Droit des sociétés
Pr.Fatine KABBAJ
Droit des sociétés
Le droit des sociétés est composé d’un ensemble de règles de droit qui s’appliquent à des
personnes qui mettent en commun des biens (apports en vue d’exercer une activité et de
partager les bénéfices qui seraient réalisés.
Il peut s’agir de sociétés de personnes ou de capitaux.
Ces règles ne sont pas regroupées dans un document unique, mais contenues dans différents
textes de loi :
ü La loi n°17-95 relative aux sociétés anonymes (modifiée et complétée).
ü Le DOC (Dahir des obligations et des contrats)
ü La loi n°15-95 formant code de commerce
ü Loi n ° 9-88 relative aux obligations comptables des commerçants
ü Dahir n°1-97-49 portant promulgation de la loi n°5-96 sur la société en nom collectif, la
société en commandite simple, la société en commandite par actions, la société à
responsabilité limitée et la société en participation , Code général des impôts….
Qu’est ce qu’une entreprise?
Absence de définition légale de l’entreprise
D’un point de vue économique,
économique l’entreprise est définie comme étant
l’ensemble de moyens humains, et matériels réunis permettant de se livrer
à une activité économique autonome( produire des biens et des services)
dans le but de produire et vendre des biens et services sur un marché.
D’un point de vue juridique,
juridique l’entreprise n’a pas de définition. L’entreprise
en tant que telle n’a pas la personnalité juridique. Elle n'est, pour cette
raison, classée ni dans la catégorie des personnes physiques, ni dans la
catégorie des personnes morales. On dit qu’elle n’est pas un sujet de droit.
Pour être sujet de droit et avoir la personnalité juridique, l’entreprise doit
opter pour une forme juridique propre.
Elle devient alors soit une personne physique dans le cas d’une entreprise
individuelle (artisan, commerçant, profession libérale), soit une personne
morale dans le cas d’une entreprise sociétaire (société civile, société
commerciale, …).
Le terme entreprise est cité dans de nombreux textes de loi.
On peut citer, à titre d’exemple, l’article 464 du Code du travail qui impose
la création, au sein de chaque entreprise employant habituellement au
moins 50 salariés, d'un comité d'entreprise ayant une mission consultative.
Le livre V du Code de commerce est intitulé : « Les mesures de prévention
et · de traitement des difficultés de l'entreprise ».
- La loi 103-12 dite loi bancaire utilise la notion d'entreprise dans plusieurs
de ses dispositions.
Statut d’ auto-entrepreuneur
Personnes éligibles
-Sont éligibles au statut d'auto-entrepreneur les personnes physiques
qui exercent à titre individuel une activité industrielle, commerciale ou
artisanale ou prestataire de service.
Le décret n° 2-15-263 du 10 avril 2015 a fixé la liste négative des activités
exclues du bénéfice du régime fiscal applicable à l'auto-entrepreneur.
Il s'agit principalement des professions libérales et en général des
professions et activités exclues du régime du bénéfice forfaitaire et qui sont
listées par le décret du 28 mai 2009(( Imprimeurs, libraires, architecte,
assureurs, avocats,…..)
Conditions d'éligibilité
Ø Conditions de fond
L'auto-entrepreneur doit être une personne physique;
physique la transformation en
statut de société quelle que soit sa forme juridique entraîne la radiation du
registre national de l'auto-entrepreneur.
- Le montant du chiffre d'affaires annuel encaissé ne doit pas dépasser
ü 500 000 dirhams pour les activités industrielles, commerciales et
artisanales
ü 200 000 dirhams pour les prestations de services
ü
L'auto-entrepreneur peut exercer son activité dans un local professionnel,
dans sa résidence ou dans des locaux exploités en commun.
commun
Il doit tenir, de manière régulière, un registre des achat s et des ventes visé
par l'administration fiscale et dont les pages sont numérotées.
-
Ø Conditions de forme
Les personnes éligibles désirant opter pour le statut d'auto-entrepreneur
doivent:
Déposer auprès de Barid Al Maghrib une demande d'inscription au registre
national de l'auto-entrepreneur;
Déposer auprès de Barid Al Maghrib ou par tout procédé électronique
mensuellement ou trimestriellement, selon l'option choisie, les déclarations
du chiffre d'affaires et verser en même temps le montant de l'impôt dû et
la cotisation sociale au titre du régime de couverture sociale et médicale.
