Ajol File Journals - 197 - Articles - 30080 - Submission - Proof - 30080 2341 33776 1 10 20050506
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ABSTRACT
HIV/AIDS infection has spread like wildfire in the countries of sub-saharan Africa. In order to fight that
pandemic, Cameroon has organised itself by setting up, with the assistance of bilateral and multilateral partners, a
national structure with the aim to reduce the spread of the disease.Two years after the launch of the National
Plan for the Fight Against HIV/AIDS, an advocacy campaign targetting social leaders made it possible to assess
the difficulties encountered by such an entity in a social and cultural environment as complex as that of
Cameroon.The paper presents the initiatives taken by the government and analyses the major specific obstacles
which are met on the ground.They include beliefs, social structures, gender issues, the status of women and the
social representations of sexuality. If consensus and compromise are the usual ways of solving the problems raised
at the national level, the analysis stresses the need for a more courageous political will adapted to the urgency of
the prevailing situation.
Keywords: HIV/AIDS, Cameroon, National AIDS Control Committee, National Plan for Fight against HIV/AIDS,
resistance to change, public health policy.
RÉSUMÉ
L'infection au VIH/SIDA s'est répandue comme une traînée de poudre dans les pays d'Afrique subsaharienne.
Pour lutter contre cette pandémie, le Cameroun s'est organisé en mettant en place, avec l'aide de ses partenaires
bilatéraux et multilatéraux, une structure nationale ayant pour objectif de réduire la progression de la maladie.
Deux ans après le lancement du Plan National de Lutte contre le VIH/SIDA, une campagne de plaidoyer visant
les leaders sociaux a permis de mesurer les difficultés auxquelles une telle entreprise est confrontée dans un
environnement socioculturel aussi complexe que celui du Cameroun. L'article présente les initiatives
gouvernementales et analyse les principaux obstacles spécifiques qui surviennent sur le terrain. Ils vont des
croyances aux structures sociales en passant par la problématique du genre, le statut de la femme, les
représentations sociales de la sexualité. Si le consensus et le compromis sont les modes de résolution habituels
des problèmes nationaux, l'analyse aboutit à la nécessité d'une volonté politique plus courageuse, adaptée à
l'urgence de la situation.
Mots clés:VIH/SIDA, Cameroun, Comité National de Lutte contre le SIDA, Plan National de Lutte contre le SIDA,
résistance au changement, politique de santé publique.
Jacques-Philippe Tsala Tsala is a professor of Psychology in the Department of Psychology, University of Yaoundé I and Catholic University of Central
Africa (Cameroon). He has been Senior Consultant for the National AIDS Control Committee (NACC) since 2002. He has lead several researches and
missions in the field in Cameroon.
Correspondence to: Prof. Jacques-Philippe Tsala Tsala, Université de Yaoundé I, Université Catholique d’Afrique Centrale, BP 7011 Yaoundé, Cameroun. E-mail:
[email protected]/[email protected]
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traditionnelles et religieuses. La participation à ces 253 ethnies pour près de 180 langues nationales,
ateliers des représentants des associations des personnes dialectes et parlers à côté des deux langues officielles
vivant avec le VIH/SIDA (PVVS) et des représentants que sont le français et l’anglais.
des divers comités locaux de lutte contre le VIH/SIDA
(CLLS) a transformé ces ateliers en lieux d’échanges Sur le plan de son organisation politique, le Cameroun
fructueux, parfois ardus entre les participants, est une république démocratique et laïque. Les
animateurs y compris. Les PVVS et les acteurs sur le religions dominantes sont le Christianisme et l’Islam.
terrain ont fait des rapports détaillés des divers L’option républicaine de l’État laïc s’accommode tant
problèmes administratifs et sociaux auxquels ils sont bien que mal des institutions traditionnelles que sont
confrontés. De sorte que, à la fin des ateliers, les divers les sultanats, les cités — États musulmanes du Nord, les
représentants et leaders communautaires ont fait des principautés territoriales de culture et de religiosité
propositions concrètes aux fins de rendre plus efficace Bantou, les polyarchies fondées sur l’existence des
la lutte contre le VIH/SIDA dans leur zone d’influence lignages dans le reste du Cameroun. Ces différents
et de compétence. Les données à caractère autorités traditionnelles sont aujourd’hui intégrées à
ethnographique que nous mentionnons viennent de des degrés divers dans le système de l’administration
ces observations sur le terrain. Elles sont certes connues territoriale. On observe habituellement que
des ethnologues et anthropologues et certaines se l’intégration dans la hiérarchie administrative a très peu
retrouvent ailleurs en Afrique. entamé leur ascendante influence sur les populations et
les sujets qui se réclament de leur autorité. En clair,
Mais, au Cameroun, elles sont d’abord des éléments dans de nombreuses régions, aucune campagne de
régionalisés et différentiés dont le PNLS devrait tenir sensibilisation ou d’information — fût-elle d’ordre
compte. L’analyse que nous en faisons tient compte des sanitaire, éducatif ou politique, ne saurait se passer de
divers contextes et de notre expérience de chercheur l’assentiment même tacite de ces personnalités relais
et de clinicien en milieu camerounais diversifié. sans prendre le risque rater ses cibles et ses objectifs.
D’où la délicatesse des campagnes de sensibilisation
Après avoir décrit les mesures que le gouvernement contre la propagation du VIH/SIDA dans les provinces
camerounais a mis en place pour lutter contre la et en zones rurales.
pandémie, nous rendrons compte de la situation
spécifique qui se dégage de ces nombreux et divers Une population jeune et irrégulièrement répartie
échanges auxquels nous avons personnellement La population camerounaise se caractérise par sa très
participé. Notre approche consistera essentiellement à grande diversité. On distingue: dans la partie
exposer les principaux problèmes que doivent résoudre septentrionale majoritairement animiste et islamisée, les
les différents acteurs de la lutte sur le terrain. Il s’agira Soudanais, les Hamites et les Sémites; dans le Sud
non pas de mener une étude ethnologique ou majoritairement animiste et christianisé, les Bantous, les
anthropologique des différents us et coutumes, mais semi Bantous et les Pygmées.
plutôt de montrer la spécificité d’un terrain par rapport
à un plan dit ‘national’. Nous reviendrons dans notre Le taux de croissance annuelle de la population du
analyse sur les éléments qui nous semblent mériter plus Cameroun est passé de 3.0% en 1976 à 2.9% en 1987
d'attention pour rendre la lutte contre le VIH/SIDA et à 2.87% 2000 selon les projections (DSCN, 1987).
plus efficace dans un pays africain, le Cameroun en Toujours à partir des mêmes sources et suivant les
l’occurrence. calculs effectués par le FMI en octobre 2000 la
population camerounaise est théoriquement passée à
LA RÉPONSE CAMEROUNAISE À LA plus de 17 106 000 habitants. Les différentes
PANDÉMIE projections donnent les chiffres de 18 000 000 pour
SIDA et société camerounaise 2005, 23 000 000 pour 2014 et 25 000 000 pour 2020
Généralités sur le Cameroun dont 51% de femmes et 49% d’hommes.
