N°9 Octobre 2021 L’Essentiel droits africains des affaires
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200i0 Côte d’Ivoire : suspension d’un arrêt de la CCJA par la Cour de cassation
• Cass. ass. plén., 23 févr. 2021, n° 183/21
Sur le fondement du droit national, la Cour de cassation ivoirienne « suspend » un arrêt de la CCJA en invoquant le trouble à
l’ordre public économique et social.
On aurait pu penser que l’époque était révolue où les cours suprêmes nationales résistaient à l’autorité de la CCJA en ce qui concerne
les matières relevant de sa compétence. Cependant, la Cour de cassation ivoirienne vient nous rappeler que c’était un faux et vain
espoir. En effet, dans sa décision du 23 février 2021, elle « suspend » purement et simplement un arrêt de la CCJA (CCJA, 3e ch.,
28 mai 2020, n° 199/2020) sur le fondement de l’article 66 de la loi n° 2018-977 du 27 décembre 2019 sur la Cour de cassation.
En l’espèce, la cour d’appel d’Abidjan a condamné une société (tiers saisi) à payer à un créancier saisissant une importante somme
d’argent en paiement des causes d’une saisie-attribution. Saisie par la société, la CCJA a rejeté le pourvoi, rendant ainsi la décision
de la cour d’appel exécutoire.
C’est ainsi que le procureur général près la Cour suprême de Côte d’Ivoire, au nom de la société, tiers saisi, a introduit une requête
auprès de la Cour de cassation aux fins de suspendre l’arrêt de la CCJA en invoquant « le trouble à l’ordre public, notamment en
matière économique ». La Cour de cassation ordonne la suspension des arrêts de la cour d’appel d’Abidjan et de la CCJA sous le
visa de l’alinéa premier de l’article 66. Selon la Cour de cassation, se fondant sur des circonstances de fait, il y a trouble à l’ordre
public économique et social à exécuter ces décisions.
En définitive, que retenir de cette espèce ? D’abord, qu’à partir des dispositions du droit national, les cours suprêmes nationales
peuvent désormais neutraliser les arrêts des hautes juridictions supranationales et même nationales. Ensuite, qu’en matière de
saisie-exécution, le débiteur peut se réfugier derrière le « trouble économique et social » qu’engendrerait l’exécution de la décision
le condamnant aux causes de la saisie pour éluder le paiement.
Ces conséquences de l’arrêt n’ont certes pas été les effets recherchés, mais sont inéluctables qu’elles qu’aient été les causes
profondes la motivant. Une réaction rapide et énergique des instances de l’OHADA et particulièrement de la CCJA devrait être
apportée à ces coups de boutoir des hautes juridictions nationales.
Bachir Talfi Idrissa, agrégé des facultés de droit, professeur à la faculté des sciences juridiques et politiques de l’UAM de Niamey
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200i1 Cameroun : vers un accord de partenariat économique Camerouno-
britannique
• L. n° 2021/001, 16 avr. 2021, portant ratification de l’ordonnance n° 2021/001 du 19 janvier 2021 portant prorogation, à l’égard du
Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, des effets de l’accord de partenariat économique Cameroun-UE
Après le Brexit, de nouveaux accords sont nécessaires afin d’étendre, à l’égard du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande
du Nord, le bénéfice de l’accord de partenariat économique Cameroun-UE.
Venus remplacer les accords ACP-UE dont l’expiration définitive est fixée au 30 novembre 2021, les accords de partenariats
économiques sont en cours de négociation entre la CEMAC et l’UE. Dans ce sens, un accord d’étape vers un accord de partenariat
économique entre l’Union européenne et ses États membres, d’une part, et la partie Afrique centrale, d’autre part, a été signé le
18 février 2019. Ces initiatives visent l’aménagement d’une coopération commerciale de libre-échange entre ces communautés et
leurs États membres.
Le retrait définitif du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord de l’Union européenne le 31 janvier 2020 a modifié la
situation juridique de ce pays, lequel perd alors le bénéfice des accords signés par l’Union européenne, y compris l’accord d’étape
susmentionné.
À titre de régularisation, le Président de la République du Cameroun, par ordonnance n° 2021/001 du 19 janvier 2021, a prorogé
pour une durée de 6 mois à l’égard du Royaume-Uni les effets de l’accord de partenariat économique Cameroun-Union européenne
et ses textes d’application.
Cette loi de ratification intervient assez tardivement, en avril 2021. L’ordonnance de janvier 2021 aura cependant permis de combler
un vide juridique, le temps d’achever le processus de formalisation d’un accord bilatéral entre le Cameroun et la Grande-Bretagne.
En effet, le 28 décembre 2020, ils signaient un protocole d’entente concernant les arrangements pour l’application d’un accord de
partenariat économique intérimaire (APEi).
Et le 9 mars 2021, le Cameroun et la Grande-Bretagne finalisaient sur le plan diplomatique un accord de partenariat économique
bilatéral. Au regard de la célérité des négociations, cet accord ne devrait pas tarder à entrer en vigueur, compte tenu de l’ancienneté
et de l’intensité du flux commercial entre ces deux pays.
Marie-Colette Kamwé Mouaffo épouse Kengne, maître de conférences à l’université de N’Gaoundéré (Cameroun)
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