Dr.
S MAAYOUFI
COMPLEXE HYPOTHALAMO-HYPOPHYSAIRE
1) INTRODUCTION
Le système endocrinien est largement réparti dans l'organisme.Les cellules endocrines
peuvent être regroupées en organes à vocation purement endocrine (hypophyse, thyroïde,
parathyroïdes, surrénales), en organes mixtes (pancréas, ovaires, testicules) ;ces cellules
peuvent également être dispersées dans des tissus non endocriniens (tube digestif, appareil
respiratoire, peau ... et dans toute muqueuse au sens large).
Le système endocriniencommunique par des molécules particulières : Les hormones.
Ces hormones sont libérées dans la circulation sanguine (action endocrine) ou dans
l'interstitium tissulaire (actions paracrine et autocrine).
Avec le système nerveux, les hormones assurent la coordination et la synthèse des fonctions
de tous les systèmesphysiologiques.
L'hypothalamus forme avec l'hypophyse sous-jacente un ensemble fonctionnel
appelé complexe hypothalamo-hypophysaire. L’hypophyseest une glande endocrine, qui est
composée de deux lobes : l’un antérieur (antéhypophyse) est aussi appelé
l’adénohypophyse, et l’autre postérieur (posthypophyse) ou neurohypophyse. Ces deux
lobes sont différents du point de vue embryologique, anatomique et fonctionnel.
2) ORIGINE EMBYOLOGIQUE
L’hypophyse se développe à partir de deux ébauches différentes :
L’adénohypophyse provient de la poche de Rathke qui est une évagination de
l’ectoblaste du stomodeum, située en avant de la membrane pharyngienne.
La neurohypophyse et l’hypothalamus provient par une invagination du
neurectoblaste.
3) L'HYPOTHALAMUS
3.1-définition
Il s'agit d'une structure cérébrale médiane localisée dans la région ventrale du diencéphale,
constitue la paroi inférieure du troisième ventricule.
L’hypothalamus est un centre nerveux et est formé d'une variété neuronale ayant toutes les
propriétés d'une cellule nerveuse et en plus, certains de ces neurones élaborent un produit
de sécrétion “neurosécrétion ”.
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Les neurones hypothalamiques sont rassemblés en amas qui constituent les "noyaux
hypothalamiques" qui forment le système d'intégration le plus élevé du système nerveux
végétatif.
Deux groupes de cellules neuro-sécrétoires hypothalamiques peuvent être individualisés sur
des critères morphologiques, topographiques et fonctionnels : les noyaux magno-cellulaires
et les noyaux parvi-cellulaires.
3.2-structure histologique
Le systèmemagno-cellulaires :
Il comprend le noyau supra-optique et le noyau para-ventriculaire.
Ils présentent un corps cellulaire de grande taille, un noyau volumineux vésiculeux avec
nucléole. Un cytoplasme avec de nombreux corps de NISSL.
Noyau parvi-cellulaires :
Elles ont un corps cellulaires de petite taille, un petit noyau à chromatine condensé et un
neuroplasme peu colorables.En dehors des noyaux on retrouve des fibres myéliniques et
amyéliniques.
Les hormones hypothalamiques :
Les neurones hypothalamiques sécrètent des neuromédiateurs qui favorisent ou inhibent la
sécrétion d’hormones hypophysaires.
A-Releasing hormone
- La GHRH (Growth Hormone Releasing Hormone) qui agit sur la sécrétion d’hormones de
croissance qui est la STH.
- La GnRH (gonado-liberine) qui agit sur la sécrétion de FSH-LH.
- La THR (Thyrolibérine) qui agit sur la sécrétion et stimulations de la TSH.
- La CRF ou CRH (Corticolibérine) qui agit sur l'adéno-hypophyse pour la synthèse de l’ACTH.
- La PRT ou PRH (Prolactin Releasing Hormone) qui induit la sécrétion de prolactine.
B-inhibin hormone
- La PIH (Prolactininhibitor hormone) avec la dopamine empêchent la sécrétion de
prolactine.
- SOMATOSTATINE
Ces derniers ont une origine parvi-cellulaires.