Rappelons à toutes fins utiles que le Cameroun est un
pays d’Afrique Centrale d’une superficie d’environ 475 C’est une population essentiellement jeune dont les
650 km2. Il s’étire du Golfe de Guinée au Lac Tchad. moins de 14 ans représentent 43.7% de la population
Ses principaux voisins sont le Nigeria, le Tchad, la totale. Ceux dont l’âge est compris entre 15 et 24 ans
République Centrafricaine, le Congo, le Gabon et la représentent 20.5%. Soit un effectif cumulé de 64.2%!
Guinée Equatoriale. Le Cameroun compte environ Le groupe des 25 à 64 ans représente 32.55%, tandis
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que les personnes âgées de 65 ans et plus représentent (café, cacao, coton), la dévaluation du franc CFA et une
3.26%. gestion peu rigoureuse des affaires publiques ont
conduit le pays à un seuil de pauvreté jamais atteint
On observe par ailleurs un mouvement d’urbanisation auparavant. Les années 90 ont été difficiles. Les
important dans le pays. Ainsi, de 1976 à 1987, la différents programmes d’ajustement structurel (PAS)
population urbaine a crû à un rythme annuel moyen imposés par les bailleurs de fonds et la communauté
de 5.75%. Ce qui a entraîné le doublement de la internationale visaient à rétablir l'équilibre de la
population urbaine en 12 ans. Celle-ci atteignait balance des paiements et les grands équilibres macro-
3 968 919 habitants en 1987, soit 38% de la population économiques. Il consistait en fait à réduire les dépenses
totale. En 1995 la population urbaine était estimée à publiques et la demande intérieure. A ce jour, l’impact
45.3%. En 2000 taux est estimé à 50.4%. Les deux de ce plan sur le bien-être des populations commence
grandes villes cosmopolites de Douala et Yaoundé à peine à être perceptible. Mais il apparaît clairement
totalisent à elles seules 35.08% de la population urbaine que certaines mesures du PAS ont négativement affecté
du Cameroun, soit respectivement 1 452 400 et 1 237 le bien-être des populations appartenant aux couches
500 habitants. L’enquête EDS (1998) donne les les plus vulnérables. Le secteur public a connu son lot
indicateurs démographiques de base et les projections de difficultés. Des vagues de déflations du personnel et
(cf.Tableau 1). une double baisse des salaires ont précipité les
Mais une autre caractéristique de cette population est fonctionnaires et les employés des entreprises publiques
la très grande diversité de sa densité en fonction des et parapubliques dans la précarité et la pauvreté.
régions.
En effet, selon les estimations de diverses sources
Les données socioéconomiques (ECAM II, 1998; MINEFI, 2003), entre 1984 et 1991,
Le Cameroun est un pays agricole qui connaît une le niveau de l'emploi a baissé de 10% et le chômage
certaine autosuffisance alimentaire. Producteur de atteint le taux de 17% en 1995. Il frappe principale-
pétrole, il exporte aussi le cacao, le café, la banane, le ment les jeunes et les femmes entraînant un fort
coton. Mais la baisse des cours des matières premières développement du secteur informel.
1976 2001
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La réorganisation du CNLS qui intervient en 2001 concrètement (i) de minimiser les risques de
consacre la décentralisation de ses activités. Dix comités contamination au VIH/SIDA chez les enfants de 5 à 14
provinciaux de lutte contre le SIDA (CPLS) et des ans en leur apprenant un style de vie sain et en
comités locaux et/ou communautaires de lutte contre promouvant le développement des comportements
le SIDA (CLLS) sont créés. Ce découpage tient sexuels responsables; (ii) de développer des mécanismes
compte des divisions administratives au niveau d’information des populations sexuellement actives en
provincial. La création des structures communautaires passant de la simple IEC à la Communication pour le
de base répond au souci de plus en plus accru de Changement de Comportement (CCC) en privilégiant
promouvoir une sensibilisation et une prévention de la communication de proximité; (iii) de réduire la
proximité. transmission mère-enfant (TME) et de minimiser le
risque de contamination par la transfusion sanguine;
Pour l’accomplissement de ses missions, le CNLS (iv) de développer les mécanismes de solidarité vis-à-
dispose d’un groupe technique central (GTC) qui vis des PVVS et leurs familles par l’assurance d’une
coordonne et gère le PMLS sur toute l’étendue du prise en charge médicale et psychosociale.
territoire, d’une commission mixte de suivi (CMS)
chargée de conseiller le CNLS, des comités Les partenaires
provinciaux de lutte contre le SIDA (CPLS), des Pour mener à bien son plan de lutte contre le
structures d’intervention décentralisées, locales et/ou VIH/SIDA, le CNLS travaille en partenariat avec les
communautaires qui sont chargées de développer la ONG déjà présentes et en action sur le terrain. Ces
réponse locale au niveau des communautés de base. organisations ont comme avantages indéniables, outre
leur nombre, leur très grande capacité de mobilisation
Le Plan National de Lutte contre le SIDA et leur accès facile aux communautés. Mais elles sont
(PNLS) insuffisamment professionnelles et structurées,
Le PNLS met un accent particulier sur la participation inégalement réparties sur le territoire et demeurent un
des communautés. Le caractère essentiellement phénomène essentiellement urbain.
communautaire implique d’une part, la mise en œuvre
des stratégies endogènes permettant un changement de Les motivations des ONG et associations ne sont pas
comportement effectif des cibles visées, et d’autre part, toujours claires. La gestion des subventions et des divers
l’implication des personnes et structures locales de tous dons est loin d’être transparente. Ce qui a pu créer des
ordres ayant sur le terrain quelque influence sur les frictions entre les différentes autorités administratives et
populations concernées. Ce plan tient compte, entre elles. Néanmoins, des dispositions particulières ont été
autres, de la préoccupation des Nations Unies de prises aux fins d’éviter que certains aventuriers ne se
réduire à 25% la séroprévalence en milieux jeunes cachent derrière les ONG pour se faire de l’argent
avant 2005. Il a trois composantes, à savoir : (i) un cadre facile.
stratégique; (ii) un plan d’action (2000 - 2003) qui
précise et identifie les acteurs, l’échéancier de mise en Dès les débuts de la lutte contre le SIDA, certains
œuvre et les modalités de financement — il distingue promoteurs d’ONG ont profité de la suspicion de
les actions immédiates sur le CNLS/GTC et les corruption dont l’administration publique
stratégies sectorielles à élaborer et; (iii) un plan camerounaise était l’objet de la part des bailleurs de
d’urgence dont l’opération 100% condoms et le fonds pour s’enrichir personnellement. Aujourd’hui
dépistage volontaire. Le plan indique ses domaines seules les associations et ONG les plus importantes et
prioritaires, les axes stratégiques, les actions à mettre en les plus efficaces survivent.
