VIVRE EN SOCIÉTÉ
2ème partie
RELIGION 2024 - 2025
Professeur: M. DESARCY
NOM:
Prénom:
Classe:
Objectifs
La première partie de la thématique avait pour objectif de donner la
possibilité à chacun de se constituer comme citoyen inséré dans un
ensemble de relations proches ou étendues à la société grâce à une
meilleure compréhension des structures sociales - politiques et économiques
Cette seconde partie, plus historique, complétera la thématique en faisant
ressortir la dimension prophétique du message chrétien dans le débat
démocratique.
Compétences
❖ Discerner et analyser la dimension sociale de la vie humaine
➢ Comprendre les mécanismes qui concourent ou non à
l’établissement d’une justice sociale pour tous.
➢ Repérer les grands courants politiques, idéologiques et sociaux.
➢ Analyser les grandes thématiques de la pensée sociale issue du
message chrétien en faisant ressortir “l’option préférentielle pour
les pauvres”.
1
1 - Daens
Ce film réalisé par Stijn Coninx et sorti en 1992 retrace l'histoire de l'abbé Adolf
Daens arrivant à Alost en 1893. Alost est alors une petite ville industrielle où les
usines de textile sont le cadre d'une exploitation ouvrière inhumaine. Des hommes,
des femmes et des enfants y travaillent dans de pénibles conditions de travail pour
un salaire de misère. Dès son arrivée, Daens va dénoncer ces conditions de travail...
1.1. Identification des personnages et des rôles
2
1.2. Identification des propos et sens
1. « Distribuez-leur de la soupe et des cache-nez, cela occupera vos femmes et vous
rendra populaire. »
2. “Si l’inégalité existe, c’est que Dieu l’a voulu.”
3. "L’injustice est garantie par la loi. Il est temps que le peuple se réveille. »
4. « Il faut croire que le suffrage universel était inévitable. »
5. « Voter pour Daens est un péché mortel. »
6. « Il faut voter pour Daens sinon rien ne changera. Cinq lettres papa. »
7. « Tous les morts d’Alost ont voté pour Woeste. »
8. « Rerum Novarum » est une directive d’ordre général pour faire évoluer les esprits à
long terme. L’utiliser comme une arme comme le fait Daens… »
9. « Pas de drapeaux catholiques chez les impies*1. N’oubliez pas que les socialistes sont
nos ennemis (...) Nette, n’abandonne pas le bon Dieu. »
10. « N’ayez pas peur…Il est très doux, on l’a fait baptiser… »
1
Les mots précédés d'un astérisque doivent pouvoir être définis
3
1.3. Analyse du film
A. La révolution industrielle
1. Le 19ème siècle est en pleine révolution industrielle*. Décrivez ce
concept et illustrez-le à partir d’exemples du film.
2. Décrivez les conditions de travail des ouvriers d’Alost. Comparez avec la
bourgeoisie.
3. Décrivez les lieux où se déroule l’histoire (ville, bâtiments, atmosphère,…),
la vie quotidienne et les relations entre les gens (intérieur des maisons,
activités, mœurs, famille,…).
B. Le contexte politique de la Belgique au 19ème siècle
1. Le film met en scène différents « partis politiques ». Citez-les et
caractérisez-les.
2. Quels éléments de la critique marxiste retrouve-nous dans le film?
3. Qu’est-ce que le suffrage universel* ?
4. Qui est roi de Belgique à cette époque? Pourquoi en parle-t-on encore
actuellement? Mettez en relation avec une citation du point 3.2.
C. Le contexte religieux
1. Relevez les signes de religiosité du peuple.
2. A quel diocèse* appartient Alost ? Qui en est l’évêque* ? Quelles propos
tient-il quant à la pauvreté?
3. Qui est pape* à cette époque ? Celui-ci a rédigé une encyclique*, de
quoi s’agit-il ? Quel est son titre ? Que dit-elle ?
