JUSTIN TSHIENDA TSHIKANGU
Assistant/Doctorant en Droit
Avocat au barreau du LUALABA
LA COMPETENCE
JURIDICTIONNELLE DES ANCIENS
PREMIERS MINISTRES EN DROIT
CONGOLAIS
Préface d’Alexis MUSOYA MAZUWA
Professeur Associé
Éditions
universitair
es
européenne
s
La compétence juridictionnelle des anciens Premiers ministres en
Droit congolais i
L’auteur, Maître TSHIENDA TSHIKANGU Justin est Licencié en
Droit option Droit Public de l’Université de Lubumbashi (2022) ; il
est chercheur en Droit, Assistant à L’Université Chrétienne
Catholique Don/AKAM de Kinshasa et Secrétaire Académique à
l’extension de Lubumbashi ; Chargé des Cours à L’Université du
CEPROMAD/L’SHI ; il est un ancien défenseur Judiciaire près le
TGI Lubumbashi ; Co-Fondateur, Président Honoraire et Rédacteur
en chef de la 1ère revue scientifique du Groupe OASIS
INTARISSABLE/UNILU ; il est Formateur et membre du Cercle
Culturel et Scientifique TAPIS-ROUGE/UNILU; Il est le Secrétaire
Rapporteur Adjoint du bureau Provincial du Parlement des Jeunes
du Haut-Katanga ; il est actuellement Avocat au barreau près la
Cour d’Appel du Lualaba et Doctorant en Droit à L’Université de
Lubumbashi.
La compétence juridictionnelle des anciens Premiers ministres en
Droit congolais ii
EPIGRAPHE
La saisine de la juridiction compétente est
primordiale pour la bonne administration de
la justice1.
Jérémie MADIELA BENA
Les verbes du prétoire : recueil des citations juridiques
d’origine latine
Ne jugez pas selon l’apparence, mais jugez selon la
justice.
Jean 7 :24
1
Jérémie MADIELA BENA, Les verbes du prétoire : recueil des citations
juridiques d’origine latine, les éditions du net, 2023, p.32
La compétence juridictionnelle des anciens Premiers ministres en
Droit congolais iii
IN MEMORIA
À
Marie-Gétoux NSEYA
Chère Grande Sœur, toi que la terre a sans
aucune pitié avalée ce 06 juillet 2024 et
dont les souvenirs restent gravés dans ma
mémoire; tu seras toujours présente dans
l’histoire de ma famille. Que j’aurais aimé
que ce livre te trouve dans ce monde. Que
ton âme repose en paix dans la félicité
Divine....
La compétence juridictionnelle des anciens Premiers ministres en
Droit congolais iv
DEDICACE
À
Alphonse TSHIKANGU et Ruth CIBIDI
Très affectueusement père et mère, Pour
m’avoir donné le plus grand trésor : la vie.
Puissiez-vous être immortaliser à jamais
dans ces lignes.
La compétence juridictionnelle des anciens Premiers ministres en
Droit congolais v
Remerciements.
La hauteur de votre soutien
incommensurable ne peut passer inaperçue,
alors que le résultat est atteint ; raison pour
laquelle j’oriente ma gratitude vers vous
cher Professeur Alexis MUSOYA pour le
temps accordé à cette première réflexion et
pour vos orientations ;
La compétence juridictionnelle des anciens Premiers ministres en
Droit congolais vi
A vous cher Me Jérémie MADIELA
BENA, pour votre apport technique dans les
préparatifs de la présente réflexion, et pour
tout le temps y consacré ; je vous assure, ce
geste reste inoubliable ;
Que cet amour de la science, et
surtout la grandeur de soutenir les autres ne
cesse d’être votre caractéristique ;
Je vous en serai toujours gré.
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE..........................................................................ii
IN MEMORIA......................................................................iii
DEDICACE...........................................................................iv
TABLE DES MATIERES....................................................vi
ANNUAIRE DES SIGLES, ACRONYMES ET
ABREVIATIONS...............................................................viii
La compétence juridictionnelle des anciens Premiers ministres en
Droit congolais vii
PROLEGOMENES...............................................................1
CHAPITRE PREMIER : NOTIONS DE
COMPETENCES DES JURIDICTIONS............................5
SECTION 1. TYPES DES COMPETENCES.......................6
§.1. La compétence personnelle..........................................9
§2. La Compétence Matérielle..........................................13
§3. La Compétence Territoriale........................................15
§.4. La litispendance.........................................................24
§.5. La connexité..............................................................27
SECTION 2. LE STATUT D’ANCIEN PREMIER
MINISTRE........................................................................30
§.1. Les fonctions de premier ministre..............................31
§.2. Les pouvoirs du premier ministre..............................36
§.3. La cessation des fonctions du premier ministre.........41
§.4. Le statut d’ancien premier ministre............................48
CHAPITRE DEUXIEME : DE LA DETERMINATION
DE LA JURIDICTION COMPETENTE POUR LES
ANCIENS PREMIERS MINISTRES................................56
SECTION I. Les principes de détermination de la juridiction
compétente des anciens Premiers ministres.........................59
§.1. Le moment d’appréciation des privilèges..................61
§.2. Appréciation au moment de la comparution..............62
§.3. L’appréciation au moment de la commission............63
SECTION II. Le bien-fondé de la détermination de la
juridiction compétente.........................................................68
La compétence juridictionnelle des anciens Premiers ministres en
Droit congolais viii
SECTION III. Les raisons de la détermination de la
juridiction compétente des anciens Premiers ministres.......72
§1. Raisons Politiques.......................................................72
§. 2. Raisons Sociales........................................................74
§.3. Raisons Juridiques......................................................76
CONCLUSION GENERALE.............................................88
POST-FACE.........................................................................95
REFERENCES LEGALES ET BIBLIOGRAPHIQUES
..............................................................................................100
ANNUAIRE DES SIGLES, ACRONYMES ET
ABREVIATIONS
- Chap. : chapitre
- Col. : collection
- Ect… : Et cætera desunt / et les uns et les autres
qui manquent.
- Ed. : édition
- Ibid. / ibidem : même auteur, même ouvrage
La compétence juridictionnelle des anciens Premiers ministres en
Droit congolais ix
- Id. /idem : même auteur mais des ouvrages
différents
- L. : livre
- Op.Cit : Opus citatum / dans l’ouvrage déjà
cité
- p. : page
- pp. : De telle page à telle page.
- Px : Page inconnue ou œuvre non
numérotée
- RDC : République Démocratique du Congo
- S.é / inédit : œuvre non éditée
- Sd : Sans Date
- Sl. : Sans lieu
- T. : tome
- Trad. : traduction de, ou traduit par
- Vol. : volume
- Cfr : confertur/ se référer à
PREFACE
La Constitution de la République Démocratique du
Congo telle que modifiée par la Loi n°11/002 du 20 janvier
2011 portant modification de quelques articles de la
Constitution du 18 février 2006, totalise déjà dix-huit ans
révolus.
La compétence juridictionnelle des anciens Premiers ministres en
Droit congolais x
Pourtant, au lieu d’être en face d’une adulte, la
lecture de ladite Constitution peut, concernant quelques articles,
laisser un sentiment de non accomplissement. Ce qui engendre
un peu d’amertume lorsque les flous entretenus divisent plus
qu’ils ne rassemblent.
L’on pourrait penser que les juristes, ceux qui ont
étudié les sciences juridiques, avaient la même compréhension
du Droit. Que lorsque la loi ou la loi des lois, la super légalité
est muette ou floue (au moment où les travaux préparatoires
deviennent une occasion néfaste), l’interprétation amène soit
l’Histoire du Droit soit le Droit comparé, la théorie générale du
Droit. L’on y trouve facilement la jurisprudence, la doctrine, les
principes généraux du Droit, la coutume et même les lois
appliquées à juste titre ailleurs sans oublier un minimum de
discernement et de contextualisation selon les familles
juridiques. Bien sûr, cela demande du courage.
Mais, qui est celui qui voudra assumer la qualité de
juriste, spécialiste du bien, sans d’abord avoir de l’audace, du
courage ?
Maître Justin TSHIENDA TSHIKANGU, Avocat au
Barreau du Lualaba témoigne ce courage avec mérite. La
La compétence juridictionnelle des anciens Premiers ministres en
Droit congolais xi
question de l’engagement de la responsabilité pénale des
anciens Premiers ministres pour les infractions commises à
l’occasion de l’exercice de leurs fonctions, ou pendant
l’exercice de leurs fonctions à l’expiration des celles-ci fait
débat, et l’objet des controverses sur l’interprétation des
dispositions constitutionnelles qui fondent les poursuites du
Premier ministre.
Il fait noter que le législateur Congolais n’a prévu
aucune disposition particulière en rapport avec les poursuites
contre les anciens Premiers ministres, les dispositions des
articles 164 et 166 de la Constitution du 18 février 2006 telle
que modifiée par la Loi n°11/002 du 20 janvier 2011 ne
concernent que le Premier ministre en fonction ; et l’on se
retrouve là, en face du silence de la loi. Ce débat juridique
occasionné par un travail à moitié accompli avait poussé au
revirement jurisprudentiel.
L’auteur indique qu’il n’est pas envisageable qu’un
Etat qui prône au travers de sa Constitution l’égalité de tous
devant la loi n’ait pas prévu une quelconque procédure
permettant la poursuite d’un ancien Premier ministre, surtout
lorsqu’on se veut un Etat de droit. Ses propositions cadrent
surtout avec la sécurité juridique et judiciaire ou tout
La compétence juridictionnelle des anciens Premiers ministres en
Droit congolais xii
simplement le principe de transparence dans la gouvernance
publique.
Cher lecteur, l’auteur réunit la complexité des
dimensions qui entourent la justice constitutionnelle en RDC
sans verser dans un juridisme désincarné. Cette complexité peut
engendrer une soif d’approfondissement pour les spécialistes ou
les praticiens du Droit et un appel à l’engagement de tous dans
la gestion de la chose publique qui, du reste, est laissée pour
compte dans un Etat où le bon sens est considéré comme «
l’inentendu ». Ce qui renverse le fondement et place en
quarantaine la finalité du Droit, la justice.
Ainsi, je vous laisse en compagnie de Maître Justin
TSHIENDA TSHIKANGU qui vous fera découvrir les pas
nécessaires à la rencontre de son analyse juridique et vous en
souhaite bonne lecture.
Lubumbashi le 30 Juillet 2024
Alexis MUSOYA MAZUWA
Professeur Associé/Unilu
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres1 en
Droit congolais
PROLEGOMENES
P
our assurer la bonne administration de la justice
devant les juridictions instituées dans un Etat,
plusieurs aspects et principes se doivent d’être
respectés ; entre autres : le principe du procès équitable, le
principe de double degré de juridiction, l’égalité de tous
devant la loi, ainsi que tant d’autres, lesquels ont conduit le
législateur congolais à instituer plusieurs juridictions, ainsi
que la qualité de la personne qui a également conduit à la
création des juridictions spécialisées, et à l’attribution à
certaines juridictions des compétences particulières, tout
cela pour lutter contre l’impunité qui, désormais, est une
antivaleur combattue et à combattre, quelles qu’en soient
les raisons tant politiques que juridiques.
Pour ce faire, chacune des juridictions instituées
dispose d’une compétence qui lui est propre, et qui la
différencie des autres. Elle peut être personnelle,
matérielle, tout comme territoriale ; mais, toutes ces
compétences sont complémentaires les unes des autres,
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres2 en
Droit congolais
cela pour permettre à la justice de répondre à son double
besoin : celui de justice et celui de sécurité.
Il est des cas dans lesquels toutes les trois sortes de
compétences sont cumulatives, et des cas où elles ne le
sont pas. Néanmoins, il n’est pas obligatoire qu’une
juridiction réunisse toutes les compétences dans une
affaire, sauf lorsqu’elles le sont en raison de faits, et de
circonstances.
Nulle n’ignore qu’en Droit, la compétence est
d’attribution, ce qui veut dire qu’aucune juridiction ne peut
s’attribuer elle-même une quelconque compétence, sans
que celle-ci ne provienne de la volonté de la loi.
Il est de droit que toute personne en général a droit
à un juge que la loi lui assigne, et, en Droit Congolais, tout
congolais a droit à un juge, conformément à l’article 19 de
la constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la
loi n°11/002 du 20 janvier 2011.
Cependant, nous avons fait un constat amer : ni la
constitution, ni une loi particulière n’a expressément prévu
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres3 en
Droit congolais
un juge pour un délinquant ancien Premier ministre, et cela
a conduit à ce que certains ont qualifié de « revirement
jurisprudentiel », et, d’autres, d’une tour de Babel, en
analysant les deux positions prises par la Cour
constitutionnelle dans l’affaire BUKANGA LONZO, en
voulant trouver un juge pour un ancien Premier ministre,
en la personne de MATATA MPONYO Augustin,
poursuivi pour détournement des deniers publics.
Considérant le fait que cette situation mérite d’être
éclairée pour dissiper toute interprétation erronée de la
constitution, il s’est avéré plus qu’important et judicieux
qu’une étude soit faite là-dessus, afin de permettre à
l’appareil judiciaire Congolais de prendre une position
adéquate pour que soit désacralisée l’impunité qu’indexe
ce non-dit.
C’est dans cet ordre d’idées que se présente cette
réflexion, qui marque les raisons de la détermination de la
juridiction compétente devant laquelle les anciens
Premiers ministres peuvent répondre de leurs actes ; et
nous pensons apporter une contribution nécessaire à
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres4 en
Droit congolais
l’administration de la justice, pour bien bâtir cet Etat de
droit que prône haut et fort la constitution.
Ainsi, cette réflexion est faite en deux chapitres,
hormis la partie introductive et la conclusion générale. Le
premier chapitre traite des notions de compétences des
juridictions, et le second, de la détermination même de la
juridiction compétente pour les infractions commises par
les anciens Premiers ministres.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres5 en
Droit congolais
CHAPITRE PREMIER : NOTIONS DE
COMPETENCES DES JURIDICTIONS
E
n prélude, il sied de constater que le constituant
du 18 février 2006 en ses articles 153, 154 et 157
institue trois ordres des juridictions : les
juridictions de l’ordre judiciaire, puis, celles de l’ordre
Administratif et, enfin, celles l’ordre Constitutionnel. 2 Il
faut noter que les deux premiers ordres ont chacun des
juridictions sous leur contrôle, et dont chacune à des
compétences qui lui sont propres et attribuées en vertu de
la loi ; alors que le dernier ordre est aussi lui-même une
juridiction. Mais pour être beaucoup plus compendieux,
nous allons nous intéresser dans le cadre de ce chapitre
qu’à la notion de compétence des juridictions pénales.
La présente section faisant objet d’analyse, sera
développée de manière à déterminer les différents types
des compétences organisées en Droit congolais.
