CORRIGE ET BAREME
LE COMMENTAIRE COMPOSE
Kirala, excédée par l’abandon du foyer conjugal par son époux, décide de se
suicider. Hospitalisée, sa mère lui rend visite ; s’en suit cet échange.
- Tu as donc chassé la mère de ton mari ?
- Oui maman !
- Sacrilège !
- C’est mon droit, maman. Le loup et l’agneau ne peuvent pas dormir dans
la même bergerie.
- Toute femme qui rejette la mère de son mari livre sa propre mère à la haine
de ce dernier. Si une mère vit sans son fils, où vivra-t-elle pour ne pas mourir de
chagrin ? Sa mère est chez lui. Lui, son fils. Elle est donc chez elle. C’est elle qui
lui a donné le jour. C’est elle qui l’a éduqué. C’est d’elle qu’il est devenu Jean-
Jacques. Ce Jean-Jacques que tu aimes.
- Comme elle n’est pas ma mère, je dois lui être offerte en pâture ? Si la maison
de mon mari n’est pas ma demeure, qui d’autre pourrait m’offrir un toit ? Elle est
donc chez lui et chez moi. Je suis mariée. Légalement mariée. Ce mariage me
donne le droit au même titre que Jean-Jacques. Rien ne peut être de lui sans qu’il
ne soit à moi. Tout ce qui est sien est aussi mien.
- Ah bon ? Comment peux-tu te mesurer à ton mari ? Là-bas au village…
- Non ! Ici, nous sommes en ville, maman ! C’est une affaire de droit que
le village ignore. La ville n’est pas le village.
- C’est que les hommes de la ville sont tous des cancres et des idiots.
Comment peuvent-ils accepter, eux chefs de famille, des lois contre leur autorité
et leur liberté ? On ne crée pas de lois pour se desservir. Nulle part, on a trouvé la
femme égale à un homme. Votre civilisation est trop cruelle, même avec ta ville
qui t’a abêtie, jamais, il ne faut toucher aux parents de ton mari. Unis par Dieu,
aucun mariage ne peut les séparer. Au pire des cas, l’homme s’attachera plus à sa
famille qu’à sa femme. C’est pourquoi l’on n’a jamais vu dans le monde d’anciens
pères ni d’anciennes mères mais d’anciennes épouses. Et puis, en chassant sa
mère, tu m’interdis d’aller chez vous. Une mère chassée en vaut une autre
rabrouée. C’est donc moi que tu as chassée. Car, je suis en elle et elle, en moi.
C’est pourquoi, je ressens dans ma chair la honte et la douleur qu’elle a dû subir.
Et puis, chassant ses sœurs et frères de chez vous, qui de tes sœurs et frères
pourront-ils y être ? Jean-Jacques est le fruit des entrailles de sa mère. Tu ne peux
pas le séparer d’elle. Attention Kirala. Sache que le temps est une roue qui tourne.
On ne peut pas être tout le temps fort et vainqueur. Et demain ? Sais-tu ce que
deviendront toutes ces personnes que tu as chassées ? Demain, certains parmi eux
pourront être les tuteurs de vos enfants quand vous aurez tiré votre révérence. Sois
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prudente ma fille car, rien n’est plus rancunier que la nature. Elle rend toujours le
coup par le coup.
La mère eut la gorge nouée de douleur. Elle se leva et sortit. Pour elle,
Kirala était simplement cruelle. Elle méritait la mort.
Mathurin Goli BI IRIE, Sous le voile de la mariée, Sud Edition, 2005, PP 117-118.
Libellé : Faites un commentaire composé de ce texte. Montrez d’une part le
procès du mariage occidental et d’autre part le retour aux valeurs africaines.
CORRIGE BAREME
REMARQUES GENERALES
- Le texte est d’un niveau de langue accessible.
- La connaissance de l’auteur n’est pas indispensable à la compréhension du
texte.
- Les centres d’intérêt sont facilement identifiables et ne posent aucun
problème de compréhension.
- Sanctionner négativement toute copie qui dissocierait l’étude du fond de
celle de la forme et qui ferait une étude linéaire du texte.
