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Histoire de Lartisanat en Algérie

Cet article analyse la gouvernance des politiques publiques en faveur de l'artisanat en Algérie depuis l'indépendance, en mettant en lumière l'évolution historique de ce secteur et les mesures mises en place par l'État pour le soutenir. Il souligne les impacts positifs et négatifs de ces politiques, ainsi que l'influence des différentes civilisations sur le développement de l'artisanat. L'étude révèle également l'instabilité des autorités de tutelle et son effet sur la fragilité de l'artisanat algérien.

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Histoire de Lartisanat en Algérie

Cet article analyse la gouvernance des politiques publiques en faveur de l'artisanat en Algérie depuis l'indépendance, en mettant en lumière l'évolution historique de ce secteur et les mesures mises en place par l'État pour le soutenir. Il souligne les impacts positifs et négatifs de ces politiques, ainsi que l'influence des différentes civilisations sur le développement de l'artisanat. L'étude révèle également l'instabilité des autorités de tutelle et son effet sur la fragilité de l'artisanat algérien.

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LA GOUVERNANCE DES POLITIQUES PUBLIQUES EN FAVEUR DE

L’ARTISANAT EN ALGÉRIE, ESSAI D’ANALYSE SUR LA LONGUE PÉRIODE

Fatima Zohra Adel, Abdelkader Guendouz

L'Harmattan | « Marché et organisations »

2015/3 n° 24 | pages 103 à 125


ISSN 1953-6119
ISBN 9782343076850
DOI 10.3917/maorg.024.0103
Article disponible en ligne à l'adresse :
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LA GOUVERNANCE DES POLITIQUES PUBLIQUES EN
FAVEUR DE L’ARTISANAT EN ALGÉRIE, ESSAI
D’ANALYSE SUR LA LONGUE PÉRIODE

Fatima Zohra ADEL


Maître de conférences en économie
Laboratoire EEDLSO
Université de Béchar, Algérie
[email protected]

Abdelkader GUENDOUZ
Chercheur Permanant en économie
Laboratoire GPES
Université de Tlemcen, Algérie
[email protected]

INTRODUCTION

L’artisanat suscite de nombreux débats en Algérie comme dans de


nombreux pays quant à son développement. Selon la législation
algérienne, « il est entendu par artisanat et métiers, toutes les activités de production,
de création, de transformation, de restauration d’art, d’entretien, de réparation ou de
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prestation de service, à dominante manuelle exercée : à titre principal et permanent,
sous forme sédentaire, ambulante ou foraine, dans l’un des domaines d’activités
suivants: artisanat et artisanat d’art ; artisanat de production de biens ; artisanat de
services ; et selon les modalités suivantes : soit individuellement, soit dans le cadre
d’une coopérative d’artisanat et des métiers, soit dans le cadre d’une entreprise
d’artisanat et des métiers »79. L’Etat algérien a tenté depuis de nombreuses
années de mettre en place un ensemble de mesures visant à le soutenir.
Toutefois, depuis l’indépendance, il a très souvent changé d’autorité de
tutelle, une telle situation d’instabilité a contribué à le fragiliser. Ce
constat nous amène à nous interroger sur l’efficience des politiques
publiques en faveur de l’artisanat. Le présent article a pour objectif
d’évaluer les effets positifs de ces différentes politiques, sans cependant
ignorer leurs effets négatifs éventuels.
Pour répondre à cette interrogation, nous reviendrons d’abord sur
l’évolution historique de l’artisanat en Algérie, avant d’analyser les

Ordonnance n°96-01 du 10 janvier 1996 fixant les règles régissant l’artisanat et les
79
métiers. Journal officiel.

103
différentes politiques publiques mises en œuvre pour le soutenir depuis
l’indépendance.

1. Evolution de l’artisanat et des métiers en Algérie

L’Algérie contemporaine est le résultat de plusieurs mutations, issues


des multiples civilisations qui ont successivement dominé ses différentes
régions : les civilisations romaine, berbère et phénicienne, la civilisation
islamique turque à la suite de l’occupation ottomane et enfin la
civilisation française qui a eu un impact important sur le développement
de l’artisanat en Algérie, bien qu’elle ait été beaucoup plus courte.
Chacune a marqué plus ou moins son influence sur l’artisanat et les
métiers. Dans cet article, nous mettons plus particulièrement l’accent sur
l’influence de la civilisation islamique (arabe et turque) car elle a été plus
longue et s’est étendue dans la plupart des régions du pays.

1.1. La période arabo-islamique

L’avènement de l’Islam dans le monde arabe, vers 610, a eu un impact


important sur le développement de l’artisanat et des métiers, ainsi que
sur ceux qui les exercent. En effet, lors de la période préislamique, les
métiers étaient réservés aux esclaves et aux couches sociales
marginalisées, car selon la coutume préislamique, l’homme arabe noble
ne devait pas exercer un métier. Les artisans étaient ainsi socialement liés
aux couches sociales les moins favorisées de la communauté, dont les
activités sociales et culturelles étaient très différentes de celles des nobles
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(Nafed, 1999). L’Islam a rehaussé la place de l’artisan et de son métier
dans la société. En effet, exercer un métier est devenu un honneur pour
l’individu qui l’exerce, que Dieu apprécie. Selon l’éthique islamique, le
Prophète assistait aux fêtes des artisans, répondait aux invitations des
tailleurs, tanneurs, tisserands, etc., et il encourageait les artisans à
s’intégrer dans la société.
La nouvelle éthique musulmane contribua à renforcer la qualité du
travail artisanal, parce que l’artisan n’est un homme de bonne foi que s’il
fait son travail en suivant les meilleures règles possibles. Une telle
considération a encouragé le développement technique de l’artisanat. La
société arabe commença aussi à s’intéresser à des métiers qu’elle avait
jusque-là négligés et relégués en marge, comme le tannage (ce qui
explique que la plupart des tanneurs dans le monde arabe étaient des
Juifs). Par exemple, à partir du 10ème siècle, les artisans ont commencé à
être nommés par leur prénom associé au métier qu’ils exerçaient : Saïd
Ennajar (le menuisier), Ali el Khayat (le couturier)…
Administrativement, les autorités arabo-islamiques ont garanti aux
artisans une grande autonomie et liberté pour exercer leurs métiers. Elles