2
Articles 153, 154 et 157 la constitution du 18 février 2006 telle que modifiée
par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant modification de certains articles
de la constitution
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres6 en
Droit congolais
SECTION 1. TYPES DES COMPETENCES
L
a notion de la compétence n’est pas définie par le
législateur Congolais ; ce dernier se limite à
déterminer les types de compétences en les
attribuant aux différentes juridictions ; elle n’est cependant
pas aussi définie par la doctrine laquelle se contente de
déterminer juste les critères de détermination de ladite
compétence.
Frédéric DESPORTES et Laurence LAZERGES-
COUSQUER nous renseignent que la compétence des
juridictions pénales est déterminée au regard de trois
critères qui sont :
La situation personnelle de l’auteur des faits
(compétence personnelle ou ratione personae) ;
La nature ou la gravité des faits commis (compétence
matérielle ou ratione materiae) ;
Le ressort territorial de la juridiction et les liens de
l’affaire avec celui-ci (compétence territoriale ou
ratione loci).3
3
Frédéric DESPORTES et Laurence LAZERGES-COUSQUER, traité de
procédure pénale, 3e édition, economica, paris 2013, p528
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres7 en
Droit congolais
En matière pénale, c’est le taux de la peine (la
gravité de l’infraction) qui détermine le tribunal compétent
matériellement ; En matière civile, c’est la nature ou le
montant de la demande qui détermine le tribunal
compétent matériellement ; En matière administrative, la
compétence matérielle est déterminée jusqu’ici par le
niveau de l’autorité qui a pris la décision.
Le principe, en matière civile, est que le tribunal du
domicile du défendeur est celui qui est territorialement
compétent, conformément à l’article 130 du code d’OCJ
qui dispose : « Le juge du domicile ou de la résidence du
défendeur est seul compétent pour connaître de la cause,
sauf les exceptions établies par des dispositions spéciales.
S'il y a plusieurs défendeurs, la cause est portée au choix
du demandeur, devant le juge du domicile ou de la
résidence de l'un d'eux »4 et 137 de la même loi qui
dispose : « En matière immobilière, l'action est portée
devant le juge de la situation de l'immeuble. Les demandes
accessoires en restitution de fruits et dommages-intérêts
4
Article 130 de la Loi organique n°13/011-B du 11 avril 2013 portant
organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l'ordre
judiciaire
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres8 en
Droit congolais
suivent le sort de la demande principale. Si l'immeuble est
situé dans différents ressorts, la compétence est fixée par
la partie de l'immeuble dont la superficie est la plus
étendue. Néanmoins, le demandeur peut assigner devant le
juge dans le ressort duquel est située une partie
quelconque de l'immeuble, pourvu que, en même temps, le
défendeur y ait son domicile ou sa résidence. »5; Le même
principe est suivi en matière administrative.
Mais il existe des règles particulières de fixation de la
compétence territoriale en matière pénale. La compétence
personnelle n’est concevable, en principe, qu’en matière
pénale. Le législateur de l’époque coloniale avait prévu
une possibilité de compétence personnelle en matière
coutumière : les tribunaux coutumiers sont compétents
matériellement pour juger les faits réprimés par la coutume
ou par la loi écrite leur attribuant d’une manière expresse
compétence6.
5
Article 130 de la Loi organique n°13/011-B du 11 avril 2013 portant
organisation, fonctionnement et compétences des juridictions de l'ordre
judiciaire
6
LUZOLO BAMBI Lessa Emmanuel J. et BAYONA Ba Meya Nicolas Abel,
op.cit. p145.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres9 en
Droit congolais
§.1. La compétence personnelle
Comme évoquée ci-haut, la compétence
personnelle est le fait pour une juridiction d’être à même
de connaitre d’une affaire en raison de la qualité de la
personne ayant commis les faits réprimandés ;
Frédéric DESPORTES et Laurence LAZERGES-
COUSQUER disent ; que des juridictions d’attribution ont
été créées pour instruire et juger les délits et crimes
commis par certaines catégories de personnes comme : les
mineurs, les militaires, ministres… en raison de
spécificités objectives tenant à leur âge, à leur statut ou à
leur leurs fonctions, rendant légitime l’application d’un
régime particulier7.
Et pour LUZOLO BAMBI Lessa, et BAYONA Ba
Meya Nicolas Abel, En principe, le problème de la
compétence personnelle ne se pose qu’en matière de
privilège de juridiction. Toutefois, on peut signaler un cas
de compétence personnelle en matière coutumière : c’est
lorsque le défendeur ou le prévenu est un militaire en
7
Frédéric DESPORTES et Laurence LAZERGES-COUSQUER, op.cit, p528
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres10en
Droit congolais
activité de service, un agent de l’administration de l’ordre
judiciaire ou de la police territoriale, un juge, une autorité
coutumière, communale, ou lorsque le demandeur est un
juge, une autorité coutumière, communale ou territoriale,
seul le tribunal de territoire ou de ville connaît, à
l’exclusion de tout autre tribunal, des affaires dans
lesquelles ces défendeurs, ces prévenus et demandeurs sont
parties8.
Notons que la compétence personnelle constitue
une exception au principe d’égalité de tous prôné par la
constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi
n°11/002 du 20 janvier 2011 portant modification de
certains articles de la constitution à son article 12 qui dit
clairement : « Tous les congolais sont égaux devant la loi,
et ont droit à une égale protection des lois »9 ; laquelle
voudrait que tous les congolais placés dans les mêmes
conditions et circonstances soient traités de la même
manière ; ce qui en d’autre termes pour ce qui concerne
8
LUZOLO BAMBI Lessa Emmanuel J. et BAYONA Ba Meya Nicolas Abel,
op.cit. p149
9
Article 12 de constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi
n°11/002 du 20 janvier 2011 portant modification de certains articles de la
constitution
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres11en
Droit congolais
notre sujet nous conduit à dire, que tous les présumés ou
tous les suspects se doivent d’être traité de la même
manière et trainer devant les mêmes juges lorsqu’ils sont
poursuivis pour les mêmes chefs d’infractions.
Cependant, le législateur congolais a
tenu compte de certaines circonstances, de la qualité de la
personne ou des fonctions importantes qu’occupent
certaines personnes, pour leur attribuer un juge autre que
celui naturel en raison des faits ; ce qui explique la raison
d’être de certaines juridictions spécialisées, c’est le fait
pour certaines personnes de se voir comparaitre en raison
des privilèges accordés à leurs fonctions devant un juge
supérieur en grade que celui compétent en raison des faits,
et qu’à certaines autres personnes le législateur ait
accorder des immunités pour leur soustraire de la
possibilité d’être poursuivi à tout moment que le maitre de
l’action publique le voudra, car les poursuites soumises à
une procédure particulière de levée des immunités ;
Et à ce propos, Gabriel KILALA nous dit que ;
l’institution des immunités et privilèges a comme but
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres12en
Droit congolais
principal, la protection des fonctions publiques
qu’assument les différentes personnalités bénéficiaires, et
non la protection des individus. Il faut donc, croyons-nous
faire un distinguo entre ces fonctions officielles et
l’individu qui les assume.
Le privilège de juridiction quant à lui est un
moyen, destiné principalement à empêcher le bénéficiaire
d’user de sa situation ou de sa position socio-
professionnelle, pour faire pression sur les juges d’échelon
inférieur. Il n’est donc pas, par exemple aisé à un juge de
paix de siéger dans une affaire qui concerne le président de
la Cour Suprême de Justice, aujourd’hui Cour de
Cassation, Conseil d’Etat, et la Cour Constitutionnelle,
renchéri l’auteur.
Cependant, pour le Justiciable bénéficiaire, cela
comporte un grand inconvénient dans la mesure ou, s’il
s’agit d’une juridiction du premier et dernier ressort, il n’a
plus où s’adresser, afin de corriger des éventuelles erreurs,
ou injustices que commettrait cette juridiction. Les juges
de celle-ci peuvent aussi avoir mal interpréter une
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres13en
Droit congolais
disposition légale ou ignorer carrément telle ou telle autre
disposition10.
§2. La Compétence Matérielle
En ce qui concerne la compétence
matérielle selon LUZOLO BAMBI et BAYONA Ba
Meya, en matière pénale, c’est le taux de la peine (la
gravité de l’infraction) qui détermine le Tribunal
Compétent Matériellement. Il faut cependant admettre que
la création des juridictions, modifie cette vision de la
détermination de la compétence matérielle, de telle sorte
que la qualification des faits et le degré de complexité de
l’affaire deviennent des critères essentiels dans la
détermination de la compétence matérielle.
En matière civile, c’est la nature ou le
montant de la demande qui détermine le tribunal
compétent matériellement. En matière administrative, la
compétence matérielle est déterminée jusqu’ici par le
niveau de l’autorité qui a pris la décision contestée11.
10
Gabriel KILALA Pene-AMUNA, Immunités et privilèges en Droit positif
Congolais, éd. Amuna, Kinshasa 2010,p225
11
LUZOLO BAMBI Lessa Emmanuel J. et BAYONA Ba Meya Nicolas Abel,
op.cit. p145
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres14en
Droit congolais
Comme la compétence personnelle, la
compétence matérielle de chaque juridiction a été évoquée
lors de la présentation de la nomenclature des juridictions
pénales ; en France, la compétence matérielle des
juridictions pénales a été déterminée par la classification
tripartite des infractions, au triptyque pénal :(crimes, délits,
et contraventions) qui correspondait au moins pour les
juridictions de droit commun, à un triptyque procédural :
Tribunal de police, Tribunal correctionnel, et la Cour
d’assises12.
Ainsi donc, la nature de l’infraction demeure un
critère de détermination de la compétence de la juridiction à
saisir pour connaitre ou pour pouvoir juger l’auteur de
l’infraction, ainsi que toutes les personnes ayant concouru
d’une manière ou d’une autre à la commission de ladite
infraction. Et lorsqu’on parle de la nature de l’infraction, il
ne s’agit pas seulement de l’acte qui est poser, mais aussi et
également du taux de la peine que le législateur a attribué à
l’acte ; c’est ainsi que sauf en cas des privilèges de
juridiction qui peuvent faire qu’un acte dont le taux de la
12
Frédéric DESPORTES et Laurence LAZERGES-COUSQUER, op.cit. p529
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres15en
Droit congolais
peine attribue la compétence matérielle à une telle
juridiction se trouve être juger devant la juridiction des
privilèges ; mais en réalité, le législateur a attribuer la
compétence matérielle à chacune des juridictions en les
catégorisant selon le taux de la peine.
§3. La Compétence Territoriale
La compétence Territoriale nous renvoie
directement à la règle de territorialité à laquelle répondent
toutes les lois d’ordre interne, faisant que les règles du
droit positif Congolais ne s’appliquent que sur le territoire
Congolais. Mais, en ce qui concerne la compétence
territoriale d’une juridiction, disons qu’il s’agit de la
circonscription que couvre la juridiction selon son rang.
Chaque juridiction qui est créer couvre un espace
bien déterminé par la loi n°13/011-B du 11 avril 2013
portant Organisation, Fonctionnement et Compétences des
juridictions de l’ordre Judiciaire qui dans ses articles 7, 14,
19 et 24, détermine le ressort que le législateur accorde à
chaque juridiction en commençant par les Tribunaux de
paix, jusqu’à la Cour de Cassation ; et chaque ressort dans
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres16en
Droit congolais
lequel est installer une juridiction, devient alors le cercle
de sa compétence territoriale13.
Mais Frédéric DESPORTES et Laurence
LAZERGES-COUSQUER, disent que deux questions
doivent être bien distinguées pour déterminer la juridiction
territorialement compétente ; celle du ressort territorial des
juridictions, et celle des critères de la compétence
territoriale.
En effet, le ressort territorial correspond à la
portion du territoire sur l’étendue du quel la juridiction est
compétente. Quant aux critères de compétence territoriale,
ils permettent de déterminer les critères de rattachement
qui permettent de déterminer la juridiction compétente 14.
Ils sont destinés à répondre au type des questions suivantes
: quel est le tribunal de grande instance territorialement
compétent pour connaitre d’une telle infraction, commise
par une telle personne, qui réside à tel endroit ?
13
Articles 7, 14, 19 et 24 de la loi n°13/011-B du 11 avril 2013 portant
Organisation, Fonctionnement et Compétences des juridictions de l’ordre
Judiciaire.
14
Frédéric DESPORTES et Laurence LAZERGES-COUSQUER, op.cit. p530
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres17en
Droit congolais
Ainsi, pour déterminer la juridiction
territorialement compétente dépendamment du ressort que
la loi lui attribue, certains critères doivent être observés :
1. Le lieu de la commission des faits :
C’est un critère principal de détermination de la
compétence de la juridiction territorialement compétente,
dans la mesure où, la compétence est liée au lieu de
commission des faits, le lieu où le préjudice ou le trouble a
été causé. Et à ces propos, le législateur du Code
d’Organisation, Fonctionnement et Compétence des
juridictions de l’ordre judiciaire à son article 104 alinéa 1
dispose que : « Sont compétents le juge du lieu où l’une
des infractions a été commise, de la résidence du prévenu,
et celui du lieu où le prévenu aura été trouvé… »15
Un délit peut être déféré valablement soit au
tribunal correctionnel dans le ressort duquel l’infraction a
été commise, soit à celui dans le ressort duquel réside la
personne poursuivie ou l’une des personnes poursuivies,
soit à celui dans le ressort duquel cette personne a été
15
Article 104 alinéa 1 du Code d’Organisation, Fonctionnement et Compétence
des juridictions de l’ordre judiciaire en RDC
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres18en
Droit congolais
arrêtée ou est détenue, même lorsque l’arrestation ou la
détention a été opérée, ou est effectuée pour une autre
cause.
Il est possible que ces divers chefs de compétence
aboutissent à la saisine d’un seul et unique tribunal, mais il
arrive qu’ils aboutissent à deux tribunaux ou davantage
(s’il y a de nombreuses personnes poursuivies ou s’il s’agit
d’un délit continu). En ce cas, il appartient aux
représentants du ministère public de s’entendre sur le
tribunal à saisir, en s’inspirant des commodités et des
intérêts de la justice.16
Si plusieurs Tribunaux se reconnaissaient
simultanément compétents, il y aurait lieu à « règlement de
juges » opéré par la Cour d’Appel ou la Cour de Cassation.
La compétence du Tribunal s’étend aux délits et
contraventions connexes. La compétence à l’égard d’un
prévenu s’étend à tous les coauteurs ou complices.
La compétence généralement retenue est celle du
Tribunal du lieu de commission de l’infraction ; ou celui
16
Frédéric DESPORTES et Laurence LAZERGES-COUSQUER, op.cit. p532
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres19en
Droit congolais
du lieu de la commission de la dernière infraction, ou de
l’une des infractions en cas de pluralité d’infractions, ou
encore celui du lieu où le dernier acte a été posé ; elle
présente de grands avantages :
a. C’est là qu’on trouvera les preuves de l’infraction et les
témoins ;
b. C’est là que l’ordre public a été troublé ; trouble que
l’exercice de la justice va compenser dans une certaine
mesure.
