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Memoire Sur Le CEF Akonolinga

Ce mémoire évalue la démarche de Conseil aux Exploitations Familiales Agricoles mise en œuvre par l'Association pour le Développement des Exploitations Agricoles du Centre au Cameroun. Il analyse les impacts socio-économiques de cette approche sur les exploitations agricoles d'Akonolinga, en se basant sur des données collectées et des méthodologies rigoureuses. L'étude conclut sur les effets qualitatifs et quantitatifs du conseil, ainsi que sur les perspectives d'adoption par les non-membres.

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Memoire Sur Le CEF Akonolinga

Ce mémoire évalue la démarche de Conseil aux Exploitations Familiales Agricoles mise en œuvre par l'Association pour le Développement des Exploitations Agricoles du Centre au Cameroun. Il analyse les impacts socio-économiques de cette approche sur les exploitations agricoles d'Akonolinga, en se basant sur des données collectées et des méthodologies rigoureuses. L'étude conclut sur les effets qualitatifs et quantitatifs du conseil, ainsi que sur les perspectives d'adoption par les non-membres.

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UNIVERSITE DE DSCHANG

UNIVERSITY OF DSCHANG

FACULTE D’AGRONOMIE ET DES SCIENCES AGRICOLES


FACULTY OF AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES

DEPARTEMENT D’ECONOMIE RURALE


DEPARTMENT OF AGRICULTURAL ECONOMICS

Evaluation socio économique de la démarche de


Conseil aux Exploitations Familiales Agricoles
mise en œuvre par l’Association pour le
Développement des Exploitations Agricoles du
Centre (Akonolinga, Centre-Cameroun)

Mémoire présenté en vue de l’obtention du Diplôme d’Ingénieur Agronome

Option : Economie et Sociologie Rurales

Par :
Ngouambé Nestor
Matricule : 02A 106

Novembre 2008
UNIVERSITE DE DSCHANG
UNIVERSITY OF DSCHANG

FACULTE D’AGRONOMIE ET DES SCIENCES AGRICOLES


FACULTY OF AGRONOMY AND AGRICULTURAL SCIENCES

DEPARTEMENT D’ECONOMIE RURALE


DEPARTMENT OF AGRICULTURAL ECONOMICS

Evaluation socio économique de la démarche de


Conseil aux Exploitations Familiales Agricoles
mise en œuvre par l’Association pour le
Développement des Exploitations Agricoles du
Centre (Akonolinga, Centre-Cameroun)
Mémoire présenté en vue de l’obtention du Diplôme d’Ingénieur Agronome
Option : Economie et Sociologie Rurales
Par :
Ngouambé Nestor
Matricule : 02A 106

Superviseur : Co-superviseur :
Pr. Ongla Jean, PhD Pr. Tchouamo Isaac Roger, PhD
Maître de Conférences Maître de Conférences
Université de Dschang Université de Dschang
Encadreurs :
Michel Havard, Chercheur IRAD/CIRAD, Yaoundé
Bidzanga Nomo, Chercheur IRAD, Yaoundé

Novembre 2008
FICHE DE CERTIFICATION DE L’ORIGINALITE DU TRAVAIL

Je soussigné, Ngouambé Nestor, étudiant à la Faculté d’Agronomie et des Sciences


Agricoles, atteste que le présent mémoire est le fruit de mes propres travaux effectués à
l’IRAD de Yaoundé dans le cadre du projet Duras sous la supervision du Pr Ongla Jean,
Maître de Conférences et la co-supervision du Pr Tchouamo Isaac Roger, Maître de
Conférences à l’Université de Dschang et l’encadrement de Havard Michel, chercheur à
l’IRAD/CIRAD, et Bidzanga Nomo, chercheur à l’IRAD de Yaoundé
Ce mémoire est authentique et n’a pas été antérieurement présenté pour l’acquisition
de quelque grade universitaire que ce soit.

Visa de l’auteur Visa de l’encadreur

Ngouambé Nestor M. Havard Michel

Date :…../……/…… Date:…../……/……

Visa du superviseur Visa du co-encadreur

Pr. Ongla Jean, PhD Dr Bidzanga Nomo

Date:…../……/…… Date:…../……/……

Visa du co-superviseur
Visa du Chef de Département

Pr. Tchouamo Isaac Roger, PhD


Pr. Kamajou François, PhD
Date:…../……/……
Date:…../……/……
FICHE DE CERTIFICATION DES CORRECTIONS APRES
SOUTENANCE

Le présent mémoire a été revu et corrigé conformément aux observations du jury.

Visa du président du jury Visa du superviseur

Date :…../……/…… Date:…../……/……

Visa du Chef de département

Date :…../……/……
DEDICACE

A ma tendre petite sœur Siantou Balbine Divine : que le Dieu


Tout Puissant la protège et lui accorde longue vie
REMERCIEMENTS
La mise sur pied d’un tel document ne peut être que l’effort combiné de plusieurs
personnes. A cet effet, mes remerciements vont tout droit aux (à) :

- Professeur Ongla Jean, Maître de Conférences à la Faculté d’Agronomie et des


Sciences Agricoles, Vice Recteur chargé des Enseignements, de la Professionnalisation et du
Développement des Technologies de l’Information et de la Communication à l’Université de
Dschang, pour avoir accepté de superviser ce travail ;
- Professeur Tchouamo Isaac Roger, PhD. Maître de Conférences à la Faculté
d’Agronomie et des Sciences Agricoles de l’université de Dschang, Chef de la Cellule de la
Coopération Internationale, Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, pour
avoir également accepté de co-superviser ce travail et surtout pour sa disponibilité et ses
nombreux conseils et critiques ;
- M. Michel Havard, chercheur à l’IRAD/CIRAD de Yaoundé, pour m’avoir
donné l’opportunité de travailler dans le cadre de ce projet et surtout pour son entière
disponibilité, ses remarques pertinentes et ses conseils. Je tiens ici à lui adresser toute ma
gratitude et ma reconnaissance ;
- M. Bidzanga Lucien, PhD, Chercheur à l’IRAD de Yaoundé, pour les remarques
et critiques qu’il a apporté à ce document ;
- Tous mes enseignants de la FASA pour ce bagage intellectuel qu’ils m’ont
permis d’acquérir ;
- Responsables de l’ADEAC, en particulier M. Ondoua Materne, M. Minkoulou
Martin et M. Ze Evina Marius, pour leurs accueils et leur disponibilité ;
- Mes parents, pour tous les sacrifices qu’ils ont consentis durant ma formation ;
- Mon grand-père Monkam Louis-Marie, pour son appui financier
- La famille Kameni Nestor et, particulièrement, à ma tante Mme. Kameni Jeanne
pour son support financier durant mon séjour à Yaoundé ;
- Mon oncle, M. Ngaleu Emile et son épouse pour leur appui financier durant ma
formation à Dschang ;
- Mme Sinko Yvette, Mme Kameni Odette, maman Tiako Marie-Louise, maman
Régine, Mlle Deugoué Jeannette, Mlle Mouanie Edoxie, pour leur soutien moral et financier
- Ma grande sœur Monkam Philomène, qui m’a soutenu tant moralement que
financièrement ;
- Mon cousin M. Tchameni Kameni Stéphane, pour son soutien moral, ses
conseils et les remarques qu’il a faites sur ce document ;
- Tous les animateurs des zones ADEAC, qui se sont rendus disponibles pour me
guider sur le terrain ;
- Tous les paysans qui ont sacrifié leur précieux temps pour répondre à mes
questions ;
- Mes amis Ayangma, Edima, Batulu, pour les remarques pertinentes apportées à
mon travail, je vous adresse ici ma profonde reconnaissance ;
- Tous les étudiants de l’option Economie et Sociologie Rurales promotion 2008,
pour m’avoir aidé à accomplir la tâche de Délégué qui m’a permis de m’initier à la notion de
gestion des hommes ;
- Mes amis M. Nienga Frédéric Staffor, M. Yangoué Michel pour m’avoir
remonté le moral pendant mes périodes de désespoir en début de stage ;
- Mlle Djiedeu Horlie Victoire, pour avoir toujours été à mes côtés à toutes
circonstances, je lui adresse ici ma profonde reconnaissance.
Tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de ce document dont les
noms ne figurent pas ci-dessus, recevez ici mes sincères reconnaissances.
TABLE DES MATIERES
Pages
Dédicaces .................................................................................................................................... i
Remerciements ........................................................................................................................... ii
Table des matieres..................................................................................................................... iv
Liste des tableaux ....................................................................................................................viii
Liste des figures ......................................................................................................................viii
Liste des abreviations ................................................................................................................. x
Résumé ..................................................................................................................................... xii
Abstract .................................................................................................................................... xii
1.1 Généralités............................................................................................................................ 1
1.2 Problématique....................................................................................................................... 3
1.3 Objectifs ............................................................................................................................... 5
1.4 Importance de l’étude........................................................................................................... 6
1.5 Hypothèses de recherche...................................................................................................... 6
1.6 Limites de l’étude................................................................................................................. 6
1.7 Organisation du mémoire ..................................................................................................... 7
Chapitre 2. Cadre théorique, définition des concepts et revue de la littérature.......................... 8
2.1 Cadre théorique ........................................................................................................ 8
2.1.1 Théorie des approches de vulgarisation : la construction et la diffusion des innovations.8
2.1.2. L’approche globale de l’exploitation ............................................................................... 9
2.1.3. Le postulat de rationalité des décisions de l’agriculteur ................................................ 12
2.2. Définition des concepts ..................................................................................................... 14
2.2.1. L’exploitation agricole ................................................................................................... 14
2.2.2. La gestion ....................................................................................................................... 15
2.2.3. Le conseil de gestion ...................................................................................................... 16
2.2.4 Le conseil aux exploitations familiales (CEF) ................................................................ 17
2.2.5. Vulgarisation, innovation, adoption, diffusion et perception......................................... 17
2.2.6. Le diagnostic de l’exploitation....................................................................................... 19
2.2.7. Le concept d’évaluation ................................................................................................. 20
2.2.8. Mesure des effets et d’impact du conseil ....................................................................... 21
2.2.9. Les conseillers au cœur du Conseil ................................................................................ 22
2.3 Revue de la littérature. ...................................................................................................... 26
2.3.1. Le CEF : historique, évolution, expériences .................................................................. 26
2.3.1.1 Historique et évolution du CEF................................................................................... 26
2.3.1.2 Quelques expériences du CEF en Afrique de l’Ouest.................................................. 28
2.3.2. Le CEF au Cameroun, une expérience du PRASAC dans la zone septentrionale. ........ 30
Chapitre 3 : Méthodologie........................................................................................................ 33
3.1 Choix de la zone d’étude.................................................................................................... 33
3.2 Présentation de la zone d’étude.......................................................................................... 36
3.2.1 Situation géographique.................................................................................................... 36
3.2.2 Caractéristiques biophysiques de la zone d’études ......................................................... 36
3.3 Présentation des activités de CEF réalisées par le projet DURAS auprès de l’ADEAC à
Akonolinga ............................................................................................................................... 39
3.4 Choix et taille des échantillons........................................................................................... 41
3.5 Analyse opérationnelle des variables ................................................................................. 42
3.5.1 Variables expliquées ....................................................................................................... 42
3.5.2 Variables explicatives ..................................................................................................... 43
3.6 Sources des données........................................................................................................... 44
3.7 Méthodologie de collecte des données............................................................................... 45
3.8 Réalisation des objectifs..................................................................................................... 45
3.9 Méthodologie d’analyse des données................................................................................. 47
3.9.1 La triangulation ............................................................................................................... 47
3.9.2 L’approche statistique ..................................................................................................... 47
3.9.3 Logiciel d’analyse ........................................................................................................... 47
3.9.5 Outils d’analyse............................................................................................................... 47
Chapitre 4 : Résultats et discussion.......................................................................................... 48
4.1 Insertion du CEF au sein de l’ADEAC .............................................................................. 48
4.1.1 Présentation de la structure ADEAC............................................................................... 48
4.1.2 Raisons d’insertion du CEF au sein de l’ADEAC .......................................................... 49
4.1.3 Insertion du CEF au sein des programmes et activités de l’ADEAC.............................. 50
4.1.4 Application du CEF au sein de l’ADEAC ...................................................................... 52
4.1.5 Activités réalisées dans le cadre du conseil .................................................................... 52
4.2 Le CEF et l’animateur paysan........................................................................................... 58
4.2.1 Profil des animateurs paysans à Akonolinga.................................................................. 58
4.2.2 Mise en place de la démarche CEF par les animateurs à Akonolinga ............................ 59
4.2.2.1 Les activités de conseil mises en place ........................................................................ 59
4.2.2.2 Facteurs limitant la mise en place de la démarche CEF à Akonolinga ........................ 66
4.2.2.3 Evaluation de la capacité des conseillers à maîtriser le CEF et sa démarche. ............. 66
4.3 Caractérisation du CEF à Akonolinga................................................................................ 69
4.3.1Caractéristiques des exploitations en conseil à Akonolinga. ........................................... 69
4.3.2 Les exploitations et le CEF ............................................................................................. 71
4.3.2.1 Le Plan de prévision des campagnes............................................................................ 72
4.3.2.2 Le Suivi Technique ...................................................................................................... 73
4.3.2.3 L’analyse économique.................................................................................................. 75
4.4 Estimation des effets du CEF sur les exploitations agricoles d’Akonolinga ..................... 78
4.4.1 Les effets qualitatifs ........................................................................................................ 78
4.4.2 Les effets quantitatifs ...................................................................................................... 79
4.5 Mesure de l’impact du CEF ............................................................................................... 83
4.5.1 Impact Social................................................................................................................... 83
4.5.2 Impact Technique............................................................................................................ 83
4.5.3 Impact économique ......................................................................................................... 84
4.5.4 Impact environnemental.................................................................................................. 84
4.6 Perception du CEF à Akonolinga....................................................................................... 85
4.7 Diffusion du CEF et possibilité d’adoption par les non membres. ................................... 85
4.7.1 Expérience du CEF avec les paysans non membres ....................................................... 85
4.8 Test des hypothèses........................................................................................................... 87
4.8.1 Vérification de HR1 ........................................................................................................ 88
4.8.2 Vérification de HR2 ........................................................................................................ 88
4.8.3 Vérification de HR 3 ....................................................................................................... 89
4.8.4 Vérification de HR 4 ....................................................................................................... 90
4.9 Enjeux et perspectives du CEF à Akonolinga.................................................................... 91
4.9.1 Les potentialités agricoles de la zone d’étude ................................................................. 91
4.9.2 Les potentialités locales en matière de gestion des exploitations ................................... 91
4.9.3 Les attentes des conseillers et des paysans vis-à-vis du CEF ......................................... 94
4.9.3.1 Attentes des conseillers ................................................................................................ 94
4.9.3.2 Attentes des paysans..................................................................................................... 95
4.10 Discussion ........................................................................................................................ 95
4.10.1 Le conseiller au centre de CEF ..................................................................................... 95
4.10.2 Le CEF et les autres approches de vulgarisation........................................................... 96
4.10.3 Intérêt du CEF pour l’ADEAC...................................................................................... 97
4.10.4 Mise en évidence des critères d’estimation des effets du CEF ..................................... 99
4.10.4 Le CEF et la croissance pro pauvre............................................................................. 100
Chapitre 5 : Conclusion et recommandations ........................................................................ 103
5.1 Conclusion........................................................................................................... ….…103
5.2 Recommandations ............................................................................................................ 104
Bibliographie.......................................................................................................................... 106
Annexes.................................................................................................................................. 114
1-Guide d’entretien adressé aux cadres de l’ADEAC............................................................ 114
2-Guide d’entretien adressé aux conseillers/animateurs ........................................................ 115
3-Questionnaire adressé aux paysans membres de l’ADEAC ayant suivi le CEF................. 117
4 -/ variation de l’estimation des besoins en intrants au cours des années 2007 et 2007....... 124
5/ Fiche d’analyse du mode de conduite des parcelles des paysans..................................... 126
6/ Organnigramme de l’ADEAC............................................................................................ 128
7 / Fiches de suivi adaptée par les responsables de l’ADEAC et les animateurs.................. 129
LISTE DES TABLEAUX
Pages

Tableau 1: Variation de l’indice de production agricole et alimentaire dans quelques pays


d’Afrique central. ....................................................................................................................... 2
Tableau 2: Profil du conseiller en fonction des parties impliquées.......................................... 24
Tableau 3 : Les principales tâches et activités d’un animateur/Conseiller .............................. 25
Tableau 4 : Quelques limites de la vulgarisation classique (Training and Visit)..................... 27
Tableau 5 : Projets de développement et de Recherches à Akonolinga................................... 38
Tableau 6 : Activités du CEF réalisées par Duras auprès de l'ADEAC à Akonolinga ........... 40
Tableau 7 : Taille de l'éhantillon des les zones d'études .......................................................... 42
Tableau 8: Chronogramme des activités réalisées dans le cadre du CEF à Akonolinga ......... 50
Tableau 9 : Activités de conseil prévues dans le programme renforcement des capacités
et leur niveau de réalisation.................................................................................. 53
Tableau 10: Activités de conseil prévues et réalisées dans le programme agricole
de l’ADEAC…………………………………………………..……………………55
Tableau 11 : Activités prévues et réalisées dans le programme de micro finance
de l’ADEAC……………………………………………………………………..56
Tableau 12: Points essentiels de chaque module enseignés dans les villages enquêtés........... 60
Tableau 13 : Chronogramme des activités dans chaque village......Erreur ! Signet non défini.
Tableau 14 Caractéristiques des exploitations enquêtées à Akonolinga.................................. 69
Tableau 15: Comportement des exploitations des zones d’étude vis-à-vis du CEF ................ 71
Tableau 16: Performance fin 2007 des exploitations après application du CEF ..................... 79
Tableau 17 : Exemple d’élaboration du bilan et estimation du revenu des paysans en CEF... 81
Tableau 18: Répartition du revenu disponible entre les dépenses au sein du ménage............. 84
Tableau 19: Comparaison du Traning and Visite systèm,du CEF et du FFS........................... 25
LISTE DES FIGURES

Pages

Figure 1 : Approche globale de l’Exploitation Familiale Agricole.......................................... 11


Figure 2 : Fonctionnement globale de l’exploitation agricole familiale .................................. 13
Figure 3: Démarche progressive d'aide à la décision. .............................................................. 32
Figure 4 : Carte de localisation de la zone d’étude .................................................................. 33
Figure 5 : Carte de localisation d’Akonolinga ......................................................................... 34
Figure 6 : Cartes de localisation des zones d’études ................................................................ 35
Figure 7: Module parfaitement maîtrisé par les animateurs..................................................... 68
Figure 8: Points essentiels traités dans le module suivi tehnique dans les zones.................... 74
Figure 9: Points essentiels traités par les paysans dans le module analyse économique ......... 76
Figure 10: Entretien des paysans membres sur le CEF avec les paysans non membre
dans chaque zone......................................................................................... 86
Figure 11: Changements des pratiques agricoles par les paysans non membre....................... 87
Figure 12: Perception des effets du CEF par les paysans. ....................................................... 90
Figure 13: Action du CEF sur la réduction de la pauvreté..................................................... 100
LISTE DES ABREVIATIONS

ACEFA : Amélioration de la Compétitivité des Exploitations Familiales Agropastorales


ADEAC : Association pour le Développement des Exploitations Agricoles du Centre
AE : Analyse Economique
Afdi : Agriculteurs Français de Développement International
AGR: Activités Génératrices de Revenus
APROSTOC : Association des Producteurs, Stockeurs de Céréales
BAD : Banque Africaine de Développement
CARPE : Programme Régional de l’Afrique Centrale pour l’environnement
CdG : Conseil de Gestion
CDRS-AC : Centre de Développement Sous Régional pour l’Afrique Centrale
CEF : Conseil aux Exploitations Familiales
CEPE : Certificat d’Etudes Primaires et Elémentaire
CMEC : Caisses Mutuelles d’Epargne et de Crédit
CVECA : Caisse Villageoise d’Epargne et de Crédit Autogéré
CIFOR : Center for International Forestry Research
CIRAD : Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le
Développement
DDADER : Délégation Départementale du Ministère de l’Agriculture et du Développement
Rural
DPGT : Développement Paysannal et Gestion des Terroirs
DURAS : Développement Durable dans les Systèmes de Recherche Agricole du Sud
FAO : Food and Agriculture Organization
FASA : Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles
FCFA : Franc de la Communauté Financière Africaine
FFS : Farm Field School
FNE : Fonds National de l’Emploi
FSLC : Fisrt School Leaving Certificate
GT : Gestion de la Trésorerie
ICRAF : World Agroforestry Center
IIED : International Institute for Environment and Development
IMF: Institution de Micro Finance
IRAD : Institut de Recherche Agricole pour le Développement
MINADER : Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural
MINATD : Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation
MINEPAT : Ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire
MINEPIA : Ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales
MINERESI : Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PFNL : Produits Forestiers non Ligneux
PNDP : Programme National de Développement Participatif
PNDRT : Programme National du Développement des Racines et Tubercules
PNVRA : Programme National de Vulgarisation et de Recherche Agricoles
PPC : Plan de Prévision des Campagnes
PPTE : Pays Pauvre Très Endetté
PRASAC : Pôle Régional de la Recherche Appliquée au Développement des Savanes
d’Afrique Centrale
SA : Sécurité Alimentaire
SAILD: Service d’Appui aux Initiatives Locales Pour le Développement
SODECAO : Société de Développement du Cacao
SOS Vert : Association pour l’économie solidaire de Développement Vert
SPSS : Statistical Packages of Social Sciences
ST : Suivi Technique
UA: Unité d’Accumulation
UC : Unité de Consommation
UDs : Université de Dschang
UP : Unité de Production
UR : Unité de Résidence
Résumé
Le Conseil aux Exploitations Familiales (CEF) est une nouvelle approche d’appui-
conseil aux agriculteurs initiée au Nord-Cameroun en 1998 par le biais du Pôle Régional de la
Recherche Appliquée au Développement des Savanes d’Afrique Centrale (PRASAC). Les
bonnes performances enregistrées dans cette partie du Cameroun ont amené le Projet Duras à
étendre cette approche dans le « grand Sud » du pays. Testé depuis 2006 par l’ADEAC à
Akonolinga, le CEF a pour objectif de susciter la réflexion chez les paysans afin de les amener à
bien gérer leurs exploitations. Après deux années d’expérimentation, il est important de faire un
bilan des activités et estimer ses effets sur les exploitations.
Six villages (Mvan, Ndibidjeng, Mingeumeu, Mengos, Ndéllé et Ondeck) de la zone
d’intervention de l’ADEAC (arrondissement d’Akonolinga) où le CEF a été expérimenté ont été
retenus comme sites pour cette étude. Notre échantillon était constitué 72 paysans choisis au
hasard dans les villages d’études, des 6 animateurs de ces villages et de quelques responsables
de l’ADEAC. Les données primaires ont été collectées à l’aide de questionnaires auprès des
paysans et de guides d’entretien auprès des animateurs et responsables d’ADEAC. Les
statistiques descriptives (moyenne, pourcentage, etc..) ont été utilisées pour l’analyse des
données des questionnaires à l’aide du logiciel SPSS et la méthode de triangulation pour
l’analyse des données des entretiens.
La monographie de l’ADEAC montre que les activités du conseil sont complémentaires
des programmes agricoles, de renforcement des capacités et de micro finance de l’ADEAC. Les
entretiens montrent que les animateurs de la zone ADEAC sont des jeunes (en moyenne 37
ans), tous sont titulaires du CEPE et que 75% parmi eux ont effectivement mis en œuvre les
activités de CEF auprès des paysans sur l’un des modules enseignés (plan de prévision des
campagnes, suivi technique et analyse économique). Les enquêtes montrent que les paysans
formés ont en moyenne 39 ans, sont scolarisés et tous ont mis en œuvre quelques connaissances
acquises. Un changement de pratique et une amélioration des performances techniques et
économiques des activités touchées par le CEF sont mis en évidence chez 90 % des paysans. En
effet, ils ont développé la culture pure, respectant les écartements entre les plantes, ont élaboré
leurs bilans et budget des activités et ont mieux organisé leur travail. Quatre vingt sept pourcent
des paysans discutent du CEF au village dans les clubs de « vin fort » ou lors des visites de
courtoisie chez les voisins et/ou les membres de la famille. Tous affirment connaître au moins
un paysan non membre qui a changé de posture (adoption de la culture pure, respect des
écartements entre les plants, la prévision de campagne agricole). Ces non membres le font pour
satisfaire leurs curiosités (61 %) ou parce qu’ils ont été témoins du changement apporté chez les
membres (39 %).
Le CEF à Akonolinga, apparaît comme une approche de développement adaptée à la
situation du paysan mais qui n’est pas encore été bien appropriée par les différents acteurs
impliqués (responsables et animateurs ADEAC, paysans). Comme dans d’autres régions où a
été testé le CEF, l’appropriation de cette démarche demande du temps pour l’apprentissage
mutuel des animateurs et des paysans de cette nouvelle façon de travailler. Elle montre aussi
que le niveau des animateurs paysans est insuffisant. Elle montre enfin qu’un accompagnement
de l’ADEAC est nécessaire pour faciliter l’appropriation et la diffusion du CEF. Il s’agit
principalement d’organiser des ateliers de renforcement des capacités du dispositif ADEAC sur
cette approche, et plus particulièrement sur la maîtrise des outils et l’élaboration de nouveaux
modules de CEF en partenariat avec les producteurs.
Abstract
Strengthening producer’s capacity (CEF) is a new extension approach initiated in North
Cameroon in 1998 through « Pôle Régional de la Recherche Appliquée au Développement des
Savanes d’Afrique Centrale (PRASAC) ». The best results obtained in that part of the country
have led the Duras Project to extend that approach in the Southern part of the country. Tested in
Akonolinga in 2006, the purpose of this approach is to stimulate discussion among farmers
leading them to questions about their farm management practices. After two years of assisting
farmers, it seems important to assess what have been achieved for them and estimate the impact.
Six villages (Mvan, Ndibidjeng, Mingeumeu, Mengos, Ndéllé, and Ondeck) of the
Akonolinga subdivision where CEF was experimented were retained as our sample area.
Seventy two farmers, 6 animators and the managers of the ADEAC project were interviewed.
Data were collected using a questionnaire addressed to farmers and interview guide addressed
to animators and the managers of ADEAC project. Descriptive statistics (means, percentages
ect...) were used to analyse the data of questionnaire using SPSS software and triangulation
method was also used to analyse the data of interview guides.
The monography of ADEAC show that, CEF activities are complementary to the
programmes (agricultural program, capacity building program and micro finance program) of
ADEAC. Interview with animators reveals that, animators in the study area are young (37 years
old), all hold FSLC and seventy five percent of them have effectively trained farmers on one of
the main topics (crop season prevision plan, farming system, economic analysis) of CEF.
Results from questionnaire shows that, farmers who benefited from that training are 39
years old and are educated; all applied in their farm what they have learned. A relative changes
due to CEF activities have been observed in 90 % of their farming system practices,
improvement of their agricultural techniques and economic analysis. In fact they developed
mono cropping practices, determine distance between plants, establish their farm budget, better
organise their work. Eighty seven percent of them have a discussion about the approach with
non members when they are drinking in some where called “club de vin fort” or at home during
a visit to a neighbour or member of family. All trained farmers interviewed declare they know
at least one non member who has changed something in his farming practices after discussion
(adoption of mono cropping, respect of distance between plants, plan their campaign). That non
member brought these changes because some want to satisfy their curiosity (61 %) or after
observing changes brought in the farming practices of the members (39 %).
The CEF in Akonolinga appears as a developmental approach adapted to the farmer’s
but which is not again well appropriated by the actors concerned (managers of ADEAC,
animators and farmers). As in other areas where CEF were experimented, appropriation of this
new approach need a lot of time (relative time) for mutual learning between animators and
farmers. Results also show that the level of education of animators is insufficient. At end, it is
necessary to reinforce the capacity of ADEAC leading it to facilitate the appropriation and
diffusion of CEF. Principally, it is important to organise training to reinforce the capacity
building of ADEAC around his organisation about CEF and particularly on the assimilation of
tools used and elaboration of new topics on CEF in partners with farmers.
Chapitre 1 : Introduction
1.1 Généralités
Au début des indépendances, l’Afrique, au même titre que l’Asie, avait des atouts pour
assurer son développement de façon durable, en particulier, des atouts provenant du secteur
agricole car l’économie de la plupart des pays africains était basée sur l’agriculture. La FAO
(2005), souligne que jusqu’en 2002, le secteur agricole camerounais contribuait pour 45 % au
Produit Intérieur Brut (PIB) et employait 62 % de la population active.
Mais au cours des années 80, les économies des pays africains ont commencé à chuter.
Kamajou (1992) et Vennetier (2000), rapportent que le taux de croissance des pays africains
est passé de 1,2 entre 1960 et 1970 à 0,9 entre 1970 et 1980 et est même descendu jusqu’à -
3,4 entre 1980 et 1984. Cette chute drastique du PIB marquant ainsi le début de la crise
économique. Kamajou (1992) et Tchassa (2008) estiment que la détérioration des termes de
l’échange, la chute des cours mondiaux des produits de base (cacao, café, coton) et
l’insuffisance de l’aide internationale étaient les principales causes.
Face à cette situation de crise, les Etats africains n’étaient plus capables d’honorer
leurs engagements (contrôle des prix, subvention des intrants, octroi du crédit agricole). Pour
surmonter cette crise, les gouvernements n’ont eu comme solution que d’avoir recours aux
propositions de réforme des institutions de Bretton Woods notamment la Banque Mondiale et
le Fonds Monétaire International (Kamajou, 1992). Ces propositions encore appelées
Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) étaient entre autres centrées sur la libéralisation
de l’économie (notamment du secteur commercial), la réduction des dépenses publiques et
l’arrêt des subventions. L’application « non contrôlée » de ces programmes s’est traduite par
des troubles socio-économiques dans certains pays.
Au Cameroun en particulier, on a assisté à une augmentation considérable du taux de
chômage, une réduction de la masse salariale, une réduction de la production nationale ayant
pour conséquence la baisse du revenu des paysans (Dipoko, 2001 ; Dugué et Faure, 2001 ; et
Tchassa, 2008). Kamajou (1992) et Hakim (2002) soulignent qu’entre 1970 et 1998, la
production agricole africaine a chuté considérablement. Hakim (2002) précisera d’ailleurs
qu’au Cameroun par exemple, l’indice de production alimentaire et agricole a subi de fortes
variations comme indiquées au Tableau 1. Cette baisse de production a entraîné la baisse du
revenu des paysans et l’augmentation de l’insécurité alimentaire (Abakachi, 2001). Tout ceci
a eu pour corollaire l’augmentation du niveau de pauvreté en milieu rural (Fouda ,2002).
Tableau 1 : Variation de l’indice de production agricole et alimentaire dans quelques
pays d’Afrique centrale
Indice de production alimentaire (par Indice de production agricole (par
habitant) habitant)
Pays
970 980 990 995 996 997 998 970 980 990 995 996 997 998
Cameroun
20 10 9,9 00 04 5 4 21 11 9 6,9 00,9 5,5 4
Congo
24 07 01,2 8,2 6,9 4 2 25 09 01 8 6,6 3,2 1,8
Gabon
12 09 8,2 0,3 9,7 8 6 11 08 8 0,8 0,3 8,7 6,5
Guinée
Equatoriale. 59 42 01 6,9 3,8 7 4 16 41 01 0,4 4,5 7,3 3,6
RCA
0,4 01 9,6 02 14 08 03 8,9 02 00 9,5 13,8 08,5 03,2
Sao Tomé
et Principe 37 42 6,4 13 11 11 09 39 43 7 12,9 10,6 11,2 08,8
Tchad
31 16 1,3 05 7,8 9 6 25 09 2 02,1 00,6 01,1 8,3
Source : Hakim. (2002 : 3)
Dans ce contexte économique et social marqué par l’augmentation de la population, la
fluctuation des prix des produits agricoles et alimentaires, l’augmentation des besoins de
bases des exploitations familiales,et surtout le désengagement de l’Etat de nombreuses
fonctions d’appui aux producteurs ainsi que l’émergence des organisations paysannes (OP),
l’Etat et d’autres structures de développement doivent renforcer les capacités des paysans en
vue d’augmenter la production agricole (Balkissou, 2003 ; Faure et al., 2004). C’est à ce sujet
que de nombreux États africains ont adopté des programmes de vulgarisation type "Formation
et Visites" pour la diffusion des innovations techniques (Balkissou, 2003). Mais aujourd’hui,
ces programmes basés sur le renforcement des appareils administratifs et un transfert de
technologies standardisées ne sont plus fonctionnels dans leur grande majorité et les
dispositifs de vulgarisation disparaissent progressivement (Inter-réseaux, 2007).
L’une des causes de la disparition de cette approche de vulgarisation est sa méthode
caractérisée de « top down » car elle ne prenait pas en compte les besoins réels des paysans
pour qui l’innovation était construite (Havard et al., 2001 ; Faure et al., 2004 ; Lapbim et al.,
2006). D’ailleurs, Tchouamo et Steele (1997), Lapbin (2005) rapportent que seuls 30 % des
paysans de l’ouest-Cameroun ont estimé être satisfaits par cette approche.
Ondoa (2006) souligne que dans le cadre de la définition des nouvelles politiques
agricoles en vue de la relance de l’économie et surtout la lutte contre l’insécurité alimentaire
qui domine en Afrique, on a assisté au Cameroun à une restructuration réussie de certaines
entreprises publiques, l’adoption de nouvelles lois régissant le mouvement coopératif, la
promotion des organisations interprofessionnelles agricoles, la libéralisation de la
commercialisation des produits agricoles, le développement des systèmes de micro-finance, la
mise en œuvre d’une nouvelle démarche de vulgarisation agricole, la libéralisation du
commerce des intrants agricoles, la mise sur pied de divers projets d’appui à la consolidation
des organisations paysannes et à l’amélioration de la sécurité alimentaire.
Selon Mohamed et al. (2007), des institutions de recherche et de développement en
Afrique de l’Ouest et du Centre ont testé et développé de nouvelles méthodes d’appui aux
producteurs. Ces dernières sont basées sur l’élaboration de conseils à l’exploitation familiale
favorisant la participation des producteurs. Parmi elles, celles relatives au conseil de gestion,
mises en place dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre (Bénin, Burkina Faso,
Cameroun, Côte d’Ivoire et Mali.) et ayant mobilisé des producteurs (de quelques dizaines à
plusieurs milliers selon les cas), des organisations paysannes, des ONG et des structures
étatiques (Inter-réseaux, 2007).
Appliquée au Cameroun d’abord dans la région septentrionale par le biais du Pôle de
Recherche Appliquée au Développement des Savanes d’Afrique Centrale (PRASAC),
l’approche conseil aux exploitations familiales (CEF) s’étend timidement dans d’autres zones
agro écologiques du pays. Elle sert de référence au programme : « Amélioration de la
compétitivité des exploitations familiales agropastorales » (ACEFA) du Ministère de
l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER) et du Ministère de l’Elevage, des
Pêches, et des Industries Animales (MINEPIA) mis en œuvre en 2008. A l’initiative du
MINADER, et avec la collaboration des OP, des réflexions sont en cours sur la place et le rôle
du conseil agricole dans les politiques agricoles (MINADER et MINEPIA, 2007).