104
n’intervenaient que dans des limites précises, comme dans le cas des
activités qui nécessitaient une autorisation spécifique (les bains, la
fabrication des armes, la frappe de la monnaie, les médicaments) pour
des raisons liées à la sécurité et à l’intérêt public (Nafed, 1999).
Le développement et l’essor des métiers sont liés à l’émergence de la
ville (medina en arabe) dans le monde arabe. La ville était le siège du
pouvoir politique incarné dans la personne du sultan. Les villes
regroupaient un grand nombre d’artisans qui étaient liés sur les plans
économique, social, culturel, par des niveaux de vie proches, ainsi que
par l’interdépendance du savoir-faire (chacun selon sa spécialité) ce qui a
donné lieu à un système de métiers et de coopérations artisanales sous
différents noms comme : le « patronat des métiers » ou les « gens du métier »
(ness el herfa). Ces expressions font allusion à la notion de groupe
d’appartenance à une même filière ou à un même métier. Les artisans de
chaque métier sont unis par un sentiment commun et par la nécessité de
se solidariser afin de protéger leurs intérêts communs, de faire face à la
concurrence, et d’améliorer leur situation socioprofessionnelle. C’est
ainsi qu’est né un système de normes ou de règlements qui leur assura
une protection contre la concurrence illégale, une amélioration de leur
niveau de vie, avec le maintien d’un transfert du savoir-faire vers les
générations futures (Dris, 2002).

1.2. La domination islamique ottomane

A partir du 16ème siècle, les villes algériennes connaissent des


mutations profondes pendant la colonisation ottomane qui a perduré de
1515 à 1830. L’artisanat et les métiers occupaient alors une place
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importante dans l’organisation sociale et économique des villes. A Alger,
par exemple, près de 100 métiers différents étaient recensés. La
transmission intergénérationnelle au sein d’une même famille était
favorisée par deux voies majeures : garder une activité lucrative et
conserver le patrimoine artisanal (Dris, 2002). Le regroupement spatial
des activités artisanales se faisait selon l’importance de chaque activité :
les activités « nobles » étaient établies au centre de l’espace urbain et les
moins nobles vers des parties plus excentrées. La diversité ethnique de la
ville (Turcs, Kouloughlis, Berrains, Maghrebins, Juifs…) explique pour
partie la grande variété des articles et des produits artisanaux. Ces
artisans étaient répartis en trois grands secteurs : la production, les
services et la commercialisation. L’organisation professionnelle laissait
apparaître deux classes bien distinctes : une classe moyenne majoritaire et
une classe dirigeante constituée des chefs de métiers et des secrétaires
notamment.

105
1.2.1. L’organisation des Djemaa

Les corporations de l’artisanat en Algérie portaient les noms de


groupes (Djemaa). Le groupe était composé des chefs du métier portant
le nom du maitre (Maalem), qui était sous la présidence d’un secrétaire
(Amin). Les secrétaires avaient pour mission la médiation entre les
corporations des artisans et les pouvoirs publics, ainsi que d’aider
l’administration de la ville dans la gestion des travailleurs d’autres
domaines, mais ils intervenaient aussi dans la sécurité et la justice entre
les corporations d’artisans (Ghettas, 2007).
Cette organisation interne, stricte et hiérarchique était dirigée par le
secrétaire des secrétaires (Amin el Oumanaa). Ce dernier était élu par les
artisans d’un même métier, car chaque métier avait un secrétaire. Il
existait ainsi le secrétaire des teinturiers, des menuisiers, etc. Le secrétaire
des secrétaires était considéré comme un expert dans les affaires du
marché. Il dirigeait les réunions de dénomination des nouveaux métiers
et il assurait la coordination entre les artisans et les pouvoirs publics.
L’organisation structurelle du métier était hiérarchisée, allant de l’enfant
(el sabyye) artisan au Cheikh, en passant par le stagiaire, le salarié (el ajir) et
le maître (maalem). Les tâches et les fonctions mentionnées dans la loi sur
les marchés étaient les suivantes (Ghettas, 2007) :
Le Sheikh Elbaled était l’employé civil qui supervisait les associations
professionnelles et la population. Il était en contact permanent avec le
secrétaire des métiers et les chefs des corporations, afin d’identifier leurs
problèmes et de répondre à leurs difficultés. Il assurait aussi la perception
des impôts et des taxes, afin de les remettre au Trésor Public tous les
deux mois. Outre cela, il jouait le rôle de médiateur entre les
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représentants des groupements des artisans (les secrétaires et les chefs) et
les autorités publiques.
Le Elmouhtasib contrôlait tout ce qui était vendu sur le marché. Il
était habilité à fixer les prix et il supervisait les marchés afin d’empêcher
la fraude. Il était aidé d’un juge et de secrétaires (el oumanaa). Un même
Muhtasib était en charge de l’annone, de l’ordre urbain et des marchés,
en liaison avec d’une part le système des corporations et d’autre part les
autorités gouvernementales (Lafi, 2001).
Par ailleurs, un « commissaire-priseur » (el dellal) était un marchand
ambulant dont la mission était de proclamer l’offre de biens meubles (ou
biens déplaçables), en appelant à haute voix sur le marché.

1.2.2. L’artisanat dans l’organisation politique ottomane

Sous l’Empire ottoman, les villes algériennes étaient gouvernées par


des Pachas, des Aghas, des Beys et des Deys. Administrativement,
l’Algérie était constituée de plusieurs Beyliks, qui étaient placées sous

106
l’autorité des Beys : Alger au centre, Constantine à l’Est, Médéa dans le
Titteri et Mazouna, puis Mascara et Oran à l’Ouest.
La gestion urbaine relevait en particulier de la mairie de la ville, des
agents de l’ordre public et des employés des services publics. Il existait
aussi l’autorité religieuse, le conseil scientifique, l’entreprise de la maison
de la finance (beyte el mel). Les pouvoirs publics urbains s’articulaient
autour d’un certain nombre de fonctions et de missions, allant de la
régulation des marchés, à l’annonce du contrôle du système des
corporations au maintien de l’ordre public et ses règles. De ce fait, la
relation entre les artisans et les autorités publiques était étroitement
structurée, car il existait un contrôle permanent de l’Etat à travers le
plafonnement des prix, la taxation, la fiscalité, la promulgation des règles
pour exercer le métier et pour déterminer les conditions
d’approvisionnement des artisans et des commerçants.
Un des aspects sociaux les plus importants des corporations était la
célébration de festivals au cours de périodes qui leur étaient propres.
Cette action révèle l’existence de très fortes relations entre les membres
de chaque métier, avec un soubassement théologique car les corporations
étaient influencées par les mouvements soufis. Chacune de ces filières
étaient protégées par un marabout (wali Saleh), cependant, elles n’avaient
pas de vocation religieuse (Ghettas, 2007), pour le cas algérien.
Afin d’organiser l’offre et la demande dans le marché, les autorités
ottomanes avaient adopté le système koudek qui limitait le nombre des
locaux et des maitres de chaque métier selon le besoin de la ville et selon
la conjoncture économique. Aussi, et afin de contrôler les prix, l’État
ottoman avait mis en place des restrictions et des conditions pour la
vente des matières premières (Lafi, 2001). Les organisations artisanales
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avaient le droit de discuter et de négocier de nouvelles lois et règles.
Néanmoins, malgré les lois et les règles promulguées pour organiser
l’artisanat, il existait un nombre important d’artisans informels.

