L'évolution Du Rôle Du Contrôle de Gestion Bancaire The Changing Role of Bank Management Control
L'évolution Du Rôle Du Contrôle de Gestion Bancaire The Changing Role of Bank Management Control
PAPER I N F O ABSTRACT
Introduction
Aujourd’hui, et comme dans tous les secteurs au Maroc, comme dans le monde entier, le secteur
bancaire se trouve face à un enjeu crucial qui n’est autre que la recherche d’un avantage concurrentiel
pour la réalisation d’une performance globale dans un environnement de plus en plus incertain.
Afin d’atteindre cette performance, une gestion optimale des ressources s’impose.
Cette gestion au sein des banques marocaines est caractérisée par la mise en place des systèmes
d’information de plus en plus innovants afin de relier tous les services et obtenir les informations
nécessaires à la prise de décisions dans un temps record.
En effet, depuis la fin des années 80, se doter d’un système d’information de gestion a poussé les
banques à chercher à modifier leurs outils traditionnels de management surtout en matière de
comptabilité analytique et de gestion prévisionnelle, raison pour laquelle un département de contrôle de
gestion a été mis en place et n’a cessé de se développer au cours des années pour mieux répondre aux
attentes des preneurs de décisions.
Ainsi, depuis son introduction dans le secteur bancaire comme fonction ou département, le contrôle
de gestion prend de l’ampleur grâce à la modernisation des outils classiques et leur mise à niveau,
Cela est très bien expliqué par D. Bessire (D. Bessire 19981) « le contrôle de gestion, tout comme la
stratégie, les structures ou la gestion des ressources humaines, n’est en réalité que l’expression d’une
logique d’entreprise. La performance suppose qu’il y ait cohérence entre les pratiques de gestion et la
logique d’entreprise dominante. La banque et la grande distribution étant mues par des " philosophies "
différentes, les résultats à attendre d’une application à la banque des outils et méthodes de la grande
distribution risquent de se révéler décevants (illusion instrumentale) s’ils ne s’accompagnent pas d’un
changement de logique ».
Le contrôle de gestion est devenu aujourd’hui une fonction clé dans la stratégie d’une banque, il
constitue un énorme avantage concurrentiel et un outil de compétitivité qui est dans une recherche
continue d’une information fiable et pertinente pour une meilleure prise de décision.
Mais, il faudrait noter que la fonction de contrôle de gestion n’a pas la tâche facile au sein d’une
banque, à la différence des autres secteurs, une banque est décomposée en plusieurs banques régionales,
qui à leur tour chapeautent plusieurs agences sous forme de réseaux, ce qui signifie que le contrôleur de
gestion bancaire doit gérer au quotidien une structure complexe et difficile.
De ce qui précède, nous avons voulu assouvir notre curiosité et chercher à bien cerner le nouveau
rôle que joue le contrôle de gestion dans une banque, surtout que nous opérons dans le même secteur, et
nous faisons appel dans notre quotidien aux tableaux élaborés par ses soins, alors nous avons choisi
comme problématique de notre article les questions suivantes :
• Pourquoi une fonction de contrôle de gestion au sein des banques ?
• Quels sont ses outils ?
• Quel est son apport ?
• Comment cette fonction a évolué au sein des banques ?
Et pour mieux répondre à nos questions et bien comprendre la place qu’il occupe au sein d’une
banque et ses outils utilisés, nous avons intitulé notre travail comme suit : L’évolution du rôle du
contrôle de gestion bancaire, le terrain de notre enquête est la région de Rabat Salé Kenitra et ce en se
basant sur un guide d’entretien destiné aux responsables des départements du contrôle de gestion.
Notre travail sera structuré en trois parties :
• La revue de littérature
• Les travaux empiriques antérieurs
• L’analyse des résultats
I. Cadre théorique
1 Aspects généraux sur le contrôle de gestion
Le contrôle de gestion est une discipline riche, complexe et en constante évolution. En effet, depuis la
nuit des temps, toutes les fonctions de direction et de contrôle ne cessent de se transformer et d’exiger
des aptitudes conceptuelles et pratiques importantes ainsi qu’une grande estime des responsabilités de
tous les intervenants.
