Le dopage dans le sport
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Introduction
Vous allez peut être trouver cela curieux de consacrer un dossier sur le dopage. Pourtant le
dopage est devenu, grâce à l’omniprésence (acharnement ?) des médias, indissociable du sport aux
yeux du grand public.
Comment cela pourrait il en être autrement ? De plus en plus d’affaires éclatent au grand jour,
dans toutes les disciplines sportives.
Plus inquiétantes encore sont les déclarations assez pessimistes du ministre des sports et
ancien champion olympique de sabre J.F LAMOUR : « Actuellement, seuls les imbéciles se font
prendre ! ».
Quelques définitions
Le dopage
Désigne non seulement l’action de doper ou de se doper, mais aussi son résultat. Au sens
figuré, se doper consiste à augmenter artificiellement la puissance, la qualité, le rendement de
quelqu’un ou de quelque chose.
Deux connotations apparaissent : l’une négative, celle de se droguer, l’une positive celle de
stimuler. La frontière entre les deux est très mince.
Dopants
Le premier sens est celui d’une substance chimique propre à doper ou à dissiper
(momentanément) la fatigue. Un second sens, plus technique, désigne une substance dont l’addition
en faible quantité modifie ou renforce les propriétés des matériaux.
Deux effets sont associés aux dopants ou aux produits dopants : lutter contre la fatigue,
améliorer les performances, galvaniser les énergies.
Historique
On pourrait être tenté de croire que le dopage est apparu en même temps que la
professionnalisation. L’idée est loin d’être sotte : améliorer ses performances pour gagner plus
d’argent. Nous allons voir que l’argent n’a été qu’un facteur aggravant du dopage.
Nous retrouvons les premières traces de dopage sportif durant les jeux olympiques antiques !
A cette époque ou la suprématie des peuples était en jeu (les diverses nations grecques entre elles,
puis contre les romains), il était donné aux sportifs des potions à base de plante pour leur permettre
d’améliorer leurs performances.
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Au début du 20em siècle les premier cas de dopage ont concerné les..... chevaux.
Plus proche de nous, il semble que le dopage se soit installé peu à peu, jusqu’à devenir
naturel dans certaines activités.
Ainsi, à l’annonce de la première loi anti-dopage dans les années 60 (1966), les coureurs du
tour de France cycliste ont organisé une grève en dénonçant « une atteinte à la liberté du sportif à
disposer de lui-même » et ont défilé vélo à la main…
Dans ces années, la mort violente en course de coureur (C.SIMPSON par exemple) et la faible
espérance de vie des sportifs montre la nocivité du dopage sur le corps humain.
Plus tard, dans les années 70, avec le développement de la guerre froide opposant américains
et soviétique, le sport va servir de champs de bataille. La course aux résultats va s’intensifier jusqu'à
devenir une obsession pour les pays de l’est. La suprématie mondiale est en jeu.
Des aveux sur les procédés et types de produits utilisés a cette époque ont soulevé
l’indignation. Ainsi, de nombreuses athlètes féminines, étaient mises enceintes par leurs entraîneurs
pour augmenter leurs taux de testostérones (augmentant la force musculaire), et avortaient après.
Certaines ont subi de très nombreux avortements avec les conséquences très importantes que cela
implique sur leur corps.
Le premier gros scandale en matière de dopage s’est déroulé lors des jeux olympiques de
Séoul en 1988 : l’affaire Ben JOHNSON. Le canadien, devient champion olympique du 100 mètres
devant C. LEWIS en pulvérisant le record du monde de la spécialité. Deux jours plus tard, il est
déclassé, et exclu des jeux. Le Monde découvre ce qu’il a toujours voulu se cacher : le sport n’est pas
propre.
Les jeux de Barcelone, s’ils ne voient pas de réels scandales, montrent l’inefficacité des
contrôle : des athlètes chinoises, inconnues avant, remportent tous les titres sur demi fond, en
pulvérisant les records du monde. Impossible d’affirmer encore aujourd’hui que ces athlètes étaient
dopées, mais le fait qu’elles aient disparues aussi vite qu’elles sont apparues laisse planer un doute.
Dans les années 90, le monde découvre les filières de dopage organisé. L’affaire FESTINA en
1998 en est le témoin le plus marquant.
Le dopage est banalisé : une enquête entre 1994 et 1997 dévoile que 30 % des éducateurs
sportifs de Lorraine estiment qu’un sportif n’a aucune chance de réussir sans dopage.
