Droit Des Sociétés
Droit Des Sociétés
Introduction.
Les sociétés sont parfois utilisées uniquement comme un outil de gestion d’un patrimoine
immobilier. Ex : SCI société civile immobilière. Ne servent pas à une activité économique. EX : Parents
créent une SCI familiale et transfèrent la propriété d’un ou plusieurs immeubles détenus par les seuls
parents en pleine propriété. Chaque membre de la famille détient une cote part du capital de la SCI
divisé en part sociale. Cela vise à limiter les frais de succession. Transmission de parts sociales moins
couteuse que des immeubles.
En 2017-2018 la France compte 4,7 millions d’entreprises organisées sous des formes juridiques
diverses.
En 2020 selon l’INSEE Première, le nombre total de création d’entreprise en France s’élevait à
848 200 soit une augmentation de 4% malgré le COVID.
Selon l’édition 2020 « Des entreprises en France » de l’INSEE les SAS et les SASU représentaient les
2/3 des sociétés créées en France en 2019. Cela s’explique en raison de la liberté donnée aux
associés dans la rédaction des statuts. En revanche la part des SARL dans la création des sociétés ne
cesse de diminuer depuis 2015. En 2019 elles représentent seulement 1/3 des nouvelles sociétés. La
moitié de ces nouvelles SARL étaient des EURL. Elle propose moins de liberté statutaire. En 2019 la
part des autres sociétés créées (SA) reste stable autour de 3%. Cette faible part de SA ne révèle pas
un désintérêt pour cette forme juridique mais indique que les SA sont plus difficiles à créer que
d’autre société de taille modeste. Une SA exige un important capital social minimum (37K euros) et
se compose de nombreux actionnaires. De plus ce sont des sociétés souvent européennes et
mondiales qui n’attirent pas des entreprises locales.
D’une part, une société résulte toujours d‘un acte juridique qui prendra la forme d’un
contrat s’il émane de deux personnes ou plus. Art 1832 al1 du Ccivil. « La société est
instituée par deux ou plusieurs personnes qui conviennent par un contrat d’affecter à
une entreprise commune des biens ou leurs industries en vue de partager le bénéfice ou
de profiter de l’économie qui pourra en résulter ». Cet acte juridique peut émaner d’une
seule personne et prendra la forme d’une décision unilatérale dans les cas prévus par la
loi. Art 1832 al2. Ex : EURL et SASU.
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La validité de cet acte doit respecter des conditions générales et spécifiques de validité.
C’est la théorie la plus ancienne et trouve ses origines en droit romain. Elle
émerge en droit commercial français au 19e siècle et est développée par des
juristes comme Donat Pottier Hamel et Lagarde. Elle perçoit la société comme
émanant de la volonté de deux personnes ou plus formalisée dans un contrat.
Telle était déjà le sens de l’art 1832 dans sa rédaction de 1804. Cette théorie
insiste sur le fait que les arts du Ccivil relatifs aux sociétés ne figurent pas à une
place anodine. Ces articles figurent dans le Titre 9 du Livre 3 intitulé « Des
différentes manières dont on acquière la propriété ». Il se trouve après le Titre
consacré à la vente et avant le Titre consacré au mandat. Cela révèle que les
règles du Ccivil encadrant le droit des sociétés se trouvent au milieu des règles
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régissant les contrats spéciaux. Ils en déduisent que la société est un contrat
spécial. De plus on a un nombre important de règle présent dans le droit des
sociétés qui présentent une nature contractuelle. Comme tout contrat, le contrat
de société doit respecter les conditions classiques de validité lors de sa formation
(Capacité de contracter, consentement non vicié et contenu licite et certain).
Plusieurs règles spéciales du droit des sociétés constituent des applications de la
liberté contractuelle. EX liberté dans les statuts. Pour eux la nature juridique de
la société est un contrat.
Elle fait l’objet de 3 grandes critiques. Premièrement cette théorie ne saisie pas
l’intégralité de la société. Elle se focalise sur la seule volonté des associés
exprimée dans un contrat mais néglige toutes les règles impératives qui sont
applicables aux sociétés. EX : Elles sont soumises à l’impôt sur les sociétés.
Deuxièmement cette théorie n’envisage la société que par le biais des associés
qui l’ont créé mais reste silencieuse sur les autres acteurs nécessaires à son
fonctionnement. EX salariés fournisseurs, clients.
Enfin troisièmement elle apparait en partie fausse depuis que le législateur
permet à une seule personne physique de constituer une société. Ex : EURL
SASU.
Cette théorie a été critiqué car elle présente une vision idéale de la société en la
présentant comme une personne morale non réductible aux intérêts de ses seuls
associés.
1) La doctrine de l’entreprise.
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d’organiser juridiquement et développer une entreprise économique et
humaine. On considère cette théorie comme une conception fonctionnelle de la
société. Selon cette théorie la société correspond aux vêtements juridiques
revêtus par toute entreprise, chacune choisissant les mieux adaptés à ses
besoins. De plus elle réserve une place aux intérêts variés des parties prenantes
de l’entreprise cad les personnes qui ont un intérêt dans la réussite de
l’entreprise et estime qu’il faut trouver un équilibre.
Cette doctrine a été critiquée car elle passe sous silence la question de l’origine
de la société. De plus les finalités dégagées ne consistent qu’en une simple
précision de la théorie institutionnelle.
La société serait donc l’institution qui accueillerait divers intérêts catégoriels
concourant au développement de l’entreprise.
Elle constitue une synthèse des théories classiques existantes car elle estime que
ces deux théories ne peuvent suffire à elles seule pour saisir l’entièreté de la
nature juridique de la société. Elle rejette aussi la doctrine de l’entreprise qui est
uniquement centrée sur les finalités de la société.
Selon cette conception mixte, la société est issue d’un contrat ou d’un acte
juridique individuel. De plus elle estime que le fonctionnement de la société est
gouverné par des règles contractuelles et d’ordre public avec la prise en compte
de l’intérêt social de la société. Cette conception est défendue par la plupart de
la doctrine contemporaine. EX : Jacques Mestre. Certains insistent davantage sur
l’aspect contractuel de la société et d’autres sur l’aspect institutionnel.
Cette dernière conception à l’avantage d’être souple et de pouvoir s’adapter aux
évolutions juridiques.
3 éléments de comparaison.
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dispose de suffisamment de fonds propres à titre de garantie. S’il ne les a pas il devra
alors dénicher d’autres associés et donner à son entreprise la forme d’une société. La
société est donc supérieure sur ce point par rapport à l’entreprise car elle se
compose de plusieurs associés et présente donc davantage de garantie pour les
banques.
Si une activité économique s’exerce sous la forme d’une entreprise individuelle sans
personnalité juridique le patrimoine de l’entreprise ne sera pas distinct de la
personne physique qui l’exploite. Les deux seront confondus. Si l’entreprise est
endettée les créanciers peuvent saisir les biens personnels de l’entrepreneur
individuel.
La société est donc plus protectrice du patrimoine en principe car la société possède
un patrimoine propre, distinct de ceux des associés et des dirigeants. Or ce principe
de séparation des patrimoines dans la société connait deux exceptions. Toute forme
juridique de société n’offre pas une protection patrimoniale aussi importante à ses
associés. On retrouve des sociétés à responsabilités limitées pour lesquelles la
responsabilité des associés est limitée au montant de leurs apports. En revanche
dans les autres sociétés, les associés sont responsables indéfiniment solidairement
des dettes sociales. La protection du patrimoine personnel est moins assurée. EX
SNC. De plus même dans une société à responsabilité limité un dirigeant peut parfois
engager son patrimoine personnel.
La protection du patrimoine offerte par la société n’est donc pas absolue.
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Les deux modèles offrent donc des mécanismes de protection du patrimoine de
manière équivalente.
Transmettre une entreprise est plus simple si elle est exploitée en société qu’en
entreprise individuelle. Cela garantie davantage sa pérennité. EX : chef d’entreprise
commerciale qui veut anticiper sa succession en utilisant le mécanisme de la
donation partage de son entreprise à ses deux enfants. Si elle est individuelle il doit
donner une moitié à chacun de ses enfants qui la possèdent sous le régime de
l’indivision. Or l’indivision présente des inconvénients dans le cas par exemple ou
l’un des deux enfants ne peut pas être commerçant. En cas de mésentente entre les
deux enfants l’art 815 prévoit le partage de l’indivision. Si l’entreprise est une société
le chef d’entreprise donnera la moitié de ses actions ou de ses parts à chacun de ses
enfants. Cela ne donne pas la qualité de commerçant à ses détenteurs. La
transmission est facilitée.
Deux éléments de comparaison sur trois sont favorables à la société lors de la création d’une activité.
Or malgré cela le nombre d’entreprise individuelle reste tres important en France grâce à l’essor du
statut de micro-entrepreneur. Les micro entrepreneur sont des personnes physiques qui créent une
entreprise individuelle pour des activités commerciales, artisanales ou libérales soumises à des
régimes fiscaux spécifiques. En 2020 les micro entrepreneur étaient 9% plus nombreux par rapport à
2019. INSEE.
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B) Les sources internes.
Le dernier corpus de règles sont les règles du code monétaire et financier qui
concerne le droit boursier applicables aux sociétés cotées.
Le code des sociétés regroupe toutes les dispositions relatives aux sociétés dans
un seul et même code non officiel.
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2) L’évolution rapide de la législation en la matière et son adaptabilité aux
circonstances spécifiques.
En 2019 deux lois ont modifié la matière. La loi 2019-486 du 22 mai 2019 dite loi
Pacte relative à la croissance et à la transformation des entreprises. Cette loi
concerne plusieurs matières du droit privé comme le droit des entreprises en
difficulté et le droit des sociétés etc. Elle poursuit 2 objectifs principaux, le
premier est de rendre les entreprises plus créatrices d’emploi et le second est de
redéfinir la place de l’entreprise dans la société française. Elle propose une
définition de l’intérêt social. Elle a aussi créé la raison d’être de la société et
incite les sociétés à prendre en compte les enjeux de nature sociaux et
environnementaux. La seconde loi est la loi 2019-744 du 19 juillet 2019 simplifie
clarifie et d’actualise le droit des sociétés.
Enfin la loi 2021-689 du 31 mai 2021 et deux décrets d’application de juin 2021
ont rendu de nouveau possible la réunion physique en AG sous certaines
conditions et ce à compter du 3 juin 2021. Les sociétés peuvent continuer à
consulter leurs associés à distance et ce jusqu’à fin septembre 2021.
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Partie 1 : Le droit commun des
sociétés.
En ce qui concerne les négociations ce sont des discussions préparatoires au contrat de société.
Les participants peuvent décider de les rompre. Si cela est le cas ils ne consentiront pas à former
le contrat de société. La rupture des négociations est en principe libre sauf si l’un des
négociateurs rompt les négociations de mauvaise foi et cause un dommage aux autres
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négociateurs. La victime doit alors agir en responsabilité civile extracontractuelle contre l’auteur
de la rupture sur le fondement de l’art 1240 du Ccivil. Si les négociations aboutissent les associés
peuvent signer un avant contrat, une sorte de promesse de création de société. Les futurs
associés seront d’accord sur les principaux éléments de la société mais il restera des éléments à
finaliser avant de signer les statuts de la société.
La signature des statuts par les associés manifeste leur consentement définitif à la création de la
société. Le consentement doit être sincère et doit être exempt de vices.
A) La sincérité du consentement.
Le consentement sera valable s’il ne résulte pas d’une erreur d’une violence ou d’un dol. Art
1130 du Ccivil. L’erreur et la violence sont des cas très rares mais en revanche le dol et la
réticence dolosive est plus régulière.
L’erreur est une fausse appréciation de la réalité.
La violence est une contrainte menace physique ou morale pour la forcer à devenir associé
d’une société. CA Paris 3 novembre 1998.
Enfin le dol est un comportement plus courant et consiste en un mensonge ou une
dissimulation volontaire d’une information déterminante au consentement d’un autre
associé. Ccass com 23 mai 2006.
Ces différents vices du consentement entrainent en droit commun des contrats la nullité du
contrat affecté s’ils ont eu un caractère déterminant sur la volonté de s’engager pour la
victime. Or en droit des sociétés, pour les SARL et les sociétés par actions l’art L235-1 al1er
du Ccom prévoit que la nullité de la société ne peut pas résulter d’un vice du consentement.
La victime ne peut donc obtenir que des dommages et intérêts. Pour toutes les autres formes
de société, la victime peut demander la nullité de la société. Les autres associés non victimes
peuvent demander que les droits sociaux de la victime soient rachetés pour maintenir la
société en vie. Cette règle est prévue à l’art 1844-12 du Code civil pour les sociétés civiles et
à l’art L235-6 al2 du Ccom pour les sociétés commerciales autres que la SARL et que les
sociétés par action.
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§2 : La capacité des associés.
Ils doivent posséder la capacité de contracter. ART 1128 du Ccivil. Des conditions plus strictes sont
parfois prévues pour certaines sociétés. Il existe des conditions générales et des conditions qui
concernent certains associés comme les époux communs en biens.
Elles seront différentes en fonction de la société dont il est associé. Si l’associé intègre une
société où il doit avoir la qualité de commerçant, l’associé peut se heurter à des interdictions.
C’est le cas pour les mineurs non émancipé, qui ne peut pas être un commerçant. De même
certaines incompatibilités professionnelles empêchent des fonctionnaires ou des membres
de fonctions libérales règlementées de devenir associés commerçant. Si une personne
intègre une société dans laquelle il ne sera pas commerçant les conditions sont plus souples.
Un mineur émancipé ou un mineur émancipé peut devenir associé non commerçant. De
même une personne contre laquelle a été prononcée une interdiction de gérer une société
peut être associé s’il ne fait pas partie des dirigeants.
