
comme je vous l’exposais ci-dessus, ils pourraient guérir l’autre personne
pour se guérir eux-mêmes…
Si tous les thérapeutes avaient cette intention en recevant leurs patients, si
chacun aidait son voisin dans la conscience que nous sommes tous Un, nous
deviendrions rapidement les personnes les plus heureuses et les plus sages
du monde.
Mais ces chamans-là ne font pas ainsi : ils renvoient la personne chez elle
et… ils se soignent, eux ! L’autre étant leur reflet, quand le chaman va
mieux, la personne guérit.
Incroyable, n’est-ce pas ? Et vrai.
Vous aussi, vous pouvez faire cela : prenez soin de votre prochain et
constatez comme vous vivez bien mieux – prenez soin de vous et constatez
combien le monde s’améliore.
503
Miracles quotidiens
7. Après ce premier geste transpersonnel, découvrons comment agir mieux
et de manière plus large : si envoyer de bonnes ondes à une personne peut
changer jusqu’à la structure de l’eau qui la compose, au cœur de ses
cellules, et que cette action me permet en retour de guérir moi-même et de
vivre mieux, il pourrait être important d’auréoler la planète de ces mêmes
« bonnes ondes ». A vrai dire, au moment où j’écris ce livre, il se pourrait
que ce soit une question de survie.
Nous avons vu au point 5 l’importance d’être un réceptacle positif, capable
d’attirer et d’incarner les meilleures choses pour nous. Être capable de se
créer la plus belle des réalités ne servirait à rien si toute la planète venait à
s’autodétruire. Votre île paradisiaque aux Seychelles exploserait avec tout le
reste, car elle fait partie de manière physique du système collectif.
Par sagesse ou par pur égoïsme, peu importe : si vous souhaitez vivre
heureux et longtemps, il vaudrait mieux que ce bonheur soit partagé – sous
peine que la guerre et le chaos ne vous rattrapent, de gré ou de force…
Envoyer de « bonnes ondes » pour plus de paix dans le monde est donc bien
vital, même à titre individuel.
Se croyant séparé et désuni, l’être humain fait la guerre à l’extérieur à des
reflets de lui-même. Il confond ses démons et les autres autours, qui ne font
que lui montrer ce qui est en lui.
Voulant faire disparaître ce qui le blesse, à l’intérieur, l’être humain est en
train d’anéantir le monde extérieur, concret.
Nous partageons tous la même composition organique, notre cerveau et
notre sang sont les mêmes, la plupart de nos pensées et de nos désirs sont
communs à toute l’Humanité. Il n’y a qu’une race humaine, et celle-ci ne
fait qu’une avec la nature qui l’abrite et lui donne vie. C’est cette union qui
crée la confusion, en même temps qu’elle est la clé de notre bonheur
– pour peu que l’on en prenne conscience.
En tant qu’infime particule d’Information parmi toutes celles qui composent
la Création, nous sommes chacune et chacun 504
Miracles quotidiens
les micro-rouages indispensables au fonctionnement de la Vie, capables
d’une influence sur elle, donc sur toute notre existence.
Appelez ce gigantesque flot d’Information « Conscience »,
« Dieu », « Vie », « Nature », « Création » ou « Matrice » et vous
comprendrez ce que les prophètes nous ont tous répété depuis la nuit des
temps : nous sommes tous unis et il n’y a pas de séparation entre la Vie et
nous-mêmes. Nous sommes Dieu.
Imaginez un dieu inconscient, capable de tout sur sa création et vous
saisirez l’importance de tout cela : nous sommes le marionnettiste qui tire
les fils de la Création, et nous jouons avec sans savoir ce que nous faisons.
Nous courons le risque de tout faire exploser – et comme nous sommes très
forts, nous sommes parvenus en moins de cent ans à mettre en place
plusieurs systèmes de destruction planétaire : pollutions, climat, guerres,
génétique, etc.
