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Postnikov - Leçons de Géométrie IV Semestre Géométrie Différentielle Volume 2 - URSS - 1994

Le document est un manuel de géométrie différentielle, volume 2, écrit par M. M. Postnikov, contenant des leçons sur divers sujets tels que les fibrés, les revêtements, les groupes de Lie et les classes d'homotopie. Chaque leçon aborde des concepts avancés en géométrie et en topologie, fournissant des théorèmes et des démonstrations. Ce volume est destiné à des étudiants de niveau avancé en mathématiques, en particulier ceux s'intéressant à la géométrie différentielle.

Transféré par

Thomas Foulquier
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Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
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Postnikov - Leçons de Géométrie IV Semestre Géométrie Différentielle Volume 2 - URSS - 1994

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M.

POSTNIROV

LEÇONS DE GÉOMÉTRIE

SEMESTRE IV

GÉOMÉTRIE
DIFPÉRENTIELLE

VOLUME 2.

URSS
MOSCOU
1994
M. M. 1iOCTHHKOB
JIEKU.HH ÜO rEOMETPHH
AHOmDEPEHIJHAJIBHAH rEOMETPHH
TOM 2
MocKBa, "Hayna"

ISBN 5-88417-045-9
ISBN 5-88417-047-5

© M. M POSTNIKOV 1979
© URSS, 1994.
TABLE DES MATIÈRES

P r é f a c e ........................................................................................................... 10
L eçon première ........................................................................................... 15
Fibrés et morphismes de fibres. — Topologie quotient et espace
quotient. — Actions des groupes. — Groupes topologiques et diffé­
rentiables et leurs actions. — Fibrés principaux. — Fibrés à groupe
structural. — Sections des fibrés. — Fibres localement triviaux.
Leçon 2 ........................................................................................... 31
Revêtements. — Exemples de revêtements. — Quelques remarques
sur les revêtements. — Théorème du chemin de revêtement. — Une
précision de ce théorème. — Fibrations au sens de Hurewicz.
Leçon 3 » • • • • ................ • • • • • • • • ............................................ 42
Classes d’homotopie des chemins. — Groupe fondamental d'un
espace topologique. — Connexité simple des espaces contractiles. —
Connexité simple d’une sphère. — Groupe fondamental d’une
circonférence.
Leçon 4 .................• ............................................... • ................................... 54
Le groupe fondamental ne dépend pas du choix de l’origine. — Ho­
momorphisme de groupes fondamentaux induit par une application
continue. — Suite exacte d’homotopie d’un revêtement. — Pro­
priétés des suites exactes d’homotopie des revêtements. — Revête­
ments simplement connexes. — Existence et unicité des relève­
ments. — Espaces commodes.
Leçon 5 9 . • • • • • • . ................ 70
Espaces semi-localement simplement connexes. — Existence des
revêtements simplement connexes. — Condition d’existence d’un
isomorphisme entre deux revêtements. — Revêtements universels. —
Un lemme auxiliaire. — Théorème de classification des revête­
ments. — Groupe des automorphismes d’un revêtement. — Revête­
ments réguliers. — Structure différentiable.
Leçon 6 ......................................... 88
Fibrés vectoriels. — Sections des fibrés vectoriels. — Morphismes
de fibrés vectoriels. — Structures quaternioniques et complexes sur
un fibré vectoriel réel. — Exemples de fibrés vectoriels. — Fibrés
lAHLh UES MATIÈRES

associés aux GL (n ; K)'fibrés principaux. — Cocycles de recolle­


ment des fibres vectoriels. — Fibres vectoriels et classes de coho-
mologie des cocycles matriciels.

Leçon 7 105
^-fibrés vectoriels. — S’-espaces vectoriels. — Quaternions. —
H
Greupe U (n). — Fibrés vectoriels de type ÿ. — Leur liaison
avec les S-fibrés principaux. — Condition de réductibilité. —
Fibrés vectoriels orientables. — Fibrés vectoriels métrisables.
Leçon 8 . . , , . .................................................................................... 118
Variétés presque complexes. — Variété des matrices orthogonales
antisymétriques. — Une condition d'existence d'une variété presque
complexe. — Sphères admettant une structure presque complexe. —
Algèbre des octaves. — La sphère g 6 et la structure presque com-
dexe. ~ Variétés presque complexes de dimension 6. — Parallé-
f
isme sur les quasi-groupes. — Algèbres réelles à division.

Leçon 9 • • • • • • • ................• • • , .....................................• , . 132


Géométries de Klein. — Fibrés de type (ÿ, &). — Comparaison
entre^Jes (3, ^J-fibrés et les fibrés \ \ & \ - — Réduction des
(ÿ, .^J-fibres. — Réduction des fibrés principaux. — Revêtement
à deux feuillets d'une variété non orientable.

Leçon 10 • • • • . • • • • • • • • . . . • • • 145
Image réciproque d’un fibré vectoriel. — Fibrés vectoriels diffé­
rentiables. — Champs de sous-espaces horizontaux. — Connexions
et leurs formes. — Image réciproque d'une connexion. — Con­
nexions sur un fibré complexe £ et sur son décomplexifié £^. —
Diagonalisation d'une connexion.

Leçon 11 ■ • • • • • • • 160
Courbes horizontales. — Dérivées covariantes des sections. — Dé­
rivation covariante le long d'une courbe. — Connexions en tant que
dérivations covariantes. — Applications linéaires de9 modules des
sections. — Connexions sur les fibrés munis d'une métrique.

Leçon 12 . • • 175
Champs £-tensoriels. — Fonctionnelles multilinéaires et champs
£-tensorfels. — Dérivation covariante des champs (-tensoriels. —
Cas des champs Ç-covectoriels. — Cas générai. — Produit kro-
neckerien de matrices et produit tensoriel d'opérateurs linéaires. —
Foncteurs. — Produit tensoriel de fibrés vectoriels. — Une géné­
ralisation. — Produit tensoriel de sections.

I*çon 13 192
Différentielle covariante. — Comparaison de trois définitions d’une
connexion. — Groupes de Lie. — Exemples de groupes de Lie. —
Algèbre de Lie d ’un groupe de Lie. — Espace tangent à l ’unité. —
Formule pour le crochet.
TABLE DES MATIÈRES 7

L eçon1 4 ........................................................................................................ 205


Sous-groupes à un paramètre. — Application exponentielle et
coordonnées normales. — Groupe de Lie muni d’une multiplication
exprimée par la multiplication dans son algèbre de Lie. — Diffé­
rentielle de la représentation adjointe. — Opérations dans l'algèbre
de Lie d’un groupe de Lie et sous-groupes à un paramètre. — Sous-
groupes de Lie d'un groupe de Lie. — Distributions et leurs sous-
variétés intégrales. — Théorème de Frobenius. — Sous-variétés des
variétés vérifiant le deuxième axiome de donoinbrabilité. — Unicité
de la structure d’un sous-groupe do Lie.

Leçon 15 . 223
Sous-groupes fermés des groupes de Lie. — Théorème d’Elie Car-
tan. — Groupes algébriques. — Cartes compatibles avec un sous-
groupe de Lie. — Structure différentiable la plus faible sur un sous-
groupe d’un groupe de Lie. — Théorème de Freudenthal. — Théorème
d'Aao et troisième théorème de Lie. — Groupes de Lie localement
isomorphes. — Revêtements de groupe. — Existence d’un revête­
ment ae groupe universel.

Leçon 16 240
Connexions sur les fibrés des repères. — Comparaison avec les
connexions sur les fibrés vectoriels. — Construction explicite d’une
connexion sur un fibre vectoriel. — Fibrés principaux différentia­
bles.— Champs verticaux fondamentaux.— Formes horizontales. —
Formes différentielles à valeurs vectorielles.

Leçon 17 . . . . » ..................................................................................... 255


Formes fondamentales et champs de sous-espaces horizontaux. —
Connexions sur un fibré principal différentiable. — Projecteurs
induits par les connexions. — Champs vectoriels horizontaux. —
Connexions sur les fibrés associés. — Connexions sur les fibrés
vectoriels associés.

Leçon 18 «..266
Transport parallèle le long d’une courbe. — Groupe d’holonomie
et sa composante de l’unité. — Lemme sur la décomposition des lacets
liomotopes à zéro en produit de petits lassos. — Démonstration de la
connexité du groupe d'holonomie restreint. — Isomorphisme de
groupes d'holonomie en deux points distincts. — Dénombrabilité
du groupe fondamental. — Théorème de réduction. — Démonstration
de l ’existence d’une connexion et des recouvrements trivialisations
universelles. — Espace affine des connexions.

Leçon 19 281
Calcul du transport parallèle le long d’un lacet. — Opérateur
courbure en un point donné. — Transport d’un vecteur le long d’un
parallélogramme infinitésimal. — Tenseur de courbure. — Formule
pour transformer les composantes du tenseur de courbure. — Opé­
rateur courbure exprimé par les dérivées covariantes. — Equation
de structure d’Elie Cnrtan. — Identité de Bianchi.
TABLE DES MATIÊHES

Leçon 20 299
Tenseur de courbure et groupe d'holonomie. — Algèbre d’holonomie
exprimée par le tenseur de courbure. — Connexion plate. — Trivia-
lisations constantes d’une façon covariante. — Connexions à pa­
rallélisme absolu. — Passage aux fibres principaux. — Transport
parallèle et groupe d’holonomie pour les fibres principaux. —
Théorème de réduction pour les fibrés principaux. — Forme^ de
courbure d’une connexion sur un fibré principal. — Théorème
d’Ambrose-Singer. — Application du théorème d’Ambrose-Singer
aux fibrés vectoriels.

Leçon 21 . ...................; 314


Lemme de l ’espace tangent au produit direct et ses corollaires.—
Une équation différentielle. — Existence des relèvements horizon­
taux pour les fibrés principaux. — Une deuxième définition de la
forme de courbure. — Identité de Bianchi pour la forme de courbure
d’un fibré principal. — Equation de structure d’Elie Cartan. —
Formes horizontales équivalantes. — Quatemions imaginaires. —
Formes &.
Leçon 22
Equations de Maxwell du champ électromagnétique. — Interpré­
tation opératorielle. — Champs de jauge. — Instantons. — For­
mule de la charge topologique. — Fonctionnelle de Yang-Mills.
— Polynômes invariants sur un espace de matrices. — Classes ca­
ractéristiques des fibrés vectoriels.
Leçon 23 . . . . . . . 345
Classes caractéristiques de Chem et de Pontriaguine.^ — Nombres
caractéristiques de Chem et de Pontriaguine.— Propriétés des classes
de Chem et de Pontriaguine.— Classes de Chem et de Pontriaguine
complètes. — Caractères de Chem et de Pontriaguine. — Classe
caractéristique d’Euler. — /if-foncteur. — Fibrés et espaces de type
fini.
Leçon 24 . .............................. 361
/C-foncteur. — /C-foncteur et /C-foncteur. — Opérations kk . — Opé­
rations d ’Adams. — Groupes — Invariant de Hopf.— Cons­
truction de Hopf. — Certaines implications élémentaires. — Un
théorème d’équivalence.

Leçon 25 » ................... 379


Fibrés principaux sur les sphères. — Application caractéristique
pour le fibré Tç n + 1 . — Application caractéristique pour le fibré
u
Tgn+*. — La non-existence d’un parallélisme sur les sphères
— Groupes d’homotopie des espaces pointés. — Une autre
définition des groupes d’homotopie. — Groupes d’homotopie et
classes d’homotopie des applications de sphères. — Groupes d’ho­
motopie des espaces abéliens.
TABLE DES MATIÈRES 9

Leçon 26 ........................................................................................................ 396


Suite d’homotopie d’une fibration. — Groupes nnS m» n < m. —
Stabilisation des groupes ;inSO (m). — Classification des appli­
cations des variétés dans les sphères. — Théorèmes d’Urysohn et de
Tietze. — Connexité du groupe Difff R71.— Démonstration du
théorème de prolongement de Hopf.
Leçon 27 ........................................................................................................ 409
Groupe — Théorème de classe caractéristique. — Sa géné­
ralisation. — Groupes d’homotopie d’un espace de revêtement. —
Fibration de Hopf et groupe jt^S2. — Groupes Jin+ïS” * — Opéra­
tion o dans les groupes d’homotopie des sphères. — Calcul de la
classe d'homotopie de l'application o 7\V+r — Liaison avec les
/Cç-groupes.
Annexe • i • • ........................................................................................... 422
Construction des (Nx Sp(n))-instantons. — Description des
(N, Sp (n))-instantons. — Espace des modules des (Ar, Sp (n))-ins-
tantons. — AMnstantons. N = 1. — N = 2. — A* = 3.
Index . « • • • ........................................................................................... 43a
LEÇON 15

Sous-groupes fermés des groupes de Lie. — Théorème d’Elie Cartan»


— Groupes algébriques. — Cartes compatibles avec un sous-groupe
de Lie. — Structure différentiable la plus faible sur un sous-groupe
d’un groupe de Lie. — Théorème de Freudenthal. — Théorème d’Adfr
et troisième théorème de Lie. — Groupes de Lie localement isomor­
phes. — Revêtements de groupe. — Existence d’un revêtement de
groupe universel.

Les sous-groupes de Lie d’un groupe de Lie qui sont des sous-
variétés plongées jouent incontestablement un rôle de premier plan»
Nous les appellerons fermés puisqu’on a la
Proposition 1. Chaque sous-groupe de Lie fermé SC d'un groupe de
Lie & est un sous-ensemble fermé de 3?.
D é m o n s t r a t i o n . Puisque SC est plongé dans le point
e Ç SC possède dans ÿ un voisinage U tel que U fl 3# soit fermée-
dans f/. On estime sans restreindre la généralité que U"1 = (7. Soit
a Ç o a u q u e l cas aU~l [)SC =£ 0 , et il existe donc un point 6 Ç SC
tel qu’il soit dans aU~l. La translation à gauche q*->bq étant un-
difféomorphisme de la variété , l ’ensemble b (U fl d%?) = bU fl SB
est fermé dans bU, i.e. bU {] bU [\SC = bU fl SC* D’autre part» a Ç bUr
si bien que a 6 bU f| SC ci bU[\SC- Par conséquent» a £ bU f) SC y
donc a 6 SC* □
* * *
Il se trouve que la réciproque est juste elle aussi, savoir: si un
sous-groupe de Lie SC constitue un ensemble fermé dans il est ferme
(c’est une sous-variété plongée). Il y a plus.
Théorème 1. Si un sous-ensemble SC d'un groupe de Lie $ est-
à la fois
1) un sous-groupe abstrait de ÿ ,
2) un sous-ensemble fermé de l'espace topologique
alors il est une sous-variété plongée, donc un sous-groupe de Lie
fermé du groupe de Lie #.
Nous ferons précéder la démonstration de plusieurs lemmes et
remarques de caractère général.
Soient (S un groupe de Lie, et SC son sous-groupe abstrait.
Nous dirons que SC vérifie la condition (F) si l’algèbre de Lie $
de $ contient un sous-ensemble fj tel que
a) t) soit un sous-espace vectoriel ;
b) si A Ç t), alors exp A Ç SC ;
c) on trouve un voisinage normal U0 de l’élément zéro de l ’espace
224 LEÇON 15

vectoriel 9 qui jouit de la propriété suivante: un vecteur A £ U9


appartient à l) si et seulement si oxp A Ç 36*
Quel que soit le sous-groupo de Lie fermé (plongé) 36 du groupe de
Lie le point e possède dans 3 un voisinage normal U tel que
V = U f| ê(! soit un voisinage normal de e dans ,36- Si Ton considè­
re ï) comme algèbre de Lie de 36 et si Ton pose U0 = exp-1{7, on
constate donc immédiatement que le sous-groupe 36 remplit la condi­
tion (F).
Lorsque 3 = GL(rc; R), les sous-groupes satisfaisant à (F)
sont exactement les groupes de Lie de matrices au sens de la définition
1 de III.11. On sait (voir proposition 1 de III.11 et remarque 1
de III.1) qu’il s’agit toujours d’un sous-groupe différentiable et d’une
sous-variété plongée, i.e. d’un sous-groupe de Lie fermé (muni de
l ’algèbre de Lie l); voir remarque 4 de III.16). Mais si l’on revoit
la démonstration de la proposition 1 de III.11, on se convainc de
suite qu’elle se passe en fait des caractères spécifiques du groupe
GL (n; R), ce qui la rend valable pour un groupe de Lie 3 quelcon­
que. Aussi, un sous-groupe 36 vérifiant (F) d'un groupe de Lie 3 est
un sous-groupe de Lie fermé.

Problème 1. Donner une démonstration rigoureuse de la dernière affir­


mation. Démontrer également que 1) est l’algèbre de Lie du groupe de Lie -VC.

Ainsi, les sous-groupes de Lie fermés sont exactement les sous-


groupes assujettis à la condition (F), si bien qu’on a le théorème 1 si
l’on prouve que le sous-groupe 36 y figurant est du nombre. A cet effet,
il faut trouver le sous-ensemble ï), le voisinage U0 (ou, ce qui revient
au même, le voisinage U = exp U0) et voir si les propriétés a),
b) et c) ont lieu.
Si le théorème 1 est juste, c’est l’algèbre de Lie àe36% i.e. l ’ensem­
ble des vecteurs A 6 9, avec exp tA Ç 36 pour tout t ÇR, qui cons­
titue l’ensemble b. Ceci étant, on définit f) en tant que sous-
•ensemble de l’algèbre de Lie 9, ensemble formé de tous les vec­
teurs A .
Avec t) ainsi défini, on démontre la condition a) à l’aide du
Lemme 1. Soit {Cm} une suite convergente de vecteurs de l'espace
vectoriel 9, et soit C = lim Cm sa limite. S 'il existe des nom-
bres tm non nuis tels que lim tm = 0 et exp tmCm Ç $B pour
m-*-oc
tout m ^ 1, alors C Ç I).
D é m o n s t r a t i o n . On suppose sans restreindre la généra­
lité que tm > 0, et on désigne donc par nm pour tout t (j II un entier
satisfaisant à
t A ^ t
lm
TtfiÊORBME D’ÊLIE CARTAN 225

(i.e. la partie entière du nombre t/tm). Comme t — tm <Z nmtm^ t


et lim tm = 0, on a lim nmtm = t , donc
m-*cc m-*oo
lim exp (nmtmCm) = exp tC.
m-*-oo

D’autre part,
exp (nmtmCm) = (exp tmCm)n<»,
si bien que exp (nmtmC) Ç SB- Le groupe SB étant fermé par hypothè­
se, il s’ensuit que exp tC £ SB- Ainsi, C Ç i). □
Vérification de la condition a). Si A 6 f), on a évidemment XA Ç
g l) pour tout X Ç ^ (puisque exp t (A.Â) = exp (tX) A). Il nous
reste donc à démontrer que A + B Ç I) quels que soient les vec-
teurs/1, B £ t). Conformément à la formule (12) de la leçon 14, on
a pour A , B £ g quelconques et tout nombre t Ç 31
exp £4*exp tB = exp t (A + B -f- X t),
où X t = o (t). Soit tm — 1Int, C = A + B, et soit
Cm = A + B + X ,n , 1 < m < oo.
On a tm—*■0, Cm—>- C et
exp tmCm = exp tm (A + B + X lm) = exp tmA exp tmB Ç SB
(on rappelle que exp tA, exp tB £SB pour tout t Ç 51 par hypothèse).
Aussi, on applique le lemme 1 {C Ç.SB), et on a le résultat voulu
A + B Ç SB' □
Problème 2. Démontrer par les mêmes raisonnements que t) est une sous-
algèbre de l'algèbre de Lie g. (Ce fait ne sera pas utilisé dans la démonstration
du théorème 1.)
La condition b) étant remplie par définition, la seule chose à véri­
fier est la propriété c). On aura besoin d ’une autre construction
générale.
On suppose l’algèbre de Lie 9 décomposée en somme directe
(1) 9 = b© î
de ses sous-espaces b ot f- Chaque élément C 69 s’écrit de façon
unique comme C = A B, A Ç b> Æ Ç f, si bien que la formule
9 (C) — exp A exp B
définit bien l’application (manifestement différentiable)
(2) <P: 9 $•
Lemme 2. L'application (2) est étale au point 0 Ç 9.
D é m o n s t r a t i o n . Selon la formule (12) de la leçon 14,
exp A exp B = exp (/I -f B + . . .) = exp (C + . . .).
226 LEÇON 15

où les points de suspension remplacent les termes de degré ^ 2 en


A et B. Aussi la différentielle de (2) en 0 coïncide-t-elle avec celle de
l’application exp, i.e. c’est un isomorphisme (voire une identité). □
On s’intéresse bien sûr à la décomposition (1) où l) est le sous-
espace de l'algèbre de Lie 9 qu'on a construit ci-dessus à partir du
sous-groupe SB (et f un sous-espace supplémentaire quelconque).
Dans ce cas, on a le
Lemme 3. Il existe dans 9 un voisinage U0 du point 0 tel que
exp B $ SB

pour tout vecteur B £ U0 f) f nul.


D é m o n s t r a t i o n . Si l ’affirmation du lemme est fausse, f
contient des éléments B m tels que B m-+ 0 et exp B m Ç SB. Munissons
f d ’une norme || || (disons, de la norme euclidienne) et cherchons les
entiers nm-+ 00 vérifiant
1 < \\nmB m || < 2
pour tout m = 1, 2, . . . (on conçoit que la chose est possible). Soit
Cm = nmBm et tm = — . L’ensemble des vecteurs C, 1 ^ || C || ^ 2,
nm
étant compact, on suppose sans perte de généralité (en passant, si
besoin est, à une suite partielle) que la suite {Cm} converge. Puisque
0 et exp tmCm = exp B m Ç SB, cette suite remplit toutes
les conditions du lemme 1, si bien que sa limite C = lim Cm appar­
tient à I). Or, cela est impossible car C Ç f (f étant fermé) et C
0 (1 ^ || C || ^ 2) à la fois. La contradiction obtenue démontre
le lemme. □
On passe à la
D é m o n s t r a t i o n du théorème 1. Etant donné les résultats
obtenus, il nous reste à vérifier c). On montre que c’est la propriété
d’un voisinage normal U0 sur lequel (2) est un difféomorphisme et
qui représente U0 du lemme 3.
Soit A £ U0 et exp A 6 SB. Il faut démontrer que A Ç t). On
dit à cet effet que puisque (2) est un difféomorphisme sur t/0, le
point exp A Ç U s’écrit comme exp A^exp Bx, avec A x Ç \) (donc
exp A x 6 SB) et Bx Ç f. Mais si exp A = exp Ai-exp B x et exp A x Ç
ÇSBy alors exp B x Ç SB, ce qui n’est possible d’après le lemme 3 que
pour B x = 0. Aussi, exp A = exp A x et, partant, A = A x (U0 étant
un voisinage normal). Ainsi, A Ç 1). □
Ainsi, les sous-groupes de Lie fermés d'un groupe de Lie ÿ sont
exactement ses sous-groupes, ensembles fermés. Notre terminologie se
trouve complètement justifiée.
Le théorème 1 dû à Elie Cartan apparaît comme un outil des plus
efficaces quand on veut établir si tel groupe est un groupe de Lie
CARTES COMPATIBLES AVEC UN SOUS-ÜKOUi'ü u t, l il Lût

* * *
Exemple 1. Un sous-groupe du groupe GL(n; R) (ou de GL(n; €))
est un groupe algébrique s'il est l'ensemble de toutes les matrices
non dégénérées qui annulent un système de polynômes en les élé­
ments de ces matrices. Cet ensemble est manifestement fermé (dans
GL (n; K)), si bien qu’aux termes du théorème 1, tout groupe algé­
brique est un groupe de Lie de matrices.
Exemple 2. Soit A une algèbre quelconque de dimension finie sur
le corps R ou sur C (qui n'est en général ni une algèbre associative
ni une algèbre de Lie), et soit elf . . en une base de A - Il est
clair que l’application linéaire inversible y . A - + A est un auto­
morphisme de l’algèbre A si et seulement si cp (ejtfj) = cp (e*) cp (ej)
pour n’importe quels i , 7 = 1, . . n. Si cp (<ef) = x*ek et e^j =
= ce qui implique
*P(elej) = V =
cp{et) cp(ej) = xPep. &eq =
cp est donc un automorphisme sous la condition nécessaire et suffi­
sante :
ch\)..xlh. = c pq
l xpi &.J
quels que soient i, / = 1, . . n. Cela veut dire que les matrices
|| xi || associées aux automorphismes de A forment un groupe algé­
brique, donc un groupe de Lie. Ce fait munit le groupe Aut A de
tous les automorphismes de l’algèbre A d'une structure de groupe
de Lie qui ne dépend évidemment pas du choix de la base.
Ainsi, le groupe Aut A des automorphismes d'une algèbre A quel­
conque de dimension finie est un groupe de Lie.
Problème 3. Démontrer que Valgèbre de Lie du groupe de Lie A ut.^ est
canoniquement isomorphe à l'algèbre Der A de toutes les dérivations de A (de
toutes les applications linéaires D : A A telles que D (ab) = Da»b + a-D l
pour a, b £ A quelconques).