1.3. La colonisation française

Lors de la colonisation française, des systèmes économiques et


sociaux très différents se sont heurtés, entre une structure précapitaliste
et une autre au contraire déjà fortement industrialisée. La concurrence
des produits français fabriqués industriellement et pénétrant librement a
tué les productions équivalentes de l’artisanat algérien (Meynier, 1981,
p. 153). La production artisanale n’était pas prête à faire face à de
nouveaux produits industriels (différents et de bas prix) introduits
brusquement et non pas graduellement dans le marché algérien
récemment colonisé (Chentouf, 1981). Subissant la dégradation de la
situation économique urbaine, les petits et moyens notables citadins,
représentés par les patrons de l’artisanat se sont progressivement
prolétarisés, donnant naissance à une vague de revendications.

107
Cependant, en marge de cela, une minorité bourgeoise adopta un
nouveau mode de vie, qualifié de « francisation ».
L’entre-deux-guerres fut marqué en France métropolitaine par la
structuration du secteur de l’artisanat80 La création de la Confédération
générale de l’artisanat français (CGAF) en 1922 marque une étape
majeure de l’émergence en France de l’artisanat comme groupe
socioprofessionnel organisé. Les premières lois relatives à l’artisanat
contribuent aussi très largement à cette dynamique, avec notamment la
création du Crédit artisanal (1922), d’un statut d’artisan fiscal (1923), des
Chambres des métiers (1925), la création du Registre des métiers (1934)
ou encore l’organisation de l’apprentissage artisanal avec la loi Walter-
Paulin de 1937.
Sur le plan administratif, l’Algérie était pour la France une colonie
particulière puisqu’elle était intégrée dans le découpage départemental.
Les mesures édictées à Paris avaient donc vocation à être appliquées
comme dans tous les départements. L’artisanat était concerné à travers,
par exemple, la loi Astier (1919) et l’apprentissage ou encore la mise en
place des chambres des métiers. Vers 1917, les statuts de l’enseignement
professionnel ont été appliqués en Algérie afin de fournir les moyens et
les instruments considérés comme fondamentaux, afin de remédier au
manque de main-d’œuvre qualifiée, indispensable pour assurer le
développement industriel du territoire algérien81. Ultérieurement, le
programme arrêté en 1918 prévoyait surtout de former des mécaniciens,
des électriciens, des spécialistes du bâtiment, des mineurs et des coupeurs
de vêtements (Meynier, 1981, p. 336). Au cours de cette même période,
des EPS (Ecoles Primaires Supérieures) furent créées, d’abord à Alger,
puis dans d’autres villes importantes comme Oran, Mascara, Tlemcen,
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Bône, Guelma. En 1925, le Gouverneur Général Viollette créa la « maison
de l’artisanat », installée deux ans plus tard par Pierre Bordes, Gouverneur
Général (à côté du service de l’Artisanat) afin de favoriser et promouvoir
le travail à domicile.

1.4. De l’indépendance aux années 1990 : l’artisanat dans


l’économie socialiste planifiée

Avec la charte de Tripoli de 1962, l’Algérie adopta un modèle


économique socialiste fondé sur le dirigisme et le monopole de l’Etat. La

80 PERRIN, C., 2007, Entre glorification et abandon. Les artisans et l’Etat en France (1938-
1970), CHEFF, Paris. DAVID, M., 1998, Brève histoire de l’artisanat, Cahiers de l’Institut
supérieur des métiers, Paris. BOUTILLIER, S., DAVID, M., FOURNIER, C., 2009
(dir.), Traité de l’artisanat et de la petite entreprise, Editions Educaweb.
81 Il faut souligner dans ce sens que la bourgeoisie coloniale en Algérie, à cette époque,
craignait une immigration de la main-d’œuvre locale vers la France métropolitaine. Ce
souci, à côté de celui du besoin local énorme en matière de la main-d’œuvre qualifiée, a
rendu impératif de lancer des programmes de formations (Meynier, 1981, p. 336).

108
mise en œuvre de ce choix, plutôt politique qu’économique, ne fut pas
immédiate au moins pour les premières années qui suivirent
l’indépendance, jusqu’à 1966. C’est à partir des débuts des années 1970
que le socialisme devint le socle de l’économie algérienne, notamment
après l’adoption de la politique des industries industrialisantes (Lakehal,
1992, p. 25), et aussi suite aux grandes vagues de nationalisations des
entreprises privées. Cette orientation de la planification centralisée vers
les industries lourdes entrava l’édification d’un secteur privé face à un
secteur public prédominant. Ainsi, le Code des Investissements
N°66/284 qui fut promulgué le 15/09/1966 essaya de faire jouer au
secteur privé son rôle dans le développement économique tout en
prévoyant une place prédominante pour le secteur public sur les secteurs
stratégiques de l’économie. Ce code obligeait les entrepreneurs privés à
obtenir l’agrément de leurs projets auprès de la Commission Nationale
des Investissements (CNI). La complexité des procédures d’obtention
d’agrément a conduit à la dissolution de la CNI en 1981 (Marzouk,
2009).
Ce système s’est très rapidement effondré dès le début des années
1980 à cause notamment des mauvais résultats d’un secteur public
fortement endetté et de la chute des prix de baril. Face à l’inefficacité des
réformes économiques engagées par les pouvoirs publics (assainissement
de la dette des entreprises, autonomie de gestion…) le Fonds monétaire
international et la Banque Mondiale ont imposé à l’Algérie un
programme d’assainissement budgétaire, une ouverture économique et
une transition du dirigisme vers l’économie du marché, avec des mesures
draconiennes incarnées surtout dans les plans d’ajustement structurel dès
le début des années 1990, via les Programmes d’ajustement structurel
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(PAS). L’essentiel de ces plans contribua à orienter le développement
d’un secteur privé, par la libéralisation de l’économie, la
déréglementation, et notamment la privatisation des entreprises
publiques.
Pendant cette période, l’artisanat connut une dizaine de réformes
juridiques, techniques et administratives qui marquèrent fortement son
organisation. Depuis l’Indépendance, l’organisation du secteur de
l’artisanat avait été prise en charge par l’État. La publication de
l’ordonnance (62/025) d’août 1962, avait eu pour objectif l’organisation
de la direction de l’artisanat et des métiers et ses aptitudes. Cette
dernière, sous la tutelle de la Délégation des affaires économiques, était
chargée du développement des entreprises artisanales traditionnelles et
modernes, du développement de toutes formes de coopération dans la
production par la subvention technique ou financière appropriée, et
d’une façon générale, d’encourager la production artisanale visant le
marché interne ou externe.
Les structures du secteur de l’artisanat de cette même période étaient
subdivisées en une maison de l’artisanat, de trois espaces d’exposition-