Ce sont les époux mariés sous la communauté d’acquêts. Ce régime se compose de 3 masses
de biens. La première est les biens propres d’un époux, la seconde ceux de l’autre époux, et
enfin les biens communs cad ceux acquis par les époux après le mariage.
Lorsque les biens communs sont utilisés lors d’un apport fait par l’un des deux conjoints deux
techniques de protections de l’autre conjoint existent. Art 1832-4 Ccivil. Ces techniques ne
jouent que pour les sociétés dont les parts ne sont pas librement négociables cad les SARL,
les SNC et les SC.
L’art 1832 al2 du Ccivil énonce que l’autre époux doit être informé par son conjoint de
l’opération et prouver dans l’acte d’apport que l’information a été délivrée à son conjoint. Le
non-respect de cette exigence entraine la nullité de l’apport. ART 1832-2 al2 du Ccivil. Ccass
1ere civ 23 mars 2011.
L’art 1832-2 al3 du Ccivil énonce que pendant toute la durée de la communauté d’acquêts
l’époux à le droit à la moitié des droits sociaux souscrits ou acquis par son conjoint. Il devra
notifier à la société son intention d’être associé. Si elle a lieu au même moment que l’apport
ou l’achat de titres, les autres associés devront accepter ou refuser en bloc l’entrée des deux
époux dans la société. En revanche si la notification à lieu postérieurement il faut rechercher
si les statuts comportent ou pas une clause d’agrément applicable dans ce cas. SI une telle
clause existe le conjoint ne participe pas au vote. S’il n’y a pas de clause d’agrément le
conjoint auteur de la notification peut rejoindre la société.
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§3 : Le contenu du contrat de société.
A) L’objet du contrat de société : l’objet social.
En droit commun des contrats l’objet du contrat désigne le contenu de l’ensemble des
obligations qu’il comporte cad l’ensemble des obligations des parties. En droit des sociétés
l’objet de l’acte constitutif de société est l’objet social et comporte deux facettes.
La première facette est envisagée à l’art 1832 du code civil qui énonce que l’objet social
consiste à offrir aux associés une part des bénéfices de la société. La seconde facette de
l’objet sociale est énoncée dans les statuts de la société et réside dans la description de
l’activité de la société.
En ce qui concerne son caractère licite l’art 1833 al1er du Ccivil énonce que l’objet social doit
être licite sous peine de nullité absolue de la société. Si la société est annulée la société va
disparaitre car aucune régularisation ne peut être envisageable. Le droit de l’Union
Européenne a apporté des précisions sur la licéité de l’objet social. A l’occasion d’un arrêt de
la CJCE du 13 novembre 1990 arrêt Marleasing. La CJCE indique que pour apprécier la licéité
de l’objet d’une société à risque limité il faut se référer à l’objet tel qu’il est défini par les
statuts et ne pas prendre en compte les activités exercées par la société. L’art 11 de la
directive de 1968 indique qu’est illicite l’objet qui est contraire à l’ordre public. La
jurisprudence interne s’inscrit dans la lignée de la jurisprudence européenne sur la question.
Un arrêt de la Ccass com du 27 mai 2015 approuve l’annulation d’une société en raison de
son objet statutaire illicite qui consistait en la commercialisation d’implant oculaire interdits.
Deux ans plus tard la Ccass a précisé que l’illicéité devait s’apprécier en référence à
l’ensemble des statuts et pas seulement à la vue des clauses relatives à l’objet. Ccass com 26
avril 2017.
Le but des statuts est énoncé dans l’art 1162 du code civil dans sa rédaction de 2016. Il
dispose que « le contrat ne peut déroger à l’ordre public ni par ses stipulations ni par son but
que ce dernier ait été connu ou non par l’ensemble des parties ». Le but de la société désigne
les motifs particuliers ayant incités les associés à créer la société. Une société peut posséder
un objet social licite mais un but illicite si elle a été créée pour échapper à des exigences
légales. Ccass com 19 janvier 1970 : les associés avaient créé une SARL pour éviter les
contraintes de la SA. Toute société pourvue d’un but illicite encoure la nullité car il s’agit « de
l’une des causes de nullité du contrat ». Art 1844-10. Or une directive européenne du 14 juin
2017 ne reconnait pas le but illicite d’une société comme une cause de nullité des sociétés à
risque limité. Pour certains auteurs, le droit français est conforme au droit de l’Union
Européenne sur ce point. Par conséquent même si la directive de 2017 ne consacre pas cette
cause de nullité du contrat de société, les juges français peuvent refuser d’appliquer cette
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solution et annuler la société tout en restant en conformité avec le droit de l’Union
Européenne.
C) L’intérêt social.
L’intérêt social est entré dans le code civil en 2019 grâce à la loi Pacte. Cette loi ajoute un
second et nouvel alinéa à l’art 1833 du code civil selon lequel « la société est gérée dans son
intérêt social en prenant en considération les enjeux sociaux et environnementaux de son
activité3 ». Une gestion conforme à l’intérêt social et la prise en compte des enjeux sociaux
et environnementaux concerneront toutes les sociétés car ces exigences figurent dans le
droit commun des sociétés.
Ce nouvel alinéa 2 de l’art 1833 insiste tous les dirigeants de société à prendre en
compte les enjeux sociaux et environnementaux dans la gestion. Pour la doctrine cette
incitation n’est pas nouvelle, car presque 10 ans avant, le conseil constitutionnel a
délivré une interprétation de la charte de l’environnement, lors d’une QPC, et énonce
« que chacun est tenu à une obligation de vigilance à l’écart des atteintes à l’égard de
l’environnement qui pourraient résulter de son activité. Décision QPC 8 avril 2011.
2) Quelles sanctions ?
La méconnaissance de ce nouveau texte ne constitue pas non plus un cas de nullité des
actes de délibération des organes de la société. Ce sont les contrats formés par la société
et les décisions prises lors des AG. L’art 1844-10al3 énonce divers cas de nullité en la
matière en évoquant la violation d’une disposition impérative du droit commun des
sociétés. Il ajoute « à l’exception du dernier alinéa de l’article 1833 ». Le nouveau texte
est donc expressément écarté des causes de nullité des actes et délibérations des
sociétés.
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Section 2 : Les conditions spécifiques de formation de
l’acte constitutif de société.
Selon l’art 1832 du code civil, 3 éléments spécifiques doivent figurer dans l’acte spécifique de
société. Le premier élément renvoie aux apports, le second élément renvoie la participation des
associés aux bénéfices ou aux pertes et enfin le dernier élément est l’affectio societatis.
Si l’un de ces 3 éléments manque lors de la création de la société ou venait à disparaitre la survie de
la société pourrait être mis en jeu.
§1 : Les apports.
Tout associé se doit d’effectuer un apport à la société et en contrepartie il va recevoir des titres de la
société. Ces titres renvoient à des parts sociales dans les SARL ou d’action dans les SA et les SAS. Le
nombre de titre sera proportionnel à la valeur de l’apport.
Pour que cette obligation soit correctement effectuée les apports doivent présenter deux
caractères. Le premier est que les apports doivent exister. Cela va exclure l’absence
d’apports et les apports fictifs. Le second est que les apports doivent être suffisant pour ne
pas mettre la société en péril.
L’absence d’apport est le cas dans lequel des associés auraient effectué aucun apport à la
société qu’ils ont créé. Ce sera une cause de nullité de la société conformément à l’art 1844-
10 du code civil. Il en va de même pour les apports fictifs. Un apport sera considéré comme
fictif si c’est un apport dépourvu en réalité de toute valeur ou bien de toute utilité pour la
société. La fictivité des apports se rapproche de la notion de l’absence d’apports.
En ce qui concerne les apports fictifs il faut distinguer deux cas. Le premier est le cas où
l’absence et la fictivité concernait l’entièreté des apports. Dans ce cas la nullité s’impose. Si
l’absence ou la fictivité ne concerne que certains apports sur l’ensemble, dans ce cas le ou les
apports concernés seront nuls mais la société ne sera pas remise en cause.
Ex : Ccass 3e civ 19 juin 1996 dans cet arrêt un apport a été considéré comme fictif et la
société n’a pas été annulé car la société existait déjà et l’apport a été financé par un prêt
consentit à la société elle-même. L’apport est fictif car les associés ont apporté une somme
sur laquelle ils n’avaient aucun droit. Cet apport a entrainé la nullité de l’augmentation du
capital social mais pas la nullité de la société. SI une telle manœuvre avait eu lieu au moment
de la création de la société, la société aurait été annulée.
Ex : Ccass Com 20 septembre 2016 N’a pas été considéré comme fictif un apport réalisé par
un associé et financé par un prêt consenti par l’un de ses coassociés. Le prêt ici a été consenti
directement à l’associé et non pas à la société.
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En ce qui concerne les apports insuffisants, cette situation concerne souvent une société qui
débute son activité avec un capital social inférieur au capital social minimum imposé. Les
apports insuffisants existent aussi pour les sociétés non soumises à l’exigence d’un capital
social minimum mais qui va malgré tout rassembler un capital social très faible lors de sa
création. Ce capital social très faible est très risqué puisqu'il peut contribuer à la sa mise en
liquidation judiciaire. En cas de liquidation judiciaire le dirigeant de la société peut être
poursuivi sur le fondement de l’art L.651-2 du Ccom s’il a commis une faute de gestion ayant
contribuée à une insuffisance d’actifs pour la société.
En jurisprudence ce texte a été utilisé à plusieurs reprises par des juges du fonds pour
sanctionner l’insuffisance des apports. Or ce texte sanctionne l’insuffisance d’actifs et non
l’insuffisance des apports. La Ccass censure cette approche à plusieurs reprises. Ccass com 10
mars 2015 pour la première fois. L’insuffisance des apports lors de la création d’une société
imputable aux associés ne constitue pas une faute de gestion des dirigeants. La Ccass
considère que la fixation du capital est une prérogative des associés et le fait que l’un d’entre
eux est dirigeant de la société n’a pas à être pris en compte. Ainsi la sous-capitalisation de la
société ne constitue pas une faute de gestion reprochable aux associés dirigeants. Cette
solution a été confirmée dans un arrêt de la Ccass com du 17 juin 2020. La Ccass estime
que « l’insuffisance des apports lors de la constitution de la société qui est imputable aux
associés ne constitue pas en soi une faute de gestion dont les dirigeants auraient à répondre.
Dans ce cas il faut agir en responsabilité civile contre les associés en leur reprochant une
négligence fautive, consistant à créer une société non viable en raison d’apports insuffisants.
Enfin la Ccass énonce que le dirigeant qui découvrirait de tels apports et qui ne ferais rien
commettra une faute de gestion. L’augmentation du capital social d’une société relève des
pouvoirs des associés mais le dirigeant se doit d’essayer de les convaincre de le faire. Ccass
com 12 juillet 2016.
Il existe 3 catégories d’apports. La première est l’apport numéraire cad de l’argent, la second
est les apports en nature et enfin les apports en industrie.
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sociétés dites de personne cad les SNC et les SC aucun texte ne prévoit de délai pour
la libération des apports en numéraire.
La libération va s’effectuer par le dépôt des sommes à l’aide de tout support chez un
notaire ou dans un établissement de crédit dans lequel elles seront consignées. Ces
sommes seront indisponibles jusqu’à l’immatriculation de la société. Si un associé ne
libère pas son apport en numéraire à la date convenue, il sera alors débiteur de plein
droit de cette somme et sera soumis à l’exécution forcée de son engagement. Art
1843-3al5 du Ccivil. Un associé sera tenu d’exécuter l’obligation de libérer son
apport car elle constitue ne obligation personnelle et devra exécuter cette obligation
quand bien même il aurait exercé son droit de retrait de la société avant la libération
de son apport. Le retrait est le cas dans lequel un associé quitte une société soit en
cédant ces titres à un tier soit en se faisant rembourser leur valeur par la société.
L’associé qui se retire ne peut pas prétendre à être déchargé de cette obligation sans
avoir libérer son apport au préalable. Ccass 3e civ 17 janvier 2019.
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2) Les apports en nature.
Les apports en nature se constituent de biens autres que l’argent. Il peut s’agir de
meubles ou d’immeubles
L’apport peut aussi être fait n jouissance. Il offre à la société qu’un droit d’usage
sur le bien puisque l’apporteur va conserver la propriété du bien. L’intérêt de ce
mécanisme est plutôt de l’associé apporteur car le bien pourra échapper aux
poursuites éventuelles contre la société car il n’est pas dans le patrimoine de la
société.
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toutes les autres sociétés ils sont autorisés. Cependant l’art 1843-2 al2 du code civil
prévoit que « les apports en industrie ne concourent pas à la formation du capital social
mais il donne lieu à l’attribution de parts sociales et au partage des bénéfices.
L’apporteur en industrie est un véritable associé d’une société. La Ccass a reconnu cela
en annulant la décision des juges du fonds qui avaient prononcé la dissolution d’une SC
au motif qu’elle aurait été unipersonnelle. Or en l’espèce cette SC avait été créée par
deux personnes physiques dont l’une avait réalisé un apport en industrie. Ccass 1ere civ
30 mars 2004. Les titres sociaux reçus par l’apporteur en industrie lui confèrent les
mêmes droits que tous les associés lors des délibérations sociales.
Concernant les droits aux bénéfices l’art1844-1al1er du Ccivil prévoit que « la part de
l’associé qui a apporté que son industrie est égale à celle de l’associé qui a le moins
apporté sauf clause statutaires contraires ».