Tout cela serait parfait pour un suicide, sauf que le suicide est le résultat
d’une décision consciente, causée par la souffrance – et que notre Humanité
est juste en train de se tuer par erreur, par pure inconscience… Bravo !
Nous sommes des bébés créateurs, inconscients de nos actes. Pour rester
uniquement dans le domaine de l’esprit, qui nous intéresse dans ce livre,
prenons l’exemple de nos pensées et de nos émotions. Chacune d’elle est
porteuse d’informations, lesquelles informations constituent le tissu de
notre réalité, elles forgent les structures sur lesquelles reposent les plus
microscopiques particules, elles leur dictent leurs positions et leurs rôles.
Ces informations fondent notre monde matériel aussi bien que
psychologique.
Quand deux atomes collisionnent, ils ne produisent pas seulement de
l’énergie : ils échangent leurs informations. Cela fait de l’univers un
gigantesque système d’échange informatique, si puissant qu’il a développé
une conscience propre.
Pensez-vous que votre présence et vos actes restent neutres au milieu d’un
pareil système synergique ?
505
Miracles quotidiens
Exemple : j’ai regardé un film violent. Durant deux heures j’ai dégagé de
l’adrénaline à haute dose, et donc une Information perturbée, chargée de
peur, de colère et d’agressivité… Mais je sais me tenir, je ne vais pas étriper
quelqu’un en sortant du cinéma ! Par contre, maintenant, cette onde, cette
vibration, cette énergie se promène… et quelqu’un qui sait moins bien se
tenir que moi, plus faible, plus fragile, moins bien éduqué, s’emplira sans
savoir de cette énergie… et agressera quelqu’un !
Nous sommes tous coresponsables du monde dans lequel nous vivons !
Pensez-y la prochaine fois que vous allumerez votre téléviseur ou en
choisissant le film qui occupera votre soirée. Si l’information « violence »
disparaissait de ce monde, les guerres disparaîtraient d’elles-mêmes.
Chaque information dégagée « charge » notre monde. Si vous générez une
information souillée, celle-ci viendra polluer le Système général. C’est un
effet boomerang, dont vous ne serez peut-être pas directement la victime,
mais une autre âme plus sensible ou blessée attrapera cette mauvaise onde
et la réalisera… à cause de vous !
Par contre, si vous rayonnez joie, plaisir et bonheur, alors notre monde
changera. Souvenez-vous de l’expérience de Washington, que je vous ai
racontée pages 369 et 370. Une toute petite partie de l’Humanité, bien
pensante, peu réellement avoir un impact positif sur notre petite planète.
Décidez aujourd’hui de faire partie de ceux et celles qui vivent heureux afin
de permettre à tous d’atteindre le bonheur : en vivant heureux, vous
dégagerez les bonnes ondes dont nous avons tous besoin – l’élan et
l’énergie qui permettront à l’Humanité de construire le pont vers son avenir.
Voilà l’impact transpersonnel pour l’Humanité de l’Hypnose du même nom
: « l’Hypnose Humaniste ».
C’est la plus belle et la plus facile des révolutions pacifiques.
Peut-être la seule qui porte un espoir pour tous.
506
Miracles quotidiens
RESUME DES IDEES ET EXERCICES
VOTRE INTUITION : la reconnexion au monde, p.65
1. Thérapie bien ordonnée commence par soi-même
2. Développez votre intuition et faites-lui confiance
3. Prenez les autres comme reflet de vous
. Habituez-vous à vous mettre à la place de l'autre
. Respirez en même temps que l'autre - imaginez que vous partagez le
même air
. Bougez et ressentez comme l'autre - guettez et chassez vos projections
personnelles
. Imaginez vibrer au même rythme que toute la Création
. Repérez vos pensées énergétivores et chassez-les de vous
. Repérez vos comportements automatiques, prenez conscience !