109
vente de produits (Annaba, Oran, Ghardaïa), d’un musée et d’un bureau
des études, et de quelques centres de formation de l’artisanat traditionnel
et d’art. En mars 1963, le secteur de l’artisanat fut annexé au ministère de
la jeunesse, du sport et du tourisme, puis au ministère du tourisme en
mai 1964. La création de la Société Nationale de l’Industrie Artisanale
(SNAT) en 1971 remplaça le Bureau National de l’Industrie
Traditionnelle algérienne après sa dissolution. La SNAT avait pour
objectif de développer l’activité artisanale, et en 1973, sous la tutelle du
Ministère de l’industrie et de l’énergie, la direction de l’artisanat est
devenue la direction de l’artisanat et des métiers, afin d’unifier le registre
des métiers et le registre de l’artisanat.
L’organisation du métier d’artisan a été détaillée dans la loi (82/12),
avec la définition de l’artisan, ses devoirs et ses droits. Cette loi met
également clairement en lumière la volonté de l’État de protéger,
d’encourager, de soutenir, de promouvoir et de développer l’entreprise
artisanale. En 1983, l’organisation du registre de l’artisanat et des métiers
a été détaillée dans le décret n°83-550, dans le cadre de la loi N°82-12. La
qualification statistique de l’artisanat est précisée par le décret N°83-551
du 4 octobre 1983 qui prévoit la façon de préparer un répertoire national
des activités artisanales, dans le but de recueillir des informations sur les
artisans et les coopératives. Ces instructions ont été annulées en 1988 par
le décret N°88-230 du 9 novembre, portant sur l’organisation des
registres de l’artisanat et des métiers. Ce sont désormais les autorités
municipales qui ont la charge de tenir ces registres et de les mettre à jour,
les artisans ont l’obligation de leur transmettre les informations les
concernant.
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2. Institutions et politiques de l’artisanat dans l’Algérie
contemporaine

À la fin des Programmes d’Ajustement Structurel (PAS), en 1998, les


autorités publiques n’ont pas abandonné leur politique avantageuse à
l’égard du secteur privé. La relance de l’économie et l’ouverture sur
l’extérieur ont imposé la mise en œuvre d’importantes réformes
institutionnelles et réglementaires qui visaient le développement des
entreprises algériennes privées, notamment les petites et moyennes
entreprises (PME), sans exclure les artisans. L’État a opté pour le
développement de ces unités de petite et de moyenne tailles, compte
tenu de leurs potentialités. Elles sont en effet dotées d’une bonne
capacité d’adaptation à leur environnement, de structures flexibles de
management et de production, mais sont aussi proches des marchés.
Enfin, par leur capacité à créer des richesses, elles peuvent jouer un rôle
important en matière de création d’emplois.

110
Depuis le deuxième trimestre 2010, les activités artisanales sont sous
la tutelle du Ministère du tourisme et de l’artisanat82. Elles relevaient
auparavant de celui des PME et de l’artisanat créé en 2002 pour favoriser
la création, aider et suivre les entreprises dont l’activité se déploie dans
des secteurs à forte valeur ajoutée : le bâtiment, l’agroalimentaire et, plus
généralement l’artisanat. Pour permettre à ce dernier de jouer un rôle de
levier du développement économique et social, une nouvelle loi en
faveur de l’artisanat a été adoptée en 1996.

2.1. La nouvelle définition de l’artisanat et des métiers

Plusieurs modifications inédites sont introduites par la loi de 1996


dont la distinction entre les différentes formes d’activités artisanales, la
clarification des statuts juridiques, les règles et le champ d’exercice des
activités artisanales, ainsi que la reconnaissance du travail artisanal à
domicile83. Selon la loi du 10 janvier 1996 relative aux règles régissant
l’artisanat et les métiers, doivent être entendus par artisanat et métiers
toutes activités de production, de création, de transformation, de
restauration d’art, d’entretien, de réparation, de services, à dominante
manuelle exercée ; à titre principal et permanent, sous forme sédentaire,
ambulante ou foraine, dans l’un des domaines d’activité suivants :
artisanat traditionnel et d’art, artisanat de production de bien, artisanat de
services. L’entreprise artisanale peut être une personne physique
(entreprise individuelle) ou une personne morale : une coopérative ou
une entreprise d’artisanat et des métiers.
La nomenclature des activités artisanales et des métiers a pour objectif
de décrire de manière fine l’ensemble des activités artisanales de ce
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secteur. Ainsi, elle est le seul outil opérationnel de référence pour le
repérage des entreprises sur le champ de l’artisanat. Les activités listées
dans le décret sont réparties en trois domaines d’activité qui regroupent
au total 24 secteurs pour 214 activités84. Cette nomenclature des métiers
et des activités artisanales s’enrichira et s’élargira plus tard avec la
promulgation du décret exécutif N°07-339 du 31 en octobre 2007,
atteignant ainsi 339 activités.

82 A défaut de l’indisponibilité des données, les statistiques de l’artisanat dans ce travail


seront limitées, dans une grande partie, à la période de 2001-2010.
83 Ordonnance N°96-01 du 10 janvier 1996 fixant les règles régissant l’artisanat et les
métiers.
84 L’ordonnance N°96-01 du 10 janvier 1996 fixant les règles régissant l’artisanat et les
métiers a défini les conditions d’élaboration de la nomenclature des activités de
l’artisanat et des métiers à travers le décret N°97-140 du 30 janvier 1997.

