Cours 8 Litt Contemporaine 1
Cours 8 Litt Contemporaine 1
SOUAMES Amira
Les textes littéraires appartiennent à tout le monde ; or, tout le monde n'est pas aujourd'hui en mesure de percevoir les
significations, les enjeux, les attraits des faits culturels. Cela exige une information de base, et une maîtrise suffisante de la
perspective historique."
Lectures obligatoires
Marie-Madeleine
GALLIMARD, 1995.
2004
Publication : 1987.
Objectif :
Cours /TD Semestre II Dre. SOUAMES Amira
Dans la première partie du programme (1er semestre), nous avons insisté sur la
crise du langage liée à un contexte sociohistorique ébranlé par de nombreuses guerres
(1914-1918, guerre d’Espagne, 1940, guerres coloniales) mais qui, jusque-là, n’ont
trouvé échos dans la littérature que d’une façon détournée (dadaïsme, surréalisme).
Cette deuxième partie du programme vise donc à faire connaître les grands
courants esthétiques, du point de vue thématique et formel, dans les littératures
contemporaines. Identification de quelques grands courants littéraires du XXIe siècle,
tant du point de vue des thèmes ou des idées que du point de vue des formes ou des
modes d'expression : le néolyrisme, l'Oulipo, le réalisme magique, la nouvelle
'autobiographie l’autofiction, le postmodernisme, etc.). Les analyses de cas et les
lectures seront en fonction des corpus étudiés.
Préambule :
A partir des années 60, d’autres crises apparaissent un peu partout dans le monde
(mouvements de décolonisation, révolte étudiante et ouvrière 1968, guerres du
Vietnam, crise du Chili, d’Argentine, de Tchécoslovaquie, d’Afghanistan, disparition
de l’URSS) qui suscitent des mouvements de masses et des idéaux généreux.
Néanmoins, ils se rendent compte de leurs illusions et se retrouvent dans un état
d’incertitude idéologique.
Le public partagé entre une littérature d’avant-garde qui est influencée par la
littérature étrangère, de nouvelles publications des classiques littéraires du Moyen-âge
aux années 50 et une paralittérature abondante et diverse, devient de plus en plus
nombreux et change ses habitudes de lecture en fonction d’une attirance souvent
inconsciente de la culture américaine ou anglo-saxonne. D’ailleurs, les textes ne sont
pas forcément lus mais écoutés ou vus en films puisque la propagation des courants
musicaux et audiovisuels envahit les médias en masse.
Ce choix de textes qui ne cherche pas l’exhaustivité mais donne à lire un très
grand nombre d’auteurs ayant écrit depuis les années quatre-vingt-dix s’ouvre sur une
préface optimiste.
En ce début du XXIe siècle, ce sont les deux questions qu’on a posées. Comme le
pourquoi est plus difficile à traiter, on a tenté de répondre d’abord au comment.
Deux traditions des études littéraires ont alterné depuis le XIXe siècle en France, La
tradition théorique considère la littérature comme même, valeur éternelle et
universelle ; la tradition historique envisage l’œuvre comme autre, dans la distance de
son temps et de son lieu. On parle de synchronie (voir les œuvres du passé comme si
elles nous étaient contemporaines) et de diachronie (voir, ou tenter de voir, les œuvres
comme le public auquel elles étaient destinées). Une opposition voisine est celle de la
rhétorique ou de la poétique, et de l’histoire littéraire ou de la philologie : celles-là
s’intéressent à la littérature dans sa généralité, afin d’en tirer des règles ou même des
lois ; celles-ci s’attachent aux œuvres dans ce qu’elles ont d’unique et de
circonstanciel, et les expliquent par leur contexte.
La question du pourquoi est plus ardue. Quelle valeur peut avoir la littérature
dans la société et la culture contemporaines ? Quelle utilité ? Doit-elle être maintenue
à l’école et dans le monde ? Une réflexion sur l’usage et sur le pouvoir de la littérature
est urgente à mener : « Ma confiance dans l’avenir de la littérature, avançait Italo
Calvino1 dans ses Leçons américaines.
1 Italo Calvino, immense écrivain italien, est décédé en 1985. Ce n’est pas de chance, notamment pour la littérature
et pour les universitaires d’Harvard, puisque c’est justement en 1985-1986 qu’il devait tenir un cycle de
conférences sur la littérature. Il avait choisi six thèmes, six valeurs essentielles pour le lecteur et l’auteur qu’il était.