Dans ce contexte de mutation continue, il ne suffit plus de former les individus à un emploi, mais il
faut leur donner les moyens de s’adapter à des situations et des environnements différents. Ainsi, le
contrôle de gestion, au-delà d’un objectif de surveillance, s’efforce par ses mécanismes de répondre aux
besoins des gestionnaires dans les activités de prise de décision, de pilotage et d’évaluation de la
performance.
De cela, on doit se demander c’est quoi exactement cette discipline de contrôle de gestion ?
comment est-elle apparue ? et surtout quels sont ses missions et finalités ?
Trois constantes se dégagent de ces définitions : le contrôle de gestion est garant d’une logique
économique et s’appuie sur des données comptables mais ne s’y limite pas ; il est lié à l’organisation et
traduit la stratégie au plan opérationnel et il est destiné aux managers.7
Mais de manière générale, on peut dire que le contrôle de gestion est défini généralement comme un
processus8 capable de fournir aux responsables, les éléments nécessaires à la maîtrise de la gestion dans
le cadre d’objectifs préétablis.
Ce processus se situe au centre du triangle classique mettant en relation objectifs, moyens et
résultats :
2
Cours de contrôle de gestion S9 avec Dr. BENNANI Abdelkahir, professeur à la faculté Ibn Tofail.
3
http://www.performancezoom.com/controle_gestion.php
4
www.iae.univ-poitiers.fr/afc07/.../AFC_Jeunes_chercheurs_Goullet.p..
5
http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/40/51/21/PDF/Lecon_inaugurale.pdf
6
http://www.ccg.edu/fichiers/L/CCG101-CM01-0506.pdf
7
Economie et management, n°123/ Avril 2007, Dossier Audit et Contrôle.
8
M'hamed MEKKAOUI «Précis de contrôle de gestion» édition:Imprimerie El Maarif Al Jadida-2006-Rabat,p 7
Figure1 : Le triangle du contrôle de gestion
Objectifs
Efficacité Pertinence
Résultats Moyens
Efficience
Source : BESCOS.P.L & Collaborateurs, « le contrôle de gestion et management », Montchrestien, 4e édition, Paris, 1997,p
42.
Donc, le contrôle de gestion, dans sa définition la plus généraliste, est un outil de mesure de la
performance de l’organisation, à travers9 :
• La pertinence concerne l’adéquation des moyens mis en œuvre par rapport aux objectifs.
• L’efficacité implique l’atteinte des résultats par rapport aux objectifs fixés.
• L’efficience recherche la maximisation des résultats par rapport aux moyens et implique
l’optimisation des moyens.
2 Processus et outils du contrôle de gestion
Comme toutes les disciplines, le contrôle de gestion a un processus10 bien identifié qui lui permet de
réaliser les résultats escomptés et d’aider à la prise de décision.
Également, pour arriver à ces dites finalités, le contrôle de gestion se base sur un certain nombre
d’outils, qui font de lui une discipline non seulement méthodique, mais dotée d’un arsenal d’outils
pertinents et efficaces. Quel est donc le processus du contrôle de gestion ? Quelles sont ses phases ? et
quels sont ses outils ?
2.1 Son processus 11
Pour bien arriver à ses différentes finalités, le contrôle de gestion suit un processus bien déterminé :
2.1.1 Planification
Le point de départ du processus12 est une planification au cours de laquelle on définit les objectifs à
long terme, puis on les traduit en actes opérationnels en prenant en compte les différents moyens
disponibles (RH, finances, matériel…) et en recherchant l’obtention du résultat qui sera le plus
satisfaisant possible.
