BIBLE
LA
DU BLOB
Savoirs authentiques pour apprivoiser
la nature secrète du blob
À L’INTENTION DES
INDIVIDUS (UN PEU) ÉTRANGES
QUI SOUHAITENT ACCUEILLIR UN BLOB CHEZ EUX
Si vous lisez ces lignes, c’est probablement que vous projetez d’adopter un
blob ou bien que vous alimentez une passion pour la lecture des manifestes
insolites. Pour chacun des cas, votre entourage aura maintenant une raison
fondée d’émettre des doutes sur votre intégrité mentale.
Ce recueil rassemble les 7 savoirs fondateurs sur la façon d’entretenir une
relation d’appréciation mutuelle avec un blob.
Si vous y parvenez, vous entrerez dans le cercle très fermé des blobologistes.
Mais attention, manier un blob est un art d’initiés. Les autrices de ce
livre vous souhaitent sincèrement d’être en mesure de prendre rapidement
possession de cet enseignement, autrement…
Notez également qu’il n’est pas exclu qu’une irrésistible et inexpliquée
soif de communication inter-espèce, humano-blob, émerge dans votre esprit.
Ce manuel décline toute réclamation pour les éventuels effets secondaires
encourus.
Vous êtes seul·e responsable de votre curiosité.
2
TABLE DES MATIÈRES
LE CAS PHYSARUM : RAPPORT D’ENQUÊTE page 4
LE LABORATOIRE DE POCHE page 6
page 8
NTAMINATION
1ER SAVOIR - MESURE DE DÉCO
2ÈME SAVOIR - RECETTE POUR UNE TANIÈRE ACCUEILLANTE page 9
page 12
3ÈME SAVOIR - RÉVEILLER LA CRÉATURE
page 15
4ÈME SAVOIR - TROUSSE DE SOINS
5ÈME SAVOIR - MAITRISE DE LA RÉGÉNÉRESCENCE page 21
6ÈME SAVOIR - L’ÉPREUVE DU LABYRINTHE page 25
MOT DE LA FIN ET SIGNATURES page 36
Les conseils et expériences sont à réaliser
! sous la surveillance d’un adulte.
3
LE CAS PHYSARUM
RAPPORT D’ENQUÊTE
Que ce soit dans la presse et chez ses partisans, Physarum polycephalum se fait appeler
« le Blob » ou encore « the Slime Mold » pour les médias anglophones. Informe, visqueux
et d’origine discutable, ces pseudonymes le qualifient selon lui bien mieux que son
sobriquet latin qui signifie littéralement - « petite vessie à plusieurs têtes » -
indéniablement moins crédible.
Lors de sa première identification, alors qu’il tentait de se multiplier par sporulation,
il fut d’abord associé au cartel des champignons. Les investigations menées en détention
ont cependant rapidement démontré qu’il mangeait comme un animal et produisait des
pigments comme une plante. La brigade scientifique a décrété, pour l’heure, que
l’individu serait désormais incarcéré chez les myxomycètes, un groupe phylogénétique
composé d’organismes gluants encore relativement méconnu.
QUELS SONT SES RÉSEAUX ?
La simplicité de son organisation unicellulaire et son réseau en arborescence le
rendent extrêmement compétitif. On estime que son groupe colonise - depuis longtemps
déjà - très largement la planète et on chiffre à environ 1 millier le nombre d’espèces
de blobs dans le monde. L’effectif total des individus n’est quant à lui pas encore
connu des autorités.
UN RÈGNE MAFIEUX
La fondation du cartel du blob reste encore obscure mais elle fait assurément partie des
plus anciennes : on la chiffre à 500 millions d’années en arrière, voire 1 milliard !
Bien avant la séparation des continents donc, ce qui lui assurait un coup d’avance pour
son développement et sa colonisation.
PROFIL DE L’INDIVIDU
Apparence : jaune vif
Cartel : Les Myxomycètes
Taille : de quelques micromètres (μm) à
1.3 kilomètres (km) max. observé
Vitesse de pointe : 4 cm/h
Morphologie : réseaux en arborescence
Genre sexuel : indéfini (700 pistes
envisagées)
Point fort : capable de coaguler en 2
secondes, invulnérable aux balles (test
empirique gracieusement réalisé par la
police texane en 1973)
Point faible : aversion à la lumière
Profil psychologique : avide, calculateur,
un penchant pour l’optimisation,
0-001-54
opportuniste.
4
ANTÉCÉDENTS ET CHEFS D’INCULPATION
Bactéricide et fongicide
Meurtre par phagocytose (engouffre d’un bloc ses victimes)
LISTE DES VICTIMES :
(Attention : les photos qui vont suivre peuvent heurter la sensibilité d’un public non averti)
MODE OPÉRATOIRE
Profitant de la pénombre, il s’attaque à des victimes généralement peu rapides, en
laissant derrière lui un mucus caractéristique comme signature. Les dépouilles sont si
bien digérées par le tueur que les déchets qui en résultent peuvent être directement
assimilés par les plantes et d’autres champignons peu scrupuleux. Un crime parfait...
LE BLOB REPRÉSENTE-IL UNE MENACE POUR LA SOCIÉTÉ ?
Les experts scientifiques en charge du dossier affirment qu’une invasion bloboïde semble
peu probable. En cause : la quantité de nourriture que l’individu devrait trouver chaque
jour afin d’atteindre une taille conséquente, et ce malgré une capacité de croissance
spectaculaire. Malgré son intelligence remarquable, il n’est pas encore prouvé qu’il
parvient à surpasser son aversion pour la lumière ou son incapacité à survivre en milieu
non-humide. Aussi, à la décharge du suspect, aucun cas de bloboïsation n’est à déplorer
jusqu’ici.
