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L'Etat Social - Un Concept Fourre-Tout Et Une Réalité Complexe. - ALBAYANE

L'État social, initialement conçu pour intégrer le mouvement ouvrier, englobe aujourd'hui la protection sociale, la réglementation du travail, les services publics et les politiques économiques. Au Maroc, cette notion est utilisée sans définition claire, se traduisant par un 'État social à minima' qui ne dépasse pas la logique de l'État providence. L'État social doit être un instrument d'égalité et de solidarité, mais il est actuellement entravé par des intérêts dominants et un manque de véritable démocratie.

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L'État social, initialement conçu pour intégrer le mouvement ouvrier, englobe aujourd'hui la protection sociale, la réglementation du travail, les services publics et les politiques économiques. Au Maroc, cette notion est utilisée sans définition claire, se traduisant par un 'État social à minima' qui ne dépasse pas la logique de l'État providence. L'État social doit être un instrument d'égalité et de solidarité, mais il est actuellement entravé par des intérêts dominants et un manque de véritable démocratie.

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18/07/2023 09:51 L’Etat social : un concept « fourre-tout » et une réalité complexe.

- ALBAYANE

L’Etat social : un concept « fourre-tout » et une réalité complexe.


Tribune Libre 17 janvier, 2023 - 6:00

Par Abdeslam Seddiki.

Le conceptd’Etat social est apparu dans le lexique politique au XIXème siècle dans un
contexte bien particulier. Il revient, en effet, de Bismarck pour qui la mise en place d’une
protection sociale était aussi destinée à étouffer l’essor politique du parti social-démocrate
alors interdit, et à intégrer le mouvement ouvrier allemand. Cette définitionlimitée au départ à
la protection sociale a été élargie progressivement pour inclure quatre piliers fondamentaux
de l’État social à savoir : la protection sociale, la réglementation des rapports de travail (droit
du travail, négociation collective, etc.), les services publics et les politiques économiques
(budgétaire, monétaire, commerciale, des revenus, etc.) de soutien à l’activité et à l’emploi.
Ainsi définie, cette notion s’avère beaucoup plus riche et féconde sur le plananalytique que la
notion d’Etat providence (ou walfare state chez les Anglo- Saxons). Alors que ce dernier sous
tendrait une sorte decharité publique à l’égard d’une population passive, l’Etat social est
fondé au contraire sur une approche droits sociaux, lesquels sont obtenus la plupart du temps
à la suite des luttes sociales.

Qu’en est-il au Maroc ? La notion de l’Etat social a été largement utilisée par le gouvernement
en lui consacrant toute une partie dans son programme. Et depuis lors, elle revient comme un
leitmotiv dans la littérature officielle et les interventions publiques. Mais on en parle sans
l’avoir défini au préalable du moins d’une façon explicite. Pour nous en tenir au programme
gouvernemental, la notion englobe l’instauration d’un revenu minimum de dignité, l’aide aux
personnes âgées et aux personnes en situation de handicap, la protection sociale et le
développement du capital humain (une école d’égalité des chances, le sport et la culture).

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Comme on le voit, nous sommes en face d’un « Etat social à minima » : plus large que la
protection sociale, plus réduit que ce que préconise la définition extensive. Le domaine des
politiques publiques, l’âme de l’action gouvernementale, est carrément ignoré et écarté de
l’Etat social. Ce qui nous fait dire que le pays n’a pas dépassé la logique de l’Etat Providence.
C’est une bévue politique de taille.

Qui dit Etat social dit nécessairement élargissement des classes moyennes. En effet, L’État
social a généré dans les pays où il s’est développé un accroissement historique massif des
couches dites « moyennes », par l’intermédiaire d’une expansion sans précédent des
fonctions sociales des États dont celle des monopoles publics. En termes économiques, cela
s’est traduit simplement par une nouvelle répartition des richesses produites dans ces pays,
qui a créé une dynamique liant intimement le progrès scientifique et technologique, le
développement de la formation et la protection sociale, une grande partie du financement de la
protection sociale reposant sur les revenus de ces couches moyennes.

Aussi, l’Etat social est foncièrement lié à la démocratie. C’est par la voie démocratique que
s’exprime la citoyenneté, se réalise la cohésion sociale et se nouent les compromis
sociaux.Trois arguments sont avancés pour appuyer cette thèse : en premier lieu, les
démocraties sont plus performantes que les régimes autoritaires pour gérer les conflits ; le
deuxième argument est relatif au fait que les démocraties sont mieux placées pour éviter les
catastrophes et préserver la vie en cas de situation grave ; le troisième argument fait référence
au « rôle constructif » (A. Sen) joué par les démocraties en faveur du développement. En
facilitant la diffusion de l’information et l’organisation de débats publics, les démocraties
favorisent la vulgarisation du savoir et la transformation des comportements.Sur ce côté
également, on notera avec inquiétude, une certaine fatigue de la démocratie ne serait-ce qu’au
niveau de l’absence de débats publics sur les principaux problèmes de notre pays.

Aussi, l’Etat (social) ne doit pas être l’instrument docile des intérêts de la classe dominante, la
« béquille » du capital, l’« État des monopoles » ou « le Conseil d’Administration » de la
bourgeoisie comme le définissait Marx, il est aussi et tout autant l’expression de la
contradiction fondamentale entre la socialisation des forces productives et les rapports de
production capitalistes; la socialisation étatique ou publique de la production et de la
consommation contient en elle-même les germes d’une contradiction fondamentale avec la
logique de l’accumulation privée du capital. Ainsi le concept même de « Sécurité sociale », tel
qu’il est formulé par ses promoteurs, implique l’existence d’une banque sociale non
marchande qui ne transforme pas les cotisations collectées en capital pour l’accumuler mais,
au contraire, les répartit immédiatement auprès des prestataires et des usagers. La Sécurité
sociale constitue donc une forme de dépassement du salariat capitaliste et de la coupure entre
le Social et l’Économique, dans la mesure où cette banque sociale non marchande n’investit ni
ne spécule sur les cotisations rassemblées. Elle les répartit immédiatement auprès des
prestataires, non pas en fonction du travail de chacun, ni même en fonction de sa cotisation
(et donc de son revenu), mais suivant une mutualisation des contributions salariales et
patronales, s’inscrivant dans la logique d’une solidarisation des risques sociaux. La
protection sociale est, en effet, un pacte fondamental dans les pays civilisés. Elle marque une
solidarité entre les actifs et les retraités, entre les bien-portants et les malades, entre les
salariés et les chômeurs. Pour accomplir ces fonctions, l’Etat social, nonobstant ses
éventuelles affinités, se doit de jouir d’une autonomie relative lui permettant de transcender
les intérêts catégoriels divergents. C’est le sens donné à un Etat fort dans le rapport relatif au
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Nouveau Modèle de Développement. Un Etat fort doit être d’abord un Etat juste. Un Etat de
droit.

Or pas d’Etat de droit sans la mise en œuvre effective du principe de l’égalité des citoyens
devant la loi. On parle énormément de l’égalité des chances, mais en réalité, les choses se
passent tout à fait dans le sens contraire. Le scandale du concours d’accès à l’exercice du
métier d’avocat en dit long à ce sujet.

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