Impact Reservoir6
Impact Reservoir6
Arrêté ministériel :
Présentée par
Baptiste François
François BRISSETTE
Professeur ETS - Montréal, Rapporteur
Christophe CUDENNEC
Professeur Agrocampus Ouest - Rennes, Rapporteur
Pierre RIBSTEIN
Professeur UPMC/Sisyphe - Paris, Examinateur
Marco BORGA
Professeur Associé, Université de Padoue - Italie, Examinateur
Jean-Dominique CREUTIN
Directeur de recherche CNRS/LTHE - Grenoble, Directeur de thèse
Benoit HINGRAY
Chargé de recherche CNRS/LTHE - Grenoble, Co-Directeur de thèse
Frédéric HENDRICKX
Ingénieur expert EDF/LNHE - Paris, Co-Directeur de thèse
Remerciements
Remerciements
A l’heure où je rédige ces quelques lignes, ma thèse est désormais terminée. C’est à
présent que je prends conscience de l’étendue du travail effectué durant ces trois années.
Avec ce léger recul, je réalise que cette ”lourde tâche” n’aurait pu arriver à son terme sans
l’aide et le soutien de nombreuses personnes.
Certaines personnes ont particulièrement compté pour moi et ont d’une manière ou
d’une autre, contribué à ma réussite. Tout d’abord, je tiens à exprimer de sincères re-
merciements à Benoit Hingray mon encadrant principal durant ces trois années de thèse.
Grâce à ses grandes qualités humaines, Benoit a réussi à guider mes recherches dans un
domaine qui lui était étranger. Sa curiosité ainsi que sa rigueur scientifique m’ont amené
à explorer certaines voies que j’aurais certainement contournées s’il n’avait pas été là pour
me stimuler. Je l’en remercie encore pour cela. D’ailleurs, il me plait à croire que sa cu-
riosité et sa rigueur ont déteint sur moi.
La deuxième personne ayant énormément compté dans mon travail de thèse est Fré-
déric Hendrickx, mon encadrant lors de mes séjours à Paris au LNHE. Ses connaissances
dans le domaine des méthodes d’optimisation des retenues hydrauliques, (qui m’étaient
inconnues lors de mon arrivée en thèse), m’ont été d’un grand secours, à de multiples
reprises. Ses conseils avisés ont, sans aucun doute, pesé sur la qualité des développements
que j’ai réalisés durant ma thèse.
Ayant eu la chance d’avoir trois directeurs de thèse, une troisième personne, Jean-
Dominique Creutin, complète ce podium des remerciements. Bien qu’ayant suivi mon
travail avec un certain recul, ses remarques pertinentes sur les directions que nous souhai-
tions prendre à certains moments clés , m’ont souvent permis de me raccrocher à un petit
fil rouge qui m’a finalement amené au jour de ma soutenance.
Au demeurant, je remercie l’ensemble des personnes ayant accepté de juger mon manus-
crit de thèse : François Brissette, Christophe Cudennec, Pierre Ribstein ainsi que Marco
Borga. C’est un véritable honneur que de tels chercheurs aient accepté d’évaluer l’abou-
tissement de mon travail. J’ai particulièrement apprécié les échanges que nous avons eus
et j’ai pris note de certaines idées qu’ils ont suggérées pour la suite de mes travaux.
i
Remerciements
Aujourd’hui, je considère un travail de thèse comme un édifice que l’on érige peu à peu,
l’objectif étant de le construire dans le délai imparti, le plus solide et le plus original pos-
sible, ne souffrant d’aucune malfaçon. A mes yeux, la personne représentant la première
pierre de mon édifice est Gilles Molinié. Collègue de bureau durant près de deux années à
Grenoble, Gilles a été mon encadrant durant mon stage de fin d’étude en classe de Master
et m’a manifestement donné gout à la recherche scientifique.
ii
Remerciements
Également, mes parents qui m’ont toujours poussé à persévérer dans les études, m’aidant
aussi bien moralement que financièrement et ce depuis le début. Je terminerai ces remer-
ciements par Marie, qui partage mes joies et mes peines depuis de nombreuses années et
sans qui ma volonté de réussir ne serait pas si forte.
Merci
iii
iv
Résumé
Résumé
Pourvoir évaluer l’impact du changement climatique sur la ressource en eau, et les sys-
tèmes de gestion qui lui sont associés, est une préoccupation majeure de nos sociétés. Une
telle évaluation nécessite la mise en place d’une chaı̂ne de simulation qui permet, sur la
base d’expériences climatiques futures, i) d’estimer à l’échelle régionale l’évolution possible
de la ressource et de sa variabilité, ii) de simuler le comportement des systèmes utilisés
pour leur gestion pour iii) estimer les éventuelles modifications de performance.
Cette thèse vise à tester la possibilité de mettre en place une chaı̂ne de simulation
de ce type pour un système de gestion réel et à identifier quelles sont les composantes
à considérer dans ce cas. Pour ce faire, nous chercherons en particulier à apporter des
éléments de réponse aux questions suivantes :
Quelles représentations peut-on faire d’un système de gestion opérationnel pour une
application en climat modifié ?
Quels éléments d’évaluation peuvent permettre d’estimer l’impact du changement
climatique sur ce système de gestion ?
Quelles sont les sources d’incertitudes influençant cette évaluation ? Quelles sont
les contributions relatives à l’incertitude totale des différentes méthodes et modèles
utilisés ?
Nous considérerons plus précisément le système de gestion du barrage de Serre-Ponçon,
alimenté par le haut bassin versant de la Durance. Ce barrage, géré par EDF, est l’un des
plus grands barrages artificiels européens. Il est multi-usages (irrigation, soutien d’étiage,
production d’hydroélectricité, tourisme).
Nous proposerons ensuite un ensemble d’indicateurs qui permettent de fournir une es-
timation de la performance d’un tel système à partir des sorties du modèle de gestion
obtenues par simulation pour différentes périodes de 30 ans.
Nous explorerons la façon dont la performance estimée dépend du modèle choisi pour
la représentation du système de gestion actuel, et plus précisément de la façon dont la
v
Résumé
stratégie utilisée pour l’optimisation de la gestion est élaborée. A ce titre, nous propose-
rons trois modèles de gestion basés sur trois types de stratégies, obtenues pour des degrés
différents de prévisibilité des apports et sollicitations futurs à la retenue.
Pour ces simulations, les modèles d’impacts nécessitent des scénarios de forçages mé-
téorologiques à l’échelle de bassin versant (e.g. modèle hydrologique, modèle d’usages de
l’eau, modèle de gestion de la ressource). Ces scénarios peuvent être obtenus par des mé-
thodes de descente d’échelle statistique (MDES), sur la base des simulations grande échelle
des modèles climatiques globaux (GCM).
Nous évaluerons enfin les incertitudes liées aux deux types de modèles (GCM & MDES)
et estimerons leurs contributions relatives à l’incertitude globale. Nous utiliserons pour
cela les scénarios issus de différentes chaines de simulation GCM/MDES produits sur la
période 1860-2100 dans le cadre du projet RIWER2030. Nous montrerons que ces deux
sources d’incertitudes sont du même ordre de grandeur sur l’estimation des modifications
de performance.
vi
Abstract
Abstract
Being able to assess the impact of the climate change on water resources and the re-
lated management systems, is a major concern for our society. This situation requires an
establishment of a simulation chain which will allow us, on the basis of future climate
experimentation, the following contents : i) to estimate the possibility of changes in a
local resource and its variability, ii) to simulate the behavior of the management systems
iii) to estimate the possible changes on its performance.
This thesis aims to test the feasibility of establishing a simulation chain for such a
management system to identify what are the real components to consider in this case. To
do it so, we have to answer the following questions :
We will consider the system of management of the Serre-Ponçon reservoir on the high
basin of the Durance river. This dam, operated by EDF (Electricité de France, French
energy provider), is one of the largest artificial dams in Europe. It is also a multi-purpose
dam (irrigation, low-flow support, hydropower, tourism).
As a first step, we will present the context of the current management system. Then,
we will establish a management model to reproduce - by a realistic point of view of the
current manager (EDF), but in a simplified approach in order to apply it to future scena-
rios - the current management of the Serre-Ponçon reservoir. We will develop i) various
models to estimate the different type of water demands and ii) an optimization model
with constraints management. This model will simulate the management system in daily
time step on several decades of recent climate, or future climate change.
We will explore how much the estimated performance depends on the model chosen to
represent the current management system, and more specifically how strong the strategy
used to optimize the management is developed. Hence, we will propose three management
vii
Abstract
models based on three types of strategies, obtained for different degrees of predictability
of future inflows and constraints.
For these simulations, the impact models require meteorological forcing scenarios at
watershed scale (e.g. hydrological model, model of water use model of resource manage-
ment). These scenarios can be obtained by Statistical Downscaling Methods (SDM), on
the basis of large-scale simulations of Global Climate Models (GCM).
We will finally evaluate the uncertainties associated with the two types of models (GCM
& SDM) and will estimate their relative contributions to the overall uncertainty. We have
used this scenario from different GCM/SDM simulations over the period 1860-2100 obtai-
ned within the RIWER2030 project. We will show that these two sources of uncertainty
are of the same order of magnitude estimate of performance changing.
This thesis was funded under the RIWER2030 project ( url http :/ / www.lthe.fr/RIWER2030),
funded by the VMCS program of the National Research Agency. It was conducted within
a partnership between the Laboratory for the Study of Transfers in Hydrology and Envi-
ronment and the National Hydraulics and Environment Laboratory EDF.
viii
ix
x
Table des matières
Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . i
Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . v
Abstract . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . vii
Table des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xi
Liste des symboles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xvii
Partie I
Introduction
1 Introduction Générale 3
1.1 Gestion des eaux de surfaces : problématique d’hier et d’aujourd’hui . . . . . . . 4
1.2 Ressource en eau et usages futurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2.1 Modification de la ressource en eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.2.2 Modification des usages de l’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.3 Règles de gestion actuelles : quelle adéquation pour demain ? . . . . . . . . . . . 22
1.4 Conclusion : Objectifs de la thèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Partie II
Modélisation de la gestion de Serre-Ponçon
xi
TABLE DES MATIÈRES
xii
TABLE DES MATIÈRES
Partie III
Méthodologie d’évaluation de la performance
Partie IV
Performance et incertitudes
xiii
TABLE DES MATIÈRES
A Annexes 239
A.1 Article soumis à Water Resources Research . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
A.2 Les aménagements de la Chaine de Production Hydraulique Durance-Verdon . . 261
A.3 Modélisation hydrologique : CEQUEAU . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262
A.4 Modélisation de la consommation électrique France . . . . . . . . . . . . . . . . . 263
A.4.1 Analyse des cycles de consommation électrique en France . . . . . . . . . 263
A.4.2 Consommations électriques France & températures . . . . . . . . . . . . . 265
A.4.3 Modélisation de la consommation électrique France journalière . . . . . . 267
A.4.4 Modélisation de la consommation électrique France infra-journalière . . . 268
A.5 Rendement de la CPH-DV . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 271
A.5.1 Puissance électrique générée par une usine hydroélectrique . . . . . . . . . 271
A.5.2 Conceptualisation du rendement de la CPH-DV . . . . . . . . . . . . . . . 272
A.6 Débit de dotation & prélèvements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272
A.6.1 Variabilité inter-annuelle des prélèvements simulés et observés en aval de
Cadarache . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272
A.6.2 Variabilité inter-annuelle du débit de dotation simulé et reconstitué à SP 273
A.7 Longueur de l’historique & stratégie de gestion AIC . . . . . . . . . . . . . . . . 273
A.8 Stabilisation de la stratégie AIC avec 100 réalisations MDES 30 années . . . . 275
A.9 Annexe chapitre 8 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277
A.9.1 Fonction de distribution des critères de performance . . . . . . . . . . . . 277
A.9.2 Fiabilité moyenne & apports nets estivaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . 279
xiv
xv
xvi
Liste des symboles
xvii
Liste des symboles
Glossaire
AC : Avenir Certain
ACP : Analyse en Composante Principale
AEP : Approvisionnement en Eau Potable
AIC : Avenir Incertain Climatologique
AIP : Avenir Incertain Prévu
ANR : Apports Naturels Reconstitués
BV : Bassin Versant
BVI : Bassins Versants Intermédiaires
CED : Commission Exécutive de la Durance
CPH-DV : Chaı̂ne de Production Hydraulique Durance-Verdon
EDF : Électricité De France
GES : Gaz à Effet de Serre
GCM : Modèle de Circulation à Grande échelle
LTHE : Laboratoire d’étude des Transferts en Hydrologie et Environnement
MDE : Méthode de Descente d’Echelle
MDES : Méthode de Descente d’Echelle Statistique
Panier MDES : Ensemble de réalisations MDES
PH : Poste horaire
R&D : Recherche et Développement
RCM : Modèle Climatique Régional
RTE : Réseau de Transport d’Électricité
xviii
Liste des symboles
xix
xx
Partie I
Introduction
1/279
Chapitre 1
Introduction Générale
La gestion de la ressource en eau est un sujet très vaste qui englobe entre autres des pro-
blématiques de distribution dans le temps et dans l’espace des eaux de surfaces et des eaux
souterraines, de réutilisation des eaux usées, de considérations écologiques et de dimensionne-
ment d’ouvrages (Meire [2008]). Le rôle des montagnes est au cœur de cette problématique de
ressource en eau. Elles doivent d’ailleurs leur nom de ”châteaux d’eau du monde” au fait qu’elles
sont un élément clé du régime hydrologique de toutes les grandes rivières du globe dont elles
sont la source (Hingray et al. [2009a]). Elles abritent de grandes quantités d’eau sous forme de
neige ou de glace, et contribuent par nature à redistribuer les précipitations hivernales dans les
cours d’eau durant le printemps et l’été tout en réduisant la variabilité des débits de rivières
dans les régions juste en aval (Viviroli et Weingartner [2004]). De nombreuses populations dé-
pendent directement de ces ressources en eau, à la fois pour l’agriculture, l’industrie ou encore
leurs usages quotidiens (Hingray et al. [2009a]).
Le changement climatique se traduira à terme par une augmentation des températures et par une
modification du régime des précipitations. Les régimes des rivières de montagnes, très sensibles
à la relation entre les précipitations et les températures, sont ainsi amenés à être profondé-
ment modifiés, obligeant par suite les systèmes de gestion de l’eau à s’adapter à ces nouvelles
conditions.
3/279
Chapitre 1. Introduction Générale
(a) (b)
Figure 1.1 – (a) Seuil de régulation passif, rivière Arros (France, Hautes-Pyrénées). Photogra-
phie : ”Camélia”, 2007 (b) Seuil à niveau variable sur la Meuse (France) Source :
Wikipedia, Photographie : ”Karel Roose”, 2004
En terme de volume, la ressource disponible à une certaine date n’est a priori pas toujours
suffisante pour satisfaire la demande. En conséquence de quoi, des réseaux de réservoirs sont in-
dispensables afin de pouvoir stocker l’eau en surplus à une date donnée, et la redistribuer lorsque
le besoin s’en fait ressentir. Le terme réservoir regroupe l’ensemble des ouvrages permettant de
stocker de l’eau. Parmi les réservoirs les plus communs, nous retrouvons les barrages (égale-
ment considérés comme des ouvrages de régulation) mais aussi des aménagements de taille plus
modeste comme les seuils réglables (Figure 1.1b) et les nombreuses bâches agricoles par exemple.
Ces réseaux d’ouvrages sont dirigés / optimisés à partir d’un ensemble de règles de gestion
permettant de prendre des décisions d’allocations quotidiennes. Les grands barrages, générale-
ment disposés en amont, sont les ouvrages clés de ces aménagements hydrauliques du fait de
leur capacité de stockage importante. Le travail de thèse est focalisé sur ce type particulier de
construction.
4/279
1.1. Gestion des eaux de surfaces : problématique d’hier et d’aujourd’hui
Les premiers barrages sont apparus très tôt dans l’histoire de la civilisation. Les plus vieux
vestiges de barrages en remblais jamais découverts datent du cinquième millénaire avant J.C et
sont situés au moyen-orient (Schnitter [1988]). Ces constructions étaient alors peu nombreuses,
et peu résistantes aux évènements extrêmes comme le prouve la destruction du barrage à l’est
d’Hélouan en Egypte au troisième millénaire avant J.C (source : http://weekly.ahram.org.eg/
2004/708/he1.htm). Ces premiers ouvrages avaient comme objectifs d’approvisionner les villes
en eau potable et d’irriguer les terres cultivées (Cardoso et al. [1994]). L’homme a rapidement
compris qu’il pouvait utiliser l’eau stockée dans les barrages pour d’autres usages. Pour preuve,
les différents vestiges de barrages construits durant l’époque Romaine supposent d’une utilisa-
tion des eaux stockées liée aux activités minières (Cardoso et al. [1994]). Relater un historique
complet des différents ouvrages et usages de l’eau dans le monde n’est bien entendu pas l’objectif
de cette introduction. Néanmoins la connaissance de ces premières constructions montre que la
gestion de la ressource en eau, qui est aujourd’hui un enjeu majeur de nos sociétés, l’était déjà
à une époque beaucoup plus ancienne.
Après avoir été utilisée pour actionner des moulins à eaux pour moudre de la farine ou couper
du bois, l’eau des rivières a commencé à être utilisée à des fins énergétiques à partir de la fin
de 19ème siècle. En région de montagne, la production d’hydroélectricité durant le printemps
et l’été est possible grâce à l’apport d’eau en rivière dû à la fonte des neige et des glaces en
amont. La glace est d’ailleurs nommée de houille blanche par Aristide Bergès a , en opposition
au charbon (houille noire). A partir de ce moment, de nombreuses usines dites au fil de l’eau
ont été construites sur les rivières (Figure 1.2a). Elles permettent d’utiliser l’eau des rivières
pour actionner des turbines et ainsi produire de l’électricité. Les usines au fil de l’eau peuvent
aussi être associées à un seuil, actif ou non, afin de gagner en hauteur de chute et augmenter
par suite l’énergie cinétique de l’eau arrivant dans les turbines. La construction de barrages en
région de montagne (Figure 1.2b) a ainsi permis de bénéficier d’importantes hauteurs de chute,
permettant d’améliorer de manière conséquente, le rendement de production de chaque mètre
cube d’eau turbiné.
a. L’ingénieur hydraulicien et papetier Aristide Bergès, est un des premiers à avoir utilisé la force de
l’eau pour produire de l’électricité via une turbine. L’appellation de houille blanche a été rendue célèbre
lors de l’exposition universelle à Paris en 1889.
5/279
Chapitre 1. Introduction Générale
Canal de fuite
Transformeur et lignes
Transformeur et lignes
Canal de fuite
(a) (b)
Figure 1.2 – Haut (a) Usine hydroélectrique au fil de l’eau près de Eglisau, Canton de Zurich,
Suisse. Source : SwissInfo (b) Lac - Barrage du Monteynard d’une hauteur de 135
mètres. Source : Médiatèque EDF, Franck Oddoux. Bas : Schéma d’une usine au
fil de l’eau (a) et d’un barrage-usine (b) (Adapté de EDF [2011])
6/279
1.1. Gestion des eaux de surfaces : problématique d’hier et d’aujourd’hui
publique et privé) et de basses températures (chauffage des bâtiments). Au contraire dans des
régions telle que la Californie aux États-Unis par exemple, les consommations électriques sont
nettement plus importantes durant l’été du fait des fortes températures et de l’utilisation accrue
d’appareils de climatisation à cette saison (Vicuña et al. [2008]). Les volumes écoulés en rivière
sont aussi, généralement très saisonniers du fait soit d’un cycle annuel de stockage-déstockage de
neige et glace sur les bassins versants (e.g. en région de montagne et dans les pays Nordiques),
soit d’une forte saisonnalité des précipitations (e.g. en Afrique de l’ouest et en Inde). Le stockage
durant les périodes où l’eau est en surplus vis-à-vis de la demande énergétique, permet de la
restituer durant les périodes à forte demande en énergie.
La production d’hydroélectricité n’est pas la seule utilisation de l’eau continentale pour le secteur
énergétique mondial a . En effet, l’eau participe à la majorité des moyens de production d’élec-
tricité en refroidissant par exemple les centrales thermiques et nucléaires le long des rivières
(Rio Carrillo et Frei [2009]).
Depuis le milieu du 20ème , les usages de l’eau se sont encore multipliés et diversifiés. L’eau
des rivières est aujourd’hui utilisée par de nombreux secteurs d’activités pouvant être consom-
mateurs d’eau ou non. Les activités récréatives sur les berges des lacs ou sur les rives des rivières
ont par exemple vu le jour durant le siècle dernier, et se sont par pérennisées dans certains pays,
grâce à des avancées sociales telles que les congés payés. La protection de l’environnement et
des patrimoines est aujourd’hui devenue un enjeu d’importance. Il en a résulté la mise en place
de débits environnementaux (e.g. en France, la loi Pêche en 1984 impose aux gestionnaires des
ouvrages hydrauliques un débit minimal en sortie des aménagements b ). En France, ces débits
minimaux sont actuellement en train d’être revus à la hausse. Ces augmentations seront a priori
effectives d’ici 2014 (Loi sur l’eau et les milieux aquatiques c , 30 décembre 2006). Des zones
protégées dans lesquelles la protection de la faune et de la flore est de première importance ont
également été mises en place (e.g. en Europe la zone Natura 2000 d ). Les nouveaux enjeux et
objectifs des systèmes de gestion (dont les quelques exemples présentés ne constituent en rien
une liste exhaustive) sont désormais intégrés dans les processus de gestion de ces aménagements
hydrauliques.
En conséquence, les gestionnaires de systèmes de ressource en eau sont souvent mis au défi de
satisfaire différents usages pouvant être en conflits (Oliveira et Loucks [1997]; Labadie [2004]). La
gestion de ces systèmes consiste à stocker puis relâcher de l’eau à différentes périodes de l’année,
de façon à satisfaire au mieux les usages considérés (Roche et al. [2012]). Le choix quotidien du
a. Nous précisions ici le terme ”eau continentale” en opposition à l’exploitation des courants marins
pour produire de l’électricité. Ce type de production n’est pas discuté dans ce document de thèse, bien
que lié à l’eau
b. L’obligation de délivrer un débit minimal au pied des ouvrages hydrauliques en France date de
1919. Cependant la loi Pêche fixe la valeur de ce débit : 1{10e du module pour tout nouvel aménagement,
1{20e pour les cours d’eau dont le module est supérieur à 80m3 .s1 et 1{40e pour les aménagements déjà
existants
c. Le débit minimal au pied des ouvrages hydrauliques, sauf exception, sera égal au 1{10e du module
à partir de 2014
d. Le réseau Natura 2000 est un ensemble de sites naturels européens identifiés pour la rareté ou la
fragilité des espèces animales ou végétales y résidant. Ce réseau a été mis en place afin de concilier la
préservation de ces sites et les préoccupations socio-économiques.
7/279
Chapitre 1. Introduction Générale
volume d’eau à stocker ou à relâcher réalisé par le gestionnaire d’un système de ressource dépend
de trois principales composantes :
Du système physique, composé des différents cours d’eau et des aménagements construits
(e.g. barrages, ouvrages de dérivations, de régulations) et des contraintes physiques de
ces aménagements (e.g. capacité minimale et maximale des réservoirs, des capacités de
production, des hauteurs de chute des ouvrages, des distances entre ouvrages).
Des usages souhaités de la ressource en eau, i.e. des objectifs de la gestion du système
physique.
De la stratégie de gestion adoptée pour satisfaire au mieux les usages souhaités et objectifs
pour lesquels les aménagements du système physique ont été conçus.
L’ensemble de ces composantes constitue ce que nous considérons être un Système de gestion
(Figure 1.3).
SYSTEME DE GESTION
Figure 1.3 – Les trois principales composantes régissant les décisions quotidiennes du gestion-
naire d’un système de gestion : un système physique, des usages et des objectifs à
remplir / satisfaire, des règles de gestion.
Une règle de gestion se définit par une répartition entre usages et une distribution temporelle
de la ressource en eau. Elle est souvent nécessaire afin de pouvoir espérer atteindre un ou plusieurs
objectifs sur une période donnée. Elle se décompose donc en i) une règle de répartition entre
usages et ii) une stratégie de distribution temporelle. Dans une configuration où les usages sont
nombreux et variables dans le temps, les interactions entre la répartition entre usages et la
répartition temporelle, peuvent être très fortes.
8/279
1.1. Gestion des eaux de surfaces : problématique d’hier et d’aujourd’hui
en 1992 (Rogers et al. [1998]), incite à considérer l’eau comme un bien économique du
fait de ces multiples-usages concurrentiels. Différentes classes de valeurs de l’eau peuvent
être définies (e.g. valeurs sociales, économiques, environnementales) et utilisées dans un
processus de décisions (CIWEM [2010]). D’après Rogers et al. [1998], cela permettrait
d’atteindre une performance globale du système, considérant à la fois les aspects sociaux,
économiques et environnementaux de l’eau. Desvouges et Kerry Smith [1983] définissent
en ce sens différentes valeurs de l’eau pouvant directement ou indirectement être associées
à ces différents aspects et usages de l’eau comme la navigation et les activités récréatives
sur les lacs et les cours d’eau, la production d’hydroélectricité ou encore l’irrigation (Figure
1.4).
Figure 1.4 – Types de valeurs associées à l’eau. Par exemple la valeur Récréation peut être
associée aux activités récréatives sur les berges des lacs et rivières, la valeur Hy-
droenergie à la production d’hydroélectricité (Desvouges et Kerry Smith [1983]).
Cependant, comme le rappellent à juste titre Loucks [1997] ou encore Ward et al. [1996],
il est souvent difficile de chiffrer une valeur économique pour certains usages ou objectifs
d’une retenue, comme par exemple le maintien dans le temps d’une eau de qualité pour
les activités récréatives, la réhabilitation ou la préservation des écosystèmes en aval. En
conséquence, la règle de répartition entre usages, même réduite à l’échelle d’un unique
réservoir, est parfois difficile à définir équitablement (il n’est d’ailleurs pas facile de définir
ce qu’est une gestion équitable). En pratique, les règles de répartition entre usages de nom-
breux réservoirs, ont été élaborées empiriquement au fil des années sur des considérations
politiques et économiques (Westaway [2000]) pour réaliser un arbitrage entre usages et en
intégrer de nouveaux.
9/279
Chapitre 1. Introduction Générale
La règle de gestion d’un système peut par exemple se traduire par l’utilisation de courbes
guides. Ces courbes guides peuvent prendre des formes différentes selon les problèmes de gestion
considérés. Comme illustré pour le lac Bienne en Suisse sur la Figure 1.5a, les courbes guides
indiquent le volume à lâcher en aval en fonction du niveau de remplissage de la retenue. Une
autre forme de courbes guides est par exemple proposé sur la Figure 1.5b pour le réservoir Dharoi
en Inde. Les courbes guides sont alors considérées comme des contraintes infranchissables sous
certaines conditions (avec ou sans marge d’ajustement possible) ou au contraire franchissables
en acceptant un taux de défaillance fixé (Seidou et al. [2003]). Par exemple pour le réservoir
Dharoi Figure 1.5b, la courbe guide haute ne peut pas être dépassée sans augmenter le risque de
débordement du réservoir. La fourniture en eau des agriculteurs en aval est diminuée (respecti-
vement stoppée) si le niveau de remplissage du réservoir diminue en dessous de la courbe guide
du milieu (respectivement de la courbe guide basse). Une stratégie de gestion peut ne pas être
rigide dans le temps comme cela est le cas des stratégies proposées Figure 1.5. Dès lors qu’un
système de prévision est associé à un système, la stratégie de gestion peut en effet s’adapter au
fil du temps, en fonction de prévisions récentes.
(a) (b)
Figure 1.5 – (a) Courbes guides du lac Bienne (Suisse) La valeur du débit à relâcher dépend
de la période de l’année et du niveau du lac. Adapté de Hingray et al. [2009b] (b)
Courbe guide du réservoir Dharoi (Inde). Adapté de Jain et al. [1998]
10/279
1.1. Gestion des eaux de surfaces : problématique d’hier et d’aujourd’hui
La performance d’un système de gestion de ressource en eau décrit sa capacité à répondre aux
différents objectifs considérés. Elle est souvent estimée par la valeur moyenne (et éventuellement
la variance) obtenue pour diverses variables de sortie du système de gestion tels que les bénéfices
réalisés lors d’une production hydro-électrique ou d’activités récréatives sur le lac ou encore la
concentration en polluants en sortie d’ouvrage (Hashimoto et al. [1982]). Durant la dernière
partie du 20ème siècle de nouveaux indicateurs de performance ont été développés, entre autres
par Hashimoto et al. [1982] et Moy et al. [1986]. Une revue des différents indices de performance
a été réalisée par McMahon et al. [2006]. Ces indicateurs, dont aucun n’est réellement idéal
(Kjeldsen et Rosbjerg [2004]), fournissent une mesure de la performance des systèmes de
gestion a . La valeur des indicateurs de performance dépend de deux facteurs (Figure 1.6a) :
2. De la règle de gestion choisie : i) Si une règle de répartition définit une usage X prioritaire
devant un usage Y (noté X>Y), les performances mesurées, pour la satisfaction de X et de
Y respectivement, seraient a priori différentes de celles qui auraient pu être obtenues si Y
avait été prioritaire devant X (X<Y). ii) Une stratégie de distribution temporelle basée sur
une prévision de la ressource et/ou des usages à satisfaire sera a priori plus performante
qu’une stratégie ”aveugle”.
(a) (b)
Figure 1.6 – (a) Schéma de principe de la mesure de la performance d’un système de gestion
(b) Schéma de principe de l’estimation de la performance d’un système modélisé
via un modèle gestion
L’utilisation des indicateurs de performance a par exemple permis de réaliser des études
prospectives, et d’estimer la performance de systèmes encore à l’étape de projet (Tilmant et
Kelman [2007]; Jeuland [2010]), ou de comparer différentes stratégies de gestion (Ajami et al.
[2008]; Wolfgang et al. [2009]). Ce type d’étude nécessite a fortiori un modèle mathématique
(i.e. un modèle de gestion) permettant de simuler la gestion de ces ouvrages pour ces nouvelles
conditions comme, l’évolution du système physique (construction de nouveaux aménagements,
augmentation de la taille d’une retenue existante), la suppression ou l’ajout d’objectifs pour le
a. Tout n’étant pas mesurable (e.g. le confort offert par la rivière au compartiment piscicole (repro-
duction, circulation)), cette mesure de la performance ne peut être qu’une estimation de la performance
réelle du système de gestion qui ne peut pas, a priori être calculée.
11/279
Chapitre 1. Introduction Générale
système ou encore la modification d’une contrainte environnementale. Dès lors qu’un système
réel de gestion est conceptualisé sous la forme d’un programme mathématique, nous parlerons
donc de système modélisé plutôt que de système de gestion. Un système modélisé se compose
généralement d’une modélisation du système physique, de scénarios de prévisions d’apports,
d’usages, de règles de répartition entre usages et d’une stratégie de distribution temporelle qui
peut par exemple être obtenue à partir d’un algorithme d’optimisation (Figure 1.7).
Il existe de nombreuses méthodes pour simuler la gestion d’un système modélisé. Parmi
ces méthodes, nous retrouvons des méthodes d’optimisation comme la programmation linéaire
(Vicuña et al. [2008]; Madani et Lund [2010]; Vicuña et al. [2011]), la programmation dynamique
(Faber et Stedinger [2001]; Tilmant et Kelman [2007]; Minville et al. [2009]; Vicuña et al. [2010];
Goor et al. [2010]), les réseaux de neurones (Oliveira et Loucks [1997]; Simonovic et Akter
[2004]; Eum et Simonovic [2010]) ou encore des méthodes heuristiques (Yao et Georgakakos
[2001]; Hingray et al. [2007b]; Schaefli et al. [2007]; Turgeon [2007]; Veijalainen et al. [2010]).
Yakowitz [1982], Yeh [1985] ou encore Wurbs [1993] ont réalisé des revues de ces différentes
méthodes. Un algorithme d’optimisation permet de calculer à chaque instant la quantité d’eau à
stocker ou à déstocker afin de maximiser une fonction objectif choisie (ou fonction de satisfaction,
ou fonction d’utilité). La fonction objectif doit intégrer le mieux possible (ou le moins mal
possible tant cet exercice est difficile) une estimation de la satisfaction des différents usagers de la
ressource en eau. Les modèles de gestion ne sont qu’une représentation imparfaite des systèmes
réels de gestion. Utilisées dans un contexte opérationnel, les décisions pseudo-optimales (car
solutions d’un problème a fortiori simplifié du cas réel) obtenues avec les modèles de gestion
constituent malgré tout une aide précieuse à la décision pour le gestionnaire du système de
gestion réel (Figure 1.7).
Figure 1.7 – Schéma de principe d’un modèle de gestion. Il est composé d’une représentation
simplifiée du système physique réel du système de gestion, d’une représentation
simplifiée des usages de la ressource et d’un algorithme d’optimisation
Par abus de langage, nous parlerons de décision optimale pour décrire les décisions résultant
de l’optimisation de la gestion d’un système modélisé. Ces décisions optimales ne constituent
évidemment pas les décisions optimales pour le système de gestion réel.
12/279
1.2. Ressource en eau et usages futurs
Les indicateurs de performance peuvent également être appliqués aux sorties du système modélisé
(Figure 1.6b). La performance mesurée du système modélisé est alors une estimation
de la performance réelle du système de gestion, qui ne peut être mesurée qu’a posteriori.
La performance du système modélisé est d’autant plus proche de la performance réelle que le
système modélisé est une bonne représentation du système réel de gestion.
Le premier pas vers l’adaptation des règles de gestion des systèmes est d’évaluer au mieux,
à la fois les modifications de la ressource en eau et des usages, qui comme le rappellent Roche
et al. [2012], sont indissociables. En effet, la ressource en eau ne peut être abondante ou rare,
qu’au regard des usages que l’on souhaite en faire.
La présente section fait un état des lieux, nécessairement non exhaustif, des modifications
probables pour le siècle à venir quant à la disponibilité de la ressource et des usages associés
ainsi que des conséquences possibles de ces changements sur les systèmes de gestion.
13/279
Chapitre 1. Introduction Générale
ou une diminution de la ressource en eau (Figure 1.8). De manière générale, les régions les plus
sèches (e.g. le pourtour de la Méditerranée, l’ouest des États-Unis, de l’Australie et le sud de
l’Afrique) devraient d’autant plus s’assécher et inversement (e.g. les régions Nordiques, l’Inde et
l’Afrique orientale du fait des régimes de moussons, devraient être plus humides qu’aujourd’hui).
Figure 1.8 – Modification du module des débits de rivières à grande échelle (en pourcentage)
pour la période 2090-2099 comparée à 1980-1999. Les valeurs présentées sont les
médianes de 12 modèles climatiques (Scénario SRES A1B). Les zones pour les-
quelles moins 66 % des modèles ne présentent pas le même signe de modifications
sont coloriées en blanc. Les zones hachurées sont celles pour lesquelles le signe de
la modification concorde dans plus de 90% des cas. Adapté de IPCC [2007b]
Les nombreuses études d’impact du changement climatique en milieu alpin présentent toutes
des résultats similaires sur les modifications à attendre des comportements hydrologiques des
bassins versants, particulièrement en zone de montagne (e.g. Middelkoop et al. [2001]; Nohara
et al. [2006]; Horton et al. [2006]; Schneider et al. [2012]; Lafaysse et al. [2013]). Les études des
modifications de disponibilité de la ressource en eau attendues dans ces régions ont fait l’objet
d’une revue proposée par Barnett et al. [2005]. Dans ces régions, les débits hivernaux futurs
pourraient être plus élevés qu’aujourd’hui du fait de la hausse des températures qui entrainerait
une diminution du taux de précipitations sous forme solide à cette période. L’accumulation hi-
vernale de neige et de glace devrait donc être moins importante sur ces bassins versants ce qui
réduirait l’intensité des crues printanières lors de la période de fonte.
Par ailleurs, la modification du climat pourrait également modifier la saisonnalité des débits
de rivières. Schneider et al. [2012] montrent par exemple que l’augmentation des températures
engendrerait une fonte précoce des manteaux neigeux puis de la glace sur certains bassins en
Europe et que par suite, les ondes de fonte de certains fleuves Alpins et Nordiques pourraient
être avancées de plus de 30 jours (Ces rivières sont illustrées en couleur violette sur la Figure
1.9). De telles modifications de saisonnalité pourraient également être observées pour des régimes
14/279
1.2. Ressource en eau et usages futurs
hydrologiques de type pluvial, considérant une probable modification de la saisonnalité des pré-
cipitations a bien que la diminution des précipitations dans ces régions, en terme de moyenne
annuelle, devrait être la première cause des modifications de débits de rivières (Lettenmaier et al.
[1999]).
De manière générale, le régime hydrologique des bassins versants alpins (régime nival) serait plus
sensible au changement de températures que celui des bassins versants en aval (régime pluvial)
qui serait davantage soumis à la modification du régime des précipitations.
Figure 1.9 – Modification de la saisonnalité des débits de rivières à l’horizon 2041-2070 (Scé-
nario SRES A2) Adapté de Schneider et al. [2012]
Comme le suggère par exemple Knox [2000] via une étude paléohydrologique, une faible modi-
fication des forçages climatiques pourrait impliquer une modification importante de la variabilité
des évènements hydrologiques extrêmes. Ainsi, le changement de climat pourrait également se
traduire par une augmentation en fréquence des évènements de crue ou d’étiage sévères. Les
épisodes de sècheresse résulteraient de l’accroissement de la demande évaporative due à l’aug-
mentation des températures ainsi qu’à une diminution des précipitations durant l’été comme
le montrent Douville et al. [2002] pour l’Europe du sud et centrale. Au contraire, Christensen
et Christensen [2003] montrent que la fréquence et l’intensité des crues pourraient augmenter
dans ces régions malgré une tendance à la diminution des précipitations. Une conséquence pro-
bable de cette augmentation en fréquence des crues serait à terme, d’accélérer la sédimentation
des réservoirs b dégradant la qualité des eaux et limitant au fil des années leurs capacités de
stockage (Greimann et al. [2012]). Le changement de variabilité des débits de rivières affecte-
rait donc à la fois la sûreté des populations (crues et étiages sévères) et la durabilité des ouvrages.
a. e.g. Beyene et al. [2010] montrent une modification de la saisonnalité des débits du Nil bleu du fait
de la modification de la saisonnalité des précipitations.
b. Phénomène de dépôt de sédiments au fond des lacs-réservoirs
15/279
Chapitre 1. Introduction Générale
Un autre impact du changement climatique sur la ressource en eau pourrait être la dégrada-
tion de sa qualité. Whitehead et al. [2009] ont réalisé une revue des modifications probables des
eaux de surface continentales. Par exemple, la diminution des écoulements en rivière entrainerait
une dilution moins importante des substances polluantes et donc à un abaissement de la qualité
des eaux. Cet effet, associé à l’augmentation des températures des eaux des rivières a , affectant la
cinétique des réactions chimiques, conduirait à une dégradation importante des hydrosystèmes.
Une deuxième exemple de l’impact de l’augmentation des températures de l’eau (ici en hiver),
serait la diminution des échanges en nutriments des eaux de surfaces et des eaux profondes dans
les grands lacs (Straile et al. [2003]), ce qui pourrait engendrer une stratification des eaux et par
suite la dégradation de ces milieux aquatiques.
Les combinaisons de ces modifications devraient a priori modifier les clés de répartitions tem-
porelle et entre usages des systèmes de gestion, cela même en ne considérant aucune modification
des usages de l’eau par rapport à aujourd’hui, que ce soit en terme de volume de demande, de
saisonnalité et de variabilité. Cette hypothèse n’est bien entendu pas réaliste du tout, les usages
de l’eau s’adapteront a minima à la modification de la ressource, et donc du climat.
Les possibles modifications des usages de la ressource en eau, ainsi que les évolutions probables
du secteur énergétique impactant sensiblement les systèmes de gestion, sont discutées section
1.2.2.
En montagne, le secteur touristique et indirectement ses liens avec la ressource en eau, est
amené à évoluer. Pour preuve la revue écrite par Beniston [2003] qui, sans oublier le secteur tou-
ristique, parcourt une large gamme des impacts probables du changement de climat en région de
montagne. Perry et Smith [1996] expliquent par exemple que l’augmentation des températures
pourrait permettre d’augmenter la durée de la période propice aux activités de plein air l’été, ce
qui pourrait engendrer une plus grande diversité de ces dernières. Rixen et al. [2011] montrent
que le nombre de jours skiables en Suisse devrait être amené à diminuer du fait d’un enneigement
a. Il a été montré que l’augmentation des températures des eaux des rivières pouvait être reliée à
l’augmentation des températures de l’air et la diminution des débits. Par exemple, Moatar et Gailhard
[2006] font état de ces résultats sur la Loire (France)
16/279
1.2. Ressource en eau et usages futurs
réduit dû à la hausse des températures de l’air. L’utilisation de neige de culture, une alternative
potentiellement viable économiquement pour certaines stations, pourrait modifier considérable-
ment les bilans en eau des têtes de bassin. En France, malgré le fait que les besoins importants
en eau pour la production de neige de culture (de l’ordre de 3000m3 d’eau par hectare de piste
selon Denarie [2005]) soient localisés au plus mauvais moment de l’année a , cette alternative a
commencé à se développer durant les dernières années et pourrait se généraliser davantage (Mar-
nezy [2008]).
A une échelle plus globale, la FAO b explique dans un récent rapport sur la sécurité alimen-
taire (Turral et al. [2011]), que les diminutions de débits de rivières et des niveaux des nappes
phréatiques attendues dans des régions telles que le bassin Méditerranéen et les zones semi-arides
d’Amérique, d’Australie et d’Afrique du sud, affecteront davantage la disponibilité de l’eau dans
ces régions. Dans ce même rapport, la FAO prévient également des risques encourus par les
populations vivant dans les grands deltas (e.g. les grandes deltas Asiatiques), pour lesquelles, en
plus de l’augmentation du stress causé par la diminution des débits de rivières, va venir s’ajou-
ter des problèmes de salinisation c des terres agricoles résultant de l’augmentation du niveau des
mers.
La diminution de la ressource disponible pour l’agriculture dans ces régions est d’autant plus
préoccupante qu’elle sera couplée avec une augmentation de la demande en irrigation du seul fait
de l’augmentation des températures (Turral et al. [2011]). Toujours dans ce même rapport, la
FAO propose certaines solutions comme la modification des habitudes alimentaires des popula-
tions ce qui permettrait d’économiser d’importants volumes d’eau en choisissant par exemple des
cultures à meilleur rendement. Giannakopoulos et al. [2005] proposent sur le bassin Méditerra-
néen d’adapter les calendriers culturaux, ce qui pourrait limiter les effets néfastes du changement
de climat sur les cultures mais pourrait néanmoins requérir, dans certains cas, une augmentation
de 40 % de la demande en irrigation.
Le secteur énergétique pourrait, d’un certain point du vue, engendrer un stress supplémentaire
vis-à-vis de la sécurité alimentaire des populations et donc de l’usage agricole de l’eau. En ef-
fet depuis une dizaine d’années, la pression grandissante sur des ressources fossiles limitées, a
entrainé l’émergence d’un nouveau type de carburant : les agrocarburants (également appelés
biocarburants). Du fait de subventions, ce type de culture est souvent plus rentable que les
cultures vivrières qui représentent environ 80 % de l’agriculture des pays en voie de développe-
ment (Mazoyer et Roudart [1998]). La concurrence des exploitations des sols pourrait à terme,
engendrer une hausse des prix des denrées alimentaires, qui s’aligneraient sur les prix de marché
de l’énergie (Iacona et al. [2012]).
En supplément de la hausse des besoins en eau agricole du seul fait du climat, l’augmentation
de la population mondiale durant le siècle à venir, et donc des besoins en eau, va engendrer une
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Chapitre 1. Introduction Générale
accentuation importante de ces besoins. De Marsily [2009] a tenté d’estimer les besoins mondiaux
en eau aux horizons 2025 et 2050 (Tableau 1.1).
Tableau 1.1 – Évolution des consommations mondiales d’eau. Adaptée de De Marsily [2009]
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1.2. Ressource en eau et usages futurs
Dans un contexte hypothétique où les ressources primaires a ne seraient pas limitées, et en
l’absence de réchauffement climatique, il pourrait être assez aisé de répondre à cet accroissement
de la demande énergétique. Il suffirait par exemple de construire davantage de centrales ther-
miques (pétrole, gaz et charbon) b . Ce n’est malheureusement pas le cas.
19/279
Chapitre 1. Introduction Générale
Figure 1.11 – Projections de demande en électricité en France à l’horizon 2030. Ces projec-
tions sont réalisées pour quatre scénarios de développement socio-économique.
Ces scénarios sont basés sur six critères : la croissance économique, la croissance
démographique, le développement de l’efficacité énergétique et des énergies re-
nouvelables, l’amélioration des interconnexions entre réseaux électriques (Smart
grid) et l’évolution du parc nucléaire. Noir :scénario médian ; Rouge : Consomma-
tions fortes ; Bleu : Croissance faible ; Vert : Nouveau mix-énergétique. Le détail
de ces scénarios de développements sont disponibles dans le rapport RTE [2012]
a. L’efficacité énergétique ou l’efficience énergétique, vise à réduire les dépenses énergétiques tout en
maintenant pour l’usager une satisfaction inchangée.
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1.2. Ressource en eau et usages futurs
énergétique permettrait à terme de limiter la demande énergétique globale (cf. scénario ”Nou-
veau mix” Figure 1.11). Les effets de ces efforts pourraient toutefois être limités par ce que
les économistes appellent l’effet rebond (Broc [2012]). Cet effet se définit comme la réduction
voire l’annulation des économies d’énergie par des modifications de comportement de la société a .
D’après Belmans [2012] les consommations électriques devraient continuer à augmenter malgré
l’amélioration de l’efficacité énergétique des appareils électriques.
Figure 1.12 – Répartition du mix énergétique en Europe à l’horizon 2050. Les énergies renou-
velables (solaire, éolienne, hydraulique) sont amenées à occuper une place plus
importante qu’à l’heure actuelle) Source : RTE
a. Des exemples simples d’effet rebond seraient le fait d’éteindre moins fréquemment les ampoules
basses consommations ou d’utiliser davantage des voitures plus économes et moins polluantes.
b. Le réseau intelligent (”Smart Girds”) est un réseau de distribution d’électricité conçu pour optimiser
la production, la distribution et la consommation d’électricité. Il a pour but de lier l’offre à la demande
en énergie. Une revue de ce nouveau domaine de recherche est proposée par Sun et al. [2011]
21/279
Chapitre 1. Introduction Générale
Quelle serait alors la place de l’hydroélectricité de barrage dans ce nouveau mix énergétique ?
Sera t-elle toujours utilisée lors des pics de consommations ? Les réservoirs hydrauliques seront-ils
davantage associés à des STEP a permettant d’améliorer l’adéquation entre l’offre très intermit-
tente des énergies éolienne et solaire, et la demande en énergie.
Ces questions illustrent bien entendu qu’une infime partie des directions possibles de l’hydro-
électricité. Le rôle qu’elle jouera réellement dans le siècle à venir est encore difficile à évaluer
avec certitude, du fait de la nature multi-usages de l’eau et des difficultés à évaluer le devenir
de ces usages.
Néanmoins, le travail réalisé de cette thèse sera uniquement focalisé sur les modifications
liées au climat malgré le fait que de nombreux aspects, dont certains ont été abordés ici (e.g.
augmentation population, développement économique, intégration des énergies renouvelables
intermittentes dans un nouveau mix-énergétique, modification des usages du sol) soient très im-
portants, et conditionneront fortement le devenir de la ressource en eau ainsi que sa gestion
(Viviroli et al. [2011]).
La complexité des différents facteurs qui conditionnent l’élaboration des règles de gestion
d’une part et les fortes incertitudes associées aux climats régionaux futurs ainsi qu’aux usages
futurs d’autre part, rendent impossible l’anticipation des modifications à prévoir des règles de
gestion. La seule analyse possible est d’estimer la performance des systèmes de gestion dans le
cadre de scénarios futurs très simplifiés (les contextes ressource-usages-contraintes étudiés sont
nécessairement très loin des configurations qui seront réellement observées).
a. STEP : Station de Transfert d’Énergie par Pompage. Ce type d’installation permet de pomper l’eau
en aval des barrages lors des périodes ou la consommation est basse, pour la restituer après turbinage
pendant les périodes à plus fortes consommations
22/279
1.4. Conclusion : Objectifs de la thèse
Payne et al. [2004] proposent un ensemble de mesures permettant d’adapter les règles de
gestion des retenues du bassin du fleuve Columbia. Parmi celles-ci on retrouve, l’avancée dans
l’année du remplissage des réservoirs (afin de garantir un remplissage complet malgré la dimi-
nution des apports en fin d’été), l’augmentation de la production hydroélectrique durant les
périodes de fortes chaleurs (pour répondre à la hausse des consommations dues à l’augmentation
des températures) ou encore l’augmentation du volume réservé aux débits minimaux. Sur ce
même bassin et avec les règles de gestion actuelles conservées en climat futur, Christensen et al.
[2004] montrent qu’une diminution de l’ordre de 17 % des débits entrainerait une diminution de
40 % du volume des réserves. En conséquence de quoi Vanrheenen et al. [2004] concluent que
même en appliquant des politiques de mitigation ou d’adaptation, il sera impossible de conserver
le niveau de performance actuel de ce système.
Kundzewicz [2009] relève néanmoins le fait que certains effets du changement climatique
pourraient être positifs sur la ressource en eau dans certaines régions (cf. Figure 1.8 les régions
du monde pour lesquelles les débits de rivières sont amenés à augmenter). Minville et al. [2009]
montrent par exemple au Canada une hausse de la production énergétique due à la hausse des
débits dans cette région. Mais même lorsque les effets du changement climatique peuvent se
montrer positifs pour certains usages, des mesures d’adaptation de la gestion peuvent néan-
moins s’avérer nécessaires pour en optimiser l’utilisation. En contre partie de la probable hausse
de production hydroélectrique dans ces régions, le risque de crue pourrait être plus élevé qu’à
l’heure actuelle (Minville et al. [2009]; Veijalainen et al. [2010]). Adapter les courbes guides des
ouvrages, comme proposé par Veijalainen et al. [2010] pour un ensemble de grands lac scandi-
naves, permettrait de limiter le risque de crue et d’étiage sévère mais diminuerait la capacité du
système à bénéficier pleinement de l’augmentation possible de production électrique.
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Chapitre 1. Introduction Générale
Dans un premier temps, l’objet de cette thèse sera donc d’explorer la faisabilité d’un modèle
de gestion pour la réserve de Serre-Ponçon qui soit une représentation réaliste de la gestion
actuelle de l’ouvrage, mais suffisamment simple pour être appliquée dans un contexte de ”données
limitées”. Pour ce faire il faut a minima :
Dans un second temps, l’objectif de cette thèse sera de présenter différentes mesures de la
performance du système modélisé de Serre-Ponçon. La performance du système modélisé sera
estimée pour les différents modèles de gestion pour la période récente dans le chapitre 5. Nous
présenterons ensuite dans le chapitre 6, le cadre d’analyse que nous utiliserons ensuite pour ef-
fectuer l’estimation de la performance du système modélisé en contexte de climat modifié.
Nous évaluerons dans le chapitre 7, les modifications de la performance estimée par un mo-
dèle de gestion entre différentes périodes contrôle et futures. En particulier, nous estimerons les
incertitudes liées à la chaı̂ne de simulation utilisée pour la génération des scénarios météorolo-
giques utilisés en entrée du modèle gestion. Différents modèles de circulation générale (GCM) et
différentes méthodes de descente d’échelle statistique composent ces différentes chaı̂nes de simu-
lation, permettant de générer les scénarios météorologiques à l’échelle du bassin de Serre-Ponçon.
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1.4. Conclusion : Objectifs de la thèse
Synthèse
La gestion de la ressource en eau au sein de la thèse
La gestion de la ressource en eau est un domaine de recherche pluri-disciplinaire
très large mixant à la fois des problématiques économiques, politiques, sociétales et
environnementales. Elle nécessite, dans un contexte opérationnel, une stratégie de
gestion permettant de calculer les allocations quotidiennes de cette ressource.
3. Évaluer les incertitudes liées aux modèles de gestion sur l’estimation de la per-
formance du système de gestion de Serre-Ponçon.
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Chapitre 1. Introduction Générale
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Partie II
Gestion de Serre-Ponçon :
Principe et modèles
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Chapitre 2
Très tôt dans l’histoire, le climat aride du sud-est de la France a obligé les populations locales
à exploiter rapidement les ressources en eau régionales. L’exploitation des eaux de la Durance
a ainsi débuté depuis plus de huit cents ans. Elle a particulièrement augmenté durant le siècle
dernier. Historiquement, l’usage agricole a été la principale justification de l’utilisation de cette
eau, mais au fil des années de nouveaux usages se sont développés le long des berges de la rivière.