œuvre, les intervenants, les coûts des actions et les
financements, les indicateurs de suivi et les indicateurs Les associations de personnes vivant avec le VIH/SIDA
d’impact. Il est financé à hauteur de FCFA 130 141 700 (PVVS) sont particulièrement motivées. Certaines sont
000 (soit USD 185 916 714.2). Ce budget est assuré en sous contrat temporel de consultant dans des groupes
grande partie par l’ONUSIDA et la Banque Mondiale thématiques dans les GTP et GTC. Ils interviennent
dans le cadre de la remise de la dette du Cameroun. dans l’appréciation de certaines décisions les
concernant, la sensibilisation, l’information, la
L’objectif général de ce plan est de permettre au formation et le soutien psychosocial. Certaines d’entre
Cameroun de faire face à l’épidémie en réduisant le elles témoignent publiquement de leur expérience et
taux de prévalence au seuil critique de 10% et de de leur vécu pour informer et éduquer les
limiter son impact socioéconomique. Il s’agit communautés.
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Le CNLS/GTC fait aussi appel à de nombreux sont signées avec des radios émettant en langues
prestataires de service, tels que les cabinets de locales, outre le français et l’anglais, les agences de
communication, les consultants et les experts pour communication et de publicité. Le CNLS finance et
leurs compétences diverses. Certaines ONG ont un soutient les initiatives correspondant à sa politique de
statut de prestataire de service lorsque leurs activités communication.
sont d’une certaine importance. C’est le cas du
Programme de Marketing Social au Cameroun La section ‘Réponses Locales’ et ses missions sur le
(PMSC) qui en partenariat avec le CNLS distribue des terrain
préservatifs et anime certaines formes L’option de la proximité avec le client se traduit par la
d'information/sensibilisation destinées aux jeunes. création au sein du CNLS d’une section ‘réponses
locales’ qui développe essentiellement le processus
La Réponse Sectorielle participatif (CNLS, 2002) et s’attèle à soutenir les
Le partenariat s’est progressivement étendu aux communautés de base est représentée à tous les niveaux
institutions et entreprises privées et publiques. Le des structures décentralisées du CNLS (village,
CNLS a encouragé et soutenu des plans sectoriels de quartiers, sous-chefferies). En milieu urbain les
lutte contre le VIH/SIDA initiés par les ministères et associations de jeunes ou de femmes, les clubs santé
certaines entreprises publiques, parapubliques et dans les écoles, certaines associations professionnelles
privées. A ce jour, l’ensemble des ministères et de (chauffeurs, prostituées, etc.), les membres des
nombreuses entreprises disposent d’un plan stratégique associations religieuses ou ceux des entreprises sont
de lutte contre le VIH/SIDA. Ces plans sont considérés comme des communautés de base.
coordonnés et soutenus par la section ‘Réponse
Sectorielle’ du CNLS. Il s’agit souvent de plans La section soutient les Plans Communautaires de Lutte
spécifiques tenant compte de l’analyse de la situation contre le SIDA (PCLS) qui vont plus loin que la
des travailleurs et employés et cadres des entreprises et simple information-sensibilisation. Pour bénéficier du
des populations cibles des ministères: écoliers et élèves, soutien logistique et financier de la section, ces plans
militaires, enseignants, femmes, populations marginales doivent prévoir une approche participative méthodique
et/ou déplacées, transporteurs routiers, etc. Ils comportant des étapes précises (diagnostic, synthèse et
contiennent des indices permettant un meilleur une analyse des données relatives aux besoins et
suivi/évaluation. Ces entités institutionnelles financent problèmes, mise en place d'un comité local,
elles-mêmes leur plan en grande partie. Le CNLS l’élaboration d’un plan d’action, un suivi-évaluation de
apporte une contribution d'appoint d'ordre logistique, type participatif). En cas d’acceptation du PCLS par les
ses structures de communication et des ressources instances locales de la section, l’aide financière est
humaines. Le partenariat avec certaines entreprises directement virée dans le compte spécialement ouvert
privées a permis la détaxation de certains médicaments à cet effet. Ces exigences supposent une plus grande
au profit des PVVS. implication des communautés et réduisent les risques
de distraction des fonds et les initiatives aventureuses.
La Communication pour le Changement de En outre, la section propose des formations au
Comportement (CCC) processus participatif, à la communication de masse et à
La CCC a pour mission d’organiser la communication la gestion comptable et financière aux différents
du CNLS en matière de lutte contre le VIH/SIDA. responsables de communauté.
Cette section est constituée de journalistes et d’experts
CCC (psychologues, sociologues, anthropologues et La section ‘Réponses Locales’ est aussi chargée de
communicateurs marketistes). En retard sur le PMLS, le l’appui spécifique aux associations de PVVS. En effet,
plan stratégique national de CCC a été adopté en juin les PVVS sont confrontés à de nombreuses difficultés
2004 (CNLS, 2004). Il a pour objectif essentiel de qui aggravent la souffrance liée à leur statut
coordonner, de planifier et d’organiser une communi- sérologique.Voilà pourquoi la section recommande
cation cohérente et efficace au service du PMLS. Les fortement que les associations de PVVS fassent l’objet
médias privés et les médias publics sont des partenaires d’une attention soutenue dans les PCLS. Cette
incontournables dans la mesure où l’information et la préoccupation est déterminante pour obtenir son
sensibilisation des populations constituent une priorité soutien. Elle doit se traduire par l’implication des
de la stratégie nationale. Ils doivent promouvoir le PVVS dans toutes les activités de prise de conscience
CCC et des stratégies telles que l’utilisation du et d’information à travers les témoignages de
préservatif et le dépistage volontaire. Des conventions proximité au niveau local, les activités de plaidoyer et
de promotion des droits des PVVS, le soutien de leurs pandémie du VIH/SIDA sur son territoire. La descente
activités génératrices de revenus, la mise en place des sur le terrain que nous avons effectuée nous a montré
soins à domicile, le renforcement des capacités de leurs la complexité des cibles et de leurs différents
associations, l’assistance à leurs familles et aux environnements ainsi que les limites de certaines
orphelins, la promotion de l’accès au soin et dispositions du PMLS.
médicaments pour les maladies opportunistes.