Physarum
Néanmoins, le comité reconnaît qu’une interaction quotidienne avec le sujet serait à
développer afin de mesurer l’éventuelle fragilité du pronostic.
C’est votre chance, le comité scientifique recrute !
Aurez-vous les épaules pour mener une étude physique et psychologique détaillée sur le
blob ?
5
LE LABORATOIRE
DE POCHE
Vous avez accepté la mission ? Bravo, votre courage (ou votre inconscience)
vous honore.
Ce qui est dit, est dit. Il va maintenant falloir vous équiper.
3 CLONES DE BLOB (EN DORMANCE)
INCUBATEUR À BLOB
Aussi appelé «boîte de pétri»
par des scientifiques sans
imagination
LABYRINTHE
Plu s qu’une épreuve
d’orientation, un révéla teur
de personnalité !
POUDRE DE MATRICE
(Lunettes de sole il non fournies)
6 Pour adopter un blob avec son laboratoire de poche : https://lelabodublob.com/produit/acheter-un-blob/
PARTICULES DE CROISSANCE
Qual ité bio, prenez-en de la
graine !
CUVE DE JOUVENCE
Devenir une vieille croûte,
ca vous rajeunit !
SPATULE DE SÉQUENÇAGE
Même l e s l a bos le s mieux équipés Extrémité Extrémité
nous l’envient de découpe l e vier
SUPPORT DE RÉGÉNÉRESCENCE
(Qualité filtre)
ABRI ANTI-UV
Pour un séjour à l’ombre,
mais sans le s barreaux
Attention, ce kit est déconseillé aux jeunes
! bambins car il contient de petits éléments
susceptibles d’être ingérés.
7
SAVOIR 1
MESURES DE
DÉCONTAMINATION
En dépit d’un passé judiciaire chargé, le blob est un organisme vulnérable
qu’il est bon de savoir protéger : un bon blobologiste est un microbiologiste
averti.
L’air et les objets autour de nous contiennent des bactéries et des spores.
Ces spores après « éclosion » deviennent des champignons appelés aussi
moisissures. Ces organismes, tout comme le blob, n’attendent qu’une seule
chose pour se développer : trouver un coin humide... une matrice pour blob
par exemple.
Si le blob se délecte volontiers de certaines
bactéries et moisissures, il en est d’autres
qu’il redoute. À juste titre, certaines d’entre
elles peuvent le parasiter et le rendre malade.
Pour que votre blob ne soit donc pas dérangé dans
sa demeure par des OVNI (Organismes Vivants Non
Invités), il faut travailler avec des instruments
impeccables.
La règle est simple: ce qui entre en contact avec
la gélose ou le blob doit être stérilisé.
Si c’est du plastique (comme l’incubateur), désinfectez à l’alcool
(idéalement à 70°).
Si c’est métallique (comme une pince à épiler, une cuillère, ou l’ustensile
de découpe), l’alcool fonctionne, mais il est encore plus efficace de passer
les ustensiles (sans alcool) au-dessus d’une flamme.
Avis aux étourdis : évitez de laisser l’incubateur ouvert inutilement,
particulièrement lorsque la gélose y est installée. Vous éviterez ainsi
toute invasion inopinée par voie aérienne ;-)
Tout rutile maintenant ? Ok, vous êtes prêt·e.
8
SAVOIR 2
RECETTE POUR UNE
TANIÈRE ACCUEILLANTE
UN MICROCOSME PARTICULIER
Dans la nature, à l’état sauvage, votre blob se déplacerait dans la pénombre
d’un sous-bois, probablement caché sous l’écorce d’une vieille souche humide.
Dans cet environnement bucolique, votre intrigant ami sera certes à l’abri de
la lumière mais il le sera aussi de votre regard. Comme le dicton l’affirme
: loin des yeux, loin du cœur… plutôt un mauvais point, donc, pour entamer
une relation humano-blob.
Les scientifiques ont depuis longtemps déjà trouvé la solution à ce problème.
Ils disposent les blobs dans de petites boites rondes qui contiennent une
matrice transparente et humide.
Apprenez à préparer la vôtre !
9
SAVOIR 2 : RECETTE POUR UNE TANIÈRE ACCUEILLANTE
L’authentique Matrice à Blob
Munissez-vous de l’incubateur à blob ainsi que de la poudre de matrice.
Remplissez à ras bord l’incubateur d’eau puis versez cette eau
1
dans un bol.
Ajoutez 0.5 gr de poudre à matrice, soit environ 1/2 dosette, à
2
cette eau. Faites bouillir la mixture une dizaine de seconde. Tous
les moyens sont admis : micro-ondes, plaque de cuisson, feu de joie …
Si vous observez un dépôt, mélangez encore de la poudre de matrice dans l’eau.
Sans attendre, versez le mélange encore très chaud dans l’incubateur.
3
A cette étape, il est possible qu’il vous gratifie d’un petit
«ploc» sonore. Sachez que cette manifestation est tout à fait normale
et qu’elle témoigne de l’entrain avec lequel l’incubateur accomplit
son devoir.
Voilà qui est fait, sans même vous être brûlé les doigts ? Dommage,
cela aurait pimenté la procédure…
Attention ! Ne vous laissez pas distraire. Refermez le couvercle
4
de l’incubateur pour éviter les débarquements aériens mentionnés
deux pages plus tôt.