Aujourd’hui, une grande partie de l’eau de la Durance est détournée vers un canal le long du-
quel de nombreux ouvrages hydroélectriques ont vu le jour durant les dernières décennies. Avec
la retenue de Serre-Ponçon (SP) positionnée en tête de ce canal sur la Durance et la retenue
de Sainte-Croix (SC) sur le Verdon, l’ensemble de ces aménagements composent la Chaine de
Production Hydraulique Durance-Verdon (CPH-DV).
29/279
Chapitre 2. La Chaine de Production Hydraulique Durance-Verdon
besoins en eau potable et industrielle (19ème siècle) a forcé les populations locales à construire
davantage d’aménagements de ce type pour subvenir aux besoins d’une population croissante.
Mahiou et al. [2003] expliquent que malgré le nombre important de prises d’eau construites au
19ème siècle, l’aléa naturel des débits de la Durance pouvait engendrer des pénuries d’eau (1895)
ou fragiliser, voir détruire les équipements installés lors d’épisodes de crues sévères (1843, 1856).
Figure 2.1 – Canal Saint Julien à Cheval-Blanc, Vaucluse, France (Photo : Wikipédia ’Véro-
nique PAGNIER’ )
L’idée de construire un grand barrage (Serre-Ponçon, Figue 2.2) en amont des usages, se dé-
veloppe dès le début du 19ème siècle. Ce barrage permettrait de i) protéger les installations pour
éviter de devoir les reconstruire à chaque passage d’une crue et de ii) protéger les populations et
cultures de pénuries d’eau trop sévères. La construction de cette retenue est repoussée à plusieurs
reprises pour des raisons techniques et / ou administratives (Mahiou et al. [2003]). La construc-
tion et l’exploitation de l’aménagement de SP et de la Basse-Durance sont finalement concédées
à Électricité de France (EDF) par la loi du 5 Janvier 1955. Au moment de la construction de la
retenue de SP, les objectifs établis de cet aménagement étaient :
La mise en eau de la retenue a été réalisée lors de l’année 1960. Pendant les cinquante an-
nées suivantes, de nombreux ouvrages sont venus compléter ceux déjà existants sur le bassin.
Aujourd’hui, la majeure partie de l’eau de la Durance transite désormais entre SP et l’étang
de Berre dans un canal usinier de plus de 180 kms de longueur (Figure 2.3). La Durance n’est
pas la seule rivière à contribuer aux volumes écoulés dans ce canal. De nombreux affluents de la
Durance comme le Verdon, l’Asse ou encore le Büech y contribuent également. Sur la branche
Verdon, d’importantes retenues ont également été construites durant le siècle dernier. La plus
importante est la retenue de SC, mise en eau en 1974.
La capacité de ce canal est de 250 m3 /s. Tout le long de celui-ci, l’eau est successivement
turbinée par des usines au fil de l’eau (Points rouges Figure 2.3). Au total, 22 usines hydroélec-
triques composent la CPH-DV (incluant les usines situées sur le Verdon). Des barrages de tailles
plus modeste (Points jaunes Figure 2.3) ont également été construits sur le canal dans le but de
i) réguler l’eau dans le canal et de ii) collecter les apports complémentaires des bassins versants
30/279
2.1. Chaine hydraulique Durance-Verdon : enjeux et contraintes
Figure 2.2 – Barrage de Serre-Ponçon. La retenue est alimentée par la Durance et l’Ubaye. La
réserve de Espinasses peut être observée dans le bas de la photo. Cette retenue est
le point de départ du canal usinier EDF sur la branche Durance. Photo : ’Camille
Sim’
intermédiaires (BVI). La gestion de ces retenues est en grande partie conditionnée par leur faible
capacité de stockage, ce qui les amène à se vider et à se remplir parfois plusieurs fois au sein
d’une même journée. L’optimisation de la production hydroélectrique de la CPH-DV est confiée à
EDF qui est délégataire de l’exploitation de l’ensemble de ces branches (i.e les branches Durance,
Verdon et Basse-Durance, cf. Figure 2.3). Il faut toutefois noter que chaque ouvrage de l’amé-
nagement dispose d’un cahier des charges qui lui est propre (Balland et al. [2002]). La puissance
totale installée sur la CPH-DV est de 2000 MW, soit l’équivalent de deux tranches nucléaires,
et est mobilisable en dix minutes. La production annuelle de la CPH-DV est de l’ordre de 6,5
milliards de kWh ce qui équivaut à 40 % de l’électricité produite en région PACA (EDF [2012a]).
Les caractéristiques des retenues de la CPH-DV sont présentées dans le Tableau A.1 de l’annexe.
L’enjeu touristique sur les berges du lac de SP et des retenues du Verdon est également pré-
sent au sein de la gestion de la CPH-DV bien que les concessions des ouvrages ne le mentionnent
31/279
Chapitre 2. La Chaine de Production Hydraulique Durance-Verdon
Branche Durance
Branche Verdon
Etang de Berre
aucunement. Du fait d’une pression sociale évidente et de revenus économiques importants, cet
aspect n’est pas ignoré par le gestionnaire EDF. De plus des activités récréatives sur certains
cours d’eau comme le Buëch ou l’Asse peuvent être rendus possibles grâce à des lâchés d’eau en
été.
Le partage des eaux de la Durance entre les différents usages pourrait laisser envisager des
complications lors de périodes de pénuries. Cependant dans ce cas, des solutions de mitigation
peuvent être mises en place. En effet en Basse Durance, si le besoin s’en fait ressentir, des tranches
d’eau supplémentaires de 25 Mm3 peuvent être mobilisées pour alimenter les canaux d’irrigation
moyennant une indemnisation à hauteur du préjudice subi par le gestionnaire EDF (Convention
du 24 novembre 1953). Des discussions entre les différents acteurs sur le bassin peuvent également
être engagées comme ce fut le cas durant la sécheresse de 2002, afin de limiter le stress sur le
bassin versant (Roux [2003]). Cette année là, la pluie cumulée et l’enneigement observés début
janvier étaient les plus bas depuis le début des observations en 1948. Les débits entrant dans la
retenue de SP du mois d’octobre 2001 au mois de janvier 2002 étaient de l’ordre de 60 % des
apports moyens à cette période. Les prévisions d’apports au 30 juin se situaient entre 40 et 60 %
des normales. Les satisfactions des besoins agricoles et touristiques durant l’été 2002 semblaient
compromises. En conséquence, EDF a pris dès le mois de Décembre 2001 des mesures visant à
garantir l’approvisionnement en eau potable et en eau agricole, tout en limitant l’impact sur le
niveau des lacs pour limiter l’impact sur le tourisme. Par exemple, dès le 22 décembre 2001, la
centrale thermique de Martigues a été employée à sa capacité maximale afin de se substituer
à une diminution de production de la CPH-DV durant l’hiver 2001/2002. De plus, les irrigants
de la Basse-Durance, réunis au sein de la Commission Exécutive de la Durance (CED), ont
fait preuve de solidarité en réduisant significativement leur consommation d’eau durant l’année
32/279
2.2. L’eau de la Durance
Cadarache
Avignon
Figure 2.4 – Carte de la région PACA. Les réserves agricoles sont indiquées par des cylindres
violets. Le canal usinier EDF est représenté par des flèches vertes. Les canaux de
la SCP sont représentés par des traits rouges. De Cadarache à Avignon (viaduc
de Barbentane) la SMADV est délégataire du partage des tranches d’eau agricoles
sur le bassin.
(i.e. une diminution de 13 % des prélèvements moyens entre les mois de février et septembre
2002). Ces différentes actions ont permis de garantir l’alimentation en eau des canaux, la saison
touristique sur les berges des lacs et la production énergétique. La gestion de cette crise est une
réussite, et n’aurait pu être réalisée sans le partage d’informations, entre les différents acteurs
sur le bassin.
33/279
Chapitre 2. La Chaine de Production Hydraulique Durance-Verdon
Il n’y a pas de mesure directe des apports à la retenue de SP. Ces apports sont cependant
reconstitués à partir du bilan aménagement de SP. L’estimation du débit entrant à SP est réalisée
à partir de la quantité d’énergie produite et de la hauteur mesurée du lac. Dans ce cas, ces apports
reconstitués sont nommés ANR (Apports Naturels Reconstitués). Les ANR de la Durance à la
réserve de SP sont présentés Figure 2.5a de 1960 à 2000. Du fait de la composante nivale du bassin
versant, les ANR à SP présentent une saisonnalité très marquée (courbe rouge Figure 2.5a).
Toutefois, les ANR présentent une variabilité saisonnière et inter-annuelle importante (Tableau
2.1). A titre d’exemple, sur la période 1960-2000, le volume annuel écoulé dans SP durant l’année
1977 a été supérieur à 7600 Mm3 alors que durant l’année 1989, seulement 2700 Mm3 sont entrés
dans la retenue (Figure 2.5b et Tableau 2.1). A l’échelle saisonnière, une importante variabilité
inter-annuelle est également observée. A titre d’exemple, durant la saison JJA (juin - juillet -
août), le rapport entre le volume minimal (757 Mm3 ) et le volume maximal (3737.9 Mm3 ) entré
dans la retenue de SP est proche de cinq (Tableau 2.1). Au contraire, les faibles ANR hivernaux
sont les moins variables et présentent un écart type minimal.
Au sein de la période 1960-2000 il est possible de discerner une variabilité basse fréquence
dans la série des ANR à la retenue, et ainsi de dissocier des séquences d’années sèches comme
la période 1987-1990 et des séquences plus humides comme 1975-1977 (Figure 2.5b).
34/279
2.2. L’eau de la Durance
8000
7000
6000
5000
4000
3000
(a) (b)
Figure 2.5 – (a) Rouge : Moyenne inter-annuelle journalière des ANR à la réserve de Serre-
Ponçon. Gris : ANR à Serre-Ponçon de 1960 à 2000. (b) Variabilité inter-annuelle
des ANR entrant dans Serre-Ponçon. Aucune tendance d’évolution des ANR n’est
observée sur la période 1960-2000 à l’échelle annuelle.
En conclusion, les volumes importants d’eau entrant dans la réserve de SP (Qmoyen 80m3 /s)
présentent une saisonnalité très marquée mais surtout une variabilité saisonnière et inter-annuelle
importante. Dans un contexte de gestion, la saisonnalité des ANR permet au gestionnaire de pou-
voir anticiper certains objectifs et contraintes et d’établir une stratégie de gestion. Au contraire,
la variabilité importante que présentent les ANR à SP, altère la vision de l’avenir du gestionnaire
et complique l’exploitation et le respect des objectifs de la réserve de SP et d’un point de vue
plus global, celui d’un système de ressource en eau tel que la CPH-DV.
Dans la suite du document, les apports ANR pourront être considérés comme des observations,
et pourront donc être nommés de la sorte. Ces données ont été fournies par le gestionnaire EDF
de la retenue de SP.
Il n’existe pas de mesures exhaustives des contributions des différents BVI au canal usinier
EDF. Ces volumes d’apports peuvent toutefois être estimés via les bilans aménagements de la
CPH-DV. Ce travail a été réalisé par EDF lors du projet GIS-Durance (Prudhomme [2003]). A
titre d’exemple, les apports inter-annuels moyens journaliers de quatre affluents de la Durance
sont présentés Figure 2.6b sur la période 1990-2003. Ces quatre affluents sont positionnés sur la
carte Figure 2.6a.
35/279
Chapitre 2. La Chaine de Production Hydraulique Durance-Verdon
35
Buech
Bleone
30 Asse
Coulon
25
20
15
10
0
J F M A M J J A S O N D
(a) (b)
Figure 2.6 – (a) Carte du bassin versant de la Durance à l’amont d’Avignon (b) Évolution du
régime hydrologique des affluents de la Durance en fonction de leur positionnement
sur le bassin versant. Tout comme les apports au réservoir de SP, les données de
débits en Basse Durance sont reconstitués via les bilans aménagements du bassin
versant.
Les volumes d’eau entrant dans la retenue de SP présentent une saisonnalité marquée (section
2.2.1). La saisonnalité des apports n’est pas forcément en adéquation avec la saisonnalité des
besoins des utilisateurs. La présence de grands réservoirs en tête de la CPH-DV tels que SP
sur la Durance et SC sur le Verdon, permet via le stockage, de faire correspondre l’offre (i.e.
36/279
2.3. Usages de l’eau de la Durance
la ressource en eau) et la demande aux moments ou celle-ci est la plus élevée. Au fil de cette
section les principaux usages de l’eau de la Durance seront présentés.
Les chiffres d’affaires des trois premiers secteurs d’activité sont très variables (Balland et al.
[2002]). Il s’élève à 950 Me pour le secteur agricole, 325 Me pour l’hydroélectricité et 150
Me pour le tourisme. Depuis le rapport réalisé par Balland et al. [2002] les chiffres concernant
l’activité touristique ont été mis à jour et approchent davantage les 200 Me.
Sur l’ensemble de la région, l’irrigation des terres agricoles représente la majeure partie des
prélèvements avec plus de 2250 Mm3 prélevés par an (soit près de 80 % des volumes prélevés
totaux, les 20 % restants sont attribués à l’approvisionnement en eau potable (AEP)). Ce vo-
lume est plus de cinq fois supérieur au besoin estimé des cultures de la région. Cette différence
importante provient du système d’irrigation gravitaire, majoritairement utilisé dans la région et
très consommateur en eau. L’utilisation de cette méthode d’irrigation conduit entre 70 et 80 %
des volumes prélevés à retourner vers l’environnement après infiltration.
L’eau prélevée dans le canal usinier est répartie en Basse-Durance (à l’aval de Mirabeau) via
un réseau de quinze grands canaux. Les autorisations de prélèvements de ces canaux sont définies
par la loi de 1955 et sont de 114 m3 /s. Quelques m3 /s supplémentaires sont prélevés en Moyenne
Durance par d’autres canaux d’irrigations (i.e. les canaux de Manosque, de la Brillanne et de
Ventavon). En période estivale, dès lors que les ANR reconstitués à Cadarache sont inférieurs
aux besoins des agriculteurs en Basse Durance, la demande est satisfaite en mobilisant la réserve
agricole par déstockage de SP. La réserve agricole du Verdon est quand à elle utilisée pour les
besoins en eau du SCP. En règle générale, l’hydroélectricité est peu sollicitée durant l’été. Les
volumes lâchés durant cette période par les grands réservoirs ne résultent donc pas d’une opti-
misation de la production énergétique. Ils fournissent donc une bonne indication de l’utilisation
de la réserve agricole. Ils seront nommés dans la suite du document débit de dotation a .
a. Le débit de dotation est tout de même turbiné par les différents ouvrages de la CPH-DV
37/279
Chapitre 2. La Chaine de Production Hydraulique Durance-Verdon
Il n’existe pas de mesure exhaustive des prélèvements sur le bassin de la Durance. Les prélève-
ments peuvent toutefois être reconstitués au niveau de la réserve de Cadarache après estimation
des ANR à Cadarache et du débit de dotation de SP. Ces prélèvements reconstitués de 1990 à
2003 sont présentés Figure 2.7.
140
1990
1991
120 1992
1993
1994
100 1995
1996
1997
80 1998
1999
2000
60 2001
2002
2003
40
20
0
J F M A M J J A S O N D
Figure 2.7 – Cycle annuel des prélèvements reconstitués à Cadarache. Les chroniques sont lis-
sées sur une fenêtre de 10 jours.
Les chroniques de prélèvements reconstituées présentent une composante saisonnière très mar-
quée et sont maximales durant l’été. Cette demande dépend du calendrier cultural (saisonnalité
des cultures), de la demande évaporative de l’atmosphère et des précipitations locales (souvent
limitées néanmoins à cette saison). Des pics de prélèvements peuvent être observés durant les
mois d’avril. L’importante consommation d’eau à cette période s’explique par une pratique agri-
cole qui consiste à asperger le sommet des vergers dans le but d’enrober les fruits d’une coquille
de glace afin de les protéger des gelées printanières. Les pics de prélèvements durant les mois de
juillet et août dépassent les droits d’eau de 114 m3 /s en Basse Durance. Ce supplément pourrait
provenir des prélèvements effectués en Moyenne Durance mais également des incertitudes du
processus de reconstitution de ces données.
38/279
2.3. Usages de l’eau de la Durance
1982 a , ont permis à ce secteur d’activité de se développer, et même de se pérenniser le long des
rives des lacs de SP et du Verdon.
Aujourd’hui, le lac de SP représente un plan d’eau navigable de 3000 ha. En supplément des
activités récréatives classiques (baignades, randonnées ...) ce plan d’eau est le terrain de jeux
de nombreuses écoles de voiles (sept écoles sont affiliées à la Fédération Française de Voile), un
club d’aviron et deux clubs de ski nautique. Au total quinze bases nautiques permettent à ces
différents clubs de pratiquer leurs activités. Le nombre de nuitées liées au lac de SP durant les
mois de juillet et août est de l’ordre de deux millions (Figure 2.8).
Les revenus liés au lac de SP durant la saison touristique représentent 40 % du chiffre d’affaire
du secteur du département des Hautes Alpes. Un niveau de remplissage suffisant est nécessaire
durant cette saison. La gestion de cette cote touristique est conventionnée entre la SMADESEP b
et EDF depuis 1999 (Balland et al. [2002]). Ce niveau de remplissage doit permettre la bonne
pratique des activités nautiques et de baignades ainsi que des paysages de qualités ; le marnage
durant cette saison engendre des vents de sable et peut rendre certaines installations nautiques
inutilisables, tout en dégradant les paysages, ce qui défavorise les activités touristiques (Balland
et al. [2002]).
Afin de limiter ces risques, EDF assure un remplissage des réservoirs permettant la bonne
pratique des activités touristiques sur les berges des lacs durant la saison estivale. Par exemple
pour la retenue de SP, une stratégie de remplissage est planifiée à l’avance via une courbe guide
de remplissage. Cette courbe guide de remplissage définit pour un jour calendaire donné, le vo-
lume nécessaire dans la retenue pour pouvoir espérer satisfaire l’objectif fixé. A SP, cet objectif
est fixé est de satisfaire, neuf années sur dix en moyenne, la cote de 778m NGF au 1er juillet.
Le calcul de cette courbe guide de remplissage est réalisé à partir des historiques d’apports et
39/279
Chapitre 2. La Chaine de Production Hydraulique Durance-Verdon
En opérationnel, le niveau réel du lac de SP ne vient buter contre la courbe guide que très
rarement : un volume de sécurité est assuré en permanence par le gestionnaire de façon à pouvoir
turbiner en cas d’évènements non prévus sans avoir à descendre en dessous de cette courbe guide
(Leveque [2012]). Cette marge de sécurité est de l’ordre d’une quinzaine de jour.
150
100
50
0
J F M A M J J A S O N D
Figure 2.9 – Cycle inter-annuel moyen des débits turbinés par l’usine de SP (1960-2010)
Les débits turbinés sont maximaux durant l’été. Ces importants volumes turbinés corres-
pondent à i) la satisfaction de la demande agricole (section 2.3.1) et dans une autre mesure ii)
40/279
2.3. Usages de l’eau de la Durance
à limiter les déversements lors de l’arrivée d’importants volumes d’apports durant le printemps.
Du mois d’octobre au mois d’avril la production moyenne semble plus ou moins constante (Fi-
gure 2.9). La moyenne inter-annuelle des débits turbinés Figure 2.9 cache en fait une variabilité
plus importante. La dynamique de production de SP est en effet plus rapide : les quantités
d’eau turbinées peuvent varier rapidement dans le temps. Cette variabilité est observée au pas
de temps journalier Figure 2.10, et est également très importante au sein d’une même journée.
200
150
100
50
0
J90 F90 M90 A90 M90 J90 J90 A90 S90 O90 N90 D90 J91 F91 M91 A91 M91 J91 J91 A91 S91 O91 N91 D91
Figure 2.10 – Débits journaliers turbinés par SP entre le 1er janvier 1990 et le 31 décembre
1991.
70
65
60
55
50
45
Lu Ma Me Je Ve Sa Di
Figure 2.11 – Cycle hebdomadaire moyen des débits turbinés à Serre-Ponçon (Lu : lundi ; Ma :
mardi ; Me : mercredi ; Je : jeudi ; Ve : vendredi ; Sa : samedi ; Di : dimanche)
41/279
Chapitre 2. La Chaine de Production Hydraulique Durance-Verdon
42/279
2.4. La CPH-DV au sein de la thèse
Ces usages constituent toutefois les principaux enjeux du bassin versant. L’évolution de la cote
de SP est présentée sur l’image Figure 2.12. Son évolution résulte du déphasage temporel entre
les apports au réservoir et les usages de l’eau. Le déstockage hivernal important résulte ainsi
d’une production conséquente à cette période, alors que les apports au réservoir sont minimaux
du fait de la forte proportion des précipitations en phase solide. Le remplissage durant le prin-
temps, nécessaire pour l’usage touristique du lac, est possible grâce aux apports importants de
l’onde de fonte. Durant l’été, la hauteur du lac diminue du fait de la fourniture du débit de
dotation. Au début de l’automne, la hauteur du lac peut à nouveau augmenter les années où de
fortes précipitations provoquent d’importantes crues.
Sollicitation agricole
Déstockage hivernal
Objectif de cote touristique
Figure 2.12 – Influence de l’adéquation entre la ressource en eau et les usages sur l’évolution
de la cote de SP. Modifiée d’après Sambarino et Roux [2008]
43/279
Chapitre 2. La Chaine de Production Hydraulique Durance-Verdon
Synthèse
La chaine de production hydraulique Durance-Verdon (CPH-DV)
Le régime hydrologique
En amont de SP et SC, les régimes sont de type nival (forte saisonnalité fonction
des cycles d’accumulation / fonte du manteau neigeux sur leur bassin versant). Cette
influence nivale diminue progressivement en direction de l’aval. En Basse-Durance, le
régime hydrologique est de type pluvial, uniquement influencé par les précipitations.
La CPH-DV est un système de gestion dit multi-usages. Sa gestion est confiée à EDF
(loi du 5 janvier 1955). Initialement, les objectifs étaient la régulation des eaux de la
Durance, la satisfaction des besoins des irrigants sur le bassin de la Basse Durance et
la production d’hydroélectricité.
Aujourd’hui, la CPH-DV assure un débit réservé au pied de l’ensemble des ouvrages
de la chaine. Les réservoirs de SP et SC constituent deux réserves agricoles disponibles
pour les usagers (SP : 200 Mm3 pour la Basse Durance, Reservoirs Verdon : 250 Mm3
pour les besoins de la Société du Canal de Provence).
La production de SP, en tête de la branche Durance de la CPD-DV est essentiellement
concentrée durant les périodes de pointe de consommations électriques. Cette produc-
tion permet durant ces périodes, d’équilibrer l’offre à la demande d’une région limitée
dans ses capacités d’échanges avec le reste du réseau national.
Les activités touristiques se sont développées en France durant les dernières décen-
nies. C’est également le cas sur le bassin de la Durance. EDF assure un remplissage
des grands réservoirs de la CPD-DV permettant la bonne pratique de ces activités.
Étant donné le très fort potentiel économique du lac de SP durant la saison estivale, le
remplissage est assuré neuf années sur dix en moyenne par EDF.
44/279
Chapitre 3
Les contraintes et usages de l’eau de la réserve de SP pris en compte dans cette thèse doivent
être modélisés ou conceptualisés afin de permettre dans un deuxième temps de réaliser l’opti-
misation et la simulation de la gestion du système modélisé de SP. Leurs développements sont
présentés tout au long de ce chapitre (Figure 3.1).
Modèle Hydrologique:
- Apports au réservoir de SP
Revenus de SP:
- Intérêt à produire de l’énergie
- Consommations électriques
§ 3.2
Estimation de la
Usage touristique: performance
- Courbe guide de remplissage
§ 3.4
Figure 3.1 – Schéma de principe des interactions entre les différents sous modèles utilisés dans
cette thèse.
45/279
Chapitre 3. Modèles d’apports et d’usages de l’eau
3. Toujours dans le cas du système modélisé de SP, la contrainte de débit minimal est définie
par le débit de dotation Qdot. La modélisation de cette demande en eau en aval du système
est présentée section 3.3.
4. Une contrainte de stock minimal, représentée par la courbe guide de remplissage, permet la
bonne pratique du tourisme l’été sur le lac de SP. L’évaluation de celle-ci pour le système
modélisé de SP est présentée section 3.4.
Les sorties de ces différentes modélisations / représentations, seront par la suite utilisées en
entrée du modèle de gestion du système modélisé SP. A l’exception du modèle hydrologique
(section 3.1), l’ensemble des développements décrits dans ce chapitre ont été réalisés durant la
thèse.
a. Notons que les précipitations au-dessus du lac sont négligées ici et ne sont pas considérées comme
des apports au réservoir. De même, les pertes (i.e. évaporation au-dessus du lac, infiltration, prélèvements
en amont des turbines) ne seront pas décomptées du volume en stock de la réserve.
b. Institut National de la Recherche Scientifique
46/279
3.2. Production hydroélectrique
La version du modèle Cequeau utilisée au sein du projet RIWER 2030 est une version modi-
fiée par rapport à la version originale Québécoise (Davantage de détails sont fournis en annexe
A.3). Dans sa version EDF R&D, le modèle Cequeau a été calé (1982-2005) / validé (1959-1981)
sur le bassin versant amont de SP (Bourqui et al. [2011]).
La moyenne inter-annuelle journalière des apports simulés par le modèle Cequeau sur la
période 1959-2005 est comparée à la moyenne inter-annuelle observée sur la Figure 3.2. Le cycle
annuel est bien reproduit par Cequeau. Le modèle Cequeau a déjà été utilisé pour des études
d’impact du changement climatique (Hendrickx [2001]; Manoha et al. [2008]).
250
Obs
Sim
200
150
100
50
0
J F M A M J J A S O N D
Figure 3.2 – Cycle inter-annuel moyen des apports observés (noir) et simulés (rouge) à l’entrée
de la réserve de SP. Sur la période de calage, le critère de Nash calculé entre les
débits simulés et observés est égal à 0.86, sur la période de validation il est égal à
0.83
L’objectif de cette section est de construire une fonction objectif, à optimiser par le système
modélisé de SP via la production d’énergie. Malgré les simplifications importantes du problème
de gestion évoquées dans le chapitre 2, l’objectif est tout de même de construire une fonction
de revenus la plus réaliste possible, i.e. encourageant une production durant les pics de consom-
mations. La définition de ces revenus sera a fortiori conceptuelle. Ils ne pourront être assimilés
a. Rigoureusement, le terme de revenus n’est pas correct ici. La dimension économique n’est pas
présente dans ce travail de thèse. Par abus de langage nous emploierons tout de même ce terme
47/279
Chapitre 3. Modèles d’apports et d’usages de l’eau
à une valeur monétaire réelle comme à des euros par exemple. L’unité de ces revenus est définie
comme U M (Unité Monétaire). La formulation de ces revenus définit la fonction objectif à op-
timiser par le module de gestion de SP, développé Chapitre 4.
La philosophie employée dans cette thèse a été de définir et d’utiliser un intérêt à produire
de l’énergie variable dans le temps. Les revenus réalisés pour un certain volume d’eau turbiné à
une date ti seront considérés proportionnels à cet intérêt. Cette approche a déjà été utilisée lors
d’études réalisées par le gestionnaire EDF, notamment par Dupeyrat et al. [2008] à l’occasion
du projet IMAGINE 2030 (http://www.opcc-ctp.org/). Dans ce projet, l’intérêt à produire de
l’énergie était considéré constant lorsque la température moyenne journalière France de l’air
était supérieure à 15 C. Il était égal à l’écart à 15 C dès lors que la température moyenne
journalière France de l’air était inférieure à ce seuil. A la vue de la relation paraissant lier les
consommations électriques et les températures en France (Figure 3.3), un tel intérêt à produire
de l’énergie semble pertinent. Les consommations électriques France augmentent en effet à peu
près linéairement en dessous de 15 C et ne semblent pas sensibles aux températures au dessus
de ce seuil.
70000
65000
60000
55000
50000
45000
40000
35000
30000
25000
-5 0 5 10 15 20 25 30 35
Figure 3.3 – Influence de la température France sur l’évolution des consommations électriques
observées (RTE) en France (1996-2003). Les données de consommations électriques
France sont fournies par la RTE sur la période 1996 à aujourd’hui. Les données
de température France sont issues des réanalyses SAFRAN (Vidal et al. [2010]).
1. Il n’est pas variable au sein d’une même journée. En l’absence de droits d’eau en aval à
satisfaire et sans aucune discrétisation infra-journalière de l’intérêt à produire de l’énergie,
les turbinés simulés par le modèle de gestion seraient inévitablement, soit nuls (intérêt
insuffisant pour déclencher une production) soit maximaux (intérêt suffisant). Ce mode de
fonctionnement dit tout ou rien n’est pas celui des ouvrages hydroélectriques à l’échelle
de la journée.
Pour prendre en compte une variabilité à une échelle temporelle inférieure à la journée,
des données de températures infra-journalières pourraient être utilisées. Cependant, cela
impliquerait après simulation de la gestion, une production énergétique concentrée la nuit
48/279
3.2. Production hydroélectrique
(les températures nocturnes étant plus basses que celles de la journée). Cela ne correspond
pas non plus au mode de fonctionnement des ouvrages hydroélectriques.
3. Il ne permet pas de différencier les jours de semaines des week-ends alors que durant
ces journées les consommations électriques sont plus faibles. Le système de gestion de
SP présente d’ailleurs une production énergétique diminuée durant les week-ends (Figure
2.11).
Pour ces raisons, nous avons fait le choix d’utiliser un intérêt à produire de l’énergie directe-
ment proportionnel à la consommation électrique moyenne France plutôt que de considérer un
indice de température similaire à celui utilisé dans IMAGINE 2030 (équation 3.1).
I Cste C (3.1)
Dans une configuration idéale, il faudrait utiliser un intérêt à produire au pas de temps le plus
fin possible afin de suivre l’évolution de la consommation électrique France au sein d’une journée.
La RTE met à disposition des données de consommations électriques au pas de temps 30 minutes
de 1996 à aujourd’hui sur son site web (http://www.rte-france.com/fr/). Cependant, sur une
longue période d’étude, les temps de calcul nécessaires à l’optimisation de la gestion du système
modélisé de SP seraient a fortiori bloquants, si un tel pas de temps était utilisé. C’est pourquoi,
nous avons fait le choix d’utiliser le même pas de temps que le gestionnaire EDF utilise lors de
l’optimisation de l’ouvrage (Leveque [2012]) : une journée est découpée en trois postes horaires
(PH). Chaque PH est de durée égale à huit heures. La consommation électrique moyenne de
chaque PH est utilisée pour définir l’intérêt à produire de l’énergie pour la réserve de SP (Figure
3.4).
L’intérêt à turbiner durant chaque PH est donc supposé constant. Durant chacun des PH,
le mode de fonctionnement est a fortiori tout ou rien, i.e. que les turbinés R sont également
supposés constants durant la durée d’un PH. Par suite durant un PH fixé, si aucune contrainte
de débit minimal en aval n’est définie (i.e. Qdot 0), les revenus f de l’ouvrage, supposés
proportionnels à cet intérêt à produire de l’énergie, sont modélisés par l’équation 3.2.
49/279
Chapitre 3. Modèles d’apports et d’usages de l’eau
75000
I t2
70000
I t3
65000
PH 1: 00H 08H PH 2: 08H 16H PH 3: 16H 00H
MW
60000
I t1
55000
50000
Figure 3.4 – Consommations électriques France lors d’une journée hivernale. La journée est
découpée en trois postes horaires d’une durée égale à huit heures pour lesquels un
intérêt moyen Ith est défini. L’intérêt à produire de l’énergie est supposé propor-
tionnel à la consommation électrique moyenne durant chaque poste horaire
Avec fthi le bénéfice économique réalisé (U M ) pour un lâché d’eau de uh Rmax m3 /s effectué
par la réserve de SP à la date ti durant le PH h de durée ∆th (en secondes) et Ithi l’intérêt
à produire de l’énergie fonction de consommation électrique France durant la même période
(U M.kW h1 ). φpSthi q est le rendement de l’usine hydroélectrique de SP (kW h{m3 /s) lorsque
le stock de la retenue vaut Sthi Mm3 (cf. annexe A.5). uh est la commande que l’on cherche à
optimiser. Au sein d’un PH, les valeurs possibles de uh sont 0 (pas de production énergétique) ou
1 (production énergétique). La valeur financière d’un kW h est donc plus importante durant les
journées et les PH où les consommations électriques sont les plus fortes, c’est à dire durant les
périodes où la demande en énergie est la plus forte. Au pas de temps journalier, en considérant
que la variation de volume au sein d’une journée ne modifie pas le rendement φ, l’équation 3.2
devient :
¸
ft i pUti , Sti , Iti q Ithi uh Rmax ∆th φpSt q i (3.3)
h
°
Avec Uti : la somme des commandes uh à la date ti (Uti h uh ) et Iti le vecteur des intérêts
à turbiner aux différents PH (Iti rIt1i , It2i , It3i s) si le nombre de PH est de trois.
Nous avons vu précédemment que le respect des droits d’eau et la satisfaction de la demande
en aval (section 2.3.1) se traduit par la fourniture d’un débit de dotation tout au long de la
journée. Ce débit est également turbiné par l’usine de SP, il est donc valorisé économiquement.
Dans ce cas, les revenus possibles du système modélisé de SP s’écrivent :
# +
¸
ft i pUti , Sti , Iti q Ithi uh pR max
Qdott q ∆t
i
h
Qdotti ∆t µIti φpSt q
i (3.4)
h
Avec Qdotti ∆t le volume lâché afin de satisfaire la demande en eau journalière en aval
(∆t 86400s). Ce volume est lâché uniformément durant la date ti , il est donc valorisé par un
50/279
3.2. Production hydroélectrique
°
h Ithi uh pRmax Qdott q ∆th φpSt q est le revenu journalier résultant de l’op-
i i
timisation de la production.
En d’autres termes, le revenu à une date ti est supposé égal à la somme des revenus réalisés
durant chaque PH h. Pour un PH h fixé, le revenu est supposé égal au produit de la quantité
d’énergie produite par l’intérêt à produire de l’énergie, fonction de la consommation électrique
moyenne de ce même PH. La quantité d’énergie produite est fonction du volume turbiné et du
rendement qui varie avec le niveau de remplissage du système.
A une date ti fixée, si la commande optimale est de turbiner pendant un nombre de postes
Uti avec Uti 3, les volumes sont turbinés durant les périodes les plus avantageuses (i.e. durant
les périodes où l’intérêt à produire est le plus élevé).
Les consommations électriques à chaque PH, nécessaires au calcul de l’intérêt à turbiner, sont
estimées via un modèle de consommation électrique développé durant cette thèse. Les détails de
cette modélisation sont présentés en annexe A.4. Toutefois, son principe est rappelé ici. Cette
modélisation est réalisée en deux étapes :
A titre d’exemple, les consommations journalières observées (noir) et simulées (bleu) durant
l’année 1996 sont présentées Figure 3.6. Sur cette figure nous pouvons constater que le modèle
proposé, très simple, permet assez bien de reproduire la dynamique de consommation électrique
en France lors de cette année. Sur l’ensemble de la période de simulation (1996-2003), le critère
Nash obtenu est de l’ordre de 0.87.
51/279
Chapitre 3. Modèles d’apports et d’usages de l’eau
70000
Semaine
65000 Samedi
Dimache
Ferie
60000
55000
50000
(MW)
45000
40000
35000
30000
25000
-5 0 5 10 15 20 25 30 35
Temperature
70000
65000
60000
55000
50000
(MW)
45000
40000
35000
30000 Obs
Sim
25000
J F M A M J J A S O N D
Figure 3.6 – Comparaison entre la consommation observée (courbe noire) et simulée (courbe
bleue) lors de l’année 1996.
52/279
3.3. Modélisation de la demande agricole et du débit de dotation de Serre-Ponçon
La totalité des apports des BVI ne participe pas à la satisfaction de la demande en eau en
aval de la retenue de Cadarache. Si tel avait été le cas, le coefficient k équation 3.5 aurait eu
comme valeur 1. Une partie des apports collectés dans le canal usinier entre SP et Cadarache
(QBV I ), doit en effet être redirigée vers le cours naturel de la Durance pour satisfaire les droits
d’eau (i.e. le débit réservé aux pieds des différents ouvrages sur ce tronçon de la CPH-DV). De
plus, des prélèvements en amont de la retenue de Cadarache peuvent également exister, ce qui
pourrait avoir comme effet de diminuer davantage la part des QBV I entrant réellement dans
la retenue de Cadarache. Le terme d’apports intermédiaires QBV I équation 3.5, doit donc être
pondéré par le paramètre k, avec k<1. Ce paramètre est supposé constant dans le temps. Une
représentation plus fine de la sollicitation pourrait faire intervenir une dépendance temporelle
de ce paramètre.
Les apports des BVI sont reconstitués à partir i) de chroniques de débits sur certains points
des bassins intermédiaires, ii) de bilans aménagements et iii) d’estimations d’apports natu-
53/279
Chapitre 3. Modèles d’apports et d’usages de l’eau
Le débit de dotation de la réserve de SP obtenu à partir de l’équation 3.5 est présenté pour
la période 1990 à 2002 sur la Figure 3.7. Les apports des BVI (rouge) étant supérieurs aux
prélèvements durant l’hiver (noir), le débit de dotation (bleu) est nul à cette période. Durant la
saison estivale, les prélèvements ne présentent pas de variabilité inter-annuelle forte (Figure 2.7
page 38 + Balland et al. [2002]). En conséquence, la variabilité inter-annuelle observée du débit
de dotation à cette période dépend au premier ordre des apports entrant dans le canal usinier,
et donc de la pluviométrie sur le bassin versant de la Durance à l’aval de SP.
Le débit de dotation sera modélisé avec la même équation que celle utilisée pour la reconsti-
tution 3.5. Dans un premier temps, les modélisations de la demande agricole en Basse Durance
et des apports BVI sont présentés respectivement section 3.3.3 et 3.3.4. Après calage des para-
mètres du modèle de dotation, les débits de dotation simulés seront comparés aux chroniques de
débits de dotation reconstitués dans la section 3.3.5.
a. Notons que les volumes lâchés par la retenue de Sainte-Croix pour subvenir aux besoins du ca-
nal de Provence sont considérés ici comme des prélèvements en amont de la réserve de Cadarache et
n’interviennent donc pas dans le calcul des apports de BVI à Cadarache.
54/279
3.3. Modélisation de la demande agricole et du débit de dotation de Serre-Ponçon
Figure 3.7 – Co-influence des apports au canal usinier et des prélèvements sur le débit de
dotation de la réserve de SP. Courbes rouges : apports au canal usinier EDF.
Courbes noires : Prélèvements reconstitués à Cadarache. Courbes Bleues : Débit
de dotation calculé de la réserve de SP.
A une date donnée, les besoins en eau des agriculteurs dépendent de l’étendue des surfaces
en culture, des types de plantes en culture et du stade végétatif des cultures. Ils sont d’autant
plus importants que le potentiel évaporatoire de l’atmosphère est grand et que les ressources
en eau, mobilisables localement par les plantes dans les sols et le sous-sol, sont limitées. Ces
différents facteurs sont pris en compte de façon simplifiée dans la modélisation des besoins
en eau proposée ci-dessous. Cette modélisation est largement perfectible. Elle ignore de fait, de
55/279
Chapitre 3. Modèles d’apports et d’usages de l’eau
nombreux facteurs importants qui modulent cette demande en eau dans le temps et dans l’espace
(e.g. la modification des types de culture d’une année à l’autre ou la possibilité pour certains
agriculteurs de mobiliser des ressources en eau de surface locales (cours d’eau voisins, bâches
agricoles locales)). Elle a pour seul objectif de permettre une estimation plausible des besoins
en eau à l’échelle de la région en aval pour un assolement régional inter-annuel moyen. Pour une
culture donnée, le besoin en eau B (mm.j 1 ) peut être estimé via l’équation 3.6.
B Kc ET0 (3.6)
où ET0 est l’évapotranspiration dite de référence (mm.j 1 ), calculée pour une culture de
référence donnée (gazon). Elle représente le potentiel évaporatoire de l’atmosphère. KC est le
coefficient cultural de la culture. Le coefficient cultural est le rapport entre l’évapotranspiration
d’une culture (ETc) et l’évapotranspiration potentielle de référence ET0 . Ce coefficient intègre
quatre caractéristiques primaires qui permettent de distinguer cette culture de la culture de réfé-
rence. Ces caractéristiques sont : la hauteur de la culture, la résistance de surface sol-végétation,
l’albédo et l’évaporation depuis le sol (Allen et al. [1998]). Pour une culture donnée, ce coefficient
est donc variable dans le temps.
Les besoins en irrigation dépendent de la demande en eau des cultures et des ressources
en eau locales mobilisables par ces dernières. Si les stocks en eau dans les sols sont suffisants,
l’irrigation n’est pas nécessaire. Elle le devient dès que les plantes ne peuvent plus mobiliser les
ressources nécessaires à leur développement. Localement, cela se produit lorsque la demande en
eau des cultures est supérieure à la réserve utile. Les besoins en irrigation sont alors d’autant plus
importants que la demande en eau des plantes est forte et que le stress hydrique lié à un taux
d’humidité réduit dans les sols est fort. La façon dont est estimé ce stress hydrique pour la région
aval de la Durance est présentée section 3.3.3.b. Par suite la modélisation des prélèvements est
présentée section 3.3.3.c. Cependant, nous allons d’abord nous focaliser sur les estimations de
l’évapotranspiration de référence ET0 , et du coefficient cultural Kc .
56/279
3.3. Modélisation de la demande agricole et du débit de dotation de Serre-Ponçon
journalières et permet de fournir des résultats raisonnables d’ET0 sur un ensemble important de
bassins versants (Allen et al. [1998]).
Avec :
Les données de températures utilisées pour estimer l’évapotranspiration sont des températures
régionales moyennes estimées sur la base des ré-analyses SAFRAN (Vidal et al. [2010]) pour la
partie aval du bassin de la Durance, dont le point de contrôle le plus en amont est la retenue de
Cadarache (sous bassin C6 Figure 3.8). Le cycle annuel de l’ET0 , calculée pour la Basse Durance,
est présenté Figure 3.9 pour chacune des années de la période 1990-2002. L’ET0 est minimale fin
décembre, puis augmente jusqu’à la fin juillet environ. La variabilité inter-annuelle de l’ET0 cal-
culée durant la période estivale est plus forte que durant la période hivernale, mais reste tout de
même assez faible. De fait, les différences inter-annuelles observées sur les prélèvements reconsti-
tués (Figure 2.7) ne peuvent pas uniquement s’expliquer par la variabilité de l’ET0 ainsi calculée.
57/279
Chapitre 3. Modèles d’apports et d’usages de l’eau
Serre-Ponçon
Cadarache
Sainte-Croix
Figure 3.8 – Discrétisation du bassin aval de la Durance. A l’aval de Serre-Ponçon des données
de précipitations et de températures sont disponibles de 1959 à 2005 sur les regrou-
pements de sous-bassins versants en couleur. La chronique de température utilisée
pour l’estimation de l’ET0 en basse Durance est celle du BV 6 :”La Durance aval”.
Les données de températures et de précipitations utilisées pour calculer le stress
hydrique sont celles du BV C6 ”La Durance Aval”. Les données de précipitations
et de températures utilisées pour la modélisation des apports BVI entre SP et
Cadarache sont celles BV C2, C3, C4 et C5 (respectivement ”Le Buech à Serres”,
”La Durance à L’Escale”, ”Le Verdon à Ste Croix”, ”La Durance à Cadarache”)
7
1990
6 1991
1992
5 1993
1994
4 1995
1996
3 1997
1998
2 1999
2000
1 2001
2002
0
J F M A M J J A S O N D
58/279
3.3. Modélisation de la demande agricole et du débit de dotation de Serre-Ponçon
Figure 3.10 – Schéma de l’évolution du coefficient cultural pour une culture particulière
(Adapté de Allen et al. [1998])
Le coefficient cultural est donc fortement dépendant du calendrier cultural de cette culture,
qui peut varier d’une exploitation agricole à l’autre une même année, d’une année à l’autre pour
un même exploitant. Il est possible de définir un coefficient cultural à l’échelle régionale KCR
(forcément conceptuel). Il permet d’exprimer, compte tenu des différentes surfaces en culture à
un moment donné, le ratio entre la demande en eau de ces surfaces et la demande en eau de
l’ensemble du territoire considéré, s’il était partout engazonné (équation 3.8).
KCR pti q
p q
¸ KC s, ti .ds
(3.8)
Stot
Avec :
Les variabilités inter-annuelles des surfaces exploitées ainsi que les types de cultures réalisées
ne permettent pas d’effectuer le calcul rigoureux du coefficient cultural régional tel qu’il est
défini équation 3.8. Pour une certaine surface totale cultivée durant l’année, l’hypothèse que les
mises en cultures soient étalées temporellement durant l’année (avec une exploitation maximale
durant l’été) ne semble pas abusive. Dans ces conditions, le coefficient cultural régional KCR
est supposé pouvoir être modélisé très simplement par une gaussienne, de moyenne µe (position
dans l’année du maximum) et d’écart type σe (permet d’étaler la période de mise en culture).
La valeur maximale du coefficient cultural régional est définie par Ie . Les paramètres µe, σe, Ie
restent à déterminer lors du calage du modèle de prélèvements.
59/279
Chapitre 3. Modèles d’apports et d’usages de l’eau
Dès lors que la disponibilité de l’eau dans le sol passe sous un certain seuil, les cultures su-
bissent un stress hydrique. Au contraire, si la disponibilité de l’eau dans le sol est supérieure
à ce seuil, les cultures ne subissent aucun stress. La disponibilité de l’eau dans le sol (et donc
le stress hydrique) dépend i) de l’humidité du sol et ii) du type de sol. Par exemple, pour un
même taux d’humidité, la disponibilité de l’eau est plus faible dans un sol argileux que pour un
sol sableux. En période de stress, la croissance d’une plante diminue et peut dans certains cas
être stoppée. Dans le milieu agricole, l’occurrence fréquente d’un stress hydrique peut s’avérer
désastreuse pour une culture. Pour se prévenir de dommages potentiels (voir de la perte totale
de la culture), les agriculteurs irriguent les cultures dès lors qu’un risque de stress est avéré. La
disponibilité de l’eau dans le sol peut être évaluée à l’aide du modèle hydrologique Cequeau. Au
sein de ce modèle conceptuel, deux réservoirs décrivent l’état du sol : i) le réservoir sol et ii) le
réservoir nappe. L’eau présente dans le réservoir sol est supposée facilement mobilisable par les
plantes tandis que l’eau du réservoir nappe est supposée être à des profondeurs trop importantes
pour être utilisée par les plantes.
Le modèle hydrologique Cequeau disponible dans le projet RIWER 2030 est calé à l’amont de
SP. A l’heure où nous avons fait ces développements, aucune modélisation hydrologique n’était
disponible en Basse Durance. L’extension du modèle Cequeau sur la Durance Aval est prévue
dans le projet R2D2.
Afin d’avoir une estimation, même grossière, de la quantité d’eau dans le sol en Basse Durance,
le jeu de paramètres du modèle hydrologique calé à l’amont de SP (i.e. un bassin versant de haute
montagne), est utilisé pour simuler le territoire C6 situé en Basse Durance, Figure 3.8 (i.e. un
bassin versant à régime pluvial). Les moyennes spatiales des températures et des précipitations,
nécessaires à cette estimation, sont calculées sur le bassin versant C6 (i.e. du bassin versant à
l’aval de Cadarache). La hauteur d’eau dans le sol, modélisée en Basse Durance, est présentée
Figure 3.11 pour les années 1990 à 2002. L’évolution temporelle de la hauteur d’eau dans le
réservoir sol est fortement liée aux précipitations (les cumuls mensuels sont représentés par les
barres bleues Figure 3.11). Elle permet ainsi de prendre en compte la contribution locale des
précipitations.
Le facteur de stress hydrique SH est modélisé par l’équation 3.9.
Hsol
SH 1 min Hseuil
,1 (3.9)
Avec :
60/279
3.3. Modélisation de la demande agricole et du débit de dotation de Serre-Ponçon
0 0 0 0 0 0 0 0
J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D
100 2000 100 2000 100 2000 100 2000
80 1994 1500 80 1995 1500 80 1996 1500 80 1997 1500
60 60 60 60
1000 1000 1000 1000
40 40 40 40
20 500 20 500 20 500 20 500
0 0 0 0 0 0 0 0
J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D
100 2000 100 2000 100 2000 100 2000
80 1998 1500 80 1999 1500 80 2000 1500 80 2001 1500
60 60 60 60
1000 1000 1000 1000
40 40 40 40
20 500 20 500 20 500 20 500
0 0 0 0 0 0 0 0
J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D
100 2000
80 2002 1500
60
1000
40
20 500
0 0
J FM AM J J A S O N D
Figure 3.11 – Influence des précipitations totales (solide + liquide) sur la hauteur d’eau dans le
réservoir sol en Basse Durance. Courbes noires : Hauteur d’eau dans le réservoir
sol du modèle hydrologique Cequeau pour le territoire C6. Barres bleues : Cumuls
mensuels de précipitations totales du BV C6 Figure 3.8. Les cumuls mensuels de
précipitations sont donnés à titre indicatif de la pluviométrie sur le bassin de la
Durance. L’axe de gauche (mm) correspond à la hauteur d’eau dans le réservoir
sol. L’axe de droite (mm) correspond aux cumuls pluviométriques. Pour faciliter
la lecture graphique, l’axe des débits est limité à 100 mm et l’axe des cumuls
pluviométriques à 2000 mm.
Le stress hydrique ainsi défini varie entre 0 et 1. Il vaut 0 si Hsol , la hauteur d’eau dans le
réservoir sol de Cequeau pour le BV C6, est supérieure ou égale à la hauteur seuil. Au contraire
si la hauteur Hsol est inférieure au seuil, le stress augmente linéairement jusqu’à atteindre la
limite de 1 si la hauteur d’eau dans le sol est nulle. Le paramètre Hseuil est à caler.
3.3.3.c. Prélèvements
Les prélèvements effectués en Basse Durance sont considérés être la somme de prélèvements
non agricoles et agricoles. Les prélèvements non agricoles (P relevmin ) sont supposés constants
tout au long de l’année. Les prélèvements agricoles sont au contraire très saisonniers et fonction
de la demande des agriculteurs en Basse Durance. Les prélèvements sont modélisés de façon
simplifiée via l’équation 3.10 :
P relevti min Cste SHti KCRti ET0t SA i
P relevmin , P relevmax (3.10)
Avec :
61/279
Chapitre 3. Modèles d’apports et d’usages de l’eau
KCR : Coefficient cultural régional estimé (paramètres µe, σe, Ie ). Il représente l’évolution
temporelle du besoin en eau relatif (par rapport à l’ET0 ) des cultures à l’échelle régionale.
P relevmin est le prélèvement d’origine non agricole. Il est additionné aux prélèvements
agricoles.
Les paramètres optimaux de ce modèle de prélèvements (Hseuil , µe, σe, Ie ) sont obtenus à
l’aide d’une procédure de calage automatique (Tableau 3.1). La fonction de coût utilisée pour
caler le modèle de prélèvements est l’indice KGE (Gupta et al. [2009]). Ce critère permet d’obte-
nir un jeux de paramètres maximisant la corrélation tout en limitant le biais et en reproduisant
au mieux la variabilité de la chronique observée.
On notera que la valeur optimale du paramètre Hseuil est supérieure à la hauteur maximale
de stockage d’eau ( 136.4 mm) dans le réservoir sol simulé par le modèle hydrologique Cequeau
(Figure 3.11). Il n’y a donc pas de seuil en dessous duquel il n’y aurait aucun stress hydrique
à l’échelle régionale, ce qui impliquerait par suite une demande de prélèvement agricole nulle.
L’explication provient du fait qu’un unique réservoir sol est utilisé dans le modèle Cequeau pour
tout le territoire aval alors qu’il existe une forte variabilité spatiale de types de sols sur le bassin.
Comme énoncé précédemment, le type de sol a une influence importante sur la capacité des
plantes à utiliser l’eau présente dans les sols. L’utilisation d’un seul réservoir (et donc d’un seul
type de sol), par effet de combinaison, engendre la disparition du seuil à l’échelle régionale. Cela
a pour effet de générer un stress hydrique linéaire et non nul, quel que soit l’état de saturation
du réservoir global utilisé par C6, sur l’ensemble de la période d’étude.