Les apports en numéraire et en nature forment le capital social d’une société mais pas les apports en
industrie. Le capital social est en principe intangible et se divise en droits sociaux cad en action dans
les SA et SAS et en parts sociales dans les SARL par ex. Dans une société à capital fixe les associés ne
peuvent pas reprendre prématurément leurs apports cad seulement au moment de la dissolution de
la société et seulement après le paiement de tous les créanciers de la société. Cependant les associés
peuvent voter une réduction du capital et récupérer une partie de leurs apports. Cette intangibilité
du capital social ne s’applique pas dans les sociétés à capital variable.
Si une société ne réalise aucun bénéfice elle ne pourra en principe pas distribuer de
dividendes en principe car ils seraient fictifs ce qui constituent une infraction pénale.
Si la clôture d’un exercice comptable, il s’avère qu’une société a réalisé des bénéfices se
posera la question de l’affectation cad envers qui et envers quoi ils seront destinés. Les
dirigeants de la société devront arrêter les comptes et convoquer les associés à une AGO
dans les 6 mois suivants afin qu’ils les approuvent. Art L225-100 1 du Ccom. Au cours de
cette AGO 3 choix d’affectation des bénéfices sont proposés aux associés.
Cette opération consiste pour une société a prélevé tout ou partie des bénéfices réalisés
pour les conserver. On distingue les réserves obligatoires et les réserves facultatives.
La réserve légale est encadrée par l’art L232-10 du Ccom et ne concerne que les
SARL et les SAS et SA. Ce texte oblige les sociétés à prélever 5% du bénéfice net de
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l’exercice précédent pour le placer en réserve. Dès que le montant de cette réserve
atteint 10% du capital social sa constitution cesse d’ère obligatoire.
La réserve statuaire obliger à prélever une part des bénéfices définie par les statuts
pour les mettre en réserve. Cette réserve présente un caractère obligatoire que si
cela est expressément prévue par les statuts.
b) La distribution de dividendes.
La technique de détermination des dividendes distribuables est explicitée à l’art
L232-11 al2 du Com. Ce texte énonce que « le bénéficie distribuable est constitué
par le bénéfice de l’exercice diminué des pertes antérieures ainsi que des sommes à
porter en réserve en application de la loi ou des statuts et augmenté du report
bénéficiaire ».
Face à la pandémie de COVID 19 le gouvernement a demandé un encadrement strict
du versement des dividendes dans les grandes sociétés. Certaines ont dû renoncer
au versement de dividendes et d’autres ont limité le montant de ceux-ci. D’autres
encore ont pu les distribuer en totalité.
Le mode de répartition des dividendes est fixé par l’art 1844-1al1 du Ccivil. Il énonce
que la part de chaque associé se détermine à proportion de sa part dans le capital
social. En cas de silence des statuts sur une répartition spécifique des bénéfices
aucun associé ne peut obtenir une part supérieure proportionnellement à sa part
dans le capital social. Ccass com 12 juillet 1993.
Cette répartition proportionnelle ne constitue pas une règle d’ordre public. Les
associés sont donc libres de prévoir dans les statuts une technique ou un autre
mécanisme de distribution. Cette liberté comporte une limite. La jurisprudence
19
prévoit qu’’un tel mécanisme n’a pas prévu une exonération quasi-totale des pertes
et ne lui a pas conférer une vocation quasi exclusive aux bénéfices. Ccass 1ere civ 16
octobre 1990. Les limites posées par cet arrêt constituent les clauses léonines qui
sont prohibées en droit des sociétés.
*clauses léonines.
Elles sont prohibées dans le droit des sociétés français.
Bien qu’une répartition inégalitaire des bénéfices soit possible l’art 1844-1 al 2 du
Ccivil interdit d’insérer des clauses dites léonines dans les statuts d’une société.
Ces clauses permettent à un associé de s’attribuer la quasi-totalité des bénéfices.
Selon cet article 4 types de clauses léonines sont prohibées.
-les clauses qui permettent d’attribuer tout le bénéfice à un seul associé.
-les clauses qui permettent d’exclure un associé de tout partage d’un bénéfice.
-les clauses qui font supporter toutes les pertes à un seul associé.
-les clauses qui permettent à un associé d’échapper à toute contribution aux pertes.
Leur interdiction permet d’éviter toute injustice excessive lors de la répartition des
bénéfices ou de la contribution aux pertes. Si une telle clause se trouve dans les
statuts d’une société elle serait réputée non écrite. Art 1844-1 al2 Ccivil.
En revanche la chambre commerciale est beaucoup plus souple. Pour elle cette
opération est valable à condition de respecter certains critères. La possibilité de
quitter la société sans perdre de l’argent est possible mais elle est possible « qu’a
expiration d’un certain délai et pendant un temps limité ». Ccass com 22 février
2005. Elle ne sera pas léonine si l’associé quitte la société à la fin du délai et dans un
temps limité. La clause de promesse de rachat doit donc indiquer un laps de temps
où le bénéficiaire pourra lever ou non l’option de rachat. En ce qui concerne les
cessions de contrôle la chambre commerciale admet la licéité de tels mécanismes.
Même si le vendeur est libéré de toute contribution au perte le mécanisme
n’impacte pas les rapports collectifs entre associés. Ccass com 20 mai 1986 Bowater.
20
c) Le report du choix à l’année prochaine.
On parle aussi de report à nouveau. C’est le cas dans lequel l’AGO va renvoyer au
terme de l’exercice comptable de l’année N+1 la décision de l’affectation des
bénéfices réalisés au terme de l’année N.
Elle affectera donc deux années de bénéfice.
Selon l’art 1832 al3 du code civil si une société enregistre des pertes au terme d’un exercice
comptable tous les associés doivent y contribuer. Il faut distinguer la contribution aux pertes
de l’obligation aux dettes sociales.
L’obligation aux dettes sociales concernent les rapports que les associés entretiennent avec
les créanciers de la société. Elle est illimitée dans les sociétés de personne SC, SNC, et elle
sera limité aux montant des apports dans les sociétés de capitaux SARL SA et SAS.
La contribution aux pertes ne concerne que les rapports entre les associés et permet de
savoir à quel niveau chaque associé de la société devra supporter les dettes. La règle est que
la contribution aux pertes sera proportionnelle à la part de capital social qu’il détient dans la
société.
Les statuts peuvent prévoir une autre règle de contribution aux pertes que celle prévue par
la loi. La seule limite sera la prohibition des clauses léonines. Même si une société vient à
enregistrer des pertes elle peut continuer son activité. Les pertes seront soit compensées par
l’utilisation des réserves soit elles seront reportées à nouveau sur les bénéfices futurs.
Si à la suite des pertes enregistrées, les capitaux propres d’une société deviennent inférieurs
à la moitié du capital social une procédure spécifique devra s’appliquer dans les SARL et ses
sociétés par actions. L’art L223-42 du Ccom pour les SARL et l’art 225-248 pour les SA et SAS
prévoient que les dirigeants devront dans les 4 mois suivants l’approbation des comptes
sociaux convoquer une AGE pour décider s’il faut dissoudre la société ou lui faire continuer
son activité. Si l’AGE se prononce en faveur du maintien de la société celle-ci devra soit
réduire sont capital social d’une valeur au moins égale aux pertes ou reconstituer ses
capitaux propres au moins égale à la moitié du capital social.
§3 : L’affectio societatis.
Cette dernière condition n’est pas mentionnée expressément à l’art 1832 du code civil. La doctrine
en a proposé plusieurs définitions. Un auteur ayant synthétisé la jurisprudence à ce sujet et a
proposé la définition suivante. Il estime que l’affectio societatis constitue « une notion multi forme
dont le plus petit commun dénominateur englobe la volonté des associés de collaborer ensemble sur
un pied d’égalité au succès de l’entreprise commune ». Philipe Merl « Droit commercial société
commerciale »
L’absence d’affectio societatis à la création d’une société est une cause de nullité de la société ou de
la promesse de société. La jurisprudence a récemment estimé que des personnes ne s’entendant pas
21
sur l’objet de sociétés qu’elles voulaient créer n’avait pas manifester leur volonté de collaborer
ensemble sur un pied d’égalité à la poursuite d’une œuvre commune. La Ccass com approuve les
juges du fond pour déduire l’absence d’affectio societatis et la nullité de la promesse de création de
sociétés. Ccass com 3 mars 2021. La jurisprudence apprécie son existence par référence à la volonté
de tous les associés de participer à la société. Leurs motifs personnels cad ceux qui incitent chaque
associé à s’engager dans la société ne vont pas être pris en compte. Le fait que deux associés aient
constitués une société l’un avec pour objectif de contrôler le marché en question et l’autre pour
obtenir le statut de commerçant cad leurs motifs personnels ne permettent pas de déduire l’absence
d’affectio societatis. Ccass com 10 février 1988.
L’affectio societatis connait deux autres applications en jurisprudence. La première est qu’elle est un
critère permettant de qualifier de société un acte ou un fait juridique. De plus si l’existence d’une
société ne fait aucun doute la disparition de l’affectio societatis peut justifier la disparition d’une
société.
L’affectio societatis est utilisé pour caractériser une société crée de fait. C’est la situation
dans laquelle des personnes physiques se comportent comme les associés d’une société
alors qu’elles n’ont formé aucun contrat de société entre elles et ne l’ont pas immatriculé.
Leur « société » est dépourvue de la personnalité morale. Cette attitude tient au fait que ces
personnes physiques n’ont pas eu conscience de créer une société ou ont refusé de qualifier
pour X raison de société le lien qui les unis.
Le juge peut reconnaitre malgré tout l’existence juridique d’une société de créée de fait. Il
sera saisi par l’un des « associé » pour obtenir la reconnaissance judicaire de la société créée
de fait. C’est le cas lorsque la société doit être liquidée. Dans ce cas « l’associé » doit prouver
par tout moyen l’existence de tous les éléments constitutifs d’une société cad la mise en
commun d’apport, la volonté de partager des bénéfices ou la contribution aux pertes et
l’existence de l’affectio societatis. Ces éléments ne peuvent pas se déduire les uns des autres
mais il faut démonter l’existence de chacun d’entre eux. Ccass com 2 arrêts du 23 juin 2004.
Ces divers éléments sont délicats à rapporter et notamment l’affectio societatis.
La jurisprudence estime que la participation financière d’une concubine à la réalisation d’un
projet immobilier avec son concubin ne suffit pas à caractériser l’existence d’une société
créée de fait entre eux. Ccass 1ere civ 20 janvier 2010.
Cela permet aussi de distinguer la société d’un simple acte de vente de droits sociaux.
L’affectio societatis ne fait pas parti des conditions requises pour la validité d’une cession de
droits sociaux. La jurisprudence estime que le cédant d’action d’une SAS ne saurait renonce
au transfert des titres au cessionnaires aux motifs qu’ils ne seraient pas animés d’affectio
societatis. Ccass com 11 juin 2013.
Si l’existence d’une société ne fait aucun doute, l’affectio societatis peut disparaitre avec le
temps ou certaines circonstances ce qui justifiera la disparition de la société. En cas de
mésententes persistantes et paralysant toute la société on en déduira que l’affectio
societatis a disparu. Ccass 3e civ 25 janvier 2018.
22
La jurisprudence estime quelque fois que l’affectio societatis existera toujours avant que la
société soit liquidée. Cette persistance produira des effets juridiques. Tel a été le cas dans un
arrêt de la 1ere civ en date du 13 décembre 2005. SCP de plusieurs médecins qui a pris fin en
1994 tel que l’avait prévu ses statuts. Les associés n’avaient pas effectué de prorogation de la
société ni demandé la liquidation delà société à la suite de cette dissolution. De plus au cours
de cette période leur activité commune ct poursuivi et l’affection societatis aurait persisté.
Pour la jurisprudence il s’agirait d’une société devenue de fait cad une société dissoute mais
pas encore liquidé et qui fonctionne encore jusqu’à sa liquidation. Ce sont les mêmes statuts
qui encadrent la société devenue de fait.
23
Chapitre 2 : Les sociétés en tant que
personne morale.
Toute société acquière la personnalité morale une fois que les associés ont accomplis plusieurs
formalités et notamment son immatriculation au RCS. De plus divers actes juridiques seront
souvent formés pour la future société. Se posera la question de savoir qui sera engagé par de tels
actes juridiques.
La vie d’une société est souvent émaillée de conflits qui surviendront tant avant qu’après
l’attribution de la personnalité morale.
L’art 1835 alinéa 1er impose leur rédaction par écrit, par le bien d’un acte sous seing
privé ou d’un acte authentique.
En pratique les associés confient la rédaction des statuts par des juristes pour éviter tout
terme flou ou lacune dans les statuts. Si les statuts sont lacunaires, ils pourront faire
l’objet d’une interprétation judiciaire en vue de rechercher la commune intention des
associés.
Le contenu des statuts doit faire figurer des mentions obligatoires énumérées à l’art
1835 al1er du code civil qui constituent les principaux éléments de la société créées.
« Les apports de chaque associés, la forme, l’objet, l’appellation, le siège social, le capital
social, la durée de la société et enfin les modalités de son fonctionnement ».
Des mentions facultatives peuvent aussi être ajoutées aux statuts. La loi pacte du 22 mai
2019 permet à toute société de préciser sa raison d’être dans ses statuts. Art 1835 al2
24
Ccivil. Selon cet article la raison d’être correspond au « principes dont la société se dote
et pour le respect desquels elle entend affecter des moyens dans la réalisation des
activités ».
Outre son objet social cad ce que fait une société les statuts de celle-ci peuvent indiquer
sa raison d’être cad pourquoi elle le fait. En raison de son caractère facultatif la question
qui peut se poser est de savoir si elle ne constitue qu’un simple outil de communication
ou un véritable instrument de gestion au service de la société. Pour que la raison d’être
soit réellement efficace il serait utile qu’un contrôle périodique des actions menées en
vertu de celle-ci soit menée.
