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1. Cadre
Le rapport examine les problèmes d‘infrastructure dans le contexte des objectifs et de
politiques économiques plus larges poursuivis par le gouvernement du Gabon. Il semble
clair que la stratégie du Gouvernement insiste sur le besoin de diversifier l‘économie du pays
en réduisant la dépendance à l'égard du pétrole pour pouvoir acquérir une base de
ressources plus large et également procéder à la transformation intérieure de diverses
matières premières. En outre, le Gouvernement souhaite promouvoir le tourisme de façon à
orienter le pays vers une économie davantage basée sur les services.
Cette politique économique élargie a des incidences directes sur les secteurs des
infrastructures :
Compétitivité des coûts et accès aux services d‘infrastructure: Le coût des services
d‘infrastructure devient un paramètre crucial. Dans des économies dépendantes du
pétrole, il est fréquent de considérer les coûts élevés des services d‘infrastructure
comme un sous-produit résultant de la répartition de la richesse générée par les
recettes du pétrole. Les coûts élevés ont tendance à être la conséquence du suremploi
et d‘une exigence visant à effectuer une péréquation avec des services souhaitables
2. Diagnostic
Ce rapport se concentre sur les trois secteurs clés des infrastructures : l‘électricité et l‘eau,
les transports et les télécommunications.
A. Secteur de l’électricité et de l’eau
La concession des services d‘eau et d‘électricité du Gabon, en place depuis 1997, est
généralement perçue comme un rare exemple de réussite en termes de participation du
secteur privé dans le domaine des infrastructures en Afrique subsaharienne. En effet, le
concessionnaire – la SEEG, dont l‘actionnaire majoritaire est Veolia – a enregistré de
bonnes performances financières et a atteint voire dépassé ses objectifs en termes de
couverture des services à la fois pour l‘eau et l‘électricité. Plus récemment, la nécessité
d'importer des équipements de génération thermique, suite à la conjonction de divers
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon ii
Juin 2007
facteurs défavorables, et le différend fiscal avec le Gouvernement, ont menacé la position
financière de la SEEG.
Le contrat de concession actuel a répondu aux préoccupations des secteurs électricité et
eau, telles qu'elles se posaient à la fin des années 1990:
il y avait, apparemment, une surcapacité de génération électrique, tandis que l'état de
l'infrastructure était mauvais, et le nombre de connexions faible. Les objectifs de la
concession et le plan d'investissement soulignaient donc l'investissement dans la
distribution d'eau et d'électricité;
le gouvernement du Gabon prévoyait d'être directement impliqué dans les
investissement de production d'électricité;
la compétitivité internationale de l'industrie Gabonaise n'était pas élevée, avec aussi la
nécessité de préserver les tarifs domestiques pour l'eau et l'électricité au niveau
socialement acceptable. Les précédentes études de la concession ont suggéré que les
subventions croisées pourraient être un moyen efficace d'améliorer l'accès des
consommateurs domestiques à l'eau et à l'électricité; cependant, les choses pour ces
deux secteurs ont changé depuis.
la compétitivité internationale du Gabon, en terme d'activités industrielles, est devenue
une priorité pour le Gouvernement qui est préoccupé par le faible taux de
transformation des matières premières, celles-ci étant principalement exportées à l'état
brut. Les coûts de l'énergie sont un facteur important dans le choix de l'emplacement
des activités de transformation.
La subvention croisée provenant des consommateurs industriels d‘électricité (moyenne
tension) au profit des consommateurs domestiques d‘électricité (basse tension) et aux
usagers des services d‘eau, abouti à des tarifs industriels d'énergie relativement élevés. Cela
étant, la portée de la subvention croisée est telle qu‘elle rend la transformation à haute
intensité énergétique au Gabon non compétitive. En ce qui concerne la moyenne tension, le
tarif moyen est environ de 11.2 cents américains1 et reste sensiblement supérieur au prix
industriel dans les pays, en Europe et en Asie, auxquels les exportations gabonaises sont
destinées. Par exemple, dans l'UE le tarif moyen industriel est de 9.3 cents par kWh, et de
6.4 cents dans la province de Guandong en Chine.
Le tarif MT relativement élevé semble expliquer une croissance de la charge relativement
lente ainsi qu‘une autoproduction d‘électricité générée par certaines scieries qui continue
d‘être inefficace. De notre point de vue, la portée des subventions croisées est non
seulement incohérente avec la politique de diversification économique mais s'avère
également non viable, étant donné les plans du Gouvernement visant à procéder à des
investissements futurs dans le domaine de la production d'électricité.
En général, le tarif pour chaque groupe d'utilisateurs de l'énergie électrique devrait refléter
les vrais coûts du service. Ce qui suppose qu'il serait justifié de considérer le ré-équilibrage
des tarifs pendant la relecture à mi-parcours de la concession. Un tel ré-équilibrage
nécessiterait inévitablement une augmentation des tarifs domestiques. Notre analyse
préliminaire suggère que, si on parle de la couverture totale des coûts par les recettes, les
dépenses des ménages peu favorisés pourraient représenter jusqu'à 15% de leurs revenus.
Un support financier ciblé vers ces ménages serait donc justifié. De la même façon, le coût
1
La véritable structure tarifaire est complexe. Un tarif réel moyen est estimé en divisant les ventes totales aux
consommateurs industriels et commerciaux en F CFA, comme il est indiqué dans le rapport annuel de la
SEEG, par les ventes totales en kWh.
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon iii
Juin 2007
de distribution dans les zones rurales pourrait être supérieur au pouvoir d'achat de ces
populations.
Le programme du Gouvernement d'investissement dans le secteur électrique n'a pu
être entièrement réalisé, et les investissements demandés à la SEEG en matière de
production d'électricité, ont été supérieurs à ce qui avait été prévu dans le contrat. A
l‘heure actuelle, le contrat de concession n‘incite que faiblement la SEEG à investir
dans la production d‘électricité. Le tarif moyen établi pour la concession peut permettre
un montant d'investissement total limité entre aujourd‘hui et la fin de la concession en
2017. Les procédures relatives à la révision des prix sont assez onéreuses et il semble
n‘y avoir qu‘une faible volonté politique d‘augmenter le prix moyen de l‘électricité. Par
voie de conséquence, dans les domaines où des investissements supplémentaires
sont requis dans la production d‘électricité, toute allocation de fonds d‘investissement
dans la production d‘électricité doit être accordée au détriment de la distribution afin de
maintenir l‘équilibre financier de la concession. Ces dernières années, la SEEG a
procédé à des investissements supplémentaires dans la production d'électricité, juste
ce qu‘il faut pour faire fonctionner le secteur jusqu‘à la fin de la période de concession.
Dans le cadre du contrat de concession, les objectifs de qualité compliquent la tâche
de la SEEG qui a du mal à diversifier ses investissements et à se détourner de la
distribution. Au total, la SEEG a investi plus que prévu dans le contrat, ce qui semble
affecter sa position financière. Le différend fiscal actuel entre la SEEG et le
Gouvernement met en relief la nécessité d'assurer la cohérence entre le contrat de
concession et le programme d'investissement.
La partie centrale du programme d'investissement du Gouvernement concerne le projet
hydroélectrique du Grand Poubara, dont la capacité atteindrait les 300 MW. On estime que
le coût de ce projet, associé aux investissements effectués dans le domaine de la
transmission, avoisinerait les 700 millions de dollars.
Cependant, le développement de ce projet, ou d‘autres options relatives à la production
d‘électricité, doit être coordonné avec la concession et leur compétitivité et leur efficacité
respectives doivent être comparées. Pour être économique, un projet d‘une telle envergure
(comparé à la capacité existante totale de 208 MW du réseau électrique de Libreville) devrait
remplacer une grande partie de la production thermale existante et devrait être pris en
charge par des contrats d‘exploitation passés avec la SEEG elle-même et les principaux
usagers. En conséquence, il est probable que les principaux usagers sécurisent l‘électricité à
des prix plus abordables. Le développement du projet du Grand Poubara pourrait ainsi
mettre un terme au système actuel des subventions croisées.
Même si la SEEG a dépassé ses objectifs en matière d'accès à l'eau et l'électricité
dans les principales zones urbaines, l'accès dans les zones rurales n'a été amélioré
que marginalement. Le Gouvernement devra mettre un accent sur l'amélioration de
l'accès rural.
Malgré ces tensions naissantes, on peut considérer que l'approche actuelle à la régulation
des secteur de l'eau et de l'électricité par contrat a bien fonctionné et reste le meilleur
schéma pour le Gabon à l'heure actuelle. Le différend entre la SEEG et le Gouvernement
reflète les défis changeants de ces secteurs, et les tensions similaires seraient apparues
quel que fût le mode de régulation. Étant donné l'actuelle relecture de la concession, il serait
important d'assurer que le contrat dans sa partie restante réponde aux priorités d'aujourd'hui.
B. Secteur des transports
Les problèmes relatifs au secteur des transports se divisent en trois catégories :
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon iv
Juin 2007
Coût élevé de la construction et de l‘entretien des routes
Incapacité des concessions et des réseaux de transport existants à assurer le niveau
de service requis par la population, auquel vient s‘ajouter le coût élevé de certains de
ces services.
La difficulté à laquelle le Gouvernement fait actuellement face pour convertir la liste de
projets souhaités en termes d‘infrastructure de transport, lesquels vont de pair avec la
participation du secteur privé dans des projets de type BOT, en de véritables
transactions.
Construction et entretien des routes
Le développement économique du Gabon souffre d‘un réseau très limité en termes de routes
fiables. Cette situation contribue à augmenter le coût et à accentuer les retards relatifs à
l‘approvisionnement en marchandises sur le territoire, ce qui rend les importations plus
coûteuses, les exportations devenant par voie de conséquence non compétitives. Pour ce
qui est des zones rurales, l‘absence d‘un réseau routier opérationnel ne facilite pas le
passage d‘une agriculture de subsistance à une agriculture commerciale.
Le Gouvernement a créé un fonds routier de deuxième génération destiné à la construction
des routes, soutenu par une taxe sur le carburant, dans le but de financer l‘entretien des
routes. La nouvelle taxe entre en vigueur en 2007 et l‘on s‘attend qu‘elle rapporte environ 24
milliards de F CFA par an (environ 48 millions de dollars). A première vue, ce chiffre semble
plutôt élevé pour des travaux d'entretien et de réhabilitation au sein d‘un réseau limité.
Ceci s‘explique en partie par le coût plus élevé des travaux de voirie au Gabon. En
moyenne, ces travaux coûtent beaucoup plus cher que dans le reste du continent africain.
En d‘autres termes, alors que les fonds pourraient être suffisants si les prix de revient de
conversion étaient mieux contrôlés, en termes de coûts actuels ils entraîneront uniquement
des gains limités au regard de la qualité des infrastructures routières.
Le coût élevé n‘est pas imputable aux conditions naturelles du Gabon. A l‘inverse, ce coût
élevé semble découler du manque de concurrence entre les services de construction
routière. Ce manque de concurrence est le fruit des politiques gouvernementales. Le
Gouvernement est réputé de payer mal les entrepreneurs de travaux routiers dans les délais
impartis. En conséquence, seules de grandes entreprises internationales disposent des
garanties de capitaux pour se permettre de traiter avec un client susceptible de payer des
années plus tard. Ceci élimine immédiatement du marché les petites et moyennes
entreprises gabonaises. Les entreprises internationales impliquées dans la construction et
l‘entretien des routes à haute intensité de capital aspirent à obtenir des taux élevés en
matière de retour sur investissement, en partie pour compenser les risques de paiement.
Répondre au coût élevé en termes de construction et d'entretien des routes est une priorité
clé :
Au total, il semble que des fonds significatifs soient disponibles pour le secteur routier.
Si le Gabon parvient à atteindre les mêmes prix que ceux pratiqués dans les pays
voisins, le pays serait à même d‘élargir son réseau routier beaucoup plus rapidement.
Ceci permettrait de relancer considérablement le processus de diversification
économique.
La création d‘une industrie de sous-traitance nationale compétente contribuerait
également à atteindre directement l‘objectif de diversification économique. Associée à
Manque de
compétences Assistance
3. Analyse des projets technique
individuels
Coûts
transaction- Normalisation
nels élevés et diffusion
4. Gestion des
transactions Manque
d’information Promotion/
marketing
5. Gestion, contrôle et
mise en application
des contrats
Comme il est abordé dans les sections suivantes, il est loin d'être évident qu‘une division
spécialisée en PPP soit la meilleure solution pour le Gabon. Cela dit, certaines réformes
permettant au Gouvernement d'appliquer un programme PPP systématique sont
essentielles. La recommandation au Gouvernement est d‘établir un procédé systématique
visant à mettre en œuvre un programme PPP cohérent et global dans le secteur des
infrastructures et d'examiner les options institutionnelles permettant d'envisager ce type de
mise en œuvre.
L‘une des questions clés soulevée par le Gouvernement est de savoir si ce dernier possède
ou non la capacité institutionnelle suffisante pour appuyer une équipe efficace de
fonctionnaires qui coordonneraient toutes les activités de PPP au niveau national. Nous
avons rencontré un certain nombre d‘individus compétents dans diverses agences et il
semble que réunir ces derniers en vue de former une seule entité spécialisée dans les PPP
pourrait aider à former un noyau central, susceptible d‘aider le reste du service public. En
outre, un organe spécialisé en charge des PPP pourrait, au départ, s‘appuyer sur une aide et
une expertise externe, tout en formant sa propre équipe.
C. Secteur des télécommunications
L‘accès à la téléphonie mobile connaît une croissance rapide depuis que le secteur des
télécommunications est ouvert à la participation du secteur privé. Le secteur de la téléphonie
mobile GSM semble grandement dynamique et compétitif. Très récemment, un nouvel
entrant agressif a introduit des plans de tarification visant à gagner des parts de marché en
encourageant une réponse compétitive des deux réseaux les plus établis (l‘un privé, l‘autre
public). Ceci existe en dépit du manque de mesures régulatrices typiquement requises pour
créer une plate-forme propice à un marché compétitif, comme la régulation de
D. Aperçu intersectoriel
Le tableau ci-dessous propose un résumé des réformes sectorielles au Gabon et compare
les réformes selon les secteurs.
TRANSPORT
TELECOMMUNICATIONS ELECTRICITE et EAU (ROUTIER) AUTRES
Législation Récente : Loi N°005/2001 du 27 juin Le secteur est administré Aucune législation Aucune législation
2001 sur la régulation du secteur des par la loi n° 8/93 du 7 avril récente en matière récente en matière de
télécommunications au sein de la 1993 et un certain nombre de réformes. réformes.
République gabonaise. de décrets
gouvernementaux. La loi n°
8/93 gère également
l‘approvisionnement en
eau.
Organes politiques Le Ministère des Postes et des La Direction Générale de Le Ministère des Le Ministère des
Télécommunications associé au l‘Energie et des Travaux publics, de Transports est le
Ministère de l‘Economie, des Finances, Ressources hydrauliques l‘Equipement et de la principal organe
du Budget et de la Privatisation (DGERH) au sein du Construction est politique.
supervisent l‘agence de régulation et Ministère de l‘Energie responsable des
nomment son personnel clé. contrôle la bonne mise en politiques relatives
application des contrats et au transport routier.
se trouve en charge des La Direction
politiques sectorielles. Générale des
Grands Travaux est
responsable de la
construction de
nouvelles routes
tandis que la
Direction Générale
de l‘Entretien routier
est en charge du
fonds dédié à
l‘entretien des
routes.
TRANSPORT
TELECOMMUNICATIONS ELECTRICITE et EAU (ROUTIER) AUTRES
Régulation L‘agence de régulation ARTEL a été Régulé par contrat depuis Une agence de Une unité de
créée en 2001. Elle définit les principes 1997 avec la Société régulation régulation
de tarification en vigueur et joue un rôle d'Energie et d'Eau du indépendante a été indépendante a été
dans le développement du secteur et Gabon (SEEG). envisagée pour la envisagée pour
dans la politique de modernisation. L‘élaboration du contrat de sécurité routière superviser la
Alors que la sphère législative dispose concession était censée mais n‘a pas été concession ferroviaire
de tous les pouvoirs nécessaires, permettre de transférer les établie. mais n‘a pas été
l‘ARTEL en tant que tel est faible et n‘a gains d‘efficacité au établie.
pas été capable de régler les problèmes consommateur.
impliquant les différents opérateurs,
comme par exemple l‘interconnexion.
Opérateurs 4 opérateurs : Gabon Telecom, Société d'Energie et d'Eau 20 % du réseau Les voies ferroviaires,
entreprise publique, et Libertis (filiale de du Gabon (SEEG), routier est géré par les ports et les
Gabon Telecom spécialisée dans la concessionnaire privé. l‘Etat et 80% par des aéroports sont
téléphonie mobile), qui, après leur entrepreneurs privés administrés dans le
récente privatisation en 2007, sont embauchés par le cadre de concessions
devenus le Groupe Gabon Telecom ; gouvernement. appartenant soit à des
Celtel et Telecel (opérateurs privés entreprises publiques,
dans le cadre d ‗un nouvel soit à des entreprises
arrangement). privées.
TRANSPORT
TELECOMMUNICATIONS ELECTRICITE et EAU (ROUTIER) AUTRES
Tarification/Durabilité Les tarifs restent très élevés, reflétant La concession est durable Les coûts unitaires Les informations
opérationnelle les coûts d‘interconnexion et les taxes d‘un point de vue dans le secteur relatives aux
de transit international excessives. Le opérationnel et routier sont concessions
faible investissement dédié au réseau s‘accompagne d‘une particulièrement existantes sont à ce
de lignes fixes a fait que ce dernier ne croissance de charge élevés. En dehors jour insuffisantes. Peu
joue plus aujourd‘hui un rôle utile. faible. Dans la mesure où des villes principales, d‘informations sont
la croissance de charge le réseau routier est dévoilées.
augmente, les fonds de qualité médiocre,
d‘investissement alloués à réduisant ainsi la
la distribution se sont compétitivité de
transformés en un l‘agriculture et des
investissement alloué à la industries
production. Les tarifs manufacturières
restent élevés. domestiques.
Participation locale Tous les principaux investisseurs privés Le contrat de concession On compte quelques La plupart des
sont étrangers : MAROC TELECOM au est détenu par une entrepreneurs locaux concessionnaires sont
sein de Gabon Telecom, Mobile entreprise française. mais la plupart de gabonais.
Telecommunications Co. (Koweït) au ceux qui participent
sein de Celtel, Banque Atlantique (Côte au marché sont
d'Ivoire) et Emirates étrangers. Les
Telecommunications Corp (Emirats entrepreneurs locaux
arabes unis) au sein de Telecel. ne disposent pas des
ressources
financières pour
pouvoir gérer les
retards de paiement.
TRANSPORT
TELECOMMUNICATIONS ELECTRICITE et EAU (ROUTIER) AUTRES
Problèmes Les coûts très élevés réduisent l‘impact Un investissement Les coûts élevés Un investissement
spécifiques liés au des télécommunications et ne favorisent considérable dans la signifient que peu de considérable est
secteur pas la croissance. capacité de production est progrès ont été requis pour l‘entretien
Un accès à Internet de mauvaise qualité nécessaire pour répondre à effectués dans le but et l‘extension des
joue un rôle négatif sur la croissance une demande de plus en d‘améliorer le réseau services.
économique. plus importante. Ceci n‘a routier en dépit de
pas été envisagé dans le l‘engagement de
cadre du contrat de ressources très
concession, lequel s‘est substantielles.
essentiellement préoccupé
des problèmes de
distribution.
La subvention croisée des
tarifs entraîne des coûts
très élevés pour les
utilisateurs commerciaux et
industriels, réduisant ainsi
la compétitivité du Gabon.
Problèmes L‘ARTEL est le premier régulateur Le développement d‘une Le développement Le gouvernement
intersectoriels indépendant du Gabon. Développer la nouvelle capacité de du transport routier cherche à développer
capacité de régulation et améliorer la production, associé à des représente un pilier davantage
performance du secteur des coûts moins élevés, clé dans la stratégie d‘infrastructures à
télécommunications permettraient de permettrait de promouvoir de croissance. travers les PPP.
fournir une base solide, propice à davantage la
l‘évolution de la régulation dans d‘autres transformation au Gabon. Il
secteurs. se peut que la suppression
des subventions croisées
nécessite des dépenses
sociales plus importantes.
