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Educaton Civique Et Ethique

Le document présente un cours d'éducation civique et éthique pour l'année académique 2024/2025, dirigé par Dr AKO’O Diderot, visant à promouvoir des comportements civiques et moraux au sein de la société camerounaise. Il souligne l'importance de la formation civique pour développer le sens de la citoyenneté et aborde les concepts d'État, de citoyenneté et d'éthique, tout en dénonçant la dégradation des valeurs morales dans le contexte actuel. L'enseignement se concentre sur la nécessité d'un retour aux valeurs fondamentales pour restaurer le vivre-ensemble et la justice sociale.

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Educaton Civique Et Ethique

Le document présente un cours d'éducation civique et éthique pour l'année académique 2024/2025, dirigé par Dr AKO’O Diderot, visant à promouvoir des comportements civiques et moraux au sein de la société camerounaise. Il souligne l'importance de la formation civique pour développer le sens de la citoyenneté et aborde les concepts d'État, de citoyenneté et d'éthique, tout en dénonçant la dégradation des valeurs morales dans le contexte actuel. L'enseignement se concentre sur la nécessité d'un retour aux valeurs fondamentales pour restaurer le vivre-ensemble et la justice sociale.

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Année académique : 2024/2025 Type d’enseignement : magistral

Semestre : 1 Spécialité : ALL


Niveau : 2
Enseignement : Education civique et
Ethique Durée : 20 heures

Enseignant : Dr AKO’O Diderot


Documents autorisés : support

INTRODUCTION GENERALE

Il est courant d’affirmer que « chaque peuple est à l’image de ses dirigeants ». Il
appartient aux tenants du pouvoir politique d’éduquer la population dont ils ont la charge sur
les grands enjeux du vivre ensemble par le biais du civisme. En effet, « le civisme est une
valeur civilisatrice moderne qui se vit au quotidien des peuples ; il est la marque d’une
appartenance à une collectivité, au service d’une même nation ou de mêmes idéaux ». La
compréhension du terme civique ne peut être complète que si on la combine avec le terme
« civisme ». Le civisme renvoie au dévouement d’un citoyen pour sa patrie. C’est le fait pour
un citoyen d’avoir un sens civique. Ainsi, le civique renvoie à ce qui est relatif au citoyen, à
une instruction sur les droits et obligations du citoyen, au sens des responsabilités et des
devoirs du citoyen.
Le citoyen quant à lui renvoie à toute personne jouissant sur le territoire de l’Etat dont
il relève des droits civiques et politiques. Ainsi, la citoyenneté sera accordée à tous les
nationaux d’un Etat pourvu que ces derniers ne soient pas déchus de leurs droits civils et
politiques pour être frappés par la déchéance des articles 31 et suivants du code pénal. Ces
droits civils et politiques concernent le droit de regard et de participation de chaque citoyen à
la gestion des affaires internes de son Etat.
Dans cet enseignement, le « civique » comme adjectif qualificatif se rapportera
essentiellement au citoyen, dont une définition antique retenait que c’est un habitant de la cité.
Or, dans toutes les cités, le vice côtoie la vertu, ce qui pose un réel problème d’éthique
En tant qu'organisme créé par l'État, l'Université est une institution éminemment
sociale. De ce fait, elle est fondamentalement engagée dans le devenir du projet que se donne
la société. La mission générale de l'Université qui porte sur le développement et la promotion
1
sociale tire son fondement même de cette réalité. Marie-Victorin à ce sujet affirmait que :
« L'Université fait vase communicant avec la vie nationale et avec la culture universelle. Elle
doit suivre les fluctuations, les progrès et les changements de front de cette vie nationale et de
cette vie universelle ».
Les Universités et Instituts supérieurs sont appelés à assumer leur part de
responsabilités dans le devenir du projet de société, ils font en sorte que leurs activités
d'enseignement, de recherche et de service à la collectivité s'exercent dans une telle
perspective.
L’éthique est la science de la morale, c’est l’art de diriger la conduite, c’est la façon de
se conduire. Ce qui est éthique est forcément moral, parce que conforme à la morale. La
morale elle-même s’entend comme science du bien et du mal, continue dans un ensemble de
règles de conduite qui ne sont pas forcément écrites, mais qui sont considérées comme
valables et absolues, simplement parce qu’elles sont un ensemble de valeurs et d’habitudes
largement partagées par les membres d’une société à un moment donné de son existence.
L’éthique sera entendue comme tout ce qui est conforme à la morale et au bon sens.
Cependant, les règles morales et de bonne conduite ne sont écrites nulle part. Ce n’est que par
déduction et par lecture combinée de certaines dispositions des lois qu’on peut découvrir les
règles de la morale. Cela ne voudrait pas dire toutefois que les règles de la morale sont
flottantes et imperceptibles. Puisqu’il s’agit des comportements que toute la société approuve,
ils se doivent d’être transmis de père en fils.
La décision d’instituer un enseignement un intitulé Formation civique et éthique
répond ainsi au souci de promouvoir dans la société camerounaise un comportement
exemplaire, un réajustement progressif de l’échelle des valeurs et des règles prioritaires qui
doivent régir le vivre-ensemble des Camerounais. En effet, l’on constate de plus en plus une
insuffisance, voire une perte, sinon une absence totale de repères civiques et moraux aussi
bien dans les milieux jeunes que dans l’ensemble du corps social.
Le mot « Formation » dans le cadre de ce cours peut être assimilé à celui d’«
éducation » qui est directement issu du latin educatio de même sens, lui-même dérivé
de exducere (educare qui signifie nourrir, ducere qui signifie conduire, guider,
commander et ex, « hors de ») : « faire sortir de ». Il s’agit donc de conduire, de tenir la main
pour amener quelqu’un vers une destination, de faire se développer. Ainsi, la formation
civique et éthique peut se définir comme le fait d’amener les étudiants-citoyens à développer
par eux-mêmes le sens de la citoyenneté pour leur bien propre, celui de la communauté à

2
laquelle ils appartiennent, celui de l’Etat dans lequel ils vivent et celui des valeurs auxquelles
ils doivent adhérer.
Dès lors, on pourrait penser que l’objet de cet enseignement se limite à quelques
simples rappels que chaque personne de bonne famille a pu intérioriser à un moment ou à un
autre de son existence. Ce postulat ne serait qu’une vue partielle de la question puisque le
contexte actuel de paupérisation ambiante, lui-même cause de déliquescence avancée des
valeurs morales a foulé aux pieds toute tentative de reconstitution de la société antique dans
laquelle le partage, la morale et la vertu étaient le train quotidien. Dans cette logique, notre
enseignement, s’il sera une sorte de rappel mémoire des choses qu’on connait, mais
constamment prises à la légère soit par négligence ou par ignorance des conséquences
pourtant souvent dramatiques, restera aussi et surtout dans une approche dynamique et
juridique de ces principes que d’aucun considère avec ou sans raison comme étant
élémentaires. Si les valeurs civiques sont restées statiques depuis les indépendances, l’éthique
par contre semble avoir été l’objet d’attaques diverses perpétrées par des groupuscules de tout
bord et dont l’objectif n’a été que son travestissement. Si l’éthique et la morale sont des
valeurs communément partagées par une société en un moment donné, il faut se garder de
penser que tout ce qui est communément partagé ou accepté est conforme à l’éthique ou à la
morale, car l’objectif à terme est bel et bien la justice.

Au Cameroun, on a noté à la veille des indépendances une relative conformité des


comportements individuels et collectifs à une sorte d’éthique et de morales, qui eux même
trouvaient leurs sources dans la justice sociale. Les citoyens semblaient avoir un sens aigu de
la morale de la morale et de la justice, un patriotisme et un nationalisme au ne trahissaient pas
les intérêts individuels. Les intérêts collectifs semblaient prendre le pas et étouffaient les
ambitions égoïstes. Ce qui expliquaient l’effectivité d’une frontière étanche entre les biens
publics et les biens privés, qu’ils soient individuels ou collectifs.

