FES. Les Partis Et Les Systèmes Des Partis en Afrique, Cas Du Bénin
FES. Les Partis Et Les Systèmes Des Partis en Afrique, Cas Du Bénin
CAS DU BENIN
Etude de la Friedrich Ebert Stiftung – Partis Politiques et Systèmes des Partis au Bénin
1. Genèse
2. Les Conditions-cadres du Multipartisme / Conditions juridiques dans
le cadre du système multipartiste
3. Institutions du Multipartisme
4. Directives, Institutions motrices et Formes de Sanctions
V. PERSPECTIVES ET CONCLUSION
1
I. HISTOIRE ET STRUCTURE DU SYSTEME DE
MULTIPARTISME
1. Genèse
Après l’indépendance le 1er août 1960, des cadres et des leaders des grands partis
hostiles au colonialisme prennent les rênes du pouvoir.
Les premières années des indépendances étaient caractérisées par une grande
instabilité politique en raison des alliances changeantes et par conséquent des
remaniements gouvernementaux, des tentatives de putsch et des coups d’Etat. En
mai 1970, le Conseil Présidentiel fut créé avec les hommes politiques Hubert Maga,
Justin Ahomadégbé et Sourou-Migan Apithy à la tête de l’Etat.
Le pouvoir du trio fut dissous par le putsch militaire du 26 octobre 1972 sous la
direction de Mathieu Kérékou. En 1974, Kérékou proclame le Maxisme-Léninisme
comme idéologie d’Etat et crée en 1975 le parti unique, Parti de la Révolution
Populaire du Bénin (PRPB).
A la fin des années 80, une rude crise économique et sociale entraîna la grève
générale des travailleurs et des étudiants et la convocation d’une Conférence
Nationale en février 1990. Celle-ci décide de l’abolition du Maxisme-Léninisme, de
l’introduction d’une démocratie multipartite fondée sur un modèle d’économie
libérale.
2
Selon les estimations, il existe actuellement au Bénin plus de 150 partis politiques.
Surtout à l’approche des élections, on enregistre presque toutes les semaines la
naissance d’un nouveau parti.
La nouvelle charte des partis politiques entrée en vigueur en 2003 définit à cet effet
les conditions pour la création des partis. Jusqu’ici, il n’y a qu’une poignée de partis
qui ont pu s’établir dans le système politique du Bénin et ont pu obtenir des sièges
au parlement. Il se dessine aussi entre différents partis une tendance à la formation
d’alliances électorales desquelles pourraient sortir à la longue de nouveaux grands
partis à connotations régionales.
Des dispositions précises sont adoptées par la loi portant Charte des partis
politiques.
Dans son article 5, les partis politiques doivent proscrire dans leurs programmes et
activités l’intolérance, le régionalisme, l’ethnocentrisme, le fanatisme, le racisme, la
xénophobie et l’incitation à la violence.
La loi initiale sur les partis de 1990 a été révisée en 20016. La nouvelle loi portant
Charte des partis politiques complique la création des partis7, régularise leurs
scissions fréquentes, veille à l’accès équitable aux médias et prévoit un financement
étatique du parti.
Le déroulement des élections a été révisé par la loi8 électorale de 2005 en prélude
aux présidentielles de 2006. L’article 3 prévoit la participation des partis politiques
aux élections.
5
Par ex : Adrien Houngbédji , Parti du Renouveau Démocratique (PRD) ; Séverin Adjovi,
Rassemblement des Démocrates Libéraux (RDL-Vivotin)
6
La nouvelle loi portant Charte des partis politiques (N° 2001-21) entre en vigueur avec la
promulgation par le Président de la République le 21 Février 2003
7
Maintenant il faut dix comités dans tous les douze départements. Avant il suffisait d’en avoir dix huit
au total dans tout le pays pour la création d’un parti.
8
Loi n° 2005-14
3
3. Institutions du multipartisme
Conformément à l’article 37 de la loi portant Charte des partis, les partis sont tenus
de déposer leurs comptes annuels pour vérification à la Cour Suprême, au Ministère
de l’Intérieur et au Ministère Chargé des Finances. Les comptes relatifs aux
dépenses faites lors des campagnes électorales doivent être également déposés à la
Cour Suprême puisqu’il y a une extrême limite pour les dépenses de la campagne
électorale. Toutefois, on peut partir du fait que les rapports financiers ne
correspondent pas toujours à la réalité, mais conçus conformément à la règle.
