N
le ne fay rien
sans
Gayeté
(Montaigne, Des livres)
Ex Libris
José M i n d l i n
L E S
SINGVLARL
TEZ DE LA FRANCE AN-
TARCTIQ^VE, A V T R E M E N T NOM-
mée Amerique,& de plu(îcurs Ter-
res & Mes decouueïtes de no*
tire temps;
¥
PiAR T. iASVR-E THEVET\ K^fi-
TIF D\*NGOy~LESMt.
V
V_?* **
A A N T 1 * l,
BeTimprïmerie de Chrifiophle PIMIÎH
a U Licorne d'or.
1
5 S S-
A V E C P R I V I L È G E , DV ROT.
E X T R A I T DV P R I V I L E G E .
xA Maiejlé Royale a permis à chri-
[flophlcPlantin, Imprimeur 0> librai
re Iuré,d'imprimerait faire imprimer
& -vendre le lïure intitule. Les fin-
gularitez de la France antar&icjue autre*
inent nommée Amérique. & c . Et défend a?'
tous Libraires,Imprimeursi&> autres quelquone j
tjucs, d'imprimer ou faire imprimtrçvedre ne di'
jlrtbuer lediâ Hure en nul lagage deuaht III ans
prochainement "venantsfur peine de cofijeation
de ce qu'ils auroyent imprimé,^1 de -vingt Caro*£
lusdamende.DonéaBrujJelksle JCX d'tsfuril,
Lan i j f 8» Signe,
Ph. deLem.
A M ON SEIGNEVR
M O N S E I G N E V R LEREVEREN-
dejftme CArdinalde Sens,Garde des féaux
de France, F, ^Andr'e Theuet de-*
firepaix C7* félicité\
Onfeigneur,eftant iu_fammét aùcr
ry,combien, après ce rreflouable, &
non moins grand & laborieux exer-
ci ce,auquel àplen au Roy employer"
voftre prudence,& preuoyâtfcauoir,
vous prenés plarfir, non feulement à
^ . •^5=^ ^ j r C j a m s à voir St goufter cjuelq; bel-
Ifchiftoire, laquelle efrtre tant de fatigues puifle recréer
•oftrc efprir, & luy donner vne délectable imermiflîoit
de fesplus graues & ferieux negocesû'ay bië ofé m'en-
hardir de vous prefenterce mien difeours, du lointain
voyage fait en l'Inde Amerique(autrement,de nous nô
i _ e e la France Antarctique , pour eftre partie peuplée,
' P™^ decouuene par noz Pifottes, ) terre, qui pour le
»_d'huy fe peur dire la quatrième partie du môde,non
tant pour l'elongnement de noz orizons,que pour la di
tterfité du narurcl des animaux , & température du ciel
delà contrée:aufsi pource que aucun n'en a fait iulques
wy la recherche, a n dans tous Cofmographes ( voire fc
perfuadans)que le monde fuft limité en ce que les Anei
ensnous auoient décrit. Et iaçoit que la chofe mefèm
ble de Coy rrop petite,pour eftre offerte deuant les yeux
oc voftre Seigneurie , toutefois la grandeur de voftre
nom fera agrandir la petitefle de mon œume: veu mef-
ïjcment que ie m'afleure tant de voftre naîfue douceur
Tçrtu & defir d'ouïr chofes admirables, que facilement
vousiugerez monintentaion netedre ailleurs,qu'a vous
faire cognoiftre, que ie n'ay plaifir,qu'à vous offrir cho-
ie, de laquelle vous puiffiez tirer & receuoir qUelq; con
A a, ÏCH
i M s r » t.
tentcmcnt,& oU quelquefois vous trouuiezrelalthc de
ces grands « ennuyeux foucis, qui Coffret en ce degré,
me vous tenez.Car qui eft l'eiprir fi conftât,qui.quclq;
?<ois ne Ce faïche, voire le confume.en vacquant fans in
terualle, aux affaires graues du gouucrnement d'vnc rc
publiquc.;Certcs,toutainfi que quelquefois,pour le fou
lagcmenr du corps,le doue médecin ordonne quelque
mutation d'alimcns:anfsirefprit eft alléché, & comme
femonds à grands choies, par le récit diuerfifié decho-
fesplaifantcs, & qui parleur véritable douceur femblét
chatouiller les oreilles. Cccy eft la raifon pourquoy les
Philofophes anciens,& autrcs,fc retiroient fouuét a l'cf
cart de la tourbe, Se cnueloppemct d'affaires publiques. •
Comme aufsi ce grâd orateur Ciceron tefmoigncfcftrc '
pluficurs fois abienté du Sénat de Rome(au grâd regret
toutefois des citoyens) pour, en fa maifon enampettre,
chérir plus librement les douces Mules.Dôncqucs puls^
qu'entre les noftres , ainlî queluy entre les RomaMji, -
pour voftre finguliere cruditiô,prudence,& éloquence,
cftes comme chef ,& principal adminiftrateur de la tri-
omphante Republique Françoife, & tel à la vérité, que
le deferit Platon en (a République,^eft à fçauoir grand
Seigneur, & homme amateur de feience & vertu : aufti
n'en il hors de raifon de l'imiter & cnfuiuiren ceft en-
droit. Or Monfcigncur,ainfi que retournant tout attedié
& rompu de fi long voyage,i'ay efté par vous premiçre-
ment,dc voftre grace,rcccu &bic venu,qui me donnoic
à cognoiftrc,qu'eftes lefinguliet patron de toute vertu,
& de tous ceux qui f'y appliquent : aufsi m'a femblé ne
pouuoir adrefléx en meilleur endroit ce mien petit la*
beur qu'au voftre. Lequel fil vous plaift reccuoir autant
humainementjcommc de bon & affectionné vouloir lç
vous prefente & dedie,& fi lifez le côtenu d'iccluy.trou
uertz.àmon opinion en quoy vous recrcer,& m'oblige
rez à iamais(combien quedxlîa, pour plusieurs raifons^
ie me fente grandemet voftre tenu & obligé) à faire très
humble & trefobeïllàntferuice à voftre Seigneurie:à la-
quelle ie fuppliele Créateur donner accôpliftcrncnt de
toute proipcrité,
Efticn»
ESTIENNEIODELLE
S E I G N E V R D V L I M O D I N . A M,
THEVET. ODE.
/ nous amans pour nous les Dieux,
Si noflrepeuple auoit des yeux,
StlesgrAnds Aymoient les doflrmes,
Si no^ mdgiftrdts traffiqucurs,
lAymoient mieuxf enrichir de meurs,
SZuef enrichir de no^ruines,
Si ceux la qui fi l>ont m*Jq»Ant
Du mm de dotle enfimocquant
N'Aymoient mieux mordre lesfiiences
£>u'en remordre leursconfitences,
^iyant dltn tel heur laUturé
Theuet tufirois Ajfcure
Des moijfons de tonlabourAge,
SluAndfiiuortfir tu lierrou
IAUX Dieux,AUX hommes,çy aux JÇoys
Et ton ~\oyAge £?* ton ouurage.
Carft encor nous eflimons
De ceux la lesfuperbes noms.
QM dans leurgr And\Argon dirent
^Ajfermr Neptune AUfar deAU,
Et qui mAugri tire de l'eAU
Jufque dans le Phafi Voguèrent:
Si pour Aucir l'eu tAnt de lieux
ylyffe efiprefque entre les Dteux>
Combien plus tonl>oyagc t'orne,
QuAndpAjfantfiubsU CApricorne
v>€s "yeu ce qui eufifititpïtmtr
«X \ >AUx-
jtlexAnàreîÇt honnorer
Ion doitPtoïoméc enfisœuures
Quefi ce qui ne t'honoreroit
Qui ceUquel'Autre ignorait
Tant hcureufementnous defiteuures?
Mais le Cielpar nous irrité
Semble dlnïceil tant dépité
Regarder noflre ingrate FrAnce*
les petitsfont tant Abrutis,
Et les plusgrAnds qui des petits
Sont là lumière ey lapuijfance,
S'empefihent touftours tellement
En l>n trompeur aceroijfement,
Que 1/eu que rien ne leur peutpUire,
S>ue ce qui peut plus grAnds lesfairey
Celuy lafait beaucappourfiy
Qui fait en France comme moy,
Cachantfa l>ertu laplut rare,
Et croy "Peu ce temps 1/icieux,
Qu'encor tan liure firoitmieupa
En ton ^Amérique barbare.
Car qui l>o.udroitl>n peu blafiner
Le pays qu'il mut faut aymer,
lltrouueroitU France ^/Tr Bique
lAuoir plus de monfires,iecro.y,
Etplus de barbarie enfiy
S£ue n'ApAS ta France <AntarBtq*fC.
Ces barbares marchent tous nuds.
Et nous nous marchons incognus,
Fardezjmajque^. Cepeuple efirange
\A lapieté nefirange;
H<m
Nom ht nefere nmsmefprifins,
tipons^edansjcr deguifens.
Ces barbarespour ce conduire
n'ont pas tant que nous de rai fin:
Mais qui nel/oit que lafoi fin
tfenfirt que pour nous entrenuire?
Toutesfojs,toutesfois ce Dieu,
Qui n'a pas bani de ce lieu
L'ejperance nofire nourrice,
Changeant des deux l'inimitié, k
yAura defa Francepitié
Tantpour le malheur que le Ince.
le "voy nozj^is ©- leurs enfans
De leurs ennemis triomphons,
Embraffèr les chofis louables,
Et no^tnagiftrats honorables
Séparons les boucs des, agneaux,
Ofier en France deux bandeaux,
*Aupeuple celuy d'ignorance,
^Aeux celuy de leur ardeur,
Lors ton liure aura bien plut d'heur
Enfil>ie, qu'enfi.naijfance.
A M O N S E I G N E V R T H E V E T
Angoumoifin, Autheur de la prefentehiftoj
re François deBelleforeft Cômingeois,,
ODE.
L E hboureur,quand il moiflinne
Courbé par les champs "vndoyans:
Ou quandjur lafin de teutonne
Contraintfisbeufs(japanthelant
Deffoubsleieug,foubsUtelUgey
*A 4 ^Wi*
J^ecommancer le labourage,
Qui pouruo'rr puife aux ansfuyuans:
Nefesbaktjl,quoy que la pêne,
Que la rudejfe du labeur
Cajfentfin corps,ams d'l>nc halene
Forte,attendu temps,qui donneur
D'^Années riches luy rempltjfe
Sesgr anges & luy par four mjfe
L'attente d'im efperéheur.
^îinft ta plume qui nous chante
Les meurs,les peuples du Leuant,
Dupajj'e'poin t ne fi contente,
Qupy quelle ait ejpandu le lient
D'ime gloire immortalifée,
D'l>ne mémoire éternisée,
Qui court du Leuant au Panent.
Car encor que l antique Thrace,
QueV^/Trabe riche ayes "Peu,
Que d^/Cftela terregrajfe,
D'^AEgyptc les merueilles fieu:
Encor que ta plume diurne
Nous ait defint la Paleftine,
Et que de ce fin louait eu:
Toutefois ce deÇir d'entendre
Le plus exquu de llmiuers,
A fait ton liolplus loing eflendre:
Luy afait "Pair déplus diuers,
Tant peuples, que leurs pàifages,
Hommes nudsallans,çy Sauuages,
lufque icy de mtldecouwrs,
le "Poy ton Itoyage^qutpajfe
Tovti
Tous degré^ & dimenjions
D'iin Straban,qui le ctelcompati,
Et leshAbitexjn^pns,
Lefquels Ptolamée limite:
MAIS leur congnaiffknce petite
SurpAJfent tes conceptions.
CAT AyAnt coftoyé d'^Aphrique
Les règnes ricbes,ey* diuers,
Les loingtains pAÎs d'Amérique
DoBement nous as decouuers:
Encor en l'^ïntarBiq'AUAnces,
Non line,maif deux telles Frances
Quifitent miracle à llrniuers.
Et ce que iamais l'efirit d'homme
N'Avait pArdeçA rApporté
Tu l'exprimes, tu le pains,fimmc
Tel tu lefais,qu'en l'enté
L'obfiurté mefme enfiroit clere:
Tant que par ce moyen fefiere
Que Ion yerra refufcité
Des mandes cefi infini nombre,
Qui frit .Alexandreplourer,
O que d'arbres icy te nombre,
Quels fruits doux t'ypeu^fiuourer:
Que de monjfres diuers enfermes,
Quelles meurs de liiure difformes
.Aux nofires tu fiais coulourer.
le liay lagent qui idolâtre
fantofi Impoijfon efiaillé,
Ors lin boupiin metal,lmplajlre
Par eux mis en œuure,Çr taillé:
Tan-
TAnttft l>n Pan,qui mis en etuure
Nofire Dieu toutpuiffant defiœuure.
Qui de tl>niuers emaillé
Par maintes beaute^feit le moule,
Et [enrichit d'AmmAux maints,
Qui la terre en forme de boule
Enfourna desciels clers-feraim.
De lafirtent tes Antipodes,
Ces peuples que tu accommodes
Aces Sauuages inhumains.
Defquels quand lafaconl>icns lire
A**tt tint d'inhumanité^,
D'horreur,dc pitié,& puis d'ire,
lepourfuu ces grAnds cruauté^
Quelquefois de leur politique
le loue laJainBepratique,
Auecques leursfimpliciteZj.
Lasfide ton efpritt image,
Dieu eufiposé en autre corps,
Lequel alin marinier orAge
Eufi euité lesgrands,ejfors,
Qui eufi craint de lioirpar les "rndet
Les efclats, les coupsfuribondes
Des armés, Cr cent mille morts.
Pas n'aurions de cefie hifioire
Le doBe ey "Rentable trait:
Mais Dieufeigneux c*r de tagloirt
Et de téquitablefiuhait
De la FrAnce,qui ne defire
Quechofis raresfiuuent lire,
Ce defira mis en effait.
* *
fejf quand ilejhena tepolt
Pt ton bon efprit,eyiefieut
O Theuet,pourporterparolle
De ces peuples, atnfi l>ottlut
Que de "Pair defireux tufuffef,
Etpour le mieux,ilfeit quepeujfes
Parfaire ce que autre onc nefieut,
Amfi t Europe tributaire
A ton labeur, t'exaltera:
Pas ne pourra Francefitaire,
Ams t'admirant iefgaiera,
Lifiant ces merueilles cachées
Etpar nul efermant touchéesi
Les lifiant,elle t'honorera.
IN THEVETVM N OV I OR-
bis peragratorem & defcriptorem,Io.
Auratus, literarum Graecarum
Regius profeffor.
A Vretenus, fidnonpedibut,necnauibutliUU,
plurimus ey terras,menfiu <y eft maria
Multa tamen non nota maris terraquereliBa
Hts loca,nec certis tefiificata nous.
Ai maria ey terras pariter "Vagus ifie Theuetttt
Et ~>ijû, ey menfus nauibus eypedtbtu.
T ignora certa refert langarum h^efiripta "piarum,
lgnotique orbis curfir ey author aaefl.
Vix qua audita alijsJubieBafidelibus edit
ffie oeulis,terrafijpes ab Antipodum.
Tantum alijs hic CoJmograpbisCoJmographut anleit,
Auditu quantfeertitr ejf oculm.
PREFACE ArX LECTEVSJ5.
Onfiderant à par moy, combié la lon-
gue expérience des choies,& fidèle orJ
leruationde plufieurspais & nations,
enfemble leurs meurs & façons de vi»
tire, apporte de pcifcctiô à l'homme:
comme fil n'y auoit autre plusloua-
' ble exercice,par lequel on puiffe fuffi-
famment enrichir fon cfprit de toute vertu héroïque &
feience trcffolidc:outrema premièrenauigation au pais,
de Leuant,en la Grece,Turquie, Egypte, & Arabie, la-t
quelle autrefois ay mis en lumière, me fuis de rechef
loubs la protection & conduite du grand Gouuerneur
de l'vniuersjfi tant luy a pieu me faire de grâce, abâdon'
né à la diferetion & mercy de l'vn des elemens le plus*
inconftant,moins pitoyable,& afleurc qui foit.cntrc les.
autres.aucc petis vaiffeaux de bois,fragiIes & caduques,
(dont bien fouuent Ion peut plus cfperer la mort que)
la Yie)pour nauiger vers le pôle Antarctique, lequel n'a
iamaisefté decouuertne congneupar les Anciens,com
me il appart par les eferits de Ptolomée & autres, mef-
melenoftre de Septentrion,iulques à l'Equinodtial: tât
f en faut qu'ils ayent paffé outre,& pOurce a efté cftimé
inhabitable.Et auons tât fait parnoziournées,quc fom
mes paruenus à l'Inde Ameriquc,enuiron le Capricor-
ne,tcrrc ferme,de bonne température, & habitée : ainfî
que particulièrement & plus au long nous délibérons
efenre cy après.Ce que l'ay osé entreprendre a l'imita-
tion de pluneurs grands pcrionagcs,dôr les geftes plus
qu'heroiques, & hautes entrepri/es célébrées par les hi-
ftoires,les fonr viure encorcs auiourd'huy en perpemel
honneur & gloircimmortelle.Qui a donné argument à
ce grand poète Homere,de tant vertueufemét celebrei
pat fes eicrits VlyffeSjfinon cefte longue pérégrination"
& loingtaiu difeours, qu'il a fait en diuers lieux, auec
l'expérience de plufieûrs chofes,tant par eau que par ter
rc,apres le facagement de Troîc i Qjui a efté occafion à
Virgile
r R n A c i,
Virgile de tant louablement efcrire le Troien Enée(c5
bien que,felon aucuns H iftoriographes, il euft malheu
reufement liuré fbn propre païs es mains de les enne-
mis) finon pourauoirvertueufèmentrefîfté àlafurcut
des vndes impetue_ès,&autres inconueniens de lama
rine,il y ait veu & expérimenté plufîcurs chofès,& fina-
blement paruenu en Italie-5 Or tout ainfi que le fbuue-
rain Créateur a compolé rhomme de deux efïènces t»
talement différentes, l'vne élémentaire & corruptible,
l'autre celefte,diuine,& immortelle-aufsi a il remis tou.
tes choies contenues fbubs le cauedu ciel,en lapuifïàn
ce de l'homme pour fbn vfàge deffus : à fin d'en cognoi
ltre autant qu'il luy eftoit neccf!aire,pour paruenir à ce
fbuuerain bien, luy laiflant toutefois quelque difficulté
& variété d'exercice:autrement le fuft abaftardi par vne
oifiucté & uonchallance.L'homme donc bien qu'il loit
créature merueilleufèment bien accompli, fi n'eft il ne
antmoins qu'organe des actes vertueux , defquelz Dieu
eft la première caufende façon qu'il peut cflire tel ir.ftru
ment qu'il luy plaift,pour exécuter fbn deffein, fbitpar
mer oupartene. Mais il Ce peut faire , comme Ion voit
le plus fouuent aduenir, que quelques vus foubs ce pre
te_e,facét couftume d'en abufèr- Le négociateur pour
vn-e auarice & appétit infàtiablc de quelque bien parti-
culier & temporel,fê bazardant indiferetement, eft au-
tant vitupcrablc , ainfi que trefbien le reprend Horace
en Ces Epiftres, comme celuy eftlouable,qui pour l'em
bellùTement & illuftration de fbn efprit,& en faucur du
bien public, f expofe librement à toute difficulté. Ceftc
méthode a bien feeu pratiquer le fage Socratcs,& après
luy Platon fbn difciple,lcfquels non feulement ont efté
contens d'auoir voyagé en paîscftranges,pour acquérir
le comble de philofbphie, mais aufsi pour la communi
quer au public, fans efpoir d'aucun loyer ne recompen
le Ciceron'ailpascnuoyé fbnfils Marcà Athènes,
pour en partie ouyr Crarippus en Philofbphic,en partie
pour apprendre les meurs & façons de Yiurc des citoyes
d'Athenes^Lyianderelcu pourfà magnanimité Gotiuer
neur des Lacedcn»oniés,afï yaïllanaét exécuté plufîeurs
que
P R I V A Ct.
belles entreprîtes contre Alcibiades, homme preux &
vaillant:& Antiochus fonlieutenâtfur la mcr.quc quel
que iadture ou détriment qu'il ait cncouru,n"eut iamais
le tueurabaiffé , ains a tantpourfuyui fbn ennemy pat
mer & terre, que fînablement il a rendu Athènes ioubs
fon obeifTance. Themiftocles non moins expert en l'art
irtihtairc,qu en philofophic, pour mohftrer combien il
auoit defir d'expofèr fa vie pour la liberté de fon païs,a
perfuadé aux Atheniens.que l'argent recueilly es mines
que Ion auoit acouftumé de diftnbuer au pcuplc,fuft co
uerti & employé à baftirnauires,fuftcs,'& galeres,côtre
Xerxes, lequel pour en partie l'auoir deffait, & en par.
tie mis en route, congratulant à cefte heureufe victoire
(cotre le propre d'vn ennemy) luy a fait préfet de trois
les plus apparentes citez de fbn empire. C^iiia caufé à
Seleuc Nicanor.à l'Empereur Augufte Cefar, & à plu-
fieurs Princes & notables perfonnages de porter dans
leurs diuifes & enfeignes le Daulphin, & l'anchre de la
nuairc, finon donnans inftruction à la pofterité , que
l'art de la marine eft le premier, & de rous les autres le
plus vertueux? Voila fans plus long difeours, exemple
en la nauigation, comme toute chofê, d'autant qu'elle
eft plus excellente, plus font difficiles les moyens pour
y païuenir: ainfi qu'après l'expérience nous tcfmoigne
Ariftote,parlant de vertu.Et que la nauigation fbit tou-
jours accompagnée de péril, comme vn corps de fon
vmbre, l'a bien monftre quelquefois Anacharus Philo-
(bphe, lequel après auoir interrogé de quelle eipefTeuf
eftoient les ais & tablettes,dôt font compofecs les naui-
res:&larefpoiife faicie , qu'ils eftoienr feulement de
quatre doigts:De plus, dit il,n'eft elongnée la vie de la
mort de celuy qui auecques nauires flotte fus mer . Or
mefsieurs, pour auoir allégué tant d'exccllens perfon-
nages, n'eft que ie m'eftime leur deuoir eftre comparé,
encor moins les égaler: mais ie me fuis perfuadé que la
grandeur d'Alexandre, n'a cmpefché fes fuccefTeurs de
•enter , voire iufques à l'extrémité, la fortune:aufsi n'ai
le feauoir eminent de Platon iufques là intimidé Arifto!
le, qu'il u'aye à fon plaiûr traiité de la Philofophie,,
ToW
9 R. % 1 A C I .
Tout ainf!, à fin de r.'eftre veu oyfeux & inutile entre
les aurres,non plus que Diogenes entre les Athéniens,
t'ay bien voulu réduire par efcrit plufieurs choies nota
bles,que i'ay diligemment obfèruees en ma nauigation
entre le midy &le Ponenf.C'eft àfeauoir lafituation &
difpofîtion des lieux,en quelque climat,zone,ou paral-
lèle que ce foit, tant de la marine,ifles, & terre ferme,la
température de f air,les meurs & façons de viure.des ha
bitans, la forme & propriété des animaux terreftres,&
marins:cnfemble d'arbres,arbrifrcaux, auec leurs fruits,
minéraux & picrreries:le tout reprelente' viuement au
naturel par portrait le plus exquis, qu'il m'a efté pofsi-
ble O^uât au refte,ie m'eftimerày bië-heureux,s'il vous
plaiftde receuoir cemié périt labeur, d aufsi bon cueur
que le vousprefènte: m'afleurat aiifurplus que chacun
l'aura pour agreable,fi bien il penfê au grand trauail de
Il longue & pénible pérégrination, qu'ay voulu
cntreprendre,pour à 1 œil voir, & puis met
tre en lumière les choies plus
jnemorables que ie y ay
peu noter & recueil-
ii^côme Ion ver-
lâcy après.
A D V E R T I S S E M E N T AV
LECTEVR P A R M. DELA
PORTE.
E ne doute point Lecteur, que ladeferiptiô
de cefte prefèntc hiftoire ne te mette aucii
nement en admiration,tant pour la variété
des chofes qui te font à l'œil dcmonftrécsj
que pour plufieurs autres qui de prime fa-
ce te fembleront pluftoft monltrueufes que naturelles»
Mais après auoir meurement confideré les grans effecti
de noftre mère Nature,ie croy fermement que telle opi
nion n'aura plus de lieu en ton efprit.il te plaira fembla
blemét ne t'esbahir de ce que tu trouueras la deferiptiâ
de plufieurs arbres,comme des palmiers,beftes, & oyfb-
aux,eftre roralement contraire a celle de noz modernes
obferuateurs,lefquelstant pqur n'auoir veu les lieux,
que pour le peu d'expérience & doctrine qu 'ils onr, n'y
peuuent adioufter foy. Te fuppliant auoir recours aux
gens du païs qui demeurent par dcçà,ou à ceux qui ont
fait ce voyage , lefquels te pourront afîêurer de la veri»
ré. D'auantage s'il y a quelques dictions Francoifès qui
re fèmblent rudes ou mal accommodées, tu en aceufè-
ras la fîebure,& la mort:la fiebrc,lacjuellea tellemét dé-
tenu l'Autheur de puis fon retour ,qu'il n'a pas eu loyfir
de reuoirfbn liure auât q le bailler à l'Imprimeur, citât
prefTé de ce faire par le cômandemét de monféigneur le
Cardinal de Sens.La mort qui a preuenu A M B R O I S K
D E L A P O R T E , homme ftudieux, & bien entendu
en la langue Françoife, lequel auoit pris l'entière
charge du prefent liure.Toutefois tu te doibs
afleurer,que noftre deuoir'n'a point efté
oublie, fouhaitant pour toute re-
compenfe,qu'l te puiffe eftr«
agréable»
^L'EMBARQJEMEÎSIT
DE L'AVTEVR.
CHAPITRE PREMIER.
O MB IEN que les elemens et tou-
tes chofes qui en prouiennentfous la
Lune iufques au centre de la terre, >p0UteS
! fimblent(comme la~Peritéef)auoir chofes
efi éfaittes pour t home :fi eïi-ce que ont efté
Nature, mère de toutes chofes,a efié ey efi toufiours *"a"tes, , „
telle, qu'elle a remis ey cache au dedans les chofes les P'
plus precteujes ey excellentes de fin œuure, poire
bien s'y efi remife elle mefine : au contraire delachofi £>jffer^
artificielle.Le plusfiauantouurier ,fuffè bien Aptl- ce d'art
les ou Phidias,tout ainfi qu'il demeurepar dehorsfeu- & de na»'
lementpourportraire,grauer, et enrichir le "Paiffeau-turc.
oufiAtue , Aufii n'y A que le Juperficiel qui recoiue or-
nement ey polifiùre : quant au dedans ilrefie totale-
ment rude ey malpoli. Mais de nature nous en "Pay-
ons tout le contraire. Prenons exeplepremièrement au
corps humain.Tout t artifice ey excellence de nature
efi cachée AU dedans ey centre de nofire corps,mefine
de tout Autre corps naturel: leJuperficieley extérieur
n'ejl rien en comparaifinfmon q de l'intrieur il prend
fin accomplijfement zy perfcBio . La terre nous mon-
tre exterieurementl>neface trifie et melancholique'y
couuerte leplusfouuent de pierres, efpines et chardos*
ou autresfimblablts. Maisfile laboureur la "peutou-
urirauecquesfie ey charrue,il trouuera cefielier tu
B tani
LES S I N G V L A R I T E X
tant excellente,prefie de luy produire à merueillesey
le recompenfir au centuple. Aufii efi la "Pertul>egrtd
tiue au dedans de ta racine ey du tronc de la plante,
remparée à Retour de dure efiorce,aucunesfoisfimple,
quelquefois double :çy la partie dufruiB lapluspre-
cicufi, ou efi ccfie "Pertu de produire et engendrer fin
fcmblable, efiferrée corne en lieuplus fiur, AU centre
du mefinefi uiB. Or tout ainfi que le laboureur ayant
fondé la terre ey receugrand émolument : >» autre
non content del>air les eauxjuperficiellemet,les a "Pou
lufonder aufemblable, par le moyen de cefie tant no-
ble nauigatton,auec nauires ey autres "PaiJJeaux. Et
tilitcie r y Migir trouttl-çy recueilli richefi'es tnefftmables
lanaui- ' ce m- / '. , - ._ ,r JJ
1 r r .
nation. \. q n efi outre raijon,puijque toutes chojes Jont
pour l'homme ) la nauigation eil deuenuepeu à peu
tant fréquentée entre les homes, que plufieurs ne s'ar
refiansperpétuellement es tfies inconfiantes ey malaf
feurées,ontfinablcment abordé la terreferme, bonne
ey fertile :ce que auant l'expérience l'on n'eufi tamais
Caufe de efiimé,mefmesfilon toppimo des anciens. Docquesla;
la nauiga principale caufe de nofire nauigatio aux Indes Ame (
non de r/aues.e/r que MonJ fleur de yiUefarnon cheualier de
lAurcur _/ , f 2 &é>
, ~ /• r-J
aux Ame Malte,bomme genereux,0" autant bien accopli, Joit
riqucs. a ht marine,ou autres honefiete^quil efipofiiblc,ay~
ant auecques meure délibération,receu le commande-
ment du Kgy\pour auoir efiéfuffifimment informé de
mon Voyage au pais de Leucnt, et l'exercicequeiepou
Lout-n- uois auoirfait àlamarinc,m'a inflammet folicité,l>oi
ses durci re 01r t' -i i r- - ,
~ - , , A l *t l autoritt du %oy monleifneur Cr Prince (au-
gneur de /• t • 1 P•
Vilkga- ?uehe "m tout honneur ey obeijfance) exprejfement
gnon, commandé luy afiifierpour t exécution defon entre-,
trtf<\
t>E LA F R A N C E A N T A R C T . 2
purifie.Ce que librement jay accordé,tantpour lobeifi-
fiance,que je "Peux rendre à mon Prince naturel, filon ,
ma capacité,que pour Ihoneïleté de la chofe, combien
au'eUefufl- laborieufe. Pource efl-il que le ftxiefme E n i D a l " i
• J -.* -., 1 • • • quement
tour de May,Mil cinq cens cinquante cinq, après que ^ e s j
ledit Sieur de Villegagnon eut donné ordre pourl'af- çois pour
fiurance ey commodité de fin lioyagc a fis "PaiJJeaux, aller aux
munitions jty autres chofis de guerre: mais auec plus lfl des
grande difficulté que en "Pne armée marchantfitr ter-
reau nombre eyàla qualité defisgens de tous cfiats,
Gentils-hommes,Soldats,ey "Parieté dartifansibref,
le tout drefié au milleur équipage qu'il fufi pofiiblei
le temps l>enu de nous embarquer au Hable degrâce, Hable de
"Pille moderne,lequel enpajfant, ie diray auoir efié ap grâce &
r=
pelle atnfi Hable,filon mon tugement de c&mot AuXâ?cp°" u e
qui
3
ftenifie mer oudellroiB : ouJ
filions diBes Haure, I °y
i 1° - i- - /- i• v n ainfiap-
a b n a u n e n d i s aquis,fitute en Normandie a nojtre „t]\£t
grand mer ey Océan Gallique, ouabandonnans la ter
re,feifmes "Poile,mus achemtnansfus cefiegrandmer
À bon droit Appellée OceAn pour fin impetuofité , de ce
mot ax.is comme "PeulentAucunscey totallementfiub
mis à U mercy ey du lient ey des ondes.le ficay bien,
qu'en lafuperfittieufi ey abufiue religion des Gentils
plufieursfaifoyent "Pœux, prières, et fier if ces à diuc%
dieux,Jelo que la necefiitefeprefientoit. Docques entre 5 u *, rt $j.
ceux qui liouloyentfaire exercice fit l'eau, aucuns jet x[oa des
toyent au commencement quelque pièce de mennoye aAnciens
dedans,par manière de prêtent et offrande, pour auec- u â t S u o
' • i i i r J i „nauigcr/
eues toute congratulation rendre les dieux de la mer °
propices eyfauorables.Les autres attribuans quelque
diutnitéauxl>ents,il^les appaifiient par efiranges
B % ceri*
LES S I N G V L A R I T E X
terimonies:comme Ion trouue les Calabries auoirfaifl
alapix,ÇPent ainfi nommé) ey les Thurtens etPam-
phthens à quelques autres. Ainfi lifins nous en l'E-
netde de Virgàe(fi elle efi digne de quelque fay )com-
bien,pour l'importune prière de Iuno "Pers Eolus J{oy
des "Pets,le mijérable Troien à enduré Jus la mer, et la
querelle des Dieux qui en efi enfiuyme.Par cela peut
en évidemment cognoifire terrem et abus, dont efi oit
aueuglée l'antiquité enfin gentillijme damnable, at
tribuant à Irne créature, "Poire des moindres, tyfeubs
lapuiffance de l'homme,ce qui appartient aufiul Créa
*eur:lcqueljencfiaurois Jùffifamment louer en cefi
endroit,pour s efirecommumqué a nous ey nousa-
ttair exemptéd'ynéfi tenebreufi ignorance.Et de ma
part.pour defifiule grâce auoir tant fauorisé nofire
l>oyage,que nous donnant le lient fi bien à poupe, nous
auons tranquillementpafiéle defiraiB ,ey delà aux
Canaries,ifies dtfiantes de tEqumoBialde "Pingtfept
degrés, ey de nofire France de cinq cens lieues ou en-
uiron.Or pourplufieurs raifens m'afimblé mieux fiât
commencer ce mien difiours à nofire embarquement,
corne par"Pneplus certaine méthode. Ce quefaifantt
jHj>ere amy (LeBeur)fi "Pousprenésplaifir à le lire,de i
Tous conduire de point en autre, et de lieu enlieu,de-
puis le commencement iujques à lafin , droit, comme
auec lefilde Thésée, obfiruant la longitude des pais
ey latitude. Toutesfois ou te nauroysfaiB tel deuoir,
que la chofi çy "Pofire tugement exquis mériteroit, je
lionsfupplie m'excufer,confiderant èfire malaisé à"P»
hommefieulet,fansfaueur ey fupport de quelque Prin
te ougrand Seigneur,pouuoir "Poyagerey defiouurir
les
DE LA F R A N C E A N T A R C T . J
les pais lointains,y obfiruant les chofisftngulieresfriy
exécutergrandes entreprifis, combien que de fiy en
fufe ajfiz^ capable , Et mefiuuient qu'a ce propos dit
très-bien Anfiote, Qu'il efi impafiible etfqrt malai-
sé,que celuyface chofes de grande excellence et dignes
de louege,quand le moyen,cefi à dire,richejfes luy dé-
faillent ùomB que la "Pie de l'homme efi breuejùbje-
Be à mi Ilefortunes ey aduerfite^.
D u deftroi& anciennement nommé Calpé,
& au-jourlnîy Gibaltar.
CHAP, II.
n t t, n • \ r „ Deftroitî
Ojtoyans doncl Ejpaigne ajenefire, auec j e QU
~Pn"PèntJi calme eyjiroptce, "pimmes jufbduxr
ques "pis à "Pis de Gibaltar, fins toutesfots
defiprès en aprocher pour plufieurs cau-
fes: auquel lieu nousfetmes quelquefiiour.Ce déferait
efejur les limites d'EJj>aigne,diuiJànt t Europe dauec
(Afrique: comme celuy de Confiantinople, (Europe
de ÏAfite. Plufieurs tiennent iceluy eftre (origine de
nofire mer Méditerranée, comme fi lagrand mer pour
efere trop pleine fie dégorgeait par cefe endroiBfus la
terre, duquelefertpt Anfiate enfin hure Du monde (e
en cefeemanière:L'Ocean,quide tous cofee^nous en- <c
uironnc, "Pers (occidentprès les colonnes d'Hercules, «
fi rejpandpar la terre en noflre mer comme en "Pnportt "
mais par ~Pn embouchement fort eflroiB . Aupres ^e I f l c s *
ce déferait fi trouuent deux ifees affè ^prochaines (ime ç j^
de (autre,habitées de barbares, courfair es, ey efila- r n e z d c
Xtestlaplus grande part auec la eadene à la iambejefi Gibaltar»
B j quels
LES SINGVLARITES.
quels trauai lient afaire lefil, dont il fi fait U bien
grandtraJfique.De ces ifies ("Pne efi At*ferale et plut
grande/faite enforme de trianglefilious la "Poye^de
loin , nommée par les anciens Ebujùs, cypar les mo-
dernes Icuizji: l'autre regarde Septentrion, appellee
Vm^sc FrumenUria-Etp<"*rya!lereftla nauigationfort dif
Ytamcn.fieile,pour certains rochers qui fi "Poient àfleur d'eau,
taria. ey autres incommodité^. D'duantagey entrent plu-
fieurs riuieres namgables,quiy apportent grand enri-
Maluc, çhijfement,corne Irne appelléeMalue,fiparant la Ma»
*' ritanie de la Cefarienfe : "Pne autre encores nommée,
«. . „ Sala,prenant(àurce delà montagne de Dure'.laquelle
ayant trauersc le Royaume de Fes ,fidiuife en forme,
de cefielettre Grecque A,puisfi "Pa rendre dansée de-
ftroif.çy pareillement quelques autres,dont àprefint
me déporte. le diray feulement enpajfant, que ce de-
flroitpafé,incontinent fus la cofee d'Afrique,iufques
au tropique de Cacer, on ne "Poitgueres croistre ne dé-
croiferelamer,makpar de lafitofl que (on approche
de ce grand fleuue Niger, "Pnçe degre\de la ligne,
on s'en apperçott aucunement fi Ion le coursdecefeeur-1
ue.Ence deflroiB de la mer Méditerranée y a deux
motagnes d'admirable h auteur,("Pne du collé de l'A
frique, filon Mcla,anciennement dite Calpe, mainte-
Diuerfes tt*f Gl^Ahar: (autre Abylejefquelles enfimble (on
opinions appelle Colonnes dHercules: pource que fi Ion aucuns
fur l'ère- il Us diuifa quelquefois en deux, qui parauantn esloi-
ttion des ent aùlme montagne continue, nommée Briarei:et là
d'Herca retmmant ^e ht Grèce par ce deïlroitfeitla. confum-x
les. mativn de fis labeurs , efeimantne deuoir oupouuoiri
paffer ouftre,pour la "Pafeité ey amplitude de la mex,
qu\
D E LA F R A N C E A N T A R C T . 4
y » s'eftendoit n-fiques afin ori^pn eyfin défi "Peuë .
Les autres tiennent,q ce mefine Hercules ,pour Utjfer
mémoire défis heureujes coquefies,feit là eriver deux
Colomnes de meruéilleufi hauteur du cofté de l'Euro- c o u f t u -
pe.Car la couftume a efié anciennement, que les no -mt- a s a n
*,. •>. •> . ._ , ' 1 . ciesRoys
blés ey grandsSeigneursfaijoyent quelques hautes ca & st-i-
lomnes, au lieu ou ihfiniffoyent leurs "poyages ey en- gneurs;
treprifis,ou b(è leur fipulcbre et tombeau :pourmon-
flrerpar ce moyen leur grandeur zy emtnence par fus
tous les autres. Ainfi lifens nous Alexandre auoir laifi
se quelquesfignes aux lieux de l'.Afie maieure, ou il
auoit efié. Pour mefine caufi a cïle érigé le Coloffè a
J^hodes. Autant fi peut dire du Maufilée,nombre en-
tre lesfiptmerueilles du monde,fait ey baflipaxAr
temifia en (honeur eypour (amitié squ elle portoit à
fin mary: autant des pyramides de Memphisjous lefi
quelles efioyent inhume^ les IÇoys d Egypte . D'auan-
tage à (entrée de la mer maieuret Iule Cafàrfeit drefi
fer "Pne haute colomne de marbre blanc: de laquelle et .
ducoloffe de Brades,trouuer es lesfiguresen ma Defiri ç^\ .
ption de Leuant.Et pourtant que plufieurs ont efié de a efi-é du
ce nom,nous dirons auec Aman Hifioriographe, ce quel font
Hercules auoir efié celuy que lesTyriens ont célébré: nômecs
poureequiceux
1 ont édifié TarteJTe à la frontière dE- fes "
V r 1 1 1 ' i' r lomnes.
Jpagne,ouJont les colomnes dont mus auonsparle: et la iaîtcfi~
lw temple à luy confàcré ey bafiià la mode des phe- ancienne
niciens,auecqueslesfàcrificeseycerimonicsquis'yfai ville d'A
Joyent le tempspafié: aufii à efié nommé le lieu dHcr f u c l u e '
cules. Ce deferoit autourd'huy efe "Pn "Pray afile ey ré-
ceptacle de larrons,pyrates,ey efeumeurs de mer, co-
rne TurcsxM,ojres}ey "Barbares , ennemis de nofere re-
B4 ligim
LES S I N G V L A R I T E Ï
Gibaltar, ftç\on chrefiienne: lefquels "Poltireans auecquesnM
heu de à J Jl . .S 1 •
traffique rn ™'ent ^es tnarchants qui tiennenttrafjiquer tant
de lEuro <**'Afrique,Ejpagne,q de Ft-ace:mejmes, quefeenca-
&d'Afri- resplus à déplorer, la captiuité de plufieurs Chrefeits,
que. dejquels il^ ifint autant inhumainement q de befitt
brutes en tous leurs affaires,autre la perdition des âmes
pour le l'iolement ey tranjgrefiion du chrifiianijme^
De l'Afrique en ge'ncral.
C H A P. III.
Affins outre ce dcs~ïroiB,pourcc qu'aui-
ons coftoyé le pais d'Afrique (eft ace de
Cao de rlbfli^ilf huit tournées, fimblablement àfineïlre
Canti. ^mfrr^' jufques au droit du Cap de Canti,difeant
de (equtnoBialtrente trois degre^,, nous en eferirons
fimmatrement. Afrique félon Ptolemée, cfe "Pne des
trois parties de la, terre, (ou bien des quatre ,filonles
Quatre modernes Géographes,qui ont efirit depuis,que par na
f' a r t e uiçationsr plufieurs
a terre S, .,
félon les
J r pats anciennement inconv-ncus ont
„, . ^ <=>.
decouuers, comme l Inde Amérique, dont nous
moder- prétendons cfirire)appclléefilon lofiphe,Afrique,de
nés Geo- Afer,le quel,comme nonslifins es histoires Grecques,
graphes. ^ latines,pour (auoirfiubiuguée,y a régné, eyfaili
eie diuer aPfelhrde fon nom : car auparauant elle s'appelle-il
fe de ce Libye,comme "Peulent aucus,de ce mot Grec A/'4o qui
mot Afii fignifie ce lient de midy,qui là efi tant fréquent eyfa
uuc* milier:ou de Libs,quiy régna . Ou bien Afrique a e-
flé nommée de ceste particule a, et *?IKH , qui fignifie
Situatiô frot^>comme cftttntfans aucunefroidure: eyparauat
de l'A- "ppellée Heffena. Quant àfafituatien elle commence.
Jrique "Pentablement de ( Océan Atlantique, etfinitau dé-
ferait
D E LA F R A N C E A N T A R C T . X
ferait de (Arabie, eu à la Mer d'Egypte,filon Ap~
pian:comme pareillement enpeu deparalles eficrit tref
bien Artftote.Lcs autres lafont commencer au Nil,
ey "Pers Septentrion à la mer Méditerranée. Dauan-
ge (Afrique a efiéappellée(atnfi que dejcrit Jofiphe
aux Antiquités Iudaiques)tout ce qui efi coprts d'irn
çofeé depuis la mer de Sep te trton, ou Méditerranée,juf
ques à (Océan Méridional ,feparée toutefois en deux, N
liieille ey nouuelle:la nouuelle commence aux monts
de la Lune,ayant fon chef au cap de Bonne efierance,
en la mer de Midi,trentecinq degreçjùs la ligne, de
forte,quelle contient de latitude, liingtcinq degre^.
Quant à la Hicille,cllefi dtuife en quatre prouinces,la
première efi la Barbarie,contenant Montante au Tin
gitaine, Cyrene , ey Cefarienfe.La tout le peuple efi
fort noir : autresfois ce pais a efiépeu habité ,duiour-
d'huy beaucoup pfus,fins parler de diuers peuples au
mil lieu de cefie contrée,pour la dtuerfité des meurs et
de leur religion, la cognoiffance defquel^jneriteroit
bienliayagetout exprès . Piolemée n'afaiB mention
de la partie extérieure liers le midy,pour n auoir efté
découuerte de fin temps. Plufieurs (ont defiritte plus
au long, comme pline,Mela, Strabo,Ap'an, ey du*r
très,qui m'enpefihera de plus m'y arreiler Cefie ré-
gion dit Herodidn eftreféconde etpapuleufe,etpour- _ .„
autant y auoir gens de diutrfiesfortes, eyfaçons de"Pi j e p i c l T 0
ure. Que les phéniciens quelquesfoisfiyent "Penu^ha ou font
btter l'Afrique, monfere ce qu'eft eficrit en langue Phe caracte-
nicimne en aucunes colonnes de pierre, quife "Payentres
encores en la "Pille de Tinge, nommée âprefientTamar^niciens.
appartenant au Ity de Portugal. Quant aux meurs :
' B 5 tout
'LES SINGVLARITEZ
ta ut ainfi qùefi diuerfi la température de l'dtr,'filait
la diuerfité des lieux: aufii acquerent lesperfionnes lia
rieté detemperamens, ey par confiquence de meurs,
pour lafympathie, qu'il y a de l'ame auec le corps: co-
rne monftre Galien auliure qu'il, en a eficrit - Nous
"Payons en nofire Europe, mefine en la France ,"Parier
aucunement les meurs filon ht "Parieté despais : com-
me en la Celtique autrement qu'en ( Aquitaine,et U
autrèmet qu'en la Gaule Belgique : encores en chacu-
ne des trois on trouuera quelque "parieté. Entencrali
Meurs i / ,r • • t l , / „ • ',
& reli trouue les Africains cauteleux:comme les Syrtnet,
gion des auaresdesSiciliensfùbtils des Afians,lioluptueux.lt.
Africainsy a aufit "Parieté de religions: les "Pns gentilifint mais
d"Pne autre façon, qu'au temps pafié : les autres font
Mahometifles,quelqueslmstiennent le chrifeianif-
me d""Pne manièrefort eferange, ey autrement qui
nous. Quataux befees brutes ,ellesfintfart "Partables,.
Arlitote dit les befles en Afie eftre fort cruelles,
Caufepar robufees en l'Europe, en Afrique manfirueufis. Pour*,
^ • la rarité des eaux .plufieurs bettes de diuerfè elbectï
prouicn- >r J .. J ,. -,Jr Jr I
ont
nent en l eontratntes de s ajjembler au lieu ou il Je trouue
Afrique quelque eau: ey la bien fouuentfe communiquent les \
beftes i > n M aux autres,pour la chaleur qui les rcndaucuntri
""J. r u " ment promptes cy faciles. De là s'engendrent plu-
fieurs animaux monfirueux, défpeces diuerfes repre-
- Prouer- fintées en "Pn mefine indiuidu. Qui à donné argument]
be. au prouerbe,Que (Afrique produit touftours quelque
chofe de nouueau. Ce mefine prouerbe ont plus auant
pratiquéles Romains, comme plufieurs fois ils ayent
faiBlioyages,cy expéditions en Afrique, pour (a-
• uoirpar long temps dominée. Comme "Paus attende
SCI-
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 6
Scipionfurnommé Africain, ils emportayet ioufiours
se nefçay quoy defirange,quificmbloit mettre ey en-
gendrer fcandale en leur cité ey République.
D e l'Afrique en particulier. •!
CHAF. IIII.
<*\ Piquant à la partie d'Afrique laquelle
y nousauomcofeoyéeliers l'OceaAtlanti-
que comme Mauritanie, ey la Barbarie, jjarDarie
ainfi appelléepour la diuerfité ey façon paitic de
effrange des habitans: elle efi habitée de Turcs, Mo- l'Afti-
7-es,ey autres natifs du pais, "Pray efi qu'en aucuns li- 1 u e P o u r
„n i i > Jr •• quoyam
eux elle eft peu habitée, ey comme dejerte,tant a eau £ n o m a
fi de (excëfiiue chaleur, qui les contraint demeurer m ée.
tous nuds, hors-mis les parties honteufis, que pour la
fi erilité d'aucuns endroits pleins d'arènes, ey pour la
quantité des befles fiauuages, comme Lions , Tigres,
pragons,Leopards,Buffees,Hyenes,Pantheres, et au-
tres,
LES S I N G V L A R I T E Z
très,quicontraignît les gens du pais aller en troupes}
leurs affaires ey trafiques,garnis darcs,defeécbei, et
autres bafions pourfoy défendre. Que fi quelqueftkils
fontfurpris en petit nombre, corne quand ils "Pontpef*
cher,ou autrement, ihgaignent lamer,etfe iettâs dt*
dansJe fauuent à bien nager : à quoy par contrainte fi
fiant ainfi duits ey accoufeume^.Les autres nefianift
habiles,ou n'ayans (induferte de nager,motent aux tr
bres,ey parce mefine moye euitent le danger dicellet
befies.Faut aufii noter que lesges dupais meuretplut
fouuentpar rauiffement des befeesfauuages,qpar mort
naturelle :ey ce depuis Gibaltar iufques au cap ferd,
ll^ tiennent la malheureufi loy de Mahomet, enct
Religion res plus fuper/titieufèment que les Turcs naturels. A-
écccre- - r i r - 1 r ' l
uant q faire leur oraiJ on aux teples
r ey mou que es, ils
mornes U - i eT * *
des Bar- Je louent entieremet tout le corps,ejtimans purger ic-
bares. fpnt ainfi corne le corps par ce lauemet extérieur et ce-
rimomeux,auec "Pn elem'et corruptible.Et efi (oraifin
faiBc quatrefois lejour,ainfiqj'ay "Peufaire lesTura
à Confeatinoble'. Au tepspafié que les Payens eurent
premier émet et auant tous autres receu cefee damnabli
religion,ils efeoyent cotraints "Pnefois en leur "Piefaire
MCC
^u le~*0}age ^e Mecha,ou efe inhumé leurgetil Prophe-
d^Ma- C te: autrement ilsriefpcroy et les délices,qui leur efloyh\
homet. pr<»nifis- Ce qu'obferuet encoresamourd'huy les Turcs
Voyage ey s'affemblent pourfaire le "Poyage auec toutes muni
desTurcs tions,corne s'ils "Pouloyent aller en guère,pour les meut
C
P' C" fions des Arabes,qui tiennent les montagnes en cer-
tains lieux. Quelles affemblées ay-je "Peu,efiat au Cai-
re,et la magnificece et triomphe q Uny fait ? Cela ob-
firutt encores plus curieufemet et eferoittemet les Me-
rci
DE LA F R A N C E A N T A R C T . f
rtsd'AljfrifUejefautres Mabometifies, tantfiniils a-
ueugle^eyxbfiinez. Qui m'a donné occafion dépar-
ier en ceft endroit des Turcs,et du "Poyage,auat qu'en-
treprendre lagnerre,ou autre chofi degrande impor- v
eàyfce;Et quadprincipalement le moycleur efi «fié de
fairece~Poyage, ilsfacrifientquelque befeefiuuage au
Jtmefeique,ainfi qu'ilfi rencontre : qu'ils Appellent tôt
en leur langue,qu'en Arabefque,Coibâïl,diBiopri Corban.
fi des Hébreux et Chaldées, qui "Paut autant à dire,co
meprefint,ou affrade.Ce que ne font les Turcs de Le-
uant,mefmes dedas Confiantinoble.lls ont certainspre
fires, lesplusgrads impafleurs du mande :ilsfont croy-
re et entendre au "Pulgaire,qu'ils fçauent lesfecrets de
Dteu,etde leur Prophète,pour parlerfiouuetauecques
eux. D'auatage,tls "pfint dUrne manière defirirefort
efirange,ets'attribuet lepremier "pfiage d'efiriture,fùr
toutes dutres nations . Ce que ne leur accordent iamais
les Egyptiens, aufquels la meilleure part de ceux qui p t ^ s ^ *
ent traitédes antiquité ^donnent la première tnuen- miels in-
tion defirtre,ey reprefinterpar quelquesfiguresla co uentcurs
ceptian de (efi/rit. Et à ce propos a eficrit Tacite en cefie d e s l c t _
manier e,Les Egyptiens,ont lespremiers reprefente et treso et ca
exprimé la cocepttode l'efpritpar figures d'animaux,
grauansfus pierres ypeur ht mémoire des homes,les cha
fis anciennementfaites etaduenuh. Aufit ilsfiedient
lespremiers inuéteurs des lettres etcaraaeres.Et cefie
inuenttien(comme Ion trotmepar eficrit) à efté portée
en Grèce des phenifiensMi ursdeminoyttJus lamer,
reputansà leurgrand glaire, corne inuéteurs premiers
de ce qu'ils amy ent pris des Egypttes. Les homes en ce- Barbares
Jle part du caftédel' Europefintajféstelliqueux,cau(- affez bcl-
feumiers
L E S S I N G V L A R I T E Z.
liqueux. flumiers défi oindre d'huile, dot ils ont abondante^
uant qu'entreprendre exercice "Ploient: ainfi quefai-
fiient au tempspafié les Athlètes, ey autres,a fin qui
les parties du corps,comme mufiles,tendons, nerfs,<y
ligamens adoucis par l'huile ,fuf]ent plusfaciles etdi*
ffos à tous mouuemésjèlon la "Parieté de l'exercice :car
toute chofi molle ey pliable efi moinsJubicBc àrom-
pre.ils font guerre principalement contre les Efipagnoli
defrontière,en partie pour la religion , en partiepour
autres caufes. Il efi certain que le f Portugais, depuis cet
tain temps en ça,ontpris quelques places en cefie Bar
barie,ey bafiy "Pilles eyforts,ouih ont introduit no-
fire religion :Jpecialemet "Pne belle "Pille, qu'ilsauoyet
. nommé SawBe Croix,poury efire arriue^ey arefeés
ville en ' ~*n uli°ur:et ce aupiedd"Pne belle motagne . Et de-
Barbarie puis deux ans enç a la canaille dupais ajfemble^en
grandhobre, ontprécipité de deffus ladiBe montagne^
groffespierres,ey cailloux,qu'ils auoyent tiré des rih\
chers : de manière que finablement les autres ontefik
contrains de quitter la place.Et a toufiours telle inimi-
tié entre eux,quils trafiquet de fier e,huile, ris,cuirsÂ
... , ey autres marchandifis par hofiages ey perjonnes in-
de la Bar terpos^ées.ils ont quantité d'affe^bonsfruits,comme a-
baric. ranges,citrons,limons,grenades,et fimblables,odnt ils
"pfintparfaute demeifleuresluades: et du ris au lied
de blé.ils boiuent aufii huiles. ainfi que nous beuuqà
dttlÙL}h"Piuentajfe^Jbon aage,plus (àmonaduiM
pour lafibneté, ey indigence de "piandes qautremit. <
Des ifles Fortuné'es,maintenant ap-
pelles Canaries. c H A P. V.
CESTE
DE LA F R A N C E A N T A R C T , S
b^sgM ESTE Barbarie laifiée à main gauche, skuatio
ij&f~4 ayons toufiours "Pent en poupe nous can- des ifles
ij> gneumes par (instrument de marine, de Fortu.
& combien nous pouuions lors approcher des n es*
n > r • r - • t '* • 1 POUt-
tjles Fortuncesjttuees ausJrotieres de Mauritanie de- < , u o y a j a
uers (Occident, ainfi appelées par les Anciens, pour fi appel-
la bonne température de l'air,et fcrtthté d'icelles . Or lé« des
le premier tour de Septembre audit an,àfix heures du A n c i e u ï «
matin , commençâmes à "Pair ("Pne de ces ifies parla
hauteur £lme montagne, de laquelle nous parlerons
plus amplement ey en particulier ey après . Ces ifies, - . ,
félon aucuns,font estimées eftre dix en nombre : défi- j e s jfles
quelles y en a trois, dont les Auteurs ri ont fait men- Fortu-
tion.paurce quellesfontdefiertes, ey non habitées : /«nées.
autresfipt,c efi afiauoir Tenerife, (ifie de Fer, la Go-
miere, ey la grand ifiefignamment appellee Canarie,
font difiantes de (equmoBial de luntfipt degre^ : les
trais autres, Fortauenture, Palme ey Lençelote , de
"pingthuit degré %_.Et pourtant Un peut "Poir, que de-
puis la première jufques à la dernière, il y a l>n degré
qui "Paut dixfipt lieues ey demye , fris du Nort au
Su:filon (opinion des pillots, Mais fins en parler plus
auantqui "Poudra rechercher par degré ^ celéfiesla.
quantité des lieues eyflades, que contient la terre ,
ey queUe proportion il y a de lieue çy- degré ( ce que
doit obfcruer celuy qui "Peut efirtre des pais, comme
"Pray cojmographe) ilpourra "Peoir Ptoloméé qui en chap.j.
traitte bien ampUment en fi Cajmographie. Entre ces 4.5. & à.
ifies n'y a que la plus grande quifut appellee Canarie:
et ce pour la multitude desgrans chiens , quelle nour-
rife: ainfi que recite Plme,ey plufieurs autres après
luy,
LES S I N G V L A R I T E Z
luy, qui difient encores que Iuba en emmena deux*
maintenant fiant toutes appcllées Canaries pour ceflt
mefine rafin,fans diittnBion aucune. Mais fi Ion mon
Iflcs for- opinion j'effimeroyeplufiofi auoir efiéappellées Catus
tunées rlP,p^r (Aondfnr* des canner ïrjnfia.UX.CinuAÇeSj
parquoy g M / Qnt f„r [e rjud9-e Je la Mer:cAr quant AUX ro féaux
J
mainte- Y"+—+- ;—âr*—; -j , .
nant ap- por tansJucre,les Efpagnols en ont plante quelque par-
pellées tie,depuis le temps qu'ils ont commencé à habiter ces
Canaries fleux là:mais desJàuuagesy en auoit auparauant,quâ
ce pais aye porté chiens negrands ne petts: ce queaufi
ftn'eftlirayfiemblable.: car principalement ay con-,
gneupar expérience, que tous ces Sauuages découuerq
depuis certain temps ença, onques riauoyent eu cong-
noiffance de chat, ne de chien : comme nous monfertJ.
rans enfin lieuplus amplement, lefiçay bien toutefok'i
que les Portugais y en ont mené ey nourry quelque.
~Pns,ce qu défont encores autourd'huy ,pour chaffer
, . „ aux cheures ey autres befles fauuaqes. Pline donc e»
Ombrio. . n • n m ~
parle en cefie manière, La première ejt appellee Om-
brion, ou n'y à aucunfigne de baftimentou maifônti
es montagnesfè*Poit "Pn eftang, ey arbresfimblablei
Arbre à celuy qu'an appelle Ferula,mais blancs et noirs, def-
eftrange. quebon épramt ey tire eau:des noirs,l'eau estfort A-
mere-.et au contraire des blancs, eauplaifiante à boire.
Iunonta. jjAUtre ejf. appellée lunonia,ou il n'y a qulrne maifin-.
nette bafiiefeulement de pierre.il s'en "Poitline autri
prochaine,mais môtdre et de mefine nom.yne autre ep,
\\\ d phme degrads le fards. Vis à "Pu die elles y en auoit"Ptà
neiges, tpptlleéïlflr dtMaieu paître*quelle efi tnuftaurs coi\
Canaria. uerte dejtetges. Laprochaine ficelle efi Canari'a ainfi
dite pourjq multitude des grads chiens quellejpduit,
c*m*
D E LA F R A N C E A N T A R C T . 9
f noua amns lt: nt
_fj ^'fi* ^ d° luba l{oy de Mauri-
tahwfn amena deux : ey en tcelley a quelque appa-
rence de baftimens "Pieux. Ce pais anciennemèt a efié
habité de gensfiuuages ey barbares, tgnorans Dieu
ey totalement idolâtres,adorans le Soleil,la Lune,ey
quelques autres planètes, commefiouueraines dette£,
defqueles ils receuoyent tous biens : mais depuis cin-
quante ans les EJpagnols les ont defaitsçyfùbiugue^,
ey en partie tue%_,ey les autres tenus capttfs ey efild
uesdefquels s'habttuans là,y ont introduit la foy chre
fiiennt,de manière qu'il n'y a plus des anciens eypre , _ "
mie rs habitateursSmon quelques lins quifiefont rett— r j e s r e .
re^çy cache^aux montaignes : cqpuneen celle du* duits à la
Pych,de laquelle nous parlerons cy aptes, Vray efi que *°y Chre
ftkline
te lieu efi lin refuge de tous les hfjmf/flff gfffj bf '
nn
quels par purunr" """y /•*—!<••__-/Ai»? il y f^jt^
lin nombre infiniiaufit d'efilaues,,dejquelsilsfifia-
ttent bien feruir à labourer la terre,.eyà tontes autres
chofes laborieufes le ne me pukajfe\ emerueiller
comme les habitans de ces ifies ty d?Afrique poùh
efire lioyfins prochains, ayentefié tantéifferens de lan
gao-e,de couleur, de religion ey de meurs:att'edu mef
me que plufieursfioubs l'Empire Romain ont conque fié
çyfitbtugué la plus grandpart de (Afrique,fans tou
cher à ceufies, comme ils firent en la mer Mediterra-,
née,confideré que liesfiant merueilleufementfertiles,
firuans à prefint de grenier cycatte aux Efpagnols, g g t ^ c 9
ainfi que L Sicile aux romains <y Genevois. Or ce i f l c s C a ,
pais tresbo de foy efiat ainfi biencultiué raporte grads nanes.
reuenuz, ey emolumens, ey Uplus enfmres ;c*r de-
puis quelque temps ilsy ont planté force cannes, qui
C fre-
LES SINGV LARITE*
froduifintfucres en grande quantité, ey bonstyfâf
ueilles-.ey non en ces ifiesJeulement,mau en toujkntt
très plat es qu'ils tiennent par de là'.toutesfau ilrieft ft
Sucre de Lonf,artout qu'en ces Canaries Etlacaufiqu'tleft'
anane
" mieux recueilly et dcfiré, efi que les ifies en la mer Me
diterrdnée,du cofié de la Grèce,comme Mettelin,t]m
des,cr autres ejclades rapportans tresbonsfucrcs,auM^
qui'ellesfufftnt entre les mains des Turcs . ont efié de-,
moites par négligence,au autrement i Et riay "Peu en\
Sucre de ttM le pats de Leuatfairefùcre, qu'en Egypte: ey les
Egypte, cannes,qui leproduifent,croiffent fur le nuage du Ar.'4j
lequel aufii effort bien efiimé du peuple ey des mar-
chans,qut en trafiquent autant ey plus que deeeluyi
deno^ Canaçuinles Anciens efiimerentfort le fi*-'
Sucre de cre de l'Armejpajfrce qu'ilefeoit meruet/teufimentl
Arabie. t9rtfoal eyfettuerai&Jpecialement en médianes, ey
ne (apphquoyent guet et à autres chofes :mais auiour-]
d'huy lalivlupté efi augmentée iufques là ,fpei-inte-
rnent en nofire Eurape,quelannefiçamoit faite fi petit
banquet mefine's en nofire manière de lnure accoufiu-t
mée,que toutefois fauljes nejoyentfucrées, ey aucu-
nesfois Us "Ptandes. Ce qu'a efié défendu aux Athenê
en: par leurs loix, comme chofe qui effeminoit le peu-
ple :ce que les Lacedemomens ontfiuiuy par exemple»*
il efi "Pray,que les plus grands fi igneurs Jk Turquie.
boy tient eauxfiucrées.pource que ~ uin leur efi Ji-fefj
dupar leur loy. Quant au "Pin, qu'à inuenté ce grand
Hippocrates médecin, ileft oit feulement permis aux
ferfinnes malades ey débilitées: nuit.ce tourd'huy il
nous efiprefque autant commun, que le "pin efi rare
en autrepais.Nous auons dit cela enpafjantfur lèpre
t*.
D E LA F R A N C E A N T A R C T . 10
pas fyfiure,retournons à tufereprincipalfùbieB. De
bleds , ily en aAuatité en ces ife.es .aufii de tresbo "Pin. F e r t l u t e
meilleur gmtewt de Candie ,aufe trouuent les mal " ; „ a "
—r7= *—i "ï—i n nanes.
uaijies,comme nous déclarerons aux tjles de Madère.
De chairs,Jùffijàmment, comme eheuresfiauuages ey
doniefeiques,oyfiaux de toute efipece,grande quantité
d'oranges,citrons,grenades, ey autres fruits, palmes,
ey grande quantité de bon miel.lly a aufii aux nues
desfleuues,desarbrij/èaux,que Un nomme papier,ey ArbHP
aufditsfeeuues despaifjons nomme^Jilures, que Pau- &anx aô
lus louius enfin Hure des Poiffons,penfi eftre efiurge- me!> ï â=
ens,dhntfi repaiffentlespauures efilaues,Juans de tra
uatl à grandehaleine, leplusfiuuent àfaulte de meil-
leure "Ptandc'.ey diray ce mot enpajjant,, qu'tlsfint
fort durement traite^des Efiagnols,principalement'
Portugais, ey pis que s ils efi oient entre les Titres, ou > *'
Arabes.Et fuis cotraiB denpar 1er,pour les auoir am Orifellc,
Ji~Peumaltrai&er. Entre autres chofesfietrouuelne herbe.
herbe contre Us mantaignes, appelée "vtdgatremetOri
fille,laqllf ils recueillet dtligemmet pour en faire tein
ture.En outre ilsfont "Pne gomme noire qu'ils appellêt
Bré, dont a grande abondance en la Terieriffe.ils aba-
tent desptnsjdefquelsy à grande quantité: ey les ro-
rpitenzrojfesbufchesiutquesadixoudouzecbartées,
J ' <>om
, Ai r P-* r P r , me noire
eytes dijpojentparpièces l pnejur l autre en forme de & j a m ?
croix:ey âeffoubscefiamasyàlmefojjèrode de moy- n ierc de
enneprofondtté,puis mettent Ufeu en ce baisprefques Ja faire.
par U couppeau du tas :ey lors rendfiagomme qui chit
en cefiefioffe .Les autres y procèdentauec ques moindre
labeur•,lafoffefaiBe mettansUfeu en (arbre. Cefie
fpmme Uur rapportegrands deniers pour la traffiqhe
C z qu'ils
LES S I N G V L A R I T E Z
qu'ils en font AU Peru, de laquele ils lfentà calHjfit*.
trer nauires, eyautrtsliaiffeaux de marine fins (ap-
Bois fia- pliquer à autre chofie. Quant au cueur de cefi arbre ti-
-vf^cr ' C " rantfur couleur rouge,lespauuresgens des montagneêjl
lieuse Ie couppentpar bafions affe^longs, comme de demytA
châdelle brafiéc,gros d'impouce : eyl'alumans par "Pn bout,
s'enfiruent en lieu de chandelle . Aufii en "Pfient Ut -
Efiagnols en cefie manière.
De la haute montagne du Pych.
CHAPITRE. VI.
*V ("Pne de ces ifies, nommée Tencriffe ,y
m?- aime montagne défi admirable hauteur^
que les montagnes d'Arménie,de la Ptt-
Àdmira- fe,Tartarie, ne le mont Liban en Syrie,le
ble U
,^ " montlda,Athos,ne olympe tant célébré par les hty
circuit fioires,ne luy doiuent efire compare^jcontenantdecir
de la mô cuit fipt lieues pour le moins, ey depiçden cap dix-
ragne du huiB lieues .Cefie motagne efi appellée le Pych,en tout
5 c
' > " • temps quafi nepuUufe, obfiure, ey pleine degrojfes et
froides "Papeurs,et de neigepareiUemet:cobicn qu'elle]
nefePoit ayfiment, a caufe,{filon moniugemit)queî
le approche de la moyenne région de (air, quiefitres-
frotdepar antiperifiafi des deux autres , comme tien-
nent les philofophes:ey que la neige nepeultfondreJj,
pourtant qu'en cefi endroit ne fi peut faire teflexio des
+rayons du s oU il,ne plus ne moins que contre le demie
parquoy la partiefùpeneure demeure toufiours froide.:
Cefie montagne efi de telle hauteur, quefitl'air efifiX
ratn, on la peut "Pair,fi*t**» J, cinquante lieues,gy
_pl»sA.efefl ey couppeau,fitt qu'on U "poye de près ou
dt
DE LA F R A N C E A N T A R C T . II
de lnng,efifait de*tefie"figuresi, qui efi o mega des
Grecs.lay licufimbUblement le mont Etna en Sicile,
de trente lieues: çyfks la merprès de Cypre, quelque Hauteur
montagne d'Arménie de cinquate lieues, encores que ^ e ^ Q
te riaye lai'euefit bonne que Lynceus, qui dupromon- £ t ° i a #•
toireLtlybée en StciUlioyoit ey difcernoit les nauires autres.
auport de Carthagé'. le maffeure qu'aucuns trouuerot
cela efirange, eftimans la portée de ( œilriauoir fi log
ert%on:ce quefi "PeritabU en planeur e,mais en haul-
teur,non. Les EfiagnoU ontplufieurs fois effayé à fon-
der la hauteur de cefie montagne. Et pour ce faire ils
ontplufieurs fois enuoyé quelque nombre degens auec.
muletspartanspain,"Pm, ey autres munitions : mais
oncquesrienfont retourne^, ainfi que m'ont affermé
ceux qui la ont demeuré dix ans.Pourquoy ontopinio
qu'en ladite montagne, tant aufimmet qu'au circuit
y a quelq refie de ces Canariensfauuages, qui fi font là
retire %_, ey tiennent la montagne, "piuans de racines
ey chairsfauuages,quificcagent ceux qui"Peuletre
cognotfire, ey s'approcherpour decouurtr la motagne.
Et de ce Prolemée à bie eu cognoiffance, difiant,que ou m ^ g ^ g-
tre Us coUnnes d Hercules en certaine ifie y a "Pne mo g n e u c e r
tagne de merueilleufe hauteur : ey pource le coupeau fte mon,-
efire touftours couuert deneiges. lien tombegrade a- tagne..
bondace de au arrofiant toute (ifie: qui lar end plus fer
tile tant en cannes eyfitcres que autres chofies : ey n'y
en a autre que celle qui "pientde cefie motagne,autre- P i e r r c s
, i • nl • i • i *?. j porcutes
ment le pais qui efi enuiron le tropique de Cancer de- ^ a u t r e s
meureroitfieriUpour (excefiiue chaleur.ElU produit <je aider-,
abondamment certaines pierres fort poreufis, comme ie force.
efponges, ey font fort Ugeres, telement qùl/negroffe
Ç 3 corn-.
LES S I N G V L A R I T E Z
comme la tefie £l>n homme, nepcfepas demye liurt.
Elle produit dutrcs pierres comme excrément defer.
Et quatre ou cinq lieues en montant fi trouuent autrti
pierres j entans lefouffre, dont efliment les habitant
qu'en ceft endroit y a quelque mine de fouffre.
De M e de Fer,
C H A P. V I I .
Ifie de
1 ttf-\
Fer pour 21 p a P r .
Mre ces ifies foy bien "Poulu partieulie^
,1V_JI rement defcnredfee de Fer,prochaine}.
ir • r in J
quoyain J) R B J f t htTenertffe, ainfiappellee, parce que de-
\\ appel- vivffi'*"* dans fi trouuent mines defer'.comme cel-
lée.
...nfio..y
U toutefois fertile,en ce qu'elle contient, tant en can-
dfl'ifle nésportasfucres,qu'en befeialfruits,ey-beaux iardini\
de Fer. parfits tous les autres. Elle efi habitée des Efipagnols,'^
ainfi que les autres ifies. Quant au blé il n'y en apat^
fuffifiancepour nourrir les habitans : parquoy laplm^
qrand part , comme les efilaues, fiant contraints de fi
nourrir de latB ,ey fourmages de cheures, dont y en a
quantité :parquoy ilsfiemonflrentfrais, difpos,eymer
ueilleufiment bien nourris : par ce que telnourriffe-
mentpar coufiume efiftmiher à leur nature l,enfem~-
bU que ht bone température de (air lesfauonfi. Quel
que demy phtlofiphe oudemy medecm( honneur gar-
dé à qui U merite)pourra demander en cefi endroit,fi,
1/fians de telles chofes nefontgraueleux,attendu queU
huB ey formagefint matière de grauelle, ainfi ^ue
(»U
DE LA F R A N C E A ^ T A R C T . 12
(on "Poil aducntr àplufieurs en noftre Europe : ie ré-
pondra)' que lefourmagè defiypeutefireboeymau-^"- *
/ - J . / r- /-• ; -> • / / rourma-
eux,et nograueleuxjelo la qualité que Ion errauc
en prend ey la dijpofition de laperfinne .Vray efi qu'a Jeux.
nous autres, qui à "Pne mefine heure non contens d"Pne
efpece dé\iade , en prenons bienfiuuent delungt cinq
eu trente , ainfi qu illiient ,ey boire de mefine, ey
tant qu'il en peut tenir entre U bafi ey lesfàngles,fit*
lementpaur honorer chacune diceUes - ey en bonne
quantité lyfouuent: fi lefourmagè fi trouue d'abon-
dant, nature défia greuée de la multitude, en pourra
mal faire fin proffit,ioint que defoy ilefi affe•^difficile
à cuire ey à digérer :mats quad (efiomach efi dijpos,
non débilité dexceffiue crapule,nonfeulement il pour
ra digérer U fourmagè,fufi-il de Milan,ou de Bethu
ne,mais encores chofiplus dure à "Pn befiing. Re-
tournons à nofire propos :cerieft à "Pn Cofimographe deD , u e
Muter fi auant de la médiane Nous "Poyons Us "
- . 7 -» • r l a w îiQurriflc
Sauttages aux Indesluurejept ou hutct moys a laguer m e n t s , j e
re,defarine fatBe de certaines racinesfitches ey dur- diuers
tes, aufquelles an tugeroit n'y auoir nourriffement ou peuples,
aucunefùbfiance - Les habitans de Crète ey Cypre
ne liiuentprefique d'autre chofi que de latBages, qui
font meilleurs que de nt^ Canaries, pource qu'ilsfent
de "Poches,ey les autres de cheures.le ne me "Peux ar-
refier aulatB de "Poche,qui efi plus gros ayplus gras
que d autres animaux,ey de cheure efi médiocre.Da e , *'
uantage que U UtB efi tresbon naurri]femtt,quïpram nouIIi{fc
ptement efi conuertt en fang, pource que ceriefi que ment.
fkng blanchi en la marneIU. Pline au liure 11. chapiu*
4 2 . recite q Z oroafies àliefcu "ping ans au dejértfeu-.
C 4 Umcnt
1ES SINGVLARITEZ.
lement defourmages.Les Pamphtliens en guerre ria-
uoyet prefque autres "Ptures, quefourmages dafnejfejk
ty de chameaux .Ce que f ay "PeufaireJembldblemif><
aux Arabes:et no feulemet boyuet latBau lieudeau
paffans les de fins d'Egypte, mais aufit en donnent à
leurs cheuaux. Et pour rien ne Imffer qui plus appar-
tienne à ce prefent difiours, les Anciens EfpagnaU U
plus part de (année ne luttoyent que de glans: comme
récite Strabon cyPofiidoine,defquels ils faifilent leur
pain, ey leur bruitage de certaines racines.-(y no feu
lement Us Efpagnols,mais plufieurs autres,comme dit
Virgile en fis Georgiques : mais le temps nous a appor-
té quelquefitçon de "Piureplus douceeyplus humaine.
Plus en toutes ces ifies les homes font beaucoup plus ro-
bitfees ey rompus au trauatl,que les Efpaçnols en E-
fpagne, n'ayons aufit lettres ne autres efeudesJino tou
Iflc de te rife'eité.le diray pour la fin que lesfiauats, et bien.
Fcrtlt «pris aufaiB de marine, tant Portugais que autres
foui s la Efpagnols,difint q cefie ifie efi drottemetJoubs le dia-
''!'' c à'3-mètre,ainfi qu'ils ont noté en leurs cartes marines, h-
mcurale. > n J , ~ i r
mitans tout ce qu ejt du NortauSu: comme la ligne
equinoBiale de Aoefi ey Efi, c'efe afi auoir en longi-
tude du Leuant au Ponent: comme U diamètre efi la-
Va'eur titude du Nort au Su : lefqueles lignesfont égales en
dud.-czié. Zrar*deur, car chacune contient trois cens foi.xante de-
gre^,ey chacun degré yComme parauant nous auos dit
dtxjèpt lieues ey demye. Et tout ainfi que la ligne e-
qmnoBiaU diuifie U Sphère en deux, ey leslunet-
quatre climats,dou^e en Orient, ey autant en Occi-
dent :aufii cefie diamétrale vaffant par nofire ifie, corn
me (equinoBiaUpar les ifiesfiatnB Orner, couppe les
parai-
DELAFRANCEANTARCT. 1}
parallèles,ey toute la Sphère, par moytté de Septetri-
onau midy. Au fur-plus te riay "Peu en cefie ifie chofi
digne d efirire,finon qu'ily agrande quantité defior- c o t P l o S
pions, ey plus dangereux que ceux que foy "Peu^en r j e s >
Turquie,camme j'ay congneupar expérience :aufit les
Turcs les amaffent diltgemmetpour enfaire huillepro
pre à la médecine,ainfi comme les médecins cnfiauent
fort btcnlfir.
Des ifies de Madère.
c H A P. VIII.
QShff Ous ne lifinspoït es Auteurs,que ces ifies Iflesdc
5 ayent aucunement efié congneués ne dé- Madère
l couuertes, que depuisfioixante ans en-ça, l o n c . ° n "
que Us Efpagnols ey Portugaisfiefont ha- \zs An »
^arde^ey etrepris plufieurs nauigations en (Océan, ciens.
Et comme auons dit ey deuant,Ptoleméc a bien eu co-
gnoijfxnce de notifies Fortunées, mefines iufques au
Cap "Perd. Pline aufiifait mention que luba emmena
deux chiens de la grande Canarie,outre plufieurs au-
tres qui en ont parlé. Les Portugais doncques ont efié
les premiers qui ont decouuert ces ifies dont nous par-
lons,ey nommées en leur.langue Madère, qui "Pault Madère.
autant à dire comme bois, pourtant quelles efioyent to que figni
talement de fines,pleines de bats, ey non habité es.Or " e en lan
elles fontfituées entre Gibaltar,ey Us Canaries, "Pers & uc
1 J n • i n i Portu-
le Panent:ey en noftre nauigation les auons cojtoytes •
amatndextre, difiantesdi (equtnoBialenutron tren
te deux degre^, ey des Fortunées de fioixante trois
lieues.Pour decouunr eycultiuer cepaîs,atnfi qu'"Pn
C 5 Par-
LES S I N G V L A R I T E Z
Situation porntgais maifire pilât m'a recité,furent contraints
de Ma ntettre lefeu dedans les bois - tant de haute fufiéjM
derc. que autres,de la plusgrande ey principale 'fee,quitm
faite enferme de triangle, comme A des Grecs, conte-
nant de circuit quatorze lieues ou enuiron : ou U fie».
continua lefpace de cinq àfix tours de telle "Pehementà
et ordeur,qu'ilsfurent cotroints de fefiauuer etgaranA
tir à leurs nautres :et Us autres qui riauoyent ce mayem^
et liberté,fi tetteret en la merjufquesà tant que Uffi
reur dufeufufe pafiée. Incotment après fimtret àU»\
baurer, planter , ey femergraines diuerfis,qutprafi
fitent merueilleufiment bien pour la bone dtfiofitioet
aménité de (airtpuis bafiirent matfins ey fortercjfei^
de manière qu'il ne fi trouue autour d'huy lieu plu
beau et plus pUifiant. Entre autre chofis ils ontplant\
abondace de canes,qui portentfort bon fùcre: dont ilj
fait grand trafique, ey autourd'huy efi célébré le fit*
Sucre de (re j e Madère.Cefle J
pet qui autourdhuy habite Ma-
M ,ikre , „ , .0 t .s n il
célébré «ere>eJf beaucoup plus ciuile et humaine, que celle dt\
entre au- Canaries,ey trafique auec tous autres le plus hu moi-
tiés, nemet qu'ilefi pofiible . La plus grade traffique efi de
fucre,de"pin, (dont nousparUronsplus amplemet) de
miel,de cire,orenges,citrons, limons,grenades,et cor"
douons, ils font confitures en bone quotité, Usmeilleq
Couhtu- res et les plus exquifes qu'an pourroitfiuhattter: et let
Madère fmt cnformes d'home s,de femmes, de lyons, oyfeauxm
eypoijfons, qui efi chofi belle a contempler ey encarts
meilleure àgonfler . ilsmettent douant âge plufieum
fruits en confitures,qui fi peuuètgarder par ce mayeni*
et tranfiorter es pais effranges , aufilogement ey ré-
création d"Pn chacun. Ce pais eft donc tresbeau, et au*
uni,
D E LA F R A N C E A N T A R C T . I 4
tant fertile : tant defin naturel'ey fttuation(pour les ^ e r t ' I l t c
belles montagnes accompagnées de bois, ey fruits e- j e j ^ a _
firagesdefquels nousriauons par deça)que pourlesfon dere.
tomes ey "Ptuesfàurces,dant lacapagne efiarrrosée,et
garnie d'herbes etpafluragcsfufjfijamment, befiesfiou
t*ages de toutesfirtesiaufiipour auoir diligement enri-
chi U heu de htbourages. Entre les arbres quiyjo%t,y
Aplufieurs*qtu tettentgommes,Ufquelles ils ont appris Gomme.
auec U temps à bie appliquer à chofes titceffaires . il fi
"Potdlà "Pneefpecedegatac, mais pource qu'tlriaefié T1 P C C C
trouue fi bon que celuy des Antilles , ils rien tienriet
pas grandconte-.peut eftre aufii qu'ils n'entendent la
manière de le bien préparer ey accomoder.lly a aufit
quelques arbres qui en certain tèps de (année iettent
bonne gôme,quth appellent Sang de drago:etpour la Sansd»
tirer hors percent (arbrepar U pied, dlrne ouuerture dragon.
A e
ff K. large et profonde Cefi arbre produitlmfrutB
taune degroffèur d"Pne cerise de cepais,<i efi fart pro-
pre à refaechtr et defialterer,fiait enfieure ou auiremet.
Cejûcougome ri efi diJfembUble au Cynabre dont é-
criptDiofimde. Quat au Cynabre,dit il, on l'apporte Cynabre
de (Afrique,et fi lied cher,et ne s'e trouue afiés pour r A "
fatisfaire aux petntres'.tlefi rouge et nô blafard,peur-
quay aucuns ont efitmé que c estait Sang de dragon :et
ainfi (à efiimé Pline enfin hure trhetroifiefime de (ht
fiotre naturelU,chap.fiptiefme. Defquels tôt Cynabre
queSag de^ârago, ne fi trouueautourd'huy de certain
ne naturel par deça,telquel'ont défieript les Anciens,
mais ("Pn ey (autre efi artificiel. Doncques attedu ce
qu'en efiimoyet les Anciens, et ce que foy congneu de
cefiegome, je (efiimeraye eftre tataUmentfimblable
AU
LES S I N G V I . A R I T E 7
au Cynabre , ey Sang de dragon, ayant "Pne 1/ertu a-
afirtngcte cy rcfrigeratiue.le ne "Peux oublier entre
ces fruits tantfinguliers, commegros limons, arenges,
citrons, cy abondance de grenades doutées, IwcifeS)
aigres,aigrefdoulces, moyennes, l'eforce defque lies ils
appliquent à tanner ey en forcer les cuirs,pource quel
lesfintfort afinngentes . Et penfi qu'ils ont apns cela
de Pltne,car il en traite au hure trezjefméchap.dixX
neufiefme de fin hifioire.Briefces ifies tôt fertiles ey
amènesfùrmonteront en délices celles de U Grèce,fuffe
Chtos,que Empedocles à tôt célébré, ey Brodes Ap*\
lantus, ey plufieurs autres.
Du vin de Madcre.
c H A p. , IX.
-jpr^i^. Ous auons dit combien U terrouer de Mar.
V^-Jr, ;
' dere efin propre et difpos
i r
àyporter plufieurs
I r
. efpeccs de bas fruits, mamtenatfaut par-'
%*& ni' \ \ ler du "pin, lequel entre tous fruits pour,
(yfige Cr neccfiité de la l>ie humaine, te nefçàf) s'il
mente le premier degré,pour le moins te puis afièutjfj^
du fécond en excellence çyperfeBi'6. Le "pin eyficre
pour "Pne affinité de température,qu ils ont enfimbU,
demandent aufit mefinedifpofition : quant à (air ey»'
la terre.Et tout ainfi que notifies de Madère apportée]
. grande quantité de tresbonfucre, aufit apportent elles
fucre de de bon~Pm,de quelque part quefiyèt liemt\Usplats
Madère, eymarquotes. Les Efpagnols m ont affermériauoir
efié apporte^ de Leuant,ne de Candie,combien que U
"Pin enfait aufit bo,ou meilUur:ce que docques ne doit
efireattribué à autre chofi ffinon d la bonté du terri-
toire.
