Ministère de l’Enseignement Supérieur REPUBLIQUE DU MALI
et de la Recherche Scientifique Un Peuple - Un But - Une Foi
**********
Institut Polytechnique Rural de
Formation et de Recherche Appliquée
''IPR - IFRA''
SYLVICULTURE
GENERALE
Recueil de Cours
LICENCE
Présenté par :
Abraham Z DIARRA
Juillet 2024
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SOMMAIRE
I. INTRODUCTION
1. Objet de la matière
2. Définition
3. Évolution des superficies forestières
4. Utilités de la forêt
- fonction biologique
- fonction de production
- fonction de services
- fonction sociale
II. ANALYSE DE LA FORET
1. Les arbres forestiers
2. Classification des arbres forestiers
3. Le peuplement forestier
- notion de peuplement
- forme et composition
- consistance des peuplements
4. Croissance et évolution des peuplements
5. Avantages des différents types de peuplements
III. AMELIORATION DE LA FORET
1. Objectifs
2. Les éclaircies
- définition
- les différents types
- choix des arbres
- influence sur la croissance du peuplement
IV. REGENERATION NATURELLE DE LA FORET
1. Notion de régénération
2. La régénération naturelle
3. Comparaison des différentes formes de régénération
4. Appréciation de la régénération
5. La régénération naturelle assistée
- méthode de régénération par coupe unique
- méthode de régénération par coupes progressives
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- méthode de régénération par coupes jardinées
V. REGENERATION ARTIFICIELLE DE LA FORET
1. Les semences forestières
- importance de la production de semences
- les provenances
- les semenciers
- récolte des semences
- caractérisation des semences
- traitement et conservation des semences
- contrôle et certification des semences
2. La pépinière
- définition
- organisation du territoire
- préparation du sol
- les facteurs de la production
- approvisionnement en semences et pré-traitement
- production de plants à racines fermées
- les semis
- entretien des semis
- inventaire des plants
3. Le reboisement
- choix du terrain et de l’espèce
- préparation du terrain
- plantation
- entretien des reboisements
VI. LA PROTECTION DES FORETS
1. Introduction
2. Protection des forêts contre les facteurs défavorables
- les facteurs abiotiques défavorables
- les facteurs biotiques défavorables
- les facteurs anthropiques
- Pratiques sylvicoles de lutte contre les feux de forêts
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I. INTRODUCTION
1.1. Objet de la matière :
Le nom sylviculture est composé du mot latin ‘’silva’’, c’est-à-dire forêt et du mot cultura, c’est-
à-dire culture – ensemble des opérations concourant à produire du sol les végétaux ligneux
utiles aux communautés humaines.
La sylviculture est donc une science complexe qui inclut la biologie et l’écologie de la forêt,
son exploitation, peuplements hautement productifs, la protection des forêts.
Ainsi, l’objet de la sylviculture est l’étude, l’exploitation rationnelle et la protection des
forêts.
La forêt joue un grand rôle dans la vie de l’homme et cela depuis ses origines.
1.2. Définition :
<<Nous n'héritons pas la forêt de nos ancêtres, nous l'empruntons à nos enfants>>
On arrive à la nécessité de définir la forêt. A première vue, on serait tenté de dire que la forêt,
comme le qualifie le dictionnaire, est une étendue peuplée d’arbres. Cette définition est
incomplète, car <<l’arbre ne doit pas cacher la forêt >>, parce que cette dernière est davantage
autre chose qu’une somme d’arbres. La définition de la forêt doit inclure le milieu écologique
parce que un arbre poussant en liberté n’a pas le même aspect qu’un arbre de même âge
poussant en forêt. Ces deux arbres différeront par la taille, la forme du houppier, l’élagage du
tronc.
Si les arbres sur un territoire sont espacés de sorte que leurs feuillages ne se touchent pas,
dans ce cas, il n’y a pas formation des conditions forestières.
Dans l’idéal, donc, la forêt est une communauté d’arbres qui se touchent par leur cime ou leur
système racinaire. Le fait de se toucher rend possible l’interaction des individus, menant à des
phénomènes impropres aux arbres poussant librement. Dans la forêt, il n’y a pas seulement
interaction entre les arbres, mais il y a aussi interaction avec le sol, les animaux, l’atmosphère.
Des définitions variées de la forêt ont été données par de nombreux auteurs. Beaucoup de ces
définitions analysent la relation forêt-milieu de façon unilatérale, alors qu’autant la forêt agit sur
le milieu, autant le milieu à son tour détermine l’évolution de la forêt.
Ainsi, la définition complète de la forêt est la suivante:
<< la forêt est une communauté d’arbres, d’arbustes, d’herbes, d’animaux et de
microorganismes, biologiquement liés dans leur évolution, jouant les uns sur les autres
et réagissant avec le milieu environnant>>.
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La forêt possède trois caractères principaux :
1. L’interaction* des espèces végétales. Cette interaction est soit bienfaisante, soit
malfaisante.
2. L'interaction avec le milieu. Les composantes de la forêt, tout en étant dépendants du
milieu, agissent sur ce même milieu, créant leur microclimat spécifique et déterminant les
phénomènes pédologiques.
3. La forêt est capable de se reconstituer, assurant la continuité des générations et des
espèces.
* Les interactions peuvent être positives ou négatives. On dit que l'interaction est complémentaire
si la présence d'une composante augmente le rendement de l'autre et compétitive si la présence
de l'une réduit le rendement de l'autre. L'interaction est neutre (ou supplémentaire) si aucune des
composantes n'est affectée par l'association avec l'autre. Les principales interactions écologiques
concernent le climat (lumière, température, humidité, vent), le sol (matière organiques, nutriments,
érosion), les ressources biotiques (végétation et animaux) et l'espace disponible pour la
croissance.
1.3. Evolution des superficies forestières:
La FAO dirige l'action mondiale pour améliorer les connaissances en matière de foresterie et
forêts. Depuis 1946, elle coordonne les évaluations des ressources forestières mondiales qui
ont lieu tous les 5 à 10 ans.
Les forêts couvraient à peu près 1/3 de la superficie de la Terre, soit près de 4,12 milliards d’ha
(32%). Cette superficie boisée est inégalement répartie entre les continents. La répartition est la
suivante (en millions d’ha) :
Tableau 1. Répartition des forêts par continents et évolution (en millions d’ha).
Continents 1960 2005 Différence
Amérique 1 764 1 538 - 226
Europe 1 051 1 001 - 50
Afrique 753 635 -118
Asie 520 572 +52
Océanie - 206 -
Total 4 120 3 952
La superficie forestière mondiale, comparée à sa population, correspond à un taux de 0,62 ha
par habitant.
Le pays le plus forestier est la Fédération de Russie avec 791,6 millions d’ha. Elle totalise à elle
seule 22% des superficies forestières de la planète et 33% des réserves de bois, la majeure
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partie desquelles se trouvent concentrées en Sibérie. D’autres pays disposent de grandes
réserves de forêts.
En Afrique, le plus grand pays forestier est la RDC dont les réserves sont en constante
dégradation. Pour preuve, de 135,2 millions d'ha en 2001, la superficie forestière est passée à
134 millions en 2005 soit une diminution de 1,2 millions d'ha en 4 ans (FAO, 2005).
Les forêts tropicales humides sont réparties dans trois principaux blocs: 12% en Afrique, dont
11% pour le seul bassin forestier du Congo (2 millions de km2), 25% en Asie et 63% en
Amérique latine, dont la majeure partie relève du bassin de l'Amazonie (3,7 millions de km2. La
forêt du Bassin du Congo est la deuxième grande forêt tropicale du monde. Sa superficie est
répartie entre six pays : Cameroun, RCA, RDC, Guinée Équatoriale, Gabon et République du
Congo.
La superficie forestière du Mali n’est pas connue avec précision.
D’après les données de l’inventaire forestier national de 1985-1991, cette superficie est estimée à
32,6 millions d’ha et concerne les 5 premières régions du pays.
Il n’y a pas de données sur la superficie réellement boisée. Cette superficie boisée subit une
dégradation constante, ce qui a fait passer la superficie des forêts classées de 4,475 millions
d’ha en 1960 à 1 million en 1980.
On dénombre aujourd'hui 951 970,44 ha de forêts classées soit moins de 1% de la superficie du
pays (DNCN, 2005).
Il y a 113 forêts classées au Mali dont la plupart ont été classées à l’époque coloniale.
Il y a seulement 17 forêts dont le classement est intervenu entre 1986 et 1987 dans la région
de Sikasso.
Il faut aussi souligner les réserves de faune, qui sont des domaines classés et qui ont le même
statut que les forêts classées. Il y a au total 22 réserves de faune pour une superficie totale de 8
444 428 hectares.
1.4. Utilités de la forêt:
L’utilité de la forêt dans la vie des hommes revêt deux aspects: la forêt comme source de biens
matériels et comme source de services.
1.4.1. La forêt – source de biens matériels ou fonction de production :
Les forêts constituent la source principale de bois et d’autres ressources qui, en dépit du
développement de l’industrie des produits de substitution (plastique, métal, etc.), font l’objet
d’une demande croissante. D’après les données de la FAO, la production mondiale de bois en
1970 a été de 2,3 milliards de m 3 qui va croître jusqu’à 4-5 milliards de m 3 en 2000. En plus du
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bois, la forêt offre des produits de cueillette, du fourrage, des médicaments, de la viande, du
miel, etc.
1.4.2. La forêt - fonction de services:
La forêt a une fonction de protection de plus en plus reconnue, ayant une importance
exceptionnelle pour les communautés, mais dont les bienfaits échappent pour la plupart à
l’évaluation économique. Ce sont la protection des sols contre l’érosion hydrique et éolienne,
la régulation du régime des eaux et la protection des berges des cours d’eau, la protection des
établissements humains contre les aléas climatiques, la purification de l’atmosphère, la
fonction esthétique, la conservation de la biodiversité.
Lors de la photosynthèse, les plantes vertes absorbent du CO2 et dégagent de l’oxygène
1.4.3. La forêt lieu privilégié de manifestations socioculturelles ou fonction sociale :
La forêt, en plus de sa fonction de protection, très importante pour la société, est un cadre de
détente pour les populations. Les arbres embellissent les paysages et contribuent de ce fait à la
santé psychologique de leurs habitants. C’est pour leur valeur esthétique et récréative que les
arbres, les forêts et les parcs sont le plus appréciés par les citadins.
Enfin, la forêt a un autre rôle social qui consiste à être le refuge des populations en cas de
conflit armé.
<< Jamais la nature ne nous trompe; c'est nous qui nous trompons >>
Jean-Jacques Rousseau
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II. ANALYSE DE LA FORET:
2.1. Les arbres forestiers:
Les différentes zones climatiques, à la surface du globe, sont caractérisées chacune par des
aspects différents de la végétation. On distingue ainsi, en allant des pôles Nord ou sud vers
l’équateur:
1) La zone polaire: absence de végétation, présence par endroits de tapis de mousses et
de lichens.
2) La zone tempérée avec:
- du côté polaire: des forêts de conifères à aiguilles persistantes;
- du côté tropical: des forêts de feuillus perdant les feuilles pendant la saison froide.
3) La zone tropicale avec une bande de végétation formée d’arbustes ou d’arbres souvent
épineux. A la suite de cette zone s’étend la zone de savane caractérisée, en général,
par des arbres et arbustes peu élevés, perdant les feuilles en saison sèche, groupés en
petites forêts (forêts denses sèches), le plus souvent dispersés dans un tapis continu de
graminées.
4) La zone équatoriale: comprise entre les tropiques et de part et d’autre de l'équateur,
avec des forêts de feuillus sempervirents de composition hétérogène, par opposition aux
forêts ‘’homogènes’’ des zones tempérées, car groupant un très grand nombre
d’espèces sur de petites surfaces. C’est la zone de forêt dense humide.
Ainsi, un arbre est une plante ligneuse de grande taille non ramifié à la base et atteignant
7m de hauteur. La différentiation entre les arbres se faisant en fonction de la taille. On distingue
les arbres, les arbustes, les arbrisseaux avec la différentiation en grand, moyen et petit. On
propose l’échelle suivante en se référant à la zone de forêt dense :
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Classification des arbres
Petit arbuste 1 à 2 m de hauteur totale
Arbuste moyen 2 m de hauteur totale à 10 cm de diamètre
Grand arbuste 10 cm à 20 cm de diamètre
Petit arbre De 20 à 50 cm de diamètre et 7m de hauteur
Arbre moyen De 50 à 100 cm de diamètre
Grand arbre Plus de 100 cm de diamètre
*Selon le guide de dendrologie (T.1, 1987) l’arbuste est un végétal ligneux à tige unique, différenciée ne pouvant pas
atteindre 7m de haut. L’arbrisseau est un végétal ligneux ramifié dès la base avec une hauteur inférieure à 4m.
L’arbre se compose d’une partie aérienne et une autre souterraine. Le tronc ou fût, de forme
cylindro-conique, plus ou moins élevé se ramifie en branches (fourches). Ces branches elles-
mêmes se subdivisent en rameaux portant les feuilles caduques pour les feuillus ou
persistantes pour la plupart des résineux. L’ensemble de ces branches et rameaux constituent le
houppier ou cime avec différentes formes: en boule, cône, fuseau plus ou moins régulier. La
base du tronc est appelée patte.
2.2. Classification des arbres forestiers :
Une observation, même sommaire, d’une forêt permet de se rendre compte que les différents
arbres la composant diffèrent par la taille du tronc, la forme et les dimensions du houppier à
l’intérieur d’une même variété botanique.
Les raisons sont multiples: les facteurs génétiques irréguliers, l’influence variable du milieu,
etc. la différentiation des espèces obéît à la loi de la probabilité.
- Classe I: les arbres les plus grands et les plus gros avec un houppier bien développé, leur
hauteur dépasse 1,2 à 1,3 fois la hauteur moyenne de l’étage. Ils fructifient très bien.
- Classe II: comprend les arbres bien développés avec une hauteur dépassant 1,1 fois la
hauteur de l’étage. Ils fructifient bien.
- Classe III: comprend les arbres moyens (0,9-1,05 fois la hauteur moyenne et 0,33-0,35 fois
la capacité de fructification des arbres de la classe I).
- Classe IV: comprend les arbres du sous-bois et les individus attardés dans leur croissance.
En règle générale, ils ne fructifient pas. On distingue deux sous classes (IVa – avec une
cime uniformément développée et IVb – avec une cime au développement asymétrique).
- Classe V: comprend les individus complètement attardés dans leur croissance avec deux
sous classes (Va – en état de mort, mais encore vivant, et Vb – les arbres morts sur pied).
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Dans le processus de différentiation a lieu souvent un renversement de situation faisant que
certains arbres de la classe I dans le peuplement jeune se retrouvent à la maturité dans les
classes III ou IV ou même meurent pour des raisons variées.
2.3. Le peuplement forestier:
2.3.1. Notion de peuplement forestier:
Pour bien appréhender la notion de peuplement, il est utile de rappeler la notion de station : <<
la station est une étendue de forêt (arbres) homogène dans ses conditions écologiques et son
peuplement, dans laquelle le forestier peut pratiquer la même sylviculture et espérer une même
production >>.
Un peuplement est composé d’un ensemble de stations différant par les conditions de
croissance qui laissent leur marque sur le caractère des composantes de la station.