2. Tribunal du lieu de la résidence de la personne
poursuivie
Mais, la compétence du Tribunal de la résidence de
la personne poursuivie (ou de l’une des personnes
poursuivies soit comme auteur ou co-auteur, soit comme
complice) rappelle la règle de procédure civile qui attribue
normalement la compétence au tribunal du domicile ou de
la résidence du défendeur afin de rendre la défense plus
facile, et cela conformément aux articles 130, 136 alinéa 3,
147 alinéa 1 point 1017.
17
Articles 130 du code, 136 alinéa 3, 147 alinéa 1 point 10 du Code
d’Organisation, Fonctionnement et Compétence des juridictions de l’ordre
judiciaire
Art 130 : « Le juge du domicile ou de la résidence du défendeur est seul
compétent pour connaître de la cause, sauf les exceptions établies par des
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres20en
Droit congolais
Elle présente l’avantage que le prévenu étant
mieux connu à cet endroit, il sera plus facile d’y réunir des
renseignements sur sa personnalité (or la considération de
la personnalité prend une importance de plus en plus
grande dans la justice répressive moderne).
En outre, l’effet d’intimidation comme fonction de
la peine sur l’entourage sera plus important, dans la
mesure où l’application strict des sanctions contre l’auteur
d’une infraction peut constituer un geste préventif de la
commission de la même infraction par d’autres.
Enfin, si l’auteur a commis à divers endroits
plusieurs infractions non encore jugées, on peut les faire
juger toutes par le Tribunal du lieu de résidence, ce qui
simplifie l’administration de la justice, ou par la juridiction
saisie la première comme le prévoit bien le législateur du
dispositions spéciales. S'il y a plusieurs défendeurs, la cause est portée au choix
du demandeur, devant le juge du domicile ou de la résidence de l'un d'eux. »
Art 136 : « En matière immobilière, l'action est portée devant le juge de la
situation de l'immeuble. Les demandes accessoires en restitution de fruits et
dommages-intérêts suivent le sort de la demande principale. Si l'immeuble est
situé dans différents ressorts, la compétence est fixée par la partie de
l'immeuble dont la superficie est la plus étendue. Néanmoins, le demandeur
peut assigner devant le juge dans le ressort duquel est située une partie
quelconque de l'immeuble, pourvu que, en même temps, le défendeur y ait son
domicile ou sa résidence. »
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres21en
Droit congolais
code d’OCJ à l’article 104 alinéa 1 : Sont compétents le
juge du lieu où l'une des infractions a été commise, de la
résidence du prévenu et celui du lieu où le prévenu aura
été trouvé… ; et à l’article 146, le législateur dispose :
« Les demandes pendantes devant un Tribunal de paix
peuvent, à la requête de l'une des parties, être jointes à
des demandes connexes pendantes devant le Tribunal de
grande instance. La juridiction ainsi saisie statue en
premier ressort »18.
Lorsque les demandes pendantes devant les
juridictions différentes de même rang sont connexes, elles
peuvent, à la demande de l'une des parties, être renvoyées
à celle de ces juridictions qui a déjà rendu une décision
autre qu'une disposition d'ordre intérieur, sinon, à la
juridiction saisie la première… ;
3. Le Tribunal du lieu d’arrestation
Considérant toutes les raisons précédemment
évoquées, la compétence du Tribunal du lieu d’arrestation
est aussi avantageuse lorsque le délinquant est dangereux
18
L’article 146 du Code d’Organisation, Fonctionnement et Compétence des
juridictions de l’ordre judiciaire en RDC
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres22en
Droit congolais
et risquerait de s’évader au cours de son transfert. Elle
permet d’autre part de juger au même lieu les diverses
infractions que cette personne a pu commettre (notamment
quand elle n’a pas de domicile fixe).
Ainsi, avant d’analyser ou d’examiner le fond de
l’affaire, les juridictions commencent toujours par
examiner les questions ou les exceptions liées à leur
saisine, leur compétente comme la litispendance ou la
connexité.
Ces exceptions sont les très souvent soulevées par
les parties; tout comme elles peuvent être soulevées par le
Ministère Public, voire d’office par la composition elle-
même, et elles deviennent des obstacles soit temporaires,
soit définitives à l’examen de l’affaire19 ; mais
malheureusement, rares et très rares sont les fois où ces
questions sont soulevées par la composition ou le
Ministère Public, qui souvent font semblant, et les
compositions parfois se plaisent de les joindre au fond,
alors qu’il s’agit des questions d’ordre public, qui comme
19
Bernard Bouloc et Haritini Matsopoulou, op.cit. p284
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres23en
Droit congolais
nous le pensons doivent être préalablement vidées avant
l’abord du fond.
En outre, il importe de souligner majestueusement,
que dans une affaire pendante devant un Tribunal, les
exception sont les bienvenues lorsqu’elles viennent en
matière civile de la partie défenderesse, et en matière
pénale, de la partie prévenue ; car, il est étonnant de voir la
partie demanderesse ou civile soulever des exceptions à
son propre acte par lequel elle a saisi le juge ; cela est
même une aberration, voir la partie civile ou demanderesse
qui soulève par exemple le moyen lié à sa non notification
de la date d’audience, dans le but de voir le tribunal se
déclarer non saisi à son égard, alors que l’exploit qui saisit
le juge est son œuvre ; ou qui soulève une exception
d’inconstitutionnalité contre l’exploit ; et nous pensons que
le juge ne doit raisonnablement pas accorder considération
au pareil moyen, sauf au cas exceptionnel le permettant.
§.4. La litispendance
En droit congolais, lorsque deux juridictions toutes
compétentes sont saisies pour une même affaire, il est alors
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres24en
Droit congolais
question de la litispendance ; et le code d’Organisation,
Fonctionnement et Compétences des juridictions de l’ordre
judiciaire à son article 105 dispose que : « Lorsque deux
ou plusieurs tribunaux de même rang, compétents
territorialement, se trouvent saisis des mêmes faits, le
Tribunal saisi le premier est préféré aux autres. 20».
Il y a donc litispendance, lorsque deux actions qui
ont la même cause, le même objet et qui sont mues entre
les mêmes parties sont portés devant deux Tribunaux
différents mais tous compétents. Pour que la litispendance
existe il faut que plusieurs conditions soient réunies en
même temps :
Deux demandes en justice doivent être introduites ;
Ces deux demandes doivent être introduites devant
deux Tribunaux (juridictions) différents et
compétents ;
Les deux demandes doivent avoir le même objet et
la même cause ;
20
Article 105 de la loi n°13/011-B du 11 avril 2011 portant Code
d’Organisation, Fonctionnement et Compétence des juridictions de l’ordre
judiciaire en RDC
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres25en
Droit congolais
Le demandeur et le défendeur doivent être les
mêmes personnes agissant en même qualité dans
les deux demandes.
A ce sujet, le professeur José Marie TASOKI
dit : La litispendance est une situation qui met en conflit
deux ou plusieurs juridictions de même rang et de même
ordre territorialement compétentes qui sont saisies des
mêmes faits concernant les mêmes parties21.
La litispendance est une exception déclinatoire dont
la solution est proposée par l’article 145 de la loi
organique portant organisation, fonctionnement et
compétences des juridictions de l’ordre judiciaire, en
respectant dans l’ordre les règles suivantes22 :
La juridiction saisie au degré d’appel est préférée à la
juridiction saisie au premier ressort ;
La juridiction qui a rendu sur l’affaire une disposition
autre qu’une disposition d’ordre intérieur est préférée
21
José Marie TASOKI M., Procédure Pénale Congolaise, l’Harmattan, paris
2016, p242
22
L’article 145 de la loi organique n°13/011-B du 11 avril 2011 portant Code
d’Organisation, Fonctionnement et Compétence des juridictions de l’ordre
judiciaire en RDC
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres26en
Droit congolais
aux autres juridictions ;
La juridiction saisie la première est préférée aux autres
juridictions.
La solution à la litispendance étant déjà proposée
par la loi, il appartient à la juridiction devant laquelle le
déclinatoire est soulevé de procéder au renvoi de l’affaire
devant la juridiction préférée. L’expédition de la décision
de renvoi est transmise avec les pièces de la procédure au
greffe de la juridiction à laquelle la cause est renvoyée.23
La litispendance est donc bien un obstacle
temporaire qui s’oppose à l’examen du fondement de la
demande puisqu’avant de savoir si le demandeur a raison
ou tort dans l’intentement de l’action en justice, il faut
déterminer quel est le Tribunal compétent qui doit
connaître du bienfondé de la demande.
En outre, on estime qu’il n’y a pas litispendance
lorsque les deux affaires sont pendantes devant les
chambres différentes du même Tribunal, car le président
du Tribunal peut les réunir dans la même chambre. De
23
José Marie TASOKI M. idem
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres27en
Droit congolais
même, il n’y a pas litispendance quand un des procès est
pendant devant un juge étranger alors qu’il n’existe pas
entre ce pays et la RDC des conventions internationales
réglant la compétence.
§.5. La connexité
En ce qui concerne l’exception de connexité,
notons qu’il y a connexité lorsqu’il y a un intérêt pour
l’administration d’une bonne justice à instruire et à juger
deux procès (deux ou plusieurs affaires concernant les
mêmes parties) en même temps.
Pour le Professeur LUZOLO et BAYONA, En
matière pénale, il y a connexité, lorsque le lien entre
plusieurs infractions est si étroit qu’elles doivent être
soumises aux mêmes juges. Cette connexité peut résulter
de l’unité du temps, de lieu, de dessein ou encore d’une
relation de cause à effet, ou d’une infraction ayant pour but
d’en faciliter une autre24.
24
LUZOLO BAMBI Lessa Emmanuel J. et BAYONA Ba Meya Nicolas Abel,
op.cit. p152
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres28en
Droit congolais
La question de savoir si les litiges sont connexes
est une question de fait que les Tribunaux apprécient
souverainement. En principe il faut que les deux actions
aient la même cause ou même objet ; Mais il n’est pas
nécessaire qu’elles aient les mêmes parties dans les deux
actions ; elles peuvent tout comme il peut arriver que les
parties soient différentes ; et dans ce dernier cas, l’article
146 alinéa 3 du code d’OCJ dispose : « Dans ce
cas, .lorsque les parties ne sont pas les mêmes dans toutes
les actions connexes et que la juridiction de renvoi a déjà
rendu un jugement qui ne la dessaisit pas, le renvoi à cette
juridiction ne peut être prononcé si le plaideur qui n'a pas
été partie à ce jugement s'y oppose … »25
La question de savoir si deux demandes sont
connexes constitue donc un obstacle temporaire à
l’examen de l’objet et de la cause de la demande en justice.
En principe, pour que puisse être soulevé l’exception de
connexité, les demandes estimées connexes doivent être
portées soit devant deux ou plusieurs tribunaux différents
25
L’article 146 alinéa 3 du code d’OCJ
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres29en
Droit congolais
et tous soient compétents, ou soit, devant les chambres
différentes d’une même juridiction.
Ainsi, lorsque la question de
compétence n’est respectée, et qu’un juge non compétent
parce que ne réunissant aucune condition, c’est-à-dire,
n’étant pas compétent décide d’analyser le fond, celui-ci
viole l’article 19 alinéa 1 de la constitution du 18 février
2006 qui stipule : « Nul ne peut être ni soustrait ni distrait
contre son gré du juge que la loi lui assigne… »26.
Et ce, qu’il s’agisse de la compétence personnelle,
matérielle, ou même Territoriale, sauf les cas d’exceptions
prévues par la loi, comme le cas de la suspicion ayant
conduit au renvoi de l’affaire devant une autre juridiction
que celle suspectée, car dans ce dernier cas, la question de
la compétence territoriale ne peut se posée.
Aussi le cas de la coaction ou la complicité avec
une personne jouissant des privilèges de juridiction, dans
26
L’article 19 alinéa 1 de 3.Constitution de la République Démocratique du
Congo du 18 février 2006 telle que modifiée et complétée à ce jour par la loi n°
11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la
Constitution. J.O.RDC, 52ème année, n°3 du 1er janvier 2011.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres30en
Droit congolais
lequel l’exception de la compétence matérielle ne peut être
posé, car, le rang élevé attirant vers lui le justiciable du
rang inférieur.
SECTION 2. LE STATUT D’ANCIEN
PREMIER MINISTRE
L
’analyse du statut de l’ancien Premier Ministre
nous permet de comprendre ce que devient, ou
ce qu’est censé devenir un Premier Ministre
après l’exercice de ses fonctions.
Et une analyse comme celle-ci, ne peut bien aboutir
si nous ne commençons par analyser les fonctions elles-
mêmes du Premier Ministre avant l’analyse de l’après
fonctions. Cette section sera abordée comme suite :
1. Les fonctions du premier ministre (paragraphe 1)
2. La cessation des fonctions du premier ministre
(paragraphe 2)
3. Et le statut d’ancien premier ministre (paragraphe 3)
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres31en
Droit congolais
§.1. Les fonctions de premier ministre
La constitution de la République Démocratique du
Congo du 18 février 2006, telle que modifiée à ces jours
par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant modification
des certains articles de la constitution stipule à son article
90 que : « Le Gouvernement est composé du Premier
ministre, de ministres, de Vices ministres et, le cas
échéant, de Vice-premier ministres, de ministres d’Etat et
de ministres délégués »27.
« Il est dirigé par le Premier ministre, chef du
Gouvernement. En cas d’empêchement, son intérim est
assuré par le membre du Gouvernement qui a la
préséance. La composition du Gouvernement tient compte
de la représentativité nationale. Avant d’entrer en
fonction, le Premier ministre présente à l’Assemblée
nationale le programme du Gouvernement ;… » 28
27
Article 90 La constitution de la République Démocratique du Congo du 18
février 2006, telle que modifiée à ces jours par la loi n°11/002 du 20 janvier
2011 portant modification des certains articles de la constitution.
28
Article 90 La constitution de la République Démocratique du Congo du 18
février 2006, telle que modifiée à ces jours par la loi n°11/002 du 20 janvier
2011 portant modification des certains articles de la constitution.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres32en
Droit congolais
Au regard de cet article, le premier ministre est le
chef du gouvernement, lequel est selon le classement de la
constitution, la troisième institution après le Président de la
République et le parlement.
Et à l’article 92 de la même constitution le
législateur dit : « Le Premier ministre assure l’exécution
des lois et dispose du pouvoir réglementaire sous réserve
des prérogatives dévolues au Président de la République
par la présente Constitution. Il statue par voie de décret. Il
nomme, par décret délibéré en Conseil des ministres, aux
emplois civils et militaires autres que ceux pourvus par le
Président de la République. Les actes du Premier ministre
sont contresignés, le cas échéant, par les ministres
chargés de leur exécution. Le Premier ministre peut
déléguer certains de ses pouvoirs aux ministres. »29
Pour Jean-Louis ESAMBO, la nomination du
Premier Ministre est, quel que soit le régime politique mis
en place, une prérogative exclusive du président de la
29
L’article 92 de la Constitution de la République Démocratique du Congo du
18 février 2006 telle que modifiée et complétée à ce jour par la loi n° 11/002 du
20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution.
