Akofena Hors Serie n02 Vol.2 Mai 2023
Akofena Hors Serie n02 Vol.2 Mai 2023
n°02, vo.2
Mai 2023
L3DL-CI, Université Félix Houphouët-Boigny
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CC BY 4.0
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D.O.I: https://doi.org/10.48734/akofena
Akofena, revue scientifique des Sciences du Langage,
Lettres, Langues & Communication
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D.O.I : https://doi.org/10.48734/akofena
PÉRIODIQUE : SÉMESTRIEL
Éditeur :
L3DL-CI, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
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orCol=1
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org/doi.org?query=Akofena
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hhttps://searchworks.stanford.edu/vie
w/13629336
https://dbh.nsd.uib.no/publiseringskanaler/erihplus/periodical/info.action?id=498446
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https://portal.issn.org/resource/ISSN/2078-0633
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0&q=Akofena
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National
§ Prof. ABOA Abia Alain Laurent, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
§ Prof. AHOUA Firmin, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
§ Prof. BOGNY Yapo Joseph, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
§ Prof. BOHUI Djédjé Hilaire, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
§ Prof EKOU Williams Jacob, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
§ Prof. FOBAH Eblin Pascal, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
§ Dr (MC) GOA Kacou, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
§ Prof. HIEN Sié, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
§ Dr (MC) HOUMEGA Munseu Alida, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
§ Prof. KOUAMÉ Abo Justin, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
§ Prof. LEZOU KOFFI Aimée-Danielle, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
§ Prof. KOSSONOU Kouabena Théodore, Univ. Félix Houphouët-Boigny
§ Prof. KOUADIO N’Guessan Jérémie, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
§ Dr (MC) MANDA Djoa Johson, Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny
§ Prof. N’GORAN POAMÉ Léa Marie Laurence, Université Alassane Ouattara, CI
§ Dr (MC) TAPÉ Jean-Martial, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
§ Prof. TOUGBO Koffi, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
§ Dr (MC) ZAKARI Yago, Université Félix Houphouët-Boigny, Côte d’Ivoire
International
§ Dr (MC) ADJERAN Moufoutaou, Université d’Abomey-Calavi, Bénin
§ Prof. AINAMON Augustin, Université d’Abomey-Calavi, Bénin
§ Dr (MC) BENAÏCHA Fatima Zohra, Université de Blida 2, Algérie
§ Prof. GBAGUIDI Koffi Julien, Université d’Abomey-Calavi, Bénin
§ Dr (MC) KABORE Bernard, Université Joseph Ki-Zerbo, Burkina Faso
§ Prof. KANTCHOA Laré, Université de Kara, Togo
§ Prof KHARROUBI Sihame, Université Ibn Khaldoun de Tiaret, Algérie
§ Prof. LOUM Daouda, Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal
§ Prof. MALGOUBRI Pierre, Université Joseph Ki-Zerbo, Burkina Faso
§ Prof. MOUS Maarten, Université Leyde, Pays-Bas
§ Dr(MC) NJIOMOUO LANGA Carole, Université de Maroua, Cameroun
§ Dr(MC) NOUREDINE Djamaleddine, Université de Tiaret, Algérie
§ Dr (MC) OULEBSIR-OUKIL Kamila, École Normale Supérieure de Bouzaréah, Algérie
§ Dr (MC) OUÉDRAOGO Mahamadou Lamine, Université Norbert Zongo, Burkina Faso
§ Prof. PALI Tchaa, Université de Kara, Togo
§ Prof. QUINT Nicolas, Université Paris Villejuif, France
§ Dr (MC) RAKOTOMALALA Jean Robert, Université de Toliara, Madagascar
§ Dr (MC) RAZAMANY Guy, Université de Mahajanga, Madagascar
§ Dr (MC) REDOUANE Rima, Université Abderrahmane MIRA-Bejaia, Algérie
§ Prof. TCHABLE Boussanlègue, Université de Kara, Togo
Ligne éditoriale
A
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croisées représentent les boucliers protecteurs du Roi. La revue interdisciplinaire
Akofena des Lettres, Langues et Civilisations publie des articles inédits, à caractère
scientifique. Ils auront été évalués en double aveugle par des membres du comité scientifique
et d’experts selon leur(s) spécialité(s). Notons qu’Akofena est une revue au confluent des
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existants en ligne, c’est-à-dire déjà publiés, et obtenir un texte publiable ayant une grande
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travers nos publications. Akofena veut s'assurer que votre expérience éditoriale se déroule le
mieux possible afin que vous puissiez vous concentrer sur ce qui compte vraiment.
D
07 octobre 2022, le quatrième colloque international pluridisciplinaire de
Kodjoboué-Bonoua (Côte d’Ivoire), sous couvert du Laboratoire Dynamique des
Langues et Discours (LADYLAD) avec pour thème : « Les Lettres, Sciences
Humaines et Sociales au service du développement durable ». Cette rencontre
scientifique a mobilisé des enseignants-chercheurs et des étudiants des institutions
universitaires de Côte d’Ivoire et des scientifiques d’autres pays. Elle a donné l’occasion de
mener des réflexions sur l'apport des sciences "non exactes" au développement durable dans
un monde résolument tourné vers la recherche technologique. En effet, de plus en plus, les
politiques gouvernementales préfèrent consacrer beaucoup plus de financements aux
sciences dites exactes telles que les mathématiques, les sciences économiques, les sciences
physiques, l'astronomie, etc.
La relégation des Lettres Sciences humaines et Sociales (LSHS) n'est pas que l'apanage des
politiques. Selon le philosophe britannique Peter WINCH (2009, p.50) : "l'idée d'une
science sociale apparait alors comme une simple absurdité, parce que les phénomènes
sociaux ne peuvent être traités comme des faits physiques." On en déduit que les LSHS ou
sciences non-fondamentales ne servent quasiment à rien. Faut-il pour autant abandonner les
sciences non-fondamentales ? Aujourd'hui, certains homologues des sciences pures et
appliquées reconnaissent les inconvénients de leurs recherches sur l'homme et son
environnement. Nous avons en mémoire les effets de la bombe atomique larguée à Hiroshima
et Nagasaki en 1945, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986, etc. C’est autour de
cette problématique que s’est articulé l’ensemble des contributions lors de ce colloque.
Contributions qui se sont succédées en atelier suivant trois axes :
Les échanges enrichissants découlant de ces assises ont permis de rassembler 35 articles
dans le présent ouvrage qui constituent les actes du colloque. Ces articles prenant appui sur
différentes approches théoriques, méthodologiques, descriptives et littéraires se présentent
comme des contributions originales et pertinentes de la question centrale du colloque et
permettent ainsi de montrer l'apport des Lettres, sciences humaines et sociales au
développement durable.
Commission finances : AHATE Tamala Louise, KESSIE Kokoa Diane Laure épouse
OUATTARA, ASSANVO Amoikon Dyhie, YATTE Akouba Lauvly Loriane
Commission santé, sécurité et hygiène : Bleu Gildas GONDO, Sié Justin SIB, Christiane
NIAMIEN, Kouakou Florent Fabrice DAPA.
Introduction
Pendant plusieurs siècles, les sciences « dures » ou sciences « exactes » sont
apparues comme les seules disciplines pouvant améliorer le sort de l’humanité dans la
mesure où leur impact se fait partout visible dans les sociétés. A la différence des sciences
humaines et sociales qui n’apportent presque rien à la vie des communautés, les sciences
exactes enrichissent et améliorent les conditions de vie de l’humanité. Longtemps pensé
comme ne relevant que de la sphère économique, le développement ne doit rien aux sciences
humaines et sociales. Cependant, perçu comme un processus multidimensionnel, les
L’idée de développement humain durable est une sorte d’idée régulatrice qui incite
à créer et à entretenir un ordre politico-social, économique et écologique viable. Le
développement est un processus de long terme, qui a des effets durables « Une période brève
de croissance économique ne peut ainsi être assimilée au développement. » Celui-ci est ici
un développement humain, et son avènement est fonction de la volonté des élites dirigeantes.
En effet, si le développement durable appelle une “nouvelle approche”, ce n’est pas parce
qu’il s’agit d’un “nouveau” problème. C’est du reste, parce que ces aspects nouveaux du
problème ne disent pas en eux-mêmes comment ils doivent être pris en compte, comment ils
doivent intervenir dans la caractérisation de ce que serait un développement durable. C’est
à juste titre que P. L. B. Tinel (2010 :9-10), écrit « Appréhender le développement durable
implique non seulement de s’intéresser à la diversité intra-disciplinaire, mais encore de la
rendre lisible pour des spécialistes des autres disciplines. »
de la science au singulier, mais des sciences avec des méthodes et des vérifications
différentes. En effet, les sciences exactes et les sciences humaines et sociales sont deux
formes éblouissantes de la culture humaine. Elles entretiennent des rapports de
complémentarité et d’interdépendance. Les objectifs du développement durable nécessitent
aussi bien l’apport des sciences fondamentales que celui des sciences humaines et sociales.
Toutes les sciences, on peut le rappeler avec V. Citot (2013 :4) « aujourd’hui autonomes
étaient d’abord incluses dans la religion puis dans la philosophie, qui ont joui
successivement du monopole du savoir. Les différentes sciences naissantes n’étaient que des
sous-parties de la philosophie.» En effet, la science et la philosophie furent longtemps
inséparables. Dans l'Antiquité, la philosophie représentait la science suprême, celle des
premiers principes et des premières causes. Les autres sciences, et notamment la physique,
recevaient d'elle leurs fondements. « L’œuvre de Newton, par exemple, qui conjointement aux
apports fondamentaux de Galilée fut à l’origine de la physique telle que nous la pratiquons
aujourd’hui, porte le titre « Philosophiae naturalis principia mathematica. » P. Parrini (2009 :114)
Il semble selon l’auteur qu’une valeur philosophique soit inhérente ou intrinsèque à la nature
de nombreux résultats scientifiques, de sorte que ces résultats deviennent un facteur
d’impulsion important pour les travaux philosophiques. Cependant, écrit H.G Gadamer :
Ce qui distingue les sciences naturelles de sciences humaines, c’est le fait que la vérité
est explicative et objective dans les premières, tandis qu’elle est compréhensive et
intersubjective dans les secondes. Pour comprendre la vérité des sciences humaines, il
faut recourir à la tradition en tant qu’englobant de tout ce qui est relatif à l’humanisme
: la culture ou la formation (Bildung), les préjugés, le sens commun, le jugement, le
goût, l’art et les symboles, la vision du monde, etc., bref tout ce qui correspond pour
nous à des évidences et abrite une grande richesse d’informations historiques.
H.G Gadamer (1996 :25)
Alors que les sciences naturelles travaillent à l’idée d’une appréciation qui serait
d’autant plus impartiale que, toutes les qualités émanant du monde vécu auraient été
éliminées du monde quotidien, « les sciences humaines peuvent aussi viser le même objectif
en se bornant à établir avec les meilleures garanties herméneutiques les expériences et les
pratiques acquises dans le monde vécu et en les reconstruisant en profondeur. » J.
Habermas, (2018 : 286). En effet, les sciences humaines et sociales sont celles qui
s’intéressent aux systèmes de comportement et d'action des individus dans la collectivité
sociale. À l'instar des sciences dites normales, ces sciences sociales font appel à une
méthode scientifique, à des démarches et à des méthodes de recherche reconnues. Leur
méthode de recherche est en général l’herméneutique ; et, c’est « en raisin de l’approche
herméneutique de leurs domaines d’objet, que les sciences humaines se rapportent elles
aussi à des faits qui se constituent dans un monde vécu intégrant par définition le rapport à
nous-mêmes. » J. Habermas (2018 : 270). Les sciences mathématiques, informatiques,
naturelles et techniques procèdent en mettant au point des inventions en laboratoire, les
sciences humaines et sociales font de la recherche et innovent en société.
Elles identifient et explicitent les problèmes et les aspirations de cette société, elles
suggèrent et évaluent différentes solutions, elles posent des questions et sollicitent les
compétences des sciences naturelles et de l’ingénieur, elles encadrent la mobilisation
des acteurs et des ressources. Elles permettent d’exprimer en quoi des technologies,
des produits, des services se distinguent les uns des autres et constituent des
nouveautés qui contribuent à des changements économiques et sociaux plus larges.
Jeannerat et al. (2020 :9)
connaissance qui vise à libérer de toutes les dominations sociales et de toutes les contraintes
intérieures à l’individu. »
Pour qu’une intervention de développement réussisse, il est fondamental de
comprendre le tissu social, le contexte dans lequel s’inscrit un projet. L’analyse sociale est
le seul moyen qui permet qui de dresser l’anatomie ainsi que l’architecture sociale d’un
projet. Des centaines de sociologues et anthropologues, de par le monde, sont engagés
chaque année en tant qu’experts consultants dans beaucoup de projets de développement.
Les connaissances sociologiques et anthropologiques, ainsi que l’analyse sociale, ne sont
plus un luxe ou un atout marginal qu’il est bon d’inclure dans le développement. Elles sont,
écrit J. P. Gern (2006 : 57) « aussi importantes que l’analyse économique pour concevoir
des programmes de développement appropriés et en étudier la faisabilité. » Comme nous le
constatons, les sciences humaines et sociales permettent de nourrir le changement dans la
société. Productrices des connaissances artistiques, philosophiques, culturelles et sociales,
elles nous permettent de comprendre comment organiser et accompagner ces changements.
Le développement durable ne peut donc être attribué au seul secteur des sciences exactes.
Il faut mettre à contribution les scientifiques de toutes les disciplines, si l’on veut atteindre
un développement durable inclusif.
La politique dont elle a cherché à donner un modèle de Platon à Locke en passant par
Marx, la religion avec laquelle elle a partagé en Occident une histoire complexe, les
sciences de la nature dont elle a accompagné l’émancipation moderne, l’économie de
marché dont la prééminence actuelle a été pensée par Adam Smith. Elle a plus
particulièrement pris part à la libération des formes rationnelles modernes de la
démarche à la fois scientifique, technique et économique, formes caractérisant de façon
décisive le développement de la civilisation dans son ensemble, sans omettre les
dimensions sociales et écologiques, sources de nouveaux changements dans la culture.
V. Steenblock (2O10 :9)
Conclusion
Les sciences exactes et les sciences humaines et sociales sont deux formes
éblouissantes de la culture humaine. Elles entretiennent aujourd’hui des rapports de
complémentarité et d’interdépendance. Tous les objectifs du développement durable
nécessitent aussi bien l’apport des sciences fondamentales que celui des sciences humaines
et sociales. Les rapports des sciences exactes et des sciences sociales et humaines ne doivent
donc pas être des rapports d'exclusion, mais de complémentarité. Les connaissances
sociologiques et anthropologiques, ainsi que l’analyse sociale, ne sont pas un luxe ou un
atout marginal qu’il est bon d’inclure dans le développement. Elles sont, écrit J. P. Gern
(2006 :57) « tout aussi importantes que l’analyse économique pour concevoir des
programmes de développement appropriés et en étudier la faisabilité.» Il faut en ce sens
intégrer les sciences sociales dans toutes les politiques de développement durable.
Référence bibliographique
Albagli, C. (2003). Alter développement et développement altérés, hommage à Jacques Austruy, Paris,
L’harmattan.
Akanokabia, A. M. (2019). La philosophie de l’avenir et la question de l’émergence en Afrique, Congo,
Université Marien Ngouabi
Salif CISSE
Science politique de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques
Université Cheikh Anta Diop de Dakar
[email protected]
Introduction
La discipline science politique s’est inscrite dans une dynamique d’être au service
du développement. Il urge de le rappeler que celle-ci est à l’origine de la formation des
spécialistes appelés politistes. Ces politistes ont compétences pour analyser et décrypter les
questions liées aux phénomènes du pouvoir, de l’Etat, des comportements politiques, des
logiques d’acteurs, des réseaux de pouvoirs, des groupes d’intérêt. Ils s’intéressent
également aux questions liées à l’action publique et aux politiques publiques, aux
mouvements sociaux, aux relations internationales, et à la géopolitique. La science politique
est une discipline carrefour, une science de l’interdisciplinarité qui a réussi à asseoir pour
autant son autonomie vis-à-vis non seulement du droit public mais encore de la sociologie.
C’est une discipline importante qui intervient le plus souvent lorsqu’il y a conflits d’intérêts
politiques, par exemple entre acteurs politiques. Elle a une exigence lourde de vérification
empirique, de test des différentes hypothèses d’interprétation des données. La science
politique est la discipline qui forme les élites en charge des questions électorales, de
sécurité, des questions internationales, etc. Elle est à l’origine de la formation de l’essentiel
des hommes politiques, surtout de haut niveau, des directeurs de cabinet, des ministres
comme des maires (emplois contractuels dépendant du politique), les assistants
parlementaires, les permanents dans les partis. La science politique ouvre un éventail large
d’emplois et implique souvent sur le terrain professionnel, un complément de compétences
acquis ailleurs. C’est une discipline qui permet d’interroger les grands idéaux qui structurent
nos sociétés (la démocratie, la liberté, l’égalité…). Elle étudie l’existence et les composantes
de la « culture civique ». D’où le choix de notre thème intitulé : la science politique, une
science au service du développement humain. L’objectif de ce travail est de démontrer que
la science politique contribue au développement humain. Il nous parait ainsi nécessaire de
poser une problématique dont les réponses constitueront le fil conducteur de notre
raisonnement. Ainsi, la problématique qui mérite d’être posée est la suivante : dans quelle
mesure la discipline science politique peut contribuer au développement humain ? Pour ce
faire, la démarche que nous préconisons afin d’apporter des éclairages à cette problématique
nous permet de dégager dans un premier temps l’idée selon laquelle la science politique est
une science de la modernisation politique et administrative de l’Etat (première partie) et
dans un second temps nous démontrerons que la science politique est un outil d’analyse
économique institutionnaliste de l’Etat et de développement intellectuel et professionnel
(deuxième partie).
1.2. Les paradigmes des modèles d’articulation des échelles dans l’innovation politique
Les acteurs et chercheurs occidentaux, tout comme les Chinois, sont divisés sur la
façon d’articuler les échelles dans l’innovation politique. Si l’on compare sur ce terrain la
France à l’Allemagne, la Suisse ou les pays nordiques, la marge d’action des gouvernements
locaux est réduite, et l’innovation passe le plus souvent par des mesures législatives venues
d’en haut, pensons par exemple à l’introduction de dispositifs de démocratie de proximité
avec la loi Vaillant de 2001 ou à la fusion des régions imposée sous la mandature de François
Hollande. Le Prix de l’innovation créé à l’initiative de Yu Keping visait quant à lui à stimuler
la créativité locale, avec un raisonnement sous-jacent : les réformes au niveau national étant
difficiles à mener et potentiellement dangereuses pour la stabilité du régime, l’échelon local
pouvait être celui de l’expérimentation réformatrice ; les critères distinguant les meilleures
pratiques étant établis au niveau national à travers le prix, le Centre se réservait la possibilité
de distinguer les innovations méritant d’être érigées en exemples, et de favoriser ainsi des
pratiques similaires dans d’autres localités ; parallèlement, une nouvelle culture politique
constituant un terreau favorable pour des réformes à l’échelle nationale devait se forger
progressivement à la base. Les valeurs idéelles auxquelles le pouvoir se réfère pour tenter
de se légitimer ont la plupart du temps des effets ambivalents. Pour une part, elles
fonctionnent comme des idéologies, qui travestissent les rapports de domination ou du moins
les subliment. Pour une autre part, cependant, dans la mesure où elles sont invoquées dans
des dynamiques de critique et de justification et parce qu’elles sont pour partie au moins
intériorisées par les élites officielles (les cadres, dans le langage chinois) et par les citoyens,
elles ont des effets incitatifs sur les pratiques, qui ne peuvent simplement les court-circuiter.
Cela est vrai dans les régimes les plus divers, quoiqu’à des degrés variables.
2.1 Le recours aux différents cadres d’analyse issus de la littérature sur les politiques publiques
Il apparait opportun de recourir aux différents cadres d’analyse issus de la littérature
sur les politiques publiques pour analyser l’émergence, la mise en œuvre et les évolutions
des PSE dans des contextes nationaux différents. En effet, dans les deux espaces nationaux
étudiés, les PSE ont donné lieu à des dispositifs hétérogènes dans la mesure où l’historicité
des politiques environnementales nationales, et les apprentissages qui en découlent, les
capacités de l’Etat, le rôle du politique, ou encore les entrepreneurs de politique influencent
de façon déterminante les modalités de mise en œuvre des dispositifs. Ceci est d’autant plus
important que la tendance actuelle au niveau des institutions internationales consiste à
normaliser l’instrument PSE. Il s’agit de proposer une définition générique qui le différencie
des autres instruments. Cette recherche de l’idéal-type explique le succès de la définition
de Wunder (2005). Elle explique également les difficultés pour les acteurs de terrain de
s’emparer d’un instrument qui n’est pas qu’économique. Il s’insère dans une dynamique plus
politique que ces cadres d’analyse en science politique permettent d’analyser avec justesse.
2.2 La pertinence des cadres d’analyse pour l’alimentation des échanges théoriques et
méthodologiques
Ces cadres sont apparemment pertinents pour alimenter les échanges théoriques et
méthodologiques avec l’analyse économique institutionnaliste qui étudie la nature et la
performance institutionnelle des dispositifs. Qu’il s’agisse d’une analyse en termes
d’efficacité, d’efficience ou d’équité, d’une approche basée sur les coûts de transactions,
l’action collective, ou les motivations, l’analyse économique institutionnaliste se focalise
principalement sur les effets et les conséquences des PSE.
D’une part, les PSE ont des résultats très différents. En partant d’une idée assez
simple, la mise en œuvre, le design et l’évolution des PSE prennent des formes très distinctes
d’une situation à l’autre pour des raisons extra-économiques mais dont les conséquences ont
des implications économiques évidentes ne serait-ce qu’en termes d’efficacité
environnementale.
D’autre part, contrairement à une idée souvent véhiculée, le choix des instruments
de politique publique ne se fait pas seulement en fonction de leurs conséquences attendues,
mais plutôt en raison de rapports de force, de coalitions, de fenêtre d’opportunité…. C’est
en ce sens où la science politique offre des compléments indispensables à l’économie pour
une démarche compréhensive des PSE. À l’inverse, l’analyse économique institutionnaliste
éclaire les processus politiques du choix des instruments. Cela est notamment perceptible
dans le cas d’outils tels que les PSE. Contrairement par exemple à une loi ou une taxe, les
PSE sont des processus décentralisés basés sur le contrat1 et sujets à paiements. Ils prennent
donc des formes très variées. Compte tenu de l’importance des outils dits de marché dans la
régulation environnementale actuelle, il apparait important de renforcer les échanges entre
les différentes disciplines en sciences sociales. Ceci est d’autant plus évident dans un
contexte de globalisation des politiques publiques et la diffusion internationale de ces PSE
de par le monde.
1
Ce qui n’exclut pas qu’ils soient encadrés par une loi nationale comme cela est le cas au Costa Rica ou dans d’autres
pays.
catégorie A représentent 6 à 7000 postes par an. Là encore, la science politique est une aide
majeure ; les étudiants politistes réussissent 5 fois mieux que les juristes qui eux même font
un peu mieux que les autres disciplines. Malgré tout, il sera nécessaire de passer par une
préparation spécialisée et intensive aux concours. Les autorités publiques ont de plus en
plus besoin d’analyses pour accompagner leurs programmes d’action. Ces analyses peuvent
s’opérer avant le programme ; par exemple, un contrat local de sécurité implique la
réalisation d’un diagnostic préalable sur la situation en matière de sécurité dans la ville ou
l’agglomération concernée. Ce sera souvent un cabinet extérieur spécialisé qui réalisera cette
étude en mobilisant fortement la science politique. Ou encore, une structure peut avoir
besoin d’un audit financier ou organisationnel, d’un audit technique sur la faisabilité d’un
projet. Là encore, ces études sont souvent le fait de cabinets spécialisés mêlant plusieurs
compétences dont la science politique. Il peut aussi s’agir d’une étude postérieure au
programme pour évaluer son impact. A ce niveau aussi, des cabinets spécialisés dans
l’évaluation des politiques publiques mobilisent essentiellement des politistes. Les
associations constituent aussi un secteur para-public. Elles peuvent contribuer à réaliser une
action publique par délégation d’une autorité. On y retrouve des activités voisines de celles
énoncées plus haut.
Conclusion
En définitive, il faut retenir que la science politique ouvre à un éventail large
d’emplois. Institutionnellement, la science politique a favorisé le développement de
l’enseignement et de la recherche qui peuvent, sous certaines conditions, permettre des
avancées importantes dans l’avenir (Philippe BRAUD, 2017). La science politique permet,
à tout citoyen, de chercher à comprendre les ressorts de l’action publique en traitant les
notions de gouvernance, de politiques publiques, de diplomatie et de géopolitiques. C’est
une discipline qui s'intéresse avant tout aux logiques de pouvoir qui conditionnent à la fois
ce qui peut être dit et ce qui peut être reçu. Elle permet de comprendre les implications d’un
développement durable sur les modalités de la prise de décision politique. Elle sert à
identifier les bénéfices et les risques de la prise en compte du développement durable dans
les politiques (Philippe BRAUD, 2017). C’est une discipline dont l’analyse à vocation à
prendre pour objet toute forme de langage, verbal ou non, dès lors que ce langage contribue
à influencer les modes d’exercice du pouvoir politique en pesant sur les représentations que
s’en font les agents sociaux (BOURDIEU Pierre, 1982). Elle permet de mieux embrasser
l’ensemble des préoccupations actuelles des chercheurs. Les unes, plus clairement orientées
sur la relation sociale locuteurs, vecteurs ou récepteurs, s’attachent aux milieux producteurs
de langages, aux dispositifs qui en assurent la diffusion, aux conditions sociopolitiques de
leur réception. Les autres, focalisées sur la dynamique discursive elle-même, s’intéressent
aux capacités de mobilisation politique inhérentes à la charge symbolique du langage
politique.
Références bibliographiques
Bodiguel, J-L. (1978). Les anciens élèves de l’ENA, Paris, Presse de la Fondation nationale
des sciences politiques
Bourdieu, P. (1982). Les débats d’idées : Nombre de débats d’idées sont moins irréalistes
qu’il ne paraît si l’on sait le degré auquel on peut modifier la réalité sociale en
modifiant les représentations que s’en font les agents
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Herizo ANDRIAMISANDRATSOA
Doctorant en Sociologie de l’Université d’Antananarivo
[email protected]
&
Arozo ANDRIAMISANDRATSOA
Doctorante en Sciences Interépistémologiques de l’ONIFRA - Antananarivo
[email protected]
Résumé : Pour les jeunes universitaires d’un pays en retard de développement tel que
Madagascar, un mot de leur langue n’a pas la même représentation mentale qu’un mot
de la langue d'un pays développé, supposé de même sens. Toutefois, un standard
universel de représentation mentale existe dans la culture générale. La problématique
repose sur la chose qui est responsable de la restriction d'une représentation mentale.
Le manque d’analyse conceptuelle et de conceptualisation qui sont les causes de la
légèreté du poids cognitif d’un mot est pris comme hypothèse. Notre question de
recherche se concentre sur la contribution de l’analyse conceptuelle et de la
conceptualisation à la construction d’une représentation mentale plus universelle.
D’abord, des enquêtes ont été réalisées afin de déterminer la force et la faiblesse d’un
mot d’une langue déterminée en matière d’envergure et portée des structures cognitives
qu'il contient ainsi que de la qualité de productivité. Les mots des pays en retard sont
perceptuels, oraux et éduqués informellement. Cet état correspond au paradigme, esprit
et personnalité traditionnaliste, qui se fonde encore sur des tâtonnements et qui semble
être soutenu par la colonisation. Ces mots restreignent les représentations mentales. Par
contre, les mots des pays développés sont conceptuels, écrits et éduqués formellement.
Leur état reflète plutôt la renaissance, les paradigmes du modernisme, du
postmodernisme voire de l'hyper-modernisme qui illustre l’évolution de leurs
représentations mentales. Ensuite, des études ont affirmées (i) que l’observation
identifie les mots cognitifs dévoilant la qualité de la mentalité, (ii) que le paradigme
concourt à la conceptualisation des mots alter-cognitifs avec plus de poids cognitif et
(iii) que l’analyse conceptuelle renforce la capacité d’évaluation les définitions ou
notions, les notions liées, les enjeux, le schéma et l’utilisation des concepts qui
constituent la pensée et la mentalité. Et puis, la comparaison des données sur la langue
malgache et la langue française a montré l’existence ou non d’analyse conceptuelle et
de conceptualisation dans chaque langue et a évoqué l'effet de cette situation sur
l'évolution de la représentation mentale et de la mentalité de ceux qui l'utilisent par le
biais d'une enquête. Les mots des pays en retard renferment des percepts superficiels
et subjectifs qui sont logiquement plus légers. Ce sont des mots cognitifs. Tandis que,
ceux des pays développés sont chargés par des concepts rigoureux et structurés d’une
manière intersubjective formant des mots alter-cognitifs. Finalement, la confirmation
de l'hypothèse implique par absurde la possibilité de changement de paradigme et de
mentalité par l’utilisation d’un environnement-plus formé d’instrument didactique
cognitif capable de provoquer un renforcement de culturalité et mutabilité vers un
individu plus rigoureux, critique et créatif.
Mots clés : mots cognitifs, représentation mentale, poids cognitif, mots alter-cognitifs,
rééquilibrage
Abstract: For young university students from backward countries such as Madagascar,
a word from their language does not have the same mental representation as a word,
supposed to have the same meaning, from the language of a developed country.
However, a universal standard of mental representation exists in the general culture.
The problematic is based on the thing that is responsible for the restriction of a mental
representation. The lack of conceptual analysis and conceptualization is chosen as
hypothesis. Our research question focuses on the contribution conceptual analysis and
conceptualization to the construction of a more universal mental representation. First,
surveys were conducted to determine the strength and weakness of a particular language
word in terms of the breadth and depth of the cognitive structures it contains as well as
the quality of its productivity. The words of backward countries are perceptual, oral and
informally educated. This state corresponds to the traditionalist paradigm, spirit and
personality, which is still based on trial and error and which seems to be supported by
colonization. These words restrict mental representations. On the other hand, the words
of developed countries are conceptual, written and formally educated. Their state rather
reflects the renaissance, the paradigm of modernism, postmodernism or even hyper-
modernism which illustrates the evolution of the mental representations. Then,
documentation studies have confirmed that the observation identifies the cognitive
words revealing the mentality quality, that the paradigm contributes to the
conceptualization of alter-cognitive words with more cognitive weight and that the
conceptual analysis reinforce the evaluation capacity of the concept definitions or
notions, related notions, issues, schema and use of concepts that constitute the thought
and the mentality. Third, the comparison of data on the Malagasy language and the
French language showed the existence or not of conceptual analysis and
conceptualization in each language and evoked the effect of this situation on the
evolution of the mental representation and the mentality of those who use it through a
survey. The words of backward countries contain superficial and subjective percepts,
which are logically, lighter. Whereas, those of developed countries are loaded with
rigorous and structured concepts in an intersubjective way forming alter-cognitive
words. Finally, the confirmation of the hypothesis implies by absurd the possibility of a
change of paradigm and mentality using environment-plus formed by cognitive didactic
instrument capable to provoke culturality and mutability building leading to rigorous,
critical and creative person-plus.
Introduction
Madagascar était une colonie française de 1896 en 1960, des perturbations de la
constante culturelle et spirituelle locale font émerger, pendant et après cette période, des
différents mythes tels que le mythe du mouton de panurge, le mythe du seigneur paresseux,
le mythe de la révolution socialiste, le mythe de contentement passif, le mythe de
dissimulation. Depuis l’indépendance, force est de constater la faiblesse face à
l’inachèvement de la décolonisation. Dans le cadre de la langue par exemple, la langue
coloniale n’est pas maîtrisée, la langue locale n’est pas aussi conceptualisée et le choix de
langue administrative et de langue d’enseignement reste confus, la conception d’instrument
didactique cognitif spécifique aux malgaches ne voit pas encore le jour alors que l’éducation
est la base de tout développement. Il est évident que la culture rencontre un bouleversement.
Elle a succombé à la rencontre culturelle. Même si la culture malgache persiste, le droit dont
la source est encore la culture française, s’affirme dans toutes les institutions et tous les
ministères. Constatant que la situation économique, sociale et politique est en désordre, celle
de la culture en dégradation, le développement en retard malgré les richesses en ressources
naturelles, il s’avère logique de parler de l’inefficacité de la gouvernance. Comme faits, des
crises cycliques à raison de 10 années environ depuis 1972 se sont produites dans le cours
de l’histoire. En effet, le pays se trouve parmi les plus pauvres du monde. D’autres résultats
affirment que cet échec de développement est centré sur la mentalité. Mais comment
approcher de cette mentalité ? Des difficultés seront présentes dans cette démarche car déjà
d’après des résultats scientifiques obtenus par l’OMS dans deux régions de Madagascar,
30% de leur population sont atteints d’un trouble mental. Et pire encore, le projet HIFALI
(Hestika Iombonana ho an’ny Fahasalaman-tsaina sy Lamina eny Ifotony) a avancé un
pourcentage de 47%. Quelle performance pourrait-il exister ?
Selon, Dawkins (1976) explique que les mots ne sont que des outils utilisés par les
mèmes pour se répliquer. Les mèmes sont des unités culturelles analogues aux gènes. Ils
sont des "paquets d'information" qui se propagent d'un individu à l'autre par le biais de la
communication et de l'imitation, et qui peuvent évoluer et se répliquer en fonction de leur
succès dans la culture. Les mèmes peuvent être des idées, des comportements, des modes
de vie, des croyances, des styles musicaux, des langues, des coutumes et des traditions. Les
mèmes peuvent représenter des choses dans le monde réel, comme des concepts ou des
objets, mais ils peuvent aussi être des abstractions qui n'ont pas de correspondance dans le
monde physique.
et perçoivent le monde. Ils sont utilisés pour exprimer des émotions, des pensées, des
opinions et des jugements, et comprennent des termes tels que "je pense que", "je crois que",
"je sais que", "je me souviens que", "j'espère que", etc. L’utilisation des mots cognitifs pour
les patients signifie adhésion à ses structures cognitives. Les mots que nous utilisons dans
notre vie quotidienne révèlent nos pensées, nos sentiments, notre personnalité et notre
motivation. En effet, ils se sentiraient à l’aise et en équilibre ce qui serait favorable pour
leurs santés. Ce phénomène subsume que l’attention et le choix de type de mots utilisés dans
la vie quotidienne concours tant au processus de développement cognitif qu’au processus de
développement physique. La transformation des schémas d’écriture fait partie d’un
processus de développement cognitif. Sur la base de ces informations, il a posé une question
sur la motivation de ne pas commencer à prêter davantage attention au type de mots que
nous utilisons dans notre vie quotidienne. En effet, ce que James W. Pennebaker a émis est
relatif à l’adéquation du type de mots qui entre avec celui les mots cognitifs qui sortent
habituellement d’un individu. C’est-à-dire une adéquation avec les structures cognitives.
Cette situation reflète la nature des structures cognitives présentes dans la cognition. Mais,
quand est-il si le type de mots qui y entre n’est pas en adéquation avec ces mots cognitifs ?
Quel serait son impact sur les structures cognitives et les capacités cognitives ? Il y a donc
une possibilité ou bien ces mots qui entrent sont cognitifs – en adéquation avec les mots
cognitifs, ou bien moins cognitifs ou bien plus cognitifs ce qui les rendent comme éléments
cognitifs déstabilisants ou stabilisants.
7. Méthodologie
7.1 Objet, logique et finalité
La méthodologie est portée sur l’analyse de l’existant avec une démarche mentale
inductive suivie d’une étude prospective avec une démarche mentale déductive. Tout
d’abord, comme la problématique repose sur la chose qui est responsable de cette restriction
de mentalité. Pourquoi la faculté cognitive semble être réduite ? Quelle cause engendre ce
phénomène ? L’objet de l’étude est donc la variation de la qualité de l’expression cognitive
– ensemble de mots cognitifs exprimant une idée – avec lesquels la qualité des structures
cognitives sera identifiée et constituera ce qu’est le poids cognitif de la représentation
mentale associée à un mot (non pas dans le sens numérique mais cognitif) pour un individu
ou un groupe d’individus dans une société donnée. Une étude rétrospective avec un
raisonnement inductif donnera sens à la valeur d’un mot par le biais d’une recherche
fondamentale et d’une approche inter-épistémologique impliquant la Sociologie, la
psychologie, la Science cognitive et la Linguistique. Une étude prospective validera le
renforcement proposé pour l’amélioration de la qualité et de la valeur, donc pour le
raffermissement du poids cognitif. Enfin, la finalité de l’étude est la compréhension du
mécanisme qui anime la variation de poids de la représentation mentale associée à un mot.
Par la suite, l’utilisation à la fois l’approche interprétativiste pour les études rétrospectives
et l’approche constructiviste pour les études prospectives est logique. Dans le cadre de
l’interprétation : l’étude de document, des ouvrages et des articles est réalisée avec une
approche historique afin d’assurer la présentation du contexte et du cas, l’entretien et
l’enquête est réalisée avec une approche de participation observante pour identifier
l’importance de la qualité de la représentation mentale. Dans le cadre de la construction :
l’étude de document, des ouvrages et des articles est réalisée avec une approche inter-
épistémique afin d’assurer l’adéquation des concepts utilisés avec le contexte qui tend à
mettre en exergue la multi-dimensionnalité, l’entretien et l’enquête est réalisée avec une
approche critique pour mesurer la performance afin d’identifier les besoins de renforcement.
Conception d’un plan de renforcement didactique en matière d’analyse conceptuelle
utilisable. Ainsi, les recherches se concentrent sur les questions relatives à la justification :
de l’importance de la conceptualisation sur les structures cognitives, du manque d’analyse
conceptuelle sur les structures cognitives et d’une restriction de mentalité en conséquence ;
8. Résultats
Les résultats obtenus sont répartis en trois catégories. La première est relative à la
réalisation (i) de la puissance de la langue française due à ses atouts et sa conceptualisation,
(ii) de la faiblesse de la langue malgache et légèreté du poids cognitif des mots malgaches à
cause du faible transfert et exploitation du poids cognitif des mots français et (iii) de la
restriction de la mentalité, car les représentations mentales associées aux mots utilisés ont
cette légèreté. La deuxième catégorie de résultat se concentre sur la découverte d’une
nouvelle acception de l’apprentissage et de la pédagogie compte tenu tout d’abord de la
compréhension des mots alter-cognitifs équivalent aux mots cognitifs enrichis de conception
Madagascar France
Source : https://www.ethnologue.com/guides/ethnologue200
Langue utilisée Langue utilisée pour Langue utilisée Langue utilisée Langue utilisée pour
dans la société l’explication globale pour les termes pour l’explication la prise de notes
techniques des termes
techniques
La perte de poids cognitif pourrait être expliquée par le fait que Madagascar n’a pas
su profiter de la force linguistique de la langue coloniale ou transmettre le pouvoir conceptuel
de cette langue à la langue malgache. La conceptualisation est très peu développée et
l’analyse conceptuelle manque (voir tableau 4).
Tableau 4 : Utilisation de l’analyse conceptuelle par les étudiants avant d’entrer au sein de l’ISERP
25 15 10
Nouveaux Etudiants Etudiants
Mention Développement
étudiants au passants au passants au
total total total
Source : Auteurs
L’analyse effectuée revient à l’étude du pouvoir cognitif. Il est intéressant de voir que
la situation actuelle est marquée par l’absence de l’analyse conceptuelle dans
l’enseignement à Madagascar. Donc, les mots en français, même s’ils sont mieux
conceptualisés, sont expliqués en malgache tels que l’enseignant les appréhende. Ainsi, la
compréhension des mots français se fait en malgache d’où la déclinaison de la pensée mieux
conceptualisée apportée par le mot français en pensée malgache peu conceptualisée.
Lorsque cette pensée devient une habitude, elle constitue la mentalité. Le niveau
d’utilisation des concepts, où le fait que la pensée est peu conceptualisée serait la cause de
la restriction de la mentalité (voir tableau 6). L’étude est portée sur les étudiants cités ci-
dessus et a donné le résultat suivant :
Source : Auteur
Le problème de restriction de mentalité des étudiants avant l’étude universitaire. La
problématique tourne autour du mécanisme qui anime la perte de poids cognitif.
Existence Essence
Contexte environnemental
MOT
CONCEPTUALISATION
tation
Pensée attribuée
Adap
à un mot
MOT uites Paradigme
Cond les
OBJET RÉEL socia
Assim
VERBAL ilatio
n
MOT
Actio CONCEPTUALISÉ
n
Porteur de pensée
Personnalité
Structures de l’expérience
Représentations objectales
Représentations mentales
Manière de parler
Manière de penser
Mentalité
Source : Compilation des auteurs
PARADIGME
MOT VISION DU MONDE
OBJET RÉEL CONCEPT
VERBAL OBJET LOGIQUE STABLE
Saussure Représentation générale et
abstraite commune
VALEUR, DISPOSITIF, OUTIL, MOYEN
Maturana et Varela
REPRÉSENTATION MENTALE
OBJET MENTAL - SUSTITUT
UNITÉ DE CONCEPT
SIGNE - IMAGERIE VERBALE
Présent, Sensible, Visible
mentalement
Claud Meyer
d’un objet, d’une classe d’objets ayant une propriété qualitative commune. C’est un objet
logique stable en compréhension et en extension. Il est relatif aux traits sémantiques. Pour
Maturana et Varela, un concept fournit des outils pour pouvoir problématiser, possède des
dispositifs expérimentaux et des valeurs prédictibles, est un moyen d’explication daté, inscrit
dans un paradigme et est susceptible de s’enrichir et d’évoluer si un nouveau paradigme
émerge. Par ailleurs, une représentation, Selon Claud Meyer (2001), est une unité de
Concept consciente ou inconsciente qui rend présent et sensible un objet au moyen d’un
substitut, qui rend visible mentalement au travers de la présence de signe. Les mots cognitifs
(Flavell 1963) sont les mots utilisés par un individu qui reflète ses structures cognitives. Par
contre les mots alter-cognitifs (Auteurs) sont ceux qui sont enrichis par la conceptualisation
scientifique.
-Analyse conceptuelle
D’un autre côté, pour illustrer les qualités et les valeurs de l’analyse conceptuelle, il
est important d’étudier les différentes étapes qui la constitue. La méthode systématique
d'analyse conceptuelle proposée par Gilles Gaston Granger est une méthode philosophique
qui permet de clarifier les concepts que nous utilisons dans notre pensée et se déroule en
plusieurs étapes : Identifier les concepts à analyser et à clarifier, en le définissant le plus
précisément possible. Il peut s'agir de concepts philosophiques, scientifiques,
mathématiques, ou issus de domaines spécifiques comme la psychologie, l'économie ou la
politique ; Examiner les usages courants des concepts, en identifiant les différentes
significations que les concepts peuvent prendre dans différents contextes. C’est de
comprendre la spécificité du concept. ; Examiner les théories et les modèles qui sont
associés aux concepts dans la discipline dans laquelle il est utilisé, en identifiant les
hypothèses et les présupposés qui les sous-tendent. C’est de comprendre les plus apportés
par ces hypothèses et présupposés ; Examiner les relations entre les concepts en identifiant
les liens de dépendance, d'interdépendance et d'indépendance qui peuvent exister entre eux.
C’est de comprendre le positionnement du concept dans le monde conceptuel ; Formuler des
définitions opératoires qui permettent de les utiliser de manière précise et rigoureuse dans
un cadre scientifique ou philosophique. Cette étape est le lieu de développement de
l’instrument didactique cognitif ; Analyser et préciser les conditions où le concept est
applicable et pertinent. Cela peut aider à définir les limites de son utilisation ; Identifier les
exemples et les contre-exemples qui peut aider à préciser la signification du concept et à
clarifier ses limites ; Évaluer les conséquences pratiques et théoriques de l'utilisation du
concept qui peut aider à déterminer si le concept est utile et pertinent dans un contexte
donné. Par la manière dont l’analyse conceptuelle s’effectue se dégage le niveau de rigueur.
En effet, l’analyse conceptuelle de niveau scientifique se distingue de l’analyse conceptuelle
de niveau social.
FONCTIONS COGNITIVES C OM
POR
ÉLÉM TEM
Unités cognitives ENT
ENT
(supérieures et élémentaires) S CO
après GNITI
Processus plus élaborés et Processus plus élémentaires FS
déve assimilat SORTA
loppe ion e NT
ment t
Source : Compilation des auteurs cogn
itif
-Force, faiblesse, opportunité et menace respectifs aux mots mieux et peu conceptualisés
La comparaison des résultats de l’Analyse SWOT (voir schéma 7) de l’étudiant de
l’ISERP dans l’utilisation de mots mieux conceptualisés et de mots peu conceptualisés
permet de déterminer non seulement la force et la faiblesse, les opportunités et les menaces
du mot, mais surtout le niveau de compréhension et la qualité des produits intellectuels émis.
Les mots cognitifs qui ne sont pas enrichis restent des mots cognitifs. Ils servent à stabiliser
les structures cognitives. Par contre, ceux qui sont enrichis deviennent des mots alter-
cognitifs. Si l’enrichissement se fait uniquement par des concepts de la vie quotidienne, les
mots sont peu conceptualisés. Tandis que si l’enrichissement se fait par des concepts
scientifiques ordonnés épistémologiquement, les mots sont mieux conceptualisés.
Schéma 7 : Force, Faiblesse, Opportunité et Menace pour les mots mieux et peu conceptualisés.
Étudiants et des mots mieux conceptualisés Étudiants et mots peu conceptualisés
Source : Auteurs
Utilisation de Non utilisation Utilisation avec 60 Evaluation sur les Evaluation sur les
l’Instrument mots alter-cognitifs Mémoires de Diplôme de Mémoires de Licence
didactique cognitif Technicien Supérieur Professionnelle
9. Discussion
La discussion repose sur l’évaluation scientifique des résultats que ce soit par rapport
à la logique interne de la recherche que ce soit par rapport aux autres recherches et résultats
existants. Elle met en exergue la différence entre les mots alter-cognitifs et les mots cognitifs
de Flavell (1963). Elle explique une nouvelle acception du poids cognitif d’une
représentation mentale associée à un mot qui est relative à la force cognitive attribuée par
les capacités cognitives, c’est-à-dire la qualité, la valeur et le contenu des représentations
mentales associées à un mot alter-cognitif, et non pas à la charge cognitive de John Sweller
(1988) qui est constituée par les sept traitements supportés par le processus cognitif. Elle
distingue l’environnement-plus qui est un instrument didactique cognitif utilisé dans une
programmation cognitive de transformation de l’individu-solo de Belle DePaulo (1979) en
un individu-plus de David N. Perkins (1990) (voir schéma 8).
