Thèse Don D'organes Et de Tissus
Thèse Don D'organes Et de Tissus
THESE
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JURY
Dr GILET Catherine
Thèse n°2976
REMERCIEMENTS
Cette thèse n’aurait pu être ce qu’elle est aujourd’hui sans les encouragements, la générosité et le
soutien de bon nombre de personnes.
Dans un premier temps, je souhaite remercier tout particulièrement mon directeur de thèse, le
Docteur Nicolas GUILLAUME, pour sa confiance, son soutien dans l’élaboration de ce travail. Je tiens
aussi à lui transmettre toute ma reconnaissance pour le temps qu’il a consacré aux relectures de ma
thèse et pour les conseils prodigués. C’est avec un grand plaisir que j’ai travaillé à ses côtés.
Il m’est important de remercier madame Isabelle SIX, pour l’attention apportée à ma thèse, et pour
avoir accepté avec enthousiasme de présider le jury.
Aussi, mes remerciements vont au Docteur Martial OUENDO pour avoir accepté de participer à mon
jury de thèse. Je lui suis également reconnaissante pour m’avoir ouvert les portes du service de
coordination des prélèvements du CHU d’Amiens lors de mon stage hospitalo-universitaire. Lui et
son équipe m’ont accueilli très chaleureusement et m’ont fait vivre de très près leur travail si
passionnant. Cette expérience m’a permis de prendre conscience de l’engagement sans faille des
médecins et infirmiers dans la recherche de donneurs.
J’adresse un grand merci à madame Catherine GILET pour son fidèle soutien durant ces six années
d’études. Ses conseils et ses encouragements lors des nombreux stages ont été essentiels à ma
réussite. Je la remercie de me faire l’honneur de participer à mon jury de thèse.
Je tiens à remercier tous les pharmaciens qui ont accepté de répondre à l’enquête qui a été
indispensable à l’élaboration de ma thèse. Leur collaboration a été essentielle.
Merci à la « Fondation Greffe de Vie » pour sa disponibilité et son écoute. Leurs conseils et leurs
connaissances m’ont grandement aidé dans la rédaction de mon mémoire.
Ce travail n’aurait surement pas pu aboutir sans le soutien affectif de ma famille, mes amis. Je tiens
plus particulièrement à remercier mes parents qui n’ont cessé de croire en moi, et de me pousser
vers la réussite.
2
Je souhaite dédier cette thèse à mon grand-père, qui en sauvant une vie, m’a fait prendre
conscience de l’importance du don d’organes et de tissus et m’a permis d’aborder le sujet avec mes
proches.
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SOMMAIRE
Introduction 8
Anonymat 9
Gratuité 10
Consentement présumé 10
Interdiction de la publicité 11
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V. Médecins chargés de réaliser les prélèvements 25
VI. Equipe de coordination de prélèvement d’organes et de tissus 25
VII. Sécurité sanitaire 27
1. Rapport Bénéfice/Risque 27
2. Biovigilance 29
VIII. Liste d’attente et attribution des greffons 30
1. Cristal 30
2. Attribution des greffons 31
a. Greffes Multi-Organes 32
IX. Communication entre famille du donneur et receveur 32
I. Le Rein 34
II. Le Foie 36
III. Le Pancréas 38
IV. L’Intestin 40
V. Le Cœur 40
1. Cœur Carmat 42
VI. Le Poumon 43
VII. Les Tissus 46
1. La Cornée 46
2. La Membrane Amniotique 47
3. La Peau 47
4. Les Valves Cardiaques 48
5. Les Vaisseaux Sanguins 48
6. Le Tissu Osseux 49
7. Le Cartilage 50
8. Les Tendons et Ligaments 50
I. But de l’étude 51
II. Matériel et Méthodes 51
5
III. Résultats 53
IV. Discussion 56
Conclusion 62
Bibliographie 63
6
7
INTRODUCTION
Tous les ans, des patients, dont l’état de santé devient critique, ne voient leurs chances de guérison
que dans la greffe d’organes ou de tissus. Ces patients sont inscrits sur liste d’attente dans l’espoir
de recevoir ce greffon qui leur permettra, peut-être, de reprendre une vie presque normale. Le
nombre de ces malades augmente de plus en plus chaque année, mais, malheureusement, le
nombre de donneurs lui ne croit pas aussi rapidement. En 2013, au niveau national, le taux de
prélèvement était de 25,5 prélèvements par million d’habitants [1]. Au 1er janvier 2014, selon le
rapport médical et scientifique 2013 du prélèvement et de la greffe rédigé par l’Agence de la
Biomédecine, 12713 personnes étaient inscrites sur les listes d’attente d’organes. Le
développement des prélèvements chez les patients en arrêt circulatoire et la progression du
nombre de donneurs vivants ne sont pas suffisants pour permettre à tous les patients en attente de
greffe de pouvoir y bénéficier. Les autorités ont mis en place le Plan Greffe 2012-2016 [2], ayant
pour objectif, entre-autres, l’augmentation rapide du nombre de donneurs. Diverses pistes sont
étudiées, comme le développement du don du vivant et des donneurs dits « à critères élargis », la
baisse du taux d’opposition au prélèvement, et la formation des professionnels. C’est pourquoi, il
nous a paru intéressant de connaître l’avis des pharmaciens sur ce sujet de santé publique par la
réalisation d’une enquête auprès des pharmaciens d’officine de Picardie. Connaître leur ressenti sur
leur rôle dans la promotion du don d’organes et de tissus et faire un état des lieux de leurs
connaissances sur le sujet.
Dans un premier temps, nous allons nous pencher sur la législation française du don d’organes et de
tissus. Celle-ci est en évolution permanente, et est un des points clés de la loi santé actuellement à
l’étude.
Puis, un à un, les différents organes et tissus pouvant faire l’objet d’un don seront étudiés. Leurs
indications et l’évolution du nombre de greffes seront détaillées.
Enfin, nous analyserons l’enquête réalisée auprès des officinaux. Nous ferons un point sur leurs
connaissances sur le sujet, sur leur rôle à jouer dans la promotion du don et sur leurs expériences
personnelles et professionnelles.
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LEGISLATION DU DON D’ORGANES ET DE TISSUS EN FRANCE
Le Code Civil défini dans l’article 16 que « la loi assure la primauté de la personne, interdit toute
atteinte à la dignité de celle-ci et garantit le respect de l’être humain dès le commencement de sa
vie ». Par respect du corps humain, il en découle le respect des éléments et produits du corps
humains, dont font partie les organes et tissus. Le Code de la Santé Publique fixe les grands
principes du don d’organes, que sont l’anonymat, la gratuité et le consentement du donneur.
En France et dans le monde, le don d’organes est très encadré. Une législation très précise existe
pour éviter toute dérive de cette pratique. Dans notre pays, c’est le Code Civil et le Code de la Santé
Publique qui règlementent le don.
Anonymat
Un des principaux piliers du don d’organes est l’anonymat. Il s’applique à la fois au donneur et au
receveur, sauf dans le cas d’un don de son vivant. Ce principe interdit donc à toute personne
susceptible d’avoir des informations sur un donneur ou un receveur de les divulguer (Article 16-8,
Code Civil). En effet, le receveur ne pourra en aucun cas connaitre l’identité du donneur, et
inversement. Un cas, autre que le donneur vivant, déroge à cette règle. Il s’agit de la « nécessité
thérapeutique ». Si l’état de santé du donneur ou du receveur impose la rupture de cet anonymat,
seuls les médecins du donneur et du receveur pourront avoir accès à des informations médicales
permettant de les identifier (Article 16-8, Code Civil).
Cet anonymat permet de faciliter le deuil pour les proches du donneur, mais aussi l’acceptation du
greffon par le receveur.
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Gratuité
La loi française inscrit le principe de « non patrimonialité du corps humain » (Article 16-5, Code
Civil). Ainsi, le corps ou tout élément de celui-ci ne peut faire l’objet d’un échange contre de l’argent
ou toute autre marchandise (Article 16-6, Code Civil et Article L1211-4, Code de la Santé Publique).
Des sanctions sont prévues contre tout viol de ce principe fondamental du don d’organes et de
tissus.
Toute contribution financière dans le but d’obtenir un organe d’une personne pourra donner lieu à
une amende de 100 000 euros et à sept années d’emprisonnement (Article 511-2, Code Pénal), que
cet organe provienne du territoire national ou de l’étranger. Il en est de même s’il y a toute forme
de chantage pour l’obtention d’un organe. Ces sanctions sont aussi applicables dans les situations
où les organes sont obtenus à partir d’une personne vivante, chez laquelle le consentement n’a pas
été obtenu dans les conditions règlementaires.
Si l’objet du don est un tissu, alors, les sanctions seront de 75 000 euros d’amende et de cinq
années d’emprisonnement (Article 511-4, Code Pénal).
Consentement présumé
La loi de bioéthique de 1994, révisée en 2004, stipule que « toute personne est considérée comme
consentante au don d’éléments de son corps en vue de greffe si elle n’a pas manifesté d’opposition
de son vivant ». Pour qu’un prélèvement puisse être réalisé, les médecins devront rechercher si le
patient a exprimé, de son vivant, une éventuelle opposition au don (Article L1211-2, Code de la
Santé Publique).
Jusqu’à présent, en France, lors du décès d’un patient, les médecins doivent systématiquement
s’adresser aux proches du défunt pour rechercher une éventuelle opposition au don que le patient
leur aurait exprimé de son vivant. Le 11 avril 2015, dans le cadre de la loi santé, et dans le but de
réduire les refus des familles, les députés ont voté une modification de cette notion de
« consentement présumé » [3]. En effet, cette loi envisage que si le patient n’a pas exprimé son
refus de prélèvement par l’intermédiaire du Registre National Automatisé des Refus, alors le patient
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sera considéré comme consentant pour être donneur, et ses organes et tissus pourront être
prélevés. Toutefois, ce texte spécifie bien que le Registre National de Refus, ne sera que le moyen
« principal » pour l’expression de son refus, parmi d’autres. Les proches ne seront plus consultés
pour connaître toute volonté qu’aurait exprimée le patient de son vivant. Ils ne seront qu’informés
des organes et tissus qui seront prélevés. Ce dialogue avec les proches sera obligatoire et sera
harmonisé par des règles de bonnes pratiques.
Interdiction de la publicité
Nous pouvons ajouter à ces trois piliers du don d’organes et de tissus, le principe interdisant toute
forme de publicité pouvant avoir pour but de vanter le don d’organes et de tissus au profit d’une
structure médicale déterminée ou d’une personne définie (Article L1211-3, Code de la Santé
Publique). C’est aussi pourquoi, en 1994, un rapport du Sénat s’est prononcé pour l’autorisation des
témoignages de personnes greffées dans les établissements scolaires et associations pour
promouvoir le don, mais pour une interdiction des témoignages de personnes en attente de greffe,
qui pourraient encourager le don au profit d’une personne précise.
Toutefois, le Code de la Santé Publique, encourage la promotion du don d’organes et de tissus par
les associations et organismes officiels, pour sensibiliser la population sur le sujet (Article L1211-3,
Code de la Santé Publique).
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I. Don d’organes à partir d’un donneur décédé
La loi Caillavet du 22 décembre 1976, souhaite accroître le nombre des greffons, alors que la
demande est de plus en plus importante. Elle définit une présomption de consentement permettant
tout prélèvement chez un individu après son décès (Article 2, Loi Caillavet). La loi de bioéthique de
1994 va dans le même sens.
1. Obtention du consentement
Lors du décès d’une personne, ce principe de consentement présumé est appliqué, sauf dans deux
situations bien précises. La première est le cas où le patient a fait connaître, de son vivant, son refus
de tout prélèvement après sa mort. Les proches peuvent aussi témoigner de leur refus de réaliser
des prélèvements chez le patient, dans ce cas aussi, aucun prélèvement ne pourra avoir lieu (Article
L1232-1, Code de la Santé Publique). La loi santé prévoit de ne plus consulter les proches dans le
but de rechercher les volontés du patient.