Légèreté, rapidité, exactitude, visibilité, multiplicité et consistance, voilà les valeurs qu’il voulait transmettre au
prochain millénaire. Malheureusement, le temps lui manquera pour rédiger le texte de sa sixième et dernière
conférence.
Lorsqu’il écrit les Leçons américaines, Italo Calvino est à la tête d’une œuvre conséquente et multiforme : romans,
essais, contes, autoportrait, expériences littéraires (il était membre de l’Oulipo). On peut remercier cet auteur
prévoyant et méthodique d’avoir non pas pris des notes brouillonnes et peu claires, mais rédigé bien proprement
ses travaux et les avoir organisés, ce qui nous vaut le plaisir de les lire dans une version quasi-achevée.
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des moyens qui lui sont propres. » Puis-je reprendre à mon compte ce credo
aujourd’hui ? Ou bien la littérature est-elle remplaçable ?
délicate pour les enseignants, particulièrement au Québec où « [d]es balises très larges
sont fournies pour la sélection des auteurs et des titres » (Dezutter et al., 2012, p.
112). Dans les faits, il leur incombe d’» inventer leur corpus » (André et Barraband,
2015, p. 9). Or, cette tâche n’est effectivement pas dépourvue de risques : « comment
travailler sans le recul du temps, surdes œuvres inachevées et dont on ignore la
postérité ? Comment [...] échapper aux affinités électives et aux effets de modes ? »
(ibid.) les termes « contemporain » et « présent » sont de quasi-synonymes (comme
en témoigne la récurrence de termes tels que « actuel », « maintenant », « aujourd’hui
»). Les raisons invoquées par les participants à l’enquête peuvent, à cet égard, être
interprétées comme l’effet d’un « présentisme et [d’un] regard centré sur notre
contemporain comme contemporain » (Ruffel, 2010, n. p). Toutefois, comme le
souligne Gervais (2009), « au-delà de l’assertion préliminaire que le contemporain,
c’est le présent, sa véritable portée est soumise à de multiples torsions et
interprétations » (n. p.). Il apparaît donc nécessaire de cerner plus précisément ce que
désigne le « contemporain » pour les futurs enseignants que nous avons interrogés et,
plus particulièrement, dans quel horizon temporel ils l’inscrivent.
Dans la vaste production éditoriale quantitativement de plus en plus forte au fil des
années, voisinent en effet des livres de facture bien différente, dont certains n’ont
aucun trait particulièrement distinctif et se satisfont de perpétuer des pratiques
romanesques instituées de longue date. Ces ouvrages ne sont pas discriminants pour
cerner la singularité d’une époque : ils ont quelque chose d’atemporel dans leur
esthétique même, souvent très académique et traditionnelle.
Loin de construire une définition argumentée, son texte prend la forme d’une
litanie de métaphores, plus ou moins superposables, certaines très obscures, voire
élégantes mais gratuites, d’autres, plutôt recevables et certaines, très pertinentes. Ce
recours aux métaphores
manifeste une impasse de la théorie, sinon même le congé qui lui est donné au cours
de ces années 1980 qui rompent, on le sait bien, avec les « théories de la littérature ».
approche possible est pragmatique. Elle est le fruit d’une observation des phénomènes
qui distingue les esthétiques et les enjeux nouveaux de ceux qui prévalaient
auparavant. Aussi s’agirat‑il d’une définition historique et non théorique. C’est là que
l’étude du contemporain rencontre des questions d’histoire littéraire.
Si elle est historique, cette définition doit porter sur les œuvres et sur ce qu’on y lit —
en les confrontant à ce que les œuvres de la période antérieure proposaient.
Tenter de répondre à cette question, c’est à la fois le pari de ces quelques heures de
cours et l’annonce immédiate de son échec. En effet, la littérature contemporaine,
comme l’art contemporain, ne saurait se réduire à une définition, une forme, une
problématique. Elle est au contraire traversée par des courants, des lignes directrices,
des errements, des singularités et des lignes de fuites.
La période contemporaine est marquée par une grande dispersion, il faut donc
affronter la pluralité. Les périodes précédentes connaissaient bien sûr une grande
pluralité mais elles étaient marquées par des lignes théoriques, des courants, des
écoles, des avant-gardes, toutes choses qui ont aujourd’hui disparu.