Ex : SAS Essilor : objet social : concevoir fabriquer et commercialiser des verres
correcteurs de la vue. Raison d’être : améliorer la vision pour améliorer la vie.
A la différence des statuts ces documents ne vont pas être publiés et vont être dotés
d’une autorité inférieure aux statuts.
Ils doivent être conforment aux statuts sous peine de nullité et leur respect est
obligatoire dans les rapports entre les associés. On retrouve le règlement intérieur et les
pactes extra statutaires.
Les pactes extra statutaires désignent quant à eux tout accords formés entre certains
associés entre eux ou avec la société. Ils peuvent avoir plusieurs objectifs comme la
stabilité entre les associés. La jurisprudence indique souvent que les statuts l’emportent
sur ces pactes extra statutaires. Ccass com 5 juin 2019. Le corolaire à la primauté des
statuts sur les pactes est que ces pactes seront annulés s’ils étaient utilisés pour
effectuer des opérations strictement interdites par les statuts. CA Paris 1er mars 2011.
1) L’enregistrement.
C’est une formalité de nature fiscale définie à l’art 635 du CGI qui est obligatoire et
gratuite et qui doit être effectuée dans le mois suivant la signature des statuts si ceux-ci
prennent la forme d’un acte notarié. Si les statuts sont rédigés sous la forme d’un acte
sous seing privé l’enregistrement n’est plus imposé depuis 2015.
L’article R210-3 du code du commerce dans sa rédaction issue d’un décret du 10 février
2020 oblige à publier un avis de constitution de la société sur un support habilité à
25
recevoir des annonces légales. Cela désigne des journaux en format papier mais aussi les
services de presse en ligne.
Le support choisi doit être situé dans le même département que le siège social de la
société. Cet avis informe les tiers de la création d’une nouvelle société.
Ce dépôt s’effectue auprès du centre des formalités des entreprises situé dans le même
ressort que le siège social de la société. Art R123-5 du Ccom. Le CFE transmettra ce
dossier au greffe du tribunal de commerce du même ressort. On dira que les CFE sont
des organismes rattachés à 7 réseaux, notamment les CCI et les chambres des métiers. Ils
constituent le guichet unique pour accomplir toutes les formalités administratives liées à
la création et à al vie d’une société. Un dépôt électronique été mis en place. Art R123-22
Ccom.
La demande d’immatriculation devra comporter les statuts de la société, les noms de
sont ou de ses dirigeants, le siège social, ainsi que l’activité exercée.
Le greffier du TC devra vérifier que la demande est complète et conforme aux exigences
légales. ART R123-97 du Ccom. Si un dossier est incomplet et comporte des erreurs, le
greffier avertira le déposant qu’il dispose d’un délai de 15 jours pour le régulariser.
Lorsque le dossier est complet l’immatriculation de la société sera effectuée avec
attribution immédiate de la personnalité morale à celle-ci.
L’inscription sera notifiée au déposant du dossier par réception d’un extrait du RCS
qualifié d’extrait K bis. Le greffier va aussi adresser un avis au BODACC pour y être publié
nationalement.
Elle a instauré deux grandes mesures. La première est la création d’un guichet
uniquement entièrement en ligne pour accomplir les formalités d’immatriculation de
modification et de dissolution de la société. Selon le décret du 30 juillet 2020, c’est L’INPI
qui assurera la gestion de ce guichet unique. L’INPE gère déjà le RCS national. Ce guichet
unique vise donc a être substitué aux 7 réseaux actuels de CFE. Ce guichet unique sera
mis en place à partir du 1er janvier 2023. Cependant le décret du 18 mars 2021, permet à
toute société qui le souhaite d’utiliser ce guichet unique depuis le 1 er avril 2021.
La seconde mesure consiste en l’élaboration d’un registre dématérialisé des sociétés afin
de regrouper toutes les informations légales à leur sujet en un unique document. Ce
registre a été qualifié de registre national des entreprises par l’ordonnance du 15
26
septembre 2021. Il se substituera au RCS et au répertoire des métiers pour les artisans. Il
intègrera aussi des entreprises qui ne figuraient dans aucun registre jusqu'ici.
Cependant la jurisprudence révèle que des associés fondateurs tardent à immatriculer leur
société alors que son activité va déjà plus loin que les seuls actes juridiques nécessaires à sa
création. Dans ce cas la société sera qualifiée de société de fait par le juge. Cette qualification
impactera directement la responsabilité des associés. Chaque associé sera responsable à titre
personnel vis à vis des tiers de l’acte qu’il a accompli pour le compte de la société. Art 1872-1
al1er du code civil. Ce principe de responsabilité personnelle connait 3 exceptions avec une
responsabilité collective et solidaire des associés envers les tiers pour les sociétés
commerciales et non solidaire dans les sociétés civiles.
Le premier cas est quand tous les associés ont participé à l’acte juridique en tant qu’associé.
Le second cas est quand d'un associé s’est immiscé dans l’opération menée par l’un de ses
coassociés. Enfin c’est aussi le cas quand l’acte tourne à la faveur d’un des associés qui ne
l’avait pas accompli. Art 1872-1 al2 et 3 du Ccivil.
Par conséquent si un créancier trouve que la société présente l’apparence d’une société
créée de fait, il pourra prouver ensuite que l’une des 3 exceptions à eu lieu et se retourner
contre l’un ou plusieurs coassociés de son débiteur principal. Les exigences probatoires pour
la reconnaissance d’une société créée de fait sont moins lourdes pour un tiers que pour un
associé. Un tier n’aura qu’à démontrer une apparence d’une société alors que l’associé devra
prouver que tous les éléments constitutifs de la société sont présents.
B) Le régime de responsabilité qui pèse sur les associés pour les actes
accomplis au nom de la société en formation.
27
pas des fondateurs et qui ne sont pas signataires des actes juridiques ne seront pas
poursuivis.
C) La reprise par la société des actes accomplis par les associés en son nom.
Les articles 1843 et L210-6 du Ccom prévoit que la société régulièrement immatriculée peut
reprendre les actes juridiques souscris par les associés fondateurs qui sont censés avoir été
contractés par elle dès le départ. Concrètement la reprise de ces actes ne se fera pas 3
techniques qui sont précisés par l’art 6 du décret du 3 juillet 1978. Il existe des tempéraments
validant la reprise même en dehors de ces techniques.
La première technique de reprise est que les actes juridiques formés avant la signature
des statuts seront automatiquement repris par la société une fois immatriculé si un état
récapitulatif de ceux-ci est annexé aux statuts et signés par les associés. A défaut de
précision suffisante, sa reprise par la société pourra être refusée par le juge. EX arrêt
Ccass com 13 juillet 2010.
La seconde technique est de donner mandat dans les statuts à l’un des associés pour
former ces actes juridiques au nom et pour le compte de la société en formation.
L’immatriculation de la société entrainera la reprise par celle-ci de ces actes juridiques
formé par le mandataire.
La dernière technique est que la société une fois immatriculée pourra reprendre à son
compte tout engagement souscrit avant et pour lequel aucune des autres techniques a
été utilisée. C’est la reprise balai et devra résulter d’une décision votée à la majorité des
associés. Ccass com 12 juillet 2004 qui valide cette technique.
En cas de litige sur la reprise, les juges du fond devront vérifier si la reprise à eu lieu par
l’utilisation régulière de l’une des trois techniques. Ccass com 26 avril 2000. A défaut la
reprise par la société sera refusée. Ccass com 13 décembre 2011.
Effets de la reprise : tout acte juridique régulièrement repris est réputée avoir été souscrit des
l’origine par la société maintenant dotée de la personnalité morale. Par conséquent l’associé ou les
associés ayant agi au nom de la société en formation sont libérés de tout engagement personnel. La
reprise a un effet rétroactif. Ccass com 13 décembre 2005 effet rétroactif. Une fois immatriculée la
société pourra exiger elle-même l’exécution de l’acte juridique formé en son nom. Par conséquent
pour un bail formé pour le compte d’une société en formation puis repris la jurisprudence a reconnu
que la société puisse demander elle même que les locaux loués soient mis à sa disposition. Ccass com
29 janvier 2008.
28
2) Les tempéraments : des reprises valables en dehors du respect des 3 techniques.
La 2e civ de la Ccass estime que le comportement d’une société qui avait effectué de
actes d’exécution d’un contrat formé par son fondateur qui ne s’était pas engagé au nom
de la société témoignait de la volonté de la société d’être substituée à son fondateur. La
substitution de la société a été admise en l’espèce par application de la substitution de
contractant. Ccass 2e civ 14 décembre 2006.
29
a) Le dirigeant de droit.
Le dirigeant de droit est en principe désigné par l’ensemble des associés d’une
société sauf pour les sociétés publiques dans lesquelles le dirigeant est désigné au
moyen d’un arrêté gouvernemental. Pour être dirigeant il faut être un majeur
capable ou un mineur émancipé et ne pas être soumis à une incompatibilité de
statuts. Il est interdit d’être fonctionnaire et dirigeant de société. Il ne faut pas non
plus être interdit de gestion de société.
Aucune formation ou diplôme n’est obligatoire pour diriger une société. La
possession de la nationalité française n’est pas exigée sauf pour les activités dites
sensibles.
En principe le dirigeant n’est pas un salarié. Le cumul des deux fonctions est possible
dans une même société à condition que l’emploi salarié soit différent et réel. Ccass
soc 16 mai 1990. La chambre sociale a admis qu’un emploi de métreur est cumulable
avec la fonction de gréant de cette société car ces deux activités impliquaient des
compétences totalement différences. En revanche si les activités exercées ne sont
pas distinctes la personne concernée va recevoir en réalité deux rémunérations pour
un seul et même travail.
La nomination d’un dirigeant de société nécessite l’accomplissement de 3 mesures
de publicité, il faut insérer un avis en ce sens sur un support d’annonce légale, il faut
inscrire au RCS la mention du dirigeant après avoir déposé au greffe une copie des
actes de nomination du dirigeant, enfin il faut procéder à une insertion au BODACC.
Le défaut d’accomplissement d’une de ces formalités va entrainer l’inopposabilité de
sa désignation aux tiers. Art 1846-2 Ccivil et L210-9 al2 du Ccom pour les sociétés
commerciales. Cette règle connait une exception pour les tiers qui ont eu
personnellement connaissance de la nomination du dirigeant. CA paris 15 septembre
1995.
b) Le dirigeant de fait.
Personne qui participe au fonctionnement de la société mais qui n’a pas le statut de
mandataire social. Ccass com 2 juin 2021.
Si la qualité de dirigeant de fait est établie, sa responsabilité en cas de faute de
gestion pourra être engagée au même titre que les autres dirigeants de droit. De plus
elle ne pourra pas bénéficier de deux mécanismes de protection.
Le premier est la théorie de la faute détachable des fonctions. Ainsi les tiers ne
peuvent engager la responsabilité d’un dirigeant social de droit que s’il commet une
telle faute détachable des fonctions. Une faute sera considérée comme détachable
de la fonction de dirigeant si elle présente deux critères cumulatifs. Le premier
critère est que la faute soit intentionnelle et elle doit être incompatible avec
l’exercice des fonctions de dirigeant. Arrêt de principe Ccass com 20 mai 2003. Cette
protection ne s’applique pas au dirigeant de fait qui pourra voir sa responsabilité
engagée pour toutes les fautes qu’il a commise même les moins graves.
De plus les actions en responsabilité pour les manquement commis par un dirigeant
de fait seront encadrées par le délai de prescription de droit commun de 5 ans. Les
fautes des dirigeants de droit seront encadrées par le délai spécial du droit des
sociétés qui est de 3 ans.
30
c) Le délégataire de pouvoir.
Dans les groupes de sociétés et dans les grandes sociétés, la société mère ou le
dirigeant de la grande société ne peuvent pas tout surveiller. La délégation de
pouvoir va constituer un mandat spécial permettant de confier à une ou plusieurs
personne la gestion de tout ou partie du groupe de la société ou de la société. La
société mère ou le dirigeant seront des déléguant alors que les destinataires seront
les délégataires. En cas de manquement aux fonctions conférés par la délégation de
pouvoir, le dirigeant pourra mettre en avant celle-ci pour échapper à sa
responsabilité pénale et ce sera le délégataire qui va supporter celle-ci à sa place.
En l’absence de délégation de pouvoir la responsabilité pénale du dirigeant va
demeurer et sera totale. Telle est le cas dans un arrêt de la Ccass crim du 16 juin
2021 ou un délit a été commis par des salariés d’une filiale pour le compte de la
société mère. Or comme les juges ont relevé que les salariés ne disposaient d’aucune
délégation de pouvoir l’infraction a engagé la responsabilité pénale de la seule
société mère. Même en cas de délégation de pouvoirs la jurisprudence a défini deux
conditions cumulatives pour que le dirigeant délégant échappe à sa responsabilité
pénale. La première condition est qu’il faut que le délégataire possède une
expérience professionnelle lui permettant d’assumer la délégation de pouvoir. Un
délégataire de 21 ans ne peut assumer la responsabilité pénale à la place du
dirigeant. Ccass crim 8 décembre 2009. De plus le délégataire doit accepter la
délégation de pouvoir en toute connaissance de cause. Ccass crim 23 mai 2007.
Si ces deux conditions sont remplies le délégataire engage sa responsabilité pénale
pour les manquements aux obligations déléguées.
Cela peut être involontaire, le dirigeant subit la situation ou volontaire cad que le
dirigeant décide de lui même de quitter la tête de la société.
La cessation de fonction involontaire peut résulter de cas extrême tel que le décès du
dirigeant, mais aussi son incapacité. Cela peut aussi résulter des statuts qui fixe une
limite d’âge à la fonction de dirigeant. Le dirigeant qui atteint cette limite d’âge doit alors
quitter sa fonction. Enfin cela peut aussi résulter de la révocation du dirigeant cad son
renvoi.