1.2 Problème
Sous l’impulsion des bailleurs de fonds parmi lesquels la Banque Mondiale et le
Fonds Monétaire International, l’Etat camerounais s’est désengagé de plusieurs fonctions
d’appui à l’agriculture (approvisionnement en intrants et crédit) et a supprimé les subventions.
Ce désengagement est dû à la chute des cours mondiaux des produits de rente couplée à la
dévaluation du franc CFA en 1994. Ceci a donc causé une réduction de la production agricole
et alimentaire, une augmentation de l’insécurité alimentaire et une augmentation de la
pauvreté (Dipoko, 2001). Selon Faure et al. (2004), cette situation peut s’améliorer grâce à
une modernisation de l’agriculture dite « traditionnelle ». Cette modernisation se fera, comme
le précisent Daouda (2002), Djoukam (2003) et Havard et al. (2007), par une
professionnalisation des agriculteurs.
Kamajou (1985), pensait que la disponibilité du capital constituait un frein à la
modernisation de l’agriculture (professionnalisation des agriculteurs). Or pour Fouda (2002),
malgré l’émergence des Etablissements de Microfinance (EMF) au Cameroun qui mettent le
capital à la disposition des paysans, plusieurs exploitations agricoles pratiquent encore
l’agriculture traditionnelle. Des études menées sur les performances des Mutuelles
Communautaires de Croissance (MC2) montrent que la non atteinte des objectifs sociaux
(amélioration du niveau de vie des paysans) serait due à un manque de suivi du crédit octroyé
de la part des EMF et à une mauvaise utilisation ou, encore mieux, à une mauvaise gestion du
crédit
Obtenu par les paysans (Balep, 2005). Legile et al. (2002), pensent que la
professionnalisation des agriculteurs sera rendue possible par une maîtrise du fonctionnement
global de l’exploitation et de sa gestion (gestion des facteurs de production, gestion de la
trésorerie, gestion des stocks, maîtrise de la sécurité alimentaire et élaboration du plan de la
campagne agricole). Pour Fouda (1998) la gestion et le fonctionnement des exploitations
familiales sont souvent rendus complexes à cause des difficultés rencontrées lors des prises de
décision.
Ainsi, Legile (2002) et Legile et al. (2003), considèrent donc que le CEF est non
seulement une démarche d’aide à la prise de décision de l’agriculteur, mais aussi un outil de
professionnalisation adapté à la situation des paysans surtout en ce qui concerne la gestion de
leurs activités grâce à son modèle de « prévision de campagne ». C’est pour cela que le CEF
est dès lors devenu une nouvelle approche de vulgarisation visant à améliorer les
performances technico-économiques des paysans, le niveau de vie familiale ainsi que la
consolidation de la cohésion et de la stabilité sociale (Halley et al., 2006). La capacité d’auto-
analyse est déterminante dans le processus de professionnalisation conduisant les paysans à
mieux gérer leurs exploitations et percevoir les changements (Djamen et al., 2002). Ceci
s’explique par le fait que la plupart des exploitations ont une gestion incertaine car la
prévision des campagnes à venir est rare, poursuivent les mêmes auteurs.
Testé au Nord-Cameroun depuis 1998 par le PRASAC en partenariat avec l’Institut de
Recherche Agricole pour le Développement et le DGPT, le CEF est expérimenté depuis trois
ans par la Société de Développement du Coton au Cameroun (SODECOTON). Depuis 2006,
cette approche est aussi expérimentée à Akonolinga dans le cadre du projet promotion du
Développement Durable dans les Systèmes de Recherche Agricole du Sud (DURAS) intitulé
« Innovations et savoirs paysans dans les pratiques de gestion des écosystèmes forestiers
humides d’Afrique de l’Ouest (Ghana, Guinée) et du Centre (Cameroun) : diversification des
systèmes associant cultures pérennes et vivrières », en partenariat avec l’Association pour le
Développement des Exploitations Agricoles du Centre (ADEAC) en vue d’améliorer les
performances des agriculteurs de cette région dont le revenu est essentiellement basé sur les
cultures du cacao, du macabo, de la banane plantain et du manioc.
Ainsi, en Mars 2006, deux chercheurs de l’IRAD ont organisé des ateliers de
formation avec les animateurs paysans de l’ADEAC portant sur la programmation
prévisionnelle des campagnes et le suivi technico-économique des exploitations par les
paysans. Plus tard en Novembre 2006, s’appuyant sur les principes d’une démarche de conseil
à l’exploitation familiale développée au Nord-Cameroun, deux journées de discussion ont été
organisées au siège de l’ADEAC à Akonolinga regroupant deux chercheurs de l’IRAD, deux
agents de coordination de l’ADEAC et onze animateurs paysans de l’ADEAC. Après ces
journées de discussions, les animateurs paysans de l’ADEAC ont mis en œuvre des activités
d’aide à la décision dans plusieurs villages de leurs zones d’interventions. Il s’agissait
principalement pour ces animateurs d’aider les paysans et les groupements villageois à mieux
évaluer leurs besoins en semences, en intrants, en produits phytosanitaires, et en main
d’œuvre. Ceci en vue de permettre une meilleure évaluation des besoins en crédit et en
financement de la campagne agricole.
Havard et al. (2001) soulignent que l’approche conseil en Afrique dégage des intérêts
satisfaisants tant pour les paysans que pour les organismes d’encadrement (conseillers,
bailleurs de fonds, Organisations non gouvernementales). Au Bénin par exemple, grâce au
conseil, plus de 2360 agriculteurs se regroupent pour discuter de leurs problèmes (Violas et
Zinse, 2004). En Cote d’Ivoire, certaines ONG ayant intégré l’approche conseil dans leurs
activités, reçoivent le soutien de l’Etat et de la coopération française parce qu’elles ont
contribué significativement à la réduction de la pauvreté (Drissa, 2001).
Vu les bonnes performances du CEF dans les situations rapportées ci-dessus, ces
activités de conseil apparaissent pour l’ADEAC comme un complément important pour leur
activité de microfinance. Cette étude se propose donc de faire une mise au point (bilan) de ces
activités après ces deux années d’expérimentation. Pour y parvenir, il est important de
connaître les activités menées dans la zone par le projet DURAS et ADEAC et comment s’est
inséré les activités de conseil au sein de l’ADEAC.
1.3 Objectifs
L’objectif général de cette étude est de faire le bilan des activités de conseil réalisées
par l’ADEAC, et d’en mesurer les effets sur les exploitations agricoles et sur les activités des
animateurs paysans de l’ADEAC. Plus spécifiquement il s’agira :
- de faire une monographie de l’ADEAC (zone d’intervention, financement,
types d’activités, résultats et perspectives) ;
- de faire le point sur les activités de conseil réalisées par le projet DURAS ;
- caractériser les activités de conseil mises en œuvre par les animateurs paysans
de l’ADEAC ;
- caractériser les profils des animateurs paysans de l’ADEAC, et leur perception
de la démarche et des activités mises en œuvre ;
- d’analyser les perceptions par les paysans des activités de conseil ;
- d’analyser l’impact des activités de conseil sur les exploitations concernées.

1.4 Importance de l’étude


Cette étude revêt une double importance théorique et pratique.
Sur le plan théorique, elle contribuera à l’enrichissement de la littérature sur les nouvelles
approches de vulgarisation et les méthodes de gestion des exploitations agricoles.
Sur le plan pratique, elle permettra aux chercheurs de capitaliser les expériences
réalisées et réviser la méthode et les outils utilisés. Elle sera aussi utile au Gouvernement
comme aide à la définition de nouvelles politiques agricoles visant l’augmentation de la
productivité et de la production agricole et alimentaire et révisant les stratégies de
développement rural. Enfin, elle permettra aux paysans d’acquérir de nouvelles connaissances
et outils de gestion de leurs exploitations.

1.5 Hypothèses de recherche


Pour atteindre les objectifs fixés, il a été nécessaire de s’appuyer sur les hypothèses
suivantes :
- les activités de conseil sont complémentaires des programmes de l’ADEAC ;
- le profil est déterminant dans la maîtrise de la démarche, et plus
particulièrement dans la conduite des activités de conseil ;
- les outils « du conseil sont facilement assimilés par les paysans ;
- la perception des effets du conseil varie selon les objectifs de chaque partie
prenante (acteurs concernés).

1.6 Limites de l’étude


L’approche CEF est en cours de test depuis seulement deux ans dans la localité
d’Akonolinga. C’est peu parce que l’impact du CEF sur les exploitations ne peut être perçu
qu’à moyen et long terme (Havard et al., 2001). Mais la présente étude vise à faire le bilan
des activités de CEF et estimer ses effets directs.

1.7 Organisation du mémoire


Le présent mémoire est organisé en cinq chapitres :
♦ le chapitre 1 introduit le sujet, pose le problème, détermine les objectifs et l’importance du
thème et émet des hypothèses ;
♦ le chapitre 2 présente le cadre théorique, la définition des concepts et la revue de la
littérature ;
♦ le chapitre 3 indique la méthodologie utilisée pour la collecte des données primaire et
secondaires et l’analyse de ces données;
♦ le chapitre 4 présente les résultats obtenus, leurs interprétations, la discussion et
♦ le chapitre 5 conclue et fait des recommandations différentes parties prenantes.
Chapitre 2. Cadre théorique, définition des concepts
et revue de la littérature

2.1 Cadre théorique


La présente étude s’inscrit dans le cadre de la théorie des approches de vulgarisation
(construction et diffusion des innovations). L’approche globale de l’exploitation agricole, et le
postulat de la rationalité serviront de base à l’analyse des effets et de la perception du CEF.

2.1.1 Théorie des approches de vulgarisation : la construction et la diffusion des


innovations.
Van der Ban et al. (1994) définissent une approche comme étant « un ensemble
cohérent de démarches faites dans un but déterminé soit une combinaison organisée cohérente
de stratégies, de méthodes pour l’exécution de la vulgarisation agricole ». Les mêmes auteurs
distinguent quatre approches de vulgarisation agricole:
- l’approche centrée sur une culture de rente qui a pour but d’introduire un
ensemble cohérent de démarches visant le renforcement des capacités des producteurs dans le
cadre de la production et de la commercialisation d’une culture de rente ;
- l’approche centrée sur l’innovation technique fait usage des paysans auto-
sélectionnés appelés « paysans de démonstration » ou « paysans de contact » par qui la
diffusion doit se faire ;
- l’approche centrée sur une catégorie de cibles identifie les catégories
homogènes de paysans dans le cadre de la recherche-développement ;
- l’approche par organisation paysanne vise les groupes de paysans ayant des
ressources et objectifs semblables.
Le CEF vise à professionnaliser davantage les agriculteurs et améliorer leurs
performances technico-économiques. C’est une combinaison de l’approche centrée sur une
catégorie de cibles, et de celle par organisation paysanne.
Pour Rogers (1983), « une innovation est une idée, une pratique ou un objet perçu
comme nouveau par un individu ou toute unité d’adoption ». Freeman (1979), définit
l’innovation comme étant une introduction d’un nouveau processus ou une nouvelle démarche
ou encore un nouveau système à l’intérieur de l’économie.
Treillon (1992), identifie deux formes d’innovations :
- le projet qui renvoie à une action spécifiée dans le temps et l’espace visant à
aider les populations ou groupes sociaux à passer d’un état technique donné à un autre plus
favorable ; c’est l’innovation technique ;
- la conception et la diffusion des produits ; c’est l’innovation matérielle ou des
produits.
Bentz (2002), distingue trois types d’innovations techniques :
- l’innovation simple qui introduit peu de changement au sein de l’exploitation ;
- l’innovation irradiante qui résout un problème sectoriel et a généralement des
répercussions sur l’ensemble de l’exploitation ;
- l’innovation systémique qui implique l’adoption simultanée des diverses
techniques cohérentes entre elles.
Ces trois types d’innovations, d’après Bentz, sont appropriés pour la présente étude
car elles entrent dans l’approche globale du CEF surtout en années 1 et 2.
Dans le cadre de cette étude, nous allons considérer le CEF comme une innovation
construite pour les exploitations agricoles familiales, abordées de façon globale.

2.1.2. L’approche globale de l’exploitation

La théorie de production peut être utilisée pour définir les objectifs à atteindre par une
exploitation agricole sur laquelle l’approche globale aura prévu de faire un diagnostic
(Guiswe, 2005). Ainsi, Jouve et Mercoiret (1987) rapportent que “L’approche globale est une
méthode d’analyse qui considère l’élément étudié comme un tout cohérent dont la non prise
en compte ou la sous estimation d’une ou de plusieurs de ses composantes fausserait la vue
d’ensemble. Elle est donc adaptée à l’étude des réalités dont le déterminisme résulte des
interactions entre de nombreuses composantes que l’on groupe sous l’appellation de système
complexe : ce qui la rend pertinente pour aborder les problèmes posés par le développement
agricole et rural”.
Pour Bonnéviale et al., (1989), l’approche globale est « l’étude d’un complexe de
décisions et d’actions qui sont le fait des personnes (individus ou groupe) agissant dans un
environnement en vue de satisfaire les finalités fixées à cette opération. Cette étude débouche
sur le diagnostic du fonctionnement de l’exploitation agricole ». Marshall et al. (1994)
pensent plutôt que l’approche globale est une démarche qui permet de mieux comprendre la
complexité et le fonctionnement des exploitations agricoles familiales et qui s’appuie sur le
processus technique de prise de décision des agriculteurs ainsi que les sources de complexité.
Fouda (1998), Wambo (2000) et Daouda (2002) pensent que pour mieux comprendre
le fonctionnement d’une exploitation agricole, il doit être considéré comme un système de
production. C’est toujours dans cette optique que Capillon et Sebillote (1980) mentionnent
que « l’exploitation agricole est considérée comme un système finalisé par les objectifs de la
famille confrontée à de nombreuses contraintes ». Ainsi, Le Moigne (1977), définit un
système comme étant « un objet qui, dans un environnement doté de finalités, exerce une
activité et voit sa structure interne évoluer au fil du temps sans qu’il perde pour autant son
identité unique ». De Rosnay (1975), définit le système plutôt sous deux aspects à savoir :
l’aspect structurel et l’aspect fonctionnel.
L’aspect structurel d’un système réfère à l’organisation des ses éléments constitutifs
dont les principaux traits structuraux sont : la limite, des éléments pouvant être dénombrés ou
décrits, des réservoirs de stockage des éléments et le réseau de communication.
L’aspect fonctionnel d’un système, quant à lui, est un ensemble de processus dont les
principaux traits fonctionnels sont : les flux (flux de monnaie et de produits), et les boucles
d’information.
Daouda (2002) distingue trois éléments constitutifs d’un système agricole à savoir :
- le système de production dont la fonction est de mettre en œuvre l’ensemble
des opérations que nécessite la gestion des processus productifs. C’est le cas par exemple de
la gestion des flux de matières, de travail et d’équipement, de monnaie, d’information que
l’exploitation importe ou prélève, qu’elle stocke, transforme ou transporte et qu’elle exporte
ou restitue dans son environnement.
- le système de décision dont la fonction est de générer les décisions qui vont
orienter et assurer le pilotage du système de production, en fonction des finalités et des
objectifs de pilotage. Grâce à ce système, l’étude pourra facilement identifier les effets induits
par le CEF dans les processus de prises de décision à différents niveaux dans l’exploitation
agricole.
- le système d’information chargé d’assurer le couplage entre le système de
décision et le système de production agit comme un canal de transmission d’information entre
les deux systèmes cités précédemment. C’est ici que l’on observe les indicateurs
représentatifs de l’activité du système de décision. La présente étude s’est servie de ce
système pour définir les critères d’évaluation des effets du CEF sur les exploitations agricoles
de la localité d’Akonolinga.
Le fonctionnement général de l’exploitation agricole ne peut être compris que par
l’analyse des relations entre les différents éléments du système d’exploitation (Figure 1).
Potentiel et contraintes de Potentiel et contraintes de
l’environnement physique l’environnement socio-
économique

Exploitation agricole

Famille de l’exploitant
UR- UP- UC- UA

Aides, dons
Moyens de production
Objectifs (Ressources : terre,
travail, capital) Achat/intrants/
Crédit

Décisions Gestion,
Processus technique organisation et mobilisation
de production des facteurs de production

Les produits : agriculture, Dons, Aides


élevage, autres (AGR)
Autoconsommation

Dons,
Aides

Figure 1 : Approche globale de l’Exploitation Familiale Agricole.


Source : Fouda, (1998)
2.1.3. Le postulat de rationalité des décisions de l’agriculteur

Développé par Petit (1975), le postulat de rationalité est fondé sur le principe selon
lequel « les décisions des agriculteurs relatives à leur exploitation visent à atteindre un ou
(des) objectif(s) dans le cadre des actions perçues comme possibles par le groupe familial,
compte tenu de la vision qu’il a de sa situation et des finalités fixées à l’exploitation ».
Daouda (2003), précise que ce postulat permet de comprendre le raisonnement des
agriculteurs dans le choix de leurs décisions et joue aussi un rôle important dans l’approche
globale.
Le choix d’une alternative n’est possible que dans un contexte où il y a d’abord une
situation et où il y a plusieurs possibilités ou alternatives. Ce choix est parfois guidé en
fonction des moyens (atouts et contraintes) dont disposent les agriculteurs. Legile (1999),
rapporte à ce sujet que les contraintes et les opportunités qui se présentent aux paysans
amènent ces derniers à prendre constamment des décisions. Cette prise de décision est parfois
rendue complexe dans la mesure où dans certaines exploitations il y a des conflits d’autorité.
Ces contraintes qui limitent parfois les champs de décisions possibles, freinent l’atteinte des
finalités du système d’exploitation (Daouda, 2002). Ceci entraîne aussi une complexification
du fonctionnement de l’exploitation. Fouda (1998), souligne que la complexité du
fonctionnement des exploitations est parfois due à la non unicité des centres de prise de
décision car, poursuit l’auteur, l’unité de production regroupe en son sein divers groupes
d’acteurs sociaux (mari, épouse(s), parents, amis, dépendants) aux objectifs divergents et
parfois même conflictuels. Le CEF étant un outil d’aide à la décision, permettra aux
exploitations agricoles de résoudre ces conflits (Legile, 2006).
La définition de l’approche globale de l’exploitation agricole et du postulat de
rationalité de décision de l’agriculteur permettent d’une part de faire une description de
l’exploitation, des orientations de production et des performances technico-économiques et,
d’autre part, d’étudier leur fonctionnement à travers l’évolution des processus de prise de
décision et d’orientation des objectifs et des finalités (Daouda, 2002). La figure 2 présente le
fonctionnement global des exploitations agricoles familiales.
Situation (atouts et contraintes) Finalités/Objectifs : activités extra
Famille, histoire agricoles
Moyens de production Ressources : lesquelles ? En quelle
Environnement agro écologique et quantité
socio-économique Besoins : lesquels ? Dans quels ordres ?

Décisions
Qui décide de l'allocation des ressources ?
Comment sont utilisées les ressources ?
Qui doit satisfaire ces besoins ? Qui prend la décision ?
Comment se font les choix ?

Système opérant (les pratiques)


Qui produit ? Qu’est ce qui est produit ?
(Choix des spéculations, des conduites,
et choix concernant l'appareil de production)

Résultats
Combinaisons des productions économiques
(revenus, flux, marges), Ressources/Besoins
Techniques (rendement, production…)

Comment fonctionne l'exploitation agricole ?

Que fait le chef d'exploitation ? (ses actions, ses résultats)


Comment il le fait ? (son organisation, ses capacités de régulation)
Pourquoi il le fait ? (ses finalités, sa perception de l'environnement)

Figure 2 : Fonctionnement globale de l’exploitation agricole familiale


Source : Balkissou (2000) et Wambo (2000)
2.2. Définition des concepts

Pour mieux appréhender le conseil aux exploitations agricoles familiales, nous allons
nous appuyer sur les concepts suivants : l’exploitation agricole, la gestion, le conseil de
gestion, le conseil aux exploitations familiales, la vulgarisation, l’innovation, l’adoption, la
diffusion, la perception, le diagnostic, l’évaluation, la mesure d’effet et la mesure d’impact.

2.2.1. L’exploitation agricole


Fouda (1998), Djonkang et Gafsi (2002), considèrent l’exploitation agricole comme
une unité de production, de consommation, de résidence et d’accumulation constituée d’un
ménage et placée sous l’autorité d’un chef généralement appelé « chef d’exploitation ». Pour
Havard et al. (2001), l’exploitation agricole est considérée comme un tout c'est-à-dire un
système. C’est toujours dans ce sens que Faure et al. (2004), définissent l’exploitation
agricole comme un système complexe constitué des cultures, de troupeaux, de la main
d’œuvre en interaction avec le climat, la végétation et le sol.
Djoukam (2003) et Guiswe (2005), pensent que l’exploitation agricole est une unité de
production économique (entreprise) où le chef d’exploitation cherche à optimiser ses facteurs
de production (terre, travail, capital) afin de produire des biens et services dans le but de lutter
contre l’insuffisance alimentaire d’une part et obtenir un revenu satisfaisant d’autre part.
Les exploitations agricoles sont caractérisées par l’inventaire des ressources dont peut
disposer le chef d’exploitation et par l’évaluation de l’importance de celles-ci (Dufumier,
1996). Le fonctionnement de l’exploitation rencontre parfois d’énormes difficultés. A ce
sujet, Legile (2002) précise que l’insécurité alimentaire, la gestion de la trésorerie, et
l’élaboration du plan prévisionnel de campagne sont les principaux facteurs qui ralentissent le
fonctionnement des exploitations agricoles. Dans ce contexte, le conseil de gestion peut
assurer le bon fonctionnement des exploitations agricoles car ses principaux problèmes sont
inclus dans ses objectifs.
L’analyse du fonctionnement technico-économique de l’exploitation agricole se
pratique dans des situations variées, correspondant les unes à des schémas traditionnels de
diffusion des innovations techniques (vulgarisation thématique de contenus standardisés
concernant une production particulière), les autres à des interventions plus novatrices (conseil
de gestion, crédit décentralisé.) (Devienne et Wybrecht, 2002).
2.2.2. La gestion
La gestion est l’organisation et l’utilisation judicieuse des moyens de production pour
atteindre un but. Certains auteurs (Terry et Franklin, 1985) pensent que la gestion est à la fois
une science et un art. La science est une connaissance apprise tandis que l’art est une aptitude
créative personnelle. Ainsi, la science de la gestion est un ensemble de connaissances
systématiques qui permettent d’atteindre les vérités générales.
Terry et Franklin (1985) définissent ainsi la gestion comme « un processus spécifique
consistant en une activité de planification, d’organisation, d’impulsion et de contrôle visant à
déterminer et à atteindre des objectifs définis grâce à l’emploi d’être humains et la mise en
œuvre d’autres ressources ».
La gestion est une activité qui transforme les ressources (matérielles et humaines)
inorganisées en réalisations utiles et qui permet de prendre une décision en fonction des
objectifs d’une exploitation compte tenu des contraintes et des opportunités en présence
(Terry et Franklin, 1985 et Dufumier, 1996).
Selon Goud (1997), la gestion étant une prise de décision face à une situation, c’est
faire des choix en fonction des objectifs, des moyens (atouts et contraintes) et la perception de
ce « qu’il serait possible de faire » compte tenu des données disponibles. Djoukam (2003),
précise « qu’il y a souvent un décalage de décision à priori (car envisagée par un modèle
d’optimisation) et celle du décideur ».
La gestion des exploitations agricoles est donc un processus de prise de décision basé
sur l’allocation des ressources limitées à des alternatives de production pour atteindre un
objectif. Terry et Franklin (1985), soulignent que pour atteindre leurs objectifs de production,
les gestionnaires ont besoin des 6M c'est-à-dire les Moyens financiers, la Matière, les
Machines, la Méthode, la Monnaie (capitaux) et les Marchés. Dorward et al. (2007),
définissent la gestion des exploitations agricoles comme un processus de décision qui englobe
l’évaluation et l’application des différentes stratégies de production. Si la gestion est un
processus de décision il est important de clarifier la notion de prise de décision dans une
exploitation agricole.
Terry et Franklin (1985), définissent justement la prise de décision comme « une
adéquation des techniques actuelles, une utilisation des toutes dernières techniques, et le
développement des compétences dans l’établissement des différentes actions possibles ». Les
mêmes auteurs précisent qu’en gestion, pour qu’il y ait prise de décision, il faut qu’il existe
plusieurs possibilités, même si la meilleure alternative est parfois de ne rien faire. Or pour
Will (1980), prendre une décision c’est parvenir à une conclusion de faire quelque chose. La
prise de décision est orientée par trois questions essentielles à savoir : Quoi produire ?
Combien produire ? Comment produire ?

2.2.3. Le conseil de gestion

Le conseil a en effet pour fonction d’aider le producteur à atteindre ses objectifs


(Chombart de Lauwe et al., 1969). Pour Miste (2008), il s’agit d’apporter un regard extérieur
au paysan concernant sa situation et ses possibilités. Ce conseil pouvant prendre différentes
formes : technique et économique. Le conseil est donc construit sur la base des informations
recueillies au sein de l’exploitation (Havard et al., 2001). Il existe trois types de conseil dans
une exploitation à savoir :
- le conseil technique qui vise à modifier les pratiques culturales ;
- le conseil technico-économique qui aide l’agriculteur à choisir les contraintes
d’agriculture, les techniques ;
- le conseil de gestion qui aide l’agriculteur à prendre une décision de manière
générale.
C’est toujours dans cet ordre d’idée que Havard et al. (2003) rapportent que le conseil
de gestion est une démarche d’analyse des exploitations qui amène des changements suite à
un dialogue constructif entre les conseillers (animateurs) et les paysans. Le conseil de gestion
permet aux paysans, comme le soulignent Chombart de Lauwe et al. (1969), d’atteindre leurs
objectifs en leur apportant une vision nouvelle sur leur situation et leurs possibilités technico-
économiques. Le conseil de gestion prend donc en compte l’ensemble de la situation de
l’exploitation et crée un dialogue avec le producteur dans un cheminement d’amélioration qui
s’étend sur plusieurs années (Kleene et al., 1995).
Pour Djamen et Havard (2000), il s'agit « d'une approche d'appui au monde agricole,
qui par la voie d'animateurs/conseillers, se propose de trouver ensemble avec le producteur la
meilleure adéquation entre ses objectifs, ses moyens et ses connaissances pour améliorer les
performances de son exploitation ». Legile (1999) définit le CdG comme étant une aide à la
décision à travers un processus d’apprentissage faisant évoluer les représentations de
l’agriculteur avec les étapes suivantes : prévision, action, évaluation des conséquences de la
décision, confirmation ou modification des représentations. Dorward et al. (2007), précisent
que l’approche conseil de gestion des exploitations inclue le budget de l’exploitation, les
marges brutes, le bilan, le flux de trésorerie et le compte d’exploitation prévisionnelle.
2.2.4 Le conseil aux exploitations familiales (CEF)
Dugué et al. (2004) rapportent que lors de l’atelier de Bohicon en 2001, le terme
conseil de gestion (CdG), jugé trop restrictif, car connoté «comptabilité-gestion», ne reflétait
pas la diversité des expériences présentées par les participants. D’où la proposition à l’avenir,
d’employer le terme de conseil aux exploitations familiales (CEF) qui recouvre plusieurs
types de conseil conçus et mis en œuvre dans des contextes différents et selon des approches
distinctes. De façon synthétique Dugué et al. (2004), définissent le CEF comme « une
démarche globale qui renforce les capacités des paysans et de leur famille à suivre leurs
activités, analyser leur situation, prévoir et faire des choix, évaluer leurs résultats. Il prend en
compte les aspects techniques, économiques, sociaux et, si, possible, environnementaux de
leurs activités ». Le but du CEF est d'enrichir l’approche Formation et Visite en proposant un
contenu novateur, tout en respectant ses règles de fonctionnement.