J.O.RDC, 52ème année, n°3 du 1erjanvier 2011.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres33en
Droit congolais
République qui l’exerce, avec ou sans l’accord du
parlement30.
La Loi fondamentale du 19 mai 1960 relative aux
structures du Congo indique que le pouvoir exécutif
appartient au Chef de l’État qui l’exerce sous le
contreseing du ministre responsable. Il nomme et révoque
le Premier Ministre et les ministres ; ses décisions n’ayant
d’effet que si elles sont contresignées par un ministre qui,
par ce seul fait, s’en rend responsable31.
De la même Constitution, on peut lire qu’en accord
avec le Conseil des ministres qu’il préside, le Premier
Ministre dirige l’action du Gouvernement ; par ailleurs,
responsable devant les deux chambres du parlement32.
Nous pouvons donc, de ce qui précède, déduire que
le pouvoir de nomination du premier ministre chef du
Gouvernement est un pouvoir exclusif et une compétence
exclusive du Président de la République ; qui en use en
30
Article 78 de la constitution du 18 février 2006
31
Article 22 de la loi fondamentale du 19 mai 1960 relative aux structures du
Congo ;
32
Jean-Louis ESAMBO KANGASHA, Traité de droit constitutionnel
congolais, op.cit. P.p.187-188
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres34en
Droit congolais
toute quiétude, même si certaines formalités sont prévues
par la constitution, comme : commencer par reconnaitre ou
identifier une majorité parlementaire au sein de laquelle, le
Premier Ministre doit être nommé.
Et cela nous pousse à affirmer au regard des
dispositions constitutionnelles, précisément sur base des
prescrits de l’article 78 que les fonctions de Premier
Ministre appartiennent au partis, ou regroupement
politique ayant obtenu la majorité parlementaire33.
En analysant les quatre dernières nominations,
c’est-à-dire, à partir de Bruno TSHIBALA, Sylvestre
ILUNKAMBA, SAMA LOKONDE et Judith SUMINWA,
nous nous rendons malheureusement compte qu’ils sont
tous, soit produits d’un accord politique, ou soit d’une
organisation politique post-électorale ; cela s’explique par
le fait que la nomination de Bruno TSHIBALA comme
Premier Ministre en 2016 sous l’empire du Président
Joseph KABILA, n’a été que produit d’un accord politique
33
Article 78 de la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18
février 2006 telle que modifiée et complétée à ce jour par la loi n° 11/002 du 20
janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution. J.O.RDC,
52ème année, n°3 du 1erjanvier 2011.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres35en
Droit congolais
entre la majorité au pouvoir à l’époque le PPRD,
l’Opposition, ainsi que les forces vives, dans le but
d’apaiser la tendance, et permettre au Président Joseph
KABILA, qui était à la fin de son dernier mandat de faire
une transition de deux ans, lui permettant ainsi de rester en
place jusqu’à la tenue des élections du 30 décembre 2018 ;
Prêtant serment le 24 janvier 2019, le Président
Felix TSHISEKEDI va attendre près de 4 mois pour
nommer Sylvestre ILUNGA ILUNKAMBA comme
Premier Ministre, soit le 20 mai 2019 ; et cette nomination
qui, en lieu et place de tenir compte des prescrits de
l’alinéa 3e de l’article 78 de la constitution, le Président
TSHISEKEDI va s’en tenir à la coalition FCC-CACH
(Front Commun pour le Congo et Cap pour le
Changement) laquelle ne constituée au moment des
élection, ni un parti, ni une plate-forme électorale pour
s’imaginer une quelconque majorité parlementaire, de
laquelle pouvait être nommé le Premier Ministre, car tous
les candidats avaient chacun postulé soit comme
Indépendant, soit comme membre d’un parti politique, et
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres36en
Droit congolais
aucun ne l’avait fait au nom de l’un de ces deux
regroupements, qui n’ont vu jour qu’après la publication
des listes électorales, et qui n’avaient pas d’existence
juridique.
Il importe de rappeler à ce jour, qu’entre les deux
plateformes, une crise s’était installé, conduisant ainsi au
dysfonctionnement des institutions politiques, car chacune
de ces deux avait un programme d’action différent de
l’autre ; ce qui avait conduit au déboulonnement comme
l’avait dit le Président TSHISEKEDI lui-même lors de son
discours devant la diaspora en Allemagne, et cela avait
conduit à la démission de Sylvestre ILUNKAMBA qui
sera remplacer par Jean-Michel SAMA LUKONDE le 15
février 2021, issu toujours de la nouvelle organisation
politique dénommée UNION SACREE DE LA NATION ;
Ainsi, la nomination du premier Ministre est une
prérogative et une compétence exclusive du Président de la
République.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres37en
Droit congolais
§.2. Les pouvoirs du premier ministre.
Entant que chef du Gouvernement, le premier
ministre se voit également tomber sous le cout du
dédoublement fonctionnel, faisant de sorte qu’il occupe et
une fonction politique, et une fonction Administrative ; et
YUMA BIABA dit, qu’en vertu du principe du
dédoublement fonctionnel, le Président de la République,
le Premier ministre et les ministres exercent à la fois, la
fonction gouvernementale et la fonction administrative.
Certains auteurs considèrent que le Premier
Ministre n’exerce pas un réel pouvoir hiérarchique sur les
ministres dès lors que ceux-ci sont investis de compétences
propres. Le pouvoir de réformation et de substitution n’est
pas possible lorsque le ministre a reçu par la loi la
compétence d’agir dans une matière déterminée relevant
de son ministère.
Tel est le cas du Ministre des Affaires foncières
dont la compétence, en matière de lotissement, lui est
reconnu par la « loi foncière ». Le Premier Ministre
dispose néanmoins d’un large pouvoir d’instruction et de
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres38en
Droit congolais
directive de même qu’il peut statuer sur le recours
administratif préalable dans la procédure d recours pour
excès de pouvoir.
Parmi les autorités de police ou titulaires du
pouvoir de police administrative nous pouvons citer le
Premier ministre (police générale), les ministres (polices
spéciales), les autorités provinciales, municipales et locales
(police générale et police spéciale)34.
Pour sa part, Jean-Louis ESAMBO pense que ;
Selon le régime, le Chef de l’État et le Premier Ministre
exercent les fonctions exécutives souvent confondues aux
fonctions gouvernementales. Lorsque les deux fonctions
sont exercées par le président de la République, l’activité
gouvernementale correspond à celle exécutive et l’autorité
de l’institution, qui l’assume, est ressentie au niveau de la
politique intérieure et extérieure du pays.
On note qu’au cas où les deux activités relèvent des
compétences concurrentes du président de la République et
du premier ministre, une ligne de démarcation s’établit
YUMA BIABA, manuel de droit administratif général, éd. CEDI. P.p.14, 67 et
34
178
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres39en
Droit congolais
entre la fonction exécutive, souvent, partagée entre les
deux institutions et celle gouvernementale assurée par le
Premier Ministre ; mais pour marquer cette différence, il
est intéressant de s’assurer que la politique interne et
externe de la Nation est conduite par le Premier Ministre,
chef du gouvernement35.
Nous pouvons donc dire que le Premier Ministre
est le moteur, et la colonne vertébrale du Gouvernement ;
il est la première autorité chargée de la police
administrative, il est celui qui par ses actes engagent le
Gouvernement devant les élus du peuple. Le Premier
Ministre dispose également d’un pouvoir qui permet de
faire jouir au Gouvernement de son pouvoir règlementaire,
lorsque ce dernier statuant par voie de décret, le Premier
Ministre assure l’exécution de lois et dispose également du
pouvoir réglementaire, sous réserve des prérogatives
dévolues au président de la République.
En outre, le Premier Ministre porte sur lui le poids
de tout le gouvernement, au point où il l’engage dans ses
35
Jean-Louis ESAMBO KANGASHA, op.cit. P.200
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres40en
Droit congolais
actes ; il endosse la responsabilité du programme national
comme le dit le constituant du 20 janvier 2011 à l’article
46 alinéa 1 qui stipule : « Le Premier Ministre peut, après
délibération du Conseil des ministres, engager devant
l’Assemblée nationale la responsabilité du Gouvernement
sur son programme, sur une déclaration de politique
générale ou sur le vote d’un texte. »36
Contrairement à ce que prévoit la constitution en
vigueur, la loi fondamentale du 19 mai 1960 ne prévoyait
pas que la responsabilité du Gouvernement soit mise en
cause par le Premier Ministre, mais plutôt, tout le
Gouvernement engageait sa responsabilité, de la même
manière que la confiance faisait objet de vote, comme
l’explicite bien les articles 43 et 44, qui prévoyaient même
qu’en cas d’adoption de la motion de défiance, que tous les
ministres déposent leurs démissions auprès du Premier
Ministre, et que ce dernier les transmet ensemble avec la
sienne au Chef de l’Etat ; Article 43 : la responsabilité
36
L’article 46 alinéa 1 Constitution de la République Démocratique du Congo
du 18 février 2006 telle que modifiée et complétée à ce jour par la loi n° 11/002
du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution.
J.O.RDC, 52ème année, n°3 du 1erjanvier 2011.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres41en
Droit congolais
solidaire du Gouvernement est mise en cause par le dépôt
d’une motion de défiance… ;37 Article 44 : En cas
d’adoption d’une motion de défiance dans les conditions
prévues par l’article 43, les ministres remettent leurs
démissions au Premier ministre qui les transmet ainsi que
la sienne au Chef de l’Etat38.
Jusqu’à la formation d’un nouveau Gouvernement,
les affaires courantes sont traitées par le Gouvernement
démissionnaire.
§.3. La cessation des fonctions du
premier ministre.
Les fonctions du Premier Ministre
n’étant pas éternelles, celles-ci peuvent prendre fin de
plusieurs manières ; ainsi, nous ne pouvons bien évoluer,
sans dire un mot sur la cessation des dites fonctions qui
confère à la personne qui exerçait ses fonctions, la qualité
de l’ancien Premier Ministre.
37
L’article 43 de la loi fondamentale du 19 mai 1960
38
Article 44 de la loi fondamentale du 19 mai 1960
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres42en
Droit congolais
1. Par démission
Les fonctions de Premier Ministre
peuvent cesser avec la révocation de ce dernier par le
président de la République comme l’atteste la constitution
à l’article 78 alinéa 2 qui stipule : « Il met fin à ses
fonctions sur présentation par celui-ci de la démission du
Gouvernement… »39 ; Et comme nous le constatons, la
cessation des fonctions du premier ministre par la
démission, entraine également le départ de tout son
Gouvernement avec lui.
Ceci veut donc dire qu’en Droit Congolais, le
Président de la République n’a aucun acte à prendre pour
mettre fin aux fonctions du Premier ministre ; lorsqu’il ne
veut pas de ce dernier, il lui demande de présenter sa
démission, qui est au même moment la démission du
gouvernement40. Différemment des ministres, qui sont
nommés par le président de la République, qui peut mettre
fin à leurs fonctions sur simple proposition du Premier
ministre ; et dont nous estimons qu’ils sont révocables.
39
L’article 78 alinéa 2 La constitution du 18 février 2006.
40
Article 78 de la constitution du 18 février 2006 ;
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres43en
Droit congolais
2. Motion de censure
Comme souligner ci-haut, le Premier ministre est le
seul à engager sa responsabilité et la responsabilité de tout
son Gouvernement, cela et devant le Président de la
République, et devant le Parlement ; et lorsqu’il engage sa
responsabilité devant le parlement, il se peut que celle-ci
aboutisse à une motion de censure qui peut être diriger
contre le gouvernement, ce qui peut conduire lorsque la
motion est votée, à la démission du Gouvernement par le
canal du premier ministre ;
A ce propos, l’article 146 alinéa 2 de la constitution
stipule : « L’Assemblée nationale met en cause la
responsabilité du Gouvernement ou d’un membre du
Gouvernement par le vote d’une motion de censure ou de
défiance. La motion de censure contre le Gouvernement
n’est recevable que si elle est signée par un quart des
membres de l’Assemblée nationale. La motion de défiance
contre un membre du Gouvernement n’est recevable que si
elle est signée par un dixième des membres de l’Assemblée
nationale. »41
41
Article 146 alinéa 2 de la constitution du 18 février 2006
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres44en
Droit congolais
Et à l’article 147, alinéa 1 le législateur dispose :«
Lorsque l’Assemblée nationale adopte une motion de
censure, le Gouvernement est réputé démissionnaire. Dans
ce cas, le Premier ministre remet la démission du
Gouvernement au Président de la République dans les
vingt-quatre heures. »42 Ainsi donc, en tout état de cause,
peu importe la situation, sauf en cas de décès, ou en cas de
condamnation pour lequel la Cour prononce également la
déchéance, les fonctions de Premier ministre prennent
naturellement fin par démission.
3. L’expiration du mandat
En République Démocratique du Congo, le
Gouvernement comme pouvoir exécutif a un mandat de
cinq ans, pour lequel le président de la République est élu ;
il ressort de la constitution que : « Le Président de la
République est élu au suffrage universel direct pour un
mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. »43
Eu égard à ce qui précède, nous pouvons donc dire
que le Premier ministre comme chef du Gouvernement,
42
Article 147 alinéa 1 de la constitution du 18 février 2006
43
Article 70 alinéa 1 de la constitution du 18 février 2006
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres45en
Droit congolais
exerce ses fonctions pour un mandat de 5 ans comme c’est
le mandat politique accorder au président de la République
par le peuple ; et à la fin, de ce mandat, les fonctions de
Premier ministre expirent de plein droit ; et ce dernier reste
expédier les affaires courantes, jusqu’à la nomination d’un
autre Gouvernement avec lequel, son Gouvernement fera
la remise-reprise au cas où le peuple se serait choisi un
autre président, ou au cas où le même président a encore
bénéficier de la confiance du peuple, et qu’il ne désire pas
reconduire le même Gouvernement44.
Et même lorsque le même Gouvernement est
reconduit par le Président de la République, notons que le
Premier ministre et son Gouvernement tout entier
commence un nouveau mandat de cinq ans, pour lequel il
est et reste Responsable de la même manière que celui
passé.
4. L’empêchement
Francis HAMON définit l’empêchement en ces
termes : L’empêchement est une situation dans laquelle un
44
Francis Hamon et Michel Troper, Droit constitutionnel 35e édition, op.cit.
p130
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres46en
Droit congolais
membre de l’exécutif se trouve dans l’impossibilité
d’exercer ses fonctions, soit pour des raisons de santé
physique (il est dans le coma) ou mentale (il a perdu
l’usage de ses facultés), soit parce que le pays est en guerre
ou en crise et que cette personnalité est maintenue éloignée
de l’appareil du pouvoir.