Si une personne ne souhaite pas faire don de ses organes après sa mort, elle peut faire connaître
son refus par tout moyen, comme le précise la loi du 6 août 2004 (Article L1232-1, Code de la Santé
Publique). Un registre, régi par l’Agence de la Biomédecine, permet à tout individu d’exprimer son
refus de tout prélèvement. L’Agence de la Biomédecine est une agence d’Etat ayant pour missions
d’intervenir dans de grands domaines que sont le don d’organes et de tissus, la génétique, la
procréation et l’embryologie. Elle fut créée lors de la révision de la loi de bioéthique, le 6 août 2004,
pour remplacer l’ancien Etablissement Français des Greffes.
Ce registre est systématiquement consulté, par les médecins, avant de proposer à la famille d’un
défunt, le don d’organes. Toute personne peut s’y inscrire dès l’âge de treize ans (Article R1232-6,
Code de la Santé Publique). L’inscription est gratuite et révocable à tout instant (Article R1232-9,
Code de la Santé Publique). On peut préciser si l’on refuse le prélèvement en vue d’un don, mais
aussi l’utilisation du corps à des fins scientifiques, la recherche éventuelle de la cause du décès ou
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plusieurs de ces situations. Toutefois ce registre ne peut s’opposer à toute expertise susceptible
d’avoir lieu dans le cadre d’une expertise judiciaire.
L’inscription nécessite l’envoi d’une demande par courrier à l’Agence de la Biomédecine. Elle doit
être datée, signée et accompagnée d’une photocopie d’une pièce justifiant l’identité du demandeur
(Article R1232-7, Code de la Santé Publique). S’il le souhaite, une attestation pourra lui être envoyée
une fois l’inscription enregistrée (Article R1232-8, Code de la Santé Publique).
Lors du décès d’un patient, la consultation de ce registre nécessite l’envoi d’une demande du
directeur de l’établissement dans lequel le prélèvement est envisagé ou toute autre personne
désignée par celui-ci avec une copie du procès-verbal du constat de mort (Article R1232-11, Code de
la Santé Publique). La réponse sera transmise par un responsable de l’Agence de la Biomédecine
dans le respect de la confidentialité des informations sur le patient (Article R1232-12, Code de la
Santé Publique).
Si aucun refus n’a été exprimé par le patient de son vivant sur le registre, le médecin doit consulter
les proches du défunt afin de connaître, de recueillir une possible opposition que le patient aurait
exprimé, à ses proches, de son vivant. En effet, le Code de la Santé Publique stipule que « Si le
médecin n’a pas directement connaissance de la volonté du défunt, il doit s’efforcer de recueillir
auprès des proches, l’opposition au don d’organes éventuellement exprimée de son vivant par le
défunt, par tout moyen » (Article L1232-1, Code de la Santé Publique).
Il est important de souligner la notion de « proches » et non, de « famille ». Il est possible que le
défunt n’ait ni parent, ni conjoint, c’est pourquoi cette notion a été introduite. Il est donc possible
de recueillir le consentement auprès d’amis ou d’un concubin.
A ce moment, le médecin doit informer les proches des prélèvements envisagés, de leurs finalités et
recueillir les éventuelles volontés qui auraient pu être envisagées par le défunt avant sa mort.
Un problème persiste. Pour des raisons techniques et médicales, les médecins doivent rapidement
interroger les proches. L’avis des proches est sollicité dans les minutes ou les heures suivant le
décès du patient. La colère et le déni de la mort peuvent l’emporter sur la réelle réflexion de la
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famille et aboutir sur un refus prématuré du prélèvement. Exprimer clairement sa volonté de son
vivant, permet de faciliter le choix et l’acceptation du décès pour les proches.
La présence d’une carte de donneur peut aider et orienter le choix des proches. Ces cartes peuvent
être obtenues auprès de différentes associations dédiées au don d’organes ou auprès de l’Agence
de la Biomédecine. Les professionnels de santé, médecins et pharmaciens peuvent aussi en
dispenser, mais peu en disposent. Elles sont gratuites.
La présence de cette carte peut aider les proches dans leur choix, les aider à dialoguer. Attention, la
présence d’une carte de donneur ne prime pas sur l’avis des proches qui peuvent tout de même s’y
opposer.
Si la personne décédée est mineure, le consentement doit être recueilli auprès des titulaires de
l’autorité parentale, si la personne est sous tutelle, c’est alors le tuteur qui donnera son avis. Dans
les deux cas, les consentements devront être obtenus par écrit. Dans le cadre d’un prélèvement
chez une personne mineure, si l’un des deux titulaires de l’autorité parentale ne peut être contacté,
il suffira du consentement du second pour autoriser le prélèvement (Article L1232-2, Code de la
Santé Publique).
Le don d’organes ne peut pas être envisagé dans toutes les situations. Toute personne décédée ne
peut devenir donneur. Un patient décédé ne peut faire don que lorsque celui-ci est en état de mort
encéphalique. Il s’agit d’un arrêt irréversible de toutes les fonctions cérébrales. C’est le cas, lors de
certains décès après un traumatisme crânien ou un accident vasculaire cérébral. En 2013, 57,9% des
décès étaient d’origine vasculaire (proportion en hausse) et 21,6% d’entre eux étaient d’origine
traumatique [1].
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Cet état est défini par trois critères cliniques qui doivent être constatés simultanément (Article
R1232-1, Code de la Santé Publique) :
En plus de ces critères, il est important de vérifier que cette situation de mort cérébrale est
irréversible et que les altérations du système nerveux sont irrémédiables. Pour ce, deux
électroencéphalogrammes (EEG) de 30 minutes doivent être réalisés avec un intervalle minimal de
quatre heures [5] par deux équipes médicales différentes sur deux appareils distincts, et doivent
rapporter des résultats négatifs (Article R1232-2, Code de la Santé Publique). Cette démarche a
pour but d’éliminer un éventuel mauvais diagnostic qui pourrait être dû à un matériel défaillant ou
une mauvaise manipulation de l’appareil de la part des médecins. L’EEG a pour avantage de pouvoir
être réalisé sur place, mais une hypothermie du patient ou la présence de sédatifs ou toxiques dans
le sang peuvent exclure cet examen. Si cette procédure n’est pas réalisable, alors, devra être faite,
une angiographie cérébrale [5], afin de vérifier l’absence de circulation sanguine dans l’encéphale
(Article R1232-2, Code de la Santé Publique). Pouvant être réalisée dans le cadre d’une intoxication
médicamenteuse, elle nécessite, tout de même, le déplacement du patient et l’utilisation d’un
produit de contraste.
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Aujourd’hui, les médecins privilégient l’angiographie cérébrale car cette technique présente une
grande sensibilité.
L’absence d’un critère suffit pour ne pas établir le constat de mort encéphalique.
Toutefois, une ventilation mécanique et la circulation sanguine doivent être maintenues pour que
les organes restent irrigués (Article R1232-4-1, Code de la Santé Publique). Aussi, pour assurer une
bonne conservation des organes, le corps doit être maintenu à bonne température.
Une seule signature de médecin suffit à établir le procès-verbal constat de mort, lorsque le
prélèvement d’organe n’est pas envisagé. Si le patient est candidat au Prélèvement Multi-Organes
(PMO), alors ce constat devra être paraphé par deux médecins. Toutefois, les médecins chargés
d’établir le constat de mort et ceux en charge de réaliser le prélèvement ou la greffe doivent être de
services bien distincts (Article L1232-4, Code de la Santé Publique). Cette règle vise à garantir
l’indépendance du médecin dans le diagnostic de mort encéphalique.
Cet état de mort encéphalique pose un problème sur la définition de la mort du point de vue du
médecin et du point de vue du public. En effet, cet état est synonyme de mort pour le médecin,
alors que si la respiration persiste de façon artificielle, les novices ne comprennent pas toujours que
le patient est à ce moment dans un état irréversible de mort. Ce problème pose des soucis lorsque
le sujet du don est abordé avec les proches qui sont alors, souvent, dans le déni.
Après une baisse des prélèvements chez des patients en état de mort encéphalique entre 2008 et
2010, on observe depuis 2012, une augmentation des donneurs. Parmi les 3336 patients en état de
mort encéphalique en 2013, 1627 ont donné au moins un de leurs organes en vue d’un don, soit
48,8% [1].
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3. Dons d’organes à cœur arrêté
C’est ainsi, qu’en France, le décret du 2 Août 2005 autorise le prélèvement d’organes en vue d’un
don. Il est devenu effectif en Octobre 2006 pour le rein et en janvier 2010 pour le foie [6].
Aujourd’hui, le don de poumons est aussi possible dans certaines conditions.
Cette classification, composée de 4 classes, permet de distinguer les patients selon les modalités de
diagnostic du décès.
La loi française n’a longtemps autorisé le prélèvement chez ces patients, que dans les situations 1, 2
et 4. En effet, la catégorie 4, ne pose pas de problème puisque le patient a été préalablement
diagnostiqué en état de mort encéphalique. La catégorie 3 a, quant à elle, posé des problèmes,
notamment d’éthique, ce qui l’a exclue du don pendant plusieurs années.
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En Octobre dernier, l’Agence de la Biomédecine a publié le protocole permettant le prélèvement
chez les patients décédés après arrêt circulatoire, appartenant à la classe 3 de Maastricht.
Cet arrêt cardiaque peut avoir différentes causes comme les pathologies cardiaques, les accidents
vasculaires cérébraux, les anoxies ou les traumatismes.
Un arrêt cardiaque est considéré comme irréversible, dès lors qu’une RCP a été pratiquée pendant
au minimum 30 minutes et qu’elle n’a pas conduit à un retour d’une circulation spontanée [6]. Deux
circonstances sont exclues de cette définition. Il s’agit de l’arrêt cardiaque en hypothermie. En effet,
ont été observés des cas de survie avec absence de séquelle malgré une RCP de longue durée. La
seconde situation exclue, est l’arrêt cardiaque par intoxication, notamment après ingestion de
médicaments cardiotropes [6].
Pour le diagnostic de l’arrêt cardiaque irréversible, la connaissance de l’heure précise de l’arrêt est
primordiale. Elle est indispensable pour pouvoir déterminer avec précision le temps d’ischémie
chaude. Il a été défini que la durée entre l’arrêt cardiaque et le début de la RCP doit être de
maximum 30 minutes. Ce délai est toutefois allongé à 150 minutes s’il on a recours à une machine à
masser [6]. Une fois les 30 minutes de RCP terminées sans obtention d’un résultat, un délai de 5
minutes est nécessaire avant de pouvoir déclarer le décès du patient. Durant cette période doit être
réalisé un tracé isoélectrique cardiaque prouvant l’absence de toute activité électrique du
myocarde [6].
Pour la sélection des donneurs potentiels, d’autres critères peuvent exclure des patients comme un
âge supérieur à 55 ans, la présence d’une protéinurie ou des antécédents d’hypertension artérielle,
de diabète [6]. En 2013, l’âge moyen des donneurs était de 43 ans.
18
c. Prélèvement chez des patients décédés par arrêt cardiaque après limitation et arrêt des
thérapeutiques (classe III de Maastricht)
La loi Léonetti du 22 avril 2005, autorise, en accord avec la volonté du patient et de ses proches,
l’arrêt des traitements lorsque le patient est en fin de vie (Article 1, Loi n°2005-370 du 22 avril
2005). Par conséquent, cette loi autorise les prélèvements chez des patients en arrêt cardiaque,
chez qui les traitements ont été suspendus [8] [9].
Les établissements réalisant des prélèvements chez des patients à cœur arrêté, ont l’obligation de
signer une convention avec l’Agence de la Biomédecine. Cette convention fait foi d’autorisation. Les
établissements habilités doivent posséder les équipements et locaux adaptés (machines de
perfusion des reins, machine à masser, matériel nécessaire à une circulation extracorporelle (CEC))
et une équipe de coordination des prélèvements [8].
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Dans le cadre du prélèvement chez un patient à cœur arrêté, une fois le constat de mort signé, les
organes doivent être préservés en attendant le prélèvement.
