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Alexandre Jeanniard Du Dot - L'hypnotisme Et La Science Catholique (1898)

Le document présente une œuvre d'Alexandre Jeanniard Du Dot sur l'hypnotisme et son rapport avec la science catholique, publiée en 1898. Il souligne l'importance de vulgariser la science religieuse pour répondre aux attentes contemporaines. Le texte aborde également les conditions d'utilisation des contenus de la Bibliothèque nationale de France, notamment en ce qui concerne la réutilisation commerciale et non commerciale.

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Alexandre Jeanniard Du Dot - L'hypnotisme Et La Science Catholique (1898)

Le document présente une œuvre d'Alexandre Jeanniard Du Dot sur l'hypnotisme et son rapport avec la science catholique, publiée en 1898. Il souligne l'importance de vulgariser la science religieuse pour répondre aux attentes contemporaines. Le texte aborde également les conditions d'utilisation des contenus de la Bibliothèque nationale de France, notamment en ce qui concerne la réutilisation commerciale et non commerciale.

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L'hypnotisme et la science

catholique / par A. Jeanniard


Du Dot

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Jeanniard Du Dot, Alexandre (1840?-19..). Auteur du texte.
L'hypnotisme et la science catholique / par A. Jeanniard Du Dot.
1898.

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~lËNCE ET RELIGION
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L~HYPNOTtSMË

ET ~OIENCE CATHOLIQUE

PAR
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Il
~7
7~

A. JE~NNIARD DU DOT

PATOIS
LIBRAIRIE BLOUt) ET BARRAL
4, RUE MADAME,ET UNE DE RRNMS,59
1898
SCIENCE ET RELIGION
Mt"des po«) le te'Mps ;n osent

CeMeettem<te vol. tm-t~ ile <H pages comyaetM


Prix 0 fr. eo le vol.
Les lecteurs curieux de grandes vérités de la foi déploraient l'absence
de vulgarisation de science religieuse. LES ÉTUDES POUR LE TEMPS
PRESENT répondent donc à un désir et comblent une lacune. Ainsi en
ont jugé unanimement les Revues et les journaux les plus importants de
la presse catholique. De ces nombreux et si flatteurs témoignages nous ne
citerons que le suivant, extrait du journal f !7MM;e~, dû à la plume d'un
juge des plus compétents, M. Louis HoBERT
< Aujourd'hui, en notre siècle de vapeur, d'électricité, on veut savoir
« tout et lire peu, toute la vie est pleine et fiévreuse C'est ce quiexplique
<~ la vogue de la Revue et du Journal. Cependant
ces deux organes de la
« pensée moderne sont insuffisants pour embrasser une question dans la
< complexitéde ses aspects. Le livre est toujours nécessaire mais nous
« pensons, à part les moines <-t le clergé des campagnes, que le respectable
< in-4° et le majestueux in-folio ont fait leur temps pour le grand public.
< H fallait donc condenser en un volume de poche les questions qui tour-
< mentent t'âme contemporaine. C'est ce que certains éditeurs ont très
« heureusement compris, notamment MM. BIoud et Barra], dont les édi-
< tions ont déjà tant rendu de services signalés & )a came religieuse.
« Sous le titre de Science et Religion, collection de volumes in-12 de
< 64 p. compactes, ils ont entrepris, avec un plein succès, de démontrer
< par des plumes des plus autorisées « ~'an'co'd eKh-e les résultats de la
< ~eteMce MMdefMe et les <t/~t'!):<tt!'OMs de la foi. » Chaque sujet est trai-
< te, non plus d'après la méthode apologétique, qui actuellement est sus-
<: pecte aux incrédules,même aux indifférents. C'est avec la plus rigoureuse
< méthode soienttEque mais mise à la portée de tous les esprits quelque
< peu cultivée que sont exposées les A~w'eHM jËt!«~ p~M!(MO~M~MM,
< tctcKt~KM et reH~:e<MM de cette opportune et très intéressantecol-
< lection.
Le nom de l'auteur de chacune d'elles est une recommandation, »
«
(Journal ~'t/MM~)
VotC! MMB seconde.liste des ouvrages p<i[)'Mï OM à psrai~'e :'MCeM~<Kn:eM<
–t/Apet«g<'t)qMehiote* i~Mf an XtX' sièe)e ~a Ct tttftxe irré-
«gtet'tte <t<* nenian. (Les p?'~CM)*M:t)'~ La vie de J~tM Les adver-
saires Les f~M~oKx) par l'abbé Ch. DENis, directeur des Annales
de philosophie chrétienne. i vol.
–KatM<eetmie)(«he<te)mMbe<t<-dee<HMeten<'e,parM. labbe
CANET, docteur
CANET, docteur en ès-lettl'es de r17Université
en philosophie et ès-lettres Université de Louvain
ancien professeur de théologie dogmatique au grand séminaire de Lyon.
1 vol.
t/Amtmat tatsemmabte et t Antntat toMt eoMtt, ~i<~ p~yc/M-
1 vol.
logie eoM:pc)' par C. DE KiRWAN.
La Coneeption cathoUqne de t Enfer, par M. CRÉMOND, docteur
en théologie, professeur de dogme au grand séminaire de Digne. 1 vol.
t.Egttse Hsse, par J.-L. GoNUAL, professeur d'apologétiquevol.
d'histoire grand séminaire Saint-Sulpice. 1
et

–'jataosse Science c«nte<Mp<naine et les Mystères<t0<ttre-


le R. P. Th. ORTOLAN, 0. M. 1. 1 vol.
tombe, par
DM même NiMt~Mf t te et Mattere ou matëriaXstue et SpiritMa-
<is<Me < m ptesemce tte ta Crtstattogente vol.
Dit MïeiKe SMtfM)- MatertaHstes et Mxsit'tens. 1 vol.
Le Mat. sa nature, son origine, sa réparation. ylp~f~K pA~fMop/M~Me
et religieux, par l'abbé M. CONSTANT, docteur en théologie, lauréat de
l'institut catholique de Paris. 1 vol.
Dieu «"te)))' de la vie, par M. l'abbé TitOMAS, vicaire généralvol.de
Verdun. 1
Du )i:enM aMtëM)' La Un <tM n«m<te <t'.tprès ta foi et ta
selenee. 1 "o!
t/AM)tM<)e<<n cathnttffMedevant ta SeieMcc, par G. FoNSEGitivE,
directeur de la QtMM~etHe. 1 vol.
Dit même ttKteift Le Cathettetstueet )a Ke)igt«n de t Msprtt.
1 vol.
mm moMtea ta Foi~e besoin, les raisons, les moyens, les devoirs, la
possibilité de croire, par le R. P. TouttNEBizE. S. J. 1 vol.
–t.aSynagegMe m<n)et'me, sa doctrine''et son culte, par A. F. SAU-
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t'EgMse, par M. PftOMER, supérieur du gr. séminaire de Séez. 1 vol.
La Religion spirite, son dogme, sa morale et ses pratiques,VOl.
par
I.–BERTRAND. 1
– t.'))ypn<tttstnmfranc et t'XypnotistMevrai, par le docteur HELOT,
auteur de ~oro~M et Possessions diaboliques. 1 vol.
–€e''venmneesetent)M<tMe<tettncarmati<m, par Pierre COURBET,
ancien élève de i'Ëcote polytechnique. 1 vol.

– t.'Egt)se et le Travail manMe), par M. l'abbé SABATtÉ, du cierge


de Paris, docteur en droit canon. 1 vol.
–)L*tm<j)<is«i<tn,son rôle religieux, politique et social, par G. RoMAtN,
auteur de 1,'B~~e et la Z.!<'e)- 1 vol.
– Unité <te t'espece hM<Ma:Me yoMM~ pat* la S!)M:7cM'M'des con-
ceptions et <!esc)'t<o)M <!<'r/:offti}t~,par le maruuis de NaDAILLAC. 1 vol.
<.e~<teiaUsme e«nte<np«<ainet ta t*«tpHet<' – ~Ip~CK his-
toW~Ke, par M. Gabriel ARDANT auteur de la QttMhott agraire. 1 vol.
t'tmrqmet te K<t«)am t<n<n<n at est-it a la m<nte et t«m«t"<tt te
tteman moral m'cst-tt pas a la 'ne<te ? Ette~e sociale et ~«crcfM-f?,vol.par
G. d'AzAMBUJA. 1
0!<M-a<y<p''<~c<~m"M'tt~M~'
;at M!
–<c'titu<)c<. xeit'nitMqut'fi <t Ccr<it<'<tt-M phU<tM<~thtf<«<'s,
df P,u'!S. 1 v~.
R. P DE LA BAH)tE S..ï. professeur & Hnstitut catholique
-).-A,<ttt<')'h<ttM.Mc.arJ.CuntEUT, supérieur du seminatre de
t'tnstitutcathnfique de Paris. l'-ot.
–):t"t-!t Mme'etis!? par M. t'abhe OuvOT, ancien professeur
de théologie.
7))t ttMnf <tMf~M' )'<m«<M«) y M-t-H <!e! h««t')t<'«'j«; ne
i~
jua

tetSent <n)t'«)t<* < p)is" ?
–Mt'pessitt- !<ei<-ntiM<)M<* <te <<-tiMten«-<t<' ttit-M, )ar P. GoUKHr.r;
sncien élève de rKcotf po'ytechnique. 2" edinon. 1 vot.
–jOtt t)!<-Me ftM~M)- .t!tM.<-<<<st<'s<Mie«. 2 ° édition. Ivn).
– MtM<i<"< '< t!t t'tMtiOitt- ttt «t«M<t<X iti)bit<M
t')n<t<-natiMH.jMr!e){..P.OKTOLA.),dof:LenrenHiëoiogieet.endro't
<< <<' <t«K"'<' <!<

canoniq'«', tam-ëat de t'fnsHt.ut cathotjque df' Paris, ~nembre de i'aeadë-


miede Saint tfaymond'te P<innnto''t. 3vo).
]. – ~K~stM?t:MHt<')tt f~e <<]: c: or~aKM<yt«' (' h'<t"<?)'t' les y/fttMfx
<'tM/:M<. ivo)..
t;. – So~c'!<x et te)-)-~ e~ei~'t.
//M))Kt<Kf~.s' a~tt-a~ 1 vo).
1 ~L)!.
JU.– ~,e.s et ~YMcon'Ktt/t'oM.
Chaque vo). se v('n.ts~j)arë'n''nt,.
<. tM-<)<'t:6 <m <!t V!<- fMtM«' <<np) <s ):< foi et j!tt M< i< n«-, { n
M.–t'abhë J. LAXRNAt!<t:,doctexr en thëo)og'e,et. en droit, Kuncn. et de
l'académie de Saint Thom:)S d'Aquin, professeur au grand s~unnaire de
Saint-Dfe. ivo).