RESSOURCES MOYENS
Le poids cognitif se trouve dans d’abord dans les structures cognitives (mémoire,
sentiments, textes, explications, paroles, expressions, programmations, livres, dictionnaire,
programmations…). Le poids cognitif est la force exercée par la qualité, la quantité et la
l’état des mots contre l’état de la structure d’accueil cognitive, les différents états de
mentalité qui va de la mentalité retreinte, de la mentalité dégradée à la mentalité développée
et la mentalité épanouie se distinguent (voir schéma 11).
Schéma 11 : La mentalité en fonction de l’état du mot qui entre et de l’état de la structure d’accueil cognitive.
Schéma 12 : Mots dans les Structures mentales et Mots dans les Structures objectales.
MOTS MOTS
écoutés, lus, vus… REPRÉSENTATION MENTALE diffusés…
Pensée, Personnalité, Sentiment, Motivation
associée au Mot dans les
STRUCTURES MENTALES ou STRUCTURES
OBJECTALES
qui toutes les deux
Le POIDS COGNITIF d’un Mot ou d’unedeviennent
Représentation
des Structuresmentale
cognitives qui lui est associée
n’a pas de Force cognitive que lorsque l’Attribution cognitive affectée
par son Milieu d’accueil mental ou Milieu objectal
soit effectuée, systématisée et effective
Source : Auteurs
INDIVIDU-PLUS
MOTS COGNITIFS
CONFLITS COGNITIFS
Selon Flavell (1963), ce sont des mots qui
reflètent les structures cognitives d’un Selon Jean Piaget (1920), situation de
individu qu’on détecte à travers son déséquilibre des structures cognitives, de
élocution. désapprentissage ou confrontation avec les
mots alter-cognitifs.
ENVIRONNEMENT-PLUS
Source : Auteurs
Un instrument didactique cognitif est un outil pédagogique qui est spécifiquement
conçu pour faciliter le processus d'apprentissage en stimulant les processus cognitifs des
apprenants. Les processus cognitifs font référence aux différentes façons dont les apprenants
traitent, organisent, stockent, récupèrent et utilisent les informations. Les instruments
didactiques cognitifs peuvent inclure des outils tels que des graphiques, des diagrammes,
des schémas conceptuels, des cartes mentales, des matrices de comparaison et des
programmations en utilisant des mots alter-cognitifs. Ces outils peuvent aider les apprenants
à organiser les informations de manière cohérente et à les intégrer avec leurs connaissances
existantes, ce qui peut faciliter la compréhension et la mémorisation des informations. La
programmation porte en elle les compétences transférables (David N. Perkins 1990) telles
la pensée critique, la créativité, la collaboration, la communication efficace et la capacité à
apprendre de manière autonome. Les jeux éducatifs, les simulations, les activités de
résolution de problèmes et les projets d'équipe peuvent également être considérés comme
des instruments didactiques cognitifs, car ils encouragent les apprenants à réfléchir de
manière critique, à résoudre des problèmes et à appliquer leurs connaissances de manière
créative. Cette manière amènera les apprenants à ce qu’on appelle individus-plus, individus
qui ont les compétences citées ci-dessus. L'utilisation d'instruments didactiques cognitifs
peut aider les enseignants et les formateurs à créer un environnement d'apprentissage plus
stimulant et plus interactif, où les apprenants peuvent participer activement et construire
leur propre compréhension des concepts.
CAPACITES CAPACITES
cognitives et cognitives et
Force métacognitives métacognitives
VOULUES Force cognitive
métacognitive OBSERVÉES
caractères. Une représentation vectorielle est associée à chaque caractère n-grammes. Les
mots étant représentés comme la somme de ces représentations. Un mot est enfin est associé
à un vecteur très utile dans l’espace de mots voisins et dans le domaine de la numérisation
des mots.
Capacités
Structure cognitive
sociales et culturelles
Forme de vie intérieure qui attribuent le sens d’un mot
Représentation mentale
Pratiques mentales
Structure sociale
Forme de vie extérieure
Capacités Représentation mentale
cognitives et métacognitives Pratiques sociale, culturelles et
qui attribuent le poids d’un mot historiques
Auteurs Herizo et Arozo (2023) Wittgenstein (1953)
t
Conclusion
La présente recherche a démontré que les mots aident à l’accès aux structures
cognitives, à la formation des représentations mentales, à la gestion des capacités cognitives
et métacognitives et au raffermissement de la mentalité. Le but n’est pas de pourvoir façonner
la mentalité, mais d’apporter d’ouverture, d’approfondissement et de renforcement afin que
la mentalité elle-même pourrait avoir une capacité d’analyse critique. En effet, la présente
communication développe la force qui est imposée par le pourvoir de compréhension de la
conception. Cette force rend énergétique, dynamique et actif la représentation mentale
associée à un mot afin qu’il soit capable de provoquer des effets. Ainsi, un mot est porteur
de paradigme (sens, procédures et pratiques qu’il porte en lui) et d’esprit (la sensation, la
pulsion et la logique qu’il engendre et fait sentir). Selon la structure cognitive d’accueil, il
est associé à une petite ou énorme capacité. Un mot devient une sorte de stimulant capable
d’éveiller l’entité cognitive qui lui est associée renfermant en lui une intelligence qui attend
d’être activée. La faculté de conceptualisation obtenue par la maitrise de l’analyse
conceptuelle pourrait renforcer, maintenir ou changer ce paradigme et cet esprit. Plus
précisément, la puissance de la conception attribuée ou acquise constitue le poids cognitif
qui assure que la performance du processus cognitif soit optimisée. Il semble que chaque
représentation mentale possède un poids cognitif qui est aussi celui du mot. La présente
recherche démontre que le poids cognitif d’un mot est relatif au programme cognitif formé
par l’ordonnancement logique des schémas conceptuels définis dans un paradigme donné.
L’analyse conceptuelle entraine une clarification de la capacité de conception mentale. En
effet, le poids d’un mot dans le sens cognitif joue un rôle très important. Un mot est léger si
la pensée ou le programme cognitif qu’il apporte en lui ou qu’il peut provoquer sont mieux
conceptualisés. Par contre, il est enrichi si la pensée ou le programme cognitif qu’il apporte
en lui ou qu’il peut provoquer sont peu conceptualisés. Comment est-ce que c’est possible
qu’un ensemble de mots légers puisse apporter des inventions, des innovations, du
changement et de développement ? La légèreté d’un mot constitue une restriction de la
représentation mentale, ainsi que de la mentalité. La gestion des mots qui devient une gestion
des représentations mentales rend possible la gestion du changement de mentalité et/ou de
paradigme. Ce processus concerne le renforcement de la conceptualisation de mots alter-
cognitifs et de l’analyse conceptuelle chez un individu. Dans cette logique, le développement
cognitif pourrait contribuer aux autres dimensions du développement. L’idéologie, les
politiques, les lois, les stratégies, la gouvernance, la diplomatie et l’administration partent
de l’utilisation de mots, donc de représentations mentales qui lui sont associées. Le
développement ne devrait-il pas commencer par un développement cognitif ? Toutefois, au-
dessus de toute démonstration, il est évident que les résultats se situent dans le working
progress.
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Abstract: This study describes the linguistic mechanisms of the numeral and monetary
system of Baoulé and Malinké. Indeed, the operation of the numeral and monetary
systems has always proved complex in (local) languages ; especially when it comes to
large numbers beyond a thousand. This comparative study is part of a synchronic
perspective in order to establish the common characteristics and distinctive features in
the naming of numbers between these two languages. While postulating that all have,
naturally, a general principle of numeral and monetary formation, this study proceeds
by bringing togerther Baoulé and Malinké, belonging respectively to the Kwa and
Northern Mandé linguistic families. This work is of pedagogical interest insofar as the
learning process must lead the learner to appropriate the rules of use (grammatical
structures, morphological and syntactic aspects) and the rules of use. Thus, this work
aims to highlight the linguistic processes that govern the functioning of arithmetic and
the monetary system in Baoulé and Malinké.
Introduction
Le baoulé et le malinké sont deux langues ivoiriennes de la macro-famille Niger-Congo,
appartenant respectivement aux groupes linguistiques kwa et mandé-nord de Côte d’Ivoire.
Ces langues occupent les premiers rangs dans leur différente famille linguistique du point
de vue du nombre de locuteurs. En effet, selon le recensement général de la population et
de l’habitat (RGPH, 2014), les locuteurs baoulé et malinké représenteraient respectivement
23% et 19,5% de la population ivoirienne. Ainsi, le choix porté sur ces langues pour une
étude contrastive sur la numération et la monnaie, est motivé par le fait que
Ces langues sont la plupart du temps parlées au-delà de leur zone d’implantation et
sont, par ailleurs, les langues les plus véhiculaires eu égard à leur quasi-présence aussi
bien dans les milieux ruraux et qu’urbains dans des secteurs d’activités notamment, le
transport, le commerce, l’artisanat. Elles connaissent une perméabilité à grande
échelle. C’est d’ailleurs, la principale raison qui explique leur fort taux de locuteurs. Il
ne s’agit pas uniquement de locuteurs natifs qui les parlent mais bien plus. [Elles] sont
associées à un développement des échanges sociaux au-delà de l’ethnie, à l’expression
des réalités modernes généralement importées et largement intégrées aux cultures
locales.
Kamagate O. (2016 : 45-47)
A cette ère où l’on pense à l’intégration des langues locales dans le système éducatif, la
question des mathématiques en langues (locales) se révèle comme une tâche moins aisée
surtout pour le locuteur contemporain. Dans cette perspective, connaître le mécanisme du
fonctionnement du point de vue linguistique des mathématiques s’avère nécessaire puisque,
« De tout temps, l’homme a cherché à compter avec plus ou moins de réussite » et, « (…)
s’il est relativement simple de compter avec des [objets] jusqu’à 5, il devient plus difficile
de compter au-delà », LINGANI (2010) cité par KOUADIO E. (2015 : 89). De ce fait, de
nombreuses difficultés se présentent du point de vue linguistique selon LINGANI (2010)
cité par KOUADIO E. (2015 : 89). Le comptage, selon bien d’auteurs, est « une libre création
de l’esprit humain (…) » et, partant, « le système numéral [et monétaire ont] une structure
différente d’une langue à une autre » (KOUADIO E., Ibid.). Toutefois, certaines
manifestations linguistiques tant dans la numération cardinale que dans la monnaie en
baoulé et en malinké démontrent, très souvent, le contraire. C’est le cas par exemple de :
[blú-nī-kṵ́] en baoulé et [tá̰-nī-kélḛ̄] en malinké pour nommer le nombre « 11 » dans le
numéral cardinal d'une part ; et de [bàblú kṵ́] en baoulé et [dàsí kélḛ̄] » en malinké pour
désigner la somme de « 5f CFA », au compte du système monétaire d'autre part. Ce constat
soulève un certain nombre de questionnements : les systèmes numéral et monétaire du
baoulé et du malinké obéissent-ils à des principes linguistiques ? Existe-t-il des procédés
linguistiques (aspects morphologiques et syntaxiques, etc.) identiques dans le
fonctionnement numéral et monétaire de ces deux langues, bien qu’appartenant à des
familles linguistiques différentes ? Telles sont les interrogations qui constitueront l’ossature
de la présente réflexion. Ce questionnement suscite les hypothèses dans la section qui suit.
Compter est un phénomène naturel et de ce fait universel (MOIGNET 1965, DIANE 2000,
KOUAME 2015, TEMPIER 2013, KOFFI et KOUASSI 2018). Ainsi, toutes les langues
disposent, naturellement, d’un principe général dans le fonctionnement de leur système
numéral et monétaire. De la sorte et relativement au questionnement ci-haut, nous pouvons
postuler que : la numération en baoulé et en malinké obéit à des mécanismes linguistiques ;
Il existe des caractéristiques linguistiques communes et les traits distinctifs dans la
nomination des numéraux cardinaux et monétaire en baoulé et en malinké. L’étude vise à
déterminer les mécanismes linguistiques qui rentrent en ligne de compte dans le système de
comptage des langues ivoiriennes en vue de participer à la documentation et à
l’apprentissage de celles-ci. Il s’agit spécifiquement de mettre en lumière les
caractéristiques communes et les aspects distinctifs qui gouvernent le fonctionnement du
point de vue linguistique du numéral et la monnaie en baoulé et en malinké.
-Les numéraux de 1 à 10
Dans la numération cardinale, les nombres de « un » à « 10 » sont formés d’unités
simples formant le socle sur lequel sont générés les autres numéraux des langues (IFRAH,
1994 ; TEMPIER, 2013 ; KOUAME, 2015 ; KOFFI et KOUASSI 2018). Le tableau 1
suivant met en exergue ces « unités simples » en baoulé et en malinké :
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Baoulé (ŋ̀)kṵ̀/kɔ̰̀ ɲ̀ɲɔ̰̄ ǹsā̰ ǹnà̰ ǹnú ǹsjɛ̰̌ ǹsǒ ǹcɥɛ̄ (m̀ mɔ̀cɥɛ̌) ŋ̀glwā̰ Blú
Malinké kélḛ fìlā sàbā nánī lórū wɔ́rɔ̄ wōrō̰vlà ʃégī kɔ̄rɔ̰d̄ ɔ̀ tá̰
-Les numéraux de 11 à 19
11 12 13 14 15 16 17 18 19
Baoulé blú nī blú nī blú nī blú nī blú nī blú nī blú nī blú nī blú nī
kṵ́/kɔ̰́ ɲ̀ɲɔ̰̀ ǹnsā̰ ǹnà̰ ǹnú ǹsjɛ̰̌ ǹsǒ m̀ mɔ̀cɥɛ̌ ŋ̀glwā̰
Malinké tá̰ nī ta̰-́ nī tá̰ nī tá̰ nī tá̰ nī ta̰ nī tá̰ nī tá̰ nī ʃégī tá̰ nī
kélḛ fìlā sàbā nánī lórū wɔ́rɔ̄ à wōrō̰vlā kɔ̄rɔ̄d̰ ɔ̀
10 +/avec/et 3 10 +/avec/et 3
-Les numéraux de 20 à 99
A ce compte, TEMPIER (2013, p. 22) fait remarquer que « La construction
[numérale] est itérative dans le sens où on définit les savoirs de la numération pour les
nombres compris entre 0 et 9, puis 10 à 99, etc. Les savoirs définis pour une tranche
s’appuient sur les savoirs définis pour la tranche inférieure ». Le tableau 3 suivant rend
compte de la formation des cardinaux de 20 à 99.
20 25 30 40 50 60 70 80 99
Baoulé àblàṵ́ àblàṵ́ nī ǹnú àblásá̰ Àblàná Àblènú àblènsjɛ̰̌ àblènsǒ àblàncɥɛ̌ àblàŋ̀glwā̰
nī ŋ̀glwā̰
Malinké mṵ̀gā̰ mṵ̀gā̰ nī lórū bísàbā bínán̰ ī bílórū bíwɔ́rɔ̄ bíwōrō̰vlā bíʃégī bíkɔ̄rɔ̄d̰ ɔ̀
Tableau 4 : Manifestation des cardinaux composés à base primaire multipliés par [blú] en
baoulé (Source : KOFFI et KOUASSI, 2018)
La nomination des numéraux se manifeste du point de vue morphologique à travers
un phénomène d’affixation par le morphème [a-] préfixé à la base [blú]. Se rapportant à
BOHOUSSOU (2006) que citent KOFFI et KOUASSI (Idem.), le morphème /a-/ préfixé à
[blú] « dix » se manifeste en classe nominale, entraînant un changement (amuïssement) qui
s’opère dans les unités simples initiales de « un » à « neuf » lors de la préfixation de [à-].
La langue dioula, quant à elle, pour le compte des numéraux cardinaux allant de « 20 » à
« 99 », procède par préfixation de la base liée [bí-] pour les numéraux cardinaux de «
trente » à « quatre-vingt-dix » suivie des unités simples initiales (kélḛ « un » ; fìlā « deux
» ; sàbā « trois » ; nánī « quatre » ; lórū « cinq »; wɔ́rɔ̄ « six »; wōrō̰vlà « sept »; ʃégī
« huit »; kɔ̄rɔ̰̄dɔ̀ « neuf »), et la base [mṵ̀gā̰] qui se réalise uniquement pour le numéral
cardinal « vingt ».
Baoulé Malinké
5F CFA bàblú kṵ́ (bàblú kɔ̰́) dàsí kélḛ
10F CFA bàblú ɲɲɔ̰̄ dàsí fīlà
15F CFA bàblú nsá̰ dàsí sàbā
20F CFA bàblú nnā̰ dàsí nánī
25F CFA pɔ́nù kṵ́ (pɔ́nù kɔ̰ ́ ) dàsí lórū
30F CFA bàblú nsjɛ̰̌ dàsí wɔ̄rɔ̄
35F CFA bàblú nsǒ dàsí wórō̰vlà
40F CFA bàblú ncwɛ̄ (bàblú mɔ̀cwɛ̌) dàsí ʃégī
45F CFA bàblú nglwā̰ dàsí kɔ̄rɔ̰̄ dɔ̀
50F CFA pɔ́nù ɲɲɔ̰̄ dàsí tá̰
55F CFA pɔ́nù ɲɲɔ̰̄ bàblú kṵ́ (kɔ̰́) dàsí tá̰ nī kélḛ
60F CFA pɔ́nù ɲɲɔ̰̄ bàblú ɲɲɔ̰̄ dàsí tá̰ nī fílā
65F CFA pɔ́nù ɲɲɔ̰̄ bàblú nsá̰ dàsí tá̰ nī sábà
70F CFA pɔ́nù ɲɲɔ̰̄ bàblú nnā̰ dàsí tá̰ nī nánī
75F CFA pɔ́nù nsá̰ dàsí tá̰ nī lórū
80F CFA pɔ́nù nsá̰ bàblú bàblú kṵ́ (kɔ̰́) dàsí tá̰ nī wɔ́rɔ̄
85F CFA pɔ́nù nsá̰ bàblú ɲɲɔ̰̄ dàsí tá̰ nī wórō̰vlà
90F CFA pɔ̀nú nsá̰ bàblú nsá̰ dàsí tá̰ nī ʃégī
95F CFA pɔ́nù nsá̰ bàblú nnā̰ dàsí tá̰ nī kɔ̄rɔ̰̄dɔ̀
100F CFA pɔ́nù nnā̰ (pɔ̀ɔ̀ nnā̰) dàsí mṵ̀gā̰
125F CFA pɔ́nù nnú (pɔ̀ɔ̀ nnú) dàsí mṵ̀gā̰ nī (bí) lórū
200F CFA pɔ́nù ncwɛ̌ (mɔ̀cwɛ̌) dàsí bí nánī
1000F CFA kòtòkú kṵ́ (kɔ̰́) dàsí kɛ̰mɛ̰
5000F CFA kòtòkú nnú dàsí wá kélḛ
100.000F CFA kòtò já (kòtòkṵ́ já kṵ́(kɔ̰́)) dàsí wá mṵ̀gā̰
100.005F CFA kòtòkú já kṵ́(kɔ̰́) bàblú kṵ́(kɔ̰́) dàsí wá mṵ̀gā̰ nī dàsí kélḛ
101.000F CFA kòtòkú já kṵ́(kɔ̰́) kòtòkú kṵ́(kɔ̰́) dàsí wá mṵ̀gā̰ nī kɛ̰mɛ̰ fìlā
190.000F CFA kòtòkú já kṵ́ kòtòkú àblà ǹglwā̰ dàsí wá mṵ̀gā̰ nī bí kɔ̄rɔ̰̄dɔ̀
999.000F CFA kòtòkú já ǹglwā̰ kòtòkú àblà ǹglwā̰ ni ǹglwā̰ dàsí wá bí kɔ̄rɔ̰̄dɔ̀ nī kɛ̰mɛ̰
1.000.000F CFA kòtòkú àkpí kṵ́(kɔ̰́)
1.000.000.000F CFA kòtòkú akpí ŋ̀gbí kṵ́(kɔ̰́)
-Cas du baoulé
bàblú kṵ́ ⇒ [bàblú] x [kṵ́] ⇒ 5Frs x 1, pour avoir [bàblúkṵ́]= 5 Francs CFA;
bàblṵ́ ɲ̀ɲɔ̰̀ ⇒ [bàblú] x [ɲ̀ɲɔ̰̀] x⇒ 5Frs x 2, pour avoir [bàblúɲ̀ɲɔ̰̀] qui donne en français, la
somme de 10 Francs CFA;
pɔ́nù kṵ́ ⇒ [pɔ́nù] x [kṵ́] ⇒ 25Frs x 1, pour avoir [pɔ́nùkṵ́] qui équivaut à la somme de 25f
CFA en français;
kòtòkú kṵ́ ⇒ [kòtòkú] x [kṵ́] ⇒ 1.000Frs x 1, pour avoir [kòtòkúkṵ́], équivalent de 1.000
Francs CFA;
kòtòkú akpí ⇒ [kòtòkú] x [akpí]: 1.000Frs x 1.000, pour avoir [kòtòkúakpí]=1.000.000
Francs CFA;
kòtòkú já ⇒ [kòtòkú] x [já]: 1.000Frs x 1000, permettant d'obtenir la somme [kòtòkújá]
dont la valeur en français est 100.000 Francs CFA.
L’analyse ci-haut fait cas de trois unités de base dans la formation de la monnaie en
baoulé. Ces unités de base sont :
bàblú : correspondant aux unités évoluant en 5 frs
- pɔ́nù : pour celles équivalant à 25 frs
- kòtòkṵ́ : se rapportant à celles évoluant en 1000 frs.
-Cas du malinké
Pour exprimer la monnaie en malinké, l’on précède de la somme qu’on souhaite
désigner, le morphème dàsí comme nous pouvons l’observer dans le tableau 5 ci-haut. Cela
dit, contrairement à la langue baoulé, le Franc a une valeur morphosyntaxique de structure
CVCV en malinké.
Conclusion
Cette réflexion a permis de visualiser la comptabilité en baoulé et en malinké. La
comparaison des systèmes numéral et monétaire du baoulé et du malinké a mis en jeu les
unités de base simples d’une part et les bases composées d’autres part. Aussi, quelques
phénomènes linguistiques gouvernant le fonctionnement de l’arithmétique et de la monnaie
dans ces deux langues ont été mis en exergue. En cela, KOUAME écrit que
Dans la situation des langues à tradition écrite, ancienne à l’exemple du français, les
mutations linguistiques s’aperçoivent à partir de l’écrit ancien et moderne tout aussi
bien que dans la langue vivante contemporaine. Ainsi, il est un cas de convergence qui
est que les noms de nombre (des numéraux cardinaux) semblent complexes en raison
de leurs particularités lexicales et syntagmatiques. Les numéraux à base complexe sont
représentés par tous les dizaines sauf « dix » et « vingt », les numéraux de « onze » à «
dix-neuf », de « vingt et un » à « quatre –vingt– dix – neuf » et tous les autres numéraux
au-delà de « cent » Trois types de procédés morphologiques permettent d’obtenir ces
numéraux : la juxtaposition de lexèmes (ou composition) ; la combinaison de lexèmes
par le truchement du relateur « nī » l’usage des deux procédés de façon simultanée.
Kouame (2015 : 93)
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disciplines, Université Paris Diderot - Paris VII, Français
Bêrè BALLO
Département des Sciences du Langage
Université Félix Houphouët-Boigny
[email protected]
&
Firmin AHOUA
Département des Sciences du Langage
Université Félix Houphouët-Boigny
Résumé : Cet article présente les classes nominales en kadile. C’est un parler
senoufo qui ne dérobe pas à la règle des classes nominales dans les langues Gur. En
ce qui concerne ce parler, cinq (05) classes nominales dénombrables et deux classes
non dénombrables ont été dénombrées. Ces classes sont pour la plupart des paires
(singuliers pluriels) et comportent souvent plusieurs séries de classe. Il présente
également 4 (quatre) classes de défini comptant chacune 2 (deux) morphèmes dont un
singulier et un pluriel et 5 (cinq) classes de pronom anaphorique comprenant
également chacune 2 (deux) morphèmes (singulier ; pluriel). Ce qui a permis de
déduire 5 (cinq) genres nominaux.
Abstract: This article presents the nominal classes in Kadile. It is a Senufo language
which does not escape the rule of nominal classes in Gur languages. For this language,
five (05) countable nominal classes and two non-countable classes have been counted.
These classes are mostly pairs (singular plural) and often have several sets of classes.
It also presents 4 (four) classes of definite with 2 (two) morphemes each, one singular
and one plural, and 5 (five) classes of anaphoric pronoun with 2 (two) morphemes
each (singular; plural). This made it possible to deduce 5 (five) nominal genders.
Introduction
Le senoufo est une langue Gur de la Côte d’Ivoire qui fait partir du phylum Niger-
Congo. Il a été bien décrit et est reconnu comme une langue à classe. Le kadile quant à lui
est un parler senoufo usité à l’extrême Nord de la Côte d’Ivoire. Plus précisément dans le
département de Tengrela. Ce parler qui a fait l’objet de très peu d’étude a en son sein
plusieurs aspects à décrire. Inscrit parmi les langues senoufos, il obéit à la règle des
langues à classe. Ces classes nominales peuvent être définies comme des morphèmes
suffixés au nom tout en lui conférant une certaine catégorie. Dans notre travail intitulé «
les classes nominales en kadile, langue Gur de Côte d’Ivoire », les données phonologiques
sur la langue seront rappelées, les marqueurs nominaux et les schèmes d’accord qui s’y
dégagent seront présentées et ainsi que les genres nominaux.
1. Données phonologiques
Ce volet consiste à faire un rappel phonologique sur le kadile. Pour rappel, le kadile
comprend 25 voyelles phonologiques dont 9 voyelles orales / i ; y ; e ; o ; ɔ ; u ; ɛ ; oe ; a ; /
et 6 voyelles nasales / ḭ ; ɔ̰ ; ṵ ; ɛ̰ ; oḛ ; a̰ / 7 voyelles orales longues /i: ; y: ; o: ; ɔ: ; ɛ: ; oe:
; a: /et 3 voyelles nasales longues /ṵ: ; oḛ: ; a̰: / et 21 consonnes dont 9 occlusives / p, t, c,
k, b, d, ɟ, g, gb / ; 5 fricatives / f, s, ʃ, z, ʒ /; 4 nasales / m ; n ; ɲ; ŋ / ; 2 semi-voyelles / j, w
/ et une vibrante/ r /.
ii: y y: u ḭ ṵ ṵ:
E o o:
ɛ ɛ: œ œ: ɔ ɔ: ɛ̰ œ̰ œ̰: ɔ̰
a a: a̰ a̰:
p t c k
b d ɟ g gb
f s ʃ
z ʒ
m n ɲ ŋ
r
j w
Ainsi cette étude a permis de dénombrer cinq (05) classes nominales dénombrables et
deux (02) classes non dénombrables en kadile qui ont été présentés ci-dessous :
-Classe 1
Elle est composée de six (06) séries de classe qui ont été présentées ci-dessous selon le
model singulier/pluriel. Ce sont les paires (gV / jV) et (ɣV / jV). Des exemples seront
donnés par paire.
• (gV / jV)
Exemple 2 : a) gòrògó « un cobra » gòròjó « des cobras »
b) gòʃīgé « une plume » gòʃījé « des plumes »
• (ɣV / jV)
Exemple 3 : a) ná̰ɣ̰ á « une queue » ná̰j̰ á̰̰ « des queues »
b) toēɣɔ̄ « un pied » toḛ́jɔ̄ « des pieds »
Il est bon de signifier que la paire (ɣV / jV) est la même que la paire (gV / jV) car le
morphème ɣV est une variante de gV qui est employé uniquement quand il est dans une
position intervocalique entre deux voyelles iso timbres ou entre oē et ɔ̄.
-Classe 2
Cette classe comporte deux (02) sous classe qui sont : (nV / ŋV) ; (lV / gV). Nous
présenterons ci-dessous les paires suivies d’exemple.
• (lV / gV)
Exemple 4: a) zōwjélé « un anus » zōwjègɛ̰́ « des anus »
b) ɟàlà « un haricot » ɟàgɛ̰́ « des haricots »
• (nV / ŋV).
Exemple 5 : a) tùpúnɔ̰̰́ « une colline » tùpùŋɛ̰́ « des collines »
b) ɟōgúnɔ̰̰̀ « un genou (petit) » ɟōgúŋɛ̰́ « des genoux (grand) »
De même que dans la classe 1, nous pouvons dire que la série (nV / gV) est une variante de
la série (lV / gV) car nous remarquons que la nasale n qui a le même lieu d’articulation que
la liquide l, est la correspondante nasale de l. Pour dire que l devient n dans un
environnement nasal.
-Classe 3
La classe 4 (quatre) contiennent quatre (04) sous classes qui ont été citées avec des
exemples à l’appui.
• (gV / rV)
Exemple 6 : a) fóʃīgè « du manioc » fóʃīrè « des maniocs »
b) Kácìgè « un os » kácìrè « des os »
• (nV / rV)
Exemple 7 : a) sòmúɲɛ̰̰̀nɛ̰̰̀ « une fourmi rouge » sòmúɲɛ̰̀rɛ̰̀ « des fourmis rouges »
b) broɲɛ̰̰̀nɛ̰̰̀ « un habit rouge » broɲɛ̰̰̀rɛ̰̰̀ « des habits rouges »
• (Ø / rV)
Exemple 8 : a) tāɟwā « une salive » tāɟwārá « des salives »
• (V / rV)
Exemple 9 : a) sòmúwɔ̰́ɔ̰́ « une fourmi noir » sòmúwɔ̄rɔ̰́ « des fourmis noirs »
b) tjèwɔ̰́ɔ̰́ « un teint noir » tjèwɔ̰́rɔ̰́ « un teint noir »
-Classe 4
Cette classe comprend également quatre (4) sous classes qui seront cité ci-dessous
suivie d’exemples.
• (wV / bV)
Exemple 10 : a) ŋá̰̰wá̰̰ « un jumeau » ŋá̰̰bɛ́ « des jumeaux »
b) sɛ̄rwɛ̰́ « une abeille » sɛ̄rbɛ́ « des abeilles »
• (V / bV)
Exemple 11 : a) kuɟɛ̰́ɔ̀ « un ancêtre » kuɟɛ̰́bɛ́ « des ancêtres »
b) cófwɛ̰́djɛ̰̀ɔ́ « un grand père » cófwɛ̰́djɛ̄bɛ́ « des grands pères »
• (NV / bV)
Exemple 12 : a) kòtnɔ̰̰́ « un singe » kòtỳbɛ́ « des singes »
• (Ø / bV)
Exemple 13 : a) bá:ɟɔ̰́ « une barbe» bá:ɟɔ̄bɛ́ « des barbes»
b) tágbá « une forêt » tágbábɛ́ « des forêts »
-Classe 5
Cette classe contient deux séries de classe notamment la série : (Ø / lV) et la série
(Ø / nV).
• (Ø / lV)
Exemple 14 : a) gòpoḛ̀ « un coq » gòpoḛ̀lɔ̰́ « des coqs »
b) dōgūcɔ̰́ « une veuve » dōgūcɔ̰̀:lɔ̰́ « des veuves »
• (Ø / nV).
Exemple 15 : a) pṵ́ « un chien » pɔ̰̄ nɔ̰́ « des chiens »
b) dōgúnɔ̰̀: « un veuf » dōgúnɔ̰̀nɔ̰́ « des veufs »
La paire (Ø / nV) est la variante nasale de la paire (Ø / lV) car nV est utilisé dans un
environnement nasal.
-La classe mV
La classe mV concerne les non dénombrables liquides
Exemple 16 : a) ʃȳmɔ̰̰́ « du sel » sḭ́d̰ ìmɛ̰̰̀ « du tchapalo »
b) sīmɛ̰̀ « de l'huile » fìmé « une urine »
-La classe rV
Cette classe contrairement à la précédente relève les non dénombrables solides.
Exemple 17 : a) kārá « de la viande » djārá « un intestins »
b) fré « un excrément »
b) ngolo kì cérí
ngolo Pro.Obj.Sing couper+acc
« ngolo l’a coupé »
d) ngolo tì célé
ngolo Pro.Obj Plur couper+acc
« ngolo les a coupé »
b) Céwá dì dɔ̰́
céwá Pro Obj Sing prendre+acc
« céwá l’a pris »
c) céwá múgà̰ŋ
̰ í dɔ̰̀
céwá cuillère+def Plur prendre+acc
« céwá a pris les cuillères »
d) céwá kè dɔ̰̀
céwá Pro Obj Plur prendre+acc
« céwá les a pris »
b) ɲèlé pí ʃɔ̰́
ɲèlé Pro Obj Plur acheter+inacc
« ɲèlé l’achète »
Genre 1
Le genre 1 est le genre des humains ou animé qui comporte deux morphèmes. Ce sont le
morphème [wú] pour le singulier et le morphème [pé] pour le pluriel.
Genre 2
Ce genre, utilisé pour désigner les gros objets contient également deux morphèmes. Un
morphème du singulier [ki] et un morphème du pluriel [tì].
Genre 3
Le genre trois est celui des petits objets et comprend aussi deux morphèmes. Le morphème
dì utilisé pour le singulier et le morphème [ke] utilisé pour le pluriel.
Genre 4
C’est le genre des indénombrables solides. Il est donc un genre unitaire qui n’utilise qu’un
seul morphème notamment [tí].
Genre 5
Encore unitaire, ce genre est celui désignant les indénombrables liquides qui utilise
également un seul morphème qui est le morphème [pí].
Conclusion
Nous pouvons retenir que l’étude des classes nominales en kadile nous a permis d’y
dénombrer cinq classes nominales avec pour certaines plusieurs séries de classe ; 4
(quatre) classes de défini comptant chacune 2 (deux) morphèmes dont un singulier et un
pluriel et 5 (cinq) classes de pronom anaphorique comprenant également chacune 2 (deux)
morphèmes (singulier ; pluriel). Elle a surtout permis de déduire 5 (cinq) genres
nominaux. Cependant, étant donné l’organisation des morphèmes par rapport à la
sémantique, pourrait-on parler de classe nominale en kadile?
Références bibliographiques
Bole-Richard, R. (1983). La classification nominale en Ega, Journal of West African
Languages (XIII)1:51-61
Delplanque, A. (1995). Que signifient les classes nominales, Linguistique africaine, Paris,
15
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Tchagbalé, Z. & Kra, K. A. E.(2015). Le koulango, une langue gur à deux genres, Corela,
13-2. [En ligne], consultable sur DOI : 10.4000/corela.4141
Yéo, K. (2013). Morphologie nominale 6 langues senoufo (1), Thèse de Doctorat unique,
Université de Cocody Abidjan
Abstract: The need to find a lasting solution to the question of the socio-economic
integration of displaced persons following the military-political and post-electoral crises
has led the State of Côte d'Ivoire and its development partners to initiate a process
consultation based on a community and multi-sectoral approach to encompass the various
target groups in the department of Tabou. Thus, our present contribution aims to evaluate
the contribution of mother tongues in the quest for this sustainable development. To
achieve this, we used both qualitative and quantitative methods. The first allowed us to
know that mother tongues have contributed enormously to the sustainable development of
the department as effective means of communication for a majority illiterate population.
As for the quantitative method, it evaluated the points of view of the populations in
relation to the same question. To this end, the results showed that on average 85% of the
participants in this survey believe that mother tongues contribute to sustainable
development in the social, economic, ethical, ecological and governance dimensions.
Introduction
La Côte d’Ivoire occupe une place importante dans la sous-région, en Afrique
occidentale grâce à son développement économique axé sur les cultures industrielles. Ainsi, le
sud-ouest, particulièrement le département de Tabou, situé dans la région de San-Pedro est
convoité pour sa richesse en culture de palmiers à huile et d’hévéas. Mais, cette localité
transfrontalière et excentrée du pays avait été déclarée « zone rouge » (zone dangereuse) du
fait de l’insécurité grandissante. Selon Babo (2010), cette situation de violence a commencé
par les affrontements dans la tribu Hompo à Tabou (Sud-ouest) qui ont opposé les kroumens
aux Dagari et aux Lobi burkinabé en 1999. Ensuite les guerres causées par les conflits
fonciers de 1997, la crise postélectorale de 2002 et la présence massive des réfugiés libériens
chassés par la guerre de Liberia. Par conséquent, la menace de la faune et de la flore s’est
accentuée dans cette anarchie. Pour remédier à cette situation précaire, les gouvernants ont
tenté plus ou moins d’intégrer le concept de développement durable. C’est la prise de
conscience générale du fait qu’il faut changer de systèmes de production et de consommation,
préserver les ressources naturelles, lutter contre la pauvreté et apporter la paix. En réalité,
depuis la création de ce nouveau concept en 1972, sa réaffirmation en 2012 à la Conférence
Rio+20 et de la mise en place d’un programme de développement Durable à l’horizon 2030
appelé (Objectifs de Développement Durable) (ODD), la Côte d’Ivoire a toujours fait du
développement Durable son cheval de bataille. Aujourd’hui cette politique des autorités a
porté ses fruits dans la mesure où le département de Tabou a amorcé un développement
économique sans précédent qui prend en compte la cohésion sociale, la préservation de
l’environnement, de l’équité et de la bonne gouvernance. Et ce, grâce à l’apport considérable
des langues locales de ces populations cosmopolites. Pour ce faire, nous situerons d’abord le
cadre conceptuel et théorique, ensuite proposerons une méthodologie de travail, enfin
analyserons les résultats de nos enquêtes suivi de la discussion.
La question principale de cette recherche se formule comme suit : quel est l’apport des
langues nationales dans le développement durable du département de Tabou ? Dans quel
domaine les langues maternelles ont-elles contribué pour restaurer le développement durable
du département de Tabou après de nombreuses crises sociopolitiques ? Notre hypothèse
principale est que les langues maternelles ont contribué au développement durable du
département de Tabou après des crises sociopolitiques. Aussi, notre seconde hypothèse est-
elle la suivante : Les langues maternelles ont favorisé le développement durable du
département de Tabou au niveau social, écologique, éthique et gouvernance.
1
En 1361, Nicole d'Oresme, francisant une expression déjà existante dans le latin médiéval, introduit en français la locution
langue maternelle. Homme érudit (il est traducteur d'Aristote) et puissant (il est évêque de Lisieux), il entend, dans une
France non encore unifiée linguistiquement, désigner à l'aide de ce composé un certain niveau de langue : celui du français,
d'oïl ou d'oc, par opposition au latin, la langue du savoir et de la pensée. Urbain (1982:9)
ayant pour tâche ménagère et chargée d’éduquer les enfants dans la cellule familiale. Dès lors,
grâce à son enfant, elle est revalorisée. Ainsi, à partir du XVè au XVIè siècle, la notion de
langue maternelle crée l'ambiguïté : le mépris et le respect, le rejet et le remords.
Politiquement dévaluée, en tant que langue domestique de bas usage, elle est
contradictoirement surévaluée en tant que langue optimalement proche des origines. Elle est
donc langue originelle et vulgaire, langue pure et impure à la fois ». Malheureusement très vite
à la fin du XVIè siècle, l’idéologie rationaliste affirmait que la langue maternelle n’était pas
naturelle mais artificielle. Elle est apprise, progressivement reconstruite à l'issue d'un lent
apprentissage. Cette dernière notion ruine toute une mythologie car elle fait de la langue
enfantine « une langue imparfaite et embryonnaire. Cette situation va occasionner la quête des
langues idéales. Pour finir au xviii è siècle, la langue du père s’avère la meilleure appelée « La
lingua del pane »2, « c'est la langue de l'unification linguistique, la langue qui, ayant épousé la
convention linguistique nationale, renie et refoule la diversité dialectale dans la domesticité et
la ruralité » En représailles à cette « linga pane », les nationalistes tels que Diderot, prêt à
nier la planète entière afin d'hypostasier la scientificité de la langue nationale, Montesquieu
Rousseau, Voltaire et Alembert, par le progrès social entreprirent la normalisation
linguistique (soumettre la langue maternelle à la norme). Ainsi, l’entreprise encyclopédique,
l’œuvre d’alphabétisation, la pédagogie et l’enseignement de la langue maternelle furent les
activités essentielles. Par conséquent aux XVIIIè siècle, la langue maternelle est revalorisée
selon les dires de Urbain (1982 : 20) lorsqu’il annonce que : « La langue maternelle, langue
orale, langue des premières paroles et donc langue d'apprentissage, est de ce fait intégrée à
nouveau à l'univers du linguiste (d'où elle était somme toute exclue) au titre de modèle
pédagogique valable tant pour l'acquisition des langues étrangères que pour l'acquisition de la
langue nationale. » Ce modèle de lutte a commencé en Côte d’Ivoire par le biais de cette élite
qui très engagée, organise des colloques internationaux, crée des revues sérieuses telles que
AKOFENA de l’Institut de Linguistique Appliquée (ILA) qui encouragent les publications sur
les langues maternelles ivoiriennes. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire s’apprête à intégrer les
langues nationales dans l’enseignement primaire. Ainsi, le professeur Mariatou Koné, ministre
de l’éducation et de l’alphabétisation dans son allocution à l'ouverture du Symposium organisé
le lundi 24 avril 2022 au Centre National des Matériels Scientifiques, n’a manqué de
remercier quelques-uns des pionniers de ce projet lorsqu’elle affirme :
Je pense d’abord aux pionniers de l’enseignement bilingue dans notre pays depuis les
années 1980, avec le Projet Nord du Professeur Khaled Aït Hammou, chercheur de
l’Institut de Linguistique Appliquée (ILA) à Lataha, ainsi que l’ONG « Savane et
Développement » du Professeur Saliou Touré, dans les années 1990 à Kolia.
MENA (2022)
2
C’est une autre langue, celle qui est associée au pouvoir dans la communauté, celle qui permet de gagner son pain.
leurs ». Deux concepts sont inhérents à cette de notion : le concept de besoins, plus
particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus
grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation
sociale imposent à la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. Le
développement durable est « un type de développement qui prévoit des améliorations réelles
de la qualité de la vie des hommes et en même temps conserve la vitalité et la diversité de la
Terre. Le but est un développement qui soit durable. À ce jour, cette notion paraît utopique, et
pourtant elle est réalisable. De plus en plus nombreux sont ceux qui sont convaincus que c’est
notre seule option rationnelle » (UICN, PNUE et WWF, 1980). Le développement durable est
« une démarche visant l’amélioration continue de la qualité de vie des citoyens par la prise en
compte du caractère indissociable des dimensions environnementale, sociale, économique et
culturelle du développement durable dans une perspective d’équité intra- et
intergénérationnelle » (OIF, 2002).
des collectivités, les réseaux de villes et les communautés urbaines sont à même d’exprimer
les besoins et de mettre en œuvre des solutions. »
-Informateurs
Source : Enquête
Ethique
Ecologie
Sociale
Economique
1. Résultats et discussion
La démarche pragmatique relative à l’évaluation de projet de développement durable
du consultant environnement Lerond (2004) a permis d’obtenir les données consignées dans le
tableau ci-dessous.
décisives. Les
idées des
locuteurs en
langues
maternelles ne
sont pas
extériorisées.
On constate une tendance à Les langues Les institutions Les langues Les autorités
revaloriser les langues locales maternelles sont ont changé de maternelles sont politiques
par les autorités locales et la érigées en méthode de lutte utilisées dans les introduisent
radio locale. langues d’affaires contre procès à la justice souvent dans
Tendances l’exploitation de la leur discours
évolutives forêt classée de politique
Tai et le quelques mots
braconnage en des langues
finançant les locales pour
projets aux attirer
populations l’attention de
concernées. ses
interlocuteurs
analphabètes.
Objectifs de La consolidation de la cohésion La lutte contre la La protection de la Egalité du genre Parvenir à la
références sociale dans les zones de retour pauvreté forêt classée de et l’émancipation bonne
ou de réinstallation Taї et de sa faune. de la femme gouvernance
(inclusive )
Enjeux forts : valorisation des Intégration des Protection de la L’épanouissement Au plan
langues maternelles pour la valeurs forêt et des de la femme national : Projet
cohabitation des populations culturelles des animaux longtemps d’intégration
autochtones et allogènes. langues marginalisée dans des langues
maternelles à la société maternelles
travers la africaine . dans
Enjeux et promotion des l’enseignement
orientations médicaments et -Célébration de la primaire dans
artistes journée des les années à
traditionnels femmes et venir.
financement Au plan local :
accordé aux Implication des
femmes pour leur chefs
projet coutumiers
dans la gestion
politique de la
cité (et non la
mairie.
Nombre de réunion des Nombre de spots Nombre de spots Nombre Nombre des
communautés ethniques avec le en langue ou émissions d’associations rencontres des
préfet ou le conseil municipal. maternelle au radiophoniques féminines en acteurs du
Nombre de spots en langue sujet des ventes pour la plein essor à système
maternelle par jour à la radio de médicaments sensibilisation sur Tabou. éducatif
Indicateurs « phare » de Tabou au sujet de traditionnels par la protection de la ivoiriens au
la paix après les conflits fonciers jour à la radio forêt classée de Nombre de spots sujet de la prise
de 1999 et la crise postélectorale « Phare » de Tai et la lutte ou émission en en compte des
1-La place des langues maternelles dans la cohésion sociale et la paix à Tabou après la guerre
de 2002
2-Les langues maternelles à la radio « Phare » de Tabou : De véritables moyens publicitaires
des médicaments traditionnels
3-L’essor des artistes musiciens en langues maternelles de Tabou
54/57 soit 92,98% des participants ont reconnu de façon unanime la contribution des langues
maternelles dans la réduction de la pauvreté. Cependant, est-ce possible que ces langues
locales rendent prospèrent cette population ? A cette question, les avis sont partagés, 43,85%
répondent par l’affirmation et 31,57% ayant un point de vue mitigé contrairement à 24,56%
qui expriment leur incrédulité. Notons que de façon générale que 53/57 d’un pourcentage
estimé à 75,43% des enquêtés attestent l’apport des langues maternelles dans le domaine
économique. 72,72 % de ces participants ont l’âge compris entre 15 et 30 ans ainsi que
84,61% se situent entre 30 et 50 ans.
Les jeunes comme les adultes sont d’accord que la langue maternelle est un facteur de
développement durable sur le plan économique. Mais, la langue maternelle peut-elle
contribuer à sensibiliser à la sauvegarde de la forêt et des animaux ?