9
Commission Electorale Nationale Autonome
4
La Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC)10 veille
conformément à la Constitution (art. 142) à l’accès équitable de tous les partis
politiques aux médias.
Conformément aux dispositions prévues par la Charte des partis, les partis politiques
financent leurs activités au moyen de ressources propres ou de ressources externes.
Les ressources propres des partis comprennent les cotisations des membres, les
contributions volontaires, les souscriptions des membres et les recettes issues de
leurs biens patrimoniaux et des recettes de leurs activités.
Les partis qui participent également au vote et disposent au moins d’un député à
l’Assemblée Nationale peuvent bénéficier d’un financement étatique selon l’article 40
de la nouvelle Charte des partis. Ce montant s’élève à 5.000.000 de FCFA
(7.622.Euro) par an et par député.
Mais le financement étatique n’est pas encore effectif et les partis ne l’ont pas non
plus réclamé avec insistance. Dans la pratique, ils se financent en fait par les
moyens du président du parti. Les membres du parti ne payent le plus souvent pas
de cotisation, mais soutiennent le président du parti rien que par leur appartenance
au parti. Le président du parti paye et peut pour cette raison décider sans être
contesté des directives du parti. Les membres du parti profitent du succès politique
du président notamment par la répartition des postes ou la présentation comme
candidats et sont pour cela contraints à l’obéissance. Un financement étatique basé
presque exclusivement sur le nombre des députés pourrait perturber cette répartition
et conduire aussi à la démission répétée des députés de leur parti, puisqu’ils
disposent alors d’une source de financement propre.
Eu égard à ce qui précède, il n’est pas étonnant de trouver au sommet des partis des
hommes d’affaires nantis qui occupent d’importants postes d’Etat. Le changement
des chefs de parti est très rare, puisque les mécanismes de la démocratie interne ne
fonctionnent que très mal. C’est pour cela, qu’on observe le phénomène de la
transhumance et le changement de parti ou encore la création de nouveaux partis.
Ces dernières années, bon nombre de jeunes hommes d’affaires quittent les
10
Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication.
5
secteurs économiques pour la politique et s’efforcent à la députation. Ces politiciens
de la relève se protègent contre les poursuites pénales et civiles dans les affaires de
toutes natures et échappent au paiement des impôts et d’autres données étatiques à
travers l’immunité acquise par le mandat des députés et par l’adhésion à la
mouvance.
Selon l’article 30 de la Charte des partis, les partis doivent disposer de statut et de
règlement intérieur. Les conditions d’admission et les critères d’exclusion des
membres ainsi que leurs droits et devoirs y sont fixés. En outre, ils donnent des
informations sur la structure et l’organisation des réunions des partis. L’article 36
prescrit aux partis la tenue d’une comptabilité régulière. Les dossiers comptables de
la trésorerie doivent être gardés pendant 10 ans.
Conformément à leurs statuts, tous les partis sont représentés sur le plan national et
disposent aussi des structures de base jusqu’au niveau local selon les prescriptions
légales. En réalité, la plupart des partis sont cependant ancrés seulement dans une
région déterminée ou une ethnie.
Il n’y a que les partis RB, PRD et MADEP qui disposent plus ou moins dans tout le
pays de structures de membres, qui le plus souvent furent établies lorsque ces partis
coopéraient avec le gouvernement et avaient assez de moyens financiers et
d’influence. A travers des personnes de contact, ces partis peuvent organiser lors
des campagnes, des activités financées par le chef de parti au niveau local.
Les procédures fixées dans les statuts du parti correspondent aux conceptions de la
démocratie interne au parti. La révision des statuts qui n’est ni contrôlée, ni exigée
fait défaut. Depuis leur création, la plupart des partis n’ont organisé aucune élection
interne au parti sur le plan national. Dans un parti, on n’assiste à aucun changement
du chef de parti depuis sa création, c’est plutôt les membres de parti qui changent de
parti ou bien le parti cesse d’exister. Jusqu’à ce jour, il n’y a pas de dissolution
officielle enregistrée, puisque les partis sont presque une propriété privée du chef et
il n’est pas question de transparence et de démocratie interne.