3. Perspectives d’avenir
Bien que chaque secteur des infrastructures soit confronté à des défis propres et uniques et
que chaque secteur nécessite une attention approfondie, quatre grands thèmes se dégagent
en vue d‘améliorer le secteur des infrastructures :
Le Gouvernement doit développer une capacité globale intersectorielle afin d‘élaborer
et de mettre en oeuvre des mécanismes de subvention et de soutien efficaces et
ciblés. Le Gouvernement du Gabon traverse une période de transition dans laquelle il
ne possède plus les ressources permettant de soutenir des entreprises ayant des
infrastructures inefficaces avec des subventions non ciblées mais il doit encore trouver
une solution pour gérer les conséquences sociales lorsque les services disparaîtront
ou deviendront très chers en l‘absence de subventions généralisées ou de subventions
croisées inefficaces. La réponse repose sur les principes de l‘application générale de
l‘aide basée sur les résultats (OBA) :
Fournir un soutien en échange des résultats bien spécifiés, avec des subventions
payées uniquement après livraison des résultats,
Créer des mécanismes de passation transparents afin de veiller à ce que le montant
des subventions corresponde au minimum nécessaire permettant d‘assurer le
service requis.
Alors que le Gouvernement doit développer une stratégie globale relative aux
subventions, il se pourrait que le meilleur moyen pour ce faire est de commencer en
testant une nouvelle approche dans un certain nombre de cas spécifiques. A notre
avis, le développement des mécanismes de financement basé sur les résultats (OBA)
visant à supprimer les subventions croisées des clients d‘électricité moyenne tension et
d‘assurer les services ferroviaires fiables et abordables pour les passagers offrirait
deux opportunités de grande priorité permettant de soutenir le développement de la
politique générale.
Le Gouvernement doit concentrer son attention en matière de régulation sur le coût
des services d‘infrastructure. Au Gabon, il semble y avoir un niveau élevé de tolérance
pour payer des prix élevés et auquel est associée une réticence apparente des
autorités à utiliser des outils de régulation pour diminuer les prix. Cependant, si le
Gabon veut diversifier sa base de ressources étroite, il faut que le pays commence à
prendre au sérieux la compétitivité des prix. La tarification des services d‘infrastructure
est une composante importante de la compétitivité internationale du Gabon.
Il semble que l‘inactivité relative de l‘ARTEL, l‘agence de régulation des
télécommunications du Gabon, est un exemple du manque de préoccupation en ce qui
concerne les prix. Etant donnée la croissance rapide des télécommunications mobiles,
les prix élevés continus peuvent ne pas apparaître comme un problème
particulièrement important. Cependant, une action visant à aborder la question des prix
est nécessaire si le Gabon souhaite améliorer sa compétitivité générale.
Il est proposé que l‘ARTEL entreprenne deux projets ciblés : réguler les prix
d‘interconnexion et l‘accès au câble international à fibre optique en adéquation au coût
des services.
Le Gouvernement doit développer une approche systématique pour échafauder et
négocier des projets PPP. Il existe un certain nombre d‘opportunités permettant
d‘améliorer les services d‘infrastructure à travers les PPP et comme le montrent les
expériences passées, lorsque des projets bien structurés au Gabon sont présentés sur
le marché, les intérêts ne manquent pas. Cependant, il semble y avoir une déficience
générale de compétence au sein du Gouvernement du Gabon pour mener à bien des
PPP. Ceci n‘est pas surprenant puisqu‘il s‘agit d‘une compétence spécifique
nécessitant une expérience et une attention toute particulière en matière de transaction
ainsi qu‘une compréhension limpide de la manière dont les projets PPP s‘intègrent à
l‘ensemble des priorités politiques. L‘analyse des concessions existantes abordée ci-
dessus est un regard rétrospectif analogue au type d‘analyse exigé pour de nouveaux
projets. Le Gouvernement devrait comprendre les points suivants :
Il ne devrait pas entamer des transactions PPP sans procéder à une vérification
préalable et sans avoir une idée précise des coûts probables et des problèmes de
services qui affecteraient les opérateurs du secteur privé.
Le Gouvernement doit avoir clairement assimilé la manière dont le recouvrement des
coûts sera obtenu. Quelle sera la structure tarifaire ? Y aura-t-il une demande au
niveau tarifaire requis ? Un type d‘aide gouvernementale sera-t-il nécessaire?
Par rapport à chaque projet individuel, ces questions peuvent être solutionnées en
faisant appel à des conseillers compétents en matière de transaction. Néanmoins, les
agences du Gouvernement doivent disposer de compétences internes afin de gérer le
travail des conseillers en matière de transaction. En outre, la réussite du programme
PPP dépend de la crédibilité du Gouvernement et du suivi des opérations. Un
programme systématique réduirait les risques pour les investisseurs et permettrait
donc au Gouvernement de garantir de meilleurs contrats.
Le Gouvernement doit supprimer le risque associé au paiement tardif ou au non
paiement de ses propres obligations contractuelles. Il est recommandé que le
Gouvernement examine la création d‘un fonds de garantie des risques qui protégerait
ses engagements. Un tel fonds a le potentiel de réduire le coût des opérations au
Gabon et donc d‘encourager le développement des infrastructures.
1 Introduction
Le rapport a été préparé par une équipe de consultants dirigée par SOFRECO et Castalia.
Le chef de l'équipe était Alex Sundakov (Castalia), et l'équipe sectorielle de SOFRECO était
composée de Claude de Jacquelot (Telecom), René Maillet (Énergie et Eau) et Boun
Prasong Baylatry (Transports). La responsable de l‘étude à la Banque Mondiale était
Michaela Weber, Spécialiste du Développement du Secteur Privé, Région Afrique ; Olivier
Fremond, Responsable pour le Gabon à la Banque Mondiale a aussi apporté du soutien.
Nous voudrions remercier le Gouvernement Gabonais, le Comité de Pilotage, représentants
du secteur privé, ainsi que les participants aux ateliers, pour leurs conseils, remarques et
commentaires. Le Comité de Pilotage, dirigé par Martine Mabiala (Ministère des Finances),
et comprenait Regis Immongault (Ministère des Finances), Didier Mebaley (Ministère du
Plan), Christian Lasseny (Ministère des Transports), Blandine Engonga Bikoro (Ministère des
Transports), Francis Brahime (Ministère des Travaux Publics), Marguerite Dondyas
(Ministère des Travaux Publics), Nguema Eyi (Ministère des Postes et des
Télécommunications), Marius Foungues (Président d'ARTEL) et Nguidza Okouyi (Comité de
Privatisation).
L‘objectif de ce rapport est d‘analyser le cadre actuel des infrastructures au Gabon afin
d‘identifier les obstacles et le potentiel permettant d‘améliorer les performances des secteurs
des infrastructures. De manière générale, élargir les opportunités pour une plus grande
participation du privé dans les secteurs des infrastructures est le meilleur moyen d‘améliorer
les performances. Dans la plupart des pays, la préférence politique pour la prestation
publique des services d‘infrastructure, des régimes juridiques inappropriés et des institutions
régulatrices de mauvaise qualité sont les principaux obstacles à la participation du secteur
privé.
Le casse-tête du Gabon vient du fait que ce pays est fortement ouvert à la participation du
privé : une grande proportion des infrastructures existantes appartient déjà au secteur privé
ou est exploitée par ce dernier. Les lois du Gabon ainsi que sa culture politique sont propices
à la participation du privé. Cependant, la qualité des infrastructures gabonaises et l‘accès à
divers services d‘infrastructure se trouvent bien en deçà du niveau qui pourrait être attendu
vu le revenu par habitant relativement élevé.
La Stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté, projet du Gouvernement gabonais
pour le développement économique du Gabon, met pourtant l‘accent sur l‘importance des
infrastructures à la fois pour la croissance économique et pour la réduction de la pauvreté.
L‘amélioration des infrastructures (transport, eau, énergie et technologies de l‘information et
de la communication (TIC)), constitue l‘un des « piliers » de la stratégie. En particulier, on
s‘attend à ce que l‘amélioration des routes favorise l‘activité économique et l‘intégration
régionale. Cet élément est également considéré comme un facteur clé permettant à la
population rurale pauvre de tirer profit de la croissance et d‘améliorer son accès aux services
de base.‖2
Dans une grande mesure, il semble également que les institutions régulatrices et juridiques
du Gabon devraient connaître de bien meilleurs résultats en termes d‘infrastructure que ceux
que l‘on constate aujourd‘hui. Les deux graphiques ci-dessous sont tirés de l‘étude
2
Report No. 35247-GA, Republic of Gabon Public Expenditure Management and Financial Accountability
Review (PEMFAR), Poverty Reduction and Economic Management Sector Unit (PREM3), Africa Region, Sept.
20, 2006, pp.78-85
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 18
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
3
Ces indicateurs sont basés sur les évaluations de leaders commerciaux, de groupes de consommateurs,
d‘ONG et de spécialistes politiques. L‘indicateur de qualité de régulation mesure à la fois la qualité des
règlements et la performance des institutions réglementaires, notamment les facteurs tels que la prévisibilité
des décisions réglementaires, leur interdépendance avec les pressions politiques quotidiennes et les intérêts
commerciaux spécifiques. L‘indicateur du respect du droit mesure à la fois la complétude du cadre juridique et
la performance du système judiciaire. Les pays sont classés selon le PIB par habitant. La qualité de régulation,
du respect du droit et les institutions judiciaires indépendantes sont des éléments essentiels en vue d‘une
participation efficace du secteur privé dans le domaine des infrastructures.
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 19
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
FRANCE
Normalized Regulatory Burden Index
MAURITANIA
BURKINA FASO
GHANA
MOROCCO
GABON
EQUATORIAL GUINEA
CHINA
CAMBODIA
GAMBIA
CAMEROON
INDIA
IVORY COAST
MALAWI
VIETNAM
0
RWANDA
NIGER
MALI
NIGERIA
-1
Note: Blue dots represent estimates for
the 2005 governance indicators. The thin
vertical lines represent standard errors
around these estimates for each country
-2 in world-wide sample. Black dot
represents the chosen year comparator
(if any). To add or delete countries from
the chart, click on the "Country Selection"
tab below.
LOW
203 Countries
-3
Source: "Governance Matters V Governance Indicators for 1996-2005 " by Daniel Kaufmann, Aart Kraay and Massimo Mastruzzi.
Disclaimer: The governance indicators presented here reflect the statistical compilation of responses on the quality of governance given by a large number of
enterprise, citizen and expert survey respondents in industrial and developing countries, as reported by a number of survey institutes, think tanks, non-
governmental organizations, and international organizations. The aggregate indicators in no way reflect the official position of the World Bank, its Executive
Directors, or the countries they represent. As discussed in detail in the accompanying papers, countries' relative positions on these indicators are subject to
margins of error that are clearly indicated. Consequently, precise country rankings should not be inferred from this data.
HIGH
2
FRANCE
Normalized Rule of Law Index
1
MOROCCO
BURKINA FASO
INDIA
MAURITANIA
GAMBIA
GHANA
MALAWI
MALI
EQUATORIAL GUINEA
VIETNAM
GABON
CHINA
0
CAMEROON
CAMBODIA
RWANDA
NIGER
IVORY COAST
NIGERIA
-1
recommandations sur des actions politiques spécifiques. Par essence, pour chaque secteur,
les questions suivantes doivent être posées:
Que doit-il être fait pour permettre au Gabon de bénéficier dans ce secteur de services
efficaces et compétitifs d‘un point de vue tarifaire ?
Quel soutien peut s‘avérer nécessaire pour répondre aux objectifs sociaux et assurer
en douceur la transition vers une tarification plus efficace ?
Quels arrangements régulateurs seront nécessaires pour atteindre les résultats
souhaités ?
Chiffre
Indicateurs Rang africain
1$= 516 FCFA (oct 2005)
L’agriculture
Les produits alimentaires représentent environ un cinquième des importations du pays. Le
pays reste fortement dépendant des importations alimentaires de son voisin, le Cameroun.
Le secteur agricole comprend deux grands volets, tous deux en difficulté. Un quart de la
population du pays vit en dehors des centres urbains et pratique une agriculture de
subsistance à faible rendement, ce qui favorise l'exode rural. L'autre grand volet est
constitué par les entreprises étatiques ou nouvellement privatisées (sucre) ; ces entreprises
ne sont pas rentables dans la plupart des cas.
Les entreprises étatiques dans les filières huiles de table, savons de ménage, sucre, café et
cacao bénéficient du monopole de la commercialisation des produits importés et d'origine
locale. Ces mesures témoignent de l'importance du soutien accordé au secteur agricole par
les autorités gabonaises. Les autorités préconisent le désengagement par la cession
d'activités à des opérateurs privés. Elles cherchent également à stimuler la production
alimentaire afin de diminuer le poids de ce secteur dans les importations.
La LODES a attribué au secteur agricole un rôle important dans la stratégie de réduction de
la pauvreté par le développement des capacités productives en milieu rural, de la
transformation et de la commercialisation des produits agricoles. Les orientations du secteur
portent prioritairement sur trois volets : la promotion de l‘exploitation familiale, le soutien aux
PME agricoles et le passage des systèmes extensifs de production à des systèmes intensifs,
diversifiés et durables qui préservent les sols. L‘action de l‘Etat portera sur l‘appui en amont
et en aval de la production et la mise en place de mécanismes appropriés de financement
des métiers de l‘agriculture.
La pêche
Le poisson est l'aliment de base de la population.
Avec 800 kilomètres de côte et de nombreux cours d'eau et rivières à l'intérieur, le Gabon a
une forte potentialité en matière de pêche. La pêche maritime est déjà exploitée dans le
cadre d'accords bilatéraux. La pêche continentale l'est moins et l'aquaculture est très peu
développée. Cette dernière sera développée.
Trois grands axes stratégiques sont retenus : l‘amélioration de la production nationale et la
promotion des initiatives privées (intensification et diversification des moyens de production),
le renforcement durable du secteur et du système de protection des
ressources (renouvellement, développement d‘un cadre institutionnel de bonne
gouvernance, surveillance des activités et des zones de pêches) et l‘amélioration de la
contribution du secteur à la formation du PIB.
Les forêts
La forêt vierge est propriété de l'État. Son exploitation pour le bois est en forte croissance. La
forêt couvre plus des trois-quarts du territoire gabonais et a été la première source de
recettes de l‘État avant l‘exploitation du pétrole. La filière bois a été identifiée aujourd‘hui par
le gouvernement comme un secteur à fort potentiel dans le cadre de l‘après pétrole.
Les exportations de grumes sont principalement destinées aux marchés chinois et français.
Les grumes sont frappées d'un droit de sortie de 15 pour cent, qui est suspendu pour les
produits transformés (10% des exportations en volume seulement). Les entreprises
forestières sont assujetties aux lois et réglementations en la matière. Ces mesures sont
toutefois peu efficaces en raison de carences réglementaires et du manque de ressources
affectées au respect des dispositions en vigueur.
Le concept de gestion durable pour l'exploitation des forêts a été introduit. Pour l'attribution
des titres d'exploitation, des préférences sont données aux entreprises ayant établi une
capacité de transformation.
La mise en place du nouveau code forestier (élaborer des plans d‘aménagement durables et
encourager la transformation du bois scié par la mise en place d‘une fiscalité incitative) a
bloqué dans un premier temps les projets d‘investissements et d‘aménagements forestiers.
Les opérateurs ont éprouvé des difficultés dans la recherche de périmètres disponibles
nécessaires pour le système de rotation prévu dans les plans d‘aménagement. D‘autres ont
vu leur superficie exploitable réduite pour les besoins de la création de treize parcs
nationaux sans aucune compensation. Enfin, maintenant que la règle est devenue la
concession par adjudication par opposition au gré à gré, la difficile estimation de la valeur
réelle de la ressource par zone freine l‘élaboration d‘une véritable stratégie sectorielle.
Dans un marché international mal orienté, la compétitivité de la filière reste limitée par la
concurrence accrue des bois asiatiques, par la dépréciation du dollar et par les problèmes
internes de la filière. Un plan d‘actions visant à éliminer progressivement le monopole de
commercialisation de la SNBG est en cours d‘application.
Les industries
Le Gabon a peu d'activités industrielles en dehors de la transformation des matières
premières : agro-alimentaire, industrie du bois, raffinage, matériaux de construction, .... La
part de l'industrie dans le PIB est d'environ 5%. Afin de favoriser l'implantation de nouvelles
entreprises dans le secteur, le Gabon offre des incitations d'ordre fiscal dans le cadre de la
Charte des investissements.
Les transports
Le Gabon exporte la quasi-totalité de la production nationale de pétrole, de bois et de
produits miniers, et importe la grande majorité des denrées alimentaires et produits
manufacturés dont il a besoin. Par conséquent, le transport par les voies navigables
intérieures et par voie maritime est un élément-clé de la vie économique du pays. Toutefois,
auquel il est fait référence. Des analyses complémentaires sont proposées dans d‘autres
documents, dont le ‗‘Guide du risque pays, Gabon, 2004‘‘ (COFACE) et le ‗‘Diagnostic sur le
climat des investissements, Gabon‘‘, Septembre 2004 (FIAS).
Par ‗‘attractivité et bonne gouvernance en matière de promotion des investissements‘‘, on
désigne l‘ensemble des processus institutionnels et administratifs permettant la satisfaction
de quatre critères : la prévisibilité, la responsabilité et la corruption, la transparence et l‘accès
à l‘information et la participation public-privé.
4
Sources: UNCTAD Mali, expanding and diversifying trade for growth and poverty reduction. A diagnostic Trade
integration study 2004 ; CNUCED Bonne gouvernance en politique d‘investissement au Mali. 2006. UNCTAD
Good governance in investment promotion and facilitation, Lesotho, 2003
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 32
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
La transparence et l’information
La faible disponibilité d‘informations pertinentes par le biais d‘Internet constitue un des
handicaps que se dresse devant l‘investisseur en phase de pré-investissement. Ainsi, si
certains sites (comme izf.net) offrent un aperçu sur le contexte politique et économique de
l‘ensemble de la zone, ils ne peuvent être considérés comme des portails pour l‘investisseur.
L‘absence de lieu de délivrance de formulaires nécessaires pour le lancement des
opérations d‘investissement constitue un véritable obstacle à l‘attraction des IED : en effet,
ce type de portail constitue le premier abord pour des porteurs de projets nationaux mais
aussi et surtout internationaux.
La comparaison avec d‘autres pays, moins dotés en ressources naturelles et moins
attractifs, montre que certains sont dotés de moyens d‘information qui permettent aux
investisseurs potentiels d‘abréger la phase de recherche documentaire et de disposer
d‘informations indicatives sur le parcours de l‘investisseur.
Plus généralement, la mise en place d‘une véritable stratégie de communication sur le
processus d‘investissement est nécessaire. La construction d‘un portail de l‘investissement
sur Internet, sans constituer le seul vecteur d‘une politique d‘information, constitue un outil
utile. L‘inscription du Gabon dans l‘Investment Gateway créé et alimenté sous les auspices
de la CNUCED, est souhaitable.
La participation public-privé
L‘échantillon exprime un niveau de satisfaction acceptable quant aux résultats de la
concertation public/privé en vue de l‘amélioration du climat des affaires. Toutefois, la
fréquence des concertations est jugée très insuffisante et les représentants du secteur privé
semblent peu accessibles. Les entreprises de taille moyenne opérant dans les services
plaident majoritairement en faveur d‘une concertation plus étroite pour améliorer le climat
des affaires.
La comparaison internationale avec le Cameroun (Pro-Invest), le Mali, les Maldives et le
Lesotho (CNUCED, voir plus haut), pour lesquels une enquête similaire a été réalisée,
montre que tous les pays font face aux mêmes défis en ce qui concerne la participation
public / privé. La source principale d‘insatisfaction est largement partagée : la faible
fréquence des concertations, même si par ailleurs, ces consultations permettent d‘améliorer
le climat des investissements. Pour l‘ensemble des pays de la zone CEMAC, l‘intérêt pour
une participation public-privé est plus réclamée par les grandes entreprises que par les
autres qui ont une plus faible connaissance de tels mécanismes quand ils existent.
L‘existence d‘un cadre communautaire, bien que mal identifié, est jugée par un tiers de
l‘échantillon comme étant important, les moyennes et les grandes entreprises le jugent soit
peu important soit négligeable. Il est jugé important par les entreprises de la filière
agroalimentaire et par les NTIC.
La qualité de la main d‘œuvre, sans être un obstacle, ne constitue pas pour autant un des
déterminants fondamentaux de l‘attractivité du pays, sauf pour les entreprises de service. Il
serait stratégique d‘évaluer les qualifications disponibles et leur adéquation non seulement
avec les demandes des investisseurs étrangers mais aussi dans le cadre de la constitution
d‘un vivier d‘entreprises moins liées à la valorisation des ressources.