Nous pensons pour notre part que l’empêchement
est toute situation ne permettant pas au Premier ministre
d’exercer ses fonctions, soit de manière temporaire ou soit
de manière définitive.
L’empêchement ne peut être considérer comme
mode de cessation des fonctions de Premier ministre, que
lorsqu’il est définitif ; car, lorsque l’empêchement n’est
que temporaire, les fonctions du premier ministre sont
exercées par le ministre le plus préséant. Cela ressort de
l’article 90 de la constitution qui stipule à son alinéa 1 et 2
que : « Le Gouvernement est composé du Premier
ministre, de ministres, de Vice-ministres et, le cas échéant,
de Vice-premier ministres, de ministres d’Etat et de
ministres délégués. Il est dirigé par le Premier ministre,
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres47en
Droit congolais
chef du Gouvernement. En cas d’empêchement, son
intérim est assuré par le membre du Gouvernement qui a
la préséance. »45
5. Le décès
Il est de principe que la mort physique est une
exception péremptoire, mettant fin aux poursuites
judiciaires, parce que ne pouvant poursuivre un cadavre ; il
est aussi de principe que la mort est aussi dans une certaine
mesure une cause d’extinction d’obligations ; et c’est dans
cette même logique, que le décès constitue également un
mode de cessation des fonctions de Premier ministre.
Mais, ce mode ne nous intéresse pas, du fait que nous
analysons les modes qui laissent en vie le Premier
ministre, et qui lui octroie la qualité d’ancien premier
ministre, afin de concevoir l’engagement de sa
responsabilité pénale, et d’envisager sa justiciabilité, qui
constitue ainsi le nœud de la présente réflexion.
Ainsi, après avoir analyser les différents modes de
cessation des fonctions de Premier ministre, il est
45
L’article 90 de la constitution qui stipule à son alinéa 1 et 2
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres48en
Droit congolais
important alors de nous fixer sur son sort, c’est-à-dire, le
sort du premier ministre après l’exercice de ses fonctions ;
autrement dit, il est question d’analyser et de savoir si
l’exercice des fonctions de Premier ministre accorde à ce
dernier une qualité à leur expiration ; ce qui nous renvois
du coup à l’analyse de la qualité d’ancien premier ministre.
§.4. Le statut d’ancien premier ministre
Pendant qu’il exerce les fonctions de Premier
ministre, ce dernier est bénéficiaire de certains avantages
liés aux fonctions ; et d’aucuns n’ignore l’importance des
fonctions de Premier ministre, surtout dans un pays au
régime politique parlementaire avec toutes les attributions
accordées au chef du gouvernement.
La constitution de République Démocratique du
Congo, en son article 104 alinéa 7 stipule : « Les anciens
Présidents de la République élus sont de droit sénateurs à
vie. ».46
Comme nous pouvons le constater, le constituant accorde
une considération qui valorise les fonctions que joue le
46
Article 104 alinéa 7 de la constitution du 18 février 2006
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres49en
Droit congolais
président de la République; et assure à celui-ci une
protection et un statut particulier.
En effet, la République Démocratique du Congo a
connu en 2018, une évolution particulière, en ce qu’il y’a
eu une innovation dans le domaine juridique, avec la mise
sur pied d’une loi portant le statut des anciens présidents
de la République élus, et fixant les avantages accordés aux
anciens chefs des corps constitués.
La présente loi sus-évoquée, est justifiée par le
législateur par sa motivation dont voici le contenu : «
Depuis son accession à l'indépendance le 30 juin 1960, en
dépit de son aspiration démocratique, la République
démocratique du Congo n'a jamais expérimenté
l'alternance démocratique ».47
Cette aspiration est souvent entravée par des crises
politiques et rébellions à répétition. De manière générale,
ces crises tirent leur origine dans l'insécurité éprouvée par
des anciens animateurs des institutions et de corps
constitués de la République.
Le préambule de la Loi du 26 juillet 2018 portant statut des anciens présidents de la
47
République élus et fixant les avantages accordés aux anciens chefs des corps constitués
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres50en
Droit congolais
C'est pourquoi, par la Constitution du 18 février
2006 telle que modifiée à ce jour, le peuple congolais,
toujours épris de l'idéal démocratique, s'est engagé dans un
projet de société démocratique assis notamment sur les
fondements ci-après :
i. La dévolution du pouvoir par la voie des urnes
dans le respect de la Constitution ;
ii. L'élection du Président de la République au
suffrage universel direct pour un mandat de cinq
ans renouvelable une fois ;
iii. La prohibition aussi bien de la conquête et de la
conservation du pouvoir par la force que du
renversement de tout régime constitutionnel.
Dans la même perspective, l'article 104 alinéa 7 de
la Constitution fixe le sort des anciens Présidents de la
République élus. Cependant, force est de constater à ce
jour que ces mécanismes s'avèrent insuffisants pour
garantir l'alternance démocratique, ainsi que la stabilité et
la pérennité des institutions de la République pour la
consolidation de la démocratie.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres51en
Droit congolais
À cet égard, outre le fait que, sur pied
des articles 70, 104 alinéa 7, 122 points 6 et 14 de la
Constitution, la présente loi fixe le statut des anciens
présidents de la République élus ; elle entend consolider la
démocratie, en l'occurrence par le mécanisme de
l'alternance démocratique. Elle détermine également les
droits et devoirs reconnus aux anciens chefs de corps
constitués, compte tenu de l'importance du rôle qu'ils
jouent au sein de l'appareil de l'État et de leur grande
influence sur la vie politique nationale48.
En effet, la République est un tout composé de
plusieurs institutions fonctionnant en synergie. Par
conséquent, toute démarche tendant à marginaliser
certaines institutions ne saurait contribuer à atteindre
l'idéal démocratique auquel le peuple congolais aspire tant
depuis l'accession de la République Démocratique du
Congo à la souveraineté internationale49.
Articles 70, 104 alinéa 7 et 122 points 6 et 14 de la Constitution
48
49
Préambule de la loi du 26 juillet 2018, portant le statut des anciens président
de la République élus, et fixant les avantages accordés aux anciens chefs des
corps constitués.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres52en
Droit congolais
En considération de la présente loi, le législateur
interdit toute démarche qui tend à marginaliser certaines
institutions ; et certains se demandent si par le fait que
l’énumération des institutions que donne l’article 68 50 de la
constitution, qui parle du Gouvernement comme
institution, laquelle est gérée par le Premier ministre
auquel il n’est reconnu aucun statut particulier, le
législateur, commence par marginaliser les fonctions et
semble minimiser le rôle que joue le Premier ministre au
sein de l’appareil Gouvernemental de la République .
En ce qui concerne le Premier ministre, il n’existe
aucune disposition légale qui organise sa vie ni lui accorde
des avantages particuliers après l’exercices de ses
fonctions en considérations des services que celui-ci
rendrait à la nation congolaise. Nous pouvons donc, avec
aisance dire que le Premier ministre ne bénéficie des
certains privilèges que pendant que celui-ci exerce ses
fonctions et qu’en dehors de ces dites fonctions, ce dernier
ne jouit alors d’aucun avantage.
50
L’article 68 de la constitution Du 18 février 2006 « Les institutions de la
République sont : 1. le Président de la République ; 2. le Parlement ; 3. le
Gouvernement ; 4. les Cours et Tribunaux. »
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres53en
Droit congolais
Pour clore sur cette question, il est tout de même
étonnant qu’une si haute et importante personnalité
comme le Premier ministre soit oubliée par le législateur
de la loi de 2018 sur le statut des anciens chefs de l’Etat
élus, alors qu’il est le seul à engager la responsabilité du
pouvoir exécutif dans son ensemble, pour donner une
certaine valeur et une légitimité administrative et politique
aux actes du Président de la République (Ordonnances) par
le biais du préalable contreseing qu’il doit avant la
publication de ces dernières ; il est en plus de cela le seul à
engager la responsabilité devant les deux chambres du
parlement en endossant les conséquences directes liées au
fonctionnement du pouvoir exécutif et à surtout à
l’exécution du budget annuel, et donc, il ne s’agit pas
d’oubli par le législateur, mais plutôt nous trouvons que
c’est pour des bonnes raisons, qu’il n’a pas été concerné .
Cependant, il sied aussi de comprendre que
l’exercice des fonctions de Premier ministre ne doit pas
être un privilège par peur d’être la majeur motivation
d’accession au pouvoir au point où le Premier ministre en
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres54en
Droit congolais
fonction pourrait s’adonner à des actes qui non seulement
n’honoreraient pas ses fonctions, mais aussi réprimer par
les lois, au seul motif qu’il bénéficiera des avantages après
l’exercice des dites fonctions.
Dans le cas sous analyse, les avantages concernés
seront les immunités et privilèges des juridictions. Nous
estimons pour notre part, qu’il n’est expressément accordé
aux anciens Premiers ministres, ni un statut particulier, ni
les immunités et privilèges des juridictions en
considération des fonctions occupées par eux ; sans
prétendre donner les raisons qui ont empêcher au
législateur de les leur accorder, nous réaffirmons qu’à ce
jour, en Droit congolais, l’exercice des fonctions de
Premier ministre n’accorde à leur expiration aucun statut
particulier, et aucune qualité donnant droit aux privilèges
de juridiction ; et donc, après ses fonctions, l’ancien
Premier ministre devient un simple citoyen ; car les
privilèges dont il est bénéficiaire pendant l’exercice de ses
fonctions étant accordés aux fonctions et non à l’individu.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres55en
Droit congolais
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres56en
Droit congolais
CHAPITRE DEUXIEME : DE LA DETERMINATION
DE LA JURIDICTION COMPETENTE POUR LES
ANCIENS PREMIERS MINISTRES.
T
oute personne ou tout congolais mérite d’avoir
un juge qui peut l’entendre sur les faits qui lui
sont reprochés, ou qu’il reproche à son prochain,
et attribuer à ces faits si la personne visée en est auteur ou
coupable, les conséquences de droit en appliquant les
dispositions légales prévues en la matière, cela dans les
conditions et formes prescrites par les lois de la
République. C’est dans cette même logique que le
constituant de 2006 dit que : « Toute personne a droit en
ce que sa cause soit entendue dans un délai raisonnable
par le juge compétent … »51
Il ressort de cette disposition constitutionnelle
qu’un juge doit être compétent pour connaitre d’une affaire
; ou encore, qu’aucune personne ne peut être amener,
traduite en justice devant un juge qui ne lui est reconnu
compétent.
51
Article 19 de la constitution du 18 février 2006
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres57en
Droit congolais
La constitution nous renvoie ici à la notion de la
compétence ; celle de savoir, qui est ou quel est le juge
compétent selon qu’il s’agit de tels et tels faits ; Et dans
cette même perspective, le législateur sus-évoqué dit à
l’alinéa premier de la même disposition : Nul ne peut être
ni soustrait, ni distrait contre son gré du juge que la loi lui
assigne. Ce qui nous conduit à dire que la loi accorde à
toute personne humaine en République Démocratique du
Congo, un juge dont elle détermine la compétence, afin
que toute personne qui serait auteur des faits qu’elle
réprime y soit conduite et entendue.
La même constitution nous dit en ses articles 11 et
12 que : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux
en dignité et en droit. Toutefois, la jouissance des droits
politiques est reconnue aux seuls Congolais, sauf
exception faite par la loi »52 ; Article 12 : « Tous les
congolais sont égaux devant la loi, et ont droit à une égale
protection des lois »53
52
Article 19 de la constitution du 18 février 2006
53
Article 11 idem
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres58en
Droit congolais
Il ressort également de ces dispositions, que tout le
monde est bénéficiaire des mêmes droits et avantages que
la loi attribue à la personne humaine ; et que tous les
congolais qui sont placés dans les mêmes conditions et
circonstances doivent être traiter de la même manière, sans
qu’il ne soit créer une discrimination accordant aux uns
certains privilèges et certains avantages qui ne peuvent et
ne soient accordés à tous.
Le but ultime de ces protections est de permettre au
droit de répondre aux besoins et raisons de son existence,
qui ne sont autres que la Justice et la sécurité des
Congolais et de leurs biens et pour garantir la paix sociale.
Ainsi, eu égard à ce qui précède, et vu que les
différentes notions liées à la compétence des juridictions
ont déjà étaient traitées dans les précédentes pages ; il est
impérieux que nous abordions la notion liée aux différents
principes qui permettent de déterminer la juridiction
compétente pour les anciens Premiers ministres (section 1)
; le bien-fondé de la détermination de la juridiction
compétente (section 2) ; et les raisons de la détermination
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres59en
Droit congolais
de la juridiction compétente des anciens premiers ministres
(section 3) ;
SECTION I. Les principes de détermination de
la juridiction compétente des anciens Premiers
ministres.
L
a détermination de la juridiction compétente
pour les anciens Premiers ministres cause un
sérieux problème actuellement par le fait que la
loi n’accordant pas un statut particulier aux anciens
Premiers ministres pouvant permettre de déterminer leur
juridiction compétente, elle a ainsi laissé un vide juridique
que la présente réflexion se donne le luxe de combler.
La détermination de la juridiction compétente ne se
limite pas aux seules notions des compétences matérielle,
personnelle, et territoriale ; car, une juridiction peut bien
réunir toutes les compétences cumulativement, ou avoir
une compétence faisant d’elle compétente pour connaitre
d’une telle ou telle autre affaire, mais ne pas vraiment
l’être en raison des qualités anciennes ou nouvelles du
justiciable.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres60en
Droit congolais
Et dans le cas sous examens, il se peut qu’après
l’exercice des fonctions de Premier ministre, que ce
dernier obtienne une autre qualité (occupe une autre
fonction), faisant de lui justiciable d’une autre juridiction
que la Cour constitutionnelle, juridiction devant laquelle
celui-ci était justiciable pendant l’exercice des dites
fonctions.
Et c’est dans cet optique que la question devient
adéquate, car il se pose un problème qui est celui de savoir,
entre la juridiction de ses anciennes fonctions, et la
juridiction de ses nouvelles fonctions ou sa nouvelle
qualité, laquelle d’entre les deux serait compétente pour
que le concerné y soit déférer afin qu’il réponde de ses
actes lesquels sont commis pendant l’exercice des
fonctions qu’il a cessé d’exercée; ou pour les actes commis
à l’occasion de l’exercice de ses anciennes fonctions.
La question ayant trait à la justiciabilité d’une
personne après les fonctions, mais pour les actes commis
pendant l’exercice de ses fonctions se résout par
l’application du principe de cristallisation, qui est celui du
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres61en
Droit congolais
moment d’appréciation des privilèges de juridiction ou
d’instruction qui lui fut attribués dépendamment des
fonctions occupées par elle ; et donc, les privilèges qui ont
été reconnus étaient attribués aux fonctions, et non à
l’individus.