2.2.5. Vulgarisation, innovation, adoption, diffusion et perception

Vulgarisation
Leagans (1961) définit la vulgarisation agricole comme un processus d’enseignement
qui induit des changements du niveau des connaissances, des pratiques et des attitudes des
agriculteurs dans la perspective d’améliorer leur production agricole et de relever leur niveau
de vie. Pour Mercoiret (1994), la vulgarisation en Afrique a souvent été entendue comme « un
moyen de faire adopter par les producteurs des techniques mises au point par la recherche
agronomique, grâce à un dispositif d’encadrement organisé à différentes échelles
géographiques ».
Innovation
Pour Roger (1999), l’innovation d’une manière générale, est une nouvelle invention.
Selon Millerand (1998), l’innovation technique est un paquet technologique inventé par les
chercheurs en vue d’apporter une solution à certains problèmes concernés par le domaine
d’invention. Pour Bentz (2002), l’innovation technique est une nouvelle méthode de
combinaison des facteurs de production. Toujours dans le même sens, Djomo (2007) précise
que « l’innovation technique ne peut être isolée de sa composante économique, ni de ses
composantes organisationnelles, institutionnelles, sociales et politiques ».
Dans le contexte agricole, elle sera considérée comme des nouvelles techniques
culturales, l’introduction d’une nouvelle variété ou d’espèce animale ou végétale, d’un
nouveau mode de conduite du troupeau et d’une nouvelle façon d’organiser le travail et de
gérer les exploitations agricoles visant à améliorer le revenu de ces dernières (Dugué et Faure,
2001). Pour Tchatchoua (2007) l’innovation en Afrique est considérée comme une nouvelle
manière de développer les stratégies de production due aux effets de la crise économique sur
l’activité agricole.
Adoption
Selon Millerand (1998) et Tchatchoua (2007), l'adoption est perçue comme un
processus centré sur le cheminement mental de l’individu caractérisé par plusieurs phases,
depuis la première exposition à ce dernier, jusqu'à la confirmation ou le rejet de l'adoption.
L’adoption est également définie comme une décision d’appliquer une nouvelle technologie
(innovation) et continuer à l’utiliser (Tchatchoua, 2007). C’est toujours dans la même optique
que Rogers (1983), précise que l’adoption est une décision de choisir une innovation lorsque
celle-ci est considérée comme la meilleure alternative. Pour qu’une innovation soit facilement
adoptée, il faut qu’elle soit appropriée c'est-à-dire adaptée au contexte (économique, culturel,
social ou agro écologique), qu’elle apporte un service qui présente un réel intérêt pour le
producteur, être acceptable surtout socialement et financièrement (Ava et al., 2006).
Selon Rogers (1983), les usagers d’une innovation sont classés selon cinq profils
types : les novateurs (2,5 %), les premiers utilisateurs (13,5 %), la première majorité (34 %),
la seconde majorité (34 %) et les réfractaires (16 %).
Diffusion
La diffusion peut être vue comme le cheminement de l’innovation depuis le système
source jusqu’au système receveur (Tchatchoua, 2007). Une définition plus opérationnelle
considère le processus de diffusion comme l’acceptation au cours du temps de certains faits
(innovations) par des unités d’adoption (individus, groupes, communautés) qui sont liées à
des canaux externes de communication et liées entre elles par une structure de relations
sociales et un système de valeurs, ou une culture (Katz, 1972). Rogers (1983) remarque que la
diffusion peut être planifiée ou spontanée. Tchouamo et Steele (1997) soulignent que la
diffusion d’une innovation est fortement influencée par le mode de diffusion.
Les recherches qui relèvent de ce type d'approche s'attachent à l'analyse de l'adoption
d'une innovation technologique au moment de sa diffusion, c'est- à-dire sans prêter attention à
l'étape de la conception du produit qu'elle étudie. Ainsi Millerand (1998) précise que « les
questions de recherche s'attachent, d'une part, à savoir comment se diffusent les innovations
et qui en sont les adoptants, en élaborant des modèles comportementaux et, d'autre part, à
mesurer l'impact de leur adoption à travers les changements opérés dans les pratiques ».
Lavigne-Delville et wybrecht (2002) pensent que « pour se diffuser, une innovation
technique, organisationnelle ou institutionnelle doit nécessairement correspondre aux intérêts
d’une partie au moins des agriculteurs. Ces intérêts se déterminent par rapport à leur propre
situation économique et sociale, et par rapport au milieu en question ».
Perception
Le petit Larousse (1999) définit la perception comme étant le fait de saisir quelque
chose par le sens ou l’esprit. Pour le Dictionnaire Robert (1995), la perception est une
opération de l’intelligence ; c’est la présentation intellectuelle, l’idée ou l’image faite d’une
situation, la situation pouvant être une innovation (le CEF par exemple). Cette définition nous
amène à étudier le comportement des agriculteurs face à la gestion de leur exploitation
agricole et de leur pratique. Soua (2001) rapporte à ce sujet que c’est grâce à la perception
qu’un individu choisit ce qui lui semble avoir un sens et ceci en fonction de ses attentes.
Manepi (2004) quant à lui, pense que la perception est une considération empirique car selon
lui, c’est le moment où les prises de décisions (adoption ou non d’une innovation) sont
influencées par les attitudes et les considérations socio-économiques. Pour Vernon (1971), la
première étape de la perception est l’appréciation de la forme d’un objet. L’objet étant
l’innovation ramenée précisément au CEF dans le cadre de la présente étude.
Ava et al. (2006) rapportent que la perception du changement d’une innovation peut
s’observer à plusieurs niveaux à savoir :
- au niveau de l’exploitation, par une augmentation de la production, la
réduction de la pénibilité du travail ;
- au niveau de la famille, par une augmentation du revenu et une amélioration du
niveau de vie ;
- au niveau de la communauté, par un renforcement des collaborations entre les
adopteurs et les autres membres de la communauté.

2.2.6. Le diagnostic de l’exploitation

Un diagnostic est un jugement porté sur une situation à partir de l’analyse


d’indicateurs ou de paramètres (Lavigne-Delville et Wybrecht, 2002). Pour Djomo (2007),
élaborer un diagnostic c’est « identifier et apprécier les forces et faiblesses d’une exploitation
et en rechercher les causes ». Boukassa (2003) pense que le diagnostic repose sur un système
de collecte d’informations. Toute intervention en milieu rural repose sur une analyse explicite
ou implicite de la situation qui permet d’identifier des facteurs défavorables et de proposer
des actions modifiant ces facteurs (Lavigne-Delville et Wybrecht, 2002). Selon Havard et al.
(2001) le diagnostic du fonctionnement des exploitations est une nouvelle approche testée en
Afrique. Ainsi, les mêmes auteurs pensent que le diagnostic est un outil préalable à un conseil
ou à un suivi d’exploitation.

2.2.7. Le concept d’évaluation

Evaluer, c’est mesurer ou estimer l’efficacité d’un programme, l’efficience des


moyens mis en œuvre et l’impact des pratiques ou activités de ce programme. Selon Halley
al.,(2006), l’évaluation est une appréciation objective et systématique d’un projet, d’un
programme ou d’une politique, en cours ou terminé, de sa conception, de sa mise en œuvre et
de ses résultats. Les mêmes auteurs poursuivent en précisant que le but de l’évaluation est de
déterminer la pertinence et l’accomplissement des objectifs, l’efficience en matière de
développement, l’efficacité, l’impact et la durabilité. Ils soulignent que le terme « évaluation
désigne également un processus aussi systématique et objectif que possible par lequel on
détermine la valeur et la portée d’une action de développement projetée, en cours ou
achevée ». Misté (2008), souligne que « Une évaluation devrait fournir des informations
crédibles et utiles permettant d’intégrer les leçons de l’expérience dans le processus de
décision des bénéficiaires et des bailleurs de fonds ».
Selon Fouda (1998), l’évaluation est une attitude permanente de questionnement, une
attitude critique d’analyse, une dynamique, un outil de gestion, un temps d’arrêt pour réfléchir
et faire le bilan. Ainsi, l’évaluation consiste en un rapprochement des objectifs prévisionnels
aux réalisations par la mesure des écarts et une identification des obstacles ayant empêché la
réalisation des objectifs prévisionnels. Le même auteur précise que bien que souvent perçue
comme un contrôle suivi de sanction, l’évaluation a une dimension pédagogique qui
conditionne l’apprentissage de leçon et le choix des orientations futures. Or Girardin (2007)
pense plutôt que l’évaluation n’est pas un contrôle. Car selon le même auteur, un contrôle est
une vérification de l’application d’un règlement, du respect des cahiers de charges ou de
justification d’une subvention.
Patton (1982), précise que le concept d’évaluation avait été initié en 1960 par les
bailleurs de fonds américains en vue de s’assurer l’utilisation efficace et efficiente des fonds
investis dans les projets de développement. Afin de mieux apprécier une évaluation, il est
important de préciser les indicateurs ou critères d’évaluation (Patton, 1982, Fouda, 1998 et
Girardin, 2007). Pour Girardin (2007), un indicateur est « une variable qui fournit des
renseignements au sujet d’un système complexe en vue de faciliter sa compréhension aux
utilisateurs de sorte qu’ils puissent prendre des décisions appropriées qui mènent à la
réalisation des objectifs »
Fouda (1998), indique que les critères d’évaluation des projets et des programmes
couramment utilisés sont :
- l’efficacité qui consiste à comparer les objectifs aux résultats ;
- l’efficience qui permet de mesurer les ressources utilisées pour la réalisation
des objectifs. C’est l’analyse coût-bénéfice ;
- l’impact qui relève d’un ensemble d’effets sur l’environnement au sens large
(technique, économique, social, culturel, écologique etc.…) ;
- la viabilité qui réfère à une estimation des chances de survie c'est-à-dire la
capacité de poursuivre les activités ou les actions ;
- la participation des bénéficiaires qui représente l’implication de ces derniers et
leur appropriation de la stratégie d’intervention.

2.2.8. Mesure des effets et d’impact du conseil

Les effets du conseil permettent d’apprécier les premiers changements (court et moyen
termes) chez les bénéficiaires, par exemple l’amélioration de la gestion des facteurs
(optimisation des ressources) de production et la prise de décision, l’augmentation du revenu
(Miste, 2008). L’impact du conseil quant à lui permet d’apprécier les conséquences à long
terme de la mise en œuvre du CEF. Misté (2008), souligne que ces changements de long
terme se traduisent par une croissance pro-pauvre.
Havard précise six critères de mesure d’effet et d’impact du CEF :
1. Prise de décision (Niveau de centralisation, Niveau de contrôle, Capacité de
réaction)
2. Gestion (Niveau d’enregistrement, Niveau de prévision, Niveau d’analyse par
rapport à la gestion du stock vivrier, la gestion de la trésorerie, le plan de
campagne/déroulement des opérations, l’organisation du travail sur l’exploitation, les résultats
technico-économiques..)
3. Capacité d’innovation (innovation technique) tel que amélioration des pratiques
4. Performances technico-économiques qui permettent évaluer critères 1, 2 et 3
notamment les rendements, les recettes, les dépenses, les résultats par rapport aux coûts
- en rapport à une année de référence
- en rapport à une innovation technique
- en rapport à une prise de décision liée à un changement de structure :
investissement, capitalisation élevage, accroissement des superficies…
5. Diffusion du conseil (circulation de l’information, transfert de connaissances,
transfert de pratiques en matière de gestion ou d’innovations techniques)
6. Capacités d’appropriation de la démarche (expression des besoins et évolution,
évolution du type de conseil, capacités d’innovation, de diffusion)

2.2.9. Les conseillers au cœur du Conseil

Pour Faure et al. (2004), et Legile et al. (2004), le conseiller est considéré comme la
pierre angulaire du dispositif du CEF car c’est sur lui que repose la qualité et la réussite de la
démarche. Selon Faure et al. (2004), un conseiller ou animateur est toute personne ayant un
certain niveau scolaire et ayant des connaissances en agronomie générale. Djonnéwa et al.
(2001) pensent que les conseillers sont les personnes chargées de la mise en œuvre du CEF
ayant un bon niveau scolaire et un contact facile avec les paysans. Pour Djomo (2007), le
conseiller agricole est un spécialiste du secteur agricole qui doit assister les agriculteurs à la
maîtrise du fonctionnement global de leur exploitation. Djamen et al. (2003 b) précisent que
les programmes des trois années du CEF sont maîtrisés par les conseillers en fonction de leur
niveau scolaire.
Suite aux études menées au Nord Cameroun, Daouda et Havard (2002), Djamen et al.
(2003 b), mentionnent que les conseillers sont assistés dans leurs tâches par les animateurs qui
sont généralement des personnes instruites, ouvertes, ayant des potentialités d’organiser et de
regrouper les paysans et d’apporter des orientations à leurs problèmes. Violas et Gouton
(2005) précisent que certains animateurs se considèrent comme des conseillers à part entière
dû au fait que leur rôle n’est pas clairement spécifié.
La formation des conseillers et leurs reconnaissances professionnelles sont des
conditions indispensables à la maîtrise et la diffusion de la démarche du CEF (Legile, 2004, et
Briffaud et al., 2004). L’un des facteurs majeurs relatifs au succès du CEF est la nature des
relations qui existent entre les conseillers et les paysans (Legile, 2006). D’autant plus qu’avec
le CEF, les conseillers doivent renforcer les capacités des paysans dans le processus de
décision, les amener à progresser d’eux-mêmes dans la résolution de leurs problèmes,
d’organiser les échanges entre les paysans (Boissier, 2007), un accent particulier doit être mis
sur les compétences fondamentales (ou profil) des conseillers (Legile, 2006).
Pour Mana (2007), un bon conseiller ou animateur est celui là qui est disponible à
s’adapter au calendrier des paysans, avoir un sens de l’organisation des groupes de
production, avoir une capacité d’écoute, de diagnostic et de dialogue pour comprendre les
points de vue des producteurs, savoir valoriser les savoirs faire locaux. Etant donné la
complexité de la démarche du conseil (bilan, trésorerie, comptabilité-gestion, calcul,
élaboration et analyse des micro-projets), Faure et al. (2004), pensent que les performances
qu’un conseiller doit avoir sont :
- connaissance sur le fonctionnement des exploitations agricoles et sur
l’agriculture de sa zone d’intervention ;
- maîtrise de la langue nationale (écrit et oral) ;
- maîtrise des principales techniques de production de sa zone d’intervention
(conduite des cultures et des troupeaux, gestion de la fertilité des terres, etc.) ;
- maîtrise de certaines méthodes d’analyse économique et financière des
résultats obtenus par les exploitations (analyse des marges, compte d’exploitation, etc.) ;
- maîtrise des méthodologies d’intervention (du diagnostic à l’évaluation) ;
- aptitude pour l’animation (conduite de réunion, travail en groupe, etc.) ;
- utilisation dans certains cas de l’informatique.
Legile (2006) souligne que les compétences des conseillers sur le terrain ne reflètent
pas toujours leurs spécialisations. Cette remarque de Legile fait penser que la perception du
profil du conseiller peut varier en fonction des acteurs impliqués dans la démarche du CEF
(tableau 3). Havard (2002), pense que la compétence des conseillers varie en fonction des
tâches qui lui sont assignées ou en fonction du stade de la démarche (encadré ci-après)

L’animateur Un rôle clé dans le dispositif conseil de gestion


Un homme (une femme) polyvalente (au moins BEPC)
– connaissances en agronomie, élevage
– aptitudes pédagogiques
– maîtrise des approches participatives et techniques d’animation
– diplomate pour mettre les paysans en confiance afin qu’ils s’expriment
Un profil variable selon le niveau de conseil
– année 1 et année 2 : animateur niveau scolaire BEPC
– année 3 : conseil individuel demande bonnes capacités de synthèse et d ’analyse
Source :Havard et al. (2002 :2)
(Bac au moins)
Organisation de son travail
– 4 à 6 groupes par animateur à temps plein
– appui par un animateur villageois
Tableau 2: Profil du conseiller en fonction des parties impliquées.
Le point de vue des le point de vue des
producteurs opérateurs de développement
Sensibilisation au CEF. Idem producteurs
Formation des producteurs. Plus fonction de facilitateur.
Animation de groupe.
Analyse des données et
Les fonctions
restitution.
Conseil individuel.
Accompagnement
d’initiatives issues du groupe.
Personne connue des Aptitude à l’animation
paysans, rurale.
ayant des attaches et des Capacité d’écoute et
pratiques d’analyse.
Les qualités paysannes. Capacité à travailler en
et le profil requis Capable de travailler sur le équipe.
terrain. BEPC + 3 ans d’études
Niveau d’études supérieur à agricoles ou Bac + formation
la quatrième mais pas au-delà du agricole complémentaire.
niveau Bac.
L’OP participe au Salaire mensuel négocié d’un
recrutement et au suivi-évaluation commun accord mais prenant en
du conseiller. compte la grille salariale du pays.
Le statut et
L’OP contrôle les dépenses Respect du code du travail.
la rémunération
salariales. Primes et avantages en
Le salaire est fonction des fonction de la charge de travail et
revenus des paysans et de l’OP. des résultats.
Source : Faure et al. (2004).
Djamen et al. (2002) montrent que les conseillers du PRASAC au Nord- Cameroun
sont des techniciens agricoles ayant de bonnes connaissances du terrain, disponibles et
capables de réaliser un travail d’écoute et de diagnostic avec les producteurs. Selon Havard
(2002) et Legile (2006), certains spécialistes en comptabilité générale et en gestion des
exploitations (entreprise) ont des difficultés de s’approprier du CEF. Malgré cette variabilité
du profil des conseillers, Daouda (2002) et Havard (2003) pensent qu’un bon conseiller doit
être capable de remplir les fonctions de formateur, animateur, vulgarisateur et conseiller
proprement dit (tableau 3)
Tableau 3 : Les principales tâches et activités d’un animateur/Conseiller
Animation Formation Vulgarisation Conseil
- Aide à la - Formation - Explication des - Diagnostic
constitution des des groupes de fiches techniques d’exploitation
groupes paysans aux bases - Aide à la mise - Aide à
- Animation de la gestion et aux en place et/ou suivi des l’élaboration et à la
des groupes de analyses technico- actions techniques mise en oeuvre des
paysans économiques (multiplication des projets
- - Formation semences, production et - Aide à la
Organisation des des paysans relais. valorisation de la gestion des activités
sessions fumure…) de l’exploitation
Thématiques - Démonstration (Conseil tactique)
et tests d’équipements de - Aide à
traction animale l’élaboration et à la
- Introduction et mise en oeuvre des
diffusion des innovations projets (Conseil
- Organisation des stratégique)
visites d’échanges
Source : Havard, (2003 )

La démarche du conseil aux exploitations familiales


Les fonctions du conseiller ci-dessus mentionnées sont donc au centre du CEF. Raison
pour laquelle Wey et al. (2007) pensent qu’un accent doit être mis sur la formation des
conseillers en ce qui concerne le diagnostic global de l’exploitation sur les thèmes suivants
qui forment la démarche du CEF :
- La sécurité alimentaire dont le but est d’aborder avec les paysans l’évaluation
des besoins alimentaires de la famille et de confronter ces données avec le disponible à la
récolte (Quels sont mes besoins ? Quelles sont les quantités dont je dispose ? Est-ce que
j’aurai assez de nourriture pour ma famille jusqu’à la prochaine récolte ?);
- Le plan prévisionnel de campagne dont l’objectif est d’amener le producteur à
prévoir les activités de production de la prochaine campagne agricole et de vérifier s’il a les
moyens nécessaires (main d’œuvre, finances, etc…) pour réaliser ses objectifs de production
(Qu’ai je l’intention de faire lors de la prochaine campagne ? Quels sont mes besoins
(intrants, argent, main d’œuvre) pour l’assolement retenu ? Quelles sont mes ressources
(intrants, surface, argent, crédits, main d’œuvre, autres) mobilisables ? Mes ressources me
permettent-elles de réaliser mes objectifs ? Comparaison entre besoins et ressources,
recherche de solutions) ;
- La trésorerie dont l’objectif est de faire en sorte que le chef d’exploitation
dispose de suffisamment d’argent pour couvrir ses dépenses et réaliser ses projets (Quelles
sont mes besoins en argent (dépenses) ? Quelles sont mes ressources (ventes cultures et
animaux, travaux) ? Aurai-je assez d’argent pour couvrir les dépenses prévues ?) ;
L’analyse technico-économique qui va permettre d’améliorer les capacités de diagnostic de
chaque activité rémunératrice pour pouvoir prendre les décisions les plus appropriées
(Sensibiliser les paysans à la saisie détaillée de données relatives aux suivis techniques et
économiques des toutes activités de production, Déterminer les contraintes techniques,
économiques, sociales à la production agricole des producteurs, Evaluer les conditions
économiques de production des principales cultures).

2.3 Revue de la littérature.

2.3.1. Le CEF : historique, évolution, expériences

2.3.1.1 Historique et évolution du CEF

C’est grâce à une étroite collaboration entre la section d’économie rurale de l’Institut
National de Recherche Agronomique (l’INRA) et de la chaire d’économie rurale de l’Ecole
Nationale Supérieure d’Agriculture (ENSA) de Grignon, conduite par le professeur Chombart
de Lauwe qu’est née l’idée des centres de gestion des exploitations agricoles. Considéré
comme le père de la gestion agricole en France, Chombart de Lauwe a mis au point une
méthode de gestion des exploitations en 1957 (Legile, 1999). L’évolution des problèmes de
gestion des exploitations et des cadres de représentation n’a pas été sans influence sur les
méthodes et outils développés, même si d’autres facteurs y ont aussi concouru
(informatisation, et obligations administratives). Parmi ceux-ci, l’un des plus importants
actuellement est certainement la prise en compte du savoir-faire gestionnaire des agriculteurs.
Si pendant longtemps la gestion a uniquement été associée à l’obtention de «résultats»,
aujourd’hui elle commence à être déclinée en terme de pratique, de raisonnement.
Cette nouvelle approche mise sur pied par Chombart de Lauwe, vient combler les
limites de la vulgarisation classique (Havard et al., 2002, 2003) qui était caractérisée de « top
down » car elle ne prenait pas en compte les savoirs locaux et les besoins réels des paysans
(Tchouamo et Steele, 1997, Tchouamo et al., 2006). D’ailleurs Misté (2008) rapporte que la
« vulgarisation en Afrique a souvent été conçue dans le but de faire adopter par les
producteurs, grâce à des dispositifs d’encadrement, des techniques mises au point par la
recherche agronomique ».
Tchouamo et Steele (1997), Havard et al. (2001), et Djoukam (2003), précisent que le
système «Training and Visit » de la Banque Mondiale et les approches du Programme
National de Vulgarisation et de recherche Agricole de l’ex MINAGRI ont longtemps répondu
à ce modèle au Cameroun. Bien qu’ayant contribué à la diffusion de nombreuses innovations
techniques, ces approches ont rarement contribué à l’amélioration du fonctionnement global
de l’exploitation (Tchouamo et al., 2006 ; Legile 2006, Misté, 2008). Pour corriger cette
lacune, Havard (2002), Daouda et Havard (2003) , Legile et al. (2004) pensent qu’un
diagnostic de l’exploitation est nécessaire en préalable au conseil. Dans le cadre de la
définition des nouvelles politiques agricoles, la plupart des Etats et les bailleurs de fonds
cherchent à ressortir les limites de la vulgarisation classique pour laisser place au conseil
(Misté, 2008). Le tableau 4 indique quelques limites de la vulgarisation classique.
Tableau 4 : Quelques limites de la vulgarisation classique (Training and Visit)
Vulgarisation • Diffusion de thèmes surtout techniques.
« classique » • Conseillers détenteurs du savoir : les producteurs sont des
récepteurs des messages.
• Importance des démonstrations sur le terrain mais les
groupes sont rarement constitués par affinité.
• Paysans ne gérant pas les dispositifs et ne choisissant pas les
conseillers.
• Savoirs paysans peu valorisés.
• Liens forts avec les recherches agronomiques publiques et/ou
privées qui mettent au point les thèmes
Source : adapté de Daouda (2002) et Misté (2008)
L’approche conseil (de gestion) était considérée comme une aide à la prise de décision
(Legile, 1999). Sa démarche et ses outils étaient beaucoup plus basés sur les calculs, la
comptabilité-gestion, l’animation de groupe, la technique du questionnement, de la
participation des paysans, des visites de terrain. Legile (1999) précise que l’application du
conseil de gestion nécessitait un certain niveau de scolarisation et une certaine connaissance
en agriculture et en comptabilité tant de la part des paysans que des conseillers.
Ainsi, Dugué et al. (2004) rapportent que lors de l’atelier de Bohicon en 2001, le
terme conseil de gestion (CdG), jugé trop restrictif, car connoté «comptabilité-gestion», ne
reflétait pas la diversité des expériences présentées par les participants. D’où la proposition
d’employer le terme de conseil aux exploitations familiales (CEF) qui recouvre plusieurs
types de conseil conçus et mis en œuvre dans des contextes différents et selon des approches
distinctes. Le CEF permet de renforcer la capacité du producteur à maîtriser le
fonctionnement de son exploitation, à améliorer ses pratiques en combinant innovations
paysannes et innovations extérieures, à prendre de meilleures décisions pour atteindre les
objectifs qu’il se fixe avec sa famille. En ce sens, les démarches de type CEF peuvent
utilement contribuer à la réforme des systèmes de vulgarisation classique, en dotant les
producteurs de capacités à définir leurs besoins, à préciser leurs objectifs tant au niveau de
leur exploitation que de leur famille, à maîtriser leurs actions et, plus largement, les processus
de gestion concernant leurs unités familiales de production.

2.3.1.2 Quelques expériences du CEF en Afrique de l’Ouest


C’est au Sénégal que les premières expérimentations de cette méthode ont été réalisées
pendant la période 1973-1981. Ceci dans le cadre des « Unités expérimentales du Sine
Saloum » où les chercheurs ont senti la nécessité de s’intéresser directement aux problèmes de
transfert de technologie dans le monde rural. Pour répondre à cette préoccupation une
recherche-action a été lancée par une équipe pluridisciplinaire de chercheurs. C’est ainsi que
la méthode de conseil de gestion développée par l’Institut Sénégalais de la Recherche
Agricole (ISRA) a permis l’élaboration des fiches, de référentiels techniques, de modes de
calculs prévisionnels et la formation du personnel de la vulgarisation. Cette méthode était un
instrument de la politique agricole faisant partie d’un ensemble de mesures gouvernementales
en faveur de l’agriculture.
Au Mali par exemple, les actions de CdG mises en place à partir de 1981 dans le cadre
de la recherche-développement ont produit de nombreux résultats dont les principaux sont :
¾ la mise au point d’une méthode standardisée et simplifiée du conseil de
gestion, utilisable par les paysans eux-mêmes avec une grille d’interprétation, et susceptible
de leur indiquer les solutions possibles en fonction de l’analyse chiffrée de l’exploitation;
cette démarche est utilisée par la Compagnie Malienne de Développement des Textiles
(CMDT) ;
¾ la connaissance des possibilités et limites de la méthode et de son aptitude à
résoudre les problèmes et besoins réels des paysans.
En Côte d’Ivoire, c’est l’institut agricole de Bouaké qui crée en 1982 une cellule de
gestion des exploitations agricoles (CGEA). Cette dernière met au point les outils de CdG qui
sont encore utilisés actuellement. La CGEA a apporté son appui à une trentaine
d’exploitations agricoles. Les premiers bénéficiaires de cette opération étaient de jeunes chefs
d’exploitation du niveau ingénieur des travaux agricoles, formés par l’Institut Agricole de
Bouaké (IAB). En 1996 ces activités de conseil ont été poursuivies par le projet 4 PR (projet
pour la professionnalisation des producteurs de ruminants) qui en a amélioré les outils. Ce
projet a ensuite participé à la mise en place de trois (03) centres de gestion à Korhogo, à
Bouaké et à Abengourou.
Ces centres ont pris le relais et poursuivi leurs activités après l’arrêt de celles du projet
4 PR. En 1998, le ministère de l’agriculture et des ressources animales et l’association
nationale des organisations paysannes de Côte d’Ivoire (ANOPACI) ont organisé un atelier
national sur le CdG comme outils de vulgarisation. Suite à cela, l’agence nationale de
développement rural (ANADER), principal organisme de vulgarisation en Côte d’Ivoire,
retient le CdG comme une de ses méthodes d’intervention auprès des exploitations agricoles.
Les organisations paysannes optent également pour le développement du CdG comme outil de
professionnalisation et de concertation.
Après les années 1990, le CdG a été développé au Burkina Faso. L’approche
expérimentale visait tout autant l’élaboration d’outils adaptés aux besoins des producteurs que
la mise sur pied d’une nouvelle technique de gestion en intégrant la dimension économique
dans la gestion (Faure et al., 1996). Cette approche a permis d’entreprendre des actions de
formation pour les paysans, surtout en ce qui concerne le calendrier agricole. Djoukam
(2003), mentionne qu’au Burkina Faso, cette démarche a tout d’abord concernée une
quarantaine de villages dans le cadre d’une opération pilote PDRIHKM (Projet de
Développement Rural Intégré des provinces du Houet, de la Kossi et du Mouhoun).
Au Bénin, c’est au début de l’année 1995 que tout commence à la faculté des sciences
agronomiques (Université d’Abomey-Calavi), par le programme d’appui à la formation
professionnelle des agronomes (PAFPA). Ce programme, soutenu par la coopération
française, a développé un volet dont l’objectif était de réaliser le conseil de gestion auprès
d’exploitants agricoles afin qu’ils puissent améliorer leurs résultats en termes techniques et
économiques avec, en perspective, la création de centres de gestion des exploitations agricoles
(CGEA).
Aujourd’hui, le CEF ou CdG au Bénin est mis en pratique : au sud par la CAGEA, qui
accompagne environ 500 producteurs et au nord par la cellule d’appui au développement du
conseil en gestion (CADG). Bien que fortement intégrées au marché, les exploitations en CEF
peuvent rencontrer des problèmes de gestion des stocks vivriers pour l’alimentation familiale
(cas fréquent au Nord Cameroun) (Djomo, 2007). Le niveau de revenu peut être très variable
au sein des groupes d'exploitation CEF et entre les expériences analysées. Les exploitations
agricoles du Nord Cameroun (2 ha en moyenne) disposent par exemple d'un revenu monétaire
annuel de 200 000 FCFA à 250 000 FCFA en moyenne (Djamen en al., 2003) alors qu’un
producteur d'ananas béninois peut obtenir un revenu annuel dépassant 1 million de FCFA.

2.3.2. Le CEF au Cameroun, une expérience du PRASAC dans la zone septentrionale.

Le CEF a été introduit au Nord Cameroun en 1998 par l’IRAD dans le cadre des
activités du PRASAC. Cette introduction du CEF s’explique par des raisons multiples à
savoir : la taille réduite des exploitations agricoles qui couvrent difficilement leurs besoins
alimentaires et monétaires, la prédominance de l’incertitude dans la gestion des exploitations
où l’avenir est rarement envisagé au-delà d’une campagne, les principales approches de
vulgarisation qui sont devenues descendantes, sectorielles, technicistes et orientées vers la
production et la productivité (Legile, 1999).
L’objectif du CEF est de susciter la réflexion des paysans volontaires, de les amener à
s’interroger sur leurs pratiques, à favoriser la mesure et la prévision et à intégrer les aspects
technico-économiques dans leur raisonnement (Djoukam, 2003). Au terme d’une étude sur les
exploitations agricoles au Nord, trois thèmes majeurs du fonctionnement de l’exploitation ont
été identifiés (Legile, 1999) : le programme prévisionnel (préparation de la campagne
agricole), la sécurité alimentaire (gestion des récoltes ou stocks de sécurité) et la trésorerie
(utilisation de l’argent perçu sur la vente des produits). Cette étude a également permis
d’élaborer une démarche d’animation de groupes de paysans basée sur les trois thèmes cités
plus haut. Cette démarche a été mise en œuvre dès la fin de l’année 1999 dans les terroirs
PRASAC et les villages suivis par le DPGT (Djamen et al., 2003). Cette expérimentation a
touché en 2002 jusqu’à 28 groupes de paysans (soit 350 producteurs environ) dont 3 groupes
de femmes. En 2003, les activités de CEF sont arrêtées dans les terroirs PRASAC et les
villages Développement Paysannal et Gestion des Terroirs (DPGT) avec l’arrêt des
financements.
Havard (2002), Djamen et al. (2003), Legile et al. (2004) notent que la démarche de
CEF s’étend sur trois années minimum, et est adaptée au calendrier des activités agricoles des
paysans. Elle va de la formation aux bases de la gestion (année 1) au conseil proprement dit
(année 3) en passant par la définition et l’utilisation des indicateurs technico-économiques
(année 2).
Année 1 : de la gestion du quotidien aux projections à court terme
Cette première année met l’accent sur la formation des paysans aux bases de la gestion
à partir des thèmes communs à la majorité d’entre eux. Ces thèmes vont des préoccupations
quotidiennes (gestion des récoltes et des revenus monétaires) à la prévision à court terme
(préparation de la campagne agricole). Elle cherche à initier les paysans à la prise de notes,
notamment par le remplissage des fiches de suivi des activités de l’exploitation agricole.
Année 2 : amélioration des connaissances techniques et utilisation d’indicateurs
La deuxième année reprend à la demande des paysans certains thèmes de l’année 1, et
quelques nouveaux thèmes : lutte contre les adventices, alimentation des animaux, production
de fumure organique etc. Elle développe les analyses technico-économiques (calcul et
discussions de ratios tels que le rendement et les marges) sur les cultures à partir des données
collectées dans les fiches de suivi.
Année 3 : et au-delà, au conseil individualisé
Au cours de cette année, il y a mise en place d’un conseil individualisé. Ce conseil
consiste en premier lieu en un diagnostic participatif de l’exploitation agricole (conseiller et
paysan), suivi de l’analyse et de discussions des projets du paysan pour l’année à venir.
Ensuite, régulièrement et à la demande du paysan, une mise au point et des ajustements sont
effectués avec le conseiller.
De plus, chaque année, des actions techniques sont mises en place avec les paysans
volontaires à la démarche: production de semences, tests d’innovations (fumure organique,
matériels agricoles etc.). La figure 3 présente la mise en œuvre de cette démarche de CEF
proposée par Legile (1999) et adaptée par l’IRAD/PRASAC.
Pour parvenir au Au conseil
diagnostic et au L’avenir Individuel
Année 3 conseil d’exploitation

À la prise en compte cf a
0F
Année 2 d’indicateurs technico- A 25
+ cf a
économiques 0F
15 De
l’animation
de groupe

De la formation
Année 1 aux bases de la Du présent
gestion

Figure 3: Démarche progressive d'aide à la décision.