Après prélèvement, le corps doit être restauré par les médecins, de façon à ce qu’il soit rendu aux
proches du défunt dans l’état le plus proche de l’état d’origine (Article L1232-5, Code de la Santé
Publique).
Il est possible, dans certaines conditions, en France, de faire don d’un organe ou tissu de son vivant.
Cette pratique est encadrée, car les dérives peuvent être très nombreuses. La loi Caillavet de 1976,
autorisait le prélèvement chez un sujet majeur, uniquement dans un but thérapeutique, et donc de
don chez un être humain. Le prélèvement dans un but scientifique était prohibé.
Un prélèvement peut être envisagé uniquement dans le cas où l’état de santé d’un receveur
nommé le justifie. Le médecin doit auparavant analyser les risques encourus par le donneur, et l’en
informer. Il devra aussi justifier la nécessité d’un tel don chez le receveur de par son état de santé.
Le receveur doit donc être clairement identifié.
Tout individu ne peut pas être donneur. Initialement, ce don n’était possible que pour les parents
du receveur. Il existe, depuis la révision de la loi de bioéthique en 2004, une dérogation autorisant
les frères et sœurs, enfants, grands-parents, oncles et tantes, cousins germains et cousines
germaines, mais aussi le conjoint du père ou de la mère du receveur à faire un don. Une vie
commune de deux ans minimum peut aussi autoriser une personne à être donneur (Article L1231-1,
Code de la Santé Publique).
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La loi a ensuite été révisée le 7 juillet 2011. Depuis cette date, un simple « lien affectif et stable » de
plus de 2 ans, entre donneur et receveur, autorise le don du vivant (Article L1231-1, Code de la
Santé Publique) [10].
Cependant, toute personne mineure ou toute personne majeure faisant l’objet d’une condamnation
ou soumis à une protection légale, ne peut faire don d’un organe de son vivant (Article L1231-2,
Code de la Santé Publique).
2. Don croisé
En France, depuis 2011, la loi de bioéthique autorise le « don croisé ». Ce don peut être proposé
lorsqu’il existe une incompatibilité dans un couple donneur-receveur [10] [11]. Dans ce cas, le don
sera proposé entre deux couples de « donneur-receveur », et permettra un don entre le donneur du
couple 1 et le receveur du couple 2, puis entre le donneur du couple 2 et le receveur du couple 1.
L’anonymat est maintenu dans cette procédure. Cette situation reste tout de même exceptionnelle.
3. Obtention du consentement
Le recueil du consentement chez un donneur vivant demande une démarche très rigoureuse. Il faut
un consentement libre et éclairé. Le donneur doit, avant toute démarche, être informé des risques
prévisibles (physiques et psychologiques) lié à cet acte, et des risques imprévisibles pouvant avoir
des conséquences sur sa vie personnelle et professionnelle.
Pour ce, il doit s’adresser au président du tribunal de Grande Instance compétent dans la région où
il réside, ou autre responsable désigné par celui-ci. Si le demandeur est au chevet du receveur, il
saisira le président du tribunal de Grande Instance dont l’établissement hospitalier hébergeant le
receveur dépend (Article L1231-1, Code de la Santé Publique). Ce magistrat devra s’assurer que le
consentement de l’éventuel donneur n’est influencé par personne et éclairé, mais aussi du lien de
parenté entre les deux individus. Cette demande devra être écrite, signée de la part du magistrat et
du donneur. Le représentant de l’Etat donnera, alors, son accord ou non.
En cas d’urgence vitale attestée par le médecin de l’établissement où le prélèvement est envisagé,
stipulant que le donneur est mis au courant des potentiels risques et possibles conséquences d’un
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tel don, le donneur devra communiquer son consentement par écrit au procureur de la République
(Article L1231-1, Code de la Santé Publique).
Une demande de prélèvement doit être adressée à un comité d’experts, accompagnée de la copie
du document attestant que son consentement a été recueilli. Cette demande n’est pas obligatoire
lorsque le donneur a la qualité de mère ou de père (Article L1231-1, Code de la Santé Publique). Ce
comité, désigné par le ministère de la santé pour une durée de trois ans, est composé de deux
formations. Chacune de ces formations comprend cinq membres, dont une personne habilitée dans
les affaires scientifiques et sociales, trois médecins et un psychologue. Ce comité aura à sa charge
de s’assurer que le donneur n’a été influencé par personne dans sa prise de décision, de l’absence
d’argent mis en jeu dans cette démarche, mais aussi du rapport bénéfice/risque favorable de cette
intervention. Ce comité peut avoir accès à des informations médicales sur le donneur et le receveur
s’il le souhaite, pour s’assurer du bienfondé de ce prélèvement (Article 1231-3, Code de la Santé
Publique).
En cas d’urgence, ce comité devra communiquer son avis définitif par tout moyen.
Cette procédure dure le plus souvent entre huit et dix mois (sauf cas d’urgence vitale).
L’Agence de la Biomédecine sera informée, dans tous les cas, de tout prélèvement envisagé sur une
personne vivante avant qu’il n’ait lieu (Article L1231-1, Code de la Santé Publique).
Le prélèvement d’un organe chez un individu majeur sans que le consentement ait été obtenu ou
lorsque celui-ci n’a pas été recueilli dans les conditions définies par la loi, est sanctionné de sept ans
de prison ferme et de 100 000 euros d’amende (Article 511-3, Code Pénal). Dans le cadre d’un
prélèvement d’un tissu, dans les mêmes conditions, la peine encourue est de cinq années
d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende (Article 511-5, Code Pénal).
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III. Frais de transport
Que le donneur soit vivant ou décédé, les frais nécessaires au transport vers l’établissement où a
lieu le prélèvement sont pris en charge (Article R1211-2, Code de la Santé Publique). Ces frais sont
pris en charge par l’établissement de santé qui va réaliser le prélèvement à hauteur d’un montant
basé sur le tarif du moyen de transport le moins cher, tout en restant adapté à l’état de santé du
donneur. Si ce moyen de transport engage un trajet de plus de trois heures, alors, le tarif du
transport aérien sera pris en charge. Pour un trajet de moins de trois heures, le transport aérien
pourra être remboursé au donneur vivant, si celui-ci présente une prescription médicale justifiant la
nécessité d’un tel moyen de déplacement (Article R1211-3, Code de la Santé Publique).
Les frais d’hébergement d’un donneur vivant hors hospitalisation sont pris en charge (Article R1211-
2, Code de la Santé Publique). Ces mesures s’appliquent à l’accompagnateur du donneur si sa
présence est justifiée de part, la minorité du donneur, sa mise sous tutelle ou son état de santé
(Article R1211-7, Code de la Santé Publique).
L’hospitalisation et la convalescence d’un donneur vivant peut occasionner, chez celui-ci, une perte
de rémunération conséquente. Celle-ci sera prise en charge par l’établissement de santé chargé de
pratiquer le prélèvement, sur présentation d’un justificatif.
Dans le cadre d’un don par un donneur vivant, les frais de déplacements nécessaires au dépôt du
consentement, les examens devant avoir lieu avant et après le prélèvement, les traitements
prescrits, les examens de biologie médicale, sont également pris en charge (Article R1211-6, Code
de la Santé Publique).
Lorsque le prélèvement est réalisé sur un donneur décédé, d’autres frais sont engagés.
L’établissement réalisant le prélèvement prend en charge le transport du corps pour que soit réalisé
le constat de mort encéphalique et les prélèvements en vue d’un don. De plus, il devra prendre à sa
charge les frais de restauration du corps après le prélèvement (Article R1211-10, Code de la Santé
Publique).
23
IV. Répartition des établissements autorisés à réaliser des
prélèvements et/ou transplantations d’organes et de tissus
Seuls les établissements de santé autorisés par les autorités compétentes, après avis de l’Agence de
la Biomédecine, ont le droit de réaliser des prélèvements d’organes en vue d’un don (Article L1233-
1, Code de la Santé Publique). Toutefois, depuis de nombreuses années, les autorités publiques ont
la volonté de promouvoir au maximum le don d’organes. C’est pourquoi, aucune répartition
géographique particulière n’est maintenant nécessaire pour les établissements réalisant des
prélèvements. Pour les activités de transplantation, les établissements, sont, quant à eux, soumis à
une planification sanitaire. Toutefois, la loi de bioéthique de 2004 stipule que tous les
établissements hospitaliers, autorisés ou non, à réaliser le prélèvement, doivent s’intégrer au
réseau de prélèvement pour promouvoir le don d’organes (Article L1233-1, Code de la Santé
Publique).
Lorsque les prélèvements sont envisagés chez une personne vivante, seuls les établissements
habilités à réaliser prélèvement et transplantation peuvent obtenir l’autorisation d’effectuer le
prélèvement. Ceci, dans le but de garantir une sécurité maximale du greffon, et un délai minimal
entre le prélèvement et la greffe.
24
Au 1er janvier 2013, 185 établissements français étaient autorisés à réaliser des prélèvements sur
des patients en état de mort encéphalique.
Le plus souvent, les praticiens réalisant les prélèvements sont ceux en charge de la transplantation
des organes chez le receveur. En effet, dans la majorité des cas, le médecin réalisant la greffe se
déplace pour effectuer le prélèvement. Dans le cadre du don de rein, il arrive que le prélèvement
soit confié à un médecin de l’établissement où se situe le donneur. En aucun cas, le médecin
réalisant le prélèvement ne perçoit une rémunération à l’acte (Article L1233-2, Code de la Santé
Publique). Le préleveur doit s’assurer de restaurer au mieux le corps du donneur, pour le restituer à
la famille. Cette démarche a une importance à la fois d’un point de vue éthique, mais aussi parfois
religieux. Elle marque aussi le respect des défunts et des proches, afin de les aider dans leur deuil.
Ainsi, des infirmiers sont chargés, à la fois des démarches administratives mais aussi de l’approche
sociale et psychologique avec la famille. Ils forment l’équipe de coordination de prélèvement
d’organes et de tissus. C’est la circulaire ministérielle 144, de mars 1986 [12], qui décide la mise en
place de ces équipes au sein des établissements de santé pratiquant le prélèvement. Elles
deviennent les interlocuteurs privilégiés de l’Agence de la Biomédecine et assurent la
communication entre les services médicaux et sociaux tout au long du protocole de prélèvement et
de transplantation des organes et tissus. Au sein de cette équipe, un médecin sera nommé
coordinateur hospitalier.
Lorsqu’un patient est en état de mort encéphalique ou en arrêt cardiaque, le médecin réanimateur
contacte l’équipe de coordination de l’établissement. Les coordinateurs s’entretiennent avec le
25
réanimateur pour connaitre les antécédents du patient, les circonstances de son décès. A ce
moment, le constat de mort encéphalique doit être établi par les médecins désignés.
Une fois le constat signé, les organes du potentiel donneur doivent être maintenus dans des
conditions permettant leur conservation en vue d’un possible don. Des analyses biologiques,
sérologiques, bactériologiques, de typage HLA sont réalisées dans l’hypothèse que le prélèvement
soit autorisé.
Le médecin coordinateur, de son côté, interroge le Registre National Automatisé des Refus, afin de
vérifier que le patient ne se soit pas opposé de son vivant, au don. Si le registre ne stipule aucun
refus, le coordinateur, accompagné du médecin réanimateur, reçoit les proches du défunt, dans un
climat de confiance et de respect. L’équipe médicale tentera de s’enquérir « auprès des proches
l’opposition au don d’organes éventuellement exprimée de son vivant par le défunt » (Article
L1232-1, Code de la Santé Publique). Elle aura aussi un rôle de soutien envers la famille, d’écoute.
Elle essayera de répondre aux éventuelles questions au sujet du prélèvement.
Si l’accord est obtenu, une « course contre-la-montre » est lancée. Le coordinateur valide le dossier
Cristal prévu par l’Agence de la Biomédecine, où il aura préalablement enregistré les données
cliniques, paracliniques et biologiques du patient. Il devra également vérifier l’absence de toute
contre-indication au don. Les données permettront au Service de répartition des greffons de
proposer les organes à l’échelon local, interrégional, national ou international.