* * *

Soient de nouveau SB des sous-groupes de Lie quelconques (non


nécessairement fermés) d’un groupe de Lie # , et soit m = dim SB
et n — dim 3.
Une carte (t/, h) = (£/, x1, . . ., x n) de 3 est dite compatible
avec un sous-groupe SB si elle l’est au sens de III. 13 avec toutes les
sous-variétés de la forme L aSB = aSB, a 6 3 , i.e. s'il existe pour
tout a Ç ÿ , tel que U f) aSB ¥= 0 , un ensemble Va cz U f) &$B
ouvert dans aSB qui présente les propriétés suivantes: primo, les
22tt LEÇON 15

fonctions
y‘ = i « l v a. •••- r = * r \v a
sont les coordonnées locales sur Va d a n s a i , et, secundo, l‘ensemble
Va (et non a S S 1-) est défini dans U par les équations de la forme
(3) i ’"*1= c‘, . . . , xn = cn~m,
avec c1, . . cn~m des constantes (fonctions de a seul).
L’affirmation b) du problème 25 (leçon 14) entraîne de suite qu’on
trouve dans $ pour tout a £ 3 une carte (U, h) centrée en a qui est
compatible avec SS.
Une autre d é m o n s t r a t i o n . On conçoit qu’il suffit de construire
cette carte pour a = e (si (U, h) est compatible avec 26 et centrée en e, alors
.(<aU, hoLâ1 ) est compatible avec 36 et centrée en a). Ce fait aidant, on considère
l'application (2) obtenue pour la décomposition (1), avec 1) l'algèbre de Lie
du sous-groupe de Lie 36 et f un espace supplémentaire arbitraire. L'applica­
tion (2) étant étale en 0 selon le lemme 2, le point e Ç S admet un voisinage U,
domaine de définition de a r l : U g. Soit h: U Rn le composé de y"1
et de l ’isomorphisme de coordonnées g Rn compatible avec la décomposition
(1), i.e. cet isomorphisme est associé à une base de l'espace vectoriel g dont les
m premiers vecteurs appartiennent à la sous-algèbre f) et les n — m vecteurs
restants au sous-espace f. Le couple (U, h) est une carte centrée en e compatible
avec 36. □
Si le sous-groupe SS est fermé (i.e. c’est une sous-variété plongée),
on choisit (U, h) de façon que les équations (3) déterminent dans U
l ’intersection U f) aSS tout entière.
Problème 4. Utiliser cette affirmation et démontrer que quel que soit le
sous-groupe fermé 36 du groupe S, l'espace quotient %l36 (ensemble des classes
a36) possédé une structure différentiable naturelle par rapport à laquelle la pro­
jection canonique
%/36, a h-* a369 a 6 55,
est une application différentiable et le triplet (S, ji, un fibré localement
trivial différentiable.
Problème 5. Prouver que
1° pour tout sous-groupe fermé 36, la composante de l ’unité 36e est fermée
elle aussi ;
2e si le groupe de Lie $ est connexe, l’application naturelle
%/36e %/36
induite par l'injection des classes modulo le sous-groupe constitue un revêtement.
Problème 6 (qui généralise et commente les problèmes 4 et 5). Soient 36
et 36 cz 36 des sous-groupes fermés du groupe de Lie $, et soit 3 6 0le sous-groupe
invariant le plus grand de 36. Démontrer que l ’application
n : W36 -h 59/36
induite par l ’injection des classesTmodulo le sous-groupe est différentiable et
représente la projection d’un fibré localement trivial différentiable de fibre
36/36 et de groupe structural 36/360 qui opère dans 36/36 par translations à
gauche.
STRUCTURE DIFFÉRENTIABLE LA PLUS FAIBLE 229

* * *
Tout sous-groupe abstrait SB peut être en fait transformé en un
sous-groupe de Lie. Il suffit de le munir d ’une structure de variété
O-dimensionnelle (avec la topologie discrète). On note cependant
l’intérêt pratique d ’une structure différentiable qui est sans conteste
plus significative (et qu’on voudrait unique) dont la topologie est
proche au souhait de la topologie induite. (On rappelle que la topolo­
gie d’une sous-variété en définit univoquement la structure diffé­
rentiable; voir leçon III.13.)
Nous dirons que la structure différentiable (topologie) d ’une sous-
variété SB est la plus faible si, pour toute autre structure différen­
tiable sur SB, i.e. pour toute sous-variété SBXayant les mêmes points,
l’identité Sê\-+ SB est différentiable. Il y a certes unicité pour la
structure différentiable la plus faible, mais l'existence n'a pas
nécessairement lieu. Si SB admet une structure différentiable qui en
fait une sous-variété conservative (en particulier, une sous-variété
plongée), cette structure est la plus faible.
Chaque sous-groupe abstrait SB du groupe de Lie *§ est évidem­
ment un groupe topologique pour la topologie induite. Soit SBe la
composante connexe par arcs avec unité e du groupe SB• Un élément
a £SB appartient par définition à SBe si et seulement si S contient
un chemin u : I - + $ d’origine e et d'extrémité a complètement
dans SB (i.e. un chemin tel que u (0 Ç SB pour tout t £ /).
Problème 7. Montrer que &ûe constitue un sous-groupe invariant (sous-
groupe distingué) de &€.
Théorème 2. Soit SB un sous-groupe abstrait S u n groupe de Lie
Si le groupe quotient SB!SBe est dénombrable (ou fini), le sous-groupe SB
possède la structure différentiable la plus faible, et il est un sous-groupe
de Lie par rapport à cette structure. Les composantes connexes par arcs re­
latives à cette structure coïncident avec les composantes connexes par arcs
pour la topologie induite (i.e, avec les classes àSBe suivant $Br)- En
particulier, le sous-groupe SBCest la composante de Vunité du groupe de
Lie SB, donc un sous-groupe de Lie connexe du groupe de Lie ÿ .
On l ’appelle d’ordinaire théorème de Yamabe.
Le cas général du théorème se ramène aisément au cas particulier
d'un sous-groupe connexe par arcs. En effet, si l’on suppose que le
résultat est juste pour tel SB, on dote SBe, pour tout sous-groupe SB,
d'une structure de sous-variété connexe qui en fait un sous-groupe de
Lie et, partant, une variété intégrale maximale de la distribution
# (f)) correspondante. Chaque classe aS6e, a 6 SB, est alors une sous-
variété intégrale maximale de 8 (t)). Comme SB est réunion disjointe
des aSBe, cette propriété jointe à la condition «chaque aSBe est une
composante » définit univoquement sur SB une topologie et une struc­
ture différentiable. (On note que celle-ci est introduite sans qu'on s’a-
230 LEÇON 15

dresse à la propriété de dénombrabilité du groupe quotient SSlSS9-)


Muni de cette structure différentiable, SS est évidemment un sous-
groupe de Lie (le vérifier!) avec les composantes de la forme aSSe>
a Ç SS- L’ensemble SS ISS c de ces composantes est au plus dénombra­
ble par hypothèse, si bien que la structure différentiable définie sur
SS est conservative (voir proposition 3 de la leçon 14), donc la plus
faible. □
* * *
Ainsi, il suffit de démontrer le théorème de Yamabe pour un sous-
grouped^? connexe par arcs. Nous nous servirons à cet effet de sa va­
riante affaiblie connue sous le nom de théorème de Freudenthal qui
convient parfaitement du point de vue géométrique.
Proposition 2. Si chaque élément a S u n sous-groupe abstrait SS d'un
groupe de Lie est joint à e par une courbe différentiable (voir différen­
tiable par morceaux) u : I-+ ÿ entièrement dans SS, alors SS possède la
structure différentiable la plus faible par rapport à laquelle il est un sous-
groupe de Lie connexe.
On introduit naturellement un sous-ensemble t) de l’algèbre de
Lie 9 = TeJ?r formé de vecteurs A £ Tc$ tels qu’il existe une cour­
be différentiable u : I -*• ÿ passant pour t = 0 par le point e et tout
entière dans SS pour laquelle on a u (0) = A. (Si $ ?est un sous-grou­
pe de Lie, on a certes ï) = ( (SS)-)
Lemme 4. Le sous-ensemble f) est une sous-algèbre de Valgèbre de
Lie g.
D é m o n s t r a t i o n . Si la courbe u passant par e pour t = 0
est entièrement contenuo dans SS, la courbe t »-►u(Xt) est elle aussi
dans SS pour tout X Ç Ut (et passe par e pour t = 0). Le vecteur tan­
gent à cette dernière courbe est XA pour t = 0, avec A le vecteur tan­
gent u (0) à u. Ainsi, A Ç t) entraîne XA Ç f) quel que soitX £ Jt. Si
les courbes u et v passant par e pour t = 0 sont entièrement dans SS,
les courbes t u (t) v (t) et t *-+-u (t) v (t) u (t)”1 v (t)"1, t =
= sgnt»Y | f l, passent de même par ce point pour f= 0 et appartien­
nent h SS- D’autre part, leurs vecteurs tangents sont p o u rv o ie s vec­
teurs A + B et L4, B), avec A = u (0) et B = v(0) (voir problème 17
de la leçon 14). Par conséquent, A, B £ f) entraîne A + B Ç f) et
U , B] e b- □
Soit SK un sous-groupe de Lie connexe ayant î) comme algèbre
de Lie. On aura évidemment la proposition 2 si l’on montre que VC =
= SS- On aura besoin de deux autres lemraes.
Soit A ly . . ., A n une base quelconque de l’algèbre de Lie g du
groupe de Lie et soient ult . . ., un des courbes différentiables
dans î? telles que ut (0) = e et u( (0) = A t pour tout i = 1, . . ., n.
(Ainsi, ut (t) = exp (tAk + ...) » les points de suspension désignant
les termes de degré > 2 en t).
THÉORÈME DE FREUDENTHAL 231

La formule
<P (A) = ux (a1) ut (a2) . . . un (an), A Çg,
avec a1, . . .,a n les coordonnées du vecteur A dans la base A l f . . .f A n
(i.e. des nombres tels que A = axA x+ . . . + anA n), détermine l’appli­
cation (manifestement différentiable)
(4) «P:U0-+ 9
d ’un voisinage U0 du point 0 de l’espace vectoriel g dans le groupe
(Si les courbes u(, i = 1, . . n, sont définies pour tout £, alors
U o = 9.)
Lemme 5. U application (4) est étale au point 0 £ 9.
D é m o n s t r a t i o n (cf. celle du lemme 2). Puisque ut (t) =
= exp (tA{ + . . .), on a selon la formule (12) de la leçon 14
(p (A) = exp (ûMj + . . . + anA n + . . . ) = exp (A + . . .),
les points de suspension remplaçant les termes de degré > 2 en a1, . . .
. . an. Aussi, la différentielle en 0 de (4) coïncide avec la différen­
tielle de l’application exponentielle. C’est donc un isomorphisme. □
Le lemme 5 entraîne que les nombres a1, . . an sont les coordonnées
locales sur # centrées en e.
Les courbes considéréesU( sont d’habitude des sous-groupes à un
paramètre P/ : t >-*exp L4it auquel cas a1, . . an sont dites coordon­
nées canoniques de deuxième espèce.
Le second lemme se rapporte à une sous-algèbre I) quelconque de
l ’algèbre de Lie 9 du groupe de Lie ÿ (considérée comme ensemble
de champs de vecteurs invariants à gauche). Comme dans le théorè­
me 2 de la leçon 14, on désigne par f)a pour tout point a Ç le sous-
espace de l’espace tangent Taÿ , composé de tous les vecteurs de la
forme X a, X £ 1) étant un champ de vecteurs invariant à gauche
sur ÿ : [Si &C est un sous-groupe de Lie d’algèbre de Lie ï), alors
f)a = TaST pour a Ç SfC (en particulier, f) = T*SP), encore que t)a
soit défini pour a $ SP.) Les champs X étant invariants à gauche,
on a de plus pour tout élément a Ç 9 :
1)a = (ALa)e TeW = Ta (aSK).
Lemme 6. Soit u : / - * $ une courbe différentiable du groupe de
Lie qui passe pour t = 0 par le point e et jouit de la propriété
(5) u (t) Ç f)u (f) pour tout t £ I.
Alors u (t) Ç $P quel que soit t £ I (i.e. la courbe u est contenue entiè­
rement dans le sous-groupe de Lie ètf).
Démonstration. Soit C l’ensemble des points t Ç /
pour lesquels u (t) g &C. Par hypothèse 0 Ç C.
232 LEÇON 15

On suppose que t0 Ç I et aQ= u (t0). Soit (f/, x1, . . x11) une carte
centrée en a0 compatible avec le sous-groupe de Lie &C. L’applica­
tion u est continue, si bien qu’on tro u v eô > 0 tel que u(t) £ U quand
\ t — *o I < 6- Soient x { (t), 1 ^ des fonctions qui définissent
dans (Ï7, x1, . . ., xn) la restriction de u a l’intervalle \ t — tQ | <
< 6. Puisque le voisinage Va de tout point u £ U est défini dans la
sous-variété ajJC par les équations de la forme
r m4i __const, . xn = const,
le sous-espace I)a = Ta (affî) de l’espace Ta d est engendré par les ni
premiers vecteurs

de la base de coordonnées de TQ$. Cela signifie en particulier que si


I* — *o I < M e vecteur u (t) est exprimé par les seuls vecteurs

( dx } ) u( 0 ’ ’ ' ” ( dxm ) u ( 0 ‘

Aussi, xm+1 ( 0 = 0 , . . x" (0 = 0 pour | t — 10 | < 6, donc


xm+1 (0 = 0 , . . xn (t) = 0 pour | t — 10 | < 6 (on rappelle que
xm+1 (t0) = 0 , . . x11 (t0) = 0 par hypothèse).
Poursuivons. Soit t0 £ C, i.e. a a0 £$£. Les équations xm+1 =
= 0, . . ., xn = 0 définissent dans U un voisinage F c U n S ê du
point a0 de i&\ Lorsque [ t — t0 | < ô, on a donc u (t) Ç F c ^ , si
bien que t Ç C. Ainsi, tQest un point intérieur de l’ensemble C, i.e. C
est ouvert, car t0 est quelconque.
Soit t0 É C, auquel cas t0 = lim th 6 C. En particulier, on trouve
*0 tel que | th% — 10 | < 6. On a
*M+I(fc0) = 0, . . . , z n(tho) = 0.
La compatibilité de la carte (É7, x1, . . ., xn) et du sous-groupe nji fait
que les équations xm+1 = 0 , . . ., xn = 0 définissent dans ce cas un
voisinage de u (th9) dans u (tkJ $£. Comme u (th$) Ç <55?, la classe
u (thj Sê coïncide avec -y*'. Par conséquent, tous les points de U
tels que xm+1 = 0, . . ., x 11 — 0 appartiennent à En particulier,
a0 £ <55?» donc t0 £ C. Cela prouve l’inclusion C e C, i.e. l’ensemble C
est fermé.
L’ensemble C étant un sous-ensemble non vide fermé et ouvert à la
fois de l’intervalle I coïncide avec / tout entier. Par conséquent,
u (/) Ç g/T quel que soit t £ /. □
Ces résultats aidant, on est en mesure de passer à la
D é m o n s t r a t i o n de la proposition 2. Il faut démontrer
l’égalité &£ = &C. On établira d’abord que M ^ puis l’inclusion
de sens contraire.
THÉORÈME D'ADO ET TROISIÈME THÉORÈME DE LIE 233

Inclusion <$£ cz &C. Soit a Il existe par hypothèse clans .9


une courbe différentiable u : I-+- # qui joint eh a et reste tout entière
dans<$?. Pour fixer les idées, on suppose que / = [0, IJ. Quel que soit
t £ /, la courbe
v (s) = u (t)-'u {s + t), — t ^ 1 — t,
passe pour 5 = 0 par e et est entièrement dans 3£. Par définition, v (0)
appartient donc à I), ou, plus précisément, v (0) £ f)c = TeSf,' (vu
que I) est considéré comme ensemble de champs de vecteurs inva­
riants à gauche).
D’autre part,
u (t) = (dZ/u(<))tf v(0),
résultat établi facilement (voir formule (3) de la leçon 14). Par consé­
quent, u (t) Ç (dL u d ^ T c ^ = f)U(o» Le. la courbe u vérifie la
condition (5) du lemme 6, si bien qu’en vertu du lemme, u (t) 6 'JC
pour tout t Ç /. En particulier, u (1) Ç SP, i.e. a£<X, doncd^c: ?JC.
Inclusion SfC cz SB. On choisit dans 1) une base A x, . . .,A m(on
regarde t) comme sous-espace de Te9). Soient ul9 . . ., um les courbes
correspondantes de 9 (courbes entièrement contenues dans pour
lesquelles ut (0) = e et u ( (0) = A h i = 1, . . ., m). Comme J/C cz St',
on assimile ces courbes à celles du groupe de Lie &C. (Question : Pour­
quoi ux, . . ., um considérés comme courbes dans gVC sont-elles diffé­
rentiables?) Soit (p l’application (4) construite à l’aide des courbes
ux, . . ., um (i.e. par la formule
tp (A) = Ml (a1), . . . um (am),
avec A = alA { un vecteur de t) suffisamment proche de 0). Aux ter­
mes du lemme 5, il existe un voisinage U0 de 0 Ç f) sur lequel cette
application est un difféomorphisme sur un voisinage U = cpUQ du
point e de SP. Le groupe de Lie SfC étant connexe par construction est
engendré par U (voir problème 12 de la leçon 14). Par ailleurs,
toutes les courbes ux, . . ., um sont dans^?, si bien que U = (pU0 cz
cz $£, donc SfC cz $£. □

* * *
Avant de passer à la leçon 16, nous allons répondre brièvement
à deux questions qu’on se pose tout naturellement à la vue de la cor­
respondance
(6) un groupe de Lie => son algèbre de Lie.
Une algèbre de Lie g (de dimension finie) sur R est-elle nécessaire­
ment isomorphe à l’algèbre de Lie d’un groupe de Lid */? Quelle rela-
234 LEÇON 15

tion existe entre deux groupes do Lie dont les algèbres de Lie sont
isomorphes ?
Si 9 est une algèbre de Lie de matrices (sous-algèbre de l’algè­
bre g( (n ; R)), l’existence de $ est garantie par le théorème 2 de la
leçon 14 (et $ est un sous-groupe du groupe de matrices GL (n ; R )).
D’autre part, le théorème d'Ado de la théorie des algèbres de Lie affir­
me que toute algèbre de Lie de dimension finie est isomorphe à une algè­
bre de Lie matricielle (on dit qu’elle admet une représentation matri­
cielle fidèle). On répond donc par l’affirmative à la première ques­
tion : pour toute algèbre de Lie 9 de dimension finie, il existe un groupe
de Lie dont Valgèbre de Lie t& est isomorphe à Valgèbre 9. (Ce
fait établi par Elie Cartan s’appelle d ’ordinaire troisième théorème de
Lie.) Mais la démonstration du théorème d’Ado s’avère fort difficile,
et les autres techniques employées pour prouver l’existence du grou­
pe S (on n’en connaît que deux autres pour l’instant) sont à peine
plus simples. D’autre part, le théorème de Lie a beau joué un rôle
de premier plan en théorie des groupes de Lie, son intérêt d’applica­
tion moins grand tient à ce que les algèbres de Lie interviennent dans
la pratique conjointement avec les groupes de Lie correspondants dont
l ’existence n’est donc pas à démontrer. Dans ce livre par exemple, le
théorème de Lie ne nous sera d’aucune utilité, et nous ne le traite­
rons pas.
* * *
La réponse à la deuxième question est sensiblement plus simple.
Comme nous n’en aurons pas besoin non plus, nous omettrons presque
toutes les démonstrations.
Puisque les algèbres de Lie du groupe de Lie ÿ coïncident avec
ses composantes ÿ e de l’unité, on estime, sans nuire à la généralité
de l’exposé, que tous les groupes de Lie considérés sont connexes.
Définition 1. Deux groupes de Lie et sont dits localement iso­
morphes s’il existe des voisinages de l’unité U c= *3 et V a 38 et un
difféomorphisme q> V tels que quels que soient a, b Ç {/, ab Ç J7,
l ’élément q> (a) q> (6) appartienne à F et on ait l’égalité
<P (a) <P (b) = cp (ab).
Il est clair que les algèbres de Lie des groupes de Lie localement iso­
morphes sont isomorphes (par l’application (dq>)c).
Inversement, les groupes de Lie sont localement isomorphes s'il
y a isomorphisme de leurs algèbres de Lie.
[Cela traduit fidèlement l’affirmation de la remarque 1, leçon 14:
la multiplication au voisinage de l’unité d’un groupe de Lie est com­
plètement reconstituée à partir de l’opération [J dans son algèbre
de Lie. La démonstration en est omise pour les raisons loco citato.]
Ainsi, les algèbres de Lie de deux groupes de Lie s'identifient (—sont
isomorphes) si et seulement si ces groupes sont localement isomorphes.
EXISTENCE D’UN REVÊTEMENT DE GROUPE UNIVERSEL 235