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C -Il existe des hormones hypothalamiques qui sont l’ocytocine et la vasopressine qui
ont une origine magno - cellulaires.
4) HYPOPHYSE
L'hypophyse"glande pituitaire", appendue au diencéphale et est logée dans la selle turcique
(une cavité du sphénoïde).
Elle est reliée à l‘hypothalamus par la tige hypophysaire et pèse 0,6 g chez l'homme et 0,7 g
chez la femme.
L’hypophyse est constituée par deux glandes distinctes :l’adénohypophyseet la
neurohypophyse.
Elle est contrôlée par l’hypothalamus.
Adénohypophyse : comprend trois parties :
Le lobe antérieur (antéhypophyse, pars distalis).
Le lobe tubéral (pars tuberalis).
Le lobe intermédiaire (pars intermedia).
Neurohypophyse : comprend trois parties :
L'éminence médiane (Infundibulum).
La tige infundibulaire.
Le lobe postérieur ou lobe nerveux.
4.1- ADENOHYPOPHYSE :
4.1.1-Le lobe antérieur :
Il constitue la masse essentielle de l’adénohypophyse.
Il est fait de cordons cellulaires anastomosés limités par une membrane basale qui les
sépare de fines travées conjonctives contenant un riche réseau de capillaires sanguins
fenêtrés. On y distingue deux catégories de cellules :
Des cellules non hormonogènes,
Des cellules hormonogènes, plus nombreuses et de types variés.
Cellules non hormonogènes:(10 à 15 %) Dépourvues de vésicules de sécrétion,
elles sont situées vers le centre des cordons.
Certaines sont groupées au centre des cordons et entourent de petites cavités à
contenu colloïde « cellules folliculaires ».
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D'autres ont des prolongements qui s'insinuent entre les cellules hormonogènes
« cellules stellaires ».
Elles pourraient se transformer en cellules hormonogènes et avoir des propriétés
phagocytairesainsi de transports ioniques. Des études récentes suggèrent que ces cellules
jouent un rôle important dans la régulation des interactions immuno-endocrines.
Cellules hormonogènes :
Elles sont localisées à la périphérie des cordons et occupent tout le volume cordonnal laissé
libre par les cellules folliculaires. Grâce aux critères tinctoriaux de la microscopie
photonique, à l’ultrastructure et à l’immunocytochimie, on distingue actuellement dans
l’adénohypophyse humaine cinq variétés de cellules hormonogènes :
Les cellules somatotropes (STH ou Growth Hormone ou GH).
Les cellules thyréotropes (TSH).
Les cellules gonadotropes (FSH et LH).
Les cellules à prolactine.
Les cellules cortico-mélano-tropes.
Les Cellules Somatotropes:(environ 55 % des cellules des cordons)
Grains de sécrétion de 300 à 400 nm de diamètre.
Elles élaborent l'hormone de croissance (hormone somatotrope = GH = STH)
La STH stimule le métabolisme du tissu musculaire, la lipolyse et la croissance du cartilage.
Stimule la production d'I.G.F. I par le foie (mitogène puissant qui agit sur les tissus
conjonctifs).La sécrétion de STH est controlée par 2 hormones hypothalamiques qui sont la
somatolibérine et la somatostatine.
Les Cellules à prolactine :
Elles sont peu nombreuses dans le sexe masculin et chez la femme en dehors de la
grossesse. Leurs granulations assez volumineuses (0,5 à 0,7 μm). La principale action de
la prolactine est la production du lait pendant la lactation.Sa synthèse est contrôlée par
la prolactolibérine et par la prolactostatine.
Les Cellules Cortico-mélano-tropes :
Représentent 5% des cellules des cordons.Leurs granules polyédriques (0,2 à 0,7 μm).
L’hormone corticotrope(ACTH) : Elle stimule la glande corticosurrénale. Elle est le produit de
maturation d'une pro-hormone, la POMC (pro-opiomélanocortine).
L'hormone mélanotrope ou MSH (pour melanocytestimulating hormone):
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Hormone qui provoque chez l'homme la synthèse de mélanine, principalement en
réponse aux rayons UVA. Elle est le produit de maturation d'une pro-hormone, la POMC.