A la faveur de la violence crise économique qui a eu pour conséquence la réduction


drastique des salaires, les citoyens se sont mis à contester, peut-être pas ouvertement, mais
dans la pratique de tous les jours, ce qui jusqu’à hier était encore considéré comme étant la
morale et l’éthique. Le sens du patriotisme s’en est affaibli, effrité et froissé, voire ignoré
complètement. Désormais, l’égocentrisme, l’ethnocentrisme, le tribalisme, la confusion
voulue et entretenue entre les biens publics et biens privés, mais surtout la corruption a été
placés au service des intérêts individuels. C’est dans cette logique qu’une minorité s’est
enrichie de manière insolente et la majorité de la population reste encore sous le poids d’une
3
misère qui semble désormais endémique. Les postes de responsabilité constituent de nos jours
des canaux vers le changement de classe sociale, en éludant très souvent le souci de respect du
bien public, de la morale et d’éthique ; d’où l’émergence des nouveaux riches. Le
déclenchement de l’opération dite « Epervier » est une illustration du pourrissement de la
situation qui a conduit les pouvoirs publics à traquer ceux qui ont distrait les fonds publics.

Dans cette logique, un rappel des principes généraux de l’éthique et de bonnes mœurs
est indispensable, afin que le citoyen éduqué puisse être à même de transcender des
comportements ambiants et vulgaires, pour se mettre à l’école de la morale et de l’éthique
antique, contraire au travestissement dont elles sont l’objet de nos jours. Il s’agit d’un appel à
un retour aux sources, d’une reconstitution des valeurs africaines de partage, de pudeur et de
bon sens, afin que l’homme prime sur toute considération matérielle, tribale, ethnique et
sociale. La construction de cet enseignement se bâtira autour de l’éducation civique (titre 1) et
de l’éthique (titre 2).

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TITRE 1 : L’EDUCATION CIVIQUE

Le civisme et la morale s’appliquent aux sujets de droit que sont les citoyens et le
citoyen fait directement appel à son Etat de rattachement. Ainsi, nous clarifierons les concepts
de l’Etat et de la citoyenneté (Chap.1) et les libertés publiques et leurs implications (Chap. 2).
CHAPITRE 1 : CLARIFICATION CONCEPTUELLE DE L’ETAT ET LA
CITOYENNETE

Section 1. L’Etat

La clarification de la notion d’Etat permet de relever les implications y afférentes.

Paragraphe 1. La notion d’Etat

A. Définition

Etymologiquement issu du latin « status » (action de se tenir) et de « stare » se tenir