Les prélèvements simulés (courbes rouges) sont confrontés aux prélèvements reconstitués
(courbes noires) sur la Figure 3.12. Étant donné la simplicité du modèle de prélèvements utilisé
(particulièrement l’hypothèse d’un coefficient cultural régional de forme gaussienne), les résul-
tats de simulation sont satisfaisants. Ce modèle simple permet notamment dans l’été de simuler
certaines variations brutales des prélèvements observés. Ainsi les diminutions brutales des pré-
lèvements durant les mois d’avril 1990, 1998 et 2002 sont assez bien reproduites. Au contraire,
62/279
3.3. Modélisation de la demande agricole et du débit de dotation de Serre-Ponçon
Hseuil µe σe Ie
139.1 189 126 1.98
Tableau 3.1 – Valeurs des paramètres optimaux du modèle de prélèvements. Hseuil : seuil de
stress hydrique (mm), µe : jour calendaire du besoin maximal en eau (j), σe :
écart-type du jour maximal du besoin maximal en eau (j), Ie : maximal relatif
du besoin en eau.
la reproduction des prélèvements importants liés à l’aspersion au-dessus des vergers à la fin de
l’hiver / début du printemps (1998, 1999, 2000) ne peut être réalisée car non conceptualisée dans
le modèle. Le critère de Nash calculé sur l’ensemble de la chronique de 1996 à 2002 a une valeur
de 0, 8.
La variabilité inter-annuelle des prélèvements est sans véritable surprise, relativement mal
reproduite par le modèle. On notera en particulier que le calendrier cultural et les assolements
sont supposés les mêmes d’une année à l’autre ce qui n’est évidemment pas le cas. La capacité du
modèle de prélèvements à reproduire la variabilité inter-annuelle des prélèvements reconstitués
est présentée en annexe A.6.1.
50 50 50 50
0 0 0 0
J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D
50 50 50 50
0 0 0 0
J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D
50 50 50 50
0 0 0 0
J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D
50
0
J FM AM J J A S O N D
Figure 3.12 – Comparaison des années de prélèvements observées (courbes noires) et simulées
(courbes rouges) via le modèle de prélèvements défini équation 3.10. Les para-
mètres de modèle de prélèvements sont donnés Tableau 3.1
63/279
Chapitre 3. Modèles d’apports et d’usages de l’eau
et Cadarache. Les apports sont simulés pour les quatre sous bassins C2, C3, C4 et C5 présentés
Figure 3.8. Les données de températures et précipitations nécessaires à cette modélisation sont
spatialisées sur chacune des quatre mailles considérées. Les apports simulés (courbes rouges)
entrant dans Cadarache sont confrontés aux apports reconstitués (courbes noires) Figure 3.13, sur
la période 1990-2002. Cette modélisation produit des apports supérieurs aux apports reconstitués.
Les différences importantes peuvent s’expliquer principalement par deux effets :
Le jeu de paramètres utilisé est celui obtenu par calage sur le bassin versant amont de la
Durance. Il n’est donc pas le jeu optimal pour les quatre sous bassins considérés.
La reconstitution des apports observés a été établie à partir de variables météorologiques
et de bilans aménagements. La référence utilisée pour évaluer le modèle hydrologique est
donc également sujette à caution.
Figure 3.13 – Comparaison entre les débits de bassins versants intermédiaires SP Ñ Cadarache
simulés (rouge) et reconstitués (noir). La valeur du critère de Nash obtenue sur
la période 1990-2002 est de 0.62
64/279
3.4. Tourisme : courbe guide de remplissage
sont présentés Figure 3.14 de 1990 à 2002 (débits de dotation reconstitués (noir) et simulés
(rouge).
Le modèle final de débit de dotation permet de reproduire assez bien la durée des périodes
où la sollicitation n’est pas nulle. Par exemple, le débit de dotation de la réserve de SP durant
l’année 1990 commence dès le mois de février et s’étend jusqu’au mois de septembre, au contraire
de l’année 2001 où le débit à fournir est seulement localisé durant les mois de mai à fin août. Le
modèle arrive à bien reproduire cette variabilité dans la plus grande majorité des cas. Seule l’an-
née 1992 est moins bien reproduite avec notamment, une surestimation importante des volumes
simulés durant les mois de mai et juin par rapport à la reconstitution.
50 50 50 50
0 0 0 0
J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D
50 50 50 50
0 0 0 0
J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D
50 50 50 50
0 0 0 0
J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D
150 Obs
Sim
2002
100
50
0
J FM AM J J A S O N D
Figure 3.14 – Comparaison entre les débits de dotation reconstitués (courbes noires) et simulés
à SP (courbes rouges).
Sur l’ensemble de la période, le Nash est de 0.8, ce qui est une valeur correcte compte tenu
de certaines hypothèses réalisées, et des incertitudes importantes sur les données reconstituées.
L’analyse de la capacité du modèle à reproduire la variabilité inter-annuelle du débit de dotation
est présentée en Annexe A.6.2.
65/279
Chapitre 3. Modèles d’apports et d’usages de l’eau
d’estimer les revenus économiques liés aux activités touristiques des réservoirs hydrauliques.
Dans le cas de Ward et al. [1996], ces revenus sont fonction de la surface des étendues d’eau et
donc au stock d’eau S présent dans le réservoir. Ces revenus pourraient donc être intégrés à la
fonction objectif f définie section 3.2. L’approche utilisée par Ward et al. [1996] a nécessité un
jeu important de données (e.g. le nombre de visiteurs sur site, la distance parcourue domicile-lac,
la proportion de touristes mineurs (¡ 18 ans)) non disponible au sein du projet RIWER 2030. Il
aurait également était difficile d’estimer leur évolution dans le temps étant donné les mutations
probables du secteur touristique sous couvert de changement climatique (Perry et Smith [1996];
Beniston [2003]; Hein et al. [2009]).
De plus, nous avons vu dans le chapitre 2 que EDF assure de bonnes conditions de rem-
plissage du réservoir de SP lors de la saison touristique. L’objectif de cote retenue est de 778m
NGF et doit si possible être atteint le 1er juillet. Cette hauteur correspond à un volume SObj T
stocké dans le réservoir de 972.9 Mm3 . La stratégie employée par EDF permet la satisfaction de
l’objectif de remplissage au 1er juillet en moyenne neuf années sur 10. L’intégration des revenus
touristiques au sein d’une fonction objectif n’aurait pas permis cette considération probabiliste
dans le gestion du remplissage du système modélisé de SP. L’objectif étant de construire un
modèle de gestion se rapprochant le plus possible de la gestion opérationnelle, nous avons fait le
choix de considérer l’usage touristique de la réserve SP comme une contrainte de stock minimal
à garantir durant l’été. De façon similaire à ce que réalise le gestionnaire de SP, une courbe guide
de remplissage V lim est définie pour garantir l’objectif de cote neuf années sur dix en moyenne.
La probabilité de 0.9 de satisfaction est calculée à partir de l’historique d’apports et de débits
de dotation à la disposition du gestionnaire. Le calcul de cette courbe guide de remplissage
90 % est réalisée en deux étapes :
1. Pour chacune des années de l’historique, le volume minimal Vti , nécessaire à chaque date
T
ti pour satisfaire l’objectif de cote S Obj au 1er juillet est calculé via l’équation 3.11.
¸
{
01 07t
i
Vti max T
SObj ∆t Qnetti , 0 (3.11)
ti t
T
Avec : SObj l’objectif de cote estivale (m3 ), 01{07ti le 1er juillet suivant la date ti et Qnetti
les apports nets à la réserve (m3 /s) au pas de temps journalier ∆t (86400 secondes). Les
apports nets au réservoir à une date ti sont définis par la différence entre les apports au
réservoir Qti et le débit de dotation Qdotti (équation 3.12). Ils peuvent donc être négatifs.
Qnetti Qt Qdott
i i (3.12)
2. Les valeurs de stock V limti définissant la courbe guide 90 % sont les quantiles 90 des
volumes Vti @ti .
Après le début de la saison touristique, l’hydroélectricité étant peu sollicitée en été, une cote
élevée est maintenue le plus longtemps possible selon les conditions d’apports au réservoir et du
66/279
3.4. Tourisme : courbe guide de remplissage
débit de dotation à fournir. Si a une date ti le volume de la réserve est inférieur à V limti , la
probabilité de satisfaire l’objectif de cote au 1er juillet est inférieur à 90 %. Si à une date ti la
valeur de V limti est nulle, cela signifie que neuf années sur 10, il n’est pas nécessaire de disposer
à cette date d’un stock d’eau dans la retenue pour espérer satisfaire en moyenne l’objectif de
cote au 1er juillet. Dans le cas de SP, la définition de V lim étant probabiliste, un calcul robuste
nécessite un historique le plus important possible.
Un exemple de courbe guide 90 % est présenté Figure 3.15 (courbe noire). Cette courbe guide
est calculée en utilisant un historique de 30 ans (19744-2003). Sur cette Figure, les courbes guides
des 30 années de l’historique sont représentées en gris.
1000
800
600
400
200
0
Jan Fev Mar Avr Mai Jun Jui Aou Sep Oct Nov Dec
Figure 3.15 – Courbe guide de remplissage 90 % calculée sur l’historique 1974-2003. Cette
courbe définit le volume nécessaire à une date calendaire donnée afin de satisfaire
neuf années sur dix en moyenne l’objectif de cote au 1er juillet. Durant les mois de
juillet et août, la courbe guide est égale au volume objectif durant cette période,
soit 972.9 Mm3 . Cette courbe guide 90 % étant calculée en utilisant 30 années
d’historique, le volume retenu à chaque date ti est le 4ème plus élevé.
La courbe guide augmente rapidement durant la période de l’onde de fonte (mai et juin). Le
reste de l’année, les faibles apports entrants dans la réserve impliquent une augmentation plus
lente de la courbe guide. Cette courbe guide représente la frontière entre deux modes de gestion
de la réserve :
Si le niveau de remplissage de la réserve à une date ti est supérieur à la courbe guide, une
optimisation de la production avec le volume excédentaire est possible.
67/279
Chapitre 3. Modèles d’apports et d’usages de l’eau
3.5. Conclusion
Comme cela a été précisé dans le chapitre 2, la prise en compte rigoureuse des contraintes et
objectifs de l’ouvrage de SP n’est pas possible à l’échelle du projet RIWER 2030 qui est limité
à l’amont de SP. Plusieurs hypothèses simplificatrices ont été nécessaires. Un premier travail a
donc été de conceptualiser les différents usages de l’eau de SP pris en compte dans cette thèse.
Ce travail a été réalisé via les différents développements présentés dans ce chapitre. Les résultats
de ces modèles seront utilisés en entrée du modèle de gestion permettant l’optimisation et la
simulation de la gestion du système modélisé de SP.
68/279
3.5. Conclusion
Synthèse
Le cas d’étude de Serre-Ponçon
A l’échelle du projet RIWER 2030 et de cette thèse, l’ensemble des objectifs et des
contraintes de la CPH-DV ne peuvent être pris en compte. Le sujet d’étude est ici
limité à la retenue de SP. Les principaux usages et contraintes en aval de SP sont
cependant intégrés à la gestion du système modélisé de SP. Ce travail est possible
grâce à une modélisation et / ou une conceptualisation de ces différents éléments.
# +
¸
ft i pUti , Sti , Iti q Ithi uh pRmax Qdott q ∆th
i
Qdotti ∆t µIti φpSt q
i
h
(3.4)
La demande en eau en aval de SP
Cette demande en aval est conceptualisée via un modèle de débit de dotation. Ce
débit intègre à la fois i) le débit réservé au pied de la retenue de SP, ii) la demande
agricole saisonnière et iii) une demande non saisonnière liée aux industries et à
l’approvisionnement en eau potable des grandes villes de la région. Ce débit de
dotation constitue la contrainte de débit minimal à fournir à chaque date ti .
69/279
Chapitre 3. Modèles d’apports et d’usages de l’eau
70/279
Chapitre 4
Pour le gestionnaire d’une retenue hydraulique, la gestion résulte en une séquence de décisions
portant sur les volumes à affecter à un moment donné aux différents utilisateurs de la ressource,
que ce soit sous forme de prélèvements pour l’irrigation ou l’approvisionnement en eau potable
des zones riveraines, ou sous forme de lâchers d’eau, éventuellement valorisés par une production
d’hydroélectricité, pour la satisfaction de différentes demandes en aval. Comme il est indiqué
en introduction, les décisions prises quotidiennement par le gestionnaire sont guidées par une
règle de gestion qui pourrait se décomposer en i) une règle de répartition entre usages et ii) une
stratégie de gestion (distribution temporelle de l’eau).
Dans les chapitres précédents, nous avons évoqué qu’une représentation simplifiée des règles de
gestion du système de SP impliquait par ordre de priorité : i) la satisfaction de la demande, en
eau en aval du système (le débit de dotation), ii) la satisfaction 9 années sur 10 en moyenne de
la cote touristique au premier juillet et iii) l’optimisation de la production énergétique.
Nous avons également évoqué dans le chapitre précédent que la production énergétique du sys-
tème modélisé allait être optimisée de façon à ce qu’elle soit principalement localisée lors des
pics de demande en énergie.
Tirer le meilleur parti de l’eau disponible pour produire de l’énergie, en garantissant si possible
les contraintes de débit et de cote, nécessite d’optimiser la stratégie de gestion. Nous parlerons
d’optimisation sous contraintes.
71/279
Chapitre 4. Modélisation de la gestion optimale de la retenue
Le problème d’optimisation de la gestion d’un réservoir hydraulique est présenté dans ces
grandes lignes section 4.1.
Dans cette thèse, ce problème d’optimisation est résolu à partir d’un algorithme de Pro-
grammation Dynamique (PD) qui est présenté section 4.2. Ce type d’algorithme est égale-
ment utilisé par le gestionnaire EDF pour optimiser la gestion de ses moyens de production
(Roche et al. [2012]).
La mise en œuvre de l’algorithme d’optimisation de la gestion est expliquée section 4.3.
Il existe de très nombreuses versions de cet algorithme. Trois d’entre elles sont utilisées
dans cette thèse. Elles sont basées sur différents niveaux de prévisibilité des apports et des
usages. Elles sont présentées section 4.4.
Les résultats de gestion obtenus par ces trois différents modèles de gestion sont finalement
illustrés section 4.5.
Dans le cas d’un réservoir hydraulique, la séquence de variables de décision est généralement
définie par la séquence de lâchés d’eau Rt permettant de maximiser ou de minimiser une fonction
objectif notée f obj . Toujours selon Wurbs [1993], la fonction objectif est le cœur de l’optimisation.
La forme de cette fonction dépend généralement du cas d’étude considéré et peut donc prendre
des formes différentes. Par exemple, elle pourrait être exprimée en terme de revenus économiques
(e.g. maximisation des revenus issus de l’hydroélectricité, minimisation des coûts de production,
minimisation des coûts liés aux dommages lors des crues), en terme d’utilité (e.g. minimisation
des restrictions de la fourniture en énergie, maximisation de la production hydroélectrique sur
une période) ou encore en terme de fiabilité ou de disponibilité en eau (e.g. minimisation des
déversements a , minimisation de la fréquence des épisodes de restriction, maximisation des débits
minimaux). Selon la définition de la fonction objectif fobj , le problème d’optimisation sur une
période [t0 ,tf ] consiste à résoudre l’équation 4.1 ou 4.2 :
a. Lorsque les apports d’un réservoir hydraulique ne peuvent être contenus, ils sont alors évacués
immédiatement par des évacuateurs de crues ou des déversoirs. La quantité d’eau ainsi évacuée ne transite
pas dans les turbines et ne participe donc pas à la production d’énergie. Ce volume est dit déversé
72/279
4.1. Optimisation de la gestion d’une réserve hydraulique
# tt +
¸f
M ax E fobj p.q (4.1)
Rt
t t0
# ttf +
¸
M in E fobj p.q (4.2)
Rt
t t0
Pour ces deux équations, le symbole E r.s représente l’espérance mathématique. L’espérance
mathématique utilisée ici résulte du fait que l’optimisation de la gestion des ouvrages hydrau-
liques est le plus souvent réalisée dans un contexte d’avenir incertain. Une telle optimisation ne
peut donc garantir qu’une maximisation (ou une minimisation) de l’espérance de la somme des
valeurs de la fonction objectif à chaque date t.
A une date t donnée, la valeur de fobj est conditionnée pour partie par la décision prise Rt .
Elle peut cependant dépendre d’éléments extérieurs au système. Par exemple, si fobj correspond
à des revenus économiques liés à la production énergétique, fobj dépend a fortiori du prix de
vente de l’énergie sur le marché. C’est pourquoi, la notation fobj p.q est pour le moment adoptée,
car elle ne restreint pas la fonction objectif à une dépendance à la variable de décision R. Les
contraintes appliquées à la gestion d’une réserve hydraulique s’expriment dans le cas général par
les équations 4.3 à 4.5.
Avec St le stock d’eau du réservoir (m3 ), Stmin et Stmax les stocks minimaux et maximaux
possibles de la réserve, Rt le volume lâché en aval par la réserve (m3 /s) ; Rtmin et Rtmax les turbi-
nés minimaux et maximaux pouvant être effectués par la retenue et Qt les apports au réservoir
à une date t. ∆t est un intervalle temporel pendant lequel Qt et Rt sont supposés constants.
Comme il est indiqué dans les équations ci-dessus, les contraintes d’un système de gestion
peuvent varier dans le temps, ce qui est généralement le cas. Un exemple fréquent est de limiter
le stock Stmax d’un réservoir à certaines périodes de l’année, jugées à forts risques, pour conserver
une capacité de stockage suffisante pour écrêter les possibles crues à venir. Une telle limitation
est par exemple écrite dans le règlement de la réserve de Villerest sur la Loire (Décret du 7 Mai
1983). Les valeurs de stock Stmin peuvent être élevées durant la période estivale afin de garantir
un niveau du lac élevé durant la période touristique. Un autre exemple serait d’affecter une
valeur non nulle à Rtmin afin de garantir un débit minimal au pied des ouvrages. Cette contrainte
peut également varier dans l’année, voir d’un jour à l’autre, comme c’est le cas pour les réserves
de SP et SC lors des déstockages agricoles.
73/279
Chapitre 4. Modélisation de la gestion optimale de la retenue
En plus de ces contraintes contextuelles, les variables de stock S et de décision R sont dans
tous les cas, bornées par les limites physiques du système :
S min : le stock d’un réservoir ne peut pas être inférieur à une certaine valeur en dessous
de laquelle il y aurait des problèmes d’exploitation (e.g. matières en suspension pouvant
endommager les turbines, sauvegarde des espaces naturels). Cette valeur est de fait indé-
pendante du temps.
S max : la capacité de stockage maximale du réservoir S max . Si les apports au réservoir
durant une période t ∆t dépassent S max , le volume en surplus est évacué par des organes
de sécurité (e.g. déversoirs, évacuateurs de crue). Ce volume excédentaire, dit déversé, est
perdu, sans avoir pu être turbiné.
Rmax : le volume d’eau lâché en aval d’un réservoir est limité par le dimensionnement des
turbines et des évacuateurs de crues.
L’équation de masse du barrage (équation 4.5) est une contrainte physique qui ne peut
dans aucun cas, ne pas être respectée.
Le terme trajectoire de réserve définit l’évolution temporelle du stock d’une retenue. Sur une
période donnée, la trajectoire de réserve optimale résulte de la séquence de décisions optimales.
A une date t donnée et considérant le niveau de remplissage d’un réservoir St observé, il est
facile de calculer la décision optimale dès lors que l’on connait, pour les pas de temps futurs,
la stratégie de gestion optimale. La stratégie de gestion optimale permet donc de résoudre les
équations 4.1 ou 4.2.
Prenons l’exemple d’une fonction objectif notée fobj 1 qui correspondrait à un revenu écono-
mique dépendant du débit turbiné R et du prix de l’énergie sur le marché noté P x. Supposons
que l’on connaisse la séquence de décisions qui permette d’optimiser l’espérance de la somme
des revenus sur la période [t0 ,tf ] dans le cas où le stock initial de la retenue serait égal à St0 à
t t0 . Notons E Ft0 pSt0 q cette espérance pour cette configuration. Plus généralement, notons
E Ft pS q cette espérance si elle obtenue à partir d’une date t quelconque et d’un niveau de rem-
plissage S également quelconque. Supposons que les valeurs E Ft pS q soient connues quel que
soit le niveau de remplissage S P[Stmin ,Stmax ], et quel que soit l’instant t P[t0 ,tf ]. Cet ensemble
de valeurs E F définit la stratégie optimale. La décision optimale Rtopt 1
à la date t1 est obtenue
via l’équation 4.6.
# +
M ax 1 pRt , P xt q
E fobj Ft2 pSt2 q (4.6)
1 1
Rt1
La stock St2 résulte de l’équation de conservation de la masse : St2 St1 pQt1 Rt1 q ∆t.
A la date t1 , les apports Qt1 et le prix de l’énergie sur le marché P xt1 sont généralement connus.
L’équation 4.6 peut alors s’écrire :
# +
1 pRt , P xt q
M ax fobj 1 1 E Ft2 pSt2 q (4.7)
Rt1
74/279
4.2. Résolution du problème d’optimisation
Plus le débit turbiné Rt1 à la date t1 est important, plus les revenus immédiats fobj1 pRt , P xt q
1 1
sont élevés. Néanmoins, plus Rt1 est élevé, moins le volume en stock à la date t2 , disponible pour
la production énergétique future sera important et par suite, moins l’espérance des revenus fu-
turs E Ft2 pSt2 q sera élevée. La décision optimale Rtopt est donc celle qui maximise la somme des
1
1
revenus immédiats fobj pRt1 , P xt1 q et l’espérance des revenus futurs optimisés E Ft2 pSt2 q .
Ainsi, pour construire une séquence de décisions optimale et donc une trajec-
toire de réserve optimale il suffit de connaitre la stratégie optimale E rF s. La
stratégie optimale est calculée lors d’une phase dite d’optimisation, sur la base
d’un ensemble de scénarios de variables d’intérêt de la gestion.
Entre autres, ces variables d’intérêt de la gestion sont : les apports au réservoir
Q, les valeurs des contraintes Rtmin ,Rtmax ,Stmin et Stmax , les températures, les pré-
cipitations et les descriptions des différents usages de l’eau (e.g. prélèvement,
demande en AEP, demande en énergie).
”Une politique optimale a la propriété que quel que soit l’état initial et les décisions
initiales, les décisions restantes doivent constituer une politique optimale pour l’état
résultant des premières décisions”
75/279
Chapitre 4. Modélisation de la gestion optimale de la retenue
Comme nous l’avons vu précédemment, une trajectoire de réserve optimale résulte d’une
séquence de décisions optimales. Les décisions optimales dépendent des usages et des contraintes
qui s’appliquent au système sur une période [t0 ,tf ]. Dans un contexte opérationnel, la décision
prise à chaque date t par le gestionnaire d’un système de gestion est prise dans un contexte
d’avenir incertain. Cependant, la première méthode de résolution du problème d’optimisation
que nous allons présenter considère au contraire que les décisions sont prises dans un contexte
d’avenir certain. Cette optimisation est dite déterministe.
#t tf +
i
¸
M ax f pUti , Sti , Iti q (4.8)
Ut i
ti t0
Nous noterons en particulier la disparition du terme d’espérance E r.s. En d’autres termes,
l’optimisation déterministe permet d’obtenir une séquence de décisions optimales qui maxi-
mise à chaque instant ti , la somme des valeurs de la fonction objectif sur la période [ti ,tf ],
et non plus l’espérance de cette somme.
Le calcul de la stratégie F est réalisé à partir d’un état final tf jusqu’à l’instant initial
t0 via une relation de récurrence inverse. Le terme ”inverse” signifie que le temps est
compté à rebours lors des itérations successives du calcul. Cette équation de récurrence
est appelée équation de Bellman (équation 4.9). Le problème d’optimisation est alors
76/279
4.2. Résolution du problème d’optimisation
réduit à la résolution de cette équation de récurrence sous les contraintes définies par les
équations 4.3 à 4.5 :
! )
Fti pSti q max f pUti , Sti , Iti q Fti 1 pSti 1q (4.9)
Uti
avec f pUti , Sti , Iti q les revenus immédiats du système pour une commande Uti à la date ti .
Fti 1 pSti 1 q est l’intégrale des valeurs de la fonction objectif pour la trajectoire optimale
sur la période [ti 1 ,tf ], à partir du niveau de remplissage Sti 1 résultant des opérations
précédentes.
L’ensemble des variables d’intérêt de la gestion étant connu quelle que soit la date ti , il n’y
a aucune difficulté à résoudre cette équation. A une date ti , la décision optimale est celle
qui maximise la somme de i) la valeur de la fonction objectif à cette date et ii) l’intégrale
des valeurs de la fonction objectif à partir de ti 1 jusqu’à l’horizon de gestion tf . La
variable F est généralement référencée sous le terme de ”Valeur de Bellman” (VB). Ce
terme pourra être utilisé par la suite pour nommer ces valeurs.
Ce type d’optimisation peut entre autres être trouvé dans les travaux proposés par Hei-
dari et al. [1971], Georgakakos [1993], Dupeyrat et al. [2008], Castelletti et al. [2011], et
Bensalem et al. [2012].
Cependant, comme nous l’avons déjà évoqué, les variables d’intérêt sur la période [ti 1 ,tf ]
ne sont pas, ou seulement partiellement, connues. Dans ce cas, l’optimisation de la stratégie de
gestion est réalisée dans un contexte d’avenir incertain. Elle est dite stochastique.
! )
Fti pSti q max f pUti , Sti , Iti q E Fti 1 pSt q
i 1 (4.10)
Ut i
Il existe plusieurs moyens de résoudre cette équation. Labadie [2004] a fait une revue de
ces différentes méthodes. Toutefois, ces méthodes peuvent être regroupées en deux caté-
gories : i) l’approche implicite et ii) l’approche explicite. La résolution par ces méthodes
est décrite ici dans les grandes lignes.
77/279
Chapitre 4. Modélisation de la gestion optimale de la retenue
pour le scénario n. Cette optimisation est alors dite stochastique sur scénarios (Sample
Stochastic Dynamic Programming) et est notée SSDP. Pour un scénario particulier n,
l’équation de récurrence devient :
! )
Fti pSti , nq max f pUti , Sti , Iti ,n q E αpm, nqFti 1 pSt
i 1 , mq (4.11)
Ut i mNs
avec f pUti ,n , Sti , Iti ,n q la valeur des revenus immédiats relatifs au scénario n, Fti pSti , nq la
VB du scénario n à la date ti au niveau de remplissage Sti et Ns l’ensemble des scénarios
envisagés, et αpm, nq la probabilité de transition du scénario n vers le scénario m.
Ce choix considère d’une part les Ns scénarios comme étant équiprobables et d’autre part,
ne donne pas la possibilité lors du processus d’optimisation de passer d’un scénario à un
autre. Il équivaut à résoudre en avenir certain l’équation 4.9 sur la période [ti ,tf ] pour cha-
cun des Ns scénarios. L’espérance des revenus futurs à la date ti , est alors considérée égale
à la moyenne des revenus maximaux qui seraient obtenus pour chacun des Ns scénarios
(équation 4.13) :
n¸Ns
E Fti pSti q N1 Fti pSti , nq (4.13)
s n 1
La résolution de la phase d’optimisation, sur la base de scénarios chronologiques sur [t0 ,tf ]
via l’approche implicite (considérant l’hypothèse équation 4.12), permet de prendre en
compte les chronologies vraisemblables pour les débits d’apports et des usages (Faber
et Stedinger [2001]). C’est un avantage important sur d’autres approches, en particulier
lorsque la structure temporelle des débits d’apports et des usages est marquée (e.g. per-
sistance des débits, saisonnalité des apports et des usages).
Des discussions sur le choix de probabilités de transitions entre scénarios sont proposées
par Kelman et al. [1990], Faber et Stedinger [2001] ou encore Vicuña et al. [2010].
78/279
4.3. Mise en œuvre de l’algorithme d’optimisation
par exemple un générateur stochastique d’apports auto-corrélés sur une durée fixée. Cette
approche n’a pas été utilisée dans ce travail de thèse.
79/279
Chapitre 4. Modélisation de la gestion optimale de la retenue
Ft(Sk+2) Ft+1(Sk+2)
Sk+2
∆𝑆
Ft(Sk+1) Ft+1(Sk+1)
Sk+1
Ft+1(St+1) | U1
U1
U2 Ft+1(Sk) = Ft+1(St+1) | U2
Sk
U3
Ft+1(St+1) | U3
Ft+1(Sk-1)
Sk-1
∆𝑡
Kirk [2004] avertit contre l’usage d’une mauvaise méthode d’interpolation. Le choix d’une
méthode d’interpolation est selon lui, dépendante de la finesse de la discrétisation des états du
système, de sa dynamique et de la fonction objectif. Si l’utilisation d’une discrétisation très fine
permet sans grande surprise de limiter les erreurs d’interpolation, le coup en temps de calculs
peut vite devenir conséquent. Au contraire, l’utilisation d’un découpage trop large d’un réservoir
permet de limiter les temps de calculs mais peut d’après Klemeš [1977] engendrer des résultats
”aberrants”. Ainsi, le choix d’une discrétisation plus ou moins fine d’un réservoir est un problème
complexe.
80/279
4.3. Mise en œuvre de l’algorithme d’optimisation
néaire (IL) des VB lorsque nécessaire. La fonction objectif utilisée ici, est celle décrite équation
3.3. La configuration Ne 1000, correspondant à un niveau de discrétisation élevé du réser-
voir, est considérée ici comme référence. L’estimation des VB en fonction du remplissage d’une
réserve de capacité S max 1030M m3 est illustrée Figure 4.2 à quatre instants différents : le
point de départ de l’optimisation tf (en haut à gauche), et après 3, 12 et 18 mois d’optimisation
(respectivement en haut à droite, en bas à gauche et en bas à droite). Seuls les revenus f de
l’ouvrage sont optimisés a . Sur les différents graphiques présentés Figure 4.2, les VB ont subi une
normalisation commune entre 0 et 1.
t = tf
1
t = tf - 3mois
1
0.9 0.9
0.8 0.8
VB normée
VB normée
0.7 0.7
0.6 0.6
0.5 0.5
0.4 0.4
0.3 0.3
0.2
Ne= 1000 IL Ne= 1000 IL
0.2
Ne= 50 IL Ne= 50 IL
0.1 0.1
Ne= 50 IH Ne= 50 IH
0 0
0 103 206 309 412 515 618 721 824 927 1030 0 103 206 309 412 515 618 721 824 927 1030
Mm³ Mm³
t = tf - 12mois t = tf - 18mois
1 1
0.9 0.9
0.8 0.8
VB normée
VB normée
0.7 0.7
0.6 0.6
0.5 0.5
0.4 0.4
0.3 0.3
Ne= 1000 IL Ne= 1000 IL
0.2 0.2
Ne= 50 IL Ne= 50 IL
0.1 0.1
Ne= 50 IH Ne= 50 IH
0 0
0 103 206 309 412 515 618 721 824 927 1030 0 103 206 309 412 515 618 721 824 927 1030
Mm³ Mm³
Les valeurs initiales des VB à tf sont présentées sur la figure en haut à gauche. Elles sont
supposées égales au volume en stock à chacun des niveaux remplissage ce qui se traduit par une
relation linéaire entre les VB et les niveaux de remplissage. Cette initialisation est arbitraire.
Trois mois après le début du processus d’optimisation, aucune différence significative n’est ob-
servable entre les VB obtenues avec une discrétisation Ne 50 niveaux de remplissage (courbe
bleue Figure 4.2) et une discrétisation Ne 1000 niveaux de remplissage (courbe rouge Figure
a. Pour cette expérience, la valeur de la contrainte de débit maximal pouvant être turbiné Rmax est
arbitraire et indépendante du temps. Les valeurs des contraintes de stock minimal S min et de débit turbiné
minimal Rmin sont simplement définies à 0
81/279
Chapitre 4. Modélisation de la gestion optimale de la retenue
4.2). La relation entre les VB et le niveaux de remplissage n’est plus linéaire mais convexe ce
qui s’explique par la non linéarité des revenus futurs avec le niveau de remplissage de la réserve.
Au fur et à mesure que l’optimisation remonte le temps via l’équation de récurrence 4.9, un
écart se crée (12 mois) et devient très important si l’horizon d’optimisation est grand (18 mois).
Dans l’exemple exposé Figure 4.2, une discrétisation trop large du réservoir conduit à une sous-
estimation importante des VB, de l’ordre de 15 % au bout de 18 mois.
Section 4.3.1, ces valeurs ont été supposées arbitrairement égales au stock présent dans la
réserve aux différents niveaux de remplissage. Une telle initialisation des valeurs de Bellamn
FtNt 1 se traduit par l’affectation de 1 U.M pour chaque m3 présent dans la réserve. Il existe
plusieurs méthodes permettant d’effectuer une initialisation plus pertinente.
Vicuña et al. [2011] proposent par exemple d’initialiser les VB un mois après l’horizon de gestion
fixé à 0 (c’est à dire d’initialiser les VB à la date tNt +1 mois). L’optimisation à rebours sur la
période rtNt 1 , tNt 1 1moiss permet d’obtenir des VB à tNt 1 moins influencées par des condi-
tions initiales arbitraires. Une autre méthode est proposée par Wolfgang et al. [2009]. L’idée
est de répéter autant de fois que nécessaire la dernière année à optimiser en utilisant comme
conditions initiales à tNt 1 pour la nème optimisation, les VB obtenues en t0 lors de la n 1ème
optimisation, jusqu’à convergence des valeurs d’usages de l’eau estimées à la date tNt 1 (les
valeurs d’usages de l’eau sont définies section 4.3.4). Cette configuration considère la dernière
82/279
4.3. Mise en œuvre de l’algorithme d’optimisation
Les procédures d’initialisation des VB à la date tNt 1 diffèrent légèrement pour les trois
algorithmes d’optimisation utilisés dans cette thèse. Elles seront de fait présentées pour chacune
d’entre elles section 4.4.
A B
Fti(Sk+1) > 0 Fti+1(Sk+1) > 0 Fti(Sk+1)]> 0 Fti+1(Sk+1) > 0
Sk+1 Sk+1
ti ti+1 ti ti+1
Figure 4.3 – Schéma de principe de la gestion de la remontée de cote de la retenue. Chaque point
noir est un point de la grille sur lequel une VB est estimée. La courbe guide de rem-
plissage Stmin entre les pas de temps ti et ti 1 est représentée en pointillée. Toutes
les VB sont positives exceptée celle du point de grille de coordonnées rti 1 ,Sk s, ce
dernier étant inférieur à la courbe guide de remplissage. Les commandes amenant
à ne pas respecter la contrainte Stmin
i
sont interdites (Configuration A). Seules les
commandes respectant les contraintes sont autorisées (Configuration B)
83/279
Chapitre 4. Modélisation de la gestion optimale de la retenue
La définition de la courbe guide étant probabiliste, il existe des situations où aucune des
commandes possibles ne permettent de respecter les contraintes. Dans ce cas, la gestion de la
retenue n’est plus conditionnée par les VB. La seule commande acceptée est alors de fournir
si possible la totalité du débit de dotation (contrainte Rtmin ) et de stocker le volume excédent
jusqu’à ce que la contrainte Stmin soit à nouveau satisfaite. Ce pilotage de la gestion par les VB
au dessus de la courbe guide de remplissage est une pratique utilisée par EDF.
SW Vti pS q
BFtipS q
BS (4.15)
Comme indiquée par l’équation 4.15, la valeur marginale de l’eau est dépendante du temps
et du niveau de remplissage. Cette valeur sera référencée dans la suite du document sous l’ap-
pellation SWV (Storage Water Value). La dimension de SWV est exprimée en unité monétaire
par mètre cube d’eau (U M.m3 ). En tout point de la grille [ti ,Sk ], SWV décrit de façon équiva-
lente à la grille des VB, la stratégie optimale à employer compte tenu des apports au réservoir
et usages futurs (Wolfgang et al. [2009]). L’analyse des SWV dans une configuration simplifiée
a donné lieu durant cette thèse, à la rédaction d’un article en cours de soumission au journal
Water Resource Research (François et al. [2013]). Cet article est disponible en annexe A.1 du
document de thèse. Il sera par ailleurs présenté au chapitre 5.
84/279
4.4. Prévisibilité des aléas et modèles de gestion
! )
M ax f pUti , Sti , Iti q E Fti 1 pS t qi 1 (4.17)
Uti
VDevti St S max
i 1 si Sti 1 ¡ S max (4.18)
Nous avons également évoqué la possibilité de calculer une grille des valeurs marginales de
l’eau stockée SW Vti pSk q. Tout comme les VB, les valeurs marginales de l’eau stockée peuvent
être utilisées pour calculer la séquence de décisions optimale (équations 4.19 et 4.20). La séquence
de décisions optimale et la trajectoire optimale sont obtenues en résolvant ces équations sont les
mêmes que celles obtenues à partir des équations 4.16 et 4.17.
! )
M ax f pUti , Sti , Iti q SW Vti 1 pSt q ∆Vt q
i 1 i (4.19)
Ut i
! )
M ax f pUti , Sti , Iti q E SW Vti 1 pSti 1q ∆Vt i (4.20)
Uti
Avec ∆Vti la variation du stock de la réserve après application de la commande Uti et entrée
des apports Qti au pas de temps ti . L’utilisation de la grille des valeurs marginales de l’eau SWV
est référencée dans la littérature comme la ”Water Value method” (Hveding [1968]).
85/279
Chapitre 4. Modélisation de la gestion optimale de la retenue
Les degrés de prévisibilité de l’aléa des variables d’intérêt, considérés lors de la phase d’opti-
misation par chacun des modèles de gestion, sont les suivants :
Pour illustration, les stratégies calculées (i.e les grilles des VB) seront présentées sur la pé-
riode du 1er juillet 1996 au 30 juin 2003. Cette période réduite a été choisie afin d’utiliser les
variables d’intérêt observées ou reconstituées disponibles et non les données simulées par les
modèles décrits chapitre 3 b . Les trajectoires optimales obtenues sur cette période par chacun
des modèles seront présentées section 4.5.
Les séries d’apports au réservoir du système modélisé de SP (noir) ainsi que le débit de
dotation à fournir en aval du système (bleu) sont exposées pour illustration Figure 4.4.
86/279
4.4. Prévisibilité des aléas et modèles de gestion
500
450
400
350
300
250
200
150
100
50
0
Ju96 Ja97 Ju97 Ja98 Ju98 Ja99 Ju99 Ja00 Ju00 Ja01 Ju01 Ja02 Ju02 Ja03 Ju03
Figure 4.4 – Évolution temporelle des apports au réservoir de SP (noir) et du débit de dotation
(bleu) sur la période du 1er juillet 1996 au 30 juin 2003.
Étant donné l’utilisation d’une connaissance parfaite de l’avenir durant le calcul de la grille
de Bellman, le choix d’une courbe guide probabiliste 90% n’est pas pertinent ici. Au contraire,
l’avantage d’utiliser une optimisation en avenir certain sur toute la période de simulation réside
justement dans la possibilité d’accéder à la trajectoire de réserve qui optimise parfaitement la
fonction objectif tout en respectant les contraintes du système. Cette trajectoire devrait par
exemple présenter des déstockages importants durant les années humides et des déstockages très
limités durant les années très sèches. Un tel résultat ne peut pas être obtenu si une unique courbe
guide de remplissage, reconduite chaque année, est utilisée. C’est pourquoi, la courbe guide de
remplissage adoptée est dite parfaite durant les étapes d’optimisation et de simulation. Une an-
née donnée, elle dépend des conditions d’apports et du débit de dotation à fournir. Toutes les
années au 1er juillet, la satisfaction de la cote touristique est attendue. Cela revient à utiliser,
en fonction de l’année, une des différentes courbes de remplissage présentées sur la Figure 3.15
(celle correspondant à l’année en question plutôt que la courbe guide 90 %).
La stratégie (i.e. la grille des VB) correspondant à cette configuration est exposée Figure 4.5.
Pour une date donnée et à chaque niveau de remplissage, la VB du niveau de remplissage le plus
bas (respectivement le plus haut) est minimale (respectivement maximale).
87/279
Chapitre 4. Modélisation de la gestion optimale de la retenue
3.0e+014
2.5e+014
2.0e+014
1.5e+014
1.0e+014
5.0e+013
0.0e+000
Ju96 Ja97 Ju97 Ja98 Ju98 Ja99 Ju99 Ja00 Ju00 Ja01 Ju01 Ja02 Ju02 Ja03 Ju03
Figure 4.5 – Stratégie du modèle AC. Évolution temporelle des VB Ft pS q du 1er juillet 1996
au 30 juin 2003. Chaque courbe de couleur représente l’évolution temporelle de
la VB à un niveau de remplissage donné. La grille Fti pSk q comporte 51 niveaux
de remplissage, cependant pour faciliter la lecture du graphique, seules les VB de
6 niveaux de remplissage sont représentées ici. Le niveau de remplissage 0 Mm3
correspond à une réserve vide et le niveau 1030 Mm3 à une réserve pleine.
La lecture de la grille des VB Ft pSk q renseigne sur la satisfaction des contraintes à un niveau
de remplissage donné. Par exemple :
88/279
4.4. Prévisibilité des aléas et modèles de gestion
(Figure 4.6). L’utilisation d’une telle stratégie n’a a priori de sens que si les variables d’intérêt
présentent une saisonnalité marquée.
Stratégie AC
Stock
Ft(S)
t0 t0+1an t0+2ans t0+3ans t0+4ans t0+5ans
Stratégie AIC
Stock
Figure 4.6 – Comparaison des stratégies AC et AIC sur un horizon de gestion de 5 années.
Stratégie AC : La stratégie couvre toute la durée d’optimisation / simulation. Elle
a été établie dans un contexte d’Avenir Certain. Stratégie AIC : La stratégie est
établie sur une année complète et est reconduite tous les ans. Cette stratégie est
donc établie dans un contexte d’Avenir Incertain Climatologique.
La stratégie de gestion AIC est construite de la façon suivante : pour chacune des Ns années
de l’historique, une grille de VB Ft pSk , nq est construite avec une optimisation déterministe (avec
n une des Ns années de l’aléa). Chacune de ces grilles est construite du 1er juillet de l’année n
au 30 juin de l’année n 1 (i.e. t0 1er juillet et t365 30 juin). La courbe guide de remplis-
sage utilisée lors du calcul de chacune de ces grilles est la courbe de remplissage 90 % dont la
définition a été présentée section 3.4.
Les valeurs initiales F365 1 pSk , nq, nécessaires à la résolution de l’équation 4.9, résultent de
l’optimisation de la période couvrant le 1er juillet de l’année n 1 eu 30 juin de l’année n 2.
Cela équivaut à construire un ensemble de stratégie ayant comme horizon de gestion deux an-
nées, c’est à dire à calculer N s grilles de VB d’une durée de deux années. L’initialisation des
VB F365 1 pSk , nq via cette procédure permet i) de limiter la dépendance aux conditions limites
retenues à la date t365 1 , et ii) d’intégrer des séquences d’années sèches et / ou humides (et
inversement) observée dans l’aléa connu. Sur la Figure 4.7, chaque ensemble de courbes d’une
même couleur correspond à une des grilles Fti pSk , nq ainsi calculées sur une séquence de deux
années consécutives.
La stratégie AIC utilisée lors de la phase de simulation est la moyenne, sur la première an-
née seulement des séquences de deux années considérées, des grilles Fti pSk , nq calculées pour
l’ensemble des séquences de deux ans disponibles dans l’historique (équation 4.13). En conclu-
sion, la stratégie AIC résulte d’une optimisation stochastique implicite dont les probabilités de
89/279
Chapitre 4. Modélisation de la gestion optimale de la retenue
transitions entre scénarios correspondent aux équations 4.12. Les VB issues de cette grille sont
nommées par la suite : Valeurs de Bellman Climatologiques.
3.5e+014
1960
3.0e+014 1961
1962
2.5e+014 1963
1964
2.0e+014 1965
Moyenne 1960 --> 1996
1.5e+014
1.0e+014
5.0e+013
0.0e+000
0 100 200 300 400 500 600 700 800
Jour depuis le 01/07 Année X
Figure 4.7 – Construction de la grille des VB climatologiques. Les courbes en couleur repré-
sentent les stratégies de 6 périodes
de 2 années 1960/1961 à 1965/1966. La grille
des VB climatologiques E Ft pSk q est représentée par les courbes noires. Elle est la
moyenne des 36 grilles Ft pSk , nq pour les 36 périodes de 2 ans allant de 1960/1961
à 1995/1996. Chaque grille comporte 51 courbes correspondant aux 51 niveaux
de remplissage. Pour une séquence de deux années données, la courbe inférieure
correspond à l’évolution des VB du niveau de remplissage minimal de la retenue.
Pour illustration, la stratégie AIC est représentée sur la période du 1er juillet 1996 au 30 juin
2003 sur la Figure 4.8.
90/279
4.4. Prévisibilité des aléas et modèles de gestion
3.0e+014
2.5e+014
2.0e+014
E[Ft(S)]
1.5e+014
1.0e+014
5.0e+013
0.0e+000
Ju96 Ja97 Ju97 Ja98 Ju98 Ja99 Ju99 Ja00 Ju00 Ja01 Ju01 Ja02 Ju02 Ja03 Ju03
Figure 4.8 – Stratégie du modèle AIC. Évolution temporelle de la grille E Ft pSk , nq du 1er
juillet 1996 au 30 juin 2003. Les courbes bleue, verte, rouge, turquoise, violette et or
représentent respectivement les niveaux de remplissage 0Mm3 , 206Mm3 , 512Mm3 ,
718Mm3 , 924Mm3 et 1030Mm3 . Le niveau de remplissage 0 Mm3 correspond à
une réserve vide et le niveau 1030 Mm3 à une réserve pleine.
l’ensemble des observations effectuées au sol jusqu’au jour de gestion. Ces observations
sont obtenues à partir d’un réseau de mesures au sol (e.g. pluviomètres, thermomètres,
perches à neige, stations hydrométriques). Elles sont télétransmises en temps réel (Tourasse
[1991]).
les images Radar et satellitaires sur la situation atmosphérique en cours.
des prévisions météorologiques obtenues par différents modèles météorologiques.
Les mesures au sol et observations atmosphériques sont utilisées dans un modèle hydrologique
pour simuler l’évolution du comportement du bassin versant sur les semaines et mois passés. Cela
permet d’estimer l’état des stocks d’eau naturels sur la totalité du bassin versant et ensuite, à
partir des différentes réalisations météorologiques simulées par les modèles de prévisions, de mo-
déliser plusieurs scénarios probables d’apports à la retenue (Figure 4.9).
91/279
Chapitre 4. Modélisation de la gestion optimale de la retenue
Figure 4.9 – Principe des prévisions d’apports. A partir de l’état des stocks naturels sur le
bassin versant (entre autres le stock de neige, de glace, l’humidité des sols), et des
scénarios de précipitations / températures des scénarios pertinents d’apports sont
réalisés. Adapté de Faber et Stedinger [2001]
Le modèle AIP utilisé dans cette thèse, est construit de manière à représenter de façon simpli-
fiée, avec les contraintes imposées par l’application de celui-ci dans un contexte de changement
climatique, ce contexte de gestion. Pour ce faire, une méthodologie permettant de construire des
prévisions d’apports à la retenue à partir des données déjà observées jusqu’à la date ti où doit
être réalisée la décision de gestion pour le pas de temps à venir, est développée ci-dessous :
L’état des stocks d’eau naturels sur le bassin en amont de la retenue de SP est estimé par
simulation hydrologique via le modèle Cequeau, sur la base des sollicitations météorolo-
giques précédant la date de gestion ti .
Il n’est pas possible d’intégrer des prévisions météorologiques qui permettraient ensuite de
réaliser, à partir de l’état initial des stocks d’eau sur le bassin, des prévisions d’apports.
En revanche, à la date ti , les apports à la retenue sur les semaines à venir seront fortement
influencés par l’état courant du bassin versant, en particulier par le stock de neige (ce
stockage saisonnier, plus ou moins important, résulte des sollicitations météorologiques
précédant la date ti ) Les scénarios de forçages météorologiques appliqués en entrée du
modèle hydrologique à la date ti , seront ceux issus de l’historique à disposition à cette
date.
Pour chacune de ces réalisations météorologiques, des scénarios d’apports, de consomma-
tions électriques et de débits de dotation peuvent être construits à partir des modèles
présentés au chapitre 3.
92/279
4.4. Prévisibilité des aléas et modèles de gestion
Par exemple sur la Figure 4.10, trois ensembles de prévisions hydrologiques sont proposés
durant l’année 1997 puis durant l’année 1998. Les prévisions hydrologiques initialisées le 1er
mars sont présentées en noir, le 1er mai en bleu et le 1er juin en vert. La série d’apports ob-
tenue en utilisant les chroniques de températures et de précipitations observées est exposée en
rouge et sert de référence. L’état des stocks naturels au premier jour de ces scénarios est obtenu
par simulation hydrologique avec le modèle Cequeau en utilisant les forçages météorologiques
observés jusqu’à ce jour (1er mars 1997 (respectivement 1998) pour l’exemple 1 (courbes noires
Figure 4.10) ; 1er mai 1997 (respectivement 1998) pour l’exemple 2 (courbes bleues Figure 4.10)
et 1er juin pour l’exemple 3 (courbes vertes Figure 4.10)). Chaque scénario futur d’apports est
obtenu par simulation Cequeau à partir de ces états initiaux, en utilisant comme scénario de
forçages météorologiques futurs une année de températures et de précipitations observées par le
passé (par exemple de 1960 à 1995).
800 800
700 700
600 600
500 500
400 400
300 300
200 200
100 100
0 0
M A M J J A M A M J J A
Figure 4.10 – Génération de scénarios hydrologiques jusqu’au 1er septembre 1997 (respective-
ment 1998). Les forçages météorologiques utilisés pour produire ces scénarios sont
issus des 36 années la période 1960-1995. Au total 36 scénarios d’apports sont
ainsi construits. Courbes noires : Initialisation des stocks naturels le 1er mars.
Courbes bleues : Initialisation des stocks naturels le 1er mai. Courbes vertes :
Initialisation des stocks naturels le 1er juillet. Courbe rouge : Simulation réalisée
avec les forçages météorologiques observés durant les années 1997 (gauche) et
1998 (droite)).
L’adéquation des scénarios d’apports avec les apports qui auront réellement été observés a
posteriori, dépend de la date d’initialisation de l’état des stocks naturels au sein du modèle
hydrologique. Elle est d’autant plus forte que le stock naturel (neige et glace) sur le bassin
versant est important au moment de la prévision :
En effet, à certaines périodes de l’année, les débits futurs sont fortement dépendants des
stocks naturels sur le bassin versant. C’est le cas durant le printemps et l’été où les apports
à venir sont immédiatement influencés par l’état courant des réservoirs naturels (neige
essentiellement). L’amélioration de l’estimation des apports à venir varie selon le délai
d’anticipation (plus on regarde loin, moins l’état initial sera influent). Ainsi, une mise
93/279
Chapitre 4. Modélisation de la gestion optimale de la retenue
à jour de l’état des stocks naturels à la date du 1er juin (courbes vertes Figure 4.10)
permet de resserrer la fenêtre des apports à venir possibles autour de la référence sur ce
mois (courbe rouge Figure 4.10) ce qui n’était pas le cas avec une initialisation des stocks
réalisée plus tôt dans l’année, par exemple le 1er mai ou le 1er mars (respectivement
courbes bleues et noires Figure 4.10).
Au contraire, durant les mois d’automne, l’état du bassin versant, dont l’essentiel des
stocks de neige ont disparus, a peu d’influence sur les apports à venir, ces apports étant
davantage soumis aux précipitations. Une mise à jour de l’état des stocks à cette période
ne devrait pas améliorer significativement la prévision d’apports.
Pour une date d’initialisation de l’état du bassin fixée, l’optimisation de la gestion est réa-
lisée pour chacun des scénarios produits. De la même façon que pour le modèle AIC, un grille
E Ft pSk q est calculée à partir des grilles Ft pSk , nq obtenues pour chacun des Ns scénarios
d’apports. Cette opération est réalisée à chaque nouvelle prévision (Figure 4.11a). Finalement,
la stratégie AIP E Ft pSk q , qui sera utilisée durant la phase de simulation de la gestion, est
composée par morceaux des stratégies construites respectivement et successivement à chaque
nouvelle mise à jour des prévisions hydrologiques (Figure 4.11b).
Stock
Prévision à t0 E[Ft(S)]
E[Ft(S)] E[Ft(S)] E[Ft(S)] E[Ft(S)] E[Ft(S)]
Prévision à t0 +6mois
Prévision t0 +1an
E[Ft(S)] t0+1.5ans
t0 t0+6mois t0+1an t0+2ans
Prévision
t0 +1an + 6mois
t0 t0+6mois t0+1an t0+1.5ans t0+2ans
(a) (b)
Figure 4.11 – (a) Principe de construction de la stratégie AIP. Une nouvelle stratégie E Ft pSk q
est calculée à chaque nouvelle prévision. (b) La stratégie se compose par morceaux
des différentes stratégies calculées à chaque nouvelle prévision.