31
B) Les attributions du dirigeant : ses pouvoirs et ses devoirs.
32
juridique sera annulé. Ccass com 13 novembre 2007. Le nouvel article 1157 du code
civil adopte la même solution et dispose que « lorsque le représentant détourne ses
pouvoirs au détriment du représenté, ce dernier peut invoquer la nullité de l’acte
accompli si le tiers avait connaissance du détournement ou ne pouvait l’ignorer.
Une violation de l’intérêt social peut quelque fois constituer un abus de bien social.
L’abus de bien social vise tout dirigeant qui de mauvaise foi fait des biens ou des
crédits de la société un usage qu’il sait contraire à l’intérêt de celle-ci à des fins
personnelles ou pour favoriser une autre entreprise. Tel est le cas du gérant d’un
société qui utilise les fonds de celle-ci pour financer des achats purement personnels.
Ccass crim 30 janvier 2019.
Pour accomplir au mieux sa fonction tout dirigeant de société sera soumis à un certain
nombre de devoir. L’un des plus important est la loyauté qui est un standard juridique
dégagé par la jurisprudence depuis environ 25 ans. Un standard est une norme, une
règle suffisamment souple pour s'adapter à plusieurs catégories de personnes et ou
encadrer diverses situations juridiques.
La jurisprudence lui impose d’être honnête tant envers la société que vis à vis des
associés.
Cette seconde déclinaison de la loyauté résulte d’un arrêt célèbre du droit des
société qui est l’arrêt Vilgrain qui concernait une vente d’action de la société rendu le
27 février 1996 par la Ccass com. Cet arrêt a été confirmé à plusieurs reprises. 12 mai
2004 Ccass com. Ccass com 12 mars 2013.
Le dirigeant de la société détient la majorité du capital de la société et entame une
discussion avec un tiers pour les lui céder et donc le contrôle de la société. Le
dirigeant n’informe pas les associés minoritaires de ces négociations mais rachète
leur titre lui même ou par le biais d’un complice et ce à un prix très inférieur au prix
33
de vente avec le tiers. Le dol ou la résistance dolosive est retenu car le dirigeant n’a
pas été loyal envers les associés.
La jurisprudence condamne quasi systématiquement ces opérations mais pose des
conditions quant à la preuve du caractère déloyal du dirigeant et au préjudice subi.
Concernant la preuve, elle sera constituée si les associés démontrent deux éléments.
D’une part ils doivent prouver que le dirigeant possédait des informations qu’il était
seul à connaitre alors qu’elles auraient pu influer sur la vente. D’autre part ils doivent
aussi prouver que les négociations avec un tiers étaient bien avancées lors de l’achat
des titres. Ccass com 12 avril 2016. Concernant le dommage subi plutôt que de le
fonder sur le manque à gagner des associés cédant, un arrêt le fonde sur la perte de
chance des associés de pouvoir négocier la vente de leurs actions à meilleur prix.
Mode de calcul pas favorable aux associés cad diminue l’indemnité. Ccass com 15
mars 2017. La jurisprudence confirme le devoir de loyauté du dirigeant dans ce cas
mais elle a élargi le moment de ce devoir de loyauté et en modifié le fondement en
faveur de l’associé cédant. Ccass com 10 juillet 2018. L’arrêt énonce que « manque à
son devoir de loyauté le dirigeant cessionnaire qui n’informe pas l’associé cédant de
négociations en cours avec un tiers en vu de la revente des titres objets de la cession
peut important leur état d’avancement. Cette solution confirme que pour respecter
totalement son devoir de loyauté, il doit informer le cédant de son intention même
s’il n’est qu’en simple pour parler. Cette obligation d’information est donc du très
tôt. Cette obligation doit se faire même si les négociations avec le tiers échouent.
L’arrêt de 2018 fonde ce devoir de loyauté sur l’article 1240 du code civil qui est un
texte relatif à la responsabilité civile extracontractuelle.
C) La rémunération du dirigeant.
Des règles légales sont prévues pour les dirigeants de SA or les textes silencieux pour les
dirigeants des autres formes de société.
Une distinction doit être faite selon si la SA est cotée en bourse ou non. Pour celles qui
ne le sont pas l’art L225-45 du Ccom a longtemps indiqué que l’AG des associés pouvait
allouer aux mêmes des conseil d’administration ou du conseil de surveillance des jetons
de présence dont l’AG fixait le montant annuel en rémunération de leurs activités. Ces
jetons récompensaient l’assiduité des dirigeants aux réunions. La loi Pacte du 22 mai
2019 a effacé la mention des jetons de présence de cet article. Désormais le texte de l’art
L225-45 n’évoque qu’une rémunération qui ne repose plus sur une simple présence aux
réunions mais sur leur activité. A ces sommes peut s’ajouter une rémunération pour
missions exceptionnelles prévues à l’art L225-46 du code de commerce.
Les membres du CA ne peuvent pas avoir d’autres rémunération que celle-ci toute clause
statutaire contraire sera alors réputées non écrites. L225-44 du Ccom. Quand au
président du CA il perçoit une rémunération fixée par le CA. Art L225-47 du code de
commerce. A son entrée dans la société le président du CA peut recevoir une prime de
bienvenue et à son départ une indemnité conventionnelle.
34
Pour les SA qui sont cotées en bourse il faut se référer aux dispositions de l’ordonnance
du 16 septembre 2020 qui a introduit un chapitre 10 sur les sociétés cotées en bourse. Le
CA ou le CS doivent établir une politique de rémunération de tous les mandataires
sociaux. Cette politique doit respecter 3 critères cumulatifs cad être conforme à l’intérêt
social de la société, contribuer à la pérennité de la société, et elle doit s’inscrire dans la
stratégie commerciale de la société anonyme. Cette politique de rémunération présente
un caractère global car elle doit inclure tous les éléments de rémunérations qui seront
versés aux dirigeants sociaux. Elle doit faire l’objet d’un projet de résolution soumis à
l’AG des actionnaires. L’AG doit aussi approuver les modifications apportées à cette
politique de rémunération. Mécanisme de say on pay. Toute attribution d’une
rémunération non conforme à la politique votée en AG sera nulle.
Dans ces autres sociétés les textes sont silencieux sur la rémunération des dirigeants. Les
associés pourront la déterminer librement soit dans les statuts de la société soit la
déterminer en AG.
Dans ces sociétés la plupart des litiges se concentrent sur la question de la rémunération
excessive. Les associés minoritaires peuvent utiliser l’abus de majorité. Ccass com 15
janvier 2020. En l’espèce 3 associés qui détenaient le capital d’une SARL à parts égales,
étaient les cogérants de la société. L’un d’entre eux est décédé et ses héritiers sont
devenus associés minoritaires. L’AG de la société a voté une augmentation de la
rémunération des deux cogérants. Or le résultat comptable de la SARL a baissé
parallèlement. Cela a empêché toute distribution de dividendes. Les héritiers ont
demandé l’annulation de la décision d’AG en se fondant sur l’abus de majorité. La Ccass
com a approuvé cette demande et estime que l’augmentation significative de la
rémunération des cogérants de la SARL alors que les mauvais résultats de l’entreprise
avaient entrainé une absence de distribution de dividendes était un abus de majorité.
En revanche elle estime que la délibération d’une AG d’une SAS octroyant une
rémunération excessive à son dirigeant ne peut pas être annulée sur le seul fondement
de sa contrariété à l’intérêt social. Il faut trouer en plus une violation de la loi, une fraude
ou un abus de majorité. Art L235-1 du Ccom. Ce sont les seuls cas de nullité de la
délibération. Arrêt Ccass com 13 janvier 2021. Cet arrêt a été rendu en application du
droit antérieur à la loi pacte et mais la solution sera la même avec la loi pacte. L’art L235-
1 dans sa rédaction postérieure à la loi pacte exclu que les actes de délibération sociale
soit annulées en violation de l’intérêt social.
La complexité de la gestion d’une société génère un risque important que son dirigeant
commette des fautes dans l’exercice de ses fonctions. C’est la raison pour laquelle la loi a
prévu la responsabilité civile du dirigeant d’une société civile (Art 1850 Ccivil) ou pour le
dirigeant d’une SARL (Art 223-22 Ccom) et pour le dirigeant d’une SA (art L.225-251).
En l’absence de texte pour les autres formes de société la jurisprudence utilise le droit
commun des obligations cad l’article 1231-1 du Ccivil pour la responsabilité contractuelle du
dirigeant quand l’action en responsabilité civile est déclenchée par la société ou par les
35
associé et l’art 1240 pour la responsabilité extracontractuelle du dirigeant si l’action est
exercée par un tiers à la société.
Une société pourra agir en responsabilité civile contre son dirigeant par le bien de
l’action ut universi. La société va agir pour deux motifs :
La preuve de la faute détachable de ses fonctions n’est pas nécessaire dans ces cas.
Cette action est rarement utilisée car c’est le dirigeant lui même en tant que
représentant légale de la société qui doit l’exercer. Une telle action ne sera utilisée qu’en
cas de changement de dirigeant. Ce sera le nouveau dirigeant qui va l’exercer contre
l’ancien dirigeant. Face à une telle situation l’AG des associés pourra préférer prononcer
sa révocation plutôt qu’agir en responsabilité civile devant lui.
Les associés peuvent exercer deux types d’actions en responsabilité civile contre le
dirigeant de leur société.
La première action est l’action sociale ou l’action ut singuli. Cette action permettra la
réparation du dommage subi par la société et notamment si le dirigeant fautif possède la
majorité du capital social de celle-ci et qu’il détient le contrôle de l’AG. Il est évident que
dans ce contexte n’agira pas en responsabilité contre lui même et que sa position
majoritaire le protège de sa révocation. Un associé minoritaire pourra donc agir en
réparation. Le Ccom va instaurer parfois des conditions minimums de représentativité.
Dans la SARL l’action ut singuli ne sera ouverte que si l’associé représente 10% du capital
de la société. Il peut se grouper avec d’autres associés pour atteindre ce seuil minimal. Si
l’un d’entre eux se retire en cours d’instance l’instance continuera malgré tout. Art R223-
31 Ccom.
Dans la SA il faut réunir le 20e soit 5 % du capital social et sans tenir compte de retraits
éventuels en cours d’instance. R225-169 du ccom.
Si le dirigeant est condamné les dommages et intérêts seront versés à la société. L’action
ut singuli est une action purement indemnitaire mais ne débouchera pas sur la nullité de
l’acte de gestion à l’origine de l’action. CA Paris 28 mai 2009.
La seconde action qui peut être exercée est une action individuelle qui permet à tout
associé d’être indemnisé du préjudice personnel qu’il subi en raison d’une faute du
36
dirigeant. L’action est recevable à condition que le préjudice soit indépendant de celui
subi par la société. La jurisprudence estime que les conséquences financières négatives
d’un redressement fiscal sur le patrimoine de l’associé d’une société civile à cause d’une
faute du gérant d’une société constituent un préjudice personnel de l’associé. Ccass 3e
civ 12 mai 2021.
Le dirigeant qui forme un acte juridique avec un tiers sans se présenter comme le
dirigeant d’une société. Ce cas existe souvent dans la société en participation, or la
société ne dispose pas de la personnalité morale car elle n’a pas été immatriculée. Un
gérant négligeant peut omettre d’informer le tiers de cette spécificité. Ce dernier peut
croire légitimement que le dirigeant exerce son activité pour son propre compte et non
pour le compte d’une société. Si le gérant commet une faute envers ce tier le juge va s’en
ternir aux apparences cad qu’il va considérer qu’il s’agit d’une faute personnelle du
dirigeant engageant sa responsabilité personnelle. Ccass com 4 février 2014.
Le cas du dirigeant auteur d’une faute détachable de ses fonctions. C’est une faute
intentionnelle d’une particulière gravité incompatible avec l’exercice normal de son
activité. Ccass com 20 mai 2003.
Le cas d’une société en liquidation judiciaire. Dans ce cas si un créancier d’une société
invoque un dommage distinct de celui lié à la liquidation judiciaire il pourra alors agir
contre le dirigeant et devra prouver que celui-ci a aggravé l’insuffisance d’actif de la
société par une faute détachable de ses fonctions et que cela lui cause un dommage
distinct de celui des autres créanciers. Ccass com 7 mars 2006.
37
§2 : Les associés.
Dans toute société les associés ont des prérogatives identiques qui concernent l’intangibilité de leurs
engagements, leur intervention dans les affaires de la société et enfin la faculté de céder leurs droits
sociaux
Tout associé est débiteur de deux obligations principales envers sa société. Il doit réaliser son
apport et doit contribuer aux pertes éventuelles de la société à proportion de la part qu’il
détient dans le capital social sauf clause statutaire contraire.
Se pose la question de savoir si les associés peuvent se voir imposer de nouvelles obligations
après leur rentrée dans la société. L’art 1836 al2 du Ccivil prévoit qu’en aucun cas les
engagements d’un associé ne peuvent être augmentés sans son consentement.
La jurisprudence interprète strictement cette position et prévoit que l’insertion d’une clause
de non concurrence applicable aux anciens actionnaires augmentait leurs engagements.
Cette clause même si elle est permise à certaines conditions va limiter l’un de leur droit
fondamentaux cad leur liberté du travail et du commerce et par conséquent cette
augmentation de leurs engagements devra donc être décidée à l’unanimité. Ccass com 26
mars 1996.
En revanche le remboursement par une SCI d’une avance en compte courant consenti par
l’un de ses associés ne constitue pas une augmentation des engagements des autres
associés. Il ne s’agit ici que de rembourser une dette ordinaire de la société ce qui relève du
seul pouvoir de son dirigeant sauf clause statutaire contraire. Ccass 3e civ 3 mai 2018.
