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FAO 2002 Sur La Sécurité Mondiale de L'alimentation

Le rapport de la FAO sur la situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture en 2002 met en lumière les défis persistants de la faim et de la pauvreté, tout en soulignant l'importance de l'agriculture et du développement rural pour leur éradication. Il appelle à une mobilisation accrue des ressources financières pour soutenir des pratiques agricoles durables et la production de biens collectifs mondiaux. Le rapport examine également les implications des récents événements internationaux sur les politiques agricoles et le commerce mondial.

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FAO 2002 Sur La Sécurité Mondiale de L'alimentation

Le rapport de la FAO sur la situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture en 2002 met en lumière les défis persistants de la faim et de la pauvreté, tout en soulignant l'importance de l'agriculture et du développement rural pour leur éradication. Il appelle à une mobilisation accrue des ressources financières pour soutenir des pratiques agricoles durables et la production de biens collectifs mondiaux. Le rapport examine également les implications des récents événements internationaux sur les politiques agricoles et le commerce mondial.

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I

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2002 LA SITUATION
ISSN 0251-1460

MONDIALE DE
L’ALIMENTATION
ET DE
L’AGRICULTURE
L’AGRICULTURE
ET LES BIENS
COLLECTIFS
MONDIAUX
10 ANS APRÈS LE
SOMMET DE LA
PLANÈTE TERRE
LA SITUATION MONDIALE
DE L’ALIMENTATION ET DE L'AGRICULTURE 2002
Collection FAO: Agriculture No 34
ISSN 0251-1460

LA SITUATION
MONDIALE DE
L’ALIMENTATION
ET
DE L’AGRICULTURE
2002

ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE


Rome, 2002

iii
Rédaction, mise en page, graphiques et édition électronique
Groupe de l’édition
Division de l’information de la FAO

ISBN 92-5-204762-X

Les appellations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent
n’impliquent de la part de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs
autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Dans certains tableaux, les désignations
«pays développés» et «pays en développement» sont utilisées pour des raisons de commodité
statistique et n’expriment pas nécessairement un jugement quant au niveau de développement
atteint par tel ou tel pays ou région.

Tous droits réservés. Les informations ci-après peuvent être reproduites ou diffusées à des fins
éducatives et non commerciales sans autorisation préalable du détenteur des droits d’auteur à
condition que la source des informations soit clairement indiquée. Ces informations ne peuvent
toutefois pas être reproduites pour la revente ou d’autres fins commerciales sans l’autorisation
écrite du détenteur des droits d’auteurs. Les demandes d’autorisation devront être adressées au
Chef du Service des publications, Division de l’information, FAO, Viale delle Terme di Caracalla,
00100 Rome, Italie ou, par courrier électronique, à [email protected]

© FAO 2002

iv
Avant-propos
Il n’est pas possible de faire un bilan de l’année écoulée sans évoquer les attentats tragiques
du 11 septembre et les événements consécutifs, qui nous ont fait prendre conscience de la
fragilité de notre sécurité. Ils ont montré qu’à l’heure de la mondialisation, la sécurité ne
peut être elle aussi que mondiale. Ils auront, nous l’espérons, renforcé notre conscience
du fait que l’avenir de l’humanité est bien un avenir partagé, et que les défis auxquels celle-
ci est confrontée requièrent le plus souvent des solutions communes.
Aujourd’hui bon nombre de ces principaux défis semblent être au centre de l’attention,
ce qui nous permet de nourrir de nouveaux espoirs pour l’avenir. L’un de ces défis, et non
le moindre, est l’éradication de la faim et de la pauvreté – deux phénomènes et fléaux de
l’humanité intimement liés.
En 1996, les dirigeants du monde entier, réunis à Rome pour le Sommet mondial de
l’alimentation, se sont engagés à éradiquer la faim. D’abord et avant tout, ils sont convenus
de réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées d’ici à 2015. Malheureuse-
ment, d’après les informations les plus récentes dont nous disposons, les progrès réalisés
ces dernières années n’ont pas été assez rapides. C’est pour accélérer ce processus que j’ai
résolu d’inviter les dirigeants mondiaux à se réunir à nouveau à Rome, cette année en juin.
En effet, si nous voulons réaliser les objectifs que nous avions fixés il y a cinq ans, il faudra
renforcer la volonté politique et mobiliser les ressources financières nécessaires. Il reste
encore beaucoup à faire, malgré quelques exemples éclatants de progrès dans certains
pays et communautés. D’ailleurs, ces réussites viennent justement renforcer notre convic-
tion que les objectifs fixés à Rome en 1996 peuvent être atteints.
D’autres événements internationaux de premier plan qui ont eu lieu récemment, ou se
tiendront prochainement, auront des répercussions importantes pour notre avenir
commun. A Monterrey, du 18 au 22 mars 2002, le Mexique a accueilli la Conférence
internationale sur le financement du développement, qui s’est penchée sur l’enjeu de la
mobilisation de ressources financières adéquates pour atteindre les objectifs de dévelop-
pement convenus au niveau international, notamment ceux énoncés dans la Déclaration
du Millénaire des Nations Unies. A l’occasion de cette conférence, les trois institutions des
Nations Unies basées à Rome (la FAO, le Fonds international de développement agricole
[FIDA] et le Programme alimentaire mondial [PAM]) ont lancé un appel conjoint par
lequel elles invitaient à accroître les ressources destinées à la réduction de la faim et au
développement agricole et rural. Des signes encourageants indiquent que cette confé-
rence pourrait marquer un tournant décisif – un renversement de la tendance à la baisse
de l’aide au développement, et notamment pour la lutte contre faim et en faveur de
l’agriculture, enregistrée dans le passé.
Dix ans après la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développe-
ment – le Sommet de la planèteTerre – tenue à Rio de Janeiro, l’Afrique du Sud accueille
le Sommet mondial sur le développement durable à Johannesburg, en août-septembre
2002. A cette occasion, l’attention sera concentrée sur un certain nombre d’enjeux
fondamentaux pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable qui avaient
été convenus à Rio en 1992.
Non moins important pourrait être l’accord conclu lors de la quatrième Conférence

v
ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce, à Doha (Qatar) en novembre
2001, pour le lancement d’un nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales
globales. Un résultat particulièrement encourageant a été la place importante donnée
dans la Déclaration ministérielle de Doha à la nécessité de veiller à ce que les besoins en
matière de développement et de sécurité alimentaire des membres les plus vulnérables de
l’Organisation ne soient pas négligés. Nous espérons que ce nouveau cycle de négociations
commerciales continuera à mettre en relief les problèmes et les besoins des pays en
développement et qu’il aboutira à la mise en place d’un système commercial international
plus juste et plus équitable dans l’intérêt réel de tous.
Parmi cette profusion d’événements internationaux importants, je tiens à souligner en
particulier le rôle central de l’alimentation, de l’agriculture et du développement rural
dans les efforts que nous déployons pour assurer un développement durable et éradiquer
la faim et la pauvreté. Les trois quarts des pauvres vivent en milieu rural et tirent leurs
moyens d’existence de l’agriculture ou d’activités rurales liées à l’agriculture. La pauvreté
urbaine est en grande partie la conséquence des privations et du déclin économique dans
les zones rurales, qui entraînent un exode de détresse vers les villes. Le renforcement de
l’agriculture et du développement rural est essentiel pour assurer une croissance écono-
mique générale et la réduction de la pauvreté dans la plupart des pays en développement.
La tendance à la baisse des ressources financières consacrées à l’agriculture et au
développement rural doit être renversée. D’autre part, nous devons souligner l’impor-
tance des débouchés commerciaux pour les pays en développement. Les pays développés
peuvent donner une grande impulsion à l’éradication de la pauvreté et à l’essor écono-
mique dans les pays en développement, en ouvrant leurs marchés aux produits de ces
pays – notamment aux produits agricoles – et en les aidant à tirer parti de ces nouveaux
débouchés commerciaux.
Le caractère central de l’alimentation, de l’agriculture et du développement rural
pour la réduction de la pauvreté et l’éradication de la faim, sous-tend la plus grande
partie du rapport sur La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2002. Je tiens
toutefois à souligner un aspect qui figure particulièrement en bonne place dans ce
rapport. Il s’agit de la reconnaissance du fait que l’agriculture, les pêches et les forêts
revêtent une importance qui dépasse celle de nous apporter les aliments et les matières
premières nécessaires à notre survie et à notre bien-être, et d’assurer des moyens
d’existence aux agriculteurs, aux pêcheurs et aux forestiers du monde entier; les
populations qui travaillent dans ces secteurs jouent un rôle dans la gestion de ressources
dont les bienfaits vont bien au-delà de leurs propres moyens d’existence personnels.
Grâce à l’aménagement de ces ressources, les agriculteurs, les pêcheurs et les forestiers
fournissent à d’autres une série de bienfaits, tels que la sauvegarde du paysage, la
protection des bassins versants, la conservation de la biodiversité, la stabilité de
l’écosystème et l’entretien des stocks de poissons. Ce sont lesdits biens collectifs, des biens
qui profitent à une grande partie de la population – à l’échelon local, régional et national
– mais dont on ne peut s’attendre à ce qu’ils soient dispensés gratuitement. Certains de
ces biens collectifs sont mondiaux de par leur nature même; ils profitent à l’humanité
tout entière. Des exemples évidents sont la conservation de la biodiversité et le piégeage
du carbone assurés par les forêts et l’agriculture grâce à l’adoption de pratiques
d’utilisation des terres plus durables.

vi
Ces faits sont largement reconnus, mais je souhaite néanmoins en souligner les
répercussions au niveau des flux financiers en faveur de l’agriculture, des pêches et des
forêts. Il est en effet parfaitement justifié de destiner des flux financiers internationaux
adéquats à ces secteurs pour encourager des pratiques durables qui assurent la production
de ces importants biens collectifs mondiaux. Un autre enjeu est celui de mettre au point
des mécanismes qui puissent à la fois fournir une compensation pour la production de ces
biens et contribuer à la réduction de la pauvreté. Le rapport sur La situation mondiale de
l’alimentation et de l’agriculture 2002 invite à accroître les flux financiers internationaux en
faveur de l’agriculture et des zones rurales afin d’encourager la production de biens
collectifs mondiaux. Il examine également l’un des nouveaux mécanismes possibles pour
le financement de la production de biens collectifs mondiaux: le Mécanisme de dévelop-
pement propre (MDP), issu du Protocole de Kyoto à la Convention-cadre des Nations
Unies sur les changements climatiques. Une attention particulière est donnée à l’utilisation
potentielle de ce mécanisme comme instrument tant pour favoriser le piégeage du carbone
grâce à de nouveaux modes d’utilisation des terres que pour réduire la pauvreté rurale.
Comme dans les éditions précédentes, le rapport sur La situation mondiale de l’alimentation
et de l’agriculture 2002 s’efforce à la fois de donner une vue d’ensemble de la situation
actuelle et de proposer une réflexion sur certaines des principales difficultés liées à
l’élimination de la faim et de la pauvreté dans le monde et à l’utilisation durable de nos
ressources naturelles. Compte tenu de la reconnaissance croissante de bon nombre de ces
défis dans le monde entier, je suis certain que nous avons raison d’être optimistes pour
l’avenir. Mais il est nécessaire d’éviter toute complaisance et de rester solidement attachés
aux objectifs que nous avons fixés. A cet égard, la FAO continuera pour sa part à jouer le
rôle que ses membres et la communauté internationale attendent de nous.

Jacques Diouf
DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA FAO

vii
Table des matières
Avant-propos v
Remerciements xvi
Sigles et abréviations xvii
Note explicative xx

CHAPITRE I
Situation mondiale

I. LA SITUATION ACTUELLE DE L’AGRICULTURE –


FAITS ET CHIFFRES 3

1. Tendances concernant la sous-alimentation 3


2. Production agricole et animale 6
3. Pénuries et urgences alimentaires 11
4. Situation des approvisionnements céréaliers à l’échelle mondiale 14
5. Aide extérieure à l’agriculture 17
6. Flux d’aide alimentaire 20
7. Evolution des cours des denrées 23
8. Pêches: production, écoulement et commerce 29
9. Production et commerce des produits forestiers 33

II. L’ÉCONOMIE MONDIALE ET L’AGRICULTURE 38

Le contexte économique mondial 38


Commerce mondial et prix des matières premières 39
Conséquences de la quatrième Conférence ministérielle 42
de l’Organisation mondiale du commerce pour l’agriculture

NOTES 48

CHAPITRE II
Situation par region

I. AFRIQUE 51

Vue d’ensemble 51
Situation économique générale 51
Situation de l’agriculture 54
Productivité des agricultrices en Afrique subsaharienne 57
Introduction 57
Rôle et importance des agricultrices 57
Ecart de productivité agricole selon le sexe et contraintes auxquelles doivent
faire face les agricultrices 62

ix
Remarques finales et incidences politiques 64
Lutte contre la mouche tsé-tsé et la trypanosomose 65
Introduction 65
Incidence directe de la trypanosomose 65
Conséquences indirectes de l’épizootie 66
Rapports coûts/avantages de la lutte contre la mouche tsé-tsé 68
Conclusions 69

II. ASIE ET PACIFIQUE 72

Vue d’ensemble 72
Situation économique générale 72
Situation de l’agriculture 73
L’accession de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce
et ses conséquences pour les politiques agricoles du pays 77
L’évolution du rôle du secteur agricole dans l’économie chinoise 78
La politique agricole au cours de la période de réforme 81
Les engagements pris par la Chine en vue de son accession à l’OMC
et les dispositions concernant l’agriculture 85
Les récents aménagements de la politique et les changements probables
liés à l’accession de la Chine à l’OMC 88
Conclusions 97

III. AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES 98

Vue d’ensemble 98
Situation économique générale 98
Situation récente de l’agriculture 99
Evolution de la structure du commerce des produits agricoles 103
Importance croissante du commerce des produits agricoles
par rapport à la production 103
Déclin du rôle de l’agriculture dans le commerce total des marchandises 105
Stabilité de la part de la région dans le commerce mondial
des produits agricoles 106
Diversification de la composition du commerce des produits agricoles 106
Diversification géographique des marchés 109
Solde et importance économique des échanges agricoles 113
Le facteur prix 119
Conclusions 121

IV. PROCHE-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD 124

Vue d’ensemble 124


Situation économique générale 124
Situation de l’agriculture 125
Variabilité du climat, aridité et vulnérabilité face à la sécheresse 131

x
La sécheresse: un phénomène structurel récurrent au Proche-Orient
et en Afrique du Nord 132
Les problèmes de l’eau et des ressources foncières 135
Impact des sécheresses récentes sur la production agricole et l’élevage 135
Impact sur les conditions de vie de la population rurale, les revenus
des ménages et la pauvreté rurale 136
Impact de la sécheresse sur l’environnement 138
Mesures officielles de prévention de la sécheresse et de secours aux groupes
affectés dans la région 139
De la gestion à postériori de la crise à la prévention des risques pour l’agriculture 141

V. EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE


ET COMMUNAUTÉ DES ÉTATS INDÉPENDANTS 143

Vue d’ensemble 143


Tendances macroéconomiques et situation de l’agriculture 143
La terre et les exploitations agricoles en Europe centrale et orientale
et dans la CEI à l’époque de la planification centralisée 145
La réforme foncière et agricole en Europe centrale et orientale
et dans les pays de la CEI 147
Etablissement de droits de faire-valoir clairs et garantis 149
La création d’une structure de propriété et de gestion efficiente
des exploitations agricoles 152
La formation d’une couche de fermes commerciales de taille moyenne 153
Conclusions 155

VI. LES PAYS DÉVELOPPÉS À ÉCONOMIE DE MARCHÉ 157

Vue d’ensemble 157


Situation économique générale 157
Situation de l’agriculture 160
Les réorientations de la politique agricole 162

NOTES 166

CHAPITRE III
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans
après le sommet de la planète «Terre»

I. LE RÔLE DE L’AGRICULTURE ET DE LA TERRE DANS


LA FOURNITURE DE BIENS COLLECTIFS MONDIAUX 177

Introduction 177
Notion économique de biens collectifs locaux et mondiaux 178
Biens collectifs liés au volet «Terre» d’Action 21 179

xi
Progrès de la fourniture de biens collectifs mondiaux depuis le Sommet de Rio 180
Financement des biens collectifs mondiaux 185
Accroître la coopération financière internationale pour promouvoir
les biens collectifs mondiaux 187
Conclusions 190

II. TIRER PARTI DU PIÉGEAGE DU CARBONE MOYENNANT


UN CHANGEMENT D’AFFECTATION DES TERRES:
UNE ISSUE AU PROBLÈME DE LA PAUVRETÉ RURALE? 191

Introduction 191
Changements climatiques et utilisation des terres: causes et effets 192
Les changements climatiques et les éléments du problème 192
Le piégeage du carbone à travers l’utilisation des terres pour atténuer
les changements climatiques 194
Le Mécanisme de développement propre et les programmes de paiement
du carbone pour favoriser le changement d’affectation des terres 194
Pauvreté et utilisation des terres 197
La foresterie et les modes d’utilisation des terres influant sur les puits
de carbone en surface 198
Les modes d’utilisation des terres qui influent sur l’absorption du carbone par le sol 199
Les utilisateurs pauvres des terres en tant que fournisseurs de crédits
de carbone 200
A quelles conditions les pauvres seraient-ils prêts à participer à des programmes
de fixation du carbone? 202
Changements d’affectation des terres comportant une modification
de la source de moyens d’existence 202
Changements d’affectation des terres influant sur les sources de moyens
d’existence du moment 203
A quelles conditions les pauvres pourraient-ils être des prestataires
concurrentiels de services de piégeage du carbone? 205
Conception du marché du carbone, coûts d’opération et utilisateurs pauvres
des terres 207
Continuité 208
Incertitude et conception du contrat 209
Coûts d’opération 210
Conclusions 211

NOTES 213

Tableau annexe
Pays et territoires utilisés à des fins statistiques 219

Série de données chronologiques pour


SOFA 2002 – CD-ROM
Mode d’emploi 225

xii
Encadrés
1. L’évaluation des ressources forestières mondiales 2000 36
2. Eléments de terminologie de l’OMC 44
3. Autres aspects du programme de travail adopté à DOHA présentant
des conséquences pour l’agriculture 46
4. Le manioc et le rôle des femmes 58
5. Le programme de lutte contre la trypanosomose africaine 67
6. Méthodes de lutte contre la mouche tsé-tsé 70
7. Le soja en Argentine et au Brésil 110
8. Afghanistan 132
9. Indicateurs OCDE du soutien 163
10. Agriculture de conservation 182
11. Nouvelles possibilités de financement des biens collectifs liés au volet
«Terre» d’Action 21 188

Tableaux
1. Croissance de la production économique mondiale 38
2. Volume du commerce mondial des biens 40
3. Prix des échanges et termes de l’échange à l’échelle mondiale 40
4. Indices des prix des produits de base en dollars EU 41
5. Taux de croissance annuelle du PIB en termes réels, Afrique subsaharienne 51
6. Taux de croissance net de la production, Afrique subsaharienne 55
7. Nombre moyen d’heures journalières consacrées aux activités agricoles
et non agricoles, ventilation par sexe,1994 61
8. Effectif du bétail, bétail à risque et bétail non conservé par suite
d’infestations de mouches tsé-tsé 66
9. Taux de croissance annuel du PIB en termes réels dans des pays
sélectionnés de l’Asie en développement 72
10. Taux de croissance net de la production dans les pays en développement
d’Asie et du Pacifique 73
11. Taux de croissance annuel de l’économie chinoise, 1970-2000 79
12. Evolution structurelle de l’économie de la Chine, 1970-2000 80
13. Chine: barèmes nominaux de protection des céréales, 1978-début 2000 84
14. Chine: barèmes nominaux de protection du coton et des produits animaux,
1997-1999 84
15. Chine: barèmes tarifaires en vigueur pour les principaux produits
agricoles assujettis à une protection exclusivement tarifaire 85
16. Chine: engagements d’accès au marché des produits forestiers assujettis
à contingents à barème tarifaire 86
17. Taux de croissance annuel du PIB, en termes réels, en Amérique latine
et dans les Caraïbes 99
18. Taux de croissance net de la production en Amérique latine
et dans les Caraïbes 102
19. Amérique latine et Caraïbes: part des principaux produits agricoles
d’exportation dans l’ensemble des exportations agricoles, période
de référence 1970-1972 107

xiii
20. Amérique latine et Caraïbes: part des principaux produits agricoles
d’exportation dans le total des exportations agricoles, 1997-1999 109
21. Destination régionale des exportations de produits agricoles en
provenance d’Amérique latine et des Caraïbes 112
22. Importations agricoles d’origine régionale de l’Amérique latine
et des Caraïbes 113
23. MERCOSUR: destination des exportations agricoles 114
24. MERCOSUR: origine des importations agricoles 115
25. Amérique latine et Caraïbes: exportations et importations des produits
agricoles exprimées en coefficient du volume total des échanges 118
26. Taux de croissance annuel du PIB, en termes réels,
pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord 129
27. Taux net de croissance de la production au Proche-Orient
et en Afrique du Nord 129
28. Nombre de sécheresses subies au Maroc entre les XIVe et XXe siècles 135
29. Incidence de la sécheresse sur le revenu et les dépenses annuelles
des ménages dans une région semi-aride du Maroc 138
30. Taux de croissance annuel du PIB, en termes réels, dans les pays
en transition d’Europe centrale et orientale et dans la CEI 145
31. Taux de croissance net de la production agricole pour les pays
d’Europe centrale et orientale et de la CEI 145
32. Caractéristiques des relations foncières dans les pays en transition
d’Europe centrale et orientale et de la CEI 151
33. Part des terres agricoles en régime d’exploitation individuelle
en Europe centrale et orientale et dans la CEI 153
34. Part des terres agricoles occupées et dimension moyenne
des exploitations agricoles individuelles aux Etats-Unis, en Union européenne
et dans une sélection de pays d’Europe centrale et orientale et de la CEI 155
35. Taux net de croissance de la production dans les économies
de marché développées 161
36. Indicateurs OCDE: équivalent subvention à la production (ESP)
et estimation du soutien total (EST) à l’agriculture 162
37. Biens collectifs associés au volet «Terre» d’Action 21, et étendue
de leurs retombées 179

Figures
1. Population sous-alimentée, par région, 1997-1999 4
2. Proportion de personnes sous-alimentées dans les pays en développement,
par région 5
3. Nombre de personnes sous-alimentées dans les pays en développement
par rapport à l’objectif du somment mondial de l’alimentation 5
4. Evolution de la production agricole et de la production animale 7
5. Evolution de la production agricole et de la production animale, par région 8
6. Production céréalière mondiale 14
7. Production et utilisation céréalières à l’échelle mondiale, 1991/92 à 2001/02 15
8. Stocks céréaliers mondiaux et coefficient stocks-utilisation 15

xiv
9. Engagements d’aide extérieure à l’agriculture 18
10. Engagements d’aide extérieure à l’agriculture, par principales régions
récipiendaires 18
11. Engagements d’aide extérieure à l’agriculture pour 1999, par grands
domaines 19
12. Récipiendaires de livraisons d’aide alimentaire céréalière 20
13. Récipiendaires de livraisons d’aide alimentaire non céréalière 21
14. Evolution des cours des denrées 24
15. Production piscicole mondiale 31
16. Commerce des produits de la pêche 32
17. Exportation des produits de la pêche, par catégorie 32
18. Production des principaux produits forestiers 34
19. Valeur à l’exportation des principaux produits forestiers 35
20. Afrique subsaharienne: sélection d’indicateurs 52
21. Afrique subsaharienne: productivité et ventilation par sexe
de la main-d'œuvre du secteur agricole en 2000 62
22. Asie et Pacifique: indicateurs choisis 74
23. Chine: balance du commerce agricole, ventilation par intensité
factorielle des produits 81
24. Amérique latine et Caraïbes: indicateurs choisis 100
25. Amérique latine et Caraïbes: volume de la production et du commerce
agricoles 104
26. Amérique latine et Caraïbes: production et commerce céréaliers 104
27. Amérique latine et Caraïbes: commerce des produits de l’agriculture,
des pêches et des forêts 105
28. Amérique latine et Caraïbes: part régionale des exportations mondiales
de produits agricoles 106
29. Amérique latine et Caraïbes: part régionale des importations mondiales
de produits agricoles 107
30. Amérique latine et Caraïbes: balances commerciales agricoles 116
31. Amérique latine et Caraïbes: quantité, valeur et valeur unitaire
des exportations agricoles 119
32. Amérique latine et Caraïbes: termes de l’échange des produits agricoles 120
33. Proche-Orient et Afrique du Nord: indicateurs choisis 126
34. Indice des prix du pétrole 128
35. Modification de la production céréalière globale dans les pays
du Proche-Orient et d’Afrique du Nord touchés par la sécheresse, 1989-2001 137
36. Europe centrale et orientale et CEI: indicateurs choisis 144
37. Indices de volume net de production agricole pour l’Europe centrale
et orientale et la CEI 146
38. Pays développés à économie de marché: indicateurs choisis 158
39. Cadre conceptuel des décisions concernant la gestion des terres 201

Carte
1. Pays affectés par des pénuries d’approvisionnements alimentaires
et nécessitant une aide exceptionnelle 12

xv
Remerciements
La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2002 a été préparée
par une équipe de la Division de l’analyse du développement agricole
et économique dirigée par Jakob Skoet et composée de André
Croppenstedt, Annelies Deuss, Fulvia Fiorenzi et Slobodanka
Teodosijevic. La saisie du texte a été assurée par Stella Di Lorenzo et
Paola Di Santo. La supervision générale des travaux a été confiée à
Kunio Tsubota.
Les contributions et les documents de base ayant servi à la prépara-
tion du chapitre sur la situation mondiale ont pour auteurs Adrian
Whiteman, Département des forêts (Production et commerce des
produits forestiers); Adele Crispoldi, Rebecca Metzner et Stefania
Vannuccini, Département des pêches (Produits de la pêche: captures,
utilisations et échanges); Pratap Narain et Mohammed Barre, Divi-
sion de la statistique (Aide extérieure à l’agriculture); Terri Raney,
Division des produits et du commerce international (Répercussions
de la quatrième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale
du commerce sur l’agriculture, les pêches et les forêts). Les sections
consacrées aux pénuries alimentaires et aux situations d’urgence, à la
situation du marché céréalier et aux flux d’aide alimentaire ont été
préparées par le personnel de la Division des produits et du commerce
international, sous la direction de Ali Gürkan et Mwita Rukandema.
Les exposés et documents de base ayant servi à la rédaction du
chapitre sur la situation par région ont été préparés par Floribert
Ngaruko (Afrique), Jikun Huang et Scott Rozelle (Asie et Pacifique),
Fernando Zegarra (Amérique latine et Caraïbes), Tayeb Ameziane
(Proche-Orient et Afrique du Nord), David Sedik (Europe centrale et
orientale et Communauté des Etats indépendants). La section sur les
pays développés à économie de marché s’appuie sur des informations
fournies par la Direction Agriculture, alimentation et pêcheries de
l’Organisation de coopération et de développement économiques.
Le texte sur le rôle de l’agriculture et de la terre pour la production
de biens collectifs mondiaux est basé sur un document de référence
préparé par Dirgha Tiwari, tandis que la section intitulée Tirer parti
du piégeage du carbone moyennant un changement d’affectation des
terres: une issue au problème de la pauvreté rurale? a été préparée par
Leslie Lipper et Romina Cavatassi, de la Division de l’analyse du
développement agricole et économique.

xvi
Sigles et abréviations
ADPIC Aspects des droits de propriété intellectuelle qui
touchent au commerce

AIEA Agence internationale de l’énergie atomique

APD aide publique au développement

BIRA Bureau interafricain pour les ressources animales

BIRD Banque internationale pour la reconstruction et le


développement

CCG Conseil de coopération du Golfe

CCNUCC Convention-cadre des Nations Unies sur les


changements climatiques

CEI Communauté des Etats indépendants

CEPALC Commission économique pour l’Amérique latine et


les Caraïbes

CESAP Commission économique et sociale pour l’Asie et le


Pacifique

CNUED Conférence des Nations Unies sur l’environnement et


le développement

COSCA Etude collaborative du manioc en Afrique

CT contingent tarifaire

DFID Ministère du développement international

ERF Evaluation des ressources forestières

ESB encéphalopathie spongiforme bovine

ESP équivalent subvention à la production

FEM Fonds pour l’environnement mondial

FIDA Fonds international de développement agricole

FMI Fonds monétaire international

xvii
GIEC Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat

ICCO Organisation internationale du cacao

IED investissement étranger direct

IITA Institut international d’agriculture tropicale

ISA Accord international sur le sucre

MERCOSUR Marché commun austral

MGS mesure globale de soutien

NPF nation la plus favorisée

OIC Organisation internationale du café

OMC Organisation mondiale du commerce

OMS Organisation mondiale de la santé

OUA Organisation de l’unité africaine

PAM Programme alimentaire mondial

PATTEC Campagne d’éradication panafricaine de la mouche


tsé-tsé et de la trypanosomose

PFRDV pays à faible revenu et à déficit vivrier

PIB produit intérieur brut

PLTA Programme de lutte contre la trypanosomose


africaine

PNB produit national brut

SMIAR Système mondial d’information et d’alerte rapide

TIS technique de l’insecte stérile

TMS Tropical Manioc Selection Varieties

TPN taux de protection nominale

xviii
UE Union européenne

UPOV Union internationale pour la protection des


obtentions végétales

xix
Note explicative

Les informations statistiques contenues dans le présent numéro de La


situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture on été élaborées à
partir des données dont disposait la FAO en avril 2002.

Signes conventionnels
Les signes conventionnels suivants sont utilisés:
- = néant ou négligeable (dans les tableaux)
... = non disponible (dans les tableaux)
$ = dollars des Etats-Unis

Dates et unités
Les années ou groupes d’années sont indiqués comme suit:
1996/97 = campagne agricole ou commerciale ou exercice à
cheval sur deux années civiles
1996-97 = moyenne pour les deux années civiles

Sauf indication contraire, les mesures sont celles du système


métrique.

Statistiques
Dans les tableaux statistiques, les totaux sont arrondis et ne corres-
pondent donc pas nécessairement à l’addition des unités. Les varia-
tions annuelles et les pourcentages de variations sont calculés en
tenant compte des décimales.

Indices de la production
Les indices FAO de la production agricole indiquent le niveau relatif
du volume total de la production agricole de chaque année par
rapport à la période de base 1989-1991. Ils sont fondés sur la somme
des quantités pondérées par les prix des différents produits agricoles
après déduction des quantités utilisées comme semences ou aliments
pour animaux (pondérées de la même façon). Le total qui en résulte
représente par conséquent la production disponible pour toute autre
utilisation que les semis ou l’alimentation animale.
La formule utilisée pour le calcul de tous les indices, aux niveaux
national, régional ou mondial, est celle de Laspeyres. La production
de chaque produit est pondérée par la moyenne des cours
internationaux du produit pendant la période 1989-1991 et les
quantités produites chaque année sont additionnées. Pour obtenir
l’indice, on divise la production totale pour une année donnée par la
production moyenne pour la période de base 1989-1991.

xx
Indices du commerce
Pour les indices du commerce des produits agricoles, la période de
base est également 1989-1991. Tous les produits et tous les pays
figurant dans l’Annuaire FAO du commerce sont pris en compte. Les
indices du total des produits alimentaires comprennent exclusive-
ment les denrées alimentaires.
Tous les indices prennent en compte l’évolution de la valeur
courante des exportations (franco à bord [f.o.b.]) et des importations
(coût, assurance et fret [c.a.f.]), exprimée en dollars des Etats-Unis.
Quand les pays évaluent leurs importations sur une base f.o.b., les
chiffres sont ajustés à leur valeur c.a.f. approximative.
Les indices relatifs au volume et à la valeur unitaire des produits
échangés entre les pays indiquent l’évolution des quantités pondérées
par les prix et celle de la valeur unitaire pondérée par le volume. Les
coefficients de pondération sont, respectivement, les prix et les
volumes moyens de 1989-1991, période de base de tous les indices
calculés actuellement par la FAO. La formule utilisée pour le calcul
des indices est celle de Laspeyres.

xxi
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

CHAPITRE I
SITUATION MONDIALE

1
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

I. La situation actuelle de
l’agriculture – faits et chiffres
1.TENDANCES CONCERNANT
LA SOUS-ALIMENTATION

• Selon les dernières estimations de la FAO, 815 millions de person-


nes souffraient de malnutrition en 1997-1999, dont 777 millions dans
les pays en développement, 27 millions dans les pays en transition et
11 millions dans les économies de marché développées.

• Plus de la moitié des personnes sous-alimentées, soit 61 pour cent, se


trouvent en Asie, tandis que l’Afrique subsaharienne en représente près
du quart, soit 24 pour cent.

• S’agissant du pourcentage des personnes sous-alimentées relative-


ment à la population totale, l’incidence la plus élevée se trouve en Afrique
subsaharienne, où l’on estime qu’un tiers de la population, soit 34 pour
cent, était atteint de malnutrition en 1997-1999. L’Afrique subsaharienne
est suivie de la région Asie Pacifique, où 16 pour cent de la population
souffrent de malnutrition.

• Des progrès substantiels ont été accomplis au cours des deux dernières
décennies, et l’incidence de la sous-alimentation dans les pays en
développement est tombée de 29 pour cent en 1979-1981, à 17 pour
cent en 1997-1999.

• Cependant, ces progrès ont été très inégaux. Ainsi, dans la région Asie
et Pacifique, le pourcentage a été réduit de moitié depuis 1979-1981. En
revanche, en Afrique subsaharienne, le recul de la sous-alimentation
durant la même période n’a été que marginal. Si l’on tient compte de la
croissance démographique rapide dans cette région, il faut en déduire
que le nombre total des personnes sous-alimentées en Afrique
subsaharienne a augmenté de façon marquée. En Amérique latine et
dans les Caraïbes, l’incidence de la malnutrition est moins prononcée
qu’en Asie, même si les progrès enregistrés au cours des deux dernières
décennies ont été plus lents. La région du Proche-Orient et de l’Afrique
du Nord est celle qui présente l’incidence la plus faible de sous-
alimentation; toutefois, aucune réduction n’y a été enregistrée au cours
des deux dernières décennies.

• Au Sommet mondial de l’alimentation qui s’est tenu en 1996, les chefs


d’Etat et de gouvernement se sont engagés à réduire de moitié, d’ici à
2015, le nombre de personnes sous-alimentées dans les pays en dévelop-

3
Situation mondiale

pement (1990-1992 constituant la période de référence). Depuis, le


nombre de personnes sous-alimentées a décliné au total de 39 millions,
ce qui correspond à une réduction annuelle de 6 millions. Afin d’attein-
dre l’objectif fixé par le Sommet mondial de l’alimentation, il faudrait que
le nombre de personnes sous-alimentées diminue chaque année de
22 millions pendant tout le reste de la période – performance qui
dépasse de loin les résultats actuels.

Figure 1
POPULATION SOUS-ALIMENTÉE,
PAR RÉGION, 1997–1999

En millions
Asie et Pacifique
26 11
32

Afrique subsaharienne
54 497

Amérique latine
194
et Caraïbes

Proche-Orient
et Afrique du Nord

Pays en transition

Pays développés à
économie de marché

Source: FAO

4
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Figure 2
PROPORTION DE PERSONNES SOUS-ALIMENTÉES
DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT, PAR RÉGION

Pourcentage de personnes sous-alimentées par rapport à la population totale


1979–1981

1990–1992 Pays en
développement
1997–1999

Afrique
subsaharienne

Asie
et
Pacifique

Amérique latine
et
Caraïbes

Proche Orient
et
Afrique du Nord

0 5 10 15 20 25 30 35 40
Source: FAO

Figure 3
NOMBRE DE PERSONNES SOUS-ALIMENTÉES
DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT PAR
RAPPORT À L'OBJECTIF DU SOMMET MONDIAL
DE L’ALIMENTATION

Millions de personnes sous-alimentées


Tendance 1 000
Projection à tendances 956
constantes 900 919
Dernières observations
Progression vers l’objectif (1997–1999)
800 816
du Sommet mondial 777
de l’alimentation 700
682
Point de la situation – 600
estimation révisée, 2001
500
     
400       408

300

1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
Source: FAO

5
Situation mondiale

2. PRODUCTION AGRICOLE ET ANIMALE

• Au cours des deux dernières années, la production agricole mondiale


(cultures et élevage) a progressé à un taux inférieur à la moyenne des
périodes précédentes. Selon les estimations, elle n’atteindrait que 1,2 pour
cent en 2000. Les estimations préliminaires concernant 2001 laissent
prévoir une augmentation encore plus faible, soit 0,6 pour cent, soit le
taux le plus bas enregistré depuis 1993. Ces chiffres impliquent, pour les
deux années, un déclin de la production mondiale par habitant.

• La croissance poussive de la production agricole au cours des deux


dernières années est la conséquence des ralentissements observés dans
les pays en développement comme dans les pays développés. Ces
derniers ont subi, en 2001, un déclin réel de la production directement
lié à celui des économies de marché développées et au redressement
vigoureux de la production dans les pays en transition. Pour ces derniers,
il s’agit de la première année de croissance, pour l’ensemble de la région,
après une décennie caractérisée par la contraction de la production.

• Dans toutes les régions en développement, la croissance de la produc-


tion a été inférieure, en 2000 et 2001, à celle de 1999; la meilleure
performance en matière de production a été enregistrée en Amérique
latine et dans les Caraïbes, seule région en développement n’ayant pas
connu un déclin de la production par habitant en 2001.

• Considérée dans une perspective à plus long terme, la croissance


annuelle de la production agricole au cours des cinq dernières années a
été, en moyenne, de 1,7 pour cent, contre 2,1 pour cent au cours de la
période quinquennale précédente, et 2,5 pour cent au cours des années
80; on peut en inférer l’existence d’une tendance au déclin de la
croissance de la production à l’échelle mondiale.

• Cette tendance au ralentissement de la croissance de la production


agricole est particulièrement perceptible pour les pays en développe-
ment, bien que la croissance de la production reste supérieure aux
niveaux atteints dans les pays développés. Ce phénomène est en grande
partie attribuable aux tendances qui accompagnent la production dans
la région Asie et Pacifique, où le taux de croissance de la production
agricole a subi un déclin régulier au cours des cinq dernières années, ainsi
qu’à une moindre croissance de la production moyenne en Afrique
subsaharienne au cours de la même période.

• En ce qui concerne l’Asie, ce déclin est en grande partie attribuable à


la Chine, où les taux exceptionnellement élevés de croissance enregistrés
depuis le début du processus de réforme économique, à la fin des années
70, se sont amenuisés régulièrement ces dernières années. Il n’en

6
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Figure 4
ÉVOLUTION DE LA PRODUCTION AGRICOLE
ET DE LA PRODUCTION ANIMALE

MONDE Pourcentage d’évolution annuelle


3,0
2,5
Production agricole
et production animale 2,0
1,5
Production agricole
et production animale 1,0
par habitant 0,5
0,0
-0,5
-1,0

PAYS EN DÉVELOPPEMENT Pourcentage d’évolution annuelle


4,5
4,0
Production agricole 3,5
et production animale 3,0
Production agricole 2,5
et production animale 2,0
par habitant 1,5
1,0
0,5
0,0
-0,5

PAYS DÉVELOPPÉS Pourcentage d’évolution annuelle


2,5
2,0
Production agricole
1,5
et production animale
1,0
Production agricole 0,5
et production animale
par habitant 0,0
-0,5
-1,0
-1,5
1961–70

1971–80

1981–90

1991–96

1997 1998 1999 2000 2001*


*Estimation provisoire

Source: FAO

7
Situation mondiale

Figure 5
ÉVOLUTION DE LA PRODUCTION AGRICOLE ET DE LA PRODUCTION
ANIMALE, PAR RÉGION

AFRIQUE SUBSAHARIENNE ASIE ET PACIFIQUE

Pourcentage d’évolution annuelle Pourcentage d’évolution annuelle


6 5
5
4
4

3 3

2 2
1
1
0
-1 0
01* 01*
1961–70

1971–80

1981–90

1991–96

1961–70

1971–80

1981–90
97 98 99 00 1991–96 97 98 99 00

AMÉRIQUE LATINE
ET CARAÏBES
Pourcentage d’évolution annuelle
6

0
01*
1961–70

1971–80

1981–90

1991–96

97 98 99 00

* Estimation provisoire

8
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

ÉVOLUTION DE LA PRODUCTION AGRICOLE ET DE LA PRODUCTION


ANIMALE, PAR RÉGION

PROCHE-ORIENT PAYS EN TRANSITION


ET AFRIQUE DU NORD
Pourcentage d’évolution annuelle Pourcentage d’évolution annuelle
10 6
8 4
6 2
4
0
2
-2
0
-2 -4

-4 -6

-6 -8
01*
1961–70

1971–80

1981–90

1991–96
01* 97 98 99 00
1961–70

1971–80

1981–90

1991–96

97 98 99 00

PAYS DEVELOPPÉS À ÉCONOMIE DE MARCHÉ

Pourcentage d’évolution annuelle


2,5
2,0
1,5
1,0
0,5
0
-0,5
-1,0
-1,5
-2,0
01*
1961–70

1971–80

1981–90

1991–96

97 98 99 00

* Estimation provisoire Source: FAO

9
Situation mondiale

demeure pas moins que l’on peut discerner une tendance analogue à une
croissance ralentie au cours des cinq dernières années, relativement au
quinquennat précédent et aux années 80; ce phénomène, bien que
moins prononcé, intéresse tout le reste de l’Asie.

• L’Afrique subsaharienne est la seule région en développement où la


production agricole a été à la traîne de la croissance démographique
pendant la majeure partie des trois dernières décennies. Après une
amélioration des performances au début des années 90, amélioration qui
a entraîné des gains durables par habitant pour la première fois depuis
les années 60, les taux se sont inversés au cours des cinq dernières années
pour donner une tendance au déclin de la production par habitant.

• En Amérique latine et dans les Caraïbes, la croissance moyenne de la


production agricole a été de 3 pour cent au cours des cinq dernières
années, et de 2,9 pour cent au cours de la période 1991-1996. Il y a donc
amélioration par rapport à la croissance annuelle moyenne de 2,4 pour
cent des années 80, et un retour aux niveaux de 3,1 et de 3 pour cent
enregistrés au cours des décennies 60 et 70.

• Au Proche-Orient et en Afrique du Nord, les performances du secteur


agricole se sont généralement caractérisées par des fluctuations plus
amples que dans la plupart des autres régions, et cela en raison des
conditions climatiques qui ont affecté des parties importantes de la
région. Au cours des années 80, la production agricole a connu une
croissance moyenne relativement élevée, soit 3,6 pour cent, avant de
tomber à 3,1 pour cent au cours de la période 1991-1996. Les sécheres-
ses successives, qui ont frappé de nombreux pays au cours des dernières
années, ont nui à la production, en déclin marginal au cours de cette
période.

10
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

3. PÉNURIES ET URGENCES ALIMENTAIRES1

• Dans les pays en développement, des millions de personnes affectées


par des catastrophes d’origine naturelle et humaine restent tributaires
d’une aide alimentaire d’urgence.

• Les difficultés d’approvisionnement alimentaire persistent dans cer-


taines régions d’Afrique orientale, par suite de l’insuffisance des pluies et/
ou des conflits civils. En Somalie, où les récoltes des campagnes principa-
les 2001 ont été médiocres, plus de 500 000 personnes affrontent de
graves difficultés d’approvisionnement alimentaire. Selon les estima-
tions, en dépit de l’amélioration générale des approvisionnements
alimentaires, près de 5,2 millions de personnes en Ethiopie, 1,5 million
de personnes au Kenya, 2 millions de personnes au Soudan et 300 000
personnes en Ouganda, dépendront de l’aide alimentaire en 2002. En
Erythrée, on estime à 1,3 million le nombre de personnes qui nécessite-
ront une aide alimentaire d’urgence tout au long de l’année 2002, et cela
malgré un certain redressement de la production céréalière. En Répu-
blique-Unie de Tanzanie, près de 120 000 personnes ont besoin d’une
aide alimentaire.

• Plusieurs pays d’Afrique occidentale connaissent encore des difficultés


d’approvisionnement alimentaire par suite de conditions météorologi-
ques défavorables au niveau local (Tchad, Ghana), ou en raison de
troubles civils antérieurs ou actuels, ou encore de déplacements de
population (Guinée, Libéria, Sierra Leone).

• La persistance des troubles civils dans la région des Grands Lacs


continue de perturber la production agricole. En République démocra-
tique du Congo, la guerre civile qui se prolonge a entraîné le déplace-
ment interne de plus de 2 millions de personnes. Au Burundi, malgré
une bonne récolte de première campagne en 2002, la production est
restée amputée dans les régions affectées par l’insécurité. La situation
alimentaire demeure critique pour environ 432 000 personnes dépla-
cées de l’intérieur ainsi que pour les groupes vulnérables.

• Dans plusieurs régions de l’Afrique méridionale, la maigre récolte de


maïs engrangée en 2001 par suite des mauvaises conditions météorolo-
giques est à l’origine de pénuries alimentaires. Au Malawi, ces pénuries
se sont déclarées dans le sud du pays, où plus de 600 000 personnes ont
en outre été touchées par des inondations. En Zambie, la mauvaise
récolte de maïs de 2001 a rendu nécessaire une aide alimentaire
d’urgence pour près de 1,3 million de personnes. Au Zimbabwe, la
production de maïs a chuté de 28 pour cent en 2001 relativement à
l’année précédente, entraînant des pénuries alimentaires dans plusieurs

11
Situation mondiale

régions. Au Swaziland, les familles affectées par la sécheresse qui a sévi


dans certaines provinces en 2001 ont également du mal à se nourrir. Au
Lesotho et en Namibie, la situation des approvisionnements alimentaires
est tendue par suite des mauvaises récoltes céréalières et de l’insuffisance
des importations commerciales. Au Mozambique, 172 000 personnes
vulnérables bénéficient d’une distribution d’aide alimentaire dans les
provinces méridionales, où la récolte a été inférieure à la moyenne pour
la deuxième année consécutive. En Angola, plus de 1,3 million de
personnes déplacées de l’intérieur nécessitent une aide alimentaire
d’urgence.

• Au Proche-Orient, la situation alimentaire reste grave en Afghanistan.


Après des années d’insécurité et de guerre, conjuguées à trois années
successives de sécheresse aiguë, des tranches importantes de population

Carte 1
PAYS AFFECTÉS PAR DES PÉNURIES D'APPROVISIONNEMENTS ALIMENTAIRES
ET NÉCESSITANT UNE AIDE EXCEPTIONNELLE*

* Campagne de commercialisation en cours

Source: FAO/SMIAR, février 2002

12
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

sont aujourd’hui exposées à de très graves difficultés. En Iraq, la


sécheresse des dernières années et les sanctions économiques rendent un
grand nombre de personnes tributaires de l’assistance. En Cisjordanie et
dans la Bande de Gaza, la situation alimentaire n’est pas sans provoquer
d’intenses préoccupations.

• En Asie, le troisième hiver rigoureux que connaît le continent menace


l’équilibre alimentaire déjà fragile de milliers de familles de pasteurs en
Mongolie. En République populaire démocratique de Corée, malgré un
redressement notable en 2001 relativement aux mauvaises récoltes des
années précédentes, une assistance alimentaire demeurera nécessaire en
2002. Au Pakistan, on continue de distribuer une aide alimentaire dans
les camps de réfugiés qui longent la frontière avec l’Afghanistan. Au Sri
Lanka, plus de 1,5 million de personnes ont été affectées par la séche-
resse de l’an dernier, la pire enregistrée depuis 30 ans.

• En Amérique latine et dans les Caraïbes, certains pays comme


El Salvador et le Guatemala, frappés par les tremblements de terre, les
ouragans et la sécheresse en 2001, mais aussi éprouvés par la crise
économique liée à l’effondrement des cours internationaux du café,
continuent de recevoir une aide alimentaire. Les observateurs sont
profondément inquiets des répercussions que pourrait avoir la crise du
café sur la sécurité alimentaire des populations rurales pauvres, en
particulier au Honduras et au Nicaragua. La crise économique aiguë que
connaît l’Argentine menace l’équilibre alimentaire des groupes vulnéra-
bles du pays. En Colombie, un grand nombre de personnes déplacées de
l’intérieur continue de bénéficier d’une assistance.

• Dans la Communauté des Etats indépendants (CEI), les opérations


militaires et les troubles civils qui se déroulent en Tchétchénie continuent
d’affecter la production alimentaire. Des milliers de personnes ont été
déplacées à l’intérieur du pays ou se sont réfugiées dans les régions
autonomes et dans les pays voisins. Ailleurs, dans la CEI, la sécheresse
associée aux problèmes structurels chroniques ainsi qu’aux approvision-
nements insuffisants en intrants agricoles a entraîné des réductions
marquées de la production agricole au cours des trois dernières années.
L’Arménie, la Géorgie, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan sont particulière-
ment affectés et risquent de connaître des pénuries alimentaires.

13
Situation mondiale

4. SITUATION DES APPROVISIONNEMENTS


CÉRÉALIERS À L’ÉCHELLE MONDIALE2

• Après l’augmentation vigoureuse enregistrée en 1996, la production


céréalière mondiale s’est mise à stagner, voire à décliner. On estime la
production céréalière mondiale pour 2001 à 1 milliard 880 millions de
tonnes (y compris le riz en équivalent usiné), soit 22 millions de tonnes
ou 1,2 pour cent de plus que le niveau de l’année précédente; il s’agit de
la première augmentation depuis 1996.

• Selon les estimations, l’Europe aurait bénéficié en 2001 d’une aug-


mentation marquée, soit 11 pour cent, principalement attribuable aux
importants progrès réalisés en Fédération de Russie, en Hongrie, en
Pologne, en Roumanie et en Ukraine. En Amérique du Sud également,
la production a largement progressé, atteignant 8 à 9 pour cent, grâce
aux volumes plus importants engrangés au Brésil. En revanche, la
production céréalière aurait diminué de 6 à 7 pour cent en Amérique du
Nord, et de 1,3 pour cent en Asie – en grande partie du fait d’une légère
réduction supplémentaire de la récolte chinoise.

• La production mondiale de céréales secondaires a augmenté d’envi-


ron 3 pour cent en 2001 relativement à 2000, et cela malgré les déclins
enregistrés en Amérique du Nord. La production mondiale de blé de

Figure 6
PRODUCTION CÉRÉALIÈRE MONDIALE

Pourcentage d’évolution annuelle


12

10

-2

-4

-6

92 93 94 95 96 97 98 99 00 01
Source: FAO

14
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Figure 7
PRODUCTION ET UTILISATION CÉRÉALIÈRES
À L’ÉCHELLE MONDIALE, 1991/92 À 2001/02**

En millions de tonnes
Production* 1 950

Utilisation
1 900

1 850

1 800

1 750

* Les données relatives à la production


1 700
se rapportent à l’année civile

2001/02**
de la première année illustrée
1991/92

1993/94

1995/96

1997/98

1999/00
** Prévision
Source: FAO

Figure 8
STOCKS CÉRÉALIERS MONDIAUX
ET COEFFICIENT STOCKS-UTILISATION*

En millions de tonnes
Stocks céréaliers 1 000 40
Coefficient
875 35

750 30

625 25

500 20

375 15

* Les données concernant les stocks 250 10


sont obtenues à partir des volumes
agrégés de stocks de report nationaux 125 5
à la clôture des campagnes agricoles
nationales 0 0

Source: FAO 1996 1997 1998 1999 2000 2001

15
Situation mondiale

2001 a atteint 582 millions de tonnes, volume proche de celui atteint


l’année précédente. La production mondiale de paddy pour 2001 a été
estimée à 591 millions de tonnes (395 millions de tonnes en équivalent
usiné), soit 7 millions de tonnes de moins qu’en 2000; une bonne partie
de cette contraction a été centrée sur la Chine.

• Au moment de la clôture des campagnes se terminant en 2002,


l’utilisation mondiale de céréales était estimée à 1 milliard 935 millions
de tonnes, soit une augmentation de 1,7 pour cent relativement à la
saison précédente. La faiblesse persistante des cours internationaux des
céréales et l’abondance des approvisionnements céréaliers ont été les
principaux facteurs influençant les prévisions d’expansion de l’utilisa-
tion globale des céréales.

• Etant donné que l’utilisation mondiale de céréales dépasse la produc-


tion pour la deuxième année consécutive, les prévisions font état d’une
réduction très importante des réserves céréalières mondiales d’ici la
clôture de la campagne 2001/02. Selon les prévisions, au moment de la
fermeture des campagnes se terminant en 2002, les réserves céréalières
mondiales devraient atteindre 587 millions de tonnes, soit un recul de
8 pour cent par rapport à la campagne précédente.

• Le commerce mondial des céréales devrait, selon les prévisions,


atteindre 236 millions de tonnes en 2001/02, soit 2 millions de tonnes de
plus que la campagne précédente. De manière générale, on s’attend à ce
que les importations céréalières globales des pays en développement
n’enregistrent que des modifications minimes relativement à la campa-
gne précédente; en revanche, les importations des pays à faible revenu
et à déficit vivrier (PFRDV) devraient, selon les prévisions, augmenter
d’environ 1,8 million de tonnes et s’établir à 74 millions de tonnes, par
suite des volumes accrus d’importations effectuées par plusieurs pays
d’Asie.

16
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

5. L’AIDE EXTÉRIEURE À L’AGRICULTURE3

• Selon des données provisoires, les principaux donateurs bilatéraux


et multilatéraux se sont engagés à fournir, pour 1999, 10 milliards
700 millions de dollars EU en prix courants au titre de l’aide extérieure
au développement agricole; ce chiffre est à comparer avec les 12 mil-
liards 605 millions de dollars EU de 1998. Converties en prix constants
de 1995, ces données font apparaître un déclin de 17 pour cent, après
des augmentations de 4,6 et 14,5 pour cent en 1998 et 1997, respective-
ment. Les données partielles disponibles pour 2000 indiquent que le
niveau de l’aide extérieure à l’agriculture poursuivra son déclin.

• En 1999, les engagements tant bilatéraux que multilatéraux ont


décliné en termes réels de 12 pour cent et de 20 pour cent, respective-
ment. La majeure partie de la réduction touchant les engagements
multilatéraux est liée à la réduction notable des prêts accordés par la
Banque mondiale et par la Banque internationale pour la reconstruction
et le développement (BIRD), alors que le volume des prêts accordés par
l’Association internationale de développement (IDA), exprimé en ter-
mes réels, est demeuré identique.

• La chute des engagement enregistrés en 1999 a affecté les pays en


développement comme les pays en transition. Le recul le plus marqué
(-39 pour cent en prix constants) a affecté les pays d’Amérique latine et
les Caraïbes, puis les pays en transition (-32 pour cent) et les pays en
développement d’Asie (-13 pour cent). L’assistance tournée vers l’Afri-
que n’a été affectée que de façon marginale (-2 pour cent) en prix
constants, demeurant relativement stable au cours des quatre dernières
années. Comme on pouvait s’y attendre, l’Asie étant le plus grand des
continents, c’est elle qui a absorbé la majeure partie de l’assistance
(46 pour cent en 1999), suivie de l’Afrique (25 pour cent) et de l’Amé-
rique latine (16 pour cent). La part des pays en transition a décliné,
passant de 7 pour cent en 1996 à moins de 4 pour cent en 1999.

• Si l’on considère à présent la ventilation sous-sectorielle de l’aide


extérieure à l’agriculture, cette dernière, définie au sens étroit 4, absorbait
57 pour cent du total (dont 2 pour cent pour le secteur des pêches et
2 pour cent pour la foresterie). Si l’on prend la notion d’agriculture dans
son acception la plus large, le principal volet bénéficiaire est l’aide au
développement et à l’infrastructure des campagnes, qui est passée de
13 pour cent du total en 1996 à 24 pour cent en 1999.

• En dépit du déclin continu de son aide accordée à l’agriculture au cours


des dernières années, le Japon reste, et de loin, le principal donateur
bilatéral du secteur, avec une contribution de 1 milliard 644 millions de

17
Situation mondiale

Figure 9
ENGAGEMENTS D’AIDE EXTÉRIEURE
À L’AGRICULTURE*
(prix constants de 1995)

En milliards de dollars EU
Engagements bilatéraux
10

Engagements multilatéraux 8

2
* Définition large
** Provisoire 0
*** Donnés incomplètes
1996 1997 1998 1999** 2000***
Source: FAO

Figure 10
ENGAGEMENTS D’AIDE EXTÉRIEURE
À L’AGRICULTURE, PAR PRINCIPALES RÉGIONS
RÉCIPIENDAIRES
(prix constants de 1995)

En milliards de dollars EU
Amérique latine
15
et Caraïbes

Afrique

12
Asie

Pays en transition
9

Autres*

* Y compris les pays développés 0

1996 1997 1998 1999


Source: FAO

18
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

dollars EU et 1 milliard 265 millions de dollars EU pour 1999 et 2000,


respectivement. Après un intervalle de quelques années, les Etats-Unis se
placent à nouveau au deuxième rang parmi les donateurs (519 millions
de dollars) en 2000, suivis du Royaume-Uni (511 millions de dollars) et
de l’Allemagne (379 millions de dollars). L’augmentation du volume
d’assistance fourni par le Royaume-Uni est particulièrement marquée,
puisqu’elle se chiffrait à peine à 102 millions de dollars en 1996.

Figure 11
ENGAGEMENTS D’AIDE EXTÉRIEURE
À L’AGRICULTURE POUR 1999,
PAR GRANDS DOMAINES

Agriculture –
définie de façon étroite
2% 1%
(à l’exclusion des pêches 2%
et de la foresterie) 4%
6% 53%
Développement/infrastructure
du secteur rural
8%
Protection de
l’environnement

Recherche, formation
et vulgarisation

Développement des régions 24%


et des bassins fluviaux

Pêches

Foresterie

Autres (y compris le secteur


agro-industriel et la
fabrication d’intrants)

Source: FAO

19
Situation mondiale

6. FLUX D’AIDE ALIMENTAIRE5

• Selon les informations provenant du Programme alimentaire mon-


dial (PAM), le total estimatif des livraisons pour 2000/01 (du 1 er juillet
au 30 juin) se montait, en décembre 2001, à 8,5 millions de tonnes (en
équivalent céréales), soit près de 3 millions de tonnes, ou 24 pour
cent de moins qu’en 1999/2000, en raison, principalement, d’une
réduction très marquée des livraisons à la Fédération de Russie. Le
total des livraisons céréalières au titre de l’aide alimentaire à la
catégorie des PFRDV a légèrement décliné, s’établissant à 7,4 millions
de tonnes en 2000/01, soit quelque 160 000 tonnes de moins qu’en
1999/2000.

• L’aide alimentaire céréalière provenant des Etats-Unis, de très loin


le principal donateur, a chuté d’environ 2,5 millions de tonnes en
2000/01 pour se fixer à 4,7 millions de tonnes, les livraisons à la
Fédération de Russie tombant de 1,9 million de tonnes en 1999/2000
au niveau plancher de 127 000 tonnes. Les livraisons de céréales
provenant d’autres donateurs de premier plan, comme le Canada et

Figure 12
RÉCIPIENDAIRES DE LIVRAISONS D’AIDE
ALIMENTAIRE CÉRÉALIÈRE
(en équivalent céréales)

En millions de tonnes
Afrique
12

Asie
10
Amérique latine
et Caraïbes
8
Fédération de Russie

Autres* 6

2
* Pays en transition compris
Note: Une année se définit comme
une période de 12 mois allant
de juillet à juin 0
** Estimation provisoire
1996/97 1997/98 1998/99 1999/00 2000/01**
Source: PAM

20
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

la CE, ont également marqué un net recul en 2000/01, tandis que les
livraisons provenant du Japon ont plus que doublé, pour atteindre
720 000 tonnes.

• Pour la période 2001/02 (juillet/juin), les livraisons globales d’aide


alimentaire céréalière devaient atteindre, selon les prévisions, 9,5 mil-
lions de tonnes (en équivalent céréales), soit une augmentation de
1 million de tonnes par rapport à 2000/01. Cette augmentation devait,
toujours selon les prévisions, être principalement satisfaite grâce aux
donations accrues provenant des Etats-Unis et du Japon, tandis que le
Pakistan et l’Inde, habituellement pays récipiendaires de l’aide alimen-
taire, pourraient figurer cette année parmi les donateurs.

• Alors que la situation alimentaire d’ensemble, au niveau mondial, se


présentait comme généralement meilleure en 2001/02 que pour les
campagnes précédentes, de nombreux pays sont restés confrontés à des
situations d’urgence, et la demande d’aide alimentaire reste élevée.
Ainsi, les prévisions faisaient état d’une augmentation très marquée des
livraisons d’aide alimentaire à l’Afghanistan, tandis que les flux en

Figure 13
RÉCIPIENDAIRES DE LIVRAISONS D’AIDE ALIMENTAIRE
NON CÉRÉALIÈRE
(en équivalent céréales)

En millions de tonnes
Afrique
2,0

Asie

1,6
Amérique latine
et Caraïbes
Fédération de Russie
1,2

Autres*

0,8

0,4

* Pays en transition compris 0


** Estimation provisoire
1996 1997 1998 1999 2000**
Source: PAM

21
Situation mondiale

direction de la République populaire démocratique de Corée et du


Bangladesh devaient également demeurer substantiels, bien qu’infé-
rieurs à ceux de l’année précédente. En Afrique, malgré de meilleures
récoltes dans plusieurs pays, les troubles civils et les mauvaises récoltes
locales dans de nombreuses régions devaient maintenir un niveau élevé
de besoins d’aide alimentaire. Dans de nombreuses régions d’Amérique
latine et des Caraïbes, la situation alimentaire est également précaire, par
suite principalement de catastrophes naturelles.

• Faisant suite à une augmentation atteignant pratiquement des ni-


veaux records en 1999, le volume total des livraisons d’aide alimen-
taire non céréalière pour 2000 (janvier-décembre)6 est tombé à 1,2 mil-
lion de tonnes, soit un déclin de 700 000 tonnes, ou 38 pour cent. La
majeure partie de ce déclin était liée à la forte réduction des livraisons
des Etats-Unis à la Fédération de Russie, réduction qui a plus qu’épongé
l’augmentation de l’aide en provenance du Canada et de plusieurs pays
d’Europe. Le total des livraisons à la catégorie des PFRDV a dépassé
890 000 tonnes, soit une augmentation de 32 pour cent relativement
à 1999.

22
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

7. ÉVOLUTION DES COURS DES DENRÉES

• Les marchés des produits agricoles sont demeurés déprimés en 2001.


Malgré quelques différences dans les évolutions de prix d’une denrée à
l’autre, le cours des principaux produits agricoles est resté très inférieur
au niveau plafond d’il y a quelques années.

• Entre mai 1996 et janvier 2000, l’indice FAO des prix des denrées
alimentaires a reculé d’environ 38 pour cent. Après avoir atteint, en
1996, son niveau de crête pour les années 90, il était tombé en 2000 à son
niveau plancher pour la décennie. L’indice, qui s’était stabilisé en 2000
et 2001, a poursuivi son déclin en janvier 2002.

• S’agissant des principales denrées vivrières, le tassement des cours a


été le plus prononcé pour les céréales, dont les prix avaient culminé en
mai 1996, et pour les huiles et les matières grasses, qui avaient atteint leur
niveau maximal à la mi-1998. L’indice moyen des cours céréaliers pour
2001 a été inférieur de plus de 40 pour cent à la moyenne de 1996,
demeurant néanmoins relativement stable au cours des trois dernières
années. L’indice moyen applicable aux huiles et aux matières grasses
pour 2001 a été, lui aussi, inférieur de 45 pour cent à celui de 1998.
Cependant, contrairement au cas des céréales, l’indice des prix s’est
raffermi de façon notable durant l’année 2001. Au cours des dernières
années, les fluctuations de prix concernant les produits de l’élevage, et
en particulier de la viande, ont été davantage circonscrites.

• Les cours du café ont été particulièrement déprimés et ont poursuivi


leur déclin tout au long de 2001, atteignant leur niveau le plus faible en
termes nominaux depuis 1973 et un étiage record en termes réels. Fin
2001, les cours du café avaient chuté de plus de 50 pour cent par rapport
à leur niveau de fin 1999, et les prix moyens pour l’année représentaient
le tiers de ceux enregistrés en 1998.

• S’agissant des autres boissons d’origine tropicale, les cours du cacao,


qui avaient connu une hausse régulière pendant la période 1995-1998,
avaient essuyé un recul très prononcé en 1999 et en 2000. En 2000, le
cours quotidien de l’Organisation internationale du cacao (ICCO)
s’établissait en moyenne à 888 dollars EU la tonne, son niveau le plus bas
en termes nominaux depuis 1973. Les prix devaient se raffermir quelque
peu en 2001 et, dans l’ensemble, les cours du cacao augmenter de
16 pour cent en 2001. Ils devaient néanmoins rester de 38 pour cent et
de 12 pour cent inférieurs à leurs niveaux respectifs de 1998 et 1999.

• Contrairement aux autres boissons d’origine tropicale, les cours du


thé étaient demeurés relativement fermes ces dernières années. En

23
Situation mondiale

Figure 14
ÉVOLUTION DES COURS DES DENRÉES

PRODUITS ALIMENTAIRES
(Indice 1990-92 = 100)
Indice Indice
140 140
120 120
100 100
80 80
60 60
40 40
20 20
0 0

Janv.
Févr.
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Sept.
Oct.
Nov.
Déc.
95 96 97 98 99 00 01

CÉRÉALES
(Indice 1990-92 = 100)
Indice Indice
160 160
140 140
120 120
100 100
80 80
60 60
40 40
20 20
0 0
Janv.
Févr.
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Sept.
Oct.
Nov.
Déc.
95 96 97 98 99 00 01

VIANDE
(Indice 1990-92 = 100)
Indice Indice
140 140
120 120
100 100
80 80
60 60
40 40
20 20
0 0
Janv.
Févr.
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Sept.
Oct.
Nov.
Déc.

95 96 97 98 99 00 01

1995–2001 2001

24
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

ÉVOLUTION DES COURS DES DENRÉES

PRODUITS LAITIERS
(Indice 1990-92 = 100)
Indice Indice
160 160
140 140
120 120
100 100
80 80
60 60
40 40
20 20
0 0
Janv.
Févr.
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Sept.
Oct.
Nov.
Déc.
95 96 97 98 99 00 01

HUILES/MATIÈRES GRASSES
(Indice 1990-92 = 100)
Indice Indice
200 200

150 150

100 100

50 50

0 0
Janv.
Févr.
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Sept.
Oct.
Nov.
95 96 97 98 99 00 01 Déc.

SUCRE
(Prix moyen de l’AIS, moyenne hebdomadaire)
$EU/tonne $EU/tonne
350 350
300 300
250 250
200 200
150 150
100 100
50 50
0 0
Janv.
Févr.
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Sept.
Oct.
Nov.
Déc.

95 96 97 98 99 00 01

1995–2001 2001

25
Situation mondiale

ÉVOLUTION DES COURS DES DENRÉES

CAFÉ
(Prix moyen de l’OIC, moyenne hebdomadaire)
$EU/tonne $EU/tonne
3 500 3 500
3 000 3 000
2 500 2 500
2 000 2 000
1 500 1 500
1 000 1 000
500 500
0 0

Janv.
Févr.
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Sept.
Oct.
Nov.
Déc.
95 96 97 98 99 00 01

CACAO
(Prix quotidien de l’ICCO, moyenne hebdomadaire)
$EU/tonne $EU/tonne
2 000 2 000

1 500 1 500

1 000 1 000

500 500

0 0
Janv.
Févr.
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Sept.
Oct.
Nov.
Déc.
95 96 97 98 99 00 01

THÉ
(Volume total, cours des enchères de Mombasa, lundi)
$EU/tonne $EU/tonne
2 500 2 500

1 875 1 875

1 250 1 250

625 625

0 0
Janv.
Févr.
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Sept.
Oct.
Nov.
Déc.