La transhumance est très courante dans le paysage des partis politiques au Bénin.
Selon la Charte des partis on ne doit appartenir qu’à un seul parti qu’on peut quitter à
tout moment. L’appellation, le symbole et le slogan d’un parti ou d’une alliance de
parti sont préservés et ne doivent pas être utilisés par d’autres partis ou alliances.
6
90. Cependant, ces candidats bénéficient constamment du soutien d’une grande
alliance de différents partis qui sont alors récompensés par des postes dans le
gouvernement.
Le paysage des partis avec plus de 150 partis et d’organisations similaires est à
première vue très confus. La plupart des plus petits partis sont seulement ancrés sur
le plan local et servent de plates-formes aux notables des communes lors des
élections. Ceci explique aussi le nombre relativement considérable des partis ayant
seulement un député à l’Assemblée Nationale. Toutefois, des partis se sont de plus
en plus constitués en alliances pour avoir plus de succès aux élections au cours de
ces dernières années. C’est ainsi que le nombre des partis qui s’élevait à 24 à
l’Assemblée en 1991 s’est réduit de moitié, c’est-à-dire à 12 seulement. L’exemple
d’une telle alliance est celle de « Force Clé », une fusion de petits partis qui ont pu
obtenir 5 députés aux législatives en 2003.
Aucun des partis du Bénin n’est vraiment représenté sur le plan national. Cependant,
quelques partis obtiennent toujours la majorité des voix et ont pu s’imposer dans
certaines régions du Bénin. Le parti dominant dans la région septentrionale du pays,
plutôt agricole et moins peuplée, est le Front d’Action pour le Renouveau, la
Démocratie et le Développement- Alafia (FARD-Alafia). Dans le sud du pays qui est
le plus peuplé, il existe plusieurs partis influents. Au sud-ouest du pays, le Parti
Social Démocrate (PSD) de Bruno Amoussou domine la région Mono-Couffo. Le
Sud-est, c’est-à-dire la région Ouémé est dominée par le Parti du Renouveau
Démocratique (PRD) du politicien et Avocat Adrien Houngbédji. Le parti
« Mouvement Africain pour la Démocratie et le Progrès » (MADEP) de l’homme
d’affaires Séfou Fagbohoun a jusqu’ici pu noter de grands succès dans la région du
Plateau. De la même manière, le parti « Renaissance du Bénin » (RB) de l’ancien
président Soglo s’est établi au sud du pays dans la ville de Cotonou.
7
1991. Selon le programme du parti, FARD-Alafia peut être qualifié de parti social
démocratique, puisqu’il prône l’égalité sociale et la solidarité.
D’après les statuts, le parti dispose de structures de partis jusqu’au niveau local. En
réalité, les réunions de parti ont lieu séparément. Le siège du parti se trouve à
Parakou, mais il est le plus souvent fermé et ne devient actif que pour des réunions
et pour l’organisation des campagnes. Le bureau exécutif du parti prend les
décisions politiques importantes. Daniel Tawéma, l’ancien ministre de l’intérieur est le
Secrétaire général du parti. Les principaux électeurs et adhérents se trouvent au
nord du pays dans les régions du Borgou, de l’Atacora et de l’Alibori. Le FARD-Alafia
a pu remporter environ 10 sièges au cours des trois dernières législatives et
représente ainsi l’un des plus grands partis du Bénin. Des querelles internes ont
conduit en juin 1998 au départ de certains membres qui ont créé le parti « CAR
DUNYA » représentant le concurrent principal du FARD-ALAFIA dans le nord du
pays . (Depuis la présidentielle, des remous ont conduit certains barons du parti à
créer une nouvelle formation politique dénommée ALAFIA)
Le parti dispose dans ses fiefs de bonnes relations avec des associations locales de
développement qui coordonnent toutes les initiatives collectives sur place sur le plan
local. De bons contacts avec ces organisations sont très importants pour la réussite
d’une campagne électorale.
