Union-Discipline-Travail
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ANNEE SCOLAIRE
2022-2023
08/03/2023
TOURE KROUELE
ECOLE NORMALE SUPERIEURE D’ABIDJAN
Table des matières
I. LA FONCTION EPISTEMIQUE DE LA SITUATION D’ENSEIGNEMENT ................................................ 2
II. LA FONCTION EPISTEMIQUE DE LA SITUATION DE L’ENSEIGNEMENT............................................ 3
III. LA NATURE POLITIQUE DE L’ENSEIGNEMENT ............................................................................. 5
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INTRODUCTION
Le problème de l’éducation posée philosophiquement prend
trois orientations : l’anthropologique, l’épistémique et le politique.
Dans sa dimension anthropologique, la question de l’éducation
concerne l’homme perçu comme seul être susceptible d’instructions.
Au niveau épistémique, la problématique d’une philosophie de
l’éducation trouve son sens dans la transmission des normes et
valeurs indispensable à l’existence humaine.
Sur le plan politique, se posent les exigences de socialité, de
civilité et de citoyenneté, principes de base de la vie commune.
Ces trois dominantes de de la pensée éducative constituent le
socle de toute activité pédagogique et le sens de l’acte à lui accorder.
I. LA FONCTION EPISTEMIQUE DE LA SITUATION D’ENSEIGNEMENT
La dimension anthropologique de l’éducation laisse entrevoir
l’idée que l’homme ne peut devenir homme que par l’éducation.
L’être humain ne naît pas homme, il le devient au moyen d’une
utilisation rationnelle de la nature par la culture de l’éducation. De
tous les êtres vivants, l’homme est le seul susceptible d’instructions.
Pour Aristote, seuls les bêtes et les dieux n’ont pas besoin
d’éducation. Selon un proverbe bambara rapporté par Joseph Ki
Zerbo « l’individu ne naît pas tout fait. Contrairement aux animaux
qui sont à peu près entièrement équipés dès le départ. Il a besoin
d’être pris en charge afin de développer tout ce dont il est
susceptible.
Plusieurs raisons expliquent l’intérêt de l’éducation pour la
société. La première est d’ordre culturel.
La culture se définit comme l’ensemble des traits distinctifs de
groupe social. Elle englobe les modes de vie, les traditions et les
croyances. L’éducation est indispensable à la société parce qu’elle est
l’action par laquelle les adultes préparent l’action, le corp et l’esprit
des jeunes. La seconde raison de l’intérêt de l’éducation réside dans
l’idée de discipline. Elle se pose en termes de respect de règles
sociales.
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La vie en communauté est faute de lois. Laiquin définit ls codes
de vie : l’individu n’a ni le droit, ni la possibilité de faire ce qu’il veut.
Il est soumis à des exigences. L’éducation conduit à l’être humain à
régler ses rapports avec les autres selon la loi commune. La troisième
raison de l’intérêt de l’éducation se rapporte la perpétuation de la
vie.
La fabrication des armes de destruction massive fait peser le
risque d’une possible destruction du monde. L’éducation est
nécessaire parce qu’elle s’oppose à la désintégration de l’humain, elle
est somme toute, une affaire purement humaine.
Seuls les hommes ont besoin d’être éduqués. Pour s’approprier
les normes d’une collectivité, elle se révèle essentielle. Sa valeur
réside dans sa capacité à agir sur l’humain afin d’en faire un être
équilibré.
Les pratiques éducatives participent à la formation d’un sujet
libre, respectueux des principes de l’état. Elles garantissent la
prospérité en plus d’être la source de toutes les vertus. Elles
permettent à l’homme d’échapper à sa nature animale. Dans sa
fonction anthropologique, l’éducation se donne à voir comme une
exigence d’humanisation.
II. LA FONCTION EPISTEMIQUE DE LA SITUATION DE
L’ENSEIGNEMENT
La strate épistémique du continent éducatif se propose de
définir le statut de la situation de l’enseignement.