95 96 97 98 99 00 01

1995–2001 2001

26
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

ÉVOLUTION DES COURS DES DENRÉES

COTON
(Cotlook, indice «A»1–3/32, vendredi)
$EU/tonne $EU/tonne
2 500 2 500

2 000 2 000

1 500 1 500
1 000 1 000
500 500

0 0
Janv.
Févr.
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Sept.
Oct.
Nov.
Déc.
95 96 97 98 99 00 01

CAOUTCHOUC
(RSS1, transaction au comptant – Londres, mercredi)
$EU/tonne $EU/tonne
2 000 2 000

1 500 1 500

1 000 1 000

500 500

0 0
Janv.
Févr.
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Sept.
Oct.
Nov.
Déc.
95 96 97 98 99 00 01

1995–2001 2001
Source: FAO

27
Situation mondiale

2001, toutefois, ils devaient fléchir de façon substantielle par rapport aux
niveaux relativement élevés de 2000. Après avoir reculé pendant les
premiers mois de 2001, ils devaient rester stables à compter du mois
d’avril.

• Après le café, c’est le coton qui a subi le déclin le plus prononcé avec,
en 2001, les prix moyens représentant 50 pour cent de leur niveau de
1995, et un déclin constant au cours des dernières années. Une fois
l’étiage atteint en décembre 1999, ils devaient se redresser quelque peu
courant 2000, mais reprendre leur déclin en 2001. En dépit d’un
redressement limité, amorcé en octobre 2001, on ne s’attend guère à une
appréciation substantielle dans un avenir rapproché.

• Les cours du sucre ont augmenté depuis 1999, année durant laquelle
ils étaient tombés à moins de la moitié de ceux de 1995. Pour 2001, la
tendance a été à la baisse avec, toutefois, une légère reprise vers la fin de
l’année.

28
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

8. PÊCHES: PRODUCTION, ÉCOULEMENT ET


COMMERCE

• Les pêches peuvent contribuer de façon déterminante à la sécurité


alimentaire et à l’atténuation de la pauvreté. Cependant, les gains de
productivité réalisés par les pêcheries ne débouchent pas toujours sur
des augmentations à long terme des volumes d’approvisionnement. En
fait, s’agissant de la pêche de capture, ce genre de gain risque, à terme,
d’entraîner la disparition des stocks et la réduction de la production.

• A l’échelle mondiale, la production totale des pêcheries commerciales


pour 2000 – qui englobent l’aquaculture maritime et continentale ainsi
que les captures – a atteint un nouveau record avec 130,25 millions de
tonnes, soit une augmentation de 11,9 pour cent depuis 1995 7, ce volume
reflétant les gains énormes réalisés par la production aquacole, notam-
ment en Chine. Si l’on exclut cette dernière, la production mondiale est
demeurée stagnante, le volume de 88,68 millions de tonnes réalisé pour
2000 ne dépassant que de 0,8 pour cent celui de 87,95 millions de tonnes
obtenu en 1995.

• Cependant, les limites des stocks de poissons vivant à l’état sauvage


dans nos océans et dans nos eaux intérieures imposent des limites assez
étroites au volume des prélèvements sur ces stocks. Ainsi, le volume total
des captures pour 2000, soit 94,65 millions de tonnes, n’était supérieur
que de 3 pour cent au niveau de 91,87 millions de tonnes atteint en 1995
(si l’on exclut la Chine, la production a en fait diminué de 2,1 pour cent).

• La production aquacole diffère de celle découlant des captures. Le


volume total de la production aquacole illustre l’énorme potentiel que
présente cette source d’alimentation en matière de sécurité alimentaire
et de réduction de la pauvreté, à condition que l’incidence sur l’environ-
nement et les autres questions liées à la durabilité des installations
d’aquaculture et de la production aquacole reçoivent une attention
suffisante.

• La production aquacole mondiale, qui a augmenté de 45,3 pour cent


par rapport au volume de 24,5 millions de tonnes enregistré en 1995, a
atteint 35,60 millions de tonnes en 2000, la majeure partie de la
production revenant à la Chine. Si l’on exclut cette dernière, la produc-
tion aquacole mondiale n’a augmenté que de 27,5 pour cent entre 1995
et 2000, et elle se chiffre à 11,02 millions de tonnes.

• Ces gains de production concernent tant le contexte continental que


le milieu marin. Le volume total de la production aquacole continentale
à l’échelle mondiale a atteint 21,20 millions de tonnes en 2000, soit une
augmentation de 50,9 pour cent relativement au niveau de 14,04

29
Situation mondiale

millions de tonnes réalisé en 1995. La production aquacole maritime a,


elle aussi, connu une augmentation à l’échelle mondiale, passant de
10,45 à 14,40 millions de tonnes, soit une augmentation de 37,8 pour
cent entre 1995 et 2000.

• En 2000, la Chine a compté à elle seule pour 69 pour cent de la


production aquacole totale, dont 72 pour cent de production terrestre et
65 pour cent de production maritime.

• La disponibilité totale, par habitant, de poissons destinés à la consom-


mation humaine a augmenté de 6,9 pour cent depuis 1995, passant de
15,32 kg à 16,38 kg en 2000. Cependant, si l’on exclut la Chine, cette
production a décliné, passant de 13,36 kg en 1995 à 12,75 kg en 2000.
La même année, 99 millions de tonnes de poisson ont été utilisées à des
fins alimentaires, dont 38 millions de tonnes attribuables à la Chine.

• Les chiffres qui décrivent les importations et les exportations mondia-


les de poissons et de produits de la pêche font apparaître le potentiel de
ces produits pour la génération de revenus. En dépit d’un ralentissement
à la fin des années 90, les exportations de poissons et de produits de la
pêche à partir des pays ou des régions en développement ont augmenté
de 84,4 pour cent depuis 1990, pour atteindre 28,3 milliards de
dollars EU en 2000. Les importations de poissons et des produits de la
pêche dans ces pays et régions ont, parallèlement, augmenté de 84,3
pour cent durant la même période, et représentaient, avec un montant
de 9,5 milliards de dollars, environ un tiers de leurs exportations.

• Pendant plus d’une décennie, les pays des régions en développement


ont constamment été des importateurs nets de poissons et des produits
de la pêche. En 2000, les importations en provenance des pays dévelop-
pés ont atteint 49,9 milliards de dollars EU, avec des exportations se
montant à 27,1 milliards de dollars.

• Au niveau mondial, la ventilation par groupe de denrées 8 des flux


internationaux de produits de la pêche a évolué depuis 1995. La
principale catégorie de produits de la pêche destinés à l’exportation
(produits frais, produits congelés ou produits surgelés) a vu ses exporta-
tions augmenter de 17 pour cent en volume (atteignant 12 506 430
tonnes) et de 13 pour cent en valeur (avec un montant de 23,4 milliards
de dollars EU). De 1995 à 2000, l’augmentation la plus marquée de
l’exportation a intéressé ce qui constituait, en 1995, la catégorie de
produits la moins importante en termes de tonnage absolu 9, à savoir les
crustacés et mollusques en conserve. Signalons, en effet, que les expor-
tations mondiales de ces produits ont augmenté de 55,8 pour cent en
volume, pour atteindre 574 056 tonnes, et de 27,1 pour cent en valeur,
pour s’établir à 3,91 milliards de dollars EU10.

30
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Figure 15
PRODUCTION PISCICOLE MONDIALE

En millions de tonnes
Total de la production mondiale 160

Aquaculture 120

Captures
80

40

0
1995 1996 1997 1998 1999 2000*
En millions de tonnes
Production totale, 100
Chine et reste du monde
80

Chine 60
Monde, à l’exclusion
40
de la Chine
20

0
1995 1996 1997 1998 1999 2000*
En millions de tonnes
Production aquacole, 40
Chine et reste du monde
30
Chine
20
Monde, à l’exclusion
de la Chine
10

0
1995 1996 1997 1998 1999 2000*
En millions de tonnes
Volume des captures, 100
Chine et reste du monde
80

Chine 60
Monde, à l’exclusion 40
de la Chine
20
* Estimation provisoire
0
Source: FAO 1995 1996 1997 1998 1999 2000*

31
Situation mondiale

Figure 16
COMMERCE DES PRODUITS DE LA PÊCHE

Pays en développement Pays développés


En milliards de dollars EU En milliards de dollars EU
Importations 50 50

Exportations 40 40

30 30

20 20

10 10

0 0
94 95 96 97 98 99 00 94 95 96 97 98 99 00
Source: FAO

Figure 17
EXPORTATIONS DES PRODUITS DE LA PÊCHE,
PAR CATÉGORIE

Evolution en pourcentage
Evolution en pourcentage de la
valeur, 1995-2000
Evolution en pourcentage Crustacés
et mollusques
du tonnage, 1995-2000
Crustacés
et mollusques:
conserves

Poisson:
conserves

Poisson:
séché, salé
ou fumé

Poisson: frais,
surgelé ou congelé

Farines

Huiles

Total
(toutes catégories
de produits)

-40 -20 0 20 40 60
Source: FAO

32
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

9. PRODUCTION ET COMMERCE DES PRODUITS


FORESTIERS

• Les marchés mondiaux des produits forestiers ont poursuivi leur redres-
sement en 2000, grâce à la croissance de l’économie mondiale. Dans
l’ensemble, la production mondiale de bois rond a augmenté de 1,9 pour
cent, pour s’établir à 3 milliards 352 millions de mètres cubes. Dans les pays
en développement, qui représentent près de 60 pour cent de la production
totale de bois rond, la production n’a augmenté que de 0,3 pour cent,
tandis que celle des pays développés progressait de 4,3 pour cent.

• La production industrielle de bois rond (bois de feu exclu) a représenté


environ 47 pour cent de la production totale de bois rond en 2000
et augmenté de 3,2 pour cent , atteignant 1 milliard 587 millions de
mètres cubes. Les pays développés, totalisent la part la plus importante de
la production (environ 73 pour cent ), qui a atteint 1 milliard 154 millions
de mètres cubes, soit une hausse de 4,5 pour cent. La production des pays
en développement a enregistré une progression marginale de 431 à
432 millions de mètres cubes.

• La production mondiale de produits de bois massif (qui comprend les


sciages et les panneaux à base de bois) a également augmenté en 2000,
atteignant 610 millions de mètres cubes, soit une augmentation de
1,7 pour cent. Là encore, l’augmentation de la production est attribuable
aux pays développés, avec une hausse de 2,6 pour cent, alors que les pays
en développement subissaient un déclin de 1,4 pour cent.

• Dans l’ensemble, la production mondiale de produits de la pâte et du


papier a continué de croître avec vigueur avec une augmentation de
3,2 pour cent, pour un volume de 494 millions de tonnes. Comme en
1999, les pays en développement ont impulsé la reprise, avec une
augmentation de production de 5,7 pour cent en 2000 , dépassant à
peine 100 millions de tonnes. La production des pays développés a
atteint 393 millions de tonnes soit une hausse de 2,6 pour cent.

• Le commerce mondial des produits forestiers a, lui aussi, poursuivi son


expansion en 2000. Une proportion substantielle des produits forestiers
fait, chaque année, l’objet d’échanges sur les marchés internationaux; en
2000, ces échanges ont intéressé 30 à 35 pour cent des sciages, des
panneaux à base de bois et du papier produits dans les pays développés,
et 40 pour cent des panneaux à base de bois et de la pâte de bois produits
dans les pays en développement. En 2000, le volume global des exporta-
tions a augmenté dans l’ensemble des régions, avec toutefois un léger recul
pour le secteur des produits de bois massif. Les exportations totales de
produits forestiers ont augmenté d’environ 6 pour cent, atteignant 140 mil-
liards de dollars EU, dont 83 pour cent réalisés par les pays développés.

33
Situation mondiale

Figure 18
PRODUCTION DES PRINCIPAUX PRODUITS
FORESTIERS

Pays en développement BOIS ROND


En millions de m3
Pays développés 2 500

1 987 1 989 1 956 1 983 1 989


2 000

1 500 1 308 1 363


1 243 1 298 1 226

1 000

500

PRODUITS À BASE DE BOIS MASSIF*


En millions de m3
500 465 478
432 441
420
400

300

200
148 145 135 133
126
100

PRODUITS À BASE DE PÂTE ET DE PAPIER **


En millions de tonnes
400 393
376 374 383
358

300

200

100 88 88 96 101
83

* Sciages et grumes pour traverses,


et panneaux à base de bois 0
** Pâte et papier et carton
1996 1997 1998 1999 2000
Source: FAO

34
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Figure 19
VALEUR À L’EXPORTATION DES PRINCIPAUX
PRODUITS FORESTIERS

Pays en développement
TOTAL
En milliards de dollars EU
Pays développés
150

120 116
108 108 106 111

90

60

30 23 23 20 21 23

BOIS ROND INDUSTRIEL


En milliards de dollars EU
8

6 5,4 5,5
5,1 5,1
4,6
4
2,8 2,6 2,7
2,2
2 1,9

PÂTE ET PAPIER ET PRODUITS À BASE DE BOIS MASSIF*


En milliards de dollars EU
120 111
102 103 101 105
100

80

60

40
20 20 18 19 21
20
* Pâte et papier et carton à base de bois,
sciages et traverses et panneaux 0
à base de bois
1996 1997 1998 1999 2000
Source: FAO

35
Situation mondiale

Encadré 1 Depuis 1947, la FAO effectue, nète sont couverts par des
avec une périodicité d’ordre dé- forêts, dont 47 pour cent
L’ÉVALUATION DES cennal, une évaluation des res- de forêts tropicales, 9 pour
RESSOURCES sources forestières mondiales. cent de forêts subtropicales,
FORESTIÈRES L’Evaluation des ressources fo- 11 pour cent de forêts tem-
MONDIALES 20001 restières mondiales 2000 (ERF pérées et 33 pour cent de
2000) a été entreprise conjointe- forêts boréales.
ment par la FAO, ses pays mem-
bres et de nombreux autres par- • Au cours des années 90, la
tenaires. On propose, ci-dessous, conversion des forêts natu-
une synthèse des principaux ré- relles de la planète à d’autres
sultats. utilisations des terres s’est
poursuivie à un rythme très
• Il existe, dans le monde, en- élevé. On estime à 16,1 mil-
viron 3 milliards 870 mil- lions d’hectares la superficie
lions d’hectares de forêts, de forêts naturelles perdues
dont 95 pour cent de forêts chaque année du fait du dé-
naturelles et 5 pour cent de boisement (14,6 millions
plantations forestières. d’hectares par la déforesta-
Cette estimation du couvert tion et 1,5 million d’hectares
forestier mondial est plus par la conversion en planta-
élevée que celle proposée tions forestières). Près de
par les deux évaluations pré- 15,2 millions d’hectares des
cédentes des ressources fo- superficies forestières per-
restières (Evaluation des dues sont situés dans les tro-
ressources forestières mon- piques. Cette perte est en
diales 1990 [ERF 1990] et partie compensée par un gain
Evaluation intérimaire de de 3,6 millions d’hectares
1995). Cependant, cette dif- résultant de l’expansion na-
férence ne traduit pas une turelle des forêts, si bien que
augmentation réelle de la la perte nette est de 12,5
superficie forestière, mais millions d’hectares. Une
reflète plutôt l’utilisation, bonne partie des gains con-
pour la première fois, d’une cernant les superficies fo-
définition commune de tou- restières naturelles provient
tes les forêts à l’échelle de l’occupation naturelle par
mondiale, ainsi que l’incor- la forêt de terres agricoles
poration de nouvelles don- abandonnées. L’expansion de
nées d’inventaire forestier. la superficie forestière est
en cours depuis plusieurs dé-
• Près de 30 pour cent de la cennies dans de nombreux
surface terrestre de la pla- pays développés.

36
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

• L’extension de la superficie légère augmentation du cou- augmentation. De plus, la cer-


forestière est également le vert forestier dans d’autres tification des forêts gagne du
résultat de l’expansion des régions, principalement dans terrain; ainsi, un certain nom-
plantations forestières. En fait, les pays industrialisés. bre de régimes de certifica-
près de la moitié des 3,1 mil- tion des forêts ont été créés
lions d’hectares de planta- • Selon les statistiques citées, au cours des années 90, et la
tions nouvelles réalisées cha- la perte estimative de super- surface des forêts mondiales
que année dans le monde ficies forestières a été infé- assujetties à certification avait
intéresse des terres recou- rieure au cours des années atteint 80 millions d’hectares
vrées sur des superficies de 90 à celle enregistrée dans les à la fin de l’année 2000.
forêts naturelles, et repré- années 80. Il convient de sou-
sente donc un reboisement de ligner que la variation annuelle
terres forestières naturelles nette de la surface forestière
précédemment déboisées. a été estimée à -9,4 millions
d’hectares pour la période
• L’évolution globale nette de 1990-2000, à -11,3 millions
la superficie forestière au d’hectares pour la période
cours des années 90, à savoir 1990-1995, et à -13 millions
la somme des modifications d’hectares pour la période
portant sur les forêts natu- 1980-19902.
relles et les plantations fores-
tières, a été estimée à 9,4 • Au cours de la dernière dé-
millions d’hectares par an, soit cennie, la gestion des forêts
0,2 pour cent du total de la s’est orientée de plus en plus
surface forestière. Ce chiffre vers la gestion durable, con-
représente le résultat net d’un formément aux «Principes
taux de déboisement annuel forestiers» adoptés lors de la
de 14,6 millions d’hectares et Conférence des Nations
d’une augmentation de la sur- Unies sur l’environnement et
face forestière de 5,2 millions le développement (CNUED)
d’hectares. Les taux nets de de 1992. En 2000, 149 pays
déboisement les plus élevés participaient déjà aux initiati-
ont été enregistrés en Afri- ves internationales visant à
que et en Amérique du Sud. élaborer et à mettre en œu-
Les pertes de forêts naturel- vre des critères et des indica- 1
Pour de plus amples informations
les ont également été élevées teurs de gestion durable des concernant l’Évaluation des ressources
forestières mondiales, le lecteur pourra
en Asie, mais elles ont été forêts; cependant, le degré
se reporter au document: FAO. 2001.
compensées de manière subs- de mise en œuvre varie con- Situation des forêts du monde 2001. Rome.
tantielle, au plan de la super- sidérablement. La superficie 2
Bien que les chiffres portant sur les deux
ficie, par l’établissement de forestière de notre planète décennies ne soient pas directement
comparables, on est porté à penser que le
plantations forestières. En assujettie à une gestion for- taux net de pertes de superficies
revanche, on a enregistré une melle ou informelle est en forestières a, en fait, diminué.

37
Situation mondiale

II. L’économie mondiale et


l’agriculture
LE CONTEXTE ÉCONOMIQUE MONDIAL
La production économique Après avoir connu en 2000, un taux de croissance singulièrement
mondiale a connu une élevé, à savoir 4,7 pour cent, la production économique mondiale a
augmentation vigoureuse de commencé à se contracter de façon marquée alors que l’année
4,7 pour cent en 2000, mais finissait11. Les perspectives de redressement rapide courant 2001 ont
qui est tombée à 2,4 pour été réduites à néant par les agressions terroristes du 11 septembre, qui
cent en 2001. ont aggravé une situation déjà difficile, entraînant un affaiblissement
supplémentaire de la confiance des consommateurs et des entreprises
à l’échelle mondiale. En conséquence, la croissance économique
mondiale devait, en 2001, décliner pour s’établir à un taux estimatif
de 2,4 pour cent, le plus bas depuis 1993. Toutes les grandes régions
ont été prises dans ce ralentissement, avec une synchronisation
poussée qui constitue une caractéristique marquante du ralentisse-
ment économique en cours. Ce fléchissement d’envergure mondiale
s’est, en outre, accompagné d’une stagnation des volumes du com-
merce international en 2001.
La croissance des économies avancées a enregistré un recul brutal,
passant de 3,9 pour cent en 2000 à un taux estimatif de 1,1 pour cent
en 2001. Tous les grands pays ont été pris dans ce ralentissement. Après
plusieurs années de forte expansion économique, les Etats-Unis ont vu
leur croissance du PIB tomber de 4,1 pour cent en 2000 à 1 pour cent
seulement en 2001. Face au ralentissement américain, ni la zone euro,
ni le Japon, les deux autres grands acteurs économiques des économies
avancées, n’ont été en mesure de soutenir la croissance économique
mondiale. En fait, 2001 a été une année de ralentissement de la

Tableau 1
CROISSANCE DE LA PRODUCTION ÉCONOMIQUE MONDIALE

1997 1998 1999 2000 20011

(Evolution du PIB en pourcentage et en termes réels)


Monde 4,2 2,8 3,6 4,7 2,4
Economies avancées 3,4 2,7 3,3 3,9 1,1
Pays en transition 1,6 -0,8 3,6 6,3 4,9
Pays en développement 5,8 3,6 3,9 5,8 4,0
Afrique 3,1 3,5 2,5 2,8 3,5
Asie 6,5 4,0 6,2 6,8 5,6
Amérique latine et Caraïbes 5,3 2,3 0,1 4,1 1,0
Proche-Orient 5,1 4,1 1,1 5,9 1,8
1
Projections.
Source: FMI. 2001. Perspectives économiques mondiales. Décembre. Washington.

38
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

croissance du PIB dans tous les grands pays de la zone euro,


ralentissement très marqué en Allemagne et plus atténué en France, en
Italie et au Royaume-Uni. A la suite des tragiques attentats du 11
septembre, les répercussions économiques ont aggravé une situation
économique déjà difficile au Japon. Après une modeste reprise
économique en 2000, accompagnée d’une expansion du PIB de 2,2
pour cent, il a chuté de 0,4 pour cent en 2001.
Le ralentissement qui s’est Le ralentissement d’envergure mondiale qui s’est produit en 2001 a
produit à l’échelle mondiale a touché les pays en transition et les pays en développement à des degrés
affecté les pays en divers et de manière différente, en fonction de leurs conditions
développement et les pays en économiques et de la structure de leur économie. En règle générale, les
transition à des degrés pays en développement ont été touchés par l’affaiblissement de la
différents; toutefois, la demande extérieure et du cours des matières premières. A l’exception de
croissance a décliné en 2001 l’Afrique, toutes les grandes régions comportant des pays en
dans la plupart des régions en développement, ainsi que les pays en transition, ont accusé en 2001 un
développement. déclin de leur taux de croissance du PIB. Les régions le plus durement
touchées ont été le Proche-Orient (où les exportateurs de pétrole ont subi
le contrecoup de la baisse des cours ainsi que, pour certains pays, la
réduction des envois de fonds et des recettes du tourisme) et l’Amérique
latine (où la faiblesse des prix des matières premières et le ralentissement
des marchés d’exportation, conjugués à une détérioration de la confiance
à l’échelon national, ont assombri les perspectives économiques).
Début 2002, les perspectives de reprise économique demeuraient
encore incertaines et semblaient liées à celles des États-Unis. Cependant,
tant le Fonds monétaire international (FMI) 12 que l’Organisation pour
la coopération économique et le développement (OCDE) 13 prévoyaient
de faibles taux de croissance pour 2002, avec des perspectives de
redressement, au cours de l’année, débouchant éventuellement sur des
taux de croissance plus élevés en 2003.

Commerce mondial et prix des matières premières


Le commerce mondial a Le ralentissement de l’économie mondiale a eu des conséquences
connu une forte expansion négatives pour le commerce international et pour les marchés des
en 2000, avant de stagner matières premières. Après avoir connu une vigoureuse expansion en
en 2001. 2000, le volume des échanges internationaux a cessé de croître en
2001 (tableau 2), et la croissance des exportations des pays en
développement en particulier n’a plus été que de 2,3 pour cent, tandis
que les volumes d’exportation des économies avancées déclinaient
d’environ 1 pour cent.
Les cours internationaux des matières premières, déjà affaiblis, ont
subi de nouvelles pressions à la baisse du fait du ralentissement économique
et des conséquences des événements du 11 septembre (tableau 3). Les
cours du pétrole, après s’être effondrés en 1998, s’étaient fortement
redressés en 1999-2000. Ils devaient atteindre leur point le plus bas en
2001, année au cours de laquelle les prix moyens sont tombés de 14 pour
cent en deçà des cours enregistrés en 2000, et poursuivent leur déclin du

39
Situation mondiale

fait de l’insuffisance de la demande et des réductions de production des


pays producteurs de pétrole.
Les matières premières autres que le pétrole ont subi un déclin général
de l’ordre de 5 à 6 pour cent en 2001. Ce déclin a été particulièrement
marqué pour les boissons, lesquelles ont chuté par rapport à leur niveau
de 2000 (tableau 4). Le prix des matières premières agricoles a subi une
réduction générale de 7 pour cent par rapport à 2000. Quant au prix
moyen des denrées alimentaire, il a connu une légère augmentation de
l’ordre de 3 pour cent en 2001, tout en restant nettement en deçà du
niveau plus élevé enregistré quelques années auparavant.
En fait, on peut dire que pour toutes les catégories de matières
premières agricoles, les cours restent très inférieurs aux niveaux sans

Tableau 2
VOLUME DU COMMERCE MONDIAL DES BIENS

1997 1998 1999 2000 20011

(Evolution en pourcentage)
Commerce mondial 10,5 4,6 5,6 12,8 0,2
Exportations
Economies avancées 10,8 4,3 5,1 11,8 -0,9
Pays en développement 12,6 4,8 4,7 15,4 2,3
Imports
Economies avancées 9,9 5,9 8,5 11,8 -1,0
Pays en développement 10,0 0,5 0,8 16,4 3,5
1
Projections.
Source: FMI. 2001. Perspectives économiques mondiales. Décembre. Washington.

Tableau 3
PRIX DES ÉCHANGES ET TERMES DE L’ÉCHANGE À L’ÉCHELLE MONDIALE

1997 1998 1999 2000 20011

(Evolution en pourcentage)
Cours mondiaux2
Produits manufacturés -8,0 -1,9 -1,8 -5,1 -1,7
Pétrole -5,4 -32,1 37,5 56,9 -14,0
Produits de base autres que combustibles -3,0 -14,7 -7,0 1,8 -5,5

Termes de l’échange
Economies avancées -0,6 1,6 - -2,6 -0,2
Pays en développement -0,9 -6,6 4,7 7,0 -3,0
Exportateurs de combustibles 0,2 -26,2 30,4 40,5 -10,9
Exportateurs de produits autres que combustibles -1,1 -1,3 -0,5 -1,3 -0,5
1
Projections.
2
En dollars EU.
Source: FMI. 2001. Perspectives économiques mondiales. Décembre. Washington.

40
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

précédent de 1996-1997. Le déclin marqué des cours des matières


premières agricoles au cours des quatre dernières années a été
particulièrement accusé pour les boissons, dont les prix sont inférieurs à
la moitié de leur niveau de 1996. La chute a été particulièrement
spectaculaire pour le café, dont les cours moyens annuels, en 2001,
représentaient environ un tiers du niveau de 1997 et ont poursuivi la
chute pendant la majeure partie de l’année.
Le déclin des termes de Le fléchissement des cours des matières premières non pétrolières a
l’échange affaiblit les eu des conséquences négatives pour les nombreux pays en
perspectives économiques de développement, étroitement tributaires des exportations de matières
nombreux pays en premières, entraînant une détérioration des termes de l’échange les
développement. Cependant, concernant (tableau 3) – tout particulièrement pour les pays en
en 2001, la faiblesse des développement exportateurs de pétrole. Pour les pays non exportateurs
cours du pétrole a contribué de pétrole, la faiblesse des cours du pétrole a aidé à compenser la
à compenser l’incidence détérioration des termes de l’échange, sans pour autant freiner la lente
négative, pour les pays non dégradation observée pendant la plupart des années précédentes. En
exportateurs de pétrole, du revanche, les pays en développement importateurs de denrées
déclin des cours des matières alimentaires ont bénéficié de la faiblesse des cours, qui leur a valu un
premières. allégement de la facture alimentaire.
Pour les pays en développement non exportateurs de pétrole,
l’incidence négative sur la pauvreté est peut-être plus prononcée qu’il
n’y paraît à première vue. En fait, le déclin des prix des denrées
agricoles met en difficulté les régions rurales, où vivent en majorité des
populations défavorisées, tandis que l’incidence positive de la baisse des
prix du pétrole bénéficie dans une grande mesure aux régions urbaines.

Tableau 4
INDICES DES PRIX DES PRODUITS DE BASE EN DOLLARS EU1

Année/trimestre Produits de base autres que combustibles Pétrole

Tous Produits Boissons Matières premières agricoles Métaux


produits alimentaires

1996 116,7 127,7 124,9 127,1 88,8 88,7


1997 113,2 114,0 165,5 119,4 91,5 83,9
1998 96,6 99,7 140,3 100,0 76,6 56,9
1999 89,8 84,1 110,5 102,2 75,5 78,3
2000 91,4 83,7 92,2 104,2 84,6 122,8
20012 86,4 86,2 74,6 96,7 76,6 105,7

2001 T1 89,4 86,5 80,7 99,2 83,0 113,4


2001 T2 88,1 83,9 76,7 101,3 79,7 116,3
2001 T3 85,7 88,4 70,9 96,1 73,1 109,1
2001 T4 82,4 86,2 70,1 90,3 70,6 84,1
1
1990 = 100.
2
Données provisoires.
Source: FMI.

41
Situation mondiale

Malgré le redressement de l’économie mondiale qui s’est amorcé


courant 2002, les exportateurs de matières premières semblent encore
vulnérables, à mesure que la conjoncture continue d’exercer des
pressions à la baisse sur les cours des matières premières. Après le
déclin enregistré en 2001, la Banque mondiale ne prévoyait aucun
rebondissement des cours des matières premières en 2002, l’ébauche
d’un redressement n’étant prévue qu’en 200314. S’agissant des matières
premières agricoles, la Banque mondiale a projeté une amélioration de
1 pour cent en 2002, suivie d’une augmentation de 9 pour cent en 2003.

Conséquences de la quatrième Conférence ministérielle


de l’Organisation mondiale du commerce
pour l’agriculture
La valeur du commerce mondial des produits agricoles, y compris les
produits de la pêche et des forêts, a plus que doublé depuis 1980,
atteignant près de 661 milliards de dollars EU en 1995-1999. La part
relative des produits agricoles dans les échanges commerciaux a
décliné au fil du temps et se situe actuellement à environ 12 pour cent
des montants échangés. Cependant, cette moyenne masque la
dépendance nettement accrue, à l’égard du commerce des produits
agricoles, de nombreux pays en développement pris individuellement,
tant comme exportateurs que comme importateurs. Compte tenu du
rôle important de l’agriculture et du commerce des produits agricoles
pour de nombreux pays en développement, le cadre réglementaire
international qui régit les politiques et le commerce agricoles est une
composante essentielle des efforts qu’ils déploient pour réduire la
pauvreté. Au demeurant, la Banque mondiale souligne que les pays
en développement qui ont enregistré une croissance plus rapide des
exportations de produits agricoles étaient généralement ceux dont le
PIB agricole croissait plus rapidement; ainsi, les exportations de
produits agricoles ont contribué à accroître les revenus agricoles et à
réduire la pauvreté rurale15.
De nouvelles négociations Un nouveau cycle de négociations multilatérales a été lancé lors de
commerciales multilatérales la quatrième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du
ont été lancées lors de la commerce (OMC), qui s’est tenue à Doha (Qatar), du 9 au
Conférence ministérielle de 14 novembre 2001. Ces négociations, qui doivent se conclure d’ici le
l’OMC qui s’est tenue à Doha 1er janvier 2005, auront d’importantes répercussions pour l’agriculture,
(Qatar) en novembre 2001. les pêches et la foresterie. Outre les pourparlers concernant
l’agriculture et les services, en cours depuis plus de deux ans 16, les
nouvelles négociations porteront sur un ordre du jour
considérablement élargi. La Déclaration ministérielle de Doha a
beaucoup insisté sur la nécessité de veiller à ce que les besoins en
développement et en sécurité alimentaire de ses membres les plus
vulnérables ne soient pas compromis par les politiques tendant à
appliquer un système de commerce international équitable et orienté
vers le marché.

42
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

A la Conférence de Doha, les S’agissant du commerce des produits agricoles, les membres de l’OMC,
ministres sont convenus par la Déclaration ministérielle de Doha, conviennent d’entreprendre
d’entreprendre des «des négociations de large portée visant à obtenir: des améliorations
négociations de large portée substantielles de l’accès au marché; la réduction, en vue de leur
sur les questions agricoles, élimination progressive, de toutes les formes de subventions aux
de manière à améliorer exportations; et des réductions substantielles des mesures nationales de
l’accès au marché et à soutien entraînant une distorsion du commerce». Ils s’engagent en
réduire les subventions aux outre à accorder un traitement particulier et différencié aux pays en
exportations, ainsi que les développement, de manière à leur permettre de prendre réellement en
mesures nationales de compte leurs besoins en développement. Les considérations non liées au
soutien entraînant une commerce, telles que la sécurité alimentaire et la nécessité de protéger
distorsion du commerce. l’environnement, doivent également être prises en considération. La
Déclaration de Doha prend acte des progrès déjà réalisés lors des
négociations sur les questions agricoles entamées en mars 2000 en vertu
de l’Article 20 de l’Accord sur l’agriculture.
Lors de la première phase de ces négociations, analysées en détail dans
le document La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2001,
44 propositions de négociations ont été déposées et appuyées par un total
de 125 membres de l’OMC. La première phase a été considérablement
rehaussée par une large participation des pays en développement. La
deuxième phase des négociations, qui couvrait la période allant de mars
2001 à mars 2002, était axée sur un travail plus approfondi portant sur
toutes les questions et options ayant trait à la réforme des politiques, tel
qu’énoncé dans les propositions des membres durant la première phase,
avec possibilité d’approfondissement selon les besoins.
Les pourparlers concernant La troisième phase des négociations, qui durera jusqu’au 31 mars
l’approfondissement de la 2003, prévoit la recherche d’un accord sur les «modalités» de réformes
libéralisation du commerce ultérieures; ces dernières énonceront de façon spécifique les procédures
agricole sont en cours depuis que les pays doivent suivre pour réformer leurs politiques commerciales
un certain temps, et ils sont agricoles, telles que la formule et le calendrier de réduction des
destinés à se poursuivre. barrières tarifaires. Les membres de l’OMC auront jusqu’à la cinquième
Conférence ministérielle de l’Organisation, laquelle doit se tenir avant
la fin de 2003, pour élaborer leur projet de «listes d’engagement». La
phase finale des négociations comportera un débat, ainsi qu’un
processus de vérification et d’adoption des engagements dans leur
forme finale. Les négociations portant sur l’agriculture se concluront
dans le cadre des négociations élargies, que l’on prévoit de clôturer
d’ici le 1er janvier 2005.

L’accès au marché
Différentes approches en Les discussions portant sur l’accès au marché ont principalement traité
matière de réductions des réductions tarifaires et de l’administration des quotas à barème
tarifaires des produits tarifaire. S’agissant de la réduction des tarifs, deux écoles de pensée
agricoles sont en cours de recueillent, à ce jour, l’essentiel des suffrages. La première souhaite que
discussion. l’on répète la formule du Cycle d’Uruguay, selon laquelle il convient
d’appliquer une réduction minimale par ligne tarifaire, parallèlement

43
Situation mondiale

Encadré 2 tion pour les pays développés et de transformation. L’escalade ta-


moins de 10 pour cent pour les rifaire implique la protection de
ÉLÉMENTS DE pays en développement). Même l’industrie de transformation.
TERMINOLOGIE DE si les effets des versements de
L’OMC minimis risquent d’entraîner des Contingent tarifaire
distorsions de la production ou Régime tarifaire à double détente
du commerce, ces mesures de en vertu duquel un volume con-
Mesure globale du sou- soutien sont exonérées des enga- tingenté d’importations est assu-
tien (MGS) gements de réduction. jetti à un barème tarifaire, lequel
La somme des mesures nationa- est inférieur au tarif NPF hors
les de soutien à l’agriculture dans Mesures relevant de la contingent.
le cadre des dispositions rele- catégorie verte
vant de la catégorie orange (voir Mesures de soutien dont on con-
ci-dessous). sidère qu’elles ne provoquent pas
de distorsions ou, tout au plus,
Mesures relevant de la des distorsions minimes, au com-
catégorie orange merce ou à la production. Ces
Mesures nationales de soutien à mesures/versements sont, en con-
l’agriculture dont on considère séquence, exonérées de tout en-
qu’elles imposent une distorsion gagement national de réduction
au commerce et sont, par consé- des soutiens.
quent, sujettes à des engagements
de réduction. Tarif sur la base de la
clause NPF
Paiements aux termes de Mesures tarifaires appliquées se-
la catégorie bleue lon le régime de la nation la plus
Paiements effectués dans le ca- favorisée (NPF) et qui, de ce fait,
dre de certaines politiques na- n’établissent pas de discrimina-
tionales de soutien, principale- tion à l’encontre de fournisseurs
ment celles appliquées par les spécifiques
Communautés européennes
(CE) et les Etats-Unis, qui sont Traitement particulier et
exemptés de façon spécifique différencié
d’engagements de réduction. Traitement exceptionnel réservé
aux pays en développement et qui
Versement de minimis leur confère davantage de sou-
Versements effectués au titre du plesse dans l’établissement de me-
soutien national à l’agriculture et sures de soutien et de protection
ne représentant qu’un faible
pourcentage de transfert aux Escalade tarifaire
producteurs (moins de 5 pour Protection tarifaire accrue des
cent de la valeur de la produc- produits, en fonction de leur stade

44
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

à une réduction moyenne générale applicable, elle, à tous les tarifs. Lors
du Cycle d’Uruguay, la réduction minimale était de 15 pour cent (10
pour cent pour les pays en développement) et la réduction moyenne
était de 36 pour cent (24 pour cent pour les pays en développement).
Aucune réduction n’était exigée des pays les moins développés. Cette
approche donne aux pays membres une certaine souplesse lors de la
réduction des barrières tarifaires par produit de base.
La deuxième démarche, dite démarche «panachée», consisterait à
combiner une réduction à pourcentage forfaitaire pour tous les tarifs
avec des réductions supplémentaires sur les tarifs plus élevés. L’approche
«panachée» prévoirait également l’expansion de contingents tarifaires
et l’octroi d’un traitement spécial aux pays en développement. Cette
démarche pourrait contribuer de façon efficace à réduire l’effet de
dispersion tarifaire entre les pays et entre les catégories de produits, y
compris sous forme de réduction de la progressivité des tarifs.
S’agissant de l’administration des contingents tarifaires (CT), il ne semble
pas qu’un accord général soit imminent. L’on craint principalement, en
effet, que la méthode d’allocation d’un contingent tarifaire n’agisse
davantage comme une barrière que comme une ouverture facilitant
l’accès au marché. La difficulté consiste à assurer un accès équitable au
marché à tous les membres de l’OMC, tout en protégeant les intérêts des
fournisseurs traditionnels.
Les mesures en vue d’un En ce qui concerne le domaine de l’accès au marché, des mesures en
«traitement particulier et vue d’un traitement particulier et différencié sont à l’étude pour les pays en
différencié» à l’intention des développement, les nouveaux membres de l’OMC et les économies en
pays en développement sont transition. Certains pays en développement considèrent que leur tarif
à l’étude en matière d’accès doit être lié à la réduction, par les pays développés, des mesures nationales
au marché. de soutien et des subventions aux exportations entraînant une distorsion
au commerce. Les petits exportateurs «à produit unique» demandent que
le régime préférentiel dont ils bénéficient auprès des pays développés soit
préservé et renforcé, tandis que certains pays observent que les régimes
préférentiels établissent parfois une discrimination injuste à l’encontre
d’autres pays en développement. Les membres de l’OMC conviennent
généralement que l’érosion des préférences constitue un problème et que
des mesures de transition appropriées pourraient être requises.

Les mesures nationales de soutien


Le consensus est limité à Un large éventail de thèmes ont été débattus en matière de soutien
propos des subventions national à l’agriculture, et le consensus reste à ce jour limité. Certains
nationales de soutien aux pays ont soutenu que des mesures vigoureuses de soutien à l’échelon
exportations, et cela malgré national – y compris les mesures actuellement exemptes de sanctions –
le grand nombre de sujets créent des distorsions au commerce et devraient être sanctionnées.
abordés. D’autres pays préconisent la reconduction des exemptions actuellement
en vigueur et leur élargissement afin d’incorporer des mesures liées à
une gamme de «considérations non liées au commerce» telles que la
protection animale et la viabilité des régions rurales.

45
Situation mondiale

Encadré 3 produits autres que le vin et les de la vie ou de la santé humaine,


spiritueux, par exemple les fro- animale et végétale, à savoir sous
AUTRES ASPECTS DU mages et les jambons, sera éga- réserve que de telles mesures ne
PROGRAMME DE lement traitée par le Conseil soient pas appliquées de ma-
TRAVAIL ADOPTÉ À chargé de statuer sur les ADPIC. nière arbitraire ou discrimina-
DOHA PRÉSENTANT Le Comité des ADPIC de l’OMC toire, ni comme restrictions
DES CONSÉQUENCES a été chargé d’examiner, entre masquées au commerce, et qu’el-
POUR L’AGRICULTURE autres, la corrélation entre l’ac- les soient conformes aux autres
cord sur les ADPIC et la Con- dispositions de l’OMC. Il a été
vention sur la diversité biologi- convenu que des négociations se
que, ainsi que la protection du tiendraient sur le thème de la
L’accès au marché pour les patrimoine de connaissances tra- corrélation entre les règles ac-
produits non agricoles ditionnelles et du folklore. tuellement appliquées par l’OMC
Les négociations portant sur ce et les obligations spécifiques sti-
domaine visent à réduire ou à Subventions et mesures pulées en matière de commerce
éliminer les barrières tarifaires compensatoires (SMC) dans les accords multilatéraux
et non tarifaires. La couverture Les négociations auront pour de protection de l’environne-
des produits sera complète et objet de clarifier et d’améliorer ment et de réduction ou d’élimi-
ne comprendra pas l’exclusion les sanctions prévues dans le nation des barrières tarifaires et
a priori. Les modalités de réduc- cadre de l’Accord du cycle de non tarifaires aux biens et servi-
tion des tarifs doivent être con- l’Uruguay sur les subventions et ces à caractère environnemental.
venues dans le cadre des négo- les mesures compensatoires. La
ciations. Les produits des Conférence a décidé, de façon
pêches et de la forêt, ainsi que spécifique, que les négociations
les produits agricoles exclus de viseraient à «clarifier et amélio-
l’Accord sur l’agriculture, tels rer les sanctions imposées par
que le caoutchouc et les fibres l’OMC aux subventions accor-
dures, seront traités dans le dées aux pêcheries, tout en te-
cadre de nouvelles négociations. nant compte de l’importance de
ce secteur pour les pays en dé-
Aspects des droits de veloppement».
propriété intellectuelle
qui touchent au com- Commerce et
merce (ADPIC) environnement
Il a été convenu de négocier la La Déclaration ministérielle de
création d’un régime multilaté- Doha a reconnu, pour la pre-
ral de notification et de consi- mière fois, le droit de chaque
gnation des appellations géo- pays à prendre des mesures pour
graphiques concernant les vins protéger l’environnement «aux
et spiritueux. L’extension de la niveaux qu’ils considèrent ap-
protection conférée par les ap- propriés», en reprenant les cri-
pellations géographiques aux tères applicables à la protection

46
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Il semble que se dégage une volonté générale de réétudier le


déséquilibre entre les pays développés et les pays en développement,
sous l’angle de leurs engagements en matière de soutien national. La
plupart des pays en développement sont liés par leur niveau de soutien
de minimis, alors que la plupart des pays plus développés ont des limites
beaucoup plus élevées au titre de la catégorie orange ou de la catégorie
bleue, et n’ont pas de limites pour les politiques relevant de la catégorie
verte – précisons que les pays en développement ont également le droit
d’utiliser les politiques de la catégorie verte, mais que rares sont ceux qui
ont la capacité financière d’agir ainsi. Les discussions récentes ont
tourné autour de l’éventuel besoin de prévoir une catégorie
développement, qui conférerait suffisamment de souplesse aux pays en
développement pour qu’ils puissent soutenir la production nationale,
notamment celle des denrées alimentaires de base.

Les subventions aux exportations


Certains pays proposent l’élimination totale des subventions aux
exportations, avec une réduction immédiate de 50 pour cent. D’autres
sont disposés à négocier la poursuite progressive des réductions, à
condition, toutefois, que toutes les formes de subventions aux exportations
soient couvertes. Les pays en développement importateurs nets de
nourriture craignent qu’une élimination abrupte des subventions
n’entraîne une augmentation des prix des denrées alimentaires. D’autres
soutiennent que leurs producteurs nationaux sont défavorisés, sur leur
marché national comme sur les marchés d’exportation, par la concurrence
des produits subventionnés. De nombreux pays voudraient étendre et
améliorer les règles visant à empêcher que ne soient «circonvenus» les
engagements en matière de subventions aux exportations, par
l’utilisation, voire l’abus des entreprises commerciales d’Etat, de l’aide
alimentaire et des crédits subventionnés aux exportations.

Autres thèmes concernant l’agriculture


D’autres questions Les négociations concernant l’agriculture portent sur un certain
importantes, telles que les nombre d’autres sujets, y compris le commerce d’Etat, la sécurité
entreprises commerciales alimentaire, la sécurité sanitaire des aliments, le développement
d’Etat, la sécurité rural, les appellations géographiques, les mesures de sauvegarde,
alimentaire, la sécurité l’environnement, les préférences commerciales et l’aide alimentaire.
sanitaire des aliments, le Les préoccupations spécifiques des différents groupes de pays ont
développement rural, les également été précisées. Il s’agit de petites îles, de pays enclavés, de
mesures de sauvegarde et pays en transition vers l’économie de marché, de nouveaux membres
l’environnement, font de l’OMC, d’importateurs nets de nourriture et de pays les moins
également l’objet de développés. Une question a suscité de nombreux débats: il s’agit de la
discussions. nécessité de créer des règles et des exemptions spéciales pour les
groupes vulnérables de pays, par opposition à la nécessité de fixer un
ensemble cohérent de règles commerciales internationales applicables
à tous les pays.

47
Situation mondiale

NOTES

1 Le présent rapport est basé sur les informations disponibles au plus tard en mars 2002.
On pourra trouver des informations actualisées dans le rapport bimensuel de la FAO
intitulé Cultures et pénuries alimentaires.
2 Le présent rapport est basé sur les informations disponibles au plus tard en février 2002.
On pourra trouver des informations actualisées sur le marché céréalier dans le rapport
bimensuel de la FAO intitulé Perspectives de l’alimentation.
3 Les informations intéressant cette section proviennent de la banque de données de la
FAO concernant les engagements pris par les donateurs bilatéraux et multilatéraux.
L’analyse est basée sur les données obtenues auprès de l’OCDE, sur le Rapport annuel
de la Banque mondiale et sur des données communiquées par d’autres organisations et
par des banques de développement régionales. Ces données excluent certains donateurs
et banques régionales pour lesquels on ne dispose pas de données. Elles ne comprennent
pas non plus l’aide alimentaire et la coopération technique fournies en nature.
4 La définition étroite du concept d’agriculture ne comprend que l’agriculture (cultures et
élevage), les pêches, les forêts, les services agricoles et la fourniture d’intrants, et la mise
en valeur des ressources en terres et en eau. La définition élargie de l’agriculture
comprend également, par ordre déclinant d’importance: le développement et
l’infrastructure du monde rural, la protection de l’environnement, la recherche, la
formation et la vulgarisation, la mise en valeur des régions et des bassins fluviaux, la
production d’intrants et l’agro-industrie.
5 Pour des statistiques plus détaillées sur les livraisons d’aide alimentaire céréalière et non
céréalière, consulter le site: apps.fao.org/page/collections
6 Les rapports concernant les livraisons céréalières vont de juillet à juin, tandis que ceux
concernant l’aide alimentaire non céréalière sont publiés sur la base du calendrier.
7 Les statistiques concernant la production provenant des captures et de l’aquaculture
fournies dans cette section sont basées sur des équivalents de poids vif et s’appuient sur
les données préliminaires disponibles à la FAO au moment de la rédaction.
8 Crustacés et mollusques; crustacés et mollusques – en conserve; poissons – frais,
congelés ou surgelés; poissons – en conserve; poissons – séchés, salés ou fumés; farines;
et huiles.
9 Les volumes d’exportation, exprimés en tonnes, se rapportent au poids net des denrées
et sont basés sur le poids du produit.
10 Les valeurs en dollars concernant l’exportation et l’importation sont des valeurs franco
de bord (f.o.b.) et coût, assurance, fret (c.a.f.), respectivement.
11 Sauf indication contraire, les estimations et les projections macroéconomiques contenues
dans cette section proviennent du document du FMI Perspectives économiques mondiales
2001, décembre. Washington.
12 Ibid.
13 OCDE. 2001. Perspectives économiques OCDE n° 70, décembre. Paris.
14 Banque mondiale. 2002. Les perspectives économiques mondiales et les pays en
développement. Paris.
15 Ibid (p. 40-41).
16 Pour un aperçu général, voir FAO. 2001. La situation mondiale de l’alimentation et de
l’agriculture 2001. Rome.

48
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

CHAPITRE II
SITUATION PAR RÉGION

49
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

I. Afrique
VUE D’ENSEMBLE
Situation économique générale
Légère augmentation de la La croissance économique de l’Afrique subsaharienne pour l’année 2000
croissance économique en a atteint 3 pour cent, ce qui constitue une légère amélioration par rapport
2000 et 2001. à 1999. En 2001, le PIB réel devrait augmenter de 3,5 pour cent malgré
le ralentissement de l’économie mondiale1. On estime que la croissance
s’est accélérée dans les principaux pays de la région. Pour 2002, les
projections du Fonds monétaire international (FMI) placent le taux de
croissance économique à 4,2 pour cent. De nombreux pays subsahariens
souffrent encore d’un important déficit extérieur, dû en partie à la
faiblesse des prix des produits autres que les combustibles, et d’un service
de la dette toujours élevé.
Dès lors que les exportations représentent plus d’un tiers du PIB
régional, le ralentissement mondial touche le secteur des échanges
commerciaux de marchandises, notamment le commerce avec l’Union
européenne (UE), qui absorbe environ 40 pour cent des exportations de
la région2.
La situation locale continue toutefois de jouer un rôle déterminant
dans les perspectives économiques de la plupart des pays africains. En
particulier, l’investissement privé, la diversification économique et la
croissance à long terme ont un avenir en général plus prometteur dans
les pays ayant appliqué une politique macroéconomique et structurelle
équilibrée (tels que le Botswana, le Cameroun, le Mozambique, la
République-Unie de Tanzanie et l’Ouganda). En revanche, les résultats
médiocres des politiques adoptées par un certain nombre de pays,

Tableau 5
TAUX DE CROISSANCE ANNUELLE DU PIB EN TERMES RÉELS,
AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Pays 1997 1998 1999 2000 20011 20021

(Pourcentage)
Cameroun 5,1 5 4,4 4,2 5,3 4,6
Côte d’Ivoire 6,2 5,8 1,6 -2,3 -1,5 2,8
Ghana 4,2 4,7 4,4 3,7 4,0 4,0
Kenya 2,1 1,6 1,3 -0,2 1,1 1,4
Nigéria 3,1 1,9 1,1 3,8 4,2 1,8
Ouganda 5,1 4,6 7,9 4,4 5 5,2
République-Unie de Tanzanie 3,5 3,7 3,5 5,1 4,6 4,2
Afrique du Sud 2,5 0,7 1,9 3,1 2,2 2,3
Afrique subsaharienne2 3,7 2,6 2,5 3,0 3,5 4,2
1
Projections.
2
Y compris l’Afrique du Sud.
Source: FMI.

51
Situation par région

Figure 20
AFRIQUE SUBSAHARIENNE: SÉLECTION
D’INDICATEURS

En milliards de dollars EU Pourcentage


Valeur des exportations et 14 40 

importations agricoles et part 12 35


dans les échanges totaux
10 30
de marchandises
8 25
Exportations agricoles ($EU)
6 20
Importations agricoles ($EU) 4 15
Exp. agr., part du total (%) 2 10
Imp. agr., part du total (%) 0 5
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00
Indice
Exportations agricoles 180
(Indice: 1989-1991 = 100)
160

Valeur 140

Valeur unitaire 120

Quantité 100
80
60
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00
Indice
Importations agricoles 180
(Indice: 1989-1991 = 100)
160

Valeur 140
120
Valeur unitaire
100
Quantité
80
60
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00
Indice
Termes nets de l’échange 180
entre produits agricoles
160
et recettes
(Indice: 1989-1991 = 100) 140

Termes nets de l’échange 120

Recettes 100
80
60
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99

52
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

AFRIQUE SUBSAHARIENNE: SÉLECTION


D’INDICATEURS

Pourcentage
PIB réel 6
(Evolution en pourcentage par rapport
5
à l’année précédente)
4
3
2
1
0
-1
-2
92 93 94 95 96 97 98 99 00 01
kcal
Disponibilité énergétique 2 250
alimentaire
(Kcal par habitant/jour) 2 200

2 150

2 100

2 050

2 000
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99
Indice
Production agricole 140
(Indice: 1989-1991 = 100)
130
120
Production agricole totale
110
Production alimentaire
par habitant 100
90
80
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01*

* Estimation provisoire

Source: FAO et FMI

53
Situation par région

souvent dans un climat d’incertitude politique et/ou de conflits, ont eu


des effets négatifs notables sur les prévisions de croissance durable et de
réduction de la pauvreté.
Divers secteurs de l’économie ont incontestablement joué un rôle
grandissant dans la croissance économique subsaharienne au cours des
dernières années. A partir des années 80, la croissance industrielle a
pris du retard par rapport à celle du PIB, et l’économie semble
dépendre de plus en plus de la croissance d’autres secteurs tels que
l’agriculture et les services.
Les pays africains ont connu, dans le passé, de brusques poussées de
l’investissement et de la croissance, mais ils n’ont pas réussi en général
à établir un cercle vertueux en matière d’investissement, d’épargne et
d’exportations. Les ratios de l’épargne intérieure et de l’investissement
ont chuté de façon appréciable pendant les années 80, pour se rétablir
à la fin de la décennie suivante. Pendant les années 90, l’investissement
a augmenté de 1,2 point de pourcentage en Afrique subsaharienne par
rapport aux années 80, atteignant 18,2 pour cent du PIB 3, alors que
l’épargne n’augmentait que de 0,6 pour cent pendant la même période
et représentait 14,5 pour cent du PIB4.
Les événements du 11 septembre et leurs retombées ont eu des
conséquences néfastes sur les perspectives des pays en développement
de l’Afrique subsaharienne. L’aggravation du ralentissement économi-
que mondial qui a suivi les attentats a entraîné une diminution des
cours de la plupart des produits dont un certain nombre étaient déjà
en crise. Les cours mondiaux du pétrole sont passés de plus de 25
dollars EU avant les attaques, à 18 dollars à la fin novembre 2001 5.
Devant la détérioration des perspectives d’avenir générée par ces
événements, les pays les plus pauvres de la région ont été contraints de
réviser à la baisse leurs prévisions pour l’année 2002.

Situation de l’agriculture
Les résultats agricoles ont On enregistre un tassement très marqué des résultats de l’agriculture de
été médiocres en 2000 et un l’Afrique subsaharienne en 2000. La production agricole totale a dimi-
redressement modéré était nué de 0,3 pour cent en 2000, après avoir augmenté de 3,7 et de 1,9 pour
prévu pour 2001. cent en 1998 et 1999, respectivement. La production agricole a baissé de
1 pour cent, et la production vivrière s’est contractée de 0,3 pour cent. La
production céréalière a chuté de 3,2 pour cent, pour la deuxième année
consécutive. L’augmentation de la production de racines et tubercules
n’a été que de 0,5 pour cent, alors qu’elle avait atteint 4,2 et 5,5 pour cent
en 1999 et 1998, respectivement. La croissance de 1,4 pour cent de la
production animale reflète un ralentissement par rapport aux deux
années précédentes. Les estimations préliminaires pour 2001 laissent
prévoir des résultats décevants pour l’agriculture de la région puisque les
productions agricoles ne devraient pas dépasser 1 pour cent, avec une
croissance de 0,9 pour cent de la production agricole et de 0,5 pour cent
de la production animale.

54
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

L’Afrique de l’Ouest a vu sa production agricole stagner en 2000, après


une croissance appréciable de 6 et de 3 pour cent en 1998 et 1999,
respectivement. Dans plusieurs pays, notamment au Bénin, en Gambie
et au Libéria, elle a fortement augmenté, alors que le résultat total net
enregistré au Burkina Faso, au Mali, au Niger, en Sierra Leone et au
Togo était en franche diminution. La production agricole a chuté
d’environ 0,3 pour cent. La production céréalière a baissé de 3,5 pour
cent en 2000, la diminution atteignant 12,7 pour cent dans les pays du
Sahel. La production de racines et tubercules a augmenté de 2 pour cent
pendant la période, un taux très inférieur à la croissance enregistrée au
cours des deux années précédentes. Il faut signaler cependant une forte
croissance de la production de manioc dans plusieurs pays dont le Bénin,
la Côte d’Ivoire, le Libéria, le Niger et le Sénégal. La production animale
a augmenté de 27,4 et de 8,4 pour cent en Côte d’Ivoire et au Ghana,
respectivement, mais la hausse n’a été que de 2 pour cent pour l’ensem-
ble de la région.
Les estimations préliminaires pour 2001 portent à croire que la
progression de la production agricole ne dépassera pas 0,5 pour cent.
Toutefois, la saison des pluies a été favorable à la production céréalière
des pays du Sahel et des récoltes records sont prévues au Burkina Faso,
en Gambie et au Niger.
En Afrique centrale, la production agricole a diminué de 1 pour cent
en 2000, après avoir reculé de 1,7 pour cent en 1999. La production
agricole et animale a baissé de 4,1 et de 0,7 pour cent, respectivement,
pour la deuxième année consécutive. Au Cameroun et en République
centrafricaine, une croissance de la production totale de 2,4 et 3,7 pour
cent, respectivement, a été enregistrée, imputable en grande partie au
vigoureux développement de la production céréalière; par contre, au
Tchad et en République démocratique du Congo, la production a
diminué de 7,6 et 3 pour cent, respectivement.
Les estimations pour 2001 semblent indiquer de nouveau une légère
contraction de la production agricole totale de la région. Un accroisse-

Tableau 6
TAUX DE CROISSANCE NET DE LA PRODUCTION, AFRIQUE SUBSAHARIENNE1

Année Agriculture Cultures Céréales Racines et tubercules Bétail Produits alimentaires

(Pourcentage)
1992–96 3,9 4,4 5,8 2,4 2,6 3,7
1997 0,5 0,2 -4,2 2,0 1,4 0,3
1998 3,7 4,1 4,1 5,5 2,6 3,9
1999 1,9 1,8 -0,6 4,2 2,5 2,5
2000 -0,3 -1,0 -3,2 0,5 1,4 -0,3
20012 0,8 0,9 2,4 0,7 0,5 0,6
1
Afrique du Sud exclue.
2
Chiffres provisoires.
Source: FAOSTAT.

55
Situation par région

ment modéré est prévu pour le Cameroun et le Tchad. En République


du Congo, la situation des approvisionnements alimentaires ne s’est pas
améliorée, et les troubles civils permanents laissent encore une fois
prévoir une diminution de la récolte céréalière.
L’Afrique de l’Est a également enregistré des résultats agricoles
insuffisants en 2000, puisque la production a diminué de 0,5 pour cent
après avoir augmenté seulement de 1,1 et de 1,5 pour cent en 1998 et
1999 respectivement. La baisse de la production a été particulièrement
sensible au Burundi, en Erythrée et au Mozambique. Le Rwanda et le
Zimbabwe ont au contraire fait état d’une croissance prononcée de la
production totale. La production agricole a baissé de 1 pour cent, les
contractions les plus importantes étant enregistrées en Erythrée, au
Kenya et au Mozambique. Les récoltes favorables du Rwanda, de la
Somalie et du Zimbabwe ont été contrebalancées par des baisses
substantielles au Burundi, en Erythrée, au Kenya, à Madagascar, au
Mozambique et en République-Unie de Tanzanie, qui ont entraîné
une diminution de 3,5 pour cent de la production céréalière en 2000.
La production de racines et tubercules n’a augmenté que de 0,5 pour
cent après des hausses de 6,7 et 8,2 pour cent en 1998 et 1999,
respectivement. La production animale n’a augmenté que de 0,5 pour
cent. Selon les estimations, la sécheresse qui a sévi dans les zones
pastorales d’Ethiopie, du nord du Kenya et de la Somalie a entraîné la
perte d’environ 3 millions de têtes de bétail6. Au Mozambique, environ
350 000 têtes de bétail ont été perdues ou ont subi des lésions
importantes par suite des inondations.
Les estimations pour 2001 indiquent que la production agricole n’a
augmenté que de 1,3 pour cent, la production céréalière de 1,6 pour
cent et la production animale de 0,8 pour cent. En Somalie, la produc-
tion céréalière s’est accrue de près de 54 pour cent en 2000, mais les
perspectives de la situation alimentaire sont inquiétantes pour l’année
2001. En Erythrée, la situation alimentaire demeure précaire en raison
de la guerre avec l’Ethiopie, et de la sécheresse qui a sévi en 2000. Le
déplacement de centaines de milliers d’agriculteurs, qui ont dû quitter
des régions agricoles riches fournissant normalement plus de 70 pour
cent des céréales du pays, a entraîné une baisse brutale de la production
céréalière en 2000, et les perspectives ne sont pas favorables pour 2001.
Au Soudan, le débordement du Nil dans les régions du nord a déplacé
des dizaines de milliers de personnes, détruit les cultures et aggravé la
situation déjà très précaire des approvisionnements alimentaires. Mal-
gré cela, les perspectives générales concernant la production de céréales
secondaires sont favorables pour 2001. Les prévisions semblent égale-
ment plus propices en Ouganda grâce à l’amélioration des conditions
des pâturages et des disponibilités en eau pour le bétail dans les districts
de Kotido et de Moroto.
En Afrique australe (à l’exclusion de l’Afrique du Sud), la produc-
tion agricole a baissé de 3,3 pour cent en 2000 après une croissance

56
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

de 14,2 pour cent en 1999. La production agricole et animale a


diminué respectivement de 3 et de 3,9 pour cent. La production
céréalière a toutefois augmenté de 6,8 pour cent, des récoltes parti-
culièrement abondantes ayant été signalées au Botswana et en Nami-
bie. En Afrique du Sud, la production agricole a enregistré une hausse
de 3,4 pour cent en 2000, après une croissance de 6,5 pour cent en
1999. La production agricole a augmenté de 5,2 pour cent, la
production céréalière progressant de 37,1 pour cent après avoir
reculé pendant trois années consécutives.
Pour 2001, les projections laissent prévoir une poursuite de la baisse
de la production agricole d’environ 0,5 pour cent. On estime que la
combinaison de longues périodes de sécheresse, d’inondations graves et
de perturbations de l’activité agricole entraînera des déficits de la
production dans la région. Les estimations préliminaires pour 2001
indiquent une réduction de la production céréalière de plus de 8 pour
cent par rapport à l’année précédente. En Afrique du Sud, les projections
font également état d’une baisse de 5,7 pour cent de la production
agricole nette, la production céréalière devant chuter de 10,5 pour cent.

PRODUCTIVITÉ DES AGRICULTRICES EN AFRIQUE


SUBSAHARIENNE
Introduction
La nécessité de se pencher sur le problème de la productivité des
agricultrices, qui peuvent devenir un moteur efficace de changement
social, se fait de plus en plus sentir en Afrique subsaharienne. Dans la
plupart des pays de la région, les femmes jouent un rôle capital dans les
activités agricoles, avant et après la récolte. Les communautés rurales
sont toutefois régies par un système complexe de droits et d’obligations
obéissant à des normes sociales et religieuses, qui déterminent la division
du travail entre les hommes et les femmes et génèrent des contraintes
pour les agricultrices. Il est nécessaire de bien comprendre l’importance
du rôle de celles-ci, et les astreintes auxquelles elles sont soumises, avant
d’élaborer des mesures visant à améliorer la productivité et le dévelop-
pement socioéconomique.

Rôle et importance des agricultrices


En Afrique subsaharienne, En Afrique subsaharienne, les femmes représentent entre 60 et 80 pour
la main-d’œuvre destinée à cent de la main-d’œuvre utilisée dans la production alimentaire destinée
la production alimentaire à la consommation des ménages ou à la vente 7. Cette prédominance des
est composée en majorité de femmes dans l’agriculture est accentuée par l’accélération de l’exode des
femmes. hommes hors du secteur8. Les petits exploitants sont actuellement
composés en majorité de femmes, qui fournissent la plus grande part de
la main-d’œuvre et effectuent quotidiennement une partie importante
des activités agricoles9.
Par tradition, les hommes et les femmes ont des rôles différents dans
l’agriculture africaine. Les hommes réalisent le défrichage et les femmes

57
Situation par région

Encadré 4 Le manioc est le tubercule le L’introduction récente de nou-


plus cultivé en Afrique velles variétés (notamment les
LE MANIOC ET LE subsaharienne et occupe le variétés TMS2 de l’Institut inter-
RÔLE DES FEMMES deuxième rang parmi les den- national d’agriculture tropicale
rées de base en ce qui concerne [IITA]) a fait passer le manioc du
l’énergie alimentaire consom- rang de culture de subsistance
mée par habitant1. De plus, sa traditionnelle à bas rendement,
résistance aux contraintes utilisée pour la constitution de
environnementales extrêmes et réserves contre les pénuries, à
son adaptabilité aux sols pau- celui de culture de rente haute-
vres lui confèrent une impor- ment performante. De plus en
tance prépondérante dans la lutte plus, la production est destinée à
contre l’insécurité alimentaire la consommation urbaine après
et la pauvreté du monde rural. transformation en gari (produit
La production de manioc de la à valeur ajoutée constitué de
région a augmenté considéra- grumeaux grillés) à l’aide de râ-
blement au cours des 20 derniè- pes mécaniques.
res années, passant de 48 à près Les multiples usages du ma-
de 94 millions de tonnes entre nioc expliquent en partie cette
1980 et 2001, en même temps tendance: en tant que produit
que la superficie cultivée passait alimentaire, il peut entrer dans la
de 7 à 10 millions d’hectares. fabrication du pain, des céréales
L’Afrique subsaharienne fournit et des repas légers, des soupes,
actuellement plus de la moitié des émulsifiants de boissons, des
du manioc mondial. succédanés en poudre de la

PRODUCTION DE MANIOC, SUPERFICIE CULTIVÉE ET RENDEMENTS

Pays Production Superficie récoltée Rendements

1980 2001 1980 2001 1980 2001

(Millions de tonnes) (Millions d’ha) (Tonnes/ha)


Nigéria 11 34 1 3 9,6 10,8
République démocratique du Congo 13 16 2 1 7,0 14,5
Ghana 2 8 0,2 0,6 8,1 12,1
République-Unie de Tanzanie 5 6 0,4 0,9 10,7 6,8
Mozambique 4 5 0,9 0,9 4,1 5,8
Ouganda 2 5 0,3 0,4 6,9 13,0
Angola 1 3 0,3 0,5 3,4 6,0
Afrique subsaharienne 48 94 7 10 6,9 9,1
Monde 124 176 14 16 9,1 10,7
Source: FAOSTAT.

58
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

crème et des pâtisseries. Par vés au râpage et au broyage, où la importante. Le rôle des hommes
ailleurs, la fécule de manioc est farine et le manioc râpé sont pla- est encore primordial dans la
utilisée dans divers secteurs in- cés dans des sacs et empilés dans préparation des terres et le la-
dustriels, tels que la fabrication des dispositifs traditionnels per- bourage, mais les femmes four-
du papier ou les produits cosmé- mettant l’écoulement de la fécule. nissent le gros de la main-d’œuvre
tiques et pharmaceutiques. Actuellement, ce sont en général utilisée pour le désherbage, la
Le rôle des femmes dans la encore les femmes et les jeunes récolte, le transport et la trans-
culture du manioc est de plus en filles qui s’occupent du grillage et formation. Elles s’occupent éga-
plus manifeste. Ce sont elles qui du tamisage du gari. lement des étapes ultérieures:
réalisent la majorité des opéra- Une étude récente3 montre transport, traitement et com-
tions de transformation, telles que que la participation des femmes mercialisation.
l’écorçage, le lavage, le transport aux travaux de production de- L’intensification de la produc-
jusqu’aux emplacements réser- vient également de plus en plus tion commerciale de manioc à

DIVISION DU TRAVAIL POUR LA PRODUCTION DU


MANIOC, VENTILATION PAR TÂCHES
MOYENNE POUR SIX PAYS AFRICAINS

Pourcentage des champs de manioc


Hommes et femmes
100

Hommes 90

80
Femmes
70

60

50

40

30

20

10

Source: F.I. Nweke, D.S.C. Spencer


Défrichage

Labours

Ensemen-
cement

Désherbage

Récolte

Transport

Transfor-
mation

et J.K. Lynam. 2002.


