L'arbre et le changement climatique
Le stress hydrique :
l’arbre et l’eau
Barigah TS, Bonhomme M, Améglio T, Cochard H
INRA, UMR547 PIAF, F-63100 Clermont-Ferrand, France
[email protected]
Plan
• Introduction
• Voies de circulation de la sève
• Quelques propriétés fondamentales de l’eau
• Mécanismes de l’ascension de la sève brute
• Interaction arbre/eau
• Différents types de stress hydriques
• Mécanismes de formation d’embolies estivale et
hivernale
• Réponses des arbres au froid
• Mécanismes de résorption de l’embolie
• Bref aperçu sur l’ennoyage
• Conclusions
Introduction
Chaque année, la terre alimente l’atmosphère
avec 60 milliards de tonnes d’eau dont plus de
2/3 transitent par les feuilles des végétaux
(Hordon, 1998 ; USGS, 2004).
Elles ont besoin de vider environ 500 litres d’eau
pour produire 1 kg de matière sèche!
Les plantes sont des organismes assoiffés …
… qui colonisent presque tous les milieux naturels à
l’exception des océans et des déserts.
Dans leurs milieux, les plantes et a fortiori les arbres
doivent faire face à deux types de contraintes :
1. des accidents épisodiques de fréquences et
d’intensités variables comme les canicules et
sécheresses de type 2003
1. des variations plus subtiles et progressives des
facteurs environnementaux tels que
l’augmentation de la concentration de gaz à effets
de serre dans l’air.
Now Frequency distribution
2050 2100
Fagus sylvatica
Badeau and Dupouey 2005
Des modèles mathématiques prédisent une modification
des aires de répartition potentielles des espèces à cause
d’une évolution majeure des régimes hydriques.
Questions pour la recherche et la filière forestière
• Est-ce que les espèces actuelles peuvent s’acclimater
ou s’adapter à des conditions plus sèches ?
• Comment identifier des génotypes ou écotypes plus
résistants à la sécheresse ?
• Que planter maintenant et où pour prélever en 2100 ?
• Définir de nouvelles pratiques culturales (densité,
LAI) ?
• Doit-on substituer des essences exotiques plus
résistantes à la sécheresses aux essences actuelles?
Répondre à ces questions nécessite une connaissance
approfondie des propriétés intrinsèques des arbres, de
l’eau et de relations arbre-eau
ATMOSPHERE
CO2 H20
Feuille
PLANTE
Système vasculaire
SOL
Racine
Développement de structures appropriées pour :
* circulation
* gestion du transit de l’eau
* maintien état hydrique
Circulation de la sève brute dans l’aubier
Quercus rubra Q. rubra
H Cochard F EWERS H Cochard
Tissus conducteurs
• Xylème : • Phloème :
sève brute sève élaborée
❍ éléments conducteurs ❍ cellules conductrices
morts : trachéides et vivantes
vaisseaux ❍ cellules de contact : les
❍ cellules de contact : cellules compagnes.
les CAV ❍ le parenchyme (capable
❍ le parenchyme (de de photosynthèse).
réserves). ❍ les fibres
❍ les fibres de soutien ❍ + ou - cellules
❍ + ou - cellules secrétrices (ex.
secrétrices laticifères).