A cette préoccupation, 45,61% répondent par l’affirmation, 7,01% s’y opposent et 47,36%
adoptent la position modérée.
3. Discussion
Notre discussion va tourner autour de l’importance des langues maternelles dans le
développement durable. A cet effet, les contributions de l’UNESCO (2020 ,2022) et de
Brunet-jailly (1991) vont meubler cette partie. UNESCO (2020) affirme que les langues
maternelles sont en effet une source d’inclusion sociale, d’innovation et d’imagination ; elles
sont aussi une respiration pour la diversité culturelle et un instrument de paix. C’est-à-dire
que les langues maternelles sont indispensables pour la cohésion sociale, les recherches et
inventions scientifiques grâce à leur richesse culturelle variée. Cela dit, les langues
maternelles contribuent fortement au développement durable. Mais, Brunet-jailly
(1991) affiche une opposition farouche à cette idée et estime que seules les langues qui
exprimeront facilement les messages du nouvel esprit scientifique sont indispensables dans ce
monde caractérisé par la mondialisation et la globalisation. Pour lui, il faut donc une langue
qui transmette les connaissances scientifiques acquises. « A un autre niveau d’ambition, il
faudra une langue qui permette de faire connaitre les résultats originaux, qui permette la
communication avec les chercheurs des autres pays. » (Brunet-Jailly (1991 : 315). Autrement
dit, l’anglais, langue étrangère doit être la seule langue d’échange dans ce village planétaire ?
Or, aujourd’hui la coopération internationale entre les pays doit pas être verticale (les pays
sous-développés dépendent des grandes puissances) mais horizontale (chaque nation apporte
ce qu’elle possède comme richesse). A cet effet, si l’Afrique veut participer au développement
durable à l’aide de ses langues nationales, il faudrait la normalisation de celles-ci. C’est dans
ce contexte que Brunet-Jailly affirme :
Comme le dit un adage « Qui veut aller loin ménage sa monture », alors le
gouvernement ivoirien projette intégrer des langues nationales dans l’enseignement scolaire
primaire. Aussi l’UNESCO (2022) envisage-t-elle propulser l’essor des langues maternelles
dans les dix prochaines années à compter de cette année 2022. Ses actions consisteront à
garantir le droit des peuples autochtones à préserver, revitaliser et promouvoir leurs langues.
Elle offre l'occasion de collaborer dans les domaines de l'élaboration des politiques, de
stimuler un dialogue mondial et de prendre les mesures nécessaires pour l'utilisation, la
préservation, la revitalisation et la promotion des langues autochtones dans le monde.
Conclusion
A l’issue de notre réflexion, il ressort que l’évaluation de l’apport des langues
maternelles dans le développement durable du département de Tabou s’est faite de deux
manières : D’une part, à travers une analyse qualitative à caractère pragmatique et une analyse
quantitative des points de vue de la population. Ainsi, les résultats montrent que les langues
maternelles ont favorisé le climat de paix et de cohésion sociale après les conflits fonciers de
1999 et la crise postélectorale de 2012. Ensuite, les langues locales sont de véritables
instruments de la radio locale « Phare » pour la publicité des médicaments des
naturothérapeutes « tradi-praticiens », pour la sensibilisation sur le droit des femmes et la
protection de la forêt classée de Taї.
Références bibliographiques
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Villeneuve, C. & Riffon, O. (2011). 32 questions pour une réflexion plus large sur le
développement durable. Département des sciences fondamentales, Université du
Québec à Chicoutimi
Annexe
Etape 1
Les composants de cette étape sont le diagnostic, les enjeux et orientations, les indicateurs
prévus. Le diagnostic prend en compte les caractéristiques essentielles de l’apport des langues
maternelles dans le développement durable à Tabou et les objectifs de références des autorités
locales (la mairie). Les caractéristiques sont les forces et faiblesses, les données factuelles,
les politiques de suivies et les grandes tendances évolutives. Quant aux objectifs de référence,
ce sont entre autres les engagements internationaux, les politiques nationales, régionales et
locales. En ce qui concerne les enjeux, ils sont régionaux, territorialisés et transversaux). Ces
enjeux sont transformés en orientations stratégiques. Les indicateurs sont choisis par rapport
aux enjeux identifiés comme prioritaire l’objet d’un suivi régulier.
Etape 2
L’état de référence est composé d’indicateurs avant le début.
Ce second document sert aussi à évaluer les impacts, proposer des choix et des mesures
réductrices ou d’accompagnement.
Etape 3
Cette étape comporte des indicateurs renseignés pendant et après. Elle servira à vérifier la
conformité.
Résumé : Cet article porte sur les adjectifs de couleurs dans trois langues Gur de Côte
d’Ivoire à savoir, le koulango, le lobiri et le tagbana. Deux domaines de l’analyse
linguistique seront abordés : la morphologie et la sémantique. Pour rendre compte des
faits de langues observés dans les adjectifs de couleurs tels qu’ils se présentent dans les
trois langues, la linguistique descriptive va servir de cadre d’étude. La nature ou l’univers
des hommes est constitué(e) de diverses réalités qui se distinguent les unes des autres par
leur couleur ou leur teinte. Ces couleurs sont utilisées pour qualifier des objets de la
nature d’une part et de la création humaine d’autre part. Quand la couleur permet de
qualifier un objet par rapport à un autre, on parle d’adjectif de couleur. Sur le plan formel
et selon les langues, les adjectifs de couleur sont rendus par des signifiants aussi simples
que complexes. Dans les trois langues, objet de la présente analyse, il est question de
mettre en lumière les différentes formes de signifiants utilisées pour désigner la teinte de
constituants naturels ou humains. En outre, ce travail vise à montrer qu’à partir d’un
même signifiant, le signifié d’un adjectif de couleur peut faire référence à des propriétés
sémantiques distinctes.
Abstract: This paper focuses on colour adjectives in three Gur languages of Côte d'Ivoire,
namely, Koulango, Lobiri and Tagbana. Two areas of linguistic analysis will be addressed:
morphology and semantics. In order to account for the language facts observed in the
colour adjectives as they occur in the three languages, descriptive linguistics will be used
as a framework for study. Nature or the human universe is made up of various realities
that are distinguished from each other by their colour or hue. These colours are used to
describe objects in nature on the one hand and in human creation on the other. When
colour is used to describe one object in relation to another, it is called a colour adjective.
In terms of form and depending on the language, colour adjectives are rendered by simple
or complex signifiers. In the three languages analysed here, the aim is to highlight the
different forms of signifiers used to designate the colour of natural or human constituents.
Furthermore, this work aims to show that from the same signifier, the signified of a colour
adjective can refer to distinct semantic properties.
Introduction
La première grammaire de la langue grecque est constituée par les Alexandrins dans le
cadre de la Bibliothèque d'Alexandrie et de Musée. Cette grammaire fait suite à l'apparition
des premières dénominations des parties du discours introduites par des non spécialistes de la
grammaire du grec au IVème siècle av. J.C. Elle se propose de sortir de propos philosophiques
pour être une véritable grammaire linguistique. C'est dans ce contexte qu’est mis en place un
modèle de grammaire comportant huit classes de mots : le nom, le verbe, la conjonction, la
préposition, le participe, l'adverbe et le pronom (D. C. Guitart, 2003). Dans cette grammaire,
on remarque l'absence de l'adjectif, considéré comme une subdivision du nom. C'est à partir
du Moyen Age, en 1492 que l'on distingue dix parties du discours parmi lesquelles l'adjectif.
Cette position va être confortée dans la grammaire de Port-Royal (1660). Si dans les langues
indo-européennes le statut grammatical de l'adjectif est établi par la grammaire traditionnelle,
son étude reste cependant confrontée à de nombreuses difficultés dans les langues africaines.
D'ailleurs, la littérature linguistique africaine révèle peu d'études consacrées à cette catégorie.
Et pour cause, les travaux portant sur les catégories lexicales se répartissent en deux groupes.
D’une part, le nom et le verbe sont considérés comme les seules catégories fondamentales et
d’autre part, les deux catégories sont mises sur un pied d’égalité avec l’adjectif, l’adverbe et
les adposition (D. Creissels, 2002). Cependant, malgré cet imbroglio, l'adjectif continue
à susciter un grand intérêt et demeure l'une des priorités de la grammaire en général et un
défi majeur pour les linguistes africains en particulier. L'étude envisagée ici, à travers le sujet
"Les adjectifs de couleur dans quelques langues gur de Côte d'Ivoire: une analyse
morphologique et sémantique", se veut une contribution aux importants travaux antérieurs sur
la description de l'adjectif D. Creisseils (2002), O. K. Yéo (2020), J. S. Sib et O. K. Yéo
(2019), E. A. K. Kra (2007). Elle vise à mettre en lumière les propriétés morphologiques et
sémantiques des adjectifs de couleurs dans ces trois langues. Pour conduire ce travail, trois
axes serviront d'orientation. Il s'agit d'aborder dans un premier temps les aspects théoriques
relatifs au sujet. Cette phase sera suivie de l'étude de la morphologie des adjectifs de couleur
et la dernière partie traitera des propriétés sémantiques des adjectifs de couleur.
dialectes du tagbana à savoir le cèdààlà, le kàcààlà et le kàcòòlò. Le kàcòòlò est le dialecte qui
fait partie des trois langues de cette étude.
Deux termes nous intéressent ici : il s'agit des mots adjectif et couleur. Dans la
grammaire de Port-Royal (1660), on retrouvait déjà la définition de l'adjectif. Dans cette
grammaire, Arnauld et Lancelot situent l'adjectif parmi « les mots qui signifient les objets des
pensées ». Parmi ces mots, il y a ceux qui signifient les substances et qui sont qualifiés de
« noms substantifs » et ceux qui signifient les accidents, en marquant les sujets auxquels ces
accidents conviennent et qu'on appelle « noms adjectifs » (Port-Royal, 1676:31). Pour
Arnauld et Lancelot, l'adjectif présuppose toujours un nom substantif; ce que Gustave
Guillaume traduit en termes « d’incidence externe ». Cette dépendance a été relevée par
Beauzée (1767) comme l'un des critères pertinents pour distinguer l'adjectif du nom. Les
récentes études consacrées à cette classe de mots s'inscrivent dans le même ordre d'idées et
tentent de rendre plus explicitent la définition de l'adjectif. Selon F-J-M, Noël et C-P, Chapsal
(1886 :91), « L’adjectif est un mot que l’on ajoute au nom pour exprimer les qualités, les diverses
manières d’être des personnes ou des choses désignées par ce nom. » A travers cette définition,
l’adjectif se révèle comme un terme qui sert à préciser l’aspect d’un objet, d’un être ou d’en
indiquer la qualité ou les défauts. Cette approche amène à identifier deux propriétés de
l'adjectif à savoir, la dépendance du substantif et l'assignation d'une qualité à un support ou
une substance (J. Goes, 1993). En effet, l'adjectif n'a pas d'autonomie dans le discours. Il se
définit par son rapport avec un nom. Celui-ci sert de support à l'adjectif et lui donne son
nombre et/ou son genre comme c'est le cas de certaines langues à genre ou à classe par
exemple dans les langues africaines.
La couleur est le deuxième terme qui nous intéresse dans ce travail. Parlant de la
couleur, R. Sève (2009 :7), estime qu’« Il est difficile de définir la couleur. » Cette difficulté en
effet, tient au fait que la notion de couleur s’aborde selon plusieurs approches (artistique,
chimique, physiologique, cognitive). L’approche physiologique de la couleur par exemple,
relie la perception au système visuel. C’est dans cette perspective que Rosenstielh (1924)
inscrit la définition de la notion de couleur. Pour lui, la couleur est la « Qualité de la lumière
que renvoie un objet et qui permet à l’œil de le distinguer des autres objets, indépendamment de
sa nature et de sa forme » (Rosenstielh, 1924 :17). En d'autres termes, la couleur renvoie à une
perception visuelle de l’aspect d’une surface. La couleur permet de distinguer des objets les
uns des autres d’une part et de coder des informations d’autre part. Cette approche est celle
retenue dans le cadre de ce travail. En effet, le système de couleurs en koulango, lobiri et
tagbana se répartit en deux groupes : les couleurs de base et les couleurs nuancées. Au regard
de ce qui est écrit supra, l'adjectif de couleur s'appréhende comme un mot ou groupe de mots
qui dépend d'un nom dont le but est de décrire l'éclat, la teinte ou la pigmentation des objets,
des substances ou des êtres.
couleurs. L’approche sémantique quant à elle, fait suite aux travaux de A. Zagidullina (2021).
Elle s’appuie sur une démarche socioculturelle de la signification des couleurs qui se base sur
l’analyse des sens dénotatif et connotatif. Pour analyser et vérifier les faits, une enquête a été
menée et a permis la constitution d’un corpus à partir des termes de couleurs. Ce corpus est
composé de données recueillies en koulango, lobiri et en tagbana auprès d’informateurs et ce,
pour les besoins de ce travail. A ces informations fournies par des informateurs, s’ajoutent des
données recueillies dans des travaux existants dans ces langues.
Le deuxième groupe de couleurs renferme des unités linguistiques qui réfèrent à des objets ou
des êtres. Ces couleurs sont dites couleurs référentielles. Ces unités linguistiques assimilent
un objet référé à la teinte d’un objet ou d’une réalité naturelle.
En lobiri :
SG PL
5. tɩ̰ ́ « vieux » tʰɩ́ná̰
cɔ tɩ̰ ́ « une vielle maison » cɔ tɩ̰ ́ná̰ « des vielles maisons »
6. bír « noir » bírǝ́
nà bír « un poulet noir » nà bírǝ́ « des bœufs noirs »
7. búló « blanc » búlosɷ̀nɔ̰̀
tòdá búló « un habit rouge » tòdá búlósɷ̀nɔ̰̀ « des habits blancs
En tagbana:
8. kasɩa ki wuɔ kasɩara ti wuɔrɔ
Sac SG CL. noir > Sac PL CL Noir PL
Un sac noir Des sacs noirs
En koulango :
10. bɔ́ɔ́tɔ́ bííkò bɔ́ɔ́tɔ́ɷ̰́ bı́ı́n
sac SG noir SG > sac PL noir PL
Un sac noir Des sacs noirs
Outre le fait que les adjectifs de couleur se présentent sous des formes simples et
complexes, il est possible, à l’instar des adjectifs qualificatifs, de dériver un syntagme
adjectival désignant une couleur à partir des bases verbo-nomino-adjectivales, comme c’est le
cas en lobiri :
Un sac bleu
En tagbana :
19. wɛ́rɛ̀ ɲíɛ́
Feuille jaune
Une feuille jaune
En koulango :
22. dátáɡá bííkò
pagne noir
Un pagne noir
En tagbana, le terme « wróò » en (25) pris de façon isolée ne désigne pas la couleur mais un
phénomène réel de la nature alors qu’en (26), associé à un nom il renvoie à la couleur verte
qui est la teinte de la moisissure.
D’autre part, la dérivation des couleurs peut s’effectuer par référence à la teinte des
objets ou des êtres au moyen des termes de comparaison. Ici, on assimile l’objet à nommer à la
couleur d’un objet auquel on se réfère. Illustrons tous ces phénomènes à travers les exemples
(27), (28) et (29) ci-après :
En lobiri :
27. cı̰ ̀cı̰ ́n bíré hò fà
habit noir ressembler feuille
Lit. Un habit est noir comme une feuille
Lib Un habit vert
En tagbana :
En koulango
En lobiri :
30. tòdá sɩ̀ɛ̀ ɂɩ̀mɩ̀mɩ̀
habit rouge IDEO
Un habit cramoisi
En koulango
37. nɛ́fá sɩ̀ɛ̀ « une chaussure rouge » : dénote un objet que l’on porte au pied et qui est
en rapport avec le sang, le feu, le soleil en termes
de couleur.
38. ná̰ bríígò « un bœuf noir » : dénote un boviné dont la teinte a trait à la nuit,
l’obscurité.
39. kàsɩ́á fíí « un sac blanc » : dénote un objet ni rouge ni noir.
Dans le vécu des locuteurs koulango, lobiri et tagbana, la couleur noire dénote des faits
réels qui ont trait à l’obscurité. Elle est représentative des couleurs dites froides (une feuille
verte, une personne de teint noir…). La couleur rouge quant à elle, reflète le sang, le feu ou le
soleil. Celle-ci représente toutes les couleurs chaudes (farine jaune, un chien roux). En ce qui
concerne la couleur blanche, elle fait référence à une teinte qui n’est ni rouge ni noire.
spiritualité chez le peuple Akan par exemple ne l’est pas chez les voltaïques. Tel que perçu, le
sens connotatif d’une couleur est une « signification figurative », une symbolique qui relève
d’un fond socioculturel. Examinons quelques faits pour nous en convaincre.
En lobiri
La couleur noire symbolise :
- la difficulté, problème, malheur,
40. ɂjɩ̀ɛ̀ bìré òlò
visage être noir Ollo
la figure de Ollo est noire
Ollo a des difficultés.
- le manque ou l’absence,
41. ɂà tʰé ɲɛ̰́ bìr
il sortir main PL noir
Il est sorti les mains noires.
Il en est sorti vide.
Le blanc symbolise :
- la bonté, la gentillesse,
42. írí hánánɛ̰̀ háár búló
iri avoir foie blanc
Iri a un foie blanc
Iri est gentille
- l’agonie.
43. kʰódáár càr jí búló
malade ouvrir œil PL blanc
Le malade a ouvert des yeux blancs
Le malade est agonisant/ mourant
En tagbana
La couleur blanche est le symbole de :
- la générosité, la bonté,
44. kátɩ́náŋ wɩ́ làm pɩ́ fɩ̀ɩ̀
katinan Cl. entrailles cl. blanc
Kitinan a des entrailles blanches
Katinan est généreux/gentil.
En koulango
Le blanc symbolise :
- l’innocence, la franchise.
45. kùmà̰ bɔ̀ mı̰ ̀ɲò vɷ̰́ɩ̰ ̀
Kouman Poss. intérieur blanchir
Kouman est innocent.
Conclusion
Le propos de cet article est d’appréhender les comportements morphologiques et les
caractéristiques sémantiques des adjectifs de couleur dans les langues Gur. Cette
préoccupation nous a amené à analyser des faits de langue en koulango, lobiri et tagbana.
L’analyse révèle que les adjectifs de couleurs ont des propriétés morphologiques et
sémantiques diverses. Sur le plan morphologique, les adjectifs de couleur dans ces trois
langues se caractérisent par des propriétés formelles et fonctionnelles qui s’identifient à celles
de l’adjectif qualificatif. Ils respectent l’accord de classe, de genre et de nombre, l’un des
traits définitoires des langues gur. Ces trois langues distinguent des adjectifs de couleur
simples (qui sont les couleurs fondamentales) des adjectifs de couleurs complexes (des
couleurs nuancées ou référentielles). D’un point de vue fonctionnel, ils entretiennent avec le
nom auquel ils se rattachent une relation syntagmatique de fonction qualificative.
Sémantiquement, les adjectifs de couleurs recouvrent des réalités sémantiques distinctes. Il
existe dans ces trois langues des universaux en termes de signification. Il s’agit du sens
dénotatif des adjectifs de couleur. Ce sens renvoie aux aspects de l’apparence visuelle des
adjectifs de couleur. Aussi, en fonction des associations mentales que chaque peuple ou
individu fait de la couleur, il peut en avoir diverses interprétations sémantiques selon les
langues.
Références bibliographiques
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consultable sur URL : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03223923
Abstract: Onomatopoeia and ideophone can be define as the imitative production of words
from sounds. These phenomena are found in all languages of the world. However, the studies
of onomatopoeia and ideophones are insufficient with regard to a constructive perspective,
especially between western and African languages. Considering its importance in language
development, the present study provides a descriptive account of the onomatopoeias and
ideophones of two (2) different languages namely English and Gouro. Therefore, what are
the linguistic characteristics of ideophones and onomatopoeia in English and Gouro? This
article highlights the morphological and syntactic structure of the onomatopoeia and
ideophones of English and Gouro, a south Mandé language of Côte d'Ivoire. The objective
is to account for the similarities and differences between these two linguistic phenomena. It
was found that there is a high morphosyntax similarity relationship between the English
idiophonic onomatopoeic words and Gouro, but also it should be noted that a difference in
part exists in some cases.
Introduction
Les mots d’une langue se rangent dans trois catégories, à savoir ; les mots iconiques
(qui se rapporte à l'icône, à l'image en tant que signe.), les mots indexicaux (termes dont la
signification dépend entièrement de certaines caractéristiques du contexte dans lequel ils
sont prononcés.) et les mots symboliques (qui constitue un symbole, repose sur un ou des
symbole(s). La dernière classe constitue la plus importante dans la mesure où la plupart des
mots dans toutes les langues humaines sont des mots symboliques. Dans ce cas de figure, il
existe une relation arbitraire entre leurs formes et leurs significations. Cependant, les
onomatopées et les idéophones font exception à cette règle. Ils ont un caractère iconique. De
par leur caractère imitatif des sons naturels, la relation entre leurs formes et leurs
significations n'est pas arbitraire. Les investigations sur les idéophones et les onomatopées
que l’on trouve dans la langue anglaise sont récents (Diffloth, 1972). Dans la même
perspective de recherche, il est important de préciser que ces phénomènes linguistiques sont
en perpétuelle évolution. Tout comme le système linguistique entier, les idéophones et les
onomatopées subissent le même principe d’évolution linguistique, (F. de Saussure, 1959).
Cela prouve que les mots renferment des idées ou connaissances qui participent à la
communication à proprement dite. Par conséquence, les idéophones et onomatopées
concourent au partage d’un certain nombre d’idées et de connaissances. Mais la description
des autres catégories grammaticales participe aussi à la compréhension des langues. Cette
étude permettra de mieux distinguer les onomatopées des idéophones mais aussi, de
contribuer à une bonne compréhension des langues pour permettre des échanges ou partages
de connaissances telles que la traduction de faits ou des cultures dans le domaine
cinématographique par exemple. De nos jours, avec le développement des technologies de
l'information, l’accès électronique des éléments catalyseur de développement, les savoir-
faire étrangers sont devenus plus accessibles aux personnes d'autres pays. Grâce à l'accès
facile à Internet dans la plupart des pays du monde, les connaissances et mode de vie sont
partagés à travers le monde. Ces connaissances (sciences) et mode de vie (cultures) sont
transmis à travers des œuvres littéraires et cinématographiques étrangères. Le partage et la
compréhension totale de ces connaissances mettent donc en exergue le statut important de
la « traduction/interprétariat ». Dans cette perspective, il est à noter que l'une des
spécificités langagières omniprésentes dans les œuvres artistiques anglaises qui sont sources
de difficultés de traduction/interprétariat est le phénomène des « idéophones et onomatopées
». Les éléments de réponses de cette étude contrastive pourront donc aider à la
compréhension maximale des langues, en mettant en lumière les caractéristiques,
morphologiques et syntaxiques des idéophones et des onomatopées en gouro et en anglais.
Surtout que les langues s’entre-clairent les unes les autres (H. Adamczewski 1982). Ainsi,
la difficulté des traducteurs ou interprètes sera réduite lorsqu’il s’agira de traduire les mots
onomatopéiques et idéophoniques des savoirs anglophones pour des populations africaines
(le cas du Gouro).
1. Problématique
L’étude de ces mots (onomatopées et idéophones) peut paraître, à première vue,
dépourvue de sens; car parfois l’on les assimile au divertissement. En effet, pour certains ils
n’en valent pas la peine d’être sujet de recherche scientifique. Cependant, on ne peut ignorer
l’importance de ces mots qui sont très souvent plus expressifs que des noms, des verbes, des
adjectifs, des adverbes, etc. Nous nous intéressons donc aux idéophones et aux onomatopées
l’idéophone est un terme qui dénote un bruit existant dans la nature et dont les sonorités
imitent l’expérience acoustique dénotée. Il constitue toujours une imitation approximative,
donc relativement arbitraire ». Les idéophones définissent une représentation vive d’une
idée par un son ou un bruit. En effet l’idéophone est une catégorie de mot visant à rendre
(visible, physique) une sensation ou une perception, une idée, voire un mouvement en dépit
de son effet sonore. Quant à l’onomatopée c’est un mot imitant ou prétendant imiter par le
langage articulé, un bruit naturel (humain, animal). Ce sont des mots dont la forme ressemble
à l’objet qu’ils désignent. La distinction entre onomatopées et interjection n’est
malheureusement pas nette. Toutefois, ils sont classés comme catégorie au sein des
interjections, (Estela Klett, 2020).
2. Cadre théorique
Pour mener à bien notre étude, nous nous sommes appuyés sur le cadre théorique
fonctionnaliste dans la mesure où nous avons utilisé́ les outils et concepts opératoires de ce
dernier. La pensée fonctionnaliste d’André́ Martinet (1908-1999) se situe dans la droite
ligne du structuralisme européen élaboré́ par Saussure et, dans la perspective fonctionnelle,
par le Cercle linguistique de Prague, en particulier à travers les travaux de Troubetskoï.
Martinet a commencé́ par des recherches sur l’indo-européen et la phonologie puis a étendu
son travail à la linguistique générale. Bien qu’il n’ait pas proposé de modèle linguistique
général (comme celui de Chomsky par exemple), l’ensemble de ses travaux constitue
cependant une théorie, dans le cadre d’une linguistique fonctionnelle. Martinet veut
pratiquer une linguistique à la fois objective (en refusant de s’appuyer sur le sentiment
linguistique, ou l’intuition psychologiste) et échappant au formalisme voire au dogmatisme.
Le principe théorique de base de la linguistique de Martinet est sa définition de la langue
comme « instrument de communication doublement articulé et de la manifestation vocale »
(1991 :20). Martinet donne une définition synthétique à la perspective fonctionnelle de ses
travaux, dans Fonction et dynamique des langues(1989) : « le terme de fonctionnel y est pris
au sens le plus courant du terme et implique que les énoncés langagiers sont analysés en
référence à la façon dont ils contribuent au processus de la communication ». Le choix du
point de vue fonctionnel dérive de la conviction que toute recherche scientifique se fonde
sur l’établissement d’une pertinence et que c’est la pertinence communicative qui permet de
mieux comprendre la nature et la dynamique du langage. Tous les traits langagiers seront
donc, en priorité́, dégagés et classés en référence au rôle qu’ils jouent dans la communication
de l’information » (1989 :53).
3. Méthodologique
L’enquête de terrain avait pour objectif de rassembler le maximum d’informations
sur les idéophones et onomatopées en pays gouro. Ces données se subdivisent en deux types
de sous-corpus : un écologique et un autre non écologique. La première classe concerne les
onomatopées de la langue Gouro où des interlocuteurs natifs ont été interviewés. La seconde
catégorie s’est basée sur des onomatopées et idéophones recueillis sur internet, dans des
bandes dessinées etc. Ainsi, pour cette étude, nous avons établi une liste non exhaustive qui
représente un échantillon de l’utilisation des idéophones et onomatopées au quotidien du
Gouro. Le corpus est constitué́ de (160) items, comportant 80 onomatopées et 80 idéophones
du Gouro et de l’anglais. Les (160) mots onomatopéiques et idéophoniques Gouro et anglais
ont été choisis après avoir préparé plusieurs listes des mots onomatopéiques universels dans
leur classe à partir de différents sites Web et dictionnaires ; et il était important pour nous
de sélectionner des mots onomatopéique anglais familier et pour les locuteurs natifs du
gouro. Les données onomatopéiques collectées peuvent être scindées en quatre (04) groupes
à savoir ; les cris des animaux, les bruits de la nature, les sons produits par les hommes, et
les divers sons. Les idéophones se situent dans la représentation vive d’une idée par un son
ou un bruit. Les items idéophoniques choisis ici rendent (visible, physique) une sensation
ou une perception, une idée, voire un mouvement en dépit de son effet sonore. Les items
choisis sont des unités qui se réfèrent à des éléments que l’on peut trouver dans les deux
contextes linguistiques (Anglais et Gouro) tels que des animaux, des faits ou autres éléments
universels.
4. Analyses et résultats
Il s’agit dans cette partie d’analyser les structures morphologiques et syntaxiques
des onomatopées du gouro et de l’anglais puis de présenter le résultat à la suite de l’analyse
des caractéristiques linguistiques des deux langues.
-Unités simples
On entend par unités simples, les mots indécomposables ; les lexèmes qui ont une
autonomie morphologique et sémantique.
Les idéophones concernés à ce niveau sont ceux qui consistent en une seule syllabe.
On peut observer ci-après, quelques exemples. Les idéophones sont marqués par la couleur
rouge.
(1a)
fú: « très blanc »
(1a’)
[ɡɔ̄lɛ̄ sɩ́ɛ́ ā fú:]
/ ɡɔ̄lɛ̄ sɩ́ɛ́ ā fú:/
/Golé/dents/Aux/blanc-blanc/
« Les dents de Golé sont très blanches. »
(1b)
Kick / kIk /
« Expression qui fait référence à de nouvelles chaussures. L’item à lui seul met en exergue
la qualité de chaussures généralement utilisé pour aller à l’école ». Dans les exemples ci-
dessus (1a’ et 1b), les idéophones traduisent l’idée de la qualité, l’état d’une personne ou
d’une chose. En gouro comme en anglais, il existe des idéophones de deux (2) syllabes.
Cette structure syllabique est fréquemment utilisée par les locuteurs de ces deux langues.
Les exemples ci-après en sont une illustration:
(2a)
ɟóɟró « très long »
(2a’)
[nɛ̰̄ ā ɟóɟró]
/nɛ̰̄ ā ɟóɟró/
/enfant/Aux/très long/
« L’enfant est très grand de taille »
(2b)
Zigzag / zIgzæg /
Faisant référence à quelque chose ayant la forme ou le caractère d'une série de courbe en
serpenté.
(2b’)
« A zigzag road (une route en zigzag) »
Ces idéophones dissyllabiques pris en exemple ci-haut apportent une intensification ou une
qualité à la qualification d’une personne ou d’une chose. On n’a donc l’impression de faire
face à des adjectifs avec ces items dissyllabiques. Aussi, tout comme les idéophones, il existe
des onomatopées d’une et de deux syllabe(s) qui jouent les mêmes rôles. A l’instar des
idéophones monosyllabiques, les onomatopées sont constituées également d’une seule
syllabe. Les onomatopées sont marquées en bleu. Observons les exemples ci-
dessous :
(3a)
vrɔ̀ « Bruit d’un coup de poing »
(4a)
kplà « chute d’une petite branche. »
(3b)
Bong /bɒŋ/
« une chute brusque d’un objet «(bruit) »
(4b)
Boom /bu:m/ « bruit d’une explosion »
Dans les exemples ci-dessus, les monosyllabes imitent le son soit d’une chute, soit
d’une explosion. Ce son montre que l’action imitée est brusque et brève. Les mots d’une
syllabe, dans les onomatopées, sont marqués par des voyelles postérieures brèves telles que
(3a et b et 4a et b). Les onomatopées dites « dissyllabiques » sont constituées de deux
syllabes. En gouro tout comme en Anglais, il existe des onomatopées de deux syllabes.
Voyons la série d’exemples présentées ci-dessous :
Les onomatopées mentionnées plus haut sont l’expression d’une action produite avec
puissance et dynamisme. Au regard des exemples (5a, et 7a), on remarque un redoublement
de la première syllabe. Quant aux exemples anglais (5b et 6b), ils se forment de la même
manière que ceux cités plus haut ; mais à la différence de ceux-ci, l’on marque une pause
après la prononciation de la première syllabe.
-La Dérivation
La dérivation est un procédé de formation de nouveaux mots. Elle se fait soit par
l’adjonction d’un affixe à une base lexicale, soit par le redoublement. La dérivation se fait
de plusieurs manières tel que nous le démontrent les exemples ci-après : le redoublement
simple des deux premières syllabes du mot. Les mots de plusieurs syllabes sont formés par
le redoublement d’un mot de deux syllabes. La forme redoublée garde son sens d’origine
avec un accent particulier qui consiste en une accentuation. Les exemples ci-après en
donnent un aperçu.
« bruit que fait un comprimé effervescent dans l’eau (cet idéophone est le slogan d'Alka
Seltzer une marque de comprimé effervescent) ». Dans les exemples (8a), (9a) et (8b) les
premières syllabes sont redoublées et le redoublement de ces premières syllabes ne change
en rien le sens des unités de départ.Dans l’exemple (9a), l’unité dissyllabique [dùɡlá] a été
redoublée pour obtenir la forme dérivée [dùɡládùɡlá]. Cette forme redoublée garde toujours
son sens premier. L’idéophone [dùɡlá] renvoie à la démarche de l’éléphant qui est un animal
de grande taille et d’une masse imposante. Cette personne qui marche est grosse et lourde
d’où une démarche similaire à celle d’un éléphant. Dans l’exemple (8b) les unités doublées
permettent de reproduire le bruit que fait un comprimé effervescent dans l’eau. Certains
idéophones sont également obtenus par la réduplication intégrale de la ou des syllabes qui
compose(nt) le radical avant d’ajouter un suffixe.
Dans les exemples (10a et b) et (11a et b), la reprise de la première syllabe traduit l’idée
d’insistance du bruit de l’ovation, du grelottement ou de bruit que l’on produit ou émet avec
insistance. La suppression des dernières syllabes ne change pas le sens de l’expression.
L’analyse morphologique mise en lumière dans cette partie a permis de révéler les
caractéristiques morphologiques des idéophones et des onomatopées en gouro et en anglais.
La formation des idéophones et des onomatopées utilise bien les trois types de syllabe V, CV
et CCV de la langue. Leur combinaison permet de former des unités simples et des unités
complexes. Dans ces unités complexes, on remarque la présence de phénomènes comme la
réduplication partielle ou totale, la suffixation de dérivatif à une base simple ou redoublée.
En (12a), l’idéophone [tútá] joue le rôle d’un adverbe. Quand à (12b) les idéophones « zig »
et « zag » jouent le rôle de verbe. L’exemple (13a) joue le rôle d’un adjectif tandis qu’en
(13b), l’item « blah » joue le rôle d’un adverbe. Tout comme les idéophones qui jouent divers
rôles dans les phrases, les onomatopées quant à elles, assument des rôles dans les phrases.
(14b)
Big Bang
Une/la grande explosion
(14c)
Meowing: En miaulant
(14d)
to tweet: tweeter
6. Discussion
Les résultats de l’étude contrastive nous ont permis de faire ressortir les points de
ressemblances aux niveaux des structures morphologiques et syntaxiques des idéophones et
onomatopées dans les deux (2) langues, mais aussi, des différences. La formation des
idéophones et des onomatopées en Gouro et anglais utilise bien les trois types de syllabe V,
CV et CCV de la langue. Leur combinaison permet de former des unités simples et des unités
complexes. Dans ces unités complexes, on peut mettre en exergue la présence de
phénomènes comme la réduplication partielle ou totale, la suffixation de dérivatif à une base
simple ou redoublée. Ce phénomène se perçoit aussi dans la formation des idéophones et
onomatopées d’autres langues telle que le Baoulé, (Kouamé Emmanuel: 2015) et du
Japonais Tomimoto et Anna Nishioka (2013). Dans la construction syntaxique, les
idéophones et onomatopées en gouro et en anglais assument les fonctions adjectivale,
adverbiale et nominale dans la phrase verbale. Pour Akita (2013) cité par Mojde Yaqubi
(2018, p206), les onomatopées et idéophones anglais comme plusieurs langues peuvent
assumer presque toutes les fonctions (nominale, adverbiale, adjectivale, verbales) dans une
phrase. Plus loin nous avons découvert que ces types de constructions peuvent être utilisées
comme des énoncées. Pour Bates et al. (1979), MacWhinney (1978), les onomatopées et
idéophones ne sont pas des parties du discours ils sont eux-mêmes des énoncées. De plus,
lorsque les onomatopées jouent le rôle de syntagme nominal dans la phrase, elles peuvent
prendre la forme d’idéophones. « Un idéophone est une dramatisation d'actions ou d'états. "
(Kunene 1978: 3). Pour reprendre cette distinction communément admise entre langage
ordinaire et idéophones dans des mots familiers : ce que nous dit le langage conventionnel,
un idéophone – exactement comme un geste performatif – nous le montre. Dans le cas des
cris de réponse anglais ou des exclamatives que nous avions répertoriés, cela nous montre
quelque chose sur les sentiments du locuteur (cf. Dingemanse 2011 : 214). Les idéophones
sont souvent accompagnés de gestes visibles. Selon les mots de Daniel Kunene (idem),
prononcer un idéophone, c'est « dire l'acte », ou passer du récit d'une « histoire » (dire
quelque chose : raconter l'histoire) à monter une « pièce de théâtre ». La différence
intuitivement claire entre les deux expressions pourrait cependant être saisie directement
comme celle entre les idéophones sont des lexèmes expressifs. Ces termes ont une structure
morphologique en rapport avec les sons (bruit) qu’ils produisent, dans leur contexte
d’emploi, Téra (1992 :7). Les onomatopées peuvent-être classées en deux sous-groupes : les
onomatopées imitant les cris d’animaux et les onomatopées imitant des coups, des chutes,
Tanja M (2018). Les différences culturelle et géographique entrainent nécessairement des
différences au niveau linguistique. Dans la même veine, il est à constater que chaque langue
encode différemment les onomatopées. À ce propos, Sierra Soriano (1999 :585) note qu’ : «
on a affaire à une création linguistique qui imite la réalité en se soumettant aux règles de la
langue ». Au niveau morphologique, la formation des unités complexes, les idéophones et
onomatopées gouro peuvent être fait par redoublement de la première syllabe sans
interruption ou pause entre les unités. Quant aux idéophones et onomatopées anglais, ils se
forment de la même manière mais à la différence de ceux-ci, l’on marque une pause
matérialisée par un tiret après la prononciation de la première syllabe. D’un point de vue
syntaxique, aucune différence apparente ne peut être relevée. Les idéophones et
onomatopées anglais et gouro fonctionnent syntaxiquement de la même manière. De prime
abord, les idéophones sont typiquement africains. Aussi, Les idéophones relèvent-ils de
certaines formes expressives qui font partie de la tradition orale dans les langues d’Asie ou
d’Océanie Doke (Voeltz et Kylian-Hatz 2001, Dingemanse 2011) en 1935. La cohabitation
des peuples a permis des empreints de ces termes dans la langue anglaise. Par la suite, les
idéophones et onomatopées anglais influencent de nos jours plusieurs langues notamment
les langues occidentales telles que le Français, l’Italien (P. Pier Simone, 2022). Cela est dû
à l’exportation de la culture anglophone à travers le cinéma, la musique, etc. Le principe de
contrastivité sur quoi repose notre étude nous permettra d’appréhender le fonctionnement
des langues (Gouro et Anglais). Toutes les langues du monde, aussi différentes soient-elles
en surface, s'éclairent les unes les autres de telle sorte qu'une langue peut présenter en
surface une opération de manière plus explicite qu’une autre (H. Adamczewski : 1982).
L’analyse contrastive est l’étude systématique d’une paire de langues dans le but d’identifier
leurs différences structurelles et leurs similitudes. Historiquement, elle a été utilisée pour
l’apprentissage d’une seconde langue. Elle donc permet aux linguistes de découvrir le
principe commun (une architecture commune) à toutes les diversités des langues naturelles.
Mais aussi, pour confirmer ou infirmer une opération qu'un linguiste a posé comme opération
principale effectuée par une unité, H. Adamczewski (1999). L’analyse contrastive démontre
que la systématicité qu’offrent les langues n'est pas une imagination du linguiste. C'est plutôt
une propriété inhérente des langues naturelles humaines. De ce fait, l’on peut révéler les
similarités et différences de deux langues pour mieux comprendre leurs fonctionnements.
Conclusion
Dans cet article nous avons voulu mettre en lumière les caractéristiques,
morphologiques et syntaxiques des idéophones et des onomatopées en gouro et en anglais.
Au terme de notre travail, nous pouvons affirmer que les idéophones et les onomatopées
utilisent bien la structuration morphologique obéissant à des procédés formels comme la
dérivation, la réduplication, etc. Leur fonctionnement syntaxique est caractérisé par des
constructions semblables dans la mesure où ils assument les mêmes rôles syntaxiques dans
la phrase et peuvent-être utilisés comme des unités à part entière. Aussi, il est à noter que
les idéophones et onomatopées anglais et gouro, bien qu’ayant des similarités
morphosyntaxiques importantes, révèlent une part infime de différences au niveau
morphologique. Les différences à relever sont situées au niveau des cris de certains animaux
dû sans doute aux différentes espèces et à la différence culturelle et géographique. Les
idéophones n’ont toutefois pas de sens en dehors d’un contexte d’emploi alors que les
onomatopées sont dotées d’un sens codé qui leur permet d’être prises comme des mots pleins
en dehors d’une situation d’énonciation. À travers cette analyse, nous nous sommes rendu
compte que la formation de ces unités ne fait pas abstraction du caractère arbitraire de la
langue comme le conçoit certains linguistes (Tsoi T et Chung C, 2014), (Mojtaba K. et al,
2014). Le même bruit produit par un même animal ou la nature n’est pas reproduit
linguistiquement de la même manière dans différents contextes socioculturels. Cela
s’explique par le fait de la relation d’interrelation entre la langue, la géographie et la nature
qui eux peuvent-être différents en fonction des régions qui influencent la perception des
peuples. Le crie du coq parait très universel mais pas la description linguistique que lui
confère les langues.
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Balaïbaou KASSAN
Université de Kara, Togo
[email protected]
&
Djibrila TETEREOU
Université de Kara, Togo
[email protected]
Abstract: This paper analyses the processes of lexical creation that Fulfulde offers its
speakers so that to meet their needs for designating concepts belonging to specialized
fields of knowledge and practices. The study is carried out through the lenses of the
empirical-inductive and qualitative approach. The analysis is based on empirical data
collected for this purpose through documentary research and a field survey. The results
of the study show that the terms used in specialized fields of knowledge and practices
present complex structures depending on the processes used to form them. Thus, the
specialized vocabulary is made up of simple terms, terms formed by composition,
derivation, borrowing, linguistic loans and semantic loans.
Introduction
Le fulfulde offre à ses locuteurs, diverses possibilités de création lexicale afin de
satisfaire leurs besoins en matière de dénomination des concepts surtout dans les domaines
spécialisés de connaissances et de pratiques. En effet, « la créativité n’est, dans aucune
langue, impossible […] » (C. André & B. Jean, 1984, p.214), mais les procédés de création
lexicale varient d’une langue à une autre. Cependant, si l’on compte un nombre important
de travaux de description du fulfulde, l’analyse des procédés de création lexicale dans les
domaines spécialisés de connaissances et de pratiques semble n’avoir pas jusqu’à
maintenant retenu l’attention des chercheurs. La présente étude a le mérite de combler le
vide documentaire sur la description des procédés de création des termes spécialisés en
fulfulde pour assouvir les besoins de désignation des notions et concepts de spécialité. La
langue d’étude est donc le fulfulde qui, selon la classification de K. Williamson & R. Blench
(2004 :33), appartient à la famille atlantique nord du phylum Niger-Congo. Selon O. Boukari
& D. Tetereou :
Le fulfulde, encore appelé ful, fula, fulani, pulaar, ou peul selon les zones linguistiques,
est une des langues les plus parlées du continent. Du fait de leur longue tradition de
peuple nomade, ses locuteurs se rencontrent un peu partout dans le monde. Mais, ils
sont avant tout originaires de différents pays africains tels que le Sénégal, la Guinée, le
Mali, le Niger, le Nigeria, la Mauritanie, le Soudan, le Cameroun, le Togo, le Ghana, le
Bénin etc.
O. Boukari & D. Tetereou (2021 : 64)
La variante dialectale sur laquelle porte notre étude est celle désignée dans la
littérature sous l’appellatif de fulfulde juguureere (M. Bakpa & D. Tetereou, 2019). Elle est
parlée majoritairement dans les régions de la Centrale et de la Kara au Togo et s’étend
jusqu’à Djougou, au Benin. Pour examiner les procédés de création lexicale dans cette
langue, nous nous sommes basés sur les domaines spécialisés de connaissances et de
pratiques. En effet, c’est dans les domaines spécialisés que la créativité lexicale est de mise
pour le besoin de désignation de nouvelles notions que les locuteurs s’approprient suite aux
transferts de connaissances et techniques entre des cultures différentes et ceci, grâce aux
contacts des langues. Cette créativité lexicale se base sur le stock lexical de la langue pour
former de nouveaux termes. D. Tetereou (2019, p.147) souligne que « La création lexicale
dans le vocabulaire de spécialité se base sur des éléments linguistiques de la langue
générale, lesquels traités au moyen de divers procédés acquièrent un nouveau sens dans le
domaine notionnel concerné ». La création lexicale intervient dans les domaines spécialisés
de connaissances et de pratiques lorsqu’une nouvelle notion qui fait son entrée dans les
transactions empiriques des locuteurs d’une langue est sans support verbal dans la langue
de la communauté d’accueil. Vue les effets de la mondialisation et la nécessité de transfert
de compétences d’une communauté à une autre, d’un lieu à un autre, entre connaissances
endogènes/sociaux et connaissances exogènes/scientifiques, le besoin de création lexicale
pour désigner de nouvelles notions se fait toujours ressentir en toute circonstance. Il convient
alors, partant de ce constat, de se poser la question de savoir comment cette création lexicale
se fait en fulfulde ? Pour vérifier notre hypothèse selon laquelle le fulfulde offre plusieurs
procédés de création lexicale à ses locuteurs pour la désignation de toute notion qui entre en
jeu dans leurs transactions empiriques avec le monde, nous avons procédé à une observation
et interprétation de données empiriques collectées à cet effet. Il est alors évident que
l’objectif de la présente étude est d’inventorier et d’analyser les différents procédés de
formation de termes de spécialité attestés en fulfulde. A la suite de la présente section
introductive, nous présentons les cadres théorique et méthodologique (§1), les résultats de
l’analyse (§ 2) puis la conclusion de l’étude.
mots de la langue. Selon cet auteur, les mots, à travers leurs constituants peuvent fournir des
informations complexes et bien structurées. Quant au niveau sémantique, nous prenons
appui sur R. Champagnol (1993) et G. Mounin (1972). Le premier souligne que la
composition des unités linguistiques se fait en lien avec les transactions empiriques que les
sujets parlants ont avec le monde qui les environne. Le second quant à lui fonde l’analyse
sémantique des unités linguistiques sur des traits distributifs, distinctifs et contrastifs. C’est
sur ces considérations théoriques que nous prenons appui pour la conduite de la présente
étude. Sur le plan méthodologique, l’étude s’est essentiellement basée sur un corpus de
données collectées dans le domaine notionnel du pastoralisme. Le pastoralisme est une
pratique séculaire longtemps reconnue aux éleveurs peuls, locuteurs natifs du fulfulde. C’est
un secteur d’activités fortement ancré dans la culture peule si bien que la création lexicale
dans ce domaine est assez riche surtout suite au contact avec le français qui véhicule des
pratiques modernes de l’élevage du bétail. L’étude est essentiellement marquée par trois
étapes qui sont (i) la collecte des données documentaires, (ii) la collecte des données de
terrain puis (iii) l’analyse des données collectées en vue de l’identification et interprétation
des différents procédés de création lexicale. Pour la recherche documentaire, il a été
question de répertorier les termes de spécialité dans les documents spécialisés au
pastoralisme notamment les lexiques, les supports didactiques et pédagogiques du
programme d’éducation et de formation des populations pastorales aux métiers de l’élevage,
etc. La démarche onomasiologique a été adoptée pour la collecte des données de terrain.