Pour intervenir dans les affaires sociales, tout associé sera titulaire d’un droit à l’information.
Dans les SC tout associé pourra recevoir au moins une fois par ans les comptes sociaux et un
rapport de gestion. Art 1855 et 1856 Ccivil. Des dispositions similaires existent dans les
sociétés commerciales comme l’art R223-18 du Ccom qui prévoit la transmission à tout
associé d’une SARL des comptes annuels de celle-ci et d’un rapport de gestion 15 jours
minimum avant l’AG annuelle.
De plus tout associé pourra exprimer son avis sur les affaires sociales par son droit d’accès au
AG pour y voter.
Tout associé peut participer aux décisions collectives grâce à son droit de vote. Art 1844
al1 Ccivil. Cette règle est d’ordre public, les statuts ne peuvent pas y déroger sauf si des
dispositions légales l’autorisent. Ccass com 9 février 1999. Si l’AG d’une SAS doit se
prononcer sur l’exclusion d’un associé ce denier ne peut pas être tenu à l’écart du vote
par une clause statutaire sous peine de nullité de la décision. Ccass com 23 octobre 2007.
La procédure d’exclusion d’un associé est autorisée pour un motif légal ou statutaire
mais doit garantir à l’associé visé d’y participer. Les statuts d’une SNC peuvent prévoir
que le redressement judiciaire prononcé contre l’un de ses associés produira son
38
exclusion de la société mais doit pouvoir participer à la prise de décision. Ccass com 8
mars 2005.
a) Le cas de l’indivision.
Dans ce cas les copropriétaires doivent être représentés aux AG par un mandataire
unique qui pourra être l’un d’entre eux ou un tier. En cas de désaccord le mandataire
sera désigné par le juge. Art 1844 al2 Ccivil.
Le droit de vote sera détenu par le nu propriétaire selon l’art 1844 al3 du Ccivil. Le
nu propriétaire aura vocation à devenir l’entier propriétaire des titres au décès de
l’usufruitier et donc cette vocation lui confère la qualité d’associé de la société.
Cependant ce texte prévoit une exception par laquelle l’usufruiter votera seule les
décisions de l’affectation des bénéfices. Ordre public. Ccass Com 31 ars 2004. Une
clause statutaire qui attribuerait le droit de vote au seul usufruitier pour toutes les
décisions est valable si elle n’interdit pas au nu propriétaire d’accéder aux AG pour y
exprimer un avis consultatif. Ccass com 22 février 2005.
La loi du 19 juillet 2019 a complété l’art 1844 al3 du Code civil et énonce que pour
les décisions autres que l’affectation des bénéfices le nu propriétaire et l’usufruiter
peuvent convenir que le droit de vote sera exercé par l’usufruitier.
L’art 1844 al 4 du code civil prévoit que les statuts d’une société peuvent déroger à
la répartition du droit de vote tel qu’ils sont fixés à l’al3. Ccass com 16 janvier 2021.
Chaque associé à des droits individuels. Le premier est le droit de libre critique de la
gestion de la société lequel constitue une déclinaison de la liberté d’expression.
Cependant il peut y avoir des limites.
Tout associé a aussi le droit d’engager la responsabilité civile d’un dirigeant pour ses
actes fautifs soit par l’action ut singuli si la victime est la société soit par l’action
individuelle pour un dommage personnel.
39
Enfin tout associé a le droit de demander la nomination d’un administrateur provisoire
ou le déclanchement d’une expertise de gestion. L’administration provisoire est une
mesure grave prévue et encadrée par la jurisprudence en cas de paralysie des
organismes sociaux et si la survie de la société est en jeu. L’expertise de gestion est une
mesure légale qui est prévue par l’art L223-37 du Ccom pour la SARL et par l’article L225-
231 du Ccom dans les sociétés anonymes. Cette mesure consiste pour un ou plusieurs
associés minoritaires de demander au juge de nommer un expert pour examiner les
opérations de gestion de dirigeants. Cela sera refusé s’il existe d’autres moyens
d’information pour les associés comme la possibilité de poser des questions écrites pour
les associés. Art L225-231 al 1 du Ccom.
Les droits sociaux qui sont des droits mobiliers incorporels peuvent faire l’objet d’une
donation ou d’une cession. Or contrairement à une vente classique la cession de droit
sociaux va intéresser plusieurs tiers comme les associés de la société concernée par la
cession dont la composition sera modifiée ou la société elle-même qui accueille un nouveau
venu.
Elle est souvent soumise à une procédure d’agrément cad une procédure d’accord donné à la
cession.
De plus en tant que contrat, elle doit respecter les conditions classiques de validité des
contrats sous peine de nullité.
Enfin le cessionnaire va disposer de plusieurs garanties après la vente.
En principe les droits sociaux peuvent être cédés librement, or le cédant devra quelque
fois respecter une procédure d’agrément légale ou statutaire.
a) La cession à un tier.
Dans ce cas l’étendu de l’agrément sera proportionnel à l’intuitu personae de la
société. Dans la SNC et dans les sociétés civiles la cession des parts sociales d’un
associé à un tiers exigera le consentement unanime de tous les autres associés.
Toute clause contraire sera réputée non écrite dans la SNC. Dans les sociétés civile
l’agrément peut se faire à la majorité si une clause statutaire existe.
Dans la SA coté en bourse, les clauses d’agrément seront interdites.
40
Le délai d’obtention d’agrément sera de 3 mois dans les sociétés par actions, et de 6
mois dans les sociétés civiles. Si aucune décision est prise au terme de ce délai
l’agrément a la cession sera considéré comme donné. L’art L228-24 dernier al
prévoit qu’une prolongation de délai peut être demandée en justice. Une simple
prorogation conventionnelle du délai d’agrément n’est pas possible. Ccass com 8
avril 2008.
Si l’agrément est refusé différentes solutions existent. Dans la SNC la loi n’a rien
prévu donc le cédant conservera sa qualité d’associé. En revanche dans les SA SARL
SAS et dans les société civiles une solution de remplacement devra être offerte à
l’associé non agréé. Cela peut être le rachat des titres par un autre associé ou un
tiers choisi ou encore la société pourra elle même racheter les titres pour les
annuler. Art L228-24 al2 du code de commerce et à l’art 1862 Du Ccivil.
Si un associé vend ses titres sans respecter la procédure d’agrément la cession sera
nulle. Nullité relative pouvant être invoqué que par les personnes intéressées cad les
associés de la société et par la société concernée. Le cessionnaire des titres ne peut
pas se prévaloir de ce motif de nullité. Ccass com 16 octobre 2019.
Dans les sociétés civiles les statuts peuvent dispenser d’agrément une cession qui a
lieu entre associés. Art 1861al2 Ccivil. Cependant les autres associés disposent d’un
droit de préemption cad une priorité qui est accordée aux autres associés. Si le
cédant n’obtient pas l’agrément pourra se faire racheter ses parts par la société ou
peut décider de les conserver. Ccass com 7 décembre 2010.
Dans les SARL l’article L223-16 du code de commerce dispose que les parts sont
librement cessibles entre les associés. L’agrément n’est pas exigé ici. Cependant les
statuts peuvent prévoir un agrément notamment pour éviter un renversement de
majorité ou une prise de contrôle indésirable.
Dans les SAS et dans les SA dont les actions ne sont pas négociables toute revente
entre actionnaires peut être soumise à un agrément. Art L228-23 al2 du code de
commerce.
Enfin dans les SA qui sont cotées en bourse, une procédure d’agrément est
impossible pour les ventes entre actionnaires.
Pour les délais pour agir en cas de non-respect de la procédure d’agrément seront les
mêmes que pour la cession envers un tier. Les sanctions seront aussi les mêmes.
41
c) La cession de parts envers un membre de la famille du cédant.
Dans la SNC du vivant d’un associé les cessions de titre à un proche nécessitent le
consentement unanime des autres associés. En cas de décès d’un associé, l’article
L221-15 du Ccom envisage 4 cas en fonctions de ce qu’il a été prévu dans les statuts.
La société peut être dissoute au décès d’un associé. La SNC peut aussi continuer avec
les seuls associés vivants et les héritiers percevront alors la valeur des titres du
défunt. La SNC peut aussi continuer avec tous les héritiers du défunt sans restriction.
Enfin la société va continuer avec les seuls associés héritiers agréés.
Dans les sociétés civil l’art 1861al2 du code civil énonce que les cessions entre vifs ne
nécessitent pas d’agrément sauf clause statutaire contraire. Pour le conjoint de
l’associé l’agrément sera requis sauf clause statutaire contraire.
Le décès d’un associé n’entrainera pas en principe la dissolution de la société sauf
clause statutaire contraire. La continuation de la société civile avec les héritiers sera
le principe mais un agrément sera possible.
Dans la SARL les cessions entre vifs ne nécessitent en principe pas d’agrément sauf
clause statutaire contraire. Art L223-13 du Ccom.
Dans les SA non cotées l’artL.228-3al3 du Ccom prévoit que les clauses d’agrément
sont écartées « en cas de succession de liquidation du régime matrimonial, ou de
cession soit à un conjoint soit à un ascendant soit un descendant ».
Enfin dans les Sa cotées en bourse les clauses d’agrément demeurent inefficaces.
Les cessions de droits sociaux doivent respecter les conditions de droit commun du
contrat de l’article 1128 du code civil, cad le consentement, la capacité et le contenu
certain et licite de l’acte de cession.
En ce qui concerne les vices du consentement, la réticence dolosive est pas toujours une
cause de nullité. Ainsi la jurisprudence a estimé qu’un cessionnaire ne pouvait pas
invoquer la modification de méthode comptable pour le calcul des résultats d’une
société afin de demande l’annulation d’une cession d’actions.
De plus la cession ne sera valable que le contrat comporte un prix déterminé ou
déterminable des actions. En cas de désaccord entre les parties sur le prix, elles se
tourneront vers un expert pour fixer celui-ci. Ce recours à un expert est obligatoire dans
deux cas. Le premier cas est celui où la loi l’énonce. Le second cas est quand les statuts
d’une société permettent de déterminer la valeur des actions. L’expert désigné par les
parties ou le juge des référés devra tenir compte des indications des parties pour évaluer
les titres. Ces indications pourront figurer dans une convention fixée par les deux parties
et doivent être suffisamment précises pour être retenues. Ccass com 5 janvier 2016. En
principe l’expert désigné est un professionnel inscrit sur une liste prêt d’une cour d’appel
mais la jurisprudence estime licite que les parties confient par une clause
compromissoire le rôle à un tribunal arbitral cad un juge privé.
Enfin la cession devra être notifié à la société sauf pour les sociétés par actions. Dans les
autre sociétés la notification sera une condition d’opposabilité de la cession aux autres
42
associés et aux tiers après enregistrement de l’acte de cession. ART 1865 du code civil,
art L221-14 du Ccom pour la SNC, et à l’art L223-17 du Ccom pour la SARL.
Si après la cession un cessionnaire est mécontent des titres acquis il peut utiliser les
garanties classiques du droit de la vente telle que la garantie des vices cachée. Les titres
doivent être porteur d’un vice indécelable à la cession et les rendant impropres à leur
destination. Ce n’est pas la garantie la plus adéquate.
Des clauses spécifiques de garanties seront prévues par les parties dans les contrats de
cession de parts sociales. Ces mécanismes s’avèreront davantage protecteur du
cessionnaire. La plus utilisé est la clause de garanti de passif stricto sensu. Par cette
clause le cédant s’engage à régler une dette apparue après la cession mais pour une
clause antérieure à celle-ci. Cette va entrainer une diminution de la valeur réelle des
titres cédés. Si la dette est importante le cédant paiera davantage pour al régler que ce
que le prix qu’il aura payé au moment de la cession. En pratique une clause de garante
de valeur sera souvent préférée. Elle prévoit une prise en charge de la dette par le
cédant au prorata des titres cédés. Elle a été validée par un arrêt de la Ccass com du 18
décembre 2001. La jurisprudence apparait stricte sur la rédaction de cette clause ce qui
peut aller à l’encontre des intérêts du cessionnaires et sur les informations à
communiquer aux cessionnaires pour la négociation de ces clauses.
En l’absence de règles spécifiques la jurisprudence se tourne vers le droit commun des sociétés.
Les situations de crise peuvent dans un certain nombre de cas entrainer la nullité des décisions.
Ils figurent soit à l’art L235-1 du Ccom pour les sociétés commerciales et à l’art 1844-10 du
code civil pour les sociétés civiles.
La nullité des décisions prises dans une société peut reposer sur 3 fondements.
Le premier fondement est la violation d’une disposition qui impose expressément le respect
d’une règle sous peine de nullité. La nullité s’appliquera de manière automatique soit si le
juge l’estime opportun.
La délibération d’une AG d’une SA irrespectueuse des règles de majorité sera un cas de
nullité automatique. Art L225-121 al1 du code de commerce.
La délibération d’une AG d’une SARL sans atteindre la majorité sera un cas de nullité
facultative que le juge peut écarter. ART L223-29 al3 du code de commerce.
43
Le second fondement de nullité est la violation d’une disposition impérative figurant au Titre
9 du Livre 3 du Ccivil ou dans le livre 2 du code de commerce. De telles dispositions
n’énumèrent pas de cas de nullité mais leur caractère impératif justifie cette sanction. Face
au silence des textes sur la définition des dispositions impératives la jurisprudence a établi
deux critères cumulatifs pour identifier de telles dispositions. Ainsi le premier critère tient au
contenu de certaines dispositions. Ccass 3e civ 21 octobre 1992. Le second critère est formel
selon lequel le caractère impératif résulte de la formulation de la disposition. La mise en
œuvre de la nullité en cas de violation de disposition impérative est facultative pour la
jurisprudence. C’est le juge qui décide de son opportunité. Ccass com 3 avril 2007.