Le PRD a été fondé en 1990 juste après la Conférence Nationale par Adrien
Houngbédji et se base sur des groupements politiques qui se réunissaient déjà
secrètement dans les années 80 à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Depuis sa
création, aucune assise nationale du parti n’a été organisée avec des élections
internes. Les positions dans le parti sont partiellement données par élection, par
nomination par le chef de parti Adrien Houngbédji. La base du parti ne devient active
que pendant les campagnes électorales, sinon les décisions et les informations sont
prises au plus haut niveau du parti et transmises par la suite. Une liste des membres
n’est pas disponible. Le siège du parti se trouve à Porto-Novo ; celui-ci n’est
également utilisé que lors des réunions et pendant les campagnes électorales.
Adrien Houngbédji dirige, domine, finance et représente le parti PRD. Avec son parti,
il a plusieurs fois changé de camp politique et a donc pu obtenir deux fois le siège de
président de l’Assemblée (1ère et 3ème législatures) et en 1996 le poste de 1er
ministre. Aux deux dernières présidentielles, il est arrivé en 3e position. De 1996 à
8
1998, le parti gagna trois postes ministériels. Houngbédji a quitté le gouvernement
en 1998, pour se faire une bonne base pour les législatives. Ceci conduit une fois
encore aux querelles internes du parti et à la démission du ministre Kamarou
Fassassi, qui créa le parti PRD Nouvelle Génération ; ce dernier a occupé à nouveau
le poste de Ministre de l’Energie depuis 2001.
Le parti PRD a réussi à augmenter le nombre de ses députés à 19. Les fiefs du parti
se trouvent dans les régions de l’Ouémé, du Plateau et à l’Est de Cotonou.
Après que certains membres eurent quitté le parti en 1997 pour le MADEP, le PRD
a perdu une partie de ses voix dans le Plateau et n’a pu conquérir que 11 sièges.
Ethniquement, le parti s’est fortement enraciné chez les Yoruba, Goun et Toffin.
Selon tout calcul tactique, Adrien Houngbédji accepte avec son parti des alliances
différentes avec d’autres partis mais les change aussi rapidement lorsque cela
répond à un nouvel enjeu. Le PRD se voit comme un parti libéral, mais entretient des
contacts internationaux avec le parti français UMP12 (Union de la Majorité
Présidentielle) de Jacques Chirac.
Le Parti Social Démocrate a été créé en 1990 par des jeunes fonctionnaires de la
région Mono-Couffo. Jusqu’à ce jour, cette région demeure le fief du parti qui n’a pu
s’implanter dans d’autres régions. Le parti est très bien ancré dans sa région et y
dispose des structures au niveau local. Le fonctionnement interne se fait de façon
démocratique, sur le plan local, des élections internes sont aussi organisées et les
cotisations des membres payées en partie.
12
Union de la Majorité Présidentielle
9
Le parti est dirigé par Bruno Amoussou qui a été président de l’Assemblée au cours
de la 2ème législature. Jusqu’au début de l’année 2005, il était l’un des ministres les
plus importants du gouvernement de Kérékou.
Jusqu’ici, le parti PSD a été secoué par deux crises difficiles : en 2002 Félix Dansou,
l’ancien ministre de l’énergie quitta le parti après des disputes internes et fonda son
propre parti. Dansou essaya de s’implanter également dans sa région Couffo, mais il
rencontra une résistance terrible, puisque le PSD est jusqu’ici considéré presque
comme « parti d’unité » du Mono-Couffo. Finalement, Félix Dansou a été envoyé
comme Représentant du Bénin à l’UEMOA, une organisation régionale et a laissé
tomber ses plans de parti.
A la fin des années 90, le PSD s’associe à des petits partis MAP, ADP, UDFP et PIT
pour constituer l’Alliance Sociale Démocrate ADEMA. Cette Alliance avait pour
objectif l’obtention et la réalisation des voix d’électeurs dans les fiefs respectifs. Déjà
en 1999, le PSD quitta l’Alliance et présenta contre les accords précédents sa propre
liste électorale.