De leur côté, les coordinateurs de l’établissement où se trouve le receveur, sont informés le plus
rapidement possible de l’arrivée de potentiels greffons. Des analyses de compatibilité sont réalisées
avant la transplantation [12].
Dans le cadre du don par un patient à cœur arrêté, l’organisation du prélèvement par les équipes de
coordination est la même que chez les patients en état de mort encéphalique.
26
VII. Sécurité sanitaire
1. Rapport Bénéfice/Risque
Lors d’un don d’organe, le risque pour le receveur d’être contaminé par une maladie transmissible
du donneur, n’est pas négligeable. Les lois de 1994 et 2004 soulignent la nécessité du dépistage des
maladies transmissibles avant tout prélèvement en vue d’un don. Il existe donc des règles de
bonnes pratiques applicables à toutes les étapes du don. Ces règles sont basées sur le principe de la
balance bénéfice/risque. Ainsi, « Les éléments et produits du corps humain ne peuvent être utilisés
à des fins thérapeutiques si le risque mesurable en l’état des connaissances scientifiques et
médicales couru par le receveur est supérieur à l’avantage escompté par celui-ci » (Article L1211-6,
Code de la Santé Publique). Des examens sont imposés avant d’envisager un don, que le donneur
soit vivant ou décédé. Le risque sera évalué au cas par cas.
Chez les patients greffés, un traitement immunosuppresseur leur sera imposé pour limiter au
maximum tout risque de rejet. Le risque de ce traitement est une réactivation des virus dont le
patient est porteur et la réapparition d’infections très sévères qui seraient restées en latence chez
un patient immunocompétent.
Pour le médecin, la sélection des donneurs est donc une étape indispensable et qui doit être
réalisée avec beaucoup de rigueur. Il devra s’informer des antécédents personnels et familiaux du
donneur, consulter son dossier médical. La recherche de toute contre-indication au don,
notamment en termes de maladies transmissibles est obligatoire. Si le prélèvement est envisagé
chez un donneur vivant, un entretien permettra de mesurer ces risques (Article R1211-13, Code de
la Santé Publique).
27
Traitement par une hormone hypophysaire extractive (hormone de croissance
notamment)
Encéphalopathie Spongiforme (ESS) familiale
Cancer évolutif
Des analyses de biologie permettent de déceler tout risque infectieux. Les sérologies effectuées
sont les suivantes [13] :
Antigène P24
Anticorps anti-VIH1 et VIH2
Anticorps anti-HTLV
Anticorps anti-HCV
Antigène HBs
Anticorps anti-HBc
Anticorps anti-HBs
Syphilis
Anticorps anti-CMV
Anticorps anti-EBV
Anticorps anti-Toxoplasmose
Sont aussi recherchés divers génomes viraux : ARN du VIH et Virus de l’Hépatite C (VHC), ADN du
Virus de l’Hépatite B(VHB). Le bilan infectieux est complété par des Examens Cytobactériologiques
des Urines (ECBU) et fongiques, des hémocultures bactériologiques et fongiques et un prélèvement
bronchique [13].
Dans le cadre du don de tissus, la recherche du Cytomégalovirus (CMV), du Virus Epstein-Barr (EBV)
et de la toxoplasmose n’est pas obligatoire.
Toute découverte de risque infectieux interdit le don. Dans certains cas d’urgence vitale, comme le
don de cœur, foie ou poumon, un risque de transmission du VHB, du VHC ou de la syphilis n’interdit
pas le don. Un risque de transmission du cytomégalovirus, du virus Epstein-Barr, ou de la
toxoplasmose ne proscrit pas toujours le prélèvement lorsque le rapport bénéfice/risque est positif.
Depuis le 23 décembre 2010 (Arrêté du 23 décembre 2010 relatif aux protocoles prévus à l'article R.
1211-21 du Code de la Santé Publique pour la mise en œuvre de la dérogation permettant
28
l'utilisation d'organes ou de cellules de donneurs porteurs de marqueurs du virus de l'hépatite B et
du virus de l'hépatite C) [14], il existe une autorisation de prélèvement de rein, foie, cœur et
poumon en vue d’une greffe, chez des patients ayant été en contact avec le VHB ou VHC. Les
receveurs doivent être mis au courant des risques encourus [15]. Ces donneurs sont appelés
« donneurs à critères élargis » [16]. Tout comme les donneurs âgés, les donneurs décédés après un
arrêt cardiaque ou les donneurs souffrant de diabète ou d’hypertension artérielle, ces patients
pourraient présenter des organes dont la qualité n’est pas optimale pour le receveur [17]. C’est au
médecin de juger et de choisir d’autoriser ou non le prélèvement en vue d’un don. Cette décision
est souvent prise suite à une concertation entre les équipes médicales et centres de coordination de
prélèvements et de transplantation. C’est aussi le cas lorsqu’il existe une incompatibilité de groupe
sanguin ou morphologique entre le donneur et le receveur.
Pour ce qui est des greffes tissulaires, chaque tissu présente ses propres contre-indications à la
greffe.
Tous les patients transplantés sont suivi sur un plan médical tout au long de leur vie. Tout
évènement devra être signalé à l’Agence de la Biomédecine.
2. Biovigilance
La biovigilance repose sur le suivi des incidents, risques d’incidents et effets indésirables résultant
de l’utilisation d’éléments du corps humain à des fins thérapeutiques. Depuis la loi du 6 août 2004,
elle englobe aussi les médicaments et les dispositifs médicaux utilisés pour la greffe (Article L1211-
7, Code de la Santé Publique).
29
VIII. Liste d’attente et attribution des greffons
Les patients en attente de greffe sont inscrits sur demande du médecin sur la liste nationale
d’attente. En France, cette liste est gérée par l’Agence de la Biomédecine, grâce à un logiciel
informatique appelé Cristal [13].
1. Cristal
Ce logiciel permet d’assurer l’anonymat entre le donneur et le receveur, mais aussi la répartition
des organes, une traçabilité et la sécurité sanitaire. Il s’agit d’un moyen de communication rapide et
fiable entre tous les acteurs du don d’organes.
Le volet donneur décédé : il est renseigné lors du décès du patient, par le service de
coordination des prélèvements de l’établissement hospitalier où se trouve le donneur
décédé. Un numéro « Cristal » sera attribué au donneur. Ce numéro permettra le suivi du ou
des greffon(s) tout en respectant le principe fondamental de l’anonymat lorsque le
prélèvement est réalisé chez un donneur décédé. Il enregistre toutes les données utiles à la
répartition des organes telles-que les caractéristiques biologiques, immunologiques,
morphologiques du donneur, mais aussi son absence d’opposition au don. Les organes
proposés au don y seront inscrits [13].
Le volet receveur : sera mentionnée l’inscription à la liste nationale d’attente de greffe
(organes et tissus). Ce volet permettra d’assurer le suivi du patient jusqu’à la greffe mais
aussi son suivi post-greffe [13].
Le volet donneur vivant : il permet l’inscription du donneur et son suivi médical [13].
Un lien permet une relation entre ces différentes sections. Cela facilite et accélère les démarches
lors de la répartition des greffons, par l’édition des listes d’attente, et la possibilité de consultation
des données médicales du donneur, par les équipes de greffes.
30
2. Attribution des greffons
L’attente pour l’obtention d’un organe varie d’un individu à l’autre, en fonction de l’ordre
d’inscription, mais aussi, et surtout, en fonction de la compatibilité donneur-receveur. L’Agence
veille à l’équité de chacun dans ses chances de recevoir un greffon, tout en respectant l’éthique
médicale (Article L1231-1B, Code de la Santé Publique) [18].
L’Agence de la Biomédecine se compose d’un Pôle National de Répartition des Greffons (PNRG) [19]
crée en Janvier 2010, de 4 Services de Répartition et d’Appui interrégionaux (SRA) couvrant chacun
2 Zones Interrégionales de Prélèvement et de Répartition des Greffons (ZIPR) (à l’exception de l’Ile-
de-France, du Centre, des Antilles et de la Guyane qui ne sont contrôlés que par un seul et unique
SRA) [19]. Ces services vont se charger de répartir les greffons 24 heures sur 24 sur le territoire.
Deux critères sont pris en compte pour l’attribution des organes. Il y a, dans un premier temps, la
priorité médicale [20]. Certains individus sont prioritaires sur cette liste. Il s’agit des enfants de
moins de 16 ans, des patients dont le pronostic vital est engagé à court terme, des patients dont les
caractéristiques immunologiques et morphologiques rendent les chances d’obtenir un greffon très
faibles. C’est à un comité d’experts, saisi par l’Agence de la Biomédecine, que revient la décision
d’accorder ou non cette priorité.
Dans un second temps, dans le but de réduire la durée de transport du greffon pour accroître la
chance de réussite de la greffe, les greffons seront répartis en fonction des zones géographiques
[20]. Quatre échelons de répartition ont été définis : local, interrégional, national et international.
En dehors des situations de priorité médicale citées ci-dessus, un greffon est toujours proposé en
priorité à un sujet présentant le même groupe sanguin ABO et rhésus que le donneur. Si aucun
patient, ne présente le même groupe sanguin, alors le greffon sera proposé à un individu
présentant un groupe sanguin compatible avec le donneur selon des règles d’attribution
spécifiques à chaque organe [20]. Si l’Agence de la Biomédecine, ne trouve aucun receveur
potentiel sur le territoire national, alors le greffon sera proposé à l’échelon international. La France
collabore avec différents pays européens par l’intermédiaire de plusieurs institutions, comme
Eurotransplant, ou encore Swisstransplant.
31
Lorsque le greffon est proposé à une équipe médicale, celle-ci dispose d’un délai pour accepter ou
non la greffe : 20 minutes pour le foie, le pancréas, l’intestin, le cœur et les poumons, une heure
pour le rein. L’équipe médicale devra dans tous les cas justifier les motifs d’un refus, s’il a lieu [20].
Une fois ce délai dépassé, le greffon sera proposé à l’équipe médicale du receveur suivant dans
l’ordre d’attribution des greffons.
La liste d’attente de greffe doit être actualisée le plus rapidement possible et ce dans le but de
garantir une répartition la plus efficace possible pour les greffons suivants. Un receveur ayant reçu
un organe doit être effacé de la liste dans les 24 heures, maximum, après l’attribution du greffon
[20].
a. Greffes Multi-Organes
Lorsque le patient est en attente de deux organes, la priorité de greffe varie en fonction de la
nature des organes attendus.
La répartition se fera toujours selon les règles de répartition de l’organe qui présente la durée
d’ischémie maximale la plus courte [20].
Si plusieurs patients sont inscrits sur la liste d’attente pour recevoir les mêmes organes, alors la
répartition aura lieu selon l’ancienneté de l’inscription sur la liste. La date d’inscription prise en
compte sera celle correspondant à la deuxième greffe [20].
Même si l’anonymat est un pilier fondamental du don d’organes et de tissus, il est possible pour le
receveur de communiquer avec la famille du donneur. En effet, un receveur peut faire parvenir une
lettre aux proches du donneur. Certes, ces personnes ne recevront pas directement le courrier,
mais celui-ci leur sera mis à disposition s’il le demande. Les proches pourront alors décider ou non
de prendre connaissance de cette lettre, ceci dans le but de ne pas les perturber dans leur travail de
deuil.
32
Inversement, la famille du donneur peut prendre des nouvelles du receveur. Aucune information
sur son identité ne leur sera communiquée mais ils pourront avoir connaissance de la réussite ou
non de la greffe, et de l’état de santé du receveur. Pour cela, il leur faudra s’adresser à l’équipe de
coordination de prélèvement de l’établissement où a eu lieu celui-ci. Il leur sera demandé la date de
décès, l’identité du donneur et leur lien de parenté.
Cette notion n’est que très peu connue du grand public. Peut-être, que communiquer d’avantage
sur ce point permettrait de faciliter le travail de deuil de nombreuses familles, et d’aider le receveur
dans l’acceptation du greffon.