— Un second 20ème siècle serait celui des utopies avant-gardistes dans lesquelles on
retrouverait le surréalisme, le nouveau roman, Tel Quel ou le théâtre de l’absurde, et
quelques autres.
— Enfin, un changement de paradigme s’opère depuis trente ans, depuis les années
80. On constate un épuisement des théories et des avant-gardes dans la littérature, une
plus grande dispersion des formes et des expérimentations.
Mais cet éclatement ne doit pas signifier une absence de description ou de tentative de
distinction. Ce que nous apprend d’abord la littérature contemporaine, c’est de ne plus
poser et penser la littérature au travers un système d’opposition classique
roman/poésie, lyrique/formel, lisible/illisible.
Dans un geste panoramique, Dominique Viart distingue trois lignes directrices pour
envisager la littérature contemporaine :
— Une littérature concertante. C’est une littérature qui serait dans les clichés du
moment, dans le bruit culturel contemporain entre scandale calibré et formules
répondant au bain du spectacle ambiant. La préoccupation n’est pas ici l’écriture, mais
plutôt le coup ou le bruit de fond médiatique.
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— Une littérature déconcertante : c’est une littérature qui déplace l’attente, qui
échappe au préconçu, au prêt-à-penser culturel. Elle s’extrait du simple régime de la
consommation (la consommation des signes du spectacle et du spectaculaire). L’enjeu
de ces écritures, déranger les consciences d’être au monde, tenter de dire ou signifier
le réel, la violence du monde, ou de l’intimité sans céder sur les questions d’écriture :
de nouvelles significations impliquent de nouvelles formes, de nouvelles syntaxes.
Si la littérature des années 80 s’éloigne des esthétiques des années 50-70, il demeure
une littérature inquiète qui fonde ses conditions de possibilité sur la conscience d’une
incertitude et la nécessité d’un dialogue critique.
Dès lors l’écriture déconcertante est une conscience d’une nécessité et d’une
impossibilité. Cette expression empruntée à Peter Bürger (La prose de la modernité,
Klincksieck, 1994) s’articule également à la pensée de Philippe Forest pour penser la
littérature (en générale), la contemporaine (en particulier).
Dans un récent essai, Le Roman, le réel, Philippe Forest propose une lecture moderne
et aporétique du roman.
Nombre de travaux ont été publiés depuis, qui analysent des œuvres singulières,
le trajet d'un écrivain, discernent des tendances, des formes esthétiques, des
problématiques transversales.
Toutes ces études ont permis d'établir peu à peu un ensemble de caractéristiques
esthétiques, de pratiques et d'enjeux littéraires discriminants, et de dessiner ainsi les
contours généraux de la «littérature contemporaine» dans notre pays, par opposition
d'une part à une littérature plus traditionnelle, d'autre part aux œuvres des dernières
avant-gardes, plus formalistes et plus strictement expérimentales.
Il est établi aussi que cette littérature porte un regard critique, non seulement sur le
monde dont elle parle, et plus généralement sur ses objets, quels qu'ils soient, mais
aussi sur les formes autrefois sollicitées pour traiter de ces mêmes questions, et sur
celles qu'elle-même met en œuvre aujourd'hui. Elle hérite en cela de l'attention
développée par la littérature moderne sur son propre fonctionnement —et manifeste
une certaine conscience réflexive de sa position dans l'histoire littéraire.
Car cette relation au passé n'est pas un retour au passé, ni néo-traditionnalisme ni néo-
classicisme, loin de là. François Hartog a raison de le souligner. Du reste, la littérature
contemporaine dialogue tout autant avec la littérature moderne —et même avec les
Avant gardes. Nombreux sont les écrivains qui citent Flaubert, Proust, Faulkner,
Kafka, Céline, Beckett, Sarraute, Simon… parmi leurs modèles, ou parmi les
intercesseurs de leurs propres œuvres. Les rencontres de Chaminadour, organisées par
Hugues Bachelot et Pierre Michon, ont pris ces dernières années une allure qui le
montre bien, en associantpar exemple Maylis de Kérangal et Claude Simon, Mathias
Enard et Blaise Cendrars, Mathieu Riboulet et Jean Genet, ou encore Pierre Michon
lui-même et Antonin Artaud. Pour nombre d'écrivains, le travail exploratoire auquel la
modernité et les Avant-gardes se sont livrées offre ainsi une sorte de «boîte à outils»
technique, un répertoire de formes possibles, dans laquelle ils puisent allègrement,
non pour en jouer, mais pour trouver de nouvelles manières de se relier aux thèmes et
enjeux qui sont les leurs.