Anatomie fine des vaisseaux
Ponctuations
Conifères
Photo: C Bodet
Feuillus
H
O
H Quelques propriétés de l’eau H H
O
Structure de la molécule d’eau
Force de cohésion élevée entre molécules d’eau en
phase liquide due liaisons hydrogènes
Force capillaire
Capacité calorifique cp = 4182 J kg–1 °K-1
Chaleur latente de vaporisation λ = 2,454 MJ kg-1 à 20 °C
Thermo régulation des feuilles
Mécanisme de l’ascension de la sève brute
Évaporation
Bougie
poreuse
Eau colorée
Mécanisme de montée de la sève brute
Pression capillaire
Feuilles:
Surface
évaporante
poreuse
Porosité = 10 nm
Tension de sève
Pression capillaire
Xylème: = 30 MPa
Tubes = 3000 m
EAU:
Parois
•Incompressible
rigides
•Forte cohésion des
molécules d’eau entre elles :
tension de rupture : -25 MPa
SOL
Demande évaporative
de l’air
Evaporation foliaire
Déficit hydrique
foliaire
Rayonnement solaire
Tensions
Photosynthèse Transpiration
CO2 Transmission des
H2O tensions
(Cohésion des molécules
d ’eau)
Absorption racinaire
Sol Absorption d’eau
et nutrition minérale
Sels minéraux eau
Origines des stress hydriques
Gel
(température)
Stress
Sécheresse hydrique
(insuffisance)
Ennoyage
(excès)
Mécanismes de formation de l’embolie estivale
Des tensions de sève
élevées provoquent le
passage de l’air dans un
vaisseau plein de sève
Mécanismes de réponse des arbres à la sécheresse
viter la sécheresse Tolérer la sécheresse
imiter les pertes en eau - Cellules moins sensibles à la
• fermeture des stomates déshydratation (osmorégulation)
• chute des feuilles
- Maintien des fonctions
Augmenter les entrées d’eau physiologiques et de la
• enracinement plus profond
croissance
écanismes d’évitement Mécanismes de tolérance
Cavitation resistance correlates with species
drought resilience/survival
Feuillus Dry till death experiment
Barigah & Cochard, unpublished
1 0 0 Fagus sylvatica 100
80 80
% M ortality
% Embolism
60 60
% Mortality
% E m b olism
40 40
20 20
0 0
cavitation resistance seems a
0 2 4 6 8 10 12
good criterion for screening
W eeks after drought onset drought tolerance
Vulnérabilité à la cavitation de quelques espèces d’arbres
Embolie, %
Populus
Quer
Jun
Pinus
Prunu
cus r
ipe
Bu
obur
us
s
xu
s
-12 -10 -8 -6 -4 -2 0
Pression de sève, MPa
La vulnérabilité à la cavitation est liée aux préférences écologiques des
espèces forestières
Mécanismes de formation de l’embolie hivernale
Stabilité des
bulles d’air
r
Pgaz
Peau
Pgaz - Peau < 2τ/r Pgaz - Peau > 2τ/r
Des bulles d’air se
forment dans la glace
Pas d’embolie Embolie
Réponses des arbres au froid
Eté Hiver
écailles
Pousse
de l’année Surfusion?
Betula platyphylla, (Utsumi et al., 1998)
Congélation extra-cellulaire?
Bourgeons Déshydratation hivernale
apicaux d’Erable
•Production d’organes écailleux
•Modulation des phases de dormance
•Surfusion
•Congélation extra-cellulaire
•Production de sucres solubles
•Réduction de l’humidité pondérale des tissus
•Endurcissement au froid à l’automne
•Désendurcissement au froid au printemps
Mécanismes de résorption de l’embolie
Hêtre
RESORPTION
ACTIVE
Noyer
CROISSANCE
Erable
EMBOLISATION
Vigne
gel/dégel
Chêne
Vaisseau fonctionnel CROISSANCE
Frêne
Vaisseau embolisé
Pêcher
Hiver Printemps
Réduction croissance des arbres Différences intra et
interspécifiques
Evolution saisonnière
Perturbations processus physiologiques
(Assimilation nette, transpiration, métabolisme C, respiration)
Baisse O2 dans les racines Vitesse
d’occurence
Fonction
de l’espèce
Espèces,
Baisse conductance Ennoyage Accumulation génotypes
des racines Excès d’eau C2H4 dans la plante
et nutrition NPK
Climat, Hypertrophie des lenticelles et/ou
? espèces,
génotypes
Formation racines adventives
Mycorhizes
Allocation de matière +
Augmentation de la concentration Respiration
en sucre dans tige et racines
Tolérance/non tolérance
Tolérance/non tolérance
Conclusions
Le principal coût de l’acquisition du carbone pour la
photosynthèse et la croissance est la perte d’eau par
les feuilles
L’approvisionnement en eau des feuilles repose sur le
maintien de l’intégrité des voies de circulation de
l’eau et des colonnes d’eau entre les racines et les
feuilles
En cas de sécheresse, l’air peut se propager à tout
l’appareil vasculaire et compromettre la survie de
l’arbre
L’existence de différents mécanismes d’évitement ou
de tolérance aux stress hydriques
L’existence de capacités de résorption de l’embolie.
Équipe HΨDRO-UMR PIAF
Hydraulique et résistance à la sécheresse des arbres
Université
INRA Blaise Pascal
S Herbette
H Cochard
A Gousset
TS Barigah
JS Venisse
E Badel
B Fumanal
Techniciens : C Bodet, P Cochon, C Serre
Doctorants : JB Lamy, H Howad, R Wortemann
Merci de votre attention!
Lexique
• Arbre : végétal ligneux dont le tronc ligneux s'élève à plus de six mètres.
• Surfusion : état d’un corps refroidi lentement, qui reste à l’état liquide au-
dessous de sa température normale de solidification. Le liquide est alors dans
un état métastable.