En ce qui concerne le Premier ministre, la loi
accorde les privilèges de juridiction à la fonction Premier
ministre, et non à l’individu ; l’individu n’en bénéficie que
par ricochet, du fait des fonctions. Ceci nous permet
d’analyser le moment d’appréciation des privilèges.
§.1. Le moment d’appréciation des
privilèges
Le moment d’appréciation des privilèges impacte le
choix à porter sur la juridiction compétente pour les
anciens Premiers ministres poursuivis pour des faits précis,
dont la compétence est fonctionnelle et non matérielle;
dans la mesure où l’ancien Premier ministre peut ne pas
avoir une nouvelle fonction, faisant de lui encore une fois
privilégié de juridiction ; et surtout que le législateur n’a
pas régit l’après fonctions de Premier ministre.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres62en
Droit congolais
Cette appréciation des privilèges tient compte soit du
moment de la commission des faits ; ou soit du moment
des poursuites.
Le problème qui se pose ici est celui de savoir à
quel moment tenir compte des privilèges de juridiction :
est-ce au moment de la commission des faits infractionnels
ou celui de la comparution devant les cours et Tribunaux.
Ainsi, une personne peut commettre une infraction
avant qu’il n’ait la qualité lui conférant le privilège de
juridiction et être poursuivie pendant qu’elle a déjà acquise
cette qualité, ou au contraire, elle peut la commettre au
moment où elle à la qualité lui accordant le privilège, et
être poursuivie après qu’elle ait cessé d’avoir cette
qualité54.
§.2. Appréciation au moment de la
comparution
Le privilège de juridiction peut s’apprécier au
moment de la comparution de la personne poursuivie
devant une juridiction ; cela veut dire que la personne
54
Gabriel KILALA Pene-AMUNA, op.cit. p.78
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres63en
Droit congolais
poursuivie doit revêtir ou être couverte de la qualité lui
accordant des privilèges au moment où elle est poursuivie,
au moment de la comparution. Il s’agit du cas d’une
personne n’ayant aucune qualité lui accordant des
privilèges de juridiction ; tout comme il s’agit également
de la personne ayant commis les faits en étant couverte
d’immunité ou privilège, et au moment de la poursuite la
personne garde encore ses fonctions et bénéficie toujours
des privilèges.
A ce propos, Gabriel KILALA nous dit : le
privilège de juridiction s’apprécie lors de la comparution
devant la juridiction de jugement, il importe peu de savoir
si au moment de la commission des faits, le prévenu
jouissait d’un privilège de juridiction. A l’inverse, si le
prévenu perdait sa qualité avant la comparution devant le
juge, le privilège de juridiction institué en sa faveur ne
pouvait plus joué55.
§.3. L’appréciation au moment de la
commission
55
Gabriel KILALA Pene-AMUNA, op.cit. p.78
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres64en
Droit congolais
Parlant de l’appréciation du privilège de juridiction
au moment de la commission des faits réprimés par les
différentes lois, cela veut juste dire que la personne
poursuivie, le prévenu donc, doit avoir une qualité lui
faisant ainsi bénéficié de privilège de juridiction ;
C’est-à-dire que le privilège doit non seulement
être antérieur à la commission des faits infractionnels,
aussi que le privilège puisse être acquis et exister pendant
la commission des faits. Pour illustrer cela avec le cas sous
examen, il faudrait que le Premier ministre soit en
fonction, en pleine exercice de ses fonctions pendant qu’il
commet les faits qui lui sont reprochés; car, il jouit de
privilège de juridiction lié à la fonction. Et pour la bonne
compréhension nous pouvons prendre les termes de
l’article 93 qui dispose : « La cour de cassation connait en
premier et dernier ressort des infractions commise par
… » 56
L’expression « infractions commises par … », situe
clairement le privilège de juridiction au moment de la
56
Article 93 du code d’0CJ.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres65en
Droit congolais
commission de l’infraction ; il s’ensuit que la qualité du
prévenu lors de la procédure de jugement importe peu. Il
peut dans l’entre-temps avoir été révoqué ou relevé de ses
fonctions. Il continuera cependant à jouir de privilège de
juridiction57.
C’est dans cette même logique que s’inscrivent les
articles 74 alinéa 1 et 82 de la Loi Organique n°13/010 du
19 février 2013 relative à la procédure devant la Cour de
Cassation qui disposent : « L’officier de police judiciaire
ou l’officier du ministère public qui reçoit une plainte, une
dénonciation ou constate l’existence d’une infraction
même flagrante à charge d’une personne qui au moment
de la plainte ou du constat est membre du parlement
transmet son procès-verbal directement au Procureur
Général près la Cour de cassation et en avise son chef
hiérarchique de l’ordre judiciaire …» 58
L’article 82 renchérit en ces termes : « Si un
officier de police judiciaire ou l’officier du ministère
57
M. NKATA BAYOKO, cité par Gabriel KILALA Pene AMUNA, op.cit. p.10
58
Article 74 de la loi n°13/010 du 19 février 2013 relative à la procédure devant
la cour de cassation
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres66en
Droit congolais
public qui reçoit une plainte, une dénonciation ou constate
l’existence d’une infraction même flagrante à charge
d’une personne qui au moment de la plainte ou du constat
est membre du Gouvernement, il transmet son procès-
verbal, toutes affaires cessantes, au Procureur Général
près la Cour de cassation et s’abstient de tout autre
devoir… »59
Comme nous pouvons le constater, l’expression
dont fait usage le législateur : « qui au moment de la
plainte ou de la dénonciation est… » celle-ci démontre
clairement combien le privilège des personnes visées par la
volonté de la loi s’apprécie au moment des poursuites, ce
qui conditionne la procédure à suivre ; car cela permet
automatiquement de savoir devant quelle juridiction le
concerné doit être poursuivie, et dans le présent cas, le
législateur lui-même détermine à la fin de chacune des
dispositions précitées en ces termes : il transmet son
procès-verbal, toutes affaires cessantes, au procureur
59
Article 82 de la loi n°13/010 du 19 février 2013 relative à la procédure devant
la cour de cassation
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres67en
Droit congolais
Général près la Cour de Cassation, et s’abstient de tout
autre devoir.
Pour le cas qui nous concerne, l’article 104 de la loi
portant procédure devant la Cour Constitutionnelle dispose
: « Tout officier de police judiciaire ou tout officier du
ministère public qui reçoit une plainte ou une
dénonciation ou qui constate l’existence des faits
infractionnels à charge soit du Président de la République,
soit du Premier Ministre, les transmet, toutes affaires
cessantes, au Procureur Général et s’abstient de poser
tout autre acte. »60
Ainsi vu, l’appréciation des immunités et des
privilèges de juridictions peut se faire soit au moment de la
commission des faits infractionnels, soit au moment des
poursuites de la personne qui en jouit ; mais dans tous les
cas, le but de l’appréciation est de déterminer la juridiction
compétente devant laquelle la personne poursuivie peut-
être entendue et jugée, cela pour permettre la bonne
administration de la justice.
60
Article 104 de la loi n°13/011-B du 11 avril 2013 portant Organisation,
Fonctionnement et Compétences des juridictions de l’ordre Judiciaire
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres68en
Droit congolais
Tout officier de police judiciaire ou du ministère
public qu’il soit, est limiter dans l’exercice de ses
fonctions entant que tel ; dès la réception de la plainte ou
de la dénonciation, il commence par vérifier la qualité de
la personne pour voir la compétence de la juridiction, et là
c’est en considération du moment de la réception. Dès
lorsqu’il s’aperçoit que la personne est privilégiée de
juridiction, il doit immédiatement transférer l’affaire
devant un officier attaché à la juridiction de la compétence
personnelle du concerné tel que le détermine les
différentes lois.
En ce qui concerne le cas des anciens Premiers
ministres, en considération du silence de la loi sur leur
statut en dehors des fonctions, c’est-à-dire, vu qu’ils n’ont
aucun statut légal à l’expiration de leurs fonctions de
premier ministre, nous affirmons que ces derniers restent
justiciables de la juridiction compétente soit
matériellement, ou soit territorialement ; car leur privilège
ne pouvant joué à l’expiration de leurs fonctions ; et donc,
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres69en
Droit congolais
en conséquence, il sera tenu compte de la cristallisation
des faits au moment des poursuites.
SECTION II. Le bien-fondé de la détermination
de la juridiction compétente.
L
a détermination de la juridiction compétente
pour les anciens Premiers ministres et surtout
lorsqu’ils sont poursuivis pour les infractions
commises pendant l’exercice de leurs fonctions est une
bonne façon pour nous de comblé ce qui semble être un
vide juridique, dans la mesure où ce silence du législateur,
par le fait de la non détermination expresse de ladite
juridiction peut être utiliser comme mécanisme ou cause
d’impunité des anciens Premiers ministres.
Illustrons cela avec le cas d’actualité, qui est
l’affaire mettant en cause le procureur Général près la
Cour Constitutionnelle et l’ancien Premier ministre
MATATA PONYO dans l’affaire inscrite sous RP 0001 en
cause : Ministère public Contre les prévenus : Monsieur
MATATA PONYO MAPON Augustin, Monsieur KITEBI
KIBOL MVUL Patrice, et Monsieur GROBLER Christo
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres70en
Droit congolais
poursuivi comme coauteurs de l’infraction de
détournement des deniers public ;
Que dans son premier arrêt rendu le 15 Novembre
2021, la Cour considère que : Pendant la durée de ses
fonctions, le Premier ministre ne peut voir sa
responsabilité pénale être engagée que devant la Cour
Constitutionnelle ; pour tous ses actes, y compris ceux
accomplis en dehors de l’exercice de ses fonctions, il
bénéficie d’un privilège de juridiction le mettant largement
à l’abri, puisse que les particuliers ne peuvent saisir celle-
ci.
Ce privilège de juridiction prend cependant fin avec les
fonctions de Premier ministre, lequel redevient à la fin de
son mandat justiciable des Tribunaux ordinaires.
Elle précise que l’exigence du principe de la
légalité concerne aussi la procédure, ce qui revient à dire
que ce principe exige que la procédure pénale à appliquer
contre un justiciable devant les juridictions doit être celle
expressément prévue par les textes constitutionnels et
législatifs en vigueur. De même il n’y a pas de juge ou de
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres71en
Droit congolais
juridiction sans loi, ce qui veut dire qu’une personne ne
peut être poursuivie que devant une juridiction
préalablement connue dans un texte de loi. Il s’agit là d’un
principe constitutionnellement garanti par l’article 17
alinéa 2 de la constitution.
En l’espèce, la cour constate qu’il ressort des
éléments du dossier que le prévenu MATATA PONYO
MAPON Augustin a été Premier ministre de 2012 à 2016 ;
qu’à ce jour, il n’exerce plus lesdites fonctions.
Elle relève que la compétence juridictionnelle
étant d’attribution, le prévenu MATATA PONYO
MAPON Augustin, qui a cessé d’être Premier ministre en
fonction au moment où les poursuites contre lui sont
engagées doit être poursuivi devant son juge naturel, de
sorte que, autrement, il serait soustrait du juge que la
constitution et les lois lui assignent, et ce en violation de
l’article 19 alinéa 1 de la constitution.
En considération de la position de la Cour
constitutionnelle, il ressort de l’arrêt sus-évoqué qu’en ce
qui concerne le Premier ministre et les anciens premiers
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres72en
Droit congolais
ministres, leur privilège ne s’apprécie qu’au moment des
poursuites, ce qui veut dire que ces derniers doivent être
couvert des privilèges, ou doivent être en fonctions au
moment des poursuites pour que les privilèges jouent leurs
rôles pour faire d’eux des justiciables de la Cour
Constitutionnelle.
Et qu’en cas de perte de la qualité de Premier
ministre, ou à l’expiration des fonctions de Premier
ministre, la cour dit que le privilège suit le sort des
fonctions, ce qui nous renvoi à notre affirmation selon
laquelle, seule la juridiction du nouvel statut de l’ancien
Premier ministre sera compétente ; d’où le bien-fondé de la
détermination de la juridiction compétente61.
SECTION III. Les raisons de la détermination de
la juridiction compétente des anciens Premiers
ministres.
A
ce niveau, il est question d’analyser les
différentes raisons de détermination de la
juridiction compétente pour les anciens
RP 0001 en cause Ministère public, contre le prévenu MATATA PONYO
61
MAPON Augustin et consort, 14e et 15e Feuillets
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres73en
Droit congolais
Premiers ministres ; et il est évident que ces raisons sont en
même temps Politiques, Sociologiques, ainsi que
Juridiques ; comme nous allons le voir dans les lignes qui
suivent ;
§1. Raisons Politiques
Sur le plan politique, nous estimons pour notre part
que la détermination de la juridiction compétente pour
juger les anciens Premiers ministres permet de chasser
l’esprit d’impunité qui opine les membres d’une classe
politique.
Il se constate que les considérations politiques
passent avant celles objectives et juridiques, ce qui fait que
parce qu’appartenant à la même classe politique que le
Président de la République, ou de la majorité
parlementaire, la non détermination de la juridiction
compétente devienne une cause d’impunité.
Et aussi, la détermination de la juridiction
compétente pour l’ancien Premier ministre est un moyen
solide qui fera appel à la conscience du Premier ministre
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres74en
Droit congolais
en fonction, lorsqu’il verra qu’il ne pourra échapper
d’aucune manière que ce soit des poursuites après
l’exercice de ses fonctions ; ce dernier ne pourra alors pas
s’adonner à des actes pouvant influencer la mise en cause
de sa responsabilité pénale après les fonctions.
Le Premier ministre en fonction contrôlera
personnellement ses actions tant politiques que non, afin
de n’être reprochable à la fin de son mandat ; car, sachant
qu’à tout moment il peut être trainé devant la justice, que
ce soit pendant ou après l’exercice des fonctions du
premier ministre.
§. 2. Raisons Sociales
Les actes que poserait le Premier ministre en
fonction ont souvent des répercutions et des conséquences
néfastes sur la vie sociale des citoyens qui plusieurs fois ne
sont que des victimes qui ne peuvent par eux même si le
Procureur Général ne le fait, réclamer la réparation des
dommages subit par eux, et que justice soit faite, cela par
l’interdiction légale selon laquelle : La constitution de
partie civile n’est pas recevable devant la Cour.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres75en
Droit congolais
De même, la Cour ne peut statuer d’office sur les
dommages-intérêts et réparations qui peuvent être dus aux
victimes. L’action civile ne peut être poursuivie qu’après
l’Arrêt définitif et devant les juridictions ordinaires.62
Il ressort de cette disposition qu’aussi longtemps
que le procureur Général près la Cour Constitutionnelle
n’a pas initier ou engager des poursuites contre le Premier
ministre, et qu’une décision condamnant ce dernier ne pas
encore prononcée, les victimes ne peuvent alors recevoir
réparation des dommages qui leurs sont causés par les
actes du Premier ministre.