Ce n’est certes pas toute la réponse. On n ’a éclairci qu’un seul


aspect de la question, savoir quand les groupes de Lie sont localement
isomorphes.
* * *
11 se peut que le difféomorphisme cp de la définition 1 soit la res­
triction à U d’un homomorphisme $-*~SB (noté toujours (p).
Problème 8. Démontrer que dans ce cas l’homomorphisme cp est .
un revêtement au sens de la définition 1 de la leçon 2. (On rappelle
que les groupes $ et SB sont supposés connexes.)
On appelle revêtement de groupe les homomorphismes cp : SB
qui sont des revêtements. Il est clair que si le voisinage U de l ’unité
du groupe & recouvre bien le voisinage V de l ’unité do SS, la restric­
tion de <p à U constitue un difféomorphisme £/-* V qui présente les
propriétés énumérées dans la définition 1. Ainsi, pour tout revêtement
de groupe <p : ÿ SBy les groupes S et SB sont localement isomorphes.
Problème 9. Démontrer qu’un* condition nécessaire et suffisante pour qu'un
homomorphisme (p: $ &6 de groupes topologiques soit un revêtement est que le
noyau Ker de cp soit discret.
Problème 10. Démontrer que chaque sous-groupe invariant discret K d'un
groupe topologique $ appartient au centre de $ (et, partant , K est un groupe abê-
lien). [Indication. Soit a Ç et soient U et V des voisinages de l’unité de $
tels que U fl K = {*} et VaV~l c U. Dans ce cas, V engendre ÿ (problème 12
de la leçon 14), et si a £ K %alors VaV~l c= U fl K = {*}, i.e. tout élément de
V commute avec a.J
Ainsi, quel que soit le revêtement de groupe cp : $->- SB, le groupe SB
est isomorphe au groupe quotient de ÿ par un sous-groupe invariant
commutatif du centre.
* * *
On a les résultats suivants :
A. Il existe pour tout groupe de Lie connexe $ un revêtement de
groupe & étant simplement connexe.
B. Si deux groupes de Lie connexes $ et SB sont localement iso­
morphes et que i§ soit simplement connexe, on trouve un revêtement de
groupe $->- SB, extension du difféomorphisme cp de la définition 1.
Problème 11. Démontrer que le groupe ÿ de A est unique à un
isomorphisme près.
C’est le groupe de revêtement universel du groupe de Lie r.§. Il
est localement isomorphe à ce dernier, si bien que deux groupes de
Lie connexes S et SB admettant des revêtements universels isomor­
phes sont localement isomorphes.
Inversement, si et SB sont localement isomorphes, SB l’est au
revêtement universel ï/, et il existe donc selon B un revêtement de
groupe $-+ SB s Le. S? est un revêtement universel de SB aussi.
230 LEÇON 15

Ainsi, les groupes de Lie connexes sont localement isomorphes si et


seulement s'il y a isomorphisme entre leurs groupes de revêtement univer­
sel.,
En bref, on a le
Théorème 3. La correspondance (6) entre les groupes de Lie connexes
et simplement connexes (considérés à un isomorphisme près) et les algè-
bres de Lie réelles de dimension finie est biunivoque.
Deux groupes de Lie connexes admettent des algèbres de Lie isomor­
phes si et seulement si leurs groupes de revêtement universel sont isomor­
phes.
Do deux affirmations à la base du théorème, nous démontrerons A
parce que la plus simple. (L’idée de la démonstration de B est simple
elle aussi, mais sa mise en œuvre rigoureuse s’avère trop laborieuse.)
Dire que (p est un homomorphisme, c’est affirmer la
commutativité du diagramme
m

çpxçp y>
( 7)

m
où les flèches horizontales représentent la multiplication dans ÿ et $
respectivement. D’autre part, la commutativité de (7) signifie par
définition que la multiplication m est un relèvement e n $ de l’appli­
cation
(8) m o ((p X (p ):!? x S -> S
(flèche en traits ponctués du diagramme (7)). Ainsi, pour tout revê­
te
tement de groupe y : S - * la multiplication m est un relèvement de
l'application (8). Ce relèvement vérifie l ’égalité m (e, e) = e (e étant
l ’unité du groupe $) qui le définit de façon unique.
On montre de même que l ’application v : a »-►a -1 du groupe .ÿ
(V /v
sur lui-même constitue le relèvement défini par v (é) = e de
(9) v o9
avec v : a <z~l, a Ç
Inversement, supposons qu’il existe, pour un revêtement (qui
n'est pas un revêtement de groupe) différentiable cp du
EXISTENCE D’UN REVÊTEMENT DE OROUPE UNIVERSEL 237

groupe de Lie les relèvements m et v (définis par m (e, e) = e et


/V

v (e) = e, avec e un point de q r1 (e)) des applications (8) et (9) res­


pectivement.
A/
Problème 12. Démontrer la différentiabilité de m et v.
Examinons les applications
/,
définies par
/(a „ a2, a3) = m(m (a,, a 2), a3)
et
/v /v r»/ A/ n*>
g(au a2, a3) = ro(alf ™(a2» aa))
respectivement. / et g sont évidemment les relèvements de la même
application
(alf a2> as) »-►^^2^3,
a/ = q? (a/), i = 1, 2, 3, avec la même condition initiale (e, e, e)»-> e.
L’unicité des relèvements (voir théorème 1 de la leçon 4) fait coïnci­
der ces applications. Ainsi, la multiplication m est associative.
On démontre de façon analogue que v est le passage à l ’élément
Al /V

inverse pour la multiplication m, si bien que la variété $ est un


/V /V

groupe de Lie (avec e pour unité) et q>: 8 un revêtement de


groupe pour m.
D ’autre part, on sait (voir théorème 1 de la leçon 4) que l’existen-
r>J /v
ce des relèvements m et v a lieu sous la condition nécessaire et suffi­
sante :
(10) (m o (<p X <p))* (îi, (§? X # )) CI <p* (n,S),
(11) (v » cp)* (nfê) c: qp+ (nt§),
où n , ( § X § ) = n {( $ x (e, c)) et = n, (#, e).
Cela nous permet de démontrer le résultat fondamental suivant.
Proposition 3. Soit q> : $->■ $ un revêtement différentiable quelcon-
A/ A/
gue d’u/i groupe de Lie connexe avec unité e, ef soif e Ç q r2 (o). # esf
/V A»

/num d’une multiplication unique avec unité e qui fait de \§ un groupe


de Lie et de Vapplication q) un revêtement de groupe.
238 LEÇON 15

D é m o n s t r a t i o n . A la lumière des résultats obtenus ci-


dessus, il suffit de démontrer les inclusions (10) et (11).
Problème 13. Vérifier que quels que soient les lacets u, u: / — ÿ
au point e, la formule
(12) F(t, t ) =
u -(1 — 1+ 2x1)) V ( t( i— 2t)) si 0 < 1 , x < l/2 ,

u(t + 2t (1 - t)) v ( ^-1~ 2-) ) si 0 < t < 1 / 2 < 1 < 1 ,

u ( - - i 7-(( + T_2Ti)) si 0 < 1 < 1 / 2 < t < 1 ,

[ v -(2 -l-2 x (l-l))) si 1/2<1, x < l ,


définit bien une homotopie dans 8 qui relie le lacet
(13) t *-*■ u {t) v (t), t Ç / ,
au lacet uv : T 8 défini par
f u(2t) si 0 < l < l / 2 ,
Uy(^ = l t> (2 l-l) si 1 /2 < 1 < 1 .
Problème 14. Trouver la construction géométrique élémentaire à la base
de la formule (12).
Si v = v o u (i.e. v (t) = u -1 (1)), le lacet (13) est un lacet cons­
tant, si bien que [u|<[i>] = 1 dans le groupe nt8. Etant donné que
(fl = v* [ul, cela prouve que Vhomomorphisme
v, : n,#-»- nx8
est l'application a a~l dans n fê .
Il en résulte en particulier que l’homomorphisme v* transforme
tout sous-groupe de n fê en lui-même. S’agissant du sous-groupe
<p* (jijÿ), on a immédiatement l’inclusion (11) par suite de l’égalité
( v « f ) * = v * « qp*.
Tout lacet w : /- > 8 X 8 du groupe 8 X 8 est donné par
w (i) = (u (t), v (0), t 6 /,
avec u :I -* -8 , v : I - + 8 des lacets de 8.
Problème 15. Montrer que la formule
A [w] = ((u), (fl)
définit bien l'isomorphisme
A : Jtx (8 X 8)-+ X nt8.
(Il ne nous faut d’ailleurs que le cas où A est un homomorphisme.)
EXISTENCE D'UN REVÊTEÏKENT DE GROUPE UNIVERSEL 239

Le problème 13 implique le diagramme commutatif

(14) Al ||
n tS
nJ9 X n&
avec p la multiplication dans le groupe n fê . Aussi,
(m o (<p x (p))* = m* • (tp X <p)* = n » A o (ip x <p)*.
D’autre part, si w : X $ est un lacet de $ X i§ etsiu>(/)* =
/V
— u ( t ) v (£), où u, i) : I -* - S sont des lacets de on a
((<p X q>) » w) (t) = ((<p » u ) (t), (q> o v) (/)), t Ç /,
donc
(A o (cp x cp)*) lw\ = (<p* [u], cp* M).
D’où
(m o (<p x cp))* M = cp* ([u])• cp* ([v]) = cp (lu)-fui) Ç cp* (itj §)
parce que cp* est un homomorphisme. L’inclusion (10) se trouve dé­
montrée elle aussi. □
Si l’on applique la proposition 3 au revêtement universel cp :
(qui existe en vertu du théorème général 1 de la leçon 5), on
obtient l’affirmation A.
Remarque 1. La commutativité du diagramme (14) signifie que la
m u ltip lic a tio n dans le groupe & est in d u ite p a r celle d u groupe
LEÇON 16

Connexions sur les fibres des repères. — Comparaison avec les con­
nexions sur les fibres vectoriels. — Construction explicite d’une con­
nexion sur un fibré vectoriel.— Fibrés principaux différentiables.—
Champs verticaux fondamentaux. — Formes horizontales. — For­
mes différentielles à valeurs vectorielles.

On rappelle (voir exemple 3 de la leçon 6) que chaque fibré vec­


toriel £ = (#, îi, .3?) est associé au fibré principal des repères | =
= (#, jt, $)) dont l’espace total S est formé de repères (bases)
(1) P = (Pi, • • •. Pn),
avecpu . . .,p„ les vecteurs linéairement indépendants (qui consti­
tuent donc une base) d’une fibre f b de |. Cela posé, jt (p) = b.
Si le fibré £ = (&, n, SS) est différentiable, on définit dans S les
cartes (S u, A), où U est le voisinage de coordonnées trivialisant dans
SS et h l'application de l’ensemble S u = x~l(/ dans Rn,+m =
= Mat,, (31) x 5lm, définie par la formule
(2) h (p) = (C, h Gb)), p = (pî9 . . •{ p n) 6 S , b = ji (p).
Ici h : est l'application de coordonnées de U et C une ma­
trice dont les éléments des colonnes sont les composantes des vecteurs
ply . . ., p n dans la base trivialisante s (6) = (s1 (b), . . ., sn {b))
de la fibre $Fb. (L'espace des matrices carrées d'ordre n s’identifie ici
avec l'espace 5tnI.)
Les coordonnées locales de p £ %u dans la carte (j£Uy h) sont
les nombres c\, ;r*, 1 ^ L 7 n, 1 ^ k ^ m, avec xh les coordonnées
locales du point b = n (p) dans la carte ([/, h) de la variété 33 et c\
les éléments de la matrice C, i.e. des nombres tels que
Pi = c\ sj (b)
pour tout i = 1, . . n. (On note la non-dégénérescence de C.)
Ainsi, les coordonnées du point p forment le couple (C, x), C étant
la matrice || d || et x la ligne (s1, . . . » zm).
On conçoit que toutes les cartes (Su* A) sont compatibles, si bien
qu'elles définissent sur S une structure de variété différentiable de
dimension n2 -|- m, et l'application jt envoie le point p Ç S de coor­
données (C, x) dans le point b £ 39 de coordonnées x (c'est donc une
submersion). Cela signifie que le fibré des repères \ — (g, :t, 39)
est différentiable dès qu'il en est ainsi pour le fibré vectoriel
l = ( ï, n, 39).
CONNEXIONS SUR LES FIBRES DES REPÈRES 241

On voit en particulier que la fibre = n~l (b) de £ est une


sons-variété plongée pour tout point b de SS et que tous les résultats
relatifs aux sous-espaces verticaux et horizontaux (voir leçon 10)
s’appliquent automatiquement au fibre
Problème i. Montrer que pour tout champ
(3) H : p >-►ffp, p 6 g,
de sous-espaces horizontaux sur §, il existe dans chaque carte (g Ut h)
des formes univoquement définies
(4) ej = dcj + /jh d x \ l< i,
(avec des fonctions sur le voisinage de coordonnées S u sont diffé-
rentiables s'il en est de même du champ H) telles que le sous-espace //p
soit pour tout p 6 g y Vannulateur des covecteurs (0})p. [Indication.
Cf. proposition 3 de la leçon 10.1
Les coordonnées locales (C, x) de (g Uy h) définissent dans chaque
espace tangent Tpg, p Ç g y, la base

si bien que chaque vecteur de Tpg est représenté de façon unique par
où a},

On identifio ce vecteur aai couple (A , u), où A est la matrice || a}||


et u la ligne (u1, . . tim). Le vecteur (A , u) est vertical si et seule­
ment si u = 0.
Les valeurs des formes (4) sur (4, u) forment évidemment la ma­
trice
A -1- uhFh,
avec Fh = Fh (C, x) les matrices | | //* ||, k = 1, . . m. Aussi,
(A, u) Ç i / p si et seulement si
(5) A -f ukFh = 0.
Il en résulte en particulier que
(6) (A, u)v = (A -f ukFh, 0), (A, u)« = ( - uhFh, u)
pour tout vecteur (A, u) de TfS.
Chaque fibre ^1,, de | est l’orbite de l’action à droite
(p, B) >-*- p£, p 6 8» B 6 GL (n ; R),
du groupe GL (n ; IR) sur S qui est définie par
pB = q, q = (g^ . . g„),
242 LEÇON 16


Qt = P)à{, i = 1,
pour p = (p„ . . p n) et 5 = || b{ II- Cette action s’écrit en coordon-
nées
(7) (C, x) ~ (CB, x).
Il s’agit donc d’une action différentiable. En particulier, l’application
R b : $ —>■8 t P PR » p 6 8 i
de la variété 8 dans elle-même est un difféomorphisme pour tout
B 6 GL (n ; !R).
Comme R B transforme chaque fibre en elle-même, la diffé­
rentielle
(dflB)p : TP8 - > T p*8
en chaque point p 6 envoie le sous-espace vertical Tp^ | # dans
le sous-espace vertical Tp Aussi, quels que soient le champ H
de sous-espaces horizontaux, le point p 6 8 et l’élément B 6 GL (n\ R),
l’application (di?B)p change le sous-espace horizontal Hv en
le sous-espace (dR B)pHp supplémentaire de TpB&bo* Si
(8) (dR B)pHv = / / pb,
le champ H est dit équivariant.
Définition 1. On appelle connexion sur le fibré principal | =
= (8, Jt, %}) un champ H équivariant et différentiable quelconque
de sous-espaces horizontaux.
On note que cette définition se passe des voisinages de coordonnées
trivialisants à la différence des connexions sur les fibrés vectoriels Ç.

* * *

Proposition 1. Les connexions H sur le fibré principal %sont en


correspondance biunivoque naturelle avec les coiinexions H sur le fibré
vectoriel associé £ = £ [Rnl.
D é m o n s t r a t i o n . Selon (7), si le point p de 8*/ est repéré
par les coordonnées (C, x), alors le point q = R Bp l’est Par (CB, x).
Problème 2. En déduire que l’application linéaire (dR B)v est
définie par la formule
(dR b)v (a > u) = (AB» u)> (A, u) 6 Tp8.
Il en résulte par (5) que si le champ H est l’annulateur des formes
(4) sur 8lt» le sous-espace (dR B)VHV a pour éléments les vecteurs
(AB, u), u étant un vecteur quelconque de Utm, et
A = — Fh (C, x) uh.
COMPARAISON \V E C LES CONNEXIONS 243

D’autre part, le point q —R Bp a pour coordonnées (CB, x), si bien


que la même formule (5) fait que le sous-espace Hq est formé des
vecteurs (—Fh (CB, x) uh, u). Le champ H de sous-espaces horizon­
taux est donc équivariant (i.e. il est une connexion) si et seulement si
tous les éléments B , C du groupe GL (n ; R) et tous les vecteurs
xt u 6 vérifient l’égalité
- Fh (C, x) Buh = - Fk (CB, x) u \
Comme u est quelconque, cette égalité a lieu si et seulement si
(9) Fh (C, x) B = Fh (CB, x) pour tout k ~ 1, . . m.
On pose C = £ et on note C la matrice B, il vient de suite
(10) Fh (C, x) = r*C, k = 1..........m,
(où Tk — T* (x) est la matrice Fh (E , x)), i.e.
/ * = r U - . Il r L || = IV
Puisque les matrices (10) satisfont pour I \ quelconques aux relations
(9), on peut donc dire que le champ H est une connexion sur | si et seule­
ment s'il constitue sur chaque voisinage de coordonnées g v Vannulateur
des formes
(H) eij = dc} + Tiksctj dxh,
avec T*, des fonctions différentiables sur le voisinage U.
Problème 3. Montrer que les fonctions vérifient les relations (17)
de la leçon 10 et qu’elles sont donc les coefficients d’une connexion H
sur le fibré vectoriel £.
Connaissant la connexion H sur | on a donc construit une con­
nexion H sur £. Inversement, si H est une connexion arbitraire sur
on reconstitue par ses coefficients TkJ les formes (11) et, partant, une
connexion H v pour chaque voisinage de coordonnées g y.
Problème 4. Montrer la compatibilité des connexions H v sur
les intersections g u ce qui fait que H v définissent la con­
nexion H sur g tout entier.
Cela démontre manifestement la proposition 1. □
Chemin faisant, on a démontré que sur chaque voisinage de coor­
données %v les connexions sur | sont données par les formes (11). On
peut certes substituer à (11) les formes linéairement équivalentes
(12) 0 •= 'cj de} T ?c jrfV j dx \ ï, 7 = 1 ,
où 'cj sont les éléments de la matrice C~l inverse de C = l| cj ||. (On
n’aura plus besoin des formes (11). si bien qu’on leur emprunte les
symboles 0}.) La matrice 0 = || 0} || des formes (12) s’écrit par con­
vention
( 12') 0 = C-'dC + C-l<oC,
244 LEÇON 16

où de = Il de} II, (0 = Il 0)j II = Il dx* Ij. La connexion est défi­


nie sur tout autre voisinage cio coordonnées trivialisant U' par les
formes 0)», éléments de la matrice
0' = C'-'&C9 + C '-W C '.
Ce faisant, si q> = cp^ est l’application de transition correspondante,
on a sur U Ç] U'
g/ = cp_1cocp + q>' dep
(voir formule (17") de la leçon 10) et
C' = cp^C
(démontrer!). Aussi
0' =! C~!q>d (qj^C) + C-1q>(qrtoq) -f qr1dq)) qr4C =
î= C^q) (dq)-1) G + C~l (qpq>~4) dC + C-1coC + C"1dq>qr!C =
= —C-,q) (qT1dqjqT1) C + C-1 dC + C~*(ùC -f C"1dq)qr!C =
= C-1 dC + C~{(ùC = 0
sur U f) U‘ (il est connu que dq r1 = — q>-1dq) q)**1). Ainsi, les for­
mes (12) sont compatibles sur les intersections, et il s’agit donc des
formes globales 0* définies sur la variété g tout entière. On voit que
toute connexion sur | est Vannulateur des formes 0j, 1 ^ i, n, défi-
nies sur toute la variété S (qui sont de la forme (12) dans chaque car­
te (S u , &))• Cette propriété avantage heureusement les connexions
sur Çpar rapport aux connexions sur £ pour lesquelles les formes ana­
logues 01, [1 ^ n, ne sont définies que localement.

* * *
La démonstration ci-dessus de la proposition 1 néglige cependant
la construction géométrique de H moyennant H. Si l’on corrige ce
défaut, on démontre une fois de plus la proposition en question.
Les composantes d ’un point p = (pu . . p n) quel­
conque de S appartiennent par définition à une seule fibre de
si bien qu’on définit pour tout vecteur y = (y \ . . ., y11) Ç Rn le
point p ty* £ f 6. Ainsi, la formule
/>• (p) = Ptv1, p = (pi. • • •. Pn)> y = (y1. • • •. y").
détermine l’application
/y :
(évidemment différentiable). Soit
(d/y)p * Tp$—>- TpS, p = Piy{,
sa différentielle en p 6 S-
CONSTRUCTION EXPLICITE D’UNE CONNEXION 245

Proposition 2. Etant donné une connexion H quelconque sur la


formule
(13) Bp “ (d/y)p Hpy P — f y (p)t
définit bien une connexion H sur g.
D é m o n s t r a t i o n . On commence par prouver que le second
membre de (13) dépend de p seul. On démontre donc que si
(14) />• ( p ) = fz{q), y, Z 6 ft", p , q 6
alors
(d /y )p ffp = W z ) qH q .

L’égalité (14) n’a évidemment lieu que lorsque p et q appartien­


nent à une mémo fibre de si bien que le groupe GL (n ; üî) comprend
un élément B = || b\ || tel que q = pÆ, i.e. qt = pjb}, auquel cas
/z (q) = ?i2* = pjbU1, z = (z1, . . zn),
et (13) signifie (n’oublions pas que les vecteurs p1} . . ., p n de l ’es­
pace t sont supposés linéairement indépendants) que yj =
i.e. y = Z?z, avec y et z considérés comme colonnes. Par conséquent,
l’égalité (14) se récrit
I bz (p) = (/z o R b) (P)-
Il faut noter que c’est une identité en p pour tout B et tout z. Aussi, on
a pour p donné
(15) ( d / y )p = (d /i,z )p = ( d / 2) q o (di?fî)p, q = p^, y = fiz,
d’où le résultat annoncé
(d/y)pffp - (d/z)q((dflB)pffp) = (d/z)qffq
puisque (dR B)pllv = Hvn = Hq par suite de l’équivariance.
Problème 5. On rappelle que le vecteur

de l ’espace Tpg est noté par convention (A, u), où A = || a{ || et u = (a1, . . .


. . ., um). On désigne de même par (c, u) (c = (cl, . . ., cn), u = (a1, . . um))
le vecteur

c< ( w ) P+ u h (-ér)p-
de l’espace Tp£. Montrer qu’avec ces notations la différentielle
(^/y)p : Tpg -►Tpÿ, p = /y(P),
de l ’application /y opère par la formule
(d/y)p u) = (>1 y, u),
y et A y étant considérés comme colonnes. En déduire la formule (14).
2 3 «k. $80
246 LEÇON 16

Ainsif pour toute connexion H sur £, la formule (13) définit bien


un champ de sous-espaces H p sur
P ro b lè m e 6 . M o n tre r q u ’il s ’a g it d ’u n c h a m p d iffé re n tia b le .