2.3.2. Forme et composition des peuplements forestiers:
2.3.2.1. Composition des peuplements : On entend par composition d’un peuplement la
proportion de chaque espèce dans le peuplement. Tout peuplement est composé d’un ensemble
d’arbres. L’ensemble des grands arbres du peuplement forment la futaie. Ces arbres peuvent
avoir différentes hauteurs en fonction de quoi le peuplement peut être simple (composé d’un
seul étage) ou complexe (ayant 2 ou 3 étages ou strates).
Du point de vue de la composition floristique (essences), les étages, comme les peuplements
peuvent être purs (une seule essence) ou mélangés ou mixtes (plusieurs essences).
Comme caractéristiques du peuplement, on détermine sa composition en essences (essence
dominante, principale), l’âge, la hauteur moyenne, le diamètre moyen, la densité, la surface
terrière, le volume:
- Essence dominante : est l’essence qui occupe la plus grande part du volume du
peuplement. Il arrive que l’essence dominante soit déterminée du point de vue de la
hauteur – l’essence comportant les plus grands arbres du peuplement.
- Essence principale : est déterminée à partir des objectifs de la production qu’on s’est fixée.
L’essence principale est l’essence ayant la plus grande valeur économique dans les
conditions données. Dans une formation naturelle, l’essence principale n’est pas forcement
l’essence dominante.
- Age du peuplement (t) : exprimé en années complètes, il constitue le nombre de saisons de
végétation qui se sont écoulés depuis la mise en place des plants sur la parcelle. Dans le
cas de peuplements naturels, la détermination de l’âge est compliquée à cause du fait que
ces peuplements sont composés de sous populations d’âge et de tailles très divers. Si
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l’étude de la croissance par l’examen des cernes en zone tempérée est facile, de
nombreuses essences forestières tropicales de valeur ne forment pas de cernes annuelles
reconnaissables de façon très nette et facile. Un peuplement composé d’arbres de même
âge est dit équienne. Dans le cas contraire, si les arbres le composant n’ont pas le même
âge, il est dit inéquienne.
- La surface terrière : est la somme des sections transversales à la hauteur 1,3 m (ou à 0,3
m au-dessus des contreforts) de tous les arbres du peuplement. Elle s’exprime en mètres
carrés à l’hectare par la formule :
G = ∑ C2/4∏ ;
Avec C – circonférence à 1,3 m
La surface terrière est une valeur très importante utilisable pour suivre l’évolution du peuplement
dans son ensemble. Elle permet la comparaison rapide de différents peuplements. Le
ralentissement de sa croissance traduit la saturation de la capacité de production de la
plantation et induit une intervention sylvicole.
- La hauteur du peuplement (H) : exprime la hauteur totale de l’arbre moyen de ce
peuplement ou arbre de surface terrière moyenne dont la section transversale est égale à
G /N.
- Le diamètre du peuplement (d) : correspond au diamètre de l’arbre de surface terrière
moyenne.
- Le volume sur pied du peuplement (V) : correspond au volume cumulé de tous les arbres
vivants du peuplement ramené à l’hectare. Pour estimer le volume d’un peuplement, on peut
évidement mesurer directement le volume de chaque arbre et faire la somme de tous ces
volumes. C’est un procédé très fastidieux, aussi, on a recours aux tarifs de cubage. Un tarif
de cubage est un tableau chiffré ou un graphique qui donne une estimation du volume d’un
arbre ou d’un ensemble d’arbres en fonction de diverses variables qui sont les entrées du
tarif. Ces entrées sont des caractéristiques de l’arbre (d, H) ou du peuplement (G, H, d) plus
facilement mesurables que le volume lui-même.
- Accroissement moyen annuel (lm) : correspond à une production moyenne annuelle
depuis la première année d’existence du peuplement. Lm = V/t
- Accroissement courant annuel (lc): est la production annuelle du volume d’une période
précise de la vie du peuplement couvrant une ou plusieurs années.
- Densité du peuplement (N) : c’est le nombre de tiges sur pied ramené à l’hectare. Selon la
densité des arbres, on distingue des peuplements comprimés, normal, léger, lâche, aéré et
clairière.
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2.3.2.2. Les composantes du peuplement : dans un peuplement on distingue, à part la futaie
elle-même, les composantes suivantes:
a) Le semis :
Le semis représente la jeune génération des arbres poussant sous le couvert de la futaie et qui
en cas de coupe de celle-ci, est capable de former une nouvelle futaie. Le semis est composé
d’arbres de jeune âge (3-5 ans) avec une hauteur inférieure à 0,25H de la futaie. Les arbres
supérieurs à 0,25H de la futaie sont délimités en une 2-e strate.
b) Le sous-bois : c’est l’ensemble des arbres et arbustes en croissance sous la futaie et
incapable de former une futaie dans les conditions données. C’est l’un des bas étages du
peuplement.
Le sous-bois joue un certain rôle dans la vie du peuplement : la protection du sol sous futaie
dispersée, l’enrichissement du sol en éléments nutritifs, la création de meilleures conditions de
nidification et de cache des animaux, la protection du sol après la coupe de la futaie.
c) Le tapis vivant : c’est l’ensemble des herbes, mousses et lichens couvrant plus ou moins
uniformément le sol. Ils jouent le rôle d’indicateurs des conditions de croissance (fertilité et
humidité du sol), donnent une production (nourriture, fourrage), mais en cas de croissance
dense, le tapis vivant empêche la germination des graines et l’enracinement des jeunes pousses
des essences de valeur.
d) La litière : c’est le dépôt à la surface du sol des chutes végétales (feuilles, branches, etc.) se
trouvant dans un état variable de décomposition. La litière joue un grand rôle dans le
métabolisme entre le peuplement et le sol. La litière permet le retour au sol d’une partie des
substances nutritives, prélevées par les arbres.
La litière est une réserve de substances nutritives pour le peuplement, elle absorbe les eaux de
ruissellement et ainsi, empêche le lessivage des sols. Cependant, une litière trop épaisse
empêche la régénération du peuplement et augmente la quantité de matières inflammables, ce
qui accroît les risques de feu de forêt.
e) Le sol : c’est l’élément de base du peuplement à partir duquel il se forme. Sans sol, il n’y a
pas de forêt. Les caractéristiques du sol comme le type, la quantité d’humus, l’humidité ont un
impact considérable sur le caractère du peuplement. Ceci est facilement observable dans
n’importe quel peuplement concret, où sur une superficie, par exemple, 10 x 10 km et où la
luminosité, la pluviométrie et la composition de l’air sont les mêmes. Sur ce territoire, la
croissance et la productivité des peuplements en présence seront différentes.
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Du sol le peuplement en croissance prélève une partie importante des substances nutritives
nécessaires: l’eau, les substances minérales.
2.3.2.3. Stades de développement du peuplement:
De sa naissance à sa disparition le peuplement traverse diverses stades d’évolution :
- le semis: comprend les plantules et les semis jusqu’à une hauteur de 20-30 cm. Cet état
représente la phase d’installation de la jeune forêt pendant laquelle les arbres consacrent
leur force à développer leur système racinaire. Elle se caractérise par la forte concurrence
des jeunes arbres avec la végétation adventice.
- le recru: est constitué des jeunes arbres dépassant la strate herbacée, mais inférieurs à 1,3
m.
- le fourré: les jeunes arbres ont un diamètre compris entre 0 et 10 cm. C’est le stade, où
l’état de massif étant atteint, débute la compétition au sein du collectif. C’est le début de la
fermeture du couvert et on distingue dans les rapports entre les arbres la concurrence (lutte
entre les jeunes arbres et la végétation non arborescente) et la compétition (lutte entre les
arbres du peuplement).
- le perchis: à ce stade, le diamètre des arbres varie entre 10 et 30 cm. On distingue le bas
perchis (10 < d < 20 cm) et le haut perchis (20 < d < 30 cm). C’est la phase de la plus forte
élongation des arbres et donc de la compétition. Comme conséquence, on observe une
hiérarchisation sociale plus marquée et le dessèchement des branches basses (début de
l’élagage naturel). Pour les éléments socialement inférieurs, la compétition aboutit à leur
disparition naturelle.
- la futaie: se distingue à partir du diamètre 30 cm. Selon l’état de développement, on
distingue la jeune futaie (30 < d < 40 cm); la futaie moyenne (40 < d < 50 cm) et la vieille
futaie ou futaie pleine (d > 50 cm). A ce stade, la stature des arbres augmentant,
apparaissent les risques de dégâts sous l’effet des tempêtes (bris de tiges ou
renversement).
- On appelle révolution le temps que prend l’accomplissement complet du cycle de vie du
peuplement:
2.3.2.4. Hiérarchie sociale dans le peuplement:
Dans le peuplement les arbres se répartissent selon leur position en prédominants, dominants,
codominants, dominés et surcimés, la densité jouant un rôle fondamental.
2.3.3. Consistance des peuplements forestiers – alternance des essences:
La consistance des peuplements correspond à leur capacité à conserver leur composition
floristique pendant une période plus ou moins longue. En effet, sur un territoire concret donné
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occupé par un peuplement pendant 80-400 ans, l’essence dominante peut changer d’une
espèce à une autre. Par exemple dans une forêt dense sèche quand Isoberlinia doka, Afzelia
africana et Khaya senegalensis cèdent le pas à Byturospermum paradoxa et parkia
biglobosa moins exigeants quant à la pluviométrie.
Cette évolution de la composition floristique s’effectue progressivement en fonction de
l’évolution des conditions de croissance.
L’alternance des essences forestières peut s’analyser de deux points de vue: biologique et
économique.
Du point de vue biologique, l’alternance des espèces est utile car leur effet est analogue à
celui des rotations agricoles. En effet, la monoculture sur la même surface conduit à
l’épuisement du sol et à la baisse de la production, et les agriculteurs consciemment alternent
les cultures. Ainsi, la production de peuplements purs sur la même surface pendant plusieurs
générations conduira au même phénomène que dans le cas de la monoculture agricole.
Cependant, l’introduction de la rotation dans la foresterie est compliquée à cause de la longueur
des délais, contrairement à l’agriculture qui a affaire avec les plantes saisonnières.
Du point de vue économique, l’alternance des essences peut-être profitable ou non. N’est pas
profitable l’alternance des espèces de grande valeur par d’autres ayant moins de valeur.
La contradiction entre les aspects biologiques et économiques de l’alternance des essences
forestières se résout par la formation de peuplements mixtes dans lesquels l’épuisement du sol
par une espèce est compensé par la présence d’autres.
2.4. Croissance et évolution des peuplements:
2.4.1. Notion de croissance :
La croissance est l’augmentation des dimensions des arbres avec l’âge tandis que l’évolution
qualifie les phases de changement qualitatif des arbres. La distinction entre croissance et
évolution est assez relative car il n’y a pas de croissance sans évolution et vice versa. L'arbre
grandit en hauteur et en épaisseur. La croissance en hauteur se fait grâce au bourgeon
terminal. La croissance en diamètre concerne la totalité de l’arbre, à tous les niveaux et
pendant toute sa vie. Le tronc et les branches sont couverts d’une assise génératrice ou
cambium. Cette assise génère vers l’extérieur un ensemble de cellules qui constituent l’écorce,
et vers l’intérieur celles qui constituent le bois.
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Grâce aux saisons, il est possible de déterminer de façon précise l’âge des arbres. En effet, les
saisons provoquent une croissance irrégulière des arbres.
Au cours de la croissance du peuplement, on observe une augmentation des dimensions des
arbres le composant et de leur influence les uns sur les autres. Après la fermeture du couvert ou
l’entrée en contact des racines, les arbres commencent à agir les uns sur les autres et sur leur
environnement (sur le couvert herbacé, sur le sol, la litière se forme).
2.4.1. Croissance et évolution des peuplements équiennes:
L’analyse de l’évolution et de la croissance des peuplements équiennes permet de faire les
observations suivantes:
- la plus forte croissance en hauteur s’observe dans la jeunesse, de la fermeture du couvert à
l’âge de la fructification massive, ensuite les pousses diminuent. A la maturité, les pousses
en hauteur ralentissent sensiblement et à la vieillesse sont quasi nulles.
- La croissance en diamètre continue jusqu’à la mort avec une intensité plus grande à la
maturité.
- Le volume de bois augmente jusqu’à la mort du peuplement car tant qu’il y a des arbres
vivants leur volume augmente.
- Au cours de l’évolution dans le peuplement a lieu la sélection naturelle pendant laquelle 90-
95% du nombre d’arbres de départ est éliminé.
- La mort des arbres a lieu tout au long de la vie du peuplement, ce qui conditionne
l’augmentation de la quantité de bois mort, donc des risques d’incendie. C’est pourquoi, le
nettoyage du bois mort doit être une activité permanente.
- Jusqu’à la maturité, les chutes de bois mort ont lieu grâce à la mort des arbres affaiblis. Par
contre, à la vieillesse ce sont les grands arbres qui meurent ou sont renversés par les
intempéries.
2.4.2. Croissance et évolution des peuplements inéquiennes :
Ce sont des forêts naturelles peu touchées par l’homme, composées d’espèces ombrophiles.
C’est une forme d’adaptation de la forêt aux conditions du milieu et elle peut garder indéfiniment
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ou pendant très longtemps cette structure si elle n’est pas détruite par l’incendie, le vent ou la
coupe totale. Les grands arbres les plus vieux, composant 25-40% du nombre total d’arbres,
occupent 60-80% du volume total de bois. Dans de tels peuplements, les individus jeunes sont
les plus nombreux et quand les vieux arbres meurent ou sont renversés par le vent, les
conditions de croissance des jeunes arbres s’améliorent brusquement.
Les arbres meurent, la forêt demeure.
2.4.3. Croissance des espèces forestières tropicales :
La forêt tropicale humide est un type de végétation à capacité de reproduction et à croissance
rapide. Généralement, les essences forestières âgées de 40 ans ou plus ne poussent pas
particulièrement vite. Il existe une grande variation dans la vitesse de croissance des espèces.
Heinsdjik (1963) a avancé que, en conditions de forêt dense, l’arbre de diamètre 25-35 cm de 27
ans d’âge accroît son diamètre de 8,0 mm/an. Cet accroissement tombe à 3,7 mm/an dans la
classe de diamètre 145-155 cm et de 418 ans d’âge. La production de biomasse atteint 9t/ha/an
avec une moyenne de 3-6 t/ha/an. La station a une grande influence sur la croissance. Les
arbres de grande taille ne se rencontrent que sur les stations fertiles avec la densité maximale
sur les stations les plus fertiles.
2.5. Avantage des différents types de peuplements:
Les peuplements mélangés ont des avantages, comparés aux peuplements purs. Dans les
peuplements mélangés, chaque espèce occupe une niche écologique. Les facteurs du milieu
(lumière, humidité et éléments minéraux) sont utilisés avec plus d’efficacité, par conséquent ces
peuplements sont plus productifs. Les peuplements mélangés sont plus résistants contre les
intempéries et les parasites.
Les peuplements purs sont justifiés sur les sols pauvres et secs, sur les sols inondés ou
marécageux où les conditions ne permettent pas l’existence de plusieurs espèces.
Une des caractéristiques importantes des peuplements est leur densité*. Elle a une influence
sur la structure du peuplement, la croissance des arbres : quand la densité diminue, le diamètre
augmente et inversement mais le volume varie peu. La densité permet donc de réguler la
croissance et le développement des arbres du peuplement.