111
2.2. Les nouvelles Chambres des métiers

La période de 1992-1995 a été marquée par la naissance des


dispositions relatives à la création des composantes de la structure
organisationnelle du secteur, à savoir la création de la Chambre
Nationale de l’Artisanat et des Métiers (CNAM), et de huit chambres
régionales CAM à Tizi-Ouzou, Tlemcen, Oran, Alger, Ghardaïa,
Constantine, Annaba et Tébessa, ainsi que l’Agence nationale de
l’artisanat traditionnel (ANART). Ces structures étaient sous la tutelle des
directions des mines et de l’industrie, alors qu’actuellement elles sont
rattachées au ministère du tourisme et de l’artisanat.
Les chambres de l’artisanat et des métiers sont des établissements
publics, créés en 1996 par l’ordonnance n°96-01 fixant les règles
régissant l’artisanat et les métiers85. Ces chambres ont été créées afin de
représenter et défendre les intérêts généraux de l’artisanat. Elles sont
gérées par une administration et des professionnels élus par leurs pairs, et
sont actuellement placées sous la tutelle d’une direction du tourisme et
de l’artisanat. Le nombre de ces élus s’élevait à 792 artisans en 2007.
La CNAM, créée en 1997, est un établissement public national
fédérateur des chambres des métiers locales implantées sur les 48 wilayas
du territoire national, tout en assurant la coordination et la cohérence de
leur action. Avec la participation des organisations professionnelles, elle
représente l’artisanat en tant que force économique, politique et sociale
auprès des pouvoirs publics. Les missions de la CNAM sont : 1)
développement du secteur au niveau local tout en entretenant des
relations internationales, 2) organisation de la concertation entre les
artisans et la coordination des différentes initiatives avec les chambres
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d’industrie et du commerce, 3) organisation et la participation à des
réunions et des manifestations, telles que les expositions artisanales
nationales et internationales, et 4) élévation du niveau de formation et de
qualification des artisans.
Les CAM sont des établissements publics à autonomie financière et
administrative. Elles sont administrées par des artisans élus, pour cinq
ans, au suffrage universel des personnes immatriculées au registre des
métiers. Les CAM sont aussi des opérateurs de proximité, dont la
mission est de veiller sur les préoccupations des artisans, tout en assurant
la défense de leurs intérêts sur leur territoire en nouant des relations
étroites avec les collectivités territoriales et les partenaires économiques
locaux. Les organisations professionnelles représentent, quant à elles, les
intérêts de chaque métier. La CAM définit les orientations et coordonne
les actions stratégiques en matière de développement économique,
d’apprentissage, et de formation. Ainsi, elles ont pour mission
d’accueillir, d’enregistrer, et d’élever le niveau de qualification de l’artisan,

85 Journal officiel, N°3, 1996.

112
mais aussi de : 1) défendre les intérêts généraux des artisans, 2)
promouvoir le développement des entreprises artisanales, et
accompagner professionnellement l’artisan par le biais de l’apprentissage
et de la formation, de la création et du développement d’entreprise, etc.,
3) offrir un dispositif cohérent d’information, de conseil,
d’accompagnement et de formation, et 4) développer des compétences et
des moyens techniques de qualité, et travailler en étroite concertation
avec les organisations professionnelles de l’artisanat et avec les différents
acteurs locaux : collectivités territoriales, services de l’Etat, acteurs socio-
économiques86.

2.3 La promotion de l’artisanat


Créée en 1992, l’Agence Nationale de l’Artisanat Traditionnel
(ANART) est un établissement public à caractère industriel et
commercial doté de la personnalité civile et de l’autonomie financière qui
a pour mission d’organiser la protection du patrimoine national en
matière d’artisanat traditionnel, et de veiller à l’épanouissement et au
développement de l’ensemble des activités artisanales qui en relèvent87.
Elle vise à maintenir et à promouvoir le développement de l’artisanat et
l’art traditionnel. Elle est soumise aux règles applicables à
l’administration dans ses relations avec l’État, et elle entretient également
des relations commerciales avec des tiers. Elle est aussi soumise aux
règles du droit commercial dans la vie sociale.
De plus, afin de renforcer l’encadrement des activités artisanales, des
services extérieurs du ministère du tourisme et de l’artisanat ont été créés
au niveau de chaque wilaya : une direction du tourisme et de l’artisanat
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ou une inspection du tourisme et de l’artisanat88. Ces services ont pour
mission de mettre en œuvre une politique nationale du tourisme et de
l’artisanat. Leurs fonctions sont de : 1) mettre en œuvre les mesures et
actions de promotion et de soutien des activités de production artisanale
et d’en évaluer les résultats, 2) veiller à l’application et au respect des lois,
des règlements, des normes, et des standards de qualité en matière de
production artisanale et d’exercice des activités artisanales, 3) réaliser des
enquêtes et des études à caractère technique, économique et social
portant sur l’évaluation des activités artisanales, 4) collecter et diffuser les
informations et les données statistiques, et 5) contribuer à la protection
et à la réhabilitation du patrimoine artisanal traditionnel.

86 Ministère du tourisme et de l’artisanat, http://www.mta.gov.dz


87 Décret exécutif n°92-12 du 9 janvier 1992 portant création de l’ANART. (JO n°4-
1992), modifié et complété par le Décret exécutif n°4-313 du 7 Chaâbane 1425
correspondant au 22 septembre 2004 modifiant et complétant le décret n°92-12 du 9
janvier 1992 portant création de l’ANART. (JO, N°62, 2004).
88 Décret exécutif N°95-260 du 29 août 1995.