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Temporelle, la relation est aussi spatiale. Sans doute n'est-ce pas une nouveauté: les
littératures des périodes antérieures ont déjà largement pris en considération ce qui se
publiait au-delà de nos frontières nationales ou linguistiques. Mais le phénomène de la
mondialisation accentue considérablement la portée de ces échanges, que favorisent
en outre les politiques de traduction de plus en plus soutenues. Les écrivains français
et francophones sont largement nourris de littératures étrangères.
À tout cela s'ajoute la puissante relation que la littérature présente instaure avec les
autres disciplines de la pensée. Sa manière de revisiter l'Histoire, nourrie des
méthodes de la micro-storia et partageant le «goût des archives», a développé la forme
des romans et récits archéologiques qu'à leur tour les historiens adoptent parfois eux-
mêmes. Les échanges entre sociologie et littérature sont de plus en plus fréquents,
d'Annie Ernaux à Jean Echenoz, de Pierre Bergounioux à Édouard Louis ou Marie-
Hélène Lafon, qui empruntent des concepts à cette discipline, d'autres, plus nombreux
encore qui se penchent sur les objets qui sont les siens, s'interrogent sur des
communautés particulières, mettent en œuvre des dispositifs qui s'inspirent de leurs
méthodes et de leurs pratiques. Pascal Quignard et Gérard Macé dialoguent avec
l'ethnologie, Michon, Rouaud, Nadaud avec l'anthropologie, Mathieu Larnaudie avec
l'économie, Arno Bertina, Sony Labou Tansi, In Koli Jean Bofane avec le politique…
etc. Ce type de dialogue produit aussi un effet formel: de plus en plus les textes
entremêlent discours et récit, document et fiction, essai et forme lyrique, multipliant à
l'intérieur même du texte les relations entre les genres du discours et les savoirs.Ma
vie rouge Kubrick, de Simon Roy, va dans ce sens.
Il n'est guère possible de développer ici toutes les formes que prennent ces relations,
mais un constat, donc, s'impose : la littérature contemporaine est une littérature en
relation, largement ouverte autour d'elle à d'autres champs, d'autres disciplines,
d'autres périodes, d'autres esthétiques, d'autres littératures, d'autres arts, et mêmeà
d'autres discours sociaux, soit qu'elle s'en empare, soit qu'en joue, comme
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D’abord les figures littéraires comme Beckett, ou les écrivains dont l’œuvre a
connu une forme d’apogée vers 1975. Parmi eux, Viart distingue Barthes,
Doubrovsky et Perec. D’abord parce qu’ils ont donné à la biographie,
l’autobiographie ou l’autofiction (mot inventé par Doubrovsky) une place ou un rôle
déterminants. On trouvera aussi un extrait de Dora Bruder, récit clé de Modiano,
parce que ce livre appartient à la mémoire collective.
Le rapport à l’Histoire :
Mémoire collective ou rapport avec l’Histoire qui seront très importants dans la
deuxième « période » envisagée par Viart, celle des grands inventeurs. De Jean
Echenoz pour qui le plaisir de la découverte est le moteur de l’écriture, à Annie
Ernaux, Pierre Bergounioux ou Jean Rouaud qui écrivent entre littérature et
sociologie, en passant par Pierre Michon ou Pascal Quignard dont les œuvres
semblent s’inscrire dans une tradition classique qu’ils ne cessent de subvertir, on
trouvera tous les noms qui ont fait ces années vivantes. Tous ont dû se débrouiller
avec l’héritage formel des années soixante, en préserver la meilleure part, et parler de
l’Histoire, de l’homme dans le monde4.
On dit aussi Un esprit tutélaire (en latin spiritus tutelaris) ou divinité tutélaire est une entité héritée ou acquise
présidant à la destinée d'un individu, d'une collectivité, d'une époque, d'un lieu ou d'une ville, et cela de façon
bénéfique.
Il convient de différencier les expressions « esprit auxiliaire » (terme le plus général), « esprit tutélaire », « esprit
gardien », « esprit familier », « génie », « anges gardiens », « double », etc. qui font référence à des systèmes
culturels différents.
Diffusion des auteurs classiques dans les filières presque exclusivement scolaires et
universitaires;
masse de la production littéraire pour classes moyennes produite selon les canons
du XIXe siècle (réalisme);
Entre les deux premières catégories qui se veulent Littérature et les deux dernières
réellement consommées par le grand public, les liens sont presque nuls.