Il est clair que n ° /> = Jf, i.c. le diagramme

JC

&
est commutatif (/v est un morphisme de fibres). Le diagramme des
différentielles
(dfy
y ),'p
Tp6 Tp 6

(dir)p 'fdJijp

Tb®. t>«ïr(p)=*(p).

est donc commutatif lui aussi pour n’importe quels points p 6 S


et y Ç Ut" .
Problème 7. En déduire que H est un champ de sous-espaces horizontaux.
Il nous reste, pour achever la démonstration, à établir que le
champ H est défini par les formes qui dépendent linéairement des
coordonnées dans une fibre. On doit donc calculer H en coordonnées
(ce qui fournit en particulier la solution des problèmes 6 et 7).
On suppose une fois de plus que U est un voisinage de coordonnées
trivialisant dans la variété
On estime (sans nuire à la généralité) que le sous-espace H p est
défini pour les points p £ $ u par
H p = ( d / a)Po/ / p#,
où p0 = s (6), b = ji (p) (et a est par conséquent la colonne des coor­
données de p dans la base $i (6), . . ., sn (b) de la fibre cr *,). Vu que
(dji)Po sur HP9 est un isomorphisme sur T&#, la base du sous-espace
HVê s’écrit
(Aj, Cj), • • •» (-^m» ®m)>
et la base de H p est
{A.\c, Cj), . . .i (Amc, em),
FIBRES PRINCIPAUX DIFFÉRENTIABLES 247


4 . “ l|fl‘u ll, . . . . ^ = 11^11. l ^ i , / < » .
so nt des matrices carrées d’ordre n qui dépendent différentiablement
du point b £ U.
Soient sur 8 v les formes différentielles (manifestement différen­
tiables)
01—da‘ —aj;.a;’d x \
Puisque les covecteurs (daf)p et aJja;(dxA);, prennent en tout
point p £ 8 u une même valeur, savoir aljc*, sur les vecteurs
(M,c, e, ) = < Ci ( - £ r ) i>+ ( ^ r ) f

de l’espace Hp, tous les covecteurs 0j, p 6 <§u, sont nuis sur H pt
donc H p cz Ann (0*, . . 0J). Etant donné l’indépendance linéaire
évidente de ces covecteurs et dira H v = m, on a en fait l’égalité et
non l’inclusion, i.e.
H = Ann (0\ . . 0n) sur 8 u%
et le champ H : p>~*Hv est effectivement une connexion (à coefficients
Th) = - ai,)). □
Du moment que les vecteurs (16) forment une base du sous-espa­
ce tfro. les vecteurs
(AiB, e,), . . (A mB t em)
constituent pour tout B £ GL (n ; ïl) une base du sous-espace Zfp,
p = p0A (voir problème 2).
Problème 8. Etablir avec ces résultats que le sous-espace Hp
est l’annulateur en p des formes
0j = dcj — akiC jdxht j^ n .
Cela démontre évidemment que la correspondance H => H de la
proposition 2 coïncide avec la correspondance de la proposition 1 (et
prouve d’une manière nouvelle cette dernière).
Aux termes de la proposition 1, on identifie les connexions sur £ et
celles sur §.
Nous avons là plus qu’une autre définition (invariante cette fois!)
des connexions sur les fibrés vectoriels. Cela permet de vastes géné­
ralisations immédiates.

* * *
On suppose que le groupe de Lie $ opère différentiablement à droi­
te sur la variété différentiable 8 :
(17)
2*
248 LEÇON 10

On fait les hypothèses suivantes:


a) l'espace $ = g/S? est une variété différentiable;
b) l'application
(18) ji p p$, p 6 S»
est différentiable ;
c) pour un recouvrement ouvert {Ua\ de l ’espace 9S, il existe des
difféomorphismes équivariants (donc libre à fibre)
9 * : U n X ÿ - + 9 u a = n -1 {U9)
(qui vérifient q>a (b, a) g = <pa (b, ag) quels que soient les points
b 6 Ua et a, g Ç <§).
Problème 9. Démontrer que l'action différentiable (17) est une action prin­
cipale au sens de la définition 2 de la leçon 1 si et seulement si elle jouit des pro­
priétés a), bl et c). (Le plus difficile à établir est certes la propriété d’être locale­
ment trivial, i.e. c).)
Nous ne nous proposons pas de nous servir de cette affirmation
telle quelle, et, sans chercher loin, nous appellerons principale l'ac­
tion différentiable (17) qui présente les propriétés en question. Le tri­
plet (g, j i , SS), avec jt l’application (18), est corrélativement un
&~fibré principal différentiable. (Ainsi, chaque fibré principal diffé­
rentiable est localement trivial par définition.]
Problème 10. Montrer que pour tout fibré principal différentiable |
la translation
x :%*-»<§
(voir leçon 1* p. 20) est une application différentiable.
Problème i l . Montrer que le fibré des repères examiné ci-dessus est un fibré
principal différentiable de groupe structural GL (n; R).
En vertu de la condition c), l'application n : g->- SS est une sub­
mersion, si bien que chaque fibré principal différentiable | = (g,
Jt, S ) est un fibré différentiable au sens de la leçon 10, et on peut par­
ler en l'occurrence des vecteurs verticaux et des champs différentia­
bles de sous-espaces horizontaux.

* * *

Voyons d'abord ce qu’il en est des vecteurs verticaux.


Un champ vectoriel X sur g formé de vecteurs verticaux, i.e. un
champ tel que le vecteur Xp soit vertical pour tout point p 6 g, sera
dit vertical.
Pour tout point p Ç g, l'application
Z,p : $ - > g , ab-+pax a Ç
CHAMPS VERTICAUX FONDAMENTAUX 249

est évidemment un difféomorphisme du groupe # sur la fibre p# =


= b = 7i (p), du fibre qui envoie l’unité e de # en p. Aussi,
(19) A f = (dLp)eA, pÇg,
définit sur g pour tout vecteur 4 6 g un champ vectoriel vertical
A* : p - * ^ .
Problème 12. Montrer que le champ A # est différentiable.
Le champ .4# s’appelle champ vertical fondamental associé au
vecteur 4 6 9*
L’application Lp étant un difféomorphisme, on a pour A 0:
4 ^ =£ 0 en chaque p 6 <£•
On constate en particulier que l’application
(20) #:4-^4*
(évidemment linéaire) constitue un monomorphisme de l’espace vecto­
riel ô = T*# dans l’espace vectoriel ag des champs vectoriels
sur la variété g.
Problème 13. Montrer que pour tout vecteur vertical B 6 TPo<£, il
existe un seul élément A 6 9 tel que
A* =B.
Problème 14. Soit | = (£, n, 3 ) un fibre des repères du fibre vectoriel £.
Comme les vecteurs tangents en e au groupe $ = GL (n ; R) s’identifient natu­
rellement aux matrices carrées d’ordre n, chaque matrice A 6 Matn(R) définit
sur l ’espace % un champ vectoriel vertical A **. Montrer que ce champ est donné
dans chaque carte ($£/, h) par l’égalité
(AC, 0),
avec (C, x) les coordonnées du point p.
On voit aisément que pour chaque point p0 6 <£» ta courbe
P :*>-*• Po exp tA = /?cxpi aPo>
—oo < t < + oo, est une courbe intégrale de A ~ qui passe pour t = 0
par le point pQ. En effet, si t0 Ç Si, on a
P (*o) = (d^3((0))c A =^p(fo)
puisque
P (0 = Po exp t0A exp (t — t0)A =
= £p0exp i#a (exp (t —10) A) = Z,P(,o) (exp (t — 10) A)
et que c’est le vecteur A qui est tangent en tQà la courbe t >-*■ exp (t —
-<o) A. O
250 LEÇON 18

Vu que [/!#, X] = £ An X (voir formule (18) de la leçon III. 17),


il en résulte que
(21) [4#, X) = lim
f-0 1
pour tout champ vectoriel X 6 (On rappelle (voir leçon II I.17)
que le symbole y * X , avec X un champ vectoriel sur la variété diffé­
rentiable 30 et (p un difféomorphisme quelconque 30-+30, désigne
le champ vectoriel sur 30 défini par la formule (cp*X)p = (dcp)"'
P 6
Soit, en particulier, X = /?#, où B £ g. On a
-XpexpfA ^ (d/^pexp
donc
C^exp fA^Op = (d/?^Xp m ) p ‘ ( d L p e x p / ^ ) ^ ^ = d (/?exp tA c ^p exp / a )* ® »
D’autre part,
(Jîcxp/A ° ipexp<A> £ = p (exp t;4) a; (exp ( — tA)) =
= P (intexp m *) = (£p ° întexp m) *
pour tout point x Ç si bien que
^ e x p f A 0 ^ p exp tA ~ 0 ÎN letp f A
et
d (-Rexp /A 0 ^ p exp /A)e ^ ( d £ p ) c ° d (intexp t A ) e =
=, (d Lp)c o Ad (exp tA) = (dLp)e o e*** *
(par définition, Ad a = d (inta)c pour tout élément a: £ $ et Ad a =
= *ad A lorsque a = exp A ; voir formule (17) de la leçon 14).
Par conséquent,
- B* = l(dLp)' o (e< ai A - id)l S
et, partant (voir formules (21) et (15) de la leçon 14),

[A*, B*)p = (dLp)e lim e<adf ~ id B = (dLp)e (ad A) B =


t-+Q 1
= (dLp)e[A, B) = [A, B )f.
Cela signifie que
(22) U # , fi#) = [A, fil#
pour n’importe quels vecteurs A, B £g, i.e. Y application linéaire (20)
est un homomorphisme d'algèbres de Lie (qui plonge monomorphi-
quement l ’algèbre do Lie g dans l’algèbre de Lie a$).
FORMES DIFFERENTIELLES A VALEURS VECTORIELLES 251

* * *

Une forme différentielle (Ode degré r > 0 sur la variété 8 est dite
si, pour tout point p
h o rizo n ta le la fonctionnelle multilinéaire
cdp sur Tpg est telle que
(Dp (Ax, . . A r) = 0
lorsque F un au moins des vecteurs A x, . . A r est vertical.
L’affirmation du problème 13 entraîne de suite qu’une forme
différentielle w de degré r > 0 sur g est horizontale si et seulement si la
forme A*x j co de degré r — 1 (voir leçon II I.18) vérifie l'égalité
(23) A# j co = 0
pour tout élément A £ g.
En particulier, une forme différentielle linéaire 0 sur g w/ horizon­
tale si et seulement si, pour tout A £ 9, Za fonction 0 (/1~) sur g est
identiquement nulle :
(24) 0 (A*) = 0.
On note que la forme n*a sur g est horizontale pour toute forme a
sur SS.
Problème 15 (suite du problème 14). Soit £ = (g, n, J8) un fibre des
repères. Montrer que la forme linéaire 0 sur g est horizontale si et seulement si
elle s'écrit
(25) 0 = gh dx*
(avec gk, k = 1, . . ., m, des fonctions sur g^) dans chaque carte (g^, h).

Ce résultat prouve en particulier que les formes horizontales sur g


peuvent en général être autres que Ji*a. (Une forme (25) s’écrit 7i*a
si et seulement si les fonctions gk sont constantes sur les fibres.)

* * *
Avant de passer aux champs de sous-espaces horizontaux, nous
allons améliorer un peu notre formalisme.
Soient îC une variété différentiable, et 9^ un espace vectoriel.
Définition 2. On suppose qu’il correspond à chaque point p Ç 30
et à chaque vecteur A x, . . A r Ç T vSO le vecteur
(26) a>p(Ax.......... A r)
de T . La fonction
e) 1 (p, A i, . . ., A r) ►«p (Ax, . . A r)
252 LEÇON 16

est la forme différentielle de degré r sur SC à valeurs dans Y si, pour


toute fonctionnelle linéaire l\Y ~+ \S , la fonction
(27) l o (o: (p, A Xi . . A r) Z(cop (Alt . . i4r))
est une forme différentielle différentiable ordinaire de degré r sur SC
(à valeurs dans *Jl), (i.e. c’est, pour tout point p Ç SC, une fonction­
nelle multilinéaire de degré r sur TP3C qui dépend différentiable-
ment de p).
Si l’on choisit une base elf . . ., en dans Y , alors chaque forme co
définit n formes usuelles
ce1 = e1 o û), . . o n = en o o),
où e1, . . en sont les vecteurs de la base duale de l’espace des fonc­
tionnelles linéaires Y * (qui vérifient la relation e* (ej) = 6j). Le
développement du vecteur (26) suivant les vecteurs de la base ex, . . .
. . . » en s’écrit alors
(28) cep (i4x, • . A r) = (ûp (i4x, . . A r) eif i = 1, . • -, n.
Conformément aux notations générales de la théorie des fonctions,
on aurait au lieu de (28)
(29) co = cofej,
mais on utilise d’ordinaire le signe ® :
(30) co = coi ® e*.
Les problèmes ci-dessous montrent que nous avons le droit de
le faire.
Problème 16. Montrer que les formes différentielles de degré r sur SC à
valeurs dans Y sont exactement les sections du fibre Hom (ArT ^ , 0<^), avec
Q.yo le fibré trivial (SC X Y , n, SC).
Problème 17. Montrer que quels que soient les fibres vectoriels £ et q,
le fibre Hom (5, n) est canoniquement isomorphe au fibré £* ® q. [Indication.
Il ne faut pas oublier que l'espace vectoriel Hom (7F, Y ) est canoniquement
isomorphe a l ’espace vectoriel 7F* ® Y quels que soient JF et 9°. Utiliser de
plus l'affirmation du problème 14 de la leçon 12.)
En particulier, Hom (ArT%>» 0<^) = Arxq; ® q. (On rappelle l ’égalité
= (A^)*.)
Problème 18. Montrer que chaque section du fibré ArT*£ ® 0cp admet une
représentation unique où* ® ef, où co4, 1 ^ i ^ n, sont les sections de Arx*£*
(formes différentielles de degré r sur SC) et e/t 1 ^ i ^ n, les sections de Ocyo
définies par
(p) = (P. ^ ), P 6 SC,
e,-, 1 ^ i ^ n, du second membre étant les vecteurs de la base donnée de SC.
[Indication. Voir problème 12 de la leçon 12.)
Ainsi, passer de la formule (29) à la formule (30), c’est passer des sections du
fibré Hom (Arx ^ , 0 ^ ) à celles du fibré ArTj^ ® 0 ^ , qui lui est isomorphe.
FORMES DIFFÉRENTIELLES A VALEURS VECTORIELLES 253

Le résultat du problème 17 aidant, on peut poursuivre les généra­


lisations, à savoir on introduit pour tout fibré vectoriel q sur 30 les
sections de
Hom (ArT^;, tj) = Arx£-<g>q
(formes différentielles à valeurs dans r|). [Nous les avons en fait rencon­
trées pour r = 1 dans la leçon 13 en tant que valeurs de l’opérateur
dérivation covariante V-l
Plus généralement, on considère pour tout r > 0 et tout s^z 0
(voir exemple 8 de la leçon 12) les sections du fibré tv&3C ® q (champs
tensoriels de type (r, s) à valeurs dans r|).
Problème 19. Montrer que quels que soient les fibrés vectoriels £ et q
sur X , on a les isomorphismes naturels
Hom (£, q) = Hom (q*, |*), (£ ® q)* = q* 0
Il en résulte en particulier que (TfX)* = xJÆT et
(31) x J# 0 q = Hom (xfX, q) = Hom (q*, xjÆT).
Aussi, on considère les sections de chacun des fibrés (31) comme champs tcn-
soriels de type (r, s) sur X à valeurs dans q.
On pourrait certes interpréter (30) comme une simple variante
graphique de la formule (29), donc (en imitant cette dernière) comme
(28) mise sous forme conventionnelle abrégée. Dans ce cas, les
formes co1, . . con s’appellent coordonnées dans la base ef, . . . , en
de la forme u à valeurs dans TT. Dans tout changement de
base, elles subissent la même transformation que les coordonnées
des vecteurs de 5^.
Quels que soient les champs vectoriels X u . . ., X r sur 30, chaque
forme différentielle co de degré r à valeurs dans y ’ définit par la for­
mule
O) (X,, . . ., X r) (p) = g>„ ((*,)„, . . (Xr)p), p 6 # ,
une fonction ce (Xlt . . ., X r) sur 30 à valeurs dans T (qui est diffé
rentiablc s’il en est de même pour les champs X l% . . X T et la foi
me (o).
Problème 20. Soit Fy*30 l’espace vectoriel des fonctions diffé ­
rentiables sur 30 à valeurs dans 7". Montrer que
a. L'application
(32) aW X . . . X aX F
(X u . . . , X r) <
ù (X {, . . . , X r),
est antisymétrique et F30-multilinéaire.
b. Si la variété 30 est séparée, alors la correspondance
forme co => application (32)
254 LEÇON 16

définit une application isomorphe du F OC-module des formes différen­


tielles de degré r à valeurs dans T sur le FÆ-module de toutes les appli­
cations F & -multilinéaires antisymétriques
o3L' X . . . xa#*-* fcysây.
(Cf. leçon II I.18)
Problème 21. Enoncer et démontrer l'affirmation analogue pour les formes
différentielles et les champs tensoriels à valeurs dans un fibré vectoriel arbitraire
T] sur S . [Indication. On aura Tr| au lieu de

On identifiera de règle la forme <o et l’application (32) correspon­


dante.
Définition 3. On appelle différentielle extérieure de la forme (30),
et on note dto, la forme
(33) dû) = dû)* ® et.
, Problème 22. Montrer qu’il s’agit d’une définition intrinsèque,
i.e. que la forme (33) ne dépend pas du choix de la base elt , . en.
Problème 23. Montrer que s’agissant des formes à valeurs vecto­
rielles, on a la proposition 2 de la leçon III.19 (relativement à l ’ac­
tion naturelle des champs vectoriels Z Ç a30 sur l’algèbre F^>«3").
En particulier,
(34) dco (Z, Y) = Zco (Y) - Y(o (Z) - û) [Z, Y]
si deg © = 1, et si deg © = 2, alors
(35) dco (z, y , z) = Zco (y, z) + y© (z, Z) + z© (z, y) +
+ © (z, (y, zi) + © (y, (z, zi) + « (z, (z , y])
pour les champs Z, Y, Z Ç aW arbitraires.
LEÇON 17

Formes fondamentales et champs de sous-espaces horizontaux. —


Connexions sur un fibré principal différentiable. — Projecteurs in­
duits par les connexions. — Champs vectoriels horizontaux. — Con­
nexions sur les fibres associés. — Connexions sur les fibres vectoriels
associés.

Nous voulons appliquer les notions générales introduites dans les


dernières pages de la leçon 16 au cas où est la variété totale S
d’un #-fibré principal différentiable § = (g, jt, J?) et l’espace
vectoriel T représente l’espace tangent g = T j§ en e du groupe $
(i.e. l’algèbre de Lie de #).
Définition 1. Une forme différentielle linéaire 0 sur S à valeurs
dans g s’appelle forme fondamentale si l’on a en chaque point p Ç S
(1) e M#) (P) = A
pour tout vecteur A Ç Te$.
Exemple 1. Comme g \ (w; R) = Matn (IR ), les formes à valeurs
dans g \{n ; R ) ne sont autres que les matrices © = || ©j || à éléments
les formes différentielles usuelles ©j. En particulier, les formes
linéaires à valeurs dans g ( (n ; R) sont les matrices 8 = || 0j ||
dont les éléments sont les formes différentielles linéaires 0*. Dans la
carte (<$v , h) de la variété totale % du fibré des repères \ de
chaque forme 0} s’écrit
ej = / jr d<£ + gjk dxh,
avec fYr et gjk des fonctions sur %v . La valeur de 0} sur le vecteur tan­
gent (À, u) (on utilise les notations de la leçon 16) est égale à
f + g»uk = Tr (F)A)+ Ghu \
F) et Gk étant || f)*r || et || g)k II respectivement. En particulier, sa
valeur sur un vecteur de la forme (AC, 0) est Tr (F) AC). Aussi, une
forme 0 est fondamentale si et seulement si
Tr (F]AC) = a)
pour toute matrice A = || a) || (voir problème 14 de la leçon 16).
Mais on établit facilement (le démontrer !) que les matrices F} possè­
dent cette propriété si et seulement si F)C = £j,avec E) les unités
matricielles (E) a tous ses éléments = 0, à l’exception de l’élément
256 LEÇON 17

à l’intersection de la Même ligne et de la /-ièmo colonne qui vaut 1),


i.e. si F) = E)C~l (donc /j* = 'c*ôj, 'cj. étant les éléments de la ma­
trice C”1). Cela démontre qu’u/ze forme 0 = || 0} || sur un fibré des
repères à valeurs dans g [ (n\ IR ) est fondamentale si et seulement si ses
composantes 0} s'écrivent dans chaque carte (Sui h)
Qi} = 'c'r dcrj + g}k dxh,
i.e. si
(2) 0 = C -‘ dC + Gh d A

où dC est la matrice || dcrj || et Gk = || g)k II, i ^ k ^ m .