The cassava transformation:
Africa’s best-kept secret.
Michigan State University Press,
East Lansing, Etats-Unis

59
Situation par région

Ghanéennes occupées à peler

FAO/18293/P. CENINI
des racines de manioc
Le manioc est une partie
importante de l’alimentation
d’un grand nombre
d’habitants pauvres de
l’Afrique

laquelle on assiste depuis peu outre, les femmes manquent en- sibles à la parité hommes-fem-
accentuera encore l’importance core de pouvoir décisionnel. Les mes, et des changements tech-
du rôle des femmes, puisque décisions du ménage sont prises nologiques et institutionnels spé-
c’est dans les activités après ré- en général par le chef de famille cialement axés sur les femmes
colte que l’utilisation de la main- qui, lorsqu’une part importante permettrait d’améliorer la pro-
d’œuvre féminine est prédomi- des produits est destinée à la ductivité dans ce secteur.
nante (voir la figure). vente, décide de l’usage qu’il sera L’autonomisation des femmes est
Il y a cependant des excep- fait de l’argent gagné. Les fem- essentielle pour le succès de l’éco-
tions. Ainsi, le râpage et le pres- mes ne sont autorisées à gérer nomie du manioc.
sage, qui ont été mécanisés au que les ventes mineures de ma-
Ghana et au Nigéria, sont effec- nioc qui leur permettront d’ache-
tués principalement par des ter les produits familiaux de pre-
hommes4. Au Nigéria, la trans- mière nécessité, comme le sa-
formation est réalisée à parts von, les allumettes et le sel.
égales par les hommes et les Le manioc continue de gagner
femmes. Les restrictions d’ac- en importance dans de nombreux
cès à la propriété pour les fem- pays subsahariens, aussi bien 1
Le manioc fournit 286 kilocalories (kcal)/
mes peuvent expliquer cette comme denrée de base que personne/jour, sur un total de 2 198 kcal/
personne/jour.
répartition des tâches. Selon comme culture de rapport. Le 2
Tropical Manioc Selection Varieties.
l’étude susmentionnée, les hom- niveau de participation de la main- 3
Il s’agit de l’Etude collaborative du manioc
mes possèdent deux fois plus de d’œuvre féminine dans la pro- en Afrique (COSCA) réalisée par l’Institut
international d’agriculture tropicale de 1989
machines de transformation des duction, la récolte, le transport à 1997 à partir de données obtenues dans
aliments que les femmes, bien et la transformation du produit 281 villages répartis dans 6 pays africains
que celles-ci puissent disposer est déjà élevé et tend à augmen- (F.I. Nweke, D.S.C. Spencer et J.K. Linam.
2002. The cassava transformation: Africa’s
de ce matériel aussi bien que les ter. L’application de mesures ci-
best-kept secret. Michigan State University
hommes. blées dans le domaine du crédit, Press, East Lansing, Etats-Unis).
Dans de nombreux cas, en des services de vulgarisation sen- 4
Ibid.

60
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

se chargent de la plupart des autres activités agricoles, notamment du


désherbage et de la transformation. Depuis l’époque coloniale, les
hommes s’occupent surtout des cultures de rente et les femmes des
cultures vivrières et maraîchères, ainsi que du petit bétail et de la
transformation des produits. Pour des raisons biologiques et culturelles,
les femmes travaillent en général à la ferme. Par ailleurs, les hommes et
les femmes sont responsables de leurs propres intrants et contrôlent leur
production. En Afrique subsaharienne, la terre a toujours été la pro-
priété des hommes, bien que des parcelles soient parfois cultivées
conjointement ou séparément par des hommes et des femmes.
Le rôle traditionnel des Avec le temps, ces modèles traditionnels se sont modifiés. Les familles
hommes et des femmes se où l’autorité est exercée par des femmes sont devenues de plus en plus
modifie. fréquentes dans de nombreux pays. Au milieu des années 80, environ
31 pour cent des foyers ruraux étaient dirigés par des femmes – une
proportion très supérieure à celle des autres régions. La tendance varie
toutefois largement puisque la proportion de foyers à dominance
féminine s’échelonnait entre 10 pour cent au Burkina Faso et au Niger
au début des années 90, 46 pour cent au Botswana, et 72 pour cent au
Lesotho à la fin des années 8010. De plus, la pression démographique et
les possibilités d’emploi en dehors de l’exploitation agricole pour les
hommes ont entraîné une augmentation de la proportion des femmes
devenues exploitantes de facto. L’autonomie et l’autorité des femmes au
sein de ces ménages varient avec le temps. Dans certains cas, les hommes
reviennent travailler sur l’exploitation pour la saison de pointe. La
main-d’œuvre rurale manque fréquemment d’hommes âgés de 20 à 40
ans, et les femmes sont plus nombreuses que les hommes dans la tranche
d’âge de 20 à 44 ans. Ainsi, au Kenya, environ 86 pour cent des
agriculteurs sont des femmes, 44 pour cent travaillant à leur compte et
42 pour cent représentant leur mari pendant son absence 11. Les femmes
prennent donc une part plus importante que les hommes à la majorité

Tableau 7
NOMBRE MOYEN D’HEURES JOURNALIÈRES
CONSACRÉES AUX ACTIVITÉS AGRICOLES ET NON
AGRICOLES,VENTILATION PAR SEXE, 1994

Pays Activités agricoles Activités non agricoles

Hommes Femmes Hommes Femmes

(Heures)
Burkina Faso 7,0 8,3 1,7 6,0
Kenya 4,3 6,2 3,8 6,1
Nigéria 7,0 9,0 1,5 5,0
Zambie 6,4 7,6 0,8 4,6
Source: K.A. Saito, H. Mekonnen et D. Spurling. 1994. Raising productivity of women farmers in
sub-Saharan Africa. Document de séance no 230, Banque mondiale. Washington.

61
Situation par région

des phases du cycle de production des cultures vivrières, des cultures de


rente et du bétail – qui s’ajoutent au travail domestique et aux activités
secondaires génératrices de revenus.
Les femmes participent également de façon plus régulière que les
hommes à l’ensemble des activités de l’exploitation et des phases du cycle
de production. Elles fournissent presque toute la main-d’œuvre et gèrent
au quotidien de nombreuses exploitations. Comme semble l’indiquer le
tableau 7, bien que les chiffres soient loin d’être homogènes, le temps de
travail des femmes est plus élevé que celui des hommes et elles consacrent
plus de temps aux activités agricoles.

Ecarts de productivité agricole selon le sexe et contraintes


auxquelles doivent faire face les agricultrices
S’il est certain que les hommes et les femmes sont en général soumis aux
mêmes contraintes extérieures, les facteurs de production dépendant de
l’intervention humaine ne leur sont pas accordés de la même façon. Ils ne
sont pas dotés, par exemple, des mêmes droits fonciers, ne reçoivent pas
la même éducation et leurs accès aux technologies, à la main-d’œuvre,
aux capitaux, aux services de soutien et aux facilités de crédit sont
différents. Cette disparité donne lieu à des écarts de productivité, au
détriment des femmes.

Figure 21
AFRIQUE SUBSAHARIENNE: PRODUCTIVITÉ ET
VENTILATION PAR SEXE DE LA MAIN-D’ŒUVRE
DU SECTEUR AGRICOLE EN 2000

1
Production par ouvrier

10

6
5

1 0
Population active du secteur agricole.
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8
Source: FAOSTAT
Ratio hommes-femmes de la main-d'œuvre1

62
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Dans l’agriculture, La productivité comparée des hommes et des femmes dans l’agricul-
la productivité des femmes ture africaine subsaharienne a fait l’objet de nombreuses analyses. Les
est inférieure à celle des conclusions indiquent que la productivité inférieure chez les agricultrices
hommes. est fréquemment causée par un accès insuffisant aux ressources. La faible
productivité des femmes apparaît également dans la figure 21: la produc-
tion moyenne par agriculteur tend12 à être plus basse dans les pays où la
part des femmes dans la main-d’œuvre agricole dépasse celle des hommes.
Les analystes s’accordent pour reconnaître que les femmes ne sont pas
moins efficaces que les hommes dans l’utilisation des ressources13, et que
la faible productivité observée semble plutôt déterminée par un manque
d’intrants complémentaires.
Au Burkina Faso, on constate qu’au sein d’une même famille, les
femmes obtenaient par rapport aux hommes des rendements de 30 pour
cent inférieurs à la moyenne sur les mêmes cultures et au cours de la
même campagne14. Cet écart provient d’une utilisation inférieure de
main-d’œuvre masculine et enfantine sur les parcelles cultivées par les
femmes et de l’accumulation de la quasi-totalité des engrais sur les
parcelles cultivées par les hommes. On a estimé qu’une réaffectation des
facteurs variables de production des parcelles cultivées par des hommes
aux parcelles cultivées par des femmes entraînerait une augmentation de
la production des ménages de 10 à 20 pour cent. L’une des principales
conclusions de cette étude est d’avoir mis en évidence le fait que la logique
de comportement des familles est différente de celle des individus, et
qu’une modélisation appropriée du processus décisionnel complexe des
foyers est indispensable pour améliorer les orientations politiques.
La productivité inférieure Au Kenya, on a découvert que la valeur brute de la production par
des femmes semble hectare des parcelles cultivées par des hommes était supérieure de 8 pour
provenir de l’inégalité de cent à celle des femmes15. Selon les estimations, la productivité des
l’accès aux ressources et à femmes augmenterait d’environ 22 pour cent si elles utilisaient les mêmes
l’éducation. ressources que les hommes. L’étude concluait que, l’éducation des
femmes, plus que celle des hommes, permettrait d’intensifier l’usage des
nouvelles technologies. Il ressort d’une autre étude que si l’on fournis-
sait aux femmes le même capital physique et humain qu’aux hommes,
les rendements augmenteraient de 7 à 9 pour cent 16, et que la
formation scolaire des femmes a plus d’incidence sur la production
agricole que celle des hommes dans la mesure où, lorsque ces derniers
reçoivent une éducation plus poussée, ils ont tendance à rechercher un
emploi en dehors de l’exploitation, et ont plus de chances de le trouver
et de le conserver. Les femmes trouvent rarement du travail extérieur.
De nombreux facteurs permettent d’expliquer la faible productivité
obtenue par les femmes dans l’agriculture. Elles ont, en qualité comme
en quantité, moins accès aux informations, à la technologie, à la terre,
aux intrants et au crédit. Les décideurs, hommes d’affaires, agents et
participants aux services de soutien agricole sont généralement de sexe
masculin et ne se rendent pas toujours compte des problèmes et des
besoins particuliers des agricultrices. Il s’ensuit que les services d’infor-

63
Situation par région

mation et de vulgarisation s’adressent généralement aux hommes en


partant du principe que le message sera transmis aux femmes, ce qui, à
l’évidence, n’est pas le cas.
L’accès des femmes à la En Afrique subsaharienne, les femmes sont particulièrement défavo-
terre est un problème risées par rapport aux hommes du fait de la taille réduite des parcelles
particulier. qui leur sont allouées et des incertitudes en matière de faire-valoir 17.
Certains facteurs d’ordre juridique et institutionnel restreignent leur
accès à la terre tels les discriminations légales qui leur interdisent toute
propriété ou héritage fonciers. Les législations ont été modifiées et les
femmes peuvent à présent devenir propriétaires; pourtant, dans de
nombreux pays de la région, les traditions et les coutumes continuent de
faire obstacle à l’exercice effectif de ces droits. Par exemple, à Wadi
Kutum, au Soudan, des titres de propriété de biens fonciers appartenant
à des femmes ont été enregistrés au nom des hommes sans que cela
suscite une quelconque protestation de la part des femmes. Par coutume,
elles considéraient que les relations avec les pouvoirs publics relevaient
des prérogatives masculines18. L’absence de titre de propriété empêche
souvent les femmes de devenir sociétaires de coopératives ou d’autres
organisations rurales, et même d’accéder au crédit dans la mesure où
elles ne peuvent pas constituer la garantie voulue. De nombreux pays en
développement ont confirmé dans leurs lois le droit fondamental de la
femme à la propriété foncière, mais ces mesures sont peu appliquées
dans les faits.
Au Kenya, au Malawi, en Sierra Leone, en Zambie et au Zimbabwe, les
femmes reçoivent en général moins de 10 pour cent du crédit accordé
aux petits exploitants et seulement 1 pour cent du crédit octroyé au
secteur agricole19. Il y a, en Afrique subsaharienne, plus de femmes que
d’hommes trop pauvres pour acheter des intrants, tels que les engrais et,
pour les institutions financières classiques, elles ne sont pas considérées
comme solvables.
Les services de formation et de vulgarisation et, en particulier, le
recours à des agents de vulgarisation de sexe féminin sur le terrain ont
été retenus parmi les principaux facteurs susceptibles d’augmenter la
productivité des femmes20. Toutefois, 7 pour cent seulement des services
de vulgarisation présents en Afrique étaient destinés aux agricultrices en
1988 et à peine 11 pour cent du personnel de vulgarisation était de sexe
féminin, ce qui constitue un exemple frappant d’«aveuglement vis-à-vis
de la problématique homme-femme»21.

Remarques finales et incidences politiques


La productivité des femmes semble inférieure à celle des hommes en
Afrique subsaharienne, ce qui ne signifie aucunement que leur potentiel
productif soit faible, ni que leur rôle dans l’agriculture peut être négligé.
Au contraire, les faits prouvent que la faible productivité apparente des
femmes est le résultat des contraintes sociales et économiques auxquelles
elles se trouvent confrontées. Pour améliorer cette productivité dans la

64
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

région, une évolution radicale est indispensable. La législation et les


coutumes entravant l’accès des femmes aux facteurs de production, tels
que la terre, le crédit, les intrants, l’information et la technologie, doivent
faire place à des lois et des politiques moins discriminatoires. Les mesures
doivent être adaptées à chaque situation. Les interventions doivent être
justifiées sur le plan technique et se conformer aux préceptes sociocultu-
rels et religieux de la communauté agricole, ainsi qu’à ses ressources.
Toutefois, il est vraisemblable qu’aucune solution ne garantira des
résultats rapides et importants; en effet, c’est de la capacité des femmes
à changer elles-mêmes d’attitude que dépend le succès de la plupart des
mesures correctrices requises. On peut considérer que l’un des enjeux les
plus importants auquel fait face l’agriculture de l’Afrique subsaharienne
de nos jours consiste à trouver les méthodes qui permettront aux femmes
de prendre de plus en plus conscience des inégalités dont elles sont
victimes en raison de leur sexe, et des inefficacités qui en sont les
conséquences, et à leur offrir plus de pouvoir dans leurs choix publics.

LUTTE CONTRE LA MOUCHE TSÉ-TSÉ


ET LA TRYPANOSOMOSE22
Introduction
Trente-sept pays africains La trypanosomose animale africaine23 infeste de 9 à 10 millions de
sont touchés par la mouche kilomètres carrés, soit 37 pour cent du continent, et touche 37 pays 24.
tsé-tsé et la trypanosomose Quelque 45 millions de têtes de bétail et un grand nombre d’autres
africaine. animaux domestiques vivent à l’intérieur ou en bordure immédiate des
zones infestées. D’après l’OMS, plusieurs millions d’êtres humains sont
également menacés: des dizaines de milliers de décès sont attribués
chaque année à la maladie du sommeil, la forme humaine de la
trypanosomose, et on estime qu’entre 300 000 et 500 000 personnes
souffrent de cette forme généralement mortelle de la maladie 25.
La maladie entraîne une perte de productivité chez les animaux et, non
traitée, elle est fréquemment mortelle. Actuellement, la présence de
glossines oblige les agriculteurs à maintenir à un niveau infime la charge
de bétail sur de vastes territoires, et les pertes estimées sont considérables,
tant en production qu’en productivité26. Les coûts de la lutte et de
l’éradication de la mouche tsé-tsé et de la trypanosomose sont cependant
très élevés et l’on dispose de relativement peu d’éléments qui permet-
traient d’en effectuer une analyse coûts/avantages à l’échelle subsaharienne.

Incidence directe de la trypanosomose


La maladie réduit la La maladie agit directement sur la productivité du bétail par:
productivité du bétail. • la réduction des taux de vêlage de 1 à 12 pour cent pour les races
trypanotolérantes et de 11 à 12 pour cent pour les races sensibles;
• l’augmentation de la mortalité des veaux de 0 à 10 pour cent pour les
races tolérantes et de 10 à 20 pour cent pour les races sensibles;
• la diminution de la production laitière de 10 à 26 pour cent chez les
races tolérantes 27.

65
Situation par région

Malgré des écarts appréciables entre les observations, on peut estimer


au bas mot à 20 pour cent la diminution moyenne de la production de
viande et de lait du cheptel dans les zones exposées à la mouche tsé-tsé 28.
Du fait que les agriculteurs gardent leurs animaux hors des zones
fortement exposées à la glossine ou au risque de trypanosomose, la
réduction de l’effectif du cheptel bovin total atteint 30 à 50 pour cent.
Les observations fondées sur des pratiques effectives (par opposition
aux expériences réalisées sous contrôle) appliquées par un échantillon
de propriétaires de bovins du Burkina Faso indiquent que 87 pour cent
des interrogés ont signalé une diminution substantielle des pertes
causées par la trypanosomose animale africaine à la suite de la mise en
œuvre des mesures de lutte contre la mouche tsé-tsé. Les éleveurs ont
estimé que le taux de mortalité global est passé de 63 pour cent en
1993/94, avant les mesures de lutte et à 7 pour cent en 1996/97, après
l’application des mesures29.
Les données du Système d’information du PLTA permettent d’esti-
mer que dans l’éventualité théorique d’une élimination totale et instan-
tanée de la mouche tsé-tsé dans les zones exposées à ce vecteur, le nombre
de têtes de bétail pourrait augmenter de 200 pour cent30.

Conséquences indirectes de l’épizootie


La maladie a également des Les effets indirects de la trypanosomose sur la production agricole,
incidences négatives sur les l’utilisation des sols, la structure et le fonctionnement de l’écosystème, et
systèmes de production le bien-être des habitants, peuvent avoir plus d’importance que ses effets
agropastoraux. directs. Par exemple, sur de nombreux territoires, la trypanosomose fait
obstacle à la mise en place de systèmes de production agropastoraux
intégrés. Le labourage doit alors être effectué manuellement et la
productivité agricole est inférieure à celle qui serait obtenue avec des
animaux de trait sains.
Des données recueillies en Ethiopie permettent de conclure que dans
une région infestée par la mouche tsé-tsé, un attelage de bœufs n’est
capable de cultiver que 60 pour cent de la superficie qui serait cultivable
dans une zone saine31. La maladie peut dissuader les agriculteurs

Tableau 8
EFFECTIF DU BÉTAIL, BÉTAIL À RISQUE ET BÉTAIL NON CONSERVÉ PAR SUITE
D’INFESTATIONS DE MOUCHES TSÉ-TSÉ1

Cheptel total Bétail à risque Bétail non conservé par suite


d’infestations de mouches tsé-tsé

(Milliers de têtes)
Afrique subsaharienne 196 196 45 343 90 743
1
Sur la base de données de 1997.
Source: FAOSTAT; PAAT; M. Gilbert, C. Jenner, J. Pender, D. Rogers, J. Slingenbergh et W. Wint. 1999. The development and use of the
Programme Against African Trypanosomiasis Information System. Etude établie pour la Conférence du Comité scientifique international de
recherches et de lutte contre la trypanosomiase (CSIRTC), 27 septembre-1er octobre 1999. Mombasa, Kenya.

66
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Encadré 5 Le Programme de lutte contre la moyens d’existence d’un côté et,


LE PROGRAMME DE trypanosomose africaine (PLTA) de l’autre, la préservation des
LUTTE CONTRE LA a été approuvé en 1997 par la ressources naturelles et la préven-
TRYPANOSOMOSE Conférence de la FAO. En combi- tion de la dégradation de l’environ-
AFRICAINE nant les forces de la FAO, de nement.
l’OMS, de l’Agence internationale Au sein du PLTA de nombreux
de l’énergie atomique (AIEA) et débats ont porté sur la priorité à
de l’Organisation de l’unité afri- donner aux interventions contre
caine (OUA)/Bureau interafricain la glossine en les intégrant au sys-
pour les ressources animales tème de production agricole géné-
(BIRA), le programme poursuit ral dans des zones limitées et plei-
divers objectifs: nement délimitées. Ce principe a
• assurer la mise en place été admis, et il est désormais
d’une méthode homogène considéré comme une condition
et durable visant à l’amélio- essentielle au succès du programme.
ration de la santé humaine En effet, l’intégration des opéra-
ainsi qu’au développement tions contre la mouche tsé-tsé et
socioéconomique et agri- la trypanosomose dans le proces-
cole durable des régions in- sus général du développement et
festées par la glossine; de la production agricoles permet
• encourager la formation d’al- de favoriser au maximum les cou-
liances entre les pays et coor- ches pauvres de la population ru-
donner leurs efforts dans une rale tout en limitant les effets néga-
optique d’harmonisation des tifs sur l’environnement. Cette
interventions contre la approche viendra ainsi renforcer
trypanosomose et la glossine; la lutte durable contre le ravageur
• mettre en œuvre la lutte inté- dans des systèmes d’exploitation
grée contre la trypanosomose agricole ciblés, et donnera aux
en Afrique. éleveurs et aux propriétaires de
Le PLTA s’intéresse principale- troupeaux de meilleures possibili-
ment à la conception et à l’applica- tés d’adoption de mesures.
tion de normes fondées sur des Devant l’ampleur et la com-
données scientifiques permettant plexité de la lutte contre la glossine
d’évaluer les avantages et les coûts et la trypanosomose dans le con-
économiques et sociaux de la lutte texte de plans nationaux et régio-
contre la mouche tsé-tsé et la naux de lutte contre la pauvreté,
trypanosomose, ainsi que son im- les méthodes fondées sur la tech-
pact sur l’environnement. Le pro- nologie, qui étaient de mise dans le
gramme étudie et analyse l’équili- passé, laissent progressivement la
bre entre les besoins de la popula- place aux efforts multidisciplinaires
tion dans le domaine de la sécurité qui aspirent à traiter le problème
alimentaire et de la poursuite des dans son ensemble.

67
Situation par région

d’implanter, dans les zones exposées, certaines espèces qui seraient bien
adaptées à la traction animale. C’est ainsi que l’on utilise peu le zébu ouest-
africain et le cheval dans les zones semi-arides humides et sub-humides
sèches de l’Afrique de l’Ouest en raison du risque de trypanosomose
animale africaine.
L’utilisation réduite de la traction animale en Afrique subsaharienne,
même dans les zones non atteintes par le trypanosome, signifie que des
mesures complémentaires – formation, crédit et infrastructure – sont
nécessaires pour tirer tout le profit de la lutte contre la mouche tsé-tsé.
Parmi les effets néfastes de la trypanosomose, il faut également
mentionner la diminution de l’efficacité du recyclage des éléments
nutritifs, de la diversification des revenus et de l’accès au crédit. En outre,
l’introduction de vaches laitières non trypanotolérantes pourrait appor-
ter une augmentation très substantielle de la production de lait (qui
pourrait être décuplée)32.

Rapports coûts/avantages de la lutte contre la mouche tsé-tsé


Le rapport entre le coût de la lutte contre la mouche tsé-tsé et la
Pose d’un piège à mouche tsé-tsé trypanosomose, ou de leur éradication, et les avantages obtenus, dépend
Cette technique de capture, de plusieurs facteurs. Dans les régions faiblement exposées, par exemple,
comparativement à d’autres la technique la plus profitable peut consister à recourir à des trypanocides 33.
méthodes, est attrayante par Le type de lutte applicable contre la mouche tsé-tsé et la trypanosomose
son faible prix, sa souplesse
d’emploi et son respect de (voir encadré 6) varie selon l’environnement agricole, la topographie, le
l’environnement degré de risque lié au vecteur, le type d’insecticide utilisé, l’échelle de

FAO/8948/J. VAN ACKER

68
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

l’opération et le calendrier envisagé; un grand nombre de méthodes


différentes sont donc nécessaires en Afrique subsaharienne, ce qui rend
très complexe toute tentative d’évaluation du rapport coûts/avantages de
cette lutte.
Selon les études réalisées, les Une étude des rapports coûts/avantages pour différentes techniques,
rapports coûts/avantages sont durées et niveaux de risque d’exposition à la mouche tsé-tsé, fondée sur
favorables à la lutte contre la des données obtenues au Burkina Faso, semble indiquer que lorsque le
mouche tsé-tsé. risque d’exposition est peu élevé, l’utilisation de trypanocides pour
combattre la trypanosomose constitue l’option la plus rentable, sauf sur
une durée très longue. La comparaison entre l’utilisation de pièges et
l’épandage d’insecticide indique que la seconde technique génère des
rapports coûts/avantages supérieurs uniquement lorsqu’elle est appli-
quée sur une période prolongée et que le taux d’intérêt utilisé pour
l’actualisation des profits futurs est faible. La technique de l’insecte stérile
(TIS) est rentable uniquement dans des régions où le risque représenté
par la mouche tsé-tsé est relativement élevé et sur le long terme (15 ans).
Même dans ces conditions, la TIS ne soutient pas la comparaison avec les
méthodes recourant aux pièges et aux insecticides34.
Une autre étude, réalisée à partir de données portant sur un grand
nombre de techniques, après quelques hypothèses simplificatrices, a
permis d’évaluer les rapports coûts/avantages de la lutte contre la glossine
au niveau régional35. Ces estimations, qui doivent être considérées
uniquement comme des approximations, varient de 1:1,4 à 1:2,6 lorsque
l’on tient compte d’une période de 20 ans. Tous les avantages devraient
être obtenus à la fin de cette période, le rapport coûts/avantages devant
alors atteindre 1:5.

CONCLUSIONS
La lutte contre la glossine, ou l’éradication de ce ravageur, semble donc
souhaitable et réalisable dans certaines circonstances, si les conditions sont
favorables, et s’il est possible de garantir des avantages à long terme pour
l’agriculture. De nombreuses méthodes ont été et continuent d’être
appliquées, notamment la chimiothérapie, la trypanotolérance, la lutte
contre le vecteur ou son éradication, et la TIS. Les produits et les
méthodes à appliquer, leur efficacité à long terme, demeurent toutefois
l’objet de controverses au sein de la communauté scientifique.
Il peut être intéressant d’examiner ici la campagne mise en œuvre pour
éradiquer la maladie de Chagas (trypanosomose américaine) d’Amérique
du Sud. Avec un domaine d’action de plus de 6 millions de kilomètres
carrés et une durée de 10 ans, l’Initiative dite du cône Sud contre la
maladie de Chagas est l’un des programmes de lutte antiparasitaire les
plus ambitieux qui ait jamais été mis en place. Il vise l’élimination de la
transmission de l’agent pathogène Trypanosoma cruzi en Argentine, en
Bolivie, au Brésil, au Chili, au Paraguay et en Uruguay. Lancé officielle-
ment en 1991, le programme est une remarquable réussite puisque la
transmission a été interrompue en Uruguay dès 1997. Le même résultat

69
Situation par région

devrait être obtenu dans les autres pays dans les prochaines années. Plus
récemment, les initiatives andine et centraméricaine ont été mises en
route dans le même but.
Il semble ressortir de cette analyse que la concertation entre les pays
touchés et les organismes internationaux est indispensable pour éradi-
quer l’épizootie. C’est dans cet esprit que le PLTA (voir encadré 5)
cherche à combiner les efforts de la FAO, de l’OMS, de l’AIEA et de
l’Organisation de l’unité africaine (OUA)/Bureau interafricain pour les
ressources animales (BIRA) afin de mettre en place une lutte intégrée

Encadré 6 La lutte contre la trypanosomose éventuelle du niveau de résis-


se caractérise par sa grande com- tance aux deux principaux médi-
MÉTHODES DE LUTTE plexité technique et organisa- caments (isometamidium et
CONTRE LA MOUCHE tionnelle. En premier lieu, la sta- diminazine), mis au point dans les
TSÉ-TSÉ bilité civile doit être acquise pour années 50.
qu’un programme à grande Trypanotolérance
échelle de lutte contre le vec- En Afrique de l’Ouest, parmi les
teur soit mis en place. Par ailleurs, 45 millions de têtes de bétail
l’élimination de la trypanosomose vivant sur les territoires infestés
dans une région représente un par la glossine, ou dans leur proxi-
engagement permanent qui doit mité immédiate, environ 10 mil-
être soutenu par un financement lions d’animaux (en 1983) sont
durable. trypanotolérants ou partielle-
Chimiothérapie ment trypanotolérants2. Bien que
La chimiothérapie permet actuel- non immuns, ces animaux sont
lement de protéger un nombre dotés d’un certain degré de tolé-
plus élevé de têtes de bétail que rance qui leur permet de de-
l’ensemble des autres techniques meurer productifs même s’ils
artificielles. Environ 10 à 15 mil- sont infectés.
lions d’animaux vivant sur les ter- Maîtrise ou éradication du
ritoires infestés par la mouche vecteur
tsé-tsé sont protégés des effets Les mouches tsé-tsé se dévelop-
les plus graves de la maladie, à un pent en milieu forestier. Au dé-
coût approximatif de 35 millions but du XXe siècle, de vastes terri-
de dollars EU (environ 1 dollar toires couverts de forêts ont été
par dose). Il faut cependant re- défrichés et le gibier éliminé.
marquer que le bétail traité n’est Après la seconde guerre mon-
plus aussi productif que les ani- diale, des techniques de lutte fon-
maux élevés dans un environne- dées sur l’application d’insectici-
ment exempt de la maladie1. Par des par épandage aérien ou trai-
ailleurs, une question reste po- tement au sol ont été mises au
sée concernant l’augmentation point et utilisées à grande échelle.

70
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

contre la trypanosomose dans le cadre plus large de l’amélioration de la


situation en matière de sécurité alimentaire, de développement agricole
et rural durable.
Plus récemment, le Sommet des chefs d’Etats et de Gouvernements de
l’OUA de juillet 2000 a approuvé la Campagne d’éradication panafri-
caine de la mouche tsé-tsé et de la trypanosomose (PATTEC) dont
l’objectif est, à terme, d’éradiquer d’Afrique la glossine et la trypanosomose.
La PATTEC se chargera d’organiser et de coordonner la campagne et
d’obtenir les ressources humaines, financières et matérielles nécessaires.

Des essais de traitement au sol et d’évaluations à grande échelle. Le dessus de l’île d’Unguja
de pulvérisation séquentielle ont coût de cette méthode de lutte (1 500 km2) de 1995 à 1997.
été réalisés sur le terrain en Afri- est difficile à comparer avec celui Une fois que le ravageur a été
que du Sud, au Nigéria et au des autres formules, dans la me- maîtrisé ou éradiqué, le maintien
Zimbabwe avec des résultats va- sure où il est proportionnel à la du niveau de vie ainsi obtenu
riables. Ces essais ont cependant charge de bétail au kilomètre rend nécessaire une lutte perma-
été globalement positifs du point carré. Toutefois, lorsque l’on dis- nente contre la recolonisation.
de vue technique. pose des bassins nécessaires, l’uti- En partant de très bas niveaux
En réponse aux préoccupations lisation d’animaux vivants en guise d’infestation, on estime que
croissantes concernant l’impact d’appâts constitue invariablement la population de glossines est
des mesures de lutte sur l’envi- la méthode de lutte antiglossinaire en mesure de se régénérer en
ronnement, et grâce aux progrès la plus appropriée. quatre ans. Dans la pratique, la
scientifiques récents, les cher- La TIS est très sophistiquée et, principale menace de
cheurs ont conçu divers systè- dans certaines conditions, peut recolonisation provient de l’ex-
mes d’appâts, tels que des pièges être d’une grande efficacité. Elle térieur de la zone traitée.
de différents types et des cibles est aussi relativement onéreuse
munies d’appâts olfactifs et im- et risque donc de n’être rentable
prégnées d’insecticide. Les tech- que si elle est mise en œuvre sur
niques utilisant des appâts artifi- une assez grande échelle et de
ciels sont intéressantes en raison façon organisée. Cette méthode
de leur coût réduit, de leur sou- a été appliquée avec succès con-
plesse, du faible facteur de pollu- tre la lucilie bouchère aux Etats-
1
tion et d’un apport local relative- Unis, dans la Jamahiriya libyenne, J.C.M. Trail, K. Sones, J.M.C. Jibbo, J.
Durkin, D.E. Light et M. Murray. 1985.
ment élevé. Toutefois, l’obliga- au Mexique et en Amérique cen- Productivity of Boran cattle maintained by
tion de continuer à supprimer les trale, ainsi que contre la mouche chemoprophylaxis under trypanosomiasis risk.
glossines afin d’éviter la du fruit dans les pays du bassin ILCS Research Report No. 9. Centre
international pour l’élevage en Afrique,
recolonisation génère des coûts méditerranéen, au Proche-Orient
Addis-Abeba.
récurrents qui font obstacle à la et en Amérique du Sud. La TIS a 2
FAO. 1987. Trypanotolerant cattle and
généralisation de ce type de tech- été utilisée avec succès contre la livestock development in West and Central
Africa. Vol. 1. International supply and
nique. L’utilisation d’animaux mouche tsé-tsé à Zanzibar où
demand for breeding stock. Par A.P.M. Shaw
d’élevage traités avec des insecti- l’éradication a été obtenue grâce et C.H Hoste. Etude FAO: Production et
cides fait actuellement l’objet au lâcher de mâles stérilisés au- santé animales, no 67/1. Rome.

71
Situation par région

II. Asie et Pacifique


VUE D’ENSEMBLE
Situation économique générale
La croissance économique des Les récentes performances économiques des pays en développement de
économies asiatiques s’est l’Asie confirment leur niveau d’intégration à l’économie mondiale, leur
quelque peu ralentie en 2001. dynamisme retrouvé pour sortir de la crise et leur hétérogénéité. En
2000, les performances économiques, quoique vigoureuses, ont quel-
que peu faibli au début du deuxième semestre, sous l’effet du ralentis-
sement économique mondial. La faiblesse persistante de la demande
extérieure, notamment en ce qui a trait aux produits électroniques, a
contribué à une réduction générale de la croissance, qui s’établit à près
de 5,6 pour cent en 200136.
Les projections concernant la croissance du PIB pour 2002, affectée
par les événements du 11 septembre, ont été révisées à la baisse pour la
plupart des pays de la région. Dans son ensemble, cette dernière devrait
connaître un taux de croissance de 5,6 pour cent; toutefois, l’impact des
attentats, et leurs conséquences répercutées par des voies diverses, se
fera sentir à des degrés variables selon les pays.
S’agissant de l’Asie du Sud-Est, l’Indonésie, les Philippines, la
Thaïlande, le Viet Nam et, en particulier, la Malaisie, ont enregistré des
taux de croissance élevés en 2000. En 2001, cependant, les taux de
croissance devraient être plus contenus dans tous les grands pays de la
sous-région, et notamment en Malaisie et en Thaïlande.
En 2000, la croissance économique a atteint 8 pour cent en Chine,
poursuivant ainsi les performances brillantes des dernières années. En

Tableau 9
TAUX DE CROISSANCE ANNUEL DU PIB EN TERMES RÉELS DANS DES PAYS
SÉLECTIONNÉS DE L’ASIE EN DÉVELOPPEMENT

Pays/région 1996 1997 1998 1999 2000 20011 20021

(Pourcentage)
Bangladesh 5 5,3 5 5,4 6 4,7 3,2
Chine 9,6 8,8 7,8 7,1 8 7,3 6,8
Inde 7,3 4,9 5,8 6,8 6 4,4 5,2
Indonésie 8 4,5 -13,1 0,8 4,8 3,2 3,5
Malaisie 10 7,3 -7,4 6,1 8,3 0,3 2,5
Pakistan 2,9 1,8 3,1 4,1 3,9 3,7 4,4
Philippines 5,7 5,2 -0,6 3,4 4 2,9 3,2
Thaïlande 5,9 -1,5 -10,8 4,3 4,4 1,5 2
Viet Nam 9,3 8,2 3,5 4,2 5,5 4,7 4,8
Asie en développement 8,3 6,5 4 6,2 6,8 5,6 5,6
1
Projections.
2
Chine, à l’exclusion de la Région administrative spéciale de Hong Kong et de Taïwan Province de Chine.
Source: FMI. 2001. Perspectives de l’économie mondiale, décembre. Washington.

72
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Tableau 10
TAUX DE CROISSANCE NET DE LA PRODUCTION DANS LES PAYS EN
DÉVELOPPEMENT D’ASIE ET DU PACIFIQUE

Année Agriculture Cultures Céréales Bétail Produits Autres


alimentaires produits

(Pourcentage)
1992–96 4,9 4,1 2,5 7,3 5,3 0,0
1997 4,0 1,6 0,2 7,4 4,0 4,4
1998 2,6 1,5 1,9 5,7 3,3 -8,1
1999 3,3 3,4 3,1 2,1 3,5 -0,1
2000 1,7 0,3 -3,6 4,6 1,7 2,6
20011 1,1 -0,7 -2,3 3,8 0,9 3,6
1
Chiffres provisoires.
Source: FAO.

2001, toutefois, le ralentissement considérable des exportations a entraîné


une légère réduction du taux de croissance, mais on prévoit que la
vigueur de la demande intérieure, conjuguée aux investissements
étrangers, permettront d’obtenir une croissance vigoureuse et soutenue
en 2002.
L’Asie du Sud dans son ensemble a enregistré au cours des dernières
années des taux de croissance généralement inférieurs, quoique
honorables, à ceux de l’Asie du Sud-Est, notamment en Inde et au
Bangladesh. Si on la compare à la majorité des petits pays d’Asie, la
région est moins vulnérable à la récession qui touche le commerce et
l’activité économique à l’échelle mondiale, sans pour autant en être
totalement préservée. Ainsi, on prévoit un ralentissement de la croissance
économique en 2001 pour l’Inde, le Bangladesh et le Pakistan.

Situation de l’agriculture
Après une croissance La croissance générale de la production agricole de la région est tombée
relativement lente de la à 1,7 pour cent en 2000, poursuivant ainsi la tendance au déclin graduel
production agricole en 2000, de la croissance, observée au cours des dernières années. Cette réduc-
le déclin semble s’être tion des performances a été entièrement attribuable à la croissance
poursuivi en 2001. moins rapide de la production agricole, qui est tombée à 0,3 pour cent
après une expansion de 3,4 pour cent en 1999. La production céréalière
a reculé de 3,6 pour cent en 2000, la majeure partie du déclin étant liée
à la chute de la production céréalière chinoise. En revanche, la produc-
tion animale de la région a progressé de 4,6 pour cent, contre 2,1 pour
cent l’année précédente.
D’après les estimations préliminaires pour 2001, la croissance de la
production agricole régionale devrait ralentir encore jusqu’à environ
1 pour cent, avec une contraction de près de 1 pour cent de la production
agricole, parallèlement à une expansion prévue d’à peine moins de
4 pour cent de la production animale. Quant à la production céréalière,
elle devrait, toujours selon les prévisions, reculer de 2,3 pour cent, par

73
Situation par région

Figure 22
ASIE ET PACIFIQUE: INDICATEURS CHOISIS

En milliards de dollars EU Pourcentage


Valeur des exportations et 80 16
importations agricoles et part 70 14
dans les échanges totaux 60 12
de marchandises 50 10
Exportations agricoles ($EU) 40 8
30 6
Importations agricoles ($EU)
20 4
Exp. agr., part du total (%) 10 2
Imp. agr., part du total (%) 0 0
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00
Indice
Exportations agricoles 180
(Indice: 1989-1991 = 100)
160
140
Valeur
120
Valeur unitaire 100
Quantité 80
60
40
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00
Indice
Importations agricoles 200
(Indice: 1989-1991 = 100)
180
160
Valeur
140
Valeur unitaire
120
Quantité 100
80
60
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00
Indice
Termes nets de l’échange 160
entre produits agricoles
et recettes 140
(Indice: 1989-1991 = 100)
120
Termes nets de l’échange
100
Recettes
80

60
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99

74
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

ASIE ET PACIFIQUE: INDICATEURS CHOISIS

Pourcentage
PIB réel 10
(Evolution en pourcentage par rapport
à l’année précédente) 8

0
92 93 94 95 96 97 98 99 00 01
kcal
Disponibilité énergétique 2 800
alimentaire
(Kcal par habitant/jour)
2 600

2 400

2 200
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99
Indice
Production agricole 160
(Indice: 1989-1991 = 100)
140

Production agricole totale 120


Production alimentaire
100
par habitant
80

60
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01*

* Estimation provisoire

Source: FAO et FMI

75
Situation par région

suite des conditions météorologiques défavorables dans les principaux


pays céréaliers de la région.
En 2000, la détérioration des performances a en grande partie
concerné l’Asie du Sud, où la production agricole a décliné de 0,3 pour
cent après une croissance vigoureuse atteignant 4 à 5 pour cent l’année
précédente. La production agricole a décliné de 1,2 pour cent, tandis
que la production animale augmentait de 2,8 pour cent, reproduisant
les résultats de 1999. En Inde, la production agricole a reculé de 1,1 pour
cent, après avoir connu une expansion de près de 5 pour cent l’année
précédente. Ce phénomène est directement lié au déclin de 2,1 pour
cent de la production agricole, accompagné d’une augmentation de
3 pour cent de la production animale. Alors que la croissance de la
production avait été relativement vigoureuse en 2000, se fixant à 6,5 et
3,7 pour cent au Bangladesh et au Népal respectivement, elle a été
modeste au Pakistan et au Sri Lanka, avec 1,6 et 0,8 pour cent,
respectivement.
Les projections concernant 2001 font état d’un recul supplémentaire
de 1,5 pour cent de la production agricole, conséquence du déclin
estimé de la production agricole dans les trois principaux pays de la sous-
région, à savoir l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh, où la production
agricole a été affectée par les conditions météorologiques défavorables
qui ont prévalu dans les principales régions productrices.
En Chine, la croissance de la production agricole en 2000, qui s’est
établie à 2,6 pour cent, n’a marqué qu’un modeste progrès par rapport
aux 2,1 pour cent atteints en 1999. Bien que tout à fait honorables, ces
taux sont nettement inférieurs aux 4,2 pour cent et 6,4 pour cent de
1998 et 1997, et à la moyenne de 6,6 pour cent pour la période 1992-
1996. Le déclin de la performance en 2000 s’explique par la quasi-
stagnation de la production agricole, dont la progression n’a été que de
0,3 pour cent, et par les performances en progrès de la production
animale, qui aurait atteint 5,8 pour cent. La production céréalière,
quant à elle, a décliné de près de 10 pour cent, par suite notamment des
nouvelles orientations des politiques gouvernementales de soutien des
prix, qui ont entraîné une réduction des emblavures (voir ci-après
l’accession de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce [OMC]
et ses conséquences pour les politiques agricoles du pays).
Selon les projections initiales, la production agricole de la Chine
devrait, en 2001, connaître un taux d’expansion analogue à celui de
2000, soit près de 2,5 pour cent. Une fois de plus, la production animale
devrait, avec une croissance de 4 à 5 pour cent, l’emporter sur la
production agricole, dont la progression ne dépassera sans doute pas
0,5 pour cent. La production céréalière poursuivra probablement son
déclin, par suite de la réduction supplémentaire des superficies cultivées
et des mauvaises conditions météorologiques. La croissance de la
production agricole comme de la production animale devrait, par
ailleurs, rester très inférieure aux taux qui ont prévalu avant 1997.

76
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

En Asie de l’Est et du Sud-Est, la production agricole a quelque peu


ralenti en 2000, s’établissant à 2,9 pour cent selon les estimations, alors
que le taux de croissance avait atteint 4,8 pour cent en 1999, année de
redressement après les médiocres performances de 1997 et 1998.
L’Indonésie, dont la production agricole n’a enregistré qu’une croissance
modeste – 0,8 pour cent – contre une progression de 5,9 pour cent de
la production animale, devra se contenter d’un taux de croissance de 1,5
pour cent, tandis que le Cambodge, la République de Corée, la Malaisie
et les Philippines ont tous vu leur production augmenter de 2 à 3 pour
cent. En République populaire démocratique de Corée, la sécheresse
aiguë qui a sévi en 2000, dans le sillage de l’hiver le plus rigoureux
depuis des décennies, a entraîné une contraction de 3,8 pour cent de la
production, avec un déclin particulièrement marqué du volume céréalier
pour la deuxième année consécutive. En revanche, le secteur agricole
du Viet Nam a poursuivi ses belles performances des années précédentes,
avec une augmentation de la production annuelle de l’ordre de 4 à 5
pour cent.
Les estimations préliminaires pour 2001 font état d’un ralentissement
de la croissance de la production agricole pour la sous-région, avec un
taux légèrement inférieur à 1 pour cent correspondant à une stagnation
de la production agricole et, par contraste, une production animale
augmentant d’environ 4 pour cent. La plupart des pays de la sous-
région devraient poursuivre cette tendance avec, en particulier, une
contraction marquée de la production au Cambodge, où de sévères
inondations ont gravement affecté la production de riz, et un
fléchissement moins marqué aux Philippines et au Viet Nam. En
République populaire démocratique de Corée, la production céréalière
s’est nettement redressée en 2001, après la récolte des plus médiocres
de l’année précédente.
Dans les pays en développement du Pacifique, la production agricole
a atteint 1,6 pour cent en 2000, après avoir connu une expansion de 3,7
pour cent en 1999, tandis que les estimations concernant 2001 laissent
prévoir une stabilité de la production agricole. Ces prévisions reflètent
les pronostics concernant la Papouasie-Nouvelle-Guinée, principal
producteur agricole de la sous-région, qui a enregistré une progression
de 1 pour cent en 2000, après avoir connu un taux d’expansion de 5,7
pour cent en 1999, mais dont la production semble avoir stagné en 2001.

L’ACCESSION DE LA CHINE À L’ORGANISATION


MONDIALE DU COMMERCE ET SES CONSÉQUENCES
POUR LES POLITIQUES AGRICOLES DU PAYS
En janvier 2002, la Chine a Le 10 novembre 2001, la Conférence ministérielle de l’Organisation
adhéré à l’Organisation mondiale du commerce, réunie à Doha, a approuvé l’accord d’adhésion
mondiale du commerce. de la Chine à l’OMC. L’agriculture a été placée au centre des négociations
concernant l’adhésion, et l’accord d’accession comprend de nombreux
engagements concernant l’agriculture. Cependant, il existe des

77
Situation par région

divergences quant à l’incidence probable de cette accession. Pour


certains, l’impact sur le secteur agricole chinois sera substantiel37, tandis
que d’autres considèrent que l’effet général sur l’agriculture sera
limité38. Cette divergence d’opinion peut être attribuée, en partie, à
l’incertitude générale qui règne à propos des changements d’orientation
pouvant survenir après l’accession à l’OMC, qui comprendront: un
aperçu sommaire des politiques agricoles actuellement en vigueur en
Chine et des performances antérieures du secteur agricole39; un examen
des points saillants de l’accord d’accession touchant le secteur agricole;
et le passage en revue d’options pouvant être adoptées par les décideurs.

L’évolution du rôle du secteur agricole dans l’économie


chinoise
La libéralisation de l’économie chinoise est en cours depuis plus de deux
décennies. Depuis le lancement des réformes économiques en 1978,
l’économie de la Chine s’est développée de façon substantielle, avec un
taux annuel de croissance du PIB de 8,5 pour cent entre 1979 et 1984,
et de 9,7 pour cent entre 1985 et 1995 (tableau 11). En dépit de la crise
financière qui a frappé l’Asie, le PIB a poursuivi sa croissance annuelle
au taux de 8,2 pour cent entre 1996 et 2000. Le commerce extérieur,
quant à lui, a progressé encore plus rapidement, puisque le coefficient
commerce extérieur/PIB est passé de 13 pour cent en 1980 à 44 pour
cent en 200040.
L’économie et l’agriculture Bien que les réformes aient englobé l’ensemble de l’économie
de la Chine ont connu une depuis le début des années 80, la plupart des transformations qui ont
croissance rapide depuis suivi ont été amorcées dans le secteur agricole, et elles en sont
l’amorce des réformes tributaires41. La décollectivisation, l’augmentation des prix et
économiques à la fin des l’assouplissement des restrictions locales aux échanges commerciaux
années 70. ont déclenché le décollage de l’économie agricole de la Chine à partir
de 1978. La production céréalière a augmenté de 4,7 pour cent par an
entre 1978 et 1984, et ce taux a même été dépassé pour les productions
horticole, animale et aquatique (tableau 11). Malgré le ralentissement
de la croissance du secteur agricole liée à la disparition des gains
ponctuels de productivité liés à la collectivisation, le pays a continué de
bénéficier de taux de croissance du secteur agricole supérieurs à
l’augmentation démographique (tableau 11). Mais le secteur industriel
et celui des services devaient, à leur tour, connaître un essor encore
plus vigoureux, si bien que la part de l’agriculture dans le PIB, qui
dépassait 30 pour cent avant 1980, était tombée à 16 pour cent en 2000
(tableau 12). Parallèlement, la part du secteur agricole en tant que
fournisseur d’emplois est tombée de 81 pour cent en 1970 à 50 pour
cent seulement en 2000.
La rapidité de la croissance économique, associée aux phénomènes
d’urbanisation et de développement des marchés alimentaires, a
stimulé la demande de viande, de fruits et d’autres denrées
n’appartenant pas aux catégories de base, entraînant d’importants

78
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

réaménagements structurels de la production agricole 42. Ainsi, la part


du bétail dans la valeur de la production agricole a plus que doublé,
passant de 14 pour cent à 30 pour cent entre 1970 et 2000 (tableau 12).
L’un des indicateurs les plus significatifs de cette modification
structurelle est la part considérablement réduite – notamment celle
des céréales – revenant aux cultures, qui est tombée de 82 pour cent
à 56 pour cent.
Le commerce extérieur a, lui aussi, subi d’importantes
transformations. Alors que la part occupée par les produits de base –
principalement agricoles – dans le total des exportations dépassait 50
pour cent en 1980, elle est tombée à 10 pour cent seulement en 2000
(tableau 12). Au cours de la même période, la part des denrées
alimentaires dans le total des exportations est passée de 17 pour cent
à 5 pour cent, tandis que celle des importations alimentaires chutait
de 15 pour cent à 2 pour cent. La composition du commerce agricole
reflète de plus en plus l’avantage comparatif détenu par la Chine
(tableau 12 et figure 23). De fait, le volume net des exportations de

Tableau 11
TAUX DE CROISSANCE ANNUEL DE L’ÉCONOMIE CHINOISE, 1970–2000

Période préréforme 1970–78 Période de réforme

1979–84 1985–95 1996–00

(Pourcentage)
Produit intérieur brut 4,9 8,5 9,7 8,2
Agriculture 2,7 7,1 4,0 3,4
Industrie 6,8 8,2 12,8 9,6
Services n.d. 11,6 9,7 8,2

Commerce extérieur 20,5 14,3 15,2 9,8


Importations 21,7 12,7 13,4 9,5
Exportations 19,4 15,9 17,2 10,0

Production céréalière 2,8 4,7 1,7 0,03


Cultures oléagineuses 2,1 14,9 4,4 5,6
Fruits 6,6 7,2 12,7 8,6
Viandes rouges 4,4 9,1 8,8 6,5
Poisson 5,0 7,9 13,7 10,2

Valeur de la production des


entreprises rurales n.d. 12,3 24,1 14,0

Population 1,80 1,40 1,37 0,90

PIB par habitant 3,1 7,1 8,3 7,1


Note: Le chiffre concernant le PIB pour la période 1970–1978 correspond au taux de croissance du revenu national en termes réels. Les taux de
croissance sont calculés au moyen de la méthode de régression. Les taux de croissance de produits spécifiques et de catégories de produits sont
basés sur les données de production; les taux de croissance sectoriels se rapportent à la valeur ajoutée exprimée en termes réels.
Source: National Bureau of statistics of China. China Statistical Yearbook, thèmes divers. Beijing, China Statistical Publishing House; Ministère de
l’agriculture. Agricultural Yearbook of China, thèmes divers. Beijing.

79
Situation par région

Tableau 12
ÉVOLUTION STRUCTURELLE DE L’ÉCONOMIE DE LA CHINE, 1970–2000

1970 1980 1985 1990 1995 2000

(Pourcentage)
Part du PIB
Agriculture 40 30 28 27 20 16
Industrie 46 49 43 42 49 51
Services 13 21 29 31 31 33

Part de l’emploi
Agriculture 81 69 62 60 52 50
Industrie 10 18 21 21 23 22.5
Services 9 13 17 19 25 27.5

Part des exportations


Produits de base ... 50 51 26 14 10
Denrées alimentaires ... 17 14 11 7 5

Part des importations


Produits de base ... 35 13 19 18 21
Denrées alimentaires ... 15 4 6 5 2

Part de la production agricole


Cultures 82 76 69 65 58 56
Elevage 14 18 22 26 30 30
Pêches 2 2 3 5 8 11
Foresterie 2 4 5 4 3 4

Part de la population rurale 83 81 76 74 71 64


Source: National Bureau of statistics of China. China Statistical Yearbook, thèmes divers; China Rural Statistical Yearbook, thèmes divers. China
Statistical Publishing House, Beijing.

produits de la terre vendus en vrac, tels que les céréales, les graines
oléagineuses et les cultures sucrières, a chuté, tandis que les exportations
de produits à forte intensité de main-d’œuvre et à valeur plus élevée,
tels que les produits horticoles et animaux (dont l’aquaculture), ont
augmenté. Au cours des années 90, le pourcentage des exportations
céréalières, qui s’établissait à environ 20 pour cent, a été inférieur de
moitié à celui du début des années 80. A la fin des années 90, les
produits horticoles, animaux et aquatiques représentaient environ 80
pour cent des exportations agricoles43.
Il semble, d’après l’examen de ces tendances, que la Chine se soit
déjà engagée vers un schéma de production et d’échanges
commerciaux plus adapté à ses ressources intérieures et à son avantage
comparatif, à savoir autoriser l’entrée d’une quantité croissante de
produits à forte utilisation des terres agricoles, tout en stimulant les
exportations de cultures à forte intensité de main-d’œuvre. Son
adhésion à l’OMC aura pour effet principal une accentuation des
évolutions déjà esquissées.

80
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

La politique agricole au cours de la période de réforme


Au cours des trois dernières En dépit des tendances que nous venons de décrire, il est quasiment
décennies, d’importantes indéniable que l’accession de la Chine à l’OMC lance de nouveaux défis
réformes du secteur agricole au secteur agricole. La nature et la profondeur de l’impact ressenti
ont été mises en œuvre. dépendront de la manière dont les responsables du secteur agricole
chinois géreront ce dernier en fonction de l’entrée en vigueur de
nouvelles règles commerciales. Avant de procéder à un examen plus
détaillé, rappelons brièvement les politiques agricoles de la Chine au
cours de la période de réforme.

Les politiques budgétaires et financières. Malgré l’augmentation graduelle,


au cours de la période de réforme, des dépenses gouvernementales dans
la plupart des domaines touchant l’agriculture, le coefficient des
investissements agricoles relativement au PIB agricole accuse un déclin
depuis la fin des années 70. En 1978, les investissements du secteur public
représentaient 7,6 pour cent du PIB agricole44 mais, dès 1995, cette
proportion était tombée à 3,6 pour cent. De plus, au cours des deux
dernières décennies, le système financier ainsi que le système

Figure 23
CHINE: BALANCE DU COMMERCE
AGRICOLE, VENTILATION PAR INTENSITÉ
FACTORIELLE DES PRODUITS

En millions de $EU
Produits à forte intensité 6 000
1
d’utilisation de main-d’œuvre 4 000

Produits à forte intensité 2 000


2
d’utilisation des terres 0
–2 000
–4 000
–6 000
–8 000
85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97

1
Les produits à forte intensité d’utilisation de main-d’œuvre comprennent
principalement: les animaux vivants, les poissons et crustacés et les autres invertébrés
aquatiques; les produits laitiers, les œufs de volatiles, le miel naturel et autres produits
comestibles d’origine animale; les arbres vivants et autres plantes, les bulbes, racines,
etc.; les fleurs coupées et feuillages ornementaux; les légumes comestibles et quelques
racines et tubercules; les fruits et noix comestibles, peaux d’agrumes ou de melons; le
café, le thé, le maté et les épices; les produits du broyage, le malt, les amidons et le
gluten de blé; les plantes à usage industriel et médicinal; la paille et le fourrage de riz;
les laques; les gommes, les résines et autres sèves et extraits végétaux; les matériaux
Source: J. Huang et C. Chen. 1999. de tressage végétaux; les produits végétaux non spécifiés ou inclus dans d’autres
Effects of trade liberalization on rubriques; les graisses et cires d’origine animale; la soie grège et la laine brute.
agriculture in China: institutional
2
and structural aspects. Centre CGPRT Les produits à forte intensité d’utilisation des terres sont principalement: les
de la CESAP des Nations Unies, céréales, les graines oléagineuses végétales et les fruits oléagineux, les huiles végétales
Bogor, Indonésie comestibles; le coton brut et les autres fibres textiles végétales.

81
Situation par région

gouvernemental d’achats agricoles ont été à l’origine d’importants


transferts de capitaux du secteur industriel vers l’industrie et des régions
rurales vers les zones urbaines45.

Les politiques en matière de devises étrangères et de commerce extérieur.


Les politiques extérieures suivies par la Chine ont joué, pendant de
nombreuses décennies, un rôle déterminant dans l’évolution de la
croissance du secteur agricole. Pendant toute la période qui a précédé
les réformes (1950-1978), la politique d’autarcie et la surévaluation de
la devise ont découragé les exportations46. Une fois les réformes amorcées,
les autorités ont laissé le taux de change réel accuser une dépréciation
atteignant jusqu’à 400 pour cent entre 1978 et 1994. Les ajustements
apportés au taux de change tout au long de la période de réforme ont
accentué la compétitivité des exportations et contribué aux bons résultats
obtenus par la Chine dans ce domaine.

Les politiques applicables au développement rural et au marché du travail.


Les efforts de modernisation du pays ont été étroitement tributaires du
transfert de la main-d’œuvre agricole vers les travaux non agricoles. Cet
effort a été accompli grâce à l’absorption de la main-d’œuvre par des
entreprises implantées dans les zones rurales, ainsi que par des migrations
massives vers les villes. L’industrialisation rurale a joué un rôle déterminant
dans la création d’emplois pour la main-d’œuvre rurale, augmentant la
productivité de cette main-d’œuvre ainsi que les revenus des agriculteurs.
La part des entreprises rurales dans le PIB a augmenté, passant de moins
de 4 pour cent dans les années 70 à plus de 30 pour cent en 1999. Les
entreprises rurales ont dominé le secteur de l’exportation tout au long
des années 9047. Plus important encore, les entreprises rurales emploient
35 pour cent de la main-d’œuvre agricole travaillant hors exploitation.
En outre, une proportion substantielle et croissante de la main-d’œuvre
rurale (de 8 pour cent en 1990, elle est passée à 13 pour cent en 2000) 48
se compose de travailleurs indépendants. Selon une étude récente, plus
de 100 millions de travailleurs ruraux ont également trouvé du travail
dans le secteur urbain à la fin des années 9049.

Les politiques applicables aux prix et à la commercialisation des aliments.


Les réformes concernant les prix et les marchés ont fait partie de la
panoplie de mesures visant à réorienter les politiques de la Chine, lors
du passage d’une économie à planification centralisée à une économie
de marché. Cependant, les réformes ont été lentes à démarrer et elles
n’ont progressé que de façon graduelle. La libéralisation des marchés a
commencé avec les produits de base considérés comme dénués
d’importance stratégique, tels que les légumes, les fruits, le poisson, le
bétail, ainsi que les cultures oléagineuses et sucrières, tandis que les
cultures de grande envergure étaient quelques peu laissées à l’écart.
Dans les premiers temps, les grandes réformes ont été réalisées par le

82
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

biais de mesures administratives50. Cependant, à mesure que s’élargissait


le droit d’exercer le commerce privé au début des années 80, et que les
négociants étaient autorisés à acheter et à vendre les excédents de la
quasi-totalité des produits agricoles, les fondements du système de
commercialisation par le biais de l’Etat se sont trouvés minés.
Les marchés agricoles de la Depuis le milieu des années 80, les réformes du marché se poursui-
Chine ressemblent de plus en vent de manière sporadique. En dépit, toutefois, des corrections de
plus à ceux des économies cap appliquées périodiquement au processus de réforme, on a vu les
davantage orientées vers le marchés faire progressivement leur apparition en Chine rurale.
marché. Ainsi, la proportion des denrées vendues au détail sur le marché a
continué d’augmenter. La part de l’agriculture, qui atteignait à peine
6 pour cent en 1978, était passée à 40 pour cent en 1985, 79 pour cent
en 1995 et 83 pour cent en 1999 51. Par ailleurs, malgré ces interven-
tions, l’Etat n’a pas réussi à interrompre les flux interprovinciaux de
céréales. Une récente étude a démontré que les prix agricoles de
toutes les principales denrées, y compris le riz, le blé et, en particulier,
le maïs et la graine de soja, avaient évolué de façon parallèle entre des
localités géographiquement très éloignées 52. Les marchés de la Chine
gagnent en intégration et en efficacité, et ils ressemblent de plus en
plus à ceux des économies axées sur le marché.
Quelle est donc l’incidence de ces politiques sur le contexte
La vente des choux-fleurs et des international? Les tableaux 13 et 14 donnent les taux estimatifs de
épinards produits à la ferme protection nominale (TPN) pour les principales denrées agricoles
Aujourd’hui, en Chine, la depuis 1985. Les TPN servent à estimer le pourcentage de différentiel
majeure partie des produits
agricoles s’échangent sur des entre les prix intérieurs des produits agricoles et les prix à la frontière
marchés privés des mêmes produits. Un TPN positif indique que les prix intérieurs sont

FAO/22265/A. PROTO

83
Situation par région

supérieurs aux prix à la frontière – en d’autres termes, que les producteurs


nationaux reçoivent une subvention, tandis qu’un TPN négatif indique
que les prix intérieurs sont inférieurs aux prix à la frontière – en d’autres
termes, que les producteurs nationaux sont assujettis à une taxation
implicite. Par ailleurs, bien que des ajustements supplémentaires puissent
être nécessaires pour tenir compte de la qualité et d’autres facteurs, ces
TPN illustrent de façon approximative la nature des changements de
politiques opérés dans le passé. Ainsi, le fait d’imposer aux agriculteurs

Tableau 13
CHINE: BARÈMES NOMINAUX DE PROTECTION DES CÉRÉALES, 1978 – DÉBUT 2000

Prix d’achat officiel Prix d’achat négocié Prix d’achat sur


du volume contingenté le marché de gros

Riz Blé Maïs Soja Riz Blé Maïs Soja Riz Blé Maïs Soja

(Pourcentage)
1978–79 -42 15 12 2 -6 72 65 22 10 89 92 40
1980–84 -43 -3 -15 13 2 50 28 25 9 58 46 44
1985–89 -30 4 -13 -13 -5 34 17 15 -4 52 37 39
1990–94 -37 -14 -35 -32 -16 14 -7 7 -7 30 12 26
1995–97 -23 -12 -14 -22 -4 6 3 8 -1 19 20 19
1998–00 -3 10 22 33 -16 9 19 39 -6 26 32 49
1998 2 16 33 8 -16 5 26 37 -6 22 40 37
1999 -6 22 30 53 -19 12 20 59 -9 30 33 67
2000 -4 -7 2 38 -13 9 11 21 -2 26 23 44
Note: Les prix à la frontière sont les prix moyens à l’exportation (riz et parfois maïs) ou à l’importation (blé, soja et parfois maïs) pour des
variétés comparables aux céréales produites par le pays. Les données concernant 2000 ont été relevées au début de l’année. La conversion
des prix à la frontière a été effectuée au moyen de taux de change officiels.
Source: J. Huang et S. Rozelle. 2001. La nature et l’étendue des distorsions concernant les mesures incitatives du secteur agricole en Chine. Document
présenté à la deuxième réunion d’accession à l’OMC, Réforme des politiques et réduction de la pauvreté en Chine, Mission permanente de la
Banque mondiale, Beijing, 26–27 octobre 2001.

Tableau 14
CHINE: BARÈMES NOMINAUX DE PROTECTION DU COTON ET DES PRODUITS
ANIMAUX, 1997–1999

Année Coton Porcs Bœufs Poulets

(Pourcentage)
1997 20 -19 -2 -34
1998 11 -25 -10 -37
1999 4 -17 24 -30
1997–99 12 -20 4 -33
Note: Les prix à l’exportation de la viande de porc, de bœuf et de poulet, ainsi que les prix d’importation du coton, sont utilisés comme prix
à la frontière. Les prix intérieurs sont ceux pratiqués sur les marchés de gros urbains. Le prix de gros du coton est estimé selon la formule:
prix d’achat par l’Etat multiplié par 1,25. La conversion des prix à la frontière a été effectuée au moyen de taux de change officiels.
Source: J. Huang et S. Rozelle. 2001. La nature et l’étendue des distorsions concernant les mesures incitatives du secteur agricole en Chine. Document
présenté à la deuxième réunion d’accession à l’OMC, Réforme des politiques et réduction de la pauvreté en Chine, Mission permanente de la
Banque mondiale, Beijing, 26–27 octobre 2001.

84
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

un quota de livraison à un coût inférieur au marché a représenté pour


eux une taxation implicite, parallèlement à une subvention implicite des
consommateurs urbains – lesquels obtenaient les produits à un prix
inférieur au cours du marché53. Entre 1990 et 1997, les prix moyens
versés aux agriculteurs pour les céréales et les graines de soja livrées en
vertu des contingents obligatoires étaient inférieurs de un huitième à un
tiers aux prix à la frontière. C’est seulement au cours des dernières
années que ces prix se sont situés au-dessus des prix à la frontière.
Soulignons que les TPN. concernant le riz ont été essentiellement
négatifs tout au long de cette période, et cela pour les trois ensembles de
prix. En revanche, le blé et le coton, à savoir les principales denrées
agricoles importées par le pays, ont bénéficié d’un traitement favorable
relativement au riz. Cette différence est encore plus marquée lorsque
que l’on considère que, s’agissant du riz, la proportion de la production
obtenue au prix inférieur fixé pour les volumes contingentés est plus
élevée. Il faut rappeler, en outre, que contrairement aux autres denrées,
les producteurs de viande continuent, semble-t-il, de percevoir des prix
inférieurs à ceux qu’ils obtiendraient s’ils vendaient leur productions
aux cours internationaux (tableau 14).