Cette démarche consiste à partir des concepts appartenant à un domaine de spécialité pour
aller à la recherche des termes qui les désignent dans la langue.
A travers les noms simples présentés en (1), il est alors évident que le nom simple
peut être segmenté en deux constituants fondamentaux qui sont le morphème lexical et le
suffixe de classe. Les morphèmes lexicaux baal- ; cettu- ; ñay- ; seefaa- et pinaa- véhiculent
des informations d’ordre lexical. Chacun d’eux représente le constituant du nom qui a pour
référent la chose nommée. Les morphèmes -al; -ngol; -ngal; -jo et -nge qui leur sont
respectivement adjoints sont des suffixes de classe qui font office de nominants. Si le lexème
permet de se référer à la chose nommée, le suffixe de classe dans son rôle de nominant
assume trois fonctions essentielles. Il (i) range le nom dans une classe nominale donnée ;
(ii) donne une information grammaticale relative au nombre (singulier ou pluriel) et (ii)
précise la nature du référent (humain, non-humain, augmentatif, diminutif). De même, D.
Tetereou (2019, p.154) précise que le suffixe de classe « commande le mécanisme d’accord
des unités linguistiques qui entretiennent des relations de dépendance avec le nom. Ce
mécanisme d’accord est respecté autant dans les syntagmes terminologiques que dans les
phrases ». Comme nous pouvons le constater déjà à travers les illustrations en (1),
dépendamment du nombre de classes nominales en fulfulde, il existe plusieurs suffixes de
classe qui s’adjoignent aux morphèmes lexicaux pour former des noms dans ladite langue.
Les différents morphèmes classificateurs ainsi que les suffixes de classe correspondant sont
résumés dans le tableau ci-après (D. Tetereou, 2019, p.135-136).
former des noms. Ils prennent des formes variées lorsqu’ils s’adjoignent aux lexèmes
nominaux. C’est à juste titre que dans le tableau ci-dessus l’on peut constater la présence de
plusieurs suffixes de classes devant chaque morphème classificateur. Mais pourquoi les
morphèmes classificateurs présentent-ils des variantes morphologiques dans leur adjonction
aux lexèmes ? Face à cette question, M. Bakpa & D. Tetereou (2019, p.626) font remarquer
que « Les variations morphologiques s’expliquent par divers phénomènes
morphophonologiques qui se manifestent à la frontière entre le suffixe de classe et la base
lexicale ». Et ces phénomènes morphologiques sont notamment l’élision, la resyllabation etc.
Les illustrations en (2), (3) et (4) montrent les différentes transformations que subissent
respectivement les morphèmes classificateurs o (cl.1), ndi (cl.10) et nge (cl.13).
(2)
2.a mannju-ɗo « celui qui fait le pâturage matinal »
lex.-suf.cl
2.b duroo-wo « berger »
lex.-suf.cl
2.c julaa-jo « commerçant de bétail »
lex.-suf.cl
(3)
3.a kan-ndi « colostrum »
lex.-suf.cl
3.b ngaa-ri « taureau »
lex.-suf.cl
(4)
4.a wii-ge « génisse »
lex.-suf.cl
4.b haɓɓanaa-ye « génisse prêtée »
lex.-suf.cl
composés d’une base lexicale et d’un nominatif qui n’est qu’un morphème de classe. D.
Tetereou (2019, p.156) précise que : « La consonne initiale du morphème de classe, lorsqu’elle
est une prénasale, elle chute devant une base ayant une consonne orale en position finale. Dans
l’adjonction du morphème de classe à la base lexicale, la succession consonne orale + prénasale
n’est pas attestée. » Les données en (5) et (6) illustrent bien ce phénomène.
(5)
5.a hog- + ngo ˃ hog-go « étable» *hogngo
cvc- ccv cvc-v
base + morph.cl.
En (5), les morphèmes de classe ngo, ngal et ngol ont tous la consonne prénasalisée ng- en
position initiale. Dans leur adjonction aux bases lexicales ayant des consonnes orales en
position finale, cette consonne prénasale ng- chute pour laisser le morphème de classe réduit
à la seule voyelle o comme en 5.a ou à une syllabe de structure vc comme -al en 5.b et -ol
en 5.c s’adjoindre à la base lexicale. Par contre, si la consonne finale de la base lexicale est
une consonne nasale, le morphème de classe s’adjoint intégralement à celle-ci.
(6)
6.a fun- + ngo ˃ fun-ngo « espèce végétale ».
cvc- ccv cvc-ccv
base + morph.cl.
Partant des exemples (5) et (6), il est évident que la forme que prend le
morphème de classe dans son adjonction à la base lexicale dépend de la structure syllabique
de cette dernière. Ainsi, par exemple, le morphème de classe ngo apparaît dans sa forme
intégrale avec la base fun- en 6.a qui comporte une consonne nasale en position finale. En
5.a ce même morphème prend la forme –go (la consonne prénasalisée ng s’est substitué à
l’occlusive orale g) lorsqu’il est adjoint à la base hog- qui a une consonne orale en position
finale.
Le lexème est le constituant du verbe qui exprime un procès. Le verbant quant à lui
est un morphème grammatical qui s’adjoint au lexème pour intégrer le produit qui en résulte
dans la catégorie du verbe. En (7) nous présentons des exemples de verbes simples pour
mieux étayer nos propos.
(7)
7.a ɓir-ude « traire (le lait) »
lex.-vbt
L’illustration en (7) met à l’évidence les trois types de verbants attestés en fulfulde
quand le verbe est à l’aoriste ou à la forme infinitive. D’une manière générale, le verbant en
fulfulde porte à la fois des informations liées à l’aspect (accompli/inaccompli) et à la voix
(active, moyenne et passive). Cependant, les verbants -ude en 7.a, -aade en 7.b et -eede en
7.c qui marquent la forme des verbes à l’aoriste portent des informations par rapport à la
voix mais ne portent aucune indication par rapport à l’achèvement ou non du procès exprimé
par le verbe. Le verbant -ude marque la voix active, -aade indique la voix moyenne et -eede,
la voix passive. Par ailleurs, M. Bakpa & D. Tetereou (2021, p.169) soulignent qu’il y a
« plusieurs marques morphologiques pour les infinitifs verbaux selon les parlers fulfulde.
Les marques des infinitifs verbaux de la voix active sont –ude ; -oy ; -ugo ; celles de la voix
moyenne sont –aade ; -aago ; -aaki puis –eede ; -eego ; -eeki pour la voix passive » puis
appuient leur propos à travers l’illustration suivante :
indique que le sujet fait l’action d’extraire le lait des mamelles des femelles des mammifères.
Le verbe laamaade en 7.b quant à lui est à la voix moyenne et indique que l’action de tomber
en gestation se fait en la vache elle-même. Le verbe tufeede en 7.c formé par adjonction du
suffixe verbal -eede est à la voix passive car il exprime que l’animal subit l’action
d’introduction d’une substance dans son organisme afin de l’immuniser contre une maladie.
Comme nous le disions plus haut, les termes formés par le procédé de composition
par coordination constituent des syntagmes complétifs. Les deux constituants du terme
composé par coordination sont de la même catégorie grammaticale tel que nous l’observons
en (8). Tous ces polytermes en (8) sont formés chacun par juxtaposition de deux noms
simples pour désigner une notion/concept unique.
doivent prendre des accords de classe par rapport à ce terme composé prennent l’accord
selon la classe du nom déterminé.
(9)
9.a Suu-du dammucc-e ndu yaajaa. « bergerie »
Chambre-cl.11 bétail -cl.24 dém+cl.11 large+nég.
Cette bergerie n’est pas large.
9.b Bonond-a gese ka no waawi waddude hawre.
dégât -cl.18 champ-cl.24 dém+cl.18 part. pouvoir-iacc. amener conflit
Ce dégât champêtre peut causer un conflit.
En 9.a, l’ensemble du nom composé suudu dammucce « bergerie » est rangé dans la
classe 11 (cl.11 –du / ndu) du constituant déterminé. Ainsi, étant donné que le pronom
démonstratif doit appartenir à la même classe que le nom qui désigne son référent, le pronom
démonstratif utilisé est le morphème de classe 11 du constituant déterminé suudu. Le même
phénomène s’observe en 9.b où le pronom démonstratif utilisé appartient à la classe 18 du
constituant déterminé bonnonda. Il existe aussi au sein des termes spécialisés aux domaines
de connaissances et de pratiques, des polytermes formés au moyen du procédé de création
lexicale reconnu sous l’appellation de composition par subordination.
(11)
11.a Dammucc-a maw-nga « gros bétail »
Bétail-cl.12 gros-cl.12
11.b Hu-ɗo moƴƴinaa-ko « foin ».
Herbe-cl.20 arranger+acc.qui-cl.20
11.c Hay-re mettetee-nde « pierre à lécher ».
Pierre-cl.9 lécher (se).qui-cl.9
En 11.a, le substantif dammucca est de la cl.12 (Cl.12 –a / nga). Par conséquent, la base
adjectivale maw- a reçu le morphème de Cl.12 du nom pour former maw-nga (Cl.12 -nga/
nga). Tous les termes composés par subordination en 11.a, 11.b et 11.c obéissent à ces
relations d’accord entre qualifié et qualifiant. L’analyse ci-dessus relative à la création
lexicale par composition révèle l’usage de deux types de composition notamment la
composition par coordination et la composition par subordination. Si la composition par
coordination permet de former des syntagmes complétifs, la composition par subordination
quant à elle donne l’être aux syntagmes qualificatifs. Si les syntagmes complétifs et ceux
qualificatifs sont caractérisés par l’absence d’éléments connectifs, le principal critère de
distinction entre les deux types de syntagmes est « l’absence d’accord par référent dans le
syntagme complétif alors que le syntagme qualificatif atteste des phénomènes d’accord » (M.
Houis, 1967, p.152-153). Il existe aussi en dehors des termes composés par coordination et
subordination, d’autres termes formés de plus de deux constituants. C’est une composition
complexe qui met en juxtaposition plusieurs unités linguistiques de catégories
grammaticales différentes. Cette façon de créer les termes fait ainsi appel à la phraséologie.
-Phraséologie
En parlant de phraséologie, nous faisons allusion à une certaine composition
complexe qui consiste à former un terme en utilisant plus de deux éléments lexicaux de
catégories grammaticales variées pour désigner une notion ou un concept donné. Ce sont
des termes à caractère phrastique et dont la combinaison des éléments est figée, stabilisée
et permettant d’assouvir un besoin de désignation d’une notion ou d’un concept relevant d’un
domaine notionnel donné. En fulfulde, il existe des phrases tout entières qui désignent des
concepts bien déterminés tel que nous pouvons l’observer en 12.a, 12.b et 12.c ci-dessous.
(12)
12.a Funngo ngo dammucce ɓuri yiɗude « espèce appétée »
espèce végétale morph cl bétail dépasser+inac aimer
« Espèce végétale que le bétail aime le plus ».
Ainsi, la ressource fourragère dont la consommation est tant désirée par les animaux est
désignée par le terme funngo ngo dammucce ɓuri yiɗude « espèce appétée »; une maladie
infectieuse atteignant les animaux et qui peut être transmise à l’homme est désignée par le
terme ñawu raaɓoowu yimɓe e daabaaji « zoonose », alors que le terme qui désigne le local
où l’on rentre le foin pour le conserver est suudu huɗo moƴƴinaako « fenil ». Tous ces termes
sont formés par juxtaposition de plusieurs unités linguistiques appartenant à des catégories
grammaticales variées mais qui servent à désigner une notion ou un concept unique. Nous
venons ainsi de présenter la composition qui est l’un des procédés de création lexicale que
le fulfulde offre à ses locuteurs. Dans les lignes qui suivent, nous allons aborder un autre
procédé de création lexicale qu’est la dérivation.
-Noms dérivés
Dans cette section, nous présentons la dérivation nominale, c’est-à-dire la dérivation
qui permet de former des noms. Le nom dérivé en fulfulde est formé par adjonction d’un
affixe à une unité lexicale déjà existante. En effet, la dérivation « produit un mot nouveau à
partir d’un seul mot préexistant, en modifiant en principe ses trois aspects: forme, sens et
catégorie grammaticale » (A. Lehmann & F. Martin-berthet, 2003, p.111). Justement, en
fulfulde, les noms dérivés sont formés à partir des verbes et aussi à partir des noms.
Concrètement, la dérivation nominale se fait par adjonction d’un suffixe à une base verbale.
Cette adjonction implique une nuance sémantique par rapport au verbe et une modification
de forme par adjonction d’un nominant qui suit directement le suffixe. Il y a en fulfulde, un
suffixe qui permet de former un nom dérivé à partir d’un autre nom. Pour illustrer nos propos,
nous prenons appui sur les noms dérivés: fowtirde « zone de transit »; maroowo « éleveur » ;
eggahoɗaaku « nomadisme ». Le terme fowtirde « zone de transit » est formé par dérivation
à partir du verbe fowtude, « reposer (se) ».
(13)
Fowt- ude « reposer (se) »
repos+ suff.
rad. + vbt
Le terme fowtirde est donc formé par adjonction du suffixe -ir à la base fowt-. Dans
ce terme, le suffixe –ir désigne donc un lieu. Mais dans d’autres termes dérivés comme c’est
le cas du terme cumirgal « fer rouge », il peut désigner un instrument, un moyen dont on se
sert pour faire quelque chose. Dans le terme cumirgal, il désigne un instrument dont
l’éleveur se sert pour marquer les animaux. Le terme maroowo « éleveur » quant à lui est
formé par dérivation à partir du verbe marude « élever ». L’adjonction du dérivatif -oo à la
base verbale mar- a permis de former ce nom dérivé.
(14)
mar-ude « élever »
rad.+vbt
mar-oo-wo « éleveur »
rad.+ dériv.+ suff.cl.
Le suffixe -oo sert donc à dériver des noms à partir des verbes et sur le plan sémantique
désigne un agent humain. Il y a dans les données soumises à l’analyse, d’autres termes
formés à partir de ce suffixe notamment duroowo « pâtre » ; sawroowo daabaaji
« vétérinaire » qui sont dérivés respectivement des verbes durude « pacager » et de sawrude
« soigner ».
Enfin, le terme eggahoɗaaku « nomadisme », à la différence de fowtirde et de
maroowo n’est pas dérivé à partir d’un verbe. Il est plutôt formé par l’adjonction du suffixe
–aaku au nom eggahoɗa. C’est donc un suffixe qui permet de former un nom dérivé à partir
d’un autre nom et sur le plan sémantique, fait allusion à la possession d’un caractère d’une
notion donnée. Il existe dans la langue, d’autres mots formés au moyen de ce suffixe.
(15)
Suka « enfant » donne sukaaku « enfance »
Pullo « peul » donne pulaaku « la morale ou la culture peule »
-Verbes dérivés
Le corpus de termes soumis à l’analyse comporte des verbes formés par dérivation.
La dérivation au niveau des verbes s’opère par l’insertion de l’affixe entre la base lexicale et
le verbant. Un verbe dérivé comporte alors une base suivie d’une concaténation d’affixes qui
ne sont autres que le dérivatif et le verbant. Ainsi dit, le verbe dérivé est formé de trois
constituants qui sont : la base lexicale, le dérivatif et le verbant tel que les données en (16)
l’illustrent bien.
(16)
16.a ñaw-ude « être malade ».
lex.-vbt
ñaw-t-ude « soigner ».
lex.+dériv.+vbt
L’observation des données montre qu’en 16.a, le verbe dérivé ñawtude « soigner »
est formé au moyen de l’adjonction du dérivatif it/-t à la base ñaw- du verbe ñawude « être
malade ». En 16.b, le verbe duroyde « aller au pâturage » est dérivé du verbe durude « paître
» à travers l’adjonction du morphème dérivatif -oy à la base lexicale dur-. L’analyse a montré
plus haut que le verbe simple est constitué d’une base lexicale et d’un verbant. L’observation
des illustrations en (16) montre que les verbes dérivés sont formés par adjonction d’un
morphème dérivatif à la base lexicale. Ainsi dit, le verbe en fulfulde a la même structure que
celle présentée par E. Bonvini (1988, p.84) qui est schématisé comme suit :
Le morphème lexical est le constituant du verbe qui porte le sens lexical du verbe.
Le morphème dérivatif est non obligatoire et n’intervient que dans la formation des verbes
dérivés. Selon D. Tetereou (2019, p.155) le morphème dérivatif a « la propriété de modifier
le sens du morphème lexical. Lorsqu’il est présent dans un verbe, il est inséré entre le
morphème lexical et le verbant ». Le verbant quant à lui « représente l’élément flexionnel
du verbe » (E. Bonvini, 1988, p.79). Il est suffixé directement au morphème lexical dans les
verbes simples et postposé au morphème dérivatif dans les verbes dérivés. Lorsque dans le
verbe dérivé le verbant est postposé au morphème dérivatif, l’on assiste alors à une
concaténation d’affixes. Au terme de notre analyse des termes simples ainsi que ceux formés
par composition et par dérivation, il est clair qu’en fulfulde, les unités lexicales servant à
désigner les notions et les concepts dans les domaines spécialisés de connaissances et de
pratiques sont polymorphémiques. Les noms et les verbes simples sont formés, les premiers
au moyen d’un lexème et d’un nominant et les seconds au moyen d’un lexème et d’un verbant.
Le procédé de composition permet de former des noms composés par coordination, par
subordination ou des noms complexes. Le procédé de dérivation quant à lui permet de former
des noms et des verbes dérivés par adjonction des morphèmes dérivatifs aux bases lexicales.
Dans les lignes qui suivent, nous abordons d’autres procédés de création lexicale qui sont
l’emprunt, le calque linguistique et le calque sémantique.
2.4 L’emprunt
L’emprunt constitue au même titre que la composition et la dérivation, un moyen à
travers lequel les locuteurs du fulfulde répondent à leurs besoins de désignation des notions
et des concepts dans les domaines spécialisés de connaissances et de pratiques. Selon J.
Dubois et al. (2002, p.177) « il y a emprunt linguistique quand un parler A utilise et finit
par intégrer une unité ou un trait linguistique qui existait précédemment dans un parler B
(dit langue source) et que A ne possédait pas ». Dans les domaines spécialisés, il existe des
notions ou concepts nouveaux dits exogènes ou scientifiques que les locuteurs du fulfulde
s’approprient et qui n’ont pas de désignations en fulfulde. Ainsi, dans le besoin de désigner
lesdites nouvelles notions ou concepts, les locuteurs utilisent et finissent par intégrer à la
langue fulfulde les termes qui désignent ces notions dans les langues à partir desquelles ils
ont acquis lesdites notions. Généralement, en Afrique, les emprunts des termes dans les
domaines spécialisés de connaissances et de pratiques sont faits aux langues européennes
héritées de la colonisation et avec qui les langues maternelles des africains sont en contact.
Justement, le corpus de données soumis à l’analyse étant collecté au Togo, les emprunts
recensés sont faits au français qui est la langue d’enseignement et d’acquisition des
connaissances scientifiques à travers les formations technique et professionnelle.
(17)
Wiriisi « virus »
bakiteeri « bactérie »
En (17) il apparait que les mots empruntés au français ont subi une modification en vue de
leur intégration au fulfulde. D’ailleurs, L. Kantchoa & D. Tetereou soulignent qu’
Une unité linguistique empruntée à une langue A, avant son intégration à la langue B
qui est la langue d’accueil subit souvent des transformations au niveau phonologique,
lesquelles transformations s’expliquent par les différences qui existent entre les
systèmes phonologiques des langues en présence.
L. Kantchoa & D. Tetereou (2017a:90)
Les termes français sont ceux issus des pratiques modernes de l’élevage et qui
apportent des précisions ou désignent des concepts auxquels les éleveurs qui pratiquent
l’élevage traditionnel ne sont pas familiers. A titre d’exemple, le concept de « pâturage
naturel » est né suite à une pratique moderne qui consiste à aménager des espaces pour la
culture du fourrage. Les éleveurs peuls qui longtemps utilisent les ressources pastorales
offerts par la nature n’ont que le terme durdude « pâturage ». Mais étant donné qu’il y a une
pratique nouvelle qui consiste à cultiver le fourrage, il y a donc lieu de distinguer entre les
deux types de ressources par « pâturage naturel » et « pâturage cultivé ». L’appropriation de
cette nouvelle pratique par les éleveurs fulaphones se traduit par la traduction des deux
termes par durdude finaatawa « pâturage naturel » et durdude moƴƴinaande « pâturage
cultivé ».
Conclusion
Il s’est agi dans cette étude, d’analyser les procédés de création lexicale attestés en
fulfulde et qui permettent aux locuteurs de cette langue d’assouvir leurs besoins de
désignation des notions et concepts dans des domaines spécialisés de connaissances et de
pratiques. Nous sommes partis de l’hypothèse selon laquelle à partir d’un nombre limité
d’unités lexicales, le fulfulde offre des procédés de création lexicale à ses locuteurs leur
permettant de créer de nouvelles unités lexicales à l’infinie pour désigner toutes les réalités
qui entrent en jeu dans leurs transactions empiriques avec le monde. Il ressort de l’analyse
des données qu’en fulfulde, il y a plusieurs procédés de création lexicale dont l’usage permet
aux fulaphones de former des termes pour désigner les nouveaux concepts ou de nouvelles
notions qu’ils s’approprient dans l’exercice de leurs activités. Au rang de ces procédés de
création lexicale se trouvent : la composition, la dérivation, l’emprunt, le calque linguistique
et le calque sémantique. S’agissant de la composition, l’on distingue entre la composition
par coordination, la composition par subordination et la composition complexe. La technique
de composition par coordination permet de créer des polytermes qui sont des syntagmes
complétifs. Les syntagmes qualificatifs quant à eux prennent forme grâce à la composition
par subordination. La composition complexe pour sa part permet de créer des
phraséologismes. La dérivation quant à elle ne se fait qu’à travers l’adjonction des
morphèmes dérivatifs aux bases nominales ou verbales pour former de nouveaux mots.
L’emprunt, le calque linguistique et le calque sémantique sont des procédés utilisés dans
l’appropriation de nouvelles connaissances et pratiques véhiculées par le français, langue
de contact.
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v : voyelle
verbant : vbt
Lèfara SILUE
Université Félix Houphouët-Boigny
[email protected]
&
Aboubacar Sidiki COULIBALY
Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako
[email protected]
Abstract: This paper aims at showing the role of literature in social change. In this
view, Ngugi’s Matigari and Nyantakyi’s Ancestral Sacrifice can be regarded as means
of fighting and promotion of languages and cultures for the emergence of Africa. The
image of the colonizer Ngugi depicts in his novel Matigari is that of a heartless
colonist. In this perspective, the protagonist Settler Williams is portrayed as a replica
of European evil. It is a character who gets his pleasure from the suffering of the
others. The colonized who refuses to follow the ruling system’s ideology direction is
treated as a terrorist. Moreover, Nyantaky’s Ancestral Sacrifice is a literary work which
carries African cultural charges. The analysis of the paratext reveals the writer as an
advocator of African culture. Both Ngugi and Nyantakyi have the merit of raising the
issue of the cancer which corrodes African society and show the way out of bondage.
Their creative genius rests in compromise, dialogue and mutual understanding which
the two writers propose as a remedy for social unrest. Postmodernism, sociological
criticism and semiotics will be used to decipher the quintessence of our topic.
Introduction
La littérature africaine écrite ou orale est un produit de la société. Autrement dit, la
littérature est un moyen qui permet de représenter la vie mais aussi de rendre la vie
communautaire comme une réalité sociale facile à appréhender. Ainsi, toute littérature est
marquée par le sceau de la société dans laquelle elle a pris naissance. Selon Agyekum
(2013:22): “Literature and society are interdependent, and one cannot function without the
other. […] The work of literature, both written and oral, can transform the society either
positively or negatively. Literature as a form of language has some persuasive power that
can change the lives of individuals and the society at large”. Il y a une interdépendance
entre la littérature et la société. L’une ne peut fonctionner correctement sans l’autre. La
société a une grande influence sur le type de littérature qu’elle produit, inversement, la
littérature peut influencer la société. L’écrivain ou le conteur peut observer des choses ou
des phénomènes qu’il croit être vraies pour la vie humaine, la nature et la réalité. Son
esprit se nourrit de la sève des faits sociaux qu’il voit au quotidien. Le roman, la pièce de
théâtre, la poésie, les chants ou toute autre forme de la littérature orale sont des formes
d’expression du vécu quotidien des africains. L’écrivain ou artiste transforme ainsi des
choses abstraites en une réalité pour la réception sociale. Par conséquent, la littérature ne
devrait pas être perçue comme un sujet qui s’écarte totalement des expériences
individuelles sociales. A ce propos, Wellek et Warren afferent que: « Literature is
therefore created with conventions, norms and values of the society in mind. Literature acts
as a tool to represent life and also to make life a social reality and easier to comprehend »
(1968, p.94).
Aujourd’hui, le processus de mondialisation a connu une ascension fulgurante.
Dans cette dynamique, l’émergence des réseaux sociaux a provoqué un succès inespéré qui
se traduit par la transformation de la terre en un village planétaire. L’effondrement des
barrières culturelles et linguistiques entre l’Afrique et l’Europe est la matérialisation
concrète de ce changement individuel et collectif. Dans ce contexte, l’Afrique doit apporter
sa contribution au dialogue des cultures. Pour réussir ce pari, la promotion des valeurs
culturelles africaines devient une urgence. Joseph Ki- Zerbo abonde dans cette logique
quand il dit, « Par les objets manufacturés qui nous viennent des pays industrialisés du
Nord, parce qu’ils portent des charges culturelles, nous sommes forgés, moulés, formés et
transformés. Alors que nous envoyons dans le Nord des objets qui n’ont aucun message
culturel à apporter à nos partenaires » (2003, p. 8). Ici, Joseph Ki-Zerbo questionne
implicitement la place de l’écrivain et de son art dans une société africaine anomique.
Dans ce sens, notre travail se propose de mettre en relief la place prépondérante que la
The white man, Wintabota, brought soldiers to Umuaro and stopped it. The story of
what these soldiers did in Abame was still told with fear, and so Umuaro made no
effort to resist but laid down their arms. […] The white man, not satisfied that he had
stopped the war, had gathered all the guns in Umuaro and asked the soldiers to break
them in the face of all, except three or four which he carried away. Afterwards he sat
in judgement over Umuaro and Okperi and gave the disputed to Okperi.
Chinua (1964 :28-29)
vivre dans le paradis après la mort: « As for Mubia, he went on reading the word,
beseeching us to lay our treasures in heaven where no moth would corrupt them. But he
laid his on earth, our earth» (Ngugi, 1967, p.15). Ce discours du Kikuyu converti au
christianisme incarné par le personnage Mubia révèle la supercherie du discours du colon.
Au-delà de l’idéologie expansionniste, on observe également l’ambiguïté de l’évangile. Les
missionnaires et l’administration coloniale vivent dans un paradis terrestre quand ils
s’accaparent de la terre et du trésor des colonisés. Cependant, ils encouragent les Africains
à demeurer dans l’ignorance, s’ils espèrent voir Dieu un jour : « The British race will take
its place, the British blood will tell » (Achebe, 1964 :33). Le narrateur du roman Matigari
de Ngugi wa Thiong’o met en exergue l’acharnement des dominants contre les dominés
comme suit :
You see, I built the house with my own hands. But Settler Williams slept in it and I
would sleep outside on the veranda. I tended the estates that spread around the house
for miles. But it was Settler Williams who took home the harvest. I was left to pick
anything he might have left behind. I worked all the machines and in all the
industries, but it was Settler Williams who would take the profits to the bank and I
would end up with the cent that he flung my way. I am sure that you already know all
this. I produced everything on the farm with my own labor. But all the gains went to
Settler Williams. What a world! A world in which the tailor wears rags, the tiller eats
wild berries, the builder begs for shelter.
Ngugi (1987 :21)
Dans les textes du corpus, les noms : « police station » (Ngugi, p.8), « railway and
tunnel » (Ngugi, p.8), « factory » (Ngugi, p.9), « black Mercedes » (Ngugi, p.9),
« plantation » (Ngugi, p.42), « horses » (Ngugi, p.42), « Mercedes-Benz » (Ngugi, p.42) sont
des instruments d’exploitation et de domination du système colonial. Dans la narration,
« l’usine » et « la plantation » apparaissent comme de véritables agents des forces du mal.
Les ouvriers Africains travaillent dans ces deux structures sans repos et ils reçoivent un
salaire misérable pour le travail fourni. Le colon fait travailler les colonisés dans l’usine :
« ANGLO-AMERICAN LEATHER AND PLASTIC WORKS » (Ngugi, 1987, p.10) comme
des bêtes sauvages. La mention « PRIVATE PROPERTY » (Ngugi, 1987, p.10) participe
d'une catégorisation des groupes sociaux du texte. Le décodage du message que le nom de
l’usine renferme révèle que les Occidentaux sont venus pour s’enrichir mais pas pour
sauver les Africains. C’est pour cette raison que les ouvriers bénéficient chaque jour d’une
recréation de cinq minutes. L’analyse dévoile qu’un ouvrier ne peut pas se reposer et
récupérer l’énergie perdue pendant cinq petites minutes. Le non-dit de cette récréation est
de permettre à chaque ouvrier de se soulager et de fumer une cigarette. Ici, l’employeur, le
colon n’accorde pas de la valeur à la vie des Africains. Ce qui est important pour lui, c’est
la grande quantité de produits que l'usine fabrique. L’exploitation du colonisé se manifeste
également dans un autre lieu de rencontres communautaires que la vaste plantation
esclavagiste symbolise dans le texte. Le narrateur parle de l’étendue de cette entreprise
agricole du colon quand il dit :
‘This plantation is so big that the owner can cover it from end to end only on
horseback’. ‘Or maybe on a winged car’, Mŭriŭki added picturing in his mind their
yard. ‘Oh, how I would love to fly above this tea estate on a winged Mercedes-Benz or,
better still, on a winged horse, with the leaves of these bushes softly brushing the dust
off my aching feet’. […] Gŭthera and Mŭriŭki strained their eyes to look, and indeed,
there on top of the hill overlooking the whole country stood a huge house which
seemed to stretch out for miles, as if, like the plantation itself, had no beginning and
no end.
Ngugi (1987 :42)
colon. Il était bien présent pendant la pénétration des Portugais, des Arabes et des
Britanniques : « I have seen many things over the years. Just consider, I was there at the
time of the Portuguese, and at the time of the Arabs, and the time of the British » (Ngugi,
1987, p.45). Au regard de ce qui précède, on note que la pénétration de l’Occident en
Afrique a été désastreuse, douloureuse et sanguinaire. Dans cette perspective, nous nous
intéresserons au caractère sanguinaire du colon dans le point suivant.
How the setters had loved shedding blood! They would dress in red, and the rider who
got to the fox first would cut off its tail in triumph; then he would smear the blood of
the fox on the face of a woman…Yes, it felt like a long time back…Well, there was no
night so long that it did not end with dawn…He hoped that the last of the colonial
problems had disappeared with the descent of Settler Williams into hell.
Ngugi (1987 :3)
Dans cet extrait, la bestialité du colon transparaît à travers son goût de l’effusion du
sang. Les dominants sont à l’image des vampires obnubilés par la vue du sang. C’est ce qui
explique le plaisir qu’ils éprouvent quand ils s’habillent en rouge. Ils sont d’ailleurs
heureux de décapiter un renard et de badigeonner le visage d’une femme africaine avec le
sang de la bête tuée. La méchanceté des Européens à l’égard des Africains est aussi
perceptible dans le comportement des deux policiers et de leur chien apprivoisé pour punir
les dominés. Le narrateur parle du cynisme des forces du mal dans la société référentielle
du texte quand il soutient :
A crowd of people stood around Gŭthera, watching the policemen unleash terror one
the woman. She was kneeling on the ground. The dog would leap towards her; but
each time its muzzle came close to her eyes, the policeman who held the lead
restrained it. Gŭthera’s wrapper lay on the ground. Each time she stood up to retreat,
the dog jumped at her, barking and growling as though it smelled blood. Some people
laughed, seeming to find the spectacle highly entertaining. A gush of urine rushed
down her legs, she was staring death in the face. […] ‘What is going on here? Are you
going to let our children be made to eat shit while you stand around nodding in
approval? How can you stand there watching the beauty of our land being trodden
down by these beasts? What is so funny about that? Why do you hide behind a cloak
of silence and let yourselves be ruled by fear? Remember the saying that too much
fear breeds misery in the land’.
Ngugi (1987 : 30-31)
Dans le texte, les policiers et leur chien agissent comme des promoteurs de la
violence et du terrorisme. Ces étranges hommes qui « passent […] la majeure partie de
leur existence à entretenir des divisions, à maintenir des fossés, à faire sauter des ponts, à
se barricader, à se cuirasser, à s’effrayer les uns les autres » (Dadié, 1968, p. 58) ont la
ferme conviction que se battre est un devoir pour eux. Ces forces du mal sont insensibles à
la douleur et la souffrance des personnes vulnérables. Le chien est symboliquement l’arme
que les collaborateurs du colon utilisent pour éviter toute velléité de révolte des colonisés.
Les deux policiers livrent à leur chien toute femme africaine qui refuse de coucher avec le
colon: «The dog would leap towards her; but each time its muzzle came close to her eyes,
the policeman who held the lead restrained it » (Ngugi, 1987:30). Ainsi, les démons blancs
posent des actes que le lecteur peut comparer à des actes terroristes. Le terrorisme que les
adjuvants du colon Settler Williams propagent dans la société référentielle du texte,
transforme les Africains en des traumatisés psychologiques. Cela se traduit par le
remplacement de la société de valeurs par la société anomique. L’inaction des Africains
vis-à-vis de l’humiliation et la maltraitance de la femme africaine que le chien force à
pisser sur elle-même : « A gush of urine rushed down her legs» (Ngugi, 1987 :30), nous
permet de comprendre que la solidarité africaine a cédé la place à l’individualisme sous
l’ère du colon Settler Williams. Les Africains sont devenus plus sadiques que les
colonialistes car la violence et le terrorisme sont perpétrés par des Africains contre leurs
propres frères. Par conséquent, l’Africain moderne se réjouit du malheur de son frère. Il ne
se sent plus obliger de compatir à la douleur de ses semblables. Au demeurant, l’église,
naguère lieu de refuge des parias et des pauvres devient elle aussi l’épicentre des séismes
sociaux qui s’opèrent dans le texte. L’église se détourne de sa mission première quand elle
se transforme en un lieu de manifestation de la haine et de l’injustice sociale. Le refus de
la communauté chrétienne de soutenir la jeune chrétienne qui doit échanger sa virginité
contre la vie de son père met également en relief la supercherie du système colonial. Le
père de cette jeune fille est arrêté et assassiné à cause de son refus de collaborer avec le
colon. Dans cette logique, le narrateur declare que:
One day, her earthly father was arrested. She went to see him in prison. She went to
the superintendent of police to ask why her father had been arrested. He told her:
‘Your father was found carrying bullets in his Bible. The girl denied this. Go ask your
father, they said. They brought him in, handcuffed. When she saw him like this, she
began to cry. […] The girl was great shocked and for a while remained speechless.
Being found in possession of bullets carried with it a death sentence. They took her
father back to his cell. The superintendent came out, smiling slyly. He said: My
supervisors do not know about this yet. We can settle this matter between us here and
now. Give me your purity, and I will your parent back to you. The young maiden
remained silent. The superintendent explained further: You are carrying your father’s
life between your legs.
Ngugi (1987 : 35)
L’inconscient du texte révèle que l’église est effectivement un agent des forces des
ténèbres. C'est un instrument de la répression contre les patriotes et les révolutionnaires
Kenyans. D’ailleurs, le colonisé qui refuse de regarder dans la même direction que le
système est traité de terroriste. C’est ce qui explique l’arrestation arbitraire de ce
combattant de la liberté que l’administration de Settler Williams présente comme un
terroriste voire un danger public. On soupçonne ce patriote Kenyan de se promener avec
des minutions dans sa Bible: «Your father was found carrying bullets in his Bible» (Ngugi,
1987 :35). A ce stade, on remarque qu’il s’agit d’une accusation sans fondement. Sinon
quelle est la taille d’une Bible pour qu’elle soit utilisée comme un moyen de transport de
minutions ? L’analyse permet de déceler le mensonge de l’idéologie colonialiste que
contient l’évangile. D’ailleurs, pour libérer ce soi-disant terroriste, le garde-pénitencier
demande à la fille du détenu de lui offrir sa virginité contre la libération de son père. Le
garde-pénitencier ridicule et satirise la foi chrétienne des Africains quand il dit à la jeune
fille que son sexe est l’unique moyen pour sortir son père de la prison : « You are carrying
your father’s life between your legs» (Ngugi, 1987 :35). Il précise que l’ordre hiérarchique
n’est pas informé de cette arrestation, par conséquent, un règlement à l’amiable est
possible à condition que la fille du prisonnier accepte de lui offrir gratuitement son corps,
c’est-à-dire, sa virginité. Dans ce dilemme, la jeune fille se retourne vers l’église pour avoir
le soutien et la compassion de la communauté religieuse pour faire le bon choix.
Cependant, l’église lui conseille de protéger sa virginité au détriment de la survie de son
père. Elle se rend à la prison où elle annonce son refus de se sacrifier pour sauver la vie de
son père. Le brigadier tente alors de la convaincre à offrir son corps quand il affirme :
Your father is among those who call themselves patriots. He has been assisting the
terrorists with supplies of bullets. The crime of being found in possession of bullets
without a license carries a death sentence. But I shall help you. Nobody outside this
police station knows about this. You can trade your innocence for your father’s life.
The girl answered: I will never forsake my father, Creator of heaven and earth. He lay
down the commandment: Thou shalt not commit adultery. The police officer told her:
Say goodbye to your father, then. Her earthly father was killed. Their land was
confiscated by the colonial government and the girl was left to fend for her brothers
and sisters. Problem began to heap on problem. […] The girl went back to the priest.
She pleaded with all the other Christians in her church. When they saw her
approaching, they fled. A terrorist’s child? She would go to church, only to return
home empty-handed.
Ngugi (1987 : 36)
permet de voir que l’institution religieuse n’est pas toujours un refuge pour les déprimés et
les parias Le refus de cette instance de la réconforter pendant la crise familiale qu’elle
traverse est la manifestation palpable de la malice des hommes de Dieu et des convertis
contre les pauvres. « The real Church of God resided in people’s hearts. The rest were
mere edifices (Ngugi, 1987:33). La jeune fille aimait profondément son père biologique à
l’image de son père céleste. Cependant, elle est stigmatisée par l’église comme la fille d’un
terroriste, ce qui sous-entend qu’elle est elle-même une terroriste en devenir. Pour cette
raison, elle ne bénéficie pas de l’assistance de l’église. Par ailleurs, cette jeune chrétienne
devenue orpheline et abandonnée par les dignitaires religieux se transforme en une
travailleuse du sexe pour s’occuper de sa famille. Ici, on note une fois de plus l'image
négative du colon en tant que force du mal à laquelle s'oppose la description positive de
Matigari, ce personnage charismatique qui symbolise le bien.
meditated in preparation for the rituals, these enthusiastic young men and women sat
huddled together like fresh coconut clustered on a stalk, smiling» (Nyantakyi, 2005:27).
C’est un jour de rejouissance où chacun marque un arrêt de travail: «This was the time for
the young, the old, the weak, and the strong to forget about work and worry, and prepare to
enjoy the new yam with the spirit of their long-lost relatives» (Nyantakyi, 2005: 26). Une
cérémonie de purification est faite pour purifier le village et le tabouret noir « the Black
Stool», symbole de la puissance du prêtre traditionnel ou du propriétaire de la case. Il y a
de la nourriture en abondance pour le village et les invités. Dans ce sens, les esprits qui
n’ont pas de famille d’accueil ne sont pas oubliés. Du foutou et des œufs sont déposé en
bordure des routes pour eux. La réputation du chef akan ghanéen transparaît dans ce
passage comme suit:
When an attendant came to announce that the chief was about to make his entry
everyone stoop up. Three gun-shots from the lobby echoed and reechoed through the
stool-house and out in the streets. Cocks, hens, dogs, and turkeys out in the village set
up an alarm as if they had seen an unfriendly animal. Then Nana Kao Barima entered.
He was led by the stool carriers and flanked on his right by Baamuhene, the Stool-
House overseer, on his left by Okyeame, the chief’s spokesman, and behind him were
Ohemaa, the Queen-Mother, her attendants, and the village Council of Elders.
Nyantakyi (2005 :27)
Awo Yaa Akoto looked on for a while and hope her presence would wake Nana up but
it didn’t. Nana turned, and when her sleeping cloth slid off her waist, a slight smile,
like a knife mark in fresh dough, parted Awo Yaa Akoto’s lips. Her granddaughter had
coverd her genitals with a red bandana, which meant she had entered puberty. For six
days Nana Boatemaa was confined to the house and Awo Yaa Akoto gave her
instruction on the duty of a woman. Early on the seventh day, Nana shaved her
armpits and her genitals and Awo Yaa Akoto trimmed down her long, black hair. The
news was spread around the village, and girls of her age who had experienced the
puberty rituals rushed to congratulate her. At noon they blindfolded her and led her to
the village river. Amidst puberty rhymes they pushed Nana Boatemaa into the river,
and still blindfolded, she struggled her way out. The girls stripped her naked and with
a new sponge and a new towel, they gave her a bath.
Nyantakyi (2005 :17-18)
Asana was a small but very popular village with a population of about one thousand.
Few of the houses at Asana were built of blocks, covered with roofs that bounced
signals from the sun, and furnished with modern facilities. Some of these houses, like
the Catholic Church, the mission house, the movies house, the school, and Mrs Little’s
house, could be seen through the nim trees which lined the main road that snaked its
way from Suhyen to the village. The palace and the Stool-House stood in the centre of
the village. […] Unlike many village streets, the streets at Asana were wide and well
kept. They connected to each other and there were enough gutters for proper drainage.
Nyantakyi (2005 :12)
Dans ce passage, Asana est ironiquement décrit comme un village d’environ mille
habitants. La forte densité de la population explique qu’Asana n’est pas un village mais
plutôt une petite belle ville ghanéenne. Celle-ci a des infrastructures modernes :
l’architecture, les maisons, les routes très larges et propres ainsi que la voirie moderne. Le
village d’Asana a également des institutions à l’image de la capitale Accra : l’église
catholique, la mission, le cinéma, l’école, la maison de Mrs Little et le palais. La présence
de toutes ces institutions de relais du système colonial révèle qu’Asana est un véritable
symbole du progrès social. Dans la socialité du texte, Asana est une ville hybride.
D’ailleurs, l’hybridité identitaire d’Asana s’explique par la présence de l’église et de la
case du « Tabouret Sacré » dans le même espace référentiel. C’est une ville qui se sert à la
fois de la tradition et du modernisme. Nyantakyi se sert de l’église catholique et du
sanctuaire du Tabouret Sacré pour aborder la problématique de la cohabitation pacifique
entre les chrétiens et les fidèles de la religion traditionnelle de la société ghanéenne. Dans
le roman, la crise religieuse naît du refus des chrétiens zélés de reconnaitre l’autorité
politique des dignitaires de la religion traditionnelle. A ce propos, le narrateur soutient
que :
Apart from religious differences which sometimes divided them, the people of Asana
had very much in common. They were united in a common cultural heritage until the
Catholic missionaries arrived. When the missionaries established a school and
church, everything changed like a sudden shift of wind. The Christian converts began
to condemn Ancestral worship and called on the village chief to abolish it, and that
started the conflict between the traditionalists and the converts. Gradually, the
Christians refused to associate with the traditionalists, although they allowed all
children in their schools.
Nyantakyi (2005 :12)
L’examen de ce passage démontre que les habitants d’Asana sont unis et solidaires
malgré l’antagonisme de l’idéologie religieuse. L’institution scolaire est le symbole de cette
concorde sociale. Ici, l’école est destinée à la fois aux enfants des convertis et des non-
convertis. Ainsi, la scolarisation de tous les enfants du village symbolise l’alliance de la
tradition et du modernisme, de l’Afrique et de l’Europe. On y voit donc le dialogue
interculturel des deux civilisations : africaine et occidentale. Selon Bakhtine et Kristeva, le
texte (littéraire ou non littéraire) n’est pas monade : il eut être parlés ou écrits, historiques
ou contemporains que l’auteur connaît et avec lesquels il entre en dialogue. Un tel dialogue
peut prendre la forme d’un pastiche, d’une parodie, d’une polémique ouverte ou latente ou
d’une critique. (Zima, 2011 :76-77). L’école participe donc à la socialisation et à
l’intégration de l’enfant dans ce monde de globalisation. «We came here to work with you.
Our main aim is to educate your children so they can compete with the outside world in the
future. The beginning of everything is difficult, but we have to keep trying» (Nyantakyi,
2005:14). Le romancier ghanéen Nyantakyi a le mérite de poser des problèmes et de
proposer des remèdes à ces problèmes. Son génie créateur réside dans le compromis, le
dialogue et l’écoute de l’autre qu’il propose comme des voies de sortie de crise. Chez
Nyantakyi, c’est le prêtre, «the father» de l’église qui se déplace vers le guide traditionnel
pour le convaincre à ramener les enfants du village à l’école après la crise qui a opposé les
At the meeting father Goodsman had assured the Council that it was not the mission’s
intention to undermine their past and cultural heritage. Some of the converts, he had
admitted, had gotten out the line and he would do his best to straighten them. He
would let them understand that the chief was the overall head of the village, and also
traditional studies were now part of the school syllabus.