Chaque forme différentielle linéaire 0 à valeurs dans g définit
par la formule
H p = {5 6 TPS ; 0P (B) = 0 } , p 6 »,
un ehamp H de sous-espaces. Nous désignerons ce champ par le
symbole Ann 0 et nous lui donnerons le nom d'annulateur de la
forme 0.
On voit sans peine que Vannulateur H de chaque forme fondamentale
0 est un champ de sous-espaces horizontaux. En effet, soient 01, . . ., 0n
les coordonnées de 0 dans une base elf . . ., en de l’espace T*,$. La
formule (1) entraîne de suite que quels que soient les nombres clt . . .
. . cn, la valeur de la forme c(0f sur le champ vectoriel A# este (A),
où c est un covecteur sur Te& à coefficients clt . . ., cn dans la base
e1, . . ., en. Si l’on a CjOp = 0 en un point p 6 S» alors c (A) = 0
pour tout vecteur A 6 T ^ , donc c = 0, i.e. cl = 0, . . ., cn = 0 .
Ainsi, les formes 01, . . ., 0n sont linéairement indépendantes en tous les
points p 6 <£. Puisque Ann 0 est évidemment égal à Ann (0l , . . ., 0n),
cela prouve l’égalité
dim Hp = m
pour tout point p 6 S- D’aucre part, on a (conformément à (1) et si B
est un vecteur vertical quelconque en un point p 6 $) :
0P (B) = A t
avec A un vecteur de Te(3 tel que A f = 5 . Si B 6 Hp> on a donc
A = 0 et, partant, 5 = 0. Ainsi,
TPcFs nffp =
ce qui implique Tp 8 = Tpj f b © Hp (puisque dim Hp= m —
= dim Tpg — dim Tp^ b ). Par conséquent , H est un champ de sous-
espaces horizontaux.
Inversement, tout champ H de sous-espaces horizontaux est Vannula­
teur de la forme fondamentale 0 unique à valeurs dans g. En effet
CONNEXIONS SUH UN FIBRE PHI NI I l'AI. DIFFERENTIABLE 257

siH — Aon 6 et que 0 soit fondamentale, on a eu chaque point p Ç g


pour tout vecteur B Ç Tpg :
(3) 0p (#) = A •
A étant un vecteur de Teg tel que Ap = B v . Ainsi, 0 est unique.
Afin de démontrer l’existence, on définit 0 sur % par la formule (3).
Vu que (i4p)v = Ap pour tout A Ç Te$ 4 la forme est fondamen­
tale. De plus, 0P (fl) = 0 si et seulement si B v = 0, i.e. si fl 6
£ flp. Donc, H = Ann 0. □

* * *
L’action du groupe ÿ sur la variété S étant différentiable, l ’ap­
plication
fia : St p ^ Pa, p 6 S t
ost un difféomorphisme pour tout a Ç
Comme dans le cas des fibrés des repères, nous dirons que le champ
H de sous-espaces horizontaux défini sur S est équivariant si
(4) (dAa)p//p = Hpa
pour tout point p Ç S et tout a Ç ÿ (cf. formule (8) de la leçon 16).
Nous appellerons une fois de plus connexion un champ équivariant
différentiable de sous-espaces horizontaux. (Cf. définition 1 de la
leçon 16.)
Problème 1. Montrer que le champ H de sous-espaces horizontaux est équi­
variant (est une connexion) si et seufement si l ’on a pour tout vecteur B £
6 Tpg et tout a g $ l ’une des égalités
[(d/?a)pfl]V = (dfla)p B\, l(dfl0)pB)" = (d/ïa)p B h
(donc les deux).
On rappelle (voir leçon 14) que chaque élément a du groupe de
Lie $ définit l’application linéaire
Ad a : 9, 9 = TJ§t
qui n’est autre que la différentielle au point e de l ’automorphisme
intérieur
int0 : &-*■ x *-* axa'1, x Ç
Exemple 2. Pour toute matrice X Ç GL (n ; R), l’automorphisme
intx : A *-* X A X '1 est linéaire par rapport à A. Aussi, sa diffé­
rentielle coïncide avec lui-même, si bien que
(Ad X) C = X C X -1
pour toute matrice C de g( (n ; ft) = Matn (fl).
zoo 17

Une forme linéaire différentielle 0 sur % à valeur dans g est dite


équivariante si
/ije = (Ad a-1) 0
pour tout élément o Ç ÿ , i.e. si Ton a en chaque point p 6 S pour tout
vecteur B Ç Tpg :
0Pa ((d/?a)pZ?) = (Ad a-1) (0P (B)).
Exemple 3. La forme (2) prend en p de coordonnées (C, x) sur
B = (A, u) la valeur C~lA + Gkuh>avec Gh = Gk (C, x). Aussi» la
matrice (Ad X"1) (0P (B)) est égale à X~l (C~lA -j- Gh ((A, x) uh))X
pour toute X £ GL (n ; R) (voir exemple 2). D’autre part.
(d/?-Y)p B = (AX, u) (voir problème 5 de la leçon 16), donc
0Px ((d/?*)p B) = (C X)-'AX + Gh (C X, x) u*
(on rappelle que le point \}X a les coordonnées (C X, x)). Par consé­
quent, la forme (2) est équivariante si et seulement si
X~lC~lA X + X~'Gh (C, x) X uh = X -'C '1 A X + Gh (C X, x) uhy
i.e. si et seulement si
X-'Gn (C, x) X = Gh (1CX, x), 1< w,
pour toute matrice X et toute matrice C do GL (n\ Jt) (et x quel­
conque). Mais on voit aisément (le prouver 1) que les matrices Gk
vérifient cette condition si et seulement si
Gk (C, x) = C^TkC, 1< m,
= Th (x) étant des matrices dépendant de x seul (i.e. elles ont pour
éléments des fonctions du voisinage de coordonnées Ucz # ). Cela
démontre que les formes fondamentales équiuariantes sur les fibrés des
repères s'écrivent sur chaque voisinage de coordonnées %v
0 = C-1 d C + C~l<ùC,
avec (o = r^ds* une matrice des formes linéaires sur U.
On note qu'il s'agit précisément des formes (12) de la leçon 16
qui définissent les connexions sur les fibrés des repères. La coïnci­
dence n'est pas fortuite. En effet, on montre sans peine que Y annula-
teur H = Ann 0 d'une forme fondamentale 0 est êquivariant (est une
connexion) si et seulement s'il en est de même de 0. En effet, si H est
êquivariant, on a pour tout vecteur B £ Tpg et tout a Ç &
l(dBa)pB}y = (dA0)p Bv
(voir problème 1). D’autre part, on a par définition
0pa ((d/?o)p B) = A t
PROJECTEURS JNDUITS PAR LES CONNEXIONS 259

où A est un vecteur do tel que i4pa = [(di?0)p B \v . Donc


^?o = (dflo)P£ v = (dfla) p ^
où A de Tgtf présente la propriété: /ijf = B v .
Problème 2. Démontrer que si
 * = ( d R a) , A f ,
alors À = (Ad a~l) A. [Indication. Par définition, (d /p )^ =
où /p • x ►px, x Ç Aussi, (d/pa)e A = A ^ = (dfia)p/ljf =
= (dfia)p (d/p)eA, i.e. (d;pa)eA = d (fia o / p) ^ . D’autre part,
/pa ° î n t a-i = R a ° 7p*J
Comme 0P (fi) = A, il en résulte l’égalité
0Pa ((dfio)çB) = (Ad a”1) (0P (5)),
i.e. l’équivariance de la forme 0.
Inversement, si 0 est équivariante et 0P (fi) = 0, alors
9pa ((dfio)p B) = (Ad a ”1) (0p (fi)) = 0,
donc (dfia)pfi 6 f ipa, ce qui prouve l’inclusion (dfia)p Zfp c: / / pa. Si
Ton remplace p par pa et a par a*"1, on a l’inclusion do sens contraire.
Par conséquent, le champ H est équivariant. □
En résumé, on a la
Proposition 1. Il existe une correspondance biunivoque canonique
entre les connexions* H sur le c$ -fibré principal %et les formes fondamen­
tales équivalantes 0 sur la variété % à valeurs dans g. Ce faisant, il
correspond à 0 la connexion H = Ann 0 et à la connexion H la for­
me (3). □
Définition 2. La forme 0 s’appelle forme de connexion H.
On donne des fois le nom de connexion à 0 et non au champ IL
Ainsi, les connexions sont définies sur les fibrés principaux diffé­
rentiables en tant que champs do sous-espaces horizontaux et en tant
que formes différentielles linéaires à valeurs dans g.
* * *
Los connexions se prêtent à d’autres définitions. Chaque connexion
H sur un fibré principal différentiable | = (g, jt, $9) définit,
par exemple, dans l’espace vectoriel des champs vectoriels
différentiables sur $ l’opérateur linéaire
H: *% -> a g ,
qui fait correspondre au champ vectoriel X Ç a% sa composante
horizontale X n . Cet opérateur
zou LEÇON 17

a) est un projecteur (i.e.


H2 = H) ;
b) commute avec tous les opérateurs de la forme /?Ü (i.e.
R* o H = H o R*) ;
c) annule tous les champs vectoriels vorticaux: si le champ X
est vertical, alors HX = 0.
Problème 3. Montrer que tout opérateur H muni des propriétés a), b) et c)
est engendré par une connexion unique.
Ainsi, on identifie les connexions sur | à ces opérateurs.
On procède de même en ce qui concerne les connexions sur un fibre
vectoriel £ à condition de remplacer b) par la condition qui veu que
H dépende linéairement (au sens évident) des coordonnées dans la
fibre.
* * *
Un champ vectoriel Y Ç a<£ tel que Y H = Y, i.e. Y p £ //p
pour tout point p 6 S, est dit horizontal. Tous les champs horizon­
taux forment le sous-espace Im H de l’espace vectoriel a
Sur le sous-espace Hv, l’application
(djr)p :'T p8-> T b# \ b = n (p),
est un isomorphisme, si bien qu’il existe sur la variété S pour tout
champ vectoriel X £ a$ un champ vectoriel horizontal X tel que
(djrJpXp = Xnm P°ur fout point p 6 g.
X est le‘relèvement horizontal du champ X .
Problème 4. Démontrer que le champ X est différentiable dès
qu'il en est de même de X . [Indication. Construire un champ différen­
tiable Y Ç ag tel que (drr)p (Fp) = X ^ (P) en tout point p Ç g,
puis appliquer l’opérateur H.]
Ainsi, la correspondance X ^ X est l’application (manifestement
monomorphe et linéaire) a§ qui plonge a$? dans Im H.
Problème 5. Démontrer que le champ horizontal Y £ a$ est le
relèvement horizontal X d'un champ X £ a # si et seulement si
R IY = Y
pour tout a Ç
Problème 6. Démontrer que pour tout vecteur horizontal A Ç
€ TPS, il existe un champ X £ a& tel que
X p = A.
CONNEXIONS SUR LES FIBRES ASSOCIES 261

Problème 7. Démontrer que


\ k 7 y \ = \ x , ÿ \h
quels que soient les champs X , Y 6 o38.
Proposition 2. Quels que soient l'élément A Ç g et le champ hori­
zontal Y 6 ag, le champ [/!#, Y] est horizontal. Si Y = X , alors
[A* y Y ) = 0.
D é m o n s t r a t i o n. Conformément à la formule (21) de la
leçon 16,
M* n = lim .

Mais il est clair que si Y est horizontal, le champ HqY l’est égale­
ment pour n’importe quel a Ç $ . Aussi, iî?Xp«A Y — Y est hori­
zontal, d’où la meme propriété de [A#, Y).
Dans le cas où Y — X , on a Y = BïxpiAY, donc [A*, Y 1 =
-0 . □
* * *

Le passage des connexions sur un fibré des repères aux connexions


sur le fibré vectoriel correspondant (voir proposition 2 de la leçon 16)
se transpose au cas général.
Soient | = (g, jr, 38) un fibré principal différentiable quelcon­
que, & son groupe de Lie structural et $ une variété différentiable
sur laquelle # opère différentiablement. On définit (voir leçon 1) le
fibré associé \ [&] de fibre Les points de l’espace total ê de
1 W) sont par définition les orbites [p, de l’action naturelle de #
sur le produit direct g X
Problème 8. Démontrer que le fibré £ [ff] est différentiable et lo­
calement trivial en tant que fibré différentiable (il admet un atlas tri-
vialisant formé de trivialisations qui sont des difféomorphismes).
Démontrer de plus que l'application canonique de passage au quotient
g X 3F-*- S est différentiable.
Aussi, on parle, au cas de | \§ )%des vecteurs verticaux et des
champs de sous-espaces horizontaux.
On attache à un point y Ç $ quelconque l’application (manifeste­
ment différentiable)
(5)
définie par la formule
fy (P) = lp, ylÿ, P 6 3.
Problème 9. Démontrer que l'égalité
fv (p) = /* (q). p, q 6 S, y, ze ^ t
2 62 LEÇON 17

a lieu si et seulement s'il existe un élément a Ç $ tel que q = pa et


y = az.
En déduire que pour toute connexion H sur la formule
(6) H p = (d/v)pffp, p == / y (p), p € <$, y
définit bien sur <§ un champ H : p IIp de sous-espaces horizontaux.
[Cf. leçon 16, démonstration de la proposition 2.)
Les champs de la forme (6) sont les connexions sur | [^1. Si
& = GL (n ; R) et $ = Rn, cette définition cadre (voir proposé
tion 2 de la leçon 16) avec la définition primitive des connexions sur
les fibrés vectoriels (définition 3 de la leçon 10).
On voudrait bien caractériser les champs (6) en termes de \ [^1
sans recourir au fibre principal | (ce qu’on a justement fait dans la
leçon 10 pour les connexions sur les fibrés vectoriels). La chose est
possible si l’on utilise la (8?, ^-structure sur %[&} (voir leçon 9).
Que les lecteurs s’en occupent s’ils en ont le désir.
* * *
Un cas particulier important est celui où la fibre type If est l’es­
pace vectoriel ?" et le groupe & opère linéairement sur 7r , i.e. il
l ’agit de la représentation linéaire
a Aut T
do $ dans le groupe Aut ?T des automorphismes linéaires do TT.
Problème 10 (cf. exemple3 de la leçon 6). Démontrer que le fibré
associé £ [?r ] est dans ce cas un fibré vectoriel. On le note | [a] (et on
désigne par ? x f son espace total 8 X T ).
« ÿ
Lorsque $ = GL (/* ; iR) et que | est le fibré des repères du
fibré vectoriel g, on emploie la notation £ (<*] au lieu de f [al.
Si a = id, on a certes | [a] =
Problème 11. On suppose que la représentation
(7) a : GL (n; R)-> GL (n; R)
est définie par
cc (^4) = (^4T )-a. i l 6 GL( n ; R) .
Montrer que quel que soit le fibré vectoriel le fibré associé £ [al est
isomorphe à £* (g* étant un fibré vectoriel de fibres (ïFb)*, b Ç 3?;
voir problème 11 de la leçon 12). [Indication. L’isomorphisme £ [a]->
ç* établit la correspondance entre le point [p, y) de g X Jl71, où
a
P = (Pi, . . Pn) 6 S, et y = (ylt . . y n) 6 (faites attention
à la position des indices !), et le point q = yip{ de l’espace 8* =
= avec p lt . . ., p11 une base de l’espace vectoriel (fb)* =
= qui est la base duale de la base p lt . . ., p n de f l . ]
CONNEXIONS SUH LES FIBRES VECTORIELS ASSOCIÉS 263

Problème 12. (Généralisation du problème il.) Soit T un espace de ten­


seurs de type (r, s) sur l’espace vectoriel (qui sont des fonctionnelles multi­
linéaires de r vecteurs et s covecteurs; voir leçon II.6). On choisit une base
dans 'V*. Soit la représentation
a : GL (n; R) Aut ( 7 ^ )
qui établit une correspondance entre la matrice A £ GL (/i ; R) et l ’opérateur
linéaire a (>1) : défini par la formule
(a(A)S) (xl% . . . . xr, 5*, l*) = S ( A x u . . . . A xr, ( A ^ V (A*)“l £‘),
où A est l’opérateur ^ y® de matrice A . Montrer que pour tout fibré vectoriel 5,
Je fibré associé £ (a) est isomorphe au fibré (voir exemple 8 de la leçon 12).
Soit donnée, sur le fibré vectoriel £, la connexion H. Sur le
fibré principal des repères c-, il lui correspond la connexion II à la­
quelle est attachée sur g [al -- £ [a] une connexion II [al.
On définit H [a] lorsque a est la représentation (7), si bien que
l [al - 6*.
Pour chaque base s = (su . . sn) du module T (£|i/) sur le voisi­
nage de coordonnées U trivialisant pour £, il existe la base duale c =
~ (c1, . . c”) du module T (Ç*!*/), qui jouit de la propriété sui­
vante: les covecteurs cl (b), . . c11 (b) forment en tout point b £ U
une base de 7%, duale de la base s (b) = (sl (6), . . sn (b)) de
7 i ~ 7*- (Question. Pourquoi les sections c1, . . cn du fibré
î* 1^ sont-elles différentiables?) La base s (jointe à l ’application de
coordonnées U ->■ Rm) définit sur Pensemble rS v = U 7 b*
b £ U, les coordonnées a \ x*, où xh sont les coordonnées dans U du
point b = ji (p), et celles du vecteur p £ 7b dans la ba­
se s (ù). Quant à la base c, elle définit sur $Îj = U 7 î , b Ç £/, les
coordonnées a f, xk, les secondes étant celles de b = ji (g), g £
dans U et les premières les coordonnées du covecteur q £ 7b clans
la base c (b). On calcule en coordonnées a,-, xh les coefficients Cii
de //* = H la] à partir des coefficients cn coordonnées a', x* de
la connexion H .
Par définition, H = Ann (0l, . . 0”) sur U, avec
0i = da{+ dx*.
De même, H* = Ann (0lt . . un) sur U, avec
(8) 0i = rfai -f- Ciiüj d x \ i=l,
et le problème consiste à exprimer les fonctions Cl\ moyennant les
fonctions r^-.
Si l’on conserve les notations de la leçon 16, chaque point p =
= (Pi, . . p n) de l’espace $ s’écrit (A, x), où A est la matrice
||ai || des coordonnées dans la base s (b) des vecteurs p { £ 7b> 6 =
” * (P) (si bien que p* — a\sj (b) pour tout i = 1, . . ?i) et x est
la ligne (x1, . . ., xn) des coordonnées du point b. En particulier,
p0 = s (b) est de la forme (E, x), E étant la matrice unité.
264 LEÇON 17

Lo symbole analogue pour le vecteur

de l’espace Tpg est (C, u), avec C = || c) ||, 1 ^ i, n 9 et u ~


= (u1, . . un). En vertu des développements de la leçon 16 (voir en
particulier les formules (5) et (10) de la leçon mentionnée), une
condition nécessaire et suffisante pour que le vecteur (C, u) £ Tp<£
soit dans Hp, p = (A, x), est
C = - u hFht o ù ^ = | | r > j | | .
En particulier, les vecteurs (—Fu c,), . . . . (—Fm, em) constituent,
une base de / / p.
Quand p = p0, on on tire que
(9) ( - r „ e,). . . . , ( - r m, em), où r h = Il r i , u,
forment une base de l'espace / / p#.
Etant donné l ’identification du problème 7, l’application (5)
s’écrit dans ce cas
/y :*-► **, y = fol, . . -, 9n) 6 R".
Elle est définie par
/y (P) = Vtp\
où la base p \ 1 ^ ti, de F J est la duale de la base p de l’espace
Wb- H s’ensuit en particulier que le point /* (p0), a — (alt . . a„)
a les coordonnées at, x* (x* étant une fois de plus les coordonnées de
b - » (Po))-
Pour chaque point p 6 &t/. la différentielle (d/y)p en p de l'appli­
cation /y représente l’application linéaire Tp2S-> Tu8*, avec q =
= /y (p) = ViP*- Nous noterons par convention (c, u) (c = (clt . . .
. . c„), u = (u1, . . u")) le vecteur

Cl ( t 2 t ) , + u* { - £ r ) g
do l’espace T»S*.
Problème 13. Démontrer (cf. problème 5 de la leçon 16) que lors­
que p = (A, x), on a
(d/y)p (C, u) « ( - yA~' CA~\ u)
quel que soit le vecteur (C, u) 6 Tp<£. [Indication. 11 est bien connu
que d.4-1 = — A ' 1 àA A -1.]
Lorsque p0 = p et A — E, il en résulte que l’application (d/a)p,
transforme les composantes (9) d’une base de Hp, en les vecteurs
(M) (aly, ej), . . (a rm, em),
CONNEXIONS SUR LES FIBRES VECTORIELS ASSOCIÉS 265

i.i». pour un point q Ç r£ v de coordonnées a*,les vecteurs (10), où a =


^ («i, . . an) et Fk = || Tkj II, 1 ^ tn, constituent une base de
l'espace //$.
Puisque les formes (8) prennent les valeurs ajr{\ + C{{aj sur les
vecteurs (10) et que ces valeurs doivent être milles, il vient Cii =
- - T L i.e.
Q, = dal ~ r { ia}, i = 1, . . n.
Ce résultat prouve que la connexion II* coïncide avec la connexion
sur £* associée à la dérivation covariante V de la proposition 1 de la
leçon 12.
Problème 14, Montrer que les connexions associées aux dérivations cova­
riantes de la proposition 2 de la leçon 12 ne sont autres que les connexions H [al
pour la représentation a du problème 12. (Voir remarque 3 de la leçon 12.>

Ainsi, les deux approches des connexions sur Tü£ conduisent au


même résultat.
LEÇON 18

Transport parallèle le long d’une courbe. — Groupe d'holonomie et


sa composante de l’unité. — Lemine sur la décomposition des lacets
homotopes à zéro en produit de petits lassos. — Démonstration de la
connexité du groupe d’holonomie restreint. — Isomorphisme de
groupes d’holonomie en deux points distincts. — Dénombrabilité du
groupe fondamental. — Théorème de réduction. — Démonstration de
l’existence d’une connexion et des recouvrements trivialisations uni­
verselles. — Espace affine des connexions.

Analysons plus à fond les courbes horizontales introduites dans ln


leçon 11.
Soit £ = (#, n, 3S) un fibre vectoriel différentiable de rang n sur
une variété séparée différentiable m-dimensionnelle , et soit II
une connexion quelconque sur £. Soient ensuite u : /- > une courbe
différentiable de # d ’origine b0 £ 3?, et p 0 un point de la variété <£
tel qüe a {p0) = bQ. Il est connu depuis la leçon 11 qu’on trouve
dans 8 une courbe horizontale unique v:I-+ i?, relèvement de u,
qui commence en p 0. L’extrémité px de v est dans la fibre *Fbt au-des­
sus de l’extrémité bt de w, et la correspondance p0 p Y définit l’ap­
plication
(1) n u : JFb0 ->■ .3?bi
qui dépend do la courbe u seule.
Définition 1. L’application (1) constitue le transport parallèle
de la fibre sur la fibre le long de la courbe u. Si l’on s’en
tient à cette définition, on dit des fois du vecteur p x = n up 0de l’es­
pace vectoriel ïfbx qu’il est parallèle au vecteur p 0 le long de u.
On note que le vecteur v (t) Ç f U{t) est par définition parallèlo
à pQquel que soit* Ç I. On comprend désormais pourquoi la courbe u
est également appelée champ de vecteurs parallèles sur u(voir leçon 11).
Remarque 1. S’agissant des fibrés vectoriels arbitraires le trans­
port parallèle est à vrai dire un terme peu justifié. L’expression
« transport horizontal » ne qualifierait-elle mieux l’application n u?
On espère qu’à l’avenir on remédiera à cet état de choses, mais en
attendant, il faut s’en accomoder.
On suppose que le segment / = [a, 6) est partagé en deux segments
partiels I x = [a, c] et I 2 — le, b], On définit pour toute courbe (dif­
férentiable ou non) u : / - > £? les courbes = u |j, et u2 = u |/t.
Nous dirons de u qu’elle est composée de ui et i/2, ce qui se note u -
= uxu2. (C’est un cas spécial de la relation do composition pour les
chemins généralisés; voir leçon 3.)
L’égalité u = i/j . . . um, m > 2, admet une interprétation
analogue.
TRANSPORT PARALLÈLE LE LONG D’UNE COURBE 267

On conçoit que si une courbe d iffé ren tiab le u est composée de


deux courbes u{ et u2 (nécessairem ent d iffé ren tiab les), alors
(2) n u = nU| o n Ul, u = u xu 2

(c’est la même chose pour les facteurs en nombre quelconque).


Si u = ux . . . um et si nlf . . ., um sont différentiables, la cour­
be u est dite différentiable par morceaux (cf. leçon 3, définition d ’un
chemin différentiable par morceaux). On pose par définition pour ce u
(3) n u = rium o . . . o n Ul, u = ux ... u m.

