ARTICLE
Violette Nozières
ENTRE CRIME ET SURRÉALISME
L
année dernière la France a connu un grand
retentissement à cause de l’affaire Violette
Nozières, une jeune parricide de 18 ans
accusée d’avoir empoisonné ses parents, sa
mère survit mais son père meurt. Non
seulement Violette tue son père crime s’il en
est, mais elle dénonce aussi l’inceste qu’elle a
subi.
Suite à ça s’ensuivent des dizaines et des
dizaines d’articles sur cette affaire tragique
dans lequel les journalistes donnent leur avis
: neutre, pour ou contre, comme exemple
nous avons Marcel Aymé qui est pour En parallèle de cette affaire, peu avant le
Violette en cherchant à ridiculiser la justice procès de la jeune femme, un recueil
et la presse par l’aveuglement des composé de poèmes et de dessins à son nom
journalistes et en soulignant la bêtise et est publié à Bruxelles. Le recueil est pensé et
l’incompétence des juges, pour dénoncer le réalisé par un groupe d’artistes surréalistes.
patriarcat il donne une image très sombre et Notamment André Breton qui prône la
presque diabolique de la justice. libération des instincts et la révolte contre
toutes formes de dominations, qu’elles
soient sociales ou familiales. Pour lui,
l’histoire de Violette Nozières n’est pas
seulement un crime, mais aussi celle d’une
révolte contre la figure patriarcale
représentée par son père. Paul Eluard un
autre surréaliste du groupe, fasciné par les
aspects psychologiques de l’histoire de
Violette, notamment la violence intérieure
et les émotions extrêmes qui ont conduit
son acte. D’après lui la jeune criminelle est
Après Marcel Aymé, une écrivaine appelée l’illustration de la folie amoureuse et de la
Colette prends la parole sur cette affaire, rébellion passionnée contre les normes.
cette fois-ci elle ne défend pas l’accusé et Pour Dali, l’affaire Violette Nozières est un
juge négativement le procès. Elle donne un exemple fascinant de pulsions inconscientes
portrait un négatif de Violette, selon elle refoulées qui surgissent das des actes
c’est une enfant sans honneur, qui a sacrifié violents et irrationnels. Il interprète le crime
son amour propre : amants, fêtes, alcool, de Violette comme une manifestation des
prostitution. Colette dénonce fermement ce conflits profonds, issus d’un mélange
crime, pour elle, Violette est avant tout une d’amour-haine envers son père.
meurtrière ; et rien n’excuse de tuer.
Dans ses oeuvres, Dali explore les désirs et l’esprit humain, sans se soucier des notions
les peurs cachées, souvent représentés par de bien et de mal.
des images oniriques et troublantes.
Enfin nous avons René Magritte, maître de
l’énigme visuelle et des illusions d’optique.
Dans l’histoire Violette Nozières, il voit un
jeu de masques, une façade qui dissimule
des vérités plus sombres et des conflits
cachés.
Un poème de E.L.T. Messens intitulé “ On
ne conduit pas sa fille comme un train ” ,
dans le recueil Violette Nozières, parle de la
relation compliquée et tragique entre
Violette et ses parents, surtout avec son
père. Il aborde des thèmes comme l’autorité
et la révolte. Il utilise l’image d’un train
pour illustrer l’idée d’un contrôle forcé et
strict, qui finit par “ dérailler ” tout comme
Violette.
André Breton a fait un dessin pour le
recueil Violette Nozières, intitulé “ Portrait
Paranoïaque de Violette Nozières ” et
montre une version surréaliste et un peu
bizarre de Violette. On peut voir des formes
humaines mélangées avec des éléments
organiques et mécaniques, ce qui rend
l’image super troublante. Breton a choisi de
faire un portrait en mode “ paranoïaque-
critique ” pour montrer à quel point
Violette est instable. C’est une jeune femme
qui se débat avec des envies contradictoires
et un désir de liberté, mais dans une société
qui la juge sévèrement.
L’affaire Violette Nozières, scandaleuse et
tragique a fasciné les surréalistes qui y ont
vu une métaphore de la rébellion contre la
société patriarcale. Violette, par son crime et
par son rejet paternelle, représente cette
recherche surréaliste de liberté totale pour