Le parti a un siège à Cotonou qui n’est actif que périodiquement. Le PSD fait partie
des Socialistes Internationaux et entretient aussi des relations avec la Fondation
Jean Jaurès en France.
Le parti MADEP a été fondé en novembre 1997 par Séfou Fagbohoun, un homme
d’affaires bien connu qui a de bonnes relations avec le chef de l’Etat Kérékou. La
majorité des membres du parti sont des fonctionnaires dans l’appareil étatique. C’est
10
le cas du Secrétaire général du MADEP Antoine Idji Kolawolé, diplomate de carrière,
ancien ministre des Affaires Etrangères et actuel Président de l’Assemblée.
Beaucoup de partisans PRD quittent ce parti pour le parti de Fagbohoun qui a
jusqu’ici pu obtenir les meilleurs résultats aux élections dans le Plateau. Les fiefs du
MADEP sont les communes de Kétou (origine du Secrétaire général, Adja-Ouèrè
(origine du Chef de parti) ainsi que Pobè et Sakété. Les membres les plus influents
du parti sont de l’ethnie Nagot. Selon l’opinion générale, le parti MADEP dispose du
meilleur poids financier qui lui permet d’agir sur tout le territoire national. Aux
élections communales de décembre 2002 et aux élections législatives de 2003, le
parti s’est présenté dans tout le pays. Le MADEP fait partie certes de la mouvance
présidentielle mais pas de l’UBF.
Comme dans tous les autres partis, les grandes décisions sont prises par le bureau
exécutif, notamment par le président du parti et ses proches.C’est inhabituel que le
Président du MADEP n’ait jamais assumé aucune haute fonction politique, bien que
le MADEP ait eu 4 ministres dans le gouvernement de Kérékou. C’est pourquoi il lui
a été plutôt attribué13 des intérêts économiques pour le confirmer dans sa position
politique. Le Secrétaire général joue alors sur le plan politique un rôle important, ce
qui conduit aux tensions internes dans le parti. Ainsi une querelle intestine intervenue
vers mi 2005 dans le parti, pose le problème de la présentation du Secrétaire général
Idji Kolawolé comme candidat aux présidentielles pour le MADEP ou celle d’un autre
candidat externe qui doit être soutenu.
Le parti dispose d’un siège dans la capitale Porto-Novo qui n’est actif que lors des
campagnes électorales
11
élections à venir. En tant qu’ancien administrateur de la Banque Mondiale et donc
technocrate politiquement correct, Soglo a été dans les années du changement
politique d’abord 1er ministre et ensuite Président de la République. Mais très tôt le
manque de partisans lui posait déjà un problème. A son appel d’Abomey, il a exigé
des partis qui l’avaient jusque là soutenu de se fusionner à la RB. De petits partis
comme MMDD, CMD, UPR, MDPS, UDR ou GAP ont répondu à l’appel.
En 1994 le Président Nicéphore Soglo s’est fait élire Président d’honneur du parti.
Après son échec aux présidentielles, Soglo s’est donné du repos et Rosine Soglo
assuma à nouveau la direction du parti. Son époux a été plus tard élu comme
Président d’honneur. Le parti est dominé et financé par la famille Soglo, ce qui
conduit toujours aux querelles internes. Pour les élections de 2006 la famille a
imposé la candidature de leur fils Léhady Soglo. Ceci a contribué entres autres à la
démission d’une série de députés de la RB à l’Assemblée Nationale qui ont formé
leur propre groupe parlementaire. Le contenu du programme du parti se différencie
très peu du programme des autres partis. Mais la RB représente pour l’opinion
publique l’opposition à la « mouvance » du président Kérékou.
Le parti de la RB s’est fait nommer le plus grand parti à l’Assemblée. Les plus grands
partisans se trouvent à Cotonou, la plus grande ville du pays où Nicéphore Soglo a
été élu Maire en 2002.
Malgré leur succès aux élections, le parti a déjà connu quelques crises à cause du
style autocratique du couple Soglo. En 1998, quelques personnages-clés comme
l’ancien secrétaire général du parti, Natanaël Bah, ainsi que l’ancien ministre Guy
Amédée Adjanohoun ont quitté le parti suite à des divergences. Suite à la non
désignation aux législatives en 2003 de certains membres du parti dont l’ancien
député Maxime Houédjissin et l’ancien ministre Georges Guédou, ces derniers ont
quitté la RB et se sont associés à d’autres partis ( en 1ère ligne le PRD pour ce qui
concerne Houedjissin).
