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G0 Méd. Morale Et Ethique Chrétienne

Le cours de morale et d'éthique chrétienne, dispensé par Sébastien Kalombo Kapuku, vise à sensibiliser les futurs médecins à l'importance de l'éthique dans leur pratique professionnelle. Il aborde des thèmes tels que la distinction entre éthique et morale, les responsabilités éthiques individuelles et sociales, ainsi que les implications de l'éthique dans le domaine médical. Les objectifs incluent le respect de l'autonomie, la bienfaisance, la non-malfaisance et l'équité dans les soins de santé.

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G0 Méd. Morale Et Ethique Chrétienne

Le cours de morale et d'éthique chrétienne, dispensé par Sébastien Kalombo Kapuku, vise à sensibiliser les futurs médecins à l'importance de l'éthique dans leur pratique professionnelle. Il aborde des thèmes tels que la distinction entre éthique et morale, les responsabilités éthiques individuelles et sociales, ainsi que les implications de l'éthique dans le domaine médical. Les objectifs incluent le respect de l'autonomie, la bienfaisance, la non-malfaisance et l'équité dans les soins de santé.

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Morale et Ethique chrétienne

Par
Sébastien KALOMBO Kapuku
Professeur Ordinaire

Cours dispensé en G0 Médecine


Plan du cours
0. Introduction générale
0.1 Motivation du cours
0.2 Importance et objectif du cours
I. Chapitre premier: Considérations préliminaires
II. Chapitre deuxième: l’Ethique dans l’histoire
III.Chapitre troisième: Valeur du travail, prise de décision et
problématique du temps en éthique
I. Chapitre quatrième: De l’éthique chrétienne
II. Chapitre cinquième: Regard sur l’Ethique médicale
Conclusion générale
Introduction Générale
Motivation du cours
Depuis une vingtaine d’années, l’Ethique a pris une
importance considérable, tant dans la conscience
commune des individus que dans la réflexion des
chercheurs et dans les préoccupations de ceux des
acteurs sociaux qui, par leur situation ou leur
profession, exercent une influence marquante sur le sort
de leurs communautés d’appartenance et de la
communauté humaine tout entière.
« La vertu peut-elle s’enseigner?-», interroge Socrate
(469-399) dans le Ménon de Platon (427-347). Le
salutaire embarras socratique concerne ici non seulement
la définition même de la vertu - qu’est-ce que la vertu?
Quel est son contenu? -, mais aussi sa transmission :
peut-elle s’apprendre, comme c’est le cas d’autres
domaines? Appartient-elle, plus fondamentalement, au
registre du savoir ? Pour utiliser le vocabulaire de
Kierkegaard (1813-1855) : peut-elle faire l’objet d’une
transmission directe à la façon d’un objet qu’on se passe
de main en main ?
La question socratique contient le paradoxe,
l’éthique a toujours consisté dans un effort pour
penser l’acte lui-même, son sens, sa portée, ses
sources, etc.
En ce sens, elle est travail critique, élaboration
distanciée, mise en perspective des formes de
représentation des activités humaines.
Importance du cours
Il nous revient un devoir on ne peut plus délicat de rappeler
aujourd’hui qu’aucune science ne se suffit à elle – même.
C’est dans ce cadre que s’inscrit avant tout l’importance du
cours de morale et éthique chrétienne dans le programme de
formation des futurs médecins.
D’autre part, l’importance de ce cours se justifie du fait même
des objectifs qu’il vise. En effet, contrairement aux autres
disciplines scientifiques, la morale et l’Ethique chrétienne vise
le cœur de l’humain, et incite le médecin à faire son travail en
tant qu’auxiliaire de Dieu et cela dans la compassion.
Objectifs du cours
A la fin du cours, chaque apprenante et apprenant sera en mesure
d’appliquer et de faire appliquer les principes ci-après une fois
dans la carrière professionnelle:
- le respect de l'autonomie du sujet (capacité du sujet à décider:
consentement);
- la bienfaisance (obtention de conséquences favorables);
- la non-malfaisance et;
- l'équité.
Chapitre Premier
Considérations préliminaires
1.1 Généralités
1.1.1 Ethique
1.1.1.1 Consensus langagier autour du terme « éthique »
Diverses sciences de l’homme se sont amplement disputés, et en vain, pour
définir l’objet de l’Ethique en tant que discipline autonome, délimiter son
domaine et préciser l’attitude scientifique de l’éthicien.
Pour les uns, l’éthique ne saurait être qu’une étude des mœurs, des coutumes,
des habitudes de vie d’une société ou d’un individu. Pour les autres, l’éthique
n’est que la science de la morale ou l'art de diriger la conduite. Pour le
Robert, l'éthique c'est la science de la morale, l'art de diriger la conduite. Pour
le Trésor de la langue française, l'éthique est la science qui traite des
principes régulateurs de l'action et de la conduite morale.
Faut-il faire une différence entre éthique et morale, et, si oui,
laquelle ? C'est un fait que, dans notre tradition culturelle, le
sens précis du mot éthique ne saurait être énoncé
indépendamment de celui que l'on donne d'autre part au terme,
apparenté de « morale ».
Le mot éthique désigne globalement, les attitudes et disciplines
rationnelles qui se proposent de penser les comportements
pratiques concrets, c'est-à-dire, la morale effectivement vécue
dans telle société donnée. Ainsi l'éthique apparaît-elle établie
en une position seconde : réflexive et critique.
Là où le mot éthique renvoie à une théorisation et à une
réflexivité, celui de la morale désigne, par contraste et en
articulation avec lui, le champ de l'agir concret et tout le
système des habitudes d'action et des normes pratiques
communément reçues dans le groupe humain considéré.
Dans ces conditions, il est clair que ni l'une ne pourra aller
sans l'autre, ni l'autre sans l'une : la morale concrétise le
matériau même de l'éthique, et l'éthique ne sera que la reprise
réflexive et l'élaboration critique de la morale vécue.
Il y a donc une équivalence entre les deux termes.
1.1.1.2 De l’éthique et de la morale
En effet, l’Ethique n’est pas encore action. Elle est avant tout
réflexion : science du jugement, de l’évaluation, elle s’applique
à la distinction du bien et du mal, pour promouvoir le bien. Le
terme éthique est issu du grec ethos (enclos, habitacle, lieu
d’habitation ou de séjour). Son origine linguistique en montre
bien le sens : il s’agit du lieu où l’être humain est né, où il
habite, organise sa vie selon des principes communs aux autres
membres de la communauté.
Alors que la morale c’est l’ensemble des règles qui doivent
être appliquées pour une vie bonne.
Ainsi, trois questions construisent le
« triangle de l'éthique » : je veux, je peux, je
dois. Si l’on veut absolument distinguer
l’éthique de la morale, on peut admettre,
comme le fait Paul Ricœur, que le premier de
ces concepts renvoie à la recherche de ce qui
« est estimé » tandis que le second désigne ce
qui apparaît comme obligatoire.
1.1.2 Morale
La morale désigne l’ensemble des règles. La morale
peut être ainsi naturelle, non réfléchie. En ce sens, elle
représente le comportement habituel, normal ou
dominant au sein du groupe : vivre moralement, c’est
vivre dans la conformité, comme tout le monde.
L’éthique n’est jamais naturelle, ni spontanée : elle
s’interroge, examine les habitudes et les arguments
moraux, refuse la passivité et la pure adoption aux
mœurs environnantes l’éthique légitime la morale.
1.2 Fonction essentielle de la morale et tâche de l’éthique
Toute préoccupation éthique doit viser l’aménagement d’une société où
peuvent (pourront) se développer la joie de vivre, le partage, la solidarité,
la créativité.
La morale a pour tâche de fournir des normes, des règles destinées à
favoriser la vie commune, à la rendre possible voire même fructueuse
pour l’avantage de tous. Mais l’expérience montre que ces règles ne
jouent pas toujours ce rôle positif. Elles peuvent au contraire être
ressenties par moment comme un carcan, limitant la liberté et imposant
un conformisme frôlant l’hypocrisie.
Au lieu d’être « bonne », une telle morale est plutôt mauvaise.
De l’autre côté, pour bien opérer, l’éthique pose la question
suivante : « Au nom de quoi agissez-vous ? » Si la réponse fait
apparaître que la seule légitimation est celle relative à la défense
des intérêts particuliers ou même collectifs à court terme, l’action
morale proposée sera déclarée illégitime éthiquement parlant,
même si moralement elle est légale. Sera en revanche légitime,
toute action qui, dans sa motivation comme dans sa visée prend
autrui en considération, non comme une chose, mais comme une
personne.
La responsabilité envers autrui comme personne est le principe
éthique fondamental qui légitime l’action morale. L’éthique,
enfin, s’efforce d’honorer les exigences ci-après :
• Le respect : La morale vise ici à la fois les intérêts de chacun et une attention positive
que chacun doit avoir de sa personne. Il ne s’agit pas ainsi d’un respect négatif, proche
de l’indifférence vis-à-vis des autres ou de lui-même. Bref, le respect exige la solidarité,
ce sentiment profond d’appartenir à une commune humanité avec les autres, et où
chacun est lié à l’autre ;
• L’exigence de la justice : ce qui est moralement juste, ce n’est pas de transférer la
responsabilité de l’exigence de justice, soit à l’Etat, soit à quelques personnes seulement.
La notion de justice risque de se rétrécir s’il manque un engagement personnel des gens
concernés, ou si aucun mécanisme ne permet l’échange et la réciprocité. ;
• L’exigence de la reconnaissance : il faut ici éviter de réduire cette reconnaissance à son
seul aspect social où l’on ne tient compte que des rôles sociaux de chacun, qui ne sont
d’ailleurs que des accidents et provisoires pour la plupart. La reconnaissance que tout
homme espère recevoir des autres ne saurait donc s’arrêter au seul rôle social que l’on
joue, mais qu’au-delà du personnage, la personne est reconnue dans son unité en tant
qu’être humain. Les rôles sociaux sont interchangeables, tandis que la personne est
unique et irremplaçable. Ceci se comprend mieux dans l’amour, où l’on sait que « être
aimé » c’est être reconnu pour ce qu’on est, et non pas pour ce qu’on fait ou ce qu’on
représente seulement.
1.3 Champs d’application de l’éthique
Il existe plusieurs champs d’application de
l’éthique, nous citer à titre non exhaustif:
1.3.1 Ethique individuelle
La responsabilité éthique individuelle concerne le
rapport responsable du «je» avec le «soi», rapport qui se
fait sur le mode direct. Je dois me soucier non
seulement d'autrui, mais aussi de moi-même.
1.3.2 Ethique personnelle
Alors qu'il s'agit en éthique individuelle de la responsabilité immédiate du «je»
envers le «soi», il en va en éthique personnelle du souci du «je» pour le
«tu/vous», c'est-à-dire de ce qu'on pourrait appeler le devoir d'une relation
interpersonnelle d'humanité.
1.3.3 Ethique sociale
Par l’éthique sociale il faut entendre une discipline de l’éthique qui s’applique de
manière spécifique au champ social, culturel et institutionnel, en tant qu’il obéit à
des règles irréductibles à celle de la vie individuelle et des relations
interpersonnelles.
C’est une partie de l’éthique qui porte sur les institutions sociales plutôt que sur
le comportement individuel, sur la manière d’organiser collectivement une
société (locale, nationale, continentale ou planétaire) plutôt que sur la manière
dont chacun de nous doit se comporter en son sein.
Ethique sociale et justice sociale
Nul ne peut se passer de la justice sociale qui occupe une
place privilégiée en éthique sociale, entendue ici comme
l’ensemble de principes qui régissent la définition et la
répartition équitable des droits et des devoirs entre mes
membres de la société.
Cette théorie se concentre sur les institutions sociales, plutôt
que sur le comportement individuel, et plus spécifiquement
sur une qualité parmi d’autres de ces institutions.
Ethique Sociale et Responsabilité
A la différence de l'éthique individuelle, de l'éthique
personnelle et de celle de l'environnement, l’éthique sociale a
affaire spécifiquement à cet aspect de la responsabilité qui est
lié à la médiation des relations fondamentales par les
institutions sociales à l’intérieur desquelles elles se situent
concrètement. Dans la mesure où il s'agit de la responsabilité
envers le «comment» des institutions de la vie sociale,
instituions qui contribuent à définir la qualité éthique des
relations je-moi. je-tu/vous et je/nous-cela, l'éthique sociale est
une éthique de la médiation au de la structuration sociale.
Ethique Sociale et Comportement
Ce qui est valable pour la visée de l'éthique personnelle l'est bien
entendu aussi pour la visée de l'éthique individuelle et pour celle de
l'environnement. Elles doivent elles aussi être intégrées dans
l'éthique sociale. Cette dernière recherche dans un sens général la
structure d'existence médiatisée par les institutions de favoriser une
prise de responsabilité par les individus, les groupes, les sociétés,
etc., dans toutes les circonstances de la vie humaine. Elle vise
précisément à rendre possible un comportement responsable envers
soi- même, envers les personnes de son entourage et envers son
environnement, également dans le domaine des relations
médiatisées par les institutions.
Ethique écologique
De même que je suis responsable des relations directes que j'entretiens
avec moi-même et avec les gens avec lesquels je vis, de même le suis-
je de mes relations immédiates avec l'environnement naturel, base de
vie élémentaire de toute créature.
La responsabilité éthique envers l'environnement commence par la
conscience que nous avons de rencontrer l'environnement en quelque
sorte comme un partenaire, c'est-à-dire en rendant justice à l'écologie.
Tout homme devra prendre conscience qu'il ne peut pas adopter une
attitude d'exploitation envers la nature, ses forces, ses trésors et ses
biens vitaux, mais qu'il doit la traiter comme un partenaire, la
respecter et la ménager.
1.3.4 Bioéthique
Subdivision de l’éthique sociale ayant pour l’objet
des procédures médicales techniques et la
recherche scientifique (expérimentation sur l’être
humain). Le terme éthique biomédicale est en fait
préférable.
L’éthique médicale est spécifiquement orientée sur
les relations entre le médecin, l’équipe médicale et
le patient ainsi que sur les questions de la santé.
1.3.5 L’éthique animale
Discipline qui prend en compte l’animal en tant que être
vivant. Selon Peter Singer, un éthicien Australien dans son
livre paru sous le titre : « La libération animale », l’animal
constitue la priorité des priorités. Pour lui, un animal supérieur
est plus important qu’un enfant handicapé, c’est-à-dire que les
vivants humains ne sont pas plus importants que les vivants
animaux. Ce qui compte chez les animaux ce n’est pas la
parole mais le seul critère est: « est-ce qu’il souffre ? » Ainsi,
maltraiter un animal est un signe d’arrogance et cela n’élève
l’humain.
1.3.6 Ethique théologique
Discipline théologique ayant pour but de rendre compte
du lien entre la foi et la morale, individuelle ou
collective, tant au plan des représentations (croyances,
systèmes des valeurs) que des pratiques.
En d’autres termes, l’éthique théologique identifie le
bien avec la sainte volonté de Dieu.
Les éthiques hébraïque et chrétienne appartiennent à ce
camp.
N.B : cette liste n’est pas exhaustive
1.4 Quelques domaines liés à l’éthique
L’éthique est d’abord inséparable de l'histoire et de la philosophie, à tel point qu’il est
encore courant de la confondre avec la philosophie morale et la religion. En effet, il est
parfois considéré que l’éthique est une des branches principales de la philosophie, et
plus particulièrement de la philosophie morale.
L'éthique, dans ses applications contemporaines est aussi intimement liée à la méta-
éthique, même si c’est surtout dans le débat contemporain que la distinction est aussi
nettement faite. La méta-éthique en effet a pour objet d’analyser la nature des énoncés,
des normes et des procédés de l’éthique. Elle constitue la discipline qui permet à
l’éthique un retour réflexif sur elle-même.
Un autre grand domaine inséparable est la politique ou plus précisément la philosophie
politique. Il est traditionnel en philosophie de considérer la gouvernance de la cité
comme un cadre naturel et comme un prolongement des commandements éthiques. À
une échelle plus vaste, les domaines de l'environnement contribuent au développement
de l'éthique sur des bases réelles.
1.5 Quelques systèmes éthiques

