Exposé sur le mariage dans Une si longue lettre de
Mariama Bâ
Introduction
Une si longue lettre est le premier roman de l'écrivaine sénégalaise Mariama Bâ, née le 17
avril 1929 à Dakar. Publié en 1979 aux Nouvelles Éditions Africaines, ce roman épistolaire
raconte, sous la forme d’une longue lettre adressée à son amie Aïssatou, l’histoire de
Ramatoulaye, une femme confrontée au veuvage et aux réalités du mariage dans la société
sénégalaise.
À travers cette œuvre, Mariama Bâ met en lumière les contraintes et les injustices
auxquelles les femmes sont soumises dans le cadre du mariage, notamment à travers la
polygamie et les mariages forcés. Notre étude s'articulera autour de trois axes : la
conception du mariage, la place de la femme face aux problèmes conjugaux et enfin, la
polygamie et ses conséquences.
I. La conception du mariage
Dans Une si longue lettre, Mariama Bâ critique l'organisation patriarcale de la société
sénégalaise, influencée par les traditions et la religion. Le mariage est souvent présenté
comme une institution où l'homme domine, tandis que la femme est contrainte de s’adapter.
1. Un mariage sous le poids des traditions
Ramatoulaye, au début de son mariage avec Modou Fall, est une femme traditionnelle et
soumise, qui accepte les normes établies.
Cependant, son évolution au fil du roman montre son cheminement vers une pensée plus
moderne et critique.
L’exemple de son amie Aïssatou, qui quitte son mari Mawdo après qu’il a pris une seconde
épouse sous la pression familiale, illustre une autre réaction face à cette oppression.
2. Un mariage imposé par la société
Ramatoulaye et Aïssatou subissent des choix matrimoniaux influencés par leur entourage.
Binetou, contrainte d’épouser Modou à cause de la pression de sa mère, représente le cas
d’un mariage arrangé basé sur des intérêts financiers.
Ces unions révèlent les inégalités entre hommes et femmes dans le mariage.
II. La femme face aux problèmes du mariage
Dans ce roman, Mariama Bâ adopte une perspective féministe pour montrer comment
certaines traditions rendent la vie conjugale difficile pour les femmes.
1. L’attitude hostile des belles-mères traditionalistes
Les belles-mères sont parfois des figures d’oppression, comme Tante Nabou, qui pousse
son fils Mawdo à épouser une autre femme malgré son mariage avec Aïssatou.
Mariama Bâ critique l’influence excessive des traditions sur la vie des femmes, même
lorsque celles-ci sont éduquées et indépendantes.
2. Le mariage forcé et ses conséquences
Le personnage de Binetou illustre la souffrance des jeunes filles contraintes au mariage pour
améliorer la situation économique de leur famille.
La mère de Binetou fait pression sur sa fille en lui promettant une vie meilleure, mais ce
mariage détruit son avenir et son bonheur.
3. Le mariage face aux problèmes de caste
Aïssatou subit le rejet de la famille de son mari Mawdo à cause de son origine sociale
modeste.
Face à cette discrimination, elle fait le choix courageux de divorcer et de s’émanciper.
III. La polygamie et ses conséquences
La polygamie est l’un des thèmes majeurs du roman. Mariama Bâ en fait une critique
sévère, montrant ses effets destructeurs sur les femmes.
Ramatoulaye subit la trahison de Modou, qui épouse la jeune Binetou après 25 ans de
mariage.
Son abandon illustre l’injustice dont souffrent les femmes, qui se retrouvent souvent
délaissées, sans soutien affectif ni matériel.
Aïssatou, elle, refuse la polygamie et choisit l’indépendance en quittant son mari.
Mariama Bâ présente la polygamie comme une source d’humiliation et de souffrance pour
les femmes, qui ne bénéficient d’aucun pouvoir de décision face aux choix de leurs maris.
Conclusion
À travers Une si longue lettre, Mariama Bâ offre une critique profonde du mariage dans la
société sénégalaise. Elle dénonce les injustices subies par les femmes, notamment à
travers la polygamie, les mariages forcés et l’influence des traditions. L’auteure met en avant
la nécessité de l’éducation et de l’indépendance féminine comme des moyens
d’émancipation.
Son message est clair : pour que le mariage soit une union équilibrée et heureuse, il doit
être fondé sur le respect, l’égalité et le libre choix des époux.