33
ORGANES ET TISSUS PRELEVABLES
La transplantation d’organes demeure aujourd’hui la seule issue thérapeutique pour la plupart des
pathologies conduisant à une perte irréversible de la fonction d’organes vitaux tels que le rein, le
cœur, le foie ou le poumon. Chaque année, le nombre de personnes inscrites sur liste d’attente
augmente de 9% environ. L’augmentation des maladies chroniques et le vieillissement de la
population se traduisent par un accroissement des indications de transplantation.
Aujourd’hui, de plus en plus d’organes et de tissus peuvent être prélevés pour répondre aux besoins
des malades. Les données se rapportant au nombre de prélèvements et greffes réalisées, et au
nombre de patients en attente de greffon proviennent du rapport médical et scientifique 2013 de
l’Agence de la Biomédecine [1].
I. Le Rein
Historique :
La première greffe rénale à partir d’un donneur décédé a été réalisée en 1933 par Voronoy (Kiev)
[21]. Jean Hamburger (Paris) a réalisé, en 1952, la première greffe rénale à partir d’un donneur
vivant (une mère pour son fils), le patient est décédé secondairement à un rejet d’organe. La
première réussite a eu lieu en 1954, par Murray (Boston) [22] [23], par transplantation d’un rein
provenant d’un jumeau monozygote.
Indications :
La greffe rénale est envisagée lorsqu’un patient souffre d’une insuffisance rénale chronique
terminale. Ce stade est atteint lorsque la clairance à la créatinine est inférieure à 15 ml/min.
Nombre de pathologies peuvent être à l’origine d’une atteinte fonctionnelle des néphrons :
glomérulonéphrites chroniques primitives, néphropathies diabétiques, néphropathies vasculaires
parfois génétiques [24, 25], polykystose héréditaires,…
34
Règles de répartition :
Aujourd’hui, les règles de répartition des greffons rénaux, en France, tiennent compte des priorités
médicales et des déplacements géographiques auxquels seront soumis les greffons. Ainsi, lorsque
les deux reins d’un patient décédé sont prélevés, le premier rein sera attribué dans le réseau local
auquel l’établissement préleveur appartient en fonction d’un score.
Certaines situations peuvent déroger à cette règle. C’est le cas si la différence d’âge entre donneur
et receveur est très importante, avec un donneur au minimum de 20 ans plus jeune que le receveur.
Le greffon sera attribué à une autre équipe de greffe [20].
Le second rein sera proposé aux patients inscrits en priorité nationale. Il existe une priorité
nationale pour les patients dont les chances de trouver un greffon compatibles sont jugées très
faibles. Il s’agit des patients dits « hyperimmunisés », c’est-à-dire, les patients dont le pourcentage
de greffons incompatibles est au minimum de 85%, et des malades « immunisés » qui présentent au
moins une spécificité anti-HLA. L’inscription des patients dans cette catégorie n’est validée qu’après
avis favorable d’un comité d’experts désigné par l’Agence de la Biomédecine [20].
Lorsque le rein est proposé à l’échelon local, interrégional ou national, l’attribution se fait selon un
score appelé score REIN [20]. Il prend en compte l’âge du donneur et du receveur, la durée
d’inscription sur liste d’attente, la durée de la dialyse, l’indicateur de facilité d’accès à la greffe
(appelé IFAG), la compatibilité HLA entre donneur et receveur, mais aussi la distance entre les lieux
de prélèvement et de greffe. Ce dernier critère n’est pas pris en compte lorsque le premier rein est
proposé à l’échelon local. Un score REIN spécifique existe aussi pour la population pédiatrique.
Lorsqu’un donneur a moins de 18 ans, alors les deux reins seront proposés à un receveur âgé de
moins de 18 ans en suivant le principe de priorité nationale. Si le donneur est âgé de 18 à 30 ans, le
greffon sera généralement attribué à un receveur mineur à l’échelon interrégional [20]. Il est
possible pour certains patients de plus de 18 ans de demander la priorité dont bénéficient les
mineurs. C’est, notamment, le cas des patients dont la pathologie rénale entraîne un retard
staturopondéral important. Cette demande sera examinée par des experts. De plus, les adultes
toujours en attente d’un greffon et chez qui la dialyse a débuté avant leur majorité peuvent
prétendre à une extension de la période de priorité pédiatrique. Cette prolongation ne nécessite
pas l’avis d’un collège d’experts [20].
35
Activité de transplantation :
Le rein est actuellement l’organe faisant l’objet du plus de greffes en France. Au 1 er janvier 2014,
10736 patients étaient en attente d’un rein. En moyenne, la durée d’attente d’un greffon rénal était
de 28,6 mois en 2013. Malheureusement, ce chiffre est en augmentation. En parallèle, le nombre de
transplantations rénales augmente également. Cette même année, 3074 greffes de rein ont été
réalisées, dont 401 à partir d’un donneur vivant.
II. Le Foie
Historique :
La première transplantation hépatique a eu lieu en 1963 par Starzl (Denver) sur un enfant de 3 ans
qui est décédé peu après l’opération [26]. La première réussite date de 1967, toujours par Starzl
[26] avec une survie du patient de 400 jours.
Indications :
La transplantation hépatique s’adresse aux patients atteints d’une insuffisance hépatique terminale,
dont les étiologies peuvent être diverses. Parmi elles :
Cirrhose [27]
Hépatites, Hépatite fulminante
Tumeur hépatique, cancer hépatique, carcinome hépato-cellulaire
Pathologies congénitales du métabolisme chez l’enfant
Intoxication aiguë médicamenteuse
Règles de répartition :
Le foie est ce que l’on appelle un organe « multi-receveur ». Grâce à sa capacité de régénération, un
foie peut être divisé en lobes pour pouvoir être greffé chez plusieurs patients. Lors d’un don à partir
d’un donneur décédé, le foie est souvent partagé pour greffer un adulte et un enfant. Le foie
36
gauche est dans la majorité des cas destiné à un enfant car il est souvent insuffisant pour assurer un
métabolisme hépatique optimal chez un adulte [20].
Dans le cadre d’un don du vivant, certains critères sont à respecter. Outre les critères de
compatibilité applicables à chaque greffe d’organe, la compatibilité anatomique doit être prise en
compte. De même, il faut s’assurer d’un volume fonctionnel hépatique suffisant chez le donneur, de
l’absence de comorbidités et de troubles psychologiques, et de l’état du foie. En cas de don du
vivant, seul un lobe sera prélevé, le foie ayant la capacité de se régénérer rapidement. Cette
technique permet aussi de limiter le risque de rejet, car l’intervention ayant été programmée à
l’avance, la compatibilité sera meilleure. De plus, le temps d’ischémie froide sera plus court car le
foie sera greffé dans les meilleurs délais.
Dans la greffe hépatique, certaines catégories de patients sont prioritaires pour recevoir un greffon.
On parle, alors, de Super-Urgence (SU). Il s’agit des patients atteints d’une hépatite fulminante ou
d’une forme très sévère de la maladie de Wilson et des malades venant de subir une
transplantation mais dont l’état de santé rend une retransplantation indispensable dans les 8 jours
[20]. Aussi, les mineurs, dont l’état de santé et la maladie rendent la probabilité d’obtention d’un
greffon très faible, peuvent être inscrits dans cette liste. C’est à un collège d’experts désignés par
l’Agence de la Biomédecine, que revient la décision finale d’accepter, ou non, l’inscription d’un
patient dans cette liste de SU. L’inscription en SU, est limitée à 48 heures, renouvelable deux fois,
pour les adultes, mais est illimitée pour les enfants [20].
Dans certaines situations où, malgré l’inscription en SU, un patient ne trouve pas de greffon
compatible dans le temps imparti, en raison de l’absence de greffon disponible mais aussi de l’afflux
d’inscription de patients en SU, alors, le collège d’experts pourra se positionner pour l’attribution,
ou non, d’un greffon avec incompatibilité de groupe sanguin ABO au patient [20].
Dans le cas d’un donneur mineur, le greffon sera prioritairement proposé à un receveur mineur.
Lorsque le donneur est âgé entre 18 et 30 ans, le greffon est partagé. Le foie gauche devra être
proposé à un receveur de moins de 18 ans, et le foie droit pourra être proposé successivement à
des receveurs de même groupe sanguin à l’échelon interrégional [20].
En l’absence de priorité nationale, le greffon sera attribué à un patient en fonction d’un score
d’attribution. Ce score a pour objectif de greffer en priorité, les malades dont l’état de santé est
37
jugé plus sévère, et chez qui le bénéfice de la greffe hépatique est estimé comme étant plus élevé
[28].
L’indication de la greffe,
Le score MELD (Model for End Stage Liver Disease) [29] qui prend en compte la durée
d’attente du patient (exprimée en mois) et quatre autres indicateurs calculé pour chaque
indication de greffe.
La distance greffon – lieu de prélèvement a aussi son importance dans le calcul de ce score.
Cette distance est évaluée de deux façons. Dans un premier temps sera mesurée la distance
horaire, dites distance isochrone, puis la distance gravitaire, qui tiendra compte de la gravité
de l’état du malade en fonction du score MELD.
Plus le score final sera élevé, plus le patient aura de chance de se voir attribuer un greffon, car son
état de santé sera jugé plus grave.
Si un greffon hépatique ne trouve pas de receveur en respectant le score d’attribution des greffons,
à l’échelon national (au moins 5 refus), alors le greffon sera proposé dans la zone la plus proche du
lieu de prélèvement, toujours en suivent le score [20].
Activité de transplantation :
Au 1er janvier 2014, le nombre d’inscrits sur la liste d’attente était de 1265 patients. En 2 ans, le
nombre de patients en attente d’un foie a augmenté de près de 35%. 1241 greffes hépatiques ont
été pratiquées en 2013, dont 13 à partir d’un donneur vivant.
III. Le Pancréas
Historique :
La première greffe de pancréas (combinée à une greffe de rein) a été réalisée en 1966 par Lillehei et
Kelly (Minneapolis) [30]. Ce type de greffe a longtemps été considérée comme difficile, il a fallu
attendre le développement de nouvelles techniques opératoires par Dubernard et Traeger, à la fin
des années 1970, pour que les résultats s’améliorent.
38
Indications [31]:
La principale indication de greffe de pancréas est le diabète de type 1 dit insulino-dépendant. Dans
certaines situations très spécifiques, cette technique peut aussi être utilisée lors de cancer du
pancréas.
La greffe de pancréas, le plus souvent associée à une greffe rénale lorsque la maladie a
évolué et atteint le rein en entrainant une insuffisance rénale [32].
La greffe d’îlots de Langerhans lorsque la fonction rénale n’est pas atteinte. Cette technique
a été élaborée pour pallier la pénurie de greffons et limiter les risques liés à la chirurgie [33]
[34].
Règles de répartition :
En 2002, une liste de patients prioritaires pour la greffe associant pancréas et rein, a été mise en
place. Depuis, elle s’est élargie et concerne, désormais, les patients de moins de 55 ans, non ou
faiblement immunisés, avec un taux de greffons incompatibles inférieur à 25% et les patients en
attente de leur 1ère greffe pancréatique [20]. Ainsi, un greffon rénal suivra le greffon pancréatique si
le receveur présente les critères cités précédemment. Depuis septembre 2010, les règles de
répartition ont été modifiées. Dorénavant, les greffons provenant de donneurs âgés de moins de 50
ans et ayant un Indice de Masse Corporelle (IMC) inférieur à 30 sont proposés en priorité à la greffe
pancréatique plutôt qu’à la greffe d’îlots de Langerhans [20].
Activité de transplantation :
39
IV. L’Intestin
Historique :
Dans les années 1960, des greffes expérimentales d’intestin grêle ont été pratiquées, mais elles se
sont heurtées à d’importantes réactions immunitaires. L’intestin grêle a fait l’objet de greffes multi-
organes, à partir de 1985. Malheureusement, les résultats obtenus n’ont pas été plus convaincants.
La première greffe isolée réussie d’un intestin grêle a été réalisée en 1988 par Deltz (Kiel,
Allemagne) [35]. Au cours de la même période, des transplantations combinées foie-intestin ont été
pratiquées [36]. Le 17 décembre 2012, la première greffe française simultanée de foie, pancréas,
estomac, duodénum et intestin grêle a été réalisée à l’hôpital Beaujon de Paris par les Docteurs
Belghiti et Panis..