Je Paris. 2" édition.


t,e M<tf<<'«' de !MMchatt<'ti<' – A(t<<M Mcit'nti<«~«'. [ar
M.– i'ahbë Cot~rA~T, doctem' eu thëoio~'e, lauréat de l'Institut cathoii~ua

t,'t-:s'<' <'ath<tt!<t"<' <'t )<-s t'r<tt<'xtamtf<,par


– ~'7~H.f<'< G. auteur
~t V~er~et Z.? .17oyeM ~t.<ye/')«-<< Wtf ~c(~M~~)t:'N~<'s
~JJMJtMN
lYot.
de
etf!<*f.t!M<f<'?
P '~t~' ~°'-
–M.th«nt<'t<'tstm«'MV]'e, part. L. G('!<nAt.,prnfesseut'd'ano)o~ë-
tiqueetd'histoir<*am séminaire 8ai)')-St)!pice l\'oL
–<'h'-txtt:t'tixtm<' «t M<n«)dhi!t«< ~~M<!M of:'fMfo!&<) par M. t'abbë
THOMAS, ~i're gëueratde Vetfim.. & édition. 3 vcl.
Preini&re j'ai-tie 7~o?tfMtM))!f.
DeuxUtne partx* .~t*< t'«)~M)'< ff,sN <c e7!<!C!-
Le 7~<<fH/!t'.«'!<* f!Œn.<
M<<!t<. –.4se~<:xwe«i*t<')tfo<et o.s'<)M<' c/:)'f<;fK.
– «m em <'st t'Hypn<mMtH«. son histoire, sa nature et ses dangers
par A. jKANKtARU uu i)o't', auteur dn SpM':(!'s<Me d'~co! ëdit. i vo[.
2"
– Da <)M"'e tt'<(f!t)-
dangers. 2' édition.
MMon est )e StUt-iti~ttu'. sa nature et ses
1 vu).
~MM*(M)'<?X en pt'~)t<<t'OM

t.mt.- :t<- ht natMt-f <'t te mn'actt', par le R. P.


S.–J. professeur a Uustitut cathotiquc de P&ris.
t,e)< DL: ~.A BARUE,
1 vol.
– )*<'s tt!v~rgCK«M <)«!M''t"f"e'iet<HMcttttin!H)0'<e:tt'
t:Kt'"<"i «r«*!t<!H<-s et r!Ks!e t')<<h<)!S<<Mt-, par )e R. P. ToLntM-
BtZE, S. J. 1 VO).
– t.'ttmmmtf et te Simg:<par M. le marquis de NADAILLAC. 1 vol.

M.
– t,e" taMses t't tto!tc <!<* ht Conte! s)«n <)e ftatnt t'axt, par
LÉVESQUE. professeur d'Ecriture Sainte au séminaire St-Su!pMe.
Cîteaux. – Jmp. GuiDermatn.
FIN D'UNE SER<E DE DOCUMENTS
EN COULEUR
SCIENCE ET RELIGION
Etmttea pem le temps présent

~HYPNOTISME

E~i~~CIENCE CATHOLIQUE
E s
t'ii.i't
{ H'tgJ :y
~R

JEANNIARD DU DOT

~yA~
L'HYPNOTISME ET LA SCIENCE CATHOLIQUE.

Le résumé très impartial des opinions professées


à l'égard de l'hypnotisme par les représentants les
plus autorisés de la science catholique pourra donner
aux moins initiés les moyens de se faire quelquee
idée de cette question si difficile. Ce serait, assuré-
ment, beaucoupd'arriver à la résoudre. Mais c'est déjà
quelque chose de pouvoir constaterquelle liberté l'E-
glise laisse à ses enfants dans le champ de la science
et avec quelle sage hardiesse ils savent en user.
Ne tirât-on d'autre conclusion de ce petit volume,
nous ne regretterions pas la sérieuse et appliquante
étude qu'il nous a coûtée. Parmi les théologiens, les
uns attribuent tous les faits hypnotiques à la na-
ture, d'antres au prœternaturet, et un plus grand
nombre les partagent entre l'agent naturel et l'agent
prseternaturel.
CHANTRE I.

TOUT A LA NATURE.

M. Schneider.0

M. l'abbé Schneider, mort en 1893, âgé seulement


de trente-six ans, directeur de l'Ecole Saint-Sigis-
bert, à Nancy, a laissé un remarquable travail in-
titulé L'J~MO<M)Me.
L'hypnotisme, dit-il, appartient uniquement à
l'ordre naturel (1) on peut hypnotiser les animaux
mêmes. Les hommes, à tout âge et en tout état de
santé, sont sujets à l'hypnose; les exceptions vont
tout au plus a un quinzième. Mais en règle géné-
rale, on ne peut être hypnotisé sans son consente-
ment.
De tous les nombreux procédés
employés pour
produire l'hypnose, le meilleur est la suggestion
persuasive adoptée par Bernheim. La suggestion est

(1) C'est aussi ta thèse deM. Guibert, le savant supérieur du


Séminaire de l'Institut catholique de Paris. Voir notre opus-
cule Oft en est !'BMMOtMMM'.
pour ce docteur l'essence et comme la définition de
l'hypnose qui, en dépit de son étymologie, n'est pas
toujours un sommeil. Pour endormir, il n'a qu'à
dire <s dormez, et pour réveiller <: Réveillez-
vous.»
Charcot .a vainement tenté de prouver la régula-
rité des phases de l'hypnose. Bernheim produit,
d'emblée le somnambulisme, où le sujet est maniable
à la suggestion. L'école de Charcot ou de la Salpê-
trière attribue à l'aimant un pouvoir sur le sujet,
dont Bernheim a constaté l'illusion, ce prétendu
pouvoirn'étant qu'un effet de suggestion. Le som-
meil hypnotique, morbide d'après Charcot, ne l'est
pas, d'après Bernheim.
M. Schneider pense, pourtant, que si la suggestion
est le meilleur instrument de l'hypnose, elle est
loin d'être le seul. Les passes, la fixation d'un objet
brillant, etc. peuvent contribuer à la produire.
Tous les phénomènes attribués au magnétisme,
puis l'hypnotisme (une même chose sous deux noms
différents,) M. Schneider a voulu les étudier par
lui-même. Il a constaté l'insensibilité imposée au
sujet, les suggestions immédiates à exécuter dans
le sommeil, ou à terme ilxe après le sommeil,
les suggestions antéhypnotiques ou souvenir men-
songer de choses inventées par le suggestionniste
à l'actif du sujet. Il exprime quelques doutes sur
la stigmatisation par suggestion et les expériences
des docteurs Burot et Bourru, de Rochefort, à ce
sujet, bien que l'hystérie, il en convient, suffise à
produire des effets d'autographisme, c'est-à-dire
qu'un léger attouchement laisse des traces sur la
peau durant des jours consécutifs.
Quelle que soit, d'ailleurs, la force des sugges-
tions, il arrive parfois que le sujet y résiste, même
victorieusement. On en trouve des exemples dans
Giles de la Tourette, Gibert, Pitres, Beaunis, Richer,
Ferré, Dolbœuf. Liébeault ayant suggéré l'amour
de l'étude à un enfant paresseux, celui-ci ne se
laissa plus endormir. M. Schneider pense que ces
docteurs n'avaient pas su s'y prendre et auraient
pu, par des suggestions détournées et successives,
arriver à la persuasion.
Il est absolument incrédule aux faits qui sortiraient
de l'ordre naturel. Tout ce qu'il a pu connaître des
consultations somnambuliques ne lui montre que
fraude < Dénez-vous, dit-il, des somnambules de
foire, même quand ils sont endormis, ce qui arrive
quelquefois.
U ne croit pas à la médication à distance. Il l'a vue
réussir par pure suggestion. Agir, c'est être agissant.
Agir où l'on n'est pas, remède ou homme, est im-
possible.
La suggestion m.6utale n'a pas sa confiance les
expériences d'Ochorowicz, Riclur, Janet, etc., lui
semblent des échecs complets. Les théories appor-
tées pour l'expliquer: vibration de deux cerveaux à
l'unisson, force neurique rayonnante, extériorisation
de la sensibilité, lui semblent des chimères.
La vision à distance et la télépathie doivent être
écartées d'ailleurs les plus vraisemblables des ré-
cits relatifs à ces pouvoirs vrais ou prétendus sont
en dehors de l'hypnotisme.
11 ne se prononce pas sur la lecture <r~)Mopa~M~

c'est-à-dire à livre fermé, ni sur la vision trans-


opaque en général; cependant il cite avec intention
le somnambule qui, selon M. Bonjean, lisait sur les
lèvres de son barnum.
Les prédictions par l'hypnotisme lui semblent
impossibles, bien que, sans être prophètes, des per-
sonnes éveillées soient arrivées, plus d'une fois, à
prédire des événements futurs. L'intuition des pen-
sées et la transposition des sens sont de pures absur-
dités:~ Rien n'entre dans l'âme qu'au moyen des
sens, comme dit le P. Pailloux, rien n'en sort qu'au
moyen des signes. »
Il est vrai qu'il ne croit pas davantage aux pro-
diges spirites et pense que tous Io~ témoins nom-
breux des phénomènes de lévitation étaient halluci-
nés. 11 l'affirme de M. de Rochas, il l'insinue de M. Gi-
bier et de ses co-témoin;i. Il croit aussi Crookes et
ZœMner hallucinés. « On est en droit, selon lui, d'exi-
ger d'autant plus de preuves que les faits sont plus
rares et invraisemblables. – « Vous concluez, dit-il,
comme l'abbé Fiard, que le diable est là-dedans. Eh
bien, non, ce n'est qu'un tour de passe-passe. Vous
prétendez donc expliquer tous les phénomènes hyp-
notiques naturellement? Cela est possible pour
tous les phénomènes avérés. »
II examine alors les états analogues à l'hypnotisme;
la veille suggestible ou la suggestion vigile, le som-
meil naturel, les rêves, dont il fait la physiologie
et la psychologie avec un intérêt captivant. De cette
remarquable étude ou Platon, Aristote et saint Tho-
mas sont mis à contribution, nous ne voulons citer
que ce rêve dont le caractère semble tout naturel à
M. Schneider
Le chirurgien-majorLaurent raconte que huit cents
hommes du régiment de La Tour-d'Auvergne virent
deux nuits consécutives le diable sous l'orme de
chien noir leur passer à chacun sur la poitrine. Il
ajoute que ces soldats couchaient par terre dans un
lieu malsain, entre les derniers murs d'une abbaye
délaissée et hantée, disait-on, par !e démon.
En résumé similitude du sommeil et de l'hypnose;
mêmes procédés pour endormir, mêmes conséquen-
ces, même nature, mêmes phénomènes produits par
les mêmes causes « Le réveil à point nommé, l'ou-
bli, l'influence latente du rêve sur les actions de la
journée, tout se retrouve dans ces deux états Z,t<p-
nose est un sommeil MecrOW.
Mais son analogie avec le somnambulisme non pro-
voqué est encore plus frappante.L'auteur expose tout