DELAFRANCEANTARCT. If
taire.lefiçay bien que Cyrus l(oy des Medcs ey Afiy
riens,auant que d auoir conquefié (Egypte,fcitplater
grand nombre de plantes, le/quelles il frit apporter de
Syrie, qui depuis ont rapporte de bons "Pins, nais qui
n'ontJurpafj é toutesfois ceux de Madère. Et quant ou
*>/» de Candie, combien que Us maluaifesy foy ent fort
excellentes, ainjt que anciennement elles ont efiégran
dcmentefiimées es banquets des Romains,"Pnefin fiu ç ^ U ' p -
ment par repas, pour faire bonnebouche : ey efioyet j j e >
beaucoup pins célébrées que les "Pins de Chios,Metellm
ey du promontoire d Aruoife,que pour fon excellence
eyfuauité, à eïté appelle bruuage des dieux - Mais s
autour dhuy ont acqun eygaignéréputation lesluns Vin de
de nofire Madère,ey de (ifie de Palme, ("Pne des Ca- l i s l e d c
naries,ou crotfe "Pin blanc,rouge, ey clairet: dont il fi
fait grand trafique par Ejpagne ey autres lieux. Le
plus excellent fi l'end fins le lieu de neuf à dix ducats
lapipe: duquel paisefiant tranfiorté ailleurs, efi mer-
ueilleufiment ardent, ey plus tofi "Penin aux hommes
que nourriffement,s'tL ri efi pris auec grade difiretion.
Platon a efitmé le "Pin eftre nourrifjement tresbon,ey
bienfamilier au corps humain, excitant (efirit à~Per- yt{\[t^
tu ey chofes honefies,pourueu que Un en ifi modère- du vin
ment .Pline aufii dit lelun efirefiouueraine médecine pris mo-
Ce que Us Perfies cangnaiffonsfort bte.nefiimerentles deremet.
arnndes entreprifies, après leliin moderemet pris,eftre
plus "Palables, que celles que lofaifoità ieun:ccfi a fia
uoir efiantpris enfùffefante quantité,félon la comple-
Bion des perfinnes. Nous auons dit, qu'il n'y a que la ,
quantité ésalimens qui nuifi .Docques ce "Pin efimeil
leur à mon mgement la féconde ou troifiefine année,
que
LES S I N i ; V LA R I T E Z
que la première, qu'il retient cefie ardeur du Soleim
Liquellefi c'ofume auec le temps, et ne demeure que U
chaleur naturelle du "Pin .-comme nous pourrions dire]
de na^"Pins de ceffe année i < < 6:ou bien après ejhrt\
tranjporte^dlnheuenautre , carp.tr ce moyencejh\
chaleur atde tefi difiipe. le diray encore qu'en ces ifteÀ
de Madère luxurtentfi abondamment h s herbes et Ar-,
bres, cy les fruits à Jèmblable, qu'ils font contraint^
en coupper ey brufeer "Pnepartie, au heu def quels ils*
plantent des canes àfucre,quiy profitent fort btcn,<A
portons leurfiucreenfixmoys.Et celles qu'ils auront\
plantées en lanuier,taillent an mois de lutn: ey amji
en proportion de moys en autre,filon quelles Jontplan-
tées:qm empejche que l'ardeur du Soleil ne les incom-\>
mode .Foy Lfimmairement ce que nous auons peu ob-
firuer, quant auxfingulante^des ifies de Madère.
Du promontoire Verd & de fes iflcs.
rC \A
H AA T»
P. XY
E S
Promô- SffiÊ^ ^nCtem mt
appelle- promotaire'PlM
emmence e terre
toire eft « ^ ^ R ! ^ entrât lomg en la mefp
ce que 17 l ^ ^ j ^ ' de laquelle (on l>oid de lomg : ce qu'a»
nous ap- 5_î>_» » ioudhuy les modernes appelle t Cap,com\
P c ons > meyne chofi eminentepor fus les autres, ainfi que U
tefie par dejfus le reste du corps, aufit quelques "Pns oniï
lioulu efirire P r o m o n t o r i u m à p r o m i n e n d o , »
quimefimbU U meilleur. Ce cap oupromotoire, dont»
nous "Poulonsparler, efifituéfur la coite d'Afrique,
entre la Barbarie et la Guynée,au royaume de Senega*
difiant de (equimBialde \ ydegrezj anciennement]
appeU
DE L A T R A N C E A N T A R C T . If
appelle Ialontpar Usgens dupais, et depuis cap Verd ^oiYt>
Par ceux qui onthinauijré>ey fait la décowuerte: ey m a i n t c -
i i i iP i i rr • nant cap
ce pour la multitude d arbres ey arbrijjeaux, qui y y e rd &
lierdoyent la plus grand partiède (année : tout ainfi pour-
que Un appelle U promontoire ou cap Blanc, pource quoyain
qu'UrfipUin defabUns blancs comme neige ,fons ap- '
parence aucune d'herbes ou arbres, difeant des ifies
Canaries de 7 0 . lieues , eyla (è trouue l>n foufre de „ .
ii' 1 J ^ J ° -• i>^ Dargin
mer,appelle par les gens du pats Dargm, dunodlme Goufre
petite ifie prochaine de terre ferme, ou cap de Palme, Promô-
paur (abondance des palmiers. Ptolemée a mmméce toire d'E
cap Perd, le promontoire d Ethiopie, dont il a eu cog- t l o P l c -
\noiffancefans paffer outre. Ce que de ma part fefiime-
t raye eftre bien dit, car ce pais contient "Pne grande e- e r ^ e j c
\fendue :dv manière que plufieurs ont l/oulu dire, que l'Ethio-
, Ethiopie est diuisée en l'Afie ey en (Afrique. En- pie.
tre lefquels Gemma phrtje dit que Us monts Ethiopi-
ques occupants laplus ç-rade partie de l'Afrique,"Pont
ntfiques aux nues de 1 Océan accidentai, "PersMidy ,
ntfquesau fteuue Nigntis . Ce cap efi fart beauey
grarrd,enrrant btenauant dedos la mer,fituéfins deux
^belles montagnes. Tout ce pais efi habité de gens affes^
.fiuuages , non autant toutesfois que des baffes Indes,
fort noirs corne ceux de la Barbarie .Etfaut noter, que
tdepuis Gibaltar, iufques au pais du Prefie-lan,ey Ca
fUeut,contenantplus de trois mille Ueu'és, le peuple efi
tout noir Et mefmesj'ay "Peu dans HierufaUm, trois
t Euefques-de la part de ce Prefie-lan, qui efiayent "Pe-
nu\yiCtterUfiaintfiepuUrhre, beaucoup plus noirs, q
'ceux de la Barbarte,ey non fins occafion : car ceriefi
tà dire que ceuxgénéralement de toute (Afrique,fray-
ent
I ES S I N G V L A R I T E Z
ent également nom ,ou defimhlables meurs ey condM
ttons les "Pns comme la autres: attendu la "parieté dtt\
régions,qui font plus chaudes Us l>ncs que les autres,!
Cc::v de (Arabie cy d Egypte fini moyes entre liât. '
cy mir des autres bruns ougnfafires, q-c Ion appelle
Mores blâcs: les autres parfitBémet noirs comme ai-A
res
M° ufies. ils "piuent la plus grand part tous nuds, comme
les Indiens,recongnoiffans Inroy , qu'ils nomment en
leur làgue Mahouat:finon que quelques "Pns tanthi
mes que femmes cachent leurs part: es hoteufis de quai
quespeaux de befies. Aucuns entre les autres portent^
chtmifes ey robes de "Pille efioffe, qu'ils reçotuent en
traffiquant auec les Portulan.Le peuple efi dj/è^fanu)
lier ey humain enuers les efirongers .Auat quepreé
dre leur repas, ils fi louent le corps ey les memlretl
mon ils errent grandement en "Pn autre endroit,car ils
préparent tresmaley impurement leurs "piadcs,aufii
mangent ils chairs ey poiffonspourris,eycorromputi
car le potJJ'on pour fin humidité,la chair pour efire tin
dre cy humide, eit incontinent currompuepar la le
hemente chaleur , ainfi que nous loyonspar deçà en
efié: "Peu aufii que humidité efi matière de putrefaaÊ
on,ey la chaleur efi comme caufe efficiente. Leurs ma
Jons ey hebergemensfint de meJmes,tous rods en ma-
nière de colombier,couuerts de fie marin,duquelauf-
Ji ils lifient en lieu de UB, pourfierepofer ey dormtri
Quanta lareligion,ilstiennentdiuerfité d'opmiom
Religion affezeflrano-es ey contraires à la "Praye reliqton. Lci
& meurs ^ ï ?i j i i . „„ i • _
de h b adorent les idoles,les autres Mahomet, pnnCtpm
tans du ment au royaume de Gambre , eftimans les lns,qu%
capverd. y à "Pn Dieu auteur de toutes chofes, ey autres optnm
DE LA FRANCE A N T A R C T . if
lion beaucop diffemblobUs à celUs des Turcs.lly à au-
cuns entre eux,qui "Piuentplus aufieremet que les au-
tres,portans à leur cellmpetit liaijfeaufermé de tous
cofie^,<y colle de gomme enforme de petit coffret ou
efiuy,pUin de certains caraBeres propres àfaire tnuo-
catians dont coufiumierement ils "pfint par certains
tours fans l'ofier,ayons opinion que cependant ne font
en danger d'aucun inconuement. Peur mariage ils
sajjèmblcnt leslins auec Us autres par quelques pro-
meffesfins autre cérémonie. Cefee nation fi maintient
affe^toy eufi,amour eu fè des danfis,qu'ils exercent au
fin à /.: Lune,à laquelle ils tornent toufiours U l>ifiagc
, en danfint,par quelque manière de reuerence ey ado
ration. Ce que m'à pour liray ajfeuré "Pn mieamy,qui
le fiait poury auoir demeuré quelque temps.Par de la
font les Bar badins cy Serrets, auec lefquelsfontguer • . "
reperpétuelle ceux dont nom auosparlé,comble qùth Serrets
fiyètfimblables',hars-mis que Us Barbaçinsfont plus peuples
fauuages,cruels ey belliqueux .Les Serretsfont "Paga- °- Afti*
bonds,ey comme defijpere^,tout ainfi que les Ara- 1UC*
bespar Us deferts,pillons ce qu ihpeuuetfins Uy,fiant
rtjStnon qu'ils portant quelque honneur à celuy d'en-
tre eux qui àfait que lq proueJfe ou "PailLnce en guer
re:ey allèguentpour raifon,que s'iU estai entfùbmis à
febeiffance dlin Hoy,qu'il pourraitprendre leurs en-
fans,ey en ifir comme defilaues, ainfi que le %oy de
deSenega.lls cambatentfius (eau leplusfouucnt auec
petites barques,fatttes defiarche de boys, de quatre ^\m3^
braffées de Ung, qu'ils nomme t eu leur langue Aima dies.
dies. Leurs armes fiant arcs eyfiefichesfort digues,ey
enuenimées,tellement qu'il ri efi pofiible defefauuer,
D qui
Lis S I N G V I . A R I T E r
qui en a efiéfrappé. Dauantagc ih ifint de bafeotit il
canne s,garnis par U bout de quelques dents de beftt o-.t
poifJàn,au heu defer, defquels ilsfiefiçauètfortbiend
der. Quand ils prennet leurs ennemy s en guerre ,ils Ut
referuet a "Pendre aux cfiragers,pour auoir autre mtt
ebandije (car il n'y aljàgc d'aucune monoye~)Jans let
tuer cr mAnger: comme font Us CÂntbaUs, ey ceu*
du Brefil.le ne "Peux omettre que ioignant cefie con-
- . . trée^/a"Pntresbcaufieuue,noméNigritis,ey depuk,
f. ° I 1 S Senega,qut eft de mefine nature que le Nil, dot ilpré
tenât Se- cède,ainfi quelieulet plufieurs, lequelpaffepar la ban
nega. te Libye, cy le royaume d'Otguene, trauerfiantparlt
milieu de ce pais ey (arrofànt,comme le Nil fait (E-
gypte:ey pour cefie raifina efié appelleSenega. lit
Efpagnols ont "Poulu plufieurs fon parJus cefleuue en-
trer dedans lepàis,zy lefubiuçuer: ey défait quel*
quefoisy ont entré bien quatre l>ingts lieues : mon ni
poumons aucunemet adoucir lesgens dupais,efirangtl'.
ey barbares, pour euiterplus grands inconucntem.
fini retire^. La trafique de cesfiuudges efi en efih,
nés,en bœuf, ey cheures,principalement des cuirs,t
en ont en telle abondance, que pour cent hures de fit
"Pousoure^ "Pnepaire de bœufs,ey des meilleurs, let
Portuganfi"Pantet auoir efié les premiers,qui ont me*
es rcs
P né en ce cap Ferd, cheures,~Paches,ey toreaux,qui i*
Vcrd, nô F** auroyent ainfi multiplié. Aufii y auoir portep&
habitées, tes çyfimences diuerfes,corne de rit,citrons,arengeoYi
Quant au mtl,defi natif du pais, ey en bonne quand
té. Auprès du promontoire Vcrd y a trois petites ifies
prochaines de terre ferme, autres que celles, que nous
Appellos ifies de cap Kcrd,dent nousparlerons cy après,
dfeZ
i».
affe ^belles,pour Us beaux drbres,qu'ellesprcduifint-
loutesfon elles nefianthabitées . Ceux quijont là pro-
chains y "Pantfiuuentpefiher, dont ils rapportent du
poiffon en telle abondance, qu'ils enfant de lafarine, Arbre
ey en "Pfient ou heu de pain,après eftrefeiché, ey mi effrange
en poudre. En ("Pne de ces ifies fi trouue "Pn arbre, le-
quelporte fuétllè sfiembUbles à celles de m^Jiguiers,
U fruit efi 16g de deux pieds ou enutro, etgras enpro
portion,approchât des griffes ey logués coucourdes de
(ifie dé Cypre. Aucuns mangent de ces fruits,comme
nomfoi fins de fucnns et melos: et au de dos de ce fruit
efelme grainefaite à lafemblace dlm rongnon\ de lie-
ure^Ulagroffèurd"Pnefebue.Quelqs"Pnsen murrifi-
fient Usfinges,Us autres enfant colliers pour mettre au
ni star ceû effort beau quand il efi fie ey affdifinné.
D l P»
LES S INGV L ARITÉZ
Du vin de palmiers.
C H A P . XI.
Tantefiript le plus fimmairement qtîi
à efiépofitble,ce que méritait efire ejcrif
du promontoire Vcrd, ey deffus decltn
j'ay bien "poulu particulièrement traiter^
pun quillienoit à proposées Palmiers,eydu lin ey,
bruuage que lesfauuages noirs ont apris d'en Juin-,le
MJgnoI. quelen leur langue ils appellent, Mignol. Nous loy
ans combien Dieu père ey créateur de toutes chofet
nous ddne de moyens pour Ufoulagem'et de nofire "pie,
tellement quefit("Pn défaut,il en remet In autre,dont
il ne laiffc indigence quelconque à la lue humaine,^
de nous mefinesnous ne nous dela'Jfons par nofire lice
ey négligence: mais il donc diuers moyes ,filon qu'il
luy plaifi ,jans autre raifin. Doncquesfi en ce pais h
"pigneriejlfamilier e comme autrepart, ey parauen*
turepour n'y auoir efié plantée ey diligemment euh
ttuéeulriy à "pin en "pfige, non pins qu'enplufieum
autres lieux de nofire Europe - ils ont auecprouidcnm
diuine recouuert par art ey quelque diligence ceUf
que autrement leur efiott denté • Or ce palme efi In
arbre merueilleufiment beau, ey bien accompli, fût
en grandeur, en perpétuelle lierdure , au autrement,
dont il'y en à plufieurs efpeccs,ey qui proviennent e\\
Plu îeurs diuers lieux.En (Europe,comme en Italie, Uspalméi
de pal - craiffent abondamment,principalement en Sicile,mon
mes. ftertles. En quelque frontière dEfipagne ,eUes portent
fruit afire ey malplaifànt à manger. En Afrique, il
effort doux,en Egyptefimblablement, en Cypre ey
en
DELA FRANCE ANTARCT. I£
en Crète,en (-Arabiepareillement. En ludee, tout
ainfi qu il y en à abondance,aufit efi-celaplus grande
nobleffe ey excellence,principalement en Tericho. Le
"Pin que Un enfail,efi excédent,mais qui affenfi le cer
ne au.il y à de ceft arbre le mafec ey Ufemelle de ma
fie porteJafleur à la branche, Ufemelle germe fins
fleur,Et efi chofi merueilleufi ey digne de contempla
tion ce que Pline ey plufieurs autres en récitent: Que
auxforefizjUspalmiersprouenus dunaturelde la ter
re ,fi on couppe Usmofees, tesfemelles deuienn entfee
rilesfins plus porter de fruit : commefemmes "Pefues
peur (abfince de leurs maris . Cefi arbre demande U
Paiscbaud,terrefabUnneufi,"Pitreufi, ey comme fi-
lée,autrement onluy Joie la racine auant que la plan-
ter. Quant aufruit ilporte chair par dehors,qui craife ...
lapremtere,ey au dedans "Pn noyau de bois,c'est à di- c j j ' V
re la graine oufimence de (arbre: comme nons~Poyos
es pommes de ce pais . Et qu ainfi fait Un en trouue de
' petitesfinsnoyau en "Pne mefine branche q les autres.
Dauantage,cefi arbre après eftremort, reprend naifi-
fance defiy mefine : quifimble auoir donné U nom a
cefi oyfiau,que Un appelle Phénix, qui en Grecfigni- p n e n j x
fee Palme,pource qu'il prend aufit noiffance de foyfans oyfcau
autre moyen.Encores plus cefi arbre tant célébré a don pour-
né lieu ey argument au prouerbe,i que Un dit, Rem- S uo y a.'^
; ,° , -, , / , • t .. •« • fi appelle
porter la palme,c eft adiré le triomphe ey victoire: p rc ,u«-
eu pource que le tepspafié on "pfiit de palme pour cou- be.
ranne en toutes "PtBoires,comme toufieurslierdayante:
combien que chacun ieu,ou exercice auoitfinarbre ou
herbeparticulièrement, comme U laurier, le myrthe,
(hierre, ey (oliuier : oupource que cefi arbre', ainfi
D i que-
LES S I N G V L A R I T E S.
que "Peulent aucuns,ayt premièrement ejlé conficréa
Phebns,aiut que le laurier,eyayt de toute antiquité
. reprefente Ujignc de "piBoire. Et la ratjon de ce récita
téchfïà*" ^"^ Ge^e>1u^dildit,que cefi arbre a "Pne certainf.
palme, propriété,qui eonuunt aux hommes,"Perfueux ey WM
Liure j . gnammes : c'efe que ïamais la palme ne cède, uuptu
Chap. (>'jiubs le fais,mais au contraire tant plus elle eil char-
gée, ey plus par "Pne manière de refefeencefi redrejm
en lapait oppafite .Ce q confirme Anfiote enfisprifl
. .' ' ' blêmes,Plutarque enjes Sympofiaques, Pline e( Thtt
Lib.itf. phrafic, Etfimble conuenir au propos ce que dit Vtr*
chjp.4i. Nobeis 14'mais au mal qui t'importune, (&*"!
Li. { .des ^ms "Paillamment refifte à la Fortune.
p antcs. 0r eji •[ temp$ dffirmaH de retourner à nofire pro-
montoire:ouquel,tontpour la diffofition de (air trefi
chaud[efiant en la %one torride difiant XV'. degrtr
de la ligne eqmnoBiale ) que pour la bonne nature de
Manie ^a terre,croifi abondance de palmes, defquels ils tirent^
re de fai- certain fuc pour leur defpence ey boiffon ordinaire^
re ce vin L'arbre ouuert auec quelque initrumet, comme à met
de pal- tre Upom,a "Pn pied ou deux de terre, il en fort Ineu
, ' queur, qu'ils reçoiuent en "Pn "Paiffeou de terre de U
hauteur de (ouuerture , ey la referuent en autres
1/aiffeauxpour leur "pfige.
Et pour la garder de corruption,ils lafiaientquelque
peu,comme nous faifins le "perius par deçà : tellement
que leJelconfiume cefie humidité crue efeont enceftt
liqueur, laquelle autrement ne fe pouuant cuire oit
meurir,neceffairementfie corromprait. Quant 0 U coi*
Uur ey confifience, elle efi femfiemblablc aux lins
blancs de Champagne ey d'Aniau: Ugaufifort ban,
cr.
D E LA F R A N C E ANTARCT. 20
ty meilleur que les citres de Bretagne. Cefie liqueur
efi trefproprepour refrefchir ey defiolterer,à quoy ih Proprie-
fintfiubietspour Ucôttnuelle ey excefitue chaleur.Le té du via
fruiB de ces palmiers,fint petites dattes,ajpres ey ai- de pal-
gres, tellement qu'ilriefifaciU den manger: néant- ^ u e r s •
moins que U tns de (arbre ne Utjfe à eferefortplatfant \
à boire: aufit en font estime entre eux,comme nous fat
fins des bons "Pins. LerEgypttens anciennement,auant
que mettre les corps morts en bafine , les ayonsprepa-
re^ainfi quefiait la eaustume,pour mieux les garder
de putrefaélionjes lauayent tron ou quatre fois de ce-
tte liqueur,puis les oignaient de myrrhe,ey cinnamo-
me.Ce breuuage efi en~pfàge en plufieurs contrées de
( Ethiopie,par faute de meilleurl>in. Quelques Mores
fimbUble ment font certaine autre baiffon du fruit de
• quelque autre arbre, mais elle efi fart offre, comme fa^ £e
Irertusju citre de carmes, auant quelles fiyent meu- bruuagc.
res. Pour emterprolixité, ie laifferay plufieurs fruits
D. 4. eyva-
L E S S I N G V LAR I T E S .
ey racines,dont "pfient Us habitons de ce pais, en ali-
ments ey médicaments, qu'ils ont appris feulemetpn
expérience, de manière qu'ils lesfçauent bien accom-
moder en maladie.Car tout ainfi qriih cuttent Us dé-
lices ey plufieurs "Polupte^,lcJqucllcs nousfont par J$
çafort familières, aufiifint ils plus robufees cy difta
pour endurer les iniures externes, tantfoy et elles gratta
des:cy au contraire nous autres, pour eftre trop dehm
catsjàmmcs offcnfi^ de peu de choje.
De la riuicrc de Sencgua. ..,
c H A P. XII.
Ombien que ie ne me fioys propoféenci
mien difiours, ainfi que "Pray Geographt
defirire Us pois, "Pilles, cite^,feeuttei,
goufres,môtagnes,difeaces,fetuotios,0*:
autres chofies appartenons a la Géographie, ne m'afié>h
blé toutesfois eftre hors de maprofeffion, deficrirc am
plement quelques lieux les pins notables , filon qu'ih
"venait a propos, ey comme ie les puis auoir "Peu^tant^
pour Uplaifir ey contentement,qu'en cefaifant le bon
ey bien affeBionné LeBeutpourra receuoir , quepa<
reillement mes meilleurs amn : pour lefquels mefient-1
ble nepouuotr ajfe^faire, en comporaifon du bo "pau-_
loir ey amitié qu'ils me portent : lomt que te me frit
perfuadé,depun le commencement de mon hure eficri-
^ re entièrement la "Pente de ce que fauray peu "Poir
— c 'J . 5 e ey congnoifire. Or cefieuue entre autres chofies tant.
ocgua. fameux ( duquel U pais ey Royaume qu'il arrou-
fi , a efié nommé Senegua : comme nofire mer
Me-
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 21
Méditerranée acquiert diuers noms filon U diuerfité appelle
des contrées ou elle Kpaffe) efi en Libye, "Penant au cap , u îj
Verd,duquel nous auons parlé cy deuant:ey depuis le
quel iufques à la rtuiere,Upais efifortpLin ,fablon-
nenx,zy fier île: qui efi caufie que là nefietrouue tant
de befies rauiffantes,qu ailUurs . Cefleuue efi le pre-
mier - ey pins célèbre de la terre du cofeé de (Océan,
fiparant la terreJeiche et aride de la fertile .Son efien-
due efi iufques à ht haute hbye, ey plufieurs autres
pais et royaumes, quilarrofi.iltient de largeur enui-
t*iron"Pne lieue, qui toutefois efi bienpeu, au regard
de quelques rtuieres quifint en(Amérique'.defiquel
Us nous toucherons plus amplement cy après . Auant
qu'il entre en (ocean(amfi que nonslioyostons autres
fieuue-y te dre ey aborder)ilfie deuifie, eyy entre par
deux bouches elongnées ("Pne de (autre enutro demye
lieue, UfiquelUsfont efi'esprofondes, tellement que Un
y peut mener petites nauircs . Aucuns anciens , com Opinion
me Salin enfin hure nommé Polyhifior , Iules Cafior, de quel-
ey autres, ont eficrit cegradfeeuue duNtlpoffantpar ques rn-
toute (Efypte, auoir mefine jour ce çy origine
s
que Se- , c l e n s . u r
^ 7 r ^ y a-. l'origine
negua, ey de mejmes montagnes . Ce que n ejt pray- ( j u ^ jj
fimblable, ilefe certainqlanoiffance du Nilefe bien & d e Se>
plus outre (Equateur , car dînent des hautes monta- negua»
g nes de Bede, autrement nommées des anciens Geo- Monta-
graphes,motognesde la Lune,le•/quellesfont lafipara- P **
tion de (Afrique "PietlU à la nouuelU, corne les mots a u e c j t u r
Pyrénées de laFroce d auec (effagne.Et font ces mon- fituatiô.
tagnesfituées en la Cyrenatque, qui efi autre là ligne'-Origine
itnc
quinze degrés. LafiaurcedeSenegua dot nonsparUns, -
proçede de deux montagnes,("Pne nommée Mandro,et °
D 5 (autre
LES SINGVLARITEZ
t autre Thala, difeinBes des montagnes de Bed plut
de mille heues.Etparcecy l'on peut "Pair combien ont
erré plufieurs pour rien auoirfiaiB la recherche, corne
ont fait Us modernes.Quant aux montagnes de la L»
ne,elles font fituées en l'Ethiopie inférieure, ey eelht
Monta- „ _ • / r i m • j
m nt Sene ua en
_ de g L'byc, appellee intérieure: de
Lybye. laquelle les principales montagnesfint vfergate, don
prteede la nuiere de Bergade la montagne de Cafi,
de laquelle défend Uflleuue de Darde : le ment Mon-
dro eleuéparfiis Us autres, comme je puis comeBurer^
à confie que toutes rtuieres, qui courent depuis celle Je
Salate,iufques à celle de Maffe,difions ("Pne de (autre
enuiron feptante lieues,prennent leurfiurce de celte
montagne, Dauantage le mont Girgtle, duquel tombe
"pne nuiere nommée Cympho : ey de Hazapolc "vient
Subofleuucpeuplé de bon poiJfon,ey de crocodiles en-,
nuyeux cy dommageables à leurs "Poyfitns.. Vray efi
que Ptolemée qui a traiBé de plufieurs pais ey nath
e-ns effranges,à dit ce que bon luy afimblé, principe
lement de (Afrique ey Ethiopie,et ne trouue auteu%
entre les anciens,qui en aye eu la cognoijfancefi bonne
et porfaitte ,qui m'enpuijfe donner "Pray contentemet.
Nul au- Qu.and Hparle dupromontoire de Praffe (dydnt quin-
teur anci < / degre^ de latitude,et qui efe lopins laingtaine ter-
cicu acu re,de laquelle il à eu cognoijfance: comme aufiidefcrk
parfaitte olarean à la fin de la defiription d Afrique ) de fin
_ncc°de te^ ^ m ^ tnfenem A eft* defirit, néanmoins ne (é
toate'l'A touché entièrement,pour eftre pr tué et ri auoir cogneu
frique. "Pne bone partie de la terre méridionale,qui a efié dé-
couverte de noftre temps. Et quant ey quatpjufieurt
chofes ont eftéadioufiées aux efirits de Ptolemée %(**
f*4
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 22
peut "Poir à U tabUgêner aie,qui efipropremet de luy.
Parquoy le LeBeurJîmple,n'ayantpas beaucoup "Perse
en la Cofmographie et cognaiffonce des chofes, notera q
tout le mode inférieur efe diuisé par Us anciens en trais
parties inégales, à fçauoir Europe, Afite, et Afrique:
defquelles ils ont eficrit les "Pns a la "Pente, les autres ce
q bon leur afimblé fins toutesfois rien toucher des In-
des eccidetales,qui font auiourdhuy la quatriefine par
tie du mode,dé couuertes par Us modernes : corne aufit
a efié la plusgrand part des Indes onetaUs,Cahcut,et
autres. Quitta celles de (ocidentfi Frace AntarBi-
que,Peru,Mexique , on les oppelU auiourdhuy "Pul-
gairemet,Le nouueaumode, Poire iufques au ctnquan -,
te deu^jejme degré ey demy de*la ligne, ou eft le de-
strott de Magello,et plufieurs autresproumces du cofié
du North,et du Su à cafté du Leuat et au bas du Tro-
pique de Capricorne en (ocea méridional:ef à la terre
Septetrtenale : defiquelles Aman,PUne,et autres hifio
rwgrophesriotfait aucune mc'tion quelles ayet efié dé
couuertes de leur teps. Quelques "Pns ont bienfait men Iflcs H e .
tio d aucunes ifies qui furet découuertespar Us Carth a fpendes
gtnon,mais fefiimeroysefire les ifies HeJperidesouFar -iecou-
tunées . Platon aufit dit enfin Timée,que U tepspafié r•
auoit en la mer Atlatique et Ocea l<ngradpàis de ter p a r ] c s
re:et q ht efioit femblabUment "Pne ifie appellée At-, Carthagi
latique plus grade q l'Afrique, ne que ( Afite enfiem n o ' s <
bU,laquellefut engloutie par trèblement de terre. Ce . ,
que plus tofi j'efiimcraye fable : car fi ht chofi eut efté j u temps
liraye,oupour U moins lirayfiemblabU,autres q luy en de Platô.
tuffent eficrit :attedu q la terre de Lquelle les Ançies
ent tu cognoijfance,fi diutfie en cefie manière.Premiè-
re-
LES S1NGVLARITEZ
rement de lapart de Leuant,elle efiprochaine à la ter-
re incogneue , qui efi "Poyfine de la grande A fit: ey
aux Indes orientales du cofeé du Su, ils ont eu cognùfi
fonce de quelque peu, ajçauoir de (Ethiopie mendia*
r , nalc,dite AZ'fimbra, du collé du North des ifies d-
Diueifite ', àJ ' J J
depaîs k^Bgkterre, Ejcojjc,Irlande,et montagnes Hyperba*
meurs* récs,quifiant les termes pins lointaings de la terre Sep-
dcshabi- tentrtonale,comme"Peulentaucuns. Pour retournera
tans de nofire Senegua,deçà ey delà cefeeuue tout ainfi que le
c ua
S ' territoire efi fort diuers, aufit font les hommes qu'il
nourrit. Delà les hommesfont fort noirs, de gradefta*
turejecorpsalaigreey dehure,nonobfiantïcpais 1er
doye,plein de beaux arbres portonsfruit. Deçà lom
"Perre^tout le contraire,les homes de couleur cendrées,
ey de plus petitefiature. Quant au peuple de ce pâli
de Seneguo, je ri en puis dire autre chofi, que de ceux
du cap Verd ,finon quils font encore pis . La confie efi
que Us Chrcfliens riofieroyentfi aysémet deficendre tfk
terrepour trafiquer, ou auoir refraifihement comme
aux outres endroits, s'ils ne "Peulent eftre tue^ ou prié,
efilaues.Toutes chofesfini"Piles ey contemptibles en'
tre eux,finon la paix qu'ils ont en quelque recommen-
dation les "Pns entre les autres . Le repas pareillement^ !
Auec toutesfois quelque exercice à labourer la terregl
pourfimer du rmcar de blé,ne de "pin,ilriy en à point»
Quant au blé,il n'y peut "P enir, comme en autres pais
de Barbarie,ou d'Afrique,pource qu'ils ontpeufiu-
uent de la pluie, qui efi confie que lesfemences nepeu-
uentfaire germe,pour (excefitue chaleur eyficcitê*
Incontinent qu il%l>oy ent leur terre trempée ou au-
trement amusée,fi mettent à labourer,ey après auoir
fiml.
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 2$
fèmé,en trais mois le fruit eft meur ,prefi à efere moif
finné.Leur boiffon efi de ins de palmiers et deau.En-
ire les arbres de cepais,'tls'en trouue "Pn de lagraffeur ^çtC
de ne^arbresàglan, lequelapportelm fruitgroscom & n u jiî e
me dattes. Du noyau ils font huile,qui à de merucilUu de grade
fis propriétés. La première efi, quelle tiét (eau en eau proprie-
Uuriaunc commefiaffran:pourtant lU en teignent Usté*
petts "Paiffeaux à boire, aufii quelques chapeaux faits
depaiU deionc,ou de ris.Cefi huile d'auatage à odeur
de "Pialette de Mats, ey Joueurd'à hue : parquoy plu-
fieurs en mettent auec leurpoiffon, ris,ey autres "Pian
des qu'th mangent. FoyU que foy bien "Poulu dire du
fleuue, ey pais de Senegua : Uquel confine du. cafié de
Leuant à U terre de Thuenfar, ey de ht part de Midy
au royaume de Camhro, du Panent à la mer Oceane.
Tirons taufiours noftre route, commençajmes à entrer
quelques tours après au pais d Ethiopie , en celle part,
que Un nomme le royaume de Nubie , qu'efe de bien
grande eflendue , auecplufieurs royaumes et promû-
tes, dont musparlerons cy après.
Des ifies Hefperides autrement dittes de
cap Verd c H A P. X I I I.
Près auoir laifiénoftre promotoire à fine-
fi re,pour tenir chemin lepins droit qu'il
nous estaitpofiiblefiatfiantU Surouefl "Pn
quart du Sufieimes enuiron "Pne tournée
entière : mais lierions fur les dix ou "Pn%e heures ,fi
trouuo'Pent contraire, qui nous iettafùs dextre ,~PerS
quelquesifies,queUn appelleparnezjarttt marines,
iflet
LES S I N G V L A R I T E Z .
Situatiô ifies de Cap Verd,UfiquelUsfiont diftates des ifies Fur»
des ifies t:m 'es ou Cananes,de deux cens heuës, ©*' du cap dé
V° 'd ^ fi»xantepar mer, et cent lieues de Budomelen Afii*
que fît} liant la cofie de la Guy née l>ers Upole Anttr*
Ifie S. Bique.Ces ifiesfontdixen nombre,dont il en y adeust
Iacqucs. fort peuplées de Portugais,qui premièrement le< ont eu-
couuertes,et mis en leur abeifjànced'lme des deuxjt-
quell'e ils ont noméefatnt lacques,fiur toutes efi la plut
habitée : aufitfiefait grandes trafiques par les Mores,
tant ceux qui demeurent en terre Jerme,que les autret
qui nauiçent aux Indes,en la Guinée,{y- à Manicon%
gre,aupais d'Ethiopie. Cefie ifie est difiante de la li-
gne equtnoBiale de quinze de?res: l>ne autre pareil-
Ifie S. Ument,nommée Saint Nicolos,habitée de mejme cÔ-
Nicolas, me (autre. Les antres ne fini fi peuplées, corne I-1ert,
Ifies Fie- plmtana,Pinturia,et Foyon taufquellesy à bien qtteh
ra, m t a quenobre degens et defelaues, enuoye^par Us Portt)
tnr'ia & gais pour cultitter la terre,en aucus endroits quifietri»
Foyon. neroy ent propres: et principalement poury faire amtl
de peaux de cheures,doty a grande quotité,et en fini
fort grade trafique. Et pour mieux faire,Us Portuo-m
deux ou trait fin (année paffent en ces ifies auec naul"
res et munitios, menas chiens etfilets,pourchafferauX
cheuresfiauuages: defquelles après eftre eficorchéesre-
fieruentfeulemet les peaux, qu'd^defeichet auecquû
de la terre et du fil, en quelques "Paiffeaux à ce appff
Marro- pnés,pour lesgarder de putrefoBio.et les emporter4M
quinsd'Eyf en Uurpais, pun en font leurs marroquins tôt eeU-
b
bréspar ("Pniuers. Aufitfiont tenu les habitas des ifteHt
pour tribut,rendre pour chacun au %oy de Portugal^
nobre defix milU cheures, tatfiauuages que domefeH
H
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 24
fuesfilées etfiichées : lefqueUes ih dehurent à ceux,
qui de la part diceluy Seigneur font U "Voyage auec fis
grands "Paiffeaux,aux Indes Orientales, comme à Ca-
iicut,ey autres,pajfanspar ces ifies;ey efi employé ce
nobre de cheures pour Us naurirpédant le "Payage,qni
efi de deux ans,ou plus,peur U difiance des lieux, ey
la grande nduigatiô qu'il faut faire. Au fur plus (air
en ces ifies eftpefeilentieux ey malfain, tellemet que
lespremiers Chrefiiens qui ont commué à les habiter,
vnt efeépar long temps l>exe^ de maladie, tant à mon
jugement pour U température de (air qm en teh en-
droits ne peut eftré bone, que pour ht mutation. Aufit
font htfortfamilières ey comunes Us fleures chaudes,
aux EfilauesJpecialement, ey quelque flux defang:
qui ne peuuenteftre ne ("Pn ne (autre que d humeurs
excefiiuementchaudes ey acres,pour leur continuel
trouait ey mauuaifi nourriture, toint que la tempe-
rature chaude de (airy confient, et (eau qu'ils ontpra-
1 chaîne: parquey reçetuent (excès de ces deux elemes.
1
Des tortues, & d'vne herbe qu'ils appellent
Grfeille. c H A P. x 1111.
Vit qu'en noftre nauigation auons délibé-
ré efirire quelquesfingularite^abfiruées
es lieux etpUces ou auons efié : ilne fiera Quatre
F ; ; 7 7 -' efpeces
bars de propos de parler des tortues, q no^ ,f
t
ifies deffut nommées nourriffent engrande quantité, t u c S é
aufit bienque des cheures.Or il s'en trouue quatre efipe
ceSjferreferes,marines,U traifeefmé "Ptuant en eau dou
ce j la quatriefime aux marejfis : lefqueUes je n'ay dé-
libéra
LES SÎNGV LARITEZ
chant tous Us moyens de sabjcnter de fon pais, cimmi
Ponuga= en extrême defijpair,Apres Auoir entendu U conqUeftâ
de ces belles ifies par ceux defin pais, délibéra pourré-
création s'y en aler . Doncques ilfiedrcffa au meilleur
equtpage,qu'illuyfutpofiible,cefi afçauoir dénatu-
res,gens,ey munitions, bcfiialen "Pie, principalemm
châtres, dont ils ont quantité :ey finablement abtrà
en (l'nc de ces ifies: oupour le dégoufi que luy caufe]
la maladie,ou pour eftre rejfajié de chair, de laquek
caufiumierement il "pfeit enjonpais, luy "Vint appttt
de maurer œufs de tortuesfdont ilfefe ordinaire (ejpé
ce de dusx ans, et de manière qu'ilfutgueridejàlé-
Portu- pre.Or je demanderoys "polontiers ,fifit guerifen doit
gaisgue- efire donnée -à la température de (air , lequel il auth
ri de le- changé,ou la "Piande. le croiroys à la "Pente , que lin
Fri" ey loutre enfimble en partie, enpourroyent eftre CM
fie. Quant à U tortue, plme en parlant tant pour alinm
que pour médicament ne fiait aucune mention qùt\
foit propre contre la lèpre: toutesfoisildit qriellétf
"Pray antidote contre plufieurs "Penins,fiecialement&
p , , t ] , ; v laSalemandre,par îme antipathie , qui efi entre eut]
thic de la deux,çy mortelle inimitié.
tortue a- Muefi cefi animant auoit quelque propriété occul-
u?cla Sa te ey--particulière contre ce mal,je m'en rapporte aux
maare. ^^fi^^ médecins. Et ainfii (expérience a donné i
congnotftre la propriété de plufieurs médicaments, it
laquelle (on nepeut doner certaine raifin. Parqmyjt
confieilleroys "Polontiers d'enfaire expérience en ceint
de ce pais, ey des terreftres,fe Unrien peut recouurtt
de marines : quifieraità mon iugement beaucoup meii
Uurçy pinsfieur,que les "Piperes tant recommandé^
et
D E LA F R A N C E A N T A R C T . 26
en cefie affeBion, ey dont efi composé le grand The-
rtaque:attedu qu'il n'est pasfiur lifer de "piper es pou
le "Pentn qu'elles partent, quelque chofi que (on en diei
laquele chofi efe aufit premierment "Penne d"Pncfèu
U expérience.
Lan dit que plufieurs y font aliéna (exemple de
cefiuy cy,ey leur a bienfùccedé. y*otU quant aux tor
tue s.Et quant aux cheures que mena nofire Gentil-
homme, elles ont là fi b len multiplié, que pour lepre-
fient ily en a "Pn nombre infini : ey tiennent aucuns,
que leur origine "vient de là , ey queparauant n'y en
auoit efié "Peu.R^efie à parler dlme herbe, qu'Us nom
ment en leur laneue OrfeiHe. ~ r •„
n 1 r n -K • si 1 rr- .Orfeillc,
Cefie herbe efe comme vne ejpece de moujfe, qui herbe.
croife à lafemmtté des hauts cy maccefiibles rochers,
fans aucune terre, eyy en a grande abondance . Pour
la cuillir ils attachent quelques cardes anfimmetde
ces montagnes ey rocher s,puis montent amont par le
bout dembas de la corde, ey grattons le rocher auec
certains inferuments la font tomber, comme "Poye^fti
re"Pn ramonneur de cheminée: laquele ih réfirueni
ty défendent en bas par "Pne carde auec corbeil-
Us,auautres"PaiJfeaux. L'émolument etlfà-
•ge de cefie herbe efi qu'ils (appliquent à
faire teintures, comme nous a- Au cha-
uans dit par cy deuant J"
en quelque paf-
ate.
E z De
LES SINGVL ARITEZ
Dcl'ifledcFeu.
CH A P. X V.
Ntre Autres fingularites,je n'ay louluf
mettre (ifie de Fcu,<ttnfiAppellée , pour*
t.uitque continuellement elle ictte Int
flambe defeu , telle, que fi les anciens en
enflent eu aucune cognoijfance , ils (euffent mifie entrt
les autres chofies ,qmls ont eficrit par quelque mincit
ey fingularité, aufit bien que la montagne de Vcjtm't
ey la rffontagne d'Etna, defiquelleipour "Pray en rtih
tent merueilles. Quant à Etna en Sicile, elle a letté II
feu quelquesfoisauec In bruit merucilleux,commt'm
temps de M.AEmde cy T.Flamtn, comme eficrit 0
rufc.Ce que conforment plufieurs autres Hiftoriogfl
phes, comme Stralon, qui afferme (auoir "Peué,ey '»
h gemment confiderée. Qui me fait croire, qu'il enfût
quelque chofi, mefine pour le regard desperfonnoli
qui en ont parlé taufii elles nefintfi elongnéesdenoi
qu'il ne fait bienpofiible de faire Ipreuue auecqt
l'a il, tefmoing U pius fidèle, de ce qu'en trouues aux
fioires. lefçay bien que quelcun d entre no^moder-
nés efiriuains, a "Poulu dire q (l/ne des Canaries tettt
perpetueilemet du fou,mais qu'ilfiegarde biedeprUÊ
dre celle dont nous parlons, pour (autre . Arifeetem
liure des merueilles parle dlrne ifie découuerte parti}
Carthaginois,non habitée,laque lie iettait comme flot
beaux defeu,"Penat de matières fùlfureufes, outre fk
peurs autres chefs admirables. Toutes fois ie nefçaUe
roys iuger qu'il.tyt entendu de la noftretencorts maint
Jn
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 2j
du mont Etna,car il eftoit cogneu deuantle règne des
Carthaginois. Quant à U montagne de Puffole, elle efi Monta-
M ot ti
- \
gne de
fituée en terre ferme: çyfi aucun "Poùlait dire autre- n../r.f.
Puffole.
ment,ie m'en rapporte:de ma part ie n'ay tnuué, que
*jamais aytefié congnue,que depuis mil cinq cens tren
te,en cefie part de Ponent, auec autres tant lomgtai-
nes,que prochaines,et terre continente, lly a bien "Pne
autre montagne en H Irlande,nommée Hecla,laquelle
par certains teps tettepierres fulfureufis, teUemet que
la terre demeure mutile cinq eu fix lieues à(entour
pour les cendres defiulfre dont elle efi couuerte. Cefie
ifie dont nousparlons, codent enuirofiept lieues de cir-
cuif.riomée à bonne raifin ifie defeu,car U montagne
ayant de circuitfitx censfiptate neuf pas,te de hauteur
mil cinquante cinq brafiées ou enmr on,tette continuel
lement par lefimmetlmefla.be, que (on "Poitde tren-
te ou quarante lieuesfur la mer , beaucoup plus cUre-
ment la nuyt que le iour, pource qu'en bonne philofi-
E j phie
LE S S I N G V L A R I T E Z
phie la plus grande lumière anncantifi la moindre.Ci,
que donne quelque terreur aux natugans, qui ne (ont
congneut au parauant. Cefie flambe efi accompAgnm
de je nefiçay quelle mauuaife odeur refintant aucunm
ment lefioulfre,qu'efi argument qu au"Pentredecejt%
motagne y a quelque mine defiulfre. Parquoy l'on ni
doittrouuer telles manières defeu effranges, attenJt\
que ce font chofies naturelles, ainfi que tefmoignent lit
phdojophcs :cefi quejes lieuxfiontpleins defiulfre (£\
antres minéraux fort choux,defquelsfi refiult Ine It
peur chaude etfiichefimblable afeu. Ce qui ne fi peut
faire fins air. Pourquoy nous apparaijfent hors la terri
par le premier fiujpirail trouue, ey quand ellesfont
agitées de (air. Aufii de làfirtet les eaux naturelle-
ment chaudes,fiches, quelquesfbis odfinnegtes)cîn\
Usfonteines et beins enAltemagne ey Italie.DouA
toge en Efclauomeprès Apollomafi trouue "Pnefin-
teinefartantd'"Pn roc, m (on loitJourdre Ine flam-
me defeu,dont toutes les eaux prochainesfiontcommt
bouillantes. Ce heu donc efi habité de Portugais, oint
que plufieurs autres par delà . Et tout ainji que (ar-
deur de cefie montagne riempefiche la fertilité de U
terre , qui produit plufieurs effeces de bons fruits,on
efi "Pnegrande température de (air, "piuesJour ces <y
bellesfontemes:aufit do mer qui ( enuironne,ri efteint.
j; , cefie "Pehemente chaleur, comme recite rhne
cha. i ; é. ^e k Chimère toufiours ardente, quis'e-
fiemt par terre ou foin iette^
deffns, eyefiallu-
, méepar eau.
De
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 28
De l'Etryopie.
CHAP.XVI.
Ombien que plufieurs Cafinographes ont
fiuffifàmment défient U pais d Ethiopie,
mefine entre Us modernes, ceux qui ont re
centemetfiaitplufieurs belUs nauigatios
par ce fie cofie d Afrique, enplufieurs ey Uingtaioes
contrées :toutesfois celariempefebera, que filon la par
tée de mon petit efprit, je riefiriiie aucunesfinguUri-
tezjbfieruées en nauigeantpar cefie mefine cefie en la . 1°. u o
grande Amérique.Or (Ethiopie efi de telle efiendue, •
quelle porte ey enAfie,ey en Afrique, ey pource
ton la deuifie en deux, Celle qui eft en Afrique, au-
iourdhuy efi appellée Inde terminée au Leuant de la
mer %onge,ey au s'eptentrion de (Egypte ey Afri-
que, "Pers le Midy dufleuue Nigritis, que nous auons
dit eftre appelleSenegua : an Ponent elle a (Afrique Senegua
intérieure,qui "Pa iufques aux riuages de (Océan. Et ffaucié-
ainfi a efié appelée du nom dEthtopsfils de prulcain,T^i^a
laquelle a eu auparavant plufieurs autres noms : "Pers °
(Occident montagneufi,peu habitée au Leuant, et a-
reneufi Au milheu,mefime tirant à la mer Atlattque.
Les autres U défiertuent amfit: lly a deux Ethiopics, Defcii-
l"Pne efifiubs l'Egypte, région ample ey riche,ey en ption die
scelle efÎMeroè, ifie trefigrande entre celles du Nil:et l'Ethio
Ocelle tirant"Pers (or/ët revne lePrefie-la. L'autre f , e ' ..
»a . - u n n Meroe
n ejt encores tant congneue ne decouueite, tant elle efi jflc
gradefino auprès des riuages.Les autres la diuifient au
tremet,c'efiafçauoir Ornepart eftre en Afie, et (au-
tre en Afriq,*[lon appelle auiourdhuy les Indes de Le
E 4 uant,
LES S I N G V L A R I T E Z
uant,enuironée de la mer R^uge en Barbarie,l>ersSt
ptentrian au pais de Libye et Egypte. Ctfie contrée efi.
fort motagneufi,dont les principales motagnetfiant tel
Us de Bed, Une , Bardtte, Mefiha,Lipha. Quelque
"Pns ont eficrit les premiers Ethiopiens et Egyptiens a-
uoir efié entre tous Us plus rudes et ignorons, menant
"Pne liiefort Agrefie,tout Ainfi q befees brutes:fiantlo-
gis arefié,ainsfi repofàns ou U nuyt les prenait,pu q ne
font aujourdhuy les Mafiuites . Depuis lEqutnoïlim
"Pers (AntarBtque,y a "Pnegrandcotrée d'Ethiopesà
qui nourrit de grands Elephans, Tigres, Rhtnoccrons.
Elle a "Pne autre région portant cinnamome, tntre les
°^j- v" bras du Nil. Le Royaume d'Ettabech deçà ey de la le
mcafct- .. -, . . .^ i /j • r II '
tabech. N'heft habite des Chrefitens.Les autresfont appelle,
Ichthyo- lchthyophages,ne "piuantsfieulemet que depoijfon,n
phuges. dus autresfoisfiubs (obeiffance dugrandÂUxandr ^
Les Anthropophagesfiontauprès des mots de la Lunei
ey le refile tirant de là iufques au Capricorne, ey re-
tournant "Pers le cap De bonne efperance efe habité de
plufieurs diuers peupUs,ayons dmerfisformes et mon-\
fireufes.On Us efhme toutesfois auoir efié Us premiers
né^au monde, aufii Us premiers qui ont muent é la re
Lgion ey cerimomes: ey pourcerieftre eftrangers en
leurs pais, ne "Penans d'ailleurs,riauoir aufii oncques
enduré le ioug defiruttude,ains auoir toufiours l>efcU\
en liberté .C efi chafe merueilUufie de (honneur eta-
Amytié mitté auils portent à leur Roy . Que s'ilauientquém
des An- jtoyfi[t mutilé en aucune partie defincorps,fiesfubiètt\
phases" J?eaahment domefiiques, Je mutilent en cefie mefine
entiers partie, efiimans eftre chofi impertinente de demeurer \
leur B&ffeintscy entiers, et le Roy eftre offensé .La plu*grank
part
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 2p
part de ce peuple efi tout nudpour l'ardeur excefiiue
duJoUil '.aucuns cauurent leurs parties honteufis de
quelquespeaux des autres U moytié du corps, ey les
autres le corps entier.Meroe efi capitale "Pille dEthio- .,froc
• i un- in i 7 ville ca-
pte,laquelle ejtoit anciennement appétit e Saba, ey de pi ta j e
fuis par Cambyfes,Merae.lly a dtuerfité de religion. d'Ethio»
AucunsJont idolâtres, comme nous dirons cy Apresdes pie,anci-
autres adorent UfiiUilleuant, mais th dépitent l'Occi- ^ n n c m c t
dent.Ce pais abonde en miracles, ilnourrit "Pers (inde
de trejgrands animaux,comme grands chiens, elephas
rhtnocerons d admirable grandeur, dragons, befilifis,
»y autres : dauantagedes orbresfi hauts, qutlriy a
fiefihe,ne arc,qui enpuiffe attaindre lafemmité, ey
plufieurs autres ehojes admirables, comme aufii Pline
recite au hure dixfiptiefime, chapitrefecand de fin hi-
\ftoire naturelle.llslfint coufeumierement de mil ey
i orge,defiqueh aufii ihfiont quelque bruuage ': ey ont
peu d autres fruits ey arbres,harsmis quelques grands
palmes.lU ont quantité de pierres precieufis en aucun
lieu plus qu'en (autre.il nefieraencores,ce mejemble,
i hors de propos de dire cepeuple efire noirjelon que la
chaleury efi plus ou moins "véhémente , ey queicel- Pour
le couleur prouient daduftian JuperfecielU confiée quoyles
de la chaleur dufioleil,qui efi confie aufii qùilsfiontE t m °P i *
fort timides.La chaleur de (air ainfi "Pialente tire de- a u t r e s
hors ht chaUur naturelle ducueurey autres parties font de
internes:pourquoy ils demeurentfroids au dedans, de couleur
ftitue^ delà cbaUur naturelle ey brufie^par de-noire.
horsfeulement :ainfi que nous"Poyons en autres chojès
adufies ey bruflées . L'aBion de chaUuren quelque
tbieB que ce fait, ri efe autre chofi que refiolution ey
S 5 dtfii-
LES S I N G V I . A R I T E Z
difiipation des elcmens,quad elleperfieuere,ey eft lit
Unte:de ma/uere, que les elcmens phtsfubttls confi'
me^jne refie que u partie terrefere retenant couleur
ey confefience de terre, comme nous "Poyons la cendre
cy bois bruflé - Donques à la peau de ce peuple ainfi
bruflé ne refee que la partie terrefere de l'humeur, tes
autres efeans dîfiipées,qui leur caufe cefie couleur, ih
font,comme j'ay dit, timides,pour lafrigidité intérêt
car hardieffe ne prouient quedlme "Véhémente cher
Uur du cueur: quifait que les Gaulois,ey autres peui
•pies approchons de Septentrion, au contraire froidsptit
dehors pour (intemperature de (air,font chauds mer-
ueillenfimentau dedans,ey pourtant eftre hardis,cté
rageux,ey pleins d'audace.
Pourquoy ces Noirs ont le poil crefpe,dents blanchet,
graffes Uures,les iambes obliques, lesfemmes inconth
nentes, çy plufieurs autres "pices,quiferait trop Ung
àdijputer, parquoy te laifferay cela aux Philofipbtî
craignant aufii doutrepaffer nos^ limites , fenoM
Indiens J0HC à nofire propos. Ces Ethiopes ey Indiens "pfiÂ
& Lthio j e m A „ t e pottrcc au ils ont plufieurs herbes ey autre
écsvfent , r& ' s / *J „ . ,.,
de ma- ehojespropres a tel exercice. Et ejtcertai qu ily a que)
gie. quejympathie es chofes ey antipathie occulte, qui m
fepeut cognoifere que par longue expérience.Et
pource que nous coftoyameslme contrée afi
fi^ auant dans ce pais nommé Gui-
née, j'en ay bien "Voulu c fer ire
particulièrement.
De
DE LA F R A N C E ANTARCT. JO
' D e la Guinée.
CHAP. XVII.
Près s'eftre refrefihis ou cap Verdfiut que
fiion depaffcr autre, ayons "Pent de Nor-
deit merueilteufimeifruorable pour nous
conduire droit foubs U ligne EqùtnoBiale
laquelle dénions paffer : mais estons paruenu^ à la
hauteur de la Guinée, fituée en Ethiopie,U "Petfitrou _ . ,
J r
» n • i\ Gumee,
uo tout contraire,pource qu en cefie région les vents panie j c
fintfort inconfians, accompagne^ le plus fiouuent de la baffe
pluies,orages, ey tonnerres , tellement que htnauiga- Ethiopie
tien de ce cafté efi dangereufi -Orle quatar^iefme de
Septembre arriuafines en ce pais de Guinée, fins le ri-
vage de (ocean,mais affes auat en terre,habitée dl'n
peuple fort efirange, pour leur idolâtrie eyfùperfii-
tion tenebreufi ey ignorante. Auant que cefie con-
trée fufe déceuuerte, ey lepeupley habitant congnu,
on eftimoit qu'ils auayent mefene religion ey façon de
~viure,quc les habitons de U haute Ethiopie, ou de Se-
negua: mais il s'efe trouue tout (oppofete. Car tous
ceux qui habitent depuis iceluy Seneguo, iufques au , . c -
cap De bonne efperancefont tans idolâtres,fions con- n éeiuf.
gmiffance de Dieu,ne déjà lay. Et tant efi aueuglé ce ques au
panure peuple,que ht première chofie quifierencontre cap De
au matin,fait ayfiauffirpent, ou autre animal dôme- ? n n e _
fiique oufàuuage, ils U prennent pour tout le iour, le c c t o u s
portons auecfiy à leurs négoces, comme lin Dieupro- idolâtres
teBeur de leur entreprifie:comme s'ils "Pont enpefihe-
rieauec Uurs petites barquettes décor ce de quelque
bïys, le mettront à (lin des bouts bien enuelopé de '
quel-
LES SINGVLARITEZ
quelques fueillcs , ayons opinion que pour tout le
tour leur amènera bonne encontre,fiit en eau au terre?
ey les prcfinicra de tout infortune.ils croyent pour1$
moins en Dieu,allegans eftre làfiss immortel,mais in-
congncu, pource qu'ils ne fi donne à cagnoifire à eu»
finfiblement. Laquelle erreur ri efi en rien différente^
à celle des GetiL du temps paffé, qui adoroyent dtuere\
Dieux,fionbs images eyfimu/achres. Chofie digne de-
fire récitée de ces pauures Barbares Ufiquels aymenfi.
mieux adorer chofes corruptibles, qu eftre repute:
eftre fans Dieu. Diodore Sicilien récite que les Ethil
pes,ont eu les premiers cogmiffance des dieux immor-
tels, aufiquels commencera à "Pouër ey fiacrifierhofitek
Ce que Upoète Homere"Poulantfignifier enfin lliade',
introduit Jupiter auec quelques autres Lieux, auoit
paffé en Ethiopie , tant pour les facrifices qui fi foi»
fiaient à leur honneur, que pour (aménité ey douceur
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 3I
du pois.Fous auezjèmblable chofi de Cafior ey Pol-
lux dejquehjus la mer allas auec (exercise des Grecs
contre Troye ,filt*anouyrent en (air, ey oncquesplus
nefurent"Peu^.Qut donna opinion aux autres depen p . o r c t
fer,qu'ils ouatent efté rouis, ey mit entre les deite^ DOmmez
marines. Aufitplufieur» les appellent clercs efiotlUs tleres e-
de ht mer. Ledit peuple n'a temples ne Egtifis, ne au- ft oilles
très lieux dediez^ofacrificesou oraifens. OutreceUils d c ' a
fiont encoresplus mefihantsfions comparaifon que ceux
de U Barbarie,ey de (Arabietteuem'et que lesefira v j e u r s
gersri'ofiroy>ètaborder,ne mettrepied à terre en Uurs & façon
pais,finonpar ofiages :autrement Usfiaccagertyït com- de viurc
meefilaues . Cefie canaille la pluspart "Patente nue, <je c c u x .
combien que quelques "Pns, depuis que leur pais à efté c, a
"Pn peufréquenté,fifont accouftumeZjà porter quel-
ue camifile de ianc ou cotto,qui leurfont portées dail
Î 'urs.lls nefontfigrande traffique de befiial qu'en la
Barbarie.ily àpeu defruits,pour lesficcitez^ey ex-
cefimes chaUurs: car cette région efi en U zone torri-
de.lh "Piuentfert long aage, ey ne fi monfirentcadu-
ques tellement qu'"Pn homme de cent ans, ne fera efti-
mé de quarante. Toutesfais ils uiuent de chairs de be-
flesfiauuagesfinsefire cmttes ne bien préparées, ils
ent aufiiquehjuepotftin,ouîtret en grande abondance,
larges déplus dlmgrand demypied, mais plus dange
reufies à manger,que tout autrepaiffon . Elles rendent
*>» iusfiembfable au laiB: toutesfoisles habitas dupais
en mangent fans danger : ey Ifint tant d'eau douce
quefàlée.lhfont guerre coufiumierement contre au-
tres nations: Uurs armesfiontarcs eyfiefihes, comme
aux autres Ethiopes ey Africains. Lesfemmes de ce
pais
LES S I N G V L A R I T I Z
/•.«/.< s'exeercent à la guerre, ne plus ne moins que In
h»mmr-. Etfiprurit Lplns part "Pne large boucle <tW.
fin or,ou outre métal AUX oreilles, leures, eypareilh^
ment AUX brAs. Les eaux de ce pais fini fort danfe
' " '. reuU- , c > eft aufii (air infilubre :pource à moniuHÂ
i
adi
IUC n u
que ce lent de .\ Itdy chaud cy humide y eftfartf
actéc.
lter,f.dic. .îtouteputrefaBid: ce que nous expert
t >/h i n, a c lie par deçà. Et pource ceux qui de ce paît,
ou outre mieux tempéré, "Pont à la Guinée, n'y peu-:
uentfaire Une fio-.tr fans encourir maladie. Ce que
Âufii nous eft aduemt, cor plufieurs de noftre compa-
gnie en moururent, les outres demeurèrent long efpa-
ce de temps fort malades,cy à grade difficulté je péri-
rent fiuuer: quifut caufe que n y je tournâmes pas Un-
guemêt. le ne "Peux émettre,qu'en la Guinée, le fruit
te plu» fréquent, *y dontfi chargent les nauiresdttl
p.-.is eft ranges,eft la Maniguette,tresbonneeyfortre
Maru- q,,. ifj„r toutes les autres efipicerics:aufii les PartugaÉ
fruTf.'rt tnj-nl grande traffique Cefruit litcnt parmyltt
requis en champs de U forme dln oignon, ce que "Paloti
ne le» c-'lliom reprefentéparfigurepour le coi
- •
chacunfîla commodité (eufi permis . Car nous noi
femmes arrefeeXauplns neceffaire. L'autre qui "viem
I
de Cal.cul iy des Molucques,riefi tant eflimé de be2
aitcoup. Ce peuple de Guinée traffique auec quehltm
autres Barbares "Poifins ,dor , ey defild"PnefafÊ
fort eft range. lly a certains lieux or donne zjentfeUXf
eu chacun de fa part partefa marchandife, ceux de 12
Guinée Ufil,ey Us autres (orfonduenntaffe.ÉtfÔtM
autrement communiquer enfimbU, pour la defianm
q:*'t': ont les"Pns des autres,comme UsTurcs ey Am
les
DE LA F R A N C E À N T A R C T . 32
bes, ey quelquesfiauuagesde (Amérique auec leurs
"peifinsjaiffent au lieudénommé lefieley or, porté ht
de chacune part. Cela fait Je tranfporteront auheu
ces Ethiopes de la Guinée, au s'ih trouuent de (erfif-
ffamment pour leurfil,tls le prennent ey emportent,
linon ils U laifjent. Ce que l'oyons les autres, cefi a-
fçanoir leur or nefatiffaire,y en adioufterant, iufques !
a tant que cefait affeçjpuis chacun emporte ce qui luy
appartient.Entende^douantoge que ces Noirs de de-
' ça,fini mieux Appris et plus ciuih que Us autres, pour
la communication qriiùont auecplufieurs marchons
qui "Pont traffiquerpar delà : aufii allèchent Us autres
a traffiquer de Uur or, par quelques menues hordes,
comme petites camisoles ey babillemens de lui pris,
petits coufieaux ey autres menues bardes ey ferrail-
les . Aufii traffiquent Us Portugais auec les Mores de _ ç~
la Guinée, outre Us autres chofies diuoires, que mm q u e l
appelions dents dElephos : ey ma récité "Pn entre les uoire.
autres,quepour "pnefonont chargé dou^e mil de ces
dents, entre lefqueUes s'en efi trouue "Pne de merueil-
\leufiegrandeur, dupais de cent hures.Car ainfi qmus
Yauos dit,le pais d Ethiopie nourrit Elephas,lefquels ils
jprpsnetàhtchaffe, corne nousforionstcy Usjànghers,
auec quelque autre petite afiuce ey méthode, ainfi en
magent ils la chair. laquelleplufieurs ont affermé efire
• tresbone:ce quefayme mieux croire, que faire autre Eléphant
j met (effay, ou en diffuterpins loguemét. le ne marre animal
fieray <
de '
moine,
par Us Ancies, et encores par ceux de nofire teps, et at
tendu
LES S INGVLARITEZ
te du que Pline, Ariflote, ey plufieurs autres en ont
fuffifommet traité ,ey defa chair,laquelle on dit eftrt
médicament eufi,eypropre contre la lèpre,pnfe par U
bouche ou appliquée par dehors en poudre : Us dents,
que nous appelions tuoyre,conforter U cueur ey left»~
mach,aider aufii de toutefiafitbfiance{epart au l'en-
tre de la mère.le ne "Peux donc réciter ce qu'ils en onl
efiript, comme ceriefi nofire principalJubieB, aufii
me fembleroit trop ilongner du propos encommencèh
Toutesfois ie ne laijferay à dire ce que fen aypeu. Qui
fi de cas fortuit ils en prennent quelques petit, ilsltt
nourrijfent,leurs apprenons milpetitesgentileffes: ur
cefi animal efifort docile çy de bon entendement. K,-
Delà ligne Equinoclialc, & ifies de Saint
Homer. c H A P. x v i 11.
Aiffansdonc cefiepartie de Gutnéeifi
nefire, après y duotr bien peu feiourirn
pour (infeBion de l'dir , ainfi qu'auoseV
cy deuant, il fut quefiion de pourfuym
nofire chemin joftoyans toufiours iufques à la hautet\
du cap de Palmes, ey de celuy que l'on appelle à Tri»
points, au paffe "Pn tresbeaufieuue portât grands laif
fiaux,par le moyen duquel fi mené grad traffique ptf
Flcuue tout le pais : ey lequel porte abondance dor ey &&'
pottant gentien moffe non monnayé .Pourquoy les Portugais fi
d'or & fint acofie^jy appriuoifi^auec les habitons, ey <""
d'argent, ht bafei "Pnfiort chafieau, qu'ils ont nommé Cdflelii
mine:ey nonfinscaufe,car leur or efifinscomparty
finplusfen que celuy de Calicut, ne des Indes A»*
riqutl
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 33
riqUcS.ll eft par deçà ( EquinoBial enuiron trois de- Caftet
gre^ey demy.llfe trouue làlme riuiere,qui prauiet d e m m e
des montagnes dupais nommé Cania : ey "Pne autre
plus petite nommée Rfiegtum : lefqueUes partent très- ^f" 3 *
bonpoiffon, au refic crocodiles dangereux, ainfi que le j e u u " e s .
NiletSenega, que Un dit en prendre fin angine.L'on
"Paît lefàblc de cesfleuues refimbler à orpuluerifê,Les
gens dupais chaffent aux crocodiles, cy en mangent
comme de "Penaifon.le ne "Peux obher,qùilmefut re-
cité,auoir efié li eu près Cofiel de mine,~Pn mofere ma-
rin ayant forme d'home,que Ufeot auoit laifiéfiur l'a- ,
rené.Et fut auyefimbhtfUment htfemelle en retour- Monftré
nant auecques U flot, crier hautement eyfe douloir m a n n d e
pour (obfience du mafle:qui eflchofi digne de quelque u u r i a : n e
admiration . Par ceUpeut on cangnoifire la mer pro-
duire ey nourrir diuerjité d animaux, ainfi comme
la terre.Or efians paruennspar no^ tournées iufques
fioubs ( EquinoBial, ri auons délibéré de paffer autre,
fions en eferire quelque chofi. Cefie ligne EquinoBiale
autremêt cercle EquinoBial,ou Equateur, efi "Pne tra
ce imaginâttue du file ilpar U milieu de ("Pntuersje- Defciî-
quel lors ildiuifie en deux parties égales, deux fonlan P t i o n d e
nét,C'efi ofiçouoir U quator^iejme de Septembre, ey £ J j * ^
("Pnzfefme de Mars,eyUrs lefioleilpaffe dtreBement ftiaie>
par U %enith de la terre, ey nous laiffe ce cercle ima-
giné, parallèle aux tropiques çy autre-s, queUn peut
imaginer entre les deuxpolei,le fialeilallant de tenant
en Occident. il efi certain que Ufioleillio obliquemet
toute (annéepar (Eclipttqne.au Zodiaque, finan aux
iaurs definsmomme^,ey efi direBement au nadir de
ceux qui habitent là, Dauantage ils ont droit ori^on,
E' fans
LES SINGVLARITEZ
efté £nom
0m
ou (autre poU,il fi trouue inequalité de tours et nuitl,
mé
noctial &" eUuation de pôle. Donc lefoled déclinâtpeu Àpt»
liai.
de ce point EquinoBial,lia parfion zodiaque ebltm
prefiqueau tropique du Capricorne : ey ne parfit
Solfticc outre fait lefolfiice dHyuer:puu retournantpafli^
d'Hyuer ce mijme EquinoBial, iufques à ce qu'il fait paru»
aufigne de CAncer,ou efi lefolfiice d'Esté. Parqum
CC
d'£ft' fititfixfignespArtAnt de (EquinoBial à chacun de fa
tropiques. Les Anciens ont eftimé cefie contrée au zj-
ne entre les tropiques, eftre inhabitable pour les ex-
cefiiues chaleurs, ainfi que celles qui font prochain»
aux deux pôles,pour eftre tropfraides . Toutes fois de-
puis quelque temps ença, cefie zjne a efee découuetH
par nauigaiios,ey habitée,pour eftre fertile eyabu
danté en plufieurs bonnes chofies, nonobfiant les ché
leurs : comme les ifies de Saint Horner ey autrès,de
nousparlerons cy après. Aucunslioulansfioubs cefttb-
gne comparer la froideur de la nnyt , à la chaleur ek
iour, ont pris argument,qu tly pouuott,pour ce regart\
auoir bone température, outre plufieurs autres raifoM
rature rie iue te htifferay pour leprefient.La chaleur,quand nM
l'air fous ypaffames,nemefiemblaguerespluslichcmcterffii
la ligne Ueflicyà la Saint lean. Au refie il y afarce tonne
Equioo- rcs,pluyes,<iy tempefies. Et pource es ifies de S. B
lue dès mer' comme aufil™ "Pne autre ifie, nommée l'iflet
Rats. K*ts$ a autant de "Perdure qu'il efipafiible, ey ri<
chofi qui monfire adufeion quelconque. Ces ifies fi»
la ligneEquinoBialrfintmarquées en no ^cartes m.
rim
DE LA F R A N C E A N T A R C T. 3 4 -H
rines, S. Homer, ouS. Thomas, habitées auiourdhuy Ifie deS.
par les Portugais, combien qu'elles nefiientfifertiUs, Homer,
que quelques autres :~Pray efi qu'il s'y recm lie quelque 2JÎ
Jùcre : mais ih s'y tiennespour traffiquer auec les Bar
bares,ey Ethiopiens tc'efe àJcauoir,dorfiondu,perles,
muf,rhubarbe,cafte,befees, ayfiaux, ey autres chofies
filon le pais. Aufii font en ces ifies Usfitijons du temps
fortinegoU.es ey différentes des antres pois: Usperjon
nesfiubiettes beaucoup plus à maladies que ceux du
Septentrion. Laquelle différence cy inequdlitaté "Piet
dufileil, lequel nous comumque fis qualité z, pur (air
efiant entre luy et nous.ilpaffè(comme chocu entend)
lieuxfois(année perpendiculairement par là, ey lors
defirit nofire EquinoBial, cefi afçauoir an moys de
Mars ey de Septembre. Enntron cefie ligne ilfietrou-
ue teUe abondance de paifins, de plufieurs ey diuer-
fieseffeces, que cefi chafie merueiUeufie de les "Poirfins Abonda*
teau,ey les ay "Peufairefigrand bruit autour de noz^te " e <".""
natures, qu'a bien grande difficulté nous nous pouui- r " r ^
ansauyrparler("Pn(autre .Quefit teU-aduietpour la ] a li<rnc.
chaleur dufiUtl,oupour autre raifin,ie m'en rapporte
auxphtUfiphes. R^fle à dire,qùenuiro nofireEquino Eaumari
ÔiaLi'ay expérimenté (eauy eftre plus douce, etploi " c douce
/ • ' > / • » 7 11 ar .ri' foubsl'E
fonte a boire qu en autres endroits au elle eft fortlolee, .
tobien q plufieurs mdmtiennct te cotraire,ejtimats de ^^
uair efire plus filée, doutât queplusprès eUe approche^
de ht Ugne,ou efi U chaUurplutPehemcnte: attedu q
de la "Piet (adufiio etfaUure de U mer: parquay eftre
plus douce, ceUe qui approche despôles, le croirais "Peri-
tabUmetque depuis ("Pn et (autrepôle iufques à la li-
gne aifi q (air ri efi egalemet tïperé,ri efire aufii (eau
jF 1 tem-
LES S INGV L ARITEZ
tempérée: manfôubs la ligne la température de (etti
fiuyure la bonne teperaturede(air . Parquoyy aqujÀ
que raifon que l'eau en cefi endroit nefait tant filin
comme autrepart. Ceite ligne pafiée commençâmes!
trouuer de plus en plus U nier calme ey paifible,ù-
rants~PersUcap de Bonne effet once. ,
Que non feulement tout ce qui eft foubs la
ligne eft habitablesmais aufsi tout le mo
de eft habité, cotre l'opinion des An- *;
ciens. c H A P. x ix.
ftfjjMjÂ} Onl/oit euidemment combien efigranit
Grande K K l l p ' Ucuriofité des hommes, fait pour appétit
J
cupidité n t^EJlôi , .„ i r
f
d c f"ça- w InSsiK " eognoifirc toutes chojes, oupour acqut?
uoir in- >3_wv_^ rirpojfefiians, ey euiter eyfiueté, qu'ils fi
générée font ha^arde^ ( comme dit le Sage, ey après luy $
mes. 3 m poète Horace enfisepiftres)à tous dagers eytramuXJfc
pourfinablementpauureté efiongnée, mener "Pne >f|
plus tranquille,fans ennuy oufafiherte Toutesfou n
ieurpouuoit eftre affe^ defçauoir ey entendre que U
fiuueram ouurierà bafii défia propre main cefi Ini-
uers déforme toute ronde , de manière que (eau a eft
fieparée de la terre, afin que pins cammodemet chac0^
habit afi enfinpropre élément, oupour le moins en ce-
luy duquelplus il participerait: toutesfou non content
de ce ils ont "Poulufeauoir, s'il efi oit de toutes pars ha-
bité .Néanmoinspour teUe recherche ey diligence,!!
les eftime de ma port autant ey plus louables, que let
modernes efiriuatns ey nauigateurs ,pour nous omit
fait fi beUe auuerture de telles chofies, lefqueUes autre-
ment
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 35
ment à grand peine en toute mfire "pie étoffionspeu fi
biccomprendre, tant s'enfaut que les eufitans peu ex- ° P i n i ° s
ecuter.TbaUsyPytbag»ra4,Afiftote,ey plufieurs au- çie^rSg[^
très tant Grecs que Latins, ont dit,quiil ri eftoitpofii- lofophes
ble toutes Usparties du monde efire habitées : ("Pnefitout le
pour la trop grande ey insupportable chaleur, les au- P1?.
très pour U grande eyvehemen tefroidure.Les autres . .
Auteurs diuifians le mande en deuxparties, appellées
Hemifferes, ("Pne defiqueUes difint nepouuoir aucune
ment eftre habitée: mon (autre en LquelU nousfem-
mes,necejfatremcnt eftre habitabU. Et ainfi des cinq
parties du monde ih en estent trou , defiertéquefielon
Uur aptniorienrefeeroit que deux, quifuffènt habita
blés.Etpour U donner mieux à entendre à lin chacun
(combien que te riefeimepoint que lesfiçauants (igm- Cinq z«
rent)f'exphqueray cecyplus àpUin et plue apertemet. n c s P ar
Voulons doncprauuer que ht plus grande partie de la . c ^ T *
terre efi inhabitabU, ilsjuppofient auoir cinq çones en m e f u r £
tout le monde, parUfqueues ils "PeuUnt mefurer ey le mode,
copaffer toute U terre :ey defiqueUes deuxfiantfroides,
deux temperées,ey (autre chaude. Etfi "Pons IrouUz^
fçouoircomme ih coUoquent ces cinq zones,expofi£>•
fere main fineftre aufoleil leuant, les doigts eftendu»
ey fipare^(~Pn de (autre ( eypar cefie méthode (en
feignait aufii Probns Gramaticns )puis quandaureç,
regardéUfiUilpar les interuaUes de "Po^dotgts,flefi
chiffe^ Us ey courbe^lm chacun enferme d"Pn cer^
cU. Par U pouce "Pous entedrezj-a ^onefroide,qui efi Xcmc
an Nort,laqueUepour (excefiiuefroidure ( comme ils froide.
tfferment)efl inhabitable. Toutesfois(experiecenous
àrmnflré depun quelque temps toutes ces parties iufi- *
F J que$
L E S S I N G V LAR I T E S.
ques bien près de nofire pale, mefimes outre lepara
ArBiquefioignant les Hyper borées, comme ScauiL
Dace,Suece,Gottie,Noruegie,Danemarc,TbyUjiM
nie,pihppe,Prufe, Rufie, ou Ruthenie, au driy aqm
glace ey froidure perpetueUe, efire néanmoins habi*
tée dlrn peuple fort rude,felon,ey fauuage. Ce que ie
eroy encores pluspar le tefinoignage de Mofeeurde Ci
bray natif de Bourges, Ambafjàdeur pour le Roy en
ces pois de Septentrion, Pologne, Hongrie, eyTronfeilm
uame, qui m en a fidèlement communiqué la~Pcrite,
homme aufitr pluspour fin érudition, eycognoiJfiaM
des langues,dtgne te tel maifere,ey de teUe entrepth%
fie.ParquoyfiontexcufiabUs Us Anciens,et non du tout
croyables,ayons parlé par conieBure,ey non par expt
,_ „ rience.Retournons aux autres ?°nes. L'autre doigt de
Zone te- , ^- . , „ n i r- n A;]
mte e
pcréc. l"- ?3fl tempérée, laquelle efi habitable,et Jepi,
cfiendre iufques au tropique du Cancré tcambiequ'
approchant eUeJâitplus chaude que tempérée, cqm,
ceUe qui efi mfiement au milieu,cefe afçauoir entre,
tropique ey le pôle . Le troifiefme doigt nous reprefti
Zone tor te la ^pnefituée entre les deux tropiques,appeliée ter-
ndc. ride,pour (excefisiue ardeur dufioleil, qui par; manière
déparier la rofiit ey bruflé toute,pourtant a efié efli-
méc inhabitable. Le quatriejme doigt eft (autre font
ne rem - temperée des Antipodes,moyene entre le tropique dV}
pcrée. Capricorne ey (autrepoU, laqueUe efi habttabU • Lei
cinquiejme qui efi U petit doigt,fignifie l'autre ?ofU%
Autre zo froide,qu'ils ont parti llemet éfiimée inhabitable,pour
ne froide j^fo^ raij-on ^ue cene fa^oU oppofite : de laqueUe ejtjl
peut autant dire, comme auons dit du Scptentrien,cat
ilyafimblable rafin des deux . Apres donc auoit
conr-
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 3 6
ungneu cefie règle ey exemple,facilement Un ent en
àra queuesparties de la terrefont habitables, ey quel
U.nanfiUn (opinion des Anciens. Phne diminuant
ce^iefe habité, eficrit que de ces cinq partics, qui fini
nommées zones , enfaut ofier trois, pource qtieUes ne
font tobitables defiqueUes ont efié defignéespar lepou-
ce,peit doigt, ey celuy du nnheu.il ofeepareiUement
ce quêtent occuper ht mer Oceane. Et en lm autre heu
il eficrit que la terre qui est deffoubsU zodiaque efi
feulement habitée - Les confies qu'ils aUeguentpour
UfquelUscestrois zones font inhabitables efi U froid
"Pehement quipour U Ungue difiance ey abfience du
foUileft en'a région des deux pôles : ey Ugrandeey
excefiiue ehdeur qui efifiubs U zone torride,pour ht
yicinité ey• continue Ueprefence dufioleil. AutAnt en
Afferment prefque tans Us TheaUgUns modernes. Le
contrAire teuusfoisfie peut monfirer par les efirits des
Auteurs cy defm aUegueZjpar (authonté des Phi-
Ufophes fffeciabment de nofire temps, par le tefimai-
•gnage de (efiritttrefàinte: puis par (expérience, qui
furpajfc toutJaquette en a efiéfaite par moy, Strabon,
MeU,ey phne, combien qu'ils approuuent Us zones, j _ a z c n c
efcriuent toutesfois qu-ilfitrouue des hommes en Ethio torri de
fse,enhpcninfiule nomméepar les Anciens Aurea, & monta
ey en tsfee Taprobane ,Mahtca, ey Zamotrafiubs S"r"Q_ ?
U zjne ternde Aufii que Scandmauiè, Us monts r ^ cs c ft re
Hyperbaries , ey pais à (entour près U Septentrion habitées.
{dontnous auons cy deuantparlé)font peuples ey ha-
-bkésdoçoitfilon Hérodote, que ces montagnes fiyent
direBement fiubs le pôle - Ptalemée ne les a coUo-
quéesftpres, mais bien à plus defiptante degrez.de
E A. l'Equi-
LES SI NGV LAR I T E S .
(EquinoBial. Le premier qui a monferé la terre ctn-r
tenuefoubs Us deux zones tempérées eftre habitable}
A efié PArmenides, ainfi que récite Plutarque . plu-
fieurs ont eficrit la zjne torride non feulement pouwir
eftre hdbitée,mdis dufii eftrefortpeuplée.Ce que pou
ueAuerro'espdr le tcjmoignage dArifiote au qu,tn-
efime definhure intitulé Du ciel ey du monde. A-,
mcenneporeiUement enfiaféconde doBrtne, ey *Al-t
bert U Grand ou chapitre fixiefime de la nature des*,
régions, s'efforcent deprouuerpar raifins na\ureUes\
que cefie zone efi habitable, "Poireplus comrtodepouty
Zone tor ^ yle f}Wnainej que ceHes ^es tropiques . Et par ainfi
leurc, mw ht conclurons efire meilleure, plus cort-mode, tJÛ
plus cô- plusfialubre à U "Pie humaine que nuUe dis autres:cag
mcdf, Se ainfi que la froideur efi ennemie, aufii ift la chaleur
' a l u i r c amie ou corps humain, attedu que noftre "Pieriefi que
autres choUur ey humidité, la mort au contraire, froidem
eyficcité. Foy la donc comme toute la terre efipeuphm
ey ri eft iamaisfins habitateurs,pour chaleur nepoUK,
froidure, mats biepour eftre infertile, commefoy "Peu
en l'Arabie défier te ey autres contrées Aufii a efté
(homme ainfi créé de Dieu, qu'ilpourroliiure en quel
que partie de la terre,fioitchaude,froide, ou tempe-i.
rie Car luy mefine a dit a noz. premiersparens:
Craiffez., ey multipliez., l'expérience, dauantagfl
( comme plufieurs fou nous auons dit) nous certifie^
combien le monde efe ample , ey accommodabU
a toutes créatures, ey ce tant par continueUe
nauigationfinsla mer, comme par loing-
tains "Voyagesfur la terre.
Dt
DELA FRANCE A N T A R C T . 37
De la multitude & diuerfité des poiiTons
eftans foubs la ligne Equinoctiale.
c H A P. xx.