Activité de transplantation :
3 transplantations intestinales ont été pratiquées en 2013, parmi elles, 2 greffes combinées, une
foie-intestin et une foie-intestin-pancréas. 8 patients étaient toujours en attente d’un greffon au 1 er
janvier 2014.
V. Le Cœur
Historique :
La première transplantation cardiaque a eu lieu en 1967 et a été réalisée par Barnard (Afrique du
Sud) [42]. Le patient a survécu 18 jours.
40
Indications :
La transplantation cardiaque est envisagée devant une insuffisance cardiaque [43] de stade IV sur
l’échelle New York Heart Association (NYHA), pouvant avoir diverses origines :
Une Cardiomyopathie dilatée pouvant être d’origine virale, génétique, endocrinienne, mais
le plus souvent idiopathique [43].
Une Cardiopathie congénitale [43]
Un Infarctus du Myocarde
Une valvulopathie
Règles de répartition :
Ont été créées des catégories de patients dites de « Super-Urgence » (SU). Elles sont au nombre de
3 et permettent à ces patients en situation d’urgence vitale d’être prioritaire dans l’attribution des
greffons [20].
La classe SU1 concerne les patients souffrant d’une décompensation cardiaque aiguë et de stade
terminal, chez qui l’assistance cardiaque de longue durée est indiquée mais pas encore appliquée,
et dont l’état est compatible avec une greffe. Ces patients doivent être traités par des
cardiotoniques de façon continue depuis plus de 48 heures ou par Oxygénation par Membrane
Extracorporelle (ECMO). Toutefois ces patients doivent avoir une fonction rénale avec un débit de
filtration glomérulaire, estimé grâce à la formule MDRD (Modification of the Diet in Renal Disease),
au minimum de 69 ml/min/1,73 m2 [20].
La classe SU2 est offerte aux patients sous assistance cardiaque de longue durée, mais développant
une complication, comme une infection au niveau du dispositif d’assistance cardiaque, un accident
thromboembolique ou des troubles du rythme récalcitrants malgré un traitement [20].
La classe SU3 est proposée aux patients sous assistance circulatoire bi-ventriculaire pneumatique ou
cœur artificiel total implantés depuis au minimum 3 mois. De plus, ces patients ne doivent pas
présenter de complication et ne pas dépendre d’une ventilation mécanique. Leur fonction rénale
doit aussi est, au minimum, de 69 ml/min/1,73 m2 [20].
41
Une limite de temps existe pour l’inscription d’un patient en SU. Pour la catégorie SU1, la durée
maximale est de 48 heures, renouvelable une fois. Cette période peut être prolongée indéfiniment
si l’assistance circulatoire est contre-indiquée chez ce patient. En SU2, la durée d’inscription est
limitée à 8 jours renouvelables, et en SU3, à un mois renouvelable. Pas de limite pour la population
pédiatrique [20].
A savoir qu’une dérogation existe pour les groupes sanguins rares ou les malades présentant une
morphologie atypique. Pour ces personnes, un greffon de groupe sanguin différent pourra être
proposé.
Activité de transplantation :
En 2013, 410 transplantations cardiaques ont pu être réalisées. Ce chiffre est en augmentation de
3% environ en 1 an. Le nombre de patients en liste d’attente reste tout de même élevé. Au 1 er
janvier 2014, 338 malades attendaient toujours un greffon cardiaque.
1. Cœur Carmat
Depuis 2013, une révolution est née dans le domaine de la greffe cardiaque. En effet, le 18
décembre 2013, a eu lieu la première greffe de cœur artificiel et définitive [44]. Depuis plusieurs
années des greffes de cœur artificiel avaient déjà eu lieu mais celles-ci étaient toutes temporaires.
Ce cœur a été inventé et fabriqué par la société française Carmat fondée par le Professeur Alain
Carpentier et la société Matra Défense présidée à l’époque par Jean-Luc Lagardère [45]. Il a pour
objectif de permettre aux receveurs de retrouver une vie la plus normale possible. La première
greffe s’est très bien déroulée mais malheureusement le patient est décédé le 2 mars 2014 [46]. Les
chercheurs ont adapté ce cœur pour que celui-ci puisse s’adapter au rythme de vie du patient. Dans
un premier temps, ils ont augmenté l’autonomie de ce cœur. Mais, le point le plus important, est
que le cœur s’adapte au patient en augmentant ou réduisant son rythme de contraction selon les
besoins du patient tout au long de la journée. Les membranes de ce cœur, en contact avec le sang,
sont biologiques, ce qui permet de réduire de façon très importante le risque de formation de
caillots sanguins. Ce cœur présente tout de même des limites, notamment, son poids et sa taille
importante. Celui-ci pèse près de 860g, soit environ trois fois le poids d’un cœur normal. Il ne peut
donc pour l’instant être implanté que chez des patients d’une certaine corpulence. Un second
42
patient a été transplanté le 5 Août 2014 [47]. Malheureusement, celui-ci est décédé le 2 mai 2015
[48]. La société Carmat avance un défaut de moteur comme cause du décès. Le 8 avril dernier, un
troisième patient a pu bénéficier d’une telle transplantation [48].
VI. Le Poumon
Historique :
La première transplantation de poumon, pratiquée par Hardy (Jackson, Mississipi) a eu lieu en 1963
[49]. Le patient est décédé 18 jours plus tard. La première greffe cœur-poumon a été réalisée en
1968 par Cooley (Houston) [50].
Indications :
En 2013, ces indications représentaient respectivement 32%, 26% et 19% des motifs d’inscription
sur liste d’attente de greffe. On constate par ailleurs une augmentation des nouveaux inscrits pour
emphysème et BPCO [1].
La greffe monopulmonaire : un seul poumon est prélevé et greffé chez le receveur. Cette
technique a l’avantage d’être plus simple et de greffer deux patients à partir d’un seul
donneur.
La greffe bi-pulmonaire : les deux poumons du donneur sont prélevés en un bloc, puis le
poumon droit et le poumon gauche sont greffés chez le receveur. Contrairement à la greffe
monopulmonaire, la transplantation bi-pulmonaire peut nécessiter la mise en place d’une
circulation extracorporelle durant l’intervention.
43
La greffe cardiopulmonaire : elle est envisagée chez des patients souffrant d’une
hypertension artérielle pulmonaire ou d’une cardiopathie associée à une pathologie
pulmonaire.
Type de donneur : donneur décédé ou vivant. Cette technique est toutefois encore très peu
pratiquée dans le cadre d’un don du vivant.
Règles de répartition :
Les greffes cardio-pulmonaires ont pu bénéficier de la création des catégories de SU en 2006, et les
greffes pulmonaires en 2007 [51]. Les critères d’inclusion pour la greffe cardio-pulmonaire sont un
état de santé qui se dégrade rapidement et ne répondant plus aux traitements vasodilatateurs. Le
pronostic vital du patient est alors mis en jeu. De plus, le patient doit être hospitalisé en service de
soins intensifs proche d’un centre de greffe [20].
Pour ce qui est de l’inscription en SU pulmonaire, en plus d’une menace du pronostic vital, l’état des
patients doit répondre à un certain nombre de critères. Les malades doivent être sous intubation
associée ou non à une assistance de type oxygénation par membrane extracorporelle (ECMO) [52].
Dans certaines conditions, une menace d’intubation ou une assistance type ECMO seule peuvent
aussi suffire pour une inscription en SU [20].
Un patient pourra aussi prétendre à la catégorie SU - pulmonaire, s’il souffre d’une hypertension
artérielle pulmonaire sévère qui ne s’améliore pas après l’administration de doses maximales
d’inotropes pendant plus de 72 heures en service de soins intensifs, ou d’autres médicaments
préconisés dans l’hypertension artérielle pulmonaire [20].
Toutefois, une défaillance multiviscérale ou une infection systémique constituent des critères
excluant l’inscription du patient en SU - pulmonaire.
Cette inscription en SU devra être contrôlée par un comité d’experts désigné par l’Agence de la
Biomédecine. Le groupe sanguin est un critère fondamental dans la répartition des greffons.
Toutefois, une exception existe pour les receveurs en SU et présentant un groupe sanguin rare ou
44
une caractéristique morphologique atypique, comme pour la SU cardiaque. La proposition d’un
greffon n’appartenant pas au même groupe sanguin sera possible.
L’inscription d’un patient en SU, ne peut être effective que pour une durée de 8 jours, renouvelable
une fois sur demande du médecin pour les adultes. La population pédiatrique n’est, quant à elle,
pas limitée dans la durée d’inscription en SU. Les malades souffrant du syndrome d’Eisenmenger
peuvent être inscrit dans la catégorie SU cardiopulmonaire pour une durée de 1 mois renouvelable
[20].
Si plusieurs patients sont inscrits en SU, alors les greffons disponibles seront proposés aux patients
selon l’ordre d’inscription dans la catégorie SU.
La durée d’attente d’un greffon varie donc selon l’inscription ou non du receveur en SU. Cette durée
est en moyenne de 3,6 mois, dans la greffe pulmonaire si le patient n’y est pas inscrit alors que
celle-ci est de 2,7 mois en cas d’inscription en SU. Pour la greffe cardio-pulmonaire, cette durée est
de 16,3 mois et de 7,7 mois si SU.
Une exception existe pour la population pédiatrique. Un greffon provenant d’un donneur âgé de
moins de 55 ans et pesant moins de 50 kg, sera proposé en priorité aux mineurs à l’échelon local,
interrégional puis national [20]. Il en est de même lorsque le greffon est un cœur.
Il arrive que le cœur et les poumons d’un donneur ne trouvent pas de receveur à l’échelon local. Si
le cas se présente, les organes seront proposés à l’échelon interrégional puis national, avec une
priorité dans la greffe cœur-poumons.
Activité de transplantation :
Courant 2013, 20 greffes cardio-pulmonaires et 299 transplantations pulmonaires ont été réalisées.
Ces chiffres sont en baisse par rapport à 2012.
45
VII. Les Tissus
1. La Cornée
Historique :
Tissu le plus greffé en France, la cornée peut faire l’objet d’une transplantation dans plusieurs
situations :
Le prélèvement des cornées peut être réalisé chez des patients en état de mort encéphalique ou
des patients décédés « à cœur arrêté ». Une fois les cornées prélevées, celles-ci sont mises en
culture, à 31°C, dans l’une des 16 banques de tissus recevant des cornées en France. Ce mode de
conservation permet d’assurer une intégrité parfaite du greffon et l’absence de contamination du
tissu.
Pour les cornées, l’inscription sur liste d’attente est obligatoire. Elle est possible grâce au logiciel
GLAC, qui est lié au logiciel Cristal [1].
Activité de transplantation :
En 2013, 3905 greffes ont été déclarées dans le logiciel GLAC, mais les banques de tissus rapportent
le nombre de 4429 greffes. Cette différence s’expliquerait par une sous-déclaration, par les
ophtalmologues, des greffes de cornée réalisées.
46
2. La Membrane Amniotique
Ces membranes sont de plus en plus utilisées pour soigner des affections cornéennes et
conjonctivales sévères. Grâce à leurs propriétés anti-bactériennes, anti-angiogéniques et anti-
inflammatoires, elles vont former un « pansement biologique » en recouvrant les tissus
endommagés et en accélérant leur cicatrisation [57] [58].
Ce tissu est prélevé lors de césarienne, chez des patientes ayant préalablement donné leur accord
pour ce prélèvement. Les membranes sont ensuite conservées dans des banques de tissus jusqu’à la
greffe.
Activité de transplantation :
Ce tissu est à ce jour, le 3ème tissu le plus greffé en France, et le nombre de greffes ne cesse
d’augmenter. En 2013, 2595 fragments ont pu être distribués par les banques.