Régime fiscal
L'auto-entrepreneur est soumis à l'impôt sur le revenu sur le chiffre
d'affaires encaissé au taux de:
0,5 % pour les activités commerciales, industrielles et artisanales
et de 1 % pour les prestations de service,
L'auto-entrepreneur est exonéré de la TVA..
L’auto-entrepreneur est exonéré de la taxe professionnelle pendant une
période de 5 ans à compter de la date du début d’activité.
La radiation du registre national de l'auto-entrepreneur
s'effectue dans les cas ci-après :
ü la non déclaration du chiffre d'affaires ou déclaration de chiffre
d'affaires nul pendant une année civile à l'exclusion de l'année de son
inscription ou de sa réinscription.
ü la transformation en statut de société quelle que soit sa forme juridique
ü Décision judiciaire de radiation du registre national prononcée à
l'encontre de l'auto-entreprenneur pour le non respect des textes
législatifs et réglementaires en vigueur durant l'exercice de son
activité telle que prévue dans les articles 3 et 7 susvisés.
ü Le non versement de l'impôt et de la cotisation sociale visés à l'article 6
ci-dessus pendant une année civile.
ü L'encaissement d'un chiffre d'affaires annuel pendant deux années
consécutives supérieur aux seuils fixés à l'article premier de la
présente loi.
ü
Après sa radiation, l'auto-entrepreneur peut bénéficier d'une réinscription à
condition de payer les montants dus au titre de l'impôt et des cotisations
sociales.
Statut de l’entreprenant ( OHADA)
L’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires
(OHADA), est une organisation communautaire destinée à harmoniser le
droit des affaires en Afrique et garantir la sécurité juridique et judiciaire de
la région.
le domaine de l’harmonisation suppose non seulement l’ensemble des
matières auxquelles s’applique le droit harmonisé, mais aussi des limites
territoriales à l’intérieur desquelles le droit OHADA est applicable.
De treize pays à la signature du Traité en 1993, ce nombre est porté à dix
sept aujourd’hui, principalement issus des régions de l'Afrique de
l'Ouest, de l'Afrique Centrale et de l'Océan Indien. Ces pays sont :
Niger, République Démocratique du Congo, Sénégal, Tchad, Togo, Côte
d'Ivoire, Gabon, Guinée, Guinée-Bissau, Guinée Équatoriale, Mali, Bénin
Burkina Faso, Cameroun, République Centrafricaine, Comores, République
du Congo.
L’activité de l’entreprenant:
L’article 30 de l’Acte uniforme portant sur le droit commercial général
définit l’entreprenant comme un entrepreneur individuel, personne
physique qui, sur simple déclaration, exerce une activité professionnelle
civile, commerciale, artisanale ou agricole.
agricole
Les obligations comptables de l’entreprenant:
L’entreprenant est tenu d’établir, dans le cadre de son activité, au jour le
jour, un livre mentionnant chronologiquement l’origine et le montant de ses
ressources en distinguant les règlements en espèces des autres modes de
règlement d’une part, la destination et le montant de ses emplois d’autre
part. Ce livre doit être conservé pendant cinq ans au moins.
En outre, l’entreprenant qui exerce des activités de vente de marchandises,
d’objets, de fournitures et denrées ou de fourniture de logement doit tenir
un registre récapitulé par année,
année présentant le détail des achats et
précisant leur mode de règlement et les références des pièces
justificatives, lesquelles doivent être conservées
La perte de la qualité d’entreprenant:
Lorsque, durant deux années consécutives, le chiffre d’affaires de
l’entre-
prenant excède les limites fixées pour ses activités par l’Etat partie sur le
territoire duquel il exerce, il est tenu dès le premier jour de l’année
suivante et
avant la fin du premier trimestre de cette année de respecter toutes les
charges et obligations applicables à l’entrepreneur individuel.
Les obligations nées à l’occasion de leurs activités entre entreprenants, ou
entreprenants et non entreprenants, se prescrivent par cinq ans si elles ne
sont pas soumises à des prescriptions plus courtes.
Qu’est ce qu’une société?
L’ article 982 du DOC dispose que: « la société est un contrat par
lequel 2 ou plusieurs personnes mettent en commun leurs biens ou
leur travail, ou les deux à la fois , en vue de partager le bénéfice
qui pourra en résulter ».
Il en résulte que pour qu’il y ait société, il faut la réunion de trois éléments
à savoir :
ü La réunion de deux ou plusieurs personnes qui constituent les
associés.
ü La mise en commun de biens ou de travail sous forme d’apports faits
par les associés à la société.
ü La réalisation et le partage de bénéfices.