Quant à l’âge: l’expérience donne l’avantage aux peuplements équiennes par rapport aux
peuplements inéquiennes: les troncs des arbres sont mieux élagués, les houppiers sont plus
réguliers. Dans les peuplements inéquiennes les arbres sont plus mal conformés et en cas de
coupes sélectives, les arbres restants sont endommagés par ceux plus vieux qui tombent.
Sylviculture Générale Licence AHA Page 16
Par rapport à la résistance aux feux, les peuplements équiennes ont l’avantage car les
peuplements inéquiennes ont une structure verticale étagée que le feu attaque de bas en haut.
On détermine la densité optimale par la formule: Fd = 10 000 / N; exprimant la surface vitale
d’un arbre. Un écart de cette valeur, en plus ou en moins, entraîne une baisse de la valeur de
l’accroissement annuel du peuplement.
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III. AMELIORATION DE LA FORET:
<< Vouloir interdire à l'homme de se servir de sa forêt, c'est perdre le pari du développement. Lui
apprendre à le faire, c'est marquer sa confiance en l'avenir >>
Charles Quillevez
1. Objectifs:
L’objectif de toute production forestière consiste à produire dans le temps le plus court
possible :
des peuplements résistants et très productifs avec une haute qualité de bois et autres
produits ou services de la forêt. La production de peuplements hautement productifs de
composition et de densité optimale
exige la conduite d’activités régulières.
L’entretien de la forêt est un des moyens pour atteindre cet objectif. Il comprend les coupes
d’amélioration de la forêt (les éclaircies, le nettoiement, la taille des branches, etc.) et d’autres
opérations telles que l’ameublissement de la surface du sol, la lutte contre la végétation
adventice, l’apport d’engrais, généralement pratiquées dans les plantations forestières.
Les coupes d’entretien sont nécessaires dans les peuplements mélangés quand l’essence
principale est dominée par une autre de moindre valeur.
En conclusion, l’exécution des coupes d’entretien doit permettre d’atteindre les objectifs
suivants:
- assurer la composition souhaitée du peuplement, y compris les plantations;
- épargner les arbres de grande valeur qui doivent poursuivre leur croissance jusqu’à l’âge de
la coupe principale tout en leur créant les meilleures conditions possibles de croissance;
- obtenir la densité optimale dans le peuplement et accroître sa résistance contre les aléas;
- sélectionner les meilleurs individus au sein de l’essence principale;
- réduire la durée de production des produits de grande qualité;
- obtenir une production supplémentaire de bois.
En plus de ces objectifs, les coupes d’entretien permettent de créer des barrières défensives
contre les vents, des espaces de production semencière, des paysages qui réjouissent la vue
dans les parcs et jardins d’agrément, de fournir des produits forestiers du genre ‘’arbre de Noël’’.
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L’objectif final des coupes d’entretien est la formation à l’âge de la coupe principale d’un
peuplement composé d’arbres sains, bien développés et très productifs. Il faut donc éviter par
tous les moyens de contrarier cet objectif par une coupe excessive ou, par contre, insuffisante.
2. Les éclaircies:
3.1. Définition:
Les éclaircies sont des coupes effectuées dans les peuplements jeunes ayant atteint l’âge de la
fermeture du couvert pour réguler la composition et améliorer les conditions de croissance et la
disposition sur le territoire des arbres de l’essence principale. Ce sont des coupes très
dépensières en main-d’œuvre et la production est composée de tiges de faible diamètre ayant
très peu de valeur économique, mais, de leur exécution correcte va dépendre l’avenir du
peuplement hautement productif, de composition souhaitée. Le bois de faible valeur produit doit
être réuni en tas pour décomposition ou éparpillé sur la surface en qualité d’engrais vert.
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3.2. Types d’éclaircies:
éclaircie dosage: les premières éclaircies ont pour but de doser la composition du
peuplement. L’intensité de la coupe est définie en pourcentage du nombre total d’arbres en
croissance. Elle dépend de la composition, de la densité, de la richesse des conditions de
croissance, de l’âge et des objectifs de la production donnée.
- faible – si la coupe concerne jusqu’à 15% du nombre d’arbres;
- modérée – de 16 à 25%;
- forte – de 26 à 35%;
- très forte – plus de 35%.
éclaircie systématique: consiste à éliminer systématiquement une ligne sur 1,2,3,4 ou 5.
Se pratique surtout dans les peuplements jeunes (fourré, bas perchis) lorsqu’il est encore
difficile de faire des différences de qualité entre les arbres du peuplement.
éclaircie sélective: cette éclaircie sélectionne les arbres d’avenir et élimine les arbres
gênants. L’étage dominé reste pratiquement intact. C’est la méthode la plus utilisée dans la
futaie.
éclaircie sanitaire: consiste à enlever les arbres mal formés, malades, cassés, etc.
3.3. Méthode d’éclaircies :
éclaircie par le bas: elle enlève tous les sujet dominés et laisse intact l’étage dominant.
éclaircie par le haut: dans l’étage dominant on enlève les espèces non souhaitables, les
arbres fourchus.
éclaircie mixte: est la combinaison des deux méthodes précédentes. On intervient à la fois
dans l’étage dominant et dans le sous-étage par sélection progressive des arbres dominés.
C’est une méthode surtout pratiquée en zone tropicale sèche.
En effectuant les éclaircies, le forestier régule la composition de sa forêt dans la direction voulue
et crée les meilleures conditions pour la croissance des meilleurs arbres des espèces de
valeurs. Par l’éclaircie, on modifie la densité du peuplement.
3.4. Choix des arbres lors des coupes: dans l’exécution des coupes d’entretien une grande
importance revêt le choix des arbres. Ce choix s’effectue en conformité avec les objectifs de la
production. Il faut d’abord préciser la composition du peuplement et sa structure, déterminer
l’essence principale. Ce faisant, les arbres se classent en trois groupes: les meilleurs (qu’il faut
conserver), les accessoires (qui aident les meilleurs dans les croissances) et les gênants (qu’il
faut éliminer). Pour déterminer les arbres d’avenir (meilleurs), il faut analyser les caractères
suivants: intensité de la croissance, la forme du tronc et de la couronne, la hauteur, le degré de
plénitude.
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3.5. Influence des coupes d’entretien sur la croissance du peuplement: de l’exécution des
coupes d’entretien des forêts en zone tempérée, on peut tirer les conclusions suivantes:
- la productivité à l’unité de surface (1 ha) par la coupe peut-être améliorée de 40-50%, c’est-
à-dire accroître le volume total de bois résultant des coupes intermédiaires et principales de
la dite unité;
- l’exécution de coupes d’intensité modérée permet de maintenir la productivité du peuplement
à un niveau constant égale à sa productivité sans coupe, la différence ne dépassant pas 5-
10%;
- une coupe intense (forte) conduit à la baisse de la productivité du peuplement et à la
croissance du sous-bois et du tapis qui absorbent une bonne partie de l’énergie solaire et
des substances nutritives du sol;
- une coupe intense conduit à la dégradation de la qualité du tronc qui est mal élagué et
noueux;
- on n'accroît pas la production de phytomasse par l’exécution d’une coupe intense.
4. La taille de formation des arbres forestiers :
Malgré les travaux d’amélioration génétique des espèces, il n’est pas rare de rencontrer des
espèces qui présentent des défauts au niveau de leur forme. De plus, l’écartement large
favorise la formation de grosses branches sur le tronc. Dès lors, pour espérer produire du bois
de qualité au sein de la plantation, deux opérations peuvent s’avérer nécessaires : la taille de
forme et l’élagage. Ces deux opérations, bien que complémentaires ne doivent pas être
confondues.
La taille de formation vise à supprimer les branches gênant la formation d’un axe vertical et ce,
dès le début de la croissance des arbres. On exécute 3 opérations :
la formation des cimes : suppression des doubles têtes ou têtes cassées ;
l’élimination des branches dangereuses : celles qui se redressent ou poussent vite. Une
branche est dite ‘’grosse’’ si son diamètre est supérieur à la moitié du tronc. Au niveau
de ce type de branche, on constate une forte décroissance du tronc.
l’affaiblissement des branches dangereuses : par leur réduction de moitié afin d’affaiblir
leur vigueur.
Lors de la taille, il faut veiller à ne pas couper trop de branches vivantes sur l’arbre. En effet,
c’est grâce aux feuilles que l’arbre produit du bois. De plus, les feuilles fournissent les éléments
utiles à la cicatrisation.
Différents moyens peuvent permettre d’éviter de pratiquer la taille de formation :
le choix d’une origine ou provenance adaptée sans défauts génétiques ;
La sélection de plants adaptés à la station et au climat ;
Le choix de plants triés, sains, vigoureux, sans malformations et bien conditionnés ;
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L’exécution soignée de la plantation pour favoriser une meilleure reprise et une bonne
croissance dès le départ ;
Installation d’un sous-étage d’accompagnement sur les terrains nus et conservation des
recrus naturels ligneux. Cela favorise une meilleure conformation et évite le trop fort
développement des branches latérales.
L’élagage : L’élagage est une opération complémentaire de la taille de formation. Cette
opération consiste à supprimer systématiquement toutes les branches basses pour obtenir un
tronc propre. Il s’effectue progressivement une fois que l'arbre est assez fort et il ne doit jamais
dépasser plus du tiers de la hauteur totale de l'arbre (par exemple, élaguer à 2 m un arbre de 6
m de haut). La coupe s’effectue après le bourrelet cicatriciel : ni trop près du tronc, ni trop
éloigné (risque de formation d’un chicot). Elle doit être la plus nette possible pour favoriser la
cicatrisation.
Cas particuliers de taille (Zone tempérée):
Intervention Cas initial Modalité Période Caractéristique
de taille de taille
Taille en Jeunes plantations taille précoce et Mai / juin - ne produit pas de
vert (2-3m de hauteur) souvent manuelle cicatrice,
sur les rameaux - corrige
encore verts (non immédiatement les
ligneux) défauts de tige.
Taille de Lorsque la taille de Agir Fin juillet, Doit s’effectuer avant
rattrapage formation a pris progressivement début l’apparition des
beaucoup de retard en effectuant un août gourmands.
(5-6 ans après la passage tous les
plantation) ans.
Recépage Arbre vigoureux. Couper au pied. Hiver Au printemps suivant, il
Forme irrattrapable Conserver Juin- se formera plusieurs
par des tailles uniquement le plus juillet rejets au niveau de la
beau des rejets souche.
pour former la tige Un tuteurage peut être
d’avenir. nécessaire selon la
longueur de la pousse et
la finesse de la tige.
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IV. REGENERATION NATURELLE DE LA FORET
4.1. Notion de régénération
Après la mort du peuplement ou la coupe, généralement sur la surface apparaît une nouvelle
génération. Ce processus de création d’une nouvelle génération de peuplement s’appelle
régénération.
Si la nouvelle génération apparaît par le fait uniquement des facteurs naturels, la régénération
est dite naturelle. Par contre, si le nouveau peuplement apparaît à la suite de semis de graines
ou de plantation, la régénération est dite artificielle. Quand le nouveau peuplement est obtenu
par la régénération naturelle accompagnée par l’action de l’homme, la régénération est appelée
mixte ou régénération naturelle assistée.
4.2. Régénération naturelle:
La régénération naturelle peut être semencière ou végétative. La régénération semencière,
comme son nom l’indique, a lieu grâce à la dispersion des graines par le vent, l’eau, les
mammifères et les oiseaux de manière progressive et aléatoire.
La plupart des espèces d’arbres a la faculté de se reproduire par graines. Le succès de la
régénération dépend de la production de graines (fructification), de la germination avec succès
des graines tombées et de leur croissance consécutive. Toutes les espèces d’arbres ne
fructifient pas de la même manière et à la même période. Les conditions du milieu agissent
beaucoup sur cette capacité. Ainsi, les années de grande fructification sont suivies par d’autres
de faible fructification ou même d’absence de fructification.
La production en graines est variable suivant les espèces et les conditions de croissance,
cependant les peuplements très serrés sont moins productifs.
La quantité de graines tombées sur le sol peut-être suffisante pour assurer la régénération,
seulement une bonne partie est enlevée par les mammifères et les oiseaux, détruite par les
insectes et les champignons, le reste doit tomber dans des conditions favorables de température
et d’humidité. Les graines tombant dans des conditions d’humidité excessive (marécages, zones
inondées) meurent.
En zone de savanes et au Sahel, les fortes contraintes hydriques condamnent les semis. De
plus, les formations sont incessamment parcourues par les troupeaux de bétail à la recherche
de nourriture qui éliminent régulièrement les survivants enfin, les feux de brousse détruisent à la
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fois les graines et les jeunes pousses. Tout ceci complique encore davantage la régénération
naturelle, la rend aléatoire, voire inexistante.
Dans ces conditions, le rôle de la régénération végétative est important dans le maintien de la
composante arbustive et arborée des espaces forestiers soumis à une longue saison sèche. Les
espèces se multiplient par drageonnage, marcottage ou rejet de souche.
Avantages de la régénération naturelle :
• Les coûts relatifs à l’achat des plants, à la plantation, aux travaux préalables du
sol sont réduits (si la régénération naturelle est suffisante et complète).
• L’ensemble des interventions sur les sols (débroussaillage, dessouchage, sous-
soulage…) risquant de perturber leur équilibre sont limités.
• Meilleure adaptation des semis aux conditions climatiques, avec un bon
développement des plantes.
• L’impact paysager est bien perçu, avec une perception de forêt « naturelle » dans
laquelle les interventions humaines sont présumées moindres.
• La régénération naturelle est moins sensible aux dégâts du gibier.
4.3. Comparaison des régénérations semencière et végétative:
Un peuplement porte le nom de futaie si les grands arbres qui le composent proviennent du
développement de jeunes semis issus de graines. On parle de taillis quand les arbres sont
issus de rejets de souche. Dans le taillis sous futaie, la régénération a lieu à la fois par
semences et par rejets de souche ou de drageons.
La régénération par rejets de souches des arbres est la méthode la plus rapide et la moins
chère de régénération des coupes. Seulement, elle a des inconvénients importants: le
peuplement issu a une durée de vie plus courte et est moins résistant au pourrissement, la
qualité du bois et les dimensions du tronc sont moindres, si bien que leur valeur économique est
plus réduite et la production convient, la plupart des cas, comme bois d’énergie tout juste. C’est
pourquoi, pour la production de peuplements de très grande valeur on privilégie la régénération
par graines.
4.4. Appréciation de la régénération naturelle:
Avant toute coupe, il est important de clarifier par quelle méthode va s’effectuer la régénération
du terrain. Pour ce faire, il faut connaître l’état de la régénération naturelle et le nombre de
pousses sous le couvert du peuplement à abattre. Il faut donc apprécier la régénération
naturelle. On utilise deux méthodes:
Sylviculture Générale Licence AHA Page 24
- l'inventaire en plein : toute la surface concernée est étudiée et fait l'objet de mesures.
- l'inventaire statistique : une fraction de la surface est étudiée. Ce deuxième type d'inventaire
est utilisé lorsque le nombre de mesures à effectuer est très important (surface très grande
ou variables très fortement représentées).
Pour effectuer ce type d'inventaire, on combine deux techniques: les transects et les quadrats.
Si le caractère de la régénération est uniforme, on effectue le sondage sur une surface totale de
01 ha dans laquelle on installe des placettes de 1x1m ou 2x2m dont la surface totale égale 1-3%
de la surface sondée. Le nombre de pousses est déterminé et ramené à l’hectare.