. Ainsi conscient et connecté au monde, inspirez la lumière qui vous entoure
et rayonnez-la autour de vous
VOTRE INCONSCIENT : la reconnexion à vous-même, p.171
1. « Faites confiance à votre Inconscient ! »
2. Soyez à votre écoute
3. C’est vous le patron !
. Observez l’Inconscient en action chez les autres
. Retournez l’observation sur vous-même !
. Entraînez-vous à déclencher consciemment des phénomènes inconscients
positifs
. Repérez les signaux de votre Inconscient et servez-vous de cette
communication profonde
. Travaillez sur vos soucis en collaboration avec votre Inconscient VOTRE
CONSCIENCE : la direction de votre existence, p.289
1. Découvrez comment votre Inconscient dirige votre vie
2. Déconditionnez-vous des schémas de votre Inconscient
3. Tout ce qui peut être imaginé est réel !
507
Miracles quotidiens
. Repérez les schémas inconscients généraux qui gouvernent votre vie
. Prenez conscience de vos valeurs et anti-valeurs
. Prenez conscience de vos cordes sensibles
. Prenez conscience de vos croyances et convictions radicales
. ...et reprenez le contrôle conscient de tout cela !
. Prenez conscience de ce que les autres sont à votre reflet
. ...et déconditionnez tous les schémas inconscients dont vous ne voulez
plus
. Jouez avec votre nouvelle connexion avec votre Inconscient, pour guérir et
grandir
VOTRE VIE : créer votre réalité, p.475
1. Nous sommes tous créateurs de notre réalité
2. Nous sommes tous liés les uns aux autres
3. Découvrez et vivez votre Mission !
. Augmentez votre niveau vibratoire, vivez en haute énergie !
. Prenez responsabilité de tout ce qui vous arrive dans votre vie
. Apprenez à entrer en état élargi de conscience
. Agissez consciemment sur vos matériaux inconscients
. Transformez ce qui fabrique votre réalité
. Devenez le créateur de votre vie !
. Guérissez les autres pour guérir vous-même ; guérissez vous-même pour
guérir les autres
. Auréolez la planète de bonnes ondes
508
Miracles quotidiens
Conclusion
" Tu veux voir un miracle, fils ?
Deviens ce miracle ! "
Dieu
(dans le film « Bruce Tout-Puissant »)
509
Miracles quotidiens
510
Miracles quotidiens
L’HYPNOSE ?
Une porte vers Soi
" La science fait des prodiges,
mais c’est l’amour qui fait des miracles"
Bernie Siegel
Quand je relate les histoires de mes patients, à l’occasion des formations
que j’anime, il m’arrive souvent de me dire :
« Zut ! Celle-ci est bien aussi, pleine de bonnes choses sur la vie, j’aurais dû
la raconter dans mon livre »… Toutes les histoires sont différentes et
apportent leur petite part de Vérité. Mais, bien qu’elles soient souvent tout
aussi miracu-leuses et porteuses de leçons de vie, il aurait été impossible de
toutes vous les conter. Ce livre est déjà bien trop épais !
Nous avons fait un long voyage, vous et moi, de l’improvisation intuitive de
mes débuts en thérapie, à l’Hypnose Ericksonienne et la PNL, en passant
par la Nouvelle Hypnose et jusqu’à l’Hypnose Humaniste, voie d’éveil et
de guérison en Conscience. Vous avez sous la main des dizaines de récits et
encore plus de conseils, d’idées et d’exercices à pratiquer pour marcher,
vous aussi, sur votre Chemin.
Vous connaissiez déjà les miracles de la médecine, aujourd’hui capable de
prouesses incroyables et qui sauve des milliers et des milliers de vie à
travers le monde. C’est la facette mécanique de la thérapie, et elle nous est
évidemment tout à fait indispensable, irremplaçable et vitale.