Source : Mana (2007) adapté de IRAD/PRASAC (1999)

Les résultats plutôt satisfaisants obtenus au Nord Cameroun ont suscité la curiosité de certains
projets et associations dans le « Grand Sud » ainsi que certains responsables des politiques
agricoles du Cameroun (Havard et al., 2006, Legile, 2006). Ainsi, depuis 2006, la démarche
conseil est en expérimentation dans d’autres régions du Cameroun.
Chapitre 3 : Méthodologie
3.1 Choix de la zone d’étude

Le projet DURAS Forêt intervient dans un contexte marqué par la problématique de la


gestion durable des écosystèmes forestiers humides en Afrique de l’Ouest et du Centre. Au
Centre Cameroun c’est dans les départements du Mbam et Inoubou et du Nyong et Mfoumou
(figure 4). Ces lieux avaient été choisis en fonction des zones d’intervention communes des
différents partenaires du projet que sont : l’IRAD, le CIRAD, le SAILD, l’ADEAC et SOS
Vert d’une part , mais aussi en fonction d’un accès facilité tout au long de l’année et de
quelques caractéristiques différenciées d’autre part. Il s’agissait de cibler un site localisé en
zone forestière (Mvan-Mvognyengue) et un autre localisé dans une zone de transition
forestière qui évolue vers la savane (Bokito), ceci dans le but de comprendre comment les
connaissances et les innovations agricoles sont construites et diffusées afin d’élaborer une
démarche d’appui-conseil qui convient à chaque zone.
La démarche CEF a été initiée à la demande de l’ADEAC et s’applique sur ses neufs
zones d’interventions à savoir : Mvan, Ndibidjeng, Mingueme, Mengos, Melo, Ondeck,
Nkoloboudou, Ndellé et Epkwassong. (voir figure 6)
12° 16°

Nord-Ouest
am
Mb
Bam enda 3008
Dj

Foumban
ére

1571 Garoua
m

Dschang Lem Boulaï


Ouest
Sud-Ouest Bafoussam 1115 1060
N

a
ou

Mundemba Centre nag


n

Bafia Sa Bélabo
Ngonksamba
Kadéi

Kumba

Mont Littoral Bokit o Ber toua


Batouri

Cam er oun Buéa Douala


4095
4° Yaoundé 4°
1295 927
Akonolinga Est
Edea
Mfou Akon olinaga
Dj
Mbalmayo
1043
Ebolowa Lomié
Kribi 1024
Sangmélima

Sud
0 50 100 km

12°
16°

Figure 4 : carte de localisation de la zone d’étude


Source : Tchatchoua et al., (2008)
3.2 Présentation de la zone d’étude

Le département du Nyong et Mfoumou est l’un des dix départements que compte la Province
du Centre. Il a une superficie estimée à 1670 Km2 (MINATD, 2007) et est limité par cinq
autres départements (Figure 6) :
au Sud par le département du Dja et Lobo ;
au Sud-ouest par le département du du Nyong et so’o ;
à l’Ouest par le département de la Mefou ;
au Nord par le département de la Haute Sanaga ;
à l’Est par le département du Haut Nyong.

Figure 5 : Carte de localisation d’Akonolinga


Source : Tchatchoua (2007)
Ekpassong
Ondeck

Mengos
Nkolobodou

Ndellé

Akonolinga
Akonolinga

Siège ADEAC N
Djibidjeng
Mvan
Minguemeu
Villages d’étude

Figure 6 : Cartes de localisation des zones d’études


Source : Microsoft Encarta 2007 corporation
3.2.1 Situation géographique
L’arrondissement d’Akonolinga est situé à environ 120 km au sud-ouest de Yaoundé
et se trouve à 3° 45’ de latitude Nord et 12° 15’ de longitude Est (Santoir et Bopda, 1995).

3.2.2 Caractéristiques biophysiques de la zone d’étude

La végétation
Le site d’Akonolinga appartient au domaine de la forêt dense humide semi-caducifoliée
guinéo-congolaise de basse et moyenne altitude. Le site est peuplé de trois domaines de
végétation à savoir : le domaine à faciès de dégradation avancée de divers types de forêt
mixtes, semi-caducifoliées et toujours vertes, les recrus forestiers et les raphiales. Les
principales formations végétales rencontrées sont : les forêts primaires ou secondaires, les
végétations secondaires issues de longues jachères, les agroforêts de cacaoyers, les caféières
en friche, les champs vivriers et, les raphiales de bas-fonds et les forêts marécageuses. le
système de brûlis est fortement pratiqué dans la zone d’étude, avec des pics au mois de
janvier et février (début de la saison sèche)

Topographie, hydrologie et pédologie


D’après Santoir et Bopda (1995), Akonolinga est situé sur le plateau qui occupe la
majeure partie du Cameroun méridional. Cette vaste surface d’érosion est inclinée vers le
bassin du Congo au sud-est ; à l’ouest, elle s’achève brusquement par un escarpement, sur la
surface côtière. L’altitude moyenne varie entre 600 m et 700 m, avec des sommets pouvant
parfois atteindre 800 m. Le soubassement de la surface inférieure est d’âge précambrien et se
compose essentiellement de roches cristallines (granites, gneiss, micaschistes), qui ont subi un
aplanissement très poussé, responsable d’un relief peu marqué. Au Sud du fleuve Nyong, le
modelé de collines fait place à des plateaux bas qui dominent les fonds des vallées de 40 à 50
m de haut. Les interfluves ont des sommets allongés et légèrement ondulés, parfois surmontés
de collines basses. Cette zone correspond à la partie centrale du plateau méridional.
La FAO, (1993) et Bidzanga et Ava (2006), rapportent que les sols d’Akonolinga
appartiennent à la classe des sols fortement désaturés ayant une épaisseur de 4 à 20 m au
dessus de l’horizon d’altération et des vallées alluviales. Selon Bidzanga et Ava (2006), cette
zone est localisée aux bassins supérieurs du Nyong et de la Sanaga. On y observe une dorsale
formée dans la pénéplaine. L’horizon concrétionné apparaît en surface aux ruptures de pente.
A l’approche des bas-fonds, le sol a souvent tendance à s’éclaircir, devenant parfois nettement
jaune, et présente une texture plus sableuse en surface. Les sols de bas-fond sont sableux, plus
ou moins humifères et le plus souvent hydromorphes, ayant une nappe phréatique proche de
la surface. On remarque les champs de macabo aux environs des bas fonds. Dans les sols
colluvionnés ou alluvionnés, des paysages très plats sont localisés aux voisinages des grands
axes de drainage du bassin inférieur du Nyong et sont souvent associés à des sols
hydromorphes qu’ils ne dominent que de quelques mètres.

Climatologie
Le climat d’Akonolinga est un climat tropical bimodal. On distingue donc une longue
saison de pluies allant de mars à juin ; une petite saison pluies allant de septembre à
novembre ; une longue saison sèche allant de mi-novembre à février ; et enfin une petite
saison sèche allant de juillet à août avec des pluies intempestives.
La pluviosité annuelle varie entre 1215mm et 1803mm. La température annuelle se
situe entre 24,75°C et 25,25°C (Bidzanga et Ava, 2005). Santoir (1995) fait remarquer que la
durée de la saison sèche de juillet–août diminue très vite quand on remonte vers le Nord,
l’étiage correspondant est donc moins important. La saison sèche dure beaucoup plus
longtemps au détriment de la grande saison des pluies. Les périodes de crue sont irrégulières.
Sur les grands bassins, elles commencent en mars – avril et sont moins fortes en novembre.
La présence de l’eau en période de crue peut être néfaste pour certaines espèces d’animaux,
notamment les animaux terrestres.
Les récoltes interviennent généralement en juillet-Août (macabo, pistache arachide,
maïs, manioc) et en novembre-décembre (macabo, arachide, café, cacao, maïs). Les récoltes
de banane se déroulent le long de l’année mais elles sont plus abondantes en saison sèche
qu’en saison pluvieuse. Les cultures de la tomate et du piment se font à partir de décembre et
les récoltes interviennent en Mars- Avril.

Le milieu humain
Tchatchoua (2007) distingue trois groupes ethniques à Akonolinga à savoir.
♦ Les Mvognyengue qui sont des autochtones (75% de la population totale) ;
♦ les Maka qui sont des migrants venus de la province de l’Est et qui ont été attirés par les
eaux poissonneuses du Nyong et du Mfoumou (15% de la population totale) ;
♦ Les Yeb-Bekolo qui sont des migrants venus de l’arrondissement d’Ayos pour les mêmes
raisons que les Maka (10% de la population totale).
ADEAC (2005), précise que le taux de scolarisation des paysans est estimé à 89,8%
(pour ceux qui ont fait au moins le CM II) et que 50,3% de la population est constituée de
femmes. La société locale a une faible tradition associative et organisationnelle. Les
associations existantes ne s’affirment pas comme des entités professionnelles autonomes et
consultées dans leur environnement. Il existe une collaboration entre les acteurs de
développement puisque ces derniers ont parfois des projets similaires.
Bidzanga et Ava (2006), rapportent que la plupart des projets de développement en
cours à Akonolinga bénéficient pour l’essentiel du financement des fonds PPTE et sont
généralement supervisés par les services de vulgarisation du MINADER comme présenté
dans le tableau 5
Tableau 5 : Projets de développement et de recherche à Akonolinga

Titre du projet Financement/ Villages Observation


Partenaires enquêté touché
Programme de relance de PPTE , Mvan Formation sur la
la filière banane-plantain IRAD/IITA Ndibidjeng, multiplication des rejets
Mingeumeu, Ndéllé
Programme de PPTE Union des Mingeumeu, Création des
développement des palmeraies exploitants de Palmier à Mvan champs semencier, appui
villageoises huile financier au producteur
Programme de PPTE Sensibilisation sur
valorisation des bas-fonds Contractualisation la mise en valeur des
marécages
PNVRA Gouvernement du Formation,
Cameroun, BAD, encadrement, appui en petit
MINADER, MINEPIA, équipement aux OP
IRAD, MINRESI
Action du fonds National FNE En cours
de l’emploi (FNE) Contractualisation
Filière maïs PPTE, Mvan, Création des
MINADER, IRAD, Ndibigjeng, champs semenciers paysans,
ADEAC Mingeumeu, Ondeck formation sur la valorisation
du maïs dans l’élevage des
poulets et porcs, création des
parcelles de maïs
Valorisation des PFNL CIFOR, CARPE, Ondeck, Ndéllé Organisation de la
ICRAF filière Ndjansang, formation
sur les techniques de
production de Ndjansang,
appuie financier et matériels
aux producteur de la filière
Participation au PNDP Ndéllé Sensibilisation sur
développement local MINEPAT l’importance de son
implication personnelle dans
les activités visant le
développement de la localité
Développement des PNDRT, Mvan et Formation sur les
semences améliorées de manioc, MINADER Ndibidjeng techniques de production,
macabo, ignames, etc production de la semence et
conservation de la récolte
Limitation de la virulence SODECAO Mvan, Vulgarisation des
des mirides sur cacaoyer MINADER Ndibidjeng, nouvelles semences de cacao,
Mingeumeu, mengos démonstration sur la lutte
anti capside
source : adapté de Bidzanga et Ava (2006) et DDADER, (2008)
Quelques structures de microfinance existent à l’instar des coopératives, les caisses
villageoises d’épargne et de crédit autogéré (CVECA), les caisses mutuelles d’épargne et de
crédit (CMEC) mises sur pied par l’ADEAC.
NB : les projets opérant dans la zone ne concernent pas l’ensemble des villages faisant
partie de notre échantillon ; ils sont mis en œuvre en fonction de leurs objectifs. C’est le cas
par exemple du projet valorisation des PFNL mis en œuvre par le CIFOR, le CARPE et
l’ICRAF dans les villages Epkwassong et Ndéllé en raison de l’existance des forêts. La
plupart s’intéressent à un échantillon limité de paysans généralement formés en groupe
pendant des journées de démonstrations. Le CEF n’est donc pas la première approche qui
intervient dans ces villages. Un certain nombre de projets y ont mis en œuvre d’autres
approches (appui technique, appui financier) qui ne tiennent pas compte du diagnostic global
de l’exploitation.

3.3 Présentation des activités de CEF réalisées par le projet DURAS auprès de
l’ADEAC à Akonolinga

Le projet DURAS et l’IRAD ont, à la demande de l’ADEAC, organisé un premier


atelier visant à présenter au personnel de l’ADEAC et à ses animateurs, l’évolution des
démarches d’appui aux producteurs, rendue nécessaire avec l’évolution du contexte socio-
économique de la production agricole (désengagement de l’Etat de certaines fonctions d’appui
et de services aux producteurs, organisations des producteurs, limites des approches de
vulgarisation en cours), etc… Ensuite, la démarche de CEF mise en œuvre au Nord-
Cameroun a été présentée : qu’est-ce qui a amené cette démarche ? Quels étaient ses
principes, ses objectifs ? Comment a-t-elle été élaborée ? Quels sont ses résultats ?
Présentation du module prévision de campagne réalisé en animation de groupes de paysans.
Il a aussi été précisé que cette démarche ne peut pas être mise en œuvre telle quelle
dans la zone ADEAC, le contexte étant différent. Après cet atelier, l’ADEAC et ses
animateurs devaient se concerter pour définir les thèmes et les modules à mettre en œuvre en
fonction de leurs attentes et de celles des paysans de leur zone. Le module « prévision de
campagne » a été retenu. Il consiste en l’évaluation des besoins en semences, en intrants, en
produits phytosanitaire, et en financement pour la prochaine campagne. Il permet aux paysans
de faire coïncider leurs objectifs et les moyens dont ils disposent. Des fiches de
programmation des campagnes ont été proposées (voir annexe 7). L’ADEAC a donc défini
son dispositif, et l’a mis en œuvre entre mars et octobre 2006. Ce dispositif qui portait sur le
plan prévisionnel de campagne, devait aider ADEAC à mieux estimer les besoins en intrants
des paysans et par là le montant de crédit intrants à octroyer.
L’atelier d’octobre 2006 visait à faire le point des activités menées entre mars et
octobre par les animateurs, et de leur présenter la démarche et les outils pour le suivi
technique et économique des parcelles. Ce suivi amène les paysans à discuter des raisons
explicatives de la production par rapport à la superficie, en s’appuyant sur les observations,
les opérations réalisées et les dates. L’analyse économique s’attarde sur les recettes et les
dépenses de l’exploitation en tenant compte de la production, de la quantité vendue et la
quantité autoconsommée. Ces informations amènent les paysans à répondre à deux questions :
1. Qu’est-ce que cela m’a rapporté en argent ?
Ce sont les recettes réelles (ce qui est vendu) moins ce qui est dépensé.
2. Qu’est est la rentabilité de la parcelle par rapport à une autre parcelle par exemple ?
Après l’atelier, l’ADEAC et les animateurs se sont concertés pour élaborer des fiches
de suivi adaptées aux parcelles qu’ils ont retenu, et définir le programme d’activités entre
octobre 2006 et mars 2007.
Enfin l’atelier de Mars 2007 est un atelier de synthèse et de restitution de ce qui avait
déjà été fait par les animateurs en vue des nouvelles orientations, et pour élaborer le
programme pour la prochaine campagne, etc…
Tableau 6: Activités du CEF auprès de l’ADEAC à Akonolinga
Date/période Lieu Activités Motif
Appui aux
Akonolinga, Atelier
16 mars 2006 producteurs et conseil à
Cameroun IRAD-ADEAC
l’exploitation familiale
Programmation
Atelier prévisionnelle de la
avec les cadres campagne agricole
Akonolinga,
17 octobre 2006 et les Mise en œuvre d’un
Cameroun
animateurs de CEF par les conseillers de
l’ADEAC l’ADEAC en animation de
groupes de paysans
Inventaire des fiches
collectées par les animateurs
Atelier
6 Novembre 2006 Akonolinga Formation sur
IRAD-ADEAC
l’analyse des données
techniques et économiques
- Discussion sur la
mise en œuvre des activités
d’appui-conseil de novembre
2006 à février 2007 afin
d'essayer de trouver
ensemble des solutions aux
Atelier
problèmes rencontrés
avec les cadres
Akonolinga, - Formation des
6 mars 2007 et les
Cameroun animateurs de l’ADEAC à la
animateurs de
mise en œuvre d’activités de
l’ADEAC
suivis technico-économiques
des parcelles cultivées par les
paysans et remplissage des
fiches de suivis
- Discussion sur la
fonction de l’animateur
Source : Tchatchoua et al. (2008 : 6)

3.4 Choix et taille des échantillons


Dans le cadre de cette étude centrée sur l’évaluation de l’intégration du CEF dans les
activités de l’ADEAC et l’analyse de son impact sur les paysans, plusieurs outils ont été
utilisés :un guide d’entretien adressé au coordonnateur, 3 responsables techniques portant sur
l’évolution et l’insertion du CEF au sein des programmes de l’ADEAC, un guide entretien
adressé aux six animateurs paysans d’ADEAC portant sur les outils et la démarche utilisée
pour la mise en œuvre du CEF, l’enquête par sondage sur un échantillon représentatif de
paysans pour estimer l’impact du CEF sur les exploitations agricoles.
La méthode d’échantillonnage utilisée a été la méthode probabiliste (sondage
aléatoire) notamment la stratification. Elle consiste à imposer à l’échantillon une structure
analogue à celle de la population totale relative à certains critères dits de contrôle dont les
études préliminaires permettront de supposer qu’ils sont en étroite corrélation avec l’un des
caractères étudiés.
La taille de l’échantillon des paysans membres de l’ADEAC à enquêter a été
déterminée par la technique de choix proportionnel à un seuil de 10% (Tableau 8) suivant la
formule :
e=NXα
où e = l’échantillon ; N= effectif total des membres de chaque zone ; α= le seuil de
signification (0,1)

Tableau 7 : Taille des échantillons en fonction des zones d’interventions


Zone 1 Zone 2 Zone 3 Zone 4 Zone 5 Zone 6 Zone Zone 8 Zone 9 total
7
Effectif 165 153 87 57 109 102 109 153 246 1181
membres
Paysans à 17 15 9 6 11 10 11 15 25 119
enquêter
Conseillers 1 1 1 1 1 1 1 1 1 9
Légende : zone 1= Mvan ; zone 2= Ndibidjeng ; zone 3= mingueme ; zone 4=
Mengos ;
zone 5= Melo ; zone 6= Ondeck ; zone 7=nkoloboudou ; zone 8= ndellé ; zone 9=
Epkwassong
Le choix de chaque paysans à enquêté s’est fait au hasard mais orienté par les
animateurs de chaque village et par la disponibilité et le volontariat des paysans.
Les fortes pluies et le manque des moyens de locomotion ont empêché de mener les
enquêtes à Koloboudou, Epkwassong et Melo.

3.5 Analyse opérationnelle des variables


3.5.1 Variables expliquées
Les hypothèses retenues pour cette étude comportent quatre variables expliquées : la
complémentarité des activités, la maîtrise des activités, la compréhension du CEF et la
perception du CEF.
- complémentarité des activités : on entend ici par complémentarité la mise en place des
activités du CEF qui renforcent les activités de l’ADEAC. et cette variable a été mesurée
grâce à un guide d’entretien auprès des responsables de l’ADEAC portant sur les raisons de
l’insertion du CEF dans ses programmes, la méthode d’insertion, les sources de financement
du CEF et difficultés rencontrées. Ceci en vue d’établir la monographie de l’ADEAC et
comprendre l’évolution et l’insertion du CEF dans ses activités.
- la maîtrise (ou conduite) des activités de CEF : c’est la capacité des animateurs paysans à
mettre en œuvre le CEF. Cette variable a été mesurée grâce à la synthèse des informations
issues du guide d’entretien auprès des animateurs en vue de déterminer leurs caractéristiques
socio-économiques et éducationnelles, leur compréhension du CEF, le degré de motivation
dans l’exercice de leurs fonctions, le chronogramme de leur activités et de travail, ainsi que la
méthode et les outils utilisés pour la mise en œuvre des activités de CEF. Nous avons
également mesuré cette variable à l’aide d’un questionnaire auprès des paysans membres de
l’ADEAC en vue d’apprécier aussi les types de relations entre les animateurs paysans et les
paysans ;
- la compréhension ou l’assimilation du CEF : c’est la mise en application des connaissances
acquises du CEF et de l’utilisation de ses outils. Cette variable à été mesurée à l’aide d’un
questionnaire appliqué aux paysans membres en vue de déterminer le degré de compréhension
et de mise en pratique des enseignements appris lors des séances de travail, chaque paysan
précisait les difficultés qu’il rencontre dans la mise en œuvre de chaque module, les
modifications apportées et les raisons de ces modifications ;
- la perception du CEF : il s’agit du point de vue de chaque acteur en ce qui concerne les
performances (efficacité, efficience, viabilité) du CEF à Akonolinga. Cette variable a été
mesurée en exploitant les résultats de l’enquête auprès de chaque acteur en vue de déterminer
le point de vue de chacun sur la démarche CEF. Il s’agissait pour chaque partie prenante de
dire si oui ou non le CEF répond à ses attentes, de préciser comment et pourquoi, de donner
ses impressions sur l’impact du CEF sur l’amélioration des conditions de vie des paysans et
sur le développement rural.

3.5.2 Variables explicatives


Les variables explicatives permettent de comprendre les variables expliquées. Pour
cette étude, elles sont : l’approche CEF, le profil de l’animateur, les outils ou démarche, et les
objectifs des acteurs concernés.
- l’approche du CEF : c’est le programme de conseil prévu par l’ADEAC (activités à réaliser).
Cette variable a été mesurée en faisant une monographie de l’ADEAC portant sur son
organisation, ses programmes, ses activités, ses ressources, l’insertion du CEF dans ses
programmes et les raisons de cette insertion, le chronogramme des activités de conseil ;
- le profil de l’animateur paysan : c’est l’ensemble des critères et des conditions incluant le
comportement physique et moral, le statut social, la fonction, le niveau d’éducation et
d’alphabétisation, que doivent remplir un conseiller pour exercer pleinement son activité.
Cette variable a été mesurée en exploitant le guide d’entretien des animateurs et à travers la
lecture des rapports d’atelier de Duras et ADEAC sur la définition du profil des conseillers et
les attributions de chaque animateur.
- les outils ou démarche du CEF : ce sont les documents de base (fiches, registre) et les
méthodes (animation de groupe, entretiens, visites sur le terrain) que les responsables de
l’ADEAC et ses animateurs utilisent pour mettre sur pied le CEF. La variable a été mesurée
par enquête et en consultation des documents stratégiques du CEF dans l’optique d’identifier
les documents de base.
- les objectifs des acteurs concernés : ce sont les réalisations prévisionnelles que chaque
acteur souhaiterait atteindre avec des moyens connus et dans un délai connu. Cette variable a
été mesurée grâce aux enquêtes (guide d’entretien et questionnaire) demandant aux paysans
leurs objectifs de production en début de campagne, aux animateurs leur objectifs à atteindre
dans le cadre du CEF, et aux responsables de l’ADEAC la place du CEF au sein de la
coordination.

3.6 Sources des données


Deux types de données ont été utilisées : les données primaires et les données secondaires.
Les données primaires ont été collectées à l’aide des questionnaires et des guides d’entretien
auprès des trois groupes d’acteurs ci-dessus mentionnés. Le questionnaire administré auprès
des paysans et les guides d’entretien administrés aux responsables de l’ADEAC et aux
animateurs ont été testés en vue d’améliorer leur validité. Le questionnaire comportait les
caractéristiques socio économique des paysans, et des conseillers, les informations relative
aux activités de conseil fait en atelier à Akonolinga et avec les animateurs pour les paysans,
les informations sur l’application du CEF au sein des exploitations, le mode d’application et
les modifications apportées à chaque outil, la diffusion du CEF au sein des village, la
perception du CEF (voir questionnaire et guide d’entretien annexe)
Les données secondaires quant à elles, ont été collectées auprès des bibliothèques de l’UDs,
IRAD, de l’ADEAC, de la FAO et sur Internet, en vue de compléter la présente revue et
réorienter, si nécessaire, les objectifs de l’étude. Certaines données ont également été
collectées dans les journaux, les revues, les informations radiophoniques et télévisées, et les
notes de cours de la FASA.

3.7 Méthodologie de collecte des données


Pour appréhender le conseil au sein de l’ADEAC, notre étude a été décomposée en trois
parties
1- la monographie de l’ADEAC : elle a permis de préciser, évaluer, caractériser la place et le
rôle du conseil au sein des activités de l’ADEAC ; elle a permis également de faire le
chronogramme des activités prévues et réalisées dans le cadre du conseil et d’expliquer les
différences entre ce qui a été prévu et ce qui a été réalisé. Pour y parvenir nous avons procédé
à une interview auprès des responsables administratifs et techniques de l’ADEAC et consulté
les documents de l’association.
2- la caractérisation des animateurs paysans : elle a permis de déterminer les activités que
chaque animateur devait réaliser, de caractériser celles qu’il a réalisées, d’expliquer les causes
et les raisons de la différence entre le prévu et le réalisé ; d’apprécier leur perception et
compréhension de la démarche, ainsi que les outils utilisés dans le cadre du CEF. Six des neuf
animateurs paysans de l’ADEAC ont été interviewés sur les activités que chacun a mises en
place, sur leur perception et compréhension de la démarche et des outils, et leur profil.
3- la mesure des effets du CEF au niveau des exploitations et la perception de la démarche des
paysans ont permis de déterminer les activités auxquelles les paysans ont participé, ses effets
(performance technico-économique, plan de prévision des campagnes agricoles et le suivi des
parcelles) et le point de vue de chaque paysan sur la démarche et les outils. Ces questions ont
été abordées au travers d’un questionnaire portant sur les caractéristiques suivantes : le profil
de chaque paysan, ses activités agricoles et l’évaluation de leur rentabilité, les activités de
conseil et leurs effets sur les exploitations.

3.8 Réalisation des objectifs


L’objectif N° 1 de cette étude consistait à faire le point sur l’insertion du CEF au sein de
l’ADEAC. Cet objectif a été réalisé en faisant une monographie des activités de l’ADEAC
avant et après le CEF, en se basant sur les principales activités en rapport avec la vie des
paysans.
L’objectif N° 2 consistait à faire le point sur les activités CEF du projet Duras en
collaboration avec l’ADEAC. Cet objectif a été réalisé en identifiant les principales activités
réalisées par le projet DURAS et l’IRAD et par ADEAC. Identifier celles qui ont été
adaptées, le mode d’adaptation, les modifications apportées et les raisons des modifications.
L’objectif N° 3 consistait à caractériser les activités mises en place par les animateurs
paysans. Il a été réalisé en identifiant les activités et les modules (types et contenus) réalisés
par les animateurs paysans, et en comparant ces activités à celles retenues par ADEAC.
L’objectif N° 4 consistait à déterminer le profil des animateurs paysans et leur perception de
la démarche. Pour y parvenir, nous avons enquêté sur le niveau scolaire des animateurs
paysans, leur situation matrimoniale, leur origine ethnique, leurs activités, leurs rapports avec
les paysans, les motivations, la rémunération de leurs activités.
L’objectif N° 5 consistait à analyser les perceptions par les paysans de la démarche CEF. Pour
y parvenir, les paysans ont été d’abord caractérisés. La caractérisation s’attardait sur l’âge de
leur exploitation, niveau d’éducation, origine ethnique, activités principales et secondaires,
objectifs de production, superficie annuelle cultivée. Ensuite il était question de connaître les
différents points que les paysans ont traité par module identifié, ce qu’ils ont compris ou pas,
ce qu’ils ont appliqué ou pas. Chacun était amené à donner son point de vue sur les effets
perceptibles du CEF, dire si le CEF répond à leurs attentes, s’il peut contribuer à
l’amélioration de leurs conditions de vie.
L’objectif N° 6 consistait à estimer les effets qualitatifs et quantitatifs du CEF sur les
exploitations. Sur le plan qualitatif, il s’agissait d’identifier les anciennes pratiques et de les
comparer à celles actuelles. Ces pratiques concernaient surtout les itinéraires techniques, le
suivi des cultures et le respect du calendrier agricole. Sur le plan quantitatif, à partir des fiches
de suivi de 2007 et 2008, nous avons déterminé la variation des superficies cultivées, des
quantités d’intrants utilisées, des coûts de production (voir annexe). L’analyse du bilan des
paysans a permis de calculer les marges brutes de chaque type de culture. L’étude s’est
attardée uniquement sur deux cultures par type de spéculation choisi au hasard (cultures de
rentes, maraîchères, vivrières et céréalières). Les marges brutes et les revenus disponibles ont
été calculés suivants les formules ci –après :
Marge Brute = recette de la culture – prix d’achat intrant direct
Revenu disponible = (Σ recettes de chaque type de culture + recette activité extra agricole +
intérêt sur l’épargne) - (Σ des prix d’achat intrant direct de chaque type de culture + achat
équipement + coût main d’œuvre).
Remarque : pour faire ces calculs, nous avons uniquement utilisé les quantités de récoltes
vendues. Les quantités autoconsommées n’ont pas été prises en compte parce que les paysans
estiment difficilement les quantités qu’ils consomment. Il faut aussi noter que le prix des
intrants directs concerne uniquement les prix d’achat des semences et des pesticides.

3.9 Méthodologie d’analyse des données

3.9.1 La triangulation
Elle consiste à recueillir les différents points de vue de chaque acteur enquêté,
regrouper les points de vue similaires et d’en faire une suite logique ou une synthèse. Ainsi,
dans le cadre de cette étude, la triangulation a permis de ressortir les perceptions du CEF par
chaque acteur impliqué, et de caractériser les animateurs paysans.

3.9.2 L’approche statistique


Cette approche (fréquences, moyennes, écart types) a permis, à travers l’estimation
des besoins en intrants, des besoins réels de financement (crédit) et des recettes et des
dépenses réelles de l’exploitation, de mesurer les effets du CEF au niveau des exploitations
surtout en ce qui concerne les performances économiques, la prévision des campagnes et le
suivi des parcelles.

3.9.3 Logiciel d’analyse


Après la collecte des données, les questionnaires ont été dépouillés, codifiés puis
analysés. Pour ce faire a été utilisé le logiciel SPSS pour déterminer les fréquences, les
moyennes, les sommes et les écarts-types.

3.9.5 Outils d’analyse


les statistiques descriptives telles que les moyennes, les fréquences et les pourcentages ont
aussi été utilisé pour ressortir les différentes caractéristiques des exploitations des zones
d’intervention en ce qui concerne leur performance technico-économique. Les statistiques ont
été aussi utilisées telle que les moyennes pour le calcul des marges brutes des activités
réalisées, la rentabilité de chaque spéculation, le calcul du revenu des exploitations de la zone
et l’estimation du budget annuel des exploitations.
Chapitre 4 : Résultats et discussion
4.1 Insertion du CEF au sein de l’ADEAC

4.1.1 Présentation de la structure ADEAC

Créée en 2000 suite à la restructuration de la Fédération des Organisations Paysannes


du Nyong et Mfoumou (FOPANYM), ADEAC couvre huit villages dans ce département et un
seul dans le département de la Mefou et Afamba. Cette association à pour objectif d’assurer
l’épanouissement intégral des paysans dans un environnement sain et dans le respect et la
mise en valeur des savoirs faire locaux. Elle vise donc à contribuer à l’amélioration des
conditions de vie et à la valorisation des potentialités des paysans de la province du Centre.
ADEAC regroupe de nos jours plus de 815 membres actifs dont 215 femmes. Compte
actuellement six caisses Mutuelles d’Epargne et de Crédit (CMEC) dans les neuf villages de
sa zone d’intervention. ADEAC est dirigée par un Président de conseil d’administration et un
coordonnateur (voir organigramme en annexe). Le budget annuel de fonctionnement de
l’ADEAC s’élève à 18 000 000 FCFA, somme autre fois octroyée par SOS Vert.
Les activités de l’ADEAC se résument en quatre programmes à savoir le programme
organisation, structuration et renforcement des capacités, le programme agricole, le
programme miro finance et le programme promotion du petit élevage et pisciculture.
Le programme organisation, structuration et renforcement des capacités a pour
objectifs d’organiser les communautés en comités de développement, en groupes d’initiatives
communes. Il vise aussi à former les leaders de groupe et les animateurs paysans (qui sont
aujourd’hui des conseillers-animateurs) sur leurs rôles, et les modes de gestion de leurs
structures. Il vise aussi à aider les paysans à réfléchir sur les problèmes qu’ils rencontrent
dans leur environnement et d’y apporter des solutions communes.
Le programme agricole consiste à renforcer les capacités des paysans et à valoriser
leurs savoir faire dans le domaine agricole (de la production jusqu’à la commercialisation). Ce
programme vise l’augmentation et la diversification des revenus agricoles des paysans de
façon durable. Ceci se fait au travers des ateliers de diagnostics avec les animateurs en vue
d’identifier avec les paysans, les filières porteuses.
Le programme de micro finance s’inscrit dans le cadre de la durabilité des autres
programmes. En effet, à travers ce programme, ADEAC aide les paysans qu’elle accompagne
à mettre en place des caisses mutuelles d’épargne et de crédit gérées par les paysans eux-
mêmes. Ce programme habitue les paysans au langage de la micro finance tel que le crédit et
l’épargne, l’intérêt et le remboursement.
Le programme promotion du petit élevage et pisciculture vise, quant à lui, à aider les
jeunes et les femmes à associer à leurs activités agricoles le petit élevage des poulets de chair
et des porcs. Ceci dans le but de contribuer à l’équilibre alimentaire et à la création des
activités génératrices de revenus ayant pour finalité l’augmentation du revenu des paysans. Ce
programme offre des formations sur les techniques de production et la fabrication locale des
aliments complets. Notons que dans les différents villages, nous n’avons pas observé les
activités de pisciculture.
ADEAC travaille en partenariat avec plusieurs structures. Son partenaire financier
était SOS Vert qui a financé les activités d’ADEAC jusqu’en 2007, année où il y a eu rupture
de contrat. Le SAILD reste son principal partenaire technique pour la valorisation des
nouvelles techniques de production et la valorisation des nouvelles semences.