17,5% des sportifs de haut niveau, 10,3% des sportifs amateurs et 5,8% des éducateurs
sportifs diplômés (!!!) ont déclaré s’être dopés dans les 12 derniers mois.
Dans ces années, on a l’impression que le dopage se développe considérablement dans le
sport. Cette impression est surtout due à l’intérêt de plus en plus croissant des médias pour ce type
d’affaire. Le dopage fait vendre, que ce soit à la télévision, ou dans la presse. Le dopage devient une
affaire nationale.
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Le début des années 2000 montre un peu plus les ravages du dopage sur la santé. Un
nombre trop important de sportifs décèdent mystérieusement sur et en dehors des terrains : Marc
Vivien FOE, Marco PANTANI, Florence GRIFFITH-JOYNER.
De plus, les cas de dopages dévoilés se multiplient :
• Kelly WHITE, Tim MONGOMERY, Fouad CHOUKY, Marion JONES, (athlétisme);
• Alina KABAEVA, Irina TCHATCHINA, Simona PEYSHEVA (Gym Rythmique) ;
• Guillermo CORIA, J.I CHELA, John MacENROE, (tennis);
• P.GAUMONT, Jesus MANZANO, Floyd LANDIS, (cyclisme) ;
Dans ce contexte, il devient difficile de ne pas être soupçonneux à l’égard du sport de haut
niveau. Pourtant il ne faut pas généraliser, ou accepter cette situation. C’est notre travail d’éducateur
sportif de sensibiliser les jeunes à ce fléau, et il est nécessaire pour cela de connaître les différentes
substances utilisées et leurs conséquences sur les sportifs.
Les substances dopantes
Tout sportif, en prenant une licence sportive doit savoir qu’il est susceptible d’être soumis à
un contrôle antidopage, et ce, quelque soit son niveau de pratique et son âge.
En France, seuls les médecins agrées sont habilités à pratiquer les contrôles. De plus, il est à
noter que certaines classes de produits ne peuvent être contrôlées qu’en compétition !
I. Les stimulants (classe S1) :
Effets recherchés :
Augmentation de la concentration et de l’agressivité, diminution de la sensation de fatigue.
Effets indésirables :
Hypertension, troubles cardiaques, tremblements, dépendances, perte d’appétit, insomnie,
épuisement, excitation, euphorie, hallucination
Contrôles antidopage :
Uniquement en compétition.
Exemples de substances :
Adrénaline, cocaïne, dopamine
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II. Les narcotiques (classe S2) :
Effets recherchés :
Diminution de la sensation de douleur.
Effets indésirables :
Accoutumance, dépendance, dépression permanente, dépression respiratoire, diminution du
rythme cardiaque et de la capacité de concentration, nausée, vomissement, constipation.
Contrôle antidopage :
Uniquement en compétition.
Exemple de substances :
Méthadone, morphine, héroïne.
III. Les cannabinoïdes (classe S3) :
Effets recherchés :
Diminution du stress, euphorie.
Effets indésirables :
Diminution de l’appétit, hallucination, troubles de la mémoire et de la coordination
neuromusculaire.
Contrôle antidopage :
Uniquement en compétition.
Exemple de substances :
Cannabis, majijuana, haschich.
IV. Les agents anabolisants, stéroïdes anabolisants androgènes (classe S4) :
Effets recherchés :
Augmentation de la masse musculaire et de la force
Effets indésirables :
Stérilité, hypertension, agressivité, anomalie du foie et des reins, impuissance et cancer de la
prostate (chez les hommes), virilisation chez les femmes.
Contrôle antidopage :
En et hors compétition.
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Exemples de substances :
Testostérone, nandrolone, danazol.
V. Les agents anabolisants, autres agents anabolisants (classe S5) :
Effets recherchés :
Augmentation de la force et de la masse musculaire.
Contrôle antidopage :
En et hors compétition.
VI. Les hormones peptidiques (classe S5) :
Effets recherchés :
Variables selon la substance.
Effets indésirables :
Variables selon la substance.
Contrôle antidopage :
En et hors compétition.
Exemples de substances :
Insuline, EPO, somatropine.
VII. Les bêta-2 agoniste (classe S6) :
Effets recherchés :
Augmentation de la masse musculaire.
Effets indésirables :
Arythmie, excitation, tremblement, anxiété.
Contrôle antidopage :
Uniquement en compétition.
Exemple de substances :
Salbutamol, bambuterol.
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VIII. Les agents ayant une activité antioestrogène ( classe S7 ) :
Effets recherchés :
Modification du hormonal.
