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Historique de La Presse

Pierre Albert discute de l'importance de la presse dans la recherche historique, soulignant que malgré son caractère éphémère, elle offre des témoignages précieux. Il appelle à une meilleure conservation des archives de presse, souvent négligées, et à la nécessité de rendre ces documents plus accessibles aux chercheurs. Albert met également en avant le besoin d'une sélection claire des archives à conserver, en tenant compte de leur valeur culturelle et sociale.

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Historique de La Presse

Pierre Albert discute de l'importance de la presse dans la recherche historique, soulignant que malgré son caractère éphémère, elle offre des témoignages précieux. Il appelle à une meilleure conservation des archives de presse, souvent négligées, et à la nécessité de rendre ces documents plus accessibles aux chercheurs. Albert met également en avant le besoin d'une sélection claire des archives à conserver, en tenant compte de leur valeur culturelle et sociale.

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La Gazette des archives

L'histoire de la presse : besoins et problèmes


M Pierre Albert

Citer ce document / Cite this document :

Albert Pierre. L'histoire de la presse : besoins et problèmes. In: La Gazette des archives, n°140, 1988. pp. 14-18;

doi : https://doi.org/10.3406/gazar.1988.3890

https://www.persee.fr/doc/gazar_0016-5522_1988_num_140_1_3890

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14 LES ARCHIVES DANS LE MONDE DE LA COMMUNICATION

archivistes, historiens, ne fera que s'accroître. Ce qui reposera le problème du


choix entre ce qu'on garde et ce qu'on ne garde pas : tout se tient...
Je ne vous ai parlé que des archives audiovisuelles ; c'était, je crois, votre
souhait, pour ouvrir cette journée. Elles prennent beaucoup plus de prix et
d'intérêt encore dès lors qu'elles sont accompagnées d'un corpus d'archives
écrites. J'ai eu, ces trois derniers jours, avec la précipitation liée à ce genre
d'événements, à réfléchir à ce que j'emporterais de papiers personnels de cette
aventure de quatre ans. La réflexion approfondie que j'ai pu avoir, depuis
plusieurs années, en collaboration avec les Archives nationales, m'a beaucoup
aidé, je saisis l'occasion de le dire devant son directeur général et devant M.
Defrance qui y ont largement contribué. Nous avons pu mettre en place une
convention qui assurera la conservation de l'essentiel de ce qui, de façon écrite,
peut refléter la vie quotidienne d'une instance comme la nôtre, grâce aux
destructions d'une part, et grâce au classement de l'autre. C'est important pour
l'histoire d'une entreprise qui, je crois, méritera quelque attention dans l'avenir
de la part des historiens, et c'est important aussi pour accompagner l'utilisation
historiographique de toute la production audiovisuelle.

★★★

Les participants à cette table ronde vont, chacun à leur tour, apporter leur
contribution. M. Bouvier a dû renoncer à être parmi nous, Raoul Girardet nous rejoindra
un peu plus tard, il a décommandé la présentation de son film sur les manifestations qu'il
n'a pas paru possible de présenter demain au public. Cela se termine par « désormais la
manifestation est une fête »... vous en aurez non seulement la primeur, mais l'exclusivité.
Il interviendra sur l'utilisation des documents produits par la télévision. J'ai plaisir à
donner la parole pour ouvrir cette table ronde à Pierre Albert, directeur de l'Institut
français de presse, professeur à l'Université de Paris II.

L'histoire de la presse : besoins et problèmes

par
Pierre ALBERT

Mon propos sera bref, donc schématique et peut être provocateur : je vous
prie d'excuser son manque de nuances. Pendant longtemps, la presse a été très
mal considérée par les bibliothécaires et les archivistes. Il a fallu attendre très
longtemps pour que la Bibliothèque nationale crée en son sein une héméro-
thèque, le département des périodiques, et le sort de ce département a souvent
été remis en cause. Il est vrai que la presse, par l'énorme masse de ses collections,
la superficialité de son contenu, mérite la sorte de mépris dans lequel l'ont tenue,
POURQUOI CONSERVER LES ARCHIVES DES MÉDIAS? 15