Nyantakyi (2005 :13-14)
Le prêtre désire faire la paix avec les villageois. Il profite de l’occasion pour
renforcer l’amitié entre les chrétiens et les traditionalistes. C’est pour cette raison qu’il
soutient que l’église ne méprise pas ou ne cherche pas à détruire le patrimoine culturel des
hommes d’Asana. Le désordre qui ronge l’espace décrit est perpétré par quelques
nouveaux convertis écervelés. Les deux parties prennent des dispositions pour éviter de
telles situations désastreuses à l’avenir. Le texte de Nyantakyi prône également la
suppression des inégalités sociales et classes sociales. Comme on note, l’auteur aspire à
l’avènement d’une société juste et égalitaire. C’est donc une société démocratique où les
droits de l’homme seront respectés. L’union de Nana et de Bob démontre qu’il n’existe pas
de barrière en matière d’amour entre les différentes classes sociales. La déclaration
d’amour que Nana fait à Bob peut être lue comme un changement dans le comportement
des villageois. Dans le contexte africain, c’est l’homme qui généralement fait des avances à
la femme. « L’intérieur du texte, c’est dans les relations entre ces deux réseaux que
s’articulent les opérations de production idéologique, et simultanément, du moins dans ce
roman, la déconstruction qui les expose au lecteur » (Levaillant, 1979, p.107). Ici, c’est
Nana, la petite fille d’Awo Yaa Akoto, le leader des femmes d’Asana qui exprime son
amour à un chrétien connu sous le nom de Bob:
I have had my puberty. “Puberty? What that?” “It’s some changes young girls go
through before they become women. That’s why your mother said I’m now a woman.”
I’m now a woman, Bob. That’s why, Nana said and left. Bob Little continued to rock
himself back and forth, gradually increasing the speed, sitting and standing and
singing off key.
Nyantakyi (2005 :23)
Conclusion
Au total, on remarque que les romans analysés : Matigari de Ngugi wa Thiong’o et
Ancestral Sacrifice de Nyantakyi sont une contribution à la promotion des langues et
cultures pour l’émergence de l’Afrique. Ngugi et Nyantakyi sont des artistes au service du
peuple africain. Leurs textes peuvent-être lus comme des produits africains sur le marché
mondial, porteur de charges culturelles africaines. Ngugi et Nyantakyi font la promotion du
patrimoine culturelle africain. Les auteurs de notre corpus veulent faire connaître la
culture africaine pour montrer que l’Afrique a quelque chose à apporter au reste du monde.
L’Afrique doit se constituer à travers l’intégration. C’est par son « être » que l’Afrique
pourra vraiment accéder l’avoir. A un avoir authentique, pas un avoir de l’aumône, de la
mendicité. Il s’agit du problème de l’identité et du rôle à jouer dans le monde. Sans
identité, nous sommes un objet de l’histoire, un instrument utilisé par les autres (Ki-Zerbo,
2004, p. 8). Le romanciers Ngugi et Nyantakyi se révèlent également comme des
Références bibliographiques
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Zima, P. V. (2011). Texte et société, Paris, L’Harmattan
Aminata KASSAMBARA
Université Félix Houphouet-Boigny, Cocody-Abidjan
[email protected]
&
Bi Youan Mathurin TRA
Université Félix Houphouet-Boigny, Cocody-Abidjan
[email protected]
Abstract: This article aims at showing the importance of african literature mainly novel in
the change of political leaders’ and the people’s mentality. Two writers are put into
evidence here, Ngugi waw Thiong’o and Bessie Head who through their characters:
Makaya, Muthony, Matigari who despite some socio-political ordeals reached their targets.
Ngugi is for peaceful and violent revolution against colonization and postcolonial African
leaders whereas Head calls for soft change. Concerning Ngugi, there is no more time to
describe but it is time to teach the ways that will trigger revolution for a dignified,
prosperous Africa rid of useless ancestral customs, religious extremism entertained by her
political leaders and intellectuals. For Head, emigration and racism could not be an
obstacle for and individual (woman) to achieve her dreams. Ngugi and Head yearn for
gender and racial respect, and specially self-sacrifice for the well-being of the community
guarantee of lasting development.
Introduction
Dans ce monde de la globalisation, la problématique du rôle du littéraire dans le
processus de développement de la société africaine est constamment évoquée dans les
discours politiques. Dans ce sens le politique africain a l’impression que le littéraire et ses
textes ne jouent aucun rôle dans le changement social, politique et économique de la
société. Pour apporter notre contribution à ce débat en cours sur le rôle ou l’importance de
l’art dans la société africaine que nous analyserons le thème : « L’apport de la littérature
au développement de l’être et la société : une étude de Bessie Head et Ngugi wa Thiong’o »
Pour mieux appréhender notre sujet il est important de définir les mots clés de notre sujet
autrement dit qu’est-ce que la littérature ? Et qu’est-ce que le développement ? La
littérature est l’expression de la société, comme la parole est l’expression de l’homme. A ce
propos, Wellek et Warren soutiennet que: « Literature is therefore created with
conventions, norms and values of the society in mind. Literature acts as a tool to represent
life and also to make life a social reality and easier to comprehend » (1968: 94). Autrement
dit, la littérature permet à l’individu de comprendre la société ou le monde afin de mieux
se comprendre comme un être conscient. On ne peut donc pas dissocier la littérature de la
société. Par ailleurs, le développement doit être perçu dans ce travail comme un
changement voire un phénomène qui influence le devenir de la société et de l’homme.
Dans cette dynamique, le sociologue français, Guy Rocher définit le changement comme
« Toute transformation observable dans le temps, qui affecte d’une manière qui ne soit pas
que provisoire ou éphémère, la structure ou le fonctionnement de l’organisation sociale
d’une collectivité donnée et modifie le cours de son histoire » (1968: 229). Ainsi, le
développement est l’amélioration des conditions de vie des hommes dans une société
donnée.
Dans le cadre de cette étude, notre corpus est constitué de deux romans de chaque
auteur : When Rain Clouds Gather et A Woman Alone de Bessie Head, The River Between et
Matigari de Ngugi wa Thiong’o. Nous nous effacerons à montrer en quoi est ce que les
romans de ces deux écrivains contribuent au développement de la société ? Dans quelle
mesure la littérature peut-elle contribuer à l’amélioration des conditions de vie et au
changement social ? Dans ces romans, la contribution de la littérature réside dans le fait
que les auteurs (Bessie et Ngugi) sont des panafricanistes, des révolutionnaires, leur
militantisme se transpose dans le texte à travers la dénonciation du système politique et
social. Ces deux auteurs sont des écrivains engagés, exilés car leur engagement participe
au développement de la société. Pour décrypter notre sujet, nous utiliserons la
sociocritique et la sémiotique pour analyser les deux points suivants : le militantisme de
l’écrivain et l’écriture de révolte.
1. Le militantisme de l’écrivain
1.1 Bessie Head : écriture comme engagement
La littérature engagée renvoie en règle générale à la démarche d’un auteur qui
défend une cause politique, sociale ou religieuse soit par ses œuvres soit par son
intervention direct en tant qu’intellectuel. C’est dans cette optique qu’un écrivain engagé
peut être défini comme un écrivain qui prend position, témoigne et dénonce faisant de la
plume une arme de combat et un instrument au service d’une cause noble. C’est dans ce
cadre que le premier roman intitulé When Rain Clouds Gather de Bessie Head relate
l’histoire d’un jeune sud-africain Makhaya qui fuit le régime apartheid de l’Afrique du Sud
pour se réfugier au Botswana voisin. C’est un activiste de la lutte anti-apartheid qui fuit la
ségrégation raciale et les persécutions. Dans le pays d’asile, la sécheresse et le tribalisme
règnent en maîtres. Mais à Golema Mmidi, le village où Makhaya a trouvé refuge, la
réforme agraire initiée par l’ingénieur britannique Gilbert va provoquer le changement
social et économique. Le britannique introduit de nouvelles méthodes de culture et
d’élevage pour accroitre la production animale et agricole. Le succès de cette réforme
réside dans l’union sacrée entre la coopérative des femmes du village et l’ingénieur
Gilbert. Makhaya veut apporter également sa pierre à l’édification de la nouvelle société de
Golema Mmidi. Pour cette raison, il intègre volontairement la cellule technique du
promoteur du projet de Gilbert. Ce roman porteur d’espoir, nous fait partager la vie d’une
communauté africaine et de comprendre la puissance de l’union. Le second roman A
woman Alone relate la vie de Bessie Head à travers une série d’articles et d’essais que le
lecteur peut combiner pour reconstituer le récit de sa vie. Head a un caractère combatif,
rude et violent mais le Botswana demeure pour elle un havre de paix. Elle se préoccupe
des problèmes de la haine raciale, le cynisme du système apartheid et le traumatisme de
l’exclusion sociale. Le texte s’ouvre donc par les déboires de l’auteure avec le régime et sa
quête d’un environnement paisible au Botswana. Dans When Rain Cloud Gather, le
personnage principal, Makhaya est un homme. Cependant, son histoire de vie est nettement
identique à celle de l’auteure Bessie Head. Parlant du brouillage identitaire, la narratrice
dit:
The little Barolong village swept right up to the border fence. One of the huts was built
so close that a part of its circular wall touched the barbed-wire fencing. In this hut a
man had been sitting since the early hours of dawn. He was waiting until dark when
he would try to spring across the half-mile gap of no-man’s-land to the Botswana
border fence and then on to whatever illusion of freedom lay ahead. […] In fact, the
inner part of him was jumble of chaotic discord, very much belied by his outer air of
calm, lonely self-containment. The only way you could sense this inner discord was
through a trick he had of slightly averting his face as though no man was his brother or
worthy of trust. Otherwise, his face was rather pleasing to the eyes. It was often wryly
amused. Its general expression was one of absorbed, attentive listening. His long thin
falling-away cheekbones marked him as a member of either the Xhosa or Zulu tribe
Head (1969:1)
A year before her marriage she tentatively joined a political party. It was banned two
days later, and in the state of emergency which was declared. She was searched alone
with thousands of other people. Briefly arrested for having a letter about a banned
party in her handbag, and involved in court case. […] It might have been the court
case which eventually made her a stateless person in Botswana.
Head (1974:18)
Dans ce roman, Elizabeth apparait comme la flèche de lance de Bessie Head. Par
conséquent, la trajectoire de sa vie dans le fonctionnement de l’intrigue s’apparente à la vie
intime de la romancière. D’ailleurs, Elizabeth est également décrite comme une femme
traumatisée et révoltée qui se sert de son corps pour prôner l’avènement d’un nouvel ordre
social. A travers ses textes romanesques Head sensibilise, dénonce et incite à la prise de
conscience. On écrit pour ne pas oublier, pour laisser des traces. Ecrire nous permet donc
de laisser des traces aux jeunes car le livre contient le savoir d’un peuple donné.
Joshua had not sold his heart to these people, it would have been a simple case. Why! A
black ram without blemish under the Mugumo tree – simple sacrifice. And all would have
ended well’. (Ngugi, 1965 :48). Une fois encore Ngugi attire l’attention des lecteurs sur les
préjugés en Afrique car l’Africain en général ne cherche pas à déceler les causes des faits
mais tirent des conclusions en se fondant sur les hypothèses. La mutilation génitale
provoque environ 15% des décès de soit la mère soit l’enfant ou le décès des deux. A cela
il faut ajout la transmission des maladies sexuellement transmissibles et du tétanos dû à
l’usage des outils non stérilisés et rouillés. A ce phénomène s’ajoute un autre
disfonctionnement dont le christianisme est coupable. Avant l’avènement des colons qui
ont imposé le christianisme aux Africains notamment aux Kenyans, les Africains étaient de
fervents croyants. Ils croyaient fermement à l’existence d’un Dieu suprême et unique, à
l’existence du paradis et de l’enfer. Seulement que le médium chez l’Africain est un objet
qui peut être une montagne, une rivière, un arbre etc. tandis que chez le chrétien c’est le
pasteur, le prêtre ou le berger qui transmettent les desiderata du converti au père céleste.
Les deux villages voisins séparés par la rivière Honia vivaient jadis en parfait harmonie
mais le christianisme a métamorphosé la cohabitation harmonieuse en relation
tumultueuse. Le premier chapitre du roman est très explicite en ces lignes :
The two ridges lay side by side. One was Kameno, the other was Makuyu. Between
them was a valley. It was called the valley of life. […] A river flowed through the
valley of life. […] The river was called Honia, which meant cure, or bringing back-to-
life. […] Honia was the soul of Kameno and Makuyu. […] Kameno had a good record
to bear out this story. A sacred grove had sprung out of the place where Gikuyu and
Mumbi stood; people still paid homage to it.
Head (1965:1-2)
Aussi paradoxal soit-il, le village qui a rejeté le christianisme est reconnu de tous
être le lieu où Adam et Eve (Gikuyu and Mumbi) ont apparu et vécu dans la grotte qui est
considérée comme un lieu de pèlerinage. Mais dès que les habitants de Kameno ont décidé
de conserver les croyances traditionnelles, ils ont été considérés comme des envoyés du
diable, des incultes. Le conflit religieux dépeint par Ngugi ici est l’incarnation de tous les
conflits dont souffre l’Afrique depuis la nuit des temps. La politique qui consiste à diviser
les Africains pour mieux les dominer appliquée par le colonisateur et continue de
fragmenter l’Afrique. Makuyo et Kameno sont la représentation du parti au pouvoir et
l’opposition, des rebellions armées, des coups d’Etats, des constitutions qui sont modifiées
au gré du gouvernant etc. L’Occident a une part de responsabilité dans les problèmes qui
secouent l’Afrique mais les Africains sont coupables de plusieurs chefs d’accusations qui
sont entre autres la négligence, le mariage forcé, la polygamie etc.
2. Écriture de révolte
2.1. Matigari, une œuvre anti-dictature
Une approche définitionnelle serait opportune avant de passer à une analyse
approfondie de la notion de dictature. C’est un régime politique totalitaire, établi et
maintenu par la violence, dans lequel un homme ou un groupe détiennent un pouvoir
absolu et c’est malheureusement le système politique le mieux pratiqué depuis
l’indépendance des colonies anglaises et françaises. Les gouvernants se soucient que de
leur bien-être et non de celui du peuple. Et pour se maintenir au pouvoir, ces démagogues
Three army trucks and four police Land-Rovers went by. The soldiers were fully
armed with rifles and maching-guns. The police carried truncheons, shields and tear-
gas masks.’ Where are they going.’ Matigari asked. […] ‘To the factory,’ Guthera
replied. ‘The workers’ strike was due to start at two o’clock. […]‘Are they going to
fight the workers? He asked? ‘Of course. That’s what the police are always
doing,’Muriuki answered. ‘Wasn’t it only the other day that the workers were badly
beaten, and some of them had their legs broken?’
Ngugi (1987:40)
Nous constatons que l’armée et la police sont réquisitionnées pour réprimander les
ouvriers qui demandent de meilleures conditions de vie. Ici, Ngugi demande aux dirigeants
africains d’éviter l’usage de la violence physique par le biais des forces de l’ordre pour
brimer le peuple avec les armes achetées avec l’argent du contribuable. Cette méthode est
l’extériorisation d’une double incapacité car ces derniers manquent de moyens pacifiques
pour calmer le peuple et n’ont pas les moyens financiers pour faire face aux revendications
salariales. La violence psychologique est la méthode est plus utilisées par les dictateurs
pour faire valoir aussi leur suprématie et la voix royale est le média audio-visuel. En effet,
la radio publique pour vulgariser de fausses informations et organiser de parodie de procès
dont l’issue est connue au préalable car l’accusé ou les accusés sont toujours coupables
des faits qui leur sont reprochés comme le montrent la déclaration de la radio nationale :
Two university lecturers appeared in court yesterday charged with possessing books
on Karl Marx and V Lenin published in China. All books about the liberation of
peasants and workers, particularly those published in China, have been banned since
Independence […] Five university students were arrested yesterday for taking part in
a demonstration outside the British and the United States Embassies.
Ngugi (1987: 70)
Tous les moyens sont appliqués de manière individuelle ou collective, aux illettrés tout
comme aux intellectuels. Toute personne qui essaie de revendiquer son droit est accusé de
communiste et donc considéré et traité comme un citoyen dangereux. Des intellectuels à la
solde du parti au pouvoir sont dans la plupart des cas des portes- paroles privilégiés
comme dit le narrateur :
[…] The Permanent Professor of History of Parrotology, the Ph. D. in Parrotology and
the Editor of the Daily Parrody will give evidence to show that, historically,
philosophically and journalistically speaking, it is those who teach Marxism – in other
words, communism - who spoil our students and our workers. That is why they should
be detained without trial.
Lorsque tous les moyens dissuasifs et persuasifs sont utilisés mais que les
manifestants persistent alors qu’un rassemblement pacifique peut être considéré comme
une réunion de fauteurs de troubles qui ont pour objectif unique de susciter un
soulèvement populaire et donc reverser le gouvernement. C’est cette considération
paranoïaque qui a incité la junte au pouvoir en Guinée à tuer et à violer des hommes, des
femmes et des enfants sans défense à outrance le 29 septembre 2009. Dans la société du
texte de Matigari, le porte-parole du gouvernement est omnipotent et omniscient, et
manipule le peuple et les informations à sa guise. Lorsque le citoyen est frustré et sent que
sa vie est en danger la seule issue qui lui reste est l’exile. Cependant il arrive de remarquer
que les individus quittent leur pays d’origine non pas par pression politique mais par
mimétisme ou par la recherche d’une vie meilleure. Ces aventuriers utilisent deux voies :
la voie légale et celle qualifié d’illégale. Nous nous intéressons dans notre analyse à la
seconde.
She had a way of looking at people with one quick, wide stare, then immediately
looking away into a far-off distance as though she did not particularly want anything
from life or people. She had a long, thin, delicate face, with a small mouth, and when
she smiled she seemed very shy. She walked over and sat down at their table,
immediately lighting a cigarette with a quick, almost hidden movement of her hands.
[…] Dilepe village was the stronghold of some of the most powerful and wealthy chiefs
in the country, all of whom owned innumerable Masarwa as slaves. […] ‘If you keep
silent about the matter, people will simply assume you are you a Coloured. I mistook
you for a Coloured until you brought up the other matter’. ‘But I am not ashamed of
being a Masarwa.’ the young girl said seriously. […] She was quiet, no gongs sounded,
but she was a drastic revolutionary.
Head (1971:16-17)
Dans cette étude, il s’agit d’une acculturation qui a été intériorisée par ceux-là
mêmes qui en étaient l’objet, comme dit Frantz Fanon, celle d’une névrose laissée en
héritage par le colonialisme dans Peau noire, masque blancs (Fanon, 1971). Par
conséquent, il n’est pas surprenant que la majorité des penseurs postcoloniaux proviennent
des humanités. Il reste, selon eux, la nécessité de refonder les perspectives de ces
disciplines non pas pour défendre une posture de déficit de communication entre
l’Occident et les ex-colonies, mais de dépasser la colonisation en évacuant les préjugés qui
les fondent, en réfléchissant sur les liens entre la langue, la vérité et le pouvoir. Le
postcolonialisme, pour reprendre l’expression de Homi K. Bhabha dans les The Location of
Culture, témoignerait « des forces inégales et inégalitaires de la représentation culturelle
qui sont à l’œuvre dans la contestation de l’autorité politique et sociale au sein de l’ordre
mondial moderne » (1994 :171). La critique postcoloniale est donc une critique de la
modernité telle qu’elle a été pensée par Lyotard dans La Condition postmoderne (Lyotard,
1979) : l’idée de progrès comme moteur du monde occidental ne pouvant plus être
recevable. Il y a dès lors une crise du sujet et de ses discours. « She [Margaret] walked
over and sat down at their table, immediately lighting a cigarette with a quick, almost
hidden movement of her hands» (Head, 1971:16). Ici, le comportement de l’héroïne de
Maru peut être lu comme un comportement déviationniste parce qu’elle fume la cigarette
dans l’espace rural incarné par le village Dilepe. Mieux, elle dit plus fort ce que les
opprimés et les Marsarwa murmurent. La crise de l’être se perçoit également sur la
quatrième de couverture du roman où on aperçoit l’auteure Bessie Head fumant une
cigarette. Dans l’espace rural fictionnel, voir une femme qui fume la cigarette et viole les
règles établies, est inacceptable. Mais au-delà, de cette rébellion de la femme, on voit se
profiler à l’horizon le renversement de l’ordre établi. Le comportement des protagonistes du
roman de Head laisse transparaître l’image d’une société africaine en crise. Les écrivains,
précise J. Huret, « s’exercent à des jeux de rôles nouveaux pour eux comme ils découvrent
une pratique alors peu connue sous cette forme, leurs propos sont empreints de candeur ou
d’une maladresse qui en font le prix » (1999 :35). L’anomie sociale du village de Dilepe a
atteint son paroxysme. Aucun espoir de retour à la normalité n’est plus envisageable. Dans
cette société anomique, l’immoralité est érigée en mode de vie. Pour cette raison, le sexe
est représenté comme un excellent remède au traumatisme des exilés. Dans When Rain
Clouds Gather, les actions et les agissements du personnage principal Makhaya sont
comparables à ceux d’un transgenre tandis que dans A question of Power, le personnage
Sello se révèle comme un homosexuel, voire un bisexuel. La narratrice parle de l’instabilité
sexuelle de Sello quand elle soutient :
Sello was married to a large Motswana woman with strangely uncomprehensible eyes.
[…] It stood out as a deliberate gesture in a society where it was almost compulsory
for people to greet each other. Perhaps she was rather relieved. Sello said some
strange things about women. He said he ‘killed’ them. […] If I find a man in bed with
my wife, I’ll fight him. If you want to know some things about the people here, I’ll tell
you. She disliked the heavy suggestiveness in his eyes, but was later very astonished
when Sello referred to the matter himself: ‘It’s quite true. He found me in bed with his
wife. I felt sorry for the man but I had to kill his wife. […] Sello was never explicit
about this ‘killing business. He said he had Killed several women. He said it in an
aloof, detached way, as though it were simply part of a job he was on.
Head (1974:27-28)
Conclusion
Au terme de cette étude, nous n’avons aucunement pas la prétention d’avoir épuisé
le sujet. Le champ d’interprétation du thème littérature et développement est vaste et nous
sommes conscient qu’il laisse des points de réflexion en suspens. Dans cette étude, nous
avons montré la contribution de la littérature dans le développement de la société dans les
romans de Bessie Head et Ngugi wa Thiong’o. Ces deux auteurs bien qu’originaires de
différents pays ont trois points majeurs en commun à savoir le militantisme, l’humanisme et
l’exile. L’écrivain joue un rôle prépondérant dans le développement et l’amélioration des
conditions de vie de la société à travers ses productions littéraires. Pour Head le
changement suppose une conversion des mentalités, une métamorphose de l’être, donc un
bouleversement de l’ordre établi. Le changement est aussi la révolution politique et sociale
qui permettra à l’Afrique de se développer au même titre que les grandes puissances du
monde. Quant à Ngugi il plaide pour l’adoption d’une langue africaine universelle au même
titre que l’anglais ou le français. Ces deux écrivains sont les chancres de la tolérance, la
réconciliation, la justice, la paix, la diversité culturelle et religieuse. Il ne peut y avoir de
développement sans la paix, la justice et la tolérance.
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Abstract: Referring to the following question: what gives literariness to the dance songs
of Manguissa women and what are their functions? it emerges that through the
techniques of versification deployed in our poems, the rhetorical figures and the poetic
registers; that our songs are true poetic texts; which present various themes. These texts
fulfill several functions in Manguissa society; among; cultural, aesthetic and rhythmic
function. On the methodological level, we collected oral data using new technology
tools; which allowed us to proceed to the recording of the songs in their raw state. The
ethnolinguistic theorized by Geneviève Calame Griaule allowed us to better analyze our
texts.
Introduction
La richesse de la littérature camerounaise, comme celle de tout le continent noir,
reste en grande partie dans l’oralité. Cet archipel dispose d’une diversité générique
composée de contes, de berceuses, de proverbes et des chants ; qui ont été pendant
longtemps et continuent de l’être des canaux privilégiés de la communication sociale, mais
qui perdent actuellement du terrain. Par conséquent, le recueil et la conservation de cette
littérature sont nécessaires. Nous entendons mettre en évidence l’idée que les textes oraux
convoqués suscitent un intérêt esthétique et fonctionnel. Fort de ce leitmotiv, nous faisons
suivre cette interrogation : qu’est ce qui donne de la littérarité aux chants de danses des
femmes manguissa1 et quelles sont leurs fonctions sociétales ? L’intérêt de cette étude repose
1
Le peuple manguissa est un sous-groupe de la grande tribu béti ; cette tribu est à cheval entre les arrondissements de Sa’a
et Ebebda dans le département de la Lekié qui est une division administrative de la région du centre Cameroun.
1. Présentation du corpus
Notre corpus est constitué de textes recueillis dans le village Eyéné, lors d’une
cérémonie de mariage coutumier. La langue source de notre corpus est le manguissa, qui
est la langue dans laquelle nous avons recueilli et transcrit nos textes avant de les traduire.
Nous avons opté de ne retenir que la traduction littéraire, car c’est elle que nous allons
exploiter et manipuler. Les chants sont tous présentés comme des poèmes. Cette
réprésentation permet de mettre en exergue la versification qu’on retrouve dans nos textes.
Chant 1
1. Sé lé lé lé lé ! Sé lé lé lé lé !
2. Mon époux m’est toujours amoureux
3. Quoi que je fasse
4. Même si je suis coquette à d’autres
hommes
5. Même si je suis frivole
6. Mon époux m’est toujours amoureux
7. Quoi que je fasse
8. Sé lé lé lé lé ! Sé lé lé lé lé !
9. Mon époux m’est toujours amoureux
10. Quoi que je fasse
11. Même si je vole comme une souris
12. Même si je suis paresseuse
13. Mon époux m’est toujours amoureux
14. Quoi que je fasse
15. Sé lé lé lé lé ! Sé lé lé lé lé !
16. Mon époux m’est toujours amoureux
17. Quoi que je fasse
Chant 4
2. Analyse esthétique
L’esthétique est entendue ici comme un style, une façon particulière de mettre en
forme, selon des règles précises, cette matière-première que sont les mots, et par-delà, le son
des phonèmes. Il existe de nombreuses façons de mettre en ordre les mots pour qu'ils aident
par leur disposition même à l'expression de l'idée, de l'histoire ou du conte, enfin, de ce que
l'on a envie d’exprimer.
manguissa. Elle se sert de ce procédé pour donner plus de détails, d’explication et aller au
bout dans ce qu’elle veut traduire dans son chant.
La rime riche est également visible dans nos textes. Elle est la reprise de trois phonèmes ou
plus à la fin du vers. Le chant 4 nous en présente
L’okok que je te cuisinerai te séduira
Tu seras contraint de m’aimer
Le mpem que je te cuisinerai te séduira
Tu seras contraint de m’aimer
Les enfants que je te donnerai te séduiront
Nous retrouvons également la rime plate ou suivie. C’est une rime dans laquelle les vers ont
tous le même son à la fin. Elle est disposée selon le schéma (AAAA). Cette rime apparait
dans le chant 5.
Elle s’est mariée ; la fille de Nkom s’est mariée (A)
1
Feuilles de manioc préparées avec la pulpe des noix de palmes. C’est un plat traditionnel prisé par les béti.
-La métrique
La métrique est l’étude des unités qui se répètent régulièrement dans le temps à
travers des formes prosodiques ou musicales. Elle est réduite à l’étude des formes régulières
d’origine prosodiques. La métrique est à peu près synonyme de la notion de versification.
A travers ces différents types de vers à valeur inégale, nous concluons des lors que notre
corpus contient des poèmes de longueur inégalement réparties. Ce qui donne l’allure de
la poésie moderne à notre corpus.
à l’intérieur d’un vers ou d’une unité syntaxique. Dans notre corpus, nous trouvons plusieurs
assonances. L’assonance parcours ou est retrouvé tout au long du chant 1. C’est une
assonance vocalique sur le phonème (ou) (mon époux m’est toujours amoureux). On la
retrouve également tout au long du chant 3 (Reste, reste, reste). Ici, elle porte sur la
voyelle(e). Ces allitérations créent également un effet d’harmonie imitative ou suggestives.
Ces assonances produisent un effet harmonique d’insistance de la chanteuse qui exalte son
charme. Nous avons pu dénombrer sept assonances tout au long de notre corpus.
Nous avons aussi relevé les allitérations. C’est le cas du vers ci-après tiré du chant 3
(Reste, reste, reste !). Elle est faite sur la consonne (r). Nous la retrouvons encore dans les
vers n° 13, 17, et 21 du chant 3 (Tu t’occupes de tes travaux, reste, Tu entretiens ton mari,
reste ! Tu organise ta vie et celle de tes enfants, reste). Nous avons ici l’allitération qui se
fait sur la consone (t).
-L'anaphore
L'anaphore rhétorique est ici définie comme une répétition à l'initiale d'une unité
textuelle, qu'il s'agisse d'un segment de phrase ou d'une phrase entière. Figure de
construction de type microstrural et variété élémentaire de répétition, l'anaphore rhétorique
sert de base à des figures macrostructurales d'amplification. C’est une figure récurrente du
discours. Cette figure ; nous la retrouvons dans nos textes plusieurs fois, tel que l’illustre les
chants 4 et 5
Tu seras contraint de m’aimer
Tu seras contraint de m’aimer
Tu seras contraint de m’aimer
Cette anaphore a pour rôle ici d’insister et d’amplifier les propos de la chanteuse, qui se
passe pour une dictatrice qui impose à son conjoint de l’aimer malgré ses écarts de conduite
à l’endroit de ses consœurs.
-Réduplication
L’idée de rendre double est une caractéristique fondamentale de la réduplication. Ce
phénomène étant présent dans notre corpus, nous allons montrer comment, il se manifeste.
L’appellation et l’étendue de la réduplication font de nos textes un objet de beauté et
participe à leur richesse. Ainsi, pour rendre compte de ce procédé, nous trouvons aussi les
termes qui l’accompagne tels que : reprise, redoublement, duplication, répétition. Pour
illustration sur ce phénomène, nous retiendrons deux termes : reprise, redoublement ; qui se
rattachent parfaitement à lui. Nous définissons la réduplication comme étant un procédé de
redoublement consistant en une copie d’une syllabe ou d’une unité entière. L’élément copié
doit être identique et contiguë à la base. La réduplication en linguistique est un procédé
morphologique permettant d’exprimer, par la répétition complète ou partielle d’un mot ou
d’un morphème, un trait grammatical ou bien de créer un mot nouveau ; en vue d’une
insistance et d’une amplification des faits par la chanteuse. Ceci est fait pour attirer
l’attention de l’auditoire ou de son récepteur. Ce redoublement de propos joue un très grand
rôle dans le cas où la chanteuse sensibilise, conseille et enseigne la femme ou la jeune fille
de savoir endurer dans le mariage malgré ; les obstacles auxquels elle fait face. Cet exemple
est perceptible dans ce passage du chant 3.
1. Reste, reste, reste !
2. Reste, reste, reste !
3. Reste, reste, reste !
Ce chant est généralement exécuté par une femme âgée, une sexagénaire qui par son
expérience dans l’art matrimoniale ; enseigne les jeunes filles nouvellement mariées de
savoir que le mariage n’est pas donné, ou alors la vie conjugale n’est pas un endroit où l’on
mènera toujours une vie paisible.
-La périphrase
C’est le fait de remplacer un mot par une expression qui le définit. Un simple mot est
remplacé par des éléments de phrase plus complexes, jouant sur l'implicite. Elle consiste à
dire en plusieurs mots ce que l’on peut designer par un seul. C’est ce que nous observons
dans les vers 3,6,9,12,15 du chant 5 tel que le montre ce passage : « Elle s’est mariée ; la
fille de Ndong-Elang s’est mariée ». Ici, nous voyons la désignation du réfèrent qu’est la
mariée ; qui se fait au moyen de ses origines natales. Au lieu de la designer directement par
son nom, la chanteuse choisit délibérément de la nommer par le nom de son village natal. Et
ce procédé laisse voir en quelque sorte la valorisation des origines de la femme dont vente
la chanteuse.
-La comparaison
Elle consiste à rapprocher deux éléments, deux termes ; en explicitant leur point
commun par l’utilisation d’un outil de comparaison. C’est le cas dans cet extrait du vers 11
du chant 1 : « Même si je vole comme une souris ». Le rapprochement est fait ici entre la
femme et la souris à l’aide de l’outil de comparaison « comme ». La souris qui est un rongeur
domestique est en effet considérée comme l’incarnation du vol dans les ménages.
Ici, la chanteuse exalte son charme et son caractère séduisant qui captive son époux
et le retient à l’aimer.
Dans ce chant, nous avons une femme qui prodigue les conseils et qui enseigne
également l’endurance aux siennes. Pour cette chanteuse, la femme doit braver les étapes et
les obstacles de la vie conjugale. Il n’ya point de raison à vouloir abandonner ou fuir son
foyer.
3. Analyse thématique
Nos textes livrent un foisonnement de thèmes qui sont entre autres les différents
désirs ou aspirations de la femme béti. En parlant d’aspiration, il s'agit de différents désirs
de la femme manguissa, ses souhaits ou mieux ses vœux, de voir se réaliser des choses qui
lui tiennent à cœur, qui peuvent améliorer sa condition de vie. La plupart des sociétés
traditionnelles africaines tout comme celle des manguissa, ont marginalisé la femme en la
condamnant à la loi du silence. Le seul moyen de vaincre ses frustrations s'exprime
généralement dans les espaces discursifs qui lui sont propres. Il s'agit des contextes spatiaux
importants et précis, tel lors des évènements festifs où la parole lui est donnée de s’exprimer
à travers le chant ; seul endroit ou espace où l'écart de langage est permis. Sa prise de parole
en public a pour principal but de refuser certaines frustrations. Exprimer ces injustices
qu’elle vit au quotidien en dehors de ce cadre qui lui est réservé, peut paraître comme un
manque de respect de la femme à l'endroit de l'homme et, comme le remarque Menanga
Marie Louise, « la honte est un facteur principal qui pousse la femme manguissa à utiliser le
cadre du chant pour mieux s’exprimer1 ». En dénonçant par le chant ce qui entrave son
bonheur, elle croit à un changement immanent ou immédiat. Dans les textes, plusieurs
aspirations sont évoquées. Il s'agit de la quête de la liberté de la femme, l’exhortation à
l’endurance ou à la persévérance de la femme dans son foyer, l’amour et bien d’autres.
1
Entretient eu avec Menanga Marie Louise, enseignante de Langue et Culture Nationale au lycée classique d’Obala
Le mariage est considéré dans la société manguissa comme une instance suprême
qui consacre et hisse la femme dans la haute classe. La femme mariée est respectée et est
digne de considération. Ainsi elle ne peut plus faire l’objet de raillerie ou de commérage.
Etant donné la cherté de la dot dans la société béti ; se faire doter n’est donc pas donné à
n’importe quelle femme. C’est pourquoi la mariée, le jour de ses noces se fait célébrer et
acclamer.
constitue leur véritable charme à l’endroit de leurs époux. L’illustration est faite dans ce
passage du chant 4
1- Tu seras contraint de m’aimer
2- Tu seras contraint de m’aimer
3- Tu seras contraint de m’aimer
4- Mes actes te séduiront
5- Tu seras contraint de m’aimer
6- L’okok que je te cuisinerai te séduira
A partir de ce chant, nous pouvons dire que la société béti, est en partie régie par le
système de l'oralité, c'est à travers la parole que s'effectue une part importante de
l'éducation, notamment la transmission des valeurs et savoirs.
Conclusion
Ce travail, nous a permis d’avoir un aperçu de la richesse littéraire et culturelle du
peuple manguissa. Ce qui nous a permis de voir que ces chansons participent également à
la formation de l’identité culturelle des manguissa. Nous pensons que la littérature peut alors
nous aider à comprendre les faits socioculturels. Ainsi, déceler l’identité culturelle d’un
peuple à travers la littérature orale, est pour nous un acte de lecture qui vise à souligner
d’abord l’utilité de la littérature dans notre quotidien. L’étude des chants de danse que nous
avons fait, avait pour ambition de montrer le lien étroit qui unit la littérature orale à l’identité
culturelle.
Références bibliographiques
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Mbarga, M. (1994). La chanson féminine béti dans la mouvance sociale actuelle, Mémoire
de fin d’études, Université de Yaoundé I.
Abstract: A specialized branch of sociology, the sociology of aging is interested in the social
construction of old age from various angles. According to the latest report of the
demographic and health survey carried out in 2021 in Ivory Coast, progress has been made
in terms of morbidity, mortality (8.4cases of death per 1000in habitants) and longevity
(expectation of life is greater than or equal to 57 years). On the strength of this observation,
the challenges of sustainable development constitute unavoidable determinants that test the
sociology of aging. This article questions the building of the relationship to sustainable
development and to the sociology of aging in terms of acquired challenges and perspectives.
Introduction
La sociologie du vieillissement peut se définir comme la discipline spécialisée de la
sociologie qui s’apparente aux rapports à la construction sociale de la vieillesse sous l’angle du
social, de l’économique et de l’environnement. Sous ce regard, la sociologie du vieillissement
implique le vieillissement des populations qui se présente comme un phénomène mondial, qui
touche aussi bien des pays développés comme le Canada que des pays émergents comme la
Chine et les pays sous-développés tels que ceux de l’Afrique (De Lapasse B, 2018). Tous les
pays occidentaux font face donc à des degrés divers au vieillissement de leur population. Pour
exemple en Europe, il a d’abord concerné les pays du Nord avant de s’étendre à ceux du Sud.
L’augmentation de la part des personnes âgées dans la population européenne (20,3 % des
personnes avaient 65 ans et plus en 2019, dans l’Union Européenne) est la dernière
conséquence de la transition démographique, qui se traduit par la baisse de la fécondité et
l’augmentation de l’espérance de vie. En 2021, l’espérance de vie en Espagne :81,2 ans pour
les hommes et 86,7ans pour les femmes. En Amérique du Nord, l’effet combiné de la baisse
rapide des naissances et de la prolongation de la vie humaine a pour effet d’accélérer le
vieillissement de la population. C’est le cas du Canada, qui a la croissance la plus vieille au
monde en 2021 avec 861. 000 personnes âgées de 85 ans ou plus, soit plus du double observé.1
Le constat est le même pour le continent Africain qui n’est pas en marge de cet allongement de
vie des individus même si les données prélevées ne sont pas identiques à celles de l’occident.
L’on note toutefois un prolongement de vie. En Afrique du Sud, en 2021, l’espérance de vie pour
les hommes est de 62,7 ans et 65,6ans pour les femmes2. De même, en Côte d’Ivoire en
2021 ;16,2 % des ivoiriens ont plus de 65 ans, et ce chiffre va augmenter selon l’Institut National
des Statistiques (INS), cette tranche d’âge représentera environ 20 % de la population en 2040.
La Côte d’Ivoire connaît donc une très forte augmentation de la population des personnes âgées :
1
https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/, consulté le 04/10/2022
2
https://www.votresante-magazine.com/vieillissement,consulté le 04/10/2022
3
Population âgée de plus de 65 ans, total - Cote d'Ivoire | Data (banquemondiale.org)
4
https://ivoirehandicaptv.net/cote-divoire-la,du 04/10/2022.
questionnement dévoile précisément les préoccupations suivantes. Quels sont les acquis de la
sociologie du vieillissement en Côte d’Ivoire? Quels sont les défis existants entre la sociologie
du vieillissement et le développement durable? Quelles sont les perspectives de la sociologie du
vieillissement en Côte d’Ivoire au plan social, économique et environnemental ? En somme,
quels constats et quelles perspectives pour la sociologie du vieillissement en Côte d’Ivoire à
l’épreuve du développement durable ? Il s’agit de faire ressortir respectivement les acquis, les
défis et les perspectives. La structuration de cet article se construit autour de trois dimensions
explorées, elles-mêmes étant reliées aux objectifs particuliers du développement durable. Les
deux premiers chapitres sont consacrés à la mise en contexte des acquis et des défis de la
sociologie du vieillissement. Le dernier chapitre met l’accent sur les perspectives de la
sociologie du vieillissement calqué sur le schéma du développement durable.
1. Méthodologie
1.1. Cadre de l’étude
La Côte d’Ivoire est un pays d’Afrique de l’Ouest de 322.462Km2 avec une démographie
de 29.389.150 habitants dont 22. 003 personnes âgées (de 57 ans et plus) selon (EDS-CI,2021,
p.1). Elle ne dispose pas de politique en matière d’équité et de promotion des personnes âgées.
La Côte d’Ivoire ne possède ni de textes, ni de lois spécifiques à la personne âgée dépendante
ou handicapée. Cependant, les personnes âgées en général, se plaignent de la pension de retraite
très insuffisante due en grande partie, au faible niveau d’instructions, du manque ou de
l’insuffisance de prise en charge de soins adaptés et de soutien de l’Etat ou de la famille.5
(Ministère de l’emploi et de la protection sociale, direction générale de la protection sociale).
5
https://ivoirehandicaptv.net/cote-divoire-la, consulté le 04/10/2022
2.Résultats
Le rapport met ainsi en exergue les atouts et handicaps de la situation en Côte d’Ivoire
en indiquant des pistes possibles d'amélioration. Cette section fournit un premier bilan
comparatif des situations sanitaires et médico-sociales des personnes âgées sur une période qui
précède le lancement des expérimentations. Au moyen d’indicateurs communs et à partir des
données disponibles en 2021 au niveau national, ce bilan initial révèle la grande diversité des
actions en termes de population vulnérable concernée. Le fait social étant donc toute manière
de faire, de penser, d’agir, la sociologie du vieillissement dans notre contexte d’analyse s’oriente
vers toutes les actions sociales des acteurs qui interagissent dans ce milieu. Cette définition
nous donne d’analyser les acquis.
a couvert (80.000) personnes âgées ; il vise à renforcer les capacités physiques et biologiques
aux couches vulnérables dans leur intégration tout en respectant les principes thérapeutiques
qui s’imposent à eux durant leurs parcours de vie. La sécurité alimentaire, volet important de la
stratégie de réduction de la pauvreté est l’un des objectifs prioritaires de l’OMD (Objectifs du
Millénaire pour le Développement); la diversité alimentaire, la qualité alimentaire et des
habitudes alimentaires constituent un volet essentiel de toute stratégie visant à assurer la santé.
L’aspect financier a concerné (100.000) séniors structure les rapports d’insertion sociale et
professionnelle. Enfin (1500) sont suivis et pris en charge socialement. Toutes ces actions créent
et consolident les liens sociaux légitimes qui s’inscrivent dans un processus de restructuration
des catégories socialement faibles.6 Dans la dynamique de la société qui valorise principalement
la population active, les aînés constituent la tranche d’âge inapte et de ce fait, méritent plus
attention. Leurs besoins se localisent aussi en des actions multiples. C’est pourquoi, cette
population est confrontée à des obstacles qui dépassent souvent le cadre familial. Quelles sont
les limites fixées à la sociologie du vieillissement par rapport aux dimensions sociales,
économiques et environnementales ?
6
https://www.unccas.org/actions-sociales-en-faveur des séniors, consulté le 04/12/22.
7
La Côte d'Ivoire, vers une meilleure prise en charge des personnes âgées ? - (silvereco.fr),consulté le 31/08/22
parmi les personnes âgées. Au plan économique ; c’est la présence d’une faible retraite à la
caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) et à la Caisse Générale de Retraite des Agents
de l’Etat(CGRAE) sans toutefois notifier une absence de retraite pour les travailleurs du secteur
informel.8 Au plan environnemental, se perçoit l’épuisement de la biodiversité dû à la
dégradation du milieu. La mauvaise gestion des déchets et les changements climatiques sont
visibles et s’imposent à tout individu. Quelles stratégies par rapport aux politiques sociales,
économiques et environnementales existantes ?
3.Discussion
Cette section ouvre le débat sur la dynamique de la sociologie du vieillissement face au
modèle du développement durable en Côte d’Ivoire. Elle définit les différentes approches
possibles de la sociologie du vieillissement, recense les idéologies et les théories qui ont été
proposées ou expérimentées pour relever spécifiquement la sociologie du vieillissement. En
l'absence d’un système d'informations ou de données uniques pour la Côte d’Ivoire, elle
rassemble en grande partie les données disponibles concernant les résumés d'auteurs qui
traduisent les réalités sociales diverses. Le débat est respectivement axé autour de la place de
la gestion de la santé ; la vulnérabilité des personnes âgées ; une politique d’adaptation des
structures sociales spécifiques aux besoins des personnes âgées.
solidarités en fonction de l’organisation sociale du milieu dans lequel réside la personne âgée.
(Gucher, C.2013). La plupart des travaux sur la sociologie du vieillissement montre qu’elle est
centrée sur la santé des séniors. L'offre de services particulièrement ceux de la santé s'adapte
au nouveau contexte sociodémographique et culturel. La politique gouvernementale en Côte
d’Ivoire se positionne comme le seul acteur incontournable, mais d'autres acteurs viennent
également à ses côtés dans une perspective de développer, de valoriser et de favoriser la
construction sociale de ses aînés. Demeure un aspect non reluisant, l'accès aux soins, qui pose
avec acuité la question de l'égalité des droits des citoyens d’une manière générale. Pour certains
auteurs comme Blanchet, D. et Le Gallo, F. (2013), il faudrait structurer la sociologie du
vieillissement en vue de la comprendre. Ils l’affirment clairement en ces termes : « Identifier
les composantes de la sociologie du vieillissement aide à mieux saisir les conséquences et les
façons de s’y adapter ». Ainsi d’autres auteurs, Barnay, T. et Debrand, T. (2007) placent la santé
cœur de toute activité sociale. Ils décrivent pour cette population cible les liens existants entre
la santé, les caractéristiques socio-économiques et la participation à l'emploi. Ils soulignent
notamment l'impact plus fort de certaines maladies, mais aussi le rôle joué par le niveau d'étude
et la situation familiale. Ils analysent plus précisément les interactions entre santé et travail chez
les seniors et montrent ainsi que si l'impact de l'état de santé sur la participation à l'emploi est
fort, il existe des différences entre les hommes et les femmes. De même, Sirven, N. et Debrand,
T. (2011) soutiennent fermement cette assertion dans leur analyse. « Ils suggèrent que la
construction sociale de ces derniers favorise une meilleure santé, et vice-versa. Néanmoins,
l’effet de la santé sur la participation sociale apparaît plus important. Par conséquent, les
individus âgés en bonne santé ont d’autant plus de chances de préserver leur santé grâce à l’effet
bénéfique du capital social. De même, ceux en moins bonne santé ont moins de chances de
participer à des activités sociales et ont donc une probabilité plus forte de voir leur état de santé
se dégrader plus vite. En somme, ils soutiennent que malgré ses effets individuels bénéfiques,
le capital social est un vecteur potentiel d’accroissement des inégalités de santé parmi les
personnes âgées. Les auteurs Cambois, E. et al., (2010) s’inscrivent dans cette dynamique. Ils
présentent un regard croisé sur l'ampleur et la nature des différences d'espérances de vie et
d'espérances de vie en santé selon la profession ainsi que sur le rôle socialement différencié de
la santé dans les décisions de cessation d'activité. En résumé, la synthèse de leurs résultats vise
à souligner le caractère indissociable de ces deux champs de recherche. A cela, s’ajoute un
aspect important selon ces sociologues ivoiriens. Doukoure, D. et al., (2020) démontrent dans
leur étude la place prépondérante de la nutrition chez les personnes âgées de la commune
d’Abobo. Ils mettent l’accent sur la nutrition satisfaisante, un facteur de protection de la santé.