debout. Le mot latin signifie également « forme de gouvernement » mais aussi « situation
d’une personne ». Tous ces sens se retrouvent en français et sont liés par l’idée générale de «
manière d’être ». Max Weber, s'inspirant de la construction des États en Europe aux XVIème
et XVII siècles, définit l'État de la manière suivante : « L’État est une structure organisée,
dotée d’un pouvoir de contrainte s'exerçant à la fois sur un territoire et sur une population. ».
Trois dimensions donc à prendre ici en considération : dimension juridique, dimension
géographique, dimension humaine. Au cours de cet examen méthodique, nous rencontrerons
plusieurs fois le concept de nation.
1 / Le pouvoir de contrainte
Ce pouvoir découle de la souveraineté de l’Etat. La souveraineté est le pouvoir
reconnu à l’Etat de faire ses propres lois et de les mettre en pratique. L’État a le monopole de
la force légitime. Celle-ci est matérialisée par :
- Un appareil à formuler des lois et règlements ;
5
- Un appareil de justice ;
- Une force armée, une police, une gendarmerie.
Bien qu'il puisse déléguer certains de ses pouvoirs, notamment réglementaires, au
profit des collectivités territoriales ou locales, l'État seul à le pouvoir de contrainte : Justice,
police, gendarmerie, forces armées ne dépendent que de l'État. L’État à pouvoir sur la vie et
sur la mort : peine de mort si elle existe (ce qui est encore le cas dans de nombreux pays),
mobilisation d’une armée. Il est à noter que l’application de ce pouvoir de contrainte n’a pas
toujours une légitimité démocratique. La contrainte peut d’ailleurs être oppressive et
arbitraire, et c’est le lot du plus grand nombre à la surface de la planète. Ce pouvoir est
pourtant très étendu puisqu’il va jusqu’à l’instauration de la peine capitale, en passant par
l’enrôlement autoritaire dans une armée, ou encore les mesures d’expropriation, le fait de
rendre la justice. Sur tous ces terrains, ce qui caractérise l’État, c’est le monopole de la force.
Ainsi il n’y a plus d’État si des forces hostiles empêchent ce fonctionnement,
comme ça a failli être le cas récemment dans différentes régions camerounaises du fait de
l’insurrection de bandes armées. Si une telle chose arrivait, l’État disparaîtrait car la
concurrence vis-à-vis du Monopole de la force deviendrait trop importante. L’État serait
menacé dans son essence même puisque sa capacité à édicter des lois, et à les faire respecter,
s’effondrerait. L’accomplissement total de la notion d’État passe par la capacité d’édicter des
normes réglementaires et aussi de les faire appliquer (ce qui nécessite des moyens) ; c’est
ainsi que les prérogatives de l’État incluent le pouvoir d’exproprier, de lever l’impôt, de
rendre la justice, de battre monnaie…
2 / Une population
Ce pouvoir organisé, à qui et où s’applique-t-il ? C’est la population, et il n’y a pas
d’État, qu’il soit petit ou grand, sans population. Lorsqu’on envisage la composante «
population » dans la définition de l’État, on est amené à rencontrer l’idée de la Nation. Dans
la tradition française, il y a une coïncidence État-Nation.
3. Le territoire
Du moment où l’Etat exerce son autorité sur la population, il va sans dire que cette
population est localisée sur un territoire. L’identification à un territoire est indépendante de
l’étendue de celui-ci, et vitale pour l’État concerné, car si le territoire est perdu l’État
disparaît. Ce caractère capital de l’intégrité territoriale pour un État justifie la mise sur pied de
forces armées destinées à protéger les frontières contre d’éventuels envahisseurs.
B. L’Etat et les notions voisines
1. La patrie
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Il est nécessaire de souligner tout d’abord que cette notion est bien comprise dans le
monde occidental mais que dans d’autres civilisations elle n’évoque rien de précis.
En français, le mot « patrie » a l'avantage d'être originaire du latin et du grec tout en
étant un mot un peu ambigu : c'est le pays du père, mais pour nous Français, la « mère patrie
» c'est le pays de la mère et du père ; ailleurs, les mots « Vaterland » en allemand (le pays du
père), « motherland » en anglais (le pays de la mère) expriment partout la même idée d’un
rattachement à la notion de famille. On réalise tout de suite la subjectivité et l’affectivité que
cela sous-tend. Pour Jean-Jacques Rousseau, dans l’Emile, le village de naissance et la famille
sont de « petites patries ». À la connotation familiale s’ajoute la valeur du sacré et du sacrifice
car la patrie c'est ce pour quoi on meurt. En effet, en remontant dans le passé on s'aperçoit que
ce qui touche à la patrie a toujours un caractère sacré : les jeunes héros romains, athéniens ou
spartiates dont on a entendu parler étaient tous capables de se dévouer, de mourir pour la
patrie. La Patrie est, finalement, un concept indéfinissable, lié à la notion de sacrifice, liée à
l'idée de solidarité, d'amour et de famille, et qui ne semble pas entrer dans les mêmes
catégories que nation, État, gouvernement, citoyen. Il y a pourtant un lien entre les deux
aspects : le sentiment patriotique existe difficilement en-dehors de l'appartenance à une nation
constituée, à une collectivité vivante.
2. La nation
a. La signification
Le mot nation vient du latin nascio ou natio, qui signifie naître, et le terme latin nation
désignait les petits d'une même portée, et par extension groupe humain de la même origine.
Lorsqu’on envisage la composante « population » dans la définition de l’État, on est amené à
rencontrer l’idée de la Nation. Dans la tradition française, il y a une coïncidence État-Nation.
Le concept de « nation » a été développé, en France, par des penseurs du XIX siècle,
Michelet, Barrès, Renan et d’autres ailleurs (Fichte en Allemagne). Ils lui donnent une
dimension poétique, romantique, littéraire. Ainsi, pour Renan : « Il y a dans l’idée de Nation,
une volonté de vivre ensemble enracinée dans une histoire et des souvenirs communs. » Et
Malraux : « Une communauté de rêves. ». L’ensemble de ces tentatives de définitions chez les
auteurs français évoquent l’idée d’une vie commune. Le rapport de l’État à sa population nous
amène à l’articulation entre l’État et la Nation, qui est souvent complexe et délicate à préciser.
On rejoint ici le problème de l’« identité nationale », c’est à dire ce en quoi on se reconnait et
reconnait ses voisins. État et Nation coïncident souvent mais pas toujours. Il y a, et il y a
toujours eu, des États multinationaux et des Nations sans État, des États multinationaux qui se
sont scindés, l’histoire ayant réalisé à peu près toutes les combinaisons possibles.
7
b. L’intégration nationale
L’intégration nationale vise à former des citoyens à être respectueux de l'intérêt
général, du bien commun, de l'éthique et des valeurs démocratiques, soucieux d’un vivre
ensemble harmonieux et ouverts au monde. L'intégration nationale permet à chaque
camerounais de s'assumer comme citoyen d’une même patrie et de promouvoir la conscience
nationale et la cohabitation pacifique. C’est la manifestation d'une vie d'ensemble conforme
au devoir et à la conscience morale, qui se manifeste dans les rapports interindividuels et les
agissements des personnes. L’intégration nationale nécessite deux conditions :
- Une volonté et une démarche individuelle de considérer l’autre comme ayant les mêmes
droits et les mêmes devoirs, afin de relever le défi du vivre ensemble ;
- La capacité de l’Etat et de la société à considérer tous les citoyens sur un même pied
d’égalité, à respecter les différences et les particularités des individus et des groupes, à
partir desquelles devrait se forger l’unité.
L’intégration renvoie à la notion d’unité nationale. Cette unité est faite de diversité,
mais aussi de complémentarité, de solidarité et de foi en un destin commun transcendant les
particularismes de toutes sortes, notamment géographiques, historiques, linguistiques, tribaux,
religieux ou politiques. L’unité nationale implique que les camerounais sont d’abord
camerounais avant d’être de telle ou telle ethnie, anglophones ou francophones, chrétiens,
musulmans, animistes ou autres. Pour le non camerounais, il s’agit de la capacité de
s’insérer et de s’adapter dans la société camerounaise (c’est l’intégrabilité de la personne), et
pour l’Etat et la société, de leur capacité intégratrice.
Enfin, la notion d’intégration nationale comprend :
- l’intégration sociale ;
- l’intégration culturelle ;
- l’intégration économique ;
- l’intégration politique.
c. Les menaces pesant sur l’Etat-nation
Les États doivent affronter divers périls, parmi lesquels on peut distinguer les suivants.
c.1. La montée des particularismes régionaux
L’on peut craindre qu’ils veuillent mettre en danger l’intégrité de l’État,
particulièrement dans le cas des États unitaires ou rassemblés autour d’une nation.
L’archétype en est l’irrédentisme basque espagnol, ainsi que le nationalisme corse dans une
moindre mesure. Dans de nombreux États persistent ou se réveillent des identités régionales.
Par exemple, la langue béti est parlée non seulement au Cameroun mais aussi en Guinée
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Equatoriale, au Gabon et au Congo. Les Fang Béti, qui forment de toute évidence une nation,
habitent dans ces quatre pays.
c.2. La crise de l’Etat-nation
L’image de perfection du modèle de l’État-Nation est, sur le plan mondial, très
minoritaire, contestée et fragile notamment dans le cadre de la construction camerounaise
avec la crise anglophone. Dans une intervention à caractère culturel nous laisserons de côté
l’aspect politique.
c.3. La question des étrangers
Il y a un mélange de plus en plus significatif des populations. Il y a beaucoup
d’étrangers au Cameroun et beaucoup de camerounais à l’étranger. C’est dire que les courants
migratoires sont aussi à l’origine de tensions et de questions identitaires.
d. Les minorités
d.1. Signification
Cette notion n’est pas spécifique au Cameroun ; elle est largement abordée par les
constitutions de certains Etats. La minorité est définie comme étant « un groupe différent de
la majorité nationale par la race, la langue, la religion ».
d.2. La typologie des minorités
d.2.1. La minorité démographique
Les statistiques issues du recensement générale de la population peuvent permettre,
lorsqu’elles sont objectives, de montrer que telle tribu ou telle catégorie sociale présente un
effectif faible par rapport à d’autres tribus ou à d’autres catégories sociales dans le même Etat.
d.2.2. La minorité économique
Elle provient du résultat obtenu au terme de la comparaison effectuée, entre tel
ensemble linguistique, entre telle catégorie sociale omniprésents dans tous les milieux
d’affaires, les commerces, les industries du pays et d’autres ensembles et catégories nationaux
faiblement représentés dans les mêmes milieux
d.2.3. La minorité politique
C’est le cas lorsque telle frange de la population revendique n’avoir jamais tenu les
rênes du pouvoir ou remettre en cause le fait d’être sous-représentée dans les organes du
pouvoir étatique par rapport à la surreprésentation des autres groupes sociaux
d.2.4. La minorité intellectuelle
Elle est évoquée lorsque certaines populations peuvent à juste titre récuser le fait que
presque toutes les institutions scolaires et académique soient tenues et occupées pour
l’essentiel par des individus ressortissants d’une même région ou d’une même famille. La
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majorité intellectuelle est associée au pouvoir décisionnel dans l’Etat et c’est en objection à ce
cas de figure que la catégorie minoritaire (sous-intellectualisée) demande à être associée au
processus décisionnel.

d.2.5. La minorité sociale


Elle est évoquée lorsque certaines couches sociales peuvent dans un Etat estimer que
leurs intérêts ne sont pas suffisamment défendus parce que ceux qui sont investis de ladite
charge par l’administration appartiennent plutôt à une classe qui ne ressent pas les mêmes
difficultés. Ce sont généralement les classes démunies au sein de la société à l’exemple des
chômeurs, des retraités, des malades, des personnes pratiquant des petits métiers occasionnels
d.2.6. La minorité culturelle ou confessionnelle
Dans cette hypothèse, les adeptes de telle religion, de telle secte, de telle obédience
confessionnelle ou philosophique, les chefs traditionnels et détenteurs des pouvoirs
ancestraux, peuvent mettre en évidence leur marginalité sociale ou l’ostracisme pratiqué
contre eux par les individus relevant des catégories culturelles et confessionnelles majoritaires
ou dominantes.