Les systèmes éthiques consistent à déterminer le


principe ultime dont on tient compte pour prendre une
décision éthique.
Tous les hommes et toutes les sociétés, même d’une
manière inconsciente, utilisent l’un des systèmes en
optant pour tel ou tel autre comportement moral.
Les spécialistes en éthique ont défini et précisé la
spécificité intrinsèque de chaque système.
1.5.1 L’utilitarisme

Système éthique qui a pour principe ultime : « le plus grand bien pour le
plus grand nombre ». Une action est bonne quand les conséquences sont
bonnes, sans égard pour sa motivation. Il s’agit donc ici d’une doctrine
éminemment téléologique (fondée sur les intentions et les désirs de
l’homme, et pragmatique (car seuls les résultats comptent). Fondé par
Jeremy Bentham (1789), baptisé et popularisé par John Stuart Mill
(1861), systématisé par Henry Sidgwick (1874), l’utilitarisme ainsi
définit se veut une doctrine résolument moderne, humaniste et altruiste.
Il prône l’abandon de toute idée de droit naturel et de toute
métaphysique englobante : aucune autorité suprême ne peut décréter ce
qui est juste ou bon pour l’humanité; seuls comptent les états de plaisir
juste ou de souffrance vécus par les êtres humains.
Une liste des critères a été élaborée pour cette fin:
• La certitude, c’est-à-dire le degré de probabilité que l’action
aboutisse à un résultat agréable;
• La proximité qui concerne le temps nécessaire pour obtenir
ce résultat;
• La fécondité qui est la capacité de produire le plus grand
plaisir
• La pureté ou le degré de douleur le plus faible possible;
• La portée, c’est-à-dire le nombre (le plus grand possible) de
personnes qui bénéficient de l’action.
1.5.2 L’éthique de situation
Selon ce système, les principes sont généraux
mais leur application est spécifique et changeante
selon le contexte, la situation, la culture ou les
circonstances.
Donc, à partir du principe, on formule la loi, mais
l’application dépend de la situation, de la culture
et de la réalité dans laquelle on se trouve.
1.5.3 Le système des absolus
Ce système fonctionne sur base des absolus qui sont des normes, des lois, des
principes qui ne change pas et qui ne peuvent être changé quel que soit le
contexte, la situation ou la circonstance.
Dans ce système, on reconnait des normes qui ont une validité définitive pour
juger toutes les actions spécifiques. Donc si la situation ou le contexte change, on
ne peut jamais changer l’appréciation ou la décision morale.
Les absolus proviennent de la Bible pour les chrétiens, du Coran pour les
musulmans, ou des lois élaborées par une société donnée. Pour beaucoup des
personnes, leur progrès moral dépend des absolus ; et à chaque fois qu’on est
menacé on fait appel aux absolus.
Par exemple : la Bible dit : «Tu ne tueras pas ». Donc, parce que la vie est sacrée
pour Dieu, on ne pourrait jamais commettre un meurtre de quelque forme qu’il
soit ou quel que soit la circonstance ou la situation. (Légitime défense : Non,
avortement légitime pour la vie de la maman ou de l’enfant en danger: Non).
1.6 Question de méthodes en éthique

1.6.1 La méthode empirique ou descriptive


Elle vise à expliquer les phénomènes de la vie morale et leur lien à
la réalité. En d’autres termes, la méthode consiste à faire
l’observation de la manière dont les hommes vivent, travaillent, se
conduisent etc. on pose la question de savoir ce qui est ou ce qui se
fait en matière éthique.
Cependant, on n’examine pas ce qui devrait être, il ne résout pas
les questions de savoir ce qui est juste et ce qui n’est pas juste, ce
qui est valable et ce qui ne devrait pas être valable. Donc, on fait
une simple description objective de l’éthique adoptée par un peuple
donné.
1.6.2 La méthode normative
Vise à fonder ce que peut et doit être une action juste
par un examen critique de la morale dominante.
Autrement dit, elle consiste à faire des jugements sur ce
qui est correct, sur ce qui est approprié et inapproprié,
sur ce qui est moral et immoral.
Elle traite les attitudes et la conduite des hommes dans
la société. Il répond à la préoccupation de ce qui devrait
être. Elle fait le jugement de valeur et elle s’occupe à la
justification des principes éthiques.
1.6.3 La méthode d’Utrum:
Trois principaux objectifs animent une discussion éthique procédée par
la méthode d’Utrum:
❑Saisir les arguments nécessaires des uns et des autres pour la prise de
décision morale ;
❑Analyser les contenus éthiques de chaque camp, comparer les
diverses positions éthiques et communiquer les résultats en tenant
compte de l’enseignement biblique et des réalités philosophiques,
culturelles, contextuelles, situationnelle, etc… ;
❑Après avoir adopté une position éthique précise, commencer à mener
une vie plus consistante à la vie éthique vers laquelle le cheminement
rationnel pointe.
Conclusion du chapitre
Ce chapitre s’est voulu être un cadre théorique et conceptuel sur les
contours de ce qu’est la morale et l’éthique. Le premier concept renvoie
à ce qui est obligatoire puis qu’étant un ensemble des règles adoptées
par une société et imposables à tous tandis que le second renvoie à ce
qui est estimé car provenant d’un regard critique et réflexif.
Les différentes méthodes vues en éthique nous permettent de situer
chaque décision éthique dans un système éthique bien déterminé
conformément au champ éthique qui est véritablement élargi.
Bref, dans la sphère de l’éthique, nous avons tous des droits et des
devoirs sur nous-mêmes, les autres et ceux-là (environnement, animaux,
etc…)
Chapitre Deuxième
L’éthique dans l’histoire
2.1 Généralités
Du jour où les Hommes vécurent en groupes, une régulation morale du
comportement devint nécessaire au bien-être du groupe. Bien que les mœurs
aient été formalisées et transformées en critères de conduite arbitraires, elles
évoluèrent, parfois irrationnellement, à la suite de violations de tabous religieux
ou, par hasard, lorsqu’un comportement d’abord devenu habituel se transforma
en coutume, ou encore en raison des lois que les chefs imposèrent à leurs tribus
pour prévenir la discorde. Même les grandes civilisations anciennes d’Égypte et
de Sumer n’ont pas élaboré une éthique systématisée.
Aux maximes et préceptes consignés par les chefs séculiers comme Ptahotep se
mêlait une religion stricte qui façonnait le comportement de tout Égyptien.
Dans la Chine ancienne, les maximes de Confucius devinrent un code moral
reconnu.
À partir du VIe siècle av. J.-C., les philosophes grecs ont consacré une large part
de leurs théories au comportement moral, contribuant ainsi au futur essor de
l’éthique en tant que philosophie.
2.2 Moment des premières éthiques grecques