Font quefertir de noftre ligne, j'ay bien
"Voulufaire mention particulière dupaifi
Jàn,quifre trouue enuirofipt ou huiB de-
gré^ deçà ey delà, de couleursfidtuer-
fes et en teUe multitude,qu'il ri efi pofiibU de les nom-
brer, ou amajfer enfiemble, comme "Pngrand monceau
de blé en lm grenier. Etfaut ente dre qu'entre cespaifi
fins plufieurs ontjùyui noz. nauiresplus de trois cens
heuës:"principalementUs dorades,dont nous parlerons
ajfez.amplement cy Apres .Les mArfiutns Apres Auoir
"Peu dcUingnozjiauires,nogent tmpetueufiementà
(encotre de mus, qui donne certAinprefige AUX mari-
niers de Upart q doit lient fU "vent : car ces animaux,
difinttls, nagent à (oppafite, ey en grande trouppe,
comme de quatre à cinq cens. Cepoiffaneft appelle Mzxïo-
tnarfiuinde Maris fus en Latin, qui"Paut autant à uih,pour
dire, queparceau de mer, pource qu il retire aucune- quoy ain
ment auxporcs terreferes:car il afemblable gronniffe- " appelle
ment,eya legroin comme le bec dlme canne, ey fins
U tefie certain conduit, par lequel il reffire ainfi que
laboUne.
Les mattelbts en prennent grand nombre auec cer-
tains engins de fer agutspar U bout, ey cramponnez.,
ey rien mangentguer es la chair, ayons autre poiffon
tneilUur : mais lefioye en efi fort ban et délicat,rejfe m
blant aufoye du porc terrestre. Quand il efi pris ou
F S *1-
LES S I N G V L A R I T Ê Z
approchant delà mort, diette grands feufpirs, ainfi
que "Payonsfaire noz.porcs, quand on Usfeigne. Loft-
meUerien porte que deux à chacune fois. C'efioit dot
chofi fort admirable dugrand nombre de ces poiffon^
ey du bruit tumultueux, qu'ilsfiaifiyent en la mer, ter,
fions compara/fin plus grand, que nul torrent tombai,
dl>ne honte motagne. Ce que aucuns efiimerent pi *
auanturefort eferange, ey incroyable, maisjelàjft
re ainfi pour (auoir "Peu. il s'en trouue, comme ie,\
fois,de toutes couleurs,de rouge,comme ceux qu'Ut at*
_, . pellent Bonnitesdes autres azuréZiey dorez,pm
Bonnes,r, r r -y - r « J -f
relutfans que fin a\ur;cornefontDorades: autres 1er-
doyans, noirs,gris, ey autres . Toutefois ie ne leu» j
dtre,que hors de la mer ils retiennent toufiours ces cm
Fontcine ltwri atnfe naines . PUne recite qu en Éfpagnc a Int
f V ? fontctne,dont lepoiftônporte couleur d'or,cy dehors^
poiffon afimblobU couUur que (autre . Ce que peut proue*
de cou- de la couUur de (eau efl<tnt entre nofire œil cy le pi
leur d'or, fin : tout ainfi qu'lme "pitre de couUur "Perte nous m
prefenteles chofes de femblable couleur. Venonsl^li
Dorade, plufieurs tant anciens que modernes , ont te,
ent de la nature des poijfins , mais ajfiz. UgeremA
pour ne les auoir "Peuz^ains en auoir euy parler fetïu-
&pîine ment><?'fpectaUment de la Dorade . Arifiote eferW
de la Do-1 1 * e^eA quatre nageoires, deuxdeffusey deuxdtje
rad e. fiubs, ey au eUefait fis petits en Efté ey qu'elle dt>
meure cachée Ungue efipace de temps.-mais Une lettf'
Li.9. mine point, phne à mon aduts a imité ce propos d ^
çhap.i*. ripUj parlant Je cepoiffon, difiant, qu'eUefi cacbeC
la merpour quelque temps, mais pajfant outre a
ce temps efirefur les excefitues chaleurs,pourceq\
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 38
ne fournit endurer chaleurfigrande . Et "Poluntiers
t enfle reprefinté par figure ,fii'euffes eule temps ey
(opportunité remettant à autrefins.il s'en trouue de
grandes,commegrands Saulmens, Us autrespluspeti- Defcri-
tes.Depuis la tefee iufques à ht queue eUe porte "Pne cre f ^ j w T
fee,ey toute cefiepartie colorée corne de fin AZur,tel- de.
Ument qu'il eft impofiible dexçogiter couUurplus bel
le,ne pins dere. La partie inférieure efe d"Pne couleur
femblable afin or de ducat : ey "Poylapourqttoy eUe à
eftériomée Dorade,etpar Ariflate appelée en fit lan-
gue.^Vficpfuf,que les interprètes ont tourné Aurata.
EUeleitdeproye,commetresbienU défient Anfiote,
ey efe merueilUufiment friande de cepaiffon~Polant,
quellepour fuit dedans (eau, comme le chien pour fuit
le heure à U campagne :fie tenant haut en l'air pour le
1 prendre :eyfi (lmc U faut,(autre le reconure.
1 Cepoijfonjùymt noz.nautfes,fons ïamais les aban-
donner,(efface déplus defixfipmaines nuit ey tour,
"Poire iufques à tant queUe trouua la mer à dégaufi. le Dorade,
fiçayque ce poiffon a efié fort çeUbré ey recommenda,- P°" l o n
bU U tempspafié entre les nobUs, pour auoir la ^ T d e r e c o m
\for$Jtlicate ey ploifont à manger: comme nous hfians .manda-
queSergius trouua moyen den faire porter "Pne tuf- tion du
'qnés à Rome, quifutfirme en "Pn banquet de l'Empe- *fPs " e s
ferettr, au eUefut merueiUeufiment estimée. Et de ce
, temps commença U Dorade à efire tant efiimée cn-
treUs^mains,quilnefe faifiit banquetJùmptueux
! tu il rien fufiferuy par "Pne fingulanté.
Ir Et faurce qu'il ri efiott aisé den recouurcr en efté,
\fergius Sénateurs'aduifio défaire peupler des "Piuiers
afin qce poiffon ne leur defaiUifi enfiotfion quelconque'.
le-
LES S 1NGVLARITEZ
pour cefie curiofité auroit efié nommé Aurata, ainfei
A'Licin Mnrena,paur auoir tropfingneufimït nour-
ri ce poiffon que nous appelions Murena. Entre les Do-
rades ont efiéplus eftimées celles qui apportées de Tt-
rente efioient engrefiées au lac Lucrtn, comme mefint
nous tefimoigneMartial,au troifiejme hure défisEp't-
grames.Ce poiffon efe beaucoup plusfiauoureux en ffjfc
ner qu'en Efié:car toutes chofies ont UurfàiJôn.Cornën
le Celfie ordonne ce poiffon aux malades ,fpeciaUmW
febricitans,pour efirefortfialubre,dlrne chair courti
, friable,ey non hmoneufi.ll s'en trouue beaucoup plut
en la mer Oceane qu'en ceUe de Leuat. Aufii tout en-
droit de mer ne porte touspoiffons, Helops poiflàntréÊ
fengulter nefietrouue qu'en Pamphilie, llus ey Scaf
rus en la mer Atlantique feulement, ey ainfi depk
fieurs autres. Alexandre U Grand efiant en E{
acheta deux Dorades deux marcs dor ,pour épro,
fi eUes eftoyentfefriandes,comme les defiriuoietq\
ques "Pns defintemps. L ors luy en fut apporté deux
"Vie de la mer Oceane ( car aiUeurs peufitrouuem
Memphis, là ou ilefioit: ainfi qùlm médecin luifl
monftrapar hifloire,efiatà Damafie en Syrie. Foy,
LeBeur ce que j'ay peu apprendre de la Dorade ren
tant a ta "Polonté de "Peoir ce qu'en ont eficrit plufieï
gens doBes,ey entre autres Monfieur Guillaume 1 _
licier Euefque de Montpellier, lequel à traiBé delà
Nature des poiffans autant fidèlement ey diretHÊ
ment qu'homme de nofire temps. *
DVl»
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 1$
D'vne ifie nomme'e TAfcention.
C H A p. x x r.
Ans élongnerde nofire propos, huiBde-
grez. delà noftre hgne U yingtfixiefme
du moys doBobre trauuajmes "Pne ifie non
habitée , laquelle de prime face "voulions
nommer ifie des oyfeanx, pour u grande multitude
doyfiaux, quifianten cefte diBe ifie : mou recher-
cbansen noz,cartesmarines, latrouuajmes auoir efié
quelque temps auparauant découuerteparUs Portu-
gais , ey nommée ifie de (Afienfian, pource que ce
tour Uy eftoyent AbordeZj-foyAns donc ces oyfeanx de ...^ e
lomglnltigerfins U mer,nous donnaconieBure,que là gg p OUr .
près omit quelque ifie.Et approchons toufiionrslieimes quoy ain
fi grand nombre doyfiaux de diucrfisfortes eyplu- " nom-
magesjàrtu,comme ilefe"PrayfimblabU,de Uur ifie, méc *
four chercher à repaifire,ey "Penirànozjnauires, tufi
aues à Us prendre à U main, qu'a Grand peine mus en _ ,.
2
',,_ , i °; •' •/ ^ Oyfeaux
paumons défaire.Si on leur tendait lepotng,tls venoy- <jc dj uer _
ent deffuspriuément, ey fie laiffoyentprendre ewfrw-fèscfpc-
tesfortes que (on "voulait: et ne s'en trouua efipece quel- ces en
conque en cefie multitude fimblabU à ceuz.depar de- gran<*
çajhofic,peut ejtrejncroyabU à quelques 1ms. Efians
btfihez. de la moin ne s'enfuyaient pourtant, atnsfi
laijfoyent toucher ey prendre comme denant.Dauan-
tage en cefie ifie t'en trouue "Pne efipece de grands , que ^ p o n a r s >
j'ay ouy mmmer Aponors. ils ontpetites aiUs, pour- oy féaux,
quoy ne peuucntlroler. ilsfiant grands ey gros comme
H9z,berens}U "Pentre blanc,et U dts noir, comme char
bm
LIS SINGVLARITEZ
bon .'< I ce (emblabie à celuy dln cormoran, ou suite
i. > 1-e.'-,. Quand on les tué ils crût ainfi queporteaÊb.
l'ay lau/udrficrire cefi oyfeou entre les Autres, tomii
qu'il s'en trouue quantité en"Pne ifee tirant droite»
Cap de top de Banne "Pifie,du cofié de U terre neufue,htfM
bonne
le a efté appellee ifie des Aponars. AuJiiyeriattW
Àponars, abandace,que quelquesfon trois grads natures de Fr«i
& pour- ce allons en Canada,chargerent chacun deuxfoisleM^
quoy ..:» bofteaux, de ces oyféaux,furie nuage de cefte tfte, &
rieftoit queftih que d entrer en terre,et les toucher de»
u.mtjay aux bofleoux, ainfi que moutons à la bouck^
r.e ,pour Us foire entrer . Foy la qui m'a donné occe
fion den parler fi auant. An rifle, de nofire ifitW
(Afeenfion,e/le
(cenfion,elleefeafiét
efiafiés beUe
beUeayant
ayantde
decircuitfix
circuitfix ÂP
l
uesjjtulcment,auecques
tu(cment,auecques montagnestaptficesde
montagnes topifiies de btt
beoiM
'm
arbres ey arbrijfeaux "Verdoyons, herbes et fleuri^
ebher (abondance des oyfiaux, ainfi q défia nous oui
11> de ^'* • l'rflime quefi eUe efioit habitée et cultiuée, «m
1 Afccn- plufteur s autres,qui font en ( Ocea , tant deçà que t
fion non ( t quinoBial,eUes neferoyent de moindre emolu
Cl "
comme Candie,ne tontes les autres, qui fiont en la mer He\
plufieurs font,et les Cycladesicar en cegrandOcéan Je trouvé
autres. ifies ayant de circuit plus de oBante lieues, let outre
moins: entre UfiquelUs la plus grod partiefont de fer
et non habitées. Or âpres auoir pafiè cefeeifie, comn
çafmesà découurir quatre efeoiUesde cUrté ey gré
deur admirabU,difeosérs en forme d"Pne croix , ofii^
loingtoutesfon du pôle AntarBique. Les marinuft\
qui nauigetpar delà Us appeUent Chanotz. AucttÊ
diceux efeiment qu'entre tes efe 01 lie s efe celU duSt\
U*
ÛE LA FRANCE A N T A R C T . 4Ô
1 laqueUe efifixeey immobile, corne ceUe du Nort,que
. nous appeUons Ourfi mineur, estoit cachée auant que
ifufiionsfiubs(Equateur,ey plufieurs autres qui ne
N
'Je "Payent par deçà au Septentrion. •
*Du promontoire de Bonne elperance & de
plufieurs fingularités obferuées en icèluy,
ehfemble noftre arriuée aux Indes Ame-
, riques, ou France Antar&ique.
C H A P. X X I I.
Près auoirpafié la ligne Equ'inoBiale, et j n( j e m e
Us ifies Saint Homer, fhyuans cefie cafte ridiona-
dEthiopie,que Un appeUe Inde meridio- le.
naU, UfutqUcfiion de pourfuyure nofire
route iufques au tropique d'Hyuer : enuiran Uquel Je C-P ° c _
trouue cegrand et fameuxpromontoire de Bone efipe- p c r a n c c "
ronce,que UspiUts ont nommé, Ltode la mer,pour e- pour-
ftrecraintey redouté,tant il efi grand et difficile. Ce quoynô-
cap des deux coflezjfe enuironné de deux grades mon m ^ i-ion
,tagnes,dont ("Pne regarde (Orient, ey (autre (occi- 7^? ™c*
osent. En cefie contréefietrouue abondance de Rhino-tQas ^ u
: eer*m,ainfi appeUez^, pource qu'ils ont "Pne corne fus bœufs de
, AriKÇ, Aucuns Us appeUent bœufs d'Ethiopie • Cefi Ethiopio
fOnimalest fort manfirueux, ey efe en perpétuelle
guerre ey inimitié auec que s (Eléphant. Etpeur ce-
fie caufe les Romains ont pnsplaifer àfaire cambatre
ces deux animaux pour quelque ffeBacle de gran-
deur , principalement à la création d"Pn Empereur ou
{astregrandmagifirat, ainfi que l'an fait encores an-
t/mahuy d Ours, de Tareanx, ey de Lions. ilriefi
iutautfi haut que (Elepbat, ne tel que mus le dépei-
gnons
LES S I N G V L A R I T E Z .
gnos,par deçà. Et qui me donc occ afiian denparlt^k
que trauerfiant d'Egypte en Arabie,ie "pis l>nfirM
cien obeltfi, ou efioyent grauées quelques figures £m
maux au lieu de lettres ainfi q Un en "Pjàit Je tempsftj
se,entre UJquels efioit,le Rfiinoceros, n'ayant ne fit»
ge ne corne,ne aufii mailles tcUes qnoz.peintres Us re-
prefintentpourquoy j'en ay "poulu mettre icy UfigVm
Et pour fi préparer à la guerre phne recite,*
guije facorne à î>ne certaine tic-rc,et tire toufio\
"Pcntre de (Eléphant, pource que cefi la partit ~
corps la pins molle. il s'y trouue aufii grande quanM
d'afhesfauuages, ey "Pneautre ej'pecepartant Inectr
ne entre Us deuxyeux,Unguc, de deux pieds.l'tel»
"Pne efiant en la "Pille d Alexandrie, qui eft en i f
pte,qu'l>nfitgneur Turf apportait de Mecha, laqu
ddifitt auoir mefime "Pertu contre U l>enin,comei
d"Pne Licorne . Artfiote appelle cefie efipece dafé
corne„Afne des Indes.Enutran cegrandpromont**
D E LA F R A N C E A N T A R C T . 4I
fit U département de"Poye du Panent ey Leuant: car ^- J-cha.
ceux qui "Peulent aUer à (nde orientale, comme à Ca- x- cs. P a r
r i 11 7 tiesdes
ucut,Taprobane,Melinde,Cananor, et autres,ilspre- a nim.
neniàfinestre,coftoyans (ifie .S .Laurent, mettons le & li . 1 .
cap de la nanire à ( Ou'efi, ou bien auSuefi,ayant "Pent chap.r.
de Ou'efi ou Nortouefi à poupe . Ce pais des tndes de là **e .
an Leuat,efi de teUe este due q plufieurs (efiimet efire m a u x .
la tierce partie du mode. Meta et Diodore recitent q la •'
mer éhuirannat ces Indes de Midy à (onet, efi de tel- Eftenduë
le gradeur,qu'à grand peine lapent on pajfer,encans q de l'Jfnde.
Uyentfàitpropice, en l'efface de quarante tours: mats ° n e t a l e v
sofiroye bien affermer de deux fois quarante. Ce pais
efi donc de, ce cofié enuironné de ht mer qui pource efiM T
appellee Indique, fi confinant deuers Septentrion" au Jique.
mStCaucafe, Et efi appeUée lnde,dufieuue nommé In \
dmjtout amfi qTartane dufieuue Tartar^prfidtpar U
pais dugrand %oy cha.EUeefi habitée de diuerfites delndas,
feufUsftant en meurs que religion.Fnegrande partie fi • Tar-
efefiubs (obeiffance de Prefie-ïa, hqueUe tut le Chn tai '' f l '
fitanifimedes autres font Mahumeti'stes , comme de fia
nous auos dit,parlas de (Ethiopie des autres idolâtres.
L'autre "paye au portement de nofire grand cap , tire a
dppre,pour aUer à (Amérique,laquelle nousfuyui-
WUffCopagnez, du "Pet,qui nousfut fort bo et propice.
flmebfiant nous demeurâmes encores afiés long temps
fur (eau,tantpour la difiace des lieux,quepour le "Pet,
que mus eûmes depuis contraire: qui nous confia quel-
que retardement , iufques au dixhuiBiefime degré de . ^
noftre ligne , lequel derechef nousfauorific .Or je ne ^ n a u -
"yeuxp/ijfer autre, fions dire ce que nous aduint chofi g n n s de
digne de mémoire. Approchons de nofire Amérique rappto-
G bien
LES S I N G V L A R I Ï E 2
bien cinquante lieues, commençâmes àfientir (air de ;
cKerncnt laterrej tout autre que celuy de la marine, auecquet
es mC
"pne odeur tant fuaue des arbres,herbesfleurs,etfruits
nqucs. .. . J . . _ ' . ^ •'-
<w pais,que ïamois bajme,fu]]e celuy d Egypte nejent
blaplnsplaifànt,ne de meiUeure odeur. Et lors ielont
laiffe àpenfer, combien deioye receurent les pouuref
nauigons, encores que de long tempsri'euffentmangi
de pain ey fitns tffoir dauantage d'en recouurerpeufi
le retour.Le iourfùyuant,quifut le dernier d'oBobrti
enuiro les neuf heures du matin découurifines les ht»
Monta- tes montagnes de Croifimourou, combien que ce nefofi
ones de (endroit,ou nous prétendions aUer.
Croift- Porquoy caftayons la terre de trois à quatre lieues
mourou. l0ing}fins foire contenancedeliouloir defiendre, t-
feansbien informez.; que les fauuages de ce heU font
fort alliez.auec Us Portugais, ey que pournéantrunH
les aborderions, pourfiuyuifines chemin iufques M
deuxiefinc de Nouembre, que nous entrafmes en In
,, , heunômé Maqueh,pournous enquérir des chofes, /*
J
Maqueh . , », , ,, s , '', , J- . Vf
ctalemet de l armée du Rvy de Portugdl. Auquel ut
noz. efquifs drefiés,pour mettre pieden terre,fiprej
terentfeulement quatre "pieillards de ces fauuages d»
pais i pource que lors Us ieuues eft oient en guerrei Ufi
quels de prime face nomfuyoient, efiimans que cefiq
fient Portugais, leurs ennemy s '.maison leur donna
riOUtt tel
figne daffeurance, qu'à la fin s'approchèrent de natlt%
Toutefois ayons là fi tourné "pingt quatre heures fi
Cap de Ument,frimes "Podepour tirer au cap de Frie,| dtfe
Fric. ; de Maqueh "Pmtcinq lieues. Ce pais efi merueiUeu^
ment beau,autrefon découuert ey habitépar Us Par-
, tugaiSjlefiquelsyauoyent donné ce nom qui efeoitpas*
auant
D E LA F R A N C E A N T A R C T . 4fL
auant Gechay,ey bafii quelque fort, efperanslàfaire Geçnay.
refidence, pour (aménité du heu. Maispeude temps
après, pour ie nefiçay qneUes confies , les Saunages du
pais les firent mourir,et les mangèrent comme ils font
cauftumicrement leurs ennemy s . Et qu ainfifitt, lors _ ,
que nousy arnuames, th tenoyent deux panures Par- m e s i^
tugais , qu'ils auay entpris dans "Pnepetite caraueille, Sauua-
aufiqueh ils.fi deliberoyenlfairefimbUbleparty, que ges de
aux antres , mefines àfiept de leurs compagnons de ré- ma nge*
cente mémoire:dont Uurlint bien à propos nofire ar- c u s e i "*
nernvs
. , , _ . J T i »
riuee, (ejquels par grande pitn Jurent par nous rache-
tez.,ey dehurez.d entre les mains de ces Barbares.
Pompane Mêle appelle ce promontoire dont parlons,
lefrot d Afrique,par ce que de là elU "Pa en efirefiifi
font cime "Pn angle, zy retourne peu à peu en Septen-
trion ey Orient, ht ou efi lofin de terreferme, ey de
(Afrique , de Lquellc Ptolomée n'a onq'eu cognoifi-
fonce. Ce cap efi aufii le chef de la nouuelleAfriquet
laquelle termine "Vers le Capricorne aux montagnes
de Habacta ey Gaiacia.Le plat pais "Poifen eft peu hd
btté, à caufe qu il efe fort brutal ey barbare, "Voire
menftrneux : non que Us hommesfioy ent fi difformes
que plufieurs ont eficrit,commefien dormant (auoyent
Congé,ofians affermer quily à des peuples, ouxqueU les
oreilles pendent iufques aux talons : les autres auec "Pli
œil aufrot,qu'Us appelUnt Arifinafis: les autres fions
teffie : les autres ri ayons qu'Impie, mais de telle lon-
gueur qu'Us s'enpeuuent ombrager contre (ardeur du
faUil: ey Us appellent monomères, monofctles,etfcia-
podes. Quelques autres autant tmpertinens en eficri-
uent encore de plus efiranges, mifines des modernes
G 2 efi
LES S I N G V L A R I T E Z
efiriuains fans iugement.fàns raiJon,etfions experitn*
ce. le ne "Peux du tout nier les monfires qui fi font ou-
tre le deffein de nature,approuuez.par lesphilofopbeSi
confirmez.Jdr expérience, mais bien impugner chofit
qui enjontfi elognées, et en outre aUeguées de mefinei'
Retournons encefl endroit à nofire promontoire . il s'y
trouue plufieurs befiisfort danger eufis et "Pcnencufes,
entre autres le Bafihfe,plus nui/antattx habitas et aux •
tfiran?ers mefinesfinsles nuages de la mer à ceux qui
lieulentpefcher.Le BafilifcÇcôme chacun peut enten*
dre) eft l>n animal "Peneneus, g tue (home definfetà'.
rep-ard, (e corps long enuiron de nenfpouces,la testet-
hi -te en pointe defeu,fur laquelle y a "Pne tache blan-,
che en manière de couronne,la gueule rougeaftre, eW
le • eUe de ht face tirant fis ler.oir,ainfi q l'ayconfnM
p r lapean,q:'cie~Pei entre les mains d'"Pn Arabetu_
gr/.d Ça re. llchaffc tons les autres ferpens defionfiffitt
(corne dit Lïscia)pour fou! demeurer maifire de la ai,
Li 8 pagne.La ïoine luy est ennemy e mortelle filon Pline.
chap. i i . Bref> j e puis dire auec Sallufte qu'il meurt plus de
peuple par les befiesfauuages en Afrique , q par au-
tres incouenics.Nous riauos "voulu taire cela enpafiatt
De 1 ifie de Madagafcar,autremcnt de ,
S.Laurent, C H A P . X X I I I .
fjgffiti Egraddefir qj'ay de ne rien omettre qui
J
fin"Ptile ouneceffaireauxUBeurs, toint/
qu'Urne fi mble eftre (office dlneferi-
uatn, traiter toutes chofes qui appartient)
nent afin argumentfians en Liff'er "Pne,\rriincite à dè->
crire en cefi endroit cefie ifie tant notable, ayantfiep-\
tonte
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 43^
tante huit degrezi de longitude, minute nulle, cy- de
latitude "Pnzj degrez.ey trente minute s,fort peuplée
ey habitée de Barbares noirs depuis quelque temps
(lefqueh tiennentprefque mefine forme de religio que
Us Mahometifies: aucuns efians i du litres, mais dîne
autrefàçon)côbien qu'elle ait efié defiouuertepar les
Portugais, cy'nommée de S . Laurent, ey au para- Jcft-Init*
ttantMadagafiar en leur langue-.riche aufùrplusey j e r • -
fertile de to:ts biens,pour efire meruedleufiment biefit Laurent.
tue e. Etqùainfifioit , la terre produit là arbres frui-
tiers de foy mefine,fans planter ne cultiuer, qui appor-
tent neantmoms leurs fruits aufii doux ey plaifians à
manger que fi les arbres ouatent efié entez. • Car nous
l>oy onspar deçà Us fruits agrefies, c'eft à fiauoir que
la terreproduit fans la diligence du laboureur,eftre ru
des,ey dlm goufifiart offre ey efirange,les autres au
contraire. Dancques en cefie ifiefie trouuent beaucoup C "ko-
deseteilUurs fruits,que
} terreJ ferme,encores quelle (oit i n ' 1U1 '
„ * i 1r 1 que nous
enmejme^pne outéperature : entre lejquets eny alm difons
qu'ils nomment en leur langue chtcorin , Cy (arbre noixd'In
qui le porte efi fimblabU à "Pn plumier d'Egypte ou de.
43Êkabie,tant en hauteur quefouetliages. Duquel fruit
fc">oitpar deça,que l'on amené par nauires,appelle en
"Vulgaire Noix dinde : que Ui marchants tiennent afi
./enchères,pource que outre lesfrdis du "Voyage, elles
•fat fart beUes ey propres a foire "Pafis : car le "pin e-
ftant quelque temps enfies"Paiffeaux acquiert quelque
chofi de meilleur,pour (odeur et fragrance de ce fruit,
1- . » f * , n r °i , J- j Diucrles
approchât a (odeur de nofire mujeade. le diray dauan v t i l i t e z
toge que ceux qui boiuent coufiumierement dedans, j c c e
\tinfi que ma recité "Pn luif,premier médecin du Bafoimiu
• *•• G 3 fi
LES S I N G V L A R I T E Z
fi. du grand Caire, lors que i'y efioye )fent prefirutq
du mal de tefie cy desfllancs,eyfiprouoque (irintii
eyàce me perfuadé encoresplus (experiece, maiftrtf
Je de toutes chofies, que j'en ay lieue. Ce que ri a obm
Pline ey autres, difians que toutes effeces de ptdm, '
fiont cordiales,propres aufii à plufieurs indiJpafitios,C(
fruit efi entier émet bon,fiçauoir U chair fitperficielle]
ey encores meilleur le noy aufit on le mange frais cuti
ly. Les Ethiopes ey Indiens affligez^de maladte,piU
lent ce fruit ey en botuent le tus,qui eft blanc comme
lait, ey s'en trouuent tresbie. ilsfont encores dece tut
quadils en ont quatité,quelque alimét coposé auecfi/fr
rine de certaines racines ou de poiffon,dont ih mangeté
après auoir bien bouUu le tout enfemble. Cefie liqueur
ri efi de lo'gue garde, mais autat qu'ellefi peut garder,
elle efi fins coparaifin meiUeurepourlaferJonne, quf
confiture qui fi trouue . Pour mieux le garder ils fané
bouillir de ce ins en quantité, lequel efiant refroidy r'î
fieruet en des "Poiffeaux à ce dédiez.- Les antresy me-*
fient du miel,pour le rendre plusplaifiont à boire. L'tr
bre qui porte cefruit efifittendre, quefiton le touche,
tant fait peu, de quelqueferrement,U ius difiiUe doux
à boire ey propre à efiancher la fioif. Toutes ces ifies '
IHe de fitu"s * ^ "fie d'Ethiopie,corne (ifie du Prince, ay-,
prince. ant trentectnq degréz. de longitude,minute o, et deux
de latitude, minute o: Mopata, \onzibar, Monfia,S.
Apolene,s .Thomas fiubs U ligne fiont riches ey fer-•)
tiles,prefque toutes pleines de ces Palmiers, ey autres
arbres portons fruits merueiUeufimet bons, il s'y trou-
ue plufieurs autres effeces de palmiers portons fruits, '
eobien que non pas tous,comme ceux d Egypte • Et en,
toutes
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 44
toutes les Indes de lAmérique cy du Peru tant en ter Se& *°r-
referme qu'aux ifies, fè trouue defiptfirtes de pal- tCS, e.
2 r r
• jjr 1 f- • 1 •» palmiers
mter: tans différent de fruits les Pns aux outres . En- a u x j n _
tre lefquels t'en ay trouue aucuns qui portent dates des Ame
bonnes à manger,comme ceUes d Egypte,de (Arabie nqucs..
Eehce, ey Syrie . Aufurplus en cefie mefine ifie fie
trouutnt melons fros à merueiUe, ey tant qu'lm hom M e l o n ^
r* n- 1 1 n1 n- degroi-
mepourraitembrajjer, de couleur rangeajtre, aufii en jfeu" mer
y a quelques "Pns blancs , les autres taunes mais beau- ueilleufè
coup plusfains qUsnafires,ffecialemet à Paris, nour-
riz.en(eanetfiens,ou grand pretudice delafitnté hu
moine.lly a aufiiplufteurs ejfeces de bones herbes cor spao-nin
diaUs, entre UfiqueUeslme qu'Us nomme ni jfagnin, herbe.
fimbUble à nofire cicaréefàuuoge, laquelle Us applic-
quentfur lesphtyes-ey bUffures,et à celle des "Vipères,
ou autre befie "Peneneufi.car eUe en tire hors U lienm,
et autres plufiieurs notablesfimpUs,q nousriauonspar
deçà. Davantage fi trouue abondance de "Pray fondai^ o d a c «
par Us bois cy bocages duquel iedefireroye qu'il s'en çaai^Jm
fi.fi bone trafique par deça:au moins ce nousferoit moy-
en de auoir du "Pray qui firoitgrandfiulagemft,"Peu
(exceUence ey propriété qluy attribuent Tes auteurs,
Quant aux animaux, comme befles fiauuages,poiffons,
oyfiaux, noftre ifie en nourrit des meilleurs, et en au-
tant bone quantité qu il eft pofilbU. D'oyfiaux enpre
mier lieu enreprefenteronslin par figure, fort eflron- Pa,oy-
'g fait corne "Pn oyfieau deproye, U bec aquilinjes an- feau e«
reilles énormes,pendantesfur la gorgeJe fiommet de la r a n S c -
tefle eleué en pointe de diamant, les pieds ey ïambes
comme U relie du corps ,fort"Pelu, le tout de plumât,
g( tirant fus couleur argentine » hors-mis la teste ey
G 4 au-
LESVSINGVLARITEZ
aureil.'es tiransJus le noir - Cefi oyfieau eft nommé en
la langue du pais,Pa, en Perfien,pié ou ïambe : eyfé
nourrit dejirpens, dont ily o gronde abondance ey
deplufieurs efieces,ey doyfiauxfimblablement,au-$
très que les nofires de deçà. De befles ily a delephoriA
engrUnobre, deux fortes de befies "Pnicornes defiquel !
A;V;In- Us ("Pne eft («fine Indique , n'ayant lepiéfourché ,*
dique comme ceux qui fi trouuent au pais de Perfie , loutre
»*• efeque l'on appelle 0rix,oupiéfourché.il ne s'y trouue
point dafine s fiauuages,fini en terreferme. Qu'ily aye
des^ licornes,je rieay eu aucune cognoijfance.Fray efi,
que/tant aux Indes Amériques quelques Sauuao-eS
"fi^frentlioir de bienfixante onquatre "Vingts
ttetks, lejqmb comme nous les interroges de plufieurs '
py^reaterent qu'en leur pais auoitgrand nom
bre de certaine, befles grades comme "Pne efipece de l'a '
cm,'J,m,gc; qu ih ontportas "Pne corne finie au frit,
ion-
DE LA F R A N C E A N T A R C T . /[<
longue dline brajfe menuiron : mois de dire que ce
fofét licornes owonogres ierien puis rien affenrer,rien
ayant en autre cognoijfance .l'aylioulu dire ce mot en-
core que l'Amérique fait beaucop difionte de (ifie dot
nousparlons. Nous auons ia dit que cefie contrée infu-
Idire nourrit abondance de firpens ey laijorts dlme
merueiUeufi grandeur, ey fi prennent oij'eement fions
danger. Aufii les Noirs du pais mangent ces laifàrts
ey crappaux, comme pareiUementfont les Saunages
de (Amérique ily en a de moindres de lagroffeur
de U tombe, qui finifiort délicats eyfirians à manger,
autre plufieurs bons poifforis ey oyfiaux, defiquelsds
mangent quand bon leurfiemble. Entre autresfitngu-
loritespour U multitude despoiffons,fie trouuentforce
baUnes, defiqueUes Us habitons du pais tirent ambre,
queplufieursprennentpour efire ombre grh,chofi par
deçàfort rare,ey precieufe : aufii qu'eUe efifortcardia ^ m L r e
U ey propre à reconforter les parties plus nobles du aris fort
corps humain,Et d iceluyfiefait grande traffique auec cordial.
quesUs marchons efirangers.
\ De noftre arriuée à la France Antarcti- —
que,autrement Amérique, au lieu
nommé Cap de Frie. /
c H A P. x x 1 1 1 1 .
&f Près que par la diuine clémenceauec ta*
detrauaux communs ey ordinaires a fi
longue nauigation, fufimes paruenus en
terreferme, nonfi tofi que noftreliouloir
(y efferance U définit, quifut le dixiejme lourde
kauembre,au lieu défi repofir nefut queftion,finon
G e de
LES S I N G V L A R I T E Z
de décauunr cy chercher lieux propres afairtfitgtt
nouueaux,autant efiannez. comme les Trayens arriuHt
en Italie Aytns donc bien peufieiourné auprenutK
hen,auauions pris terre, comme au précèdentchapureÈ
nous (auons dit, frimes loile de rechef iufques 4M < tp
, aP c de Frie,ounaus receuret tresbien les Saunages dupauf,
manfiransfelon leur mode eutdensfignes de ieye: ton-,
tesfois nous n'yfietournâmes que trois tours. Nous fou
rent donc Us 1ns après les autres comme Us ont de ton
fiume,de ce mot Caraiubé,qui eft autant,come,bo»
Cahouin ne"Ptt,oufiyes te bienl/cnu. Et pour mieux nous cent
bruuage muniquer à nofire arrmée toutes Us meruetUes de
des Ame Uurpais,(l>n de leursgrands Morbicha OUaiïbub.
nques. c>ep 4> dire,Roy, nousfestoya dlrne farine faite de ra-
cines cy de leur Cahouin , qui efi "Pn bruuage corn-
A ,, r .. p'fé de mil nommé Auaty, ey efi gros comme poisA
tf. l„ yenade n:u cy debUnc,ey font pour laplufgronm
de mil. partie de ce quils en recueillent ce brnuage, faijântbt
uiSr
D E L A F R A N C E A N T A R C T . 46
saillir ce mil auec autres racines, lequel après auoir ba-
mUy efi de fimblabU couleur que U "Pin clairet. Les
Saunages le trounentfi bon qu'ils s'en enyurent com-
me (onfaitdelim par deça:~Pray efi qu'il efi efpais co-
rne monfi de "pin. Mais efiautes "Pnefùperfiittan à fai-
re ce bruuage lapins efirànge qu'il eftpofiible. Apres .uPe*ftl*
qu'il a bauiUy en grandsPafesfaits tngemeufiemcnt de sauua-
tcrrcgreffe ,capabUsd"Pnmuy, "viendront quelques ges àfai-
filUs "Purges mâcher ce mil ainfi boulin, puis U remet r e c e biu,
iront en l>n autre "Paifieau à ce propre: aufiilmefiem- ua S e *
mey efi appelléefilfont qu'eUe s'abfiiennepar certains
tours defon mary, autrement ce bruuage nepourroit
ïaman acquérir perfeBian. Cela ainfi fait,le fer ont bo
uiUir de rechefiufiques à ce qu'il fait purgé, cime nous
"Payons U "pin bouillant dans le tonneau, puis en "pfint
quelques tours après.Or nous ayant ainfi troiBe\jious
mena puis après "Peair "Pne pierre large ey Ungue de
cinq pieds ou enutron, en laqueUe paroiffoiet quelques
coups de "Verge,ou menu bafion,et deux formes depié:
quih afferment efire de UurgrandCaraibe,lequel ils
ontquafi enpareiUe reuerence, que Us Turcs Mahom-
sêe*îpturtat(difint ils) qu il leur a diné la congnoifi f
fonce ey "Pfoge dufeu, enfiemble déplanter les racin es
Ufiqnehparauant ne "piuoient que defueiUes ey her-
bes ainfi que beftes.Efidts dinfi menezfdr ce Roy,mut
ne laifiiis de diligement recognoifire et "pifiter le heu
auquelfietrouua entreplufieurs comodités qui font re-
fuifis,quilriy auoit point deau douce que bien loing
Jelà,<J nous empefiha d'y faire plus Ugfeiour,et baflir
dit nousfufinesfortfiafiheZj, c'ofideré la bonté et amé-
nité du pats.En ce lieufietrouue "Pne riuierefâauja-
l "J ;/
Le
LES SINGVLARITEZ
furent cbaffez. d Egypte, fùbiuguerent la meilleure
partie de (Afee, ey la rendirent totalement tributoi
re, eyfiubs leur obeiffance. Ce pendot que long tempt
les Scythes demeurèrent en cefie expédition et conque-
fte,pourla refiftence des fuperbes Afians, leurs fem-
mes ennuyées de cefi long feiour(comme U banne Pé-
nélope de fin mary FlyJJes)les odmonnefierit par plu-
fieurs gracieufis lettres ey meffages de retourner'.au-
trement quecefie longue et intolérable abfence lesco-
tratndroitfaire nouuellcs aUiances auec que s leurs pro-
chains ey "Potfins : canfideré que (ancienne lignée
- des Scythes eft oit en ha zjtrd dépérir . Nonobstant et
butaire' f'uplefans auoir égard aux douces nsueftes de Uurt
-.ejeruitudc . Pendant le que
temps cesf-%mmt% ne firent oneques aUiace de maiiagt
ans
"'.rtteques leurs loifins, efeimons que le mariage n t*
feoitpas moyen de leur liberté oins plus tofe de quelque
lien ey fruitude:mais toutes d"Pn accordey "ptrtu-
eufi entreprifie délibérèrent de prendre les armes, ey
faire rxerace à la guerre,fi reputans eftre défendues
Lâpedo de cegrand Mars dieu des guerres. Ce quelles exeett-
&Mar- terent fit "ver'.aeufcment foubs la conduite de Lampede •
C a IC
m] ' P ey \AAriheftaleursRojnts,quigouucrnoycnt(l>ncA*
Rov;,f$ Yres (autre, que nonfeulement eUes défendirent Uur
tics K^li Pais de (muafion de Uurs ennemis, maintenons leur
»on:s. grandeur ey liberté, mau aufit firent plufieurs beuet
conqueftes en Europe ey en Afite, tufiquesa cefleuuet
dont nous au'osriagueresparlé. Aufiquels lieux,prm-
cipaUment en Ephefie, ellesfirent baflirplufieurs tba-
fléaux,
DE LA F R A N C E A N T A R C T . \2\
itetux,"Pilles, ey fortereffe: : Cefait eUes rennoyerent
1 ne partie de leurs bandes en leurs pais, auecques ri-
che butin de defpouilles de leurs ennemis ,ey le refie
demoura en Afie.Finoblem'et ces bonnes dames pour
Uctnfernation de leur fàng, fie profiituerent "Poluntai
rement à leur "Poifins,fions antre efe ece de mariage: et
de la lignée qui en procédait, eUesfaifiyent mourir (en
font mafle,refiruans lafemeUe aux armes, aufqueUes
U dreffoientfort bien,ey auecques toute diligence. El
les ont doncquespréféré (exercice des armes, ey de la
fbaffèjà toutes autres chofes. Leurs armes eftoyent arcs
ty flèches auec certains bouchers, dont Firgileparle
enfin Enéide, quand eUes aUerent, durant lefiege de
Troie,auficours des Troyens contre les Grecs. Aucuns
tiennent aufii, queUesfint les premières qui ont com-
mencé à cheuaucher, ey à combatreà cheual.Or efiU
temps déformais de retourner aux Amazones de no- ^ .
ftre Amérique,et de noz^Effagnols.En ceté part elles <jes A m a
(intfeparées douée les homme s,ey ne les fréquentent zones de
que bien rarement, corne quelquefois enfecret la nuit l'Ameri-
ou à quelque autre heure déterminée. Cepeuple hahi- 1ne'
te en petites logettes,ey cauernes contre les rochers,"pi
uant depaiJfon,ou de quelquesfauuogines, de racines,
et quelques bansfruits, que port ce terronér. EUes tuet
Uurenfans mufles , incontinent après les auoir mis fin
terretou bien les remette! entre les mains de celuy au-
queleUes Uspenfint appartenir . Si c'est InefemeUe,
eUes la retiennent à foy,tout ainfi quefoi foy ent les pre
mieres Amazones .EUes font guerre ordinairemet con
tre quelques autres nations: ey traitent fort inhumai-
nement ceux queUes peuuent prendre en guerre.Pour
les
K.1
LES SI N G V L A R I T E Z
lée,paffant entre deux montagnes elongnécs ("Pne dt
Riuiere pautre £-}n ;efl de pierre :ct entre aupaïs enuiritrtn\
lcc " * te ey fix lieues. Cefie nuiere porte grande quantiti
de bon poiffon de diuerfis efipeces, principalementgnt
mulets: te Uement qu'efians là nonsl>eimesln Sauuigi
quiprint de ce poiffon plus de mille en "Pn infiant ey
d"Pn traiB de filet. Dauantage s'y trouuent filufieum
Oyfeaux oyfiaux de diuerfisfines ey plumages, ducuns aufii
de diuers rouges,que fine efilarlatte des autres blancs,cendre]
pluma- ^ mauchftez.,comme "Pn emereiUon. Et de ces pli
mes les Saunages du paisfont pennaches deplufiei
fortes,defiqueUesficouurent, oupour ornemit, oupl
beauté, quadils "Pont en guerre,ou qu Usfont quelf,
maffdcrc de leurs ennemis des dutres enfontrobesetoh
Robe fai nets à leur mode - Et qu ainfifioit, il pourra efireltik
te de plu par "Pne robe ainfifaite, de laqueUe f ayfiaitprefin^t
mages, Monfieur de Troifiieux gentilhomme de la matfitt
a
.PP°. rtce de monfieigneur U P^cuerendifiime Cardinal de Sent,
• ey garde desféaux de France,homme,difiie,amateur
de toutes fingulantez., ey de toutes perfinnes 1er*
tueufis Entre ce nombre'd'oyfiaux tous differenwÊ
ceux de nofire hemijphere, s'en trouue ~Pn qu'ils nom-
Arat, ment en leur langue Arat, qui efi "Pn "Pray heri quA
oyfeau à la corpulence,horfimis quejonplumage efi rouge co-
rouge - mejàng de dragon. Dauantage fie "poyent arbresfim
nombre,ey arbriffeaux "Perdoyans toute (année,dem
lapins part rend gommes diuerfis tant en couleur que
, autrement/Aufiifie trouuent,au nuage de lamer
<mots,& teMs ~>ignots( qui efi "Pne efipece de coquiUede
côme ils fiurd~Pnpois)que les Sauuagesportent a leur col enj
en vfenr. lez. commeperles,fpeciaUment quand Usfiontmal
est
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 4 7
car cela, difient Usprouoque le "ventre, ey leur fort de
purgation.Les autres en font poudre ,qu ih prennet par
U bouche,Difient outrepUts, que Cela eft propre à orré
feer"vnfluxdefiang:ce que mefimble contraire afin
autre "Pertupurgatitte ; toutesfois dp eut auoir les deux
pour U diuerjité défies fitbfiances. Et pource les fem-
mes en partent au col cy au bras plus coufiumieremét
que les hommes, il Je trouuefimblablement en ce pais
eypar tout le nuage de la merfiùr lefiableabondance ,
d~Pne efipece de fruit, que les E/pafnols nomment Fe- e U "
• j -> n • 1 r- r mannes.
ues marines,rondes comme 1/n te fion, mats plus ejpej-
fis eypUugroffes,de couleur rougeafire : que (on dij-
roit à les "Pairqu'eUesfont artificielles.Lesgens dupais
rien tiennent conte. Toutesfois- Us Efpafnolsparfingu
hère efiime les emportent en leurpais, ey les femmes
tyfeUes de maifion enportent coufiumierement à leur
col enchaffés en or,on argent,ce qu'ils difint auoir "Per
tuconire la colique,douleur de tefie, ey autres.Bref,
ce lieu efi fort plaifant ey fertile . Et fi (on entre plnï
auant,fi trouue "PnpUtpdïs couuert d arbres autres
que ceux de nofire Europe: ennchyflauantage de be-
auxfeeuues,auec eaux merueiUeufiment clercs, ey n
cbes de poiffon. Entre lefquelsfen deficriroy lin en cefi
endroit, moftrueux,pourlm poiffon d'eau douce,autat
qu'il efi pofiibU de "Pair,ainfi que la figureJuiuante le
idemonfire. Ce poiffon efi degrandeur ey groffeur "Pn
peu moindre que nofire harenc, armé de tefie en que-
, ue,corne "Pnpetit animât terrefire nommé Tatou, la te
fieJàns coparaifin plusgroffe que le corps,ayant trois os
dedas (efihine,bon à mager,pour U moins en mangent
nt% Saunages 3eyU noment enleur lague,Tamouhota.
De
LES S I N G V L A R I T E S È
De la riuicrc de Ganabara autrement de
Ianaire, & comme le pais ou arriua*-
meSjfut nomé France Antarctique.
CHAP. XXV
'Ayans meiUeure commodité defitour"
ner au cap de Frie, pour les raifons fiufdt-
tes, il fut quefiion de quitter la place,foi-
fins "Poile outrepart, au grandregret des
gens dupais, lefquels efperoyet de nous plus longfieiottf
ey aUiance, fuyuant lapromeffe que fur ce à nofire or-
riuée l(ur en autansfaite'.pourtant nauigames (efiact
de quatre iours, iufques au dixiefme, que trouuamet
„ , cefie grande riuiere nommée Ganabara de ceux du
Ganaba- /.. d ; r -,• , , „ ,
ra.ainfi Pats>p°ur lajlmilitude qu eue a au lac,ou lanatrejpdr
dicte ceux qui ontfait la première découuerte de ce paisf
pour la difionte de là on nom estions partis, de trente tieuh
eu
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 4 8
tuenUiron.tt mus retarda par U chemin le "Pent,que fimilitu*
nous eûmes affes contraire. Ay as donc paffé plufieurs d e du
petites ifies,Jùr cefie cefie de mer,ey U defiroit de no- ac*
ftrertuieredorge comme d"Pn trait darquebuje,nons
fnmesdauis d entrer en cefi endroit,ey auecnaz^bar
quesprendre terre : on incontinent Us habitons nous re
ceurent autant humainement qu'il fut pofiible : ey
commeeftans aduertiz.de nafirel>enue,auayentdrefi
film beau palais à la coufiume dupais, tapiffétont au-
teur debelles fueiUes d arbres, ey herbes odoriféres,
par "Pne manière de congratulation, monfirats de leur \ >
partgrandfigne de teye , ey nous mut tans àfaire le
fimblabU. Lesplutlneux principaîemei,qui font com
meroys ey gouuerneursfuccefituemet ("Pn après(au- \
trc,nous~Ptnoyent"Poir,ey aueclme admiration nous '' .,
r{ MJ 1 1 1 - 7 • Manihot
jalnayenta leur modeen leur langage:puis nouseodui r a c j n e j ^
fièent au Ken qu'ih nous ouatentpréparé : auquel lieu laquelle
ih nous apportèrent "piures de tons coftezjcammefart- les Sauua
ne faite dlme racine quihappeUentManihotiey' au- g es v f c u t
> • /r- / c • & tont
très racinesgraj/es cy menues, tresbonnes toutesfois et f al j nC(
fUifinies à manger,ey autres chofiesfilon Upa is : de
manière qu'efians arriuez^aprcs auoir loué ey remet
cié( comme leliray chrcfii'e doit faire) celuy qutnous
auoit pacifié ht mer,les "Pents,bref,qui nous auoit don-
né tout moyen dacdplirfi beau "Poyage,nefut quefii-
enfinanfe recréer «y repofirfùr (herbe "Perte, ainfi
que Us Tre'iens après tant de naufrages ey tempefies,
quand ils eurent rencontré cefie banne dame Dida:
maisFirgile dit qu'Us auoyent dubonlunliieil, ey
nous feulement de beUe eau Apres auoir làfiiourné
tejpace de deux moys, ey recherché tant en ifies que ,
ter-
LES S I N G V L A R I T E Z
terre forme,fut nommé lepais loingà ( e tour par nm
découvert, France AntarB'tque, ou ne fi trouua lie»
plus commode pour bdfiir ey fi fortifier qu'lntùiiH
A T "d ' Petlte lfle contenant feulement Inc lieue de tircuitM
que. tuéeprefque à (origine de tefie rimer e, dot nom &m
parlé,laquelle pour mefine raifion auec lefort qui fil
bafli,a efié aufii nommée CoUigni Cefie ifee eft fat
Ifie fort platfiante , pour efire reuefiue de grande quantité Jt
conimo- palmiers,cèdres,arbres de brefil,arbriffeauX aromér\
' . . " ques "Pei-doyans toute (année : "Pray efi qu'il n'y a et»
s'eft pre- douce,qui nejoit ajfez. lomg. Donc ques le Seigneur it
m icre FiUegagnon,pour s'affeurer contre Us efforts de ces i\"
met for- uagesfacile s à offenfer, ey aufii contre Us Portug
*! . quelquesfois fi "Pouloient adonner là,s'efi fortifié\
Seigneur A. 7 J J, , , •r >ii ni
de Ville lieu,comme le plus commode, amji qu il luy a ejtei
gagnon. fiible. Quant aux "p'tures, les Saunages luy enpoi
de tel que porte le pais, comme poiffons, "Penaifin
autres befie s fiauuages, car Us rien nourriffent deprt
nées, comme nousfaifinspar deça,forines de ces ruO
nés,dont nous auonsriagueres parlé,fions painnelnv
ey cepour quelques chofies de petite lialeur, commeft
tits cofieaux,firpettes, cy haims à prendre poiffon. Il
diray entre les louénges de nofire nuiere,que làprem
defiroit fi trouue "Pnmarefic ou lac prouenant UsM
grandpart d'imepierre ou rocher, haute meruetll^
fiement ey eleuée en l'air enforme de piramidei &
Roche Urge en proportion,qui efilme chofi quafi mcroydIM
e: pioui
aquel Cefee roche eft expofie de touscofie^.auxflots eyttf
ent vu mentes de la mer. Le lieu efe à la hauteur du CapriM
lac.
ne "Pers le Su, outre l'EquinoBiallungt ey trou dP
grez. ey demyfoubs U tropique de Capricorne,
Dci
DE LA F R A N C E ANTARCT. 49
Du poiflbn de ce grand flcuuc fufnommé.
C H A P . XXVI.
s•
E ne leuxpaffer autrefions particuliere-
%f& ment traiter du po: fin , qui fie trouue en
ce beaufleuue de Ganabara ou de lanaire
en grande abondance ey fort délicat, ily
a dînerfitté de "Pignats tantgras quepetis : ey entre Us _ ^
autres eUe porte ouitre, dit l'cfiaiUe efi rcluifiaote com - O ùïtres
mefinesperles, que les Saunages mangent commune- P o r t a n S
ment, auec autre petit poiffon que pefchent lescnfo.ns. *
\Etfiont ces ouitrès tr.it ainfi que celles qui portent les
JftrUsiaufiis'en trouue en quelques "Pnes,non pasfitfi-
nes que ceUes de Cahcut,çyautres parties du Leuant.
Aurefte Usplus grands pefihentaufii le grandpoifi-
fin,d$ntcefie nuiereporte en abondance. La manière M a n ; e r e
de le prendre efi teUe, que estas tons nuds en (eaufoit d es
doute au filée leur tirent coups defiefehes, à quoy font Sauua-
fartdextres, puis Us tirent hors dej'eau auec quelque S e s z Pr
7 r ri- 1 1 r dre du
fardeLatte de cotton ou efiorce de bus, ou bien lepoij- pO1fl-0n#
fineftant mort "Pient de Joymefinefiur (eau . Or fins
plusing propos, j'en réciter ay principalement qucl-
quespns manfirueux, reprefintez^par portrait, ainfi
que "PoyeZj,comme"Pn qu'Us nomment en leur langage
Panapana, fimblabU à "Pn chien de mer, quant a la
peau, rude ey inégale comme "Pne lime . Ce poiffon a
fixtaiUades oupertuu dechacun cofié dugofier,ordo-
ltez.à lafaçon d'"vne Lamproye, la teste teUe que pou- Pana/a-
tsezfPair par la figure mifi tcy après: les yeux prefi- ^ dc
que au bout de la tefie, teUement que de ("Pn à l'antre ^oi(rott.
H y*
LES S I N G V L A R I T E »
fiance dlmpied eydemy. Ce poiffon aufurplus e/i sfi
fiez. rare,toutesfois que U chair rien ejifort exccM^
à manger,approchant dugouft à ceUe du chien de met
ily o dauantage en cefieuuegrade abondace de J^lfl
Efpece mais dlme autre façon que lesnofires: ellesfiontdeux
' fois plus larges ey plus longues, la tefie plafte cy Iw
gue, ey au bouty a deux cornes longues chacun(a%
pié,au milieu defiqueUesfiontles yeux. Elles ont fix td
Iodesfiubs le "Pentre, près ("Pne de l'autre: la qMUt
Ungue de deux pieds, ey grefie comme ceUe dln rtU
Les Saunages dupais rien mangeraient pour rien, non
pins que de la tortue,efiimas que tout ainfi que cepfljg'
fin efi tardif à cheminer en l'eau, rendrait aufii'ctu\
qui en mangerai et tardifs, qui leurfieroit cauje depe\
pris aifiément de leurs ennemis, ey de ne UspouueM
Ineno- fityure légèrement à la courfie. ih (appelUnt en Um<
langue Ineuonea. Le poiffon de cefie nuiere "Pniuerfk
nca.
lement,
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 56
bernent efi ban à manger faufil celuy de U mer cofeayat
ce pois, mais nonfitdélicat quejoubs la ligne et autres
endroits de U mer.lcne"Peux oblier, Jus le propos de
poiffon à réciter "Pne chofi merueiUeufi et digne de me
moire.En ce terrouer autour dufieuuefiujnomé,fie trou
uent arbres cy orbnffèaux approchais de U mer, tons Arbres
couuertsey charte?
S
douitres haut ey bas. Fous de- c, a i § c 7 \
j "-7/ > L1 n • -> ci d'oui très
nezjntendre que quod la mer s enfle elle lette Impôt & r
affez.Uing en terre,deux fois en "Vingt ey quatre heu quelle
res,ey que (eau couure le pins fouuent ces arbres et or raifon;
bustes,principalement les moins eleue z.- L ors ces oui-
tres efianïdefiy aucunement "Pifiqueufes,Je prennent
eyhent contre Us branches,mon en abondacc incroy-
abletteUement que Us Saunages quand ils en "Peulent
manger, couppent Us branches ainfi chargées, comme
Imebranche de poirier chargée de paires,et les empor-
tentteyen mangent plus coufiumicremet que des plus
greffes, quifont en la mer -.pourtant difient ih,qu'elles
fintde meÙUurgouft,plusJàincs,ey qui moins engen
drentfleures,que les outres.
De l'Amérique en gênerai.
C H A P . XXVII.
Tant particulièrement traité des lieux±
ou auonsfiaitplus Ungfieiour après auoir
f f pru terre, ey de celuy principalement
^- ou auiourdhuy habite U Seigneur de Fil-
Ugagnon, ey outres Françou, enfimbte de ce feeu-
ue notable, que nous auons appeUé lanaire, lescir-
tanAanccs cy dépendances de ces lieux,pource qu'ils
H 2 fint
LES S I N GV L A R I T E Z
fintfituez.cnterre defiouuerte, eyretrouuéedém-
it re temps. rcfie d'en efirire ce qu'en auons congneu
L'Amerj pour leJeiour que nousy auonsfiait • il efi bien certain
que inco Cf ~ n>a lamats cft£ cono-neu des anciens Cafime-
cncuc s ,' ,• n i ° i i•i • •
ra es M ont
aux A n £ J" > 1 diuije la terre habitée en trotsportttt
ciens. Europe, Afite, ey Afrique, defiqueUes.partles Us ont
peu auoir congnoiffance. Mats ie ne doute que s'ils euf\
font congneu ceUe dont nous parlons,confideréfia groni:
de efiendue,qu'Us ne l'euffent nombrée la quatriefinM
Americ car eUe efi beaucoup pins grande que nulle des autrety
Vcfpuce Ceaeterre^ ym £rM caAppeUée Amérique,dunette
premier ,J , •, • I[
i r / M
f ce m
oui à def ** "9* 1 l* premièrement dejcouuer-te, nommeAm
couuert meric Feffuce, hommefimguher en art de nauigatie^,
l'Amcri- et hautes entreprifies. Fray efi que depuis luyplufiem
1 UC - en ont defiouuert lapins grand partie tirant "Pers Tetf
mifii an,iufques au pa'is des Geans,eydeftroit de MA-
gella. ilfieUe dôme efire appeUéelnde, te n'y lois pus
grandraifin:car cefie contrée du Leuat que (on nom-
me Inde, a pris ce nom dufeeuue notable Indus, i ~
efi bien lomg de noftre Amérique.lljuffira dontf de
(appeUer Amérique on France AntarBique.Eut
Situatio fituéelieritablement entre les tropiques iufques de
dclAme-7 r- .. r c i n>'? • ; 2
U
îique. Capricorne,fi confinant du cofie d occident "Pers Te-
mifiitan ey Us Moluques : lers Midy au déferait à
MageUan, ey des deux cofiez. de la mer Oceane, ey
Pacifique.Fray eft que près Darienc et Fnrne, ce pas
efifort efiroit, cor la mer des deux cofie z. entrefort i-
uant dans terre. Or momtenant:nousfaut efiriredeli
part que nom auons pins congnué, ey fréquentée, qui
Quels eftfi"uée enuiron le tropique brumafey encores de U
font les EUe a efié ey efi habitée pour le tourd'huy , outre les
Cbfi
DELAFRANCEANTARCT. 5T
Chrefeiens,qui depuis Amène Fefeuce l'habitent,de habitons
gens merneilleufiment estranges, çy fauuages, fans ^ e l'Ame
foy,fins In fans rehgianffans ciuihtéaucune, mois "Pi r i 1 u e -
uans comme bestes irraijonnables,ainfi que nature les
ajrreduits,mangeons racines,demeuras toufiours nuds
tant hommes que femmes, iufques à tant ,peut efire,
qu'ilsfieront hantez, des chrefiiens, dont Uspourront
peu à peu defpoutUer cefiebrutalité,pour"Vefiir "Pnefa - '.
çonplus ciuiU cy humaine. En quoy nous deuons lou-
er affeBueufiment le Créateur, qui nous A efilarcy
Us chofies,ne nous Uiffuht ainfi brutaux, cime cespou- », Ameri-
ures Amériques. Quatau territoire de toute (Ame- que, pais
rique il efi tresfertiUen arbres portansfruits exceUes, trefferti-
maisfàns labeur n efiemence. Et ne doutez, quefitla ter î" ,.
reeftoitcultiuée, quelle ne rapportaftfort bien"Peufa ^Ùuc d c
fituation,montagnesfort beUes ,plaineuresfpacieufes, pAmeri-
famesportons bon poiffon,ifies graffes, terrefirmefim que habi
blabUmet. Auiourdhuy les EfpAgnols ey Portugais ^ " j - "
en bobitent "Pnegrande partie, Us AntiUesfm (oce- g n o i s >
an,Us Moluques ,fim U mer Pacifique, de terreferme q Ue p 0 r-
iufques à Dartene, Partas, et Palmarie des autres plus tugais.
"Pers le Midy,comme en la terre du Brefil. Foy la de ce
pais en gênerai.
De la religion des Amériques.
CHAP. X X V I I I .
Ont auons dit, que ces panures gens1>iuo*
& ) entfionsreligion, cy fansloy ,ce qui est lie
jjij j ritabU. Fray efi qu'il n'y a créature capa-
*• ble de raifon tant aueugléc, "Voyant le ciel
ia terre, U Soleil ey ht Lune,ainfi ordonnez., la mer
H 5 ey
L E S S I N G V LAR I T E S .
et les cbofis qui fi font de tour en iour, qui ne iuge ctlt
efi refait de la main de quelque plusgrâd ouurier,qufi
ne font les hommes. Et pource n'y a nation tôt borbejt
queparl'mfiinB naturel riaye quelque religion, ey
quelque cogitation d'irn Dieu, ils confeffent donc tout
efire quelquepuijfance, et quelqueJouuerameté:nuit
Rcligio queUe eUe efi,peu lefçauent, cefi a fi auoir, ceux ouf
de l'Ame quels nofire Seigneur deJajeule grâce s'efi loulucom-
rique. mumquer. Et pource cefie ignorance a caufé la "Paru-
té des religions Les "Pns ont recognu lefoleilcomme
fiu'uerain, les autres la Lune, -ey quelques autres les
efiotlles: Us autres autrement, ainfi que nous r ecitent
les hiftoires.Or pour 1/enirànoftre propos, noz^Sauus.-
gesfont mention d'"Pngrand Seigneur, ey U nommit,
Toupan. en [eur /angue Toupan,lequel, dtfint ils,efiant la haut
foitplouuoir ey tonner :mais Usriont aucune maniert,
de prier ne honnarer,ne "Pnefois, ne autre,ne heu à ce
propre.Si on leur tient propos de Dieu,camme quelque
fais foy fiait,ils eficouteront ottenttuement auec Ine ad
mirât ion : ey demanderont fi ceriefi point ce prapht-
te , qui leur a enfiigné à planter leurs groffes racuteSi
racines ^ nomment Hetich.Et tiennent de leurs pères qui
auant la cognoiffance de ces racines,ils ne "Ptuoient que
d herbes comme befles, cy de racines fiauuages. il fi
Charaï- trouua, comme ils difient, en leur pais "Pn grand cht-
be. raibe, c'est à dire, Prophète, lequel s'adrefiant à Ine
trunefiUc,luy dona certainesgriffes racines, nommées
Hctich, efiantfiemblables aux naueaux Lymofinsfiuy
enfiignant queUe les mifien morceaux, ey puis les
plantait en ferre : ce qu'Uefifi:ey depuis ont ainfi de
père en fils tmfiours cotinué.Cc que leur a bi'efiuccedi)
ttk
DE LA F R A N C E A N T A R C T . J2
tellement quiprefènt ih en ent fi grande abondan-
ce , qu'ih ne mangent gneres autre chofi : cy leur
efi cçU commun ainfi que le pain à nous. D'iceUe
racine s'en trouue deux ejpee es, de mefinegroffeur.
La première en cuifiant dénient ianlne comme "Pn
coing-.: (autre blanchâtre . Et ces deux efpeces ont ht
feuiUefimblabU à la manne : ey ne partît tamaisgrai
ne. Parquoy Us Sauuafes replantent la mejme racine
eouppée par raueUes, comme (anfiait les roues par de-
Tço,que(o» met enfaUades,ey ainfi replantées multi-
plient abondamment. Etpource queUe efi tncagnue
'inozjnedecins ey arbonftes de par deça,dm'afim->
blé bon "Tous U reprefinterfielonfinnaturel.
H 4 Icn
LES S I N G V L A R I T E S .
L Amen iors que premièrement ce pais fut defcouuert ,a!h&
quepre- j r i\ ' e• 1 7
mierc- que dejta nous auons dit, qui fut lan mil quatre cent
met def- nonantefiept,par le commandement du Roy de Cafidlt
couucrte ces Saunages eftonncz.de "Poir les Chreftiensde ceite
en lânec façon, qu'Us riauoyent iamais "Peue,enfemble leur mit
mère défaire, ils les efiimoyent comme prophètes, cy
les honnoroyent ainfi que dieux:iufques à tant que ce-
fie canaille Us l'oyat deuenir malades, mourir,et efire.
Jitbicts àfimblablespafiions comme eux, ont comme»
ce à les mefprifir,cyplns mal traiter que de couflm
comme ceux qui depuisfiont aUez.par delà, Efpagn
et Portugais,de manière,que fi on les irrite,Us nefift
difficulté de tuer "Pn C hrefiien,eyle manger,commis
Caniba- Us font leurs ennemis. Mais cela fi fiait en certaïslieuq
ks,peu- eyJpccialcmcnt aux Cannibales,qui ne "piucnt dau-
pics vi - tre chofi : comme nousfaifins icy de bœufiey de mou-î
uatis de tZt^ufl mt t[s laifeé à les appeUer chardtbes,qui efi
maine. a ^Ire prophetes,ou demidieux, UsappeUans corne pdf.
Mahirc. mefpnsey opprobre, Mahire, qui efioit le nom d'1»
de leurs anciens prophètes,lequel Us detefierent ey et/
rent en meffris. Quant à Toupan ils (efiimentgranû
ne s'arrefiant en "Pn heu,ains aUat çà ey là^ey qu'a
déclarefisgrandsficrets à leurs prophètes. Foyla quty,
a la religion de noz. Barbares ce que oculairement'i
j'enay congnu, ey entendu , parle moy- 1
en dlrn truchement François, qui
auoit là demeuré dix ans , ey
entendoit parfaitement
leur langue.
Des
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 53
Des Amériques, & de leur manière de vi-
ure,tant hommes que femmes.
c H A p. x x 1 x.
Ontauons dit par cy deuant, parlons de
(Afrique,qùauons cofioyée en nofire na
uigation, que les Barbares ey Ethiopes,
ey quelques autres es Indes aUoyent ordi
nâirement tous nuds, horfimis les parties hanteufis,
Ufquelles Us couurayet de quelques chemifes de cotton,
eupeanx, ce qui efi fans comparaifin plus tolerable,
irien noz: Amériques , quiliiuenttouts nuds ainfi • *oa,
fi r 1 11 n viure des
qutls Jortentdul/entre de la mère, tantfiommes que habitans
fommes,fans aucune honte ou "Pergongne. si "Pons de- de l'Ame
mandez.s'Usfont ceUpar indigence , oupour les cha- nq u c -
Uurs, je reffondray qu'ils pourroyent faire quelques
, chemifes de cotton, aufii bien qu'Us fiauentfaire hBs
pour coucher : ou bien pourraient foire quelques robes
1 depeaux de befiesfiauuagesey s'en "Peftir , ainfi que
ceux de Canada: car ils ont abondance de befies fauua
ges^ey enprennent aisément: quant aux damefeiques
iLriennoumffentpoint. Mais Us ont cefie opinion de
fireplus alégres,ey difipos à tous exercices, que s'ils e-
floyent "Pefiuz. • Et qui plus efi, s'ils font "Pefiuz. de
quelque chemifi légère, laquelle Us auront gtgnée à
grandtrauaU,quandUsfi rencontrent auec leurs en-
nemis,ils la defpauiUeront incontmet, auant que met-
tre la main aux armes,qui font l'arc ey lafiefiche,efît
mans que cela leur ofteroit la dextérité, cy alegrcté
H e au
L E S SI N G V L A R I T EZ
au combat,mefines qu'th ne pourroyent aisémentfuirx
ou fi mouuoir datant leurs ennemi1! "poire qu Us fera)
ent pris par tels "Pcstemcnts iparquoyfe mettront nuds
tantfint rudes cy mal aduifiz..Toutesfiois Usfiantfort
defireux de robes,ebemijes,chapeaux ey autres acou-
Jrrcments, cy Us eftiment chers ey précieux,iufiquti
là qu'Us les laifferontpins toft o-afeer en leurs petites*
lavettes que les "Pefeir, pour crainte qu'Us ont de les
endommager. Fray eft qu'Us les "Pefitrant aucunisfifa
pour faire quelques cahouinages, cefi à dire,quand lit
demeurent aucuns ieurs à boire çy faire grand chè-
re , après la mort de leurs pères, ou de leurs parent.:
an bien en quelqueJôlenmté de maffacre de leurs en-
nemys.
Encores s'Us ont quelque hobergeon ou chemifide
petite "Pâleur "Pefiuïsfils les depouiueront ey mettront
fus Uurs efipaulesfi louions affeoir en terre,pour crain
te qu Us ont de les gaffer . il fi trouue quelques "pieu»
entre eux , qui cachent leurs parties honteufes dt
quelquesfueilles,mais le plus fiouuent par quelque m
diffofttion quiy eft. Aucuns ont "Voulu due qu'en no-
fire Europe, au commencement qu'cUefuthabiie\
me les hommes ey femmes eftoy ent nuds , hors-nffc
lees parties ficrettes : ainfi que nous lijons de noftre pre-
mierpere-.neantmoms en ce temps U les hommesli-
noy ent plus long aage que ceux de maintenant, fiante
fire offensés de tant de maladies:de manière qu'ihoA
"Ponlufiufienir que touts hommes deuroyet aller nuds\
ainfi qu'Adam ey Eue noz.premiers parens efloient
en paradis terrestre. Quant à cefie nudité Unefietrot*
ue aucunement qu'elle fin du "Pouloir ey commande^
ment
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 54
ment de Dieu, lefçay bie que quelques hérétiques ap Adami-
peiUz_Adamians,maintenasfaufiment cefie nudité, a n s ' crC "
' i r a -» • 1 • rJ riques
et lesJcttateuri Piuoyent touts nuds,ainfi que noz_A matntc-
menqucs,dont nous par lis,ey afiifioy ent auxfynago- nans la
gués pour prier à leurs temples touts nuds. Et par ce nudité.
l'on peut cognoifire leur opinion emdemmctfovÀfe: car
auant le péché dAdam ey Eue, (efiripture fiatnte
nous tefinoigne , qu'Us efiaient nuds, ey après fi cou-
uroyent de peaux , comme pourries efiimerde prefint
en Canada.LaqueUe erreur antimite plufieurs,comme \ .
UsTurlup-.ns, cy Usphilofiophes appeUez. Cyniques: , Pmon y
Ufquels alleguoy ent pour leurs raifens, ey enfeignay- lupins, ur-&
entpubliquement (homme ne deuoir cacher ce que no philofo-
f.iieluy adonné . Ainfifontmonfirez.ces hérétiques phes Cy-
plus impertmens après auoir eu la cogmifiance des cho n l c l u 5 s
fis,que m z. Amériques . Les Romains quelque eftro- i a n u dité
gefaçon,qu'ils obfiruaffent en leur manière de "Pture,
ne demeuroyent toutesfois ainfi nuds. Quand auxfia-
tuet çy images, Us les colloquoy'et toutes nues en leurs
tempUs,comme recite Tite Liue.Toutesfois Us ne par- Iules Ce
toyent coife ne bonnetfinsU tefie : comme nous trauuos far por-
de Coins CeÇtr, lequel efiant chauue par deuant,auoittolt ""
n e t c o n
• - , * r 1 II- "
touftume de ramenerJes cbeueux de derrière pour cou nc j a c p u
urirU front tpourtont priftlicence déporter quelque ftume des
bonnet léger ou cojfè,pour cacher cefie part de la tefie, Romafs,
quieftaitpellée. ^J™'
Foy Ufus U propos de no^Sauuages. foy "Peu enco- ^ y '
res ceux du Peru "pfier de quelques petites chemifiolcs
de cotton façonnées à leur mode - Sans efiongnerde
propos , phne récite qu'à (extrémité de l'Inde orien-1-
taie (car iamaudrieutcognoiffance de l'Amérique
du
LES S I N G V L A R I T E Z
du cofié de Gongesy auoir certains peuples "Pestuz.dt
grandesfuetUes htrges,ey efire de petite ftature.le di
ray encore de ces panures Saunages , qu'ils ont "Pn re-
gard fort ejpouuantab le,le parler aufiere,réitérât hur
parole plufieurs fois. Leur langage eft brefey obfcur,
toutesfois plus aisé à comprendre que celuy des Turcs
ne des autres natHs de Leuant comme te puis direpOf
expérience.ils prennent grandplaifir à parler indijtm
Bernent, à "Panter les "piBotres cy triuphes quih ont
fiait fus leurs ennemis . les "Pieux tiennent leurs pre^
meffesey font plus fidèles que les ieunes, tous néant-
moins fortfùbiets à (arrecin,non qu'Us defiobentl'ln
(autre, mais s'ils trouuent"Pn chrefiien ou autre t-
firangcr,ih U piUeront. Quant à l'or ey argent, ils M
luy enfleront tort, car Us rien ont aucune cognoiffanctt
ih lifient de grandes menaces ,ffeciaUment quand 1%
Us a irrite z.,non defrapperfeulement, mois de rwf.'ï
Quelque incimhté qu'Us ayent,iUfont fort prompts S
faire fier uice ey plaifir - "Poire à petit folâtre chariu-
bles iufques à conduire "Pn efiranger cinquante oujot^
xante lieues dans le pais, pour les difficultés et d'agent
auec toutes autres œuures charitables ey honnefii
Srature t^mte^tray luentrehschrefiiens. Ornoz.A>
des Ame ques ainfi nuds ont la couleur extérieure rougeaj
nques,et tirant Jus couUur de lion : ey la roifion ie laloiffc
couleur auxphilofiophes naturels, eypourquoy eUe riefii...
e
adufte comme ceUedes Noirs d Ethiopie : auJurpfÊ
bien formez, ey proportionnez, de Uurs membresï»%
yeux toutefois maifaits, c efi àfçauoir noirs , loufchtt,
ey leur regardprefique comme celuy dlme befiefew
uage. ils font de haute ftature , diffosey alégref,
r
DE LA F R A N C E A N T A R C T . #
peufubiets à maladie ,fenon qu'th rcçoiuent quelque
coups deflefihes en guerre.
De la manière de leur manger & boire.
CHAP. xxx.
Npeut facilement entendre,que ces bon- .
r i - i i -> Les Sau-
ncsq-ens ne ont pas plus ciutls en leur ma- ,
o ,_ J r . Ç. . uagesvi-
ger,qu e antres chojes . Et tout ainfi qu ils U é t fans
n'ont certaines loix, pour efiire. ce qui efi loix.
btn,etfinr le contraire,aufii mangct Us de toutes "pian
des,à tous tours et à toutes heures,fins autre difiretii,
Fray efi que deux-mefmes ihfint afiés fiuperftitieux
de ne manger de quelque befie,fitt terrefire ou aqua-
tique,qui fin pefiantc à cheminer,oins de toutes autres
qui cognaiffentplus légères à courir au "Poler,dme fiont
cerfs ey biches ipaurce qu'Us ont cefie opinii, que cefie
chair Us rendrait troppefions , qui leur apporterait in-
cenuentent ,quondils fie trouueroient afJaiUis de leurs
ennemis, ils ne "Peulent aufii
J mana-er de chofes Calées, ; ^ c .
i i r i •i r " "il i Amen-
ey les défendent a leurs enfans . Et quad ilsvayent les ^ o n t
i Çhrefiiens manger chairs filées,Us les reprennent ccm eu hor-
' me de chofi impertinente, difians que telles "viandes reuila
' Uurabbreperont la"pie . ils "vientau refie de toutes e- f j™ir i a "
n î i i • rr i r - ' / iec*
Jpeces de "Viandes, chair ey poijjon ,le tout rofii a leur y i a i u j e s
" mode. Leurs Inondesfiont befies fiauuages, rats de di- ordmai-
fyerfesefeeces ey grandeurs , certaines efipeccs de cra- res ces
faux plus grands que les nofires, crocodiles ey outres, -- u u a-
i
-,-r * r i r g".
qu ils mettent toutes entière s Jus le feu, auecques peau °
' ey entroiUes: ey en "pfent ainfifions autre difficulté:
"Paire ces crocodiles,lefardsgras comme "Pn cochô d'l>n
moys,
LÉS S I N G V L A R I T E Z
Lcfart moys, ey longs en proportion, qui efi "Pne^ "Piandefom
d-.i. Am: foiande,tefmoings ceux qui en ont mangé.Ces Ufardf
nt ucs
l font tantpriuez. qu'Us s'approchent de "Pons, prenant
loftre repas que fi "Pous leur tette z. quelque chofi, ils
l.i prendrontfans crainte ou difficulté. Ces Saunages Us
tuet à coups deflèches. Leur chair refitble à ceUe dl>n
poulet. Tonte la liiade qu'Us font bouillir font quelques
petites ouiftres, et autres cfiaiUes de mer . Pour man-
ger ils riobferuent certaine heure limitée , mais a tou-
tes heures qu'ilsfiefcntent auoir appétit ,fiit la nuifli
après leur premier fommcil fe hueront trcsbien pouh
S i lencc manger,puisfi remettront à dormir. Pendant le repas) (
dcsSau- Us tiennent "Pne merueilleuficfilcnce , qui efi louabh\X
cquans de nous, qu
• au heu de manger: ey ïamais ne mangent, que
la "Piande nefaitfuffijammet refroidie, ils ont "Pne che
fi fort cfirage: lors qu'ils manget^ils ne buront iamaii^
quelque heure que cefioif.au contraire quand Us fi met.
tront à boire, ne mangeront point ,cy pafferotainfi en.
biiuant "Poire "Pn iour tout entier. Quand ils font leurs
grands banquets etfilenmtez.,come en r.uelquc mafia,
cre,ou autre filennité,lors ne forât q boire tout U lour*
fans manger.ils font bruuages de gros mil bloc et noirg
Auary V*'^ nomit e» hur lague Auaty : toutefois peu après
bruuage. «*«r amfe' beu,ets'efircfiparés Us "Pns des autres, ma-
gcrotindiffer'emettaut ce quifietrouuera. Les paume*.
Piuentplus depoijfon de mer,ouifires, et autres chofisi
Jemblables , q de chair. Ceux quifiantlomg de la mer
pejchet aux nuieres:aufii ont diuerfité de fruits,ainfi
que
DE LA F R A N C E A N T A R C T . *é
ïiffînature Us produit, néanmoins "piucnt longtemps Manière
7
r- \" J-a i c . 1 *J devmrc
joints ey dijpas, Icyfautmter que les anciens ontplus i •
çimuncmcnt"Peficudepoiffon q de chair: ainfi q fiera- c iens.
dote afferme des Babilontès, qui ne "piuoyent q depoifi
JôttkLes loix de Triptoleme,félon Xenaphi, defondoiêt
AUX Atbenies ("pfage de la chair\Ce ri est die chofi fi
eflrâge depouuoir linure de poiffonfiant"pfioge de choir.
Et me-fines en nofire Europe du commencement, et a-
uont q U terrefufi ainfi cultiuée et habitée,les homes Les hoir*
TStuayetencarres pinsaufteremetfions chair ne poiffon, mes tant
ri ayons (indufine den"pfir: et toutefois efioyent robu P m s *? n t
fles,et"Ptuoyent longuement,fins efire tant efféminés, ^ . . J L
que ceUx de nofire temps: lefqueh doutât plus qu'Us m e nt,&
fini traités délicatement, ey plusfiantfiubietsà maht- moins
tkes,ey débilités . or noz. Sauuoqes "pfient de chairs fontro-
û
bulles, •
eypoiffons , comme nous auons dit : ey en la maniè-
re qui lions eft icy monfirée par figure. Quelques
"Pnsdiceux fe couchent en leurs hBs pour manger,
au
LES S I N GV L A R I T E Z
fe mile de gr odeur et de couleur à U pefche de ce pas:
du jus duquel ils font certaine teinture,dont Us teignit
aucunefoistout leur corps. La manière de cefie teintw
Manière m ( fn teUc,iespduures bcfiiaux riayas antre moyeh'
d c ime
de tirer le fuc de ce fruit,font contraints le mâcher,corn
teinture J , * « • i
dc ccft me s'ils le "Pouloyent ouaUerputs te remettent ey epret '
o rbre Ge gnent entre leurs mains, pour luyfaire rendre fin tus,
nipat. amr, que Aine effonge quelque liqueur,le quel fuc ou
jus efi aufii cler qu'eau de roche. Puis quad ils ontlou
Un-defaire quelque moffocre, ou qui Is fi "Peulent lift
ter Us 1ms Us autres, etfaire quelque autre filennitét
ils fi mouiUent tout le corps de cefie liqueur : ey tant
plus qu'elleJe défiche for eux,et pins acquiert couleur
"piue.Ccfte couleur efi quaft indicible,entre noirecy '
azurée,ri eft ont iamais enfin "Pray naturel, tufiquesk
ce queUe ayé demeuré (efface de deuxtour&fiuslè
corps, cy qu'elleJoitaucunementfietchée.Ets'enlent
ainfi ces panuresgens autant contens, comme nausfoi-
Jons de noftre 1/eloux ey fiattn, quand nous allons oit
fefl e,ou autrement .Lesfemmes fie teignent de cefieent '
leur plus couitumierement 1que les hommes . Et note-
Manière re en* n i - r i i r • • ,i
des Sau= <. ccjtendroit que fi les hommes font wuitezje
' a»cs à dix ou douze lieues pour aUer faire quelque cahouittâ
f: coloi nge auecques leurs amis,auant que partir de leurl/ibr
c coi^s. ge,Us pèleront quelque arbre, dont le dedansfierarou-
ge,iaune,oude quelque autre couUur , ey le hacerM
fort menu,puis tireront de la gomme de quelque aifiW
vfub g5 arfjre ' htqMUe ils nomment Ffiub, cy s'enfirottéM
Wc> tout le corps combien qu'eUefoit propre auxplayesM
fi que foy lieu par expérience:puis par d'ffus cefie m
me gluante effondrent de ces couleursfufdites.
Lit
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 57
Les autres au heu de ce bois mettront for ce petites
plumes de toutes couUars, de manière que "Pons en "Per
rez. de rouges,commefinerfcarha te", les autres d autres
couleurs : ey autour de Uurs tefiesportent de grands
pennacbcsbeaux à merueiUes.Foyla de leur Genipat.
Cefi arbre portefueilles fimbLbles à ceUes du noyer :
ey Ufruit lient prefique au bout desbranches, ("Pne
fur (autre d ~Pnefaçon eferange. il s'en trouue "Pn au-
tre aufii nommé Genipat, mais fin fouit efi beaucap cn, P at »
plus gros,y- bon à manger. AutrefinguUrité dlrne ^Ie
herbe,qu'Us nomment en Uur htngue Petnn , laqueUe f'etun
Usportent ordinairement auec eux, pource qu'ih (efii herbe, Se.
ment merueilUufiment profitable à plufieurs chofes. c o r n m e
EUereffembU à nofire bugloffe: vfenc
QrtlscueUUntfigneufiment cefie herbe, et la font
fèuher à (ombre dans Uurs petites cabannes. La manie
re den "pfier eft teUe ils enuelappcnt, efeant fieiche,
jUque quantité de cefie herbe en "PnefueiUe de pal-
mier,qui eftfortgrande,ey U rollent comme de ht Ion
gueurJUme chandelle,puis mettét U feu par "Pn bout,
ey en reçoiuent lafumée par U nez., eypar la bou-
che. Elle efifortfalubre, dtfient ils, pourfaire difiiUer
ey confiumer les humeurs fuperflues du cerneau . Da-
uantage prifie en cefiefaçifaitpafferU faim eylafoif
pour quelque temps '. Parquoy ih en "pfint ordinaire-
jjpsUjmefmes quand ils tiennent quelque propos entre
eux, Us tirent cefie fumée, ey-puisparlent : ce qu'Us
font caufenmierement etfùccefituement ("Pn après (au
tre en guerre, ou ellefietrouue trcfiomode. Lesfemmes
ri enyfient aucnnemit. Fray efi,que fi ( on prend trop
de cefiefumée mparfun,elU entefie çy enyure,com-
1 } m<
LES SINGVLARITEZ
au moins font afiis,Jfecialemet le plus "pieil dl>nefa-
milleferadedansJon hB,cy Us autres auprès,luyfat
fions leficruicc:commefi nature les auoit enfiignezj
porter honneur à "pieilleffe .Encores ont bien ceile bon
nefeeté,que le premier qui a pris quelque greffeproye,
fait en terre ou en eau, tien difirtbuera à tous prtnch
paiement aux chrefiiens, s'dy en a,et Us inuiterontli
beralemcnt à manger de teUe liande, que Dieu leur
donne,efitmansreceuoir mimefi "Pous les refufizjiï
cela . Et qui plus efi, de prime face que l'on entre dt\m
leurs logettes, ils "Pous demanderont en leur langue,
MarabifTere, comment as tu nom: car "Pous"pous pou-
uez.affeurer,que s'ils lefiçancnt unefiais,iamaisne (o- '
bhront, tant Us ont bonne mémoire, eyyfofi CytM
%oy des Perfies , Cyneas légat du l{oy Pirrhus,Mitbm
dates,ne Cefior, Ufiquels Pline récite auoir efié de tri-
bonne mémoire :ey après leur auoir refeondu quelque
proposions demanderont, Marapipo, quel/eux tu
dire,ey plufieurs autres coreffes. >
1
Contre l'opinion de ceux qui cftiment le»
Sauuages eftre pelus.