12
III. PARTIS POLITIQUES AU PARLEMENT
13
Les critères d’appartenance ethnique ont prévalu lors de toutes les 4 élections. C’est
pour cette raison que les partis n’ont pas la chance de gagner les élections là où les
principaux acteurs sont ancrés ethniquement.
Les partis tels que la RB, le PSD, le MADEP et le FARD-ALAFIA ont chaque fois
bien réussi à s’affirmer à l’issue des différentes élections. Les plus petits partis se
rallient toujours aux mêmes candidats et ne se développent plus.
Très souvent, dès qu’ils ils ratent une réélection, ils disparaissent aussitôt après de
l’échiquier politique. De nouveaux petits partis font leur apparition.
Les députés siègent au parlement au titre de représentants de leur parti dont ils
soutiennent la position lors des débats. En effet, ils sont libres dans leurs décisions et
doivent agir dans l’intérêt de tout le peuple.
14
5. Services de l’administration parlementaire à l’endroit des partis
politiques et groupes parlementaires
La période préélectorale est pour la plupart du temps une phase très instable pour
les partis politiques du Bénin, puisque des malentendus internes naissent souvent au
niveau des partis politiques sur leur orientation ou sur la désignation de leurs
candidats. Certains membres frustrés dont les ambitions et attentes n’ont pu être
comblées par leur parti politique se retrouvent alors avec un autre parti qui leur font
plus de promesse. Mais on remarque aussi bien pendant la phase post-électorale
que lors des remaniements du gouvernement, des revirements de la majorité
parlementaire, des démissions ou des naissances de nouvelles formations sont
fréquentes.
15
Ce nomadisme politique est lié à la perception de la politique au Bénin. Pour bon
nombre de personnes, être membre d’un parti politique est un moyen d’accélérer
l’ascension sociale, de profiter de certains privilèges et éventuellement de bénéficier
d’un poste de grande responsabilité dans l’administration de l’Etat. C’est pourquoi, il
y a un grand intérêt à appartenir à un parti de la mouvance présidentielle ou à son
instance dirigeante. Si cet objectif tarde à être atteint dans le nouveau parti, on
rejoint rapidement un autre parti ou on crée tout de suite son propre parti dont on
assure la présidence, ce qui entraîne certes des dépenses considérables, puisque
aussi bien les membres du parti que les électeurs veulent être satisfaits. Jusqu'à sa
disparition, le Parti Communiste du Bénin (PCB) n’a jamais connu de différends
internes ou idéologiques ayant conduit à un cas de « transhumance » ou à
l’éclatement du parti.
Mais tous les partis ont fait l’expérience du jeu de « changement de camp ». Adrien
Houngbédji en est l’exemple éclatant dans le jeu d’alliances de partis pour le
Renouveau Démocratique (PRD). En 1996, il se prononça au second tour, à la
grande surprise de tous, en tant que troisième de l’élection présidentielle, en faveur
de Kérékou et obtint le poste de premier ministre après la victoire de ce dernier.
En 1998, il rompit avec Kérékou et forma une alliance avec le parti de l’opposition, la
RB, ce qui le porta au poste de président de l’Assemblée Nationale de la troisième
législature. Après les législatives de 2003, il déclara de nouveau l’appartenance de
son parti à la « mouvance », à la coalition du gouvernement de Kérékou.
16
vivres, des tissus et des billets de banque sont habituellement les moyens de
publicité pendant la campagne. C’est pour cela que la nouvelle loi électorale
proscrit ces genres de cadeaux des partis politiques ainsi que la distribution
de supports publicitaires comme des T-shirts et stylos. De même, les faveurs
administratives sont interdites six mois avant les élections présidentielles.