3. La Peau
Certaines affections cutanées nécessitent de faire appel à une greffe de peau. Il y a, notamment :
Les brûlures
Cancers cutanés: mélanomes et carcinomes
Pour ce, diverses techniques sont mises à disposition des chirurgiens, chacune avec ses avantages et
ses inconvénients :
L’allogreffe : pratique qui permet d’obtenir de grandes surfaces cutanées, d’épaisseur plus
ou moins importante, mais présentant un risque de rejet important
L’autogreffe : technique dénuée de risque de rejet, mais les surfaces de peau disponibles
sont de petites tailles
La culture de kératinocytes qui consiste à synthétiser de nouveaux tissus à partir de
fragments de peau du patient lui-même. Cette technique présente l’avantage de ne pas
entrainer de risque de rejet. Toutefois, les fragments de peau obtenus sont très fragiles car
47
seul l’épiderme est synthétisé. De plus, ce mode de fabrication est très long (3 à 5 semaines
sont nécessaires) [64].
Activité de transplantation :
En 2013, 296 152 cm2 ont été proposés pour près de 89 receveurs.
Ces membranes peuvent être greffées chez des patients présentant une insuffisance cardiaque
consécutive à une valvulopathie et chez qui un traitement médicamenteux n’est plus suffisant pour
stabiliser la maladie. 2 types de valves de remplacement existent [65] :
Mécanique
Biologique
Parmi les greffons biologiques, nous retrouvons les valves humaines. Certes de durée de vie plus
courte (5 à 13 ans), elles présentent l’avantage de ne nécessiter qu’un traitement anticoagulant de
courte durée, contrairement aux valves mécaniques, ce qui explique aussi leur utilisation plus
fréquente chez les patients âgés.
En 2013, 249 donneurs ont permis le prélèvement de valves cardiaques. Comme, les autres tissus,
elles sont conservées dans des banques de tissus réparties sur le territoire. Pour les valvules
cardiaques, elles sont au nombre de 8 [1]. 207 greffons ont été distribués cette même année,
nombre en augmentation depuis 6 ans. Le don du vivant est possible [66]. En effet, à la suite de
transplantation cardiaque, les valves peuvent être conservées si leur état le permet. En 2013, 59
prélèvements ont eu lieu chez des donneurs vivants.
48
Diverses solutions permettent de traiter et soigner ces pathologies, comme la pose de stent,
pratique la plus fréquente lors de l’obstruction d’une artère coronaire, mais aussi le pontage. Le
pontage, comme son nom le laisse deviner, consiste à greffer une artère, appelé « pont », pour
contourner la zone obstruée de l’artère touchée. Le greffon vasculaire artériel, provient de patients
en état de mort encéphalique, et peut être prélevé au niveau de la jambe, du bras ou du thorax.
Concernant les artères, 712 ont pu être prélevées en 2013, et 614 ont été distribuées.
Les veines, quant à elles, sont prélevées, principalement, lors de saphenectomie chez des donneurs
vivants. Les greffons permettront la réalisation de pontage artério-veineux chez des patients
hémodialysés et de revasculariser des membres inférieurs dans certaines situations [1].
6. Le Tissu Osseux
Le don de tissu osseux représente un enjeu majeur dans le traitement de nombreuses pathologies
telles que :
Le don de tissu osseux est possible de son vivant. Tous les os ne sont pas concernés. C’est le cas,
par exemple des patients subissant une pose de prothèse. Il leur est tout à fait possible de faire don
d’une partie de l’os qui est remplacé par une prothèse artificielle. Pour ce, l’accord du donneur
devra être recueilli avant l’opération. Par la suite, le tissu osseux subira des traitements [1], le plus
souvent chimiques, pour s’assurer de l’absence de contamination bactérienne ou virale du greffon.
A ce moment, il sera mis à disposition, dans des banques de tissus, pour tout receveur, en vue d’une
éventuelle greffe. Ces pratiques concernent, dans la majorité des cas, des têtes fémorales qui sont
prélevées lors d’opérations de prothèses de hanche [1].
Les autres tissus osseux, comme les os massifs, sont prélevés chez des donneurs en état de mort
encéphalique. Parfois, les os sont broyés et lyophilisées dans le but de réaliser des opérations de
comblement [1].
49
En 2013, près de 125 os massifs ont pu faire l’objet d’un prélèvement, et pas moins de 217 ont été
proposés à la greffe. Beaucoup de greffons ont dû être importés, principalement de Belgique, ce qui
témoigne bien de la pénurie de greffon en France.
7. Le Cartilage
Les causes de lésions du cartilage sont multiples : accidents, sport, arthrite,… Il peut s’agir d’auto-
ou d’allogreffe.
Ces tissus sont le plus souvent greffés chez des patients, à la suite de rupture de ceux-ci [68] [69].
50
ENQUETE REALISEE AUPRES DES PHARMACIENS D’OFFICINE DE PICARDIE
I. But de l’étude
Nous avons souhaité évaluer l’implication des pharmaciens d’officine sur le sujet du don d’organes
et de tissus, connaître leurs éventuelles expériences personnelles et professionnelles et évaluer leur
envie ou non, d’être d’avantage informé sur ce sujet de santé publique. En parallèle, nous avons
souhaité comparer les résultats obtenus avec ceux d’une étude réalisée en novembre 2005, auprès
des officinaux par l’Agence de la Biomédecine, suite à la campagne du 22 juin 2005 portant sur le
don d’organes et de tissus [70].
Pour concrétiser ce projet, nous avons réalisé en septembre 2013, une enquête auprès des
pharmaciens de Picardie. Un questionnaire structuré en 5 principales parties a été élaboré. Au final,
20 questions, ouvertes et fermées, leur ont été posées sur le sujet. Il s’agissait aussi bien de
questions de législation, que d’expérience professionnelle et de réflexion personnelle. Le
questionnaire est le suivant :
1.
Vous êtes : un homme/une femme
Vous êtes âgé de : moins de 25 ans/ 25-30 ans/ 30-40 ans/ 40-50 ans/ 50-60 ans/ plus
de 60 ans
Vous êtes : pharmacien titulaire/pharmacien adjoint
Avez-vous été confronté personnellement ou par votre entourage familial au don
d’organes et de tissus ? oui/ non
A titre personnel, exprimez-vous une certaine réticence au don d’organes et de
tissus ? oui/ non/ sans opinion
Si oui, pourquoi ?
51
2. Les transplantations d’organes sont réalisées majoritairement à partir de donneurs en état
de mort encéphalique.
Sauriez-vous expliquer ce concept de mort encéphalique à vos patients ? oui/ non/
difficilement
Savez-vous qu’il n’y a plus de limite d’âge maximale pour être donneur d’organes ?
Par contre, il y a des limites d’âge pour être donneur de tissus. Oui/ non
3. Le donneur potentiel peut, de son vivant, exprimer son acceptation ou sa réticence vis-à-vis
du prélèvement d’organes par différents moyens (information à ses proches, cartes de
donneur d’organes,…).
Savez-vous, que c’est auprès de l’Agence de la Biomédecine, qu’il est possible de se
procurer une carte de donneur ? oui/ non
Avez-vous des cartes de donneur, à disposition de vos patients, sur votre lieu de
travail ? oui/ non
Même en présence d’une carte de donneur, l’avis des proches sera toujours
demandé, car tout individu, est considéré comme donneur s’il n’a pas exprimé son
refus : c’est le consentement présumé. Connaissez-vous ce concept ? oui/ non
Connaissez-vous l’existence du Registre National des Refus de Prélèvement ? oui/
non
Connaissez-vous l’âge requis minimal pour s’inscrire sur ce registre ? oui/ non
4. Pour certains organes, notamment le rein, il est possible de recruter un donneur vivant dans
l’entourage proche du patient.
Saviez-vous que le don par une personne vivante est possible en France ? oui/ non
52
Au cours de votre exercice pharmaceutique, est-ce que des patients vous ont déjà
clairement formulé leur intention (positive ou négative) vis-à-vis du don d’organes ?
oui/ non
6. Le pharmacien d’officine joue un rôle majeur dans les informations de santé publique
données aux patients.
Vous considérez-vous suffisamment informé sur le don d’organes et de tissu ? oui/
non
Aimeriez-vous être d’avantage formé à ce sujet ? oui/ non
Seriez-vous prêt à participer à des campagnes d’information sur le don d’organes et
de tissus sous l’égide de l’Agence de la Biomédecine ou d’une autre association
consacrée au don d’organes et de tissus ? oui/ non/ ne se prononce pas
Ce questionnaire a été envoyé en Septembre 2013 par message électronique à l’ensemble des
pharmaciens de Picardie, par l’intermédiaire du Conseil Régional de l’Ordre des pharmaciens de
Picardie. En Octobre 2013, un second envoi à eu lieu pour obtenir un maximum de réponses.
III. Résultats
Parmi les 613 officines interrogées, 135 réponses nous ont été retournées, ce qui correspond à un
taux de participation de 22%.
Parmi celles-ci, 48% (n=65) provenaient d’hommes, et 52% (n=70) de femmes. La grande majorité
des répondants étaient des pharmaciens titulaires (92%, soit 124 pharmaciens). La tranche d’âge la
plus représentée est la tranche 50-60 ans (38%, n=51), puis celle 40-50 ans (30%, n=40).
53
Ages des pharmaciens
Moins de 25 ans 25-30 ans 30-40 ans
40-50 ans 50-60 ans Plus de 60 ans
5%7%
20%
38%
30%
En premier lieu, nous avons voulu connaître l’avis personnel des pharmaciens sur le don d’organes
et de tissus. Il était important de prendre connaissance des réticences et des idées reçues sur le
sujet.
16% des pharmaciens interrogés, ont déjà été confrontés au don d’organes au cours de leur vie
(n=22).
82% (n=110) des pharmaciens ont exprimé l’absence de réticence vis-à-vis du don d’organes et de
tissus. Pour les plus réticents, les motifs principalement recueillis sont la religion (n=1), l’anonymat
(n=1) et la perte d’intégrité du corps humain (n=4). Ce dernier point pose problème aux
pharmaciens qui se sont exprimés. Ils soulignent, en effet, un manque de respect du corps humain,
à leurs yeux (n=3).
8%10%
82%
54
Le pharmacien et la notion de consentement
Une personne peut exprimer, de son vivant, son envie ou non, de donner ses organes après sa mort.
Seulement, 38% des pharmaciens ayant répondu au questionnaire (soit 51 personnes), savent que
l’on peut s’adresser à l’Agence de la Biomédecine, pour se procurer une carte de donneur. Il est
aussi possible de demander des cartes de donneur auprès d’autres associations consacrées au don
d’organes et de tissus comme FranceAdot, ou la Fondation Greffe de Vie. De plus, 63% des
répondants (n=85), n’ont pas de cartes à disposition des patients dans leur officine.
Un patient est considéré comme donneur s’il ne s’est pas exprimé sur un refus de prélèvement de
son vivant. Ce concept de consentement présumé est connu de 78% des pharmaciens ayant
répondu à notre enquête (ce qui représente 106 d’entre-eux). Toutefois, le principal moyen
d’exprimer son refus de devenir donneur est le Registre National Automatisé de Refus, géré par
l’Agence de la Biomédecine. 59% des officinaux interrogés (soit 79 pharmaciens) ne connaissaient
pas l’existence de ce registre. Tout individu peut s’y inscrire à partir de l’âge de 13 ans. Près de 95%
des pharmaciens, soit 128 individus, ne connaissaient pas cet âge minimal nécessaire à l’inscription
sur ce registre.
Nous avons interrogés les pharmaciens sur leur capacité à expliquer « l’état de mort encéphalique »
à leurs patients. 78% d’entre-eux (n=105) sauraient expliquer cette notion si complexe. Seuls 2% des
répondants (soit 3 pharmaciens) se sentent incapables de le faire.
Chez les patients en état de mort encéphalique, il n’existe pas de limite d’âge pour devenir donneur
d’organe(s). 100 pharmaciens (74%) ignoraient cette absence de limite.
Certains organes, comme le rein, le foie ou le poumon, peuvent faire l’objet d’un don du vivant.
Près de 97% (n=131) des pharmaciens qui ont répondu à notre enquête connaissent cette notion.
