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Bonus

Le document présente une analyse de la poésie scripturaire camerounaise, mettant en avant l'empathie et la diversité des voix poétiques. Il explore les œuvres de quatre poètes, François Sengat-Kuo, Samuel-Martin Eno Belinga, Patrice Kayo et Antoine Logmo Assoumou, en soulignant leur engagement envers les réalités sociales et historiques du Cameroun. La poésie est décrite comme un moyen de remanier l'existence et de refléter les luttes et les aspirations du peuple camerounais.

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Le document présente une analyse de la poésie scripturaire camerounaise, mettant en avant l'empathie et la diversité des voix poétiques. Il explore les œuvres de quatre poètes, François Sengat-Kuo, Samuel-Martin Eno Belinga, Patrice Kayo et Antoine Logmo Assoumou, en soulignant leur engagement envers les réalités sociales et historiques du Cameroun. La poésie est décrite comme un moyen de remanier l'existence et de refléter les luttes et les aspirations du peuple camerounais.

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Pour Claude d’Almeida mon frère
Pour ma sœur cadette Ambavi d’Almeida
Pour mes petits-fils :
Thierry
Fernando
Marc-Aurèle
Héléna-Akouavi

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Note antéposée
(dépêche retardée)

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A rebours d’études prétendument savantes dont se bourre et se gausse
la critique littéraire universitaire, les articles ici colligés, tentent
d’échapper au contrôle des protocoles, des paradigmes, des déterminismes
absolus. Un peu en dissonance avec les méthodologies privilégiées des
amphithéâtres, des TD (Travaux dirigés), les essais littéraires que voici
déportent leur attention du côté de la sym-pathie.
Portées à un juste degré d’empathie, les gloses mises ici en regard et en
miroir, proviennent de constellations fictionnelles articulées autour de la
poésie scripturaire camerounaise.
Les poètes ainsi hélés s’expriment exclusivement en français. Leurs
créations lyriques bifurquent dans une réalité d’entrecroisements, dans
une langue de décomposition des objets fournis aussi bien par l’historique
que par l’ordinaire.
En déplaçant les objets à sa guise, la poésie fidélise un angle à partir
duquel elle fait tourner en boucle l’unité et la multitude. L’air de rien, elle
incarne la vie de tous les instants, enclenche le syndrome du Beau en
faussant compagnie à la logique d’explication. Ici, tout est vie et
mouvance. Métonymie de choses prises et comprises à l’envers des
considérations obtuses parce que admises. Clivages syntaxiques inhérents
à la poésie, lorsque, dans la spiritualisation des mots, la poésie tord le cou
au vécu en laissant parler les poèmes depuis leurs dérives polysémiques,
leurs déplacements herméneutiques !
Les œuvres ici analysées saturent ce qui est. Elles ont leur point
d’ancrage dans la réalité en acte. Chaque objet est une réalité en
insurrection, en ébullition.
La poésie remanie l’existence. Cette existence, en sa complexion,
rythme consciemment ce qui découle des rébus du réel. Observer et
décomposer ce qui est, n’est-ce pas refuser de s’engluer dans la misère
initiale des choses et des êtres ?

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Propédeutique à la poésie scripturaire camerounaise exerce toutes
les allures d’un travail buissonnier qui laisse libre cours à des paroles
d’inflexions poétiques, à des visions ténues que n’ont point ridées les
années. Le temps claudicant !
Douala, Cité de Bonamoussadi
(La Roseraie du Goyavier)
Tabaski, 26 Octobre 2012

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François SENGAT-KUO
Samuel ENO BELINGA
Patrice KAYO
Antoine LOGMO ASSOUMOU

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Lire, c’est se déporter dans la subjectivité d’autrui
pour tenter de retrouver, de dé-voiler les lieux
complexes des choses et des destinées.