D’où, la détermination de la juridiction Compétente
pour les anciens premiers ministres sera ainsi une solution
qui va rassurer les victimes de la réparation des dommages
subis de par les actes de l’ancien Premier ministre.
Et cela, avec la position prise par nous, celle de
poursuivre l’ancien Premier ministre devant la juridiction
compétente au moment des poursuites, ou devant la
62
L’article 106 de la loi Organique n°13/026 du 15 octobre 2013 portant
Organisation et Fonctionnement de la Cour constitutionnelle
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres76en
Droit congolais
juridiction naturelle de son statut du moment de
poursuites ; les victimes pourraient alors par leur acte
poursuivre l’ancien Premier ministre sans attendre que ce
soit fait au préalable par le Procureur Général, car le
privilège de juridiction accordé à la fonction ayant cessé de
joué à la fin de celle-ci.
Et aussi, il n’est à ignorer le fait que la Cour
constitutionnelle est aussi une juridiction politique, et
qu’en considération de cela, le Procureur Général
influencer par l’inopportunisme politique de poursuivre un
ancien Premier ministre ne reste passif, ou qu’il ne
commence des poursuites qui n’aboutiront pas63.
§.3. Raisons Juridiques
Les raisons Juridiques de détermination de la
juridiction compétente pour juger les anciens Premiers
ministres ne peuvent manquées, d’autant plus que les actes
dont ceux-ci peuvent êtres auteurs sont ceux réprimés par
les textes constitutionnels et législatifs, qui déterminent
63
Article 106 de la loi n°13/026 du 15 octobre 2013
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres77en
Droit congolais
aussi leur Juridiction compétente lorsqu’ils sont encore en
fonctions.
En prélude, faisant recours à l’article 19 de la
constitution, il sied se constater la volonté du législateur de
voir toute personne, tout congolais avoir un juge qui lui est
attribué, qui peut l’entendre pour tous les faits qui lui
seraient reprocher et qui pourrait attribuer à ces actes des
conséquences juridiques64 ; raison pour laquelle, il a
institué le code d’Organisation, de Fonctionnement et des
Compétences des Juridictions de l’ordre judiciaire, et a
également institué les juridictions spécialisées 65. Le but
poursuivi est de dissiper tout entendement et toute ombre
d’impunité.
Notons par ailleurs que concernant les anciens
Premiers Ministres, il s’agit bien d’un cas particulier qui
actuellement demande pour les uns une urgente législation
qui détermine expressément la juridiction compétente,
64
L’article 19 de la constitution de la République Démocratique du Congo du 18
février 2006, telle que modifiée à ces jours par la loi n°11/002 du 20 janvier
2011 portant modification des certains articles de la constitution.
65
La loi n°13/011-B du 11 avril 2013 portant Organisation, Fonctionnement et
Compétences des juridictions de l’ordre Judiciaire.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres78en
Droit congolais
alors que pour d’autres comme nous, pensons qu’il n’est
pas important de légiférer sur la détermination de la
juridiction compétente pour juger les anciens Premiers
ministres, si ce n’est pour leur accorder à la limite un statut
particulier, leur accordant des privilèges de juridiction, ce
qui n’est nullement important, car non seulement la
solution est dans les normes qui existent et dans la
jurisprudence, mais aussi, les privilèges sont accordés
comme nous l’avons précédemment dis pour la protection
des fonctions et non de l’individu.
La détermination de la juridiction compétente pour
les anciens Premiers ministres comme tache que s’était
assigné la présente analyse comble ce qui semble être le
vide juridique ; vide parce que non expressément dit par le
législateur.
Ce qui déchire le voile de la non détermination de
la juridiction, derrière lequel les prédateurs de l’impunité
des actes des anciens Premiers ministres se cachent jusqu’à
ce jour pour échapper aux poursuites ; et la détermination
va procurer la sécurité des victimes qui pourront recevoir
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres79en
Droit congolais
réparation des préjudices leur infligés par les actes de ces
délinquants anciens Premiers ministres ; et va en fin,
donner un moyen de pression pour le contrôle des actes
qu’ils posent en ayant la crainte permanente de
l’application de la rigueur de la loi, ce qui est aussi un
mécanisme préventif de la commission des infractions par
les premiers ministre en fonction.
Aussi, il faut noter que la Cour Constitutionnelle
n’est juge pénale que du Président de la République et du
Premier ministre en fonction, comme cela ressort bien des
dispositions constitutionnelles qui organisent une
procédure particulière à leurs poursuites qui du reste sont
soumises au vote par le parlement.
A ce sujet, il est primordial de savoir que le
législateur Congolais a pourvu à une procédure pénale
constitutionnelle pour les poursuites à engagées contre le
Président de la République et le Premier Ministre pendant
la période d’exercice des fonctions ;
A. DE LA PROCEDURE PENALE
CONSTITUTIONNELLE
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres80en
Droit congolais
En République Démocratique du Congo, dans le cas
des infractions que détermine la constitution, pour
lesquelles les poursuites contre le Président de la
République et le Premier ministre peuvent etres engagées,
le législateur a non seulement prévu constitutionnellement
une très particulière procédure, mais aussi et surtout, il faut
le dire, la procédure pénale ordinaire leur est
incompatible ;
Toute poursuite contre l’une de ces deux autorités est tout
d’abord soumise à la volonté du Procureur Général près la
Cour constitutionnelle comme le dit l’article 101 de la loi
organique portant organisation et fonctionnement de la
Cour constitutionnelle, bien que tout officier du ministère
public, ce dernier peut recevoir l’injonction du ministre de
la justice prévue à l’article 70 du code d’OCJ ;
L’article 101 précité dispose : « Si le Procureur Général
estime devoir poursuivre le Président de la République ou
le Premier Ministre, il adresse au Président de l’Assemblée
Nationale et au Président du Sénat une requete aux-fins
d’autorisation des poursuites. L’autorisation est donnée
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres81en
Droit congolais
conformément aux dispositions de l’article 166 alinéa 1 er
de la Constitution. »66
Article 166 : La décision de poursuites ainsi que la
mise en accusation du Président de la République et du
Premier ministre sont votées à la majorité des deux tiers
des membres du Parlement composant le Congrès suivant
la procédure prévue par le Règlement intérieur.
La décision de poursuites ainsi que la mise en
accusation des membres du Gouvernement sont votées à la
majorité absolue des membres composant l’Assemblée
nationale suivant la procédure prévue par le Règlement
intérieur. Les membres du Gouvernement mis en
accusation, présentent leur démission.
Ainsi, comme le dit le Maître NYABIRUNGU,
c’est parce qu’il s’agit d’un Président ou d’un Premier
ministre en fonction que le Constituant, à l’article 167, al.
1er, a prévu qu’en cas de condamnation, le Président de la
République et le Premier ministre sont déchus de leur
L’article 101 de la loi Organique n°13/026 du 15 octobre 2013 portant
66
Organisation et Fonctionnement de la Cour constitutionnelle
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres82en
Droit congolais
charge, déchéance prononcée par la Cour
constitutionnelle67.
Article 167 alinéa 1 : En cas de condamnation, le
Président de la République et le Premier ministre sont
déchus de leurs charges. La déchéance est prononcée par
la Cour constitutionnelle68.
Le même auteur ci-haut cité renchérit et dit : C’est
encore parce qu’il s’agit du Président de la République et
du Premier ministre en fonction que, d’après l’article 167,
al. 1er de la Constitution, pour les infractions commises en
dehors de l’exercice de leurs fonctions, mais pendant qu’ils
sont en fonction, les poursuites contre eux sont suspendues
jusqu’à l’expiration de leurs mandats, de même qu’est
suspendue la prescription.
Article 167 alinéa 2 : Pour les infractions
commises en dehors de l’exercice de leurs fonctions, les
67
NYABIRUNGU Mwene SONGA Raphaël, QUAND FAIT MAL LE
RESPECT DU DROIT CONSTITUTIONNEL PENAL PAR LA COUR
CONSTITUTIONNELLE DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU
CONGO, Inédit, Kinshasa, le 05 mai 2022, p5.
68
Article 167 alinéa 1 de la constitution du 18 février 2006 telle que modifiée
par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant modification de certains articles
de la constitution ;
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres83en
Droit congolais
poursuites contre le Président de la République et le
Premier ministre sont suspendues jusqu’à l’expiration de
leurs mandats. Pendant ce temps, la prescription est
suspendue69.
En Analysant les dispositions ci-haut, il se
comprend que non seulement les poursuites et la mise en
accusation du Premier ministre sont soumises au vote par
le 2/3 des membres du parlement réunis en congrès,
formalité qui ne peut pas être observée lorsqu’il s’agirait
d’un ancien Premier ministre, mais aussi que la
condamnation du Premier ministre en fonction conduit
directement au prononcer de sa déchéance, sanction qui ne
peut pas non plus être appliquée à l’ancien Premier
ministre ou un ancien Président de la République.
Le Premier ministre en fonction est alors
poursuivable devant la Cour constitutionnelle qui est son
juge naturel en considération de ses fonctions.
Article 167 alinéa 2 de la constitution du 18 février 2006 telle que modifiée
69
par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant modification de certains articles
de la constitution ;
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres84en
Droit congolais
D’ailleurs à ce sujet, la loi de 2018 sur le statut des
anciens Présidents de la Républiques élus et les chefs des
corps constitués attribue à l’ancien Président la qualité de
sénateur à vie, et à l’alinéa 1 de l’article 6 de ladite loi, il
est dit : « En sa qualité de sénateur à vie, tout ancien
président de la République élu est soumis à toutes les
incompatibilités prévues par l'article 108 de la
Constitution…»70.
Et en analysant l’article 108 de la constitution dont
parle la loi sus-évoquée, il y ressort ce qui suit : « Le
mandat de député national est incompatible avec le
mandat de sénateur et vice-versa. Le mandat de député ou
de sénateur est incompatible avec les fonctions ou
mandats suivants :
1. membre du Gouvernement ;
2. membre d’une institution d’appui à la
démocratie ;
L’article 6 alinéa de la Loi n°18/021 du 26 juillet 2018 portant statut des
70
anciens présidents de la République élus et fixant les avantages accordés aux
anciens chefs des corps constitués.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres85en
Droit congolais
3. membre des Forces armées, de la Police
nationale et des services de sécurité ;
4. magistrat ;
5. agent de carrière des services publics de l’Etat ;
6. cadre politico-administratif de la territoriale, à
l’exception des chefs de collectivité-chefferie et de
groupement ;
7. mandataire public actif ;
8. membre des cabinets du Président de la
République, du Premier ministre, du Président de
l’Assemblée nationale, du Président du Sénat, des
membres du Gouvernement, et généralement d’une
autorité politique ou administrative de l’Etat, employé
dans une entreprise publique ou dans une société
d’économie mixte ;
9. tout autre mandat électif.
Le mandat de député national ou de sénateur est
incompatible avec l’exercice des fonctions rémunérées
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres86en
Droit congolais
conférées par un Etat étranger ou un organisme
international. »71
Considérant le statut reconnu aux anciens
Présidents de la République élus, il est clair que le
législateur considère ce dit statut qu’il leur accorde, et par
conséquent, ceux-ci en qualité de sénateur à vie deviennent
donc justiciables de la Cour de cassation, cela
conformément à l’article 153 alinéa 3, point 1 de la
constitution du 18 février 2006 telle que modifiée à ce
jour72.
Ceci nous conduit à conclure que par cet acte, le
législateur Congolais, conscient du fait que la Cour
Constitutionnelle n’étant que juridiction pénale du
Président de la République et du Premier ministre en
fonction, et en considération des nobles missions dévolues
à cette haute juridiction, et du fait que les privilèges leur
accordés ont cessés avec la cessation des fonctions, veut
71
Article 108 de La constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi
n°11/002 du 20 janvier 2011 portant modification de certains articles de la
constitution ;
72
L’article 153 alinéa 3, point 1 de la constitution du 18 février 2006 telle que
modifiée par la loi n°11/002 du 20 janvier 2011 portant modification de certains
articles de la constitution ;
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres87en
Droit congolais
que les anciens justiciables de la Cour Constitutionnelle
deviennent donc, justiciables de la juridiction naturelle de
leur statut après l’exercice des fonctions.
Ce qui veut dire, qu’un ancien Premier ministre n’a
aucun privilège de juridiction à la cessation de ses
fonctions, et par conséquent, il est ainsi poursuivable
devant la juridiction compétente soit matériellement, soit
personnellement, ou soit encore Territorialement, ce qui lui
permettra de bénéficier du principe de double degré de
Juridiction.
Il est aussi inconcevable de s’imaginer les deux
chambres du parlement réunies en congrès pour voter la
mise en accusation ou l’autorisation des poursuites contre
un ancien premier ministre ; et le procureur Général ne
peut faire usage de la procédure pénale ordinaire dans les
poursuites d’un ancien premier ministre au cas où la Cour
constitutionnelle se déclare compétente à son égard, ou
sinon, il doit alors être reconnus aux victimes le droit de se
constituer partie civile ou de procéder par une citation
directe contre ce dernier , chose qui ne peut en aucun cas
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres88en
Droit congolais
être admise devant une si haute et prestigieuse juridiction
que la Cour constitutionnelle.
Ainsi donc, poursuivre un ancien premier ministre
devant la Cour constitutionnelle est une interprétation
erronée des dispositions de la constitution, et une flagrante
contradiction à l’esprit de la loi du 26 juillet 2018, portant
le statut des anciens président de la République élus, et
fixant les avantages accordés aux anciens chefs des corps
constitués, laquelle attribue au Président de la République
un statut particulier à la fin de ses fonctions, alors que
pendant l’exercice de ses fonction, il est dans le même
régime juridique que le premier ministre dont aucun statut
n’est reconnu après les fonctions.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres89en
Droit congolais
CONCLUSION GENERALE
L
a question de l’engagement de la responsabilité
pénale des anciens Premiers ministres pour les
infractions commises à l’occasion de l’exercice
de leurs fonctions, ou pendant l’exercice de leurs fonctions
à l’expiration des celles-ci fait débat, et est sujette des
controverses sur l’interprétation des dispositions
constitutionnelles qui fondent les poursuites du Premier
ministre.
En effet, il sied de noter ici que le législateur
Congolais n’a prévu aucune disposition particulière en
rapport avec les poursuites contre les anciens Premiers
ministres, les dispositions des articles 164 et 166 de la
constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi
n°11/002 du 20 janvier 2011 ne concernent que le Premier
ministre en fonction ; et l’on se retrouve là, en face du
silence peut être complice de la loi.