ü Un quatrième élément, de nature psychologique, non formulé
expressément dans l’article susmentionné, a été rajouté par la
doctrine et la jurisprudence, il s'agit de l'affectio societatis.
Conditions spécifiques à la formation
de la société
Ø Le nombre d'associés
Le principe: une société peut être constituée au moins par 2 associés.
Concernant les sociétés commerciales, le nombre minimal d’associés varie
selon le type de société: (2 pour la SNC,1 commandité et 1
commanditaire pour la SCS, 3 commanditaires au moins et au moins 1
commandité pour la SCA,5 pour la SA,…..)
Ø
Ø Les apports
L’ article 988 du DOC dispose que : « L'apport peut consister en
numéraire, en objets mobiliers ou immobiliers, en droits incorporels. Il
peut aussi consister dans l'industrie d'un associé ou même de
tous… ».
L’ensemble des apports forme le fonds commun des associés ou capital
social conformément l’article 992 qui dispose que; « L'ensemble des
apports des associés et des choses acquises moyennant ces apports, en
vue des opérations sociales, constitue le fonds commun des associés ou
capital social.
Selon l’article 990 du DOC, les mises des associés peuvent être de
valeur inégale et de différente nature.
Ils peuvent être de trois sortes :
• Les apports en numéraire
• Les apports en nature
• Les apports en industrie
q Les apports en numéraire
Ce sont les espèces (argent) apportées par les associés pour constituer la
société.
Chaque associé remet aux fondateurs sa quote-part financière lors de la
constitution de la société.
q Les apports en nature
Ils sont constitués par différents types de biens, autres que le numéraire,
susceptibles d’être capitalisés.
Ces apports peuvent prendre la forme d’immeubles (bâtiments, terrains,
etc.)
ou de meubles corporels (machines, véhicules, ordinateurs, bureaux,
etc.) ou incorporels (brevets, fonds de commerce, logiciels etc.).
les apports en nature ne sont pas forcément transférés en propriété. Il est
également possible de réaliser des apports en usufruit et des apports
en jouissance.
ü Les apports en propriété sont les apports en nature les plus courants.
Ils se traduisent par :
• le transfert à la société de la propriété des biens apportés,
• la mise des biens à la disposition effective de la société.
ü Un apport en usufruit consiste, pour un associé, à accorder à la
société le droit d’utiliser le bien et d’en percevoir les revenus
générés par son usage. Par contre, l’associé conserve la propriété
du bien apporté.
ü L’apport en jouissance consiste, pour un associé, à mettre un bien à
disposition d’une société pendant une durée déterminée tout en
restant le propriétaire dudit bien Aucun droit réel n’est transféré à la
société.
Ces apports font l’objet d’une évaluation par les commissaires aux
apports chargés de donner, sous leur responsabilité, une valeur à ces
apports.
q Les apports en industrie
Ils sont constitués par le savoir-faire de certains associés et ne sont
possibles que dans les sociétés de personnes et, dans certaines conditions,
dans la SARL.
N’étant pas saisissables, ils n’entrent pas dans la constitution du capital
social (ce sont des apports non capitalisés).
Par contre, ce type d’apport donne droit à une part des bénéfices et rend
son titulaire responsable des dettes de la société à hauteur de sa part dans
les bénéfices.
Ø Le partage des bénéfices
Le bénéfice est tout gain pécuniaire ou matériel qui ajoute quelque chose à
la fortune des associés.
La société est constituée dans le but de faire des bénéfices.
Ainsi, chaque associé recevra une part des bénéfices au prorata de ses
apports.
Ces règles s’appliquent également à la contribution des associés aux
pertes.
Il est toutefois impossible que les statuts prévoient des clauses qui ont pour
effet d'attribuer à un associé une part dans les bénéfices ou dans les pertes
supérieure à la part proportionnelle à sa mise.
Ø L’affectio societatis
C’est un élément psychologique élaboré par la jurisprudence. Il consiste
dans la volonté des associés de collaborer de façon :
§ active (information, vote, etc.)
§ volontaire
§ et égalitaire, puisqu’il n’existe pas de lien de subordination entre les
associés
Les conditions de fond
À ces quatre éléments qui sont spécifiques à la société, s’ajoute les règles
de fond du droit commun auxquelles doit obéir tout type de contrat.
L’article 2 du DOC dispose que: « Les éléments nécessaires pour la validité
des obligations qui dérivent d'une déclaration de volonté sont :
Ø 1° La capacité de s'obliger ;
Ø 2° Une déclaration valable de volonté portant sur les éléments
essentiels de l'obligation ;
Ø 3° Un objet certain pouvant former objet d'obligation ;
Ø 4° Une cause licite de s'obliger ».
q La capacité
Les conditions de la capacité varient selon l’étendue de l’engagement pris
par les associés vis à vis des tiers, ainsi que la nature de la société.