Problème 1. Démontrer que la définition (3) est intrinsèque, i.e. que


l’application Ilu ne dépend pas de la décomposition de la courbe u en
produit de courbes différentiables ul% . . um. [Indication. La for­
mule (3) est juste pour u différentiable.]
Problème 2. Montrer la validité de (2) pour ul%u2 différentiables
par morceaux (et la justesse do (3) pour ux, . . ., um différentiables
par morceaux).
[Bien que nous n ’ayons en fait besoin que des courbes différen­
tiables, le fait d ’introduire la classe plus vaste de courbes différentia­
bles par morceaux simplifie sensiblement de nombreux raisonnements.
En effet, cela évite cette opération fastidieuse et pénible qu’est l'ar­
rondissement des angles.]
Nous dirons qu’une courbe u :I-> y9 est contenue dans la carte
(ü\ h) = (U, x1, . . ., xm) si u (£) 6 U pour tout t £ /. Cette courbe
est déterminée par les équations de la forme
d 1 = x* (£), 1 ^ k ^ m, / 6 I,
et son relèvement v : I-+- S (si l’on suppose qu’outre qu’il est un voi­
sinage de coordonnées, U est encore trivialisant) est défini de plus par
(4) a{ = a1 (t), 1^ n, t Ç /.
Ce faisant, si u (donc v) est différentiable, la courbe v est horizontale
si et seulement si
(5) à*(0 + rjh (x (t))a* (t)xh (t) = 0, 1 t$ I
(voir formules (3) de la leçon H).
Les équations (5) étant linéaires par rapport à a{ (t), l ’extrémité
(vecteur) px Ç §\}x du chemin v (repérée dans la fibre JFbx par les
coordonnées à4 (1), 1 ^ n) dépend linéairement de l’origine (vec­
teur) p0 Ç .Fb9 de v, ce qui veut dire que le transport parallèle IIU
est l'application linéaire .Fb,-* &bx-
Si tp : V -*■ I est une fonction différentiable monotone à dérivée
strictement positive (difféomorphisme conservant l’orientation) et
que v : /->• S soit une courbe horizontale arbitraire soumise aux con­
ditions (5), la courbe v o <p : / '- > <g obtenue par un changement de
208 LEÇON 18

paramètre est définie par a1 = a{ (9 (s)), æ* = æ* (<p (s)), s Ç / ', où


a< (9 (s))' + r j ft (x (<p (s))) ai (9 (s)) z* (9 (s))’ =
= 9 (s) W (t) + Tj* (x (0) ai (t) xk (t)),-V(., = 0,
et c’est donc un relèvement horizontal de la courbe u ° cp: /-->» SB due
à un changement de paramètre. Il en découle que tout paramétrage
de u : / - > SB conserve Vapplication Ilu.
Ainsi, on suppose par exemple, sans restreindre la généralité,
que / = / , avec / = [0, 1] (i.e. la courbe u est un chemin).
Si le difféomorphisme cp renverse l’orientation (en envoyant l’ori­
gine de r en l’extrémité de / et l ’extrémité de V en l’origine de /),
la courbe v o cp reste un relèvement horizontal de u o mais cette
dernière courbe joint le point bx au point b0 (et i; o cp joint px à p Q).
Aussi, n u est un isomorphisme (qui admet l ’application réciproque
rw .
Vu la compacité du segment /, toute courbe différentiable par
morceaux u s’écrit ux . . . um dont chaque facteur est différentiable
et contenu dans une carte. Uapplication IIU est donc en vertu de (3)
Visomorphisme },f b p o u r toute courbe différentiable par mor­
ceaux u.
On voit de plus qu’;7 existe pour toute courbe différentiable par mor­
ceaux u la formule
IIu-i = Ilü1,
où i r l désigne comme d'ordinaire la courbe parcourue dans le sens con­
traire.
* * *
Le cas particulièrement intéressant est celui où la courbe diffé­
rentiable par morceaux u est un lacet au point b0, i.e. le cas de bx =
= b0. L ’application IIU est en l ’occurrence un automorphisme de
l’espace vectoriel (opérateur linéaire non dégénéré), et
tous les automorphismes IÏU forment un sous-groupe = fl> (fc0) du
groupe Aut (i.e. un sous-groupe du groupe GL (n ; R) si l’on sup­
pose qu’une base est choisie dans S^).
On note que n u/?0 = Po €l seulement si le relèvement horizontal
v d'origine p 0 du lacet u est un lacet lui aussi.
Définition 2. Le sous-groupe O du groupe de Lie Aut f 0 (ou
GL (n ; R)) s’appelle groupe d'holonomie de la connexion H au
point b0.
Ce groupe ne dépend bien sûr que de la composante connexe con­
tenant b0 de la variété SB. Aussi, on suppose SS connexe sans nuire
à la généralité de l ’exposé.
On rappelle (voir définition 1 de la leçon 3) que deux lacets u0 : /-*-
SB et ux : /- * Si au point bQsont homotopes s’il existe une homotopie
GROUPE D'HOLONOMIE ET SA COMPOSANTE DE L’UNITÛ 269

qui les relie, i.c. s’il existe une application continue F : /*-*■ $1 pour
laquelle
F (t , 0) = u0 (t), F (t, 1) = Wj (t)
fl
F (0, t) = F (1, t) - 6,
quels que soient t, x £ l.
La formule
ux (t) = F (t, t), t Ç /,
définit pour tout t Ç / un lacet ux :I-*~ On dit des lacets uT,
x £ / , qu’ils constituent l’homotopie F , et on identifie souvent la
famille {aT} à F.
On a vu dans la leçon 3 que la relation d ’homotopie des lacets est
une relation d ’équivalence.
Une homotopie F est différentiable si c’est une application diffé­
rentiable / 2-> y?, et elle est différentiable par morceaux s ’il existe
une subdivision du carré P en des rectangles / ' X / ' c= J, / " c=
cz /, sur chacun desquels ^ est différentiable. Les lacets reliés par
une homotopie différentiable (resp. différentiable par morceaux)
sont différentiablement (resp. différentiablement par morceaux) homo-
topes.
Problème 3. Démontrer que si deux lacets différentiables (resp. différentiables
par morceaux) u0 et sont homotopes, ils le sont différentiablement (resp. diffé­
rentiablement par morceaux). [Indication. Utiliser le théorème de Weierstrass sur
l 'approximation des fonctions continues par les polynômes. Cf. proposition 2
de la leçon II I.26.]
Un lacet u est homotope à zéro s’il existe une homotopie F qui
relie u au lacet constant et>9 : t b0. Conformément au problème 3,
F est différentiable par morceaux si u l’est.
Il est clair (voir leçon 3) que le lacet opposé à un lacet homotope
à zéro est homotope à zéro, ainsique tout lacet composé de lacets ayant
cette propriété. Il en résulte que les applications IIUassociées aux lacets
u homotopes à zéro constituent le sous-groupe du groupe ®. s’ap­
pelle groupe d'holonomie restreint de la connexion H au point b0.
Proposition 1. Le groupe® possédé une structure naturelle de groupe
de Lie par rapport à laquelle il est un sous-groupe de Lie du groupe de
Lie Aut -fQet le groupe® e est la composante de Vunité de O. Si la va­
riété % vérifie le deuxième axiome de dénombrabilité, cette structure
différentiable sur O est la plus faible (donc unique).
D é m o n s t r a t i o n . On démontrera plus bas le
Lemnie 1. On relie chaque élément a = n u du groupe ® e à Vunité
par un chemin différentiable du groupe de Lie Aut qui est entière­
ment dans O e.
270 LEÇON 18

Remarque 2. Les lacets ux constituant l’homotopie F qui relie


le lacet u à un lacet constant définissent un chemin de :
(6 ) fl** : t ► 1 Iu T, t f /.

Ce chemin joint l’élément a à l’application identique (unité de <!>,).


On a donc le lemme sous la condition suffisante que Vapplication fl/»
soit pour F différentiable un chemin différentiable de Aut ff Mais
cette façon d ’agir a beau être naturelle, elle se heurte à certaines dif­
ficultés, si bien qu’on construira un chemin IIF (en fait le même)
par un autre procédé qui en assure trivialement la différentiabilité.
Le lemme 1 signifie que le sous-groupe O e satisfait aux conditions
de la proposition 2 de là leçon 15. Selon cette proposition, il est donc
muni de la topologie la plus faible qui en fait un sous-groupe de Lie
connexe du groupe de Lie Aut &0. Aussi, O est un sous-groupe de Lie
avec O c pour composante de l’unité par rapport à la structure diffé­
rentiable pour laquelle toutes les classes sont les composantes
connexes (voir démonstration du théorème 2 de la leçon 15). Ainsi,
on a la première affirmation de la proposition 1.
En vertu du théorème mentionné, il suffit de démontrer, pour avoir
la seconde affirmation, que si la variété SS vérifie le deuxième axio­
me de dénombrabilité, le groupe quotient O!Q>e est dénombrable (on fini).
Soit n1 (SSy b0) le groupe fondamental de SS au point ù0. Le pro­
blème 3 entraîne que chaque élément a Ç n x {9?, b0) contient un lacet
différentiable par morceaux u (i.e. a = [z*]). n u correspondant du
groupe O est défini à un élément de près, si bien que a [IIU).
[ n j étant la classe do IIU suivant <I>e, définit parfaitement une
application
(7) M t f , b0)
Lemme 2. Pour toute variété connexe SS vérifiant le deuxième axio­
me de dénombrabilité (et pour tout point b0 £ SS)} le groupe ji1 (SS%b0)
est au plus dénombrable.
Comme (7) est évidemment un épimorphisme, cela achève la dé­
monstration de la proposition 1. □

* * *

On a besoin, pour démontrer le lemme 1, de l’information supplé­


mentaire sur les lacets en général et, en particulier, sur les lacets
homotopes à zéro.
Un voisinage de coordonnées U de la variété SS est dite sphérique
s’il est difféomorphe à une boule ouverte do l’espace Rm. Les voisi­
nages sphériques constituent, c’est clair, une base des ouverts de .
Un lasso à lacet v est par définition un lacet wvw~l en 60, où w est
un chemin d ’origine b0 et v un lacet en bu extrémité de w.
LEA1ME SUR LA DÉCOMPOSITION DBS LACETS HOMOTOPES A ZÉRO 2 7 î.

Un lacet u entièrement dans un voisinage sphérique est petit et


on appelle petit un lasso wvur1 avec v petit.
La connexité simple des boules (voir leçon 3) fait que chaque
petit lacet est homotope à zéro, si bien qu’il en est de même de tout
petit lasso.
Le lacet ulvv~lu2 est le résultat d’une transformation élémentaire
du lacet ulu2. Deux lacets sont dits combinatoirement équivalents si
l’un s’obtient à partir de l’autre par un nombre-fini de transformations
élémentaires et de leurs inverses. (Autrement dit, on adjoint et
on supprime les termes en mit1.)
Puisque FL-i = If^1, les lacets combinatoirement équivalents
définissent un même élément n u du groupe O.
Soit, dans le plan Jt2, le carré Qy de sommets aux points (0, 0),
(0, 2iV), (2a , 0) et (2a , 2n). Les droites parallèles aux axes parta­
gent Qy en 22N carrés d ’aire unité. La frontière de chaque carré
partiel parcourue dans le sens contraire aux aiguilles d ’une montre
plus une ligne brisée joignant le sommet (0, 0) de Qy à un sommet
du carré considéré définissent un lasso de QN dont nous dirons qu’il
est élémentaire.
Soit qN le lacet en (0, 0) obtenu quand on parcourt la frontière*
de Qy dans le sens contraire aux aiguilles d’une montre.
Lemine 3. Le lacet qs est combinatoirement équivalent au produit
de lassos élémentaires.
D é m o n s t r a t i o n . Si N = 1, le lacet qx est la ligne brisée
J 2 3 6 9 8 7 4 1, où 1 est le point (0, 0) et 2 le point (I, 0) (voir
(fig. 4) et il est combinatoirement équivalent au produit de lassos élé­
mentaires
1 2 5 4 1, 1 4 5 2 3 6 5 4 1,
{8) 1 4 5 6 9 8 5 4 1, 1 4 5 8 7 4 1.
[Le lacet 1 2 5 4 1 n ’est pas un lasso proprement dit, car le chemin ur
n ’y figure pas. On en fait un lasso par l’adjonction du chemin 1 2 1.1
Supposons le lemme prouvé pour g,y-i* L ’homothétie de rapport
2lV" 1applique le carré Qx sur le carré Qy et envoie les carrés unités
formant Qx en quatre cariés de côté 2N~{ formant Qy. Aussi, le lacet
qy est combinatoirement équivalent au produit de quatre lassos
homothétiques aux lassos (8) (on vient de le prouver). D’autre part,
les lacets cîe ceux-ci sont combinatoirement équivalents par hypothè­
se de récurrence au produit de lassos élémentaires (partant des points
correspondants d eÇ <v).O r, si le lacet u du lasso wuw~l est combina­
toirement équivalent au produit de lacets uu . . ., un, alorswuw~L
l’est automatiquement au produit de lacets
(9) ju r1, . . ., wunw~l ,
272 LEÇON 18

7 8 9

4 5 6

t 2 3
Lacet q1

Fig. 4f

et si ul% . . un sont autant de lassos élémentaires (à l ’extrémité du


chemin w), les lacets (9) en sont d ’autres (à l ’origine de w). Cela prou­
ve manifestement le lemme 3. □
Corollaire 1. Chaque lacet u homotope à zéro de la variété SS est
combinatoirement équivalent au produit de petits lassos.
D é m o n s t r a t i o n . On suppose sans restreindre la généra­
lité que l ’homotopie F reliant le lacet u à un lacet constant est une
application SS, N étant un nombre quelconque donné à l’avan­
ce. Si N est suffisamment important, chaque carré unité partiel de
Q n est appliqué par F dans un voisinage sphérique de SS, si bien que
chaque lasso élémentaire est envoyé en un lasso petit de 9S. D’autre
part F envoie par hypothèse le lacet frontière qN en un lacet produit
de u et d ’un lacet constant, qui est par conséquent combinatoire­
ment équivalent à u. Ainsi, le lacet u est combinatoirement équiva­
lent par le lemme 3 au produit de petits lassos. □

* * *
Le corollaire 1 implique que tout élément du groupe O e est pro­
duit d ’éléments IIUassociés aux petits lassos u. Il suffit donc de
démontrer le lemme 1 pour ces n„.
On affaiblit cette condition.
DÉMONSTRATION DE LA CONNEXITÉ DU GROUPE D’HOLONOMIE 273

Soient b0 et bl deux points de Si reliés par le chemin w. Chaque


lacet Mi en bx définit le lacet (lasso) mujur1 en 60, et chaque lacet u0
en b0 définit le lacet u t 1m0m; en 6lf et ces correspondances sont réci­
proquement inverses à l’équivalence combinatoire près. Aussi, elles
induisent l’isomorphisme du groupe d ’holonomie O (bx) en bx sur le
groupe d’holonomie O (60) en b0. Plus précisément, si l’on choisit des
bases dans les espaces ^6, et f bl et qu’on considère en conséquence
les groupes O (b0) et O (bx) comme sous-groupes du groupe GL (n ; ïl)
cet isomorphisme est, on le voit aisément, l’application identique
dans l’hypothèse où la base de $ bx est obtenue à partir de celle de jT
par le transport parallèle le long du chemin uk Si un élément du
groupe (&i) (associé, disons, au lacet u) est joint à l ’unité par un
chemin différentiable (dans Aut f f bl) tout entier dans O (fc1)t l'élé­
ment correspondant du groupe O (60) (associé au lasso à lacet u)
est donc relié à l’unité par un chemin différentiable (dans Aut f bJ
contenu dans d* (b0).
Par conséquent, il suffit de démontrer le lemme 1 pour a = flu
associés aux petits lacets u (entièrement dans un voisinage sphéri­
que U du point 60).
Ces éléments sont susceptibles de la construction de la remarque 2.
D é m o n s t r a t i o n du lemme 1. On vient de démontrer que
le lacet u peut être supposé (sans que cela nuise à la généralité) con­
tenu tout entier dans un voisinage sphérique trivialisant U.
Soient x* — x* (£), 0 ^ f ^ l , & = l, . . . , m, les équations para­
métriques en coordonnées locales centrées en b0 du lacet m , auquel cas
les formules
(1 0 ) x* = t x* (f), 0 ^ .t, 1^ À: ^ m,
définissent l’horootopie qui relie le lacet constant er: bQ
au lacet m . Les lacets ux correspondants sont donc définis par (10)
(avec t constant), et ils se relèvent par conséquent en les courbes (et
non en les lacets!) vx : I-+ # avec les équations paramétriques (10)
et a{ = a* (/), (0 étant les solutions de
a\(t) + xYij (tx(t))a U t)xh(t) = 0, i = i,
Or, on connaît un théorème du cours d’équations différentielles qui
dit que leurs solutions dépendent différentiablement du paramètre,
si bien que a\ (t) dépendent différentiablement de t (avec les condi­
tions initiales données a{x (0) = aj). C’est vrai en particulier pour les
valeurs à l’extrémité a\ (1).
D’autre part, si a0* sont les coordonnées du point p 0 Ç ^ 0, les
nombres a* (1) sont par définition les coordonnées de I1Ut (p 0). Ce
dernier point dépend donc différentiablement de t , i.e. il y a diffé­
rentiabilité de l’application <F0 X définie par (p 0, t )
274 LBÇON 18

wr n Ux (p0). Dans ce cas, on établit aisément (voir lemme 1 de la


leçon 6) qu’il on est de même pour l'application x IlUx de / dans
Aut .F 0ï i.e. le chemin (G) est différentiable. □
* * *
Nous signalons qu'au cours de la démonstration du lemme 1,
nous avons de plus prouvé que dans l’hypothèse de S8 connexe, les
groupes d’holonomie O (fc0) et O (i^) en bQi bv Ç SS distincts sont
isomorphes. L’isomorphisme O (fej-* O [b0) dépend du chemin w
joignant b0 à fe4, et il est défini par la correspondance u >-►w~1 uw.
Si l’on choisit des bases de Fbi (si bien qu’on regarde les grou­
pes O (60), (D (bx) comme sous-groupes du groupe GL (n ; 31)) et
que la base de Fbv s’obtienne de celle de Fb* par transport parallèle
le long du chemin w, cet isomorphisme est l ’identité. Aussi est-il en
tout cas l’application différentiable O O (60) (on rappelle
que chaque (I) (b) possède la structure différentiable la plus faible),
donc un difféomorphisme. Ainsi, on a prouvé que les groupes d'holo­
nomie O (b0) et (bx) en b0, bx Ç SS distincts sont isomorphes en tant
que groupes de Lie.
* * *
Passons au lemme 2.
Soit 3} une variété différentiable quelconque qui vérifie le deuxiè­
me axiome de dénombrabilité, et soit b0 6 S S .
Problème 4. Montrer que SS remplit le deuxième axiome de dénom­
brabilité si et seulement si elle admet un recouvrement ouvert dé­
nombrable {£/j} formé de voisinages sphériques Ut.
On rappelle qu’un sous-ensemble C d’un espace topologiquo .3? est
partout dense (dans SS) si C = $ .
Problème 5. Montrer que toute variété SS vérifiant le deuxième
axiome de dénombrabilité contient un sous-ensemble dénombrable partout
dense C. 1Indication. Poser C = [jCi, avec C* un sous-ensemble
de Ui (voir problème 4) formé de points repérés par les coordonnées
rationnelles. 1
On peut estimer sans restreindre la généralité que C contient le
point b0.
On fixe une fois pour toutes l’atlas dénombrable {{Uh h()} et le
sous-ensemble C et on dit qu’un chemin u de SS est élémentaire si
a) son origine et son extrémité sont dans C\
b) le chemin u est entièrement dans un voisinage Ut \
c) le chemin ht o u de l’espace 3lm est un segment rectiligne
(paramétré de façon naturelle).
Faute de mieux, un chemin composé de chemins élémentaires sera
dit spécial.
DÊNOMBRABILJTÊ DU GROUPE FONDAMENTAL 275

La dénombrabilité de l’ensemble de tous les chemins spéciaux tom­


be sous le sens. Aussi, il suffit de démontrer (pour avoir le résultat
ju lemme 2) que chaque lacet en bQ£ 99 est homotope à un lacet spé­
cialf.
La démonstration de cette affirmation doit être précédée d ’une
généralisation de la notion d’homotopie des chemins.
Nous dirons d’une application continue arbitraire F :P-+-y9 du
carré P dans une variété (ou, plus généralement, dans un espace
(opologique) .99 qu’elle est une homotopie avec origine et extrémité
libres. S’agissant d’une telle homotopie, les formules
u0 (t) = F (t, 0), iii (t) = F (/, 1), t Ç /,
(t) = F (0, t), i\ (t) = F (l, t), t Ç /,
définissent quatre chemins
Mo. Mlf i’o, ox : / - > .# .
Nous dirons que Vhomotopie F relie le chemin u0 au chemin pour le
chemin initial v0 et le chemin terminal vx.
On note que
u0 (0) = v0 (0), y0 (l) = «i(0),
^ « « ( l ) = ^i ( 0 ) , y1 ( l) = u l (l).

Les homotopies au sens de la définition 1 de la leçon 3 sont préci­


sément les homotopies F avec v0 et vx constants.
Lemme 4. Un espace topologique connexe par arcs 99 est simplement
connexe si et seulement si pour n'importe quels chemins u0i v0, vx £ 99
vérifiant les relations (11), il existe une homotopie F qui relie u0 à ut
pour le chemin initial v0 et le chemin terminal vx.
D é m o n s t r a t i o n . La connexité simplo de iS? signifie par
définition qu’on trouve pour tout lacet u une homotopie F telle
que u0= u et les chemins ux, v0 et vl soient constants. Par conséquent,
l’hypothèse du lemme suffit pour que .99 soit simplement connexe.
On montre qu’il s’agit d’une condition nécessaire.
Soient, dans un espace simplement connexe .99, les chemins u0>
Un vi satisfaisant aux conditions (11). La formule
©
H

«o(0 si
II

II, (0 si T = 1,
/(*. *) = i-'o(t) si ( = 0,
vl (t) si t= 1
définit bien une application continue f:d P -+ 9 9 de la frontière dP
du carré P dans .99, et le problème consiste à prolonger / à tout le
carré P , i.e. on doit construire une application F \P~+ §9 telle
que F Uj> = /.
276 L.fc/*Utt 10

Problème 6. Construire une application continue tp :/2->- / 2 qui


1° est un homéomorphisme de l’intérieur de / 2 sur lui-même;
2° applique le côté supérieur / X 1 de I 2 sur la frontière d ll ;
3° envoie les côtés restants de / 2 en le point (0, 0).
Soit g l’application d l2~+ qui est la composée de cp (plus pré­
cisément de sa restriction cp |ô/*) et de l’application /. Elle définit
sur tous les côtés de / 2, sauf le côté supérieur, des chemins constants
et, sur / X 1, un lacet qui est (à un changement de paramètre près
en général) le produit des chemins u0, vi* uV et v
L’espace étant simplement connexe, le dernier lacet est homo-
tope à zéro, si bien qu’on a l’homotopie G: I 2-*- .$?, avec G \d£t =
= g (qui prolonge l'application g). Comme les côtés de / 2, envoyés
en un point par cp le sont également par G, il existe une application
(manifestement continue et unique) F : / 2-> # telle que G = F o <p.
Dans ce cas, g = (F|ai«) ° <p. d’où F \dn = / par suite de l’égalité
g = / ° <p» ce qui achève la démonstration du lemme 4. □
Corollaire 1. Un espace topologique connexe par arcs % est simple­
ment connexe si et seulement si tous les chemins reliant un point 60
quelconque de $} a un point bl quelconque de 2? sont homotopes.

Problème 7. Déduire ce corollaire des propriétés algébriques de la multi­


plication des classes d’homotopie (voir leçon 3).