Dans le cadre de son accord Les engagements pris par la Chine en vue de son accession
d’accession à l’OMC, la Chine à l’OMC et les dispositions concernant l’agriculture
s’est engagée à libéraliser Il est possible de classer en trois catégories principales les engagements pris
encore ses échanges par la Chine en matière agricole: l’accès au marché, le soutien à la
commerciaux agricoles. production intérieure et les subventions à l’exportation. En ce qui concerne

Tableau 15
CHINE: BARÈMES TARIFAIRES EN VIGUEUR POUR LES PRINCIPAUX PRODUITS
AGRICOLES ASSUJETTIS À UNE PROTECTION EXCLUSIVEMENT TARIFAIRE

Barèmes tarifaires effectifs en 2001 Barèmes en vigueur à compter du 1er janvier

2002 2004

(Pourcentage)
Orge 114 (3)1 3 3
Graine de soja 32 3 3
Agrumes 40 20 12
Autres fruits 30–40 13–20 10–13
Légumes 30–50 13–29 10–15
Viande de bœuf 45 23,2 12
Viande de porc 20 18,4 12
Viande de volaille 20 18,4 10
Produits laitiers 50 20–37 10–12
Vin 65 45 14
Tabac 34 28 10
1
L’orge a été assujettie à un régime de licence et à un contingent d’importation; le barème tarifaire a été fixé à 3 pour cent pour les
importations contingentées, et à 114 pour cent pour les importations hors-contingent – dont le volume a été nul en 2001.
2
Le barème tarifaire, qui atteignait 114 pour cent avant 2000, a été abaissé à 3 pour cent début 2000.
Source: Protocole d’accès de la Chine à l’OMC, novembre 2001.

85
Situation par région

Tableau 16
CHINE: ENGAGEMENTS D’ACCÈS AU MARCHÉ DES PRODUITS FORESTIERS
ASSUJETTIS À CONTINGENTS À BARÈME TARIFAIRE

Volume des importations Croissance Tarif Tarif du volume


(millions de tonnes) du volume du volume non contingenté
Part du commerce d’Etat (%) contingenté contingenté
2002 2003 2004
Volume réel Contingent Contingent
2000 2002 2004

(Pourcentage) (Pourcentage)
Riz 0,24 (100)1 3,76 (50) 5,32 (50) 19 1 74 71 65
Blé 0,87 (100) 8,45 (90) 9,64 (90) 8 1 71 68 65
Maïs 0,0 (100) 5,70 (67) 7,20 (60) 13 1 71 68 65
Coton 0,05 (100) 0,82 (33) 0,89 (33) 5 1 54,4 47,2 40
Laine2 0,30 0,34 0,37 5 1 38 38 38
Huiles
comestibles3 1,79 (100) 5,69 (40) 6,81 (10) 15 9 75 71,7 68,3
Sucre4 0,64 1,68 1,95 8 20 90 72 50
1
Les chiffres entre parenthèses représentent le pourcentage du commerce non étatique à l’intérieur du contingent d’importation.
2
Echanges désignés pour la période 2002–04, puis élimination progressive.
3
Le régime des contingents à barème tarifaire sera éliminé progressivement d’ici 2006. En 2005, les contingents d’importation s’élèveront à
7,27 millions de tonnes, à raison de 9 pour cent pour les tarifs contingentés et 65 pour cent pour les tarifs hors contingent.
4
Contingent à élimination progressive pour le commerce d’Etat.
Source: Protocole d’accès de la Chine à l’OMC, novembre 2001; State Statistical Bureau. 2001. China Statistical Yearbook. China Statistical
Publishing House, Beijing.

l’accès au marché, la Chine s’est engagée à abaisser les barrières tarifaires


sur tous les produits agricoles, à élargir l’accès accordé aux producteurs
étrangers de certaines denrées par le biais du contingent tarifaire (CT) et
à éliminer les restrictions quantitatives sur d’autres denrées (voir l’enca-
dré 2, p. 44). Il semble que la Chine ait pris des engagements substantiels
en ce qui concerne l’accès aux marchés d’importation (tableaux 15 et 16).
Dans l’ensemble, les tarifs d’importation applicables aux produits agricoles
(exprimés en moyenne simple) seront ramenés d’environ 21 pour cent en
2001 à 17 pour cent d’ici 2004 (après avoir déjà chuté de 42,2 pour cent
en 1992 à 23,6 pour cent en 1998). Les contingents bénéficiant d’un
barème tarifaire inférieur seront élargis, tandis que la part revenant au
commerce d’Etat sera substantiellement réduite.
Hormis quelques rares exceptions – notamment certaines denrées
considérées comme «produits stratégiques pour le pays» – la plupart des
produits agricoles obéissent à un régime exclusivement tarifaire. Ainsi,
toutes les barrières non tarifaires, ainsi que les procédures d’attribution
de licences et de contingents, seront éliminées pour ces catégories de
denrées, et leur protection effective sera considérablement réduite d’ici
à janvier 2002, pour s’amenuiser encore d’ici à 2004 (tableau 15).
Cependant, ces mesures ne s’accompagneront pas nécessairement
d’une croissance correspondante des importations. En fait, la Chine
dispose d’avantages comparatifs pour bon nombre des denrées présentées

86
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

au tableau 15. Le véritable défi, s’agissant des produits agricoles


bénéficiant de protections exclusivement tarifaires, sera constitué par
des cultures telles que l’orge, ainsi que le vin et les produits laitiers. Le
cas des graines de soja, pour lesquelles la Chine ne dispose que d’un
avantage comparatif réduit, pourrait également être instructif. Avant
2000, le droit d’importation pour les graines de soja atteignait jusqu’à
114 pour cent; les importateurs devaient obtenir des licences; et les
producteurs chinois répondaient à la majeure partie de la demande
nationale de graines de soja. Cependant, en prévision de l’accession de
la Chine à l’OMC, les tarifs ont été abaissés jusqu’à 3 pour cent en 2000,
et les contingents d’importation ont été éliminés de façon progressive.
Ces mesures entraînèrent un déclin des prix, et on vit les TPN tomber
de 44 pour cent début 2000 (tableau 13) à moins de 15 pour cent en
octobre 2001. Il s’ensuivit une augmentation en flèche des importations,
qui passèrent de 4,32 millions de tonnes en 1999 à 10,42 millions de
tonnes en 2000, et qui devraient dépasser 14 millions de tonnes en 2001.
Il faut préciser que des variations aussi spectaculaires devraient être
limitées aux denrées considérées comme «produits nationaux
stratégiques». En fait, l’accord entre la Chine et l’OMC permet au
gouvernement de gérer le commerce du riz, du blé, du maïs, des huiles
comestibles, du sucre, du coton et de la laine au moyen du contingent
tarifaire (CT)54. Comme on le voit au tableau 16, alors que le tarif
applicable aux volumes contingentés est de 20 pour cent pour le sucre
et de 9 pour cent pour les huiles comestibles, il n’est que de 1 pour cent
pour le riz, le blé, le maïs et la laine – cependant, les volumes importés
à ces niveaux de tarif font l’objet de restrictions. Il n’en reste pas moins
que les volumes contingentés devraient augmenter sur une période
triennale allant de 2002 à 2004, à un taux annuel variant de 4 à 19 pour
cent. Parallèlement, les tarifs applicables aux ventes hors contingent
enregistreront un recul substantiel au cours de la première année
d’accession et poursuivront leur déclin entre 2002 et 2005.
La Chine devra éliminer Une fois écoulées quatre ou cinq années après l’accession, un certain
graduellement la plupart de nombre d’autres changements sont programmés. La Chine s’est engagée,
ses monopoles de commerce par exemple, à éliminer progressivement ses contingents tarifaires
d’Etat. applicables aux huiles comestibles après 2006. Les monopoles d’Etat
portant sur le commerce de la laine seront également éliminés
progressivement après 2004, et ils disparaîtront graduellement pour la
plupart des autres produits agricoles (tableau 16). La Compagnie
nationale chinoise d’importation et d’exportation des céréales, de
l’huile et des denrées alimentaires, continuera de jouer un rôle important
pour le riz, le blé et le maïs; toutefois, l’avenir sera caractérisé par une
concurrence croissante émanant des entreprises privées d’importation
et d’exportation de céréales.
L’accord d’accession de la Chine à l’OMC contient également un
certain nombre d’autres engagements, dont certains spécifiques au
pays. En premier lieu, contrairement aux autres pays, la Chine devra

87
Situation par région

éliminer progressivement toutes les subventions à l’exportation 55. En


deuxième lieu, en dépit de son statut de pays en développement,
l’exemption de minimis appliquée à la Chine (voir l’encadré 2, p. 44) ne
représente que 8,5 pour cent de la valeur de production d’une denrée
agricole de base en vue d’un soutien spécifique à cette denrée, et le
même pourcentage de la valeur de la production agricole totale pour un
soutien non spécifique; ce pourcentage est à comparer avec celui de 10
pour cent applicable aux autres pays en développement, et de 5 pour
cent applicable aux pays développés. En troisième lieu, les subventions
aux investissements et aux intrants destinés aux agriculteurs à faible
revenu et à faibles ressources, qui ne sont pas assujetties aux engagements
de réduction, doivent être prises en compte dans le calcul de la mesure
globale de soutien (MGS) (voir encadré 2, p. 44).
La Chine s’est également engagée à accepter une série de conditions
spécifiques en matière d’antidumping et de droits de compensation.
Ainsi, pendant une période de 15 ans, la Chine sera soumise à un
ensemble différent de règles, destinées à faciliter la mise en cause pour
antidumping, la présentation de preuves et l’application de sanctions à
l’encontre de la Chine. En revanche, à titre de réciprocité, la Chine
bénéficiera des mêmes droits à l’égard des autres pays.
Les engagements et les privilèges qui caractérisent d’autres volets de
l’accord pris entre la Chine et l’OMC auront des répercussions directes ou
indirectes sur son agriculture. A titre d’exemple, s’agissant des produits
chimiques utilisés en agriculture, la Chine s’est engagée à remplacer les
restrictions quantitatives frappant les importations de trois types d’engrais
(DAP, NPK et urée) par le contingent tarifaire. En outre, elle opérera une
réduction des tarifs au moment de son accession et appliquera, d’ici 2005,
des réductions supplémentaires à la quasi-totalité des produits industriels,
par exemple les tracteurs et les pesticides. De plus, la Chine réduira de
façon substantielle ses mesures non tarifaires et éliminera les contingents,
les régimes d’appels d’offres et les licences d’importation sur les produits
non agricoles, et cela d’ici à 2005 au plus tard. S’agissant des produits
textiles et des vêtements, toutefois, les restrictions «volontaires»
d’exportations, actuellement mises en œuvre, ne seront pas complètement
éliminées avant la fin de 2008, si bien que les exportations risquent de ne
pas croître aussi rapidement qu’elles l’auraient fait sous un régime moins
restrictif. Par ailleurs, des engagements substantiels ont également été pris
en vue de l’ouverture des marchés des services en Chine.

Les récents aménagements de politique


et les changements probables liés à l’accession
de la Chine à l’OMC
Bien que les réformes agricoles mises en œuvre par la Chine depuis
la fin des années 70 facilitent l’adaptation du secteur aux change-
ments qui se produiront au lendemain de son accession à l’OMC, le
pays reste confronté à de nombreuses difficultés pour honorer ses

88
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

engagement envers cette organisation 56. Cependant, ces difficultés


pourraient tout aussi bien être perçues comme l’occasion d’insuffler
un nouvel élan aux réformes touchant le commerce intérieur et
extérieur. Ainsi, les décisions faisant suite à l’accession à l’OMC
devraient prendre l’une des deux formes suivantes: des décisions de
politique destinées à honorer les engagements vis-à-vis de l’OMC, ou
encore des réformes de politique visant à stimuler l’économie et à
atténuer les perturbations découlant de l’entrée à l’OMC.

Les changements législatifs


La Chine remanie en D’importants changements sont prévus dans le domaine législatif.
profondeur sa législation Ainsi, la Chine s’est vu accorder un an à partir de la date de son accession
afin de se conformer aux pour harmoniser ses institutions, ses règlements et sa législation régissant
règles de l’OMC. les politiques économiques avec l’esprit de non-discrimination et de
transparence de l’OMC. Les préparatifs à cet effet avaient déjà été
amorcés à la fin des années 90.
Afin de fournir des orientations générales aux ministères et aux
autorités locales en vue d’amender ou d’abroger les règlements, les lois
et les politiques régissant le domaine, deux importants ensembles de
règlements ont été promulgués en janvier 2002: le Règlement sur le
processus législatif et le Règlement sur le processus législatif à vocation
administrative. Ces nouveaux règlements, qui constituent essentiellement
un guide à l’intention des autorités locales et des ministères, ont été
promulgués de manière à assurer le transfert de nombreuses fonctions
gouvernementales aux mécanismes du marché, et à inciter les autorités
gouvernementales à jouer un rôle plus direct, à caractère davantage
réglementaire, en ce qui concerne le commerce des échanges en général.
Les efforts entrepris en vue de créer et de mettre en œuvre ce
nouveau cadre réglementaire ont une large portée. Ainsi, lors de la
dernière étape des négociations avec l’OMC, chacun des ministères a
institué une commission chargée de passer en revue l’ensemble des lois
et des règlements relevant de sa compétence, afin de les rendre
compatibles avec les règles de l’OMC et avec les engagements pris par
la Chine en vue de son accession. Les autorités locales, pour leur part,
ont constitué des commissions semblables. Sur la base de plusieurs
expériences récentes comportant un processus d’amendement des lois
et des règlements, parallèlement à la création de nouvelles institutions
touchant le domaine agricole, la preuve a été faite de l’efficacité de ces
commissions et de la détermination de la Chine à honorer de manière
générale ses obligations envers l’OMC. A titre d’exemple, la loi sur les
brevets en vigueur en Chine, initialement promulguée en 1984 puis
amendée en 1992, a fait l’objet d’une nouvelle mouture et est entrée en
vigueur le 1er juillet 2001. En outre, un nouvel ensemble des règlements
portant sur la protection des variétés végétales a pris effet en 1999, au
moment où la Chine est devenue le 39 e pays membre de l’Union
internationale pour la protection des obtentions végétales (UPOV).

89
Situation par région

Parallèlement, depuis 2000, le Ministère de l’agriculture a abrogé


plusieurs règlements prévoyant l’octroi de subsides à certains types
d’entreprises, ou établissant un régime discriminatoire entre les différents
acteurs économiques opérant dans le domaine des intrants agricoles. Le
Règlement concernant le développement intégré des entreprises
agricoles, industrielles et commerciales dans le cadre des fermes d’Etat,
promulgué en 1983 pour favoriser le développement de fermes à statut
public, ainsi que le Règlement sur le développement d’entreprises
détenues par les cantons et les villages ruraux, publié en 1979 pour venir
en aide aux entreprises de propriété collective, ont tous deux été
également éliminés. Les règlements régissant la gestion des semences,
qui conféraient un pouvoir monopolistique aux entreprises locales
productrices de semences, ainsi que les règles en matière d’essais de
terrain concernant les pesticides, discriminatoires à l’encontre des
sociétés étrangères, ont de même été abolis.
En dépit des réformes sur grande échelle mentionnées ci-dessus, la
Chine continue de nécessiter des réformes approfondies au niveau
institutionnel pour lui permettre de s’acquitter des obligations légales
qu’elles a prises en vertu du Protocole d’accession à l’OMC.

Les réformes concernant le commerce des produits agricoles


Le commerce des produits C’est peut-être dans le domaine de la législation et des règlements
agricoles devra être encore encadrant le commerce que le processus de réforme et de libéralisation
libéralisé. entrepris en Chine est le plus avancé. Au cours des 20 années de ré-
forme, le régime du commerce extérieur de la Chine est progres-
sivement passé d’un système étroitement centralisé et planifié, tourné
vers la substitution des importations, à un régime plus décentralisé et
orienté vers le marché dans une optique de promotion des exportations 57.
Les modifications ainsi apportées aux politiques commerciales
notamment ont graduellement transformé la structure du commerce de
la Chine en faveur des produits pour lesquels elle possède un avantage
comparatif. Il n’en demeure pas moins que les échanges portant sur une
vaste gamme de produits agricoles continueront de se faire, sous l’égide
de l’Etat, en vertu d’accords échappant à la transparence58. Les quelques
prochaines années seront critiques pour la Chine en ce qui a trait aux
progrès des réformes du régime commercial des produits agricoles, y
compris les mesures tarifaires et non tarifaires.
Les modifications apportées aux politiques tarifaires sont plus directes
et plus simples que les réformes concernant les politiques non tarifaires.
La Chine s’est conformée au calendrier de réduction des barrières
tarifaires stipulé dans le Protocole. Le 1er janvier 2002, le barème tarifaire
moyen a été réduit à 12 pour cent, alors qu’il était de 15,3 pour cent en
2001. S’agissant des produits agricoles, la réduction tarifaire les a ramenés
de 21 pour cent à 15,8 pour cent. Quant aux subventions aux exportations,
elles devaient également être complètement éliminées au 1er janvier 2002.
A la lumière des réductions constantes de tarifs apportées au cours de

90
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

la dernière décennie, les modifications résultant de l’accession de la


Chine à l’OMC ne devraient guère poser de problèmes. Toutefois, il
faudra procéder à des réformes approfondies du régime des mesures
non tarifaires. En effet, le commerce d’État représente un volet
particulièrement important à prendre en compte dans la perspective
des réformes touchant la politique commerciale agricole de la Chine.
Cette dernière s’est engagée à éliminer les restrictions aux droits
d’exercice du commerce portant sur tous les produits à l’exception de
ceux régis par les CT, pour lesquels l’élimination du commerce d’Etat
se fera de façon plus graduelle (tableau 16). Il est prévu que trois ans
après l’accession de la Chine à l’OMC, le secteur privé devrait dominer
le commerce dans presque toutes les catégories de produits agricoles.
Cependant, les dispositions prévoient que l’Etat restera présent pour
trois denrées: le blé, le maïs et le tabac.
La Chine devra, par ailleurs, affronter trois autres problèmes
importants: les barrières techniques au commerce, les mesures sanitaires
et phytosanitaires et les dispositions institutionnelles régissant l’Accord
sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au
Chinoises travaillant au
repiquage du riz commerce (ADPIC).
Les récentes réformes opérées
dans le secteur céréalier ont La réforme du marché intérieur et le développement de l’infrastructure
conduit les agriculteurs à
Après 20 années de réforme, le secteur agricole de la Chine est
réduire leurs emblavures de
céréales et à adopter de aujourd’hui davantage axé sur le marché 59. C’est avec une régularité
meilleures variétés croissante que l’on a vu les négociants échanger les produits à travers

FAO/22495/M. TRAMAGNINI

91
Situation par région

le pays. Dès la fin des années 90, seuls les céréales, le coton et, dans une
certaine mesure, les cocons de ver à soie et le tabac, restaient assujettis
à des interventions sur les prix. Même dans de tels cas, les marchés
concernés, notamment ceux des céréales, sont devenus de plus en
plus concurrentiels, intégrés et efficaces au fil des années 60.
La réforme des marchés Malgré ces progrès, la Chine reste confrontée à des tâches nombreuses
agricoles intérieurs doit liées à la poursuite des réformes du marché aux termes du régime de
également être approfondie. l’OMC. Elle devra, et c’est là un autre défi de taille, améliorer l’efficacité
des marchés intérieurs, tout en amortissant les perturbations causées
par la libéralisation des échanges. Le cas des céréales peut être vu comme
illustrant la direction prise par les réformes du marché. Au cours des
deux dernières décennies, les responsables du commerce d’Etat des
céréales n’ont cessé de fournir des performances médiocres sous l’effet
de mesures incitatives mal conçues et souvent conjuguées au fardeau
fiscal. En dépit des efforts tendant à réformer le système, de nombreuses
sociétés céréalières d’Etat restaient déficitaires à la fin des années 90. Par
ailleurs, les pratiques de commercialisation de la Chine avaient suscité
des critiques à l’échelle internationale. Les négociateurs de l’OMC ont
souvent mis en relief les effets de distorsion du marché liés au système
traditionnel chinois d’établissement des prix des denrées alimentaires.
Pour d’autres, le régime préférentiel accordé aux entreprises d’Etat
céréalières constituait une violation des principes de traitement national
prônés par l’OMC.
Confrontée à ces pressions et à ces préoccupations, la Chine a lancé,
en 2000, un nouvel ensemble de réformes. A titre de première mesure,
le gouvernement a progressivement renoncé à son contrôle sur le
commerce des céréales de qualité inférieure (telles que le riz précoce
indica et le maïs en Chine du Sud, le blé de printemps en Chine du Nord
et l’ensemble du blé cultivé en Chine du Sud). Cette politique a eu pour
effet quasi immédiat un ajustement des schémas de variétés de cultures
dans certaines régions, où l’on a vu les producteurs commencer à
planter de meilleures variétés afin d’améliorer la qualité des récoltes.
Compte tenu des bons résultats obtenus grâce à cette réforme touchant
les variétés de céréales en 2000, le gouvernement a aujourd’hui entrepris
de libéraliser officiellement le marché des céréales. L’opération a tout
d’abord été entreprise dans un sous-ensemble de provinces côtières
déficitaires en céréales – Zhejiang, Jiangsu, Shanghai, Fujian, Guangdong
et Hainan –, et l’on prévoyait de l’étendre en 2002 à toutes les provinces
déficitaires en céréales.
En réponse à l’accession à l’OMC, le gouvernement a également
élaboré des plans ambitieux pour intensifier les investissements dirigés
vers l’infrastructure des marchés. Il existe, en effet, un besoin reconnu
de créer un réseau efficace d’information des marchés à l’échelle
nationale. Le Ministère de l’agriculture s’efforce de normaliser les
produits agricoles au plan de la qualité et de promouvoir leur
commercialisation par les agriculteurs. On envisage, dans cette

92
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

perspective, la création d’associations centrées sur les technologies


agricoles. Toutes ces mesures s’inscrivent dans un effort visant à
réorienter les ressources budgétaires – employées précédemment pour
financer les coûteux programmes nationaux de subvention des prix –
vers les investissements entraînant une amélioration de la productivité
et de l’infrastructure de commercialisation. L’ampleur de cette
réorientation est illustrée par le fait que le volume total des subsides
versés au titre des interventions sur les prix et les marchés avait atteint,
en 2000, 40,3 milliards de yuan renminbi, soit près de 4 pour cent du
budget national.

Les politiques d’utilisation des terres, l’organisation des exploitations


agricoles et les entreprises agricoles
La faible surface des Les répercussions de l’accession de la Chine à l’OMC au plan de
exploitations agricoles l’utilisation des terres et de l’organisation des exploitations agricoles
chinoises pourrait entraver font également l’objet d’un débat animé. Les préoccupations qu’elle
les gains de productivité. suscite sont axées sur la capacité concurrentielle des petites exploitations
agricoles chinoises une fois le commerce libéralisé. Rappelons que tous
les ménages agricoles chinois sont titulaires d’une parcelle de terre, mais
que cette terre, déjà très exiguë, tend à se restreindre encore puisqu’elle
est tombée de 0,56 ha en 1980, à 0,45 ha en moyenne en 2000. Bien
qu’une telle structure puisse être considérée comme positive aux plans
de l’équité et de la stabilité sociales, la fragmentation des terres ne
manquera pas de nuire à une meilleure productivité de la main-
d’œuvre et des revenus agricoles. Pour certains, il serait possible
d’agrandir les fermes et d’améliorer la productivité si le régime foncier
offrait de meilleures garanties. D’autres réclament la poursuite du
régime selon lequel les autorités locales réattribuent de façon pério-
dique la terre aux agriculteurs afin qu’elle demeure entre les mains
de l’ensemble des résidents ruraux.
Bien que de nombreux responsables semblent aujourd’hui tabler sur
un raffermissement des régimes fonciers, ils restent à la recherche de
mesures supplémentaires permettant de conserver certaines des
garanties d’équité offertes par le régime actuel de gestion des terres. La
loi dispose que, dans les régions rurales, la terre est détenue collectivement
par le village, qui se compose en moyenne de 300 ménages, ou par un
groupe restreint, le cunmin xiaozu, qui se compose normalement de
15 à 30 ménages, et elle est louée à des ménages. L’un des changements
les plus importants apportés ces dernières années concerne l’extension,
de 15 à 30 ans, de la durée des contrats d’utilisation. En 2000, près de
98 pour cent des villages avaient déjà amendé les contrats passés avec les
agriculteurs afin de tenir compte de cette extension des droits d’utilisation 63.
Le gouvernement cherche aujourd’hui à établir un mécanisme qui
permettrait aux agriculteurs exerçant encore à plein temps d’obtenir un
supplément de terre à cultiver afin d’augmenter leurs revenus et
d’améliorer leur compétitivité. A cette fin, une nouvelle loi concernant

93
Situation par région

les baux ruraux a récemment été élaborée. Bien que la propriété de la


terre demeure entre les mains de la collectivité, la loi confère au titulaire
du contrat la quasi-totalité des autres droits dont il jouirait dans le cadre
d’un régime de propriété privé. En particulier, la loi définit clairement
les droits de transfert et d’échange des terres soumises à bail. Il s’agit là
d’une reconnaissance des changements en cours car, en effet, une
proportion croissante des terres chinoises se trouve mise en location 64.
La nouvelle loi autorise également les agriculteurs à utiliser les terres
prises en location comme caution en vue d’obtenir des prêts
commerciaux, et elle permet aux membres de la famille d’hériter des
titres fonciers au cours de la période soumise à contrat.
Les autorités encouragent également les grandes entreprises
agricoles, afin de renforcer la productivité de l’agriculture du pays;
mais cette question reste controversée. Des exploitations de grande
envergure ont bénéficié d’un soutien sous forme d’incitations telles
que les dégrèvements fiscaux pour les investissements d’infrastructures,
les subventions au crédit pour les intrants et le financement
d’installations de transformation des aliments.
Parallèlement, on s’efforce d’améliorer la productivité des
exploitations agricoles en encourageant les organisations d’agriculteurs.
Les décideurs admettent aujourd’hui que, compte tenu de la faible
surface des fermes chinoises, la création d’organisations rurales efficaces
pourrait représenter l’option la plus prometteuse pour ce qui est
d’augmenter la productivité et les revenus. C’est dans cette perspective
que les quelque 240 millions d’exploitations agricoles chinoises ont été
autorisées à se constituer en organisations d’agriculteurs. Ces dernières
sont encouragées à opérer en collaboration étroite avec les autorités
gouvernementales dans le domaine de la diffusion de la technologie,
de l’information sur les marchés et du contrôle de la qualité 65.

Les réformes du secteur financier


Les réformes du secteur financier ont été plus lentes que celles
concernant certains des autres secteurs, et le gouvernement conserve
la haute main dans ce domaine66. Les engagements pris par la Chine,
stipulent qu’elle ouvrira graduellement ses marchés financiers. Après
une période de transition de quatre ans, toutes les restrictions d’ordre
régional seront supprimées et les banques bénéficieront d’un régime
national non discriminatoire. Les répercussions pour le secteur agricole
ne sont pas claires; dans les régions pauvres en particulier, le secteur
risque d’en pâtir; cependant, il n’est pas sûr que la situation s’aggrave
relativement au régime précédent. Le secteur financier, quant à lui, a
systématiquement extrait des fonds du secteur agricole 67 et, tout au
long de la période de réforme, on a enregistré un reflux net de
capitaux. Cependant, l’expérience d’autres pays donne à penser qu’à
court terme, les petits agriculteurs démunis se verront rationner le
crédit jusqu’à disparition68.

94
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Les investissements agricoles et les politiques de soutien


La Chine a accepté, et c’est l’une de ses concessions les plus fondamentales,
d’éliminer progressivement ses subventions à l’exportation au cours de
la première année d’accès à l’OMC. De telles subventions ont
fréquemment servi à promouvoir les exportations de maïs, de coton et
d’autres produits agricoles; de la sorte, les prix intérieurs bénéficiaient
d’un soutien indirect.
En outre, l’OMC exerce un contrôle très strict sur le type et sur le
montant de certaines subventions pouvant être offertes par les pays
membres. Tout comme les autres membres de l’OMC, la Chine doit
fixer des règles précises concernant le montant pouvant être intégré à
la politique de la «catégorie orange» (voir encadré 2, p. 44). Le protocole
d’accession de la Chine fixe le niveau de minimis de subvention à 8,5 pour
cent de la valeur brute de la production agricole. Selon une étude
récapitulative des investissements gouvernementaux dans ces secteurs,
la limite de minimis a peu de chances d’être contraignante pour le
moment69. Les véritables conséquences pourraient ne pas se faire sentir
avant quelque temps, les budgets devenant alors plus souples après des
années de poursuite de la croissance économique.
Une fois tournée la page de l’accession à l’OMC, la Chine pourra
mieux s’interroger sur la meilleure façon d’utiliser ses conditions de
minimis. Une étude récente a montré qu’en dépit du fait que les secteurs
à forte intensité de main-d’œuvre, tels que l’élevage et l’horticulture,
avaient des TPN négatifs fin 2001, de nombreux produits nécessitant
une forte intensité d’utilisation des terres, dont le maïs, le blé, les
oléagineuses et le sucre, avaient des TPN positifs, allant de 5 à 40 pour
cent 70. Les cultures présentant des TPN positifs relèvent pratiquement
toutes de la gestion du contingent tarifaire; ce constat a d’importantes
implications sur les modalités permettant à la Chine de soutenir le plus
efficacement possible son secteur agricole. Plutôt que de poursuivre
dans l’optique de soutien au marché ou de subventions, la Chine
pourrait promouvoir des mesures renforçant la productivité telles que
la recherche agricole et les investissements dans les domaines du
transport et des communications.
La Chine réoriente son L’incidence de l’accession à l’OMC est destinée à varier, non seulement
régime de soutien à d’une culture à l’autre, mais selon les régions, en fonction de leur
l’agriculture, passant du avantage comparatif en matière de production agricole et de politiques
soutien des prix aux gouvernementales. Il est souhaitable que, lors de la réorientation du
investissements destinés à régime de soutien au secteur, le caractère différencié de cette incidence
renforcer la productivité. au niveau régional soit pleinement pris en compte, une juste priorité
étant accordée aux effets produits sur les régions rurales les plus
pauvres.
Les récents remaniements apportés à la politique de soutien du
gouvernement en faveur du renforcement de la productivité agricole
semblent indiquer que les changements de politiques sont déjà en
cours. A titre d’exemple, vers la fin des années 90, les dépenses

95
Situation par région

gouvernementales réelles au titre de la recherche agricole ont progressé


d’environ 10 pour cent par an – et les investissements publics dans le
domaine de la biotechnologie végétale ont connu un taux de croissance
encore plus rapide71.

Les ajustements structurels et les macropolitiques


touchant l’agriculture
Les ajustements structurels Les ajustements structurels touchant l’agriculture, déjà promus au rang
du secteur agricole d’objectif central des politiques du gouvernement en 2000, ont encore
constituent une priorité. gagné en importance en 2001. Ces ajustements comprennent les
changements structurels dans la hiérarchie des denrées agricoles,
l’amélioration de la qualité pour les principales denrées, et la promotion
de la spécialisation régionale. Ces nouvelles orientations de politique,
qui découlent en partie des efforts déployés par la Chine pour se
préparer à l’adhésion à l’OMC, portent l’appellation suivante:
«Ajustements stratégiques de la structure agricole»72. Les principales
politiques et mesures de soutien concernant ces ajustements englobent
bon nombre des dispositions analysées plus haut.
Le cap fixé aux politiques est de relancer les réformes du système de
commercialisation des céréales et de réorienter une partie des ressources
allouées par le gouvernement – initialement orientées vers le coton et
vers les céréales constituant l’alimentation de base – en faveur de
produits agricoles pour lesquels la Chine dispose d’un avantage
comparatif, tels que les cultures maraîchères, mais aussi de promouvoir
la spécialisation régionale. Il s’agit, ce faisant, de s’appuyer davantage
sur des mesures indirectes compatibles avec la philosophie de l’OMC:
améliorations technologiques, investissements dans l’infrastructure et
création d’un contexte institutionnel et économique propice.
Un certain nombre de politiques pourront venir compléter la
transformation structurelle de l’agriculture et contribuer à accroître la
capacité concurrentielle de la Chine dans un contexte post-OMC;
toutefois, ces politiques ne relèvent pas des autorités directement
responsables de l’agriculture. C’est pourquoi, les opérateurs agricoles
devront accroître l’envergure de leurs entreprises, ce qui nécessitera le
déplacement d’un nombre très important de travailleurs qui seront,
dès lors, appelés à travailler davantage hors exploitation, et en particulier
à se déplacer vers les zones urbaines. De ce fait, les politiques visant à
promouvoir la mobilité de la main-d’œuvre ne manqueront pas de
profiter aux revenus et à la production agricoles. Il faudra veiller, dans
cette perspective, à appliquer des politiques d’emploi favorisant
l’urbanisation, le développement des cantons ruraux et la structuration
du marché du travail – notamment en éliminant les barrières à
l’expansion des petites entreprises des zones rurales. Une prise en
compte des besoins particuliers des zones rurales les plus pauvres
semble également justifiée.

96
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

CONCLUSIONS
La Chine a déjà entrepris de s’adapter au contexte dans lequel elle
évoluera après son accession à l’OMC. Les barèmes tarifaires ont été
abaissés; de nombreux textes législatifs et réglementaires ont été amendés;
les priorités en matière d’investissement ont été réaménagées; et les
stratégies politiques ont évolué. Le gouvernement dispose d’un large
éventail d’options. Même si le protocole de l’OMC auquel la Chine a
adhéré impose des restrictions à ses initiatives, les autorités chinoises
peuvent encore soutenir de façon active le secteur agricole. Certaines
initiatives dans ce domaine paraissent incontournables, telles que
l’intensification du soutien par le biais d’investissements destinés à
stimuler la productivité et auxquels l’OMC n’impose aucune restriction,
telles aussi que les dépenses en matière de recherche agricole, de
construction de réseaux routiers ou de création de réseaux d’information
d’envergure nationale, parallèlement au renforcement du potentiel des
barrières techniques aux échanges commerciaux, et des mesures et
normes sanitaires et phytosanitaires.
Cependant, même une fois de tels investissements effectués, la Chine
disposera d’une certaine latitude, compte tenu des limites de ses moyens
budgétaires, pour promouvoir certains secteurs. Même si les secteurs à
forte utilisation de terre risquent de rencontrer des difficultés, la Chine
dispose d’un avantage comparatif pour de nombreux produits –
cultures horticoles, fruits, bétail et aquaculture – en mesure de rivaliser
avec les produits d’importation, voire d’être exportés.
Enfin, et c’est l’aspect le plus important, l’attitude du Gouvernement
chinois à l’égard de l’OMC implique l’adoption d’un paradigme
entièrement nouveau, puisque l’on passe d’une implication directe du
gouvernement dans l’économie à un rôle réglementaire à caractère plus
indirect. Cette réorientation exige la création d’institutions permettant
la production et la gestion efficace des biens publics, ainsi que la
régulation des marchés afin d’en rectifier les déviations. Si le
gouvernement sait adopter une politique efficace et diversifiée, la Chine
pourra alors exploiter au mieux les avantages de la situation, tout en
atténuant le coût de conséquences inévitables.

97
Situation par région

III. Amérique latine


et Caraïbes
VUE D’ENSEMBLE
Situation économique générale
2001 a été une année de L’année 2001 a été une période de stagnation, voire de récession, pour
stagnation économique pour la plupart des économies de la région Amérique latine et Caraïbes.
l’Amérique latine et les L’environnement extérieur difficile, caractérisé par une faible crois-
Caraïbes. sance et l’instabilité des marchés financiers, est venu aggraver des
problèmes internes liés à la faiblesse de la demande intérieure, aux
déséquilibres macroéconomiques et à l’instabilité politique dans plu-
sieurs pays. Ces facteurs ont entraîné une nette réduction du rythme
d’expansion de l’activité économique dans la région et l’on estime que
le PIB a progressé d’environ 1 pour cent en 2001, soit deux fois moins
qu’en 200073. En raison des effets négatifs qu’elle a sur les salaires,
l’emploi et en définitive la demande effective de produits alimentaires,
la contraction de l’activité économique représente un revers majeur du
point de vue de la sécurité alimentaire.
Contrairement à 2000, année durant laquelle le dynamisme de
l’économie des Etats-Unis a eu un impact positif plus prononcé sur le
nord de la région (en particulier le Mexique) que sur le sud, en 2001
les mauvais résultats ont été à peu près également répartis dans toute
la région qui a été handicapée par le fléchissement de la croissance dans
les trois plus grands pays: au Mexique, le taux de croissance du PIB
devrait être nul alors qu’il avait atteint 6,9 pour cent en 2000; au Brésil,
après des signes de reprise prometteurs en 2000 et au début de 2001,
l’économie a été durement touchée par une sévère pénurie d’électri-
cité et par la détérioration de l’environnement économique. L’écono-
mie de l’Argentine, entrant dans sa quatrième année de récession, a été
frappée par la quasi-disparition du financement externe, et l’Argen-
tine a beaucoup de mal à réduire son déficit budgétaire et à assurer le
service de sa dette publique. Ces facteurs pourraient empêcher un
redressement rapide de ce pays et soulèvent des préoccupations en
raison de leurs répercussions financières et commerciales sur le
Marché commun du Sud (MERCOSUR) et le reste de la région. Le
Pérou et l’Uruguay sont aussi dans une situation très difficile qui
devrait se traduire par un taux de croissance inférieur à 1 pour cent
en 2001, tandis que le Chili et le Venezuela, malgré un certain fléchis-
sement, sont parvenus à préserver un taux de croissance d’environ
3 pour cent.
Le fléchissement de la croissance s’est transmis d’un pays à l’autre
par une forte contraction du commerce. En raison de la baisse de la
demande et du prix de ses produits d’exportation, la région a subi une
nette diminution de ses recettes d’exportation. Les importations se

98
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

tassent aussi, mais plus lentement que les exportations, si bien que le
déficit commercial de la région devait se creuser en 2001. Le déficit des
opérations courantes devrait passer de 47 milliards de dollars en 2000
à 58 milliards de dollars en 2001, ce qui représente 3 pour cent du PIB
de la région. Compte tenu du niveau projeté du solde des opérations
courantes et des opérations de capital, le transfert net de ressources
vers la région sera presque nul en 2001. En fait, pour la troisième
année consécutive, les entrées brutes de capitaux devront être em-
ployées entièrement pour l’amortissement de la dette et le règlement
des services facteurs.

Situation récente de l’agriculture


La croissance de la Sauf en 1994, 1995 et 1999, qui ont été des années particulièrement
production agricole a été favorables pour l’agriculture, les résultats de l’agriculture de la région ces
inférieure à la moyenne en dernières années ont en général été moins bons que ceux de l’ensemble
2000. de l’économie. Cela vaut également pour 2000. En 2000, la production
agricole a augmenté de 2,1 pour cent, ce qui est nettement inférieur au
progrès de l’activité économique globale et à peine supérieur au taux de
croissance démographique. L’insuffisance de l’augmentation de la pro-
duction agricole (0,6 pour cent) a été en partie compensée par une forte
expansion de l’élevage (4,4 pour cent). Les récoltes ont été mauvaises
dans les trois grands pays producteurs: l’Argentine (sauf dans le cas des
céréales), le Brésil (où la culture de céréales a diminué) et le Mexique.
Parmi les sous-régions, seule celle des Caraïbes a obtenu des gains de
production supérieurs à la moyenne, avec une augmentation globale
(élevage et produits agricoles) de 3,1 pour cent. En Amérique centrale
et en Amérique du Sud, la croissance de la production a été proche de
la moyenne régionale, 1,7 et 2,2 pour cent respectivement.
On s’attend à une certaine amélioration pour 2001. Selon les
estimations, la production agricole devrait augmenter de 2,7 pour

Tableau 17
TAUX DE CROISSANCE ANNUEL DU PIB, EN TERMES RÉELS, EN AMÉRIQUE
LATINE ET DANS LES CARAÏBES

1997 1998 1999 2000 20011 2002*

(Pourcentage)
Argentine 8,1 3,8 -3,4 -0,5 -2,7 -1,1
Brésil 3,3 0,2 0,5 4,4 1,8 2,0
Chili 7,4 3,9 -1,1 5,4 3,3 3,0
Colombie 3,4 0,6 -4,1 2,8 1,4 2,4
Mexique 6,8 5,0 3,7 6,9 0 1,2
Pérou 6,7 -0,5 0,9 3,1 0,2 3,7
Venezuela 6,4 0,2 -6,1 3,2 2,7 1,8
Amérique latine et Caraïbes 5,3 2,3 0,1 4,1 1,0 1,7
1
Projections.
Source: FMI. 2001. Perspectives économiques mondiales, décembre. Washington.

99
Situation par région

Figure 24
AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES:
INDICATEURS CHOISIS

En milliards de dollars EU Pourcentage


Valeur des exportations et 70 40
importations agricoles et part 35
60
dans les échanges totaux
50 30
de marchandises
40 25
Exportations agricoles ($EU)
30 20
Importations agricoles ($EU) 20 15
Exp. agr., part du total (%) 10 10
Imp. agr., part du total (%) 0 5
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00
Indice
Exportations agricoles 180
(Indice: 1989-1991 = 100)
160
140
Valeur
120
Valeur unitaire 100
Quantité 80
60
40
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00
Indice
Importations agricoles 220
(Indice: 1989-1991 = 100) 200
180
Valeur 160
140
Valeur unitaire 120
Quantité 100
80
60
40
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00
Indice
Termes nets de l’échange 180
entre produits agricoles 160
et recettes
(Indice: 1989-1991 = 100) 140
120
Termes nets de l’échange
100
Recettes
80
60
40
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99

100
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES:


INDICATEURS CHOISIS

Pourcentage
PIB réel 6
(Evolution en pourcentage par
rapport à l’année précédente) 5
4
3
2
1
0
92 93 94 95 96 97 98 99 00 01
kcal
Disponibilité énergétique 2 900
alimentaire
(Kcal par habitant/jour) 2 850
2 800
2 750
2 700
2 650
2 600
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99
Indice
Production agricole 140
(Indice: 1989-1991 = 100)
130
120
Production agricole totale
110
Production alimentaire
par habitant 100
90
80
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01*

* Estimation provisoire

Source: FAO et FMI

101
Situation par région

On s’attend à une certaine cent, même si cela reste inférieur à la tendance (sur la période 1991-
augmentation de la 2001, le taux de croissance moyen était d’environ 2,9 pour cent). Les
production agricole globale conditions climatiques et la situation du marché ont eu des effets très
en 2001. différents sur les différents produits et pays en 2001. En particulier:
• La progression de 2,7 pour cent de la production globale est l’effet
conjugué d’une expansion supérieure à la moyenne pour les
cultures (4,6 pour cent globalement et 7,8 pour cent dans le cas des
céréales) et inférieure à la moyenne pour l’élevage (1,8 pour cent).
• La bonne tenue de la production agricole a été due essentiellement
à l’accroissement des récoltes dans les deux grands producteurs de
la région: l’Argentine (+4,4 pour cent) et le Brésil (+6,8 pour cent).
• Dans la plupart des autres pays de la région, sauf au Chili et au
Paraguay, l’augmentation de la production végétale en 2001 a été
inférieure à la tendance. La production de l’Amérique centrale a
augmenté de moins de 2 pour cent, tandis que dans les Caraïbes
et plusieurs pays andins la croissance a été nulle, voire négative.
• La production céréalière a augmenté dans des proportions esti-
mées à 7,8 pour cent, ce qui est le meilleur résultat enregistré dans
la région depuis 10 ans. Toutefois, cela s’explique avant tout par
la récolte exceptionnelle du Brésil, après une mauvaise année. Le
Chili, le Paraguay et le Pérou ont aussi contribué, dans une
moindre mesure, à la forte hausse de la production de céréales.
• En revanche, l’année 2001 a été mauvaise pour la récolte de
céréales des autres grands producteurs de la région (Argentine,
Colombie, Mexique et Venezuela).
• Le taux de croissance de la production animale a diminué dans
toutes les sous-régions, alors qu’il avait été relativement élevé les
deux années précédentes. Au Brésil, en Colombie, au Mexique et
au Venezuela, la production animale a diminué et, en Argentine
et en Uruguay, elle a stagné ou très légèrement diminué en raison
de foyers de fièvre aphteuse.

Tableau 18
TAUX DE CROISSANCE NET DE LA PRODUCTION EN AMÉRIQUE LATINE
ET DANS LES CARAÏBES

Année Agriculture Cultures Céréales Elevage

(Pourcentage)
1992–96 2,9 2,5 4,5 3,6
1997 3,3 3,7 3,3 1,9
1998 1,7 2,6 -2,4 1,1
1999 5,4 4,5 4,8 6,3
2000 2,1 0,6 2,6 4,4
20011 2,7 4,6 7,8 1,8
1
Chiffres provisoires.
Source: FAO.

102
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

ÉVOLUTION DE LA STRUCTURE DU COMMERCE DES


PRODUITS AGRICOLES
On ne saurait trop souligner l’importance du commerce des produits
agricoles pour la région Amérique latine et Caraïbes. De toutes les
régions en développement, celle-ci est celle dans laquelle le montant des
exportations de produits agricoles par habitant est le plus élevé. Ses
exportations (environ 100 dollars par habitant et par an) représentent
cinq fois celles de l’Afrique subsaharienne ou de l’Asie et du Pacifique,
et plus de trois fois celles du Proche-Orient. En outre, la valeur de ses
importations de produits agricoles par habitant est aussi largement
supérieure à la moyenne de l’ensemble des pays en développement, sauf
le Moyen-Orient. En dépit d’une industrialisation rapide, le commerce
des produits agricoles et les activités économiques connexes restent des
sources majeures de croissance, de création d’emplois et de recettes en
devises pour cette région.
La structure du commerce Toutefois, la structure et les caractéristiques du commerce agricole de
extérieur des produits la région ont beaucoup évolué durant la dernière décennie, qui a été
agricoles de la région s’est caractérisée par des transformations économiques, politiques et institu-
beaucoup transformée ces tionnelles majeures. L’agriculture de la région, et en particulier ses sous-
dernières décennies. secteurs les plus modernes et les plus ouverts sur l’extérieur, s’est révélée
très capable de saisir les nouvelles occasions offertes par la libéralisation
et l’intégration des marchés mondiaux. Néanmoins, elle a eu du mal à
accroître sa productivité et sa compétitivité, à diversifier ses produits et
à préserver sa part du marché mondial. Ces difficultés ont été dues à des
contraintes internes ainsi qu’à l’intensification de la concurrence inter-
nationale, à l’instabilité des marchés, au niveau souvent insatisfaisant des
prix et à la persistance d’obstacles officiels au commerce des produits
agricoles.
La présente section expose des statistiques qui illustrent cette évolu-
tion. On y trouvera en particulier des indicateurs de l’importance
économique du commerce des produits agricoles de l’Amérique latine
et les Caraïbes, tant aujourd’hui que par le passé, et une analyse des
principales caractéristiques des tendances et du rythme et de l’évolution
de ce commerce.

Importance croissante du commerce des produits


agricoles par rapport à la production
Les exportations de produits Ces dernières décennies, l’expansion du volume du commerce des
agricoles ont progressé plus produits agricoles a été nettement plus rapide que celle de la production
vite que la production durant agricole. Cette évolution, qui souligne l’intégration croissante de l’agri-
les années 90. culture de la région dans le marché mondial, a été particulièrement
prononcée depuis le milieu des années 90, période caractérisée par la
libéralisation du commerce international et la revitalisation des arran-
gements de commerce international (figure 25). Entre 1980 et la fin des
années 90, alors que le volume de la production a augmenté d’environ
56 pour cent, celui des exportations a presque doublé.

103
Situation par région

Les importations de produits agricoles ont aussi augmenté plus vite


que la production. Cette évolution est particulièrement prononcée dans
le cas des céréales, principale catégorie de produits importés. La figure
26 montre que l’offre de céréales par habitant a beaucoup augmenté,
passant de 220 à 290 kg par an, entre le début des années 60 et 1999.
L’expansion de l’offre de céréales, qui a beaucoup contribué à
l’amélioration considérable de la situation nutritionnelle dans la région
depuis quelques décennies, résulte essentiellement d’une augmenta-
tion des importations. En fait, la production de céréales par habitant a
diminué après le maximum atteint au milieu des années 80, tandis que
les importations ont augmenté jusqu’à atteindre environ 12 pour cent
de l’offre céréalière totale en 1996-1999.

Figure 25
AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES: VOLUME DE LA
PRODUCTION ET DU COMMERCE AGRICOLES

Indice: 1979-1981 = 100


Exportations agricoles 200
Production agricole 180
160
140
120
100
80
60
40
20
1961-63

1964-66

1967-69

1970-72

1973-75

1976-78

1979-81

1982-84

1985-87

1988-90

1991-93

1994-96

Source: FAO 1997-99

Figure 26
AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES: PRODUCTION
ET COMMERCE CÉRÉALIERS

Tonnes
Production céréalière 0,30
par habitant 0,25
Importations céréalières 0,20
par habitant (y compris 0,15
l'aide alimentaire)
0,10
0,05
0,00
-0,05
Source: FAO 61–65 66–70 71–75 76–80 81–85 86–90 91–95 96–99

104
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Déclin du rôle de l’agriculture dans le commerce total de


marchandises
La figure 27 récapitule l’évolution générale des importations et des
exportations des produits de l’agriculture, de la pêche et de la foresterie
et la part de ces exportations et importations dans le commerce total de
marchandises.
De façon générale, le commerce des produits agricoles a été très
dynamique durant les années 70, en raison de la forte hausse des prix
des produits d’exportation traditionnels. Ensuite, il y a eu une période
de stagnation durant les années 80, les marchés de la région étant très
déprimés et les prix chutant brutalement, en particulier en 1982 et
1983; la croissance a repris dans les années 90 et a été particulièrement
soutenue durant les années de hausse des prix des produits primaires
qu’ont été 1997 et 1998.
Mais la part des produits Malgré cette expansion vigoureuse durant l’essentiel de cette pé-
agricoles dans le total des riode, la part des produits agricoles dans le commerce total de la région
exportations a diminué. n’a cessé de diminuer en raison du processus d’industrialisation qui a
amené d’autres produits marchands – en particulier les produits
manufacturés – à prendre davantage d’importance. Les exportations
de produits agricoles représentaient 43 pour cent du total des expor-
tations au début des années 70 et n’en représentent aujourd’hui plus
que 20 pour cent. Cette évolution a été moins marquée dans le cas des
importations, car la région a eu de plus en plus recours à l’importation
pour satisfaire ses besoins alimentaires. La part des produits agricoles
dans les importations a fluctué aux alentours de 12 à 13 pour cent au
cours des trois dernières décennies, et elle est aujourd’hui d’environ
10 pour cent74.

Figure 27
AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES: COMMERCE
DES PRODUITS DE L’AGRICULTURE, DES PÊCHES
ET DES FORÊTS

En milliards de $EU Pourcentage


Importations de produits 60 60
agricoles (en milliards de $EU)
50 50
Exportations de produits 40 40
agricoles
30 30
Importations de produits
20 20
agricoles en pourcentage
de toutes les importations 10 10
0 0
Exportations de produits
1961–62

1965–66

1969–70

1973–74

1977–78

1981–82

1985–86

1989–90

1993–94

1997–98
1999

agricoles en pourcentage de
toutes les exportations
Source: FAO

105
Situation par région

Stabilité de la part de la région dans le commerce mondial


des produits agricoles
La région a réussi à stabiliser Malgré l’intensification de la concurrence des exportateurs traditionnels
sa part des exportations ou de nouveaux exportateurs sur le marché mondial, la région a réussi à
mondiales de produits préserver sa part du commerce mondial des produits agricoles. Cette part
agricoles. a fluctué autour de 15 à 17 pour cent au cours des trois dernières
décennies, tendant à baisser un peu jusqu’à la fin des années 80, puis
augmentant jusqu’à atteindre presque 20 pour cent ces dernières années
(figure 28). Au contraire, la plupart des pays en développement des autres
régions, notamment ceux d’Afrique et du Proche-Orient, ont perdu des
parts de marché dans cette période75.
La situation de l’Amérique latine et des Caraïbes dans le commerce
agricole mondial est très différente. Sa part dans le total des importations
n’a cessé d’augmenter depuis les années 80, période à laquelle la pénurie
de devises imposait une sévère restriction de toutes les importations, y
compris de produits alimentaires. Aujourd’hui, cette région, où vivent
environ 8 pour cent de la population mondiale, absorbe près de 10 pour
cent des importations agricoles totales du monde, contre 6 pour cent à la
fin des années 80 (figure 29).

Diversification de la composition du commerce


des produits agricoles
La composition des Traditionnellement, les pays d’Amérique latine et des Caraïbes tiraient
exportations de produits l’essentiel de leurs recettes d’exportations agricoles de l’exportation d’une
agricoles s’est diversifiée. gamme étroite de produits alimentaires et de matières premières. Toute-
fois, ces dernières années, le cours international de plusieurs grands
produits d’exportation a beaucoup baissé (voir Le facteur prix, p. 119).

Figure 28
AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES:
PART RÉGIONALE DES EXPORTATIONS
MONDIALES DE PRODUITS AGRICOLES

En pourcentage
25

20

15

10

0
1991–93
1961–63

1964–66

1967–69

1970–72

1973–75

1976–78

1979–81

1982–84

1985–87

1988–90

1994–96

1997–99

Source: FAO

106
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Figure 29
AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES:
PART RÉGIONALE DES IMPORTATIONS
MONDIALES DE PRODUITS AGRICOLES

En pourcentage
15

10

1991–93
1961–63

1964–66

1967–69

1970–72

1973–75

1976–78

1979–81

1982–84

1985–87

1988–90

1994–96

1997–99
Source: FAO

Tableau 19
AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES: PART DES PRINCIPAUX PRODUITS AGRICOLES
D’EXPORTATION DANS L’ENSEMBLE DES EXPORTATIONS AGRICOLES, PÉRIODE
DE RÉFÉRENCE 1970–1972

Produits d’exportation 1970–72 1980–82 1990–92 1997–99

(Pourcentage)
Café vert 24,0 19,8 12,2 13,8
Sucre (centrifugé, brut) 17,5 19,4 11,3 5,3
Coton fibre 6,2 3,0 2,3 0,8
Bananes 5,2 3,7 7,4 5,5
Viande de bœuf et de veau 4,7 1,1 0,6 0,3
Maïs 4,2 2,7 1,5 2,5
Viande de bœuf et de veau désossée 3,6 2,3 2,5 2,3
Préparations à base de viande de bœuf 2,1 1,7 1,6 1,0
Bétail 2,0 0,8 1,2 0,6
Graines de cacao 1,6 1,3 0,7 0,3
Feuilles de tabac 1,4 2,0 2,9 2,5
Blé 1,3 2,5 2,1 2,5
Tomates 1,3 0,7 0,9 1,1
Tourteaux de soja 1,2 6,2 7,9 7,6
Sucre raffiné 1,2 2,5 1,4 2,0
Total 77,5 69,6 56,6 48,0
Source: FAO.

Cela a incité de nombreux pays à faire des efforts supplémentaires de


diversification des exportations, tant en élargissant la gamme des produits
exportés en vrac qu’en transformant davantage ces produits. Ces efforts
ont donné des résultats plus ou moins satisfaisants selon les pays, mais
globalement ils ont entraîné une évolution importante de la structure des

107
Situation par région

produits d’exportation. Les modifications sont récapitulées au tableau 19,


qui indique les 15 principaux produits agricoles exportés par la région,
classés selon leur ordre d’importance en 1970-1972, et l’évolution de leur
part dans le total des exportations de produits agricoles.
Il convient de noter les points suivants:
• Les 15 produits mentionnés dans ce tableau représentaient près de
80 pour cent des exportations totales de produits agricoles au début
des années 70 et cette proportion est tombée à moins de 50 pour cent
aujourd’hui. Cela s’explique par le fait qu’un grand nombre d’autres
produits ont pris plus d’importance76.
• La détérioration des conditions du marché international pour les
exportations traditionnelles de produits tropicaux de la région a
entraîné une forte baisse de l’importance relative de ces produits. Le
café reste le premier produit primaire d’exportation de la région,
mais aujourd’hui il représente moins de 15 pour cent du total des

Femmes d’une coopérative


triant les grains de café
En Amérique latine et dans les
Caraïbes, certains produits
d’exportation traditionnels,
dont le café, ont subi un déclin
constant au cours des
dernières années. Cependant,
le café reste la principale
denrée agricole d’exportation
de la région

FAO/10089/J. VAN ACKER

108
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

exportations de produits agricoles, contre un quart au début des


années 70. Les parts du coton, du cacao et surtout du sucre brut ont
aussi diminué.
• La contrepartie de la baisse de la part de marché des produits
tropicaux traditionnels a été le développement des exportations de
graines oléagineuses et de produits connexes ainsi que de fruits,
céréales et légumes.
• Le soja et les tourteaux de soja, dont la part était négligeable au
début des années 70, représentaient ces dernières années pas moins
de 17 pour cent des exportations de produits agricoles de la région.
Toutefois, cette expansion s’est faite sur une base très étroite,
puisqu’elle résulte essentiellement du développement spectacu-
laire de la culture du soja en Argentine et au Brésil (voir encadré 7).
L’évolution de la composition et la diversification des produits
d’exportation agricole sont mises en évidence dans le tableau 20, qui
montre la part des 15 premiers produits d’exportation agricole en
1997-1999. Ces produits représentent seulement 60 pour cent du
total des produits d’exportation agricole, contre près de 80 pour cent
en 1970-1972.

Les pays développés à Diversification géographique des marchés


économie de marché restent le Traditionnellement, les exportations de produits agricoles de la région
principal débouché pour les étaient destinées principalement aux pays industriels, qui en absorbent
exportations de produits environ 60 pour cent et fournissent plus de la moitié de ses importa-
agricoles de la région. tions de produits agricoles (tableau 21)77.

Tableau 20
AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES: PART DES PRINCIPAUX PRODUITS AGRICOLES
D’EXPORTATION DANS LE TOTAL DES EXPORTATIONS AGRICOLES, 1997–1999

Produits d’exportation (Pourcentage)

Café vert 13,8


Tourteaux de soja 7,6
Fèves de soja 5,6
Bananes 5,5
Sucre (centrifugé, brut) 5,3
Huile de soja 3,9
Matières organiques non traitées (29) 3,0
Feuilles de tabac 2,5
Maïs 2,5
Blé 2,5
Jus d’orange concentré 2,3
Viande désossée de bœuf et de veau 2,3
Sucre raffiné 2,0
Huile de graines de tournesol 1,9
Préparations alimentaires 1,4
Total 62,0
Source: FAO.

109
Situation par région

Encadré 7 Un des aspects les plus nota- facteurs. Au Brésil, la mise au


bles de l’évolution récente de point de variétés de soja «tropi-
LE SOJA EN l’agriculture en Amérique la- cal» par le Réseau national de
ARGENTINE ET tine est que l’Argentine et le recherche et de vulgarisation
AU BRÉSIL Brésil sont devenus deux des agricoles EMBRAPA (Empresa
premiers exportateurs et pro- Brasileira de Pesquisa Agro-
ducteurs de soja du monde. pecuaria) a permis d’étendre la
Au début des années 60, la culture du sud-ouest tempéré
production de soja du Brésil du pays vers le centre-ouest. Les
ne représentait que 1 pour aides publiques et la stabilité
cent de la production mon- macroéconomique ont aussi con-
diale et le soja était quasiment tribué à cette expansion rapide.
inconnu en Argentine. A la fin En Argentine, l’essor de la pro-
de la décennie, la part totale de duction de soja a été un des
ces deux pays dans la produc- effets de la hausse du cours in-
tion mondiale ne dépassait pas ternational au début des années
4 pour cent, et provenait pour 70. Elle a aussi été facilitée par de
l’essentiel du Brésil. Les an- bonnes conditions agroclima-
nées 70 ont été marquées par tiques et une amélioration des
une expansion phénoménale systèmes culturaux. Les rende-
de la production de soja du ments ont très rapidement pro-
Brésil, ainsi que de celle de gressé, en particulier dans les
l’Argentine avec un décalage années 70, tandis que les zones
de quelques années. La pour- cultivées se sont étendues, soit
suite de cette expansion dans par conversion de champs affec-
les années 80 et 90 a fait de ces tés à la culture de céréales se-
pays les deuxième et troisième condaires ou de pâturages, soit
producteurs mondiaux, et leur par mise en culture de nouvelles
production totale représentait terres. La possibilité de faire une
un tiers de la production mon- double récolte blé-soja a rendu
diale ces dernières années. plus rentable la production de
La part de l’Argentine et du soja. Les réformes adoptées dans
Brésil dans le marché mondial les années 90 et notamment l’in-
de l’exportation du soja et de troduction d’une baisse de la
ses dérivés a aussi augmenté taxe à l’exportation, ainsi que la
très rapidement. Leur part totale stabilité monétaire, ont encore
représente aujourd’hui 40 pour encouragé la production de soja.
cent environ des exportations Si les cours restent favo-
mondiales. rables, il se pourrait que la pro-
Cette expansion remarqua- duction de soja du Brésil et de
ble s’explique par de nombreux l’Argentine continue d’augmen-

110
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

ter pendant de nombreuses an- voque une érosion du sol dans


nées car ces deux pays disposent certaines zones et l’intensité de
encore d’importantes superficies la culture compromet la fertilité
qui pourraient être mises en cul- naturelle du sol. Les chercheurs
ture. Toutefois, on commence à et les cultivateurs cherchent à
atteindre certaines limites. L’une mettre au point des technolo-
d’entre elles est la hausse du gies et des systèmes plus dura-
coût du transport. Les produc- bles, par exemple labour zéro et
teurs se trouvent également aux amélioration de la rotation.
prises avec une augmentation
des coûts de commercialisation
lorsque les zones de production
se déplacent vers l’intérieur du
pays. L’utilisation de méthodes
mécanisées à grande échelle pro-

ARGENTINE ET BRÉSIL: PART DE LA PRODUCTION MONDIALE


DE FÈVES DE SOJA

1969–71 1979–81 1989-91 1999-2001

(Pourcentage)
Argentine 0,1 4,2 8,8 13,4
Brésil 3,5 15,7 18,4 20,4

Total 3,6 19,9 27,2 33,8


Source: FAO.

ARGENTINE ET BRÉSIL: PART DANS LA VALEUR DES EXPORTATIONS


MONDIALES DE SOJA ET DE PRODUITS DÉRIVÉS1

1969–71 1979–81 1989–91 1997–99

(Pourcentage)
Argentine 0,0 5,7 15,0 16,8
Brésil 3,8 17,5 21,2 22,3

Total des deux pays 3,8 23,2 36,2 39,1


1
Fèves de soja, tourteaux de soja, huile de soja.
Source: FAO.

111
Situation par région

Développement du commerce Toutefois, ces dernières décennies, la répartition géographique du


agricole intrarégional et des commerce a considérablement changé. L’Union européenne (UE) et les
exportations vers l’Asie et le Etats-Unis restent les premiers débouchés des produits exportés par
Pacifique. l’Amérique latine et les Caraïbes, mais le poids relatif des pays en
développement a augmenté. En revanche, du fait du processus de
transition entamé dans les années 90, les pays d’Europe orientale ont
cessé d’être des partenaires commerciaux importants.
On peut observer une évolution similaire du côté des importations,
avec une réduction plus prononcée de la part des pays développés, au
profit des pays en développement, en tant que fournisseurs de produits
agricoles de la région (tableau 22).
Le processus de diversification des marchés, qui a vu augmenter la
part des pays en développement, est dû en partie au fait que la région
Asie et Pacifique est un marché de plus en plus important pour la région.
Toutefois, le principal moteur de ce processus a été l’augmentation
considérable du commerce intrarégional des produits agricoles, due surtout
dans les années 90, aux efforts d’intégration régionale. La part du
commerce intrarégional dans le commerce total des produits agricoles
est passée, entre 1990 et 1997, de 12 à 18 pour cent dans le cas des
exportations, et de 28 à 38 pour cent dans le cas des importations.
Le rôle du MERCOSUR a été particulièrement important, compte
tenu de la taille des pays concernés et de leur complémentarité en termes
de produits. Les tableaux 23 et 24 montrent que, pour l’Argentine, le
Brésil, le Paraguay et l’Uruguay, la période allant du milieu des années
80 à la fin des années 90 s’est caractérisée par une réorientation majeure
de leur commerce de produits agricoles, en faveur des autres pays du
groupe. Ainsi, dans le cas de l’Argentine, la part des exportations de
produits agricoles absorbée par les partenaires du MERCOSUR, qui

Tableau 21
DESTINATION RÉGIONALE DES EXPORTATIONS DE PRODUITS AGRICOLES EN
PROVENANCE D’AMÉRIQUE LATINE ET DES CARAÏBES

Destination 1980 1990 1995 1997

(Pourcentage)
Pays développés 60 66 64 63
Union européenne 30 34 32 32
Etats-Unis et Canada 24 25 24 24

Pays en développement 20 27 33 33
Amérique 10 12 17 18
Afrique 3 4 3 3
Proche-Orient 3 5 4 4
Asie et Pacifique 4 6 9 9

Pays d’Europe orientale 18 7 3 3


Source: CNUCED. 2000. Annuaire statistique 2000. Genève.

112
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

n’était que de 10 à 15 pour cent du total dans les années 80, est montée
jusqu’à un quart environ ces dernières années. De même, la part des
exportations de produits agricoles du Brésil absorbée par les autres
pays du MERCOSUR, qui était à l’origine négligeable, atteint aujourd’hui
près de 10 pour cent. Cette tendance à la concentration du commerce
intrarégional s’observe aussi pour l’importation, comme le montre le
tableau 24. En particulier, la part des produits de la région dans les
importations du Brésil est passée de 27 à 45 pour cent environ. Dans le
cas du Paraguay et de l’Uruguay, qui importaient déjà beaucoup des
autres pays du MERCOSUR, cette orientation s’est renforcée durant la
période.

Solde et importance économique des échanges agricoles


Comme les exportations de produits agricoles dépassent largement les
importations de ces mêmes produits, la région a conservé un important
excédent commercial dans ce secteur, même durant les périodes de
dépression des marchés de ses principaux produits d’exportation (voir
figure 27).
Les périodes de contraction des exportations ont toujours coïncidé avec
des périodes de contraction des importations, ce qui montre à quel point
la région est tributaire des recettes d’exportation de produits agricoles
pour financer ses importations, y compris de produits alimentaires.
La balance commerciale globale de la région dans le secteur agricole
est surtout influencée par celle des principaux exportateurs nets,
l’Argentine et le Brésil, dont les excédents déjà importants ont eu
tendance à augmenter encore durant la dernière décennie. Les expor-
tations de ces deux pays représentent plus de la moitié du total des
exportations de produits agricoles de la région, alors qu’ils n’importent

Tableau 22
IMPORTATIONS AGRICOLES D’ORIGINE RÉGIONALE DE L’AMÉRIQUE LATINE
ET DES CARAÏBES

Origine 1980 1990 1995 1997

(Pourcentage)
Pays développés 70 61 57 56
Union européenne 14 17 16 12
Etats-Unis et Canada 52 40 39 41

Pays en développement 26 34 41 42
Amérique 22 28 37 38
Afrique 1 1 1 1
Proche-Orient 0 0 0 0
Asie et Pacifique 4 6 9 9

Pays d’Europe orientale 5 5 1 1


Source: CNUCED. 2000. Annuaire statistique 2000. Genève.

113
Situation par région

L’excédent du commerce des qu’un quart du total des importations de produits agricoles. Néanmoins,
produits agricoles s’explique presque tous les ans, il y a dans toute la région des pays en excédent
essentiellement par les agricole, les exceptions notables étant la sous-région des Caraïbes, qui est
excédents de l’Argentine et du importatrice nette de produits agricoles depuis le début des années 90,
Brésil, mais la plupart des et le Mexique (figure 30).
sous-régions sont aussi Pour évaluer l’importance de la balance commerciale agricole, il faut
excédentaires. étudier, d’une part, l’importance économique des exportations de
produits agricoles et, d’autre part, le coût des importations de produits
agricoles. On trouvera au tableau 25 un certain nombre d’indicateurs
qui illustrent ces aspects essentiels du commerce des produits agricoles.
Pour l’ensemble de la région, les exportations de produits agricoles
représentent environ 23 pour cent du total des exportations de marchan-
dises, contre 29 pour cent au début des années 80, tandis que la part des
importations de produits agricoles est restée assez stable, 10 à 12 pour cent
du total des importations au cours des trois dernières décennies.
Toutefois, ces moyennes cachent des situations très disparates entre les
sous-régions et les pays.