LES FOURCHES CAUDINES DU TERRAIN
La Réponse Médicale Les verrous socioculturels
La section ‘Réponse Médicale’ coordonne toutes les
L’organisation sociale et le statut de la femme
activités de soins (prise en charge médicale et
psychosociale) et de recherche. Elle est en relation avec camerounaise
tous les centres de santé suivant les malades du SIDA et Si elles semblent confuses et parfois inopérantes dans
les PVVS. Elle collecte les données relatives aux les grandes villes, les structures et l’organisation sociales
malades et aux PVVS et coordonne les activités de la traditionnelles marquent encore la vie et les
dizaine de centres de dépistage volontaires ouverts à ce comportements des populations en zone rurale. Dans
jour. certains cas, les leaders traditionnels sont des chefs
religieux ayant une autorité et une influence morale
La Réponse Médicale a aussi pour objectif de réduire importante sur les individus.
l’insécurité transfusionnelle due à des pratiques
hasardeuses et inorganisées. Elle a pour mission de De la sorte, tout discours et toute pratique visant la
promouvoir l’adoption et la diffusion de la politique sexualité, le statut de la femme, la famille ou les us et
nationale de transfusion sanguine, la formation du coutumes ne sauraient se déployer efficacement en
personnel, la création et l’équipement des centres de dehors de leur espace d’influence. Le souci de cohésion
prise et de dons de sang, la sensibilisation au don de sociale conduit tout intervenant, quel qu’il soit, à
sang et la disponibilité du sang testé dans les formations rechercher un consensus qui réduise les tensions et les
sanitaires (Pinay, 1997). Ces différentes activités sont
contradictions sociales. C’est tout le problème de la
soutenues par les partenaires nationaux et
logique républicaine face aux nombreuses traditions
internationaux du CNLS (Croix-Rouge, Union
camerounaises. L’association des leaders religieux et
Européenne, OMS, ONUSIDA, etc.)
traditionnels au PNLS est un élément important de la
stratégie nationale de lutte contre le VIH/SIDA au
La transmission mère/enfant (TME) est une
Cameroun. Elle suppose une démarche pédagogique
préoccupation majeure de la Réponse Médicale. La
paradoxale visant à la fois le consensus social et la
plupart des parturientes qui se présentent dans les
ferme et réaliste détermination que commandent
grands centres hospitaliers de Yaoundé et Douala
l’urgence de la situation et la progression fulgurante de
bénéficient d’un suivi médical spécifique avec test du
la maladie. Ce dilemme récurrent est le lot des
VIH/SIDA obligatoire. Les femmes séropositives sont
gratuitement prises en charge jusqu’à l’accouchement. autorités administratives, représentant de la
Cette prise en charge s’efforce de se conformer aux République, dans les régions à structure sociale
protocoles proposés par les partenaires internationaux fortement traditionnelle.
(UNICEF, ONUSIDA, OMS, 2001).
En effet, qu’il s’agisse de la sensibilisation ou de
Par ailleurs, la baisse des prix des antirétroviraux est un l’information et de la formation des communautés, le
des défis que le gouvernement camerounais s’est CNLS recommande habituellement à tous les inter-
imposé. Grâce à de nombreuses négociations avec les venants de considérer les savoirs et les savoir-faire
organes spécialisés de la Banque Mondiale et de traditionnels comme des expériences dont ils peuvent
l'ONU (Fonds Mondial pour la lutte contre le SIDA) positivement titrer partie. Il conseille de tenir compte
ces médicaments sont passés de 300 000 et 400 000 des différentes sensibilités et des interactions institu-
FCA à 18 000 et 27 000 FCFA aujourd’hui. L’objectif tionnelles, culturelles, démographiques et socio-
avoué est de les réduire à 5 000 CFA. économiques. Les différentes campagnes de sensibili-
sation sont balisées par ces contraintes pédagogiques
Comme nous pouvons nous en rendre compte, le voire stratégiques. A l’image des rapports que l’État
Cameroun a fait des efforts importants pour se doter républicain du Cameroun entretient avec les traditions,
d’une structure nationale aux fins de réduire la les acteurs de la lutte contre le VIH/SIDA se gardent
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constamment d’exacerber les susceptibilités des peuvent refuser de se soumettre au test HIV sans
populations attachées à leurs traditions. On évitera par redouter la moindre contrainte!
exemple de prôner une égalité de genre qui réduirait
les effets de la prévention et de la sensibilisation. Par ailleurs, l’attitude pro nataliste de certains maris
Privilégiant la santé des personnes, les campagnes de contraint les femmes à accepter une sexualité à risque à
sensibilisation et d’information se contentent, leur corps défendant. Il s’agit là d’un sujet de
concernant la polygamie par exemple, d’insister sur la préoccupation majeure au regard des enquêtes les plus
fidélité des partenaires toujours possible dans ce type récentes qui montrent que 64% des filles de 15 à 19
de configuration matrimoniale traditionnelle. Il s’agit ans sont mariées ou vivent en union alors que dans la
d’un problème itératif qu’ont rencontré auparavant les même tranche d’âge les garçons ne sont pas encore
différentes campagnes d’éducation à la parenté mariés (EDSC, 1998). A travers le Ministère de la
responsable (EPR) et de contrôle de l’exposition au Condition Féminine, l’État lutte avec plus ou moins de
risque de grossesse. Etant entendu que 90% des succès contre des pratiques traditionnelles en cours
infections au VIH/SIDA se font par voie sexuelle. Au dans certaines régions telles que les mariages précoces
Cameroun, une campagne de santé publique qui (moins de 14 ans), le rapt et le viol (MINCOF 2003;
semble se soucier prioritairement de ménager MINCOF-UNICEF, 2002).
l’adversaire en épousant les contours de son terrain se
donne-t-elle les moyens d’atteindre ses objectifs? Les Au-delà d'un discours répétitif qui fait habituellement
premières évaluations du PNLS nous le diront. référence à une hypothétique identité culturelle, l’État
camerounais semble avoir opté pour une stratégie
Il nous semble alors que, pour être porteuse, la lutte attentiste et prudente pour préserver les délicats
contre le SIDA doit passer par une approche genre qui équilibres que lui imposent la diversité de ses sociétés
reconsidère la relation homme/femme. Ce rapport qui et une histoire nationale qui a fini par faire cohabiter la
est l'un des piliers de la structure sociale traditionnelle tradition et la modernité, les croyances traditionnelles
ne saurait être modifié sans remettre toute la société en et les religions nouvelles (christianisme, islam), les
question. Le problème est d’ordre plus général en anglophones et les francophones. Cette stratégie de la
Afrique donc au Cameroun (Mburano Rwenge, 1998). prudence politique en matières sociale et familiale s’est
Il dépasse la seule perspective de l’infection au traduite, entre autres, par la longue élaboration d’un
VIH/SIDA. Les observations faites par les différents code de la famille et des personnes (plus de 20 ans)
intervenants sur le terrain confirment les résultats des dont la publication et l’application semblent renvoyées
enquêtes et études menées sur la problématique genre au calendrier grec depuis l’année 2000.
au Cameroun (MINCOF-PNUD, 2001).