L’amélioration de l’état nutritionnel de la population constitue un enjeu majeur pour les
politiques de santé publique en Côte d’Ivoire.
Quant à Sirven, N. (2013) leurs études sur la demande de soins de long terme ont mis
en évidence « le rôle de la fragilité en tant que précurseur de la perte d’autonomie,
indépendamment des maladies chroniques. Ils soutiennent dans leur analyse le rôle des
politiques sociales dans la prévention de la perte d’autonomie et le maintien de la qualité de vie
des personnes en perte d’autonomie ». Nous pensons qu’au-delà de l’état de santé, l'âge avancé
est directement influencé par le statut socioéconomique des ascendants ayant au contraire une
influence indirecte passant par la détermination du statut socioéconomique de l’individu
concerné. C’est ce que Devaux, M., et al., (2008) expliquent dans leurs études. Pour eux, « une
transmission intergénérationnelle de la santé est également observée : la longévité relative du
père et en particulier son statut vital influence la santé à l'âge adulte. La santé est donc
héréditaire selon leur conception ». En introduction, l'auteur précise les spécificités de la notion
de santé pour ce groupe d'âge, les effets du vieillissement physiologique (les pathologies et
incapacités fonctionnelles qui lui sont associées), n'en constituant pas le seul critère. C’est
pourquoi Henrard, J.-C. (1997) définit « la santé sur le plan opérationnel comme l'adaptation à
son environnement et la capacité à garder des fonctions sociales ». Les critères d'attribution
d'aides sont appliqués dans le cadre des schémas gérontologiques. L'auteur présente les
déterminants sociaux de la santé : niveau de revenus, environnement physique et social,
activités et sociabilité, soulignant le manque d'études dans ce domaine. Le document de travail
rappelle d'abord les grands facteurs de croissance des dépenses de santé, en s'appuyant sur une
somme de travaux réalisés sur cette question. Il discute ensuite les principales projections de
long terme des dépenses de santé réalisées en présentant leur méthodologie, leurs résultats et
leurs limites.
3.3. Vers une politique d’adaptation des structures sociales aux besoins des personnes âgées : une
stratégie à la dynamique de la sociologie du vieillissement
Selon Léon, C. et Beck, F. (2014), les projections de l'Institut national de la statistique
envisagent une double proportion des séniors en France. « Dans ce même contexte, les plus de
57 ans représenteront en 2040 plus de 26% de la population ivoirienne, contre 17,5%
actuellement. L'espérance de vie à 57 ans sera par ailleurs sans doute plus longue
qu'aujourd'hui ». Dans un contexte de forte prévalence des maladies chroniques et endémiques
ce double phénomène pose un certain nombre de défis au politique : la prévention du risque de
perte d'autonomie et le maintien de la qualité de vie des personnes âgées, afin de permettre à
chacun de vieillir en bonne santé. « Dans cette perspective, actualiser et préciser notre
connaissance des populations âgées et de leurs comportements de santé apparaît
indispensable ». C’est pourquoi, l'objectif de cet article analyse les données pour faire le point
sur les comportements, attitudes et connaissances en santé des 57ans, en explorant divers volets.
Les résultats, analyses et propositions de cet article visent à affiner ou à faire évoluer les
stratégies de prévention et « de promotion de l'ensemble des acteurs en lien avec les populations
âgées : élus, décideurs, professionnels de santé, proches, aidants bénévoles ou professionnels ».
Cette idéologie est la même que celle émise par Kerjosse, R., et al. (2003). Ceux-ci consacrent
essentiellement leurs travaux au secteur de l'aide aux personnes âgées. Ils mettent l’accent sur
les perspectives à venir en matière d'autonomie et « de prise en charge des personnes âgées
notamment le dénombrement », la projection et la prise en charge ; l'assurance privée face à la
dépendance, les concepts et mesures de l'incapacité, la santé auto-estimée des hommes et des
femmes à l'époque de la retraite, l'enjeu de la professionnalisation du secteur d'aide à domicile
en faveur des personnes âgées. Pour maintenir et accroître la longévité, il faudrait associer tous
les facteurs existentiels et relationnels du capital humain. C’est ce que confirment (Doukoure,
D et al.,2020) qui analysent les facteurs de longévité chez les ivoiriens. Il s’agit en clair de
déceler les secrets susceptibles d’accroitre l’espérance de vie. Leurs résultats ont permis de
déceler les facteurs religieux, spirituels, alimentaires, culturels et physiques comme fondateurs
de la longévité chez les ivoiriens. Tout comme ses auteurs, De Rodat, O. (2008) dans ce domaine,
il existe dans de nombreux autres domaines de l'observation sociale et sanitaire, des
particularismes qui persistent à travers divers espaces sociaux. Cependant pour nous, les
situations observées ne sont pas statiques, et ce rapport nous invite à revisiter les réalités socio-
culturelles avec un regard plus transversal.
Conclusion
Cette analyse documentaire examine les rapports au développement durable à la
sociologie du vieillissement en Côte d’Ivoire. Elle met en exergue les acquis, les défis et les
perspectives de la sociologie du vieillissement en Côte d’Ivoire. Elle trace les sillons qui
s’inscrivent dans le domaine de la participation sociale des aînés et suscite également des
questionnements susceptibles d’alimenter de futurs projets de recherche. Ainsi la Côte d’Ivoire
foisonne d’interventions orientées vers la construction sociale des aînés, mais très peu ont été
étudiées ou évaluées. Or, une meilleure connaissance de ces initiatives aiderait à cerner
comment améliorer ou renforcer des projets en vue. De plus, l’évaluation d’interventions
permettrait de recueillir de l’information sur les trois autres dimensions traitées ici. La
proportion toujours croissante des personnes de 57 ans en Côte d’Ivoire ou plus, conjuguée aux
changements démographiques, culturels, climatiques, sanitaires et économiques, invite à
repenser la sociologie du vieillissement, une science dédiée à la construction sociale des
personnes âgées. Face aux calamités naturelles, les risques pandémiques et aux mutations socio-
économiques qui échappent à l’activité humaine, quel sera donc le devenir de la sociologie du
vieillissement ?.
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[En ligne], consultable sur URL : https://www. mémoire Online - Les conditions de vie des
personnes âgées en Cote d'Ivoire: Regard sur la maltraitance à Adjamé Village - Ahou
Clémentine TANOH Ã épse SAY
Mimboabe BAKPA
Université de Kara, Togo
[email protected]
&
Ouwienfala KOMBARO
Université de Kara, Togo
[email protected]
Abstract: Migangam is a Gur language belonging to the Gurma subgroup of the Oti-Volta
family. It is spoken in the geographical area of Oti and Oti-sud (Togo). It has several
dialectal variaties, the inter-understanding of which exists to varying degrees, and poses a
problem of linguistic choice regarding the conduct of bilingual literacy programs. This
article answers this problem through a dialectological-dialectometric study based on Hans
Goebl’s theory in dialectometric calculations. The dialectometric approach allows to start
from a hundred notions collected in each locality to carry out a process of dialectometric
calculations. Thus, at the end of this calculation process, a hierarchical tree is
established, making it possible to establish a hierarchy of gangam variaties on the basis of
the linguistic proximity degrees. The survey method adopted is empirically inductive: it
starts from a questionnaire in order to collect data from native and bilingual speakers
(Gangam/French) who do not show any apparent speech defects. The results obtained
make it possible to identify the most appropriate variety that can be useful for the entire
Gangam linguistic community in terms of learning tools in a bilingual education context.
Introduction
Les langues évoluent et se transforment sous la pression des besoins nouveaux qui
apparaissent dans les groupes ethniques qui les parlent. Cette évolution peut s’accentuer
par la dialectalisation due aux divers régionalismes ou au contact de langues. Selon
Martinet (2005 : 30), « les langues, on le sait, ne sont pas nécessairement identiques à
elles-mêmes sur tout le territoire où elles se parlent. Les différences peuvent aller jusqu’à
rendre aléatoires les tentatives de communication ». Ces changements linguistiques, selon
E. H. Wolf (2004, p.353), pourraient être liés à des systèmes complexes de facteurs
interdépendants, essentiellement historiques, géographiques. Cela est sans doute le cas du
migangam dont la variation se fait sentir lorsqu’on passe d’une aire géographique à une
autre. Le migangam est une langue gur appartenant au sous-groupe Gurma de la famille
Oti-Volta (Manessy 1975). Il est parlé dans la région des Savanes, plus précisément dans
la préfecture de l’Oti et de l’Oti-sud. Une simple observation du continuum des parlers du
migangam ne permet pas de déterminer le nombre de variétés de cette langue, car la
situation linguistique que présente l’ensemble de ces parlers est très complexe. Elle fait
état de plusieurs variantes dialectales dont l’intercompréhension existe à des degrés divers.
Cela pose sans doute un problème de choix linguistique par rapport à la conduite des
programmes d’alphabétisation ou d’enseignement bilingue. C’est pour cette raison qu’il
convient de partir d’une démarche dialectologique et de procédés de calculs
dialectométriques pour parvenir à une hiérarchisation des parlers de cette langue, en vue
de choisir le parler le mieux approprié, afin de le rendre fonctionnel en termes
d’élaboration des outils d’apprentissage dans le contexte d’un enseignement bilingue. Pour
y parvenir les questions de recherche suivantes méritent d’être posées : quels sont les
dialectes gangam et à quel degré les locuteurs de ces dialectes se comprennent-ils ? Quels
sont les traits communs ou traits de différence entre les parlers gangam ? S’agit-t-il de
dialectes, de sous-dialectes, de parlers ou de langues différentes ? De ces questions, nous
pouvons dire que le migangam présente plusieurs variantes dialectales et les locuteurs de
ces dialectes se comprennent à des degrés divers. Ainsi, un essai dialectométrique pourra
permettre de déterminer le statut des parlers concernés.
L’objectif du présent travail est d’identifier le statut des différents parlers du migangam à
travers des calculs dialectométriques. À l’issue d’un processus de calculs, nous pouvons établir
l’arbre hiérarchique qui permet de dégager une hiérarchie des parlers gangam sur la base des
degrés de proximité linguistique. Le but visé est d’ordre pratique. Il est question de choisir,
sur la base du statut des variantes ainsi identifiées, le parler le mieux approprié en vue de
le rendre fonctionnel à toute la communauté gangam, à des fins
d’enseignement/apprentissage bilingue. Le présent travail comporte quatre points
fondamentaux. Le premier point énonce le cadre théorique de l’étude. Le deuxième évoque
la méthodologie de la recherche, tandis que le troisième présente les données
dialectométriques des différents parlers. Quant au quatrième, il aborde la question de la
variante appropriée pour des fins didactiques, dans le sens de la promotion des langues
locales.
1. Cadre théorique
La présente étude se base sur la théorie de H. Goebl (1983) dans les calculs
dialectométriques. À ce titre, il s’agit de partir des écarts établis entre les parlers étudiés
pour ensuite déterminer la proximité linguistique entre ces parlers gangam. De plus, la
distinction préfixe /suffixe repose théoriquement sur leur seule position par rapport au
terme de base. Selon J.L. Chiss et al., (1978, p. 25), la base « est une unité à la laquelle on
ne peut rien enlever par commutation ». Ainsi, dans les calculs, il est nécessaire, selon
Gangue (2008), d’appliquer simultanément le principe d’alignement et la règle de
structure morphologique du mot en vue d’obtenir des résultats fiables. Pour la
hiérarchisation des divers dialectes gangam par proximité ou par distance linguistique,
nous nous inspirons de F. Manzano & V. Yé. (1983), tout en nous laissant guider par le
fonctionnement de la langue elle-même.
2. Méthodologique de la recherche
Pour le compte du présent travail, la méthode d’enquête directe a été choisie. Elle
consiste pour le chercheur, à se rendre dans la localité où la langue est parlée pour
effectuer une collecte fiable de données dialectales. Pour atteindre l’objectif de la
recherche, un questionnaire d’enquête a été élaboré ; questionnaire « défini avec un
minimum de moyens » (Möhlig 1986 :17) et arrangé par thèmes et sujets (concrets et
accessibles) en fonction de l’analyse que nous voulons faire. Dans cette perspective, étant
donné que le nombre de mots et leur arrangement dépendent essentiellement des buts
scientifiques poursuivis, nous avons élaboré un questionnaire donnant de meilleures
informations sur l’usage de la langue. Ces questions préparées à l’avance sont posées aux
informateurs natifs de la langue. Selon Möhlig (1986 :18) « le nombre des mots et leur
arrangement dépend essentiellement des buts scientifiques poursuivis. En outre, nous
avons choisi une série de questions fermées, formée d’une liste de mots en français, suivie
d’une colonne réservée où serra transcrite la traduction en parler local donnée par les
informateurs choisis. Par ailleurs, nous avons élaboré un questionnaire de 130 items
utilisés pour les calculs dialectométriques. Il s’agit d’un échantillon représentatif qui nous
a permis d’obtenir des informations et à partir duquel nous pouvons observer les
différences ou les ressemblances. Selon Malgoubri (2011 :11) « Le problème du choix du
type de questionnaire est très important parce qu'il détermine ce que l'on se donne à
étudier». De plus, pour chaque entrée lexicale, nous avons la forme du singulier et celle du
pluriel dans l’intention de relever des variations affixales de classes, lorsqu’on passe d’un
parler à un autre.
comparaison de forme par rapport aux données collectées dans les autres localités pour les
mêmes mots. En ce sens, chaque entrée du parler X sera comparée à sa correspondante du
parler Y. Ensuite, nous appliquons la formule de pourcentage de divergence linguistique
(PDL =100 x NRL/NRL+NDL), en vue d’opérer sur chacun des parlers, une
transformation ramenant les données linguistiques de terrain en valeurs numériques pour
obtenir des données chiffrées. Aussi, ces calculs comportent des étapes entre lesquelles
l’on cherche à établir une hiérarchie des localités étudiées. En effet, nous calculons les
pourcentages de différences par paire de localités et par paire de mots dont nous faisons la
sommation pour obtenir par paire de localités, les coefficients de distances linguistiques.
En outre, le pourcentage de ressemblance peut s’obtenir de deux manières : soit en
appliquant la formule (PRL = NRL x 100/NDL+NRL), soit en partant du principe selon
lequel, la différence et la ressemblance sont complémentaires d’où la relation (PDL+PRL
=100). Ainsi, de cette relation, nous pouvons tirer que (PRL=100-PDL). Une fois que,
nous achevons le calcul des pourcentages de Distance et de Proximité linguistique (PDL et
PPL), suivi du calcul des Coefficients de Distance et Proximité Linguistique (CDL et CPL),
nous passons au calcul des moyennes de distance et de proximité Linguistique (MDL et
MPL). Enfin, le calcul des indices de partition (IP) qui permettront la hiérarchisation
(opérations permettant la saturation avec un reste de deux localités dont la moyenne de
distance linguistique permet de décider de l’ordre hiérarchique linguistique) de l’aire
gangam. Ainsi, suivant la relation de complémentarité, nous obtiendrons une
hiérarchisation contraire selon qu’elle est construite à partir des pourcentages de
différences ou les pourcentages de ressemblances linguistiques. Ce processus ainsi achevé
permet de séparer le mieux possible les parlers gangam. Autrement dit, il cherche à
évaluer leur ressemblance et leur dissemblance, à mettre en relief des groupes de parlers.
C’est de la sorte que sera effectuée notre analyse dialectométrique.
Tout au plus, comme au niveau des langues à classe, les différences peuvent se
trouver aussi bien au niveau des bases qu’au niveau des affixes, nous établissons les
pourcentages de différences linguistiques pour le singulier et pour le pluriel en faisant la
somme des deux/ 2. De la sorte, dans le mode de calcul, nous appliquons aussi le principe
d’alignement et la règle portant sur la structure du mot proposé par (Malgoubri 2011) et
(Gangue 2008).
∑ CDL
MDL = --------
N
Par exemple pour obtenir la moyenne de distance linguistique de Far, nous trions d’abord,
les coefficients de distance Far/Gan=43,45, Far/kan=32,19, Far/Koun=26,25,
Far/Koum=18,83, Far/kouk=24,58, Far/Mog=42,45, Far/ton=41,72, Far/Takp=45,29,
Far/Tcha=53,09, que nous organisons dans une colonne de la matrice des coefficients de
distance linguistique. Ensuite, nous faisons la sommation de ces coefficients obtenus par
bipoint. Enfin, nous divisons le résultat obtenu de l’addition des différents coefficients par
09 (neuf). Ce chiffre neuf est le nombre de coefficients de distance. Nous obtenons donc
36,42 % comme moyenne de distance de Far. Faisons de même avec le calcul des
moyennes de proximité linguistique, c’est-à-dire l’ensemble des coefficients de proximité
linguistique par paire de localités divisé par le nombre de coefficients qui est égal à 09
(neuf) en respectant la formule ci-dessous :
∑ CPL
MPL = --------
N
∑ CPL = somme ou ensemble des coefficients de proximité linguistique
CPL (ou encore X) = coefficient de proximité linguistique
N = nombre de CPL
Nous faisons une sommation des codes obtenus à chaque forme comparée et nous calculons
les moyennes de distance ou de proximité. L’application de la formule donne les moyennes
de distance ou de proximité linguistiques, au bas du tableau des coefficients de distance ou
de proximité linguistiques pour chaque localité. Les matrices ci-dessous indiquent
comment les calculs des coefficients de distance ou de proximité sont opérés, en vue
d’obtenir les moyennes de distance ou de proximité linguistiques.
Tcha 53,09 33,96 49,31 45,30 54,03 43,81 30,01 31,70 Tcha
Takp 45,29 39,38 37,71 37,24 44,89 39,54 40,82 43,89 44,70 Takp
MDL 36,42 34,73 34,89 30,74 37,03 32,23 31,89 33,15 42,88 41,49
Tcha 46,91 66,04 50,69 54,70 45,97 56,19 69,99 68,30 Tcha
Takp 54,71 60,62 62,29 62,76 55,11 60,46 59,18 56,11 55,30 Takp
MPL 63,58 65,27 65,11 69,26 62,97 67,77 68,11 66,85 57,12 58,51
4.4. Calcul des Indices de Partition (IP)
A partir des coefficients de distance, nous calculons la moyenne arithmétique de
l’ensemble des coefficients caractérisant chaque bipoint. Pour obtenir l’indice de partition,
nous faisons la sommation de toutes les moyennes de distance ou de proximité
linguistiques que nous divisons par le total de localité ou de parlers étudiés. Aussi, cet
indice de partition peut être calculé à partir des différents coefficients de proximité ou de
distance linguistiques de l’ensemble du domaine observé. Et cela, la formule ci-dessous est
appliquée.
subdivisée en branches plus fines. Cette hiérarchisation organise les dialectes étudiés sur
la base de la distance et la proximité linguistiques.
3.5. Hiérarchisation des parlers de l’aire gangam par rapport à leur proximité linguistique
La hiérarchisation d’une aire dialectale est une action qui permet d’organiser les
parlers étudiés selon une hiérarchie. Elle implique l’utilisation d’une méthode
hiérarchisation qui permet de scinder et d’analyser précisément les dialectes. Son but est
d’organiser les parlers étudiés en groupes ou sous -groupes sur la base de la distance ou de
la proximité. C’est dans cette direction que nous tâcherons, à partir d’une formule de calcul
des indices de partition, de disposer des différents groupes ou sous-groupes de parlers
étudiés par ordre de proximité.
LANGUE MIGANGAM
G1 G2
Tcha Takp Kou Far Gan Kan Kouk Koun Ton Mog
Sachant que l’arbre hiérarchique permet de dégager une hiérarchie des parlers
étudiés sur la base de la distance ou de la proximité linguistique, la lecture de cet arbre
hiérarchique de la gauche vers la droite expose la hiérarchie des parlers du plus distant au
plus proche. Selon P. Malgoubri (2011, p.36), le parler qui, après hiérarchisation, se
retrouve en cette position est le « plus compris des locuteurs des autres dialectes ». Cela dit,
le parler de Mogou (mimͻtiem) est le dialecte le plus compris de l’ensemble des locuteurs
de notre zone d’étude avec une moyenne de proximité linguistique élevée qui est égale à
76, 85% par rapport aux moyennes de proximité linguistique des autres localités.
Le point suivant évoque la question de la politique linguistique qui constitue un des
principes directeurs de la promotion des langues locales.
Conclusion
Basée sur la méthode de calculs de Hans Goebl, l’étude nous a permis de calculer
les pourcentages de distances et de proximités linguistiques en appliquant à la fois le
principe d’alignement et la règle de structure morphologique des mots, en vue de dégager
parmi l’ensemble des parlers gangam, le dialecte de référence. Ainsi, cette hiérarchisation
a permis d’obtenir un schéma hiérarchique qui témoigne que le parler de Mogou est le plus
compris par l’ensemble des locuteurs de notre zone d’étude. C’est à ce titre que nous
proposons l’instrumentalisation de ce dialecte pour son utilisation dans les programmes
d’alphabétisation ou dans d’autres projets d’enseignement/apprentissage bilingue. Eu
égard à ce qui précède, nous aboutissons à la conclusion selon laquelle les dix parlers
étudiés, bien que diversifiés, sont des dialectales du migangam. Bien entendu, il est
impossible, dans la présente étude, de révéler tous les phénomènes liés à l’étude
dialectologique et dialectométrique de la langue migangam. De plus, même si l’on a pu
identifier le parler de référence de la zone d’étude, il conviendra aussi de réunir les
moyens nécessaires, en vue de former les formateurs ou les animateurs pédagogiques pour
le déroulement d’un enseignement de qualité.
Références Bibliographiques
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Goebl, H. (1983). Éléments d’analyse dialectologique à partir de l’AIS, Revue de de
linguistique romane, Strasbourg, SLP, 42 : 349-420
Venance TOKPA
Université Félix Houphouët Boigny
Département des Sciences du Langage
Option : Linguistique Descriptive
[email protected]
Résumé : Cette recherche présente une étude de cas des programmes d'enseignement
primaire bilingue en Français/Toura et Français/Dan (Yacouba), langues mandé-Sud.
Elle illustre les difficultés auxquelles sont confrontées les nombreuses langues tonales
en Afrique dans l'éducation bilingue. Nos hypothèses sont qu'il est plus avantageux
d'enseigner et de transmettre des connaissances aux enfants dans leur langue
maternelle plutôt que dans une langue étrangère ; l'enseignement dans les langues
maternelles permet l'acquisition de nouvelles techniques et l'implication effective des
populations dans le développement des pays. La recherche explorera les défis d'une
bonne articulation entre les langues maternelles des élèves et la langue de scolarisation
; les stratégies pour stimuler l'éducation bilingue ; et les cadres méthodologiques pour
une transition vers l'éducation bilingue. En particulier, l'étude examinera dans quelle
mesure le succès de l'éducation bilingue dépend de la résolution du statut des langues
; les compétences spécifiques dont les enseignants ont besoin pour être des éducateurs
bilingues efficaces dans les langues africaines. Les données qualitatives et quantitatives
seront collectées par le biais d'observations de cours dans des écoles du Projet Ecole
Intégrée ayant un programme bilingue Français/Toura et Français/Dan ; d'entretiens
avec des acteurs pertinents du système éducatif ; d'une analyse documentaire de textes
administratifs ; et d'une analyse des manuels didactiques. Cette recherche a le potentiel
d'informer le développement d'unités d'enseignement/apprentissage, de politiques, de
dispositions administratives et de programmes de formation des enseignants nécessaires
à l'intégration efficace de l'enseignement en langue maternelle dans les systèmes
scolaires africains.
Abstract: This research presents a case study of bilingual primary education programs
in French/Toura and French/Dan (Yacouba), South Mande languages. It illustrates the
difficulties faced by the many tonal languages in Africa in bilingual education. Our
hypotheses are that it is more advantageous to teach and transmit knowledge to children
in their mother tongue rather than in a foreign language; teaching in mother tongues
allows for the acquisition of new skills and the effective involvement of populations in
the development of countries. The research will explore the challenges of articulating
students' mother tongues and the language of schooling; strategies for stimulating
bilingual education; and methodological frameworks for a transition to bilingual
education. In particular, the study will examine the extent to which the success of
bilingual education depends on resolving language status; the specific skills teachers
need to be effective bilingual educators in African languages. Qualitative and
Introduction
Soucieux du bien-être de ses populations et s’inscrivant dans les OMD et l’ODD, le
gouvernement ivoirien a entrepris un certain nombre de réformes de son système éducatif et
le renforcement des infrastructures avec comme objectif principal « un enseignement de
masse et de qualité ». Nous pouvons citer entre autres, l’école obligatoire pour tous les
enfants de 6 à 16 ans. Car l’éducation de base (l’école primaire et le 1er cycle de l’école
secondaire) et le développement des compétences professionnelles : c’est, en effet, un bien
commun faisant partie des droits de l’homme de la Déclaration Universelle des Droits de
l’Homme du 10 décembre 1948 (Article 26). Tous ces efforts consentis par le gouvernement,
ont fait accroitre le taux de scolarisation et de couverture scolaire. En effet, ces deux
dernières décennies ont vu le nombre d’enfants scolarisés accroitre et maintenu contre vents
et marrées. Selon PASEC :
contre 83% en milieu urbain, et varie d’une région à l’autre ; la couverture scolaire étant
beaucoup plus réduite au nord du pays (Rapport d’Etat du Système Educatif Ivoirien).
Au vu de ce constat, les autorités nationales décident alors l’expérimentation de
l’utilisation des langues nationales dans l’enseignement, suivant en cela les préconisations
de l’UNESCO qui, dès 1953, déclarait solennellement que « la meilleure langue
d’instruction est la langue maternelle de l’apprenant ». L’Etat de Côte d’Ivoire a par arrêté
ministériel en août 2000, introduit l’enseignement des langues de Côte d’Ivoire dans
l’enseignement primaire publique avec dix (10) langues en phase pilote à travers le
Programme Ecole Intégrée (PEI) (PEI élaboré par les linguistes de l’Institut de Linguistique
Appliquée de l’Université d’Abidjan - Cocody à la demande du Ministère de l’Education
Nationale). Les langues concernées sont : l’Agni, l’Akyé, le Senoufo, le Bété, le Yacouba, le
Baoulé, le Koulango, l’Abidji, et le guéré. Par la suite, trois langues à savoir : le Toura,
l’Abron et le N’zima vont intégrer le projet en 2009. Cette volonté du gouvernement va être
confirmée à l’ouverture du Symposium sur l’enseignement bilingue en Côte d’Ivoire par la
ministre de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation (MENA) en avril 2022 en déclarant
: « Nous sommes engagés et nous sommes déterminés pour l’initiative de l’introduction des
langues nationales » car « il serait inopérant de construire une stratégie pédagogique qui ne
s’appuie pas sur les acquis de l’environnement socio-culturel à travers l’utilisation du
médium qu’est la langue » poursuit-elle. Il s’agit du maintien de dix langues représentatives
(abidji, agni, attié, baoulé, bété, dioula (malinké), koulango, sénoufo, toura et yacouba
(dan)). L’introduction des langues nationales se produit en rupture avec le modèle colonial
hérité, assorti d’un double souci, de meilleure réussite scolaire et de meilleure intégration
des enfants des campagnes dans le milieu scolaire. Partant du fait que les enfants en milieu
urbain, parlant le français, abordent plus aisément l’école que ceux du milieu rural qui sont
locuteurs des langues ivoiriennes. Ce programme vise à améliorer la formation des enfants
des milieux ruraux et s’inscrit également dans la volonté de développement tenant de toutes
les couches sociales du gouvernement.
Plus de deux décennies après le lancement du PEI, la nécessité de de faire un état
des lieux s’impose de nos jours. Aussi, la principale question que soulève cette étude est de
savoir, quelles difficultés entravent le bon fonctionnement des écoles bilingues en Côte
d’Ivoire ? Spécifiquement, quels obstacles empêchent la mise en œuvre efficace du PEI dans
la région du Tonkpi ? Quelles stratégies peuvent booster l’éducation bilingue pour sa
généralisation en Côte d’Ivoire ? Le postulat de base de cette étude est : la réussite de
l’éducation bilingue et sa généralisation dépendent de la résolution des problèmes auxquels
sont confrontées les écoles pilotes. Aussi, l’objectif principal visé par ce travail est de déceler
les difficultés qui entravent la prospérité des écoles PEI. Autrement, celui-ci vise à évaluer
l’ampleur et la nature des difficultés auxquelles le PEI est confronté dans la réalisation de
ses objectifs dans la région du Tonkpi.
pouvions mener nos investigations. Nous avons donc organisé six voyages pour recueillir les
données nécessaires à l’exécution de notre mission.
après la classe de CE1. En ce qui concerne l’école de Yenggbéyalé (toura), les classes sont
jumelées. C’est-à-dire, les classes de CP1/CP2 dans la même salle, CE1/CE2 dans la même
salle et CM1/CM2 dans la même salle. Egalement, les écoles PEI de ces localités ne
disposent pas de classe maternelle et de toilettes car il n’y a pas de bâtiment pour les abriter.
Seule l’école de Kanta-blossè dispose d’un bureau pour le directeur.
3. Recommandations
Pour corriger les faiblesses enregistrées et permettre un bon fonctionnement du PEI,
il convient de :
Conclusion
En somme, il était question dans cette étude de faire un diagnostic du fonctionnement
PEI à l’ouest de la Côte d’Ivoire dans une perspective de proposition pour la bonne marche
dudit projet et sa généralisation au plan national. Nous sommes conscients des enjeux et des
intérêts convergents sur le plan international que représente le PEI dans sa conception
ivoirienne originale et actuelle, autant sur le plan institutionnel que pédagogique. Il serait
dommageable aux intérêts communs et constituerait une entrave à une vision partagée entre
plusieurs pays de l’OIF, si une belle initiative comme celle du PEI, d’envergure nationale
mais d’intérêt dépassant ce cadre, se verrait asphyxier par les effets d’un goulot
d’étranglement temporaire occasionné par un manque de suivi ou de moyens. Cela serait
d’autant plus regrettable que l’enseignement bilingue est inscrit au premier rang des activités
à appuyer sur le plan mondial dans le cadre de la Coopération Internationale pour le
Développement Durable et constitue un des « avantages comparatifs » de l’engagement des
pays développés dans le domaine éducatif.
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Résumé : Cet article a pour but de mettre en corrélation les différentes expressions
idiomatiques qui existent dans la musique zouglou et coupé décalé afin de répondre
aux Objectifs du Développement Durable (ODD). Il sera question de favoriser son
utilisation et mettre en évidence l’impact que le zouglou et coupé décalé ont sur la
manière de parler de la population. Cet article permettra aussi de mémoriser aussi car
il s’infiltre aisément dans la langue et s’avère subséquemment difficiles à employer
activement, surtout pour les locuteurs non-natifs sans réflexe inné de percevoir une
maladresse venant des artistes zouglou et coupé décalé. L’éducation est centrée sur les
résultats d’apprentissage des enfants, des jeunes et des adultes. C’est un changement
par rapport aux cibles mondiales antérieures, comme les OMD, qui visaient seulement
à assurer l’accès, la participation, et l’achèvement dans l’enseignement formel et
l’égalité des genres dans les enseignements. Tout d’abord, nous allons relever les
différents items provenant des expressions idiomatiques en zouglou et en coupé décalé.
Ensuite, classer les différentes expressions idiomatiques selon le degré d’impact sur la
population. Enfin, les analyser en tenant compte de leur sens et utilisation dans le parler
de la population. Cet article est une contribution à l’analyse lexicale et l’évolution de
la musique zouglou et du coupé décalé en Côte d’Ivoire dans le monde entier surtout
répondant aux indicateurs de l’ODD 4.
Abstract: This article aims to correlate the different idioms that exist in zouglou and
coupé décalé music in order to address the Sustainable Development Goals (SDGs). It
will be a question of encouraging its use and highlighting the impact that zouglou and
coupé décalé have on the way people speak. This article will also help to memorise it
as it easily infiltrates the language and subsequently proves difficult to use actively,
especially for non-native speakers without an innate reflex to perceive awkwardness
coming from zouglou and coupé décalé artists. Education focuses on learning outcomes
for children, youth and adults. Education focuses on the learning outcomes of children,
youth and adults. This is a change from previous global targets, such as the MDGs,
which only aimed to ensure access, participation, and completion in formal education
and gender equality in education. First, we will note the different items from the Zouglou
and coupé décalé idioms. Secondly, to classify the different idioms according to the
degree of impact on the population. Finally, to analyse them by taking into account their
meaning and use in the speech of the population. This article is a contribution to the
lexical analysis and the evolution of Zouglou music and coupé décalé in Côte d'Ivoire
worldwide, especially in response to the indicators of MDG 4.
Introduction
Une expression est dite idiomatique lorsqu’elle renvoie à une construction
linguistique toute faite et dont l’emploi porte sur un sens précis. Un tel sens ne se réduit pas
à l’addition mot-à-mot des unités qui la composent, mais bien de la somme des valeurs
syntaxiques, sémantiques et cognitives de ces mots pris dans leur entièreté. Ainsi, les
paramètres principaux qui permettent d’évaluer le degré de telles expressions tournent
autour des axes syntaxiques, sémantiques et psychologiques. Les expressions idiomatiques
appartiennent à un socle sociolinguistique commun. C’est-à-dire qu’elles sont mémorisées
et connues par un groupe de locuteurs partageant les mêmes valeurs socioculturelles. Les
musiques zouglou et coupé décalé utilisent des expressions idiomatiques fixes. Les critères
syntaxiques qui président à la construction de telles expressions font prévaloir l’impossibilité
ou la restriction des modifications syntaxiques de ces séquences. Gross (1996) parle du
blocage des propriétés transformationnelles (passivation, relativisation, clivage etc.), et des
paradigmes synonymiques. Plus une expression est figée, moins elle sera compositionnelle
et plus son opacité augmentera. Ces quelques défis de classification des expressions
idiomatiques tiennent compte des paramètres sémantiques. Lesquels paramètres sont
indispensables à la compréhension des sens dénotés et connotés de ces expressions
idiomatiques. Les expressions idiomatiques des musiques zouglou et coupé décalé posent la
problématique de l’autonomie des unités poly-lexicales dont les formes figées ne se prêtent
pas à la transformation et dont les constituants n’admettent ni l’actualisation, ni la
substitution par le jeu de la synonymie. Bref, cet article entend examiner et analyser les
valeurs sémantiques que véhiculent les expressions idiomatiques des musiques zouglou et
coupé décalé. Il s’articule en trois points essentiels. Le premier point concerne les
expressions idiomatiques de la musique zouglou. Le deuxième point concerne celle de la
musique coupée décalé. Le troisième point établit un rapport de convergence entre les
différentes expressions idiomatiques des deux musiques. Mais en attendant de revenir sur
ces différents points, il est important de situer le cadre théorique et la méthode de recueils
des données de notre article.
Nous relevons dans ce tableau six (6) expressions idiomatiques. Ces expressions sont
utilisées dans des contextes précis et revêtent des significations spécifiques.
qui est dans le sien ». Autrement dit, quiconque se prête à ce jeu s’attire des ennuis et
personne ne voudrait l’avoir comme compagnon. « Ça va tuer » est une expression argotique
renvoyant à la jouissance, à la gaité. Elle est souvent employée pour manifester un sentiment
d’approbation face à un événement. L’expression « Faut marquer le pas » invite à la
prudence et à la vigilance. Il faut savoir se protéger des vicissitudes de la vie. Elle invite à
avoir une bonne hygiène de vie et à savoir se conduire en toute circonstance est une qualité
de vie.
Nous relevons dans ce tableau quatre (4) expressions idiomatiques. Ces expressions sont
utilisées dans des contextes précis et revêtent des significations spécifiques.
le degré de liberté et d’hospitalité qu’offre Abidjan à ces citoyens et à toute personne vivant
dans cette ville. La puissance qu’incarne la ville d’Abidjan n’inspire que du bonheur.
Quant à l’expression « Abidjan il y a les vrais bosseurs », elle revêt plusieurs
significations. Le terme « bosseur » est un terme du registre familier qui qualifie une
personne déterminée à travailler avec ardeur. L’expression invite donc à comprendre
qu’Abidjan, il y a des personnes de cette dimensions et elles sont nombreuses. Il s’agit de
personnes qui gagnent honnêtement leur vie. Ils ne lésinent sur aucun moyen noble de
parvenir à leur fin. Elles sont à distinguer de celles qui usent de la tromperie et la duperie
et de toute supercherie pour parvenir à leur fin. Cette catégorie de personnes n’est pas
qualifiée « de vrais bosseurs ». L’expression fait bien la part des choses. Elle parle des
« vrais bosseurs » : ceux qui savent aller de l’avant en ne comptant que sur leur propre force.
Pour l’expression « On va faroter, on va équilibrer », l’accent est mis sur « le paraître », « le
m’as-tu vu ». Elle fait à allusion aux personnes insouciantes ; aux personnes pour qui la vie
n’est qu’amusements. Ces personnes ne se soucient de rien. Tout ce qui compte pour elles,
c’est l’habillement et les événements festifs. Elles déambulent de festivités en festivités. Il
en est également de l’expression « On va sagacité, on va équilibrer ». Les deux expressions
véhiculent les mêmes valeurs sémantiques, à quelques exceptions près. La seule différence
réside dans le fait que, le terme « faroter » invite à l’amusement sans limite, alors que le
terme « sagacité » invite à la prudence et à la sagesse dans les jeux de la jouissance.
construction langagière qui semble bien fonctionner et de façon systématique dans notre
langue. La valeur éducative de telles expressions appelle à une nouvelle vision du système
de pensée. Cette nouvelle vision du système est à reconstruite. Elle invite à l’enseignant à
être capable de sélectionner les informations nécessaires et à même d’apporter une plus-
value dans son enseignement et ce, à n’importe quelle étape voulue. Il intervient tout en
étant capable d’inscrire son enseignement dans le sens global du modèle proposé. Il pourra
ainsi transposer didactiquement ces informations de la manière la plus appropriée, en
fonction du public qu’il a devant lui. Le système proposé est celui qui puisse être exploité
durant toute la scolarité, sans qu’il soit établi des variantes didactiques en fonction de la
diversité des publics. Le travail de transposition didactique reste celui de
l’enseignant/apprenant surtout en zouglou.
Conclusion
Les expressions idiomatiques en zouglou et en coupé décalé constituent un champ
d'analyse linguistique bien vaste et assez hétérogène. Dans cet article, nous avons essayé
d’analyser les expressions idiomatiques en zouglou et en coupé décalé. L’intervention de
facteurs de nature reste divergente qui sont tels que la sémantique, la syntaxique, la
pragmatique, voire la psycholinguistique sont des champs linguistiques que les artistes des
chansons zouglou et coupé décalé peuvent bien exploiter à leur guise. C’est bien dans ce
contexte que nous avons proposé d'opposer cette étude analysant les combinaisons
syntagmatiques libres qui tiennent compte des expressions idiomatiques dans les deux styles
musicaux, à savoir le zouglou et le coupé décalé. Pour tout dire, les différentes expressions
idiomatiques analysées se prêtent le mieux au décodage et permettent ainsi une recherche «
plus rapide », sur une solution participative des ODD4. Les critères qui décideraient sous
quel constituant d’expression seront traités qui devrait être formels et cohérents pour
l’éducation musicale. Notre recours aux expressions idiomatiques a pour but de faire prendre
conscience aux autres de notre état mental. Ce que nous voulons transmettre et l’effet que
nous voulons obtenir chez l’interlocuteur constitue notre intention communicative.
L’informer, le persuader, l’encourager, le prier ou lui ordonner de faire quelque chose sont
autant de types d’intentions communicatives. En prononçant les mots servant à réaliser l’une
ou l’autre de ces intentions communicatives, nous posons un acte de langage. Autrement dit,
l’acte de langage est la réalisation d’une intention communicative. La solution idéale serait
de mentionner les expressions sous tous les constituants (sauf sous les mots grammaticaux)
et de mettre en place un système de renvois qui orienterait l'utilisateur vers l'article. Il
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DJ Léo, « Donne-lui », Donne-lui, 2019.
DJ Léo, « Dieu Merci », Dieu Merci, 2019.
Esaïe l’Original, « Pardon il faut circuler », 2019.
« On les reconnait », 2020.
Kerozen DJ, « Ça dépend de toi » en Featuring Serge Beynaud, Ça dépend de toi, 2018.
Kerozen DJ, « Tu seras élevé », Tu seras élevé, 2019.
Kerozen DJ, « La victoire », Victoire, 2018.
Molière, « Chemin d'or », Chargeur Universel, 2017.
Molière, « Conseilles-toi », Chargeur Universel, 2017.
Molière, « Le bon choix », Chargeur Universel, 2017.
Molière, « Délivre-moi », Chargeur Universel, 2017.
Résumé : La question de l’emploi se veut de plus en plus préoccupante dans les projets de
société des gouvernants. Elle a donc amené plusieurs dirigeants à procéder à diverses
mutations en tenant compte des réalités de l’écosystème de l’emploi et des besoins du
marché. C’est ainsi que les universités publiques, principales pourvoyeuses de main
d’œuvre sur le marché de l’emploi procèdent de façon périodique à de réformes afin de
satisfaire ce besoin. En Côte d’Ivoire, la formation en sciences du langage semble avoir pris
du retard sur cette problématique. Dans cette communication, il sera donc question de faire
un état des lieux de cette question et surtout faire des propositions à partir des existants
que sont la linguistique descriptive et la linguistique appliquée pour des services
linguistiques adaptés aux réalités de l’employabilité en Côte d’Ivoire.
Introduction
De plus en plus en Afrique et particulièrement en Côte d’Ivoire, la question de
l’employabilité est au centre de toutes les préoccupations. Décideurs étatiques ou privés,
communautés universitaires, sociétés civiles, patronats, faitières d’entreprises, etc., tous s’y
mettent, tant les formations académiques et scolaires en vigueurs ne sont pas adaptées à
l’écosystème local de l’emploi. D’aucuns diront que « l’école ivoirienne forme des chômeurs ».
C’est ce que semble confirmer cette presse numérique Connection Ivoire du 21novembre 2022 :
« Plus de 3000 Docteurs ivoiriens maintenus au chômage, faute de planification, dénoncent
depuis l’année 2021 leur situation. Réunis au sein d’un Collectif, ils ont parcouru, plusieurs
institutions nationales, plusieurs chancelleries et partis politiques, pour expliquer leur situation ».
Dans cet article, objet de notre réflexion et qui s’inscrit dans le cadre théorique de la didactique
des langues, il sera donc question de procéder à une étude de cas qui prendra appui sur les
curricula de la filière des Sciences du Langage de l’Université Félix Houphouët-Boigny
d’Abidjan. Ainsi, parlant de la question de l’employabilité en lien avec ladite filière, nous allons
essayer de mettre en lumière la nécessité d’un passage de la linguistique appliquée aux services
linguistiques. Autrement dit, cet article se proposera de mettre en évidence des méthodes et
stratégies pour un meilleur agencement de la linguistique descriptive et de la linguistique
appliquée pour des services linguistiques plus adaptés à l’écosystème de l’emploi en Côte
d’Ivoire. Pour y arriver les questions suivantes se posent : quel est l’état des lieux de la formation
actuelle en sciences du langage en lien avec l’écosystème de l’emploi en Côte d’Ivoire ?
Quelle(s) disposition(s) faut-il prendre pour mise en place de curricula et formations plus
adaptés à écosystème de l’emploi en Côte d’Ivoire ? Pour répondre à ces questions nous émettons
les hypothèses selon lesquelles les maquettes pédagogiques et curricula actuels en Sciences du
Langage ne sont pas adaptés à écosystème de l’emploi en Côte d’Ivoire et il existe un mécanisme
pour la création d’un écosystème approprié aux formations en sciences linguistique.