L’incubateur est fermé, aucun spore ne toque de l’intérieur ?
Alors, le plus dur est derrière vous.
Laissez maintenant refroidir la boite à température ambiante
5 pendant environ 20 minutes, la gélose va durcir.
Je vous laisse retourner le sablier.
POUR PATIENTER, SAVIEZ-VOUS QUE...
… si ces quelques minutes peuvent vous paraître longues, le blob, lui, peut
patienter 1 à 2 ans sous forme de sclérote avant de reprendre vie dans un
milieu favorable (celui que vous êtes en train de créer, dans ce cas précis).
Alors à votre avis lequel - entre vous et lui - est le plus impatient
des deux ?
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SAVOIR 2 : RECETTE POUR UNE TANIÈRE ACCUEILLANTE
DE QUOI EST COMPOSÉE LA POUDRE DE MATRICE ?
La poudre de matrice est une très fine poudre d’algue rouge d’origine
japonaise. Elle a la propriété de pouvoir emprisonner jusqu’à 250 fois sa
masse en eau à condition de faire bouillir les deux éléments ensemble.
Comble de votre chance, la poudre à matrice, nommée aussi « agar agar »,
sous ses allures de denrée rare et exotique, est aujourd’hui accessible
dans la majorité des épiceries et grandes surfaces, au rayon pâtisserie,
pour un prix souvent dérisoire.
Probablement que votre épicier ignore qu’il vend là - bien plus qu’un
simple gélifiant à gâteau - un nid pour organisme myxomycien.
Les derniers grains s’écoulent, les vingt minutes sont passées...
Vous avez passé avec brio cette épreuve de patience !
Maintenant, passez au test.
Il est temps de vérifier que l’agar-agar a bien agi.
LE TEST DE GÉLIFICATION
Option 1, pour les plus tactiles d’entre vous :
Avec le dos plat d’une cuillère désinfectée, exercez une légère pression
pour vérifier que la matrice à blob a bien pris.
Option 2, pour les plus prudents (et ils auront raison) :
Vous pouvez simplement incliner l’incubateur, la matrice doit «se
tenir» sans couler ou changer de forme. Pas d’ouverture de boîte, ni
de contact avec un ustensile : pas de risque de contamination.
Si la matrice n’a toujours pas durci et que vous êtes sûr·e d’avoir
été suffisamment patient·e : retournez à la case départ. Ajoutez un
peu d’agar-agar et faites de nouveau bouillir le mélange.
Evitez le drame en touchant les parois de l’incubateur : elles
! doivent être à température ambiante car c’est un blob que vous
allez y mettre, pas un sachet de thé...
Votre gélose est maintenant aussi ferme que la prison ? Alors passez
aux choses sérieuses…
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SAVOIR 3
RÉVEILLER LA CRÉATURE
Le potentiel en devenir d’un être aux capacités extraordinaires est au creux
de vos mains.
Il ne semble pas provenir de notre planète, et pourtant. Impatient·e de faire
sa connaissance ? Pour cela, il va falloir l’aider à sortir de sa léthargie.
Tout sec et engourdi, il n’attend qu’une chose : être réveillé.
Pour cela, rassurez-vous, nul besoin d’un langoureux baiser, une simple
goutte d’eau suffit.
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Votre incubateur à blob est prêt à recevoir un petit être. Mais lequel ?
A l’intérieur de votre laboratoire de poche, trois candidats sont en dormance.
Parmi eux, choisissez-en un et mettez les deux autres de côté dans un récipient
au sec et à l’abri de la lumière. Tout en les confiant à l’obscurité, prenez
le temps de leur expliquer que vous les aimez tout autant que leur frère-
clone sélectionné et que leur tour viendra.
Astuce : anticipez toute scène de crise en procédant à un tirage impartial,
le «plouf-plouf».
Vous avez remisé les pleurnichards ? Procédez...
Armé·e de votre pince à épiler désinfectée, attrapez délicatement l’élu pour
le déposer au centre de la matrice.
S’il est épais, vous pouvez l’humidifier avec une goutte d’eau pour l’aider
à se réhydrater.
Attention, le blob aime l’humidité, pas la natation ! Pour bien faire,
mettez-le simplement en contact avec la condensation formée à l’intérieur
du couvercle de l’incubateur, puis déposez-le sur la matrice, essuyez la
condensation avec un papier absorbant propre et… refermez le couvercle.
Les dès sont maintenant jetés ! Nous profitons de ce moment solennel pour
vous rappeler que vous êtes seul·e responsable du réveil de ce myxomycète à
casier judiciaire. Un petit bras bifide ne devrait maintenant plus tarder à
pointer le bout de ses pseudopodes…
CADEAU DE BIENVENUE
Vous pouvez dès à présent témoigner de vos intentions pacifiques à l’égard
du blob en déposant quelques offrandes. Pour bien faire, quoi de mieux que
quelques particules de croissance ? Disposez-en deux ou trois sur la matrice,
en évitant de les lui mettre directement dans la face, ce n’est agréable pour
personne.
Astuce d’observateur : utilisez vos particules pour former un petit tas en
les plaçant à 1 ou 2 cm du blob.
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SAVOIR 3 : INDUIRE UN CHANGEMENT D’ÉTAT
Voilà - aussi simplement que cela - vous venez de manigancer… euh… de
planifier votre tout premier test pour blob : sera-t-il capable de trouver
sa nourriture à distance ?
Même si le blob n’a pas d’yeux, il est pourtant un as de l’orientation.