Les aides publiques sont, elles jugées majoritairement négligeables dans la décision
d‘investir.
Au total, quoi qu‘il y ait certainement un décalage entre l‘attractivité perçue (les enquêtes) et
l‘attractivité réelle, les obstacles à l‘investissement ne semblent pas être de nature à mettre
en péril l‘attractivité du pays. Néanmoins, ils sont dissuasifs dans le cadre d‘une décision
d‘investissement liée à l‘obtention d‘avantages consentis par les pouvoirs publics ou bien
dans le cadre d‘une attractivité fondée sur un contexte spécifique (hautes qualifications,
activités tertiaires supérieures, etc.). Des actions ciblées sont nécessaires pour limiter ces
obstacles, voire les éliminer.
Légende :
En violet : Croissance durable
En rouge : Conditions essentielles : Performance commerciale/Productivité/ Prix et coûts/ Main d‘œuvre disponible
En bleu : contribution politique : Environnement commercial/ Infrastructure matérielle/ Infrastructure des connaissances
entreprise privée, et d'associer le paiement des fonds publics à la prestation réelle de ces
services.5 L‘OBA est donc particulièrement bien adaptée pour soutenir les prestations du
secteur privé en termes de services d‘infrastructure.
L‘écart entre ce que coûte la prestation d‘un niveau de services souhaité et ce que peut être
financé à travers les taxes imposées aux utilisateurs est le défi auquel beaucoup de
gouvernements sont confrontés. Les subventions ont souvent joué un rôle pour combler cet
écart. Cela dit, ceci n‘a pas systématiquement entraîné des améliorations significatives en
termes de niveau de services. En associant le montant de l‘aide au niveau réel des services,
ou « résultats », l‘OBA est élaborée pour assurer l‘efficacité de l‘aide et profiter au maximum
des fonds alloués.
Deux caractéristiques clés distinguent les subventions d‘aide basée sur les résultats de
certaines autres formes de subvention allouée par la sphère publique : les OBA sont
explicites, transparentes et basées sur les performances.
Principales raisons conduisant à une OBA
Il existe trois raisons principales qui conduisent à la mise en oeuvre de mécanismes (OBA) :
Dans certaines situations, le service fourni ne répond aux normes souhaitées par le
Gouvernement. L‘OBA propose alors une mesure d‘incitation visant à répondre aux
normes.
Dans d‘autres situations, le service n‘existerait simplement pas à moins qu‘un
mécanisme d‘OBA ne soit introduit. Ceci pourrait également s‘appliquer aux projets de
type PPP qui peuvent s‘avérer non viables d‘un point de vue financier s‘ils reposent
uniquement sur les taxes imposées aux utilisateurs. Il se peut que l‘OBA soit un
instrument décisif permettant la réalisation de ce type de projets.
Il se peut que le gouvernement souhaite assurer plus de bien-être à ses citoyens. Par
exemple, lorsque que la part du revenu du foyer dépensée pour des services de base
est supérieure à ce qui est socialement acceptable et viable, les instruments d‘OBA
peuvent être utilisés pour atténuer l‘impact sur les consommateurs pauvres (souvent
dans le cas d‘une hausse anticipée des tarifs).
Qui évalue le besoin relatif à la mise en place d’une OBA ?
Le besoin de disposer d‘un niveau plus élevé en matière de services de base est un choix
politique du Gouvernement qui dépend de ses priorités. Si le Gouvernement considère que
le fait d‘avoir un niveau relatif aux services de base plus élevé que celui produit par les
résultats du marché n‘est pas une priorité économique ou sociale, alors l‘OBA ne joue aucun
rôle.
La notion de « service public » est liée à l‘évaluation du besoin en termes de soutien ciblé.
En effet, lorsqu‘un gouvernement estime qu'un certain niveau de service public doit être
assuré aux citoyens, cela implique que ce service est essentiel même si ce dernier n'est pas
totalement viable d'un point de vue commercial. L‘Etat doit veiller à ce que ce service existe
vraiment. Dans ce cas de figure, l‘OBA peut être utile.
Elaboration de l’OBA
Chaque système d‘OBA doit être spécifiquement et minutieusement élaboré en prenant en
considération le contexte particulier propre au pays et au secteur. L‘enjeu principal consiste
5
Se référer au site Internet du Partenariat mondial en matière d‘aide basée sur les résultats,
http://www.gpoba.org/index.asp
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 39
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
à définir les « résultats » prévus et établir les manières de les contrôler de façon effective et
efficace.
La taille et la nature des subventions requises peuvent varier considérablement. Dans un
souci de simplicité, trois types de situations peuvent être distingués :
Celles nécessitant une seule subvention, souvent pour couvrir les coûts de connexion
initiaux.
Celle nécessitant une subvention transitoire, en vue par exemple d‘atténuer une
augmentation tarifaire pour atteindre un niveau qui couvre la totalité des coûts, comme
le montre le graphique 2.2.
Celles nécessitant une subvention continue, en vue de soutenir par exemple un tarif
minimal ou la prestation d‘un service qui n‘aurait pas été profitable sans l‘apport de
cette subvention.
Graphique 2.2 : Modèle de la subvention transitoire (OBA)
Source: GPOBA
Certains risques clés relatifs à la mise en oeuvre d‘une OBA sont très étroitement liés à la
mise au point de défis comme par exemple l‘élaboration de résultats ou l‘atténuation des
risques de paiement.
Pourquoi envisager une OBA au Gabon ?
Nous considérons que le changement relatif à la manière dont le Gouvernement gabonais
apporte son soutien dans le domaine des services d'infrastructure en s‘orientant vers les
concepts d‘OBA est un élément essentiel au regard de l‘évolution générale vers une
économie plus diversifiée et plus compétitive. Il sera important de supprimer les subventions
croisées et les autres mécanismes inefficaces.
En outre, nous pensons que le Gouvernement doit décider si certaines incitations seront oui
ou non nécessaires en vue d‘encourager les titulaires des concessions existantes à assurer
la prestation de certains services publics clés, dans le cas où il pourrait être impossible
d‘obtenir le comportement requis simplement en appliquant les contrats existants. En
pratique, même au travers d‘une future réforme institutionnelle, il se peut qu‘il soit difficile
d‘obtenir la capacité et la volonté d‘appliquer les contrats qui stipulent que les
concessionnaires doivent fournir des services non rentables d‘un point de vue économique :
L‘influence politique et économique du concessionnaire est souvent plus importante
que l'organe en charge de faire respecter le contrat.
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 40
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
bien qu‘il y ait un risque que les concurrents soient trop peu nombreux et qu‘il y ait des
exigences élevés en termes de subvention pour pouvoir les attirer.
Entreprises capitalistiques — Les expériences conduites dans d‘autres pays
montrent qu‘au sein des entreprises capitalistiques les opérateurs peuvent vraiment
nécessiter une partie de l‘aide afin d‘assurer la prestation du service (pour acheter par
exemple des actifs). Bien que cette approche ne soit pas caractéristique de l‘OBA,
dans certains cas, une partie de l‘aide a été accordée avant que le service ne soit
fourni et le reste a été alloué après contrôle des résultats. Dans le contexte du Gabon,
nous recommanderions, si cela était nécessaire, que la part de l‘aide accordée avant le
contrôle des résultats soit minime.
6
Cette section repose essentiellement sur le travail mené par Castalia qui a analysé pour la Banque mondiale
des modèles de régulation dans différents pays.
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 42
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
Schéma 2.3 : Sélectionner les instruments et les organisations juridiques pour une
bonne régulation
REGULATION
Règles et
fonctions
régulatrices
Intrsuments
juridiques
Organisations
Choisir les bonnes options
Le contexte du pays/ les traditions administratives et juridiques influent sur le meilleur choix
Source : Castalia
Par exemple, en Côte d‘Ivoire, un contrat d‘affermage est l‘instrument régulateur qui permet
la régulation du secteur de l‘eau. Le Ministère des Infrastructures économiques a mis au
point, négocié et signé le contrat d‘affermage avec le fournisseur privé. Un de ces
départements, la Direction de l‘eau, est le propriétaire du réseau de distribution et est chargé
de veiller à ce que le fournisseur respecte le contrat. La Direction mène également des
négociations concernant les ajustements tarifaires et se charge de délivrer les autorisations
pour certains projets de construction. Un département gouvernemental distinct contrôle les
coûts contractés par le fournisseur lorsqu‘il entreprend des activités d‘agrandissement et de
rénovation du réseau.
Alors que ceci représente une architecture régulatrice différente du concept de régulateur
indépendant, d‘un point de vue fonctionnel, ce modèle remplit les mêmes rôles en termes de
tarifs et de normes. Ce modèle a généralement été une réussite.
ceci entraîne des coûts plus élevés et qu‘il doive à l‘avenir compensé ces
dépenses en augmentant les tarifs ou en combinant tarifs et subventions. A
l‘inverse, si les tarifs doivent être revus à la baisse (car le gouvernement estime
que les pauvres ne peuvent pas se l‘offrir) mais que les subventions ne
représentent pas une option permettant d‘y parvenir, il paraît logique que les
normes de service requises soient également revues à la baisse. Le système de
régulation devrait être capable de sélectionner et d‘établir la bonne combinaison
entre les tarifs et les subventions, de même qu‘entre les normes des services et
leur couverture, de sorte que les fournisseurs peuvent recouvrir leurs coûts et que
les populations profitent des services pour lesquels ils sont prêts à payer.
2. Prévisibilité & Crédibilité — Les décisions régulatrices devraient être cohérentes
avec le temps et reposer sur des règles et des précédents clairs. Ceci est
essentiel pour minimiser les risques vis-à-vis des fournisseurs et d‘encourager en
contrepartie la prestation d‘un service de qualité, l‘entretien approprié des actifs et
l‘investissement de capitaux. Un grand nombre de systèmes échouent à cause
d'un manque de protection crédible face à l'expropriation en termes de régulation.
Réguler au travers de contrats de PPP assure une crédibilité en empêchant une
intervention politique à court terme et de créer un cadre prévisible pour les
fournisseurs.
3. Légitimité, transparence & responsabilité — Les décisions régulatrices doivent
être claires, largement acceptées et accessibles au public. La stabilité politique et
sociale n‘est pas seulement essentielle pour la prévisibilité d‘un système de
régulation ; elle créé également pour le public les conditions qui lui permettent de
percevoir la régulation comme un mécanisme légitime. Cela dit, outre l‘examen
approfondi du public, il se peut que les institutions régulatrices aient besoin de
raisons et de mesures d‘incitation pour prendre des décisions dans l‘intérêt des
consommateurs et ce pour le long terme — opérations fortes et logiques d‘aide à
la responsabilité. En retour, la responsabilité vis-à-vis du public est essentielle
pour empêcher la corruption et améliorer la légitimité aux yeux de ce dernier.
Ces attributs peuvent être utilisés comme critères permettant d‘évaluer l‘efficacité probable
des différentes architectures régulatrices, c‘est à dire la combinaison entre les instruments
juridiques et les organisations régulatrices.
Appliquer les attributs afin de construire l’architecture appropriée
Comme l‘illustre le schéma 2.3, le contexte unique et les traditions juridiques de chaque pays
devraient influencer sur la manière dont les rôles régulateurs sont le mieux répartis parmi
les instruments et les organisations dans le but d‘atteindre les attributs idéaux de régulation
exposés ci-dessus.
Dans un grand nombre de pays développés, le modèle du régulateur indépendant fonctionne
bien et permet d‘atteindre ces objectifs. Par exemple, Ofwat, l‘organe de régulation de l‘eau
au Royaume-Uni est perçu à l‘échelle internationale comme un modèle de régulation
indépendant et efficace. Dans le contexte politique, économique et social du Royaume-Uni,
une instance de régulation comme Ofwat a été capable de réguler de manière efficace sans
intervention politique directe.
Lorsque ce modèle est transposé aux pays en voie de développement et aux pays en
transition, l‘indépendance régulatrice est souvent contrariée par une intervention politique
fréquente. Dans un environnement où il existe un grand risque que les hommes politiques
prennent des décisions s‘intéressant aux intérêts à court terme et manquant de cohérence
(entre les tarifs et les normes de service), un contrat peut être un instrument juridique
adéquat pour verrouiller les règles de régulation et atteindre cohérence et prévisibilité. Un
grand nombre de nations en voie de développement et de nations en transition disposent
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 44
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
d‘un droit des contrats efficace de même que des mécanismes de résolution des différends
efficaces : la régulation par contrat peut donc être une forme de régulation crédible et
légitime.
Une variété d‘instruments juridiques peut être utilisée pour appuyer la régulation. Par le
passé, les approches relatives au modèle de régulation ont souvent ignoré voire sous-estimé
le rôle des contrats en matière de régulation. On a accordé plus d‘importance aux fortes
organisations en pleine croissance disposant de larges pouvoirs discrétionnaires.
Cependant, les contrats sont souvent un bon point de départ pour établir des règles de
régulation claires et applicables. Dans les pays de droit civil (y compris les pays avec un
héritage français comme le Gabon ou beaucoup de pays d'Amérique Latine)7, les contrats
sont perçus comme un outil familier et légitime visant à contrôler la prestation des services.
Pour ce type de pays, inclure dans un contrat les normes de service et les règles tarifaires,
plutôt que d‘avoir un régulateur indépendant chargé d‘établir les règles, est davantage
cohérent d‘un point de vue contextuel.
Choisir les organisations pour que la régulation basée sur les contrats soit efficace
Pour que la régulation par contrat fonctionne efficacement, les règles doivent être contrôlées
et appliquées. Il se peut que les organisations gouvernementales existantes manquent de
capacité ou d‘incitation pour contrôler efficacement les performances. Un mauvais contrôle
fragilise la protection du client, réduisant la légitimité du système de régulation dans son
ensemble.
Il se peut que de nouvelles dispositions organisationnelles soient introduites pour aider à
accroître la capacité du gouvernement à appliquer les règles et à surmonter le manque de
légitimité. Le choix d‘organisations régulatrices doit être envisagé avec soin afin de veiller à
ce qu‘elles soient en adéquation avec les institutions existantes et l'instrument juridique
utilisé pour la régulation.
En général, il est important de choisir des instruments et des organisations juridiques qui
forment un modèle d‘ensemble solide. Le modèle devrait également être au fait des
problèmes sectoriels spécifiques que la régulation doit résoudre et l‘environnement unique
du pays dans lequel la régulation sera mise en place.
7
Les contrats entre le gouvernement local et les fournisseurs privés sont utilisés en France depuis de
nombreuses années comme moyen de réguler les services d‘eau.
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 45
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
et dans lequel les relations entre les hommes politiques, les fournisseurs et le public ont été
établies. La complexité des structures et des mesures d‘incitation qui en découle n‘est pas
une toile de fond que la régulation devrait chercher à remplacer ou à anéantir. A l‘inverse,
cette complexité offre un cadre dans lequel les processus de régulation doivent s’intégrer.
Au Gabon, il est à noter que les ministères opérationnels responsables de divers secteurs
des infrastructures attachent une grande importance au contrôle et à la mise en œuvre des
contrats. Nous nous intéressons à la manière dont cet intérêt peut être exploité afin
d'améliorer la régulation par contrat.
Encadré 2.1 : S’intéresser au cadre organisationnel existant peut aider à
atteindre une régulation de bonne qualité
Minimiser la discrétion
La qualité des décisions prises par une organisation régulatrice dépendra à la fois des
personnes impliquées dans cette prise de décisions et des règles au travers desquelles les
décisions sont prises. Par qualité, nous impliquons le fait que les décisions contribuent oui
ou non à atteindre prévisibilité, cohérence et transparence en termes de régulation. Prendre
les bonnes décisions suppose l‘implication d‘individus compétents dont les intentions
s‘intègrent aux objectifs de régulation, ainsi que l'existence de règles bien définies qui soient
faciles à mettre en œuvre.
L‘importance relative des individus et des règles écrites dépend du niveau de discrétion
induit par les décideurs individuels —que ce soit par inadvertance, au travers de règles mal
formulées ou intentionnellement, à travers l‘utilisation de principes régulateurs en place
inhérents à des règles précises ou à travers un modèle organisationnel. Par exemple, les
responsables du modèle de régulation et les gouvernements considèrent généralement
qu‘un régulateur indépendant représente un choix organisationnel d‘une discrétion plus
importante et qu‘un arbitre désigné pour examiner un contrat est un choix d‘une discrétion
moins importante.8
8
Cependant, si un régulateur indépendant applique des règles très claires, très précises et très simples, le
niveau de discrétion sera moindre ; si un contrat repose sur des règles vagues, imprécises ou compliquées,
l‘arbitre sera requis pour exercer une plus grande discrétion. Ceci montre que l‘individu qui interprète les règles
et le niveau de précision de ces règles peuvent influencer sur le degré de discrétion qu‘une organisation peut
exercer sur des décisions régulatrices.
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 46
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
Comme il est montré dans les sections suivantes, dans bien des exemples, les instruments
régulateurs qui existent au Gabon sont extrêmement complexes, alors que la capacité
permettant d'appliquer une régulation de ce niveau de complexité est limitée. Nous
analysons les processus qui permettraient de franchir des étapes simples et efficaces dans
le but de commencer à améliorer les résultats en termes de régulation. Les systèmes
peuvent devenir plus sophistiqués à l‘avenir.
bref, d‘étudier l‘évolution de tous les indicateurs que contient une convention correctement
élaborée.
Bref : pour pouvoir appliquer la démarche OBA exposée ci-dessus, il est nécessaire d‘en
assumer la progressivité, c‘est à dire d‘en examiner l‘exécution en continu. C‘est ce qui est
abordé dans les chapitres sectoriels ci-après. Seul cet examen permanent d‘une concession
à l‘œuvre permet de la renégocier aux échéances prévues, pour rectifier les déséquilibres
flagrants, pour prendre en compte les insuffisances révélées, pour introduire les
amendements voulus, avec une perspective en tête : maintenir et enrichir le partenariat en
accord avec ses principes fondateurs. Pour cela, le Gabon doit se doter des moyens
d‘assurer sa propre expertise indépendante afin d‘être à même de mener à bien les
renégociations de concession. Les ‗‘régulateurs‘‘ peuvent avoir leur mot à dire, mais à
l‘intérieur d‘une expertise plus ambitieuse qui incorpore une approche trans-sectorielle (la
pauvreté, l‘aménagement spatial, les principes du partenariat eux-mêmes).
L‘OBA est un principe cadre, L‘approche recommandée est d‘adhérer à ce principe, tout en
adoptant une méthode pragmatique qui seule permet de prendre en compte les
caractéristiques repérées du Gabon : la population limitée, l‘étendue du pays, l‘érosion des
ressources naturelles, la faiblesse de la base productive nationale, l‘environnement régional
fragile, la dispersion des revenus, la présence persistance de la pauvreté. Appartiennent à la
méthode les recherches sur la solvabilité des ménages et l‘élasticité ‗‘revenu familial-
consommation de services (eau électricité transport‘‘, les travaux sur la possibilité de réduire
les coûts d‘entretien routier, l‘élaboration de politiques d‘équilibrage territorial, la réflexion sur
la nécessaire présence to téléphone fixe même au prix d‘un effort public (un intérêt évident
mais manquant d‘un financement suffisant de consommateurs solvables). Une société ne
saurait se constituer que sur des biens et des services marchands : la solidarité spatiale et
de société se construit en faisant appel autant à l‘épargne collective qu‘à l‘épargne
individuelle.
3 Le secteur de l’électricité
Cette section et la section suivante traitent des secteurs de l‘électricité et de l‘eau. Ceci est
dû au fait que la concession accordée en 1997 couvre à la fois l‘eau et l‘électricité et une
partie de notre analyse s‘applique aux deux secteurs. Une politique affectant un de ces
secteurs aura obligatoirement un impact sur l'autre secteur, car les tarifs eau et électricité
sont liés par les subventions croisées. Cependant, les principaux problèmes identifiés dans
ce rapport, concernent tout d'abord le secteur de l‘électricité, et la majeure partie de l‘analyse
se rapporte donc à ce secteur.