113
En Algérie, l’artisanat est en train de se positionner comme une base
majeure du développement économique, en raison de sa contribution
croissante à l’économie nationale et de la diversité de ses activités. En
effet, le poids des entreprises de ce secteur a fortement augmenté par
rapport à l’ensemble du tissu industriel national : les entreprises
artisanales représentent 28 % du total des PME algériennes, et comptent
162 085 artisans sur un total de 570 838 PME89, sans compter le secteur
informel qui, selon les estimations officielles, emploierait 100 000
artisans. En 2010, l’effectif total des emplois dans le secteur a atteint
510000 artisans selon les sources officielles90.
Depuis le rattachement en 2002 de l’artisanat au Ministère des PME,
la direction de l’artisanat a impulsé plusieurs programmes dans le but de
promouvoir l’artisanat et les métiers au niveau national, régional et local,
à savoir : la promotion de la formation à travers des programmes de
formation tels que CREE et GERME (le célèbre programme : « Start and
Improve your Business »), le perfectionnement au profit des artisans, la
formation des formateurs (Bellach, 2010), car selon l’ordonnance N°96-
01, la formation est l’une des missions principales de la Chambre
d’artisanat et des métiers (CAM) avec celles : 1) de développer et
d’améliorer la commercialisation de la production artisanale à travers
l’organisation des festivals annuels et occasionnels, ainsi que l’association
de l’exposition du produit artisanal aux célébrations de différents
événements culturels, afin d’assurer une promotion de ces produits sur
leurs marchés locaux, nationaux, et internationaux, 2) de renforcer les
capacités opérationnelles des CAM en facilitant l’accès des entreprises
artisanales aux services et aides ouverts aux PME, notamment les
programmes de mise à niveau des entreprises, l’accès au crédit, et surtout
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le micro-crédit avec la mise en place du Fonds National de promotion
des activités de l’artisanat traditionnel (FNPAAT), 3) de développer
largement l’accès à l’information et la communication du secteur,
notamment par la mise en place de structures spécialisées comme le
Centre d’information et de documentation de l’artisanat traditionnel
Algérien (CIDATA) confié à l’ANART, ou par le développement d’un
site web « artisanat » ouvert à des activités nouvelles de formation et
connecté à des réseaux internationaux, 4) de simplifier les procédures
administratives, réduire les charges sociales, et octroyer des exonérations
fiscales.

89 Ministère de la Petite et Moyenne Entreprise, et de l’Artisanat, bulletin d’information,


statistiques n°15, 1er semestre 2009.
90 Programme d’Appui à la mise en œuvre de l’Accord d’Association (P3A Algérie –UE
« renforcement de l’agence nationale de l’artisanat traditionnel et des institutions publiques et
professionnelles chargées de promouvoir l’artisanat traditionnel », Fiche de Projet de Jumelage
classique, Mars 2010.

114
2.4. La coopération allemande

L’Algérie a développé des programmes de coopération en matière


d’artisanat avec plusieurs pays européens, comme l’Espagne et
l’Allemagne. Dans le cadre de la coopération bilatérale entre l’Algérie et
l’Allemagne, et afin de bénéficier d’un soutien financier et technique,
l’Agence Allemande de la Coopération Technique GIZ intervient en
Algérie à la demande du Ministère des PME et de l’artisanat91. Le but est
de réaliser les objectifs de la politique de développement à la fois
économique, écologique et social du gouvernement fédéral allemand, à
travers son programme du développement économique durable
(DEVED).
Dans ce cadre, l’agence fédérale GIZ a lancé, en 2005, un projet
intitulé « Appui aux Associations Professionnelles et Organisations Patronales »
(AAPOP) avec l’objectif de renforcer les structures et les capacités des
associations d’entrepreneurs. Il s’agit d’appliquer l’approche Nucleus92
qui vise à mettre en réseau les entrepreneurs artisans sous la tutelle des
chambres de l’artisanat et les chambres du commerce avec l’assistance de
la GIZ. En effet, 32 Nucleus ont été créés en Algérie, regroupant 1200
entreprises animées par des animateurs formés par le Bureau
International du Travail (BIT) (Bellache, 2010). Les Nucleus sont des
groupes d’entreprises qui se réunissent périodiquement autour d’un
animateur relevant d’une CAM, ou d’une Chambre de Commerce et
d’Industrie (CCI), afin d’identifier leurs problèmes communs et pour
trouver ensemble des solutions : en s’organisant en Nucleus, les artisans
deviennent un groupe productif et sont partie prenante d’un acteur
institutionnel (la CAM). Ils acquièrent une légitimité différente du fait de
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l’élargissement de leurs liens avec des acteurs reconnus à une échelle
supérieure (Conseillers de Nucleus, Directeurs des CAM) (Perret et
Chibani, 2010).
Le gouvernement allemand apporte aussi une importante aide
financière au programme SPL (système de production local), qui est
également gérée par l’Agence de la coopération technique, GIZ. Ce
programme comprend quatre phases d’une durée totale de huit ans à
compter de 2007. Il vise à aider le ministère des PME et de l’artisanat à

91 GIZ : Die Deutsche Gesellschaftfür Internationale Zusammenarbeit : Agence, qui


intervient en Algérie depuis le début des années 1970.
92 L’approche Nucleus, développée dans le monde depuis 1991, vise d’une part à
mobiliser les entreprises individuelles (particulièrement les TPE/PME), d’autre part à
initier des processus de développement structurel au sein des chambres et associations
de commerce. L’objectif est de créer une véritable plateforme organisationnelle où les
entrepreneurs peuvent échanger, identifier leurs problèmes, se comparer à d’autres,
définir leur propre demande de services et « développer une confiance en eux afin d’améliorer
leurs entreprises ». Le Nucleus permet une coopération dans des réseaux d’interaction
entre acteurs locaux (TPE/PME de la même Wilaya) via la médiation d’un tiers (le
conseiller de Nucleus) (Perret et Chinani, 2010).

115
élaborer une politique et une stratégie pour le développement de ce
secteur important de l’économie nationale, par l’instauration du SPL au
niveau des chambres de l’artisanat et des métiers dans plusieurs wilayas
(Adel et Bendiabdellah, 2013). Chaque SPL est organisé autour d’une
activité dominante. Les SPL sont composés de plusieurs acteurs : une
structure d’animation, des entreprises artisanales, des chambres de
l’artisanat et des métiers, des entreprises étatiques locales, des
établissements de formation, la direction des impôts, des entreprises
d’appui (l’Agence Nationale pour la Gestion du Microcrédit, l’agence
Nationale de soutien à l’emploi des jeunes et l’Agence nationale
d’assurance chômage, etc.), des établissements bancaires et la Caisse
Nationale de Sécurité Sociale des Non-Salariés (CASNOS). Parmi les 21
SPL installés, seuls 14 sont opérationnels et spécialisés dans des activités
très variées (tableau 1).

Tableau°1 : Les SPL des chambres de l’artisanat par wilaya


Activité du SPL Wilaya
Restauration d’anciennes 1
bâtisses ORAN
Métiers du bâtiment MOSTAGANEM 2
Tissage en poils de chameau M’SILA 3
Confection de tapis GHARDAIA 4
Bijoux traditionnels TAMANRASSET 5
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Poterie BEJAIA 6
Dinanderie CONSTANTINE 7
Industrie du marbre SEKIKDA 8
Dérivés des palmiers BISKRA 9
Couscous traditionnel TIZI-OUZOU 10
Dinanderie CONSTANTINE 11
Poterie noire ADRAR 12
Tapisserie OUM ELBOUAGUI 13
Art du sable BECHAR 14
Source : Ministère du Tourisme et de l’Artisanat. www.mta-gov.dz

116
3. Contribution de l’artisanat à l’économie algérienne

Le poids de l’activité artisanale en particulier et des PME en général


dans le tissu productif national a augmenté depuis l’année 2000, comme
résultat d’une politique d’ouverture économique orientée vers le
renforcement du secteur privé, notamment les PME. L’artisanat se
manifeste par son rôle important dans l’économie et la société
algériennes, dont plusieurs indicateurs à la fois économiques (la valeur
ajoutée, le PIB) et sociaux (emploi, redistribution des revenus) sont les
témoins.