A cet effet, on distingue deux catégories de société, d’une part les
sociétés de personnes dans lesquelles les associés doivent avoir la
qualité de commerçant et doivent répondre indéfiniment et solidairement
du passif social.
C’est le cas des associés en nom collectif, des commandités et des gérants
des sociétés en participation, à l'exclusion des commanditaires et des
participants. À ce titre, il faut avoir la capacité pour faire le commerce
A cet égard , les associés doivent avoir la capacité commerciale,
commerciale
Par ailleurs, dans les sociétés de capitaux, auxquelles on assimile les
sociétés à responsabilité limitée, les associés n’ont pas la qualité de
commerçants et ne sont tenus des dettes sociales que dans la limite du
montant de leurs apports.
C'est le cas des actionnaires, des commanditaires et des associés à
responsabilité limitée pour lesquels seule la capacité civile est exigée.
A titre d’exemple, un mineur, dûment représenté, peut être actionnaire
dans une société anonyme.
q Le consentement
Les associés doivent se mettre d’accord sur les éléments essentiels de la
société, telle sa nature, son objet, sa durée, les apports, les modalités de
répartition des bénéfices ou de contribution aux pertes.
Le consentement doit être librement donné et ne doit pas être entaché de
vice de consentement .
Il en résulte que tout associé qui a souscrit au départ au contrat de société
peut en demander la nullité s'il a été victime d'une erreur, d'un dol ou
d'une violence, et ce conformément à l’article 39 du DOC. (DOC, art. 39).
C’est l’exemple de l'erreur qui peut porter sur la forme de la société et les
engagements qui pourraient en résulter pour les associé.
q L’objet
Les associés doivent indiquer le type d'activité qu'ils souhaitent exercer.
Lorsque l'activité choisie est réglementée, la société doit obtenir une
autorisation administrative ou une licence d'exploitation.
Toute société doit avoir un objet licite, conformément à l’article 985 du
DOC qui dispose que: « toute société doit avoir un but licite. Est nulle de
plein droit toute société ayant un but contraire aux bonnes mœurs, à la loi
ou à l'ordre public ».
q La cause
C'est le motif qui détermine la création de la société, la cause correspond à
la motivation profonde des associés.
C’est le cas de toute société crée avec une intention de fraude, ou de ne
pas respecter les obligations légales impératives.
Formalités de création
étape n°1: Le certificat négatif
La première démarche dans la constitution de la société est l'obtention
d'un certificat négatif pour la dénomination sociale choisie. Ce certificat,
délivré par l’OMPIC , atteste qu'aucune dénomination similaire ou
semblable n'a été déposée au jour de sa délivrance.
Etape n°2: La rédaction des statuts
c’est l’acte de société , le document juridique contractuel qui énonce les
règles qui vont régir l’ensemble de la vie de la société .
Les statuts doivent être établis par écrit conformément à l’article 11 alinéa
1 de la loi 17-95 qui dispose que: « Les statuts de la société doivent être
établis par écrit ».
Les statuts peuvent être établis, soit par un acte authentique,
authentique soit par un
acte sous seing privé.
privé
Les statuts doivent comporter au minimum 11 mentions obligatoires
conformément à l’article Article 451 de la loi n° 5-96 qui dispose que:
« Les sociétés commerciales doivent mentionner dans leur déclaration
d'immatriculation à travers la plateforme électronique créée à cette fin :
1) les nom et prénom des associés, autres que les actionnaires et
commanditaires, la date et le lieu de naissance, la nationalité de chacun
d'eux ainsi que le numéro de la carte d'identité nationale ou pour les
étrangers résidents celui de la carte d'immatriculation ou, pour les
étrangers non-résidents le numéro du passeport ou de toute autre pièce
d'identité en tenant lieu ;
2) la raison sociale ou la dénomination de la société et l'indication de la
date du certificat négatif délivré par le registre central du commerce ;
3) l'objet de la société ;
4) l'activité effectivement exercée ;
5) le siège social et le cas échéant, les lieux où la société a des succursales
au Maroc ou à l'étranger ou le lieu de domiciliation de son siège social, le
cas échéant ;
6) les noms des associés ou des tiers autorisés à administrer, gérer et
signer pour la société, la date et le lieu de leur naissance, leur nationalité
ainsi que le numéro de la carte d'identité nationale ou pour les étrangers
résidents celui de la carte d'immatriculation ou, pour les étrangers non
résidents le numéro du passeport ou de toute autre pièce d'identité en
tenant lieu ;
7) la forme juridique de la société ;
8) le montant du capital social ;
9) si la société est à capital variable, la somme au-dessous de laquelle le
capital ne peut être réduit ;
10) la date à laquelle la société a commencé et celle à laquelle elle doit
finir ;
11) la date et le numéro du dépôt des statuts au secrétariat-greffe ».