Le dernier fondement de nullité est constitué par les cas de nullité du droit commun des
contrats.
Ainsi l’AGE d’une SC qui était constitué d’un associé unique atteint de trouble mentale a été
annulé pour défaut de capacité. CA Paris 26 juin 2018.
B) Le régime de la nullité.
Après son prononcé la nullité ne jouera pas envers tous. En effet les articles 1844-16 du
Ccivil et L235-12 du Ccom interdisent aux associés et à la société de se prévaloir de la nullité
envers les tiers de bonne foi.
Une délibération en principe destinée à être annulée pourra être régularisée sauf si son objet
s’avérait illicite. Tout intéressé pourra demander au juge la régularisation de la décision
litigieuse pour éviter sa nullité.
Si le motif de nullité est un vice du consentement les articles 1844-12 du code civil et L235-6
du Ccom prévoient une action interrogatoire lorsque la régularisation est intervenue. Cela
signifie que la personne victime du vice du consentement sera mise en demeure soit à agir
en nullité de la décision dans un délai de 6 mois soit de renoncer à la nullité dans ce même
délai.
Le délai de prescription de l’action en nullité est de 3 ans. Art 1844-14 du Ccivil et L235-9 du
Ccom.
44
Partie 2 : Le droit spécial des sociétés
et les groupes de sociétés.
A) La société en participation.
45
jurisprudence l’absence de patrimoine n’entrainera pas la nullité de la cession de ses
parts sociales. Les associés d’une telle société peuvent toujours céder les droits qu’ils
détiennent des statuts comme le droit de percevoir les bénéfices. Ccass 3e civ 21
janvier 2021. Les associés peuvent aussi appliquer le régime de l’indivision aux biens
apportés à la société en participation. Tous les associés en seront copropriétaires.
Tout associé a vocation à profiter des bénéfices et à contribuer aux pertes selon les
modalités statutaires. En cas de silence des statuts la répartition se fera à proportion
du montant des apports de chaque associé. La répartition des bénéfices se prolonge
même après la dissolution de la société. Tout associé pourra demander le partage de
ses bénéfices mêmes si la société a été dissoute avant la formulation de la demande.
Ccass com 30 mai 2018. Cela se fonde sur l’ancien article 1134. Si les associés ne
pouvaient plus demander le partage des bénéfices à compter de la dissolution de la
société, plus personne ne pourrait l’obtenir, il resterait des sommes sans affectation.
Il existe deux principaux cas dans lesquels la société en participation sera très souvent
utilisée. Le premier cas est quand deux sociétés existantes acquièrent en commun un
immeuble dont elles seront copropriétaires. Ces deux sociétés n’ont pas le besoin
d’immatriculer la société pour en faire la propriétaire de ce bien.
46
Le second cas est quand il y a une coproduction de spectacles musicaux ou
cinématographiques. Les producteurs ne souhaitent pas donner naissance à une société
immatriculée pour gérer les spectacles produits et chercheront ici uniquement à définir
le rôle de chacun d’entre eux dans la production. CA Paris 11 février 2000.
Un tiers. Ce sera souvent un créancier de l’un des associés qui souhaite obtenir le
remboursement de sa créance auprès de chaque associé au lieu de son débiteur initial. Ce
tiers bénéficiera d’exigences probatoires assouplies car il lui sera difficile en tant que
personne extérieure à la société de démontrer qu’elle comporte tous les éléments
constitutifs requis. La jurisprudence lui imposera seulement d’invoquer l’apparence d’une
société créée de fait entre les associes et elle fera elle l’appréciation globale de cette
apparence (chambre commerciale, 8 juillet 2003).
47
§2 : La distinction classique : sociétés civiles et sociétés
commerciales.
L’article 1845 alinéa 2 du code civil énonce la règle selon laquelle : « ont le caractère civil toutes les
sociétés auxquelles la loi n’attribue pas un autre caractère à raison de leur forme, de leur nature ou
de leur objet ». Ainsi, selon ce texte, les sociétés sont, en principe, civiles sauf si un texte spécifique
leur confère le caractère commercial. Or, en pratique, les sociétés commerciales sont bien plus
nombreuses que les sociétés civiles.
D’une part, des sociétés civiles vont constituer le support technique de la gestion d’un
patrimoine immobilier on parlera alors de SCI (Sociétés civiles immobilières), d’autre part,
d’autres sociétés civiles seront le support juridique de profession libérale (les sociétés civiles
d’exercice d’une profession libérale).
1) Les SCI.
En dehors des dispositions sur les sociétés civiles, les SCI ne sont encadrées par aucun
texte spécial même si on en compte plus d’un million en France.
L’objet de toutes SCI va se limiter à la gestion et à la transmission d’un patrimoine
immobilier.
a) La SCI familiale
Comme son nom l’indique, elle est formée par les membres d’une même famille. Elle
permettra de transférer la propriété d’un ou de plusieurs immeubles à une PM en
limitant les inconvénients des règles successorales et des frais de succession.
48
En revanche, si une SCI familiale est constituée les immeubles seront apportés à la
constitution et celle-ci en deviendra propriétaire et, par conséquent, chaque
membre de la famille sera associé de la SCI en recevant des parts sociales
représentant une quote-part de la valeur des immeubles. Ces parts sociales pourront
être détenues en pleine propriété par chaque membre de la SCI ou être démembrés
et les parents pourront, par exemple, se réserver l’usufruit de certaines parts sociales
en laissant la nue-propriété aux enfants, …
Si l’un des membres souhaitent quitter la SCI, il faudra simplement, pour le retrayant,
qu’il vende les parts sociales dont il est propriétaire et non les immeubles. Les parts
pourront être transférées aux membres restants. En cas de décès d’un membre de la
SCI, ses parts seront attribuées à l’un ou plusieurs des survivants.
La cession et la transmission des parts sociales sont assez souples et les frais de
succession sont moins élevées que dans le cadre de l’indivision successorale.
b) La SCI bailleresse
Ce mécanisme permet de dissocier la propriété d’un immeuble destiné à l’exercice
d’une activité économique de l’exploitation de cette même activité.
Par exemple : une SAS souhaitant acquérir un immeuble dans le but d’en faire son
local professionnel peut soit devenir propriétaire du local professionnel qui fera alors
partie de son actif soit faire acquérir l’immeuble par une SCI qui sera constituée par
elle. La SCI sera alors propriétaire de l’immeuble qu’elle louera, ensuite, à la SAS et
ce par le biais d’un bail commercial en contrepartie du versement d’un loyer par la
SAS.
49
commerciale (formalités = rédaction des statuts de la SCI, nomination d’un gérant,
convocation des AG, …
Quoiqu’il en soit, la SCI n’exerce, ici, pas non plus d’activité professionnelle au sens
strict, elle se limite à louer l’immeuble dont elle est propriétaire.
La SCP est encadrée par les articles 1 à 35 de la loi du 29 novembre 1966. Ce type de
sociétés civiles permet l’exercice en commun d’une seule et unique profession
libérale règlementée (SCP d’avocats, d’architectes, …).
Tous les revenus générés par l’activité de la SCP seront, en principe, directement
perçus par elle. Ils seront, ensuite, redistribués à chaque associé à parts égales, sauf
dispositions règlementaires ou statutaires contraires.
La SCM n’est pas constituée pas pour exercer une activité professionnelle (Article 36
de la loi du 29 novembre 1966).
Tous les professionnels associés d’une SCM, même s’ils doivent appartenir à une
même profession, exerceront de manière indépendante. Il n’y aura donc aucun
partage des bénéfices réalisés par l’un des associés car chacun, dans ce type de
société, gèrera sa propre clientèle.
L’objet de la SCM visera alors uniquement à apporter aux associés de moyens
communs pour accomplir leur activité, il peut s’agir d’un local professionnel, d’un
secrétariat commun,
Les sociétés commerciales sont instaurées par des textes spécifiques et, de plus, l’article L
210-1 alinéa 1er du code de commerce dispose que « le caractère commercial d’une société
est déterminé par sa forme ou par son objet ». Cet article énumère quelques sociétés
commerciales en raison de leur forme juridique.
D’après l’article L210-1 alinéa 2 du code de commerce, les sociétés commerciales par
leur forme sont :
La SNC,
La SCS,
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La SARL
Les sociétés par actions figurant dans le code de commerce : SA, SAS, SCA et les SE. Les
droits sociaux de ces sociétés seront représentés par des actions et non des parts
sociales. Ces parts sociales peuvent être cédées librement sauf clauses statutaires
contraires.
L’article L 210-1 alinéa 1er du code de commerce envisage cette possibilité. Ainsi,
lorsqu’une société ne revêt d’aucune des formes juridiques évoquées précédemment et
qu’elle exerce une activité commerciale alors elle sera considérée comme commerciale
par son objet.
C’est une ordonnance du 31 mars 2016, qui a réformé la loi du 31 décembre 1990 en
instituant une nouvelle société : la SPE (Société pluri professionnelle d’exercice). Ce type
de sociétés pourra adopter toutes les formes de sociétés commerciales sauf celles qui
confèrent la qualité de commerçant à leurs associes (notamment la SNC). L’objet de cette
société est l’exercice en commun de plusieurs professions juridique et comptables parmi
une liste citée dans la loi du 31 décembre 1990 :
Les avocats,
Les avocats au Conseil (au conseil d’État et à la Cour de cassation),
Les commissaires-priseurs judiciaires,
Les huissiers de justice,
Les notaires,
Les administrateurs et les mandataires judicaires,
Les conseils en propriété industrielle,
Les CAC,
Les experts-comptables.
Une SPE peut alors permettre, par exemple, de regrouper au sein d’une société des
avocats, notaires et huissiers de justice.
La personne morale rassemblera dans un même lieu les principaux professionnels du
droit et du chiffre au bénéfice de leur clientèle professionnelle.
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L’ordonnance du 31 mars 2016 fut, ensuite, complétée par plusieurs décrets
d’application en date du 5 mai 2017. Parmi ces décrets, il y a un décret correspondant à
la constitution, au fonctionnement, … de la SPE. Il précise notamment qu’une SPE ne
pourra accomplir les actes juridiques spécifiques à une profession que par l’intermédiaire
de l’un de ses membres exerçant cette activité.
Une SPE devra comporter, parmi ses associés, au moins un membre de chaque
profession exercée.
Chaque associé répondra sur l’ensemble de son patrimoine des actes qu’il a accompli. La
SPE sera solidairement responsable avec lui. Le capital social et les droits de vote seront
fermés aux tiers car la totalité de ces droits doit être détenue par les membres des
professions exercées au sein de la SPE. L’ordonnance du 31 mars 2016 a assoupli le
secret professionnel, au sein de la SPE, puisque plusieurs professionnels peuvent
travailler sur une même affaire et à condition que le client concerné ait donné son
consentement.
Actuellement, il n’existe que 16 SPE comportant des avocats parmi leurs membres.
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commerciales. Désormais, ces sociétés peuvent exerces des activités commerciales
connexes à leur profession.
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La question se pose alors de savoir ce qui justifie une sanction spécifique à la
SNC ?
Le fort intuitu personae peut permettre de comprendre cette solution spécifique
à la SNC. En effet, l’associé qui a trompé la confiance des autres associés en
contournant l’agrément unanime de la cession s’en tirerai à bon compte en se
trouvant confrontés qu’aux seuls effets de la nullité. Après l’anéantissement
rétroactif de la cession, l’associé cédant pourrait reprendre sa qualité d’associé.
Au contraire, il va subir les inconvénients d’une inopposabilité en devant,
constamment, reverser au cessionnaire les bénéfices reversés par la SNC, ce qui
en pratique est plus contraignant que la nullité.
L’unanimité sera également requise, au sein des SNC, pour toutes les décisions à
prendre qui excèderaient les pouvoirs du gérant. Cependant, les statuts de la
SNC pourraient prévoir des votes à la majorité afin d’éviter des situations de
blocage en cas de désaccords entre les associés.
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§2 : Les sociétés de capitaux
L’élément essentiel de telles sociétés résident dans leur capital social, tel est le cas notamment des
SA et des SAS.
A) La SA.
La SA est encadrée par les articles L225-1 et suivants du code de commerce et nécessite à sa
constitution la réunion d’un capital social de 37000 € minimum. Ce capital social est divisé en
actions librement négociable et détenues par les actionnaires de la société.
Pendant longtemps, le nombre minimum d’actionnaires était de 7 pour créer une SA. Or, une
ordonnance du 10 septembre 2015 ratifiée par une loi du 10 mai 2016 permet d’opérer une
distinction entre les SA cotées en bourse et celles qui ne sont pas. Désormais, la création
d’une SA non cotée en bourse nécessite la réunion de 2 associés minimum contre 7 associés
pour les SA cotées. Dans les SA non cotées en bourse, la baisse du nombre d’associés résulte
de la volonté législative de promouvoir ce type de société en facilitant sa création. Réunir 7
associés pour créer une SA peut s’avérer une chose assez difficile.
En revanche, toute SA ne sera pas soumise à un nombre maximum d’actionnaires d’où des
SA qui en compte plusieurs milliers voire plusieurs dizaines de milliers.
B) La SAS.
Encadrée quant à elle par les articles L227-1 et suivants du code de commerce, la SAS est
une société marquée par une importante liberté contractuelle. Ainsi, elle offre une grande
souplesse aux associés dans la rédaction des statuts. De plus, la SAS est apparue en droit
français en 1994. C’est une société commerciale assez récente. C’est la LME (loi de
modernisation de l’économie) du 4 août 2008 qui a ouvert cette forme de société à toutes les
PME. Comme pour la SARL, la création d’une SAS ne nécessite pas de rassembler un capital
social minimum.