9
Cours de contrôle de gestion S8 avec Mr NAFZAOUI, professeur à l’ENCG-K
10
Mohamed Abou El Jaouad:«Gestion budgétaire pivot du contrôle de gestion»,éd:Les Editions Maghrébines,Ain Sebaâ-
Casablanca-2010,p:9
11
Thierry cuyaubère et Jaque Muller : « Contrôle de gestion tome 1 : la comptabilité analytique », Collection :la
VILLEGUERIN « Univesité »54,rue de Chbrol,75480 Paris Cedex 10 ;2eme édition, page :19
12
http://www.toocharger.com/download/cours/dhGVgo.pdf
2.1.2 Budgétisation
La phase budgétaire13 commence à partir d’une politique à moyen terme par la fixation des objectifs à
court terme, qui découlent des programmes d’action à moyen terme, mais tiennent aussi compte des
contraintes et des plans d’action décidés pour l’année à venir.
L’essentiel de cette phase est dans la définition, la coordination et l’approbation des plans d’action de
l’entreprise.
13
Mohamed Abou El Jaouad:«Gestion budgétaire pivot du contrôle de gestion»,éd:Les Editions Maghrébines,Ain Sebaâ-
Casablanca-2010,p:7
3 Outils14 du contrôle de gestion
Pour garantir l'efficacité d'une organisation et la qualité de sa gestion, il est crucial de trouver la meil-
leure combinaison qui permet une complémentarité et une cohérence entre les outils15 utilisés pour le
pilotage et qui sont :
• Les outils prévisionnels : étudient le futur en matière des opportunités de l'environnement et de
son savoir-faire.
• Les outils de suivi de réalisation : permettent de comparer les résultats aux objectifs,
d'interpréter les écarts et de prendre des mesures correctives.
• Les outils d'appui : ils constatent les performances et tendent à fournir des explications.
3.1 Les outils prévisionnels
Ils ont pour objectif d'orienter le choix des axes stratégiques de l'entreprise, ses objectifs généraux et la
détermination des hypothèses économiques.
Les instruments prévisionnels sont :
3.1.1 Le plan
Il est orienté vers le pilotage à moyen et long terme, il permet de passer d'une réflexion générale sur
les métiers et les stratégies, à une formalisation des objectifs et des actions. On distingue généralement
:
• Le plan stratégique : qui sert à définir à long terme (de 5 à 10 ans) et formaliser la vocation de
l'entreprise et son objectif global.
• Le plan opérationnel : il vise le moyen terme (de 2 à 5 ans) en comprenant :
-le programme des investissements techniques, commerciaux ou financiers (plan d'investissement).
-les modes de financement retenus pour compléter l'autofinancement (plan de financement).
3.1.2 Le budget
Constitue l'ensemble des objectifs retenus pour l'exercice suivant celui en question, à travers des
investissements (budget d'investissements) et de l'exploitation (budget d'exploitation).
Une attention particulière doit être accordée aux encaissements (recettes), décaissements (dépenses) et
prévisions (budget de trésorerie).
3.2 Les outils de suivi de la réalisation
Pour mesurer et analyser les performances à posteriori, plusieurs instruments peuvent être utilisés :
14
Hélène Lôning,Yvon Pesqueux,EveChiapello,Véronique Malleret,Jérome Méric,Daniel Michel,Andreù Solé : « Le
contrôle de gestion », Collection :Dunod,Paris,1998, page :140
15
M’hamed MEKKAOUI : « Précis de contrôle de gestion », édition 2007, Imprimerie El Maarif Al Jadida, 2007-Rabat,
page : 16
16
Said YOUSEF et Smail KABBAJ : « Comptabilité générale » ,2eme édition :édisoft, collection « l’expert »,page :7
en vue de déterminer des coûts, des prix de revient et des résultats ainsi de calculer les indicateurs de
gestion qui permettent de prendre les meilleures décisions.