Sur la Figure 4.11, les différents scénarios futurs (apports, consommations électriques, débits
de dotation) considérés lors du calcul des stratégies considèrent tous le même horizon de gestion
(qui est sur ce schéma de principe tf t0 +30 mois). Comme nous l’avons montré précédem-
ment sur la Figure 4.10, l’état du le bassin versant à une date ti fixée, n’influence les apports à
venir que sur une période limitée dans le temps. Il est donc possible de considérer un horizon de
gestion fixe pour l’ensemble de ces sous stratégies. L’horizon choisi est tH =6 mois (Figure 4.12).
Si t0 est la date de la prévision, les VB initiales à tH 1 sont les VB climatologiques du jour
calendaire considéré, c’est à dire celles obtenues par l’approche AIC. De même la valeur Stmin
de la courbe guide à la date tH 1 nécessaire à la courbe guide de remplissage est celle calculée
pour le modèle AIC (voir section 3.4 page 65 pour le calcul de cette courbe guide de remplissage).
94/279
4.4. Prévisibilité des aléas et modèles de gestion
Stock
E[Ft(S)]
E[Ft(S)]
Prévision t0 t0 + tH E[Ft(S)]
Prévision t0 +6moist0 +6mois+ tH
Figure 4.12 – Construction de la stratégie AIP avec un horizon de gestion fixé à 6 mois.
L’état des stocks naturels peut être ré-estimé au fur et à mesure que de nouvelles observations
des forçages météorologiques récents sont réalisées. Idéalement, la fréquence de mise à jour de
l’état des stocks naturels et, par suite, la mise à jour des prévisions d’apports, devraient être
journalières. Cependant, les temps de calculs importants que cela implique ne le permettent pas.
Une mise à jour mensuelle des stocks naturels et des prévisions d’apports est choisie pour la
suite des développements.
Sur la Figure 4.13, nous pouvons ainsi constater que l’évolution temporelle des VB E Ft pSk q
présente des sauts mensuels. Ces différents sauts sont issus de l’amélioration des prévisions
d’apports. La mise à jour mensuelle des prévisions d’apports pourra entre autres permettre,
d’anticiper des faibles apports durant le printemps et l’été si le stock de neige hivernale et faible,
et inversement. Pour illustration durant l’été 2001, l’augmentation rapide des VB des bas niveaux
(cf Figure 4.13) résulte a priori d’une bonne prévision des forts débits à cette période (cf. Figure
4.4).
95/279
Chapitre 4. Modélisation de la gestion optimale de la retenue
3.0e+014
Mise à jour stratégie le 1er janvier 1998
Mise à jour stratégie le 1er février 1998
2.5e+014
Mise à jour stratégie le 1er mars 1998
2.0e+014
E[Ft(S)]
1.5e+014
1.0e+014
5.0e+013
0.0e+000
Ju96 Ja97 Ju97 Ja98 Ju98 Ja99 Ju99 Ja00 Ju00 Ja01 Ju01 Ja02 Ju02 Ja03 Ju03
Figure 4.13 – Stratégie du modèle AIP. Évolution temporelle des Valeurs de Bellman E Ft pSk q
du 1er juillet 1996 au 30 juin 2003. Les valeurs de Bellman sont calculées par ré-
currence de façon récursive sur une période de six mois. Seules les Valeurs de
Bellman du premier mois sont retenues avant la mise à jour des stocks naturels
sur le bassin versant amont de Serre-Ponçon, et la prévision de nouveaux scé-
narios d’apports à la réserve. Chaque courbe de couleur représente l’évolution
temporelle
de la valeur de Bellman à un niveau de remplissage donné. Le grille
E Ft pSk q complète comporte 51 niveaux de remplissage, cependant pour faciliter
la lecture du graphique seulement 6 niveaux de remplissage sont représentés. Les
courbes bleue, verte, rouge, turquoise, violette et or représentent respectivement
les Valeurs de Bellman des niveaux de remplissage 0Mm3 , 206 Mm3 , 512 Mm3 ,
718 Mm3 , 924 Mm3 et 1030 Mm3 . Le niveau de remplissage 0 Mm3 correspond
à une réserve vide et le niveau 1030 Mm3 à une réserve pleine.
Les trajectoires de réserves obtenues sur la période allant du 1er juillet 1996 au 30 juin 2003
sont présentées Figure 4.14. La trajectoire de réserve observée sur cette période est présentée en
noir Figure 4.14. Cette trajectoire est donnée à titre indicatif. Les trois approches de modélisation
de la gestion de SP proposées ici ne prennent pas en compte l’ensemble des contraintes du système
réel de gestion (voir chapitre 2). De plus, les usages et les contraintes pris en compte sont
très simplifiés comme indiqué chapitre 3. Les trajectoires de réserve simulées par les modèles
de gestion AC, AIC et AIP ne peuvent donc pas être identiques à celle observée. Cependant
elles sont déterminées par les mêmes chroniques d’apports et de sollicitations. Nous attendons
donc qu’elles partagent les mêmes caractéristiques, en terme de variation intra-annuelle et de
comportement relatif d’une année à l’autre.
96/279
4.5. Évaluation des trajectoires de réserves simulées
1000
800
600
400
200 Obs
AC
AIC
AIP
0
Ju96 Ja97 Ju97 Ja98 Ju98 Ja99 Ju99 Ja00 Ju00 Ja01 Ju01 Ja02 Ju02 Ja03 Ju03
Figure 4.14 – Influence d’une optimisation en Avenir Certain (Bleu), en Avenir Incertain Cli-
matologique (Vert) et Avenir Incertain Prévu (Rouge) sur la capacité de repro-
duire le stock observé de la réserve de Serre-Ponçon (Noir) sur la période 01/07/96
Ñ 30/06/96
Les écarts entre la trajectoire de réserve obtenue via la modélisation AC et la trajectoire ob-
servée ne s’expliquent pas exclusivement par une connaissance parfaite de l’avenir. Durant l’été
1997 par exemple, la cote touristique n’a pas été tenue par le gestionnaire de SP (courbe noire
Figure 4.14) au contraire des différents modèles (Figure 4.14). Le maintien de la cote durant cet
été aurait donc pu être possible à la vue des conditions d’apports et de demande en eau en aval
(Figure 4.4). Les déstockages réalisés par le gestionnaire EDF cet été là indiquent en fait une
utilisation énergétique de l’eau stockée dans le barrage. Ceci était possible à l’époque, la gestion
du remplissage de SP n’ayant été réellement conventionnée qu’à partir de 1999 pour le maintien
de la cote touristique (Balland et al. [2002]).
97/279
Chapitre 4. Modélisation de la gestion optimale de la retenue
Cette modélisation reste difficilement comparable aux deux autres approches étant donné la
stratégie de remplissage différente employée (i.e. satisfaction tout les ans de la cote au 1er juillet
contre la satisfaction 9 années sur 10 en moyenne pour les approches AIC et AIP).
98/279
4.6. Conclusion
4.6. Conclusion
L’objectif de ce chapitre est d’explorer la possibilité de développer un modèle de gestion de
la retenue de SP. Étant donné les contraintes du projet RIWER 2030 (i.e. application en climat
futur du modèle de gestion), cette modélisation doit être réalisée dans un contexte de données
limitées. L’ensemble des composantes de la gestion de la retenue de SP a ainsi été simplifié, entre
autres :
Les apports au réservoir ne sont pas les apports observés mais sont au contraire modélisés
par un modèle hydrologique (Cequeau).
Les usages et contraintes de SP ne sont pas tous pris en compte. Les principaux sont
cependant intégrés de façon simplifiée (e.g. vision de la demande agricole à l’échelle de la
région, optimisation de la production fonction d’un intérêt à turbiné).
Dans ce contexte, il est impossible de réaliser une modélisation très fidèle à la gestion opéra-
tionnelle de l’ouvrage de SP.
Trois modélisations de la gestion de SP ont finalement été proposées. Ces trois différents modèles
optimisent les décisions prises au jour le jour, via un algorithme de programmation dynamique.
La programmation dynamique se décompose en deux étapes distinctes : une phase d’optimisa-
tion et une phase de simulation. La phase d’optimisation conduit à la construction d’une grille
de valeurs de Bellman (E rFt pS qs) et d’une grille de valeurs marginales de l’eau (E rSW Vt pS qs)
qui définissent chacune la stratégie de gestion optimale. Cette stratégie optimale est ensuite
appliquée durant la phase de simulation pour calculer la séquence de décisions optimale et par
suite la trajectoire de réserve optimale.
Les stratégies de gestion des différents modèles de gestion considérés sont établies dans des
contextes de prévisibilité des apports et des demandes futurs différents :
Le mode de gestion du modèle AIP est celui qui se rapproche le plus de la gestion opéra-
tionnelle de la retenue de SP. Le modèle AC surestime a priori la visibilité que pourrait avoir
un gestionnaire, et donc l’adaptabilité de sa stratégie. Le modèle AIC au contraire, sous-estime
cette prévisibilité.
Les trajectoires de réserve obtenues pour les trois modèles sont significativement différentes.
Nous pouvons donc nous attendre à des différences de performance entre ces trois modèles pour
le climat présent. Cela nous ramène à une des questions posées en début de ce document de
thèse. Quelle est l’incertitude liée aux modèles de gestion sur les modifications de performance
pouvant être estimées ?
99/279
Chapitre 4. Modélisation de la gestion optimale de la retenue
Synthèse
Objectif principal du chapitre
L’objectif de ce chapitre était de proposer une modélisation de la gestion de la
retenue de SP pouvant être appliquée dans un contexte de changement climatique.
Dans un tel contexte, les différentes composantes de ce système (usages de l’eau,
contraintes appliquées au système) ont dû être simplifiées pour pouvoir être modélisées
en climat futurs. La demande en eau en aval ainsi que la gestion du remplissage de
la retenue avant le 1er juillet à partir d’une courbe guide, sont considérées comme
des contraintes au système. La production est optimisée en fonction d’un intérêt à
produire de l’énergie. Ce problème d’optimisation est donc un problème d’optimisation
sous contraintes.
Une phase d’optimisation. Elle consiste à calculer une stratégie de gestion qui
se traduit par une grille de Valeurs de Bellman (E rFt pS qs) ou par une grille de
valeurs marginales de l’eau stockée (E rSW Vt pS qs).
Une phase de simulation. La stratégie obtenue durant l’étape d’optimisation est
utilisée pour calculer une séquence de décisions optimales et par suite, une tra-
jectoire de réserve optimale, des chroniques de débit turbinés et déversés.
Approches retenues :
Trois approches, correspondant à différents degrés de prévisibilité des apports et des
usages de l’eau, ont été retenues pour calculer la stratégie de gestion :
Une approche dite Avenir Certain, qui de fait ne considère aucune incertitude
sur les variables d’intérêt futures
Une approche dite Avenir Incertain Climatologique qui ne connait l’avenir que
par la climatologie d’un historique des variables d’intérêt.
Une approche dite Avenir Incertain Prévu qui en plus d’une connaissance cli-
matologique des variables d’intérêt, intègre différentes prévisions hydrologiques
permettant d’adapter la stratégie si besoin. Cette approche est la plus proche de
la gestion réalisée en opérationnel.
100/279
4.6. Conclusion
Synthèse
101/279
Chapitre 4. Modélisation de la gestion optimale de la retenue
102/279
Partie III
103/279
Chapitre 5
Deux types d’indicateurs sont habituellement utilisés pour caractériser la gestion d’un système
de gestion, qu’il soit réel ou modélisé :
Certains de ces indicateurs sont présentés dans ce chapitre, d’autres sont présentés par Mc-
Mahon et al. [2006]. Le calcul des indicateurs quantitatifs est illustré à partir d’un exemple très
simplifié (Figure 5.5). Dans un second temps, ces critères seront appliqués aux sorties des mo-
dèles AC, AIC et AIP afin d’estimer leur performance sur la période 1970-1999 (section 5.3).
Sur cette période, les variables d’intérêt sont obtenues par simulation à partir des forçages mé-
téorologiques observés et des modèles présentés chapitre 3.
105/279
Chapitre 5. Indicateurs de performance d’un système de gestion
moyenne. Le terme de signature de stock pourrait être employé pour qualifier ce type de tra-
jectoire inter-annuelle moyenne, tant celle-ci résume l’essentiel du fonctionnement d’un système
de gestion. Il est de plus aisé de confronter ce type de signatures de stock, obtenues pour diffé-
rentes règles de gestion (Figure 5.1 gauche), ou pour différents contextes climatiques (Figure 5.1
droite). L’analyse graphique de ces signatures synthétise beaucoup d’informations sur la modifi-
cation possible de l’équilibre obtenu via une stratégie de gestion entre une ressource et des usages.
Jours
Figure 5.1 – Gauche : Influence des règles de gestion sur le cycle inter-annuel des stocks ob-
servés d’un ensemble de retenues en Norvège sur trois périodes différentes : 1980-
1990, 1991-1998 et 1999-2005. Selon Wolfgang et al. [2009], la diminution du stock
inter-annuel moyen après 1990, ne s’explique pas par une modification des for-
çages climatiques mais bien par une modification des règles de gestion (Adaptée
de Wolfgang et al. [2009]). Droite : Influence du changement de climat sur le cycle
inter-annuel des stocks simulés d’un ensemble de retenues sur l’Ariège (France).
Rouge : climat de contrôle ; Bleu et Vert : Deux scénarios de climats futurs. (Adap-
tée de Dupeyrat et al. [2008])
A titre d’exemple, la diminution du déstockage hivernal pour les deux scénarios de chan-
gement climatique présentés par Dupeyrat et al. [2008] (Figure 5.1 droite), s’explique par des
apports au réservoir diminués au printemps. De même, l’avancée de l’onde de fonte printanière
due à la hausse des températures, s’exprime par une remontée de cote avancée dans l’année. Au
contraire, dans le cas des réserves Norvégiennes présenté par Wolfgang et al. [2009], la modi-
fication des signatures de stock résulterait d’une modification des règles de gestion (Figure 5.1a).
106/279
5.1. Indicateurs qualitatifs
Cet article illustre comment la stratégie de gestion (exprimée ici par les SWV aux différents
niveaux de remplissage du système) est structurée en fonction de l’adéquation naturelle entre
la ressource et les usages de l’eau. Cette étude est réalisée via une modèle de gestion similaire
au modèle AC (Avenir Certain). L’exemple Figure 5.2 montre par exemple comment les SWV
à trois niveaux de remplissage (10 %, 50 % et 90 % de la capacité de stockage du réservoir)
évoluent dans le temps, en fonction de l’adéquation entre les apports au réservoir (courbe bleue)
et d’un intérêt à produire de l’énergie (courbe rouge). L’intérêt à turbiner est ici simplement
calculé à partir d’un indice de température de l’air (voir équation 11 de l’article en annexe). Ce
dernier est élevé en hiver et minimal durant l’été.
12
Niveaux de remplissage de la retenue
10
0
Ja77 M77 S77 Ja78 M78 S78 Ja79 M79 S79 Ja80 M80 S80
1200
1000
800 32
28
V kWh-1
600 24
20
400 16
12
200 8
4
0 0
Ja77 M77 S77 Ja78 M78 S78 Ja79 M79 S79 Ja80 M80 S80
Figure 5.2 – Haut : Évolution temporelle des SWV obtenues du 1er janvier 1977 au 31 décembre
1981 avec un modèle similaire à AC pour lequel l’objectif unique est d’optimiser
la production hydroélectrique en fonction d’un intérêt à turbiner. Bas : Évolution
temporelle des apports au réservoir (bleu) et d’un intérêt à produire de l’énergie
EP (rouge). Adapté de François et al. [2013]. (Ja :janvier ; M :mai ; S :septembre)
Les évolutions temporelles des SWV affichées Figure 5.2, ne correspondent pas la valeur
marginale de l’eau stockée indiquée par la trajectoire de réserve optimale. Elles reflètent au
contraire la valeur marginale de l’eau quelle que soit la date et le niveau de remplissage, c’est
a. L’analyse des SWV est donc limitée aux modèles dont l’optimisation de la gestion est résolue à
partir d’un algorithme de programmation dynamique.
107/279
Chapitre 5. Indicateurs de performance d’un système de gestion
20 20
10% 10%
50% Niveaux de remplissage de la retenue 50% Niveaux de remplissage de la retenue
90% 16 90%
16
Quantile 10
Moyenne des SWV au niveau de remplissage 10 % 12
12
Quantile 90
8 8
4 4
0 0
Jan Feb Mar Apr May Jun Jul Aug Sep Oct Nov Dec Jan Feb Mar Apr May Jun Jul Aug Sep Oct Nov Dec
Figure 5.3 – Cycles saisonniers des SWV aux niveaux de remplissage 10 % (pointillés), 50 %
(traits pleins) et 90 % (tirets). (a) L’unique objectif est d’optimiser la produc-
tion énergétique du système en fonction d’un intérêt à produire de l’énergie (b)
L’unique objectif du système est de garantir un niveau minimal de remplissage
durant la période estivale (15 juin au 31 août). Pour chaque niveau de remplis-
sage les deux courbes enveloppes correspondent aux quantiles 10 et 90, la courbe
intermédiaire à la moyenne. Ces cycles saisonniers sont obtenus sur une période
temporelle de 42 années (plus de détails sont présentés dans l’article en annexe).
a. Voir par exemple le mois de mai 1977 et respectivement le mois de septembre 1977 Figure 5.2)
108/279
5.1. Indicateurs qualitatifs
Dans le cas d’un système multi-objectifs, l’avantage des signatures SWV vis à vis de celles de
stock, réside dans la possibilité d’établir des signatures indépendantes pour chacun des objectifs.
La signature obtenue dans le cas de la gestion d’une cote touristique est par exemple proposée
Figure 5.3b. Dans ce cas, les SWV reflètent le besoin de stocker de l’eau dans le système afin
de garantir le niveau de remplissage souhaité au moment opportun. Cette signature permet par
exemple de renseigner, pour les niveaux de remplissage considérés, les périodes auxquelles un
stock d’eau est nécessaire dans le système pour pouvoir garantir cet objectif en tenant compte
des apports probables. Au contraire, la signature de stock résultant de cet unique objectif pré-
senterait un niveau de remplissage en permanence à son maximal, et serait donc sans réel intérêt.
La signature des SWV correspondant à la gestion combinée de différents objectifs d’un système,
est en première approximation la somme des différentes signatures individuelles de ces objectifs.
Ce n’est pas exactement le cas, du fait de possibles concurrences entre usages.
Ces signatures peuvent être changées, selon la modification des apports au réservoir (Figure
5.4) ou de la demande. La capacité à décomposer la signature vis-à-vis de chaque objectif per-
met d’appréhender les raisons des modifications des stratégies propres à chacun. Cela est illustré
Figure 5.4. Sur cette figure, les signatures de SWV sont présentées pour les trois précédents
niveaux de remplissage (10 % colonne 1, 50 % colonne 2 et 90 % colonne 3) et pour différents
objectifs de gestion (optimisation de la production énergétique ligne 1, maintien d’une cote tou-
ristique ligne 2, et une combinaison de ces objectifs ligne 3). Trois scénarios sont considérés : un
premier scénario en climat de contrôle et deux scénarios présentant une anomalie annuelle de
température de respectivement de 3 C et 5 C.
Ainsi la nature et l’amplitude des modifications des signatures SWV observées Figure 5.4, et
donc de la stratégie de gestion, dépendent de l’objectif considéré. Des explications supplémen-
taires, concernant le cas d’étude et les scénarios considérés pour établir ces signatures, ainsi que
sur les interprétations de ces modifications, sont fournies dans l’article. Ce dernier est en annexe
de ce document de thèse (annexe A.1). Si les signatures SWV ne mesurent pas directement la
performance d’un système de gestion, elles permettent cependant d’apporter plus d’éléments de
compréhension à l’analyse de performance d’un système donné, évaluée par le biais de différents
critères quantitatifs présentés section 5.2.
109/279
Chapitre 5. Indicateurs de performance d’un système de gestion
28 28 28
24 24 24
20 20 20
16 16 16
12 12 12
8 8 8
4 4 4
0 0 0
J FM A M J J A S O N D J F M A M J J A S O N D J FM AM J J A S O N D
28 28 28
24 24 24
20 20 20
16 16 16
12 12 12
8 8 8
4 4 4
0 0 0
J FM A M J J A S O N D J F M A M J J A S O N D J FM AM J J A S O N D
28 28 28
24 24 24
20 20 20
16 16 16
12 12 12
8 8 8
4 4 4
0 0 0
J FM A M J J A S O N D J F M A M J J A S O N D J FM AM J J A S O N D
Figure 5.4 – Sensibilité des signatures SWV (moyenne inter-annuelle des SWV) à une aug-
mentation des températures ( 3 C et 5 C d’anomalie annuelle) aux niveaux de
remplissage 10 %, 50 % et 90 %. Haut : Dans ce cas, l’objectif unique de la réserve
est l’optimisation de la production énergétique. Milieu : Dans ce cas, l’unique ob-
jectif est le maintien d’une cote touristique durant la période estivale. Bas : Dans
ce cas, l’objectif de la retenue est double, optimisation de la production énergé-
tique et maintien d’un niveau du réservoir élevé durant la période estivale. Adapté
de François et al. [2013].
110/279
5.2. Critères quantitatifs
manière implicite : l’optimisation des revenus liés à la production énergétique implique a fortiori
de limiter les déversements.
la fiabilité du système.
la capacité du système, lors d’une défaillance, à revenir dans un état satisfaisant (rési-
lience).
la sévérité des défaillances (vulnérabilité).
Afin d’expliquer simplement ces concepts, un exemple est proposé Figure 5.5. Sur cet exemple,
la courbe rouge représente une demande à satisfaire (Mm3 ) et les courbes bleues, deux scénarios
différents correspondant à ce qui a pu être fourni par le gestionnaire du système (Mm3 ). En
considérant une discrétisation temporelle entre [t0 ,t10 ], on observe deux épisodes défaillants pour
le scénario de fourniture 1 (le premier épisode est situé à la date t1 , le second sur la période
[t6 ,t7 ]). Le scénario de fourniture 2 (pointillés bleus) présente une défaillance supplémentaire à
la date t6 . Dans un premier temps, seul le premier scénario de fourniture est discuté (trait plein
bleu).
Fourniture 1
4 Fourniture 2
Demande
3
Mm3
0
t0 t1 t2 t3 t4 t5 t6 t7 t8 t9 t10
Figure 5.5 – Schéma de principe : la courbe rouge représente une demande à satisfaire et la
courbe bleue correspond à ce qui a été fourni par le gestionnaire du système. Il y
a défaillance dès lors que la demande est inférieure à la réalisation. La courbe en
pointillé bleu est un second scénario de fourniture, qui diffère du premier scénario
uniquement à la date t4 .
111/279
Chapitre 5. Indicateurs de performance d’un système de gestion
La fiabilité est un concept largement utilisé pour évaluer la performance d’un système de
gestion de ressource en eau, au moins depuis les travaux de Hazen [1914].
Hashimoto et al. [1982] définissent la fiabilité comme la fréquence d’états satisfaisants. Considé-
rons X comme l’ensemble des états du système considéré. CardpX q est le nombre des éléments
de l’ensemble X . L’ensemble X est composé de deux sous ensembles : i) S l’ensemble des états
satisfaisants et ii) D l’ensemble des états défaillants. Dans ce cas, la mesure de fiabilité F ia est
donnée en % par l’équation 5.1.
CardpX P S q
F ia 100
CardpX P tS D uq
(5.1)
Cette mesure est l’opposée du critère de risque de défaillance, également rencontré dans la
littérature. Il se définit simplement comme la fréquence d’états non satisfaisants, ou défaillants
(équation 5.2).
Sur l’exemple proposé Figure 5.5, la fiabilité est F ia 100 p8{11q 72% et le risque
Risk 28%. Dans la suite du document, seules les valeurs de fiabilité seront employées.
5.2.3.b. Vulnérabilité
¸
V ulH p j vj (5.3)
où V ulH est la mesure de vulnérabilité, pj est la probabilité d’occurrence du j ème épisode
défaillant et vj le plus grand écart à l’objectif constaté durant le j ème épisode défaillant.
Hashimoto et al. [1982] et Jinno [1995] considèrent que tous les épisodes défaillants ont
la même probabilité d’occurrence pj (p1 p2 ... pM 1{M avec M le nombre
d’épisodes défaillants). L’équation 5.3 devient alors :
M̧
V ulH M1 vj (5.4)
j 1
Dans l’exemple présenté Figure 5.5, les vulnérabilités v1 et v2 ont pour valeurs respectives 1
et 2. La vulnérabilité calculée via l’équation 5.4 sur la période [t0 ,t10 ] vaut donc V ulH 1.5
Mm3 .
112/279
5.2. Critères quantitatifs
V ulM max
j
p vj q (5.5)
Dans ce cas, la vulnérabilité est considérée comme étant la défaillance la plus sévère
observée sur une période. Sur l’exemple Figure 5.5, cette mesure de vulnérabilité donne
V ulM 2 Mm3 .
5.2.3.c. Résilience
Le terme de résilience, désigne la capacité d’un système après un choc ou une perturbation,
à revenir dans un état satisfaisant. Appliqué à la gestion d’une retenue, ce concept donne une
indication sur la durée d’un épisode défaillant (si la résilience d’un système est élevée, la durée
des épisodes défaillants est courte et inversement).
Selon Hashimoto et al. [1982], toujours en considérant les probabilités d’occurrence des
épisodes défaillants égales, la résilience d’un système s’exprime comme l’inverse de la durée
moyenne des épisodes défaillants. Son expression est donnée par l’équation 5.6.
# +1
M̧
ResH 1
M
dj (5.6)
j 1
Avec dj la durée du j ème épisode défaillant. L’unité de la résilience est pas de temps 1 . Une
résilience égale à 1 indique qu’après une perturbation, le système n’est jamais défaillant
sur une période supérieure à un pas de temps. Sur l’exemple présenté Figure 5.5, d1 1
et d2 2 ce qui donne une valeur de résilience ResH 0.66 temps 1
.
Selon Moy et al. [1986], la résilience est l’inverse de la durée du plus long des épisodes
défaillants (Equation 5.7).
" *1
ResM maxpdj q (5.7)
j
113/279
Chapitre 5. Indicateurs de performance d’un système de gestion
pas monotone. Par exemple, si l’on considère le scénario de fourniture 2 (pointillés bleus Figure
5.5), la vulnérabilité d’Hashimoto et al. [1982] diminue (V ulH 1.3 Mm3 dans ce cas alors que
globalement le système est plus défaillant en fréquence. La vulnérabilité de Moy et al. [1986]
reste inchangée dans cette configuration. Cependant, Vogel et Stedinger [1988] expliquent qu’un
estimateur basé sur le plus large des épisodes est très sensible à l’échantillonnage, ce qui le rend
finalement assez peu robuste.
Dans la suite du document, les définitions d’Hashimoto et al. [1982] et de Moy et al. [1986]
seront utilisées. Les critères de performance RRV pourront être calculés vis à vis i) du respect
de la contrainte de débit de dotation (Rmin ), à fournir en aval du système modélisé de SP et ii)
du respect de la contrainte de cote touristique (S min ), définie du 1er juillet au 31 août.
Appliqués à la production énergétique de la retenue, ces critères n’ont pas de sens au périmètre
d’une retenue. Au contraire, ces critères auraient un sens à l’échelle d’un réseau et d’un parc de
production, ce qui échappe aux travaux de cette thèse.
Pour chacun des modèles de gestion, une estimation de la performance du système modélisé
de SP est effectuée via les indicateurs de performances présentés sections 5.1 et 5.2.
Pour faciliter la comparaison des estimations de performance obtenues par les trois modèles
de gestion, la stratégie du modèle AIC est établie sur la même période que celle simulée 1970-
1999 (i.e. les années présentes dans l’historique utilisé pour construire la stratégie de gestion
sont celles de la période simulée). La stratégie de AC et AIP sont quant à elles, établies année
après année sur cette période. Les scénarios de forçages météorologiques utilisés par le modèle
AIP sont également issus de la période 1970-1999.
Dans un premier temps, les trajectoires de réserve simulées, les volumes annuels déversés et
pour faciliter la compréhension les courbes guides de remplissage sont exposés sur la Figure 5.6
du 1er janvier 1971 au 31 décembre 1980 pour les trois modèles AC (bleu), AIC (vert) et AIP
(rouge). Cet extrait permet d’apprécier les trois stratégies AC, AIC et AIP. A titre indicatif
seulement, la trajectoire de réserve observée du système réel de SP est présentée en noir sur
cette même Figure. Les apports entrants dans le système modélisé de SP ainsi que le débit de
dotation à fournir en aval sont également illustrés sur cette Figure.
114/279
5.3. Performance estimée avec les modèles AC, AIC et AIP
Nous pouvons au contraire observer que les déstockages hivernaux réalisés par le modèle AIC
sont plus ou moins similaires d’une année à l’autre. Cela résulte de fait que la courbe guide de
remplissage du modèle AIC, en opposition à celles des modèles AC et AIP, est inchangée quelle
que soit l’année simulée. Durant les années sèches (e.g. l’année 1976), une telle courbe guide de
remplissage peut ne pas être assez contraignante. Son utilisation peut donc engendrer lors de ces
années une non satisfaction de la cote touristique au 1er juillet. La courbe guide de remplissage
du modèle AIC assure la satisfaction de la cote au 1er juillet en moyenne 9 années sur 10, il
est donc logique de constater ce type de défaillance en moyenne une fois par période de 10 ans.
Néanmoins nous noterons que le modèle AIP, pour lequel la définition de la courbe guide de
remplissage est également définie avec un taux de satisfaction à 90 %, a atteint avec succès la
cote touristique cette année là. Cela a été possible en adaptant mensuellement la courbe guide
de remplissage en fonction des sollicitations météorologiques récemment observées (et donc de
l’évolution du stock naturel d’eau sur le bassin).
Au contraire, pendant les années plus humides (e.g. les années 1977, 1978, 1979, encadrées
en bleu Figure 5.6), le modèle AIC a l’impossibilité de déstocker au delà de sa courbe guide
de remplissage, ce qui conduit à un remplissage complet de la retenue trop tôt dans l’année, et
engendre ainsi des déversements importants (Figure 5.6 milieu bas).
Les prévisions hydrologiques réalisées par le modèle AIP permettent ces mêmes années (i.e.
1977, 1978 et 1979) d’adapter la courbe guide de remplissage. Ces adaptations permettent des
déstockages importants, très proches de ceux obtenus par le modèle AC, et limitent par suite
le risque de déversement. Ce résultat n’est toutefois pas systématique, au regard des années
1972 et 1973 durant lesquelles les déstockages sont plus proches de ceux réalisés par le modèle
AIC. Ces différents comportements, tantôt proches du modèle AC et tantôt proches du modèle
AIC, pourraient résulter d’une prévisibilité hydrologique différente, qui pour le modèle AIP, est
essentiellement conditionnée par la connaissance des stocks naturels sur le bassin, dont la mise
à jour est mensuelle.
Les signatures de stock sont présentées Figure 5.7 pour les trois modèles de gestion utilisés
(respectivement AC en bleu, AIC en vert et AIP en rouge). La signature du stock obtenue sur la
base de la trajectoire de réserve observée est affichée en noir. Cette signature est donnée à titre
indicatif.
115/279
Chapitre 5. Indicateurs de performance d’un système de gestion
Obs
1000 AC
AIC
AIP
800
600
400
200
0
1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980
AC
1000 AIC
AIP
800
600
400
200
0
1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980
35
AC
30 AIC
AIP
25
20
15
10
5
0
1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980
600
500
400
300
200
100
0
1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980
Figure 5.6 – Haut : Trajectoires de réserve du 1er janvier 1971 au 31 décembre 1980. Noir :
Trajectoire reconstituée ; Bleu : Trajectoire AC ; Vert : Trajectoire AIC ; Rouge :
Trajectoire AIP ; Milieu haut : Courbe guide de remplissage : Bleu : AC ; Vert :
AIC ; Rouge : AIP ; Milieu bas : Évolution annuelle des volumes déversés simulés
Bleu : AC ; Vert : AIC ; Rouge : AIP ; Bas : Évolution temporelle des apports
entrants simulés (noir) et du débit de dotation (rouge).
116/279
5.3. Performance estimée avec les modèles AC, AIC et AIP
Le déstockage moyen réalisé par le modèle AC est le plus important. Le stockage minimal
atteint en moyenne une valeur de 300 Mm3 mi-avril. La phase de remplissage débute ensuite et
perdure durant le printemps, jusqu’à la saison touristique. En moyenne, la connaissance parfaite
de l’avenir donne lieu à de grands déstockages car elle permet de profiter pleinement des apports
entrants dans la réserve durant les mois de mai et juin et par suite d’atteindre l’objectif de cote
au 1er juillet tout en évitant si possible les déversements.
La stratégie du modèle AIC est construite dans un contexte d’avenir incertain. L’incertitude sur
les apports futurs engendre donc des déstockages moins optimaux que ceux réalisés par le modèle
AC. La valeur minimale moyenne des stocks est pour ce modèle, seulement de l’ordre de 560
Mm3 . Comme énoncé précédemment, la stratégie AIC n’autorise pas de déstockages amenant
le stock de la réserve en dessous de la courbe guide 90 %. La phase de stockage commence dès
le début du mois de mars. Le volume en stock dans le système étant important au moment du
début de la remontée de cote, il en résulte un maintien de la production énergétique afin de ne
pas remplir la réserve trop rapidement et limiter si possible les déversements.
La signature de stock AIP se situe entre les deux signatures précédentes. Les prévisions d’apports
permettent une mise à jour mensuelle de la courbe guide de remplissage, ce qui engendre un
déstockage en moyenne plus important que celui obtenu par le modèle AIC. Le stock atteint
une valeur minimale de 500 Mm3 au courant du mois de mars. La phase de remplissage débute
durant la première semaine du mois d’avril.
Durant l’été, quel que soit le modèle considéré, les stocks simulés dépendent uniquement du débit
de dotation à fournir en aval.
1000
800
600
400
Obs
200 AC
AIC
AIP
0
J F M A M J J A S O N D
Figure 5.7 – Signatures de stock simulées sur la période 1970-1999. Les apports et contraintes
à la réserve de SP sont obtenus à partir des variables météorologiques observées
sur cette période. Noir : Stocks reconstitués ; Bleu : AC ; Vert : AIC ; Rouge : AIP
La signature des stocks observés de SP (noir), est sensiblement différente des trois signatures
simulées. En particulier :
117/279
Chapitre 5. Indicateurs de performance d’un système de gestion
Le remplissage observé est moins important au début de l’été. Cela s’explique simplement
par le fait que la tenue d’une cote minimale en période estivale n’est conventionnée que
depuis 1999 avec la SMADESEP.
Une fois la période estivale terminée, la phase de déstockage débute dès le début de l’au-
tomne. Ces déstockages ne peuvent s’expliquer par un intérêt à produire de l’énergie tel
qu’il est défini dans les modèles. A cette saison, la demande énergétique est encore limitée.
Ces déstockages pourraient par exemple résulter d’un manque de disponibilité d’autres
moyens de production à cette période (e.g. pour cause de maintenance) ou à une stratégie
de mitigation des crues automnales. Ce mécanisme n’étant pas conceptualisé dans les mo-
dèles, aucun déstockage important ne peut être simulé par les modèles avant le mois de
décembre, période à laquelle l’intérêt à produire de l’énergie, défini chapitre 3, commence
à être conséquent.
Les critères de performance sont donnés pour la période 1970-1999 dans le Tableau 5.1.
Seules les vulnérabilités, résiliences et fiabilités vis à vis de la cote touristique sont exposées.
Par construction, les critères relatifs au respect du débit de dotation sont maximaux pour les
trois modèles (i.e. une fiabilité de 100%, une résilience de 1 et des vulnérabilités nulles). Comme
prévu, la performance quantitative du modèle AIP est intermédiaire à celles obtenues par les
deux autres modèles. En particulier, le modèle AC présente les critères de performance les plus
élevés quel que soit le critère considéré alors qu’au contraire, ils sont minimaux pour le modèle
AIC.
En particulier, le volume total déversé par le modèle AIC sur la période 1970-1999 est de
1757 Mm3 (Tableau 5.1). Ce volume déversé, très conséquent, est en partie expliqué par l’im-
possibilité pour le modèle AIC d’explorer les niveaux de remplissage inférieurs à la courbe guide
de remplissage 90 % lors des années humides ce qui, comme nous l’avons vu Figure 5.6, conduit
à un remplissage complet de la retenue durant la période de l’onde de fonte. La limitation des
débits journaliers pouvant être turbinés par le système modélisé de SP Rmax engendre dans de
telles situations des déversements pouvant être très importants.
L’indicateur de revenus GHEP (calculé sur la période 1970-1999, Tableau 5.1) obtenu par le
modèle AC est supérieur à ceux des autres modèles. Les revenus GHEP réalisés par le modèle
AIP sont plus élevés que ceux réalisés par le modèle AIC. Néanmoins, l’écart constaté entre les
trois modèles de gestion est relativement faible (de l’ordre de 3 % entre les modèles AC et AIC).
Ce résultat pourrait paraitre logique car GHEP dépend d’abord du volume d’apports sur une
période donnée, puis de l’optimisation du placement dans le temps de la production, or ici les
apports entrants sont identiques pour les trois modèles.
L’écart constaté entre le modèle AC et les deux autres modèles s’explique par i) de très faibles
déversements (et donc un volume d’eau disponible à la production plus conséquent et ii) un
placement dans le temps parfait de la production énergétique. En effet les modèles AIC et AIP
ne connaissent l’intérêt à produire de l’énergie (qui ne dépend que de la température de l’air)
que par sa climatologie. Or cet intérêt peut varier rapidement du fait des variations importantes
des températures d’une journée à l’autre. Le choix des journées durant lesquelles une production
118/279
5.4. Conclusion
énergétique est effective ne peut donc être optimal à la vue de cet intérêt très fluctuant.
Dans le cas du système modélisé de SP, ils est très difficile de pouvoir analyser / comparer les
signatures des valeurs de l’eau. En effet a une date donnée, la variation des SWV avec le niveau
de remplissage, peut être très importante du fait des VB fixées à 0 sous les courbes guides de
remplissage. Les SWV calculées entre les deux niveaux de remplissage adjacents à la courbe guide
de remplissage sont a fortiori très élevées comparées aux SWV calculées entre deux niveaux de
remplissage du haut du réservoir. Les moyennes des SWV ont cependant été calculées pour les
trois modèles a et sont exposées dans le Tableau 5.1. Nous pouvons constater que les modèles en
avenir incertain (AIC et AIP) présentent des valeurs moyennes de SWV plus élevées que celles
obtenues en avenir certain (AC), en particulier pour le modèle AIC. Un tel résultat a déjà été
expliqué, notamment par Draper [2001] et Draper et al. [2003].
Tableau 5.1 – Estimations des critères de performance des modèles AC (bleu), AIC (vert)
et AIP (rouge) : Indicateur de revenus GHEP p1015 U.M q ; Volume déversé
VDev pMm3 q ; Fiabilité F ia p%q ; Vulnérabilité V ulH et V ulM pMm3 q ; Résilience
ResH et ResM pj 1 q ; Moyenne des SWV MSW V (SW V.m3 )
5.4. Conclusion
Les modèles AC, AIC et AIP sont trois modélisations différentes du système réel de SP.
Compte tenu des limites fixées, l’objectif de ces modélisations est de proposer une estimation la
plus réaliste possible, de la performance pouvant être mesurée par ces critères pour le système
réel de SP. Les estimations de performance obtenues diffèrent d’une modélisation à l’autre.
Il est possible sans trop de risque, de considérer l’estimation de la performance proposée par
le modèle AIP, comme étant la plus proche de celle du gestionnaire du système réel de SP. Dans
ce cas :
Le modèle AC surestime la performance du système, principalement sur les indicateurs de
revenus, de volumes déversés.
Le modèle AIC sous-estime la performance du système, principalement sur les indicateurs
de volumes déversés et de vulnérabilités.
Nous pouvons également conclure, à partir des signatures de stock discutées Figure 5.7 que :
le modèle AC surestime le déstockage hivernal
le modèle AIC sous-estime le déstockage hivernal
a. Les valeurs des SWV des niveaux de remplissage inférieurs aux courbes guides n’ont pas été intégrées
au calcul de ces moyennes
119/279
Chapitre 5. Indicateurs de performance d’un système de gestion
Synthèse
Indicateurs de performance d’un système de gestion
De nombreux indicateurs existent pour calculer la performance d’un système de
gestion. Les indicateurs retenus dans ce travail de thèse sont :
Les signatures des valeurs marginales de l’eau stockée dans le réservoir. Ces va-
leurs sont un sous produit de la programmation dynamique. Elles ne peuvent donc
être calculées uniquement si le système est piloté par ce type de méthode d’op-
timisation. L’analyse de ces signatures est toutefois impossible pour le système
modélisé de SP.
120/279
5.4. Conclusion
Synthèse
L’estimation de la performance obtenue avec le modèle AIC est inférieure à celle obte-
nue avec AIP. Le modèle AIC sous-estime donc certainement la vraie performance du
système de SP. Cette performance pourrait être celle, qui aurait pu être obtenue si les
variables d’intérêt de la gestion n’étaient connues que par leur climatologie par le ges-
tionnaire. Il en résulte une gestion moins optimale lors d’années particulières (i.e. sèches
ou humides), et donc des critères de vulnérabilité élevés ainsi que des déversements très
importants, qui peuvent ne pas être très réalistes.
121/279
Chapitre 5. Indicateurs de performance d’un système de gestion
122/279
Chapitre 6
Il existe deux types de méthodes de descente d’échelle, i) les méthodes de descente d’échelle
statistiques et ii) les méthodes de descente d’échelle dynamiques, appelées également modèles
climatiques régionaux (Regional Climate Model, RCM).
a. Les modèles de climat ou encore modèles de circulation générale sont des modèles couplés océan-
atmosphère
123/279
Chapitre 6. Évaluation de la performance sous scénarios stochastiques
Scénario d'évolution
socioéconomique
Scénario d'émission de GES
Modèle Hydrologique
Scénarios hydrologiques
Modèle Gestion
Optimisation + Simulation
Figure 6.1 – Chaı̂ne de simulation : GCM : Modèle de Circulation Générale ; MDES : Méthode
de Descente d’Échelle Statistique ; RCM : Modèle de Climat Régional ;
En quelques mots, les RCMs sont assez similaires aux GCMs, mais leur extension spatiale est
limitée à une région du globe seulement. Ces modèles sont forcés par les sorties d’un GCM aux
bords du domaine étudié. Davantage d’éléments sur ces méthodes sont proposés par Christensen
et al. [2007] ou encore Rummukainen [2010].
Les méthodes de descente d’échelle statistique (MDES) consistent à établir des relations empi-
riques entre les circulations à grande échelle et des variables météorologiques locales. Cela est
possible du fait de la forte influence des situations météorologiques synoptiques sur les variables
météorologiques locales (Hingray et al. [2009c]). Il existe de nombreux types de MDES parmi
lesquels, les méthodes par analogues, les fonctions de transfert statistiques ou encore les généra-
teurs de temps dont les paramètres sont basés sur une classification en types de temps. Du fait
124/279
6.2. Chaı̂ne de simulation RIWER2030
de la nature incertaine du lien d’échelle, certaines de ces méthodes incluent un générateur sto-
chastique qui permet de proposer, pour une situation atmosphérique de grande échelle donnée,
plusieurs scénarios pour les variables météorologiques locales d’intérêts. De plus, différentes pa-
ramétrisations possibles d’une MDES donnée, conduisent encore au développement de différents
scénarios. Dans la suite du document, une série temporelle de variables météorologiques locales
obtenue par une chaı̂ne de simulation GCM/MDES sera nommée réalisation météorologique, les
variables météorologiques de grande échelle prédicteurs, et les variables météorologiques à échelle
locale prédictants.
Les simulations météorologiques de grande échelle ont été réalisées sur la période 1860 2099.
Elles sont issues du projet européen ENSEMBLES [2009] (expérience STREAM-2), et obtenues
via un ensemble de GCMs exposés dans le Tableau 6.1. Le pas de temps de ces scénarios est
journalier.
Tableau 6.1 – Liste des GCMs utilisés dans cette étude. Ces GCMs ont été utilisés par le
groupe d’expériences STREAM-2 du projet ENSEMBLES [2009]. Le scénario
GES utilisé est le A1B. Résolution atmosphérique (RA) et océanique (RO)
Comme énoncé précédemment, les simulations météorologiques de grande échelle doivent être
descendues en échelle via une MDE afin d’être utilisées en aval de la chaı̂ne de simulation. Les
MDE utilisées dans cette étude sont statistiques. Elles ont été adaptées pour la génération de
scénarios sur la Durance amont dans le cadre du projet RIWER 2030.
125/279
Chapitre 6. Évaluation de la performance sous scénarios stochastiques
Tableau 6.2 – Liste des MDES utilisées dans cette étude. Prédicteurs Grande Echelle
(PGE),Z500 , Z700 , Z850 , Z1000 les géopotentiels à 500, 700, 850 et 1000 hP a,
PSL la pression réduite au niveau de la mer, u700 , v700 les composantes zonales
et méridiennes du vent géostrophique à 700 hP A, RH700 , q700 et F700 respecti-
vement l’humidité relative, l’humidité spécifique et le flux d’humidité spécifique
à 700 hP A
Ces différentes MDES ont été évaluées dans le cadre de RIWER 2030 sur leur capacité à
reproduire en temps présent les variations observées des précipitations sur la Durance (Lafaysse
[2011]; Bourqui et al. [2012]; Lafaysse et al. [2013]).
126/279
6.3. Évaluation de l’impact hydrologique et Incertitudes
En conclusion, les résultats produits par Lafaysse [2011] montrent le besoin de réaliser une
analyse basée i) sur un ensemble de réalisations pour chaque chaine de simulation GCM/MDES
et ii) sur plusieurs chaı̂nes GCM/MDES avec différents GCMs et différentes MDES.
Lafaysse [2011] a étendu son analyse en aval de la chaı̂ne de modélisation en réalisant une
évaluation hydrologique des réalisations météorologiques en temps présent. Le modèle hydrolo-
gique utilisé à cet effet est une adaptation (Lafaysse et al. [2011]) pour la Durance du modèle
hydrologique opérationnel SIM (Habets et al. [2008]). Ses résultats sont présentés Figure 6.2.
Pour cette évaluation, les circulations de grande échelle sont issues des réanalyses grande échelle
NCEP a (Kalnay et al. [1996]). La MDES utilisée est Dsclim10 (Tableau 6.2). Un ensemble de
100 réalisations hydrologiques est ainsi présenté pour les années hydrologiques 2002 2003 et
2004 2005 sur cette Figure. La médiane des apports simulés (vert) reproduit assez bien les
débits observés (aire grisée), à la fois lors d’une année humide (2002-2003) et lors d’une an-
née plutôt sèche (2004-2005). De manière générale Lafaysse [2011] montre que la médiane des
apports reproduit assez bien la variabilité inter-annuelle des apports observés. Cependant, la
variabilité obtenue entre 100 réalisations hydrologiques est importante (e.g. les quantiles 5 et 95,
a. Les données issues de réanalyses sont issues de méthodes d’assimilation de données provenant de
sources différentes, quelles soient observées ou modélisées. Les réanalyses permettent d’obtenir des données
homogènes (i.e. aucune lacune spatiale ou temporelle) sur des périodes passées.
127/279
Chapitre 6. Évaluation de la performance sous scénarios stochastiques
en rouge Figure 6.2, peuvent être relativement éloignés de la série observée). En conclusion de
ces travaux, Lafaysse [2011] incite fortement à mettre en place une approche multi-réalisations
hydrologiques, pour réaliser une étude d’impact. En d’autres termes, les résultats d’une analyse
d’impact basée sur une seule réalisation, ce qui est communément le cas, ont de fortes chances
de ne pas être a priori robustes.
Cette analyse est réalisée sur la période 1970-1999. Les prédicteurs utilisés sont issus des
réanalyses NCEP. La MDES est Dsclim10 (Tableau 6.2).
128/279
6.4. Stabilisation de l’estimation de la performance des modèles
Dans un premier temps, nous allons explorer la possibilité d’évaluer la performance du sys-
tème modélisé de SP à partir d’une unique réalisation MDES avec le modèle AC.
La question est de savoir si l’emploi d’une unique réalisation MDES, en entrée des modèles
de contraintes et d’usages et de gestion, permet une estimation robuste de la performance du
système modélisé de SP. Si la réponse à cette interrogation était positive, cela impliquerait que les
critères de performance estimés sont indépendants de la réalisation météorologique utilisée. Pour
vérifier ou réfuter cette hypothèse, nous avons suivi cinq réalisations météorologiques (parmi les
100 réalisations générées par Dsclim10 dans le projet RIWER 2030) jusqu’à l’évaluation de la
gestion de SP. Plus précisément pour chaque réalisation, nous avons i) calculé la stratégie de
gestion en avenir certain (i.e. avec le modèle AC) correspondant aux chroniques de sollicitations
(i.e. apports au réservoir et demande), ii) effectué la simulation de la gestion sur la période de
30 ans (1970-1999) et iii) calculé les indicateurs de performance correspondants (Figure 6.3).
Optimisation
Evaluation
Réalisation MDES + Simulation gestion
performance
Contraintes
Les scores de performance ainsi obtenus sont exposés dans le Tableau 6.3. Les critères de
Fiabilité (F ia) et de vulnérabilité (V ulH , V ulM ) sont uniquement présentés vis-à-vis du respect
de la cote touristique. La satisfaction totale du débit de dotation est effective pour l’ensemble
des expériences réalisées dans ce chapitre.
En résultat de ce premier exercice, nous constatons que les écarts entre les valeurs des critères
de performance obtenus pour différentes réalisations MDES, peuvent être importants. Ces écarts
sont particulièrement élevés pour les critères de vulnérabilités et de volumes déversés. Sur la base
de ces cinq réalisations, nous pouvons par exemple constater un facteur 20 entre les volumes
déversés par la réalisation 4 et les réalisations 2 et 5 et un facteur 2 entre la vulnérabilité V ulH
des réalisations 2 et 3. Les variabilités des critères de revenus GHEP et de fiabilité semblent
moins importantes.
129/279
Chapitre 6. Évaluation de la performance sous scénarios stochastiques
Tableau 6.3 – Évaluation de performance obtenue pour cinq réalisations MDES différentes.
Indicateur de revenus GHEP p1015 U.M q ; Volume déversé VDev pMm3 q ; Fiabilité
F ia p%q ; Vulnérabilité V ulH et V ulM pMm3 q ; Le numéro attribué à chacune
des réalisations est arbitraire. Les meilleurs scores sont coloriés en vert, les plus
faibles en bleu.
Afin de quantifier l’importance de ces variabilités, nous nous proposons donc d’étendre cet
exercice à un plus grand nombre de réalisations. Le protocole exposé Figure 6.3 est ainsi appliqué
aux 100 réalisations MDES générées avec Dsclim10 au sein du projet RIWER 2030. Les moyennes
M (Équation 6.1) et coefficients de variation Cv (Équation 6.2) des indicateurs de performance
sont établis dans le Tableau 6.4.
nN
1 ¸R
NR
MCrit NR n1
Critpnq (6.1)
NR
CvNR
Crit σCrit
NR
(6.2)
MCrit
NR
avec σCrit , l’écart type du critère Crit et CvN R
Crit le coefficient de variation du critère Crit, calculés
sur la base des NR réalisations MDES .
Tableau 6.4 – Évaluation de performance obtenue pour cent réalisations MDES avec AC. In-
dicateur de revenus GHEP p1015 U.M q ; Volume déversé VDev pMm3 q ; Fiabilité
F ia p%q ; Vulnérabilité V ulH et V ulM pMm3 q ; M : Moyenne ; Cv : Coefficient
de variation
Sur la base des 100 réalisations MDES utilisées, nous constatons que les critères de reve-
nus GHEP et de fiabilité F ia affichent une variabilité très limitée (Cv 0.02 pour GHEP et
Cv 0.03 pour F ia). Si l’évaluation de la performance de la gestion de SP était basée unique-
ment sur ces deux critères, l’utilisation d’une unique réalisation MDES pour l’évaluer, pourrait
être justifiée.
130/279
6.4. Stabilisation de l’estimation de la performance des modèles
Cependant, Jain et Bhunya [2008] expliquent que l’utilisation du seul critère de fiabilité
ne permet pas de décrire de façon exhaustive les forces et faiblesses d’un système de gestion.
Les fortes variabilités constatées des indicateurs de vulnérabilités et de volumes déversés, leur
donnent ici raison. En effet, les coefficients de variation des vulnérabilités V ulH et V ulM et des
volumes déversés VDev sont respectivement de l’ordre est 0.3, 0.4 et 1. Un tel résultat signifie
par exemple que deux réalisations peuvent présenter des fiabilités très proches mais des vulné-
rabilités très différentes.
Dans ce cas, l’évaluation de ces critères sur la base d’une seule réalisation MDES, n’est a priori
pas robuste. En conséquence de quoi, il est nécessaire de considérer , comme le préconisaient
Lafaysse et al. [2013] pour l’impact hydrologique, une approche multi-réalisations MDES, afin
d’évaluer i) une performance moyenne et si possible ii) la distribution de cette performance.