Au VIe siècle av. J.-C., Pythagore élabora l’une des plus anciennes philosophies
morales à partir de l’orphisme. Persuadé que la nature intellectuelle est
supérieure à la nature sensuelle, et que la meilleure vie est une vie consacrée à la
discipline mentale. Il fonda un ordre semi-religieux dont les règles préconisaient
la simplicité dans la parole, le manger et le boire. Les rituels auxquels étaient
soumis les membres furent conçus dans le but de rendre manifestes les croyances
éthiques prescrites.
Au Ve siècle av. J.-C., les philosophes grecs, connus sous le nom de sophistes qui
enseignaient la rhétorique, la logique et l’éducation civique, furent sceptiques à
l’égard des principes moraux absolus. Le sophiste Protagoras considérait que le
jugement humain est subjectif et que la perception d’un individu n’a de valeur
que pour celui-ci. Gorgias alla même jusqu’à défendre l’idée extrême que rien
n’existe : s’il existait quoi que ce soit, les êtres humains ne pourraient le
connaître ; s’ils le connaissaient, ils ne pourraient pas communiquer cette
connaissance.
Socrate s’opposait aux sophistes. Sa position philosophique,
telle qu’elle est présentée dans les dialogues de son élève
Platon, peut se résumer comme suit : la vertu est la
connaissance ; seront vertueux ceux qui sauront ce qu’est la
vertu ; le vice ou le mal sont le résultat de l’ignorance.
Ainsi, pour Socrate, l’éducation doit être axée sur
l’enseignement de la vertu en vue de développer le sens
moral des hommes.
2.3 Avec les écoles grecques
La plupart des écoles grecques de philosophie morale puisèrent leur
source dans les leçons de Socrate. Quatre d’entre elles furent créées par
ses disciples immédiats : l’école des cyniques, l’école des cyrénaïques,
l’école des mégariques (fondée par Euclide de Mégare) et les
platoniciens.
Les cyniques, en particulier le philosophe Antisthène, considéraient que
le souverain bien est la totale indépendance à l’égard des choses
extérieures, que la maîtrise de soi représente la seule valeur irréductible
et qu’il est possible de l’enseigner.
Les cyniques méprisaient le plaisir, considéré comme un mal s’il
constituait le principe de l’action. Ils voyaient dans toute fierté un vice,
y compris dans la fierté de l’apparence ou de la propreté.
Les cyrénaïques, et notamment Aristippe de Cyrène, étaient hédonistes. Ils
postulaient que le plaisir est le souverain bien (pour autant que l’on ne place pas
sa vie sous sa domination), qu’aucune sorte de plaisir n’est supérieure à une
autre et qu’il n’est mesurable qu’en termes de degré et de durée.
Les mégariques, disciples d’Euclide, affirmaient que le bien est « un », même si
on l’appelle sagesse, Dieu ou raison, et que le bien est le secret ultime de
l’univers qui ne peut être percé qu’au moyen de la recherche logique.
Les platoniciens. Selon Platon, le bien est un élément essentiel de la réalité. Le
mal n’a pas d’existence propre, il est plutôt un reflet imparfait du réel. Dans ses
dialogues (première moitié du IVe siècle av. J.-C.), il soutient que la vertu
humaine consiste en l’aptitude qu’a une personne à accomplir la fonction qui lui
est propre dans le monde. L’âme humaine comprend trois éléments : l’intellect,
la volonté et l’émotion, dont chacun possède une vertu spécifique et remplit un
rôle particulier chez une personne bonne.
La vertu de l’intellect réside dans la sagesse ou dans la connaissance
des fins de la vie ; la vertu du courage correspond à la capacité d’agir,
et celle des émotions à la tempérance ou à la maîtrise de soi. La
dernière vertu, la justice, est la relation harmonieuse entre toutes les
autres. La primauté étant réservée à l’intellect.
Aristote, qui fut l’élève de Platon, considérait que le bonheur est le but
de la vie. Dans son principal ouvrage sur l’éthique, l’Éthique à
Nicomaque (fin du IVe siècle av. J.-C.), il définissait la quête du
bonheur comme une activité propre à l’Homme ; si le plaisir
accompagne une telle activité, il n’en est pas le but principal. Le
bonheur provient de cet attribut exclusivement humain qu’est la
raison, celle-ci opérant en parfaite harmonie avec les autres facultés de
l’Homme.
2.4 Moment du stoïcisme
La philosophie du stoïcisme s’est développée vers 300 av. J.-C., pendant les
périodes hellénistique et romaine. En Grèce, les principaux philosophes
stoïciens étaient Zénon de Citium, Cléanthe et Chrysippe. À Rome, le
stoïcisme fut la plus populaire des philosophies grecques ; Cicéron est à
ranger au nombre des Romains célèbres à avoir subi son influence.
Les grandes figures du stoïcisme de l’époque romaine furent le philosophe
grec Épictète, et l’empereur et philosophe romain Marc Aurèle. Aux yeux des
stoïciens, la nature est une entité ordonnée et rationnelle : seule une vie
menée en harmonie avec la nature peut être bonne. Affirmant que la vie est
sous l’emprise des forces matérielles, les stoïciens recommandent cependant à
chacun de s’en rendre aussi indépendant que possible.
Certaines vertus cardinales telles que la sagesse pratique, le courage, le
discernement et la justice permettent d’accéder à l’indépendance et de suivre
la devise stoïcienne : « Endure et renonce. »
2.5 A l’heure de l’Epicurisme

Aux IVe et IIIe siècles av. J.-C., le philosophe grec Épicure développa
un système de pensée appelé plus tard épicurisme, qui faisait du plaisir,
et tout particulièrement du plaisir intellectuel, le souverain bien et qui,
à l’instar du stoïcisme, préconisait une vie de tempérance, voire
ascétique, entièrement consacrée à des activités contemplatives.
Les épicuriens cherchaient à atteindre le plaisir en conservant un état
de sérénité, c’est-à-dire en éliminant tout trouble affectif. Ils
considéraient les croyances et les pratiques religieuses comme nocives
parce qu’elles génèrent des interrogations sur la mort et sur la vie après
la mort, qui sont autant de sources de préoccupation pour l’Homme.
2.6 Moment de l’Ethique chrétienne
Les systèmes éthiques de l’âge classique furent destinés à l’aristocratie,
notamment en Grèce, et nullement aux non-Grecs, dénommés
« barbares », terme qui prit une connotation péjorative. L’attitude
adoptée envers les Barbares était semblable en tout point à l’attitude
envers les esclaves, décrits par Aristote comme des « outils vivants » et
considérés comme tels par l’ensemble des citoyens.
C’est ce qui explique en partie que les philosophies contemporaines du
déclin des religions païennes ne suscitèrent pas l’adhésion populaire et
que l’un des principaux attraits du christianisme consistait dans le fait
qu’il procédait à l’extension de la citoyenneté morale à tous, même aux
esclaves.
L’apparition du Christianisme marqua une révolution en morale, dans la
mesure où elle introduisit une conception religieuse du bien dans la pensée
occidentale. Dans la perspective chrétienne, l’Homme dépendait entièrement
de Dieu et ne pouvait parvenir à l’excellence ni au moyen de la volonté, ni au
moyen de l’intelligence, mais seulement avec l’aide de la grâce divine.
La doctrine de la morale chrétienne primitive établit plusieurs règles d’or :
« Faites pour les autres tout ce que vous voulez qu’ils fassent pour vous »
(Évangile selon saint Matthieu, VII, 12), formule des injonctions d’aimer son
prochain comme soi-même (Lévitique, XIX, 18), d’aimer ses ennemis
(Évangile selon saint Matthieu, V, 44) et ordonne selon la parole de Jésus :
« Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu »
(Évangile selon saint Matthieu, XXII, 21).
En outre, le Christianisme primitif insistait sur les valeurs telles que
l’ascétisme, le martyre, la foi, l’indulgence, le pardon, la chasteté — autant de
vertus considérées souvent comme centrales par les philosophes grecs et
romains de l’Antiquité.
2.6.1 Avec les pères de l’Eglise
L’éthique chrétienne se constitua dans un contexte intellectuel marqué par la
rivalité que le christianisme entretenait avec le manichéisme, religion d’origine
perse, qui voyait dans le bien et le mal (la lumière et l’obscurité) des forces
opposées engagées dans la conquête du monde. Le manichéisme connut un
immense retentissement aux IIIe et IVe siècles.
Saint Augustin, que l’on considère comme le fondateur de la théologie chrétienne,
était à l’origine un adepte du manichéisme, qu’il abandonna sous l’influence de la
pensée platonicienne. Après s’être converti au christianisme en 387, il chercha à
intégrer les conceptions platoniciennes au concept chrétien de bien, conçu en tant
qu’attribut de Dieu, et à celui du péché, représenté par la chute d’Adam dont la
culpabilité est rachetée en l’Homme par la miséricorde de Dieu.
La croyance manichéenne dans le mal ne fut pas ébranlée pour autant : saint
Augustin lui-même demeura convaincu que la nature humaine est foncièrement
marquée par le péché. Cette conviction qui l’emporta dans le christianisme
primitif peut expliquer en partie l’importance que celui-ci accordait à la chasteté
et au célibat.
À la fin du Moyen Âge, les œuvres d’Aristote, que les textes et commentaires
d’érudits arabes avaient rendu disponibles, exercèrent une influence
considérable sur la pensée européenne. En opposant la connaissance
empirique à la révélation, l’aristotélisme menaçait l’autorité intellectuelle de
l’Église.
Le théologien chrétien saint Thomas d’Aquin parvint néanmoins à réconcilier
l’aristotélisme avec l’autorité de l’Église en reconnaissant à la fois la vérité de
l’expérience sensorielle et sa complémentarité avec la vérité de la foi.
C’est ainsi que la grande autorité intellectuelle d’Aristote fut mise au service
de l’autorité de l’Église, et que la logique aristotélicienne fut utilisée pour
défendre les concepts de péché originel et de rédemption par la grâce divine.
Cette synthèse constitue la substance de l’œuvre majeure de saint Thomas
d’Aquin, Summa theologica (Somme théologique, 1266-1273).
2.6.2 Moment de l’éthique et pénitence