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Note infra-paginale

On ne saurait réduire la création poétique d’un pays comme le


Cameroun à la production de quatre poètes uniquement. Car du fait de sa
vitalité littéraire, de la variété des thèmes qui la parcourent, cette poésie
accordée aux pulsations de la terre natale dont elle tire sa mystique, se
module en vérité sur plusieurs registres. Il ne saurait en être autrement
pour une littérature de création qui se veut le relevé des angoisses et des
sollicitations primordiales sécrétées par les multiples intrigues de
l’existence. Par les discordances sociales et idéologiques qui ponctuent
notre vie en remettant parfois en cause son sens plénier.
Plusieurs moments créatifs marquent ainsi cette poésie laquelle peut
être circonscrite autour de deux époques charnières : celle d’une vision
accusatrice de la problématique coloniale et celle générée par les
excroissances du pouvoir politique iss u de l’Indépendance juridique. Les
aperceptions qui prennent forme dans chaque époque permettent de saisir
l’histoire du pays en ses aspérités, dans son refus de toute abdication.
De ce fait, chaque époque égrène ses tourments, la pesanteur de ses
illusions, des orages du temps présent, des promesses mal tenues. Tout
aussi bien chaque poète module sa voix sur les exactions que refoule l’âme
collective quand la morale politique fait défaut. Aussi, devient-il pertinent
de suivre le cheminement des créateurs du pays considéré pour voir de
quelle manière, ils perçoivent leur propre destin ainsi que celui de leur
peuple. Du coup, moult poètes se bousculent sur la plateforme de nos
investigations. Difficile devient alors le choix de ces poètes qui entonnent
le vieux chant de la révolte sur fond de récriminations.
S’alliant à la passion tonitruante de leur peuple, l’intimisme de ces
poètes éclate et tour à tour, leurs voix s’infléchissent pour magnifier la
terre natale dans toutes ses composantes. Mais dans l’enchevêtrement,
dans le taillis de tant de voix plurielles, obsédantes comme un air de
balafon, lesquelles voix s’efforcent de condenser toute la vérité des leurs,

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dans la phrase travestie en vers, des voix matures s’élèvent pour triompher
de l’adversité du réel, pour s’éprouver dans la quête de soi, dans la
dialectique de soi et de l’autre en soi. De ces voix qui savent couper court
à la sensiblerie, celles de François Sengat-Kuo, Samuel-Martin Eno
Belinga, Patrice Kayo et Antoine Logmo Assoumou se détachent de
l’ensemble pour exprimer de manière saisissante, l’irréductibilité du pays
de naissance et partant, du continent africain par eux mythologisé.
Les quatre poètes ainsi considérés n’appartiennent pas à la même
classe d’âge. Ils ne sont liés que par le verbe poétique dans sa permanence
et sa discontinuité. Dans l’histoire événementielle. Là commence leur
véritable duplicité lyrique !
Issus d’un même pays, ils interprètent les métamorphoses de leur terre
en fonction de la fêlure imposée par l’Histoire dont ils transcrivent selon
l’humeur et le talent de chacun d’eux, les souffrances, les émotions vives,
les désirs latents ou manifestes, pour tout dire, l’imagerie redondante de la
liberté : la liberté d’être libre !
Le présent travail entend s’approcher de ces poètes de l’altitude
humaine pour tenter de résoudre en leur compagnonnage, l’antithèse du
lyrisme et de l’objectivation du moi, d’un moi parcellaire, altéré, divisé.
La mise en page des réalités circonscrites postule le lieu où l’être
camerounais s’observe. Elle induit également la persistance des fantasmes,
des hantises qui nivellent l’espace africain zébré par tant de contradictions
savamment entretenues aux fins d’une dépossession de soi, d’une
abdication de soi-même. Mais cette poésie ne s’enlise point dans la
récrimination, ne s’arrête guère dans l’inventaire des fantasmagories
populaires. Elle sait aussi glisser dans l’amour, dans l’humanitarisme qui
l’héberge en dernière instance !
En nous orientant vers l’étude thématique des œuvres ici prises en
considération, nous voudrions être proche des foyers créatifs de ces poètes
avec l’espoir de pouvoir participer à leurs inquiétudes, à leurs espoirs
tenaces, autrement dit, à la manière dont ils singularisent leurs valeurs
culturelles.
En glissant rapidement sur l’étude stylistique de leurs œuvres, il nous
sera peut-être possible de mieux comprendre au bout du compte, la
problématique de leur démarche respective !