Tous les associes doivent signer les statuts soit en personne soit par
mandataire justifiant d’un pouvoir spécial conformèrent a l’article 891 du
DOC qui dispose que:
« Le mandat spécial est celui qui est donné pour une ou plusieurs affaires
déterminées, ou qui ne confère que des pouvoirs spéciaux ».
Etape n°3: Etablissement des bulletins de souscription (Uniquement
pour certaines formes de sociétés)
Le bulletin de suscription est un document que doit remplir la personne qui
souhaite participer à la constitution du capital de l'entreprise. Ce bulletin
constitue une promesse d’apport en espèce.
Etape n°4: Etablissement de la déclaration de souscription et de
versement (Uniquement pour certaines formes de sociétés)
La déclaration de souscription et de versement est un document constatant
le montant des versements effectués par les actionnaires.
Etape n°5: Le blocage des fonds
Le blocage du capital s'effectue auprès de la banque qui fournit au client
une attestation bancaire prouvant qu’il dispose des fonds nécessaires et
obligatoires exigés par la loi.
Etape n°6 : L’enregistrement des actes
C’est une formalité fiscale obligatoire et préalable à l’immatriculation
On refuse d’immatriculer les actes de sociétés qui ne sont pas enregistrés.
Cette procédure donne lieu à la perception d’un impôt dit "droit
d’enregistrement".
Etape n°7 : Inscription à la taxe professionnelle
C'est l'inscription de la société auprès de l’administration des impôts.
Cette étape de la création permet à l’entreprise de choisir son régime fiscal
et d'obtenir notamment son identifiant fiscal.
Etape n°8 : L’immatriculation au Registre du Commerce
L’immatriculation au registre du commerce constitue l'acte de naissance
de la personnalité morale.
L’immatriculation au RC est obligatoire pour toute personne physique
ou morale exerçant une activité commerciale au Maroc(sauf les
sociétés en participation).
Acte qui se fait au niveau du greffe du tribunal de commerce dans le
ressort duquel se situe le siège social.
Les inscriptions au RC comprennent également les modifications et les
radiations.
radiations
Depuis 2019, les inscriptions au RC doivent se faire par voie
électronique sur le site dédié dans la plateforme électronique au
secrétariat-greffe du tribunal dans le ressort duquel est situé
l’établissement principal du commerçant ou du siège social de la
société.
L'immatriculation des personnes morales doit être requise dans les trois
mois de leur création. Il en est de même des succursales et agences
marocaines ou étrangères.
L’obtention d’un numéro du RC est très important, il doit figurer sur tous
les documents de la société.
Formalités après la création
ü La publication
Après l’immatriculation au registre de commerce et dans un délai
n’excédant pas un mois, deux publicités sont obligatoires au bulletin
officiel et au journal d’annonces légales.
Un extrait des statuts est ainsi publié mentionnant :
les renseignements essentiels sur la société (forme, dénomination,
siège social, durée, montant du capital, etc.)
et le numéro de l'immatriculation de la société au registre de commerce.
ü Affiliation à la CNSS
L’affiliation à la CNSS est une obligation légale qui concerne toutes les
entreprises et tous les employeur quel que soit leur activité(libérale, pèche,
artisanat, commerce, agricole, services, associatif, industrie…..)
La CNSS délivre à l’intéressé un numéro d’affiliation prouvant son
identification et son rattachement au régime.
L’acquisition de la personnalité morale n’intervient pas de plein droit dès
que le contrat de société est conclu.
Elle est subordonnée à l'immatriculation de la société au registre du
commerce
Les attributs de la personnalité
morale
Une personne morale est le groupement de plusieurs individus animés
par la réalisation d'un but commun et auquel la loi confère la personnalité
juridique.
Cette personnalité morale se manifeste par l'attribution à la société d'un
nom, d'un domicile, d'une nationalité, d'un patrimoine et d'une existence
juridique propre.
q La dénomination sociale
Comme toutes les personnes juridiques, les sociétés s’identifient par un
nom, c’est la dénomination sociale.