4.1.2 Raisons d’insertion du CEF au sein de l’ADEAC

En 2005 l’évaluation à mi-parcours de ses activités avec son partenaire financier SOS
vert, a permis d’identifier de nombreux problèmes qui constituaient autant de freins à
l’atteinte des objectifs d’ADEAC. Ces problèmes se situaient sur plusieurs plans et couvraient
tous les aspects de la vie en milieu rural. Il ressortait de cette évaluation que 1) plus de 80%
des paysans pratiquaient encore l’agriculture purement traditionnelle et faiblement intensive,
2) les pertes post-récoltes étaient encore abondantes, 3) la non maîtrise des itinéraires
techniques et des techniques de conservation des denrées, 4) l’inorganisation des paysans face
aux acheteurs ce qui ne garantissaient toujours pas des prix rémunérateurs, 5) une gestion
approximative du revenu de ménage, 6) absence d’un plan de campagne, 7) la faible capacité
des paysans à prendre une décision concrète dans leurs activités, 8) la faible production
agricole.
Dans le cadre du projet DURAS intitulé « Innovations et savoirs paysans dans les
pratiques de gestion des écosystèmes forestiers humides d’Afrique de l’Ouest (Ghana,
Guinée) et du Centre (Cameroun) : diversification des systèmes associant cultures pérennes et
vivrières », en partenariat avec ADEAC, ses responsables ont suivi un exposé portant sur le
CEF (notamment la prévision des campagnes, le suivi technique et économique des parcelles
de culture, la sécurité alimentaire et le gestion de la trésorerie). Ils ont immédiatement
sollicité l’aide de ce projet dans le but de pallier aux problèmes ci-dessus mentionnés.
4.1.3 Insertion du CEF au sein des programmes et activités de l’ADEAC
Après des séances de formation de ses animateurs paysans qui sont dès lors devenus
des animateurs conseillers, ADEAC a inséré les principaux modules traités dans ses activités
portant sur trois de ses programmes.
Dans le programme renforcement des capacités, il y a eu intégration de la notion de
l’organisation sociale. Afin d’aider les paysans à résoudre le problème de main d’œuvre qui
est de plus en plus rare dû à l’exode rural (car la majorité des enfants actifs fréquente en ville
en raison de l’absence les établissements secondaires dans ces zones rurales), le CEF prône le
travail en groupe sous forme d’entraide. Des formations sur la gestion des caisses mutuelles
d’épargne et de crédit ont également été faites dans ce programme dans le cadre du CEF.
Dans le programme agricole, il y a eu insertion de trois activités de conseil notamment
la prévision des campagnes, le suivi technique et le choix des spéculations rentables. Ceci
s’est fait dans l’optique d’aider les paysans à maîtriser le fonctionnement et l’évolution de
leurs activités et de prendre des décisions plus rationnelles.
Dans le programme micro finance, on note l’intégration de la prévision des campagnes
précisément l’estimation des besoins en intrants ; des fiches ont été élaborées sur l’analyse
économique notamment le bilan des dépenses et des recettes des paysans. Selon les
responsables, ces fiches qui regroupaient l’estimation des besoins en intrants, les notes sur les
quantités de production et les prix de vente de chaque culture et l’estimation du revenu
disponible, ont aidé les responsables à déterminer le montant approximatif de crédit à octroyer
aux paysans. Il y a également eu l’intégration dans ce programme de l’analyse économique
notamment la gestion et la répartition du revenu au sein du ménage. Ceci permet aux
responsables des caisses et aux paysans d’estimer le montant d’argent qu’ils peuvent épargner
à la fin d’une campagne. Aussi ce module permet aux paysans et aux responsables de
déterminer la rentabilité des activités. Ceci permet d’étudier les demandes en crédit
(solvabilité des paysans, délai de remboursement, montant maximum à octroyer). Le tableau 8
ci-après présente le chronogramme des activités de conseil réalisées au sein de l’ADEAC
Tableau 8: Chronogramme des activités réalisées dans le cadre du CEF à Akonolinga

2006 2007 2008


Activités réalisées
1 2 3 4 1 2 3 4 1 2

Atelier formation
IRAD
Visite sur terrain
ADEAC Bilan atelier avec l’IRAD
Modification des fiches
Récapitulatif des fiches
Formation sur l’itinéraire technique
de la tomate et du piment
Création des champs semenciers
paysan de maïs, macabo et manioc
Formation sur la technique de
multiplication des rejets de plantain
Formation sur l’utilisation des
atomiseurs pour la lutte anti capside
Formation sur l’association banane-
macabo
Formation des leaders des caisses
sur la comptabilité et l’étude des dossiers de
demande de crédit
Formation avec Duras
Participation à l’élaboration des
Activités
fiches
des
Atelier de restitution
animateurs
Activités de CEF (PPC, ST, AE,
animation de groupe)

T1 : premier trimestre (Janvier- Février- Mars) ; T2 : deuxième trimestre (Avril-Mai-


Juin) ; T3 : troisième trimestre (Juillet-Août-Septembre) ; T4 : quatrième trimestre (Octobre-
Novembre-Décembre).

Pendant les formations des animateurs à la centrale, l’IRAD a utilisé des diaporamas
projetés sur power point. Les participants ont été scindés en petit groupe de réflexion lors de
l’atelier de Mars 2007. Les réflexions portaient sur les difficultés rencontrées lors des
premières formations des paysans, sur le profil des conseiller. A l’issu de cet atelier, des
fiches ont été élaborées et remises aux animateurs (voir annexe 7). Remarquons ici que
l’insertion du CEF au sein de l’ADEAC se faisait au fur et mesure que les responsables du
projets Duras faisaient les formations. Mais les activités du CEF se sont intensifiées après les
formations du quatrième trimestre en 2006 et surtout du premier trimestre de 2007. Ceci
s’explique par le fait que ADEAC voulait que les paysans intègrent l’approche dans leurs
exploitations en début de la campagne qui a suivi les formations avec ADEAC.
4.1.4 Application du CEF au sein de l’ADEAC
L’application du conseil au sein de l’ADEAC n’était pas facile tant pour les
responsables que pour les animateurs et les paysans.
Après la formation des animateurs paysans, une séance de restitution a été organisée
au terme de laquelle il ressortait que, les animateurs paysans n’avaient pas bien compris le
module portant sur l’analyse économique. Tous estimaient en effet que les exemples pris lors
des formations étaient relatifs aux activités du Nord Cameroun et que les fiches proposées par
Duras étaient très compliquées. Lors de l’atelier, les chercheurs de l’IRAD ont bien précisé
que ce n’étaient que des exemples, devant amener l’ADEAC et ses animateurs à élaborer leurs
propres outils, correspondant mieux à leurs niveaux et à leurs besoins, ce qui leur permettrait
aussi de mieux se les approprier. Ils ont aussi longuement insisté sur le fait que le CEF n’est
pas transférable en l’état, mais ses modules et outils doivent être co-construits avec les
demandeurs et les utilisateurs.
Après de longues discussions et échanges d’idées, les responsables de l’ADEAC et ses
animateurs paysans ont adopté des nouvelles fiches (fiche de capitalisations des besoins en
intrants de chaque culture et le montant de crédit y afférents, fiche de suivi des parcelles
individuelles, fiche de suivi pour les animateurs) (voir fiches en annexe) adaptées aux
habitudes culturales de la zone et au niveau d’éducation de ses animateurs paysans et des
paysans. Chaque animateur avait pour mission de reformer les paysans de sa zone afin que ces
nouvelles techniques soient mises en application. Pour y parvenir, ils se sont appuyés sur
l’animation de groupe, les groupes d’entraides, pour faire des formations sur les trois thèmes
(Plan de Prévision des Campagne, Suivi technique et analyse économique). Les animateurs
devaient mettre un accent sur le plan de prévision et surtout l’analyse économique car selon la
centrale, des données de chaque paysan permettait de déterminer la solvabilité de chacun.
Ceci joue un rôle capital dans le fonctionnement des caisses mutuelles dans chaque zone.
4.1.5 Activités réalisées dans le cadre du conseil
Après insertion du conseil dans ses programmes, et après modification des fiches du
CEF, plusieurs activités ont été prévues et réalisées dans le cadre du conseil de gestion des
exploitations agricoles. Ces activités s’appliquent suivant les modules.
Programme renforcement des capacités
Dans ce programme les activités prévues visent à renforcer les capacités techniques,
organisationnelles et financières des paysans. On note dans ce module la mise sur pied d’une
cellule féminine qui permet aux femmes de développer des activités génératrices de revenus
(AGR) dans l’optique de contribuer à la réduction de la pauvreté en milieu rural. Ce volet
AGR développé dans le cadre du CEF à Akonolinga n’entrait pas encore dans les habitudes
des paysans surtout les femmes qui ne sont pas organisées. Depuis sa création et jusqu’en
2005, ADEAC a pu organiser des ventes groupées des produits de rente ceci pour influencer
le prix du kilogramme sur le marché qui selon eux, augmentait de 25 à 35 FCFA/Kg de cacao.
Mais avec l’avènement du CEF en 2006, et surtout grâce aux formations reçues sur l’itinéraire
technique des cultures maraîchères (tomate, piment), ADEAC a pensé créer et organiser une
filière pour la gestion des produits vivriers et maraîchers. Cette filière est chargée de négocier
les marchés afin que les acheteurs viennent acheter sur place, ce qui a permis aux paysans de
limiter les dépenses de transport. Des ventes groupées de ces produits ont également été mises
en place. Le tableau 9 ci-après présente quelques activités prioritaires du programme
renforcement des capacités dans le cadre du CEF ainsi que leur niveau de réalisation.
Tableau 9 : Activités de conseil prévues dans le programme renforcement des capacités et leur
niveau de réalisation.

Activités prévues Activités réalisées Observations


Formations des 11 animateurs et 4 Parmi les animateurs seul
animateurs endogènes au responsables de l’animateur de Mengos était absent
conseil à la gestion des l’ADEAC ont été formés aux formations pour cause de
exploitations agricoles sur le CEF maladie
Formation des paysans les paysans de chaque Les animateurs n’ont pas bien
sur le CEF (PPC, ST, SA, zone ont été formés sur le compris les modules. Tous n’ont
GT, AE) CEF (, PPC, ST, AE) que le CEPE.
Organisation de la filière la filière Djansang est Ces trois zones ont encore des
Djansang dans chaque organisée à Ondeck, forêts et
zone Koloboudou et récoltent plus le djansang. Certains
Epkwassong paysans créent déjà des plantations
de djansang
Organisation de la Des journées de Les grands acheteurs viennent
commercialisation des commercialisation sont acheter bord champ. Les revenus
produits vivriers et organisées. Des des paysans sont satisfaisants et
maraîchers responsables sont élus et meilleurs par rapport à 2005
formés sur les techniques
de négociation des
marchés Plus de 80% des membres sont
Création et organisation dans 8 zones, il y a eu inscrits dans ces groupes de travail.
des groupes de travail au création et organisation Ce travail est rotatif d’une durée de
sein de chaque comité des groupes d’entraides. 4 heures en fonction des activités
local des zones ADEAC agricoles des zones
Source : rapport d’activités ADEAC (2006, 2007)

Le programme agricole
Plusieurs activités ont été prévues dans ce programme relatif au conseil. Travaillant en
partenariat avec le SAILD et l’IRAD de Yaoundé, ADEAC a complété et révisé les modules
proposés par le projet Duras. Ainsi ces activités visent une amélioration des techniques de
production, une méthodologie appropriée de suivi des parcelles, une augmentation de la
productivité agricole. Ces activités permettront aux paysans d’avoir une meilleure maîtrise de
leurs parcelles. Le tableau 10 ci après présente les activités de conseil prévues dans le
programme agricole et leur niveau de réalisation.
Tableau 10: Activités de conseil prévues et réalisées dans le programme agricole de l’ADEAC
Activités prévues Activités réalisées Observations

Formation des paysans sur Les animateurs ont formé La quantité des besoins en
le Prévision de campagne les paysans sur ces trois intrants diminue, le montant
(PPC), Suivi technique modules. de crédit accordé augmente
(ST), et analyse économique
(AE)

Traitement des parcelles de Des cacaoyères (900 ha) La plupart des cacaoculteurs
cacao contre la pourriture sont traitées dans toutes les traitent leurs parcelles.
brune et les capsides zones ADEAC.

Création des champs Des champs semenciers ont Les paysans n’ont plus de
semenciers paysans de maïs, été créés dans 5 zones problèmes de semences de
de macabo et de manioc manioc et de macabo pour
dans chaque zone. leurs parcelles

Formation des paysans sur 46 paysans répartis dans 4 48 ha de bananier plantain


la technique de zones ont été formés et ont ont été créés. Cette activité
multiplication des semences construit des Bacs. constitue une source de
de plantain revenu pour les paysans
formés (50-100 FCFA/rejet)

Formation sur la culture du 19 paysans ont été formés 9 ha de piment et 19 ha de


piment et de la tomate dans dans 4 zones tomate ont été créés. Les
les zones ADEAC paysans intègrent
progressivement le
maraîchage dans leur
habitude culturale
Source : ADEAC (2006)
Le programme miro finance
Dans ce programme les activités de conseil ont été appliquées à deux niveaux, à savoir
au niveau de la caisse à travers l’identification des besoins réels de financement des activités
et au niveau des activités à travers la capitalisation des besoins réels en intrants. Le plan de
prévision de campagne et l’analyse économique sont très importants pour la micro finance de
l’ADEAC car selon les responsables, ils sont complémentaires des activités initialement
prévues. C’est dans cette optique que les responsables de l’ADEAC ont prévu plusieurs
activités de conseil dans ce programme. Ces activités se sont déroulées au travers des
formations de 2006. Le tableau 11 présente les activités prioritaires de conseil prévues et
réalisées dans le programme de micro finance.
De ce tableau, il ressort que la valeur de la quantité de besoins en intrants détermine
approximativement le montant de crédit. Or selon les responsables de l’ADEAC, « un paysan
prenait plusieurs fois le crédit intrant. C'est-à-dire que après distribution des intrants à
crédit, certains paysans se rendaient parfois compte que la quantité demandée était soit en
excès soit insuffisant pour la majorité. Les paysans de cette deuxième catégorie venaient
encore demander un autre crédit ce qui était difficile pour nous de leur satisfaire ». Dans ce
tableau, nous remarquons également que toutes les demandes de crédit ne sont pas toujours
octroyées. Les responsables des caisses soulignent que, avant le CEF, ADEAC voulait que
chaque paysan soit satisfait de ses services. Ce qui l’obligeait d’octroyer le crédit à tous les
membres qui sollicitait. Mais après les ventes groupées à la fin de la campagne, le montant
des recettes de certains paysans était presque équivalent ou légèrement supérieur au montant
de leur dette. Ne voulant pas laisser les paysans sans argent, les responsables prélevaient juste
une partie. Ce qui a été à l’origine des faibles taux de recouvrement (40-60 %) dans la plupart
des zones. De nos jours ADEAC pense que l’analyse des comptes (bilan, budget et répartition
du revenu) des paysans a permis de déterminer leur solvabilité ce qui aurait favorisé le
recouvrement des crédits dont le taux est estimé à 90 %.
Tableau 11 : Activités prévues et réalisées dans le programme de micro finance de l’ADEAC

Activités prévues Activités réalisées Observations


Estimation des besoins réels Les paysans sont formés sur La valeur de la quantité des
en intrants l’estimation de leurs besoins besoins en intrants détermine
en intrants. approximativement le
montant de crédit.
Formation sur l’analyse des Les responsables sont formés Toutes les demandes de
demandes de crédit sur l’analyse de la demande crédit ne sont pas toujours
de crédit à base du budget ou satisfaites. Les responsables
du revenu des spéculations sont stricts dans leur travail,
des paysans
Formation des paysans sur Les paysans de toutes les Les budgets et bilans
l’élaboration des budgets et zones sont formés sur élaborés permettent
comptes d’exploitation l’élaboration du budget et du d’octroyer les crédits aux
bilan. paysans.
Formation des responsables Les responsables des caisses Le taux de recouvrement des
sur le suivi du crédit et le des zones concernées sont crédits est de 90%. Les
recouvrement. formés sur le suivi du crédit crédits sont utilisés pour
octroyé. l’objet du prêt.

Sensibilisation des paysans Tous les paysans sont L’épargne moyenne des
sur l’épargne sensibilisés et accèdent membres passe de 5000 Fcfa
facilement aux services de à 6000 Fcfa et 70% des
microfinance besoins de crédit sont
Formation des paysans sur la Les paysans de certaines financés.
gestion et la répartition du zones sont formés sur la Près de 80% des paysans
revenu du ménage. répartition du revenu. allouent une somme aux
dépenses du ménage.
Source : ADEAC (2007 :15)
Les écarts de réalisation des activités du CEF pourraient s’expliquer par le fait que
ADEAC n’avait pas prévue un budget pour le suivi des activités du CEF. Ceci pourrait
également être dû au non respect du chronogramme des activités que ADEAC avait planifiées
pour les animateurs. Pour mieux comprendre ces écarts, il est important de voir ce que les
animateurs ont réellement fait au niveau des villages dans le cadre du CEF.
4.2 Le CEF et l’animateur paysan

4.2.1 Profil des animateurs paysans à Akonolinga


Les animateurs paysans de l’ADEAC sont des jeunes hommes et femmes de 37 ans en
moyenne ayant au moins le CEPE. Ces animateurs sont élus par les paysans membres de
l’ADEAC pour une durée de deux ans renouvelable. Pour être animateur paysan d’une zone
ADEAC, les postulants doivent remplir les conditions suivantes :
- être membre de l’ADEAC régulièrement inscrit depuis au moins deux ans et
être régulier aux réunions ;
- être originaire du village concerné et avoir une résidence permanente au dit
village ;
- avoir une expérience en agriculture (formation en agriculture ou avoir travaillé
dans une structure de développement local) ;
- être physiquement apte ;
- être responsable.
D’autres critères tels que la disponibilité, la tolérance, la situation matrimoniale, la
bonne moralité sont laissées à l’appréciation des paysans (électeurs).
Les élections sont indépendantes de la centrale. Elles sont organisées dans chaque
zone qui informe au préalable la Centrale ADEAC. Ces élections sont présidées dans chaque
zone par un représentant de la centrale chargé de coordonner les élections, installer le bureau
et surtout préciser les attributions de chacun. En ce qui concerne les animateurs, ils sont
chargés de :
- rassembler, organiser et animer les paysans ;
- représenter les paysans à toutes cérémonie, forum, atelier concernant
l’agriculture ;
- former continuellement les paysans sur les différents modules du CEF ;
- informer les paysans des nouvelles innovations techniques concernant
l’agriculture ;
- sensibiliser les paysans membres et, si possible, les paysans non membres sur
l’importance du CEF ;
- veiller au suivi des activités agricoles des paysans de chaque zone ;
- recueillir les doléances des paysans et les soumettre à la centrale ;
- s’assurer de l’application effective du CEF dans sa zone d’intervention.
Ces attributions rejoignent les articles de Daouda (2002) et Havard (2003) qui
stipulaient qu’un bon conseiller est celui qui est capable de remplir les fonctions de formateur,
animateur, vulgarisateur et conseillers proprement dit.
Les animateurs enquêtés étaient tous des hommes, mariés (67%) ou fiancés (33%)
tous titulaires d’un CEPE et ayant séjourné en ville pendant au moins 5 ans. Ils résident pour
la majorité (75%) au village depuis au moins 10 ans, s’exprimant tous en français et en langue
locale, dépendant de leur ethnie (67% sont des Yebekolo et 33% les Nvognyengue). Ils étaient
élus depuis au moins 3 ans car certains sont animateurs depuis la création de l’ADEAC et ont
été renouvelés lors des dernières élections de 2006. Ces animateurs sont selon les paysans des
hommes de confiance, disponibles, ouverts, tolérants, compatissants, qui soutiennent les
paysans quand il le faut. Ces qualificatifs des paysans concordent avec leur culture car tous
sont des chrétiens, père de famille ayant tout au moins une expérience de la vie, aptes en
agriculture parce qu’ils ont pour la plupart suivi une formation en agriculture ou ont travaillé
avec une structure agricole (SODECAO). Chacun exerce une activité agricole soutenue par
d’autres activités comme la chasse, la couture, l’enseignement comme vacataire, l’artisanat et
le commerce.

4.2.2 Mise en place de la démarche CEF par les animateurs à Akonolinga

4.2.2.1 Les activités de conseil mises en place


La démarche CEF se résume en trois modules essentiels à savoir, le Plan de Prévision
des Campagnes (PPC), le suivi Technique (ST) et l’Analyse Economique (AE). Tous les
animateurs ayant pris part aux formations ont traité tous ces modules. Mais la formation au
niveau des villages n’a pas été faite telle que prévue. Le tableau 12 ci après fait ressortir les
différents modules enseignés au niveau des villages.
60
Tableau 12: Points essentiels de chaque module enseignés dans les villages enquêtés

Mvan Ndibidjeng Mingeumeu Ondeck Ndéllé


modules

Points essentiels traités démarche N démarche NS NP démarche N démarche démarche N


NP NP NS NP NP
S S S

Estimation des
besoins en intrants Conseil
Plan de prévision des Campagnes

(semences, outillage, individuel,


produits, phytosanitaire) Animation
Ressources en groupe Animation en Animation en Animation en
disponibles (travail, terre, de travail, groupe de groupe de groupe de
capital) et travail, et travail, et travail, et
formation, formation, formation, formation,
Sources du ateliers, ateliers, ateliers, ateliers,
capital (propre ou Exemple 5 Exemple sur les 0 Exemple sur 5 Exemple sur 5
emprunté) sur les cultures de la les cultures les cultures de
Objectifs de cultures de zone de la zone la zone
production (augmentation la zone Conseil Cons Cons
ou diminution des Conseil individuel eil individuel eil individuel
superficies, introduction individuel
d’autres cultures)
Adéquation entre
objectifs et ressources)
Respect des
Suivi Technique

Exemple Explication Groupe de


écartements 5
0 0 travail
Estimation Calcul : Calcul et Animation de
Animation de
densité de semis sup/ sv exemple groupe et
groupe 0
Groupe individuel
Remplissage Cons
Animation animation et eil individuel
fiches de suivis 5 5
individuel
Itinéraire Groupe Groupe Groupe Groupe
technique des cultures d’entraide 0 d’entraide 5 d’entraide d’entraide 5 5
Formation de
Séance en Séance en de
Organisation du travail Formation de groupe et
de travail travail en

61
dans le ménage 5 groupe individuel
en groupe groupe
0
Explication
Respect calendrier Groupe et Travail de
en Groupe
agricole individuel 5 groupe
groupe
Analyse Economique

Détermination du profit net RT-DT RC- PID RT-DT RT-DT


Rentabilité d’une culture RC- PID Analyse RC- PID RC- PID
Choix d’une culture Besoins
Analyse 0 5 Analyse Analyse
rentable prioritaires 5
Besoins Explication et Besoins Besoins
Répartition du revenu 5
prioritaires exemple prioritaires prioritaires
Elaboration du bilan et Explication Animation de Explication et Explication et
budget et exemple groupe exemple exemple
Animation Groupe et Animation de Animation de
Sensibilisation à l’épargne
de groupe individuel groupe groupe

NP : Nombre moyen de paysans ayant participé


NS : Nombre de séances
RT : recette totale
DP : dépenses Totales
PID : prix intrants direct
RC : Recette de la culture
Sup : superficie
Sv : surface vitale d’une plante (surface occupée par une plante
Après les formations, le conseiller de Ndéllé n’a pas enseigné ce qu’il a appris aux
paysans parce qu’il estime ne pas être motivé tant par la centrale ADEAC que par les paysans.
La mise en place du CEF s’est faite dans cette zone par le biais du Technicien de l’ADEAC.
Sur les trois modules enseignés, seuls les animateurs de Mvan et Ndibidjeng ont enseigné
effectivement les paysans sur les modules tels que prévu. Ceci s’expliquerait sans doute par le
fait que ces deux zones ont été choisies comme les zones pilotes du projet Duras et où se sont
déroulées certaines formations sur le CEF surtout sur le suivi technique et l’analyse
économique.
- Le Plan de prévision des campagnes
Les animateurs expliquent aux paysans comment faire des prévisions en début de
chaque campagne. Cette prévision repose sur la quantité totale des intrants (semences,
produits phytosanitaires, petits outillages) nécessaire pour chaque culture en fonction des
superficies. Ceci permet aux animateurs paysans d’avoir une idée de la quantité totale des
besoins en intrants de sa zone afin de permettre à la centrale ADEAC de faire des
commandes. Cette stratégie permet aux paysans d’éviter de se déplacer mais aussi de faire des
économies de transport. La formation sur ce module a été faite beaucoup plus en animation de
groupe de paysans. Les animateurs expliquaient sur des tableaux ou des formats A0 comment
faire ces petits calculs. Tous communiquaient en langue locale. Chaque animateur prenait la
peine de préparer la formation et se basait sur des exemples relatifs à la zone, comme il leur
était demandé.
- Le suivi technique
Ce module repose sur un diagnostic de certaines parcelles de l’exploitation, en vue
d’aider les paysans à suivre l’évolution de chaque culture mise en place. Les principaux
points abordés dans ce module sont la détermination et le respect des écartements entre les
plantes, l’estimation de la densité de semis, l’élaboration des fiches de suivi par cultures (voir
annexe), les techniques culturales (itinéraire technique du maraîchage, association des
cultures telle que le macabo et banane plantain), création des champs semenciers notamment
de bananier plantain, de mais de manioc et de macabo, la prise en compte dans les calculs de
la main d’œuvre familiale et toutes autres dépenses liées à la place d’une nouvelle culture de
la préparation du sol jusqu‘à la vente.
Tous ces points ont été abordés dans toutes les zones. Mais les conseillers des zones
de Mingeumeu, Ndéllé et Ondeck, ont associé le module prévision des campagnes et celui du
suivi technique. Car ces deux modules sont complémentaires et similaires. Au terme de la
détermination des écartements entre les plantes, les paysans peuvent déjà estimer la densité de
semis or cette densité précise la quantité approximative de semences et à partir de cette
quantité et sa superficie, déterminer la quantité de pesticides nécessaire surtout pour le
maraîchage. Les prix unitaires de chaque produit représenteront les coûts de chaque type
d’intrants. Les fiches de suivi ont été élaborées conjointement entre les conseillers et les
responsables de l’ADEAC inspirées sur le modèle CEF du Nord Cameroun. Au cours des
formations, les animateurs ont montré aux paysans comment les remplir surtout en conseil
individuel car chaque paysan avait une fiche d’exemple (annexe 7). La création des champs
semenciers et les enseignements sur les itinéraires techniques des cultures ont été faits
théoriquement en groupe lors des réunions et pratiquement pendant des journées de
démonstration sur les sites choisis et qui généralement, étaient le champ de l’animateur et/ou
d’un autre membre du groupe. Le suivi technique des parcelles est un point très important
pour les paysans car la mise en pratique des enseignements de ce module conditionne la
production de chaque culture.
C’est pour cette raison qu’il reste le seul module où les conseillers ont mis plus de
temps pour la formation et l’on fait tant en conseil de groupe qu’en conseil individuel.
- L’analyse économique
Ce module repose essentiellement sur les calculs du profit net de l’exploitation ; de la
rentabilité de chaque culture qui aidera le paysan à prendre une décision en début de la
prochaine campagne, soit de reconduire ou pas la dite culture, d’étendre ou de réduire les
superficies. Il s’intéresse également à l’élaboration des budgets (partiel pour chaque culture et
global), la répartition du revenu net au sein de l’exploitation.
Dans ce module les animateurs de Mvan et Ndibijeng ont juste fait la restitution de ce
qu’ils ont appris lors de la formation en deux et trois séance de travail avec les paysans
respectivement. Ceci est dû au fait que les animateurs estiment qu’ils n’avaient pas bien
compris ce qu’ils devaient faire dans ce module. Dans les autres zones, la plupart des
conseillers (75 %) se sont juste attardés sur le calcul du profit net, le choix des spéculations
rentables et la répartition du revenu. D’autres notamment celui de Ondeck ont abordé étapes
par étapes tous les points de ce module.
Les formations se sont faites beaucoup plus en groupe (même si les animateurs ont
travaillé individuellement avec certains paysans) à partir d’exemples concrets. Les animateurs
ont beaucoup travaillé sur ce module puisqu’ils avaient eu des difficultés de compréhension
lors des formations. Ceci peut se comprendre parce que c’est un module basé essentiellement
sur les calculs compliqués et tous les animateurs bien qu’étant un peu expérimentés pour la
plupart n’ont que le CEPE. Or d’après Daouda (2002), et Djamen et al. (2004), ce module
requiert au moins le niveau BEPC pour être maîtrisé.
Remarque : le conseil individuel dans le cas présent ne se fait qu’à la demande des
paysans. Il est différent du conseil individuel du PRASAC qui se fait en troisième année du
conseil. Il est important ici de savoir comment le CEF s’est mis en œuvre au niveau des
villages. Comment les animateurs de chaque village ont procédés ? Quand ont-ils mis en
œuvre le CEF ?
65
Tableau 13 : Chronogramme des activités dans chaque village

Mvan Djibidjeng Mingeumeu Ondeck Ndéllé


T
Activités T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3 T4
4
Animation de groupe X X X X X X X
Prévision de campagne X X X X X X
2006

Suivi technique X X X X X
Analyse économique X X X X X X X
Recapitulatif des besoins X X X X
Champs semencier X X X X X X
Multiplication rejet plantain X X
Création filière maraîchage X X X X X
Animation de groupe X X X X X X X X X X X X
2007

Prévision de campagne X X X X X X X X X X
Suivi technique X X X X X X X X X X X X
Analyse économique X X X X
Recapitulatif des besoins X X X X
Champs semencier, multiplication plantain X X X X X X X X X
Itinéraire technique piment, tomate, macabo-
plantain
X X X X X X X
2008

Remplissage des fiches élaborées ( ST, AE) X X X X X X X X


Remplissage des fiches de bilan et de suivi X X X X X X
Récapitulatifs des besoins X X X X
Plan de campagne X X X X
Multiplication rejet plantain X X X X X
4.2.2.2 Facteurs limitant la mise en place de la démarche CEF à Akonolinga
Au terme de l’étude, quatre facteurs limitant la mise en place de la démarche CEF ont
été identifiés :
- la vaste étendue des villages constitués d’au moins quatre hameaux ne favorise
pas le regroupement en un seul lieu pour les formations. La formation des animateurs relais
dans chaque hameau constituerait un atout à la mise en place de la démarche ;
- l’absence des moyens de locomotion rend pénible le déplacement des
animateurs d’un hameau à l’autre. En plus, les vélos qu’ils avaient reçus en 2002 ne sont plus
en bon état ;
- la réticence des paysans face au changement car les paysans ont tendance à
penser que l’ADEAC doit les forcer afin qu’ils suivent les formations. D’autres pensent que
ADEAC se sert d’eux pour remplir leurs poches et ces insultes retombent sur les animateurs
considérés comme intermédiaire. Ce comportement pousse certains paysans à ne pas prendre
le CEF au sérieux même si d’autres sont conscients de son importance ;
- l’absence de rémunération des animateurs; c’est ce qui est à l’origine du
désintéressement du conseiller de Ndéllé face à la mise en place du CEF dans cette zone. Les
autres animateurs l’on fait pour des raisons personnelles telles que l’enrichissement de leur
culture, l’approfondissement de leurs connaissances en agriculture et en gestion puisqu’ils
appliquent aussi cela dans leurs parcelles. Mais ces animateurs estiment qu’une rémunération
d’au moins 10000 Fcfa/mois pourra renforcer leur motivation.
- le taux d’encadrement des paysans par les animateurs est très faible. En effet, il
s’est avéré que chaque animateur a en moyenne 150 paysans à encadrer, ce qui ne leur permet
pas de répondre à toutes leurs attentes.

4.2.2.3 Evaluation de la capacité des conseillers à maîtriser le CEF et sa démarche.


Afin de mieux apprécier les performances des animateurs à la mise en place de la
démarche CEF à Akonolinga, trois critères ont été utilisés:
- la connaissance de la définition d’un conseiller et du conseil ;
- le niveau de compréhension des modules et de sa démarche ;
- le nombre moyen de paysans encadrés.