Les Cellules Thyréotropes:
Elles représentent environ 10% des cellules de l'adénohypophyse.Le cytoplasme est
légèrement basophile clair et pauvre en granules de petite taille (100 à 150 nm).Elles
élaborent la thyréostimuline ou l'hormone thyréotrope (T.S.H) qui provoque la
croissance de la thyroïde et stimule la synthèse et la libération des hormones
thyroïdiennes.
Les Cellules Gonadotropes:
Elles représentent environ 10 % des cellules de l'adénohypophyse. Le cytoplasme est
légèrement basophile, renferme des granulations (200 et 600 nm) et secrètent la FSH et
la LH qui stimulent les fonctions endocrines et exocrines de l'appareil génital dans les
deux sexes.
4.1.2- Le Lobe Intermédiaire :
Dans l’espèce humaine, l’adénohypophyse de l’adulte ne comporte pas de véritable lobe
intermédiaire, mais plutôt une zone intermédiaire contenant des petits kystes revêtus de
cellules épithéliales ainsi que quelques cellules glandulaires résiduelles (principalement des
cellules cortico – mélano – lipotropes).
4.1.3- Le Lobe Tubéral
Dans l’espèce humaine, le lobe tubéral est relativement bien développé et contient des
cellules en grande majorité d’aspect chromophobe, mais aussi de façon inconstante et en
nombre variable, des cellules hormonogènes du même type que celles du lobe antérieur.
4.1.4- le stroma conjonctivo-vasculaire :
La capsule conjonctive adhère aux parois de la selle turcique.Des cloisons conjonctivo-
vasculaires intra- parenchymateuses, se continue autour de la tige hypophysaire, par la pie-
mère.Les capillairesforment un réseau dense entre les cordons.
4.2-LA NEUROHYPOPHYSE
Ce n'est pas une glande endocrine au sens habituel du terme, mais du tissu nerveux
dépendant de l'hypothalamus.
4.2.1- Le lobe postérieur:
C’est un organe neuro-vasculaire permettant au neuro-hormones synthétisées dans
l’hypothalamus de passer dans la circulation sanguine. Elle est constituées principalement
par :
axones des neurones hypothalamiques (situés dans les noyaux supra-optiques et
paraventriculaires).
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capillaires sanguins
Des cellules gliales (ou pituicytes)
Grâce à des colorations spéciales, on peut voir en microscopie optique les vésicules de
sécrétion (neurosécrétat) à l’intérieur des axones. Parfois ils s’agglomèrent sous forme de
masses arrondies «les corps de Herring ».
En microscopie électronique, ces grains de sécrétion apparaissent comme des vésicules à
centre dense.
L'extrémité de l'axone ne présente pas de synapse, mais libère par exocytose le contenu des
grains (hormone), qui diffusent à travers la basale dans l'espace péricapillaire.
4.2.2- Eminence médiane :
C’est la paroi inférieure du troisième ventricule.Les axones qui parcourent l’éminence
médiane sont de 2 types :
Les axones des neurones contrôlant la neuro-hypophyseet les axonesdes neurones
contrôlant l’adéno-hypophyse.
4.2.3- La tige hypophysaire :
Elle relie l’éminence au lobe nerveux et est constituée par des fibres nerveuses qui
proviennent des neurones hypothalamiques (supra-optiques et para-ventriculaires).
4.2.4- Les produits de sécrétion hypothalamo-posthypophysaires :
Il s'agit de deux hormones peptidiques synthétisées par des neurones différents.
L’ocytocine:
Elle stimule les cellules myoépithéliales de la glande mammaire et les cellules musculaires
lisses de l'utérus. (Rôlefondamental au moment de l'accouchement).
Sa sécrétion est sous le contrôle d'un réflexe neuro-sécrétoire.Le stimulus est le contact du
mamelon au cours de la tétée, la distension du col utérin au cours de l'accouchement, et
celle du vagin au cours du coït.Elle est également produite par l'ovaire.
L’ADH hormone antidiurétique ou vasopressine :
Elle provoque la réabsorption d'eau par l'épithélium du tube rénal.