• Tension superficielle : force (dont l'origine est la force de cohésion entre
molécules identiques) qui existe au niveau de toute interface entre deux
milieux différents (entre un solide ou un liquide et un gaz) et qui permet à la
goutte d'eau de ne pas s'étaler sur une feuille, ou donne cette forme bombée à
l'eau dans un verre à ras.
• Capillarité : étude des interfaces entre deux liquides non miscibles, entre un
liquide et l'air ou entre un liquide et une surface. Elle est mise en œuvre
lorsque les buvards aspirent l’encre, ou quand les éponges s’imbibent d’eau.
Elle est plus connue par l'effet d'un liquide à forte tension superficielle
remontant contre la gravité dans un tube très fin, dit tube capillaire.
•
Trois grandeurs principales servent à définir l’état hydrique
d’un échantillon végétal :
* l’humidité pondérale (HP), poids d’eau d’un échantillon à son
poids sec
HP = Peau / Psec
* la teneur en eau relative (TER), volume d’eau contenu dans un
échantillon à un moment donné à son volume d’eau maximal
TER = v / V
* le potentiel hydrique (Ψ), différence entre potentiel chimique de
l’eau liquide dans le système µe et dans l’état de référence µo; Ve étant le
volume molaire de l’eau (18,06 10-6 m3 mole-1 )
Ψ = µe - µoe / Ve
Pourquoi tant de transpiration?
• absorber les minéraux
• croissance (1% du flux transpiratoire)
H20 CO2
• contrôle thermique
• capter le CO2 de l'air!
L’eau et le gaz carbonique
passent par les mêmes orifices
foliaires: les stomates.
« Mal nécessaire »
« Mourir de faim ou mourir de soif »
dixit B. Saugier
Circulation de l’eau dans l’arbre
Aubier
Bois de coeur
La sève brute circule dans l’aubier..
La sève s’évapore dans les
feuilles en passant à travers les
stomates
…dans des vaisseaux et
des trachéides
L’eau du sol est absorbée
par les racines
H
O
H Quelques propriétés de l’eau H H
O
Structure de la molécule d’eau
Force de cohésion élevée entre molécules d’eau en
phase liquide due liaisons hydrogènes
Très forte tension superficielle (7,28 10-2 N m-1 dans l’air à 20 °C)
Génération d’une force capillaire (forces d’adhésion entre l’eau
liquide, la paroi du capillaire et forces de cohésion au sein de
l’eau) vers le haut
Force capillaire Fc = 2 π r σ cosα pour α < 90°
Force gravitationnelle P = π r2 h g ρ (r, rayon du capillaire;
h, montée capillaire; g, accélération due à la gravité 9,8 m
s-2; ρ, densité de l’eau à 20 °C : 998 kg m-3)
Tension du liquide P = (2 π r σ cosα) / π r2 à l’équilibre
Loi de Jurin
Pour α = 0 alors P = 2σ/r
Capacité calorifique cp = 4182 J kg–1 °K-1
Chaleur latente de vaporisation λ = 2,454 MJ kg-1 à 20
°C
Thermo régulation des feuilles
Loi de Poiseuille
F = π r4 P / 8η l
F, Flux d’eau; r, rayon du capillaire; P, poids de la colonne
d’eau; η, constante de viscosité du liquide (fonction de la
température); l, longueur du conduit
Un appareil vasculaire cloisonné
Axe principal
Branche coupée
Coloration de la trace
L’air ne se propage pas latéralement
vasculaire d’une feuille d’un vaisseau à l’autre
Propriétés conductrices du bois
• Illustration de l’importance de la
taille des vaisseaux dans le flux
d’eau.
Sous une même différence de potentiel
hydrique, le flux d’eau à travers ces 3
sections est le même.
– si le diamètre est * 2=> flux *16
– si le diamètre est * 4=>flux * 256
• Conséquence :
Perte d’un vaisseau chez le Chêne >>>> par
rapport à l’Erable.
Loi de Poiseuille
(INF, 2000)
Fonctionnement d’une ponctuation :
soupape de sécurité
Deux phénomènes sont à
l’origine des flux d’eau :
- la poussée racinaire et
- la transpiration foliaire
Que se passe-t-il lorsqu’on coupe une feuille,
une tige, une racine d’une plante qui transpire?
Corrélation entre croissance et déficit
hydique
indice croissance (%) Indice de déficit hydrique
140 0
120 25
100 50
80 75
60 100
1964 1968 1972 1976 1980 1984 1988 1992 1996
Temps
N. Bréda, 1998