Lors du sondage sur coupe, on trace des lignes de progression (transects) perpendiculairement
à la longueur de la coupe à distance variable (25, 50, 100, 200m) en fonction du caractère de la
régénération et de la longueur de la coupe. Sur chaque ligne, à distance égale (5, 10, 15, 20m)
on installe des placettes (quadrats) de 1x1; 2x2; 2x5 ou 5x5m et on procède au comptage
minutieux de la régénération et par espèce. Ce faisant, on tient compte du relief, du sol, du tapis
herbacé, des arbustes présents, on s’informe sur la méthode de coupe et d’enlèvement des
produits, on précise l’état de la coupe (nettoyage des résidus d’exploitation) et s’il y a eu
pâturage ou non, passage de feu ou non.
Pour qualifier l’état de la régénération on estimera les pousses:
- Petits, si les individus de taille inférieure à 0,5m constituent plus de 2/3 du total;
- Grands, si les individus de plus de 1,5m constituent plus de 1/3 du total.
Ainsi, un terrain soumis à la régénération pourra être qualifié comme bien régénéré si on y
dénombre pas moins de 5 000 exemplaires à l’ha, uniformément répartis sur le territoire. Pour
les taillis, on estimera la régénération satisfaisante s’il y a 400-600 souches/ha avec des rejets.
0n détermine le nombre de rejets par souche, leur hauteur moyenne, âge et état.
Il existe une méthode visuelle d’appréciation de la régénération qui exige un entraînement et
une certaine expérience, utilisée sur de très grandes surfaces. On estime visuellement le
nombre, la qualité des pousses par espèces, l’âge et la hauteur moyens et la répartition. Sur le
plan du massif forestier on dessine ces espaces estimées avec les valeurs. L’état général de la
régénération est apprécié à l’aide de l’échelle suivante:
Appréciation de la régénération naturelle (Zone tempérée)
Appréciation Nombre de pousses Surface occupée par elles
1. Excellente Plus de 10 000 unités à l’ha Plus de 90%
2. Bonne 5 000 - 10 000 unités à l’ha 80%
3. Satisfaisante 2 000 - 5 000 unités à l’ha 70%
4. Insuffisante 500 - 2 000 unités à l’ha Moins de 70%
5. Absente 0 - 500 unités à l’ha 50%
Sylviculture Générale Licence AHA Page 25
En fonction des résultats obtenus, on planifie les mesures à prendre pour assurer la
régénération du terrain.
4.5. Régénération naturelle assistée:
La régénération étant un processus lent et aléatoire, l’homme peut agir pour l’accélérer et
l’assurer par une organisation plus consciente de l’exploitation du bois et de la conservation des
pousses et jeunes arbres sous le couvert, la conservation des semenciers, l’ameublissement de
la surface du sol, l’élimination de la concurrence de la végétation arborescente et l’enlèvement
des résidus de l’exploitation du bois.
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V. REGENERATION ARTIFICIELLE DE LA FORET
<< Les hommes qui, de leur plein gré, commencent à planter, cultiver et exploiter régulièrement
des arbres, accomplissent un pas décisif en direction de ce que l'on nomme partout la culture >>
Von Maydell
5.1. Les Semences Forestières
5.1.1. Importance de la production des semences:
En raison de la destruction progressive des forêts, principalement dans les pays en
développement, le nombre d’arbres plantés doit considérablement augmenter. A la fin de 1980
on a recensé 11,5 millions d’ha plantés dans la zone tropicale. Ce nombre devrait passer à 17
millions en 1985, ce qui représente une augmentation de 48% en 5 ans. Des programmes de
plantation ont été réalisés. Outre le boisement, il faut procéder chaque année à la restauration
après récolte.
Aussi vastes que ces surfaces puissent paraître, elles ne représentent qu’environ le dixième de
l’étendue des forêts détruites dans la zone tropicale pendant la même période.
L’accroissement du volume de la plantation s’avère donc indispensable si l’on veut
enrayer le processus de destruction forestière. Les plantations forestières sont donc le
moyen d’augmenter la productivité par unité de surface, de répondre à la demande croissante
de produits et de services forestiers. Les plantations permettent l’utilisation à grande
échelle du matériel génétiquement amélioré.
Il s’agit de bien comprendre la biologie de la reproduction naturelle propre à chaque
espèce, de maîtriser la préservation de la viabilité des semences récalcitrantes, de définir le
prétraitement le meilleur à lever la dormance pour provoquer une germination uniforme en
pépinière, d’élaborer et d’appliquer des techniques fiables de stockage et de conservation à
grande échelle.
5.1.2. Le fruit et la graine:
Le fruit provient du développement de l’ovaire ou de carpelles libres et dans ce cas, ceux-ci
fructifiés, portent souvent la dénomination particulière de méricarpes. Quant à la graine, elle
provient du développement de l’ovule. On distingue différents types de fruits:
les fruits charnus: qui renferment de la chair comprennent:
- les baies: les graines (plus rarement la graine unique) sont noyées au sein de la chair.
Cette chair étant sèche ou gorgée de liquide (ex. les agrumes, la goyave, etc.),
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- les drupes: la graine (plus rarement les graines) est enfermée dans une coque dure
appelée endocarpe. L’ensemble endocarpe et graine forme un noyau et ce noyau est
lui-même entouré par de la chair juteuse (la mangue), parfois fibreuse (palmier à huile).
La chair est appelée mésocarpe et forme avec l’épicarpe et l’endocarpe: le péricarpe.
les fruits secs: sans mésocarpe charnu, comprennent:
les akènes: en général à une seule graine. Au moment de la germination, c’est le fruit
lui-même qui paraît germer et non la graine emprisonnée en lui (ex. les graminées).
les samares: quand ce fruit porte une ou deux ailes droites ou arrondies, on l’appelle
samare (ex. le bouleau d’Afrique- Anogeisus leocarpus, le filao, le samba-
Triplochiton scleroxylon.
Les akènes et les samares constituent le groupe des fruits qui ne s’ouvrent pas. Ils sont dits
indéhiscents. Les fruits déhiscents, donc qui s’ouvrent à maturité, comprennent:
- les follicules: qui s’ouvrent par une fente (ex. le colatier);
les gousses: qui s’ouvrent par deux fentes (ex. néré - Parkia biglobosa);
les capsules: qui s’ouvrent par plusieurs fentes (ex. fromager- Ceiba pentandra,
kapockier- Bombax costatum, okoumé - Aucoumea klaineana).
La classification ci-dessus est assez théorique, car dans la nature on trouve une infinie diversité
de situations, cependant, la classification réelle repose à la fois sur la consistance (sèche ou
charnue) de ces fruits et sur le mode de libération des graines (déhiscence ou indéhiscence).
La graine se compose de 3 parties:
- le tégument: qui recouvre la graine. Sur le tégument se remarque une petite cicatrice, le
hile, correspondant au point d’attache de la graine dans le fruit;
- l’albumen: se compose d’une substance qui s’amenuise lorsque l’embryon se
développe. Sa consistance est variée: dure, charnue, farineuse, gélatineuse, ou même
liquide. L’albumen est aussi appelé endosperme;
- l’embryon: qui constitue l’ébauche de la future plante avec une radicule, un ou deux
cotylédons et une gemmule qui forme la pointe de la tigelle.
L’embryon absorbe les réserves nutritives accumulées dans l’endosperme durant les stades
précédents de développement, de sorte que ce tissu a totalement disparu lorsque le graine est
mure. Si l’embryon absorbe toutes les réserves nutritives de l’endosperme, les cotylédons épais
et charnus deviennent alors les principaux organes de stockage de la nourriture et occupent la
presque totalité de la cavité interne de la graine.
5.1.3. La germination des graines:
Au moment de la germination, c’est l’embryon qui croit quand les conditions s’y prêtent:
Sylviculture Générale Licence AHA Page 28
1) une humidité adéquate; 2) une température favorable; 3) des échanges gazeux convenables,
et pour certaines essences; 4) une luminosité suffisante. Les valeurs optimales de ces différents
facteurs varient considérablement suivant les espèces et il existe fréquemment des interactions
entre eux.
La germination est déclenchée par 1) une absorption d’eau qui provoque le gonflement de la
graine et la rupture du tégument, 2) une activité enzymatique avec une augmentation du taux de
respiration et d’assimilation qui sont l’indice de l’utilisation des éléments nutritifs mis en réserve
et 3) une augmentation de la taille et une division des cellules entraînant l’apparition de la
radicule qui se transforme en racine primaire qui s’enfonce dans le sol. On distingue plusieurs
types de germination:
- la germination est hypogée quand les cotylédons restent dans le sol ou au niveau du sol;
- la germination est épigée si les cotylédons sont soulevés au-dessus du sol.
La vitesse de la germination diffère considérablement d’une espèce à l’autre et même d’un
individu à l’autre, pouvant varier de quelques jours à plusieurs semaines.
* Les graines respirent et émettent de la chaleur, de l’humidité et du CO 2. L’intensité de la respiration est variable
selon les espèces. Par exemple, le taux de respiration des oléagineux s’accélère plus que celui des céréales qui sont
fibreuses. Il se réduit de moitié chaque fois que la température s’abaisse de 10°C. L’humidité et la chaleur accroissent
la respiration (FAO, 1971).
5.1.4. La dormance:
La dormance désigne un état dans lequel une graine viable ne germe pas même mise dans
les conditions favorables à la germination. Dans la nature, la dormance sert à protéger les
graines des conditions temporairement propices, mais qui ne durent pas et redeviennent
rapidement néfastes à la survie des jeunes plants. Ainsi, un tégument relativement imperméable
à l’humidité, empêche la germination à la suite d’averses qui peuvent survenir au milieu d’une
longue saison sèche, mais la permet pendant la saison des pluies. Dans la zone tempérée, la
dormance embryonnaire, qui ne peut être levée que par une exposition aux basses
températures, facilite la germination printanière tout en empêchant la germination automnale qui
donnerait naissance à des jeunes plants incapables de survivre aux rigueurs de l’hiver.
Il existe plusieurs types de dormance:
- tégumentaire, liée à la dureté du tégument;
- embryonnaire, liée à l’immaturité de l’embryon au moment de la maturité du fruit;
- mixte, combinant les deux précédents types.
Du point de vue du forestier, la dormance présente des avantages et des inconvénients. En
effet, outre qu’elle augmente les chances de survie dans la nature, la dormance protège la
graine contre les conditions défavorables qui peuvent survenir entre la récolte et l’entreposage.
Sylviculture Générale Licence AHA Page 29
De plus elle offre une garantie contre la perte de viabilité pendant le transport et le traitement.
Comme inconvénient, la gestion efficace d’une pépinière souffre considérablement d’une
germination retardée et irrégulière.
Enfin, il existe une dormance différentielle à l’intérieur d’une même espèce ou d’un même lot de
semences, qui a pour effet d’échelonner la germination sur une période de temps plus ou moins
longue. En conséquence, on a recherché des traitements artificiels efficaces pour lever la
dormance.
5.1.5. Les provenances des semences:
La provenance dans son sens le plus simple est <<l’endroit>> où pousse un peuplement
d’arbres (OCDE, 1974). Des variations génétiques importantes des arbres forestiers sont
souvent associées aux particularités géographiques des endroits où ils poussent. Cela est
d’autant vrai si le déplacement géographique s’accompagne de modification du climat et du sol.
La provenance, ainsi, peut-être comprise comme l’endroit où poussent les parents immédiats,
donc exotiques, alors que d’autres le comprennent comme le lieu où poussaient les ancêtres
originaux. La provenance idéale décrite par Barner (1975) doit être:
- composée d’arbres génétiquement semblables et susceptibles de se reproduire par
croisement;
- suffisamment vaste pour permettre la récolte de semences en quantité suffisante pour
l’exploitation;
- définie par des limites identifiables sur le terrain.
Il existe une grande quantité de provenances décelables par les différences génétiques chez de
nombreuses espèces. Il arrive qu’on distingue diverses provenances ou races d’une même
espèce donnée dans le même pays: certaines présentent des différences morphologiques,
d’autres qui paraissent semblables diffèrent par leur adaptabilité à des conditions concrètes.
La connaissance de la provenance est d’une grande importance en ce sens qu’elle détermine
l’aptitude d’une espèce à croître et à prospérer dans un milieu donné. Entre les diverses
provenances d'une même espèce, il existe des différences énormes de production, de forme,
d'adaptabilité au milieu, de résistance aux facteurs défavorables, etc. Il a été démontré que les
caractères aussi importants comme la forme du tronc, la disposition des branches, la résistance,
le grain et la texture du bois varient en fonction de la provenance. Par exemple les tecks
provenant de l’Inde, Indonésie, Thaïlande, Birmanie sont:
- du point de vue du sol: ceux du nord-est de la Thaïlande poussent sur des sols calcaires tandis
que ceux du nord-ouest préfèrent des sols argileux compacts, ceux de l’Inde supportent des sols
latéritiques très pauvres;
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- du point de vue de la forme: les tecks du nord Thaïlande et du nord Birmanie ont un fût droit
tandis que ceux de l’Inde et de l'Indonésie ont un fût branchu;
- du point de vue climat: les tecks du nord Thaïlande et nord Birmanie exigent un climat très
humide et ne supportent guère une humidité relative inférieure à 60% pendant la saison sèche,
par contre, ceux de l’Inde supportent des saisons sèches plus longues avec une humidité
descendant à 50%.
Il faut donc nécessairement préciser la provenance lors de l’acquisition de semences.
5.1.6. Choix des semenciers:
Les semenciers sont les arbres élites du peuplement caractérisés par une bonne croissance
avec un tronc droit, bien conformé, bien élagué avec une cime haute et bien développée. De tels
arbres sont recherchés dans le peuplement et marqués à la peinture à 1,5m de hauteur. Au cas
où les élites sont en nombre insuffisant dans le peuplement pour satisfaire la demande en
graines, on inclut les arbres normaux ayant les meilleurs paramètres en terme de croissance et
de développement.
Si la descendance issue de tels arbres confirment les caractères du parents, ce dernier devient
une référence en matière de ressource génétique et est attentivement conservé aux fins de
multiplication.
5.1.7. Récolte des semences:
Lors de la récolte des semences à grande échelle, il est bon d’observer quelques règles:
1. Récolter uniquement les semences sur les arbres sains et vigoureux, bien conformés et
présentant les signes d’une croissance moyenne ou supérieure à la moyenne. Récolter les
semences à partir d'un grand nombre d'arbres pour assurer une plus grande diversité
génétique.
2. Si possible choisir des arbres arrivés à maturité. Les vieux arbres doivent être évités car
produisant des graines d’une faible viabilité.
3. Éviter de récolter dans les peuplements contenant de nombreux arbres mal conformés,
anormaux ou malades.
En cas de récolte des semences à petite échelle, les exigences sont plus rigoureuses et la
récolte est recommandée sur les semenciers préalablement identifiés et marqués.
5.1.8. Conservation des ressources génétiques:
Utiliser des graines avec le meilleur potentiel génétique est un gage de succès de l’activité de
production forestière. On conserve les ressources génétiques par:
- l’identification et la protection des peuplements et arbres élites;
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- la création de plantations de collection des ressources;
- la conservation des graines, du pollen et du méristème des espèces.