3. La République

Le mot « république » provient du latin res publicae qui signifie au sens propre «
chose publique » et désigne dès 1140 le bien public, la propriété d’état, puis l’état, les affaires
publiques et la vie politique, spécialement le gouvernement dans ses rapports à l’extérieur, et
aussi une forme de gouvernement.
Aujourd’hui il est repris avec un sens politique circonscrit, courant et majoritaire,
défini juridiquement par la révolution française de 1789, de « forme d’état dans laquelle les
citoyens délèguent leur souveraineté par le vote » autrement dit des « démocraties
représentatives ».
Paragraphe 2. Les implications de la notion d’Etat
A. L’intérêt général
Du fait qu’il n’y ait pas de domaines d’activité d’intérêt général par nature, l’intérêt
général reste une notion difficile à définir. En réalité, il est généralement ce que les personnes
publiques veulent qu’il soit. L’intérêt général se distingue de l’intérêt individuel ou même de
la somme de ces intérêts individuels. C’est un intérêt qui dépasse ces intérêts et qui s’impose à

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eux, au nom du bien commun. Le critère de l’intérêt général est reconnu dans les cas
suivants :
- Les activités de l’État correspondant aux fonctions régaliennes (police, justice, défense…) ;
- Pour les activités ne correspondant pas aux fonctions régaliennes, il faut vérifier que le but
de l’activité est d’intérêt général et que l’intérêt général est compatible avec des intérêts
particuliers.
B. La puissance publique
La puissance publique est considérée comme l’ensemble des prérogatives et avantages
dont dispose l’Administration afin de faire prévaloir l’intérêt général qui reste son objectif
principal. Dans cette conception, la puissance publique est considérée comme un instrument
de contrainte détenu par l’Administration, qui exerce un pouvoir souverain sur la population.
Selon Jean RIVERO, la puissance publique est « la traduction au plan administratif de la
réalité politique qu’est le pouvoir ». Cette définition renvoie au pouvoir de coercition légitime
exercé par l’État, et aux moyens d’action dont dispose l’Administration pour arriver à ses fins.
Le but principal de la puissance publique reste la satisfaction de l’intérêt général,
devant lequel l’intérêt privé cède toujours. Nul particulier n’a le droit d’imposer ses volontés à
autrui contre son gré. Afin d’établir cet intérêt général la puissance publique repose sur la
notion de « prérogatives de la puissance publique » qui se caractérise par le double pouvoir de
l’administration d’imposer unilatéralement des obligations aux administrés, et de recourir à la
force physique légitime pour les faire exécuter. Il faut néanmoins adjoindre à la puissance
publique la notion de responsabilité de la puissance publique qui voudrait que l’Etat puisse
réhabiliter la personne victime de l’action de la puissance publique. Dans la majorité des cas,
l’État indemnise matériellement ses victimes.
C. Le service public
Les notions d’intérêt général, de service public et de puissance publique s’entremêlent
car l’intérêt général est l’élément utilisé pour définir le service public et la puissance publique
est utilisée pour garantir l’exécution du service public.
1. L’approche générale du concept
On peut aborder la notion d’un point de vue matériel et d’un point de vue formel :
 Au sens matériel, le service public est toute activité destinée à satisfaire un besoin
d’intérêt général et qui autant que tel, doit et ne peut être assurée et contrôlée que par
l’Administration et rien que l’Administration.
 Au sens formel, le service public est l’ensemble de moyens matériels et humains mis
en œuvre par l’État ou autre collectivité publique, afin de pouvoir exécuter ses tâches.
11
Les services publics consistent initialement en quelques fonctions limitées, nommées
les fonctions régaliennes que sont :

 La Police
 La Défense nationale
 La Justice
 Les finances publiques (Trésor, Monnaie, Impôts)
 Administration générale et locale.

Actuellement l’État ne se limite plus à accomplir les fonctions régaliennes, il intervient


dans des secteurs non-marchand, qui sont des services non payant tels que :
 L’enseignement public (Éducation nationale)
 La santé
 La sécurité sociale
 L’aide sociale
 La culture (musées ; théâtres…)
Et des secteurs marchands : services régis par une activité commerciale mais qui peuvent être
sous le contrôle de l’État ou des entreprises privées. Exemple :

 Transport
 Energie
 Eau potable
 Services postaux
 Télécommunications.
En clair, la puissance publique vise uniquement à accomplir le service public puisque
ce dernier satisfait l’intérêt général.
2. Le critère du lien de l’activité avec une personne publique
L’activité d’intérêt général doit entretenir certains liens avec une personne publique
pour être qualifiée d’activité de service public. Une activité ne peut être un service public que
si elle est gérée directement ou indirectement par une personne publique :
- Une activité est gérée directement par une personne publique lorsque c’est la
personne publique elle-même qui exécute le service public, en recourant à ses moyens
matériels, humains et financiers. On parle alors d’activité gérée en régie. Il en va ainsi du
service public de la justice gérée directement par l’Etat ;
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- Une activité est gérée indirectement par une personne publique, lorsqu’il revient à
une personne privée, sous le contrôle de la personne publique, d’exécuter une mission de
service public. On parle alors de délégation de service public.
Pour qu’un service public soit géré par une personne privée, il est nécessaire que cette
gestion demeure sous le contrôle d’une personne publique.
3. La typologie des services publics
Historiquement, le service public était un. Il était géré directement par les personnes
publiques qui trouvaient en lui leur raison d’être. Cependant, deux évolutions majeures sont
intervenues, fracturant cette unité. On a ainsi assisté à l’apparition de deux catégories de
services publics :
- Les services publics administratifs (SPA) : il s’agit de toutes les structures
administratives de l’Etat où l’on se fait signer ou délivrer des documents par les
fonctionnaires (ministères, mairies, sous-préfectures, délégations régionales, etc) ;
- Les services publics industriels et commerciaux (SPIC) : il s’agit en fait des
entreprises publiques c’est-à-dire les entreprises étatiques qui effectuent des activités de
services, industrielles ou commerciales, avec à l’esprit la recherche du profit exactement
comme le font les entreprises privées (même si les prix proposés sont parfois plus bas).
D. Les biens publics
La conception courante d’un bien public renvoie à un bien généralement utile et dont
la jouissance ne devrait pas être réservée préférentiellement à certains membres de la
collectivité plutôt qu’à d’autres. La conception de biens publics est également adossée sur les
notions d’intérêt général, de service public et d’utilité publique (intérêt public).
Un bien ou un service est public lorsqu’il remplit les caractéristiques suivantes :
- Est d’intérêt public ;
- Est indispensable ;
- Doit satisfaire aux conditions d’un accès égal à tous ;
- A la nature d’un bien ou d’un service de masse ;
Implique les sujétions ci-après :
$ L’exigence de continuité (non interruption de fourniture)
$ L’obligation de la desserte (impossibilité de résilier l’obligation de prestation)
$ L’égalité de traitement (entre personnes, localités, secteurs d’activités)
$ Respect de standards (qualité minimum de prestations)
$ Fixation des tarifs (sans faire jouer de mécanisme de prix)
$ Contrôle public des investissements.
13
E. Les pouvoirs publics
L'expression "pouvoirs publics" désigne le gouvernement et l'ensemble des services
chargés de l'administration d'un Etat ou d'une collectivité territoriale. Elle peut aussi désigner
plus spécifiquement telle ou telle administration.
La notion de "pouvoirs publics" ne s'applique que dans le cadre d'un Etat, à l'intérieur
d'un territoire délimité dirigé par des institutions, dans les domaines politiques, judiciaires,
économiques ou social.
Ces institutions (administrations nationales ou locales, collectivités territoriales) sont
gérées par des autorités compétentes qui représentent les pouvoirs publics et qui bénéficient
d'un pouvoir réglementaire parfois important. Elles déterminent et conduisent l'action
politique
Section 2. La citoyenneté