Dans la leçon 3, on a introduit les opérations de multiplication


des homotopies par rapport au premier ou au deuxième argument (voir
formules (2) et (3) de la leçon citée). Ces opérations ont visiblement
un sens (sous des conditions adéquates) pour les homotopies avec
origine et extrémité libres. En particulier, le produit FG de deux
homotopies par rapport au deuxième argument est défini si et seule­
ment si le chemin terminal de F coïncide avec le chemin initial de G,
auquel cas FG est une homotopie dont le chemin initial est celui de F
et dont le chemin terminal est celui de G.
Fort de ces résultats, on passe directement à la
D é m o n s t r a t i o n du lemme 2. Soit u un lacet quelconque
do SI au point 60. Il faut démontrer que u est homotope à un lacet
spécial.
Le caractère compact du segment / fait qu’il existe dans l ’atlas
dénombrable donné de j? un système fini de cartes (t/,-, /**), 1 ^
^ N> tel que le lacet u s’écrive ux . . . u lV, où le chemin ut est tout
entier, pour tout i = 1, . . ., N . dans le voisinage sphérique Ut.
Soit bi_x l’origine de uf dont l’extrémité est donc b(. (Ainsi = b0.)
Comme bt Ç Ut fl £^/ +i pour tout i =■ 1, . . ., N — 1 et C est
un ensemble partout dense, on trouve pour tout / = —1
un point c( Ç C appartenant à la composante connexe par arcs de
Ux f) Ui+1 qui contient bt. (Si i = 0 et i = Ar, on exige de plus que
co — cn ~ b0.)
Soit vt un chemin quelconque de Ut f) Ui+l qui joint b( à c/t
{Si i = 0 et i = N, on assimile vt au chemin constant en b0.)
Puisquo Cf.j, ct Ç Uiy i = 1, . . ., A, on définit dans Ui le che­
min élémentaire wt joignant c(„x à ct.
Quel que soit i = 1, . . jV, les chemins uit v( sont
entièrement dans l’ensemble simplement connexe t/* et vérifient
évidemment les conditions du lemme 4. Aussi, il existe par ce lem-
me (dans Uiy donc dans 98) une homotopie Ft qui relie ut à Wi pour
je chemin initial Vi_x et le chemin terminal viy auquel cas l’homoto-
pie Fi . . . F •y est définie, elle relie le lacet u = ux . . . u N au
lacet spécial w = wx . . . wN et constitue (en raison du choix des
chemins v0 et vy ) une homotopie avec origine et extrémité fixes.
Ainsi, le lacet u est homotope au lacet spécial w. □

* * *
Le rôle que les groupes d’holonomie jouent en théorie des fibrés
vectoriels est déterminé pour beaucoup par le
Théorème 1. (Théorème de réduction.) Tout fibré vectoriel g =
= (<£, 7i, 98) admettant une connexion à groupe d'holonomie O est ré­
ductible au groupe O {considéré comme un sous-groupe de GL (n; 01)).
D é m o n s t r a t i o n . Soit U un voisinage sphérique quelcon­
que dans la variété 58 y et soient bu son centre, et pu une base de
l’espace vectoriel 3rbu- On désigne par w b £ U quelconque, le
chemin élémentaire de U qui joint bv à 6, par Ü6 le transport pa­
rallèle correspondant fFbu-*<Fb et par s (b) = (sx (6), . . ., sn (b))
la base Uppv de l’espace vectoriel b £ U (si bien que s (bu) =
= PL')-
Problème 8. Démontrer que la base s (b) dépend différentiable-
ment de 6, i.e. que les sections st : b s( (6), i = 1, . . ., n y appar­
tiennent à T (£ If/) (et constituent donc une base de ce FC/-module).
Il s’ensuit que la formule
<Pi (6, a) = a% (6), b £ U, a = (a1, . . ., an) 6 Rn,
définit une trivialisation différentiable
(12) cp: C/ xRn - . ^
du fibré £ au-dessus de U. [On souligne la dépendance de cette tri"
vialisation vis-à-vis du choix de p17.]
Si l’on veut employer un procédé uniforme pour choisir les ba­
ses pu pour tous les voisinages U, on doit se rappeler qu’on a fixé
dans 98 un point b0 (par rapport auquel on définit le groupe d’holo­
nomie ®). On en tient compte et on prend dans l’espace vectoriel
.F 0 = une base p0 quelconque (et on définit par là même le
groupe O en tant que sous-groupe du groupe GL (/i ; R)). On choisit
3 3« k . 580
4/0 LEÇON 18

pour chaque voisinage do coordonnées sphérique U un chemin vv ç


£ SS reliant le point b0 au centre bu de U et on adopte en qualité
do pü le résultat I lop0 du transport parallèle de p0 le long du che­
min v = vu.
Ainsi, on a construit une trivialisation (12) au-dessus de chaque
voisinage sphérique U de £?, i.e. on a obtenu un atlas trivialisant
du fibre £. [Cet atlas ne dépend que de la base p0 de f 0 et des che­
mins vv joignant b0 aux centres bu des voisinages U.]
Soient Ux et U2 deux voisinages sphériques, Ux f| U2 =?*= 0 t
q>i et <}>2 deux trivialisations (12) correspondantes, et cp21 l’applica­
tion de transition Ux [\U 2 -* GL (n; !R). On identifie à l’aide de
p0 le groupe GL (n; IR) au groupe Aut &0l et on peut affirmer que
T21 • n u 2-+ Aut S 0,
i.e. que cp21 (b) <f0 pour tout point b £ Ux fl L'Y
Pareillement, on dit que les applications <pjt b et cp2i b (pour les
points b de Ux et U2 respectivement) opèrent do ffo dans

Mais on obtient de suite par définition :


<Pi. t = n&1» n tül = iibü1wüi.
6

V2, b= n& *» n 9vt = ïïvutwvt<


b
donc
^21 (^) == T2.V 0 V'1. 6 = b 0 b ~
où w est le lacet vü^ w ^ ( w ^ y x(uu*ymi au point bQ.
Ainsi, l’application de transition cp21 prend ses valeurs dans le
sous-groupe Ô du groupe Aut
Cela signifie par définition que le cocycle matriciel cp associé à
l’atlas trivialisant construit est un cocycle sur O. Par conséquent,
le fibré vectoriel £ se réduit au groupe O (voir définition 1 de la le­
çon 7). □
* * *
On note que nous avons démontré sans s’y arrêter le résultat
suivant : le fibré vectoriel £ est trivialisable au-dessus de chaque voisi­
nage sphérique de la variété S?.
Cette affirmation s’appuie visiblement sur l’existence d ’une
connexion H sur £. Il paraît donc nécessaire de voir les conditions
sous lesquelles il existe sur £ au moins une connexion. On utilise à
DEMONSTRATION DE L’EXISTENCE D’UNE CONNEXION 279

cet effet la correspondance biunivoque (voir leçon 12) entre les


connexions et les dérivations covariantes :
(13) v : r^ r(x ^ ® l).

Soit E l’espace vectoriel (voire un F3?-module) de toutes les


applications R-linéaires T Ç T (x^ ® Q, et soit V son sous-
espace (un Fit?-sous-module) des applications F .2?-linéaires. L’en­
semble D de toutes les dérivations covariantes (13) est dans E sans
en être un sous-espace (ne serait-ce que parce que la somme Vi~f V2 de
deux dérivations de D n ’est manifestement pas dans D). Mais on
établit immédiatement que quelles que soient Vi et V2 et la jonction
j g F # , Vapplication
(14) V = (1 - /) Vi + /V2
est encore une dérivation.
Il y a plus. Si {qa} est une partition de l’unité arbitraire (voir
leçon III.22), alors l’application

(15) V = 2 lla V a
a

(qui a un sens puisque {qa} est localement finie) est une dérivation
pour toute famille {Va} de dérivations. Si la partition de l’unité
{qa} est subordonnée au recouvrement {£/«}» l’application (15)
est évidemment définie (et elle est une dérivation) même si chaque
Va n’est définie que sur Ua (pour le fibré £ |y ).
On voit d’ailleurs que si g \ua est trivial, il existe nécessaire­
ment au moins une dérivation VŒsur Ua. Aussi, il existe sur
tout entière la dérivation (15), d’où l’existence do la connexion cor­
respondante. Nous avons donc établi la
Proposition 2. Sur chaque fibré vectoriel différentiable numérotable
H (voir leçon 7), il existe au moins une connexion.
A vrai dire, nous avons pu (et dû) énoncer et prouver cette affir­
mation dès la leçon 13. Si nous ne l’avons pas fait en temps et lieu,
c’est qu’elle n ’entraîne que maintenant les résultats significatifs
suivants.
Corollaire 1. Chaque fibré vectoriel différentiable £ = (#, ji, $?)
sur une variété paracompacte 9i admet au moins une connexion.
Corollaire 2. Chaque fibré vectoriel différentiable £ = (8, n, 5&)
sur une variété paracompacte Si est trivialisable au-dessus de tout voi­
sinage sphérique U.
Autrement dit, chaque recouvrement U = {C/a } d® formé
de voisinages sphériques constitue un recouvrement trivialisation
universelle (voir remarque 4 de la leçon 6).
3*
6UU ÎO

* * *
L’ensemble de dérivations (= connexions) de la forme (14) admet
une interprétation intéressante du point de vue do la théorie géné­
rale des espaces affines.
On rappelle (voir définition 3 de la leçon 1.4) qu’un ensemble
(non vide!) A s’appelle espace affine attaché à l'espare vectoriel TT
si l’on a l’application
(16) (A ,B )^ A B t
telle que
a) pour tout vecteur a 6 f et tout point A Ç .A, il existe un
seul point B pour lequel AB = a;
b) quels que soient les points A, B, C 6 A , on a l’égalité
AB + BC = ÂC.
Chose importante, cette définition n’utilise aucunement l’opé­
ration de division dans le corps de base K, si bien qu'elle a égale­
ment un sens si n'est pas un espace vectoriel, mais un module sur
un anneau K.
S’agissant de l’ensemble D, l'anneau K est l’anneau des fonc­
tions F $ \ le rôle du module TT incombe au sous-module H, et
l’application (16) est définie par la formule
(Vi, V2) — V2 - Vlf VXV2 6 D.
[On a V2 — Vi 6 H puisque les termes Xf*s se simplifient quand
on fait la différence de deux formules de Leibniz pour V2 (fs) et
Vi (fs). L’axiome b) se ramène à l’identité triviale
V3 - Vx = (V3 - V2) + (Va “ Vi),
et l’axiome a) à l’affirmation: pour toute dérivation V et toute
application F .^-linéaire ô Ç H, l'application V + 6 est une déri­
vation (vérification automatique).!
Ainsi, Y ensemble D de toutes les dérivations covariantes (ou, ce qui
revient au même, de toutes les connexions) sur un fibré vectoriel diffé­
rentiable l = (#, ji, $}) est (quand il n'est pas vidé) un espace affine
attaché au F Si-module H.
Si l’on adopte ce point de vue, l'ensemble des dérivations (14)
n ’est autre qu’une droite dans l’espace affine D.
LEÇON 19

Calcul du transport parallèle le long d’un lacet. — Opérateur courbure


en un point donné. — Transport d’un vecteur le long d’un parallélo­
gramme infinitésimal. — Tenseur de courbure. — Formule pour trans­
former les composantes du tenseur de courbure. — Opérateur courbu­
re exprimé par les dérivées covariantes. — Equation de structure
d’Elie Cartan. — Identité de Bianchi.

Soit £ = (g, n, SS) un fibré vectoriel différentiable de rang n


sur une variété 5? de dimension m où Ton a choisi un point b0, et
soit H une connexion sur Chaque lacet différentiable u: / SS
au point bQ définit l’application (voir leçon 18)
hy • S 0 ^ «^0* S 0 S 6gt
qui est Tidentité pour u constant.
On fixe une fois pour toutes le voisinage de coordonnées triviali-
sant U du point b0 de SS, les coordonnées x 1, . . zm dans U qui
sont centrées en b0 et la trivialisation s = (sly . . ., sn) du fibré g
au-dessus de U (i.e. une base du F#-m odule sur U). Tout lacet
u entièrement intérieur à £/ a pour équation paramétrique vecto­
rielle
(1) x = x (t),
où x (t) = (x1 (£), . . ., xm (t)) est une fonction vecteur différentia­
ble telle que x (0) = 0, x (1) = 0 et l'application IIU envoie le
point p0 Ç jF 0 de coordonnées a0 = (aj, . . a™) dans la bases (b0)
de l'espace vectoriel en le point p1 = IIup0 dont les coordonnées
dans la même base sont aj = (a1 (1), . . ., an (1)). a{ (1), 1 ^ i ^ n,
sont les valeurs des fonctions a' (t), 1 ^ i n, t = 1, solutions des
équations différentielles
(2) (t) + IV; (x (t)) xh (t) a* (t) = 0, i = 1, . . ., Wf
avec les conditions initiales a1 (0) = al, 1 ^ i ^ n. (Il est en
particulier immédiat que l’application ü u est linéaire et bijective,
i.e. c’est un opérateur linéaire non dégénéré sur ^ 0; cf. leçon 18.)
Il y a avantage à remplacer les équations différentielles (2) par
les équations intégrales équivalentes
t
(3) a ‘ (t) = a,< -$ r ik }(x(t))xh(t)aH t)dt, i = 1........ ».
0
car on utilise dans ce cas la méthode des approximations successives.
282 IÆQON 19

On estime sans restreindre la généralité que la fermeture U do


U est compacte, auquel cas les fonctions différentiables rj[; sont
bornées sur £/, i.e. il existe une constante C > 0 telle que
(4) irj^ lc C s u ri/
pour tous les i, j et k.
Le lacet (1) est de dimension ^ s si
(5) \x h ( t ) \ ^ s
quels que soient t, 0 ^ t ^ 1, et k = 1, . . ., m.
On note que pour tout lacet pareil
(6) I ** (0 | < s
quels que soient f, 0 ^ t ^ 1, et k = 1, . . m.
En effet,
t t
|xA( t ) |= | J i * ( t ) d i |< $ | i h(0 |d
0 0
puisque xh (0) = 0. □
Lemme 1. I l existe des constantes Cx et C2 telles que les solutions
a{ (t) des équations (3) admettent pour tout lacet différentiable (voire
différentiable par morceaux) u de dimension ^ s l'estimation
(7) |a M 0 l< C 2eCl,' f
avec n'importe quels t } 0 ^ t ^ 1, et i = 1, . . n.
D é m o n s t r a t i o n . Soit

a ( 0 2= S («* (O)2-
i=i
Alors

a (t) k (t) = 2 a ‘ (t) (/) = - S r i ; (* (0 ) ** (0 a 1'(0 a* (<),


»= 1 1= 1

donc

fl(t)|(i(0 |<m C * S_ la1(01 1^ '( 01.


i , j—1
avec C figurant dans (4). D’autre part, tout a et tout b positifs vé­
rifient
i
CALCUL DU TRANSPORT PARALLÈLE LE LONG D’UN LACET 283

(parce que (a — b)a > 0), si bien que


n n n
2 K (01 l«j ( 0 l < y ( S ( « W + 2 (a*(t))*)=na(tr.
i. j = l t=l J= 1
La simplification par a (t) donne
|rt (/)| (t), où Cl = nmC,
i.e.
I d lu a (t)
I d1
Dans ce cas,

|lna(<) — lna(0)( = | J d ljja(0 dt |<g J | d 1° ° (<) d f < C tsf,

donc
a ( t ) ^ a ( 0)eci*‘,
ce qui prouve (7) vu que | a{ (t) | ^ a (t). □
On fixe s0 > 0 et on suppose que 0 s ^ s0.
Corollaire 1. I l existe une constante C telle qu'on ait pour tout
lacet u de dimension
(8) l«f (O I<C
quels que soient t (0 t ^ 1) et i (i = 1, . . . » w).
D é m o n s t r a t i o n . Conformément à la formule (7),
|û f W K C2eCl,°' □
Avec ces résultats, on utilise la méthode des approximations
successives pour le système (3) et le lacet u de dimension
Première approximation. Les inégalités (4), (5) et (6) entraînent
pour une constante C

i.e.
= +
où O (st) est une fonction telle que le rapport soit borné lors­
que 0 < * < 1 et 0 < s < $0.
Deuxième approximation. La formule des accroissements finis do
Lagrange et l'estimation (5) impliquent
Tii (x {t)) = Tih j(0) + O(st),
284 LEÇON 19

H ;.(0) étant les valeurs de TJ,- au point b0 (pour x = 0). Aussi


t
a1(0 = a j - J (H,- (0) + O (st)) [a> + O (st)) xh (t) dt =
0

= a ‘ - r j * ( 0)ai J 'x*(t)dt + 0(sH),

ai (t) = a i - T 'h i(0)aix>'(t) + O(sH).


Troisième approximation. La formule de Taylor avec reste et les
inégalités (5) et (6) donnent
api
T'hj (x (t)) = r i j (0) + (0) x' (t) + O (sH)

(n’oublions pas que U est supposé compact). Donc

a' (t) = a l- J [rî,- (0) + (0) x' (t) + O (s2*)] x

X [a^ —r^p(0) afx9 ( t ) + O (s2<)l ** (t ) d< =


t
= < - ri,- (0 ) a i x h ( t ) + ri,- (0) rjp (O) a«> $ & (t) ^ (t) d t _
0
ari , r
---- S * '(O **(0 d< + 0 (s3i).
0
i.e.
a ‘ (0 = a i - r i j (0)a ^ ( 0 +

+ [rip (0) r f, ( o) - (0)1 a> $ x' (ox* (o dt + o ($n).


J 0 Z
On n’a pas besoin des approximations suivantes.
Comme xh (1) = 0, il en résulte pour t = 1 avec les notations
claires

(9) a> ( l ) = a‘+ [riprf,— - ^ - J oai $ x 1( t ) J (t) d t .

Le calcul de l’intégrale du second membre exige qu’on soumette


le lacet u à des conditions supplémentaires.
CALCUL DU TRANSPORT PARALLÈLE LE LONG D’UN LACET 285

1. Les fonctions (1) s’écrivent


C o n d i t io n

(10) **(*) = **( a (0, P(i))t 0 < * < 1 ,


0ù les fonctions de deux variables xk (a, B) sont définies dans un
voisinage V du point (0, 0) dans le plan Dt* des a, p. Ces fonctions
s o n t telles que la matrice des dérivées partielles
.. x ï
XP .
au point (0, 0) soit de rang 2 et que
(12) cl — a (t)t P = P (0 , 0 < t < 1,

définissent un lacet différentiable par morceaux y dans V.


Cela signifie que le lacet u est sur une surface élémentaire ré­
gulière
(13) x* = x*(a, P), (a, p)6 ^-
Puisque
(14) i A= Xaa + xpp, m
(on omet les arguments afin de simplifier les formules ; x£ et xp
sont les dérivées partielles), l’intégrale de (9) s’écrit comme intégra­
le le long de la courbe y <’
i î
(15) J x*xh dt = J xl (x£a + £pP) dt = xlXa doc -f x*xp dp.
o o v
Condition 2. Les fonctions (12) (plus précisément, leurs dérivées)
admettent les majorations


(16) A/ = maxmax(|s* (oc, P)| + |x£(a, P)|),
h (Ê .tî) Œ n

(a, P)6 P, k = 1, .. m.
Cette condition garantit l’estimation (5) (voir (14)).
Condition 3. Le lacet u (ou, ce qui revient au môme, le lacet y'
est une courbe simple fermée (elle ne se coupe pas).
Il en résulte que y délimite un domaine G dans le plan des a, P
Aussi on applique à l’intégrale de contour (15) la formule de Green,
ce qui donne

(17) SS( ^ - T - ) SS
G G
286 LEÇON 19

D’autre part, la condition 2 entraîne (voir plus haut: on a dé­


duit (6) à partir de (5)) que la courbe y et, partant, le domaine G
sont entièrement dans le carré

L’aire de ce domaine est donc évaluée par


es2-}-O (s3),
G
et l’intégrale étendue à G par rapport à / quelconque continue sur
G par
(18) J $ / d a d p = c/(0, O)S*+ 0 (s 3),

avec c un nombre (fonction de la forme de G).


Condition 4. c 0.
Géométriquement, cela équivaut à dire que le domaine G n ’est
très aplati dans aucune direction.
L’estimation (18) conduit pour l’intégrale (17) à l’égalité

^ xlxh dt = — s2x*l + O (s3),


o

(19) xjf1= (xaxp — V p )o c*
La substitution dans (9) fournit donc

a ’ (!) = «• -t- ** [ — T2— l V ? i ] o + 0 (*3)-

Si l’on échange les indices muets k et Z, cette égalité se récrit


dr< 1
[ - r î p i x j 0 x 'ka>+ O (s3).

Comme x'J1 — —z*1, si l’on fait la somme de deux dernières formu-


les pour ensuite diviser par 2, on a finalement
(20) a' (1) = a l- 4 s* (i?j, *,)0**'«,' + O (s»),
(Ri. ki)0 étant la valeur en b0 de la fonction

(2 i) R i hl = J I l L - ^ k + r,*pr& - rjpix-.
Regardons cette formule de plus près.
OPERATEUR COURBURE EN UN POINT BONNE 287

* * *
Les nombres (19) de (20) ne sont autres quo les composantes du
bivecteur ( c x a / \ X p ) 0 . Ce bivecteur est, à un facteur c =/= 0 près,
je produit extérieur des vecteurs coordonnées xa et x p de la surface
(12) au point (0, 0) et il est donc non nul conformément à la condi­
tion imposée au rang de la matrice (11). Pour ne pas le rattacher
outre mesure à la surface (12) (qui est en fait choisie au hasard),
0n va utiliser le symbole /I /\ /?, ces deux vecteurs quelconques de
l’espace jouissant de la propriété: A A B = (cxa / \ x p)0. Les
composantes x*1 seront désignées par (A /\B)*1. Ainsi,
Ak A 1
(A/\B)»‘ = AkB ‘- A ‘Bk,
Bk B '
avec A k et Bh les coordonnées des vecteurs A et B dans le système
considéré de coordonnées locales.
On pose
fl (A fl)j = -f(* L /)o ( 4 Afl)“ -
(On note que cette formule a un sens pour tout A et tout B de T*,,#.)
On constate aisément que
(22) fl (A fl)j = (fl>.Ai)04 *fl'-
Puisque /fj, ht = — R], m et (A /\B )kl = AkB l— AlBk, on a effective-
ment
flj. kl (A A fl)*‘ = flj, ktAhB l - R), hiAlB h =
= R), ktAkB>- R], lkAkB l = 2Tîj, hlAkB t
(on écrit R),ht au lieu de (R},ki)o P°ur alléger les formules; dans la
suite, nous nous permettrons maintes fois ce manque de rigueur).
La formule (20) se récrit
(23) «« ( 1) = a* - s2R (A, B)) a* + O (s*).
Les nombres cj = a* (0) sont par définition les coordonnées d ’un
vecteur p 0 Ç et a* (1) représentent les composantes du vecteur
n up0 obtenu par transport parallèle. Quant aux nombres (22), ils
forment la matrice d’un opérateur linéaire B (A, B) qui transforme
p0 en R (A, B) p 0 à composantes R (/l, B))a{. Ainsi, l’égalité (23)
s’écrit sous forme vectorielle
(23') lluPo - p 0 - s*R (A} B) p0 + O (s3),
et sous forme opératorielle
(23") ü u = id — s2/? (il, B) + O (s2).
288 LEÇON 19

L’opérateur R (A, B) s’appelle opérateur courbure associé à A f\B


do la connexion H.
On supposo donné, pour chaque s, 0 < s < s0, un lacet ut de
dimension ^ s qui remplit les conditions 1 à 4, dépend différentiable-
ment de s (i.e. les fonctions qui le définissent en coordonnées sqnt
des fonctions différentiables de s) et est tel que le bivecteur A f\B ^=.
0 associé à us soit le même pour tout s. La formule (23) entraîne,
pour l’opérateur linéaire R (.A , fi),

(24) R (A, .
$-0 s

Le second membre ne dépend pas du choix des coordonnées a1, . . .