Elevé
Conseillers en régulation expérimentés et Régulateur indépendant avec une équipe de
transparents, panels d’experts légalement professionnels compétents légalement mandatés
mandatés pour réguler les tarifs, l’accès au marché, la
Ministre obligé de répondre dans un temps qualité de l’offre, les services aux
imparti aux recommandations et d’expliquer sa consommateurs, les obligations liées aux
décision finale investissements et aux connexions et pour
arbitrer les différends
Engagement Transparent
de Pays X
Sous-traitance si cela est rentable
régulation
Faible Elevée
Capacité institutionnelle et de ressources humaines
sanction est calculée en fonction des investissements n‘ayant pas été menés à bien, comme
indiqué ci-après :
La sanction de la SEEG équivaut à 25% des investissements estimés n‘ayant pas été
effectués (plus le montant des investissements, donc 125% au total). Ceci est calculé
en prenant en compte le nombre de consommateurs qui en auraient bénéficié,
multiplié par un coût moyen d‘investissement par connexion.
Les sanctions relatives à la qualité équivalent à 3% de la rémunération de la SEEG
pour chaque mètre cube, ajusté sur la base du pourcentage de départ du niveau
admis. Il existe par ailleurs d'autres sanctions possibles pour la SEEG en cas de non
respect des normes de qualité.
Il n‘existe pas de redevance de concession au profit du gouvernement mais la SEEG verse
une contribution annuelle pour couvrir les coûts de la DGERH. Cette contribution est fixée à
0,2% du chiffre d‘affaires de l‘année précédente pour couvrir les coûts d‘exploitation. Par
ailleurs, la SEEG a financé les études nécessaires pour estimer les taux de couverture.
Outre la contribution de la SEEG, la DGERH est financée par le gouvernement par le biais
du budget national.
durée de la concession, et non pas sur les 10 premières années seulement. Ces brèves
conclusions sont basés sur les chiffres fournis par la SEEG; seul un audit approfondi de la
concession et la construction de son modèle financier permettrait de les valider et d'apporter
des recommandations détaillées.
Pendant la période 1997-2006, la SEEG a investi sur le domaine concédé près de 195
milliards de F CFA9, alors que ses obligations contractuelles, sur les 20 ans de la
concession, s'élèvent à un peu plus de 300 milliards. Ces investissements incluent la
construction de nouvelles connexions de réseau, des réparations, l‘entretien et
l‘augmentation des capacités des réseaux existants. (source: SEEG, note du 15 mai 2007).
Ces investissements ont été ciblés en grande partie sur la région de Libreville. La SEEG a
dépassé ses objectifs dans la majeure partie des zones régionales à la fois pour ce qui est
des réseaux d‘eau et d‘électricité pendant la période 1997-2001. La SEEG n‘a cependant
pas réussi à répondre à ses objectifs dans les nouveaux centres isolés, attribuant son retard
aux investissements lents du gouvernement. Ce retard est progressivement comblé.
Entre 2002 et 2005, la société a continué à entreprendre des investissements significatifs,
dépassant les objectifs globaux fixés dans le cadre du contrat. En général, il est clair que les
bonnes performances financières de la SEEG ne pourraient en aucun cas être attribuées au
sous-investissement, mais plutôt ont été atteintes malgré les investissements additionnels.
Ceci a été en grande partie dû à davantage d‘investissements en capacité de production que
ce qui n‘avait été anticipé. Le contrat initial envisageait que la SEEG cible son programme
d‘investissement sur les réseaux de distribution et de transmission électrique et que le
Gouvernement investisse dans la capacité de production. Puisque les priorités
d‘investissement de la SEEG sont passées de la distribution à la production, le taux
d‘amélioration de l‘accès a diminué. En particulier, il y a eu peu d‘amélioration en matière
d‘extension de la couverture aux nouveaux centres isolés.
Tableau 3.1 : Objectifs de couverture et performance réelle relatifs à l’électricité
En 2005, selon les données de la SEEG, le taux de desserte a atteint 52% dans les centres
isolés à desservir et 99% partout ailleurs, à l'exception de Libreville et de Louetsi (près de
90%). Les objectifs de 2005 sont donc atteints sur la totalité de la concession.
Fin 2006 – début 2007, la SEEG a connu des problèmes majeurs sur le réseau de Libreville
car la saison des pluies a commencé étonnamment tard (ce qui a réduit la production
d‘énergie hydroélectrique) combiné à des révisions techniques de l‘une des unités de
production thermique (habituelles dans cette période normalement humide), et à la hausse
9
Le concessionnaire s‘est engagé à investir 100 milliards de F CFA dans les remises en état pendant la durée de
vie de la concession.
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 55
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
des prix du gasoil. La période de coupure a engendré des problèmes financiers pour la
SEEG et il n‘est pas étonnant que cela ait créé une situation de conflit avec le
gouvernement. De plus, il existe un différend fiscal entre le Gouvernement et la SEEG.
Le différend actuel mettra à l‘épreuve la force des dispositions du contrat de concession. Par
essence, il semble que le montant total des investissements requis dans le cadre de la
concession a été plus important que ce qui avait été prévu. Des investissements
supplémentaires dans la production électrique vont probablement entraîner plus de difficultés
pour la SEEG pour répondre à ses objectifs en matière de distribution. D‘autre part, la SEEG
ne peut pas éviter d‘investir dans la production puisque les interruptions électriques sont à la
fois coûteuses sur le plan commercial et politique. Pour que la concession reste viable, le
niveau futur des tarifs doit être cohérent avec le programme d‘investissement prévu.
Puisque les tarifs actuels ont été fixés sur la base d‘un programme d‘investissement qui n‘a
pas anticipé les exigences supplémentaires en matière d‘investissement dans la production,
il semble assez probable que les exigences d‘investissement à venir et les tarifs existants ne
soient pas compatibles. La nécessité de garantir la cohérence des tarifs et des plans
d‘investissement est un aspect qui aurait vu le jour quelles que soient les dispositions du
contrat de PPP. Par conséquent, le différend actuel ne devrait pas être perçu comme un
signe de problèmes particuliers associés au contrat ou aux performances de la concession.
Ce différend soulève une question à laquelle il faut répondre.
Au sens formel, tout différend survenant entre le concessionnaire et l‘instance de régulation
(DGERH) devrait être résolu en premier lieu par le biais d‘une procédure de résolution des
différends à l‘amiable, conformément aux règles du CIRDI (Centre international pour le
règlement des différends relatifs aux investissements). Si une solution à l‘amiable ne voit pas
le jour par le biais de cette procédure dans un délai de 90 jours, le conflit doit être réglé au
moyen de l‘arbitrage, conformément aux règles d‘arbitrage du CIRDI.
Pendant les dix premières années de la concession, un certain nombre de différends ont vu
le jour entre le concessionnaire et la DGERH :
Aucun de ces différends n‘a débouché sur une situation conflictuelle puisque les
négociations entre les deux parties ont toujours abouti à une solution acceptable.
Certains des différends ont été longs à résoudre, notamment le problème lié à la
propriété du bâtiment du siège social de la SEEG à Libreville. Ce problème ne s‘est
réglé qu‘en 2005 mais sans s‘en remettre au mécanisme de résolution des différends
exposé dans le contrat de concession.
En prenant en compte le déroulement satisfaisant de la régulation actuelle par contrat et en
attente de l‘émergence de nouveaux acteurs privés dans le secteur, s‘orienter vers un
régulateur indépendant ne semble pas être une priorité pour l‘instant.
Cependant, notre vision du secteur soulève un certain nombre de questions qui ne sont pas
actuellement abordées dans le cadre du contrat de concession. Le différend actuel met en
lumière certaines de ces questions. Comme il est expliqué plus bas, il ne semble pas qu‘un
changement dans l‘architecture régulatrice soit nécessaire pour aborder ces problèmes. En
revanche, il est important que les organisations existantes prennent en compte ces
préoccupations.
structure tarifaire est restée inchangée. Elle reste assez complexe pour ce qui est des tarifs
moyenne tension (MT). Il est encore difficile d‘obtenir une idée claire des tarifs MT appliqués.
Dans l‘ensemble, il semble que dans le cadre de la structure tarifaire actuelle :
Il existe une subvention croisée des tarifs d‘électricité et des tarifs d‘eau. Le degré de
cet interfinancement est difficile à évaluer puisqu‘une évaluation de ce type
nécessiterait le développement d‘un modèle de répartition des coûts. Certaines études
ont suggéré que cette subvention croisée était modeste.
Pour ce qui est des tarifs d‘électricité, les clients Moyenne Tension semblent effectuer
une péréquation avec les petits clients Basse Tension par le biais du « tarif social ».
Une fois de plus, le degré de subvention croisée est difficile à évaluer en l‘absence de
modèle détaillé de répartition des coûts. Cependant, l‘ampleur de la subvention peut
être déduite à l‘aide des tarifs moyens en vigueur. Comme nous le calculons ci-après,
le tarif moyen MT en vigueur est de 13,4 USD cents par kWh tandis que le tarif moyen
BT est de 15 USD cents par kWh. Dans des marchés électriques compétitifs, les
consommateurs industriels paient généralement 40 à 60% de moins que les
particuliers en raison des coûts de service plus faibles. Il est difficile de croire qu‘au
Gabon, le coût des services pour les consommateurs industriels serait seulement 10%
inférieur au coût d‘alimentation électrique pour les ménages et les petits usagers
commerciaux. Par conséquent, le tarif induit clairement une subvention croisée.
L‘existence du tarif social fournit une subvention croisée explicite. Le tarif social est appliqué
aux consommateurs nationaux ayant une demande en électricité maximale de 1 kW ou 2 kW
(ce qui revient à une consommation énergétique mensuelle entre 120 kWh et 240 kWh).
Tous les consommateurs d‘électricité, à l‘exception de ceux facturés au tarif social, doivent
payer une contribution fixe (CSE ou Contribution Spéciale Electricité) égale à 6,08 F CFA par
kWh. Cette contribution a pour but de fournir des fonds au Conseil National de l‘Electricité et
de l‘Eau destinés à financer l‘éclairage public et l‘électrification des zones rurales.
Le fait que les consommateurs sociaux ne paient pas la CSE constitue une subvention
indirecte du Gouvernement gabonais. Ces consommateurs d‘électricité, à l‘instar de ceux de
la catégorie de BT suivante -à savoir avec une demande maximale de 3 kW- bénéficient
d‘une réduction de la TVA de 50% sur leur consommation (la TVA à 18% est facturée sur la
moitié de leur consommation enregistrée). Ceci représente une subvention directe pour ces
trois catégories de consommateurs.
La part des revenus des ménages destinée à payer l‘électricité et leur consommation
mensuelle spécifique sont exposées dans le tableau 3.2 ci-dessous. Le montant moyen de la
facture d‘électricité des foyers est de 16,180 F CFA/mois, soit 32,3 USD/mois.
Tableau 3.2 : Proportion des revenus destinée à l’électricité par quintile de revenus
Quintile Consom. électrique Rev. dépensés en électricité
par foyer (kWh) %
1 159 7,4
2 199 5,7
3 207 4,8
4 244 4,5
5 313 3,7
Total 225 5,2
Source: Hoche Consultants, Juin 2006 (Cette étude auprès des foyers, ciblée sur la consommation d‘électricité et
d‘eau a été effectuée au nom de la DGERH du Ministère des Mines, de l‘Energie, du Pétrole et des Ressources
hydrauliques)
En dépit des tarifs sociaux, les quintiles des revenus les plus faibles ont le pourcentage de
dépense en électricité le plus élevé alors que leur consommation spécifique est faible. En
moyenne, 60% des foyers consomment juste assez pour avoir droit au tarif social. Il est
intéressant de noter que la consommation moyenne du quatrième quintile se trouve juste en
dessous du niveau requis pour bénéficier du tarif social. Puisque l‘on peut considérer que ce
quintile est constitué de foyers relativement plus riches, ceci semble indiquer que les
plafonds de consommation pour les deux tarifs sociaux sont peut-être établis de façon trop
généreuse.
Dans de nombreux marchés, le tarif social est un moyen de pratiquer une subvention croisée
entre les particuliers qui paient le plein tarif et un petit nombre de ceux qui ne paient pas le
plein tarif. Lorsque environ 60% des consommateurs de base ont droit au tarif social, il est
beaucoup plus probable que la subvention croisée vienne des consommateurs industriels et
commerciaux.
peu moins de 19% du nombre total de consommateurs BT, qui s'élevait alors à 167 772. Le
nombre total des consommateurs MT en 2005 était, lui, de 933.
Remarque : Les données se rapportent à 2004 pour tous les pays sauf le Gabon
Comme l‘illustre le tableau, la comparaison entre les tarifs MT au Gabon et dans les autres
pays de l'Afrique Francophone est favorable au Gabon, et la structure tarifaire reste, elle
aussi, comparable aux autres pays de l'Afrique Francophone. Cependant, le Gabon profite
de l'accès aux sources d'énergie meilleure marché, en comparaison, par exemple, avec les
pays sans littoral comme le Burkina Faso où la production d‘électricité est presque
entièrement basée sur les générateurs diesels utilisant des combustibles très coûteux en
raison des frais de transport élevés (les combustibles étant acheminés par les camions
citernes en provenance des sources littorales d‘approvisionnement sur une distance
d‘environ 1000 km). De plus, le système Gabonais étant plus important (en matière des
volumes) que les pays du tableau, des économies d'échelle devrait voir le jour.
Il est important de souligner que l'analyse de cette section n'a pas pour objectif le commenter
le niveau absolu des tarifs, mais plutôt la structure tarifaire. La concession actuelle a été
obtenue à travers un processus concurrentiel et il serait donc raisonnable de conclure que le
niveau total des tarifs est compétitif. Compte tenu que le revenu total devrait rester inchangé
(ou devrait même augmenter afin de satisfaire un programme d‘investissement plus
important), il faut savoir que toute réduction des tarifs MT devrait être accompagnée
d‘augmentations compensatoires des tarifs BT et éventuellement en diminuant le niveau
plancher de consommation pour le tarif social. Pour cette raison, comme nous en débattons
ci-après, toute modification de la structure tarifaire doit être accompagnée d‘une assistance
sociale ciblée.
La principale question posée dans cette section est si la structure tarifaire actuelle est
justifiée. Le principe généralement accepté de la tarification électrique que pour chaque
groupe de consommateurs, les tarifs devraient refléter les coûts. Ceci permettrait de
promouvoir les comportements efficaces des clients. Des subventions croisées sont
inévitables, car déterminer le coût pour chaque consommateur n'a pas de sens. Et un certain
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 59
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
degré de subventions croisées est aussi justifié par des raisons sociales. Cependant, si ces
subventions sont de telle ampleur qu'elles influent sur les décisions des consommateurs
d'énergie relatives à la production et à l'investissement, elles devraient être évitées.
Notre analyse suggère que le niveau des tarifs MT au Gabon est réellement assez élevé
pour rendre la structure tarifaire inefficiente. Par ailleurs, même s'il est naturel de comparer
les tarifs aux autres pays de la région, du point de vue de la compétitivité de l'économie
Gabonaise, ce n'est pas cette comparaison-là qui compte. Ce n'est pas avec le Bénin ou
Madagascar que le Gabon en en compétition pour la transformation industrielle. Le point
crucial pour le Gabon est de savoir où les matières premières produites dans le pays seront
transformées – sur place ou dans les pays Européens et Asiatiques, auxquels sont
destinées, en grande partie, les exportations Gabonaises.
Dans ce contexte, le tarif moyenne tension de plus de 11 cents par KWh n'est pas compétitif
avec les tarifs moyens européens ou asiatiques, alors que les grands clients industriels
asiatiques sont capables de négocier des prix encore plus bas. Par exemple, selon Eurostat,
les tarif moyen industriel dans l'UE-15 était de 9.23 cents par kWh, et le tarif moyen
domestique – de 21.3 cents. Les prix de l'électricité en Asie varient d'un pays à l'autre, mais
les grands clients industriels paient de l'ordre de 9 cents par kWh. En Chine, la province de
Guandong, en industrialisation rapide, pratique les tarifs de 6.4 cents par kWh. En Indonésie,
les principaux utilisateurs industriels paient en moyenne 6.1 cents. En Inde, ce tarif moyen
est de 7 cents par kWh.
En 2005, Foster et Yepes10 a étudié une large sélection des opérateurs électriques dans les
pays en développement et a conclu que la plupart des opérateurs étaient capable de couvrir
les coûts de distribution aux consommateurs industriels aux tarifs supérieurs à 8 cents US
par kWh. Le tableau ci-dessous récapitule ce classement.
En résumé, il semble certain que le tarif MT au Gabon est supérieur aux coûts de revient
pour les consommateurs industriels (et, en corollaire, le tarif BT est inférieur aux coûts pour
les consommateurs domestiques). L'ampleur apparente des subventions ne peut être jugée
comme insignifiante.
La conclusion est que, pour attirer des industries de transformation gourmandes en énergie,
les investisseurs gabonais doivent être presque deux fois plus efficaces pour être compétitifs
avec les industries équivalentes en Asie.
10
Foster and Yepes, ―Is cost recovery a feasible objective in water and electricity‖, 2005, rapport pour la Banque
Mondiale
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 60
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
Par ailleurs, le rapport entre les tarifs MT et BT est de 77%, alors qu'il est en général compris
entre 60 et 70% dans les systèmes sans subventions croisées.
Le tableau 3.5 ci-dessous représente la répartition entre les ventes BT et MT en 2005.
Source: SEEG
Il y avait 933 clients MT en 2005 et l‘énergie électrique qui leur a été vendue a représenté
44% des ventes totales de la SEEG. Les dix consommateurs MT les plus importants, c‘est à
dire les plus affectés par la structure tarifaire existante sont représentés dans le tableau 3.6.
Tableau 3.6 : Principaux consommateurs d’électricité
No. Consom. MT Activité économique Consom. 2005 % ventes tot. % ventes MT
(GWh) (1138 GWh) (502 GWh)
1 COMILOG Manganèse 77,981 6,9 15,5
2 CIMGABON Ciment 26,47 2,3 5,3
3 SOBRAGA Brasserie 20,425 1,8 4,1
4 GABON TELECOM Télécommunications 18,671 1,6 3,7
5 TOTAL GABON Pétrole 15,026 1,3 3,0
6 6ème BIMA Armée 7,815 0,7 1,6
7 SMAG Broyage 6,086 0,5 1,2
8 MBOLO Supermarché 5,764 0,5 1,1
9 CNSS Système de séc.sociale 5,38 0,5 1,1
10 BICIG Banque 3,668 0,3 0,7
Part Total 16,5 37,3
Source : SEEG
Parmi les dix principaux consommateurs, il est intéressant de noter que seuls quatre sont
impliqués dans des activités industrielles (TOTAL GABON consomme considérablement plus
que ce qui n‘est rapporté dans le tableau mais pratiquement toute l‘énergie électrique
nécessaire à cette compagnie pétrolière est auto-produite et n‘apparaît donc pas dans ce
tableau). Les dix principaux consommateurs MT représentent 16,5 % des ventes totales
d‘énergie de la SEEG et 37,5% des ventes MT de la SEEG.
Les tarifs MT élevés n‘ont pour l‘instant pas abouti à un passage généralisé vers
l‘autoproduction chez les consommateurs MT. En 2005, l‘un des principaux consommateurs
MT de la SEEG dans le système de Port Gentil, à savoir la SOGARA (la société gabonaise
de raffinage, unique raffinerie du Gabon) a décidé de commencer à produire elle-même son
électricité. Cette décision s‘est vraisemblablement expliquée principalement en raison des
problèmes techniques liés à l‘approvisionnement de la SEEG. A l‘évidence, l‘accès direct
aux combustibles à des prix attrayants a certainement été un facteur déterminant dans cette
décision. Le passage de la SOGARA à l‘autoproduction a fait chuter le chiffre d‘affaire de la
SEEG dans la zone de Port Gentil d‘environ 82 millions de F CFA, soit 170 000 USD.
Il faut se rappeler que l‘autoproduction d‘électricité est une règle intrinsèque à l‘industrie
pétrolière (accès direct aux combustibles), qui est l‘une des activités principales du pays.
L‘autoproduction est également répandue dans l‘industrie forestière principalement en raison
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 61
Juin 2007
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du fait que l‘accès à l‘alimentation électrique du réseau est généralement impossible pour
des raisons géographiques et dans certains cas, les résidus de transformation peuvent être
utilisés pour produire de l‘électricité. La consommation énergétique de l‘industrie forestière
(du bois d‘œuvre) est limitée puisqu‘ aucune transformation n‘a lieu et que le bois brut est en
majorité exporté (il existe un projet potentiel pour construire une usine de contreplaqué). Ce
fait souligne le problème de la compétitivité des industries transformatrices au Gabon, en
partie liée aux tarifs électriques.