(t) Voir page 107 et sfnv.


ce que peut faire un somnambule il rappelle ce
moine qui, en état de somnambulisme, s'en va vers
le lit de dom du Haguet, heureusement assis à
sa table de travail, et croit percer de part en part son
supérieur qu'il voit ou il n'est pas et ne voit pas où
il est.
L'effacement de certains sens, l'hyperesthésio des
autres est mise en relief par des faits bien choisis,
ainsi que la dépression de l'intelligence et de la vo-
lonté, la surexcitation de l'imagination et de la mé-
moire, et il conclut
« Le rêveur, le somnambule, l'hypnotisé sont de la
même famille. Entre le premier et le second, il y a
une différence de plus ou de moins entre le second
et le troiMème,iln'y a que la dinéronee de la na-
ture et de i'art.
L'hystérie aussi est suggestible comme l'hypnose.
C'est même là sa caractéristique. Pitres et Giles de
la Tourette abondent dans ce sens.
Autre analogie dans les différents modes de l'alié-
nation mentale faibles d'esprits, sans idée per-
sonnelle déments sans volonté; maniaques chez
qni l'idée fixe est sans contrôle; mélancoliques
constamment hallucinés; monomanes automati-
ques persécutés devenus persécuteurs, toujours
égalementconvaincus. Le délire, l'hallucination, l'al-
tération de la personnalitésont communs à la folie
et à l'hypnose.
< Une vieille compatriote d'A. Maury s'imaginait
être morte, ce qui ne l'empecnait pas de déguster
son chocolat tous les matins. Elle trouvait cepen-
dant parfois la chose un peu étrange, mais elle
ajoutait simplement « On a fait depuis peu tant de
découvertes qu'il n'est pas étonnant qu'on ait trouvé
le moyen de faire déjeuner les morts. »
L'aliéné est, comme l'hypnotisé, un monoïdéiste,
chez qui la suggestion ou l'autosuggestion est vic-
torieuse parce qu'elle n'est pas combattue.
L'exaltation et la dépression de l'ivresse par l'al-
cool, le haschisch, le chloroforme, etc. ressemblent
aussi à l'exaltationet à la dépression hypnotiques.
Exemple de reviviscence de la mémoire tout à fait
semblable au phénomène hypnotique du même
genre
Myers raconte qu'un nègre complétement ivre
dérobe des instruments de chirurgie. Le lendemain,
il soutient qu'il ne les a pas touchés et les cherche
en vain sans pouvoir les retrouver. Deux jours
après, on le rencontre ivre de nouveau et on lui
parle encore de la perte des instruments. H réfléchit
cette fois, part de suite et, malgré l'obscurité, va
droit les trouver dans une boite ou il les avait ca-
chés pendant la première ivresse.
M. Schneider explique les faits hypnotiques (1)
hallucinationspositives, négatives ou rétroactives,
c'est-à-dire suggestion de choses non présentes ou

(1) P. 242 et sniv.


de la non présence de choses présentes, ou persua-
sion de souvenirs imaginaires, illusion sur la liberté,
multiplication de la personnalité du sujet, toute
subjective d'ailleurs, par cette loi que « toute re-
présentation tend à s'objectiver et s'objective en oilet
si elle n'est pas contredite. » La suite fora compren-
dre mieux cette proposition très concise.
L'hallucination positive, c'est-à-dire la présence
imaginaire de choses ou de personnes absentes, s'ex-
plique en ce que «toute image non contrariée de-
vient sensation. En d'autres termes, à moins d'être
en opposition avec des souvenirs avérés ou des té-
moignages certains, toute image est accompagnée de
la croyance à la présence de son objet.»
Les procédés sont analogues pour l'hallucination
positive ou négative de la mémoire. Il s'agit d'écar-
ter la persuasion de la présence de l'objet ou de faire
naître à côté de l'image qu'il crée le jugement qui
l'objective dans le passé et dans le souvenir. L'illu-
sion de la liberté se produit de la même manière.
L'explication du fractionnementde la personnali-
té est plus compliquée. L'hypnotisé, à la vue de tous
ses changements personnels, ne s'y reconnaît plus
<et sait gré à qui lui donne moyen de s'y recon-
naître. Une explication plausible, l'hypothèse d'un
second moi se présenta tout d'abord. Quoi d'éton-
nant que l'hypnotisé l'accepte puisqu'elle a semblé
bonne à tant de savants hypnotiseurs? »
D'ailleurs on ne peut y voir la preuve de la véri-
table pluralité des Mo~ chez une même personne
qu'en COK/bK~aM!<~'K~e ~M moi avec le moi ~M!M)ëMte.
Quant à l'application de l'hypnotisme à la mé-
decine (1) il guérit certaines maladies, celles que la
suggestion peut atteindre et. à le bien prendre,
les modernes n'ont fait qu'ajouter la méthode à un
moyen curatif que les anciens n'ont point ignore.
Même, d'après M. Schneider, la suggestion a dû
jouer un grand rôle, et ie rôle très principal, dans
les maléfices comme dans les remèdes de la magie.
Il s'applique, d'ailleurs, à montrer l'impossibilité
d'attribuer sériausemeotà la suggestion les mirac!es
de l'Evangile, les stigmates des Saints et les merveil-
les de Lourdes.' Il démontre victorieusement quo
l'hypnotismen'a rien à y voir.
Mais il pense que la suggestion a fait presque
toute la sorcellerie du moyen âge. Il ne voit dans les
sorciers que des malades ou des scélérats « déguisant
leurs méfaits sous lo voile d'une science mysté-
rieuse (2). Le sabbat était chose FMr6~KeK< imagi-
naire (3). Le charme de <ac!<<M'K!/(' tant do fois cons-
taté chez les sorciers au milieu dos tortures pouvait
parfaitementn'être qu'une auto-suggestion,»
«Par suggestion s'expliquent et les maladies ima-
ginaires et les guérisons et les sorts et les philtres et

;tiP.2Mets'nv.
(2) P.~07.
(3)P.S09.
les apparitions d'esprits et jusqu'à ces témoignages
le
avec serment et ces aveux si compromettants pour
sorcier lui-même (1).»
L'hypnotisme peut facilement reproduire toutes
l'aiguillette,
ces scènes de sorcellerie le loup garou,
etc. etc. le breuvage d'épreuve, etc. (2;.
« La part ainsi faite de la méchanceté humaine et
du charlatanisme,ajoute-t-il, des causes naturelles,
de la suggestion par autrui ou par soi-même, que
reste-t-il de la sorcellerie? Y a-t-il un résidu
inexpliqué? (3)»
M. Schneider, sans même prononcer le mot de
pacte, rappelle seulement que « les théologiens con-
damnent la magie ou ils voient l'intervention d'un
agent supérieur malfaisant (4). »
Enfin il conclut au caractère purement naturel de
l'hypnotisme,à la réalité de ses guérisons dans cer-
tains cas spéciaux, mais en même temps à ses dan-
gers pour la santé et pour la morale, soit par la
maladresse ou la perversité de l'hypnotiseur, soit
par les passions ou la faiblesse de l'hypnotisé.
Il ne croit point cette pratique immorale en elle-
même et pense qu'en des cas désespérés elle pourrait
être appliquée à l'éducation. Mais il condamne l'hyp-

(i)P.31i.
(2) P. 312.
(3) P. 313.
(4) Ibidem.
notisation pratiquée malgré le sujet, dans un but,
non seulement de crime, mais encore d'amusement
et de simple curiosité. Il condamne aussi certaines
méthodes inconvenantes d'hypnotisation et les
spectacles forains, souvent aussi immoraux que
dangereux.

Le P. Coconnier.

ï.

Le P. Marie-Thomas Coconnier (1), des Frères


Prêcheurs, professeur de théologie dogmatique à
l'université de Fribourg, fait abstraction de tous les
faits transcendants de magnétisme, qu'il distingue
de l'hypnotisme franc ~t scientifique pratiqué dans
les cliniques des docteurs, et rapporte à l'occultisme
et au spiritisme, sans se porter garant de la réalité
de ces faits étranges et sans paraître même y ajouter
foi.
Les différentes manières d'hypnotiser, depuis l'ap-
pareil éblouissant du docteur Luys (2) jusqu'à la
simple suggestion du docteur Bernheim, les zônes
A~pMo~èMM. de Pitres, ces parties sensibles, din'é-

(1) ~'B~pttotMMe franc. LECOFFRE 2'"° édition, 1898.


~)P.4.
rentes chez les divers sujets, et qu'il suffit de toucher
pour produire le sommeil (1), et les ~K&s hypnofré-
natrices du même, qu'il suffit de toucher pour éveil-
ler le sujet, sont examinées tour à tour. Il met au pre-
mier rang la suggestion sans nier les autres moyens
et il croit que « tout homme sain d'esprit peut endor-
mir certains sujets convenablement disposés en se
servant des procédés somatiques en usage (2). »
Mais tout le monde peut-il être hypnotisé ? Contre
les savants qui, avec Charcot, Paul Richer, Giles de
la Tourette, Babinski, Pitres, soutiennent que tout
hypnotisable est hystérique, et avec Liébault, Ber-
nheim, etc. qui soutiennent que tout ou presque tout
homme est hypnotisable, l'auteur prouve par de
nombreuses statistiques l'aptitude du grand nombre
à subir l'hypnose.
A cette question « Peut-on être hypnotisé malgré
soi ?» des faits nombreuxrépondent que les personnes
déjà hypnotisées, les personnes à sensibilité exagé-
rée ou même celles à sensibilité normale, si ces der-
nières se soumettent comme par défi aux manœu-
vres hypnotiques; enfin parfois des personnes
mêmesaines et robustes qui ne s'y soumettraient pas,
peuvent être hypnotisées (3).
L'hallucination positive, l'hallucination négative,
les illusions des sens, le mouvement ou la paralysie

(2)P.4t.
(t~P.!t.
sniv..
(3) P. 73 et
T.
des membres, l'excitation des passions tristes ou
joyeuses, les mensonges suggérés de la mémoire,
l'asservissement de la volonté, tous ces phénomènes
sont prouvés par des faits nombreux (1).
Pour la suggestion à terme, il cite des expériences
curieuses de Liébault, Liégeois, Durand (de Gros,)
Ch. Richer, de Rochas (2). La vésication par sugges-
tion s'appuie sur des effets obtenus par Focachon en
présence de Liébault, Bernheim, Beaunis, Liégeois
« On pourrait dire, ajoute M. Beaunis, qu'il s'agitt
là d'un fait exceptionnel, qu'on a affaire dans ce cas
à une aptitude individuelle particulière. 11 est bien
évident que ces expériences ne réussissent pas chez
tous les somnambules. Mais le fait d'Elisa n'est pas
unique (3). »
Le P. Coconnier entreprend ensuite ce qu'il ap-
pelle le procès de l'hypnotisme, dont il écarte les
faits merveilleux transmission des idées et connais-
sance à distance, télépathie, vision transopaque;in-
tuition des pensées d'autrui, transposition des sens,
connaissanceet prédiction de l'avenir, envoûtement,
par la double raison que ces faits ne lui semblent
pas prouvés scientifiquement et qu'ils ne font pas
partie de l'hypnose.
n résume ensuite les arguments de l'attaque que