3.2.3 Le contrôle budgétaire
Le suivi budgétaire17 a pour objectif de comparer le niveau des réalisations aux prévisions préétablis. Il
permet de constater les écarts et d'analyser leurs causes et origines pour prendre les mesures
correctives idoines.
Certes, la gestion budgétaire représente l'outil incontournable pour le pilotage des actions mises en
œuvre dans l'entreprise, mais elle présente un inconvénient lié à la lenteur de fourniture des
informations et au volume important de cette dernière, alors que les impératifs de la gestion actuelle
imposent une capacité de réaction rapide.
3.2.4 Le reporting
Il est défini comme étant : "un ensemble de procédures de circulation des informations assurant leur
remontée régulière et formalisée des filiales et des unités de base vers les niveaux hiérarchiques
supérieurs et la direction générale".
Le reporting18 est un outil de contrôle, à posteriori, il permet de rendre compte des activités déléguées
et de faire remonter les informations des unités élémentaires jusqu'au sommet de la hiérarchie. Il
focalise l'attention des dirigeants sur les objectifs délégués à leurs subordonnés, ce qui leur permet de
vérifier le degré de leur réalisation et d'évaluer la performance des responsables.
3.2.5 Le tableau de bord
Les tableaux de bord19 sont les instruments de pilotage à court terme dirigés vers l'action, ils
comportent un nombre limité d'indicateurs clairs et pertinents. Ces derniers peuvent être financiers,
physiques et/ou qualitatifs.
3.3 Les outils d'appui
Ce sont les outils et les méthodes d'analyses, ayant pour objectif d'aider le manager lors de la mise en
œuvre d'action corrective.
3.3.1 Le réengenering
Il permet de reconfigurer une fonction ou des processus afin d'améliorer la qualité du service rendu au
client.
3.3.2 Le benchmarking
C’est le processus qui consiste à identifier, analyser et adopter les meilleures pratiques des autres, en
vue d'améliorer les performances de l'organisation en question.
II. Etudes empiriques antérieures
De nombreuses études ont été focalisées sur le contrôle de gestion, sa place et son évolution au sein
des organisations, nous allons présenter une synthèse théorique de quelques travaux qui ont été faits
sur ce sujet.
1 LEGALAIS 2009
Dans cette étude, la chercheuse a essayé de mettre la lumière sur les conséquences de l’incertitude sur
l’évolution du métier de contrôleur de gestion au sein des banques.
Le terrain objet de cette étude est la banque de détail à l’international BDI groupe AZUR.
En effet, cette étude s’est penchée sur l’environnement de la banque et son impact direct et indirect sur
le métier du contrôle de gestion, pour se faire, elle a analysé d’abord l’environnement interne de
l’établissement financier, qui n’est autre que ses clients, puis elle est passée à l’environnement externe
17
Henri Bouquin : « Le contrôle de gestion », Collection :9éme édition,2010, mai, page :511
18
http://fr.wikipedia.org/wiki/Reporting
19
M’hamed MEKKAOUI : « Précis de contrôle de gestion », édition 2007, Imprimerie El Maarif Al Jadida, 2007-Rabat,
page : 18
représenté en premier lieu par la concurrence nationale et internationale, vient après la conjoncture
économique nationale et internationale ainsi que la culture du pays dans lequel est installée l’entité.
20
CALLANDRET-BIGOT & AL (2012) « L’instrumentation en gestion bancaire : évolution et positionnement » 4 ème
Journée d’Etude en Contrôle de Gestion de Nantes
21
LE BOENNEC, ROMAIN DESCOUT (2013) « Pilotage de la performance dans la banque de detail˗panorama des
pratiques et perspectives », Financial service. Deloitte,Cedec
Pour y arriver, la recherche de l’information s’est faite en se basant sur des entretiens dans une dizaine
de banques de détails, les résultats de cette étude étaient comme suit :
• Le contrôleur de gestion n’est plus qu’une simple fonction dans l’organigramme des
établissements, mais il est devenu un business partner et un atout crucial dans le processus de
prise de décisions.
