0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
33 vues4 pages

Etude Lineaire 11 La PC Balzac

Dans 'La Peau de Chagrin', Balzac explore la quête du bonheur à travers le personnage de Raphaël, qui, après avoir pactisé avec le diable, découvre que son désir insatiable le mène à la mort. L'œuvre met en lumière le paradoxe entre la puissance du désir et sa fatalité, illustrant comment l'excès de désir peut être autodestructeur. En fin de compte, Balzac dépeint une société cynique où les véritables valeurs sont souvent perdues au profit de désirs éphémères.

Transféré par

lancelot.duboys
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
33 vues4 pages

Etude Lineaire 11 La PC Balzac

Dans 'La Peau de Chagrin', Balzac explore la quête du bonheur à travers le personnage de Raphaël, qui, après avoir pactisé avec le diable, découvre que son désir insatiable le mène à la mort. L'œuvre met en lumière le paradoxe entre la puissance du désir et sa fatalité, illustrant comment l'excès de désir peut être autodestructeur. En fin de compte, Balzac dépeint une société cynique où les véritables valeurs sont souvent perdues au profit de désirs éphémères.

Transféré par

lancelot.duboys
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
Vous êtes sur la page 1/ 4

EXPLICATION LINEAIRE 11 : L’AGONIE DE RAPHAËL

LA PEAU DE CHAGRIN DE BALZAC

INTRODUCTION

Dans le parcours « roman de l’énergie : création et destruction », dans lequel s’inscrit La Peau de
Chagrin, paru 1831, Balzac invite son lecteur dans un registre fantastique à se questionner sur la
question fondamentale : Doit-on vendre son âme au diable pour être heureux ? Mais, jusqu’au
bout peut-on aller dans cette quête du bonheur ? N’y-a-t-il pas une contre-partie ? Chacun
poursuit une certaine quête du bonheur et on peut légitimement se poser la question de
savoir jusqu’où on peut aller pour satisfaire ce désir.
Toutes ces questions vont trouver une réponse dans cet épilogue dramatique où Raphaël
après avoir pactisé avec le diable et par toutes les manières essayé de s’en satisfaire, émet
l’ultime vœu sincère qui montre qu’il sait enfin ce qu’il souhaite. Malheureusement ce dernier
le précipite dans la mort.
Problématique
Comment, à travers cet épilogue, Balzac joue sur un paradoxe entre la vie et la mort ?
1er mouvement : la puissance incontrôlable du désir
2ème mouvement : la fatalité du désir

1er mouvement : La puissance incontrôlable du désir


Un cri terrible sortit du gosier de la jeune fille , ses yeux se dilatèrent , ses sourcils,
violemment tirés par une douleur inouïe , s' écartèrent avec horreur , elle lisait dans les yeux
de Raphaël un de ces désirs furieux , jadis sa gloire à elle ; mais à mesure que grandissait ce
désir , la Peau , en se contractant , lui chatouillait la main . Sans réfléchir, elle s’enfuit dans le
salon voisin dont elle ferma la porte.

Ce passage montre la forte émotion de Pauline :


 Pauline est témoin en temps réel de la magie de la peau de chagrin
 Son visage est décrit de manière excessive « dilatèrent, violemment, avec horreur » :
hypotypose (Les verbes de mouvement donnent une intensité à l’effroi que ressent
Pauline : sortir, dilater, s’écarter)
 Les sensations de Pauline sont variées et violentes, sont corps réagit avec violence :
« cri terrible, les yeux se dilatent, douleur inouïe… »
 Toutefois son trouble va redoubler en s’apercevant de l’effet de la peau de chagrin car
elle va réaliser le malheur qu’elle crée elle-même avec le verbe « lire », « elle lisait
dans les yeux de Raphaël »
 La temporalité est particulièrement importante ici avec le verbe « grandissait » et
l’emploi du gérondif qui indique la simultanéité.
 Les sensations sont même incontrôlables comme si la peau de chagrin était le diable
en personne avec le verbe « chatouillait » qui la rappelle à la cruelle réalité et qui n’a
rien de plaisant, ni de léger.
 Seule solution pour Pauline : fuir comme le montre le verbe « s’enfuit », en refermant
la porte elle espère laisser derrière elle cette malédiction.
 Ici, on peut parler de compensation des énergies : plus le désir de Raphaël émerge
plus le talisman le précipite dans la mort ce qui est marqué par une série
d’oppositions :
- Chiasme « grandir… se contracter » encadrent les sujets « le désir … la peau »
- Les yeux de Pauline « se dilatent » alors que ceux de Raphaël se
« contractent »
- Les émotions sont opposés : amour et terreur du côté de Pauline et désir et
fureur du côté de Raphaël