CHAP. XXXI.
Ouriat que plufieurs ont cefiefoUeopinio
que ces gens que nous appellos Sanuageif
ainfi qu'ilzliiuenipar les bois et chapsi
la manière prefique des befies brutes,efikj
poretUement ainfi peins par tout le corps, comme In
ours,"pn cerf, Imhon, mefimes les peignentainfien
leurt \
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 59
leurs riches tableaux : bref,pour defirire "Pnhime Sau
uogefihluy attribuerit abondace depoil,depuis lepied
iufques en tefie,comme "Pn accident infeparable, ainfi
qu'à In corbeau la noirceur: ce qui efi tataUmet fiauxi
mefines t'en ay "Peuquelques "Pns obftinezjufques là,q
ilsaffcrmoyent obfeinément iufques à turer dline cho-
fi , qui Uur efi certaine, pour ne (auoir "Peui-.combien
queteUefiit la dmune opinion. Quant à moy,je lefiçay
ey (afferme affleurement,pour (auoir ainfi "Peu.Mou
toutou contraire , Us Saunages tant de l'Inde orienta-
it fque denafere Amérique , iffent du "Pentre de leur
mère aufii beaux eypolu,que les enflons de nofire Eu
ripe. EtfiU poil Uur croifi parfùccefiion de temps en
aucune partie de leur corps, comme ilomet à nous au-
tres,en quelque partie que ce fait, ils l'arrachent auec-
1
ques les engUs,refirué celuy de la tefie feulement,tant
thant cela en grand barreur , autant les hommes que
Usfemmes.Et dupoildesfiurcUs, qui croifi aux hom-
mes par mcfùre,leursfommesletendent ey rafient a-
ueclmecertaine herbe trenchonte comme"Pn rafiir.
^Êfleherbereffembleauioncqui "pienprès des **«•*•• Efpcce
Et quant au poil amatoire ey barbe du "pifoge, ihfie d'herbe
(mâchent comme au refiedu corps . Depuis quelque ^ ^ o r
i|jbi ença, ils ont trouue U moyen défaire ie nefçay c e c
'_>> r 1 1 1 1 11 r - coupper.
mukespmjettcs,dont ils arrachent le poil brujquemet.
W* Car depuis qu'Us ont efiéfrequentez.des chrefiies,
U^yintappris quelque ifage de maUer Ufer. Etpour-
iefye'croire^,dorefhauant (opinion dmune ey façon
defaire des peintres, aufiquels efi permifi "Pne licence
grande de peindre plufieurs chofies à Uurfiniedificre-
tion, ainfi qu'aux Poètes défaire des comptes. Que
l s'il
LES SINGVLARITEZ
me lefumet d"Pn fort "pin. Les chrefttens estons au*,
lourdhuy par delà font deuehus merueilleufemeni
prions de cefie herbe ey parfun ; combien qu'au com-
mencement (l>fage ri efi fions danger auant que (on-j
fiait accouftumé : car cefie fumée caufie fiueurs eyfih
bleffcs,iufques à tomber en quelque fincope:ce quehy
expérimenté en moy mefine. Et ri efi tant efirage qu'il
fiemble, car Ufietrouue affes d'autresfruits qui ejfitH*
fient U cerueauyCombien qu'il} fiyent délicats cy bons
à manger.Phne récite qu'en Lyncefie à "Pne fontemt,
dont l eau enyure les perfinnes : Je mblab lement Ine
D e
f? ç ~ tutreenPaphlagonie.Quelques "Pnspenferontn'eftre
teinc & Iray,mais entièrement faux , ce qu auons dit de ceflê
fa pro- herbe,comme fi nature ne pouuait donner teUepniJfiè
prieté. ce à quelque chofifienn:, bien encoreplus grandeimtl
mes aux animaux,filon les contrées,ey régions,potttjf
quoy auroit eUe plus toftfruftré ce pais dlm tel btnti
fice,tempéré fions comporaifionplus que plufieurs au-
tres?Etfi quelqu'un ne fi contentait de nofire tefimiA
gndge, h fi Hérodote, lequel en fin fécond liurefÂ
mentii d"Pn peuple d Afrique 1/iudnt dherbcs fiu\
lement. Appian récite que les Parthes banniz. Cfr
cbafiés de leur pais par M. Antoine ont "Pefiu decet*
tome herbe qui leur ofioit la mémoire toutesfois auay*[
ent opinion queUe Uur donno'it bon murrtffemenîfa
combien que par quelque cfipaee de temps ik
mouraient.Parquoy ne doit (hiftoirt
de nofire Petun eftre trou-
vée effrange.
" m
D'VIV
DE LA FRANCE A N T A R C T . 6d
DVn arbre nommé Paquouere.
c H A P . x x x II i.
| Vis que notufemmesJiorlepropos des ar-
bres,fe défiertray encoresquehjulin,non
pour amplification duprefint difiours,
maispour L grande "Pertu eytncredi-
bUfingularité des chofes : cy que détehnefi trouue
pardeçamnpas en (Europe, Afite,ou Afrique. Cefi
arbre donc que les Saunages nomment Paquouere ,efe - - ,"
parmature U plus admirable,quifie trouua oncq'.Pre arbre no
mierementtlriefi pas plus haut déterre iufques aux mé Pa-
branches,qùline broffe ou enuiron,ey degrojfeurau- quauere.
Ut qulin homme peut empoigner de fis deux mains:
tria s'entend quand U efi "Penu a tufie eraiffance: ey
en eft ht tige fi tendre, qu'on ht coupperoit aisément
d>n couiteau. Quant auxfutilUs, elUsfint de deux
pieds de (argeur, ey de longueur "Pne broffe, "Vnpié
'ty quatre doigts:ce que iepnis affleurer, de "Perité
fen ay "Peu quafi de cefie mefine effece en egypte et,
en-Damas retournant de lerufolem:tontesfais tafueil-
U n'approche à ht moitié près en grandeur de ceUes de
(Amérique, ily a dauantage grande différence au
ffiiit'.car celuy de cefi arbre,dont nousparlons , efe'le
%Ungueurd"Pnbonpié : c'eft àfiçauair Upb*Ungy.
et eftgros comme "Pn concombre , y retirai* *ffes bien
quant à la façon.
Ce fruit qui nomment en Uur Ungue Pacona, est pâconaA
tresbon, "Penu en maturité, ey * bonne cocoBian. Les fruit.
Saunages UcmUent auant qailfiait tufiement meur,
/ 4 Uqne\
LES SINGVLA RITEZ
lequel ils portent puis après en leurs logettes, comme
tan fait lesfruits par deçà. il croifi en (arbrepar mon
ceau,trente ou quarante enfimble, et tout auprès ("pn
dc (autre , en petites branches quifont près du tronc:
comme pouuez. "Pair par la figure que f ayfait repre-
fentercydeffons.
^Plfe»coreplusadmirabU,eefiarbreneper^
*^fruitqu'linefou.LaplusgrUpartdecesSaù
ktnAmn d
cTjtST , ™h^nourr>ftde
le5 m
Zcïiïorl ^ M^nammentmyrirs,le^
quelalioir pourfiafyn ey grandeur (anefitmerok
taint
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 6l
taine herbe , quiportefueiUefimblabU à ceUe de pal-
me tant en ligueur que largeur. Ce fruit efi lig dyne
paulme,en façon dlme noix de pmfiinon qu'il efi plus
long, il croifi au milieu desfiseiUes, au bout d"Pne "Per
ge toute ronde :ey dedans fi trouue comme petites noi
Jettes, dont U noyau efi blanc ey bon à manger,finan
que la quantité ( comme efi de toutes chofies ) offenfi le
cerueaudaqueUeforce (on dit efire fimblabU en U co-
jtiAndre,fieUeriefi prepdrée : pareiUementfi (autre
tfioit ainfipréparé,peut efire qu'ildepouiUeroit ce~pice
H&ewtmeins lesAmériques en mangent,les petits en-
fins principalement. Les champs enfint tous pleins à
deux lieues du cap de F ne,auprès de grands marefia-
ges, que nouspaffames après auoir mispié à terr eàno
flre retour, le diray enpaffant,outre lesfruits que nous
"pifinespres ce marais,que nous trouuames "Pn crocodi-
le mortfde la grandeur dlrn ~Peau,qui efioitlienu des Qtocox.
prochains marais,ey ht omit efié tué: cor Us en mon- j e mort.
gentU chair,comme des Ufiords,dont nous auons parlé
ils le nomment en leur langue lacareabfiu: et font plus }
grands que ceux du Nil. Lesgens du paisdifient, qu'il Iacarc-
yt >» marais tenant cinq lieues de circuit,du cofié de aD">u.
iirnomeri,difiant de la ligne dix degrézjtirant aux
Canibaies, au ily a certains crocodiles, commegrands
boeufs,qui rendent "Pnefumée morteUepdr UguenUe,
ttfUmentquefit (on s'dpproche d'eux,Us nefaudrontà
"Ponsfaire mourir:ainfi qu'Us ont entendu de leurs on
teftres.Au mefine lieu,ou croifi ce fruit dont nous par ^ç
Ions,fitrouue abondace de heuresfimblables aux no- d e iie_
ftres,horfimit qu'ils ne fontfitgrands ,ne de fimblabU ures.
nuUur. Làfietrouue aufit "Pn autrepetit animât,nom
LES S I N G V L A R I T E Z
mé Agoutin,grand comme "Pn heure meficreu, le poil
Agoutin comme -ynfenglier,droit ey eleuéja tefie comme ceh
*mmxl U dlngros rat,les oretUes, ey la bouche d"Pn heure»
ayant U queue longue d"Pn pouce,glabre totalement
fiur le dos, depuis la tefie iufques au bout de la queue,,
le piedfiourchu comme "Pnporc. ils "piuent de fruits,
aufii en nourrifiet les Saunages pour leur plaifir,iein^
que la chair en efi tresbonne à manger.
La manière qu'ils tiennent à faire
incifions fur leur corps.
CHAP. x x x 1111.
L ne fififit à noz. Saunages deflre tôt»
nuds, cyfi peindre le corps de diuerfis
couleurs ,d arracher leur potfmais pourfe
rendre encore plus difformesfilsfieperfint
U bouche estons encores teunes, auec certaine herbe <
fort aiguë : teUement que le pertuis s'augmente auec»
ques U corps : car Us mettent dcdanslme manière le
Vignot, l>ignots,qui efi"pnpetit poiffonlonguet, ayant (efietm
Pc"5. dureen façon de patinotre,laque lie ils mettent dont te.
™ ' trou quad lepoiffon eft hors,et ce en forme d"pndoiftlf
ou broche en "Pn muy dc "pin: dont le bout plus gras efc
par dedans, cy le moindre dehors ,fius la leure baffe.
Quand Us font grandsfus point défi marier , Us por-
tent degroffes pierres, tironsfins couleur demeraûd/,
Pierre ti ^ enfmt,,//. eftimc,qu'il rie ft facile den recouurtt
rant lus j> r i r • i •J , „ »'
eux t m ne Leur att
couleur 'i J quelque grandprefient,car élut
d'eme- fint rares en Uur pais.Leurslioifins ey amis prochainsj
'-• apportent ces pierres dîne haute montagtie, qui eft
a*
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 6l
aupais des Cannibales, lefqueUes ilspohffent auec "Pne
outre pierre à ce dédiée ,fi naiuement, qu'il riefipofi-
flbleau meilleur auurter defaire mieux. Etfepour-
royent trouuer en cefie mefine montagne aucunes eme
rondes,car foy "Peu teUe de ces pierres, que (on eufi m
gée~Praye emeraude. Ces Amériques donc fi défigu-
rent ainfi,ey diffarment de cesgradspermis eygrofi-
fespierres au !nfàge:à quoy ils prennent autât de plat
fir,qu"Pn Seigneur de ce pats à porter chaînes riches
fyprecieufis : de manière que celuy d'entre eux qui
enporteleplus , efi de tantpins eftimé,ey tenu pour
^oyeugrandSeigneur : ey nonfiulement aux Uures
eyàla bouche, mais aufit des deux coftez^des loués.
Les pierres que portent les hommes,fiont quelquesfois
Urges comme "Pn double ducat etplus,eyeffeffes d"Pn
grand doigt: ce que leur empefichelaparalle, teUement
qt*'à grande difficulté les peut on entendre quand Us
pittcnt, non plus que s'ils ouatent la bouchepleine de
farine. Lapierre auec fa comté leur rend la leure de
Vejfoubs greffe comme lepoing : eyfeUn lagroffeurfi
^tefetmcrla capacité dupertuis entre la bouche ey
"\cnton.Quand lapierre efl ofiée,s'ils "Peulentpar-
oriliait leurfiahuefiortirpar ceddmt, chofi hideu
Je àlroir: encor es quand cefie canaiUefelieutmoquer,
ils tirent la langue parla.Les femmes eyfiUesncfiant
iinfl difformes : liray efl qu eUes portent à leurs oreil-
ks certaines chofies pendues, que les himesfont de gros
Trignots ey coquiUes de mer:eyefi ce lafait dme "Pne
tkandeUe d"P~n lidrdde langueur ey groffcur'. Les
hommes en outreportent croiffans longs et larges d"Pn
féifius lapoitrine,etfiant attachezau col. Aufii enpor
"••' ttnt
LES SINGVLARITEZ
tent communément Us enfons de deux à trois ans. lit
Cotlicrs pûrUnt aufii quelques coUicrs blancs, qui font dîne
d c vi
" autre efipece de plus petits "pignots, qu'ils prennent en
S e ' d e la mer ,çy Us tiennent chers ey en grande estime.
patmo- Cespotinotres que (an "Pend maintenant en France,
très blan lUnches quafi tomme iuoire,"Piennct delà, ey Us font
chcs. eux me fines Les matelots les achètent pour quelque
chofi de ~pilpris,ey les apportentpar deçà. QuandeP
les commencent à efire en "pfage en nofire France,(A
1/ouloitfaire croire que c'efiott coral blanc :mau dcpuiï
aucuns ont maintenu la matière de laqneUe ellesfinj
faites efire deporcelaine.On les peut baptifir ainfi que
BrafTe- ^on ^eut. Quoy quilenJoit,efiantdnpaïsfen ay Itu
Jets d-ef- dos de poiffon. Et lesfemmes portent braffelets de ces
cailles dc efiaiUes de poiffon, ey fontfaits tant ainfi qu"Pn gar\
0
Pf'T
Deformt "'. debras de
, £>o-endarme. ils Jefiimentfort
•> cesi petitesi pati-
.
te des nôtres de verre,que l on porte de deçà.PQUTle comblt,
Ameri- de deformité ces hommes ey femmes le plusfiomtyit.
ques. fiont tous noirs, pour efire teins de certaines couleurs et
teintures.qu'Us font de fruits d arbres, ainfi que défis
nous auons dit, çy pourrons encores dire, là je tetgè
ey accoufiret les "Pns les autres. Les femmes accoufii
les hommes,Uurfoi fans miUe gentiUeffes,commefig
res,andes, ey autres chofiesfimblables,déchiquetéesfi
menu qu'ilriefi pofiible de plus.On ne ht point que Jet,
autres nations en ayent ainfi "pfié On trouue bien que
Us Scythes aUonsloir leurs omis,quand quelcun eftok
decedéfiepeignoyent le l>tfiage de noir. Lesfemmes de
Turquie fi peignent bien Us ongles de quelques cou*
Uurs rouge ou perfe,penfiont par cela efire plus belles:
nonpas le reste du corps, le ne "Peux oblier que Us fer»
met
DE LA F R A N C E A N T A R C T." (5j
tnes en cefie Amérique ne teignit le "Pifige ey corps v
de Uurs petits enflons de noirfeulement, mois de plu-
fieurs autres couleurs, ey dlineJpecialcment qui tire
fur U Bah armeni, laquelle ilsfiontdline terre graffe
comme argiUe, queUe couUur dure (efipace de quatre
tours. Et de cefie mefime couleur les femmesJe teignit
Uriambes,de manière qu'à (esl/oir de lomg,on les efii
vnerott efire réparées de beUes chauffes definefiamet
noir.
-Des vifions,fonges, & illufîons de ces Ame
t J_}ues3& de la perfecution qu'ils reçoi-
uent des efprits malins.
c H A P. x x x v.
Efichofiadmirable, que ces panuresgts, Pouf-
encores qu'Us nefiaientraifinnables, pour qnoy les
efire priuez. de ("pfiife de "Praye rai fin, "
11 n- ° J ^ r rt ques fot
ey de lacongnoijjance de Dteu,JontJub- f u i,j cts
iets àplufieurs illnfions phantafeiques, ey perficutiis a u x p f r .
de (efpnt malin. Nous auons dit,que par deçà adue- fecutiôsj
'mit casfimbUbU auant (aduenement de nofire Sei- ^ u malin
Skur :car (efprit malin ne s'efiudie qùàfieduire ey e Prit*
webaucher U créature,qui efi hors de lacongnoiffance
de Dieu . Ainfi ces panures Amériques "Payentfiou-
uent In mauuair efiprit tantofi en "Pneforme,tan toit
en "Pne autre, lequel ils nomment en leur langue A- Agnan,
gnon, ey Usperfiecute bienfiuuent tour ey nuit,non q" e veut
feulement (ame,mats aufit le corps,Us bafeant ey on- 5"rc c a
trageant excefiiuement, de manière que aucunefois desSau-
"Pous Usorriez/aire "PncryepouUêtabU,dijàns en leur uages.
Ion-
LES S I N G V L À R I T E Z
langue , s'ily a quelque chrefiien là près, Fois tu pat
Agnitn qm me bat, défends moy,fi tu"Peuz,que ie te
férue,ey coupe ton bois: comme quelquefois on Us fout
trouatUer pour peu de chofi au bon de brefil. Pourtant
nefirtcnilànuitde leurs logettvs, fans porter du feu
auec eux, lequel Us difient efirefiuueraine deffenfity
remède contre leur ennemy. Etpenfioys quandprcmic*^
remit (on m'enfaifoit le récit, quefufifable,mais jay
"Peupar expérience cefe efiprit auoir efié chajjépar In),
Chrejlien en inuocat et prononçât le nom de I ES FS\
C HRJST. il adulent le fimblabU en Canada eyeiA
la Guinée,qu'ils font ainfi tormentez^dâs les boisprin
cipalcment,ou Us ont plufieurs "Pifians : eyappeUent en
_ . . leur langage cefi efe'rit,Grigri. Dauantage no^.Sou-
° uages ainfi depourueuz.de raijcn, cy-de la cognoiffaH
ce de "Ventéfont fort faciles à tomber en plufieurs fol*
Opinion hes cy erreurs.ils notent ey obfiruent fesfinges dili-
des Sau- gemment,efiimans que tout ce qu'Us ontfingédoit in*
nages continent ainfi aduenir Sils ont fingé qu'ils doiucnf\
touc ant amir ytfam fa [eurs enmmti) 0u deuoir eftre "Painr
CHi
ges. > 'Pous ne leur pourrez, diffuader qu'ilriaduienne
Songes ainfi,le croyons aufii affeurément, comme nousferions
naturels l'Euangile. Fray efi que les Philofiophes tiennent au-
cunsfionges aduenir naiureUement, filon les humeurs
qui dominent,ou autre difpofitH du corps: comme fion*
ger lefiu,(eau,chofes noires,ey femblables:mau croi
re aux autresfanges, comme ceux de ces Sauuages,eft
impertinent,cy contraire à la"Praye religion.Macro-
be au Sonp de Scipion dit aucunsfiongesaduenir pour,
hlianindesfiongeurs, les outres "Pienncnt deschofett
que (on à trop appréhendées. Autres que no^Sauuaft
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 64
resont efié en cefie foUe opinion d adionfier foy aux
firnges:comme les Locedemomens,les Perfics, ey quel
ques autres.Ces Saunages ont encores "Pne autre opini-
on effrange ey abufitue de quelques "Pns d entre eux
Jm'ihefliment"Prays Prophètes, ey les nomment en
î eut langue Vâgès,aufque h ils déclarent Uursfionges,Pages
ty Us autres les interprètent : ey ont cefie opinion, P^pa*'
\quik difient la "Pente. Nous dirons bien en cefi endroit
auec Philonje premier qui a interprété les fionges, ey
filmTngus Pompetus, qui depuis a efiéfortexceUent
êÈtjffe mefinefiience.phne efi de ceft aduis queAm ..
phiBion enaeflék premier interprète. Nous pour- Qy^f^
rions icy amenerplufieurs chofies des fanges ey diui- m i « ia-
,nations,ey quelsJongesfiontlieritabUs,ounon,enfimterpréte
ble de leurs ejpeces, des confies,filonqu'en auons peu " c s ""^
yoir es anciens Auteurs : maispource que cela repu- °
pie à nofire religion, aufii qu'il efi défendu y adion-
fier foy,nous arrefiansfiuUmentà (eficritureJointe, et
À ce qui nous efi commandé,te me déporteray d'en par-
ler dauantage : m'affeurant aufii que quehque chofi
1 qu'an en "PeuiUe dire,que pour "Pn eu (on pourra cuil-
m aucune chofie,onfiepourra tromper en infinité d'au-
^tres. Retournons aux SauUagesde (Amérique. lU
fartent doncgronde reuerence à ces ProphètesJùfi
.JWnmczjUfiquelsils appeUent Pages on Cha
raïbes, qui "Pont autant à dire, comme
Demi dieux : ey fiant "Prayement pa}Ȏs,on
idolâtres,ne plus ne rrioins Chat aï-
que Us anciens Gen-< bc s.
tih.
v Des
LES S INGVLARITEZ
Des faux Prophètes & Magicics de cepa«
qui communiquent auec les efprits
malings:& d'vn Arbre nommé
Ahouaï. C H A P . x x x v r.
E peuple amfii elongné de la lieritéoutn \
Usperficutios qu'il reçoit du malin cjjnw
ey les erreurs defiesfionges,efi encores jt
hors de raifion , qu'il adore U Diablepa'le
O uels moyen d aucunsfiensmmifires, appeUez„Pagés, défi
font les quelsnons au osdéfia parlé. Ces Pages ou CharaïtfHf
Tiophc- fint gens de mauuoifeliie, quifiefiontadonne zj*ferêt
*es e s au Diable pour deceuoir leurs "Poifins.Teh impofttùflk
ges nom four colorer Uur mefichanceté,eyfiefaire honorer en*
me z Pa- tre Us autres, ne demeurent ordinairement en "Pn lieu '
gés,ou ainsfintliagaborids, errons ça ey là par leS bois ey
h *v'J titres lieux, ne retournons point auecques les autrtt^
leurs im V*e ^len rarement ey a certaines heures, Uurfoifim
poftures. entendre, qu'Us ont communiqué auecques les efpriti,
pour les affaires du public,ey qu'il faut faire ainfttjtt
ainfi,ou qu'iladuiendra cecy ou cela:ey lors UsfinwT
cens ey careffoz. honorablement,cfiants nourris et ètF
tretenuzfonsfaire autre chofi: encore s'efiimentUM
heureux ceux la quipeuuent demeurer en leur bonnt
grace,ey leurfaire quelque prefient, s'iladuientpa-
reillement qu'aucun d entre eux aye indignatuntjk
quereUe contrefinprochain , ils ont de cbufiume dr%
retirer "PersfesPzgés, affin qu'Us facent mourir f a
faifion celuy ou ceux aufiquels Us "Peulent mal. Entrf-
autres chofes ils s'aident d"Pn arbre nommé en UurbA
LES S INGVLARTTEZ
pefiheurs ordinaires . En cefie mer de Terre neuue fi
trouuelme autre effece depaiffon,que les Barbares du
pais nomment Hehec, oyat le bec cime "Pnperroquet
.!}. cc ' ey autres poiffons défiai Ue. il fie trouue en ce mefine
* ' endroit abondance de dauphins,quifiemofirent le plue
fouuentfus les ondes,et àfleurde (eau, fautas eylielù
Prefage gcanspar deffus : ce qu'acuns eflim'et efire prefàge de
des tem- tormites et t'epefees, auec "Pis impétueux de la part dot
pcftes. Us "piennent,corne Pline recite eylfedore enfies Etymt
* lagies,de ce que aufit (expérience m'a rendu plus cer-»
I re. tam,que (autorité ou de'Pline,ou autre des anciis.Sos
efiongner de propos,aucuns ont efint qu'tly a cinq effe
ces deprefiage etprognofiic des tempifies futures fut la
mer, cime Polybius eftot auecques Scipian Aemihon
en Afrique. Au fur plusy a abondoce de mouUesfort
Ani- &,roIfes- R* 1 "' aux animaux terreftres,l>ousy en trou
maux uerezyn grand nombre ,et befles fortfauuages eydan'
«ftrâges. gereufis,cime gros ours, lefquelspfque toutfiont biais>
Et ce que ie dy des beftcs s'eftendiufques aux oyfiaux
defiquels U plumAgeprefique tirefur le blanc: ce que''se.'
penfi auenir pour l'excéjsiuefroideur dupah.Lefiputh
ours iour eynuytfint importuns es cabanes des Sauua
ges,pour mager leurs huiles ey poiffons, quand il s'en "*
trouue de refirue, Quant aux ours encore que nom en
ayis amplemet traité en noftre Cofimographie de Leuat
nous dirons toutefois enpafiat cime l'es habitas dupait 1
Us prennent afligez.de (importunité qu'ils Uur font»
Docques ils font certaines foffes en terre fort profondes
près les arbres ou rochers,puis les couurent fifinemcntr
de quelques branches ou fueiUages d'arbres :et ce là au
quelque effam de meUfihes à mielfieretire , ce que cet
eues
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 16*0
turs cherche tetfùyuent diligemment t ey enfantfort
Wionds, non comme ie cray tAnt pour s'en raffafier,
me pour s'en guérir les ieux qu'Us ont natureUement
milles,ey tant lecerueau, mefines qùeflanspicquez\
Wces moufihes tendent quelquefiangfifecialemetpar
Ufefte,qui leur apportegradallégement, llfe "Poit U
fkeeffece de befies grades dme buffles, portas cornes
tjfez. larges,la peaugrifiafire, dit ilsfontliefiemes : ey
plufieurs autres befies,defiqueUes Uspeaux font fort ri-
ikttttfinguliefes. Le pats aurefie eft motagneux ey
ptufrrtiU,tant pour ( inteperature de (air, que pour
Ufanditiondela terri-peu habitée, eymalcnltiuée.
Des oyfiaux ,ilne s'en trouue enfigrand riibre qu'en
(Amérique > euouPeru, ne défi beaux, ily a deux u * c
tffeces daigles,dit Usines hâtent leseau'ès,eyne"vi- drôles.
Mtgueres que depoiffon, ey encores de ceux qui font
Œpcflusdegreffes efiaiUes oit coquilles, qu'Us en le net en
ft%ir,puts les laiffent tober en terre,ey les ripent ainfi
pour mager ce qui efe dedas. Cefie aigle nidifie engras
Arbres fus U riuAge de la mer. En ce pais A plufieurs
beauxfleuues,ey abondance de bon poiffon.Cepeuple
ri appelé autre chofi, fini ce qui luy efe neceffaire pour
fitbfeenter leur nature, enfarte qu'ils nefiantcurieux
en "piades,etrieriPantquérir es pais loingtains,etfont
leurs nourrituresJames, dequoy auiêt qu'il neJçauent
que e'efi que maladies, oins "piuct en continueUe fonte
typaix, ey ri it aucune occafian de deeuoir enuieles
* ^Pns cotre Us autre:, à CAufie de leurs bits on patrimoine
torilsfont quafe tons égaux en bies,çy font tous riches
far "Vn mutuelcontent emet, et e qualitéde pauuritc.
lit ri ont aufii auculieu députépour Adminiftrer iufii
et
LES S I NGVLARITEZ
ce,parce qu'entre eux nefont aucune chofi digne de re
prebehfion.lh riot aucunes loix,ne plus ne moins que
noz.Ameriques ey autre peuple de cefle terre conti-
neteffinanceUede nature. Le peuple maritimefiemur
nfi comnnément depoiffon, corne nous auis défia dit: ,|
les antres efiongnez.de la merfiedtentit desfruits de
la terre, queUe produit la plus grad part fans culture,
ey efire labourée. Et ainfi en ontlifé autrefois les anci
Aulib ens,cime mefine récite Pline. Nous en "Payons encores
i6.de
l'hift. na. "Jfo<. autourd'huy,que la terre nouSjpduit eUe mefine
Virgile- fins efirecultiuée.Dot FirgUe recite que LforefiDo
I orcft 4onje commençant à fi retraire, pour l'aage qui Ufitr
motoit,ou bien qu'eUene pounottfiatisfatre au nombre
née du peuple qui fi multipliait, "Pn chafiunfut contraint
de trouaiUer etféliciter la terre: pour en receuoir emo
lumetneceffaireàlolne.EfPoila quoi à leur agficulttt
re .Aurefle ce peuple efl peufùbieB àguerroyer,fi
leurs ennemis ne Ufpiennet chercher. A lors ïhfiemet
tent
D E LA F R A N C E A N T A R C T . l6"l
tent tous en defonfe en lafaço et manière des Canadi- Manière
ens.Leurs infirumes incitas à bataiUer, font peauxde c ? U Ç"
r r
» / n • *> i 1 7 •7 r « 7 °yer d c s
bejtes tedues en manière de cercle,qui leurjeruet de ta Sauuages
bourins,Auecfieufies doffemens de cerfs, comme ceux de terre
des Canadiens . Que s'ils apperçoyuent leurs ennemis ueuue*
de laiog, Usfiprépareront de dbatre de leurs armes,-
I uifiont arcs eyflèches : cyauant qu'entreren guerre
rur principale guide,qri ils tiennent dme "Pn Roy,ira
tout le premier,armé de beUespeaux ey plumages,of-
fesfurles effaules de deux puiffans Saunages afin
qu'lrn chacun U cognaiffe,cyfoyentpripts à luy obéir
en tout ce qu'ildmandera. Etquadils abtientliiétai-
re,Dieu fiait dme ils U careffent.Et ainfi s'en retour-
nent loyeux en leurs loges oUec leurs baniersdéployées
qui font rameaux d arbres garnis déplumes de cygnes „ .
lioltigeas en l'air, ey portas la peau duPifioge de leurs . A . - '
ennemis,tendue enpetis cercles , enfigne de "PiBoire,
comme j'oyliàulureprefenter parla figure précédente.
Des ifies des ElTor es. c H A P . L X X X ' I i i. „ t
- . . , «Lfles aes *•
S L ne refteplns de tout nofire "Poyage, qu a Eflbres
traiter d aucunes ifies,qri Us appellent des pour-
EJfores, UfiqueUes nous cofioyamesà mainSuo)' a i a
dextre, ey nonfansgranddanger de non 1 n , o m "
forage:car trois au quatre degréz.deçà &'delàfouffleredou-
erdinairementPnlientle pins merueilleux,froid, eytées des
impétueux ,qu il efl pofiible : craintes pource rf^ec7, nauigas.
ey redoutées des p ilôts cynauigas, comme U plus dan
gerenxpaffage,quifiit en tout Ulioy âge,faitpour aUer
aux Indes}ou à (Amérique: ey panne z.penferqu'en
cefi endroit la mer ri efi i ornais tronquiUe, ainsfe Une
* T contre-
LES SINGVLARITEZ
contremont, tome nous "Poyansfàuuetefois que le "Peut
efleuelapouldre,aufeftusdelaterre,ey leshaulfe
droiBement contremont, ce que nous appeUis dmune
N
ment turbiUon, quifiefait aufii bien en la mer comme
en la terre,car en ("Pn çyen (autre ilfiefait dmelme
pointe de feu on pyramide, eyefleue (eau contremont,
dmej'ayPeu mainte fou, parquoy femble que lelient
a aufii "Pn mouuement droit d'embas dtremont, corne
EfTotcs. mouuemit circulaire,duquelj'ay dit erilm autre lieu.
Foy la parquoy eUes ont efté ainfiriimées,pourle grad
efjor que caufe celient es dites ifies'.corefforer liout au
tant à dire cimeficher,oueffnyer.Ces ifiesfiontdifian
tes de nofire France cnuiron dix degré z. eydemy :ey
fini neufen nombre', dont les meilleuresfiont habitées
auiourdhuy des Portugais, ou ils ont enuoyéplufieurs
efilaues,pour trauaiUer ey labourer la terre : laquelle
... , par leur dihgece ils ont riduifertile de tous bos fruits
des ifies neceffaires à la "Pie humaine, de bléprincipalement,
des EfTo- queUe produit en teUe abondance, que tout le pais de
res. Portugalcn efifourny de là: çyle trafforten t à beUes
nauires,auec plufieurs bons fruits, tant du naturel du
Htrcy. pdis,que d'aiUeurs,mais~Pn entre Us autres,nimé Hir
ci,dont la plate a efié apportée des Indes,car aupara-
uat nefietrouuoit nuUemet, tout ainfi qu'aux ifies For
tunées.Et mefineen toute nofire Europe,auat que Un
cimençaftà cultiuer la terre, àploter eyfiemerdîner
fit é defruits, Ushimesfe dtentoyentfiulement de ce
que la terre produifioit defionnatureltayaspour bruua
ge,de beUe CAU clereipourliefiemens quelques efiorces
de bois,fueiUages, ey quelques peaux,dme défia nous
auons dit.En quoypouuos">oir cUrement "Pne admira
ble
I
DE LA F R A N C E A N T A R C T . l6z
ble prouidence de nofire Dieufiequela mu en la mer,
fiit Oceane ou Méditerranée, grad quantité djfies,les
SPnesplnsgr ondes, les autres plus petites,fioutenans les
metsey tempefies dicelle,fions toutefois aucunement
%9uger,ou que les habitons enfitet de rien tndmodez.
(le Seigneur,dme dit le Prophète, luy ayant ordonné
fis bornes,queUe nefiçauraitpaffer) dont les "Pnesfint
habitées, qui autrefois efioient defirtes :plufieurs aban
donées qui iadis auoient efié peuplées, ainfi que nous
"voyons aduenir deplufieurs "PiUes ey cites de l'Empire
de Grèce,Trapezfide,et Egypte.L'ordonnace du Créa
teur efiat teUe, que toutes chofis çà bas nefieroyentper
durobUs en Uur efire,oinsfubiettesàmutatïô.Ce que
confideras noz. Cofinographes modernes, ont adioufié
aux tables de Ptoîomée les chartes nouueUes de noftre
temps, car depuis la congnoiffance ey le temps qu'il
efirtuoit,fint aduenuesplufieurs chofis nouueUes. Nez^
Effares donques efioyent defirtes,auant qu'eUesfufifent
congnu'éspar Us Portugais, plaines toutefois de bois de
toutesfortes : entre lefquehfè trouue "Pne effece de ce-
dre,nomé en lague des Saunages Oracantin, dont ils 9 " " n "
font trefbeanx ouurages, comme tablés,coffres,et plu- j P "
fieurs"Paiffeanx de mer. Ce bois efi à merueiUes odori- d r e .
ferant,eyn 'efifiubieBà putrefaBion,dmeautrebois,
fait en terre ou en eau. Ce que Pline a bien noté,que'de. Pline.
fin temps Un trouue à Rome quelques hures de philo-
fophie enlm Jèpulchre, entre deux pierres, danslm pe- Cofrre de
//"/ coffre,fait de bais de cedre,qui auoit demeuréfoubs
terre bien (efface de cinq cens ans. L'auontoge Urne
fiauuient auoir leu autrefois, qù Alexandre le grand isj a u ; r c
paffant en la Taprtbane, trouua "Pne nauire de cèdre de cèdre.
T X fins
DE LA F R A N C E A N T A R C T . Cj
gtie t\ho,Xloî,portAntfruitlieneneus et mortel, lequel
efi de Lgroffeur d"Pne chafioigne mayene, et efi liray
poifin,fpeciaUment le noïau . Les hommes pour légère
confie efiant courrouce zjdtrc leursfemmes Uur en don
nent,zy lesfemmes aux hommes. Mefimes ces malheu
reufes femmes,quand eUesfiontencemtes,fi U mary les
afafebées, eties prendront au lieu de ce fruit, certaine
herbe pour fefaire auortcr.Cefruit bloc auecfionnoïau
eftfait comme "Pn A delta , Uttre des Grecs . Et de ce
fruit Us Saunages, quand le noiau efi dehors, enfont
desfinnettes quih mettent aux ïambes,lefqueUesfont
aufii grand bruit comme Us finnettes de par deça.Lei
i Saunages pour rien ne donneront de cefruit aux efita
gers efiantfraiz.cuilly, mefimes de fendent à leurs en-
- fans y ot toucher aucunement, deuantque (e miauen
LES S I N G V L AR I T E Z
fait afié. Cefi arbre efi quafifimblabU en hauteur i
MZJw-'.crs. lia lafueiUe de trois ou quatre doigts de
lonoiH-.ir,cy deux de largeur, "Verdoyante toute t*n'm
tue. Elle a l'efiorce blanchoftre . Quand on en coupfe
quelque branche, elle rend "Pn certainfineblanc, ju*ft
comme laiB.L'arbre couppé rèndlme odeur merueih
Uujèmcntpuante.Parquoy les Saunages rien ifenten
aucunefiorte,meJmcs rien "Peulentfaire fou. le me dé-
porte de "Vous dejenre icy la propriété depltffieurs au-
tres arbres, portons fruits beaux a merueiUes, néant-
moins autant ou plus "Vénéneux que ceflui cy,datnm^
parlons, ey duquel"Pons auons icy prenfenté le pour*
trait au naturel. Dauantage il faut noter que UsSék
nages ont en tel honneur ey reuerece ces Pages ,f KM
les adorent ouplufiofiidolâtrent: mefimes quandilsre
tournent dc quelque port, "Pons "Verriez. UpopUMËc
aller au dcuatfeprofiernant, cy lesprier,difont,m
que ie ne fis malade,que te ne meure point,ne moyjHt
mes. enfin s : on autre ihofi.Et luy refipond, Tu ne moût
ras point,tu nefiraS malade ,etfie mblable s chofes.Q]/
s'il aduient qnelquesfiots que ces Pages ne dient un
rué, ey que les chofes arriuent autrement que lèpre-
fiage ,ils ne font difficulté de lesfaire mourir, comme
indignes de ce tiltre ey dignité de P&gés.Chacuifitl
loge,filon qu'il efi pins grad ou pins petit, nourriftln
ou deux des ces "Vénérables. Et quand U efi quefiiomÊ
fçauoir quelque grande chofi,Us "vfint de certainesce*
remontes eywuocations diaboliques,qui fi font en tth
nies de ^e manière. Or,forapremieremeiPne logette toute neuf
ces lro- ueien UqueUe ïamais homme n'aura habité, ey U de
phetes, doftj drefferont "Pn hB blanc ey net à leur mode:pu*
per-i
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 66
porteront en ladiBe loge grande quantité de "piures, auximio
comme du cahouin ,• qui efi leur baiffon ordinaire; fait cations
par "PnefiUe "pierre de dix ou douze ans, enfimble de &f •'c"
î c c - j • 7 i^r r i fpntma-
lapanne faite de racines,dont lUPfentau heu de pain. \m c a .
Et toutes chofis ainfipréparées,lepeuple aftemblé cen- houim
dnit ce gentil prophète en la loge,ou il demeurera fini,
après qu"Pne leunefiUeluy aura donné à louer * Mais
faut noter que auant ce myfiere, ilfiedoit abfienir de
fis femme (efface de neuf tours. Efiant là dedansfini,
ey le peuple retiré arrière, il fi couche plat fur ce liB,
ey commence Àmuoquer (efprit mahng par l'efface
d^ne heure, ey dauantage ffiaifontie nefiçay quelles
cérémonies accouftumées : teUement quefur la fin de
fies inuocations (efprit "Pient à luyfifflant,commeils di
font, eyfluflant. Les autes m'ont récité,que ce mau-
uais efprit Irient aucunesfois en la prefience de tout U
peupU, combien qu'Une le "Poit aucunement, mais oyt
quelque bruit ey hnrUmet .Adanc Us s'efcnent touts
dyne "Poix, en Uur Lngue,difians, Nous te prions dc
TnuUtr dire ht "Perité a nofire prophète , qui t'attéd
là dedans. L'interrogation eft de leurs ennemis,fia- f^\™
noir Ufiqueh emporteront la "viBoire, auec Us refipon- interro-
tes de mefine,qui difient,au que queUun fierapru ,cy gâtions
mangé défies ennemu, on que (autre fera offenfede |f"es.a
quelque befiefiauuage, ey autres chofis filon qu'il efl £J£*
interrogé. QueUun deux me dift entre autres chofis, H o U i o u i
que Uur prophète Uur auoit prédit noflre "Penne ils fira.
appeUi't cefl efiprit Houioulfira.Cf la ey plufieurs au
très chofies m'ont affermé quelques chreftiens, qui de
longtemps fie tiennent là:ey ceprincipalement, qu'ils
ne'font aucune entreprifie fions auoir lo refponce de
K i Uur
LES S I N G V L AR I T EZ
leur prophète t Quand le myfiere efi accompli, leprt-
phetefort,lequel efiant incontinent cnuironné duper*
ple,foit "Pne harangue, au ilrecite tout ce qu'il o enten-
du.Et Dieu fiait Us careffes ey prejins,que chacukj
fait. Les Amériques nefiontles premiers,qui ontprtr-
tiqué la magie abufiue : mais auant eux eUea efté fer
mihere àplufieurs nations, iufques au temps de nofin
Seigneur,qui a effacé ey aboli lapuiffance de Satha,
^ laqucUe il exerçoitjus le genre humain. Ce n'eft dm
f r fans caufi,qu'eUe efe défenduepar les efiriptureStD'i
M agie. ce^e magie nous en trauuans deux efipecesprincipal^
("Pne par laque Le l'on communique auec Us ejpritseg
lings, qui donne intelligence des chofis lesplus fient»
de nature.Fray efi que ("Pne efeplus "pitieufe que (m
tre,mais toutes deux pleines de enrioftté. Et qu'eftil
debefiing, quand nous auons les chofis qui nous fini
neceffaires, ey en entendons autant qriilpleifl o Dieu
nousfaire capables, trop cunenfiment rechercher lu
ficrets de nature, ey autres chofis,defiqueUes noftre Sei
Contre gneur s'efi refirué à luyfiullacongnoiffanceïTeUetç»'
croyent" r'"ftte's^monfirentlm tugementimparfait, Ineifr '
auxforcemrance ey faute de foy ey bonne religion . Encore)
ries. plus efi abnfi lefimplepeuple, qui croit teUes impofiM
res.Et ne me puis affez, emerueiUer, comme en poil M
lay ey police, an laiffe puUuler teUes ordures, auecln
tas de "yiciUesforcieres, qui mettent herbes AUX bris,
pendent efiriteaux au cal, farce myfieres, cérémonie
quigueriffent defleures, ey autres chofies,qui ne font
que "Proie idolâtrie, digne de grande punition. Enct-
res,s'en trouuera U auiourdhuy entre lesplus grand^
•u (on deureit chercher quelque raifon ey tugemtnt,
M
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 6ç>
'uifint auengUzJespremiers. Parquoy nefiefaut efi-
t bahirfi leJimpUpeuple croit légèrement ce quil"Poit
efirefoutpar ceux qui s'efeiment lesplusfiges. 0 bn. ->
tahtéaueuglée. Que nousjèrt (eficritureJointe, que
nousfiruent les loix , ey autres binesfitences , dont
nofire Seigneur nous a donné congnoiffance,finous lu
taons en erreur ey ignorance, comme ces panures Sau-
teages,eyplus brutaUement que befies brutes ^Toutes-
fou nous "Panions efere efeimez.fçauair beaucoup , ey
faire profiefiion de "vertu.Et pource il nefiefaut emer-
netUerfiles Anciens tgmrans L"Peritéfint tombez^
en erreur, U cherchons par tous moyens , ey encores
moins de no z.Sauuages: mais htPanité du mode ceffera
qriad Uplaira à Dieu. O r (ans plus de proposions auis
1
>J >•/'•* • J U Theur-
cemmence a dire, qu ily a Pne magie damnable, que .
i tenapptUè Theurgia, ou Goetia,pUméd'enchan- |i e 'dam-
tements,paroUes,cérémonies, tnuocations, ayant quel- nable.
ques autres efpecesfius eUe:de laqueUe on dit auoir e- Zabulus.
fié tnuenteur "Pn nommé Zabulus. Quant à ht "Praye *<•& *
magie, qui ri efi autre chofi que cercher ey cantem- v r a v e
fUr Us chofies ceUftes,ceUbrer ey honorer Dieu, eUea magie.
efté Uuée de plufieurs grands perfinnages. Tels efio'tet
tes trois nobles k\oys qui "pifiterent noftre Seigneur. Et
qu'il nefufefage. Car Magus en leur langueriefi au- fcs que
tre chofi que fige enlamfire, eye»<P>i en Grec,Szpi %mfic.
cns enLatm.D'iceUe l'on dit auoir efié inuenteursZa ^™°
molxis ey Zartafire, non celuy qui efi tant "Pulgaire, 2 0 roa,
mou qui efeottfils dOromafe. Aufit platan.enfin Al fttç,
JC J Cibla-
LES S I N G V L A R I T E S .
(ibiode dit,riefiimer la magie de,Zoroaftre efere autre
chofi, que agnoifire ey célébrer Dieu. Pour laquelle
entendre luy mefine auec Pythagoras, EmpedocUs,ej
Democnte, s'eftre haz.ardez.par mer cy par terre,
allons en pais efirançes,pour cognoifirc cefie magie.It
fçiiy bien que Pline, cy plufieurs autres fi font efféek
ce z.d en parler, comme des lieux ey nations o» elles
efiécélébrée cy fréquentée,ceux qui l'ont inuentieet
pratiquée,mais affes obfcuremit difierné queUe mafjtt
attendu qu ily en a plufieurs effeces Quant àrncy,
"Voylo ce qu'il m'afimblé bon en dire pour lepreftnt»
puis quil"Venoit à propos denoz.Sauuages. <
Que les Sauuagcs Amériques croyent '"
l'ame eftre immortelle.
1
C H A P. X X X V I I . •%
Contre ffî/SË^é Epiuurcpeuple,quelque erreur ouietU'
les Athei iï&kSMi ronce, qu'il ait, fi efi U beaucoup plus té
i\ XxlSyr-^i ii r -r « i
l'es. ^ 5 3 _ ® J ra-ble,ey Jans comparaison, que les dm;
"*-4 nobles Atheifies de nofire tempsdéfkùÊ
non tontens d'auoir efié créez. * (image eyfemblanm
du Dieu éternel, parfaitsfinstoutes créatures, maigre
toutes efiritnrcs et miracles, fi "Veulent comme dijsî-
re,ey rendre befies brutes ,fionsloy ne fans raijôn. Et
quis qu air.fi efi,m les deuroit traiter comme befies:
car ilriy abefle irraifinnable, qui ne rende abe'ifjmt
ey feruice à l'homme : comme efiant image de Dietk
rps ey dé l'ame: mats cependat qu'ilpui
fi a Dieu Us bien confeiller,ou dc bonne heure en effa*'
cer
D E LA F R A N C E A N T A R CT. 6S.
cer la terre, te: ément quih ri apportentplus de nuy-
fianceaiixo-Atres. Dancques ces panuresgens cfiiment.
l'ame efire immorteUe,qu'ih nomment en leur longue Op i n i °u
Cherepicouare . Ce quefay entendu lesinterrogat, u a ( T e s r u
que denenoit leur efprit quandih monroiet, Les ornes rinimor-
difientih, de ceux qui ont "Pertueufiement combatu talité dc
Uurs ennemis,s'en "Pot auec plufieurs autres âmes aux * a m e -
lieux deplai fonce,bon,tardins, cy "PerQ-iers : mais de °'
- » / - i r S 7 •• » couare.
ceux qui au cotraire n auront bie défendu le pais, s en
iront auec A g n a n . le mejuis ingéré quelquefois den
$Êtterrogcrvngradl{oy du pais,le quel nom efioitlienu
%tirbien de trente lieues, qui me refpondtt affesfuri-
eufiment enfia langue, paroUesfimbUbles : Ne fiais
tu pas qu'après la mort, noz. âmes "Pont en pais loing-
tatn,ey fe trouuët toutes enfiemble,en de beaux lieux
ainfi que difint noz. Prophètes , qui les "pifitentfiu-
uent ey pArlent a eUesè Et tiennent cefie opinion afi
Retirée,fans en "PaciUer de rien . Fne outrefois efiant Pinda-
allé"Poir"Pn autrel{oy du pdïs, nommé Pindahou- houfou,
fou. lequelie trouue mdlude enfin UB dlinefienre Roy au
* • * . D31S CCS
i tentinuc,qui commence a m interroger:ey entre au- «; aluu _
ires chofies,que deuenayet Usâmes dem\amis, a nous gCS>
autres, Maires, quand Us mouroyent: ey- luyfaifmt
• refponcc quelles aUey'entauecToupan, «7creutaifé-
ment.encitemplationdequoy me difi, Fiença,je t'ay
yenté dufoirefigrandrecit de T o u p a n , qui peut tou-
' teschofesporU à luy pour moy,qu'Umegueriffe,etfi te
fuis efire gueri,ie te fer ay plufieurs beaux prefintsae
•>eux efire accouftré dme toy,porter grad barbe,et ho
noter T o u p a n dme toy.Et défait efeatguen, leSci
tueur de FiUegagno délibéra de lefaire baptijir : ey
° K 4 pource
LES S I N G V L A R I T E S.
pour ce retint auec luy . ils ontvne autrefloUe apiniem
Supetfh • c -(ji ariefiatsjur (eau,fioit mer oufienne,pouraUer d,
tions des ; ennemis,fi furui'et quelque tempefle, ou orAge
RCS # corne il admet bienjouuet) ils croyent que cela vienne
des ornes de leurs parens et omis : mais pourquoy ,ih ne
fçauenf.cypour oppoifir la tormente,Us tettent quel-
que chofi en leau,par manière deprefent: eftimaspar.
ce moyen pacifier les tempeftes. Dauantage, quad quel
cun d entre eux decede,fiott l(oy, ou autre, auant que
le mettre en terre,s'ily a aucun qui ayt chofi apporte- a.
nanteautrépafié, Ufiegardera bien de le retenir, oins
leporterapubliquement, ey le rendra deuant tout U
monde,pour eftre mu en terre auecques luy tautremet
Ucfiimeroit que l'ame après la fiparation du corps le
"Piendrctt molefierpour ce bien retenu, pleufi à Dieu
que plufieurs d'entre nous euffent fimblabU opini-
on (f'entensjàns erreur) l'on ne retiendrait pas le
bien dautruy,comme (onfiait auiourdhuy fins crain-
te ne "Pergongne Et ayant rendu à leur homme mort
» ~»3« «. » ej.pojswie,jeton leur opinion, qu'il reu
enne:ce qu'Us craignent fort, difians,que cela efi
aduenu autresfiaisà Uurs moteurs cy on-
cens, qui Uur à efié confie d'y don-
ner meilleur ordre: tant fiantfipi-
ntuels eybien enfieigne^ces
panures gens.
Corq-
DELA FRANCE A N T A R C T . 71
Comme ces Sauuagcs font guerre les vn»
contre les autres, & principalementjCon-
tre ceux, qu'ils nomment Margageas &
Thabaiares, & d'vn arbre qu'ils appel-
lent Hayri, duquel ils font leurs baftons
de guerre.
CHAP. XXXVIII.
E peuple de (Amérique efi fortjubiet à
quereler contrefis "Poifins fffecialement
contre ceux qu'Us appeUent en leur lan-
gue , Margageas & Thabaiares ; ey
n'oyons outre moyen dappaifer leur querele ,fe battit
fort ey ferme . ilsfontaffemblées defixmil hommes,
quehjuefois de dix,ey autrefois de douze: cefi àfiça-
uoir "PilUge contre "PiUage, ou autrement ainfi qu'Us fi
rencontrent: autant enfontceux duPeru, ey les Ca-
niboUs. Et deuantque exécuter quelquegrade entre-
prife,fait à laguerre ou ailleurs,ilsfont affemblée,prm
Walement des "Pieux,fans femmes ne enflons , dl>ne
ttue grâce ey modefiic ,quils parleront ("Pn après
léUre,eyceluy qui par le fera diligemment efiouté:
puis ayant fait fa harangue, quittefia place à "Pn autre,
et atnft canficutiuement. Les auditeursfionttous ofiis
fin-la terre ,finon quelques "Pns entre les autres, qui
"en contemplation de quelque prééminence ,fiit par
Hgnée on d ailleurs,feront lors afiis en Uurs hBs, Ce
que confiront, me liint en mémoire cefie louable cou-,
ftume desgaunerneurs de Thebes, Ancienne "Pille de la
iprecedejquelspour délibérer enfimble de la fiepubli
K S que
LES S I N G V L A R I T E Z
que eftoyent toufeours afitsfus la terre. Laquellefottts
défaire (on eftime lin argument de prudence :ear (m
tient pour certain filon les philofipbes, que le corps efi
fis ey à repos , les effritsfont plus prudent cypîm /»»
bres, pour ri efire tant occupe zfPcrs le corps quand A
repofi,que autrement.
Dauantage "Pne chofi efirange efi que ces Améri-
ques nefont tomais entre eux aucune treue,nepatfitu,
quelque inimitié qùtly ait, comme fiant toutes autret
nations,mefmes entre les plus cruels ey barbares/(•
me Turcs,Mores cy Arabes ; ey penfie que fi Thesit
premier auteur des treues enuers les Grecsy efioit,il
ferait plus empcfihé qu'il nefut onc. ils on quelqm
rufis de guerre pour fur prendre ("pn l'autre, aufii
bien que (onpeut auoir en autres lieux . Donc cesjt-
meriques ayons inimitié perpétuelle,ey de tout temps
contre leurs "Poifinsjùjhommez. > fi cherchentfiumnt'<
Us "Pns les autres, ey fi battent autantfuricufcnt/ÊA
qu'il efi pofiible. Ce que les contraint dlrne par9m\
d autre de fi fortifier de gens cy- armes chacun "Pilk
ge.llss'ajfemblerit dc nuit en grand nibre pour fait
le guet : car ilsfiontcoufeumiers de fiefurprendre'ÉÊ
Chauffe- ^emttiue^e">ur.siaucunesfoistlzjàntaduertuW
rrapes autrement fifeupfinn ent de lalienue de leurs ttOfy
des Sau- mw,ih 1-ousplantedt en terre tout autour de leurs tu-
' " g " - gurestloingd~Pn traitdarc, "Pneinfinitéde chevilh
de boisfort agues,de manière qle bout quifiort hors de
terre efiant fort agu,nefe "Poit que bien peu : cequtit
nepuismieux coparer qu'aux chauffetropes dit (o in
par deçà: afin q Us ennemis fi percent les pieds, <]<*>
sit nuds,ainfi q le refie du corps : et par ce moyilespsm
fim\
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 7 0
fontfiaccAger,cefi affanair tuer les 1ns, les autres em-
emmenerprifànnt ers.Cefi "Pn trefigrod hineur à eux
Ufquehpartans de leur pais pour aUer ojjoillir Us ou-
trrifin'leursfrontières, etquand Us amènentplufieurs
de leurs ennemis prifonniers en leur pais: aufii eft il ce
Ubré,ey konnoré des autres,comme "Pn Hoy ey grand
Seigneur,qui en a le plus tué. Quand Us "PeulentJùr-
qnendre quelque liULige ("Pn de (autre, ilsfiecacherit
ey mufferant de nuit par les bois ainfi q renards,fie te-
jtans là quelque efface de temps, nifques à tant qu'ils
etyentgatgné (opportunité défi ruer deffns.
f
Amuans à quelque "Pillage ils ont certaine indu-
fine de ietter le feu es logettes de leurs ennemis, pour
les faire faillir hors auec tout leur bagage, femmes ey
tnfans. Effansfaillis Us chargent les "Pns les autres de
coups deflefihes dfufimi't, de maffes et effées de bois,
u'anque nefut fi beau paffeteps de "Potr "Pne teUe me-
VV. 1hfieprennent ey mordent auec Us dents en tous
en-
LES SINGVLARITE2
endroits, qu'Us fipeuuent rencontrer ,eypar les U~
mes qu'Us ontpertuisées : manstrans quelquefoupour
intimider leurs ennemis, Us os de ceux qu'Us ont "Pam
eus en guerre, et mAngez. : bref^ls empUentous moy-
nespeur fofcher leurs ennemu - Fous "Pentes Uslns
emmenez.pnfinniers, liez., ey garrotez.comme Ur-
rons .Et au retour de ceux qui senlont en leur pots
auec quelquefigne de "PiBoire, Dieu fiait Us confies
et hurlement quififont. Lesfemmesfiuiuet leurs ma-
ris à U guerre, nipour dbatre, dme les Amazones*
mais pour leur porter ey admimftrerltiur es,et autres
munitions re quifiesà teUe guerre: car quelquesfiu Uz,
font "voyages de cinq ey fix moysfinsretourner . Et
quand Us "Peulent départir pour aller en guerre, ils
mettent lefouen toutes Uurs loges, ey ce qu'Us ont
de bon , ih le cachentfioubs terre iufques à leur retour.
. , Qui efi plusgrand entre eux, plus a de femmes afin
rac'i'nes °'firuice. Leurs "piuresfont tels que porte le pats , for'lr
Tinre As nés de racines fort délicates, quand eUes font récentes:
Sauua- moisfieUesfontquelque peu enuieilhes ellesfiontau*
&*• tant plaifantes a manger, que lefiond orge au d aut-
ne : ey aurefte chairsfauuogines , ey poiffon, le tout
feiché à lafumée.On leur porte aufii leurs UBs de cot-
ton, les hommes ne portons rien quêteurs arcs,ey fie-
ches à la main . leurs ormes fontgroffes effées de bois
des Sau- fort mafiiues ey pefàntes : au refie arcs eyfiefibeSf
uages. Leurs arcsfiontla moitié plus longs que les arcs Tur-
quo'n ,ey Usflèches à ( equipoUent,faites les "Pnesde
cannes marines,les autres du bois dn arbre,qu ils no-
Haui ar- ment tn Uur langue Hairi, portantfueiUagefiembhjd
ble aupalmier, lequel efi de couUur de marbre noir,
dont)
DE LA FRANCE A N T A R C T . 75
dont plufieurs U difient efire H ebene : toutesfois il me .
jftmbU autrement, car "Pray Hebene efi plus luyfiant. atDrc_ **
&ouantagt (arbre d'HebenerieftfimblabUà cefluy
Wjcarcefluicy efiforteffineux de tous cofie z, tiaint
lue U ban Hebenefiprend au pais de Calicut ,eyen
Mbiopic.Cc bais eftft peflànt ,qriU"Va aufinsde l'eau,
tome fer : pourtant les Saunages en font leurs effées a
Wtnbatre. ilporte "Pnfruitgros comme "Pn efienfi, ey
ïptehjuepeupointu à ("Pn des bouts. Au dedans trou-
uerezfPnnoyau bUhc comme neige: duquelfruit 1 ay
apporté grande quotitépar deçà. Ces Saunages en ou-
trefontde beaux celliers de ce bais. Aufii efi ilfitdur
ty ft fort, (comme nous difionsriagueres)que les flè-
ches qui enfontfaites,fant tant fartes > qu'eUeSperce- J
rayent -
LES S I N G V L A R I T E Z
Bouclier rayent le meilleur corfilet.La troifiefine pièce de leurt
des Sau- armes eft "Pn bouclier, dont Us Ifènt en guerre. lleft
uagcs fort long fait de peaux dlrne befie de mefine couleur
que les lâches de cépa is,ainfi diuerfiifiées,mais de di+
uerjè qyandeur. Ces bouchersJont de telleforce cy re-
fifience,comme les bouchers Borcelonnois, de manière
qùUs attendront "Priarquebuze , ey par confiquent)
chofi moindre • Et quant aux arquebuz.es , plufieurÉ
en portent qui leur ont efié dinées depuis que les chre,
fitens ont commencé à Us hanter,mais Us rien fiçauenm
"pfirfinon qu'ils en tirent aucunesfois à grande diffl%s
culte,pour feulement effouuenter leurs ennemis.
La manière de leurs combats, tant fur eau>
que fur terre.
CHAP. XXXIX.
liions demande z.pourquoy ces Sauna,
font guerre les "Pns contre les autres,r
quilsnefiont guerres plus grandfiigm
("Pn que (Autre : aufii qu entre eux ny «
nhefesfigrondes,et qu'Us ont de la terre affes et plut,
qu'Us ne leur en fout pour leurnecefiité . Et pour cela '
Caufe ^'"fiffî™ entendre, que la confie de leur guerre est
pour- Afe<. mal fondée,feulement pour appétit de quclqUT
quoy Vengeance,fions autre raifin,tout ainfi q befies brutes,
frtîes 7 " T^tmmi:*ccor^î"bonnefletéqueldque,di-
Sauua- W ' / T "tfbttSqcefint leurs ennemis de tonttïps.â
ges ,1e s Us s Vfimblent donc, (comme auons dit cy deuant)en
vns cône grand nombre, pouroUer trouuer leurs ennemis, sih
les autres ont receuprinctpaUment quelque iniure récente : ey j
tu
D E L A F R A N C E A N T A R C T . J2,
eu ilsfirencontrent,ils fi batte t à coups defiefihes, iufi
ques à fi loindre au corps, et s'entreprendre par bras et
oreilles,et donner coups de poing. Là ne fautpointpar-
ler de chenal,dont panne zjpenjer comme l'emportent
Us plus farts, lhfiont obftimz.et courageux,tellement
que auant qfie iomdre et battre ( comme auezfPeu au
précédét chapitreJeflans à la capagne elognez.Us "Pns
des autres delà portée dline harqnebuze,quelquesfois
îefiace d~Pn tour entier ou plus fi regardedt ey me- -
ttafferont, monfirans "Pifiogeplus cruel ey epouuenta- „es obfti
lie qu'il eft pofiible,hurlons et crions fi confusément, nez &
que (an ne pourrait ouir tonnert monfiras aufit Uurs afcomi-
feRionsparfignes de bras ey de mains, les eleuans en
haut auec Uurs effées ey mafiesde bois,Nousfimmes
laillans(difent ilsynous auons mangé l>oz.parem, ouf
filons mangerons nous: et plufieurs menaffesfoiuales:
comme lions reprefinte laprefientefigure.
En
LES S I N O V L A R I T E Z 1
En ce les Sauuagesfimblent obfiruer (ancii'ne mi-
nière de guerroyer des Romains,lefiqueh auant j d'en-
trer en bataïUcfaifoyent cris epouuentables ey ififa1
de grandes menaffes. Ce que depuis a efié pareillemttt
praBiqué par Us Gaulois en leurs guerres, oinfupt
iejUficrtt TitcLiue - L'ime ey (autre façon defiufo.
m'a fiemblé efire fort différente à ceUe des Achtù
ens: dont parle Homère, pource qu'iceux efiatspre,
bataiUer ey donner (afiautà Uurs ennemis,nefoi^
aucun bruit, ainsfie contenoyent totalement de pi
Couftu- Laplufigrande "Pengeance dont Us Saunages ifii
me des 3- w / ieurJ fimble la plus cruelle çy indigne, Jefi de
Sauua- , ? , , à, '
de &er rs enr>
emu. Quand ils en ont pris aucun cngm
manger re s'ils nefint les plus forts pour (emmener, péurW
leursen- moins s'ih peuuent, auant la recouffc Us luy couppertni]
ncmis. yrM m iambes : ey auant que le laiffer le mongerewi
ou bien chacun en emporterajon morceau,grandtnm
Ut. s'ils en peuuent emmener quelques "Pns iufiuestt
Uur pais, pareiUement les mangeront Us. Les ancitntuiat
^c<
Tures,Mores,ey Arabes "pfiyent quojide ceflefi^
1
(dont encores auiourdhuy fie dit "Pn prouerbe,le '
dron auoir mangé de fin cueur) aufii "pfiyent ih^
que defiemblablesarmes que mz.Sauuages, MM\ _
puis les Chrefiiens leur ont forgé, ey monstre à fit-
ger, les armes , dont auiourdhuy ils fint battufjb»
Habitas danger qu'il rien aduienne autant de ces Situut
de liDii-fijient Amériques au autres . D'auant âge ce pu
m i s d T f'^fi bazarde fur (eau ,foit douce oufialée, i
a er
ceux dc ^ trnuuer fan ennemy : comme ceux de lagr<
Morpion riuiere de lanaire contre ceux de Morpion . Auq*
lien habitent Us Portugais ennemis des François i *
f
D E LA F R A N C E A N T A R C T . 7}
que Us Saunages de ce mefine lieu fini ennemis de Almadf-
ceux de lanaire,Les "Paiffeaux,dont ils "pfint fus l'eau, j S , a , t c s
r *.i r 1 > t, r d'efcor-
•fontpetites Almadies,ou barquettes compost es d efior c e s ^'ar-
ces d arbres .fans clou nechenille, longues de cinqoubte.
fix brafiées,cy de trots pieds de Urgent,Et deuez.fça
noir, qu'ils ne les demandent plus mafiiues, efiimans
que autrement ne Us paurroy ent faire "Poguer à leur
plaifir,pour fuyr, oupourfuture leurennemy . ils tien Superlti-
nent "Pne folU fitperfittion à dépouiller ces arbres de <.on "
dpnr eJcerce»Le iaur qu'Us Us dépouillent (ce qui fi fait a 0fte?
depuis U racine iufques au couppeau)Us ne buroni, ne les ef cor
mmgeront,craignans(oinfi qu'ih difentj que autre- ce& des
ment il ne leur adistnt quelque infortune fur l'eau. ai ' brcs *
Les yatffeoux ainfifaits , ih en mettront cent on fix
ri>mgts,pius ou moins, ey en chacun quarante au cin-
quante perfinnes ,tant hommes que femmes. Les fem-
mesfieruent dcfpuifir cy ietter hors auec quelque pe-
tit "Paiffeau d aucunfruit caué ,(eauqut entre en leurs
petites nAffeUe s.Les hommesfont affeurcz.de dans auec
leurs armes, nageons près de U nue : cy s'il fi trouue
maehjue "PiUage , ih mettrontpié à terre, ey UJocco-
gfont par feu ey fiang, s'ilsfont Us plusforts . Quel-
que peu auant nofire arriuée, les Amériques qui fi ^ m e r ;
difient noz.amu , Auoyentpris fiss la mer "Pne petite q Ues a .
\nauire de portufais,efians encores en quelque endroit mis des
près du nuage , quelque refifience qu'Us peuffent^^ois.
foire,tant auec leur artillerie que autrement : neont-
tnotns eUefutprife, Us hommes mangez., horfmts
•Quelques "Pns que nous rachetâmes à nofire arriuée
far cehxpouuez.entendre que les Saunages, qui tien-
nent pour les Portugais fiont ennemis des Sanuages ou
L fi
DE LA F R A N C E ANTARCT. 74
Comme ces Barbares font mourir leurs cn-
nemisjqu'ils ont pris en guerre,& les
mangent.
C H A P . XL.
Près Auoir decUré, dme Us Saunages de
toute (Amérique , mènent leurs enne-
mis prtfinmers en leurs lagettes cy tngu
res, Us ayons pris en nterre, ne refie que
itâuire, comme ils Us traînent à (afin du ieu : Us en ~ .
"ofint donc ainfi.Le prifinmer rendu en leurpais , "Pn m^t f a j t
ateimx^eutant déplus q de moins,fiera fort bien trai - aux pri-
té,ou cinq tours après on luy boiUera "Pnefemme,par- fonmers
euatnre htfiUede celuy auquel fera U prifinmer, pour a u u a g e s
J. , ••„ 7 r n- •1 1 parleurs
entieremet luy adnunifirerfis necefiitc z^ala cauchet- e n n e m j s
te ouautremêt, cependat efi traité des meiUeures "P10
des que (on pourra trouuer ,s efiudians à (engrefjér,d
me l>n chapon en muefiujques au teps de lefaire mou-
rir. Et ce peut iceluy tepsfacilement cognoifire,par "Pn
plherfattdefelde coton, auec lequel ils enfilent cer-
iôSfruits tous ronds,on os depoiffon,ou de befee,faits
ximçon de patenofires, qu'ils mettent au col de leur
jiSfennier. Et au Us auront enuie de le garder quatre
\emmq lunes , pareil nombre defiespatenofires Us luy
mtacheront : ey hs luy oftent à mefiure que les lu-
nest expirent, continuant iufques a la dernière : ey
t û t il rien rèfeeplusfih U font mourir. Aucun,ou
défies patenofires,leur mettent autant depetis col*-
lier s au tel,commeils ontdelunes à~Piure - Dauanta-
ge tu pourras içy noter, que les Saunages ne content fi
L 1 non
LES SINGVLARITEZ
non iufques au nombre de cinq: cy ri objentent AUtte\
nemcrit les heures du tour , ny Us tours mefmes, ny lit
moys,ny les ans, mais contentfeulement par lunes: •
Telle manière de conterfut anciennement commanda
par Solon aux Athenies,àfiçouoir,d'objeruer Us lom
par le cours de la Inné.si de ceprifinnier ey de LftoÈ
me qui luy efi donnée,prouiènnent quelques cnfantjt
temps qu'Us font enjemble, on les nourrira "Pne c fine
de temps,puis Us les mangeront,fi recordans qu'ils fift
enflons de leurs ennemis. Ceprifinnier ayant efié bitH
nourri ey engrefiéfih leferont mourir, estimai cehà
grand honneur .Et pour lafolennité de tel ma])acreJE.
appellerot leurs amis plus loingtains, poury afiifier,tl
en manger leur part. Le iour du maffacre ilfieracouché
auhB , bien enferré defors(dont les chrefiiem Uur
ent donné (Ifiige)chantat tout le iour ey la nuiB tel-
les chanjons - Les Margageas no z.amisfiontgens de
bienfiorts ey puiffans/en guerre, Us ont pris ey man-
gé grand nombre de noz.ennemis, aufii me mandjÊ
ils quelque iour quand il leurplaira: mais de moy',ftf
Les Sau- "**' ^ man&? desparens et amis dc celuy qui me iict
i.age< ne f ''finnier:auec plufieursfiemblablesparoles.Parlfa
craignét pouuez. congnoifire qu'ils nefontconte de U mort, en-
point ia cores moins qu'ilriefi pafiibte depenfer . l'ay autrtf^
( pour plaifir ) denisé auec tels prifinniers ,hommet
beaux etpuiflànsjeur remonfirat, s'ils nefefeuciaylM
autrement,d efire ainfi maffacrez., comme du iour Au
lendemain-.àquoy mereffondans en risée ey mocqi
ne, Noz. amis,difioy ent Us,nous "Pengeront,etplufii
autres propos, monfirans "Pne hardieffe ey affeura ..
grande . Etfiton Uur parlait de Us "Panloir racheta
dentrt
DE'LA FRANCE A N T A R C T . 75
d entre les mains de leurs ennemis, ihprenoyent tout Tralte-
enmocquerte. Quant aux femmes ey filles, que l'on m e m d c ï
prenden guerre, elles demeui ent prtfinnieres quelque & fjues
temps,ainfi que les hommes,puisfint traitées de mefi prifbn-
me, horfimis qu'on ne leur donne point de mary. Elles «itères.
ne font aufii
J
tenues fi captiues, mais eUes ont liberté C e r e r n o -
» 7/ r 1 r -n • r nies aux
d aller ça ey la: on lesjait trauailler aux tardms, ey — ^
à pefiher quelques ouitrès. Or reîonrnos à cemafiocre. cres des
le maifire du prifinnier,comme nous auons dit, mui- prifbn-
tera,totts fis amis à ce iour, pour manger leur part de me*IOU- es
" ce butin,auec force C a h o u i n ,1qui est "Pn bruuua?eU 1•• k *
-. , i, . • r? ,bui
fait degros mil,auec certaines racines. AceioUrjole- ua a C<
nel tous ceux qui y afiifient, fe pareront dc belles plu-
mes de diuerfis couleurs , ou fi tiendront tout U corps.
. Celuy ffecialement qui doit faire (occifion, fi mettra
au meilleur équipage qu U luy fera pofiible, ayant fin
effée de bois aufit richement efioffée dediuers pluma-.
L 5 fft
LES SINGVLARITEZ
ges.Et tant plus U prifinnier "Verra faire UsprepartM
ttuespour mourir, ey plus U monfirerafignes de iaym
il fera donc mené, btï hé etgarrot é de cordes de cottin
en la place publique, accompagné de dix ou douze mil
S ^nuages dupais Jes ennemis, lafera affommé comme*
">»porceau,aprcs plufieurs cenmanies . Lepnfonnieéf,
mortfitfemme, quiqui Itty
luy auoit
auoit efté
ejte donée,fora
donee,pcraquelqtt%
que le
petit ditetl. Indttnent le corps eft as mis en pièces, iU<
prennent lefiang ey en louent leurs petits enfotns ma-
fies, pour les rendre pins hardis, comme ih difient, leurt
remonfirans, que quand Usfierontl>enuz.à leur aaee,
ilsfaccnt ainfi a leurs ennemis .Dontfaut penfier, qu'on
leur enfiaitautant de loutre part, quadilsfiontpris en
guerre.Ce corps ainfi mis par pièces,et cuit à leur mo-
de,fera difinbué à tons quelqueriibrequ'ily ait,àlbé\
cy.nlon morceau. Quat aux entrailles, lesfemmes co-
mtenetnentlet mangent,ey U tefie, Us la r.cfituctàl
pen-
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 7 6
pendre au bout dline perche, fur leurs Ugettes, en fi-
ne de triomphe ey IriBoirc'.etfpecialemcnt prenne t
plaifir ày mettre celles des portugais. Les Cambales et p a n i ° a -
ceux duj coftc
a* J 1 - • j . . r . lesenne-
j de tartmere.de Marirnan,
o -vlotit encores îTiîsmor-
flœ cruels aux Efpagnols, lesflaifàns mourir plus cru- te\s j c s
eUementfions comparaifion,çy puis les mangent. Efpa-
ih ne fi trouue par Us hifioires nation, tantfioit eUe g»o»s.
barbare,qui ait "Pst défi excefiiuc cruauté : finon que
lofephcefcrit,que quand Us Romains allèrent en Jent-
fidemfia famine, Apres auoir tout mage,cotraingnit Us
itères de tuer Uurs enfaris,ey en manger. Et les An
thrapophages qui font peupUs de Scythie ,"Piuent de P O „ L
chair humaine comme ceux cy. Or celuy qui afait U- gCS #
dit maffacre , incontinent après fi retire- en fa maifin,
«y demeurera tout le iourfans manger ne boire,en fin
ItB : eys'en abstiendra encorespar certains iours, ne
mettra pie à terre aufii de trois tours.s'Ulient alUr en
quelquefart,fi faitpar ter,ayant cefiefolle opinion que
i il nefoifait ainfi,il luy amueroit quelque defifire,ou
mefine U mort. Puis après il fera auec "Pne petite fie,
foute de dens d"Pne befie, nomée Agoutin, plufieurs
incifions ey pertuis au corps,à la poitrine, cy outres
"firties,telUmét qu'il apporoiftra tout déchiqueté. Et
la rafin, ainfi que je m cfuis informé à quelques "Pns,
efiqù'111fiait ceL parplaifir,reputant à grand gloire ce
meurtre par luy dmis en htperfionne de fion ennemy.
Auquelleouhnt remoflrer la cruauté delà chofi, in-
digné de ce,me renuoya tresbien,difiant q cefiottgrad
honte à nous depardiner à noz,ennemis ,quad Us auos
pris en guerre :ey qu'il eft trop meilleur lesfaire mou
rir afin a(eccafii leurfait ofiée défaire "Pne autrefois
L 4 U
LES S I N G V LA R I T E Z
la guerre.Foy la de quelle difiretiofiegouuerne ceptu»^
ure peuple brutaile diray dauantage à ce propos, q let
filles "Pfont de teUes mcifiiospar U corps,(eJpAce de trou)
tours continus Apres auoir eu la première purgatkndet
femmes: iufques à en efire qnelquesfois bien malade^
Ces mefimes tours aufii s'abfiiennent de certaines Ittn.
des nefortans aucunement dehors, eyfionsmettre pie
à terre,comme défia nous auons dit des hommes, ofeifit
feulementfiur quelque pierre accomodée à cefi affaire,
Que ces Sauuages font merueilleufeme_i
vindicatifs.
C H A P . x L r.
«sef Lriefi trop admirable, fi ce peuple cht*i
£j$ minant en ténèbres,pour ignorer la lerv*
té,appete nonfeulementliengeance, mut
aufiifiemet en tout effort de l'exécuter}
eeâccdé- confideré,quele chrefiien, encore qu'eUcluyJoit dé-
fendue fendue par exprès commandemet,ne s'en peutgArdetÊ
au Chre- comme "Poulant imiter (erreur dlm nommé MellM
ftien. cius, Uquel tenait qu'Unefallait pardonner afin ennt
my. Laquelie erreur à long temps pullulé aupais dZ'
gypte.Toutesfoiselle fut abolieparIn Empereur 1^
main. Appeler doncliengeance eft hoirfionprochain^
ce que répugne totalement à la loy. •>'
Or celariefi eitrange en ce peuple , Uquel auant
dit par cy deuant "Piurefonsfoy, fans loy : tout ainfi
que toute leur guerre ne procède que d'y nefloUeopi-
nion deliengeonce,fans caufene raifon . Et n'eftime^
que telle folie ne Us tienne de tout temps, ey tien-
dra,
D E LA F R A N C E A N T A R C T . 77
dra, s'ih neJe changent. Ce panure peuple efi fi mal
appris,que pour le "Pold"Pne mouche UsJe mettront en
effort. si "Pne effine les pu que, l>ne pierre les blefijè,
ih la mettront de colère en cent mtUe pièces , comme fi
U chofi efioitjenfibleice qui ne leur proment, que par
faute de bon ingement. Dauantage ce que ie dois dire
pour U "Pente,mais ie nepuisJans"Pergongne, pour fi
"Venger despeulx eypujjes,ih Usprennet a beUes dets,
ihofieplus brutaUe que raifinnable.Et quand ih fieJen
trient•ffenfizjant légèrement que ce fiait, nepenfiz^
ïamais "Pous réconcilier.TeUe opinion s'apprent ey ob-
ferue de père enfih. Fous les "Perriezjnonflrerà leurs
enflons de (aage de trois à quatre ans à manier (arc et
laflefihe, ey quant ey quant les enhorter à hardie fi
fè,prendre "Pengeance de Uurs ennemis, ne pardonner
afctfmne,plus toit mourir. Aufii quand 1 h fontpn-
fmmers Us "Pns aux autres, rieflimez. qu'Us deman-
den t à échapper par quelque compofition que cefitt, car (
Us rien efferent autre chofi que la mort,efiimans cela
*gloire ey honneur. Et pource ilsfiefiçauentfortbien
tneecquer,eyreprendre aigrement mus autres,qui de-
hmonsnoz.ennemis efeans en noftrepuiffance,pour or
gent ou autre chofi,efiimans cela efire indigne d'hom-
me de guerre. Quant à nons,difent Us, n ansrien"pfi- Hiftoire
rens iamais ainfi . Aduint "Pnefion entre les autres d'vn Por
f*»">» "Portugais prifinmer de cesfiauuages,penfiant j£jjH"?rn
por beUes\paraUes fauuer fa\ie ,fiemet en tout dettoir ^ S a u .
de lespreficherporparoUes les plus humbles ey douces nages.
qu'il luy efioit pofiible: neantmoins ne peut tant faire
pour luy , que fus'U champ celuy auquel il e fiait pri-
finnier,ne lefieit mourir à coups defiefehes, Fa,dtfioit
L § M
LES SINGVLARITE7
il,tu ne mérite,'quel'on te face mourir honorabUmtesM
comme Us autres,et en banne compagnie. Autre thefi
digne de mémoire. Quelques foisfut emmené In iew
ne enfant mafie de ces Saunages de (Amérique ,0%
paîs ey ligue de ceux qu'ils appellent Tab'aiares, cnne
mis mortels des Saunages on font les Frac ois, par quek
ques marchons de Normandie, qui depuis baptuM
nourri,ey marié à Rouen, "piuent en homme de bitrt\
s'auifia deretourner enfin pais en noz. nauires, aafi
de "Ptngtdeux ans ou enuiran . Aduint quefiantpet:
delàfut déconuert àfisanciens ennemis par quehjiM
chrefiiésdefiquels incontinent comme chiens enragea,
defurie coururent ànozjnauir es,defita en partie dcbfi,
sées degens, au defortunele trouuansfionsmerci ne pi
tié aucun ,fi tettent deffus, ey le mettent en pièces li
fins toucher aux autres,qui efioient là près. Lequel/ci-
me Dieu lepermifi, endurant ce piteux maffacre ht»,
remonftroitlafioy delESFCH RJT, "Pnfiulj)M
en trinité de perfennes ey Imité deffence : ey «'«]
mourut le panure homme entre leurs mains bon ckf>
fiten. Lequel toutesfois ils ne manger et corne ilsautm
ent accoustuméfaire de leurs ennemis. Quelle opinjÈ
de "Pengeance efi plus contraire à noftre loy ? NondjÊ
fiantfietrouuent encores auiourdhuy plufieurs enm-
nous autres autant opiniâtres àfie~Pcngcr,come UsStJt
nages. Dauantage cela efi entre eux ifi aucunfrafT
"Pn autre,qu'ilfipropofieen receuoir autant ouplut,t
que cela ne demeurera impuni, C'efi "Pn tresbeauÂ
Fidélité ^M^ 1™ ^" " Jw ' r 1uereler,oufi battre. Au reftes)
des Sau- fi<fideles(lmai'autre:maisanrégarddes chrefit\
uages, hs plus affeBez.etfinbtils larrons, encores qu'ils f
m
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 7 8
nuds,quilefipofiible:eteftiment cela grad"Pertu,dê mais no
nouspauuoir dérober quelque chofi.Ce que (en parle, al'cdroit
efepour (auoir expenmité en moymeJme.C'eft qu'en- ~^es C n r c
uiran Nwl,efeat U,~pint "Pn Roy dupaisleoir le Sieur
de VtllUgagnon,ceux defiacompagnée m'emportèrent
mes babUUments,corne f effets maUdcs.Foyla "Pn mot
de Uurfidélitéetfaçon défaire en pAjfant,après auoir
parlé de leur obfeination cy appétit de "Pengance.
^ V
i\ Du mariage des Sauuages Amériques.
CHAP. X L I I.
M>Î|S*4 'Efi chofi digne degrande cammifiration,
'• Yfi3t!fâR ht créature, encore quelle fait capable de
!