4. Une réunion de prélats* se tient autour d’un billard. Que s’y passe-t-il?
5. Décrivez le déroulement des offices* religieux. Qu’est-ce qui a changé de
nos jours ? Depuis quand?
6. Que reproche exactement le clergé* à Daens? Quelles sanctions sont
prises? Par qui?
7. La religion “opium du peuple” ?
D. L’action de Daens
1. Qui est Daens? D'où vient-il? Que vient-il faire à Alost? Pourquoi?
2. Quel est son premier geste dès son arrivée à Alost?
3. Quelles difficultés rencontre-t-il dans son combat contre la pauvreté?
4
2 - La doctrine sociale de l’Église
2.1. Léon XIII - Rerum Novarum - 1891
L’encyclique Rerum Novarum, publiée le 15 mai 1891 par Léon XIII, est
le texte inaugural de la pensée sociale de l’Eglise catholique. Elle est
maintes fois mentionnée dans le film Daens. Il serait donc
intéressant de lire et de comprendre ce que le pape déclare à
propos de la condition ouvrière.
Quoi qu'il en soit, Nous sommes persuadé, et tout le monde en convient, qu'il faut,
par des mesures promptes et efficaces, venir en aide aux hommes des classes
inférieures, attendu qu'ils sont pour la plupart dans une situation d'infortune et de
misère imméritées.
Le dernier siècle a détruit, sans rien leur substituer, les corporations anciennes qui
étaient pour eux une protection. Les sentiments religieux du passé ont disparu des
lois et des institutions publiques et ainsi, peu à peu, les travailleurs isolés et sans
défense se sont vu, avec le temps, livrer à la merci de maîtres inhumains et à la
cupidité d'une concurrence effrénée. Une usure dévorante est venue accroître encore
le mal. Condamnée à plusieurs reprises par le jugement de l'Eglise, elle n'a cessé
d'être pratiquée sous une autre forme par des hommes avides de gain et d'une
insatiable cupidité. À tout cela, il faut ajouter la concentration entre les mains de
quelques-uns de l'industrie et du commerce devenus le partage d'un petit nombre
d'hommes opulents et de ploutocrates qui imposent ainsi un joug presque servile à
l'infinie multitude des prolétaires.
● Que dénonce et condamne le pape Léon XIII dans cette encyclique? Qui sont
les responsables de cette situation?
● A quel moment du film ces propos sont-ils mentionnés?
● Pourquoi Daens est-il malgré tout « sanctionné » par Léon XIII?
● Quelles sont les valeurs défendues par Léon XIII?
5
6.2. Jean-Paul II - Centesimus annus - 1991
L'Eglise reconnaît le rôle pertinent du profit comme indicateur du bon fonctionnement
de l'entreprise. Quand une entreprise génère du profit, cela signifie que les facteurs
productifs ont été dûment utilisés et les besoins humains correspondants
convenablement satisfaits. Cependant, le profit n'est pas le seul indicateur de l'état de
l'entreprise. Il peut arriver que les comptes économiques soient satisfaisants et qu'en
même temps les hommes qui constituent le patrimoine le plus précieux de l'entreprise
soient humiliés et offensés dans leur dignité. Non seulement cela est moralement
inadmissible, mais cela ne peut pas ne pas entraîner par la suite des conséquences
négatives même pour l'efficacité économique de l'entreprise. En effet, le but de
l'entreprise n'est pas uniquement la production du profit, mais l'existence même de
l'entreprise comme communauté de personnes qui, de différentes manières,
recherchent la satisfaction de leurs besoins fondamentaux et qui constituent un
groupe particulier au service de la société tout entière. Le profit est un régulateur
dans la vie de l'établissement mais il n'en est pas le seul ; il faut y ajouter la prise en
compte d'autres facteurs humains et moraux qui, à long terme, sont au moins aussi
essentiels pour la vie de l'entreprise.