Du reste, Il n’est pas envisageable qu’un Etat qui
prône au travers de sa constitution l’égalité de tous devant
la loi n’ait pas prévu une quelconque procédure permettant
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres90en
Droit congolais
la poursuite d’un délinquant ancien Premier ministre,
surtout lorsqu’on se veut un Etat de droit ;
Ce silence du législateur est préjudiciable pour la
République, qui plusieurs fois est victime des
détournements, et d’autres infractions dont sont auteurs les
Premiers ministres en fonction, par le fait qu’avant
l’affaire MATATA MPONYO, ceux-ci ne pouvaient pas
être poursuivis après leur mandat, et actuellement, par le
faite non seulement du fait que seul le Procureur Général
près la Cour Constitutionnelle peut initier une action
contre eux, mais aussi et surtout que la volonté politique
du pouvoir en place peut influencer soit l’action, ou soit
l’inaction, alors que l’Etat n’est pas la seule victime de
leurs actes. Cette attitude du législateur peut être source
d’impunité, soit de règlement des comptes politiques, au
point ou les dispositions constitutionnelles risqueraient
d’être tordues dans leur interprétation, pour servir les
intérêts politiques, ce qui freine l’effectivité de l’état de
droit en République Démocratique du Congo.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres91en
Droit congolais
Il importe de noter que, le principe constitutionnel
applicable en République Démocratique du Congo est
celui de l’égalité de tous devant la loi, dans le but de
bannir toute inégalité sociale et toute discrimination, car
celle-ci peut conduire à une insécurité juridique et
judiciaire et créer ainsi une désorganisation sociale,
empêchant la bonne Administration de la justice, qui du
reste est un frein barrant la route à l’effectivité de
l’installation d’un véritable Etat de droit.
Mais, en considération de l’importance des
fonctions qu’occupent certaines personnes au sein de la
société, une exception à l’article 12 de la constitution du
18 février 2006 a été instituée dans la mesure ou le
législateur a à travers les textes légaux attribué à ces
personnes des immunités et des privilèges ; non pas à ces
individus comme juste pour créer une inégalité de
traitement, mais pour protéger les fonctions occupées, et
empêcher que certaines fonctions et l’Administration
interrompent leur fonctionnement normal par le fait que
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres92en
Droit congolais
leurs animateurs font objet des poursuites judiciaires
intempestives, et parfois de mauvaise foi.
C’est ainsi que malgré ces immunités et privilèges,
le législateur ne cautionnant pas l’impunité qui est
d’ailleurs une antivaleur, prévoit une procédure
particulière pour chaque catégorie des personnes qui se
trouveraient concerner soit par les immunités, soit par les
privilèges ou les deux au même moment selon le cas, et
dans les formes que déterminent les lois en la matière.
Dans le cas qui concerne la présente réflexion, le
législateur a attribué au Président de la République et au
Premier ministre en fonction non seulement un privilège
de juridiction conformément à l’article 163 et l’article 164
de la constitution du 18 février 2006, mais a également
institué à l’égard d’eux une procédure particulière pour
l’engagement de leur responsabilité et la mise en
mouvement de l’action publique en contre eux, comme
l’atteste la loi Organique n°13/026 du 15 octobre 2013
portant Organisation et Fonctionnement de la Cour
Constitutionnelle en ses articles allant de 100 à 107 ; en
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres93en
Droit congolais
conditionnant la mise en mouvement de l’action publique à
la requête du seul Procureur Général, qui lui aussi doit
saisir las deux chambres du parlement qui doivent se réunir
en congrès pour voter la mise en accusation du président
de République et du Premier Ministre en fonction pour les
infractions qu’elle détermine ensemble avec la
constitution.
Cependant, il se posé jusqu’avant la présente
réflexion, une question de savoir quelle pouvait être la
juridiction compétente pour juger les anciens Premiers
ministres, en considérant l’évolution législative connue par
le pays à travers la mise sur pied en 2018 d’une loi
spéciale organisant le statut des anciens Présidents de la
Républiques élus, et en considérant le fait qu’aucune
disposition légale n’attribue un quelconque statut à
l’ancien Premier ministre du fait des hautes fonctions
occupaient par lui en sa qualité du chef du Gouvernement,
lequel statut attribuerait à ce dernier des privilèges faisant
de lui justiciable d’une quelconque juridiction précise. Et
aussi les principes pouvant conduire à la détermination de
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres94en
Droit congolais
la juridiction compétente car l’ancien Premier ministre
n’est nullement soustrait de la liste des justiciables en droit
congolais à l’expiration de ses fonctions ;
Après l’analyse des différentes compétences
déterminées par les lois ; compétence matérielle,
personnelle et territoriale, nous avons in concréto analysé
également le moment d’appréciation du privilège de
juridiction dont jouit le Premier ministre, auquel il n’est
accorder les immunités ; et c’est là que nous avons vu que
le privilège de juridiction peut s’apprécier soit au moment
de la commission des faits infractionnels, soit au moment
de la comparution devant un juge ou une juridiction de
jugement, devant laquelle l’exception d’incompétence peut
être soulevée. Mais nous avons en faisant recours à l’arrêt
de la Cour Constitutionnelle dans l’affaire MATATA
PONYO et consort, vu que pour le Premier Ministre, le
privilège ne s’apprécie qu’au moment des poursuites,
c’est-à-dire au moment de la mise en mouvement de
l’action publique, ou encore de sa comparution devant le
juge.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres95en
Droit congolais
Ainsi, concluons la présente réflexion en disant que
la justiciabilité des anciens Premiers ministres ne cause
dorénavant aucun problème, car la présente analyse a
trouvé la solution selon laquelle les anciens Premiers
ministres sont justiciables des juridictions naturelles de
leurs statuts respectifs après l’exercice des fonctions de
Premier Ministre ; car partageant le même avis avec la
Cour Constitutionnelle, lorsque dans son arrêt sous le RP
0001 du 15 Novembre 2021, dans le fameux cas de
BUKANGA LONZO, qui confirme que le privilège de
juridiction prend fin à l’expiration des fonctions de
Premier Ministre, et que les anciens Premiers ministres
deviennent ainsi justiciables des juridictions naturelles
ordinaires.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres96en
Droit congolais
POST-FACE
E
xiste-t-il une juridiction compétente pour les
forfaits d’hommes puissants ? Il y a très
longtemps que les sages latins, un peuple dont
l’histoire s’est transmise de génération en génération,
avaient trouvé bon de léguer à leurs descendances un
trésor. Ne pensez pas vite à l’argent, quoique les temps
soient durs. C’est une toute petite expression, mais
sapientiale malgré sa petitesse. Ordo ducit ad deum. Oui,
c’est de cette expression qu’il s’agit. Elle signifie : «
L’ordre conduit à Dieu ». Là-dessus, on est d’accord.
On peut donc dire que les sages latins avaient bien
tourné la langue sept fois, et même plus, pour nous
produire une telle expression d’une aussi grande
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres97en
Droit congolais
envergure. Ils savaient que l’avenir serait buté aux
nouvelles technologies de l’information, de la
communication et que les humains seraient tentés de poser
des gestes et d’agir selon leur propre gré, sans vouloir
dépendre d’une quelconque autorité. Peut-être. On ne peut
rien affirmer même si les réalités le montrent
aujourd’hui… Là n’est pas le sujet qui nous intéresse ici.
Poursuivons notre lecture.
Il est évident que pour bien mener la vie sur cette
terre, l’ordre soit indispensable et est comme le sel à la
cuisine, un outil important. L’ordre, cependant, requiert sur
le plan social et professionnel surtout, un respect d’un
certain nombre de principes ou règles qui devraient régir la
société, l’entreprise. Et en cas de non-respect ou manque
d’observation stricte des mesures établies par les autorités,
des sanctions graves ou atténuées, selon la gravité de
l’infraction, sont prévues. On a vite l’impression que cet
ensemble de règles ou principes régissant les structures
dont nous venons de parler ait un nom spécifique : le
Droit.
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres98en
Droit congolais
Le Droit ainsi défini ci-haut, n’est pas toujours
aussi simplement appliqué sans faire face à des esprits
tordus et têtus. Les récalcitrants ne manquent pas. Et même
que d’ordinaire, une appellation est fréquente. Il existe des
gens dits « hors-la-loi ». Or, le Droit stipule que nul n’est
au-dessus de la loi. Et même que la loi est dure, mais c’est
la loi (Dura lex, sed lex), dit-on.
Dans notre pays ou en Afrique généralement, la
tendance est telle que le peuple pense que la classe
politique est privilégiée par rapport aux principes prévus
par la loi. Et que ce sont les citoyens sans défense qui
subissent les châtiments de la fameuse loi. C’est peut-être
vrai. Mais, aujourd’hui, il est un homme d’un avis
contraire qui nous apporte une toute autre image de ce
préjugé tant connu.
L’auteur de Les juridictions compétentes pour les
anciens premiers ministres. C’est ce livre qu’il vous faut.
Ça tiendrait de l’utopie, ou d’un rêve, de croire que le
Droit ait réellement été précautionneux en prévoyant pour
chaque catégorie de personnes ou chaque classe sociale,
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres99en
Droit congolais
autorités ou pas, des mesures limitant leur pouvoir d’agir.
C’est bien cela, pourtant. Et ce livre est cette lampe qui
vous apporte une clairvoyance attestée et incontestable en
matière de Droit congolais. Oui, le nôtre. Celui qui est
comme vous le connaissez.
Ce livre traite des cas des chefs de Gouvernements,
les Présidents et les Premiers ministres. Surtout cette
dernière classe politique. Les Premiers ministres, hors
fonctions, devenus anciens, que leur arrive-t-il ? Que
prévoit la loi à leur égard quand ils commettent des
infractions graves, causant parfois préjudice à la nation
toute entière ? Est-ce que la loi applique en réalité sa
volonté pour ces personnes hautement placées dans le pays
? C’est trop de questions. Mais sans inutilité aucune. Bien,
la réponse est dans ce livre. La CPI ou Cour pénale
internationale est généralement connue pour rappeler aux
prétendus puissants et intouchables qu’ils sont humains et
non des dieux, en les jugeant. Et surtout les présidents.
Serait-elle la même juridiction pour les anciens premiers
ministres de notre pays ?
La compétence juridictionnelle des anciens premiers ministres en
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Droit congolais
Vous avez certainement découvert dans les pages
précédentes, la réalité des sanctions pénales requises pour
ces hommes d’État, en cas de fin des fonctions. Avec un
exemple d’un RP 001, une affaire mettant au prise le
ministère public contre un ancien premier ministre,
justement. Le nom ? Vous l’avez découvert, et vous le
connaissez. Ceci, pour vous aider à mieux comprendre
qu’il s’agit bien évidemment de la réalité. Il y a une
diversité de juridictions compétentes pour différents
mobiles, différents forfaits. Laquelle est compatible aux
anciens premiers ministres congolais ?
A cette question, sachez que la réponse se trouve
dans la sagesse juridique qui dit que la justice est une
caserne espagnole, pour dire que c’est un lieu où l’on
trouve tout sauf ce que l’on cherche. Toutefois, je vous ai
laisser trouver par vous-même dans ce livre, la juridiction
adaptée à ces hommes.
Si donc vous pensiez échapper à la loi en allant
vous réfugiez en politique, comme c’est le cas de nos
jours, aujourd’hui, revoyez déjà votre façon de voir les
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Droit congolais
choses, car la loi est dure mais c’est la loi et elle vous
trouvera qui de droit pour vous juger, proportionnellement
à votre infraction. Tôt ou tard. Ce livre vient de lever le
voile.
Carl KALIRE
Écrivain, éditeur
REFERENCES LEGALES ET
BIBLIOGRAPHIQUES
I. TEXTES DE LOIS
1. La Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi n°11/002 du
20 janvier 2011 portant modification de certains articles de la constitution ;
2. Loi du 05 Nov. 2007 portant règlement intérieur du congrès ;
3. Loi n°13/010 du 19 février 2013 relative à la procédure devant la cour de
cassation ;
4. Loi-Organique N°13/011-B du 11 avril 2013 portant Organisation,
Fonctionnement et Compétences des juridictions de l’ordre judiciaire ;
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Droit congolais
5. Loi organique n°13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et
fonctionnement de la Cour Constitutionnelle ;
6. Loi du 26 juillet 2018 portant statut des anciens présidents de la République
élus et fixant les avantages accordés aux anciens chefs des corps constitués ;
7. Décret du 25 juin 1948 relatif à la répression de l’adultère et de bigamie en cas
de mariage civil ou assimilé ;
8. Décret du 30 janvier 1940 tel que modifié et complété à ce jour, mis à jour le
30 nov.2004 portant Code Pénal Congolais livre 2 ;
9. Arrêté n°299/79 du 20 aout 1979 portant Règlement intérieur des Cours,
Tribunaux et Parquets.
II. ARTICLES ET REVUES
1. Guy KAMBALE MATHE, réflexions sur le classement sans suite des poursuites face
à la politique en droit positif Congolais, Goma, 2018 ;
2. P. MOUSSERON, cité par LUZOLO BAMBI et BAYONA BA MEYA, Les
immunités familiales, Rév. De Sc. Crim, 1998 ;
III. JURISPRUDENCE
1. Arrêt de la Cour Constitutionnelle sous ; RP 0001 en cause Ministère public, contre le
prévenu MATATA PONYO MAPON Augustin et consort
IV. OUVRAGES
1. LIKULIA BOLONGO, Droit pénal spécial zaïrois, T1, 2e éd., paris, LGDI, 1985 ;
2. R. GUILLIEN et J. VINCENT ; léxique des termes juridiques 7é éd., DALLOZ,
paris, 1988 ;
3. B. BOULOC, cité par LUZOLO BAMBI, Procédure pénale, paris, 20 e éd. Dalloz,
2006 ;
4. Gabriel KILALA Pene-AMUNA, Attributions du Ministère Public et Procédure
Pénale, éd. AMUNA, Kinshasa, 2006 ;
5. NYABIRUNGU mwene SONGA, traité de droit pénal Général congolais, 2 e
éd.EUA,2007 ;
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Droit congolais
6. Gabriel KILALA Pene-AMUNA, Immunités et privilèges en droit positif congolais,
éd. AMUNA, kinshasa, 2010 ;
7. LUZOLO Bambi Lessa Emmanuel J. et BAYONA Ba Meya Nicolas Abel ; manuel
de procédure pénale ; PUC ; kinshasa,2011 ;
8. Frédéric DESPORTES et Laurence LAZERGES-COUSQUER, traité de procédure
pénale, 3e édition, economica, paris 2013 ;
9. Jean-Louis ESAMBO KANGASHE, Traité de droit Constitutionnel congolais, éd
l’harmathan, paris 2017 ;
10. Bernard BOULOC et Haritini MATSOPOULOU, Manuel de droit pénal général et
procédure pénale, 21e éd, Dalloz 2018 ;
V. DICTIONAIRES
1. Jean VINCENT et Raymond GUILLIEN, lexique des termes juridiques, 14e éd.
Dalloz, 2003.
2. Le petit Larousse illustre 2007.
3. Lexique des termes juridiques