• Le contrôleur de gestion a de plus en plus son mot à dire dans le choix des indicateurs de
pilotage et dans la gestion des budget alloués pour chaque fonction de l’entreprise.
6 ELKTIRI. L et al. 2021
Avec la mondialisation actuelle et l’ouverture des marchés, les banques sont dans l’obligation de se
doter d’une fonction de contrôle de gestion assez développée pour une meilleure maitrise des risques
opérationnels.
Mais cette nécessité se confronte à des difficultés qui rendent la tâche plus complexe au contrôleur de
gestion l’information pertinente, le temps, le système d’information utilisé, la qualité de la formation
des ressources humaines…
22
AMAZIGH. Moulay Abd elhafidh : « Le Contrôle de Gestion dans la banque », édition CLET, Paris, 1978,
p97
En effet, l’activité bancaire se gère dans une structure complexe : plusieurs produits et services sont
commercialisés, plusieurs métiers sont gérés et plusieurs agences sont à rentabiliser sur tout le réseau
de la banque au niveau national et étranger.
Pour contourner cette complexité, le contrôle de gestion est ainsi mené à analyser la rentabilité et faire
ses prévisions… par centre de profit, par produit, par métier…et ce en fonction des demandes des
managers stratégiques.
1.3.3 Imputation des charges
Dans une banque, un même processus donne naissance à un ou plusieurs produits et services et par
conséquent la consommation d’un produit implique celle d’un autre, on parle alors de produits liés qui
posent un énorme problème de l’affectation des charges indirectes.
A ce problème de l’affectation des charges indirectes qui pousse les contrôleurs de gestion à mettre en
place des clés de répartition qui sont difficiles à élaborer, vient s’ajouter celui du système de
facturation interne qui répond à la difficulté de la maitrise des coûts des départements de la banque qui
font appel aux prestations d’autres départements de la même banque.
1.4 Exigences internationales
A cause des crises financières répétitives qu’a connu le monde, en 1974, les pays du G10 : Allemagne,
Belgique, Canada, Etats Unis, France, Italie, Japon, Pays-Bas, Royaume Uni, Suède, Suisse se sont
réunis dans un comité à Bâle en Suisse, pour trouver une solution, d’où la naissance des normes Bâle,
et ce afin de mieux contrôler la stabilité du système bancaire.
Les accords de Bale I, II, et III, n’ont aucun pouvoir législatif ou règlementaire, mais ils s’imposent
par accord des parties prenantes (actuellement 27 pays)23.
1.4.1 Bâle I
Il s’agit d’un accord signé en 1988, qui a abouti à la publication d’un premier ratio international de
solvabilité qu’est le ratio Cooke : Peter Cooke.
Ce ratio oblige les banques à couvrir à hauteur de 8% les crédits accordés par les fonds propres et ce
pour mieux maitriser le niveau de risque de non remboursement que la banque peut prendre en tenant
en compte son capital et pour éviter l’effet domino.
Par contre, cet accord de Bâle I est devenu une entrave administrative aux banques.
Le ratio Cooke ne tenait pas en considération la solvabilité de l’emprunteur, ni sa cotation dans le
marché, et donc il a été jugé insuffisant et sa mise à jour est devenue une nécessité.
Raison pour laquelle le Bâle II est venu pour remplir les lacunes de Bâle I.
1.4.2 Bâle II
Cet accord est venu avec un objectif de mieux mesurer le risque lié aux crédits et en mobilisant moins
de fonds propres de la banque avec un nouveau ratio Mc Dounough : ratio de solvabilité bancaire.
Le Bâle II repose sur trois piliers :
• Une exigence minimale de fonds propres : capital minimum requis, a vu le jour afin de mieux
maitriser les trois risques : crédit, marché et opérationnel pour assurer la solidarité financière
• Un renforcement du système de surveillance de la gestion des fonds propres par les autorités de
supervision : régulateur, pour mieux évaluer le risque interne : contrôle des méthodes et
processus employés par la banque, intervenir en cas de détérioration des capitaux…
• Une meilleure communication vers le marché : la banque est tenue de communiquer ses
informations sur le marché en toute transparence concernant sa solvabilité.
