Planche sur les Devoirs du Maître
Vénérable Maître, et vous tous mes frères, en vos grades et qualités,
Dans cette planche, nous explorons les devoirs du Maître, un sujet fondamental pour les
initiés parvenus au sommet de la hiérarchie symbolique. Cette étape exigeante, loin
d’être la conclusion d’un parcours, symbolise une maturité qui implique de nouvelles
responsabilités. S’inspirant des enseignements du Tome III de "La Franc-maçonnerie
rendue intelligible à ses adeptes" d’Oswald Wirth, cette réflexion se veut une exploration
des qualités essentielles et des engagements d’un Maître en Loge et dans le monde
profane.
1. La Sagesse comme Devoir Fondamental
Oswald Wirth nous enseigne que la première qualité requise d'un Maître est la Sagesse.
Celle-ci n'est pas simplement théorique, mais se manifeste par un jugement éclairé et
une maîtrise de soi dans toutes les situations, qu'elles soient rituelles ou profanes. Le
devoir de Sagesse incite le Maître à réfléchir longuement avant d’agir, à discerner ce qui
est juste et à exercer la tempérance. En incarnant cette vertu, le Maître devient un
exemple pour les apprentis et les compagnons, non seulement dans la Loge, mais
également dans sa vie quotidienne. Ainsi, la Sagesse appelle à une connaissance
profonde et à une vision équilibrée des situations, permettant de promouvoir l’harmonie
et de cultiver la paix intérieure.
2. L’Instruction et le Mentorat
Le Maître se distingue également par son rôle de pédagogue. Il est à la fois instructeur et
mentor, partageant non seulement les techniques rituelles, mais aussi la philosophie
maçonnique qui en est le fondement. Wirth souligne l’importance de l’humilité dans cet
enseignement : le Maître transmet le savoir sans se placer au-dessus des autres. Il doit
guider les apprentis et les compagnons avec empathie, en respectant leur rythme et en
valorisant leurs progrès. Par sa patience et sa compréhension, le Maître crée un climat de
confiance où chaque frère se sent libre de poser des questions et de progresser dans sa
quête personnelle.
3. La Perfection de l’Oeuvre Collective
L’un des devoirs primordiaux du Maître est de veiller à l’édification du Temple spirituel, qui
représente l’idéal maçonnique. En travaillant sur l’œuvre collective, le Maître doit
équilibrer ses ambitions personnelles avec l’intérêt supérieur de la Loge. Il rappelle à ses
frères que la perfection de l’œuvre n'est pas une destination finale, mais un processus
continu où chaque pierre posée est une contribution à l'édifice commun. Ce devoir
d’unité et de perfection requiert d’allier les qualités de patience, de constance et de
bienveillance pour cimenter l’harmonie entre tous les membres de la Loge.
4. Le Respect des Traditions et de la Liberté
Wirth insiste également sur l’importance, pour le Maître, de préserver les traditions tout
en respectant la liberté individuelle. Il s’agit de maintenir les fondements historiques et
rituels de la Franc-maçonnerie, tout en permettant à chaque frère d’exprimer sa
compréhension personnelle. Le Maître, garant de l’ordre symbolique et ritualiste, sait que
le respect des coutumes ne doit pas entraver l’évolution individuelle, mais qu’il sert de
cadre permettant à chacun de s’épanouir dans sa recherche spirituelle et morale. En
tolérant la diversité des opinions, le Maître favorise l’équilibre et l’unité.
5. L’Engagement dans la Cité
Les devoirs du Maître s’étendent au-delà des murs de la Loge. Wirth voit en lui un citoyen
éclairé, un acteur de paix et de justice dans la société profane. Le Maître s'efforce de
refléter les valeurs maçonniques dans ses actions quotidiennes, en soutenant la
fraternité, l’égalité et l’harmonie. Par son engagement éthique, il montre à ses semblables
que la recherche du bien commun transcende les intérêts personnels. En incarnant les
principes de la Franc-maçonnerie dans la vie civile, le Maître devient un modèle pour la
société, et son comportement exemplaire inspire ceux qui l'entourent.
6. Le Gardien du Silence et de l’Écoute Profonde
L’art du silence est une qualité fondamentale du Maître, non pas comme un simple
mutisme, mais comme une écoute attentive et bienveillante. Ce silence est le reflet de sa
capacité à accueillir les paroles et les émotions de ses frères sans jugement, en créant
un espace où chacun se sent respecté et libre de s’exprimer. Ce silence symbolise aussi
la connaissance de soi, la retenue, et la réflexion intérieure, où le Maître mesure ses
paroles et ses actions avec sagesse avant de les poser. Ce devoir d’écoute n’est pas
passif mais constitue un acte de générosité et d’amour fraternel.
7. La Symbolique du Travail sur Soi
Le Maître, plus encore que l’apprenti ou le compagnon, est appelé à poursuivre son travail
de perfectionnement personnel. Wirth nous rappelle que le passage à la maîtrise n'est
pas une finalité, mais l’ouverture à une quête d’harmonie et de transformation
perpétuelles. Chaque outil symbolique — la truelle, le maillet, le ciseau — devient un
instrument de travail intérieur, où il se sculpte, rectifie ses défauts, affine sa
compréhension, et nourrit son esprit d’une lumière renouvelée. Ce travail constant
incarne l’idée que l’Œuvre est une œuvre vivante, en évolution permanente, et que le
Maître est à jamais un apprenti dans sa quête de sagesse.
8. La Responsabilité de la Transcendance
Enfin, le Maître est chargé de préserver et de transmettre l’aspiration à une
transcendance, une élévation vers le sacré. Selon Wirth, cette dimension spirituelle est
fondamentale pour donner un sens profond à la pratique maçonnique, au-delà des
simples gestes rituels. La transcendance ici n’est pas un dogme, mais un état de
conscience et de recherche, une manière d’être qui relie chaque frère à une dimension
plus haute, et qui oriente la Loge vers des idéaux universels de fraternité et de lumière. En
tant que gardien de cette flamme spirituelle, le Maître inspire et encourage ses frères à
voir au-delà de la matière et à trouver un sens dans l’invisible.
Conclusion : Être Maître, une Alchimie de Devoirs et de Vertus
Devenir Maître, c’est accepter d’incarner la rigueur et l’ouverture, l’écoute et la parole, la
sagesse et l’humilité. C’est savoir que l’on ne parviendra jamais à la perfection, mais que
l’on tend vers elle chaque jour. Par son engagement dans la Loge, dans la cité, et au sein
de lui-même, le Maître donne corps aux valeurs maçonniques et agit en exemple pour ses
frères. Il rappelle que la voie maçonnique est une invitation à l’alchimie intérieure, où
chaque pierre travaillée est un pas vers un être plus noble et plus lumineux.
Ainsi, la maîtrise n’est pas une fin, mais un engagement renouvelé à œuvrer pour le
bien de tous, dans un esprit de service et de fraternité.
Jai dit.
F.*. Xela