L’une de ses bottes secrètes ? L’olfaction ! Certes, votre blob n’a pas plus
de nez que d’yeux. Cependant sa membrane est équipée de récepteurs chimiques
lui permettant de détecter une odeur et de la localiser. Autrement dit, pas
besoin de l’appeler pour dîner, le doux fumet chatouillant ses récepteurs
suffit pour l’appeler à table. Des économies de voix en perspective !
Et parce qu’on est jamais trop prudents…
Pour attirer, d’un simple geste, chance, longévité et
prospérité sur votre nouveau-né : lancez une particule de
croissance par-dessus votre épaule. Mais juste une ! Vous
aurez bien besoin des autres...
Pour qu’il se sente comme chez lui …
Le blob aime les températures comprises entre 20 et 27°C, l’optimal pour sa
croissance étant 25°C.
Ah oui, j’allais oublier. Les bains de soleil pour le blob ? Très peu pour
lui.
C’est un adepte de la pénombre.
Replacez-le donc directement dans l’abri anti-UV ou bien dans un placard.
Mais pas d’inquiétude, même si le blob n’aime pas beaucoup la lumière,
une petite visite d’un quart d’heure, à l’occasion, lui fera certainement
plaisir.
Pendant ces visites, il sera utile d’apprendre à lire le comportement du blob
et à détecter certains signes.
Découvrez comment effectuer votre première visite de contrôle !
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SAVOIR 4
TROUSSE DE SOINS
Le blob est un être indépendant - et même s’il ne l’admettra jamais - il a
néanmoins besoin que vous lui rendiez une petite visite quotidienne.
Pendant que vous conversez avec votre hôte, soyez attentif à son comportement
et aux indices de son habitat. Avec votre œil affuté, apprenez à détecter et
gérer tous les éventuels petits bobos.
Prêtez serment et transformez-vous en Docteur Blob !
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SAVOIR 4 : SOIGNER & NOURRIR L’EXPONENTIELLE
QUAND TOUT BAIGNE
La matrice est saine et transparente comme à ses
premières heures et le blob est de couleur jaune
vif. Qu’il soit de forme arborescente pour chasser
la particule de croissance ou qu’il soit déjà
agglutiné dessus, son aspect reste toujours
relativement lisse et humide.
La règle d’or est la qualité
de la matrice : elle doit être
changée tous les 2 à 3 jours
ou dès l’apparition d’un des
symptômes suivants.
LES SYMPTÔMES QUI METTENT
LA PUCE À L’OREILLE
UNE MATRICE ... DIAGNOSTIC
Opaque ou de couleur
La gélose est en train de tourner.
inhabituelle
Le blob a déjà largement exploré son
environnement et l’a «balisé» de mucus
Gluante
mémoire, il est temps de lui offrir de
nouveaux horizons.
Contamination par des spores
Attaquée par la présence de environnants. Cela arrive parfois,
moisissures redoublez de précautions lors de la
prochaine désinfection (1er savoir).
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SAVOIR 4 : SOIGNER & NOURRIR L’EXPONENTIELLE
UN BLOB ... DIAGNOSTIC
A l’aspect grumeleux ou en forme Comportement de stress : manque de
de petit tas épars nourriture ou gélose périmée.
Orangé (symptôme généralement
accompagné d’un déplacement plus
lent, d’une perte d’appétit et d’un Votre blob se fait vieux.
risque accru d’être parasité par
une moisissure)
Votre blob est probablement mort et
Grisâtre/verdâtre et dépôt d’une
les pigments se sont déversés dans la
auréole jaune tout autour
matrice. Diverses causes possibles.
Qui semble avoir pris feu !? Le blob a sporulé à cause de
Aspect « grillé » composé d’une conditions défavorables, le plus
ribambelle de tiges surmontées de souvent un manque de nourriture ou une
petite « graines » noires lumière trop abondante.
LES GESTES DE PREMIERS SECOURS
Changez la matrice (voir page suivante). En cas d’attaque de moisissures,
agissez rapidement avant qu’elles n’aient le temps de s’étendre.
Si le blob se fait vieux, mettez-le en dormance (6ème savoir) puis réveillez-
le de nouveau (3ème savoir). Raviver une vieille peau, c’est aussi simple que
cela !
Si le blob est mort, ne vous jugez pas trop sévèrement. Evacuez votre
sentiment de culpabilité en organisant une petite cérémonie intime autour de
la poubelle pour lui faire vos adieux. Votre deuil passé, vous pourrez élire
un nouveau sclérote à réveiller.
Si votre blob a pris la décision de se transformer en spores, faire machine
arrière est impossible. Ses gènes ne sont pas pour autant perdus, mais pour
enfanter un nouveau blob, il faudrait que ses spores rencontrent ceux d’un
autre blob de même espèce. La fusion se fait dans un milieu aquatique, mais
la manière de procéder n’est pas abordée dans ce livre… pour l’instant.
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SAVOIR 4 : SOIGNER & NOURRIR L’EXPONENTIELLE
Soyez diplomate : même si les particules de croissance que vous lui avez
! offertes la veille ne sont pas terminées, offrez-lui-en de nouvelles.
Le blob ne creuse pas sa nourriture, il ingère seulement les nutriments
présents en surface, ce qui explique que vous trouviez des restes.
COMMENT FAIRE MATRICE NEUVE ?
En premier lieu, prenez quelques instants pour exposer la procédure à votre
patient unicellulaire, désinfectez votre spatule de séquençage puis un petit
récipient. Le blob étant dépourvu de système nerveux, l’opération se fera
sans anesthésie.