_wfe4> raifin,"Piureneantmains brutalem'et.Par
1 _P__^4. f f ^ pouuons congnoifere que nom ayons
apporté quelque naturel du "Petre de nofire mère, que
Mans demeurerions brutaux, fi Dieu parfit bonté riil-
"haminoit noz.effrits . Et pource ne faut p enfer, que
fc,Amériques Jiientplus dificrets en Uurs mana-
Ï ,qu en autres chofies. ils fi marient les "Pns auec les
rautres,fionsaucunes cenmonies. Le coufin prendrala c - m e fe
mfene , ey l'oncle prendra U niècefionsdifférence eu varient
Wftehcnfion, mois non le frère la fleur Fn homme ceux de
fautant plus qu'il efi efiimégrandpourfies proueffes l'Ame-Imen-
f
ey yailUntifis en guerre,ey plus luy efi permis auoir < i uc '
defemmes pour leferuir'.ey aux outres moins . Car a
yray dire, lesfemmes trauaillent plusfinscomparai-
fin/efi àfiç&uoir à cueillir racines,foirefarines, bru-
u\tgès,amaffer Usfruits,faire iardins, ey autres cho-
fes qui appartiennent au mefitage.L'homme feulement
"Pa
LES SINGVLARITEZ
lia aucunefoispefiher, ou aux bois prendre "Penaifitt
pour "viurc.Lcs autres s'occupentfienlemetàfaire arcs
Déflora» ^fiefiches ,laiffans Ufur plus à leursfemmes.ils lm
filles donneront "PnefiUe pour "Pousfiruir le temps quelm
auât qu'e yfirez.,ou autrement ainfi que "Pou drezj et "Pousfi-
ftrema- ra libre de la rendre : quand bon "PousfembUra,ey
nées. en~pfintainficoufiumierement. Incontinentqueû*.
rez.là,Us lions interrogeront ainfi en leur Un^_
Fiença,que me donneras tu,ey te te bailleraym,
le qui efi beUe,el(e tefieruira peur te faire de lafoi
D f Ce et At4tres necefiitezJPour obuicr à cela,le SeigneuÊi
duSei- FiUeagnon à nofire arriuée défenditfus peine dek
gneur de mort,de ne les acointer,dme chofi iUicite au cbreJÊÊ
Villega- yrAy efl,qu'après qu "Pne femme efi mariée,il nefts$
Iran ^ f 'f*e^efi tme aiUeurs : carfieUe efiJurprifie en aduUf
de ne s'a re >fon mitry ne ferafaute de la tuer : car Us ont eelttn
coincer grand horreur. Et quat à (home,Une luy fera ritjM
aux fem mot qs'tlle touchait, U acquerrait (inimitié de tomUt
™" a u amis de (autre, qengidr croit Ine perpetueUegà
et diuorfi.Pour le moins ne crdidra de la répudiera
Uur eft loifiible,pour adultère : aufiipour efire fier,
eynepauuoir engendrer enfians : ey pour quel
autres occafions.Dauatage ils n'ontiamats compagÊ
de iour AUCC leursfemmes, mais la nuitfiulemen^nt
en places publiques, ainfi que plufieurs efiimetparde-
ça: comme les Cris, peuple de Thrace ey autres Btt
bar es en quelques ifies de U mer Ma^ellantque, t\>*\
merueiUeufimét detefiable, ey indigne de ChrtW
auquelpcuuitfieruir dexepU en cefi endroit ces pi
nres brutaux . Les femmes pendant qu'eUesfont gnt
fies ne porteront pefiansfardeaux,ey neferont chofij
tut
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 7 9
etible , oins Je garderont tresbien d efire offenfles. La
femme accouchée,quelques antresfemmes portent (en
•font tout nud louer à la mer ou à quelque nuiere, puis
1
U reportent à h* mère , qui ne demeure que "Pingt ey
quatre heures en couche. Le père coupera U nombril d
(enfant auec Us dents:commej'ayleuy efiant. Au
'• tefie traînent U femme en trouait autantJongneufe-
iment,comme (onfait par deçà. La nourriture dupe-
nt enfant efi le UiB de U mère : toutesfois quepeu de
tours aprèsfi natiuité hty batUeront quelques gras ah-
mens,commefarine mafihée,ou quelques fruits.Lepe
re incontinent que (enfant efi né luy boiUerolm arc
ey fiefiche à U main, comme "Pn commencement ey
tfntefeation de guerre ey "vengeance de leurs enne-
mis.Mais ily a "Pne autre chofi quigafee tout : que a-
nont que marier leurs filles,Us pères ey mères Uspro-
rfternent au premierlicnu ,pour quelque petite chofi,
Principalement aux chrefeiens,auons par de là,s'ih en
tgt*)lent"pfir,comme nous auons ia dit. A ce propos de ••'•-'
. fozJSauuages nous trouuons par Us hifiaires, aucuns
jËempUs auoir approché de teuefaçon défaire en leurs _
1 nËetages.Senequc en "Pne défis epifires,etStrabon en m e anci ~
fiqmjmographie efiriuentque Us Lydiens ey Arme ennedes
Utens auoyent de cous fume denuoyer UursfiUes aux ri Lydiens,
Hagesde la mer, pour U fi proflemans à tous "Penans Armeni-
_ • / • / ri , a- r- ens-,&ha
jffgner Uurs mariages. Autant,filon luftin,enfai- j , i t a n s j c
jèjentUsyiergesdedflede Cypre,pour gaignerUur Cypre.
douaire ey mariage lUfqueUes efians quittes ey bien
iuflifiées , effrayentparaprès quelque chofi à la deeffe
Fenus. lls'enpourroit trouner auiourdhuy par deçà,
lefqueUesfoifans grandeprafefiion de "Pcrtu eyde re-
lieion
LES S INGVLARITEZ
lieion t enfoioient bien autant ou plue, fins toutesfois I
offrir neprefint ne chadelle.Et de ce je m'en rapportai
à U "Perité.Aufurplm de la confiingumité en maria- \
ge, Saint bicrojmc eficrit, que les Athéniens auoyent
*" f o n x de cauftume marier lesfrèresauec lesfieurs ey no les
Ruîtiquc tontes aux m-pnmxjce qui efi au dtraire de »°<.^
meriqms . Pareillement en Angleterre, Iwefomn^
iadis auoit liberté défi marier à cinq hommes,ey no»
au contraire.En outre nous "Payons les Turcs, ey A
bes,prendre plufieursfemmes: non pas qu'ilfiithai
nefiene tolerable en nofire chrifiianifme.Conclufk
noz.Sanuagesenl'fint en la manière que nousanons*
dit, tellement que bien à peine "Pnefille efi mariée ay»,
ontfia"Virginité: mais eftans mariées eUes riofiroyenÉ
fairefaute: car les maris lés regardent de prés, comme
tachcz.de ialoufie .Fray eft qu'eUepeut laifferjon ma-
ri,quand elle eft mal traitée : ce qui adment fiuuenti
Comme nous hfions des Egyptiens, quifaifiyent.lefem-
les Sau- blable auant qu'ils euffent aucunes loix . En cefie plu
nages ont raltt{ Je femmes dont Us "pfint,comme nous auons du
iiluficttrs -, X
emmes 'tyenaPne
r i i r •'
touiours parJus les autres plusfaucriséi
approchant plus prés de la perfionne , quiriefi tantJù~
bitte au trouatl,camme les autres. Tous les enfians. qui
promennent en mariage de ces femmes .fiont reputeM
Ugitimes , difiants que Uprincipal auteur de gênera^
tion efi le père,ey fa mère non. Qui est caufe que bien
fouuent Usfontmourir les enfians mofiles de leurs
ennemis efiontsprifinniers, pource que tels l
enfants a (aduenir pourray ent
eftre leurs enne-
mis.
Des
DE LA F R A N C E ANTARCT. So
Des eerimbnies,fepulture,et funerailles,qu,-
ils t'ont à leurs decés.
c H A P* X L I 1 1 .
Près auoir déduit les meurs, façon de "pi-
urc,ey plufieurs autres manières défaire
de mz.Ameriques,refie à parler de leurs
funeroiUes eyJepultures . Quelque bru- Manie-
tdsté eu Us ay et,encores ont U cefie opinio etcoufiume r e e s
j * 1 y n'r i Sauua-
iemettre les xorpsen terre,aptes que l âme efijeparee, a c s i
wtieuoule defunB enfin "Pinant auoit pris plus de îepultu-
fkifir:efiimans,ainfi qu'Us difent,ne le pouuoir met- rer les
treen heupinsnoble, qu'en U terre, quiprodnifi Us ho c o r P s '
mes quiporte tant de beaux fruits, ey autres richeffes
litiks C7 neceffoires ài'lfàge de (home, ily a eupln-
ifaurs anciennement trop impertinent que ces peuples
Jnuuages,nefefiuciam,que deuiendroit leur corpsfufe
il exposé ou aux chiens, ou AUX oyfiaux : comme Dio- ....
JtrkSyUquel aprèsfitmort commandafin corps efire h . jjictoç
, Wt aux oyfiaux, ey autre: befies,pour le manger,di- nés de la
font qu'après fa mort fin corps nefintiroitplus de mal, fepulrure
ey qu'ilaimoit trop mieux qfon corpsfernifi de nom d u corps.
mure$uejh[pourriture .Semblablemet Lycurgus Le»
gfiateur des Locedemantes ce manda expreffem'et ainfi
ju'efcrit Seneque, qu'après fia mort fin corpsfufi iet-
ti en la mer.Les autres,que leurs corpsfujjént bruflez.
etredutts en cidre. CepanurepeupU quelque brutali-
té ou ignora.ee qu'il ait, fi monfire après la mort de fion
forent ouamy fans coparaifinplus raifiannoble que ne
foi-
LES S I N G V L A R I T E Z
foifoycnt anciennement les P ar thés,UJquels auec lem
loix teUes quelles au heu de mettre "Pn corps en Imtri
bUfipulture, (expofiient comme proie aux chiens ty
eyjeaux Les TaxiUes à fimblabU tettoyent les ctrpi
morts aux oyfiaux du ciel, commeles Ccfipicns auxt»
très befies. Les Ethiopiens iettarent Us corps morts dt»\
dans lesfieuues. Les Romains les bruloient ey redm>\
fioient va cendre, comme ontfait plufieurs autres nttt-
on^. Par cecy peut l'on conrnoifire que nozSauuattom
font point tant dénués dc toute konnefieté qu'iln'yW
quelque choje de bon,confideré encore quefansftyiey
fans loy Us ont cefi oduis, cefi à fi auoir autant qiÊÊ
turc les enfieierne . ils mettent donc leurs morts enlnt
foffe,m<tis tons ofiu,commc défia nous auons dit, en nu
niere quefoifiient anciennement les NafimonetU Ot
des ht fipnlture des corps efi fort bien approuuée de lefcri'.ï
corps ap turefamte "VieiUe et nouueUe,enfimble les ccrcm&tff
promue fi eUesJont deuemet obfiruées: tatpour auoir ejllluf
par la féaux cy organes de l'ame diurne ey immortelle/M
ainte e - ^g[^r donner efferonce de lafuture rcfiurreBion iff.
& pour qn'ihfiroyent en terre comme en gardefiure,attieW
quoy. ce iour terrible de la reJurreBion. On pourrait <trnem
icy plufieurs outres chofies à ce propos, cy commepla-
fleurs en ont mallfi, les Imsd'lmefaçi, les autretd' '
Dueil "Pne autre:qne lajipnjtuttdwtorablemet cele.bnjgm
des Sau- chofi dmine : mais ie m'en déporteray pour le préféra,
liages a "Penarifanofireprincipalfubiet. Diques entrertï JV»
d- vn°p •» uaZes"fi aucun pere de famiUe "Vient à décéder,fisflM
re de fa- mes,fis proches parens et amis mèneront "Pn dùiilmm
mii:C. uetlleux,nonpar l'efface de trou ou quatre tours, niS\
de quatre au cinq moys.Et U plus grand dueil,eftâM
-i qui?
D E LA F R A N C E A N T A R C T . gt
quatreeucinqpremiers ionrs.Fous les entendrez_ fai-
re tel bruit ey harmonie comme de chien* ey chats:
"Pons"Perrez. tant homes quefemmes couche zjur leurs
couchettes penfiles , les autres U cul contre terre s'em-
braffans (l>n (antre, commepourrez,~Poirpar lapre-
fientefigure :difans en Uur lague,No flre père ey amy
. eftoit tant homme de bien ,fi "Paillant à laguerre, qui
auoit tant fait mourir defiesennemis. il efi oit fart ey
WÙffant, // labour oit tant bien mz.itrdms, d prenait
wfes et poiffons pour nous nourrir, helas défi trefpaf-
JwjUous ne U lerransplundinan après U mort auec noz.
'Huns, aux pais que nos Pages nous difient auoir "Peux,
ey plufieurs autresfimblabUs paroUes. Ce qu'ils repef
ferontplus de dix miUe fois, continuons tour ey nuit
(efface de quatre ou cinq heures,ne crffkns de lamen-
ter. Lesenfans dutrefpafféaubant dln moys mute-
ront Uurs amis, pour faire quelquefiefie etfilenmté à
fen honneur.Et là s affèmblerontpointure z. de diuer-
M fit
L E S r S T N G V L A R I TEZ
fis eouUurs3deplumages,et autre équipage a Uurmivi
Oyfeaux Jefofians mi/jepafiitemps ey cenmoriies.lefèréjtn
b?_blcC1 "fi en^r0't mention de certains oifiaux à ctprefH^
rry qu vn AyAnsfembUble try ey "Poix qu'ln hibeutdetepmt
luaout. tirâtfur le pitenxdefquels ces Saunages ont enfigridi
reuerence, qu'on ne les aferait toucher, difants q parée'
chant piteux ces oyfiaux plorent la mort de leunamdfM
qui leur enflait atmrjounenonce . ilsfont donc eftant
ainfi affemblezjey acceufirez. de plumages de diuttf
uerfies couleurs dafis,ieux,tabourinagestanecfluft^fot}
Bes des os des bras ey tombes de leurs ennemis,et au*
très mftrumensà la mode dupais . Les autres, comme
Us plus anciens tout ce iour ne ceffent de boireJ'ans mon
ger,etfontJéruu par les femmes et parités du defunfk
Ce qu'ilsfont,ainfi que te m enfin informé , efi afin
deleuer le cœur des tennes enflons,les emouuoir ey *n>
mer à la guerre, et Us enhardir contre leurs ennemis,
Les Romains auayit quafiifimblabU manière defoiae\
Cet
DE LA F R A N C E A N T A R C T . %2
Car après ledecésdaucu otoyc,£ auoit trauaillé beau- **° j u*
couppour la ^ejmbJiq^hfaifoyent teuxpipes, et chats ^ m a j n s
funèbres à laUuenge et honneur du defunB,enfimble & autres
peur donner exemple aux plus tettnes de s'employer peuples
peur L liberté çy confit nation dupais . Pline recite,aux 6—c
mhntriSméLycaon fut inuetcur de teUes danfies,icuxiff c s
tt0#fn*rebres,pompes etobfiques, q(onfloifiitlarscitoyeaé
0 mortuaires . Pareillement Us Argiues, peuple de
mrccej>our la mémoire du furieux ho défait par Her
Wàtsfaifoiet des ieuxfunèbres. Et AUxadre le Grad
âpres auoir "Peu Ufipulchre du ~PaiUantHeBar,en me Alexan-
tfèyre défies promffcs dmanda,etluyfieitplufieurs ca-&K ' c
reflesftfrUnnités Je pourrais icy amener plufieurs hi- Grand *
K
femme Us Anciens ont diuerfimet obfirué les
%res,fielilo diuerfiité des lieux :maispour cutter
ité,fiffirapour leprefint entidre la couflume de
UZ^Sauuages :pource q tant Us Anciens,que ceux de
noftre temps ont fait plufieurs excès en pompes funè-
bres,phu pour "Pne"P aine ey mondaine gloire qu'au-
Wbfunt.Mais au contraire doibuent entidre, que cel-
Wfluifinifaites à (honneur du defnnB et pour le re-
Jmddefion ame,fiant louables do déclarons par ce may-
enjanmorteUe , ey appronuans la refitrreBionfuture.
P.es rnortugabes.et de la charite'jde laquelle
FilsVfentenuerslcs eftrâgers.CHAP. XLIIII.
FIS qu'il eft quefeion de parler de noz.
, Saunages, nous diros encores quelque cho
;fiede leurfaçon de "piure. En Uur pats il
n'y a "Pilles,nefartereffes degi'odeur fitrio
telles q Us Portugais et autres chrestiensy ont baflies,
M x pour
LES SINGV LARITEZ
Mortu- pour leur commodité. Les maifionsou Us habitentfinf
«cttcs "fet*m hgettes, qu'Us Appellent en leur Ungue Mor-
des Sau- rugabes,4/7?0»w/«par hameaux ou"PiUages,tels que
uagcs,& nous les "voyons en Aucuns lieuxpAr deçà . Ces logettèi
comme font de deux ,au trois cens pas de long, ey delargeur
(Vil"" 3 ~^inZtpAS>m ennidtptuson moins: bafiies de bou,ey<;
couuertes defueiUes de palme,U tout dtjpopfinàifutaï
ment, qutlefi impofiible déplus . Chacune logettio
plufieurs belles couuertures,mais baffes, teUemet qtiih
fi fout batffer poury entrer, dme qui "Poudrait poffleV
por 1m guichet. En chacune y a plufieurs ménageslM
en chacun pour luy eyfiafamiUe trou brajfées de long.
Arabes 1*trouue encore cela plus tolerabU, que des Arabestf
& Tar- Tartares,qui ne bafliffcnt i ornais moifian permanent^
tarcs
mais errent çà cy ' là comme "Pagabons : toutesfois ihfe
ro'imde gouuernentpar quelques loix : ey noz.Sauuages n'en
mai fon ontpoin ,flnon celles que Nature leur a donnl es '. Ces
pei ma- Saunages donc enfles maifinnettes,fiontplufieurs mt-
ucntc. nages enfimble,ou milieu defiqueUes chacu enfin quat
tier,fontp'edusleshBsàpiUters,fortsetpnijfantsattér '
chés en quarrure Jcfquelsfont faits de bon cotto,ca*^fÊ
nui u" - enent d*°»dance, q porte "Pn Petit Arbre de ht hanttuf
tent !c d"Pn homme ,olafemb(ace degros bauds comme ghuf
cotton. différons toutesfou a ceux de Cypre, Malte ey Syr'ltf,
Lefidits hBs nefiontpoint plus efipes qu~Pn linceul de
ce pais : ey fe couchent là dedans tons nuds,ainfi quih
ontacoufiumé d efire. Ce UB en leur langue efe appel
M-. lélny,eyU coton dont il efifiait,Mm\got.Des deux
Mau, ot
S caftez, du UBdu moiftre de lafamiUe, Usfemrnesnf
font dufenUiour ey U nuit: car Us nuitsfiantaueu-'
nementfroides. chacun ménagegarde eyfe refirtk
DE LA F R A N C E A N T A R C T. 8?
"oneforte de fruit gros comme "Pn œufdaufiruche, qui
eft de couleur de noz. cocaurdes de par deçà : efiant en
façon debouteiUepersee des deux bouts, paffantpar le
wuhen "Pn bafton dhebene , long dlmpted cy demy.
tTtn des bouts efe planté en terre, (autre efe gorny de
beauxplumages /">» oyfieau nommé Arat, qui efi to- ^rat>
taUment rouge. Laquelle chofi ih ont en tel honneur et ^cç^:e
tbutatùn,comme'fi eUe U méritait : ey efiiment ceht d es Sau-
eftre Uur T o u p a n .• car quand Uurs prophètes "pien- uages.
nent "Pers eux,ih font parler ce qu* efl dedans, enten-
donspar ce moyen Ufccret de Uurs ennemis, ey com-
ité ih difient,fçauentnouueUes des âmes de Uurs amys
itcedez..Cesgens an tour de Uurs maifions ne nourrifi
fatAUCHS animaux domefiiques, finon quelques pou- P o u i e ' «
Ht encores bien rarement ey en certains endroitsfieu-
lepent,ou les Portugais premièrement Us ont portées:
tirauparauant ricnauoyeht eu aucune congnoiffance.
ils en tiennent toutefoisfipeu de compte, que pour "Pn
fmtcoufeean "Pous aurez.deux poules .Lesfemmes rie
mageroy ent pour rien ayons toutesfois à grand déplat
mquandih "Payent aucun chrefiien manger à "Pn re-
Hf quatre ou cinq œufs de poule,lefqueUes Us riiment A r j
K g n a n e : eftimans que pour chacun œufih mange t n c °^
mepouU,quifufferaitpour repaifire deux hommes^.
J^neurriffent en outre des peraquets, Ufiquels ils cho- Perro-
fio'u entre les autres, ayons pris 1V Ui , i a '
., v; / 7 gc d'or
yne nanire de Portugal, ou ily auoitgrad nombre de £ u d>ar
fèces d argent monmyé,qui auoit efie apporté de Mar g c n t en
fien,ih donnèrent tout à "Pn Trancou,pour quatre ha- tre les
M 3 ches,
LES S I N G V L A R I T E Z
Sauua ches,ey quelques petit confie at*x. Ce qu'ils eftimoii't
gcs. beaucoup,cy non (ans raijon, car cela leur eft propre
pour coupper leur bois,lequel auparauant eft oient con-
traints de coupper auec pierres , au mettre lefeu es ar-
bres,poui les abatre :ey àfaire leurs arcs eyflechtttÊ
riyfiyentd autre chofi .lhfint au fur plusfort charitoÀ
Charité blés,et autant que leur loy de Nature le permet. Qui^
des Sau- aux chofis qriihefiiment les plus precieufes,dme tout
uages ce qu'Us reçoiUent des Cbrefiiistils enfant fort chichtte\
I vn en- maii j c tmt ce ^ w; croifl en leur pais,non, comme oli*
ue ' mens de befles fruits cy poiffon*,Us enfiantajfez. hbt*
roux(carils n'ont guère autre chofi) nonfeulemetpet-
entre eux, mais aufii à toute nation, paur-"Peuquil»
ne leurfiy ent ennemis. Car incontinent qu'ils lerrenf"
queUun de lomg amuer en leurpais, ih luy prefiente*]
rant"vtures,lagi:, cy InefiUepourfinfiruice,cemm
mus auons dit en quelque endroit. Aufii liiendroHtè
(entour duperegrinfemmes cyfiUes afiifes contre ter '
DE LA FRANCE A N T A R C T . 8 4
tt,pourcrieretplâtrerenfignedejoye ey btenlienue*
LefqueUesfi"Pous "Poule z. endurer lettons larmes, di-
ront en leur tague, TufinU tresbie ~Penu,tu es de noz,
bonsamys, tu aspnnsfi grand peine de noua "Venir
y»ir,ty plufieurs autres careffes. Aufii Ursfera de-
dansfinHB U patron defamille, puront tout ainfi
mue Us femmes, s'ils cheminent frète ou quarate lieu-
es tantfiereau que fur terre,ih "piuent en communaux
té:fi(lm en a, tien communiquera aux autres, s'ilç^
en ont befàing : ainfi enfontHz. aux efirangers. Qui
eft ce panure peuple eft curieux de chofies nouucl-
me \,ty Us admire(auflifilon U prouerbe. Ignoraceefl .
te d Admiration.) mais encore dauantage pour ti-
quelque chofi qui leur Aggrée des efirangers ,fiça-
rtfi bienflatter , qu'il efl malaisé de Us pauuoir e-
teudutre.Les hommespremierémit, quand on Us "Pi-
fite à leurs loges ey cabannes , après Us auoirfiàlue\*
Hofprechent de telle affeurance ey familiarité, qu'iU
W&drontincontinit"Vofire bonet ou choppeau,et (ay-
ant misfur Uur tefie quelque fou plufieurs l"Pn après
jjjKtreJè regardent et adnurct, auec quelque opinion
\eplue beaux. Les autres prendront "Poflre dague
ée ,au autre coufieaufi "Pous en auez^et auec ce me-
fferitdeparaUes et autresgeftes Uurs ennemis: bref
pfc ">»us recherchit entierémit, et ne Uurfont rie refu
\for,autremit "Pousrienauriésfirutce,grâce, ne amitié
feeUonq-.yray eft qu'Us "Pous rendit "Pozbirdes.Au
ȣtenfantUsfllUsey femmes plus encore fiatttreffes
fie Us hommes,eytoufeours pouritrer à eUes quelque
'tbofi. Bien "Pray quelles fi contentent de peu. EUes
s tnliiendront à"Pout de mefine grâce que Us oarnrnesK
M4 auec.
LES SINGVLARITEZ
auec quelquesfruits,ou autrespetites chofes, dot ih ent
Acoufiuméfaireprefiens,difions en leur Lngue, Aga-
touren,^«; efi autant à dire comme tueibon,par Imf
manière deflatterie:Eori zttc ph, monfire moyce
que tu as,ainfi defireufis de quelques chofis nouueUes,
cime petits miroucrs,patenofires de "poirre: aufii "Pous
fityncnt à grand trappes lespetis enflons,ey démodent
en leur lagage,Y\i\mi\yt pinda,done nous des heims,.
dont ils "pjènt à prendre le poiffon. Etfiantbien appris à j
l'ont "pfir de ce terme deuant dit Agatouren , tues
bon,fi"Vous leur baillez.ce qu'ils demandent :finan,\
d"vn l>iflagctcbarbatifl>oiu diront, Hippochi, lia,
tu neliaux nr»,Dangaïapa aiouga, il te faut tuerf^
auecplufieurs autres menoffes ey iniures:de manière,
que Us ne donnent qu'en donnant, çy encore "Pous re-
marquent ey recognoiffent à iamais pour le refus que
leur aurezfait.
Description d'vne maladie nommée Pians,
à laquelle font fubiets ces peuples de l'A;
meriquejtantes ifies que terre ferme.
CHAP. x LV.
Cachât biequ'il n'y a chofe depuis la terre
iufques aupremier ciel,quelque campaffe-
mit etproportiiqu'dy ayt, quinefiaitfitb
tette à mutation et continuelle altération.
Loir donc qu, mus enriironne,riefiant air ftmplemet,
tins compose,riefi toufioursfiembUU en tout teps, ne
en tout endroit,mois tantofl dlinefaçon tantafi d"Pne
autre.mntquetoutes maUdies (commenous dtentUt
me-
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 8 j
,tliwtetinsÇpiennentoude(atr,oude U manière de~pi
weùemefins aduisé de eficrireline maladiefort fami
hereeypopuhtire, en ces terres de (Amérique ey de
Itttldentfdécounertes de nofire teps.Or cefie maladie*
appellee Pians,par Usgens du pais,ne promit du "PÎce Pians,
ae(air,carilefehtflort bon etteperéue que monflrent "la^die
ïtomexperiice Us fruits q produit U terre auec U bene- . c s a u !
_»--//> • rr i ?'• rr- r- i "âges, &
**f de l Atr(JAns lequel rie neJe fait, fiait de nature au f0„ ;
•artifice) aufii qla maladie prouenat du "Pice de (airoflgiae.
^ofeautatle ieune q U~pieux,le riche dme UpAUure,
^riyihat tautefou U difpofitH interne. Refie doc qu'eb-
Wfreuienne de quelque maleuerfiation,camme de trop
Jpqnenter charneUemet (homme auec lafemme, at- Sauua-
ttndu que ce peuple eft fort luxurieux, charnel, ey S"»Pea-
plus que brutalJesfemmesffecialemit,car eUes cher- ] u x u .
chent ey pratiquent tous moyens à emauuoir Us hom rieux,&
mes au déduit. Qui me faitpenferey dire efire plus Charnel
que "PrayfiembUble,teUe maladieriefire autre chofi
que ceflebettelieroUe auiourdhuy tant commune en
naftrrEurope; laquellefaufimit on attribue aux Eran
tais, commefiUs autres n'y efiayent aucunementfinb-
uts : de manière que maintenant les efirangers (ap-
pdhnt mal François, chacunfiaitcombii "PentabU-
ntent eUe luxurie en la France,mois non moins autre-
ment ey (ontprifipremièrement à "Pn "PoyageàNa- .Ia!Y* °"
Wjfieu(auoyentportée quelques Effagnoh de ces ifies de la\
mdentaUs :car parauant qu'eUes fuffent découuertes rôle ve-
fo-fubiettes à l'Effagnal,rienfut onc mention, non
fmmentpar deça,mats aufii ne en la Grèce,ne autre
Wtie de (Afie, ey Afrique . Et mefiuuient auoir
tt*J reciter ce propos quelquefois à deflmB monfieur
M J Syl-
LES S I N G V L A R I T B Z
Syluiut, médecin des plue doBes de nefIre te'ts. Pour-
tantf croit à mi iugement mieux fiant et pues f4i/»jH.,
nable (Appeler mal Effagnol,ayant de làfin»rigttu\
pour (égard dupais de dcça,qri autremet: car en Fra
çois efl appeUée "Perole pource que U plutfioumntMÊ
le temps ey les dplexions elle fi manifefie ou dehert
à U pe ou par puft nies,que (an AppeUe leroles.Internet!
nans au mal de noz.Sauuages, ey AUX remèdes dot ils
Vérole, -)fent.or ce mal prend lesperjànnes tant Saunages,et
P° vain meCbreftiens par de là de contagion ou attouchemUM
ft nom- ne plus ne moins que la "Perolepar deça:aufii o ilmo*
méc "ii fmesjymptomes et iufques là fi dagereux,q s'Ueftjtu
I
François uieiUi,Ueft malaisé de le guérir, mefine quehpm.
fan?
les afflige iufques à la mort. Quant aux chreflitt\
bilans en ( Amérique,s'ih fi frottent auxfemmtt{
ri'uaderont iamtii qu'ils ne tombent en cefi incarne*
Curatio nitnfiyeducmj)p[fttttjt'qlte ceux du pais. Pourk
cm
maladie, ration,enfimblepour quelque altération,qui bienfitÊ
nentt accompagne te cemol,
mol, ilsfo
ilsfontcertaine decoBton at
Hiuou- (cfiarce dl>n arbre nimé en leur laçue Hiuour,
rahé.ar- de laquelle ils boiuent auec aufii bon ou meiUeur^ *__
fcre ces,que de nofire gaioc : aufiifontplus oifiz. à gu
que les autres,à mon oduis pour leur température ty
tomplcBion, qui ri est corrompue de crapules, connu}
les nofirespar deçà. Foila ce qui m'afimblé dire opter
pas en ceft endroit: ey qui lioudra faire quelque dif-
ficulté de croire à mes paroUes,quil demandelaplimÊ
des plnsfiauans médecins fur l'origine ey caufe defr
fee maladie, ey queIUs parties internesfonttoftoffS
sees, ou eUefie nourrit: car t'en "Pois auiourdhuypbt$
fleurs contradiBios affezJriuoUs,(no entre Us dettes),^
&
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 86
tyfen treuue btenpen,ce mefimbU,qui touchent au
qpoWt^rioxiptiUment de ceux qui entreprennent delà
guérir : entre UJquehfi trouuent quelques femmes,
ey quelques hommes autant ignorons, qui efi caufe
de grands tnconueniens aux panures patient, car au
heu de Us guérirfih Usprécipitent augoufoe ey A-
byjme de toute affliBian.ily a quelques autres mala- Sauua-
dies,comme ophiholmies (\defquclles nous auons défia S " j U
^dé)qntlnennent dlrneabondance defumée, com- ° 1 ^
*ihfontUfonen plufieurs parts étendrons de leurs mies,& l
« ty Ugettes qui font grandes pource qu'Us s'affem d'où elles
ntlrn grand nombre pour Uur hebergemet.lefiçay pr°c—et
bien que toute ophthalmie ne"piitpat de cette fumée,
imaûquay qu'il en fait, eUe 1-ient toufiaurs du"pice du
J^Êiit,par quehj ne mo-\c qu liait offense. Aufii n eft
r i t -
toute maladie dieux ophthalmie,dme - r
mefine (opeut. N
P^J ^ot ^
uxophthalmie, corne mejmetopeut j
"Pair entre les habitons de (Amérique, dont nous par- ï c u x eç\
lens: car plufieurs ont perdu U "Peue (ans auoir inflam- optimal-
\Jkation quelconque AUX ieux,qui ne peut eftre à mi in m i e -
ttent, que certAine humeur dédits le nerf optique em
ïhant que (effrit de U "Peue neparuiene à l'œil. Et
9e plénitude ey abondance de matière au cerueou,
\n que (en puis congnoiftre,prouient de (air ey "Pet
ferai, chaud ey humide fart familier par delà, U-
ïquelremplit ay sèment U cerueouuomme dit tresbien y e nt au-
Wippocratrs.Aufiicxpcrimentisennous mefimespor ftralmal
deçà Us corps humains deuenirpluspefins,ht tefieprm fain.
WpaUment,quand U lient efi au midy. Pourguenr ce
maldesteuxfits couppent "pne branche de certain or- j
brefort mollet, dme "Pne efipece de Palmier, qu'Us em 0pijthal-
fartent à leur maifion,ey en diftillent lefisctout rou- m j e s.
geatre
LES S I N G V LA R I T E Z
gtAtre dedans lad du patient.le dirAy encores tut ce
peupU ri efi ïamaisfiubietà lèpre,parAlyfie,et lilteret,
ty autres "Vices extérieurs etfùperficieu, comme mm
autres par de ÇA : mais prefique tenftoursfilins ey diffoa
chemine t d"Pne Audace, ht tefie Uuée comme "Pn cerf.
Foy la en poffont de tefie maladie U plus dangereufeek
nofire France AntarBique.
Des maladies plus frequctes en l'Amcriqç,
& la metbode qu'ils obfcruet àfc guefil
CHAP. X L V i.
Lriy a celuy de tant rude effrit,qui n at-
tende bien ces Amériques eftre crpefeX
des quatre elemens, commefont tous tarffi
naturels, ey par ainfifùbiets à mefentffl
feBians,que nous autres, iufques à la diffahttien dese-
lemens.Fray efi que Us maladies peuuet aucunement
eftre diuerfis,JeUn la température de (air,de U me»*
rt,
DE LÀ F R A N C E A N T A R C T. 87
rt de iriure. Ceux que' habitent en ce pais près de la
weer,fientfortfiabietsà maladies putredmeufisfieures,
cTScrres,ey autres.En quoyfont ces panures gens tant
jpttjuadeZj,ey abufiz.de leurs prophètes,dont nom A- ° tJ£..-
uoiesparlé, Ufiquehfiant AppellezjpourUs guérir, quad Sauua-
ihfontmaUdes : ey ont cefleflolU opinion, qu'ih les ges à l'é- .
permetguérir.On nefiAurait mieuxcomparertelsga- —o"dc
fêisqudplufieursbatteUurs,empiriques,impofieurs, l c ^ J ^ '
Z-nous auonspardcçA, qui perfuadent ayjementau de leurs
UpeupU, ey font profefiion deguenr toutes ma- maladies
rs curabUs, ey incurables. Ce que te crotrayfôrt
\jmau quefiiencefiait deuenue ignorance,ou au con
JfÈjfe'Doncques ces prophètes donnent à entidre à ces
ibeftiAux , qu'Us perlent aux efflrits ey âmes de Uurs
farens, ey que rien ne Uur eft impofiible, quih ont
pét§'ancc defaire parler (dme dedans U corps. Aufii
quand In malade raile,ayant quelque humeur en l'e-
fiamac ey pouhnons, LqueUepar débilité , on antre-
tnetilnepeut ietter, ih êfiimétque c'eftfiname qui fi
Maint.Or ces beaux prophètes,pour Us guérir lesfnce- Metho-
rant auec U bouche en la partie ou ihfintiront mal,p en dc de gue
fins que par ce moyen ih tirent ey emportent lama- tir les
&he dehors J ilsfiefucentpareillement ("Pn (Autre, ^ J ^ 6 8
ntass ceri'efeauecques teUefoyey opinion.Lesfemmes u ^ cs ~ca>
enyfentautrement.EÏÏesmettront"Pnfilde coton long tre les
de deux pieds en labauchedupatiit, lequel après élus Sauua-
fucent, efilmonsaufiiauec cefil emporter la maladie. Scs*
Si (lm bUffe (autrepar mal au autrement, il efe tenu
' "r luyfiteerfitplaye,iufques a ce qu ilfiaitguer i:eyce
idant Us s'abstiennent, de certaines "Piades, lefqnel-
ihefeiment eftre contraires.!h ent certe méthode de
flaira
LES S INGV LARITEZ
foire incifios entre les effaulcs, et en tiret quelque qui,
tité defongue quihfiantauec "Pne effece d'herbefort
tr enchante,on lie auec dents de quelques befles. leur
manière de "viure eftas malades efi,quih ne donerejUk
Manière • „ •' • . - J* •. •/ • j
• • lamana mangeraupatict,ltpremicrtmttilhcnte~t
des pariés mande ,ey UlaiJJer ont plus tofi languir "Pn moys. Irt,
& maia- maladies,comme t'ay ~Peu,riyfint tantfréquentes eJM
<Ucs
- par deçà, encores quih demeurent nuds leur elnûfM
aufit nefont ih aucun excès à boire ou à manger.Pre-
mièrement Us ne goutteront defouitcorrompu, qu'
ne fait luficment meur: U "Piande biécuitte. Aufii
plusfortcuncnx de cognoiflrc Us arbres eyfouifsg
leurs propriétés pour en Ifer en Uurs maladies.Lef
duquel plus dmunement Us "pficnt en leurs malat
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 8 8
eftuommésS&n(X,groscomme~Pne moyenne citronil- Nana,
le, fait tout autour cime "Pne pomme de pin, Ainfi que *mit tosx
pourezfVoirpAr ht prefente figure. Cefruit démet tau e x c c CC*
ne en maturité,Uquel efi merueihcufiment exceUent,
tantpourfo douceur quefaiseur,autant amoureufe que:
finfucre,cy plns.lt rieji pofiibleden aporter par de-
çà fimn en confiture, car efiant meur U ne fi peut lon-
guement garder .D'euant Age U ne porte Aucune grat-
mtparquay ilfieplante par certains petis reiets, comme
tous diriez. Usgreffes de ce pais à enter. Aufii auat
qtitfire meur il efe fi rude a mager,qu'il loue ejearche
•la bouche. LafueiÛe de cefi arbriffeau , quad il croifi,
eftfentbUbU àcelU d"Pn large lonc. le ne "Peux abher
.tomeparfingnlartté entre les maladies "Pne indiffofi-
ùanmerueiUeufi,q Uur confient certainspetu "Pers qui — om e £
teurentrit es pieds, appellez,en UurhwgueTowflefioccede
emeknefont gneres plus gros q cirons: et eroirois quih vêts.
/engendrent ey concréent dedans ces mefimes parties,
tor Uy en a aucunesfoisteUe multitude en "Pn endroit,
auil Je fait "Pnegreffe tumeur comme une febue, auec
mUnreydemangeaifinenUpartie.ee que nous efe
reiUement aduenu efeanspar delà,teUemit que noz\
t/h efe ay ent couuerts de petites bojjettes , aufqueUes
ad Conter eue es (on trouuefieuUmet "Pripertout blaC
auec quelque boue . Et pour obuter à ce ht, lesgens du
M> fontcertAinehuiledl>nfruit riiméHiboucoq- H l b ° ° *
aafimbhtnt "Pne date, Uquel ri efl bon à manger: la- c™t ^
ej/ehe hutUc ils r.eferuentenpetitsliaiffeaux defruits, fon vfagc
gemmés en leur Lngue C a r a m e m o , ey en frottent
Usparties offensées: chofi propre, ainfi qu ils affermit^
**ntroccs~Pers.Aufis'cn oignent quelquefois tout le
> corps
LES SINGVLARITEZ
corps, quand ih fi trouuent laffez,- Cette hstiU en no-
tre efe propre AUX pUyes ey "plceres, Ainfi qu'ils ent
cogneupar expérience. FoyL des maladie i cy remè-
des dont "pfint les Amériques.
La manière dc traffiquer entre ce peuple,
D'vn oyfeau nommé Toucan, ôc de l'c-
fpicerie du païs.
C H A P . x L v i r.
Ombien qu'en (Amériquey ait diuerjb
té de peuples,Saunages rieantmoinstmit
de diuerfis ligues etfaBions, caufeumm
defaire guerre leslins contre les autm:
toutefois Us ne laiffent de traffiquer tôt entre cuxqu'*
auec les effrangers,(ffecialement ceux quifintpreste
Traffi- ht mer)de teUes chofis queperte le pais. LaplusgrM* ;
que des de traffique efl de plumes danflruches, gamtWËi
Sauua- defféesfaiBes de pennaches, ey autres plumagetftrU
8e*- exquis. Ce que (an apporte de cent oufox"Vingts lumk
plus ou moins, auant dedans lespais : grandquanvt
femblablement de çoUiers blanc ey noirs: aufii deten
pierres "Pertes,lefqueUes ils portent aux Unres,cenyÇ
nous auons dit cy deffui. les autres qui habitent fut
cofie de U mer,on traffiquent les Chreftiens,reçf*\
quelques haches,couteaux, dagnes,ejfées,et autre
remens,patenofires de "Verre,peignes, mirouers ey\
très menues befengnes de petite l>altur:dont ils trajjby
quent auec Uurs "Voifins, n'ayons autre moyen, finW
donner Ime marchandtfe pour (autre:et en "pfient air*
ft,Donne moy celafie te donnerayeecy,fans tenir IttM
prefl
F DE LA F R A N C E ANTAR C T. 80
propos.Sur U cofie de U marinc,Lplus fréquente mar
têandife efe Uplumage dln oyfieau , qu'Us appellent Def"c«-
enJemrUngue Toucan,lequeldefirironsfommoire- î.uon iû
ment .puisqu'illricnt àpropos Cefi oyfieau efi dela0..feàUic
grandeur d~vn pigeon . il y en aime autre effece de l'Amen-
taformedline pie, de mefine plumage que l'autre : que.
c'efe àfiçauoirnoirs tous deux, hors- mis autour de la
Mfuut', ou il y a quelques plumes ronges, entrelacées
'farmy Us noires, finis ht poitrine plume tonne, en-
viron quatre doigts, tant en longueur que largeur:
ey rieftpofitbl: tronuer tanne plus excellent que ce-
hty de c'est oifiau:au bout de la queue ily a petitesph:-
mes routes comme pin f. Les Saunage: en prennent la
_. - O? 7 • a- , r j * i r • Chat'-.-,-:.!
ffAU,a (endroit qui efi taune,ey l accommodent a f ai cft ,. n ..
Wtgarnitures defipées à leur mode,ey quelques robes, c o n . ()', ;
wflapeaux, ey autres chofis . l'ay apporté lin chapeau de f > -
Jait de ce plumage, fort beau ey riche, Uquel à efié m;? - -.
N pré-
LES S I N GV L A R I T E Z
prefente AU l(oy, comme chofifinguliere. Et de cetty- ~
féaux ne s'en trouuefinanen noftre Amérique,preriii
depuis IA nuiere de pUte iufques à U nuiere des A-
mAZpnes. ils s'en trouue quelques"Pns auPeru,m*u '
ncjont défit gronde corpulece que les Autres. A U ne» <
uelie Effoigne, Floride, Mefiique, Terre neuue,ttnt\
s'en trouue point , à confie que le pais efi trop froid, «1
qu'ils craignent merueiUeuJemit .Au refit cefi oyftà
ne lit d autre chofi par my les bais ou Ufaitfiarefldeè
finon de certainsfruiBz.prouenans dupais. Aucn[
pourroyetpenfie r qu'ilfnfl aquatique, ce qui ri efe TrgJ
fimblabU,dme toy lieu par experiice.Au refeedM
oyfieau eft merueiUeufiemet difforme et mofirueustoty^
l'Ameri- les autres d autres couleurs .Ce plumage die eftforttfii
que en mi tntre noz. Amériques,duquel Us traffiqueftttinfi
France. lGuenons auos dit. il efi certain qu'autt ("pfàee de mon-
Permuta rr • • r-. t r i. -f
tiou des noye on traffiquait ainfi Pne chojepour t autres eteen-}
chofes i-fifloit la richefle des hommes,"Poire des l{oys,en befitt,
uât l'vfâ- comme chameaux,moutons et autres. Et qu'ilfiaitain-l
ge demô fof-),0H1 tn auez, exemples infinis,tant en Berofequpt
/Vlôs Pv Picore defquels nom recitent la manière q Usatftmt
renées tenoyent de traffiquer les "Pns auec les autres, laquent
pour- je trouue peu différente à ceUe dc noz, Amérique &
quoy atn autrespeupUs barbares Les chofies doncanciemijAt
lexPVtil"i-^ baiUoyentles "Pnespour les autres,comme "Pne brebis
té de la Pom du blé, de la Uine pour dufiel,Latraffique $ bien
traffique nousconfideros)efimerueilleufimetl>tiU,eutreqslM
DE LA FRANCE ANTARCT. OC*
ieeft Umoyeu dentretenir laficieté ciuile. Aufii efi
eUefort çeUbréepar toute natio. Pline enfinfiptiéme
en Attribue (inuention ey premier îfoge aux Phé-
niciens. La traffique des chreflies auecques Us Amee-
rifues,fintmomnes,bois de brefelperroquets, coton, en Quelle
thaee d autres chofes,comme nous auons dit. lls'apper- % a 7
te Aufstdela certaine efptcc qui eft la graine dPne ber Càrcftia
Jbejuarbriffèati de U bAuteur de trais ou quatre pieds, auec les
LefrmtreffembU à "rhcfrezç de ce pais , tant en cou- Ameri-
Jeur que Autrement. Quand il efe meur ilfietrouue de- j $ e s "
mens "Pnepetitefimcncecommefonod.Nozjnarchans d-efpice.
Wjbrefliensfecharge t de cefie manière deffice,nan ton
wtfiis fi benne que la mantguette qui croifi en la coite
del'Ethiopie, ey en U Guinée: aufiiriefi elUà com-
parer àceUe de Cahcut,an de Taprobane.Et noterés cni * 'f
foffant,que quand (on dit (efpicerie de Cohcitt, Une
faut efeimer queUe croiffo là totalement, mois bien à
toquante lieues loing,en te nefiçay qneUes ifies, eyffe Efpîçe-
i àalemit en "Pne appellée Carchel.Toutefois Cahcut efe ric:de Ca
lêmtpeprincipalou fi mené toute la traffique en (ln-^cat'
de de Leuant:çy pource efi dite efpicerie de Cahcut. ^ L1
XJU efi donc meiUeure que ceUe de nofire Amérique.
Le Jǻv de Portural,comme chacun peut entendre, re-
çoitgrand émolument de la traffique qu'il fait de ces
£Qiceries,mais non tant que le teps paffé: qui eft depuis
que Us Effagnols ont décannert (ifie de Zebut, riche rfle ^ e
et degrande eflè'due,laqueUe Irons trauuez.apres auoir Zcbur.
faflé U déferait de Magella. Cefle ifie porte mine d'or, Abor-
(bre.abondance deporceUtne blanche. Apres on.nc^' ,
7 • i J h ni lues de
rtAborney,cmqdegrez.delequtnottial, ey wi0\\\as.
i ifies des noirs,iufques à ce qu'Us sitparuenus & dé l'e-
N 2 AUX
LES S I N G V L A R I T E Z
fpicene dUX Molnques,quifont Atidore.TerrenAte,Matt,0*'
1U1 e n Machianpetites ifies affespres ("Pne de (autre:commt~
"Vous pourrie z,dire Us Canaries, defiqueUes AUOS parlé.
Ces ifies difiantes de nofire France plut de cent oclon-
te degré z.,cy fituées droit au Ponent, produisentfer-
ce bonnes efftceries, meilleures que ceUes de (Anttr>
rique fans comparaifon. Faila en poffant des Meltv
ques , après auoir traité de la trafique de nozjîut
Amériques.
Des oyfeaux plus communs en l'Amcriati
C H A P . X L v I I I.
Ntre plufieurs genres doyfiaux q nature
diuerfimentproduit ,defiouurantfis dm
par particulières propnetcz. > dignes cer-
tes d'admiration , lefqueUes eUe a baillé t
chacun animal limant,Une s'en treuue In quiexcedt
enperfeBion ey beauté , cefluicy, quifie"Voit confiu*^
Ds-'fcri- mierement en (Amérique,nommé des SauuagefCi*
ptiondu r i n d e , tant nature fiplaifiit à portraire cebtîeyp
Ca n
£ u ^ U reuefiant d"Pn fiplatfiant cy beaupennage,qu%
excelléte tmpofiible n'admirer teUe ouuriere . Cefi ayfiau n i
beauté, cède point la grandeur d~Vn corbeau :ey fin pluniM
depuis le "Ventre iufques augofter, efe iaune commejm
or des ailes ey la queuei laquelle il a fort longue,flk\\
de couleur de fin azur. A cefi oyfieaufietrouut"PnAUf.
tre fimblabU engroffeur , mon différent en caulet
car au heu que l'autre a le plumage iaune, cefeuâtt
rouge,comme fine efcarlatte,ey le refile azuré.Ces oy-
fiaux fint effeces deperroquets,ey de mefine f
DE LA F R A N C E A N T A R C T . pi,
en tefie, bec, quipieds. Les Saunages dupais les tienet ;
fort chers à ÇA fi q trou ou quatrefois (anée ils Uur ti "'•
rit Us plumes,pour en faire chapeaux, garnir boucli-
ers,ejpées de bois,tApifferies, et Autres chofies exquifis,
jit'ihfont couftumieremêt.Lefdits oyfiAUxfentfipri-
pes,itaut U tourfietiennit dans les Arbres,tout autour
des Ugettesdes Saunages. Et quad ce "pietfur Ufiir,ces
eyfieAUX fi refirent Us "Pns dos les loges, les outres dans
Jet bais : toutefois nefoiUent iamais à retourner U len-
demain,ne plus ne moins que font mz.pigeons priués,
qyiidifient aux maifinspar deçà, ils ont plufieurs Au-
tres effeces de perroquets tous differens fie plumage Us
"Pns des autres, ily en a"Pnplus "Perd qnulautre,-qui
(è trouue par delà, quih niment A i o u ro u b •' autres .
rr i n 7 • t ' i Aiou-
aytns Jur la tefeepetites plumes Azurées , les Autres r o u j , o y
"Pertes,que noment lesSauuages^WsWa.T^xmxs.llnes'en fèau verd
trouue point degris,comme en la Guinée , et en la hau Marga-
te Afrique Us Amériques tiennent toutes ces effe-azs-
us doyfiaux en leurs loges, fions efire aucunement
mfèrmeZjComme nousfaifinspar deçà-.l'enterisaprès .
Tes auoir appriuoifez. de leuneffe à la manière dis An j ^ r ^
%ens,camme dit Phneau hure dixième de fin htfloi- m j e r <,„,
renaturelle,parUt des oyfeanx: ou U afferme que Stra a mis les
fim a efié le premier qui a mifere a mettre Us oyfiaux oyfeaux
Wkeage,Ufque h porauont ouayent toute liberté daUer C l c a S c *
efyenir. Les femmesfpeciaUmit en nourriffent quel-
ques'vns ,/èmblables defiature ey couleur aux Unis
depar décadefqueh eUes tiennent fortchers, iufiques à
UsuppelUr en leur Unguedeurs amis.Dauantage noz.
Amériques apprennent à ces oyfiaux à parler en leur
langue,comme à demander de Ufarine, qu'ilsfont de
N 3 racines:
LES S I N G V L A R I T E Z
rACincs: an bien leur Apprennent le plus fiuutnt i di->
re et proférer qu'ilfaut aller en guerre cotre leurs rth>
nemis,pour les prendre, puis les manger ey ptufteuft}
autres chofis.Pour rien ne leur dineraient desfruits i
mager,tant aux grands qu'auxpctis:car teUe chofe(ds
fient ils (leur engendret l>n "Ver,qui leurperce If (otur'L
Ueotur'i
il y a multitude d autres perroquetsfounages,qui
AboJacc tonnent aux bets,defquels ils tuentgrande quatit utiteM
fluets en C0H?S deflèches,pourmager. Etfontces perroquets utsletej
'
!• Amcri- nids aufommet des arbres,deforme tante ronde, pou*
qu=- crainte des befies pic quantes il à efié "Pn temps q ces
oyfiaux riefioient congnenz.aux oncles Romains, ey
Dc ul
P. ? autres pais de ('Europe,finondepnisfcamme auctis ont
quel teps . ',. . i 'J. , i \ r r
auons eu vouludire)qu Alexandre le Grand enuayajanueu-
cognoil- tenant Oncficrite en (ifie Taprobane, lequel en am
f'anec des ta quelque nombre :çy depuis fi multiplièrentjibii
pe rro- UM M - ^ j^ Leuant qu'en Italie, et principale
quets. L ., , i,. ,. ' . . -i , y-
R^ome,corne dit Calumelle au liure troifiejme desaitk
des Ancies,q Marcus Por tins Cato{dnquella "pie et
Bnnefut exemple a tout le peuple Romain) ainfi co
fiefintotfieandolizé, difi un iour au Sénat: 0 peresi
firipts, o Rome malheureufie, ie nefrayplus en qui
Exclama teps nousfemmest'obez.depuis q i ay "Peu enRome tet
tion de les monfirofi:ez.,c'efi à fiauair Us hommespar ter.
M arcus roquetsfus leurs mains, cy "Peoir Us femmes naun
Caro co. • 7 /• / ; • > r*
r
tic les de ' * de"ces "s ehtens . Retournons a noz. 0JJe*
licci de 1ll*fe trouuentpar delà,d'autre effece cy fort eflra
fb:i teps. ges ( comme est celuy qu'Us appellent Toucan, duqu
nous auons parlé cy deuant) tous différent à ceux de i
firehemifiihere: commepouucz.phucleremct~Poir\
ceux,quinousfiant reprifientezjenceliure, ey dcpbtjk
ficm'.
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 0 *
fleurs autres, dont foy apporté quelques corpsgarni z,
déplumes, leslmes tannes, rouges, "Pertes, pourprées
azurées,ey deplufieurs autres couleurs: qui ont efié
prefintez. tu Roy, comme chofisfinguheres , cy qui
riauoyet oncqnes efié "Veuespar deça.ll refie à deficri-
re quelques autres oyfieAUX efiez. rares et effranges : en-
'weUfqnelsfie tronuue "Pne effece de mefine grandeur
ey couleur que petis corbeaux ,finon quih ont le de-
uantde U poitrine rouge, commefiang, ey fi nomme
t mon,fin bec efi cendré,ey ne "Vit d autre chofi,fi-
ns dlm effece de palmier, nommé knhuuz.il s'en
trouue d autres grans comme noz.merUs, tous rouges r '
commefongde dra<ron,quih nomment en Uur tangue- eftranoe.
Quiapian . ily À "Pne autre efipece de ht'groffeur Ierahuua
etynpetit moineau, Uquel eft tout noir,"Viuant d"Pne efpcce dc
fo&frrt effrange. Quand'ilefe fioul deformis, ey ^ " " " g
Obère petite "Vermine qu'il mangé, U ira en quelque oyfçau. '
^otrbrïffeau, dans Uquel il ne fera que "Voltiger de haut
en bas,de branche,en broche fins auoir repos queUan-
^pe. Les Saunages le riimet Ann o n . Entre tous les oy. Annon,
Vaux quifontpar delà,ils'en trouue encore "Pn autre, oyfèau.
q tes Saunages ne tueraient ou offenforaientpour chofi
WàcUonqne.Cefi oyfieau à la "Voix fort efihttate ey pi-
Auneei
Wnfc,Corne ceUe de nofire chathnant'.et dientces pan-
W .* ~ r h"i r- J i • . pecedoy
uresges qjan chat leurfait recarder leurs amis morts, feau>
^imans q ce fint eux qui Uurenuoyent, leur portant
*efortune,et mauna:fi à Uurs ennemis.il ri efi pas
rtrandaulen pire» ramier,oyat couUur cedrée,et
m*: & 1 r • n~J ° 1 ' Il IJ- L , HlUOUM
muatdufiruitdynarbrequisappeUeHmour3.he.le h e arbrc
falreuxtnbherlmautre ayfiaunimé Gouâbuch, Gouam-
qui ri efipas plmgtosqùlm petit cerfyolant, on "Pne buch,o^
' JV 4 grojfo
LES S I N G V L A R I T E Z y.
fcau fort £reJfî mmfche:Uquel neAntmoins quilfiitpetit^tflji
't-ctit. bcauàlel/otr, qu'ilefl impafiible de plus. San bec efl
longuet cyfort menti,ey fit couleurgrifotre. Et com-
bien q ce foitle plus petit oyfieau, quifait(come ieptf
fijfiubslcciel, néanmoins il chante merueilleufetit
. bien , cy efi foi tplaifiant à auyr . le laiffeles oyfiaux
decu douce çyjalée,qui fiont tous différent à ceux de
y erens o ceux ae
par de ç a,t ont en corpulence qu'en "Variété dépluma
trie té de pluma-i
gcs.le ne doute, Lecteur, que mz.madi
adcrnes autheurti
des hures doyfiaux, ne trouuentfort ej
eflrAngtU / r t - |
finie défitiption que t'enfou, et a les pourtraits queitj
iayreprefintez.' Maisfinshonte leur pourrasreputer,
cela à la liraye ignorance quih ont des lieux, Ujqueu]
ih n'ont iamais "Pifité, cy U petite congnaiffance qu'iby
ent pareillement des chofies cftrançrres . Fotla donc le
plusfimmairement qu'il m'a efie pofiible,d efirtrt des
oyfiaux de nofire France AntarBique, et ce que pour)
le temps quenousy auonsficiourné,auonspeu obfier
Des venaifons & fauuagincs, que prenne
ces Sauuagcs.
C H A P . X L I X.
L me fimble ri eftre hors de propos, ftie*
récite les befle qui fi trouuent es bois (y
montagnes de l'Amérique, ey comme1.,
Us habitons dupais les prennetpour Uur
nourriture .il me fournit auoir dit en quelque endrotPÂ
:••{ o i z cornme Us.ne nourriffent aucîls animaux domeftiqsi/tfk
<^cs Ame maisfineurrifi par tes bois grande quantité de fàutt^
nquci à ges,commecerfs,biches,fiàngliers,ey antres . i^uatU \
" tes
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 95
ces befees-fie détraquent à (efcArtpour chercher leur prëdre be
"Piejihliousforit~Pnefoffeprofondetouuerte defuetl- f«cs îà«-
Uges, au heu Auquel la befie hantera le plusfiouuent, u a S e s -
maisdetellerufie eyfineffe , qu'à grand peine pourro
" }pper:ey ht prendrai toute "Ptue, ou la feront mou
rirbtdedans,quehjue-fais à coups de fiefches.Le San- _ <-
H» />' 1 rrr-i i rr 11 1 Sanglier
tuer efl trop plus difficile, lceluy ne rejjemble du tout de l'A-
fnofire,mais efi plusfurieux ey dangereux: eyala merique.
ntphts Ungue cy apparente - il efl totalement noir
•fins queue: dauantage ilportefur le dosln euent
Me de grandeur a celuy du marfiuin, auec le-
ilrefftre en (eau . Ceporcfiauuage tette "Pn Cry
ffeunen table,aufit entend l'onfisdents claqueter
rè/rc bruit,fait en mangeât ou autrement .Les Sou
nages nous en ameneret "Pne fois "Pn ht, lequel toute fi
fou efchappa en noftre prefience . Le cerficy la biche
ri ont U poil tantlmi ey dehé camme par deçà , mou
frboureux et treflinné,aflcz.Ung toutefois-. Les cerfs
fartent cornes petites au regard des nofires. Les Sauna y. .
"Vsenfontgrande estime, pource qu'après auoir percé „ ue<
Heure à leurs pet is enfians, ih mettrontfiuuent de- s, -- •
lis lepertuis qUehquepièce de cefie corne de cerf, pour
(augmenter , efiimar.squeUe neparte "Penin aucun:
mais AU contraire elle répugne ey empefiche qu'à (cn-
\oit ne s'engendre quelque mol. Pline afferme la cor- Proprie-
* Jr cerfefire remède et antidote contre tous "Venins, «é de la
c
Si Us médecins la mettit entre les medicames cor- °^rçe
x,comme reborant ey confortant (cfiomac de cer
taine propriété, comme (iuoire et autres.LA fumée de
çefte cerne brufiée apuiffance de chaffer lesferpens.
^fucHns-pcidcnt dire que U cerf frit tous les Ans corne
N 5 nou-
LES S I N G V L A R I T E Z
nouuelles:ey lors qu'il'efi deflituédéfis cornetficin
che,mefines quand les cornes luy 'VeuUnt'tembtf'. Let
anciens ont cftimé à mauuoisprefage U rendtret%
ccrfey dlin heure tmais nousfemmestoutauciniraf
re,aufii efi cefle opinionfolle,fùperfiitieufi, ey répu-
gnante à nofire religion. Les Turcs et Arabes fint en-
cores auiourdhuy en cefi erreur. A ce propos noz.Ssn,
A S^T uagcsfefontperfiuadezJVncoutrerefuerie,etfierAbieè
oaircs. jubtil qui leur pourra dffùader: laquelle efi, qu'ayam
pris "Pn cerf ou biche, ils ne Us ofer-oientporter en letém
cobannes,qu.Us ne leur ayent couppé cuijfes et tabès de
derrière , efiimans q s'ih les portoyit auec leurs quitté
membres,cela leur ofteroit le moyen à eux ey o leurW
enfans de pouuair prendre Uurs ennemis à la courut
outre plufieurs refùenes ,dot leur cerneau efeperfo
Et n'ont outre raifon, finonqleur o-rad charaîbe
a fait amfl entendre: aufit que leurs Pages ey meh
ans U défendent.ils "Vousfrit cuire leur "Venaifinplfi
pièces, mais auec la peau : ey après quelle efe cuti
fora diflnbuée à chacu ménage,qui habitent en ~Pn(
ge tons enfembUjdme efcohers aux collèges, llsnemt
gérant iamau chair de befie rauijfante,an quifimut»,
riffe de chofes impures,tat pnuéefeit eUctaufii ne s'efi
forcedt d appr'iuaifer teUe befie,dme "Pne qu'ilsAmL
Defcn- hnt Coaty,grade dme lin regnard de cepdis,aya&
£ D °",., mufieau dl>npied de long,noir cime "Pne taupe,et me-
n Ac mece
nirnal.'c- ' ° h*Jdlmraf.Urefieenfumé,lepoilrudém
ftrange. queuegrefie dme ceUe dlm chatfiauuage, moucheté
de bUnc et noir,ayant les oreilles comme "Pn regnamk
Cefie befie efi rouifiéte,et "pit deproye autour desrtnf^
féaux . En aultre fi trouue ht"Pne efi>ece de faifanh^
fret
DE LA F R A N C E A N T A R G T . 94
gros comme chappons mais de plumage noir, hors-mis ~*Pe5!f
IÈ"tefie,quiejt grifittre ay aniline petite crefec rouge,
fendante comme celle dline petite ponUe dinde, et Us
•pieds rouges. Aufit ya des perdra nommées en leur
Ogue Macouacanna, quifiantplus greffes que Us no M a c o u 4
E n . il fi trouue dauantage en (Amérique grande càna,e£
Quantité de ces befies,quih nomment Tapihire ,defi pece de
rées ey redmandables pour leur deformité .Aufii les Ef1^**"
Saunages Uspourfùyuent à ht chaffe,riofieuUmitpourax^aim *
% chair qui en efi trabonne,mais aufii pour Us peaux
T$ont ces Saunagesfont bouchers, dejquehils ifcnten
guerre.Et efl la peau de cefle befiefitforte,qu'àgrade
^difficulté "Pn trait darbaUfle ht pourrapercer . ils les
prennit ainfi que U cerfley Ufianglier,dent nous auos
parlériAguercs. Ces befiesfiontde U grandeur dlm Defcri-
grandafhc,mats U colplusgras, ey ht tefie dmeceUe P«on du
p>mtaureau dlm an:Us dents trenchates eyagues: raP""*:e
sfteutesfou ekeriefl dangerenfo. Quad an ht pourihdffi,
elle ne fait autre refifience que U fuite, cherchAnt heu
Wffpre àfit cacher,courantplus légèrement que le cerf.
mieriapoint de queue,fino bien peu,de la fangueur de
mrois ou quatre doigts , htqneUe efifionspoil, corne ceUe
'(Agoutin . Et de telles befies fans queue Je trouue
fade multitude par de là. EUe oUpiéforchu, auec
t cernefort lengue,autantprefique deuant dme der
re.Sôpoil efirougeatre,corne celuy d aucunes mules
ou^aches depar deçà : et "Voila pourquoy les Ç'hrefties
ntpar delà , nomment teUes beftes "Vaches, non
Ë entes d autre chofi à"Pne "Poche, hors-mis quel-
perte point de cernes :eyàla "Petite, eUemefiem >
btefÂrticiper autos de (afite qdela "pache;car ilfie trou
ue
LES SINGVLARITEZ
uepeu de befles deffeces dincrfies, quifireffembhnt
Jtipece entièrementfinsquelque grande différence. Comme
fbncftra aufit des poiffons, que nous auons "Peufur la merÀU\
gc. cofte de (Amérique, fi prefinta "Pn en tre Us outres
ayant la tefie dme d~Pn "Peau ,eyte corpsfort bùrjr+l
re.Et en celapouuez. "Poir lindufine de Nature, qut '
a dtuérfifié Us animauxfilon U diuerfeté de leuri e-
Jpeces, tant en (cou qu'en la terre.
D'vn arbre nommé Hyuourahé.
CHAP. L.
E ne "PaudroU aucunement loifftr
arrière,pourfion exceUece etflngi
rite, "Pn arbre, nommé des faut
Hyuourahk,quiliant autatà
SjJS*" S s _ i % S ^ g ! comme, chofe rare - Cefi arbre eft M
\,re hauteftature,ayant(eforce argentine, ey au ded£
demye rouge.il a quafi Ugoufi defil,oucomme boiidt
righffe, ainfi que fay plufieurs fois expérimenté. L en
fcorce de c'ifi arbre à Irne mêmelUeuJcpropriété entre
toutes Us outres, aufii efi en teUe réputation "Vers let
Saunages, comme le bois de Gaiac par deçà : mejhm
qu'auciis efe i ment efere "Vray Gaiac,ce que toutefoftJt
riapprouue :car ceriefe pas à dire,que tout ce qui A Hn\
me propriété q le Gaiacfoit neatmoins Gaiac. Nonet}
fiant ils s'en firuit au heu de Gaiac* ïenteds des chrt
fiiens,car les Saunages ne fint tantfubiets à cefle nu-
ladiexommune, de laquelleparler ans plus ampUmtm
autrepart. La manière den "Vfirett telU: L'on preste
quelque-
DE LA F R A N C E A N T A R C T . Q?
qpteUjue quotité de cefle cfierccdaqueUe rend du UiB Vfàgc de
quand eUe efLcecentcmcnt liptrée d auec le bois: U- 1 , c f c ® r c c
.* u > - * r 1 1 deceilae
méfie couppte parpetts morceaux font bouhr en eau .
1efface de trois ou quatre heures, iufques à tant que
cefie decoBion dénient colorée, commeluncUiret. Et
de ce bruitage beiuent par (efface de quinze au "Vingt
uurs cenfccutiuement, faifans quelque petite diète: ce
fuccedcfort bien ainfi quefaypen ente dre.Et ht-
efierceriefi feulement propre à htdite affeBicn,
à toutes maladie* fottdes eypituitenfos, pourat-
rr ey defitcher les humeurs: de laquelle pareil-
lement ifent noz. Amériques en Uurs maladies. Et
encore teUe decoBian efi fort plotfante a boire en plei-
nefeinté.Autre cbafifinguliere a cefi arbreportât "Pn
fruitde lagroffcur dleneprune moyenne de cepais, Excelle»
iaune commefinor de ducat : ey au dedansfietrouue " ° u
TV» petit myauffortfisaue ey délicat; auecce qu'il efi cetiaAam
Wpmetlleufement propre aux malades ey dégoufieZj- Hyuou-
Mois autre chofifiera parauanture efirage,ty prefique îahé.
WmojabU, à ceux qui ne (auront "Véuc : cefi qu'Une
farte fin fruit que de quinze ans en quinze ans.Au-
tuns m'ont "Poulu donner a entidre de "Vingt en~Vingt :
•sfois depuis layfieu le contraire, pour m'en efire
ammit informé,mefimes des plus anciens du pais.
1 enfismonfirer lm,eyme difi celuy qui me le ma
^ittquedefàliierien auoit peu manger fruit qu?
' ifets eu quatre fois, il me fournit de ce bon fruit de tar
breriomméLothe, duquelle fruit eflfipriant, ainfi Lorhe
Mterecite Homère enfin odyfiée,lequel après que Us H ° m Œ "
gins de Scipion eurentgouflé,Us ne tenoyent conte de ^
er a Uurs nauires, pour manger autres "vian-
des
LES S INGVLARITEZ
des tyfruits. Aufhrplut en ce pusfietrouuent eutli
ques arbres portons caffè, mais eUeriefUiexcellente
que ceUedEgypte ou Arabie. .
D V n autre arbre n o m m é Vbcbehafou, &
des moufches à miel qui le fréquentent;
C H A P . LI' ]
Liant quelque iour en "Pn "pilUge,di[tom
du lieu ou eft oit nofire refldence enuirw
dix lieues,accompagné de cinq SattitigetË
ey d"Pn truchement chreflien,jentem
à contempler de tous caftez. Us arbres,dont iljauilfjE
uerftté-.entre Ufquels ie m'arrefiay à celuy duqueltoM
"Voulons pArler,lequel à "Voir l'on iugeroit efire munît
Defcri- artificiel,ey non de Nature. Cefi arbre efi merueim
ptiô à'\afimenthaut, Us branchespaffants Usl>nespar dedans
arbre nô Us autres, UsfiueiUesfiemblablesà ceUes dlnchtsû
behaf10" cbtrgée d aucune broche de fon fouit, qui efl dlnm.
' de langueur. Interrogant donques ("Pn delà contml
gnie quclcfioit ce fouit,Urne monftre lors, ey meJÊ
monnefte de cotempler "Pne infinité de mouches, <t/i>_
tour de ce fouit, qui lors efioit tout "Perd,duquclmf
riffent ces moufches à miel:dont i'efeoit retiré mi
nombre dedans "Pn pertuis de cefi arbre, ouelkli
Deux ef- feient miel et cire, ily a deux efpeces de ces moujeà
peecs de les "Vncs font groffes comme les mit ris, qui ne lit
moût fiuUment que de bonnesfleursodorantes, aufiifont\
•a Jes "Pn miel très bon, mais de cire non en toutflié
que U naflre. il s'en trouue "Pne autre effece ta m
plus petites que Us autres deur miel efl encore mth
qràJl
? DE LA F R A N C E A N T A R C T ^ 96"
âme U premier, et U noment les Saunages Hua. Elles Hirâj
ne~Viuet deL^faflure des autres,qui confie à mcaduis n » c »'
quelles font "Vue cire noire comme charbon : &" s'en
faitgrande quantité, fpe étalement presU nui ère des
s,ey de plate.ilfe trouue là ~Vn animant,nomméHèyràr,
Byfat i qui "Vaut autant à dire comme befie à miel,animant.
rceqrieUe recherche de toutes pars ces arbres, pourVfàge de
nger U miel que font ces moufches. Cefi animât efl miel te«
»é,grand comme "Pn chat, etaU méthode de tirernu en
tfâetauec fis griffes ,fians toucher aux moufches, ne grande
iccomen
yUesà,JuyXe mieleflfort estimé par delà,pource q les
datiô de
fauuages enprefintent à Uurs malades,mifiioné auec diuers
farine récente qu'ils ont accouituméfaire de racines. peuples.
Qmnt
LES S INGVLARITEZ
Quant à la cire ilsrien 1font autrement ,finen qu'ils
de diuers fappl,qttent pourfaire tenir leurs plumetfes (yptth
P C U P e s • ndges autour de la teste. Ou bien de boucher quelque*,
groffes cannes,dans lefqueUes ils mettent leursplantéÈ
qui efi le m etUeur thr ej'or de ces Saunages. L es anciens
Arabes cy Egyptiens "Vjêyent cy appliquoyent*nû
du miel en leun maladies, plus que d'autres média
nés,ainfi que recite Phne. Les Saunages de la riutnt
de Mangnan ne maneent ordinAirement,finonmiel
auec quelques racines cuittes, lequel d/feiUe ey Jeckw
des arbres ey rochers comme la manne du cicl,qui'efi
Meîifius. ~Vn trefbon aliment à ces barbares. A propos Lalle^
Roy de ce anpremier liure des mfeitutios diurnes récite,fi f«y
Crere. bonne mémoire,que Mehffus Roy de Crète,lequelpte-
P° u r - mierfocrifea aux dieux,auoit dcuxfiUes, Amalthet
fai t les &* Meliffa, lefqueUes nourrirent Jupiter de LUI dt
Poètes chenre,quandil eiloit enfant, ey de miel.Dont ley
les mou- ans ceux de Crète cefie tant bonne nourriture dernilt,
ches eftre commencèrent en nourrir Uurs enflons: ce quia donm
vo ces a argumentaux poètes de dire, que les mouches à m^
che de I u eftoyent "Volées à la bouche de lupiter - Ce que ceg '
pircr. font encore Ufiage Solon permife qu'on tranffortafi
Solon. flmiBs hors de la "ViUe d'Athènes,cy plufieurs A
"PiBuatUes,excepté le miel. Pareillement Us Tu
le miel en telle efitme,qu'ilriefipofiibledéplus, <
ras après Uur mort aUer en quelques lieux deplaiji
remplis de tons ahmens, çyffecialement de ban it
quifont expeBâtionsflatoUs . O rpour retournertnt-
fire arbre,11efifortfréquenté par Us mouches àmâkj
combien que lefruit ne fin bon à manger, comme fient
plufieurs autres dupais, à caufe qu'il ne "Vientguttot
à nu*
DE LA F R A N C E A N T A R C T . IOJ
maturité, oins eft mangé des moufches,corne j'ay peu
affercenetr ~Au refitc il porte gomme range,propre à G o m m c
ftmficurs chofis, comme ih lafiçouet bien acdmader. r o u S e *
-DVne befte allez eftrange, appellée Haut.
CHAPITRE. LU. '1
Riftote ey quelques autres après luy fie
fint effôrcc^auec taule diligice de cher
cher U nature des animaux,arbres, her-
bes,^ autres chofes natureUes : toutefois
farce quih ont efiriptriefi "VroyfimblabU quihfii-
feWtfaruenuz. iufques à noftre France AntarBique
au Amérique, pource que Ucriefe oit decouuerte <*»l'Âmeri-
ifarauant,ny de teur temps.Toutefois ce quih nous en que inco
ont laiffepar e ferît,nous apporte beaucoup de confàU- § 0 n ^ l
ri •i i r • 7 aux An-
^tun eyjaulagement.si donc nous en dejcriuons quel- c j c n s #
ques "Pnes, rares quanta nous ey incongnuès ; j'effere
toft'ilneforapris en mauuaifie part, mou au contraire
•a apporter quelque contentement au LeBeur, a-
des chofis rares ey finguheres,UfquelUs Na-
e n'a "Voulu efire communes à chacun pais. Cefie be
Ifleprour abréger , efe autant difforme qu'il efe pffiibU
eyquafl incroyable à ceux quine l'auraient "Pcuc'.lh
MU nomment Haû, ou H a û t h i , de dagrandeur dlm
4 %en grandguenon d Afrique,fin "Ventre efifort aud
lé contre terre . Eue a U tefie prefiquefimblabU à celle Defcrip-
, dlm enfant, ey ht facefembloblement, comme pou-tion * ' *
'__.-*. i r e ii r •„ animal
nez, voir par laJequentefigureretirée du.naturel.E- n o m m £
ft ont frifecUefait desfauffris comme "Pn enfant aflfli- Haûthi.
gé de denUur. Sapeau eft cendrée ey "Velue comme
, O ceUe
LES SlNGVLARITEÏ
ceUe dlm petit ours.EUe ne porte ft rio trois onglesom
pieds longs de quatre doigts, faits en mode degrem
arefles de carpe, auec lefqueUes eUe grimpe aux arkro%
au eUe demeure plus qu'en terre . Sa queue efi lontut^
de trou doigts,ayant bien peu de poil. Fne autre ci
digne de mémoire, cefi que cefie befie n'a iamaul
"Veui'manger dhamme ïnuant, encores que les Soi
gesenayent tenu lona-ue efface de temps, pour lowfi
eUe mangerait,ainfi queux mefimes m'ont rcciti.?*'
reiUement te ne (euffc encore creu, iufques à ce qu^Pn
Monf Capitaine de Normandie nommé De (efpini, (?h
De 1-efpi Capitaine Mogneuille natif de Picardie ,fipormtm
r ' • quelque iour en des bon de haute fufiaye, tirèrent rn
C ancrai i t r i / n • ù'
ne Mo- ieHP "• irquebuzf contre deux de ceslflefles qui tptl
gneuille ent anfefte dlm arbre, dont tombèrent toutes deux».
terre,("Vnefort bleffee,ey l'outrefeulemit eflaurSf^
de UqucUemefutfaitprcfont.Et la gardant bien (e-
Jfacede "Vingtfix iours , ou ie congnu que ianustne
"VeuA
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 98
Voulut manger ne boire : mais toufitours à "Pn mejme
•estât, laquelle à lafinfut efiraglée par quelques chiis
qu autans mené auec nouspar delà. Aucuns efliment
iefte befte "VturefeuUment desfueiUes de certain ar-
^bre,nommé en Uur langue A n ï a h u t . Cefi arbre efi
haut eleuéfùr tous Autres de ce pais,fisfuetllesfort pe
Mes ty déliées. Et pource que coujtumierement elle
eft en cefi Arbre ih (ont appeUé H a u t . Au for plue 1,
fort amour eufi de (homme quand eUe efe appriuoifiée,
ne cherchant qu à miter fur fis eflaules, comme fi fin
têtaturelefeeit d appeler toufitours cbafis hautes, ce que
malaifément peuuent endurer Us Saunages, pource
quih font nuds, ey que ceft animant a Us ongles fort
agues,ey plus longues que le Lion, ne befie quefaye
"Ventantfarouche et grandefoiteUe. A ce propos iay çhame-
"Veupar expérience certains chameUis,que Un tenait leon.
Rengagedans ConfiâtinopU,quifuretapperceuzfvinre
UBtleinci de (Air.EtpAr Ainfi te congneu efire "Perita-
Mgt*ce que m'duc lit dit Us Saunages de cefte befte. En
outre encore quelle demeurafe attachée iour ey nmB
dehors au "Vent et à UplnyeÇcarcepdis y eft affezjub i>duftriev
ic&) neat moins eUe e fiait toufitours aufii fiche comme & " . I t s
_m.-- _, ,, , r . r J J _ admira
'auat.Failalesfaits admirables de Nature,et corne ^es ^
fipLifi à faire chofis grandes,diuerfis, ey Uplus Nature.
'nt incemprehenfibUs et admirables aux himes.
uoy ceferait chofi impertinente den chercher la
'• ey raifin, cime plufieurs de iour en iour s'effor-
cent : car cela est "Pn "Prayficret de Nature , dont la
noiffance efi refiruée au finiCréateur, comme de
leurs autres que Un pourrait icy aUeguer, dont te
me déporteray pour (ômmairement porueniraurefteC
O x Corn-
LES SINGVLARITEZ
Comme les Amériques font feu, dc leur
opinion du déluge,& des ferre-
mens dont ils vfent.
CHAP. LUI.
*£* Presauoir traité d aucunes plantesfingt;
lieres,ey animaux incongneusrjtenfiw'
lementpar deçà, mais aufii comme iepeë;
' fi en tout le rifle de nofire monde habitai
bU,peurriauoir efté ce pais congneu ou decouuerl,qdL
depuis certain temps en Ç4:j'ay bien l>oulu,pottemtt-
trefen à noftre difeours de (Amérique,defirireUtma
nierefort eftrange,dont"pfint ces Barbares àflairefeu
comme par deçà auec lapierre ey Ufer'.UqueU mut
_, , tien à la "Vérité eft celefie,donnée diumcment à (ho**
Metho- r n- >
de des me,pourJo necefiite . Or noz. Sanuages tiennent
fauuages autre méthode, prefique incredible,deflairefeu, bu
à faire différente à la noftre,qui efi de frapper le fer au co%\
*eUm Uu.Et faut entendre quih "Pfient coufiumieremenidt
feu,pour leurs necefiite^jeamme nonsfaifonsteytlPQ
coreplus, pour refifier à cefi effrit malin, qui Ut ter-
mente : qui eft U caufe quih ne fi coucheront iamatt
quelque part qu'ils fêtent,quilriy ayt dufcuaUuml%
a (entour de Uur hB.Etpource tant en Uurs moifett
que atUeurs,fiaitou boys ou à la campagne, ouihfenxV
contraints quelquefoudemeurer long temps, comme
quand Us "Pont en guerre, ou chofferà la lenaifin,M
portent ordinairement auec eux Uurs infirumepff
fairefeu.Vocquesih"Vous prendront deux baflentine
gam
DE LA F R A N C E A N T A R C T . IO7
~gaux,(lm,qui efi le plus petit de deuxpieds, on enu't
fon/ait de certain bois fort fie,portant moille: l'Autre
•quelque peu plus long.Celuy quilieultfairefeuynet-
tTA le plus petit baflon en terre, percéparle miheuje
SUri'tenant auec Us pieds qu'il mettra deffus,fichera
[ir bout de (autre baflon dedans lepertuis du premier,
auec quelque peu de cotton, ey defnetUes darbrefri-
ches: puis àforcedétourner ce bafion il s'engendre tel
rchaUur,de (agitation eytournemit ,que UsfoueiUes
- cottonfieprennent à brûler,ey ainfi aUument leur T n a t a #
•s, lequel en Uur langue ilsappeUent, Thata, ey la Thatatin
mée Thatatin.vT/ celU manière de faire feu,tôtfùb
nHeJifent tenir d"Vngrad Chardibe plus que Prophe
\e,qui (enfiigna àleurs'peres anciens,ey autresfho-
'fes, dontparauantriauo'ienteucongnoijfance. lefiçay
bien qu'ilfietrouue plufieurs fables de cefie inuention
de feu. Les "Pns tiennent que certainspafieursfurent
h 0 } pre~
LES SINGVLARITEZ
Premie- premiers inuenteurs defairefou,à U manière denHr]
tTon"du" Sduwt&es •'''ft *fiiAMir*ù'ccertainbau, deftitw^
fc u. de for eycoiUou .Par cela Un peut dgneiftre euidei
ment,que le feu ne"Pient ne du for ne de Upterrtti
me diffute tresbienAphrodtJée enfisProblemtt,\
en quelque annotation fur ce pafiàge,par celuy qui n\.4
guer es les a mis en Fraçats. l'owpourrezJVoir le lieu.
Vulcain Diadare ejcnt, que Fulcoin a efié inueteur dufeu. '
inueteur auelp0Ur cereffeB les Egyptiens élément Ray Aufii
fiontprefque en mefine opinion noz.SauuageZjUmT
parau ai (inuention dufcu,mangeoicntfeursli(a%_
OûmonfiUhées à lafumée.Et cefie dgnoiffance Uur apparu
des Sau- comme nous auons dit,"Vngrand Choraibe,qui Uleur
uages communiqua la nuiB en dormat,quelque temps aprtt
touc lut •),„ delueedequel ils maintiennent auoir efié outrtjtM
vn dclu- ° ./ • rr .. ri
encores qu ils n ayent aucune congnaijjancepar ejcrip-
turesfinon depereenfils: tellement qu ils perpetu
ainfi la mémoire des chofis, bië (efface de trots oui
tre centsansue qui efi aucunement admirable. Etpe]
ainfifint fort curieux d'enfeigner et réciter à UursÂ
fans les chofes aduenuis,cy dignes de mémoire : cy%_
font les "Pieux ey anciens la meiUeure partit dtli
nuyt, après le reueil, autre, chofi que rcmanflrer'aust \
plus iennes:ey de les ouy rions diriés que cefiontprek
feheurs,ou UBeurs en chaire. Or(eaufutfltexciflvtk
ment grande en ce déluge, qu eUefiurpâffoitUsplnl^
haultes montagnes de ce pais :ey par ainfi tout le peu-
plefut fiubmergé ey perdu. Ce quih tiennit pour af-
rapafoU
feuré , ainfi que nous tenons celuy que nom prapafifU
fianrle ejcriture.Toutefois Uleur efi trop aifié PourM
defol
attendu qu'ils ri ont aucun moyen defiriture,pOirrnirT
mtirl
DE LA F R A N C E A N T A R C T . ICO
moire des chofis ,finon comme Us ont ouy dire à Uurs
perestaufii qu'Us nombrent par pierres, ou autres cho- Manière
fisfiuUment,car autrement ih nefiçauentriôbrerque, . "
iufques à cinq,ey comptent les m ois par luncs(comme Sauua
défia en auonsfait quelque part ment ion) difons,ily a ges. i
tant de lunes que lefiuis né, ey tant de tunes que fut
ce déluge,Uquel temps fideUment fùpputé remit bien
à cinq cens Ans.Or ih afferment ey maintiennent con
sfamment Uur déluge, eyfi en leur contredit,ils s ef-
forcent par certtains argumens defiuflemr le contrai-
re. Apres que les eaux furent abaijfées ey retirées,
ihdifint qriill/int "Vn grand charaibe, le plus grand ? " | i n C
qutfutiamais entre eux , qui mena là "PnpeupU de uaCTes#
poisfart lointain,eflat cepeupU tout nud,dme ihfont
encore auiourdhuy, lequel a fi bien multiplié iufques
ofrefint,qu'ils s'en difintpar ce moyen eftreyjfe*z..ll
Sefimble ri efire troprepugnat,qu'UpuiJJè auoir efié
autre déluge que celuy du temps de Noê. Toutefois te
'ine déporter ay den par1er,puis que nous rien auis au-
cun tefinaignage par l'efiriture , retournons au feu de
uazjAuuagcs , dme Us en onts "Vfe à plufieurs chofes, Premic-
dmeàcmre "Viandes,abatre bois,iufques à ce que de- r<~ m°ic
puis ih ont trouue moyide le coupper,encore auec quel ^ ^ ^
Mues pierres,ey depuis n'agueres ont receu ("vfogedes cou*pei-
ferremenspar Us chrefiiens qui fint aUez.par delà.Ie dubois.
ne doute que (Europe,ey quelques antrespdis riayi't
efté autrefois fanslifoze deferremïs .Ainfi récite Pli Dedalus
ne aufiptiéme de fin hifiotre natureUe, que Dédains ^ ^ ^
fut tnuenteur de la première forge,de laquele il forgea m i e r e '
luy mefme"Pnedgnée,"Pne fie, lime ey doux. Ouide forge.
toute fan au huitième défia Metamarphofe dit qùlrn
O 4 nom-
1HS SINGVLARJTEZ
Pcdris m nommf Ptdru neueu de Dédains inueta tafieÀ Ufim
de la fie blance de (effine dlm poiffon eleuée en haut. Et de
Efpece te Ue effece de poiffon pojjansfloubs lo ligne equinactia-
dc poif - le à nofire retour,en priJmes"Pnyqui auoit (effone Un-
ion, gue dlm piefus ledos dequel"PoUntiers nous euflieni
icy reprefente porfigure,fila commodité (eufi permit
ce que toutesfois nous e/feronsflairélneautrefou. Dan
ques aucuns des Saunages depuis quelque temps défe-
rons ("pfage de ces ferremens pour leur necefetttz,tfk
fint appris àforger,après auoir efié infiruits parus
Chreftiens. Orjàns dtuertir loin de propos,j'ay efté ci
troint de changerfiuuent ey "Porter defenteces, peur
laliarieté des pour traits que foy "Peulu ainfi diuer-
fifier dîne matière à autre.