Dans une SAS, le capital social sera détenu soit par une seule et unique personne (SASU) soit
par plusieurs actionnaires détenteurs d’actions de la société. Même si l’article L227-3 qualifie
les actionnaires de SAS d’associés, dans les faits ils sont dans la même situation que les
actionnaires d’une SA. Leur responsabilité sera limitée aux montants de leurs apports.
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Les statuts leur laissent une large marge de manœuvre quant à la session d’actions. En effet,
ces cessions pourront être restreintes par une clause d’inaliénabilité (interdiction de cession)
d’une durée de 10 ans maximum afin de favoriser la stabilité de l’actionnariat (L227-13). De
plus, toute cession d’actions pourra être soumise à un agrément (L227-14 du code). La
cession d’actions pourra être forcée, notamment, en cas d’exclusions par les associés de l’un
d’entre eux (L227-16 alinéa 1er). L’associé visé par l’exclusion ne doit pas être exclu de la
décision et du vote relatif à cette question, toute clause contraire sera réputée non écrite. La
conséquence de cette solution est que toute exclusion d’un associé de la SAS prononcée en
application d’une clause statutaire sera annulée (chambre commerciale, 6 mai 2014).
1) La SARL.
Elle est encadrée par les articles l223-1 et suivants du Ccom et comporte plusieurs
spécificités des sociétés de personnes. Ainsi elle a un fort intuitu personae en raison d‘un
nombre limité d’associé qui doivent être entre 2 et 100 qui n’ont pas la qualité de
commerçant. Art L223-3 Ccom.
Les associés recevront des parts sociales non négociables sur les marchés. Ces parts
sociales peuvent être cédées à des tiers par le biais d’une procédure d’agrément. Art
L213-14 du code de commerce. Ainsi il faut recueillir l’accord de la majorité des associés
qui doivent représenter la moitié du capital de la société. La majorité peut être plus forte
si cela est prévu dans les statuts.
Aucun capital social minimum est exigé pour créer une SARL et celui-ci sera déterminé
librement dans les statuts de la société.
Une absence totale de capital social peut être un frein pour la SARL surtout face aux
banques.
La SARL entretien une parenté avec les sociétés de capitaux notamment par une
responsabilité des associés qui est limitée au montant de leurs apports. Art L223-1 al1 du
Ccom.
La Sarl constitue une structure idéale pour les PME par sa nature hybride et son nombre
limité d’associé. La SARL a prospéré en France avant d’être dépassée par la SAS.
2) L’EURL.
L’EURL a été créée par une loi du 11 juillet 1985 et offre un statut protecteur à
l’entrepreneur individuel par une responsabilité limitée à la valeur de ses apports ce que
n’autorise pas le statut de commerçant individuel.
Pour atteindre cet objectif de protection cette loi autorise la création par un
entrepreneur unique une société pourvu d’un associé unique alors que jusqu'ici il en
fallait au moins deux pour donner naissance à une société. L’EURL est encadrée par les
mêmes textes que la Sarl mais s‘en distingue dans sa constitution. L’EURL pourra exister
dès l’origine sous cette forme si elle a été créée par un associé unique au moyen d’un
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acte juridique unilatéral. Une EURL pourra aussi naitre de la transformation d’une Sarl.
Au cours de son existence les parts sociales d’une Sarl seront réunies entre les mains
d’un seul associé après que les autres les lui ont cédés. ART L223-4-4 du code de
commerce. Dans ce cas de figure la transformation de la Sarl en EURL sera automatique
par dérogation.
Concernant la SNC si le gérant est un associé il aura la qualité de commerçant puisque les associés de
la SNC sont des commerçants. Ce n’est pas le cas s’il est un tiers par rapport aux associés.
Le pouvoir de contrôle et de vote sera détenu par les associés qui se réuniront au minimum une fois
par an pour approuver les comptes annuels. Art L221-7 Ccom et art 1855 pour les SC.
Dans les SNC importantes les comptes annuels seront vérifiés au préalable par au moins un
commissaire aux comptes. Art L221-9 al2 du Ccom. Les SNC astreintes à cette obligation sont celles
qui dépassent au moins 2 des 3 critères au cours d’un exercice. (4 millions d’euros de bilan, 8 millions
d’euros de CA et 50 salariés). Art D.221-5 du Ccom. Pour les SNC situées en dessous de ces seuils la
nomination d’un commissaire aux comptes pourra être demandé en justice par l’un des associés. Un
ou plusieurs associés représentant au moins 1/3 du capital pourra demander la nomination
directement à la société. Art L221-9 al3 et 4 du Ccom. Le commissaire aux comptes atteste que les
comptes de la société traduisent la situation financière réelle de la société.
Toute décision importante prise en AG devra l’être à l’unanimité des associés tant des les SNC que
dans les SC sauf si les statuts prévoient des majorités pour éviter tout risque ou situation de blocage.
A) La SA classique.
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1) Le conseil d’administration.
Le CA dispose d’un important pouvoir par rapport à son président, il pourra le révoquer à
tout moment et sans motifs. ART L225-47al3. Le dirigeant devra être informé dans un
délai raisonnable de sa révocation. L’information du dirigeant d’abord fondé sur le
principe du contradictoire Ccass com 3 janvier 1996 précise cette condition. Or le
principe du contradictoire est assez complexe et désormais la révocabilité se fonde sur le
standard juridique de la loyauté. Il faut que le conseil d’administration soit transparent
avec le dirigeant. Ccass com 14 mai 2013. Enfaite toutes les clauses statutaires ou
extrastatutaires qui empêcheraient la révocation du dirigeant sera réputées non écrites.
Le versement d’une indemnité trop élevée en cas de révocation est considéré comme
dissuasive. Ccass com 15 novembre 2011.
Enfin le CA a aussi le pouvoir de nommer le directeur général qui peut être un de ses
membres ou non. Dans certains cas le DG et le président du CA peuvent être les mêmes
personnes. Dans ce cas-là on parle du PDG.
2) L’AG des actionnaires.
Les actionnaires se réuniront en AGO pour approuver les comptes annuels et décider de
la distribution des dividendes à la majorité des voix. ART L225-100. Les comptes seront
obligatoirement vérifiés au préalable par des commissaires aux comptes.
Des AGE pourront être convoquées pour prendre les décisions les plus importantes à la
majorité des deux tiers. Art L225-96 du Ccom.
Dans les SA le principe est qu’une action est égale à une voix mais ce principe connait des
exceptions comme le droit de vote double.
B) La SA avec directoire.
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femmes et les hommes. Il peut compter une seule personne dans les SA avec un capital social
inférieur à 150 000 euros. ART L225-58 du Ccom.
Le directoire est nommé par le conseil de surveillance qui compte entre 3 et 18 membres.
Art L225-69 du Ccom. Les membres du CS sont nommés par l’AG souvent parmi eux. Les
membres du C ne peuvent pas faire parti du directoire. Le CS pourra révoquer les membres
du directoire si les statuts le prévoient. Il va aussi convoquer les AG qui ont les mêmes
pouvoirs que dans les SA classiques.
La loi macron du 6 aout 2015 limite le cumule des mandats d’administrateur ou de dirigeant
dans les SA. ART L225-94-1 du Ccom. Antérieurement le cumule était possible et sans limites.
Une même personne physique ne peut pas cumuler plus de 5 mandats sociaux dans des SAS
qui ne seraient pas cotées en bourse. Or une personne membre d’un CA et nommé DG de la
même société sera comptabilisée comme occupant un seul mandat. De plus une même
personne physique ne peut pas cumuler plus de 3 mandats sociaux dans des SA cotées en
bourse. Cependant il existe des dérogations comme l’article L225-94-1al2 du code de
commerce qui prévoit que si une personne physique exerce un mandat dans un SA A et
qu’elle détient un autre mandat dans une SA B et que B est contrôlée par SA A alors le
second mandat de la personne physique ne sera pas pris en compte dans la détermination du
nombre maximum de mandat cumulable.
Dans les SAS l’exercice des pouvoirs de direction de vote et e contrôle obéit au principe d la
liberté statutaire.
Ainsi concernant le pouvoir de direction l’article L227-5 du Ccom prévoit que les statuts
fixent les conditions dans lesquelles la société est dirigée. Cependant l’article L227-6 al1er
impose la désignation d’un président pour assurer la représentation de la société envers les
tiers mais cette désignation s’opère dans les conditions prévues par les statuts. De plus
l’article L227 -6 al3 du code de commerce permet aux statuts de la SA qu’une ou plusieurs
autres personnes DG et DG délégués peuvent exercer les pouvoirs normalement dévolus au
président. Si un DG ou DG délégué forme un acte juridique pour le compte de la société, les
tiers pourront s’en prévaloir comme s’il émanait du président de la SAS. Ccass com 9 juillet
2013.
Concernant le pouvoir de contrôle, il est exercé par les actionnaires qui ne possèdent pas de
fonction de dirigeant. L’article L227-9 al1er laisse ici aussi aux statuts la liberté de prévoir les
décisions qui seront prises par l’ensemble des actionnaires mais aussi sous quelle forme et
dans quelles conditions elles seront arrêtées.
Dans la SASU la fonction de président cad le pouvoir de direction pourra être assuré par
l’associé unique. Dans ce cas il cumule la fonction de président et sa qualité d’associé unique
titulaire de la fonction de contrôle. Le pouvoir de contrôle sera exercé de manière unilatérale
sur lui-même et consignera ses orientations dans un registre. Art L227-9 al3 du Ccom. Face
aux difficultés liées à ce cumule l’associé unique peut désigner un tiers personne physique ou
morale pour assurer la présidence de la SASU.
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§3 : La séparation des pouvoirs dans les sociétés intermédiaires.
Toute Sarl sera dirigée par un gérant personne physique nommée dans les statuts parmi les associés
ou non. ART L223-18 et suivants. Si le gérant est associé et qu’il détient la majorité des parts sociales
de la Sarl il aura le statut de travailleur indépendant. En revanche s’il est associé non majoritaire ou
s’il ne fait pas parti des associés il sera gérant salarié. Le pouvoir de contrôle et de vote sera détenu
par les autres associés qui doivent se réunirent au moins une fois par an en AGO pour approuver les
comptes sociaux. Art L223-26 du Ccom. L’AGO pourra révoquer le gérant art L223-25 al1er en
invoquant un juste motif et à tout moment même sans que cela soit inscrit à l’ordre du jour. Ccass
com 4 mai 1993. Cependant la révocation ne sera admissible que si les questions fixées à l’ordre du
jour peuvent conduire à la prononcer la révocation. Dans ce cas elle sera valable si le gérant est mis
en mesure de présenter ses observations devant l’AG. Ccass com 14 octobre 2020.
Enfin dans l’EURL comme pour la SASU une seule et même personne pourra cumuler la fonction de
gréant et d’associé unique et donc la fonction de direction et de contrôle de la société. Toute
décision prise en qualité d’associé unique devra être reportée dans un registre spécial. Art R223-26
du Ccom. Or pour les mêmes raisons que dans la SASU l’EURL pourra aussi être dirigé par un gérant
qui sera un tier personne physique qui sera un salarié.
Son objet n’est pas de réaliser lui-même des bénéfices mais essayer d’en faire réaliser à ces
membres. Par rapport à cet objet la question s’est posée de savoir si un GIE bénéficiaire avait
l’obligation de partager les bénéfices entre ses membres ou s’il pouvait placer en réserve tout ou
partie de ces bénéfices. La jurisprudence a répondu à cette question, dans un arrêt de la Ccass com
du 6 mai 2014, que le GIE pouvait même en dépit de son objet a la possibilité de mettre en réserver
une partie des bénéfices pour les besoins de la réalisation de son objet social. Un arrêt a confirmé
cette solution en précisant que l’ancien membre d’un GIE ne pourrait obtenir le remboursement de
sa part des bénéfices que si une clause statutaire ou bien une décision de l’AG des associés du GIE le
prévoyait. Ccass com 19 janvier 2016.
D’après l’article L251-1 le GIE doit exercer une activité économique rattachable à celle de ses
membres.
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Enfin il doit avoir un caractère auxiliaire car il permettra à ses membres de réaliser des actions
communes qui sont situées dans le prolongement de leurs activités commerciales. Il devra exiger une
activité compatible avec celles de ses membres. C’est pourquoi un GIE peut ne pas être validé par le
juge car il intervient dans une activité incompatible avec les activités de ses membres. Ccass com 13
novembre 2003.
L’organisation du GIE est tri partie car il comporte plusieurs membres, une direction et des organes
de surveillance. Les membre du GIE seront au moins 2 personnes physiques ou morales. Lors des AG
les décisions seront prises à l’unanimité chaque membre ne disposant que d’une seule voix sauf
clauses statutaires contraires.
Concernant la responsabilité des membres du GIE quand au passif sera solidaire et illimité comme
pour les associés d’une SNC.
La Cession des droits sociaux détenus dans le GIE sera organisée dans les statuts et en cas de silence
l’unanimité des membres sera requise.
La direction du GIE sera assurée par un ou des administrateurs qui seront des personnes physiques
ou morales. Ils engageront le GIE pour tous les actes juridiques rentrant dans l’objet du GIE.
En principe la transformation d’une société en GIE nécessite une procédure assez lourde. Il faut
procéder à al dissolution et à la liquidation de la société puis créer une nouvelle personne morale. Or
l’art L251-18 al1 simplifie la procédure en permettant à toute société dont l’objet social correspond à
celui d’un GIE de se transformer sans dissolution ni création d’une nouvelle personne morale.
Cette transformation est tout aussi lourde. Cependant la aussi l’article L251-18 al2 du Ccom permet
aussi d’éviter cette lourdeur si la transformation du GIE s’opère en une SNC.
Question de cours sur 5 points + Commentaire arrêts. Ne pas réviser le droit spécial des sociétés.
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