Au fur et à mesure que s’accroissait le pouvoir de l’Église


médiévale, le système éthique évolua, sanctionnant de
punitions le péché, et de récompenses après la mort la vie
vertueuse.
Les plus hautes vertus étaient l’humilité, la continence, la
bienfaisance et l’obédience. L’intériorité, ou bonté de l’esprit,
était indispensable à la moralité.
Toutes les actions, bonnes et mauvaises, furent hiérarchisées
par l’Église, qui institua un système de pénitence temporelle
pour l’expiation des péchés.
2.6.3 Avec la Réforme
L’influence des croyances et pratiques chrétiennes faiblit durant la Renaissance.
La Réforme protestante opéra un puissant retour aux principes de base de la
tradition chrétienne, mettant l’accent sur certaines conceptions existantes et
introduisant de nouvelles idées.
Selon Martin Luther, la bonté de l’esprit est l’essence de la piété chrétienne. Si
la conduite morale ou les bonnes œuvres sont exigées du chrétien, le salut ne
vient que par la foi, et la rédemption par la grâce. Luther lui-même se maria et
le célibat cessa d’être imposé au clergé protestant.
Jean Calvin acceptait la doctrine théologique du salut par la seule foi et
maintenait la doctrine augustinienne du péché originel. Les puritains étaient
calvinistes et adhéraient aux thèses de Calvin en faveur de la sobriété, de la
diligence, de l’économie et de l’absence d’ostentation.
Dans l’ensemble, pendant la Réforme, la responsabilité individuelle avait plus
d’importance que l’obéissance à l’autorité ou à la tradition.
2.6.3.1 Quatre questions et cinq Sola

A la base de la Réforme protestante se trouvent quatre questions ou doctrines


fondamentales au sujet desquelles ces réformateurs trouvaient que l’Eglise
Catholique romaine était dans l’erreur. Ces quatre questions et doctrines sont :
Comment sommes-nous sauvés ? Qui détient l’autorité religieuse ? Qu’est-ce que
l’église ? Et quelle est l’essence de la vie chrétienne ?
En répondant à ces questions, des réformateurs protestants tels que Martin Luther,
Ulrich Zwingli, Jean Calvin, et John Knox ont établi ce qui deviendra les “Cinq
Solas” (sola veut dire seul en Latin) de la Réforme.
Ces cinq points de doctrine étaient au cœur de la Réforme protestante, et c’était à
cause de ces cinq doctrines bibliques fondamentales que les réformateurs
protestants ont pris position contre l’Eglise Catholique romaine, résistant aux
nombreuses injonctions leur demandant de se rétracter, même face à la mort.
Voici ces cinq doctrines fondamentales de la Réforme protestante :
• “Sola Scriptura,” ou Les Ecritures seules : C’est une affirmation de la doctrine
biblique selon laquelle la Bible est la seule autorité pour toutes les questions relatives à
la foi et à la pratique. Les Ecritures, et seules les Ecritures constituent la norme par
laquelle tous les enseignements et doctrines de l’Eglise doivent être mesurés.
• “Sola Gratia,” Le salut seulement par la grâce : C’est une affirmation de la doctrine
biblique selon laquelle le salut ne s’obtient que par la grâce de Dieu et nous ne pouvons
échapper à sa colère que par Sa grâce seule. La grâce de Dieu en Christ n’est pas
seulement nécessaire, mais elle constitue la seule cause efficace du salut.
• “Sola Fide,” Le salut seulement par la foi : C’est une affirmation de la doctrine
biblique selon laquelle la justification n’est possible que par la grâce seule au moyen de
la foi seule par Christ seul.
• “Solus Christus,” En Christ seul : C’est une affirmation de la doctrine biblique selon
laquelle le salut ne se trouve qu’en Christ seul et Sa vie sans péché et son expiation
substitutionnelle seules sont suffisantes pour notre justification et notre réconciliation
avec Dieu le Père.
• “Soli Deo Gloria,” Uniquement pour la gloire de Dieu : C’est une affirmation de la
doctrine biblique selon laquelle le salut vient de Dieu et a été accompli par Dieu
uniquement pour Sa gloire.
2.6.3.2 La Reforme et ses implications sociales et politiques