De plus, il est tout à fait probable que l’apparente stabilité des critères GHEP et F ia ne soit
plus vérifiée dans un nouveau contexte climato-économique. Considérant une approche multi-
réalisations, ces critères seront, dans la mesure du possible, évalués par leur distribution, tout
comme les critères VDev , V ulH et V ulM . Le protocole d’analyse dans ce cas, est celui décrit
Figure 6.4, qui est une généralisation de l’expérience Figure 6.3.
Optimisation
Réalisations MDES + Simulation gestion Evaluation
Contraintes performance
Contraintes Critère 11
Réalisation
Critère 21
Hydro & Météo
Stratégie 1
n°1
Ft(S) Critère 31
Critère 12
Contraintes Critère 1 Critère Critère 3
Réalisation Critère 22 2
Hydro & Météo
Stratégie 2 Critère 32
n°2
Ft(S)
•
•
• Fonctions de
• distribution
Critère 1NR
Contraintes
Réalisation Critère 2NR
Hydro & Météo
Stratégie NR Critère 3NR
n°NR
Ft(S)
131/279
Chapitre 6. Évaluation de la performance sous scénarios stochastiques
La variabilité des réalisations MDES se répercute t-elle sur les signatures de stock ? Ces der-
nières, sont présentées sur la Figure 6.5a. Une variabilité est constatée, particulièrement à la fin
de la période hivernale : l’écart maximal, entre les deux courbes enveloppes, est de l’ordre de
100 Mm3 . Durant la période estivale, la gestion de la cote touristique engendre en revanche une
variabilité inter-signatures très réduite.
Les variables d’intérêt de la gestion étant parfaitement connues par le modèle AC, la variabilité
des signatures de stock pourrait résulter de la variabilité inter-réalisations de la climatologie des
apports entrants sur la période 1970-1999. Dans son document de thèse, Lafaysse [2011] explique
que 100 réalisations hydrologiques sont nécessaires pour obtenir une médiane proche des débits
simulés à partir des variables météorologiques observées. Comme le rappelle Parent [1991] dans
son manuscrit de thèse, un barrage permet d’absorber la variabilité des apports en stockant de
l’eau à une certaine période pour la redistribuer à une autre. Ce processus entraine une varia-
bilité des signatures de stock, sur la base des 100 réalisations MDES, bien plus faible que celle
des apports simulés entrant dans le réservoir.
La faible variabilité constatée durant la période estivale, n’aurait pu laisser présager les variabi-
lités importantes des indicateurs de vulnérabilités et de déversements constatées dans le Tableau
6.4. En dépit du fait que les signatures de stock soient très pratiques pour synthétiser le mode
de fonctionnement d’une retenue, ces résultats démontrent l’importance de les associer, à des
critères de performance quantitatifs pour évaluer la performance d’un système.
Une évaluation quantitative de la similarité entre deux signatures de stock peut aussi être
réalisée. Le critère de Nash a été calculé entre chaque couple de signatures de stock. La fonction
de répartition des critères de Nash est représentée sous forme de tirets sur la Figure 6.5b. Ces
valeurs de Nash sont relativement élevées. Bien que ces fortes valeurs soient toutefois à considérer
sévèrement étant donné la forte saisonnalité de la variable de stock simulée (Gupta et al. [2009]),
seulement 10 % des couples de signatures de stock affichent une valeur de Nash inférieure à 0.995,
ce qui traduit toutefois une variabilité plutôt limitée.
Les résultats obtenus section 6.4.1.a sur la base de 100 réalisations MDES nous ont montré
la nécessité d’effectuer une approche multi-réalisations afin de prendre en compte la variabilité
des critères V ulH ; V ulM et QDev . Dans une moindre mesure cela permettrait également de
considérer la variabilité, même réduite, des signatures de stock et des critères GHEP et F ia.
En aval de ce constat, une question sous-jacente est de savoir combien de réalisations sont né-
cessaires pour avoir une évaluation robuste i) de la performance moyenne (i.e. des moyennes des
critères de performance et d’une signature moyenne de stock, calculées à partir d’un ensemble
de réalisations MDES) et ii) des variabilités associées (i.e. les distributions des critères de per-
formance). Ce questionnement est d’autant plus nécessaire que, les différents calculs nécessaires
aux estimations de la performance du système modélisé de SP, sont très couteux en temps de
calcul.
132/279
6.4. Stabilisation de l’estimation de la performance des modèles
1.0
Trajectoire Stock
1000 0.9
Signature Stock
0.8
800 0.7
Cumulative PDF
0.6
600
0.5
0.4
400
0.3
0.2
200
0.1
0 0.0
J F M A M J J A S O N D 0.70 0.75 0.80 0.85 0.90 0.95 1.00
(a) (b)
Figure 6.5 – (a) Signatures de stock obtenues pour chacune des réalisations MDES (gris). La
courbe rouge représente la signature moyenne ; (b) Fonction de répartition des
Nash croisés des signatures de stock (tirets) sur la période 1970-1999. Pour infor-
mation, la distribution des Nash obtenus entre les différentes trajectoires sur la
période 1970-1999 est exposée en trait plein. Les commentaires dans ce cas sont
similaires à ceux réalisés concernant les signatures de stock, avec toutefois une
variabilité plus importante (30 % des couples de trajectoires de réserve présentent
une valeur de Nash inférieure à 0.9). Au total, ces distributions de Nash sont
composées de (10099)/2 valeurs.
Pour répondre à ces interrogations, un ensemble élargi de 1000 réalisations MDES, toujours
générées avec la chaı̂ne NCEP/Dsclim10, est utilisé.
Pour un certain nombre de réalisations MDES considérées, l’évaluation de la performance doit
être la plus proche possible, de celle qui aurait pu être obtenue, avec une infinité de réalisations.
Il n’est certainement pas nécessaire de considérer une infinité de réalisations pour avoir une
évaluation robuste de la performance. Cette condition devrait a priori être satisfaite dès lors
que, le nombre de réalisations MDES utilisé intercepte la variabilité interne de la MDES. Ce
nombre étant inconnu, nous faisons ici l’hypothèse que le nombre de 1000 réalisations satisfait
cette condition. Les distributions des critères de performance sont illustrées dans le Tableau 6.5
par leur moyenne et leur coefficient de variation. Le nombre en gras est le seul qui diffère de
l’évaluation réalisée pour 100 réalisations MDES Tableau 6.4. Cette évaluation est considérée
être la référence. Dans la suite de l’analyse, nous supposerons que les distributions des critères
de performance peuvent être caractérisées par leur valeur moyenne et leur coefficient de variation.
Tableau 6.5 – Évaluation des critères de performance obtenus pour 1000 réalisations MDES
avec le modèle AC. Indicateur de revenus GHEP p1015 U.M q ; Volume déversé
VDev pMm3 q ; Fiabilité F ia p%q ; Vulnérabilité V ulH et V ulM pMm3 q ; Le nombre
en gras est le seul qui diffère de l’évaluation réalisée pour 100 réalisations MDES
Tableau 6.4. M : Moyenne ; Cv : Coefficient de variation
133/279
Chapitre 6. Évaluation de la performance sous scénarios stochastiques
Désignons un ensemble quelconque de réalisations MDES parmi les 1000, sous le terme de ”pa-
nier MDES”. La taille NR d’un panier MDES, fait référence au nombre de réalisations présentes
dans ce dernier. Les résultats présentés dans le Tableau 6.4, correspondent donc aux résultats
issus avec un panier MDES de taille NR 100 et ceux présentés dans le Tableau 6.5 à un panier
de taille NR 1000. Nous pouvons noter dès à présent que l’évaluation réalisée sur la base de
100 réalisations MDES, est très proche de celle de référence, et pourrait donc être satisfaisante.
Cependant, deux questions se posent :
Les faibles écarts observés, entre les critères de performance de ce panier particulier de 100
réalisations MDES et ceux de l’ensemble de référence sont-ils dus au ”hasard”? Compte
tenu du fait que nous souhaitons évaluer la performance du système modélisé à partir d’un
unique panier, il est nécessaire pour une taille NR fixée, que la performance estimée soit
indépendante du panier considéré.
Si tel n’est pas le cas, est-il possible d’obtenir de tels scores avec un panier de taille
inférieure ? Si oui, sous quelle marge d’erreur ?
Dans le but de répondre à ces deux interrogations, nous avons procédé à un ré-échantillonnage
aléatoire des réalisations MDES, considérant différentes tailles de panier. Les tailles de paniers
explorées sont : 5 ; 10 ; 20 ; 30 ; 50 ; 100 ; et 200. L’évaluation des critères de performance a été
réalisée pour 100 paniers MDES différents de chaque taille. Par chaque taille NR de panier, cent
valeurs de M NR et CvNR sont ainsi calculées. Il est donc possible de calculer la distribution des
M NR et CvNR pour chaque taille NR . La convergence de ces distributions, en augmentant la
taille NR des paniers MDES, est affichée Figure 6.6, sous formes de ”boı̂tes à moustaches a .
Le premier résultat que nous pouvons extraire des graphiques Figure 6.6, est de constater
que tous les paniers de taille 100 présentent des critères très proches de la référence. La bonne
représentation des distributions obtenues pour le panier particulier de 100 réalisations MDES,
utilisé section 6.4.1.a, n’est pas due au hasard. Nous pouvons donc conclure sur le fait que l’es-
timation de la performance obtenue avec un panier quelconque de taille NR 100 est robuste,
ce qui rejoint les travaux de thèse de Lafaysse [2011].
Cette série de graphiques valide également ce que nous avions présagé section 6.4.1.a. A
savoir qu’un panier de taille très réduite (e.g. 5 réalisations), fournit des valeurs très correctes
des critères GHEP et F ia (l’erreur sur la moyenne est largement inférieure à 5 % (lignes bleues
Figure 6.4.1.a de gauche (cela n’est pas vrai pour les autres critères). Cependant l’erreur sur la
distribution (coefficient de variabilité Cv) peut être importante et largement supérieure à 10 %.
134/279
6.4. Stabilisation de l’estimation de la performance des modèles
Moyenne Cv
98 0.05
96 0.04
94 0.03
92
-
0.02
90 0.01
88
0.00
5 10 20 30 50 100 200 5 10 20 30 50 100 200
55 0.55
50 0.45
45 0.35
40
-
35 0.25
30 0.15
25 0.05
5 10 20 30 50 100 200 5 10 20 30 50 100 200
140 0.7
0.6
120 0.5
100 0.4
- 0.3
0.2
80
0.1
60 0.0
5 10 20 30 50 100 200 5 10 20 30 50 100 200
3.50 0.05
3.45 0.04
3.40
3.35 0.03
-
3.30 0.02
3.25
3.20 0.01
3.15 0.00
5 10 20 30 50 100 200 5 10 20 30 50 100 200
140 2.00
120
100 1.55
80 1.10
-
60
40 0.65
20
0 0.20
5 10 20 30 50 100 200 5 10 20 30 50 100 200
Figure 6.6 – Évolution des distributions des critères de performance en fonction de la taille
du panier MDES (en abscisse). Pour chaque taille de panier, 100 paniers MDES
sont considérés pour construire ces ”boı̂tes à moustaches”. Les distributions de
critères sont caractérisées par leur moyenne (colonne de gauche) et leur coefficient
de variation (colonne de droite). Les lignes rouges représentent les valeurs obtenues
pour le panier unique de taille égale à 1000. Les lignes bleues représentent un écart
à 5 % par rapport à la performance moyenne obtenue avec 1000 réalisations et un
écart de 10% sur les coefficients de variation Cv.
135/279
Chapitre 6. Évaluation de la performance sous scénarios stochastiques
ces gammes d’erreurs. L’erreur maximale d’estimation des critères moyens, est dans tous les cas
inférieure à 10 %.
La signature de stock peut également être calculée, non plus sur la base d’une seule réalisation
d’une période donnée, mais en considérant un ensemble de réalisations. Dans cette configura-
tion, une signature de stock moyenne sur l’ensemble du panier, est calculée. La procédure utilisée
pour estimer les distributions des critères de performance est ici appliquée à l’estimation de la
signature moyenne de stock. La Figure 6.7 illustre l’influence de la taille du panier MDES sur
la signature moyenne de stock calculée sur la base de NR réalisations. De nouveau, la signature
moyenne de stock est calculée pour 100 paniers différents de NR réalisations. Les signatures
moyennes ainsi obtenues sont exposées en gris Figure 6.7. Sur chacun des graphiques Figure
6.7 la signature rouge est la signature moyenne obtenue sur la base du panier unique de 1000
réalisations.
Nous constatons Figure 6.7 que les signatures moyennes de stock convergent vers la signature
moyenne de référence lorsque la taille NR du panier MDES augmente. A partir de NR 5
l’écart maximal entre les deux signatures moyennes enveloppes n’est plus que de 50M m3 . A
partir d’une taille de 20 réalisations MDES, l’écart entre les différentes signatures moyennes
devient négligeable.
Figure 6.7 – Influence de la taille NR du panier MDES pour calculer une signature moyenne
de stock. Pour chaque fenêtre graphique, NR représente la taille du panier MDES.
Pour chaque taille de panier, 100 signatures moyennes de stock sont exposées
(courbes grises). Les courbes rouges représentent la signature moyenne obtenue
sur la base du panier unique de taille 1000. Cette signature sert ici de référence.
Une manière directe de quantifier ces écarts, est de comparer chacune des signatures, par un
critère de Nash avec la signature de référence. Les résultats de cette analyse sont exposés sur la
Figure 6.8a. A partir d’une taille de panier MDES égale à 20, les valeurs de Nash sont toutes
supérieures à 0.999. Nous constatons également une variabilité très réduite des valeurs de Nash
à partir de cette taille de panier, au contraire des tailles inférieures ou égales à 10 réalisations,
qui présentent une variabilité plus importante. Pour information, des résultats similaires sont
136/279
6.4. Stabilisation de l’estimation de la performance des modèles
obtenus en considérant les trajectoires moyennes de réserves calculées pour les différents paniers,
avec toutefois des valeurs de Nash légèrement plus faibles (Figure 6.8b).
1.0 1.0
0.9 0.9
0.8 0.8
0.7 0.7
Cumulative PDF
Cumulative PDF
0.6 0.6
0.5 0.5
0.4 0.4
0.3 0.3
0.2 0.2
0.1 0.1
0.0 0.0
0.995 0.996 0.997 0.998 0.999 1.000 0.95 0.96 0.97 0.98 0.99 1.00
(a) (b)
Figure 6.8 – Évolution des distributions des critères de Nash obtenus entre (a) les signatures
moyennes et la signature moyenne de référence, et (b) les trajectoires moyennes
et la trajectoire moyenne de référence (i.e. calculée sur la base du panier unique
de 1000 réalisations).
La stabilisation des signatures moyennes de stock (Figure 6.7) et des trajectoires moyennes
de réserve (Figure 6.8) est obtenue pour une taille de NR supérieure à 20 réalisations MDES.
Les scores de performances sont stabilisés à partir de 30 réalisations avec, pour plus de 50 % des
cas, une erreur d’estimation des distributions des critères inférieure à 5 % (l’erreur maximale
est, dans ce cas, toujours inférieure à 10 %). Pour analyser la modification de la performance en
climat modifié nous considérerons une taille de panier NR 30. L’utilisation de ce nombre réduit
de réalisations MDES n’est pas handicapante pour la suite des analyses car l’erreur d’estimation
réalisée sur les moyennes et distributions des critères est, comme nous le verrons dans les chapitre
chapitres 7 et 8, largement inférieure à la dégradation de la performance du système modélisé
de SP en climat modifié.
137/279
Chapitre 6. Évaluation de la performance sous scénarios stochastiques
plus représentatives du contexte climatique en cours a . Arbitrairement, dans la suite des travaux
réalisés dans cette thèse, l’historique sera pour cette raison limité à Ns années (avec Ns 30),
période durant laquelle nous supposerons le climat stationnaire et représentatif d’un climat ce
qui est généralement le cas (WMO [2007]) bien que cette durée soit aujourd’hui sujet à question
(Livezey et al. [2007]; Arguez et Vose [2011]).
La période utilisée pour construire la stratégie du modèle AIC est la même que celle utilisée
durant l’étape de simulation (i.e. 1970-1999). Il est vrai que, l’utilisation de la même période
temporelle durant les étapes d’optimisation et de simulation de la gestion, n’est pas réaliste.
Cependant, un tel procédé n’enlève rien quand à la nature de l’exercice proposé dans cette sec-
tion, qui est de stabiliser l’évaluation de la performance du système modélisé de SP à partir du
modèle AIC. Ce choix permettra cependant de faciliter la comparaison des résultats avec ceux
obtenus par le modèle AC section 6.4.1 : les stratégies des deux modèles étant calculées sur
les même périodes. Notons tout de même que la différence d’estimation de la performance des
modèles AIC et AC n’est pas l’objet du présent chapitre. Il s’agit au contraire de réussir à sta-
biliser l’estimation de la performance du modèle AIC (signatures moyennes de stock, moyennes
et distributions des critères de performance).
Les résultats obtenus pour le modèle AC nous incite à ne considérer dans cet exercice, qu’un
ensemble de 100 réalisations MDES. Une expérience en Annexe A.8 démontre qu’un tel ensemble
de réalisation peut bien être pris comme référence.
a. Cette question est d’ailleurs d’actualité pour les gestionnaires des systèmes de gestion réels. D’autres
solutions peuvent exister comme l’utilisation de scénarios simulés.
b. Ces réalisations sont les mêmes que celles utilisées section 6.4.1.a pour calculer la performance
estimée par le modèle AC
138/279
6.4. Stabilisation de l’estimation de la performance des modèles
Tableau 6.6 – Évaluation de performance obtenue pour cent réalisations MDES avec AIC. In-
dicateur de revenus GHEP p1015 U.M q ; Volume déversé VDev pMm3 q ; Fiabilité
F ia p%q ; Vulnérabilité V ulH et V ulM pMm3 q ; M : Moyenne ; Cv : Coefficient
de variation
Les coefficients de variations Cv des critères de performance obtenus avec AIC sont relati-
vement proches de ceux obtenus par AC (Tableau 6.4). Excepté pour le critère de déversement
VDev pour lequel la variabilité est diminuée d’un facteur trois (i.e. Cv = 0.3 plutôt que 1), les
coefficients de variation augmentent tout de même légèrement. Les similarités constatées entre
les estimations de performance des modèles AC et AIC, en terme de variabilité, pourraient lais-
ser envisager, tout comme pour le modèle AC, une variabilité inter-signatures de stock limitée
comme présentée Figure 6.5a. Cela n’est pas le cas.
En effet, nous pouvons constaté Figure 6.9a que les signatures de stock obtenues par le
modèle AIC présentent une variabilité beaucoup plus importante que celle obtenue avec AC
(Figure 6.5a). L’écart maximal entre les deux signatures de stock enveloppes est de 400 Mm3
au lieu de seulement 100 Mm3 avec AC. Toujours pour le modèle AC (Figure 6.5b), l’ensemble
des couples de signatures de stock présente une valeur de Nash supérieure à 0.95 (Figure 6.5b)
contre seulement 50 % des couples de signatures AIC (Figure 6.9b).
1.0
1000 Trajectoire Stock
0.9
Signature Stock
0.8
800 0.7
Cumulative PDF
0.6
600
0.5
0.4
400
0.3
0.2
200
0.1
0 0.0
J F M A M J J A S O N D 0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
(a) (b)
Figure 6.9 – (a) Signatures de stock obtenues pour chacune des 100 réalisations MDES (gris)
avec AIC. La courbe rouge représente la signature moyenne calculée sur la base des
100 réalisations MDES ; (b) Fonction de répartition des Nash croisés des signatures
de stock (tirets) sur la période 1970-1999. Pour information, la distribution de
Nash croisés des trajectoires de réserve (trait plein) est également présentée sur
cette Figure. Tout comme les signatures de stock, la variabilité inter-trajectoires
est plus importante pour le modèle AIC que pour le modèle AC (70 % des couples
de trajectoires de réserves AIC, présentent une valeur de Nash inférieure à 0.9
contre seulement 30 % avec AC).
139/279
Chapitre 6. Évaluation de la performance sous scénarios stochastiques
Comment expliquer la forte variabilité des signatures de stock obtenues avec les modèles AIC,
alors que celle-ci est limitée dans le cas de AC ?
Les stratégies de gestion AIC, résultant de la climatologie des historiques, sont des suspects
de premiers choix. Afin de mieux appréhender le rôle des stratégies de gestion AIC comme source
de la forte variabilité des signatures de stock, une unique réalisation de 30 ans est maintenant
simulée, en utilisant durant l’étape de simulation, les 100 stratégies de gestion préalablement
calculées (voir image Figure 6.10a). Les signatures de stocks obtenues sont présentées Figure
6.10b.
Excepté durant la période estivale, les signatures obtenues Figure 6.10b sont quasi-identiques
à celles obtenues en optimisant et simulant indépendamment 100 réalisations différentes (Figure
Figure 6.9a). Un tel résultat confirme la forte influence des stratégies de gestion sur la signature
de stock. Un résultat similaire est largement discuté par Wolfgang et al. [2009]. Une interpréta-
tion trop rapide de ce résultat conduirait à uniquement expliquer la variabilité inter-signatures
de stock par une climatologie des variables d’intérêt de la gestion très différente d’une réalisation
à une autre. Cependant si tel avait été le cas, la variabilité inter-signatures de stock obtenues
avec AC auraient également été importante, ce qui n’est pas le cas (6.5)
Optimisation
Réalisations MDES + Simulation gestion
Contraintes
Réalisations
Hydro & Météo
Contraintes n°1
Réalisation
Hydro & Météo
Stratégie 1
n°1
Ft(S)
1000
Réalisations
Contraintes Hydro & Météo
Réalisation n°1 800
Hydro & Météo
Stratégie 2
n°2
Ft(S)
600
•
•
• 400
•
Réalisations
Contraintes Hydro & Météo 200
Réalisation n°1
Hydro & Météo
Stratégie 100
n°100
Ft(S)
0
J F M A M J J A S O N D
(a) (b)
Figure 6.10 – (a) Principe de l’exercice : 100 stratégies de gestion AIC sont calculées à partir
des 100 réalisations MDES. Chacune des stratégies est ensuite utilisée en phase
de simulation en ne considérant uniquement qu’une seule des réalisations. (b) Si-
gnatures de stock (gris). Ces signatures de stock sont obtenues après simulation
d’une unique réalisation MDES mais des 100 stratégies AIC calculées indépen-
damment sur chacune des 100 réalisations MDES. La courbe rouge représente la
moyenne de ces signatures
140/279
6.4. Stabilisation de l’estimation de la performance des modèles
Au contraire, cette forte variabilité pourrait résulter de la variabilité pouvant exister entre
les stratégies de gestion, établies à partir de réalisations différentes, en particulier du fait que la
stratégie de remplissage utilisée par AIC est probabiliste a . Si tel est le cas, la variabilité inter-
réalisations des apports nets b entrant dans la retenue en phase d’optimisation, devrait fortement
conditionner les signatures de stock. Cette hypothèse est explorée section 6.4.2.b.
Pour répondre à cette question, il est dans un premier temps, nécessaire de calculer une si-
gnature des apports nets pour chacune des réalisations MDES. Une fois ce travail réalisé, une
expérience sera conduite pour comparer la variabilité des signatures de stock à celle des signa-
tures des apports nets.
Par exemple, nous pouvons considérer comme signature le cycle inter-annuel des apports nets
médians sur la période 1970-1999. Pour une réalisation donnée, cette signature est présentée en
rouge Figue 6.11a. Sur cette Figure, les apports nets des 30 années de la période 1970-1999 sont
exposés en gris du 1er janvier au 31 décembre. Les simulations de gestion étant toutes guidées
par la même réalisation (Figure 6.10a), la variabilité inter-signatures de stock durant les mois
de juillet et d’août est inexistante c . En conséquence de quoi, ces deux mois n’ont pas été pris
en compte dans la suite de l’analyse.
La variabilité inter-réalisations des signatures d’apports nets médians est illustrée Figure 6.11b.
Sur cette Figure, les signatures des apports nets médians obtenues pour chacune des 100 réalisa-
tions, sont exposées en gris. La signature des apports nets médians en rouge est celle présentée
pour la réalisation particulière Figure 6.11a.
a. Comme expliqué chapitre 4, la courbe guide de remplissage AIC, est calculée à partir des apports nets
Qnet de l’historique (équation 3.4). Elle est utilisée tout les ans en simulation, et permet une satisfaction
de la cote touristique au 1er juillet 9 années sur 10 en moyenne (voir section 4.4.2)).
b. Pour rappel, les apports nets sont égaux aux apports entrant dans la retenue déduit du débit de
dotation à fournir en aval (équation 3.12)
c. Comme indiqué précédemment, durant la période estivale les débits turbinés sont uniquement réa-
lisés pour satisfaire le débit de dotation en aval du système. L’évolution temporelle du stock de la retenue
à cette période est donc uniquement conditionnée par les apports entrant dans le système et la demande
en aval, qui dans ce cas sont les mêmes durant la simulation, quelle que soit la réalisation utilisée pour
construire la stratégie de gestion.
141/279
Chapitre 6. Évaluation de la performance sous scénarios stochastiques
45 30
40
25
35
30 20
25 15
20
15 10
10 5
5
0
0
-5 -5
J F M A M J J A S O N D J F M A M J J A S O N D
(a) (b)
Figure 6.11 – (a) Séries d’apports nets (Gris) et série médiane des apports nets entrant dans
le système pour une réalisation particulière ; (b) Séries d’apports nets médians
des différentes réalisations (Gris). La courbe rouge est la série médiane de la
réalisation présentée en (a)
Comparer la variabilité de deux ensembles de signatures, n’est a priori pas un exercice facile.
Nous avons choisi de résoudre cet exercice de manière indirecte. Une première étape a été de
réaliser une Analyse en Composante Principale (ACP, (Saporta [2006])) des signatures de stock
et des signatures d’apports nets médians. Pour réaliser ces ACP dans de bonnes conditions, nous
avons été contraints de supprimer les périodes à variabilité inter-signatures de stock très réduites.
Ainsi, les mois de juillet, août, septembre, octobre et novembre ont été supprimés des signatures
de stock, et les mois de novembre, décembre, janvier, février et mars (en plus des mois de juillet et
août pour les raisons évoquées précédemment) ont été supprimés des signatures des apports nets.
La première composante d’une ACP représente le niveau moyen des signatures. Pour une
signature donnée, le score de cette première composante indique si la signature est proche,
supérieure ou inférieure au niveau moyen de l’ensemble des signatures. Notons ACP1Stock (res-
pectivement ACP1Qnet ) la première composante de l’ACP des signatures de stock (respectivement
des apports nets).
Si la variabilité des signatures d’apports nets médians est liée à la variabilité des signatures de
stock, alors les scores de ACP1Qnet et de ACP1Stock , pour les différentes réalisations, devraient
être corrélés (ou anti-corrélés). Une forte corrélation entre ces scores signifierait par exemple,
que si pour une réalisation donnée la signature des apports nets médians est très supérieure, très
proche ou très inférieure à son niveau moyen alors la signature de stock devrait également être
très supérieure, très proche ou très inférieure à son niveau moyen (et inversement si les scores
sont anti-corrélés).
Le diagramme de dispersion des scores ACP1Qnet et de ACP1Stock est présenté Figure 6.12a. Nous
pouvons constater sur cette Figure que les scores de ACP1Qnet et de ACP1Stock sont anti-corrélés.
En conséquence, lorsque pour une réalisation donnée, la signature des apports nets médians est
supérieure à sa moyenne, la signature de stock devrait également être inférieure à sa moyenne, et
inversement. Ce résultat s’explique facilement du fait que si une stratégie de gestion est construite
à partir d’un historique dans lequel les apports nets médians sont élevés, celle-ci devrait a priori
142/279
6.4. Stabilisation de l’estimation de la performance des modèles
engendrer des déstockages également importants (ce qui résulterait à une signature de stock in-
férieure au niveau moyen des signatures). Étonnamment, la corrélation entre les scores ACP1Qnet
et de ACP1Stock est très faible. Le coefficient de corrélation présente une valeur r 0.37. Nous
pouvons par exemple remarquer sur la Figure 6.12a, que les scores extremums de ACP1Qnet (res-
pectivement -12.1 et 12.9) sont obtenus pour des valeurs de scores ACP1Stock relativement proches
(respectivement 9.4 et 5.4). De même les extremums des scores ACP1Stock (-35.1 et 35.8) sont
obtenus pour des valeurs de scores ACP1Qnet voisines (3.9 et -1.8)
15 15
10 10
5 5
0 0
-5 -5
-10 -10
-15 -15
r = -0.37 r = -0.77
-20 -20
-25 -25
-40 -30 -20 -10 0 10 20 30 40 -40 -30 -20 -10 0 10 20 30 40
(a) (b)
Figure 6.12 – (a) Diagramme de dispersion des scores sur les premiers axes des signatures de
stock et des signatures d’apports nets médians (b) Diagramme de dispersion des
scores sur les premiers axes des signatures de stock et des signatures d’apports
nets quantile 10. Les droites de régressions des nuages de points sont exposées en
rouge.
La faible corrélation entre les scores ACP1Qnet et ACP1Stock nous a incité à explorer davan-
tage de signatures d’apports nets. En conséquence, une analyse similaire a été réalisée pour les
signatures des apports nets minimaux, maximaux et celle des quantiles 10 des apports nets. La
présentation pour une réalisation donnée de ces signatures est illustrée Figure 6.13a alors que
leur variabilité inter-réalisations est exposée Figure 6.13b. Les coefficients de corrélation entre
les scores ACP1Qnet et ACP1Stock pour les différentes signatures de stock sont exposés dans le
Tableau 6.7. Une relativement forte anti-corrélation est obtenue avec les scores des signatures
des quantiles 10 des apports nets (r 0.77). Le diagramme de dispersion des scores est pro-
posé Figure 6.12b. Nous noterons particulièrement que les valeurs extrêmes des scores ACP1Qnet
correspondent bien aux valeurs extrêmes des scores ACP1Stock .
143/279
Chapitre 6. Évaluation de la performance sous scénarios stochastiques
45 120
40
100
35
30 80
25 60
20
15 40
10 20
5
0
0
-5 -20
J F M A M J J A S O N D J F M A M J J A S O N D
(a) (b)
Figure 6.13 – (a) Séries d’apports nets (Gris) et signatures des apports nets minimaux (jaune),
quantile 10 (noir) médians (rouge) et maximaux(bleu) pour une réalisation par-
ticulière ; (b) Signatures d’apports nets minimaux (jaune), quantile 10 (noir)
médians (rouge) et maximaux (bleu) des 100 réalisations
Tableau 6.7 – Coefficient de corrélation entre les scores de l’ACP des signatures de stocks
et des scores des ACP des séries d’apports nets minimaux (Qnetmin ), médian
(Qnetmed ), maximaux (Qnetmax ) et du quantile 10 (Qnetp10 )
Cette analyse a donc fait émerger le fait que la variabilité des signatures du quantile 10 des
apports nets est très liée à la variabilité des signatures de stock. Ce résultat est à fortiori une
conséquence de la stratégie probabiliste de remplissage de la retenue (satisfaction 9 années sur
10). Il en résulte le fait que pour une réalisation donnée, la signature du quantile 10 des apports
nets calculé sur la base des 30 années de l’historique (1970-1999), et par suite la courbe de
remplissage 90 %, structure très fortement la stratégie de gestion AIC. L’importante variabilité
inter-réalisations du quantile 10 des apports nets est donc une limite importante dans l’exercice
que nous nous sommes fixés, qui est de réaliser une évaluation robuste de la performance du
modèle de gestion AIC.
Pour pouvoir réaliser une évaluation robuste de la performance avec le modèle AIC, une
estimation robuste de la signature du quantile 10 des apports nets, et donc de la courbe guide
de remplissage 90 %, est nécessaire. Or, une seule réalisation ne permet a priori pas d’y arriver.
Par ailleurs, les différentes réalisations ne sont que des scénarios possibles d’un même climat, tel
que proposé par un chaı̂ne de simulation NCEP/MDES ou GCM/MDES donnée. La stabilisation
de la stratégie de gestion et par suite de la signature de stock, nécessite une stabilisation de la
courbe guide pour ce climat. Cela peut être réalisé en déterminant la courbe guide de remplissage
90 % à partir d’une signature du quantile 10 des apports nets calculée sur un ensemble de
réalisations. Par la suite, une unique courbe guide de remplissage 90 % et une unique stratégie
de gestion seront calculées à partir d’un ensemble de NR réalisations MDES chacune de Ns
144/279
6.4. Stabilisation de l’estimation de la performance des modèles
nombre d’années (Ns 30). L’équation 4.13, d’ordinaire utilisée pour calculer la stratégie de
gestion AIC, devient :
nN nN
1 1 ¸R ¸ s
Fti pSti q Ft pSt , n, mq (6.3)
NR Ns m1 n1 i i
Suite aux résultats obtenus section 6.4.2.b, une question similaire à celle posée section 6.4.1.b
se pose : combien de réalisations MDES est-il nécessaire de prendre en compte pour stabiliser
l’estimation du quantile 10 des apports nets entrant dans la retenue utilisés en phase d’optimi-
sation ? Cela équivaut également à stabiliser la stratégie de gestion E Ft pS q et la courbe guide
de remplissage 90 %. Pour répondre à cette question, nous avons considéré l’approche présentée
Figure 6.14. Ici, le terme panier MDES correspond au nombre de réalisations utilisées pour i)
estimer la courbe guide de remplissage 90% et ii) construire la stratégie E Ft pS q . L’exercice
consiste à explorer plusieurs paniers de même taille NR , puis à faire varier la taille des paniers.
Chaque panier contient NR Ns années (avec Ns 30) pour lesquelles seront estimés, une
unique courbe guide de remplissage 90 % et une unique stratégie. Pour chaque taille de panier
NR , 100 paniers sont construits en échantillonnant aléatoirement NR réalisations parmi les 100
réalisations disponibles. Les tailles de paniers explorées sont : 2 ; 5 ; 10 ; 20 ; 30 ; 40 ; 50 ; et 60.
Chacune des stratégies et courbes guides de remplissage calculées, sont ensuite utilisées pour
simuler la gestion du système en utilisant toujours la même réalisation durant la phase de simu-
lation, et ensuite estimer sa performance.
145/279
Chapitre 6. Évaluation de la performance sous scénarios stochastiques
𝑹𝒎𝒊𝒏
𝒕 𝑹𝒎𝒂𝒙
Réalisation
Hydro & Météo + 𝑺𝒎𝒂𝒙
n°1
Réalisation
Hydro & Météo
Réalisation 𝑹𝒎𝒊𝒏
𝒕 𝑹𝒎𝒂𝒙 Vlim Stratégie n°1
Hydro & Météo + 𝑺𝒎𝒂𝒙
n°2
𝑺𝒎𝒊𝒏
𝒕
E[Ft(S)
•
•
•
•
Réalisation 𝑹𝒎𝒊𝒏
𝒕 𝑹𝒎𝒂𝒙
Hydro & Météo + 𝑺𝒎𝒂𝒙
n°NR
Figure 6.14 – Schéma de principe de l’exercice : Chaque courbe guide S min et chaque stratégie
de gestion (Ft ) obtenues sur la base de NR réalisations de 30 ans, sont utilisés
pour estimer la performance du système modélisé de SP. Les simulations sont
guidées par une unique réalisation de la période de 30 ans.
apports nets entrant dans le réservoir (et par suite pour stabiliser la signature de stock résultant
de la stabilisation de la courbe guide de remplissage 90 % et de la stratégie de gestion E Ft pS q ).
L’influence sur l’évaluation des critères de performance de la taille NR des paniers utilisés pour
construire la stratégie de gestion, est analysée dans le Tableau 6.8. En résultat de cette analyse
nous constatons une quasi-indépendance des critères de performance au nombre de réalisations
MDES utilisées durant la phase d’optimisation. Quelle que soit la taille du panier considéré,
les coefficients de variation sont toujours inférieurs très faibles, voir négligeables pour certains
d’entre eux.
Ce résultat pourrait résulter du fait que les différentes simulations ont été effectuées pour
une seule réalisation MDES (voir le schéma de principe Figure 6.14). Cela laisse supposer que
les critères de performance sont davantage sensibles à la réalisation utilisée durant l’étape de
simulation plutôt qu’au nombre total d’années utilisées (NR Ns ) durant la phase d’optimi-
sation. Une analyse de sensibilité permettant de définir si besoin, le nombre de réalisations à
considérer durant l’étape de simulation pour évaluer correctement la distributions des critères
de performance est conduite section 6.4.2.d.
146/279
6.4. Stabilisation de l’estimation de la performance des modèles
Figure 6.15 – Stabilisation de la signature de stock AIC résultant d’une courbe guide 90 %
et d’une stratégie de gestion calculées sur la base de NR réalisations MDES.
Pour chaque taille de panier NR , 100 paniers ont été considérés. Les courbes
rouges représentent la signature de stock obtenue à partir d’un panier de taille
NR 100. Cette signature sert ici de référence.
NR 2 5 10 20 30 40 50 60
M 3.53 3.54 3.54 3.54 3.54 3.54 3.54 3.54
GHEP
Cv 0.005 0.003 0.002 0.001 0.001 0.001 0.001 0.001
M 1969 2036 2047 2056 2058 2058 2058 2058
VDev
Cv 0.09 0.05 0.04 0.03 0.02 0.02 0.01 0.01
M 94.3 94.7 94.8 94.8 94.8 94.8 94.8 94.8
F ia
Cv 0.009 0.005 0.002 0.001 0.001 0.001 0.001 0.001
M 33.7 31.9 31.9 31.7 31.4 31.2 31.2 31.2
V ulH
Cv 0.11 0.07 0.06 0.04 0.04 0.03 0.02 0.02
M 114 114 114 114 114 114 114 114
V ulM
Cv 0.02 0 0 0 0 0 0 0
Tableau 6.8 – Influence sur l’estimation des indicateurs de performance, du nombre de réalisa-
tions NR utilisées pour construire une stratégie de gestion unique. Pour chaque
taille de panier, 100 paniers aléatoires sont considérés. Indicateur de revenus
GHEP p1015 U.M q ; Volume déversé VDev pMm3 q ; Fiabilité F ia p%q ; Vulnérabi-
lité V ulH et V ulM pMm3 q ;
Dans la suite des développements, le nombre de 30 réalisations MDES est choisi pour estimer
la courbe guide de remplissage 90 % du modèle AIC, ainsi que la stratégie de gestion.
Un exercice similaire à celui réalisé pour le modèle AC (section 6.4.1.b) est employé ici.
L’objectif est d’estimer le nombre de réalisations à utiliser durant l’étape de simulation afin
147/279
Chapitre 6. Évaluation de la performance sous scénarios stochastiques
d’opérer une évaluation robuste i) d’une signature moyenne de stock, ii) des moyennes des critères
de performance et si possible ii) des distributions de ces critères de performance.
Ici, le terme panier MDES correspond au nombre de réalisations utilisées en phase de simulation.
Une unique stratégie de gestion E Ft pS q et sa courbe guide de remplissage 90 % associée,
calculées à partir d’un ensemble de 30 réalisations MDES (cf. résultats obtenus section 6.4.2.c),
sont utilisés pour simuler la gestion du système modélisé de SP en considérant NT réalisations
de la période 1970-1999 (Figure 6.16).
Réalisation
𝑹𝒎𝒊𝒏 𝑹𝒎𝒂𝒙 Hydro & Météo
Réalisation 𝒕
Hydro & Météo + 𝑺𝒎𝒂𝒙
n°N1
n°1
Réalisation
𝑹𝒎𝒊𝒏 𝑹𝒎𝒂𝒙 Vlim Stratégie
Hydro & Météo + 𝒕 Réalisation
Hydro & Météo
n°2 𝑺𝒎𝒂𝒙
n°N2
• 𝑺𝒎𝒊𝒏
𝒕
E[Ft(S)
•
Réalisation 𝑹𝒎𝒊𝒏 𝑹𝒎𝒂𝒙
Hydro & Météo + 𝒕
𝑺𝒎𝒂𝒙 •
n°30
•
•
• .
• .
• .
• .
•
Réalisation
Hydro & Météo
n°NT
148/279
6.4. Stabilisation de l’estimation de la performance des modèles
stabilisée par le nombre de réalisations utilisées pour estimer la courbe guide de remplissage 90
% et stratégie de gestion (section 6.4.2.c).
Figure 6.17 – Stabilisation de la signature de stock AIC résultant d’une courbe guide et d’une
stratégie de gestion calculées sur la base de NR réalisations MDES. Pour chaque
taille de panier NR , NT courbes guides et stratégies ont été calculées (NT =30).
Les courbes rouges représentent la signature de stock obtenue à partir d’une
courbe guide et d’une stratégie de gestion calculées sur l’ensemble des 100 réali-
sations MDES. Cette signature sert ici de référence.
Une méthode permettant une estimation robuste de la performance simulée par le modèle
AIC a été réalisée durant cette section. Il en résulte principalement deux étapes distinctes :
1. La signature de stock obtenue via le modèle AIC est fortement conditionnée par la si-
gnature du quantile 10 des apports nets. L’influence de ce quantile est a fortiori liée à
la stratégie probabiliste de remplissage de la retenue (9 années sur 10 en moyenne). Ce
quantile étant mal estimé sur la base d’une seule réalisation MDES, la courbe guide de
remplissage 90 % et la stratégie de gestion doivent être estimées à partir de plusieurs
réalisations. Le nombre de 30 réalisations a été choisi pour les estimer. L’unique courbe
guide de remplissage 90 % et l’unique stratégie E Ft pS q , sont par la suite utilisées pour
réaliser les simulations de gestion du système modélisé de SP.
2. Les critères de performance sont quant à eux uniquement fonction de la réalisation utilisée
durant la phase de simulation. De nouveau, l’utilisation lors de la phase de simulation de
149/279
Chapitre 6. Évaluation de la performance sous scénarios stochastiques
30 réalisations est nécessaire pour obtenir une évaluation robuste des critères moyens ainsi
que de leur distributions.
Moyenne Cv
0.16
92
90 0.12
88 0.08
86
84 0.04
82 0.00
2 5 10 20 30 40 50 60 2 5 10 20 30 40 50 60
140 1.0
120 0.8
100 0.6
80 0.4
60 0.2
40 0.0
2 5 10 20 30 40 50 60 2 5 10 20 30 40 50 60
450 1.2
1.0
350 0.8
250 0.6
0.4
150
0.2
50 0.0
2 5 10 20 30 40 50 60 2 5 10 20 30 40 50 60
3.40 0.06
3.35 0.05
3.30 0.04
3.25 0.03
3.20
3.15 0.02
3.10 0.01
3.05 0.00
2 5 10 20 30 40 50 60 2 5 10 20 30 40 50 60
2000 0.7
1800 0.6
1600 0.5
1400 0.4
0.3
1200 0.2
1000 0.1
800 0.0
2 5 10 20 30 40 50 60 2 5 10 20 30 40 50 60
Figure 6.18 – Évolution des distributions des critères de performance en fonction de la taille
du panier MDES (en abscisse). La stratégie de gestion et la courbe guide de
remplissage 90 % utilisées pour obtenir ces résultats sont les mêmes pour toutes
les simulations de gestion. Elles ont été établies à partir de 30 réalisations MDES.
Pour chaque taille de panier, 100 paniers MDES sont considérés pour construire
les boı̂tes à moustaches. Les distributions de critères sont caractérisées par leur
moyenne (colonne de gauche) et leur coefficient de variation (colonne de droite).
Les lignes rouges représentent les valeurs obtenues pour le panier unique de taille
égale à 100. Le lignes bleues représentent un écart à 5 % pour les moyennes et
de 10 % pour les coefficient de variation.
150/279
6.5. Conclusion
6.5. Conclusion
Une méthodologie d’estimation de la performance du système de SP, vue par les modèles AC
et AIC a été développée durant cette section. Il en résulte l’utilisation de 30 réalisations MDES
pour réaliser un estimation de la performance robuste.
Ce résultat est supposé être valide pour le modèle AIP. De même, ces résultats ont été obtenus
pour la chaı̂ne de simulation NCEP/Dsclim10, ils seront supposés également valables pour les
autres chaı̂nes de simulation utilisant d’autres MDES que Dsclim10.
Cette méthodologie sera par la suite appliquée pour estimer les modifications probables de
la performance du système modélisé de SP, dans un contexte de climat modifié. Pour réaliser
cet exercice, les variables de grande échelle utilisées sont celles obtenues en sortie des GCMs
présentés dans le Tableau 6.1. Nous ferons ainsi l’hypothèse que la performance du système
modélisé de SP calculée sur la base de 30 réalisations, est toujours robuste, quelle que soit la
chaı̂ne de simulation GCM/MDES utilisée pour générer les scénarios météorologiques à l’échelle
du bassin versant de SP.
151/279
Chapitre 6. Évaluation de la performance sous scénarios stochastiques
Synthèse
En amont de l’évaluation de la performance des modèles en climat futur
L’évaluation de la performance des modèles de gestion nécessite en amont, l’utilisation
d’une chaı̂ne de modélisation complexe (Figure 6.1). Du fait du caractère stochastique
des MDES, différentes réalisations météorologiques et hydrologiques résultantes d’un
même scénario grande échelle sont possibles. Ils peuvent présenter une variabilité
importante.
152/279
6.5. Conclusion
Synthèse
Extension des conclusions
Tout comme le modèle AC et AIC, l’estimation de la performance du modèle AIP sera
basée sur 30 réalisations.
De même, les estimations des performances des modèles, réalisées à partir des autres
chaı̂nes NCEP/MDES et GCM/MDES seront réalisées à partir de 30 réalisations.
153/279
Chapitre 6. Évaluation de la performance sous scénarios stochastiques
154/279
Partie IV
155/279
Chapitre 7
157/279
Chapitre 7. Performance estimée et incertitudes liées aux scénarios météorologiques
PP
PP MDES
PP Dsclim10 Dsclim21 Analog20 D2gen10 D2gen22 D2gen32
GCM PP
P
CNCM33-1 X
DMIEH5C-1 X X X X X X
DMIEH5C-2 X
DMIEH5C-3 X
EGMAM2-3 X
MPEH5C-1 X
A partir de ces deux expériences nous souhaitons en particulier répondre à la question sui-
vante : les incertitudes liées aux GCMs et aux MDES vis-à-vis de l’évolution des variables
d’intérêt de la gestion d’une part, et vis-à-vis de l’évolution de la performance estimée du sys-
tème modélisé de SP d’autre part, sont-elles comparables ? Pour répondre à cette question, la
configuration idéale aurait été d’explorer la totalité de la matrice présentée dans le Tableau 7.1.
Des contraintes de temps n’ont pas permis cela. Le choix du GCM DMIEH5C-1 et de la MDES
ANalog20 est ici arbitraire. Néanmoins, Lafaysse [2011] montre que la dispersion inter-GCMs
obtenue sur les précipitations, l’évaporation et les débits moyens sur le bassin amont de SP, est
relativement similaire quelle que soit la MDES utilisée (Figure 7.1) bien que les valeurs absolues
des changements peuvent être significativement différentes. En terme de dispersion inter-GCMs,
nous pouvons donc supposer que l’utilisation d’une autre MDES que Analog20, pour descendre
en échelle les simulations GCMs, aurait conduit à des conclusions similaires. Nous supposerons
aussi, qu’en terme de dispersion inter-MDES, l’utilisation d’une autre simulation GCM, descen-
due en échelle par les différentes MDES, ne modifierait pas les principales conclusions présentées
dans ce chapitre.
Les variables d’intérêt de la gestion, ainsi que la gestion du système de SP, ont été simulées
en climat futur sur deux fenêtres temporelles de 30 ans, à savoir la période 2036-2065 (Période
P1 ) et la période 2070-2099 (Période P2 ). Elles ont aussi été simulées sur la période 1970-1999
(Période P0 ), utilisée ici comme référence. Les résultats présentés et discutés dans ce chapitre,
ont été établis sur la base de 30 réalisations MDES sur ces périodes a . Les résultats de simula-
tion pour chacune des variables d’intérêt de la gestion sont présentés section 7.1, à savoir les
températures (section 7.1.1.a), les précipitations (section 7.1.1.b), les débits de dotation (section
7.1.2), les consommations électriques France (section 7.1.3) et les apports au système de SP
(section 7.1.4). Ces différentes variables résultent des modèles développés à cet effet, à savoir les
MDES pour les forçages météorologiques (températures et précipitations), le modèle hydrolo-
gique Cequeau pour les apports à la retenue ainsi que les apports des bassins intermédiaires, un
modèle d’intérêt à produire de l’énergie et un modèle de demande en eau en aval. Ces modèles
ont été obtenus et calés pour le climat présent. Nous faisons donc l’hypothèse qu’ils sont tou-
jours valables en climat modifié. Cette hypothèse n’est cependant pas réaliste pour les modèles
d’usages (i.e. les modèles de consommations électriques et de demandes en eau en aval) dont les
limites ont été discutées au chapitre 3. Cependant, cela n’enlève rien à l’intérêt des analyses ulté-
a. voir chapitre 6 pour le choix du nombre de 30 réalisations
158/279
Figure 7.1 – Distribution inter-scénarios des changements de précipitations, d’évaporation et de
débits moyens sur le bassin amont de SP, entre les période 2080-2099 et 1980-1999
pour différentes chaı̂nes de simulation GCM/MDES. Chaque distribution a été
obtenue sur la base de 100 réalisations GCM/MDES. Chaque couleur correspond
à un GCM différent. Le GCM DMIEH5C-1 est représenté par la courbe rouge.
Adapté de Lafaysse [2011]
rieures qui ont comme objectifs d’illustrer l’importance relative des deux sources d’incertitudes
considérées, qui sont les GCMs et les MDES, sur les estimations de changements de performance.
D’autres sources d’incertitudes majeures ne seront pas considérées ici, comme celles liées à la
modélisation des usages et des débits. Pour ce dernier point, Hingray et al. [2013] montrent que
l’application de différents modèles hydrologiques (i.e. le modèle CEQUEAU utilisé dans cette
étude, le modèle ISBA-Durance (Lafaysse et al. [2011]) et le modèle MORDOR (Bourqui et al.
[2012])) de performance équivalente en climat présent sur ce bassin versant, conduit à des mo-
difications d’apports significativement différentes selon les modèles.
Ce chapitre étant focalisé sur l’évaluation des incertitudes liées aux GCMs et aux MDES,
nous avons choisi de ne considérer qu’un seul modèle de gestion : le modèle AC. La gestion
simulée par ce modèle est ”parfaite”, car établie dans un contexte d’avenir certain. Cet exercice
consistera donc à évaluer l’incertitude liée aux GCMs et aux MDES sur l’évolution de la meilleure
performance possible du système modélisé de SP en climat futur. Les modifications de la per-
formance estimée par le modèle AC sont illustrées section 7.2. De plus, le modèle AC permet
facilement de réaliser des simulations continues de la gestion du système modélisé de SP sur la pé-
riode 1860-2099. Les résultats de ces simulations sont exposées dans la section 7.3 de ce chapitre.
Pour l’ensemble des variables analysées dans ce chapitre nous pourrons être amené à discuter
de l’évolution de leur espérance notée EX (pour une variable X donnée) mais également de l’évo-
lution de leur variabilité inter-annuelle via un coefficient de variation noté CvX . Les espérances
159/279
Chapitre 7. Performance estimée et incertitudes liées aux scénarios météorologiques
et les coefficients de variation seront calculés sur la base des valeurs obtenues pour 900 années
(ces 900 années correspondent aux 30 années 30 réalisations considérées pour chaque chaı̂ne
GCM/MDES). De même les cycles saisonniers de ces variables, dont l’évolution sera discutée,
seront calculés sur ces ensembles de 30 réalisations.
La simulation des températures a été réalisée sur les périodes P0 , P1 et P2 selon les expé-
riences présentées dans le Tableau 7.1. Les cycles saisonniers des températures simulées sont
illustrés Figures 7.2 et 7.3, respectivement pour les chaı̂nes de simulations GCM/Analog20 et
DMIEH5C-1/MDES. Les moyennes saisonnières et annuelles des températures simulées sur ces
périodes sont exposées respectivement dans les Tableaux 7.2 et 7.3.
Durant la période de contrôle P0 , le cycle saisonnier des températures observées (courbe noire
Figure 7.2) est bien reproduit par les différentes chaı̂nes de simulation GCM/Analog20 et
DMIEH5C-1/MDES (courbes en couleur Figures 7.2 et 7.3). Les moyennes saisonnières et an-
nuelles des températures simulées sont effectivement très proches de celles observées (Tableaux
7.2 et 7.3).