3.9 Conclusions
Le contrat de concession de l‘eau et de l‘électricité au Gabon est souvent cité comme l‘un
des contrats de PPP les plus réussis en Afrique Subsaharienne et représente un bon modèle
de régulation par contrat. Cependant, comme il est expliqué plus haut, un contrat ne peut
traiter que des questions sectorielles qui y sont incorporées et la régulation n‘est possible
que pour la durée du contrat. Le problème souligné est le fait que le contrat de concession
actuel ne prend pas en compte le besoin du Gabon de se concentrer sur la compétitivité de
ses industries, et il ne traite pas non plus de manière adéquate des problèmes relatifs à
l‘investissement, qui devaient être réglés en dehors du contrat. De façon analogue, les
problèmes qui verront le jour après la fin du contrat, doivent commencer à être réglés dès à
présent.
Les différends actuels entre le Gouvernement et la SEEG mettent clairement le doigt sur
certains de ces problèmes, peut-être un peu plus tôt que prévu. Cependant, il ne semble pas
que ceci soit un argument suffisant pour changer l‘architecture de régulation. La régulation
par contrat a bien fonctionné et on ne note aucune tendance vers la création d‘un marché de
l‘électricité compétitif, qui nécessiterait la création d‘un régulateur indépendant. Par essence,
les objectifs politiques envisagés dans le cadre du contrat de concession semblent avoir été
largement accomplis par le biais du contrôle et de l‘application du contrat. Les problèmes
auxquels le secteur est confronté ne surviennent pas aujourd‘hui d‘une mauvaise mise en
application du modèle régulateur mais du fait que les objectifs politiques intégrés dans le
contrat de concession de 1997, ne sont probablement plus valides. A l‘époque où le contrat
avait été élaboré, on considérait que le Gabon avait un surplus de capacité de production et
des investissements insuffisants en matière de distribution. Par conséquent, le contrat de
concession fixe des objectifs spécifiques pour la distribution mais n‘est pas bien conçu pour
gérer le besoin de nouveaux investissements en matière de production. La subvention
croisée des tarifs était également considérée à l‘époque comme un moyen utile d‘assurer la
stabilité financière du contrat tout en réduisant la pression fiscale exercée sur le
11
Single Wire Earth Return -SWER
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 66
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
Gouvernement. Dix ans après, l‘objectif politique a changé et se concentre aujourd‘hui sur la
compétitivité internationale du Gabon.
Le changement de l‘objectif politique devrait être abordé par le biais des mesures suivantes :
Se préparer aux ajustements nécessaires dans le cadre du contrat existant. L‘analyse
du contrat à mi-parcours devant être effectuée prochainement devrait être utilisée
comme une opportunité permettant de rééquilibrer les tarifs
Travailler de concert avec le concessionnaire afin d‘intégrer la planification du
Gouvernement pour la période post-2017 au comportement et aux mesures d‘incitation
du concessionnaire dans le cadre du contrat actuel.
Initier l‘élaboration des dispositions de la future concession.
Développer des mécanismes alternatifs de financement, lorsque des subventions sont
appropriées.
L‘organisation régulatrice existante – la DGERH – est bien armée pour entreprendre cette
tâche. Dans ce contexte, les actions suivantes sont proposées:
Analyser la structure tarifaire et les subventions croisées – il faudrait mandater
une étude à cet égard. Cette étude devrait également déterminer si la CSE
(Contribution Spéciale Electricité) doit être ajustée et devrait évaluer s‘il faut revoir les
plafonds de consommation des catégories sociales concernant les tarifs d‘électricité,
en particulier la deuxième catégorie ayant un régime nominal maximal de 2kW et une
consommation mensuelle de 240kWh/mois à 56,21 F CFA/kWh. Sur une base
annuelle, la consommation des clients de cette catégorie atteint 2 880 kWh, ce qui
représente un niveau de consommation excessif dans le contexte du tarif social. Un
autre aspect important qui devrait être inclus dans l‘étude concerne l‘impact probable
de la diversification des sources d‘énergie primaire sur les tarifs, en particulier la
transition des combustibles lourds et du diesel vers le gaz naturel et l‘hydroélectricité.
Examiner les possibilités des tarifs moyenne tension plus compétitifs sur la
scène internationale. L‘évaluation à mi-parcours devrait être utilisée comme une
opportunité permettant de commencer la transition vers des tarifs MT plus compétitifs.
Le ré-équilibrage des tarifs devrait être progressif et pourrait devoir aller de pair avec
un soutien social ciblé.
Etablir de nouveaux mécanismes afin d’assurer l’accès aux services d’eau et
d’électricité par les groupes les plus vulnérables de la population — le
rééquilibrage des tarifs dans le cadre de l‘analyse à mi-parcours de la concession se
traduira probablement par une augmentation des tarifs d‘eau. Ceci pourrait créer une
pression additionnelle sur les populations les plus pauvres. D‘autres pays ont envisagé
la mise en application de programmes d‘aide basée sur les résultats (OBA), assurant
l‘accès continu aux services d‘eau et d‘électricité aux groupes les plus vulnérables de
la population pendant que le secteur traverse une phase de transition et s‘oriente vers
des structures tarifaires plus efficaces. Le Gabon pourrait élaborer de nouveaux
mécanismes de soutien pour remplacer les dispositions actuelles de subvention
croisée.
Etablir un groupe de travail et de coordination—Ce groupe aborderait les
problèmes soulevés plus haut par le biais d‘un dialogue ouvert avec les parties
prenantes concernées, notamment le concessionnaire de l‘électricité et d‘autres
acheteurs potentiels d‘énergie hydraulique. Ce groupe de travail devrait également
aborder les questions telles que les accords sur l‘achat d‘énergie pour la nouvelle
En 2005, selon les données de la SEEG, le taux de desserte a varié entre 52% (dans les
centres isolés desservis) et 83% (à Franceville), ce qui le place à la hauteur des objectifs, et
souvent même au-dessus. En revanche, ce taux est resté à 18% dans les centres isolés à
desservir.
Le terme « services améliorés » est plus large que la définition classique du terme
« approvisionnement par canalisation » et ne fait pas de différence entre les types de service
amélioré. Ainsi, par exemple, l‘accès à l‘eau par une colonne verticale et l‘accès à l‘eau par
un bassin de captage des eaux de pluie seront classés dans la catégorie « accès au service
de source d‘eau améliorée » et ne seront pas différenciés de l‘accès à l‘eau par une liaison
interne. Bien sûr, toute personne qui s‘approvisionne en eau dans un cours d‘eau ne sera
pas répertoriée dans la catégorie des personnes ayant accès à une source d‘eau améliorée.
Cependant, l‘accès à une source d‘eau améliorée ne signifie pas toujours l‘accès à une eau
potable salubre. Par exemple, une personne approvisionnée par un système de canalisation
se trouvant néanmoins obligée de faire bouillir l‘eau avant de la boire est répertoriée parmi
les personnes ayant accès à une source d‘eau améliorée. De façon analogue, le terme
« installations sanitaires améliorées » peut tout aussi bien s‘appliquer pour des cabinets
avec chasse reliés à un système d‘évacuation par canalisation que pour des latrines
améliorées à fosse ventilée. Par ailleurs, l‘évaluation est ciblée sur l‘élimination initiale
sécurisée des déchets et ne prend pas en compte si les eaux usées collectées sont traitées
avant d‘être déversées.
Les définitions et les méthodes de collecte de données peuvent varier d‘un pays à l‘autre, ce
qui rend toute comparaison problématique. Il existe également des différences avec les
définitions des objectifs du Millénaire pour le développement. Ces définitions utilisent les
termes d‘eau « salubre » et de système sanitaire « de base » plutôt que de sources d‘eau et
d‘installations sanitaires améliorées. Par conséquent, les données disponibles sur l‘accès ne
fournissent pas une base permettant d‘évaluer les progrès du Gabon par rapport aux
objectifs du Millénaire pour le développement.
Indicateurs de performance technique
Un bref examen des indicateurs de performance clés au sein de la zone de concession
montre que la SEEG enregistre de bonnes performances. Par exemple, le volume d‘eau non
facturé (NRW)12 est très faible en comparaison à d‘autres pays. Il est plus proche de celui
des pays développés (traditionnellement entre 5 et 15%) que de celui des pays en voie de
développement, où les volumes de NRW ont tendance à fluctuer entre 25 et plus de 50%. En
outre, le réseau a été étendu durant cette période et est passé de 1 300 km à 1 600 km. Le
tableau 4.3 présente les volumes d‘eau non facturés.
Tableau 4.3 : Eau non facturée de 1996 à 2004 pour la zone de concession
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
3
Volume produit (000‘ m ) 41,892 42,075 45,575 47,267 50,019 54,055 57,119 59,641 63,233
3
Volume facturé (000‘ m ) 34,538 33,764 38,302 40,997 42,094 46,001 48,275 49,665 52,921
Eau non facturée (%)
18 % 20 % 16 % 13 % 16 % 15 % 15 % 17 % 16 %
(%)
Source : SEEG
12
NRW : de l‘anglais non revenue water
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 70
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
100,000
90,000
80,000
70,000
Number of Consumer
60,000
Social
50,000 Non social
Total
40,000
30,000
20,000
10,000
0
1999 2000 2001 2002 2003 2004
Source : SEEG
La SEEG ne décompose pas ses coûts totaux entre les services d‘eau et d‘électricité. Il n‘a
donc pas été possible de comparer directement les recettes tarifaires et les coûts.
Cette analyse suggère que, étant donné les coûts moyens dans les pays en développement,
le tarifs de 57 cents par m3 devrait être proche du recouvrement total. Cependant, comme
les coûts au Gabon ont tendance d'être plus près de ceux de l'Europe que des pays en
développement, il est probable que ce tarif ne recouvre que les coûts d'exploitation et
d'entretien, mais pas d'investissements.
En 2005, NUS Consulting a entrepris une étude internationale des coûts de l'eau en Europe,
Amériques et Afrique du Sud. Les données sont présentées dans le tableau ci-dessous. De
nouveau, elles suggèrent que, pour que le tarif au Gabon recouvre entièrement les coûts, il
faut que ceux-ci soient plus bas qu'en Afrique du Sud. Ceci ne semble pas probable.
Le graphique 4.1 montre le tarif moyen en fonction des coûts d‘exploitation et d‘entretien
pour un certain nombre d‘entreprises publiques d‘eau en Asie et au Royaume-Uni. La ligne à
45 degrés désigne la limite à laquelle les tarifs couvrent tout juste les coûts d‘exploitation et
d‘entretien. Afin de recouvrer ses coûts, une entreprise publique doit se trouver au-dessus
de la ligne à 45 degrés. Si l‘on suppose que le tarif moyen réel de 57 USD cents par m 3
couvre seulement les coûts d‘exploitation, alors les coûts de la SEEG seraient
particulièrement élevés comparé aux autres services publics en Asie et au Royaume-Uni, où
les coûts d‘exploitation ont tendance à être entre 20 et 40 cents par m 3. D‘autre part, si l‘on
supposait que le tarif moyen devait couvrir à la fois les coûts d‘exploitation et d‘entretien et
les retours sur le capital investi dans la prestation des services d‘eau, alors le tarif moyen
réel au Gabon serait particulièrement bas.
1.00 y=x
England & Wales
0.90
0.80
0.70
Average tarrif (US$)
0.60
0.50
0.40
Hong Kong
0.30 Jakarta Kuala Lumpur
Phnom Penh
0.20 Ulaanbaatar
Ho Chi Minh
Manila
Chengdu
0.10 Shanghai
Vientiane
-
- 0.10 0.20 0.30 0.40 0.50 0.60 0.70 0.80 0.90 1.00
3
Average operating and maintenance cost (US$/M )
Axe des ordonnées: tarif moyen (dollars US)/ axe des abscisses : coûts moyens d‘exploitation et d‘entretien
3
(dollars US/ m )
Source des données: Water in Asian Cities. 2003. Manila: ADB et OFWAT – Calculs et graphique: Castalia
Cette comparaison suggère aussi qu'il est peu probable que le tarif actuel au Gabon couvre
entièrement les coûts d‘investissement de l‘approvisionnement en eau. Ceci est observable
grâce à une comparaison avec le tarif moyen en Angleterre et au Pays de Galles. Une part
très significative des coûts de n‘importe quel fournisseur de service est représentée par les
coûts d‘investissement. Cependant, il est généralement difficile de déterminer exactement
quel en est le pourcentage. Pour déterminer les coûts d‘investissement, il faut connaître la
valeur des infrastructures, le taux auquel ces actifs doivent être remplacés et le taux de
rendement des actifs requis. La plupart des entreprises publiques d‘eau disposent de peu
d‘informations sur les valeurs de leurs actifs car les actifs ont une longue durée de vie et les
périodes d‘inflation et de transformation technologique signifient que les valeurs comptables
enregistrées ne correspondent pas tout à fait à leur valeur réelle. En outre, il se peut que les
taux de dépréciation soient une mauvaise estimation du taux auquel les actifs doivent en
réalité être remplacés et il est en général difficile de se mettre d‘accord sur le coût
d‘investissement et donc sur le taux de rendement approprié. A l‘heure actuelle, ce type
d‘informations n‘existe pas au Gabon.
En Angleterre et au Pays de Galles, on a exigé aux entreprises publiques d‘eau de calculer
les valeurs de l‘actif moderne équivalent et elles utilisent des techniques conçues pour
estimer le coût réel nécessaire pour rénover et remplacer les actifs au fil du temps. Une
grande quantité d‘études empiriques pour estimer le coût de l‘investissement ont également
été menées à bien, ce qui s‘est traduit par une détermination réglementée du taux de
rendement devant être utilisé dans la fixation des tarifs. Puisqu‘il n‘existe pas de différences
majeures entre les technologies de l‘eau à travers le monde, il semble raisonnable de se
servir des données de l‘Angleterre et du Pays de Galles comme base pour estimer la
structure réelle des coûts pour la prestation du service d‘eau.
En utilisant ces données, les coûts d‘investissement représentent 80% des coûts totaux pour
l‘approvisionnement en eau. La quasi-intégralité de ces fonds se perd dans les actifs des
infrastructures, ce qui contribue à expliquer pourquoi le secteur de l‘eau constitue un
monopole naturel si fort. Ceci signifie également que pour atteindre un recouvrement intégral
des coûts par les tarifs, on s‘attendrait à ce qu‘un prestataire ait besoin d‘un coefficient brut
d‘exploitation de 0,20. En d‘autres termes, si les coûts totaux sont de 100, les coûts
d‘investissement seront donc de 80 et les coûts d‘exploitation et d‘entretien seront de 20. Si
l‘on veut que le tarif couvre la totalité des coûts, il sera également de 100. Un coefficient brut
d‘exploitation calculé ainsi : coûts d‘exploitation et d‘entretien (20) divisé par le tarif (100)
équivaudra à 0,20.
L‘industrie de l'eau en Angleterre et au Pays de Galles atteint le recouvrement total des
coûts par les tarifs avec un coefficient brut d‘exploitation de 0,50. Cette apparente
contradiction s‘explique par le fait que lorsque le Gouvernement britannique a privatisé le
secteur de l‘eau en 1989, il a réalisé que le fait de fixer des tarifs à un niveau permettant aux
entreprises publiques de bénéficier d‘un retour sur investissements sur la base de la valeur
totale dépréciée de l‘actif moderne équivalent entraînerait des tarifs deux fois plus élevés.
Ceci aurait été inacceptable d‘un point de vue politique et le gouvernement a donc décidé de
fixer des tarifs permettant un retour sur investissements sur la base uniquement d‘une
fraction de la valeur des actifs qui existaient au moment de la privatisation. Actuellement, la
valeur dépréciée MEA est de 204 milliards de livres sterling comparée au total de l‘actif
réglementaire pour la fixation des tarifs estimé à 32 milliards de livres sterling. En
conséquence, le gouvernement a vendu les entreprises d'eau pour une petite fraction de la
valeur comptable MEA, bloquant la politique de subvention implicite préexistante en
n‘exigeant pas un rendement des actifs existants.
Dans l‘ensemble, tandis que nous n‘avons pas pu confirmer si la subvention croisée entre
l‘électricité et l‘eau existe13, la comparaison par rapport aux références du niveau des tarifs
suggère qu‘une subvention croisée est très probable et est très probablement significative. Il
est aussi à noter que l'étude de GDI de 2004 n'a pu déceler aucun opérateur d'eau en
Afrique Subsaharienne qui recouvre entièrement ses coûts.
Table 4.2: Proportion des opérateurs eau qui recouvrent leur coûts
13
L‘analyse détaillée de la répartition des coûts devrait faire partie de l‘analyse de la concession à mi-parcours.
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 75
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
Source: In présentation au séminaire de l'ONU avec les managers des opérateurs en Afrique, Nairobi, Déc 2006,
par David LeBlanc, UN-DESA
Il est aussi à noter que les recettes moyennes par m3 au Gabon sont assez élevées pour les
pays en développement. Tandis qu'il est probable que les tarifs devraient être augmentés si
la subvention croisée des tarifs MT électricité est baissée, il sera important de minimiser ces
coûts. Par conséquent, nous recommandons que tout rééquilibrage des tarifs soit associé à
un examen des étapes à suivre en vue de réduire les coûts de l‘approvisionnement en eau.
Il sera important de déterminer l‘état des actifs du secteur de l‘eau existant dans le cadre de
la révision à mi-mandat de la concession de la SEEG et d‘établir une structure tarifaire dont
le but sera de veiller à ce que des investissements appropriés puissent être soutenus.
Par ailleurs, il serait souhaitable d'examiner, avec le temps, s‘il serait envisageable d‘un point
de vue pratique d‘inclure les services d‘assainissement dans la concession de la SEEG. Une
supervision commune des services d‘eau et d‘assainissement créerait de meilleures
incitations pour la gestion des ces infrastructures et réduirait le risque de contamination
croisée. Un accès amélioré au système sanitaire sera néanmoins relativement onéreux. Un
programme d‘aide ciblée pour les foyers les plus pauvres sera donc une fois de plus
nécessaire.
Chiffre
d’affaires 2005
Parts du (en milliards de Abonnés
Opérateurs Actionnaires marché GSM F CFA) (2006)
Gabon Telecom Etat gabonais
(fixe) 100% - 60 (estimation) < 35 000
Celtel Africa,
Celtel groupe MTC 52% 50 290 000
Libertis Gabon Telecom 30% 35 180 000
Telecel (Moove) Atlantic Telecom 16% 7 90 000
Source : ARTEL et les opérateurs
Le marché s‘est montré très dynamique jusqu‘à la fin 2005 avec une forte croissance du
nombre d‘usagers. Depuis, on note un ralentissement de la croissance en raison d‘une plus
grande maturité du marché et d‘un ralentissement de la demande. Ceci entraîne une
agressivité commerciale accrue puisque les perspectives de croissance sont à présent plus
limitées. Les revenus issus des consommateurs pourraient se stabiliser à environ 10-15 000
F CFA par mois.
Source : Castalia
Libertis 180 000 11 000 000 000 61 111 F CFA 121 USD
Celtel 290 000 11 000 000 000 37 931 F CFA 76 USD
Télécel 91 000 11 000 000 000 120 879 F CFA 241 USD
Total 561 000 33 000 000 000 59 000 F CFA 118 USD
Source : ARTEL
Gabon Telecom
Gabon Telecom (GT) fournit des services fixes. Parmi les usagers des services fixes, une
large majorité (plus de 70%) sont des employés de l‘Etat (ex : administration, ministères).
Dans l‘ensemble, GT et ses services fixes sont un acteur mineur dans la prestation de
services téléphoniques à la population.
Jusqu‘en juin 2004, Gabon Telecom bénéficiait du monopole des connexions internationales.
L‘ouverture des passerelles internationales aux opérateurs GSM a considérablement
diminué les revenus de GT. En 2004, le trafic international représentait un total de 60
milliards de F CFA. Les tarifs internationaux de Gabon Telecom sont très élevés (1 500 F
CFA par minute pour les communications du Gabon vers l‘étranger contre 600 F CFA ou
moins dans le sens étranger-Gabon), par conséquent, l‘utilisation de la connexion par rappel
a également privé GT de revenus potentiels.
Le taux de recouvrement est faible et en baisse, comme le montre le tableau 5.3,
principalement en raison du fait que les principaux utilisateurs sont des départements de
l‘Etat. Ceci réduit la capacité d‘autofinancement, augmente donc la demande de GT de
financement externe et réduit par là même sa capacité à financer de nouveaux
investissements.
Tableau 5.3 : Taux de recouvrement de Gabon Telecom de 1999 à 2001
l‘Etat (actionnaire à 100% jusqu'à la récente privatisation) a interdit l‘accès de GT aux crédits
bancaires sur le marché international. Les investissements ont été effectués soit sur la base
des bénéfices accumulés, soit par « crédit fournisseur » avec des taux d‘intérêts avoisinant
les 16%.