Effets indésirables :
Dépend de la substance.
Contrôle antidopage :
En et hors compétition.
Exemples de substances :
Cyclofénil, formestane.
IX. Les agents marquants (classe S8) :
Effets recherchés :
Ces produits ont la capacité d’interférer avec l’excrétion des substances interdites, de
dissimuler leurs présences dans les urines ou autres prélèvements utilisés dans le contrôle
antidopage, ou de modifier les paramètres hématologiques.
Effets indésirables :
Variables en fonction des différentes substances.
Contrôle antidopage :
En et hors compétition.
Exemples de substances :
Albumine, clopamide, furosémide.
X. Les glucocorticostéroïdes (classe S9) :
Effets recherchés :
Anti-fatigue, anti-douleur, anti-inflammatoire, euphorisant.
Effets indésirables :
Hypertension, diabète, ostéoporose, ulcères, infections, insomnie.
Contrôle antidopage :
Uniquement en compétition.
Exemples de substances :
Cortisone, Hydrocortisone, prednisone
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Produits interdits dans certains sports
I. Alcool (classe P1) :
Effets recherchés :
Diminution des tremblements, augmentation de la confiance en soi.
Effets indésirables :
Agressivité, diminution de l’équilibre et de la coordination motrice, maladies du foie et
dépendance (à long terme).
Contrôle antidopage :
Uniquement en compétition
Sports concernés :
Aéronautique, Automobile, Billard, Boules, Football, Gymnastique, Karaté, Lutte, Motocyclisme,
Pentathlon moderne, Roller sport, Ski, Tir à l’arc, Triathlon.
II. Les béta-bloquants (classe P2) :
Effets recherchés :
Diminution des tremblements, effets anti-stress.
Effets indésirables :
Hypotension, défaillance cardiaque, coma hypoglycémique, insomnie, impuissance.
Contrôle anti-dopage :
Uniquement en compétition.
Sports concernés :
Aéronautique, Automobile, Billard, Bobsleigh, Boules, Bridge, Curling, Echec, Football,
Gymnastique, Lutte, Motocyclisme, Natation (plongeon et nage synchronisée), Pentathlon moderne,
Quilles, Ski (saut à ski et snow-board), Tir, Tir à l’arc, Voile.
Exemples de substances :
Penbotolol, nadolol.
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III. Les diurétiques (classe P3) :
Effets recherchés :
Perte de poids, diminution de la concentration de substances interdites dans l’urine (par
augmentation de la diurèse).
Effets indésirables :
Déshydratation, insuffisance rénale, arythmie, hypotension.
Contrôle antidopage :
En et hors compétition.
Sports concernés :
Aviron, Body building, Haltérophilie, Judo, Karaté, Lutte, Powerlifting, Ski (saut), Taekwondo,
Wushu.
Les procédés interdits
I. Le dopage sanguin, amélioration du transfert d’oxygène (classe M1) :
Effets recherchés :
Améliorer le transport d’oxygène
Effets indésirables :
Insuffisance sanguine, problème cardiaque grave, problèmes vasculaires, anémie, mort.
Contrôle antidopage :
En et hors compétition.
Exemple de méthode :
Autotransfusion.
II. Manipulation pharmacologique, chimique et physique (M2) :
Effets recherchés :
Altérer les échantillons recueillis lors des contrôles anti-dopages.
Effets indésirables :
Non connus actuellement
Contrôle antidopage :
En et hors compétition.
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III. Le dopage génétique (classe M3) :
Effets recherchés :
Améliorer la performance sportive par la manipulation de gènes, d’élément génétiques ou de
cellules.
Effets indésirables :
Non connus à ce jour.
Contrôle antidopage :
En et hors compétition.
Les peines encourues
Pour le sportif, dans le cas d’une première infraction à la loi anti-dopage, une interdiction de
pratiquer le sport sur le territoire peut être prononcée pour une durée allant de un à cinq ans. En cas
de récidive, le sportif s’expose à une suspension à vie.
« Est puni d’emprisonnement de 5 ans et d’une amende de 500 000F le fait de prescrire en
violation des dispositions des deuxième et troisième alinéas de l’article 10, de céder, d’offrir,
d’administrer ou d’appliquer à un sportif […] une substance ou un procédé mentionné au dit article,
de faciliter son utilisation ou d’inciter, de quelque manière que ce soit, ce sportif à leur usage.