(1)P.97 -120.
(2) P. 12t i28.
(3) P. i29–'i!3.
nous allons voir exposer tout à l'heure par le P. Fran-
co auquel il les emprunte comme au plus mar-
quant des adversaires de l'hypnotisme et il s'attache
à prouver, d'après les défenseurs connus de l'hyp-
notisme, en attendant qu'il le fasse d'après ses études
personnelles, l" Que l'hypnotisme franc n'est pas im-
moral, 20 qu'il n'est pas nuisible et malfaisant,
3° qu'il n'est pas diabolique.
H soutient sur de nombreuses autorités que l'hyp-
notisme n'est pas une maladie; qu'il se produit par
des moyens appropriés et non par n'importe quels
moyens, que toute maladie sans prodrome n'est pas,
comme le prétend Franco, une maladie extrana-
turelle etquecette seule circonstance ne prouverait
pas le caractèreprseternaturel de l'hypnotisme que
le P. Franco, en concluant de la fausseté des deux
théories, la théorie subjective de Bernheim attribuant
tout à la persuasion du sujet et la théorie objective
de la Salpêtrière attribuant tout à la puissance de
l'hypnotiseur, le caractère pra~ternaturel de l'hypno-
tisme, raisonne mal, et qu'il y a dos moyens termes
entre l'une et l'autre. Le P. Franco a tort aussi
de prétendre que iout changement physique dans
l'homme doit avoir une cause physique car il est
avéré qu'une cause morale y suffit quelquefois
que l'immoralitéattribuée à l'hypnotisme tient à des
circonstances accidentellesqu'il est aisé d'en écarter.
Enfin aux nombreux accidents causés par des
charlatans il oppose les bienfaits nombreux de
Bernheim et des autres docteurs (1) guérisons
physiques et morales sans nombre, paralysies dis-
parues, vices corrigés. Mais nous avons hâte d'ar-
river aux études personnelles de l'éminent domi-
nicain.

III.

déclaré de l'hypnotisme, mais regrettant


Partisan
que ses fauteurs aient donné plus de place aux faits
qu'aux raisons, il ne veut prendre l'hypnotismeque
dans la pratique des véritables maîtres. Il constate
avec Bernheim que ~on caractère contant n'est pas
le sommeil, mais la suggestibilitë, soit dans le
sommeil naturel ou provoqué, toit dans la veille. Et
la suggestibilité est la propriété de pouvoir être
impressionné par «ne image suggérée verbalement,
an point d'objectiver et de réaliser ce que l'image
représente. « Voici une fleur, cueillez-la; voici un
serpent, Juyez-le. Et le sujet cueille aussitôt la
fleur imaginaire ou fuit le serpent suggéré comme
un serpent réel.
Mais l'imagination seule a été atteinte par la
parole humaine. Dieu seul peut influencer direc-
tement la volonté; l'homme ou le démon lui-même
ne peut agir directement que sur l'imagination.

()) P. 166 à 243.


Examinant ensuite la moralité de cette pratique,
le P. Coconnier se demande si c'est un acte bon ou
mauvais ou indin'érent.
L'acte moral est spécifié par son objet. Or ici
l'objet n'est point essentiellement bon; mais il n'est
pas plus défendu qu'il n'est permis; il est indif-
férent comme le rêve et l'état du rêveur; il est apte
au bien ou au mal, comme les passions (1). L'hypnose
n'a donc rieh en soi qui soit répréhensible (2).
Peut-il être permis de perdre volontairement sa
raison ? La faculté même ? non. Mais il est permis
d'en perdre l'usage pendant quelque temps pour un
plus grand bien (3).
Est-il permis de perdre sa liberté? Oui, comme sa
raison. Radicalement, non mais on peut en perdre
momentanément l'exercice (4).
Mais le sujet se met à la disposition d'un agent
extérieur. Mais tout dormeur est sous la dépen-
dance d'agents extérieurs (5). Et le sommeil naturel
peut être aisément transformé en sommeil hypno-
tique. nommément par l'application d'une plaque
chaude sur la nuque.
L'hypnose ne prive donc pas le sujet de chose due

(i) P. 265 et préc.


(2) P. 267.
(3) P. 271 et suiv.
(4) P. 273.
(5) P. 278.
partout et toujours à sa nature, en le soumettant à
un agent extérieur. Donc pas plus pour ce motif
que pour la perte momentanée de la raison et de la
liberté, l'hypnose n'est pas en soi condamnable (1).
Elle guérit d'une folie, d'un cauchemar selon
le désir du sujet éveillé qui a imploré l'art des
Bernheim. Et cet art ne fait-il pas acte de charité ? (2)
S'il est parfois dangereux, ainsi le sont tant de
substances médicinales et autres « L'usage de ces
forces est interdit à quiconque n'a pas appris la
manière de les employer utilement. Il n'est pas
interdit en soi, illicite en soi (3). Donc, pourvu
que l'hypnotisme ne soit pas diabolique, il n'est pas
immoral (4).
Le P. Coconnier va plus loin il montre d'après
saint Thomas qu'il y a des actes ordinairement mau-
vais qui peuvent être permis en certaines circons-
tances et que l'hypnotisme pourrait bénéficier de
cette exception. Les circonstances, en effet, peuvent
'changer l'espèce mêms d'un acte. Par exemple,
refuser de rendre un dépôt est un mal mais, c'est
un bien si la sûreté de l'État l'exige. Ainsi l'hyp-
notisme fût-il mauvais, pourrait devenir bon dans
certaines circonstances (5). Par exemple, quels que

(1) P. 280.
(2) P. 288 et sniv.
(3) P. 285.
(4) P. 289.
(5) P. 290-299.
puissentêtre ses inconvénientsphysiques et moraux,
il devient bon quand M. Liégeois guérit une pauvre
femme de l'idée du suicide. Ici se trouve encore
appliqué le principe de saint Thomas « Nul homme
prudent ne peut consentir à une perte s'il ne doit
trouver une compensation dans un bien égal ou
supérieur à celui dont il se prive (1). » Elle a perdu
momentanément sa raison et sa liberté pour se
débarrasser d'une obsession presque invincible.
« De deux maux il faut choisir le moindre. » C'est
en sacrifiant leur liberté que des infortunés ont été
guéris par l'hypnotisme de l'ivrognerie, d'habitudes
vicieuses, de troubles fonctionnels, de douleurs et
même de déformations des membres (2).
Donc, même si l'hypnotisme était radicalement
mauvais, on pourrait lui appliquer encore le prin,
cipe de saint Thomas « Quelquefois une simple
circonstance introduite dans l'objet de l'acte humain,
apporte au regard de la raison une dUTérence essen-
tielle et donne à cet acte une nouvelle espèce (3).
IV.

C'est aussi dans la psyehotojrie aristotélicienne et


thomiste que l'émment théologien trouve, après la

(i)P.3M.
(2) P. 306-3U.
(3) P. 311.
moralité de l'acte hypnotique, l'explication de la
nature de l'hypnose.
« Un fait, dit-il, ou un ensemble de phénomènes
qui a dans la nature de l'homme sa raison d'être et
sa cause suffisante n'est pas de soi prœternaturel et
diabolique. » Or tel est le caractère de l'hypnotisme.
Le premier des sens internes est le ~Mo~MtMt com-
MMtKS ou sens commun qui compare entre elles et unit
les sensations; l'imagination, faculté organique et
non purement intellectuelle, les conserve et les
reproduit; la mémoire les situe dans le temps. 11 y a
encore l'estimative, faculté rudimentaire d'appré-
ciation, qui nous est, ainsi que l'imagination, com-
mune avec les animaux supérieurs. Telles sont les
facultés de connaissance. Ajoutons-y les facultés de
tendance appétit naturel et appétit électif 0)t
volonté (1).
Le P. Coconnier établit avec saint Thomas le rap-
port continuel de ces facultés avec les faits physio-
logiques et il constate que d'Aristoto à nos docteurs
médecins d'aujourd'hui la terminologie seule a
changé dans l'expression de ces rapports (2).
Les causes externes suspendant ou appliquant
l'attention, un simple déplacement de sang détermi-
nant l'imagination à former telle ou telle image et
nous faisant prendre parfois, comme dit saint Tho-

(i)P.3i3etsuiv.
(2)P.s25etsuiv.
mas, les images des choses pour les choses mêmes,
c'est ce que tous les temps ont observé, et M. Taine
traduit Aristote sans le savoir lorsqu'il dit < Pour
que l'image soit reconnue comme intérieure, il faut
qu'elle subisse le contrepoids d'une sensation; ce
contrepoids manquant, elle deviendra extérieu-
re (1). » C'est ce qu'on a dit encore en d'autres ter-
mes « Toute sensation ou image non contredite
tend à s'objectiver. r·
Le P. Coconnier apporte à l'appui de sa thèse des
anecdotes personnelles que les limites imposées à
notre travail nous interdisent de reproduire, mais
qu'on lit avec un vif intérêt. Et il ajoute « Le mou-
vementet l'action suivent toujours le désir, dit saint
Thomas, et nos physiologistes « Toute cellule
cérébrale actionnée par une idée tend à réaliser
cette idée en mettant en activité les fibres nerveuses
correspondant à sa réalisation. L'idée tend à se faire
acte (2). »
Le P. Coconnier montre l'application de ces prin-
cipes à l'hypnose en décrivant, d'après les maîtres,
tant psychologues que physiologistes, d'Aristote à
Marie de Manac~'ne (3), qui le définit le repos de la
conscience, le sommeil naturel, si peu connu encore,
mais assez connu du moins pour établir ses rapports
avec le sommeil hypnotique.
(1) P. 340.
(2) P. 346.
(3) P. 351.
Le premier réduit notre activité sans la supprimer.
entendent
« Ceux qui dorment, disait déjà Aristote.
parfois les questions et y répondent. L'excitation
des organes périphériques, ont observé Claude Ber-
nard et autres, modifie très visiblement le cerveau
du dormeur (1). Mais un fait remarquable, c'est que
certains endormis ne voient et n'entendent que cer-
taines personnes et certaines choses. On dit alors
que leurs perceptions sont électives (2).
« Ce qui est essentiellementaboli, a dit M.
Mathias
Duval, c'est la coordination normale des fonctions de
relation ~). » Il s'ensuit que la puissance de l'imagi-
nation est portée à son comble durant le sommeil et le
P. Coconnier n'a pas de peine à montrer le parti que
des hommes tels que Bernheim en peuvent tirer (4).
Mais ce qu'il y a de plus curieux peut-être est la
manière dont la force suggestive de Bernheim est
expliquée à l'avance par Aristote, Albert le Grand et
S. Thomas (5). Il faut, dit ce dernier, pour qu'un
mouvement s'exécute, l" que l'imaginationreprésente
le mouvement à exécuter, 20 qu'elle le représente
comme un bien, 3° que ce bien soit actuel, c'est-à-
dire actuellement réalisable (6).