Pour ne citer que ceux-là, le système éducatif d’alors a permis l’éclosion de nombreux cadres
supérieurs et non des moindres. Mais à partir des années 1980, avec l’explosion démographique,
la conjoncture économique mondiale, la crise de la sècheresse, la trop dépendance du binôme
café-cacao et la chute des coûts de ceux-ci, etc., la Côte d’Ivoire va commencer à connaitre ses
premières crises de « l’emploi » des diplômés et les prémices de la défaillance de son secteur
éducation-formation, du fait du ralentissement des investissements par rapport à l’évolution
démographique. On assiste impuissamment à la vétusté et à une dégradation des infrastructures
scolaires et universitaires. Cette défaillance va s’accentuer avec la réinstauration du
multipartisme et la fin du parti unique au début des années 1990. Chômage, crises sociales,
grèves à répétition, surtout en milieux scolaires et universitaires, etc. vont meubler le début de
cette décennie. C’est alors que le Président Félix Houphouët-Boigny va appel à Monsieur
Alassane Dramane Ouattara, actuel Président de la République de Côte d’Ivoire, comme Premier
Ministre. Ce dernier va essayer d’apporter du sang neuf au système éducatif ivoirien en
procédant à de multiples réformes avec la libéralisation du secteur éducation formation, surtout
au niveau de l’enseignement supérieur. Ainsi assistons-nous à l’avènement de nombreux
diplômes dont des Brevets de Technicien Supérieur (BTS) qui, très souvent, ne sont pas adaptés
l’écosystème de l’emploi en Côte d’Ivoire. En outre, après le décès du Président Félix
Houphouët-Boigny le 7 décembre 1993 et l’arrivée au pouvoir de monsieur Président Aimé
Henry Konan Bédié, cette politique éducative ne connaitra véritablement pas de changements
majeurs. Le premier coup d’état de 1999, l’arrivée de Monsieur Laurent GBAGBO au pouvoir
en 2000 et la rébellion et partition de la Côte d’Ivoire en 2002, la crise post-électorale de 2010
(fermeture des universités publiques pendant deux années académiques), finiront par affaiblir
complètement le système éducatif ivoirien. Cette « crise » du système éducatif ivoirien peut être
résumée en plusieurs points. Il s’agit entre autre de la défaillance du secteur éducation-
formation depuis le début des années 1990 du fait des crises économique, politique, de
multipartisme et de démocratie mal négociés et exacerbées depuis le premier coup d’état de
1999, en passant par 2002 et 2010. Il faut aussi noter le faible budget national consacré aux
investissements et équipements des laboratoires d’enseignement et de recherche et surtout les
différentes réformes scolaires et universitaires expéditives et inadaptées à l’écosystème de
l’emploi en Côte d’Ivoire (FPC, FPO, BTS, UV, LMD qui ne sont rien d’autres que des
transpositions de maquettes et de curricula venus d’ailleurs). L’enquête de terrain a également
montré qu’il y a un déficit criard de filières professionnalisées pour les étudiant(e)s qui ne
souhaitent pas faire de la recherche. A cela s’ajoute l’instrumentalisation et la politisation de
certains mouvements syndicaux estudiantins, du corps enseignant, du personnel administratif et
technique. Le constat d’un « complexe ivoirien » de la bureaucratie au détriment de l’esprit
d’initiative privée est également à noter. Ce décor tel que présenté, peut laisser entrevoir des
lendemains peu reluisants et inquiétants pour la jeunesse ivoirienne. C’est en cela que Gnapia
Edi, lors d’une conférence, le 02 février 2021, au centre culturel américain « American Space »
d’Abidjan Cocody, parlera de la « crise des diplômés en Côte d’Ivoire » si on y prend garde.
Mais en réalité, nous avons dépassé la « crise des diplômés » depuis belle lurette. Nous sommes
maintenant à la « crise des surdiplômés ». En effet, le concours de recrutement des chercheurs
et enseignants chercheurs dans les universités publiques ivoiriennes, pour l’année de 2020 en
est la parfaite illustration. Ce sont près de 3 000 candidats docteurs et ingénieurs postulants et
c’est seulement moins de 300 qui ont été retenus ; ce qui ne représente qu’environ 10% des
postulants. A côté de ces deux catégories de personnes (diplômés et surdiplômés), nous avons
aussi ceux que nous appelons « les surqualifiés ». Cette dernière catégorie de personnes vient,
pour la plupart, de la diaspora ou de l’étranger. Selon un article de Radio France Internationale
(RFI) Publié le 04/01/2021 (- 11:18 en ligne), la Côte d’Ivoire est principale terre d’accueil des
surqualifiés libanais du fait de la unième crise socio-économique qu’il traverse en ce moment :
La Côte d’Ivoire est l’une destination d’Afrique subsaharienne les plus prisées par les candidats
à l’exil. Pour Michel Rustom, directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie
libanaise de Côte d’Ivoire, « depuis janvier 2020, il y a eu entre 800 et 1000 Libanais qui sont
venus pour travailler en Côte d’Ivoire. Soit une augmentation très significative de 30% par
rapport aux périodes précédentes. (...) Comme l’explique Michel Rustom, « ce qu’on constate
c’est qu’on reçoit de plus en plus de CV (curriculum vitae) de Libanais qui veulent venir
s’installer en Côte d’Ivoire. Des personnes qui ont un haut degré de qualification, principalement
des ingénieurs qui cherchent à s’expatrier parce qu’il n’y a plus de débouchés au Liban. Avant
il y avait beaucoup d’investisseurs, des gens qui avaient de l’argent et qui venaient créer des
sociétés et de l’emploi. Il y en a toujours, mais ce qu’on constate aujourd’hui, ce sont davantage
des personnes qui viennent chercher du travail. C’est un phénomène qu’on avait assez peu les
années précédentes », fait-il remarquer. Avant 2020, de nombreux chefs d’entreprises
investissaient en Côte d’Ivoire, car ils avaient, entre autres, des liens avec la diaspora locale qui
les attirait dans le pays et qui souvent s’associait avec eux pour créer de nouvelles affaires. «
Désormais, explique Michel Rustom, on reçoit beaucoup de CV spontanés de gens qui ont
entendu parler du miracle ivoirien et qui n’ont pas d’attaches ni de lien avec des gens en Côte
d’Ivoire. La plupart viennent pour passer des entretiens sur des postes souvent très en dessous
de leurs compétences et sont parfois obligés de repartir au bout de quelques semaines faute
d’argent s’ils n’ont pas obtenu un contrat d’embauche.
Si cette situation semble toucher toutes les filières de formation existante, qu’en est-il de
celle des Sciences du Langage, objet de cette étude ?
La formation actuelle en sciences du langage prend appui sur la linguistique générale dont
les principales branches sont la phonétique, la phonologie, la morphologie, la syntaxe et
On assiste à une description linguistique sans application et sans bénéfice véritable pour
les différentes communautés qu’elle concerne […] Si nous jetons un regard critique sur
l’histoire de l’évolution des langues, on peut constater que toutes les nations du monde dites
« modernes » et « puissantes » ne se sont développées qu’à partir de l’usage de leurs langues
maternelles.
P.A.K. Kouadio (2013 : 37-38)
Au regard des écrits de P.A.K. Kouadio (2013), nous pouvons déjà dire que
l’instrumentalisation de la recherche linguistique telle que faite au département des sciences du
langage souffre d’un déficit que devait corriger la linguistique appliquée.
A ceux-ci, on peut ajouter la dernière variété de français qui est le nouchi, l’argot
ivoirien. Ces variétés locales impactent par moment certains écrits administratifs. Ainsi, dans le
cadre de formation aux services linguistiques en sciences du langage, l’opportunité sera donnée
aux apprenants de faire la différence entre ces différentes variétés et leurs contextes d’usage. A
partir de ces enseignements, l’apprenant peut disposer de compétences en tant que rédacteur
administratif (courriers, rapport, compte rendu, relevé de conclusion, note de service,
circulaire), traducteur spécialisé, rédacteur de contenus avec un savoir-faire en matière de
référencement, traducteur juridique en langue locale, traducteur médicale en langue locale,
etc. Aussi, la publicité, l’assistanat de direction, le journalisme, la communication d’entreprise,
l’édition, […] sont des débouchés potentiels pour un(e) étudiant(e) formé en du sciences du
langage à condition qu’il/elle soit bien former à ces techniques en situation de classe ou par un
stage professionnel pour valoriser ses acquis. C’est en cela que certains modules de formation
en la matière doivent y être institués. Mais tout cela ne peut être exécuté que les parties
prenantes œuvrent en synergie pour la mise la formalisation d’un écosystème des services
linguistiques.
sens dans leur formation académique ; car pendant longtemps les diplômes et les différents
parchemins qui ont sanctionnés les fins de formation ont été axés sur la recherche fondamentale.
Ce qui pourrait justifier la ruée de la plupart des diplômés qui sortent des universités vers les
métiers de la fonction publique. Or comme on le sait, quelle que soit la puissance d’un Etat, il
ne peut pas absorber à lui seul tous les apprenants nouvellement diplômés. C’est en cela que le
Gouvernement doit encourager toutes les parties prenantes à la création de l’écosystème des
services Linguistiques.
Conclusion
A l’image de nombreuses filières d’universités africaines, les formations en sciences du
langage ont pendant longtemps axés les réflexions à partir de la recherche fondamentale. Ainsi,
de nombreux travaux en linguistique descriptive e appliquée ont fait les beaux jours de cette
discipline et lui ont permis de se hisser au rang des sciences universitaires les plus respectées.
En outre, si les premiers diplômés sortis de cette formation ont pu s’insérer professionnellement,
ce n’est pas le cas avec les nouveaux diplômés. C’est à ce juste titre que la somme des travaux
de recherche fondamentale aussi bien en linguistique descriptive qu’en linguistique appliquée
doit être instrumentalisée dans le but de créer un écosystème de services linguistiques plus
proches et plus utiles pour les populations. Toute chose qui devrait permettre aux nouvelles
générations d’apprenants en sciences du langage d’être plus opérationnelles et compétitives sur
le marché assez complexe du travail. Mais cela n’est possible que si la volonté politique y est.
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Abstract: Nouchi is an original linguistic creation, born from the contact between
French and local Ivorian languages. Nouchi is a dynamic urban language that has a
vehicular function. Its usefulness as a means of exchange and information has led it to
invest in various fields of activity in Côte d'Ivoire. Thus, apart from being a vector of
promotion of the socio-cultural, identity and artistic facts of Côte d'Ivoire, this
language is very present on the markets, in the transport, in the small trades. Based on
field observations and data, this article aims to question the impact of this variety of
French in the workplace and show how it constitutes a development tool.
Introduction
Toute langue qui répond à une fonction véhiculaire et marque son dynamisme dans
les activités sociétales aura visiblement un impact dans le vécu quotidien des membres de
cette communauté. En Côte d’Ivoire, des langues locales tels que le dioula, le baoulé, le
bété et le sénoufo, respectivement langues dominantes des aires ethnolinguistiques kwa,
kru, gur et mandé, sont certes les repères identitaires et culturels des Ivoiriens mais leur
impact en tant que langue de travail, outil de développement, à côté du français, reste
encore mitigé. Dans ce pays, le français jouit d’un statut de langue officielle. Il est
omniprésent dans tous les secteurs d’activité alors qu’on assiste à la minoration des
langues autochtones ou locales qui peuvent pourtant jouer un rôle déterminant en termes
de développement. Abondant dans le même sens, M. L. Sanogo, (2008) relève que :
De nombreuses études ont démontré que ce sont les langues véhiculaires (africaines)
qui sont les moyens les plus efficaces et les plus utilisés dans les rapports de
production. […] Les cas de l’hausa, du kiswahili, du lingala, du manding, du sango,
du wolof, etc., en sont de bons exemples. De plus, ces langues ont permis des
mutations sociologiques importantes et favorables à l'ajustement de leur statut. Nos
études sur les langues véhiculaires du Burkina Faso nous ont permis de constater
qu'elles sont aussi devenues les langues africaines premières et même souvent
uniques des jeunes générations, et la référence culturelle des citadins […]
L. Sanogo, (2008 : 30)
Les travaux de Sanogo montrent bien que les langues véhiculaires africaines ne
sont pas de simples outils de communication ; elles sont aussi indispensables aux activités
socioculturelles et socioéconomiques de nos pays. En Côte d’Ivoire, même si les langues
locales peinent à recouvrir pleinement cette fonction, leur cohabitation avec le français a
suscité des variétés endogènes de français1, toutes aussi utiles pour l’intercompréhension
entre les Ivoiriens, et se présentant comme alternatives de langues véhiculaires. Leurs
usages sont observés au quotidien sur les marchés, dans le transport, dans les petits
métiers, même au sein des établissements scolaires et universitaires. Parmi ces variétés de
français, le nouchi se démarque par son dynamisme. Il est le fruit du brassage du français,
des langues locales ivoiriennes, des langues étrangères européennes (français, anglais,
etc.) et de nombreux mots d’origine encore inconnue ou mots fabriqués (N. J. Kouacou
2015).
Survenu au cours de la période 75-80, le nouchi fut longtemps l’apanage des
délinquants, membres de la pègre ivoirienne (N. J. Kouadio 1990) si bien que ce parler
était voué aux gémonies. Mais tel un phénomène insaisissable le nouchi va sortir de ce
carcan pour se parer d’une nouvelle image quant à son emploi comme outil de
communication décomplexée et surtout son apport pour la promotion des faits
socioculturels et identitaires ainsi que sa grande utilité dans les activités socioéconomiques
en Côte d’Ivoire (G. L. Brice 2014). Aujourd’hui, le nouchi est revendiqué par les jeunes
ivoiriens comme la manifestation de leur esprit créateur (A. Aboa 2011), propre à rendre
compte des réalités locales. Quand on sait que la Côte d’Ivoire a une population jeune,
estimée à environ 60%, ce parler jeune ne mérite-il pas une attention particulière ?
Comment se perçoit l’impact du nouchi dans la vie quotidienne des Ivoiriens ? Le
nouchi peut-il être perçu comme un instrument de travail, mieux un outil de
développement ? Si oui, comment expliquer concrètement ce statut ? Ce travail vise à
questionner la place du nouchi dans le quotidien des Ivoiriens et à voir en quoi ce parler
participe à l’épanouissement de ses locuteurs. Il s’agit en d’autres termes de montrer en
quoi ce dernier apporte une plus-value à tous ceux qui en font usage, donc de voir
comment il sert d’outil de développement. En s’appuyant sur l’approche sociolinguistique
que l’on définira, il conviendra de montrer les indicateurs de l’impact du nouchi à travers
les différents domaines d’activité dans lesquels il intègre, après quoi, l’on discutera du
statut actuel du nouchi en Côte d’Ivoire.
1
L’on distingue en Côte d’Ivoire le français populaire ivoirien, le français ivoirien et le nouchi à côte du français standard
(N. J. Kouadio 2008, C. Abolou 2010, K. Kouamé 2012, N. J. Kouakou 2015, etc.).
2
http://file.upi.edu/Direktori/FPBS/JUR._PEND._BAHASA_PERANCIS/197301282005012-
IIS_SOPIAWATI/PENULISAN_MAKALAH/Variation_linguistique....pdf
3
Gbich !, Go Magazine.
4
Supports médiatiques issus de la musique ivoirienne.
5
www.nouchi.com, scamaga.over-blog.com/pages/Le_creole.
(Ibidem). Cela dit, en dehors du fait que ces lieux regorgent d’individus qui y viennent
pour commettre des actes répréhensibles, on y rencontre surtout de nombreux jeunes
déscolarisés ou illettrés qui s’y retrouvent pour leurs activités lucratives. Ces jeunes gens
issus de langues maternelles et d’horizons divers investissent ces milieux pour leurs
activités commerciales, et la langue qu’ils utilisent pour communiquer entre eux c’est bien
le nouchi, se présentant ici comme langue de transaction commerciale, langue d’affaire ou
de travail.
Ces affiches publicitaires transmis avec des mots nouchi augurent que les messages mis en
relief sont apparemment bien perçus par la population cible, et ce, au grand bénéfice des
brasseries qui les ont employés.
- ORANGE
(4) Orange, le réseau qui rend la vie ZO « Orange, le réseau internet qui rend la
vie Chique /joyeuse. »
(5) Profil jeune togo-togo ; gagner en temps « Profil jeune à 100 F Cfa, ne
perd plus de temps pour souscrire à l’offre. »
(6) Quand y’a drap, #170# te soutra « Quand il n’y a plus de crédits d’appel, la
souscription au #170# de Orange vous aide à vous recharger (dépanner). »
- MTN
(8) Cause et surf à gogo avec tes gazas toute la nuit « Echange et navigue
abondamment sur internet avec tes amis toute la nuit »
(9) Entre nous le réseau passe plus vite, MTN ça ne ment pas ! « Entre nous, le réseau
passe plus vite, MTN, ce n’est pas de la blague, c’est de la réalité ! »
(10) Quel est le réseau qui ne ment pas ? Hannnnn c’est lui-là ! « Quel est le réseau qui
ne blague pas ? C’est celui-là (MTN) !
- MOOV
(11) Haan ! Tout ça avec 3 Togo « Ah bon ! Tout cela avec 300 F Cfa ? »
(12) Bonus à gogo ce dimanche « Une abondance de bonus de rechargement ce
Dimanche. »
(13) Ici à Duekoué internet moov est chap chap « Ici à Duekoué la connexion au réseau
internet moov est rapide. »
- WAVE
Les entreprises de transfert d’argent ne sont pas en marge dans l’usage du nouchi
dans pour appâter la clientèle. Exemple :
(14) WAVE
Ton djê est calé « Wave, ton argent est
positionné. »
Image 5 : publicité Wave
Le nouchi est un langage urbain et de tendance jeune. Cela dit, son usage dans les
messages publicitaires des entreprises est, de toute évidence, fait à dessein. En effet, en
utilisant des termes nouchi dans leur publicité, ces entreprises arrivent certainement à se
faire comprendre de leurs cibles et à l’amener à répondre à leurs attentes : souscrire au
produit présenté ou proposé.
-La radio
Concernant les émissions radiophoniques, on peut citer des émissions telles que
‘’koumanlidjali’’ de la radio Fréquence 2 où les nouvelles et informations sont
essentiellement données en nouchi. Ci-après une image de l’émission en cabine :
-La télévision
De nombreuses chaînes de télévisions font usage du nouchi pour atteindre la
jeunesse ivoirienne et parvenir ainsi à faire suivre certains de leurs programmes. Parmi ces
dernières, figure la RTI, première chaîne de télévision en Côte d’Ivoire. M. Cissé (2000 :
198), dans un mémoire intitulé : Le nouchi et le FPI dans les médias d’État : le cas de la
RTI, a montré que les variétés de français comme le nouchi et le français populaire ivoirien
(FPI) sont tout à fait présents dans les médias ivoiriens. Le nouchi qui a pratiquement
surpassé le FPI de par son expansion, s’illustre actuellement comme l’un des modes
d’expression de jeunes employés dans les grands médias en Côte d’Ivoire. La RTI6 qui est
le média national n’est pas en marge de cette utilisation du nouchi. Cette structure
audiovisuelle a pour mission d’informer, d’éduquer et de distraire le public. Si les missions
6
Radio Télévision Ivoirienne. La RTI est une structure publique créée le 26 Octobre 1962 mais la télévision.
ivoirienne a vu le jour en 1963, trois années après l’Indépendance de la Côte d’Ivoire (C. Moustapha, 2000).
On se dit les Gbê et puis ya rien est une émission jeune qui traite de multiples sujets où des
personnes de différentes opinions sont mises en confrontation en présence d’un public pour
déterminer les opinions justes ou logiques du point de vue du droit, des principes
intellectuels ou des valeurs sociales. On se djô sur A+Ivoire est une publicité phare sur la
chaîne de télévision A+Ivoire qui invite les téléspectateurs à suivre cet organe audiovisuel.
Egalement, dans la chaîne LifeTV, certains programmes sont présentés avec des titres en
nouchi :
Le Club sur LifeTV est une émission animée par trois jeunes animatrices au cours
de laquelle des personnes vues comme des exemples ou qui excellent dans des domaines
d’activités (mode, showbiz, entrepreneuriat, etc.) sont invitées pour partager leurs
expériences. La saison intitulée Je suis petite et de ‘’DJA’’ ! (image 9) a donné l’occasion à
une jeune fille de très petite taille, et qui en était complexée, eu égard aux railleries qu’elle
subissait, d’expliquer comment elle est parvenue à se surpasser en s’appuyant sur ses
qualités intellectuelles et ses talents pour se faire remarquer positivement malgré sa toute
petite taille, etc. Le terme dja employé dans l’énoncé en question est un terme polysémique
en nouchi qui traduit une chose qui ne laisse personne indifférent. Ainsi, un homme/ une
femme qui dja c’est une personne qui gagne en popularité, en notoriété.
Taper poto est une expression figée nouchi qui traduit le fait d’échouer dans
quelque chose. Dans l’émission Qui va Taper Poto (image 10), il est question de mettre en
compétition soit deux hommes pour conquérir une jeune fille en quête d’une âme sœur, soit
deux filles jeunes pour conquérir un homme éprouvant le même besoin. Les candidats(es)
sont donc soumis à un certain nombre de tests visant à charmer, séduire l’être désiré. A
bout des différents tests, c’est la personne à conquérir qui désignera le/la canditat(e) qui
répond à ses critères. L’emploi du nouchi par ces chaînes de télévisions leur permettent
d’entrer plus facilement en contact avec la jeunesse ivoirienne voire africaine, de créer un
lien avec elle afin de l’intéresser aux activités qu’elles diffusent. On peut donc remarquer
que l’usage du nouchi dans ces médias devient très utile pour toucher les jeunes qui
constituent la frange la plus importante de la population, l’avenir du pays, la relève de
demain.
Image 11 : Gbich !
Image 12 : Gbich !
Image 13 : Gbich !
Comme il est donné de voir, Gbich ! est un journal d’humour et de bandes dessinées
écrivant en nouchi. L’appellation ‘’Gbich !’’ est l’expression d’une onomatopée qui traduit
le bruit d’un coup de poing, d’une frappe. Les journalistes de Gbich ! emploient le nouchi
dans l’optique de rapprocher leur organe des jeunes de toutes catégories et d’instaurer une
communication entre eux (W. Gogoua, 2006). Aussi arrivent-ils par ce langage à accrocher
un nombre important de jeunes, ce qui contribue à faire vendre leurs journaux donc à leur
permettre de se faire des grands bénéfices.
-L’Internet
Sut la Toile, plusieurs faisant usage du nouchi existent. On peut entre autres se référer
à:
- www.nouchi.com ;
- www.youtube.com ;
- Le journal gbayé ;
- scamaga.over-blog.com/pages/Le_creole_abidjanais_le_nouchi-3115944.html, etc.
L’intérêt de ces liens c’est qu’ils présentent l’actualité de la Côte d’Ivoire en nouchi et
concentrent un nombre important de données écrites, audio et vidéo mettant en lumière la
diversité linguistique ivoirienne et les réalités socioculturelles locales. Les données écrites
notamment sont composés de glossaires de mots et d’expressions (renforcés d’exemples
montrant leur emploi dans la phrase), des proverbes et des anecdotes portant sur divers
sujets (l’argent, la drague, la bagarre, etc.).
Côte d’Ivoire. L’on peut, à cet effet, se référer au spectacle comique du réveillon (tous les
31 décembre) devenu une tradition depuis 2006 en Côte d’Ivoire et dont la première
édition fut dénommée « Bonjour 2006 ». Ce grand spectacle de l’humour est le lieu
d’expression de plusieurs artistes comédiens qui viennent déballer leur savoir-faire
satirique pour égailler au maximum les spectateurs à travers un langage relâché, familier,
populaire voire argotique d’où l’usage imbriqué des variétés locales de français (français
ordinaire, FPI, nouchi) dans les différentes comédies. Le nouchi qui est un parler
d’actualité est très employé par les comédiens et fort apprécié par les spectateurs pour ce
qu’il favorise le rire. Comme exemple, apprécions le texte ci-dessous, extrait de Bonjour
2010 (2ème édition à Yamoussoukro), de la comédie de Le Magnifique : “Prière d’un
loubard en Christ“ :
- Dieu a touché le cœur d’un loubard et mainan il dit il est en Christ, quand il veut
manger mainan faut voir sa prière. Trois cent qu’il avait, il a payé poisson deux cent
(200 F CFA) attiéké 100 F, il ferme ses yeux, i(il) veut prier mainan, il est là
Seigneur, faut le voir :
« Éh Sèhin (Seigneur), c’est mou sur moi dèh, yè kètèkètè yè i trois toro (togo), j’ai payé
zégen toro ahè dé pouésse viens onhon gbor. Sèhin, c’est ça qui est là oh »
-Il ouvre ses yeux, ses deux poisons ont disparu, il a refermé ses ziés (yeux), il dit :
« Sèhin, à chaque fois que j’ai lanhan je t’invite tu viens pas hein mais quand c’est mou
là tu prends mes poissons. Au nom é Dueux(Dieu) si yé vois pas mes poissons là, Satan
va prendre mon contrôle dèh, épi moi é décline toute responsabilité dans garbadrome là
ce qui va se passer dèh ! »
- Mais le garbaman (vendeur de garba) a visé le scénario de loin, il a mis 8 poissons
chauds, quand le loubard a ouvert ses ziés, i(il) voit les 8 poissons, il a refermé
encore :
« Toi sèhin même, à chaque fois que tu veux me donner poissons chaud, tu chauffes mon
kèr, amen ! »
7
T. R. Gbei, L’inter, N°3480 du jeudi 17 Décembre 2009.
ivoirien Alain Philippe Lacôte soutient : « Je suis fatigué de voir des acteurs qui font du
théâtre filmé. Nous avons envie de voir de nouveaux acteurs (…) »8 avec surtout de
nouvelles formes d’expressions comme le nouchi. Pour ainsi révolutionner le cinéma
ivoirien, ce producteur fait recours au nouchi qui est un phénomène sociolinguistique
d’actualité. À titre illustratif, on a le monologue introductif du narrateur dans le film qui est
produit en nouchi. Il s’agit d’une stratégie diégétique pour informer le spectateur sur
l’orientation linguistique du film (J. D. N’Zi, 2021 : 166) : Extrait : (Le djassa a pris feu, 00
min 48 – 2 min 00). Cadre : extérieur/jour, dans la rue. Monologue du narrateur face à la caméra.
Narrateur : Dans le ghetto ça djô, ça sort […] Chaque fois les petits eux i viennent eux i
rentrent ! Les vieux môgô eux i décallent, les petits viennent eux i rentrent, les vieux
môgô eux i décallent. […] Tu es en famille, le vieux môgô i science pas en pro, la
vieille science pas en pro, galère est trop. Tu djô dans le djassa. Tu peux les soutra. […]
Ouais t’as les soutra, les gens vont pas prendre drap, tu’as les soutra, même sur tous les
plans. Ce que toi là, tu es prêt pour les soutra. […] Le vieux môgô à douf, la vieille est
seule, elle est dans sêguê. Tu peux la soutra si tu veux.
8
Idem
9
L’extension du nouchi est d’autant remarquable que même la chaîne de télévision française France 24 consacrait le 19
Décembre 2009 quelques minutes de reportage à ce parler.
Le nouchi ne s’est pas que popularisé en Côte d’Ivoire, il a aussi franchi les frontières
ivoiriennes pour devenir la marque de fabrique linguistique des Ivoiriens dans la
francophonie. Chose normale puisque parmi la soixantaine de langues que compte le
paysage linguistique ivoirien, aucune d’entre elles ne peut permettre aux Ivoiriens, une fois
hors du pays, de pouvoir s’affirmer linguistiquement. Seul le français jusque-là sert, tant
bien que mal, à remplir cette fonction identitaire. Or, le français, malgré tout, est une
langue importée donc étrangère. Cela dit, elle ne peut rendre fidèlement compte des
réalités culturelles et identitaires locales et traduire la vision du monde des Ivoiriens.
C’est donc à juste titre que Kube (2005) citée par L. Aboa (2011) souligne ceci :
Pour de nombreux jeunes ivoiriens, la langue officielle, le français, est celle qui
permet l’accès à la vie publique et à des postes importants. Cependant, cette langue
ne peut pas, selon eux, répondre aux besoins identitaires des Ivoiriens qui voient leur
identité mieux représentée par les langues ivoiriennes.
L. Aboa (2011 : 52)
Mémoires et thèses
N. J. Kouacou, 2015, Le nouchi en Côte d’loire : description d’une variété de français en pleine
évolution, Thèse de doctorat, Université Félix Houphouët-Boigny ; J.-C. Dodo, 2015, Le nouchi :
étude linguistique et sociolinguistique d’un parler urbain dynamique, Thèse de doctorat,
Université Félix Houphouët-Boigny ; L. B. Grah, 2014, Le nouchi : une langue en devenir ?
Norvège, Mémoire de Master, Université des Sciences et Techniques de Norvège ; W. G.
Gogoua, 2006, Etude du lexique de « Ghich », journal humoristique de Côte d’lvoire, Mémoire de
maîtrise, Université de Cocody ; N. J. Kouacou, 2008, Analyse lexico-sémantique du nouchi, une
variété de français en Côte d’Ivoire, Mémoire de DEA, Université de Cocody ; F. Kouakou, 2002,
La description systématique de l’argot des jeunes de Côte d’Ivoire : le nouchi et ses variantes,
Mémoire de DEA, Université de Cocody.
Articles scientifiques
N. J. Kouacou, 2016, « Le nouchi en Côte d’Ivoire : regard sur un parler jeune ivoirien, trois
décennies après sa naissance », in Cheminements Linguistiques, EUE ; K. J.-M. Kouamé, 2012,
« Le nouchi : creuset de la diversité culturelle et linguistique de la Côte d’Ivoire », in
Francopolyphonie ; A. A. Aboa, 2011, « Le nouchi a-t-il un avenir ? », in Sudlangues, n° 16 ;
M. B. Ahua, 2010, « Lexique illustré du nouchi ivoirien : quelle méthodologie ? », in Le français
en Afrique, n° 25 ; M. B. Ahua, 2006, « La motivation dans les créations lexicales en nouchi », in
Le français en Afrique, n° 21 ; N. J. Kouadio, 2006, « Le nouchi et les rapports dioula-français
», in Le français en Afrique, n° 19 ; N. J. Kouadio, 1990, « Le nouchi abidjanais, naissance d’un
argot ou mode linguistique passagère ? », in Gouaini/Thiam (éds.), Des langues et des villes.
Ouvrages
G.-A. Kadi, 2017, Le nouchi de Côte d’Ivoire : dictionnaire et anthologie (Plus de 1000 mots et
expressions usuels), L’Harmattan ; Ministère de la culture et de la francophonie de Côte d’Ivoire,
2009, « Le nouchi, mal de vivre de la jeunesse ou alternative possible d’une identité ivoirienne
en construction », in Actes du séminaire de réflexion sur le nouchi.
Ces travaux, parmi tant d’autres, montrent que le nouchi est un champ d’étude productif.
Les études existant sur le nouchi se sont effectuées dans divers aspects de la langue et
dans la progression du temps. Cependant, il s’agit d’un parler encore instable dont la
caractérisation tant linguistique que sociolinguistique reste complexe à définir.
Il est vrai qu’au niveau de la description linguistique, plusieurs aspects ont été
abordés ou ébauchés, néanmoins des domaines comme l’énonciation et la
pragmatique demeurent encore inexplorés dans l’étude du nouchi. Par rapport à la
syntaxe, la morphosyntaxe et la phonétique, des travaux ont émergé (N. J. Kouacou
2015, J. C. Dodo 2015) mais il y a encore matière à réflexion sur ce champ. Le lexique
du nouchi, bien qu’étant riche et ayant été abondamment décrit ne suffit pas pour
rendre compte de tous les contours du fonctionnement du nouchi. Cela dit, l’étude du
nouchi est une quête à poursuivre.
N. J. Kouacou, 2016 : 487)
Ces divers travaux donnent la preuve que l’impact du nouchi ne passe plus
inaperçu, même les politiques ivoiriennes mesurent de plus en plus la portée du nouchi en
Côte d’Ivoire. C’est ainsi qu’il se tiendra à Grand-Bassam, du 17 au 19 Juin 2009, sous
l’égide du Ministère de la culture et de la francophonie ivoirienne, un séminaire
scientifique sur le nouchi avec le thème : « Le nouchi, mal de vivre de la jeunesse ou
alternance d’une identité ivoirienne en construction ». Ce séminaire de réflexion qui a
réuni linguistes, ethnologues, littéraires, sociologues et spécialistes des arts avait pour
objectif :
D’esquisser un profil de grammaire de code ; de proposer un mécanisme de
sauvegarde et de vulgarisation du nouchi et d’arrêter une stratégie susceptible de faire
du nouchi, à terme, une alternative crédible pour la construction d’un label ivoirien
dans un contexte de diversité culturelle et spécifiquement, de multilinguisme.
Actes du séminaire de réflexion sur le nouchi à Grand-Bassam (2009 : 10)
La mise en œuvre d’un tel projet laisse comprendre que le nouchi est en passe de devenir
une alternative nécessaire pour la construction d’un label linguistique ivoirien qui soit
profitable aux Ivoiriens ainsi qu’à toute la francophonie une fois en terre ivoirienne. C’est
justement cette vision qui a inspiré Germain-Arsène Kadi pour la réalisation son œuvre Le
nouchi de Côte d’Ivoire : dictionnaire et anthologie susmentionnée. Dans l’épilogue de
l’ouvrage, l’auteur note ceci :
L’importance du nouchi dans les créations artistiques actuelles rendait nécessaire
l’élaboration d’un dictionnaire et d’une anthologie en vue de facilité la réception de
ces œuvres par des locuteurs étrangers. À travers cet ouvrage, nous espérons
également familiariser les autres lecteurs francophones et les futurs visiteurs de la
Côte d’Ivoire avec ce créole ivoirien, l’une des principales attractions touristiques
d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne.
Avec ces différentes investigations et trouvailles sur le nouchi, il est possible de soutenir
que ce parler contribue au développement de la recherche linguistique mais également à la
promotion de la diversité culturelle ivoirienne.
les citoyens, relatifs aux devoirs civiques, à la santé, à l’hygiène public ou aux attitudes à
proscrire (excès de vitesse, banditisme, drogue, etc.), et qu’ils ne sont transmis qu’en
français standard, les non scolarisés ne pourront pas les comprendre ; par conséquent,
l’objectif général visé ne sera pas atteint. A contrario, si, à côté du français normé, ces
messages de sensibilisation sont aussi transmis en nouchi, cela permettra aux locuteurs
dudit parler de saisir les consignes édictées, ce qui peut déboucher sur le changement de
comportement. C’est à ce niveau que le nouchi devient nécessaire.
les atteindre, de les intéresser pour les amener à avoir un penchant pour les produits de
l’entreprise annonceuse.
- L’efficacité de la communication : cette raison est liée à la précédente et vise
l’impact de la communication, du message diffusé. La communication est efficace lorsque
le message publicitaire s’adapte à la manière de pensée et de parler de la cible (ici les
jeunes citadins ivoiriens). Cette quête amène l’entreprise annonceuse à épouser, adopter le
langage de la cible pour se faire aussi adopter par elle. De la sorte, ladite cible sera
amenée à préférer ses produits et prestations par rapport à ceux d’autres entreprises
concurrentes. Sachant, en effet, que la Côte d’Ivoire a une population jeune, ces
annonceurs sont de plus en plus portés à recourir aux formes langagières qu’emploie cette
frange de la population pour faire passer leurs messages. Ils le font justement pour toucher,
gagner le plus grand nombre avec pour finalité d’élargir leur clientèle et ainsi de réaliser
des gains. Dans ce contexte, le nouchi devient utile car permettant aux entreprises
commerciales de remplir ces deux critères pour développer leurs activités, leurs
productions. La société de transfert monétique Wave, ayant parfaitement saisi l’impact du
nouchi sur la jeunesse ivoirienne, s’en est servir pour composer son slogan publicitaire :
(14) WAVE Ton djê est calé « Wave, ton argent est positionné ». Ce message publicitaire a
été pratiquement bien reçu par les Ivoiriens et le résultat a été sans appel. Ainsi,
récemment implanté en Côte d’Ivoire, Wave a connu un boom pour avoir su employer le
nouchi pour lancer son produit, en plus d’avoir adapté les coûts de ses prestations à la
bourse des jeunes. Cet essor a même eu un impact sur les compagnies de téléphonie
mobile exerçant depuis dans le même domaine qui ont dû, elles-aussi, baisser les coûts de
leurs prestations au grand bénéfice de la population. Bien d’autres structures mesurent la
portée du nouchi et en font usage au quotidien pour appâter la clientèle et ainsi rentabiliser
leurs activités. Il n’est donc pas prétentieux de dire actuellement que le nouchi est facteur
de développement.
Conclusion
Le nouchi constitue ces dernières années l’un des phénomènes ivoiriens les plus
marquants. Taxé jadis de langage de déchirement social (Z. Grékou 1987), apanage des
délinquants, ce parler est parvenu à se libérer de ce carcan pour revêtir une image
appréciable en devenant le moyen de communication privilégié des jeunes citadins en Côte
d’Ivoire. En tant que parler mixte, le nouchi se présente comme le creuset de la diversité
culturelle et linguistique ivoiriennes (K. Kouamé, 2012). La place du nouchi dans le
domaine culturel ivoirien est d’autant réelle qu’il fait désormais partie des modes
d’expressions beaucoup utilisés dans l’humour ainsi que dans la plupart des genres
musicaux modernes en Côte d’Ivoire. On peut ainsi le retrouver dans le rap, le reggae, le
coupé décalé et surtout le zouglou. Son impact est également observable au quotidien dans
la vie des Ivoiriens à travers les téléfilms, les médias (radio, télévision, presse écrite,
panneaux publicitaires, internet), le transport urbain, les petits métiers, le commerce
informel, en plus d’être objet d’étude dans de nombreux travaux de recherche. Tout cela
témoigne visiblement de sa fonction véhiculaire et de son dynamisme dans les secteurs
d’activités en Côte d’Ivoire. Comme le dit W. F. Mackey :
L’importance d’une langue n’est pas due à sa valeur linguistique internationale, à la
forme de ses mots ou aux structures de sa grammaire. C’’est plutôt sa fonction comme
véhicule qui permet de communiquer qui est important […]. Toutefois, une langue
possède en elle-même une importance qui provient des peuples qui l’utilisent, de leur
Références bibliographiques
Aboa, A. A. L. (2011). Le nouchi a-t-il un avenir ? Revue électronique internationale de
sciences du langage Sudlangues, Dakar, 16 :44-54. [En ligne], consultable sur
URL : www.sudlangues.sn/
Abolou, R. C. (2010). Dynamiques des français populaires africains : état des faits, état de
la recherche et perspectives, Congrès Mondial de Linguistique Française :
sociolinguistique et écologie des langues, Paris, Institut de Linguistique
Française :13-29
Barbier, P. (2011). Place et rôles de la chanson dans la dynamique sociolinguistique
ivoirienne, in Glottopol : variétés et diffusion du français dans l’espace francophone
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Cisse, M. (2000). Le nouchi et le FPI dans les médiats d’État : le cas de la RTI, Abidjan,
Mémoire de Maîtrise, Département des Sciences du Langage, Université de Cocody
Coulibaly, A. (2016). Préface in Cheminements Linguistiques : mélanges en hommage à
N’Guessan Jérémie Kouadio, EUE, Saarbrucken, 3-5.
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Gogoua, W. G. (2006). Étude du lexique de « Gbich ! » Journal humoristique de Côte
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Grekou, Z. (1987). Contribution à la connaissance de la physionomie du français en Côte
d’Ivoire, Revue de l’Association des Professeurs de Français en Afrique (APFA),
spécial 3ème congrès, 4 :14-21
Kadi, G-A. (2017). Le nouchi de Côte d’Ivoire : dictionnaire et anthologie (Plus de 1000
mots et expressions usuels), L’Harmattan, Collection Études africaines
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Résumé : Cet article propose une analyse sur la structure formelle des énoncés
proverbiaux wê (guéré-wobé) tout en définissant leurs différentes valeurs. Les
Wê en effet, bien qu’étant dissociés dans leurs appellations telles que Guéré et
Wobé depuis l'époque coloniale, forment un même continuum ethnolinguistique
wê (L. Marchese : 1983). Car, partageant des points communs au niveau
culturel, social, politique, économique, en plus de cohabiter sur le même espace
géographique. On les retrouve aussi bien à l’Ouest de la Côte d’Ivoire dans les
régions du Guémon et du Cavally, et au Liberia sous l'appellation de Krahn.
L'ensemble Wê se compose en Côte d'Ivoire des Wobé (kwéá̰ɷ̰̀) au nord et des
Guéré (zɔ̰̀bà̰ɷ̰̀) au sud (Gnonsian : 2019). C’est au niveau linguistique que l'on
pourrait observer des variétés entre le parler guéré et le parler wobé. C’est donc
une manière pour nous de montrer que les guéré et les wobé étant un même
peuple, partagent les mêmes valeurs. Cela, à travers une analyse
sociolinguistique des proverbes wê. Il sera question pour nous de montrer d’une
part, les caractéristiques syntaxiques des énoncés proverbiaux wê ; qui
pourraient être soit des énoncés simples, soit des énoncés complexes. Et d’autre
part, il s’agira pour nous de distinguer les valeurs dites générales de premier
niveau d’interprétation et des valeurs dites secondaires. On pourrait identifier
au premier niveau, les valeurs éthiques et didactiques. Au second niveau, il peut
s’agir de plusieurs valeurs : sociales, économique, psychologique historiques,
etc.
is composed of the Wobé (kwéá̰ɷ̰̀) in the north and the Guéré (zɔ̰̀bà̰ɷ̰̀) in the
south (Gnonsian: 2019). It is at the linguistic level that we could observe
varieties between Guéré and Wobé speech. It is therefore a way for us to show
that the Guéré and the Wobe, being the same people, share the same values.
This is done through a sociolinguistic analysis of Wê proverbs. On the one hand,
we will show the syntactic characteristics of Wê proverbial statements, which
could be either simple or complex statements. On the other hand, we shall
distinguish between the so-called general values of the first level of
interpretation and the so-called secondary values. At the first level, we could
identify ethical and didactic values. At the second level, it can be several values:
social, economic, historical psychological, etc.
Introduction
En pays Wè, tout comme plusieurs peuples, il y a divers moyens pour véhiculer sa
pensée ou un message, soit pour interpeller, soit pour critiquer ou décrier un fait, soit pour
éduquer, enseigner, faire prendre conscience ou instaurer des ‘’interdits’’ . Les proverbes
sont le moyen le plus approprié, car ils renferment dans leur majorité, une profondeur
sémantique qui laisse transparaitre le locuteur dans toute sa dimension existentielle à travers
ce qu’il énonce comme le disait Jacques Fedry : 2014) en ces termes : « l’Homme, c’est la
parole ». La parole, c’est ce qui détermine l’Homme. Car, c’est à travers ce qu’il dit et la
manière dont il s’y prend qui en fait sa particularité parmi les siens. C’est cet art de parole
implicite qui ramène à l’usage la parole, même quand les sages arrivent à perdre le fil du
discours. Ahmadou Kourouma (2011 :143), en renchérit par cette expression : « le proverbe
est le cheval de la parole. Quand la parole se perd, c’est grâce aux proverbes qu’on la retrouve ».
A travers donc cette ironie proverbiale, le Wè exprime et partage sa vision du monde relevant
des tas de sociétés d’où il tire constamment son expérience. Derrière ces simples énoncés,
le Wê révèle des vertus de conseils, de prescriptions, de respect, etc. L’objectif est donc de
montrer que les Wê (wobé-guéré) partagent les mêmes valeurs culturelles par le biais de
leurs proverbes. Les proverbes bien que gage de la sagesse des ancêtres sont avant tout, des
énoncés linguistiques. Alors, sous quelles formes se présent-ils ?, et quelles sont les valeurs
qu’ils véhiculent ? Dans ce travail, il sera question de montrer d’une part, les formes
syntaxiques des énoncés proverbiaux qui pourraient être, soit des énoncés simples, soit des
énoncés complexes. Et d’autre part, de déterminer les différentes valeurs que peuvent
véhiculer les proverbes wê. On peut identifier dans ces proverbes, plusieurs valeurs en plus
des valeurs sociale, éthique, didactique et rhétorique.
1. Cadre théorique
Pour mener cette réflexion, nous nous sommes appuyés sur la syntaxe fonctionnelle
et la théorie des actes du langage. La pensée fonctionnaliste d’André Martinet (1908-1999)
se situe dans la droite ligne du structuralisme européen élaboré par Saussure. Le principe
théorique de base de la linguistique de Martinet est sa définition de la langue comme
instrument de communication doublement articulé et de la manifestation vocale (1991:20).
Le cadre théorique utilisé dans ce travail est celui des actes du langage développé par John
L. Austin, John R. Searle et Paul H. Grice (1911-1960). Cette théorie postule que
l’interprétation d’un énoncé est selon son contexte d’emploi; elle relève donc de la
pragmatique.
2. Cadre théorique
Notre corpus s’est formé à partir d’enregistrement écologique d’une part, et d’autre
part, d’entretien semi-directif, lors d’une cérémonie dédiée à notre accueil pendant une
enquête de terrain dans la région du Guémon. Certains jeunes du village ne pouvant prendre
la parole en présence des chefs nous ont rejoint après ladite cérémonie et ont permis
d’enrichir notre corpus. Car, à l’instar de la majeure partie des cultures africaines, en pays
wê, le moins âgé ne profère pas de proverbe en présence des plus âgés.
L’énoncé (1) présente une forme syntaxique SVO1O2. C’est-à-dire Sujet + Verbe+ Objet1+
Objet 2. La construction syllabique donne le schème suivant :
N + Pron.Nég + V + N + N.
Les énoncés (2) et (3) ci-dessus montrent les structures SVO à caractère copulatif. Autrement
dit, les verbes de ces énoncés proverbiaux sont les auxiliaires /ɓlè/ « avoir » et /nɩ̰ ́/ « être ».
Les schèmes sont de structures suivantes :
- N + Pron + Cop + N
- Poss + N + Cop + Poss + N.
A travers les énoncés (4) et (5), l’on voudrait mettre en exergue la négation dans le
dire proverbial wê. En effet, les wê utilisent aussi bien la forme affirmative que la forme
négative dans la formulation des proverbes. Et la négation peut être marquée ou tonale,
comme c’est le cas en (4) où la négation est tonale et assurée par le ton bas-haut sur le
pronom /ɔ̌/. Ce pronom qui est la reprise du sujet est antéposé au verbe. En (5), la marque
de la négation est perçue par le morphème /sé/ en début d’énoncé. Voici respectivement les
structures et schèmes en (4) et (5) :
Les énoncés (6) et (7) présentent des constructions complexes temporelles introduites par la
conjonction de subordination /pò/ et /ɓó/ « quand ». Dans leurs constructions temporelles,
ces énoncés complexes ont la proposition subordonnée temporelle en position initiale suivie
de la proposition principale. Prenons l’exemple de l’énoncé (7) ci-dessus. On a :
Les énoncés (8) et (9) présentent des énoncés complexes en forme de parataxe. Ils
comportent chacun deux propositions juxtaposées. Observons les exemples (9.a) et (9.b).
9.a) [ɲɔ̰́ sē bòá blé] (première proposition)
Dans l’énoncé (10), la proposition clivée est introduite par le morphème présentatif
/ɛ́mɛ̄/ « c’est lui» spécifique à la classe non humaine, car ici il renvoie à /nàwɛ́/ ou
/nɛ̰́mɛ̰́/« oiseau ». Dans l’énoncé (11), la proposition clivée est introduite par le morphème
présentatif /ɔ́mɔ̰̀/ « c’est lui » de la classe humaine car elle renvoie à un être humain /ɲɔ̰́/
« homme ». On remarque en général que l’ensemble des énoncés proverbiaux complexes se
construisent en deux propositions. Dans les énoncés complexes temporels, la première est la
proposition subordonnée et la deuxième qui la suit en est la principale. La proposition
temporelle est toujours en position initiale introduite par la conjonction de subordination /pò/
ou /ɓó/ « quand ». Les complexes parataxes, elles sont composées de deux propositions
juxtaposées. Et les complexes clivés se formulent également en deux propositions avec les
morphèmes clivés /ɛ́mɛ̄/ « c’est lui » et /ɔ́mɔ̰̀/ « c’est lui ». Lorsqu’on utilise /ɛ́mɛ̄/, c’est pour
désigner une classe non humaine. Et lorsqu’on utilise /ɔ́mɔ̰̀/, c’est pour désigner une classe
humaine.