Les accords Bâle II sont venus pour remplir les lacunes de Bâle I, mais eux aussi ont démontré
rapidement des insuffisances et des limites.
En effet, Bâle II est resté une pratique purement européenne, vu qu’il ne s’applique pas aux banques
américaines, aussi il ne couvre pas l’ensemble des risques liés au système financier : par exemple le
risque de liquidité et surtout il ne prenait pas en considération le hors bilan.
D’où la nécessité de passer à Bâle III.
23
https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/marches-financiers/acteurs-de-la-finance/comite-de-bale/
1.4.3 Bâle III
Après la crise financière de 2007, et les insuffisances de Bâle II à l’éviter, ce nouvel accord est entré
en vigueur en 201024.
Ainsi, pour garantir une meilleure stabilité du système bancaire, cet accord est venu avec des nouvelles
mesures strictes en matière de qualité et du niveau des capitaux propres et également de maitrise de
risque de liquidité.
En effet, l’accord de Bâle III prévoit ce qui suit :
• Le ratio de solvabilité a été revu à la hausse : 10,5 % au lieu de 8 % prévue par Bâle II
• La prise en considération du hors bilan : ce que l’on appelle l’effet de levier : rapport entre
l’ensemble des actifs et les fonds propres pour mieux maitriser le montant total des actifs tenus
par une banque, ce ratio est limité à 3%
• L’amélioration de la maitrise du risque de liquidité : la banque doit maitriser la gestion de ses
dépôts et retraits de sa clientèle et ce à court et long terme :la banque doit avoir assez de dépôts
pour faire face aux retraits massifs si jamais il y a une crise : par exemple la banque doit se
doter des actifs qui sont facilement cessibles afin d’alimenter sa trésorerie.
Après la finalisation de l’application et l’assimilation des dispositions de Bâle III par les banques en
2017, on commence à parler de Bâle IV, mais avec l’avènement de la crise sanitaire en 2019, la phase
de mise en pratique est reportée pour la période de 2027.
2 Méthodologie
Il s’agit d’une étude exploratoire en cours, un travail empirique basé sur un guide d’entretiens directs
destinés aux cadres des départements contrôle de gestion des banques de détails.
Il faut noter que nous avons sollicité neuf contrôleurs de gestion de neuf banques différentes sur la
région de Casa ˗ Rabat, quatre ont répondu présent et les autres ont évoqué des raisons de
confidentialité ou de manque de temps pour nous recevoir.
Ainsi, les quatre personnes interrogées sont, un jeune de moins de 40 ans avec un diplôme d’études
supérieurs ISCAE, en poste depuis moins de 10 ans (entre 05 et 10ans) et les trois autres sont des
seniors, âgés de plus de 40 ans avec des niveaux d’études différents (un avec une expérience étrangère
dans le domaine des assurances, de plus de 5 ans et les deux autres une expérience marocaine mais
dans différents secteurs) et une ancienneté qui dépasse les 10 ans.
Notre questionnaire proposé se compose de :
• Des généralités sur la personne interrogée : son sexe, son âge, son niveau d’études, son
ancienneté…
• De la fonction contrôle de gestion dans leur organisation : des interrogations sur le rattachement
hiérarchique, ses outils, ses missions, les qualités d’un contrôleur de gestion…
• De la notion de la performance : la mesure de la performance, le rôle du contrôleur de gestion
dans son évaluation et sa valorisation…
Également, il faudrait noter que lors de nos entretiens, on ne s’est pas limité seulement aux questions
déjà prévues par notre guide établit en avance, mais on s’est permit de poser d’autres questions qui ont
pour objectif de découvrir s’il existe d’autres facteurs internes ou externes qui dépendent de chaque
entité afin de bien exploiter et développer notre recherche en matière du contrôle de gestion bancaire.