Cette tâche de conservation des ressources génétiques qui est d’une importance scientifique et
économique considérable doit être organisée par un service spécialisé*.
Deux stratégies de conservation existent:
- l’une ex situ, en jardins botaniques, arboretums, etc.;
- l’autre in situ, par les communautés grâce à leur savoir sur les interactions entre
l’environnement, les ressources génétiques et leur mode de gestion.
Par exemple, les jardins de case en Asie peuvent renfermer entre 15 et 60 espèces différentes.
5.1.9. Caractérisation des semences:
Une semence est une graine destinée à la multiplication. Toute graine n’est pas propre à être
utilisée comme semence. La semence répond à des critères de qualités précises. Les
caractéristiques suivantes déterminent la qualité de la semence: le pouvoir germinatif, l'énergie
germinative, la teneur en eau, la pureté variétale, le poids de 1000 graines et l’état sanitaire.
Le pouvoir germinatif: c’est la capacité de la graine à germer. Toutes les graines d'un lot
pouvant ne pas germer, le pouvoir germinatif est exprimé en pourcentage de semences
susceptibles de germer dans les conditions de l'essai. Les facteurs suivants compromettent le
pouvoir germinatif:
- la non maturité physiologique;
- les blessures lors de l’extraction des graines;
- l’excès d’humidité;
- le manque de traitement phytosanitaire;
- la mauvaise conservation;
- la lumière solaire.
L'énergie germinative: les semences d'un même lot ou de lots différents ne germent pas aussi
rapidement les unes que les autres. La germination est plus rapide chez les meilleures graines
et plus lente chez les autres. Pour apprécier l'énergie germinative:
- on consigne les résultats de test de germination en pour cent après 7, 14, 21, ... jours;
- on suit jour par jour la marche de la germination et quand le nombre journalier de graines
germées passe par un maximum et faire l'addition des semences ayant donné un germe et
le rapporter à cent.
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La teneur en eau ou taux d’humidité: c’est une caractéristique essentielle dont dépend la
durée de conservation et la viabilité des semences. Une semence ayant un faible taux
d’humidité au moment de la récolte permettra d’assurer plus facilement sa conservation, aura
une meilleure résistance aux parasites et une meilleure qualité germinative. Les facteurs
suivants peuvent engendrer un accroissement du taux d’humidité:
- la pluie au cours du séchage;
- l’humidité de l’aire de stockage;
- l’humidité élevée de l’air.
La pureté variétale: établie la proportion des impuretés constituées par la présence d’autres
variétés de la même espèce. Une semence doit être idéalement propre et constituée des
graines d’une seule variété. Le coefficient de pureté est le rapport, exprimé en pour cent, entre
le poids de la semence pure triée et le poids brut de l'échantillon d'analyse.
Le poids de 1000 graines: est parfois une caractéristique de la variété, des conditions de
croissance (fertilité du sol, climat, techniques d’entretien, etc.) qui caractérisent leur bon
développement. On utilise également le nombre de graines au kilogramme.
L’état sanitaire: est caractérisé par la présence d’organismes, de parasites, de maladies. Le
manque de traitement phytosanitaire, le mauvais séchage et la mauvaise conservation peuvent
affecter cet état.
La présence de parasites dans les semences produit des réactions aux conséquences
dévastatrices. Elle peut provoquer d’année en année une réduction continue des rendements.
Les semences peuvent servir de vecteurs à l’introduction d’agents pathogènes dangereux dans
de nouvelles régions. Le sol est contaminé par les semences infectées et les récoltes ultérieures
souffriront même si elles ont été effectuées avec des semences contrôlées. C’est pourquoi, il est
important de vérifier l’état sanitaire des semences avant utilisation.
Comme ces caractéristiques des semences ne peuvent pas être appréciées par simple examen
visuel, la commission de contrôle procède à l’analyse correcte. D’une manière générale, on
procède à des essaies sur des échantillons.
La valeur culturale indique la quantité de l’échantillon d’analyse de semences susceptibles de
germer. Elle est utilisée dans le commerce pour fixer le prix d’un lot de graines. On l’obtient par
la formule suivante:
Vc = Pureté variétale x Pouvoir germinatif / 100
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La valeur biologique ou valeur utile: permet de prendre en compte l'énergie germinative
quand on sait que les semences qui germent les dernières en essai de laboratoire sont sans
valeur confiées au sol. Ainsi, la valeur biologique donnerait une appréciation plus proche de la
réalité quant au rendement en plants:
Vb = Pureté variétale x énergie germinative/ 100
5.1.10. Traitement et conservation des semences:
Les graines arrivées à maturité physiologique peuvent être récoltées, séchées, nettoyées,
calibrées, contrôlées, emballées et éventuellement stockées avant utilisation. Ce sont des
opérations cruciales, car elles sont destinées à maintenir les semences en vie et à leur conférer
une présentation physique convenable. Mais, elles constituent une étape critique car elles
peuvent infliger, si elles n’étaient pas correctement conduites, des dommages irréversibles à la
semence.
Le séchage: l’humidité occasionne la détérioration et la dégradation, d’où la nécessité du
séchage afin de préserver la qualité des semences. Les facteurs suivants sont déterminants lors
du séchage:
- la température de l’air: la valeur maximale permise pour le séchage est de 43°C au delà de
laquelle la semence peut être endommagée.
- l’humidité relative: lorsque l’humidité de l’air est élevée, le séchage des semences à l’air libre
est difficile. Dans de telles conditions le séchoir est nécessaire.
- la teneur en humidité: il faut sécher les semences jusqu’à un niveau minimal de taux
d’humidité variant selon les espèces. Dans tous les cas les semences sont séchées jusqu’à
une teneur en eau comprise entre 5 et 14%. Avec une teneur inférieure à 5%, les semences
perdent de leur pouvoir germinatif en raison de l’auto-oxydation des lipides. Avec une teneur
supérieure à 14%, les semences sont attaquées par les champignons.
- la circulation de l’air: les semences sèchent plus rapidement lorsque la vitesse de circulation
de l’air est élevée.
- la pression statique: est la pression pour insuffler de l’air chaud dans la masse de grains et
doit être élevée proportionnellement à la masse de grains, à l’humidité, au fait que les
graines sont bien serrées et à leur petitesse.
Pour le séchage, on utilise différents moyens:
- les dalles en béton à l’air libre;
- les trémies de séchage;
- les séchoirs;
- les bacs de séchage;
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- les sacs de séchages: sont des sacs en jute pour le séchage de petites quantités de
semences pour lesquels on a un besoin de sécher plusieurs variétés. Les semences sont
conservées dans les sacs au cours de l’opération, ce qui permet de maintenir l’identité des
lots.
Gestion des opérations de séchage: le séchage correctement exécuté demande l’observation
de dispositions précises:
1. Démarrer les opérations de séchage rapidement, si possible le jour même de la récolte en
procédant à l’extraction des graines immédiatement et à leur premier nettoyage.
2. Déterminer la teneur en eau avant de commencer le séchage et vérifier périodiquement
jusqu’au séchage complet.
3. Bien nettoyer les trémies, bacs ou autre matériel de séchage avant et à la fin afin de
minimiser la contamination.
4. Remuer et niveler les semences pour assurer un flot uniforme de l’air de séchage.
5. Contrôler la température de séchage de façon continue afin qu’elle ne dépasse pas la limite
maximale.
6. Consigner par écrit le type et la variété de semences, le numéro du lot et toute autre
identification, les teneurs en humidité initiale et intermédiaires, la date et l’heure du début et
de la fin séchage ainsi que toute autre information utile.
Le nettoyage triage: a pour but de séparer les semences des matières indésirables. On utilise
des appareils équipés de dispositifs de ventilation pour le soufflage, de tamis, de tables de
triage, de séparateurs à disque ou à cylindre.
La séparation des semences repose sur les différences de caractéristiques physiques entre les
semences de l’espèce et les semences adventices (la taille, la forme, la texture, la couleur, le
poids, etc.). Des graines ne présentant aucune différence physique ne peuvent être séparées.
Le calibrage: consiste à classer les semences selon leur dimension de façon à obtenir des lots
uniformes.
Le traitement phytosanitaire: consiste à protéger les semences contre leurs ennemies
naturelles (champignons, insectes, rongeurs) par l’utilisation de produits spéciaux.
Stockage et conservation des semences: la graine est un être vivant. A ce titre, sa vitalité et
son devenir dépendent beaucoup des conditions dans lesquelles elle sera stockée pour être
conservée. Sa conservation sera d’autant plus facilitée qu’elle aura été récoltée dans les
meilleures conditions possibles. Aussi, il importe:
- d’une part, que le suivi et le contrôle des cultures de production sémencière ne doivent
jamais se relâcher, depuis la mise en place jusqu’à la récolte;
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- d’autre part, que le capital représenté par la graine doit être soigneusement protégé
jusqu’au moment où, mise en terre, la graine puisse justifier sa qualification de semence et
concrétiser les espoirs placés en elle.
La semence est l’un des facteurs de rendements importants pour tout pays où le problème
d’alimentation devient de plus en plus aigu. L’emploi de semences de qualité peut apporter des
surplus de production de l’ordre de 40%.
5.1.11. Conditions d’une bonne conservation des semences: il existe deux facteurs
importants dans la conservation des semences:
- la teneur en humidité des semences;
- la température.
Conservées à l'air libre et à la température ambiante, les semences perdent plus ou moins
rapidement leur pouvoir et énergie germinatives.
Les conditions d’une bonne conservation des semences sont les suivantes:
elles sont bien remplies lorsque l’addition du pourcentage de l’humidité relative dans le
lieu de stockage et de la température de stockage exprimée en degrés Fahrenheit font
100; par exemple: 50% de taux d’humidité + 50°F = 100; ou 60% + 40°F = 100 ou encore
40% + 60°F = 100.
une diminution de 1% de la teneur en humidité ou de 10°F de la température double la
vie de la semence stockée. Approximativement °F = °C + 32.
pour un bon stockage à froid des semences, l’humidité relative ne devrait pas dépasser
60%.
5.1.12. Contrôle et certification des semences:
Regroupent l’ensemble des opérations qui font l’originalité d’une production semencière. Les
interventions relèvent du service officiel de contrôle qui est seul habilité à certifier une semence
sélectionnée, ce qui a pour conséquence:
de reconnaître officiellement les caractéristiques et la qualité de cette dernière;
de protéger son obtenteur et son multiplicateur;
de constituer une garantie pour son utilisateur;
de favoriser les échanges au niveau international.
C’est donc un volet important dans toute opération semencière nationale. Or, c’est un volet très
mal connu, donc peu appliqué, son indépendance vis-à-vis de la production de semences
n’apparaît pas toujours clairement.
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Un catalogue des variétés sélectionnées est tenu et actualisé, qui regroupe toutes les variétés
sélectionnées officiellement enregistrées, et seules à pouvoir être multipliées, avec leurs
fiches d’identité. C’est l’outil de base pour assurer le contrôle des cultures de multiplication.
5.1.13. La réglementation de la production:
Un programme efficace de production de semences doit permettre de fournir au bon moment, à
l’endroit voulu, à un prix raisonnable et en quantité suffisante un produit de qualité, c’est-à-dire:
1) Génétiquement pur, 2) Sain, 3) Ayant une bonne qualité germinative, 4) Propre (sans
matières inertes et graines étrangères), 5) Bien séché et 6) Répondant aux besoins de
l’utilisateur.
5.2. La Pépinière :
5.2.1. Définition:
La plantation de plants préalablement élevés est devenu partout le moyen dominant de
reboisement. Ces plants sont élevés en pépinière. La pépinière est donc un lieu spécialement
aménagé où s’effectue l’élevage des plantes jusqu’à ce qu’elles atteignent les dimensions
jugées requises pour être transportées et plantées à demeure.
La pépinière est une entreprise spéciale, organisée, soit de façon autonome, soit partie
intégrante d’un programme de reboisement qui absorbe sa production. Il existe plusieurs types
de pépinières:
suivant l’objectif visé: les pépinières commerciales ou non;
suivant la durée de la production: les pépinières temporaires (volantes) ou
permanentes (fixes);
suivant la nature de la production: les pépinières forestières, fruitières ou horticoles.
Ces différentes catégories de pépinières peuvent exister séparément ou être regroupées en une
seule exploitation complexe divisée en compartiments spécialisés.
Toute pépinière comprend deux parties:
- une principale, destinée à la production proprement dite des plants, divisée en
compartiments spécialisés suivant la nature de la production;
- une annexe, réservée aux installations (magasins, hangars, bureaux, etc.).
La taille de la pépinière dépend du volume de la production de plants.
5.2.2. Conditions d’installation d’une pépinière:
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Lors de la création d’une pépinière, il convient de bien connaître les conditions du milieu et les
conditions économiques pour évaluer les chances de réussite de l’entreprise, surtout s’agissant
des pépinières commerciales. La pépinière doit:
- être située le plus près possible des utilisateurs de sa production;
- être d’accès facile;
- être près d’un cours d’eau ou être pourvue en eau en quantité suffisante;
- avoir un sol fertile, frais, léger, profond et sans cuirasse (pour la production des plants à
racines nues);
- avoir une clôture solide.
5.2.3. Organisation du territoire:
Consiste à diviser le territoire de la pépinière en parcelles de différentes destinations
(attributions) dans le but de l’exécution efficace de l’activité de production. On matérialise les
limites extérieures, ensuite par un réseau de ruelles, on divise le territoire en parcelles. Ce
faisant, on tient compte de la nature du sol, du micro-relief et des conditions hydrologiques. Les
sols les plus propices sont destinés à la production (surface utile) tandis que les bâtiments
occuperont les espaces les moins propices à la culture. Les sols les plus riches seront destinés
à la production des plants à racines nues.
L’accès à la pépinière sera aménagé du côté des bâtiments pour réduire les passages dans la
section de production. Enfin, le territoire de la pépinière est protégé par une clôture solide et,
dans le cas des pépinières permanentes, des haies vives de protection et de décoration sont
installées. L’organisation de la pépinière permet de créer les meilleures conditions possibles
pour la croissance et le développement des plantes élevées.
5.2.4. La serre:
La serre est un moyen de production des plants en milieu contrôlé. C’est une construction
temporaire ou définitive de différentes formes et dimensions en fonction du volume de la
production et des matériaux utilisés. La forme peut-être rectangulaire ou arrondie. Les serres de
forme arrondie (en forme de tunnel) sont les plus répandues car présentant les meilleures
conditions de luminosité possibles. La charpente est soit en bois soit métallique avec une
couverture en verre, en plastique ou en nylon. La croissance des plants dans la serre est
conditionnée par le micro-climat. La plus importante de ces facteurs est la lumière. On estime
que dans les serres rondes 85-90 % de la radiation solaire pénètre à l’intérieur et sont
absorbées par les plantes. Cependant, seulement quelques pourcentages sont utilisés pour la
photosynthèse, le reste est utilisé comme source de chaleur pour accroître la température du sol
et de l’air. Le régime thermique de la serre dépend des conditions météorologiques et du climat,
mais les amplitudes sont plus faibles qu’à l’air libre. L’utilisation de la serre permet de créer les
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conditions idéales de croissance (température, humidité de l’air, luminosité, milieu gazeux
favorable, absence de parasites et autres facteurs indésirables).