et la tiennent parfois encore, ceux qui la traitent et doivent la conserver. Son


propos est éphémère : ce qui est vrai ou intéressant aujourd'hui, ne l'est plus
demain ; il est très redondant d'un titre à l'autre, d'un jour à l'autre. Sans le
soutien de l'actualité, une bonne partie de son contenu perd tout intérêt : à quoi
bon sauvegarder ces déchets encombrants de la vie qui passe ?
Pourtant ces « archives du quotidien » retiennent de plus en plus l'intérêt des
historiens à qui elles apportent des témoignages irremplaçables. Peut-être même,
face à l'audiovisuel fugace et incertain, la presse est-elle en train de retrouver une
nouvelle dignité, en s'intégrant mieux dans le grand bloc des écrits imprimés.
Que demandent les historiens et les chercheurs aux bibliothécaires et
archivistes ? En schématisant, on peut regrouper les secteurs de la recherche sur
la presse en trois groupes principaux : derrière le journal, tout ce qui a contribué à
son élaboration (l'entreprise éditrice et ses moyens, les services de son
information, ses rédacteurs et tout leur contexte administratif, technique et
économique) ; devant le journal, les systèmes de diffusion et les lecteurs ; dans le
journal , contenant et contenu, la masse diverse des articles, des illustrations, des
titres, de la publicité.
Les recherches à mener derrière le journal, sont celles pour lesquelles le
chercheur sollicite le plus les archivistes. L'action préventive ou répressive des
autorités a nourri de nombreux dossiers, surtout dans les périodes de gouverne¬
ments autoritaires. Pour mémoire, la série F 7 des Archives nationales, l'admi¬
rable série F 18, malheureusement morte après 1879-1880, les archives du
ministère de l'Information après 1939, si utiles pour la Seconde Guerre mondiale
et pour la IVe République, mais encore trop difficiles d'accès. Dans les Archives
départementales, surtout, mais non exclusivement, les séries M et T... lors¬
qu'elles ont été inventoriées. D'une manière générale, toutes les archives
administratives des XIXe et XXe siècles peuvent, par des biais divers, intéresser
l'histoire de la presse. N'oublions évidemment pas les archives de la Préfecture
de Police. Pour ces archives administratives, l'historien de la presse, comme ses
autres collègues, a besoin d'inventaires détaillés et souhaite que les dossiers les
plus récents de l'entre-deux-guerres, de la guerre et de l'après-guerre lui soient
accessibles. Les sources susceptibles d'éclairer la vie des entreprises de presse
sont plus rares et souvent difficiles d'accès. Les archives des greffes des
tribunaux de commerce conservent des trésors pour l'histoire de la presse : actes
de sociétés de journaux, listes d'actionnaires... La recherche y est, jusqu'à la
période de création des registres du commerce, vers 1923, très difficile du fait de
leur mauvaise conservation et de l'enregistrement uniquement chronologique des
actes : peut être, et pas seulement pour l'histoire de la presse, devrait-on
rechercher les moyens de rendre ces dossiers plus accessibles aux chercheurs.
Complément de cette source, les archives de l'Enregistrement et les archives
notariales ; je n'ai pas à insister sur l'intérêt de ces dernières ; la découverte de
l'inventaire après décès de la fortune d'Emile de Girardin m'en a récemment
démontré l'utilité.
Les archives des entreprises de presse sont malheureusement très rares en
France et j'ai souvent envié mes collègues anglais ou américains de pouvoir se
i6 LES ARCHIVES DANS LE MONDE DE LA COMMUNICATION

plonger dans les documents parfois centenaires qu'ont conservés leurs grands et
petits journaux. Puis-je lancer un appel aux archivistes pour qu'ils se soucient de
sauver ce type d'archives ? Elles sont évidemment très encombrantes, mais
souvent très riches. Déjà ont pu être sauvées celles de la branchç information de
l'agence Havas, celles aussi du Journal. Mais que sont devenues, après la crise de
Ï975, celles du Petit Parisien que conservait le Parisien Libéré ? Où sont celles du
Temps ? du Figaro ? En province aussi, la Libération a entraîné la dispersion
d'un énorme patrimoine d'archives d'entreprises, mais il en existe pourtant de
plus nombreuses souvent conservées par les entreprises d'imprimerie. Il y a
quelques espoirs ténus de voir reclassées celles de l'agence Havas : elles
permettraient d'explorer la terra incognita du passé de la publicité en France.
Les papiers personnels, et pas seulement ceux des journalistes ou des
directeurs de journaux, apportent souvent beaucoup à l'historien de la presse :
or, fréquemment, et à des occasions diverses, toutes les notabilités de la
politique, des affaires ou de la culture, ont été en rapport avec le journalisme ou
les journaux.
Pour les études devant le journal, il y a aussi beaucoup à chercher, et peut être
à trouver, dans les archives postales et dans celles du télégraphe. Pour les
premières, les Archives départementales devraient peut-être permettre de
compléter les lacunes des enquêtes sur la diffusion des abonnements des
journaux nationaux et régionaux au XIXe siècle : les Archives nationales n'en ont
conservé que des bribes pour 1831-1835 et 1873-1876 : elles donnaient, par
trimestre, par arrondissement et par titre, le détail des exemplaires distribués ;
c'est une très précieuse source. Les archives des messageries Hachette sont très
mal conservées et très difficilement accessibles. Il serait utile de retrouver,
comme ce fut récemment le cas à Rennes, les archives des filiales locales de
l'agence Havas-publicité.
Les archivistes pourraient aussi rendre de grands services aux chercheurs
contemporains et historiens à venir en se souciant de rassembler, pour la
conserver, une partie de la littérature grise des études d'audience, des sondages,
des enquêtes du C.E.S.P., de l'O.J.D., de Secodip... Une très grande quantité
d'étudesdedetrace.
laisser grande qualité, aujourd'hui confidentielles, disparaissent ainsi sans