Paragraphe 1. La notion de citoyenneté


La citoyenneté est un processus d’institutionnalisation du lien entre l’individu et la
société politique. En effet, il n’y a pas de citoyenneté en dehors de la société politique c’est à
dire de l’Etat. C’est d’ailleurs en ce sens que le sociologue T. H. Marshall définit la
citoyenneté comme étant : « un statut accordé à ceux qui sont des membres à part entière
d’une communauté. Tous ceux qui jouissent de ce statut sont égaux au regard des droits et des
devoirs dont un tel statut est doté. »
Cette définition comporte tous les éléments essentiels à la compréhension de la
dynamique qui lie les individus au corps social dans la modernité. La citoyenneté donne aux
« membres à part entière d’une communauté » un « statut » comportant « des droits et des
devoirs ». C’est dire que la citoyenneté est à la fois appartenance et participation. Elle est
octroyée en vertu de l’appartenance à une communauté mais elle est également participation
parce qu’elle commande l’exercice des devoirs du citoyen. En somme, la citoyenneté définit
les conditions d’exercice de la démocratie et fait du citoyen l’objet d’étude de la citoyenneté.
Paragraphe 2. Le citoyen comme objet d’étude de la citoyenneté

A. La notion de citoyen

Le citoyen est défini comme une personne jouissant, dans l’État dont il relève, des
droits civils et politiques, et notamment du droit de vote. La citoyenneté relève donc d’un
ensemble de droits et de devoirs : droits civils fondés sur des libertés individuelles comme la
liberté de conscience et d’expression, la liberté d’aller et venir…, droits politiques comme
celui de participer à la vie politique et d’être candidat à toutes les fonctions publiques. En
14
contrepartie, le citoyen a l’obligation de respecter les lois, de participer aux dépenses
collectives en fonction de ses ressources et de défendre la société dont il est membre, si elle se
trouve menacer.
La sociologue et politologue Dominique Schnapper explique notamment que le terme
de citoyen caractérise un régime politique, dans lequel la légitimité politique repose sur
l’engagement citoyen. Le citoyen n’est pas seulement un sujet de droit individuel, il est aussi
le détenteur d’une part de la souveraineté politique et c’est l’ensemble des citoyens, constitués
en collectivité politique ou en « communauté de citoyens » qui, par l’élection, choisit les
gouvernants et son mode de gouvernance. Notons surtout que le citoyen est titulaire de droits
mais aussi d’obligations.
B. Les droits et devoirs du citoyen
1. Les droits
2. Les devoirs
Les obligations des citoyens peuvent difficilement être listées de manière exhaustive.
Les plus importantes peuvent néanmoins être regroupées en deux grands groupes :
a. Des devoirs-obligations
a.1. Respecter la loi et s’efforcer de la faire respecter
La loi ayant été élaborée par des représentants qu’ils ont élus, les citoyens sont donc
moralement contraints de se conformer aux règles qu’ils se sont eux-mêmes fixés. De plus, le
respect de la loi est une condition nécessaire pour vivre dans une société organisée où ne
règne pas la loi du plus fort. Il s’agit par exemple de :
- Pourvoir à l’éducation de ses enfants et préparer leur avenir ;
- Pour un chômeur, s’inscrire au FNE ;
- Respecter l’autorité publique.
a.2. Participer au financement de l’Etat
Ce devoir permet au citoyen d’œuvrer au financement pour le bien de la nation en
s’acquittant des impôts, taxes, cotisations sociales et autres contributions. La fraude fiscale,
comme le contournement de la loi, l’évasion fiscale vers les paradis fiscaux, le travail au noir,
etc… est une violation des obligations du citoyen envers la communauté nationale
a.3. Participer à la défense du pays
Le citoyen doit participer à la défense du pays en temps de guerre comme en temps de
paix. La conscription n’est en réalité que suspendue et l’appel sous les drapeaux peut être
rétabli si la défense de la nation le nécessite

15
b. Les devoirs-nécessités

Certains devoirs civiques sont non des obligations mais des nécessités, pour qu’une
personne mérite d’être considérée comme citoyen :

b.1. Etre loyal envers la communauté

Cela signifie ne pas commettre d’actes contraires aux intérêts de celle-ci

b.2. Participer à la vie politique

Cette participation se décline en deux volets :

- Voter : que l’on peut considérer comme un devoir moral lorsque le vote n’est pas
obligatoire. Par son vote, le citoyen camerounais assure le bon fonctionnement de la
démocratie ;

- Lors des élections ou référendums, s’informer sur les choix et les programmes des
candidats.

b.3. Respecter les autres et faire preuve de civilité

Le respect mutuel constitue l’un des fondements de la paix sociale. La civilité désigne
un ensemble de règles de vie en communauté telles que le respect d’autrui, la politesse, la
courtoisie. Synonyme de savoir-vivre, le civisme désigne le respect du citoyen pour la
collectivité dans laquelle il vit et de ses conventions dont notamment sa loi.

b.4. Faire preuve de solidarité sociale

Cela signifie grosso modo venir en aide aux autres en fonction des moyens. Par
ailleurs, il faut noter que la non-assistance à personne en péril est une obligation.

b.5. Défendre l’environnement

Le citoyen défend l’environnement en y apportant sa contribution dans différents


domaines : alimentation, consommation, eau, énergie, transport, produits chimiques,
jardinage, réutilisation, recyclage, etc…

16
CHAPITRE 2: LES LIBERTES PUBLIQUES ET LEURS
IMPLICATIONS

Section 1. Libertés publiques et droits de l’Homme

Paragraphe 1. Distinction entre les deux notions


Libertés publiques et droits de l’homme sont deux expressions souvent liées mais
pourtant bien distinctes. Les libertés publiques sont définies comme des droits de l’homme
reconnus par des textes et protégés juridiquement, désignant la consécration juridique des
droits de l’homme, leur judiciarisation. En réalité, les deux notions de libertés publiques et de
droits de l’homme ne se situent pas sur le même plan : ainsi, la notion de droits de l’homme
relève du droit naturel, c’est-à-dire que l’homme possède un ensemble de droits inhérents à sa
nature même et que l’on ne peut méconnaître sans porter atteinte à celle-ci. De plus, ces
notions ont un contenu différent, les libertés publiques sont des droits de l’homme définis,
elles constituent des pouvoirs de choix. Il importe de distinguer la notion de droits de
l’homme héritée du droit naturel, intimement liée à la personne humaine, indépendamment
des pouvoirs publics, et celle de libertés publiques, reconnues, garanties et protégées par le
droit.
Paragraphe 2. La clarification du concept droits de l’Homme
La notion de droits de l’homme suppose la reconnaissance à chaque individu de
pouvoirs d’agir indépendamment de toute institution publique. C’est la reconnaissance de
droits préexistants à toute société organisée. Il y a donc une origine philosophique des droits
de l’homme qui a permis l’émergence et la prise en considération de la dignité et de
l’universalité de chaque être humain. La proclamation de ces droits supposant aussi la
reconnaissance de l’identité des individus, autrement dit de l’individu pour lui-même,

