Bulletin de la Société Botanique de France
ISSN: 0037-8941 (Print) (Online) Journal homepage: www.tandfonline.com/journals/tabg17
Note sur l'utilisation de quelques Bignogniacées
dans la thérapeutique indigène de la Côte d'lvoire
J. Kerharo & A. Bouquet
To cite this article: J. Kerharo & A. Bouquet (1947) Note sur l'utilisation de quelques
Bignogniacées dans la thérapeutique indigène de la Côte d'lvoire, Bulletin de la Société
Botanique de France, 94:7-8, 251-253, DOI: 10.1080/00378941.1947.10834626
To link to this article: https://doi.org/10.1080/00378941.1947.10834626
Published online: 10 Jul 2014.
Submit your article to this journal
Article views: 1695
View related articles
Citing articles: 1 View citing articles
Full Terms & Conditions of access and use can be found at
https://www.tandfonline.com/action/journalInformation?journalCode=tabg18
RERHARO ET BOCQCET. - THJ:;HAPECTTQUE DE LA CÔTE n'IVOIRE 2Gl
Elatine madagascariensis Perrier de la Bâthie sp. nov.
Forma submersa: Caules simplices erecti, 5-10 mm. longi, rubri, ad nodos
subtlilatata.ti, infernc radieantcl!, sub<lense conferti. Folia opposita sessilia,
crassiuscula, suborbieularia vel Ja,te elliptiea (1,5-2 x 1-1,5 mm.), obsolete
uninervia. .Stipulœ intrapetiolare.;; tenui;,;:;imœ, suhlaeerœ, fugaees. Pedicelli
axillares, altcmi, .->olitarii, rubri, uniflori, rigidi, :~-[l mm. longi, foliis 3-plo
vel 4-plo longiorcs. Calyx tripartitus, laeiniis ohtuso-oblongis (0,6 x 0,3 mm.).
Petala 3 suborbieularia, sepalis duplo majora. Stamina 6, fila.ment.is 0 mm. 5
longis, antheris ovoideis rubris ro mm. 2). Germen turbina.tum subdiscoidale,
0,5 mm. laturn, stylis brevissimis conniveutibus a coronatum. Cî!psula ! ...
SemirH1 ~--·
Cette plante nous paraît distincte de toutes les espèces de la section
Elatinella par son port, ses tiges submergées simples, dressées, nom-
breuses, serrées en toufie assez dense ; ses feuilles sessiles presque rondes ;
ses longs pédicelles rigides et ses fleurs trimères à 6 étamines. Le port
exondé, les capsules et le!; graines en sont encore inconnus.
Cette plante n'a été aussi observée qu'une seule fois, mais en assez
grande abondance, dans les eaux vives ùu massif d'Andringitra (S.-E.),
vers 2.200 mètres d'allitude, en février 1922 (Perrier 14.51H).
Note sur rutiJisation de quelques Bignognia-
cées dans Ja thérapeutique indigène de Ja
Côte d' 1voir~
PAR J. KEHHATIO ET A. BOUQUET
Les arbres et les arbustes de la famille des Bignogniacées sont parti-
culièrement remarquables par leurs fleurs très voyantes, aux couleurs
vives, leurs fruits très longs et souvent très gros. Ils se reconnaissent
aisément à leurs feuilles composées pennées opposées, non stipulées
dont le rachis, renflé aux nœuds, paraît formé de segments placés bout
à bout ct articulés aux _jointures.
Très répandus en Basse et Moyenne Côte d'Ivoire, ils sont bien connus
des indigènes et nombre d'espèces sont utilisées par les guérisseurs
locaux à des fins thérapeutiques.
Nous avons constaté que les exemplaires adultes sont généralement
bien entretenus ; souvent même ils ont été plantés par les villageois et
nous trouvons là um• explication possible de leur grande dispersion en
savane comme dans les formations secondaires de forêt.
Les cinq genres africains: J{igelia, Stereospermum, Spathodea, Mar-
khamia, Newbouldia sont représentés à des titres divers dans la Phar-
macopée et il nous a paru intéressant d'en donner ici quelques exemples.
Kigelia africana Benth. - Vulgo: Saucissonier. - Vern.: Sidia,
findia, findian (Dioula); - Blimo (Baoulé); - Sindiamba (Bambara).
Cette espèce ne nous paraît pas très fréquente en Moyenne Côte
d'Ivoire où nous ne l'avons rencontrée que dans des villages où elle
avait été plantée pour ses propriétés médicamenteuses ou magiques.
Poussant alors dans de mauvaises conditions écologiques, le K. africana
prend des allures tourmentées et rabougries ne rappelant que de loin
les individus que l'on peut voir en terrains humides au Soudan et en
Guinée.
252 S~ANCE DU 24 OCTOBRE 1947
Les populations fétichistes Sénoufos paraissent ignorer son usage
thérapeutique, mais considèrent le fruit comme un bon fétiche de la
fécondité et, pour cette raison, le suspendent parfois dans leurs cases.
Par contre, les guérisseurs Dioulas et Baoulés utilisent fréquemment
les écorces et parfois les feuilles dans le traitement de la dysenterie,
des maux de ventre et de rein.
Les écorces sont employées soit seules, soit associées à d'autres espèces
médicinales telles que : Olax subscorpioidea Oliv., Cleroaendron capi-
tatum Schunn. et Thonn., Carapa procera DC., soit additionnées << d'épi-
ces )) : graines de maniguette et fruits du Xylopia œthiopica A. Rich.
L'administration se fait généralement en lavement et en boisson.
Dans le premier cas, les écorces sont pulvérisées au mortier jusqu'à
l'obtention d'une pâte qui est délayée dans la quantité d'eau suffisant~.