En somme, le discours aux communautés consiste à
Soumise au mariage et à la maternité comme leur présenter le VIH/SIDA comme un ennemi
obligations éthiques (Tsala Tsala 1986; 1989; 1990; commun qu’elles doivent combattre collectivement.
1996) à la polygamie qui est la forme normative du Malheureusement, l’adresse aux communautés
mariage au Cameroun (Mbarga, 1966; Mbella Mbappe, continue à se conformer aux traditionnelles divisions
1970; Nkouendjin-Yotnda, 1977), la femme asymétriques au risque de rater sa cible.
camerounaise a une très faible maîtrise de son corps et
de sa sexualité face aux sollicitations de son partenaire. Des connaissances et des croyances sur le SIDA
Aujourd’hui, les connaissances sur le VIH/SIDA et les
L’ordre traditionnel tarde à lui accorder cette liberté informations relatives aux IST/SIDA, à leur mode de
élémentaire de se protéger au-delà et en dépit de ses transmission et aux moyens de les prévenir sont de
‘obligations’ traditionnelles de procréer et de se marier. mieux en mieux assimilées. Mais leur qualité varie en
Bien plus, certaines coutumes régionales la rendent fonction du sexe, de la zone d’habitation et de
systématiquement coupable du décès de son mari et la l’instruction. En effet, les zones rurales semblent plus
soumettent à des rites de propitiation pour le moins défavorisées par rapport aux zones urbaines, les
dégradants. D’autres, attachées au lévirat lui imposent personnes peu instruites par rapport à celles qui sont
d’épouser un des frères ou grands fils du mari défunt. scolarisées, les femmes par rapport aux hommes. Ce
Puisque par le principe du mariage traditionnel, elle que confirment de nombreuses enquêtes sur le sujet
appartient à la famille de son mari défunt (Tsala Tsala, (Houehougbe, Akam & Rafa Umana, 1990; FOCAP,
1990). Pire encore, lorsqu’elles sont malades, leur mari 1995).
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partenaires multilatéraux de la campagne ‘100% dévoilement à l’autre alors même qu’il est d’abord un
condoms’ d’inciter la jeunesse à une sexualité précoce, dévoilement à soi. Cette attitude peut aussi s’expliquer
active et dévergondée du fait de leur distribution par la forte discrimination et la stigmatisation dont les
massive et de leur vente à bas prix. Ce produit PVVS et les malades sont encore victimes aujourd’hui.
subventionné apparaîtrait d’emblée comme le moyen le
plus indiqué pour une sexualité sans risque et sans Stigmatisation et discrimination
trace (VIH/SIDA, IST, grossesse). La polémique s’est En effet, la stigmatisation et la discrimination sont des
soldée par un compromis qui a modifié le slogan et fléaux surajoutés auxquels la lutte contre le VIH/SIDA
hiérarchisé les moyens individuels de lutte contre la est confrontée aujourd’hui. Ces phénomènes aggravent
maladie. Les religieux et le CNLS se sont mis d’accord le vécu de la maladie et affectent lourdement les
pour le trinôme :‘Abstinence-fidelité-condom.’ personnes déjà infectées. Or parmi les mesures mises
Le condom devient le moyen ultime lorsqu'on ne peut en œuvre par le CNLS pour juguler la pandémie, les
être ni chaste, ni fidèle. questions relatives à l’éthique et aux droits de l’homme
ont très peu été prises en compte au départ. On peut
Le dépistage clairement observer que de nombreux préjugés
Nous avons déjà signalé que le dépistage est accompagnent les PVVS. D’aucuns ont vite associé la
systématique pour les femmes enceintes se présentant maladie à diverses déviances comportementales et
dans des centres sanitaires urbains d’une certaine sociales. Au départ, le SIDA a été perçu comme une
importance. Il en est de même pour les donneurs infection touchant les toxicomanes, les prostitués et les
volontaires de sang. Mais le dépistage volontaire qui est homosexuels, des personnes à la moralité et aux
l’une des stratégies du PNLS pose de nombreux comportements sexuels douteux, en somme. A ce jour
problèmes. A l’origine, il répond à la volonté de mieux une personne atteinte du VIH est taxée
connaître et de contrôler l’ampleur de la pandémie. d'irresponsabilité comportementale. Ce qui correspond
Outre la connaissance du statut sérologique de chacun, à la stigmatisation qui consiste à désigner puis à blâmer
cette stratégie vise à améliorer l’efficacité de la prise en une personne pour un acte répréhensible dont elle
charge médicale et psychosociale des PVVS. Etant porte la marque. La stigmatisation vise à dénoncer, à
entendu qu’une prise en charge rapide augmente prévenir, à faire honte, à exclure et à dévaluer.Toutes
l’efficacité du traitement. choses qui entraînent frustration et désespoir chez des
personnes qui, plus que jamais, ont besoin d’être
Pourtant, les dispositions prises pour le dépistage entourées et soutenues par les leurs.
volontaire et gratuit au sein des structures sanitaires
rencontrent très peu d’engouement de la part des La stigmatisation qui prend parfois des allures
populations. Certaines entreprises ont organisé des hystériques ne s’explique pas seulement par la
dépistages volontaires et gratuits en leur sein en méconnaissance de la maladie et de ses modes de
garantissant l’anonymat et la prise en charge médicale transmission. Elle rend compte de la complexité des
totale des PVVS ainsi révélées.Très peu d’employés et rapports entre soi et une maladie dont on peut être
cadres ont accepté de s’y soumettre. porteur sans (vouloir) le savoir. Projection pour le
moins révélatrice qui peut avoir pour objet généralisé
En plus du fatalisme propre à une certaine logique tous ceux qui de près ou de loin représentent la
religieuse, il est assez courant d’entendre des gens nous maladie ou la lutte contre elle. Le représentant d’un
répondre:‘Si je connais mon statut sérologique qu’est- CLLS d’une petite communauté rurale nous a dit
ce que cela change?’;‘Je n’aurais jamais les moyens de comment son groupe essuyait des quolibets de défiance
me soigner’;‘Je ferai la maladie si je le savais’;‘Peut-on et de méfiance, un tantinet railleurs, tels que ‘les gens
vraiment se prémunir contre le SIDA?’. Et même,‘Il du SIDA’,‘les SIDA’.