Il serait aussi intéressant de conserver les multiples publications des


entreprises de presse pour assurer la promotion de leurs parutions : circulaires
aux abonnés ou aux actionnaires, prospectus, affiches, affichettes... À la
Bibliothèque
chance, soit avec
nationale,
les collections
elles sont
des journaux,
jusqu'ici soit
conservées
dans desaucartons,
petit soit
bonheur
comme
la
« pièces isolées », et n'y sont que très mal inventoriées.
Dans le journal, l'historien a évidemment besoin d'abord des collections de
journaux. Hélas ! elles sont de plus en plus souvent accessibles par microfilms
seulement : il ne s'agit pas de protester contre cette malheureuse nécessité, mais
de constater qu'il s'agit là d'un inconvénient majeur pour la recherche. En
dehors de la fatigue apparente ou réelle de la lecture, le microfilm interdit
pratiquement le feuilletage, les mesures quantitatives de surface, l'étude des
POURQUOI CONSERVER LES ARCHIVES DES MÉDIAS? 17

illustrations photographiques... On aimerait surtout disposer de leurs inventaires :


l'énorme effort entrepris par la Bibliothèque nationale avec le Catalogue collectif
des périodiques ne sert pratiquement à rien, car il est uniquement alphabétique et
ne fournit que la référence aux collections de journaux quand on connaît le titre :
il ne permet ni des entrées chronologiques, ni des entrées géographiques, ni des
entrées par catégories de contenu, de périodicité ou de type de présentation.
Pour y retrouver les titres des journaux révolutionnaires de province, il a fallu
dépouiller, colonne après colonne, tout le catalogue pour noter les titres
intéressants... ! Pour les catalogues de journaux, il faut que les notices soient très
précisément descriptives de l'état des collections : les indications « périodicité
variable » ou « lacune » sont trop peu explicites pour être utiles. On souhaiterait
aussi des tables et des index : il est vrai que l'entreprise des Tables du journal le
Temps , qui couvrent la période de 1861 à 1900, a demandé des efforts
considérables
facilité leur réalisation.
et que le C.N.R.S., par ses hésitations, a tout autant retardé que

Ceci dit et pour reprendre à la fois les propos de M. Jeanneney et ma


remarque introductive, il est vrai que la masse de matériaux fournis par les
médias (écrits et audiovisuels) exige sans doute une épuration et qu'il peut
apparaître absurde de tout conserver. Encore faudrait-il que les choix de la
sélection soient clairs et pertinents. La tendance de beaucoup de bibliothécaires
du XIXe et du XXe siècle a été de négliger les publications populaires, au contenu
banal : les illustrés de cinéma et d'enfants, les magazines féminins sont pourtant
des publications dont la signification et l'importance culturelle et sociale furent
et sont encore beaucoup plus grandes que celles de beaucoup de revues savantes
plus respectables parce qu'en apparence moins vulgaires.