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François SENGAT-KUO
(1931-1997)

Dans les années cinquante (du siècle dernier), il signait ses textes de
l’étrange pseudonyme de Francesco NDITSOUNA. Ses deux premiers
recueils Fleurs de latérite (poésie, Editions Regain, Monte-Carlo, 1954) et
Heures rouges (poésie, Bulletin de l’Association des étudiants camerounais
en France, Paris, 1954) ont donc paru sous ce nom d’emprunt.
L’Indépendance juridique conquise, il retrouve son vrai pagne – son nom –
et réédite en un seul volume aux Editions Clé de Yaoundé en 1971, ces deux
livres sous le nom de François Sengat-Kuo. Mais avant cette date, il avait
publié en 1970 chez Présence Africaine, un troisième florilège intitulé :
Collier de cauris avec une excellente postface de Thomas Mélonè. Depuis
lors, accaparé par des tâches politiques concrètes, Sengat-Kuo n’avait plus
rien publié dans le domaine poétique.

François Sengat-Kuo (alias Francesco Nditsouna)


Photo Fernando d’Almeida (1984)

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Le retentissement des premières œuvres de Sengat-Kuo dans les années
cinquante était dû à la modernité de son écriture, de son langage qui
procédait des tics de la négritude. D’un autre côté, ces poèmes
s’imposaient par leur nature révoltée et savaient faire retour sur les
vexations de l’ordre colonial. Par le pouvoir des mots, le poète retrouvait
« l’ardeur des combats » et s’inscrivait ainsi par rapport à l’histoire
tumultueuse de son pays et de son continent.
Dès l’abord, le « climat » dans lequel baigne cette œuvre est un climat
de rupture, de dénonciation et d’exploration passionnée du noumène
ancestral. Le colonialisme se trouvait alors battu en brèche par le poète
qui en rejetait les lourdes ambiguïtés dans un souffle puissant, virulent.
Cette poésie semblait donc issir d’une volonté de remettre en selle
l’Afrique bafouée, agressée et qui refuse d’être résignée au silence. Aussi,
le poète entonne-t-il le chant cacophonique de sa terre humiliée, fixe
l’attention du lecteur sur la morale balourde du colonisateur qu’il entend
culpabiliser de manière inexpugnable. Il ne veut guère supporter l’affront
car ce serait se déposséder de son outrecuidance d’être. Lisons :
Femme maintenant laisse-moi
De mon cou retire tes longs bras de laines
Le guerrier de jadis sans bouger
Longtemps ne saurait supporter l’affront
Maintenant femme laisse-moi
Dans mes veines le sang des ancêtres
Au grand galop des tam-tams se réveille
J’ai retrouvé l’ardeur des combats
(Heures rouges)
Le poète rejette l’autoritarisme, la négation que l’histoire coloniale
impose à son pays. Dans le développement de sa phrase poétique, il
s’efforce de banaliser les assauts répétés du système colonial tels qu’ils
ont pu s’abattre sur sa terre. Comme Hugo, le poète François Sengat-Kuo
cède à la romantique vision du poète-berger qui ramène à soi les malheurs
des siens et conséquemment se fait l’avocat de son peuple.
L’ambiance dans laquelle baignent ces premiers poèmes est une
ambiance de réhabilitation et de réaffirmation du passé nègre qui a subi
une sorte de mutilation, d’entorse psychologique. Ainsi, en renversant les
évidences de l’ordre colonial, en mettant en épingle le passé de servitude
de sa race, en ressassant les souffrances des siens, Sengat-Kuo besogne à
l’humanisation de l’homme. Il refait le chemin de la source première pour
mieux se donner à lui-même et mieux braver les inquisitions d’où qu’elles

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viennent. Mais cette poésie est toute aussi orientée vers les contradictions
nées des indépendances politiques africaines qui ne cessent de
s’accumuler au fil des années. Quelques figures de proue de cette
renaissance africaine sont prises en compte offrant ainsi au poète
l’occasion de les juger en fonction de ce qu’ils ont fait ou de ce qu’ils font
pour l’émergence de leur continent.