Elle est librement choisie par les associés et doit figurer sur tous les
documents juridiques de la société suivie de la forme légale.
Le nom ne doit pas être contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs
Il ne faut pas utiliser une dénomination qui trompe les milieux
commerciaux et le public sur la nature de l'entreprise désignée.
L’article 178 de la loi n° 17-97 relative à la protection de la propriété
industrielle dispose que : « Ne peut constituer un nom commercial un nom
ou une désignation qui, par sa nature ou par l’usage qui peut en être fait,
est contraire aux bonnes mœurs et à l’ordre public ou qui pourrait tromper
les milieux commerciaux ou le public sur la nature de l’entreprise désignée
par ce nom ».
La société ne peut avoir plusieurs noms puisque le but c’est de pouvoir
l’individualiser. mais elle peut avoir une enseigne commerciale.
C’ est le signe qui sert à identifier et à localiser géographiquement un
établissement commercial exploité soit par un commerçant personne
physique ou personne morale.
Il ne faut pas utiliser une dénomination similaire ou semblable à une
dénomination déjà existante.
La dénomination d’une entreprise personne morale est protégée sur
l’ensemble du territoire national par l’OMPIC.
La dénomination figure parmi les mentions obligatoires qui doivent être
indiquées dans les statuts.
C'est par le nom que la société est identifiée aux impôts, au registre du
commerce, à la conservation foncière, à la CNSS, à l'OMPIC et au niveau de
toutes administrations publiques et privées.
Le changement de dénomination ne peut être opéré que par une décision
des associés prise dans les conditions prévues pour la modification des
statuts.
Ce changement doit faire l'objet des formalités de publicité requises pour
la modification des statuts.
q Le domicile
Il s'agit soit du siège social ou, à défaut, de la domiciliation.
ü Le siège sociale
C'est le lieu où se trouvent les principaux organes d'administration et de
direction administrative, technique, commerciale, financière et comptable
de la société et où sont tenus et conservés les livres, documents et
registres de la société.
L’Utilité du siège sociale:
ü Déterminer les tribunaux territorialement compétents pour connaitre
des poursuites exercées contre la société : est compétent le tribunal
dans le ressort duquel se situe le siège social.
ü Connaitre les lieux où doivent être accomplies les formalités
administratives (formalités légales de publicité/RC, dépôt des
déclarations fiscales….)
ü Concernant la loi applicable à la société, les sociétés ayant leurs sièges
sociales au Maroc relèvent de la loi marocaine.
Il se peut que le siège social statutaire ne coïncide pas avec le siège
social réel : les statuts indiquent Rabat, l’activité est exercée à Tanger,
alors que les organes de société se réunissent à Casablanca.
Le siège est le centre de la vie juridique de la société, le lieu où
fonctionnent et se réunissent les principaux organes de la société.
Le centre de la vie juridique est en principe unique alors que le lieu de
l’exercice de l’activité est souvent multiples (plusieurs entreprises et
succursales)
Il arrive que le siège social d’une société soit fictif et ne corresponde pas au
lieu où la société a son centre d'activité juridique. Et ce pour bénéficier
d’un régime fiscal favorable(Exp Zones franches)
Les juges peuvent constater la fictivité du siège social et refuser le
bénéfice du régime fiscal de faveur.
Le transfert du siège peut être décidé librement à condition de respecter
les conditions requises pour la modification des statuts.
ü La domiciliation عقد التوطين
La domiciliation des entreprises consiste à donner une adresse juridique
à une personne physique ou morale sans que l’activité de cette
dernière ne soit nécessairement basée dans cette adresse.
il s’agit uniquement d’une adresse de correspondance avec les
administrations et les tiers.
Le législateur est désormais intervenu pour réglementer la domiciliation
par la loi n° 89-17 du 2019 pour modifier et compléter le code de
commerce.
La domiciliation est même devenue une activité commerciale que la
nouvelle loi a ajouté à la liste de l'article 6 du code de commerce. Le
domiciliataire est donc devenu un commerçant.
D'après l'article 544-1 du code de commerce "la domiciliation de
l'entreprise est le contrat par lequel une personne physique ou
morale, dénommée domiciliataire, met le siège de son entreprise ou
son siège social à la disposition d'une autre personne physique ou
morale,
morale dénommée domiciliée pour y établir le siège de son
entreprise ou son siège social, selon le cas".