(i) P. 352.
(2) P. 353.
(3) P. 362.
(4) P. 363 et MM.
(5) P. 372 et MM.
(6) P.374.
Et le savant Frère Prêcheur nous montre les lois
naturelles fonctionnant dans la suggestion, les sens
impressionnés selon leur aptitude ordinaire, l'asso-
ciation capricieuse des idées dans les songes obéissant
elle-même à des règles, larges sans doute, mais
constantes; les images évoluant de la périphérie or-
ganique au cerveau, puis du cerveau à la périphérie
(!) observation faite aussi bien par la vieille sco-
lastique que par la physiologie moderne.
Ces observations montrent quant aux vésica-
toires et aux stigmates par suggestion 1° que l'ima-
gination à elle seule est capable de produire en cer-
tains sujets de pareils résultats 20 que les grands
théologiens de toutes les écoles l'ont reconnu
3° qu'on peut dans une certain mesure s'en rendre
compte.
Après cela, les conclusions du R. P. Coconnier se
devinent aisément. 1° L'hypnose est en définitive un
état analogue au sommeil, ou l'activité physique est
dirigée du dehors par la suggestion verbale.
2'* L'hypnose, telle que nous l'avons définie, n'est ni
prœternaturelle ni diabolique. 3" Elle n'est pas essen-
tiellement malfaisante. 4° Elle est permise quelque-
ibis. 5° Elle est incapable d'étendre la portée de
l'esprit humain. Les hypnotistes n'influencent que
l'imagination. 7* La thérapeutique subjective est
bornée aux troubles fonctionnels.
(i)P.392.
<2)P.2MetS)UV.
CHAPITRE JL

TOUT AU PR~ETERNÀTUREL.

Le P. Franco.

Le P. Franco, savant jésuite romain, rédacteur ue ih


CtNtM~ MMoKeo, a formulé dans une série d'articles,
publiés ensuite en un volume sous le titre de L'Hyp-
notisme reoenu à la Mo~e (1), ses doctrines sur l'hyp-
notisme. La 2"' édition s'en lit en France dans la tra-
duction très fidèle et très vivante de M. l'abbé
Moreau.
L'impression produite en Italie par les exhibitions
de Donato et les expériences du docteur Zanardelli
à Rome furent le point de départ des études du
P. Franco. Il était alors fortement question de l'eau
magnétisée avec laquelle le docteur Lefèvre, profes-
seur à l'Université de Louvain, guérissait les

(t)f.'jMMfMmotot~t<t(o<Hmo4a.
crampes d'estomac et les vomissements d'une
malade (3).
L'amiral marquis Gicquel des Touches écrivait le
20 mars 1848 au P. Franco le fait suivant dont il
avait été spectateur et acteur en 1847, étant à bord
du Friedland comme aide do camp de l'amiral
Tréhouard.
Il vit un ecclésiastique nommé Leray, qui de-
puis hélas! devint un mauvais prêtre, (et qui
l'était peut-être déjà) il le vit, dis-je, a'i moyen d'un
ordre mental précédé de quelques passes, jeter et
clouer sur le parquet, sans l'endormir il est vrai,
le médecin du bord, M. Gardrat, incrédule au ma-
gnétisme. Il lui fit lever les jambes et les bras qui
se raidirent si bien qu'il fut obligé de se faire ôter
des lèvres sa cigarette qui lui brûlait la bouche.
Puis étant sorti de la chambre avec un officier, il
fit faire au docteur en présence des spectateurs
qui y étaient restés tous les exercices les plus
étranges. De retour dans la chambre, sur l'avis de
M. Gicquel des Touches, il rendit insensible au cha-
touillement ce médecin qui ne pouvait en entendre
parler sans fuir. De ce moment le docteur fut con-
verti au magnétisme (1).
Le P. Franco cite plusieurs médecins d'asiles

(t) P. 4'i. Rapport du 21 avril 1888 à l'Académie de méde-


cine.
(2) P. 4?.
italiens qui hypnotisaient leurs fous, bien que les
docteurs de Nancy proclament la grande difficulté
ou même l'impossibilité de soumettre les aliénés à
l'hypnose (2). 11 cite aussi nombre de suggestions à
échéance et de suggestions criminelles, comme celle
du député Cortello Fusco extorquant par l'hypnose
à l'ex-clerc Paolo Conti l'aveu écrit d'une fraude
imaginaire et le présentant à un tribunal comme
un document (1). Il raconte des femmes déshonorées
parleur docteur dans la crise hypnotique (2). Il cite
de nombreuses suggestions inhibitives celle de
M. Féré rendu invisible à une de ses malades (3),
celle d'une cliente de Liégeois qui avait oublié, en
état d'hypnose, «si elle était vivante ou morte,
homme ou femme, mariée ou non, mère de famille
ou sans enfant. Elle répondait à ces questions « Je
ne sais trop (4). »
Une malade de P. Richer, femme très respectable,
jouait ses divers rôles de général, de prêtre, de reli-
gieuse, et même d'actrice aux mœurs dévergondées,
avec le plus grand naturel.
II.

Après cet exposé de faits commence la thèse du


(1) P. 51.
(2) P. 60.
(3) P. 61.
(4) P. 6~.
(5) P. 63.
P. Franco. L'hypnotisme est certainement âne mala-
die. Ainsi l'ont considéré Braid qui y voit un état
particulier dit ~<è/y:s qui la traite
M~rpeMa?, Richer
comme MM AaM< ~~<e~Mte, avec trois ou quatre
phases (t) Charcot qui l'appelle une Meoro~g expé-
ftMgH~ Mosso qui la nomme MKë exagération
morbide des phénomènes physiologiques le conseil
supérieur de santé siégeant à Rome, qui l'appelle
MKe MeMt'o/M</tO~!e(2).
Selon le P. Franco lui-même, «la perturbation
nerveuse de l'hypnotisé est tellement évidente que
pour la nier il faudrait s'arracher les yeux. » Con-
vulsion tonique, amnésie, aboulie, hallucination,
épilepsie, catalepsie, somnambulisme forcé, qu'est-
ce que cela sinon maladie (3)? 11 cherche donc
comme dans toute maladie, d'abord l'étiologie ou la
cause puis le diagnostic, et enfin la prognose on
pronostic, et d'après tout cela, la thérapie ou trai-
tement.
La cause? Des deux écoles subjectives et objec-
tives déjà distinguées nettement par Braid, de colle
qui attribue la maladie hypnotique à l'opération du
docteur et de celle qui l'assigne à la suggestion
acceptée par le sujet, laquelle a raison? Aujourd'hui
les différents fluides imaginés par Mesmer, Charpi-

(t)P.99.
(2) P. 101.
(3) P. 101.
gnon, Constantin James, Guerres, etc. sont abandon-
nés. La dualité du cerveau de Gregory n'a pas de
base.L'autohypnotisme a-t-il plus de valeur?~ « Le
consentement de la volonté n'est pas cause physique
d'effets physiques (t).»Et que dire alors du sommeil
ordinaire changé en sommeil magnétique ? Oii est le
consentement? Voilà donc une maladie sans étiologie.
Il est difficile et même impossible d'admettre que
les actes hypnogéniques si variés objet brillant,
souffle, passes, etc, etc. i-ont toujours en eux-mêmes
la cause du sommeil, puisqu'on a vu la même ma-
nœuvre, le souffle, endormir autrefois, réveiller
aujourd'hui (2). Fascination, prédisposition, mots
vides « Je soutiens, dit Hraid, que l'opérateur fait
comme un mécanicien qui mettrait en action les
forces de l'organisme du patient.» – « On com-
prend, répond le P. Franco, que rien qu'en tournant
une manivelle, on mette en mouvement un train
de soixante wagons; mais il faut que la chambre du
moteur soit remplie de vapeur, et à haute pression.
Dans le cas de l'hypnotisé, au contraire, la disposi-
tion à le lancer dans les phénomènes hypnotiques
est une pure invention imaginaire, une chimère.
Et par conséquent, malgré tous les efforts de
l'hypnotiseur pour chercher à l'éveiller, il ne dé-

~t) P. 109.
(Z)P.iMetsniv.
vrait, naturellement parlant, en tirer aucun phéno-
mène (1).»
Braid, en effet, raconte lui-même avoir hypnotisé
à Manchester quatorze adultes du sexe masculin,
d'une bonne santé, inconnus d'ailleurs, et que
dix sur quatorze restèrent endormis. A Rochdale, il
en réussit dix-huit sur vingt.
Le P. Franco conclut donc que l'hypnotismen'a pas
de cause proportionnée. Aussi Braid et Charcot con-
fessent eu ignorer le modus operandi (2).
Ses phénomènes accusent d'ailleurs l'élément sur-
naturel en ce qu'ils sont imprévus et dépendent de
la volonté humaine.(3).Toutes les maladies naturelles
ont leur prodrome « Produire instantanémentun
ensemble de désordres effrayants dans toute la ma-
chine et le dissiper instantanément, c'est ce qu'on
n'a jamais vu. »
On compare l'effet de l'hypnotisme à celui de l'o-
pium, de l'alcool, etc. Mais loin d'avoir, comme ces
poisons, ses effets spéciaux, il réunit leurs effets à
tous. Le P. Franco pense que cet ensemble des effets
de dix poisons, celte orgie effrénée de l'imagination et
des facultés mentales ne peut s'obtenir par simple
suggestion (4).