• La nouvelle loi électorale portant Charte des partis a politisé la CENA qui a
bien fonctionné jusque-là. Juste un seul représentant direct de la société civile
en fait partie, pendant que tous les autres sont dorénavant désignés par la
majorité parlementaire. Vu la dominance des partis de la mouvance
présidentielle au Parlement, une dégradation de la transparence dans
l’exécution des prochaines élections est à craindre, ce qui risque d’engendrer
des conflits.
• Les partis politiques du Bénin recherchent principalement des intérêts
particuliers. Ceci a alors des répercussions sur le fonctionnement de
l’Assemblée. Les groupes parlementaires se forment à la suite de maintes
tractations. Le parlement réussit rarement à mener des débats sérieux et à
influencer la discussion sur des thèmes d’actualité. Le parlement est pour la
plupart du temps peu actif et utilise seulement très peu son droit
d’organisation et de contrôle.
Les statuts montrent l’image de partis bien structurés, implantés dans tout le pays et
bien dirigés selon les principes démocratiques. Mais ceci ne correspond bien sûr pas
à la réalité. Installés avec des ressources limitées, la plupart des partis se
concentrent sur les régions dont leurs membres sont originaires.
Les partis uniques sont constamment très bien implantés dans leurs régions
respectives. Les candidats proviennent la plupart du temps des familles de renom ou
très influentes. Le pouvoir traditionnel joue aussi un grand rôle, par exemple
l’appartenance à une famille royale de la région. Les associations locales de
développement jouent aussi un rôle-clé, en organisant souvent la vie des
communautés dans les quartiers et villages et en ayant une influence sur la décision
du vote de leurs membres.
Au Bénin, les partis peuvent être classés selon leur programme dans les groupes de
partis sociaux-démocrates ou de partis libéraux, mais cette distinction ne joue en
réalité aucun rôle important. Les partis orientent exclusivement leurs activités vers la
prise du pouvoir exécutif. Les visions ou les directives de l’action du gouvernement
17
sont élaborées en fonction des directives des bailleurs de fonds internationaux. C’est
le cas du processus de développement d’une stratégie de réduction de la pauvreté
(Processus-DSRP). Puisqu’on doit intégrer dans ce processus un spectre de société
le plus large possible et rechercher des stratégies consensuelles fondées sur une
politique de développement, il y a très peu d’attraction pour les partis politiques de se
concurrencer sur ce terrain.
Il n’est donc pas du tout étonnant que la majeure partie des programmes de société
des partis soit modifiable à loisir. Ils se servent de la rhétorique de la démocratie et
de développement pour représenter l’image d’un Bénin démocratique en
développement où l’objectif principal de toutes les actions politiques est le bien-être
de la population.
Caractère important
Bien que le Bénin dispose d’une société civile relativement bien développée, les
partis politiques représentent les principaux acteurs formels de la formation d’une
volonté et d’un modèle politique. Le grand nombre de partis existants montre
également combien de fois les partis revêtent une grande importance pour les
hommes politiques actifs. La désignation par un parti politique crédible est
déterminant et constitue un gage de réussite.
Au milieu des années 90 la Friedrich Ebert Stiftung (FES) a coopéré avec des partis
d’obédience sociale démocrate. La FES a soutenu l’alliance des partis dénommés
ADEMA (Alliance pour le Développement en Afrique) dans l’élaboration du
programme de partis. Les partis suivants en étaient membres :
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Le PSD joue toujours un rôle important dans la politique béninoise, mais il n’a jamais
pu réussir à sortir de sa région de concentration que constitue son fief « Mono-
Couffo ».
Les autres anciens partis de l’ADEMA ne jouent qu’un rôle secondaire. Seul le MAP
a pu obtenir cinq sièges lors des dernières élections parlementaires sous la force
agissante de l’alliance « Force clé », suscitant ainsi un respect dans le paysage
politique.
Les 15 dernières années ont été marquées par des tendances propices à la
consolidation du système politique. Quelques grands partis ayant plusieurs sièges au
parlement se sont établis et le nombre total des partis représentés au parlement s’est
réduit.
Cependant, il existe encore une série d’obstacles pour l’enracinement durable d’un
système politique démocratique. Au nombre des problèmes pressants, les points
suivants peuvent être mentionnés :
Les alliances de différents partis lors des élections permettent de s’éloigner peu à
peu de ce principe. Cependant, il s’avère nécessaire de limiter le clientélisme
existant dans les partis, d’instituer et de mieux contrôler l’enracinement des partis au
plan national.