55
Explication du concept de mort
encéphalique
Oui Non Difficilement
20%
2%
78%
Nous avons voulu savoir, si au cours de leur expérience professionnelle, les pharmaciens sont
confrontés à des patients les questionnant sur le don d’organes et de tissus. 56 d’entre-eux (ce qui
représente 41% des répondants) nous ont confiés avoir déjà été interrogés par des patients sur le
don. Parmi-eux, 40 (soit 71%) ont su répondre aux attentes des patients, les 16 autres (29%) n’ont
pas su ou ont répondu avec beaucoup de difficultés. 61 pharmaciens (45%) ont déjà été confrontés
à une discussion avec leur patient sur l’intention ou non d’être donneur d’organes. Toutefois, 98
pharmaciens (soit 73%) ayant répondu à notre enquête, estiment ne pas se trouver suffisamment
informés sur le sujet, et 83% des répondants (soit 112 pharmaciens) souhaiteraient être plus
formés, et 76% (soit 103 pharmaciens) seraient prêts à participer à des formations organisées par
les différents organismes et associations, sur le don.
IV. Discussion
Il existe une disproportion entre le nombre de patients inscrits sur la liste en vue de transplantation
et le nombre d’organes disponibles. Ainsi, en France, en 2011, 15063 personnes étaient en liste
d’attente d’une transplantation d’organe et 4945 malades étaient transplantés, mais environ 850
malades sont décédés faute de transplants disponibles. Le don d’organes repose, depuis la loi
Caillavet de 1976, sur le principe du consentement présumé : chacun d’entre nous est considéré
comme un donneur potentiel après sa mort à moins de s’y être opposé de son vivant en s’étant
inscrit dans le Registre national des refus, notamment. Le 11 avril 2015, dans le cadre de la loi santé,
une modification de la notion de « consentement présumé » a été votée à l’Assemblée Nationale ;
56
le patient sera alors considéré comme consentant pour être donneur s’il n’a pas exprimé de refus
de prélèvement par l’intermédiaire du Registre National Automatisé des Refus. L’enquête de
Carvais et Sasportes [71] réalisée sur le don d’organe montre que 54 % des personnes sont
d’accord pour qu’un prélèvement soit effectué sur elles-mêmes, et 5 % de personnes absolument
contre. Il restait donc 41 % de personnes soit indécises (27 %), soit « restrictives » (14 %), c’est-à-
dire acceptant le prélèvement d’organes sur elle-même sous certaines conditions ou pour certains
organes. Une des caractéristiques importantes dans la prise de décision des familles est la conduite
de l’entretien mené par la coordination hospitalière avec en particulier l’accueil de la famille, et le
climat de l’entretien. Mais cette difficulté de positionnement rend difficile l’appréhension de la
volonté réelle du défunt lorsque le sujet n’avait pas été évoqué clairement de son vivant. Dans ce
contexte, il est important de mener un travail d’information important en amont afin de sensibiliser
la population au don d’organes. Parmi les acteurs de santé, le pharmacien peut jouer un rôle actif
dans l’éducation de sa patientèle. Nous avons souhaité interroger les pharmaciens sur leur
implication dans l’information au don d’organes. Plusieurs points émergent de cette étude.
Les pharmaciens, acteurs de santé mais aussi membres de la société, peuvent comme
certains de leurs concitoyens, exprimer quelques réticences personnelles vis-à-vis du don d’organes.
Dans notre enquête, 10% des pharmaciens ont exprimé des réticences concernant le don. Les
motifs recueillis sont la religion, la peur de l’absence d’anonymat et la perte d’intégrité du corps
humain. Ces raisons coïncident avec celles obtenues dans l’étude réalisée en 2013, par le service de
transplantation du Centre Hospitalo-Universitaire Régional (CHRU) de Lille [72]. En effet, ces
professionnels de santé ont souhaité connaître les motifs de refus exprimés par les proches de
patients en état de mort encéphalique, quand le don d’organes et de tissus était abordé avec eux.
Dans 46,3% des cas, la raison de vouloir maintenir le corps intègre a été exprimée et la religion dans
16,4% des cas. Ces informations concordent avec celles recueillies dans une autre étude menée par
une équipe de l’unité de réanimation chirurgicale de l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, en 1996
[73]. Dans cette étude, les mêmes réticences sont exprimées par les proches des défunts. Les
termes « charcuter », « abîmer », « toucher au corps » ressortent souvent des paroles de
l’entourage. L’eurobaromètre de 2010 [74], réalisé par la commission européenne auprès de la
population européenne , a permis de recueillir des résultats semblables. En effet, à la question :
57
« quelles sont les raisons pour lesquelles vous refuseriez le don soit pour vous-même, soit pour un
de vos proches ? », les réponses les plus souvent exprimées sont l’atteinte et la manipulation du
corps en première position (27% des français et 25% des européens). En deuxième position, est
ressortie, la méfiance envers la société et le système (16% des français et 21% des européens) et en
troisième position, les motifs religieux (6% des français et 7% des européens). Ainsi, nous pouvons
constater que les professionnels de santé, peuvent exprimer les mêmes réticences que les proches
de patients décédés.
58
proposée aux pharmaciens. Dans notre enquête, 76% des officinaux (soit 103 individus) se déclarent
prêts à participer à des formations organisées par les différents organismes et associations dédiées
au don d’organes et de tissus, dans le but, principalement, de pouvoir répondre aux éventuelles
questions posées par les patients.
Il nous paraissait intéressant de savoir si certains patients avaient déjà évoqué auprès de
leur pharmacien, leur intention ou non, de proposer leurs organes au don après leur mort. A cette
question, 45% des pharmaciens ont répondu avoir déjà été confronté à cette situation au cours de
leur exercice professionnel. De plus, l’ABM a souhaité connaître quels thèmes étaient le plus
59
souvent abordé par les patients. Ainsi, dans 28% des cas, c’est l’expression de sa volonté qui a été
évoqué. 22% des patients ont voulu en savoir d’avantage sur les conditions nécessaires pour être
donneur. La mort encéphalique a suscité des questions dans 8% des cas, et dans le même
pourcentage de cas, les patients ont interrogé leur pharmacien pour avoir des conseils sur la façon
d’aborder ce sujet avec leurs proches.
Suite aux déclarations des pharmaciens sur leur souhait de formation approfondie sur le
thème du don d’organes et de tissus, l’Agence de la Biomédecine s’est posé la question du rôle de
ces professionnels de santé dans la sensibilisation du public sur ce sujet. Ainsi, 97% des pharmaciens
interrogés ont exprimé leur envie d’être actif dans la sensibilisation du public et estiment avoir un
vrai rôle à jouer. Ils souhaitent, notamment, que les campagnes insistent sur la possibilité pour les
patients de se tourner vers leur pharmacien pour que leurs soient apportées diverses informations
sur le don. Parmi ces pharmaciens, 60% estiment que promouvoir le don d’organes fait partie
intégrante de leurs missions et 38% trouvent que, de manière générale, la communication sur le
sujet n’est pas suffisante. Une diversité plus importante des supports de communication est
attendue par les officinaux, comme plus de formations, plus de brochures (35%), d’affiches (28%),
de vidéos et une plus grande facilité d’accès aux cartes de donneur (11%). Beaucoup d’entre-eux
expliquent aussi qu’une plus grande régularité des supports, sous forme de revue mensuelle ou
trimestrielle, serait une bonne solution pour nouer le dialogue avec le patient, et l’aider à se sentir
concerné. L’utilisation d’outils plus visuels et de slogans plus accrocheurs pourrait sensibiliser
d’avantage la population, d’après eux. Il sera sans doute primordial d’ajouter à toutes ces formes de
communication, une réelle adaptation de notre système universitaire permettant d’intégrer de
façon formelle ce type de formation au cours du cursus des étudiants en pharmacie.
60
61
CONCLUSION
Le don d’organes et de tissus est un espoir clé de guérison pour de nombreux patients chez qui le
pronostic vital est engagé. Les sciences médicales évoluant très rapidement, de plus en plus de
pathologies peuvent être enrayées en faisant appel au don. De nouveaux tissus comme les
membranes amniotiques ou certains extraits organiques dont font partie les îlots de Langerhans,
constituent de nouvelles chances de guérison pour bon nombre de malades. Le vieillissement de la
population, et donc, l’augmentation des comorbidités, accentue encore les besoins en greffons. La
législation française repose sur trois principaux piliers indéfectibles permettant à tous les patients
d’avoir accès à la greffe si leur état de santé le justifie. Les autorités accordent une importance
toute particulière à cette pratique qui, pourtant connue de la population, ne connaît pas l’essor
espéré. La cause principale du faible nombre de transplantations pratiquées chaque année reste
l’insuffisance de greffons disponibles. Ainsi, par la modification de la notion de « consentement
présumé », l’Etat espère faire réduire le pourcentage de refus de prélèvements d’organes et de
tissus. Le développement du don croisé, du don du vivant, l’assouplissement des critères pour
devenir donneur et le prélèvement désormais possible chez des patients décédés par arrêt
cardiaque sont aussi de nouvelles chances de faire progresser le nombre de prélèvements. De
nombreux acteurs, de par leurs professions, leur proximité avec les malades, peuvent exercer un
rôle important dans la lutte contre la pénurie de greffons. La place des médecins n’étant plus à
définir, les pharmaciens avaient, quant à eux, leur rôle à mettre en avant. Nous avons pu constater
lors de notre enquête le manque accru de connaissances des pharmaciens sur le don d’organes et
de tissus. De plus, ils ont pu nous montrer leur volonté, leur envie de combler ces lacunes pour
pouvoir d’avantage jouer leur rôle de santé publique auprès des patients qui sont demandeurs
d’informations.
En parallèle des reformes sur la législation du don, accorder une place plus importante aux
pharmaciens dans la promotion du don semble être une piste prometteuse. L’accès à des
formations pour les officinaux et l’information de la population sur le rôle et l’accessibilité du
pharmacien semble être de nouvelles solutions pour réduire les refus prématurés de prélèvements
et ainsi les listes d’attentes de greffe.
62
BIBLIOGRAPHIE
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CHARLES Marie
Le don d’organes et de tissus : Législation et implication du pharmacien dans l’information
aux patients
Année 2015
MOTS CLES
Consentement présumé, Mort encéphalique, Organes, Greffe, Donneur vivant, Prélèvement,
Liste d’attente, Pharmacien d’officine
---------------------------------------------------
RESUMES
Enjeu majeur de santé publique, le don d’organes et de tissus prend une part de plus en plus
importante dans les débats de société. Toutefois, cette pratique reste assez méconnue du
grand public, pourtant les besoins sont en hausse. Une législation en évolution, des
indications thérapeutiques croissantes, de nombreuses idées reçues, nous ont poussés à
mettre au clair les points indispensables à connaître sur cet unique espoir de guérison pour
bon nombre de pathologies. Aussi, de plus en plus de professionnels de santé prennent part
à l’information du public sur le don. Le pharmacien d’officine, de par sa proximité avec les
patients en fait partie. Cependant, leurs connaissances sur le sujet sont-elles suffisantes pour
échanger avec la population en demande de réponses ? En mettant en avant ces lacunes,
nous allons tenter d’apporter des solutions pour pallier au manque accru de greffons.
Major issue of public healthcare, organs and tissues donation takes a bigger and bigger
proportion in society debates. However, this practice remains unknown to the broad public,
even if the needs are in expansion. A changing legislation, increasing therapeutic
indications, many received ideas, have encouraged us to clear the essentials points about
this unique healing chance of a lot of diseases. Also, more and more healthcare
practitioners take place in providing donation information to the population. The
pharmacist, because of his proximity with the patients, takes part of these. However, is his
knowledge adequate to exchange with the population how expects answers to their
questions? By underlining these deficiencies, we will try to bring solutions to fill the lack of
transplants.
JURY
Directeur de thèse : Dr. GUILLAUME Nicolas, Hématologue, Biologiste médical
Présidente du jury : Dr SIX Isabelle, Maître de Conférences Universitaire
Membres du jury : Dr. OUENDO Martial, Médecin coordinateur CHU Amiens
Dr GILET Catherine, Pharmacien d’officine
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