Pendant les enquêtes il a été demandé à chaque animateur de donner une définition
d’un conseiller et du CEF. Deux définitions du conseiller ont ainsi été enregistrées :
- 1) « Un conseiller c’est quelqu’un qui doit avoir le CEPE, il doit savoir écouter
les paysans et travailler avec eux. Il doit les aider à appliquer ce qu’on a enseigné et leur
donner des conseils». Cette définition est une synthèse des idées de 50 % des animateurs
d’Akonolinga.
- 2) « Un conseiller est une personne qui doit être grand avoir au moins 35 ans,
il doit avoir au moins le BEPC, connaître l’agriculture, savoir tolérer les choses, savoir
encadrer les paysans et les aider à comprendre comment fonctionne son champ, comment
calculer son bénéfice, et comment gérer son argent ».
Cette deuxième définition donnée par l’autre moitié des animateurs est plus appropriée
dans ce contexte et est même similaire au profil des conseillers de la SODECOTON telle que
rapporté par Havard et al.(2002).
Bien que tous les conseillers d’ADEAC n’ont que le CEPE, ils reconnaissent que ce
travail nécessite un niveau d’éducation élevé. Car que ce soit pour le plan de campagne ou
pour le suivi technique, il faut que l’animateur soit attentionné et capable de faire les calculs
qui n’interviennent pas seulement dans l’analyse économique. Ceci permet de conclure que
tous les conseillers enquêtés maîtrisent parfaitement la définition d’un conseiller et surtout ont
compris le rôle du conseiller.
En ce qui concerne la définition du CEF, chaque animateur en a formulé une. Les
deux définitions se présentent ainsi qu’il suit :
- « le CEF c’est quelque chose qui montre aux paysans comment faire pour
avoir une bonne production et un bon revenu ».
- « le CEF est une démarche qui se fait étapes par étapes pour amener les
paysans à savoir quoi produire ».
Djoukam (2003) et Djonnéwa et al. (2004), précisaient que le CEF est un outil d’aide
à la décision (savoir quoi produire, comment produire, et quand produire) avec pour objectifs
de professionnaliser les agriculteurs (maîtriser le fonctionnement de leur exploitation). Les
deux définitions du CEF telles que proposées par les animateurs sont complémentaires et
comprises dans la définition ci-dessus.
Les animateurs d’ADEAC ont une bonne idée de qu’est le CEF et du profil du
conseiller. Mais ils ont encore des difficultés dans la maîtrise des outils et de la démarche.
Qu’est-ce que les animateurs ont parfaitement maîtrisé sur les modules de la
démarche ?
Il était question de savoir ce que chaque animateur avait compris et s’il est capable
d’en faire la restitution même s’il était amené à faire par surprise une formation quel que soit
le lieu. Si un animateur a retenu au moins deux des trois modules enseignés (surtout le suivi
technique et le plan de prévision des campagnes), il peut être capable d’en restituer sans
problème.

100,0% zone
d'intervention
Mvan
80,0% Djibijeng
minguemeu
Onedck
Pour-cent

60,0% Ndellé

40,0%

20,0%

0,0%
ST-PPC- AE ST- AE ST et PPC
qu'est ce que vous avez
parfaitement compris du cef ?

Figure 7: Modules parfaitement maîtrisés par les animateurs.

Chaque animateur a bien maîtrisé au moins deux modules. Certains animateurs ont
regroupé le suivi technique et le Plan de prévision des campagnes. Seul l’animateur de
Ondeck semble avoir compris l’essentiel du CEF. Ceci peut s’expliquer par le fait qu’il soit le
plus âgé et le plus ancien des animateurs car selon lui, il est animateur depuis la création de la
FOPANYM (ancienne appellation d’ADEAC) en 1992. La figure 7, montre que les
animateurs le l’ADEAC seraient capables de diffuser l’essentiel du CEF en toutes
circonstances. Or l’étude montre que tous demande à être reformés parce qu’ils rencontrent
encore des difficultés (calculs et méthodes) pour mettre en œuvre les activités du CEF. Donc
pour vérifier cela, il serait mieux de faire un suivi dans le temps et les voir en pleine activité
avec les paysans.
Le nombre de paysans encadrés par un conseiller est capital pour une mise en œuvre
de la démarche CEF. Selon Faure et al. (2004), lorsqu’un conseiller encadre un nombre élevé
de paysans, cela montre que ce conseiller fait bien son travail, et de ce fait est sollicité par ces
derniers en conseil individuel. Or à Akonolinga, le conseil individuel n’est pas similaire à
celui du Nord qui repose sur l’élaboration des projets et la gestion des activités. Il s’agit ici
d’un conseil individuel en vue de mieux comprendre ce qui a été fait en groupe ou en vue de
faire un diagnostic. Le degré de sollicitation des animateurs n’est pas élevé mais chaque
animateur fait en moyenne trois conseils individuels par mois dans les zones d’Ondeck,
Mingeumeu et Ndibidjeng. Les animateurs des autres zones ne le font pas parce qu’ils
estiment perdre leur temps sans aucun pourboire. Cependant, les animateurs estiment qu’ils
travaillent régulièrement avec 35 paysans en moyenne en conseil individuel. Le CEF est initié
à Akonolinga depuis deux ans seulement. Pour un début ce nombre est encourageant et amène
à conclure que les animateurs s’efforcent à bien faire leur travail pour une véritable mise en
œuvre de la démarche CEF.

4.3 Caractérisation du CEF à Akonolinga

Cette section présente les caractéristiques socio économiques et culturelles des


exploitations enquêtées (taille du ménage, activités, revenus nets, répartition du revenu) et
leur niveau de compréhension des enseignements reçus.

4.3.1 Caractéristiques des exploitations en conseil à Akonolinga.

Les exploitations enquêtées sont toutes membres de l’ADEAC dont les principaux
occupants sont résidants dans l’une des zones d’interventions de la Centrale ADEAC. Le
Tableau 14 présente quelques caractéristiques de ces exploitations.

Tableau 14 Caractéristiques des exploitations enquêtées à Akonolinga


Caractéristiques Exploitation
Age moyen (années) Moyenne 39
Minimum 24
Maximum 71
Ecart types 11

Taille des exploitations Moyenne 8


(nombre de personnes) Minimum 2
Maximum 50
Ecart types 7

Nombre d’actifs Moyenne 5


agricoles
Minimum 1
Maximum 45
Ecart types 6
Niveau d’éducation Scolarisé 3
Alphabétisé 97
Activités principales Agriculture 87,5
(%) Commerce 5,5
Fonctionnaire/vacation 7
Activités secondaires Aucune 37,5
(%) Agriculture 7
Commerce 15
Autres 40,5
Objectifs de production Consommation 5
(%) Commercialisation 20
Consommation et 75
Commercialisation
Sources de revenus (%) Produits de rentes 54
Produits vivriers 24
Produits maraîchers 3
Activités extra agricoles 19
Superficie cultivée (ha) Culture de rentes 3,5
Cultures vivrières 2
Cultures maraîchères 1
Ethnie (%) Makia 15
Mvognyengue 33
Yebekolo 52
Religion (%) Chrétien 98
Animiste 2
Situation matrimoniale Marié 65
des chefs d’exploitations (%) Célibataire 11
Divorcée 4
Fiancée 14
Veuf (ve) 6
Dépenses obligatoires Scolarité- santé- nutrition 61
(%) Investissement- scolarité- 36
nutrition
Habitat- scolarité- nutrition 3

Les paysans sont jeunes (39 ans en moyenne), alphabétisés ayant chacun des objectifs
de production car 75% produisent pour satisfaire en même temps leurs besoins alimentaires et
aussi se procurer un revenu pour couvrir les autres charges du ménage. La disponibilité de la
main d’œuvre (environ 5 actifs par ménage) correspondant aux superficies cultivées
représente également un atout certain pour le respect du calendrier agricole et un bon suivi des
parcelles. Ces caractéristiques sont similaires à celles obtenues au terme d’une étude menée
par Daouda (2002) au Nord Cameroun bien que le taux d’alphabétisation soit plus élevé à
Akonolinga. Ces atouts des exploitations de la zone d’étude sont favorables pour la mise en
place d’une démarche de conseil.

4.3.2 Les exploitations et le CEF

La formation sur le CEF repose sur trois modules applicables dans les exploitations
agricoles volontaires des zones ADEAC. Les exploitations ayant suivi le CEF présentent des
caractéristiques différentes et ont des niveaux de compréhension du CEF qui changent d’une
exploitation à l’autre et selon les modules ou thèmes traités. Le tableau 15 ressort le
comportement des exploitations vis-à-vis du CEF.
Tableau 15: Comportement des exploitations des zones d’étude vis-à-vis du CEF
Information sur la CEF Exploitations (%)
Avez-vous suivi le Oui 74
CEF Non 26
Qu’avez-vous fait en PPC-ST-AE 51
groupe ? PPC-ST 31
PPC-AE 18
Qu’avez-vous fait PPC 33
individuellement ? ST 37
AE 30
Nombre de Moins de 5 38
formations suivi sur le CEF Plus de 5 62
Motivation CEF Obligé en tant que 100
membre
application CEF Oui 100
Raison non CEF Pas de formation 100
Recours conseiller Oui 87
Non 13
Satisfaction après Oui 96
discussion Non 4

A Akonolinga, près des ¾ des paysans ont pris part aux différentes formations
animées par les animateurs de chaque localité. Ceux qui n’ont pas suivi (¼) sont les paysans
de Mengos où l’animateur n’avait pas pris part aux formations et de Ndéllé où les animateurs
n’ont pas restitué aux paysans les connaissances qu’ils ont acquises. Ces raisons laissent
penser que si les animateurs faisaient leur travail, tous les paysans membres de l’ADEAC
auraient suivi le CEF. Puisque les paysans qui ont pris part aux formations se disent obliger
de le suivre en tant que membre. Or ces raisons sont plutôt contraires aux principes du CEF
car il repose sur le volontariat des paysans faisant partie ou pas d’un groupe organisé.
Les paysans ont suivi à la fois le conseil en groupe et le conseil individuel et les deux
englobaient trois modules (PPC, ST, et AE). La plupart des paysans (62 %) ont suivi toutes
les séances de formation. Ceux n’ayant suivi que quelques séances avaient été soit malades,
soit hors du village pendant les formations. Tous les paysans ont mis en application les
enseignements reçus sur l’un des modules du CEF. En cas de difficultés, la plupart d’entre
eux (87 %) ont eu recours aux animateurs et en sont ressortis satisfaits (96 %).
Remarque : A Ndéllé, bien que les animateurs n’aient pas mis en place le CEF,
quelques paysans (15 %) ont assisté à au moins trois séances de formation avec les
techniciens de l’ADEAC en conseil individuel.

4.3.2.1 Le Plan de prévision des campagnes


Ce module permet aux paysans d’identifier leurs besoins en intrants (semences,
pesticides) pour chaque spéculation. A Akonolinga, il était basé sur deux points essentiels à
savoir, l’estimation des quantités de semences et de pesticides et l’estimation de la valeur
monétaire de chaque intrant. Ce deuxième point s’attarde aussi sur le coût de transport au cas
où le paysan irait lui-même faire ses achats en ville. Au terme des enquêtes, 75 % des paysans
affirment avoir traité les deux points essentiels de ce module et 25 % disent avoir traité
uniquement l’estimation des besoins en intrants. Après les formations, chaque paysan sait
qu’il est important de faire une prévision des campagnes. Parmi eux, 72 % savent estimer les
quantités de semences et surtout de pesticides pour chaque spéculation et le coût des
différents intrants et 28 % savent estimer le coût des intrants. Les paysans de la deuxième
catégorie sont des personnes âgées (65 %) qui ont pour cultures de base le cacao et le café.
Mais quelques jeunes (35 %) pensent que c’est le montant d’argent dont on dispose
qui détermine les quantités exactes d’intrants à acheter. Pour eux, le coût des intrants
représente le montant du crédit qu’ils peuvent avoir à la caisse. Même si 89 % des paysans ont
bien compris ce qu’ils ont fait en matière de prévision des campagnes, 11 % d’entre eux ont
encore des difficultés pour estimer les besoins en semences et en pesticides parce qu’ils n’ont
pas bien compris comment prendre en compte les incertitudes
Les connaissances acquises au terme de ce module ont été valorisées puisque l’étude
montre que 95 % des paysans ont mis en application le PPC sous forme de budget partiel en
début de campagne (40 %), sous forme de compte d’exploitation prévisionnelle pour chaque
spéculation (23 %), ou en faisant simplement un inventaire des besoins d’intrants direct. Les
paysans qui n’ont pas mis en application le PPC sont ceux qui pratiquent la culture de
subsistance. Ce sont des personnes âgées, hommes et femmes, polygames ou veuf(ve)s ayant
au moins 15 personnes à charge. Tous les paysans de chaque zone ont appliqué le PPC
excepté 4 % de ceux de la zone de Ndibidjeng.

4.3.2.2 Le Suivi Technique


Ce module comprend la détermination de la densité de semis à partir de la mesure des
écartements entre les plantes, l’importance des cultures pures, l’élaboration des fiches de suivi
des parcelles. La culture pure ici englobe la prise en compte des charges et les coûts liés à la
mise en place d’une parcelle, la conversion de sa main d’œuvre personnelle et familiale en
valeur monétaire. Les formations axées sur ces aspects dépendent des zones d’intervention
(Figure 9).
Dans toutes les zones d’intervention, les paysans ont traité tous les points de ces
modules. Mais ceux qui n’ont pas suivi toutes les formations ont manqué certains points.
Certains se sont rattrapés chez les animateurs même si la formation ne s’est plus faite dans les
mêmes conditions. Seuls les paysans de Ndibidjeng ont traité avec leur animateur le point sur
l’estimation des coûts et charges liés à la mise en place d’une culture comme un module à part
entière. Ceci parce que l’animateur a estimé que ce point était très important et pour ce faire,
devrait être traité plusieurs fois surtout en prenant des exemples. Dans les autres zones, il a été
abordé dans les cultures pures. Seuls quelques paysans de zones de Mvan (10 %), de
Minguemeu (15 %) et de Ndibidjeng (10 %), ont traité juste un point dans ce module.

100,0% zone
d'intervention
Mvan
80,0% Dibidjeng
Mingeumeu
Mengos
Pour-cent

60,0% Ondeck
Ndéllé

40,0%

20,0%

0,0%

4
su
de

cu
éc
rie

1-
1-

et
2-
2-
iv
ltu
ar
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n

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3-
3

5
te

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4
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en

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se

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m

s
re
is

te
le

ch
s

ni
pl

qu
an

es
te
s

qu'avez vous traitez sur le suivi ...

Légende :
1-2-3 : densité de semis, écartements et culture pure
1-2-3-4 : densité de semis, écartements, culture pure et respect des fiches techniques
4et 5 : estimation coût de production et respect des fiches techniques.

Figure 8: Points essentiels traités dans le suivi technique suivant les zones

Le degré de compréhension des points de ce module semble être fonction du niveau


d’éducation des enquêtés. Puisque le graphe montre que seuls 32 % des paysans ont bien
compris la culture pure basée presque sur les calculs des écartements et de la densité de semis
et l’élaboration des fiches de suivi. Parmi eux, 45 % sont titulaires d’un probatoire, 30 % du
CEPE et 25 % du BEPC. Trente pourcent des paysans ayant bien compris la détermination de
la densité de semis à partir de la détermination des écartements, et l’élaboration de la fiche de
suivi sont en majorité les titulaires d’un probatoire (55 %).
L’application du suivi technique s’est faite de manière progressive. Chacun a apporté
une modification (74 %) par rapport à ce qu’il a appris suite aux difficultés qu’il rencontre
lors de sa mise en œuvre. Ainsi, 37 % estiment que le calcul de la densité de semis est
compliqué par les unités de conversion, 24 % pensent qu’il est difficile de considérer son
propre travail comme main d’œuvre rémunérée, 21 % estiment qu’il est très pénible de
respecter les écartements lors des travaux et 18 % pensent que la prise en compte des charges
et des coûts des activités est difficile à estimer dans les systèmes de polyculture dominants
dans les zones. Pour contourner ces difficultés, certains paysans estiment les distances sans
aucune référence de mesure, d’autres ont développé des stratégies d’application du suivi
technique dans leurs exploitations. D’aucuns ont fabriqué des gabarits pour respecter les
écartements, d’autres ont élaboré leurs propres fiches de suivi. Ainsi, notre étude montre que
32 % utilisent leurs fiches de suivi, 9 % utilisent les fiches proposées par les animateurs. Ce
sont les personnes âgées de plus de 50 ans, 59 % utilise les gabarits et/ou respectent les
instructions des fiches techniques et suivent le calendrier agricole.

4.3.2.3 L’analyse économique


La mise en œuvre de ce module n’a pas été facile tant pour les animateurs que les
paysans. Puisqu’il fait appel aux calculs surtout arithmétiques et à une grande vigilence. Ce
module s’articule autour de la détermination du profit, le choix des spéculations rentables, la
répartition du revenu dans le ménage, l’élaboration du budget, du bilan et du compte
d’exploitation prévisionnelle. Le choix des cultures a été fait à la fin d’une série de calculs des
marges brutes de chaque spéculation. Les critères de choix des cultures étaient : la durée du
cycle végétal, le nombre de jour de travail, le coût total de production, et le revenu total de la
culture. Les paysans considèrent comme culture rentable, celle qui a un cycle végétal
relativement court, occupant moins de temps et bon marché c'est-à-dire est vendu à temps à
un bon prix.
Tous les points importants de ce module ont été enseignés. Puisque, 64 % ont traité la
détermination du profit, le choix des spéculations rentables et l’élaboration du budget, du
bilan et du compte d’exploitation. 21 % ont traité uniquement la répartition du revenu, 6 %
ont traité uniquement la détermination du profit, 3 % uniquement le choix des spéculations et
seuls 2 % des paysans ont traité tous les points de ce module. Les paysans ayant traité tous les
points de ce module sont tous de Mingeumeu. Aussi, 4 % des paysans, tous de Mvan et
Ndibidjeng, n’ont rien fait de ce module. La figure 9 ci après présente une répartition des
points traités en fonction des zones d’interventions.
100,0% zone d'intervention
Mvan
Dibidjeng
Mingeumeu
80,0% Ondeck
Ndéllé
Pour-cent

60,0%

40,0%

20,0%

0,0%

ch


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le

én
s

ag
e
qu'avez vous traitez sur l'analyse ...

Légende :
1 et 2 : détermination du profit, choix des spéculations, élaboration du budget, bilan et compte
d’exploitation.
1-2 et 3 : tous les points prévus dans ce module
Figure 9: Points essentiels traités par les paysans dans le module analyse économique

Chaque paysan a retenu quelque chose dans ce module. Mais ce sont les plus éduqués
qui ont le plus retenu. Ceci est dû aux opérations de calcul qui dérangent la plupart de ces
paysans. Ainsi 73 % des paysans savent comment déterminer le profit net, établir un budget,
bilan et compte d’exploitation, et choisir les cultures les plus rémunératrices. Parmi ces
paysans, se trouvent ceux qui ont le probatoire, près de 85 % des titulaires du BEPC et 45 %
titulaires du CEPE. Neuf pourcent des paysans enquêtés savent calculer leur profit et élaborer
leur budget ; parmi eux, 5 % ont le BEPC et 15 % ont le CEPE. Huit pourcent d’entre eux ont
retenu soit comment déterminer le profit, soit comment élaborer le budget et le bilan, soit
comment choisir une culture rentable. Parmi eux, 10 % ont le BEPC et 20 % ont le CEPE.
Enfin 10 % des paysans n’ont rien compris sur ce module tous ayant le CEPE et représente
20 % des titulaires du CEPE.
Au terme de la formation, la plupart des paysans (87 %) ont déclaré avoir mis en
pratique les enseignements reçus et les autres (13 %), affirment ne pas voir estimer
l’importance de connaître son profit ou faire le budget. Les paysans appartenant à cette
deuxième catégorie sont les personnes âgées ayant plusieurs personnes à charge et qui
cultivent d’abord pour l’autoconsommation. Bien que la majorité des paysans appliquent les
connaissances acquises dans ce module, tous affirment rencontrer des difficultés lors de leur
application. Parmi ces dernières, ils ont cité la difficulté de considérer la main d’œuvre
familiale comme rémunérée, la difficulté de déterminer les jours de travail consacrés à une
culture donnée, la difficulté dans l’estimation de la proportion de récoltes qui est auto-
consommée, etc. C’est à cause de ces difficultés que chaque paysan a apporté des
modifications par rapport à ce qui a été enseigné.
Quatre vingt quatorze pourcent des paysans ont dit avoir modifié les fiches proposées
par les animateurs parce que jugées trop complexes et difficiles à comprendre surtout les
fiches de recettes et de dépenses. Ces paysans ne tiennent donc pas compte de la valeur de
leur main d’œuvre ni de celle du terrain qu’ils exploitent ; ils remplacent tout ceci par le coût
du défrichage, de l’abattage et du dégagement. D’autres ne tiennent pas compte des intérêts
sur leur épargne.
Les paysans appliquant l’analyse économique dans leur exploitation ont en majorité
(70 %) un registre où ils mentionnent toutes les transactions (des récoltes et d’argent).
Certains évaluent le profit uniquement pour les cultures vivrières (ce sont les jeunes et les
femmes) ou uniquement pour les cultures de rente (cacao et café pour les vieillards et banane
plantain pour les jeunes et les femmes) ceci parce que ce sont les cultures qui leur génèrent le
plus de revenu.
En cas de difficultés dans l’application de ce module, seuls 9 % des paysans
retournent chez l’animateur ; chacun essayant à son niveau de les résoudre. Certains négligent
juste ce qui dérange tels que l’inclusion de la main d’œuvre comme rémunérée. Ce faible
pourcentage peu s’expliquer par le fait que les paysans n’aiment pas qu’une autre personne
connaisse ce qu’ils gagnent.
En somme le CEF à Akonolinga n’a pas été mis en place comme dans le Nord
Cameroun. La formation des paysans s’est faite en un temps très court, ce qui n’a pas permis
aux uns et aux autres de se rattraper. Trois modules ont été enseignés et mis en application par
les paysans même si la majorité des paysans ont du mal à appliquer l’analyse économique
dans leurs exploitations. L’application du CEF s’est véritablement faite en début de campagne
2007 puisque en 2006, les paysans suivaient encore les formations. Il n’y a que quelque uns
qui ont appliqué le CEF à la seconde campagne de 2006. Ce n’est donc qu’à la fin de la
campagne 2007 et en début de l’année 2008 que les paysans perçoivent les premiers effets du
CEF.
4.4 Estimation des effets du CEF sur les exploitations agricoles d’Akonolinga

Après deux ans seulement d’expérience, il est difficile de mesurer les effets du CEF
sur les exploitations. Mais à partir des connaissances mises en pratiques, quelques
changements sont déjà observables. Les critères d’appréciation utilisés sont qualitatifs et
quantitatifs. Les critères qualitatifs reposent sur les différences observées par les paysans
quant aux pratiques. Les critères quantitatifs s’appuient sur les variations des quantités
d’intrants directs (semences et pesticides) en fonction des superficies cultivées au cours des
années 2007 et 2008.

4.4.1 Les effets qualitatifs


L’étude montre que 10 % des paysans ayant suivi le CEF estiment que le CEF n’a
apporté aucun changement dans leur exploitation. Par contre 90 % estiment que le CEF a
apporté un changement dans leurs habitudes culturales et leur façon de penser. Ainsi, parmi
eux, 60 % ont affirmé avoir soit augmenté la superficie des cultures rentables et réduire celle
des cultures moins rentables, soit diminué le montant de crédit pris à la caisse d’épargne
(grâce à la diminution de la quantité d’intrants), soit pris l’habitude d’élaborer un budget en
début de campagne dans un registre où ils ont relevé les entrées et les sorties. Et 40 % ont
estimé avoir soit adopté la culture pure ou l’association d’au plus deux cultures (Banane
plantain et macabo), soit respecté les écartements entre les plantes surtout pour les cultures
vivrières et les céréales, soit intégré les groupes de travail, soit organisé mieux leur travail en
définissant les tâches à faire et en aménageant pour certains, deux jours de repos par semaine.
L’étude a également montré que parmi ces paysans ayant affirmé avoir observé un
changement dans leurs pratiques, près de 25 % pratiquent déjà les cultures maraîchères
(piment, tomate). Il est important de signaler que près de 80 % de ces paysans prévoient après
la récolte une quantité destinée à l’auto-consommation (arachide, pistache, maïs). En ce qui
concerne le macabo, le plantain et le manioc, ils délimitent dans leurs parcelles une partie
réservée pour leur consommation. La récolte de cette partie se fait progressivement sauf pour
le macabo qui est récolté et conservé à la cuisine dans un coin obscur. On a aussi remarqué
que certains paysans ciblent les gros régimes de plantain pour vendre et ne consomment que
les petits.
4.4.2 Les effets quantitatifs
Les effets quantitatifs du CEF ont été estimés en terme de performance de production,
notamment les rendements obtenus en 2007, des variations des besoins en intrants entre les
années 2007 et 2008 et d’élaboration du bilan (Tableau 16).
NB : Dans cette partie, nous avons utilisé les performances moyennes des différentes
cultures des exploitations enquêtées pour faire les calculs à partir des données obtenus
pendant les enquêtes.
Tableau 16: Performance fin 2007 des exploitations après application du CEF
Types de cultures Minimum Maximum Moyenne Ecart type
Superficie
,00 15,00 1,8558 2,77478
(ha)
Production
,00 35 2,9865 5,47952
totale (sacs)
Cacao
Production
,00 35 2,9865 5,47952
vendue (sacs)
Revenu
0 1443750 134510,58 235591,232
(FCFA)
Superficie ,00 3,00 ,9087 ,64365
Production
0 2300 678,94 509,882
totale (régimes)
Banane-
Production
plantain 0 2000 505,33 426,917
vendue (régimes)
Revenu
0
2000000 514365,38 450442,006
(FCFA)
Superficie
,00 3,00 1,1394 ,81712
(ha)
Production
0 120 43,12 31,772
totale (bacots)
Macabo
Production
0 100 31,21 25,349
vendue (bacots)
Revenu
0 1015000 172048,08 174839,878
(FCFA)
Superficie
Manioc ,00 2,00 ,2548 ,52741
(ha)
Production
0 100 12,21 24,880
totale (filets)
Production
0 80 9,13 20,857
vendue (filets)
Revenu
0 800000 61413,46 162502,993
(FCFA)
Superficie
,00 2,50 ,4808 ,58336
(ha)
Production
0 12 3,06 3,449
totale (filets)
Pistache
Production
,00 7,00 1,6731 2,04576
vendue (filets)
Revenu
0 800000 56865,38 119323,917
(FCFA)
Superficie
,00 1,50 ,0962 ,29768
(ha)
Production
0 25 1,65 5,179
totale (filets)
Maïs
Production
0 10 ,44 1,731
vendue (filets)
Revenu
,00 375000 24423,0769 79942,71139
(FCFA)
Superficie
,00 ,50 ,0192 ,09709
(ha)
Production
0 35 1,35 6,796
totale (cageots)
Tomate
Production
0 30 1,15 5,826
vendue (cageots)
Revenu
0 150000 4903,85 25156,186
(FCFA)
Superficie
,00 ,50 ,0433 ,13757
(ha)
Production
0 25 2,06 6,521
totale (cageots)
Piment
Production
0 25 1,92 6,116
vendue (cageots)
Revenu
0 150000 10769,23 34362,323
(FCFA)
Bacots : appellation des sacs utilisés pour mesurer les sacs de macabo (1 bacot = 3
sacs de marché = environ 35 Kg)
Les cultures de cacao, banane plantain, macabo, manioc et pistache présentent de
meilleures performances. Selon les paysans, ces rendements sont meilleurs par rapport à ceux
obtenus en 2005 et 2006.
Comme autres effets du CEF, il y a le fait que les paysans se débrouillent déjà à
calculer leurs revenus nets et à les répartir entre les dépenses prioritaires. Le tableau 17 ci-
après ressort un exemple du calcul du revenu disponible des paysans ayant suivi la formation
en CEF
Tableau 17 : Exemple d’élaboration du bilan et estimation du revenu des paysans en CEF

Bilan : Recettes / dépensescampagne 2007 Campagne en cours (2008)


Recettes activités Montant (en FCFA) Dépenses Montant
activités (en FCFA)
Produits de Minimum 0 Intrants directs 0
rente Maximum 2300000 288000
Moyenne 654500,94 63722,64
Ecart type 490078,151 55772,356
Produits Minimum 0 Intrants directs 0
vivriers et céréales Maximum 1015000 225000
Moyenne 315433,96 25971,70
Ecart type 248124,582 34190,560
Produits Minimum 0 Intrants directs 0
maraîchers Maximum 472000 25000
Moyenne 27962,26 1283,02
Ecart type 88946,173 4302,849
PFNL Minimum 0 Intrants directs 0
Maximum 50000 0
Moyenne 943,40 0
Ecart type 6868,028 0
Prêts des terres Minimum 0 Main d’œuvre 0
Maximum 0 300000
Moyenne 0 69245,28
Ecart type 0 61169,659
Remboursement Minimum 0 Remboursement 0
dettes Maximum 450000 crédit 562500
Moyenne 45547,17 16933,96
Ecart type 88631,164 80034,009
Activités extra Minimum 0 Location des 0
agricoles Maximum 6000000 terres 35000
Moyenne 294528,30 660,38
Ecart type 849612,618 4807,620
Intérêt sur Minimum 0 Petits 0
l’épargne Maximum 100000 équipements 250000
Moyenne 3175,47 64518,87
Ecart type 15273,039 74406,366
Recette totale Minimum 310000 Dépenses 50000
(RT) Maximum 3168000 totales (DT) 843000
Moyenne 1185974,53 279179,25
Ecart type 573269,125 63848,278
Revenu Minimum 151000
disponible (RD) Maximum 2853000
Moyenne 910709,43
RD= RT-DT Ecart type 492064,193

Les cultures les plus rentables des exploitations enquêtées sont les cultures de rente
mais il est important de mentionner que ce montant élevé est dû au revenu obtenu de la vente
du plantain qui représente environ 79 % du montant global. C’est pour cette raison que la
plupart des exploitations augmentent les superficies de plantain chaque année (de 0,8 ha en
2007 et à 1,2 ha en 2008). Nous remarquons également que les paysans intègrent
progressivement les cultures maraîchères dans leurs pratiques. En 2007, les paysans ont
cultivé de petites superficies des cultures maraîchères qu’ils ont augmentées en début de
campagne de l’année 2008 (voir tableau annexe 4)
4.5 Mesure de l’impact du CEF
4.5.1 Impact Social
Le CEF à Akonolinga a un impact positif sur l’organisation sociale et le renforcement
de la solidarité. Grâce au CEF, ADEAC a organisé les femmes pour qu’elles puissent discuter
de leurs problèmes. Cette organisation est rendue possible grâce à la création en 2006 d’une
cellule féminine dans les zones de Mvan, Ndibidjeng, Ndéllé et Ondeck ayant pour objectifs
d’aider les femmes à développer les AGR au sein de leurs ménages. En effet, selon les
responsables de l’ADEAC, lors de la présentation du CEF au Nord Cameroun, les
présentateurs ont montré que le regroupement des femmes au Nord a permis à ces dernières
de résoudre certains problèmes (scolarité des enfants, nutrition etc) de leurs ménages. C’est
grâce à cette présentation qu’ils ont eu l’idée de regrouper les femmes de leur zone
d’intervention. En vue de réduire la pénibilité du travail et constituer une main d’œuvre
permanente, le CEF a favorisé la création des groupes d’entraide au sein des communautés.
L’aide apportée à chacun ne se limite pas aux activités des champs car selon eux en cas de
problème ils ont d’abord recourt à un membre du groupe ou de la caisse. Par exemple certains
paysans permutent les tours de travail en fonction des activités culturales. Cette attitude
renforce la solidarité au sein des communautés.

4.5.2 Impact Technique


Après les formations, le CEF a eu un impact positif sur les techniques de production
des paysans. Soixante dix pourcent des paysans formés sur le CEF affirment respecter le
calendrier de lutte contre les capsides et la pourriture brune puisque avant ils pulvérisaient au
hasard sans tenir compte des périodes de vulnérabilité (Juillet-Août) des insectes (mirides,
capsides). Le CEF a favorisé l’introduction des cultures maraîchères qui n’étaient pas encore
pratiquées. Les paysans adoptent les cultures pures même si sur une même parcelle il y a
plusieurs cultures, chaque culture est répartie en sole. Les paysans aujourd’hui savent qu’ils
peuvent eux mêmes produire leurs propres semences car le CEF a formé des paysans sur la
création des champs semenciers de maïs, plantain, macabo et manioc. Les paysans formés
maîtrisent surtout la multiplication des rejets de plantain. Soixante quinze pourcent des
paysans estiment qu’ils s’organisent mieux dans leurs travaux champêtres et respectent de
plus en plus les écartements entre les plantes puisque avant ils semaient au hasard.
4.5.3 Impact économique
La sensibilisation des paysans quant à l’importance de l’épargne constitue un avantage
en ce qui concerne le développement des institutions de micro finance dans les villages. Car
ADEAC précise que le montant d’épargne annuel est passé de 5000 FCFA à 6000 FCFA
entre 2005 et 2007. Grâce au CEF, les paysans ont déjà pris l’habitude de répartir leurs
revenus entre les dépenses du ménage (65% des paysans considèrent la santé, l’éducation et la
nutrition comme étant les dépenses prioritaires de leurs ménages). A partir des données de
l’enquête, nous avons considéré la répartition moyenne du revenu des paysans pour une vision
générale de la répartition du revenu dans la zone d’étude (tableau 18)
Tableau 18: Répartition du revenu disponible entre les dépenses au sein du ménage.