1. A quelle occasion cette encyclique est-elle publiée ?
2. Citez deux raisons justifiant qu’une entreprise engendre des bénéfices ?
3. La recherche du profit n’est pas une fin en soi? Justifiez par deux raisons.
4. Peut-on qualifier cette encyclique d’anti-libérale? Pourquoi?
5. Quelles sont les valeurs défendues par Jean-Paul II?
6
6.3. François - Dignitas infinita - 2024
Le Vatican a publié, le lundi 8 avril 2024, un nouveau
document sur la dignité humaine, élaboré par le dicastère
pour la doctrine de la foi. Voici une sélection des grandes
dominantes.
§1. Une infinie dignité, inaliénablement fondée dans son être même, appartient à chaque
personne humaine, en toutes circonstances et dans quelque état ou situation qu’elle se
trouve. Ce principe, pleinement reconnaissable même par la seule raison, fonde la primauté
de la personne humaine et la protection de ses droits. L’Église, à la lumière de la Révélation,
réaffirme et confirme sans réserve cette dignité ontologique de la personne humaine (…).
C’est de cette vérité qu’elle tire les raisons de son engagement envers les plus faibles et les
moins dotés de pouvoir.
§11. La Révélation biblique enseigne que tous les êtres humains possèdent une dignité
intrinsèque car ils sont créés à l’image et à la ressemblance de Dieu (…) L’humanité a une
qualité spécifique qui fait qu’elle n’est pas réductible à la pure matérialité. L’« image » ne
définit pas l’âme ou les capacités intellectuelles, mais la dignité de l’homme et de la femme.
L’un et l’autre, dans leur relation d’égalité et d’amour mutuel, remplissent la fonction de
représentation de Dieu dans le monde et sont appelés à prendre soin du monde et à le
nourrir. Être créés à l’image de Dieu signifie donc posséder en nous une valeur sacrée qui
transcende toutes les distinctions sexuelles, sociales, politiques, culturelles et religieuses.
Notre dignité nous est donnée, elle n’est ni revendiquée ni méritée. Chaque être humain est
aimé et voulu par Dieu pour lui-même et est donc inviolable dans sa dignité. (…)
§15. Pour clarifier davantage le concept de dignité, il est important de souligner que la
dignité n’est pas accordée à la personne par d’autres êtres humains (…).
7
► Cas particuliers de violation de la dignité humaine
§34. Pour signaler quelques-unes des nombreuses et graves violations de la dignité
humaine dans le monde contemporain, nous pouvons rappeler ce que le concile Vatican II a
enseigné à cet égard. Il faut reconnaître que s’oppose à la dignité humaine « tout ce qui
s’oppose à la vie elle-même, comme toute espèce d’homicide, le génocide, l’avortement,
l’euthanasie et même le suicide délibéré (*) ». Porte également atteinte à notre dignité « tout
ce qui constitue une violation de l’intégrité de la personne humaine, comme les mutilations,
la torture physique ou morale, les contraintes psychologiques (*)». Et finalement « tout ce
qui est offense à la dignité de l’homme, comme les conditions de vie sous-humaines, les
emprisonnements arbitraires, les déportations, l’esclavage, la prostitution, le commerce des
femmes et des jeunes ; ou encore les conditions de travail dégradantes qui réduisent les
travailleurs au rang de purs instruments de rapport, sans égard pour leur personnalité
libre et responsable (*)». (…) La peine de mort, elle aussi, viole la dignité de tout être humain,
inaliénable en toutes circonstances. Il faut au contraire reconnaître que « le rejet ferme de
la peine de mort montre à quel point il est possible de reconnaître l’inaliénable dignité de
tout être humain et d’accepter sa place dans cet univers. Étant donné que si je ne la nie
pas au pire des criminels, je ne la nierai à personne, je donnerai à chacun la possibilité de
partager avec moi cette planète malgré ce qui peut nous séparer (**)». Il semble également
opportun de rappeler la dignité des personnes incarcérées, souvent contraintes de vivre
dans des conditions indignes, et que la pratique de la torture porte atteinte à la dignité de
tout être humain au-delà de toute limite, même si l’on est coupable de crimes graves.