La réforme luthérienne est introduite par le moine augustin Martin Luther. Celui-ci
vit dans l'anxiété de son époque. Depuis son entrée au couvent, Luther cherche par
tous les moyens à acquérir la certitude de son salut. Mais ni la dévotion, ni les
jeûnes, ni les exercices spirituels, ni la théologie n'apportent à Luther l'apaisement et
la certitude de son salut.
En 1512, il retrouve enfin la réponse à ses questions. La bonté de Dieu, son amour,
sa générosité sont la clé de voûte de la doctrine chrétienne. Le chrétien répond à
l'amour de Dieu par la foi. Tous les préceptes se trouvent uniquement dans l‘Ecriture
sainte. Et c'est en suivant les lois divines que le chrétien montre sa foi. Luther est
connu pour avoir accentué et développé le sens de l'idée que « le juste vivra par la
foi ».
En outre, avec Luther et Calvin, les réflexions sociales et politiques ont eu un
nouveau souffle (Lire Olivier Abel, Jean Calvin, coll. « Chemins d’Eternité », Paris,
Pygmalion, 2009; Rémi Teissier du Cros, Jean Calvin, de la réforme à la révolution,
coll. « ouverture philosophique », Paris, L’Harmattan, 1999; Carl Braaten, La
théologie luthérienne, Paris, Cerf, 1996 et P. Bosse-Huber, S. Fornerod, T. Gundlach
et G. Locher, Célébrer Luther ou la Réforme? 1517-2017, Genève, Labor et Fides,
2014.)
2.6.4 Moment des philosophies morales séculières
Dans le Léviathan (1651), Thomas Hobbes accorde la plus grande importance à la
société organisée et au pouvoir politique. Il soutient que la vie humaine « à l’état de
nature » (en dehors de l’institution de l’État ou antérieurement à celui-ci) est « solitaire,
pauvre, dangereuse, bestiale et courte » et que c’est l’état de « guerre de tous contre
tous ».
En conséquence, les hommes recherchent la sécurité en passant un contrat social dans
lequel chacun renonce à son pouvoir originel en faveur d’un souverain qui règle la
conduite de chacun.
Cette position conservatrice en politique présuppose que les hommes sont mauvais par
nature et qu’ils doivent être soumis à la répression exercée par un État fort. Néanmoins,
Hobbes affirmait que si un souverain incapable d’assurer la sécurité et l’ordre est
détrôné par ses sujets, ceux-ci retournent à l’état de nature et concluent alors un
nouveau contrat social.
La doctrine de Hobbes relative à l’État et au contrat social a influencé la pensée de John
Locke. Dans ses Deux Traités sur le gouvernement (1690), Locke soutient cependant
que le contrat social a pour but de réduire le pouvoir absolu de l’autorité et de favoriser
la liberté individuelle.
2.6.4.1 Ethique et Raison
La raison humaine est le fondement d’une conduite bonne dans le système
développé par Baruch Spinoza. Dans son œuvre majeure l’Éthique démontrée
selon la méthode géométrique, (Ethica ordine geometrico demonstrata, 1674),
Spinoza déduit l’éthique de la psychologie, et la psychologie de la métaphysique.
Il soutient la neutralité morale de toute chose du point de vue de l’éternité (« sub
specie aeternitatis » ; seuls les besoins et les intérêts humains déterminent ce qui
est considéré comme bon ou mal, juste ou faux.
Tout ce qui aide l’humanité à connaître la nature ou tout ce qui est en accord avec
la raison humaine est reconnu comme bon.
La raison est en outre nécessaire pour tenir les passions en échec et pour connaître
le plaisir et le bonheur en évitant la douleur.
Aux yeux de Spinoza, l’état suprême pour l’Homme est l’« amour intellectuel de
Dieu » dérivé de l’entendement intuitif, cette faculté supérieure à la raison
ordinaire. L’usage adéquat de cette faculté permet de contempler la totalité de
l’univers mental et physique, et de comprendre qu’il contient une substance infinie
que Spinoza nomme « Dieu »
2.6.4.2 Avec quelques découvertes scientifiques
La plupart des découvertes scientifiques majeures eurent des répercussions sur
l’éthique. Les découvertes d’Isaac Newton au XVIIe siècle avec les lois de
Newton furent parmi les premières à en fournir un des exemples les plus
éloquents. Les lois de Newton étaient généralement considérées comme la
preuve de la rationalité de l’ordre divin.
Ce sont les découvertes de Newton qui entraînèrent les philosophes à faire
confiance à un système éthique aussi rationnel et ordonné qui était supposé
l’être, la nature.
Au XVIIIe siècle, David Hume, dans ses Essais moraux et politiques (1741-
1742) et Adam Smith, qui fut par ailleurs le défenseur de la théorie économique
du « laisser-faire », dans sa Théorie des sentiments moraux (1759), ont élaboré
des systèmes de morale subjective similaires. Ils assimilaient tous deux le bien
à tout ce qui suscitait des sentiments de satisfaction et le mal à tout ce qui
suscitait des sentiments douloureux.
Par ailleurs, en France, Jean-Jacques Rousseau adhéra, dans son œuvre majeure intitulée Du
contrat social (1762), à la théorie hobbienne. Cependant, dans Émile (1762) et dans d’autres
ouvrages, il attribue le mal aux anomalies inhérentes à toute organisation sociale et juge les
hommes bons par nature.
L’anarchiste, philosophe, romancier et économiste politique britannique William Godwin a poussé
cette idée à l’extrême dans son Enquête sur la justice politique (1793), où il rejette toutes les
institutions sociales, y compris celle de l’État, considérant que par leur existence même, elles
constituent une source du mal.
Opérant une « révolution copernicienne » en philosophie, Emmanuel Kant apporta une contribution
majeure à l’éthique avec le Fondement de la métaphysique des mœurs (1785). Pour Kant, aussi
judicieusement que l’on agisse, les résultats des actions humaines sont exposés aux accidents et aux
aléas. Par conséquent, il ne faut pas juger la moralité d’un acte par ses conséquences mais
seulement par la motivation qui y a présidé. Seule est bonne l’intention parce qu’elle conduit
l’Homme à agir non par inclination mais par devoir, lequel repose sur un principe général qui est
juste en soi.
Quant au principe moral de base, Kant reprend la règle d’or sous une forme logique : « Agis de
telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en règle universelle. » Autrement dit, on
doit traiter autrui « en toute circonstance comme une fin et jamais seulement comme un moyen ».
Signalons également que la doctrine morale et politique connue sous le
nom d’utilitarisme fut formulée par Jeremy Bentham vers la fin du
XVIIIe siècle et exposée plus tard par James Mill ainsi que par son fils
John Stuart Mill.
Dans son Introduction aux principes de morale et de législation
(1789), Bentham présente le principe d’utilité comme le moyen
d’augmenter le bonheur de la communauté. Il pensait que toute action
est motivée par le désir de procurer du plaisir et d’éviter la douleur.
L’utilitarisme considère le plus grand bonheur du plus grand nombre
comme le bien suprême.
G. W. F. Hegel, dans les Principes de la philosophie du droit (1821),
estime que la morale n’est pas le résultat d’un contrat social mais
relève d’un développement naturel qui prend son essor dans la famille
et culmine historiquement dans l’État prussien de son temps.
Plus tard Søren Kierkegaard va s’opposer violemment au système
hégélien. Dans Ou bien ... ou bien, (1843), il exposa ce qu’il
considérait comme le principal problème en éthique, à savoir celui
du choix. Le choix personnel de Kierkegaard a consisté à vivre à
l’intérieur du cadre de l’éthique chrétienne en insistant sur la
nécessité du choix.
Après l’ère newtonienne, la découverte scientifique qui marqua le
plus l’éthique fut la théorie de l’évolution élaborée par Charles
Darwin. Les découvertes de Darwin fournirent un appui au
système nommé parfois éthique évolutionniste que défendait le
philosophe britannique Herbert Spencer. Pour celui-ci, la morale
n’est rien d’autre que le résultat de certaines habitudes acquises
par l’humanité au cours de l’évolution.
On doit à Friedrich Nietzsche une interprétation surprenante mais
logique de la thèse darwinienne selon laquelle la survie des plus forts est
la loi fondamentale de la nature. Le philosophe allemand affirmait que
ce que l’on appelle la conduite morale n’est nécessaire qu’aux faibles.
Pour lui, la conduite morale en particulier celle que préconise l’éthique
judéo-chrétienne, est une morale d’esclave qui tend à autoriser le faible
à empêcher le fort de se réaliser.
Il reste convaincu que chaque action devrait être orientée vers le
développement de l’individu supérieur, l’Übermensch (« surhomme »)
qu’il appelle de ses vœux et qu’il décrit comme le seul type d’Homme
capable de réaliser dans l’avenir les plus nobles possibilités de la vie.
Nietzsche trouvait les meilleurs exemples de cet individu idéal dans
chacun des philosophes grecs antérieurs à Socrate ainsi que dans les
dictateurs militaires tels que Jules César et Napoléon.
Opposé à la thèse qui fait de la lutte impitoyable et incessante la loi
de la nature, le prince Petr Kropotkine, théoricien anarchiste et
réformateur russe, présenta, entre autres, des études sur le
comportement des animaux vivant en liberté qui révèlent le rôle de
l’entraide dans la nature.
Kropotkine soutenait que l’entraide favorise la survie de l’espèce et
que les êtres humains ont acquis leur supériorité sur les animaux au
cours de l’évolution grâce à leur capacité de coopération.
Persuadé que les gouvernements sont fondés sur la violence et que
leur élimination permettrait aux hommes de donner libre cours à
leurs instincts de coopération et d’instaurer un ordre coopératif,
Kropotkine défendait l’anarchisme.
Les anthropologues ont appliqué les principes évolutionnistes à l’étude des sociétés
et des cultures humaines. Entreprenant des analyses comparatives portant sur les
concepts du vrai et du faux, du juste et de l’injuste dans les différentes sociétés, ils
contribuèrent à diffuser l’idée que la plupart de ces concepts avaient une valeur
relative et non universelle.
Parmi les concepts éthiques fondés sur une approche anthropologique, il faut
retenir ceux de l’anthropologue finlandais Edvard A. Westermarck, auteur de la
Relativité éthique (1932).
L’éthique moderne est profondément influencée par la psychanalyse de Sigmund
Freud et de ses disciples, ainsi que par les doctrines béhavioristes inspirées des
découvertes du physiologiste russe Ivan Pavlov.
Freud attribuait le problème du bien et du mal en chaque individu au conflit entre
la pulsion du moi instinctuel visant à satisfaire tous ses désirs et le besoin du moi
social qui consiste à contrôler ou réprimer la plupart de ces impulsions afin de
permettre à l’individu de fonctionner en société. Des philosophes contemporains
comme Paul Ricœur ont contribué à envisager la morale sous l’éclairage freudien.
Par l’observation du comportement animal, le béhaviorisme renforça la croyance
qu’il est possible de changer la nature humaine à condition de réunir les
conditions favorables aux changements escomptés.
Dans les années 1920, le béhaviorisme était largement répandu aux États-Unis,
principalement dans les théories sur la pédiatrie, la formation de l’enfant et
l’éducation en général. Cependant, le pays où il exerça la plus grande influence
sur les consciences fut l’Union soviétique, où l’« Homme nouveau » fut forgé
selon des principes béhavioristes : les esprits furent conditionnés par une
propagande incessante et aucun citoyen ne devait échapper à ce contrôle mental.
L’éthique soviétique identifiait le bien avec tout ce qui était favorable à l’État, et
le mal avec tout ce qui s’y opposait.
Dans ses écrits datant de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, le philosophe
et psychologue américain William James devança, dans une certaine mesure,
Freud et Pavlov. James est connu comme fondateur du pragmatisme, théorie pour
laquelle la valeur des idées est déterminée par leurs conséquences. Mais c’est en
insistant sur l’importance des relations réciproques entre les idées que James a
apporté sa plus grande contribution à la théorie morale.
2.6.5 De la prédominance actuelle
Le philosophe britannique Bertrand Russell exerça une influence considérable
sur la pensée morale au cours des dernières décennies. Critiquant violemment
la morale conventionnelle, il considérait que les jugements moraux expriment
des désirs individuels ou des habitudes ancrées.
À ses yeux, le saint ascétique, tout comme le sage détaché du monde, sont de
piètres spécimens de l’humanité parce qu’ils sont des êtres humains
incomplets.
Les êtres humains complets prennent pleinement part à la vie de la société et
donnent libre cours à leur nature. Certaines impulsions doivent être réprimées
dans l’intérêt de la société, d’autres, dans l’intérêt de l’épanouissement
individuel, mais c’est la croissance naturelle et relativement libre, ainsi que la
réalisation de soi, qui mène à une vie bonne et à une société harmonieuse.
Un certain nombre de philosophes du XXe siècle, dont ceux qui avaient
épousé les théories de l’existentialisme, se sont penchés sur les problèmes du
choix moral individuel soulevés par Kierkegaard et Nietzsche.
Certains d’entre eux avaient une orientation religieuse, comme le philosophe
russe Nikolaï Aleksandrovitch Berdiaiev, qui insistait sur la liberté de l’esprit
individuel, ou comme le philosophe israélien d’origine autrichienne Martin
Buber, qui s’intéressait à la morale dans les relations individuelles, ou comme
le théologien protestant américain d’origine allemande Paul Tillich, qui
insistait sur le courage d’être soi-même ; de même, le philosophe et
dramaturge catholique français Gabriel Marcel et le philosophe protestant et
psychiatre allemand Karl Jaspers s’intéressaient tous deux à l’unicité de
l’individu et à l’importance de la communication entre individus.
Une autre tendance de la pensée morale moderne se profile dans les écrits des
philosophes Jacques Maritain et Étienne Gilson, qui s’inscrivent dans la
tradition de saint Thomas d’Aquin.
D’autres philosophes modernes n’acceptent aucune des religions
traditionnelles. Martin Heidegger soutint qu’aucun Dieu n’existe, bien
qu’un jour, il puisse en advenir un. Selon lui, les êtres humains sont
seuls dans l’univers et doivent prendre leurs décisions morales dans la
conscience perpétuelle de la mort.
Jean-Paul Sartre, penseur athée, reprit la formule d’Heidegger,
« l’Homme est un être pour la mort », et développa dans l’Être et le
Néant une philosophie de la liberté totale : je suis libre d’« être » ce
garçon de café ou encore ce salaud que les autres voient en moi ou de ne
pas l’« être ». Dans la Critique de la raison dialectique, il oriente cette
optique radicale dans le sens de l’engagement : l’Homme est
responsable moralement dans l’action politique et sociale.
Plusieurs philosophes modernes, tel l’Américain John
Dewey, se sont intéressés à l’éthique du point de vue de
l’instrumentalisme. Dewey définit le bien comme ce que
l’on choisit après avoir réfléchi à la fois aux moyens et aux
conséquences probables de sa réalisation.
La discussion philosophique contemporaine sur l’éthique a
connu un prolongement dans les écrits de George Edward
Moore, en particulier dans ses Principia ethica.
Moore soutenait que les termes moraux sont définissables
en fonction du mot bon, alors que « bon » est indéfinissable.
Il en est ainsi parce que le bien est une qualité simple, non
décomposable.
Conclusion partielle
Du jour où les humains ont décidé de vivre en
communauté, la mise en place des règles morales s’est
imposée pour le mieux vivre ensemble. Or, chaque
génération, chaque peuple, chaque individu s’est
retrouvé devant l’exigence de porter un regard critique
devant la morale acceptée par l’ensemble de la société.
Cet exercice constitue ce que nous appelons « Ethique »
qui n’est jamais restée la même tout au long de l’histoire.
Chapitre Troisième
Valeur du travail, prise de décision et
problématique du temps en éthique
3.1 La valeur éthique du travail
Le travail tient une grande place dans la vie des hommes
et des femmes du monde entier.
Nous proposons ici une réflexion sur l’éthique chrétienne ;
nous devons donc faire appel à la Bible mais aussi à
l’histoire pour discerner ce qu’est réellement travail et
quelle devra être notre attitude quant à ce.
Lorsque nous parlons de la valeur éthique du travail, trois
remarques s’imposent :
1. Une éthique du travail s’adresse d’abord à chacun en particulier,
l’invitant à réfléchir sur son comportement.
2. La réflexion éthique ne peut se contenter de poser des grands
principes. Elle doit affronter la réalité avec ses ambiguïtés, ses
conflits, ses choix difficiles et montrer comment appliquer aux
situations particulières.
3. Une réflexion éthique sur le travail ne peut se limiter à une morale
individuelle. Elle s’interroge aussi sur la dimension sociale de
l’existence humaine, l’organisation de la vie en société et les les
décisions médicales.
Les hommes ne peuvent vivre ensemble dans la paix que si les rapports
sociaux sont soumis à des lois, à des règles de vie commune dont la
raison d’être est de mettre fin au mal et d’encourager le bien.
3.1.1 Le travail dans la Bible et dans l’histoire

Le travail, tel que nous le vivons ou concevons aujourd’hui, n’a pas


toujours été ainsi au fil des temps. Plusieurs conceptions avaient été
développées au cours des âges.
❖Le travail dans la Bible
Il n’existe pas dans la Bible d’exposé suivi, nous fournissant une
théologie ou une éthique du travail élaboré. Les textes qui en parlent
sont souvent très variés et appartiennent à différents genres littéraires
(récits, lois, conseils de sagesse…)
Cependant, il est possible de dessiner à partir des repères que donne
la bible les grandes lignes d’une conception cohérente du travail.
Deux perspectives dominent la conception biblique du travail :
• Le travail, considéré comme une bonne chose est un don de
Dieu pour le bien et la joie de l’homme ;
• Le travail, considéré comme un fardeau est une source des
souffrances.
Ces deux perspectives sont déjà présentées dans les trois
premiers chapitres de la Genèse : Si les deux premiers chapitres
nous présentent le travail comme un mandat de Dieu confié à
l’homme à la création, le troisième nous le présente comme
quelque chose de pénible à laquelle est attachée une
condamnation suite à la chute.
Un regard panoramique sur la Bible nous présente le
travail comme :
❑Un don de Dieu
❑Un mandat divin
❑Une œuvre à accomplir
❑Une source de souffrance
❑Une source de bénédiction: le travail pris comme
gagne pain, une manière d’exprimer et d’enrichir sa
personnalité, un service à rendre, une manière de
rendre gloire à Dieu.
❖Le monde antique
Dans le passé, le travail de production s’est développé sous la
contrainte exercée par les plus forts sur les plus faibles, par les
vainqueurs des guerres sur les vaincus réduits en esclavage.
❖La chrétienté médiévale
Héritière des traditions juives, la chrétienté a été influencée par la
conception israélite du travail. Cependant quelques heurts,
résultant de la mentalité païenne ancienne sont à souligner. En
occurrence la féodalité, système où les puissants et les nobles
échappaient à la nécessité du travail en faisant travailler d’autres à
leurs places. (Lire A. Mushila Nyamankank, Credo. Ebauche
d’une pensée sociale, Kinshasa, Médiaspaul, 2014)
❖La Réforme
Les réformateurs, contestant cette manière de voir, vont redonner au travail toute sa
valeur. Pour eux, l’homme est appelé à consacrer toute sa vie, y compris son travail
au service de Dieu.
Pour Martin Luther, le travail réalisé par une servante veillant fidèlement sur un
enfant a autant de valeur que celui d’un prêtre debout, revêtu d’une chasuble dorée
ou d’un laïc à genoux toute la journée dans l’Eglise.(Cfr. Le Grand Catéchisme).
Tout travail doit donc être considéré comme une vacation de Dieu.
Calvin renchérit ce fait en écrivant « il n’y aura œuvre si méprisée, ni si basse, qui ne
reluise devant Dieu, et ne soit fort précieuse, moyennant qu’en elle nous servions à
notre vacation. » (Cfr. Institution chrétienne, t. III. X.6).
L’activité humaine est donc une tâche que Dieu a confiée à l’homme et la
bénédiction de Dieu repose sur elle.
Le travail retrouve donc une valeur positive dans le protestantisme et va ainsi
encourager le développement du commerce et de l’industrie en Europe et dans le
Nouveau Monde.
❖Actuellement
Si les siècles de Lumières ont confirmé la valeur morale du
travail, célébrant les progrès de la science et des techniques grâce
auxquelles les hommes peuvent forger un avenir meilleur par leur
travail, le XIXème siècle, avec le développement du commerce, de
l’industrie et de la science, a exalté le travail et les travailleurs,
créant une conscience collective, qui fait du travail le but
essentiel de la vie, de sorte que ce dernier devient l’élément qui
distingue l’homme de l’animal, en notre temps, et ce depuis la fin
du siècle passé.
3.1.2 Les relations dans le travail