Faites un état des lieux : visualisez les parties saines du blob que vous
1
allez prélever. A votre discrétion, sélectionnez la totalité du blob ou
bien seulement une partie.
Maintenant que votre diagnostic est posé, opérez !
Avec la spatule de séquençage, d’un geste sûr, tranchez dans le vif !
2
Profitez de l’occasion pour remarquer la capacité exceptionnelle de
coagulation de votre cobaye : pas une goutte de cytoplasme ou «sang» de blob
ne s’échappe !
Vous avez bouclé la zone ? Avec l’extrémité levier de la spatule de
3
séquençage, soulevez délicatement le fragment et mettez-le de côté dans
le récipient. Couvrez-le pour le protéger des OVNI (cf: 1er savoir).
Retournez à votre incubateur : jetez les restes de l’ancienne gélose,
4
nettoyez-le à l’eau puis à l’alcool. Coulez-y une nouvelle matrice.
Une fois la matrice à température ambiante, récupérez votre patient et
5
déposez-le sur la nouvelle matrice. Refermez le couvercle de l’incubateur,
vous avez terminé. L’opération s’est déroulée avec succès, rendez-vous en
salle d’attente pour rassurer les proches.
Un peu de déontologie : nul besoin de «déloger» le blob manuellement de
! son ancienne matrice, cette pratique pourrait lui causer des séquelles
inutiles. Misez plutôt sur sa curiosité naturelle pour le pousser à descendre
et explorer de lui-même son nouveau territoire.
18
SAVOIR 4 : SOIGNER & NOURRIR L’EXPONENTIELLE
Variante de l’authentique matrice à blob
( spéciale élevage )
Bien nourri, un blob double de taille chaque jour, et c’est exactement
le but de cette matrice ! Grâce à elle, vous allez obtenir un grand
blob uniforme très pratique à découper en échantillons de petits blobs
identiques, idéaux pour le lancement de vos expériences.
L’astuce ? Dans cette matrice, les nutriments sont mixés de manière
homogène. Le blob adapte alors son comportement : il n’a plus de raison
de former des arborescences et s’étend lui aussi de façon homogène
pour couvrir un maximum de surface.
PROTOCOLE
Dans 200 ml d’eau, ajoutez 4 généreuses cuillères à soupe de
1 particules de croissance et 2 gr d’agar agar. (De façon générale
pour qu’une gélose se tienne, elle doit contenir au moins 1%
d’agar agar.)
2 Mixez le tout avec un robot plongeur ou un blender.
Faites bouillir le mélange, il va s’épaissir. Rajoutez un peu
3 d’eau, puis faites bouillir de nouveau. Réitérez cette étape
pour obtenir une matrice suffisamment liquide pour s’étaler pour
peu qu’on tapote l’incubateur sur la table. Attention à ne pas trop
la diluer non plus, elle ne serait plus assez nutritive et le blob
risquerait de vous faire la tête.
ASTUCES
Une fois le service du festin blobesque terminé, il vous restera
probablement un surplus. Congelez-le dans un bac à glaçons pour la
prochaine utilisation. Vous n’aurez plus qu’à faire bouillir de nouveau
un cube pour réactiver ses propriétés gélifiantes.
Inaugurez un Tupperware et grâce à cette recette, faites-en une
19
SAVOIR 4 : SOIGNER & NOURRIR L’EXPONENTIELLE
unité d’élevage intensif pour blob. Cela vous permet d’avoir toujours
une source de blob en réserve et de garder l’incubateur disponible pour
vos expériences. C’est aussi plus rapide et fiable que de réveiller à
chaque fois de nouvelles sclérotes.
Pour gérer la croissance éclair du blob, n’hésitez pas à en ponctionner
la moitié à chaque changement de gélose. Vous pourrez mettre le blob
en dormance (apprenez comment avec le 5ème savoir) ou bien le jeter.
Dans le second cas, le blob vous en voudra certainement, mais n’ayez
aucune crainte, demain il aura tout oublié.
LE BLOB PEUT-IL ENVAHIR MA MAISON ?
À moins que vous ne viviez dans un intérieur à la fois chaud et humide
comme une forêt tropicale et sombre comme le dessous d’une souche, il
n’y a aucun danger que vous ayez à riposter contre une invasion de blob.
S’il peut bien se montrer dissident parfois et prendre la poudre
d’escampette, il ne parcourra que quelques centimètres à l’extérieur de
l’incubateur avant de s’apercevoir de son erreur et de retourner illico
dans son nid... Promis !
20
SAVOIR 5
MAÎTRISE DE LA
RÉGÉNÉRESCENCE
Immortel, le blob semble avoir conclu un pacte avec Dame Nature.
Mais comme dans toute bonne histoire, elle n’a octroyé ce pouvoir au blob
«
qu’à une condition sine qua non :
Si au crépuscule de ses 3 mois révolus le blob ne simule
pas une mort apparente en évacuant toute l’eau de son
corps, alors, pour de bon, il mourra.
Néanmoins, s’il obéit, non seulement il pourra sortir de
«
sa dormance pour reprendre le cours de sa vie, mais en
plus, toute trace de vieillissement sera effacée. Alors,
il sera de nouveau jeune et vigoureux.
21
SAVOIR 5 : MAÎTRISE DE LA RÉGÉNÉRESCENCE
COMMENT LA NATURE ACCOMPLIT-ELLE CE MIRACLE ?
Le secret se trouve dans la réparation des mutations délétères.