3.1. Importance de l’artisanat dans les PME algériennes

Suite à l’adoption de la loi d’orientation sur la PME de 2001, 54% des


PME ont été créées de 2001 à 2007, avec un total de 607 297 PME en
2010. Les entreprises artisanales rassemblent une proportion stable
(autour de 27 %) des PME privées et publiques, leur nombre n’a pas
cessé d’augmenter au cours de cette la période (tableau 2). Les
entreprises artisanales étaient au nombre de 64 677 entreprises en 2001,
représentant ainsi 28% du total des entreprises algériennes, ce qui les
situe à la deuxième place après les autres entreprises privées93.
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93 Changement du système de collecte des données sur le secteur de l’artisanat


Consécutivement à la création du MIPMEPI (Remaniement gouvernemental du 28 mai
2010), le système de collecte des données relatif à la catégorie des artisans a changé: les
données sur l’enregistrement des artisans sont désormais collectées auprès de la
CASNOS et non plus de la source habituelle constituée par le réseau des Chambres de
l’Artisanat et des Métiers (CAM).

117
Tableau 2 : Les entreprises algériennes, répartition par statut
Années Entreprises privées (hors Entreprises Entreprises Total
artisanat) artisanales publiques

2001 179 893 (73,32)% 64 677 (28, 02%) 778 245 348

2002 189 552 (72, 38%) 71 523 (27, 31%) 778 261 853
2003 207 949 (72, 05%) 79 850 (27, 68 %) 788 288 587
2004 225 449 (72, 04%) 86 732 (27, 71%) 778 312 959
2005 245 842 (71, 71%) 96 072 (28,05%) 874 342 788
2006 269 806 (71, 62%) 106 222(28, 19 %) 739 376 767
2007 293 946 (71, 52%) 116 347 (28, 31%) 666 410 959

2008 392 013 (75, 45%) 126 887 (24, 42%) 626 519 526

2009 408 155 (71, 50%) 162 085 (28, 39%) 598 570 838

2010 606 737 Non disponible 560 607 297


Source: Direction des systèmes d’information et des statistiques, Ministère de
l’industrie, de la PME et de la promotion de l’investissement.

Graphique°1: Evolution du nombre d’entreprises en Algérie


entre 2001 et 2009.
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500000
nombre de PME

375000

250000

125000

privées publiques Artisanales

Source : Auteurs selon les données des bulletins d’informations du ministère de la


PME et de l’artisanat.

118
Tableau°3: Evolution du nombre de PME en 2011-2012
Nature des PME 2011 2012 Evolution
En nombre En %
1. PME privées
Personnes morales 391 761 420 117 28 356 7,24
Personnes 120 095 130 394 10 299 8,58
physiques
Activités artisanales 146 881 160 764 13 883 9,45

S/total 1 658 737 711 275 52 538 7,98


2. PME publiques
Personnes morales 572 557 1.1.-15 -2.62
S/Total 2 572 557 -15 -2.62
Total 659 309 711 832 52 523 7.97
Source : Ministère du développement industriel et de la promotion de l’investissement,
Bulletin d’information statistique n°22/2013.

Le tableau 3 illustre l’évolution positive des PME privées entre 2011


et 2012 en général, et celle négative des PME publiques (-2,26%). Il
montre aussi l’augmentation importante des activités artisanales de près
10 %, entre ces deux années.

3.2. Contribution de l’artisanat à l’emploi


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La contribution des entreprises privées et de l’artisanat à la création
d’emplois est croissante (tableau 4). Elle est passée de 225 449 postes
dans les entreprises privées en 2004 à 606 737 en 2009, soit une
augmentation d’environ 100% en 10 ans. C’est le cas aussi des emplois
créés par les entreprises artisanales qui ont évolué de 102,8 % durant la
même période.

119
Tableau°4 : Evolution des créations d’emplois entre 2004 et 2010 selon
le type d’entreprise
Année Privées Publiques Artisanales Total
2004 225449 778 86732 312959
2005 245842 874 96072 342788
2006 269806 739 106222 376767

2007 293946 666 116347 410959


2008 392013 625 126887 519526

2009 408155 598 162085 570838

2010 606737 560 - 607297


Source : Direction des systèmes d’information et des statistiques ; ministère de
l’industrie, de la PME et de la promotion de l’investissement.

Graphique 2 : Evolution de l’emploi dans les PME


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Source : Auteurs, à partir du tableau n°3.

3.3. Les dispositifs de financement de l’Etat et l’aide à la création


des petites entreprises artisanales

Le secteur de l’artisanat, comme les autres secteurs, a bénéficié des


différents avantages accordés par les organismes publics d’aide implantés
dans les différentes régions du pays. Les aides ont été intensifiées ces
dernières années notamment pendant les années 2011 et 2012, période
pendant laquelle l’Etat s’est engagé à exonérer les bénéficiaires des
intérêts imposés par les banques afin de délivrer les crédits triangulaires
dans le cadre de ces dispositifs (tableaux 5 et 6).

120
Tableau 5 : Projets financés par l’ANSEJ par secteur d’activité.
Secteurs 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Total
général

Agriculture 10.668 814 1.467 2.222 3.686 6.705 8.225 33.787


et Pêche

Artisanat 13.380 1.881 3.455 3.264 3.559 5.438 4.900 35.877


BTPH 4.013 933 2.078 2.794 3.672 4.375 4.347 22.212
Industrie et 6.333 1.247 1.685 1.542 2.118 3.301 3.333 19.559
Maintenance

Services 51.986 5.759 12.163 12.819 29.797 45.993 22.234 180.751


Total 86.380 10.634 20.848 22.641 42.832 65.812 43.039 292.186
général
Source : Agence nationale de soutien et d’emploi des jeunes. www.ansej.dz

Tableau 6 : L’évolution croissante des projets financés par les différents


organismes.
Nature du Nombre de Nombre d’emplois Montant d’investissement
dispositif projets financés créés (en DZD)

Années 2011 2012 2011 2012 2011


ANSEJ 3.582 30977 9737 96638 9.982.419.153
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CNAC 403 2511 1258 6822
ANJEM 66 86158 2181 - 2.006.562.531.64
Source : Auteurs à partir du bulletin d’information du ministère du développement
industriel et de la promotion de l’investissement, N°23, novembre 2013.