Ainsi, et pour des raisons de confidentialité, les quatre entretiens se sont déroulés en direct, de façon
anonyme et par prise de notes.
3 Analyse des résultats
Les échanges que nous avons eu avec les quatre personnes interviewées, sont quasi identiques.
En effet, malgré leurs différences d’âges, de cursus et d’organisme, leurs réponses convergent. Pour
eux, la fonction de contrôle de gestion est cruciale dans un établissement bancaire.
Ainsi, pour mieux élucider leurs réponses, nous avons opté pour un tableau récapitulatif, en les
nommant : A B C D.
24
ABDERRAZAK.L & AIT LEMQEDDEM.H (2022) « L’évaluation de la performance du système bancaire marocain :
Modélisation avec PROMETHEE », Revue du contrôle, de la comptabilité et de l’audit « Volume 5 : numéro 4 » pp : 274.
A B C D
Age : moins de 40 ans Age : plus de 40 ans Age : plus de 40 ans Age : plus de 40 ans
Sexe : homme Sexe : homme Sexe : homme Sexe : homme
Cadre supérieur Cadre supérieur Cadre supérieur Cadre supérieur
BAC +5 ou plus BAC +5 ou plus BAC +3 BAC +5 ou plus
Expérience : ˗10 ans Expérience : +10 ans Expérience : +10 ans Expérience : +10 ans
Les normes Bank Al Maghrib à Les banques marocaines En plus des lois et
internationales de Bâle I, l’instar des banques sont soumises aux réglementations
II, III ont obligé les centrales mondiales, a recommandations de imposées par le
banques à se doter d’une adopté les normes Bâle I, II, III d’avoir une régulateur du marché
fonction de contrôle de internationales de Bâle et fonction de contrôle de bancaire marocain, les
gestion pour le suivi et le donc a obligé les gestion qui pilote la normes de Bâle sont
contrôle des ratios de institutions bancaires à performance bancaire et venues pour obliger les
solvabilité… se doter d’un service de l’évalue. banques à avoir une
contrôle de gestion fonction de contrôle de
répondant à ces gestion.
exigences.
La performance est une La performance est La notion de Toute l’activité bancaire
notion clé dans le jargon l’atteinte d’un objectif performance pour un tourne au tour de la
d’un contrôleur de fixé sur une période contrôleur de gestion recherche de la
gestion. Il cherche en donnée en optimisant les représente le niveau de performance : la
permanence de la ressources utilisées. réalisation des objectifs : rentabilité, c’est à dire la
mesurer, de l’évaluer à efficacité et le niveau production de ressources
court, moyen ou long d’utilisation des suffisantes pour assurer
terme. On parle de ressources : efficience. la continuité de l’activité
performance globale, Il existe plusieurs et sa survie.
performance indicateurs de mesure de
opérationnelle, par la performance…
service, par produit…elle
est mesurée par des
indicateurs financiers tels
que le PNB…
Source : Tableau réalisé par nos soins pour résumer les résultats de l’enquête
4 Discussion
Les échanges que nous avons eu la chance de partager avec les contrôleurs de gestion bancaires, nous
ont permis de comprendre beaucoup de choses que nous n’avons pas eu l’occasion de connaitre à
l’école.
En effet, en plus de répondre au questionnaire, les quatre contrôleurs de gestion ont partagé leur
quotidien avec nous et surtout les défis qu’ils rencontrent dans l’exercice de leur fonction.
Aujourd’hui, le contrôleur de gestion est devenu le premier interlocuteur du haut management des
banques, il est sollicité dans le processus de prise de décisions sensibles et stratégiques, et parfois
même, on fait appel à ses compétences par le réseau des agences, il entretient donc une relation de plus
en plus privilégiée avec les différentes directions de l’organisme, et plus particulièrement avec les
directions marketing et commerciale.