Les températures obtenues à partir des chaı̂nes de simulation GCM/Analog20 sur les périodes P1
et P2 présentent une augmentation à toutes les saisons. En fonction de la chaı̂ne GCM/Analog20
considérée, cette augmentation peut être plus ou moins importante. En moyenne annuelle par
exemple, l’augmentation des températures simulées varie entre 1.4 C et 1.7 C pour la période
P1 , et entre 2.1 C et 3.8 C pour la période P2 . Pour la période P2 , seulement deux des chaı̂nes
de simulation (CNCM33-1/Analog20 et EGMAM2-3/Analog20) prévoient une augmentation an-
nuelle des températures, inférieure à 3 C. L’augmentation la plus importante est obtenue pour la
chaı̂ne DMIEH5C-1/Analog20, la plus modérée par la chaı̂ne EGMAM2-3/Analog20. A l’échelle
saisonnière, l’augmentation des températures prévue par ces chaı̂nes de simulation est la plus im-
portante durant la saison estivale (JJA). Comme le mettent en évidence Giorgi et al. [2004], cela
devrait être une des particularités du réchauffement à venir dans les pays d’Europe de l’Ouest et
du Sud. Toutes les chaı̂nes de simulation, exceptée EGMAM2-3/Analog20, prévoient d’ailleurs
une augmentation supérieure à 4 C à cette saison.
Tout comme les simulations GCM/Analog20, les températures simulées par les chaı̂nes DMIEH5C-
1/MDES sur les périodes P1 et P2 sont amenées à augmenter. Les augmentations des tempé-
ratures obtenues ces chaı̂nes sur les périodes P1 et P2 , sont relativement similaires. Les écarts
constatés résultent en partie de l’utilisation de prédicteurs grande échelle différents (voir Ta-
bleau 6.2 page 126). Nous noterons toutefois que la chaı̂ne de simulation DMIEH5C-1/Dsclim21
présente une augmentation de température légèrement supérieure à celle obtenue par les autres
160/279
7.1. Modification des variables d’intérêt de la gestion
5 5 5
0 0 0
-5 -5 -5
J FM AM J J A S O N D J FMAM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D
Figure 7.2 – Cycles saisonniers des températures observées et simulées sur le bassin amont de
la Durance sur les périodes P0 (1970-1999), P1 (2036-2065) et P2 (2070-2099)
obtenus par les chaı̂nes de simulation GCM/Analog20. Chaque courbe correspond
à la moyenne des cycles inter-annuels moyens obtenus respectivement pour chacune
des 30 réalisations de la chaı̂ne GCM/MDES considérée. Les cycles ont été lissés
sur 7 jours.
5 5 5
0 0 0
-5 -5 -5
J FM AM J J A S O N D J FMAM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D
Figure 7.3 – Cycles saisonniers des températures observées et simulées sur le bassin amont de la
Durance sur les périodes P0 (1970-1999), P1 (2036-2065) et P2 (2070-2099) obtenus
par les chaı̂nes de simulation DMIEH5C-1/MDES. Chaque courbe correspond à
la moyenne des cycles inter-annuels moyens obtenus respectivement pour chacune
des 30 réalisations de la chaı̂ne GCM/MDES considérée. Les cycles ont été lissés
sur 7 jours.
Si le signe des modifications de températures attendues est le même pour l’ensemble des
chaı̂nes de simulation GCM/MDES, l’incertitude sur l’amplitude des modifications attendues des
températures n’est pas négligeable. Nous noterons ainsi que les incertitudes liées aux MDES sur
ces changements, sont légèrement inférieures aux incertitudes liées aux GCMs. Pour illustration,
les modifications attendues de températures annuelles sur le bassin amont de SP varient sur
la période P2 de +2.1 C à +3.8 C pour les simulations GCM/Analog20 (soit une incertitude
∆Tan 1.7 C), et de +3.5 C à +4.4 C pour les chaı̂nes de simulation DMIEH5C-1/MDES (soit
161/279
Chapitre 7. Performance estimée et incertitudes liées aux scénarios météorologiques
une incertitude ∆Tan 0.9 C). Le rapport entre l’incertitude liée aux GCMs et aux MDES sur
les modifications attendues des températures est proche de 2 sur la période P2 à l’échelle annuelle.
Il est généralement supérieur à l’échelle saisonnière.
162/279
1970-1990 2036-2065 2070-2099
DJF MAM JJA SON AN DJF MAM JJA SON AN DJF MAM JJA SON AN
Obs -3 2.3 11.6 4.9 4
CNCM33-1 -2.7 2.7 11.9 5.1 4.3 +0.9 +1.4 +2.9 +1.9 +1.7 +1.5 +2.2 +4.2 +2.7 +2.6
DMIEH5C-1 -3.1 2.5 11.7 4.8 4 +1.4 +1 +2.3 +2 +1.7 +3.3 +2.9 +4.9 +4 +3.8
DMIEH5C-2 -3 2.5 11.9 5 4.1 +0.9 +1.3 +2.2 +1.8 +1.6 +2.7 +2.7 +4.4 +3.7 +3.4
DMIEH5C-3 -2.8 2.6 11.8 5 4.2 +1.1 +1.4 +2.3 +1.4 +1.5 +2.5 +2.3 +4.2 +3.8 +3.2
MPEH5C-1 -3 2.4 11.9 5 4.1 +1.8 +1.4 +2.3 +2 +1.9 +3.1 +2.5 +4.6 +3.5 +3.4
EGMAM2-3 -2.7 2.8 12 5.2 4.3 +1.1 +1.1 +1.6 +1.6 +1.4 +2.2 +1.5 +2.3 +2.3 +2.1
∆TGCM s 0.4 0.4 0.3 0.4 0.3 0.9 0.4 1.3 0.6 0.5 1.8 1.4 2.6 1.7 1.7
Tableau 7.2 – Moyennes saisonnières et annuelles des températures observées et simulées par les chaı̂nes GCM/Analog20 durant la période 1970-
1999 et variation absolue des températures saisonnières et annuelles simulées sur les périodes 2036-2065 et 2070-2099 ( C). Les
températures et les dispersions saisonnières et annuelles, inter-GCMs (∆TGCM s ) sont données en C
Tableau 7.3 – Moyennes saisonnières et annuelles des températures observées et simulées par les chaı̂nes DMIEH5C-1/MDES durant la période
1970-1999 et variation absolue des températures saisonnières et annuelles simulées sur les périodes 2036-2065 et 2070-2099 ( C). Les
températures et les dispersions saisonnières et annuelles, inter-MDES (∆TM DES ) sont données en C
Chapitre 7. Performance estimée et incertitudes liées aux scénarios météorologiques
7.1.1.b. Précipitations
Les cycles saisonniers des précipitations simulées durant les périodes P0 , P1 et P2 sur le
bassin versant en amont de SP, sont illustrés respectivement Figures 7.4 et 7.5 pour les chaı̂nes
de simulation GCM/Analog20 et DMIEH5C-1/MDES. Leurs moyennes saisonnières et annuelles
sur ces périodes sont exposées respectivement dans les Tableaux 7.4 et 7.5 ainsi que sur la Figure
7.6.
Figure 7.4 – Cycles saisonniers des précipitations de bassin (mm.j 1 ) observées et simulées sur
le bassin amont de la Durance sur les périodes P0 (1970-1999), P1 (2036-2065) et
P2 (2070-2090) obtenus par les chaı̂nes de simulation GCM/Analog20. Les cycles
ont été lissés sur 30 jours.
Figure 7.5 – Cycles saisonniers des précipitations de bassin (mm.j 1 ) observées et simulées sur
le bassin amont de la Durance sur les périodes P0 (1970-1999), P1 (2036-2065) et
P2 (2070-2099) obtenus par les chaı̂nes de simulation DMIEH5C-1/MDES. Les
cycles ont été lissés sur 30 jours.
Les précipitations saisonnières et annuelles sont assez bien représentées durant la période de
contrôle P0 par les différentes chaı̂nes de simulation. Notons cependant qu’il existe des imperfec-
tions durant la période estivale (i.e. juin, juillet et aôut) ainsi que durant le mois d’octobre. Les
précipitations durant ces périodes semblent plus difficiles à reproduire, quelle que soit la chaı̂ne
de simulation GCM/MDES (Figures 7.4 et 7.5).
Sur les périodes P1 et P2 , les modifications des précipitations sont très variables d’une chaı̂ne de
164/279
7.1. Modification des variables d’intérêt de la gestion
simulation à une autre d’un part et d’une saison à l’autre d’autre part.
Notamment, durant la saison hivernale sur la période P1 , les modifications simulées à partir des
différentes chaı̂nes GCM/Analog20 ne sont pas toutes en accord sur le signe (e.g. de -10 % pour
DMIEH5C-3/Analog20 à 6.2 % pour DMIEH5C-1/Analog20). A l’échelle annuelle sur P1 , les
modifications simulées par ces chaı̂nes sont cependant plus ou moins en accord et présentent des
diminutions allant de 2 à 8 %. Un constat similaire est réalisé sur la période P2 . Pour illustration,
les modifications de précipitations hivernales varient de +1.5 % pour EGMAM2-3/Analgo20 à
+16.3 % pour DMIEH5C-1/Analog20 (Tableau 7.4).
Les modifications simulées par les chaı̂nes DMIEH5C-1/MDES sont également très variables.
Très nettement, les modifications simulées par les chaı̂nes constituées d’une MDES de la famille
D2gen, sont très différentes des autres. En particulier, nous noterons les très fortes hausses des
précipitations hivernales sur la période P2 obtenues par les chaines DMIEH5C-1/D2gen22 et
DMIEH5C-1/D2gen32 (respectivement des hausses de 42 et 48.7 % par rapport au climat de
contrôle P0 ), ainsi qu’une augmentation des précipitations durant l’été et l’automne pour les
trois paramétrisations de D2gen. A l’échelle annuelle, les simulations DMIE5CH-1/D2gen pré-
voient une hausse des précipitations a alors que les trois autres chaı̂nes envisagent au contraire
une diminution de 2 à 4 % des précipitations annelles.
Au contraire de ce qui a été constaté pour les températures, l’incertitude liée aux MDES sur
l’évolution des précipitations est comparable à celle liée aux GCMs. Du fait des écarts importants
entre les précipitations simulées par les MDES de la famille D2gen et les autres (i.e. Analog20 et
Dsclim), particulièrement sur la période P2 , l’incertitude liée aux MDES sur les modifications des
précipitations, est grande. Ces différences sont d’autant plus remarquables que les précipitations
simulées par les chaı̂nes DMIEH5C-1/D2gen peuvent présenter des évolutions opposées à celles
simulées par DMIEH5C-1/Analog20 et DMEI5HC-1/Dsclim, aussi bien à l’échelle saisonnière
qu’à l’échelle annuelle (Figure 7.6, et Tableau 7.5).
L’incertitude en terme de variabilité inter-annuelle des précipitations, exprimée sur la Figure
sur la Figure 7.7 par le coefficient de variation, est également importante. Sur cette Figure, les
coefficients de variations des précipitations annuelles et des températures annuelles sont repré-
sentés sur les périodes P0 , P1 et P2 pour les chaı̂nes de simulation GCM/Analog20 (losanges) et
DMIEH5C-1/MDES (étoiles). Quelle que soit la période considérée, la variabilité inter-annuelle
des précipitations est toujours plus importante que la variabilité inter-annuelle des températures
sur les périodes P1 et P2 . La dispersion inter-MDES de la variabilité inter-annuelle des précipi-
tations est légèrement plus importante que la dispersion inter-GCMs sur la période P1 mais est
beaucoup plus importante sur la période P2 .
En conclusion, nous avons constaté que les scénarios d’évolution des précipitations proposés par
les chaı̂nes de simulation utilisées, présentent des différences importantes, aussi bien en terme
de variabilité que de valeurs moyennes. Les incertitudes du devenir des précipitations liées aux
MDES sont du même ordre de grandeur que celles liées aux GCMs (voir même supérieure selon
les saisons). Ces différents scénarios d’évolution de précipitations devraient a priori conduire à
des scénarios d’usages et contraintes pouvant être également différents.
De plus, plusieurs simulations d’un même GCM (i.e. DMIEH5C) conduisent à des résultats
a. Cette hausse peut aller jusqu’à une augmentation de 17 % à l’échelle annuelle pour la chaı̂ne
DMIEH5C-1/D2gen32
165/279
Chapitre 7. Performance estimée et incertitudes liées aux scénarios météorologiques
relativement différents. L’incertitude correspondante est du même ordre de grandeur que celle
correspondant à la dispersion inter-GCMs. Par la suite, nous considérerons les différentes simu-
lations du GCM DMIEH5C comme des simulations de différents GCMs. Le terme de dispersion
inter-GCMs englobera donc les différents GCMs mais aussi les différentes simulations du GCM
DMIEH5C.
50 50
CNCM33-1
40 DMIEH5C-1
DMIEH5C-2
40
DMIEH5C-3
30 MPEH5C-1 30
EGMAM2-3
20 20
10 10
0 0
-10 -10
-20 -20
-30 -30
djf mam jja son an djf mam jja son an
50 50
Dsclim10
40 Dsclim21 40
Analog20
30 D2gen10 30
D2gen22
20 D2gen32 20
10 10
0 0
-10 -10
-20 -20
-30 -30
djf mam jja son an djf mam jja son an
Figure 7.6 – Modifications saisonnières et annuelles (%) des précipitations de bassin à l’amont
de SP durant les périodes P1 et P2 par rapport à la période de contrôle P0 .
CNCM33-1
DMIEH5C-1
DMIEH5C-2
DMIEH5C-3
0.20 0.20 0.20 MPEH5C-1
EGMAM2-3
0.18 0.18 0.18
Dsclim10
0.16 0.16 0.16 Dsclim21
Analog20
0.14 0.14 0.14 D2gen10
D2gen22
0.12 0.12 0.12 D2gen32
DMIEH5C-1 / MDES
0.08 0.08 0.08
0.06 0.06 0.06
0.05 0.10 0.15 0.20 0.25 0.30 0.05 0.10 0.15 0.20 0.25 0.30 0.05 0.10 0.15 0.20 0.25 0.30
Figure 7.7 – Coefficients de variation des moyennes annuelles de précipitations CvP recip et des
moyennes annuelles de températures CvT emp obtenues à partir des chaines de
simulation GCM/Analog20 (losanges) et des chaı̂nes de simulation DMIEH5C-
1/MDES (étoiles) pour les périodes P1 et P2 .
166/279
1970-1990 2036-2065 2070-2099
DJF MAM JJA SON AN DJF MAM JJA SON AN DJF MAM JJA SON AN
Obs 3.6 3.3 2.9 3.8 3.4
CNCM33-1 3.6 3.3 2.7 3.7 3.3 +5.3% -8.4% -11.7% -19.5% -8% +9.1% -16.7% -11.2% -8.9% -7%
DMIEH5C-1 3.6 3.6 2.8 3.9 3.5 +6.2% 0% -8.1% -7.6% -2% +16.3% -13.3% -11.1% -2.7% -2%
DMIEH5C-2 3.3 3.4 2.7 4 3.4 +4.1% -3.5% +0.3% -18.3% -5% +10.7% -5.4% -5.2% -26.4% -8%
DMIEH5C-3 3.7 3.5 2.8 3.8 3.5 -10.1% -3.2% -6.3% +1.4% -4% +5% -5.4% -10.8% -4.8% -4%
MPEH5C-1 3.6 3.5 2.8 4 3.5 -2.8% -4.7% -7.7% -9.5% -6% +3.8% -4.6% -13.2% -9.7% -6%
EGMAM2-3 4 3.5 2.9 4.3 3.7 +2.8% -0.7% -8.9% -6.4% -3 +1.5% +2.3% -14.4% -13% -6%
Tableau 7.4 – Moyennes saisonnières et annuelles des précipitations de bassin sur la Durance amont (Surface BV = 3584km2 ) observées et simulées
par les chaı̂nes GCM/Analog20 durant la période 1970-1999 et variation relative des précipitations de bassin saisonnières et annuelles
simulées sur les périodes 2036-2065 et 2070-2099. Les précipitations de bassin sont données en mm.j 1 .
Tableau 7.5 – Moyennes saisonnières et annuelles des précipitations de bassin sur la Durance amont (Surface BV = 3584km2 ) observées et simulées
par les chaı̂nes DMIEH5C-1/MDES durant la période 1970-1999 et variation relative des précipitations de bassin saisonnières et
annuelles simulées sur les périodes 2036-2065 et 2070-2099. Les précipitations de bassin sont données en mm.j 1 .
Chapitre 7. Performance estimée et incertitudes liées aux scénarios météorologiques
Les cycles saisonniers des résultats de simulation sont exposés Figures 7.8 (chaı̂nes GCM/
Analog20) et 7.9 (chaı̂nes DMIEH5C-1/MDES). Afin de quantifier la hausse de la demande
en aval simulée, l’évolution des volumes annuels de dotation, noté VDot , a été analysée. A cet
effet, les espérances des volumes annuels de dotation EVDot et les coefficients de variation asso-
ciés CvVDot , sont présentés Tableaux 7.6 et 7.7, respectivement pour les chaı̂nes de simulation
GCM/Analog20 et DMIEH5C-1/MDES.
Une augmentation importante de la demande en eau en aval sur les périodes P1 et P2 est
simulée par l’ensemble des chaı̂nes. Pour illustration, selon la chaı̂ne GCM/Analog20 considérée
(Tableau 7.6), l’augmentation du volume annuel à fournir en aval par le système, varie entre 26
et 38 % pour la période P1 et entre 41 et 71 % pour la période P2 . De même l’augmentation
obtenue par les chaı̂nes DMIEH5C-1/MDES (Tableau 7.7) varie de 28 à 37 % sur P1 et de 71 %
à 91 % sur P2 .
L’augmentation de la demande en aval simulée peut s’expliquer par i) la hausse de l’évapo-
transpiration du fait de la hausse des températures de l’air, ii) la hausse du stress hydrique
des cultures en aval causée par l’augmentation des températures (ainsi qu’une diminution des
précipitations durant l’été pour certaines chaı̂nes de simulation) et finalement iii) la diminution
des contributions des bassins intermédiaires (QBV I ).
Nous noterons également une diminution de la variabilité des volumes de dotation annuels
sur les périodes P1 et P2 (la variabilité inter-annuelle des volumes de dotation est représentée
par un coeffictient de variation dans les Tableaux 7.6 et 7.7). Cette diminution s’explique par
la diminution de la variabilité inter-annuelle des températures (Figure 7.7) ainsi que par une
augmentation du nombre de journées pour lesquelles le seuil maximal de prélèvement est atteint
(Tableau 7.8). Pour mémoire, les prélèvements sont modélisés via l’équation 3.10 page page 61.
Dans cette équation, le terme P relvmax (fonction du dimensionnement des canaux d’irrigation)
borne les prélèvements ce qui a pour effet de limiter les volumes d’eau à fournir par le système
modélisé de SP.
168/279
7.1. Modification des variables d’intérêt de la gestion
60 60 60
40 40 40
20 20 20
0 0 0
J FM AM J J A S O N D J FMAM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D
Figure 7.8 – Cycles saisonniers des débits de dotation simulés sur le bassin amont de la Du-
rance sur les périodes P0 (1970-1999), P1 (2036-2065) et P2 (2070-2099) obtenus
par les chaı̂nes de simulation GCM/Analog20. Chaque courbe correspond à la
moyenne des cycles inter-annuels moyens obtenus respectivement pour chacune
des 30 réalisations de la chaı̂ne GCM/MDES considérée. Les cycles ont été lissés
sur 7 jours.
Tableau 7.6 – Moyennes et coefficients de variation des volumes de dotation annuels (Mm3 )
obtenus via les scénarios GCMs désagrégés par la MDES Analog20. Les aug-
mentations relatives des volumes annuels de dotation par rapport à la période
P0 (en %) sont indiquées entre parenthèses.
a. VDot 632 M m3 pour CNCM33-1 et 556 M m3 pour EGMAM2-3 sur la période P0 et VDot
986 M m3 pour DMIEH5C-2 et 783 M m3 pour EGMAM2-3 sur la période P2 .
169/279
Chapitre 7. Performance estimée et incertitudes liées aux scénarios météorologiques
60 60 60
40 40 40
20 20 20
0 0 0
J FM AM J J A S O N D J FMAM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D
Figure 7.9 – Cycles saisonniers des débits de dotation simulés sur le bassin amont de la Durance
sur les périodes P0 (1970-1999), P1 (2036-2065) et P2 (2070-2099) obtenus par
les chaı̂nes de simulation DMIEH5C-1/MDES. Chaque courbe correspond à la
moyenne des cycles inter-annuels moyens obtenus respectivement pour chacune
des 30 réalisations de la chaı̂ne GCM/MDES considérée. Les cycles ont été lissés
sur 7 jours.
Tableau 7.7 – Moyennes et coefficients de variation des volumes de dotation annuels (Mm3 )
obtenus via le scénario GCM DMIEH5C-1 désagrégé par les MDES considérées.
Les augmentations relatives des volumes annuels de dotation par rapport à la
période P0 (en %) sont indiquées entre parenthèses.
Tableau 7.8 – Augmentation de la fréquence des journées durant les mois de juillet et août
pour lesquelles les prélèvements atteignent la valeur seuil P relvmax . (a) Chaı̂nes
de simulation GCM/Analog20 (b) Chaı̂nes de simulation DMIEH5C-1/MDES.
170/279
7.1. Modification des variables d’intérêt de la gestion
Les cycles saisonniers des consommations électriques simulées, nécessaires au calcul de l’inté-
rêt à produire de l’énergie, sont présentés Figures 7.10 (chaı̂nes de simulation GCM/Analog20)
et 7.11 (chaı̂nes de simulation DMIEH5C-1/MDES).
Figure 7.10 – Cycles saisonniers des consommations électriques simulées sur le bassin amont
de la Durance sur les périodes P0 (1970-1999), P1 (2036-2065) et P2 (2070-2099)
obtenus par les chaı̂nes de simulation Analog20/MDES. Les cycles ont été lissés
sur 7 jours.
Figure 7.11 – Cycles saisonniers des consommations électriques simulées sur le bassin amont
de la Durance sur les périodes P0 (1970-1999), P1 (2036-2065) et P2 (2070-2099)
obtenus par les chaı̂nes de simulation DMIEH5C-1/MDES. Les cycles ont été
lissés sur 7 jours.
171/279
Chapitre 7. Performance estimée et incertitudes liées aux scénarios météorologiques
consommations électriques sont très liées aux modifications de températures présentées section
7.1.1.a.
Nous noterons cependant pour l’ensemble des chaı̂nes de simulation GCM/MDES considé-
rées, une augmentation en durée de la période durant laquelle les consommations électriques sont
constantes, i.e. la période durant laquelle la température est au dessus du seuil d’influence sur
les consommations électriques ce qui résulte encore une fois de l’augmentation des températures.
L’utilisation de ces scénarios de consommations électriques permettra a minima d’intégrer une
diminution de la saisonnalité de l’intérêt à produire de l’énergie pour le système modélisé de SP.
172/279
1970-1990 2036-2065 2070-2099
DJF MAM JJA SON AN DJF MAM JJA SON AN DJF MAM JJA SON AN
Obs 53 46 38 44 45
CNCM33-1 53 46 38 44 45 -2.1% -3% -0.8% -2.8% -0.2% -3.6% -5.2% -1.2% -4.2% -3.6%
DMIEH5C-1 53 46 38 44 45 -3.3% -2.5% -1% -4% -0.3% -7.7% -6.3% -1.4% -6.9% -5.8%
DMIEH5C-2 53 46 38 44 45 -2.3% -2.8% -1% -4% -0.3% -6.1% -5.8% -1.3% -6.3% -5.1%
DMIEH5C-3 53 46 38 44 45 -2.3% -3.1% -1% -2.5% -0/2% -5.7% -5.2% -1.4% -6.5% -4.8%
MPEH5C-1 53 46 38 44 45 -4% -3.4% -1% -3.7% -0.3% -7.1% -5.5% -1.4% -5.9% -5.1%
EGMAM2-3 52 46 38 44 45 -2.7% -2.6% -0.8% -3.2% -0.2% -5.2% -3.6% -0.9% -4.2% -3.6%
Tableau 7.9 – Moyennes saisonnières et annuelles des consommations électriques France observées et simulées par les chaı̂nes GCM/Analog20
durant la période 1970-1999 et variation relative des consommations électriques saisonnières et annuelles simulées sur les périodes
2036-2065 et 2070-2099. Les consommations électriques sont données en 103 M W
Tableau 7.10 – Moyennes saisonnières et annuelles des consommations électriques France observées et simulées par les chaı̂nes DMIEH5C-1/MDES
durant la période 1970-1999 et variation relative des consommations électriques saisonnières et annuelles simulées sur les périodes
2036-2065 et 2070-2099. Les consommations électriques sont données en 103 M W
Chapitre 7. Performance estimée et incertitudes liées aux scénarios météorologiques
Les évolutions sur les périodes P1 et P2 des espérances des apports annuels notées EQ , ainsi
que des coefficients de variation associés notés CvQ , sont exposés Tableaux 7.11 et 7.12.
Afin de quantifier l’amplitude de la saisonnalité des apports à l’entrée du système modélisé de
SP, nous définissons un critère annuel δQm, comme étant l’écart entre les deux extrema des
apports mensuels (Équation 7.1).
δQmn pQmax
n Qmin
n q (7.1)
avec Qmax
n et Qmin
n respectivement les apports mensuels maximaux et minimaux simulés lors
d’une année n.
Les espérances de δQm notées EδQm et les coefficients de variation associés (CvδQm ) sont éga-
lement exposés Tableaux 7.11 et 7.12.
50 50 50
0 0 0
J FM AM J J A S O N D J FMAM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D
Figure 7.12 – Cycles saisonniers des débits simulés à l’entrée du réservoir de SP sur les périodes
P0 (1970-1999), P1 (2036-2065) et P2 (2070-2099) obtenus par les chaı̂nes de
simulation GCM/Analog20
Sur la période P0 , les cycles saisonniers des apports au réservoir obtenus par les chaı̂nes de
simulation (courbes de couleurs Figures 7.12 et 7.13) sont relativement proches de celui simulé
avec les forçages météorologiques observés (courbe noire Figures 7.12 et 7.13). Cependant, les
séries d’apports simulés par les différentes chaı̂nes présentent cependant des caractéristiques
différentes, à la fois en terme de module annuel et de variabilité saisonnière(Tableaux 7.11 et
7.12). Les dispersions inter-GCMs et inter-MDES sont du même ordre de grandeur sur cette
période quels que soit les critères. Néanmoins, les apports simulés par la chaı̂ne EGMAM2-
3/Analog20 sont largement supérieurs à ceux des autres chaı̂nes considérées. Les résultats obtenus
avec cette chaı̂ne en climat futur seront donc à considérer avec précaution.
174/279
7.1. Modification des variables d’intérêt de la gestion
50 50 50
0 0 0
J FM AM J J A S O N D J FMAM J J A S O N D J FM AM J J A S O N D
Figure 7.13 – Cycles saisonniers des débits simulés à l’entrée du réservoir de SP sur les périodes
P0 (1970-1999), P1 (2036-2065) et P2 (2070-2099) obtenus par les chaı̂nes de
simulation DMIEH5C-1/MDES
175/279
Chapitre 7. Performance estimée et incertitudes liées aux scénarios météorologiques
Pour l’ensemble des chaı̂nes de simulation, les modifications des précipitations et des tempé-
ratures simulées sur le bassin versant en amont du système de SP, entraı̂nent des modifications
importantes du régime des apports simulés. En particulier, la hausse des températures durant
le printemps entraine une fonte précoce du manteau neigeux et par suite, une avancée du pic
de crue printanier. Localisé début juin durant la période P0 , le pic de crue printanier est en
moyenne avancé à la première quinzaine du mois de mai sur la période P2 (Figures 7.12 et 7.13).
De même durant l’automne et sur la période P2 , la diminution des précipitations constatée pour
plusieurs chaı̂nes de simulation GCM/MDES, entraı̂ne une forte réduction de la fréquence des
crues qui de fait, disparaissent des hydrogrammes moyens (Figures 7.12 et 7.13).
Les simulations d’apports sur les périodes P1 et P2 , réalisées à partir des chaı̂nes de simu-
lation GCM/Analog20 (Figure 7.12), présentent des hétérogénéités importantes selon le critère
considéré (Tableau 7.11). Par exemple, la chaı̂ne CNCM33-1/Analog20 engendre des débits géné-
ralement faibles vis-à-vis des autres chaı̂nes de simulation (courbes bleues Figure 7.12). Seule la
chaı̂ne de simulation DMIEH5C-2/Analog20 présente une espérance d’apports annuels similaire à
celle obtenue avec la chaı̂ne CNCM33-1/Analog20 sur la période P2 (66.7m3 /s pour DMIEH5C-
2 et 67.7m3 /s pour CNCM33-1). Cependant, la variabilité des apports inter-annuels obtenus
avec DMIEH5C-2/Analog20 est plus importante que celle résultant de la chaı̂ne CNCM33-
1/Analog20 (respectivement CvQ 0.28 et 0.20). La saisonnalité des apports simulés par la
chaı̂ne DMIEH5C-2/Analog20 est également plus marquée (EδQm 126 m3 /s et 143m3 /s respec-
tivement pour CNCM33-1/Analog20 et DMIEH5C-2/Analog20) mais néanmoins plus variable
(CvδQm 0.46 pour DMIEH5C-2/Analog20 contre 0.35 pour CNCM33-1/Analog20).
Des analyses similaires peuvent être réalisées pour d’autres couples de chaı̂nes de simulation.
Deux ensembles de 30 réalisations, issus de deux chaı̂nes de simulation différentes peuvent pré-
senter des caractéristiques similaires (e.g espérance des apports annuels) mais être très différentes
176/279
7.1. Modification des variables d’intérêt de la gestion
selon un autre critère (e.g. variabilité inter-annelle des apports annuels). Ces différences résultent
de combinaisons non linéaires des scénarios de précipitations et de températures aux caractéris-
tiques bien distinctes selon les chaı̂nes de simulation (section 7.1.1).
Les incertitudes sur le devenir des apports en climat futur sont de fait plus importantes
que celles obtenues pour les températures. Elles s’expliquent essentiellement par les dispersions
inter-GCMs et inter-MDES des précipitations. Des phénomènes non linéaires, couplant à la fois
les modifications des précipitations et des températures en climat futur peuvent augmenter par
ailleurs ces incertitudes (e.g. effet de la neige, Lafaysse [2011]). Sur la période P2 les importantes
crues hivernales obtenues via les MDES D2gen amènent l’incertitude à fine échelle (i.e. inter-
MDES) à être plus importante que l’incertitude à grande échelle (i.e. inter-GCMs), ce qui n’était
pas le cas durant la période de contrôle P0 .
177/279
Chapitre 7. Performance estimée et incertitudes liées aux scénarios météorologiques
l’onde de fonte dans l’année (fonte plus précoce du manteau neigeux sur le bassin) de dix
à vingt jours en moyenne sur la période P1 et jusqu’à 1 mois sur la période P2 .
Le débit de dotation à fournir en aval pourrait augmenter du fait de l’augmentation des
températures et de la diminution des précipitations durant le printemps et l’été.
Les consommations électriques simulées seraient amenées, elles aussi, à diminuer.
178/279
7.2. Modification de la performance estimée et incertitudes
Celles-ci sont fortement impactées par le changement climatique. En particulier, les déstockages
estivaux augmentent sur les périodes P1 et P2 , et les déstockages hivernaux diminuent. Les
premiers, particulièrement importants sur la période P2 , résultent à la fois de l’augmentation
du débit de dotation (Figures 7.8 et 7.9) et de la diminution des apports estivaux (Figures 7.12
et 7.13). La diminution des déstockages hivernaux résulte de l’augmentation des apports durant
l’hiver mais surtout de la diminution du stockage hivernal sur le bassin sous forme de neige,
et donc de la diminution du volume d’apport printanier. En effet, la diminution des apports au
printemps ne permet pas de vider autant le réservoir durant l’hiver tout en garantissant l’objectif
de cote touristique au 1er juillet.
Figure 7.14 – Signatures de stock moyennes obtenues sur les périodes P0 (1970-1999), P1 (2036-
2065) et P2 (2070-2099) par les chaı̂nes de simulation GCM/Analog20 via le
modèle AC.
Figure 7.15 – Signatures de stock moyennes obtenues sur les périodes P0 (1970-1999), P1 (2036-
2065) et P2 (2070-2099) par les chaı̂nes de simulation DMIEH5C-1/MDES via le
modèle AC.
Les incertitudes liées aux GCMs et aux MDES sur l’évaluation des signatures de stock
moyennes sont de niveaux comparables mais présentent néanmoins quelques singularités :
179/279
Chapitre 7. Performance estimée et incertitudes liées aux scénarios météorologiques
la combinaison entre i) de très faibles apports entrant dans le système à cette période de
l’année (courbe bleue Figure 7.12), et ii) d’un volume à fournir en aval du système de SP
important (i.e. 865 Mm3 en moyenne inter-annuelle, Tableau 7.6).
Sur la période P2 , la signature de stock moyenne estimée à partir de la chaı̂ne de simulation
EGMAM2-3/Analog20 ne présente pas de déstockages aussi significatifs que ceux obtenus
par les autres chaı̂nes de simulation GCM/Analog20. Ici, la raison de ce faible déstockage
moyen est diamétralement opposée au cas précédent (comme indiqué précédemment, les
apports simulés par cette chaı̂ne restent importants même en climat futurs (Figure 7.12
et Tableau 7.11). Cette chaı̂ne de simulation présente de plus un volume annuel moyen de
dotation VDot limité (i.e. 783 Mm3 , Tableau 7.6)).
1200
Stock
Vlim
1000 Q
800
600
400
200
0
01-07-90 01-07-91 01-07-92 01-07-93 01-07-94 01-07-95 01-07-96 01-07-97
Figure 7.16 – Trajectoire de réserve simulée (bleu), courbe guide de remplissage (rouge) et ap-
ports entrant dans le système (noir) du 01 juillet 2090 au 1 juillet 2098. Ces trajec-
toires ont été obtenues pour une réalisation de la chaı̂ne DMIEH5C-1/Dsclim21.
Cet exemple illustre la configuration durant laquelle il est impossible au modèle
AC de garantir une année donnée, l’objectif de remplissage. La trajectoire de
réserve et la courbe de remplissage sont présentées en M m3 , les apports en m3 /s
Cette configuration particulière peut également être obtenue par d’autres chaı̂nes de si-
mulation que la chaı̂ne DMIEH5C-1/Dsclim21. Cependant, la fréquence plus ou moins
180/279
7.2. Modification de la performance estimée et incertitudes
Nous pouvons constater de fortes hétérogénéités sur les estimations des moyennes de critères
de performance. D’une manière générale, les fiabilités, les indices de revenus et les volumes dé-
versés sont amenés à diminuer, les vulnérabilités à augmenter.
Concernant l’incertitude liée aux GCMs : les forçages météorologiques simulés par la chaı̂ne
EGMAM2-3/Analog20 sont très favorables à une performance du système modélisé élevée (i.e.
une forte fiabilité même durant la période P2 , des vulnérabilités très limitées, un indice de revenus
élevé). Cette chaı̂ne de simulation contribue beaucoup à l’incertitude liée aux GCMs, mais comme
nous l’avons évoqué, les résultats obtenus par cette chaı̂ne sont sujet à discussion au regard des
volumes d’apports annuels moyens très élevés sur la période P0 (Tableau 7.11). Au contraire,
les forçages météorologiques relatifs aux scénarios issus des chaı̂nes de simulation CNCM33-
1/Analog20, DMIEH5C-2/Analog20 et DMIEH5C-3/Analog20 ne permettent pas a priori au
modèle de gestion AC d’atteindre une performance moyenne aussi élevée. Pour les scénarios
CNCM33-1/Analog20 et DMIEH5C-2/Analog20 par exemple, les mauvais scores de performance
résultent d’une diminution importante des apports sur les périodes P1 et P2 (Tableau 7.11) ainsi
qu’à une forte augmentation du débit de dotation durant ces périodes (Tableau 7.6).
181/279
Chapitre 7. Performance estimée et incertitudes liées aux scénarios météorologiques
Tableau 7.13 – Estimation des moyennes des critères de performance sur les périodes P0 , P1
et P2 à partir des chaı̂nes de simulation GCM/Analog20 : F ia (%), V ulM
(M m3 ), V ulH (M m3 ), GHEP (1015 U.M ) et VDev (M m3 ). Pour chaque critère
de performance et pour chaque période, les meilleurs scores sont colorés en vert,
les moins bons en bleu.
Tableau 7.14 – Estimation des moyennes des critères de performance sur les périodes P0 , P1
et P2 à partir des chaı̂nes de simulation DMIEH5C-1/MDES : F ia (%), V ulM
(M m3 ), V ulH (M m3 ), GHEP (1015 U.M ) et VDev (M m3 ). Pour chaque critère
de performance et pour chaque période, les meilleurs scores sont colorés en vert,
les moins bons en bleu.
Concernant les incertitudes liées aux MDES, les moyennes des critères de performance ob-
tenues à partir des chaı̂nes de simulation DMIEH5C-1/MDES sont exposées dans le Tableau
7.14. Tout comme ce qui a été constaté pour les simulations GCMs, les forçages météorologiques
obtenus par certaines MDES ne permettent pas a priori une performance élevée du système
de gestion modélisé. Nous observons par exemple une performance relativement faible pour les
MDES de la famille Dsclim (i.e. de fortes valeurs de vulnérabilité ainsi que de faibles indices de
revenus).
Les MDES D2gen22 et D2gen32 sont les seules à conserver des indices de revenus GHEP élevés
durant les périodes P1 et P2 (l’indice de revenus obtenu via D2gen32 augmente d’ailleurs durant
la période P2 ). Ces fortes valeurs s’expliquent par des apports très conséquents durant l’hiver
(Figure 7.13), période pour laquelle l’intérêt à produire de l’énergie est élevé. La contrepartie de
ces importants revenus est une augmentation des volumes déversés durant la période P2 .
La MDES Analog20 présente, pour une grande majorité des critères de performance, les meilleurs
scores moyens vis-à-vis des autres MDES.
182/279
7.2. Modification de la performance estimée et incertitudes
DMIEH5C-1
0.7 DMIEH5C-2 0.7 0.7
0.6 DMIEH5C-3 0.6 0.6
0.5 MPEH5C-1 0.5 0.5
0.4 EGMAM2-3 0.4 0.4
0.3 0.3 0.3
0.2 0.2 0.2
0.1 0.1 0.1
0.0 0.0 0.0
20 30 40 50 60 70 80 90 100 20 30 40 50 60 70 80 90 100 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Figure 7.17 – Fonction de distribution des critères de performance estimés sur les périodes
P0 (1970-1999), P1 (2036-2065) et P2 (2070-2099) par les chaı̂nes de simulation
GCM/Analog20 via le modèle AC.
183/279
Chapitre 7. Performance estimée et incertitudes liées aux scénarios météorologiques
Figure 7.18 – Fonction de distribution des critères de performance estimés sur les périodes
P0 (1970-1999), P1 (2036-2065) et P2 (2070-2099) par les chaı̂nes de simulation
DMIEH5C-1/MDES via le modèle AC.
184/279
7.3. Significativité des changements
De manière générale, les modifications de forme des distributions des critères de performance
sur les périodes P1 et P2 restent faibles devant l’évolution de la médiane. Néanmoins, nous pou-
vons constater que ces modifications de formes ne sont pas identiques pour tous les critères de
performance d’une part ni pour l’ensemble des chaı̂nes de simulation d’autre part.
La forme des distributions est par exemple peu modifiée pour les critères de fiabilité (F ia) et de
revenus (GHEP ), bien que ces dernières tendent à s’élargir sur les périodes P1 et P2 .
Les distributions des critères de vulnérabilité tendent également à s’élargir, en particulier sur
la période P2 . Nous pouvons noter que certaines chaı̂nes de simulation présentent des réalisa-
tions pour lesquelles la valeur de vulnérabilité V ulM est égale à 1030 Mm3 (7.18). Cela indique
qu’il existe au minimum une date, durant ces réalisations de 30 années, pour laquelle la ré-
serve est complètement vide. Comme nous l’avons illustré Figure 7.16, les chaı̂nes de simulation
DMIEH5C-1/Dsclim sont propices à ce type de situation. Dans ces cas là, la fourniture du débit
de dotation n’est pas assuré dans sa totalité.
Ainsi, les incertitudes liées aux GCMs et aux MDES sur l’évolution des forçages météorolo-
giques pour les périodes futures se traduisent par des incertitudes importantes sur l’estimation de
la performance du système de gestion de SP. Les modifications des variables d’intérêt de la ges-
tion peuvent, pour certaines chaı̂nes de simulation, conduire à des modifications de performance
de natures et d’amplitudes différentes.
185/279
Chapitre 7. Performance estimée et incertitudes liées aux scénarios météorologiques
8.0
CNCM33-1 4.4
7.5 DMIEH5C-1
DMIEH5C-2 4.2
7.0 DMIEH5C-3
MPEH5C-1 4.0
6.5 EGMAM2-3
3.8
6.0
3.6
5.5
3.4
5.0
3.2
4.5
3.0
4.0
2.8
3.5
2.6
3.0
1880 1920 1960 2000 2040 2080 1880 1920 1960 2000 2040 2080
(a) (b)
8.0
Dsclim10 4.4
7.5 Dsclim21
Analog20 4.2
7.0
D2gen10 4.0
6.5 D2gen22
D2gen32 3.8
6.0
3.6
5.5
3.4
5.0
3.2
4.5
3.0
4.0
2.8
3.5
2.6
3.0
1880 1920 1960 2000 2040 2080 1880 1920 1960 2000 2040 2080
(c) (d)
Figure 7.19 – Évolution des températures annuelles (a & c) et des précipitations annuelles (b
& d) sur le bassin amont de SP, de 1860 à 2099 (lissée sur une fenêtre de 30
ans). Haut : Chaı̂nes de simulation GCM/Analog20. Bas : Chaı̂nes de simulation
DMIEH5C-1/MDES.
Les évolutions temporelles de trois caractéristiques du système modélisé de SP ont été estimées
sur la base de 30 réalisations de 240 ans (1860-2099) pour chacune des chaı̂nes de simulation
considérées (Tableau 7.1). Ces caractéristiques sont :
a. Les expériences considérées sont toujours celles présentées dans le Tableau 7.1
186/279
7.3. Significativité des changements
L’évolution des indicateurs de revenus GHEP , estimés sur une durée de 30 années (Figure
7.22, Tableau 8.2).
550 550
CNCM33-1 Dsclim10
DMIEH5C-1 Dsclim21
500 500
DMIEH5C-2
DMIEH5C-3 Analog20
450 MPEH5C-1 450 D2gen10
EGMAM2-3 D2gen22
400 400 D2gen32
350 350
300 300
250 250
200 200
150 150
100 100
1880 1920 1960 2000 2040 2080 1880 1920 1960 2000 2040 2080
(a) (b)
Figure 7.20 – Évolution du stock minimal annuel de 1860 à 2099 lissée sur une fenêtre de
30 ans. (a) Chaı̂nes de simulation GCM/Analog20. (b) Chaı̂nes de simulation
DMIEH5C-1/MDES.
100 100
90 90
80 80
70 70
60 60
50 50
40 40 Dsclim10
30 CNCM33-1 30 Dsclim21
DMIEH5C-1 Analog20
20 DMIEH5C-2 20 D2gen10
DMIEH5C-3
10 MPEH5C-1 10 D2gen22
EGMAM2-3 D2gen32
0 0
1880 1920 1960 2000 2040 2080 1880 1920 1960 2000 2040 2080
(a) (b)
Figure 7.21 – Évolution de la fiabilité annuelle de 1860 à 2099 lissée sur une fenêtre de 30 ans.
(a) Chaı̂nes de simulation GCM/Analog20. (b) Chaı̂nes de simulation DMIEH5C-
1/MDES.
187/279
Chapitre 7. Performance estimée et incertitudes liées aux scénarios météorologiques
4.5 4.5
4.0 4.0
3.5 3.5
Dsclim10
3.0 CNCM33-1 3.0 Dsclim21
DMIEH5C-1 Analog20
DMIEH5C-2 D2gen10
DMIEH5C-3
MPEH5C-1 D2gen22
2.5 EGMAM2-3 2.5 D2gen32
1880 1920 1960 2000 2040 2080 1880 1920 1960 2000 2040 2080
(a) (b)
Figure 7.22 – Évolution de l’indicateur de revenus cumulés sur 30 ans de 1860 à 2099. (a)
Chaı̂nes de simulation GCM/Analog20. (b) Chaı̂nes de simulation DMIEH5C-
1/MDES.
La fiabilité varie de 86.7 à 100 % pour les chaı̂nes de simulation GCM/Analog20, et de 83.6
à 99.1 % pour les chaı̂nes DMIEH5C-1/MDES (Tableau 8.1). La dispersion inter-GCMs est du
même ordre de grandeur que la dispersion inter-MDES, à savoir faible (Figure 7.21).
L’indicateur de revenu est également variable sur la période 1860-1980 (Figure 7.22). Pour ce
critère, la dispersion inter-GCMs est supérieure à la dispersion inter-MDES, aussi bien en termes
de valeur moyenne sur la période 1860-1980, qu’en termes d’étendue entre les valeurs maximales
et minimales (Figure 7.22 et Tableau 8.2).
188/279
7.3. Significativité des changements
Une analyse similaire peut être conduite pour le critère de fiabilité : la diminution de la fiabi-
lité est significative sur les périodes P1 et P2 . Effectivement, les fiabilités estimées sur les périodes
P1 et P2 sont largement inférieures aux valeurs obtenues sur la période 1860-1980 (Figure 7.21
et Tableau 8.1).
De plus, nous pouvons remarquer une augmentation importante de la dispersion inter-GCMs du
fait d’une diminution importante de la fiabilité pour la simulation CNCM33-1/Analog20 et une
diminution plus modérée pour la simulation EGMAM2-3/Analog20.
Dans la majorité des cas, les diminutions de GHEP sur les périodes P1 et P2 sont supérieures
à la gamme de variabilité constatée sur la période 1860-1980.
Néanmoins, les diminutions observées pour la période P1 sont, pour certaines simulations, très
proches de certaines valeurs obtenues sur la période 1860-1980 a . Pour les chaines de simulations
DMIEH5C-1/D2gen, les modifications de GHEP sur la période P1 , ne sont pas significatives
au regard de la variabilité de ce critère sur la période 1860-1980. C’est également le cas sur la
période P2 pour les simulations DMIEH5C-1/D2gen22 et DMIEH5C-1/D2gen32.
La dispersion inter-GCMs ne semble pas modifiée sur la période 1980-2099, au contraire la
dispersion inter-MDES augmente à l’horizon P2 . En effet, les diminutions importantes de GHEP
obtenues à la fin du siècle pour les chaı̂nes DMIEH5C-1/Dsclim10 et DMIEH5C-1/Dsclim21 ainsi
que l’absence de modification pour les chaı̂nes DMIEH5C-1/D2gen22 et DMIEH5C-1/D2gen32,
augmentent l’incertitude liée aux MDES sur l’évolution de ce critère.
a. e.g. pour la simulation DMIEH5C-3/Analog20, la valeur de GHEP sur P1 est égale à 3.481015 U.M
alors que la valeur minimale sur 1860-1980 est de 3.51015 U.M
189/279
Chapitre 7. Performance estimée et incertitudes liées aux scénarios météorologiques
Tableau 7.15 – Significativité des réductions des déstockages hivernaux sur les périodes P1 et
P2 vis-à-vis des fluctuations observées sur la période 1860-1980. Les valeurs de
stock sont exprimées en Mm3 . (a) Chaı̂nes de simulation GCM/Analog20. (b)
Chaı̂nes de simulation DMIEH5C-1/MDES.
Tableau 7.16 – Significativité des réductions de fiabilité sur les périodes P1 et P2 vis-à-vis des
fluctuations observées sur la période 1860-1980. Les valeurs de fiabilité, vis-
à-vis du respect de la cote touristique, sont exprimées en %. (a) Chaı̂nes de
simulation GCM/Analog20. (b) Chaı̂nes de simulation DMIEH5C-1/MDES.
190/279
7.4. Conclusion
Tableau 7.17 – Significativité des modifications de l’indicateur de revenus GHEP sur les pé-
riodes P1 et P2 vis-à-vis des fluctuations observées sur la période 1860-1980.
Les valeurs de GHEP sont exprimées en 1015 U.M. (a) Chaı̂nes de simulation
GCM/Analog20. (b) Chaı̂nes de simulation DMIEH5C-1/MDES.
7.4. Conclusion
Le premier objectif de ce chapitre était d’étudier la propagation des incertitudes des mo-
difications des forçages météorologiques (températures et précipitations), sur la modélisation
des usages et contraintes du système de SP, ainsi que sur l’estimation de la performance de
ce système. Deux sources d’incertitudes ont été considérées : celles liées aux modèles de climat
(GCMs) d’une part, et celles aux méthodes de descente d’échelle statistiques utilisées d’autre
part (MDES).
Un deuxième objectif était d’évaluer l’importance relative de ces deux sources d’incertitudes.
Les différentes chaı̂nes de simulation utilisées (cf. Tableau 7.1) présentent toutes des perfor-
mances similaires pour reproduire les forçages météorologiques saisonniers et annuels observés
durant la période 1970-1999. L’analyse a donc été conduite en considérant l’ensemble de ces
chaı̂nes de simulation. L’application de ces dernières dans un contexte de climat modifié néces-
site une hypothèse de transférabilité temporelle des modèles qui les composent. Cette hypothèse,
discutée pour les GCMs et les MDES par Lafaysse et al. [2013], est particulièrement forte et non
réaliste pour les modèles d’usages développés durant cette thèse. Cependant, cela ne diminue
pas l’intérêt de l’analyse présentée ici.
En climat futur nous avons pu constater, en particulier pour les précipitations, que les in-
certitudes liées aux MDES étaient du même ordre de grandeur que celles liées aux GCMs. Mal-
heureusement, comme le montrent Lafaysse et al. [2013], les études d’impacts du changement
climatique, utilisent souvent plusieurs GCMs, mais beaucoup moins souvent, plusieurs méthodes
de descente d’échelle. De la même façon, rares sont les études qui prennent en compte le caractère
191/279
Chapitre 7. Performance estimée et incertitudes liées aux scénarios météorologiques
incertain du lien d’échelle, caractère qui devrait conduire à considérer non pas une seule réalisa-
tion mais un ensemble de réalisations pour chaque MDES. Par suite, ces études sous-estimeraient
a priori les incertitudes sur les modifications probables des précipitations durant le siècle à venir.
une diminution de la fiabilité vis-à-vis du respect de la cote touristique ainsi que l’aug-
mentation des vulnérabilités associées.
Cela s’accompagne par une diminution des déstockages hivernaux et une augmentation des
déstockages estivaux. Ces changements semblent, dans la majorité des cas, significatifs. Du moins,
les valeurs obtenues sur les périodes P1 et P2 sont, excepté pour le critère GHEP a , toujours en
dehors de la gamme de variabilité obtenue sur la période de contrôle (1860-1980).
Les incertitudes liées aux GCMs et aux MDES sur l’estimation de la performance sont du
même ordre. Une étude statistique plus avancée serait nécessaire pour quantifier les contributions
relatives des GCMs et MDES à l’incertitude globale. Une analyse de variance pourrait par
exemple être réalisée. Cependant, une telle analyse requiert a minima le remplissage complet
de la matrice exposée dans le Tableau 7.1. De plus, comme le relèvent Lafaysse et al. [2013],
réaliser ce type d’étude n’est pas une chose facile, et nécessite généralement un cadre d’analyse
statistique spécifique qui permet en particulier de prendre en compte la variabilité naturelle des
variable d’intérêt, et les possibles corrélation entre chaı̂nes de simulation (en particulier entre
projections MDES forcées par le même GCM) (Hingray et al. [2007a]; Yip et al. [2011]).
Néanmoins, à la vue des résultats obtenus, nous pouvons recommander d’adopter aussi une
approche multi-modèles et multi-réalisations que ce soit pour les GCMs (plusieurs simulations)
ou pour les MDES (plusieurs scénarios stochastiques).
a. Les valeurs du critère GH EP , obtenue pour les chaı̂nes DMIEH5C-1/D2gen sur les périodes P1 et
P2 , sont incluses dans la fourchette de valeurs obtenues pour le climat de contrôle 1860-1980
192/279
7.4. Conclusion
Synthèse
Objectifs
Ce chapitre a pour objet d’évaluer les incertitudes relatives liées aux GCMs et aux
MDES. Le plan d’expérience proposé dans le Tableau 7.1 a été réalisé dans le but de
quantifier ces deux sources d’incertitudes sur les modifications probables des variables
d’intérêt de la gestion ainsi que sur la performance du système modélisé de SP. Ce
travail a été réalisé en considérant le modèle AC uniquement.
Limites de l’exercice
Les limites de l’approche utilisée sont nombreuses et d’ordres différents.