(i)P.ilS.
t2)P.i81.
(3)P.i23.
(4)P.127.
Et«comment accepter ce mystère d'une cause phy-
sique qui, posée par un individu, opère, posée par
un autre est inefficace ? Donc entre l'hypnotiseur et
le sujet il y a un lien secret, il intervient une force
inconnue (i). » « Et ce qui obéit passivement, ce
n'est pas seulement la volonté, ce sont les nerfs, les
muscles, tous les systèmes vitaux il y a donc, outre
la parole suggestive, une cause latente et opérante
d'une force inéluctable (2). »
Le fait de la suggestion ou de la volonté ne com-
porte pas la guérison d'une maladie il faut que la
cause physique y soit. Or ni la suggestion ni la vo-
lonté d'autrui n'ont la force de faire naître ces causes
physiques. Donc il y a une autre cause qui produit
cet effet à la volonté de l'hypnotiseur (3).
< La prognose n'est pas
naturelle, parce que le
mal se termine, non suivant le développement phy-
sique des symptômes, mais bien selon la libre volon-
té de l'hypnotisant. Enfin le moyen curatif du
souffle ou du chatouillementn'est pas naturel, puis-
qu'il dissipe, et cela en un instant, une maladie
réelle et souvent incurable (4). »
Le P. Franco prouve par la doctrine des médecins
rap-
que l'hypnotisme nuit à la santé (5). Lombroso

(t) P. 128.
(2) P. 131.
(3) P. 134 et suiv.
(4) P. 143 et 144.
(5) P. 144-164.
porte un grand nombre de cas de maladies graves et
de folies causées par l'hypnose. De tous les médecins
italiens, il n'y en eut que deux, Morselli et Verga, à
nier ces effets.
L'hypnotisme est profondement immoral. Il fait de
l'homme une machine, une proie 6rM<e, comme parle
Lombroso (i). Il le rend capable de tous les actes cri-
minels, sans qu'il puisse s'en défendre. Le ~'M~~M~y
américain, les reptoah sont une espèca d'hypnotisme
dont le caractère prœternaturel est évident (2). « Le
~<<tA des Malaises est une sorte d'hypnotisme ou les
femmes de soixante-cinq ans se conduisent comme
des coureuses de vingt ans, » selon l'expression du
docteur Vizioli qui compare au ~s/t les sennes
d'hypnotisme dont il a été témoin.
Telle est la première partie de l'j!/HM<MMM<o)*Ma;<o
di moda, destinée à tout le monde. La seconde est
pour les chrétiens seuls.

in.t.

U y a des pratiques hypnotiques qui sont certaine-


ment impies la pénétration des pensées d'autrui, la
divination de l'avenir, la vue des objets ou des faits
éteignes (3).

(1) P. 173.
(~) P. 184.
(3) P. 184.
Lombroso, et avant lui Pierre Janet, Gloy, Ch. Ri-
cher ont constaté « la vision et ià transmission de la
pensée à distance. » Campili les admet aussi et pré-
tend les expliquer par le mouvement mécanique
Ces faits sont illicites (1), parce qu'ils sont prœter-
naturels, Dieu seul lit directement dans nos pensées
et les anges les devinent avec une pénétration très
supérieure à la nôtre, d'après des signes subsistants.
Nous ne connaissons pas, objectera-t-on, toutes
les forces de la nature. C'est vrai, mais quand les
lois connues sont évidemment violées, le prœterna-
turel est prouvé (2).
Campili croit que la pensée peut être saisie sans
parole, parce qu'elle n'est qu'un mouvement
moléculaire dans le cerveau et dans la périphérie
du corps. Mais le seul Fait de la liberté de la pensée
prouve qu'elle est tout autre chose je puis à mon
gré penser à une chose ou n'y pas penser le choix
est-il donc aussi un mouvement moléculaire ? Il est
vrai que Campili nie toute liberté humaine. Huxley
suit à peu près la même théorie et voit dans la pen-
sée une oscillation qu'on peut saisir sans que les
enveloppes et les parois du cerveau l'aient pu
arrêter (3).
Mais s'il s'agit là d'un fait simplement physique,

(l)P.<9t.
(a)P.iM.
(3) P. 200.
comment toute autre personne placée dam la même
sphère de vibration ne communique-t-elle pas fata-
lement sa pensée à l'hypnotisé (1) ?
Chiaf, Hattandier donnent des hypothèses analogues
aussi gratuites que celle des vibrations de la lumière
et du son est plausible (2).
Franco prouve contre le docteur Campili l'impos-
sibilité naturelle de la vision transopaque. La trans-
position des sens attestée par Heidenhan, Vizzioli,
Cervello, Ralfaelli, Carmagnola, Despine, Frank,
etc. est une impossibilité matérielle, une illusion,
par conséquent un fait qui n'appartient point à
l'action de l'hypnotisé.
Pourquoi Dieu, demande le P. Franco, aurait-il
donc créé des organes si ingénieusementexclusifs et
spéciaux pour qu'on pût se servir d'eux indifférem-
ment et les permuter entre eux (3) ? De tels prodiges
seraient indignes de Dieu, de tels prestiges sont
dignes des démons.
Les phénomènes d'aliénation variant au gré de
l'hypnotiseur et les suggestions à échéance ainsi que
la médication à distance lui paraissent également
praiternaturels (4). Tous ces phénomènes sont donc
illicites. Mais il va plus loin et pense que les plus

(1) P. 201.
(2) P. 202.
(3) P. 222.
(1) P. 224-226.
simples faits hypnotiques sont praeternaturets. Voici
ses raisuns.
L'hypnotisme est un rameau détaché de l'arbre du
spiritisme dont il conserva les pratiques jusqu'à
Braid qui essaya de le laïciser (1).
Secondement, il n'y a qu'une seule cause pour les
effets naturels ou praeternaturels, puisque ceux qui
cherchent et obtiennent des etiets vulgaires pour-
raient également obtenir des enets transcendants
s'ils les cherchaient. Il -ionclut donc au même
auteur (2).
Troisièmement même les plus simples phéno-
mènes portent des traces de prsetornaturel témoin
leur instantanéité, leur mutabilité, leur dépendance
de la volonté. Ils font donc soupçonner un agent en
dehors de la nature (3).
Quatrièmement ils ont deux cachets diaboliques
le mal physique et le mal moral de la créature
humaine.
Cinquièmement la tendance impie et matéria-
liste de la plupart des hypnotisés, leur soin de vou-
loir attribuer à un magnétisme naturel les miracles
des livres Saints et de Jésus-Christ lui-même aussi
bien que les prestiges démoniaques de tous les

(l)P.23i.
(2) P. 232.
(3) P. 233.
~t)
temps
Lnlt-1·valo.nr.
c'est là un trait de
im.a
1'1_1.~7.. nature
-'1- l'adversaire de la 4., ».v

humaine (1).
Sixièmement l'intervention diabolique étant sup-
posée, tout l'hypnotisme s'explique clairement.
« Quand une clef entre dans une serrure, ouvre et
terme, c'est signe qu'elle correspond aux ressorts de
la serrure et qu'elle est la vraie clef. Or tel est ici
le cas de l'explication prseternaturelte et d'elle
seule (2).
Le P. Franco, d'après ces données, ne peut
regarder comme licites même les plus simples phé-
nomènes hypnotiques, à commencer par le sommeil.
Cependant il admet que des théologiens qui trou-
veraient en faveur de ces pratiques des raisons à
lui inconnues les permettent. Mais il adjure les
simples fidèles et les médecins d'éviter ces pratiques
dangereuses(3).

IV.

L'ouvrage se termine par un exposé de la théori&


chrétienne relative à l'intervention diabolique. IL
expose la nature inamissible des anges déchus, la
grâce perdue, la méchanceté confirmée, la hié"
rarehie des démons soumis forcément aux plus

(i)P.236.
(2) P. 240.
0) P. 240.244.
1VU1 l1V J:.&¡:.cI_
intelligents et aux plus méchants des anges révoltés,
l'aptitude démoniaque à nuire, leur habile simu-
lation des miracles divins par leurs prestiges et du
don de prophétie par leurs puissantes conjectures,
leur science naturelle de toutes les causes physiques,
leur intuition supérieure à toute notre logique,
leur force d'attention toujours infatigable; leur
facilité à devinor par des indices variés nos pensées
qu'ils ne sauraient voir en elles-mêmes.
Us peuvent nous donner par leur science des
maladies et ils peuvent les guérir, nous tenter,
posséder no~ corps, les mouvoir, les suspendre
mécaniquement dans les airs.
Il est vrai que l'exorcisme peut parfois les chasser,
mais il n'a pas comme les sacrements un pouvoir
certain. Us se montrent parfois sous une forme
visible, poussent les hommes aux vaines recher-
ches destinées à obtenir leur intervention, font
réellement dos pactes avec eux et les exécutent
souvent, dans l'intérêt do leur propre orgueil et du
mal des humains; et, en vertu do ces pactes, ils
peuvent, quand Dieu ne l'empêche pas, causer tous
les maux et même la mort aux victimes désignées.
L'Eglise enseigne tout cela.
Ils se font aimer quand ils le peuvent, réglant
d'ailleurs leur conduite d'après les temps et les
lieux, c'est-à-dire d'après les hommes qu'ils ont en
vue. C'est ainsi que, s'ils ont affaire à des savants
obstinés, ils simulent la nature au lieu de simuler
les miracles.
Le rituel aussi nous montre (1) les démons donnant
des maladies et les voulant faire passer pour
naturelles: Conantur persuadere infirmitatem esse
naturalem (2).
Les révélations des saints nous apprennent que
les démons apparaissent tantôt comme une âme du
purgatoire, tantôt comme un bon ange ou comme
un~saint. Or tout cela se trouve dans l'hypnotisme. Les
procédés hypnotiques, impuissants en eux-mêmes à
déterminer tant de phénomènes disproportionnés à
leur cause apparente, ne sont qu'un signe de pacte
sur quoi le démonmet en œuvre les causes naturelles
pour produire les ea'ets demandés. Car il y a des
pactes tacites qui sont souvent la continuation d'un
pacte formel fait par les prédécesseurs dont ou
renouvelle les pratiques parce qu'on en a vu l'ef-
ficacité. C'est alors un recours implicite, mais réel,
au démon.
Aussi les physiologistes cherchent-ils vainement
à expliquer les symptômes hypnotiques la théorie
chrétienneseule les explique. C'est ainsi que certai-
nes hypothèses scientifiquesgont et restent gratuites,
parce que tous les faits d'un même ordre ne peuvent
cadrer avec elles. D'autres hypothèses s'ajustent à

(i) De exorcizamdis obsessis.


(2) P. 273.
tous les faits observés et celles-là constituent la
s cience. Or on voit aisément à quel genre appar-
ti ennent les hypothèses du naturalisme et à quel
genre celles de la théologie.
Voilà la théorie qu'avec une logique tenace et
une éloquence émue le Franco développe dans
l'Ipnotismo tornato <K moda. Il a d'ailleurs une
vivacité pleine d'à-propos dans les réponses aux
objections. Si on lui dit, par exemple, que les
nourrices s'y prennent comme Braid pour endormir
leurs nourrissons, il répond « Oui, mais elles ne
les endorment pas du sommeil hypnotique. »

M. Elie Blanc.

Parmi ceux qui ont partagé les idées du P. Franco


sur l'hypnotisme,sans reparler du R. P. Touroude(l)
nous citons seulementM. Elie Blanc, (2) docteur en
théologie et professeur de philosophie scolastique.
Se fondant sur des faits racontés par Bernheim et
Liégeois, il voit dans l'hypnotisme un attentat sans
excuse à la liberté humaine. « Dieu, dit-il, respecte
infiniment notre liberté intime. Or ce que Dieu ne
fait pas, comment la créature aurait-elle le droit de
le faire ou de le tenter ? (3) s

(i) ~B~pMottfte, «MpMMont~M et ses d<Mt~'f<.