Sources de dépenses Montant Pourcentages


(FCFA) (%)
Scolarité 219774 24
Santé 84906 9
Nutrition 208302 23
Habitat 187778 21
Réinvestissement en 169812 19
champ
Epargne 7835 1
Autres 32302 3
Total 910709 100

L’éducation, la santé et la nutrition sont les charges qui absorbent la grande partie du
revenu (environ 56 %). En effet, les enfants fréquentent en ville et les parents doivent en plus
de payer des frais de scolarité, louer une maison ou une chambre, ravitailler les enfants en
vivres.
4.5.4 Impact environnemental
Le CEF prône l’adéquation entre les objectifs des paysans et les moyens dont ils
disposent par le biais des formations sur les itinéraires techniques des cultures. Mais l’impact
environnemental n’a pas encore concerné le CEF, et le peu de temps depuis que le CEF est
appliqué à Akonolinga, ne permet pas encore de mettre en évidence l’impact du CEF sur
l’environnement.
4.6 Perception du CEF à Akonolinga
La population de l’échantillon a montré une perception plutôt positive concernant le
CEF. Tous les acteurs (paysans, animateurs et responsables de l’ADEAC) perçoivent ainsi le
CEF à son applicabilité.
Le CEF à Akonolinga est perçu comme une approche de développement indispensable
à l’amélioration du niveau de vie des paysans, en ce sens qu’il prend en compte tout le
fonctionnement global de l’exploitation. Les paysans interrogés ont indiqué que si le CEF
était mis en application tel que présenté par les animateurs, on enregistrera de très bonnes
performances. Cette approche leur apporte une nouvelle vision au fonctionnement global des
exploitations et leur permet de mieux réfléchir leurs décisions. Cependant, d’aucun pense que,
bien que le CEF soit un outil approprié et adapté à la situation des paysans, il est difficile à
appliquer. Même si la plupart des paysans intègrent progressivement le CEF, ils rencontrent
d’énormes difficultés surtout au niveau des calculs. Cette difficulté de mise en pratique du
CEF est due au faible niveau de scolarisation des paysans et à leurs habitudes culturales.

4.7 Diffusion du CEF et possibilité d’adoption par les non membres.


Les critères utilisés pour caractériser la diffusion du CEF par les paysans membres de
l’ADEAC après des autres paysans sont :
- la discussion du CEF avec les paysans non membres ;
- la connaissance des paysans ayant apporté un changement dans leurs pratiques
suite à la discussion ;
- la connaissance des raisons du changement des pratiques des paysans non
membres.
4.7.1 Expérience du CEF avec les paysans non membres
Dans chaque zone d’intervention de l’ADEAC où l’étude a été menée, au moins 75 %
des paysans entretiennent des discussions concernant le CEF avec les membres de leurs
familles et/ou les voisins (figure 13). La discussion repose entièrement sur le CEF puisque 49
% des paysans parlent des modules traités lors des formations notamment le suivi technique et
l’analyse économique. 38 % discutent de l’importance du CEF dans la vie d’un agriculteur
puisque certains paysans non membres pensent qu’ils n’ont pas besoin de conseil pour
produire car selon eux, « l’agriculture est un art par conséquent un don naturel ». Afin de les
convaincre, (13 %) des paysans ont dit qu’ils sont obligés de leur livrer leurs secrets en leur
parlant de leurs expériences personnelles et des méthodes qu’ils adoptent.
Les paysans membres qui ne discutent pas du CEF avec leurs voisins ou familles
affirment qu’ils ne comprennent pas pourquoi ceux là n’intègrent pas le groupe afin de
bénéficier aussi des formations. Par conséquent, ils ne peuvent pas perdre leur temps pour
eux.
zone d'intervention
100,0%
Mvan
Dibidjeng
Mingeumeu
Ondeck
Ndéllé
80,0%
Pour-cent

60,0%

40,0%

20,0%

0,0%
oui non
entretenez vous le cef avec vos voisins ,

Figure 10: Entretien des paysans membres sur le CEF avec les paysans non membre dans
chaque zone.

4.7.2 Changement des pratiques des paysans non membres


Au terme d’une discussion entre les paysans ayant suivi le CEF et ceux ne l’ayant pas
suivi, chaque partie prenante en tire des enseignements. C’est le cas à Akonolinga où certains
paysans qui n’étaient pas au courant du CEF ou n’accordaient pas une importance particulière
à celui-ci au terme des discussions n’avaient plus la même perception. Quatre vingt dix
pourcent des paysans affirment en effet que certains viennent les contacter régulièrement pour
en savoir plus sur le conseil. Ainsi certains de ceux ayant acquis des connaissances sur le CEF
ont décidé de les mettre en pratique. La figure 11 ci-après, montre que dans toutes les zones,
chaque paysan non membre a apporté un changement dans ses habitudes ou pratiques
culturales. Quatre vingt dix sept pourcent des paysans enquêtés disent connaître les paysans
non membres qui ont apporté des modifications dans leurs pratiques à l’issue des discussions
et des formations qu’ils ont faites.
zone d'intervention
100,0%
Mvan
Dibidjeng
Mingeumeu
Ondeck
Ndéllé
80,0%
Pour-cent

60,0%

40,0%

20,0%

0,0%
oui non
certaines personnes ont-elles changées ?

Figure 11: Changements des pratiques agricoles par les paysans non membre.

4.7.3 Les nouvelles pratiques adoptées et les raisons de cette adoption


Les paysans non membres pensent comprendre la prévision des campagnes et le suivi
technique. D’après 11 % des paysans enquêtés, les paysans non membres ont adopté la culture
pure, 16 % disent connaître les paysans qui respectent les écartements entre les plantes, 35 %
connaissent les paysans qui essaient d’élaborer leur plan prévisionnel de campagne, et 38 %
ont aidé certains paysans à mettre en pratiques trois points cités plus haut.
Cette adoption timide et progressive du CEF s’explique par le fait que certains
paysans veulent satisfaire leur curiosité (61,5 %) tandis que d’autres (38,5 %) ont remarqué
quelques changements dans l’exploitation des paysans membres tels que la bonne
organisation du travail, le respect du calendrier (cultivent tout à temps), la diminution de la
peine du travail (car la plupart des travaux sont effectués par les groupes d’entraide).

4.8 Test des hypothèses


La présente étude était basée sur quatre hypothèses de recherches :
- HR1 : les activités de conseil sont complémentaires des activités et
programmes de l’ADEAC
- HR2 : Le profil du conseiller est déterminant dans la maîtrise de la démarche
conseil
- HR3 : La méthode et les outils du CEF sont facilement assimilés par les
acteurs
- HR4 : La perception du CEF varie selon les objectifs des acteurs concernés

4.8.1 Vérification de HR1


Avant l’arrivé du CEF à Akonolinga, ADEAC assurait le suivi des activités des
paysans par le biais des animateurs qui étaient chargés d’évaluer les besoins en intrants des
paysans. La centrale ADEAC se chargeait d’octroyer les crédits intrant à ces paysans. Les
activités des programmes agricoles et surtout de microfinance cherchaient à renforcer les
capacités techniques des paysans et améliorer leur niveau de vie mais il leur manquait juste
une méthodologie appropriée. Selon les responsables de l’ADEAC, le CEF leur a servi de
guide pour la réalisation de leurs objectifs et n’a influencé en aucun cas ses activités tout au
contraire est complémentaire de ses programmes. De même, les animateurs avaient déjà pour
rôle d’informer les paysans sur l’évolution des systèmes agricoles, le CEF a plutôt approfondi
leurs connaissances et renforcé leurs capacités de diagnostic. Ces affirmations corroborent
avec HR1 qui stipulait que les activités de conseil sont complémentaires des activités et
programme de l’ADEAC et ses animateurs ce qui confirme également les pensées de Wambo
(2000) selon lesquelles les activités de conseil sont sensées épouser les objectifs globaux des
structures d’encadrement.

4.8.2 Vérification de HR2


Les animateurs paysans d’Akonolinga sont tous des responsables de famille ayant le
CEPE. La moitié a pensé que le conseiller doit avoir au minimum le BEPC et les autres
estiment qu’il doit avoir au minimum le CEPE. D’après eux, la maîtrise de la démarche CEF
requiert un bon niveau d’éducation et une expérience dans le domaine agricole et
l’encadrement des paysans. Même si les animateurs paysans se débrouillent à comprendre le
CEF, plusieurs d’entre eux ont du mal à maîtriser parfaitement les calculs. Cette façon de
penser rejoint l’hypothèse selon laquelle le profil du conseiller, son expériences en animation
de groupe, sont déterminants pour une bonne maîtrise de la démarche. Ce qui va dans le sens
de Legile (2006), qui stipule que la spécialisation du conseiller ou son niveau d’étude n’aurait
pas une influence majeure sur la maîtrise de la démarche ; certains techniciens d’agriculture
maîtrisent mieux le CEF que certains ingénieurs. De plus, pour Havard (2002) le profil des
conseillers varie en fonction des tâches qui leur sont assignées. Pour le même auteur, en
années 1 et 2, le CEF basé sur le travail de groupe, l’estimation des besoins en intrants, et le
suivi technique, le conseiller doit avoir au minimum le BEPC et de bonnes connaissances en
animation de groupe et en agriculture. Mais en année trois le CEF étant basé sur l’analyse, la
gestion de la trésorerie, l’analyse économique, requiert un conseiller de niveau baccalauréat
au minimum et de bonnes connaissances en agriculture. A Akonolinga, les animateurs de
niveau CEPE ont été soumis au thème de l’année 1 et 2 du CEF nécessitant selon Havard
(2002) le niveau du BEPC au minimum.
L’étude a montré que bien que les animateurs estiment avoir maîtrisé certains
modules, ils rencontrent encore des difficultés dans la maîtrise des outils et de la démarche.
Ceci nous amène à accepter l’hypothèse selon laquelle le profil du conseiller est déterminant à
la maîtrise de la démarche CEF même si selon Legile cette hypothèse n’est pas vérifiée dans
tous les cas, en plus du niveau d’éducation, les conseillers doivent avoir de bonnes
connaissances en agriculture, en animation de groupe et dans d’autres domaines ayant un lien
avec l’agriculture ou le développement du secteur rural.

4.8.3 Vérification de HR 3

Les outils de base du CEF sont des fiches élaborées conjointement entre les paysans et
les animateurs et par les discussions sur le terrain. Ces fiches servent de support et de modèle
pour les paysans. A Akonolinga, les fiches ont été élaborées entre les techniciens de
l’ADEAC et les animateurs, les paysans étant exclus du système. L’étude montre que 83 %
des paysans éprouvent des difficultés lors du remplissage des fiches de suivi. Soixante seize
pourcent d’entre eux estiment que ces fiches sont trop complexes et constituées de beaucoup
de calcul. La majorité se font aider par l’animateur ou leurs enfants alphabétisés ou par les
autres paysans qui s’en sortent (ce sont les plus éduqués ayant au moins le BEPC). Ceci veut
dire qu’en l’absence de l’animateur ou des enfants ou en cas d’indisponibilité des autres
paysans, certains paysans ne peuvent pas faire les calculs ou remplir les fiches.
Les animateurs quant à eux, pensent que le CEF est une approche constituée de
plusieurs étapes qui ne sont pas faciles à comprendre si l’on ne lui l’accorde pas plus de temps
et d’attention. Ceci veut donc dire que les fiches utilisées dans le cadre du CEF à Akonolinga
ne sont pas facilement assimilées par les acteurs (animateurs et paysans). Ces observations
nous amène à conclure que les fiches et outils utilisés dans le cadre du CEF à Akonolinga ne
sont pas facilement assimilés par les animateurs et les paysans. Ceci peut s’expliquer par le
fait que les responsables de l’ADEAC avaient conçu ces fiches sans une discussion préalable
avec les paysans et en plus il n’ y a pas eu de séance d’explication de ces fiches. ADEAC
voulaient atteindre un double objectif : avoir une idée du diagnostic global de l’exploitation et
aider les paysans à évaluer leurs besoins en intrants.

4.8.4 Vérification de HR 4
Selon ADEAC, le CEF est une approche de développement local. Pour les personnes
enquêtées, le CEF est venu renforcer leurs activités et leur capacité de diagnostic des
exploitations agricoles. De nos jours ADEAC pense mieux percevoir les problèmes des
paysans. Les animateurs pensent que le CEF est une approche qui responsabilise les paysans
en enrichissant leurs connaissances. Selon eux en tant que formateur et médiateur, le CEF a
approfondi leur connaissance, les a éclairés sur les étapes d’un diagnostic. Aujourd’hui, ils ont
une bonne réputation et considération dans leurs villages respectifs. Tous les paysans estiment
que le CEF répond à leurs attentes ceci dans la mesure où il leur a « ouvert les yeux ».

50,0%

40,0%
Pour-cent

30,0%

20,0%

10,0%

0,0%
aborde ce qui me m'apporte une nouvelle me permet de bien gérer
manquait vision et faire le bon choix
si oui comment le cef répond t-il à vos attentes ?

Figure 12: Perception des effets du CEF par les paysans.

La perception des effets du CEF dépend des difficultés que rencontrent les paysans.
Près de la moitié des paysans ont eu une nouvelle vision sur le fonctionnement global de leur
exploitation, 32 % cherchaient comment gérer mieux les revenus. Seuls 18 % estiment que le
CEF aborde ce qui leur manquait (gestion du revenu, utilisation des superficies cultivables,
culture des spéculations les plus rentables, développement des AGR, etc.)
Chaque acteur pense que le CEF peut les aider à atteindre certain objectif en fonction
des difficultés qu’il rencontre. Face à ces perceptions positives du CEF à Akonolinga, quelle
pourra être son importance dans le plan stratégique de développement du secteur agricole à
Akonolinga ?

4.9 Enjeux et perspectives du CEF à Akonolinga


4.9.1 Les potentialités agricoles de la zone d’étude
La zone d’étude regorge d’un potentiel agricole assez important et suffisant pour
entreprendre un investissement dans le secteur agricole. Les sols sont encore bien fertiles pour
la mise en valeur des cultures de rente (cacao, café, banane plantain et palmier à huile),
vivrières (macabo, manioc et ignames), céréalières (arachides, pistaches et maïs) maraîchères
(tomate et piment) et fruitières (avocatier, manguier, oranger, safoutier et goyavier).
Les exploitations de la zone compte en moyenne 5 actifs agricoles pour des superficies
moyenne de 4,5 ha soit 0,9 ha/ actifs ceci peut permettre une bonne gestion des périmètres
cultivés. Le travail en groupe constitue également une source potentielle de main d’œuvre
pouvant permettre aux paysans de respecter le calendrier agricole de la zone.
4.9.2 Les potentialités locales en matière de gestion des
exploitations
Comme le pense Misté (2008), sans conseil les paysans prendront quand même des
décisions. Il est donc important pour cette étude de savoir comment les paysans s’en sortaient,
quelles sont les techniques et les approches qu’ils utilisaient pour gérer leur exploitation. Pour
répondre à ces questions, l’étude s’est appuyée sur les méthodes utilisées par les paysans pour
estimer leurs besoins en intrants (semences et produits phytosanitaires), pour suivre
l’évolution de leurs parcelles et pour déterminer leur profit.
En début de chaque campagne, chaque paysan sait pertinemment qu’il doit faire un
budget. Même s’il ne le matérialise pas, il le fait dans l’abstrait. Afin de pouvoir financer
leurs activités agricoles, 52 % obtenaient un crédit intrants à la caisse de la zone soit en
moyenne une somme de 45000 FCFA. Cette somme, selon eux, était suffisante pour la mise
en place d’une parcelle. La quantité de pesticides pour les cacaoculteurs était déterminée à
partir des fiches techniques qu’ils avaient reçues depuis 1999-2000 de la SODECAO.
Quarante cinq pourcent des paysans respectaient le calendrier agricole.
Les paysans avaient une technique locale pour déterminer les écartements entre les
plants. Les écartements étaient estimés en terme de pas (pas de marche). Par exemple pour la
culture de macabo, la distance est d’un pas entre les plantes. Pour le plantain, chacun fait entre
5-7 pas entre les pieds en fonction de la taille. Pour des personnes de petite taille (1,5 m
environ) il faut en faire 7, pour les personnes de taille moyenne (1,65 m environ), c’est entre 5
et 6 pas et enfin 5 pas pour les personnes de grande taille (plus de 1,75 m). Selon eux, après
de nombreuses années d’expérimentation, ils estimaient, que pour mettre sur pied une
superficie de 1 ha de macabo, il fallait au plus 12 « bacots » de semence, pour la même
superficie de pistache ou d’arachide, il fallait 2 seaux de 5litres de semence (arachides
décortiquées). Les prévisions de campagne se faisaient à partir de ces estimations qu’ils ont
utilisées comme standard jusqu’à l’arrivée du Conseil. Cependant, l’étude montre que environ
10% des paysans ayant suivi le CEF utilisent encore cette méthode pour faire leurs prévisions
puisque selon eux, le CEF « embrouille avec les calculs et ses fiches ».
L’étude montre que 52 % des paysans faisaient un bilan en fin de campagne, c’est-à -
dire une estimation des dépenses et des recettes pour les cultures commercialisées. Cependant
certains paysans (66 %) faisaient leurs bilans en estimant juste les recettes sans toutefois
penser aux dépenses. Seuls 34 % faisaient le bilan dans son sens strict mais les dépenses pour
eux se limitaient aux coûts de défrichage (25000 FCFA) et d’abattage (20000 FCFA) de la
parcelle en première année de création.
Près de 77 % des paysans enquêtés déterminaient à leur façon leur profit. Ainsi trois
méthodes locales étaient utilisées pour savoir si les activités sont rentables. Afin de mieux
cerner ce que les paysans faisaient, nous avons utilisé les moyennes des performances des
exploitations enregistrées en 2007 (tableau 16) que nous avons appliqué à leurs méthodes afin
de faire des comparaisons avec celles enseignées dans le cadre du CEF
- 1) Profit = recettes totales des cultures principales (cacao, plantain,
macabo) – montant de crédit pris à la caisse
P = (134510 + 514365 + 172048) – 100000 (montant maximum de crédit autrefois
octroyé)
= 720923 FCFA
Profit = 720923 FCFA
Cette méthode était utilisée par 23 % des paysans enquêtés pour l’estimation de leurs
revenus.
- 2) Profit = Recettes totales des cultures principales – coûts du défrichage
et d’abattage
P = (134510 + 514365 + 172048) – 4 (25000 + 20000)
= 640923 FCFA
Profit = 640923 FCFA
Remarque : les cultures principales occupaient une superficie de quatre hectares.
Vingt quatre pourcent des paysans se basaient sur cette méthode pour déterminer leur
profit. Après la première année de culture les paysans considéraient toujours le coût de
défrichage et d’abattage car selon eux, ceci leur permettait d’avoir les fonds pour l’extension
des parcelles ou la création des nouvelles.
- 3) Profit = Recettes de chaque culture – coût de production (défrichage,
abattage et autres fais liés à l’entretien)
P = 989296 – 5(45000 +25000)
= 639296 FCFA
Remarque : les résultats montrent que la superficie moyenne cultivée par exploitation est de
5 hectares. Les paysans ont estimé à 25000 FCFA la somme qu’ils pouvaient dépenser par an
pour la main d’œuvre.
Cette méthode s’utilisait uniquement pour la culture du plantain et du macabo. Vingt
cinq pourcent des paysans la pratiquaient. Mais certains considéraient plusieurs fois le coût de
défrichage et d’abattage c'est-à-dire que sur une parcelle en culture mixte de macabo et
d’arachide, le profit des arachides se calcule en soustrayant des recettes le coût de l’abattage
et du défrichage, il en est de même pour le macabo alors que les deux cultures sont sur une
même parcelle défrichée et abattue une seule fois. Selon eux cette méthode leur permettait de
savoir à peu près ce qu’ils gagneraient en culture pure.
Certains paysans (28 %) estimaient sans calcul leur profit surtout de macabo, pistache
et arachides. Selon eux, s’ils mettent en terre 10 sacs de semence de macabo et en récoltent
20, ils ont eu un profit de 10 sacs.
Ces méthodes, montrent que les paysans effectuent des calculs économiques partiels,
incomplets, répondant à certains de leurs besoins tout aussi partiels. Il est donc important
d’organiser avec les paysans des séances d’animation de groupe sur les questions
économiques en rapport avec leurs cultures, leurs activités, et leur exploitation. C’est-à-dire
qu’est-ce que l’on peut calculer pour une parcelle, une culture, une activité, une exploitation
pour en faire quoi ? Les paysans qui utilisaient la première formule, ont affirmé que le
montant de crédit qu’ils prenaient était utilisé pour la mise en place des parcelles cultivées. En
plus le revenu disponible d’une exploitation prend en compte toutes les activités du ménage
raison pour la quelle Wambo (2000) et Daouda (2002) ont précisé que, une exploitation
agricole est considérée comme un système où la négligence d’une activité fausserait les
résultats de cette exploitation. L’approche globale de l’exploitation avait été utilisée dans le
cadre du CEF pour aider les paysans à déterminer leur revenu disponible puisqu’il a pris en
compte toutes les activités génératrices de revenu des exploitations (tableau 18).
NB : Avec la méthode proposée par le CEF, les paysans perçoivent mieux leurs revenus
disponibles. Le revenu maximal enregistré avec l’une des méthodes des paysans est de
720923 FCFA contre 910709 FCFA soit un écart de 189786 FCFA. Mais alors cet écart serait
d’autant meilleur si la méthode enseignée par les animateurs tenait compte des revenus issus
des sous produits ou des produits dérivés de leurs exploitations. Puisque pendant les enquêtes,
nous avons remarqué par exemple que les paysans ne tiennent pas compte du revenu issu de la
vente des semences du macabo et rejetons de banane plantain. (1000 FCFA/sac de macabo et
50 FCFA/rejeton de banane plantain). En plus dans les zones de Mingeumeu, Ondeck, Mvan
et Ndibidjeng, les paysans vendent parfois les noix de palmes et les palmistes mais ne
considèrent pas ces revenus dans le calcul de leur profit alors que ceux-ci ne sont pas
négligeables (500-1000 FCFA le régime noix de palme et 1000 FCFA/ corbeille de palmiste
séché).
Après avoir déterminé ou estimé leur profit, 45 % des paysans élaboraient un budget
pour les cultures principales (macabo, banane plantain, cacao, manioc). Lorsque le montant
prévu ne correspondait pas à ce qu’ils possédaient, 36 % d’entre eux prenait un crédit (caisse,
tontine ou particulier), 12 % donnaient la priorité aux dépenses obligatoires et 31 % se
débrouillaient avec le montant qu’ils possédaient en réduisant parfois les montants affectés
aux dépenses non obligatoires.
4.9.3 Les attentes des conseillers et des paysans vis-à-vis du CEF
4.9.3.1 Attentes des conseillers
Les animateurs ont exprimé leurs attentes vis-à-vis du CEF dans leur localité.
- 100 % demandent d’être pris en charge par l’ADEAC et/ou les paysans ;
- 30 % ont besoin d’une moto ou d’un vélo pour se déplacer dans les hameaux ;
- 85% souhaitent la formation des animateurs relais pour réduire leurs champs
d’investigation ;
- 100 % souhaitent la reprise du CEF ;
- tous demandent la mise en place d’un suivi permanent dans les villages au
moins une fois par trimestre pour un recyclage et une évaluation
4.9.3.2 Attentes des paysans
Pour les paysans le conseil doit :
- faire une reformation (recyclage);
- s’appuyer sur les nouvelles méthodes de lutte contre la pourriture brune et les
capsides ;
- appuyer les paysans en leur octroyant des crédits intrants et scolaire ;
- former les paysans sur l’élaboration des demandes de crédit auprès des
banques ou des IMF ;
- former aussi les femmes sur le CEF pour qu’elles soient conseillères.
Toutes ces attentes ont une influence directe sur la mise en place d’un dispositif de
conseil dans la localité. Mais, ADEAC leur structure d’encadrement a eu une rupture de
contrat avec son partenaire financier. Les activités de conseil ont été stoppées depuis six
(Mars 2008) mois. Tous les paysans pensent que pour une reprise de conseil, il faut que
chaque zone soit réorganisée, et que le CEF apporte un appui financier à chacun. Puisque
certain n’ont pas réalisé leurs objectifs prévus en début de campagne parce qu’ils n’ont pas eu
de crédit intrants auprès de l’ADEAC. Cette idée d’apport d’un appui financier de la part du
CEF serait peut être due au fait que d’autres projets opérant dans la zone à l’instar du SAILD,
ont souvent eu l’habitude de donner un appui financier aux paysans choisis pour la
valorisation d’une nouvelle technique de production ou de multiplication des semences.

4.10 Discussion
4.10.1 Le conseiller au centre de CEF
A l’issue des entretiens avec les paysans, les animateurs et les responsables de
l’ADEAC, il ressort plusieurs propositions en ce qui concerne le rôle et profil d’un animateur-
conseiller. La mise en place de la démarche conseil dépend fortement des caractéristiques du
conseiller. A Akonolinga, l’animateur est titulaire d’un CEPE, il doit avoir une expérience en
agriculture, des connaissances sur les techniques de production des principales cultures de la
zone, être responsable et résident au village. Ce dernier est élu par les paysans. Legile (2006)
souligne que le niveau d’éducation du conseiller et son niveau de connaissances en agronomie
ne conditionnent toujours pas la maîtrise d’une démarche CEF. Contrairement à cette
affirmation, Havard (2002) précisait que l’influence du niveau d’éducation du conseiller et du
degré de ses connaissances en agronomie sur la maîtrise du CEF dépendait des thèmes traités
(minimum BEPC pour le PPC et le ST, et Bac pour l’analyse économique).
Par contre, la mise en place de la démarche CEF à Akonolinga n’a pas pu prendre en
compte tous ces aspects puisque les animateurs d’Akonolinga ont été formés sur les modules
nécessitant pour certains le niveau BEPC et les autres le niveau BAC alors que tous n’ont que
le CEPE. Ces animateurs ont quand même retenu certaines choses. Il est donc judicieux de
penser comme Légile. Toutefois, la mise en place de la démarche CEF doit tenir compte de
ces aspects afin de connaître le profil des animateurs à qui on a à faire et quels sont les points
à aborder.
Au nord Cameroun un animateur encadre seul 5 à 6 groupes seul ; il en est de même à
Akonolinga où chaque animateur-paysan couvre 4 à 5 hameaux ayant en moyenne 30 paysans
chacun. Face à cette situation, la formation des animateurs relais dans chaque hameau s’avère
être une nécessité.
4.10.2 Le CEF et les autres approches de vulgarisation
Les politiques agricoles visant à augmenter la production agricole et alimentaire, ont
toujours mis en accent sur la diffusion des innovations techniques. L’approche « Formation et
Visite » initiée par la Banque Mondiale avait longtemps été utilisé en Afrique comme une
approche de vulgarisation de masse. Limité par sa démarche et ses principes caractérisés de
« top down » c'est-à-dire excluait les paysans dans le processus de construction de
l’innovation, plusieurs autres approches participatives (CEF, Farm Field School)ont été mises
sur pied par des projets et des organismes. Ces approches diffèrent les uns des autres par leurs
objectifs et leurs démarches comme indiquées dans le tableau 19 ci-après
Tableau 19 : Comparaison du Training & Visit System, du CEF et le FFS

Caractéristiques T&V CEF FFS


Technicien Spécialisé Tous les agents Agent spécialisé
En cascade « horizontalement » en lutte intégrée
Deux fois/ an,
Formations sont essentielles

Une fois/mois, 1 jour Deux fois/an, 1 semaine


Agents

En salle et sur le
En salle En salle et sur le terrain terrain

De façon participative De façon


De façon descendante
- Entre conseiller et groupe de participative
des vulgarisateurs aux paysans,
Paysans Cdg, - entre spécialiste
puis de façon participative au
- Entre paysans-animateurs et et paysans en séance de
niveau des groupes de contact
groupes de proximité travail
Oral Ecrit et oral Écrit et oral
Choisi par les
Thèmes décidés à partir d’une
Thèmes retenus suite à spécialistes en fonction du
réflexion commune entre agents et
une enquête auprès des paysans type d’attaque dans la
paysans
zone
Tous les 15 jours Tous les 15 jours Chaque mois
- Paysans alphabétisés - paysans
- Paysans contacts
volontaires volontaires
choisis par l’agent
Groupe cible - Extension à des groupes de - entension au
- Extension au sein des
proximité volontaires, avec paysan- sein des paysans
groupes de contact
animateur volontaires
Champs des
Démonstrations Champs écoles collectifs Champs des participants Cdg
participants
Essentielles
Champs des
Intra-village Aux champs écoles Aux champs des participants participants
Visites

Avant introduction de
Inter-village Aucune
nouveaux thèmes
- Plusieurs, en fonction des - lutte intégrée
-1à2 groupes contre les pestes
Thèmes - Essentiellement sur les - Gestion exploitation, - prévention des
cultures. cultures, élevage, maladies
et aménagement de l’espace
- Limitée, mais essentielle - limité
- Intermédiation. - appui aux
groupes organisés (GIC)
Logistique

- Appui à un
- Absente
approvisionnement en produits
Fourniture - Supposée assurée
organisé localement, par phytosanitaires
intrants spontanément par opérateurs
groupes
économiques et les banques…
de paysans.
Appui direct limité selon
modalité à fixer
Collecte
Aucune
Intermédiation, et recherche Aucune
production de solution au niveau local
Source : Djomo (2007) et Lapbim et al.,(2005)

L’approche Formation et Visite est une approche basée sur la diffusion des thèmes
techniques conçus pour les paysans. Par contre le CEF est basé sur la co-construction des
outils entre les conseillers, les animateurs et les paysans. Les thèmes sont choisis à la
demande des paysans et en fonction des difficultés qu’ils éprouvent. Contrairement à la
Formation et Visite, le FFS et le CEF sont coûteux pour une véritable mise en oeuvre.
Particulièrement, le CEF, nécessite un bon niveau d’éducation pour être maîtrisé. C’est peut
être pour cette raison que certain paysan du Nord Cameroun considéraient que le CEF est fait
pour les paysans riches et scolarisés (Djamen et al., 2004).
La démarche CEF mise en œuvre à Akonolinga est complémentaire des autres
approches de vulgarisation mise en œuvre par d’autres projets.

4.10.3 Intérêt du CEF pour l’ADEAC


En insérant le CEF au sein de ses programmes, ADEAC visait deux objectifs à savoir
mieux estimer les besoins en intrants et avoir une meilleure connaissance du fonctionnement
et des performances des Exploitations Familiales Agricoles (EFA) de sa zone d’intervention.
Mais l’étude a montrée que ses objectifs ont partiellement été atteints. Pour une meilleure
appropriation de la démarche, il faudra un accompagnement de l’ADEAC et de ses
animateurs.
Le profil des animateurs de l’ADEAC reste encore faible par rapport aux animateurs
des zones cotonnières du Nord cameroun. Cependant, ces animateurs sont aptes à faire le
conseil sur le suivi technique et économique des parcelles mais en ce qui concerne l’analyse
économique, ils ont besoin d’un niveau d’éducation plus élevé. Donc pour une mise en œuvre
de la démarche, l’ADEAC a besoin des animateurs ayant un niveau scolaire élevé (au moins
le BEPC comme ceux du PRASAC ou de la SODECOTON).
La rémunération des animateurs est un facteur qui a favorisé la non application du
CEF dans certaines zones de l’ADEAC, il se pose donc une question de prise en charge des
animateurs. Qui s’occupera d’eux ? Est-ce les paysans ? Est-ce l’ADEAC ?ou alors les deux ?
Pour répondre à ces questions il serait plus aisé d’estimer le gain annuel d’un
conseiller ayant au moins le niveau du BEPC
Le coût annuel du conseil peut se décomposer en coût direct (le conseiller et son
déplacement) et en coût indirect (les moyens mobilisés pour exécuter son travail). A ce stade
ne sont pas pris en compte les autres coûts que sont la formation du conseiller et autre appui.
Estimons que le conseiller a un salaire de 50000 FCFA/mois, possède une moto pour son
déplacement d’un hameau à l’autre. A partir de ces hypothèses nous allons estimer le coût
annuel du conseil.
Coût direct :
Salaire du conseiller : 600.000 FCFA
Amortissement de sa moto 300.000 FCFA
Carburant et entretien de sa moto 400.000 FCFA
Sous-total 1.300.000 FCFA

Coût indirect
Carnets et documents divers 200.000 FCFA
Organisation des échanges et atelier 300.000 FCFA
Sous-total 500.000 FCFA

TOTAL 1.800.000 FCFA


D’après les résultats de l’enquête à Akonolinga, chaque animateur encadre en
moyenne 35 paysans. Sur cette base, essayons de calculer le montant à payer par chaque
paysan.