Le travail est un endroit ou un milieu où il y a une grande possibilité de


contacts et d’échanges, un milieu de relations ; car on travaille rarement
seul, mais avec d’autres et pour d’autres. Cependant, les relations
professionnelles ne sont malheureusement pas toujours agréables et
enrichissantes. Elles sont, aussi et bien souvent, sources des tensions et
des conflits.
Le monde du travail est celui des relations de collaboration et de
camaraderie d’une part et des relations hiérarchiques d’autre part.
La qualité de ces relations mérite qu’on s’en préoccupe, qu’on s’attache
à l’améliorer au lieu de la laisser se développer de façon incontrôlée. Le
problème de relations est donc un aspect essentiel de l’éthique du travail.
❖Relation de collaboration
La collaboration dans le travail peut être source de joies lorsque
l’attente est bonne ou de peines lorsqu’elle est mauvaise.
L’ambiance sur le lieu du travail, qui dépend en grande partie des
relations établies entre travailleurs, a une grande importance.
Il n’existe pas cependant de recette miracle, les situations, les
conditions de travail et les personnalités étant extrêmement
diverses. Notons toutefois qu’il y a des attitudes qui favorisent les
bonnes relations et d’autres qui le détruisent.
Il importe donc de discerner et de développer ce qui contribue à
créer un climat de confiance et de paix, propice à des bonnes
relations.
Ainsi que toutes ces choses qui ne peuvent favoriser l’esprit
d’équipe, de collaboration harmonieuse doive être bannies de nos
milieux de travail, afin que nous puissions créer un climat de
confiance et de paix, de bonne entente et de collaboration
harmonieuse, propice à des bonnes relations.
Aussi, tout celui qui voudrait travailler à côté de l’autre dans un tel
climat de paix devra :
• S’efforcer à être un bon équipier, un bon collègue sur lequel les
autres peuvent compter et qui fait preuve de solidarité à leur égard.
• S’efforcer à faire sa part de travail correctement, sans laisser le plus
pénible aux autres, sans qu’il soit nécessaire que quelqu’un d’autre
corrige ou complète son travail.
• Etre prêt à donner un coup de main aux autres, à conseiller et à aider le
débutant ou celui qui est en difficulté.
• Veiller à ne pas ralentir l’équipe par négligence, par paresse ou par
mauvaise volonté.
• Eviter de chercher à briller aux dépens des autres afin de ne pas briser la
solidarité avec ses compagnons de travail.
• Garder le souci d’autrui et de la nécessaire bonne entente.
En bref, pour que subsiste une bonne relation de collaboration dans le
travail, il importe que soit développé l’amour et ses dérivés, comme la paix,
la douceur, la patience, la bienveillance, la fidélité, la maîtrise de soi, fruit
de l’Esprit, qui permet une vie harmonieuse entre les hommes et contre
lesquels ni la loi, ni le bon sens ne peuvent s’élever.
❖Relations hiérarchiques
La plupart des professions sont organisées selon une structure hiérarchique. Il
en découle que certains sont appelés, du fait de leurs responsabilités, à exercer
une autorité, un pouvoir de décision et de contrôle sur les autres, qui doivent
eux, se soumettre.
L’autorité est donc d’une nécessité importante dans une communauté
humaine, car l’absence d’autorité ne peut qu’à faiblir toute société et faire
obstacle à la réalisation des projets communs.
Lorsque l’autorité n’est plus respectée, tout le monde en souffre, aussi quand
elle est mal exercée ou quand ceux qui la détiennent en abusent ou en font
usage non pour le bien commun mais pour des intérêts égoïstes. Ainsi
l’autorité, bien qu’elle soit nécessaire, peut bien aussi être cause des difficultés
et des souffrances, et ce, particulièrement dans les relations du travail.
❖Une relation contractuelle
La relation entre employeur et employé devrait toujours être
envisagée sous la forme d’un contrat, qui les engage l’un à
l’égard de l’autre dans la réciprocité.
Cependant, chacun ayant besoin de l’autre, doit se
considérer comme un partenaire et se reconnaître
responsable devant lui.
Le contrat définit les droits et devoirs de chacun en assurant
une réciprocité entre les contractants.
❖L’obéissance, la soumission et le respect
L’obéissance au travail équivaut à accomplir la tâche confiée par un
travail bien, sans négligence, sans perte de temps. C’est chercher à se
montrer digne de confiance.
Dans sa lettre à Tite, Paul exhorte les esclaves à ne pas « être contredisant
» ; c’est-à-dire de manifester à leurs maîtres du respect et de la déférence.
Toutefois, cette obéissance n’équivaut pas à un écrasement de la
personne de l’employé ou au fait que ce dernier ne peut pas du tout réagir
même si l’ordre reçu parait injuste ou impropre.
L’employé a droit de poser des questions, de donner son avis sans
contestation et sans révolte. Donc l’obéissance que peut exiger un
supérieur a des limites.
3.2 La prise de décision en éthique

❖Action et indétermination
Toute action part du concret et retourne au concret, le
concret de la situation au départ et le concret de la situation
à l’arrivée en passant par celui de l’action elle-même.
Ce procès du concret au concret comporte une triple
indétermination, à savoir celle de la situation initiale, celle
de la visée et, entre les deux, l’indétermination de la phase
délibérative elle-même.
❖Discours et action
L’homme, non seulement agit, mais dit son action. Il y a un
discours spécifique de l’action, de ce qui la précède et de ce qui la
suit. Il y a une grammaire spécifique du champ pratique.
L’intelligibilité vient à l’action à partir du langage et de ses
structures, du discours et de ses inventions, du rapport qui unit
l’interlocution à l’interaction.
❖Action et intention
Une des caractéristiques de l’action est d’être intentionnelle.
Quand je veux rendre intelligible à quelqu’un l’action que
j’envisage de poser, je fais part à mon interlocuteur de l’intention
qui préside à cette action.
❖Action et motivation
La motivation est un autre moment important de la démarche éthique.
L’intention ne se laisse pas comprendre sans référence au motif de l’agir.
❖Action et agent moral
Autre concept majeur de la démarche éthique et que l’on rencontre dans
l’analyse de l’action, celui d’agent. L’intention et le motif sont l’intention et
le motif d’un agent déterminé, c’est-à-dire de quelqu’un à qui l’agir est en
dernière analyse attribué comme on attribue un prédicat à un sujet logique et
imputé comme on impute une action à un sujet réel, qui en est éthiquement
responsable : personne d’autre que moi, quelles que soient les influences et
les contraintes qui s’exercent sur moi, ne peut dire « je » à ma place. Je suis
l’auteur de cette action que j’ai faite dans telle intention pour tel motif. Je
suis l’auteur de mes actes et, en ce sens, leur « cause ».
❖Action et délibération
La délibération est de soi essentielle à la qualification
éthique de l’action et à sa prise en compte responsable par
l’agent moral.
A certains égards, la délibération n’est pas autre chose que
le débat que celui-ci entretient avec lui-même dans
l’intention de se formuler lui-même ses raisons d’agir.
Il sera question de peser les motifs, d’apporter la
contradiction, de se référer au code moral de son groupe
d’appartenance, de le discuter, de l’invoquer éventuellement
pour justifier son choix.
❖Action et décision
Avec la décision, on touche à un point essentiel de la démarche
éthique. L’étymologie est déjà révélatrice, selon laquelle le
terme de de-cidere (de de et caedere) signifie « détacher en
coupant, retrancher, trancher » et suggère un arrêt sur la chaine
de la délibération ou dans le cours de débat, arrêt qui peut se
faire avec une certaine violence : il faut trancher dans le vif,
comme on dit, sans que l’on possède jamais maitrise complète,
rationnelle ou raisonnable des données que l’on s’est fixés, des
contradictions qui leur sont inhérentes ou qui naitront du
développement de l’action.
3.3 La problématique du temps en éthique

Le temps peut être défini comme :


• Une grandeur caractérisant à la fois la durée des phénomènes
et les instants successifs à leur déroulement ;
• Une durée limitée considérée par rapport à l’usage qu’on en
fait. Ex : le temps de dormir, d’étudier ;
• Un système des relations séquentielles composées du passé,
du présent et du futur (Weber) ;
• Un moment favorable, occasion (Kaïros), une opportunité.
En Grec deux expressions désignent les temps. Il s’agit :
• Du Kronos : la durée la plus étendue et qui se divise en
moments particuliers ou saisons ;
• Du Kaïros : le moment favorable, le temps propice,
l’opportunité pour faire ou réaliser quelque chose.
❖Quelques caractéristiques du temps

• Le temps a un caractère limité. Ps.90.10.