La durée de la domiciliation était autrefois fixée à une durée maximale
de six mois, alors que désormais le contrat de domiciliation peut être
conclu pour une durée déterminée renouvelable par tacite
reconduction conformément à l’article 544-2 qui dispose que: « Le
contrat de domiciliation est établi pour une durée déterminée
renouvelable et selon un modèle fixé par voie réglementaire ».
Le contrat de domiciliation constitue l’un des éléments du dossier à
déposer pour l’immatriculation au registre de commerce, il doit
impérativement être établi par écrit en mentionnant toutes les
clauses énumérées dans le contrat type annexé au décret
d’application des articles 544-2 et 544-7 de la loi 89.17.
Les obligations du domiciliataire:
le domiciliataire est tenu de respecter les dispositions de l’article 544-4.
Il doit ainsi « Mettre à la disposition de la personne domiciliée des locaux
équipés de moyens de communication et dotés d’une salle permettant la
tenue des réunions, ainsi que des locaux destinés à la tenue, la
conservation et la consultation des registres et documents prévus par les
textes législatifs et réglementaires en vigueur ».
S’assurer de l’identité de la personne domiciliée, en exigeant une copie de
la pièce d’identité de la personne physique domiciliée ou un extrait
d’immatriculation au registre du commerce ou tous autres documents
remis par l’autorité administrative compétente permettant d’identifier la
personne domiciliée.
Conserver et s’engager à maintenir à jour la documentation afférente à
l’activité de l’entreprise ;
Conserver les documents servant à l’identification de la personne
domiciliée pendant une durée d’au moins cinq ans après la fin des relations
de domiciliation »
Par conséquent, le domiciliataire reste responsable quant à l’exactitude
des informations collectées des personnes domiciliées.
D’un autre côté, une obligation de communication incombe au
domiciliataire conformément à l’article 544-4 lui imposant de « fournir
avant le 31 janvier de chaque année aux services des impôts, la Trésorerie
générale du Royaume et l’administration des douanes, le cas échéant, une
liste des personnes domiciliées au titre de l’année précédente » ;
Il découle de ces obligations que le domiciliataire devient désormais
responsable fiscalement des personnes physiques ou morales dont il assure
la domiciliation, afin de permettre à l’administration fiscale de sécuriser le
recouvrement des impôts mais également de mieux conserver les droits et
intérêts des tiers ayant eu affaire avec ces personnes domiciliées.
Un certain nombre d’infractions est prévu par le texte qui prévoit des
sanctions à l’encontre du domiciliataire contrevenant qui verrait sa
responsabilité pénale engagée et serait ainsi passible du paiement
d’amende de dix mille (10.000) à vingt mille (20.000) dirhams,
lorsqu’il enfreint les dispositions de l’articles 544-4 susmentionné, à savoir
l’obligation de détenir des informations sur les personnes physiques ou
morales domiciliées, de communiquer la liste des personnes domiciliées à
l’administration fiscale, d’informer celle-ci des courriers fiscaux non-remis
aux personnes domiciliées et de communiquer toutes informations utiles
sur ses personnes en cas d’exécution d’une décision, etc…
Concernant les obligations du domicilié,
domicilié l’obligation principale du
domicilié est la déclaration auprès du domiciliataire concernant
les possibles changements d’adresses personnelles et d’activité
ainsi que d’autres changements concernant son entreprise comme :
la forme juridique ( SARL, SNC,…)la dénomination et l’objet, les noms
et adresses des dirigeants ainsi que les personnes disposant de
délégation pour traiter avec le domiciliataire. Cette clause de
déclaration de changement est intégrée au sein du contrat de
domiciliation.
Le domicilié doit également remettre au domiciliataire tous les registres
de documents nécessaires pour la bonne exécution de ses obligations.
Toutes les informations relatives au litige probable ou toute autre affaire
doivent parvenir au domiciliataire.
A cela s'ajoute l’obligation d’informer les autorités compétentes de
l’arrêt de la domiciliation avant de mentionner sa qualité de domicilié dans
l’ensemble des documents commerciaux destinés à autrui.
q La nationalité
Les sociétés, comme les individus, ont une nationalité. Il existe ainsi des
sociétés marocaines et des sociétés étrangères.
La nationalité des sociétés est déterminée par leur siège social.
L’article 5 de la loi sur la société anonyme dispose que : « Les sociétés
anonymes dont le siège social est situé au Maroc sont soumises à la
législation marocaine ».
q Le patrimoine
Le patrimoine de la société se compose de l’actif, constitué par:
Ø les apports en numéraire et en nature des associés
Ø et par les biens acquis par elle à l’occasion de son activité (meubles et
immeubles).