17
indépendamment de toute référence à un statut ou de toute appartenance à un groupe.
C’est d’ailleurs cette proclamation qui permet la reconnaissance des droits subjectifs.
Section 2. La notion de libertés publiques
Paragraphe 1. La signification
La liberté est la faculté reconnue à l’homme d’agir de manière autonome, c’est un
pouvoir d’autodétermination en vertu duquel l’homme choisit son comportement personnel.
Néanmoins, parce que l’homme vit en société, la liberté de chacun doit être conciliée avec
celle des autres. La liberté est une prise de conscience par l’individu à la fois des nécessités
sociales et également de sa propre responsabilité. Le qualificatif public exprime l’opposabilité
de cette liberté à la puissance publique. Il traduit donc l’intervention des pouvoirs publics.
Mais l’expression n’est que très rarement employée au singulier.
Ce sont des libertés reconnues aux individus, protégées par la loi, et garanties par
l’État. Si les libertés publiques sont expressément mentionnées dans la Constitution, elles ne
font pas l’objet en tant que telles d’une définition textuelle. La doctrine a donc conceptualisé
cette expression, elle considère les libertés publiques comme étant l’expression d’un pouvoir
d’autodétermination reconnu par des normes à valeur au moins législative et bénéficiant
d’une protection renforcée même à l’égard des pouvoirs publics.
Pour expliquer cette définition, il convient d’en reprendre les éléments. D’abord, les
pouvoirs d’autodétermination sont ceux que l’homme exerce sur lui-même sans que
l’intervention d’autrui soit nécessaire. L’individu doit pouvoir penser ce qu’il veut, aller où il
veut, se réunir quand il veut sans que l’intervention de quiconque soit sollicitée. Entendue
dans un sens restrictif, cette définition exclut les droits créances qui exigent une intervention
de la société (le droit à la santé, le droit à la culture ou encore le droit au logement). Une
définition plus large des libertés publiques englobe les droits créances, en effet ce qui rend
publique une liberté c’est précisément l’intervention du pouvoir politique pour la reconnaître
et l’aménager.
Ensuite, les libertés publiques ont une valeur au moins législative. La Constitution de
1996 révisée en 2008 réserve en effet à la loi et au législateur le pouvoir de proclamer
l’existence de nouvelles libertés publiques. C’est une caractéristique des libertés publiques.
Enfin, reconnaître que les libertés publiques bénéficient d’une protection renforcée même à
l’égard des pouvoirs publics renvoie à la notion d’État de droit. L’État de droit, auquel est
opposé l’État de police, est un système institutionnel dans lequel la puissance publique est
soumise au droit. Le juriste autrichien Kelsen a redéfini cette notion d’origine allemande
(Rechtsstaat) au début du xxe siècle, comme un État dans lequel les normes juridiques sont
18
hiérarchisées de telle sorte que sa puissance s’en trouve limitée. Dans ce modèle, chaque règle
tire sa validité de sa conformité

Paragraphe 2. La typologie de libertés publiques

Parmi les libertés publiques et sans trop entrer dans les détails, nous trouvons :
- Celles qui relèvent du respect de l'autonomie de la personne : la sûreté ou la liberté
individuelle, le respect de la vie privée, l'inviolabilité du domicile ou des
correspondances, le respect de la personne humaine ;
- Les libertés d'agir : liberté d'aller et venir, liberté d'entreprendre, liberté contractuelle...
- Les libertés de la pensée : liberté de conscience et d'opinion, libre communication des
pensées (presse écrite et audiovisuel...), liberté de l'enseignement, liberté d'association,
liberté de manifestation, libertés politiques ;
- Les libertés à contenu économique et social : propriété, liberté syndicale, droit de
grève...
Cette liste de libertés, loin d’être complète n'en constitue pas moins une sorte de «
fonds commun » des pays démocratiques.
Paragraphe 3. Les libertés publiques et l'ordre public

A. La signification de l’ordre public


Garantie de la sécurité des personnes et des biens, l'ordre public est regardé comme le
« bouclier » de certaines des plus fondamentales de nos libertés : La prévention des atteintes
à l'ordre public est nécessaire à la sauvegarde de droits de valeur constitutionnelle. Elle
recouvre « le bon ordre, la sécurité, la salubrité et la tranquillité publique ».
L'ordre public tend donc à assurer la garantie effective de droits et principes reconnus
aux citoyens par la constitution camerounaise car il n’y a pas de libertés possibles dans une
société où les individus craignent pour la sécurité de leur personne.
C’est la raison pour laquelle certaines libertés qui sont proclamées dans la constitution
camerounaise peuvent faire l'objet de restrictions ou limitations lorsque ces dernières «
constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à
l'intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l'ordre et à la prévention du
crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des
droits d'autrui, pour empêcher la divulgation d'informations confidentielles ou pour garantir
l'autorité et l'impartialité du pouvoir judiciaire. » C'est le cas, par exemple, de la liberté
d'expression ou de manifestation
B. L’ordre public et les régimes d’exception
19
L'ordre public est mis en œuvre sous le couvert des « régimes d’exception ». Les
régimes d’exception s’entendent des périodes d’une certaine gravité au cours desquelles les
droits fondamentaux, particulièrement les droits civils et politiques se trouvent suspendus. Il
existe au Cameroun trois régimes d’exception : l’état d’urgence, l’état d’exception (art 9 de la
Constitution de 1996) et l’état de mise en garde à vue. Le régime de la garde à vue
administrative est une mesure par laquelle « les autorités administratives peuvent en tout
temps et selon les cas, prendre des mesures de garde à vue d’une durée de 15 jours
renouvelables dans le cadre de la lutte contre le grand banditisme.
En tout état de cause, ces situations conduisent à ce que les droits fondamentaux soient
mis entre parenthèses, au moins pour une période donnée, traduisant ainsi un écrasement des
droits de l’Homme au profit des régimes d’exception. Elles peuvent par exemple conduire à la
restriction des libertés individuelles, telle qu’une mise en résidence surveillée et à
l’interdiction des droits de l’action collective comme la tenue de réunions publiques.

20
Titre 2 : L’ETHIQUE, UN INSTRUMENT DE REGULATION SOCIO
ECONOMIQUE

La plupart des citoyens associe spontanément l’éthique à des règles de conduites,


certains pourront donc être surpris qu’il faille affirmer que l’éthique n’est pas contenue toute
entière dans le bloc compact de règles. Le mot éthique est complète et à plusieurs sens. Ce
mot est pris dans son sens premier : « étudie … les conditions individuelles de la vie bonne ».
L’explication ou la justification du sens choisit ici est présenté en trois étapes :

- Un point de repère qui n’est pas centré sur le mot règle a été choisi parce que
l’éthique ne doit pas être restreinte aux règles qu’elle crée parce que l’éthique doit
combler les vides et les lacunes qui sont laissées par les règles établies en droit ou
ailleurs ;
- Cette définition a été choisie parce qu’elle intègre une finalité, il est impossible de
porter un jugement moral ;
- Même quand les règles sont utiles et même nécessaires, elles suscitent quand
même la méfiance des individus.

Sur le plan de l’exigence définitionnelle, l’éthique est l’ensemble des principes


moraux qui sont à la base de la conduite de quelqu’un ou d’un groupe. L’éthique
managériale serait donc cet ensemble des principes et comportements exempt de tout
vice et duperies divers pouvant naitre dans les évènements de toute sorte, autrement
dit, c’est une forme d’éthique appliquée qui concerne les problèmes éthiques associés
aux entreprises en causes. Les entreprises expriment généralement leur approche

21
éthique par un ensemble de valeurs ou de principes fondamentaux qui vont au-delà des
exigences légales.

La déontologie est l’ensemble des règles de bonne conduite dont une


profession se dote pour régir son fonctionnement au regard de la mission. Autrement
dit, c’est l’ensemble des règles qui régissent d’une profession, la conduite de ceux qui
l’exerce, les rapports entre ceux-ci : les clients ou le public.

La morale quant à elle est définie comme l’ensemble des règles de conduite
socialement considérée comme bonne.