faut bien mourir de quelque chose’;‘On a vu des
séropositifs vivre plus de dix ans sans se soigner’, etc. La stigmatisation a lieu partout et à tous les niveaux en
L’expérience nous a aussi montré que ceux qui dehors de toute règle et de toute déontologie. Sur le
prônaient le dépistage systématique et obligatoire lieu de travail, il arrive que, en toute illégalité, le test
n’étaient pas prêts à s’y engager eux-mêmes. HIV/SIDA soit exigé à l’embauche ou au moment de
la signature du contrat. Parfois le dossier médical est
De toute évidence la pratique du dépistage volontaire transmis à l’employeur sans que l’intéressé soit au
renvoie les uns et les autres à une responsabilité difficile courant ou ait donné son accord. La loi sur les congés
à assumer. Il est encore largement vécu comme un de maladie et sur la prévoyance sociale qui prévoit que
le travailleur pent prendre des congés pour cause de médicale. Les PVVS sont ainsi réduits au rôle de
maladie n’est pas toujours appliquée. Les travailleurs cobayes faciles, souvent à leur insu.
séropositifs reçoivent des pressions de la part des
employeurs qui leur demandent de démissionner du En milieu familial, le membre vivant avec le VIH est
fait de leurs absences répétées. L’isolement, l’ostracisme souvent désigné comme la cause de tous les malheurs
ou la quarantaine involontaire ou sournoisement et de tous les fléaux de la généalogie. Les mentalités
organisée dont ils sont victimes ajoutent à leur rétrogrades font de lui la peste du groupe qu'il faut
désarroi. La violation de leurs droits professionnels écarter et éloigner à tout prix. Cette attitude de rejet
s’accompagne d’attitudes et de comportements visant à vise non seulement le malade ou le PVVS mais aussi sa
révéler leur statut sérologique à tous. Ce qui a pour famille et son entourage. Pour éviter la stigmatisation
effet attendu de les discréditer et de les empêcher pour elles-mêmes, certaines familles se séparent de
d’entreprendre la moindre démarche de revendication leurs membres malades. On a vu des parents parquer
légitime. leurs enfants séropositifs dans des réduits comme des
pestiférés. D’autres ne se gênent pas pour révéler la
Au niveau administratif, les PVVS se voient parfois séropositivité des leurs afin de mieux les isoler.
refuser des actes auxquels ils ont droit. Les banques, les
assurances et certaines représentations diplomatiques Dans les villages et les villes les veuves et les orphelins
demandent de plus en plus à leurs clients de se vivent parfois un véritable calvaire dès lors qu’ils sont
soumettre au test HIV/SIDA. Faute de quoi ils soupçonnés d’être infectés. Il s’ensuit des mesures
n'obtiennent ni prêt bancaire, ni visa et ne peuvent discriminatoires concrètes qui parachèvent leur
signer le moindre contrat. isolement. Comme des intouchables, leurs couverts et
leurs linges sont systématiquement séparés de ceux des
Les PVVS ne sont pas plus en sécurité dans les autres membres de la famille. La veuve peut être
hôpitaux et formations sanitaires. La violation du secret expulsée et voir ses biens confisqués ou spoliés par la
médical est devenue chose courante. Certains famille du défunt. Ses enfants lui sont enlevés. Elle est
professionnels de la santé n’hésitent plus à désigner les très souvent accusée d’avoir infecté son mari, sans
patients porteurs du virus, à leur insu. Ils les font preuve bien entendu.
parfois observer comme des animaux en captivité.
Cette attitude est loin de s’apparenter à une démarche Enfin, de manière parfois inattendue, la stigmatisation
pédagogique ou de sensibilisation. Elle tient plus d’un et la discrimination sont présentes dans les lieux de
voyeurisme stigmatisant qui ne parvient pas à cacher culte et dans certaines pratiques religieuses. Si la
l’angoisse des personnes en relation thérapeutique avec plupart des grandes religions (christianisme, Islam)
les malades. Certains personnels de santé vont même s'organisent pour porter assistance spirituelle voire
jusqu’à refuser le contact avec les malades, les privant matérielle aux PVVS, certains autres groupes religieux
ainsi des soins dont ils ont besoin. Une autre pratique refusent assistance spirituelle et réconfort moral aux
consiste à dépister systématiquement tous les malades à PVVS parce que ces derniers sont réputés avoir péché.
leur insu. Bien plus, les informations sur le diagnostic Leur maladie est alors considérée comme un châtiment
et sur les thérapies ne leurs sont pas toujours données. divin. Ce discours est courant dans certains groupes
Il faut dire que les personnels soignants, les médecins y religieux qui soutiennent et proclame que le
compris, n’ont pas toujours eu une formation VIH/SIDA est une calamité envoyée par Dieu afin que
professionnelle et/ou scientifique leur permettant de les hommes se convertissent. La culpabilisation à
prendre en charge les PVVS et les malades. Certains outrance des PVVS réduit non seulement leur espoir
ont même des attitudes et des propos inattendus de vivre mais surtout leur espérance, lorsqu'ils sont
propres à des ignorants sur la maladie. croyants. Bien plus, livrés à leur solitude, ils se font
berner et ruiner par des sectes guérisseuses qui
Au niveau de la recherche, encore embryonnaire au prétendent leur offrir une guérison miraculeuse.