Tableau 23
MERCOSUR: DESTINATION DES EXPORTATIONS AGRICOLES

Pays exportateurs Destination

Argentine Brésil Paraguay Uruguay Total


MERCOSUR

(Pourcentage)
Argentine 13.1
1986 12,1 0,2 0,8 11,8
1990 11,0 0,3 0,5 21,3
1994 18,1 1,9 1,3 23,1
1998 19,9 1,6 1,6

Brésil
1986 0,0 0,0 0,0 2,8
1990 0,5 0,4 1,0 1,9
1994 3,6 2,2 0,9 6,6
1998 4,8 3,1 1,6 9,5

Paraguay
1986 13,5 42,3 2,3 58,2
1990 5,6 33,3 1,0 39,9
1994 4,1 47,4 0,8 52,3
1998 12,8 35,8 2,0 50,6

Uruguay
1986 2,5 37,1 0,3 39,9
1990 2,0 30,3 0,2 32,5
1994 4,6 29,1 1,0 34,6
1998 8,2 44,9 6,3 59,4
Source: FAO.

114
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Le commerce des produits La région a considérablement diversifié ses exportations, en parti-


agricoles est une composante culier à travers l’expansion des produits manufacturés, mais la part
majeure du commerce total de des exportations de produits agricoles dans le total des exportations de
la région. marchandises est restée élevée, environ 47 pour cent ces dernières
années pour l’ensemble de la région, contre 70 pour cent au début des
années 80. Sauf dans un petit nombre de pays dont l’économie se
fonde essentiellement sur les ressources minérales, les envois de
fonds des travailleurs émigrés ou le tourisme, l’agriculture reste la
principale, ou du moins une des principales sources de recettes en
devises. Cela vaut même pour les pays les plus industrialisés: les
exportations de produits agricoles représentent environ la moitié du
total des exportations en Argentine, 30 pour cent au Brésil, 32 pour
cent en Colombie et 17 pour cent au Chili. Cette proportion dépasse
60 pour cent dans plusieurs pays d’Amérique centrale (Belize, Costa
Rica, Guatemala et Nicargua) et au Paraguay.
Bon nombre des pays de la région sont dans une situation appa-
remment paradoxale: ce sont à la fois des pays très agricoles et des

Tableau 24
MERCOSUR: ORIGINE DES IMPORTATIONS AGRICOLES

Pays importateurs Origine

Argentine Brésil Paraguay Uruguay Total


MERCOSUR

(Pourcentage du total)
Argentine 31.8
1986 21,7 6,7 3,4 34,9
1990 23,6 8,0 3,4 37,0
1994 31,8 1,4 3,9 34,8
1998 27,3 3,2 4,3

Brésil
1986 15,7 4,1 7,6 27,4
1990 29,0 9,1 10,1 48,2
1994 32,4 5,7 8,2 46,3
1998 33,4 3,7 8,1 45,3

Paraguay
1986 12,9 20,2 2,3 35,4
1990 13,2 19,9 1,7 34,8
1994 31,0 14,5 3,5 49,1
1998 19,5 49,3 7,7 76,5

Uruguay
1986 16,6 25,1 6,3 47,9
1990 19,2 27,6 3,6 50,5
1994 28,8 29,6 1,1 59,6
1998 36,3 24,1 0,4 60,7
Source: FAO.

115
Situation par région

Figure 30
AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES:
BALANCES COMMERCIALES AGRICOLES

Exportations
ARGENTINE
Importations

En milliards de dollars EU
14
12
10
8
6
4
2
0

81 83 85 87 89 91 93 95 97 99

BRÉSIL
En milliards de dollars EU

16

12

0
81 83 85 87 89 91 93 95 97 99

MEXIQUE

10
En milliards de dollars EU

81 83 85 87 89 91 93 95 97 99

116
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES:


BALANCES COMMERCIALES AGRICOLES

Exportations
CARAÏBES
Importations

En milliards de dollars EU
8

0
81 83 85 87 89 91 93 95 97 99

AMÉRIQUE CENTRALE À L’EXCLUSION DU MEXIQUE


En milliards de dollars EU

0
81 83 85 87 89 91 93 95 97 99

AMÉRIQUE DU SUD À L’EXCLUSION


DE L’ARGENTINE ET DU BRÉSILL
En milliards de dollars EU

14
12

10
8
6
4
2

0
81 83 85 87 89 91 93 95 97 99
Source: FAO

117
Situation par région

Tableau 25
AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES: EXPORTATIONS ET IMPORTATIONS
DE PRODUITS AGRICOLES EXPRIMÉES EN COEFFICIENT DU VOLUME TOTAL
DES ÉCHANGES

1979–81 1981–83 1989–91 1997–99

(Pourcentage)
Argentine
Exportations agricoles/total des exportations 69,9 69,6 56,7 46,7
Importations agricoles/total des importations 6,6 5,6 5,4 5,4
Importations agricoles/total des exportations 7,0 4,4 2,7 6,2

Brésil
Exportations agricoles/total des exportations 44,3 40,8 26,9 29,6
Importations agricoles/total des importations 10,2 8,8 11,1 9,1
Importations agricoles/total des exportations 12,0 8,3 7,5 10,9

Mexique
Exportations agricoles/total des exportations 12,8 6,9 11,3 10,0
Importations agricoles/total des importations 14,0 15,0 14,1 10,1
Importations agricoles/total des exportations 18,4 11,7 17,9 12,4

Caraïbes
Exportations agricoles/total des exportations 23,6 28,4 37,9 17,8
Importations agricoles/total des importations 9,7 10,8 15,3 13,0
Importations agricoles/total des exportations 11,3 13,6 24,7 26,8

Amérique centrale, à l’exclusion du Mexique


Exportations agricoles/total des exportations 71,9 69,6 64,4 49,1
Importations agricoles/total des importations 12,1 11,8 12,3 13,0
Importations agricoles/total des exportations 17,3 17,9 20,4 23,9

Amérique du Sud, à l’exclusion


de l’Argentine et du Brésil
Exportations agricoles/total des exportations 14,8 13,9 16,8 19,7
Importations agricoles/total des importations 14,2 14,8 9,8 11,5
Importations agricoles/total des exportations 12,1 13,0 7,4 12,7

Amérique latine et Caraïbes


Exportations agricoles/total des exportations 29,1 27,2 25,9 23,3
Importations agricoles/total des importations 11,5 11,9 12,2 10,2
Importations agricoles/total des exportations 12,6 11,5 11,4 12,7
Source: FAO.

pays très tributaires de l’importation de produits agricoles. Cela s’explique


généralement par le fait que les produits exportés (essentiellement
des produits primaires non alimentaires) ne sont pas les mêmes que
les produits importés (principalement des céréales). Cette spécialisa-
tion agricole, qui donnait souvent un faible rang de priorité à la
production vivrière destinée à la consommation nationale, était
censée exploiter au mieux l’avantage comparatif et la compétitivité de
la région, et donc apporter un excédent de recettes courantes.

118
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Toutefois, dans de nombreuses périodes et circonstances, ces attentes


ne se sont pas réalisées. Les exportations de produits agricoles ont
perdu de leur importance relative tandis que les importations ont
augmenté. Les importations jouent un rôle croissant dans l’alimenta-
tion de ces pays, mais l’augmentation de la facture alimentaire n’a pas
toujours pu être couverte par la hausse des recettes en devises.

Le facteur prix
En raison de leurs effets immédiats sur les recettes d’exportation et
la facture d’importation, les fluctuations des prix des produits
primaires ont souvent une influence déterminante sur les cycles de
prospérité et de dépression de nombreux pays de la région. Pour
l’ensemble de la région, l’indicateur des prix unitaires à l’exportation
des produits agricoles (en dollars courants) a stagné ou eu tendance
à décliner au début des années 80, cette baisse étant interrompue
de sursauts temporaires comme en 1979-1981 et 1995-1997
(figure 31).
La région a compensé le Malgré cette évolution généralement défavorable des prix, la
déclin des prix des produits région a réussi à accroître ses recettes d’exportation de produits
d’exportation agricoles en agricoles, notamment au cours de la dernière décennie, par une forte
accroissant les volumes expansion du volume exporté. Alors que la valeur unitaire des
exportés. produits d’exportation agricoles a diminué d’environ 10 pour cent
entre 1989-1991 et 1999, la valeur globale de ces exportations a
augmenté de 50 pour cent durant la même période.
On peut observer des tendances similaires au niveau des différents
produits. L’augmentation assez régulière du volume des exporta-
tions, même durant les périodes de crise, confirme que les cours
internationaux ont eu un effet déterminant sur les résultats de
l’agriculture à l’exportation.

Figure 31
AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES: QUANTITÉ,
VALEUR ET VALEUR UNITAIRE DES EXPORTATIONS
AGRICOLES

Indice: 1989–1991 = 100


Quantité 200
Valeur 180
160
Valeur unitaire 140
120
100
80
60
40
20
0
Source: FAO 63 66 69 72 75 78 81 84 87 90 93 96 99

119
Situation par région

Comme nous l’avons vu plus haut, dans l’ensemble les deux


dernières décennies ont été défavorables aux principaux exporta-
teurs de produits tropicaux; le prix des céréales a augmenté (il ne faut
pas oublier que, sauf les deux grandes exceptions que sont l’Argen-
tine et l’Uruguay, la plupart des pays de la région Amérique latine et
Caraïbes sont importateurs nets de céréales), et la baisse des prix des
produits exportés n’a pas toujours pu être compensée par une hausse
des volumes.
Pour se faire une meilleure idée de l’importance des variations des
flux agricoles, il convient d’examiner aussi les prix des produits
importés par la région. La figure 32 montre l’évolution de deux
indices: les termes de l’échange de troc des produits agricoles (ratio valeur
unitaire des produits agricoles exportés par la région/valeur unitaire
des produits manufacturés); et les termes de l’échange des revenus (ratio
valeur des exportations de produits agricoles/prix des produits ma-
nufacturés ou pouvoir d’achat).
Dans l’ensemble, on constate que les termes de l’échange de troc
sont restés stables dans les années 60 et au début des années 70; ils se
sont nettement améliorés durant la crise alimentaire du milieu des
années 70, puis ils se sont longtemps détériorés, depuis le milieu des
années 70 jusqu’en 1993, avec quelques rebonds temporaires, comme
lors de la crise alimentaire de 1984; et, enfin, ils se sont redressés ces
dernières années. L’évolution du pouvoir d’achat est plus encoura-
geante: il a aussi eu tendance à baisser entre 1985 et 1992 mais, à
d’autres périodes, il s’est considérablement accru. Là encore, cela
montre que la région est capable de contrebalancer une évolution
défavorable des prix en accroissant le volume de ses exportations de
produits agricoles. Si l’on prend comme période de référence les
années 1989 à 1991 et 1999, les prix des produits agricoles ont baissé
de 6 pour cent par rapport à ceux des produits manufacturés, mais le

Figure 32
AMÉRIQUE LATINE ET CARAÏBES:TERMES
DE L’ÉCHANGE DES PRODUITS AGRICOLES

Indice: 1980 = 100


Termes nets de l'échange 200
Termes de l'échange 180
des revenus 160
140
120
100
80
60
Source: FAO 63 66 69 72 75 78 81 84 87 90 93 96 99

120
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

FAO/20420/G. BIZZARRI
Emballage des produits volume des exportations de produits agricoles a progressé de près de
d’exportation au Venezuela 70 pour cent. La hausse des recettes d’exportation agricoles qui en
Différents aspects de la résulte aurait permis d’acheter 56 pour cent de produits manufactu-
préparation et de l’emballage
des plantains destinés à rés de plus78.
l’exportation: le pesage des
caisses de fruits CONCLUSIONS
Il faut replacer les différents aspects du commerce des produits
agricoles examinés dans cette section dans leur cadre institutionnel
caractérisé, en particulier depuis le milieu des années 80, par une
libéralisation croissante du commerce extérieur et des changes. Cette
nouvelle orientation s’est traduite par une réduction des interven-
tions de l’Etat et par des efforts visant à accroître la compétitivité
internationale en donnant un plus grand rôle au secteur privé. De
nombreux pays ont remplacé des régimes de taux de change préfé-
rentiels ou fixes par le flottement pur ou par divers systèmes d’enca-
drement. La moyenne des droits de douane et leur dispersion ont
considérablement diminué. Les obstacles administratifs et non tarifai-
res au commerce ont été démantelés.
Les arrangements commerciaux Cette évolution s’est faite en dépit de la lenteur de la libéralisation
régionaux ont joué un rôle du commerce des produits agricoles et des politiques de soutien
important mais se heurtent à appliquées par de nombreux partenaires commerciaux de la région.
des obstacles considérables. Les pays industriels ont préservé une forte protection, particulière-
ment dans l’agriculture79. Outre les obstacles tarifaires traditionnels,
de nombreux obstacles non tarifaires tels que des règlements sanitai-

121
Situation par région

res et phytosanitaires entravent de plus en plus les exportations de


produits agricoles de la région. En outre, le niveau élevé des subven-
tions à l’agriculture versées par les pays industriels éroderait la
compétitivité de la région sur le marché mondial 80.
C’est donc en dépit d’obstacles importants que l’Amérique latine et les
Caraïbes ont pu accroître la valeur et le pouvoir d’achat de leurs
exportations de produits agricoles entre le milieu des années 80 et la fin
des années 90. Cela peut s’expliquer par le fait que la région a opté pour
le libre-échange et a fait des efforts considérables pour renforcer ses liens
avec l’économie mondiale, après l’expérience très décevante des politi-
ques d’industrialisation introverties. Ce regain de dynamisme peut être
attribué à l’augmentation générale de la demande d’importation des
principaux partenaires commerciaux de la région, et en particulier à une
période de forte croissance exceptionnellement longue aux Etats-Unis.
A contrario, la détérioration du commerce extérieur de la région ces
dernières années est due en partie au net ralentissement de la croissance
des pays industriels, ce qui montre une fois de plus à quel point le
commerce agricole de la région est tributaire d’événements sur lesquels
celle-ci n’a aucune prise.
La revitalisation du commerce agricole de la région entre le milieu des
années 80 et la fin des années 90 a aussi été due au développement des
accords commerciaux régionaux, inspirés des exemples que sont la
Communauté européenne et l’Accord de libre-échange nord-américain
(ALENA) conclu au début des années 90. Ce phénomène a été facilité par
la convergence des politiques économiques et des régimes politiques
dans les pays de la région. Cette convergence a aussi entraîné, outre des
accords officiels de commerce et de coopération, une intégration de fait
qui a stimulé le commerce et l’investissement intrarégionaux. Les effets
bénéfiques de ce processus ont aussi touché le commerce des produits
agricoles, comme on l’a vu dans le cas du MERCOSUR.
La région pourrait avoir plusieurs défis importants à relever ces
prochaines années. On a constaté plus haut que les importations de
produits agricoles ont tendance à augmenter plus vite que les expor-
tations de produits agricoles et, pour de nombreux pays, la facture
alimentaire est devenue une lourde charge. Cela amène à se deman-
der comment serait-il possible de maintenir une agriculture libérale et
orientée vers l’exportation sans trop pénaliser la production alimen-
taire pour le marché national, et comment faciliter le processus
d’ajustement à la concurrence des importations et accroître la compé-
titivité et la productivité des producteurs nationaux sans mettre en
place des mécanismes de protection permanents. Quelle que soit
l’option choisie par les pays, il faudra tenir compte dans la politique
commerciale des risques de polarisation ou d’iniquité. Il faut laisser
aux secteurs qui ont plus de mal à tirer parti de l’élargissement des
marchés le temps nécessaire pour s’adapter au moyen de mécanismes
plus lents mais clairement définis.

122
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Les agriculteurs et les Malgré les progrès accomplis, on est encore loin de l’intégration
gouvernements de la région complète. L’expérience récente a montré (notamment dans le cas du
ont encore fort à faire. MERCOSUR) qu’en période de tension économique, il est parfois
difficile de concilier les objectifs régionaux et les intérêts nationaux.
Pour l’avenir, il faudra préserver l’élan de l’intégration et l’élargir à
d’autres pays, sans détourner les échanges et de façon non discrimina-
toire. L’équité sociale doit également être une considération majeure.
Comme l’a dit la Commission économique pour l’Amérique latine et les
Caraïbes (CEPALC), l’intégration sociale au niveau des pays doit com-
pléter l’intégration régionale, au moyen de politiques visant à réduire
la marginalisation et à faire mieux bénéficier chacun des gains de
compétitivité internationale81.
Pour terminer, nous avons vu que la composition des produits
échangés évolue rapidement et que les produits transformés, différen-
ciés ou spécialisés prennent de plus en plus d’importance. Ce phéno-
mène, qui est particulièrement prononcé dans la région Amérique
latine et Caraïbes, implique que l’influence des dotations de ressources
naturelles sur l’avantage comparatif tend à diminuer. Par conséquent,
il faudra de plus en plus agir sur les plans de la technologie et des
compétences de gestion et de commercialisation, appliquées à un large
éventail de produits diversifiés et à forte valeur ajoutée. Le secteur
public a aussi un rôle important à jouer en créant un environnement
macroéconomique et réglementaire favorable au développement de
l’agro-industrie, en rationalisant le marché du crédit et en investissant
dans les infrastructures de commercialisation, l’information et la re-
cherche appliquée82.

123
Situation par région

IV. Proche-Orient et Afrique


du Nord
VUE D’ENSEMBLE
Situation économique générale
La région Proche-Orient et En 2000, le PIB de la région Proche-Orient et Afrique du Nord a
Afrique du Nord a enregistré augmenté de 5,9 pour cent, ce qui représente un net redressement
une hausse du PIB réel de après le 1,1 pour cent de 1999, et plus que la moyenne de 3,3 pour
5,9 pour cent en 2000, ce qui cent enregistrée entre 1993 et 199983. L’amélioration a été due
est dû essentiellement à la essentiellement à une forte hausse du prix du pétrole, qui est la
montée du prix du pétrole. principale ressource de nombreux pays de la région. D’après les
projections, le taux de croissance réel du PIB devrait atteindre
1,8 pour cent en 2001. La détérioration de la situation macroécono-
mique de la région en 2001 est due essentiellement au ralentissement
de la croissance mondiale et à ses effets négatifs sur la demande et le
prix du pétrole.
Les événements du 11 septembre ont encore fait baisser le prix du
pétrole ainsi que ceux de la plupart des autres produits primaires. Les
pays exportateurs de pétrole devraient être les plus touchés. Toute-
fois, dans plusieurs pays, notamment au Proche-Orient, l’impact sera
amorti par les politiques économiques assez prudentes appliquées
durant la période au cours de laquelle les prix étaient élevés. L’aggra-
vation des problèmes de sécurité régionale a pesé sur le tourisme, qui
est particulièrement important pour l’Egypte et la Jordanie.
En Iran, le taux de croissance du PIB a légèrement diminué,
passant de 5,8 pour cent en 2000 à 5 pour cent en 2001. L’accrois-
sement de la production agricole après une longue sécheresse, les
bons résultats du secteur de la construction et du secteur manufactu-
rier et le redressement de la demande intérieure devraient soutenir
la croissance en 2002.
L’Arabie saoudite a enregistré un taux de croissance très satisfaisant
de 4,5 pour cent en 2000, mais celui-ci devrait tomber à 2,3 pour
cent en 2001. Il devrait baisser encore, jusqu’à 1,5 pour cent environ,
en 2002. Les autorités ont pris des mesures de restriction des dépen-
ses pour atténuer les effets des fluctuations du prix du pétrole et
réduire l’endettement intérieur qui est élevé.
Le fléchissement de la L’Algérie, autre pays producteur de pétrole, a obtenu une crois-
croissance de l’économie sance de 2,4 pour cent en 2000, et on prévoit une croissance de
mondiale et les événements 3,6 pour cent en 2001. Le Fonds de stabilisation pétrolier créé durant
du 11 septembre ont fait la période de forte hausse des prix aidera à atténuer l’impact de la
baisser le taux de croissance baisse et le taux de croissance devrait rester assez stable, aux alentours
de la région, qui ne devrait de 3,5 pour cent en 2002.
pas dépasser 1,8 pour cent Au Maroc, le taux de croissance du PIB n’a atteint que 0,8 pour
pour 2001. cent en 2000. Cela s’explique essentiellement par les effets de la

124
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

sécheresse sur l’agriculture. On estime que le taux de croissance a


atteint 6,1 pour cent en 2001 et, selon les projections, il devrait
atteindre 4,4 pour cent en 2002.
En Egypte, le PIB réel, après avoir augmenté de 5,1 pour cent en
2000, ne devrait augmenter que de 3,3 pour cent en 2001. La
dépréciation de 25 pour cent de la monnaie, intervenue au milieu de
2000, et la conclusion de l’Accord de libre-échange avec l’UE, au
milieu de 2001, devraient stimuler les exportations.
Dans le cas des pays de l’est de la Méditerranée (Jordanie, Liban et
République arabe syrienne), la croissance projetée est un peu plus
faible que dans l’ensemble de la région Proche-Orient et Afrique du
Nord, ce qui est dû en partie aux problèmes de sécurité.
L’économie turque a rebondi après une contraction de 4,7 pour
cent en 1999. En 2000, son taux de croissance a atteint 7,2 pour cent
en termes réels. Toutefois, en 2001 il devrait retomber à 6,1 pour
cent. La consommation privée 84 et les dépenses de capital fixe se sont
effondrées en raison des incertitudes consécutives à la dévaluation.
Cette évolution a été aggravée par les répercussions des attentats sur
l’économie mondiale. Selon les projections, le taux de croissance
devrait augmenter en 2002 et atteindre 4 pour cent.

Situation de l’agriculture
La sécheresse a lourdement Le principal facteur qui a affecté l’agriculture dans la région en 2000
pénalisé la production a été la sécheresse. La production agricole a stagné après un recul de
agricole de la région, qui a 4,2 pour cent en 1999. La production de céréales a diminué pour la
stagné en 2000 après avoir deuxième année consécutive. La sécheresse a persisté en 2001 dans
diminué l’année précédente. de nombreux pays, pour la troisième année dans le cas de plusieurs
De nombreux pays en d’entre eux, et l’on estime que la production agricole a encore
souffraient toujours en 2001. diminué de 2 pour cent. Les résultats auraient été encore plus
catastrophiques si l’irrigation ne permettait pas d’atténuer les effets
de la sécheresse.
En Afrique du Nord, la production agricole n’a augmenté que de
0,6 pour cent en 2000, après avoir progressé de 2 pour cent en 1999
et de 7,1 pour cent en 1998. La production végétale a baissé de
0,7 pour cent et la récolte de céréales de 9,7 pour cent, alors qu’elle
avait déjà baissé l’année précédente. En revanche, la production
animale a augmenté de 2,4 pour cent. Selon les projections relatives
à 2001, la production agricole devrait légèrement augmenter, de
0,7 pour cent. On prévoit une hausse de 0,8 pour cent de la produc-
tion des cultures et une augmentation particulièrement marquée de
la récolte de céréales, qui progresserait de 14 pour cent.
Au Maroc, la production agricole a baissé de 3,7 pour cent en 2000,
après un déclin de 10,5 pour cent l’année précédente. La sécheresse
a durement touché les céréales, dont la récolte a encore chuté de
51,8 pour cent après une baisse de 46,7 pour cent en 1999. Si la
production agricole a stagné dans les années 90, c’est essentiellement

125
Situation par région

Figure 33
PROCHE-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD:
INDICATEURS CHOISIS

En milliards de dollars EU Pourcentage


Valeur des exportations et 35 35
importations agricoles et part 30 30
dans les échanges totaux
25 25
de marchandises
20 20
Exportations agricoles ($EU)
15 15
Importations agricoles ($EU) 10 10
Exp. agr., part du total (%) 5 5
Imp. agr., part du total (%) 0 0
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00
Indice
Exportations agricoles 160
(Indice: 1989-1991 = 100)
140
Valeur 120
Valeur unitaire
100
Quantité
80

60
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00
Indice
Importations agricoles 140
(Indice: 1989-1991 = 100)
130
120
Valeur
110
Valeur unitaire 100
Quantité 90
80
70
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00
Indice
Termes nets de l’échange 160
entre produits agricoles
et recettes 140
(Indice: 1989-1991 = 100)
120
Termes nets de l’échange
100
Recettes
80

60
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99

126
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

PROCHE-ORIENT ET AFRIQUE DU NORD:


INDICATEURS CHOISIS

Pourcentage
PIB réel* 6
(Evolution en pourcentage
par rapport à l’année précédente) 5
4
3
2
1
0
92 93 94 95 96 97 98 99 00 01
kcal
Disponibilité énergétique 3 150
alimentaire
(Kcal par habitant/jour)
3 050

2 950

2 850
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99
Indice
Production agricole 140
(Indice: 1989-1991 = 100)
130

Production agricole totale 120

Production alimentaire 110


par habitant 100
90
80
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01**

* A l'exclusion de l’Algérie, du Maroc et de la


Tunisie (d’après le classement du FMI)
** Estimation provisoire

Source: FAO et FMI

127
Situation par région

Figure 34
INDICE DES PRIX DU PÉTROLE*

Indice: 1990 = 100


140
130
120
110
100
90
80
70
60
* Moyenne pondérée des prix bruts au 50
comptant des UK Brent, Dubaï, et
West Texas Intermediate 40
T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4

1999 2000 2001


Source: FMI

à cause de la prédominance de cultures très sensibles à la sécheresse


comme les céréales et de l’aggravation de la sécheresse. Le Maroc a
subi six périodes de sécheresse entre 1990 et 2000. Les projections
pour 2001 montrent une augmentation de la production de près de
5 pour cent, avec une production céréalière globale ayant plus que
doublé par rapport à 2000.
En 2000, la production agricole de l’Algérie a baissé de 4,7 pour
cent. La récolte de céréales a chuté de 61 pour cent, après une baisse
de 36 pour cent en 1999. En 2001, la production agricole devrait
augmenter de près de 9 pour cent. La production céréalière globale
pour 2001 est estimée à 2,6 millions de tonnes par rapport au 0,9
million de tonnes récoltées en 2000 et par rapport à la moyenne de
2,3 millions de tonnes des cinq dernières années.
En Tunisie aussi, l’agriculture a été durement touchée par la
sécheresse en 2000 et la production globale a diminué de 4,9 pour
cent. La production de céréales a chuté de 14 pour cent et la
production animale a augmenté de 1,7 pour cent. Pour 2001, on
projette un nouveau déclin de la production agricole d’environ
8 pour cent. Toutefois, en ce qui concerne les céréales, selon les
estimations officielles la récolte atteindrait 1,35 million de tonnes,
soit 24 pour cent de plus qu’en 2000. En revanche, la production
d’olives, qui occupe un tiers des terres agricoles, est tombée à son plus
bas niveau depuis plus de 20 ans. La récolte 2001/02 était en recul de
plus de 50 pour cent par rapport à celle de l’année précédente.
En Egypte, la production agricole a progressé de 4,4 pour cent en
2000, après un gain de 6,5 pour cent en 1999. La production de

128
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

céréales a augmenté de 3,7 pour cent après avoir chuté de 10,3 pour
cent en 1999. Dans ce pays, la production vivrière dépend à près de
100 pour cent de l’irrigation par les eaux du Nil et des nappes
phréatiques, et est donc moins vulnérable en cas de sécheresse.
Néanmoins, on s’attend à ce que la production agricole diminue de
1,1 pour cent en 2001 et la production céréalière de 6 pour cent.
Dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) 85, la
production agricole a diminué de 1 pour cent en 2000. La produc-
tion agricole a baissé de 1,7 pour cent et la production céréalière de
10 pour cent. La production animale a légèrement augmenté, de
0,8 pour cent. D’après les projections, en 2001, la production agri-

Tableau 26
TAUX DE CROISSANCE ANNUEL DU PIB, EN TERMES RÉELS, POUR LE PROCHE-
ORIENT ET L’AFRIQUE DU NORD

Pays/région 1996 1997 1998 1999 2000 2001 20021

(Pourcentage)
Algérie 3,8 1,1 5,1 3,2 2,4 3,6 3,4
Egypte 5,0 5,3 5,7 6,0 5,1 3,3 3,3
Iran, Rép,, islamique d’ 5,9 2,7 3,7 3,1 5,8 5,0 4,8
Maroc 12,2 -2,2 6,8 -0,7 0,8 6,1 4,4
Arabie saoudite 1,4 2,0 1,7 -0,8 4,5 2,3 1,6
Turquie 6,9 7,6 3,1 -4,7 7,2 -6,1 4,1
Proche-Orient et
Afrique du Nord2 5,1 5,1 4,1 1,1 5,9 1,8 3,9
1
Projections.
2
Cette rubrique comprend les pays suivants: Arabie saoudite, Bahreïn, Chypre, Egypte, Iraq, Jamahiriya arabe libyenne, Jordanie, Koweït,
Liban, Malte, Oman, Qatar, République arabe syrienne, République islamique d’Iran, Turquie et Yémen.
Source: FMI. 2001. Perspectives économiques mondiales, décembre. Washington.

Tableau 27
TAUX NET DE CROISSANCE DE LA PRODUCTION AU PROCHE-ORIENT ET
EN AFRIQUE DU NORD

Année Agriculture Céréales Cultures Produits Elevage Produits non


alimentaires alimentaires

(Pourcentage)
1992–96 3,3 3,3 3,7 3,4 2,9 3,1
1997 -2,7 -12,1 -6,4 -3,3 6,0 8,2
1998 9,0 16,8 11,0 9,8 3,3 -2,1
1999 -4,2 -17,7 -6,4 -4,3 1,7 -1,8
2000 0,0 -6,1 -0,2 -0,1 0,0 1,8
20011 -1,9 2,8 -2,6 -1,9 -0,4 -1,7
1
Chiffres provisoires.
Source: FAOSTAT.

129
Situation par région

cole devrait augmenter d’environ 1,3 pour cent, la production


végétale stagnant, tandis que la production animale progresserait de
1,9 pour cent.
Dans le reste de la région du Proche-Orient (à l’exclusion des pays
du CCG), la production agricole a baissé de 0,3 pour cent en 2000
après une chute de 7 pour cent en 1999. La production agricole a
stagné, et la production animale a reculé de 1,3 pour cent. D’après
les projections, en 2001, la production globale devrait diminuer
encore de 3,2 pour cent, avec une baisse de 4,4 pour cent de la
production agricole et de 1,3 pour cent de la production animale.
En Turquie, la production agricole a reculé de 0,8 pour cent en
2000 après une chute de 5,2 pour cent en 1999. En revanche, la

La terre fissurée par la


sécheresse
FAO/18027/I. BALDERI

Le Proche-Orient et l’Afrique
du Nord sont marqués par la
rareté et l’irrégularité des
précipitations. La sécheresse
est un phénomène récurrent
dans l’ensemble de la région

130
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

production céréalière a augmenté de près de 8 pour cent, après


une chute de 23 pour cent en 1999. On s’attend à nouveau à une
assez mauvaise année en 2001, la production agricole devant
encore diminuer de 1,1 pour cent et la production céréalière de
9 pour cent.
En Jordanie, les sécheresses de 1998, 1999 et 2000 ont beaucoup
affecté la production agricole. Celle-ci s’est un peu redressée en 2000
par rapport à 1999, mais on s’attend à un nouveau déclin d’environ
6 pour cent en 2001.
En Iran, à cause d’une sécheresse persistante, la production
agricole a encore diminué de 0,3 pour cent en 2000 après un recul
de 6,3 pour cent l’année précédente. La sécheresse a continué
d’affecter l’agriculture en 2001 et l’on prévoit que la production
diminuera d’environ 8,5 pour cent. Selon les estimations, la produc-
tion céréalière aurait diminué encore plus, tombant à 11,9 millions
de tonnes, ce qui est le plus bas niveau enregistré depuis plus d’une
décennie. Trois années de sécheresse extrême ont durement touché
quelque 90 pour cent de la population rurale, urbaine et nomade.
On estime que 200 000 éleveurs nomades ont perdu leur seul
moyen d’existence. Outre la sécheresse qui a touché l’ensemble du
pays, des pluies torrentielles ont dévasté les cultures de riz, de coton
et de blé en août 2001 et endommagé des milliers d’hectares de terres
agricoles dans les provinces du nord du pays.

VARIABILITÉ DU CLIMAT, ARIDITÉ ET


VULNÉRABILITÉ FACE À LA SÉCHERESSE
Les terres très productives La région Proche-Orient et Afrique du Nord est une vaste zone
sont aussi très vulnérables en caractérisée par des conditions climatiques en général diversifiées,
cas de sécheresse, et il faut avec une pluviosité annuelle faible mais très variable et de nombreu-
gérer soigneusement le sol ses périodes de sécheresse. Par le passé, ces cours d’eau déposaient
pour éviter les dommages des limons fertiles qui ont permis l’apparition de plusieurs des
irréversibles. premières civilisations fondées sur l’irrigation. Toutefois, cette terre
très productive est aussi très fragile si elle est mal gérée, et cela peut
entraîner des phénomènes irréversibles comme la désertification. La
désertification n’est pas synonyme de sécheresse, mais elle en est la
conséquence ultime si des mesures correctives ne sont pas prises à
temps. Le problème général de la rareté de l’eau dans la région et le
rôle essentiel de la gestion des ressources en eau et du développe-
ment de l’irrigation ont été examinés dans l’édition 2001 de La
situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 86. Dans la présente
section, on examinera plus précisément les effets de la sécheresse et
l’importance des mesures de prévention.
La prévention des effets de la sécheresse doit être considérée
comme un processus de gestion des risques mettant l’accent sur le
suivi et le traitement des problèmes de stress et des autres effets de
la variabilité du climat.

131
Situation par région

La sécheresse: un phénomène structurel récurrent au


Proche-Orient et en Afrique du Nord
Les causes de la sécheresse dans la région sont très complexes. Les
principaux facteurs physiques qui expliquent sa répartition géogra-
phique et son intensité sont la topographie (côtes maritimes, monta-
gnes, régions de collines, plaines, déserts), l’existence ou non d’une
influence océanique, l’exposition aux vents d’est et d’ouest et l’in-
fluence de l’anticyclone des Açores. En outre, la pression démogra-
phique a entraîné une forte dégradation des écosystèmes ces derniè-
res années et exacerbé la vulnérabilité de la région en cas de séche-
resse à cause de la mise en culture de terres marginales et fragiles, qui
aggrave l’érosion du sol, le ruissellement et la désertification.

Encadré 8 Deux décennies de conflit ont mentation envoyée par la FAO


AFGHANISTAN fait de l’Afghanistan un des pays et le Programme alimentaire
les plus pauvres du monde. L’éco- mondial (PAM) en mai 2001 a
nomie est dans un état catastro- constaté une multiplication des
phique. Il n’y a pas de cadre signes de famine1. Au début de
macroéconomique; les services 2002, le PAM aidait quelque
de transport et de communica- 6 millions d’Afghans2.
tion sont en piteux état; il n’y a Pour 2001, la récolte céréa-
pas de banque en état de fonc- lière estimative de 2 millions
tionnement; et les activités ma- de tonnes implique que
nufacturières et autres activités l’Afghanistan aura besoin d’im-
d’exportation ont presque dis- porter environ 2,2 millions de
paru. tonnes de céréales, ce qui est
L’agriculture est le pilier de très proche du niveau déjà élevé
l’économie afghane, mais après de l’année précédente. Pour la
deux décennies de guerre et de récolte de blé de 2002 (qui doit
troubles civils, une grande partie être moissonnée en mai 2002),
des infrastructures agricoles sont les perspectives sont médiocres
endommagées et doivent être et la production céréalière de-
réparées d’urgence. La superfi- vrait diminuer encore, ce qui
cie cultivée en céréales est beau- aggravera la situation alimentaire.
coup moins grande qu’en 1978. L’élevage a aussi été dure-
En outre, une partie du pays a ment affecté par trois années de
été touchée par de graves sé- sécheresse consécutives et de
cheresses en 1990, 2000 et 2001, conflit permanent. Le manque
si bien que la sécurité alimen- de parcours, la coupure des iti-
taire est extrêmement précaire. néraires de transhumance tradi-
La Mission d’évaluation de la tionnels et la pénurie de services
situation des cultures et de l’ali- vétérinaires ont des conséquen-

132
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

La sécheresse est un Des données historiques corroborées par l’analyse des cernes du bois
phénomène récurrent dans la en Afrique du Nord montrent clairement que la sécheresse est un
région Proche-Orient et phénomène récurrent dans cette partie du bassin méditerranéen. En
Afrique du Nord. Selon Tunisie, on a repéré des épisodes de sécheresse remontant jusqu’en
certains observateurs, la 707 et, dans la seule période 1907-1997, on a observé 23 années sèches.
fréquence et la gravité des Au Maroc, sur 1 000 ans, le nombre d’épisodes de sécheresse a varié
épisodes de sécheresse se sont selon les siècles, la moyenne étant de 22 années sèches par siècle 87.
accrues, mais les données Sur les 22 années de sécheresse enregistrées durant le XX e siècle,
dont on dispose à cet égard 10 se sont produites au cours des deux dernières décennies, dont
ne sont pas concluantes. trois consécutives en 1999, 2000 et 2001.
La sécheresse est aussi un événement récurrent au Proche-Orient.
Par exemple, la Jordanie est un pays à dominante aride qui subit des

ces catastrophiques, en particu- que cette stratégie pourrait être


lier pour la population nomade la plus rapide pour réduire l’in-
de l’Afghanistan, les Kuchi. sécurité alimentaire au niveau
Les années de guerre et de du pays. En particulier, la répara-
troubles civils ont fait négliger tion d’une grande partie des in-
l’infrastructure d’irrigation et l’on frastructures serait relativement
estime que la moitié environ des simple; son effet sur la produc-
surfaces irriguées ne sont plus tion vivrière serait immédiat; et
utilisables. Les systèmes d’irri- les travaux pourraient créer
gation traditionnels employés en beaucoup d’emplois pour la po-
Afghanistan consistent à extraire pulation locale et pour les réfu-
ou à détourner des eaux de giés de retour. Il est probable
surface ou des eaux souterrai- qu’un investissement relative-
nes au moyen de techniques sim- ment modique avec une courte
ples, pour alimenter les réseaux période de gestation serait un
d’irrigation et les ménages au moyen efficace d’employer l’aide
niveau communautaire. Cette alimentaire pour rénover les
forme d’irrigation est la princi- moyens de production.
pale source d’arrosage pour une L’accroissement de la produc-
grande partie des céréales culti- tion afghane de céréales dépen-
vées dans le pays. Il y a 23 ans, la dra non seulement de la remise
superficie irriguée atteignait au en état du système d’irrigation
total 2,7 millions d’hectares en- mais aussi de l’amélioration de la
viron, dont 2,3 millions d’hecta- distribution d’intrants essentiels
res étaient irrigués au moyen de et d’animaux de trait et du ren-
réseaux traditionnels. On es- forcement des services de vul-
time que 50 pour cent environ garisation.
de ces 2,3 millions d’hectares L’agriculture doit être l’axe
doivent être remis en état et clé de toute stratégie visant à

133
Situation par région

pénuries d’eau chroniques et aiguës depuis les années 60. Les


récents épisodes de sécheresse observés en Afghanistan, en Cisjorda-
nie et à Gaza, en Iran, en Jordanie, au Pakistan, et en République
arabe syrienne, sont les pires de ces dernières décennies. D’après le
dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat (GIEC), il y a bien un certain réchauffement
global de la région et ce réchauffement devrait se poursuivre au siècle
prochain, mais les variations passées de la pluviométrie sont mal
connues et les prévisions pluviométriques sont très incertaines 88.
La pénurie d’eau est déjà la principale contrainte de la plupart des
pays de la région, et les modèles du GIEC indiquent que cette pénurie

AFGHANISTAN
CÉRÉALES: SUPERFICIE TOTALE RÉCOLTÉE

En millions d'hectares
4,0

3,5

3,0

2,5

0
Source: FAOSTAT 61 63 65 67 69 71 73 75 77 79 81 83 85 87 89 91 93 95 97 99

améliorer la sécurité alimentaire conservation de l’eau et, sur-


et les moyens d’existence tant tout, la rénovation du réseau
dans l’avenir immédiat qu’à plus traditionnel d’irrigation, sont les
long terme. Il est indispensable pierres angulaires sur lesquelles
d’accroître la production céréa- il faut se baser pour mettre en
lière pour améliorer la sécurité œuvre un programme visant à
alimentaire. L’élevage est impor- améliorer la sécurité alimentaire
tant en tant que source de nour- et à créer des moyens d’exis-
riture et d’animaux de trait, et tence durables.
les secteurs de l’élevage et du
1
maraîchage ont un fort potentiel FAO. 2001. Afghanistan: Alerte spéciale
no 318, septembre. Rome.
d’exportation. L’amélioration 2
Communiqué de presse du PAM,
des systèmes de collecte et de 5 février 2002.

134
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Tableau 28
NOMBRE DE SÉCHERESSES SUBIES AU MAROC
ENTRE LES XIVe ET XXe SIÈCLES

Siècle Nombre de sécheresses

Quatorzième 31
Quinzième 25
Seizième 12
Dix-septième 22
Dix-huitième 16
Dix-neuvième 19
Vingtième 22
Source: J. Morton et C Sear. 2001. Challenges for drought management in West Asia and North Africa. Document établi pour la Réunion
ministérielle sur les perspectives d’investissement durable dans les régions de cultures pluviales d’Asie occidentale et d’Afrique du Nord,
Rabat, Maroc, 25-26 juin 2001.

d’eau pourrait s’aggraver encore en raison de l’évolution du climat 89.


Le changement climatique, la sécheresse et la désertification sont des
phénomènes interdépendants, mais il ne faut pas les confondre
lorsque l’on examine les questions complexes que pose la gestion de
l’eau dans la région.

Les problèmes de l’eau et des ressources foncières


Dans tous les pays de la région, on exploite essentiellement les eaux
souterraines et l’agriculture emploie 60 à 90 pour cent de l’eau
extraite. La demande d’eau ne cesse d’augmenter tandis que l’appro-
visionnement ne cesse de diminuer, et l’eau est disputée entre les
utilisations domestiques, agricoles, industrielles et touristiques. Le
moyen de répartir l’eau équitablement est un problème majeur.
La question des ressources en eau douce renouvelable et de la
gestion de l’eau dans la région a été abordée dans La situation
mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2001 90. D’après les don-
nées dont on dispose, au moins 10 pays de la région subissaient
déjà une grave pénurie d’eau en 1995 91. L’Arabie saoudite, les
Emirats arabes unis, la Jamahirya arabe libyenne, la Jordanie, le
Koweït et et le Qatar n’ont que moins de 200 m3 d’eau par an et par
habitant pour leur consommation intérieure. D’après les projec-
tions, l’Algérie et la Tunisie atteindront ce chiffre en 2025, et
l’Egypte, le Maroc et la Syrie devraient subir une grave pénurie d’eau
à partir de 2050. En 2025, seuls l’Iraq et la Turquie ne devraient pas
être trop mal lotis 92.

Impact des sécheresses récentes sur la production


agricole et l’élevage
Après de bonnes récoltes en 1998, trois années consécutives de
sécheresse dans de nombreux pays de la région ont entraîné une

135
Situation par région

forte chute de la production agricole (voir section précédente). La


production agricole, et en particulier la récolte de céréales, a été très
touchée.
Trois années de sécheresse La sécheresse a aussi eu un impact sur le cheptel et la productivité
ont affecté au moins 40 pour des animaux dans la région. L’élevage représente entre 30 et 50 pour
cent du cheptel de la région. cent du PIB agricole total et joue un rôle majeur dans les moyens
d’existence de nombreux habitants des campagnes. Par conséquent,
une forte contraction des troupeaux a des répercussions directes et
graves sur la sécurité alimentaire des ménages, en particulier dans le
cas des populations rurales vivant dans des zones isolées et inacces-
sibles et les plus exposées à la sécheresse. Au cours des trois dernières
années, on estime que la sécheresse a affecté au moins 40 pour cent
du cheptel de la région. La plupart des pays ont signalé de fortes
pertes dues à la mortalité des animaux, une baisse de la productivité
et des ventes d’animaux en toute urgence. Les séquelles dureront
probablement au-delà de 2002, car la situation s’est aggravée en
raison des effets cumulatifs des sécheresses consécutives.
Les sécheresses ont aussi eu un effet dévastateur sur la végétation
des parcours et sur les possibilités de nourrir les animaux avec des
résidus de cultures. En conséquence, les paysans qui n’ont pas
beaucoup de ressources sont obligés d’acheter des aliments pour
leurs animaux au détriment de la consommation du ménage. La
chute brutale de l’offre de produits fourragers a déjà entraîné de
nombreuses ventes en «catastrophe» d’animaux d’élevage, ce qui a
saturé le marché et fait chuter les prix. Le prix moyen des ovins sur
pied a baissé de plus de 50 pour cent entre 1999 et 2000. On a
observé des baisses similaires dans presque tous les autres pays de la
région, ce qui signifie que la population s’attend à une poursuite de
la sécheresse et à une baisse brutale des revenus disponibles.

Impact sur les conditions de vie de la population rurale,


les revenus des ménages et la pauvreté rurale
Trois années de sécheresse ont Outre l’effondrement des activités agricoles, l’approvisionnement en
aggravé la pauvreté rurale et eau des villages et des villes a été très affecté de 1999 à 2001. Le
intensifié l’exode rural. rationnement de l’eau était la règle dans la plupart des grandes villes
de la région. De plus, les sécheresses récurrentes ont provoqué de
graves problèmes socioéconomiques. Par exemple, les sécheresses
subies par l’Algérie, le Maroc et la Tunisie durant la période 1999-
2001 ont causé un fort déséquilibre de la balance du commerce des
produits agricoles, perturbé l’économie locale, accru l’exode rural et
exacerbé la pauvreté rurale. Durant cette période, on a observé des
phénomènes similaires en Iran, en Jordanie et en République arabe
syrienne et au Pakistan.
D’après les renseignements disponibles, la pauvreté dans la région
a beaucoup augmenté vers la fin de la décennie. La proportion de la
population vivant avec moins de 2 dollars EU par jour est passée de

136
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Figure 35
MODIFICATION DE LA PRODUCTION CÉRÉALIÈRE
GLOBALE DANS LES PAYS DU PROCHE-ORIENT ET
D’AFRIQUE DU NORD TOUCHÉS PAR LA
SÉCHERESSE1, 1989-2001

En millions de tonnes
15
10
5
0
1 –5
Afghanistan, Algérie, Iraq, Jordanie,
Maroc, République arabe syrienne,
–10
République islamique d’Iran, Tunisie,
Yémen. –15
Source: FAOSTAT 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01

25 à 30 pour cent, ce qui s’explique essentiellement par l’aggrava-


tion de la pauvreté en Egypte, au Maroc et au Yémen 93.
Les groupes les plus vulnérables sont les fermiers dont les terres ne
sont pas irriguées (notamment les producteurs de céréales), les
cultivateurs d’oliviers et d’arbres à fruits et les gardiens de troupeaux
d’ovins. Les communautés de paysans et d’éleveurs ont subi une
brutale baisse de revenus en raison de la réduction des récoltes, de
la perte partielle des troupeaux, de la baisse du rendement des
animaux et du fléchissement des prix. Après trois années sèches
successives, de nombreux éleveurs et paysans de la région ont été
obligés d’acheter des aliments pour animaux, de l’eau, des traite-
ments et d’autres intrants agricoles, ce qui les a forcés à s’endetter.
Il est difficile d’évaluer l’impact de la sécheresse sur le revenu
disponible des ménages car on ne dispose guère de données fiables.
Des renseignements issus d’enquêtes sur le terrain faites dans une
zone semi-aride productrice de céréales et d’animaux d’élevage au
Maroc sont récapitulés au tableau 29. Ces enquêtes ont porté sur les
mêmes communautés agricoles deux années consécutives, une pre-
mière année exceptionnellement sèche (1992-1993) et une seconde
considérée comme une bonne année (1993-1994). Les résultats
montrent que, quelle que soit la taille de l’exploitation, le revenu des
ménages a beaucoup varié. Il était à un niveau suffisamment élevé
pour garantir une certaine sécurité durant l’année humide et à un
niveau dangereusement bas durant l’année sèche. La sécheresse a un
impact considérable sur les revenus de nombreux ménages en
détruisant les récoltes et en limitant les revenus qui peuvent être tirés
de l’élevage. Pour y faire face, la plupart des ménages ont opté pour
des activités non agricoles, comme ils le font dans la plupart des

137
Situation par région

régions. Les données relatives aux dépenses totales montrent qu’en


année sèche les ménages préservent un niveau relativement élevé de
dépenses pour couvrir les coûts d’exploitation au détriment de leur
propre consommation.

Impact de la sécheresse sur l’environnement


Les réseaux d’irrigation de la région subissent un stress
environnemental considérable, et presque tous les pays ont des
problèmes de salinité et d’engorgement. Les eaux souterraines sont
surexploitées, en particulier mais pas seulement dans les pays du de
du CCG. Comme l’eau est presque gratuite dans tous les pays, la
viabilité des réseaux d’irrigation est très précaire.
La pénurie d’eau se traduit La dégradation des ressources naturelles est particulièrement
par un stress prononcée dans les zones relativement sèches qui représentent plus
environnemental considérable de 70 pour cent des parcours du pays. Les revenus des populations
et menace la diversité nomades dépendent directement de la qualité et de la superficie des
biologique de la région. parcours. En année normale, les animaux paissent sur les parcours
pendant huit mois et sont alimentés en fourrages les quatre autres
mois. Toutefois, en raison de l’insuffisance actuelle de la végétation et
de l’eau de boisson sur une grande partie des parcours, les animaux
doivent être nourris presque toute l’année. Un grand nombre de
paysans et d’éleveurs ont quitté leurs villages à la recherche d’eau et
de pâturages. Il faut lutter sans tarder contre ce phénomène pour
éviter des déplacements massifs de population et une nouvelle dégra-
dation de l’environnement.

Tableau 29
INCIDENCE DE LA SÉCHERESSE SUR LE REVENU ET LES DÉPENSES
ANNUELLES DES MÉNAGES DANS UNE RÉGION SEMI-ARIDE DU MAROC

Dimension de l’exploitation

Petite (<5 ha) Grande (20–50 ha)

Année humide Année sèche Année humide Année sèche

($EU)
Revenu du ménage 2 186 933 8 984 1 777
Revenu de l’exploitation agricole 1 633 115 6 824 -111
Cultures 420 -105 3 134 -510
Elevage 1 213 220 1 850 399
Revenu hors-exploitation 553 818 2 060 1 888

Dépenses du ménage 2 240 1 960 5 980 5 910


Cultures et élevage 300 830 2 860 3 830
Consommation familiale 1 940 1 130 3 120 2 080
Source: IAV Hassan II, étude de terrain effectuée durant l’année sèche 1992/93 et l’année humide 1993/94; FIDA, 1999. Rapport d’évaluation
final, projet de développement rural intégré d’Abda-Ahmar (région de Safi, Maroc). Rome, FIDA et Rabat, Ministère de l’agriculture.

138
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

La longue période de sécheresse a causé d’importants dommages


à l’environnement et à la diversité biologique de la région, aussi bien
parmi les animaux que parmi les végétaux. La flore et la faune
sauvages ont été décimées par la pénurie d’eau de boisson, le manque
de nourriture, l’assèchement des marais et la dégradation des habi-
tats. Par exemple, dans les marais de Hamoun en Iran, qui sont
d’importance internationale, la vie aquatique a disparu. Les herbivo-
res sont parmi les premiers animaux qui souffrent du manque de
fourrage. Au Maroc, il y a eu aussi des phénomènes d’assèchement
des terres humides et de lacs naturels, de même que dans d’autres
pays de la région, qui ont provoqué des changements envi-
ronnementaux similaires et probablement irréversibles. En Jordanie,
la sécheresse permanente de la période 1999-2000 a provoqué des
dommages visibles aux forêts naturelles et artificielles qui couvrent
respectivement 20 et 30 pour cent de la surface du pays.

Jeune laboureur à l’œuvre dans Mesures officielles de prévention de la sécheresse et de


une zone aride du Maroc
secours aux groupes affectés dans la région
La sécheresse risque
d’amputer gravement le Les interventions actuelles dans la région sont essentiellement des
revenu des ménages agricoles opérations à court terme.

FAO/18029/I. BALDERI

139
Situation par région

Alors que les sécheresses sont Les méthodes concrètes appliquées en Afrique du Nord (Maroc),
assez récurrentes dans la au Proche-Orient (Jordanie) et en Asie occidentale (Iran) illustrent
région, on met l’accent sur trois types de politiques mis en œuvre dans la région en réponse aux
les opérations de secours, qui récentes sécheresses prolongées. Dans ces trois pays (comme pour la
sont très coûteuses. plupart des pays de la région), lorsqu’il y a une sécheresse à l’échelle
nationale, on lance un programme national qui doit être suivi par un
comité intergouvernemental. Ce comité, qui a un pouvoir de déci-
sion, est dirigé par le Ministère de l’agriculture et il propose un
ensemble de mesures d’urgence à mettre en œuvre dans tout le pays.
Il existe aussi des comités régionaux et provinciaux chargés de
contrôler l’exécution des mesures planifiées au niveau central. On
libère des fonds afin d’atténuer les effets de la sécheresse et d’aider les
populations rurales affectées à résoudre les problèmes d’eau de
boisson, de protéger les animaux d’élevage, de créer des emplois et
d’alléger l’impôt agricole ou les dettes.
En 2000/01, le Maroc a Au Maroc, le gouvernement a affecté quelque 650 millions de
affecté quelque 650 millions dollars EU aux secours et aides aux victimes de la sécheresse sur la
de dollars EU à des activités période avril 2000-juillet 2001. Cela représentait le tiers du budget
de secours et d’aide aux d’équipement annuel du pays. Le montant a été réparti de la façon
victimes de la sécheresse, ce suivante: 9,4 pour cent pour l’eau de boisson, 19,4 pour cent pour
qui représentait environ le l’alimentation et le nettoyage des animaux, 60,5 pour cent pour la
tiers de son budget création d’emplois en zone rurale, 4,5 pour cent pour la stabilisation
d’équipement annuel. du prix des céréales, 3,8 pour cent pour la lutte contre la dégradation
des forêts, 1,8 pour cent pour des abandons de créances agricoles, et
le solde, soit 0,5 pour cent, pour la communication et la sensibilisa-
tion du public94. Pour ce qui est du niveau de l’investissement, de la
durée de mise en œuvre et des résultats préliminaires, ce programme
a été jugé assez efficace, mais on n’a pas encore fait d’étude détaillée
de son impact réel95.
En Jordanie, l’aide officielle débloquée pour le programme de
secours contre la sécheresse de 1999 représentait environ 58 millions
de dollars, de même qu’en 2000. La perte totale de production
estimative pour 2000 a atteint 160 millions de dollars 96. Le pro-
gramme national mettait l’accent sur la distribution d’eau et d’ali-
ments fourragers aux éleveurs d’ovins, le subventionnement de l’orge
et des autres céréales fourragères, l’assouplissement de l’importation
de produits pour l’alimentation des animaux et de l’exportation
d’animaux vivants, et l’introduction de mécanismes pour étaler le
remboursement ou annuler les dettes agricoles de la population la
plus touchée. En outre, l’Etat a distribué de l’eau et une aide
alimentaire à la population nomade qui vit dans la zone la plus sèche
du pays, les Bédouins de la steppe d’Al-Baddia, et dans d’autres
régions particulièrement affectées du pays.
Le Gouvernement iranien a alloué quelque 138 millions de dollars
en 2000 et 500 millions de dollars en 2001 à la lutte contre les effets
de la sécheresse persistante. Plus de la moitié des crédits 2001 ont été

140
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

En Iran, les pertes des cultures affectés à la Banque agricole pour qu’elle puisse accorder des prêts
et de l’élevage dues à la afin de financer des projets d’atténuation des effets de la sécheresse,
sécheresse en 2001 sont dans des domaines tels que la conservation du sol et de la terre sur les
estimées à 2,6 milliards de exploitations, la distribution d’eau, l’entretien des canaux d’irriga-
dollars. tion traditionnels endommagés et la gestion des bassins versants.
L’autre moitié a été affectée à des activités de préparation et a servi à
accroître le capital du Fonds d’assurance des produits agricoles. Les
crédits approuvés pour 2002 représentent environ 20 pour cent du
montant estimatif des dommages subis par l’agriculture et l’élevage
en 2001, qui se chiffre à quelque 2,6 milliards de dollars 97.

De la gestion à postériori de la crise à la prévention


des risques pour l’agriculture
L’agriculture de la région est extrêmement sensible aux fluctuations
climatiques d’année en année. Cela soulève des problèmes complexes
de gestion des risques, mais de nombreux pays n’ont pas de cadre
approprié pour les résoudre. L’irrigation et la gestion des ressources
hydriques doivent jouer un rôle essentiel (comme nous l’avons vu
dans La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2001).
Les pays qui ont une De plus, l’expérience acquise dans d’autres pays a montré que des
stratégie à long terme de pays ayant une politique à long terme, comme l’Australie, l’Afrique
gestion de la sécheresse sont du Sud et certains Etats des Etats-Unis, sont mieux préparés en
mieux armés pour y faire général à faire face à la sécheresse que ceux qui se contentent de
face que ceux qui réagissent réagir. Les nouvelles initiatives prises dans la région en vue d’élabo-
au coup par coup. rer une telle stratégie sont notamment la création d’un Observatoire
national de la sécheresse au Ministère de l’agriculture du Maroc, qui
sera chargé d’élaborer un plan national de gestion de la sécheresse
avec l’étroite collaboration des responsables politiques et des univer-
sités. L’objectif de ce plan est de créer une infrastructure institution-
nelle comportant un système d’alerte rapide et un réseau de diffusion
de l’information à l’intention des utilisateurs et des responsables de
la lutte contre la sécheresse. Un de ses résultats directs devrait être de
renforcer les capacités institutionnelles d’alerte rapide, de suivi et
d’étude d’impact.
Pour planifier des mesures de lutte antisécheresse et atténuer les
effets de la sécheresse dans la région, il est aussi indispensable de
détecter le plus vite possible les débuts de sécheresse et de renseigner
à temps et efficacement les responsables. Cela exige un suivi perma-
nent du climat et de la quantité d’eau disponible dans les différents
pays et à l’échelle de la région. C’est pourquoi des initiatives ont été
prises récemment afin de promouvoir la création d’un réseau de
veille dans la région.
La mise en place d’un réseau mondial de veille est une initiative qui,
avec l’appui de la FAO et de l’Organisation météorologique mon-
diale, pourrait donner aux pays et aux régions l’occasion d’échanger
leurs données d’expérience et les enseignements qu’ils ont tirés aussi

141
Situation par région

bien de leurs échecs que de leurs réussites, au moyen d’un réseau de


réseaux régionaux qui seraient reliés par l’Internet. Un des éléments
importants d’un tel réseau mondial serait le Système mondial d’infor-
mation et d’alerte rapide (SMIAR) de la FAO, qui signale les pénuries
régionales d’aliments et les événements tels que les sécheresses qui
peuvent dévaster les systèmes de production alimentaire dans le
monde entier.

142
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

V. Europe centrale et
orientale et Communauté
des Etats indépendants
VUE D’ENSEMBLE
Tendances macroéconomiques et situation
de l’agriculture
Les pays en transition ont Les pays en transition d’Europe centrale et orientale et de la Commu-
enregistré un taux de nauté des Etats indépendants98 (CEI) ont obtenu un taux de croissance
croissance très satisfaisant très satisfaisant pour la troisième année consécutive en 2001 99. Leur
pour la troisième année PIB a progressé de 4,9 pour cent, ce qui est toutefois un peu moins que
consécutive en 2001, même si l’année précédente (6,3 pour cent). Comme les deux années précé-
légèrement en baisse par dentes, la sous-région qui a enregistré les meilleurs résultats est celle
rapport à celui de 2000. de la CEI, avec un taux de croissance estimé à 6,1 pour cent (5,8 pour
cent pour la Fédération de Russie et 6,8 pour cent pour les autres
pays), tandis que le taux de croissance des pays d’Europe centrale et
orientale est estimé à 3 pour cent. Ce léger fléchissement est dû
essentiellement à la baisse du taux de croissance des principaux
producteurs de gaz et de pétrole de la région (Azerbaïdjan, Kazakhs-
tan, Fédération de Russie et Turkménistan), ainsi qu’au ralentisse-
ment de la croissance en Pologne, qui est le poids lourd économique
de l’Europe centrale et orientale. Néanmoins, les pays dont l’économie
a crû le plus rapidement en 2001 sont surtout des producteurs de
pétrole et de gaz comme l’Azerbaïdjan et le Turkménistan.
La production agricole a La production agricole nette (culture et élevage) des pays en
fortement augmenté en 2001 transition a augmenté plus que le PIB en 2001 (5,9 pour cent) 100. Les
pour la première fois après mauvaises récoltes enregistrées dans la plupart de ces pays en 2000,
10 ans de déclin et de et particulièrement en Europe centrale et orientale, expliquent en
stagnation. partie cette amélioration. La production agricole des pays de l’ex-
Union soviétique a été en hausse pour la troisième année consécutive
en 2001; en Europe orientale, elle a augmenté alors qu’elle avait
diminué les trois années précédentes. Les pays dans lesquels la
production agricole a progressé le plus vite sont le Turkménistan
(38 pour cent), l’Azerbaïdjan (25 pour cent), la Hongrie (17 pour
cent), la Roumanie (16 pour cent) et la Géorgie (13 pour cent).
Sur le plus long terme, l’évolution récente du taux de croissance du
PIB et de la production agricole nette est assez prometteuse. Au
cours des huit dernières années (1993-2001), le PIB des pays en
transition avait diminué en moyenne de 0,4 pour cent et leur
production agricole de 1,9 pour cent par an. En 1999, après plu-
sieurs années de récession due à la transition, la croissance a retrouvé
un rythme assez soutenu dans la plupart des pays de la région.
Cependant, pour le redressement de la production agricole, il a fallu

143
Situation par région

Figure 36
EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE ET CEI:
INDICATEURS CHOISIS

En milliards de dollars EU Pourcentage


Valeur des exportations et 35 35
importations agricoles et part 30 30
dans les échanges totaux
25 25
de marchandises
20 20
Exportations agricoles ($EU)
15 15
Importations agricoles ($EU) 10 10
Exp. agr., part du total (%) 5 5
Imp. agr., part du total (%) 0 0
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00
Indice
Production agricole 120
(Indice: 1989-1991 = 100)
110
100
Production agricole totale
90
Production alimentaire
par habitant 80
70
60
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01*
Pourcentage
PIB réel 10
(Evolution en pourcentage par rapport
à l’année précédente) 5

-5

-10

-15
92 93 94 95 96 97 98 99 00 01
kcal
Disponibilité énergétique 3 500
alimentaire
(kcal par habitant/jour) 3 300

3 100

2 900

2 700

* Estimation provisoire 2 500


87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99
Source: FAO et FMI

144
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

attendre jusqu’à 2001, première année d’expansion de la production


de la région depuis le début du processus de réforme de l’économie.
Ce progrès est en partie illusoire dans la mesure où les récoltes
avaient été très mauvaises l’année précédente, mais il peut être
considéré comme un signe montrant que l’agriculture de la région
pourrait enfin sortir du tunnel.

LA TERRE ET LES EXPLOITATIONS AGRICOLES EN


EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE ET DANS LA CEI
À L’ÉPOQUE DE LA PLANIFICATION CENTRALISÉE
L’évolution globale esquissée plus haut ne rend pas compte des
transformations institutionnelles considérables qui se sont produites
au cours des 10 dernières années dans les pays d’Europe centrale et
orientale et de la CEI, ni des importantes différences entre les divers

Tableau 30
TAUX DE CROISSANCE ANNUEL DU PIB, EN TERMES RÉELS, DANS LES PAYS EN
TRANSITION D’EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE ET DANS LA CEI

1997 1998 1999 2000 20011 20021

(Pourcentage)
Europe centrale et orientale 2,6 2,3 2,0 3,8 3,0 3,2

CEI2 1,1 -2,8 4,6 7,8 6,1 3,9


Fédération de Russie 0,9 -4,9 5,4 8,3 5,8 3,6
A l’exclusion de la Fédération de Russie 1,5 1,6 2,8 6,8 6,8 4,6

Pays en transition 1,6 -0,8 3,6 6,3 4,9 3,6


1
Projections.
2
Mongolie comprise.
Source: FMI. 2001. Perspectives économiques mondiales, décembre. Washington.

Tableau 31
TAUX DE CROISSANCE NET DE LA PRODUCTION AGRICOLE POUR LES PAYS
D’EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE ET DE LA CEI

Année Agriculture Cultures Céréales Elevage

(Pourcentage)
1992–1996 -5,1 -3,3 -6,0 -7,2
1997 1,4 7,9 32,5 -5,1
1998 -6,7 -14,1 -27,2 -0,1
1999 0,5 2,4 6,9 -2,5
2000 -0,1 2,6 -3,5 -1,0
20011 5,9 13,4 34,2 1,1
1
Chiffres provisoires.
Source: FAOSTAT.

145
Situation par région

Figure 37
INDICES DE VOLUME NET DE PRODUCTION
AGRICOLE POUR L’EUROPE CENTRALE ET
ORIENTALE ET LA CEI

Indice: 1989-1991 = 100


CEI 110
Europe centrale et orientale 100
Tous les pays en transition 90
80
70
60
50
Source: FAO 89–91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01

pays. Les paragraphes qui suivent passent en revue les développe-


ments de l’une des transformations institutionnelles les plus fonda-
mentales de la région: la réforme agraire.
Avant 1989-1990, les pays d’Europe orientale et de l’ex-Union
soviétique avaient des structures institutionnelles similaires dans le
secteur agricole. Le «modèle soviétique», c’est-à-dire planification et
centralisation de la distribution d’intrants et de l’achat des produits
des exploitations collectives ou des fermes d’Etat, était prédominant.
La terre appartenait essentiellement à l’Etat et l’agriculture était
divisée en deux secteurs.
Le secteur prédominant était le secteur des fermes d’Etat et des
fermes collectives, c’est-à-dire des grandes exploitations employant
des salariés. Ces fermes recevaient leurs intrants des organismes de
distribution de l’Etat et livraient leur production à des organismes
d’achat officiels. Les prix des produits qu’elles vendaient étaient
administrés, de même que ceux des produits alimentaires vendus
dans les magasins d’Etat.
L’autre secteur était l’agriculture privée, composée de petits lopins
(0,1 à 0,2 ha) exploités par les salariés des fermes d’Etat et des fermes
collectives, qui y cultivaient durant leur temps libre des fruits, des
légumes et des pommes de terre, et y élevaient des animaux pour
obtenir de la viande et du lait. Le secteur privé ne disposait que de très
peu de terres et sa production était destinée essentiellement à l’auto-
consommation. Les intrants provenaient des fermes collectives et des
fermes d’Etat. Les travailleurs agricoles étaient autorisés à vendre
leurs excédents sur les marchés urbains où les prix étaient générale-
ment plus élevés que dans les magasins d’Etat. Toutefois, en raison
des restrictions visant la superficie des lopins privés, la nature et la
quantité des produits obtenus étaient limitées.

146
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Ce modèle agricole a été imposé au début dans les années 30 dans


l’ex-Union soviétique puis dans les années 50 en Europe orientale
dans le but d’extraire du secteur agricole une alimentation bon
marché pour les travailleurs industriels. Toutefois, depuis les années
60, on a en grande partie abandonné les politiques staliniennes 101,
essentiellement pour deux raisons: la stagnation de la productivité du
secteur102 et la nécessité de produire des produits d’élevage «de luxe».
Pour diversifier la production animale, un secteur de l’élevage indus-
trialisé a été mis en place, avec d’importants investissements publics
et des incitations accrues pour les producteurs.
Le modèle soviétique évoluait progressivement en Union soviéti-
que et dans les pays les plus orthodoxes d’Europe orientale, mais
d’autres pays de la région sont allés jusqu’à l’abandonner complète-
ment. Après la guerre, en Pologne et en Yougoslavie les efforts de
collectivisation ont été limités dès le début, et la plupart des terres
étaient exploitées par des petits paysans privés. La Hongrie et la
Yougoslavie ont rejeté le modèle soviétique dans les années 60: elles
ont libéré en partie les prix des produits agricoles et alimentaires,
abandonné la planification et encouragé la création de «coopératives»
agricoles, plutôt que de fermes collectives et de fermes d’Etat.
L’agriculture d’avant la Toutefois, même ces réformes très fondamentales et concrètes
transition n’a pas réussi à n’ont pas transformé ce que l’on peut considérer comme étant les
obtenir les gains de caractéristiques essentielles de l’agriculture socialiste après la seconde
productivité escomptés en guerre mondiale. Premièrement, toute l’activité agricole – même en
raison de l’absence Pologne et en Yougoslavie où la propriété privée a persisté – se faisait
d’incitations adaptées dans un environnement caractérisé par le contrôle des prix des
et de l’omniprésence intrants et des produits, et une surveillance étatique omniprésente de
du contrôle de l’Etat. la commercialisation et de la distribution d’intrants. Le maintien
d’incitations perverses et du contrôle centralisé est la principale
raison pour laquelle l’agriculture socialiste réformée d’Europe orien-
tale n’a pas obtenu les gains de productivité escomptés. Deuxième-
ment, même les coopératives agricoles de Hongrie et de Yougoslavie
opéraient dans un environnement de laxisme financier dans lequel la
faillite était quasiment inconnue.