De la riuiere des Vafes5enfemble d'aucuns
animaux qui fe trouuent là enuiron,
& delà terre nommée Morpion.
CHAP. UI1I,
E e
Situatio V^<ji§^ ft riuiere des Fafispar delà célébrée,
dc la ri- YÙSfe&m autant eyplus , que charante, Loire, ou
uiere des M ^ r ^ ^ seine par deçaSituée a "pinft ey cinq lit'
\ak-s. ^_f4éâ! - i ^ /J /•„
•" * ues de Geneure,ou nous arrejrornes,etjont
encor pour le lourdhuy les Françou, eft fort fréquent
tée, tant pour (abondance du bon poiffon, que pour U
nauigation à outres chofis neceffaires.Or cefteuutor-
roufie In beau cy grandpais, tant enplainure,quede
montagnes lefqueUesfitrouue quelque mine dor,que
ri apporte grand emoulment afin moiflre, pource que
par lefoutire fouit prefique tout enfumée . La autour
fint plufieurs rochers, ey paretUement en plu-
ficus
DE LA F R A N C E A N T A R C T . I O 9
fleurs endroits de (Amérique, qui portent grande Marcha-
stuantitédemarchafitesluifàntescommefinor
J : fem- " " '
?/// • • 1 -r J - autres
Jlabumcnt autres petites pierres luifantei, mois non pierres
fasjmes comme celles de Leuant :aufii ne s'y trouuent de la Ira
iglboi ne dsamans,ne autrespierres riches.ily a en ou- c c Aa'
tre abondance de marbre ey lafipe : ey en ces mefimes t a r « 1 ( l u e
endroits Un efipere de trouuer quelques mines d'or ou
dargenttee que UnriA osé encore entreprendre, pour
Us ennemis qui enfant Affiz.proches.En ces montagnes
je loy ent befies rauiffantes, dme léopards, loups-cer-
uim,ma'ii de lions nuUement, ne de loups, ilfietrouue
là lme effece de mannes, que Us Saunages appelent Efpece
'-Cacuycu, de mefine grandeur que les communes, Monnes
fans autre différée e ,finanqu'eUe porte barbe au men- nômées
ton comme "Pne cheure. Ceft animal eft fort enclin à Cacuycu
luxure. Auecques ces monnesfietrouuent force petites _
t a - r t- - r i SagOlllll
befles taunes, nommées Sagouins, nonjeulement en ^mal.
cefi endroit,mais en plufieurs autres,Les Saunages les
étoffent pour Us manger ,ey fi ellesfie"Poyent con-
traintes ,eUes prendront leurs petis au col, eygaigne-
ront U fuyte. Ces .monnesfint noires eygnfis en la
Ètarbarie,ey au Peru de la couUur dlm regnard. La
nefietrouuent aucunsfinges,comme en ( Afrique ey
Ethiopie: mais en recompenfe fe trouue grand multi-
'tude de Tattous, qui fint befies armées, dont les "Pns Tattou,
font de la grandeur ey hauteur d"Pn cochon,les autres animal.
font moindres : ey a fin que te difie ce enpaffant, leur
chair eft merueilUufiment délicate à manger. Quant
au peuple de cefie contrée, il efl plus beUiqueux, qu'en
autre endroit de (Amérique, pour eftre , confin ey
y
fres défis ennemis: ce que Us contraint à s'exercer au
0 5 faiB
LES S I N G V L A R I T E Z
faiB de U guerre. Leur Ray en leur Lngue s'opptuet
?T^1ia Q u o n i a m b e c , le plus craint ey redouté qmfait en
tout
xèàaad. ^(a's > at*ftl efi '^Mart'U ey merueiUeufemtmt.
beUiqueux.Etpenfe que iaman MeneLus Roy ey et»
duBeur de l'armée des Grecs ne fut tant craint ou re-
douté des Troyens, que cefiuyci eft de ses ennemis.Let
Portugau U craignent fins les autres, car tien afâiS
mourir plufieurs. Fonsl>emez.fon palais , quieftlnt
loge faite de mefime, ey ainfi que les autres, ornée por
dehors de tefies de Portugau : car cefi la coufiumt
d emporter la teste de leurs ennemu, ey Us pendre
fur leurs loges . Ce Roy oduerty de nofire "Venue, mut
"Vint "Pair incontinent au lieu ou nous efi ions, CT'W'",
iourna (efpoce de dixhmt tours, occupant U meilleu-
re partie du temps, principalement de trou heuret
de matin à réciter fis "ViBoires eygefles beUiquetjffî
contrefis ennemis : dauantage menojjer les Portuoùtk
auec certains gefieSflefiqueh enfialangue UappclU P t |
ros. Ce roy efl le plus apparent ey renommé de tout
Pcros. le pais. Son "Pillage ey territoire efl grand ,fortiflÊË
l'entour de baflions ey plateformes de terre ,fituetM
foz.de quelques pièces , commefauconneaux, quioT
prisfus les Portugais. Quant à y auoir "pilles ey nui-
fins fortes de pierrejl ri en y opoint,mais bien,camom
nous auons dit,ils ont leurs logettes fort longues eyfft
tieufis. Ce que ri auoit encores ou commencement le
gère humain Je quel eil oitfi peu curieux et fingntuÊ
de flre en fèureté, qu'il nefiefiucioitpour Urs eiîrt
enclos en "PiUes murées, ou fortifiées de foffir. V
rempart, oins efloit errant ey "Pagabond ne plut ne
mains que Us autres animaux,fions auoir lieu certatâ
V
D E LA F R A N C E A N T A R C T . 1 0 2
ey defignépour prendrefin repos,mais en ce heu fi re
fofiit,auquel L nuyt leJùrprenoit,fions aucune crainte
.deUrris: ce q ne font noz. Amériques, encore quih
Jeyentfortfauuages. Or pourconclufei ce Ray,dotpar-
• Uns, sestimefart gràd,et ri a outre chofe à reciter que
fis grandeurs, reputant à grand gloire cy honneur a-
uoirf AU mourirplufieurs perfionnes et les auoir mageés
quoi et quant, mefimes iufques au riibre de cinq miUe,
dme ildtfoit.llriefi mémoire qu'Ufefett lamaisfoiB
teleinhumanité,dme entre ce peuple. PUne recite bie _ , . ..
, 1 ~ r r i il n n- t • r • Comble
que Iule Ce/or enjes batailles ejt eflime auoirfait mou cc\ t^r
rir défis ennemis nonate deux mille "Pnzj cis himes: mé Iule
<y fi trouuent plufieurs autresguerres ey grands fiac Ce far a-
eafemensmou Une (e font matez ("Pn (autre. Et par u o u * alt
' **r •> - n °i r ri- r mourir
ainfi retournas a nofire propos, le Roy etjesjubietsjont j e s
Xpepcrpetuelieguerre ey inimitié auec les Portugis de enfès ba
Morpion,et aufitles Saunages dupais. MarpHeftlne tailles.
plue tirât "Pers U riuiere de plate,ou au détroit de Ma D . c " ,
igeUan,diffant de la ligne "Vingt cinq (Ugrez., q tien- £a|-°^e "
net le: Portugais pour leur Roy. Et pour ce faire y alrn Morpiô.
faieutenat gênerai auec nobre de gis de tous efeats et ef
maues:ou ilsfiemaintiinit defirte qu'il en reuiïtgrad
émolument au Ray de Portugal. Du dmencement Uz.
fi font adinez à plater force canes à faire fucres'.à quoy
s
depuis -i ni'ontfi
ils r ddigementvaque
i i -• -. * , s>ocupans
* ;a L r Fertilité
choje ^ Mor
meilleure,âpres auoir trouue mine dorait.Ce heu por pj o n
iejgradquotité de bis fruits, defqueh ils font dfetures Nanas.
Afynrmode,et principalemit d"Vn fruit nomé Nanas
jduquel l'ay parlé autre part. Entre ces arbres et fruits
i'i réciteray "Pnnimé en leur lague Cohyne, portant
fruit grand comme "Pne moyenne citrouille, lesfueil-
les
LES S I N G V L A R I T B Z
lesfimblables àcelles de laurier tau refee U fruit finit
enforme dlm œuf dantruche.il ri eft bon à manger,
toutesfois plaifant a "Pair, quand (arbre en eft ainfi
chargé. Les Saunages en outre qu'ils en fontlAifftm
à boire ,ils en font certain myflerejeplus eflrageqyÊ
efipofiible .ils emphffent cefruitâpres eftre creuse, JQ
quelques graines, de milou autres, puis auec In ba-
flon fiché en terre dlm bout, ey de (autre dedans ce
fruiB, enrichy tout à (cntour de beaux plumages,U
"Pous tiennent ainfi en Uur maifion, chafiun menagM
deux ou trois : mais auec "Pnegrand reuerence,eflumÊ
ces panures idolâtre* enfonnant ey montant cefrun,
que Uur TouspanparU à eux: ey que par ce maytih
int
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 1IX
•jetttreuehttion de teut,fignamment à leurs Prophètes:
parquoy efiiment etmyenty Auoir quelque dinmité,
'eyriadorent autre chofifenfiblequecefi infirument
.ainfi panant quand on U manie - Et pour fingula-
tité tdy apporté "Vn de ces mit rumens par deçà (que
\ie retirayficretement de quelqùln) auec plufieurs
féaux doyfiaux de diuerfis cauUurs , dont toy faiB
frefent à monfieur Nicolas de Nicolai Géographe du
tty, homme ingénieux ey amateur nonfiuUment de
\jtantiquité , mais aufit de toutes chofis "Pertueufis.
'Depuis il les amonflrées AU Roy estant aEaris en fia
anaifin, qui efioit exprès allé "Voir le hure qriilfaiB
imprimer des habits du Leuant : ey m'AfritU re-
lût que U Reypnntfortgrandphtifir à "Voir telles cho-
fis, entendu quelles luy efiatenttufiqriàce iour incon-
Èptcucs.Au refiey a force orenges , citrons, cannes de
Jptrr.brsef le heu efifartpUifiant.ily a là aufii "Pne ri
ûiere non fortgrande , oufitrouuent quelquespetites
ferUs, ey force poiffon , "Pne effece principalement pjra_;_
m'ihappeUentï'irz-ipouchi,qui"Paut autant à di- pouchi.
recomme mefihant poiffon. il eft meruetUeufoment
afferme prenantfianaiffancefur U dos d"Pn chien de
%eer, ey Ufinitefiant ieune, commefin principaltu-
teur.D'auantâge en ce heu de Morpion,habité,comme
hens auons dit, par Us Portugais, fi noumffent main-
tenant plufieurs effeces d animaux domefiiques, que
t%tz,Portugauy ontportez.. Ce que enrichififort et
tore Upais,outre fan exceUence naturUe, et agricul-
ture , laqueUe tournekement ey déplus enphtsy eft
WKCrcée.
De
LES S I N G V L A R I T E Z
De la riuiere de Plate,& pais circonuoifiitt,
C H A P LV.
J>lpk*ft0? Fis que nous fimmes fi auant en proposai,
Riuiere p ^ÙWi me /un autsé de direlnmotde ce beto)
de Pla- <k fersgiPS n i n ^ - / ^n t :
te pour- ]K KMffl fl'uitf "' lAmenque,q les Efpagnols ont
quoy ain v*Jf&&8? nommé plate, au pourJà largeur, oupour
fi nom- Us mines d'orge t,qui fi trouuent auprès,lequel en leur,
mcc
' lague Us appellent,Plate:lray éfi que les Saunages d»
pats le niment Paranagacu , qui efi autot à dire ca-
me mer,ou grande congrégation d'eau. Cefleuue con-
tient de (orgeur "pingtfix lieues,efl ont outre U lignt,
trente cinq degrés, et difiont du Cap defiaint Augù%
voyage fiinfix eens feptante lieues, lepenfie que le ni de PlAu\
des efpa- luy a efté donné par ceux qui du dmencent le dectlh
gnols à uririt,pour la raifonpremierem'et amenée. Aufii Uffc
la nuiere qu Usy paruindr'etreceuretlme io\cmerueiUeufe, e
de Plate. V - n ' • - / a i J a . ,, „ "
frimas celle riuiere tat large ejtre le dejtratt Mag
nique,lequel Us cherchoiit pour paffer, de (autre «j
de ( Amérique : toutes fois cognoiffans la~Verttéde,
chofie ,dehberetit mettre pied à terre, ce qu'thfetn
Les Saunages du Potsfietrouuerentfort eftonne^
ri auoir tamis "Peu çhreftiens ainfi aborder en leun
mites: mois par fuc ce fion de temps les appriuaifireu
JfecioUment les plus anciens, ey habitons près le ^
nage,auecprefins ey autrement:de manière que lit
Second fit ans les lieux affes librement ,trouuerent plufleUŒ
i i) âge. mines d'argent et après auoir bien recongneu Us lieust,
s'en retournèrent leurs nauires chargées de brefth
Quelque temps après équipèrent trois biengrandtM
nauires
DE LA F R A N C E A N T A R C T . I O 4
nauires degens et munitions poury retourner, pour ht
cupidité de ces mines d argent. Et efiAS arnués AU mef
me heu,on premièrement Auoyent eft é,deff lier et leurs
efqtufospourpridre terre: c'eft àfçaueir le capitaine ac
compagne denmro quatre "Vingtsfialdats,pour refifier
aux Saunages du PAIS , s'ihfoi foy ent quelque efforts
ttutesfois au heu d approcher, de prime face ces Bar»
Wbiss'efuyait ça et ht: qui efloitlme rnze, pourpra-
JfjnrmeilUure occafion de fur prendre les autres, défi-
queh ihfo fentaiet offcnfoz, dés le premier "PoyAgc.Dic
peu après quih furet en terre,Arrmer et fur eux de trois
A quatre cens de ces Saunages, furieux ey enragés d- u[3ff^cl,
me Uyns affameZjrqni en "Vn moment "PousfoccAgerentdes Efpa
les EfpAgnah, ey enfoirent"Pnegorge chaude, 4/»/* guols.
quih fint couflumiers défaire : monftranspuis après
aux,qui efeoiet demeurez, es nauires, les cuiffes et au-
tres membres de Uurs compagnons rofiiZjdonnans en-
\tendreques'ih Us tenaient, Uur fer ay ent UfimbUble.
te que m'a efié recité par deux Efipao-noh qui efioyent
lors es nauires . Aufii Us Saunages dupais lefiçauent
bien raconter, comme chofi digne de mémoire quand
Wtentopropos. Depuisy retourna Ine compagnie de m e '* *
çjendeux mil hommes auec autres nauires, mais pour gCi
eftre affligez, de maladies,ne peurét rien exécuter, ey
furent contrains s'en retourner ainfi . Encore depuis U
P fttaine Arualmil cinq cens quarante et "Vn acdpa Quatricf
éfeuUmet de deux cens hommes,et enniri cinquate me voya
genoux y retourna,ou illifia de teUe rufe,qu'il "Pous ac | e "
ceufira mefiieuxs Us Saunages dl>ne terrible manière m e d u
Enpremier Us effanneta auec ces chenaux,qui Uur e- Capirai-
feittincogneux , et réputés^ dme befies rauifiantes: ne Arual
puis
LES SINGVLARITEZ
puis "Vousfeit armerfisgens, dormesfortpoliestihei,
fontes, eypar dcffus elenées en baffeplufieurs imafft..
effauuentAbles, dme testes de loups,lions,léopards, U
gueule ouuer te,figures de diAbles cornuç,, dotJurent
fi effouuentés ces panures Saunages quih s'enfityrettt
et par ce moye furent choffz.de leurpais. Ainfi fint
demeurés maifires etfieigneurs de cefle contrée, outre
plufieurs autres pois cirduoyflns queparfucceflien de
t'èps dont conquefté,me fines iufques aux Moluquet en
( Océan,au Panent de (autre cofté de l'Amérique: dt
manière qu auiourdhuy ih tiennent grand pois A (en
tour de cefte beUe nuiere , ou ils ont bafty "VtlUt ey
farts , ey ont efté faits chrefliens quelques Sauutgtt
d'alenuiron reconciliez, enfimble . Fray est qu'enuh
ron cent lieues de là fi trouuent autres Saunages, qui
Uur font la guerre, lefqueh fint fort beUiqueux, de
grande ftature, prefique commegeans : cy ne "Piuent
guèrefinon de chair humaine dme les Canibales.Lefo
dits peuples marchent ft Ugeremet dupie, ju'ihtujÈ
uent attoindre les befles fauuapes à la courfi. ibJLM
Sauua- • , J à> •> ^em
ees eiâds uent plus longuement que tons autres Saunages, eomt\
comme cent cinquante ans,Us autres moins, ilsfont fort fid~
Geans. au péché de luxure damnable cy énorme deuat 1
duquel te me departeray de par 1er,non feulement pour
le regard de cefte contrée de l'Amérique, mais aufii
Ri chefle j e pjufoeurs autres. ils font donc ordtnairementlafftM
à l'étour re>tant dt4X Efipanols, qu'aux Saunages dupais à (tm
lariuieretour - Pour retourner à nofire propos, cefte nuiereS,
dç Plate, plate,auecques le terroir circonuoifin efi maintenant
fort riche, ut en Argent que pierreries. ElUcroifipar
certains iours de (année, comme faiBfiemblabUnteM
DE LA F R A N C E A N T A R C . 10$
$Aurehtue qui efl au Peru, ey comme U Nil en E-
typte .AU bouche de cefie riuiere fi trouuent plu-
fieurs ifies, dont les "Vnesfont habitées, les autres non.
lefass eflfort mentnenx, depuis U Cap de jointe Ma-
rie• iufques au Cap blanc, ffecialement celuy deuers la
fnmtefàinte Hélène, dtflate de L nuierefioixate cinq
feuis:et delà aux Arènes gourdes trente lieues: puis
encores de là aux Baffes à (autre terre, Ainfi nommée
\WBc,pour les grades "Potées qui yfiont.Ftde Terre bafi
Jeo(abbaie de Fonde,feptonte cinq lieues.Le refit e du
foisriA point efiéfréquentédes Chrefiiens,tirant iuf-
quesau Cap de Joint Dominique, au Cap Blanc, et de
ufp promontoire des "Pnzf mille "Vierges, cinquante
deux •detrez.ey demy autre (equinoBiahey là près
eft U détroit de Magellan, duquelnous parlerons cy o-
pes.Quant au plu pais il est de prefient fart beau par
"Vue infinité de iar images,fontaines, et rimeres deau
\pca\anfquellesfi trouue abandace de tresbon poiffon.
mmUfidittes rinieres fréquentées dline effece de
e,quc Us Saunages nammeten UurLngue Sarico S a r j c 0 ^
ne,qui "Vaut autant a dire dme befte friande.De uiefhic,
tAltC 'eft "Vn animal amphibie,demeurât plus dos (eau animal
Cédons terre, et n'efi pas plus gradqu'lm petit ch*t: amphi
fiipeAU qui efe maillée degru, filxc,et noir, efifinecom
~%>eUux:fispteds efiantsfiaits à lafemblace de ceux
h oyfieau deriuiere. Aurefiefia chair efifort de-
te,ey tresbonne à manger.En cepaisfitrouuetau-
%es befies fort eilr anges et mifirueufes en la part ti-
rant AU détroit,mais nonfitcrueUes qu'en Afrique.Et
four conclufion le pais âprefintfiepeut "Voir réduit en
*dUferme, que Un U prendrait du toutpour "Vn autre'.
P car
LES SINGV L A R I T E *
car Us Saunages dupais ont depuis peu de temps e» «£
tnuentépar le moyen des Chreftiens arts eyfiienm^
trefingemeufiment, teUement qu'Usfont~Pergenm
maintenant à plufieurs peuples d Afite eydtneJht
Europe,(entends de ceux qui curieufimenttbfertSf^
la Uy,Mabemetifie, epilentique et dlnable doctrine^
Du détroit de M agella et de celuy dc darienc
C A P L v i.
Fis que nousfimmesapprochésfiprès de
ce heu notable,il ne fera imper'finit en t»
crirefimmairementquelque chofi. Or ce
détroit appelé en Grec irlifuei ainfi qto»
cean entre deux terres, ey ISTMÙI "Vn détroit de terri
entre deux eaux : dme celuy de Darienc côflnttA'
merique "Pers le mtdy , ey lofe pare douée "Vue outre
terre aucunemét decouuerte, mais non habitée, ainfi
que Gibaltar, l'Europe d auecques l'Afoique,ey ce-
luy de Canftantinoble (Europe de (Afee appelé de*.
.. troit
Situatio . . de MazeUan
à , .du nom de celuy
JJ quir premieremttM
7*
du dc- " decouurttfttut cinquante deux degrés et demy tu»..
ftroit de la (equinoBial: contenant de larguer deux lieues,p4ffj
Magcltf "Pne mefine hauteur, droit (Efe eyOueft, deux miUt
deux cens Ueues de FenecuU du Su au Nort : dAuataeaà
du cap dEjfeade,qui efe à l'entrée du dctroit,iufquetjâ
(autre mer,du Su, ou Pacifiquefiptantequatrelieuttf
iufques au premier cap ou promontoire qui efi quararv
te degréz..Ce détroit A efié long temps deftré ty cher
ché déplus de deux mil huit cens lieues, pour entrer
far cefi endroit en U mer MageUanique , dite autre--
ment
DE LA F R A N C E A N T A R C . 106"
^ tuent Pacifique,etparuenir aux ifies de Moluque.A-
. meric Feffnce ("Vn des meiUeurspillots qm ayt efié, à Arr * er i c
*€aftoyeprefique depuis Irlande iufques au cap defomB y c f P u c c "
* Augnftin, par le commandement du Ray de Por tu-
gel fan mil cinq cens ey "Pn. Depuis "Vn autre CApi-
tùne , (an mil cinq censtrente quatre, "Vint iufques
à la région nommée des Geans . Cette région entre U
riuiere de Plate ey ce déferait, les habitons,font fort
fuiffans, AppekezenleurUngue Patagones, Géant
; four ta haute stature etforme de corps.Ceux qui pre-
mièrement decauurirent ce pais,en prmdrent "Pnfine-
' ment, Ayant de hauteur douze palmes, ey rabufie i
(Attenant :pourtAntfi malaisé à tenir que bien à grad
feineyfuffifayet "Vingt eycinq hammes'.ey pour le te
nir,canmnt le lier pieds et mains,es nauires.- toutefois
' ne lepeurent garder lang temps en "Pu: car de dueilet
ennuyfi Liffa(comme ihdifentymonrir defaim. Cefie
région est de mefme température que peut efire Cana-
• oU,et autres pais approchons de nofire Pale: pource Us
habitonsfo"Vefient de peaux de certaines befies,qutls
nomment en leur htngue,S\l,qui efe autat à dire, com
me eau:pourtantfiUn mon iugement, que cefi animal
U plus part du temps refide aux riuages des fleuues.
< Cefie befie eflfort rau'iffante,faite dlme façonforoe-
k&r*uge,pourquoy ie Li "voulu reprefenter pArfigure.
Autre chofi: si eUe efe pourfuyuie, commefont Us gis
•dupais,pour en auoir lapeau,eUe prendfis petitsfus le
dos, ey Us couuront défit queuigraffe ey longue, fo
foutue à lafuite. Toutesfoisles Saunages "Pfient d"Vne
flneffepeur prendre cefte befte : faijant unefojfe pro-
fonde près du heueu elle ode couftumefaire fa refitden
LES S I N G V L A R I T E Z
ce et la tournent dcfuciUcs lier des, telUmtt qu'en tm
ront,fansfiedoubler de (embufche, la panure befteto-
be en cefiefojfe auec ces petits. Etfe "Payant Atnfipnfe,
eUe(comme enrAgée) mutile ey tuefiespetits: eyfoil
fis cris tant effouuentables, queUe rend iceux Sauut- '
gesfort craintifs ey timides. Enfin pour tôt ih latte
a à coups deflèches,puis Us (efiorchii. Retournent Âpre
de Fe?- Pos '"Ce c"(haine, nommé Fcrnand de MageUan, '
nand de me courageux,eftont informé de la richeffe,qui^
Magellâ noit tronuer es ifies des Moluques, dme abandace
fpiceriefgingibresaneUewufiades, ambregrit, I
rabotas,rubarbe,or,perles, et autres richeffes,ffeetà „
ment en (ifie de Matet,Mahian, Ttdore,ey Terrent*
te,affcz.prachaines ("Pne de (autre,efeimotpar ce dé-
troit,chemin plus court eyplus commode,Je délibéra, j
partant des tfees Fortunées, aux ifies de cap Fera, ft-j
rant à droite route au promontoire de SainB *4ugu-'
ft<
DE LA F R A N C E A N T A R C T . I07
1ffin,buiBdegrczjoutre U ligne, cofeoyapres de terre
trois moys entiers : ey frit tantpar fis iournées, qu'il
"Vint hnfquesaucAp des Furges, distant de (equmo- CaP ies
f&edcinquante deux degre^pres du deferott dit nous V,er S es -
partis.Et Apres Auoir nauigé (effiAce de cinq iournées
dedans ce détroit de (Eft droit aOueflfiur (occean:
. Uquel s'enflant Us portait fans "Voiles dépliées droit AU
Su qui leur donnait "Pn merueilUus contentement, en-
core que la meilleurepert de Uurs gensfuffent morts,
', peur Us incommodité z. de (air ey de U marine, ey
mjSrmcipAUment deflaimey foif. En ce détroitfietrou-
ant plufieurs beUes ifies, mats non habitées* Le pais i
flenteur eflfortfierile, pUin de montagnes, tyne s'y
trouuefinan befles rauiffantes , oyfitAux de diuerfis e-
feeccsfifccialement autruches : bois de toutesfortes, ce -
arts, ey Autre effece d Arbre portantfinfruiB prefi-
querejfemblant à noz.guines,maifplusdélitat à man-
ger Feila (occafian,ey comme ce détroit à efié trouue.
Depuis ont trouue quelque autre chemin nauigasfwr'
'-"Vue grande riuiere du cafté du Peru, conlAnifiurla
tefie du nombre de Dieu, AupAÎsde chagre , quatre
henes de Pannana,ey de là au golfe fainB Michel
teinq lieuis. Quelque temps après "Pn Capitaine
J nauigé certain tempsfur cesfleunesfi hozjtrda
"Vifeter Te pats : ey U Roy des Barbares de cepais là
•nommé en leur Ungue Therca, les récent humaire- Therca*
ment auecques prefins dor ey de perles ( ainfi que
trient recité quelques Efpagnols qui efioient en la corn
ftgnie ) combien que cheminons fur terre nefurent
fins grAnd danger,tant pour Us befiesfiauuages,que
pour autres incommodité z,- lhtrouuerentpar Apres*
p 3 quelque
LES S INGVLÀRITEZ.
quelque nombre des habitons dupais fortJÂuuAget et
plus redontez,que Us premiers, Aufiqueh pour quelque
mauuaifi ajjèurance que Un auoit d'eux, promirent
tautfiruice ey amytié au Roy principalement, qu'Ut
Atonio. aptlUnt Azoxvto : duquel recenrent aufii plufieurs
beaux prefints, comme grandes pièces d'or pefimttt
enuiron dix hures. Apres aufii luy auoir donné dt
ce qu'ils pouuoyit auoir, et ce quih eflimoyent,qut tuy>
fierait le plus aggreoble, cefi àfçauoir menues ferait
les, chemifes, ty robes de petite "Valeur :finablemenf
Détroit auecquesbonne guides atoignirent Dont'ne. Dell
de Darié entrèrent ey decouurirent Ta mer du Su de (autre ce-
fte de l'Amérique, en laquelle font Us Maluquet,
ou ayons trouue les commodité z. deffus nommées,fit
font fortifiés près de la mer. Et ainfi par ce détroit de
terre ont fans eomparaifon abrégé Uur chemin fint
monter au détroit Mage Uaniquc,tant pour leurs traffim
ques, que pour Autres commodité z.- Et depuis ce temft
Ifles de traffiquent aux ifies des Moluques, qui fint grandes et
Molu- pour leprefint habitées ey réduites au chrifliatnm
ques. me, lefqueUes au parauant eft oient peuplées de gens
crueh,plus fins eomparaifon , que ceux de (Améri-
que , quiifloyent aueuglez^eypriuez, de la cognoifo
ce des grandes richeffes que produifient Ufidites ifies:
1/ray efl qu'en ce mefine endroiB de la mer de Panent
y a quatre ifies dfirtes,habitées (commeils affermée)
feuUment de Satires, parquoy Us ont nommées 1flicsde
Satyres.En cefle mefine mer fi trauuitdix ifies,non*''
mies Moniales, habitées de gens fauuages, le/quels ne
tiennent aucune religion. Auprès diceUes y agrandi
rochers qui attirent Us nauires à eux, à confie du fer
dent
DE LA F R A N C E A N T A R C T. IC-S
dent euesfontclouées. Tellement que ceux qui troffl-
quent en ce pas làfontcontrains d"pflcr de petites na-
uireschenillees de bois pour euiter tel danger . Foiht
quant ànaflredétroit de MegeUan. Touchant de l au-
treterre nommée AuflraU , laquelle caftayant le de-
trait eft laifiée àmatnfinefirc, riefipoint encores co- Terre
gnuêdes Chrefiiens-.combten qulmcertainpilot An A u f t r a ' e
», . i •' a- r t ii noncnco
guis, homme Autant efitme ty expérimente a la ma- re ^ c o u
rme que Un pourrait trouuer,. ayant pafié U détroit, ucrte.
me dit auoir mis pied en cefle terre : alors iefins eu-
lienz, de luy demander quel peuple habitait en ce
fais, Uquel me reffondii qu efl aientgens puiffons ty
tous notes, ce quiriefl "Vrayjemblabîe, comme ie luy
dû,"Peu que cefte terre efe quaft à U hAuteur d Angle
terre et dEfioffe,car U terre efe comme efeUtante ey
gelée de perpétueUes froidures, ey byuer continuel.
Que ceux qui habitent depuis la riuiere dc
Plate iufques au détroit de Ma-
gellan font noz an-
tipodes.
CHAP. LV I I.
O MB IE N que nous "Voyons tant en la
mer qu'auxfleuues,plufieurs ifies diui-
sées eyfieparées de la continente,fit efi ce
que (eternit de la terre eft eftimé "Vnfieul
ty mefine cars,quiriefe Autre chofi,que cefie rotondi-
té etfuperficie de U terre, laqueUe nous apparoife toute
flaine pour fo grande ey admirable amplitude. Et
telle efhit ( opinion de TaleMiUfien, ("Vn desftpt
p4 hes
LES S I N G V L A R I T E Z.
S auoir
Ç fogts de Grèce ey autres Philofiphes, comme recite
a deux P Marque. Oecetetgrand philofiphe PithAgonque
mondes, constitue deux parties de ht terre, àfiçamir cette ey
ou non que nous habitons,que nonsppeUons Hemifpbere: ty„
ceUe des Antipode s,que nous appeïïonsfembhU>leme%¥
Hemiffhere inférieur. Theopampe hiftoiriagraphe dit
après Tertullian contre Hcrmogene, que Silène itdu
affermAAU Rvy Mi dos, qu'ily auoit l>n monde ey efi
be de terre, autre que celuy on nousflammes.Macrobe
dauantage ( pourfaire fin aux tefmotgnages ) troittt
amplement de ces deux hemifipheres, ey parties de ta
terre, auquel"Vous pourrez.*ttoir recours ,fi "Vans dé-
ferez, "Voirplus au long fur ce les opinions des Philofi-
phes. Mais cecy imparte defiauoir ,fi ces deux partie»
de IA terre doiuent eftre totAlementfiepArées eydiui-
sées ("Pne de (Autre,comme terres differ entes,ey este
niées eftre deux mondes :ce queriefi "Vray fembUbh,
confitderé qu'il n'y a qu'lm élément de la terre, lequel
il fout eftimer eftre coupé parla mer en deux parties,
comme eficrit Sohn enfin Polyhi'stor, parlant despeu-
ples Hyperborées. Mon l'aymeroys trop mieux dire
("Vntuers eftrefieparéen deux parties égales por ce cer
de imaginé, que nous appeUons equinoBial. D'auan-
togefi "Pons regardez., (image ey figure du monde
en "Pnglobe - ou quelque charte, "Vous cangnaifirez,
clair émit, comme la mer diuifie la terre en deux par-
ti es,non du tout égaUs,qui fint les deux hemifipheresf*
ainfi nommez.por les Grecs. Fne partie de ilntuers
contient (Afie, Afrique, ey Erope: (autre contient
l Amérique, la Floride, Canada ey autres réglant
comprfisfionbsle nom des Indes Occidentales,aufiqnel -
Ut
DE L A F R A N C E A N T A R C T . I0p
les plufieurs efttment habiter noz,Antipodes.lefçay Diuerfës
bien qu'ily a plufieurs opinions des Antipodes. Les °P i n i o i «
'Jim efttment n'y en Auoirpoint, les autres que s'ily en Antipo
^hynent eftre ceux qui habitent (autre Hcmiffhe- des.
Jmtjeqmelnom eft caché . Quant àmoy iefiroye bien
fouis que ceux qui hAbitentfius les deux pales ( car
ïpentUs auons menftrez.habitabUs)font"Peritabltmet
poMtipedes Us "Pns aux autres . Pour exemple ceux qui
habitent aie Septentrion,tantplns approchent dupoU,
eyplm Uur eft eleué, Upale oppofite efi abbaiffé, ey
au contraire: de manière qu'il faut neceffairemit que
t tehfiaient Antipodes: ey les autres tôt plus clignent
des poUs approchons de (equinoBial, ey moins fiont
.Antipodes. Parquoy ie prendrais pour "Vrais Antipo QB.C'S
\desceuxqui habitent Us deuxpôles, ey Usdeux 4»->P.euP Ci
• 3 i r» > /> ir • fontanti
tresprins atreaement ,cefl ajçauoir Leuant ey Po- p0deSj &
nant:<y Us autres au milieu Antichtoncs,fins enflai antichto
rephu Ung propos il n'y a point de double que ceux n c s 1"
dwPerufint Antichtoncs plustofi qu Antipodes, à v n s a u x
ceux qui habitent en Lima, Cuzço, Cariquipa,au Pe-
ru à ceux quifontautour de cegrandfleuue Indus,au
mûsde Cahcut,ifie de Zei(a,et autres terres del'Afie.
Les habitons des ifies des Moluques douliiennent Us
lafficcrics, à ceux de (Ethiopie, auiourdhuy appeUée
Guinée. Et pour cefie raifian Pline a très bien dit, que
t'efloit U Taprobane des Antipodes,confondant,com-
me phafieurs, Antipodes auecAntichtoncs. Carcertai
nemet ceux qui "Piuent en ces ifiesfintAntichtoncs
auxpeuples qui habitent ceUe partie de (Ethiopie,
Comprenant depuis (origine du Ntfiufiques à (ifie de
'Vitrai : cobten que ceux de Mexiconefoytt direBmet
P 5 Anti-
LES S I N G V L A R ITEZ
Antipodes aux peuples de (Arabie Felice,tt il cent
Differeti qui font aux fins du cap de Bonne cfperantt. Or les
ce entre -v ,,, - • ; • t • /
antipo- Grecs ont oppeUe Antipodes ceux qui cheminent let
des & an fieds oppofites leslms aux autres,cefi à dire,plate ce-
tichto- trepUnte,comme ceux ditnons auons parlé :eyAn^
ll s
** ttcntones,qui habitent "Pne terre oppofitementfltulti,
comme mefine ceux qu'Us appeUent Anteci,ainfi eue (
n a
' les Effagnoh,Fronçossyey ÀUmons, à ceux qui w-j
bitentpres U riuiere de pLte, ey les PatAgones,défi-
quels nous auons parlé au chapitre précèdent, qui fint
près le détroit de MageUon,fiontAntipodes.Les autret I
Parcrci. nommez,Pareeci,qui habitent "Pne mefine zone,com-
me François ey Alcmans, au contraire de ceux qui
font Anteci.Et combien que proprement ces deux ne
fiy ent Antipodes, toutesfois on les appelé communia
ment ainfi,zyles confondent plufieurs les "Pns auec ht
autres Et pour cefie raifon foy obfierué que ceux du
cap de Bonne efferanee, ne nousfintdu toutAntipt'
Manière des: mais ce qu'ils appeUent Anteci,qui habitentTue
de chc- terrt nm oppofitc,maii dinetfi, comme ceux qui font
des Anti far ^'hi (equinoBial, nous quifimmespor deçà, iufi
«odes, fues à paruenir auxAntipodes. le ne double point que '•
nô guère plufieurs maUifément comprennent cefiefaçon deche
bien en- miner d Antipodes,qu a efié caufe que plufieurs km
tendue& . • / i •> *r r a «_l
Anciens ne les ayent approuuez., mejmejatnct AU*
uéc des gufi'n au hure qum Zjeme de la Cité de Dieu, chap.
anciens. 9 .Mais qui "Poudra diligemment confiderer, luy fera
S.Augu- fort atfi ^ [e$ comprendre - s'ilefi ainfi que la terre
I " c ' é * fi'tcommelm Globe tout rond, pendu au miheude
de Dieu (^niuers, il faut neceffairement queUefiait regardée
cap.s. du ciel de tous caftes. Doncques nous qui habitons ceit
Hcmt-
DE LA F R A N C E A N T A R C T. HO
ySemiffherefuperienr quant à noue, nous "Voyons "Pne
partie du ciel à noue propre eyparticuhere.Les Autres
Teabitans (Hermffhere inférieur quant à nous, à eu»
hfùperieur,>oyent (autrepartie du ciel, qui leur efe af
foBée.lly a mefine reifen ey analogie de ("Pn à (au-
tre:mois notezjque ces deux Hemiff hères, ont mefine
ey commun centre en la terre. FotlaVn mot enpoffont
des Antipodes,fans elongner depropos.
Comme les Sauuages exercent l'agriculture
& font iardins d'vne racine nommée
Manihot, & dVn arbre qu'ils
appellent Pcno-abfou.
c H A p. LV m .
Oz, Amériques en temps de paixrient
eueres autre me (lier ou occupation , qu'à Occupa^
r i • J f •'Ji -__ttons c < *
foire leurs iardins:ou bien quad le temps m u n M
JJS&UfS* fe jequiert Usfintcittoints aUer à la guer fcs s a «-
fae.Fray eft qu'aucunsfont bien quelques traffiques, uage*.
comme nous auons dit, toutesfois U necefiité Us con*
teoint tous de Lbourcr L terre pour "Pmre, comme
nous autres de par deçe. Etfiuyuent quafi U conftume
des Anciens, Ufiquch après auoir enduré ey mangé
prjfruits prouenans dc la terre fans aucune industrie
de (homme, eyrieftansfeuffifanspour nourrir tout
ce qui liuoitdeffns terre , leur confèrent rAptnes ey
htuahtffemens,s'approprions "Pn chacun quelquepar-
tiide terre,laquelle ilsfieparoientpar certaines bornes
ty limites : ey des lors commença entre les hommes
( eftat populaire ey des Républiques. Et ainfiontap-
pris
LES S I N G V L A R ITEZ
pris noz, Sauuages à labourer U terre, non auecques
beufos , ou autres befies domefeiques,fiit Unigerei eu
Laboura £AUtres tfhtcei que nous auons de par deçà:cor ils rit
gcdcs • Jr • i r fi J i
9n
Sauua- tpoint, mou auec lojueur ty labeur de leur corps,
gcs. cime Un fait en d autresprouinces.Toutesfois ce quih
labourent efe bien peu, comme quelques tardins lomg
de Uurs maifins ey "piUoge enuiron de deux ou trou
lieuisjou thfiment du milfiulement pour toutgrain:
Mil blac mAii bien plantent quelques racines.Ce quih recueil
A noir. / , „ , deux fois (an,aNoil, qui eft leur Efté, quand U
Soleil efe au Capricorne :ey à la Petecofee. Ce mil doc
efe gros comme pais communs,blanc ey noir : l'herbe
qui le parte,efl grande en façon de rafeaux marms.Or
lafaçon de leurs iardinseft teUe . Apres auoir coup
péfept ou huitarpes de bois,ne laiffans rien que U pie,
à la hauteurparauenture dlm homme , Us mettent U
feu de dans pour brûler ey bois ey herbe àl'eniour,
ty U tout c'efi en plat pa'is. ilsgrattent la terre auec
certains infi rumens de bais,on de fer, depuis qu'ils en
ont eu congnoiffance : puis les femmes plantent ce ml
Hetich. ey racines,quih appeUcntHeûch,fatfonslinpertïlil
en terre auecques le doigt, ainfi que Un plante les peu
tyfebuespar deça.D'engreffer ey amender U terre
Usrienont aucune pratique, ioint que defoyeUe efi
*ffcZ.fortiU, n'efiat aufit lajfée de culture,dme nous
U layons par deçà Toutefois c'efl chofi Admirable*
queUe ne peut porter nofire blé: ty moy mefine en oy
quelquefois fimé( car nous en auions porté auec nous)
pour eff routier,mais U ne peut iamo'is profiter.Et ri eft
o mon auisfie "Vice de la terre,mais de te nefiçay quelk
petiteliermme qui le mange enterre : toutefois ceux
qui
DE LA F R A N C E A N T A R C T . II!
quifintdemeurez,par delà,pourront auec U temps en
foire plusfieureexpérience. Quant ànoz.Sauuages,tl ^ n . "
nefifout trop efinerueiUer, s'ih n'ont eu congnaiffon- n u j y j- a .
cède blé,car mefimes en nofire Europe ty autres pais ac de blé
au commencement Us hommeslunoyent des fruits que Anciéne
h terre preduifiit deUe mefinefionsefire labourée. Jcde la-
c
Vray efl que (Agriculture efefortAncienne: comme il °*lcu tu~
Wtppertpar (cfcriturcou bienfi des le commencement Premier
MB estaient U congnoiffance du blé , ih ne leflouaientvfàgc dc
mccammoder à leur "Vfiage. Die dore eficrit que lèpre- b^-
. mier pain fut "Peu en Italie, ey ( Apporta Ifits Roy ne
dlgypte ,monfiront à moudre U blé,ey cuire le pAin
' Car AU parauant ih mogeatent Usfruitstels que Na-
ture Usprednifiitjàit que U terreflufl Lbouréc ou no.
Or que Us hommes "PniuerfiUement en toute U terre
payent "Veficu de mefine Us befies brutes, cefi plus t ofi
foibU que "VrAye ht(taire : car te ne "Voy que Us Poètes
quioyet efié de cefle opinio,tu bie quelques Autres les
\Wmtans,cime"Vous auez, en Firgile au premier défis
mSeorgiques: mais ie croy trop mieux (eficriture Sain-
Mtrfuifdit mention du labourage dAbel,et des offra p a r m c
^esqu'ilfaifoità Dieu Ainfi auiourdhuy »e^J'<«»-deraci-
Wtagezjont farine de ces racines que nous auons appeh nés.
Jees Manïhot,quifontgreffescomme le bras, UngueS Mauihot
sftvrnpié ey demy,au deuxpies : eyfionttortues ey
iobhques communément.Et efl cefle racine dlinopctit
WtdmffiaUfhout de terre ennid quatre piéz,,Usfueil
rUsfent quafitfimbUbles àceUes que nous nommons de
par deçà, Pataleonis, ainfi que mus demonfirerons *
r
y%rfigure, quifontfixoufept en nombre : au bout de
Wkmunc branche f efe chacunefut lUe langue de demy
LES t I N G V L A R I T E Z
Manière piétey trois doigts de large.Or la manière défaire cl*
de faire ïaefAnne efe te%. lhpùent ou rapet ces racines fiches
Ceà
lauyerdes auecqueslme large efiorce d arbre, garnit
«c '" toute de petites pierresfart dures, à la manière qu'on
cjnes
fait de par deçalme noix de mufiade: puulious pafltt
,ela,ey lafont chauffer en quelqueliaiffoaufiur Ufott
auec certAine quantité de ou : puis braffent le tout, en
forte que ceftefarine deutit enpetis drageons, comme
eft la Manne grenée, laqueUe efi merueiUeufimtnt%
banne quand elle efi récente, ey nonrrift trctbien.'Et
deuez,penfer que depuis U Peru, Canade,ey la FUrt
de, en toute cefie terre continente entre (Océan ey U
Moeellanique,comme ( Amérique,Canibaies, "Voire
iufques
DE LA FRANCE A N T A R C T . H2
tnfques au deflroit de Magellan ihlfint de cefiefari-
ne,UquelUy efifort commune, encore quily A de di-
sante d"Vn bout à (Autre de plus de deux mille lie-
ues de terré :ey en "Vfintauec chair cy poiffon, com- p f t
me nousfaifens icy de pain.Ces Saunages tiennenfpnc façon £ e
effrange méthode àU manger,c'efi qu'Us n'approche- viure des
tmtiamais la main de U bouche, mais laie tient de Saunages
loin plut d*kngrand pié , à quoy ilsfiantfort dextres:
WÊffi fiauent bien moquer des Chrefiiens, s'ihen
ElKt Autrement. Tout U négoce de ces racines efi re-
pu auxfemmes, efiimdnsrieftrefiant aux hommes ? 7 c e e
de s'y occuper. Noz, Amériques en autreplantent blanches
quelquesfebues, lefqueUesfonttoutes bloches,flortpU
ttSjplus Urges ey Ungues que les noflres. Aufii ont
Usine effece de petites légumes blanches engrande
\gendance,non différentes à celles que loriVait en Tur Corne ils
quieey Italie.ih les font beuilhr,ey en mangent a-font le
'!»eedufil, lequelth font auec eau de mer bouline, ey c *
ttnfuméeiufqnts à la moitié:puis auec autre matière ., . r •
Ufent canner tir en fil. ParetlUment auecques ce fil^'efoicc
~*f quelque effice broyée ilsfontpainsgros comme la & de f«J.
lied "Pn homme,dont plufieurs mangent auec choir
'poiffon, Usfemmesprincipalement. En outre ils
hjlent quelquefois de (effice auecques leur farine,
tiïfuhterifee,Mais ainfi qu'ils (ont cueillie . 1 h font
encore farine depoiffon\flortflèche,tresbanne à manger
Y
auec ie ne fray quelle mixtion quih fiauentfaire . le Farinede
«e "Veux icy oublier "Pne manière de choux reffemblas P°" i o n '
frefque ces herbes larges fus les rinieres,que Un appel fau"
h Nénuphar, auec "Pne autre effece dherbe portant J- ^ J ç
fntilles telUs que n>z^ ronces, ey crtiffent tout de la chou.
forte
L E S S I N G V L A R I T E Z.
libéré de déduire par menu,paur euiter proltxité)meM
feulement celles qui fi "Poyent aux nuages de U mer,
qui enuironne noz,tfles.
Torrue Cefle effece de tortues faillent de la merfinsle nul
manne. geiM temps de fon part, fait defiesongles "Pneflojfcde*,
dans lesfiablons, ou ayant fiait fis œufs ( car eUe efi du
nombre des ouiperes, dontparle Artfiote) les couurefi
bien, qu'il eft impofiible de Us "Poirne trouuer, jufi^
ques à ce que Uflot de U mer "Venant les découureipuk
par la chaleur du Soleil, qui là efl fort "Véhémente, It
parts'engcdreey éclofl, oinfii que la poule definœuff
lequel confifie en çrand nombre de tortues, de lagratt
deur de crabes ( qui efi "Pne effece dc poiffon ) que le
flot retournant emmeine en U mer1. Entre ces tortues,
il s'en trouue quelques "Pnes défi merueilleufogran*
deur,mefimes en ces endroits dont je parle, que quatrt
hommes ri en peuuent arrefler "Pne:. comme certaine^
Li.9. mentfoy"Peu, cy entendu pargens dignes defoy. Pli
Chap 10. nercate} epùen la mer Indiquefifitt defigrandes tor-
tues , que Ufiaille efi capable eyifuffifiante à couurir
"Pne maifion médiocre : et qu'aux mes de la mer RougÊ
ils en peuuent faire "Vaiffeaux njÇpngobles . Ledit dt(^
teur dit aufit en auoir defiemblablei au defiroit de Cd
mante en la mer Perfique. ily a plufieurs manières à
Usprendre.
Quelques fois ce grand animal, pour appétit de M*
gerplus douhement,ey plus librement rifiirer,chef
Manière cJje U partiefiuperficie lie de la mer "Vn peu deuantrm
les tort dy,quand l'air efifirain: au ayant le dos tout déçoiv-
es mari- uert > O hors de l'eau, incontinent Uur efiaiUe efijs
jjes. bien defieichéepar U Soleil, qu'eUes nepouuansdeflioA
du
D E LA F R A N C E A N T A R C T . ' 1*
dre au fond de ht mer , elles flottentpardéfi us ban gré
malgré ey fiont ainfi prtfes.
Lan dit autrement, que de nuyt eUes fartent de U
mer,cherchons à repaifere, ey après efirefiooulées ey Efpefreur
lafiées s'endorment fur (eau près du riuage,ou (on les ca j'ii es J T
prendaifiement,pour les entendre ronfler en dormant: tortues
outre plufieurs antres manières quifieroyent Ungues à marines,
réciter - Quant à leur couuerture ey efi'aille je "Vous & c ° m c
laiffeàpenfer de queUeeffeffeur eUepeut efere,propor- Y s e u
tionn le àfiagrandeur. Aufii fur U cofie du defiroit de
MtgeUan , cy delà riuiere de Plate, les Saunages en R 0 n del-
enfont rondelUs, qui Uurfirnent de-boucliers Barce- lesdefcail
lonnois, pour en guerre receuoir les coups defiefichesdie ' c s de tor-
leurs ennemys . SembUblement Us Amazones fur t u e *
i la cafte de la mer Pacifique,enfont rampArs,quodelles
fi "Voyent affoiUiesen leurs logettes, çy cabonnes . Et
de ma part j'ofiray dire ey fauftenir auoir "Veu teUe
caqutUe de tortue , que la harquebufi ne pourrait aucu
nementtrauerfier - llnefaut demander combien naz^
infulaires du cap Ferd en prennent,et en mangent com
munement la chair, comme icy nousferions du beuflou
tnouton.Aufii efi ellefimbUble à U chair de "Veau, et
prefique de mefinegoufi. Les Saunages des Indes Ame
riquesrien "Veulent aucunement manger, perfuadéz^
de cefie foUe opinion,quelle les rendroit pefans,comme
aufii eUe efipefonte, qui Uur cavfiroit empêchement
en guerre : paurcè qu eftans appefiantis, ne paurroyent
légèrementpourfùyure leurs ennemys,on bien efichap-
per et enader leurs mains. le réciteray pour la fin (h?- . T. - .
/» • i. ii •i i iHmoire
flaire d "Pngentil-homme Portugais lépreux, lequel ( j . v n ?g_
pour le grand ennuy qu'ilreceuoit de fion mal, cher- tiUhbmc
E chant
LES S I N G V L A R I T E Z
forte degroffcs ronfispiquantes. Refee oparUr d\n
? cn ' " arbre, qu'ils nomment en leur laneue Peno-abfou.
iou,ar» ^ n i r r • *> ^ ir
Ce
brc. fi arbre porteJanjruitgros comme Ine greffe pom-
me,rond à lafiemblance dlm efleufl: lequel tant s'en
faut qu'ilfeit bon à manger, que plus tofi efi dange-
reux comme "Penin. Cefruitporte dedansfix noix de
Uforte de noz,amades,mais"Vn peu plushtrges etplm
plates:en chacune defquellety a"Vn noyou,Uquel(eom
me Us afferment) efi merueiUeufimêtproprepourgnt
rirpLyes:aufii enlfint les Saunages, quandils ont'
efié bleffezçnguerre de coups defiefihes,eu autremh
l'en ay apporté quelque quantité à mon retour par de-
ça,quefay departy à mes amis. La manière denlfir
efi teUe.lh tirent certaine huile toute rouffe de ce noy~<
ou après efire pilé ,qu ils appliquentfns ta partie effet
Jée. L'efiorce de cift arbre a "Vne odeurfart eftrangt,
UfueiUage toufitours ~Perd,effés comme "Pn tefion, ty
fait comme fueiUes depourpié. En cefi arbrefrequen
Oyfeau u ordinairement "Vn oyfeau grand comme "Vn piutteU]
d'vnec- -» / i r i n _-^t
ftranee Ay*nt *ne longue hupejns la tefie,iaune commeJrftr, 1
beauté hx queue noire ,eyle refie de fin plumage iaune ey j
& admi- noir,auecques petites ondes de diuerfis couleurs,rttigt-
rabl e. ^ (entour des loués, entre U bec et les itux dme effet;
latte :eyfréquente cefi ar brc, comme auons dit,peut*
manger, ey fi nourrir de quelques"Vers quifiontdons
le bois. Et efifohupefort longue, commepountzfVeW'
par LfigureAufurplus loiffant plufieurs effecadar
. bresey arbriffeaux, iedtray feulement, pourabrtgtf\
té dcpalf"'"^ trouue là cinq oufixfortesde palmesporutJH
mes. fruits,non comme ceux de (Egypte,qui portent datttl^
(Ar ceux cyrien portent nuUes, ams bien autresfrenW
UsU*
DE LA F R A N C E A N T A R C T . IL}
Us "Pnsgros comme efeeufofies Autres moindres. Entre
tkfqueUespalmes efl ceUe qu'ils AppeUent Gerahuuâ.* Geiahu-
"Pne autre Iry, qui porte "Pn autrefruit différent. ily va-
en a "Pne quiporte fon fruit tout rend,gros comme "Pn ^Y'
petitpruneau,efiantmefine de U couUur quand U efi
meur, le quel parauant agoufi de "Vérins "Venant de ht
fyigne.lfporte noyautant bhtc,gros comme celuy dli-
ne noifette,duquel Us Saunages mangent. Or "PaiU de
bteflreAmérique,ce quauonsloulu réduire ajfozjom
mairement, après auoir obfirué les chofis Usplusfin-
*fuliercs qu auons congneuis par delà, dont nous pour-
rons quelquefois eficrire plus ampUment, enfiemble de
plufieurs arbres,arbriffeaux,herbes,et autresfimples,
auec Uurs proprietez,fiUn (expérience des gens du
\foïs,que nous auons laiffé à dire pour euiter prolixité.
Et pour lefur plus auons délibéré enpaffant eficrire "Vn
mot de ht terre du Brefil.
Q_. Cor»
LES SINGVLARÏTE2
Comme la terre de l'Amérique futdccou-
uerte,& le bois du Brefil trouué,aucc
plufieurs autres arbres non veuz
ailleurs qu'en ce pa'fs.
CHAP. LV i I I i .
£ée Rjious tenons pour certain, que Amerit
V
l ^ yeffuce efi le premier qui A decouuertce
Jt &,ranelpdis de terre dttnentc entre deux
_ , C S ^<Sr. mers, non toutefois tantrle pais, mois U
TcircJu ... . . J • i r
Brefil de meiueure partie. Depuu les Portugau, parplufeturt
c ouuerte/o»,»o cotens de certAin palis,fiefint efforcezjoufleutt
par les de decouurirpats,fiUn qu'ils trouuoyent U commodi-
Portu- té.c'efi àfçaueir quelque chofi finguhere, ey que ht
^ ais " gens dupais leur faifoient recueil. Fifitans doncquel
ainfi le pais,ey cerchans comme les Trayons, au terri-
toire Carthaginois,"Veirent diuerfis façons de pluma-
ges,dontfifaifeit trafique,ff éclatement de rougestfi
"Voulurentfiondomemit informer,cyfiçauoir le moyen
défaire cefte teinture.Et leur monftrerent Us gens du
. pais (arbre de Brefil. Cefi arbre,nommé en Uur h»-
t a n a n , r c f «e,Oraboutan,f/? tresbeau à "Voir,(efiorcepar de-
du Brefilhors eft toute gnfi,U bois rouge par dedans, ey prin-
cipalement le cueur,lequel efi plus exceUet, aufii s'en
chargent U: le plus.Dont ces Portugais, des lors en op
portèrent grande quantité: Ce que Un continue enco-
res maintenant: ey depuis que nous en auons eucon-
gnoifonce s'enfait grande traffique. Fray efi que Us
Portugaisriendurent ayfiément que Us François nous
gentpor deht,ains en plufieurs lieux trafiquent en cet
pan
DE LA F R A N C E A N T A R C T . Î I 4
pois:pource qu'ils s'eftiment, ey s'Attribuent U pro-
priété des chofes,comme premiers paffeffeurs, confede-
réqriih en ontfait U decauuerte,qui efl chofiTverita-
ble. Retournons i nofire Bréfil:Cefi arbre porte fueil-
Usfimblables àceUes du bonis,amfitpetites, mats épef
fis ey fréquentes.il ne rend nuUegomme,dme quel-
ques autres, Aufit neporte Aucun fruit. lia. efié Autre-
fois en metlUure efiime, qu'ilriefe âpre fient,ffeciAle-
ment AU pus de leuant : Un efetmait AU commence-
ment que ce bois efiaitceluy que U Royne de Saba por-
to à Saumon, que nomme (hifloire aupremier liure
E t Ray s, dit Dalmagin* Aufii ce grand Capitaine .
ma
teficriteauVeyagf qu'ilfet en (ifie Taprabaneffitnée ? *
(océan Indique an Leuant,apportagrande quanti-y^^
té de ce bois, ty autres chofies fort exquifistce quepn- au Louât
fafort AUxondrefan maiftre. De noftre brefll,celuy d'Onefi-
qui eft du cafté de U riuiere de lanaire, Morpion, ey ^ ^ j , ^ * *
cdp tte Prie eft meiUeur que (Autre du cafté des Carii- d-AlexaA
fffides,ey toute U cafte de Marignan. Quondtes Chre dre le
s,fiyent FrUçais ou Efiagnals,"Ventpar delà pour Grand.
fer du Brefil, Us Saunages dupais le couppeht et
kpecent euxmefines,ey aucunefoisU partent de trois
ou quatre heuïs, iufques aux nauires t ie "Voue laiffe À
1 fenfer à quelle peine -, ey ce pour appétit degaigner
!quelque panure accauftrement de mefikantedoubln*
re,ou quelque chemife. ilfietrouue dauantage en ce &0is i a u
fois "Vn autre bois iaune , duquel Usfont aucuns leurs ne.
iffées:pareiUementVn bon de couUur depourpre,du- J j J ^
•quel à maniugement Unpaurroiifaire de tresbclon* j c fJ
eu-Age le doubte fort fie'efi point celuy duquelparle p r c ,
Plutarque,difont que Caius Marins Rutilius,premier
-, j^ i DiBa-
LES SINGVLARITEZ
DiBAttur de (ordre populaire,enti e les /(omainsfitk^
Bataille tirer en bon de pourpre "Pne bataiUe, damilesperfinwjffi
, fes n efi ay ent plus grands que trou doigts : ey auoit
de pour. à> J •> r . S 1 S v .,
e e
pre. fl apporte ce bon de la haute Afrique, tant ont cjrt
les Romains curieux des chofis rares eyfingulieroff^
Dauantagefitrouuent autres arbres , defqueh le bott
eft blanc commefinpapier, eyfort tendre .-pour ce Ut ;
Bois blâc Saunagesrientiennent conte il ne m'a efiépofiiblt
denfeauoir autremit la propriétéfinonqu'il melint
Lt.io. en mémoire dlm bois blac, duquelparle phne,lequel \
cha \$, il nomme Betula,blanc ey tendre, duquel efl oient foi
Bctula.
tes Us "Perges, que Ion portait devant les Mogefirats de
Rome. Et tout ainfi qu'ilfietrouue diutrfitté darbres
ty fruits différents deformecouleurs,ey autres pro-
priété^
% DE LA FRANCE A N T A R C T . II?
} frietez,, aufitfie trouue diuerfité de terre, ("Pne plus
greffe j'autre moins, aufit de terreforte ,dont UsfiontDiuerfi-
"VAfis à Uur "Pfage, comme nousforionspar deçà, pourté d c t c r
manger ty boire. Or "Voila de nofire Amérique, non "
pas tAM que j'en puis auoir "Veu,mAis ce que m'afiem-
blé plus digne d efire mis par eficript, pourfiatufaire
au bon "Vouloir dlm chacun honnefie LeBeur, s'il luy
fhufl prendre htpatience de hr e,comme j'ay de le luy
réduire par eficrit, après tous Us tranaux ey dangers,
défi difficile ey UintairiVoyage.le m'affleure que plu
fleurs trouueront ce mien difiours trop bnefiUs autres
faranentnre trop Ung : parquoy ie cerche médiocri-
té,pourflatuftire à "Vn chacun.
De noftre département de la France
Antarctique ou Amérique.
CHAP. LX.
H R^auons nous cy deffns recueiUi ey parlé
Y amplement de ces nations, defiqueUes les
, meurs ey particuUritez,, ri ont efl é par
' Hifloriographes anciens de fentes ou célé-
brées,pour ri en auoir eu la congnoiffance Apres
donc auoir feiaurné quelque efface de temps en ce
pots, autant que la chofi , pour Urs U requérait, ey
qu'Uefioit neceffatrepour U contentement de l'offrit,
tant du lieu,qne des chofisy contenues: Unefut que-
flion que de regarder (opportunité, ty moyen de «^Jl-etour
flre retour-,puis qu'autrement riauions délibéré y Toi ? \"
i l ' ] 1 ~ r i i i • j theurde
re plus longue demeure. Donquesjoubs la conduite de \,\m<il{,
monfleur de Bois-le conte, Capitaine des nauires du que»
Roy,en U France AntarBique, homme magnanime,
Q^ 3 ey au-
LES S I N G V L A R I T E Z
ty autant bien Appris AU fait de la marine, outre phi
fleurs antres"Per tus,commefittoutefo"Pie en auoitfait
exercice. Primes donc nofire chemin tout an contraire
de celuy par lequel efiians "Venus,à caufe deslents qui
font propres pour le retour : cy ne faut aucunement
douter,que U retour ne fait plus log que (aUée déplut
de quatre on cinq cens lieuis, ey plus difficile .Ainfi
le dernier iour de lanuier à quatre heures du matin,
embarquez, auec ceux qui ramenoyitles nauires par
deçdjfoeimes "Voile,foiUans de cefle riuiere de lanairt,
en la grande merfois(autre coflé,ttrant"Vers le Ponèt,
laiffée à dextre la cafte d Ethiopie,laqucUe nous autos
tenue en aUant. Auquel départ nous fut le "Vent afieQ
propice, mais de petite durée: car incontinentfolint
enfler comme fur ieux,ey nous donner droit aunezj*
Nort eyNortoueft, lequel auecques la mer offezjn-,
confiante et mal affleurée en ces endroits, qui nous dé-
fi ourna de nofire droite route, nous iet tôt puis ça puis
làen diuerfis pars:tat quefin ab le mit auec qs toute dif
ficultéfie decouurit le cap de Frie, ou auions defcenèeX
typris terre à nofire "Venue: Et de rechefiarrefiamtt
(efface de huit iours, iufques au neufiéme, que U Su
commença à nous donner àpauppe, ey nous conduit
bien nonante heuis en plaine merjaiffans le pais do-
uai, ey cofloyant de loin Mahouac, pour Us dangem
Car Us Portugais tiennent ce quartier là,ey Us Son-
Stages,qui tous deux n ousfint ennemis,comme j'ay mo
firé quelque part: ou depuu deux ans en ça ont trouue
mine dor ey d argent, qui leur a efié confie de boftir
en cefi endroit,"yy mettrefiegcs nouueauxpour habi
ta .Or chemina» > toufitours fur cefie mer a grade difo
ficnlr
DE LA FR EANC A N T A R C T . 116"
jkultéfiufqus à Hauteur du cap de Saint Augufiin PaP <**
pour Uquel doubUr çyafronter demeurâmesflottass " A u S u -
fa ty là (efface de deux moys on enutron , tant il efi
~grand,eyfi iettant auant dans la mer. Et ne s enfaut fk
emerueiUer,car iefiçay quelques "Vns de bonne memoi
re, quiy ont demeuré trois ou quatre mois: eyfii Uliet
ismeuomeuflfotuorife, nous efiuns en ÀAngcrdArrefier
douaiAge,encore qu'il nefufit aduenu autre indueni-
ent.Cecap tient de Ugneur huit lieues au enuid, di-
ftAntde U riuiere dont nous eftiens partis trais cens
deux heuês il entre en mer neuf ou dix lieues du
moins : ty pource efl autant redouté des nauigansfùr
[tefte cofiejomme celuy de Bonne efferoncefur la cofie Cap de
ofEthiopie, quih ont pour ce nommé Lion de U mer, Bône efl
comme foy défia dit : ou bien autant comme celuy qui P e r a * c e
efl en U mer Aegée en Achaie ( que Un appeUe au- j ^ " n g
iourdhuy U Merée)nimécap dejoint Ange, Uquel m é Lion
efl aufii trefdangereux. Et a ce cap ainfi efté nommé de la mer
far ceux quipremièrement ( ont decouuert, que Un, ^apdeS.
tient auoir efié Pinfian Effagnol: aufii efi ilainfimar J ar ~„
quéennozjhartes marines. CePinfon auecïmfien Teax.
fih ont merueiUeufoment deconuert depais indgneuz,Occo\i-
ty non au parauant decouuerts. Or l'an mil cinq cens uc f" <Je
f
î he,EmanuelRoy'de Portugalenuoyo auec troisgrads {^"jg^
^oSuffeauxen U baffeAmérique pour recer cherté de- pj ta j nc>
ftroit de Fume et Dariéne,àfin deppuuoirpafferplus Pinlôu-
âtjémcntaut Moluques,fions aUer au détroit de Magel
hmtey nauigeans de ce cofeéfieirentdecouuerte de ce
beau promontoire: ou ayons mispié en terre, trouue-
rent le lieu fi beau ey tempéré, combien qu'il ne fit
qu'a à trois cens quarante degrez,de longitude, minu
^,4 «
LES S I N G V L A R I T E Z
te o.f t huyt de latitude,minute o. qu'ils s'y arreflertt
ou depuisfiontaUez,antres Portugais auec nombre de
Cartel- "Paifleaux çydegens.Et porjùccefiion de tcmps,apres
Fetnam- tuotrpratiqué Us Saunages dupais,foirentlnfort
bou. nommé Caflelmann: cy encore depuis "Vn autre ofez,
près de là, nommé Fernambon, trafiquons là les 1ns
auecques les autres. Les Portugau fi chargent de cat-
ton,peaux defouuogines,efficertes,et entre outres cht
JeSfde prifinnters,que les Saunages antpru en guerre
fins leurs ennemis, Ufquch Us menit en Portugalpour
"Pendre.
Des Cannibales,tant de la terre ferme, que
des ifles,& dVn arbre nomé Acaïou.
CHAP. LXI.
Egrand pramontuii c ainfi doublé ey A-
flronté, combien que difficilement, quel'
que lient quifieprefontAfl, ilfaïUoit ten-
ter lafor tune, et auancer chemin autanfà
quepofiible efioit,fins s'cligner beaucoup de terre fer
me, principalement coflay as ajjhz,pres dc(ifie Saint
Ifie de P aul,ey autres petites non habitées, prochaines de ter
S.Paul, re ferme,ou font Us Canibales, lequel pais dïuifiles
pais du Roy d'Effagne douée ceux de Portugal, dme
nom dirons outre part. Puis que nousfimmes~Venuz,à)-
ces CanibaUs,nons en dirons "Vn petit mot. Or ce peu-
ple depuis le cap de SointAuguftin, ey au delà iuflqs,
nkéT™ tùres ^e Marigna. efi h plus cruel ey inhumain,qu tri-
A
Caniba. partie quelconque de (Amérique .Cefle canoiUe mon
les. ge ordinairement chair humaine, comme nous ferions
du mouton, ey y prennent encore plus grandplaifir.
Et
DELAFRANCEANTARCT. II7
Et lions affleure^ quiU efe malaisé de leur ester "Vn ho
me d entre Us mains quand ih le tiennent, pour (ap-
pétit quih ont de U manger comme lions rauiffans. il
n'y a befie aux défierts d Afrique, au de (Arabie tôt
ifrueUe,qm appetefi ardemmit Ufiong humain,que ce
peuplefiuuAgeplus que brutAI. Aufii n'y a notii qui
ppmffe acoufier deux,foy ent Chrefiiens ou autres. Et
ffllious "Voûtezjraffiqner ey entrer en leur pays,"Vous
yteferez,receu AucunementfinsbaiUer oftages,tant ih
fi défiet,euxmefinesplus dignes defiqueh Unfiedoibue
\mcfier.Foilapourquoy les Efoagnoh quelquefois , ey
vPortugais Uur ont loué quelques brauades:en mémoi-
re dequoy quand ils Us peuuent attaindre , Dienfçait
comme ih Us traitent, car Us difhent auec eux. ily a Inimitié
donc inimytié ey guerre perpétuelle entre eux, ey grande
fie font quelquefois bien bottuz^teUemet qu'il y efi de- ^ n . treIcs
\tnenrédes ChresliensaupefiibU. Ces Canibaies por- 0?*-
tentfierres aux leures,"Perdes ey blanches, comme Us Caniba-
autres Saunages, mais plue longuesfonseomparaifon, les.
defortequ'eues défendent iufques à U poitrine. Le Fertilité
fdis AUfur plus efl trop mille ur qu'ilriapparue t à telle ,u P?is •
iConoiUetcar Uparte fruits en abondance , herbes, ey baies.
•focines cordiales, auecgrande quantité d arbres qu'Us
nommens Acaïous,portansfruits gros comme le pain,
' enformedlm œufdoye. Aucuns enfont certain bru
uage,combien que le fouit defoyriefe ban à mager,re-
tirant augoufl dline corme demy meure. Aupaut de
tefouit"Pient "Pne effece de noix greffe dme "Vn mar-
ron, enforme dlm rognon de heure. Quant au noyau
1
qui efl dedans, il efl trefbon à manger, pourueu qu'il
eitpofié légèrementpar Ufeu.L'eficorce efi toute pie i-
LES S'INGVLARITEZ
ne dhuilefiort offre augonfi,dequoy UsSauuagttpe»
royentfoire quantité plusgrade que nous nefaifèns de
nozjtoix par deça.LafueiUe de cefl arbre efifombU-
ble à ceUedln poirier, "Pnpeu plus pointue, ty row
gcatrt parle bout. Aurefie cefl arbre à l'efiareel»
pcurougcatrc,a]foz.amere: et les Saunages du pois ne
fefieruent aucunement de ce bats, àcaufiquiieflln
peu mollet. Aux ifies des Canibales,das lefquellesslen
trouue grande abondance,fiefiruent du bois pourfat*
re brufler,à caufe qu'ils rien antgueres d autre,et dit
g r-iicFoila quei'ay "Voulu dire de nofire Acaïou,*^
uec Upourtrait qui "^vous efi cy deuant reprefinté • 1*
fi trouue (à d autres arbres ayons U fruit dangereuse,
aman-
DE LA F R A N C E A N T A R C T . I l 8
rer : entre Ufiqueh efi "Vn nommé Haouuay. Albl^.
_^/ ^ - nr •> r morufe-
rrplm ce fais eflfort motueux, auecques bonnes ICS
( mines der.lly a "Pne haute ey riche montagne,ou ces Haou-
yUmuAges prennent ces pierres "Verdesjefquelles ihpor uay.
JentAux lettres. Pourceriefi pas impofiibU qu'Une s'y
•spouuafiemerAudes,ey Autresrichiffesfi cefie conoil Richene
Jetant obstinée permettait que Un y aUaftfiurement'. ^/Q^RÎ
U*y trouuefimbUblement marbre bUnc ey nairfia- baies .
Weftporpkire. Et en tout ce pois depuis qu'on a pofié
le cap de Saint Augufiin, iufques à la riuiere de Ma-
\jknan,tîeMent "Vue mefinefaçi de "Viure que les au-
Wresducap de Frie. Cefie mefine nuierefiepare U ter- Riuiere
Ma
reduPeru d auec Us Caniboles,eto de bouche quinze i"'*
7 nai
r - • -n n- • i £ > fe-
ueues tu enuiren,auec aucune: tjlespeuplées ey riches ° e j e
en or: caries Saunages ont appris quelque moyen de le Peru d'a-
lfiudre,ey en faire anneaux larges comme beucles,ey uec les
petit croiffans quih pendent aux deux coflezjdes no- Caniba-
rines, çy à Uurs iouês : ce quih portentpar gentileffe
eynoagniflcence.Les Effagrioh difient que lagrand ri ^ u r e ] a _
uierequiliientdu Peru, nommée Aurehnc,ey cefie n e fleuue
ty s affombUnt. ily Afur cefte riuiere "Pne autre ifie, du Peru.
qu'ils nomment de la Trinité, distante dix degrez,de l? c delà
h ligne, ayant de longueur enuiran trente heuis ,ey r 1.
\juit de largeur-.Lquclie. eft desplus riches qui fi trou c n e .
uc point en quelque heu que cefait,pource queUe por-
te touteferte de métaux. Maispource que les Effagnoh
ySùfeendans plufieursfoispour la "Vouloir mettre en
Uur obeiffance ont maltraité Us gens dupais, en ont Efpece
tfiéritdemit repouffeZj>etfiaccagez.lt meiUeurepart. r " , Tf
Tfiefte ifleproduifi abondance dlm certain fruit,dont i\c à v n
tarbre reffcmbfefortà"Vn palmier, duquel Us font du palmier,
bru-
LES SINGVLARITEZ
bruuage.D'auentAge fi trouue là encens fart bon, btit
degaiac, qui efl auiourdby sont célébré : partiHe*
ment en plufieurs autres ifies prochaine s de U terre fier
me.ilfe trouue entre le Peru ey les ConiboUs, dont
eft queftion, plufieurs ifies AppeUées Couiboles offer,
pochâmes de U terre de Zamana,dont L principale tfl
distante de (ifie Efpagnole enuiron trente lieues. Te»
tes lefqueUes ifiesfiontfaubs (obeiffance dlm Roy, qu'ils
appeUent Caîfique, defqueh il eftfort bien obéi. LA
plusgrande a de longueurfioixantelieues, ey de lar-
geur quarantehuit, rude ey montueufe, camporabU
prefique à (ifie de Corfie : en hqueUeje tient leur Hgf
cottfiumterement.Les Saunages de cefte ifie font enne-
mis mortels des Efpagnols, mais de tcUefoço qu'Us n'y
peuuent aucunement trafiquer • Aufli efl ce peupUh
pauuentabU à "Voir, arrogat cy courageux, fortfubit\
à commettre larrecin. ily a plufieurs arbres de Goite,
ty "Pne autre effece d arbre partant fouit de Ugref
four d"Pn efieufbeau à "Voir toutesfois "Peneneuxpar-
quoy trempent leursflèchesdont ilsfi "Veulenttidb
contre leurs ennemis,au ius de ceft arbre.ily en aln
autre,duquel ta liqueur qui enfert, (arbre efiant fia»
rifié,efl "Venin,comme reavalpar deçà. La racine tou-
tesfouefl banne à manger, aufii enfant Usfartrie, dont
ihfie nourriffent , comme en (Amérique,combit que
(arbrefait différent de tronc,bronches, eyfueiUagt,
La raifin paurquoy mejmeplante porte aliment et le-
ninfie la laiffe à contempler auxphilofiphes. Leur ma
mère de guerroyer efi comme des Ameriques,ey au-
tres CanibaUs,dont nous auansparlé , hors-mis qu'ils
"Vfent defoncUs,faiBes de peaux de befies ,ou de ptlu*
re
DE LA F R A N C E A N T A R C T . I19
re de bois: à queyfint tant expers, que ie ne puis esti-
mer Us BAUA res muenteurs de U fonde, foUn Végè-
te, jmeireftéphts excellentfundibuLteurs.
De lariuieredes amazones, autrement dite
Aurelane, par laquelle on peut nauiger
aux pais des Amazones, & en la France
Antarctique.
CHAP. L x 11.
Endont que nous auons la plume en main
foureficrire des places découuertes,et ha-
bitées,par delà nofire EquinoBial, entre
Midy ty Panent,pour tlluftrcr Us chofies,
ty en douer plus euidete eongnoiffÀnce,je mefuis arii-
"tt de réduirepAr eficrit "Vn "Voyage,autant lointain que
fÊ0ctte,baz,ardeufement entrepris,pAr quelques Efpa
gneh, tant par eAU que par terre, iufques AUX terres
deU mer Pacifique, autrcmct appelée Magellanique,
eufont Us ifies des Maluques , ty autres. Et pour mi-
\fiiae entendre cepropos,Ufaut noter, que le Prince d'E
ffogne tientfoubsfinobeiffancegrandeefienduë de j/***** ,'
pais,en ces Indes occidentales,tant en ifies que terre fer o u Ma _
eue,au Peru, ey à (Amérique, queparfùccefiian de gellani-
*temps Ua pacifié,de manière qu auiourdhuy, il en re- que.
ffoitgrand émolument ey proffit. Or entre les autres
"Vn Capitaine Effagnol, eflAnt pourfin prince AU PC- Situatio
\eUhera "Vn iour de deceuurir, tôt par eau que par u i c r c ^
iferre, iufques à la riuiere de Plate (LqueUe efi difian- pi atc .
te du CapfiamB Augufiinfept cens lieues, delà U li-
4fie,ey dudit Cap iufques aux ifies du Peru , enuiron
trots
LES S I N G V L A R l T E f c
trois cens heués)quelque difficulté qu'ily tufl,peUrlt
langueur du chemin, ey montagnes tnaccefiibles, ont
pour lajufficion des gens,ey befiesfiauuagesicfperm
£ exécution défi haute entreprise,outre les admirabht
richejfesfOcquerir'Vn lozjmmorttl, ey Uifftrperpt*
tueUe gloire de foy à Upofeerité. Ayant danques drtf
sé,ey mis. U. tout en bon ordre, tyfùffifant eqmp*gtt
ainfi que U chofi le mentait, c'eftàfçauoir de quelque
morchondifi, pour en trafiquant par les chemins re*
cauurer l>iurcs,ey autres munitions : Aurefee Accom*
fagne de cinquante Ejpagnoh,quelque nombre d'Ejck
ues,pour UfieruiceUbarieux,ey quelques autres infit
Uir es,qui ouatent estéfaits Chrefiiens,pout la condtd
te ey interprétation des langues. il fut question de
s'embarquer auec quelques petites CaraueUes ,JûrU
Situatio t-iuieredAurelane,laqueleiepu'uaffeurerlaphui%-\
& admi- gMe ey U plus large,quifoit en tout le monde. SA Ur- \
table giâ ge ur eft de cinquante neuf heuis, eyfa longueur de
d e u r <u
' plus de miUe.Plufieurs la nommit mer douce,UqudjÊ
la nuiere pf9Cedt fa cûj}£ fa Jjatttes montagnes de MoulluMQfc
lane. tuecques U nuiere de Marignon, neantmoinsleurem
bouche ment ey entrée,fontdifiantes de cent quatre,
heuis ("vne de (autre, ey enuiranfix cens heuis,dont
flain pais saffocient, U Marée entrant dedans, bien
quarante lieues . Cefie riuiere croift en certain temps
Origine de (année,commefout aufii le Nil,quipaffe par (Egjmi
du Nil- pte,procédant des montagnes de la Lune,félon (optntt
d aucuns,ce que l'eflime efire "VrayfimblabU. Euefut
nommée Aurelone,du ni de celuy qui premièrement*
fit deffus cefte ligue nauigation, néanmoins quepar"
auant auoit cite decouuertepar aucuns, qui (tntop-
pela
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 120
Reliéepar Uurs cartes riuiere des Amazones-.elleefi
^WeruetlUufementfAcbeufèànauizer, à confie des cou- A - e ' a *
•r » r r i i> i ne ou n-
tontes, quifonten toutesfatfens de (Année : ty que u i e r e d e 8
plus efe, (embouchement difficile, pour quelques gros, Amazo-
ttehers,que lo ne peut eutter, qu'auec toute difficulté, nés.
Quandlan efe entré ajfoz,auant, Un trouue quelques
belles ifies, dont les "Pnesfont peuplées, Us autres non.
Au fur plus cefte rimer e efl danger eu fe tout du long,
four efire peuplée, Ut en pleine ean, que fus U nue de
plufieurs peuples,fort inhumains, ey barbares,et qui
deUng temps tiennent inimitié, AUX eflrAngers, crai-
tnans quih abordent en Uurpais, et Us piUent.A»f-
fi quandde fortune ih en rencontrent quelques "Pns, Us
Us tuent,fionsrermfiion , ty Us mangent rotizjey
beuUuZjCommc Autre chAir. Donques embarquez,en
tvnc de confies du Peru,nimée.S.Croix,cnIa?rand ,. , _
• / 7 t n y 9 Iflede S*
mer,pourgAtgner le détroit de ce Jieune : lequel Apres croix.
auoir pAfié auec "Vn "Vent mer ueiUeuficmentpropre/a-
tbeminet caftayos U terre daffozjpre:,pour toufitours re
cogmifire Upaîs, UpeupU,et Lfaçon deflaire,etpour
plufieurs autres commodité z. Coffoyons donc en Uur
nauigation no zfviateurs,maintenant deça,matntenat
delà,fi Ion que la commodité lepermet aitfies Saunages
dupAÎsfi monfirotent en grAnd nombre fur Urine, a-
uec quelquesfignes d Admirâtion,"Voy Ans cefte eflrAge
mauigatii,( équipage desperfionnes, "Vaiffeaus,et muni
lions propres aguerre et a nauigation. Ce pédant Us na
fttgans n'efloyent moins efionnezjde leur part, pour la
iftuhitude de cepeupU inciuil, ty totalement brutal,
monftrant quelquefembUntde les "VouUirflaccager,
four dire enpcudeparoUes. Qui Uur dona occafiiide
nauiger
LES S I N G V L A R I T E Z
nauîger longue efface de tempsfans ancrer,nidefetn
dre. Néanmoins U famine ty autres necefiitez., let
contraignitfinob lement déplier loties,ey planter an
cres . Ce qu'ayons fait enuiron U portée dlrne arque-
buzeloinde terre, ie demande s'il Uur reflait autre
chofi,finon par beaux fignes de flatterie, et autres pt-
tis moyens,careffer mefiieurs les Saunages, pour impt-
trer quelques "Vtures,ey permifiion défi repofor. Dot
quelque nombre de ces SaUages aUechez.ainfl de laing
auec leurs petites barquettes d'efiorce d'arbres, defi-
queUes Us ifint ordmAirementfur les nuieres,fi htr
gardèrent d Approcher,nonfansAucune double,n 'ay-
ons iamau "Veu les Chrefiiens afronter defiprès leurs
limites.Toutesfois pour la crainte qu'Us monflroient de
plus en plus,Us Efpagnols de rechef, leurfoifontmon-
tre de quelques cauteaus, ey autres petitferremet re-
luifansles attirent. Et après leur auoirfait quelque!
petisprefens, cepeuplefiauuagesà toute dihgencthur
"Vapourchaffer desliiures: ey défait apportèrent*:**
tité de bon poiffon, fruits de merueilleufe exceUtntft
Un la portée dupais.Entre autres ("Pn de ces SAin
ayant,majfacré le iour prccedei quatre défis cnntnTk^
Combattit, leur enprefinta deux mibres cuits, ce que
Stature ^s 4t*tres refuferent. Ces Saunages (comme Us difint)
de ces eftotent de haute ftature, beau corps tous nuds Ainfi
Sauua- que les autres Saunages, portons fur (estomac larges
ges. croiffons de fin or : les autres grandes pièces luifltnttl
de fin or bienpoly en forme ai miroirs ronds. llntft
faut enquérirfi les Efpagnols changent deleurmar-
chandifesauec telles richeffesdecrayfermemetquel-
Us ne leur échappèrentpas ainfi, pour le moins en foi-
rent
DE LA F R A N C E A N T A R C . I2Î
rent ih leur deuoir.Or nez,pelerin> ainfi refrefihis,et
vmtaillez.pour le prefint,auec ht reforuepour (adue
»ir,auant que prendre congé feirent encores quelques
tprefens,comme parauont-.ey puis pour la continuation
du "Voyage,foutquestion défaire ~Poile,et abréger che-
min. De ce pas nauigcrit plus de cent heuisfans pre-
dre terrejebfieruans tousfus Us riuts diuerfité depeu-
fUs fauuages Ainfi comme Us Autres, dejqneh ie ne
triArrefierAy àeficrire pour euiter prolixité-maisfinffl-
ra entendre le lieu on pour laféconde foisfintAbordés»
A b o r d e m e n t de quelques Efpagnols en
v n e contrée ou ils trouuerent
des A m a z o n e s .