Vous connaissiez aussi les découvertes de la Psychanalyse, celle de Freud et
de Jung, qui a ouvert les voies de l’Inconscient et du développement
personnel. Jung surtout est le 511
Miracles quotidiens
pionnier méconnu des approches modernes d’évolution humaine,
transpersonnelles, par son immense connaissance de la psyché et des
rouages symboliques qui la dirigent, tels qu’on les retrouve en Hypnose
Humaniste : encore une facette essentielle pour une thérapie réellement
holistique.
Vous avez découvert dans ce livre une approche thérapeutique des plus
puissantes. Il y en a d’autres, souvent plus spécialisées, qu’elles soient
systémiques ou énergétiques, centrées sur le corps, la nourriture ou l’esprit.
L’Hypnose, elle, est plus qu’un outil ou une technique thérapeutique. Elle
est aussi une approche globale et naturelle de connaissance de soi, qui –
débarrassée de son aura sulfureuse – devrait faire partie de l’éducation de
tous, à l’école et à la maison.
Médecine du corps, connaissance de soi et de l’Esprit, outils d’interventions
thérapeutiques et d’ouverture de conscience –
les trois approches sont complémentaires et toutes nécessaires à une vie
saine, épanouie et en évolution constante.
Nous vivons dans une réalité que la physique moderne décrit comme un
voile, une illusion qui nous sert à exister.
L’Hypnose soulève une partie de ce voile. Du moins, elle nous permet de
vivre ici tout en utilisant les forces et les ressources de Ce Que Nous
sommes vraiment, de l’autre côté du miroir. L’Hypnose permet à des
personnes qui ont oublié Qui Elles Sont de se servir tout de même des
ressources de Ce Qu’Elles Sont vraiment, aux niveaux profonds et subtils.
Et l’Hypnose Humaniste redonne la mémoire à ces personnes.
Le but de la vie n’est pas forcément de déchirer ce voile d’illusion – s’il
n’avait pas sa raison d’être, il n’existerait pas chez la majorité d’entre nous.
Il s’agit de vivre au mieux, présent à ce que nous sommes, conscient de nos
forces et de nos faiblesses, de notre héritage et de notre devenir potentiel, et
capable d’utiliser tout cela pour une vie pleine de plaisir, de paix et de
bonheur, pour nous et tous ceux qui nous entourent.
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Miracles quotidiens
La psychologie des profondeurs et la psychothérapie nous ont montrés à
quel point l’Inconscient dirige nos existences, faisant de la vie un enfer ou
un paradis.
On sait que, si notre cerveau reptilien s’occupe de notre survie, c’est notre
cerveau limbique qui détient nos souvenirs, nos ressources et gère nos
émotions. La plupart des mam-mifères possèdent un ensemble cerveau
reptilien / cerveau limbique, donc un Inconscient, tout comme nous… Les
éthologues ont montré que les fourmis, les abeilles et bien d’autres
animaux, même très petits, vivent en connexion avec les champs
d’Information de la Nature, lesquels les aident à exister, de manière
interactive. Ces champs correspondent à ce que nous appellerions la
Conscience.
Notre différence à nous, êtres humains, est de posséder un néocortex
suffisamment développé pour nous donner la capacité de prendre
conscience des actions de notre Inconscient et de nos connexions à la
Conscience et, potentiellement, de les modifier ou de les rediriger. C’est
notre chance, notre don.
Grâce à l’Hypnose, il est possible de travailler avec ce plus grand Nous-
mêmes, de s’en faire un allié, voire même de regagner notre Unité, devenir
Un-Conscient, et nous ouvrir à l’entièreté de Ce Que Nous Sommes, en
inconscience comme en conscience… Serions-nous vraiment « humains »
en ne fonctionnant jour après jour qu’avec nos cerveaux reptilien et
limbique, comme les animaux ? Notre néocortex n’est-il qu’une grosse
machine à calculer, ou peut-il servir d’interface avec une plus vaste et plus
profonde conscience du Monde ?
Il est important de se connaître soi-même, nous l’avons clairement compris
à travers ce livre.