A l’intérieur des cellules d’un être vivant, que ce soit nous ou bien le
blob, se trouvent des noyaux. Les noyaux contiennent de l’ADN qui se réplique
chaque jour. L’ADN est un long code d’instructions qui permet au corps de
fonctionner. Des copies de ce code sont sans cesse effectuées et en raison
de sa complexité, il arrive que lors du recopiage du code, une erreur s’y
glisse. A chaque réplication, il y a un risque que des erreurs viennent
s’ajouter aux précédentes : ce sont des mutations. A force, ces mutations
délétères empêchent l’organisme de fonctionner correctement et ont pour
conséquence le vieillissement.
L’organisme humain possède quelques mécanismes pour détecter et corriger
parfois certaines de ces erreurs mais leur efficacité est insuffisante et la
mort survient tôt ou tard.
Si le blob ne subit pas le même sort que les humains, il le doit à sa capacité
à se dessécher. En le faisant, il permet une remise à neuf de ses mutations
délétères : tout est corrigé et redevient parfaitement opérationnel.
Comment ? Le mystère reste pour l’heure entier. Mais il ne manque pas
d’attirer la fascination et les efforts des scientifiques pour tenter d’en
comprendre les mécanismes.
Mais bonne nouvelle : si vous n’en comprenez pas encore, certes, les rouages,
rien ne vous empêche de faire fonctionner la machine à régénérescence.
Tournez la page et voyez comment vous y prendre...
LES PETITES LIGNES DU CONTRAT
Si le blob est assez avisé pour alterner phase de vie et phase de dormance,
alors il devient immortel. Mais attention, cette immortalité ne couvre que la
mort dite « biologique ».
Car s’il ne craint plus le passage du temps, le blob reste un être faillible.
Prédateurs, accidents et maladies mettront fin à son immortalité aussi
efficacement que pour le commun des mortels.
22
SAVOIR 5 : MAÎTRISE DE LA RÉGÉNÉRESCENCE
Endormir Hibernatus
PRÉREQUIS MATÉRIEL NÉCESSAIRE
Ayez un blob bien développé : Support de régénérescence
faites-le grossir dans Cuve de jouvence
l’incubateur. Lorsqu’il recouvre Spatule de séquençage
la moitié ou plus de la surface
disponible, il sera prêt à être
ponctionné.
PROTOCOLE
Pour faire un sclérote, il faut faire sécher le blob petit à petit.
Tapissez le fond de la cuve de jouvence avec un support de
1
régénérescence. A l’aide de la spatule de séquençage désinfectée,
découpez un morceau de matrice recouverte de blob de la taille
approximative d’une pièce de 2 euros. Déposez votre tartine visqueuse
sur le support de régénérescence. Humidifiez toute la surface du
support avec un peu d’eau, mais point trop n’en faut, seulement la
contenance qui peut être retenue par capillarité. Egouttez au besoin
puis refermez la cuve avec son couvercle. Remettez le blob à l’obscurité
et… ne touchez plus à rien ! Observez.
2 A l’affût (si vous êtes un pro, vous le ferez caché derrière des
lunettes de soleil et un grand chapeau) surveillez les faits et
gestes du blob. S’il se sent à son aise, la curiosité (et son appétit)
le pousseront tôt ou tard à descendre de son promontoire pour se mettre
en quête de nourriture. Mais il y a un traquenard… cette fois, vous
n’aurez rien prévu pour satisfaire sa faim. La lente exploration du
blob dans son nouvel environnement commence et dure en général 24h.
Pendant ce laps de temps - au risque de paraître un peu amateur - il
n’est pas interdit d’aller faire pipi, ni même d’avoir une vie active.
Attendez patiemment et lorsqu’il sera totalement (ou majoritairement)
descendu, vous serez prêt·e pour la deuxième phase du plan !
23
SAVOIR 5 : MAÎTRISE DE LA RÉGÉNÉRESCENCE
INTERCEPTION !
Retenez votre souffle pour ne pas être repéré. Sans crier gare, ouvrez
3
la cuve et retirez la loque de matrice délaissée, laissant ainsi
le blob sans solution de repli autre que le support de régénérescence.
Pour que votre trahison soit parfaite, au moment de remettre le
couvercle, laissez-le négligemment entrouvert. La petite entrée d’air
que vous venez de créer va permettre au support de régénérescence de
sécher progressivement.
Idéalement il faudrait qu’il s’assèche tout à fait en 1 jour et demi
(toujours sous obscurité). S’il sèche trop rapidement le blob n’aura
pas le temps de faire son sclérote et risque de mourir. S’il sèche trop
lentement, le blob aura le temps de ressentir trop fortement la faim
et risque d’enclencher une sporulation. Si votre blob sporule, vous
observerez alors plein de petites tiges séchées surmontées de petites
«graines» noires. Bien que le phénomène soit intriguant à observer,
vous ne pourriez ensuite plus ramener votre blob à la vie. Il vous
faudra recommencer le processus avec un autre morceau de blob.
Vous avez attendu les 24h et votre blob s’est progressivement
recroquevillé pour former une belle croute orangée relativement
homogène ?
Super, vous avez réussi ! Conservez votre belle au bois dormant dans
un endroit à l’abri de la lumière et de l’humidité (la température
importe peu). Vous pourrez réveiller le blob dès demain si vous le
souhaitez - ou bien dans un an ou deux - à votre guise.
Faire des sclérotes n’est pas une science exacte, il y a parfois
! des ratés même en respectant ces règles. Lancez-en plusieurs pour
avoir plus de tranquillité sur le fait d’en réussir un.