~) L<t ~M~~ftOM ~pMott~Me, Lyon, E. VtTTE 1898.
(3) P. 3t.
Selon lui, l'hypnotiseur ne peut agir par lui-même
sur les facultés d'autrui parce qu'il ne connaît pas
leur siège exact ni surtout les conditions de leur
exercice. Il serait donc l'instrument d'un esprit qui
se joue de lui et du sujet.
M. Blanc demande, en particulier, comment, dans
la suggestion à échéance, un homme peut prendre
sur le cerveau d'autrui cet empire despotique qu'il
n'a pas sur lui-même. Il y soupçonne un agent mys-
térieux et ne. croit pas qu'il y ait deux sortes d'hyp-
notisme celui qui ~est franc et celui qui ne l'est
pas et qui serait à l'autre ce que l'alchimie est à lachi-
mie il ne voit dans tous les phénomènes somnam-
buliques simples ou prodigieux ~M'MKe série par-
faitement liée oit toute division serait arbitraire. Il
reconnaît parfaitement les forces naturelles en jeu
dans l'hypnotisme psychologie, physique, physio-
logie, mécanisme, automatisme. « Mais il s'agit de
savoir s'il n'y a pas des agents supérieurs qui s'en
servent (1). »
La série continue dont on parlait tout à l'heure
se poursuit encore, en effet, dans le spiritisme et
dans l'occultisme. Donc si tous les faits d'hypnotisme
ne sont pas toujours diaboliques, ils sont toujours
suspects. Sans quoi ferait-on tant de difficulté d'y
recourir dans les cas difficiles et en particulier

ti) P. 50.
aans t. éducation s A peine un uocteur israeum a-t-~
osé proposer de l'appliquer aux pénitenciers seu-
lement. « C'est ici que la conscience des parents et
des maîtres corrige leur raison. »
Au pis aller, il faudrait préférer à ce moyen cer-
tains remèdes matériels qui agissent indirectement
sur l'âme. Mais il serait insensé de vouloir substituer
de pareilles pratiques à la sage direction du libre
arbitre. Il ne croit pas, d'ailleurs, à l'avenir de
l'hypnotisme, qui sera sans doute abandonné par les
catholiques, comme les tables tournantes, et l'on
n'y verra plus qu'MK.;e:t Mtpsrs~MM~.
11 condamne donc absolument l'hypnotisme et à

ceux qui, à un titre quelconque, seraient obligés


d'y participer par leur présence, il recommande
l'emploi des moyens religieux l'intention absolue
du bien, l'état de grâce, la prière, les médailles,
l'eau bénite. <:Nous savons par de~ témoignages
certains que des tentatives faites sous ces garanties
ont absolument échoué.~»
C'est à propos de l'antagonisme de M. l'abbé Blanc et
du P. Coconnier que le docteur Surbled, auteur de
nombreux ouvrages physiologiques et philosophi-
ques très sérieux et collaborateur distingué de plu-
sieurs revues chrétiennes, a cru résoudre la ques-
tion par ce jugament sommaire
« L'hypnose est une pratique qui, sans être diabo-
lique et essentiellement mauvaise, présenta de
graves dangers pour la santé physique et morale. Il
ne nous paraît pas bon de s'y livrer ni de la recom-
mander, mais il n'est pap nécessaire de l'interdire
absolument, il suffit de s'en méfier (1). »

(1) Science catholique.


CHAPITREIII.

PART A LA NATURE, PART AU PR~ETERNATUREL.

M~Mëric.

I.

Parmi ceux qui ont étudié l'hypnotisme dès la


première heure et qui l'ont suivi jusqu'aux dernières
expériences, nul n'a été plus complet que Mgr Mé-
ric. Loin de se circonscrire, comme le P. Coconnier,
dans l'hypnotisme franc, il a su le voir avec toutes
ses-greffes. Il s'est appliqué à poser le problème in-
tégralement sans jamais vouloir sacrifier l'un à
l'autre l'ordre naturel ou l'ordre prœternaturol. Il
fait, d'ailleurs, assez large la part de la simulation
que lui-même a constatée dans la clinique même
de Bernheim (1).
D'ailleurs il est évident que l'influencehypnotique
ne peut s'exercer directement sur l'âme « Toutes
ses opérations, si élevées qu'on les suppose intelli-
gence, mémoire, imagination, volonté, désir, ont un

(1) P.26.
organe, souvent inconnu et mystérieux, mais tou-
jours réel, dans le système nerveux cérébral (1). »
Il insiste sur les harmonies mutuelles des organes
Braid ferme le poing au sujet et produit par
cela même sur sa physionomie les signes de la
colère (3).
Mgr Méric a suivi de près les expériences des
Charcot, des Bernheim et d'autres maîtres de l'hyp-
notisme. Pour ce qui est des phénomènes corporels, il
a remarqué chez les hystériques la ~~y~t; cubitale et
la~f radiale, signes nerveux évidents d'une
crise non simulée, et le transfert d'un côté à l'autre
par l'aimant, mais il ne peut dire si c'est l'aimant
ou la suggestion qui opère ce transfert. Son opinion
flotte dans le même doute sur les points hypnogènes.
Il ne croit pas à la régularité des crises hypnotiques
décrites par Charcot.
Pour c" qui est de l'esprit, il a observé la sugges-
tion positive et négative, c'est-à-'tire le mensonge
d'une fausse présence ou d'une fausse absence
accepté par le sujet avec toutes leurs conséquences,
même les plus invraisemblables, commme le cha-
peau visible sur une tête invisible, l'illusion des
couleurs, et le caractère de ces phénomènes l'incli-
nerait tout d'abord à donner raison au subjectivisme
nancéen contre l'objectivisme de Paris.

(1) P. 38.
(2)P.40.
Il lui est arrivé, dans ses expériences, d'abolir
parfois par une contre-suggestion, la suggestion de
l'hypnotiseur (1). H a constaté le succès de la sugges-
tion à longue échéance. Il range dans la classe des
phénomènes mixtes les vésicatoiros imaginaires et
la prétendue stigmatisation dont il fait ressortir le
caractère très imparfait et ou il fait très large la part
de la supercherie. Rien de commun avec les stig-
mates de l'ordre praeternaturel divin. L'action des
remèdes à distance a été démontrée fausse, à la
grande confusion de son promoteur, le docteur Luys,
par une expérience décis ive, en pleine Académie
le 30 août 1887 (2). Bernheim n'y avait jamais voulu
croire (3).
Quant à la divination d'une maladie et des remèdes
qui lui sont propres, elle ne saurait être naturelle
chez le somnambule (4).
D'ailleurs la médecine par suggestion n'est appli-
cable avec quelque certitude de succès qu'aux mala-
dies nerveuses ou imaginaires (5). Elle réussit sur
les aliénés, en dépit des assertions de Hergor et de
Bernheim qui niaient que les aliénés fussent hypno-
tisables (8;.
(i) P. 89. `
(~) P. VH de la Préface.
(3) P. 116.
(4)P.U8.
(5) P. it9.
(6) P. i21.
L'observation curieuse de l'écholalie faite par Ber-
ger de Breslau, grâce à laquelle, en appliquant la
main sur le crâne, le front ou la nuque du sujet, on
produit le phénomène de l'écholalie, ou répétition
des paroles de l'interlocuteur pour toute réponse (t),.
a encouragé ceux qui prétendaient appliquer l'hyp-
notisme et la suggestion à l'éducation. Mais on doit
dire en général que cette pratique est « un attentat
aux droits sacrés et à la dignité de l'âme de l'en-
fant (2). » Et tout en approuvant dans les cas oppor-
tuns l'anesthésie par suggestion, il pense avec M. der
la Tourette qu'on doit réserver le remède hypno-
tique et suggestif aux névrosés incurables, aux hys-
tériques et aux insensés (S).
L'histoire de l'évolution du magnétisme donnerait
plutôt raison à la thèse de Nancy, et Mesmer, Puy-
ségur, Faria, Braid ont prouvé par leur pratiqua
l'importance de la suggestion, sans annuler pourtant
l'utilité secondaire des autres pratiques (4).
Il n'est plus permis, d'ailleurs, malgré les craintes
et les protestations de M. Luys, de contester aujour-
d'hui la réalité de la suggestion mentale, après les
expériences rigoureuses faites récemment au Hâvro
par MM. Gibert, médecin, Pierre Janet, professeur

(t)P.i2S.
(2)P.i32
(3) P. 131.
(4) P. 134-192.
de philosophie au Lycée m ueveu nn ~i.
Paul Janet, Myers, médecin anglais, Myers, monibre
de la Société des recherches psychologiques, Maril-
ler, de la Société de physiologie psychologique et les,
expériences du docteur Ochorowicz (t). » L'éminent
professeur de la Sorbonne y voit « un phénomène
qui dépasse absolument tout ce que la raison peut
expliquer, et les analogies qu'on prétend établir
entre cette transmission de la pensée et la propaga-
tion des ondes lumineuses ne mérite pas l'attention
d'un esprit sérieux (2). »
II ne prend point parti entre Beaunis qui prétend
que presque tout le monde est hypnotisable et qu'on
trouve 55 0~0 de somnambules parmi les enfants
de sept à quatorze ans et Oehorowicz qui ne trouve
que SO 0~0 d'individus hypnotisables et 4 à 5 0~0
suggestibles à l'état de veille (3).

IL

Quant à la licéité de l'hypnotisme,il s'en tien aux


réponses si sages des congrégations romaines, distin-
guant entre l'hypnotisme simple qui obtient des effets

(t)P.i(.9.
(2)P.M2.
(o)P.n9.
physiques par des )KoyëK~pAyMg'MMetcelui qui vise
à des effets sans proportion avec ces moyens (1).
L'étude du sommeil et des rêves nous met aisé-
ment sur la voie de l'hypnotisme.
Le sommeil consiste surtout dans l'abolition de la
communication sensible avec l'extérieur MM<tM
intrà se vergunt, comme dit Hippocrate (~. Mais cet
isolement n'est pas complet certains rapports de
l'âme avec le corps, avec le monde, continuent. La
vie de l'esprit non plus n'est pas éteinte (3). Cer-
taines facultés sont même quelquefois surexcitées (4).
Que de chefs-d'œuvre ont été préparés pendant le
sommeil (5)
Cependant la vue à travers les corps opaques est
un phénomène praeternaturel (6). Il n'en est pas ainsi
de tant de rêves bizarres des somnambules qui rap-
pellent les étranges effets de l'opium, du haschisch,
de certains anesthésiques (7).
Sur l'explication du sommeil et des rêves, il s'en
tient à la théorie de Bossuet <c Parce que le cerveau
composé de parties si délicates et plein d'esprits si
vifs et si prompts est dans un mouvement continuel