CHAP. L X 111.
Efidtts Efipagnahfietret tôt par leurs iour-
nées,quih arriuerent en Ime dtrée, ou fi ^ m a 2 «
trouua des Amazones: ce que Un ri eufi n e s dc
iamais estimé,pource que les Hifioriogra- l'Anieri-
fbesrieont fait aucune mentii,pour ri auoir eu U can- quc«
\noiffonce de ces pais n'agueres trouues. (Quelques "Vus
Wêurroyent dire que ce ne fint Amazones,mais quant
\mtoy ie U: estime telUs , attendu quelles "Vtuent tout
winfe que nous trouuons auoir "Veficu Us Amazones de
fAfie . Et ariotquepafferoutre,"Vous noterez.que ces
\tm*^ones,dont nous parlons,fifont retirées, habitat
tn certaines petites ifies, qui leurfiantcomme farter-efi
^k^yons toufitours guerre perpétue Ue à quelques peu-
jUsfians autre exercice, ne plus ne moins que ceUes def
-quelles ont parle Us fjiftoriograpbes.Donques cesfem
v ^ mti
LES S I N G V L A R Ï T E *
mes belliqueufes de noftre Amérique, retirées tlfit
tifiées en leurs ifles,font coufiumiercmcnt offoillits dt
leurs ennemis,qui les "Vont chercher parfus (eauauet
barques cy autres lioiffeoux, ey charger à coups dt
fiefiches.Cesfemme: AU contrairefidéfendent de mtfo j
me,couragenfiment,auec menafiès,hurlement,etean- '
tenantes les plus ejpouuentables qu'il eft paflible. El- ,
Us font leurs rempars defiailles de tortues, grandes en \
toute dimenfion . le tout comme lions pouuezfPeir à \
(œil par Uprefientefigure.Et pource qriill/ient âpre*
î\v>:44M-J^.Sl^>y •-, :vcW**^i
•>y
%
&i."!&**>-
pas de parler des Amazones, nous en eficrirons qmU
que chofi en cefi endroit. Les panuresgens ne trouuent
grande confolatian entre ces femmes tant rudes ey fat.
Trots for ua?-es.Lm trouue par les hijloires qu'il y a en trou fit
3
tcsdA- . »,, _ r li il 7 • i/r \*
d ma
mazones *" ^ <ones,jemb/ables, pour U moins dlfftrttfa
aaciene- tfS d~e lieux et d'habitations. Les plus ancienesanteftl
ment, en Afrique,entre UfqueUes ont efié Ut CergeneSjqm
Autym
DE L A F R A N C E A N T A R C. 121
iuoyent Medufipour R^ine. Les autres Ama Zones ont
été en Scythieprès lefieuuede TanaisdefiqueUs depuis
ont régné en "Pnepartie de (Afle,pres lefleuue Ther-
tnodoi.Etla quatrième forte des Amazones,font ceUe
dejque'des parlons prejentcment.lty adtuerjès opiniis
feurquoy eUes ont efié appeliée Amazones . La plus; / V,C1"T
commune eft,pource que ces femmes fo brufleiit les ma n j o n s f^
neeUesen leur icunefje,paur eftre plus dextres à laguer lappella-
re.Ce que ie trouue fort eftrange,<y m'en rapporterais Mon &
aux médecins,fi telles pArtiesfie peuuent ainfi cruelle- e t y r n o I °
ment esterfkns mort, attendu qu ellesfiontfort finfi- ^ m a z o _
mfesfiaint aufii queUesfint prochaines du cueur, toute- n e s #
pis UmciUeurcpart eft de cefie opmton.St awji efioit i : •
icfenfe que pour "Pne qui euaderott la mort,qu'ilen .'
mourrait cent, les antres prennent (etymologie de ce-
iteparticnU À, priuatiue, ey de M a z a , qmfignifie
fétf,psurce queUes ne "piuoyent de poin,ams c'.t quel-
ques Autres chofis. Ce que ri eft moins abfiurde que (au-
tre : cor Un eufi peu appeUer, mefimes de ce temps là,
plufieurs peuples "Viuantsfans pain,Amazynes:com- -
me Us Troglodites, cy plufieurs autres, ey auiourd-
huy tausmz.Sauuages.Les autres de kpriuatifret M a
ZOSjComme ceUes qui ont eflé nourries fans lait de ma-^
nteUe :ce qu'eft plus "Vroyfiemblable,comme efi dopinio
jhiloftrate:ou bied"VneNymphenimée Amazoni- ,,.
de ou dline antre nimée AmazonerehgieuÇe de Dia Philo.
ft tc
ne et Ray ne dEphefi.Ce que i'efiimerois plus iaflqbru « -
fltmet de mameUes: et en difoute au dtroire qui "Pou-
dra. Quey qutlenfiit ces femmes Jontrenomees beUi- n c s ^ ^
fueufies. Et pour en parler plus à plein , il faut noter m e s D e j .
qu'après que le, Scythes, que nous appeUens Tartares, liqncfcs,
j£ i furent
LES S ING V L A R I T E Z .
lesfaire mourir eUes les pende t parline tombe o quet-
come les „ u e J}atttc branche d'iri arbre:pour (auoir ainfi UtRl
/.mazo- x i r i i n ri
trai quelque ejpace de temps,quand elles y retoumtt, jt dt
têt ceux cas fortuit ri eft treffajsé, eUes tireront dix mille coups
qu'il pré- defieches:cy ne le mangent comme les autres Sauuo-
ncnt c n ges f ains Upaffentpar Te feu, tant qu'il eft réduit en
cendres .D'onantage cesfemmes approchons pour com-
ET :ryS&
</•<(
tt
^I&ftcS^
Ori»ine batre, iettent horribles cy merueillcux cris, pour e-
des Ài.u ffouuenter leurs ennemis.De (origine de cesAmAZ*
zones A- nés en ce pais'ri efi facile d'en eficr ire au certain. Au-
mertques cuns tiennent,qu'après lafuerre de Troie, ou eUes al-
l
înccrtai- , , ,I <=> r \ r i rit
nc lerent [comme dejta nous auons dit ) foubs Pente filée,
eUes s'ecarteret ainfi de tous costcz.- Les autres,quelles
efioyent "Venues de certains lieux de la Grèce en Afri
que, d'oulm Roy, affoz.cruelles rechaffa. Nous en a-
uonsplufieurs histoire^,enfemble de leursproueffes ou
fait de U guerre, cy de quelques outres femmes, que
it
DE LA F R A N C E A N T A R C T. 1 2 4
ie LifferAy pourcontinuirnoflreprincipAlpropas-.com
me Affoznousdemonflrentleshifiaires anciennes,tant
<sbrrqites,queLatines. Fray efi, que plufieurs auteurs
rien ont defiript quafi que par "Pne manière d acquit.
Nous auons commencé à dire,comme noz. pèlerins ri a
tuyent fiiourné que bi:npeu,pour fe repolir feulement ^In1ieJF
-_ L ir 1 -, t J J des Efpa
ty paurcbAjJcr quelques limres: pource que cesfem- „ n û j s * n
mes comme toutes efiannées de les "Poir en cefi équipa- fa côtrée
ge,qui leur efioitfort eftrange, s'affemblent incantinit des Ama-
de dix à douze mille en moins de trois heures ,fiUes et 7 o n c s c t
femmes toutes nues, mais (arc au poin ey U fiefche, c , 01 ? ni 5
-commençons à hurler comme fi elles enflent "Peu leurs re ceuz.
tnnemis-.cy ne fi termina ce déduit fans quelques fie
fiches tirées : à quoy les autres ne "Paulansfaire reflfien
te, incontinentfieretirèrentbAgnesfaunes. Et deleuer
ancres, ey de deffther "PoiUs. Fray efi qu'a leurpar te-
ntent difians adieu, ih Usfaluerent de quelques coups
de canan:etfemmes en routeitouteflais qu'il ri efl "Pray-
fembLbble qu eUesfifiaientaisémentfiauuéesfionsen
fentir quelque autre chofi.
De la continuation du voyage de Moi-pion,
& de la riuiere de Plate.
C H A P . LX II 11.
., . . . . . . . Côtinua
y Ela continuons leur chemtn bte enuiron t l o n du
L fix "Pingts lieuis, cogneurit par leur A- voyage
\1 ftrolabe, félon la hauteur du lieu ou ils e- Aes < , f P a -
-, 7 // n rr • ^ enolsen
1
ftoyent,laqueUe est tant neceffairepour ^ t m e
la bonne nauigation, que ceux qui nouigent «*/«»-de Mor.
tains pois nepourroyit auoirfourété de leur "Voyage,fitpion.
g^ 4 cefle
LES S I N G V L A R I T E Z.
teste prattique leur deffatlloit : parquoy cefl art delà
hauteur du Saleil,excede toutes les autres reigles : cy
ceflefubtilité: les Anciens ( ontgrondement eflimét
ey pratiquée,me finement Ptalomée ey autres gradt
autheurs. Donques Us quittent leurs Carauelles, les
enfonfàns aufond de (eau, puis chacun fie charge du
refie dc Uurs 1/tures,munitions, cy marchandises,les
Efilaues principalemit,qut efiayit la pour ceflefin. ils
cheminèrent par (efface de neufiours,par montagnes,
enrichies de toutes fortes d arbres,herbes,fleurs fruits-
ey "Ver dure,tant que par Uurs tournées aborderit In
grandflcuuetproucnat des hautes mitagnes,oufe trou
ueret certains fauuages, entre lefiquels de grad crainte
les "Pnsfuyotetjles autres montoyit es arbres : et ne de*
meur a en leurs logettes, que quelques "vieiUards, aufo
queh(por manière de cogratulatiari)foirtntprefons de
quelques couteaux et mirouers:ce q leur fut trefogrta*
ble.Parquoy ces bis "VeilLrdsfi mettet en effort d'appt
1er les autres, Uur faifans entidre, q ces efirangers nou
uellement arriuez,,efioient quelques grads Seignéurt,
qui en rie ne les "Vouloyet indmoder,oins leur faireprt
fins de leurs ncheffes.Les Saunages ejmeuz.de cefieli
berahtéffe mettet en deuoir de leur amener "piures,co-
rne poiffons,fauuagines, ey fruits filon le pais. Ce que
"Voyons Us Efipagnolsfipropofirit depaffer làUurhy-
uer attendons antre temps, et ce pendant décauurir U
pais,aufit s'ilfietrouueroit point quelque mine dor, ou
d argent,ou autre chofi, dit ils remportaffent quelque
fruit.Por ainfi demeureret làfiept mois entiersdefiqueh
"Voyons les chofi neJucceder àjouhait, reprennent che
tnm, etpaffent outre, ay as prispour ddutte huit de ces
Sou-
DE L A F R A N C E A N T A R C T . I2J
Saunages,qui les menèrent enniran quotreliingtniie
n'es, pajfans toufeourspar le milieu d autres Souuages,
beaucoupplus rudes,çy moins traitobles,que Usprece
iens-.en quoy leurfut autant neceffaire queprofitable
U conduite. FtnabUment congnaiffantslieritobUmet,
'•• titrepAruenus à U hauteur dlm heu nommé Mor-
fienflars habité de Portugais,Us~Vns comme lajfoz,de
flhng "Voyage, furent dauis de tirer "Vers ce heu fus Diuifîon
nommé : Us autres au contraire deperfieuerer lufiques _
à U riuiere de pLte, dtfiante encore enuiran trois ces „ j c
heuis par terre.En quoy pour refilution ,fielan l'aduis p0 ur ti-
du Capitaine en chef,"Pnepartiepaurfuit U route"Pers rer à la
PUtte,ey (autre "Vers Morpion. Près lequel lieu noz, j l u i e , r c
feUrinsffecnloyent de tous cafteZj, (Ufie trouueroit oc '
cofiton aucune de butin, iufques à tant qu'ilfietrouua
"Pne riuiere,paffànt aupié d~Pne maintagne,en laquel
U beuuanSfConflderent certaines pierres, reluyfiantes
comme argent, dont ils en portèrent quelque quantité Mfne
iufques àMorpion,dtfiant de la dixhuit lieues defiquel d'argent
Usfurent trouuées à U prenne,porter bonne eynatu- tresbon-
reke mine d argent. Et en en a depuis U Rjy de Portu ae-
gai tiré de l'argent infini,après auoir faitfonder lami
ne,ey réduire en ejfrnce. Apres que ces Effagnahfn
rensrepofoz,ey recrées à Morpion, auec les Portugais
leurs ~Vaifins,fut queflian defiuiure Us autres, cy tour ^,Ql &
ner chemin "Vers plate,loing de Morpi o deux cens cm d'argent.
quonte lieues,par mer, ey trois cens par terre : ou les Plate
Wfftgnoh ont trauné plufieurs mines dor ey d'argent fleuue
ty (ont ainfi nommée plate,qui fignifie en leur Ion- P°^'
gue Argent :eypour y habiter,ont bafii quelquesfor ainfi n 5 .
tereffes.Depuis aucuns deux,auec quelques autres E- mie.
K. 5 'finnois
LES S I NGVLAR ITEZ
Jftagnoh,nouueUemcnt "Venu* en ce lieu, non contint
C lt encore
A M° de leurfortune fa font hazjtrdez, de nauiguer, ,
cellan 'ufiques au defiroit de MogeUon,omfi appeUé,du nom
Merpa- de celuy qui premièrement le decouurit, quiconfint
cifique ( Amérique,"Vers le Midy : ey de là entrèrent en U
Ifies des mer Pacifique,de l'autre cofté de l'Amérique , ou ih
i ont trouue plufieurs beUes tfles:eyflnablement parut
bitées nuz,iufqnes auxMoUuques,quth tiennent ey habi-
des Efpa tent encores Auiourdhuy. Au moyen de quoy retour-
gnols. ne "vn grand tribut d or cyd argent au prince dBffê '•
gne.Foilafemmatrement quat au "Voy âge,duquelf A)
bien loulu efinre enpaffont, ce que m'en a eflé rttitk,
fus ma nauigotHpar quelcunqm lefiçauoit,ainfiqu'il \
triaffeura,pour auoirfait le "Voyage. i
La feparation des terres du Roy d'Efpa
gne & du Roy de Portugal.
C H A P . L X v.
Es Roy s dEffagne ey Portugal aprttâf
uatr acquis en communesforces plufiean
"ViBoires eyheureufis conquefies,tant en
Leuant qu en Ponent, aux lieux de ttrrt
ty de mer non au porauant congneuz,ne decouutrt,
fi propofirent pour "Vne affeurance plus grande de dt- j
uifir ey limiter tout le pais qu'Us ouatent conquefle,
pour aufii obuier aux querelles qui en euffentpeu en-
Cap a JUyuir,comme Us eurent de la mine dor du Cap à trou
trois
pointes,qui efi en la Guinée: comme aufii des ifies du
jointes
Cap "Perd,cy plufieurs autres places. Aufiil>ncha-
cu, doitfiçauoir quln Royaume nelicut ïamaisfouffoir
deux Roy s, ne plus ne moins que le monde ne reçoit
deux
DE LA F R A N C E A N T A R C T. Il6
deux Soleils.Or efe U que depuis la riuiere de Mari- Terres
gnan,entre (Amérique ey les ifies des AntiUes,qui J^r °^
teignent AU Peru iufques à U Flaride,pres Terre neu- g n c .
ne, efi demeuré euprince dEffAgne, lequeltiet aufii
grandpais en (Amérique, tirant du Peru AU Mtdy
fies U cafte de ( Océan iufques à Martgnon,dme a efié Paîs aue
\Jdit.Au Ray de Portugal auint tout ce qui efe depuis n u z a "
U mefine nuiere de Morignan "Vers le Midy,iufques à p '
hriuieredc Plate,qui efi trente fix degrez.de là (E- 03L\%
juinoBial.Et lapremière place tirant au cofié de Ma
geUan efi nommée Morpionfiaféconde Mahauhac,au-
quel heufiefonttrouuees plufieurs mines d'or eydar
gent. Tiercement Portefigoureprès du cap de Saint
Anguflin. Quartemcnt la pointe de Crouefimourato,
Chaficaumarin,ey Fernabou,quifont confins des Ca\
ttibaUs de (Amérique.De decLrerpArticuheremet
tome Us lieux d~Pne riuiere à l'Autre,comme CurtAne,
f Caribes,prochain de la nuiere douce, ey de Real,en-
feneble UursJituattons,ey autres, ie m'en déporteray
pour leprefent. Orfiçachez,fieulement qu'en ces places
deffou nommées les PortugaisfofonthabitueZ^eyfça-
uentbien entretenir Us Saunages dupais, de manière
quih "Piuent là paifiblement, ey traffiquent de plu-
fieurs riches marchandifis.Et là ont bofii maifions ey
farts pour s'affleurer contre Uurs enncmu.Iour retour
ner au Prince dEJfagnc, Uria pas moinsfait defa
part,que nous auons dit efire depuis Morignan "Vers le
\Ponent,tufques aux Moluques, tant deçà que delà, en
If 'Océan ey. en la Pacifique, les ifies de ces deux mers,
ItyU Peru en terreforme-.teUementque le tout enfiem
bU efi dline merneiUeufi eft endue, fans le pais confin
t i»'t
LES S I N G V L A R I T E Z ,,
qui fi pourra decouurir auec le temps,comme Cottage
Pars non re Cate,Polmarie, Parifea-ronde
J s ey rpetite. Tout let
encore , „ •, • r n n i
decou- deuX,ffectolement Portugais, ontjemblablement de-
ncrs. connert plufieurs pais au Leuant pour traffiquer, dont
ils ne iauyffent toute fois,ainfi qu'en plufieurs lieux de
t Amérique cy du Peru. Car pour régner en cepût
tlfautprattiquer (amitié des Saunages : autrement
ihfireuoltent, cy faceagent tons ceux qu'ils peuuent'
trouner le plus fonuent .Et fi faut accommoderfoUles
ligues, quereUe s,amitié Zj, ou tnimiti ez, qui fint entre
eux. Or nefaut penfierteUes decouuertnres auoir esté
faites fins grande effuflon defiang humain ,ffeciaUf
ment des panures cbrefiiens, qui ont expofié Uur >*#,
fansauoire^ardàla cruauté cy inhumanité de ces
peuples,bref ne difficulté quelconque.Nous voyons en
nofire Europe combien les Romains au commencement
"Voulons amplifier leur Empire, "Voire d"Vnfipeu de
terre,au regard de ce qui a eftéfait depuis fioixattans
ença,ont effondu defiang, tant deux que de leurs en-
nemis. Ç>ueUesfuries, cyhorribles difiipat ions deUix
difiiplincs ,eyhonnefies façons delnureont régnépar
l'l>niuers ,fians Us guerres ciuiles de Sylla cy Marins,
Cinna,ey de pipée,de Brutus,d Antoine,eydAu ,
gufie, plus dommageables que les autres i Aufii (en x
efi enfuyuie la ruine de (Italie par Us Gots,Huns,ey
IVondales, qui mefimes ont enuahi ( Afite, cy dtfiipb
(Empire des Grecs . Auquel propos Outdefiemblt 0»
uair ainfi parlé. «
O r voyons n o u s toutes chofes tourner,
E t maintenant vn peuple d o m i n e r ,
Q u i n'eftoit rien: & celuy quipuiffance
.' Auoit
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 127
Auoit en tout,luy faire obeïflance.
' Conchiflton que tantes chofes humaines fontfubieBes
intutAtion,phuoumains difficiles,filon queUesfint
phugr-Andes ou plus petites.
Diuifiandes Indes Occidentales,
en trois parties.
C H A P. LX VI.
FAM quepAffer autre à defirire ce pals,À
bon droitr comme f efi ime) Auiourdhuy
appeUé FranceAntarBique,au parouat
Amérique,pour les raifins que nous a-
uansdiBes,pourfionAmplitude en toute dimenfian,me
fois Aduife(pourplus aifément donner à entendre aux
leBeurs)U diuifier en trou. Car depuis les terres recen
f£&Bet,decouuertes, tout le pais de (Amérique,Peru,
LFtoride,Canada,ey autres lieux circonuoiflns,à al
hriufques au defiroit de MogeUan, ont efté appeUez,
erfcommun,Indes Occidentales. Et ce pourtant que le
WfufU tictprefique mefine manière de~Viure,tout nud
fvbare,ty rude,comme celuy qui efi encores AUX In-
des deLeuat.LeqlpAts merite"Peritablement ce ni du
feuue Indue,comme nous difions en quelq lieu. Ce beau
feuue donc entrant en la mer de Leuat, oppeUéelndi
que,parfieptbouches (dme leNil en U Méditerranée)
pendfionorigine des montagnesArbiciennes eyBe-
ciennes. Aufii lefleuue Ganges, entrant fiembUble-
ment en cefie mer par cinq bouches, dtuifie (lnde en
deux, eyfotit htfiparation de ("Pne à l'autre. Efiant
donc cefie régionfiUirigtaine de (Amérique,car ("V-
ne efe en Orient,(autre comprend depuis le Mtdy info
auet
LES S I N C V L A R I T E *
ques en Occident, nous nefiçaur'tons dire efire autres^
qui ayent impofié le nom à cefie terre que ceux qui en
ontfiaitU première decaunerte,"Voyas U befiiohté ey*
cruauté de ce peuple ainfi barbareflansfoy,nefans loy,
ey non moinsfemblable à diuers peuples des In des,de
(Afie,et pois d Ethiopie: defquehfait ample mi tien
Phne enfin hifioire natnreUe . Et "Voila corne ce paît
a pris le nom d'Inde àlofimihtude de celuy qui efl en
Afie,pour efire conformes les meurs,férocité ey bar-
bane(comme n'agueres auons dit) de ces peuples occi-
dentaux,à aucuns de Leuant. Donc ques la première
partie de cefle terre,ainfi ample contient "Vers le Midy
depuis le détroit de MageUan, qui efl cinquante deux
degrez., minutes trente de la ligne eqninoBialefen-
tens de latitude auflrole, ne comprenant aucunement
(autre terre,qui efl delà U détroit,laqueUe n'a efiéia-<
mais habitée, ne congnuè de nous ,finon depuis ce dé-
troit,"Venant à la riuiere de Plate.Dc là tiranfvers U
Penentjomg entre ces deux mers,fiantcomprihfis Ut
promnces de Potahe, Paranaguocu, Margageas, Poto-
gones,ou région des Geans,Morpion, Taboiares,Taupi
namban, Amazones,le pais du Brefil, iufques au cap
defittnB Augufiin,qni eft huit degrezjdelo la ligne,
le pais des Cariibales,Antropophages, lefqueUes régi-
onsfint comprifies en l'Amérique enuironnée de no-
fire mer Oceane, ey de l'autre cofié deuers le Su de la.
mer Pacifique, que nous difions autremet MareUaniqi
Nous finirons donc cefle terre Indique à la nuiere det
Amazones,laque Ue tant ainfi que Gongcsfait lafipa
ration d"Vnelnde à (outre "Vers Leuant: aufii ce fieu-
ue notabUçlequelade Urgeur cinquante lieues)pour'
ra
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 12$
rtfoirefcparation de (lnde Amérique à ceUe du Pe
ru.Lafécondepartie commencera depuis Udite riuie-
rt,tirant ey comprenant plufieurs royaumes ey Pro-
uinces tout U PcruJt déferait de terre contenant Da-
rten,FurneyPopaian,Anzerma,Carapo,{lu,imbaya>
4jafie,ilwto,CAnArcs,Cuzco,ChiU, Potaho,Pn
v,Tcmiftitan,Mexiquc, Catay, Panuco,Us Pigméet
jfants à U Floride , qui eftfetuée "Vingtcmq degre^
de latitude deçà U ligne. le Liffe les ifies à part, fans
Us y comprendre, combien queUes ne fint moins gratt
des que SicUe,Corfo, Cypre,ou Candie,ne moins à efii-
mer. Parquoyfera cefie partie limitée "Vers Occident,
ihtFloride.ilne refteplusfinon de defirire U troifi-
tme:Uquetle commencerA à la neuue Effagne,compre
Juanttoutes Usprouinces de AUAUAC, Fcatan,Cul%ua>
WoTriX*lixe,cbaUo,Mixtecapan,Tezeuco,Guz.anes>
mÈtiachen,Xancho,Aute,ey le royaume de Micua)
(on. De la Floride iufques à la terre des Baccales(qui
eft "Pne gran de région,foubs laque Ue eft comprifi aufii
Uterre de Canada,ey Uproumce de Chicora, qui efi
trentetrais degrez, deçà la lignc)L terre de labrador,
uterre neuue,qui efe enuironnée de la mer GUciale,du
té du Nort. Cefte contrée des Indes occidentales,oin
fmmairement diuiféc,fionsffeafierplufieurs chofies
\ bouta (antre,c'efi àfçouoir,du déferait de Ma-
syUm , auquel auons commencé, iufques à lafinde U
dernière terre indique,y a plus de quatre miUe huit
cens lieues de langueur: ty par ceU lonpeutconfide-
rer U largeur,excepté le defiroit de P ariasJùjhommé
fourquoy on UsappeUe communément auiourdhuy
Indes majeures,fions eomparaifonf lu» grandes que tel
Itt
LES SINGVLARITEZ
Us de Leuant. Au refee iefùpphe le UBeurprendre
en gré cefie petite diuifion, attendant le tempt qu'il
plaife à Dieu nous donner moyen d'enfairelneplus
grande, enfemble de parler plus amplement de tout ce
pais : laquelle foy "Voulu mettre en cefi endroit ,paur
apporter quelque lumière aujurplus de nofire difeaurs
Del'ifledesRats.
CHAP. L XVII.
Fittans incontinent cesCanibales pour le peu
de confolation que Un en peut receuair ouee
U "Vent de Su, liogames iufques à "Pne tresbel
le ifie Uingtaine de la la ligne quatre degrezjty non
fans grand danger on (approche, car eueriefi moins
difficile à ofoonter que quelque grand promontoire,
tant pource queUe entre auant dedas la mer,que pour
les rochers, quifontà l'entaur ey enforantde nuage,
Cefle ifie A ejlé decouuertefortuitement, ey augrand
defiauantage de ceux qui premièrement la defiouurt-
Naufra- rent• Quelque nAutre de Portugalpaffànt quelquefois
ge d'vncfûr cefie cofie par imprudence ey faute de bongouuer
nauire nement,hurtant contre "Pn rocherprès de cefle ifie,fut
Portugal yrifie eytoutefùbmergéeenfond,hors-mu"Vingtey
trois hommes quifiefauuerent en cefie ifie - Auquel
lieu ont demouré (efface de deux ans,le s autres morts
iufques a deux: qui cependant ri auoientycfcu que de
rats,oyféaux ey autres befles. Et comme quelquefois
paffoit "Pne nouiere de Normandie retournant de (A
merique,mirent ( eflqniflpourfle repafer en ce fit iflt,m
trouuerent ces deuxpanures Portugais , refeansfeuU-
mettt
DE LA F R A N C E A N T A R C T . !2o
ment de Ce naufrage,qu'Us emmener ent auec eux.2** Me de»
s
auoietces Portugaisnimé(ifie des Rats,pour lamulti
tude des rots de diuerfo effece, qui y fiont,en teUeforte ^^
: qu'ils difoient leurs compAgnons efire morts en partie, ainfi n5-
ptur (ennuy que Uurfiaifoit cefiel/ermine, et font en- m*c'
\j0tfStfUAndUn defoendU\,qu àgrande difficulté s'en
peult ondéfendre.Ces animaux"Viuent dœufls de ter-
\apes,qu'eUesfontau riuAge de la mer,eyd'œufs day-
ftAUX,dont ily a grande abondace. Aufii quand nous
y allâmes pour chercher eau douce, dont nous anians tel
Henecefiité,que quelques "Vns d entre nousfurent con-
trains de boire leur "Pnne :ce qui dura (efface de trois
mois,ey lafamine quatre,nousylimes tant d oyfeanx
typpriueZj>quil nous efloit aije den charger noz, na
unes.Toutefois U ne nousJ futr poSible de recouurer eau -,
r.- •• J , i . , r Comme»
menée joint que n entrâmes auat dans le pats. An fur ^ltez c j e
plus ette efl trefbelU,enrichie de beaux arbres "Verdoy l'ifle des
ans U meiUeurepart de (anée,neplus ne moins qu'"Vn ^-its-
tSterdpré au mois de May, encore qu'eUefioitpres de la
yhgne à quatre degrez,. Que cefte ifie fait habitable
yt'efeimpofiibU, aufii bien que plufieurs autres en la
mefine zone:comme Us ifies Saint Homer,fins ( equi-
noBial ty antre s.EtfiteUe efloit habitée,te puisl/eri-
tablement affenrer,qu'an enfleroitlm des beaux lieux
qu'ilfaitpofiible an monde,ey riche à (équipaient.On
y f croit bienfarce bonfhcre,efficeries, ey antres cho- Zone en
fis de grand émolument. Iefiçay bien que plufieursrre 1.es
» r
mu Soleil : toutefois (expérience mon fit
yansplutUnguc contention : tout ainfi que Us Zones
^ s AUX
LES SINGVLARITËZ
aux deux pôles pour lefooid.Hérodote tySelin affir-
ment que Us monts Hyperboréesfiont habitables, ey
poreiUement le Canada, approchantfart du Septentri
on,ey autres pats encores plus près,enuiro la mer GL
ciale,dant nous auons défia parlé . Parquoyflansplut
Abodan gn jtauter retournons à Jnofire ifie des Rats . Ce lieu
cederats „ df , - - r , \ , f .
eft a bon droit amfi nomme,pour l abondance des Rats
Sohiata ?'" 'VtuenthX, dont y a plufieurs effeces. Fne entre les
efpccc autres,que mangit les Sauna o-es de l'Amérique,nom
dc rat. me z. en leur langue Sohiatan : ey ont lapeaugrifi,
Hicrou - la chùr lmne ^ délicate,comme dlm petit Uurout.
re efpe- ^eny a ^nc autre nommée Hieroufou, plus granit
ce dcrat f u e ^es autres, mais nonfibans à manger. ilsfinide
teUe grandeur que ceux d Egypte,que Un appeUe rats
de Pharaon. D'autres grands dme faines,que Us Sou
uagcs ne mangentpoint,à caufe que qriadihfont morts
ils puent comme charangne,comme foy "Veu.llfie trou
Gerar.i, ue làpareiUementVarieté defierpens,nommez,Gera-
e ece de xn,Ufqueh ne font bons à manger :ouy bien ceux quih
Theïrab nomment Theïrab . Carde cesferpens y a plufieurs
effeces qui nefinten rien "Vénéneux, nefimblablesà
ceux de nofire Europe : de manière que leur morfùre
ri efi morteUe ne aucunement dangereufie.il s'en trou-
ue de rouges,ecaillez.de diuerfis couleurs:pareiUemtt
en ay lieu de "Perds autant ou plus que la "PerdefueilU
de laurier que Un pourrait trouuer. ils nefintfigros
de corps que Us autres, neantmoins Usfiontfort longs,
Pourtant nefiefouit efimerneiUerfi les Saunages là en-
tour mangent de ces rats eyforpensfans danger: ne
plus ne moins que Us leforts , comme cy deuontnout
auons dit. Près cefte ifiefietrouuefimblablementlne
forte
DE LA F R A N C E A NT ARC T. I3O
forte de poiffon, çy fur toute la cofle de (Amérique, Houpe
qui efl fort dangereux, aufii craint et redouté des Sauxonf1*
uagezjpource qu'il efi rauiffant ey dangereux,dme poiiîon.
"Pn Lion an "Pn loup affamé. Ce poiffon nimé HoupC-
rou en Uur hngue,mage (autrepoiffon en (eau, hors
lnit~Vn,qui efl grand comme Ine petite carpe , qui le
fout taufeaurs,comme s'ily auoit quelquefympaihie et
r
'tcculte amytté entre lesdeux:ou bien Ufaitpour eftre
garanti ey défendu contre Us Autres, dont les Sauna-
ges quadilspefichet tans nuds, Ainfi quihfontordinal
\rement,lc craignent,ey nifansraifin,car s'il les peut
atteindre,il lesjùbmerge ey efiragle,oubien auilles
touchera de U dent,il emportera la pièce. Aufii ihfi
tardent bien de manger de cepoiffon, ains s'ils le peu-
uent prendre "Vif,ce qu'Us font quelquefoispourfo"Ven
ffrjh lefontmourir à coups deflèches.EftAS donc enr
cares quelque efface de temps, ey tournons ça ey ht,
Sx ten
LES SINGVLARITEZ
j'en contemplé plufieurs efi ranges queriauons par de-
Efpece çA . entrc lcfquelsj'en"Peis deuxfort miflrueux,oy as
c poi so r y / comme deux tétines de cheure,l>n fontn\
eltraugc.-' <5 £ . ,. . ' / . v
ou menton, que Ion ingérait a le Pair ejtre Pne barbe.
Lafigurecy deuat mtfie,comme pouezfVoir, reprefin-
tele refie du corps. i
Fait A comme Nature grade ouuriereprendpUtftri
diuerfifierfisounrages tôt en (eau,qu'êlaterre: ainfi
que lejçauot ouurier enriebififin œuure depourtroits -
ey couleurs,outre U traditiue commune defonart.
La continuatiô de noftre chemin auecquci '
la déclaration de l'Aftrolabe marin.
CHAP. LX VI 11.
Ourne irouuergrandfiulagemet de mz,
tr anaux en cefie ifie, il fut quefl ion font
plusfoiourner,de faire "Voile auecquetltt
i ÎC - ff K.propre iufquesfous noftre equine*
a e
r an- chal,à(entour duquel ey la mer ey Us "Ventsfont
; c*
auo affes tnconfeans. Aufii là "Voit on taufeours (air indi-
ffoféfi d'in cafté efefieretn, de (antre nous menajfit
dorage: donc leplusfionuent là deffoubsjont pluiïs ty
tonnerres,qui ne peuuent eftrefansdanger aux naui-
gxnts Or auant qu'approcher de cefle ligne, Us bons
pillots cy mariniers experts confiiUent toufitours Uurs
cferolabes,pour cangnoifire la difiance eyfituatio des
lieux ou Un efi.Et puis qu'il "Vient à propos de cefi in-
ferument tat neceffaire en nauigati o,j'en parleray lé-
gèrement en paffantponr (infiruBU de ceux qui "Veu
lent future la marine ,figrand que (entendement de
(htm-
F
DE LA FR EANC A N T A R C T . Ijr
l'homme ne Upeut bonnement comprendre. Et ce que
te du de (aftrolabc,autant enfaut entendre de la tofi
file,ou ejgnile de mer, par laquelle ontpeut aufii con-
duire droitement U nature . Cefi infirument efi aufii
tantfiobttl ey prime,quauecPn peu de papier aupar-
memin,comme U paume de la main, cy auecques cer
toines hgnes marquées, qutfignifient Us "Vents, etln
peu de fer, duquelfofabrique cefi infirument,par fa
foulenatuTcUc"Pertu,qul>nepierre luy dineetinflue,
"•fATfonpropre mouuement,eyfionsque nul la touche,
\wtoflre ou efi ( Orient,( Occident,U Septentnon,eyU
ftiidy:ey parciUcment touts Us trentrdeux "Vents de
U nauigation, ey ne les enfeigne pasfeulementen "Vn
endroit,oins en tons lieux de ce monde: ey autres fi-
trets,que ie Liffcpour U prefont. PArquoy Appert cle-
rementque (ojtrolabe,(efigueiUe,auec la carte marine
fint bien faites , ey que leuradreffe ey perfeBion efl
chofi admirable , doutant qu'line chofi tantgrande, ç-„ -a
tomme eft U mer,efi portraite enfipetite efface, eyfe u£n <je
ttnforme,tant qu'on adreffepar tceUeà nauiger le mo l'Aftrala
de. Dent le bon Zy iufie AfiroLble ri efi autre chofi, be manu
que U Sphère prefiée ey reprefentée en"Pnplain, ac-
compli enfarotondité de trois cétsfiixate degrez.,re-
ffondans à U circonférence de ("primers diuifée en pa-
reil nombre de degrezj Uflquehde rechef il faut diui
ferenmfire inflrnmii par quatre parties égales: cefi
àfçAnair en chacune partie noriate, lefquelspuis après
fautpartir de cinq à cinq. Puis teriatVoftre inftrumet
por (anean,(eleuer au Soleil, enfirte que lopriiffefai
re entrer les rAyons por le permis de la hdade, puis re-
gardât à "Voftre declinaifan,en quel an, moys, ey iour
S \ "Vous
LE S SINGVLARITEZ
"Vous efies,quand "Vousprenezja hauteur, ey que le
slaetlfitt deuers U Su,qui efi du cafié de l'Amérique
tyliousfioyez, deuers le Non,liions faut afler de la-
fere hauteur autant dedegre^que le Soleil à décliné
lomg de U ligne,de laqueUe nousparUns,par deuers U
Su.Et fi enprenat la hauteur du Soleillious efeeslert
Midy delà (equinoBial,ey le Soleilfioit ou Septentti
on,"Vous deuezjèmblablement ofier autant de degreç
que le Soleil décline de la hgneVers nofire pôle. Exem,
pie:Si lionsprenczlioflrc hauteurfie Soleil efiant en-
tre (equinoBial çyl>ous,quadaurez,pris LdiBe hou
teur,U faut pourfçauotr le heu ou "Pous efles, fait en
mer ou en terre ,adioufler les degré z.que le Soleil eft
décliné lomg de la ligne,auecques "Poflre hauteur, ey
"Vous trouuerez.ee que démodez,: qui s'entend autant
du poleArBique qu'Antar Bique. Feilafiulemit Le
tleur,"Pnpetit mat enpaffant de nofireAftroLbe,rt-
mettant UJùrplns de la congnoiffànce eylfage de cefi
infirument aux Mathematiciés,qui en font profeflien
ordinaire. llmefuffiten auoir ditfommairementce
que ie congnois efire neceffaire a la nantiration,ffécla-
tement aux plus rudes quiriyfontencores exercez.
Département dc noftre cquateur,
ouequinoCtial.
C H A P . LXIX.
tZ-TTCfT. Efeflfe fuil n'y a nul homme deffrit qui
^,, ' K^; ne fiache que (equinoBial ne fait "ine
l'.'-V. y?.ù tru.fe ou cercle, imaginé par le milieu du
t.- -' *• •*• ' J i i
T - C * - monaesde Leuant en Panent,en egaU di-
stance
DE LA F R E A N C A N T A R C T . L}2
fiance des deux : teUement que de ceft equinoBial,
iufques à chacun des Palesy a mnnante degrez,,com-
me nous auons amplement trAiBé enfin heu. Et de la
température de (air, qui efe là enuiron, de U mer,ey
les poiffons'.reste qu'en retournant en parlions encores
In mot,de ce que nous auons omis à dire. Paffons donc
tnuiron U premier dAuril, auec "Pn "Vent [i propice, , e f art
r i ci r i •*/•/'.» delAu-
ue tenionsfacilement mitre chemin au droitfll,avoi t e u r j e
Î >s dépliées,fans en décliner aucunemit, droit au Nort l'Equino
mntefois molestez, d"Pne autre incommodité,cefiétial.
que iour cy nuit ne ceffoit depUuuoir: ce que neont-
motns nous "Venoit aucunement à propos pour boire,
jtenfidcré ht necefiité que (efface de deux moys eyde-
my, auians enduré de boire, n'oyons peu reconurer
d tau douce . Et Dieu fiait fi nousnebeumespasno-
Jirefaonl,ey à çorge dépliée, "Veu Us chaleurs excefii
nés qui nous bruloyent.Vray efi,quel'eau depluye,en
tes endroits est corrompue, pour l'infeBion de l'air,
dont elle "Vient, ey de matière pareiUement corrom-
pue en (air eyaiUeurs,dit ceftepluye est engendrée• Certaine
de manière que fi on en loue Us mains, Us'eleueradefiaa de
fit» qmhqucsliifies ey pustules . Ace propos iefiçay pluye vi
bien que les philojophes tiennet quelque eau de pluye tieufe.
ri efirefaine,cy mettent différence entre ces eaux,o-
uec Us roi fans que ieriaUegueraypour le prejent, eui-
tantprolixité. Or quelque lice qu'ily euft,fl enfal-
Uit il boire,fuffe pour mourir . Cefte eau dauantage
tombantfur du drap , loiffe "Pne tache, que à grande
difficulté Un peut effacer . Ayans doncques inconti-
nentpaffé U ligne,U fut que f lion pour mitre condui
te,commecer a compter noz,degrez^depuis là iufques
S Se ers
LES S I N G V L A R I T E Z
en noftre Europe, autant en faut il faire,quand on "V*
pAr delà, Apres eftre pAruenufoubs ladiBe ligne.
il est certain,que les Anciens mefuroyent la terre(ce
Dimenh -ug [m pourroit faire encores auiourdhuy ) por sto-
o n d e l v J, ' -, • j
niucrs des,pas, cy pieds, ey non point par degrez, > comme
nousfaifians, ainfi qu'afferment phne, Strabon,eyUt
autres. Mais Ptolemée mue ta depuis les degré z,tpour
mefiirer la terre ey (eau enfiembU, qui autrement
* riefioyent enfiembU mefurables,çy est beaucoup plut
ayflé. Ptolemée donc à compafjé ("Vniuerspar degrez*
au,tant en longueur que largeur,fie trouuent trais cens
fioixante,ey en chacun degréfiptantemiUe, quilal-
lentdixfipt heuis ey demye, comme j'oy peu entidre
de noz.Pilotes,fort expers en (art de nauiguer. Ain-
fi cest "Vniuers ayant le ciel ey les démens enfo cir-
conférence, contiet ces trois cens fioixante degreZjtga-
Uz.par douze fignes, dont "Vn chacun à trente dA*
grezj car douzjfois trente font trou censfioixantetu-
fiement.Fn degré contient fioixante minutes,"Vnemi-
Dmifton nutefioixante tierces,Irne tiercefiixante quartes, Ine
u c re
S quatre fioixante quintes, iufques à fioixante dixièmes.
Car Us propartions du ciel fi peuuent partir en autant
de parties,que nous auons icy dit. Donc par les degrez.
an trouue la longitude,latitude,eydifionce des lieux.
La latitude depuis U ligne en deçà iufques à nofire pt
Corne fe hr,ou ily a noriate degrezjt autant delà,la longitude
peut con prifo depuis les ifies Fortunées an Leriot. Pour quoy ie
gnoiftre du pour dclufton que le Pilotte auiVoudra nauifuer,
latitude, / 1 -v-7 J • r r t - • ni*
1 •> -•> ; r u A ' eojiderer trois chojes : la pmiere, en queUe hauteur
& U : i\ p. ce ^e degrez, Ufi trouue, et en que Ue hauteur efl le lieu
des lie JX eu Uleut aller. Laficide le heu au Ufi trouue, ey U
heu
DE LA F R A N C E A ' N T A R C T . I33
heu au U efipere aUer ,etfçomir queUe difiace au cligne
ment ily a d"Vn costé à (autre. LA troifiéme ,fiçouair
quel~Vent,ou "Vents lefiruiront en fa nauigation.Et le
tout peurrolroir ey cognoifire parfa carte ey inftrn-
mens de marine . Panrfiniuans toufitours nofire route
flxdegrez,deçA nofire ligne, tenons Ucap au N art
iufques au quinzième d Auril,auquel teps congneu-
mes U SoleildireBement efirefoubs nofire Zenith,qui
ritfiottflans endurer excefiiue chaleur, commepouuez,
bien imaginer ,fi"Vous canfiderez, la chaleur qui efi
par deçà le SoUil estant en Cancer, bien lomg encores
'de noftre Zenith,à nous qui habitons cefie Europe.Or
anant que paffer outre te porteroy de quelques poiffons
tehms que l'auois omis , quand toy porté des poiffons
quifietrouuent enuiran cefie ligne. _.,.
il efi donc à noter quennir on ladite ligne dix de- de poiffiS
grez,deçà ey delà,Ufie trouue abondance dlm poiffon volant.
que Un "Voit "Voler haut en (air f efiant pourjuyni
dln autre poiffon pour le manger. Etainflde la quan
titède celuy que Un "Voit "Voler, on peut aisément com
prendre la quantité de (autre "Viuant de proye.-Entre
lefquels la Dorade ( de laquelle auons parlé cy deffus)
U porfiuiuitfur tous autres, pource qu'il a la choir fort
délicate ey friande .Duquely a deux effeces: ("Pne efl
grande comme "Pn haren de deçà : ey c'efl celuy qui
efttantpourfinyui des antres. Ce poiffon à quatre aiUes
deux grandes faites comme ceUes dîne Chauuefeu-
ris,denx autres plus petites auprès de la queue. L'autre
teffembU quafl à "Pnegroffe lamproye - Et de teUes
effeces ne s'en trouue guères,finon quinze degrez.de-
'fà et delà la ligne, qui efl. caufe félon mon mgementt
S $ que
LES S I N G V L A R I T E Z
que ceux quifont hures des poifios (ont omis, auec plu
fieurs autres.Les Amériques noment ce poiffon Pua- '
Pirauene ueneSon y9igfoprefoue Cgme Cf[Uy dîneperdnsxU
petit "Paletrop mieux ey plus haut que le grand. Et
quelquefois pour efire pourfuyuis et choJfoz,en la mer, \
liolenten teUe abondâce,prtncipaUmit de nuit, qu'ils
"Penoyit U plusfouucnt heurter contre les "Voiles des na
Albaco- M / m *<-7* demeuroient là. Fn autre poiffon est quih
rc,poif- appellent Albacore, beaucoup plus grand que U mar*
fbn. fouinfiaijontguerreperpetuele au poiffon l>olant ainfi
,. que nons auons dit de la dorade : ey efifort bon à man-
ger, excellent Jùr tous les autres poiffons de la mer,tU
de Panent que de Leuant. il efl difficile à prendre: et
pource Un contrefait "Vn poiffon bloc auecques quelque
hnge,que Unfait "VoltigerJùr (eau, commefait lepoif
fon "Volant,etparainfi Je loiffe prendre communémet.
Du Peru,& des principales prouin-
ces contenues en iceluy.
CHAP. LX x .
$(?& Our fùyure nofire chemin auecfi banni
' fortune de "Vent,cofloyornes la terre du Pt
ru,etles isles eft ansfur cefie cafte de mer
Oceane,oppellées nies du Peru, iufques a
la hauteur de (isle Efipagnole, de laqueUe nons parh-t
Fera, ronscy âpre: en part iculer . Ce pais, filon que nous a-
troifié uons dimsé,eft ("Pne des trois parties des Indes Occidî-
mcpartic i , , ,. ' ,. .
me$ a ant
des Indes > J de longueurjept cens lieues, prenant du
occiden. Norton midy,et cet dc larç-eur,de Leuant en Occidït,
r:<ies. commence en terri continente, depuis Themiftitan, à
pafftr
DELAFRANCEANTARCT. I34
paffèrpar le déferait de Darténe entre (océan, ty U Peru ro-
g.^ ^
ou
mer quih appeUent Pacifique : ty a efié ainfi appelé £„£ ap_
dîne riuiere nommée Peru, laquelle a de Lrgeur pcllée.
tnuiron "Vne petite lieue dme plufieurs kutresprouin
ces en Afrique, Afie, ey Europe,ontpris leur ni des
•riutcresphes fameufes: ainfi que mefine nous auons dit
de Senequa.Cefte région efe die enclofe de (ocean,ey
de U mer de Su:ou refee,garnie deforefls effeffes, ey
de mitagnes ,qui rendit U pais enplufleurs lieux prefi-
•que maccefiible , telUment qu'il eft malaisé dypou^
•mirddnire chariots ou befies chargées, ainfi que nous
*feifonsennoz.plames dedeça.EncepaisduPeru ,y a p ï o u j c c s
'•plufieurs bellesprouinces,entre UÇquelUs, Usprtncipa r e n o m .
*les,eyplus renomméesfont Quito,tirat au Nort qui a meés du
deUngueur,prenant de Leuant au Panent,enuiro fit- Peru «
xonte heucs,et tritede hro-cur. Apres Quito,s'enfuit !^^ lt ' ,,
upramnee des Canares, ayant au Leuat la nuiere des p r o u u l _
Amazones, auec plufieurs mitagnes,et habitée dlm cèdes Ca
jfcupUaficz. inhumain,pour ri eftre encores réduit. Ce nares.
mefroumeepafiee,fe trouue ceUe que Us Èffagnols ont
nommée Saint laques du portlneux, commençât a~Vn
degré de la ligne equinoBiale. La quatrième, qu'ils ap ^ a ^ u "
peUent en Uur langue Taxamilca,y? confine à la grad v i e u x
yillc de To/igi Ue, laque Ue après ( empoifonnement de Taxa;
•UurR^y, nommé Atabalyba,PiZjtre "Voyant laforti- nulca.
hté du pan lafifi baftir ey fortifier quelque "ViUe ey
chafteau . il y en a "Vn outre nommée Cuzço, en la-
quelle ont long temps régné les lnges, ainfi nommez,
qui ont efiépuiffans Seigneurs:etfignifie ce mot linges R u_
autant comme Roy s, T.t est oit leur royaume cy dit ion n , e ^
ft ample en ce temps la , qu'eUc contenait plus de mille lnges.
heuis
LES S I N G V L A R I T E Z
heuis dlm bout à autre. Aufii a efté nommé ce pais
de U principale "VtUe, ainfi nommée comme Rhodes,
MeteUin, Candie, ey autres pais prenant le nom des
"PiUes plus renommées, comme nous auons deuant dit.
Etdiray dauant âge qu'lm Efpagnol ayant demeuré
quelque temps en ce pois,m'a affermé efiant quelque-
fou au cap de Fine terre en Effogne, qu'en cefie cotrée
du Cuzço, fi trouue "Vn peuple qui a les oreiUespen-
dantes iufques fur Us eff aules,ornéesparfingulanté de
grandes piecet de fin or, Infantes ey bien polies,riche
toutefois fus tons les autres du Peru, auxparoUes du-
quel ie croirois plus toit que non pas à plufieurs Hiflo-
riogrophes de ce temps,qui eficrtuent par auyr dire,co-
rne de noz,gentih abfiruateurs, qui nous "Viennent rap
porteries chofis,qui h ne "virent anques. il mefinuiet
à ce propos de ceux qui nous ont "Voulupcrfùader,qu'en
la haute Afrique auoit "Vn peuple portant areiUespen
dantes iufques aux talons:ce qui efl mantfoflementAb
Canar :efurde.La cinquièmeprouince efe Canar,ayant du cafté
gion fort de Ponent U mer du Su,contrèe meruetUeufiemet fret—
froide, de,de manière que les neiges et glaces y font toute l'an
née. Et combien qu'aux autres regiis du Peru le froid
nefaitfi "Violent, ey qu'tly "vienne abondance déplut
beaux fruits, aufii n'y a Ut elle température en efié:
cor es autres parties en efté (air efi excefiiuement
choud,cy maltipcré,qui confie "Pne corruption,prin-
cipalement esfruits. Aufii que les befies "Veneneufiés
ne fie trouuent es régions froides, comme es chaudes.
Parquoy le tout conftder é,Uefl malaisé deiuger, lo-
queUe de ces contrée: doit eflre préférée à (autre: mou
en celafifaut refendre que toute commodité efi accom
pagnét
DE LA F R A N C E A N T A R C T . IJJ
ftgnée défis incommoditéz,.Encores "Vne Autre nom- P t o u ï c c
mée Cahto , en LqueUe Jefait plus de traffique, qu'en °
autre centrée du Peru: qui est caufe que pareillement
eflbcAucoup plus peuplée.EUefiecofinedu cofie de Le-
uant AUX montAgnes des Andes, ey du Ponent aux
montAgnes de Nanodes. Le peuple de cefte contrée,
nommé en Uur UngueX.\x\i, Chilane,Acos, Po-
„ata, Cepita, & Trianguanacho, combien qu'il
fiaitfiauuagc ey barbore,efl toutefoisfort dociU,à cau-
fe de la marcbandifi cy traffique quifiemené là, au-
trement nefieraitmains fude que les autres de lA-
htertque.En cefie contrée y a "Vn grand lac, nommé en
leur tangue Titicata, qui efi à dire ifie déplumes: Titicata
feurce qu'en ce Ley a quelques petites ifies, efiquelUs lac.
Je trouuefigr And nobre doificAux de toutes grAndeurs
•ty effeces , que cefi chofi prefique incroyable. Refle à
farUr de U dernière contrée de ce Peru nommée CAT- C*TC*S>
cas,"Patfine de ChiU,en LqueUe eftfituée U beUe et ri- p e r u
ché cité de Plate: le paisfor triche pour les beUes riuie Plate,cU
res,mines doret dargit.Doques ce grand pais etroy- té riche
aume contient, ey s'appelU tout ce qui efi compris de- & am pl c
fuis la "piUe de plate , iufques à Quito, comme défia
nous auonsdit,ey duquel auons déclaré les huit prin-
cipales contrées eyprouinces. Cefie terre continente
Ainfi ample etffocieufie reprefente lafiguredlm tria- p „ u ic _
gle equi/atere,cibien queplufieurs des modernes (ap- prefente
feUent ifie,nepouuans,ou ne "Voulons mettre differen- la figure
ce entre ifie,ey ce que nous appeUonsprefque-ifle, ey d ' vn tn "
continente. Par ainfi nefaut douter que depuis le de- '»
trait de MageUan, cinquante deux degrez.de Ltitu-
de,ey trente minutes, ey traie cens trou degrez.de
lan-i^
LES SINGVLARITEZ
longitude delà la ligne iufques à plus de fixante huit
degrez,deça,efl terre ferme Fray eft quefl ce peu de
terre entre U nouueUe Ejfiagne ey le Peru n'ayant de
largeur que dixfept heuis, de la mer Oceane,à ceUe du
Su,efiait coupée dîne mer en (autre, le Perufipour»
ratt dire Alors ifie,mon Darii,détroit de terre ainfi ni-
detroit' mé de la riuiere de Danéne,(empefihe. Or efeilqut-
dc tctie.fe'onde dire encores quelque chofi du Peru.ifuantàU
rehgii des Saunages dupais qui ne fint encores réduite,
à nofirefoy,ilsttennit "Vne opiritifort eferonge ,d'lnt
Superfti gronde bouteille, quih gardentparftngularttédifetnt
tiô grade que la mer a autrefois pafié par dedans auec toutes fit
daucuns •* ir j>i i -. r ci -i
peuples eaues ey poiffons :et que d l>n autre large l>aje eitoitt
Pcrufiés. Jaillis le Soleil ey la Lune , U premier homme ey U
Bohitis, première femme.Ce queflouffementleur ont ptrfl/iadl
preftres. Uursmechanspreflres,nimez,Bohitis -.ett'ontcreen
longue efface de temps, iufques à ce que les Eflpagnoh
leur ont diffuadé la meilleure part de telles refucrift
ty impofeures . Anfurplns ce peupleefi fartidolâtre
fur tous autres . Wn adore enfin particulier ce qrid
, . . luy plaiit:lespeficheurs adorent "Vn poiffon nomme Lt*
de ces burowles autres adorent autres befies et oifiaux.Ceux
peuples, qui Ubourent les iardms adorent la terre : mais en gê-
nerai ih tiennent le Soleil "Vn grand Dieu,la Lunepd
retUement ey la terre: efiimans que par le Soleil cy
la Lune toutes cohfisjont conduites ey régies. Eniu-
rant ils touchent U terre de la main regardas U Soleil.*
ils tiennent dauantage auoir efiélin déluge, comme
ceux de (Amérique, difians qu'illunt "Vn Prophétie*
de la part de Septentrion, qui faifoitmerueiUestUqutk
Apres Atteir efiémisàmort,auoit encores puiffancedt
"kiurr,
DE LA F R A N C E A N T A R C T . I36*
listrt,ey défait auaient "PeGu.Les Efparnohaccupït *"" "P?".
- 1 r 7 - / • • J ., • K"°« « t
tout te pais de terreferme, depuis la riuiere de Mari- S n c u r s d c
rnan sufques à Fume ty Dariene,ey encores plus a- toutle
liant du cafté de (occident, qui efl U heu plus eflrait Peru.
de toute htterre ferme,par Uquel on "Pa ont Moluques.
Wauatage ils s'efledent iufques à U riuiere de palme:
ynihtntfe bien bafli et peuplé tout f épais,que c'eficho
mmerueiUeufe de la richefiequ Auiourdhuy leur rap-
rte tant ce pais,comme "Pngrandrayaume. Premie- çlCj •
mtprefique en toutes Us tfiles du Peruy a mines dor fles fe p e
dargent,quelques emeraudes et turquoifes, n'ayas ru.
mefôtsfi "Viue couleur que celles qui\tenriet de Ma
co ou Cahcut. Le peuple U plus riche de tout le Peru
\tftceluy qu 'ih nimentîngzs, beUiqueux, aufiiJùrton ïngas
tes Autres nations, ils noueriffent bœuf s ^Vaches,et tout ÇeuP.
outre bestial domefiique, en plus grand nibre que ne c n e ^
fiaifenspar deçà : car le pais efi fort propre, de manière belli-
qu'ihfont {rond traffique de cuir de toutesfortes : ey queux.
tuent Us befles feulement pour en auoir le cuir. Lapine
grodpart de ces befiespriuées et domefiiquesfiont de-
venuesfiauuages,pourU multitude qu'il y en a, telle-
ment q Un efi citraint Us Liffèr aUer par Us bois iour
[ty nuit, fans Us pouuoir tirerne héberger AUX mai- Blé&via
mus.Etpourles prendrefint contrainsde les courir, et ennuic av-u x
nfir de que loues rufes,comme à predre Us cerfs et au- ™?> .
\A 1 a r J * W " ' J.-J pafsOcct
ttres beftesfauuagespardeçà. Le ble,comei ay entedu, Mentaux.
<nepeut profiter tant es ifies que terre ferme du Peru,
i non plus qu'en (Amérique. Parquoy tant gentihhom
\mes qu'autres "piuet dlmemanière dahmit, qu'ils ap CafTade
htlUnt Caflâde, qui eft "Pneforte de tor teaux,faits de forte d'à
\tne racine,nimée Manibot.Au refee ih ont abidan- » m e n r -
ce de
LES S I N G V L A R I T E Z
cède miley de poiffon. Quant au lin il n'y en croifi
aucunement,au heu duquel Usfont certains brume es.
FOIIA quant à U continente du Peru, lequel auecfist-
fles,dant nons parlerons cy après, efl remis en t eUe for-
me,qu'à prefonty trouuerezJVUUs,chafleAUX, citezf
bourgades,maifens, "villes epificopaUs,républiques, eyî
toute Autre manière de "Viure, que~Vons iHgeriez,rflrt\
"Pne autre Europe. Nous congnaiffonspar cela combien
L Peru ert&r4nde Upuiffance ey bonté de noftre Dieu, etfo
eftimé à prouidence enuers U genre humam:car autant que les
prefcnt Turcs,Mores,ey Barbares,ennemis de "Vérité,s'effar-
quaftvne cent d anéantir ey défi mire nofire religion, de tant\
u
plus eUefe renforce, Augmente, ey multiplie dautrt\
lopc, coflé. Fotla du Peru, lequel à noftre retour auons co-
ftoy é àfinefire, tout ainfi qu'en allant auons coflayi
(Afriq,me.
Des ifies du Peru,& principalement de l'E-
fpagnole. C H A P . LX X I
Près auoir eficrit de la contint te du Féru,
/Âxfâl pourtant que dyne mefme route auons co
feoy é à noftre retour quelques ifeesfeu (Oc j
cia appelées ifies du Peru,paur en être fort
ua *tPI "- del'u*i certam temps (ont decounerte , appeUéepora-y
ti Se Quif uant Haïti,qui "Vaut autant à dire comme terre offre,
queîa. ey ({uifqueia, grande. Aufii "Véritablement efl eUe
de teUe beauté et grandeur,que de Leuant au Ponent,
tilt
DE LA F R A N C E A N T A R C . TJ7
*Uc A cinquante heuis de long, ey de Urge du Nort
an midy enuiron quarante, ey plus de quatre cens de "*"rois
de circuit.Aurefte eft à dixhuttdeerez.de la Urne, P r o m o n -
p-n r 7 ° i P 'touesde
ayant AU Leuant lijle dite de Saint lean,ey plufieurs nfle j .
petites iflettes, fort redoutées ey dongereufes aux fpagnole
pauigans: ey AU Panent (ifie de Cuba ey lamaïque: Tiburou
du cafté du Nort Us ifies des Canibales,ey "Vers U Mi {/f "Cy*
eiyfecap de Felefiitué en terreforme.Cefieifie reffcm Qrane"
fie aucunement à ceUe de SiciU,quepremierement Un fleuue.
appelloit Trinacria, pour auoir trais promontoires, fort S.Domî
eminens : tout ainfi ceUe dont nous parlons, en a trois S u e v^e'
^tastancez,dansU mer :dejqueh le premier s'appeUef^"^
Wiburon,U deuxième Higuey , Utroifiiéme Lobas, qui Efpagno-
est du cofie de (ifie, qriUs ont nommée Beata,quafi le.
toute pleine de bon de gaiac.En cefle Effagnolefi trou Plcutic?
uent de trefbeauxfleuues , entre Ufquels U plus celé- ™^_
bre, nommé Orane,paJfe alentour de la principale "Vil- m e 7 d~
U de ladite ifie,nimée par Us Ejpagnah Saint Domin- HfleEfpa
gtee. Les autres font Nequèe,Hottbonict, ey Haqua, ™]*-
tnerueiUeufement riches de bon poiffon, ey délicat à ReI ?£>
* » ! / » * _ • _ * ' ancienne
manger :ey ce pour la température de l air, ey bonté d e s h a b i
de la terre,ey de (eau. LesJUuuesfe rendent à la mer t a n s de
frefque tous ducofié du Leuant: Ufquels eftans affem- l'ifleEfp*
bUzfont"Vne nuiere fort Urge, nauigable de nauires gn°'e-
entre deux terres. Auant que cefie ifies fufl decouuir-
te des Cbrefiiens , eUe eftoit habitée des Saunages,qui
idolâtraient ordinairement U diable,lequelfiembflroit
'à eux en diuerfisformes: aufiifiai)oientplufieurs ey
diuerfis idoUsfieUn les "Vifians ey Ulufians nocturnes
'en
eu ils enauoyent : comme ihfont encores a prefinter
;a~
flufieursifles ey terreformede ce pais. Les autres U-a
LES S I N G V LAR Ï T E 2
doroyent plufieurs dieux, mefimement Impardtffut
les autres,lequel ih efttmotent comme "Vn modérateur
de toutes chofis: ey le reprefintoyentpar "Pne idole de
bois, elenée contre quelque arbre,garnie defuttUti et
plumages : enfiembU ils adoraient le Soleil ey autres
créatures celefees.Ce q ne font les habitai d autourd'-
huy,pour auoir efté réduits au chrifeianifene ey à toU
teciuihté. lefiçay bien qu'il s'en efi trouue aucuns U
temps pofié,et encores maintenant,qui en tiennent peu
CCali- *econte-
'. p ' Nous hfins de Cains Caligula Empereur de Rome,
Rom. Quelque meffris qutlfifi de la diuinité ,fl a U horri-
blement tremblé quand il s'eft apparu aucunflgnedt
(ire de Dieu. Mais auat que cefle ifie de laquelle nous
parlas ait efié réduite à (obeifiacedes Efpagnoh(ainfi
que quelques 1ms quiefioiit à la dquefie m'ont recité)
les Barbares ontfiaitmourir pins de dix ou douze mil
Uchrefiiens , iufques après auoirfortifiéen plufieurs
heuxfihenontfait mourirgrand nombre, les autres
mené z,efiloues de toutes parts . Et de cefte façon ont
procédé en (ifie de Cuba, de Saint let, lomaique,SÙn
u Croix, ceUes des Canibales, et plufieurs autres isles,
typais de terre ferme: car au commencement Us Efo
fagnah ey Portugais, pour plus an émet les dominer,
s'accommodaientfort à leur manière de "Viure ,ty ht
aUechanspar prefins ey par doucesparo/les, s'entrete-
noyent taufiours en leur amitié: tant queparfùccefiie»
de tempsJe "Voyons les plusforts,commencèrentà fi re-
uolter,prenons Us "Vns efo loues,les ont contrains à U-
bourerla terre: autrement iamais nefuffent"Venuz,a)
fin de Uur entreprifo. Les Roy s plus puiffÀnsdece paît
font
DE LA FRANCE ÂNTÂRC. 158
font en Cafea ey Apina,ifees riches eyfàmeufes,tant Ça'cG &.
pour (or et (arget qui s'y trouue,que pour Ufertilité J r ^*tâ
de làterre.Les Saunages ne portent qu'or fur eUx,com & fertiles
me Urges beucUs de deux au trou hures i pendues aux
ereiUes , tellement que pourfitgrande penfontenr Us
pendent Us areiUes demy piéde long : qui a donné ar-
gument aux Effagnals de Us appeUer Grands.oreilles.
Cefie ifie est merucUUuficmcnt riche en mines! d'or, Fertilité
comme phtfeenrs autres de ce pais (à, car Us'en trouue ç1^ j-.t,
peu, quirioye mines d or ou d argent. Aurefee eUe j,, pj;
tflriche ey peuplée de befles à ctrnes,comme bœufs, gnole.
"Vaches, moutons,cheures, ey nombre infini depaurr
ceoux , aufii de beaux chenaux : defiqueUes befies ht
-meilleure part pour la multitude eft deuenuëfauuage
comme nous auons dit de U terreferme. Quant au blé
ty "Vin,thrienont aucunement,s'ilriefi porte" daih>-
leurs .-parquoy en heu de pAin ils mAngentforce Caffa-
de,fait defarine de certaines racines tetau lien de "vin
bmuages bons ey doux, faits aufii de certains fruits,
comme U citre de Normandie, ils ont infinité de bans
foiffons, dont Us "Pnsfintfort eflranges:entre Ufquels
s'en trouue In nommé Manatt, lequel fi prend dans
Us rinieres, ey aufii dans la mer, non toutefois qu'il
aye tant eflé "Peu en U mer qu'aux rinieres » Cepoiffon ^ çr,.;
efifait à lofimblace dlmepeau de boue, au de che'ure ption • lu
pleine d'huile eu de "pin, ayant deux pieds aux deux manu
toflez.des effaules,aneeUfquels ilnage : ey depuis k P°'j 0; '
nàbriliufques ou bout de la queue,"Pa toufitours en di-
minuant degnffenr-.fatefle efi dmeeetie d"Vn betuf,
"Vray eft qu'il A U "\tfageplus maigre, le menton plus
tbarnu ey f Ungros,fis ieuxfont fort pet'ufilonfocar-
T 1 pulen-
t É S S ITS'G V L A R l T r Z
fulenceiqufiife'de dix pieds degrofcui ,ey "Vingt de
longueur fiaptau grtfotre,brochée de petit poit,autont
tpeffe comme CeUe d "Vn betuf, tellement que logent
dupais enfontfouhers à leur mode. Au rej.efes pieds
font tous ronds , garnis chajcun de quatre oui fis affez.
longuets,rejfoniblons ceuxd'in éléphant. Cefl lepoij
fin le plus difforme, que Un aitguerespeu Internées
pais làtneantmoms la chair efi met ne•illeufi ment l vn-
ne à manger, ayant plus legoufl déchoir de 1 eauyine
de poiffon . Les habitons de l'ifle font grand' •-• n ne
la greffe dudit poiffon, À caufi qtielle eft- pi oire a if art
Cutrsdecheurcs,dequoyilsfontgrand>:orntiL di iwi
marroquins.Les efilaues noirs en frottent communé-
ment Uurs corps,pour le rendre plus dijj u cy mania-
. ble', comme ceuxd'Afriquefontd'huile doliue..: -n
qui rom^^uueeertaines pierres dans la tefeedc ce poiffon', d\ f-
peut le que Us Us font grade efl ime,pource qu'Us les entejjrm
Calcule.- uées eftre bones citre le calcule,foi t es rems ou a la "Vefl
fie-.cor de certaine propriété, occulte cfee pierre le corn
minue çymet en poudre . Les femelles de ce poiffon
rendent leurs petu tous If fans œuf commefait la la
lene,ey U loup marin :aufii elles ont deux te tins cime
Us befies terrefires,auec Ufquels font alar. es leurs petts.
Fn Effagnolqui a demeuré long temps en cefle ifie
m'a affermé qu'lm Seigneur en auoit nourri "Vn l'tffa
ce de tente ans en "Vn efiang , lequel par fùccefiimde
teps demntfi familier etprtué, qu'il fe laiffoit ptefqut
mettre la main fus luy. Les Sauuoges prenne t ccpaijjin
communémentaffcz.pre: de terre,ainfi qu'Uplaift de
(herbe.le laiffe aparUr du nombre des beaux oyfiaux
"Pefluz, de diuers ey richespennages,dont thfentta-
ftfflt*
DE LA F R A N C E A N T A R C T. Ijp
fiffèries figurées d homes,defommcf]ff>rfles,oy(eaux, Diuers
arbres,fouits,fitnsy apphquer autre,çfiajequexesplu- ° u i , r a 2 e s
mes naturellement embellies, ey diuèrMé.es de cou-J!" *
i » • -* , -'. . ;.." **a - f. ' '^piumcs
leurs : bien eft "Vray qi* ils Us appliquentjus quelque d'oifcaux
' Uaceul. Les autre ; en gatniffent chapeaux, bonne ts et par le s
ro&esytbofesfortpLifantes à la "VfHfr, Desbefees efera- Sa "ua-
ges a quatre pieds ne s'en trouue point, fin on çeUes que°
' nous Auàs dit-.bienfie trouuent deux outre; effeces d'a-
nimaux,petit corne cannons,qu Us appelent Hulias,r*
antres Câiis,bons à mager. Ce que t'ay dit de cefie ir^^^.-
JU,autant puis iederfidil'fie Saint laques, parauant.Se Caris
: nommée Jamaicaielle tient à U part de Leuat (ifie de èfpeces
Si Dominique, il'y 4.>«f autre beÙje ifie,nimée Boa- d e beftes
riquan en langue dupais, appehécjes cartes marines,.ig^^è
ifU;d* SMntlcan : taqueUe tient du cofié du Leuat (iftexiaaucs. %
Sotnte Croix,et autres petites tfles,dot les "pnesfiantha hle de S.
hitéesUts autres defiertes.Cefie ifie de Leuat, en Ponet Jcao«.
tient enuiron cinquante deux lieues f de.Hgitu.de trois
cisdegrés,minutes nulles ey de latitudedixhuit de-
gréi,minutesm*Ui.Brefoily aplufeeurs autres ifies en
ctffoXtUfUi, desquelles, pour la multitude ie Liffe à
faeUr^tayat aufii peuen auoir particulière cengnoi-
fiance,-. Je ne "Veux oublier qu'en toutes ces isles ne fi
tpàuftent beftes ramffantes, non plus qu'en Angleter-
re, eytytfisltdeCrxfe. -v— v
Des jfles de Cuta & Lucaïa c A P L X XI I.
Eft epeur Ufimmaire des islesdu Peru, re%
citer quehfitesfigularitez%defisle deCn-,
ba,ey de quelques autres.prochaines, com
bien qu'à ta "Vérité,Uisrien peut quafi di-
reguètes-autre chofi,qui défia n'ait efié attribue al'E
. : f j ffognele%
LES ' S I NG VÏfc'RÏ * E 9.
Dcfcîlr
. J ffagnole. Cefie ide estphetgrande que Us autret, Qfy
^*ifie'deC fmn*& luantplnsUrgt'.carle»dttdnpromontov*
Cuba; • re qui eft du cafté de Leuant,à "Vn autre qui estante*
fié de Ptneni,iroii cens heues,et du Nort à MidysJiÀ
p tan te, lieues. Qitdktà'U difftfltion de (Air, ily a lHt\
fortfradeteniberaiure-,tcllemèntqu'iln'y o grand'tn\
ces de chaud,ne defroid, ils'y trouue de riches mines,
tant dor que d argent femblablemit d outres met aux A
Du caste dt ta nHàfinefo T/oyeni hautes montAgnttjiM
queUes procèdent fort beUes riuieres,dont les eauisfinfy
excellentes,xuefgrandc quantitédVpeiffon. Au refte\
parauant qu*elli; ftiftdecouuerte, etlèefiait beaucoup
plus peuplée•déiSunu4ges,qnitUède toutes les antres!
mais aiowfdhUyffs Ejpagnoh enfontSeigneurs et mot
fffe)s. Le milieu deèèfeeisk tient di,uxcens nonate de-
e
vonra- grez. d longitude, minutes nuîUs,ey latitude "Vttigt-
degr'ïriiïnùles if'uiles.lls'y tronnel>ne montagheféopi
Jl'l, de la mer,qui eft tarifedefiel,plus haute que ttkeVkl
Cyjre,gridniihbfed%arbres de totti,brefU,eteb^
'.'<. i ter- Que diray if d#fetierrefeteïquii fi prenden •>#?!*
tre mitaine fort HàÏÏtèefrriàritimé?Et de tèstt'tff
s'en troutle pareillement en liilêdêCype,riatnriit
drecs'ôèyiérsi ilfqUelfi prend aufii en Ine montât)
ïermilli
\ùifipr
F fpece re, Et quat'aux oyfèdux'fVâHsy ireutterit\nc ffftt\
J
'--ptç- per'diridffez^pèhteïdccoùUurVpUgeatre pafdeY
dm, aurèfte didirffëàefr^ari'dlrstoitUuts; U, M$$
délicate.Les rufeiqfeéi des motagnes en nouriflfrjmfyfjfc
bridas leurs matfens,dmeonfài^lHpaulUspa^'iof^,
DE LA F R A N C E A N T A R C T . 1 4 0
Etplufieurs autres chofes dignes d efire eficrites et no-
tées. En premier heuy a"Vnelalée,laqueh dure enui
ritroisfhenis, entre deus mitagnes aufietrouue "Vn no
• bre infini de boules depierre,groffes moyines ,etpetites
ï fendes tome efieufis,engedrées nature le mit en ce lie»,
combien qhm let ingérât eftre faites artificiellement.
Wutty en "Verres quelquefois défitgreffes, q quatre ho
jnesfirtyetbien empêchez, à enporter line: les autres
fint moindres,les autresfipetites, quelles n'excedit la
]^tititéd"knpetit efteuf. Lafiecidechofi digne dad- H<Iu.eur
miroui efl,qu en la mefine ifiefietrouue Ine motagne \,\£fo^m
prochaine du nuage de la mer,de LqueUe firtlme U- ratd'vne
queurfimblabU oceU q lofait aux ifies Fortunées, ap motagne
feUèe Bré,dme nous auons dit: laquelle matière "piet Bre',forrc
2 dégoutter et ri dre dot U mer. Quinte Curfi en fis h „„'
ures qu il 0 faits desgestes d'A'ex a dre le Grad recite
quicebty efiat arrtné à "Pne esté nimée Memt, "Voulut
loir par cunofité "Vne grande faffe ou couerne en la-
quelle omit "Vnefontaine rendit grande quotité de gS
me merueilleufement forte, quad elle efe oit appliquée
auec autre matière pour bafeir: teUmet que (Auteur Pour-
éfetmeptur cefie feuU raifion,les murailles de BabyUne <juoy ia -
auetreite'fefortes,pour eftre dpose'es de lele matière, ^ ^ " u ^
EtnofouUmits'en trouue en (tfle de Cuba,mais aufii <jc Bàfcy.
mpais de rhemiftitan,et du cofie de la Floride. Quat lotie ont
aux ifies de Lucaia {ainfi nommées pour eftre. tlufieurf eAf c**î*
en nombre ) ellesfontfituei AU Nort de (is/e dCuba jj™^?
ty de Saint Dominique. E Itesfontplus de quatre cens ifl es ,j e
tn.nombre,toutes petites, ey non habitées ,finon "Vne Lucaîa.
tfanderfut porte U mm pour toutes Us autres, nom-
mée Lucaia. Les habitons de cette isUlrent commu-
T 4 ne'mcrit
LES S I N G V L A R I T B Z .
né ment traffiquer en terre ferme,ey aux autrtt ifies. '
Ceux quifont refidence, tat hommes que femmes,fm '
pins blancs, ey plus beAUX,qu'en Aucune des autrtt, I
Puis qu'il "vient à propos de cesifees, ty de leurs richtf
Monta- ps } l{ „e -),et4x oublier à dire quelque chofi des richtf
^n<t r f" ^e Pot,!ft: lequel prendfionnom d"Vne haute mon- \
ta ne
fort ri- i > iM * dthauteurlmegrandlieUtyty Inede-
che en mie de circuit, clouée en haut en façon dt Pyrtmitl
mines. de. Cefie montagne est merueilleufoment riche à cau-
fe des mines d Argent,de cuiurt,tt eftAin, qu'on A trm
uéquafi auprès du coupeAU de la motagne, et s'eft m»
uée là mine d argent fi tresbonnt, qu'à "Vn quintal de
mine,fi peut trouuer "Pn demy quintal de pur arrtniA
Les efiUnes nefont autre chofi quaker quérir cefte Mt\
ne, ey la portent a la "villtprincipale dupais, qui efi
au bas de la montagne, laquele depuis la decoumrture
A efté là bAfeiepAr les Efpagnoh .Tout le pats, islts,ty
terre ferme efe habitée de quelques Saunages tout nuit
ainfi qu'aux autres liens de l'Amtriqut.FoJUéà)Pt-
ru,ey défis « / « , -m %
Defcription delà nouuelle Efpagne & de4a
grande cite deThemi{r,itanJfitué'e aux
Indes Occidentales»
CHAP. L X X I II. «
OFRCE qu'il ri efe pofiible à tout homme
de"Veoirfinfiblement toutes chofis,du-
rantfin âge, fait au pour la continuelle
mutation de tout ce qui est en ce monde
inférieur]oupour la Ungue difeance des liiux typaîst
Dieu a donné moyen dé Uspouuoir reprefenttr^ nofeu
U-
DE LA F R A N C E A N T A R C T . I4I
kmetpar efcript,mais aufii porlroy portrait,por (m
tduflrie ty labeur de ceux qui Us ont "Veues.leregor-
de que Un réduit bienparfiguresplufieursfabUs AH-*
kiennes,pour donnerphtifiir feulement : commefontctl
les de lofin,dAdani>,ddABeon,dAeneas,dHer
tules : ey pareillement d outres chofies que nons pou-
vons tous tes tours "Voir,en Uur profre cjfencc,finsfi-
f£urc, commefontplufieurs effeces d Animaux. À ce^
Ifle confie ie me fuis auifé~Pous defcnrefimplement ty
onplus presqriilm'a efie pofiible U grande eyample
cité deThemifiitan, efiantfuffifiamment informé que a-^"
b'ienfa*dentre"pous(ayezfVeuc, ey encores moins
Upeuuez,aUer "Voir,peur Us longue,merueiUeufi, ty» ' <•
^difficile nauigAtion,qui(Vous conuiendroit faire.The
mifeitancfeVne Citéfituée en lanouueUe Effagne,la-
qnelleprendfincommencement au defiroit d Aria-
ne,limitrophe du Peruj tyfinifl ducaflédu Nort, a Nouiiê)^
h riuiere'du Panuque:orfut eUeiadis nomméeAna- le Eiga-
uach, depuis four auoir efié decouuerte ,-fir habitée ? n c ' /
desEffagnols, areceulenom denouueUe Effagne.En
tre lefqueUes terres eyprouinces lapremiere habitée,
fat cette dTucatha,LqueUe à "Vneponite de terre,ab-
antifiat à U mer,fimblabU à ceUe deU EUridetlaçoit
zfàjfours de cartes ayet oublié de mArqr U meil-
P ,qniembeUifeleurdeferiptii.Or cefie nouueUe E- situatio ?
fpagne dc la part de Leuat, Ponit eyMidy, tfl entau- de lanou
rée dugradOceo:et du cafté de Nort a le nouueau Mo u c , l c E f l
de Uquel eflat habité,"Voit encorpar delà en ce mefine P'S0**
tfart,"Vne autre terre nieogneue desModernes,qui efe
lacaufi que iefurfiey den tenir plus longprtpos. Or
\htmifeitan,Uquellcefi Cité forte , grade et trefiriche
h T $ au
LES S I N G V L A R I T E Z
au paisfût nommé, e iffituéeau milieu dlngradUt
le chemin par ou Un y lia, riefi point plus Urge, que
forte ht langueur de deux Lnces. Laque Uefut ainfi ap
felléedu nom de celuy quiy mit les premiers ftnde-
mets,furnommé Tenuthfilspuifné du rey lirtacmir-
caatz..Ccfle cité ajeulemcnt deux portes,("Pne peut J
entrer, ty (outre pour enfinir,ey non Uing de U cb»
té,fie. trouue "Vn pont dt bois, Urge de dix pieds ,fott
four (accroiffement eydecroiffement de (eau: car et
lac croifi tydecroift à lafimbhtnce de la mer. El pour
hdeffence delà citéy en a encores plufieurs autrtt,
four eftre comme Fenifie édifiée en la mer.Ce Pats eft
tout enuironné deforthautes montagnes : ty U phun
fais a de circuit enuiron cent cinquante lieuis^tuqutm}
Je trouuent deux lacs, qui occupent "Vne grandepartit
,„dela campagne, par ce qui ceux htes ont de circuit ci»
ie°Jeux° iu*nte heuis,dit (in efi deau douce,auquelnaiffetiti,
IJCX. force petits poiffons ey délicats, ey (autre dea*nèu%)
laquelle outrefionAmertume eft lenimeufe, et pource
nepeut nourrir Aucun poiffon, qui eft contre (opinion
de ceux quipenfint que ce né fait qu"Vn mefine lot,LA.
plaine eftfoparée defidits lacs par aucunes montagntsm
eyàUur extrémité»font conioinBs d~Vne eftreit%*
terre ,par on les homesfiefontconduire auec barqutt^.
iufques dedans la cité, laquelle eftfituée dos lé lac fa-
lé:eyde là iufques à terreferme,du cofté dt la chaufi\
fée,font quatre lients :eyne la fç aurait mieux compa-
w^fb^dc rer en£rdttd'eHr V** ftnifi- Po**r entrer en ladiUcci
The mi- *'! A ^**atre chemins, faits de pierres ArtificieUemtnt
ftitau. tu ily a des conduiBs de la grandeur de deux pas,e&,i
Je U hauteur d>n homme : dont far ("Pn défaits fft
ton-
DE LA F R A N C E ANTAR C T. 142
ctnduiBe Uau douce en U cité, qui eft de la hauteur
de cinq pieds : ty couU (tau iufques au milieu de U
ItiUe,de UqueUe ih boiuent,et eriVfint en toutes Uurs
necefiitez,. ih tiennent (Autre canal "Vutdepaur celle
raijtn, que quand ih "Veulent nettoyer celuy dans le-
quel ih cendnifint (eau douce,ils mènent toutes Us im
midices de U cité,auec l'autre en terre. Etpource que
Us conaulxpaffent par Usponts, ey par les lieux ou
(eaufilée entre eyjortfih cendnifint tadiBe eaupar
conaulx doulx, de la hauteur dlm pas. En ce lac qui
enuironne la~PiUe, UsEffagnoh ont fait plufieurs peti
ttsmaifirtSjey henx depUiJànce, Us Inès fur petites
lèchetes, ey les autresfùrptUtis de baie. Quant au re
' ftcThemiftitancfffitut' àlmvtdevrez de (eleuation _
r 1 r • et 1 £J- r J Fernand
Jus la ligne eamnaBtoU,eya deux cens f optante deux Qorte$
\ degré zfde Ungiiude. Ellefutpnfie deforcepar Fer-
\ ttand de Cartes,Capitainepeur ^Empereur en ces pais •
tan degrâce mil cinq cens "Vingt ey "Vn,conte nat lors
feptante mille maifins,tant grandes que petites. Le pa
lais du Ray.ani fè nommoitMvittieez\iTaa,auec ceux • " c "
1 • - • 4 1 • 1 n •• r - i « zuma.
des Seigneurs delà cite, eftetentfort beaux,grand,ey<
\ffocitux. Les Indiens qui alors fi tenaient en ladite ci
té auoiet conflume de tenir de cinq tours en cirtqiours
le marché en places à ce dédiées. Leur traffique eftoit La tm-
deplumes doyfiaux, defiqueUes ihfaifiïet "Varteté <*V>nicre de
billes chofis: comme robesfaçonnées à Uur mode, ta- ^ u t trâ**
\jiffiries,eyautresckefisl.Etàcecftoiento,Cçupcz,prin ° '
tipdement Us "Vieux, quand ils "VouUient aller ado-
rer Uurgrande idole, qui efeoit érigée au milieu de la
yiUe en mode de théâtre,lefqueh quand Us auoietpris
aucun de Uurs ennemis en guerre, ils Ufacrifeaient d
Uur
LES S I N G V L A R I T E Z
leurs idoles,puis U mangeoient, tenons cela peur ma-
nière Je religion. Leur traffique dauantage eft ait de
féaux de befies, defiqueUes ihfaifoiet robes, chauffes,et
"Vne manière de coqluches pourfogarder tat du froid,
que des petites mouches fortpiquantes . Les habitant
du iour d'huy iadis cruels ty inhumains, parfucceflv-
on de temps ont changéfibien de meurs ey de condi-
tion, qu'au lieu d eftre barbares ey cruels,fint àprt-
fent humains ey gracieux, enforte quih ont htifii
toutes Anciennes inciuilitez.,inhumanitez.,ey mou-^
uaifies couflurnes : comme de s'entretuer ("Pn(autre,
tnonger chairs humaines, auoir conpagme à la prenne
refemme quih trouuotent,fans auoir aucun égard AU
farig ey parentage, ey autres fimblables lues ey
imperfoBions. Leurs maifinsfont magnifiquement ba. \
fe tes: entre Us autres y a l>nfort beau palais, ou lesar-,
mes de, la "ViUefint gardées:les mis ey places de ceftt
"Villefintfedroites que dlme porte Un peut loir en
(autre,fans aucun empefehemei .Bref cefle cité Apre-
font fortifiée eyenuirennte de rempars eyforttsmu-
raïUesàla façon de celles de par deçà, eyeftlntdet
grandesiheflts,ey riches, qutfoient en toutes Uipro-
mncesdis Indes Occidentales., comprenant depuis le
deftrait de MageUan , qui eft delà la ligne cinquante-,
deux degrez,, iufques à la dernière terre de (Abrarv
' dor, laque Ue tient cinquante ey~Vn degrtZ,de Utitur
de deça U ligne du cafte du Nort.