CHAPITRE 1 : LES GENERALITES SUR L’ETHIQUE

Section 1 : les motivations liées à l’émergence de l’éthique

La question se pose de savoir pourquoi une demande d’éthique accrue en


matière managériale ? A la vérité ; l’éthique, morale déontologie sont soumises à la loi
et il n’y a que dans des cas très exceptionnels que l’on peut en conscience violer la loi
en acceptant d’être sanctionner par le même système légal. Plusieurs raisons peuvent
militer en faveur de la demande sociale en matière d’exigence éthique :

- La fin des certitudes ;


- La montée de l’individualisme ;
- L’arrivée des technologies nouvelles ;
- Un besoin d’assurance et une crainte des responsabilités accrues ;
- La crise de confiance dans les médias ;
- La crise de confiance dans la justice…

Section 2 : les fondements et l’évolution de l’éthique

Paragraphe 1 : le fondement de l’éthique

A- Les perspectives religieuses

Elles sont encore qualifiées de fondements moraux. Il s’agit :

1- Perspective chrétienne sur l’éthique


22
Dans le christianisme, les fondements de la théologie sont la bible, composée de
l’Ancien testament et du Nouveau testament. Les catholiques y ajoutent la tradition. Par
exemple, Jésus demande à ses disciples : « Et si vous prêtez à ceux dont vous espérez
recevoir, quel gré vous en saura-t-on ? » (Luc 6,34). Bien qu’il puisse s’agir d’une injonction
générale à la bienveillance désintéressée, ce verset a également été lu à certaines époques de
l’Histoire comme une condamnation du prêt à intérêt ou de l’usure, tout particulièrement
quand le prêt a lieu d’un croyant à un croyant : l’idée est qu’un chrétien étant tourné vers la
vie éternelle, c’est en fin de compte Dieu qui récompense le préteur plutôt qu’un intérêt qu’on
prélèverait sur le prêt qu’on accorde.

En effet, le christianisme ne peut se référer à un seul texte de la bible pour définir une
position par rapport à l’argent. Il est nécessaire de tenir compte de l’ensemble des textes de la
bible et de la tradition pour se prononcer surement.

- Dieu et l’argent
- Les chefs doivent servir
- L’impôt dû à César
- Le danger des richesses
2- Perspective juive sur l’éthique

Le fondement de toute la loi juive est la Torah ; on y trouve plus de commandements


sur la conformité de son argent que sur la conformité de la nourriture. Ces préceptes sont
développés dans la Mishnah et le Talmud, puis sont ensuite décrits dans les codes de la loi
juive de la Halakha. Un vaste ensemble de sujets relatifs à l’éthique des affaires est abordé
dans le corpus dit responsa (réponses) en latin qui se préoccupe des applications pratiques.

3- Perspective musulmane sur l’éthique des affaires

Pour l’Islam, le fondement de la loi est dans le Coran, complété par les Hadiths. L’éthique
musulmane de la richesse inclut le fait d’éviter l’exploitation par le prêt à intérêt (Riba) des
personnes dans le besoin, l’interdiction de la publicité mensongère à son sujet, l’acheteur à le
droit de voir la transaction annulée. Il est ainsi illicite de vendre une marchandise avant de la
posséder, d’exciter le marché sans intention d’achat, vendre du sperme ou l’embryon non né,
le fruit sur l’arbre, etc.

4- Perspective bouddhiste sur l’éthique des affaires

23
Il y a également une tradition d’appliquer les principes du bouddhisme dans le monde
des affaires. Les textes bouddhistes soulignent le rôle que le travail peut jouer dans l’atteinte
de l’illumination, ce qui interdit tout rôle associé à la violence (par exemple le commerce des
armes) ; mais tous les éléments (la conduite, la parole, etc.) vont concerner la conduite de
toute personne dans leur travail.

B- Le fondement législatif et doctrinal


1- Le fondement législatif

De façon théorique, il est plus facile de comprendre que la barrière entre le droit et la
morale ou l’éthique n’est pas toujours très étanche en pratique, il arrive souvent au droit de
prendre en considération des grands principes d’ordre moral et d’en faire des règles de droit.

2- Le fondement doctrinal

La doctrine ne cesse de se questionner sur l’importance et les enjeux de l’éthique.


Trois hypothèses de base peuvent justifier leurs soucis :

- Forte tendance de la « démocratisation » des attitudes et des comportements ;


- Le bien-être matériel devient la mesure quasi exclusive de la réussite
- L’entreprise est devenue le terrain d’enjeux majeurs.

Paragraphe 2 : l’évolution de l’éthique

L’éthique a émergé en tant que domaine de connaissance dans les années 70. La
perspective internationale d’éthique n’a émergé qu’à la fin des années 90 suivant ainsi tout
naturellement les développements de la mondialisation de cette dernière décennie du siècle.
Un grand nombre de problème pratiques est ressortis du contexte internationalisé. Des
questions théoriques ont reçues une attention particulière. D’autres problématiques plus
anciennes peuvent également être regroupées ici sous plusieurs domaines :

- La recherche des valeurs universelles comme fondement sur les comportements


dans le monde des affaires ;
- La comparaison des conditions éthiques avec certains pays ;
24
- La comparaison des conditions éthiques des différentes familles de pensées
religieuses ;
- Les grands sujets comme la globalisation, politique, impérialisme, culture…

Section 3 : les principes de l’éthique

Paragraphe 1 : le principe de proportionnalité

Prendre le principe de proportionnalité dans sa forme universalisée comme des


fondements de toute l’éthique peut paraitre « révolutionnaire », parce que c’est mettre en
question presque toutes les morales traditionnelles qui ont toujours été plus intuitive et vagues
que fondées en raison.

Personne ne peut nier qu’une action ne peut être moralement mauvaise que parce
qu’elle cause ou permet un dommage. Il n’est pas possible de définir un mal moral sans
référence à un dommage. D’autres part, toute action qui cause ou permet un dommage n’est
pas automatiquement moralement mauvaise. Il n’y a pas d’autre mal moral que celui qui
consiste à causer ou permettre un dommage sans « raison proportionnée ».

Paragraphe 2 : les principes d’équité et de justice

Dans nombre de pays anglo saxon ou le devoir de coopération ne se fonde pas sur la
bonne foi et ce de manière expresse, c’est très souvent l’équité. Ainsi, bien qu’il n’y ait pas
d’obligation générale d’agir conformément aux exigences de la bonne foi, les résultats
escomptés sont atteints grâce aux règles spécifiques calculées sur l’interprétation favorable du
contrat. Dans la plupart des cas, les tribunaux trouvent une justification dans les clauses
implicites du contrat.

Paragraphe 3 : le principe de la non-discrimination

Ce principe vise à assurer l’égalité de traitement entre les individus quelle que soit la
nationalité, le sexe, la race ou l’origine ethnique, la religion ou les croyances, un handicap.
Toutefois, la règle de la discrimination positive est admise ; il s’agit d’instituer des inégalités
pour promouvoir l’égalité en accordant un certain traitement préférentiel. Au Cameroun, ce
principe est réglé sous l’angle de l’équilibre régional.

Paragraphe 4 : le principe de confidentialité

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C’est le fait de sélectionner les personnes qui auront accès à des informations
spécifiques. Sur cet aspect, il convient de rapprocher le régime, les clauses de confidentialité
avec le droit de la concurrence.

Paragraphe 5 : le principe de loyauté

La loyauté est considérée comme le fait pour une personne d’être fidèle, d’obéir aux
règles d’honneur et de probité. En droit, elle renvoi précisément à la notion de droiture pour
désigner soit la sincérité contractuelle, soit la coopération ou encore la bonne foi.

CHAPITRE 2 : L’ETHIQUE ET LE MANAGEMENT

Il s’agit principalement pour nous d’analyser les règles éthiques spécifique


appliquées aux parties prenantes internes et celles liées aux prenantes externes.

Section 1 : les règles éthiques spécifiques appliquées aux parties prenantes


interne

Il s’agit principalement des salariés et des actionnaires.

Paragraphe 1 : les salariés

Les règles éthiques appliquées aux salariés relèvent entre autre :

- Le devoir d’intégrité ;
- Le devoir de non-concurrence ;
- Le devoir de confidentialité ou de secret professionnel. L’employé ne doit pas
divulguer les secrets de l’entreprise, ni les procédés d’exploitation.

En cas d’inobservation de ces obligations, il peut être licencié pour juste motif.