5.2.5. Préparation du sol:
Utilité: Il s’agit de créer les meilleures conditions possibles pour la croissance et le
développement des plants. Par la préparation du sol, on obtient:
- un changement de la structure du sol, l’amélioration de la perméabilité, de la porosité, de la
circulation de l’air, de la chaleur et des substances nutritives;
- la destruction des mauvaises herbes et germes de parasites;
- une plus grande résistance du sol contre l’érosion;
- l’enfouissement des résidus végétaux et des engrais;
- la création des meilleures conditions pour la réception des graines.
Méthode: le labour – on utilise les défoncements et les labours ordinaires. Les défoncements
sont utilisés lors de la création de la pépinière et consistent en un labour profond de 40 à 50 cm.
Si la pépinière est à installer sur un terrain en friche, il faut préalablement abattre la végétation
gênante et dessoucher. En cas de nécessité, il faut lutter contre les insectes et leurs larves si
leur présence est massive. Pendant le labour, on applique les engrais organiques et minérales
pour équilibrer la fertilité du sol. C’est la fumure fondamentale.
Par la suite, avant chaque nouveau cycle de production, on procède à un labour léger pour
enfouir les engrais (fumure complémentaire) et les mauvaises herbes, et mettre ainsi le sol en
état de recevoir les semis.
5.2.6. Facteurs de la production:
Éléments nutritifs: ils remplissent des fonctions variées dans la plante – ils entrent dans la
composition des tissus, catalysent ou régulent les réactions biochimiques. Chaque élément
nutritif joue une fonction bien définie et ne saurait être remplacé par un autre. D’une manière
générale, ces éléments se classent en deux groupes:
les macro-éléments utilisés en grande quantité par la plante (azote, phosphore,
calcium, souffre, potassium, magnésium, fer);
les micro-éléments (zinc, cuivre, molybdène, bore, cobalt, chlore)
L’apport de ces éléments nutritifs va conditionner le succès de la production des plants.
Ces derniers, dans les conditions d’alimentation suffisante sont bien développés: une
tigelle solide, un système racinaire dense, une bonne proportion des différentes parties
du plant qui lui permettent de répondre largement au standard, ce qui à son tour va
assurer leur bon taux de survie, leur résistance aux conditions difficiles de la parcelle de
reboisement.
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Le sol d'une bonne pépinière forestière doit être suffisamment riche en matières
organiques. Outre qu'il fournit des éléments nutritifs qui sont mis lentement mais
constamment à la disposition des végétaux, l'humus augmente le complexe absorbant,
favorise le réchauffement du sol et améliore la structure physique, active la vie
microbienne, renforce l'activité de la pédofaune. Une teneur de 3 à 8% est raisonnable.
Quant à l'acidité (pH Kcl), elle doit être comprise entre 4,5 et 5 pour éviter l'élimination
de l'aluminium échangeable et la rétrogradation de l'acide phosphorique. Il faut
équilibrer le pH en cas d'écart de la valeur optimale.
Engrais: comme engrais, on utilise:
- les engrais organiques: le fumier (bien décomposé), le compost, la tourbe, l’engrais vert
(dans les sols suffisamment humides ou en zone irriguée, légumineuses cultivées et
enfouies dans la phase de floraison) fournissent par décomposition, lentement mais
constamment les éléments minéraux absorbés par les plantes.
- les engrais chimiques: on distingue les engrais azotés, phosphorés, potassiques sous
diverses formes simples ou combinés comprenant deux ou plusieurs éléments nutritifs.
Actuellement, l’apport d’engrais pendant la production de plants est nécessaire. La nature, les
normes et la périodicité de l’apport d’engrais sont déterminées par les investigations
pédologiques. La production intensive des plants sous-entend l’utilisation des engrais
organiques surtout sur les sols désertiques peu pourvus en humus. En même temps que les
engrais organiques, l’apport de microorganismes, de mycorhizes et de bactéries agit de façon
très bénéfique sur la microflore et la microfaune du sol. Particulièrement, on souligne le rôle très
important des engrais azotés et phosphatés sur la croissance et la formation de plants très
résistants aux facteurs défavorables du milieu. Il faut faire coïncider l'application des engrais
avec les périodes de croissance des plants, principalement l'époque des grands prélèvements et
de la plus grande efficacité.
Le bon substrat pour la production des plants en pépinière présente les caractéristiques
suivantes:
- il est léger pour faciliter le transport et compact pour tenir les plants en place;
- il retient l'eau, permet le drainage correct et l'aération des racines;
- il contient les éléments nutritifs nécessaires à la croissance et au développement des plants;
- il ne contient pas de mauvaises graines ou de germes de parasites.
La composition du substrat pour le remplissage des sachets a donc une très grande importance.
Pour arriver à la bonne composition, on combine différents éléments (sable, argile, terre,
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compost ou fumier bien décomposé. Une illustration de composition est donnée dans le tableau
suivant en fonction de la nature du terrain de production:
Composition du substrat selon K.E.Wightman (2006)
Types de terrains en présence Terre Sable Compost
1. Terrains à texture lourde (argile) 1 2 2
2. Terrains à texture moyenne (terreau) 1 1 2
3. Terrain à texture légère (sable) 1 0 2
L’eau: L’autre moyen très important de régulation de la croissance des jeunes plants est le
régime hydrique. Les dernières nouvelles scientifiques démontrent qu’il n’est pas possible
d’avoir une quantité satisfaisante de plants sans organisation de l’irrigation de la pépinière. En
effet, l’importance de l’eau est difficile à exagérer dans la croissance des plantes. C’est l’un des
facteurs limitants principaux. L’importance écologique de l’eau traduit son importance
physiologique car chaque activité est directement ou indirectement influencée par l’eau :
- l’eau est le constituant principal de la plante à 80-90%;
- l’eau est le ‘’solvant universel’’ assurant le transport des nutriments;
- l’eau est un réactif biochimique dans la plupart des processus y compris la photosynthèse;
- l’eau est essentielle pour le maintien en activité des cellules, et par conséquent leur
expansion, source de la croissance des plantes.
L’approvisionnement en eau en qualité et en quantité suffisante est une condition essentielle de
la production. La quantité nécessaire dépend de nombreux facteurs comme le climat, la nature
du sol, le type d’irrigation et les caractéristiques des plantes élevées. Différents chiffres sont
proposés par différents auteurs variant de 42 à 100 litres par millier de plants en pots (Landis,
1989).
Quant à la qualité, deux facteurs sont d’importance:
- la concentration et la composition des sels dissous (salinité, quantité d’ions toxiques);
- la présence de champignons, de mauvaises graines, d’algues et de pesticides.
Les eaux de surface utilisées peuvent contenir des germes de parasites, transporter des
produits chimiques dangereux de diverses origines. Elles peuvent également drainer les
mauvaises graines. Aussi, pour éviter ces désagréments, il est souhaitable de procéder à une
analyse de l’eau au moment de l’installation de la pépinière et à intervalle régulier pendant la
production.
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Manifestations des carences nutritives chez les plants:
Azote: les vieilles feuilles jaunissent tandis que les jeunes feuilles restent vertes.
Phosphore: le plant entier est rabougri. En fonction de l'espèce, les feuilles deviennent vert-
pâles, jaunes ou violacées. Le diagnostic visuel n'est pas toujours fiable.
Potassium: les extrémités des vieilles feuilles jaunissent puis brunissent, se froissent ou se
bouclent avec apparition de points nécrotiques. Quand la carence est sévère, les feuilles
meurent.
Calcium: est difficile à déceler, mais affecte le bouton floral et les racines.
Magnésium: jaunissement des feuilles très caractéristique entre les nervures ou les côtes qui
paraissent rayées.
Souffre: Les plants sont légèrement flétris, les bords des feuilles sont brûlés et bouclés
Fer: les jeunes feuilles jaunissent, puis blanchissent et se dessèchent.
Manganèse: le tissu entre les nervures se décolore, tandis que les nervures restent vertes et
sont entourés d'une bande de tissu vert.
Cuivre: les nouvelles feuilles sont jaunes aux extrémités et souvent se tordent.
Bore: la carence affecte le bourgeon terminal qui jaunit, se dessèche et meurt.
Les manifestations des carences en nutriments ne doivent pas être confondus avec les effets de
l'excès ou du déficit d'ombrage et d'eau.
5.2.7. Approvisionnement en semences et prétraitement:
Un aspect très important de la production des plants est l’approvisionnement en semences
forestières en quantité suffisante, de bonne qualité génétique et sanitaire. Il faut donc utiliser
des graines de qualité pour assurer la production de plants de qualité. Dans l’idéal, il faut utiliser
des graines fournies par une production semencière ou organiser la récolte des graines à partir
de semenciers.
Les graines reçues ou récoltées doivent être pré-traitées avant les semis. L’objectif du
prétraitement est de lever la dormance afin de favoriser une germination rapide et homogène
des graines. Plusieurs méthodes sont utilisées:
Mécaniques: la scarification, le pilage des graines, le concassage, etc.
Thermiques: le trempage, la macération, l’ébouillantage, la cuisson des graines.
Chimiques: le bain des graines dans des solutions chimiques concentrées ou diluées.
On peut également tremper les graines dans une solution de micro-éléments ou de stimulateurs
de croissance, ce qui a pour effet d’accroître le taux de germination et d’accélérer la croissance
des plantules. On peut aussi faire la désinfection et la désinsectisation des semences pour les
protéger contre les attaques des champignons et des insectes.
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5.2.8. Production de plants à racines fermées :
Une des orientations principales de l’intensification du processus de reboisement est l’utilisation
de la méthode ayant fait largement ses preuves et consistant à produire des plants dans des
contenants de diverses natures et dimensions. Les avantages biologiques de tels plants sont
connus et reconnus. L’enveloppe autour des racines diminue considérablement ou même exclue
la possibilité de dommages mécaniques lors de la collecte, du transport et de la transplantation
des plants. Les premiers moments après la transplantation, elle assure le plant en eau et en
éléments minéraux, donc évite les changements brusques de conditions qui freinent la
croissance des plants à racines nues. Pour le moment, c’est l’unique moyen fiable de culture
des espèces très sensibles à la transplantation sans parler des reboisements dans les
conditions extrêmes.
Les plants à racines fermées se divisent en deux groupes: les plants avec la motte de
terre et les plants dont les racines sont protégées par du substrat avec ou sans
enveloppe. L’importance de produire les plants dans un substrat plus consistant découle des
difficultés de manipulation. Si les plants doivent être transportés ou conservés, le substrat doit
être stabilisé par une enveloppe. Cette enveloppe est fabriquée par l’industrie avec différents
matériaux: papier, cellulose, tourbe, plastique, argile, bois et même métal. Elle peut être
perforée ou non, de différentes formes et dimensions, elle peut être enlevée ou conservée lors
de la plantation.
Les plants sont également produits dans des sachets en polyéthylène ou autre matière, remplis
de substrat. En Chéchoslovaquie, on utilise les sachets en papier perforé recouvert d’une fine
couche de polyéthylène avec un fond ouvert de 26 cm de hauteur. La marque a été déposée
(Dushek, 1983). Les grands plants de 3-5 ans d’âge d’une hauteur de 50-70 cm préalablement
élevés en pépinière sont transplantés dedans et élevés le temps nécessaire, variable selon les
espèces, mais ne dépassant pas 8-10 semaines, pour la reprise de la croissance des racines
actives. L’utilisation des sachets en polyéthylène à de beaux jours devant lui. Ils sont légers,
résistants, bon marché et permettent de produire les plants de très grandes dimensions.
Cependant, même quand ils sont perforés, il faut percer le fond et les côtés, et mieux les enlever
lors de la mise en place.
Le plant à racines fermées a des inconvénients – c’est le poids et les dimensions qui créent des
difficultés lors du transport et de la mise en place. En dépit de cet inconvénient, l’utilisation de ce
type de plant assure les conditions d’une mécanisation intégrale et d’une automatisation du
processus de production comparée au type de plant traditionnel compte tenu des formes et
dimensions régulières de la motte de terre autour des racines.
Sylviculture Générale Licence AHA Page 43
5.2.9. Semis:
Les semis sont réalisés après la préparation du sol. L’époque convenable varie selon les
espèces et le but que l’on se propose. On peut réaliser les semis en toute saison, mais dans les
conditions du Mali, on les réalise de décembre à avril, selon les espèces, dans le but d’avoir des
plants assez grands et assez bien développés en début d’hivernage.
Selon des études menées à Sikasso (Diallo O. et autres, 1991), une durée d’élevage de 15
semaines suffit pour produire des plants de qualité pour toutes les espèces locales. Cela veut
dire qu’il faut semer entre mi-mars et début avril si on compte planter courant juillet, à conditions
que les entretiens soient soigneusement et régulièrement faits.
Les graines sont semées à une profondeur de 1 à 5 cm en fonction de leur grosseur et de la
nature du sol (on enfouie à plus forte profondeur sur sol léger que lourd). Les graines
minuscules sont semées à la surface et recouvertes d’une légère couche de sable ou de paille.
On peut semer à la volée, par poquet ou en lignes. Le semis à la volée est aléatoire et mérite
d’être abandonnée au profit du semis en ligne qui permet une meilleure utilisation des
semences, de l’espace et facilite les entretiens.
5.2.10. Entretien des semis:
L’entretien des semis comprend leur arrosage, protection contre l’insolation, sarclage,
désherbage, éclaircissage, etc. Avant l’apparition des jeunes pousses, il peut être nécessaire de
protéger les semis contre l’insolation pendant les heures chaudes de la journée. On recouvre le
sol avec des débris végétaux, la paille ou on construit un abri. On éloigne cette protection quand
les pousses acquièrent de la vigueur. Il faut biner, sarcler, désherber autant de fois que
nécessaire pour ameublir le sol et créer de meilleures conditions de croissance et éliminer la
concurrence des mauvaises herbes.
Les semis doivent être arrosés régulièrement pour tenir le sol constamment humide, mais sans
excès. L'arrosage qui répand de l'eau en grande quantité plombe le sol, ne parvient à humecter
qu'une mince couche superficielle, le reste de l'eau s'évapore. Le bon arrosage consiste à ne
laisser parvenir au sol que la masse d'eau pouvant pénétrer immédiatement sans stagner à la
surface. Le meilleur arrosage est celui qui projette l'eau en fines gouttelettes. L'arrosage des
plants en sachets demande encore plus de précaution car les différents pots suivant leur
position au centre ou à la périphérie reçoivent peu ou beaucoup d'eau. On utilise également
l'irrigation quand on a à faire avec de très grandes pépinières. Une forme d'irrigation mérite
l'intérêt, surtout en conditions de rareté de la ressource eau – c'est l'irrigation goutte-à-gouttes.
Des dispositifs sont proposés dans le commerce. L'arrosage est une activité importante du
processus de production des plants qui mérite l'attention requise. Une bonne combinaison de
l'ombrage et de l'humidité stimule la croissance des plants. Le contrôle de l'effet négatif du
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dessèchement se fait à l'aide d'abris divers disposés en couverture à même le sol, sous forme
de construction au dessus des plants (ombrières), d'abri d'un peuplement voisin, de brise-vent
ou de haie-vive.
Des entretiens réguliers et soigneusement effectués permettent de raccourcir la durée d’élevage
et, par conséquent, les coûts de production.