• Perception de la Politique
La politique est perçue au Bénin en première ligne comme un moyen personnel
d’ascension sociale. Le nomadisme marqué des politiciens et les créations
fréquentes des partis en sont une illustration. Une conscience de changement
s’avère très difficile à réaliser et exige aussi outre les mesures de sensibilisation, des
modèles émanant de la politique actuelle. Peut-être le refus de Mathieu Kérékou au
changement de la Constitution et pour ce, l’acceptation d’entrée volontaire dans
l’existence politique de retraite présente un tel premier modèle de roulement.
19
Bibliographie
• Adjovi, E.: Une élection libre en Afrique. Les présidentielles du Bénin 1996. Karthala,
1998
Annexes :
20
Abréviations
21
ANNEX 1 : Résultats des législatives de 1991 à 2003
NCC 07 RB 19
FARD-Alafia 06 PSD 08
UDFP 05 FARD-Alafia 11
PRD 05 UDS 05
RND 04 NCC 03
ASD 03 ASD 01
UDD 03 UNSP 02
MNDD 01 RDP 01
PNDD 02 PCB 01
ADP 02 RAP 01
MDPS 02 MNDD 01
UDRN 01 PTD/PTA 01
MDS 01 UPR 01
MSUP 01
Total 60 Total 83
22
Troisième législature 1999-2003 Quatrième législature 2003-2007
RB 27 Alliance MDC-PS- 02
CPP
MADEP 06 UBF 31
PSD 09 PRD 11
FARD ALAFIA 10 RB 15
PRD 11 IPD 02
RUND 01
Alliance RPR - 01
UNSD
Le Parti National 01
Ensemble
PRD Nouvelle 01
Génération
83 Total 83
Total
Source: Service de Documentation et Archives de l’Assemblée Nationale du Bénin
23
ANNEX 2 : Groupes parlementaires à l’Assemblée Nationale (4ème législature) –
Version d’Août 2005
RB RB (8) 8 19
PRD PRD 11
19
Quinze à l’origine, actuellement, ils ne sont que huit et n’ont plus le statut d’un
groupe parlementaire.
20
Quatorze à l’origine, un député de chaque Alliance MDC-PS-CPP et AFP est
entré dans le Groupe Restaurer l’Espoir.
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Créé le 04 Août 2005 par les dissidents de la RB
24
ANNEX 3 : Partis politiques enregistrés conformément à la Charte des partis
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Rassemblement pour l’Unité IDRISSOU Ibrahima 01 BP : 3149 Cotonou
Nationale et la Démocratie
Tél. : 61 27 44
(RUND)
Parti Social Démocrate (PSD) AMOUSSOU Bruno 04 BP : 772 Cotonou
Mouvement Africain pour la FAGBOHOUN Séfou L. 04 BP : 1509 Cotonou
Démocratie et le Progrès
(MADEP)
Union pour le Progrès et la HOUNKPONOU H. Jean-Claude 01 BP : 420 Cotonou
Démocratie (UPD-GAMESU)
Congrès Africain pour le Progrès GADO Guirigissou
(CAP-SURU)
Mouvement pour la Sociale ADIMI CHABI Félix 08 BP : 165 Cotonou
Démocratie (MSD)
Tél. : 32 78 96
Force Espoir DAYORI Antoine 06 BP : 0553 Cotonou
Tél. : 33 53 70
Union Pour la Relève (UPR) ISSA Salifou 02 BP : 1886 Cotonou
Tél. : 30 52 84
Union pour le Bénin du Futur GANDAHO Innocent Joseph 03 BP: 1972 Cotonou
(UBF)
Mouvement pour la Patrie et la ADJAHO Honoré BP : 100 Womey
Démocratie au Bénin (MPDB) Godomey
Tél. : 35 20 58
Mouvement pur l’Entente au Docteur AHO 91 29 85
Bénin
28 97 01
36 17 67
Union des Forces d’Eveil pour la OURA C. Rigobert 92 02 60
Relève
95 89 62
07 01 71
30 80 98
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