Les premières sont, comme nous l’avons déjà indiqué en introduction de cette thèse,
il est impossible de pouvoir évaluer de façon certaine le devenir des usages de la
ressource en eau. Les modèles utilisés pour les représenter (i.e. le modèle de dotation
pour la demande en eau en aval et le modèle de consommations électriques) ont
été conçus pour la période présente. L’hypothèse que ces représentations seraient
toujours valables en climat futur est évidemment irréaliste. Il en est de même pour
la modélisation des apports au système modélisé de SP (bien cette hypothèse est
beaucoup plus raisonnable dans ce cas). Cela ne limite pas l’intérêt de l’exercice qui
a pour but d’évaluer les incertitudes relatives liées aux GCMs et aux MDES sur les
projections futures.
A ce titre , en revanche, une limitation importante est la matrice incomplète (cf
Tableau 7.1). De ce fait, nous n’avons pas pu quantifier les contributions de chaı̂nes
GCM/MDES à l’incertitude globale.
Nous avons considéré dans cette étude uniquement deux sources possibles d’in-
certitudes, celles liées aux GCMs et celles liées aux MDES. Pour réaliser une
analyse plus complète des incertitudes réelles il faudrait considérer en particulier celles
liées aux usages futurs de la ressource. Cela dépasse évidemment le cadre de cette thèse.
193/279
Chapitre 7. Performance estimée et incertitudes liées aux scénarios météorologiques
Toujours selon les modèles considérés, les débits de dotation seraient amenés à
augmenter et l’intérêt à turbiner à diminuer, en particulier l’hiver. Les incertitudes
propagées depuis les GCMs et MDES jusqu’à ces modèles se traduisent par des
scénarios de sollicitations futures pouvant être différents, en particulier pour la
sollicitation aval pilotée par les changements de précipitations et de températures sur
les régions en aval du barrage.
Le devenir des apports est également très incertain. Les deux sources d’incertitudes
conduisent encore une fois à des scénarios d’apports sensiblement distincts, à la fois en
terme de saisonnalité et de moyenne. Nous noterons par exemple les MDES D2gen22 et
D2gen32 qui utilisent parmi les prédicteurs de grande échelle des variables d’humidité
pour lesquelles, forcées par le GCM DMIEH5C-1, les apports augmenteraient en climat
futur.
Encore une fois, les deux sources d’incertitudes conduisent à des modifications
importantes de la performance, différentes selon les critères considérés.
194/279
Chapitre 8
Pour une représentation donnée du système modélisé de SP (i.e. le modèle AC), nous avons
pu constater au chapitre 7 que la performance estimée pouvait être très variable en climat
modifié selon la chaı̂ne de simulation GCM/MDES utilisée pour la génération de scénarios mé-
téorologiques. Un travail similaire est réalisé dans ce chapitre afin de quantifier l’influence de
la représentation de la gestion du système modélisé de SP, sur l’estimation de la performance
pouvant être réalisée dans un contexte futur.
Pour mémoire, l’estimation de la performance obtenue avec le modèle AIP est la plus réaliste
au vu du mode de gestion utilisé en opérationnel. La performance estimée par le modèle AIC
sous-estime a priori, du fait de l’absence de prévisions hydrologiques, la performance de référence
obtenue avec le modèle AIP. De même, la performance obtenue par le modèle AC surestime a
priori, du fait d’une connaissance parfaite de l’avenir, la performance de référence AIP.
Ces deux questions sont évidemment identiques. Elles abordent cependant le problème par
deux approches différentes. Nous avons choisi de répondre à la question Q1, bien qu’il nous
arrivera de fournir des éléments de réponse à la question Q2, en particulier dans les différents
tableaux de résultats présentés dans ce chapitre.
195/279
Chapitre 8. Performance estimée et Incertitudes liées aux modèles de gestion
Nous tenterons de répondre à ces questions durant ce chapitre. Par manque de temps, nous
avons considéré uniquement les scénarios produits par les différents GCMs avec la MDES Ana-
log20. Cependant, comme nous le verrons par la suite, la nature des résultats obtenus suggère
que des résultats similaires auraient été obtenus avec les autres chaı̂nes de simulation.
196/279
8.2. Estimation des modifications de performance avec AC, AIC et AIP
climatique sur la production hydroélectrique sur un bassin versant Canadien a . Minville et al.
[2009] expliquent que la série simulée des apports annuels sur la période 1990-2099, présente une
tendance à la hausse mais est significativement stationnaire sur une fenêtre mobile de 35 années.
Cela a permis, à partir d’un algorithme d’optimisation de la gestion b , d’adapter la stratégie de
gestion annuellement en considérant une approche ”fenêtre mobile” de 35 années. En d’autres
termes, l’historique utilisé pour établir la stratégie de l’année 2070 (respectivement 2071) est la
période 2035-2069 (respectivement 2036-2070).
Dans notre étude, la question du choix de l’historique ne se pose pas pour le modèle AC qui
par construction, connait parfaitement les variables d’intérêt de la gestion futures. Elle se pose
en revanche les modèles AIC et AIP. Pour ces derniers, nous utiliserons comme historique la
même période que celle utilisée dans la phase de simulation. Par exemple, la stratégie de gestion
retenue pour simuler la gestion AIC sur la période P2 est la même pour chaque année de cette
période. Elle a été obtenue durant la phase d’optimisation sur la base de toute les années de
cette même période P2 . Cela revient à considérer que le climat est stationnaire pour chacune de
ces périodes.
L’avantage de ce choix réside dans le fait que les stratégies de gestion obtenues avec les trois
modèles de gestion sont calculées avec les mêmes périodes temporelles. Ainsi, seul le degré de
prévisibilité de l’avenir diffère d’un modèle de gestion à l’autre (i.e. prévisions parfaites (AC),
connaissance climatologique + prévisions hydrologiques (AIP), connaissance climatologique de
l’avenir seule (AIC)). Cela facilitera l’exercice que nous nous sommes fixés, qui est de comparer
les modifications de performance estimées par les modèles AC, AIP et AIC.
Notons qu’une telle configuration surestime a priori la performance estimée par les modèles AIC
et AIP par rapport à la configuration où les stratégies de gestion ne peuvent être construites que
sur une seule période passée.
a. Au contraire du cadre d’analyse de cette thèse, une seule simulation du climat futur a été considérée
dans cette étude. Cette simulation a été réalisée à partir du modèle de climat régional CRCM (Canadian
Regional Climate Model ) forcé par le GCM CGCM3 (Canadian Global Climate Model)
b. Dans cette étude, l’algorithme d’optimisation utilisé est un algorithme de programmation dynamique
stochastique initialement développé par Turgeon [2005]
197/279
Chapitre 8. Performance estimée et Incertitudes liées aux modèles de gestion
Sur la Figure 8.1, les signatures de stock moyennes obtenues par les trois modèles de gestion sont
exposées en fonction de la chaı̂ne de simulation GCM/Analog20 utilisée pour la génération des
scénarios météorologiques. Nous pouvons y observer en particulier que les signatures de stock
moyennes du modèle AIP sont presque toujours incluses entre les signatures AC et AIC. Sur la
Figure 8.2, ces mêmes signatures sont exposées en fonction du modèle de gestion utilisé pour les
simuler.
Sur ces deux figures, nous pouvons constater sur les deux périodes P1 et P2 , que les signatures
de stock moyennes obtenues par les trois modèles de gestion présentent toutes une diminution
des déstockages hivernaux ainsi qu’une augmentation des déstockages estivaux.
Pour une chaı̂ne de simulation GCM/Analog20 donnée, les déstockages estivaux sont iden-
tiques quel que soit le modèle de gestion utilisé (Figure 8.1), ce qui est logique puisque la
fourniture du débit de dotation est une contrainte commune aux trois modèles de gestion. L’aug-
mentation des déstockages estivaux sur les périodes P1 et P2 est donc pilotée par les simulations
GCMs et non par les modèles de gestion.
Les diminutions des déstockages hivernaux sur les périodes P1 et P2 ne sont pas identiques
pour les trois modèles de gestion (Figure 8.1). Notons par exemple le cas de la chaı̂ne DMIEH5C-
2/Analog20 pour laquelle (cf. courbes rouges Figure 8.2) :
pour le modèle AIC, la signature de stock moyenne est supérieure aux signatures obtenues
pour les autres chaı̂nes de simulation à la fin de l’hiver et au début du printemps durant
la période P2 (du fait d’un déstockage hivernal très limité)
pour les modèle AIP et AC, ce n’est pas le cas. Le déstockage hivernal diminue durant
P2 , mais les signatures de stock moyennes de ces modèles ne sont pas supérieures à celles
obtenues pour les autres chaı̂nes de simulation à la fin de l’hiver et au début du printemps.
198/279
8.2. Estimation des modifications de performance avec AC, AIC et AIP
Mm3
CNCM33-1 600 600 600
400 400 400
200 200 200
0 0 0
J FMAM J J A SOND J FMAM J J A SOND J FMAM J J A SOND
DMIEH5C-3
600 600 600
400 400 400
200 200 200
0 0 0
J FMAM J J A SOND J FMAM J J A SOND J FMAM J J A SOND
Figure 8.1 – Signatures de stock moyennes obtenues sur les périodes P0 (1970-1999), P1 (2036-
2065) et P2 (2070-2099) par les modèles AC (Trait plein), AIP (pointillés) et AIC
(tirets). La MDES utilisée pour descendre en échelle les différents scénarios GCM
est Analog20. Les signatures de stock moyennes sont établies sur la base de 30
réalisations de 30 années.
199/279
Chapitre 8. Performance estimée et Incertitudes liées aux modèles de gestion
Figure 8.2 – Signatures de stock moyennes obtenues sur les périodes P0 (1970-1999), P1 (2036-
2065) et P2 (2070-2099) par les modèles AC, AIC et AIP. La MDES utilisée pour
descendre en échelle les différents scénarios GCM est Analog20. Les signatures de
stock moyennes sont établies sur la base de 30 réalisations de 30 années.
la fiabilité vis-à-vis du respect de la cote touristique F ia (%) : Pour mémoire, elle est
définie comme la fréquence des journées pour lesquelles la cote touristique est satisfaite
pendant la période estivale sur une période de 30 années.
l’indicateur de revenus GHEP (U.M) : Cette indicateur correspond à la somme des ”reve-
nus” calculée sur une période de 30 années.
le volume déversé total VDev (Mm3 ) : Ce volume correspond à la somme des volumes
déversés sur une période de 30 années.
Pour chaque modèle de gestion et chaque chaı̂ne de simulation, il est possible d’obtenir les
fonctions de distributions de ces critères sur la base des 30 réalisations MDES retenues (cf .
chapitre 6). Ces fonctions de distribution sont respectivement illustrées en annexe de la thèse,
Figures A.16, A.17 et A.18. Les dispersions de ces distributions étant limitées nous nous fo-
caliserons sur les valeurs moyennes des critères, obtenues respectivement pour chacune d’entre
elles. Elles sont exposées dans les Tableaux 8.1a, 8.2a et 8.3a respectivement pour la fiabilité,
l’indice de revenus et le volume déversé. Les modifications de ces valeurs moyennes entre P0 et
200/279
8.2. Estimation des modifications de performance avec AC, AIC et AIP
les périodes P1 et P2 sont présentées dans les Tableaux 8.1b, 8.2b et 8.3b. Pour chaque période,
et pour chaque chaı̂ne de simulation GCM/ANalog20, les écarts relatifs entre les critères de per-
formance obtenus à partir des modèles AC ou AIC et le modèle de référence AIP, sont illustrés
dans les Tableaux 8.1c, 8.2c et 8.3c.
Fiabilité (F ia, %)
P0 (1970-1999) P1 (2036-2065) P2 (2070-2099)
À Á Â Ã Ä Å À Á Â Ã Ä Å À Á Â Ã Ä Å
AC 95.9 97 92.3 94.9 95.1 99.3 51.1 76.7 75.4 76.2 75.2 93.4 30 36.4 38.7 46.6 41.6 76.5
AIP 95.8 96.7 91.9 94.5 94.7 99.2 50.5 76.2 75.1 75.8 74.8 93.0 29.6 36.2 38.3 46.4 41.2 75.7
AIC 94.8 94.8 91.0 93.1 93.5 98 50.2 74.3 74.7 74.4 73.1 91.5 29.7 36.2 38.4 46.2 41.0 74.5
(a)
F iap
P1 P0
q (% %) F iap P2P0P0 q (% %)
P0
À Á Â Ã Ä Å À Á Â Ã Ä Å
AC -47 -20 -18 -20 -21 -6 -69 -62 -58 -51 -56 -23
AIP -47 -21 -18 -20 -21 -7 -69 -62 -58 -51 -56 -24
AIC -47 -22 -18 -20 -21 -7 -69 -62 -58 -50 -56 -24
(b)
P0 P1 P2
À Á Â Ã Ä Å À Á Â Ã Ä Å À Á Â Ã Ä Å
F ia AIP q (% %)
p ACAIP 0.1 0.3 0.4 0.4 0.4 0.1 1.2 0.7 0.4 0.5 0.5 0.4 1.4 0.6 1 0.4 1 1.1
AIC AIP
F iap AIP q (% %) -1 -2 -1 -2 -1 -1 -1 -3 -1 -2 -2 -2 0.3 0 0.3 -1 -1 -2
(c)
Tableau 8.1 – (a) Fiabilité du respect de la cote touristique selon le modèle utilisé. (b) Mo-
difications relatives de la fiabilité vis-à-vis du respect de la cote touristique
selon le modèle utilisé (% %) ; (c) Écarts relatifs entre les fiabilités estimées
avec les modèles AC et AIC par rapport au modèle AIP (% %) À : CNCM33-
1 ; Á : DMIEH5C-1 ; Â : DMIEH5C-2 ; Ã : DMIEH5C-3 ; Ä : MPEH5C-1 ; Å :
EGMAM2-3.
Fiabilité :
Quel que soit le modèle de gestion, la fiabilité diminue sur les périodes P1 et P2 pour l’ensemble
des chaı̂nes de simulation (Tableau 8.1a). La surestimation ou sous-estimation du critère de fia-
bilité par les modèles AC et AIC par rapport au modèle AIP, varie peu entre P0 et les périodes
futures P1 et P2 (Tableau 8.1c). Pour chacune des chaı̂nes de simulation, les écarts entre modèles
de gestion sont par ailleurs inférieurs aux écarts observés pour un même modèle de gestion et
plusieurs chaı̂nes de simulation. Ils sont de plus très faibles devant les modifications de fiabilité
entre différentes périodes (Tableau 8.1b).
En fait, pour une année donnée, la valeur de la fiabilité est étroitement liée aux apports nets
à la retenue de SP durant les mois de juillet et août.
Considérons le cas où la retenue est pleine à la date du 1er juillet, c’est à dire au premier jour
de la période estivale durant laquelle la contrainte de cote touristique est définie. La durée pen-
dant laquelle le niveau d’eau dans la retenue est supérieur à cette cote est conditionnée par les
apports nets sur cette période. A partir du 1er juillet et jusqu’au 31 août, si les apports nets
201/279
Chapitre 8. Performance estimée et Incertitudes liées aux modèles de gestion
sont globalement négatifs, alors le niveau de la retenue baisse et inversement. Dans le premier
cas (apports nets globalement négatifs sur juillet août), la fiabilité diminue dès que le niveau de
remplissage passe en dessous de la contrainte de cote touristique. Plus les apports nets durant
cette période sont négatifs, moins la durée durant laquelle le niveau de la retenue est supérieur
à la cote touristique est longue, et plus la fiabilité est faible.
Néanmoins, si une année donnée la cote n’est pas atteinte à la date du 1er juillet (ce qui est le
cas 9 années sur 10 en moyenne pour les modèles AIC et AIP), il est possible que le niveau de la
retenue n’atteigne jamais la cote touristique cette année là. Cela impliquerait une fiabilité nulle,
quelle que soit la valeur des apports nets. Ce type de configuration peut également être obtenu
pour le modèle AC pour les années suivant des périodes estivales aux apports nets très négatifs
(cf. Figure 7.16 page 180).
Sur une période de 30 années, le critère de fiabilité est la moyenne des fiabilités annuelles. Ce
critère est donc fonction de la moyenne des apports nets durant les mois de juillet et août mais
également de la variabilité inter-annuelle des niveaux de remplissage aux 1er juillet.
Les apports nets diminuant durant les périodes P1 et P2 a il en résulte une baisse de la fiabilité.
Cela est illustré sur la Figure 8.3 : chaque symbole de couleur représente la valeur de la fiabilité
moyenne sur une période donnée (noir pour P0 , bleu pour P1 et rouge pour P2 ), obtenue par un
des modèles de gestion (i.e. une étoile pour le modèle AC, un losange pour le modèle AIP
et un cercle barré ` pour le modèle AIC). Pour chaque période, les six chaı̂nes de simulation
sont représentées (des graphiques similaires sur P0 , P1 et P2 , pour lesquels sont différenciées les
chaı̂nes de simulation, sont exposés Figure A.19 de l’annexe).
100
90
80
70
60
50 AIC
40 AIP
30 AC
-60 -40 -20 0 20 40 60
net (Juil-Aout) (m3/s)
Figure 8.3 – Fiabilité moyenne sur les périodes P0 (noir), P1 (bleu) et P2 (rouge) en fonction
de l’espérance des apports nets entrant dans la retenue durant les mois de juillet
et août. Pour chaque période, les six chaı̂nes de simulation GCM/Analog20 sont
représentées
a. La diminution des apports nets entrant dans le système modélisé de SP est le résultat de l’augmen-
tation conjointe du débit de dotation (Figure 7.6 page 169) et de la diminution des apports (Figure 7.12
page 174) durant les mois de juillet et août.
202/279
8.2. Estimation des modifications de performance avec AC, AIC et AIP
Pour une période donnée, l’espérance des apports nets durant les mois de juillet et août varie
d’une chaı̂ne de simulation à une autre, les valeurs de fiabilité peuvent donc être très différentes
selon la chaı̂ne de simulation considérée (e.g. une diminution très importante sur P1 et P2 est
observée pour la chaı̂ne CNCM33-1/Analog20 alors qu’une une diminution plus modérée est
obtenue pour la chaı̂ne EGMAM2-3/Analog20 sur ces périodes, Tableau 8.1).
La relation liant la fiabilité et l’espérance des apports nets pendant la période estivale semble
linéaire pour les espérances d’apports nets inférieures à 20 m3 /s (Figure 8.3). La fiabilité étant
bornée à 100 %, la dispersion du critères de fiabilité observée pour les fortes d’apports nets (i.e.
les valeurs supérieures à 20 m3 /s) peut s’expliquer par différentes variabilités inter-annuelles des
apports nets estivaux et donc des niveaux de remplissage aux 1er juillet.
(c)
Tableau 8.2 – (a) Indicateur de revenus moyen (1015 U.M) obtenu selon le modèle utilisé (b)
Modification relative de l’indice de revenus selon le modèle utilisé (%) (c) Écart
relatif entre les indicateurs de revenus estimés avec les modèles AC et AIC par
rapport au modèle AIP (%). Les nombres en gras indiquent les diminutions très
différentes de revenus obtenus par le modèle AIC À : CNCM33-1 ; Á : DMIEH5C-
1 ; Â : DMIEH5C-2 ; Ã : DMIEH5C-3 ; Ä : MPEH5C-1 ; Å : EGMAM2-3.
Indicateur de revenus
Également, l’indicateur de revenus moyen GHEP diminue sur les périodes P1 et P2 quel que soit
203/279
Chapitre 8. Performance estimée et Incertitudes liées aux modèles de gestion
Les indicateurs de revenus GHEP , obtenus à partir des différents modèles de gestion sur les
périodes P0 , P1 et P2 présentent une relation linéaire très significative avec l’espérance des ap-
ports nets annuels à la réserve (Figure 8.4), et ceci quel que soit le modèle de gestion. Deux
configurations s’écartent cependant. Elles correspondent au modèle AIC et aux chaı̂nes de si-
mulation DMIEH5C-1/Analog20 et DMIEH5C-2/Analog20 sur la période P2 (cf. cercles barrés
rouges sur la Figure 8.4). Ces configurations suggèrent que d’autres facteurs peuvent influencer
la valeur de ce critère.
4.5
4.0
3.5
3.0 AIC
AIP
2.5 AC
40 50 60 70 80
3
net (m /s)
Figure 8.4 – Indicateur de revenus moyen sur les périodes P0 (noir), P1 (bleu) et P2 (rouge) en
fonction de l’espérance des apports nets annuels à la retenue. Pour chaque période,
les six chaı̂nes de simulation GCM/Analog20 sont représentées
Déversements
Le critère de déversement VDev est, parmi les critères de performance analysés, celui pour lequel
les surestimations de performance du modèle AC ainsi que les sous-estimations de performance
du modèle AIC sont les moins conservées sur les périodes P1 et P2 (Tableau 8.3).
204/279
8.2. Estimation des modifications de performance avec AC, AIC et AIP
Par nature, la prévisibilité des épisodes de crues est limitée pour le modèle AIP et d’autant
plus pour le modèle AIC, en particulier pour ceux qui surviennent à des périodes inhabituelles.
Cela explique les écarts importants entre les modèles de gestion sur la période P0 .
Globalement, les volumes déversés par les trois modèles de gestion diminuent sur les périodes
P1 et P2 . La majorité des déversements survient au printemps, c’est à dire durant la période où
les apports sont en moyenne les plus importants. Les volumes d’apports printaniers diminuant
en climat futur, il est logique d’obtenir une diminution des déversements.
Pour le modèle AC, les volumes déversés deviennent nuls pour la plupart des chaı̂nes de simu-
lation dès la période P1 . Cela ne permet pas la conservation de l’amplitude de la surestimation
de performance de ce modèle sur ce critère.
Sur les périodes P1 et P2 , la surestimation des déversements simulés par le modèle AIC est du
même ordre de grandeur que celle constatée sur la période P0 . exception faite des chaı̂nes de
simulation DMIEH5C-1/Analog20 et DMIEH5C-2/Analog20 sur P2 (Tableau 8.3c).
Tableau 8.3 – (a) Volumes déversés moyens (Mm3 ) obtenus selon le modèle utilisé sur une
période de 30 années (b) Modification relative du volume déversé moyen sur une
période de 30 années (%) (c) Rapport entre les déversements simulés par AC
et AIP et entre les déversements simulés par AIC et AIP. Les nombres en gras
indiquent une augmentation des prélèvements par rapport à P0 . À : CNCM33-
1 ; Á : DMIEH5C-1 ; Â : DMIEH5C-2 ; Ã : DMIEH5C-3 ; Ä : MPEH5C-1 ; Å :
EGMAM2-3.
205/279
Chapitre 8. Performance estimée et Incertitudes liées aux modèles de gestion
Pour les chaı̂nes de simulation explorées (i.e. les chaı̂nes GCM/Analog20), la réponse à Q1
est positive pour le critère de fiabilité F ia. L’analyse de la Figure 8.3 montre par ailleurs que la
valeur du critère de fiabilité, quel que soit le modèle de gestion, est fortement liée aux apports
nets entrant dans la retenue durant la période estivale (i.e. juillet et août).
Pour le critère GHEP , l’analyse du Tableau 8.2 montre que la surestimation du modèle AC
obtenue sur P0 est conservée sur P1 et P2 , ce qui n’est pas le cas de la sous-estimation du modèle
AIC pour deux chaı̂nes de simulation durant la période P2 . L’analyse de la figure 8.4 suggère une
forte relation entre GHEP et l’espérance des apports nets à la retenue, quel que soit le modèle
et la période. Cependant, les sous-estimations très importantes du modèle AIC pour les chaı̂nes
DMIEH5C-1/Analog20 et DMIEH5C-2/Analog20 incitent à explorer les raisons de ces écarts.
Une analyse similaire a été menée pour le critère de déversement VDev . Les importantes sous-
estimations de la performance par le modèle AIC sur la période P2 pour les mêmes chaı̂nes de
simulation (i.e. DMIEH5C-1/Analog20 et DMIEH5C-2/Analog20), nous conduiront à rechercher
pourquoi de telles sous-estimations de performance en climat futur ne sont-elles pas obtenues
pour les autres chaı̂nes de simulation ? De même, pourquoi sont t-elles obtenues sur la période P2
et pas sur la période P1 ? Quelles sont les particularités des scénarios ? Pourquoi ont-ils abouti
à une telle diminution de performance ?
8.3. Discussion
Les résultats présentés section 8.2 suggèrent, du moins pour les critères GHEP et VDev , que
des facteurs internes au modèle AIC peuvent engendrer des sous-estimations de performance
beaucoup plus importantes sur une période future comme nous avons pu le constater sur la
période P2 . Nous avons détaillé au chapitre 6 de cette thèse, la façon dont la stratégie de gestion
du modèle AIC est influencée par la variabilité des apports, et en particulier par le quantile 10
des apports nets, calculés sur la base de 30 réalisations de 30 années chacune.
Du fait de la diminution des apports et de l’augmentation des débits de dotation (cf. chapitre
7), les apports nets ont logiquement tendance à diminuer durant les périodes P1 et P2 . Par suite,
les quantiles 10 des apports, qui conditionnent la courbe guide de remplissage 90 % des modèles
AIC et AIP, ont également tendance à diminuer pour toutes les chaı̂nes de simulation.
Par ailleurs, à même niveau moyen d’apport, la courbe enveloppe des quantiles 10 est lo-
giquement plus basse pour les chaı̂nes de simulation présentant une variabilité inter-annuelle
forte. Sur P2 , c’est en particulier le cas pour les chaı̂nes de simulation DMIEH5C-1/Analog20 et
206/279
8.3. Discussion
DMIEH5C-2/Analog20 (cf. Tableau 8.4 a ), qui rappelons le, sont les deux chaı̂nes de simulation
pour lesquelles une très forte sous-estimation de la performance est obtenue par AIC sur cette
période. Sur la Figure 8.5 par exemple, nous pouvons facilement constater l’influence de la va-
riabilité inter-annuelle des apports nets sur la sous-estimation du critère GHEP par le modèle
AIC lorsque celle-ci est très forte.
Pourquoi est-ce que la variabilité inter-annuelle des apports nets engendre pour AIC une
sous-estimation importante du critère GHEP et dans le même temps, une surestimation des
déversements ?
Tableau 8.4 – Espérance annuelle EQnet et coefficient de variation annuel CvQnet des séries
d’apports nets à la retenue de SP (chaı̂nes GCM/Analog20)
.
Afin de fournir des éléments de réponse, nous allons dans un premier temps, uniquement
considérer les chaı̂nes de simulation CNCM33-1/Analog20 et DMIEH5C-2/Analog20. Ces deux
chaı̂nes particulières ont été choisies parce qu’elles présentent toutes les deux, durant la période
P2 , des espérances d’apports annuels similaires (i.e. EQnet égal à 37 m3 /s et 35.7 m3 /s respective-
ment) mais des variabilités inter-annuelles très différentes (CvQnet = 0.46 et 0.70 respectivement)
(cf. Tableau 8.4).
a. Dans ce tableau, la variabilité inter-annuelle des apports nets est représentée par le coefficient de
variation des apports nets annuels
207/279
Chapitre 8. Performance estimée et Incertitudes liées aux modèles de gestion
P0 P1 CNCM33-1
P2 DMIEH5C-1
4.5 4.5 4.5 DMIEH5C-2
DMIEH5C-3
MPEH5C-1
4.0 4.0 4.0 EGMAM2-3
Figure 8.5 – Première ligne : Indicateur de revenus moyen sur les périodes P0 (colonne gauche),
P1 (colonne milieu) et P2 (colonne droite) en fonction de l’espérance des apports
nets annuels à la retenue. Les résultats présentés sur ces trois figures sont les
mêmes que ceux présentés figure 8.4. Deuxième ligne : Identique à la première
ligne excepté que les indicateurs de revenus moyens sont exposés en fonction du
coefficient de variation des apports nets annuels.
Les stratégies de gestion obtenues pour ces deux chaı̂nes s’avèrent être très différentes comme
cela est illustré et explicité par le biais des Figures 8.6 et 8.7 :
La Figure 8.6a présente les 900 années d’apports nets de l’historique du modèle AIC
(courbes grises) pour la chaı̂ne de simulation CNCM33-1/Analog20. Les quantiles 10, 50
et 90 sont respectivement présentés en noir, rouge et bleu. Pour rappel, la courbe enveloppe
des quantiles 10 (noir) conditionne la courbe guide de remplissage 90 %. Le code couleur
est identique pour les Figures 8.6b et 8.6c.
La Figure 8.6b présente le cumul des apports nets pour chacune de ces 900 années. La
courbe enveloppe des quantiles 10 des cumul d’apports nets (noir) correspond au cumul
de la série des quantiles 10 d’apports nets illustrée courbe noire Figure 8.6a.
La figure 8.6c présente la courbe de remplissage calculées pour chacune des 900 années.
Les 900 courbes de remplissage sont utilisées par le modèle AC lors de la simulation de
ces années. La courbe bleue est la courbe guide de remplissage 90 % utilisée par le modèle
AIC.
Les graphiques exposés Figure 8.7 sont similaires à ceux de la Figure 8.6, mais font réfé-
rence à la chaı̂ne de simulation DMIEH5C-2/Analog20.
Une grande variabilité inter-annuelle des apports nets annuels se traduit en particulier par
des quantiles 10 et 90 moins proches du quantile médian, en particulier durant la période prin-
208/279
8.3. Discussion
tanière a . Cela s’observe sur les Figures 8.6a et 8.7a. Cela se voit encore mieux sur les Figures
8.6b et 8.7b.
Pour un scénario d’apports nets donné, la valeur cumulée des apports nets à la retenue entre
le 1er septembre et le 1er juillet conditionne complètement le niveau de remplissage de la réserve
nécessaire au 1er septembre pour garantir l’objectif de cote au début de la période estivale b . Les
valeurs minimales requises de ces niveaux de remplissage sont exposées dans le Tableau 8.5 pour
les quantiles 10 et 50 des apports nets cumulés.
a. Pour faciliter la lecture de ces graphiques, l’axe des ordonnées est limité à 40 Mm3 . Sur les figures
8.6 et 8.7, l’origine temprelle des graphiques est le 1er septembre, i.e. le premier jour après la contrainte
de cote touristique.
b. Pour mémoire, l’objectif au 1er juillet est fixé à 972.9 Mm3
209/279
Chapitre 8. Performance estimée et Incertitudes liées aux modèles de gestion
Pour garantir l’objectif de cote au 1er juillet pour au moins 50 % des scénarios, il n’est pas
50% 3
nécessaire de disposer d’eau dans la retenue au 1er septembre, (S01 {09 = 0 Mm pour les deux
chaı̂nes de simulation). Pour garantir l’objectif de cote au 1er juillet pour au moins 90 % des
{09 195.6 Mm est requis à la date du 1 septembre pour la chaı̂ne
90 % 3 er
scénarios, un volume S01
{09 475.3 Mm pour la chaı̂ne DMIEH5C-2/analog20
90 % 3
CNCM33-1/Analog20 et un volume S01
soir un écart de l’ordre 280 Mm3 entre les deux chaı̂nes. Il en résulte une courbe guide de
remplissage 90 % beaucoup plus sévère pour la chaı̂ne de simulation DMIEH5C-2/analog20
(courbes bleues Figures 8.6c et 8.7c), alors que ces deux chaı̂nes de simulation présentent une
espérance d’apports nets annuels similaire.
CNCM33-1/Analog20 DMIEH5C-2/Analog20
Cumul Qnet10 01/09Ñ01/07 777.3 Mm3 497.6 Mm3
90 %
S01 {09 195.6 Mm3 475.3 Mm3
Cumul Qnet50 01/09Ñ01/07 1352.7 Mm3 1273.1 Mm3
50 %
S01 {09 0 Mm3 0 Mm3
Tableau 8.5 – Quantiles 10 et médian du cumul des apports nets du 1er septembre au 1er
50 % 90 % er
juillet. S01{09 et S01{09 représentent le volume à disposer en stock à la date du 1
septembre pour pouvoir garantir l’objectif de cote au 1er juillet respectivement
pour au moins 50 % et 90 % des scénarios d’apports nets. Pour mémoire, l’objectif
de cote au 1er juillet est de 972.9 Mm3 .
Pour une année donnée, la courbe guide de remplissage du modèle AC est une des courbes
grises exposées Figures 8.6 ou 8.7b. Plus la courbe guide de remplissage 90 % du modèle AIC
(courbes bleues Figures 8.6c ou 8.7c) en est proche, plus la gestion réalisée par le modèle AIC
devrait être proche de celle réalisée par le modèle de gestion AC cette année là.
Il en découle que plus la courbe guide de remplissage 90 % du modèle AIC et proche de la
courbe guide de remplissage médiane (courbes rouges Figures 8.6c et 8.7c), plus la performance
estimée par le biais de ce modèle de gestion devrait être proche de celle obtenue à partir du
modèle de gestion AC. Il est donc logique que la performance obtenue pour l’ensemble des 900
années simulées à partir du modèle AIC soit plus proche de celle du modèle AC pour la chaı̂ne
de simulation CNCM33-1/Analog20 que pour la chaı̂ne de simulation DMIEH5C-2/Analog20.
Par ailleurs, la courbe guide de remplissage 90 % beaucoup plus sévère obtenue pour la chaı̂ne
DMIEH5C-2/Analog20 explique pourquoi la signature de stock moyenne AIC présente un désto-
ckage très limité vis-à-vis des autres modèles de gestion durant la période P2 (Figures 8.2 et 8.1).
Nous pouvons également constater que la courbe de remplissage 90 % calculée pour la chaı̂ne
de simulation DMIEH5C-2/Analog20 présente un palier à partir du 9 mai, égal à la capacité
S max de la retenue. En fait à partir de cette date, un volume supérieur à la capacité de rem-
plissage de la retenue (i.e. 1030 Mm3 ) est nécessaire pour au moins 10 % des scénarios afin de
satisfaire la cote au 1er juillet. Or à cette période de l’année, les apports nets sont toujours
élevés pour de nombreux scénarios (cf. Figures 8.7a). Si la réserve est pleine à partir du 9 mai,
il existe un risque important de déversement pour ces scénarios (si la réserve est pleine, il y a
déversement dès lors que l’apport au réservoir est supérieur au volume journalier pouvant être
210/279
8.3. Discussion
turbiné Rmax ). Il en résulte pour cette chaı̂ne de simulation des déversements très élevés simulés
par le modèle AIC (cf. Tableau 8.3a). Les volumes déversés ne contribuant pas au critère GHEP ,
par combinaison, cela engendre la forte sous-estimation des revenus précédemment discutée pour
ce modèle de gestion.
0 0 0
S O N D J F M A M J J A S O N D J F M A M J J A S O N D J F M A M J J A
Figure 8.8 – Courbes guides de remplissage 90 % (courbes pleines) et courbes guides de rem-
plissage médianes (tirets). La courbe guide de remplissage 90 % est l’enveloppe
des quantiles 90 des 900 courbes guides de remplissage, obtenues pour chacune
des 900 années de l’historique (30 réalisations 30 années)
Pour l’ensemble des chaı̂nes de simulation, les courbes guides de remplissage 90 % (courbes
pleines Figure 8.8) sont de plus en plus sévères sur les périodes P1 et P2 , mais surtout elles
sont de plus en plus éloignées des courbes médianes (tirets Figures 8.8). Comme nous l’avons
détaillé précédemment, cela résulte de la diminution du quantile 10 des apports nets étant donné
i) la diminution des apports nets moyens et ii) l’augmentation de la variabilité inter-annuelle des
apports nets (Tableau 8.4).
Pour le modèle AIP, la gestion du remplissage de la retenue est également probabiliste, comme
le modèle AIC. Les courbes guides de remplissage 90 % recalculées chaque mois par ce modèle.
De même que pour les modèles AC et AIC, elles sont plus sévères sur les périodes P1 et P2 que
sur la période P0 (elles héritent en partie de l’augmentation de la variabilité inter-annuelle des
apports nets). Elles se situent entre les courbes de remplissage 90 % du modèle AIC présentées
en trait plein Figure 8.8 et les courbes de remplissage du modèle AC, dont les médianes sont
211/279
Chapitre 8. Performance estimée et Incertitudes liées aux modèles de gestion
représentées par des tirets sur la Figure 8.8. Elles sont moins sévères que celles du modèles AIC
grâce au système de prévisions hydrologiques qui, comme sur la période P0 , permet de limiter la
sévérité de ces dernières et autorise des déstockages hivernaux en moyenne plus importants que
ceux obtenus par le modèle AIC (Figure 8.1) ce qui par suite, évite les configurations telles que
nous les avons observées pour le modèle AIC et les chaı̂nes de simulation DMIEH5C-1/Analog20
et DMIEH5C-2/Analog20.
8.4. Conclusion
L’influence des différentes représentations des stratégies de gestion sur l’estimation de la
performance du système modélisé de SP a été détaillée. Trois modèles de gestion ont été utilisés
à cet effet, à savoir :
Le modèle AIP, utilisant à la fois une connaissance climatologique des variables d’intérêt à
la gestion ainsi qu’un système de prévisions hydrologiques pour construire sa stratégie de
gestion. La performance estimée par ce modèle est considérée comme la plus représentative
du système réel de gestion de SP. Elle est considérée comme référence.
Le modèle AC, utilisant des prévisions parfaites des variables d’intérêt à la gestion pour
construire une stratégie parfaitement adaptée au contexte ressource-usages pour l’ensemble
de la période de simulation considérée. Ce modèle surestime la performance de référence.
Le modèle AIC, utilisant seulement une connaissance climatologique de l’avenir pour éta-
blir sa stratégie de gestion. Ce modèle sous-estime la performance de référence.
Pour chacun des trois modèles de gestion, l’estimation de la performance a été réalisée sur
trois périodes distinctes (i.e. 1970-1999 (P0 ), 2036-2065 (P1 ) et 2070-2099 (P2 ), en utilisant en
phase de simulation de la gestion, la stratégie de gestion propre à chacun de ces modèles. Ces
stratégies de gestion ont été optimisées sur chacune de ces périodes dans une étape préliminaire.
La question à laquelle nous souhaitions répondre était de savoir si l’utilisation d’un modèle
de gestion simplifié (comme AC et AIC) permettait d’évaluer convenablement la performance,
obtenue par ailleurs par un modèle de référence, sur chacune des périodes P0 , P1 et P2 . Cela
impliquerait que les surestimations et / ou sous-estimations des critères de performance calcu-
lées par le biais de ces modèles simplifiés sur une période de contrôle P0 , se conservent sur les
périodes futures P1 et P2 .
Pour le critère de fiabilité, la surestimation par le modèle AC, aussi bien que la sous-
estimation par le modèle AIC, sont similaires sur les périodes P1 et P2 vis-à-vis de la
période P0 .
212/279
8.4. Conclusion
cote touristique, d’être beaucoup moins sévère sur la courbe guide de remplissage. Celle
ci est adaptée en permanence, selon l’état observé du système. Cette adaptabilité échappe
complètement au modèle de gestion AIC qui conduit à une gestion de côte pendant la
période de remplissage beaucoup plus sévère pour les scénarios ou la variabilité inter-
annuelle des apports nets est élevée ce qui est le cas sur la période P2 pour deux chaı̂nes
de simulation (i.e. DMIEH5C-1/Analog20 et DMIUEH5C-2/Analog20). Dans ces cas, la
sous-estimation de la performance pour les critères GHEP et VDev n’est pas conservée, elle
augmente considérablement.
à la façon dont sont construites les stratégies de gestion, c’est à dire à l’utilisation d’une
courbe guide de remplissage 90 %. Cela implique que la variabilité inter-annuelle des
apports nets a une influence majeure sur la stratégie de gestion et la performance du
système, en particulier pour le modèle AIC.
à la nature du bassin versant : de son régime hydrologique et des usages considérés via la
plus ou moins grande prévisibilité des apports nets d’une année à l’autre qui résulte i) de
la variabilité inter-annuelle des forçages météorologiques et ii) de l’inertie hydrologique du
bassin versant (i.e. stockage des précipitations hivernales et fonte au printemps). L’inertie
hydrologique diminue fortement de P0 à P1 puis à P2 . Cela aurait pu impliquer que la
surestimation de la performance obtenue avec le modèle AC augmente en climat futur et
que la sous-estimation de performance obtenue avec AIC diminue en climat futur. Cela
n’est cependant pas ressorti.
213/279
Chapitre 8. Performance estimée et Incertitudes liées aux modèles de gestion
Synthèse
Objectifs
La modification de l’estimation de la performance d’un système de gestion peut
être évaluée entre une période de contrôle P0 (1970-1999) et une période future P1
(2036-2065) ou P2 (2070-2099), à partir des résultats de simulation d’un modèle de
gestion.
Ce chapitre explore la possibilité d’évaluer les probables modifications de la per-
formance estimée d’un système en climat futur, à partir d’une représentation très
simplifiée de la gestion de ce système (i.e. les modèles AIC et AC). L’estimation de la
performance du système évaluée à partir du modèle AIP est ici considérée être celle de
référence, car la gestion réalisée par ce dernier est la plus proche de celle réalisée en
opérationnel.
Cadre d’analyse
Les stratégies de gestion des modèles AIC et AIP sont établies sur les périodes P0 ,
P1 et P2 . Ce choix surestime a priori la performance de ces modèles sur ces périodes.
Néanmoins il présente l’avantage de calculer les stratégies de gestion des trois modèles
(i.e. AC, AIC et AIP) sur les mêmes périodes. Les différences de performances obtenues
entre ces trois modèles pourront être associées à la prévisibilité des variables d’intérêt
différente selon les modèles.
Principaux résultats
La surestimation de la performance avec le modèle AC et la sous-estimation de la
performance avec le modèle AIC sont plus ou moins conservées en climat futur. Ce
résultat est toutefois erroné pour certaines configurations ou pour certains critères :
Une stratégie de gestion basée sur la climatologie uniquement (i.e. modèle AIC)
peut engendrer une sous-estimation plus importante de la performance, en climat
futur qu’en climat de contrôle. En particulier lorsque la variabilité inter-annuelle
de certaines variables augmente en climat futur. Pour le cas d’étude exploré dans
cette thèse, cela concerne la variabilité inter-annuelle des apports nets qui struc-
ture la stratégie de gestion du modèle AIC.
La surestimation de la performance obtenue avec un modèle de gestion utilisant
une prévisibilité parfaite des variables d’intérêt de la gestion peut augmenter en
climat futur pour certain critère de performance. C’est le cas pour les volumes
déversés, qui deviennent nuls pour le modèle AC alors d’importants volumes sont
toujours déversés sur les périodes P1 et P2 avec le modèle de référence AIP.
214/279
Conclusions et Perspectives
215/279
8.4. Conclusion
Rappel de la problématique
La gestion dans le temps et dans l’espace de cette ressource est possible grâce à de multiples
aménagements hydrauliques, construits le long des rivières. Les grands barrages, multiusages
pour la plupart, sont les pièces maı̂tresses de ces systèmes. De par leur importante capacité
de stockage, ils sont capables de moduler la fourniture en eau en fonction de la demande. Les
décisions prises quotidiennement par les gestionnaires de ces systèmes, sont guidées par des
règles de gestion qui se décomposent en i) une règle de répartition de la ressource en eau entre
les différents usages et usagers, et ii) une stratégie de distribution temporelle. Ces règles de
gestion, établies au fil des années, sont adaptées d’une part à la nature et à la diversité des
objectifs et usages à satisfaire, et d’autre part au contexte climatique courant. Durant le siècle
à venir, le contexte climat-usages devrait être profondément modifié, principalement pour les
raisons suivantes :
En réponse à ces changements, les règles de gestion actuelles des systèmes de gestion devraient,
a priori, ne plus être adaptées. Estimer les probables modifications de la performance pour
217/279
Chapitre 8. Performance estimée et Incertitudes liées aux modèles de gestion
des périodes futures nécessite de pouvoir simuler la gestion de ces systèmes. Ce type d’exercice
requiert une chaı̂ne de simulation composée de différents modèles et basée sur différents scénarios
d’évolution future, dont a minima :
L’objet de cette thèse est i) de mettre en place la chaı̂ne de simulation permettant de faire
l’estimation de performance contrôle / futur pour un système de gestion donné et ii) d’estimer
en particulier l’effet de ces dernières sources d’incertitudes sur cette estimation.
Travail effectué
Le cadre d’analyse de ce travail de thèse est le projet de recherche RIWER 2030 (http:
//www.lthe.fr/RIWER2030/AboutRIWER.html) dont la région d’étude est limitée à la Durance
en amont de la retenue de Serre-Ponçon. Les GCMs utilisés pour la génération des variables
météorologiques grande échelle sont ceux de l’expérience STREAM2 du projet ENSEMBLES
[2009], pour le scénario A1B. Pour générer des scénarios de forçages météorologiques à l’échelle
du bassin de la Durance amont, trois MDES ont été considérées : Dsclim (Lafaysse [2011]), D2gen
(Mezghani et Hingray [2009]) et Analog (Obled et al. [2002]; Bontron [2004]), respectivement
développées au CERFACS, LTHE et à EDF. Le système de gestion de la ressource en eau
considéré est la retenue de Serre-Ponçon, située à l’exutoire du bassin versant étudié. Un ensemble
de scénarios météorologiques, générés dans le cadre du projet RIWER 2030 ont été utilisés en
entrées des modèles d’usages de l’eau et de gestion développés durant cette thèse.
218/279
8.4. Conclusion
Pour le premier point, nous avons proposé une modélisation de la demande à fournir à l’aval
de la retenue. Elle intègre une représentation conceptuelle de l’utilisation agricole de l’eau sur
le bassin de la Basse-Durance et les apports des bassins intermédiaires entre la retenue et les
périmètres irrigués.
La contrainte touristique se traduit par un niveau de remplissage à garantir au mieux lors des
mois de juillet et août. Nous avons modélisé cette contrainte par une courbe guide de remplissage
déterminée, dans le cas d’une gestion en avenir incertain, sur la base d’une analyse climatolo-
gique du risque de non satisfaction à 10 % de l’objectif de cote.
Pour le troisième point, la production hydroélectrique de la retenue est optimisée à partir d’un
intérêt à produire de l’énergie. Cet intérêt est supposé être la consommation électrique France,
dont une modélisation est proposée dans la thèse.
Trois modèles de gestion de la retenue de Serre-Ponçon ont été développés durant cette thèse.
Ils reposent sur une optimisation sous contrainte de la production énergétique. L’optimisation
consiste à réaliser le meilleur placement dans le temps de la production énergétique (en fonction
de l’intérêt à turbiner) tout en respectant les contraintes i) de satisfaction de la demande en
eau en aval et ii) de remplissage durant la période estivale. Ce problème d’optimisation est
résolu pour les trois modèles de gestion, à partir d’un algorithme de programmation dynamique.
La différence entre ces trois modèles de gestion intervient lors du processus d’optimisation des
stratégies de gestion. Elle résulte de différents degrés de prévisibilité des variables d’intérêt de
la gestion (apports, sollicitations), c’est à dire :
219/279
Chapitre 8. Performance estimée et Incertitudes liées aux modèles de gestion
Deux critères basés sur une quantification des défaillances du système vis-à-vis de l’objectif
touristique : un critère de fiabilité mesurant la fréquence des journées sans défaillance, deux
critères de vulnérabilité fournissant une mesure de leur intensité
Un indicateur de revenus, indiquant la capacité du modèle à optimiser la production en
fonction de l’intérêt à produire de l’énergie.
Un critère de déversements, indiquant la quantité d’eau déversée sur une période de simu-
lation fixée.
Le modèle AIP est sans aucun doute celui dont la gestion se rapproche le plus de celle réalisée
en opérationnel car il intègre un processus de prévisions hydrologiques dans l’optimisation de
la stratégie de gestion. La performance du système obtenue avec ce modèle est considérée être
une référence. A ce titre, la performance estimée avec le modèle AC est surestimée du fait d’une
connaissance parfaite de l’avenir. Celle estimée avec le modèle AIC est sous-estimée du fait d’une
connaissance limitée à la climatologie des variables d’intérêt de la gestion.
En climat futur, pour les scénarios et selon les chaı̂nes de simulation considérées, la perfor-
mance du système modélisé de Serre-Ponçon est amenée à diminuer quel que soit le modèle de
gestion considéré dans la majorité des configurations, en particulier :
220/279
8.4. Conclusion
En climat futur, les scénarios de forçages météorologiques varient d’une chaı̂ne de simulation
à une autre. Au contraire de ce qui est généralement admis pour les variables de précipitation
et de température, l’incertitude liée à la descente d’échelle est du même ordre de grandeur que
celle liée au GCMs.
Ces incertitudes se propagent par la suite en aval des MDES, sur les sorties des modèles de
contraintes et d’usages. Il en résulte des scénarios d’apports et de demandes différents sur ces
périodes. Pour ces sorties de modèles, l’incertitude liée aux MDES est une nouvelle fois du même
ordre de grandeur que celle liée aux GCMs.
Un résultat similaire est obtenu pour les modifications de la performance estimée du système
modélisé de Serre-Ponçon. Également, contrairement à ce qui est admis, le choix de la MDES
est un facteur significatif sur l’estimation de performance réalisée en climat modifié, tout comme
peut l’être celui d’un GCM particulier.
Ainsi, pour prendre en compte les incertitudes liées aux générations de forçages météoro-
logiques, nous préconisons l’utilisation de plusieurs GCMs (voir même de plusieurs runs d’un
même GCM) et de plusieurs MDES.
De même, la performance estimée est fortement dépendante du modèle retenu pour représen-
ter la stratégie de gestion. Dans le cas présent, nous avons aussi montré que la surestimation de la
performance du modèle AC et la sous-estimation du modèle AIC sont plus ou moins conservées
sur des périodes futures.
Néanmoins, cela n’est pas vérifié pour certains critères de performance, comme celui de déverse-
ment par exemple. De même la sous-estimation de la performance réalisée avec le modèle AIC
s’est révélée pouvoir largement augmenter, en particulier lorsque la variabilité inter-annuelle des
débits augmente fortement pour les climats futurs.
Nous sommes donc en droit d’attendre pour n’importe quel système de gestion, une estima-
tion potentiellement très erronée de la performance réelle du système de gestion, dès lors que
221/279
Chapitre 8. Performance estimée et Incertitudes liées aux modèles de gestion
Les résultats sont certainement très contextuels au cas d’étude de Serre-Ponçon, et en par-
ticulier à l’expression de certaines contraintes comme la courbe guide de remplissage 90 % qui
conduit la série des quantiles 10 des apports nets à fortement influencer les stratégies de gestion
du modèle AIC et dans une moindre mesure celle du modèle AIP.
Perspectives
L’estimation de la performance future d’un système de gestion est très incertaine. Deux
sources d’incertitudes majeures, liées à la génération des forçages météorologiques en climat mo-
difié, ont été mises en évidence dans cette thèse. Il en existe de nombreuses autres, comme celles
liées au devenir des usages de l’eau ou à la modélisation hydrologique par exemple. Nous pensons
que ces sources d’incertitudes doivent également être explorées ce qui n’est généralement pas le
cas dans les études réalisées.
Nous avons fait une analyse qualitative de la contribution des différentes sources d’incer-
titude à l’incertitude globale. Il serait intéressant et nécessaire de quantifier ces contributions
pour mieux estimer leurs importances relatives. Des analyses statistiques comme des analyses
de variance par exemple, pourraient être réalisées. A minima, il serait nécessaire de disposer
de résultats de simulation de gestion pour un nombre de chaı̂nes de simulation GCM/MDES
plus conséquents (matrice de chaine de simulation complète). A court terme, sur le bassin de
Serre-Ponçon, la matrice présentée dans le Tableau 7.1 doit être complétée. De telles analyses
statistiques pourraient faire ressortir des sources d’incertitudes très significatives par rapport
à d’autres, ce qui par suite, pourrait encourager certains axes de recherches pour les années à
venir comme par exemple l’amélioration des GCMs ou des MDES, ce qui est en dehors de notre
champ de compétence.
Les résultats obtenus dans cette thèse suggèrent également que l’utilisation d’un modèle dont
la représentation de la gestion est trop simplifiée, peut conduire à une sous-estimation ou une
surestimation importante de la performance du système. Pour le cas du système de gestion de
la CPH-DV, il est nécessaire d’étendre l’analyse de performance à une dimension supérieure de
222/279
8.4. Conclusion
celle du projet RIWER 2030 qui est la retenue de Serre-Ponçon. Une perspective importante de
ce travail de thèse serait donc d’intégrer davantage de contraintes et d’usages de l’eau propre
à cette chaı̂ne de production hydraulique. Ce travail passe par une modélisation hydrologique
sur le bassin aval de Serre-Ponçon, une modélisation plus fine des pratiques agricoles et des
demandes en eau liées actuelles, une meilleure ”scénarisation” des usages futurs et de leur évo-
lution en nature et intensité. Dans une perspective où le mix énergétique est amené à évoluer,
en particulier du fait de l’intégration progressive des énergies renouvelables intermittentes, la
fonction d’intérêt à la production d’hydroélectricité doit également être repensée. Par exemple,
à même niveau de demande en énergie, la fonction objectif devrait privilégier la production lors
des journées nuageuses (peu de production solaire) et sans vent (peu de production éolienne).