Comme nous le disions plus haut, Freud et sa psychanalyse a ouvert la voie
d’une plus grande connaissance de soi, voie que Jung a considérablement
élargie et ennoblie. Mais, il ne servirait à rien de savoir ce qui ne va pas en
nous sans pouvoir 513
Miracles quotidiens
rien y faire. L’Hypnose tient ce rôle privilégié d’outil d’interaction avec
l’Inconscient et la Conscience majuscule.
D’ailleurs, il ne servirait pas à grand-chose non plus d’avoir la meilleure
des techniques, le plus puissant des outils de changement… si on ne savait
pas sur quoi travailler !
Connaissances structurelles, émotionnelles et pratiques sont donc les clés
complémentaires du paradis – un monde qui sera meilleur parce que nous
aurons su devenir meilleurs.
Et vous, cher lecteur, vivez-vous au paradis ? Bien dans votre corps,
connaisseur de vos mécanismes psychologiques profonds, épanoui
émotionnellement, sentimentalement tout autant que professionnellement ?
Si ce n’est pas encore tout à fait le cas, alors vous savez maintenant ce qu’il
vous reste à faire ! Vous avez entre les mains les clés de votre avenir et,
dans une certaine mesure, de notre avenir à tous.
Le bonheur parfait n’est pas un but, c’est un Chemin – une voie qui ne
s’arrête jamais, et heureusement !
Mes pensées vous accompagnent,
Avec cœur.
Olivier Lockert
Paris, le 1er juin 2008
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Miracles quotidiens
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Miracles quotidiens
BIBLIOGRAPHIE
Vous êtes à la recherche de la définition d’un terme, d’une technique ? Vous
avez envie de découvrir vraiment les secrets
« derrière la magie » ? Voici quelques livres choisis qui sauront vous guider
concrètement dans vos premiers pas.
Le premier que je vous conseillerais est le livre
« Hypnose », non parce que j’en suis l’auteur, mais parce que je l’ai écrit en
pensant à mes débuts, lorsque je rêvais d’un ouvrage réellement
fonctionnel, réunissant les informations et techniques essentielles pour
pratiquer l’Hypnose.
C’est le livre que j’aurais aimé avoir lorsque je commençais.
Je l’ai écrit pour vous :
- « Hypnose », Lockert, IFHE Editions Démonstrations romancées du gros
livre ci-dessus, les trois livrets de la collection « HypnoPoches » vous
montreront comment les techniques de l’Hypnose Ericksonienne, Nouvelle
et Humaniste s’appliquent au quotidien, sur le terrain :
- « HypnoPoches », Lockert, trois volumes, IFHE Editions Maintenant,
voici quelques ouvrages complémentaires.
Chacun présente un aspect de l’Hypnose ou du travail avec l’Inconscient ou
l’Esprit.