Place de la littérature :
Les grandes idéologies laissent un vide, la poursuite d'idéaux généreux est souvent
suivie de rudes désillusions.
Éléments d'évolution :
6Tel Quel est une revue de littérature française d'avant-garde, fondée en 1960 à Paris aux Éditions du Seuil par
plusieurs jeunes auteurs réunis autour de Jean-Edern Hallier et Philippe Sollers. La revue avait pour objectif de
refléter la réévaluation par l'avant-garde des classiques de l'histoire de la littérature. En dépit de son orientation
littéraire, les positions de la revue sont très caractéristiques des mouvements d'idées des années 1960 et 1970.
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La littérature française, en ce début XXI ème siècle, revient à des formes plus
traditionnelles, contrastant avec le foisonnement et l'innovation formelles du XXI ème
siècle. Même s'il est aujourd'hui mal-aisé de dégager ce que l'on pourrait appeler des
courants littéraires, nous pouvons tout de même repérer des tendances. Nous ne
prétendons pas à l'exhaustivité.
Le réalisme magique se distingue en ce début de XXI ème siècle, porté par des
auteurs tels que Marie N'Diaye, Véronique Ovaldé ou Sylvie Germain.
7 La cyberédition, ou édition en ligne, désigne une forme d'édition apparue parallèlement à la popularisation de
l'Internet, à la fin des années 1990, en progression constante depuis. Le cyberéditeur diffère de l'éditeur
traditionnel en ce qu'il propose ses publications essentiellement en ligne, sous la forme de fichiers numériques,
généralement appelés livres électroniques (ebooks).
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minimalisme et littérature ludique : "Le goût du jeu est en effet chez eux bien plus
marqué que la tentation du peu. […] C’est pourquoi l’étiquette du minimalisme — si
tant est qu’elle ait un sens — doit être réservée à des ouvrages de peu, revendiquant à
l’évidence une indigence absolue"
L'hypothèse du minimalisme positif : notion créée par Rémi Bertrand, dans son
essai "Philippe Delerm et le minimalisme positif", désigne une “littérature articulée
sur le bonheur au quotidien". Une vision de l’écriture et de la vie apparaît, dès lors, de
façon cohérente. Il s’agit de “préciser les conditions de possibilité d’une écriture du
quotidien”, de débarrasser “le quotidien et le bonheur des oripeaux de l’espérance”
tout en fondant spontanément une éthique holistique du banal; et ce, dans “une forme
brève”. Sous cette bannière du minimalisme positif Bertrand rassemble plusieurs
auteurs : Philippe Delerm, Bobin, Jean-Pierre Ostende, Pierre Michon, Visage, tous «
chantres des plaisirs simples ». Il faut tout de même noter que cette notion de
minimalisme positif est contestée par une partie de la profession notamment Pierre
Jourde : "réunir les auteurs du même type que Delerm en une sorte d’école, bref ériger
cela en phénomène littéraire revient à encourager le développement actuel de la
littérature de confort."
Si les évolutions à l'œuvre dans la société inspirent les écrivains du début du siècle,
ces derniers restent hantés par les expériences dramatiques du XXI ème siècle ,
comme le montrent par exemple le succès des Bienveillantes de Jonathan Littell et les
romans de Bret Easton Ellis.
Engagement / désengagement :
Cette sorte de nouvelle autobiographie romancée n’est pas sans rappeler l’écriture des
romantiques au XXI ème siècle. Quelques autres auteurs peuvent être perçus comme
appartenant vaguement à ce groupe : Alice Ferney, Annie Ernaux, Olivia Rosenthal,
Anne Wiazemsky et Vassilis Alexakis. Dans la même veine, La Vie sexuelle de
Catherine M. de Catherine Millet (2002) a fait couler beaucoup d’encre dans la presse
pour son exploration décomplexée des expériences sexuelles de son auteure.