Une sécrétion insuffisante se traduit par un syndrome polyurique - polydipsique ou diabète
insipide hypophysaire.Elle augmente le tonus vasculaire, d'où son nom.
Elle stimule la production d'ACTH par les cellules cortico-mélano-lipotropes de l'hypophyse.
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5) LA VASCULARISATION
La vascularisation du complexe hypothalamo-hypophysaire est hautement spécialisée et
adaptée à la régulation de l’hypophyse par l’hypothalamus.
❖ Le réseau hypothalamique.
❖ Le réseau hypothalamo- tubéro-antéhypophysaire.
❖ Le réseau post hypophysaire.
Le réseau hypothalamique : il provient de petites artères issues directement des
branches du polygone de Willis ; ses capillaires sont drainés par des veines qui se
jettent dans le sinus caverneux.
Le réseau hypothalamo-tubéro-antéhypophysaire: Un système porte veineux
Les artères hypophysaires supérieures, provenant de l'artère carotide interne, irriguent
l'éminence médiane et la partie supérieure de la tige infundibulaire. Ces artères donnent
naissance à un plexus capillaire primaire de capillaires fenêtrés au niveau de la tige
pituitaire.
De ces capillaires naissent des veinules puis des veines portes. Plusieurs veines portes
alimentent le réseau capillaire secondaire localisé au niveau de l'adénohypophyse et qui se
poursuit par la veine jugulaire interne. Ce système porte transporte les facteurs RH ou IH
provenant de l'hypothalamus, qui se fixe aux récepteurs correspondants au niveau des
cellules endocrines du lobe antérieur de l'hypophyse.
Le réseau post-hypophysaire :
Les artères hypophysaires inférieures issues de la carotide interne donnent naissance à un
réseau capillaire situé dans le lobe postérieur, de ces capillaires naissent des veines qui se
jettent finalement dans la V.J.I.
6) APPLICATIONS CLINIQUES
Hyperprolactinémie:
Les tumeurs sécrétant de la prolactine influencent l’axe hypothalamo – hypophyse -
gonades, entraînant un déficit en gonadotrophines.
Chez la femme, l’hypersécrétion de prolactine peut être associée à une stérilité et
(troubles des règles).
Chez l’homme, diminution de la fertilité et de la libido. La galactorrhée peut
également s’observer chez l’homme.
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Gigantisme /Acromégalie :
Une tumeur bénigne de l’hypophyse, appelé adénome, peut être à l’origine d’une
sécrétion excessive d’hormone de croissance.
Lorsque la tumeur hormono-sécrétante apparaît dans l’enfance ou à la puberté, à
une période où les cartilages de conjugaison sont encore en activité, on observe un
gigantisme.
Si la sécrétion excessive d’hormone de croissance survient à l’âge adulte, lorsque les
cartilages de conjugaison sont devenus inactifs, on parle d’acromégalie, les mains, les
pieds, les mâchoires et les tissus mous deviennent anormalement grands.
La longueur des os longs n’augmente pas mais le cartilage (nez, oreilles) et les os
membraneux (mandibule et voute crânienne) continuent à grandir, provoquant des
déformations grossières.
Une diminution de la sécrétion d’hormone de croissance chez l’enfant provoque un
nanisme (taille anormalement petite).
Maladie de Cushing :
La maladie de Cushing est due à un adénome sécrétant de l’ACTH.
Cette maladie se caractérise par une augmentation de la production du cortisol par le
cortex surrénalien, une obésité, une ostéoporose et une atrophie musculaire.
Une diminution de la sécrétion d’ACTH entraîne une diminution de la sécrétion de
cortisol et une hypoglycémie.
Figure 01 :complexehypothalamo-hypophysaire.
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Figure 02 :Développement embryologique de l’hypothamus+neurohypophyse
en bleu/ adénohypophyse en rouge.
Figure 03 : A Le réseau hypothalamique
B Le réseau hypothalamo-tubéro-antéhypophysaire
C Le réseau post-hypophysaire
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Figure 04 :les hormones hypophysaires
Figure 05 : microphotographie d’une coupe histologique de l’hypophyse
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