Le repiquage: consiste à déterrer les semis pour les transplanter soit pour aérer des semis très
denses, soit pour regarnir des espaces vides. Lors du repiquage, on procède au triage des
plants afin de retenir les plus vigoureux et à l'habillage qui consiste à couper les racines
endommagées, à raccourcir les pivots trop puissants, parfois à couper les racines latérales trop
développées. Le repiquage mal exécuté conduit à la déformation des racines
Cernage: consiste à couper les racines latérales à une certaine distance de part et d'autre de
l'alignement. Il vise au développement d'un enracinement ramifié et condensé. Elle a également
pour effet de ralentir la croissance en hauteur du plant et de le rendre plus trapu.
5.2.11. Reproduction végétative:
La reproduction végétative est une pratique courante en pépinière, notamment en arboriculture
fruitière et ornementale pour fixer et multiplier des propriétés spéciales (port, forme ou teinte du
feuillage, forme, taille, couleur et saveur des fruits, fertilité, précocité, etc.). On utilise:
- le bouturage: boutures de rameaux et de racines;
- le marcottage: le rameau mis en contact avec la terre s'enracine alors qu'il est toujours
attaché à la plante-mère qui le nourrit. Plus tard, la marcotte est sevrée;
- le greffage: on insère la partie d'un végétal (greffon) dans le tissu d'un autre individu (porte-
greffe). C'est une méthode de sélection des arbres élites ''copies des parents'' pour la
conservation et la multiplication;
- le clônage par culture in vitro: fait partie des nouvelles techniques permettant la culture des
méristèmes, des microboutures, des tissus ou des cellules.
5.2.12. Inventaire et transport des plants:
Au terme de la période d’élevage, les plants sont extraits, inventoriés et triés. L'extraction des
plants à racines nues se fait par arrachage manuel ou avec utilisation d'outils spéciaux. En règle
générale, on veille à infliger le minimum de dommages aux plants récoltés. Les plants trop petits
ou présentant des défauts sont éliminés. On ne retiendra que les plants répondant aux
paramètres de qualité requis. C'est un gage de réussite de l'activité de reboisement ultérieure,
culturalement et économiquement s'entend que d'éviter l'achat de plants de faible taille.
Les plants de bonne qualité ont les caractéristiques suivantes:
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- ils sont sains (exempts de maladies) et croissent vite;
- ils ont une tige robuste sans déformations et un grand diamètre au collet
- leur couronne est symétrique et dense;
- ils ont un système racinaire dense avec beaucoup de poils fins et sans déformations;
- les feuilles ont une couleur saine;
- pour les plants en pots les racines ne doivent pas pousser au delà de l'enveloppe.
Le paramètre principal de qualité des plants est leur hauteur. La robustesse est mesurée par le
rapport hauteur/diamètre (entre deux plants de même hauteur, le plus robuste est celui qui a le
plus grand diamètre). Le diamètre de la tige, à son tour, est en relation avec la taille de la racine
(les plants avec un grand diamètre ont un système racinaire bien développé). Le diamètre est
donc un bon facteur pour déterminer la taille de la racine. Un plant bien ''proportionné'' a un
système racinaire plus grand que le système aérien, il a donc plus de racines que de feuilles. La
déformation des racines sous la ligne du sol est la malédiction cachée dans la production des
plants conduisant à leur mort ou leur mauvaise croissance sur la parcelle de reboisement. Un
plant faible ou déformé ne va jamais rattraper ces tares une fois en place. Seuls les plants
répondant aux normes sont retenus. Tous les autres doivent être éliminés.
Les plants répondant aux normes sont soigneusement empilés sur le moyen de transport de
sorte qu’ils subissent le minimum de dommages. Le transport doit être aussi rapide que possible
avec réception et déchargement immédiat, car c'est un moment crucial de tout le processus où
les plants subissent beaucoup de dommages. Si, pour des raisons de volume important de
plants à mettre en place, on doit allonger le temps de la plantation, les effets néfastes
augmentent. C'est pour éviter les inconvénients du transport sur de très grandes distances qu'on
a recours à l'organisation des pépinières volantes ou temporaires directement près du site de
reboisement. Lors du transport, les racines nues sont protégées du dessèchement en les
couvrant:
Pralinage: consiste en un trempage des racines dans de la boue liquide puis enveloppées dans
des feuilles, cela pour éviter d’exposer les racines des plants à l’air ou au soleil pouvant les
dessécher pendant le transport.
Mise en jauge: est effectuée si la mise en place des plants à racines nues récoltées est
différée. On creuse une tranchée pour enterrer les racines, selon un plan incliné, avant la mise
en place.
Sylviculture Générale Licence AHA Page 46
5.3. Le reboisement:
5.3.1. Introduction:
Régénérer une parcelle consiste à y faire croître des arbres en vue de former un peuplement
forestier. La régénération, en fonction de la participation de l’homme au processus, est naturelle,
mixte ou artificielle. La régénération naturelle a lieu sans la participation de l’homme, par l’action
des facteurs naturels uniquement, tandis que la régénération artificielle ou reboisement
s’exécute par le semis des graines ou la plantation des plants.
La régénération naturelle permet de réduire la durée du cycle de production, de créer une forêt
conforme par sa composition et sa structure aux conditions concrètes du milieu. Ce sont
des forêts plus résistantes aux parasites et maladies, plus durables et, ce qui est très important,
plus économiques du point de vue des dépenses de création. C’est donc une méthode à
privilégier partout où les conditions de croissance le permettent. Seulement, la régénération
naturelle n’est pas possible partout, du fait de conditions défavorables, aussi, dans le but
d’assurer la régénération, on a recours à la méthode artificielle qui permet de garantir la création
du peuplement de composition voulue. Il y a boisement quand on implante une végétation
ligneuse sur une surface non forestière, tandis que le reboisement est le repeuplement artificiel
d'une surface antérieurement boisée. Du fait de la répartition régulière des arbres sur la parcelle,
la croissance est plus rapide, plus régulière et donc le peuplement est plus productif.
Cependant, la production artificielle implique des coûts supplémentaires, aussi, il peut-être
judicieux de combiner la régénération naturelle et le reboisement.
5.3.2. Choix du terrain et de l’espèce:
Les services demandés à la sylviculture sont multiples et variés, allant de la production de
produits forestiers divers, aux actions d’amélioration du microclimat, à la protection des sols et
des habitats contre les aléas, à la restauration des sols dégradés. A partir de là, les
interventions peuvent avoir lieux sur n’importe quel type de terrain, même les plus incommodes,
dès lors que la demande est exprimée. Il appartient au sylviculteur de sélectionner correctement
les méthodes et techniques pour parvenir à l’objectif visé, à savoir créer un peuplement qui
puisse assurer la fonction demandée. En sylviculture de protection, le choix du terrain ne se
pose donc pas.
L’un des moyens utilisés par le sylviculteur pour assurer le succès de l’activité est le choix de
l’espèce appropriée. Il existe sur la terre une multitude d’écosystèmes, des plus secs aux plus
humides, des plus froids aux plus chauds, des sols les plus pauvres aux plus fertiles, etc. dans
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lesquels pousse, généralement une végétation adaptée à ces conditions. Aussi, quand le besoin
se pose de reboiser un terrain donné, le sylviculteur a à sa disposition un échantillon d’espèces
suffisamment plastique pour s’adapter aux conditions données. Cela nécessite une étude, une
analyse des facteurs de croissance:
- le climat général: températures, précipitations, humidité, photopériode, régime des vents,
non seulement en s'intéressant aux moyennes annuelles, mais encore à la répartition par
saisons ;
- les facteurs topographiques: l'altitude, l'exposition, la pente façonnent les climats locaux et
ont énormément d'importance, influencent les méso et microclimat;
- les conditions édaphiques: propriétés physiques du sol, cycle de l'eau, composition
minéralogique, richesse en éléments nutritifs, corrigent, améliorent ou amoindrissent le
potentiel de production du milieu considéré.
La connaissance de ces facteurs orientera fondamentalement le choix de l’espèce à utiliser qui
sera celle donnant la meilleure satisfaction dans les conditions données. La technique
d’exécution des travaux permettra de corriger l’influence négative des facteurs les plus
défavorables. Le sylviculteur peut corriger les défectuosités du sol par l'assainissement,
l'ameublissement, la fertilisation. Parmi ces techniques, en bonne place se trouve la préparation
du terrain pour la réception des cultures.
5.3.3. Préparation du terrain:
La préparation du terrain est l’un des facteurs assurant le succès du reboisement par son
influence bénéfique sur le taux de survie, la conservation et la croissance des plants les
premières années de leur vie. Il convient tout d'abord de morceler le terrain en parcelles par un
réseau de chemins et de pare-feux pour permettre l'accès au peuplement, l'exécution des
entretiens et la lutte contre les feux. Il peut être justifié d'assurer l'accès au peuplement en toute
saison par la construction d'une piste principale améliorée. Un réseau d'assainissement peut-
être nécessaire sur terrain trop humide.
L’objectif de la préparation du sol est d’assurer une amélioration des qualités physiques, du
régime hydrique et thermique, la disponibilité des éléments nutritifs pour les plants, l’activation
de l’activité des microorganismes et l’élimination de l’influence négative des mauvaises herbes.
On peut obtenir cela par:
- l’émiettement et l’ameublissement du sol;
- le retournement de la couche labourable pour enfouir les herbes, les éléments organiques
et minéraux;
Sylviculture Générale Licence AHA Page 48
- le dégagement des semences et des parties souterraines des plantes adventices;
- le nivellement de la surface du sol;
- l’apport de terre forestière avec sa microflore;
- la création de sillons où l’on peut, selon les cas, installer les plantes au fond ou en hauteur.
Dans la pratique du reboisement au Mali, la mise en place a lieu dans des trous. Dans ce cas,
on effectue deux opérations:
le piquetage: qui consiste à matérialiser l’emplacement des trous en fonction de
l’écartement choisi;
la trouaison: creusement des trous de profondeur et de diamètre précis.
Ceci permet d’atteindre les mêmes objectifs recherchés par la préparation du sol.
Les plants peuvent être disposés de façon régulière ou irrégulière. On plante irrégulièrement quand il faut chercher un
emplacement convenable aux plants (sol, abri) et quand il faut éviter les obstacles. La plantation régulière peut être
en carré, en rectangle ou en quinconce.
Dans le cas des plantations de protection et d'embellissement dans les agglomérations, l'expérience acquise impose
d'envisager l'utilisation de la fertilisation. En effet, ces reboisements sont soumis à de très fortes pressions
(dégradations par les personnes et les animaux), telles qu'il faut créer les meilleures conditions de croissance
possibles leur permettant de dépasser rapidement la phase critique post plantation. Certains terrains soumis au
reboisement sont si dégradés que les plants se retrouvent dans des conditions très critiques de croissance. Cela
explique en partie le faible résultat de certaines actions de reboisement.
5.4. La plantation:
L’avantage de la plantation des plants est qu’elle peut, contrairement au semis direct, être
couronnée de succès dans toutes les zones agroclimatiques, particulièrement les plus sèches. Il
importe de privilégier la plantation par rapport au semis direct sur des sols:
- secs ou des sols perdant très rapidement l’humidité dans leurs horizons supérieurs;
- trop humides (totalement ou partiellement inondés);
- riches activement colonisés et couverts par les mauvaises herbes et par les jeunes pousses
d’espèces de peu de valeur;
- soumis à l’érosion hydrique ou éolienne.
De plus, il faut privilégier la plantation quand:
- la semence est rare, chère ou de mauvaise qualité;
- on veut installer des arbres d'ornement, d'alignement, d'allées ou repeupler des vides;
- on veut, pour des raisons techniques ou économiques, avoir des boisements de densité
déterminée et régulière;
Sylviculture Générale Licence AHA Page 49
- il existe beaucoup de risques de destruction des cultures par les oiseaux, rongeurs, etc.
Pour assurer le succès de la plantation, il faut utiliser:
- des plants répondant aux normes de qualité;
- des plants qu’on aura pris soin de protéger contre les blessures et le dessèchement pendant
leur collecte, inventaire, transport et leur mise en place;
- des techniques appropriées pour préparer le sol et exécuter la plantation.
Pour la plantation, on utilise généralement des plants d’une saison dont l’élevage aurait été
exécuté avec le plus grand soin. La mise en place a lieu en début d’hivernage après les
premières pluies quand le sol est humidifié, suivant les zones climatiques de juin à août.
La profondeur de la plantation dépend de la nature du sol et des conditions climatiques:
- sur sol dur et humide, il faut planter à faible profondeur;
- sur sols légers et secs, il faut par contre planter plus profondément.
Au moment de la mise en place du plant, un apport d’eau peut-être utile (1 seau d’eau par trou).
Cela est nécessaire dans les conditions arides.
Espacement de la plantation: est fonction de facteurs culturaux et économiques:
- du point de vue cultural, on plante relativement serré quand l'essence considérée est
sciaphile, quand les plants sont de qualité médiocre ou de reprise difficile, quand la station
est difficile par le climat, la végétation naturelle et le sol, là ou les travaux de préparation du
terrain et l'exécution de la plantation laissent à désirer, dans les lieux où les dangers sont
importants pour les plants et enfin pour hâter l'état de massif.
- du point de vue économique, quand les plants sont peu coûteux et les petits produits du
nettoiement ont une valeur marchande, si on veut obtenir des arbres bien élagués à fût
élevé.
On calcule le nombre de plants N à l'hectare en fonction de l'écartement choisi par la formule:
N = 10 000 / Produit des 2 écartements en m2;
Ainsi, on obtient un nombre déterminé d'arbres à l'hectare qui varie selon les stations et les
espèces. Il existe un minimum et un optimum. Le minimum pour les espèces de la zone
tempérée variant de 1500 -1800 pour l'épicea à 1000- 1200 pour le douglas. L'optimum a donc
une valeur plus grande de l'ordre de 5 000 - 6 000 pieds/ha*.
Sylviculture Générale Licence AHA Page 50
*De nombreuses expériences sur les densités de plantation ont montré que la production totale à un âge
quelconque était toujours supérieure dans les boisements serrés. La perte d'accroissement est d'autant
plus forte que les distances entre les lignes et entre les plants augmentent. Cette perte est acquise
pendant les premières années de la vie du peuplement où l'occupation du terrain est imparfaite. Le retard
ne se comble pas par la suite (Bartoli, 1971; Bartoli et Delcourt, 1969).
5.5. Entretien des reboisements:
L’entretien de la parcelle a pour objectifs de créer et d’assurer les meilleures conditions de
croissance et de développement des plants depuis la reprise jusqu’à la fermeture du couvert où
la parcelle acquiert la qualité de forêt.
Suivant les conditions spécifiques de la parcelle de reboisement, il peut-être nécessaire de
sarcler, désherber, d’arroser les cultures et au besoin regarnir.
Les soins aux arbres plantés ont jusqu’ici beaucoup moins compté que les travaux de plantation.
Tout se passe comme si on ne percevait pas la nécessité de protéger les reboisements pendant
un certain temps, nécessaire aux jeunes arbres pour se développer et assurer ainsi la
sauvegarde des investissements que constituent les reboisements. Il ne sert à rien
d’entreprendre une action de reboisement si l’on ne peut pas protéger les arbres contre
la destruction.
Dépressage: se pratique dans les espaces densément garnis. On enlève les sujets surabondants dont
les plus vigoureux pourront être prélevés avec la motte de terre pour les regarnis.
Recepage: s'adresse aux essences susceptibles de rejeter de souche. Les individus en mauvais état sont
coupés à ras de terre avec sélection consécutive du meilleur rejet qui remplacera le mauvais parent.