LA RÉFORME FONCIÈRE ET AGRICOLE


EN EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE
ET DANS LES PAYS DE LA CEI
Pour créer une agriculture de marché dans les pays ex-socialistes, il
a fallu remplacer ces caractéristiques essentielles de l’agriculture
socialiste par l’environnement et les institutions de l’économie de
marché. Il ne suffisait pas de pratiquer la «vérité des prix», il a fallu
remplacer les anciennes organisations bureaucratiques par de nou-
velles institutions compétitives et capables de répondre aux signaux
du marché, et sanctionnées par la faillite en cas d’échec. Cela impli-
quait une transformation fondamentale de la relation entre l’Etat et

147
Situation par région

les producteurs, tant en ce qui concerne le rôle que l’Etat peut jouer
dans l’économie que les tâches et les responsabilités des producteurs.
Des droits de propriété et Trois grands aspects de la réforme foncière et agricole ont été
d’utilisation de la terre particulièrement importants pour la création d’une agriculture de
garantis, clairs et marché. Le premier est l’établissement de droits de propriété et d’utilisa-
transférables sont essentiels tion de la terre garantis, clairs et transférables. Ces droits sont notamment
pour une agriculture le droit d’utiliser la terre comme on le juge bon sans intervention de
de marché. l’Etat, le droit de tirer un rendement de la terre sans subir une fiscalité
confiscatoire, et le droit d’acheter et de vendre la terre. Pour garantir
les droits de propriété et d’utilisation de la terre, qui sont essentiels
pour la transparence et l’efficacité du marché de la terre et des
capitaux, il faut avoir un système judiciaire fiable afin de faire
respecter les contrats et un système d’enregistrement des titres. La
garantie des droits liés à la terre est un signe de transformation
radicale des relations entre l’Etat et les producteurs.
De même, il faut une Le deuxième aspect pour que la réforme foncière et agricole
structure efficiente de contribue à créer une agriculture de marché, est la mise en place
propriété et de gestion des d’une structure de propriété et de gestion efficiente des exploitations
exploitations agricoles. agricoles, Cette structure devant réduire les coûts de transaction et
attribuer clairement les droits de propriété sur la terre, l’équipement
et le revenu de l’exploitation. Une structure de gestion efficiente
permet de produire au moindre coût.
Mais on a compris que la Tous les pays d’Europe centrale et orientale et la plupart des pays
privatisation ne suffit pas ... de la CEI ont fini par admettre que les fermes coopératives, collectives
et la création d’exploitations ou d’Etat de la période socialiste avaient une structure de propriété
familiales est devenue un inefficiente, qui ne permettait pas de produire au moindre coût. Sauf
objectif important. dans quelques pays de la CEI, cette prise de conscience a conduit à
privatiser les exploitations agricoles.
Toutefois, dans les pays d’Europe centrale et orientale, dans la
région du Caucase et en République de Moldova, on a aussi compris
que la privatisation en elle-même ne déboucherait pas sur la création
d’une structure de propriété transparente (et donc efficiente). Les
fermes «privées» issues des anciennes fermes d’Etat ou fermes collec-
tives ont trop souvent continué de fonctionner de la même façon que
celles qui les avaient précédées. Elles ont continué de recevoir des
subventions publiques, notamment sous forme de crédits bancaires
rarement remboursés, et de fonctionner avec un excédent de main-
d’œuvre. En résumé, la privatisation des exploitations agricoles ne
suffit pas à résoudre le problème du «laxisme financier».
Ce constat, s’ajoutant à la volonté de restituer l’agriculture à des
exploitations familiales, a incité la plupart des pays d’Europe centrale
et orientale et quelques pays de la CEI à démanteler les grandes
fermes à structure socialiste pour restituer la terre à ses propriétaires
précédents ou à la distribuer aux salariés agricoles. La création d’une
agriculture familiale a donc été un des objectifs importants de la
réforme agricole dans ces pays.

148
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Toutefois, l’exploitation familiale n’est pas la seule structure de


propriété et de gestion des exploitations agricoles dans les pays en
transition. En Europe centrale et orientale et dans les pays de la CEI,
la propriété d’une exploitation agricole peut prendre la forme
d’une société anonyme, d’une SARL, d’une société de personnes ou
d’une propriété individuelle ou familiale. Comme on le verra plus
loin, de nombreux pays de la CEI ont eu du mal à faire fonctionner
efficacement ces structures.
La création d’exploitations Le troisième aspect pour que la réforme foncière contribue à la
commerciales de taille création d’une agriculture de marché, est la nécessité de créer des
moyenne peut aussi exploitations commerciales de taille moyenne. Ces exploitations doivent
contribuer à la mise en place être assez grandes pour intervenir activement sur le marché et assez
d’une agriculture de marché. rentables et souples pour survivre à la concurrence internationale.
Elles sont plus grandes que des fermes de subsistance mais nette-
ment plus petites que les grandes fermes de l’ère socialiste.
Pour créer des exploitations agricoles commerciales de taille
moyenne, il ne suffit pas de privatiser. Les agriculteurs de subsis-
tance n’utilisent pas le marché, et les grandes exploitations privati-
sées, qui ne sont pas soumises à des contraintes budgétaires rigou-
reuses, ont tendance à en fausser le fonctionnement. Il faut donc
prendre des initiatives pour promouvoir le remembrement, la
répartition des terres et un marché foncier, ainsi que pour liquider
les grandes exploitations privatisées non rentables.

Etablissement de droits de faire-valoir clairs et garantis


Les pays en transition ont La plupart des intéressés, même dans les pays de la CEI, étaient
suivi différentes stratégies d’accord sur le fait que la réforme agraire devait comporter une
pour la privatisation de privatisation des terres et une augmentation des superficies en
l’agriculture. faire-valoir direct. Il y avait à cela plusieurs raisons. Premièrement,
l’absence d’incitations était un problème évident dans les fermes
collectives et les fermes d’Etat. Deuxièmement, en Europe centrale
et orientale, la décollectivisation a été considérée comme un
moyen d’intégrer l’agriculture dans le développement d’une éco-
nomie de marché de type occidental. Troisièmement, le processus
de réforme agraire conduit par la Chine (qui était l’exemple le
mieux connu de réforme agraire d’un pays socialiste à l’époque),
qui comportait une expansion des lopins privés et des baux de
longue durée pour la terre, a stimulé la production agricole et
l’ensemble de l’économie. Enfin, le fait que la productivité des
lopins privés était beaucoup plus grande que celle des fermes
collectives et des fermes d’Etat semblait être une preuve convain-
cante de la supériorité de l’agriculture privée 103. Il y avait une
préférence générale pour la privatisation dans les pays d’Europe
centrale et de la CEI (tableau 32). Seuls le Kazakhstan, le Tadjikis-
tan, l’Ouzbékistan et le Bélarus n’autorisent toujours pas la pro-
priété privée de la terre.

149
Situation par région

FAO/20951/R. FAIDUTTI
Petite exploitation agricole Il faut faire une distinction entre le principe de la privatisation et la
en Hongrie stratégie de sa mise en œuvre. Différentes stratégies ont été adoptées
La parcelle, d’environ 5 ha, selon les pays104. Les pays d’Europe centrale et orientale, à l’exception
ainsi que le tracteur sont la
propriété de l’agriculteur. de l’Albanie, ont opté pour la restitution des terres aux anciens
Aujourd’hui, la majeure partie propriétaires ou pour une stratégie associant restitution et distribu-
des terres agricoles d’Europe tion. Les pays de la CEI qui ont privatisé ont tous opté pour la
centrale et orientale est
cultivée par des exploitants distribution aux travailleurs agricoles.
individuels Deux mécanismes ont été employés pour distribuer la terre aux
travailleurs agricoles. Dans les pays d’Europe centrale et orientale,
dans les pays du Caucase et en Moldova, la terre et les équipements
ont été divisés en lots qui ont été distribués aux membres de la ferme
collective en tant que propriété privée. Dans les autres pays de la CEI,
on a distribué des parts représentant un droit sur une portion de
l’ensemble des terres et des équipements de la ferme.
Certains pays ont mieux En conséquence, la privatisation des fermes et des terres agricoles
réussi que d’autres à créer n’a pas nécessairement débouché sur un droit de faire-valoir clair et
des droits de faire-valoir garanti. Dans beaucoup des pays où les terres agricoles ont été
clairs et garantis. distribuées sous forme d’actions et non de lopins, la privatisation n’a
pas créé un tel droit. Les colonnes 3 et 4 du tableau 32 illustrent ces
différences. En Ukraine et en Fédération de Russie, les propriétaires
d’actions représentant un titre sur la terre peuvent difficilement les
échanger contre des lopins, et il est improbable qu’ils puissent les
négocier105.

150
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Tableau 32
CARACTÉRISTIQUES DES RELATIONS FONCIÈRES DANS LES PAYS EN
TRANSITION D’EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE ET DE LA CEI

(1) (2) (3) (4)


Propriété privée Stratégie de Stratégie Mode de
en perspective privatisation d’attribution transfert

Europe centrale
et orientale
Albanie Tout le domaine foncier Distribution Parcelles Achat/vente, location
Bulgarie Tout le domaine foncier Restitution Parcelles Achat/vente, location
République tchèque Tout le domaine foncier Restitution Parcelles Achat/vente, location
Estonie Tout le domaine foncier Restitution Parcelles Achat/vente, location
Hongrie Tout le domaine foncier Restitution +
distribution Parcelles Achat/vente, location
Lettonie Tout le domaine foncier Restitution Parcelles Achat/vente, location
Lituanie Tout le domaine foncier Restitution Parcelles Achat/vente, location
Pologne Tout le domaine foncier Vente des
terres de l’Etat Néant Achat/vente, location
Roumanie Tout le domaine foncier Restitution +
distribution Parcelles Achat/vente, location
Slovaquie Tout le domaine foncier Restitution Parcelles Achat/vente, location

CEI
Arménie Tout le domaine foncier Distribution Parcelles Achat/vente, location
Azerbaïdjan Tout le domaine foncier Distribution Parcelles Achat/vente, location
Bélarus Parcelles familiales Néant Néant Droits d’utilisation non
exclusivement: transférables; achat/vente
de parcelles familiales
peu probable
Géorgie Tout le domaine foncier Distribution Parcelles Achat/vente, location
Kazakhstan Parcelles familiales Néant Parts Droits d’utilisation non
exclusivement transférables; achat/vente
de parcelles familiales
peu probable
Kirghizistan1 Néant Néant Parts Droits d’utilisation
transférables
République de Moldova Tout le domaine foncier Distribution Parcelles Achat/vente, location
Fédération de Russie Tout le domaine foncier Distribution Parts Location, achat/vente
de parcelles familiales
peu probable
Tadjikistan Néant Néant Parts Droits d’utilisation
transférables
Turkménistan Tout le domaine foncier Néant Location Droits d’utilisation
interne non transférables
à l’exploit.
Ukraine Tout le domaine foncier Distribution Parts Location, achat/vente
peu probable
Ouzbékistan Néant Néant Location Droits d’utilisation
interne non transférables
à l’exploit.
1
Le Kyrgyzistan a autorisé la propriété privée de la terre suite au référendum de juin 1998; toutefois, la législation correspondante n’est
toujours pas appliquée intégralement.
Source: C. Csaki, Z. Lerman et S. Sotnikov. 2000. Farm sector restructuring in Belarus: progress and constraints. World Bank Technical Paper
No. 475. Europe and Central Asia Environmentally and Socially Sustainable Development Series. Banque mondiale, Washington.

151
Situation par région

La création d’une structure de propriété


et de gestion efficiente des exploitations agricoles
Les pays d’Europe centrale Comprenant que la privatisation ne garantissait pas une structure de
et orientale et quelques pays propriété et de gestion efficiente, les pays d’Europe centrale et orientale
de la CEI ont démantelé les et plusieurs pays de la CEI ont démantelé les grandes fermes en
grandes exploitations restituant la terre aux propriétaires précédents ou en la distribuant aux
agricoles; les autres pays de salariés agricoles. Dans les autres pays de la CEI, il y a eu beaucoup de
la CEI les ont préservées, désaccords sur ce qu’il fallait faire à cet égard. Ces pays ont préservé les
mais les ont privatisées. grandes exploitations mais, généralement, en les confiant à des proprié-
taires privés. Dans de nombreux cas, les fermes collectives ont été
privatisées par leurs gérants et salariés qui se sont approprié la terre et
les équipements. Toutefois, la distribution des biens (y compris la terre)
n’a jamais été officialisée. En conséquence, dans de nombreux cas, le
régime de gestion antérieur a subsisté de fait. Il se traduit par les
caractéristiques suivantes:
• persistance de grands domaines disposant d’une main-d’œuvre
excessive;
• garantie de l’emploi;
• faible intéressement aux bénéfices de l’exploitation;
• persistance d’une ponction de l’Etat sous forme d’impôts
discrétionnaires;
• mauvais résultats financiers.
La principale objection à la dissolution des grandes exploitations
tenait au fait qu’on pensait qu’elles étaient plus efficientes car elles
jouissaient d’économies d’échelle. En fait, ni la taille ni l’économie
d’échelle sont des facteurs importants: il est beaucoup plus important
que les modalités de propriété et de gestion des fermes soient efficien-
tes, ce qui exige des droits clairement définis sur la terre, les actifs et les
revenus.
Lorsque les fermes ont été transformées en sociétés par actions, leurs
nouveaux propriétaires n’avaient manifestement pas de droits bien
définis. Pour répartir les droits de façon équitable, il faudrait subdiviser
les équipements et la terre en lots, comme on le fait quand on liquide une
grande exploitation. La privatisation des exploitations par vente d’ac-
tions a simplement remplacé une forme de propriété collective par une
autre, gardant tous ses problèmes.
Plusieurs pays de la CEI ont cherché à sortir de ce dilemme. Ainsi, au
Kazakhstan, en Fédération de Russie et en Ukraine, de grandes sociétés
ont été autorisées à louer ou à acheter les parts des exploitations
agricoles. Cela s’est souvent traduit par une amélioration de la gestion,
des investissements, et un accroissement du rendement. Ces fermes
exploitées de façon capitaliste peuvent donner l’impression d’avoir
résolu la quadrature du cercle en ce qui concerne la réforme des fermes
de l’ère socialiste. Elles sont souvent plus grandes que les plus grandes
entreprises agricoles des Etats-Unis et sont gérées de façon commerciale.
Toutefois, il est difficile de dire si elles resteront viables à long terme.

152
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

En revanche, la transformation des grandes fermes collectives en


fermes familiales privées a redistribué une grande partie de la terre dans
la plupart des pays d’Europe centrale et orientale (tableau 33). En 1997,
la proportion des terres agricoles exploitées par des familles d’agricul-
teurs était aussi grande en Albanie, en Lettonie et en Slovénie que dans
les pays développés à économie de marché et, en 2000, il en était de
même en Arménie et en Lituanie.

La formation d’une couche de fermes commerciales


de taille moyenne
L’expérience acquise dans d’autres pays développés semble confirmer
que dans un éventail de superficies assez large, on peut exploiter une
ferme moderne à des conditions compétitives et commerciales. Les

Tableau 33
PART DES TERRES AGRICOLES EN RÉGIME D’EXPLOITATION INDIVIDUELLE
EN EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE ET DANS LA CEI

Pays Terres agricoles en régime foncier individuel

1990 1997 2000

(Pourcentage)
Europe centrale et orientale
Albanie 4 100 ...
Bulgarie 13 52 ...
République tchèque 5 38 26
Estonie 6 63 79
Hongrie 6 54 41
Lettonie 5 95 94 1
Lituanie 9 67 94
Pologne 77 82 ...
Roumanie 12 67 85
Slovaquie 5 11 13
Slovénie 92 96 ...

CEI
Arménie 4 33 100 1
Azerbaïdjan 3 9 ...
Bélarus 7 12 12
Géorgie 7 24 66
Kazakhstan 0,2 20 29
Kirghizistan 1 23 ...
République de Moldova 9 27 50
Fédération de Russie 2 11 12 1
Tadjikistan 2 7 ...
Turkménistan 0,2 0 ...
Ukraine 7 17 18 1
Ouzbékistan 2 4
1
= 1999.
Sources: 2000: Bureaux nationaux de la statistique; 1990 et 1997: C. Csaki, Z. Lerman et S. Sotnikov. 2000. Farm sector restructuring in Belarus:
progress and constraints. World Bank Technical Paper No. 475. Europe and Central Asia Environmentally and Socially Sustainable
Development Series. Banque mondiale, Washington.

153
Situation par région

microexploitations de moins de 0,5 ha produisent essentiellement


pour l’autoconsommation et ne font donc pas partie de l’agriculture
commerciale. Les grandes fermes de type socialiste n’ont pas réussi à
survivre dans les pays occidentaux. Entre ces deux extrêmes se trou-
vent ce que l’on appelle les fermes moyennes, plus grandes que les
microexploitations et plus petites que les fermes géantes de l’ère
socialiste.
La création de fermes de Là encore, la privatisation en Europe centrale et orientale et dans la
taille moyenne ne s’est pas CEI ne s’est pas immédiatement traduite par la formation d’une
faite de la même façon dans couche importante de fermes familiales commerciales compétitives. Au
tous les pays en transition. contraire, en Europe centrale et orientale, dans le Caucase et en
République de Moldova, la restitution et la distribution des terres ont
d’abord débouché sur la création d’un grand nombre de petites
exploitations, souvent composées de nombreuses parcelles dispersées.
Ces exploitations sont généralement trop petites pour constituer
d’importantes unités de production commerciale et ce, même si elles
produisent pour le marché. Dans les autres pays de la CEI, où les
fermes socialistes de grande superficie ont été privatisées, la propriété
(et parfois l’exploitation) est collective, et non individuelle ou familiale.
Dans les pays où des droits de propriété et d’utilisation de la terre
ont été établis, notamment le droit d’acheter, de vendre et de louer
librement, on peut penser que l’inégalité encore importante de la
distribution des terres pourrait être temporaire. A mesure que les
agriculteurs les plus efficaces louent ou achètent des terres, tandis que
les actifs des entreprises agricoles par actions qui font faillite sont
vendus, la taille des exploitations devrait s’uniformiser moyennant le
transfert de ressources agricoles et de terres. Les enquêtes sur les
exploitations agricoles appuient en partie cette hypothèse car elles
montrent qu’actuellement en Europe centrale et orientale une grande
partie de la terre est louée, et que les exploitants cultivent plus de
terres qu’ils n’en possèdent. La politique agricole peut appuyer cette
transition en facilitant le fonctionnement du marché foncier et en
autorisant la concurrence pour modifier la structure de l’agriculture,
y compris en laissant les exploitations agricoles déficitaires, qu’elles
soient individuelles ou constituées en sociétés, faire faillite. Des aides
publiques pour le remembrement parcellaire pourraient aussi aider
à renforcer la compétitivité des exploitations.
Dans les pays qui n’ont pas établi des droits garantis sur la terre et
son utilisation et où la restructuration de l’agriculture s’est faite par
distribution d’actions, la distribution de la terre est plus problémati-
que. En l’absence de droits de propriété et notamment du droit de
céder la terre, il est peu probable que les petits lopins puissent
progressivement se regrouper pour former des exploitations de taille
moyenne. En fait, si les actions donnant droit à une partie de la terre
ne sont pas distribuées sous forme de lopins, il est peu probable que
les entreprises agricoles constituées en sociétés seront démantelées. Il

154
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

est donc possible que l’une des conséquences à long terme de


l’inégalité de la distribution de la terre dans ces pays sera une faible
croissance des revenus agricoles 106.

CONCLUSIONS
Les pays d’Europe centrale et orientale, les pays du Caucase et la
Moldova semblent avoir fait plus de progrès vers la mise en place
d’une structure agricole viable dans une économie de marché que les
autres pays de la CEI. Les stratégies de distribution choisies par ces

Tableau 34
PART DES TERRES AGRICOLES OCCUPÉES ET DIMENSION MOYENNE DES
EXPLOITATIONS AGRICOLES INDIVIDUELLES AUX ÉTATS-UNIS, EN UNION
EUROPÉENNE ET DANS UNE SÉLECTION DE PAYS D’EUROPE CENTRALE ET
ORIENTALE ET DE LA CEI

Exploitations individuelles Sociétés agricoles

Pays Année Part des Dimension Part des Dimension


terres moyenne terres moyenne
agricoles agricoles

(Pourcentage) (ha) (Pourcentage) (ha)


Etats-Unis 1998 92 173 8 676
Union européenne1 ... 97 ... 3 ...

Europe centrale et orientale


Albanie 1998 100 1 0
Bulgarie 1996 52 1 48 681
République tchèque 2000 26 19 74 989
Estonie 2000 79 3 21 471
Hongrie 2000 41 3 59 457
Lettonie 1996 95 14 5 314
Lituanie 1997 78 4 22 372
Pologne 1996 84 6 16 468
Roumanie 2000 85 15
Slovaquie 2000 13 1 87 1 361
Slovénie 1997 94 5 6 333

CEI
Arménie 1999 100 1 0
Bélarus 2000 12 1 88 3 130
Géorgie 2000 66 1 34 100
Kazakhstan 2000 29 15 71 11 248
Kirghizistan 1996 9 6 91 6 423
République de Moldova 2000 50 1 50 917
Fédération de Russie 1999 12 1 88 5 593
Ukraine 1999 18 1 82 1 850
1
UE (10).
Note: Compte tenu de la diversité des sources, la part des terres agricoles représentée par les exploitations individuelles peut s’écarter des
chiffres du tableau 33.
Source: Bureaux statistiques nationaux. Commission européenne. 2001. Situation de l’agriculture dans l’Union européenne: rapport 1999.
Commission européenne, Bruxelles.

155
Situation par région

FAO/20956/R. FAIDUTTI
Dans une ferme de propriété derniers n’ont pas débouché sur un régime de droits fonciers garan-
individuelle, des femmes
tis, clairs et transférables, ni sur une structure efficiente de propriété
préparent des sacs d’oignons
qui seront vendus au marché et de gestion des exploitations agricoles. Bien que tous les pays de la
central de Budapest région aient renforcé les droits de faire-valoir direct et créé davantage
La réforme agraire, en créant de fermes familiales, il faut une réforme plus ambitieuse dans beau-
une catégorie d’exploitations
coup d’entre eux, notamment dans ceux de la CEI.
agricoles de dimension
moyenne, contribue de façon Pour construire une agriculture marchande compétitive et viable
importante à développer une dans une économie post-socialiste, il faut créer l’environnement
agriculture de marché politique et les institutions de l’économie de marché, et encourager la
formation de nouvelles exploitations commerciales capables de ré-
pondre aux signaux du marché et de produire et de vendre de façon
à faire des bénéfices. La privatisation à elle seule n’a pas permis
d’obtenir ce résultat.
La privatisation à elle seule L’expérience montre au contraire que l’établissement de droits de
ne crée pas une économie de propriété et d’utilisation de la terre clairement définis, la mise en
marché efficace; elle doit place d’une structure de propriété et de gestion efficiente et la
être complétée par des création d’une couche d’exploitations commerciales de taille moyenne
politiques actives. sont le fruit de politiques plus globales. Ces politiques consistent
notamment à transférer la terre et les autres biens de production à des
exploitants individuels, à faciliter le fonctionnement du marché de la
location de la terre, et à mettre en place un cadre qui permette aux
exploitations de s’adapter à l’évolution du marché, au lieu de soutenir
d’anciennes structures non compétitives.

156
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

VI. Les pays développés à


économie de marché
VUE D’ENSEMBLE
Situation économique générale
La croissance des pays Le PIB moyen des pays développés à économie de marché a aug-
développés à économie de menté de 3,8 pour cent en 2000 107. Cependant, l’activité économique
marché a subi un avait déjà commencé à accuser un ralentissement suite à l’augmenta-
ralentissement en 2001. tion des cours des produits énergétiques, de la réévaluation de la
rentabilité des entreprises et du resserrement de la politique moné-
taire, fin 1999 et courant 2000, aux Etats-Unis comme dans l’UE.
L’évolution du secteur de la technologie de l’information en particu-
lier, marquée par un déclin des investissements et de la production,
avec une réduction des échanges portant sur la technologie de
l’information – a beaucoup contribué à ce ralentissement. Les réper-
cussions des événements du 11 septembre ont aggravé ce déclin, si
bien que pour 2001, les projections de croissance du PIB des pays
développés à économie de marché s’établissaient à 1,1 pour cent.
L’activité économique est demeurée vigoureuse aux Etats-Unis, où
le PIB, en termes réels, a augmenté de 4,1 pour cent en 2000 –
dépassant 4 pour cent pour la troisième année consécutive. Cepen-
dant, la croissance économique devait donner des signes d’essouffle-
ment au milieu de l’année 2000; après les attentats terroristes du
11 septembre 2001, l’activité économique devait fléchir encore, la
croissance du PIB réel tombant alors à 1,3 pour cent environ en 2001.
Au Japon, la croissance réelle du PIB a été de 1,5 pour cent, alors
qu’elle n’avait augmenté que de 0,8 pour cent en 1999, après avoir
reculé de 1 pour cent en 1998. La croissance relativement vigoureuse
des investissements et des exportations a contribué aux résultats
positifs enregistrés en 2000; en revanche, le recul de la demande
extérieure et le déclin marqué des investissements privés et publics
sont à l’origine de la contraction de 0,5 pour cent de la croissance
économique prévue pour 2001.
Au cours de l’année 2000, l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont vu
progresser leur PIB de 3,3 et 3,8 pour cent respectivement. Quant à
la croissance de la production, en dépit du ralentissement projeté
en 2001, elle devait dépasser 2 pour cent dans les deux pays.
Les 3,4 pour cent d’augmentation du PIB réel enregistrés dans
l’UE en 2000 représentent une amélioration par rapport aux 2,7 pour
cent obtenus en 1999. L’affaiblissement de la demande intérieure, le
déclin des marchés boursiers et l’affaiblissement de la demande
économique extérieure ont pesé sur la croissance au cours du deuxième
semestre de 2000, l’Allemagne subissant le déclin le plus prononcé.
Pour 2001, la croissance de la production est estimée à 1,8 pour cent.

157
Situation par région

Figure 38
PAYS DÉVELOPPÉS À ÉCONOMIE DE MARCHÉ:
INDICATEURS CHOISIS

En milliards de dollars EU Pourcentage


Valeur des exportations et 400 12
importations agricoles et part
dans les échanges totaux 300 10
de marchandises
Exportations agricoles ($EU) 200 8

Importations agricoles ($EU)


100 6
Exp. agr., part du total (%)
Imp. agr., part du total (%) 0 4
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00
Indice
Exportations agricoles 150
(Indice: 1989-1991 = 100)
120
Valeur
90
Valeur unitaire
Quantité 60

30
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00
Indice
Importations agricoles 150
(Indice: 1989-1991 = 100)

Valeur 120

Valeur unitaire
90
Quantité

60
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00
Indice
Termes nets de l’échange 150
entre produits agricoles
et recettes
(Indice: 1989-1991 = 100) 120
Termes nets de l’échange
Recettes 90

60
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99

158
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

PAYS DÉVELOPPÉS À ÉCONOMIE DE MARCHÉ:


INDICATEURS CHOISIS

Pourcentage
PIB réel 5
(Evolution en pourcentage par rapport
à l’année précédente) 4

0
92 93 94 95 96 97 98 99 00 01
kcal
Disponibilité énergétique 3 500
alimentaire
(Kcal par habitant/jour) 3 400

3 300

3 200

3 100

3 000
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99
Indice
Production agricole 120
(Indice: 1989-1991 = 100)

110
Production agricole totale
Production alimentaire
par habitant 100

90
87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01*

* Estimation provisoire

Source: FAO et FMI

159
Situation par région

Situation de l’agriculture
L’année 2000 a été une La croissance de la production agricole a été, en 2000, relativement lente
année de croissance dans les économies de marché développé, la production n’augmentant
relativement lente de la que de 0,9 pour cent, après avoir atteint 2,1 pour cent l’année précé-
production agricole. dente. Le ralentissement a été particulièrement prononcé pour la
production animale, qui n’a augmenté que de 0,4 pour cent, alors que
la production agricole progressait de 1,4 pour cent.
S’agissant des sous-régions d’économie de marché développées, seule
l’Amérique du Nord a connu une croissance significative de la produc-
tion en 2000, avec une augmentation totale de la production estimée à
2 pour cent, soit un progrès marginal par rapport au 1,8 pour cent de
croissance atteint en 1999. Ce résultat reflète une expansion de 2,2 pour
cent aux Etats-Unis, et de 0,5 pour cent seulement au Canada – après
une croissance de la production supérieure à 6 pour cent au cours des
deux années précédentes.
Dans les pays de l’UE, la production agricole est demeurée pratique-
ment stagnante en 2000, avec même une contraction de 0,2 pour cent.
Cette contre-performance est le résultat direct du recul de 1,3 pour cent
de la production animale et de l’augmentation de 1,4 pour cent de la
production agricole. La plupart des grands pays de l’Union ont enregis-
tré des taux de croissance négatifs, découlant dans la plupart des cas
d’une performance médiocre de la production tant dans le secteur
agricole que dans celui du bétail. En Allemagne, en France, en Italie et
au Royaume-Uni, le recul de la production agricole a varié de 0,5 à
3 pour cent. L’Espagne, la Finlande et la Grèce ont, quant à elles,
enregistré une croissance relativement vigoureuse de la production,
dans une fourchette allant de 3 à 9 pour cent.
Le Japon, pour sa part, a connu un déclin modéré de la production
agricole, soit environ 0,5 pour cent en 2000, tandis que les pays dévelop-
pés à économie de marché de l’Océanie ont enregistré une augmentation
de la production agricole atteignant à peine 0,6 pour cent en 2000, après
avoir progressé de 3,4 pour cent en 1999. Ce ralentissement était
intégralement attribuable au fléchissement de la production en Austra-
lie. En Nouvelle-Zélande, la production a augmenté de 5,8 pour cent, se
redressant après un déclin de 5,2 pour cent en 1999.
Selon les estimations Les estimations préliminaires concernant 2001 font prévoir une
préliminaires, la contraction de près de 2 pour cent de la production agricole globale
production agricole dans les pays développés à économie de marché. Cette contraction
aurait décliné en 2001. découle en grande partie d’une réduction de la production d’environ
2,5 pour cent dans l’UE, s’accompagnant d’un déclin substantiel de la
production céréalière. La production de blé de l’UE a reculé de plus de
12 pour cent par suite d’une réduction des emblavures et de mauvaises
conditions météorologiques. La chute de la production ne devrait pas
avoir épargné ni l’orge, ni l’avoine. Les mauvaises conditions météoro-
logiques ont nui à la production céréalière, notamment à la récolte de blé
en Espagne, en France, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. La sécheresse

160
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Tableau 35
TAUX NET DE CROISSANCE DE LA PRODUCTION DANS LES
ÉCONOMIES DE MARCHÉ DÉVELOPPÉES

Année Agriculture Cultures Céréales Produits alimentaires Elevage

(Pourcentage)
Economies de marché
développées
1992-1996 1,5 2,6 4,0 1,6 0,9
1997 1,6 2,1 -2,1 1,5 0,9
1998 0,7 -0,1 2,9 1,2 1,9
1999 2,1 2,0 -2,7 2,0 1,7
2000 0,9 1,4 3,9 1,0 0,4
20011 -1,9 -3,8 -8,0 -2,2 -0,4

CE
1992-1996 0,3 1,3 1,6 0,3 0,0
1997 0,3 1,2 -0,7 0,2 -0,1
1998 0,2 -0,8 3,4 0,2 1,7
1999 2,4 3,5 -4,6 2,3 0,6
2000 -0,2 1,4 6,9 -0,1 -1,3
20011 -2,6 -4,1 -7,2 -2,6 -1,1

Amérique du Nord
1992-1996 3,0 3,8 5,8 3,1 2,4
1997 3,1 3,6 -1,8 3,2 1,3
1998 1,3 0,6 3,9 2,3 2,5
1999 1,8 0,2 -2,8 1,4 3,3
2000 2,0 1,5 1,4 2,2 2,0
20011 -1,7 -3,2 -7,1 -2,3 -0,2

Océanie2
1992-1996 2,9 11,0 20,5 4,9 0,6
1997 2,1 -2,9 -10,7 1,2 4,6
1998 3,3 7,6 5,2 4,3 1,8
1999 3,4 9,5 8,7 4,2 0,5
2000 0,6 0,5 4,9 0,1 1,8
20011 1,3 -6,7 -16,3 1,0 2,6

Japon
1992-1996 -0,4 -0,2 3,9 -0,3 -0,7
1997 0,2 1,4 -2,6 0,1 -0,7
1998 -4,4 -8,1 -10,4 -4,3 -0,7
1999 1,4 2,7 2,8 1,4 -0,1
2000 -0,5 -0,6 4,0 -0,5 -0,6
20011 -1,2 -1,2 -4,3 -1,2 -0,9
1
Chiffres provisoires.
2
Australie et Nouvelle-Zélande.
Source: FAO.

aiguë qui a sévi en Espagne a eu des conséquences négatives sur les


récoltes de blé non irrigué.
Les observations recueillies indiquent que la production agricole
nord-américaine a décliné de façon marquée en 2001. On s’attend, en
particulier, à une réduction de la production céréalière attribuable en

161
Situation par région

partie à la sécheresse qui a prévalu dans les plaines productrices de blé,


mais aussi au fait que 2000 a été une année exceptionnelle pour les
récoltes de céréales secondaires. Le Canada a également subi une
réduction de la production de blé; cette dernière, voisine de 23 pour
cent, est liée à la sécheresse qui a sévi dans une partie du pays, tandis
que d’autres régions connaissaient un excès d’humidité. La produc-
tion de céréales secondaires aurait, selon les estimations, reculé de
8 pour cent en 2000.
Au Japon, la production devrait décliner d’encore 1 pour cent en 2001.
En dépit des rendements très élevés des rizières au cours de l’année, les
emblavures ont été réduites d’environ 70 000 ha et la production de riz
aurait enregistré un recul de près de 5 pour cent.
S’agissant des pays développés à économie de marché des diverses
sous-régions, seuls les pays de l’Océanie auraient, selon les estimations,
bénéficié d’une augmentation modeste de la production agricole, soit
entre 1 et 2 pour cent en 2001. Cette augmentation est due en grande
partie à la croissance de la production animale.

Les réorientations de la politique agricole108


Pas de mise en œuvre de Au cours de l’année 2001, aucun programme de réforme couvrant
grandes réformes des l’ensemble du secteur agricole n’a été ni mis en œuvre ni annoncé. Dans
politiques agricoles en 2001. certains pays, des progrès relatifs ont été réalisés dans l’application de
réformes déjà annoncées; pour 2002, on s’attend, en revanche, à des
développements importants, tels que l’application du Farm Bill aux
Etats-Unis et l’examen de mi-parcours du programme d’action de
l’Agend 2000 de l’UE. Dans de nombreux pays, les discussions de fond
ont porté principalement sur des secteurs tels que le développement
durable, la salubrité des aliments, l’environnement, le développement
rural, le rôle polyvalent de l’agriculture, la concentration des marchés
et la politique en matière de concurrence. Toutefois, les politiques n’ont

Tableau 36
INDICATEURS OCDE: ÉQUIVALENT SUBVENTION À LA PRODUCTION (ESP) ET
ESTIMATION DU SOUTIEN TOTAL (EST) À L’AGRICULTURE1

Indicateur 1986-1988 1999-2001 1999 2000 20012

ESP
Milliards de $ EU 239 248 273 242 231
Pourcentage ESP 38 33 35 32 31

EST
Milliards de $ EU 302 330 357 321 311
Pourcentage EST 2.3 1.3 1.4 1.3 1.3
1
Tous les pays de l’OCDE.
2
Estimations.
Source: OCDE. 2002. Les politiques agricoles dans les pays de l’OCDE: suivi et évaluation. Paris

162
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

que très peu évolué dans ces domaines, même si l’on enregistre, dans
quelques pays, des remaniements institutionnels reflétant la priorité
accrue donnée aujourd’hui à l’innocuité des produits alimentaires et au
développement rural.
Les niveaux de soutien, ainsi que l’étendue de la protection des
marchés ont régressé pour certaines denrées; toutefois, aucune nou-
velle initiative visant à réduire ou à éliminer graduellement les prix de
soutien aux producteurs agricole n’a été annoncée. Certains pays ont
même augmenté les prix de soutien de certaines denrées, et d’autres
ont introduit ou élargi les mesures de soutien visant à réduire les coûts
pour certains produits, tandis que l’Australie, le Canada et les Etats-
Unis mettaient en œuvre ou étendaient des mesures de soutien aux
agriculteurs confrontés à une réduction de leurs revenus agricoles.
Dans les pays développés à économie de marché, le niveau de
soutien à l’agriculture, ainsi que le degré de protection du secteur
fournis à travers différents instruments de politique, sont demeurés
élevés, bien que variant largement selon les pays et les denrées.

Encadré 9 L’OCDE utilise un certain nom- Estimation du soutien


bre d’indicateurs pour mesurer total
INDICATEURS OCDE le soutien à l’agriculture, dont les Il s’agit d’un indicateur de valeur
DU SOUTIEN deux suivants: l’estimation du monétaire annuelle de tous les
soutien à la production (ESP) et transferts bruts prélevés sur les
l’estimation du soutien total de contribuables et consommateurs
l’OCDE (EST) définis ci-dessous: pour l’application des politiques
de soutien au secteur agricole.
Equivalent subvention à la Ce montant comprend les trans-
production ferts aux producteurs, ainsi que
Il s’agit d’un indicateur de la va- les services d’ordre général four-
leur monétaire annuelle des nis à l’agriculture. Le pourcen-
transferts bruts prélevés sur les tage de l’estimation du soutien
consommateurs (application de total exprime le soutien global
politiques de maintien des prix sous forme de pourcentage du
intérieurs au-dessus des cours PIB.
du marché mondial) et les con-
tribuables (politique à finance-
ment budgétaire) au bénéfice des
producteurs agricoles. Le pour-
centage de l’ESP exprime le sou-
tien aux producteurs sous forme
de pourcentage des recettes agri-
coles brutes.

163
Situation par région

Les mesures de soutien à En 2000, le soutien global à l’agriculture enregistré pour l’ensemble
l’agriculture ont quelque peu des pays de l’OCDE, tel que mesuré par l’estimation du soutien total
décliné en 2000 et 2001; de cette organisation (voir encadré 9), s’est élevé à 321 milliards de
elles restent toutefois élevées, dollars EU, soit environ 1,3 pour cent du PIB. Ce chiffre traduit un
avec des variations déclin relativement à l’année précédente; en outre, exprimé en pour-
marquées selon les pays centage représenté par l’estimation du soutien total, il est très large-
et les denrées. ment inférieur à la moyenne de 2,3 pour cent du PIB enregistrée en
1986-1988. En 2001, l’estimation du soutien total calculée pour la
zone OCDE a décliné, s’établissant à 311 milliards de dollars EU.
Le soutien direct fourni au producteurs agricoles dans tous les pays
de l’OCDE, tel que mesuré par l’estimation du soutien à la production
(ESP) de cette organisation (voir encadré 9), est passé de 271 milliards
de dollars EU en 1999 à 242 milliards de dollars EU en 2000. En 2001,
l’ESP aurait poursuivi son déclin, tombant à 231 milliards de dollars
EU. Cet affaissement du volume de soutien au cours des deux dernières
années a été principalement lié au rétrécissement de l’écart entre les
prix perçus par les agriculteurs et les cours mondiaux. L’ESP, exprimée

Culture du blé dans une réserve


naturelle de la vallée du Tibre,
en Italie
Le blé est cultivé sans engrais
chimiques ni nutriments
artificiels. Un certain nombre
de pays introduisent des
mesures incitatives favorisant
la culture biologique et les
méthodes de production
plus respectueuses de
l’environnement

FAO/13383/A. LOMBARDI

164
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

en tant que pourcentage des revenus bruts agricoles, a reculé, passant


de 38 pour cent en 1986–1988 à 32 pour cent en 2000, et l’on estime
qu’elle a encore diminué de 1 pour cent en 2001 – avec, toutefois, des
variations substantielles selon les pays et les denrées.
De nombreux pays Plusieurs pays ont introduit de nouvelles politiques assorties d’objec-
encouragent une production tifs en matière d’environnement, de réduction de la pollution ou
agricole plus respectueuse de d’encouragement à une production agricole plus durable. Ainsi, l’Aus-
l’environnement. tralie et l’UE ont fixé des objectifs en matière de conservation de la
biodiversité, et certains pays, au nombre desquels la Belgique, le
Danemark et la France, ont mis en œuvre des mesures visant à réduire
la pollution liée à la production animale, tandis que le Danemark, la
France et les Pays-Bas appliquaient des mesures visant à réduire les
niveaux de pesticides. Par ailleurs, l’Autriche, la France, la Norvège et
la Suisse ont, en 2001, introduit ou renforcé des mesures incita-
tives destinées à promouvoir l’agriculture biologique, tout en augmen-
tant les versements destinés à encourager les agriculteurs à adopter
des méthodes de production plus respectueuses de l’environnement.
L’Australie et les Etats-Unis ont, pour leur part, introduit ou étendu des
programmes importants de conservation des ressources naturelles.
En 2001, comme pour l’année précédente, différentes politiques ont eu
pour objet de remédier à des catastrophes naturelles ou de répondre à des
préoccupations liées à la santé animale, végétale ou humaine. Par suite de
la crise engendrée par l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB),
l’UE a continué de fournir un soutien aux producteurs bovins affectés
par la faiblesse de la demande, et plusieurs Etats Membres ont annoncé
des mesures supplémentaires pour venir en aide aux agriculteurs
affectés par la crise de l’ESB, ainsi que par l’épidémie de fièvre aphteuse.
L’innocuité des produits De nombreux pays ont continué de renforcer leurs structures insti-
alimentaires constitue une tutionnelles et leur cadre réglementaire afin d’améliorer la sécurité
priorité supplémentaire pour sanitaire des aliments. A ce propos, la création de l’Autorité alimentaire
de nombreux pays. européenne dans l’UE a représenté un important pas en avant. Dans
plusieurs autres pays, de nouveaux organismes et régimes sont égale-
ment en cours de création. La biotechnologie et ses rapports avec
l’innocuité des produits alimentaires et l’environnement restent au
centre des préoccupations d’un grand nombre de consommateurs et de
leurs gouvernements. Les colloques internationaux, qui se sont tenus
en 2001 dans plusieurs pays, ont donné lieu à la proposition ou à
l’introduction de normes obligatoires en matière d’étiquetage des
aliments génétiquement modifiés.
L’année 2001 a été marquée par un développement important dans
le domaine des politiques commerciales, à savoir l’élimination, par l’UE
et par la Nouvelle-Zélande, des barrières tarifaires imposées aux
importations des 48 pays les moins développés; il faut préciser que,
s’agissant de l’UE, cette suppression sera retardée de quelques années
pour le riz, le sucre et les bananes. La Norvège et la Pologne ont
annoncé, pour 2002, des mesures de suppression analogues.

165
Situation par région

NOTES

1
Sauf indication contraire, les projections et les estimations macroéconomiques de
cette section proviennent du FMI. 2001. Perspectives de l’économie mondiale,
décembre. Washington.
2
FMI. 2001. Perspectives de l’économie mondiale, octobre. Washington.
3
Banque mondiale. Indicateurs du développement dans le monde 2001. Washington.
4
Si l’on inclut l’Afrique du Sud, les ratios d’investissement et d’épargne diminuent
pendant les années 90 par rapport aux années 80.
5
Op. cit., note 1.
6
Communiqué de presse de la FAO, mai 2000.
7
FAO. 1994. Women, agriculture and rural development, a synthesis report of the Africa
region. Rome.
8
FAO. 1998. Rural women and food security: current situation and perspectives. Rome.
9
K.A. Saito, H. Mekonnen et D. Spurling. 1994. Raising productivity of women farmers
in sub-Saharan Africa. Document de travail de la Banque mondiale, no 230.
Washington.
10
Op. cit., note 8.
11
Op. cit., note 9; et F. Orivel, 1995. Education primaire et croissance économique en
Afrique Sub-Saharienne: les conditions d’une relation efficace. Revue d’Économie
du Développement,1.
12
Spécifiquement: par personne économiquement active dans l’agriculture.
13
C. Udry, J. Hoddinott, H. Alderman et L. Haddad.1995. Gender differentials in
farm productivity: implications for household efficiency and agricultural policy. Food
Policy, 20(5): 407-423; C. Udry. 1996. Gender, agricultural production, and the
theory of the household. Journal of Political Economy, 104(5): 1010-1046; P. Moock.
1976. The efficiency of women as farm managers: Kenya. American Journal of
Agricultural Economics: Proceedings Issue, 58(5): 831-835; et op. cit., note 9.
14
C. Udry, J. Hoddinott, H. Alderman et L. Haddad. 1995. Gender differentials in
farm productivity: implications for household efficiency and agricultural policy. Food
Policy, 20(5): 407-423; et C. Udry. 1996. Gender, agricultural production, and the
theory of the household. Journal of Political Economy, 104(5): 1010-1046.
15
Op. cit., note 9.
16
P. Moock. 1976. The efficiency of women as farm managers: Kenya. American
Journal of Agricultural Economics: Proceedings Issue, 58(5): 831-835.
17
Op. cit., note 9.
18
M. Rekha. 1995. Women, land and sustainable development: barriers to women’s access
to land. Rapports et publications du Centre international de recherche sur les
femmes (ICRW), Washington.
19
Op. cit., note 8.
20
A.R. Quisumbing. 1996. Male-female differences in agricultural productivity:
methodological issues and empirical evidence. World Development, 24(10): 1579-95.
21
FAO. 1989. Report on the global consultation on agricultural extension. Rome.
22
On trouvera une étude sur les aspects économiques de la maîtrise/éradication de
la mouche tsé-tsé dans L.T. Budd. 1999. DFID-funded tsetse and trypanosomosis

166
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

research and development since 1980. Vol. 2 Economic Analysis. Avant-projet préalable
à la publication. DFID; et dans CIPEA/LIRMA. 1988. Livestock production in tsetse
affected areas of Africa. Compte rendu d’une réunion qui s’est tenue du 23 au
27 novembre 1987, à Nairobi, Kenya. Deux volumes. On trouvera également des
renseignements très variés sur le site Internet du PLTA (www.fao.org/paat/html/
home.htm).
23
La trypanosomose transmise par la mouche tsé-tsé (ou glossine) se présente
uniquement en Afrique, mais d’autres organismes du genre trypanosome
produisent des maladies hors du continent africain. Il existe trois types principaux
de trypanosomoses transmises par la mouche tsé-tsé, et plus de 20 espèces de
mouches tsé-tsé. Entre 2 et 10 pour cent des mouches tsé-tsé sont porteuses de
trypanosomes infectieux pour les animaux, alors qu’environ 0,1 pour cent
seulement portent des trypanosomes infectieux pour l’homme.
24
J.C.M. Trail, K. Sones, J.M.C. Jibbo, J. Durkin, D.E. Light et M. Murray. 1985.
Productivity of Boran cattle maintained by chemoprophylaxis under trypanosomiasis risk.
ILCS Research Report No. 9. International Livestock Centre for Africa, Addis-
Abeba.
25
OMS. Rapport sur la santé dans le monde, 2000. Genève. La maladie, qui avait
pratiquement disparu entre 1960 et 1965, renaît aujourd’hui. Pour plus
d’informations concernant la maladie du sommeil, voir www.who.int/health-topics/
afrtryps.htm
26
A partir d’une prévalence de la trypanosomose de 30 pour cent, l’agriculture mixte
(culture-élevage) devient pratiquement impossible. Voir: B.S. Hursey et
J. Slingenbergh. 1997. The tsetse fly and its effects on agriculture in sub-Saharan
Africa. Revue mondiale de zootechnie, 84/85: 67-73.
27
B. Swallow. 1999. Impacts of trypanosomiasis on African agriculture. International
Livestock Research Institute, Nairobi.
28
L.T. Budd. 1999. DFID-funded tsetse and trypanosomosis research and development
since 1980. Vol. 2 Economic Analysis. Avant-projet préalable à la publication. DFID,
Londres.
29
M. Kamuanga, C. Antoine, A.-S. Brasselle, B.M. Swallow, G.D.M. d’Ieteren et
B. Bauer. 1999. Impacts of tsetse control on migration, livestock production,
cropping practices and farmer-herder conflicts in the Mouhoun Valley of southern
Burkina Faso. Exposé présenté à la 25e réunion du Comité scientifique
international de recherches et de lutte contre la trypanosomose (CSIRTC),
Mombasa, Kenya. Cité dans Budd, 1999. (Op. cit., note 28).
30
M. Gilbert, C. Jenner, J. Pender, D. Rogers, J. Slingenbergh et W. Wint. 1999. The
development and use of the Programme Against African Trypanosomiasis Information
System. Exposé préparé pour la conférence du Comité scientifique international de
recherches et de lutte contre la trypanosomose (CSIRTC), 27 septembre –
1er octobre 1999, Mombasa, Kenya.
31
FAO. 1998. Le coût de la trypanosomiase. Agriculture 21. Rome.
32
Q. Jihui et T. Tisue. 2000. Achievable breakthrough: viewpoint on the challenge of
creating tsetse-free zones in sub-Saharan Africa. IAEA Bulletin, 41/1. 47-50.
33
F.E. Brandl. 1988. Economics of trypanosomiasis control in cattle. Farming systems and

167
Situation par région

resource economics in the tropics. Vol. 1. Wissenschaftsverlag Vauk, Kiel, Allemagne.


34
Ibid.
35
Op. cit., note 28.
36
Les estimations et projections macroéconomiques présentées dans cette section sont
tirées du FMI. 2001. Perspectives économiques mondiales. Décembre. Washington.
37
C.A. Carter et A. Estrin. 2001. China’s trade integration and impacts on factor markets.
Université de Californie, Davis, Californie, Etats-Unis. Janvier. (polycopie); et Li, F.
Zhai et Z.Wang. 1999. The global and domestic impact of China joining the World Trade
Organization. A Project Report. Development Research Centre, The State Council.
Chine.
38
K. Anderson et C.Y. Peng. 1998. Feeding and fueling China in the 21st Century. World
Development, 26(8): 1413-1429.
39
W. Martin. 2002. Implication des réformes et de l’accession à l’OMC pour les
politiques agricoles de la Chine. Economies en transition. (à paraître)
40
Bureau national de la statistique de la Chine.
41
A. Nyberg et S. Rozelle. 1999. Accelerating China’s rural transformation. Banque
mondiale, Washington.
42
J. Huang et H. Bouis. 1996. Structural changes in demand for food in Asia. A Vision for
Food, Agriculture and Environment, Discussion Paper 11. International food Policy
Research Institute, Washington. J. Huang et S. Rozelle. 1998. Market development and
food consumption in rural China. China Economic Review, 9(1998): 25-45.
43
J. Huang et C. Chen. 1999. Effets de la libéralisation des échanges commerciaux sur
l’agriculture de la Chine: aspects institutionnels et structurels. United Nations ESCAP
CGPRT Centre, Bogor, Indonésie.
44
Bureau national de la statistique de Chine.
45
J. Huang et H. Ma. 1998. The 20-year reform and the role of agriculture in China:
capital flow from rural to urban and from agriculture to industry. Reform, 5: 56-63;
op. cit., note 41.
46
N.R. Lardy. 1995. The role of foreign trade and investment in China’s economic
transition. China Quarterly, 144: 1065-1082.
47
Bureau national de la statistique de Chine.
48
A. de Brauw, J. Huang , S. Rozelle, L. Zhang et Y. Zhang. 2002. L’évolution des
marchés de la main-d’œuvre rurale de la Chine au cours de la réforme. Journal of
Comparative Economics. (à paraître)
49
Ibid.
50
A. de Brauw, J. de Huan et S. Rozelle. 2001. L’échelonnement et le succès de l’étapisme:
observations concrètes de la réforme agraire en Chine. Document de travail. Department
of Agricultural and Resource Economics, Université de Californie, Davis, Californie,
Etats-Unis.
51
N. Lardy. 2001. Intégrer la Chine à l’économie mondiale. Brookings Institution,
Washington.
52
J. Huang et S. Rozelle. 2001. La nature et l’étendue des distorsions liées aux mesures
d’incitation agricoles en Chine. Document présenté à la deuxième réunion de projet
sur l’accession à l’OMC, Réforme des politiques et réduction de la pauvreté en
Chine. Mission permanente de la Banque mondiale, Beijing, 26-27 octobre 2001.

168
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

53
T. Sicular. 1988. Le plan et le marché dans le commerce agricole de la Chine.
Journal of Political Economy 96 (2): 383-87. Avril.
54
Op. cit., note 52.
55
L’Accord du Cycle de l’Uruguay sur l’agriculture prévoyait la réduction graduelle,
avec des taux différents pour les pays développés et pour les pays en
développement, sans élimination, toutefois, des subventions à l’exportation. Les
pays les moins développés sont exemptés des engagements concernant la
réduction des subventions à l’exportation.
56
W. Martin. 2002. Implication of reform and WTO accession for China’s
agricultural policies. Economies en transition. (à paraître)
57
Op. cit., note 43.
58
Op. cit., note 56.
59
Op. cit., note 50.
60
Op. cit., note 52; A. Park, H. Jin, S. Rozelle et J. Huang. Market emergence and
transition: transition costs, arbitrage, and autarky in China’s grain market. American
Journal of Agricultural Economics. (à paraître)
61
Bureau national de la statistique de Chine.
62
L. Brandt, J. Huang, G. Li et S. Rozelle. Les titres fonciers en Chine: faits, fictions et
problèmes. China’s Economic Review. (à paraître)
63
Ministère de l’agriculture. 2001. Rapport sur le développement agricole en Chine.
China’s Agricultural Press, Beijing.
64
L. Zhang, Y. Zhang, J. Huang et S. Rozelle. 2001. L’évolution des titres fonciers en
Chine au XXIe siècle. Document de travail. Centre des politiques agricoles de la
Chine, Académie des sciences de Chine, Beijing.
65
Op. cit., note 63.
66
M. Shen. Financial reforms and China’s rural economic performance. Dissertation,
Dept. of Economics, Université de Stanford, Stanford, Californie, Etats-Unis.
(thèse)
67
J. Huang et H. Ma. 1998. The 20-year reform and the role of agriculture in China:
capital flow from rural to urban and from agriculture to industry. Reform, 5: 56-63.
68
J. Stigliz et A. Weiss. 1981. Le rationnement du crédit dans le marché à carence
d’information. American Economic Review, 71(3): 393-410. Juin.
69
Cheng montre que, pour l’ensemble de la décennie 90, la mesure globale de
soutien (MGS) de la Chine a été négative. Voir G. Cheng. 2000. Impacts of WTO
Agreement on Agriculture on China’s agricultural development. China Economic Press,
Beijing. Ma soutient que les subventions fournies par le gouvernement à
l’agriculture, de la production à la consommation et à la commercialisation, ont été
inférieures à 2,3 pour cent de la production agricole en 1999. Il convient de noter
que la majeure partie de ces subventions servaient à maintenir un régime coûteux
d’achats contingentés de céréales et de coton de production intérieure, ainsi que
des subventions à l’exportation pour le maïs et le coton. Le régime d’achat fait
l’objet d’une élimination progressive, tandis que les subventions aux exportations
ont été éliminées le 1er janvier 2002. Même le plafond imposé sur la MGS pourrait
ne pas être contraignant, car il est peu probable que la Chine puisse se permettre
des dépenses bugétaires élevées au titre des subventions agricoles. Voir M. MA.

169
Situation par région

2001. Agricultural subsidies: the last stumbling block to China’s entry to the WTO.
Document de travail. Deutsche Bank, Région administrative spéciale de Hong-Kong.
70
Op. cit., note 52.
71
J. Huang et R. Hu. 2002. Les options de financement de la recherche agricole en
République populaire de Chine. Rapport de projet, Département du secteur agricole
et social, Banque asiatique de développement, Manille.
72
Ministère de l’agriculture. Rapport sur le développement agricole de la Chine, 2000.
China’s Agricultural Press, Beijing.
73
Sauf indication contraire, les estimations et projections macroéconomiques de
cette section proviennent du FMI. Perspectives de l’économie mondiale, décembre.
Washington.
74
Néanmoins, les pays d’Amérique latine et des Caraïbes sont beaucoup moins
tributaires des importations de produits alimentaires que la plupart des autres pays
en développement: la part des produits agricoles dans le total des importations est
actuellement d’environ 25 pour cent en Afrique subsaharienne, 18 pour cent au
Proche-Orient et en Afrique du Nord et 8 pour cent dans la région Asie et
Pacifique.
75
La part de l’ensemble des pays en développement dans les exportations
mondiales de produits agricoles a chuté d’environ 35 pour cent dans les années
70 à 25 pour cent ces dernières années. Seules les régions Asie et Pacifique et
Amérique latine et Caraïbes ont réussi à préserver ou à accroître leur part du
marché mondial. La contrepartie de la diminution de la part de marché des pays en
développement a été une forte augmentation de celle des pays industriels, en
particulier l’UE. Au début des années 70, l’UE (15) exportait environ 30 pour cent
des exportations mondiales de produits agricoles et cette part est montée à
quelque 40 à 45 pour cent. L’essentiel de l’augmentation est dû à l’intensification
des échanges entre les pays membres de l’UE. Toutefois, même si l’on exclut le
commerce intrazone, les exportations de l’UE (15) représentent toujours 18 pour
cent du total mondial.
76
La présente analyse porte avant tout sur les produits primaires, mais la
diversification des exportations a été plus prononcée dans le cas des produits à
plus forte valeur ajoutée (voir La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture
1997, Chapitre spécial). Ce chapitre montre que dans la région Amérique latine et
Caraïbes, le ratio production agro-industrielle/PIB agricole était d’environ 40 pour
cent au milieu des années 90, contre 20 pour cent environ pour les autres régions
en développement. Une grande partie de cette production est destinée à
l’exportation. La région fournissait environ 12 pour cent des exportations
mondiales et absorbait environ 4 pour cent des importations mondiales de
produits alimentaires transformés en 1994. On y trouve des exemples
remarquables d’essor agro-industriel et d’expansion du commerce. Par exemple, la
production de jus de fruits tropicaux au Brésil a été multipliée par plus de 20 entre
le milieu des années 80 et le milieu des années 90. Dans le cas exemplaire du Chili,
la création d’une agro-industrie tournée vers l’exportation s’est appuyée non
seulement sur l’exportation de fruits frais, mais aussi sur la production de produits
transformés comme le vin et les conserves. L’industrie agroalimentaire argentine a

170
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

une longue tradition et la multinationale de transformation des céréales Bunge y


Born est une des premières du monde.
77
La dépendance à l’égard des pays industriels, en particulier les Etats-Unis, est
encore plus prononcée pour les produits non agricoles. Quelque 70 pour cent des
exportations de marchandises de l’Amérique latine et des Caraïbes sont absorbés
par des pays industriels et près de la moitié par les Etats-Unis.
78
On trouvera une analyse plus approfondie de l’évolution sur une longue période
des termes de l’échange des produits agricoles dans une prochaine publication
rédigée pour la FAO par George P. Zanias: The evolution of primary commodity terms
of trade and the implications for developing countries. Cette étude confirme que les
termes de l’échange de troc nets pour les produits agricoles ont tendance à se
détériorer dans toutes les régions en développement depuis le début des
années 80, mais elle confirme aussi que le pouvoir d’achat des exportations de
produits agricoles a augmenté, en particulier depuis la fin des années 80, ce qui
s’expliquerait principalement par la diversification des exportations.
79
La moyenne des droits appliqués par les pays industriels est à peu près neuf fois
plus élevée sur les produits agricoles que sur les produits manufacturés.
80
Voir, par exemple, OCDE. 2001. Agricultural policies in OECD countries. Monitoring
and evaluation. Paris. On peut lire dans ce rapport qu’en dépit d’une certaine
réduction, les prix de soutien et des paiements liés à la production restent la
forme dominante de soutien à l’agriculture dans la plupart des pays; ils isolent les
agriculteurs des signaux émis par le marché mondial et faussent la production et le
commerce mondiaux.
81
CEPALC. 1994. Latin America and the Caribbean: Policies to improve linkages with the
global economy. Santiago, Chili.
82
Ces questions ont été examinées en détail dans diverses sections et dans des
chapitres spéciaux de La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture. Voir en
particulier: 1995, Le commerce agricole: à l’aube d’une ère nouvelle?; 1997, Les
industries agroalimentaires et le développement économique; 2001, L’environnement
futur du commerce des produits agricoles: questions posées dans le cadre des
négociations commerciales en cours sur l’agriculture.
83
Les estimations et projections macroéconomiques de la présente section
proviennent de FMI. Perspectives de l’économie mondiale, octobre et/ou décembre.
Washington.
84
Economist Intelligence Unit. Turkey: Country Report 2001. Londres.
85
Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar.
86
FAO. 2001. La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2001, p. 166-171.
Rome.
87
N. Chbouki. 1992. Spatio-temporal characteristics of drought as inferred from tree-ring
data in Morocco. University of Arizona (thèse); et C.W. Stockton. 1988. Current
research progress toward understanding drought. Dans Drought, water management
and food production, Proceedings, International conference, Agadir, Maroc, 21-24
novembre 1985.
88
Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. 2001. Special

171
Situation par région

report on the regional impacts of climate change: an assessment of vulnerability. Genève.


89
Ibid.
90
Op. cit., note 86.
91
Les indicateurs qu’on emploie pour définir une pénurie d’eau périodique,
chronique ou absolue sont les suivants: 1500, 1000 et 500 m3 d’eau douce
renouvelable par personne et par an.
92
FAO 1997. Irrigation in the Near East Region in figures. Rapport sur l'eau n° 9. Rome.
93
Banque mondiale. 2001. Global economic prospects and the developing countries.
Washington. En même temps, la proportion de personnes vivant avec moins de
1 dollar EU par jour a légèrement diminué.
94
Le Programme national de lutte contre les effets de la sécheresse. 2000. Publication du
Comité Inter-Gouvernements Permanent du Développement Rural; Secrétariat
Général du Comité, Ministère de l’Agriculture, Rabat, Maroc, Avril 2000.
95
Ameziane. 2000. Stratégies d’adaptation à la sécheresse. Colloque National de
l’Agriculture et du Développement Rural, organisé à Rabat, 19-20 juillet 2000.
Ministère de l’Agriculture, Rabat, Maroc.
96
FAO/TCOR. 2000. Jordan: Drought impact assessment and project profile. Rome.
97
UN Interagency mission report on the extreme drought in the Islamic Republic of
Iran; FAO/TCOR report on drought impact assessment and proposal of project
profiles, FAO, Rome, 2001.
98
L’Europe centrale et orientale comprennent: l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la
Bulgarie, la Croatie, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Macédoine, la
Pologne, la République tchèque, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et la
Yougoslavie. La CEI comprend: l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Bélarus, la Fédération
de Russie, la Géorgie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, la République
de Moldova, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ukraine.
99
Les estimations et projections macroéconomiques de cette section sont tirées de
FMI, Perspectives de l’économie mondiale, décembre, Washington.
100
Chiffres préliminaires. FAO.
101
Ces politiques étaient caractérisées par une planification rigoureuse de la
production, des salaires très bas, peu d’investissement et (dans l’ex-Union
soviétique) un contrôle très serré des mouvements de la population rurale.
102
L. Wong et V. Ruttan. 1990. A comparative analysis of agriculture productivity
trends in centrally planned economies. Dans K. Gray, éd. Soviet agriculture:
comparative perspectives, p. 23-47. Iowa State University Press, Ames, Iowa, Etats-
Unis.
103
Z. Lerman. 1998. Does land reform matter? Some experiences from the former
Soviet Union. European Review of Agricultural Economics, 25: 307-330.
104
J. Swinnen. 1997. The choice of privatization and decollectivization policies in
central and eastern European agriculture: observations and political economy
hypotheses. Dans J. Swinnen, éd. Political economy of agrarian reform in central and
eastern Europe. Ashgate, Aldershot, Royaume-Uni.
105
Z. Lerman, K. Brooks et C. Csaki. 1994. Land reform and farm restructuring in
Ukraine. World Bank Discussion Paper No. 270. Washington; et M. Pugachev.
2000. Organizational forms of the new agricultural enterprises in Ukraine. Ukraine

172
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Agricultural Policy Project discussion paper. Kiev, Ukraine, Iowa State University,
Institute for Policy Reform.
106
C. Csaki, Z. Lerman et S. Sotnikov. 2001. Farm debt in the CIS: a multi-country study
of the major causes and proposed solutions. World Bank Discussion Paper No. 424.
Washington.
107
Les estimations et projections macroéconomiques proviennent du FMI: World
Economic Outlook, décembre. Washington.
108
Les données fournies dans cette section proviennent de l’OCDE. Agricultural
Policies in OECD Countries: Monitoring and Evaluation. 2002.Paris.

173
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

CHAPITRE III
L’AGRICULTURE ET LES BIENS
COLLECTIFS MONDIAUX
10 ANS APRÈS LE SOMMET
DE LA PLANÈTE TERRE

175
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

I. Le rôle de l’agriculture et
de la terre dans la fourniture
de biens collectifs mondiaux
INTRODUCTION
Dix ans après le Sommet de Dix ans après la Conférence des Nations Unies sur l’environnement
la terre à Rio de Janeiro, le et le développement (CNUED) – également appelée «Sommet de la
Sommet mondial sur le planète Terre» ou «Rio 92» –, qui s’est tenue à Rio de Janeiro en
développement durable fera 1992, l’Afrique du Sud accueillera le «Sommet mondial sur le déve-
le point sur l’application loppement durable» à Johannesburg. Au Sommet de Rio, les diri-
d’Action 21. geants du monde entier ont adopté le programme Action 21 pour
parvenir à un développement durable au XXI e siècle. Au sommet de
Johannesburg, qui se tiendra en août-septembre 2002, l’attention
portera sur les principaux problèmes que pose à la communauté
mondiale la mise en application des différents chapitres d’Action 21,
et sur les principaux résultats qu’elle peut en attendre.
La FAO est l’organisme de coordination des travaux concernant
quatre chapitres d’Action 21, qui sont: Planification et gestion des
terres (Chapitre 10), Lutte contre le déboisement (Chapitre 11), Mise
en valeur durable des montagnes (Chapitre 13), et Développement
agricole et rural durable (Chapitre 14). Elle est aussi acteur principal
de la mise en œuvre de plusieurs autres chapitres du plan d’action,
notamment: Lutte contre la désertification et la sécheresse (Chapitre
12), Préservation de la diversité biologique (Chapitre 15), Océans et
mers (Chapitre 17), Eau douce (Chapitre 18) et Substances chimiques
toxiques (Chapitre 19), de même que pour la mise en œuvre de
certains accords multilatéraux sur l’environnement issus du Sommet
de Rio. Parmi ces accords, citons la Convention-cadre des Nations
Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la Convention
sur la diversité biologique (CDB) et la Convention sur la lutte contre
la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse
et/ou la désertification, en particulier en Afrique 1.
Le concept de biens collectifs Un concept a pris de l’importance dans les débats sur le dévelop-
mondiaux prend de pement durable, qui ont préludé au Sommet de Johannesburg, celui
l’importance dans le débat des biens collectifs mondiaux, considéré de plus en plus comme un
sur le développement concept utile pour aborder les problèmes mondiaux d’environne-
durable. ment, et renforcer la volonté politique et le financement afin de
mieux coordonner les actions au niveau mondial. Une documenta-
tion abondante s’est constituée récemment sur divers aspects de ces
biens collectifs tels que la santé, le savoir, l’héritage culturel, la
stabilité financière, la paix et la sécurité 2, mais on a moins parlé de
leur importance dans le cadre de l’agriculture et des ressources
naturelles.