Cette relation rapprochée du service marketing est expliquée par le fait que ce dernier est une des
sources principales d’informations pour le contrôleur de gestion qui, actuellement, ne se limite pas
uniquement aux études et analyses financières et comptables pour faire son travail, mais grâce aux
différentes études de marché, de la concurrence, du réseau commercial, de la veille stratégique…
fournies par le département marketing, il peut bien orienter ses prévisions, allouer son budget et
optimiser ses coûts…
Et concernant la direction commerciale, on peut dire qu’elle est devenue une cliente fidèle du
contrôleur de gestion, vu que le réseau commercial attend les tableaux de bord de gestion rédigés par
le contrôleur de gestion afin de se positionner et prendre les actions correctives nécessaires.
Il faudrait noter que, dans certaines banques, des rencontres périodiques sont organisées afin que les
contrôleurs de gestion de chaque région puissent échanger sur les techniques et méthodes qu’ils
utilisent et sur les outils qu’ils proposent, c’est ce qu’ils appellent les « échanges des best practices ».
Conclusion
Notre travail empirique nous a permis de rejoindre les travaux de Marsal 2010, Callandret Bigot 2012,
… un système de contrôle de gestion n’est plus une option, mais il est devenu une obligation au sein
des banques de détails, et sa place ne cesse de prouver sa légitimité et son importance.
En effet, la fonction de contrôle de gestion n’a cessé d’évoluer pour mieux répondre au besoin initial
de la banque qu’est la mesure de sa performance et la maitrises de ses risques, surtout avec l’influence
de l’environnement qui est de plus en plus concurrentiel, l’adoption des normes internationales de
Bâle et l’avènement d’internet et du développent du système d’information.
Également, il faudrait noter que les différents contrôleurs de gestion avec lesquels nous nous sommes
entretenus, ont une vision claire et un constat unanime : afin de parvenir à avoir une fonction de
contrôle de gestion performante et efficace, une banque doit investir dans le volet formation régulière
et continue de ses équipes et ce en matière de calcul des indicateurs et de leur interprétation ainsi que
dans l’acquisition et la mise en place des systèmes d’information dernier cri.
Cependant, et comme expliqué auparavant, il s’agit d’une étude toujours en cours, et comme toutes les
études, elle représente, au moins jusqu’à maintenant, plusieurs limites.
La principale limite est le fait que notre enquête n’a pas pris en compte toutes les banques marocaines
: quatre seulement qui nous ont reçu, raison pour laquelle nous nous sommes contentés d’analyser
leurs résultats.
D’autres rendez-vous sont en cours de préparation, pour élargir notre champ d’étude.
Bibliographie
[01] ABDERRAZAK.L et AIT LEMQEDDEM.H (2022) : « L’évaluation de la performance du système
bancaire marocain : Modélisation avec PROMETHEE », Revue du contrôle, de la comptabilité et de l’audit «
Volume 5 : numéro 4 » pp : 270-25
[02] ABOU EL JAOUAD M. (2010) :«Gestion budgétaire pivot du contrôle de gestion»,éd: Les Editions
Maghrébines, Ain Sebaâ-Casablanca-p:9
[03] AMAZIGH. Mly A. (1978) : « Le Contrôle de Gestion dans la banque », édition CLET, Paris, p97
[04] BARTOLI A. (1997) « Le management des organisations publiques » DUNOD, Paris, 283 pages,
[05] BATAK J. et ERRAMI Y. (2011) « Le rôle du service contrôle de gestion dans l’adaptation
stratégique des banques - le cas d’une banque de détail- », le HAL de comptabilité et de connaissances, France
[06] BESCOS P.L et AL (1997), « Contrôle de Gestion et Management », Montchrestien, 4ème édition,
Paris, p 42.
[07] BESSIRE D. (1998) : « Le contrôle de gestion dans la grande distribution : un exemple pour la banque
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