-Valeur expressive
Dans leurs expressions, les proverbes wê utilisent des images tels que le rat, le singe,
le chien, l’oiseau, l’hyène, la panthère, la biche, l’eau, le soleil, la terre, la termitière etc.
Ces images s’adaptent à diverses situations auxquelles participent les membres de la
communauté. Le proverbe ci-dessous en est une illustration par l’image de la panthère.
-Valeur rhétorique
La valeur rhétorique est en usage, car s’exprimer avec le proverbe, c’est
raisonner, développer son esprit critique, c’est faire appel à son intelligence, c’est
parler dans un cadre de discussion, de conversation. Connaître les proverbes,
augmente la compétence du locuteur wê, son efficacité en communication dans la
langue ainsi que son éloquence. Le proverbe ci-dessous permet de convaincre un
orphelin à ne pas se comparer aux autres ou permet de le consoler. Il sert également
à convaincre une personne d’avoir de la compassion pour l’orphelin. On le voit par
l’image de l’orphelin.
Un orphelin, c’est un enfant qui a perdu soit, son père, soit sa mère ou les deux à la
fois. Un tel enfant dont le souci premier est de se trouver de quoi à manger, ne peut
prétendre à un besoin de premier choix. Mais, celui-ci devra se contenter de ce qu’il aura
trouvé sur son chemin. L’image de l’orphelin renvoie ici, à un pauvre. En effet, un pauvre
n’a ni droit à la parole, ni droit à un choix de préférence, mais apparait comme un être
méprisé, vulgaire, donc intitule à la société.
-Valeurs didactique
L’enseignement et l’éducation caractérisent les proverbes à valeur didactique.
14) wobé : [ɲrɔ̰́ ɡbàú páɛ̀nɩ̰ ́ ɡbu̍ ɡbàú pêe
Guéré : - ɲrɔ̰́ sá̰ɷ̰̀ pǎ ṵ jè gbú gbáù zǐ]
Il y a des personnes qui ont tendance à donner une valeur dépréciative à ce qu’elles
ont. Celles-ci éprouvent bien des fois un sentiment d’insatisfaction, voire de regret
comparativement à ce que leur entourage pourrait en disposer. Un sage wê qui énonce un
tel proverbe en ces termes : « La mauvaise épouse est mieux qu’une maison en ruine. », veut
inciter et encourager à la considération de ce que l’on a, aussi minime soit-il. Car, avoir peu
est mieux que de n’avoir rien du tout. Dans d’autre cas, ce proverbe est également proféré à
l’endroit d’un couple lors de la dot en pays wê. Car, le wê ne prend pas partie du divorce,
mais plutôt celle de la consolidation familiale.
La parole étant sacrée, l’on ne doit pas en faire usage comme bon lui semble, mais
doit avoir de la réserve quand il parle. Le bon usage de la parole est l’une des caractéristiques
de la sagesse en pays wê. La parole détermine et engage celui qui l’énonce, c’est pourquoi,
il est important, voire très important pour un homme de soigner sa parole avant de l’énoncer
au risque de blesser ou frustrer son interlocuteur. Car, l’on ne ramasse pas de l’eau qui est
déjà versée, dit-on dans le jargon ivoirien.
-Valeur éthique
Le proverbe à valeur éthique renvoie à la moralité liée aux principes de la conduite
humaine. En effet, ce genre de proverbe rappelle le mode de vie, les attitudes à adopter
(Troh : 2021).
Un leader, c’est celui qui s’érige en père et mère de ses subordonnés. Il doit à cet effet, traiter
tous avec égalité et sagesse au risque de générer de la jalousie qui pourrait susciter des
émeutes mutuelles.
L’homme, aussi intelligent soit-il, commet des fois des erreurs. Ce type de proverbe est
énoncé à l’endroit de celui qui se croit au-dessus de la norme et qui n’a aucune tendance à
reconnaitre un jour ses fautes.
L’on vient en aide à celui qui est conscient de son état de précarité et qui décide de saisir
l’opportunité qui lui est offerte. Aussi, faut-il toujours avoir recours à une personne
expérimentée dans un domaine où l’on veut s’engager. On le comprend par l’image de
l’homme qui sait reconnaître la valeur de l’or.
-Valeur sociale
Le proverbe à valeur sociale appelle à l’unité, à la solidarité, à l’insertion sociale, à
la médiation et à l’équité. Ce genre de proverbe invite des groupes à défendre leurs intérêts
communs, à avoir des liens affectifs et des relations d’entente et de confiance (Yéboué :
2016).
L’une des particularités des proverbes wê, c’est l’usage d’images utilisées pour
représenter une réalité ou révéler une vérité. Lorsqu’un wê dit ceci « Si la termitière veut
vivre, qu’elle ajoute de la terre à la terre» à quelqu’un, c’est pour l’inviter à une prise de
conscience à la considération de ses origines. La « termitière » représente ici un individu,
et la « terre », à la communauté à laquelle il appartient. Ce proverbe renvoie à l’idée d’unité,
d’union. Celui qui a l’intention de se réaliser doit s’appuyer sur les siens, car c’est dans
l’unité que réside la force. C’est dire également que quelle qu’elle soit sa situation sociale,
l’homme aura toujours recours à ses origines qui ne sauront jamais l’abandonner.
20) Wobé : [nàwɛ́ bléa srɛ̌ ɛ́mɛ̄ pō jrɷ̌ jé wā wɛ̰í
Celui qui a la conviction de réussir, doit bien évidemment accepter d’essuyer toutes
formes d’échec et de frustrations sociales. La bordure de route est symbole ici du public, de
la masse, d’un endroit de personnes de divers horizons, de diverses mentalités qui peuvent
être source d’échec ou de motivation.
-Valeur économique
Les proverbes ci-dessous ont des valeurs économiques, car ils encouragent au travail
et à l’autonomie. En effet, lorsque ce genre de proverbe est proféré, l’on voit toute suite un
impact psychologique sur la personne. Mais, lorsque cette personne se met au travail et arrive
à se réaliser, le proverbe devient en ce moment un moteur d’encouragement au travail.
21) wobé : [blǔ ɛ̌ pō ɲɔ̰́ srɛ́ j ī
Guéré : - ɓlōà ɛ̌ pǒ ɲɔ̰́ srɛ́ ì]
N 3Sg.Nég V N N Inst
Terre elle-Nég pouvoir homme mensonge Inst
« La terre, elle ne peut mentir à l’homme. »
« La terre ne trahit pas. »
Comme les écritures saintes le disent si bien, c’est à la sueur de son front que
l’homme gagnera son pain, donc sa nourriture. Par « C’est ma main qui est mon parent. »,
l’énonciateur de ce proverbe invite à ne pas seulement se borner à compter sur l’aide
extérieure, mais à compter d’abord sur soi-même. Car, ce n’est pas toujours que l’autre à la
capacité pour répondre à nos attentes.
-Valeur psychologique
Le proverbe à valeur psychologique vise à agir sur le mental et à modifier le
comportement de celui à l’endroit de qui il est proféré. En effet, on trouve souvent des
personnes désespérées par les coups de la vie dont le comportement laisse à désirer. C’est
pour amener ce genre de personnes à changer que l’on fait usage de proverbe à valeur
psychologique.
23) wobé : [à̰ nɛ̰̌ ɛ̰ ɟià nɩ́
Guéré : - mà̰ nɛ̰̀ ɛ njɛ̰ ɟíà ]
Poss.2Sg N 3Sg Cop-Etre venir.Fut Cop-Etre
« Pour toi viendra»
« Chacun a son tour »
Nombreuses sont les personnes qui croupissant sous le poids des difficultés,
recourent à des voies indécentes, parfois sans issue. Cette mésaventure développe souvent
en elles, un sentiment de haine, de jalousie, de désespoir, voire de sorcellerie à l’égard de
leur prochain qui eux prospèrent et réussissent. Ce proverbe enseigne une valeur de patience
et l’art de savoir attendre son tour.
L’homme a très souvent tendance à porter un jugement contre son prochain. Il contrôle ses
faits et gestes et est prêt à le sermonner directement ou indirectement pour chaque erreur
commise. Exacerbé par une telle attitude, le concerné dira à son tortionnaire « Tu ne te vois
pas toi-même ? » afin de lui rappeler que nul n’est parfait, car tous commettons des erreurs.
-Valeur historique
Le proverbe à une valeur historique parce qu’on peut avoir les traces de l’histoire du
peuple. Ce proverbe ci-dessous tire sa source de la colonisation, car au temps colonial
lorsque des personnes étaient en conflits, elles étaient toutes sanctionnées par
l’emprisonnement. Lequel se trouvait à Bangolo qui était désigné comme un village lointain.
4. Discussion
Il s’agit ici de confronter nos résultats aux travaux antérieurs sur les formes et valeurs
des proverbes dans les langues du monde. Pour Anscombre (1994), certains éléments dans
la construction syntaxique d’un énoncé signalent un proverbe. Il y a le proverbe débutant
par une proposition temporelle introduite par quant dont la principale qui suit montre la
conséquence fâcheuse qui en résulte. Et, différents procédés sont utilisés dans l’énoncé
proverbial. Il cite que le futur est rare, et que l’on a un emploi fréquent à l’initiale du pronom
« qui », l’emploi du pronom indéfini « on », l’emploi d’une proposition négative écartant
toute affirmation contraire, et l’emploi d’une expression négative. Pour notre part, nous avons
observé ces quelques procédés dans les proverbes wê tel que /pò/ et /ɓó/ « quand » dans le
proverbe complexe temporel. On a également l’utilisation de la forme négative qui écarte
toute affirmation possible. De cette remarque, il en est ressorti que la négation peut être
tonale, notamment le ton modulé bas-haut qui est généralement porté par des pronoms. Par
exemple /ɔ̌/ « 3.Sg. Nég. » en vrai, il renvoie le plus souvent à une personne indéfinie « on »
de même que /ɲɔ́/ « homme ». C’est dans cet élan que Kouakou : 2017, à propos de la
syntaxe des proverbes Baoulé a montré que dans leur structure, ces proverbes sont bien des
phrases simples et phrases complexes. En effet, l’on rencontre les phrases nominales et les
phrases simples dont les sujets peuvent renvoyer à la forme personnelle, c'est-à-dire qu’ils
renvoient à un être ou à une chose bien spécifiée ou à la forme impersonnelle, selon que le
sujet exprime une généralité. Les prédicats eux, peuvent assurer les fonctions primaires avec
leurs sujets et leurs objets. Les arguments sont quant à eux, en fonction d’objet ou de sujet.
Cela signifie que l’énoncé proverbial nominal en baoulé peut être hypothétique suivi d’une
relative. Ce qui n’est pas le cas dans les énoncés proverbiaux wê. Par contre, on peut voir la
phrase simple non verbale avec l’utilisation de la comparaison et l’utilisation de copule. A
côté de cela, l’on constate que les proverbes baoulé et wobé partagent quelques
caractéristiques syntaxiques. Notamment les complexes à proposition parataxe et
temporelle. A propos des valeurs, Tapé : 2015 dans son étude sur l’emploi de l’énoncé
proverbial dans le Zouglou, pour justifier que l’interprétation des valeurs de l’énoncé
proverbial peut différer d’une personne à une autre, il cite Rodegem qui soutient que le
même proverbe est susceptible de plusieurs interprétations parfois contradictoires, selon les
lieux, les individus, les prononciations ou les accents. Pour lui, les proverbes permettent de
se prémunir des dangers de la société. En effet, ils mettent en évidence différents champs
notionnels comme la vérité, l’équité, l’égalité, l’identité, la prévention, la prudence, le
travail, l’espoir, les relations hommes et femmes, la duperie.
Nous constatons également certaines notions en rapport avec les valeurs étudiées
plus haut. Notamment, les notions de travail, d’équité, de résolution de conflit.
Yéboué :2016, montre au sujet des valeurs que dans l’énoncé proverbial, l'utilisation des
images et toutes les ressources esthétiques en font un langage poétique au volume réduit.
Cet avis est partagé car bon nombre d’images illustrées dans les proverbes wobé montrent
qu’ils ont une valeur esthétique ; ce nous avons appelé valeur expressive. Il affirme que
« le proverbe tient à demeurer une œuvre facilement mémorisable. Il en va ainsi parce que
l'on en a besoin à tout moment». Pour lui, l’usage du proverbe est quotidien, il n'y a pas de
circonstances particulières pour dire un proverbe, mais une raison sociale qui fait mouvoir
l'individu et c’est précisément celle-là qui appelle le proverbe. Il continue en affirmant que
le proverbe a pour ambition de rappeler la tradition et de clore un débat. Le proverbe est le
résultat d'une longue et patiente observation du milieu, à tel point que la vérité qu'il professe
prend la forme de l'évidence. Même si la source du proverbe est individuelle, sa transmission
et son usage continuels sont collectifs, c’est en cela que le proverbe est sagesse. De même,
nous avons pu constater que les proverbes font usages d’images animale, humaine et
naturelle pour formuler leurs expériences à travers ceux-ci. Le besoin du proverbe est donc
une chose incontournable vu qu’il est si bien utilisé dans les conversations que dans les
cérémonies culturelles, voire même dans les audiences et débats. Car le proverbe incarne
les valeurs de vérité et de sagesse.
Conclusion
De cet travail, il en ressort que les formes des proverbes wê sont de formes simples
et de formes complexes. Les énoncés proverbiaux wê de formes simples sont en générale
verbales et se construisent en une proposition. Ce sont : SVO1O2 ; SVO, VSO. On observe
trois spécificités dont la pronominalisation fréquente du sujet, l’utilisation de copule et
l’usage de la forme négative. Quant aux énoncés proverbiaux complexes, ils se construisent
en deux propositions. La première est la proposition subordonnée et la deuxième qui la suit
est la proposition principale. La proposition temporelle est toujours en position initiale
introduite par la conjonction de subordination /pò/ ou /ɓó/ « quand ». Les complexes
parataxes, elles sont composées de deux propositions juxtaposées. Et les complexes clivés
se formulent également en deux propositions avec les morphèmes clivés /ɛ́mɛ̄/ « c’est lui »
et /ɔ́mɔ̰̀/ « c’est lui ». Lorsqu’on utilise /ɛ́mɛ̄/, c’est pour désigner une classe non humaine.
Et lorsqu’on utilise /ɔ́mɔ̰̀/, c’est pour désigner une classe humaine. Concernant les valeurs
des proverbes wê, il en ressort que d’un premier niveau d’interprétation, on observe les
valeurs expressives, rhétoriques, didactiques et éthiques. Et d’un deuxième niveau, on
observe les valeurs sociale, économique, psychologique et historique. Les hypothèses émises
dans cet article ont été confirmées. Il faut retenir que pour tout wê, les proverbes analysés
incarnent des valeurs éthiques. On note aussi que les proverbes wê sont des formules
d’images propres au peuple que le wê emploie à diverses situations. Et leurs valeurs sont
dans l’ensemble des principes de bonne conduite et morale, de fraternité, de vivre ensemble
et d’amour. Car il est question de savoir vivre tout en ayant des références relatives à
l’expérience de la vie qui permettent à l’homme d’avoir une référence inouïe pour toujours
se ressourcer face aux situations de la vie. En somme, le proverbe wê est d’une vérité
incontestable et une sagesse des ancêtres Wê (wobé-guéré).
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Abstract: This article aims to analyze the scope and function of the double grading of
Chadian Senior High Certificate examination papers, which is a reform, meant for
credibility, reputation, transparency and justice in the evaluation of the candidates.
This quantitative research analysis is based on the statistical data gathered over three
consecutive years in 2019, 2020 and 2021, and the theoretical frameworks on
evaluation and meritocracy theories were used, based on statistics collected by
ONECS and supplemented by our own observations as officials involved in this state-
owned structure in charge of organizing the High School Certificate examination. The
results show that double grading does bring considerable improvement in terms of
success in the High School Certificate Examination. Two groups of graders have been
identified as Bachelor’s Degree holding teachers and certified Bachelor’s Degree
holding teachers; the latter having been trained in teacher training schools. The study
shows that Certified Bachelor’s Degree holding teachers make fewer errors than their
counterparts; and that this state of affairs is due to the lack of professional training to
the other group. In order to solve this issue, in-service retraining efforts would be of
great benefit.
Introduction
Le système éducatif tchadien, tel qu’il se présente aujourd’hui, est le résultat de
plusieurs réformes. Les états généraux de 1994 et le forum de l’éducation de 2012 en sont
les plus récentes et, peut-être, les plus significatives. Ces réformes ont jeté les jalons du
système éducatif actuel. Cependant, l’inaccessibilité, la rareté et la faiblesse de structures
d’accueil sont les raisons principales qui ont conduit les autorités politiques à réformer le
système éducatif tchadien. C’est ainsi que tous les moyens humains, matériels et financiers
ont été mobilisés par le gouvernement de la république du Tchad et les partenaires
financiers et techniques. Le point d’orgue est, non seulement la tenue des états généraux
de l’éducation pour diagnostiquer les maux qui handicapent son fonctionnement, mais
aussi l’adoption de la loi n°16/PR/2006 portant organisation du Système éducatif tchadien.
Cette loi a pour but d’assoir une politique publique efficace du système éducatif. Elle
oriente la politique éducative en développant les capacités ou les niveaux de la population
à enseigner : « L’école doit cultiver l’excellence et conduire vers les cimes de la
connaissance du savoir-faire et du savoir-être. Aussi veillera-t-elle à la qualité de
l’enseignement » (République du Tchad, 1995). La qualité est ainsi au cœur du système
éducatif tchadien et constitue même sa raison d’être. En d’autres termes, il n’existe pas
d’école qui ne puisse mettre l’accent sur la qualité et le rendement efficace. Cependant,
force est de constater que l’on rencontre des lycées et collèges, en ville comme dans les
villages, dépourvus de personnel enseignant et/ou de ressources matérielles. Pire, il existe
des lycées, qui sont créés dans les zones où la population à enseigner est inexistante ou
faible. Dans tous les cas, il existe un déséquilibre certain entre les infrastructures
d’accueil, les lieux d’implantation, et le personnel enseignant. La création des
établissements scolaires au Tchad, à travers quelques échantillons, que nous avons relevés,
n’est pas sans conséquence sur le plan de rendement, de qualité et de fonctionnalité de
ceux-ci. On rencontre des établissements fonctionnant avec un corps enseignant
uniquement pris en charge par l’Association des Parents d’Élèves (APÉ). Certains n’ont
pas de moyens financiers adéquats pour payer la vacation des enseignants ou des
bénévoles, dont le niveau et la capacité d’enseigner laissent à désirer. Certains
établissements fonctionnent avec un seul professeur de mathématiques, de philosophie ou
de français, en dépit du volume horaire élevé accordé à ces disciplines. Dans certaines
localités, il manque d’enseignants, d’élèves ou de matériel didactique. Ces observations
suscitent un certain nombre d’interrogations relatives à la création, au fonctionnement et
0.1 Problématique
La formation des enseignants du secondaire obéit à un principe dont l’artisan et le
bénéficiaire est l’État. Aucun établissement public ne peut fonctionner normalement sans
le soutien de l’État. De même, l’État ne peut supporter seul les charges allouées à la
formation des enseignants. La majorité des enseignants sont des professeurs licenciés et
n’ont reçu aucune formation en pédagogie et en docimologie. Aussi éprouvent-ils souvent
des difficultés d’enseigner. Le système éducatif du Tchad éprouve donc des difficultés
liées aux évaluations de ses produits. Ces difficultés sont fonction des crises que le pays a
connues, selon Adoum Mbaïsso : « La crise du système éducatif tchadien actuel est le
symptôme d’une crise structurelle profonde ; elle est une remise en question des valeurs
qui fondent la vie d’un peuple, donc d’une politique » (Mbaïsso, 1990 : 189). La formation
des enseignants a donc pour but de donner une éducation de qualité sur l’étendue du
territoire. Elle est une exigence du gouvernement vu qu’elle est inhérente à la nature du
processus d’apprentissage. Les enseignants, les principaux acteurs de l'école, ont un rôle
très important à jouer dans la construction des élèves, notamment les candidats au
baccalauréat. Ce diplôme n’est pas un concours, qui donne accès à un emploi. Il est, au
contraire, un parchemin qui ouvre les portes de l’enseignement supérieur. Cela suppose
que le candidat soit bien outillé, bien formé. Mais, en pratique, les candidats à cet examen
ne sont pas préparés, du moins pour certains d’entre eux. On constate aussi que ceux qui
sont censés assurer la formation ne sont guère aptes à une telle activité.
Professionnellement, ils cumulent des lacunes, des incompétences notoires dans l’exercice
de leur noble et exaltante mission. L’enseignement, qui est un sacerdoce, est en voie de
perdre sa sacralité, tant ceux qui y accèdent ne sont pas motivés, outillés ou qualifiés pour
le métier. Il en est donc des candidats mais aussi bien des enseignants. Il y a donc hiatus
entre la formation et les fruits de la formation, entre l’évaluation et le contrôle, le cadre
social qu’est l’école et ceux qui la fréquentent, l’animent. En d’autres termes, la réforme,
qui retient notre attention dans ce travail, est la création de l’ONECS qui s’occupe de
l’organisation du baccalauréat. Les effectifs des candidats augmentent d’année en année,
un laisser-aller est observé dans l’organisation. Cet état de choses discrédite la réputation
et la crédibilité du baccalauréat. La transparence et la justice sont loin d’être réunies. Tout
ceci fait suite à la manière dont les enseignants évaluent et la manière dont la formation est
dispensée par les enseignants et reçue par les élèves. En effet, la qualité des enseignants
du secondaire, c’est-à-dire ceux qui préparent et évaluent les candidats au baccalauréat,
pose problème.
Pour plus de pertinence, nous nous focaliserons sur les correcteurs, qui sont tous
des enseignants des classes de terminale. Un tel choix, arbitraire, a pour but d’évaluer une
politique éducative mise en place par le gouvernement avec la participation des bailleurs
de fonds, des Associations des Parents d’Élèves (APÉ) et les bénéficiaires qu’est la
population à scolariser. En effet, le but d’une politique éducative n’est pas d’enseigner et
d’évaluer, tous azimuts, mais de s’assurer de sa qualité, de sa pertinence et de son
efficacité. Aussi doit-elle rendre compte aux usagers mais aussi à l’État, le pourvoyeur et le
grand bénéficiaire. En principe, comme tout autre service public, le système éducatif est
tenu de rendre compte à ses usagers et aux citoyens de l’atteinte des objectifs qui lui sont
fixés. Ses responsables ont besoin d’apprécier ses points forts et ses points faibles. Ils ont
besoin d’outils leur permettant d’envisager des mesures et d’améliorer leurs résultats. On
ne doit pas enseigner en classe de terminale parce qu’on est enseignant, ni dans n’importe
quelle classe. Ce constat nous amène à quelques interrogations : quel est l’impact la
double correction sur le baccalauréat tchadien ? En quoi la double correction permet-elle
de corriger les anomalies et de favoriser la méritocratie ? Quelle est la fonction et la portée
de la double correction ?
0.2 Méthodologie
Cet article s’inscrit dans le domaine des politiques éducatives, précisément en
docimologie. Elle impose une cible d’enquête constituée des enseignants sélectionnés
comme correcteurs au baccalauréat. Ces enseignants sont pour la plupart ceux qui
interviennent en classe de terminale. Parmi ces correcteurs, nous avons des professeurs
certifiés et professeurs licenciés. Un échantillon de 126 000 copies des candidats au
baccalauréat a été retenu pour les trois dernières années à savoir les 2019-2020-
2021.Neuf (9) matière sont été retenues ; 42 000 copies des différentes épreuves par année
pendant les trois dernières années. Le choix découle de nos observations sur le terrain. En
effet, au regard de nos activités professionnelles, nous sillonnons quasiment toutes les
provinces et tous les lycées du Tchad. Ces observations portent sur plusieurs rubriques
entre autres la formation de base des enseignants, les contenus des enseignements et les
évaluations. À ces données pédagogiques factuelles s’ajoutent les résultats finals, qui sont
le but d’un établissement secondaire. Cette recherche est de nature quantitative
puisqu’elle se base sur les statistiques de l’Office National des Examens et Concours du
Supérieur.
pour la plupart des enseignants n’intervenant pas en classe de terminale, d’une part, et
ceux qui ne sont pas des nécessairement des enseignants, c’est-a-dire non formés à ce
métier, d’autre part. l’Office National des Examens et Concours du Supérieur a pris un
échantillon des copies dans les différentes matières déjà corrigés et les ont soumises à
l’appréciation d’autres correcteurs. Il s’est avéré que la plupart des candidats ont été lésés,
c’est-à-dire des notes attribuées par les correcteurs sont en défaveur des candidats. Un
grand écart en termes de notation a été constaté. C’est pourquoi l’ONECS a pris l’initiative
d’instaurer la double correction. Un regard était porté sur le choix des correcteurs. Une
ferme instruction était donnée aux responsables d’identifier rien que les enseignants
intervenant en classe de terminale. À la période d’enrôlement des candidats, la mission de
l’ONECS avait aussi consisté à enrôler les enseignants choisis au vu de leur emploi du
temps. L’objectif de cet enrôlement consistait à réduire le risque d’enseignants qui sont
choisis par affinité et qui ne sont pas véritablement des professionnels. La double
correction a été ainsi instaurée en 2015pour diverses raisons. D’abord, les copies sont
déchargées par les correcteurs, une fois la correction achevée. Les mêmes copies corrigées
sont transmises aux seconds correcteurs appelés les vérificateurs. Si des écarts se
dégagent, les copies sont soumises à l’appréciation des présidents des commissions pour
trancher. Les correcteurs défaillants sont systématiquement disqualifiés l’année suivante.
Ensuite, les vérificateurs sont des enseignants expérimentés et des inspecteurs. Ceux-là
sont chargés de bien vérifier si les copies sont bien corrigées ou non. Les anomalies
constatées ressortiront dans la partie suivante dite « présentation des anomalies ».
2. Présentation des anomalies relevées à travers la double correction pour trois années
consécutives.
Cette partie est consacrée à la présentation des différentes copies par deux types de
correcteurs à savoir des enseignants licenciés et des enseignants certifiés.
Tableau 1 : présentation des anomalies dans la correction des copies d’examens du Bac
2019 par les professeurs certifiés et licenciés.
Copies corrigées par des enseignants Copies corrigées par des enseignants
certifiés licenciés
Copies Anomalies Copies Anomalies
Commission Nombre Nombre % Nombre Nombre %
Français 5 000 100 2,00 5 000 1 500 30,00
Arabe 5 000 65 1,30 5 000 948 18,96
Anglais 5 000 46 0,92 5 000 867 17,34
histoire-géographie 5 000 54 1,08 5 000 1 254 25,08
Philosophie 5 000 31 0,62 5 000 1 651 33,02
Mathématiques 5 000 62 1,24 5 000 798 15,96
physique-chimie 5 000 26 0,52 5 000 684 13,68
SVT 5 000 57 1,14 5 000 1 145 22,90
Techniques 2 000 38 1,90 2 000 458 22,90
Total 42 000 479 1,14 42 000 9 305 22,15
Tableau 2 : Comparaison des anomalies dans la correction des copies d’examens du Bac
2020 par les enseignants certifiés et licenciés
Copies corrigées par des enseignants Copies corrigées par des enseignants
certifiés licenciés
Copies Anomalies Copies Anomalies
Commission Nombre Nombre % Nombre Nombre %
Français 5 000 95 1,90 5 000 1 154 23,08
Arabe 5 000 24 0,48 5 000 854 17,08
Anglais 5 000 37 0,74 5 000 815 16,30
histoire-géographie 5 000 46 0,92 5 000 1 210 24,20
Philosophie 5 000 28 0,56 5 000 1 457 29,14
Mathématiques 5 000 51 1,02 5 000 651 13,02
physique-chimie 5 000 16 0,32 5 000 684 13,68
SVT 5 000 43 0,86 5 000 1 005 20,10
Techniques 2 000 22 1,10 2 000 254 12,70
Total 42 000 362 0,86 42 000 8 084 19,25
Après une année d’expérience, l’on constate que le sérieux a été installé dans l’esprit des
correcteurs puisque ceux qui commettent plus d’erreurs ont été sanctionnés. C’est pourquoi
les corrections ont été améliorées en 2020 en comparaison à celles de l’année 2019. Les
professeurs licenciés en Français ont fourni un effort remarquable en 2020. De 30%
d’anomalies dans les 5000 copies corrigées, ils n’ont commis que 23% en 2020. C’est une
réduction considérable. Cependant, elles n’ont presque pas varié chez les certifiés. Les
techniciens ont réduit de 10 points, c’est-à-dire de 23,8% en 2019, ils ont enregistré que
13,8% d’anomalies. Cela est dû à l’effort considérable des professeurs licenciés.
Tableau 3 : présentation des anomalies dans la correction des copies d’examens du Bac
2021 par les enseignants certifiés et licenciés
Copies corrigées par des enseignants Copies corrigées par des enseignants
certifiés licenciés
Copies Anomalies Copies Anomalies
Commission Nombre Nombre % Nombre Nombre %
Français 5 000 71 1,42 5 000 957 19,14
Arabe 5 000 43 0,86 5 000 651 13,02
Anglais 5 000 34 0,68 5 000 602 12,04
histoire-
géographie 5 000 31 0,62 5 000 958 19,16
Philosophie 5 000 31 0,62 5 000 1 154 23,08
Mathématiques 5 000 46 0,92 5 000 589 11,78
physique-
chimie 5 000 17 0,34 5 000 499 9,98
SVT 5 000 32 0,64 5 000 1 008 20,16
Techniques 2 000 11 0,55 2 000 214 10,70
Total 42 000 316 0,75 42 000 6 632 15,79
Source: ONECS2021
Figure 4 : Évolution des anomalies dans la correction des copies d’examens des
enseignants certifiés au cours des années 2019, 2020 et 2021
Français
2
1,8
Techniques 1,6 Arabe
1,4
1,2
1
0,8
0,6
SVT 0,4 Anglais
0,2 2019
0
2020
2021
Phys-Chimie Hist-Géo
Mathématiques Philosophie
Il ressort de cette figure que les anomalies ont continuellement diminué. Elle est très
remarquable chez les enseignants des filières techniques, les enseignants de SVT et ceux
d’Histoire-Géographie. Une faible amélioration est constatée en Mathématiques et en
Philosophie. On note aussi une amélioration moyenne en Anglais, en Arabe et en
mathématiques. Bien qu’il y ait amélioration, il reste encore beaucoup à faire en
Philosophie et en Français.
3. Résultats
Les résultats de notre étude sur la double correction et succès au baccalauréat
tchadien dégagent deux tendances suivant la synthèse du tableau ci-dessous.
Copies corrigées par des enseignants Copies corrigées par des enseignants
certifiés licenciés
Copies Anomalies Copies Anomalies
19,25% en 2020 et 15,79% en 2021. Ce qui donne un taux global de 19,06% pour les trois
années. Et le second groupe fait référence aux professeurs certifiés. Il en résulte un taux
global pour les trois années de 1,14% en 2019, 0,86% en 2020 et 0,75% en 2021. Ce qui
donne un taux global de 0,92% pour les trois années. C’est qui explique que les
enseignants licenciés ont un sérieux problème en évaluation du fait de leur formation. Ce
sont des licenciés des différentes universités et instituts qui sont directement intégrés
comme enseignants sans formation professionnelle aucune dans les écoles de formation.
Concernant le deuxième groupe qui est celui des enseignants certifiés. Ceux-ci sont des
professionnels, ceux qui ont suivi les formations professionnelles comme des enseignants
dans les grandes écoles de formation comme des Écoles Normales Supérieure. Ils ont une
bonne connaissance de la docimologie. Raison pour laquelle, ils se sont démarqués par
leur prestation dans l’organisation du baccalauréat dans le domaine de l’évaluation. Dans
tout le cas, la double correction, au vu des différentes statistiques dégagées, a pu faire sa
preuve. Les différents taux d’anomalies font suite à l’œuvre de la double correction. Elle a
permis de donner la chance aux candidats d’être évalués objectivement. Elle a permis
aussi de réduire les risques d’injustice et de négligence des évaluateurs. C’est grâce à elle
que le sérieux est instauré puisque les correcteurs sont tenus d’évaluer objectivement sous
peine d’être interpellés par les vérificateurs si jamais l’écart est de taille.
4. Discussion
À la lecture de ce tableau, le taux d’anomalies dans la correction en 2019 était de
1.14% pour les enseignants certifiés et 22.15% pour les licenciés (Tableau 1). En 2020, ce
taux était de 0.86% pour les professeurs certifiés et 19.25% pour les enseignants licenciés
(voir le tableau 2). En 2021, le taux d’anomalies, dans la correction, était de 0.75% pour
les enseignants certifiés et 15.79 % pour des professeurs licenciés (Tableau N°3).Nous
remarquons, à première vue, la baisse continuelle d’anomalies. De 1,14% en 2019 et
0,86% en 2020, nous n’avons enregistré que 0,75% en 2021. Cette même amélioration de
correction est également constatée chez les correcteurs licenciés. De 22,15% en 2019,
nous sommes passés à 19,25% en 2020, puis à 15,79% en 2021. Ce progrès dans la
qualité de correction résulte de la mise en place de la commission des vérificateurs, avec
pour rôle de veiller à la transparence des activités de correction des copies des candidats
au baccalauréat, en s’assurant que toutes les copies ont été convenablement corrigées pour
éviter des erreurs préjudiciables aux candidats. La présence des vérificateurs a amené les
correcteurs à être objectifs et sérieux dans la correction des copies.
En notre qualité d’observateurs directs, puisque nous sommes directement
impliqués dans l’organisation de cet examens, les types d’anomalies constatés sont entre
autres : copies non signées, schéma mal apprécié, correction partielle, omission des notes,
non-respect des barèmes, calcul erroné des notes, correction partielle, pas de correction de
la forme, non appréciation, notes arbitraires, non correction des fautes, non report des
notes, non maîtrise de méthodologie ou du barème, intercalaires parfois non corrigés, non-
respect des barèmes, mauvaise appréciation des terminologies.
Conclusion
Nous tenons à rappeler les grandes articulations de la démarche et les analyses
effectuées. Nous voulions analyser la fonction et la portée de l’instauration de la double
correction sur le succès au baccalauréat. Au regard de cette analyse, il se trouve que la
politique de formation des enseignants n’est pas sans conséquence sur le succès au
baccalauréat. Le taux d’admission est faible pour certains, très faible et nul pour d’autres
encore. Ce faible pourcentage est dû à la non-qualification du personnel enseignant, à
l’administration quasi-défaillante ou partisane du système éducatif. Cette enquête, qui s’est
déroulée lors du déroulement de la correction du baccalauréat au Tchad pour les trois
années consécutives, s’est portée essentiellement sur les données statistiques de ces trois
différentes sessions. La raison est que les enseignants des classes de terminale ne
disposent pas de qualité requise pour enseigner en terminale. La plupart de ces
enseignants sont sortis des universités et ne disposent pas de connaissances en pédagogie
et en docimologie. Les données recueillies nous ont permis de vérifier nos hypothèses selon
lesquelles la double correction est une pratique efficace dans les évaluations des
apprentissages notamment le baccalauréat. La formation des enseignants, surtout ceux des
classes de Terminale, est une nécessité pour le système éducatif tchadien. Négligée, elle
constitue un obstacle majeur pour le rendement aux examens finaux, tels que nous l’avons
observé.
Références bibliographiques
Aminata KEBE
Université Félix Houphouët-Boigny
[email protected]
Résumé : Les chansons jouent un grand rôle dans la culture mandingue. Le but visé,
c’est d’apporter des enseignements, des savoirs. Les chansons éduquent sur les
différents aspects de la vie. Elles sont d’un grand apport dans l’éducation. Le
chanteur vise à capter l’attention de l’écouteur et à susciter chez ce dernier des
sentiments. Pour transmettre son message éducatif, le chanteur joue sur les mots afin
d’éveiller des sentiments.
Abstract: The songs are important rules in the mandinguo culture. The objective is to
teach people how to know the different things of the life. The songs contribute to
education of people. The singer can attract somebody attention. To transmit a
message, he uses the words which waken feeling.
Introduction
L’Education, c’est la formation globale d’un individu à divers niveaux (au niveau
religieux, moral, social, technique, scientifique, médical, etc.). L’éducation est de ce fait
l’action de développer chez l’individu un ensemble de connaissances et de valeurs morale,
physique, intellectuelle et scientifique afin qu’il atteigne le niveau de culture souhaitée.
Elle permet de transmettre d’une génération à l’autre la culture nécessaire au
développement de la personnalité et à l’intégration sociale de l’individu. Eduquer n’est pas
une chose facile. L’on doit trouver des moyens efficaces pour faciliter le processus
d’éducation. Chez le peuple mandingue, l’éducation s’inscrit dans un processus. L’un des
moyens auxquels ce peuple a recours est la chanson. La chanson n’est pas seulement
utilisée comme moyen ludique mais aussi et surtout comme un canal de transmission de
savoirs. Le processus dans lequel s’inscrit l’éducation est long et se fait au moyen de la
langue. Tout ceci confère à l’individu une identité. Au regard de cela, nous nous posons la
question qui est de savoir la place ou le rôle de la chanson dans la vie des mandingues.
Que véhiculent ces chansons pour que ce peuple s’y intéresse ? Que représente réellement
la chanson pour les mandingues ? D’abord, nous allons établir une approche sur le concept
de l’éducation. Ensuite, nous nous attellerons à faire une brève présentation du milieu
mandingue. Et enfin, nous présenterons des textes et messages de quelques chansons
mandingues qui prônent des savoirs pour la bonne marche des individus.
1. Approche conceptuelle
L’enjeu de l’éducation réside dans sa capacité en tant que véhicule de transmission
de savoirs aux générations futures. En tant que telle, l’éducation constitue un moyen de
défense pour cette catégorie sociale en lui permettant de faire face aux difficultés de la vie.
Nous avons pu identifier trois catégories de savoirs. Ce sont :
Le savoir correspond aux connaissances acquises par apprentissage ou par
expérience. Les moyens qui sont mis à la disposition des apprenants pour acquérir aux
mieux les connaissances que sont la lecture, l’écriture, les mathématiques, etc.
Le savoir-faire quant à lui correspond à des compétences pratiques. Ce sont les
expériences acquises dans l’exercice d’une activité artisanale, artistique ou intellectuelle.
Le but visé ici est de trouver tous les moyens pouvant permettre aux individus d’acquérir
au mieux des compétences et des habilités pratiques. Les compétences acquises aux cours
des différentes formations doivent leurs permettent de subvenir aux besoins et aux
difficultés auxquels ils seront amenés à faire face.
Le savoir-être, lui, s’acquiert en partie par la connaissance de savoirs spécifiques.
C'est le reflet de notre personnalité (qualités, défauts). C'est aussi la capacité à s'adapter à
des situations variées, un mode de fonctionnement. Il a également pour objectif de
permettre aux apprenants d’acquérir au mieux la maitrise d’actions et de réactions
adaptées à leur organisme et à leur environnement : préservation de l’environnement,
hygiène, contrôle émotionnel, contrôle comportemental, responsabilisation, actions pro
sociales, coopération, gestion des conflits…
rencontre dans la société traditionnelle. On tient compte dans cette société des facteurs
comme : l’âge, le sexe, la caste, la religion. Mais l’école a pris le relais. La majeure partie
du processus d’éducation se fait à l’école car elle est reconnue par l’Etat. Il ne faut oublier
de préciser que les apprentissages se font toujours auprès des parents. L’un des moyens
auxquels ce peuple a recours pour inculquer ses savoirs est la chanson.
3.1 Le respect
C’est l’une des principales vertus que l’on apprend aux individus. Les hommes et
les femmes sont tous deux concernés Et cela à toutes les étapes de leur vie. Nous pouvons
citer entre autres le respect des parents, des autres, du mari, de la femme, des beaux-
parents, de l’environnement, etc.
(27)-kan’ o surundu
Proh-lui-adresser un sifflement de mépris
Ne lui adresse pas un sifflement de mépris
(35) O den tɛ to kɔ
Son-enfant-nég-rester-derrière
Verra tous ses enfants réussir
- Le respect de l'environnement
Les chansons mandingues nous incitent aussi à la préservation et au respect de
notre environnement. Elles nous enseignent les bienfaits des choses qui nous entourent.
Voir chanson 4 « farafina danbe » 1
(5) Kana tolon kɛ sɛnɛ la
Proh-amusement-faire-culture de la terre-post
Ne joue pas avec la terre
1
A. kébé,op.cit , chanson 4 « farafina danbe » ,en annexe
Cette chanson nous enseigne les comportements à adopter et à éviter pour la protection de
l’environnement qui nous entoure c’est-à-dire la faune, la flore, l’air et l’eau. Environnement sain
équilibré. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à un grave problème : celui du réchauffement
climatique, des feux de brousse, désertification et de la pollution. Nous pouvons mettre à profit
cette chanson en vue de sensibiliser les populations sur les dangers des actions qu’elles posent et
qui détruisent l’environnement. La chanson « farafina danbe » de Nahawa doumbia suscite l’envie
de lutter en faveur de la préservation de l’environnement. Cette chanson est en rapport avec la
convention des droits de l’enfant (article 29), dont l’un des alinéas stipule qu’il faut inculquer à
l’enfant le respect du milieu naturel.
3.2 Le pardon
Le pardon est l’une des valeurs que chaque être humain doit cultiver. Pardonner,
c’est avancer, ce n’est ne pas regarder derrière soi.
(11) yafa o bamuso ma2
Pardonner-leur-mère-post
Pardonne à la mère
(1) sabari4
Pardon
Pardon
(2) sabari
Pardon
Pardon
2
A. kébé, op.cit chanson 3 en annexe
3
A. kébé, op.cit chanson 9 en annexe
4
A .kébé, op.cit chanson11 en annexe
(4) ni i ki sabari
Si-tu-préd-pardonner
Si tu pardonnes
Dans les chansons 3, 9,11, monèmes qui renvoient au pardon sont nombreux d’où
l’importance de ce mot yafa, akɛ to, sabari. Ces différents vers que l’on retrouve dans ces
chansons insistent beaucoup sur le pardon qui est une valeur que l’on acquiert avec
beaucoup de sacrifices. Ce thème est d’actualité en Côte d’Ivoire parce qu’une cérémonie
officielle a été organisée à l’endroit des victimes de la crise post-électorale afin qu’elles
puissent pardonner tout le mal qui leur a été fait car rien ni personne ne pourra réparer le
préjudice qui leur a été causé. Dans ce cas précis, c’est akɛ to (réfléchir et pardonner sans
aucune envie de vengeance) qui est approprié dans ce type de circonstance. Lorsqu’on
arrive à franchir cette étape, l’on est libéré du lourd fardeau qui pesait sur soi. Accepter
de pardonner malgré toutes les frustrations, permet de récolter de nombreux bienfaits
comme l’affirme la chanteuse Mame miss dans le vers 5 de la chanson 11.
3.3 Le travail
C’est ce par quoi se définit l’homme. Le travail permet à l’homme de subvenir à ses
besoins. C’est l’un des objectifs que doit se fixer un homme. Il est un moyen
d’affranchissement pour ce dernier. Les chansons mandingues également encouragent au
travail ; elles montrent que le travail paie et que la récompense au bout de l’effort. Les vers
3 et 4 de la chanson 7 le montrent clairement. 5 Le travail permet à l’individu de se faire
une place dans la société. Selon les mandings, un homme qui ne travaille pas sa place
parmi eux. Nous constatons qu’il y a répétition du lexème baara d’où son importance dans
la vie. Le travail permet à l’homme d’affirmer son autonomie, d’être indépendant et libre.
(3) Sunguru min ma baara kɛ ka jugu sɔn pɛrɛn do
Jeune fille-qui-nég-travail-faire-préd-ennemi-cœur-briser-porter
La jeune fille qui n’a pas travaillé pour porter ce pagne
5
A. Kébé, op.cit chanson 7 en annexe
6
A. kébé, op.cit chanson 9 en annexe
composantes du baara (travail). L’homme peut se vanter des qualités de son épouse
devant ses amis. Chez les mandings, le travail pour l’homme et pour la femme ne se
situe pas au même niveau. Cette différence est due en partie au fait qu’ils n’occupent
pas la même place dans la société. Dans cette société, l’homme et la femme ont tous
deux des droits comme des devoirs. Pour revendiquer ses droits, il faut Que l’un ou
l’autre accomplisse ses devoirs. Chez les mandings comme chez beaucoup de
peuples surtout africains, certains devoirs sont propres aux femmes entre autres
l’éducation des enfants, les travaux ménagers, etc. Oumou sangaré incitent les mères
ainsi que leurs filles à l’endurance, au respect et à la maîtrise de soi, etc. Ces
qualités constituent des armes pour les femmes. Munies de ses armes, elles pourront
donnés conseil aux plus jeunes tout en se servant des expériences vécues. Cela est
perçu dans la chanson 5 à travers les vers 3 à 7 ; 10 à 177 .
(35) ne ba ma n degi tobili la
Moi-mère-nég-moi-apprendre-cuisiner-post
Ma mère ne m'a pas apprise à faire la cuisine
7
A. kébé, op, cit chanson 5 en annexe
Conclusion
Au terme de notre analyse, nous constatons que loin d’être un moyen de distraction,
les chansons mandingues sont des sources inespérées et inestimables de richesses. A
travers elles, nous connaissons l’histoire et bien d’autres choses nous concernant et
concernant les autres. Pour notre part, c’est le moyen le plus accessible et le plus ludique
pour transmettre des savoirs. Les chansons s’adressent à toutes les classes et catégories
d’âges. Elles permettent d’acquérir de nombreux savoirs tels que le respect, le pardon, le
travail, etc. dont se servira l’homme pour mener à bien sa vie.
Références bibliographiques
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Discographie
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Doumbia , nahawa (1993), « farafina danbe » dans Mangoni ,Syllart productions.
Mame, miss (2010), « sabari » dans Sabari, Blv.
Sangare, oumou (1993), «bi furu » dans ko sira , World circuit records.
Sangare, oumou (1993), «sigi kuruni » dans ko sira , World circuit records.
Chanson populaire, « kɔmɛsi ».
Chanson populaire, « sigi ».