" Pauline ! Pauline ! cria le moribond en courant après elle, je t’aime, je t’adore, je te veux ! Je
te maudis, si tu ne m’ouvres ! Je veux mourir à toi ! "
- Les dernières paroles de Raphaël sont retranscrites à travers le discours direct
et sont particulièrement marquées par une ponctuation expressive
- Les apostrophes répétées, la gradation ternaire, la construction étrange de la
dernière phrase (asyndète) montrent que le désir de Raphaël est lié fatalement
à la mort, qu’il veut non pas mourir pour elle mais en lui appartenant

Par une force singulière, dernier éclat de vie, il jeta la porte à terre, et vit sa maîtresse à demi
nue se roulant sur un canapé. Pauline avait tenté vainement de se déchirer le sein, et pour se
donner une prompte mort, elle cherchait à s’étrangler avec son châle.
- Ce désir anime chez Raphaël une énergie nouvelle comme le montre l’emploi
de le CDN « dernier éclat de vie » qui, paradoxalement, le jette dans une mort
certaine suggérée par l’adjectif « dernier »
- Pour annihiler tout désir, Pauline s’est mutilée « le sein » et cherche
désespérément à mettre fin à ses jours. Tous ces gestes demeurent sans effet
comme l’indique l’adverbe « vainement » mais aussi le mot « châle » qui
semble trop fragile pour amener à la mort.

" Si je meurs, il vivra ! " disait- elle en tâchant vainement de serrer le nœud. Ses cheveux
étaient épars , ses épaules nues , ses vêtements en désordre , et dans cette lutte avec la mort,
les yeux en pleurs , le visage enflammé , se tordant sous un horrible désespoir , elle présentait
à Raphaël , ivre d' amour , mille beautés qui augmentèrent son délire ; il se jeta sur elle avec
la légèreté d' un oiseau de proie , brisa le châle , et voulut la prendre dans ses bras .
- Par la proposition sub. Circ de condition, elle semble vouloir combattre la
malédiction par une formule « magique » ce que semble montrer l’emploi du
futur « si je meurs, il vivra »
- Le champ lexical du corps ainsi que l’énumération renforcé par l’évocation de
la passion à travers des images antithétiques comme le feu « enflammé » et
l’eau « pleurs » montrent un corps déformé, torturé
- Toutefois, c’est de ce même corps qu’émane une beauté qui rend Raphaël
« ivre d’amour »
- La métaphore « l’oiseau de proie » met en exergue la formule du talisman :
sursaut d’énergie lié au désir intense mais qui ne peut qu’aboutir à la mort
2ème mouvement : la fatalité du désir
Le moribond chercha des paroles pour exprimer le désir qui dévorait toutes ses forces ; mais il
ne trouva que les sons étranglés du râle dans sa poitrine, dont chaque respiration creusée
plus avant semblait partir de ses entrailles.

- Emploi du terme « moribond » pour évoquer Raphaël qui semble déjà avoir
perdu ses dernières forces comme le montre le verbe « chercha des paroles ».
Il ne peut déjà plus exprimer son désir
- le verbe « dévorait » insinue l’image d’un monstre qui se serait emparé de lui
- la mort se manifeste à travers son champ lexical « étranglé, râle, respiration,
dévorait »
- la comparaison à la fois réaliste et fantastique apporte une intensité nouvelle,
tout comme Raphaël, le lecteur est à bout de souffle « chaque respiration
creusée plus avant semblait partir de ses entrailles »

Enfin, ne pouvant bientôt plus former de sons, il mordit Pauline au sein. Jonathas se présenta
tout épouvanté des cris qu’il entendait, et tenta d’arracher à la jeune fille le cadavre sur
lequel elle s’était accroupie dans un coin.
" Que demandez- vous ? dit- elle. Il est à moi, je l’ai tué, ne l’avais- je pas prédis ?

- l’évocation de l’aspect charnel voire érotique remplace la parole et atteint son


point culminant quand Raphaël en mordant le sein de Pauline meurt. Le
contact charnel entraîne la mort
- le lexique violent et intense « épouvanté, cris, arracher, le cadavre »
- Raphaël n’existe plus, il est nommé par le GN « le cadavre » et l’image de fin
clôt le récit sur Pauline enlaçant le cadavre ; le désir et la mort sont
définitivement liés à travers cette image.

Conclusion
C’est à travers une scène qui côtoie le fantastique et l’horreur que Balzac clôt cette nouvelle.
Elle illustre sa philosophie selon laquelle « l’excès de désir tue ». En effet, Pauline découvre la
magie de la peau de chagrin. En réalisant son pouvoir, elle tente de sauver Raphaël mais le
désir qui s’empare de lui l’amène fatalement vers la mort. La morale du roman semble porter
vers le fait que les désirs éloignés de l’amour sont autodestructeurs. Balzac montre, ici, une
société cynique où la vertu comme le génie sont condamnés.

Vous aimerez peut-être aussi