La société a un patrimoine qui lui est propre. On dit qu’il est autonome car
il ne se confond pas avec celui des associés.
D’une part, Les créanciers personnels des associés ne pourront en aucun
cas saisir le patrimoine social pour éteindre leurs créances.
D’autre part, le passif de la société ne peut être imputé sur le patrimoine
des associés à l’exception des sociétés de personnes dans lesquelles la
responsabilité des associés est indéfinie.
La fin de la société
Le contrat de société peut prendre fin pour différentes causes.
Conformément à l’article 1051 du DOC, elles peuvent être soit
d'origine volontaire,
volontaire légale, ou judiciaire.
judiciaire
q Dissolution volontaire
Les associés peuvent décider de mettre fin à leur société avant l’arrivée du
terme.
Cette décision sera prise lors d’une assemblée générale extraordinaire.
q
q Dissolution légale
Certaines situations entraînent la dissolution de plein droit de la société
ü Expiration de la durée de la société:
société
Lorsque la société a été constituée pour une durée déterminée, l'arrivée du
terme met fin à la vie de la société qui se trouve dissoute de plein droit
Dans la pratique, la durée de la société est fixée à 99 ans.
ans (l'article 2 de la
loi 17-95 )Elle ne peut l’excéder sous réserve de prorogation.
ü Réalisation de l’objet
Lorsque l'objet pour lequel la société a été constituée est réalisé,
réalisé la société
est dissoute.
dissoute Ce qui suppose que l'objet social se limite à une opération
temporaire.
Exemple: Une société de construction constituée pour construire un
bâtiment sera dissoute à l'achèvement du projet.
ü Extinction de l'objet
La société est également dissoute quand il s'avère que l'objet social est
impossible à réaliser;
réaliser dans ce cas la société devient sans objet.
objet
C’est l’exemple d'une société qui s'est vue retirer, l’autorisation nécessaire
pour exercer son activité, ou d'une société dont l'objet est d'exploiter une
activité interdite.
ü Annulation du contrat de société
Lorsque les conditions de la formation du contrat ne sont pas respectées
(vice du consentement, par exemple), Le juge peut prononcer l’annulation
du contrat de société .
« Celle-ci se trouve de plein droit dissoute sans rétroactivité et il est
procédé à sa liquidation », conformément à l’article 346 de la loi 17-95
applicable à toutes les sociétés commerciales.
ü Liquidation judiciaire
Le jugement d'ouverture de la liquidation judiciaire emporte de plein droit
dissolution de la société qui entre en phase de liquidation.
Conformément à l’article 669 du code de commerce , le tribunal peut, à
tout moment, prononcer la clôture de la liquidation qui entraîne l'extinction
de la personnalité morale.
q Dissolution judiciaire
La dissolution judiciaire est prononcée par le juge à la demande d'un
associé pour justes motifs ou à titre de peine accessoire à une
condamnation pénale.
q
ü Dissolution pour justes motifs
Conformément à l'article 1056 du DOC, tout associé peut poursuivre la
dissolution de la société, même avant terme, s'il y a de justes motifs.
On peut citer, à titre d’exemple, le cas de Mésintelligences graves entre les
associés, ou de Manquement d'un associé à ses obligations.
• Mésintelligences graves entre les associés
Cette mésentente entre les associés ne peut être considérée comme motif
de dissolution que si elle conduit à entraver, bloquer ou paralyser le
fonctionnement normal de la société.
société
•
• Manquement d'un associé à ses obligations
C’est le cas, à titre d’exemple, d’un associé qui a promis de faire un
apport à la société, mais qui refuse de tenir ses engagements. Dans de tels
cas, les autres associés peuvent demander la dissolution de la société.
Il en va de même lorsqu'un associé travaille pour un concurrent ou crée
une entreprise concurrente.
ü Dissolution à titre de peine accessoire à une condamnation pénale
L'article 36 du Code pénal prévoit, parmi les peines accessoires, la
dissolution d’une personne juridique.
Selon l'article 47 du même Code, cette dissolution interdit la continuation
de l'activité sociale même sous un autre nom et avec d'autres dirigeants et
doit entraîner la liquidation de la société.
q Les causes statutaires de dissolution
Malgré que le DOC n'a pas prévu expressément la possibilité d’insérer des
clauses statutaires de dissolution, rien n'interdit aux statuts de prévoir des
causes de dissolution autres que celles prévues par la loi .
il peut être prévu, à titre d’exemple, que la société sera dissoute à la
survenance d'un événement déterminé tel que la succession de plusieurs
exercices déficitaires.