• Le temps de vie d’un homme est limité. Même le temps historique est limité :
jours, mois, années, siècle,… le cours d’aujourd’hui est limité par le temps ;
• Le temps a un caractère fuyant, particulièrement fragile. Ps.90.9. « Nos
années s’achèvent comme un murmure… cela passe vite et nous nous
envolons ».
• Le temps est un facteur d’opportunité. Il y a des choses que nous ne recourons
que dans le temps. Eccl.9.11 ;
• Le temps est un facteur de changement. Certaines choses ne changent qu’avec
le temps ;
• Le temps est une arme de destruction ou de construction. Abuser du temps
est un suicide ;
• Le temps est un instrument d’instruction. L’apprentissage est fonction du
temps.
❖L’importance de la connaissance du temps
Aristote disait : « Le temps nous circonscrit, nous enveloppe et
nous domine sans que l’âme ait la puissance de l’engendrer ».
Tout de même, si nous ne sommes pas maîtres du temps, ni ne
pouvons l’engendrer, nous pouvons du moins la connaitre et
l’organiser ou l’utiliser de façon rationnelle pour notre
avantage.
La connaissance du temps est très importante dans tous les
aspects de la vie :
• D’après Luc 19.41-44. La connaissance du temps nous
apporte la paix et, nous fait éviter les tournements. Celui qui
ne connaît pas le temps est à la merci des événements, des
circonstances et même des autres ;
• La connaissance du temps nous rend fidèles et prudents, car
elle nous permet de tout faire au moment favorable et
convenable. Luc 12.41-43 ;
• La connaissance du temps peut faire que nous devenions
maîtres des autres. Celui qui connaît le temps gouverne les
autres, il devient élevé parce qu’il devient une information. Et
celui qui détient une information devient supérieur.
❖Comment utiliser son temps
Trois choses importantes à savoir :
✓Le Temps est une ressource périssable;
✓Il faut apprendre à faire les choses à temps;
✓Le temps doit être bien géré
Conclusion partielle
Nous voici au terme de ce chapitre dans lequel nous
avons compris que le travail, la prise de décision et le
temps jouent un rôle important en éthique. Celui ou celle
qui doit prendre des décisions médicales pouvant
influencer la santé voire la vie des patients doit le faire
après avoir suivi toutes les étapes débouchant à la prise
d’une position rationnelle tout en maximisant le temps.
Chapitre quatrième
De l’Ethique chrétienne
4.0 Introduction
En réfléchissant sur le fondement de l’éthique selon la Bible il se dégage un
concept central qui est celui de la loi ou des lois qui détermine ainsi ce qui est bon
et ce qui est mauvais.
Au sens étymologique, le terme « loi » a une première application qu’on appelle
socio-juridique. La deuxième renvoie à ce qu’on appelle la loi morale ou éthique.
La troisième application est théologique dans une perspective chrétienne. Derrière
tous les commandements que Dieu a donnés à l’être humain, il y a un seul, celui de
l’amour.
L’éthique chrétienne concerne l’étude de la vie morale (lat. mores: mœurs,
coutumes, comportement) à la lumière de la foi et de la révélation chrétiennes. Il
s’agit d’une éthique théologique se fondant sur l’adhésion au Dieu Créateur et
Sauveur, révélant sa sagesse et sa volonté dans l’histoire, et en particulier en Jésus-
Christ.
Elle repose sur la reconnaissance que la nature et la raison humaine (tradition
catholique) et l’expérience du salut en Christ (tradition Protestante) peuvent mener
à la sagesse et à la connaissance éthiques.
4.1 Caractéristique
L’éthique chrétienne est ainsi réflexive (raison) et théologique
(foi et raison).
L’interrogation éthique dans la perspective chrétienne
correspond à la construction d’une relation humaine avec
d’autres humains correspondant à l’émergence de la question:
est-il bon d’agir de telle ou telle manière?
De cette éthique réflexive découle une pédagogie qui vise à
mettre en place des interdits, qui indique les impasses et
valorise les conduites positives, qui permettent de ne pas sortir
de l’humain
4.2 Les expériences intolérables
Un des points de départ non négligeable dans la réflexion éthique
chrétienne consiste à examiner nos expériences d’indignation ou d’horreur
(actes de violence). Ces expériences nourrissent une réaction de révolte et
de répulsion envers ce qui est intolérable et injustifiable.
L’expérience personnelle actualise l’expérience faite par l’humanité depuis
des siècles (des évènements qui arrive et ne devaient jamais arriver). La
perception de l’intolérable, et en son fond la certitude que de tels actes sont
inhumains et indignes de l’homme, fait naître la conscience qui rend
capable de juger du bien et du mal.
En effet, est conforme à l’existence éthique une conduite qui fait croître
l’être en humanité (normativité morale vs. Normativité sociale).
4.3 L’éthique à la recherche de l’humanité
Au-delà de ce que le droit ou les conventions ordonnent l’éthique est ce qui
s’impose à nous en raison de notre condition d’être raisonnable et libre
(conditionnements vs. liberté de pensée et d’agir). Elle vise à déterminer ce qui
dans une situation historique et culturelle donnée permettra de préserver
l’humain ; elle reflète l’effort d’humanisation de ceux qui nous ont précédés
(sagesses et acquis d’humanisation), elle est donc particulière et à la fois l’idéal
inconditionnel de l’humain.
Elle est recherche de ce qui est commune humanité à respecter en l’autre
comme en moi-même ; l’éthique prend ainsi une dimension universelle: « Agis
de telle sorte que tu puisses toujours vouloir que la maxime de ton action
devienne une loi universelle » (E. Kant, Fondements de la métaphysique des
mœurs).
Elle passe aussi par la recherche de principes premiers (règle d’or, précepte
d’amour, principe de non-discrimination).
4.4 L’éthique comme participation au Christ:
Dietrich Bonhoeffer
La réflexion éthique proposée par Dietrich Bonhoeffer peut se lire sur le fond d’une
interrogation éthique dans une situation sociale concrète (éthique de situation).
Dietrich Bonhoeffer est un des théologiens qui a peut-être le plus influencé le débat
éthique de l’ère moderne. Son apport à l’éthique réside essentiellement dans son
insistance sur une éthique qui se veut réflexive et théologique en visant la responsabilité
du chrétien dans le monde.
La notion de «participation au Christ» est la notion-clé de l’éthique de Bonhoeffer, sans
elle l’éthique chrétienne ne se distingue en rien d’une éthique séculière. Il oppose
éthique philosophique et théologique, en mettant l’accent sur la réflexion éthique
théologique ; pour Bonhoeffer l’éthique chrétienne affirme que les deux réalité, moi et le
monde, sont encore une fois «incorporées à une toute autre réalité qui est celle de Dieu».
Comme Dieu se révèle en Christ, « la question du bien ne peut trouver sa réponse qu’en
Christ » .
Selon Bonhoeffer : «l’éthique chrétienne n’est ni la réalité du moi ni celle
du monde, pas plus que celles des normes et des valeurs, mais la réalité de
Dieu dans sa révélation en Jésus Christ» ; mais il s’intéresse également à la
concrétisation, notamment comment cette révélation peut-elle se traduire
dans des actions concrètes du chrétiens.
A la question comment la réalité du Christ peut devenir la réalité du
chrétien, il répond: «A la place que toute autre éthique donne à l’opposition
entre devoir et l’être (…) l’éthique chrétienne met la relation (...) entre
Christ et le Saint-Esprit. La question du bien devient la question de la
particpation à la réalité de Dieu révélée en Christ” .
Nous ne cherchons pas le bien comme idée, comme norme abstraite , nous
cherchons en tant que chrétiens le bien qui est Dieu lui-même, qui opère en
nous , cette participation au Christ se réalise aussi bien sur le plan personnel
que sur le plan communautaire.
4.5 Ethique chrétienne:
de la réflexion à l’agir responsable
La participation au Christ permet « la vie responsable » et la décision responsable
lors d’un conflit éthique. Responsabilité selon Bonhoeffer veut dire répondre avec
notre vie entière (dimension existentielle) à Jésus-Christ. L’être humain peut être
amené à «une situation extraordinaire qui échappe à toute loi ». Dans une telle
situation extrême le sujet autonome doit trancher (penser-décider librement selon
sa conscience), mais selon la loi divine et la « prise en charge de la faute »
(reconnaissance de la culpabilité).
L’éthique chrétienne se trouve bien résumée dans Colossiens 3, 1-6 :
« Du moment que vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses d’en-
haut, où Christ est assis à la droite de Dieu. Attachez-vous aux choses d’en-haut, et
non à celles qui sont sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec
Christ en Dieu. Quand Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec
Lui dans la gloire. Faites-donc mourir ce qui, dans vos membres, est terrestre, la
débauche, l’impureté, les passions, les mauvais désirs, et la cupidité, qui est une
idolâtrie. C’est à cause de ces choses que la colère de Dieu vient sur les fils de la
rébellion ».
En utilisant donc les principes qui se trouvent dans l’Ecriture, les chrétiens
peuvent discerner la direction éthique à suivre pour chaque situation
donnée. Dans certains cas ce sera simple : c’est le cas des règles de la vie
chrétienne qui sont énoncées par le Chapitre 3 de l’Epître aux Colossiens.
Dans d’autres cas, cependant, cela peut se révéler plus difficile et il faudra
alors chercher un peu plus. Le meilleur moyen pour cela, c’est de prier la
Parole de Dieu elle-même. Le Saint Esprit habite en chaque croyant, et une
partie de son rôle consiste à nous enseigner comment vivre :
« Mais le consolateur, l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom,
vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit
» (Jean 14 : 26). « Pour vous, l’onction que vous avez reçue de Lui
demeure en vous, et vous n’avez pas besoin qu’on vous enseigne ; mais
comme son onction vous enseigne toutes choses, qu’elle est véritable, et
qu’elle n’est point un mensonge, demeurez en Lui selon les enseignements
qu’elle vous a donnés » (1 Jean 2 : 27).
Chapitre cinquième
Regard sur l’éthique médicale
5.1 Généralités
Dans la pratique médicale, quels que soient la
spécialisation et le lieu, certaines questions trouvent
plus facilement une réponse que d’autres.
Le traitement d’une simple fracture ou la suture d’une
déchirure ne présente que peu de difficultés pour les
médecins habitués à effectuer ces interventions.
A l’autre extrémité du spectre, il peut y avoir des doutes
ou des désaccords importants quant à la manière de
traiter certaines maladies.
De même, les questions d’éthique médicale ne
répondent pas à des défis d’égale nature. Certaines
trouvent relativement facilement une réponse, surtout
quand il existe déjà un consensus bien défini sur la
manière d’agir juste dans une situation donnée (par
exemple, le médecin doit toujours demander le
consentement du patient se prêtant à une recherche).
Pour d’autres, ce peut être plus difficile, en particulier si
aucun consensus n’a été élaboré ou encore quand toutes
les alternatives présentent des inconvénients.
Donc, qu’est-ce exactement que l’éthique et comment
aide-t-elle les médecins à traiter ces questions? A titre
de appel, dans sa définition la plus simple, l’éthique est
l’étude de la moralité, une réflexion et une analyse
attentive et systématique des décisions et
comportements moraux, passés, présents ou futurs.
La moralité est la mesure de valeur d’une prise de
décision et du comportement humains.
Le vocabulaire de la moralité comprend des substantifs
comme « droits », « responsabilités », « vertus » et des
adjectifs comme « bon » et « mauvais », « vrai » et «
faux », « juste » et « injuste ».
Selon ces définitions, l’éthique est principalement une affaire de
savoir, alors que la moralité concerne le faire. Le lien étroit qui
unit ces deux termes réside dans le souci de l’éthique de fournir
des critères rationnels qui permettent de décider ou d’agir d’une
certaine manière plutôt que d’une autre.
Alors que l’éthique s’intéresse à tous les aspects du
comportement humain et de la prise de décision, elle constitue
un domaine d’étude très large et très complexe qui compte de
nombreuses branches ou subdivisions.
Le thème principal de ce chapitre est l’éthique médicale, la
partie de l’éthique consacrée aux questions morales relatives à la
pratique médicale.
5.2 L’importance de l’éthique médicale
Voici quelques-unes des raisons généralement avancées pour ne pas attribuer à l’éthique
un rôle majeur dans les programmes d’enseignement des écoles de médecine :
❑« Tant que le médecin est un clinicien expérimenté et compétent, l’éthique n’a pas
d’importance »;
❑« C’est dans la famille et non dans les écoles de médecine que l’on apprend l’éthique »;
❑« L’éthique médicale s’apprend en observant les médecins confirmés et non par les
livres ou les cours magistraux »;
❑ « L’éthique est importante mais les programmes sont déjà trop chargés et il n’y pas
d’espace pour l’enseignement de l’éthique ». Chacune est en partie recevable, mais en
partie seulement.
Ce sont des positions que nous ne partageons pas pour le simple fait qu’actuellement sans
des notions d’éthiques dans le domaine médical(comme dans d’autres domaines),
plusieurs décisions serons prises en défaveur d’un plus grand nombre (ex: avec la Covid-
19).
Ainsi, l’importance de l’éthique dans la formation médicale deviendra une
nécessité.
Pour le dire autrement, l’éthique est et a toujours été une composante
essentielle de la pratique médicale. Les principes éthiques comme le respect
de l’individu, le consentement éclairé et la confidentialité constituent le
fondement de la relation médecin / patient.
Cependant, l’application de ces principes peut parfois poser problème,
notamment lorsque les médecins, les patients, les membres de la famille et
autres personnels de santé ne sont pas d’accord sur ce qu’ils estiment être la
bonne manière d’agir dans une situation donnée.
L’enseignement de l’éthique prépare les étudiants à reconnaître ces situations
difficiles et à y répondre sur la base de principes rationnels.
L’éthique est également importante dans les relations du médecin avec la
société et avec ses collègues et aussi dans la conduite de recherches
médicales.
5.3 professionnalisme médical et droits humains