177
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

NOTION ÉCONOMIQUE DE BIENS COLLECTIFS


LOCAUX ET MONDIAUX
Le concept de biens collectifs est lié aux notions économiques d’externalité
et de défaillance du marché. On parle d’externalité lorsque les activités
d’une entreprise, par exemple, ont des effets non intentionnels ou
indésirables entraînant un avantage (externalité positive) ou un préju-
dice (externalité négative) pour un tiers qui n’aurait normalement pas
de rapport avec le produit de l’entreprise3. En général, l’avantage ou le
coût imposé n’est pas répercuté dans les opérations commerciales. On
parle de défaillance du marché lorsque les effets positifs ou les consé-
quences négatives d’une action ne sont pas correctement répercutés
dans le prix des produits concernés, dont l’offre est par conséquent
excédentaire ou insuffisante.
Les biens collectifs sont une catégorie particulière d’externalités, et sont
des biens dont la consommation ne peut être confinée à un consomma-
4
teur ou un groupe de consommateurs . A proprement parler, les biens
collectifs purs sont des biens dont la consommation se caractérise par la
non-exclusion et la non-rivalité de leur consommation5.
Les biens collectifs purs exhibent des caractéristiques de non-exclusion
et de non-rivalité complètes. A l’opposé, les biens caractérisés par
l’exclusion complète et la rivalité complète sont les biens privés. Entre ces
deux extrêmes, toute une série de biens dits «quasi collectifs» se caracté-
risent par différents degrés de non-exclusion et non-rivalité. Par exem-
ple, si les actions visant à promouvoir la biodiversité et la préservation du
paysage ou à atténuer le changement climatique sont généralement
considérées comme des biens collectifs purs, on pourrait considérer,
dans le cas des parcs nationaux d’accès libre, que leur consommation ne
donne pas lieu à exclusion mais à rivalité. De même, pour les parcs
nationaux d’accès réglementé ou payant ou pour ceux qui ne sont pas
surchargés, on peut considérer qu’il y a exclusion, mais non-rivalité.
Les biens collectifs mondiaux Les biens collectifs ayant souvent une spécificité locale, comme la lutte
sont des biens procurant des contre les inondations, les effets déplacés de l’érosion des sols et la
avantages universels mais protection des bassins hydrographiques, on peut les qualifier de biens
fournis par un groupe plus collectifs locaux. D’autres, en revanche, dépassent le cadre local ou régional
restreint. et leurs effets, par nature, débordent les frontières. On désigne sous les
termes de biens collectifs mondiaux les biens collectifs ayant par nature un
impact mondial. On peut citer comme exemples la biodiversité et l’atté-
nuation du changement climatique au niveau mondial. Kaul, Grunberg
et Stern donnent des biens collectifs mondiaux la définition suivante:
Un bien collectif mondial est un bien collectif dont les avantages ont
tendance à être universels en termes de pays (c’est-à-dire à s’étendre
à plus d’un groupe de pays), de peuples (à toucher plusieurs groupes
de population, voire tous) et de générations (à s’étendre aux
générations actuelles et futures ou, du moins, à répondre aux besoins
des générations actuelles sans hypothéquer les choix de développement
6
des générations à venir) .

178
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

BIENS COLLECTIFS LIÉS AU VOLET «TERRE»


D’ACTION 21
L’agriculture et la terre Le tableau 37 montre certains des biens collectifs associés au volet
fournissent d’importants «Terre» d’Action 21 (cette liste ne doit pas obligatoirement être considé-
biens collectifs mondiaux ou rée comme exhaustive). Il s’agit notamment de biens collectifs locaux et
y contribuent: biodiversité et mondiaux et de biens semi-collectifs caractérisés par des degrés diffé-
atténuation du changement rents de rivalité et d’exclusion. Les biens collectifs sont aussi classés selon
climatique en sont deux le caractère local, régional ou global de leurs effets.
exemples. Plusieurs options d’utilisation des sols, présentées dans le Chapitre 10,
visent à favoriser la préservation de la biodiversité par le maintien de la
diversité des espèces et la régénération des terres dégradées. Ces
mesures sont aussi celles qui sont susceptibles de contribuer le plus
largement à la fixation du carbone dans le sol et la biomasse, et à favoriser
la vie des espèces menacées dans les zones environnantes.
Le Chapitre 11 – Lutte contre le déboisement – traite aussi de biens
collectifs purs tels que la diversité biologique, la stabilité du cycle
hydrologique et du système climatique planétaire et le maintien ou le
rétablissement de la stabilité des écosystèmes (ces derniers ayant les

Tableau 37
BIENS COLLECTIFS ASSOCIÉS AU VOLET «TERRE» D’ACTION 21, ET ÉTENDUE
DE LEURS RETOMBÉES

Chapitre d’Action 21 Biens collectifs associés Etendue des retombées

10 – Planification et gestion Stabilité de l’écosystème Régionales, mondiales


des terres
Préservation de la diversité biologique Locales, régionales, mondiales
Piégeage du carbone Mondiales

11 – Lutte contre le Diversité biologique des forêts Locales, régionales, mondiales


déboisement Stabilité de l’écosystème Régionales, mondiales
Flore et faune Locales, régionales, mondiales
Réduction des rejets de gaz à effet de Locales, régionales, mondiales
serre dus aux incendies de forêt
Piégeage du carbone Mondiales

12 – Lutte contre la Piégeage accru du carbone Mondiales


désertification Protection des étendues d’eau Locales, régionales, mondiales
et la sécheresse Préservation de la diversité biologique Locales, régionales, mondiales
des terres arides

13 – Mise en valeur durable Stabilité de l’écosystème Régionales, mondiales


des montagnes Stabilité hydrologique Locales, régionales
Piégeage du carbone Mondiales

14 – Développement agricole Préservation de la diversité agrobiologique Locales, régionales, mondiales


et rural durable Piégeage du carbone Mondiales

15 – Préservation de la Préservation de la diversité agrobiologique Locales, régionales, mondiales


diversité biologique Piégeage du carbone Mondiales

179
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

caractéristiques d’un bien collectif local ou régional). La lutte contre la


désertification et la sécheresse (Chapitre 12) et la remise en état des
écosystèmes montagneux dégradés (Chapitre 13) peuvent contribuer à
protéger la flore et la faune sauvages et la diversité biologique, et à
atténuer le changement climatique par le piégeage du carbone.
Les biens collectifs relatifs à un développement agricole et rural
durable (Chapitre 14), comprennent des ressources et des avantages
largement partagés tels que la préservation de la diversité agrobiologique
et la connaissance qu’en ont les agriculteurs, les bénéfices de la protection
des bassins hydrographiques et de la protection contre les inondations,
et l’atténuation du changement climatique par la fixation du carbone. La
recherche et les connaissances agricoles diffusées par les centres du
Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI)
constituent un apport essentiel aux biens collectifs mondiaux dans la
mesure où ces innovations sont partagées par la communauté mondiale.
L’agriculture peut aussi contribuer à engendrer des externalités négati-
ves telles que l’appauvrissement en éléments nutritifs, l’augmentation de
la fréquence des inondations en aval et la disparition des forêts naturelles
et des zones humides. L’activité agricole classique, hautement commer-
ciale, est souvent accusée de détruire la diversité des espèces et les
processus naturels de régénération.
On pourrait citer comme autres exemples de biens collectifs mondiaux
la sécurité sanitaire des aliments, la lutte contre les ravageurs des plantes
et des maladies animales transfrontières7, la protection des étendues
d’eau internationales et la destruction des réserves de pesticides périmés.

PROGRÈS DE LA FOURNITURE DE BIENS


COLLECTIFS MONDIAUX DEPUIS LE SOMMET DE RIO
Les progrès accomplis depuis Action 21 préconise principalement que des mesures soient prises pour
le Sommet de Rio de 1992 réduire les externalités négatives des activités économiques, sans toute-
dans la fourniture de biens fois aborder expressément les biens collectifs mondiaux. Il est par
collectifs mondiaux relatifs à conséquent difficile de définir et d’évaluer directement des indicateurs
la terre ont été très lents. permettant de mesurer les progrès accomplis à cet égard. On trouvera
ci-après un rapide aperçu de ce qui a été réalisé pour certains des biens
collectifs mondiaux mentionnés par Action 21.

Remise en état des terres dégradées. Il s’agit notamment de la remise en


état complète de terres sévèrement dégradées, de l’amélioration de
terres marginales ou arides actuellement exploitées et de l’amélioration
des pratiques d’exploitation des terres. Les renseignements dont on
dispose sur ces points sont épars et il est difficile d’évaluer la superficie
totale des terres qui ont fait l’objet d’une remise en état. Environ 20 pour
cent des terres menacées d’aridité dans le monde ont des sols dégradés
du fait des activités humaines, mettant en péril les moyens d’existence de
plus d’un milliard de personnes 8. Dans l’ensemble, les progrès ont été
très lents. Les pertes des terres et la désertification persistent avec une

180
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

FAO/20565/M. MARZOT
Les forêts luxuriantes d’Homs intensité et des effets ressentis plus particulièrement dans de nombreux
en République arabe syrienne pays à faible revenu. Une fois régénérés, ces sols pourraient permettre
exigent une gestion et un
d’accroître la fixation du carbone et améliorer les conditions de vie des
contrôle judicieux
L’entretien des écosystèmes personnes menacées.
forestiers contribue à la
protection de la flore et de la Création de zones protégées d’importance mondiale. Les efforts pour
faune, à la diversité biologique
préserver la biodiversité ont principalement consisté à créer des zones
et à l’atténuation des
changements climatiques grâce protégées et des réserves. Selon des estimations récentes, les réserves du
à la fixation du carbone patrimoine naturel d’importance mondiale seraient passées à 131 mil-
lions d’hectares dans les pays développés et à 133 millions d’hectares
dans les pays en développement. Ces zones ont cependant été créées en
transformant des forêts naturelles d’arbres ou d’arbustes en réserves
plutôt qu’en remettant en état des terres dégradées.

Zones de forêt naturelle et de plantations forestières. Le dernier rapport


sur l’Evaluation des ressources forestières mondiales (voir encadré 1,
p.36) indique que le couvert de forêt naturelle a diminué de 16,1 mil-
lions d’hectares par an entre 1990 et 2000 (et est ainsi tombé de
3 milliards 808 millions à 3 milliards 682 millions d’hectares). Les
plantations forestières, en revanche, ont légèrement augmenté, passant
de 155 millions d’hectares à 187 millions d’hectares pendant la même
période. Le résultat est une diminution nette du couvert arboré de
12,5 millions d’hectares, mais le rythme net de déboisement semble
s’être ralenti par rapport à ce qu’il était avant 1990.

181
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

Vers des pratiques agricoles plus durables. Depuis le Sommet de Rio de


1992, l’agriculture biologique a pris de l’importance dans les pays
développés, et les pratiques agricoles ont évolué vers l’agriculture de
conservation et la protection intégrée (PI) contre les ravageurs, avec le
développement de la culture des légumineuses dans les assolements,
l’utilisation d’engrais organiques compostés ou non et, la sélection
d’espèces et de variétés appropriées pour la lutte biologique contre les
ravageurs. L’agriculture de conservation est maintenant pratiquée sur
près de 60 millions d’hectares dans des pays divers (voir encadré 10). Ces
nouvelles tendances ont largement contribué à améliorer la nutrition des
sols et leur teneur en matière organique, ainsi qu’à accroître la fixation
du carbone dans les sols.

Progrès réels et potentiels de la promotion directe des biens collectifs


mondiaux. Une estimation récente des réserves mondiales de carbone

Encadré 10 L’agriculture de conservation1 est bargo pétrolier de 1973 et a fait


une stratégie permettant d’em- du labourage une opération coû-
AGRICULTURE DE pêcher, voire d’inverser, la baisse teuse. De nos jours, près de 60
CONSERVATION de fertilité des sols couramment millions d’hectares de terre agri-
entraînée par le labourage mé- cole dans le monde entier sont
canisé. Elle comprend plusieurs cultivés de cette manière. Les
techniques mais, en règle géné- Etats-Unis restent les pionniers
rale, le labourage est réduit et les de l’agriculture de conservation,
résidus de culture sont laissés bien que ce soit en Amérique du
sur place pour protéger le sol du Sud que cette méthode ait connu
vent, favoriser l’activité biologi- l’essor le plus vigoureux. Dans le
que et fournir de la matière or- sud du Brésil, en Argentine et au
ganique au sol. Ces résidus créent Paraguay, près de la moitié des
à la surface du sol une structure terres sont maintenant cultivées
qui laisse pénétrer l’eau jusqu’aux selon cette méthode.
racines des végétaux et empê- Après quelques années, on
che son ruissellement en surface peut en tirer les avantages sui-
qui entraîne le sol. vants:
L’agriculture de conservation • accroissement et stabilisa-
a commencé aux Etats-Unis à la tion des rendements;
fin des années 70, en réaction à • économies substantielles
l’érosion de plus en plus mar- d’eau d’irrigation;
quée des sols, aux problèmes de • réduction de la disparition
fertilité et à l’escalade des prix des couches superficielles
des carburants qui a suivi l’em- des sols;

182
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

permet de penser que l’exploitation et la gestion durables des forêts


12
du globe permettraient de stocker 184 Tg de carbone (1 Tg = 10 g)
de plus chaque année dans les forêts et les produits du bois pendant
les 50 prochaines années, avec une fourchette de 108 à 251 Tg par
9
an . De même, les sols agricoles contiennent généralement de 100 à
200 tonnes de carbone par hectare sur une profondeur d’un mètre.
Sur les sols où est pratiquée la culture intensive, une modification des
pratiques pourrait augmenter la teneur en matière organique et la
fixation du carbone. Il est en revanche difficile d’estimer dans quelle
mesure les ressources foncières et forestières ont contribué à atténuer
le changement climatique depuis le Sommet de Rio de 1992.

Progrès concrets dans la préservation de la diversité biologique. En ce


qui concerne la préservation de la biodiversité, on a sensiblement
progressé dans la connaissance de la transformation qualitative et

• économie d’argent et de tra- du temps, et parce que les enne- exploitées, les terres agricoles
vail par l’absence de labou- mis des cultures ne sont plus peuvent restituer ce carbone au
rage; éliminés par le labour, les agri- sol sous forme de matière orga-
• réduction du ruissellement, culteurs qui adoptent cette mé- nique, par un processus que l’on
des inondations et de la pol- thode emploient au départ da- appelle piégeage ou fixation du
lution chimique des cours vantage d’herbicides, au lieu d’en carbone.
d’eau; utiliser moins. Après quelques
• meilleure approvisionne- années, cependant, l’améliora-
ment local en eau grâce à la tion des rendements doit nor-
réduction du ruissellement; malement compenser ces dé-
• réduction de l’ensablement penses supplémentaires. Finale-
des cours d’eau. ment, la lutte intégrée contre les
Le passage à l’agriculture de ravageurs leur permet de ré-
conservation oblige les agricul- duire considérablement l’emploi
teurs à acheter un matériel d’en- des herbicides, voire d’y renon-
semencement spécial ou à adap- cer complètement.
ter le matériel existant. Cette L’agriculture de conservation
méthode requerrant un emploi a encore un effet bénéfique. Les
minime de pesticides chimiques, végétaux sont constitués par une
les agriculteurs doivent appren- grande part de carbone et déga-
dre à lutter contre les ravageurs gent, lorsqu’ils se décomposent
et les maladies par les techni- ou brûlent, du dioxyde de car- 1
On trouvera un complément
ques de protection (PI) intégrée bone, le gaz à effet de serre qui d’information sur l’agriculture de
conservation à l’adresse Internet suivante:
qui font appel aux ennemis natu- contribue le plus, pris isolément, www.fao.org/ag/AGS/AGSE/agse_e/
rels des ravageurs. Cela prend au changement climatique. Mieux Main.htm

183
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

quantitative des grands écosystèmes dont bon nombre offrent une


grande diversité biologique. De même, des progrès importants ont
été faits dans la sensibilisation et dans la création de zones protégées
et de collections de gènes ex situ importantes pour l’alimentation et
l’agriculture.

Le financement de la La recherche du GCRAI, bien collectif mondial. Les pays en dévelop-


recherche agricole dans pement sont fortement tributaires de la recherche et des connaissan-
l’intérêt de la communauté ces diffusées par les centres nationaux et internationaux de recher-
mondiale est en diminution. che. Ainsi, la recherche agricole et la diffusion des connaissances dans
les pays en développement, surtout lorsqu’elles concernent des ré-
gions pauvres en ressources, pourraient être considérées comme des
biens collectifs. En particulier, les travaux menés par les centres du
GCRAI et la diffusion de leurs résultats sont souvent considérés
10
comme biens collectifs mondiaux et sont partagés par la commu-
nauté mondiale. Néanmoins, ces 10 dernières années, le financement
du système du GCRAI et de la recherche technologique n’a cessé de
diminuer, si bien que les centres du GCRAI se trouvent dans une
situation financière de plus en plus contraignante. L’insuffisance de
financement pourrait rendre les centres moins aptes à mener des
recherches et à diffuser les connaissances requises pour améliorer la
production alimentaire et lutter contre la faim et la pauvreté 11.

Des progrès ont été faits Développement des bases de connaissances. La constitution d’une
dans la connaissance et la documentation et l’enregistrement du savoir des agriculteurs sur la
préservation de la diversité diversité agrobiologique pourraient être considérés comme un autre
biologique exemple de bien collectif mondial. Les déclarations des Etats à la CDB
font penser qu’environ deux tiers des pays ont réalisé des études de
cas de ce genre (par exemple sur la pollinisation, les biotes des sols, la
12
gestion intégrée des paysages et les systèmes agricoles) .

Engagement international pour la protection des ressources


phytogénétiques. La reconnaissance du principe des droits de l’agri-
culteur dans l’accord conclu récemment sur la protection des ressour-
ces phytogénétiques constitue un grand pas en avant qui aidera à
protéger la diversité agrobiologique mondiale dans les banques de
gènes, sur les champs des agriculteurs et dans la nature. La notion de
droits de l’agriculteur doit former l’assise d’un système officiel de
reconnaissance et de récompense destiné à encourager et à dévelop-
per le rôle des agriculteurs et des communautés rurales dans la
préservation et l’utilisation durable des ressources phytogénétiques 13.
L’accord assure un partage équitable des avantages mondiaux résul-
tant de l’utilisation des ressources phytogénétiques, et préconise une
obligation de paiement lorsque cette utilisation permet de retirer des
14
avantages commerciaux .

184
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

FINANCEMENT DES BIENS COLLECTIFS MONDIAUX


La rémunération des La consommation des biens collectifs ne donnant pas lieu à exclusion, on
fournisseurs est est tenté d’en profiter sans payer (à supposer qu’il s’agisse de biens
indispensable pour que la collectifs bénéfiques). De ce fait, des mécanismes de rémunération de ceux
fourniture de biens collectifs qui les fournissent sont nécessaires pour faire en sorte que le bien soit
mondiaux soit suffisante. réparti dans des proportions socialement souhaitables. Cela est aussi vrai
pour les biens collectifs mondiaux, puisque la communauté mondiale en
bénéficie, alors que ceux qui le fournissent représentent un groupe
beaucoup plus restreint.
Action 21 préconise des mesures qui produisent à la fois des biens
collectifs et des biens privés, bien que les mécanismes de financement de
leur application n’aient pas été spécifiquement conçus pour les uns ou les
autres. Cependant, le rapport mondial de situation sur le financement

Exemple de technique
agricole de conservation dans
FAO/30003/T. FRIEDRICH

un champ de maïs au Brésil


Ici, la culture se transforme en
paillis qui protège la surface du
sol contre l’érosion en
améliorant l’infiltration de
l’eau et en empêchant la
croissance de plantes adventices

185
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

L’aide officielle au en faveur du développement durable a brossé un tableau décevant de ce


développement a diminué qui a été fait pour répondre aux objectifs et mécanismes de financement
15
depuis le Sommet de Rio de prévus par le Sommet de Rio . Malgré la promesse des pays développés
1992, particulièrement pour de porter leur aide au développement à hauteur de 0,7 pour cent de leur
l’agriculture et les régions PNB, cette aide a fortement diminué après le Sommet de Rio, tombant
rurales. de 0,33 à 0,22 pour cent du PNB des donateurs, avant de remonter
légèrement à 0,24 pour cent en 1999. L’aide à l’agriculture (au sens
large) a accusé une baisse en termes réels de plus de 40 pour cent entre
1988 et 1999. A l’intérieur du secteur, la diminution de l’aide a été forte
en ce qui concerne les services agricoles, la production végétale et
l’exploitation forestière, malgré une augmentation de la part destinée à
la protection de l’environnement, à la recherche et la formation, et à la
vulgarisation.
L’investissement étranger direct (IED) se concentre dans un petit
nombre de pays. Dans les pays les moins avancés, les flux ont été
négligeables, et le secteur agricole et celui des ressources naturelles n’en
ont pas bénéficié. L’IED est attiré par les possibilités de marché, ce qui
veut dire que, d’une manière générale, il ne faut pas s’attendre à ce que
cet instrument de financement soit très productif en termes de biens
collectifs. De surcroît, il ne s’appuie généralement pas sur des considéra-
16
tions de durabilité .
D’un autre côté, les mécanismes mondiaux de financement tels que le
Fonds pour l’environnement mondial (FEM) (voir encadré 11) consti-
tuent une source importante de financement pour de nombreux accords
multilatéraux concernant l’environnement, et donc pour la fourniture
de biens collectifs mondiaux. Le FEM a contribué à financer plus de
800 projets. Entre 1991 et 1999, plus de 2 milliards de dollars ont été
affectés à des projets relatifs à la biodiversité, au changement climatique,
aux eaux internationales, à l’appauvrissement de la couche d’ozone et à
la dégradation des terres, et des sommes encore plus importantes ont été
mobilisées à titre de cofinancement. La part la plus importante des crédits
a été consacrée à des projets concernant la biodiversité, suivis de près par
des projets concernant le changement climatique.
Enfin, certaines sources nouvelles apparaissent pour financer les biens
collectifs mondiaux. Des fonds nationaux se créent dans le cadre de la
CDB, de la Convention sur la lutte contre la désertification dans les pays
gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particu-
lier en Afrique. Une autre source de financement provient des apports
de capitaux avec transfert de technologie vers les pays en développement
prévus par le Mécanisme pour un développement propre (MDP) (dans
le cadre du protocole de Kyoto, qui n’a pas encore été ratifié). Cependant,
comme dans le cas des mécanismes de financement classiques (APD et
IED), les dotations à ces différents mécanismes sont irrégulières, et
plusieurs d’entre eux ne sont même pas encore pleinement développés
ou appliqués.

186
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

ACCROÎTRE LA COOPÉRATION FINANCIÈRE


INTERNATIONALE POUR PROMOUVOIR LES BIENS
COLLECTIFS MONDIAUX
Accroître l’ADP pour qu’elle atteigne le niveau fixé au Sommet de Rio
a occupé une place importante dans la préparation de la Conférence
des Nations Unies pour le financement du développement. Le Consen-
sus de Monterrey a préconisé des mesures concrètes pour atteindre
l’objectif de consacrer 0,7 pour cent du PNB à l’aide au développement
17
des pays en développement .
Il faut accroître l’aide Il faut cependant accorder une attention particulière à l’agriculture
officielle au développement, et aux régions rurales. En effet, pour réussir une stratégie de lutte
particulièrement en faveur de contre la pauvreté et la faim, il faut commencer par reconnaître qu’il
l’agriculture et des régions s’agit essentiellement de phénomènes ruraux et que l’agriculture est un
rurales. élément essentiel des moyens d’existence des populations rurales. Il
faut donc faire cesser la baisse des ressources globales affectées à la
réduction de la faim, à l’agriculture et au développement rural. Il
importe également de reconnaître qu’il faudra consacrer des efforts
beaucoup plus importants au secteur agricole et au développement
rural pour atteindre les objectifs environnementaux définis dans le
volet Terre d’Action 21.
L’un des moyens d’accroître la volonté politique et les engagements
de financement en faveur de l’agriculture et du développement rural
serait de reconnaître le rôle important qu’ils peuvent jouer dans la
fourniture de biens collectifs mondiaux. En effet, le financement qui
leur est réservé est limité.
De nouveaux mécanismes de Pour fournir des biens collectifs mondiaux liés au volet Terre
financement des biens d’Action 21, il ne suffira pas d’augmenter le financement du dévelop-
collectifs mondiaux sont pement en général et du développement agricole et rural en particulier.
apparus. Les mécanismes de financement doivent être dirigés spécialement vers
la fourniture de ces biens. Il importe de conserver l’idée que les biens
collectifs mondiaux sont des biens et services dont bénéficie l’ensemble
de la communauté mondiale mais qui sont fournis par un groupe de
personnes plus restreint, et qu’il est dans l’intérêt de la communauté
mondiale de rémunérer ceux qui les fournissent. Les mécanismes de
financement doivent en effet être perçus et conçus comme le paiement
de biens et de services fournis.
Il faut mobiliser des crédits L’autre grande question qui vient à l’esprit est de savoir si le fait
supplémentaires pour d’accroître le financement des biens collectifs mondiaux contribuera
rémunérer ceux qui aussi à réduire la pauvreté dans le monde. Cela dépendra bien sûr des
fournissent les biens collectifs. circonstances particulières et des modalités de rémunération des four-
nisseurs, mais il serait très souhaitable de repérer les synergies entre la
fourniture de biens collectifs mondiaux et la lutte contre la pauvreté et
de modeler les mécanismes de rémunération en conséquence.
L’une des possibilités serait que toute nouvelle ADP soit liée à
l’affectation de ressources intérieures pour la fourniture de biens

187
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

Encadré 11 Fonds pour l’environnement subsaharienne. Le financement


mondial (FEM). Créé en 1991 et durable de la dette constitue un
NOUVELLES restructuré après le Sommet de moyen important de mobiliser
POSSIBILITÉS DE Rio, le FEM est destiné à assurer des ressources pour l’investisse-
FINANCEMENT DES la coopération et un financement ment public et privé. Remettre
BIENS COLLECTIFS internationaux pour lutter con- la dette en échange de la protec-
LIÉS AU VOLET TERRE tre les principaux facteurs qui tion de la nature est un méca-
D’ACTION 21 menacent l’environnement mon- nisme par lequel des pays en
dial. Il réunit 166 gouvernements développement se voient remet-
membres, la communauté scien- tre leur dette internationale pour
tifique et plusieurs organisations l’affecter au financement de pro-
privées et organisations non gou- jets écologiques bénéfiques pour
vernementales (ONG). Les orga- l’environnement mondial. Des
nes d’exécution sont le Pro- études ont montré que le taux
gramme des Nations Unies pour de déboisement est le plus élevé
le développement (PNUD), le dans les pays d’Afrique qui sont
Programme des Nations Unies justement très endettés. Cela
pour l’environnement (PNUE) et permet de penser qu’il existe de
la Banque mondiale. Le Fonds vastes possibilités de freiner le
finance et recueille des crédits déboisement et de développer
pour cofinancer des projets rele- les biens collectifs mondiaux dans
vant des domaines suivants: 1) de ces pays (par exemple par le
la diversité biologique; 2) du chan- reboisement et les activités de
gement climatique; 3) des eaux gestion des terres) qui pour-
internationales et; 4) de l’appau- raient se réaliser grâce à ces
vrissement de la couche d’ozone. mécanismes.
Les projets ayant trait à la dégra-
dation des sols peuvent aussi bé- Fonds spécial pour les chan-
néficier de crédits du Fonds dans gements climatiques. La Con-
la mesure où ils se rattachent à vention-cadre des Nations Unies
l’un des quatre domaines princi- sur les changements climatiques
paux. Des propositions spécifi- (CCNUCC) fait obligation aux
ques, y compris celle de faire de la pays développés et aux pays en
dégradation des terres un do- développement de réduire leurs
maine à part entière, doivent être émissions de gaz à effet de serre
soumises pour approbation défi- dans l’atmosphère et d’accroître
nitive à l’assemblée du FEM d’oc- la capacité d’absorption en agis-
tobre 2002. sant sur la biomasse et les sols.
La création d’un Fonds spécial
Remise de dettes en échange pour les changements climati-
de la protection de la nature, ques a été proposée pour aider
en particulier en Afrique les pays les moins avancés à dé-

188
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

velopper leur capacité et à finan- pourraient être utilisés plus


cer la mise en applications des largement.
dispositions prévues par la Con-
vention. Bien que la structure du Mobilisation accrue de res-
fonds proposé ne soit pas en- sources intérieures. La mobili-
core clairement arrêtée, certains sation de ressources intérieures
pays ont déjà versé des contribu- pour promouvoir les biens col-
tions en vue de la création du lectifs mondiaux devrait renfor-
fonds. cer les mécanismes existants de
financement et contribuer à
Mécanisme pour un dévelop- ouvrir de nouvelles possibilités.
pement propre (MDP). Ce La suppression des subventions
mécanisme, conçu dans le cadre à effets pervers, le paiement à
du Protocole de Kyoto, qui n’est leur prix réel des ressources et
toujours pas ratifié, permet aux des services naturels, l’établisse-
pays de financer des projets de ment de droits de propriété sur
réduction des émissions dans des la terre, l’eau et la forêt, les
pays en développement et de réformes fiscales en vue d’ins-
recevoir en contrepartie un cré- taurer des taxes pour l’environ-
dit d’émissions de carbone. Le nement et la mise à contribution
MDP pourrait se révéler être des bénéficiaires des biens col-
l’un des mécanismes de finance- lectifs locaux et mondiaux sont
ment les plus novateurs pour autant de facteurs pouvant con-
favoriser les biens collectifs mon- tribuer à créer un environne-
diaux associés à la terre. On ment propice à la mobilisation
trouvera au chapitre suivant une de ressources intérieures et sus-
étude plus approfondie du MDP. ceptible d’attirer des ressources
extérieures.
Fonds nationaux pour l’envi-
ronnement. Des fonds pour l’en-
vironnement se sont créés dans
quelques pays en développement,
dont le nombre va en augmen-
tant, dans le cadre de deux con-
ventions des Nations Unies, la
CCNUCC et la CDB. Ils sont
généralement gérés par des or-
ganismes privés et leurs capitaux 1
Fonds pour l’environnement mondial
proviennent de dons des Etats (FEM). 2001. Note sur le projet de
et d’organismes donateurs ainsi, création d’un nouveau domaine
d’intervention consacré à la dégradation
que de taxes et de prélèvements
des sols (GEF/C 18/4), Conseil du FEM,
pour l’environnement. Ces fonds 5-7 décembre 2001.

189
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

collectifs mondiaux. Il faudrait cependant compléter le financement et


envisager sérieusement de créer de nouveaux mécanismes permettant à
la fois de fournir des biens collectifs mondiaux et de transférer des
ressources entre pays développés et pays en développement. La difficulté
de la tâche est de concevoir ces mécanismes de telle sorte qu’ils contri-
buent aussi largement à réduire la pauvreté. (On trouvera dans l’enca-
dré 11 un aperçu de certains des mécanismes de financement existants
ou potentiels.)

CONCLUSIONS
Dans le débat général sur les biens collectifs mondiaux, il convient de
s’intéresser davantage à ceux qui concernent la terre, au même titre
qu’à d’autres aspects qui ont jusqu’ici fait l’objet d’une attention plus
soutenue tels que la santé, le savoir, l’héritage culturel, la stabilité
financière, la paix et la sécurité. En raison du caractère mondial de ces
biens collectifs relatifs à la terre, il est justifié de leur consacrer des
moyens de financement accrus et de créer de nouveaux mécanismes
financiers à cet effet. Pour faire une place plus importante aux biens
collectifs mondiaux et coordonner les efforts à l’échelle mondiale pour
réduire la pauvreté, il faudrait créer des instruments, des politiques et
des programmes qui, tout en permettant la mise en œuvre effective du
volet «Terre» d’Action 21, contribuent à réduire la pauvreté.
On trouvera dans la section qui suit une étude plus approfondie du
nouveau mécanisme de financement de la fourniture de biens collectifs
mondiaux: le mécanisme pour un développement propre (MDP), issu
du Protocole de Kyoto sur le changement climatique mondial.

190
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

II. Tirer parti du piégeage


du carbone moyennant un
changement d’affectation
des terres: une issue au
problème de la pauvreté
rurale?
INTRODUCTION
Le principe clé issu de la Le principe sous-jacent des accords issus de la Conférence des
CNUED en 1992 était la Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED),
nécessité de s’attaquer tenue à Rio de Janeiro en 1992, était la nécessité de s’attaquer
conjointement aux questions conjointement aux questions de développement et aux préoccupa-
de développement et aux tions environnementales en traitant les problèmes pressants de la
préoccupations dégradation de l’environnement auxquels le monde est confronté.
environnementales. Les accords conclus à Rio ont permis de mettre en place un nouveau
système international de gouvernance de l’environnement par le
biais d’une série d’accords multilatéraux concernant la protection de
l’environnement (AME), notamment la Convention-cadre des Na-
tions Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la Conven-
tion sur la diversité biologique (CDB) et la Convention des Nations
Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement
touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en
Afrique. Au titre de ces conventions et d’autres AME, une série de
mécanismes, visant à promouvoir la production de biens et de
services environnementaux en même temps que le développement
économique, ont été proposés et dans certains cas mis en œuvre.
Cette section examine les répercussions potentielles, en termes de
réduction de la pauvreté, de l’un des principaux mécanismes propo-
sés dans le cadre de la Convention-cadre sur les changements clima-
tiques: l’introduction d’un marché des crédits d’émissions de car-
bone. Un groupe important de participants potentiels à un tel
marché est celui des utilisateurs des terres, notamment des agricul-
teurs et des habitants des forêts, qui en modifiant leur mode d’utili-
sation des terres, peuvent produire des crédits pour réduction
d’émissions. Les leçons tirées de l’analyse des effets potentiels de ce
mécanisme en termes de réduction de la pauvreté et de sécurité
alimentaire au niveau des groupes d’utilisateurs des terres peuvent
également permettre de mieux comprendre l’impact possible des
mécanismes proposés au titre d’autres AME et qui comporteront un
changement d’affectation des terres.

191
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET UTILISATION


DES TERRES: CAUSES ET EFFETS
Les changements climatiques et les éléments du
problème
Les changements climatiques La controverse au sujet du changement climatique, son ampleur et
ont prêté à controverse, mais ses répercussions potentielles, a été considérable, les optimistes
leur origine anthropique est considérant le réchauffement de la planète comme une hypothèse
aujourd’hui de plus en plus non confirmée exagérée par les alarmistes 18, et d’autres soutenant au
largement reconnue. contraire que ces changements interviennent à un rythme soutenu
19
et croissant et qu’ils auront sans doute des effets remarquables . La
polémique dans ce domaine tient essentiellement à la difficulté de
distinguer les changements provoqués par l’homme de ceux qui
relèvent d’une évolution naturelle, étant entendu que le changement
climatique s’inscrit dans une tendance historique, comme le prou-
vent les périodes glaciaires du passé. Toutefois, les effets des change-
ments climatiques se sont manifestés ces derniers temps avec une
fréquence et un degré de gravité accrus. La communauté scientifique
s’accorde aujourd’hui pour reconnaître que les changements obser-
vés depuis quelques décennies sont presque certainement en grande
partie le résultat d’activités humaines et des émissions atmosphéri-
ques de gaz à effet de serre qui en résultent 20. Le dioxyde de carbone
est le premier de ces gaz, responsable pour environ 50 pour cent de
l’effet de réchauffement de l’ensemble des gaz ayant une incidence
sur le climat21, mais d’autres gaz comme le méthane et l’oxyde
nitreux contribuent eux aussi dans une large mesure à capturer la
chaleur, accentuant ainsi le réchauffement mondial.
Dans son troisième rapport d’évaluation, le Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) affirme qu’au
cours du XXe siècle, la température moyenne de la planète a
augmenté de 0,2 oC à ± 0,6 oC22. Par ailleurs, le niveau des océans
s’est élevé de quelque 15 à 20 cm dans le monde entier, tandis que
les précipitations ont enregistré un accroissement moyen d’environ
10 pour cent. Toutefois, si l’intensification des précipitations est
sensible dans les régions situées aux latitudes supérieures, la pluvio-
sité a en revanche diminué dans bien des régions tropicales. D’autre
part, les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont
augmenté d’environ 30 pour cent au cours des deux siècles derniers.
Si rien n’est fait pour réduire ces émissions, on prévoit d’ici à 2100
un réchauffement de la planète de l’ordre de 1,4 à 5,8 oC par rapport
aux niveaux enregistrés en 1990, tandis que le niveau des océans
devrait s’élever de 9 à 88 cm. L’ampleur des changements prévus,
compte tenu des émissions d’ozone et d’aérosol basées sur les
estimations relatives à la croissance de la population, aux puits
d’énergie, à l’utilisation des terres et aux avancées technologiques, a
sensiblement augmenté depuis le deuxième rapport d’évaluation du
GIEC daté de 1996. A l’époque, on prévoyait une augmentation du

192
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

o
réchauffement de la planète d’environ 2 C, avec une zone d’incer-
titude entre 1 oC et 3,5 oC23. Sans une diminution des émissions de
gaz à effet de serre, le réchauffement de la planète se poursuivra.
Un nouveau rapport de l’Académie des sciences des États-Unis
énonce que le réchauffement dû à l’effet de serre et autres altérations
du système climatique causées par l’homme pourraient faire aug-
menter la possibilité d’événements climatiques importants et sou-
dains, à l’échelle régionale ou mondiale, dont les effets sont très
difficiles à estimer mais qui seront certainement irréversibles 24.
25
L’agriculture et la foresterie Le secteur de l’agriculture joue un rôle de premier plan dans les
contribuent aux changements changements climatiques – s’agissant à la fois de l’une des sources du
climatiques et en subissent problème et d’un destinataire de ses répercussions. Même sur la base
o
l’influence. des prévisions les plus modérées indiquant une hausse de 1,4 C de
la température, les conséquences prévisibles au niveau de l’infras-
tructure physique et socioéconomique, et pour l’agriculture, seront
graves, avec notamment:
• une diminution des disponibilités en eau pour les populations
situées dans les régions où les ressources en eau sont très limitées
(surtout dans les régions subtropicales);
• des dégâts aux établissements humains et aux structures bâties
par l’homme, dus à des précipitations beaucoup plus intenses et
à une élévation du niveau de la mer, avec notamment la
submersion des zones côtières et autres dégâts causés par des
tempêtes et des inondations;
• des risques pour la vie et la santé avec, par exemple, une
incidence accrue des maladies tropicales, la migration de maladies
tropicales vers des climats plus tempérés, une augmentation des
maladies transmises par l’eau et un accroissement de la mortalité
par stress dû à la chaleur.
Les effets des changements climatiques se feront probablement
sentir principalement dans les pays en développement en raison de
leur position géographique et de leur dépendance accrue vis-à-vis
du secteur agricole, particulièrement sensible aux conditions cli-
matiques.
Les concentrations croissantes de gaz à effet de serre sont liées
principalement à la combustion de combustibles fossiles et à la
production de ciment, activités concentrées en grande partie dans les
pays industrialisés. On estime en effet que ces pays sont responsables
d’environ 70 pour cent de toutes les émissions de gaz à effet de serre
produites par l’homme.
Les émissions agricoles sont, elles aussi, importantes, représentant
selon les estimations de 12 à 40 pour cent des émissions dues aux
26
activités anthropiques . Selon les estimations du GIEC, l’agriculture
et les pratiques forestières produisent environ 50 pour cent du
méthane total, 70 pour cent de l’oxyde d’azote et 20 pour cent du
27
dioxyde de carbone .

193
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

Le piégeage du carbone à travers l’utilisation des terres


pour atténuer les changements climatiques
La plus grande partie du Les scientifiques estiment qu’environ 80 pour cent des réserves mondia-
carbone mondial est stockée les de carbone sont stockées dans le sol ou dans les forêts et que des
dans les sols et dans les quantités considérables de carbone contenues à l’origine dans les sols et
forêts, mais des quantités les forêts ont été libérées par effet des activités agricoles et forestières et du
28
importantes ont été rejetées déboisement . A travers la photosynthèse, les pratiques agricoles et
dans l’atmosphère par effet forestières capturent et fixent le carbone dans le sol, les plantes et les
de l’activité agricole et arbres, réduisant ainsi les émissions atmosphériques de gaz à effet de
forestière. serre. De ce fait, des changements dans les modes d’utilisation et d’amé-
nagement des terres pourraient permettre le piégeage ou la refixation de
quantités importantes de carbone dans le sol et dans les arbres 29.
Limiter le déboisement, créer des stocks forestiers plus importants en
étendant les plantations, adopter des techniques agroforestières, frei-
ner la dégradation des sols et remettre en état les forêts dégradées, sont
quelques exemples de mesures susceptibles de fixer le carbone et de
contrecarrer ainsi l’impact des émissions produites ailleurs 30.
Cette tendance peut être D’après Dixon et al., le potentiel économique mondial du piégeage
renversée en augmentant de carbone à la suite d’un changement dans l’affectation des terres se
les stocks forestiers et en situe entre 0,5 et 2 gigatonnes de carbone par an (GtC) pour les
adoptant des pratiques 50 prochaines années 31. Selon Lal et al., le travail de conservation du sol
agricoles qui favorisent et la gestion des résidus pourraient permettre d’accroître de 49 pour
la fixation du carbone cent la fixation agricole du carbone; de même, on pourra obtenir une
dans le sol. augmentation de 25 pour cent en modifiant les pratiques culturales, de
13 pour cent en entreprenant des activités de restauration des sols, de
7 pour cent grâce à un changement d’affectation du territoire et de
6 pour cent avec une meilleure gestion de l’eau32.
D’après une étude conduite par Tipper et al., l’implantation de forêts
sur des terres consacrées jusque-là au pâturage pourrait permettre
d’augmenter le stockage de carbone dans la végétation à raison
d’environ 120 tonnes de carbone par hectare, tandis que l’adoption de
techniques agroforestières, comme la culture intercalaire d’arbres de
haute futaie et d’arbres fruitiers avec des cultures annuelles (par
exemple, de maïs) ou pérennes (comme le café), pourrait y contribuer
pour environ 70 tonnes de carbone par hectare33. Enfin, la protection
des forêts denses menacées peut prévenir des émissions de carbone
allant jusqu’à 300 tonnes de carbone/ha et, en cas de forêts dégradées,
une gestion et une restauration judicieuses pourront accroître le
stockage de carbone à raison de quelque 120 tonnes de carbone/ha.

Le Mécanisme de développement propre et les


programmes de paiement du carbone pour favoriser le
changement d’affectation des terres
Le Protocole de Kyoto fixe l’objectif de réduire les émissions mondia-
les de gaz à effet de serre de 5,2 pour cent par rapport au niveau de
34
1990 d’ici à 2008 . Il reconnaît que les émissions nettes peuvent être

194
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Le Protocole de Kyoto appelle à abaissées, soit en réduisant le taux d’émission de gaz à effet de serre
la fois à une réduction des dans l’atmosphère, soit en augmentant le rythme auquel ces gaz sont
émissions de gaz à effet de serre retirés de l’atmosphère grâce à leur absorption par les puits, ces deux
et à une absorption accrue moyens étant considérés comme complémentaires. Le captage accru
dans les forêts et les sols. de carbone est donc reconnu comme un moyen grâce auquel les pays
peuvent compenser leurs émissions, par le biais de divers mécanis-
mes. Le plus intéressant, aux fins de la réduction de la pauvreté, est
le Mécanisme pour un développement propre (MDP).
Le MDP est un système établi à l’article 12 du Protocole de Kyoto,
par lequel les investisseurs des pays de l’Annexe B (pays industrialisés
ayant pris des engagements juridiquement contraignants en matière
de réduction des émissions) dont les émissions de gaz à effet de serre
sont supérieures aux niveaux d’engagement, peuvent obtenir des
crédits de carbone des pays en développement qui, en retour rédui-
sent leurs émissions ou renforcent leurs puits de carbone par exem-
ple par des mesures de conservation des forêts ou des investissements
dans des technologies propres35. En principe, le MDP favoriserait les
investissements des pays industrialisés dans des projets visant à
Exemple d’agroforesterie: la
culture du millet sous Acacia promouvoir le développement durable et le piégeage du carbone
albida au Mali dans les pays en développement36. Les coûts de réduction des
Les activités agroforestières émissions de carbone sont nettement moins élevés dans les pays en
contribuent à la fixation du développement que dans les pays industrialisés, ce qui est la base
carbone, tout en permettant
souvent d’améliorer les pour l’établissement du marché. Il est prévu que les paiements
revenus agricoles effectués aux pays en développement en contrepartie des droits

FAO/15859/R. FAIDUTTI

195
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

Aux termes du MDP, les pays en d’émission puissent être utilisés pour financer le développement
développement peuvent recevoir durable, bien que les règles d’un tel mécanisme ne soient pas encore
une compensation pour la clairement définies.
réduction des émissions de gaz à L’établissement du MDP a été controversé, tout comme le fait de
effet de serre et le piégeage accru permettre que la fixation résultant d’un changement d’affectation des
du carbone. terres puisse compenser les émissions de carbone en général. Les
principales objections ont été les suivantes:
• Il a été affirmé que ces compensations continueront à permettre
aux principaux émetteurs de gaz à effet de serre de poursuivre
leurs pratiques polluantes, tout en freinant la croissance dans les
pays en développement.
• L’atténuation des changements climatiques par le biais de
nouveaux modes d’utilisation des terres favorisant le piégeage du
carbone est bien plus complexe et incertaine que les résultats
susceptibles d’être obtenus grâce à une réduction des émissions.
• Le carbone séquestré est volatil (il peut, par exemple, être rejeté
à nouveau dans l’atmosphère), tandis qu’une réduction des
émissions en permet une diminution permanente.
• Les activités de fixation sont difficiles à contrôler.
• Les activités de fixation donnent des résultats moins certains en
termes de réduction finale du carbone, car elles sont sujettes à des
facteurs naturels, autant qu’aux interventions humaines.
Les mécanismes du MDP Malgré les problèmes inhérents aux activités de piégeage basées sur
pour la compensation de la un changement d’affectation des terres, la recherche de moyens
fixation du carbone basée permettant d’atténuer les changements climatiques suscite un intérêt
sur l’utilisation des terres ne considérable, notamment en raison des faibles coûts en jeu et de la
sont pas encore clairement possibilité offerte de renforcer la durabilité des pratiques d’utilisation
définis, mais le reboisement des terres. En novembre 2001, les Accords de Marrakech ont été
et le boisement donnent signés par 178 pays; ils ont fixé les règles de base du fonctionnement
actuellement droit à du MDP et confirmé l’admissibilité des activités de reboisement et de
compensation. boisement, en excluant toutefois la conservation des forêts (déboise-
ment évité) et la séquestration du carbone dans le sol résultant
d’activités agricoles, du moins pour la première période d’engage-
ment s’achevant en 2012. Les Accords ont également fixé un plafond
à la limite maximale des crédits de réduction des émissions pouvant
être obtenus grâce à la fixation du carbone, soit environ 175 mégaton-
nes en équivalent dioxyde de carbone37.
Les événements récents montrent qu’au final la demande de crédits
d’émissions de carbone au titre du MDP pourrait être largement
inférieure aux prévisions initiales. Le retrait des Etats-Unis du Proto-
cole de Kyoto a réduit la demande potentielle de 40 à 55 pour cent,
selon les estimations. Un autre problème important susceptible de
faire fléchir la demande de réductions d’émissions de carbone tient à
la mesure dans laquelle la Fédération de Russie accédera au marché
en qualité de fournisseur, et à quel moment. Une arrivée pleine et
immédiate de ce pays sur le marché pourrait abaisser les prix d’un

196
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

tiers38. Au vu de ces tendances, le prix des crédits de réductions


d’émissions de carbone pourrait tomber à 3,60 dollars EU la tonne.
Des projets de fixation du De grandes incertitudes continuent de régner en ce qui concerne la
carbone par un changement forme finale du MDP et la façon dont le piégeage de carbone résultant
d’affectation des terres sont d’un changement d’affectation des terres sera traité. Les Accords de
d’ores et déjà mis en œuvre. Marrakech ont mis en place un comité du MDP qui s’occupe actuelle-
ment de l’élaboration de directives et de meilleures pratiques. Dans
l’attente, l’utilisation des crédits de carbone pour la promotion d’un
développement agricole durable suscite un intérêt considérable. Plus
de 30 projets de compensation des émissions de carbone par un
changement d’affectation des terres ont été élaborés sur la base d’un
paiement bilatéral, bien que l’on ignore encore s’ils pourront être pris
39
en compte pour l’obtention de crédits au titre du MDP . Certains de
ces projets s’adressent spécifiquement aux petits exploitants et aux
producteurs à faible revenu. Le projet Scolel Té, réalisé au Chiapas
(Mexique), en est un exemple. Dans le cadre de ce projet, les crédits de
carbone résultant des activités forestières menées par des groupes et
des communautés de petits agriculteurs passent par un fonds fiduciaire
qui offre également une assistance technique et financière aux partici-
pants. Pour ce projet, les coûts de la fixation du carbone sont estimés
à 12 dollars EU la tonne de carbon e40. D’autres exemples significatifs
sont notamment le projet Profafor mis en œuvre en Equateur et le
projet TIST en République-Unie de Tanzanie, qui prévoient tous deux
la fourniture de crédits d’émissions résultant d’activités de foresterie
menées par les petits exploitants.
Divers organismes de développement, ONG et entreprises privées,
comme la FAO, le Fonds international de développement agricole
(FIDA), le Département du Royaume-Uni pour le développement
international (DFID), la Banque mondiale, Winrock International
and Ecosecurities Ltd, s’efforcent actuellement d’élaborer des infor-
mations utiles ou de formuler des projets pour réaliser le double
objectif du développement durable et du captage du carbone. Il ne
s’agit pas seulement de produire des bienfaits en termes de piégeage
aux fins du MDP, mais aussi de concevoir d’éventuels programmes
futurs dont il soit possible de tirer des paiements pour atténuer les
effets des changements climatiques. La Banque mondiale propose
actuellement la création d’un fonds, le BioCarbon Fund, qui visera à
obtenir des réductions d’émissions de carbone efficaces en termes de
coûts, tout en produisant des retombées transversales en termes de
41
biodiversité et d’aménagement des terres .

PAUVRETÉ ET UTILISATION DES TERRES


Les effets d’éventuels changements d’affectation des terres effectués
à des fins de captage du carbone sur les utilisateurs pauvres des terres
sont incertains. Peu de recherches concrètes ont porté sur l’économie
des utilisateurs défavorisés qui prennent effectivement part à ces

197
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

La compensation du activités. Ces questions revêtent une grande importance sachant que
piégeage de carbone basé sur la plupart des pauvres de la planète sont des ruraux, dont la survie
l’utilisation des terres au est liée à des activités d’utilisation du sol. Pour comprendre quel
titre du MDP peut-elle pourrait être l’impact des programmes de paiement du carbone sur
également contribuer à la ces 800 millions de ruraux pauvres, il est nécessaire de considérer les
réduction de la pauvreté? modes d’utilisation des terres associés aux utilisateurs pauvres et
leurs répercussions en termes d’émissions de carbone, ainsi que les
coûts et les bienfaits privés et sociaux potentiellement liés à l’adoption
de pratiques favorisant la réduction des émissions et la séquestration
du carbone.
La relation entre la pauvreté et la gestion des ressources naturelles
a été largement étudiée et longuement débattue. La notion de
pauvreté comme cause première de la détérioration des ressources,
sous forme de déboisement et de dégradation des forêts et des sols
était à la base de bon nombre des accords issus du Sommet de la
CNUED en 1992. Toutefois, la recherche et l’expérience acquise ces
10 dernières années dans la mise en œuvre de programmes de ce
type ont montré qu’il n’existait pas de corrélation ou de lien de cause
à effet, clairs et sans équivoque, entre la pauvreté et la dégradation
des ressources.
Aux fins de l’analyse ci-après, les pratiques d’utilisation des terres
peuvent être distinguées entre celles qui ont un impact sur les puits
de carbone en surface, et notamment sur les forêts, et celles qui
influent sur l’absorption du carbone par le sol. Actuellement, au vu
42
des événements récents concernant le MDP, les activités forestières
ont pris un plus grand relief, même si le piégeage du carbone par le
sol est encore considéré comme important. Le cadre institutionnel et
les règles pour la gestion mondiale des changements climatiques sont
encore en pleine évolution, et le captage du carbone par le sol
pourrait donner droit à des crédits au titre du MDP dans les
prochaines périodes d’engagement.

La foresterie et les modes d’utilisation des terres


influant sur les puits de carbone en surface
En matière de foresterie, le D’une étude approfondie du lien entre croissance macroéconomique
lien entre déboisement et et déboisement, Wunder conclut que l’issue est ambiguë: dans
pauvreté n’est pas clair. certains pays, des niveaux de revenu plus élevés correspondent à des
taux de déboisement importants, tandis que dans d’autres c’est
l’inverse qui est vrai43. Il en déduit que les résultats sont fonction de
la force relative de deux effets opposés: la croissance de la dotation en
capital, qui permet le déboisement, par opposition à un «effet
d’incitation par les prix» en vertu duquel le déboisement est rendu
moins intéressant par le fait que des revenus plus élevés peuvent être
tirés d’autres activités économiques. La force relative de ces effets
dépend de la dotation en ressources du pays et du chemin de
croissance suivi.

198
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

De la même façon, au niveau microéconomique, les signes de la


relation entre le niveau de revenu et le déboisement sont complexes,
sans aucune indication claire de causalité. D’un côté, la hausse du
niveau de revenu peut renforcer la capacité des producteurs de se
livrer à des activités de déboisement, grâce à un meilleur accès au
capital. De l’autre côté, un degré de pauvreté élevé entraînera une
dévalorisation de la force de travail, favorisant ainsi le défrichage des
forêts qui est une opération à forte intensité de main-d’œuvre. Dans
bien des cas, la pauvreté sera probablement associée à une dégrada-
tion des forêts plutôt qu’au déboisement, car le défrichage partiel ou
temporaire des terres forestières s’inscrit plus aisément dans les
limites des contraintes des utilisateurs pauvres des terres. Ceux-ci
n’ont bien souvent accès aux ressources forestières que dans le
prolongement des opérations d’abattage de grande envergure entre-
prises pour la construction de routes et autres infrastructures de base.
Les utilisateurs pauvres des terres peuvent alors entrer en jeu et
contribuer au déboisement.

Les modes d’utilisation des terres qui influent sur


l’absorption du carbone par le sol
Les émissions de carbone résultent également de pratiques de gestion
des terres causant l’épuisement des ressources en sols par effet de
l’érosion, ou d’un changement dans la composition chimique et
biologique du sol. Les éléments déterminants de l’impact d’un sys-
tème de culture en termes d’érosion sont la mesure dans laquelle la
couverture du sol est préservée, notamment en période de précipita-
tions, et les caractéristiques du sol et sa topographie. Une cause
importante d’érosion est la préparation du sol pour la production
agricole, notamment par des moyens mécaniques. D’autres pratiques
fréquentes favorisant l’érosion sont la production de cultures annuel-
les sur des terrains en pente ou la durée insuffisante des périodes de
jachère dans les systèmes de culture extensive.
Le lien entre la dégradation La pauvreté est souvent en relation avec l’adoption de systèmes de
des terres agricoles et la culture sur des terrains en pente abrupte ou la pratique de cycles de
pauvreté est lui aussi jachère de courte durée, en raison notamment des contraintes au
ambigu. niveau de l’accès à la terre. Le recours à des moyens mécaniques pour
la préparation du sol est toutefois associé négativement à la pauvreté,
tout comme le labour par traction animale. La relation entre la
pauvreté et les pratiques qui contribuent à la dégradation des sols est
donc elle aussi ambiguë: lorsque le capital est une condition nécessaire
pour l’adoption de pratiques favorisant la dégradation, les utilisateurs
pauvres des terres n’y sont pas associés; en revanche, lorsque le système
de culture comporte l’épuisement du patrimoine naturel sous forme
de ressources en sol, celui-ci est alors associé à la pauvreté.
Ces conclusions ont diverses implications quant à l’impact potentiel
des programmes de paiement du piégeage du carbone en termes de

199
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

Les paiements pour réduction de la pauvreté. Lorsque la fixation du carbone est basée sur
le piégeage du carbone l’utilisation des terres, ces paiements n’intéresseront pas nécessaire-
basé sur l’utilisation des ment les utilisateurs pauvres des terres; dans bien des cas, par
terres n’intéresseront pas exemple, les pauvres ne seront ni les plus compétitifs, ni les mieux
nécessairement les pauvres, placés parmi ceux qui sont susceptibles de pourvoir au piégeage du
à moins que des efforts carbone par le biais d’un changement d’affectation des terres. Toute-
spécifiques ne soient faits fois, l’inverse est vrai dans certains pays et dans certaines situations,
pour les identifier et les mais il s’agira de les définir plus clairement pour pouvoir élaborer des
faire entrer en jeu. programmes efficaces qui puissent permettre d’atteindre à la fois les
objectifs de séquestration de carbone et de développement. Pour cela,
il sera nécessaire de mieux comprendre les facteurs qui détermine-
ront la réponse potentielle des utilisateurs pauvres des terres et qui
renforceront leur compétitivité potentielle en tant que pourvoyeurs.

LES UTILISATEURS PAUVRES DES TERRES EN TANT


QUE FOURNISSEURS DE CRÉDITS DE CARBONE
Les pauvres peuvent-ils être La capacité potentielle des marchés du carbone de réduire la pauvreté
des pourvoyeurs compétitifs dépend de la mesure dans laquelle les pauvres seront des pour-
de services de séquestration voyeurs déterminés et compétitifs de crédits. Les coûts de substitution
du carbone? supportés par les utilisateurs des terres sont un facteur déterminant
pour identifier les vendeurs sérieux et le prix auquel ils fourniront
leurs services. Les coûts de substitution que comporte l’adoption de
pratiques permettant d’assurer la séquestration du carbone sont tout
simplement les bénéfices auxquels les producteurs devront renoncer
pour ce faire. Toutefois, pour calculer ces coûts, il ne s’agit pas
seulement de confronter les profits tirés des différents systèmes de
culture. D’autres questions, telles que le degré de sécurité alimentaire
offert par le système et la durée du travail et la quantité de main-
d’œuvre nécessaire, sont également des éléments importants des
coûts de substitution pour les producteurs, qui détermineront à leur
tour le prix auquel ceux-ci seront prêts à fournir des services de
fixation du carbone. De plus, les profits qui pourront être tirés du
piégeage seront fonction du degré et de la quantité totale des services
de séquestration que les producteurs sont en mesure d’assurer – des
facteurs qui dépendent en grande partie des conditions
agroécologiques. La section ci-après étudie quel pourrait être l’im-
pact de la pauvreté sur les coûts de substitution et sur la productivité
des services de séquestration du carbone, et donc sur la capacité des
producteurs pauvres d’intervenir dans les marchés du carbone.
Comment les pauvres Cette évaluation s’appuie avant tout sur un cadre conceptuel des
prennent-ils leurs décisions décisions en matière de gestion des terres prises par les utilisateurs,
en matière de gestion des et de leurs implications pour la production de bienfaits privés et
terres? publics. Dans ce cadre (qui est présenté de façon schématique à la
figure 39), le ménage utilisateur de la terre est considéré comme
l’unité décisionnelle de base. Les ménages opèrent dans certaines
conditions socioéconomiques et environnementales, qui déterminent

200
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Figure 39
CADRE CONCEPTUEL DES DÉCISIONS CONCERNANT LA GESTION DES TERRES

Facteurs à prendre Ressources des exploitations agricoles:


en compte: terre, main-d’œuvre, capitaux

Paramètres
socioéconomiques:
• Intégration des
Moyens d’existence: stratégie
marchés
• Technologies Activités
disponibles
• Infrastructure
• Droits de Utilisation
Utilisation des terres Production sans
propriété des terres pour
• Prix pour les services utilisation
la production
• Politiques environnementaux des terres
privée

Facteurs
environnementaux:
• Climat RÉSULTATS
• Qualité des sols
• Disponibilité de
l’eau Avantages privés Services
• Topographie
pour les ménages agricoles environnementaux

leurs décisions finales concernant l’affectation des terres. Il s’agit


notamment de facteurs macroéconomiques tels que le degré d’inté-
gration du marché, la présence d’infrastructures et les conditions
agroclimatiques. Ces facteurs influeront sur les incitations et les
contraintes rencontrées par les utilisateurs au moment de la prise de
décisions. Les ménages disposent en outre d’un certain patrimoine,
en terre, main-d’œuvre et capital, qu’ils attribuent aux diverses
activités dans leur effort pour assurer leurs moyens d’existence. Une
distinction peut être faite parmi ces activités productrices de moyens
d’existence entre celles qui sont fondées sur l’utilisation des terres et
celles qui ne le sont pas. Les activités qui reposent sur l’utilisation des
terres peuvent être destinées à produire des bénéfices en termes de
production privée, ou à fournir des services environnementaux
moyennant paiement. La façon dont les ménages attribuent leurs
ressources aux activités d’utilisation des terres aboutit à des résultats
à la fois privés et publics: bénéfices privés sous forme de produits pour

201
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

leur propre consommation ou de revenu tiré de la commercialisation


de certains produits, et bénéfices (ou coûts) publics sous forme de
services environnementaux ou, plus précisément, de piégeage (ou
d’émissions) de carbone.

A quelles conditions les pauvres seraient-ils prêts à


participer à des programmes de fixation du carbone?
Les changements d’affectation des terres destinés à favoriser le pié-
geage du carbone peuvent être divisés en deux catégories principales,
selon leurs effets: 1) les changements d’affectation donnant lieu à une
modification de la source de moyens d’existence; et 2) les changements
dans la gestion des terres ayant un impact (en les renforçant ou en les
réduisant) sur les conditions de vie du moment. Les coûts de substitu-
tion supportés par les producteurs, et donc leur volonté de procurer
des crédits de carbone, diffèrent selon chaque cas.

Changements d’affectation des terres comportant une


modification de la source de moyens d’existence
Le piégeage du carbone Un bon exemple du premier type de changement d’affectation des
intervient parfois à la suite terres est le cas où le piégeage intervient à la suite d’un passage de
de changements dans l’agriculture à la foresterie. Renvoyant de nouveau à la figure 39, il
les sources de moyens s’ensuivrait une réorientation des activités, de la production privée à
d’existence, par exemple du la fourniture de services environnementaux à partir de l’utilisation
passage de l’agriculture des terres. Ce changement pourrait en outre influer sur le temps ou
à la foresterie. le capital consacrés par les ménages à des activités non liées à
l’utilisation du sol. Bien entendu, la mesure dans laquelle un tel
changement interviendra pourra varier selon la combinaison de
services agricoles et environnementaux adoptée (en fonction égale-
ment des possibilités extra-agricoles).
Les pauvres peuvent, dans Il est important de reconnaître que les activités visant à promouvoir
certaines circonstances, des moyens d’existence produisent davantage qu’un simple flux de
fournir des services de revenus ou de produits; en effet, elles apportent également une
piégeage du carbone par sécurité aux ménages en leur permettant de faire face à des événe-
des changements dans ments imprévus, par exemple à une mauvaise récolte ou à la maladie
leurs sources de moyens d’un membre de la famille. Pour bien des ménages ruraux pauvres,
d’existence, si les la possibilité de satisfaire les besoins alimentaires minimaux de la
programmes de paiement famille grâce à leur propre production offre un degré de protection
sont correctement conçus. contre le risque d’une consommation basée sur le marché. Il s’agit là
d’un avantage important pour de nombreux producteurs qui vivent
dans des zones caractérisées par une faible intégration au marché ou
par un mauvais fonctionnement des marchés. Le paiement de servi-
ces environnementaux comme source importante de moyens d’exis-
tence pourrait donc comporter pour les producteurs pauvres un coût
de substitution supérieur à celui que devraient supporter les produc-
teurs pleinement intégrés au marché, non tributaires de leur propre
production pour leur consommation. Toutefois, pour les ménages

202
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

défavorisés, le paiement du piégeage de carbone pourrait représen-


ter un bon moyen de renforcer leur sécurité, selon les délais et le
degré d’incertitude que l’opération comporte. Si les paiements sont
structurés de manière à apporter des avantages en termes d’assu-
rance, les utilisateurs pauvres des terres pourraient alors être bien
plus réceptifs que d’autres à ces paiements.
Les utilisateurs pauvres des terres adoptent également souvent des
modes d’utilisation des terres qui leur permettent de conserver une
série d’actifs susceptibles d’être réalisés rapidement en cas de crises
imprévues. Une forêt sur pied représente une source potentielle de
revenu dont il est possible de disposer moyennant l’abattage des
arbres en cas de besoin soudain. La participation à un programme de
fixation du carbone limite ou interdit l’utilisation de cette source
potentielle de revenu et rend donc nécessaires d’autres formes
d’assurance pour faire face aux situations de crise. Encore une fois,
l’impact de ce facteur sur la disponibilité des pauvres à se procurer des
crédits sera étroitement lié à la mesure dans laquelle les paiements
apporteront à ces ménages une assurance, en plus d’un revenu.
Si les préoccupations en termes de sécurité peuvent se traduire pour
les pauvres par des coûts de substitution plus élevés pour la fourniture
de services environnementaux, en revanche les profits amoindris tirés
de la production agricole sur des terres converties à un autre usage
auront sans doute l’effet contraire. Le flux de revenu provenant d’une
agriculture commerciale à forte intensité de capital sera probablement
supérieur à celui obtenu de systèmes d’existence à faible apport
d’intrants sur des terres forestières converties. Ainsi, le paiement
nécessaire pour inciter un utilisateur à se priver d’un tel revenu sera
probablement moins élevé pour les producteurs pauvres que pour
ceux capables de participer à des systèmes plus commerciaux. De ce
fait, les utilisateurs à faible revenu pourraient être des prestataires à
moindre coût de services de piégeage si les programmes sont structurés
de manière à répondre à leurs besoins de consommation.