Nombre des œuvres en français les plus saluées au cours des dernières décennies
sont dues à la plume d’écrivains originaires des anciennes colonies françaises ou des
territoires d'outre-mer. Cette littérature francophone comprend les romans de
l'Ivoirien Ahmadou Kourouma, du Marocain Tahar ben Jelloun, du Martiniquais
Patrick Chamoiseau, du Libanais Amin Maalouf, du Tunisien Mehdi Belhaj Kacem et
de l'Algérienne Assia Djebar (Académie française). Au nombre des auteurs
contemporains, on relève également : Laurent Binet, Jonathan Littell, David
Foenkinos, Jean-Michel Espitallier, Christophe Tarkos, Olivier Cadiot, Chloé
Delaume, Patrick Bouvet, Charles Pennequin, Nathalie Quintane, Frédéric-Yves
Jeannet, Nina Bouraoui, Arno Bertina, Édouard Levé, Christophe Fiat et Tristan
Garcia.
Le prix Nobel de littérature a été attribué aux écrivains français suivants : Gao
Xingjian en 2001, Jean-Marie Gustave Le Clézio en 2008 et Patrick Modiano en
2014.
XXIème siècle :
contemporain ?
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création sur laquelle il faut revenir. En 2007, ce thème faisait la une de Time
dans le système scolaire. Il affirme qu’il n’y a plus de littérature humaniste mais que
celle-ci est placée sous le signe du narcissisme et d’un formalisme extrême, guidé par
type de discours est récurrent. Il est nécessaire de connaître les raisons de cette pensée
Trois raisons (si ce ne sont des causes) pour expliquer ce basculement dans un pays
1- A partir des années 80, on assiste à une anxiété collective, très « fin de siècle ». Il
est vrai que les années 80 marquent la fin d’un certain monde pour la littérature, avec
c’est la fin de penser le rôle de la littérature dans le monde ainsi que le rôle de
l’écrivain-phare, celui qui prend position, disparaît et on entre dans une autre
dynamique culturelle.
- Du textocentrisme à l’iconocentrisme :
remise en question. Les récits ne sont-ils pas en train de migrer vers d’autres formes
de support que l’écrit ? N’assiste-t-on pas à une nouvelle césure dans la transmission
Les années 80 marquent la fin d’une certaine exception française. Il existe depuis la
France. Cela a correspondu avec une période de collusion entre un monarque lettré,
François 1er, et des auteurs, notamment ceux de la Pléiade qui se sont souciés de
diffuser et d’imposer le français comme la langue du roi. En d’autres termes, ils ont
permis à une langue qui n’est ni le latin ni un dialecte de s’établir. La langue française
législatif en français, rendant obligatoire entre autres choses la tenue de registres des
l’Académie française, puis sous Louis XIV. A cette période apparaissent les premiers
Au XVIIIème siècle, le mouvement des Salons permet la diffusion des idées, des
d’ailleurs Saint Just, Condorcet dans cette double activité politique et littéraire.
La fin du XIXème siècle voit la mise en place de l’engagement des écrivains : Zola et
l’affaire Dreyfus.
Cela continue jusque dans les années 1980 et la mort de Sartre avec deux figures qui
Renault à Boulogne-Billancourt.
Dans les années 1980, d’autres disciplines connaissent un essor. Cela va relativiser le
XIXème siècle a été adossé à des corpus qui étaient littéraires (les dictées, les
également accentué ce mouvement. Désormais, les écrivains ne sont plus les autorités
facilement un sportif, un artiste pour commenter tel ou tel événement. Et tout cela
puisque, déjà en 1983 à la Une du « Monde », Max Gallo était le premier à lancer ce
type de message.
Pourtant, il n’y a jamais eu autant de romans publiés chaque année. Et c’est cela qui
Là encore, nous sommes face à un phénomène qui n’est pas récent puisqu’en 1840
littérature de création d’une part et la littérature qui est une branche annexe de
récits de langue française (1974-2014) (consulter la liste sur le site) qui sont proposés,
la question des critères se pose. "Qu’est ce qui justifie ce choix et qui peut donner
envie de découvrir cette littérature ? Qu’est-ce qu’on doit transmettre au groupe ?"
distance par rapport à ce temps que nous vivons et de découvrir les angles morts du
présent.
c’est la technique narrative qui est en jeu dans ce qu’elle exerce de puissance
déconcertante sur notre imaginaire. Des mondes virtuels sont créés par la seule
puissance de l’écriture. Ainsi, les auteurs proposent-ils un nouveau regard par le seul
s’entretient, se rétablit. On va trouver dans cette catégorie des stylistes qui seront
vivacité d’une langue. Dans ce cadre, on peut dire qu’il y a des droits de conservation
Cours /TD Semestre II Dre. SOUAMES Amira
des cas.