L’éthique fait partie intégrante de la médecine, du


moins depuis Hippocrate, un médecin grec du Ve
siècle av. J.-C., considéré comme le fondateur de
l’éthique médicale.
L’exercice de la médecine en tant que profession
remonte à Hippocrate sur lequel les médecins
prêtent publiquement serment de placer les
intérêts du patient au-dessus du leur.
Notons que l'éthique médicale, dont les principes sont inclus dans le serment
d'Hippocrate, est connue pour reposer sur quatre piliers :
• l'autonomie, les patients et les professionnels de santé doivent conserver
leur autonomie de pensée, d'intention et d'action lorsqu'ils prennent des
décisions ;
• la justice, les charges et les avantages des procédures de soins, en
particulier les traitements, doivent être répartis équitablement pour être
justes avec tous les acteurs concernés ;
• la bienfaisance, les procédures de soins sont fournies dans l’objectif de
faire du bien au patient concerné ;
• la non-malfaisance, les procédures de soins ne doivent pas nuire au patient
concerné.
5.4 Les principes connexes
❑La confidentialité
Elle forme une pierre angulaire de la relation médecin-patient, mais il est de plus
en plus difficile de préserver cette confidentialité avec la croissance des données
électroniques.
Pour protéger la confiance qui existe entre le médecin et son patient, le médecin
ne devrait divulguer aucun renseignement médical personnel sans le
consentement du patient.
Tout comme d’autres responsabilités en matière d’éthique, la confidentialité n’est
pas absolue. Il faut parfois que les intérêts de la santé publique l’emportent sur la
protection des renseignements personnels, comme c’est le cas quand il faut
communiquer avec les partenaires d’un patient qui a une maladie transmise
sexuellement.
Il faut toujours le faire, cependant, de manière à causer le moins de préjudice
possible au patient.
❑Divulgation.
Pour que le patient soit bien renseigné et qu’il puisse faire des
choix éclairés (autonomie), le médecin doit lui communiquer toute
information sensiblement pertinente à la compréhension, par le
patient, de son état, des choix de traitement, et des résultats
probables. Cette information comprendrait, par exemple, la
divulgation des erreurs médicales relatives à ses soins.
L’American College of Physicians précise : « Les erreurs ne
constituent pas nécessairement un comportement irrégulier,
négligent ou contraire à l’éthique, mais un manquement au devoir
de les divulguer pourrait effectivement constituer un tel
comportement. »
❑Le consentement éclairé
Il découle du principe de l’autonomie du patient et il
faut un consentement avant de prodiguer des soins.
« Aucune intervention médicale pratiquée dans aucun
but que ce soit à des fins de diagnostic,
d’investigation, d’esthétique, de palliation ou de
traitement ne devrait être effectuée sans que le patient
n’y ait consenti ».
Le consentement éclairé protège également le médecin
dans une large mesure contre des litiges possibles.
5.5 La Bible et la médecine
La Bible ne contient pas de traité de médecine, mais elle
parle de la santé : le lecteur y rencontre des malades, il
est aussi témoin de guérisons.
La relation entre Bible et médecine est ici envisagée
selon deux points de vue: Des biblistes parcourent
l’itinéraire qui va de la conception à la naissance et
examinent des guérisons attestées par l’histoire
deutéronomiste et les Evangiles. Puis des médecins se
laissent questionner par les Ecritures.
L’organisation mondiale de la santé définit le mot santé comme : ‘’ un
état de complet bien-être physique, mental et social. La santé ne consiste
donc pas seulement en une absence de maladies ou d’infirmités.’’
Le problème de la santé est toujours actuel, car on ne meurt pas moins
qu’autrefois et la vie ressemble souvent à une survie. Nous ne pouvons
pas dire qu’il y ait moins de maladies, moins de souffrances que jadis.
L’homme étant créé à l’image de Dieu, il est important de sonder le
mystère de la personne de Dieu. Dieu n’est pas une idée, une tendance
ou un principe. Il est une pensée, une intelligence, une volonté
souveraine. Il est une personne d’où tout procède. Ce qui distingue le
Dieu de la Bible de toute autre religion, c’est qu’il s’agit d’un Dieu
personnel, qui parle personnellement à l’homme, qui l’interpelle.
Les principaux aspects de la Révélation de Dieu sont les
suivants :
❖Dieu le Père-Dieu ;
❖Le Fils ‘’image du Dieu invisible’’ ;
❖Dieu le Saint –Esprit.
A l’image de Dieu, la constitution de l’homme est aussi
composée de trois aspects différents :
• L’esprit (en hébreu neschama et en grec pneuma) ;
• L’âme (en hébreu nefesh) ;
• Le corps (en hébreu bassar ou soma en grec).
Dieu veut établir une relation d’amour avec tout l’être,
créant ainsi une santé parfaite de l’esprit, de l’âme et du
corps.
L’homme n’a pas à chercher lui-même son équilibre,
son but est de s’unir dans une relation d’amour avec
Dieu.
L’essentiel n’est pas la suppression des maladies, mais
la transformation des personnes afin qu’elles puissent
aimer Dieu et leur prochain.
Importance de la médecine au regard de la Bible
Dans la Bible, plusieurs éléments montrent l’importance de la médecine pour
l’être humain.
• Le corps (bassar hébreu ou soma en grec)
Il est le siège des sens, et constitue la manifestation visible et sensible de ce qu’est
l’homme. Il est la poussière qui retournera à la poussière (Genèse chapitre 3
versets 19). Dans le nouveau Testament, il devient le réceptacle du Saint-Esprit.
• L’âme (ou nefesch)
En hébreu, c’est le nefesh ou principe vital qui donne la vie au corps, et lorsqu’il
se retire, survient la mort.
• L’esprit (pneuma ou nechamah)
Le souffle de Dieu, pneuma en grec, est le siège du sentiment de Dieu, c’est lui qui
différencie l’homme de l’animal. Le pneuma est donc cette dimension de l’homme
qui lui permet d’être en relation avec Dieu, c’est la possibilité qu’a l’homme de
croire en un Dieu et d’en dépendre. L’esprit n’est lié ni au temps ni à l’espace.
Dieu et la maladie
Dieu a toujours quelque chose à enseigner par la souffrance. Il permet la
maladie pour nous rappeler aux réalités invisibles et spirituelles (Satan reçoit
de Dieu la permission d’éprouver Job), et toute souffrance donne à l’homme
l’occasion de prêter l’oreille aux avertissements de Dieu, de s’examiner, de
s’humilier devant Dieu, de mettre ses relations au point avec Lui et avec son
prochain.
Aux yeux du Dr. Paul Tournier ‘’ le vrai courage, celui que procure la foi,
c’est prêter l’oreille à ce que Dieu nous dit par la maladie et menace de
mort.’’
Dieu atteint le but qu’il s’était proposé lorsque l’homme à travers sa maladie,
commence à le rechercher. Prenant conscience que quelque chose lui manque,
l’être humain se rend compte alors que son premier but n’est plus de
recouvrer la santé, mais de découvrir celui qui en est la source.
Quelques traces de la médecine dans la Bible
❖Notions de contagion (avec la lèpre par exemple) ;
❖Lavage après un contact avec un mort ;
❖L’alimentation (animaux purs et impurs);
❖La circoncision
❖Relation entre la guérison et le salut.
Et tant d’autres éléments montrent clairement que la notion de
la santé (médecine) constitue l’une des préoccupations de la
Bible.
Conclusion du chapitre
L’enseignement de l’éthique prépare les étudiants à reconnaître qu’ils
existent des questions difficiles dans le domaine médical auxquelles il
faudra répondre sur la base de principes rationnels et multiculturel, où
les traditions morales sont nombreuses et différentes.
Les accords internationaux sur les droits humains peuvent constituer le
fondement d’une éthique médicale qui soit acceptable par-delà les
frontières nationales et culturelles.
L’éthique chrétienne est un atout non négligeable car comme nous
l’avons vu, étant une participation au Christ, elle permet aux agents
médicaux de faire leur travail dans la compassion tout en considérant
le patient non pas comme un simple objet d’expérimentation ou
simplement comme une occasion de profit mais aussi et surtout
comme un être humain.
Conclusion générale
Chaque peuple, dans chaque génération tente de mettre en place
des principes, des codes, des normes pour réguler la société. De
l’antiquité à nos jours, l’éthique s’est révélée être polysémique
pour la simple raison qu’elle est le fruit des réflexions dans des
contextes divers.
Comme dans tous les domaines, l’éthique décrit ce qui doit être :
le bien, le juste, l’équitable dans le cadre des activités
professionnelles. Il s’agit de fournir aux membres de la société des
normes d’action qui doivent inspirer leurs comportements et
préserver la société des risques éthiques (entre autres fraudes,
corruption, etc…).
De manière transversale, l’éthique apparaît dès lors comme portée
par une triple dimension à savoir : penser, croire, et agir. A ceci
nous ajoutons une quatrième dimension qu’est le partage.
L’Ethique chrétienne, différente de l’éthique séculière est une
participation et non une imitation au Christ. En tant que
réflexion et praxis constitue un garde-fou non négligeable dans
le domaine économique marqué par la loi du plus fort. Chaque
futur médecin devra avoir à l’esprit que chacune de ses
écisions doit viser la bienfaisance, la non malfaisance et
l’autonomie du patient.
Ici, la bienfaisance n’est pas recherchée comme idée, comme
norme abstraite mais comme Dieu lui-même qui opère en nous
cette participation au Christ qui se réalise aussi bien sur le plan
personnel que sur le plan communautaire.

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