Pour ce qui est des télécommunications fixes, la situation au Gabon est exposée ci-
dessous :
Vétusté de l‘équipement actif (interrupteurs, réseaux de transmission)
Manque d‘investissement dans de nouvelles zones (échec en termes de service
universel)
Manque d‘entretien et de modernisation des lignes d‘abonnés
Aucun déploiement significatif de l‘accès ADSL sur la base des réseaux de lignes
d‘abonnés
Ce retard dans le processus de modernisation affecte également Libertis et le fournisseur de
services Internet de l‘Etat. Pour Libertis, qui se démène dans le secteur GSM en expansion,
cela signifie :
Difficulté à suivre la course aux investissements.
Pertes de parts de marché.
Il manque également à Libertis le soutien d‘un groupe trans-africain, contrairement à Celtel
et Telcel, et est menacé par un possible isolement.
La privatisation récente de Gabon Telecom devrait encourager l‘amélioration des
performances dans le secteur en permettant à GT d‘accéder à de nouveaux financements
destinés au développement et en créant des mesures permettant un meilleur recouvrement
par les nouveaux propriétaires.
Encadré 5.1 : Remarques sur la privatisation de Gabon Telecom
La privatisation a été réalisée et annoncée publiquement en Décembre 2006, la société
Maroc Telecom prenant 51 % des actions et devenant donc le principal décisionnaire. Cette
répartition est très pertinente car elle permet au nouvel actionnaire d'être suffisamment
puissant pour imposer à la tête des "hommes à lui" (ce qui s'est passé en réalité) et ainsi de
se libérer de l'emprise locale pour pouvoir donner une impulsion plus compétitive à la
nouvelle structure. En même temps, la part de 49% permet aussi à l'état gabonais d'avoir un
rôle dans le développement (contrôle et surveillance) et ainsi de faire bénéficier à l'état du
développement industriel induit suite à cette privatisation.
Même tardive, la privatisation de Gabon Telecom dans son ensemble (Opérateur fixe Gabon
Télécom, Opérateur GSM Liberis, FAI Inet) à donc été positive. Maroc Telecom a pris des
décisions fortes, notamment en lançant un plan de restructuration.
Le choix de Maroc Télécom est très pertinent car il appuie le développement de Gabon
Telecom sur un opérateur transafricain (Maroc Telecom est présent dans différents
opérateurs sub-sahariens) ce qui va permettre, entre autres, à Libertis de devenir plus
compétitif face à Telcel et Celtel qui sont des groupes transafricains. Un autre choix (soit
d'un groupement financier gabonais soit un opérateur non présent dans la zone) aurait isolé
et fragilisé Libertis. Il apparaît aussi aujourd‘hui que ces changements ont amené des
avancées conséquentes sur le développement de l‘accès a Internet.
Toutefois, il apparaît que cette privatisation nécessite d‘urgence la mise en place des
reformes structurelles au sein de l‘Artel comme préconisé dans le rapport.
La privatisation a été favorablement accueillie par le comité de privatisation et le Ministère
des Finances a joué un rôle moteur fort dans l‘accélération de la privatisation entre
Novembre et Décembre 2006.
16%
14%
12%
10%
8%
6%
4%
2%
0%
Par ailleurs, le graphique 5.3 montre que la croissance du Gabon au cours des six dernières
années a été très lente et même des pays plus pauvres affichent davantage de progrès.
Cette tendance doit être inversée.
4500%
4000%
3500%
3000%
2500%
2000%
1500%
1000%
500%
0%
Source : Castalia
Le graphique 5.5 expose les tarifs d‘une communication GSM intra-opérateur. Les tarifs des
trois opérateurs gabonais sont considérablement plus élevés que ceux d‘autres pays
d‘Afrique occidentale. La barre violette représente la moyenne de ces pays sans compter les
opérateurs gabonais.
Graphique 5.5 : Tarifs d’une communication GSM intra-opérateur
200
180
160
140
Coûts (F CFA)
120
100
80
60
40
20
Le graphique 5.6 proposé ci-dessous représente les prix d‘une communication inter-
opérateur. Les tarifs des opérateurs gabonais sont une fois de plus supérieurs à ceux de
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 87
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
leurs homologues d‘Afrique occidentale bien que Telecel, avec son tarif fixe à 190 F CFA, se
trouve en dessous de la moyenne. Au Gabon, le prix payé par un utilisateur du réseau GSM
vers un autre opérateur varie donc entre 190 F CFA et 220-300 F CFA. Ceci souligne le
problème relatif au coût de l‘interconnexion. Il est important de remarquer que les opérateurs
ne semblent pas disposer d‘un système de transfert lié aux interconnexions. En d‘autres
termes, ils ne se paient pas mutuellement les coûts d‘interconnexion qu‘ils ont définis au
préalable.
Graphique 5.6 : Tarifs d’une communication GSM Inter-opérateur
350
300
250
Coûts (F CFA)
200
150
100
50
Source : ITU
Etant donné la concurrence dynamique et intense dans le secteur GSM, le facteur clé
maintenant le coût des télécommunications nationales élevé est le coût de l‘interconnexion.
Des réseaux plus grands et plus établis sont incités à fixer des prix élevés pour résilier les
appels des autres opérateurs, puisque la probabilité que leurs propres clients passent un
appel au sein du même réseau est plus importante, alors que des frais de résiliation élevés
pourraient ralentir la croissance des fournisseurs GSM concurrents. En d‘autres termes, la
concurrence du marché ne résoudra pas d‘elle-même le problème des frais élevés
d‘interconnexion.
Le graphique 5.7 ci-dessous présente une analyse comparative similaire des coûts des
communications internationales.
900
800
700
600
Coûts (F CFA)
500
400
300
200
100
Les coûts élevés des communications téléphoniques sont un fardeau pour tous les
utilisateurs et affectent particulièrement les activités commerciales. Le coût élevé d‘Internet,
abordé dans la section suivante, représente également un obstacle pour tout développement
commercial au Gabon.
connexion 256 Kbit/s et la barre de droite pour une connexion 512 Kbit/s. Les tarifs de
Gabon Telecom sont considérablement plus élevés que dans tous les autres pays.
Graphique 5.8 : Comparaison des tarifs Internet ADSL (256 Kbit/s et 512 Kbit/s)
120000
100000
Coût de l'abonnement par mois (F CFA)
80000
60000
40000
20000
0
Gabon (G Telecom) Mauritania (Mauritel) Senegal (Sonatel) Morocco (Morocco Tel)
Gabon Telecom a un accès exclusif à SAT 3 (câble sous-marin Atlantique Sud/ Afrique de
l‘Ouest). Puisque ses prix sont trop chers, les autres opérateurs utilisent le satellite. Lors
d‘ateliers de travail et de réunions, il en ressort que les opérateurs souhaiteraient avoir accès
au câble sous-marin SAT 3 afin de remplacer ces connexions satellites et avoir accès à une
meilleure qualité, une meilleure bande passante et des coûts plus faibles.
Le coût élevé de l‘accès Internet ainsi que le coût élevé des appels vers l‘étranger
(particulièrement des lignes fixes) sont en partie le produit du rationnement de Gabon
Telecom de l‘accès à la bande passante sur sa liaison internationale par fibre optique. Ceci
permet à Gabon Telecom de gagner des bénéfices monopolistiques sur la liaison
internationale, augmentant le prix de la bande passante internationale jusqu‘à atteindre le
coût de l‘alternative suivante : la liaison satellite. En effet, le rationnement de la bande
passante prive le Gabon de l‘avantage d‘avoir une liaison par fibre optique, avec des prix et
une qualité de connexion étant identiques à ce qu‘ils seraient en l‘absence de cette liaison.
Des actions spécifiques permettant de régler ces deux problèmes ouvriraient les portes à un
développement dynamique du secteur des télécommunications. Le rôle du régulateur
consistant à résoudre ces deux problèmes sera central. Dans la section suivante, est
présenté le régulateur et son rôle.
opérateurs GSM). Au cours d‘un récent différend au sujet du numérotage, l‘ARTEL compte
également sur l‘aide de Y Telecom pour prendre sa décision finale.
Comment l’ARTEL peut-elle devenir plus efficace ?
Une approche à deux volets peut rendre l‘ARTEL plus efficace. Le premier volet consiste à
ce que le Gouvernement incite l‘ARTEL à mettre en œuvre un certain nombre d‘actions
régulatrices spécifiques, comme par exemple mettre en place un cadre d‘interconnexion d‘ici
à la fin 2007. Etant donné sa capacité actuelle, l‘ARTEL devra s‘appuyer sur des conseillers
extérieurs pour mettre en œuvre ce régime. Le projet visant à mettre en oeuvre un régime
d‘interconnexion devrait être conjointement supervisé par l‘ARTEL et d‘autres ministères en
veillant à améliorer les résultats du marché.
Deuxièmement, les changements organisationnels sont nécessaires pour parvenir à des
améliorations et à un renforcement de la capacité. A un niveau élevé, l'engagement politique
du Gouvernement sera nécessaire pour que l‘ARTEL soit plus efficace. Même avec un tel
engagement, le Gouvernement devra d'abord se concentrer sur quelques domaines
critiques. La recommandation est donc que les priorités soient clairement définies, incluant
les initiatives suivantes :
Réduire les tarifs et réguler l’interconnexion—Réduire les coûts des
consommateurs est un enjeu primordial. La régulation devrait veiller à ce que les
profits générés par l'opérateur, que ce soit des profits issus de gains commerciaux ou
de gains de productivité soient équitablement répartis entre l‘opérateur et les
consommateurs. Les tarifs actuels d‘interconnexion sont excessifs et la régulation doit
assurer ce changement. L‘ARTEL doit bénéficier des outils et de la formation pour
réguler l‘interconnexion de façon efficace. Une réforme relative au numérotage pourrait
également insuffler du dynamisme à ce secteur.
Former le personnel— Il est nécessaire de renforcer les connaissances et la capacité
du personnel de l‘ARTEL en assurant une formation portant sur la régulation
économique, les aspects juridiques, et les outils de régulation (exemple : modèles
économiques). Ceci accentuera le rôle et la crédibilité de l‘ARTEL et réduira le
problème d'asymétrie de l‘information entre le régulateur et les opérateurs.
Contrôle du recrutement—Le Gouvernement doit donner à l‘ARTEL la possibilité de
superviser son propre recrutement. Ceci offrira davantage d‘autonomie et de stabilité à
l‘agence. L‘ARTEL pourrait alors recruter des cadres plus expérimentés issus du
secteur privé afin de changer la mentalité actuelle.
Rendre le fonds destiné au service universel efficace— Un règlement intérieur
visant à constituer le « Fonds universel » a été approuvé en juillet 2005. L‘argent
destiné à ce fonds correspond à une part non définie de l‘argent reçu par l‘ARTEL de la
part des opérateurs. Aucun compte séparé n‘a été créé pour ce fonds et il n'est pas
possible de connaître le montant des fonds a priori reçus jusqu'à présent. Nous
recommandons fortement au Gouvernement gabonais de :
Définir quel pourcentage d‘argent reçu de la part des opérateurs doit aller à ce fonds.
Mettre désormais la part de l‘argent perçue par l‘ARTEL de la part des opérateurs sur
un compte spécial et l‘inscrire clairement sur le bilan financier.
Définir clairement les objectifs du « Fonds universel ». Nous préconisons de
s‘intéresser à la téléphonie dans les milieux ruraux en vue de parvenir à un service
universel mais également aux centres informatiques et à l‘accès Internet.
pays pourra bénéficier du service universel. Une infrastructure partagée devrait être
accentuée. Le développement durable du pays et l‘accès au développement pour tous
devraient être une priorité. Les travaux de génie civil (comme par exemple la réparation du
système routier) devraient s‘accompagner de l‘installation d‘une gaine pour faciliter la mise
en place de la fibre optique, qui pourrait être utilisé par l‘ensemble des opérateurs ou des
ISP qui en feraient la demande.
Des exemples de connexions interurbaines pourraient également être :
Lors de l‘installation du gazoduc de Libreville-Port Gentil, une demi-fibre optique sous-
marine devrait être construite en même temps.
Un câble à fibre optique pourrait être installé le long du Transgabonais entre Libreville
et Franceville.
Toute installation d‘une ligne à haute tension devrait s‘accompagner de l‘installation
d‘un câble à fibre optique enroulé (technologie mise au point).
Transport ferroviaire
Le Gabon dispose d‘une ligne ferroviaire à voie unique de plus de 650 km, à
écartement normal de 1,435 m reliant le port d‘Owendo sur la côte ouest à Franceville
dans le sud-est du pays. Pour une capacité de transport de 18 millions de tonnes par
an, le trafic ferroviaire de marchandises réalisé en 2005 totalisait seulement 3,9
millions de tonnes dont 72% de manganèse, 20% de grumes et 8% d‘autres produits.
Le trafic de passagers en 2005 était d‘un peu plus de 200 000 personnes (600 par
jour). La vitesse maximum est de 80 km/h pour les circulations voyageurs et de 60
km/h pour les marchandises.
Une première concession a été interrompue en 2003, par constat de déchéance. La
SETRAG, seul soumissionnaire et filiale de la COMILOG (producteur de manganèse),
est le nouveau concessionnaire ferroviaire depuis novembre 2005, après avoir assuré
l‘intérim de la gestion de l‘entreprise.
Construite entre 1973 et 1986 et en service depuis plus de 20 ans, l'état actuel de la
ligne nécessite des investissements. Ainsi, la SETRAG, lors de son Assemblée
Générale du 8 juin 2007, a annoncé l'intention d'investir près de 50 milliards FCFA
(USD 100 mln) sur 5 ans afin de réaliser des travaux et une remise en état des voies
ainsi que pour remplacer une partie de l‘équipement. Pour atteindre cet objectif, la
SETRAG a prévu d‘augmenter son capital de 15 milliards de F CFA (30 millions USD),
de chercher d‘autres moyens de financement à hauteur de 14 milliards de F CFA (28
millions USD) et de financer 20 milliards de F CFA (40 millions USD) par des
mouvements de trésorerie.
En 2006, dans le cadre du contrat de concession, une des Délégations Générales du
Gouvernement devait devenir une instance régulatrice avec un budget annuel de 500
millions de F CFA (1 million USD), payé par le concessionnaire. L‘organisation devait
être de petite taille et devait se concentrer sur l‘application de la convention de
concession, sur le contrôle du service aux passagers, sur la réalisation des travaux des
voies et sur le traitement équitable des trois autres opérateurs, en particulier
concernant les minerais. La division en charge de la supervision n‘a pas encore été
établie.
300,000
200,000
100,000
-
2001 2002 2003 2004 2005
Source : SETRAG
Le comité chargé de suivre les progrès enregistrés par la concession n‘est pas effectif.
Le Tableau 6.2 ci-dessous fournit des données sur les tendances relatives au transport au
Gabon.
Tableau 6.2 : Tendances relatives au secteur des transports gabonais
Variation Variation
Types de trafics 2003 2004 2005 04/03 05/04
Trafic portuaire
- Mouvements des navires 5 500 3 308 3 058 -40% -7,6%
- Tonnage des marchandises (tonnes) 18 251 837 18 770 926 19 754 310 2,8% 5,2%
Dont : Port d‘Owendo: 3 450 1 236 1 394 -64% 12,8%
- Mouvements des navires 4 083 837 4 548 722 5 720 252 11,4% 25,8%
- Tonnage des marchandises (tonnes)
Port de Port Gentil 2 050 2 072 1 664 -0,4% -19,7%
- Mouvements des navires 14 168 000 14 222 204 14 034 058 0% -1,3%
- Tonnage des marchandises (tonnes)
Transport aérien
- Mouvements d‘avions
- Voyageurs 49 546 44 733 42 879 -10% -4,1%
1 289 588 1 107 413 969 365 14% -12,5%
- Fret (tonnes)
17 186 15 983 16 200 -7% 1,4%
Dont : Aéroport de Libreville
- Mouvements d‘avions 28 420 22 532 22 784 -21% 1,1%
- Voyageurs 854 776 698 589 635 422 -19% -9,0%
- Fret (tonnes) 15 545 14 217 14 650 -8,5% 3,0%
Aéroports secondaires (10)
21 126 22 201 20 095 5% -9,5%
- Mouvements d‘avions
434 812 408 824 333 943 9,4% -18,3%
- Voyageurs 1 641 1 766 1 550 7,6% -12,2%
- Fret (tonnes)
Source : Tableau de bord de l‘économie, DGE/MEFBP – Situations 2004 et 2005
Le transport multimodal
Au Gabon, le transport multimodal est pratiquement limité à la chaîne de transport fer-port.
Cette chaîne collecte et distribue des produits d‘exportation, des conteneurs, des matériaux
de construction, des hydrocarbures, etc. Il s‘agit d‘une intégration à la fois technique
(l‘interface port-rail a été conçu dès l‘origine) et commerciale (il existe des liens entre les
opérateurs du port, du fer et des mines). Cette intégration ‗‘en longueur‘‘ est assez étanche à
une concurrence rail-route pour la raison que le réseau routier n‘offre pas les mêmes
itinéraires terrestres (les mines) que l‘itinéraire ferré. Cela dit, pour l‘acheminement des
grumes, les camions jouent leur rôle (trop souvent en infraction des règles de surcharge), en
liaison avec les fleuves (flottage jusqu‘au port).
Autrement dit, il n‘y a pas de réelle concurrence entre rail et route pour le transport d‘import-
export, chaque mode, le rail et la route, ayant ses propres clients qui se sont décidés sur des
critères de commodité plus que de tarif. On peut ajouter que rien n‘a jamais été fait pour
rendre complémentaires le rail et la route, c'est-à-dire en équipant les gares de moyens de
manutention et levage, en gérant les conteneurs comme des boîtes, en créant des structures
commerciales adéquates, ...
Schéma 6.2 : Part du Fonds d’entretien routier provenant des taxes imposées aux
usagers
Mali 19
Niger 20
Cote d'Ivoire 30
Ethiopia 40
Gabon 46
Madagascar 50
Togo 80
Malawi 80
CAR 80
Tanzania 90
Chad 90
Cameroun 90
Benin 90
Zambia 95
Mozambique 95
Burundi 95
Rwanda 100
Lesotho 100
Kenya 100
Guinea 100
Ghana 100
Cape Verde 100
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
travail des entrepreneurs qui préfèreraient s‘affranchir de ces normes pourtant de nature à
garantir la pérennité d‘une route bien entretenue. En outre, bien que les volumes de trafic
soient faibles en dehors des régions à forte densité de population, le réseau routier se
dégrade rapidement en raison des charges transportées par les poids lourds (minerais et
bois tropical). Les charges par essieu ne sont pas contrôlées, mais devraient l‘être. La
mauvaise qualité du réseau routier est également largement imputable au manque
d‘entretien effectué dans les délais prévus.
Le Gouvernement consacre une enveloppe budgétaire considérable à la construction
routière. Environ un tiers à la moitié du budget d‘investissement est alloué à la construction
routière. Le Fonds d‘entretien routier, s‘il est correctement mis en œuvre, devrait veiller à ce
que les dispositions budgétaires destinées à l‘entretien routier correspondent aux besoins.
Les rentrées d‘argent destinées au Fonds d‘entretien routier devraient être plus appropriées
afin de répondre aux besoins envisagés pour un entretien routier de routine (budget
récurrent) et pourraient également être utilisées pour couvrir les coûts d‘un entretien
périodique effectué dans des délais convenables au lieu de laisser les routes se dégrader à
tel point qu‘une réhabilitation ou une construction totales et coûteuses deviennent
aujourd‘hui nécessaires.
Cependant, ces enveloppes budgétaires ne sont pas parvenues à atteindre les résultats
escomptés. La construction de 539 kilomètres de routes depuis 1992 ne représente que 28%
de la construction routière envisagée, à un coût de 180 milliards de F CFA, ce qui représente
66% de la totalité des coûts prévus.
En d‘autres termes, les routes ont coûté plus du double de ce qui avait été prévu à l‘origine,
ce qui équivaut à une moyenne de 357 millions de F CFA par kilomètre (714 000 USD). La
Direction Générale des Grands Travaux (DGGT) est en charge de 16 travaux de
construction, dont 11 ont été interrompus, après une dépense totale de 11,1 milliards de F
CFA, soit environ 147 millions de F CFA par kilomètre. On s‘attend à ce que les cinq projets
devant être mis en oeuvre coûtent environ 700 millions de F CFA par kilomètre (1.4 millions
USD). Pour comparer, l'étude de la Banque Mondiale relative aux coûts des projets de
construction routière dans les pays en développement (évoquée plus bas), indique que le
coût moyen de mise à niveau et bitumage d'une route existante non-revêtue se situe à
environs 225 000 USD par kilomètre.