Paragraphe 2 : les actionnaires (employeurs)

Il s’agit avant tout du respect de la règlementation quant à l’offre d’emploi.


Cependant, certains principes sont dégagés à travers la législation du travail et la
jurisprudence de la cour suprême du Cameroun.

A- Le respect de la règlementation de l’offre d’emploi

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Il s’agit du principe de la libre diffusion des offres d’emplois quel que soit le
support utilisé. Dans cette perspective, l’entreprise à la possibilité de faire diffuser une
offre anonyme d’emplois en communiquant, toutefois, sa dénomination au responsable
du moyen de communication utilisé ; ce dernier, simultanément à la diffusion, est tenu
de transmettre l’offre aux services spécifiques. Si c’est un travail temporaire,
l’entreprise doit être déterminée ainsi que son caractère temporaire. Le chef
d’entreprise (General manager) doit donner quelques précisions quant au contenu de
l’offre d’emploi qui doit être datée. Certaines obligations spécifiques ou interdictions
lui sont faites :

- Il doit tenir compte du minimum d’âge fixé par le législateur. Quant au maximum,
il lui est interdit de le fixer sauf disposition législative ou règlementaire.
- Toute allégation fausse ou susceptible d’induire en erreur et portant en particulier
sur l’existence, le caractère effectivement disponible, l’origine, la nature et la
description de l’emploi offert, la rémunération et les avantages proposés, le lieu de
travail.
- Toute mention discriminatoire, notamment sexiste, religieuse ou ethnique est
proscrite.

N.B./ Avec le développement des NTIC, il est de plus en plus interdit dans certaines
législations le recours à la pratique dite des « enchères électronique inversées » en matière de
fixation des salaires (appel d’offres au moins disant).

B- La non-discrimination dans les conditions légales de travail

Nul ne peut être écarté d’une procédure de recrutement en raison de son origine, de
son sexe, de ses mœurs, de son orientation sexuelle, de sa situation familiale, de ses
caractéristiques génétiques, de son ethnie, une nation ou une race, de ses opinions politiques,
de ses convictions religieuses, de son patronyme ou en raison de son état de santé ou de son
handicap. En cas de violation de ce principe, une action peut être engagée aussi bien au plan
civil (dommages intérêts en réparation du préjudice causé) que pénal (amende à infliger au
pollicitant).

C- Le principe de recueil et d’appréciation des informations : souci du respect de la


vie privée des employés

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D’un point d’équilibre entre la nécessaire protection de la vie privée du candidat et
l’impérieux besoin, au regard de la bonne marche de l’entreprise, de connaitre les aptitudes et
la personnalité du postulant doit être trouvé. Une double exigence existe :

- Les informations demandées ne peuvent avoir pour finalité que d’apprécier la


capacité du candidat à occuper l’emploi proposé pour ses aptitudes
professionnelles.
- Les informations demandées doivent avoir un lien direct et nécessaire avec
l’emploi proposé. Il est interdit à l’employeur de demander à un candidat des
renseignements portant sur son état de santé, sa vie sexuelle, son logement, la
profession de ses parents ou du conjoint le nom et les coordonnées de
connaissances non professionnelles ou ses loisirs.

Ainsi, le droit à l’information ne doit concerner l’état civil, le passé professionnel, les
diplômes, la situation militaire. Parfois, certains documents peuvent être exigés : extrait de
casier judiciaire, certificat de travail ou relevé de notes. Par contre, si les informations
demandées ont un lien direct et nécessaire avec l’emploi, le candidat est tenu de répondre de
bonne foi puisqu’en cas de fraude, une action en nullité pour dol pourrait être engagée à la
double condition que soient démontrés l’existence de manœuvres frauduleuses (informations
erronées du CV, informations imprécise) et le caractère déterminant pour l’embauche, des
affirmations mensongères. En conséquence, un licenciement serait par ailleurs justifié si le
salarié n’avait pas la compétence effective pour exercer les fonctions pour lesquelles il a été
recruté.

D- Les principes de transparence et pertinence

Ces deux principes sont aussi considérés comme étant des techniques de sélection des
postulants à un emploi. Ces principes pèsent sur l’entreprise ainsi que sur le cabinet
intermédiaire :

- La transparence des techniques utilisées : l’employeur doit être informé sur les
méthodes ou techniques d’aide au recrutement ainsi que sur toute modification
ultérieure, ensuite le candidat doit être informé dès le début du processus de
recrutement des méthodes qui lui seront appliquée.
- La pertinence des techniques utilisées au regard de la finalité poursuivie : son
intérêt est de lutter contre certains abus largement médiatisés. Cette pertinence, qui

28
devra être appréciée par le juge, doit se manifester à un double niveau : la nécessité
de recourir à une telle méthode par l’employeur ou le cabinet intermédiaire et la
fiabilité de la technique utilisée.
E- L’hygiène professionnelle et la sécurité des employés

Que ce soit la morale, la raison, le droit, la déontologie ou simplement l’éthique, les règles
d’hygiène (soins médicaux, l’existence des commodité d’aisance, la propreté des lieux…) et
de sécurité physique (barrière de sécurité, existence de secours, des extincteurs, …) ou sociale
(affiliation obligatoire ou volontaire à la CNPS avec le respect des taux fixés par la
règlementation en vigueur) est l’une des charges imposées à l’employeur : sorte d’éthique de
principe.

Section 2 : les règles éthiques spécifiques aux parties prenantes externes

Il existe plusieurs acteurs qu’on revisitera.

Paragraphe1 : les parties prenantes relevant du secteur privé

A- Les clients et les consommations


- La pression des clients : elles peuvent aller d’impressions échangées sur internet,
jusqu’au boycott pur et simple.
- Les consommateurs : à titre individuel, ils ont peu de prises sur les pratiques des
entreprises. Et le marketing oriente fortement leurs choix, plaçant très loin le
développement durable parmi les motivations d’achat. En revanche au niveau
collectif, les organisations ont réussi à promouvoir des labels suffisamment forts
pour orienter la consommation. Enfin, le commerce équitable est une piste
prometteuse, même s’il pèse un poids négligeable dans le commerce global.
B- La société civile

Les ONG sont les représentants emblématiques. Leur pouvoir sert de caisse de résonnance
aux interrogations voire aux protestations de la société. On l’a fréquemment constaté lors des
opérations commando menées pour remettre en cause la politique nucléaire du pays.

Pendant longtemps, les ONG ont refusé de se rapprocher des acteurs économiques,
considérant que les entreprises étaient peu fréquentables. Devenues plus pragmatiques, elles
interviennent de manière croissante dans l’économie et la gouvernance mondiales.

29
C- Les syndicats professionnels

La mondialisation les a longtemps laissés sans voix, les décisions se prenaient désormais à un
niveau où ils avaient peu de prises. Les fédérations syndicales internationales permettent
aujourd’hui de rétablir en partie l’équilibre, en signant des accords internationaux.

Paragraphe 2 : les parties prenantes relevant du secteur public

Il s’agit entre autre :

- L’Etat ou le Gouvernement de la République ;


- Les pouvoirs publics ;
- Les collectivités territoriales décentralisées ;
- Les organismes supranationaux : ONU, OIT, FMI, Banque Mondiale, ...

CONCLUSION GENERALE

L’une des caractéristiques majorer du XXème siècle est un formidable brassage des
populations à l’échelle planétaire, les relations et rencontres entre citoyens et peuples ne
cessent de s’accroitre, cela justifie la technique de promotion managériale à travers :

- Un engagement communicationnel : c’est-à-dire un engagement profond de


l’employeur par un comportement éthique personnel et pour celui des employés.
- Des actions concertées ;
- Des redressements socio politiques.

Le respect de la spécificité de chaque citoyen devient l’axe central de tout dialogue


dans la cité ou dans la communauté.

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