Changements d’affectation des terres influant sur les


sources de moyens d’existence du moment
Les coûts d’opportunité que l’adoption de pratiques influant sur les
sources de moyens d’existence comporte pour l’utilisateur compren-
dront probablement des changements dans les pratiques agricoles
pour favoriser la séquestration du carbone, et dans les pratiques de
gestion des forêts pour réduire le déboisement. Dans ce cas, les
éléments clés sont la mesure dans laquelle le changement influe sur
les avantages privés qu’en tirent les ménages (par exemple, à la figure
39, la longueur de la flèche allant de l’agriculture au résultat) et la
période de temps au cours de laquelle ces effets sont susceptibles de
se manifester. Les programmes de paiement du piégeage du carbone
peuvent produire des bénéfices en permettant aux utilisateurs des

203
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

terres d’accroître leur productivité par des mesures dont ils étaient
jusque là dans l’ignorance ou qu’ils n’avaient pas la capacité d’adop-
ter. En alternative, ces paiements pourraient fournir aux utilisateurs
une compensation en cas de baisse de productivité liée à l’adoption de
pratiques favorisant le piégeage de carbone.
Dans d’autres cas, le Dans le premier cas, il pourrait s’agir de l’adoption de pratiques de
piégeage du carbone ne culture sans labour ou à faible labour. Avec le temps, l’aboutissement
comporte pas de changement est souvent une productivité agricole accrue et des revenus nets plus
au niveau des moyens élevés pour les agriculteurs. Dans ce cas, les agriculteurs tirent un
d’existence, mais requiert double avantage des pratiques de piégeage: ils bénéficient à la fois des
simplement l’adoption de paiements reçus pour procéder aux changements et de l’améliora-
pratiques différentes, par tion des conditions du milieu dans lequel ils opèrent – celle-ci
exemple de nouvelles déterminant une meilleure productivité des terres. Une raison im-
pratiques agricoles ou portante, pour laquelle les agriculteurs démunis ne prennent pas
forestières. de telles mesures, est leur incapacité d’effectuer des investissements
comportant des coûts à brève échéance pour des bénéfices à long
terme. Dans les groupes à faible revenu, le coût de l’accès au capital
par diverses formes de crédit est généralement supérieur à celui que
les groupes à revenu élevé doivent supporter, ce qui ne leur permet
pas d’opérer les investissements voulus. Les paiements des services de
piégeage du carbone constituent un moyen intéressant pour réduire
le coût du capital pour les utilisateurs des terres à faible revenu. Ici
encore, la question clé est la mesure dans laquelle les paiements sont
structurés pour permettre aux producteurs de surmonter cet obsta-
cle à l’investissement. Les paiements, qui n’apportent pas un capital
suffisant pendant la phase initiale d’adoption de pratiques de pié-
geage par l’utilisation des terres, risquent d’être dénués d’intérêt
pour les producteurs défavorisés.
Le paiement compensatoire L’adoption de nouvelles pratiques de gestion des terres se traduit
du piégeage de carbone peut souvent par une augmentation des besoins en main-d’œuvre, soit au
permettre aux agriculteurs de niveau de l’apport global, soit en termes de localisation dans le temps.
surmonter leurs contraintes Le coût de substitution des effectifs est un autre élément déterminant
en capital en adoptant des de la disponibilité des utilisateurs à effectuer des changements
pratiques plus durables dont d’affectation des terres à des fins de piégeage du carbone. Ceux-ci
ils tireront avantage à longue pourraient être peu disposés à adopter de telles pratiques, même s’ils
échéance. en obtiennent un accroissement global de productivité, s’ils ne sont
pas en mesure de satisfaire les besoins en effectifs ou si les bénéfices
qu’ils tirent de cet engagement de main-d’œuvre sont inférieurs à
ceux qu’ils pourraient obtenir ailleurs. Quant aux implications pour
les utilisateurs pauvres des terres, les effets pourraient être contradic-
toires. D’un côté, pour les démunis, les coûts de substitution relatifs
à la main-d’œuvre pourraient être plutôt faibles, considérant le
potentiel limité en effectifs à engager dans des activités hautement
productives. Cela indiquerait que les utilisateurs pauvres des terres
seraient disposés à consacrer de la main-d’œuvre à des activités de
piégeage, à un moindre coût. De l’autre, ces usagers pauvres auront

204
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

probablement une capacité plus limitée de renforcer les effectifs au


niveau de l’exploitation, la probabilité qu’ils se trouvent dans des
zones caractérisées par un marché du travail peu efficace étant plus
grande. Ici, les facteurs déterminants de la participation des utilisa-
teurs pauvres à la fixation du carbone seront la mesure dans laquelle
les pratiques de gestion des terres causeront un alourdissement du
coût indirect de main-d’œuvre, ainsi que l’étalement dans le temps
des paiements pour le piégeage du carbone et leur importance.
Lorsque l’introduction de L’autre scénario possible, celui où l’adoption de pratiques de
pratiques durables entraîne piégeage du carbone entraîne un fléchissement de la productivité,
une baisse de productivité, s’accompagne pour l’utilisateur des terres d’une série de coûts de
les paiements pour le substitution analogues à ceux indiqués pour les changements d’affec-
piégeage du carbone doivent tation des terres. Fondamentalement, le paiement reçu en compen-
compenser les agriculteurs sation de la fixation du carbone se substitue à d’autres sources de
pour leur manque à gagner. revenus (par exemple, l’abandon d’une production basée sur l’utili-
sation du sol au profit de la prestation d’un service environnemental,
comme indiqué à la figure 39). La disponibilité du producteur à
procéder à un tel changement dépendra non seulement de la mesure
dans laquelle les paiements compenseront les revenus de production
perdus, mais aussi de son impact sur les niveaux de consommation et
sur la sécurité alimentaire. Le coût de substitution de la main-
d’œuvre et du capital sera lui aussi pris en compte. Dans ce cas, la
mesure dans laquelle l’introduction d’une nouvelle pratique de
gestion du sol déterminera un affaiblissement permanent du poten-
tiel productif sera probablement importante.

A quelles conditions les pauvres pourraient-ils être des


prestataires concurrentiels de services de piégeage du
carbone?
Les pauvres peuvent-ils être Si les coûts de substitution que la fourniture de services de piégeage du
des prestataires efficaces de carbone comporte pour les utilisateurs des terres sont un élément
services de piégeage du déterminant du montant des paiements auxquels ceux-ci pourront être
carbone? sensibles, il est important également de considérer quel sera leur degré
d’efficacité dans le piégeage du carbone pour pouvoir en estimer la
compétitivité potentielle sur le marché. Les éléments déterminants de
ce facteur sont le taux et le coût auxquels le carbone peut être capturé
par le biais de divers changements dans l’utilisation et la gestion des
terres selon les différentes circonstances agroécologiques. Celles-ci sont
déterminées par les conditions du milieu, comme indiqué à la figure 39.
Il existe une hétérogénéité spatiale considérable dans la capacité phy-
sique des terres et des arbres de piéger le carbone et dans le coût des
technologies à mettre en œuvre pour y parvenir. La compétitivité des
utilisateurs pauvres des terres dans la séquestration du carbone sera
fonction des conditions biophysiques dans lesquelles ils opèrent.
Le coût de la tonne de carbone capturée varie considérablement selon
les activités, les circonstances agroécologiques et les technologies requi-

205
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

FAO/17523/G. BIZZARRI
Travailleurs dans une pépinière ses. Un modèle de simulation des coûts différentiels de réduction du
forestière au Pakistan carbone par le biais de changements d’affectation des terres, établi par
En plantant des arbres sur des Mc Carl et al., révèle que les stratégies les moins onéreuses prévoient en
terres dégradées, les
agriculteurs peuvent s’assurer premier lieu la séquestration du carbone et, dans une certaine mesure,
44
des revenus supplémentaires le reboisement, la fertilisation et l’utilisation de fumier .
si cette pratique génère des Les coûts de réduction du carbone varient aussi en grande partie
crédits de carbone négociables
selon les différents types de changements d’affectation des terres.
Pour le piégeage du carbone par la voie de la foresterie, en Amérique
latine, les coûts estimatifs vont de moins de 1 dollar EU la tonne à
45
30 dollars EU la tonne . Parmi les activités fondées sur la foresterie,
celles qui prévoient la plantation d’essences à croissance rapide en
peuplements homogènes dans des conditions agroclimatiques favo-
rables ont généralement le meilleur potentiel de production de
bénéfices en termes de séquestration à bas coût et à brève échéance.
Cela a fait naître quelques inquiétudes quant à la capacité potentielle
des programmes de paiement du carbone de stimuler des projets de
plantation forestière à grande échelle, qui pourraient mettre à l’écart
les petits utilisateurs des terres et avoir des répercussions négatives
sur d’autres services environnementaux, notamment ceux touchant
46
la biodiversité . Ce risque a toutefois été spécifiquement pris en
compte au moment de l’élaboration du MDP, qui prescrit des objectifs
de développement durable et l’atténuation des changements climati-
ques. Les règles du MDP devraient donc mettre en évidence l’impor-
tance de l’identification et de la promotion d’activités d’utilisation des
terres qui produisent des bienfaits croisés avec d’autres services

206
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

environnementaux, avec des retombées économiques durables pour


les utilisateurs des terres eux-mêmes.
La capacité potentielle de La capacité de captage du carbone des sols moyennant une modi-
piégeage du carbone et les fication de la gestion des terres varie considérablement selon le type
coûts qui y sont rattachés de sol, son degré de dégradation et les conditions climatiques. Antle
varient considérablement et Mc Carl ont procédé à une confrontation des différentes quantités
selon les sols et les conditions de carbone susceptibles d’être capturées dans divers sites et selon des
climatiques. technologies différentes aux Etats-Unis, et ont constaté des écarts
47
considérables . D’après les estimations, des coûts plus élevés sont
associés à l’augmentation des stocks de carbone dans des sols particu-
lièrement dégradés. Les zones susceptibles d’avoir le meilleur poten-
tiel physique pour le piégeage du carbone dans le sol peuvent aussi
être celles où l’opération se révèle la plus coûteuse.
Pour déterminer si et quand Les informations fiables disponibles concernant la répartition géo-
les pauvres peuvent être des graphique de la pauvreté selon les caractéristiques biophysiques qui
prestataires efficaces de influent sur le coût du piégeage de carbone sont insuffisantes. L’analyse
services de piégeage du d’études sur la corrélation géographique entre la dégradation des
carbone, il est nécessaire terres et la pauvreté a montré que plusieurs de ces travaux menés à une
d’avoir davantage échelle d’analyse macroéconomique n’avaient pas mis ce lien en
d’informations concernant évidence, et que dans bien des cas le pourcentage et le nombre absolu
la répartition géographique des pauvres étaient supérieurs dans les régions ayant un potentiel
48
de ces populations selon les agroécologique élevé . Plusieurs études conduites au niveau local ont
conditions biophysiques. pourtant trouvé l’existence de corrélations entre la dégradation des
terres et la pauvreté. En ce qui concerne la répartition géographique
de la pauvreté relativement aux forêts, il existe de fortes concentrations
de populations pauvres dans les zones forestières marginales, bien que
les données dont on dispose n’aient ni l’échelle, ni la portée suffisantes
pour pouvoir en tirer des conclusions générales.
Ces constatations soulignent la nécessité d’une meilleure détermi-
nation de la répartition géographique des pauvres en fonction des
conditions biophysiques, à une échelle d’analyse bien plus détaillée et
avec un champ d’application étendu, voire mondial. Il s’agira ensuite
de déterminer, sur la base de ces données, les moyens grâce auxquels
la séquestration pourrait être assurée et les coûts connexes dans les
domaines susceptibles de permettre la réalisation des objectifs de
piégeage du carbone et de réduction de la pauvreté.

Conception du marché du carbone, coûts d’opération


et utilisateurs pauvres des terres
Il reste encore beaucoup à faire pour mettre au point les règles de
fonctionnement des programmes de piégeage du carbone, tels que le
MDP. La façon dont ces questions seront réglées aura probablement
des répercussions notables au niveau de la capacité potentielle de ces
programmes d’atteindre les pauvres. La section suivante traite cer-
tains des éléments clés de la mise en œuvre, à savoir la continuité, la
conception et l’exécution du contrat, et les coûts d’opération.

207
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

Continuité
Le carbone emmagasiné peut La continuité de la fixation du carbone comme moyen pour atténuer
être rejeté par effet du les changements climatiques constitue un sujet de préoccupation
déboisement ou à la suite parce que les changements d’affectation des terres effectués à des fins
d’un retour aux anciennes de piégeage du carbone sont réversibles, et que le carbone capturé
pratiques d’utilisation des peut être rejeté si les pratiques de gestion sont modifiées par la suite.
terres. La continuité du En outre, les écosystèmes ont une capacité de stockage du carbone
piégeage constitue un sujet limitée – ils atteignent un point de saturation au-delà duquel le
de préoccupation. carbone ne peut plus être emmagasiné. D’après les estimations, pour
le carbone capturé dans le sol par le biais de changements dans les
façons culturales, le seuil de saturation est généralement atteint au
bout d’une vingtaine d’années, tandis qu’en cas de fixation axée sur
la forêt le délai de saturation est plus long. Le potentiel de réversibilité
et de saturation des activités de séquestration pourrait constituer une
sorte de facteur de réduction appliqué au prix payé pour ces services,
selon la durée de la période précédant la saturation et le risque perçu
49
d’un renversement de tendance . D’autre part, ces facteurs soulè-
vent des questions importantes quant à la façon dont les paiements
devraient être structurés pour favoriser le maintien des stocks de
carbone dans les zones saturées, ou pour empêcher un renversement
de tendance par des changements dans les pratiques d’utilisation des
terres. Une fois que les utilisateurs des terres auront atteint le point
de saturation du piégeage, ils cesseront probablement de soumettre
ces zones à un régime d’utilisation des terres favorisant la fixation du
carbone, à moins qu’ils n’en tirent des avantages privés suffisants pour
justifier les coûts supportés. Dans le cas contraire, soit des paiements
pour le stockage seront demandés, soit le montant de la contrepartie
pour la fixation du carbone sera considérablement réduit. De la
même façon, la valeur des efforts de piégeage comportant un risque
de renversement de tendance élevé sera probablement considérée
comme inférieure.
Les inquiétudes concernant la continuité du piégeage pourraient
déterminer un abaissement des paiements prévus pour les services de
séquestration assurés par les pauvres, si ceux-ci sont considérés
comme susceptibles d’abandonner les pratiques de fixation. Cela
pourrait bien être le cas, sachant que la nécessité pour les pauvres de
se prémunir contre les risques de consommation est majeure, et leur
capacité d’y parvenir plus limitée. Comme on l’a vu plus haut, la
liquidation des actifs naturels est un moyen couramment utilisé pour
faire face aux situations de crise imprévues, et les prestataires de
services de fixation du carbone sont donc davantage susceptibles
d’abandonner les pratiques de piégeage en l’absence d’autres méca-
nismes d’assurance. Cela pourrait se traduire par un abaissement des
paiements versés aux pauvres pour le piégeage du carbone, ou par
leur exclusion du marché en tant que prestataires de ce service.

208
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

Toutefois, les questions relatives à la continuité du piégeage pour-


raient aussi tourner à l’avantage des utilisateurs pauvres des terres
s’ils sont perçus comme des fournisseurs permanents en considéra-
tion des avantages généraux en termes de productivité dont ils sont
appelés à bénéficier. Cela pourrait être le cas lorsque les pratiques
pour la fixation du carbone, qui comporteraient pour les utilisateurs
des terres des bénéfices généraux à long terme, n’ont pu être
adoptées plus tôt par manque de capital; dans ce cas, les utilisateurs
des terres seraient incités à poursuivre ces pratiques par les avantages
privés qu’ils en tireraient plutôt que par des paiements continus. Une
telle situation est susceptible de se présenter plus souvent chez les
utilisateurs pauvres des terres. Renvoyant à la figure 39, il y aura dans
ces cas-là une forte rétroaction positive entre l’aboutissement des
services environnementaux et l’amélioration des conditions écologi-
ques des producteurs.

Incertitude et conception du contrat


Un autre problème est celui Un autre risque inhérent au marché des services de fixation du
de l’incertitude quant au carbone tient à l’incertitude des niveaux effectifs de piégeage par
niveau effectif de fixation du rapport au potentiel prévu. Les utilisateurs des terres peuvent
carbone par rapport aux participer à un accord pour la fixation du carbone sur la base de
attentes. l’hypothèse qu’ils seront en mesure d’assurer le piégeage d’une
certaine quantité de carbone, pour constater au bout de quelques
années que ces niveaux n’ont pas été atteints même lorsque les
pratiques recommandées ont été suivies. De plus, les services de
fixation ne donneront droit à compensation que s’ils produisent un
bénéfice additionnel au-delà d’un niveau de référence estimé, qui est
sujet à incertitude.
La formulation des contrats de fixation du carbone et la procédure
de suivi postérieure détermineront la mesure dans laquelle ce risque
sera partagé entre les acheteurs et les vendeurs. Les utilisateurs des
terres pourraient être payés à l’hectare pour l’adoption de pratiques
connues pour leur capacité de captage du carbone quelle que soit la
quantité effectivement stockée, auquel cas le risque d’un éventuel
déficit reviendrait au vendeur. L’autre possibilité serait que les
utilisateurs des terres soient payés en fonction du carbone effective-
ment piégé, et dans ce cas ce sont eux qui assumeraient le risque.
L’efficacité des deux solutions sera déterminée par les coûts relatifs
associés au suivi des pratiques d’utilisation des terres plutôt qu’au
tonnage effectif de carbone, et par les conditions biophysiques et
économiques influant sur la fourniture de services de fixation du
50
carbone .
Pour les utilisateurs pauvres des terres, les contrats prévoyant un
paiement à l’hectare pour l’adoption de pratiques d’utilisation des
terres sont certainement plus avantageux. Ces utilisateurs ne seront
probablement pas en mesure de supporter le risque associé à un

209
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

éventuel déficit dans la fixation du carbone. Ils sont toutefois plus


susceptibles de présenter un degré d’hétérogénéité spatiale plus élevé
en termes de piégeage de carbone du fait de la superficie plus réduite
de leurs territoires, d’une plus grande diversité dans les niveaux de
gestion appliqués aux pratiques d’utilisation des terres, voire d’une
encore plus grande hétérogénéité dans les ressources biophysiques
sous leur contrôle. En outre, le suivi des pratiques d’utilisation des
terres ou des résultats obtenus en termes de tonnage de carbone sera
probablement bien plus coûteux chez les producteurs pauvres en
considération de la superficie et du tonnage en jeu. La section
suivante considère les coûts d’opération associés à la mise en jeu des
producteurs pauvres.

Coûts d’opération
51
Les coûts de la mise en Le niveau élevé des coûts d’opération associés à des prestataires
œuvre et du suivi des pauvres de services de fixation du carbone constitue un obstacle
programmes de fixation du notable à leur participation aux marchés du carbone. Ces coûts
carbone augmentent lorsque tiennent à la faible échelle à laquelle les utilisateurs pauvres des terres
des petits exploitants opèrent et à un degré d’incertitude plus élevé concernant leurs droits
pauvres sont concernés. de propriété sur les terres. Ces utilisateurs sont en effet souvent
dépourvus de droits sûrs et inaliénables sur leurs actifs fonciers, ou
bien opèrent dans le cadre de systèmes de gestion collective qui
requièrent une capacité de coordination de groupe pour pouvoir
introduire des changements. D’autre part, les droits de propriété
applicables à une terre donnée peuvent être de divers types, avec par
exemple des droits sur les arbres, sur les ressources en eau et sur le
ramassage des résidus de récolte. Les pauvres peuvent n’avoir accès
qu’à un seul de ces droits de propriété pour une parcelle de terre
donnée, et souvent uniquement à titre officieux. Ces facteurs se
traduisent par des coûts bien plus élevés pour l’introduction de
changements d’affectation des terres à des fins de piégeage du
carbone et par un degré d’incertitude accru quant à la capacité de
fournir des services de fixation du carbone.
Les coûts relatifs à l’identification, à la négociation, à l’établissement
d’un contrat et l’exécution des paiements pour les services de pié-
geage sont bien entendu bien plus élevés lorsqu’il s’agit de petits
producteurs, géographiquement dispersés et opérant dans des con-
ditions agroécologiques et institutionnelles hétérogènes. La réduc-
tion des coûts d’opération associés au paiement de la fixation du
carbone (ou d’un autre type de service environnemental) est une
question importante qui doit être résolue pour que les pauvres
puissent tirer parti de ces programmes.
Il sera nécessaire de coordonner et de renforcer la fourniture de
services de fixation du carbone au niveau des groupes de propriétai-
res fonciers pauvres afin que ceux-ci puissent participer efficacement
aux marchés du carbone. Les transactions de carbone peuvent être

210
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

conduites par le truchement d’organisations déjà existantes, telles


que les administrations locales, les groupements d’agriculteurs ou les
ONG. L’identification des sites et des situations dans lesquelles des
groupes importants d’utilisateurs des terres à faible revenu entre-
prennent des activités d’utilisation des terres analogues (par exem-
ple, en matière de réinstallation ou de réforme agraire ou sur des
terres en propriété collective) pourrait être importante pour une
prestation plus efficace de services de fixation du carbone par les
pauvres.
Assurer la participation des Il sera plus difficile de résoudre le problème des droits de propriété
pauvres demandera une complexes et mal définis, même s’il est évident qu’un renforcement
activité de coordination et le institutionnel s’imposera. Si un tel processus fait nécessairement
renforcement des capacités intervenir les institutions gouvernementales, ne serait-ce que pour
institutionnelles. donner un caractère officiel aux éventuelles réformes, en revanche,
le processus de négociation et de coordination des solutions à ce
problème sera géré de manière plus efficace par les ONG, qui
pourraient faciliter l’élaboration de normes et d’accords de coordina-
tion entre les parties prenantes à l’échelon local.
Il s’agira également d’identi- Le renforcement des capacités à l’échelon national pour faciliter les
fier les situations où il existe transactions commerciales, et la mise en place d’un système de
une réciprocité élevée entre courtage honnête et peu onéreux, seront nécessaires pour que les
la fixation du carbone et la marchés du carbone présentent des avantages pour les pauvres. Une
réduction de la pauvreté. meilleure identification des sites et des situations susceptibles de
présenter une réciprocité élevée entre la fourniture de services de
piégeage du carbone et la réduction de la pauvreté, contribuera aussi
largement à rendre les paiements du carbone accessibles aux pauvres.
Les organisations internationales et les instituts de recherche peuvent
jouer un rôle important à cet égard. Des informations fiables permet-
tant de savoir où obtenir le piégeage du carbone à moindre coût par
un changement d’affectation des terres, et dans quelle mesure les
utilisateurs pauvres des terres sont associés à de telles possibilités,
seront essentielles pour que les investisseurs et les fournisseurs
puissent accéder à un marché du carbone qui vise des objectifs de
réduction de la pauvreté et de développement durable. L’élaboration
et la diffusion de profils des possibilités d’investissements, qui per-
mettent d’obtenir des crédits de carbone à des prix concurrentiels
tout en réduisant la pauvreté, pourraient renforcer dans une large
mesure la capacité d’atteindre ces objectifs.

CONCLUSIONS
La participation des La présente analyse laisse à penser que les utilisateurs pauvres des
pauvres requiert des efforts terres ne sont pas susceptibles de devenir les bénéficiaires de paie-
particuliers, mais peut ments pour des crédits de carbone, sans des efforts concertés en
contribuer à la réalisation termes de renforcement des capacités institutionnelles et de l’infor-
des objectifs d’Action 21. mation. Même là ou de telles mesures sont prises, les paiements pour
des changements d’affectation des terres à des fins de piégeage du

211
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

carbone ne constituent une panacée ni pour la réduction de la


pauvreté rurale, ni pour l’atténuation des changements climatiques.
Toutefois, les paiements pour la fixation du carbone peuvent jouer un
rôle important pour la promotion du développement durable au
niveau des populations pauvres, conformément aux objectifs de
développement d’Action 21, et peuvent constituer un nouveau moyen
intéressant pour le financement de ces efforts.
Les paiements pour des services environnementaux peuvent per-
mettre aux utilisateurs pauvres des terres d’adopter des pratiques
agricoles durables, notamment lorsqu’une capacité d’investissement
insuffisante constitue le principal facteur de limitation. Il est impor-
tant de reconnaître que le double objectif du développement
environnemental et économique peut faire apparaître aussi bien des
conflits que des synergies; la complémentarité entre les objectifs
environnementaux et celui de la réduction de la pauvreté peut
toutefois être considérablement renforcée grâce à des réformes poli-
tiques et institutionnelles.
Des considérations d’équité Il est nécessaire surtout de considérer que l’équité et l’efficacité sont
et d’efficacité doivent être deux critères fondamentaux pour l’élaboration de mécanismes visant
prises en compte au moment à encourager la fourniture de biens et de services environnementaux
de l’élaboration de au profit de la communauté mondiale. Tel a été le fondement des
mécanismes visant à accords conclus à Rio en 1992, même si ce principe n’a pas été
promouvoir des objectifs en systématiquement suivi depuis lors. Il n’est ni juste, ni utile, d’exiger
matière d’environnement. des pauvres qu’ils fournissent des biens et des services
environnementaux, à moins que de telles mesures ne leur permet-
tent, par ailleurs, d’améliorer leurs moyens d’existence. Pour qu’il en
soit ainsi, il faudra multiplier les efforts au niveau de l’information, de
la réforme institutionnelle et du renforcement des capacités.

212
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

NOTES

1
Dans la présente section, on parlera du volet «Terre» pour désigner les Chapitres
10 à 15 d’Action 21.
2
Voir, par exemple, I.Kaul, I. Grunberg et M.A. Stern. 2000. Global public goods,
Oxford University Press, Oxford, Royaume-Uni. Cet ouvrage accorde peu de place
aux biens collectifs mondiaux se rapportant à l’agriculture et à la sécurité
alimentaire, à l’exception d’une brève description de Geoffrey Heal dans un
chapitre consacré aux ressources naturelles et aux biens collectifs mondiaux.
3
La fumée émise par une usine est un exemple d’externalité négative, tandis que
pour un arboriculteur, la pollinisation de ses arbres par les abeilles d’un apiculteur
voisin serait une externalité positive.
4
L’éclairage public et les forces armées sont deux exemples classiques de biens
collectifs.
5
L’œuvre de Paul Samuelson qui a fait école. «La théorie pure des dépenses
publiques» (Review of Economics and Statistics, novembre 1954, p. 387-389) contient
les bases d’une définition des biens collectifs. Samuelson a défini en premier lieu
deux des caractéristiques des biens collectifs: la non-exclusion et la non-rivalité. La
non-exclusion signifie qu’une fois le bien produit, ses avantages sont indivisibles et
les personnes qui ne paient pas ne peuvent être exclues de sa consommation. On
pourrait citer à titre d’exemple les services récréatifs qu’offrent les paysages
ruraux. La non-rivalité indique que la consommation d’un bien collectif par une
personne ne diminue pas les possibilités de consommation par d’autres personnes.
6
Op. cit., note 1.
7
Voir dans La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2001, le
développement concernant les aspects économiques des ravageurs des plantes et
des maladies animales transfrontières.
8
Programme des Nations Unies pour l’environnement. 2000. Perspectives mondiales
en matière d’environnement 2000 (disponible sur: www.grid.unep.ch/geo2000/
english/index.htm).
9
National Center for Environmental Research.1999 Progress Report: Estimating the
cost of carbon sequestration in global forest (disponible sur: http://es.epa.gov/ncerqa/
progress/grants/98/deci/sohngen99.html).
10
Is international agricultural research a global public good? (La recherche agricole
internationale est-elle un bien collectif mondial?) Discours de Robert Picciotto,
Directeur général, Operations Evaluation, Banque mondiale. Washington
(disponible sur: www.worldbank.org/html/cgiar/publications/icw00/rpspeech.pdf).
11
Ruttan, V.W. 2000. The Continuing Challenge of Food Production, Environment,
42: 25-30.
12
UNEP/CBD/COP/5/INF/10 (disponible sur: www.biodiv.org/doc/meetings/cop/cop-
05/information/cop-05-inf-10.en.pdf).
13
Esquinaz-Alcazar, P. 1998. Farmers’ rights. Dans R.E. Evenson, D. Gollin et
V. Santaniello, éds. Agricultural values of Plant Genetic Resources; CABI, Wallingford,
Royaume-Uni.
14
Accord conclu pour la protection des ressources phytogénétiques, FAO, L’actualité,
Rome (disponible sur: www.fao.org/nouvelle/2001/0010703-f.htm).

213
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

15
Commission des Nations Unies pour le développement durable, 2000 (disponible
sur: www.un.org/documents/ecosoc/cn17/2000/ecn172000-2.htm).
16
Panayotou, T. 2000. Globalisation and environment. Centre pour le
développement industriel (CDI) Document de travail n° 53, juillet 2000, Harvard
University, Cambridge, Massachusetts.
17
Nations Unies. 2002. Projet de conclusions et décisions de la Conférence
internationale sur le financement du développement, Consensus de Monterrey,
Assemblée générale des Nations Unies, 30 janvier 2002, A/AC.257/L.13.
18
W. Beckerman. 1995. Small is stupid – blowing the whistle on the greens. Duckworth,
Londres; The state of humanity. J. L. Simon. 1995. Blackwell, Cambridge,
Massachusetts, Etats-Unis.
19
P.R. Ehrlich et A.H. Ehrlich. 1996. Betrayal of science and reason – how anti-
environmental rhetoric threatens our future. Island Press, Washington; N. Meyers et
J. Simon 1994. Scarcity or abundance? A debate on the environment. W.W. Norton,
New York, Etats-Unis.
20
Committee on Abrupt Climate Change, Ocean Studies Board, Polar Research
Board, Board on Atmospheric Sciences and Climate, National Research Council.
2001. Abrupt climate change: inevitable surprises. National Academy Press,
Washington; National Research Council (NRC). 2001. Climate change science: an
analysis of some key questions. National Academy Press, Washington; Groupe
d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). 2001. The science
of climate change 2001. Rapport du Groupe de travail I (disponible sur:
www.usgcrp.gov/ipcc/default.html).
21
Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ). 2001. On track
towards climate protection. Eschborn, Allemagne.
22
Troisième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat (GIEC), 2001. Climate change 2001: impacts, adaptations, and
vulnerability. Rapport du Groupe de travail II (disponible sur: www.usgcrp.gov/ipcc/
default.html).
23
Op. cit., note 21.
24
Op. cit., note 20.
25
Par agriculture, selon la définition de la FAO, on entend à la fois la production
agricole, les forêts et les pêches.
26
J.M. Antle et B. McCarl. 2001. The economics of carbon sequestration in
agricultural soil. Dans T. Tietenberg et H. Folmer. International yearbook of
environmental and resource economics, Vol. VI. Cheltenham, Royaume-Uni, et Edward
Elgar Publishing, Northampton, Massachusetts, Etats-Unis.
27
Op. cit., note 22.
28
Ibid.
29
R. Lal, J.M. Kimble, R.F. Follett et C.V. Cole. 1998. The potential of US cropland to
sequester carbon and mitigate the greenhouse effect. Ann Arbor Press, Chelsea,
Michigan, Etats-Unis.
30
R. Tipper. 1997. Mitigation of greenhouse gas emissions by forestry: a review of
technical, economic and policy concepts. Document de travail, Institute of Ecology and
Resource Management, Université d’Edinburgh, Ecosse. Une étude des pratiques
d’aménagement des sols susceptibles d’accroître la fixation du carbone dans le sol

214
La situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2002

figure dans Soil carbon sequestration for improved land management practices. Rapport
sur les ressources en sols du monde no 96, FAO. 2001.
31
R.K. Dixon, J.K. Winjum, K.J. Andrasko, J.J. Lee et P.E. Schroeder. 1994. Integrated
systems: assessment of promising agroforest and alternative land-use practices to enhance
carbon conservation and sequestration. Climatic Change, 27: 71–9.
32
Op. cit., note 29.
33
R. Tipper, éd.1998. Assessment of the cost of large scale forestry for CO2 sequestration:
evidence from Chiapas, Mexico. International Energy Authority Greenhouse Gas &
R&D Programme (disponible sur: www.eccm.uk.com/climafor/publication.html).
34
M. Grubb, C. Vrolijk et D. Brack. 1999. The Kyoto Protocol: A guide and assessment.
Earthscan, Londres.
35
L. Olsson et J. Ardö. 2001. Soil carbon sequestration in degraded semiarid agro-
ecosystems – perils and potentials. Ambio. (sous presse)
36
K. Brown et D.W. Pearce, éds. 1994. The causes of deforestation, UCL Press,
Londres.
37
Un montant égal à 1 pour cent des émissions de l’année de référence (1990) des
pays de l’Annexe B, multiplié par cinq. Black-Arbelaez. 2002. Applying CDM to
biological restoration projects in developing nations: key issues for policy makers and
project managers (disponible sur: www.gefweb.org/documents.pdf).
38
Op. cit., note 37.
39
R. Nasi, S. Wunder et J.J. Campos. 2002. Forest ecosystem services: can they pay our
way out of deforestation? Document de travail préparé pour la Table ronde du FEM
sur la foresterie, New York, 11 mars 2002 (disponible sur: www.gefweb.org/
documents.pdf); S. Bass, O. Dubois, J. Ford, P. Moura-Costa, M. Pinard, R. Tipper
et C. Wilson. 1999. Rural livelihoods and carbon management. An issue paper. Rapport
du Workshop on the implication of carbon offset policies for the rural poor and
landless, Edinburgh, Royaume-Uni, 20-21 septembre 1999 (disponible sur:
www.ecosecurities.com ou www.ecce.uk.com).
40
Pour de plus amples informations, voir le projet sur le site Web
(www.eccm.uk.com/scolelte/index.html).
41
Communication personnelle, Louise Aukland Ecosecurities.
42
Les notions de boisement et de reboisement n’ont pas encore été définies aux
termes du MDP, et pourraient donc couvrir des activités telles que la réversion de
la dégradation des forêts ou l’expansion des superficies consacrées à
l’agroforesterie.
43
S. Wunder. 2001. Poverty alleviation and tropical forests-what scope for synergies? World
Development, 29(11): 1817–1833.
44
B.A. McCarl et B.C. Murray. 2001. Harvesting the greenhouse: comparing biological
sequestration with emissions offsets. Department of Agricultural Economics, Texas
A&M University, College Station, Texas, Etats-Unis.
45
Op. cit., note 37.
46
Ibid.
47
Op. cit., note 26.
48
FAO. 2001. Two essays on socio-economic aspects of soil degradation. Etude FAO:
Développement économique et social no 149. Rome.
49
Op. cit., note 44.

215
L’agriculture et les biens collectifs mondiaux 10 ans après le Sommet de la planète Terre

50
Op. cit., note 26.
51
Les coûts d’opération sont les coûts d’établissement d’un contrat et couvrent à la
fois les frais relatifs à la rencontre entre les acheteurs et les vendeurs, les frais de
négociation et les frais de suivi et d’exécution du contrat.

216
TABLEAU
ANNEXE
La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2001

PAYS ET TERRITOIRES UTILISÉS À DES FINS STATISTIQUES

Pays Pays en Pays en développement


développés transition Afrique Extrême-Orient/ Amérique latine Proche-Orient
subsaharienne et Océanie/Asie et Caraïbes et Afrique
et Pacifique du Nord

Albanie Albanie Angola Samoa américaines Anguilla Afghanistan


Andorre Bénin Bangladesh Antigua- Algérie
et-Barbuda
Arménie Arménie Botswana Bhoutan Argentine Bahreïn
Australie Burkina Faso Iles Vierges Aruba Chypre
britanniques
Autriche Burundi Brunéi Darussalam Bahamas Egypte
Azberbaïdjan Azberbaïdjan Cameroun Cambodge Barbade Bande de Gaza
Bélarus Bélarus Cap-Vert Chine Bélize Iran, Rép.
islamique d’
Belgique/ République Iles des Cocos Bermudes Iraq
Luxembourg centrafricaine
Bosnie- Bosnie- Tchad Iles Cook Bolivie Jordanie
Herzégovine Herzégovine
Bulgarie Bulgarie Comores Timor oriental Brésil Koweït
Canada Congo, Rép. du Fidji Iles Caïmanes Liban
Croatie Croatie Côte d’Ivoire Polynésie Chili Jamahiriya
française arabe libyenne
République République République Guam Colombie Maroc
tchèque tchèque démocratique
du Congo
Danemark Djibouti Inde Costa Rica Oman
Estonie Estonie Guinée Indonésie Cuba Qatar
équatoriale
Iles Féroé Erythrée Kiribati Dominique Arabie saoudite
Finlande Ethiopie Corée, Rép. République Rép. arabe
pop. dém. de dominicaine syrienne
France Gabon Corée. Rép. de Equateur Tunisie
Géorgie Géorgie Gambie République dém. El Salvador Turquie
populaire lao
Allemagne Ghana Iles Falkland Emirats
(Malvinas) arabes unis
Gibraltar Guinée Malaisie Guyane française Cisjordanie
Grèce Guinée-Bissau Maldives Grenade Yémen
Groenland Kenya Iles Marshall Guadeloupe
Hongrie Hongrie Lesotho Micronésie, Guatemala
Etats féd. de
Islande Libéria Mongolie Guyana
Irlande Madagascar Myanmar Haïti
Israël Malawi Nauru Honduras
Italie Mali Népal Jamaïque
Japon Mauritanie Nouvelle-Calédonie Martinique
Kazakhstan Kazakhstan Maurice Nioué Mexique

219
Tableau Annexe

Pays Pays en Pays en développement


développés transition Afrique Extrême-Orient/ Amérique latine Proche-Orient
subsaharienne et Océanie/Asie et Caraïbes et Afrique
et Pacifique du Nord

Kirghizistan Kirghizistan Mozambique Iles Norfolk Montserrat


Lettonie Lettonie Namibie Iles Mariannes Antilles
du Nord néerlandaises
Lichtenstein Niger Pakistan Nicaragua
Lituanie Lituanie Nigéria Palaos Panama
Malte Réunion Papouasie- Paraguay
Nouvelle-Guinée
Monaco Rwanda Philippines Pérou
Pays-Bas Sainte-Hélène Samoa Porto Rico
Nouvelle-Zélande Sao Tomé- Singapour Saint-Kitts-
et-Principe et-Nevis
Norvège Sénégal Iles Salomon Sainte-Lucie
Pologne Pologne Seychelles Sri Lanka Saint-Vincent-
et-les Grenadines
Portugal Sierra Leone Taïwan Province Suriname
de Chine
République République Somalie Thaïlande Trinité-
de Moldova de Moldova et-Tobago
Roumanie Roumanie Soudan Tokélaou Iles Turques
et Caïques
Fédération Fédération Swaziland Tonga Iles Vierges
de Russie de Russie américaines
Saint-Marin Togo Vanuatu Venezuela
Slovaquie Slovaquie Ouganda Viet Nam
Slovénie Slovénie Rép.-Unie Iles Wallis
de Tanzanie et Futuna
Saint-Pierre- Zambie Tuvalu Uruguay
et-Miquelon
Afrique du Sud Zimbabwe
Espagne
Suède
Suisse
Tadjikistan Tadjikistan
L’ex-Rép. L’ex-Rép.
yougoslave yougoslave
de Macédoine de Macédoine
Turkménistan Turkménistan
Ukraine Ukraine
Royaume-Uni
Etats-Unis
Ouzbékistan Ouzbékistan
Yougoslavie Yougoslavie

220
Chapitres spéciaux
La situation mondiale de l’alimentation
et de l’agriculture
La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture présente chaque année, depuis 1957,
après ses rapports de conjoncture mondiale et régionale, une étude spéciale sur un ou
plusieurs sujets permanents relevant du domaine de la FAO. Les thèmes traités sont les
suivants:

1957 Facteurs influençant les tendances de la consommation alimentaire


Changements survenus après la guerre dans certains facteurs institutionnels
affectant l’agriculture
1958 Evolution de la situation alimentaire et agricole en Afrique au sud du Sahara
Le développement des industries forestières et ses répercussions sur les forêts
du monde
1959 Revenus et niveaux de vie agricoles dans des pays à différents stades d’évolution
économique
Etude de certains problèmes généraux de développement agricole dans les pays
insuffisamment développés, à la lumière des enseignements de l’après-guerre
1960 Les programmes de développement agricole
1961 La réforme agraire et l’évolution des institutions
Vulgarisation, éducation et recherche agricoles en Afrique, en Asie et en
Amérique latine
1962 Le rôle des industries forestières dans la lutte contre le sous-développement
économique
La production animale dans les pays insuffisamment développés
1963 Principaux facteurs influant sur le développement de la productivité agricole.
L’utilisation des engrais: à la pointe du développement agricole
1964 Nutrition protéique: besoins et perspectives
Les produits synthétiques et leurs effets sur le commerce des produits agricoles
1966 Agriculture et industrialisation
Le riz dans l’économie alimentaire mondiale
1967 Mesures propres à stimuler ou à décourager la production agricole dans les pays
en voie de développement
Aménagement des ressources halieutiques
1968 Progrès technique et relèvement de la productivité agricole dans les pays en voie
de développement
L’amélioration de l’emmagasinage et sa contribution aux disponibilités
alimentaires mondiales
1969 Programmes d’amélioration de la commercialisation agricole: quelques leçons
tirées de l’expérience récente
Modernisation des institutions dans l’intérêt du développement forestier
1970 L’agriculture au seuil de la Deuxième décennie pour le développement

221
Tableau Annexe

1971 La pollution des eaux et ses effets sur les ressources biologiques aquatiques et sur
les pêches
1972 éducation et formation en matière de développement
Comment accélérer la recherche agricole dans les pays en développement
1973 L’emploi agricole dans les pays en développement
1974 Population, approvisionnement alimentaire et développement agricole
1975 La Deuxième décennie des Nations Unies pour le développement: examen et
évaluation à mi-terme
1976 Energie et agriculture
1977 Situation des ressources naturelles et de l’environnement au regard de
l’alimentation et de l’agriculture
1978 Problèmes et stratégies des régions en développement
1979 La foresterie et le développement rural
1980 Les pêches maritimes à l’ère des nouvelles juridictions nationales
1981 Le paupérisme rural dans les pays en développement et les moyens d’y remédier
1982 La production animale: aperçu mondial
1983 La femme dans le développement agricole
1984 Urbanisation, agriculture et systèmes alimentaires
1985 Consommation d’énergie en agriculture
Aspects écologiques de la production alimentaire et agricole
Commercialisation
1986 Le financement du développement agricole
1987-88 Nouvelles priorités de la science et de la technologie agricoles dans les pays en
développement
1989 Développement durable et aménagement des ressources naturelles
1990 Ajustement structurel et agriculture
1991 Politiques et problèmes agricoles: leçons des années 80 et perspectives pour les
années 90
1992 Pêches maritimes et droit de la mer: 10 ans de mutation
1993 Politiques de l’eau et agriculture
1994 Développement forestier et grands dilemmes
1995 Le commerce agricole: à l’aube d’une ère nouvelle?
1996 Les dimensions macroéconomiques de la sécurité alimentaire
1997 Les industries agroalimentaires et le développement économique
1998 Les revenus ruraux non agricoles dans les pays en développement
2000 L’alimentation et l’agriculture dans le monde: enseignements des 50 dernières
années
2001 Impact économique des ravageurs des plantes et des maladies animales
transfrontières

222
TITRES CHOISIS

FAO Agricultural Policy and Economic Development Series


DIVISION DE L’ANALYSE DU DÉVELOPPEMENT AGRICOLE
ET ÉCONOMIQUE ET DIVISION DE L’ASSISTANCE AUX POLITIQUES
1 Searching for common ground – European Union enlargement and agricultural policy
(K. Hathaway et D. Hathaway, eds, 1997)
2 Agricultural et rural development policy in Latin America – New directions and new challenges (A.
de Janvry, N. Key et E. Sadoulet, 1997)
3 Food security strategies – The Asian experience (P. Timmer, 1997)
4 Guidelines for the integration of sustainable agriculture and rural development into agricultural
policies (J.B. Hardaker, 1997)

Etudes FAO: Développement économique et social


DIVISION DE L’ANALYSE DU DÉVELOPPEMENT AGRICOLE
ET ÉCONOMIQUE
En préparation: The evolution of primary commodity terms of trade and the implications for
developing countries (G.P. Zanias)
148 Agricultural investment and productivity in developing countries (L. Zepeda, ed., 2000)
147 Undernourishment and economic growth: the efficiency cost of hunger (J.-L. Arcand 2001)
146 Applications of the contingent valuation method in developing countries – a survey (A. Albertini
et J. Cooper, 2001)
145 Two essays on climate change and agriculture – a developing country perspective (R. Mendelsohn
and D, Tiwari, 2000)
144 Rural poverty, risk and development (M. Fafchamps, 2000)
143 Growth, trade and agriculture: an investigative survey (P.L. Scandizzo et M. Spinedi, 1998)
142 The political economy of the Common Market in milk and dairy products in the European Union
(R.E. Williams, 1997)
141 Economies in transition – Hungary and Poland (D.G. Johnson, 1997)
139 Population pressure and management of natural resources. An economic analysis of traditional
management of small-scale fishing (J.-M. Baland et J.-Ph. Platteau, 1996)
138 Economic development and environmental policy (S. Barrett, 1997)
136 Growth theories, old and new, and the role of agriculture in economic development
(N.S. Stern, 1996)
135 International dynamics of national sugar policies (T.C. Earley and D.W. Westfall, 1996)
134 Rural informal credit markets and the effectiveness of policy reform (A.H. Sarris, 1996)
133 Implications of regional trade arrangements for agricultural trade (T. Josling, 1997)
132 The economics of international agreements for the protection of environmental and agricultural
services (S. Barrett, 1996)
131 Trade patterns, cooperation and growth (P.L. Scandizzo, 1995)
128 Agricultural taxation under structural adjustment (A.H. Sarris, 1994)
125 Transition and price stabilization policies in East European agriculture (E.-M. Claassen,1994)
124 Structural adjustment and agriculture: African and Asian experiences (A. de Janvry et
E. Sadoulet, 1994)
121 Policies for sustainable development: four essays (A. Markandya, 1994)

223
Tableau Annexe
TITRES CHOISIS

115 Design of poverty alleviation strategy in rural areas (R. Gaiha, 1993)
110 Agricultural sustainability: definition and implications for agricultural and trade policy
(T. Young, 1992)
107 Land reform and structural adjustment in sub-Saharan Africa: controversies and guidelines
(J.-Ph. Platteau, 1992). Version française: Réforme agraire et ajustement structurel en Afrique
subsaharienne: controverses et orientations
105 The role of public and private agents in the food and agricultural sectors of developing countries
(L.D. Smith et A. Thomson, 1991)
104 Structural adjustment policy sequencing in sub-Saharan Africa (L.D. Smith et N. Spooner, 1991)
103 The impact of structural adjustment on smallholders (J.-M. Boussard, 1992)
100 Structural adjustment and household welfare in rural areas - a micro-economic perspective
(R. Gaiha, 1991)
99 Agricultural labour markets and structural adjustment in sub-Saharan Africa (L.D. Smith, 1991)
98 Institutional changes in agricultural products and input markets and their impact on agricultural
performance (A. Thomson, 1991)
90 The impact of stabilization and structural adjustment policies on the rural sector - case-studies of
Côte d’Ivoire, Senegal, Liberia, Zambia and Morocco (P. Salin et E.-M. Claassen, 1991)

Autres titres
• Pespectives on agriculture in transition: analytical issues, modelling approaches and case study results
(W.R. Poganietz, A. Zezza, K. Frohberg et K.G. Stamoulis, eds., 2001)
• Food, agriculture and rural development: current and emerging issues for economic analysis and
policy research (K.G. Stamoulis, éd., 2001)
• Integration of sustainable agriculture and rural development issues in agricultural policy. Proceedings
of FAO/Winrock Workshop, May 1995. (S.A. Breth, ed., Winrock International, 1996)
• Halting degradation of natural resources Is there a role for rural communities? (J.-M. Baland et
J.-P. Platteau, FAO-Oxford University Press, 1996)

Pour se procurer les publications ci-dessus de la FAO, s’adresser à:


Sales and Marketing Group, Information Division
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
Viale delle Terme di Caracalla
00100 Rome, Italie

Mél.: [email protected]
Tél.: (39) 06 57051
Télécopie: (39) 06 5705 3360

224
SÉRIE DE DONNÉES CHRONOLOGIQUES POUR
SOFA 2002 – CD-ROM
Mode d’emploi
La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2002 est publiée avec un cédérom
qui contient des séries de données chronologiques concernant plus de 150 pays; un
logiciel FAOSTAT TS permet d’accéder à ces données.

FAOSTAT TS
Le logiciel FAOSTAT TS permet un accès rapide et simple aux bases de données de
séries chronologiques, agencées par année. Toute personne, même lorsque l’ordinateur
ne lui est pas familier, peut se servir de FAOSTAT TS. Aucun tableur, aucun autre
programme de traitement de graphiques ou de bases de données n’est requis. FAOSTAT
TS est piloté par des menus qui ne sont soumis à aucune commande spéciale. Les
utilisateurs peuvent consulter et imprimer graphiques et tableaux, tracer des graphiques
multilignes, ajuster des courbes de tendance et exporter des données vers d’autres
programmes. FAOSTAT TS est trilingue (anglais, espagnol et français) et propose des
menus standard.
Le logiciel FAOSTAT TS appartient au domaine public et peut être distribué
gratuitement. Cependant, les fichiers de données qui accompagnent le logiciel sont la
propriété de la FAO, les utilisateurs sont donc tenus de citer la source FAO. La FAO ne
peut fournir qu’une aide très limitée aux utilisateurs et ne peut, en aucun cas, répondre
aux utilisateurs qui modifieraient le logiciel ou les données. La FAO dégage toute
responsabilité quant aux adaptations qui pourraient être faites du logiciel ou des
données.

Spécifications du matériel requis


Le logiciel FAOSTAT TS nécessite un microprocesseur IBM ou compatible, doté d’un
disque dur, de DOS 3.0 ou d’un modèle ultérieur, de 300 kb de mémoire RAM, et de
capacités graphiques.
Le support logistique graphique fourni convient à tous les adaptateurs graphiques
ordinaires (VGA, EGA, MCGA, CGA et Hercules monochrome).
FAOSTAT TS imprime les graphiques seulement avec les imprimantes Epson à
matrice de points, avec les imprimantes laser Hewlett-Packard et tout matériel compatible.
Avec les autres imprimantes, il est nécessaire d’adapter les serveurs d’impression
graphique avant de démarrer le programme. Un des modèles de serveur est
GRAPHICS.COM, que l’on trouve dans le DOS 2.0 et dans les versions successives.
En raison de l’utilisation de modes graphiques DOS, si FAOSTAT TS est exécuté sous
MS-Windows ou OS/2, il doit être réglé pour effectuer une session DOS pleine page.

Installation
Avant d’exploiter FAOSTAT TS, il faut installer le logiciel et les fichiers des données sur
le disque dur et ouvrir une session DOS.
• Pour installer le fichier D: dans le fichier C:
- insérer le cédérom dans l’unité de lecture D

225
Tableau Annexe

- taper D et appuyer sur la touche ENTRÉE


- taper INSTALL C: et appuyer sur ENTRÉE
- appuyer sur n’importe quelle touche.
Un fichier C:\SOFA02 sera créé; une fois l’installation achevée, l’utilisateur se trouvera
dans ce fichier.

Accès à FAOSTAT TS
• Pour démarrer le logiciel FAOSTAT TS lorsque l’on n’est pas déjà à l’intérieur du
fichier C:\SOFA02 (ce qui est automatique lorsqu’on vient de compléter l’installation):
- Il convient d’appeler ce fichier (en tapant CD SOFA02 puis ENTRÉE).
- Devant l’invite du répertoire du SOFA02, taper SOFA02 et ENTRÉE.
On verra apparaître un titre graphique, suivi du menu principal.
Si le logiciel FAOSTAT TS ne démarre pas, ou si le graphique ne se forme pas correctement,
ou encore si les menus sont difficiles à lire, l’ordinateur utilisé pourrait ne pas être
compatible avec les fonctions implicites de FAOSTAT TS. L’adoption d’une ligne de
commande peut être utile. On peut essayer de faire démarrer FAOSTAT TS avec le
paramètre-E pour désactiver son recours à la mémoire commutée (taper SOFA02-F). On
peut aussi commander l’utilisation d’un mode particulier de graphique ou de texte en
tapant le nom qui servira de paramètre (par exemple, EGA imposera l’utilisation de
graphiques sur le mode EGA).

Choix de la langue
• La langue initiale de FAOSTAT TS est l’anglais. Pour passer à la langue française ou
espagnole, il faut:
- aller au menu FICHIER (File);
- sélectionner LANGUE (language) à l’aide de la touche flèche (↓) et appuyer sur
ENTRÉE;
- sélectionner la langue choisie et appuyer sur ENTRÉE.
La langue choisie restera la langue implicite du logiciel, jusqu’à ce que l’utilisateur en
sélectionne une autre.

En parcourant les menus


La barre principale des menus comporte les menus FICHIER, DONNÉES, GRAPHIQUE,
TABLEAU et AIDE. La plupart des options de menus ne s’activent que lorsque l’on ouvre
un fichier de données. Parcourir les menus en utilisant les touches flèches (↑↓←→) et
sélectionner un article, en positionnant la barre lumineuse et en appuyant sur la touche
ENTRÉE. Pour annuler une sélection appuyer sur la touche ECHAP.
• Si l’on dispose d’une souris, les articles du menu peuvent être sélectionnés par le curseur
de la souris. Le bouton de gauche de la souris effectue la sélection, tandis que le bouton
de droite correspond à la fonction de la touche ECHAP.
Après la sélection d’une option dans le menu, celui-ci se retrace et le curseur souligne une
autre option possible.
• Le programme permet également d’avoir recours à plusieurs touches rapides:

226
Touche Action

F1 AIDE: propose quelques aides en rapport avec le contexte.


ESC ECHAP: fait sortir du menu choisi, du graphique ou du
tableau en cours.
ALT +N NOTES: propose des notes liées aux fichiers de données
lorsque le fichier est disponible. Le texte peut être édité.
Les notes n’apparaissent pas lorsqu’un graphique est
visualisé.
ALT+X, ALT+Q SORTIE: fait sortir immédiatement de FAOSTAT TS sans
passer par le menu principal.

Aide
• Une aide relative au contexte apparaît en bas de l’écran pour chaque image.
Appuyer sur F1 pour plus de détails sur une option choisie grâce au curseur
lumineux.
• Sélectionner AIDE dans le menu principal pour accéder aux informations. Le menu
AIDE donne accès, à son tour, à des informations préliminaires sur le logiciel, sur les
différentes aides et sur le sommaire d’À PROPOS.
• Les options du menu AIDE ouvrent les mêmes fenêtres d’aide que lorsqu’on appuie
sur la touche F1, sur une image quelconque du menu:
- l’option FAOSTAT TS visualise la page d’aide introductive;
- l’option SUJETS fournit la table des matières des aides;
- l’option À PROPOS visualise des informations succinctes sur le programme.

Ouvrir un fichier de données


• Pour visualiser la liste des fichiers des données de FAOSTAT TS:
- aller au menu FICHIER;
- sélectionner OUVRIR.
Tous les fichiers de FAOSTAT TS présents dans le répertoire courant sont affichés. Au
début, le seul fichier présent sera SOFA02. Les autres fichiers de FAOSTAT PC, version
3.0, peuvent être utilisés avec FAOSTAT TS.
• Utiliser les TOUCHES FLÈCHES pour mettre en surbrillance le fichier que l’on
veut visualiser et appuyer sur ENTRÉE pour le sélectionner. Les fichiers portent la
date de leur dernière révision. On peut également mettre en surbrillance une
sélection en tapant les premières lettres du nom du fichier. La chaîne sur laquelle la
recherche est en cours apparaîtra dans l’angle en bas à gauche de la liste.
• On peut changer l’unité de lecture et le répertoire initial de la liste des fichiers en
sélectionnant le répertoire et l’unité de son choix.
Quand un fichier courant de données est ouvert, le chargement d’un nouveau fichier
ramène FAOSTAT TS à ses paramètres initiaux (tendance chronologique, pas de
courbes des tendances statistiques, pas de spécification d’unités ou de facteurs scalaires
pour l’utilisateur). On ne peut charger qu’un seul fichier à la fois.
Lorsqu’un fichier a été sélectionné, toutes les sélections du menu sont activées.

227
Tableau Annexe

Sélection d’un série de données


• Utiliser le menu DONNÉES pour sélectionner ou modifier une série de données ou
pour ajuster une tendance statistique.
• Sélectionner une série de données en choisissant le nom d’un pays et un élément des
données en faisant défiler les menus. La première entrée visualise une liste de noms
de pays, la deuxième affiche une liste de rubriques et la troisième une liste de noms
des propriétés ou qualifications.
Si l’on tape les premières lettres du nom d’une liste, la barre de sélection du menu se
portera immédiatement sur le nom correspondant. Par exemple:
- tapant NOU, on passe à Nouvelle-Zélande;
- appuyant sur ENTRÉE, on sélectionne le nom en surbrillance.

Visualisation des graphiques et des options graphiques


Le menu GRAPHIQUE permet de visualiser les données sous forme de graphiques. On
peut visualiser les tendances chronologiques et les profils en tableaux ou en colonnes.
Les options du menu GRAPHIQUE modifient les séries de données et leur affichage.
Par exemple, pour afficher le tracé des données sélectionnées:
- aller au menu GRAPHIQUE;
- sélectionner VISUALISER.
Beaucoup d’options pour modifier, sauver ou imprimer un graphique ne sont
disponibles que lorsque l’écran affiche un graphique. Il faut utiliser la touche d’aide F1
pour obtenir un rappel des options.

Touches d’actions graphiques


Lorsqu’un graphique est visualisé, plusieurs options sont possibles:
• Appuyer sur ECHAP pour sortir du graphique et revenir au menu principal.
• Appuyer sur F1 pour obtenir l’aide relative aux touches d’actions graphiques. La
fenêtre AIDE fournit la liste des options disponibles lorsque l’écran visualise un
graphique. Il faut sortir de la fenêtre avant d’effectuer une sélection.
• Appuyer sur les TOUCHES FLÈCHES (↑↓), PAGE PRÉCÉDENTE ou PAGE
SUIVANTE pour changer les séries affichées.
• La touche <+> permet de visualiser jusqu’à quatre séries en même temps. La
touche <-> permet de supprimer une série. Les tableaux multilignes sont créés de
la manière suivante:
- visualiser une série initiale;
- appuyer sur la touche + pour ajouter d’autres séries au tableau.
• Taper A pour visualiser un tableau des données d’axes avec des statistiques. Taper
T pour afficher un tableau de données de tendance ajustées, les résiduelles et les
statistiques ajustées (pour sélectionner un courbe de tendance, voir ci-dessous).
• La touche INS permet d’insérer des textes directement dans le graphique. Lors-
qu’on insère des textes, appuyer sur F1 pour l’aide relative aux options de texte. On
peut choisir le format du texte (petit ou grand), et le positionnement (horizontal ou
vertical).
• Pour imprimer un graphique (seulement avec les imprimantes compatibles), taper P

228
et sélectionner l’imprimante dans le menu. L’impression est seulement une copie de
l’écran; par conséquent, sa qualité est limitée.
• Pour sauver un graphique et l’imprimer par la suite, ou pour le visualiser, taper S.
L’image graphique sera enregistrée dans le format bitmap PCX. On peut employer
le programme PRINTPCX ou d’autres logiciels pour visualiser ou imprimer par la
suite des images multiples. PRINTPCX permet également de convertir en noir et
blanc les images PCX en couleurs pour une insertion appropriée dans un document
de traitement de texte.

Ajustement de courbes de tendance


• Pour adapter une fonction statistique à une série de données, sélectionner ADAP-
TER dans le menu DONNÉES. Les options comprises dans ADAPTER permettent
de sélectionner le type de fonction, les limites des données annuelles à inclure dans
l’ajustement et l’année de projection finale pour une prévision statistique.
• En adaptant une courbe de tendance (par sélection de l’option dans le menu
ADAPTER) à une projection (par sélection de PROJECTION dans ADAPTER), on
peut obtenir une prévision statistique. Utiliser la touche + pour ajouter une nouvelle
série de données au graphique au moyen de quelques frappes de touche seulement.

Représenter des profils sous forme de graphique


Les options présentes dans le menu GRAPHIQUE permettent de modifier les années
ou le modèle de graphique (respectivement avec les options LIMITES et STYLE), ou
bien de passer d’une tendance chronologique à un tableau ou à un profil de données en
colonnes (POINT DE VUE). Cette dernière option permet de comparer aisément les
différentes données d’une année déterminée.

Point de vue
• Si l’on veut passer de l’affichage d’une série chronologique à l’affichage d’un profil
de pays ou de rubriques pour une année déterminée, sélectionner POINT DE VUE
dans le menu GRAPHIQUE. Si l’on sélectionne VISUALISE dans le menu GRA-
PHIQUE, le profil sera tracé. Le profil initial affiché correspond aux données de la
dernière année enregistrée. Pour changer l’année, utiliser les touches (↑↓). Pour
l’aide, appuyer sur F1.
• Pour obtenir le tableau d’un profil (profil de données de pays), on peut choisir soi-
même les tableaux ou bien laisser FAOSTAT TS classer les pays selon les données
correspondantes en ordre décroissant.
Un profil peut montrer au maximum 50 rubriques. En sélectionnant ÉLÉMENTS
SUPÉRIEURS au lieu d’ÉLÉMENTS SÉLECTIONNÉS, FAOSTAT TS classera les
données chiffrées contenues dans le fichier en tableaux ou en colonnes.

Visualisation de tableaux
• Le menu TABLEAU permet de visualiser des données en tableaux et de définir des
sous-ensembles de tableaux qui pourront être sauvés et exportés vers d’autres
programmes:

229
Tableau Annexe

- aller au menu TABLEAU;


- sélectionner SURVOLER pour examiner des tableaux de données des fichiers
courants.
• Lorsque l’on visualise des tableaux, une barre d’aides apparaît en bas de l’écran.
Appuyer sur PAGE SUIVANTE ou PAGE PRÉCÉDENTE pour modifier le tableau
affiché ou bien taper ALT+1 ou ALT+2 pour choisir sur la liste. Utiliser les touches
flèches (↑↓←→) pour faire défiler les colonnes verticales et les lignes horizontales.

Séries de données
• L’option DONNÉES des AXES dans le menu TABLEAU visualise la dernière série
de données sélectionnées, y compris le sommaire des statistiques. Cette série est
utilisée pour tracer un graphique. Pour modifier les séries, on doit effectuer une
nouvelle sélection dans le menu DONNÉES.
• Les DONNÉES peuvent être également incorporées dans un graphique en tapant
la lettre A. Si l’on a tracé plus d’une série, la dernière seulement sera visualisée. Le
nombre d’années et de données chiffrées que l’on veut faire ressortir peut être
adapté grâce à l’option LIMITES dans le menu GRAPHIQUE.
• Pour visualiser des profils par pays ou par rubriques et des statistiques, sélectionner
POINT DE VUE dans le menu GRAPHIQUE. On peut rapidement afficher une
liste des tableaux qui présentent les données chiffrées les plus élevées (par exemple,
les pays où la consommation alimentaire est la plus forte) en sélectionnant un profil
de tableau dans POINT DE VUE et sélectionnant l’option ÉLÉMENTS SUPÉ-
RIEURS. On sélectionnera ensuite DONNÉES des AXES au menu TABLEAU pour
visualiser la liste, ou bien on sélectionnera VISUALISER au menu GRAPHIQUE
pour tracer un diagramme.

Données tendancielles
• Si, dans le menu DONNÉES, l’option ADAPTER a été sélectionnée pour tracer une
tendance chronologique, les données chiffrées indiquant la tendance pourront être
visualisées avec l’option DONNÉES DE TENDANCE. Les statistiques des séries
originelles et des tendances, ainsi que les valeurs résiduelles seront incluses. La liste
défile avec les TOUCHES FLÈCHES et on peut passer alternativement des données
d’axes aux données de tendance en tapant les lettres A et T.

Transfert de données
• L’option TRANSFERT dans le menu FICHIER permet d’exporter des données de
FAOSTAT TS vers des fichiers formatés différemment ou de créer des tableaux
personnalisés destinés à être visualisés ou imprimés. En sélectionnant TRANSFERT,
on passe immédiatement à un autre ensemble de menus.
• Pour sélectionner les tableaux et les colonnes que l’on veut examiner ou sauver,
passer au menu DONNÉES. Le choix des options s’effectue à l’aide de la touche +.
Pour annuler rapidement une sélection, choisir RÉTABLIR LES MARQUES.
• Pour disposer, visualiser, sauver ou imprimer des données, sélectionner l’option
dans TRANSFERT (au menu FICHIER):
- TABLEAU FAO: crée un tableau avec des données pour les quatre dernières

230
années pour lesquelles l’information relative est disponible.
- AFFICHAGE: affiche un fichier de texte provisoire des données sélectionnées.
C’est une manière pratique de visualiser un sous-ensemble de tableaux et de
colonnes dans un fichier FAOSTAT TS qui peut également être utilisé pour
visualiser les effets des sélections MISE EN PAGE avant d’exécuter les options
SAUVEGARDE ou IMPRESSION.
- SAUVEGARDE: affiche une liste de formats de fichiers permettant de sauvegar-
der les données choisies dans un fichier, auquel il faudra attribuer un nom. On
peut utiliser ce menu pour exporter des données FAOSTAT TS vers un pro-
gramme extérieur. Les sélections des fichiers formatés WK1 et DBF ne sont pas
affectées par l’option MISE EN PAGE (voir ci-dessous).
- IMPRESSION: imprime les tableaux et les sélections en colonnes (seulement avec
les imprimeurs compatibles). Beaucoup d’imprimantes ne peuvent pas imprimer
plus de cinq colonnes de données FAOSTAT TS. Sélectionner AFFICHAGE pour
contrôler la largeur du tableau avant l’impression.
- MISE EN PAGE: permet d’incorporer les années sur les lignes ou en bas des
colonnes. La disposition par défaut est en bas des colonnes.
• Pour revenir au menu principal de FAOSTAT TS, ou pour effacer les sélections
effectuées et créer d’autres tableaux, choisir l’option RETOUR.

Rédiger des notes


Pour lire ou éditer des textes d’information sur les fichiers de données en cours,
sélectionner NOTES dans le menu FICHIER. On peut également avoir accès aux notes
en tapant <Alt>+N dans n’importe quel menu. L’option NOTES permet de lire ou
d’éditer des textes relatifs aux fichiers de données.

Milieu DOS et sortie


L’option MILIEU DOS dans le menu FICHIER ramène temporairement l’utilisateur au
service DOS, tout en gardant FAOSTAT TS en mémoire. Ce système, qui ne constitue
pas la manière normale de quitter le programme, est utile si l’on a besoin d’exécuter une
commande DOS et l’on veut ensuite revenir au même fichier. Le fichier quitte la
mémoire et il est rechargé au retour, toutes ses capacités initiales sont réactivées.

Pour sortir de FAOSTAT TS


• Pour quitter FAOSTAT TS:
- aller au menu FICHIER;
- sélectionner QUITTER.
Les combinaisons des touches ALT+X ou ALT+Q constituent des raccourcis permettant
de sortir du programme pendant presque toutes les opérations.

231
Tableau Annexe

232
233
Vous trouverez dans ce numéro le CD-ROM
SOFA 2002 contenant des séries
chronologiques pour 150 pays, groupes de
pays et régions, en anglais, espagnol et
français, de même qu’un logiciel FAOSTAT TS
pour un accès et une utilisation plus aisés.

La situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture 2002 est le rapport annuel


de la FAO sur les nouvelles tendances et les problèmes courants de l’agriculture
mondiale. Il examine la situation agricole dans le monde et l’environnement
économique global dans lequel s’inscrit aujourd’hui l’agriculture mondiale,
et propose cette année un tour d’horizon du déroulement des négociations
sur le commerce international des produits agricoles à la suite du lancement
d’un nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales de
l’Organisation mondiale du commerce.
Le rapport offre un aperçu, par région, de la situation actuelle de l’agriculture
dans le monde, développé et en développement, avec une analyse des problèmes
qui touchent actuellement l’agriculture dans les différentes régions.
Avec une gestion efficace, l’agriculture, les pêches et les forêts peuvent offrir
une série de bienfaits à de vastes couches de populations – tels que la
sauvegarde du paysage, la protection des bassins versants, la conservation de la
biodiversité et la stabilité de l’écosystème. Ces biens dits publics ou collectifs ont
pour certains un caractère mondial, c’est-à-dire qu’ils profitent à l’ensemble ou à
une grande partie de l’humanité. Le rapport analyse cette année certains de ces
biens publics, et il invite à accroître les flux financiers internationaux en faveur de
l’agriculture et des zones rurales pour en encourager la production. Il examine
également l’un des nouveaux mécanismes possibles pour un tel financement: le
Mécanisme pour un développement propre (MDP), issu du Protocole de Kyoto à
la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Une
attention particulière est donnée à l’utilisation potentielle de ce mécanisme
comme instrument à la fois pour favoriser le piégeage du carbone grâce à de
nouveaux modes d’utilisation des terres, et pour réduire la pauvreté rurale.

ISBN 92-5-204762-X ISSN 0251-1460

9 7 8 9 2 5 2 0 4 7 6 2 9
TC/P/Y6000F/1/7.02/1550

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