R. Cleyet-Michaud. — Pierre Albert nous a parlé du microfilmage de la presse, en le


regrettant un peu. À ma connaissance, en France, aussi bien dans les bibliothèques que dans les
archives, quand on microfilme, cela ne veut pas dire que l'on élimine les originaux. Nous
sommes tous bien conscients qu'il faut les conserver, quitte à ne les communiquer qu'à des
persona grata. Deuxième point, vous avez beaucoup parlé de la presse de province et je suis d'un
département de province. Avant cette journée d'études, notre association a fait une enquête tant
sur les archives de la presse que sur les archives de la télévision, et il nous est apparu que,
contrairement peut-être à ce qu'on pourrait penser, la presse de province est conservée dans les
services d'archives départementales, et même municipales, plutôt que dans les bibliothèques. La
plupart des services d'archives départementales ont des collections de presse extrêmement
riches, plus que le département des périodiques de la Bibliothèque nationale à Versailles.
P. Albert. — Pour le deuxième point, je ne peux que confirmer. La raison me paraît bien
simple : il y a deux types de dépôt légal, l'un est départi, pour l'essentiel, à Versailles, et les
bibliothèques municipales ne se sont pas tellement souciées de la conservation de journaux qui
n'étaient guère utilisés par leurs lecteurs ; ceux-ci les lisent au dehors. Les archives ont
davantage conservé. Sur le reste, je reconnais la nécessité du microfilmage, tout au moins à
partir du moment où les journaux sont imprimés sur papier de bois, puisque le Journal des
Débats du début du XIXe siècle est en parfait état, et qu'on pourra encore le consulter pendant
très longtemps avant que la collection ne soit usée, tandis que le Petit Parisien de 187s est déjà
parti en morceaux. Mais vous savez qu'on casse les reliures et qu'après photographie, on remet
en cartons des pages inutilisables. À la Bibliothèque nationale, vous voyez s'étendre dans le
18 LES ARCHIVES DANS LE MONDE DE LA COMMUNICATION

Département des périodiques ces boîtes de carton sur lesquelles est marqué « incommunicable ».
Encore une fois, je sais que c'est une fatalité.

★★ ★

J.-N. Jeanneney. — L'orateur suivant est Denis Maréchal, qui a participé, il y a six ans, au
séminaire que j'évoquais tout à l'heure sur l'histoire et l'audiovisuel. Très vite, il a porté son
attention sur un champ fort peu défriché, où son activité est pionnière, l'utilisation de la
photographie comme source d'histoire. Il s'est heurté à une multitude de difficultés : l'ampleur
de la documentation, la difficulté du repérage, le tempérament peu scientifique du milieu
professionnel des photographes, etc. Il ne s'est pas découragé et vient d'achever une thèse de
troisième cycle très riche en informations et en aperçus multiples. J'aurai le plaisir de rapporter
cette thèse, que j'ai dirigée, devant un jury de l'Institut d'études politiques la semaine
prochaine. J'ajoute que D. Maréchal participe, à Caen, aux travaux préparatoires du Mémorial
de la Deuxième guerre mondiale, pour lequel son expérience dans le domaine de la
photographie et de l'audiovisuel trouve l'occasion de se déployer.

Les collections de photographies de presse :


leur usage par les historiens

par
Denis Maréchal

En premier témoignage de ce travail de troisième cycle mené à l'Institut


d'études politiques de Paris, on peut dresser un état des conditions d'utilisation
de la photographie de presse pour la recherche historique. En découvrant ce
sujet, deux faits m'ont étonné : l'extrême profusion documentaire et le rôle des
dépôts d'archives publics dans la prise en compte de cette source potentielle pour
l'histoire. Très tôt, dès la fin du XIXe siècle, des archivistes, des conservateurs,
d'une manière spontanée, se sont intéressés à une source qu'ils ont su déceler.
Ne travaillant pas encore sur son propre temps, l'historien ne pouvait qu'ignorer
la photographie. Quant à la profusion documentaire, l'exploration de dépôts
publics et privés éparpillés a permis de découvrir une quantité d'épreuves que
j'avais énormément sous-évaluée lors de l'élaboration de ma problématique
initiale, reléguant du même coup à une phase ultérieure l'analyse intrinsèque des
contenus. Dans le domaine de la photographie de presse, le poids du nombre ne
doit pas être sous-estimé, dès lors que l'on décide de ne pas limiter le corpus que
l'on constitue aux seules images publiées. Quelques exemples puisés dans le
répertoire des collections photographiques édité par la Documentation Fran¬
çaise, vérifiés sur le terrain, suffisent à témoigner de l'ampleur du gisement.
Il existe quatre grands types de collections : les dépôts d'archives publiques,
les collections des journaux, les collections des agences de presse photogra¬
phique, et celles des photographes indépendants. Dans le cas des dépôts
d'archives publiques, on citera pour mémoire le Cabinet des estampes et de la

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