Rechaussement: sur les terrains soumis à l'érosion (hydrique ou éolienne), les racines des plants
peuvent être ''déchaussées''. On recouvre les racines dénudées avec de la terre. Dans les zones
d'intense activité hydrique ou éolienne, le reboisement doit aller avec les mesures de conservation des
eaux et du sol.
5.6. Appréciation de la qualité du reboisement:
La qualité du reboisement s'apprécie par le taux de réussite des travaux, c'est-à-dire le nombre
de plants ayant survécu ramené au nombre de plants mis en place. Un des facteurs influençant
le taux de réussite est le stress subit par les plants :
- pendant le transport entre la pépinière et la parcelle de reboisement;
- suite au changement brusque des conditions de croissance.
Sylviculture Générale Licence AHA Page 51
Une échelle de valeur permet d'apprécier la qualité du reboisement:
- de 95 à 100% : excellent;
- de 85 à 94% : très-bon;
- de 70 à 84% : bon;
- de 50 à 69% : assez-bon;
- de 25 à 49% : satisfaisant;
Un taux de réussite de moins de 25% est considéré comme insuffisant. Pour apprécier le
taux de réussite de reboisements, on utilise plusieurs termes: taux de reprise, taux de survie
dont l'essence est la même car consistant à comparer le nombre de plants vivants ramené au
nombre de plants mis en place. Ces deux termes expriment le taux de réussite du reboisement :
- une semaine à un mois après la mise en place;
- à la fin de la période de végétation.
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VI. LA PROTECTION DES FORETS:
<< Vouloir interdire à l'homme de se servir de sa forêt, c'est perdre le pari du
développement. Lui apprendre à le faire, c'est marquer sa confiance en l'avenir >>
Charles Quillevez
6.1. Introduction:
Il est difficile d’exagérer l’importance de la forêt dans la vie de l’humanité. En tant qu’entité de
l’environnement, la forêt est la source de nombreux biens et bienfaits, nécessaires à l’homme.
Concernant les forêts, il faut assurer leur protection conformément aux exigences de protection
de l’environnement. Ceci pose comme conditions la réalisation des tâches suivantes:
- la répartition équitable des terres suivant les catégories d’utilisation (agriculture, élevage,
sylviculture, etc.);
- la formation de peuplements hautement productifs avec les essences les plus utiles sur les
superficies allouées à la sylviculture;
- l’organisation de la production continue et élargie tout en respectant les contraintes de la
protection de l’environnement;
- l’utilisation rationnelle du bois et des autres produits forestiers de manière à diminuer les
déchets et les pertes;
- la protection des cours d’eau et de l’atmosphère contre les émanations toxiques.
6.2. Protection des forêts:
Tout au long de sa vie, le peuplement est soumis à l’influence de facteurs défavorables du
milieu environnant parmi lesquels on peut citer les facteurs:
- édapho-climatiques: la lumière, la température, l’humidité, le vent, la richesse et la
composition mécanique du sol, le relief, la pente, l’exposition, etc.;
- biotiques: l’action des différents végétaux les uns sur les autres, des animaux et
microorganismes;
- anthropiques: les coupes, les incendies, la pollution de l’air et de l’eau, le pâturage, etc.;
6.2.1. Protection contre les facteurs abiotiques défavorables:
la sécheresse: le bilan de l’eau d’un territoire donné sous entend la comparaison de son apport
sous forme de précipitations et sa dépense en évaporation, transpiration, infiltration et
photosynthèse. La valeur de la dépense concrète en eau dépend du volume total des
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précipitations, de la radiation et de la nature du peuplement. Dans les conditions d’insuffisance
de précipitations et d’évaporation élevée les arbres doivent s’adapter en diminuant leur niveau
de transpiration. Seulement, cela a des conséquences: la productivité du peuplement, sa
résistance et sa durée de vie diminuent, sa capacité de régénération naturelle peut-être ainsi
affectée.
.
- le vent: la vitesse du vent détermine sa nocivité pour les arbres. Les données suivantes
l’attestent:
Echelle Vitesse Vitesse Classification du vent Conséquences
de (m/s) (km/h)
Beaufort
7 15,5 55,80 - Vent fort - l’arbre tangue;
9 22,6 79,41 - Tempête - les branches cassent;
10 26,4 95,00 - Tempête forte - les arbres sont renversés et se cassent;
12 34,8 122,30 - Ouragan - les arbres se cassent, les toitures des
maisons s’envolent;
16 53,5 192,60 -Ouragan redoutable - les constructions en béton armé sont
détruites
Le vent en rencontrant sur son passage une forêt change de direction et de vitesse. L’intensité
de ce changement devant la forêt, à l’intérieur et après elle dépend de sa composition
floristique, de sa densité et de sa structure. La diminution de la force du vent commence devant
la forêt à une distance égale à 10H. Cette force diminuée se conserve après la forêt sur une
distance égale à 20-25H. C’est pourquoi, la distance moyenne entre deux lignes de brise-vent
est estimée à 30-35H.
Le vent a une autre conséquence: l'érosion des sols dans les zones les plus sèches, ce qui
constitue un fléau. On assiste souvent au phénomène de ''déchaussement des arbres'' sous
lesquels toute la terre est transportée, laissant les racines à l'air et pouvant causer la mort
définitive.
- La fertilité du sol: la tolérance à la pauvreté du sol est la capacité des arbres à extraire de
celui-ci les substances nutritives nécessaires ou à supporter leur insuffisance. C’est ainsi qu’on
classe les différentes espèces en fonction de leur exigence quant à la richesse du sol. Il faut
admettre que la plupart des espèces forestières évoluent dans un large diapason de richesse du
sol, l’influence se ramenant à la productivité et aux dimensions de l’arbre dans différentes
conditions de fertilité.
6.2.2. Protection contre les facteurs biotiques :
Les oiseaux, les mammifères, les insectes et les microorganismes sont des composantes de la
forêt. Le peuplement, le sous-bois, le tapis herbacé offrent à cette faune la nourriture, les lieux
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de cache et de nidification. La forêt et cette faune sont en relation dynamique positive ou
négative. L’influence négative de la faune est variée: attaque des feuilles, du bois, destruction
ou piétinement des pousses, etc. La régulation de la population permet d’éviter les dégâts
considérables. La principale menace des peuplements peut provenir des attaques massives
d’insectes ou de maladies dues aux champignons. Ils mangent ou détruisent les feuilles, les
jeunes rameaux, les fleurs, les bourgeons et les graines, transpercent ou altèrent le bois et
l'écorce des arbres en croissance et ceux des troncs abattus et stockés. Les arbres vivants
attaqués sèchent sur pied et meurent en masse.
Les méthodes de lutte comprennent:
- la lutte préventive: ramassage du bois mort, élimination des arbres malades, séchés sur
pied, des résidus de l'exploitation et le débardage rapide des bois abattus;
- la lutte en cas d'attaque massive: est plus difficile, plus coûteuse et ses résultats donnent
satisfaction quand elle est utilisée au bon moment, celui de la phase de développement du
parasite antérieure à l'explosion de la population. On règle la situation au cas par cas par
l’utilisation de produits chimiques. En cas d'explosion de la population du parasite,
l'utilisation du pesticide affecte l'environnement de façon sensible, aussi, on privilégie de plus
en plus la lutte biologique.
6.2.3. Protection contre les facteurs anthropiques :
La pollution: le développement des industries et du transport, l’utilisation de produits
chimiques à grande échelle, la pollution de l’air et de l’eau ont atteint des dimensions
inquiétantes. On y rencontre SO2, CO, H2S, NO, NO2, les composés fluorés, la poussière, la
fumée qui ont une influence négative sur la forêt quand la concentration dépasse certaines
limites. La tolérance des différentes espèces d’arbres n’est pas la même. Les espèces
décidues ont la possibilité de réduire l’effet néfaste de la concentration des gaz en jetant le
feuillage. Il faut lutter contre les sources de pollution pour limiter leur impact négatif sur les
forêts, en particulier, et l’environnement, en général.
Les Dégâts dus à la surpopulation: l’effet de la surpopulation s’observe de la part du bétail
dont le nombre élevé conduit à la destruction des jeunes pousses et leur piétinement, le
compactage de la surface du sol. Il faut réguler la pression du bétail sur la forêt. Cela a
comme conséquence la dégradation généralisée des pâturages, la mutilation ou la
défeuillaison totale et fréquente des arbres fourragers. L’augmentation de la population
humaine conduit aux coupes excessives de bois, aux défrichements incontrôlés qui
réduisent le couvert et la surface forestière. Dans certaines zones, notamment autour des
grands centres urbains, cette exploitation a entraîné la création de véritables auréoles
désertiques suite à la surexploitation. L'accroissement de la population entraîne une
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augmentation des besoins en énergie domestique. Les dommages causés aux systèmes
forestiers tropicaux par les paysans peuvent intervenir dans 3 sortes de situations :
- quand le terrain défriché est impropre à la culture;
- quand les paysans ne se rendent pas compte de la sensibilité de l’écosystème à la
dégradation ou ne se préoccupent pas de tels dommages et ne prennent pas soin
d’ajuster leurs pratiques agricoles en fonction de cette vulnérabilité;
- quand les paysans sont conscients de ces dommages, mais sont contraints à une
exploitation destructrice pour survivre.
Tout cela conduit à des dysfonctionnements:
- abandon de pratiques paysannes éprouvées pour d’autres aux effets peu étudiés;
- opposition ville-campagne: quand les villes absorbent la population rurale par l’exode
qu’il faut ravitailler en bois que le restant des ruraux se procure en dénudant davantage
leur environnement et précarisant davantage leur vie.
Par voie réglementaire, on essaie de protéger les formations forestières contre :
les coupes abusives (défrichements). Ainsi, la loi 95-004 interdit le défrichement:
- dans les zones de naissance des cours d'eau;
- dans les zones de peuplements purs d'essences présentant un intérêt économique ou
d'espèces protégées par les lois, règlements et conventions;
- dans les zones pour raison de salubrité publique;
- dans les zones protégées dans l'intérêt de la défense nationale;
- dans les forêts classées et les périmètres de reboisement.
Les défrichements sur les pentes des montagnes, collines, dunes et plateaux où il y a des
risques d'érosion et de ravinement et aux abords des cours d'eau permanents et semi-
permanents sur 25 m à partir de la berge, des points d'eau tels que mares, puisards et puits,
doivent être accompagnés de la mise en œuvre de mesures de conservation des ressources.
Ces mesures réglementaires* visent à assurer la protection des formations forestières pour
qu'elles jouent leur rôle de protection contre l'érosion et d'autres facteurs climatiques
défavorables.
L'exploitation des principaux produits forestiers à des fins commerciales est subordonnée à
l'obtention d'un permis. Le permis n'est délivré qu'aux exploitants forestiers régulièrement
enregistrés et au fait des exigences qu'ils sont tenus d'observer lors de l'exploitation. Ces
dispositions sont renforcées par d'autres rendant obligatoires l'installation et l'utilisation de foyers
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améliorés dans le but de diminuer la consommation de combustible ligneux par les ménages.
Des mesures aux effets similaires sur les niveaux de prélèvement de ressources ligneuses,
notamment l'utilisation de réchauds à gaz et à pétrole est en phase de vulgarisation.
le surpâturage: le code forestier concède aux populations le droit de faire paître leur
animaux dans les forêts. La seule réglementation prévue fait interdiction aux bergers de
causer des blessures aux arbres et arbustes en cassant leurs branches ou en les abattant
pour leurs feuilles, mais cette interdiction concerne seulement la zone sahélienne.
Les incendies: on appelle incendie tout feu se répandant de façon incontrôlée sur la surface
forestière. La source de ces feux peut-être variable, mais la principale source est humaine:
les travaux en forêt (agriculteurs, éleveurs, chasseurs, entreprises), les promeneurs, etc. Les
conséquences sont souvent considérables: la forêt est partiellement ou complètement
détruite, y compris la faune. De plus l’incendie peut déborder sur les constructions et les
agglomérations. Les feux de forêt et de brousse causent beaucoup de dégâts chaque année
en Afrique. Le passage régulier du feu a eu son impact sur le caractère de la végétation par
l’élimination de toutes les espèces peu résistantes au feu, l’aspect tordu et rabougri des
individus, leur faible productivité.
La législation en vigueur réglemente l'utilisation du feu comme méthode culturale et fait
obligation aux témoins de feux de brousse d'empêcher leur propagation. D'autre part, les
communautés sont responsables de la protection des massifs à leur proximité immédiate
contre les feux de brousse. Le domaine forestier doit être protégé par un système de pare-
feux pour limiter les dégâts en cas d'incendie.
6.3.2. Les pare-feux: on les appelle aussi coupe-feu, sont classés en trois catégories: arborées,
dénudées ou cultivées. Pour jouer correctement leur rôle les pare-feux doivent être :
- suffisamment larges pour permettre l'évolution des engins;
- en bon état;
- balisée et répertoriée sur la carte;
- débroussaillée sur une bonne largeur.
6.3.3. Les points d'eau aménagés: mares naturelles ou artificielles avec route d'accès,
réservoirs ouverts ou fermés de capacité variable. Dans les forêts d'intérêt touristique, ces
points d'eau sont complétés par d'autres équipements.
La prévention concerne également l'information du public et la répression de la malveillance.
6.4. Le guet et l'alerte: on distingue les guets terrestres et aériens:
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Le guet terrestre est soit fixe (pylones et tours d'observation plus ou moins hauts avec plus ou
moins de confort pour le personnel), soit mobile par utilisation de véhicules. Un des éléments
importants de tout système de guet sont les cartes et les moyens de communication disponibles
(par radio, téléphone). L'importance d'un système de guet dépend de facteurs tels le nombre de
feux (périodicité), les superficies détruites, l'intérêt économique, touristique ou écologique des
peuplements, la météorologie, les risques pour la population.
6.5. L'extinction:
L'efficacité de toute stratégie de lutte contre les feux repose sur:
- la transmission rapide et correcte de l'alerte;
- l'intervention immédiate de moyens suffisants;
- l'utilisation de matériels simples et fiables.
Les incendies de forêts ravagent et détériorent chaque année des quantités considérables de
bois. Ils perturbent ainsi pour des dizaines d'années l'économie forestière des régions sinistrées
et détruisent leur attrait touristique. Le sol dénudé et exposé à l'érosion s'appauvrit. La forêt
repousse plus pauvre et surtout plus sensible au feu. Aux conséquences écologiques et
financières s'ajoute la menace pour la sécurité publique. La lutte contre les feux de forêts à un
caractère particulier qui la différencie des feux classiques car il existent de grands risques de
propagation sur de très grandes superficies avec une progression rapide et désordonnée, ce qui
complique considérablement l'extinction. L'occurrence des feux de forêt se trouve décuplée par
l'effet des changements climatiques. L'efficacité des équipes de lutte contre les feux dépend:
- de la valeur du personnel et du matériel;
- leur organisation;
- les méthodes tactiques employées qui elles mêmes dépendent fortement du type de
peuplement et des conditions météorologiques.
Une connaissance approfondie des différents types de combustibles végétaux (inflammabilité et
combustibilité) est indispensable. En effet, selon que le feu se propage dans les herbes, les
arbres verts feuillus ou résineux ou encore dans une litière, son comportement est différent.
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