(*) Gaudium et spes, n. 27.
(**) Fratelli tutti, n° 269.
► La traite des personnes
§42. Pour ces raisons, l’Église et l’humanité ne doivent pas renoncer à lutter contre les
phénomènes « de commerce d’organes et de tissus humains, d’exploitation sexuelle
d’enfants, de travail d’esclave – y compris la prostitution –, de trafic de drogues et d’armes,
de terrorisme et de crime international organisé. L’ampleur de ces situations et le nombre
de vies innocentes qu’elles sacrifient sont tels que nous devons éviter toute tentation de
tomber dans un nominalisme de déclarations à effet tranquillisant sur les consciences. (…)
En substance, (la traite) nie la dignité humaine d’au moins deux manières : « La traite
défigure l’humanité de la victime, en offensant sa liberté et sa dignité. Mais, dans le même
temps, elle déshumanise celui qui la commet (*) ».
(*) François, Fratelli tutti, n. 188.
8
Les extraits suivants ne font pas intrinsèquement partie de la doctrine sociale de l’Église.
Nous pouvons néanmoins les découvrir et en discuter car ils font partie du document
étudié. Ces thématiques seront développées en rhéto.
► La guerre
§38. (…) « Avec son cortège de destructions et de douleurs, la guerre porte atteinte à la
dignité humaine à court et à long terme. Aucune guerre ne vaut les larmes d’une mère
ayant vu son enfant mutilé ou mort ; aucune guerre ne vaut la perte de la vie ne serait-ce
que d’une seule personne humaine, être sacré, créé à l’image et à la ressemblance du
Créateur ; aucune guerre ne vaut l’empoisonnement de notre maison commune ; et aucune
guerre ne vaut le désespoir de ceux qui sont forcés à quitter leur patrie et sont privés, d’un
moment à l’autre, de leur maison et de tous les liens familiaux, amicaux, sociaux et culturels
qui ont été construits, parfois pendant des générations (*). »
*François, Message aux participants du 6e Forum de Paris sur la paix (10 novembre 2023).
► Gestation pour autrui
§50. La pratique de la maternité de substitution porte atteinte, en même temps, à la propre
dignité de la femme qui y est contrainte ou qui décide librement de s’y soumettre. Avec une
telle pratique, la femme se détache de l’enfant qui grandit en elle et devient un simple
moyen asservi au profit ou au désir arbitraire d’autrui. Ceci est en contradiction totale avec
la dignité fondamentale de tout être humain et avec son droit à être toujours reconnu pour
lui-même et jamais comme l’instrument de quoi que ce soit d’autre.
► L’euthanasie et le suicide assisté
§52. Il est certain que la dignité de la personne malade dans un état critique ou terminal
exige de chacun les efforts appropriés et nécessaires pour soulager ses souffrances par
des soins palliatifs appropriés et en évitant tout acharnement thérapeutique ou toute
intervention disproportionnée. Ces soins répondent au « devoir constant de comprendre
les besoins du malade : besoins d’assistance, soulagement de la douleur, besoins
émotionnels, affectifs et spirituels (*) ». Mais un tel effort est tout à fait différent, distinct, et
même contraire à la décision d’éliminer sa propre vie ou la vie d’autrui sous le poids de la
souffrance. La vie humaine, même dans sa condition douloureuse, est porteuse d’une
dignité qui doit toujours être respectée, qui ne peut être perdue et dont le respect reste
inconditionnel. En effet, il n’y a pas de conditions sans lesquelles la vie humaine cesse
d’être digne et peut donc être supprimée.
(*) Congrégation pour la doctrine de la foi, Lettre Samaritanus bonus (14 juillet 2020), V, n. 4.