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SAVOIR 6
L’ÉPREUVE DU
LABYRINTHE
Le blob ? Vous n’êtes pas seul·e sur le coup. Un petit bataillon de scientifiques
entreprend déjà de percer ses mystères. Mais savez-vous vraiment ce qui les
intéresse ?
S’orienter et trouver le chemin le plus court, apprendre une compétence, la
mémoriser et s’en souvenir plusieurs jours après, la transférer à un autre
individu, avoir une stratégie de chasse différente en fonction de son biotope
d’origine, sonder les indices environnementaux et prendre une décision à
partir de l’expérience vécue par d’autres individus… pourtant dépourvu de
cerveau, le blob est un être unicellulaire exceptionnel.
Vous avez certainement, vous aussi, des questions à poser au blob…
Quelles nouvelles expériences allez-vous créer ?
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SAVOIR 6 : NOTIONS D’EXPÉRIMENTATIONS
L’EXPÉRIENCE DU LABYRINTHE
On aime tous les labyrinthes. Ils testent le sens de l’orientation, la
logique, la mémoire, la persévérance… Ils peuvent être considérés comme une
allégorie de la vie. Éminemment visuelle, l’expérience du labyrinthe nous
place dans la position d’un dieu observateur pour le blob. Vous connaissez
peut être l’une des plus célèbres expériences de labyrinthe sur le blob :
celle-ci teste sa capacité à trouver le chemin le plus court entre deux
sources de nourriture. Mais le labyrinthe contenu dans votre laboratoire de
poche teste quelque chose de nouveau…
LES PARAMÈTRES DE LA VIE
Il ne vous a pas échappé que si l’on coupe un blob en deux, on obtient deux
individus viables et distincts. Mais avez-vous réalisé, de ce fait, qu’ils
sont aussi parfaitement identiques génétiquement? Au sens le plus strict :
des clones véritables.
Intéressant, exaltant même. Obtenir des clones avec une telle facilité fait
rêver plus d’un scientifique ! Et vous pressentez bien que cette capacité
surhumaine permet de se poser de nouvelles questions. Par exemple :
Que se passe-t-il si deux organismes identiques font la course l’un contre
l’autre ?
Cela revient à se battre contre soi-même.
Feront-ils exactement la même performance ou est-ce que leurs choix et
leurs capacités pourraient diverger selon l’individu ? Si l’un des blobs
bat l’autre, peut-on dire que c’est une question de personnalité ou bien
d’environnements qui seraient alors peut-être légèrement différents ? Si
c’est dû à l’environnement, à quel point une «irrégularité», même minime,
de parcours peut provoquer un résultat de course totalement différent ? Et
si c’est la personnalité du blob qui diffère, comment se crée-t-elle ? Est-
ce qu’un environnement différent peut aboutir à engendrer des personnalités
différentes ?
Avec ce labyrinthe, on ouvre la porte à des questions qui ne se contentent
plus seulement de toucher le blob, mais le fonctionnement même de la vie.
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SAVOIR 6 : NOTIONS D’EXPÉRIMENTATIONS
La course des clones
PRÉREQUIS MATÉRIEL NÉCESSAIRE
Ayez un blob bien développé. Pour L’incubateur
faciliter la manipulation de votre La poudre de matrice
blob, affamez-le quelques temps Quelques particules de
afin qu’il prenne l’initiative croissance
d’explorer les parois du couvercle Un feutre marqueur
de la boîte. Le fait qu’il ne Et bien sûr, le labyrinthe !
soit plus accroché directement à
la matrice facilitera bien les
choses quand vous voudrez le
prélever.
PROTOCOLE
Pour faire un sclérote il faut faire sécher le blob petit à petit.
Commencez par payer un verre à l’incubateur et au labyrinthe :
1
stérilisez-les à l’alcool.
Coulez ensuite une fine couche d’environ 2 mm de matrice dans
2
l’incubateur et préparez-vous à agir avec rapidité et minutie.
Alors que la matrice est encore très chaude et liquide, déposez le
labyrinthe au centre de l’incubateur. Bien que vos couinements puissent
être divertissants, surveillez vos doigts. Refermez l’incubateur et
attendez 20 minutes que la matrice se gélifie.
Pourquoi 2 mm d’épaisseur, précisément ?
Vous commencez à connaitre le lascar… au moindre interstice, il choisira
le raccourci plutôt que le chemin balisé. En immergeant de moitié le
labyrinthe dans la matrice, vous scellez murs et sol ensemble. Toute
évasion par la base du labyrinthe est impossible car le blob ne sait
pas (encore ?) creuser. Mais... il sait escalader !
27
SAVOIR 6 : NOTIONS D’EXPÉRIMENTATIONS
Si la particule de croissance en vaut la chandelle, le blob est tout
à fait disposé à faire le mur. Pour la prochaine étape, prenez les
devants et armez-vous d’un marqueur.
Appliquez délicatement mais copieusement l’encre du marqueur sur
3
toutes les surfaces horizontales supérieures du labyrinthe. La
plupart des encres de marqueurs agissent comme un répulsif pour le
blob. Utilisez un marqueur et non un simple feutre qui n’a généralement
pas une très bonne efficacité.
Le labyrinthe est posé et vous avez repeint les murs ? Vous êtes
définitivement un architecte de talent.