223/279
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237/279
238/279
Annexe A
Annexes
239/279
Chapitre A. Annexes
Abstract
Deterministic dynamic programming can be used to retrospectively identify optimal
management operations of water storage reservoirs that could have been achieved for a given
time period in an ideal configuration where future inflows and demand are perfectly known. A
by-product of dynamic programming is the estimation of the storage water value (SWV). This
corresponds to the marginal value of the future benefits that would be obtained from more
water in the reservoirs and therefore determines the optimal operating strategy for the
reservoir. SWV depends on the reservoir level and shows seasonal as well as inter-annual
variations. It reflects the adequacy between inflows and demand in terms of both total
amounts and timing within the period.
The SWV approach is applied to a simplified water resource system in a mountainous region
to better understand the optimal operating strategy and the underlying adequacy between
water resources and uses. The SWV is then used to characterize how and why the adequacy
and optimal strategy could change for the system if the climate and/or demand change. The
sensitivity of SWV to changes in mean regional temperature (increase) and/or precipitation
(decrease) is analyzed. The influence of the nature of water demand on the SWV is also
described (energy production or minimum lake level maintenance).
In the studied case, the adequacy between water resources and demand can either increase or
decrease depending on the future scenario considered. In all cases, the seasonality of SWV is
expected to change implying for example that earlier water storage is required to efficiently
satisfy summer water demand.
Keywords: Dynamic programming, Climate change, Value of storage water, Reservoir,
Hydroelectricity, Strategy
1 Introduction
Water resources are controlled and regulated around the world to provide a number of goods
and services such as hydroelectricity, irrigation and mitigation of drought and flood related
risks [Labadie, 2004]. Their management requires allocation rules that take into account
conflicting objectives such as economic performance, equity and integrity of ecosystems. In
the past, these rules were often determined empirically over time on the basis of economic
and political considerations (e.g. Westaway [2000]). Recent decades have brought about more
sophisticated optimization techniques designed to maximize the net benefits from all related
goods and services according to the current status of the water system [Harou et al., 2009].
Allocation rules are usually optimized or based on the hydro-socio-economical context of past
decades. They must therefore be adapted if economic or resource use conditions are modified
[Payne et al., 2004; Madani and Lund, 2010; Vicuna et al., 2010]. For instance, the interest of
producing hydroelectricity is expected to increase in the future, due to the projected increases
240/279
A.1. Article soumis à Water Resources Research
in production costs of fossil energy sources and the value of carbon offsets [Jeuland, 2010].
The concern for preserving or restoring acceptable hydrological conditions for water
ecosystems or recreational activities is also increasing worldwide [Loomis, 2000]. Changes in
meteorological forcing at regional scale, especially in relation to temperature and
precipitation, are also expected to influence the balance between water resources and uses
[Riebsame, 1988; Vicuna et al., 2008].
We will focus here on the possible effects of climate change on the value of water stored in a
reservoir in a mountainous region. Thanks to high elevation and high precipitation related to
orographic effects, mountain catchments present a huge potential for hydroelectric
production. However, in high elevation catchments, spatial and temporal variations of the
snowpack make the hydrological regimes of rivers highly seasonal with respectively low and
high flows in the snow-accumulation and snowmelt seasons. In addition, the demand for
hydroelectricity is also highly seasonal, driven in such regions by consumption peaks that
mainly occur during winter (e.g. Schaefli et al. [2007]). Reservoirs in mountainous regions
were historically managed on the basis of the joint analysis of inflows from past hydrological
regimes and the seasonality of electricity demand, the main economic interest being to store
water in spring when hydrological inflows are high and use it in winter when electricity
demand is high. To achieve this, daily reservoir operations can be simply determined by rule
curves based on historical inflow data from past decades and designed to fill the reservoir
before the arrival of winter low flows and the high demand season (around late autumn)
[Marnezy, 2008].
Over recent decades, many mountain reservoirs have been assigned additional management
objectives related to maintaining low flows as well as irrigation and drinking water supply.
Suitable management rules for such systems can be determined using optimization techniques
coupling decisions in time like stochastic dynamic programming (SDP) [Labadie, 2004]. With
SDP, a system management strategy is first determined so as to maximize, over a given
reference period in the past, the expected value of a given benefit function balancing different
economic objectives. The optimization is carried out in a configuration where future inflows
and uses are only partially known or even totally unknown. The resulting strategy, that can be
time invariant if the future it totally unknown, is then used for day-to-day system operation
[Wolfgang et al., 2009].
For prospective or retrospective analyses, optimal system operations can be determined for an
ideal configuration where the future resources and demand are perfectly known. Deterministic
Dynamic Programming (DDP) is used in this case [Yakowitz, 1982]. A first output of DDP is
the day-to-day optimal operating strategy that maximizes the chosen benefit function over the
whole period. This optimal operating strategy and the resulting day-to-day operations
obtained in the next simulation stage are optimal with respect to the a priori known time series
of water inflow and demands for the period.
In either DDP or SDP, the operating strategy or policy obtained in the first optimization stage
can be described by the marginal Storage Water Value (SWV) for different reservoir levels.
For DDP, the SWV represents the future benefit that would be obtained at any given time
from an additional unit of water volume stored in the reservoir. It is basically governed by two
terms: i) the priority levels assigned to each management objective (defined by the weights
and economical values assigned to the different uses) and ii) the adequacy between water
resources and uses both in terms of total amounts and timing. The variations of SWV with
time for different reservoir levels are a useful indicator of the temporal goodness of fit
between the resource and the demand. This indicator highlights the role played by reservoirs
in redistributing water throughout the year or even from one year to another and can be used
to index water scarcity.
241/279
Chapitre A. Annexes
The present study looks at how the temporal pattern of SWV estimated with DDP can be
modified by changes in climate or demand. Climate change influences the seasonality of the
hydrological regimes of rivers in mountainous regions. Warmer temperatures will reduce the
snow/rainfall ratio and shorten the snow accumulation period, reducing the spring snowmelt
flood and shifting it two weeks to one month earlier in the year [Horton et al., 2006]. At the
same time, warmer temperatures are expected to modify the seasonal pattern of electricity
demand with lower consumption for heating during winter and greater needs for cooling
during summer [Alcamo et al., 2007]. The temporal fit between inflow and demand is thus
expected to drastically change with respect to present and past conditions which will in turn
significantly influence the mean and seasonal pattern of SWV.
The variations of SWV with time are simulated here for a simplified water resource system. A
single storage reservoir located in a catchment of the southern French Alps is considered
under the present climate and a suite of future climate scenarios. SWV sensitivity to the
intensity of mean regional temperature increase and/or precipitation decrease is analyzed. The
influence of the nature of water demand on the SWV is explored (energy production and/or
water level maintenance).
The paper is organized as follows. Section 2 briefly describes the basic principles of the
deterministic dynamic programming theory used to identify the optimal operating strategy for
a multipurpose reservoir system and estimate the corresponding marginal values of water
storage. Section 3 presents the simplified water resource system, the data and the simulation
models considered in this application to the Upper Durance Basin (France). It also describes
the future climate scenarios considered in the work. SWV climatological signatures obtained
for the present and future climate contexts are presented and discussed in Sections 4 and 5.
Section 6 presents the conclusions.
2 Methods
2.1. Optimization of multipurpose reservoir operations
Multipurpose reservoir systems are operated over a planning horizon [t0-tN] divided into N
time steps of duration Δt denoted as ti or simply indexed by i. To optimize a sequence of
operation decisions uti ,we maximize a given performance measure J using:
𝑡𝑁 [1]
𝐽= 𝑔(𝑠𝑡𝑖 , 𝑢𝑡𝑖 , 𝑡𝑖 ) + (𝑠𝑡𝑁 )
𝑡 𝑖 =𝑡 0
where sti is the state vector describing the system at the beginning of the period [ti, ti+ Δt], uti
a vector of operation decisions during the period [ti, ti+ Δt], g the current benefit resulting
from operations uti at state sti and h( stN ) is a boundary condition that describes the value of
water stored in the reservoir for the final system state stN .
In a classical reservoir optimization problem, the state vector is defined by the storage level in
the reservoir. The current benefit function is a weighted sum of i) the benefits for the current
production of different services and goods and ii) the costs of current system failures resulting
from the non-satisfaction of operating constraints related in downstream water demand targets
or to other objectives assigned to the water system. This function reads:
242/279
A.1. Article soumis à Water Resources Research
where gj is either the monetary benefits of services and goods or the monetary costs of failures
resulting from operation uti at state sti during [ti,- ti+ Δt] and cj is a weighting constant
defined according to the priority level assigned to use j. Examples of services and goods are
those obtained from hydroelectric production or from tourism when the reservoir is used for
recreational activities such as water sports or fishing. Examples of failures are when
downstream water demand for irrigation or drinking water cannot be supplied or when the
minimum environmental flow cannot be provided in downstream rivers.
2.2. Deterministic Dynamic Programming
Dynamic programming is an optimization method developed by Masse [1946] and Bellman,
[1957] for multistage dynamic decision processes. Yakowitz [1982] proposed a comprehensive
review of dynamic programming applications in the context of water resource system
optimization.
In Deterministic Dynamic Programming (DDP), the optimal operation decisions at a current
time step ti are identified in order to maximize the sum of the current benefits, i.e. the benefits
that would result from an immediate use of water (including costs of failures) and the future
benefits, i.e. the benefits that will result from release operations over the future planning
horizon [ti+1, tN].
An immediate use of stored water reduces the availability of stored water for future use. The
current benefits must therefore be balanced against losses in future benefits. To identify
optimal operations for the current time step, it is thus necessary to first estimate the marginal
value of conserving more water in the reservoir from the current time step to the next. This
estimation is made thanks to a preliminary optimization stage in which the future benefits are
estimated for different reservoir storage levels.
The future benefit Fti that would be obtained over [ti+1, tN] from a hypothetical reservoir level
sti at time ti is often referred to as the Bellman Value for this storage/time configuration. It is
obtained from a backward recursive calculation from the future benefits estimated for time
ti+1:
𝐹𝑡𝑖 𝑠𝑡𝑖 = max 𝑔 𝑢𝑡𝑖 , 𝑠𝑡𝑖 , 𝑡𝑖 + 𝐹𝑡𝑖+1 (𝑠𝑡𝑖+1 ) [3]
𝑢𝑡𝑖
where the different terms are subject to upper and lower bounds and mass conservation
constraints. The state and decision variables are such that:
𝑠𝑚𝑖𝑛 ≤ 𝑠𝑡𝑖 ≤ 𝑠𝑚𝑎𝑥 [4]
and
𝑢𝑚𝑖𝑛 ≤ 𝑢𝑡𝑖 ≤ 𝑢𝑚𝑎𝑥 [5]
243/279
Chapitre A. Annexes
where smin and smax are minimum and maximum bounds for water storage volumes in the
reservoir and umin and umax the minimum and maximum bounds for release discharges. The
mass conservation equation is:
𝑠𝑡𝑖+1 = 𝑠𝑡𝑖 + 𝑞𝑡𝑖 − 𝑢𝑡𝑖 − 𝑜𝑡𝑖 [6]
where qti is the inflow to the reservoir during the period [ti, ti+ Δt], oti the losses (evaporation
above the reservoir, controlled and uncontrolled withdrawals from the reservoir for irrigation,
drinking water and other uses).
A discrete approach can be used to estimate the function F when the dimension of the
problem is quite small [Yakowitz, 1982]. The final result is a table that gives the future
benefits for different water levels and each time step of the planning period. For storage levels
in-between the a priori selected states, F can be obtained via interpolation. In our case, F is
estimated at a daily time step at 51 storage levels uniformly distributed between the minimum
and maximum storage bounds smin and smax. A cubic spline interpolation method is used when
needed [Foufoula-Georgiou and Kitanidis, 1988]).
Values of 𝐹 are required for F at the final time of the planning horizon tN. They could have
a critical influence on F values. Different methods were proposed to avoid the use of
boundary conditions in a deterministic approach (e.g. Vicuna et al., [2008]). In the present
study, end values are estimated as proposed by Wolfgang et al. [2009] based on the
assumption that all years after the end of the planning horizon are identical to the final year.
In practice, the duration of the planning horizon is artificially increased with several
duplications of the final year so that the storage water values at tN are no longer influenced by
the boundary conditions.
2.3. Storage water value
The derivative of the future benefits function F for a given storage level s in the reservoir
gives the future benefits for a future use of one additional unit of water stored at this storage
level [7]. It corresponds to the marginal value of storage water for this storage level s and time
t.
𝜕𝐹𝑡 (𝑠) [7]
𝑉𝑡 𝑠 =
𝜕𝑠
As shown in equation [7] and discussed below, the marginal value of storage water V is time
and storage level dependent.
The above mentioned optimization stage provides the future benefit F for all storage levels s
of the state-time table. This table can be used to derive the storage water values V for the same
state-time grid. In a discrete approach, the derivatives are calculated with finite differences
from future benefits of neighboring water level states in the table.
In the following, the marginal value of storage water V will be referred to as storage water
value (SWV). SWV is expressed in value units per cubic meter and is denoted as SWV m-3.
SWV vs. time curves will be plotted for different water levels in the reservoir. Note that these
curves do not correspond to a trajectory of optimal operational decisions. At any point in time,
they simply describe the unique strategy corresponding to optimal management of the system
for a given water level taking into account a given benefit function and a given known future
244/279
A.1. Article soumis à Water Resources Research
evolution of both water needs and inflows over the considered period. They provide a useful
signature to analyze the relationship between climate and uses for the current context and also
for any modified context, should this context change.
Note finally that, as previously mentioned, the SWVs are classically used in a second
optimization stage to identify the optimal operation decision for the current time ti, given the
water level in the reservoir sti . This operation maximizes the following equation:
The forward iterative optimization of equation [8] can therefore give the optimal sequence of
operations and future reservoir water levels for the entire simulation horizon [t0, tN]. This
simulation method is usually referred to as the water value method (e.g. Hveding, [1968]). It
can also be applied for SDP (e.g. Wolfgang et al. [2009]). It simultaneously produces the
evolution of the shadow price of storage water (corresponding for each time step to the SWV
obtained for the current state of the system, [Pritchard et al., 2004; Tilmant et al., 2008]) or
the evolution of different system outputs such as benefits and/or penalties for goods and
services.
245/279
Chapitre A. Annexes
(3500Mm3) from its upstream catchment (surface area adapted to 5000km2) under present
climate conditions.
The current benefit function used in equation [1] for system optimization is the sum of
possible benefits from HEP as defined by equation [9] and benefits from LLM during a
summer season as defined by equation [10]:
𝑔𝐻𝐸 𝑢𝑡𝑖 , 𝑠𝑡𝑖 , 𝑡 = 𝐻𝐸𝑃𝐼𝑡𝑖 ∗ 𝑢𝑡𝑖 ∗ 𝑟(𝑠𝑡𝑖 ) [9]
where uti in m3 s-1 is the discharge released from the lake for HEP, HEPI is the daily interest
of HEP in value units kWh-1 (see section 3.4) and r the generating efficiency in kWh m-3 s-1
that depends on the water head in the reservoir.
2
𝑔𝐿𝐿𝑀 𝑠𝑡𝑖 , 𝑡𝑖 = 𝐾 1 − 𝑏 max 𝑠 ∗ − 𝑠𝑡𝑖 , 0 𝑖𝑓 𝑡 ∈ 𝑠𝑢𝑚𝑚𝑒𝑟 𝑠𝑒𝑎𝑠𝑜𝑛 [10]
In this equation, K is the maximal value of daily benefits (value units) that can be obtained
during the summer period. It is achieved as soon as the water storage in the lake is greater
than or equal to s* (s*= 3000Mm3). Below s*, recreational activities are expected to be
reduced. The corresponding decrease in LLM benefits is assumed to be a quadratic function
of the difference between the water level and s*. In equation [2], the values of the weighting
parameters cj, subsequently referred to respectively as cHE and cLLM for HEP and LLM
objectives, will be set either to 1 when the objective is accounted for or to 0 when it not.
In the water balance of the lake, the only water input and output discharges are respectively
the inflow from the upstream UDR basin and the optimized water release. Direct precipitation
to the lake as well as evaporation from the lake is assumed negligible due to the limited
surface area of the reservoir.
The current benefit functions presented in equations [9] and [10] are not used for the
operational management of the reservoir. The reason is that in France, hydroelectric
production is used to replace more expensive power generation facilities and the objective for
HEP is to minimize the expected sum of other energy production costs for France as a whole.
In this study, we consider a simplified system where HEPI, the daily interest of HEP, is
estimated on the basis of a daily temperature index (see section 3.4) and where the benefits
have to be optimized for the system independently from other cost considerations (in
accordance with Paiva et al. [2010]). On the other hand, summer LLM is currently a priority
objective: an empirical rule is used for reservoir operations (applied mostly in the spring
season) and HEP optimization roughly applies for water inflows which are not needed to
satisfy the LLM objective.
The expected increase of future energy costs will increase the interest of HEP and, as a
consequence, benefits from recreational activities are expected to be balanced on the midterm
with respect to benefits from HEP (or with respect to the reduction of other production costs
allowed by HEP). In this study, a benefit function (equation [10]) was therefore used for LLM
instead of a rule curve. This provides a rough estimate of the marginal value of storage water
to satisfy the LLM objective. Recreational benefits are expressed as a function of water
storage in the reservoir, similarily to Ward et al. [1996]. A more precise formulation was not
246/279
A.1. Article soumis à Water Resources Research
possible in the present case due to lack of appropriate data in the region. The value for K in
equation [10] was chosen so that in the case of a single-objective configuration, the maximum
benefits that could be respectively obtained from either recreational activities or HEP are of
same order of magnitude. This made it possible to analyze a double-objective configuration
with two objectives of equivalent value, a situation that could occur in the future.
The UDR inflows are modeled with CEQUEAU [Morin et al., 1975], a semi-distributed
hydrological model already applied by EDF for previous climate change impact studies for
different mesoscale French basins [Hendrickx, 2001; Manoha et al., 2008]. Snow
accumulation and melt, effective rainfall, infiltration and evapotranspiration fluxes are
estimated for each of the 99 hydrological units of the basin from daily series of mean areal
precipitation and surface air temperature. Discharges produced by all hydrological units are
routed through the river network to produce the total water inflow into the lake. The
CEQUEAU model of UDR was calibrated and validated with a split sample test procedure on
the 1959-2005 period [Bourqui et al., 2011].
3.3. Climate scenarios
The observed precipitation and temperature data for the 1960-2001 control period are
obtained from the daily meteorological reanalyses developed by Gottardi et al. [2012] for
French mountainous regions. The reference discharges to the lake for the control period are
those obtained from CEQUEAU simulations.
Simple climate change scenarios were constructed and used first in a sensitivity analysis that
shows how precipitation and temperature changes impact SWV and in turn the match between
water resources and uses. The local-scale time series of temperature and precipitation for the
future climate period 2070-2099 are obtained by perturbing the observed time series of the
control period [Hingray et al., 2007]. Six synthetic regional climate change scenarios are
defined as absolute changes of the mean annual temperature and as relative changes of the
mean annual precipitation. The magnitude of changes is derived from a suite of climate
modeling experiments conducted in the EU PRUDENCE project [Christensen, 2004] for
SRES scenario A2 [Nakicenovic et al., 2000]. It roughly corresponds to the 50% and 90%
percentiles of changes estimated by the climate model experiments, representing respectively
a 10% and 20% decrease in precipitation and a 3°C and 5°C increase in temperature.
Future hydrological regimes obtained from CEQUEAU simulations for these scenarios are
presented in Figure 1. A temperature increase leads to reduced snow accumulation in winter
and an earlier melting season. This in turn induces a higher winter low flow and a lower
snowmelt flood peak (Figure 1 left). The snowmelt flood peak shifts by one month for the
highest warming scenario (+5°C). Besides this change in flow seasonality, an increase in
temperature also leads to a slight reduction of the mean annual inflow to the lake due to
increased evapotranspiration losses in summer (up to 22% for the +5°C scenario). Without
temperature change, precipitation change scenarios modify the magnitude of the hydrological
cycle (Figure 1, middle). The mean inter-annual daily discharges decrease with the mean
inter-annual precipitation, except for the winter period during which flows are mainly
sustained by deep underground storage. The large decrease of the snowmelt flood peak is the
result of a smaller snowpack extent and thickness, induced by lower winter to spring
precipitation.
247/279
Chapitre A. Annexes
Figure 1. Mean inter-annual cycles of daily inflow to the reservoir for control data (black curve
in all graphics, period 1960-2001) and future meteorological scenarios (period 2070-2099). Left:
Changes in mean annual temperature only. Middle: Changes in mean annual precipitation only.
Right: Changes in both annual precipitation and temperature.
Scenarios with both precipitation and temperature changes lead to a modification of the
hydrological regime that combines in a non-linear manner the modifications resulting from
either temperature or precipitation change considered separately.
3.4. Economic interest of hydroelectric production
The price of hydroelectricity and its fluctuations with time are difficult to simulate because of
the complex interaction with other energy production means and the high variability of the
energy market. It results from versatile spot markets and management strategies of a large
panel of stakeholders and operators. A detailed representation of electricity prices was outside
the scope of this work. However, electricity prices in France tend to be higher for periods of
high electricity consumption. Moreover, electricity consumption tends to be higher in the cold
season and daily time variations of consumption are highly correlated with the daily time
variations of regional temperatures below an approximate heating threshold of 15°C (Theat).
As a result, a robust index for possible daily benefits from HEP, termed HEPI, can be based
on daily regional temperatures. HEPI has already been used in a previous climate change
impact study by EDF [Paiva et al., 2010]. In a future climate with much higher temperatures
in summer, an additional demand for hydroelectric production is expected for cooling
purposes in this season. The daily interest of HEP expected in the future during the hot period
is here similarly assumed to depend on regional temperatures above a cooling threshold of
25°C (Tcool) (similarly to Buzoianu et al. [2005]). In the following, the daily HEPI is defined
as a piece-wise linear function of daily temperature, as defined by equation [11].
𝐻𝐸𝑃𝐼𝑡𝑖 = 𝐻𝐸𝑃𝐼0 + 𝐻𝐸𝑃𝐼 . 𝑇𝑒𝑎𝑡 − 𝑇𝑡𝑖 𝑖𝑓 𝑇𝑡𝑖 < 𝑇𝑒𝑎𝑡 [11]
𝐻𝐸𝑃𝐼𝑡𝑖 = 𝐻𝐸𝑃𝐼0 𝑖𝑓 𝑇𝑒𝑎𝑡 < 𝑇𝑡𝑖 < 𝑇𝑐𝑜𝑜𝑙
𝐻𝐸𝑃𝐼𝑡𝑖 = 𝐻𝐸𝑃𝐼0 + 𝐻𝐸𝑃𝐼𝑐 . 𝑇𝑡𝑖 − 𝑇𝑐𝑜𝑜𝑙 𝑖𝑓 𝑇𝑡𝑖 > 𝑇𝑐𝑜𝑜𝑙
Where HEPI0 is HEPI when temperature is in-between the cooling and heating temperature
thresholds, HEPIh and HEPIc are respectively the additional HEPI for each additional heating
and cooling degree day. HEPI is expressed in value units per kWh. This will noted V kWh-1
hereafter. HEPI0 and HEPIt were set to unity in accordance with Paiva et al. [2010]. An
arbitrarily higher value was set for HEPIc (HEPIc = 2.5 V kWh-1).
248/279
A.1. Article soumis à Water Resources Research
Time series of daily HEPI were obtained for each scenario of daily temperatures. The
corresponding mean inter-annual values of daily HEPI are presented in Figure 2.
Figure 2. Mean inter-annual cycles of interest of hydroelectric production (HEPI) for the
control period and different future scenarios of annual temperature increase.
249/279
Chapitre A. Annexes
Figure 3. Variations of SVW and inflows from January 1977 to January 1981 for the
meteorological control scenario (Ja: January, M: May, S: September).Top: Storage water value
(SWV) for different reservoir storage levels corresponding to 10, 50 and 90% of the reservoir
storage capacity. Bottom: Water inflow to the lake (blue curve) and interest of hydroelectric
production (HEPI, red curve).
At a given time ti of the optimization period, SWV decreases with increasing storage level in
the lake. The higher the current storage level, the more water is available for the future.
Surplus storage water will be turbined during periods with lower HEPI or if necessary spilled.
The interest of additional storage water is thus lower, leading in turn to lower SWV. If the
storage level is high (e.g. 90% storage level, dashed lines), SWV is therefore low to very low
except in the case of an imminent period with very high HEPI that would justify storing more
water (e.g. during winter period). If the reservoir storage level is low (e.g. 10% storage level,
dotted lines), SWV is high to very high (up to 10 value units) except during periods with high
HEPI and high future inflows (e.g. spring period). The priority for low storage levels when
SWV is high is to increase water head and increase storage for future use.
For any given storage level s, SWV varies with time reflecting the role of the reservoir in
adjusting the adequacy between the future HEPI and the future availability of water from
upstream catchments. Future resource abundance (respectively scarcity) with respect to future
HEPI decreases (respectively increases) the value of more storage water (see for example
May 1977 and respectively September 1977). As periods of high HEPI alternate with periods
of high inflow discharges (Figure 3-bottom), SWV presents high seasonal variations for all
reservoir levels. Maxima are observed during the first months of the cold season (DJF)
followed by minima during the spring months. During the winter and early spring transition
period, the interest of more storage water decreases as a result of the concomitant decrease of
HEPI in the late winter period and the rapid increase of snowmelt inflow during the spring
period. The increase of SWV observed afterwards is more abrupt. It begins as soon as spillage
is no longer required for the known future inflows. For the year 1979, this increase can be
seen for example in June for a storage level of 50% but in September for a storage level of
90% due to a large flood event that occurred in fall of this year. The best operation strategy is
once again to increase water head and water storage for the following winter.
250/279
A.1. Article soumis à Water Resources Research
In addition to marked seasonality, SWV shows year-to-year variations. Whatever the storage
level, SWV tends to be high when the ratio of future HEPI to future inflows is high (see year
1980). SWV tends to be lower for years in the opposite configuration (see year 1977).
The variation of SWV with time for different water levels thus reflects the temporal
desynchronization between the interest of water use and inflows, highlighting the different
mechanisms that define the optimal operating strategy. In the following, and because the
temporal variations of SWV are mainly seasonal, the mean inter-annual cycle of SWV for
different reservoir levels will be used as a signature of the climatic-economical balance
between water resources and demand. The signature obtained for the studied UDWS under
the present hydro-economical context is presented in Figure 4 for three storage levels (10%,
50% and 90% of storage capacity). In addition, the inter-annual variability is described for
each storage level by two envelope curves corresponding respectively to the 10% or 90%
percentiles of the SWV calendar values obtained for the 42 years of the 1960-2001 simulation
period. For the sake of conciseness, the expression SWV signature will subsequently be used
to mean the intra-annual variability of SWV, i.e. the seasonal variations of SWV for different
storage levels.
Figure 4. SWV signature for the single hydroelectric production objective (HEP). The mean
inter-annual SWVs obtained for the 1960-2001 period are plotted for three reservoir storage
levels (10 % (dotted lines), 50 % (solid lines) and 90 % (dashed lines) of storage capacity). For
each storage level, the upper, middle, and lower curves correspond respectively to the 90 th
percentile, the mean and the 10th percentiles of SWV calendar values obtained for the 42 years of
the period.
251/279
Chapitre A. Annexes
The SWV signature is as expected different in this case. The only objective is to have a
reservoir level higher than the minimum threshold throughout the entire constrained summer
period. The possibility to achieve the objective depends on the current storage level and on
the volume of inflow that will enter the reservoir from the current date to the beginning of the
next constrained period. At a given date of a given year, the higher the current storage level,
the easier is to achieve the objective. For a given storage level, the longer the future period
until the beginning of the constrained period, the larger are the total future inflows to the
reservoir and the easier it is to achieve the objective.
Penalty costs are incurred in the event of failure to achieve the objective. The SWV
corresponds to the additional reduction of penalty costs that would be achieved by storing one
more cubic meter of water at the current date. SWV therefore slowly increases over the year
to reach a maximum in early summer, for instance nearly one month before the beginning of
the constrained period for the most adverse situations (90th percentile envelope curve –
corresponding to the driest spring years) or as late as mid-July for the most favorable
situations (10th percentile envelope curve – corresponding to the wettest spring years). The
lowest SWV is zero, indicating that forthcoming inflows will fill the reservoir to the required
level on time. This is here the case for almost all reservoir levels in September, after the end
of the constrained period (an exception is for the driest years if the storage level is lower than
10% of the storage capacity) (Figure 5). Thanks to the large inflows from the spring snowmelt
flood, this applies also for a significant sub-period of the year (from mid-September to mid-
April) for reservoir levels equal or higher than 50%.
Figure 5. SWV signature for the lake level maintenance objective (LLM). See Figure 4 for
caption details.
For this LLM objective, the SWV signature presents once again a marked seasonality. The
periods of high and low SWV are however roughly in phase opposition with those obtained
previously for the HEP objective.
252/279
A.1. Article soumis à Water Resources Research
Figure 6. SWV signature for the double-objective configuration (HEP+LLM). See Figure 4 for
caption details.
It is actually not possible to produce as much HEP and to fulfill the LLM objective as well as
in the single-objective configurations. To limit the costs of failures to achieve the LLM
objective, water allocations determined for the single HEP objective are re-allocated, in the
double-objective configuration, to periods with lower HEPI. This is made possible by higher
SWV for all reservoir levels, since high SWV reduces the interest of immediate water use.
The SWV signature for the double-objective configuration is a combination of the two single-
objective signatures. It is however not exactly the sum of the two, reflecting the non-linearity
pertaining to the optimization. This is illustrated in Figure 7 where the sum of each individual
SWV signature has been subtracted from the double-objective SWV signature. The residuals
of this difference depend here on storage level and calendar day.
253/279
Chapitre A. Annexes
Figure 7. Mean difference between the SWV signature for the double-objective configuration
(hydroelectric production and lake level maintenance (Figure 6) and the sum of SWV signatures
obtained for the two single-objective configurations (Figure 5 and Figure 4).
254/279
A.1. Article soumis à Water Resources Research
with highest HEPI (winter). For the increased-temperature scenarios, the spring snowmelt
flood is up to one month earlier but another period with high HEPI appears (summer season),
which arrives only 3 to 4 months later.
The pattern of changes for the 90% storage level is different but the reasons for these changes
remain the same. The large SWV increase during the late spring and summer seasons
increases the interest of raising the water head during this period without causing later
spillage thanks to the new and greater interest of HEP in summer. The SWV decrease in
winter results from the lower value of HEPI for this season.
For the LLM configuration, the lower mean inflow to the reservoir and the earlier arrival of
the snowmelt flood resulting from warmer temperatures increases SWV earlier in the year for
reservoir levels lower than the summer objective level. The objective is therefore more
difficult to meet on time than for the control period. For a reservoir storage level less than or
equal to 10%, the positive SWV obtained in September even shows an incapacity to meet the
objective.
Finally, the signature obtained for the double HEP+LLM configuration is as previously
approximately an additive combination of the two single-objective signatures. For example,
for the 50% storage level, the large SWV decrease observed in the control climate during the
six first months of the year tends to disappear as a consequence of the smaller flood snowmelt
and the increased interest of HEP and storage during the summer months.
255/279
Chapitre A. Annexes
level. The decrease in precipitation leads on the other hand to a decrease in the mean inflow to
the reservoir, leading in turn to an increase in the mean SWV for each storage level, for all
seasons (expect the summer season for the 90% storage level where SWV is zero). This leads
to more severe conditions for HEP. The consequence of it will be a concentration of water
allocations for HEP in the periods with the highest HEPI.
5.3. Simultaneous precipitation and temperature change
The SWV signature resulting from a modification of both precipitation and temperature
changes is shown for three storage levels in Figure 9 (bottom). Both seasonality and mean
value of SWV are modified. As previously, changes of SWV for this combined configuration
are approximately an additive combination of the partial changes discussed previously.
Changes in SWV seasonality are due to the temperature increase and changes in the mean
SWV are mainly due to the precipitation decrease.
6 Conclusion
For an ideal water reservoir system configuration in which both future water inflows and
water demand are known, the marginal storage water value (SWV) can be obtained for
different water storage levels in the reservoir using deterministic dynamic programming. Its
variation over the studied period results from the desynchronized nature of water demand and
inflows. In a system where water demand and/or inflows are seasonal, SWV is also seasonal
and its mean intra-annual variations defined on a calendar day basis can be used as a signature
of the socio-climatic match between water resources and demand. These signatures provide a
better understanding of how the optimal operating strategy varies as a result of temporal co-
variations between inflow and demand and how it could change if these co-variations change
as expected from changes in climate and/or demand.
Real water resource systems deal generally with many objectives and constraints. With
dynamic programming, a large variety of constraints and requirements can be integrated quite
easily (e.g. seasonal irrigation water demand, dam safety management during floods or
minimum flow maintenance for ecosystem integrity). In the usual case of multipurpose
systems with conflicting uses and water scarcity, SWV estimates are not necessary equal to a
256/279
A.1. Article soumis à Water Resources Research
simple linear combination of the individual SWV signatures obtained for each objective
considered separately.
In the present work, a double-objective reservoir system was considered, involving year-
round hydroelectric production and lake level maintenance during the summer season. In this
case, the signature is a rough additive combination of individual signatures. Analyzing the
multipurpose signature along with each individual signature therefore provides a better
understanding of why, how and to what extent each objective impacts the optimal operating
strategy obtained for the multipurpose system. This may also reveal the potentially non-linear
impact of interactions or competition between objectives. A similar "leave-one-out" approach
to sensitivity analysis can be used to identify why, how and to what extent climate change
factors lead to a modification of the match between potential uses and inflows. In this work, a
simple sensitivity analysis with different future scenarios of temperature and/or precipitation
changes showed that changes in SWV seasonality are mainly due to temperature increase and
that changes in the mean SWV result from mean inflow decrease.
In the present work, the simulation of future hydrological scenarios was driven by observed
precipitation and temperature time series modified according to synthetic climate change
scenarios using a classical perturbation methodology. The temporal variability of future
meteorological variables is therefore the same as that of the historical period. In particular, no
changes in the sequences of wet and dry periods are considered from seasonal to pluri-annual
time scales. Such changes are however expected to be potentially as critical as changes in the
means of meteorological driving variables. They at least fully determine changes in the
temporal variability of natural inflows into a lake, in particular their inter-annual variability, a
determinant factor in system performance [McMahon et al., 2006]. A higher variability of
annual or pluri-annual inflows into the reservoir is for example expected to lead to longer
and/or more frequent periods of resource scarcity. Such an analysis will be done with
scenarios recently developed for the studied region using different statistical downscaling
models from a suite of GCM experiments [Lafaysse et al., under review].
SWV signatures can also be derived for other contexts than the one considered in the present
work. SWV is also an output of strategy optimization methods for multi-reservoir systems. In
such cases, SWV, which is time and storage level dependent, is also site dependent [Tilmant
et al., 2008, 2009; Wolfgang et al., 2009]. It would also be relatively easy to produce SWV
signatures for each reservoir. Such signatures could help better assess the relative value of
each reservoir and, when needed, better identify if and where additional water conservation
measures should be implemented.
Moreover, as mentioned in the introduction, SWV is also frequently estimated for use in
determining an operating strategy for real-time management of a water system. In such a case,
the SWV can be obtained using stochastic dynamic programming in a configuration in which
future inflows and water uses are unknown. The SWV is known to classically increase in this
case when compared to the SWV obtained with perfect foresight, as a result of inflow
variability or uncertainty. Nevertheless, SWV signatures obtained for an uncertain future are
also potentially very informative with regard to how an operational strategy is organized,
what the key factors that structure it are and how it could change if the climate and/or demand
change. Changes in the variability and uncertainty of future inflows and demand are expected
to also have a critical impact on changes in SWV. Analyzing these signature changes would
probably improve our understanding of the reasons for modifications of system performance
classically reported on the basis of a variety of performance criteria in climate change impact
analyses.
257/279
Chapitre A. Annexes
7 Acknowledgement
This work is part of a PhD thesis carried out within the RIWER2030 research project
http://www.lthe.fr/RIWER2030/, funded by the French National Research Agency under the
Vulnerability: Environment, Climate and Societies program (Grant number ANR-08-VULN-
014-01). We thank the Associate Editor and three anonymous reviewers for their comments
that were very helpful in improving the manuscript.
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258/279
A.1. Article soumis à Water Resources Research
259/279
Chapitre A. Annexes
260/279
A.2. Les aménagements de la Chaine de Production Hydraulique Durance-Verdon
261/279
Chapitre A. Annexes
Figure A.1 – Schéma de production du modèle hydrologique Cequeau. Dans la version du mo-
dèle utilisé au sein du projet RIWER 2030, le module lacs et arais a été supprimé.
De même, la distinction entre les zones de forêts et de prairies n’est pas réali-
sée. Également, un réservoir glace a été introduit (non présenté sur cette figure).
Adapté de Dibike et Coulibaly [2005]
262/279
A.4. Modélisation de la consommation électrique France
Cette section présente les grands cycles de consommation électriques. Ces différents cycles de
consommation s’imbriquent, à des échelles de temps différentes.
70000
65000
60000
55000
50000
45000
40000
35000
30000
25000
-5 0 5 10 15 20 25 30 35
(a) (b)
Figure A.3 – (a) : Influence de la température SAFRAN France sur la consommation électrique
moyenne journalière en France (1996-2005). Chaque point représente une journée.
(b) : Saisonnalité de la consommation d’énergie en France. (Source RTE)
263/279
Chapitre A. Annexes
D’autres régions du globe souffrent davantage de périodes estivales très chaudes plutôt que
d’hivers froids ce qui entraı̂ne des consommations électriques plus élevées à ces périodes. Ce phé-
nomène est amené à s’accentuer avec la hausse des températures due au changement climatique,
y compris en France.
L’activité économique du pays est également ralentie durant les jours fériés, et les grandes
périodes de vacances (i.e. les mois d’août et la période entre noël et jour de l’an), ce qui entraine
une diminution de la consommation électrique à ces moments (Figure A.3).
264/279
A.4. Modélisation de la consommation électrique France
environ, heure à laquelle les premières usines ferment leurs portes, ce qui entraine une diminu-
tion de la consommation jusqu’aux alentours de 18h. A partir de 18h, la population rentre à son
domicile après la journée de travail. L’augmentation de la consommation électrique durant la
soirée, est liée principalement au démarrage des chauffages électriques ainsi qu’à l’éclairage des
habitations. Durant l’été, cette augmentation n’est pas observée (le chauffage et éclairage des
logements sont inexistants à cette période de l’année). Dans ce cas, la consommation électrique
diminue jusqu’à atteindre sa valeur minimale durant la nuit (Figure A.4).
Figure A.5 – Variation de la consommation électrique au sein d’une journée typique hivernale.
(Source RTE)
De plus faibles pics de consommation sont observés aux alentours de 23h et 02h du matin,
aussi bien durant l’hiver (Figure A.5) que durant l’été (Figure A.4). Le premier pic est lié à l’uti-
lisation importante des appareils électro-ménagers type lave-linge et lave-vaisselle à ces heures.
En effet, EDF a mis en place des grilles tarifaires avantageuses à ces horaires, afin d’encourager
la population à utiliser davantage ces appareils électro-ménagers, forts consommateurs en éner-
gie durant les heures creuses, i.e. durant des périodes à faibles consommations. Le 2ème pic de
consommation, à 02h du matin, est lié aux stations de pompage (STEPS) qui font remonter de
l’eau dans des barrages afin de reconstituer un stock d’eau qui sera valorisé durant des périodes
à fortes consommations électriques.
265/279
Chapitre A. Annexes
80000
75000
70000
65000
60000
55000
50000
45000
40000
35000
30000
96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06
Figure A.6 – Augmentation des consommation électrique France observé du 1er janvier 1996 au
31 décembre 2005 (noir). La courbe en rouge représente la tendance à la hausse.
(Source RTE)
Aucune tendance à la hausse des consommations électriques n’est prise en compte dans la
modélisation des consommations électriques (comme nous l’avons évoqué en introduction du
document de thèse, le devenir des consommations électriques est très incertaine. La prévision de
l’augmentation des consommations électriques dépasse le cadre d’analyse fixé de ce document de
thèse). C’est pourquoi, afin de ne pas fausser le calage du modèle de consommation, la tendance
à la hausse des consommations électriques est préalablement supprimée.
Les figures, analyses et développements présentés dans la suite des travaux, seront réalisés
à partir de la série corrigée de consommations électriques. La Figure A.7 illustre le fait que la
consommation électrique en France dépend de :
La température
Du jour de la semaine. En particulier une différence importante est observée entre les jours
de semaine (où, pour une température donnée, les consommations électriques observées ne
semblent pas très différentes du lundi au vendredi (Figure A.7 à gauche) et les week-ends et
jours fériés (Figure A.7 à droite). Les consommations électriques observées les dimanches
et les jours fériés se ressemblent fortement (Figure A.7). C’est pourquoi les consommations
électriques lors de ces journées seront supposées similaires.
266/279
A.4. Modélisation de la consommation électrique France
La température ne semble pas impacter la consommation électrique pour les plus fortes tem-
pératures (Figure A.7) Comme énoncé précédemment, la consommation France est encore très
peu sensible à la demande estivale liée aux pics de chaleur. Au contraire, la consommation
électrique semble augmenter linéairement lorsque la température diminue.
70000 70000
Lundi Semaine
Mardi 65000 Samedi
65000 Mercredi Dimache
Jeudi Ferie
Vendredi 60000
60000
55000
55000
50000
(MW)
(MW)
50000
45000
45000
40000
40000
35000
35000 30000
30000 25000
-5 0 5 10 15 20 25 30 35 -5 0 5 10 15 20 25 30 35
Temperature Temperature
(a) (b)
Figure A.7 – Influence du jour de la semaine sur la consommation électrique France. (a) : Com-
paraison des consommations électriques observées en fonction de la température
pour les différents jours de la semaine. (b) : Même chose en distinguant la semaine,
les samedis, les dimanches et les jours fériés.
La modélisation proposée ici consiste à décrire une relation liant la consommation électrique
et la température par une fonction linéaire par morceau. Comme observé Figure A.7, la consom-
mation électrique est sensible à la température dès lors qu’elle est inférieure à une température
seuil. Les hypothèses de cette modélisation sont les suivantes :
267/279
Chapitre A. Annexes
Si T ¡ Tseuil Cj Kj (A.2)
Si T Tseuil Cj T a j T bj (A.3)
Avec :
L’indice j permet de dissocier les jours de semaine, des samedis, et des dimanches et jours
fériés, afin de représenter les différences de consommation électrique observées Figure A.7.
Le seuil de température Tseuil dépend de la chronique de température utilisée. Dans notre cas,
la température seuil choisie est de 18 C.
Les paramètres de ce modèle consommation électrique sont présentés Tableau 1. Les para-
mètres a, b et K sont obtenus par régression linéaire sur les nuages de points présentés Figure
A.7, i.e. sur l’ensemble des données disponibles. La plage temporelle pour laquelle les données
de consommations électriques et de températures sont disponibles étant réduite, les périodes
de calage et d’évaluation ne sont pas dissociées. Sur l’ensemble de la période de simulation
(1996-2003), le Nash obtenu est de l’ordre de 0.87.
a pM W { C q b pM W q K pM W q
Jours de Semaine -1217 61951 39871
Samedis -1273 56808 34383
Dimanches & Fériés -1296 53571 30839
Nous appelons anomalie infra journalière de consommation électrique, l’écart relatif entre la
consommation électrique instantanée (i.e. au pas de temps le plus fin disponible, 30 min) avec
la consommation moyenne journalière (équation A.4).
268/279
A.4. Modélisation de la consommation électrique France
70000
65000
60000
55000
(MW) 50000
45000
40000
35000
Obs
30000 Sim
25000
J F M A M J J A S O N D
Figure A.8 – Comparaison entre les consommations électriques observées (noir) et simulées
(bleu) lors de l’année 1996.
Avec :
Les anomalies relatives des consommations électriques observées sont représentées Figure
A.9. Il a été montré section A.4.1.3, que la consommation électrique en France présente un
cycle journalier très marqué. Comme énoncé précédemment ce cycle dépend de la saison mais
également du jour de la semaine. Les lundis sont dissociés des autres jours de la semaine sur la
Figure A.9. En effet, la fermeture d’un grand nombre de commerces et d’entreprises du secteur
tertiaire limite en partie la consommation électrique à l’échelle du pays durant la matinée.
Ces anomalies, présentées ici au pas de temps 30 minutes, peuvent être calculées à des pas
de temps plus grossiers.
Cette section propose une méthodologie permettant de désagréger les données de consom-
mations électriques simulées au pas de temps journalier vers un pas de temps infra-journalier.
Afin de désagréger les données journalières de consommation électrique, les distributions infra-
journalières des anomalies de consommations électriques observées sont utilisées. Pour une date
donnée, les consommations électriques à un pas de temps inférieur à la journée, sont obtenues à
partir de l’équation A.4.
269/279
Chapitre A. Annexes
0 5 10 15 20 25 0 5 10 15 20 25 0 5 10 15 20 25 0 5 10 15 20 25
Figure A.9 – : Influence de la saison et du jour de la semaine sur l’anomalie relative de consom-
mation électrique. Abscisse : Heure de la journée. Ordonnées : Anomalie relative
de consommation par rapport à la moyenne journalière. Courbes bleues : [Mardi,
Mercredi, Jeudi, Vendredi]. Courbes jaunes : Lundi. Courbes vertes : Samedi.
Courbes rouges : Dimanches. Courbes noires : jours fériés. Données RTE : 1996-
2005
L’anomalie utilisée au pas de temps infra-journalier souhaité, pourrait être choisie aléatoire-
ment dans la totalité de l’historique disponible. Cependant, il existe une forte relation liant les
anomalies de consommations et la période de l’année d’une part et le jour de la semaine d’autre
part. L’anomalie de consommation électrique finalement utilisée est tirée aléatoirement dans une
fenêtre temporelle de 30 jours centrée sur le jour calendaire de la date considérée (en respectant
le jour de la semaine considéré. Par exemple, il n’est pas souhaitable d’appliquer une anomalie
d’un dimanche à une consommation électrique d’un mardi).
270/279
A.5. Rendement de la CPH-DV
70000
65000
60000
55000
50000
45000
40000
35000
01/01 15/01 01/02 15/02 29/02
La relation liant la puissance électrique générée P eti (kW ), au débit turbiné Rti , à la hauteur
de chute Hti et à l’équipement de la centrale (rendement propre des turbines R) est donnée par
l’équation A.5.
Pour un volume d’eau turbiné donné, la puissance électrique générée est une fonction crois-
sante de la hauteur de chute. La vitesse de rotation des turbines est constante lorsque la hauteur
de chute H est supérieure à une hauteur de chute H max à partir de laquelle la puissance
électrique n’augmente plus avec la hauteur de chute. Comme le montre la relation A.5, pour ré-
pondre à une même demande énergétique, une hauteur de chute moindre nécessiterait un volume
à turbiner plus important qu’avec une hauteur de chute plus élevée.
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Chapitre A. Annexes
2050 Sim
Obs
1950
1850
1750
1650
1550
1450
90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02
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A.7. Longueur de l’historique & stratégie de gestion AIC
L’erreur commise par le modèle de prélèvement n’est pas homogène sur l’année. Au contraire,
celle-ci est souvent localisée sur une saison particulière. Pour illustration, nous pouvons constater
sur la Figure A.12, la difficulté du modèle à reproduire la variabilité inter-annuelle des prélève-
ments printaniers (MAM) et automnaux (SON). Au contraire, la variabilité inter-annuelle des
prélèvements estivaux (JJA) est plutôt bien reproduite.
DJF MAM
200 600
550
150 500
450
100 400
350
50 300
90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02
JJA SON
950 400
Sim
Obs
900
350
850
300
800
250
750
700 200
90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02
Quelle est la taille optimale d’un historique pour construire la stratégie de gestion AIC ainsi
que sa courbe guide de remplissage 90 % ? Cet exercice a pour objectif de fournir des éléments
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Chapitre A. Annexes
1000
Sim
Obs
900
800
700
600
500
400
300
90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02
Figure A.13 – Volume de dotation annuel reconstitué (courbe noire) et simulé à SP (courbe
rouge) sur la période 1990-2002
Une unique réalisation de 140 années d’un climat stationnaire a été utilisée (1860-1999). Cette
réalisation est issue de la chaı̂ne de simulation CNCM33-1/Dsclim10. La période 1860-1969 est
utilisée comme historique potentiel pour construire la stratégie de gestion AIC. Un ensemble
d’historiques de taille H ont été testés pour établir la stratégie de gestion. Pour chaque taille H
d’historique, la totalité des historiques continus ont été testés (e.g. pour H 10, les historiques
testés sont 1860-1869, 1861-1870, 1862-1971 ...). Chaque stratégie de gestion a été utilisée en
phase de simulation sur la période 1970-1999. Les signatures de stock obtenues pour différentes
valeurs de H, sont présentées Figure A.14)
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A.8. Stabilisation de la stratégie AIC avec 100 réalisations MDES 30 années
Figure A.14 – Influence du nombre d’années H utilisées sur l’estimation d’une signature de
stock. Cet exercice a été réalisée sur la base d’une unique réalisation (GCM
CNCM33-1 et MDES Dsclim10) de la période 1860-1999
Les résultats de cet exercice montrent qu’il n’est a priori pas possible de stabiliser la signa-
ture de stock (et donc la stratégie de gestion AIC et la courbe guide de remplissage 90 %) avec
une taille d’historique trop réduite, même pour un climat stationnaire. Cela résulte de la varia-
bilité naturelle du climat qui ne peut être interceptée sur une période temprelle trop réduite.
La convergence observée des signatures lorsque H augmente est en partie conditionnée par le
fait qu’à partir d’une certaine taille H, tous les historiques intègrent la majorité des mêmes an-
nées. Une configuration idéale serait de réaliser le même exercice en considérant une réalisation
beaucoup plus longue que celle utilisée ici de 140 ans.
275/279
Chapitre A. Annexes
ces ensembles, et utilisées pour simuler la même période de 30 années. Les signatures de stock
moyennes obtenues sont présentées Figure A.15.
Figure A.15 – Signatures de stock moyennes obtenues sur une période de 30 années simulées.
Les stratégies de gestion et ls courbes guide de remplissage 90 % ont été obtenues
sur la bas de 10 ensembles de 100 MDES de 30 années différentes.
276/279
A.9. Annexe chapitre 8
CNCM33-1
1.0 1.0 DMIEH5C-1
0.9 0.9 DMIEH5C-2
0.8 0.8
DMIEH5C-3
MPEH5C-1
0.7 0.7
EGMAM2-3
0.6 0.6
0.5 0.5
0.4 0.4 AC
0.3 0.3 AIP
0.2 0.2 AIC
0.1 0.1
0.0 0.0
-70 -60 -50 -40 -30 -20 -10 0 10 -70 -60 -50 -40 -30 -20 -10 0 10
Figure A.16 – Modification du critère de fiabilité F ia (%) selon les différents modèles de gestion
utilisés. Première ligne : Fonctions de distribution du critère de fiabilité estimé
sur les périodes P0 (1970-1999), P1 (2036-2065) et P2 (2070-2099) sur la base
des 30 réalisations de 30 années (GCM/Analog20). Deuxième ligne : Fonction
de distributions des modifications relatives inter-réalisations de la fiabilité entre
les périodes P1 et P0 d’une part, et P2 et P0 d’autre part.
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Chapitre A. Annexes
CNCM33-1
1.0 1.0 DMIEH5C-1
0.9 0.9 DMIEH5C-2
0.8 0.8 DMIEH5C-3
MPEH5C-1
0.7 0.7
0.6 0.6
EGMAM2-3
0.5 0.5
0.4 0.4 AC
0.3 0.3 AIP
0.2 0.2 AIC
0.1 0.1
0.0 0.0
-45 -30 -15 0 -45 -30 -15 0
Figure A.17 – Modification de l’indicateur de revenus GHEP (U.M) selon les différents modèles
de gestion utilisés. Pour plus de détails se référer à la légende Figure A.16.
CNCM33-1
1.0 1.0 DMIEH5C-1
0.9 0.9 DMIEH5C-2
0.8 0.8
DMIEH5C-3
MPEH5C-1
0.7 0.7
EGMAM2-3
0.6 0.6
0.5 0.5
0.4 0.4 AC
0.3 0.3 AIP
0.2 0.2 AIC
0.1 0.1
0.0 0.0
-4000 0 4000 8000 12000 -4000 0 4000 8000 12000
Figure A.18 – Modification des volumes déversés selon les différents modèles de gestion utilisés.
Pour plus de détails se référer à la légende Figure A.16. A noter cependant, les
modifications ∆P1 P0 et ∆P2 P0 sont ici exprimées en valeurs absolues et
non plus en valeurs relatives.
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A.9. Annexe chapitre 8
Figure A.19 – Indicateur de revenus moyen sur les périodes P0 , P1 et P2 en fonction de l’espé-
rance des apports nets annuels à la retenue. Pour chaque période, les six chaı̂nes
de simulation GCM/Analog20 sont représentées
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