De
DE LA F R A N C E A N T A R C T . I45
De la Floride Peninfule.
c H A p. L x x 1111»
Fis qu'en efiriuAnt ce difeours auonsfait
quelque mention de cefte terre appellée
Floride, encores qu'à noftre retour rien
' foy ansfiprès approche Zj confitde ré que no
flre chemin ne s'addonnoit à defiendre totalement fit,
bat,toutefois que nomy tirâmes pour prendre le lient
dEft Ulfemble ri efire impertinent den réciter quel-
que chojè, enfimbte de la terre de Canada qui luy eft
yoiflne,tirant au Septentrion, eft ans quelques monta
gnesfouUmenl entredeux. Pourfoyuans donc nofire
chemin de la hauteur de laneuue Effagne, à dextre
pour attaindre nofire Europe, nonfitofl, ne fi droi te-
rne nt que nons U definons, trouuames la mer affozfa Mer nuu
uoroble. Mais,dme de cas fortuit,ie m ontfoyde met- refcagca
tre la tefie hors pour ht contempler ,ie U "Pet,tant qu'il & •
futpoflibU étendre ma "Veui, toute couuerte d herbes
tyfleurs pAr certains endroits, les herbes prefique fient
btables à noz. geneures •* qui me donna incontinent d
fenfir que nousfufiionsprès déterre, confitderé aufii
qu'en autre endroit de la mer ie rien auoit autatleeu,
toutefois ie me dgnuzjncontinentflruflréde mon opt
mon, entendant queUesprocédaient de la mer: eyain
fiLulimes nousfieméede ces herbes bien (efface de
quinzjaVingt iournées.La mer en cefl endroit nepor
te guer es de poiffon, car ces lieuxfimblent plus eftre
quelques marefiages qu'autrement.Incontinent après Eft 0 il e i
nous apparut autrefigne eyprefage , dline estoiUe à queue.
que-
LES S I N G V L A R Ï T E *
queue, dc Leuant en Septentrion : Ufqueh prefoget it
remets AUX Aftrologues >eyà (expérience que cho-
> cun en peut auoir congnue.Apres ( ce qui eft encarts
\ "iHf pu)fumes agitez, (e%Ace de neuf tours d'in "Ventfort
ride contraire , iufques a U hauteur dt noftre Floride t Ct
lieu eft "Vne pointe de terre entrant en pleine mer bitn '
cent lieuesfvingtcinqlieuks en quarré,"vingtcinq de-
grezjy demy deçà la ligne, ey cent heuis du cap dt
Boxa,qui eft près de là. Donc ceftegrande terrt de U
tUride eft fort dangereufo à ceux qui nouigent du et-
fié de Catay,Canibalu,Panuco,ty ThemiftitAn: cor
a la "Voir de lomg an eftimerait que cefluft "Vne iflefi-
tuée en pleine mer. D'auant âge eft ce lieu dangereux
a caufe des eaues courantes, grandes ey impetueufes,
"Vents ey tempefees,qui làjont ordinaires. Quant à la
terreferme de la Floride, eUe tient de lapart de Leuat
laprouince de Chicoma, ey les ifies nommées Baba-
no ey Lucaia . Du cafté de Ponent eUe tient la neuue
Effagne, laque Ueje diuifie en la terre que Un nomme
Anauec,de laqueUepar ey datant auons traité '. Lit
prouincesmeiueures et plusfertiles de la Floride,ttfk
L'anuacJaqneUefe confine à la neuUe Effagne.Les rit
naturels de ce pais puiffans ey fort cruels, tons idolâ-
tres, Ufquels quand ils ont necefiité de ou ou du Sohd
four Uurs tardins ey racines, dantih "viuent tous Itt
ioursficliontproflerner douant leurs idoles,formées
enfigure d hommes ou de befles. Au refee cepeupU
efi plus cauteleux ty rufeé anfait deguerre que ceut
duPeru.Quadils "Vont enguerre, ils portent leur Roy
dans "Vnegrand peau de*.befte, ey ceux qui le portent,
eflans quatre en nombre,fiont tous "Veflus ty garnit.
de
DE LA F R A N C E A N T A R C T . I44
de richesplumages.Et s il efi queflion de ciboire con-
tre leurs ennemis,i h mettrit Uur Roy au milieu deux
tout "Veflu definespeAUX, ey iomais ne partira de là,
mte toute la bataiUe nefaitfinie.S'Usfiefint ent les plus
\fnbUs,eyque U RoyfacefembUnt de s'cnfuyr,th ne
fendront de U tuer: ce quobforuent encores auiourd-
huy Us Perfis ey Autres nations barbares du Leuant»
Les armes de ce peuple fint arcs, garnis de fiefichesfai-
te s de bou quiporte ~Vcnin,piqucs,UfqueUes en lieu de
fier fint garnies par le bout dos de befies fiauuages,ou
ftiffins,toutefois bien aguz,.Lcs~Vns magent leurs en-
nemis,quandihles ont pris,comme ceux de l'Améri-
que, defiqueh auonsparlé. Et comble que ce peuplefitt
idolâtre,comme défia nous auons dit, ils croient toute-
fois (ame efire immortelle : aufii qu'ily a "Vn heu dé-
puté pour Us mefichons,quiefi "Vne terrefort froide: et
que Us dieux permettent UspechezJUs mauuais eflr*
punis, ih croyent aufii qu'ily a "Vn nibre infini dhom
mes an ciel, ey autantfioubs U terre, ey miUe autres
foUies, quifiepourraient mieux comparer aux transfor
motions donide,qu'à quelque chofi don lonpniffe ti-
rer rien mieux,que moyen de rire. D'auantâge fe per
fuadet ces chofies efire "VeritabUs commefon îles Turcs
ey Arabes, ce qui efe eficrit en Uur AUoran. Cepais
tftpeu fertile la part qui approche à U merUepeupU _. . ,
y eft fort agrefte,ph*s que celuy du Peru,ne de lAme „ o a » .
rique,pour auoir peu eft éfrequetédautrepeupUplus quoy ait»
ciuil. Cefte terre ainfi en pointefut nommée Floride unôméc
(an mil cinq cens douze, par ceux qui la decouuriret
premièrement,peur ce quelle citait toute "Verdoyante,
ty garnie de fleurs d'infinies effeces ey couleurs. En-
tre
LES S I N G V L A R I T E Z
tre cefte Floride ty la riuiere de Palmefotrouuent
Toreau Ji^rfij effeces de befies monfirueufis-.entreUfqutl-
• ' Us Un peut "Voir "Vne effece de grands taureaux, por-
tons cornes longuesfeulement dlm pié, ey fur le dos
"Vne tumueur ou emtnencc,dme "Vn chameau: lepoil
long par tout U corps, duquel la couleur s approchtfott
de celle dîne mule faune, ey encores t'.'efl plusceluy
qui efl deffoubs le menti. Lon en amena "Vnefois deux
tous "vifs en Effogne,de ("Vn defqueh foylieu la peau
ty non outre chofi,ey n'y peurentliurelongtemps.]
Cefi animal ainfi que lon dit,efi perpétuel ennemy du
cbeual,eyne le peut endurer près de luy.De la FUri-
Çap Je de tirant au promontoire de Boxe ,fie trouue quelque
Baxe
- petite riuiere,on les eficloues "Vontpefiher huîtres, qui.
Huitres torttntferJ-e$-0r depuis quefimmes "Venus lufique ht,
portans V*e ** t0Hcber la calUBton des huitres, ne "Peux ou-]
perles, blierpor quel moyen Us parles en font tirées ,tant au*
Indes
D E LA F R A N C E A N T A R C T . 1 4 ?
Indes Orientales que Occidentales, U faut noter que
chacun chef defiamiUe ayant grand troupe dejclaues,
nefçachant en quoy mieux les employer, Us enuoyent
à la marine,pour pefiher(comme dit efi)huitres, défi
queUes enpartonspleines bottées, ches leurs maifires,
lespofint dans certainsgrandslieiffeaux,Ufquels eflas
à demy pleins deauffant caufe que Us huitres, confier-
uees là quelques iours,s'auurent: ey (eau les nettoyât
loiffent ces pierres ou perles dans Uurs "Voiffeaux. La
forme de les en tirer efi teUe, ih afeentpremièrement
Us huîtres du "Paiffeau, puis font couleur (eAU par "Pn
ytfouffoubs Uquel efi mis "Vn drap, an linge,à fin qu'a-
uec (eau UsperUs qui pourraienty efire nes'eficoulent
Quant à lofegure de ces huîtres, eUe efi moult diffé-
rente des nofires, tant en couleur, que eficoiUe, ayons
chafiune deUes, certainspetis trous que lonpourroit
tuger auoir efié faits artificielUment, là ou font com-
me liées ces petites perles par le dedans Foilaceque
foy bieriVauluVous decUrer enpaffant.D'icelUs ouf
fis'en trouue au Peru, ey quelques autres pierres en
bon mmbre .-mais Us plus fines fi trouuent à la nuiere
de Palme,cy à celle de Panuco,qui fint difiantes l'l>-
ne de. (autre trente deux heuis : mais ils riant liberté
d en peficher, à confie des Saunages qui ne fint encores
tous réduits, adorons les créatures celefies , ey attri-
buons U diuinité à la reffirotion, commefaifoiet ceux
qui pafférent enfemble plufieurs peuples des Scithes
• ty Medes. Cofi'oyons donc àfinefire la Floride,pour U
"Vent qui nousfut contraire, approchâmes fort près de
Canada,ey dlme autre contrée,que lon appelle Bac- p a j s C'IC
•calas,à nofire grand regret toutefois, ey defauantageY,Mc.ûo-,
F pour
LES S I N G V L A R I T E Z -
pour ( excefiiuefroidure, qui nous molefto (efface de
dixhuit iour s'.combien que cefte terre de Boc colas en-
trefort auant en pleine mer du cofté de Septentrion,
1 ointe en form j e pointe bien deux censheues,en dtfiance
deBacca , / . c t • j r t ^ a
jes> alaligne de quarantehntt degrézjeulement Crjtt
Baccales pointe a efté appellée des Baccales,pour "Vne effece de
poiffon. poiffon, quifotrouue en la mer d'alentour, lequel ils
nomment Baccales,entre laquelle, ey le cap del Oa-
e
c doy a diuerfis ifies peuplées, difficiles toutefois àabor
der, à caufe deplufieurs rochers dont ellesfiontenui-
ronnées: tyfint nommées ifies de Cartes . Les autres
Voyage ne hs efiiment ifies, mais terreforme,dépendante dt
de Seba- cefle pointe de Baccalos. Ellefut decouuertc premie-
ftian Ba- rement par SebaftianBabate Anglois,lequelperjùa-
? tc n " do au Roy d'Angleterre HenryJeptième, qu'ilirait
aifémentpar là au pais de Catayflers le Nort,eyqrie
par ce moyen trauuerait efficenes ey autres chofi/,
aufii bieqne le Rgy de Portugal aux Indes :ioint qu'il
fieprapofiait aller au Peru ty Amérique,pour peupler
le pais de nonueau habitants, ey dreffer là "Vne nou-
uelle Angleterre . Ce qu'il n'exécuta : "Vray efi qu'il
mift bien trois cens hommes en terre, du coflé dlrUtf*
de au Nort,ou U froidfift mourir prefique toutefo corn
pagnie, encores que ceflufl au moys de Juillet. Depuit
laques Quartier ( ainfi que luy mefine m'a reci '
té )fifi deux fois U "Voyage en ce pais là,
cefi àfçauoir (an mil cinq cens tren-
tequatre,ey mil cinq cens tren-
tecinq.
De
DE LA F R A N C E A N T A R C T . I46
t)e la terre de Canada, dicte par cy deuânt
Baccalos,decouuerte de noftre temps
& de la manière de viure des ha-
bitans. C H A P . L x x v.
Owr Autant que cefte contréeau Septen-^ff3^
tritnaeste decouuertede noftre temps, ^^f t^
por"Vnnommélaques Quartier,Breton,ques
1 maiftrepiUotey Capitaine, homme ex<- Quartier
fert ey entendu à la marine , ey ce par U comman- cfl ^ a n a
dément dufouRay François premier de ce nom, que '
Dteuabfolue, ie mefuis auifé d'en efirirefiommoire-
tncnten cefi endroit, ce qu'il mefimble mériter de-
ftre efiript, combien quefilon(ordre de nofire "Voya-
ge à retourner,il deuoit précéder Uprochain chapitre.
Qui m'a dauantage inuité à cefaire,c'eft que te n'ay
point"Veu homme,qui en aye tratBé autrement,com-
bien que U chofi ne fait fins mérite en mon endroit,
ty que ie (aye certainement appris dudit Quartier,
•qui en ifait Ldecouucrte. Cefte terre, estant prefique
fioubs UfoUArBique z,eniculaire,eft iaintepar (ac- *ltua^
rident a la FUride,ty au ifo.es du Peru, ey depuis là r e de Ca
cofeoye (otean, "Vers les B aceaies, dont auons parlé» nada.
Lequel lieu te croy que cefait le mefmt que ceux qui
ont fait U dernière decauUerie ont nommé Canada
{comme il auient quefeunentàpLifir lon nomme ce
qui est hors de la cognoijfance dantruy )fi confinant
Sers Orient,à "Vne mer prouenant de U glaciale ou Hy
ferborée :eyde (autre cafté à "Vne terreferme,diBe
Campe flre de Berge, au Suest (oignant à cefte con-
F x trie
LES S I N G V L A R I T E Z
trée. ily o "Vn cap appelle de Lorraine, autrement de
Cap de ceux pmt decouuert,Terre des Bretons,prochaine
Lonaine , y , • ni i
ou terre * " ^erres ncuucs,eu Je prennent autourd huy les Mo-
des Bie- ruis,"Vn efface de dix ou douze lieues,entre les deux,
tons. tenant ladiBe Terre neuue à cefte haute terre, Uquel
Pelchc [e mUi auons nommée Cap de Lorraine : ty efl afiift
au
lues Nordéfit, "Vne offezjfacieufi ey large ifie entre
deux,LqueUe a de circuit enuiron quatre lieuis.Ladi
Be terre commence tout auprès dudit Cap, par deuers
Usu,oufe renge Eft,Nardeft,ey Oueft,Surontil,U
plus p Art dicelle AIUM à U terre de la Floride,fe r'egt
Situatio enferme de demy cercle,tirant à Themifettan.Orpaut
du Lor-
de cap retourner au Cap de Lorraine, dont nom auons parlé,
raine. ilgifi à la terre por deuers le Nort,laquelle efi rengée
por "Pne mer Méditerranée ( comme défia nous auons
dityainfii que (Italie entre la mer Adriatique cy û
gufiique. Et depuis ledit cap allant à L'ou'efi, Ouefi, et
Sur ouefifiepeut renger enuiron deux cens lieues, ey
tousfitblons ey arènesfans aucun port ne haure. Ce-
fie région efi habitée de plufieurs gens,daffez,grandt
corpulence,fort malins, ey portent ardtnairementli
fage mafiqué, ey deguifpar hneamens de rouge, ey
pers : lefqueUes couleurs Us tirent de certains fruits.LA
diBe terrefut decauuerteparle dedans de cefie mer,
(an mil cinq ces trîte cinq,par le Seigneur Quartier,
comme nons auons dit,natif de SamB Malo. Donques
outre le nombre des nauires dont illfia ,pour Uxecu-
tiondefin "Voyage, auec quelques barques de fioixante
à quatre "Vingts hommes, rengea le pais par auant in-
congneu, iufques à "Pnfleuuegrand eyffacieux, U-
quel Us nomment (Abaye de chaleur, ou Ufi trouue
de
DE LA F R A N C E A N T A R C T . Ï47
de trefhon poiffon ey en abondance,principalemit des
Saubnons. Alors ih traffiquer ent en plufieurs lieux *^?y*
circonuoifins/eft à fçauoir les mitres de haches,cou- • c c <?".
a L ri 1 J ieur,fleil
peaux,haims a pefcher, ey autres hardes,centrepe- u e ,
aux de Cerfs, Loutres, ey autres fouuagines, dont Us
ont abondance .Les barbares de ce pais leur firent bien
bon acueilfc monfirant bien affeBionnez. enuers eux
ey toyeux de teUe "Venue, congnaiffancc, ey omytté
pratiquée y concene Us 1ms auecques les autres. A-
fres cefait,paffans outre, trauuerent autres peuples,
prefique contraires aux premiers, tant en langue , que
manière de"Viure: çydiftient efire défendus du grad
fieuue de chelogua,panr allerfaire laguerre aux pre
miers~Vaifitns.ee quepuis âpres le Capitaine Quartier C n e ' ° "
afieu, cy "VeritabUment entendu ,pax eux mefimes, ° g '
dîne de Uurs barques, qu'ilprifi auecfiept hommes:
dont tien retint deux,qu'il amena en France au Roy:
Ufqueh ilremena à fiféconde nauigation : ey Us ay-
ons de recltefamenez,, ont pris U chrifiiamfme, ey
font ainfi décèdez.en France. Et n'a oncqueàesté en-
tendue U manière de "viurede ces premiers Barbares,
ne de ce qu'ily a en leur pais ey région, pource qu'el-
U n'a efié hantée ne autrement traffiquée.
DVne autre contrée de Canada.
CHAP. LXX V I I. Autre re
gioti de
Font à (autre partie de cefte région de Co- Canada
nada,oufie tiennent ey fréquentent lesder- ^ r ° e U ' a r
niers Saunages , eUe a efié depuis decouuerte j a - o u a t
outre ledit fieuue de Chelogua,plus de trou à quatre t i c r ,
cens
LES S I N G V L A R I T E Z
cens heuis par ledit Quartier,auecques lecomonde-
M eu s
* . ment du Rgy :ou il A trouue le poisfort peuplé,tant en
de ces fa féconde que première nauigation. Le peuple efl au-
Canadiçs tant abeîflànt cy amiable qu'il eftpofiible, ey aufii
familier, quefi de tout temps enflent efié nourris en-
femblejàns aucunfeignede manuais "Vouloir, ne outre
rigueur. Etilecfifiïedit Quartierqutlqut petit fort,
cy bafiimentpaur hyuerner luy eylcsfie»s,enfimbU
pour fi défendre contre l'miure de ( air tant froid ey
rigoureux. llflutaffizjbien traité pour le pais ey U
faifin:car Us habitons luy amenaient par chacun iour
leurs barques chargées de poiffon,dme anguiUes, lam
proy es, ey autres: pareiUement de chairs fauuages,
dont ils en prennent bonne quantité Aufii font Us
grands "Veneurs,fait efié ou hyuer, auecques engins tu
Manière autreme"t < //, -ypnt d'yne manière de raquettes tiffutt
tes. ^ cor^es en façon de crible ,de deux pies ey demy de
long,ey "Vnpié de large, tout ainfi que "Vous reprefen
Vfage de te Tafigurecy après mifie. ils les partentJàubs Us pieds
ces ra - aufroid eyàla neige, ffecialerncnt quand Us lont
quettes. chajfor aux beflesfauuages, afin de ri enfoncer point
dtns les neiges,à la pourfuite de leur chaffe.CepeupU,
fe reuefi de peaux de cerfs, canrayées ey accommodées
Comme a leur mode. Pour prendre ces befies ils s'affemble-
ces Ca- ront dix on douze armez.de longues lances ou piquet
nadiens grandes de quinze àfiizepieds,garnies par U bout
ct-.ai-.etle de quelque os de cerf ou autre befie, d'~Vnpié de long
aa-rc- b vl'('tl4i' au *ieu defer, portons arcs ey flèches garnies
tes fâ'u. '-e mefme : puis par les neiges qui Uur fint familières
in^c-s. toute I année fuyuans Us cerfs au trac par lefidttesnei-
fes.if'z,] r fondes, décousirent la "Vaye, laqueUe eflal
ainfi
DE LA F R A N C E A N T A R C T . I48
ainfi decouuerte, y eusy pLnteront branches de cèdre
qui "Perdoyent en tout temps ,eyce en forme de rets,
fioubs lefqueUes ihfe cachant armezjn cefte manière.
Et incontinent que le cerf attiré pour lepLifir de ce-
fie "Verdure ey cheminfrayés'y achemine, ihfe tet-
tent deffus à coups de piquesZydeflèches, teUement
quih le contraindront de quitter la "Voye, ey entrer
es profonde s neiges,"Voire iufques au "Ventre, ou ne pou
uant aifément cheminer, efi attaint de coups iufques
àUmort.llfira ecorchéjùr le champ, ey mis en pie-
ces,(enuelaperonl enfiapean,ey tramerontpar Us net
ges iufques en leurs mai fins. Et ainfi les apportaient
iufques au fort des François, chair eypcau,mais pour
autre chofi en récompense, cefi àfç auoir quelques pe-
tisferremens et autres chofes. Aufii ne leux omettre
cecy qui eftfitngulier, que quadlefilits Saunages font
malades defieure anperjecutez,dautre maladie inte
F 4 rieur e
LES S I N G V L A R I T E Z
Bruuage fleure,Us prennent desfueiUcs d"Vn arbre qui efefort
. * . fimblabU aux cèdres, qui fe trouuit autour de la mon
raindontJ • n
ils vfent taoyie de Tarare,qui efe au Lyonnou :et enfont du tus,
en leurs lequelils bornent. Et nefaut doubler, que danslingt-
maladicrs quatre heures il n'y afi forte maladie,tant fait eUe in-
ueterée dedans le corps, que ce breuuage neguerijft :
commeJouuentesfois les chrefliens ont expérimenté,
cy en ont apporté de laplantepor deçà.
La religion & manière de viure dc ces pau.
ures C a n a d i e n s ^ comme ils refiftent
au froid, C H A P . L X X V I I .
Epeuple en fa manière de "viure ey gou-
uernement approche àffoz^pres de la loy
de Nature .Leur mariage efi,qu'l>n hom-
me prendra deux ou troisfemmes fions au-
tre fiolennité,comme les Ameriques^defquels auons ia
parlé.De leur religion,Us né tiennent aucune metba-'
de ne cérémonie de r encrer ouprter DieuSmon qu'Ut
contemplent le nauueau croifiant, appelé en Uur lague
Ofanna- O i'Ltihaha. ,difans que A n d o u a g n i l'appeUe ainfi,
puis (enuoye peu àpeu queUe auance ey retarde les
eaues.Au refieilscroyittresbien, qu'ily alm Créa-
teur pins grad que le Soleilfia Lune,ne Us efioiUes,ey
qui tient tout enfiapuiffance:et efl celuy qu'Us appcUet
A 4 , , -Andouagni fans auoir toutefoisforme;ne aucune me
rfi^ix1"0^de leprier-.combiiqu en aucune région de Cana
des Cana "•* ''s adorent des idoles, çyen aurit aucunefois de tel
-... u-.s. les en leurs Lges,quarate ou cinquante,comme "Verita
blement
D E LA F R A N C E A N T A R C T . 1 4 9
blement m'a récité "Pn pillât Portugais, lequel "Vtfita
deux au tr ois ~ViUages,et Us loges ou babitoiet ceux du
pdis.lhcroyent que (ame eft immorteUe:ey que film .
homme "Verfie mal,après la mort "Pngrad oyfieau\prend ^ Q
fin ame,ey (emporte:fi au contraire,(ames'en "Va en diens de
"Pn lien décoré de plufieurs beaux arbres, cy oyfiaux l'immor-
chantans meUdieufimenî . Ce que nous àfait enten- j™1^ ^e
dre le Seigneur du pais de Canada,nommé D o n a c o - T-J *
ua A g u a n n a , qui efl mort en France bon Cbreftien, UaA«uâ-
farlant Françau,poury auoir efié nourry quatre ans. na,Roy
Et pour eutter prolixité en (hifloire de noz, Canodies, d e Cana-
"Vonsnoterez.quelespouuresgenslminerfellemetfint p " .,
affligez,d~Pnefroideurperpétuelle,pour (abfince du extrême
SoUil,comme pouuczjentendre . ih habitent parluh dupais
loges ey hameaux en certaines moifinsfaites à lafa- de Cana-
ç on d"Vn demy cercle, en grandeur de "Vingt à trente <~3-
7 - 7 7 ° 7, P i i Loçe*
pas,ey dix de largeur,couuertes d ecorcesdartres,les d es Cana
autres de tancs marins. Et Dieu fçattfit le froid les pe- ^trss.
netre tant mol befties, mal couuertes, et mal apppuyécs
teUement que bienfiouuent les piliers cy cheuronsfie-
chiffentey tombent pour lopefanteur que caufe la net
ge efiant deffus.Nonabftat ceftefroidure tant excefii-
ne ihfiontpuiffans ey beUiqueux, infotiables de tro-
uait. Semblablement font tous ces peuples Septentna- Peuples
nouxainficourageux , leslmsplns, les antres moins, V
tout ainfi que les autres tirons "Vers l autre pale,Jpecia- p OUr _
lement "Vers les tropiques ey equinoBial font tout au quoy
contraire: pource que la chaleur fe "Véhémente de (air p' u 5 c o u *
leur tire dehors la chaleur nature lie,ey la difiipeicy r 3 £ e , l ' x
par ainfi fint chauldsfeulement par dehors, ey froids JVUTI-
AU dedans. Les autres ont la cho'eur naturùUeferrée dionaux.
> F c ey
LES S I N G V L A R I T E Z
ey contrainte dedans pAr lefroid extérieur, qui les
Mer gla- rtnd Ainfi robufies eylaïUans:car laforceey faculté
de toutes les parties du corps dépend de cefie nature Ue
chaleur. La mer alentour de ce pais efi donc glacée ti-
rant au Nort, ey ce pour efire trop elongnée du Soleil
lequel d Orient en Occident paffc par U milieu de (l- j
Famine niuers, obhquement toutefois. Et de tant plus que U
frequcte chaleur natureUe efl grande,d'autant mieuxfiefait la
en Cana cancoBian ey digeflian des "Viandes dans (efiamac:
da,&^ (appétit aufii en efi plus grand. Ainfi ce peuple dt
quoy. Septentrion mange beaucoup plus que ceux de la part
oppofete : qui efe caufe que bienfeuuent en ce Canada
y'etfamine,toint que leurs racines ey Autresfruits de-
fiquelsfie doiuïtfiuft enter ey nourrir toute (année,fiant
gelez,, leurs rinieres pareiUement, (efface de trou ou
quatre moys.Nous auons dit quih couurtnt Uurs mu
fions decorces de bon,aufii enfant Us barques,pourpt-
Pais dc foher en eau douce ey foliée. Ceux dupais de LabrA-
, " dor,leurs "Voiflns ( qui furent decauuers par les Efla-
couuerc gnoh,penfians de ce coflé trouuerlm diflrattpaur aller
par les aux ifies des Moluques, oufiontUs efficeries) fonlpo-
Efpa- r eiUement (ùbiets à ces froidures, cy counrent leurs k
rr° S' " &fttes de peaux de poiffons, ey de befiesfiauuages,com
té dc vie mc at*fi7' plufieurs autres Canadiens. D'auontagelef-
entre les dits Conadies habitet en dmunité, ainfi que les Ame
Canadiés riques, et là trouai Ue chacun félon ce qu'il fiait foire.
Aucuns font pots de terre, les outres plots, tfcueUts,
Manière fy.cuHltrs Je l0yS:Us autres arcs ey flèches, paniers,
de labou , i i n - i i-> i r •>,
rcrLater quelques autres babiUemes dc peaux,dot ilsJe couurtt
rr. contre Ufroid. Lesfemmes labourent la terre, et la re-
muent auec certains inflrumensfaits de higuespierres
ey
DELAFRANCEANTARCT. IJO
ttfimet lesgrains, du milffeçialemet,gros cime pou,
e 11
et de diuerfis couleurs, ainfi que loplate les légumesf 8
de ça.La tige croifi enfotçi de canes àfncre,portât trais
ou quatre effets,dity en a ton ft oursin plus grad que Us
autreSyde L façon de noz,artichaux. ils plat ent aufii
des feues pUtes, ey blaches dme neige, lefqueUes font pcbues
fort bines . il s'en trouue de cefie effece en (Ameriq, blaches.
et au Peru. ily a d au otage force citrouiUes et caucour
des,lefqueUes ils mangent cuites à la braife,dme nous -Citrouil
faifans Us poires depar deçà, ily a en outrelnepetite es> .. c o
graine fort menue, reffemblat à lo graine de Martelai e n vfetrt.
ne,quiproduifl"Pne herbe ajjez,gf*de. Cefie herbe efi Efpece
merueiUeufiment efiimée,aufii lofant Us ficher au Sa d'herbe.
Uil,apres en auoir fait grad amasiet la partit à leur cal
ordinairemet en de petitsfochets de peaux,de quelque
befie auecVne manière de cornet perfié,ou Us mette fVn
bout de cefie herbe ainfi fichée : laqueUe ayons frottée
entre Uurs maïs,y mettit lefeu,eten reçoyuït la fumée «^L
parla bouche f (autre bout du carnet. Et enprennit en ^ e c n
telle quotité,qu' eUefiort par Us yeux et par le nezj ey funs.
fe perfumtt ainfi à toutes heures duiaur. NozAmeri
ques ontlme antre manière défie perfumer, cime mus
auons ditcy deuant.
Des habillemensdes Canadicns,comme ils portent che
ueux,& du traitement de leurs petis enfans.
CHAP. U I V I I l ,
Es Canadiens trop mieux apris que les ha
bilans de (Amérique, fefiçauitfort bien „,'„?j e s
couurir de peaux des bétesfiauuages,auec- çm a ( j u
ques leur poil, acoufireesàUurmode,ain eus.
fi que défia nous auons touché, parauanture contrains
pour
LES S I N G V L A R I T E Z
pour Ufroid,ey non autrement : laqueUe oceafionne
s'efiprefintée aux autres,qut les à fait demeurer ainfi
nuds,fans aucune "Vergogne ("Vn de (outre. Combien
que ceux cy,i'entens Ushammcs, nefont totalement le
fens,finon enueloppez, dlme peau pelai, enfaç'idln
dauanteaUfpour couurir le deuant cy parties honteu-
fesdefaifians paffer entremy les tombes,fermées à bou
tonsfur les deux cuiffes : puis Usficeignent dîne lar-
ge ceinture, qui leur affermife tout le corps, bras, ey
iambes nues : hormis que parfus le tout Us partent "Pn
grand manteau de peaux coufuis enfemble ,fe bien o-
cauftrées, dmefi le plus habile peletiery auoit mu U
main. Les mtnteux fint faits, Us "Pns de loutre , ours,
martres, panteres, renards, heures, rats, connins,ty
autres peaux ,conrayées auecques le poil: qui à doné ar
_ . . g»ment,o mon aduis,à plufieurs ignorons de dire, que
fauuages l" Saunages efioyent "Peins . Aucuns ont efeript que
du temps Hercules de Lybie "Venant en France, trouua lepeu-
d'Hcrcu- pU "Viuontprefique à la manière desSauuages,qui font
tant aux Indes de Leuat,qu'en l'Amen que,fans nul-
le ciuilité: ey aUoyent les hommes etfemmes prefqut
tons nuds des autres efeoyent "Vefeus de peaux de dîner
fis effeces de beffer.Amfi aefté lo première ddition
du genre humain,efiant au commencement rude, ey
malpoly: iufques à ce que parfuccefiton de temps, ne-
ce fit é a contraint les hommes dinuenter plufieurs cho
fis,pour la confieruation ey maintien de leur lie. En-
coresfont en cefie rude inciuihté ces panures Saunages
admirons nofire "Pefeement, de quelle matière,et corn
ment il est ainfi basti iufques a demander quels ar-
bres partoyent ceste matière,comme il m a efié prtpe-
DE LA F R A N C E A N T A R C T . I5T
sé en (Amérique : estimons la laine croifîre es arbrei
comme Uur cotton. L'ifage de LqueUe a efiépar long J ^8 e a c
temps ignoréyCtfut muent é comme "Veulentplufieurs, -
par les Athéniens,ey mifie en œuure.Les autres (ont iuuenté.
Attribué à PAUOS,pource que les Lines efieyent en ifa-
geAUAntles Athéniens,que leur "PiUefuft bafiie. Fot
lapaurquay les Athéniens (ont merueiUeufement ho
norée, ey eue en grande reuerence , pour auoir receu
deUe ce grand bénéfice .Et par ainfi efl "Proyfimblable
que•défaits Athéniens ey antres peuples de la Grèce,
foliefloient depeaux,à la manière de noz. Canadiens:
ty à lafimihtude du premier homme,comme tefimoi-
gne Saint Hlerome Jatffant exemple àfapofienté den
"pfier ainfi,çy non aller tous nuds. En quoy nepouuans
affoz. Unir et reeongnoifire Dieu, lequelpar finguhe-
re affeBion,fùr toutes les autresparties du monde, au-
rait "Vnique mentfouortsé à nofire Europe. Refie à par-
Ur comme ih portent les cheueux, c'est àfeauoir au-
trement que les Amériques. Tant hommes que fem-
mes portent Us cheueux noirs, fort longs: eyy a cefte Manière
différencefeulement, que les hommes ont les cheueux des Cana
trouffozjur L tefie,comme "Vne queue de cheual,auec ^ s à por
chenilles de bois à trauers : eylà de fus "Vne peau de K,r rs
r, t n n , /1 , . cheueux.
tygre, d ours,au autres befles : tellement qu a les l>oir
acconftrés en telUforte, Un les ingérait ainfi degnifizi
"Vouloir entrer en "Vn théâtre, reffemblans mieux aux
portraits d HercuUs , quefaifoient pour récréation les
anciens Romains, ey comme nons le peignons encores
auiourdhuy,qu'à autre chafie.Les autresfieceignent et
enueUppit la tefte de martres z/belines, ainfi appelées zcbelï.
du nom de la religionfituee au Nort,ou Cefi animal efi nés.
flre-
LES S I N C V L A R I T E Z
fréquent : lefqueUes nons efilmonsptecieufiet par deçê
pour L rArité et pource teUes peauxfont reforuées pour
(ornement des Princes ey grands fiigneurs, Ayons la
beauté c om oint é auec le rArité.Les hommes ne portent
U kit Mtcune barbe,nipins que ceux du Brefil,pource qu'il
mens des ^arra(bentfiliqueUe pulluU. Quot auxfommeselU*
femmes s'habiUet de peaux de Cerfipréparées à Uur mode,qui
de Cana efl trefb'ine et meilleure que ceUe qu'on tient en Fran-
&*• ce,fansen perdre "Vn poilfoui. Et ainfi enuelappéesfit
ferrent tout le corps dVne ceinture ligue,à trois ou qua
tre tours par le corps, ayons toufitours "Vn bras ey Ine
mamxnelU hors de cefie peau,attachée fur ("Vne des e-
ff aules,comme"Vne efeharpe de pèlerin. Pour côtinuir
nofire propos, lesfemmes de Canada portent chauffa
de cuir tanné,ey fart bien labouré à Uur mode, enri-
chi de quelque teinture faite d'herbes etfruits,au bien
de quelque terre de couleur, dont ily aplufieurs eflpe-
Mariage c". Lefeulierefi de mefine matière cy cadeleurt. ils
des Ca- obfernent U mariage auec toute foy fuyons adultère Jùr
nadieus. tout : "Vray efi que choficun o deux ou trois fcmmes,co-
me défia nous auons dit en lin autre heu. Ltfiigntur
dupais nommé Ag3.ha.tmZ) en peut auoir autant que
Agahan- ym lMyfiemyU.tesfiUes nefont defifiiméet pour auoir
fieruy à quelques ieunes hommes auat qu efire mariées
ainfi qu'en l'Amérique. Et pource ont certaines loges
Viduité en leur ~vUlage,ou ilsfierencontrent ,ey communiquât
fort ob- les hommes auec Us femmes, (eparez. douée les ieunes
feruée gens ,fih eyfiUes . Lesfemmes "Vefues nefe remarient
par les lAmtl^ en queUjue nombre au'eUes (oient après la mort
Kfflmes i i. . i -ri n i i -»'
de Cana- Ue Uur mary:atnsl>iuent en duetl le refee de leur vie,
di. ayons U "Vifage tout noirci de charbon puluerifé auec
huyU
DE LA F R A N C E A N T A R C T . IJ2
\uyU depoiffon: Uscheueuxtoufitours efforsfurie "Vt-
foge,fionseftre liezjae tronffoz,pAr derrière , comme
partent les Autres : eyfie maintiennent ainfi iufques à
kmort. Quant au traitement de leurspetu enfansfels p o m e . "
i r i - 7 lestrar-
Its lient ey enucleppent en quatre au cinq peaux de têt leurs
martres confites enfiembU :puis Us "Vous attachent ty pctis en-
gerrotentfnr "Vne planche ou ois de boisperfée à (en- fans.
droit du derrière, enferte qu'il a toufitours ouuerture
libre, ty entre les tombes comme "Vn petit entonnoir,
ougouttièrefaste decorce moUette, ou thfont Uur eau
fans toucher ne côinquiner leur corps,fait deriat ou der
riere,ne Us peaux au Uz,font enueUppez,.si ce peuple
ejtaitplusprochain deL Turquie , feflimeroisquih
auraient appris ceL des Turcs: ou au dtraire auoir en-
feigne Us autres. Non pas que ie "PueiUe dire que ces
Saunages efiimet efire péché,que Uurs enfant fomauil t j o n j "
lent de Uur propre "Vrine, comme cefte nationfuper- Turcs.
jhtieufo de Turquie : mats plus tafepaur "Vne ciuihté
[ qriihontpar deffus Us autres.Parce que lon peut efei-
mer combien cespanures brutaux Usfurpaffent en ho-
nefteté.lh "Pons plantent ceftepLnche auecques t'en-
fant par (extrémité inférieure,pointue en terre, et de
meure Ainfi (enfant de bout pour dormir, la tefie pen-
dant en bas.
La manière de leur guerre, C H A P . LXXIX Ciaadî-
r r ri /*- r enspeu-
Omme ce peupleJem ble auoir prejq mej- j c £c|k_
mes meurs que Us autres Barbaresfauna queux.
^M £es 3 aufà A(rts eux nefe trouue autre
-~» plutpript eycoufiunéer de foire guerre
tvn cotre (autre, ey qui approche plusdeleur ma-
nière deguerre, aucunes chofes exceptées. Les Tou-
taniens
LES S I N G V L A R I T E Z
Touta- taniens , Us Guadalpes, ey chicorins font tuent
niensen= , . i J i °i i
nemisde ordinaire contre les Canadiens, ey autrespeupUs di-
ceux de uers , qui defeendent de ce grand fieuue dOcbehguA
Canada, ey SAguené. LefqueUes rinieresfintmerueiUeufiment
Ochela- belles çy gr Andes,portans trefbonpoiffon ey cngrAn-.
Sasuené ^e iUAntlt^ • aufiipAr iceUespeut en entrer bien trou
fleuues cens heuis en pais, ty es terres de leurs ennemis auec
dc Cana- petites barques,fans pouuotr "pfor de plus grands "Paifo
*a* Jèaux, pour le danger des rochers. Et difent les anciens
dupais, que qui "Poudraitfiùyure ces deux nuieresf
qu'en peu de Lunes, qui est leur manière de nombrer
le tempsfion trouueroit diuerfité depeuples,ey abon-
dance d'or et d argent. Outre que ces deuxfleuues fi-
parcz,(~Vn de (autre,fi trouuent ey ioignent enfiem-
bU en certain endroit, tout ainfi que le Rbafne ey la
Saône à Lyon : ey ainfi affemblez,fi rendent bien a-
_ uant dans la nouuelle Efpagne-.carils font confins (in
J
Prepera- , „ i S J J
tiue dc * l autre,comme la France ey l Italie.Et pour ce quad
guerre ilestqueftion de guerreen Canadajeur grand Aga.-
des Cana hanna, qui "Vaut autant à dire que Roy ou signtur,
lcns
" commande aux autres Seigneurs de fin obéiffante, dm
fi que chacun "Village àfonfiuperieur , qù Usfe délibè-
rent de "Venir ey trouuer por deuers luy en bon ey
fùjffofant équipage degensfviures cy autres muntttis,.
ainfi que Uur couflume est défaire. Lefqneh inconti-
nent chacun enfionendroit,fiemet t en en effort ey de-
uoir dobe'ir au commandement de leur Seigneur, fans,
en rienyfaiUir,ouaUer au contraire. Et ainfi s'en lien
nentfùr l'ean,auec leurs petites barquettes,longuet,et
larges bienpeu,faites décores de bois, ainfi qu'en (A
meriaue ey autres lieux circonuoiftns. Puis (affem-
J
bit-
DE LA F R A N C E A N T A R C . Ifl
blé efaite , t'enl/ont chercher leurs ennemis : ey lors
em'ihfçauent Us deuotr rencontrer ,fi mettront en fi
ban ordre pour combatre cy donner affaut qu'il efi pofi
fibU, AUCC infinité de rufies cy firatagemes,fiUn leur S t r a ^ g e
mode.Les attendonsje fortifient Uurs Uges .ey caba- s u e r r e
nés, auec quelques pièces de bots,fagots, ramages,en- vfîté des
grejfez,de certaine greffe de loup marin, ou autre poi- Cana-
fen:ey ce afin quih empoifinnent Uurs ennemis s'ils * iens «
approchent,mettons lefoudedans, dont il enfort"Vné
faméegreffe ey noire,ey dangereurfi àfintirpour la
puanteur tant excefiiue , qu'elle fait mourir ceux qui
Ufentent : outre ce quelle aueugle les ennemis , qu'Us
nefipeuuent "Pair ("Vn (antre, Et "Vousfçanent adref
fer et dijfofir cefle fumée de teUe méthode, que le "Pef A m r c
la chaffe de leur cofié à celuy des ennemis.ils "Vfoni\pa ftratage-
reiUement de poifons faits d aucunesflue'UUsdarbres, me.
herbes,et fruits, lefqueUes matièresfichéesau Soleil,
X ih
LES S I N G V L A R I T E Z
ils méfient parmy ces fagots ey ramages puis y met-
tent le feu de lo'ing, ^VoyaM approcher leurs ennemu.
Atnfiifie"Voulurent ils défendre contre les premiers,
qui aUerent decouurir leur pais,flaisas effort,auec quel
quesgreffes ey huiles, de mettre UfouLnuiB es na-
uires des autres abordées au riuage delà mer - Dont
les noftre s infarmez,de cefle entreprife ,y donnèrent
tel ordre, qu'il; nefurent Aucunement incommodez,.
Toutefois foy entendu que cespAUUers SAUUAges ria-
uoicnt machiné cefle entreprife, que iufeementeyk
bine raifion, dfideré le tort quih auottnt teceu des ou
très. C'efi qu efe ans Us noferes defienduz, en terre,au-
cuns leuneSfolafires par poffetcmps, "vicieux toutefois*
ty irraifonnables,commepar "Vne manière de tyran-
nie couppaient bras ey ïambes à quelques "Vus de ces
panures gens,feulemit difiient Us pour effayerSt leurs
effées trenchoient bien,nonobflat que ces panures Bar
bores Us euffent receu humainement, auecques toute
douceur ey amytté Et par ainfi depuis n'ont permù
aucuns Chrefitens aborder ey mettrepié à terrien
Uurs riuages cy limites,ne faire traffique quelcomt, '
comme depuis lon a bien congneupar expérience. '"•
Côme les 0rp°ur rielongner dauantage de nofirepropos, cet
Canadics Canadiens marchent en guerre quatre à quatre,fai^-.
marcher fans,quand ihfe "Payent;ou approchent leslns des aUP\
en guerre très,cris ey hurlemens merueiUeux ey effouuetttdA
blés (Ainfi qu auons dit des Amazones ) pour donner
terreur,et effouuenter leurs ennemis. 1h partent forte
F con de tnfei^nts>faUes de branches de bouUeaux,enrichis de
I eur ta- pennages et plumages de cygnes . Leurs ta bounnsfont
bourins, de certaines peaux tendues eybendéesen manière,
dm
DE LA F R A N C E A N T A R C . IJ4
dîne herfe, ouUn fait U parchemin,partée par deux & c ° m 9
bornes de chacun cofie,etVn autre eftat derrièrefrap- l
J
-7 1 a 1 f r i 11 portent.
pont a deux bajtans le plus tmpetueujementqu il luy Maniera
estpofiible . Leursfluflesfontfaites dos de ïambes de dc leur
cerf,ouautrefauuaigne. Ainfi fi c'ombatent ces Cana combat.
diens à coups deJUches,rondes maffues,baflans de bois
a quatre quartes,Lnces, etpiques de bois,aguiféespar
te bout dos an heu de for. Leurs boucliers font depen-
naches,qriils portent ou col, les tournas douant ou der-
riere,quadbon Uurfiemble.Lesautresportent "Vnefir quç^1"6
te de mortanfait de peaux d oursfortcffes,pour la de- noyét les
fonce de L tefie .Ainfi eriVfeient les anciens à la ma- anciens à
ni'ere des Saunages : ils dbotoient à coups de poing,à ^ôbiug.
coups depié,mordaientàbeUes dents,(éprenaient aux
cheueux,ey autres manièresfemblables.Depuis à ci-
boire ihyforent de pierres, quih iettoient l"Vn contre
t'autre: cime Uappert mefine ment por laJointe Bible. Herodoa
D'auatage Hérodote enfin quatrième hure,parlât de '
certain peuple quifo dbattoit à coups de baftis eyde c -, ,
tnoffue:tldit en outre que Us "Vierges de ce pois auoiet vierges
ctuftume de bataiUer tous les ans auec pierres et bofUs mx fefte»
Us"Vnes contre les autres,à (hineurde la déeffe Miner <*e Mi-
ue,U iour de fin anniuerfaire. Aufii Diodare aupre- rfri\e*
mie r hure récite,que Us maffues et peaux de his efiai-
ent propres à Hercules pour dbatre : car au por-auant ç o u f l u .
rieftoiet encores les autres ormes erivfiage. Qui "Poudra me anciS
"Voir Plutarque eylnfiin,et autres auteurs , trouuera ne des ^
4ue Us anciens Romains dbotoient tons nuds. Les The Tflr3**
bains eyLacedemoniens fe"Pengtret de leurs ennemis ^ ç m o _ *
à coups de leuiers etgroffes maffues de bon. Et ne faut niés à c5
eflimer que Urs cepanure peuple nefluft autant hardi bute.
XX corn*
LES S INGVLAR ITEZ
comme celuy d auiourdhuy, pour auoir demeuré tout
nudsfanseftre aucnnementlieftus ,dme àprcfientfont
noz,Canadiensdegroffespeaux,defiituezjèmblable-
mit de moyens ey rufies de guerre, dont ces Saunages
fifiçauent ayder mainteriat . le "Ponspourroys amener
plufieurs auteurs parlas de la manière que tenaient Us
ancii: enguerre, maisfiuffira pour Uprefint ce que ft
ay aUegué,pour retourner aupeuple de Canada,qui eft
nofire principalpropos . Ce peuplerilifiede (ennemy
pris en guerre,dme Hfait en toute (Amérique :c'eft
àfçauoir qu'Us ne les mangent aucunement,ainfi que
les autres. Ce qu'efi beaucoup plus tolerablc. Fray eft,
les Cana que s'ils prenriet aucîis de leurs ennemis, ou autre mit
dies rrai- demeurent liBoneux, Us leur efiorchent la tefie, ey
têt leurs Ulufiage, ey l'efeendent àl>n cercle pour lafecher.puis
p on- (emportent en Uurpdisda monftras auec "VnegloireJ
mers. , f •r '' . », J, i> •
leurs amujfemmcs ,eyvieiUards,qui pour l aage tm-
beciUe ne peuuent plus porter lefais,enjigne deliBoi-
re.Au refle ils nefintfienclins àfaire guerreJommt
les Perufiens,eyceux du Brefil,pour la difficultépiP
rauenture, que confient les neiges cy autres incommo-
'ditez,>quih ont par delà.
Des mines, pierreries, & autres fingularitcz
qui fetrouUent en Canada, C H A P . LXXX.
flLLv^^fj Epais ey terrouër de Canada,efi beau et
Bôtédu uè LÏC*)iî bienfitué,eydefiy tresbon, hormis (in-
daisde ¥* fë^H température du ciel, qui le dtfauOrifé\
Canada. I____É_ comme peuucz,ayfiément canieBurer.il
porte plufieurs arbres cy fruits, dont nousriauons L
congnaiffancepar deçà. Entre Ufquelsy a "Vn arbre de
la
DELAFRANCEANTARCT. ltf
Ugroffeur ty forme d"Vngros ntyer de deçà, lequel
à demeuré Ung temps inutile, ey fions efire congnu,
iufques à tant que quelcun leliaulant coupper enfoiÏÏit
1/nfisc,lequelfut trouue doutant bongoufi, ey déli-
cat, que le boriPin d Orléans , ou de Beaunc : mefmes ,ac u "
r- r • ' t r » • dit arbre
fut amji tugepar nozeens,qui lors en firent l expert- a v a n t
encc'.c'efi àfçauoir U Capitaine,ty autresgentilshi- gouft de
mes défia compagnie, et recueiUtrentde ce lus fur (heu vin.
re de quatre à cinq grands pots. le "Pous laijfe àpenfier,
fe depuis ces Canadiens afriondez,à cefie liqueur, ne
gardent pas cefi arbre chèrement, pour leur bruuage•,
puis qu'il eft ainfi exceUent. Cefl arbre,en leur langue *
efi appeUé Couion.Fne autre chofi quafit tncredibU C ? u t 0 H >
efi, qui ne (aurait "Peui . il fi trouue en Canodaplu- c e p s de
fleurs lieux ey contre es,quiportent tresbeaux ceps de vigne na
"Vigne, du fini naturel de la terre, fions culture , auec turels en
ronde quantité de raifims gros,bien nourris, eytrefi < - ,ana a*
f ans à manger: toutefois ri eft mentUque le "Pin en fait
bon en pareil. Ne double z,cibientronuerit cela eftrô-
ge ey admirable ceux , qui en firent la première de-
cauuerte. Ce pais efi acompli de montagnes eyplann- P l c r r e s
res.En ces hautes montagnesfietrouuent certaines pier | e u r j t f
res retiras enpefanteur ey couleur à mine d'or: mais m j n e
quod on la "Voulut effrouner,fi eUe efioit légitime,eUe d'or,
nepeult endurer lefeu,qu'elle nefuft difiipée eycon-
uertie en cendre.ilriefi impofiible, qu'en cefi endroit
ne fi trouuafi queUjue mine aufii bine,qu'aux ifies du
Peru,quicaueroitplusauat en terre. Quat à mines de . ' " c s
fer,ey de cuinre il s'en trouue ojfez. • Aufnrplus de Mines dc
petites pierresfaites c'y taiUées enpomte de diamant cuiurc.
quiprontennentleslmes enplainnre, les autres aux
X } mon-
LES S I N G V L A R I T E Z .
montagnes Ceux qui premièrement Us trottuerent$
penfoyent efire riches en "Pn moment, eftimas qutfuj-
Piimant j - ^ -yrayS diamans,dont ils apportèrent abodantc: et
da pro- de là efi tiré le prouerbe auiourdhuy an mit par tout
urrbe. C'est "Pn diamat de Canada.De fait lettre au diamot-
Au li. der de Cahcut,ey des Indes Orientales. Aucuns liaient
fi.« dire,que c efl line efbece de fin chrifial : de cvoy te ne
l'hifr. na- . • 7 ri r r -> . '
turell puis donner autrereJolution,jtnon enjuyuat I'in.c, eut
Opinjôs dit le crifealprouenir de neige, ey eau excrjsiucmint
fur la cd gelée,ey amji concrée. Parquoy es lieuxJiliets àgU
création ce cy neig efe peut faire que quelque partie d'tceUes,
« . Cri " parfhccefiion de temps,fe défiche et cocréc enln corps
Solin luyfont,ettranffarent cime enflai. Salin efi/'mc cefte
opinionflaulfe,que le enflai "Viine totalemct de neige:
carfl ainfi efloit, ilfietrauueroit feulement es lieux
froids,camme en Canada, etfimblables regtosfroides
mais l'expenéce nous monfir e U contraire:cime en (i
fie de Cypre,Rhodes, et en plufieurs liens d'Egypte ty
de la Grèce,corne moymejme ay "Peu du temps que j'y
efiois, ou Ufi trouuoit,et encore-fi trouue auiourdhuy
abondAnce de cnfial. Qui efi "pray argument de mgtr
que le criflaln'efi eau congelée,canfl der é qui ces pus
defiiuelsparlonsja chaUur efi trop plusfréquente ty
Diodore "véhémentefans eomparaifon,qu'en Canada pais affii-
Criftal de gé de perpetueUesfroidures. Diodoredit que le enflai
Canada. efi concrée d coupure,non congelée par froideur,mais
plus toflfichéepar chaleur "^ve bernent e. Neantmoins
celuy de Canada efl plus luyfiant,çyfontmieux en tou
tes chofisfiapierrefine,que celuy de Cypre, ey autres
Combié l'eux Les anciens Empereurs de Rome, eftimoyent
fe crifta! beaucoup lefincriflal,ey en faifioy ent faire des "Vofies, '
tu
D E LA F R A N C E A N T A R C T . J]6
tu ih mangeoyent. Les Autres enfaifiyentfimulacres,
quih tenaient particuherement enfermez,çn leurs ca c f t o i t e f t i
hnets cy trefars.ParetUement Us RrysdEgypte, du m é . d e ?
temps quefianffait rhcbes L grande , enncktffotent & à q u e j s
leursfipultures de fin enflai,que lo apportait de (Ar vfages
mente maieur, etdu coflt'e de Syrie. Et de ce enflai'e- appliqué
ftoyent reprefintez.Us Roys par portraits au naturel,
pour demeurer,ce leurfimbloit, et efire en perpetueUe
mémoire. Foila dme Us Anciens efeimerit U crifiol,
ey à qu'eh "Vfages efioit applique. Auiourdhuy il efl
empUyé àflaire"Vafes ey coupes à boire,chofifort efii- a f-e*.' .'
méefoeUe ri eft oit tant fragile. Auflurplus en ce pais n c s >
fo trouue grande abondance deiaffes, ey coflidaines.
Des tremblemens de terre & grefles,auf-
quels eft fort fubieâ: ce pais de Canada.
CHAP. LXXXI.
Efte regUde Canada efi mcrueiUeufiemet p a j s j c
fiubiette aux trembUmes de terre, et aux Canada
greftes'.dont ce panure peuple ignorant Us fubiet à
chofes notureUes,ey encores plus les cele-^ t r e m t , l c -
a r- -i 1 1 ment de
fies tombet en lme peur extrême,encor es quetelescbo t e r t c &
fis Uurfoyent fréquentes ey familières, Us efiiment pour-
que cela proment de leurs dieux, pour les auoir irrité s quoy.
etfafihez.. Toutesfois le tremblcmet de terre naturel,
ne "Vientfinon des "Vents enfermez, p*r quelques ca- G r c c l r e
uités de la terre, Ufaueh par sa-ronde aqfitotion la font
•Ur r i " 11 i quenteen
mouuoir, comme il font jur la terre trembler arbres et ç a n ada.
autres chofes : comme diffute trefbien Artfiote enfles
Météores Quant à L greffe ce n'est de merueiUe
X A. feeUe
L E S S I N G V L A R I T F Z.
fi eUey eflfoequete, pour (intemperaturc et inclemtn
ce de (air, autant froid enfiamoyenne région qu'en L
plus baffe,pour la difiance du SoUU,qUirienapproche
plus près, que quadilltent à nofire tropique -.pourquoy
(eau qui tobe du ciel,(air eflotperpetueUementfroid
efe ioufeours dgelée, qui ri efl autre chofee que neige ou
grefeé.Orces Saunages incontinent qu'Usfeintent teUes
incimoditeZjpourl'affiiBtô quih en reçoiuent,fi re-
tirent en leurs loge t tes, cy auec eux quelquebefttol,
qu'Us noumffent domefltquemet,eylà careffent leurs
idoles, laforme defiqueUes n'efi gucres différente à L
fabuleufe Melufine de Lufigna, moitiéferpent, moitié
femme: "Veu que la tefie auec lo cbeueleure reprefinte
Uurdemit(filon leur bon effritfiouuage )~Pne femme.
Orlefùrplns du corpseriforme defierpeht,qui pourrait
boiUer argument aux Poètes de f oindre que Melufine
fait leur deeffe,lieu queUe s'enfuit eriVolas filon qu'au
cunsfabulent, narrateurs dudit Roma, quih tiennent
r,c
"j" en leurs maifons ordinairement.Le tremblemet de ter
terre dan rt efi dagereux, combien que la caufe en efl eutdentt.
gereux. Puis qriilliient/àpropos de ce triblemes, nous en diras
"Vn mot,filon (opinion des philofiophes naturels,eyles
Opinios inconuenies qui en emfiuiuent.Thaïe Milefien,(ln des
d aucu ns fiptfagg, de Grèce, difeit l'eau efire dmencement de
phes fur" toutes chofis: et que la terre flottant au milieu de cefie
les tréble eau,dme "Pne noue en plaine mer,efiait eriVn tremble
mens de ment perpétuel,quelquefois plus grad,ey quelquefois
terre. plus petit. De mcfme opinii a efié Democrite :et difiail '
douatage,que (eaufiubs terre creui par pluye,ne pou
uat pour fine xcefiiue quantité eftre dtenue esleines
eycapacitez,dela terre,caufioit ce tremblement:et de
b.
DE L A F R A N C E A N T A R C T . X*J
lalenir lesfaunes et fontaines que nous auos.Anaxa
garas difoit efire lefou,lequelappetant(comme efl fon
naturel)moter en haut,eyfo"Vmr aufou élémentaire
taufoit nonfeulement ce tremblement, mais quelques
euuerturesjgoulfes, ey autresfombLbles en la terre:
dme nous "Voyons en quelques endroit s. Et conformait
fon opinion de ce que la terre brûlait en plufieurs lieux
Anoximenes affeuroit la terre mefine efirefinieconfie
de ce triblement,laquelle efiant ouuerte,pour l'excefi
fine ardeur du Soleil, (air entrait dedans en grande
quotité eyauecViolence-.lequel paraprès L terre efiot
réunie ey reiotnte, nepouuantpar ou fortir ,fimou-
uoit çà ey là auVentre de la terre :et que de là "Vetioit
ce triblement.Ce que mefimbleplus raifinnable, ey
approchât de la "Venté, feUn que nous auii dit,fuyuos
Artfiote,aufii que lelient ri efi autre chofe,qu"Pn air _ >
tmpetueufimit agité.Mais ces opiniis laiffées des eau- f^,ne
fis natureUes du tremblemit de terre, il fe peut faire le vent.
pour antres raifens,dn "Vouloir eypermifiion du Supe
rieur,à nons toutefois tncongnues.Les tndueniens qui l
enfùruiennent ,fint rennerfiemes de "ViUes ey citezj j n c o n u
dme Uaduint en Afie desfiept citez,^ du temps de Ty n j e n s „ni
bere Cefiar, ey de la metrapolitaineliiUe dc Bithime, enfuyucr
durât le règne de dfiatin. plufieurs aufii ont efié en- ' e s U'êt>!e
glouties de L terre,les autresfiubmergé es des eaux:d- n
mefurent sheé ey Bura aux ports de Corinthe. Et terre.
pour dire en bref, ce triblement fi fait quelquefois de
teUeliehemence, que outre les inconuementprédits, il
fait ifies de terreferme,dme il afait de Sicile,et quel
ques lieux en Syrie ey autres . lllmifi quelquefois les
ifie: à la continente, comme phne dit efire aduenu de
X $ ceUts
LES S Ï N V L A R G I T E Z "
eeUes de Doromifce,Perne en Milette'.ayat mefinefait
qu'en la "VieiUe Afrique plufieurs plaines ty lieux
chapeflrcs,fi~Voycnt auiourdhuy réduits en lacs.Auf
fi recite Stneque,qri"Pn troupeau de cinq cens ouailles
ey autres befies et oyfiaux, fur ent quelquefoisenglou
tu eyperdus,par"Vn tremblement de terre.Pour cefie
raifon ihfe Ugent(lapluegrandpart)pres des nuages
" 'pour emterce triblement,bien informés par expertece '
eyriide rAifon, que les lieux?mArefcogeux nejontfub
têts à fremblcmisjdme L terreforme:ey.de ce la rai
fin eft bienfacile à celuy qui entendra la caufe du trï
Tcpledc blemekt cy deuataUeguee.Foilapourquoy le trefncbe
Dianeen cyrenime temple de Diane,en Epbefie, qui dure plut
Fphefc, de deux cens ans,bafitfifùmptueufiment,qu'ilmeri-
pour- jf ^b
ta e r( n r f entre UsffeBacles du mode,fut oflisfur
fondé en fdlotit en lieu de marais,pour ri efirefiubiet à tremble
lieu de ment de terre,iufques à tat qu'lm certainfollaflre nom
marais, mè Heluidius,ou corne "veulent aucuns,Eratofthencs,
pourfofaire dgnoiflre et parler de luy,y mifl lefouet
fut duerty en cendres.Pour cefie mefine caufi lei Ra-
Treble- maimAmicntédifié "Pn t'epleexcellitàHerculetpret
J
ment de i -, , , r r- r r r L i
terre en Tibre,et lo luy foijaient Jacrfices ey oraijons. Or le
Canada triblement en Canada efi quelqfouftPiolit; qu'i'cmq
fort vio- au fix licriès de leurs maifins dedas le pais,Ufi trouue
raplnsdeux mil arbres , aucune fois plut quelque fou
moins,tibez^p terre tat en mitagnes que plat pois: rai
chers riuerfoz,les"Pns,fur les autres,terres enfoncées et
a bifmées: et tant cela ne promet daiUeurs q de ce mou
uemet et agitation de la terre. Autot en peut ilauentr
es autrescotréesfiubiettesaux triblemes de ttrre.Foih
du triblemct de terre,fionsplus cligner de nofire routt
Du
DE LA F R A N C E A N T A R C T. I58
Du pais appelléTerre neutre.
CHAP. LXXXII.
Près eftre départis de la hauteur dugoul-
yçutiS fedeCanada^futquefiiandepafferautre, Ifies des
tirant noftre droit chemin au Nort, deLifiDia^es»
fans L terre de Labrador,ty Us ifies qu'ils r.aP
UppeUent des DiobUs, et U cap de Marco,diftant de la
signe cinquante fix degrez^, nous Coftoyames àfienefire
cefie contrée,qu'ils ont nomée Terre neuue,merueil- Terre
Uufiemhfiroide'.qui aefié confie que ceux quipremte- neuue re
rement la decouurirent,n'y firent Ungfieiour, ne ceux gioti fort
aufit qui quelquefoisy~Pont pour traffiquer. Cefte Ter r01de *
re neuue estlne regiifaifiant "Pne des extrémitéz,de
Canada,et en icelUfie trauuélne riuiere,laqlle à cau-
fe defonamplitude ey largeurfimble quoflt eftre "Vne
mer, eyeft appellee la riuiere Des trois frères,diflate
des ifies des Effares quatre cens lieues,et de noftre Fra-
ce neuf cens.Ellefipare laprouince de Canada de cel-
U que nons appelions Terre neuue. Aucuns modernes
(it efti/nee eftre "Vn délirait de mer, comme celuy de
MageUo,por UquelUpourrait entrer de lo mer Ocea-
ne à celU du Su au Pacifique, ey defaiB Cerna Fri-
fius, encor qu'ilfiufl expert en Mathematiq, à toutef-
fois erre, naus"Voulatperfnader q cefte riuiere , de L-
quele nousparlons,eftln de ftroit,UquelUnime Sep-
tentrional, ey mefimes (a ainfi depaint enfiaMappe-
mide.Si ce qu'il en a eficrit eufi efeé"Peritable,en"Pain
Us Effagnals ey Portugais enflent esté chercherVn au
tre deftroit ,diftôt de cestuy cy de trois mil heuis pour
entrer en cefte mer duSu,et aller aux ifies des Maluqs
an
LES S I N G V L A R I T E Z
ou fint les effscènes. Ce pais efi habité de Barbares "Ve
feus de peaux defauuagtnes, ainfi que ceux de Cana-
da,fort inhumains cy mal traitab tes: comme bien (ex
perimentent ceux qui "Vontpar delà pefcher tes ma-
rues,que nous mageonspar deçà. Ce peuple maritime
ne "Vitgueres d autre chofi que de poiffon de mer, dont
ils prennent grande quantité ,ffectalement de loups
., . marins, defquels ils mangent la chair, auiefi trtfbine,
Huilede,, 5,. ont / - ? • 7 -, P, mj * V'/ //
o efl'c de ^ f certaine butte de lagrejjede cepoifio, laquelle
poiffon. dénient après efire fondue,de couleur rouffatre, ey la
botuet au repas, dme nousferions par deçà du "Pin ou
de (eau. De la peau de ce poiffon gronde ey forte, co-
rne de quelque grand animal terreflre, ilsfontman-
teaux etlieflem'cs à leur mode:chofeadmirable,qu'en <
"Vn élémentfi humide que cefiuy là, qui efi (humidi-
té mefineJepuiffe nourrtrlm animât, qui aye la peau
dure cy fiche,comme les terrefires .ils ontfiemblable-
'I met autrespoiffonslieflus de cuir afieZjdur,dme mar-
feuins ey chiens de merdes autres reuefius de coquil-
les fortes,dme tortues,huitrès,ey mouUes. Aureflt
ils ont abondance de tous autres poiffons,grads etpetit,
defiquels ihliiuent ordinairement .le m'eshabu que les
Supcrfti- Turcs, Grecs,luifi,et diuerfis antres nations du Leuat
non de ne mangent point de dauphins, ny de plufieurs autres
nations tolJFom> quifiontdeflituez,d' efcaiUes,tant de mer,que
da Leuat d'eau douce, qui méfait iuger que ceux cyfont plus fo
ges, cy mieux auifiz.de trouuer Ugoufl des "Viandes
plus délicates,que non pas on les Turcs,tu Arabes ey
antre tel fatras dépeuple fiuperfiitieux. En cefl en-
droitfietrouuet des balenes ( fentens en la haute mer,
car telpoiffon ne s'approche ïamats du riuage ) qui ne
"Viuet
DELAFRANCEANTARCT. IJJ
yiui't que de telspetis poifiis. Toutesfois lepoifii qu'or De quels
\mnairement mange L balene, riefi plus gros que noz, ^it" 1°?*
carpes,chofi qnafit meredtble pour le reffeB defiagran i e n e .
deur eygroffiur.Lo raifon efi,ainfi qnelienlet aucuns
que L balene ayant Ugafier trop cfiroit en proportion
du corps, ne peut dcuorer plusgrad morceau. Qui efi
"Vnficret encor admirable, duquel Us ancies nefofint
tnequetauifizfVoire ny Us modernes, quoy qu'Us ayet
traité des poiffons. LafomeUe nefait ïamais qu In pe-
tit à lafois,Uquel eUe met hors commeln animât ter-
referefans œuf, ainfi que Us autres poiffons ouiperes.
Et qui efi encores plus admirable, eUe allait te fon p eût
après eftre dehors: ty pource eUe portemammeUes au
"Ventrefiubs U nombril: ce que nefait autre poiffon
quelconque,fait de marine ou d'eau douce,fini le loup.
Ce quemefinement tefinoigne Pline. Cefie balene efi R ( !° ? "
fort danger eufifinsL mer,pour la rencontre, ainfi que t r c d'vne
bienfiçauentUs Bayanmis pour (auoir expérimenté, balene
car ilsfiont coufiumiers den prendre. A cepropos,Urs dâgereu-
que nous efitis en (Amérique, U batteau de quelque e
marchât quipaffoit dlrne terre à autre pour fo traffi- met.
que,ou autre négoce, fut renuerfié eymis àfoc,et tout
ce quiefloit dedas,par Lrendtre d'ime baUne,qui U
toucha defa queue. En ce mefine endroit ou conuerfi
lo balene, fi trouue Uplutfionuent "Vnpoiffon, qui luy p 0 iff oa
efeperpétuelennemy: de manière que s'approchât d'el ennemy
U,nefera faute de la piquer fiubs le "Ventre( qui efi la n a ' u r ^
partie la plus molletfe)auecqucsfà langue trenchante j ^
ey ague,comme la lancette dlm barbier: ey ainfi of
fenfée,à grad difficulté fi peutfiouner, queUe nemeu
re,ainfi que difient les habitons de Terre neuue, eyles
pefiheurs
LES S I N G V L A R I T E Z
fus le riuage de L mer, oueUe auoit demeuré plus de
deuxccns ansfins corruption,ouputrcfaBion aucune
Prouer- £t j e fô ejj. -yenu le prouerbe Latin,qne Hdit,Dtgm
cedrOj des chofis qui mentent éternelle mémoire, il
mefimble que ces cèdres des Effores,nefiontft haut ele
uez.en l'air ny de telle odeur,que ceux qui font au dé-
fi roit de Magellan, encores qu'ilfiit quaji en mefine
hauteur,que lefiti tes ifies des Effores . il s'y trouue pa-
reillement plufieurs autres arbres,arbriffeauxportant
fruits tresbeaux àloir,ff éclatement en la meilleure et
pins notable ifie,laquelle Us ont nommée ifie de SamB
Ifie de S. Michel, ey la pluspeuplée.En cefie ifie al>nefort bel
Michel. U "VtlU nagueres bafiie auec "Vnfort, là ou les nauires
tant dEffa.gne que de Portugal, au retour des Indes
abordent,ey fi repofient auant quarnuer en leur pais.
En ("Vne de çesifiesa "Pne montagne,prefique autant
hante que celle/de Teneriffe, dont nous auons parlé :ou
il y a abondance dc pofiel,defucre ,ey de "vin quelque
peu . Une s'y trouue aucune befie rouiffante, oy bien
quelquescheures fauuages, et plufieurs oyfiaux parles
a
P c ' boccages. Delà hauteur de ces ifiesfut quefiii depafo
' fier outre,iufques an cap de Fine terre,fus la cofie d'E-
ffagne, ou abordâmes, toutefois bien tard, pour recou-
nrer "Viures,dont nous• ornonsgrande indigence, pour
filer ey déduire chemin,iufques en Bretagne,contrée
de (obeiffance de France.
Epilo- FoiLMefiieurs,le difiours de mon leingtain"Voyage
gue de auPonent,leaueli'ay deferit, pourrieftre "Peu inutile
1 Auteur. . \ • n r i i
eypour néant auoir exécute telle entrepnje , le plus
fommoirement qu'il m a efié pofiible,non porouentu-
refieUquemmentque méritent noz,aurcilles tôt dé-
licates,
DELAFRANCEANTARCT. l6z
licates,ey iugementfi exquis. Et fi Dieu ne m'a fout
cefiegrâce de conjumer ma ieuneffe es bonnes lettres,
tyy acquérir autant deperfeBion que plufieurs au-
très , awsplus tofl à la nauigation, ie "Vousjuppheray
affeBuenfiment m'excufor - Ce pendant fi lions pLit
agréablement receuoir ce mien efiript tumultuaire-
ment campnns ey labouré par Us tempefles,ey autres
incommoditéZjdeau ey de terre, "Vous me donnerez^
courage,efi atfieiourné ey à repos por deça,apres auoir
réconcilié mes effrits, qui fint comme effandus çàey
là,d'eficr-ire plus amplement de lafituatton eydifian- l'auteur
ce des lieux, que foy obfiruez,oculairement, tant en côrenans
Leuant,Midy,que P onent defiqueUes f efierélous mon la ftrua-
Jtrerà(œil,cy reprefinterpar~Piuesfigures,outreles " ° n &<**
Cartes modernes,que f ofieray dire, fions offenffer (bon- , a c e e s
neur deperfionne, manquer enplufieurs chofes,fiit la
faute desportrayeurs,tatUeurs, ou autres,ie m'en rap-
porte. D'auantage,enc»res quilefi malaifie,loire tm-
pafiible, depouuair mitement reprefinter les lieux et
f laces notables, Uursfitmations ey difiances, fions les
auoir "Veuis à l'œil:qui efi lapins certaine congnoiffan
ce de tontes, comme "Pn chacun peut iuger ey bie en-
tendre.Fous ~Poyez,cibien long temps nous auis igna-
re plufieurs pais,tant ifies que terre ferme, nous arre-
feans à ce qu'en auoient "Peu ey efiript les Anciens:
iufques à tant,que depuis quelque temps ençàjis'efi
hazjtrdé à la nauigation, de manière qu auiourdhuy
Un a decouuert tout nofire Hemiffere,ey trouue habt
table: duquel Ptolomée, ey les autres ri ouoy ent feule-
ment recongnu la moytié.
F i N.
2&TABLE DES C H A P l T R^E S
duprefèntliure.
'Embarquement de l'Auteur Chap. i. fueil. i.
Du deftroit anciennement nommé Calpe, &c
auiourd'huy Gibaltar. chap.2. fueil. i.
De l'Afrique en gênerai. chap.3. fueil. 4 .
De l'Afrique en particulier, chap.4. fued. 6.
Des ifies Fortunées.maincenant appellecs Canaries, ç.fuil.î.
De la haute montagne du Pych. chap.6. fueil. 10.
De I'ifle de Fer. chap.7. fueil. 11,
Des ifies de Madère. chap.8. fueil. 13.
Du vin de Madère. chap.9. fueil. 14.
Du promontoire Verd Se de fès ifies. chap.10. fueil. ie.
Du vin de palmiers. chap.u. fueil. 18.
De la riuiere de Senegua. chap.u. fueil. 20.
Des ifies Hefperides autremér dittes de cap Verd. 13. fueil. 2 j
Des tortues,oc d'vne herbe qu'il appellét orfèille. 14.fucil.24
De I'ifle de Feu. chap.15.fueil. 26 De l'Ethio.chap 16 fueil al
De la Guinée. chap. 17. fueil. 30.
De la (igné Equinoétiale.et ifies de S.Homer chap.18 fueil 32
Que non feulement tout ce qui eft fbubs la ligne efl habita-
ble, mais aufsi tout le monde eft habité, contre l'opinion
des Anciens. chap. 19. fueil. 34.
De la multitude 6c diuerfîté des poifïbns eftans fbubs la li-
gne Equinoftialc. chap.20. fueil. 37.
D'vne ifie nommée l'Afcention. chap.21. fueil. 39.
Du promontoire de Bonne efperance & de plufieurs fîngu-
lâritez obferuées en iceluy,enfemble noftre arriuée aux In
des Ameriques,ou France Antarctique chap.22, fueil.40.
De I'ifle de Madagalcar,autremét ds S. Laurét cha 23 fueil 42 '
De noftre arriuée à la France Antarctique, autrement Ame-
rique.au heu nommé Cap de Frie. chap.24. fueil. 45
De la nuiere de Ganabara autrement de Ianaire, ôc comme
le pais ou arriuames, fut nommé France Antarctique
chap.îç. fueil. 47.
Du poiflbn de ce grandfleuuefufhômé. chap.26. fiieil. 49.
De rAmenque en gênerai. chap.27. fueil. 50.
De la religion des Amériques. chap.28. fueil. <«.
Des Amériques, & de leur manière de viure, tant homme»
que femmes. chap.29. fùeiL 53.
De la manière de leur manger & boire, chap.30. fueil. 55.
Contre l'opinion de ceux qui eftiment les Sauuage* eftre.pe
lus. chap.31. fueil. 56.
D'vn
T k l t t,
D'vn arbre nommé Genipat en langue des Amériques, du-
quel ils font teinture* chap.32. fueil. 58.
D'vn arbre nommé Paquouere. chap^. fueil. 6 0 .
La manière qu'ils tiénét à faire incifrons fur leur corps.34.61
Des vifiôs, fonges, & illufiôs de ces Amériques, et de la perfê-
cutiô qu'ils reçoiuêt des efprits malins, chap.35. fueil. 63.
Des faux ,pphetes et Magiciës de ces pais q cômuniquét auec
les efprits malingstet d'û Arbre nômé Ahouaï 3 6. fueil. 60.
Que les Sauuages ameriqs croiët Pâme être immorale 37 69
Comme ces Sauuages font guerre lés vns contre les autres, ec
principalement,cotre ceux, qu'ils nôment Margageas ÔC
Thabaiares, et d'û arbre qu'ils appellét Hayri, duquel ils
font leurs battons de guerre. chap.38. fueil. 71
La manière de leurs côbats,tât fur eau,q fur terre.39.fueil.75
Corne ces Barbares font mourir leursennemis,qu'il ont pris
en guerre & les mangent. chap.40. fueil. 7 4
Que ces Sauuages sôtmerueilleufemétvïdicatifs.41.fueil.76
Du mariage des Sauuages Amériques chap.42 fueil. 78.
Des cérémonies, fêpulture, & funérailles, qu'ils font à leurs
decés. chap.43. fa&l. "o
Des Mortugabes,& de la charité, de laquelle ils vfent enuers
les efirangers. chap.44.fuei!. 82
Defcriptiô d?vne maladie nômée Piâ à* laque font fubiets ces
peuples de l'Ameriq tât es ifies q terre ferme, cha.45 n i e ^ "+
Des maladies plusfréquentesen l'Amérique, & la méthode
qu'ils obfèruent à fe guérir. chap.46. fueil. 86
La manière de traffiquer entre ce peuple. D'vn oyfeau nômé
Toucan,et de l'efpicerie dupais, chap.47. fueil. 88
Des oyfêaux plus cômuns en l'Amérique.chap.48. fueil. 90
Des venaisôs et fauuagines,qprénêtces Sauuages49 fueii92
D'vn arbre nommé Hyuourahé. chap.50. fueil. 9 4
D'vn autre arbre nommé Vhebehafou des moufches âmiel
qui le fréquentent. chap.51. fueil. 95
D'vn befteaflez eftrangc.appellée Haut, chap.52. fueil. îoç
Côme les Amériques font feu, de leur opinion du déluge &
des ferremens dont ils vfent. chap. 53. fùeiL 98
De lariuieredes Vafês,enséble d'aucïïs animaus «j, fê trouuét
_enuirô,ckdelaterrenomée Morpiô. chap.54. fueil.ioo
Delà riuiere de Plate,& pals circonuoifïns.chap.^.meil.iu
Du deftroit de MageLï et de celuy de dariene cha 56 fueil 105
Qne ceux q habitet depuis lariuierede Plate iufques au dé-
troit de Magellan font noz antipodes.chap.57. fueil. 108
Comme les Sauuages exercent l'agriculture et font iardins
ï j d'v.«
TABLE DES CHAPITRES.
d'vne racine nômée Manihor, et d'vn arbre qu'ils appel-
lent Peno-adfbu. chap.58. fueil. 110
Comme la terre de l'Amérique fut decouuerte, & le bois du
Brefil trouue, auecplulieurs autres arbres non veuz ail-
leurs qu'en ce païs. chap.59. fueil. 113
De nfe departemét de la Frâce Antarcriq ou Ameriq. 60. u<j
Des Canibales ,tant de la terre ferme , que des ifies, & d'vn
arbre nommé Acaïou. chap. 61. fueil. 116
De la riuiere des Amazones, autremét dite Aurelane, par la-
quelle on peut nauiger au païs des Amazones, oc en la
France Antarctique. chap.62. fueil. 110
Abordcment dc quelques Efpagnols en vne contrée ou ils
trouueront des Amazones. chap.63. fueil. 121
De la continuation du voyage de Morpion & de la riuiere
de Plate. chap.64. fueil. 124
La feparation des terres du Roy d'Etpagne &c duKoyde
Portugal. chap.65. fueil. 12c
Diuifiô des Indes Occidétales,en trois parties. 66. fueil. 127
Del'iflodesRats. chap.67. fueil. 128
La continuation de noftre chemin auecques la déclaration
de l'Aftrolabe marin chap.68. fueil. 130
Departemét dc nofltre cquateur, ou equinoctial.69 .fueiI.131
Du Peru,et des prïcipalcSjpuîces côtenué's en iceluy. 70.133
Des ifies du Peru,6c prïcipalemér de PEfpagnole.71.fue.136
Des ifies de Cuba & Lucaia. chap.72. fueil. 139
Defcriptiô de la nouuelle Efpagne & de la grade cite de The
mittitâjfîtuéeaujc Indes Occidentales, chap.73.fueil.140
De la Floride Peninfule. * chap.74. fueil. 143
De la terre de Canada,dite par ci deu.lt Baccalos, dccoùuertc
de noftre téps et de la manière de viure des habitas.75.146
D'vne autre contrée de Canada. chap.76 fueil. 147
La religion &c manière de viure de ces pauurcs Canadiés, &
côme ils refiftent au froid. chap.77. fueil. 148
Des habillemés des Canadiés,côme ils portét cheueux, ôc du
traiélement de leurs petis enfans. chap.78. fueil. 150
La manière de leur guerre. chap.79. fueil. i r 2
Des mines, piernes, & autres figularitcz qui (è trouuent en
Canada. chap.8o. fueil. 154
Des tremblemens de terre & greflês,aufqucts eft fort fûbiect
ce païs de Canada. chap.81. fueil. 156
Du païs appelle neuue. 82 158. Des ifies des Eflbres. 83. i6t
ï I N.