Dans le deuxième cas, les feuilles ou les écorces contusées sont placées
dans un canari plein d'eau ; après une ébullition relativement longue
(1 /2 à 3 heures), le décocté, filtré sur une toile grossière, doit être con-
sommé par le patient dans le courant de la journée.
Nous avons vu employer le même décocté d'écorces en bains de vapeur
dans un traitement des morsures de serpent. Ce n'était là d'ailleurs
qu'une opération préliminaire destinée à ramollir les plaies et à favo-
riser l'action ultérieure des emplâtres.
Stereospermum acuminatissimum K. Schum. - Vern. : Demontoué
(Guéré).
Nous avons rencontré un très hel exemplaire de cet arbre au bac du
Sassandra, sur la route de Duékoué à Daloa; écorcé à' hauteur d'homme,
il portait les stigmates de son utilisation fréquente. Il nous fut, en effet,
confirmé que son écorce, considérée comme douée de propriétés hémos-
tatiques et cicatrisantes, était couramment employée dans Je traitement
des plaies et blessures de la façon suivante : lavage avec le décocté tiède
d'écorces, suivi de l'application du jus obtenu en pilant des écorces
fraîches au mortier.
Spathodea campanulata Beauv. - Vulgo. : Tulipier du Gabon. -
Vern.: Biébié biébié (Boulé);- Zéblé zébré (Bété de Gagnoa); - Tiéré,
Missiboiri (Dioula); - Assien (Tagouana).
Le S. campanulata est un bel arbre, très décoratif, de la zone fores-
tière et de la savane. Il ne peut pas passer inaperçu à l'époque de la
floraison, car, outre son port puissant et son feuillage dense qui le dési-
gnent à l'attention, ses magnifiques fleurs de couleur rouge vif attirent
le regard et le font reconnaître de très loin.
Ses usages thérapeutiques sont très variés. On se sert principalement
du décocté de feuilles en boisson comme contre-poison, du macéré d'écorces
en lavements contre les maux de rein, de la pulpe d'écorces en frictions
et en applications dans le traitement des œdèmes et des affections cuta-
nées (mycoses, impétigo, herpès, etc ... ).
Chez les Baoulés, le jus obtenu en pilant le mélange : écorces de S.
campanulata et le fruit de kola, est appliqué localement dans le trai-
tement du ver de Guinée. II s'agit ici d'un traitement symptomatique,
cas particulier du traitement plus général des œdèmes, ces applications
étant probablement destinées à faire diminuer l'enflure causée par la
présence de la filaire dans Je système lymphatique de la jambe.
Markhamia tomentosa K. Schum. -Vern.: Blou (Yacouba); - Poi
oun doubou (Guéré).
F. PELLEGRIN. --LES ANNONACÉES DU GABON 253
En Côte d'Ivoire, l'emploi du Markhamia tomentosa paraît moins
généralisé que celui des autres Bignogniacées, mais son action, au dire
des guérisseurs, serait particulièrement efficace -dans le traitement des
dermatoses, des plaies, de la gale.
Les feuilles et les écorces sont pilées au mortier avec du jus de citron
jusqu'à obtention d'une pâte assez molle. Le jus, recueilli pàr expres-
sion, est administré en lotion, tandis que les marcs servent à bouchonner
énergiquement le malade. Pour les plaies, un chiffon, imprégné de la
préparation, est appliqué à la façon d'un pansement humide.
Newbouldia lœvis Seem. - Vern. Tonzué (Baoulé); - Siddo (Bété
de Gagnoa); - Bolou, Zotou (Guéré).
Cet arbuste se rencontre fréquemment dans toute la Côte d'Ivoire,
que ce soit dans la savane Baoulée ou dans la zone forestière.
Les populations de savane lui accordent peu de propriétés thérapeu-
tiques. Par contre, dans les zones forestières où il est d'introduction
relativement _récente, il est fréquemment utilisé, plus particulièrement
par les races se situant à l'ouest du Bandama : Bétés, Guérés, Krous,
Néyaux.
Chez les Bétés et les Guérés il est considéré comme un bon médi-
cament des céphalées, sinusites, coryzas, etc ... , en poudre nasale : les
écorces sont broyées au mortier avec du sel de palmier (C03K2) ou du
sel de Taoudenit et des fruits de Pipa guineense Sebum. et Thonn. La
poudre obtenue est desséchée au soleil et conservée dans une corne
d'antilopiné, ou plus prosaïquement dans une petite boîte métallique.
Une à deux prises chasseraient les migraines les plus rebelles.
Chez les krous de Barou, Patocla, Grabo, la décoction est donnée en
boisson dans le traitement de l'épilepsie ct des convulsions des enfants.
CONCLUSIONS.
Les représentants africains de la petite famille des Bignogniacées
jouissent incontestablement de la faveur des guérisseurs indigènes dans
le traitement de quelques maladies mineures.
Si leur systématique est bien connue, la composition des principes
actifs contenus dans les écorces et les feuilles n'a pas encore été étudiée
et nous pensons qu'il y aurait dans ce domaine matière à recherches
pour les chimistes.
Les Annonacées du Gabon
PAR FRANÇOIS PELLEGRIN
1. MEIOCARPIDIUM, ARTABOTRYS, PSEUDARTABOTRYS, ÀNONlDIUM,
Dans cette étude, je me propose de passer en revue tous les genres
signalés, à ma connaissance, au Gabon et dans la partie méridionale
du Cameroun, en donner les espèces, et pour terminer une clef de déter-
mination de ces genres gabonais.
Meiocarpidium Engl. et Diels.
Arbres caractérisés par les poils écailleux peltés qui couvrent les
ramules. Les deux cyCles de pétales sont peu inégaux, portant des poils