4 Invitez maintenant votre blob à prendre part à l’expérience. S’il
est un peu nerveux à l’idée que l’on mesure ses compétences,
prenez le temps de lui expliquer que peu importent ses performances,
vous l’aimerez tout autant car vous le trouvez inconditionnellement
fascinant. Le voilà rassuré ?
5 Avec la spatule de séquençage stérilisée, raclez en douceur de
petites quantités de blob et déposez-les sur le départ de chacune
des pistes de course. En tant qu’arbitre, soyez fair play : prenez
garde d’ajouter des volumes équivalents de blob de chaque côté du
labyrinthe.
6 Une fois votre blob installé sur la ligne de départ, offrez-lui
une récompense à la hauteur de ses efforts en plaçant un petit tas
de particules de croissance à l’arrivée du labyrinthe.
Dernière ligne droite : refermez maintenant le couvercle et placez
7
le blob à l’intérieur de l’abri anti UV. Lancez le signal du départ
de la course. 3, 2, 1... Rampez !
A vos radars ! Devant une vitesse de pointe de 4 cm par heure, il
serait dommage de cligner des yeux...
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SAVOIR 6 : NOTIONS D’EXPÉRIMENTATIONS
CONCENTRÉ D’ESPRIT SCIENTIFIQUE
Une expérience est la formulation matérielle d’une question que l’on souhaite
poser à un organisme ou à un système. A travers les observations récoltées,
on tente de comprendre au mieux une réalité encore inconnue. Pour maximiser
les chances de se rapprocher de cette réalité et éviter les erreurs, les
scientifiques ont érigé au fil des années un certain nombre de règles.
Par exemple, lorsque vous décidez d’expérimenter une question : avant même
de lancer votre premier test, il est important d’y apporter soi-même une
réponse spontanée. Cette réponse sera votre hypothèse de départ. Par la
suite, les résultats de l’expérience viendront la valider… ou la contredire
- on a rarement la science infuse. Si vous êtes déçu·e, ne vous découragez
pas. Au contraire, cela mène bien souvent à de nouvelles hypothèses plus
intéressantes encore. Reformulez ou affinez votre hypothèse et testez-la de
nouveau.
Aussi, pour comprendre les causes et les conséquences d’un élément dans
une expérience, il ne faut tester qu’un seul changement à la fois, que l’on
nommera «variable». On doit comparer la situation particulière qui nous
intéresse avec la situation considérée comme standard, le «groupe contrôle»,
c’est-à-dire sur laquelle la variable ne s’exprime pas.
La science quantifie. Elle a besoin de données chiffrées pour analyser
avec précision. Réfléchissez à l’avance à la manière dont vous allez vous y
prendre pour récolter vos données afin de concevoir l’expérience en ce sens.
Lorsqu’un ensemble d’hypothèses est finalement validé, on l’élève au rang
de théorie. Une hypothèse ne saurait être tenue pour vraie par une observation
isolée. On parlera d’indice, tout au plus.
Pour prouver, il faut donc pouvoir répliquer. Sachez que plus une affirmation
est sensationnelle, plus il faut l’étayer par des preuves solides. C’est pour
cette raison que certaines expériences sur le blob sont répliquées jusqu’à
2000 fois si elles veulent avoir une chance d’être prises au sérieux par
une revue scientifique. Dans ce cas précis, il s’agissait de prouver que le
blob, un organisme unicellulaire, était capable d’apprentissage. Il y avait
effectivement de quoi faire du zèle sur les réplicas.
Vous semblez bien calme, seriez-vous perdu·e ?
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SAVOIR 6 : NOTIONS D’EXPÉRIMENTATIONS
Soyons honnêtes, il est peu probable que vous soyez en mesure de respecter
à la lettre chacune des règles énoncées, vous allez faire des erreurs,
particulièrement si vous vous apprêtez à lancer votre toute première
expérience. Devriez-vous pour autant renoncer à vous poser des questions et
à mener votre enquête ?
La dernière règle devrait vous donner la réponse…
Un·e bon·ne scientifique connaît et reconnaît les limites de ses propres
expériences. Le labyrinthe de la course aux clones, par exemple, a certainement
la faiblesse principale de l’ambition : il s’attache à une question très
vaste sur le fonctionnement du monde et devrait certainement décomposer
davantage les paramètres testés en de petites expériences plus simples.
Considérez-le comme une initiation.
Une initiation qui, nous l’espérons, vous mènera plus loin encore !
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MOT DE LA FIN
N’ayez pas peur de rêver sous prétexte que vos songes sont trop éloignés de
la réalité.
Avant d’apparaître aux yeux de tous, une connaissance était un résultat. Ce
résultat, une expérience. Cette expérience, une hypothèse, laquelle était au
tout départ… une intuition.
La science serait inefficace sans intuition. L’intuition serait invérifiable
sans la science.
L’intuition trouve, la science prouve. En prouvant, la science fédère, avec
des preuves tangibles, celles et ceux que l’intuition n’a su atteindre.
Elle peut aussi vous dire sans ménagement que vous faites fausse route.
Mais qu’importe, vous rebondirez.
Alors, allez-y… imaginez…
Et rappelez-vous : vous êtes seul·e responsable de votre curiosité.
Prenez-en soin.
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Textes et illustrations de Graphisme et mise en page de
MYLÈNE DURANT CHRISTOPHE GOUIX
Photographies de
MYLÈNE DURANT & CHRISTOPHE GOUIX
Avec la participation exceptionnelle de
NORA
Contact : [email protected]
Pour parfaire vos compétences de blobologiste, bricoler des engins et imaginer des
expériences incroyables, rendez-nous visite sur lelabodublob.com