Cameroun, certains chercheurs - même les plus
éminents, évoluent en dehors de toute déontologie. On comprend alors que la stigmatisation et la
Avec l’aval des autorités publiques et des media locaux discrimination finissent par être plus pernicieuses que
parfois, ils dépistent, testent et proposent des thérapies la maladie elle-même. Elles rendent la prévention
qui n’ont reçu aucune légitimité scientifique et qui ne difficile en repoussant les malades et les PVVS dans
sont fondées sur aucun protocole d'évaluation l'obscurité et la clandestinité. Ce que dénonçait le
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directeur de ONUSIDA quand il prévenait :‘La préfets qui connaissent mieux les populations locales
stigmatisation liée au VIH/SIDA est provoquée par un dont ils ont la charge. La revendication des préfets a été
mélange détonant de honte et de peur... Honte parce entendue et la création des structures départementales
que la sexualité ou la toxicomanie qui transmet le VIH a été décrétée par le MINSANTE avant même que
est voilée de tabous et de jugements moraux... Peur notre mission ne soit terminée.
parce que le SIDA est relativement considéré comme
mortel! Répondre au SIDA par la condamnation ou Cette multiplication des structures a pour but, entre
par des insultes à l’égard des personnes vivantes avec le autres, de faciliter le travail des CLLS sur le terrain.
virus n’est que repousser l’épidémie dans la Lorsque les autorités administratives ne sont pas
clandestinité créatrice des conditions idéales à la impliquées, les CLLS font face à de nombreuses
propagation...pourtant, il faut remplacer la honte par la difficultés qui vont du refus de l’autorisation d’accéder
solidarité et la peur par l’espoir. ’ (Piot, 2001). aux populations (chefferies) racket en passant par
l’intimidation, les menaces et la désinformation. Les
Méprises et malentendus autour de la lutte CLLS et les ONG locales font souvent du porte à
La gestion administrative et régionale de la mission porte avec des moyens dérisoires s’exposant ainsi à
toutes sortes de risques. Pour marquer leurs réticences
Les GTP représentent le CNLS au niveau de la et leur refus voilé, certaines autorités traditionnelles
province, ils ont une autonomie administrative et leur proposent de rencontrer les populations les jours
financière. Ils s’adressent aux délégués provinciaux du où elles ne sont pas disponibles ou dans des lieux
MINSANTE pour les activités relevant de la Réponse inaccessibles.
Médicale.Tous les dix GTP étaient médecins jusqu’à la
nomination en 2003 d’un inspecteur des affaires A quoi s’ajoutent de nombreuses inégalités régionales.
sociales dans un GTP. Si les rapports entre le Les régions les plus touchées ne sont pas celles qui
MINSANTE et le CNLS sont clairs et permanents. Il bénéficient des structures de prise en charge les plus
n’en est pas de même de ceux entre les GTP et les appropriées. Les centres de dépistage sont concentrés à
Délégués Provinciaux du MINSANTE. L’autonomie Yaoundé et à Douala. La distribution des ARV est
des GTP irrite habituellement ces derniers dont le rôle mieux faite dans ces deux grandes villes que dans
est de coordonner toutes les activités de santé publique d’autres.
au niveau de la province. Par ailleurs, les GTP gèrent
souvent des budgets assez importants alimentés d’une ‘Le SIDA a l’argent’
part par le MINSANTE et d’autre part par les L’un des problèmes de fond auquel le CNLS est
organismes spécialisés de la Banque Mondiale. Les confronté est l’idée que ses partenaires et les
rapports entre les deux responsables provinciaux — populations se font d’elle.Tout ce qui touche à la lutte
dont les actions sont pourtant complémentaires et contre le VIH/SIDA au Cameroun est réputé avoir des
clairement définies — se caractérisent par une rivalité moyens financiers sans limite. Que de fois avons nous
conflictuelle qui déteint sur les activités provinciales de personnellement été accueilli et avons nous reçu
lutte contre le VIH/SIDA. comme argument:‘Le SIDA a l’argent’;‘le SIDA donne
l’argent, c’est une affaire d’argent’;‘le SIDA est la
Les conflits tendent à se réduire au fur et à mesure des bouffe des ONG’? Pour l’opinion publique, le soutien
rencontres de clarification entre les responsables. Le de la Banque Mondiale ne peut se faire qu’à coup de
VIH/SIDA est de plus en plus reconnu par ces différents millions de dollars. Certains signes confortent cette
intervenants comme un défi dépassant la seule opinion. L’acquisition récente d’une quarantaine de
médicalisation dont elle a si longtemps fait l’objet. véhicules tout-terrain dont une partie fut exposée
pendant plus de quatre mois sur les parkings du siège du
Jusqu’en 2003, l’organigramme du CNLS ne prévoyait CNLS et la distribution des ces véhicules rutilants aux
pas de structure départementale. La limitation des responsables du CNLS et aux GTP ont frappé l’opinion.
structures administratives et la promotion des structures
communales correspondent au souci de réduire les Au moment où ils n’étaient pas encore intégrés dans le
lourdeurs administratives et les risques de corruption et système du CNLS en 2002, des préfets ont observé
de détournement des fonds alloués. Les projets des une augmentation vertigineuse des demandes de
CLLS sont directement financés dans les conditions création d'ONG ayant pour objectif de lutter
décrites plus haut. Mais on s’est très vite rendu compte localement contre le SIDA. Ils se sont rendus compte
que rien de concret ne pouvait se faire sans l’appui des plus tard que la prolifération de ces demandes
correspondait à l’annonce qu’avait faite le CNLS pour populations et des décideurs ont mis en exergue un
financer les micro projets des ONG luttant contre le certain nombre de problèmes souvent inattendus. Ces
SIDA.Toutes ces associations n'ont malheureusement difficultés et malentendus portent sur l’émetteur du
pas pu satisfaire aux contraintes de la Banque message, le message lui-même et sur ceux à qui il est
Mondiale. destiné.
Les difficultés que rencontrent les représentants et les Les partenaires et les représentants du CNLS sont
responsables du CNLS à tous les niveaux — dont souvent pris à partie par des élus de sensibilités
certaines ont été exposées plus haut — s’expliquent politiques différentes de celle du gouvernement en
en partie par ce fantasme selon lequel la structure a de place. Dans une région anglophone plus ou moins
l’argent à ne savoir quoi en faire. Le niveau général de hostile au régime en place, nous avons été accueillis par
corruption de l’administration camerounaise ne l’expression murmurée en pidgin ‘Na man fo Ongola’
s'accommode pas des mesures de contrôle et de suivi (les gens de Yaoundé). Identifiés comme des
de la Banque Mondiale en matière de gestion francophones — bien que bilingues pour certains
financière. Lorsqu’elles ne parviennent pas à un d’entre nous — les membres de notre mission ont
compromis, les différentes autorités administratives et parfois été assimilés à des ‘agents du régime’. Si certains
traditionnelles développent une animosité revancharde, élus locaux adhèrent aux missions du CNLS par
ouverte ou masquée, envers les personnels et les engagement politique, d’autres transforment les
partenaires du CNLS. rencontres en revendication généralisée sur les besoins
en santé publique de leur localité et sur la politique de
On ne dira jamais assez que les méthodes de la Banque santé au Cameroun. L’effort de communication du
Mondiale s’accommodent peu souvent des pratiques et CNLS consiste alors à insister sur l'urgence de la lutte
habitudes locales. La Banque s’oppose au financement et sur la nécessité pour tous de s'y impliquer.