Coût par paysans en conseil (35 paysans membres) : 51.500 FCFA/an soit environ
4.300 FCFA/mois.
Vu le montant du revenu disponible (910.709 FCFA en moyenne) des paysans et sa
répartition entre les dépenses du ménage, on remarque que les dépenses pour imprévus
s’élèvent à 32.300 FCFA et que leur épargne moyenne annuelle est de 7.835 FCFA. Suite à la
répartition de ce revenu entre les dépenses du ménage, les paysans d’Akonolinga ne seront
pas prêts à payer 51.500 FCFA /an pour le CEF. Par contre si le nombre de paysan encadré
par l’animateur augmente à 80 par exemple comme estimer au Nord-Cameroun, chacun aura à
payer environ 22.500FCFA/an. Cette somme peut être prise en compte par les paysans
d’Akonolinga car elle est inférieure à la somme affectée aux imprévus.
Après ces deux années d’expérimentation du CEF, ADEAC n’est pas encore en
mesure de prendre en charge le suivi des paysans et des animateurs ; raison pour laquelle elle
a besoin d’un appui technique et financier.

4.10.4 Mise en évidence des critères d’estimation des effets du CEF


Il n’est pas évident de percevoir les effets du CEF après deux années
d’expérimentation seulement et surtout que les formations ont été brèves. Cependant quelques
effets directs peuvent être perceptibles à court terme :
- le changement des habitudes culturales qui n’est pas toujours estimé en terme
de quantité ;
- la prise de décision n’est possible que dans une situation où il y a plusieurs
alternatives. Ceci permet au paysan de bien réfléchir, analyser chaque alternative, ressortir les
principaux avantages et inconvénients afin de prendre une décision. La prise de décision est
fortement influencée par les moyens (contraintes et opportunités) dont dispose le paysan ;
- il est difficile d’estimer les effets isolés du CEF sur les exploitations puisque
les performances d’une exploitation sont la résultante de plusieurs actions combinées. Dans la
zone d’étude par exemple, avant l’arrivée du CEF, les paysans ont suivi des formations avec
d’autres structures à l’instar de la SODECAO, l’ICRAF, le CIFOR, le MINADER pour ne
citer que celles-ci ;
- les perceptions des effets du CEF peuvent être quantifiées (performances
technico-économiques) mais après deux années de mise en œuvre, ces perceptions sont plus
qualitatives et concernent les changements de pratiques.
Ces mêmes critères avaient déjà été mis en évidence par Daouda (2002) sous le terme
grille d’analyse des effets du conseil de gestion. Cette grille cherche à mettre en évidence les
changements observés dans le processus de prise de décision du paysan qui est déterminant
sur les performances de l’exploitation en terme de production et de revenu. Dans le cas précis
de l’évaluation du CEF à Akonolinga, la méthode proposée par Rebuffel en 1996 semble être
appropriée pour une caractérisation des effets du CEF puisqu’elle tient aussi compte des
résultats et des pratiques des exploitations qui ne sont pas en conseil. Cette méthode propose
que, pour faire une évaluation des effets du CEF, il faut suivre un groupe de paysan en CEF et
un autre qui n’est pas en CEF au moins sur trois années.

4.10.4 Le CEF et la croissance pro pauvre


L’éradication de la pauvreté est au centre de plusieurs politiques de développement du
secteur rural. La pauvreté est beaucoup plus vue sous son angle économique telle que la
pauvreté monétaire (faible consommation), pauvreté des conditions de vie (insécurité
alimentaire, difficultés d’accès à l’éducation et aux soins de santé). La pauvreté économique
caractérisée par un faible capital, une faible épargne, un faible investissement, et un faible
revenu, constitue ce que Nuske a appelé cercle vicieux de la pauvreté.
La construction d’une bonne base de décision (décision de production) peut aboutir à
un bon résultat (amélioration de la production et du revenu). Or Balep (2005) a montré que
l’amélioration de la production entraîne une amélioration du revenu qui à son tour améliore
l’épargne et enfin augmente le niveau d’investissement. Miste (2008) montre que le CEF a un
impact positif sur la croissance pro pauvre. Les résultats de ces deux auteurs ont permis de
mettre en évidence l’action du CEF sur la réduction de la pauvreté en milieu rural (figure 13).
Amélioration de Augmentation du Satisfaction besoins
la production revenu de base (santé,
agricole éducation, nutrition)

Prise de décision
Changements de Sécurité Epargne (sensibilisation
pratiques alimentaire à l’épargne)
Suivi des cultures
Choix des spéculations
Investissements

Stabilité du
ménage
Prise de
conscience
Raisonnement
Acquisitions des
connaissances

Formation ADEAC
en CEF (stimule la
réflexion)

Moyens :
contraintes et
opportunités

Exploitation

Figure 13: Action du CEF sur la réduction de la pauvreté.


Source : Adapté de Misté (2008 : 45)

Chaque exploitation a des objectifs à atteindre même s’ils ne sont pas parfois
matérialisés. Le CEF stimule la réflexion chez les paysans, ce qui amène ces derniers non
seulement à prendre conscience mais aussi à enrichir leurs connaissances. L’étude montre
que, à Akonolinga, l’application du CEF a eu une influence positive sur la façon de penser de
certains paysans. Près de 74% des paysans ont suivi les formations sur le CEF parmi lesquels
94% ont mis en application les connaissances acquises. Ceci nous amène à constater que ces
paysans ont pris conscience et ont apporté un changement dans leurs pratiques agricoles. Au
terme de l’enquête, il ressortait que chaque paysan avait perçu un changement dans son
exploitation notamment l’augmentation du rendement et du revenu. Ces paysans ont affirmé
qu’ils répartissent mieux leur revenu entre les dépenses du ménage. D’après les responsables
des caisses de l’ADEAC, les paysans se familiarisent progressivement à l’épargne car selon
eux, l’épargne moyenne annuelle est estimée aujourd’hui à 6000 FCFA contre 5000 FCFA en
2005-2006.
Ces données laisseraient penser que le CEF à une action positive sur la réduction de la
pauvreté à Akonolinga. Mais comme l’a souligné Havard (2002), l’impact du CEF sur les
exploitations n’est perçu qu’à moyen et long terme. En plus Misté (2008) précise que l’action
du CEF sur la croissance pro-pauvre ne peut être estimé qu’à long terme. . Donc dans le cas
spécifique d’Akonolinga où le CEF n’est que à deux années d’expérimentation, et vu les
difficultés que chaque acteur a pour s’approprié la démarche, il n’est pas possible de mettre en
évidence un impact positif du CEF sur la croissance pro-pauvre. Seuls des études plus
approfondis s’étalant sur des années d’application effective du CEF pourront tirées des
conclusions à ce sujet.
Chapitre 5 : Conclusion et recommandations
5.1 Conclusion
Les activités de conseil sont bien insérées dans les différents programmes de
l’ADEAC, et se sont avérées complémentaires des activités existantes. L’organisation sociale
et le travail de groupe constituaient une activité supplémentaire dans le programme
renforcement des capacités, le module concernant le suivi technique était intégré dans le
programme agricole enfin l’estimation des besoins en intrants et l’analyse économique
(élaboration bilan, budget, compte d’exploitation) ont fait partie du programme micro finance.
Les fiches de suivi économique proposées par le projet Duras, modifiées et adaptées,
par l’ADAEAC et ses animateurs, ont été jugées trop complexes par les paysans. Au terme
des formations, les enquêtes montrent que les animateurs (80 % contre 20 %) ont à leur tour
formé les paysans sur l’un des trois modules, soit en groupe, soit individuellement pour ceux
qui sollicitaient l’animateur. Parmi les paysans ayant suivi la formation, plus de 62 % ont été
présents à plus de cinq séances. 90 % contre 10 % des ces paysans ont mis en pratique les
connaissances acquises, parmi lesquels 87 % contre 13 % ont eu recourt aux animateurs en
cas de difficultés. Ceci montre donc qu’il existe une relation de proximité et même de
solidarité entre les animateurs et les paysans. La perception du conseil à Akonolinga varie
selon les attentes et les objectifs des acteurs (paysans, animateurs et responsables ADEAC).
Chacun adopte le CEF parce qu’il estime que le CEF va contribuer à la réalisation de ses
objectifs ou à la résolution de ses problèmes. Les résultats montrent que des effets du CEF
sont déjà perceptibles sur le changement de pratiques des paysans. Ainsi 90 % affirment avoir
adopté un nouveau comportement dans leurs exploitations (pratique de la culture pure, respect
des écartements, élaboration du bilan et du budget, achat d’un registre, l’organisation du
travail etc.).
Soixante quinze pourcent des paysans parlent du CEF avec leurs familles ou leurs
voisins lors des discussions dans les clubs de boisson (vin blanc et vin fort) et lors des visites
de courtoisie chez ceux-ci. Quatre vingt dix sept pourcent affirment connaître au moins un
paysan qui a changé ses pratiques (adoption de la culture pure, estimation des besoins en
intrants). Tous ces acteurs souhaitent la reprise du conseil qui doit aborder les méthodes de
lutte contre les capsides et la pourriture brune, apporter un appui financier (crédit intrant),
former les femmes conseillers. La caractérisation des exploitations montre que la zone
d’Akonolinga est propice pour une mise en place d’un dispositif CEF. Les effets directs du
CEF laissent croire que c’est un allié favorable pour le développement pro pauvre. Mais une
étude plus approfondie doit être menée pour déterminer les effets isolés du CEF sur la vie des
paysans et leurs performances agricoles.

5.2 Recommandations

Dans l’optique de vulgariser la démarche CEF et s’assurer de sa mise en place


effective des recommandations ont été faites au gouvernement, au projet Duras, à l’ADEAC,
aux animateurs paysans, aux paysans et aux chercheurs.

Au gouvernement, il est suggéré ce qui suit :


L’ACEFA est déjà une initiative de vulgarisation de la démarche conseil, mais afin de
s’assurer de l’effectivité de cette approche, les responsables du MINADER et MINEPIA
doivent former les conseillers et créer des cellules CEF dans leurs services, considérer le CEF
comme un diagnostic préalable aux stratégies de développement du secteur agricole et de
l’augmentation de la productivité nationale. L’Etat doit créer au sein des écoles de formation
d’agricultures des spécialités sur le conseil en vue d’avoir des cadres nantis de bonnes
connaissances sur le CEF.

Au projet Duras, il est recommandé de :


- recycler les animateurs paysans à Akonolinga en sélectionnant parmi les
paysans, d’autres ayant au moins le niveau du BEPC ;
- développer un système de rémunération des animateurs (ils seront ainsi plus
motivés à suivre les formations et à faire leur travail s’ils y trouvent un intérêt) ; ceci
permettra d’éviter d’avoir les zones sans conseil (cas de Ndéllé) ;
- faire un suivi permanent des activités au moins une fois par trimestre sur trois
ans afin de s’assurer de l’appropriation de la démarche tant par les paysans que par les
animateurs ;
- réviser les fiches proposées en les adaptant au niveau d’éducation des
conseillers et des paysans et adapter ces fiches aux pratiques culturales de la zone ;
- s’appuyer si possible sur les connaissances locales en matière de gestion des
exploitations pour développer une nouvelle méthodologie ou de nouveaux outils ;
- rechercher des financements accessibles aux paysans ou développer un
système de micro finance dans la zone qui pourra octroyer les crédits intrants et scolaires aux
paysans.
A l’ADEAC, il est suggéré de :
- réorganiser chaque zone et renouveler les bureaux ;
- faire un suivi permanent dans les zones et exiger un rapport d’activités
mensuelles à chaque bureau et en particulier aux animateurs paysans ;
- mettre en œuvre le système de rémunération des animateurs tel que prévu dans
les statuts des zones ;
- Développer au niveau de la centrale des activités génératrices de revenu qui
pourront servir de support financier pour le suivi des activités de conseil.
Aux animateurs, il est recommandé :
- de ne pas chercher à enseigner à tout prix aux paysans ce qu’ils ont fait lors des
formations, mais d’enseigner uniquement ce qu’ils maîtrisent parfaitement ;
- de choisir dans leur zone un paysan volontaire pour jouer le rôle d’animateur-
relais.

Aux paysans, il est recommandé :


- d’être réceptifs et ouverts envers les responsables et les animateurs car toute
action de développement local est conçue pour eux et de ce fait ne peut contribuer qu’à
l’amélioration de leur condition de vie ;
- de ne mettre en œuvre que ce qu’ils ont bien compris sans toutefois chercher à
faire automatiquement comme leurs voisins ;
- de ne pas sous-estimer les animateurs sous le prétexte qu’ils sont plus éduqués
que ces derniers, et de suivre les formations sans aucun complexe

Aux chercheurs, il est suggéré :


- d’étendre leurs recherches sur les effets isolés du CEF au sein des exploitations
familiales agricoles afin de mieux percevoir ses performances.
- d’approfondir des études sur la gestion des récoltes (auto-consommation et
vente) par les paysans d’Akonolinga.
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cotonnière du Nord-Cameroun : contribution à la mise en place d’opération de conseil de
gestion à Gadas, mémoire de fin d’étude, FASA, UDs, 93P
Wey J., Havard M., Djonnéwa A., Faikréo J.et Tankoua S., 2007, Module pédagogique de
sensibilisation du conseil agricole: le conseil à l’exploitation agricole en zone cotonnière
d’Afrique central, CIRAD/IRAD-Garoua/PRASAC, 143P
Will R., 1980, putting excellence into management business, in business week, 21 July, 196P
Annexes
1-Guide d’entretien adressé aux cadres de l’ADEAC
1- informations relatives au type d’association (nom, type d’organisation,
localisation)
2- Genèse et évolution et organisation de l’ADEAC
3- Description du fonctionnement global de l’ADEAC (son personnel, paysans ou
groupements de paysans, conditions d’intégration, ses zones d’intervention, ses partenaires,
ses activités principales, ses résultats, sources et mode de financement)
4- Quelles sont les perspectives de l’ADEAC ?
5- Comment s’insère le conseil dans les activités de l’ADEAC ? Quelle est la
place du conseil au sein de l’ADEAC ?
6- Pourquoi l’ADEAC a-t-il souhaité développer le conseil ?
7- Avez-vous modifié la démarche du CEF ? si oui pourquoi ?
8- Description du profil des conseillers (conditions à remplir, ses fonctions, ses
responsabilités, sa rémunération)
9- Quels sont les changements apportés par le CEF dans la structure après ces
deux années d’intégration ?
10- Vu ses changements, que pensez-vous du CEF ? (efficacité, impact sur le
développement rural)

Merci de votre aimable collaboration


2-Guide d’entretien adressé aux conseillers/animateurs
A- Informations générales
1- Noms et prénoms ………………………………………………………
2- Zone d’intervention ou village :…………………………………………………
3- Age ou année de naissance …………………………………………………
4- Sexe : 1- masculin 2- féminin
5- Situation matrimoniale : 1- marié(é) 2- célibataire 3- divorcé(e)
4- veuf
6- Origine ethnique ………………………………………………………………
7- Niveau d’éducation : 1- pas d’école 2- CEP 3- BEPC 4- BAC 5-
Supérieur
8- Métier exercé ou formation : 1- fonctionnaire 2- agriculteur 3-éleveur
4- autres
9- Expériences professionnelles.
B- Informations relatives aux CEF
10- Depuis quand jouez-vous ce rôle de conseiller ?
11- Avez-vous suivi une formation préalable ?
12- Quels sont les modules que vous avez traitez pendant votre formation ?
………………………………………………………………………………………
13- Quels sont ceux que vous avez mis en œuvre ?
14- Pour chaque activité mise en œuvre faites une description de la démarche (rôle
principal, déroulement, technique utilisée, approche, outil, langue de communication, activités
concrète mises en place
15- Qu’est-ce qui vous a empêché de mettre en œuvre tout ce qu’on vous a appris
lors des formation avec ADEAC ?
16- Comment faites-vous le conseil individuel ?
17- …………………………………………………
18- Quelle est la différence avec le conseil de groupe ?
19- …………………………………………
20- Lequel préférez-vous et pourquoi ? …………………………………………
21- Qu’est-ce qui vous intéresse dans le conseil ? …………………………………
22- Qu’est-ce que vous comprenez ? ……………………………………………….
23- Qu’est-ce que vous ne comprenez pas ? ……………………………………
24- Que faut-il faire pour l’améliorer ? …………………………………………
25- Quels sont les problèmes que vous rencontrez dans la mise en œuvre du CEF
dans votre localité ? …………………………………………………………………
26- Que proposez-vous pour les résoudre ? ………………………………
27- Comment vous sentez-vous dans votre fonction de conseiller-animateur ? …
28- Quel est le nombre moyen de paysans que vous entretenez dans votre zone ?
29- Avez-vous parfois recours aux conseiller des autres zones pour quelque chose
que vous ne comprenez pas ? ………………………………………………………
30- Si oui votre entretien vous apporte t-il satisfaction ? précisez comment ………
31- Comment qualifiez-vous cette approche conseil ? …………………………
32- Pensez-vous que cela aide les paysans ? ……………………………………
33- Si oui comment s’approprient-ils la démarche ? ………………………………
34- Si non quel est à votre avis le point de blocus ? ……………………………
35- En tant que conseiller-animateur, pouvez-vous donnez une définition de
l’animateur ? …….
36- Si oui, qu’est-ce qu’un conseiller-animateur ? ………………………………
37- A votre avis, quelles devrait être les tâches et les fonctions des conseillers-
animateurs ? …
38- En vous basant sur les modules que vous avez traités lors de vos formations,
quel serait selon vous le profil d’un bon conseiller-animateur ? (niveau d’éducation, culture
générale, statut social, caractéristiques socio-économique) …………………………………

C- Informations relatives à la motivation

39- Qu’est ce qui vous motive d’exercer cette fonction ? ……………


40- Avez-vous un contrat avec l’ADEAC ou avec une autre structure ? ………
41- Qui s’occupe de votre rémunération ? ………………………………………
42- Comment se fait la rémunération ? (mensuellement, par séance de travail) ……
43- Quelle est la part de responsabilité des paysans en ce qui concerne votre
rémunération ? ….
44- A votre avis, comment pouvez-vous estimer le coût du conseil ? …………
45- Votre rémunération a-t-elle une quelconque influence sur votre travail ? ……

Merci de votre franche collaboration


3-Questionnaire adressé aux paysans membres de l’ADEAC ayant
suivi le CEF

Préambule : ce questionnaire est élaboré dans le cadre d’une étude sur l’évaluation
socio-économique et la mesure des effets sur conseil aux exploitations familiales à
Akonolinga. Les informations obtenues seront strictement confidentielles et seront
exclusivement utilisées pour la rédaction du mémoire d’ingénieur agronome.

A- Identification de l’enquêté
1- Zone d’intervention : …………………………………………………………
2- Nom de l’enquêté …………………………………………………………….
3- Age ou année de naissance …………………………………………………..
4- Village …………………………………………………………………………
5- Sexe : 1) Masculin, 2) Féminin
6- Situation matrimoniale : 1) Célibataire, 2) Marié, 3) Divorcé, 4) Veuf (ve)
7- Nombre de personnes en charge: ……………………………………..
8- Nombre des actifs ( +12ans) :…………………………………………
9- Ethnie : …………………………………………
10- Réligion : 1) Musulman, 2) Chrétien, 3) Animiste, 4)
Autre :……………………
11- Niveau d’étude : 1)Analphabète, 2) Scolarisé, 3) Alphabètisé :
Niveau………
12- Activité principale : 1) Elevage, 2) Agriculture, 3) Commerçant, 4) Autre
(à préciser) : ……………………………………………………………………….
13- Activité secondaire :..............................................................................

B: Impact du Conseil sur les exploitations


14- Depuis quand êtes-vous membre de l’ADEAC ?
15- Quel est votre rôle dans cette association ?
16- Avez-vous suivi le conseil ? 1)oui, 2) Non,
17- Si oui qu’est-ce qui vous a motivé à suivre le CEF ? ……………………
18- Quelle est la définition que vous donnez au CEF ? .............................................
19- Qu’est ce qui a été fait en groupe?............................................................
20- Que faites vous en conseil individuel ? …………………………
21- Combien de réunions ou de séances de formation avez-vous suivi ?
…………………………………………………………………………………………
Plan Prévisionnel de campagne
22- Qu’avez–vous fait sur le module prévision des campagnes ? ………………
23- Qu’est-ce que vous avez retenu ? …………………………………………….
24- Qu’est-ce que vous n’avez pas compris ? et pourquoi ? ……………………
25- Avez-vous mis en œuvre exactement ce que vous avez appris ? …………
26- Si non qu’avez-vous modifié et pourquoi ? …………………………………
27- Si oui comment avez-vous mis en œuvre ce que vous avez appris aux séances
de formation dans votre exploitation ? ………………………………………………………
28- Avez-vous parfois recours au conseiller de votre zone pour plus d’information
en cas de difficultés ?
29- Si oui êtes-vous satisfaits ?
30- Si non pourquoi ?
Effet du plan de prévision des campagnes sur l’exploitation
31- Comment organisiez-vous votre campagne avant le conseil (estimation des
besoins en intrants) ?................
32- Quelles étaient vos pratiques ?.....................................................................
33- Faisiez-vous un bilan à la fin d’une campagne en vue de préparer la campagne
prochaine ? 1. oui 2. non
34- Si oui comment le faisiez-vous ? ……………………………
35- Depuis que vous avez appliquez ce module de prévision des campagnes dans
votre exploitation qu’est-ce qui a changé ?.................................................................................
36- Pour vous qu’est-ce que ces changements ont entraîné ? .............................
37- Qu’est-ce que vous constatez de différent dans l’implantation des cultures,
dans l’organisation du travail, dans les performances techniques et économiques, dans
l’estimation des besoins en intrant et en crédit ? ..............................................................
38- Quels étaient vos besoins en intrant l’année dernière ? complétez le tableau
Besoins culturaux pour la campagne 2007
Cultures sup(q) Semences Engrais et Traitements/insectici Moyen Coûts
(Kg) urée (sacs) de matériel
Cacao
Palmier
à huile
Bananie
r
Plantain
polycult
ure
PFNL
Piment
Autres
Coûts Total :

39- Votre plan de campagne mis en place correspond-il à ce que vous aviez prévu
en début de cette d’année? ...................................................................................................
complétez le tableau

Besoins culturaux pour la campagne 2008


Cultures Semences Engrais et Traitements/insectici Moyen Coûts
up(q) (Kg) urée (sacs) de matériel
cacao
Palmier à
huile
Bananier
plantain
polycultur
e
PFNL
Piment
Autres
Coûts Total :

Suivi technique des parcelles de chaque spéculation


40- Qu’est-ce que vous avez traité sur le suivi de l’itinéraire technique des
parcelles ?
41- Comment s’est faite la formation ? en groupe ou individuellement ? ………
42- Qu’est-ce que vous avez compris ? ……………………………………………
43- Qu’est-ce que vous n’avez pas compris ? et pourquoi ? ……………………
44- Avez-vous mis en application ce que vous avez appris en formation dans votre
exploitation ? ………………………………………………………………………………
45- Si non pourquoi ? ………………………………………………………………
46- Si oui, avez-vous appliquez exactement ce qui a été appris ? …………………
47- Si non, qu’est ce que vous avez modifiez ? ……………………………………
48- Pourquoi avez-vous fait ces modifications ? …………………………………

Effet du suivi technique des parcelles sur les exploitations en CEF

49- Comment faisiez-vous le suivi technique des parcelles de chacune de vos


cultures avant l’arrivé du conseil ? …………………………………
50- Depuis que vous faites le suivi de vos parcelles, qu’est-ce qui a changé dans
votre exploitation ? ……………………………………………………………………………..
51- Qu’est-ce que ce changement a apporté ? ……………………
52- Que constatez-vous de différent sur les performances techniques de votre
exploitation (rendement de chaque spéculation) ? ………………
53- Montrez nous à partir de ce tableau comment vous faites le suivi de vos
parcelles (uniquement pour la culture principale)
Travail effectué Date ou période Type de travail Main d’œuvre Coût ou charges
Nettoyage 20 fev au 1 Familiale 3 personnes 2 J 0 francs
Mars
NB : le type de main d’œuvre peut être une machine louée, la main d’œuvre payée, la
voiture ou le pousse pour le transport. A chaque fois préciser le coût
54- Quelle était la performance de vos activités agricoles la campagne passée ?
(Complétez le tableau)

Production végétale : Données de la campagne 2007


Productio Consommatio Montant Stock
Sup
Cultures n (sac, n Vente
(q) Coûts
Kg/) (sacs) (sacs) total restant
cacao
Palmier à
huile
Polycultu
re
PFNL
Piment
autres

Analyse technico-économique
55- Comment faisiez-vous avant pour savoir si votre activité vos apporte un
bénéfice ? …
56- Qu’est-ce que vous avez appris concernant l’évaluation du profit de vos
activités lors de vos formations en CEF ?
57- Qu’avez-vous compris ? ………………………………………………………..
58- Comment est-ce que vous avez mis en œuvre ce que vous avez appris ? ………
59- Avez-vous apportez des modifications ?
60- Pourquoi ? ……………………………………………………….
61- Qu’est-ce qui vous parait difficile dans la détermination du profit de vos
activités ? …….
62- Comment faites vous pour contourner ces difficultés ? ………
63- Quels était les bénéfices que vous avez enregistrez pendant la campagne
précédente (2007) ? remplir le tableau
Estimation Bilan Recettes/dépenses CE Campagne en cours
Recettes activités Montant Dépenses activités Montant
Ventes productions de rentes Achat intrants directs
Vente des productions Achats intrants directs
vivrières
Vente des productions Achats intrants directs
maraîchères
Ventes des PFNL Achat intrants directs
Prêts des terres Main d’œuvre
Remboursement dettes Dettes et crédits
Bénéfices activités extra- Location des terres
agricoles
Dons perçue Achat des terres
Intérêts sur épargne Achat des équipements
ou réinvestissement
Total recettes activités (RA) Total dépense activités (DA)
Revenu monétaire disponible =RA-DA =
64- Avez-vous budgétisé vos imprévus ? 1. Oui 2. Non
65- En cas de déficit que faites-vous ?..............................................………….
66- Comment repartissiez-vous vos postes de dépenses familiales ? (complétez le
tableau)

Type de dépenses Dépenses Dépenses pouvant Période Montant


obligatoires être reportées
Scolarité
Santé
Habitat
réinvestissement
Nutrition
Autres
67- Partagez-vous l’expérience du CEF avec toute la famille ? 1. Oui 2. Non
Pourquoi ?...........................................................................................
Conseil et exploitations voisines
68- Avez-vous des entretiens avec vos voisins et amis concernant le CEF? 1) Oui,
2) Non
69- Si oui où et de quoi parlez vous ?....................................................................
70- Si non pourquoi ? ………………………………………………………
71- Comment vous considèrent-ils ? ……………………....................................
72- Pensez-vous qu’ils ont changé certaines de leurs pratiques? 1. Oui 2. Non
73- SI oui Lesquelles ? ..........................................................................................
74- Saviez-vous pourquoi ils ont changé? 1. Oui 2. Non
75- SI oui précisez les motifs ……………………………………………………

C- Impact sur le dispositif

76- Souhaiteriez-vous que le conseil reprenne ces modules sur le plan prévisionnel
et l’analyse technico-économique ? 1. Oui 2. Non et pourquoi ?..................................
77- Qu’est ce que ces modules n’ont pas traité et qui vous intéresse ?
78- Est-ce que le CEF répond à vos attentes ? 1. oui 2. Non
79- Si oui comment ? ……………………………………………
et Non pourquoi ? ……………………………………………………………………
80- Avez-vous des difficultés pour la mise en application du CEF ? 1. Oui 2.
Non
81- Si oui les quelles ? ………………………………………
82- Lequel des deux types de conseil suivant préférez-vous ? 1. conseil
individuel 2. conseil en groupe
83- Pourquoi ? ………………………………………………………
84- Quelles sont vos relations avec les conseillers ? ………………………
85- A votre avis, le CEF peut-il assurer le développement de votre localité ? 1. Oui
2. Non
86- pourquoi ? ………………………………………………………

Merci de votre aimable collaboration


4 -/ variation de l’estimation des besoins en intrants au cours
des années 2007 et 2007

Types de cultures 2007 2008


Cacao Superficie.(ha) 1,6 1,6
Qté pesticides (litres)) 9 11
Coût (FCFA) 11323 11000
Café Superficie.(ha) 0,5 0,4
Qté 0,7 0,8
pesticides.(en litres)
Coût.(FCFA) 1944 2323
Plantain Superficie.(ha) 0,8 1,2
Qté semences 883 1019
(rejetons))
Coût (FCFA) 38562 42327
Arachide Superficie.(ha) 0,5 0,33
Qté semence(seau de 0,8 0,7
10L)
Coût (FCFA) 3514 3090
Pistache Superficie.(ha) 0,4 0,38
Qté 0,8 0,8
semence(seau de 5L)
Coût(FCFA) 3000 2929=30000
Macabo Superficie(ha) 1 1,03
Qté semence(sac 8 4
bacots)
Coût(FCFA) 10125 4687
Manioc Superficie.(ha) 0,25 0,2
Qté semence (bacots) 0 0
Coût.(FCFA) 250 0
Tomate Superficie.(ha) 0,06 0,4
Qté semences.(Kg) 0,7 0,7
Qté pesticides(sachet) 7 8
Coût (FCFA) 6950 7270
Superficie.(ha) 0,06 0,08
Qté semences.(Kg) 0,11 0,13
Piment Qté pesticides.(litres) 0,6 0,8
Coût (FCFA) 1056 1361
Superficie.(ha) 0,1 0,09
Maïs Qté semences.(Kg) 0,35 0,12
Coût (FCFA) 356 243
Ananas Superficie.(ha) 0,08 0,09
Qté semences.(Kg) 0,11 0,06
Qté pesticides(litreS) 2 2,01
Coût (FCFA) 2656 1987
129
5/ Fiche d’analyse du mode de conduite des parcelles des paysans
Campagne 2007
Type de sol : Superficie paysan : 1 ha Mesurée : 9000 m²
Cultures 2006 : arachide, manioc Culture 2007 : macabo, maïs, igname
Production 2006 : 10 sacs Production 2007 : 3 tonnes macabo
arachide 500 kg maïs, 4 sacs igname
28 sacs manioc

Travaux effectués Date (période)s Types Quantité Coût


(charges)
Nettoyage parcelle 1 au 20 Famille 3 pers 2 j 0
février
Tronçonnage 2 au 7 Location 4j 40 000
février machine
Travail sol 15 au 30 MO salariée 10 j 30 000
mars
Semis maïs 2-3 avril Famille 2 pers 1 j 0
Sarclage 1 au 15 mai Manuel 3 pers 2 j 10 000
Récolte maïs 10 au 15 Manuel 3 pers 2 j 4 000
juillet
Récolte macabo Famille 4 pers 2 j 0
Récolte igname
Transport récolte maïs 13 et 15 Pousse 6 voyages 3 000
juillet
Total 65 000
130
6/ Organnigramme de l’ADEAC

Assemblée Générale Centrale ADEAC

Conseil d’Administration

Coordination

Bureau Bureau Bureau Bureau Bureau Bureau Bureau Bureau Bureau


local local local local local local local local local
Zone 1 Zone 2 Zone 3 Zone 4 Zone 5 Zone 6 Zone 7 Zone 8 Zone 9
7 / Fiches de suivi adaptée par les responsables de l’ADEAC et les
animateurs
Zone de :……………….. période du …. Au …….
Nom de l’animateur : …………………….

activités Action Objectifs ( date Activités Explication


prévues chiffres) réalisées de l’écart
Cacao
Palmier
Polyculture
Petit élévage
Brigade
phytosanitaire
PFNL
Vie associative

Fiche d’abattage pour champ des spéculations


Campagne 2007
Zone de …..

N° Noms de village superficie Montant


l’adhérant de crédit
Fiche de suivi mensuel des spéculations

Zone de ………………………………………….
Animateur ………………………………………
Nom du groupe ou de paysans………………………………….

1) spéculation en cours : ………………………………………………………..


2) Etat de la parcelle (pépinière, parcelle cultivée ect)
- solide - assez solide - peu solide
- désherbée - peu d’ombre -assez d’ombre - trop
humide
3) Nombre de feuille
4) couleurs des feuilles
5) Feuilles attaquées
6) type d’attaque : - Insectes -escargots - rongeurs -
chenilles
7) nombre de pertes

Autres problèmes
1)……………………………………………….
2)………………………………………………..
3)……………………………………………….

Crédits contracté pour la parcelle


Montant du crédit ……………………………………………..
Intérêts ……………………………………………………….
Total à rembourser ………………………………………….

1er 2ème 3ème 4ème 5ème


remboursement remboursement remboursement remboursement remboursement
Date
Montant
prévue
Montant
remboursé
Solde
cumulé

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