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Samuel-Martin ENO BELINGA
(1935-2004)

De par sa formation universitaire, Eno Belinga est un homme de


sciences minéralogiques, un géologue de réputation certaine. Mais
parallèlement à sa passion pour les Sciences de la Terre, Samuel-Martin
Eno Belinga est un connaisseur éclairé de la « littérature orale » de son
terroir « bulu » dont il est profondément attaché. De ce lieu matriciel naît
le poète.
A ce jour, Eno Belinga a publié la matière de cinq recueils de poèmes :
Masques nègres (Préface de Max-F. Dippold, Editions Clé 1972,
Yaoundé), Ballades et chansons camerounaises , Clé 1974, La prophétie
de Joal accompagnée de Equinoxes (Préface de Max-F. Dippold, Clé
1975 et enfin Ballades et chansons africaines (Préface de Fernando
d’Almeida, Ed. Gnome-Afrique, 1982, Bruxelles.)
La poésie d’Eno Belinga entretient dans son foyer plusieurs motifs. Elle
est essentiellement, fondamentalement initiatique et ne s’offre que par
paliers successifs comme le savoir ésotérique du reste.
Tout part du chaos primordial, de l’ascension des choses et des êtres
dont rêve le poète amoureux du vertige que procurent les sommets ! A la
recherche de l’unité profonde du Cosmos, Eno Belinga établit entre le
sujet poétisant et l’objet de sa quête, de secrètes correspondances. Mais il
sait qu’on ne peut guère atteindre le sommet de la montagne sans avoir
séjourné dans la vallée. D’où cette descente vers les choses ordinaires qui
se défilent devant nous et pour lesquelles nous accordons peu
d’importance. On voit donc le poète faire corps avec son peuple dont il se
veut l’éclaireur car il a conscience qu’il est un privilégié et de ce fait, il
doit prendre faits et causes pour les siens.
Loin d’être régionaliste, cette poésie s’ouvre également aux
sollicitations angoissées de l’Afrique dont elle s’évertue d’en dégager les
mythes récurrents. L’amour n’est pas en reste dans cette création qui lui
réserve une part belle !

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Patrice KAYO (né en 1942)

Sur le plan strictement poétiqu e, Patrice Kayo a publié jusqu’à ce jour


quatre recueils de poèmes : Hymnes et sagesse, Ed. Oswald, Honfleur,
1970, Paroles intimes, Oswald, 1972, Déchirements, Paris, Ed. Silex,
1983, En attendant l’aurore, Ed. Clé, 1988.
L’attitude heuristique de ce poète nous renseigne sur son projet initial
qui consiste à recueillir les proverbes et les contes de son terroir pour s’en
inspirer. Il est donc aisé de suivre sa tendance, sa gravitation. Poète aux
accents modérés qui témoigne pour son peuple, Patrice Kayo adopte une
démarche souveraine et s’attarde très souvent à nous décrire les vallées
verdoyantes de sa terre natale. Il parle de la fugacité du temps, compose
avec le paysan qui travaille la terre en chantonnant :
Je suis le roseau des glabres
Etendues
risée de tous les vents
Prolétaire on m’appelle
Mais je suis fils entier (Paroles intimes)
Telle quelle, la foi enracinée chez ce poète est d’obédience paysanne.
Poésie d’allure majestueuse, un peu ovidienne, telle s’offre la création de
ce poète dont le lyrisme s’écarte des crues, de l’inondation. Tout est
murmure dans cette poésie même quand elle évoque les malheurs du
peuple, le désespoir des siens. En aucune occasion, le poète ne hausse la
voix mais sa pensée n’est pas moins subversive.
D’autres motifs littéraires se recoupent dans cette création laquelle
mesure le clivage qui existe, qui se creuse d’une part entre l’écrivain et
son peuple et de l’autre, entre l’écrivain et le pouvoir politique.
La tentation de l’exil comme fuite en avant est envisagée, susurrée mais
le poète se ressaisit très vite et cède le pas à l’engagement qui doit
s’accomplir de l’intérieur. Par le biais du langage poétique, Patrice Kayo

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tente de briser les barrières raciales argumentant ainsi pour un « monde
tout à l’homme / libéré de l’œuf national ». On saisit l’importance de cette
inclination à l’universel.
Dans cette poésie, l’amour engendre la solitude et l’angoisse et ouvre
au poète les écluses du rêve actif dont a besoin le créateur dans sa relation
avec les choses et les êtres qui donnent plénitude à la vie de tous les
instants.

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