INTRODUCTION
- L’amorce : Prendre appui sur le thème du mariage.
- La présentation du texte : Paratexte + Idée générale + tonalité littéraire :
Dialogue satirique de la place de la femme dans le mariage.
- L’annonce du plan : Enoncer clairement les deux centres d’intérêt.
DEVELOPPEMENT
Centre d’intérêt I : Le procès du mariage occidental
1- Le plébiscite de la famille nucléaire
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- Pronoms personnels réfléchis L1-2 « lui, moi » ; Pronoms personnels
possessifs L15 « sien ; mien » ; Adjectifs possessifs L12 « moi ; ma »
Ces indices de la première et de la troisième personne montrent que Kirala
considère le mariage comme une histoire concernant exclusivement l’époux et
l’épouse, l’union de deux êtres.
- La métaphore L4 « le loup » : elle privilégie la sphère nucléaire à la famille
élargie. Elle affirme son adhésion vue du modernisme qui va briser ces
convictions traditionnelles. Elle rejette toute personne extérieure à cette
sphère d’où son attitude envers sa belle-mère.
2- L’égalité des droits des conjoints
- Les phrases déclaratives : L14 « rien ne peut être…à moi » ;
L14/15 « tout ce qui est sien est aussi mien »
- Les phrases emphatiques : L13/14 « le mariage…Jean-Jacques » ; L4
« c’est mon droit »
Kirala met en relief l’égalité des genres. Elle bat en brèche la pensée
traditionnelle qui reconnait l’homme comme chef. Elle s’affirme et fait
valoir ses droits.
3- L’outrecuidance de la femme
- La répétition : L13 « je suis mariée. Légalement mariée »
- Les adjectifs possessifs et pronoms réfléchis : L4 « mon » ; L12 « ma » ;
L13 « moi » : elle montre son ego, sa désinvolture.
- Les phrases interrogatives et négatives : L1 « tu as donc…ton mari ? » ;
L11 « comme elle n’est pas …pâture ? » ; L19 « la ville n’est pas le
village » : elle manque de respect à sa mère, sa belle-mère et son mari puis
renie les valeurs du village.
Centre d’intérêt II : Le Retour aux valeurs culturelles
1- La reconnaissance de l’autorité de l’homme
- Le champ lexical : L21 « chef de famille, leur autorité, leur liberté »
- La phrase déclarative : L22/23 « nulle part…à un homme »
L’homme est le tout puissant dans le foyer traditionnel. Nul ne doit discuter
ses ordres. Il doit être ainsi reconnu.
2- L’importance de la famille élargie
- Proposition négative : L23/24 « jamais, il ne faut…ton mari »
- Phrases déclaratives : L24/25 « unis par Dieu…les séparer » ;
L34/35 « demain, certains…révérence. »
- Questions rhétoriques : L30 « et puis chassant…y être ? »
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La famille demeure élargie. C’est ainsi que les foyers sont fortifiés et bénis.
3- L’importance de la belle-mère
- Phrases emphatiques : L9 « c’est d’elle…Jean-Jacques » ; « c’est elle qui
l’a éduqué »
- La métaphore : L31 « Jean-Jacques est le fruit de ses entrailles »
- Phrase déclarative à la forme négative : L31-32 « tu ne peux pas le séparer
d’elle »
La belle est un membre influent dans le foyer. Elle ne doit pas être négligée.
Son rôle s’apparente à celui de Dieu. Elle doit être respectée.
CONCLUSION
- Bilan : Synthèse des idées développées
- Jugement critique
- Ouverture : rapprochement du texte à un autre texte ou à un auteur
abordant le même thème.
BAREME
INTRODUCTION (3pts)
- Amorce (1pt)
- Présentation du texte (1pt)
- Annonce du plan (1pt)
DEVELOPPEMENT (12pts)
- Richesse du contenu (5pts)
- Maitrise de la méthode du commentaire composé (4pts)
- Expression (3pts)
CONCLUSION (3pts)
- Bilan (1pt)
- Jugement critique (1pt)
- Ouverture (1pt)
PRESENTATION/SOIN (2pts)