(I)P.
fi) P. 192.
(2)P.t94.
(3) P. 203.
(4) P. 206.
(5) P. 208.
(6) P.,217.
(7) Y. 2t8.232.
~A.J,J, z.L J.A;O,
et parce que
at naT-<~ asité à secousses irré-
miR d'ailleurs il est agité
gulières et inégales, il arrive de là que notre esprit
est plein de pensées si vagues, si nous ne les rete-
nons et les fixons par l'attention. Ce qui fait pourtant
qu'il y a quelque suite dans ces pensées, c'est que la
marque des objets garde un certain ordre dans le
cerveau (1). » De toutes les incertitudes qui régnent
encore dans la physiologie du cerveau, Mgr Méric
infère qu'il serait téméraire de conclure « de la
théorie vibratoire de la vision à une théorie vibra-
toire de la mémoire, du jugement et de l'association
des idées (2). La cérébration MtcoKMM~ lui paraît
un mot vide de sens « Le hasard ne fera jamais
une oeuvre intelligente (3). »
L'hallucination positive ou négative s'explique par
une sorte d'habitude du sujet (4). Certains éléments
nerveux sont excités, d'autres paralysés (o). La
théorie de l'imagination de Malebranche et celle de
Bossuet, en traduisant le3 termes de la physiologie
de leur temps par ceux de la physiologie moderne,
expliquenttout cela suffisamment.
Bacon croit qu'une pensée très fixe peut modifier
le corps de celui qui pense (6). Ainsi s'expliqueraient

(<)P.24Z.
<n p- 242.
(2) P. 244.
(3)P.&46.
(4) P. 252.
(5) P. 254.
(6) P. 255.
peut-être les prétendus stigmates par suggestion. La
paralysie et sa guérison, le changement même de la
personnalité peut avoir lieu très naturellement par
.sugg-~tion (i).
La spontanéité, qui a une si grande part à nos
actions ordinaires remplace toute réflexion dans le
sommeil (2). Il n'y a donc plus de résistance à la
volonté du suggestioniste.
Le somnambule qui exécute les ordres est simple-
ment un rêveur qui extériorise son rêve « L'hypno-
tisé est, comme dit le docteur Barth, un aliéné véri-
table (3). «11 subit, ajoute Mgr Méric, la tyrannie de
l'image ou de l'idée que je l'ais pénétrer dans son
cerveau (t). »
La suggestion à échéance lui paraît tout aussi na-
turelle « La conservation de la suggestion est un
phénomène analogue à celui de la conservation des
images dans la mémoire imaginative et s'explique
de la môme manière (5).
Mais ait lieu de s'arrêter, avec le P. Coconnier,
ubi ~e/'<M< orbis, où finit à ses yeux le monde natu-
rel, il tient à examiner les faits constatés depuis
soixante ans par récit aM</teM<<~Me,precM, ~e<<«e, (6)

(t)P.259.
(2) P. 26t.
(3) P. 267.
(4) P. 268.
(5) P. 270.
(6) P. 283.
et qui « se rattachent directement à l'hypnotisme
comme le fruit à l'arbre. » II ajoute qu' « il est im-
possible d'avoir une idée exacte de l'hypnose, de sa
nature, de son origine et de ses effets, si l'on refuse
de s'occuper de ces faits-là (t). »
La connaissance des faits éloignés, des pensées, etc.,
la vue et l'ouïe à des distances considérables, ne sau-
raient s'expliquer par le fluicle nerveux ou la force
neurique ~</OMM<M~e (2). Ce sont de vaines hypo-
thèses de la raison aux abois (3). »
«L'homme ne changoia pas et depuis l'origine du
monde, il connaît sa nature et ses facultés (4).
Commentpeut-on dire que Dieu ait donné à l'homme
la faculté d'entendre, de voir et de sentir sans le se-
cours des sens et que l'homme no l'ait jamais su (5) ? »
Le somnambule voyant ressemble exactement au
spirite et, chose tout à fait remarquable, il exprime
les mêmes doctrines ennemies de notre foi (6).
La vue des molécules nerveusesd'un homme et de
leurs vibrations ne saurait nous faire connaître sa
pensée. Car autre chose est la pensée elle-même
autre chose les vibrations cérébrales qui peuvent
l'accompagner (7). Donc la suggestion mentale ne peut

(1)Ibidem.
(2) P. 289.
(3) P. 305.
~4) P. 307.
(5) P. 308.
?) P. 304.
~7) P 3t7.
se produire par cette voie, comme le prétend Bol-
langer. « Il y a un abîme entre la pensée et le mou-
vement matériel du cerveau (1). »
« U nous paraît donc certain, conclut Mgr Méric,
le Que les personnes hypnotisées ne voient pas les
changements qui se produisent dans le cerveau du
magnétiseur 2<* que dans l'hypothèse même où elles
parviendraient à voir ces modifications, elles ne con-
naîtraient pas encore ses pensées ou ses senti-
ments (2). »
Enfin, quelles que soient les hypothèses par les-
quelles on prétend expliquer ces faits, d'ailleurs
certains: vision à distance, divination des pensées,
suggestion mentale, il est clair « qu'ils n'appar-
tiennent pas à l'ordre naturel, qu'il faut en chercher
la cause dans un principe extranaturel (3).»
Il emprunte, à ce propos, à M. Lélut un cas assez
étrange de suggestion mentale. « Un jour, raconte ce
docteur, un docte magnétiseur magnétisaitune som-
nambule « Eveillez-vous, lui-dit-il, éveillez-vous
je le veux. Et en même temps il se disait mentale-
ment à lui-même de toute la force de sa volonté
< Je ne veux pas qu'elle s'éveille. Comment 1 lui
répondit la somnambule, dans un accès de trouble

(i) P. 324.
(2) P. 328.
(3) P. 333.
et de convulsions, vous me dites de m'éveiller et
vous ne voulez pas que je m'éveille ? (1) »

III.

Après avoir, dans une longue et intéressante étu-


de, comparé le magnétisme transcendant au spiri-
tisme. aux tables parlantes, Me' Méric s'applique à
démontrerque l'hypnotisme ne fournit aucune arme
sérieuse à ceux qui nient l'existence de la liberté de
l'homme et qu'il laisse entière la question. Dans
l'hypnotisme même, il y a parfois résistance victo-
rieuse du sujet et l'hypnotiseur est obligé de renon-
cer à la suggestion (2).
« Quand on ordonne à certains sujets hypnotisés,
dit le docteur Pitres, d'exécuter après leur réveil
un acte qui révolte leur conscience, ils déclarent
formellement qu'ils ne veulent pas obéir à un pareil
ordre et qu'ils ne se laisseront par réveiller tant
qu'on ne leur aura pas donné .1'assurllnce qu'ils ne
l'exécuteront pas. Et en effet, si l'on maintient l'in-
jonction, il est impossible de les réveiller. Alber-
tine, un de ses sujets, ne voulut jamais se réveiller
parce qu'il lui ordonnait de devenir aphone après
son réveil. Il fallut retirer l'ordre (3).

(1)P.330.
(2) P. 373.
(3) P. 374.
Du reste les suggestions criminelles exécutées par
le sujet ont un caractère d'inconscience qui montre
un état tout particulier et vraiment maladif et l'on
ne peut conclure en bonne logique du fou à l'homme
raisonnable. Or l'hypnotisé est vraiment un aliéné.
La question de la liberté humaine n'a donc rien à
y voir (1).
Le même raisonnement s'applique à la question
de la conscience Si la conscience trompe l'homme
dans l'aliénation mentale, il ne s'en suit pas qu'elle
le trompe dans l'état sain.
Les objections tirées de l'hypnotisme contre l'unité
de la personne humaine ont la même valeur. « Si
chaque impulsion particulière, chaque désir diffé-
rent émanait d'un cerveau spécial, il ne faudrait pas
reculer devant les propositions les plus extrava-
gantes qu'on puisse imaginer (2). »
Mgr Méric montre ensjtite que la suggestion et le
miracla diffèrentdu tout au tout et il profite de l'oc-
r.
casion pour montre~que le miracle loin d'être un
désordre dans la nahH~, y est .au contraire la plus
belle manifestation de l'ordre.
Le miracle, c'est l'intervention de la liberté divine
dans la marche du monde rejeter la possibilité de
cette intervention, c'est refuser à la liberté divine
ce que nous constatons chaque jour de la liberté hu-

(1) P. 3M.
.~)P.370.
maine (1). Elle ne trouble pas plus 1 ordre du monde
que ne font l'art et la science humaine, ouvriers na-
turels du progrès. Mais ces œuvres effectives de la
liberté divine et de la liberté humaine ne peuvent
être assimilées à de simples suggestions. En un mot,
dire que le miracle est possible, c'est dire <: Ce
que l'homme peut faire dans cet univers par sa
force finie, Dieu peut le faire aussi par sa force sou-
veraine d'une manière infiniment supérieure (2).»
« La possibilité du miracle est donc fondée sur la
subordination des causes inférieures aux causes su-
périeures et de toutes les causes crées à la cause pre-
mière, infinie, incrée (3).~ Mgr Méric reconnaît les
dangers de l'hypnotisme, dangers moraux, physiques
et même sociaux. Il soutient d'ailleurs la nullité du
témoignage de l'hypnotique en justice, vu la malléa-
bilité presque absolue du somnambule.

(1)P.
(1) P. 400.
(2)P.M5.
(3)P.408.
j'L'
CONCLUSION DE MB' MÉRIC.

L'état hypnotique en lui-même semble d'ori-


gine naturelle. L'action des médicaments à distance
est nulle et le transfert par l'aimant fort douteux. A
l'ordre extranaturel appartiennent la vision à dis-
tance et la suggestion mentale et les hypothèses
imaginées pour les expliquer manquent de base (1).
Ce qui est clair, c'est que ces états n'ont rien de
communavec les extases des saints (2).
Au point de vue pratique, Mgr Méric admet la
licéité de l'hypnotisme t't-anc mais déclare, en
commentant les décrets du Saint-Ofnce, qu'il est
défendu d'en faire une distraction et d'y recher-
cher les phénomènes prseternaturels (3). Il l'admet
donc comme agent thérapeutique employé avec dis-
cernement par les hommes compétents (4) Très
utile, dit le docteur Barth, dans certaines formes de
maladies nerveuses, l'hypnotisme offre les plus sé-
rieux dangers s'il devient, soit un passe-temps à

(1) P. 435.
(2) P.436et6)uv.
(3) P. 443 et 444.
(4)P.446.
l'usage des oisifs, soit un moyen pour les gens ner-
veux de satisfaire leur besoin d'émotion ou leur re-
cherche inquiète de sensations inconnues. »
Apres cela le docte théologien n'a point la préten-
tion d'avoir donné de cette question complexe de
l'hypnotisme une solution déSnitive «Ce que
nous ignorons dépasse comme l'infini ce que nous
croyons savoir. »
TABLE DES MATIÈRES.

CHAPITRE I.
Tout la nature. M. Schneider. Le R. P. Cocon-
nier 5

CHAPtTREÏÏ.

Tout au praeternaturel. I.e P. Franco. – M. EtieËtanc. 27


CnAMTKElU.

Part a la nature, part au prœternature!. Ms' Mëric. 45

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