La mauvaise infrastructure routière au Gabon conduit à des coûts élevés
Alors que le financement de l‘entretien des routes représentait par le passé un problème clé,
il semble que la création d‘un fond de deuxième génération pour l‘entretien des routes
fournisse les ressources suffisantes pour financer la construction et l‘entretien des routes.
Bien que toute l‘efficacité du nouveau Fonds d‘Entretien Routier ou FER doive encore être
prouvée, le financement ne semble pas être le problème principal. Ce FER de deuxième
génération, approuvé en septembre 2006, sera récolté par le biais d‘une taxe sur les produits
pétroliers. La taxe sera directement versée sur un compte spécial ouvert à la BEAC (Banque
Centrale des Etats d'Afrique Centrale).
En conséquence, le problème principal est de savoir comment dépenser ces fonds de
manière efficace, ce qui est difficile pour le Gabon en raison des coûts élevés des travaux et
de l‘entretien. Il est crucial de réduire les coûts de construction et d‘entretien. Tous les autres
développements sectoriels dépendent des améliorations de l‘infrastructure routière. Le
manque de routes encourage également l‘importation au détriment du commerce à l‘intérieur
du pays. Le secteur de l‘agriculture, par exemple, est clairement handicapé et n‘a
représenté que 4,4 % du Produit Intérieur Brut (PIB) en 2004.
Analyse comparative des coûts de construction et des coûts d’entretien des routes
Les prix des travaux de voirie au Gabon représentent un obstacle significatif puisqu‘ils sont
deux à trois fois plus élevés que la moyenne mondiale, comme le montre le graphique 6.3 ci-
dessous.
Graphique 6.3 : Coût estimé de construction des routes au Gabon et coût moyen
mondial (en USD par km)
2,500,000 Gabon
(estimatio
2,000,000 n)
Coûts par km (F CFA)
1,500,000
Gabon
(estimatio Gabon
1,000,000
n) (estimatio Moyenne
n)
500,000
Moyenne Moyenne
0
Unpaved Road Paved Road (Rehabilitation) Paved Road (Construction)
unpaved road = routes non revêtues/ paved road (rehabilitation)= routes revêtues (remise en état)
Source : Rapport de la Banque mondiale sur les coûts des travaux de voirie par Km et données
collectées au Gabon
Le coût d‘entretien au Gabon avoisine les 115 000 USD par km de route. Le FER devrait
collecter 24 milliards de F CFA (48 millions USD). Ceci est important car cela représenterait
un coefficient de 33 millions de F CFA (66 000 USD) par km de route revêtue existante ou
2,6 millions de F CFA (5 180 USD) par km pour tout type de route. A l‘évidence, le FER ne
serait pas suffisant pour entretenir et remettre en état le réseau routier existant au coût
actuel, mais en toute probabilité, il pourrait l‘être si les coûts au Gabon étaient réduits pour
se rapprocher de la moyenne internationale. Par exemple, l'étude de la Banque Mondiale sur
les coûts de l'entretien routier dans les projets finances par la Banque entre 1995 et 1999,
indique que le coût moyen de couverture d'une route non-revêtue se situe autour de 20 000
USD par kilomètre14.
A l‘heure actuelle, 80% de l‘entretien est réalisé par le secteur privé et 20% par le secteur
public. Dix entreprises opèrent sur le marché : trois du groupe Vinci, deux du groupe
Bouygues, une entreprise espagnole (Cubiertas), une filiale d‘une entreprise publique
chinoise (Cobec) et trois entreprises locales (Tab, Vbec et Socofi). En d‘autres termes, il
existe 7 concurrents. Ceci supposerait que le degré de concurrence n‘est qu‘un problème
parmi d‘autres. Un autre problème probablement plus important semble découler des
dispositions relatives à l‘acquisition et du type d‘entreprises capables d‘être en concurrence
sur le marché en fonction de ces dispositions.
Paiement tardif
Le Gouvernement gabonais a la réputation de payer tardivement les entreprises dans le
cadre des contrats d‘entretien des infrastructures de transport. Certaines entreprises privées
14
http://www.worldbank.org/transport/roads/c&m_docs/kmcosts.pdf
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 102
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
ont même fondé le « Club de Libreville » pour négocier le remboursement des dettes par le
gouvernement. En conséquence, le coût du financement privé est très élevé.
Le secteur routier a contracté d‘énormes dettes, s‘élevant en 2005 à 28 milliards de F CFA
pour l‘entretien et à 45 milliards de F CFA pour la construction. Ces chiffres n‘incluent pas
les dépenses et les dettes découlant des projets routiers non achevés dans diverses
capitales régionales, notamment ceux associés aux investissements pour la commémoration
de l‘indépendance. Pendant l‘année 2004, les ressources du Fonds Routier d‘un montant de
16 milliards semblent avoir été utilisées pour rembourser la dette due aux entreprises ayant
fourni les services dans le cadre du FER.
Rôle des petites et moyennes entreprises (PME)
Il s‘avère très difficile de réduire le coût de l‘entretien avec peu d‘acteurs et un petit nombre
d‘entreprises locales. En guise d‘exemple, en 1997 au Cameroun, une seule entreprise était
en charge de l‘entretien des routes. Aujourd‘hui, on en compte plus de 20, dont 10 sont
capables de gérer des gros projets et ce en raison de :
Privatisation intégrale
Un Fonds d‘entretien routier de deuxième génération a été mis en place
Le développement des PME a été encouragé
Le Gabon a besoin d‘une stratégie d‘entretien des routes orientée vers les PEM. Ceci
pourrait nécessiter des mécanismes de financement afin de les aider à acquérir l‘équipement
nécessaire ainsi qu‘un plan d‘acquisition encourageant l‘entrée sur le marché de nouveaux
participants. En particulier, le paiement rapide est essentiel et des paiements groupés en
début de période pourraient être utiles pour encourager des nouveaux entrants. L‘Union
européenne est en train de mettre en œuvre un programme visant à identifier les entreprises
nationales, à les former sur les plans technique et administratif et à les financer en partie.
Des organisations comme l‘International Finance Corporation (IFC) pourraient jouer un rôle
en insufflant le sens de l‘équité à ces entreprises.
15
La valeur ajoutée représente les bénéfices globaux déclares du secteur
16
La notion du transport maritime comprend les ports et la navigation appartenant au Gabon
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 103
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
- Chiffre d‘affaires (en millions de F CFA) 60 472 27 573 33 855 -54% 22,8%
- Valeur ajoutée (en millions de F CFA) 11 700 14 856 16 705 26,9% 12,4%
- Investissements (en millions de F CFA) 3 397 2 144 1 671 -37% -22,1%
- Employés 1 590 672 690 -58% 2,7%
Transport aérien
- Chiffre d‘affaires (en millions de F CFA) 51 704 66 328 49 071 28,3% -26,0%
- Valeur ajoutée (en millions de F CFA) 9 676 4 782 5 128 -50,4% 7,2%
89%
- Investissements (en millions de F CFA) 27 911 52 874 19 315 -63,5%
-44,4%
- Employés 1 450 938 987 5,2%
Nous notons dans l‘ensemble une baisse des faibles niveaux d‘investissement. Nous
proposons à présent plus d‘informations sur les concessions existantes.
Concession ferroviaire avec la SETRAG
D‘abord confiée en 1999 pour une période de 20 ans à un consortium dirigé par les
industries du bois (la SNBG, Société Nationale des Bois du Gabon), les performances de la
première concession ont été perturbées par des différends avec l‘industrie du manganèse (la
COMILOG) alors qu‘ils se démenaient pour s‘accorder sur un prix relatif au transport du
manganèse. Ces différends se sont traduits par des difficultés financières pour le
concessionnaire qui n‘a pas répondu aux exigences en termes d‘investissement. On l‘a
jugée défaillante en 2003 et à la suite d‘un nouvel appel d‘offres, la COMILOG, seul
soumissionnaire, via sa filiale SETRAG, a définitivement remporté la concession en 2005
pour une période de 30 ans.
Il est intéressant de noter que la convention de concession avec la SETRAG suit de très
près le modèle de la concession ferroviaire proposé par la Banque mondiale dans son guide
des concessions relatif au secteur ferroviaire. Cependant, une instance régulatrice, prévue
par la convention, n‘est pas encore effective.
Le principal problème de cette concession est l‘asymétrie de l‘information (et certainement
de l‘entregent) entre le concessionnaire et toute instance régulatrice potentielle. Le
concessionnaire considère clairement les trains de la COMILOG comme une priorité. Le
transport des marchandises en 2005 a représenté 3,9 millions de tonnes réparties de la
manière suivante : 72% pour le manganèse, 20% pour les produits du bois et 8% pour
d‘autres produits. Le trafic des voyageurs a récemment été réduit par une décision de la
SETRAG consistant à supprimer plusieurs arrêts à des gares intermédiaires pour accroître la
profitabilité et réduire donc probablement le trafic des voyageurs.
En termes de volumes de marchandises transportées, d'après les données de l'Union
Internationale des Chemins de Fer (www.uic.asso.fr), la SETRAG a assuré en 2005 un trafic
commercial de 2 219 millions de tonnes-kilomètres (alors que le parcours total en tonnes-km
brut remorqués a été de 3 934 mln t-km), et en 2004, de 1 842 mln t-km. Le tableau ci-
dessous compare les performances de la SETRAG en 2004 et 2005.
Tableau 6.4 : Performances de la SETRAG
Année Chiffre d'affaires Effectif, Trafic commercial Revenu par t- Trafic commercial par
(mln USD) employés marchandises, mln t-km km (US cents) employé (mln t-km)
La comparaison avec les autres pays d'Afrique (d'après le Review of Selected Railway
Concessions in Sub-Saharan Africa17) montre que le revenu par t-km de la SETRAG reste
en-dessous des principaux pays voisins, alors que la productivité semble supérieure aux
pays voisins. Le fait que le réseau ne soit constitué que d'une seule ligne explique en partie
ces différences.
La stratégie du gouvernement en matière de transports exige la réhabilitation et
l‘agrandissement du chemin de fer Transgabonais afin d‘assurer les connexions vers le
Cameroun et la République démocratique du Congo, dans le cadre du programme prioritaire
des investissements régionaux du NEPAD et du Programme de développement des
transports en commun en Afrique centrale. Nous remarquons que cet objectif stratégique
n‘est pas incorporé dans les termes de la concession ferroviaire.
Mais comment l‘Etat peut-il faire valoir son point de vue (nécessité de ne pas voir dépérir les
services de voyageurs, connexions régionales, etc) alors qu‘au Ministère chargé des
transports, il n‘y a pas de spécialiste ferroviaire ni de structure chargée du suivi des activités
ferroviaires, tant au niveau du cabinet du Ministre et du Secrétariat Général qu‘au niveau de
la Direction Générale des Transports Terrestres ?
Concession portuaire avec la SIGEPRAG
Les deux ports d‘Owendo et de Port gentil disposaient en 2005 d‘un tonnage cumulé
équivalent à 20 millions de tonnes (6 pour Owendo et 14 pour Port Gentil). La concession a
été confiée pour la majorité des activités à la SIGEPRAG (Société d‘Investissement et de
Gestion des Ports et Rades au Gabon), filiale de Progosa Investment et de Puertos de Las
Palmas (PIP), groupe d‘investisseurs espagnols. L‘OPRAG (Office de Ports et Rades du
Gabon) est l‘autorité de concession.
Cependant, il semble qu‘à travers PIP, le groupe Bolloré soit le véritable propriétaire de la
concession, ceci en dépit du modèle de régulation appliqué à la concession portuaire, lequel
repose sur la prévention de l‘intégration verticale entre les opérations du propriétaire et les
services portuaires, tels que la manutention. Actuellement, le concessionnaire et les
fournisseurs des services portuaires, largement dominés par 3 filiales de Bolloré (SNAT,
SDV et GETMA) sont sous le même contrôle. Alors que le comité de privatisation doit ouvrir
30 % du capital de la concession du propriétaire à des investisseurs locaux, il semble que
l‘idée d‘arriver au terme de la concession reçoive un certain soutien.
Nous n‘avons pas d‘informations directes concernant les frais de manutention dans les ports
principaux. Le tableau ci-dessous propose des données récentes relatives au coût de la
cargaison issue du Japon par m3 (dédouané par les autorités portuaires) en direction des
pays d‘Afrique de l‘Ouest. Etant donné que la distance et le degré de concurrence entre les
compagnies de navigation maritime qui empruntent ces voies ne diffèrent pas de façon
significative, les différences entre les taxes imposées sur la cargaison reflètent
essentiellement les frais de manutention portuaire. Le Gabon est au-dessus de la moyenne
en comparaison aux pays voisins.
17
Source: Banque Mondiale, Juin 2006
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 105
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
160
140
120
100
80
60
40
20
0 e
sau
l
on
on
in
bia
i
na
go
ega
out
rag
Ben
Gha
ero
Gab
Con
Gam
-Bis
Djib
Sen
Ave
Cam
nea
Gui
Source : Compagnies de navigation japonaises
positions monopolistiques ?
. Révision juridique des contrats
. Moyens d‘améliorer l‘efficacité de la
Meilleure régulation par contrat
mise en application
Source : Castalia
programmes d‘OBA dans le cadre de « la gestion et de l‘entretien du réseau routier » ont été
élaborés depuis 2004 au Cap Vert, au Tchad, à Madagascar et en Tanzanie.
A travers les contrats de gestion et d'entretien des routes basés sur les performances
(PMMR)18, les gouvernements confient la gestion et l'entretien des routes à des entreprises
privées spécialisées. Les contrats de PMMR visent à assurer que l‘état des routes répondent
de façon appropriée aux besoins des usagers sur une période de plusieurs années en
élargissant le rôle du secteur privé qui passe de la simple réalisation de travaux à la gestion
et à l'entretien des actifs routiers. Les contrats de PMMR sont accordés par le biais d‘un
appel d‘offres ouvert, les prestataires de service potentiels proposant une taxe forfaitaire par
kilomètre de route. La réussite de ces projets initiaux a généré un grand intérêt en Afrique
subsaharienne.
Au Gabon, l‘entretien des routes est insuffisant et des programmes similaires, financés par le
fonds destiné aux travaux de voirie, pourraient s‘avérer utiles bien que le manque sur le long
terme d‘entreprises en concurrence pour l‘obtention des contrats puisse être un problème.
Ce pourrait être une bonne opportunité de soutenir le développement d‘entreprises privées
locales et efficaces dans ce secteur. De manière générale, l‘amélioration de la qualité des
routes au Gabon signifiera pour la population un meilleur accès aux marchés et aux services
(en particulier dans les zones rurales). Ceci facilitera par ailleurs le développement
économique, attirera les investisseurs et facilitera la prestation de services de transport de
meilleure qualité et plus abordables.
Encadré 6.1 : Expériences d’OBA dans le domaine de l’entretien des routes en
Argentine
Créer une capacité et envisager des mesures d‘incitation relatives à l‘entretien des
routes est un défi, en particulier dans la mesure où ce secteur ne peut attirer des
taxes imposées aux usagers pour couvrir les coûts.
Le gouvernement argentin a répondu à ce défi par le biais d‘un réseau routier non
mis en concession en utilisant des contrats basés sur les résultats signés avec le
secteur privé pour des travaux de réhabilitation et d‘entretien. Les contrats forfaitaires
pluriannuels, financés par le gouvernement et la Banque mondiale, spécifient les
résultats requis en termes de service routier et utilisent un échéancier des paiements
basés sur des primes en vue d‘assurer la qualité du travail.
Cela étant, ces contrats ne devraient pas être utilisés pour les routes en très mauvais
état. Si les coûts de réhabilitation initiale dépassent de 40-50% le coût total du
contrat, réhabiliter les routes à travers un contrat de construction traditionnel et
appliquer par la suite un contrat basé sur les résultats est une meilleure méthode.
Trois ans après avoir été mis en place, les 60 contrats (avoisinant en moyenne les 10
millions USD) qui étaient dans leur première phase fonctionnaient bien. Au terme du
programme, environ 75% des routes non mises en concession en Argentine devaient
être gérées dans le cadre de contrats basés sur les résultats.
Source : GPOBA
Résultats à évaluer
Dans le cas des transports ferroviaire et aérien, certains exemples des objectifs devant être
atteints et donc des « résultats » qui pourraient être utilisés pour évaluer la réalisation de
l‘OBA sont :
18
PMMR : de l‘anglais Performance-based Management and Maintenance of Roads
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 111
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
La fréquence d‘un service (assurer par exemple cinq liaisons hebdomadaires entre la
ville A et la ville B au lieu de trois uniquement).
Le respect des horaires (l‘objectif n‘est pas atteint par exemple si le retard moyen
dépasse une heure).
La qualité du service offerte aux voyageurs (comme par exemple la communication
des informations en cas de retard, la courtoisie). Permettre aux consommateurs
d‘exprimer leur mécontentement pourrait être un moyen d‘évaluer la qualité du service.
En ce qui concerne l‘entretien des routes, les entrepreneurs ne seraient pas payés
directement en échange des réalisations (travaux physiques effectués) mais en échange des
résultats finaux tels que la mise en place de niveaux prédéfinis en termes de qualité de
service pour les sections de routes identifiées dans le contrat. L‘entrepreneur recevrait un
paiement mensuel fixe, en dépit des travaux effectués, aussi longtemps que l'exige l'état de
la route. En conséquence, ceci créé de fortes mesures d‘incitation en vue d'atteindre
l'efficacité. L‘encadré 5 ci-dessous présente l‘exemple de résultats choisis au Tchad.
Encadré 6.2 : Résultats enregistrés dans le cadre de contrats d’entretien et
de gestion des routes basés sur les performances au Tchad
Dans le cas des contrats d‘entretien et de gestion des routes basés sur les
performances (PMMR) au Tchad, les résultats choisis sont :
Accessibilité (les routes doivent être ouvertes)
Vitesse moyenne atteignable
Confort pour les usagers
Durabilité (mesure consistant à assurer la durabilité à long terme des
routes)
Deux mécanismes sont utilisés pour veiller au respect de ces critères :
Premièrement, l‘entrepreneur effectue une auto-surveillance, soumettant un
rapport au gouvernement accompagné de chaque facture mensuelle.
Deuxièmement, un consultant vérifie les rapports d‘auto-surveillance par le
biais d‘inspections mensuelles. Le gouvernement a nommé la SADEG,
société d‘ingénieurs-conseils basée au Cameroun, pour assurer ce rôle de
surveillance.
Si l‘entrepreneur ne parvient pas à se conformer aux critères de service sur un
mois, sa commission est revue à la baisse. S‘il ne parvient pas à se conformer
à ces critères à plusieurs reprises, son contrat peut être suspendu. Jusqu‘à
présent, l‘entrepreneur s‘est conformé aux critères et a souvent dépassé les
exigences requises en termes de qualité de service. En réalité, certains
soutiennent l‘idée que la qualité des routes est « trop élevée » et que les coûts
pourraient être revus à la baisse avec des objectifs moins ambitieux. Le
gouvernement planifie désormais de nouveaux contrats de PMMR.
Source: GPOBA
Les étapes nécessaires visant à améliorer le processus de mise en oeuvre des PPP sont
exposées dans la section 7.
7.1 Différence entre les problèmes liés au recouvrement des coûts et les
problèmes financiers
Comme cela a été mentionné plus haut, la première étape pour améliorer la mise en œuvre
des projets de PPP est de réorienter l‘analyse et le développement initial des projets. En
effet, au lieu de se concentrer sur la recherche de financement, il faut tenter d‘obtenir une
compréhension claire de la provenance des recettes du projet et se demander si elles
seraient suffisantes pour couvrir tous les coûts, y compris les coûts de financement.
Pour comprendre la raison pour laquelle ceci est nécessaire, il est utile de se pencher un
moment sur la différence entre recouvrement des coûts et financement.
Le financement fait référence au fait d‘obtenir l‘accès à des fonds pour répondre aux
dépenses (présent), les fonds devant être restitués ensuite au bailleur de fonds
accompagnés des intérêts ou des bénéfices. En d‘autres termes, le financement est
nécessaire dans une situation où un prestataire s‘attend à pouvoir récupérer la totalité de
ses coûts à moyen terme mais doit initialement dépenser plus d‘argent qu‘il ne peut en
récupérer par les biais des recettes et des subventions. Le secteur privé dispose d‘un
meilleur accès au financement que le secteur public dans des situations où un recouvrement
fiable des coûts est assuré.