L’acte d’enseigner devrait il se réduire à une transmission
ininterrompue du savoir pour intégrer en son sein la formation à la
vertu ?
Qu’est-ce que l’enseignement ?
Quel devrait être le rapport de l’enseignement aux savoirs ?
Le mot « enseigner » provient du latin insignare, du verbe
insignire qui signifie marquer du fer.
L’enseignement est une action dont le but est de distinguer le
bien du mal, le vrai du faux. Pour Emile Littré, il s’entend comme la
transmission de compétences dans un domaine de connaissances.
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L’enseignement de fait n’a pas toujours été un métier noble. L’étude
de son développement dans le temps révèle que le percepteur était
l’esclave chargé de la surveillance des enfants du maître. Il était
commis à la surveillance du gentilhomme. Aujourd’hui, son statut a
changé. Il n’est plus l’esclave d’une famille, mais une personne dotée
de connaissance et pouvant la transmettre à d’autres. A ce niveau, la
relation d’enseignement suppose de la part de celui qui enseigne un
minimum de connaissances (savoirs) afin que son autorité ne soit
mise en cause lors de la situation d’apprentissage. L’instructeur est
tenu de se documenter car avec l’évolution actuelle du monde, les
connaissances deviennent vite caduques.
Pour Olivier Reboul, seul ce qui unit et libère mérite d’être
enseigner. Tout enseignement devrait avoir pour socle l’unité
nationale. Sa mission devrait être de lutter contre les maladies de la
société : fondamentalisme, intégrisme, impérialisme, nihilisme,
pessimisme.
Le propre de la connaissance est de libérer l’homme de la peur
de l’existence en apportant aux questions métaphysiques qu’il se
pose des solutions.
Par ailleurs, tout individu peut être distingué à la lumière de
son enseignement.
Pour certaines cultures, il suffit d’entendre une personne pour
la connaître. Cette vérité impose à l’enseignant d’être sobre dans sa
pratique. Il a un rôle sacré car c’est à lui qu’est confié de transmettre
à la prospérité les normes sociales.
Il doit pour cela faire preuve d’exemplarité puisque le premier
devoir de celui qui prétend diriger la conduite des autres est de
tâcher de voir clair en lui-même.
Au total, les risques de dislocation de la société ainsi que de la
dépravation des mœurs révèlent la nécessité d’accorder à la
transmission de connaissances disciplinaires la même importance
que la formation à la vertu.
Le monde actuel est confronté à une crise de sens, résultat de la
rupture Homme-Nature. Entre effritement du sens et des valeurs de
l’humanité vit une crise profonde de la civilisation. Celle-ci ne peut
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être perçue au sens de rupture de la transmission. Elle ne se rapporte
pas uniquement à la politique et de la culture. Elle concerne le
monde dans sa vitalité.
Face à cette situation se pose l’exigence d’une réorientation de
la formation vers les valeurs au fondement de la dignité humaine :
socialité, moralité, citoyenneté.
III. LA NATURE POLITIQUE DE L’ENSEIGNEMENT
De quoi s’agit-il lorsqu’il est question au niveau politique
d’éduquer ?
S’agit-il de former à la civilité, d’introduire à la socialité ou
d’amener l’individu à la citoyenneté ?
Pour Marie Claude Blai, il s’agit d’un peu de tout cela à la fois.
Le sens est clair. Est civil ce qui s’oppose à la barbarie, à l’inculte.
La civilité qualifie toute manière de vivre, d’agir, de parler qui
suppose contrôle de soi, maîtrise des instincts.
Elle constitue un idéal d’humanité appelé à régir le
comportement des autres à l’égard d’eux-mêmes et de leurs rapports
avec leurs semblables.
S’opère dans la civilité le passage de la brutalité à la
bienveillance envers autrui. Quant à la socialité, elle est un principe
qui ouvre au sens de la coexistence. Elle est composée de quatre
principes :
❖ L’intériorisation aux normes sociales.
❖ L’apprentissage de la vie en commun.
❖ L’accès à la culture au groupe.
❖ La subordination de ses intérêts à ceux du groupe.