Les peines prévues à l’alinéa précédent sont portées à 7 ans d’emprisonnement et à
1 000 000 F d’amende lorsque les faits sont commis en bande organisées […] ou lorsqu’ils sont
commis à l’égard d’un mineur »
Article 27, loi n°99-223 du 23 mars 1999.
Pour un médecin, le conseil de l’ordre peut bien sur demander la radiation à vie. Un entraîneur
peut se voir interdire à vie la possibilité d’enseigner une activité sportive.
Problématique du dopage
Le dopage touche le monde du sport, c’est un fait. Les média se chargent bien d’ailleurs de
condamner ces pratiques en traitant le sportif comme un irresponsable mettant sa santé en jeu et
donnant un mauvais exemple aux jeunes.
Pourtant, le dopage touche t’il seulement le monde du sport ? Les sportifs sont ils les seuls à
prendre des produits afin d’améliorer leurs performances, ou atteindre un objectif ? Si nous nous
penchons de plus prés, nous pouvons affirmer en fait que le dopage se banalise.
Le dopage se banalise à tel point que la demande d’un bêta bloquant (avant de passer le
permis de conduire ou un examen), ou d’un fortifiant est devenue courante lors des consultations
médicales. C’est ainsi, nous vivons dans une société cherchant à régler ses problèmes par des
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médicaments, sans se soucier des effets secondaires.
Dans le domaine militaire, les soldats recevaient en tant de guerre des petites bouteilles
d’alcool afin de leur donner du courage pour le combat. Certains pilotes concèdent avoir pris des
amphétamines pour se tenir éveillés lors de longues missions.
Les exemples sont encore nombreux. Nous pouvons presque parler d’une société de dopage,
et le sport n’est qu’un reflet de cette société.
L’apparition du sport spectacle (venu des Etats Unis) est un paradoxe de plus : les gens
veulent plus de performances, plus souvent, mais veulent un sport propre. Mais nous pouvons dire
que c’est un paradoxe essentiellement européens. En effet, de l’autre coté de l’atlantique, les ligues
majeures (NBA, NHL, NFL…) ne semblent pas de fervents défenseurs de la lutte pour un sport
propre.
Alors bien sur, il ne faut pas cautionner le dopage, bien sur il faut punir les coupables. Mais
pour lutter efficacement contre ce fléau, il ne faut pas exiger l’impossible en demandant à la fois
qualité et quantité, laisser aux athlètes le temps de progresser lentement parfois, et accepter des
contre performances.
Pour lutter efficacement contre le dopage, il faudrait d’abord lutter contre nos habitudes, en
particulier en tant que spectateur.
Conclusion
Lutter contre le dopage revient à lutter contre notre société elle-même. C’est ce qui rend cette
tâche difficile. De plus, nous ne pourrons jamais avoir un sport de haut niveau propre à 100% car des
intérêts politiques et financiers viendront toujours troubler les sportifs dans leur métier.
Les boycotts successifs des jeux Olympiques de Moscou (1980) par les nations occidentales,
et des jeux des jeux de Los Angeles (1984) par les soviétiques nous ont prouvé que le sport est bien
plus qu’un simple divertissement et c’est la raison pour laquelle certaines nations sont moins
pressées de s’impliquer activement dans cette lutte.
De plus, le développement du sport spectacle vient encore accroître les convoitises et cette
« nécessité » malsaine de réussir.
Cependant, il ne faut pas céder à la fatalité, ou même adhérer à cette volonté de
dépénalisation de recours à des substances dopantes (soutenue entre autre par le professeur Bruno
de LIGNERE).
La route sera longue et difficile, mais c’est notre devoir d’éducateur sportif de lutter contre ce
fléau pour préserver la santé de nos sportifs.
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Bibliographie :
• Loi n°99-223 du 23 mars 1999, Ministère des Sports.
• Polémique sur une tombe, Gilles GOETGHEBUER, Revue sport et vie n°51.
• Les progrès de la médecine crapuleuse, Revue Sport et vie HS n°9
• Dopage, un entraîneur est allemand raconte, VSD, Décembre 1997.
• Prévenir le dopage du jeune sportif, J.M DUPUIS, G.DAUDET, revue EPS novembre-décembre
2001.
• Drogues, savoir plus risquer moins, Ministère de la santé, juillet 2000.
• www.dopage.com
• Les différents quotidiens français, sportifs ou généralistes.
Merci encore au Dr BOUQUET pour les précisions apportées à ce chapitre du dossier.
Un numéro vert a été créé. Il s’agit « d’ECOUTE DOPAGE », au 0 800 15 2000
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