Cependant, un grand nombre de projets de PPP dans les pays d‘Afrique subsaharienne,
notamment le Gabon, sont confrontés à un problème de recouvrement des coûts plutôt qu‘à
un problème initial de financement : en d‘autres termes, la raison pour laquelle ils n‘ont pas
accès au financement s‘explique principalement par le fait que leurs recettes sont
insuffisantes pour rembourser l‘emprunt. Si le recouvrement des coûts est assuré, il n‘y aura
aucune difficulté à trouver un financement.
Les graphiques suivants illustrent la différence entre les deux concepts. Le graphique 7.1
montre un prestataire ayant des problèmes de recouvrement des coûts. Les recettes totales
issues de toutes les sources (tarifs et subventions) sont inférieures aux coûts totaux, y
compris les coûts en capital19. On ne peut pas dire que le prestataire dans ce graphique
connaît un problème de financement. Le problème n‘est pas le fait que l‘argent soit
nécessaire dans l‘immédiat mais qu‘il puisse être remboursé plus tard. Par ailleurs, le
problème vient simplement du fait que le prestataire n‘a pas assez de revenus pour couvrir la
totalité de ses coûts dans un avenir prévisible.
19
Par « coût en capital », nous désignons à la fois le coût des actifs étant épuisés et devant être
remplacés, généralement mesuré par la dépréciation ainsi que le besoin d‘offrir un retour sur le capital investi,
par exemple en faisant des paiements avec intérêt sur un prêt ou en permettant à un investisseur en actions de
gagner des dividendes.
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 116
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
Losses
Time
Source: Castalia
Cash Inflow
Cash Outflow
Capital Required
NB: PV of Operating Cash Surplus > PV of Capital Required
Time
Source: Castalia
Le gouvernement fixe
une Politique et une Analyse des projets Gestion de la Gestion, contrôle et
stratégie de PPP Initiation du individuels transaction application du
projet contrat
Source: Castalia
Etape 1 : Fixer une politique et une stratégie de PPP—Cette activité consiste à fixer
une politique globale relative aux PPP. Ceci signifie qu‘il faut décider quels secteurs
seront prioritaires en termes de PPP et sur quels types de dispositions le programme
de PPP sera orienté.
Etape 2 : Initiation du projet—Le gouvernement doit être capable d‘identifier des
projets de PPP appropriés. Les projets de PPP peuvent tirer leur origine de l‘une ou
l‘autre des manières suivantes :
Propositions sollicitées, dans lesquelles une agence gouvernementale développe une
idée pour une transaction de PPP spécifique.
Propositions non sollicitées, dans lesquelles un investisseur ou un opérateur privé
développe une idée pour un projet PPP spécifique et le propose au gouvernement.
Etape 3 : Analyse des projets individuels—Ayant reçu ou développé un concept de
projet dans l‘étape 2, le gouvernement doit ensuite examiner l‘opportunité. Cette étape
permettrait de repérer les projets irréalisables et de se concentrer sur les projets les
plus faisables. Au Gabon, cette étape sera cruciale pour raccourcir la longue liste de
projets proposés. Une telle analyse implique en général :
Une étude de préfaisabilité et une étude de faisabilité afin de déterminer si le projet
proposé est techniquement réalisable et s‘il serait attrayant pour un investisseur ou
un opérateur privé sur le plan financier. L‘analyse des sources potentielles de
revenu est un aspect crucial. Certaines agences gouvernementales se chargent
habituellement des études de faisabilité pour les projets sollicités. L‘opérateur
privé se charge habituellement (mais pas toujours) des études de faisabilité pour
les propositions non sollicitées. Dans de nombreux cas, le gouvernement et les
partenaires privés feront eux même leurs propres études de faisabilité.
Le gouvernement peut également, mais pas dans tous les cas, évaluer :
Si, étant donné les autres priorités fiscales, le gouvernement dispose des
fonds suffisants ou peut mobiliser des financements suffisants pour
respecter ses obligations dans le cadre du projet.
Analyse du Cadre des Infrastructures au Gabon 119
Juin 2007
République du Gabon Banque Mondiale
Encadré 7.1 : Manque d’engagement des hauts dignitaires de l’Etat envers des
programmes de PPP de qualité
Dans le cadre d‘un programme de PPP, les divisions compétentes ont été établies aux
Philippines, au Bangladesh et en Jamaïque mais toutes ont souffert d'un manque
d'engagement politique. En particulier :
En Jamaïque, la structure qui s‘employait à introduire des PPP a manqué de
soutien politique. Le Gouvernement était déterminé à conserver le contrôle du
processus en le confiant à des membres de son parti à la fois loyaux, compétents et
dignes de confiance. Les ministres du Cabinet étaient naturellement suspicieux à
l‘égard du secteur privé et prédisposés à envisager des stratégies économiques
nationalistes. Alors qu‘une administration compétente tentait d‘envisager des
stratégies solides en termes de désinvestissement et de contrat, cette dernière était
constamment contrariée par des indécisions politiques et par un contrôle accru du
parti et des ministères en charge de gérer le processus, lesquels préféraient que les
offres soient attribuées à des consortia impliquant des Jamaïcains disposant de
bonnes connexions plutôt qu‘au meilleur soumissionnaire. Lorsque ces consortia
ont échoué, le Gouvernement les a le plus souvent renfloués.
Le Centre BOT des Philippines était à son apogée lorsqu‘il émanait d‘une initiative
du Président visant à résoudre un problème spécifique dans le secteur de
l‘électricité en attirant des IPP. L‘efficacité de la division a considérablement été
réduite, en dépit d'un éventail de responsabilités plus large dans le cadre de la loi
sur les BOT, dans la mesure où l‘urgence relative à la crise du secteur de
l‘électricité n'est plus d'actualité et que la division est passée d‘une position
directement rattachée au Cabinet du Président au Ministère du Commerce et de
l‘Industrie. Par essence, le Gouvernement des Philippines dispose d‘une division en
charge des PPP mais ne dispose pas de stratégies de PPP.
Au Bangladesh, le Centre visant à favoriser les investissements destinés aux
infrastructures (IIFC) a seulement fait preuve d‘influence au niveau exécutif. L‘IIFC
assure l'assistance technique à un Comité privé en charge des infrastructures,
lequel siège au Cabinet du Premier Ministre, à travers une représentation
relativement faible au Conseil du Gouvernement. L‘investissement du secteur privé
dans le secteur des infrastructures s‘articule principalement autour de cette
structure.
A l‘inverse, des structures comme Partnerships Victoria et Partnerships UK ont bien
fonctionné car elles bénéficiaient d‘un soutien politique très prononcé.
Source: Castalia
Conclusions
Bien que chaque secteur des infrastructures soit confronté à des défis propres et uniques et
que chaque secteur nécessite une attention approfondie, quatre grands thèmes se dégagent
en vue d‘améliorer le secteur des infrastructures :
Le Gouvernement doit développer une capacité globale intersectorielle afin
d’élaborer et de mettre en œuvre des mécanismes de subventions et de soutien
efficaces et ciblés — Le Gouvernement du Gabon traverse une période de transition
dans laquelle il ne possède plus les ressources permettant de soutenir des opérateurs
des infrastructures inefficaces avec des subventions non ciblées mais il doit encore
trouver une solution pour gérer les conséquences sociales lorsque les services
disparaîtront ou deviendront très chers en l‘absence de subventions généralisées ou
de subventions croisées inefficaces. La réponse repose sur les principes de
l‘application générale de l‘aide basée sur les résultats (OBA) :
Fournir un soutien en échange de résultats bien spécifiés, avec des subventions
payées uniquement après livraison de résultats,
Créer des mécanismes de passation transparents afin de veiller à ce que le montant
des subventions corresponde au minimum nécessaire permettant d‘assurer le
service requis.
Alors que le Gouvernement doit développer une stratégie globale relative aux subventions, il
se pourrait que le meilleur moyen pour ce faire est de commencer en testant une nouvelle
approche dans un certain nombre de cas spécifiques. A notre avis, le développement des
mécanismes de financement basé sur les résultats (OBA) visant à supprimer les subventions
croisées des clients d‘électricité moyenne tension et d‘assurer la dotation de services
ferroviaires fiables et abordables pour les passagers offrirait deux opportunités de grande
priorité permettant de soutenir le développement de la politique générale.
Le Gouvernement doit concentrer son attention en matière de régulation sur le
coût des services d’infrastructure. Au Gabon, il semble y avoir un niveau élevé de
tolérance pour payer des prix élevés et auquel est associée une réticence apparente
des autorités à utiliser des outils de régulation pour diminuer les prix. Cependant, si le
Gabon veut diversifier sa base de ressources étroite, il faut que le pays commence à
prendre au sérieux la compétitivité des prix. La tarification des services d‘infrastructure
est une composante importante de la compétitivité internationale du Gabon.
Il semble que l‘inactivité relative de l‘ARTEL, l‘agence de régulation des télécommunications
du Gabon, est un exemple du manque de préoccupation en ce qui concerne les prix. Etant
donnée la croissance rapide des télécommunications mobiles, les prix élevés continus
peuvent ne pas apparaître comme un problème particulièrement important. Cependant, une
action visant à aborder la question des prix est nécessaire si le Gabon souhaite améliorer sa
compétitivité générale.
Nous proposons que l‘ARTEL entreprenne deux projets ciblés : réguler les prix
d‘interconnexion et l‘accès au câble international à fibre optique en adéquation au coût des
services.
Le Gouvernement doit développer une approche systématique pour échafauder
et négocier des projets de PPP. Il existe un certain nombre d‘opportunités permettant
d‘améliorer les services d‘infrastructure à travers les PPP et comme le montrent les
expériences passées, lorsque des projets bien structurés au Gabon sont présentés sur
le marché, les intérêts ne manquent pas. Cependant, il semble y avoir une déficience
devient de plus en plus compétitif. L‘architecture de régulation existante est une nouvelle fois
appropriée pour ce secteur. L‘enjeu consiste à faire fonctionner le régime et faire en sorte
que l‘ARTEL soit efficace.
Nous préconisons une double approche pour faire fonctionner le régime de régulation dans
le secteur des télécommunications. Premièrement, tant que la capacité institutionnelle de
l‘ARTEL reste fragile, nous recommandons de se concentrer sur quelques priorités de
régulation spécifiques pouvant être mises en œuvre en tant que projets autonomes à l‘aide
un soutien consultatif externe. En particulier, les conseillers externes peuvent être
embauchés pour développer un cadre d‘interconnexion et une tarification pouvant être
ensuite simplement mis en œuvre.
Deuxièmement, nous préconisons que la capacité institutionnelle de l‘ARTEL soit renforcée :
Comité indépendant désigné pour gouverner l‘ARTEL.
Autoriser l‘ARTEL à superviser le recrutement.
Offrir à l‘ARTEL un soutien politique pour pouvoir s‘affirmer en tant que régulateur
crédible.
Cette section présente un bref aperçu des termes de référence de l‘étude et propose un résumé de l‘analyse et des conclusions tirées de cette
même étude.
matière d‘infrastructure.
4-Analyser les types, le déroulement et les résultats des Les différends dans le secteur de l‘électricité et de l‘eau ont été mineurs.
différends survenus par le passé avec les opérateurs Dans le secteur des télécommunications, les opérateurs préfèrent régler
/concessionnaires privés. leurs différends sans consulter l‘ARTEL.
Le litige du Transgabonais indique que le Gouvernement est capable et a
la volonté d‘agir pour mettre en application les contrats de PPP.
5-Analyser et proposer des mécanismes appropriés de résolution Dans le secteur de l‘eau et de l‘électricité, les mécanismes de résolution
des différends. des différends semblent être appropriés.
Dans le secteur des télécommunications, la capacité de l‘ARTEL à
résoudre les différends serait renforcée si elle devenait de manière
générale davantage proactive en encourageant des coûts plus bas dans
le secteur.
Dans le secteur des transports, les dispositions concernant la résolution
des différends dans les contrats existants sont inégales. La révision
globale proposée des contrats hérités du passé doit envisager la manière
dont ces mécanismes peuvent être normalisés et renforcés. Il faut porter
une attention particulière aux mécanismes de résolution des différends
dans les nouveaux contrats de PPP en cours d‘élaboration.
6-Analyser et recommander le niveau de régulation, économique Nous recommandons que l‘approche globale en termes de régulation soit
et non économique, requis pour chaque secteur. basée sur une régulation par contrat. Le Gabon s‘intègre parfaitement
dans cette tradition française et nous ne pensons pas qu‘il soit justifié de
manière générale de passer à des agences de régulation indépendantes
avec des pouvoirs discrétionnaires.
La principale exception à cette conclusion est le secteur des
télécommunications, dans lequel une agence spécialisée dans la
régulation, l‘ARTEL, a déjà été établie. Le problème clé est que cette
agence a été en grande partie inactive, ce qui éveille des doutes sur son
poids en tant qu‘organisme de régulation indépendant. Nous
recommandons que le Gouvernement renforce la gouvernance de
l‘ARTEL en nommant des membres indépendants au sein de son Comité.
Par exemple, la réputation de l‘ARTEL en matière d‘indépendance serait
accrue si certains membres extérieurs au Gabon étaient nommés.
Le problème clé émanant d‘une régulation par contrat est qu‘un grand
10-Evaluer le degré de concurrence dans chaque secteur et les Nous débattons des politiques visant à accentuer la concurrence dans les
politiques gouvernementales secteurs des télécommunications et de la construction routière.
Dans les autres secteurs, le potentiel en matière de concurrence est
limité. En raison des caractéristiques géographiques du Gabon, il existe
peu de concurrence intermodale en matière de transport.
11-Evaluer la performance opérationnelle et financière Nous avons examiné les performances financières du concessionnaire
(notamment les activités actuelles et futures en matière dans les secteurs de l‘eau et de l‘électricité. Dans les autres secteurs, il
d‘investissement) des opérateurs clés dans chaque secteur par le n‘existe pas de données permettant de proposer une synthèse. Nous
biais de représentants d‘entreprises privatisées ou publiques et recommandons l‘élaboration d‘études tarifaires détaillées pour les
par une étude auprès des investisseurs locaux et étrangers. concessions existantes.
12-Identifier les contraintes clés empêchant une efficacité des Nous nous concentrons sur les raisons clés expliquant les coûts élevés des
services publics (coût, qualité, disponibilité, coût pour les services d‘infrastructure :
investisseurs en termes de pertes enregistrées par an.) Manque d‘attention en matière de régulation des coûts et de prévision des
prix élevés.
Utilisation des sureffectifs comme mécanisme de soutien social.
Paiement tardif des obligations par le Gouvernement.
Recommander des réformes du système de régulation pour le Gabon
13- Procéder à une analyse des différents modèles de régulation, Ce document est une synthèse sur le débat actuel concernant les
de l‘expérience internationale à cet égard, de leurs avantages et différents modèles de régulation ; il s‘agit de savoir si ces modèles sont
inconvénients pour le Gabon. Ceci devrait inclure une analyse adaptés au Gabon. De manière générale, nous pensons que les traditions
détaillée des coûts et des gains afin d‘indiquer la faisabilité de et les expériences institutionnelles du Gabon favorisent une régulation par
chaque modèle. contrat.
14-Déterminer et justifier le mode de régulation préférable (soit De manière générale, nous arrivons à la conclusion selon laquelle les
spécifique à chaque industrie/secteur, soit plurisectoriel) requis défis clés auxquels les secteurs des infrastructures du Gabon sont
au Gabon afin d‘appuyer ses réformes économiques. confrontés ne sont pas dés défis devant être abordés à travers une
réforme du système de régulation. Les problèmes clés sont liés à la mise
en application des mécanismes de régulation existants et à l‘élaboration
d‘un nouveau modèle pour que le Gouvernement aide les services non
rentables.
Le défi politique clé pour le Gabon consiste à améliorer sa compétitivité.
Ceci signifie que les usagers des services d‘infrastructure qui sont en
concurrence sur les marchés internationaux ne devraient pas être
Comprendre et
analyser
Dispositions
Réclamations Aspects Institution relatives à
et relatifs à la gérant le l’investissement et
préoccupations régulation contrat à la résiliation
Recommandations
Réclamations et préoccupations
Le Consultant doit comprendre les réclamations et les préoccupations émergeant de tous les
acteurs concernés, particulièrement le Gouvernement, le public, le concessionnaire et les
industries. Ceci devrait mettre l‘accent sur les points faibles des concessions et des contrats.
Aspects relatifs à la régulation de la concession
Le Consultant doit fournir au gouvernement un aperçu clair des règles du contrat (ex : normes
de couverture des services, définition des tarifs et renégociation) et doit déterminer dans quelle
mesure ces règles sont bien adaptées au Gabon et à la situation commerciale spécifique. De
bonnes clauses contractuelles ne sont pas suffisantes, elles doivent être adaptée au pays et à
ses capacités de régulation. L‘analyse exposera également les objectifs et les préoccupations
qui ne figurent pas dans le contrat à l‘heure actuelle.
Le GdG doit également comprendre les aspects les plus importants liés aux concessions et
dans quelle mesure les règles établies répondent à ces spécificités. Le Consultant devrait enfin
définir quelles seraient les initiatives à prendre pour améliorer l‘efficacité.
Institution pour l’administration du contrat
Ceci devrait fournir les informations nécessaires concernant l‘organe officiel en charge
d‘administrer le contrat. Ce qui représente un aspect crucial est de savoir si les règles du
contrat concernant l‘administration de ce dernier sont appropriées, si elles ont été respectées et
quels ont été les résultats en pratique.
Le Consultant montrera clairement si les acteurs impliqués disposent des compétences
nécessaires pour administrer le contrat correctement. L‘asymétrie d‘information entre le
concessionnaire et cet organe peut représenter un problème important.
Le Consultant déterminera également si cet organe est responsable en théorie et en pratique. Il
se concentrera également sur les mécanismes de résolution des différends existants (ex :
existe-t-il deux niveaux de mécanisme ?)
Dispositions relatives à l’investissement et à la résiliation
Cette section devrait traiter des investissements requis par le concessionnaire et l‘autorité
concédante.
En outre, le Consultant expliquera clairement de quelle manière le contrat peut être résilié, si
ces règles sont appliquées à l‘heure actuelle ou si elles sont susceptibles de l‘être si une
situation particulière venait à se produire (ex : la première concession ferroviaire a été résiliée
par le GdG en raison d‘un manque d‘investissements. Les raisons et la manière dont le GdG a
utilisé les clauses de résiliation du contrat devraient être examinées).
Recommandations en vue d’améliorer la situation
Le Consultant proposera des recommandations en fonction de sa propre expérience, des
comparaisons internationales et des résultats observés au Gabon. Ces recommandations
couvriront les questions précédentes et proposeront des solutions concrètes en vue d‘une
amélioration.
Pour une meilleure compréhension, les thèmes suivants seront inclus dans l‘analyse :
Etude des coûts et des tarifs—Ceci est fondamental afin de comprendre clairement ce
que le concessionnaire dépense et ce qu‘il gagne. Outre ses dépenses et ses recettes,
cette étude doit déterminer précisément la répartition de chaque élément. Ceci permettra
de comprendre l‘état financier de la concession.
Modèle financier de la concession—Ceci sera effectué en fonction des besoins en
investissement, des tarifs actuels et des prévisions. L‘une des questions consiste à savoir
si les recettes seront suffisantes pour couvrir les dépenses.
Subventions ciblées—Quelles règles existe-il en matière de subvention et devrait-il y
avoir des subventions ciblées?
Expertise requise
Les Consultants devraient avoir :
Une expérience significative dans l‘analyse de concessions existantes et dans la
formulation de solutions efficaces pour ce type de problèmes.
Une expérience en matière de partenariats public/privé (PPP) en Afrique.
Une excellente connaissance et une vaste expérience en matière de régulation
économique et au regard des implications relatives à la régulation pour une participation
accrue du secteur privé dans la prestation des services publics, particulièrement dans le
cadre de contrats de concession.
Une expérience en matière d‘analyse juridique et institutionnelle.
L‘équipe de consultants devrait être composée d‘un chef d‘équipe jouissant d‘une grande
expérience en matière de PPP et d‘une expérience dans l‘analyse de concessions existantes,
un économiste spécialisé en matière de régulation, un avocat doté d‘une expérience
approfondie en matière de régulation, une expertise en matière de gestion/finance et un expert
en PPP.
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