Les dispositifs étatiques, par le financement bancaire, ont largement


contribué à la création de nouvelles entreprises et à la création d’emplois.
Cette nouvelle orientation publique explique l’évolution du nombre des
projets financés dans différents secteurs où l’artisanat se positionne en
deuxième place après l’agriculture et la pêche, dont le nombre des projets
financés a doublé entre 2011 et 2012.

3.4. L’artisanat dans l’investissement et la production

En 2009, les autorités algériennes avaient pour ambition de porter la


contribution du secteur de l’artisanat au Produit intérieur brut (PIB) de
106 milliards de Dinars algériens (DZD) (soit environ un milliard
d’euros) à 592 milliards de DZD (soit environ 5,7 milliards d’euros) en

121
2025. Par le montant des investissements et l’importance de la
production, le secteur de l’artisanat contribue considérablement dans la
formation du PIB, qui n’a pas cessé de s’améliorer d’une année à l’autre
pour la période en question. Dans le tableau suivant, une progression
continue des investissements est remarquable.

Tableau 7 : L’investissement et la production du secteur de l’artisanat et


des métiers entre 2005 et 2008
Années 2005 2006 2007 2008
Investissement (1000 DZD) 2.704.765 2.991.503 3.067.101 4.140.633
Taux d’évolution (%) - 10,60% 2,50% 35%
Production (milliards DZD) 53,9 63,6 65,5 74
Taux d’évolution (%) - 18 % 3% 13%
Source : Ecotechnics, Etude sur la production et l’emploi dans le secteur de l’artisanat
et des métiers, ministère de la PMEA, Alger, 2010, pp 24-36.

Le secteur de l’artisanat a connu un développement important en


termes d’investissements réalisés. Le volume de l’investissement global a
dépassé le seuil d’un milliard de DZD (soit environ 9,6 millions d’euros)
durant la période mentionnée. Cette augmentation du volume de
l’investissement a été accompagnée par une augmentation du volume de
la production, d’environ 20 millions de DZD (soit environ 192 000
euros) durant la même période.

3.5. L’artisanat dans les exportations (hors hydrocarbures)

Le secteur de l’artisanat constitue une composante importante des


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exportations algériennes hors hydrocarbures, il est une source importante
de devises internationales. Le tableau suivant montre en valeurs et en
volume les exportations de produits artisanaux algériens.

Tableau 8 : Exportations du secteur de l’artisanat entre 2003 et 2007


Années 2003 2004 2005 2006 2007
En volume 0,034 0,069 0,616 2,997 4,091
(Millions Tonnes)
En valeur 0,025 0,022 0,0636 0,487 1,077
(Millions ‘d’euros)
Source : Cheibane A., 2009, Le rôle des PME dans le développement économique :
le cas des industries artisanales et des métiers en Algérie, Thèse de magistère, Alger,
2009, p 141.

Depuis 2005, les exportations en volume ont été multipliées par huit.
En valeur les exportations ont augmenté de 187,5%. Ce taux a connu
une croissance durant l’année 2006 de 386.5% par rapport à 2005, ce qui
a été accompagné aussi d’une hausse des volumes du revenu en devises

122
de 665,2%, par rapport à 2005. Durant l’année 2007, le volume des
exportations a augmenté de 36,5% causant ainsi une augmentation de
121,2% du volume des revenus, par rapport à 2006. Cette augmentation
de la valeur des exportations montre l’importance des mesures de
soutien qui ont été mises en place (avantages fiscaux, accompagnement
technique et financier, commercialisation...etc.).
De ce qui précède, il ressort que l’artisanat constitue un secteur
économique important par sa capacité à créer des emplois, générateurs
de revenus, de devises, stimulateur des exportations hors hydrocarbures,
permettant de contribuer activement au développement économique.

CONCLUSION

Les politiques publiques en Algérie ont pour objectif de soutenir


l’artisanat et ceux qui l’exercent. En effet, depuis l’empire ottoman,
l’organisation étatique des marchés et des corporations de métiers a
amené au développement de l’artisanat, tout en construisant un cadre
légal contribuant à la modernité et à la diversification de l’artisanat
algérien. Pendant la colonisation française, l’artisanat en Algérie a
régressé notamment sous la pression de l’importation des produits
européens, en dépit de mesures visant à le soutenir à l’image des mesures
mises en place au même moment en métropole.
Pour redresser ce secteur, le nombre de mesures de politique publique
a été multiplié depuis l’Indépendance, sans qu’il y ait un succès tangible
en raison du rattachement administratif du secteur de l’artisanat à des
ministères ne représentant pas une plateforme solide pour son
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développement. Ce n’est qu’en 2001 que le secteur de l’artisanat a fait
l’objet d’un regain d’intérêt comme secteur stratégique, suite à son
rattachement au ministère de la PME. Cela a conduit au lancement de
plusieurs projets en faveur de l’activité artisanale, à savoir des
programmes pour le renforcement de la formation et l’apprentissage,
l’accès à de nouvelles formules de financement, et une nouvelle
organisation structurelle du secteur avec la création des organismes tels
que la CNAM, l’ANART et les services extérieurs. Ces dispositifs,
imposés par l’ouverture de l’économie algérienne, s’inscrivent dans le
cadre de l’orientation étatique qui vise au renforcement du secteur privé,
en particulier les unités de production de tailles réduites.
La volonté politique de développer ce secteur a mené les autorités
publiques à faire appel à l’expérience étrangère. Dans ce cadre, plusieurs
accords de partenariat ont été conclus avec plusieurs pays (en premier
lieu l’Allemagne, mais aussi l’Espagne, le Brésil, le Portugal dont il n’a
pas été fait mention dans cet article). Ainsi, des projets Nucleus et SPL
ont été développés à travers les différentes chambres d’artisanat dans
l’ensemble du pays.

123
La situation actuelle des artisans et de l’artisanat reflète cependant les
faiblesses des politiques publiques mises en œuvre jusque-là. Malgré leur
diversité, ces politiques doivent encore être largement améliorées en
matière d’accompagnement, de suivi et d’évaluation des entreprises
artisanales.

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