des pauses-cafés et repas prévus dans certaines
manifestations et rencontres. Cette logique concerne Par ailleurs, la sexualité et le discours y afférent restant
parfois les per diem dans la mesure où on se demande tabou, il est pratiquement impossible dans certaines
s’il est nécessaire de payer les gens parce qu’on les aide. régions de mettre ensemble hommes, femmes et
Mais comment réunir des populations africaines et/ou enfants pour les sensibiliser. Certaines démonstrations
camerounaises pour un combat commun sans leur s’avèrent intolérables pour les responsables de ces
donner à boire et à manger ? Un surplus de communautés. Il faut parfois séparer les uns des autres
convivialité contextuelle n’augmente-il pas l’efficacité en prenant le risque d’une communication peu efficace
de la communication? Comment déplacer un chef du point de vue communautaire. Le côté inattendu et
traditionnel sans prévoir une compensation matérielle nouveau du discours sur la sexualité provoque des
et morale? De nombreux meetings ont tourné court réactions aussi inattendus que le voilement de la face
du fait de ce manque de convivialité. En milieu rural, des femmes qui ne veulent pas voir, l'attention
le style de la palabre semble plus efficace que celui qui soutenue sur des détails superfétatoires au détriment
consiste à rassembler des gens pour leur donner une des objectifs pédagogiques à atteindre, des rires sous cape.
instruction scolastique fût-elle démonstrative. Il y a là
une dimension que le CNLS gagnerait à négocier avec La sensibilisation à travers les médias est de plus en plus
ses partenaires internationaux. importante. Les messages de prévention se multiplient
sur toutes sortes de support. Mais leur distribution reste
Les malentendus se réduiraient si le CNLS inégale.Toutes les régions ne sont pas couvertes en
communiquait davantage. En effet, les nombreux ondes radiophoniques ou télévisuelles. Malgré la
partenaires du CNLS se plaignent de ne pas multiplication des radios locales, toutes les
suffisamment connaître les missions, les programmes et communautés ne reçoivent pas les informations en leur
les projets de la structure. Une meilleure qualité de langue.
l'information pourrait dissoudre une bonne partie des
malentendus. Le ‘bouche à oreille’ (en cours) participe En l’absence de lieux de loisirs pour les jeunes, ces
de la rumeur et de la désinformation. lacunes favorisent la prolifération des vidéoclubs qui
proposent essentiellement des films de violence et des
Communication et sensibilisation films pornographiques. Ces derniers promeuvent une
Les campagnes nationales de plaidoyer auprès des sexualité à risque paradoxalement valorisée.
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facilitant la contagion, il faut encore que l’individu en irrévérencieux.Toutes choses qui nous font penser que
soit conscient, qu’il ait eu connaissance de la maladie la lutte contre les VIH/SIDA au Cameroun prend
au moment de l’acte et que sciemment, il continue à l’escalier alors que le VIH/SIDA a résolument pris
avoir des rapports non protégés. Mais il s’agit d’une l’ascenseur. D’où notre titre.
infraction de résultat. En effet, il n’est pas moralement
indispensable que la volonté soit d’atteindre ce résultat. Pourtant, l’heure n’est pas au découragement. Nous
Il suffit qu’elle y tende par la connaissance de la nature n’aurons pas la prétention irraisonnée d’apporter des
du danger. Or la transmission du SIDA n’est pas simple solutions radieuses à toutes les limites que nous venons
contagion de la maladie. La répression s’avère donc d’évoquer. Nous voulons contribuer à une réflexion et
insuffisante pour une maladie qui donne la mort. à une praxis qui pourraient aider les décideurs à
redoubler de courage politique pour combattre une
Enfin, comment établir la preuve de l’acte volontaire pandémie qui prend aujourd’hui des allures de
de contamination si les partenaires sont nombreux et catastrophe protéiforme.
infectés? La preuve de la connaissance de la séro-
positivité au moment de l’acte est nécessaire. Comment Certes, la prévention sollicite le changement de
débusquer le délinquant si le médecin évoque le secret comportement individuel et communautaire. Ce
professionnel auquel il est tenu ? La complexité des dernier gagnera à être renforcé par la modification des
aspects juridiques et judiciaires du VIH/SIDA est si structures de la lutte en cours. Comment pourrait-on
dense qu’à ce jour aucun procès n’a été intenté en la continuer à lutter contre le VIH/SIDA au Cameroun
matière. Il faut dire que l’urgence est ailleurs. Quand en ignorant la perpétuelle asymétrie des rapports de
bien même le Cameroun disposerait d’une loi genre et en contournant ou en ménageant les
satisfaisante en la matière il faudrait encore qu’elle soit structures sociales traditionnelles toujours si influentes
appliquée. sur l'orientation des comportements individuels et
communautaires? Les participants aux derniers ateliers
CONCLUSION provinciaux de plaidoyer et de sensibilisation
A travers l’expérience camerounaise, nous avons voulu gagneraient à faire des propositions courageuses non
montrer comment un pays africain entreprend de lutter politiciennes qui puisent leur efficacité dans un souci
contre le SIDA et tente de résoudre les problèmes que équitable de santé publique. Le cas que nous avons
génère une telle entreprise. Moyennant quoi, nous analysé peut à maints égards rejoindre les observations
avons fait apparaître les problèmes spécifiques d’une valables ou faites dans d'autres pays africains. Mais il
société dont la complexité et la diversité sont des rend compte de la manière particulière dont le
caractéristiques majeures. Les représentations sociales de Cameroun s’attaque au défi que constitue la pandémie
la maladie — de cette nouvelle maladie, de la vie et de du VIH/SIDA compte tenu de son histoire et de ses
la mort, les croyances, les cultures locales, les ressources actuelles. Quand bien même le combat,
comportements sexuels, les différents statuts de la l’adversaire et les armes seraient les mêmes pour tous,
femme, le rapport du citoyen à l’État républicain et chaque gladiateur a son style, ses appréhensions, ses
aux autorités traditionnelles, les religions sont autant de rythmes, ses tactiques, ses limites et ses fantasmes. Ce
‘partenaires’ avec lesquels tous les programmes doivent qui fait de son combat une épreuve toujours
entrer en négociation s’ils veulent être assurés d’un particulière. Ce dont l’ensemble des partenaires et des
minimum d’efficience. Mais l’efficacité de la lutte passe sponsors devraient tenir compte s’ils veulent
aussi par la segmentation des cibles en fonction des véritablement lui venir en aide.
difficultés rencontrées.
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