Tous sont abordables techniquement et relativement pratiques, pour peu
qu’on veuille bien travailler leur contenu et non juste les lire. Je vous les
donne dans l’ordre d’étude :
- « M. ma femme et Mme mon mari », Calof, IFHE Editions
- « Transformation », Bandler, InterEditions
- « Métaphores », Lockert, IFHE Editions
- « Au cœur de l’Esprit », Andreas, La Tempérance 516
Miracles quotidiens
- « Manuel des phénomènes hypnotiques », Edgette, Satas
- « L’homme à la découverte de son âme », Jung, A. Michel Enfin, voici
divers écrits qui vous instruiront sur les facettes du monde,
complémentaires à mon approche ; à commencer par les livres fondateurs
de l’Hypnose Humaniste :
- « Créateurs de Réalité », Lockert, deux tomes, IFHE Editions
- « Hypnose Humaniste », Lockert, IFHE Editions
- « Psychothérapie », D’Angeli, IFHE Editions
- « Entrez dans la Magie », Gill Edwards, IFHE Editions
- « La Voie du Magicien », Chopra, J’ai Lu Puis, à titre général :
- « Que sait-on de la Réalité ? », Arntz, Ariane
- « Divine Matrice », Braden, Ariane
- « L’univers est un hologramme », Talbot, Pocket
- « Quand l’impossible arrive », Grof, Trédaniel
- « Psi », Pigani, J’ai Lu
Les scientifiques et les initiatiques :
- « La Divine connexion », Morse, Jardin des Livres
- « L’Homme Superlumineux », Dutheil, Sand
- « Une nouvelle science de la vie », Sheldrake, Le Rocher
- « La plénitude de l’univers », Bohm, Le Rocher
- « La mélodie secrète », Xuan Thuan, Fayard
- « Conversations avec Dieu », Walsh, Ariane
- « Dialogues avec l’Ange », Mallasz, Aubier Et enfin, plus spécialisés sur
les présences :
- « Les Etats Modifiés de Conscience », Hadjo, Trédaniel
- « Les esprits possessifs », Fiore, Exergue Quand un auteur vous plaît,
n’hésitez pas à piocher dans le reste de sa bibliographie. Bonne lecture !
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ADRESSES UTILES
INSTITUT FRANÇAIS
D'HYPNOSE ERICKSONIENNE
Hypnose Classique – Nouvelle Hypnose – Hypnose Humaniste Fondé en
1995 et dirigé par Olivier Lockert et Patricia d’Angeli, l’IFHE est le plus
grand institut de formation en Hypnose d’Europe.
Les certifications de l’IFHE, labels de qualité, font référence.
• Formations en Hypnose Ericksonienne avec Olivier Lockert.
Diplôme de Praticien en Hypnose Ericksonienne ou de Praticien en
Hypnose Humaniste. Spécialisations en Hypnose Classique et en
HypnoCoaching, équivalence de diplôme PNL, etc.
• Cycle supérieur de Maître-Praticien en Hypnose, axé Psychothérapie et
Coaching, ouvert à tous et surtout aux professionnels souhaitant exercer
avec les outils de l’Hypnose thérapeutique et de Changement. Equivalence
de Maître-Praticien en PNL.
• Annuaire de professionnels certifiés en Hypnose par l’IFHE
pour des entretiens individuels (psychothérapie, développement personnel,
coaching individuel et d’entreprise, préparation mentale).
Contact
INSTITUT FRANÇAIS D’HYPNOSE ERICKSONIENNE
89 rue de l’Eglise
F-75015 PARIS, France
Téléphone : 01 43 06 00 00 - international : +33 143 06 00 00
Télécopie : 01 43 06 62 02 - international : +33 143 06 62 02
Courriel : [email protected]
Internet : www.ifhe.net (dont Annuaire de Praticiens certifiés en Hypnose)
Librairie en ligne : www.livres-hypnose-pnl.com Hypnose Humaniste :
www.hypnose-humaniste.com Core Gem : www.core-gem.com - Citations :
www.siteacitations.com
IFHE EDITIONS
Des mêmes auteurs :
« Hypnose »
Santé, Qualité de vie, Evolution Humaine Cours pratique complet
« Hypnose Humaniste »
Voie d’Eveil et de Guérison
Cours pratique complet
« Psychothérapie »
Cours complet de Thérapie Symbolique Avancée
« Métaphores »
Les histoires qui guérissent
Guide pratique à l’usage de tous
Collection « HypnoPoches »
« 1- Santé », « 2- Qualité de Vie », « 3- Evolution Humaine »
L’Hypnose en action, romans (trois tomes)
« Créateurs de Réalité »
Voyage au cœur de la Création
Roman philosophique (deux tomes)
-oOo-
IFHE EDITIONS
89 rue de l’Eglise
75015 PARIS - France
Téléphone : +33 (0)1 43 06 62 61
Télécopie : +33 (0)1 43 06 62 02
Internet : www.ifhe-editions.com
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