. . ., a” et xl , . . ., xm (dès que les lacets u8 vérifient les conditions 1
à 4 par rapport à un système de coordonnées, ils les vérifient évidem­
ment pour tout autre système), si bien que cela prouve (sous l’hy­
pothèse que pour le bivecteur A f\B il existe des lacets us) que l'opé­
rateur courbure
(25) R CA , fi):
est bien défini (il ne dépend que de la connexion H et du bivecteur
A AB).
Mais les lacets u6, 0 <Z s < s0, existent-ils pour tout bivecteur
A A fi # 0 ?
Il se trouve que A f\B doit satisfaire à certaines conditions.
Lesquelles ?
Soient A et fi deux vecteurs linéairement indépendants quel­
conques de l’espace T&0.3?. On définit les fonctions or (a, fi) par la
formule
(26) Æ*(a, P) = a/1* -fpfi*, fc—1,
Géométriquement, cela signifie que la surface élémentaire (13) est
assimilée en coordonnées xl, . . ., xm à la surface de bivecteur direc­
teur A f\ fi. Le rôle des vecteurs coordonnées xa et xp est en l’oc­
currence joué par A et fi. Il leur correspond dans le plan des a, P
les vecteurs unités i = (1, 0) et j = (0, 1) portés par les axes de
coordonnées.
Soit, dans le plan considéré, le carré Gs de côtés les vecteurs si, sj
(son aire est donc s2), et soit ys sa frontière parcourue dans le sens
positif (i.e. dans le sens inverse des aiguilles d’une montre). Le la­
cet us de (13) associé au lacet ys vérifie évidemment les conditions 1,
3 et 4 (avec c — 1). Quant à la condition 2, les fonctions (12)
s’écrivent pour ys
a (t) = sy (t), P (t) = sy (1 — t), 0 < t < 1,
TENSEUR DE COURBURE 289


Ut si O ^ .t ^ i / 4 ,
Il si l/4 < t< l/2 ,
vW “ 3 - 4 1 si l/2 < < < 3 /4 ,
0 si 3 / A ^ t ^ .i y
et elles vérifient donc les inégalités

M O I <4*. |P (t)|< 4 * .
Aussi, la condition 2 est remplie polir 4M ^ 1 , où
(27) M ^ m a x { \A h\ + \Bk\).
h
Ainsi, les lacets construits uë satisfont aux conditions 1 à 4 et,
partant, à l’égalité (24) si l’on a pour A et B l'estimation .1/ ^ 1/4,
.V/ étant le nombre’(27). Par conséquent, l'opérateur R (A t B) est
bien défini pour ces -4, B .
Comme
R (IA, B) = R (A, IB) = %R {A, B)
pour tout X Ç R. , on voit cependant que R (A, B) est bien défini
pour tout A et tout B de Tb0i?.
Si A f\B = 0, on a R (A , B) — 0 par définition.

* * *
Géométriquement, chaque lacet uÿ est le périmètre du parallélo­
gramme construit sur les vecteurs sA , sB. On en déduira en analyse
classique que lorsqu'on effectue le transport parallèle d'un vecteur
Po 6 -fb* le long d'un parallélogramme infinitésimal défini par le bi-
vecteur s* (A / \ B ), p Q acquiert un accroissement égal (à des infiniment
petits d'ordre supérieur près) à —s2R (A , B) p 0.

* * *

Soient X et Y deux champs vectoriels quelconques sur la variété


$B\ On définit l'opérateur linéaire
R ( X bt Y b) : f b - + f b
en chaque point b £ donc le vecteur R (X b, y 6) s (b) £ f b pour
chaque section s £ r£ du fibré
Aussi,
[R (A, Y) s] (b) = R (Xby Y b) s (6), 6Ç
290 IÆÇON 19

définit sur une section R (X , y) s du fibre £. Dans chaque carte,


les coordonnées de R ( X, Y) s sont données par la formule
(28) l R( Xt Y) s) i = R}lhlX hY ts>,
d’où en particulier la propriété de différentiabilité de la section (elle
appartient à F|). Ainsi, on définit pour tout X et tout Y de aj?
Vapplication
(29) R (.X , Y): Tl Yl
du F$1-module F£ dans lui-même, et on constate aisément (moyen­
nant (28), par exemple) que Vapplication (29) est F:9t~linéaire.
Par conséquent, la correspondance (X, Y) >-*/?(X, Y) déter­
mine une application
(30) R : <tS8 x aS8 E n d o rs
du produit direct aS8 x o38 dans le module Endp^g r£ des appli-
cations F#-linéaires r | q u i est évidemment linéaire (voire
Fi?-linéaire) par rapport à chaque argument.
On note que
(31) R (Y , X) = ~ R (X, Y)
pour n’importe quels champs X, Y 6 &S8.
L’application (29) est Yopérateur courbure attaché aux champs
vectoriels X et Y , et l’application (30) constitue, par suite des iden­
tifications
EndM Tl = HomFJ9 (H , Y\) = Mor (1, l) =
= T (Hom (1, 1)) = T (End 1)
(voir formule (19) de la leçon 12), l’application F2?-linéaire
(32) R : *38 X *38 T (End 1).
C’est donc (voir problème 21 de la leçon 16 et relation (31)) une
forme différentielle de degré 2 (champ tensoriel antisymétrique de
type (2, 0)) sur 38 à valeurs dans le fibré vectoriel End 1. Cette for­
me différentielle (champ tensoriel) s’appelle tenseur de courbure de
la connexion //.
On remarque que les sections du fibré End £ ----- £* ® £ sont des
champs de £-tenseurs de type (1, 1) sur 38.
Remarque 1. Il existe une autre définition du tenseur de courbu­
re qui diffère de la nôtre par le signe. Quant aux notations, on en
voit de très variées: R i jhu Rj, * i\ R jh i\ etc., au lieu de /?},** em­
ployée dans ce livre.
Problème 1. Pour toute forme R sur & à valeurs dans End £ et toute appli­
cation différentiable / : - ► J , définir la forme f * R sur à valeurs dans
End /*£ et montrer que /*/? est le tenseur de courbure de la connexion /* //,
si R est celui de la connexion H .
i v / i u u u L .b rv/«-MA i i v A i i a r u K i u i v n LrE*o u j . n i ^ a A . ^ i t à jju l li f S S b U lt 201

* * *
La formule (21) définit les fonctions différentiables Rj t ki sur
un voisinage de coordonnées trivialisant U quelconque. Ce sont les
composantes du tenseur R sur U.
Soient R y %h’i' les composantes de R sur un voisinage analogue
U*. On a sur Vintersection U f] U*
(33) R'y k'I’ <P\'<V5y dxfc dxlT * i hl
dzh‘ dx
(nous utilisons les notations standard introduites dans la leçon 10 ;
voir en particulier la formule (17) delà leçon citée). On démontre (33)
par un calcul automatique à l'aide de la formule (17) de la leçon 10.
Ce calcul étant fastidieux, on procédera autrement. (Mais les lec­
teurs feront bien s'ils l'effectuent no serait-ce que pour se faire la
main en calcul tensoriel.)
Pour notre part, nous ferons recours à l’opérateur linéaire (25)
qui est bien défini pour tout point b0 £ U fl U' et A, B £ Tbc&
quelconques et qui est représenté dans la base de $F0 = !Fb9 associée
à la trivialisation donnée sur U par la matrice || R (A, B)\ || =
= \\R\ hlAhBl || et dans la base associée à la trivialisation définie
sur U' par || R {A, IJ)]' || = || R y .v y A * B 1' ||. Conformément à la
règle générale qui établit la relation entre les matrices d ’un même
opérateur rapporté aux bases différentes (voir leçon 11.14), on a donc
R (A, B ) ï = 9 W i.R{A, B ) },
i.e.
R y . v r A ^ B 1’ = <p\'<fj'Rl hiAhB l
(Ry, A-i'i tp{.. «fj' et R)t hi sont évidemment les valeurs quo ce.c.
fonctions prennent au point bQ). Puisque
A*— O - A * et B' = - ^ r B r
dx* dx1
et A k‘ et B r sont quelconques, cela prouve la formule (33) (en b
et, partant, sur l’intersection U (] U' tout entière).
Nous n’avons utilisé en fait que la propriété de (28) de définii
parfaitement le tenseur (30) à l’aide des fonctions Tïj, **, si bien que
la formule (33) est juste pour les composantes de tout tenseur de type
(2, 0) à valeurs dans End £.
Problème 2. Montrer que si les fonctions sont données sur chaque
voisinage de coordonnées trivialisant U et que la formule (33) soit valable sui
l ’intersection U Ç\ U ’ de deux voisinages U et U ' quelconques, les formules (28)
définissent bien un tenseur (30) de type (2, 0) à valeurs dans End Ç.
On identifie donc ces tenseurs aux ensembles de /?jt véri­
fiant (33).
4rfUÂé ujLiyun &J

* * *

On peut maintenant introduire le tenseur R en définissant ses


composantes pqr la formule (21) (sans entrer dans le détail), ce qui
exige par contre qu’on vérifie sans faute (33) moyennant la for­
mule (17) de la leçon 10. On pourrait néanmoins s'en passer (on
plutôt effectuer cette vérification à un moment plus opportun) à
condition d’exprimer l’opérateur R (X , Y) par les opérateurs de dé­
rivation covariante
Vxt v Y : rg -^ rg
associés aux champs de vecteurs X et Y.
Les dérivées Va- et Vr s’écrivent en coordonnées (voii formu­
le (40) de la leçon 11)

= ( - ë - + r ! ' si) * >’

< ^ s> H - £ - + r « si) y *-


Aussi
(VxVysy = (Vr*)' ) A"‘ =

= [-S T [ ( - S - + r i ' sP) y '] + r « ( - ë - + ' V ' ) y l ] -T‘ -


__ d*sl x hY l
dxk dxl TdxlT xh T dx
T* â x d + rx‘r Y Tk x h Y ' +
+ + ri, x kY l + r l j r i p s ' x w

Si Ton permute les symboles X et Y ou (après le changement d ’indi­


ces de sommation) les indices k et l, on obtient une expression ana­
logue pour (VyVx sY- Si l’on fait leur différence, leurs premiers tei-
mes se réduisent (vu la symétrie des dérivées partielles mixtes secon­
des). Comme le quatrième et le sixième terme de chaque formule se
déduisent l’un de l’autre par permutation de k et l (on suppose
changés les indices de sommation), ces termes se réduisent eux
aussi (le quatrième et le sixième ; le sixième et le quatrième). Quant
à la différence des troisièmes et des septièmes termes, elle est égale à
y)*]‘
(voir (21)). Les termes restants donnent enfin la somme
« + r^
ÉQUATION DE STRUCTURE D’JÈLIE CARTAN 293

égale à
(--+ lV )l^ n ' = (Vtx .y ]S)*
en vertu de la formule (24) de II I.16. Ainsi, Va'Vy — VyV* =
~ R {Xy Y) + V[*. y ) (sur chaque voisinage de coordonnées triviali-
sant, donc partout), i.e.
(34) R (X , Y) = V.vVr - VyV* - V[*,yj = IV.y , Vyl - V[j. y).
Il s’agit d ’une définition des opérateurs R (X , Y). Simple et con­
cise au souhait, elle est malheureusement formelle et ne révèle pas
la signification géométrique des R (X , Y).
Si l’on accepte (34) pour définition, on doit certes vérifier,
primo, que cette formule définit l'application FÆMinéaire
R (X, Y): r g - * et, secundo, que l’application correspondante
(30) est FüMinéairo à son tour.
Problème 3. Le vérifier.
Le procédé le plus simple et le plus avantageux pour construire
le tenseur de courbure consiste à utiliser la dérivation covariante
V: r t - + r (r#
associée à la connexion H (voir leçon 13).
♦ * *
Soient 0 une forme différentielle linéaire sur SS (i.e. un élément
du module T (t^ ) = T (A1^ ) ) , et \J> une section du fibré ® |
(i.e. une forme différentielle linéaire sur SS à valeurs dans £). Pour
chaque point b £ S S % l’élément de la fibre T%SS ® f l —
— A l T b# ® du fibré t^b ® l =* A1^ ® É s’écrit at ® p it
où flj 6 TJtî?, /?/ 6 f l .
Problème 4. Démontrer que la formule
(OA’M b - Si (0»A«i) ® Pt
définit parfaitement l’élément (0 A de la fibre A2T&JF ®
de A2Tg ® £, si bien que
fc-M Q A *)*.
est une section 0A du fibré A2t # ®
Si le fibré £ est trivial au-dessus d’un voisinage U cz SS et si
5ii . . s n est la trivialisation correspondante (une base du F {/-mo­
dule F (£ ^ )), la forme \|) sur U s’écrit de façon unique comme
294 LEÇON 19

® 5<» avec «/ des Momies différentielles linéaires sur Ut et la


forme 0/ \ est définie par
9 A ^ = S (9 A «<) ® s* sur U,
ce qui prouve en particulier la différentiabilité de 0 A Ÿ (elle appar­
tient à T (A2Tjj ® £)).
Problème 5. Démontrer qu't/ existe une seule application ît-li­
néaire
V: r ( T ^ ® | ) - ^ r ( A 2T^ ® g)
qui vérifie Videntité
v (0 ® 5) = do ® s - 0 a v j, e e r ^ ) , « e r w .
Démontrer quelle satisfait également à Videntité de Leibniz
v (/i» = d/A n / v > , / 6 F . « f
[Indication. L’application V est définie sur un voisinage triviali-
sant U en $} quelconque par la formule
A . n \ n
V (2 ) = 2 (<*«/ ® —«» A V«i).
M=1 ' i=i
oùa( £ T lu) et s,, . . sn est une base du FC^-module I’ ( | |u).
Ainsi, on a deux applications
n - lr ( T ^ ® S ) X r ( A ^ ® |) ,
ot voici l’application composée
v « v : r ç - r ( A îr<s8 ® 6).
La dernière application est F 38-linéaire (on le constate sans peine) :
(V«V) (/« )= V (d /® s + /V,) =
= dd/ ® s — d/ A Vs + d/ A Vs —/(V * V) s =
= / (V°V) s. □
Aussi (voir proposition 3 de la leçon 11), il existe un morphisme
(35) /? : ! - » - A2t æ ® S
de fibres vectoriels (i.e. — voir problème 14 de la leçon 12 — uno
section du fibre Hom (|, A2t <8 ® £)) tel que
(36) V » v = R o.
ÉQUATION DE STRUCTURE D’ÊLIE CARTAN 295

Problème C. Démontrer q u 'il existe pour trois fibrés vectoriels ç, r\, £ quelcon•
ques Visomorphisme naturel

Hom (ç, ® C) = t] ® Hom (£, £).


En particulier,
Hom (|, A2t # ® Ç) = A2t # ® End E.
Il s’ensuit qu’ôn peut considérer le morphisme (35) comme forme
différentielle de degré 2 sur à valeurs dans le fibre End £. On l’ap­
pelle forme de courbure de la connexion H, Faisons une comparaison
avec le tenseur de courbure (32).
Soient U un voisinage de coordonnées trivialisant arbitraire et
slt . . sn une base du Ff7-module T (g l^). On a pour tout / =
— 1, . . n les égalités
i?osy = fij ® st,

S2j = 2 R ], kl dxh A à x 1 = 2 I tj, hl di* A dx'
h<l
sont des formes différentielles do degré 2 sur U qui forment la ma­
trice
(37) Q = Il Qj ||.
Los coefficients hl ne sont pas pour l’instant liés avec le tenseur
(de courbure).
La matrice Î2 est la matrice des formes de courbure (ou matrice de
courbure tout court) de la connexion H sur U. (On dit également
que c’est la forme de courbure à valeurs matricielles.)
Soit (O = || coj || la matrice des formes de connexion Ii sur U.
Par définition,

® St = v (Vf/) = V ((*>,• <8> S ,) =


= deûj ® s t - » j A Vs, = (dcoj—©JA %) ® Si =
=*(d©} + <*>p A
donc
(38) Qj = dw} + ®* A®?-
Cette égalité s’écrit en notations matricielles

(38 ) Q = dco + coA


296 LEÇON 19

et en coordonnées :

2 Bl k , dx» /\dx> =
h<l

= 2 d*k A d x '+ r j pr?,-dx* a d*».


La dernière formule entraîne
Di _ ^ lj ^hj . pi pp pi pp
Ri• * '~ “ - ^ r + r *pr « - ■
r "’r ^
(lorsque k < Z, donc pour k et l quelconques vu que les coefficients
R )%m sont antisymétriques par rapport à k et Z), i.e. /?),*/ ne sont
autres que les composantes du tenseur de courbure (ce sont d ’ailleurs
les notations mêmes qui suggèrent ce résultat).
On voit de plus que les valeurs fij (4, B) des formes fij sur les
vecteurs A , B £ Th9S sont exactement les nombres R (A, B)\ figu­
rant dans (22). Cela nous autorise à désigner des fois la matrice
|| R (A , B)) || par fi (A, B) (ou par fi5 (A, B) s’il faut préciser le
point, à savoir b).
La formule (38') est connue sous le nom d'équation de structure
d'Elie Cartan.
Remarque 2, Dans certains manuels de géométrie différentielle,
l’équation de structure s’écrit
fi = dco — coA 6).
Le fait est qu’il s’agit dans ces manuels des matrices fi et co transpo­
sées (i.e. l’indice supérieur repère les colonnes et non les lignes).
Cette différence n ’a certes aucune importance.
Ainsi, on connaît quatre définitions du tenseur de courbure, La
première a l’avantage d’être géométrique, mais elle donne lieu à
des calculs laborieux. La deuxième (formule (21)) est trop formelle,
tandis que la troisième (formule (34)) s’attache outre mesure aux
champs vectoriels qu’on a à traîner partout. La quatrième définition
(la formule (36) ou, si vous voulez, la formule (38)) s’avère la plus
élégante. Si elle demande un certain effort préalable, elle est par
contre la plus commode vu qu’elle permet d ’utiliser l’appareil ef­
ficace et souple des formes différentielles. C’est cette définition que
nous emploierons de préférence.
* * *
Les avantages offerts par les formes différentielles sont bien
illustrés par la démonstration de la
IDENTITÉ DE BIANCHI 297

Proposition 1 (identité de Bianchi). Sur chaque voisinage U,


(39) dÇl = Q /\ a — <
ù/ \ Q.
D é m o n s t r a t i o n . Selon (38')» dco = Çi — (o A et >
d£2 = ddo) -|- d (wA o)) = do>A <*) — dû).
Aussi
jQ = (£2 — « A w )A © - © A (Q - © A <*>) -- £2A © —
— (Oa £î. □
La relation (39) s'écrit en détaillant
dQ j=Q j, A ^ - c o * a «?.

<■>; = r i j d x \ n j = S fl;1,fcidx* A dx'.
k<l
Aussi
dR). /s i
dflj j.
s (
h<l<s
0T* dx*
—ail 1 ) dx* A dx' A dx*,

«P A « ; = S (flj. w r ^ - f lp . + < M ) dx* a dx' a dx*,


h<l<4
<•>/, A « ; = S (r^ flfc „ - r* ,i? £ ftl+ * , ) dx* a dx' a dx*.
h<l<s
11 y a intérêt à introduire des notations condensées convenables.
Soit A Mg un ensemble de quantités dépendant de trois indices
(une matrice spatiale). On pose
(40) ^{kii) = A hït + A lgh + A tkl.
On dit que A{klg) est obtenu de A hi$ par des cycles.
On conçoit que A(hlg) est invariant par permutation circulaire
des indices :
A(htg) = A (l»h) =
On emploie les notations analogues lorsque A hlg dépend de plus
d’autres indices. (On encadre, si besoin est, par les traits verticaux
les indices conservés par le cycle. L’écriture A {ki\p\q) signifie par
exemple que le cycle échange /c, l et q et que p est conservé à sa pla­
ce.)
On noto dh la dérivation par rapport à xh. Si l’on se rappelle quo
les fonctions i?j, ki sont antisymétriques par rapport à k et Z, on cons­
tate que les formes dQj, coj, A £2? et (OpA £2; ont en tant que coef­
ficients les fonctions
298 LEÇON 19

fj)* Rp, — FjU^IpI» /<)» r*p(fci?j,; |t /,),


k < l < s.
Cela signifie que l'identité (39) est équivalente à
01) d(fc/?|j|, /,) — ls) +rJ<fcÆfii, i$) = 0.
Quels que soient l et 5 fixés, les fonctions i?j,/s sont les compo­
santes d’un Ç-tenseur R la de type (1, 1) défini sur U. Conformément
à la formule générale (13) de la leçon 111 les composantes des dérivées
partielles covariantes de ce tenseur sont définies par la for­
mule
(V*fl/,)j= dhR)%lt —rfclij,' /3 + r pA/ î j (
En comparant avec (41), on obtient de suite l'équivalence de (41)
et de
(42) ( = 0,
i.e. de V<* ü|,) = 0.
C’est l'identité do Bianchi sous forme tensorielle.
LEÇON 20

Tenseur de courbure et groupe d’holonomie. — Algèbre d'holonomie


exprimée par le tenseur de courbure. — Connexion plate. — Triviali-
sations constantes d’une façon covariante. — Connexions à parallélis­
me absolu. — Passage aux fibrés principaux. — Transport parallè­
le et groupe d’holonomie pour les fibrés principaux. — Théorème de
réduction pour les fibrés principaux. — Forme de courbure d ’une con­
nexion sur un fibré principal. — Théorème d ’Ambrose-Singer. — Ap­
plication du théorème d’Ambrose-Singer aux fibrés vectoriels.

Dans cette leçon, nous allons étudier la relation entre le tenseur


de courbure R et le groupe d’holonomie restreint (J)*, de la connexion
H au point b0 6 # .
Les développements de la leçon précédente qui ont abouti à la
notion de tenseur de courbure, montrent que connaissant R en bQ
(i.e. tous les opérateurs R (/l, 5), A, B Ç T^.3?), on calcule, à
des infiniment petits d’ordre supérieur près, le transport parallèle
suivant tout lacet infinitésimal d’origine et d’extrémité 60. Si l ’on
connaît donc R sur toute la variété on calcule avec la môme pré­
cision le transport parallèle le long de tout lasso avec un lacet in­
finitésimal. Or, on sait (voir leçon 18, corollaire 1 du lemme 3) que
chaque lacet u homotope à zéro est combinatoirement équivalent
au produit de lassos aussi petits qu’on le veut, si bien que le trans­
port parallèle Ilu est le produit de transports parallèles le long de
ces lassos. On remplace ceux-là par leurs parties principales, et on
obtient pour Ilu un analogue de la somme intégrale (où l ’addition
est la multiplication des opérateurs linéaires), la limite de la somme
étant l’application ITÜ. Ainsi, le tenseur R définit parfaitement le
groupe O e. (On note qu’on ne détermine pas avec la valeur de
R en b0 seul.)
Ces considérations sont plutôt décousues, et si l’on veut établir
les formules explicites pour les éléments de Ô c, on devrait construire
d ’abord la théorie adéquate de l’intégration opératorielle. Cette cons­
truction a beau être évidente en principe, elle exige évidemment
beaucoup d’efforts (ne serait-ce que du fait de la non-commutativité
de la multiplication des opérateurs). Il faut donc prendre un chemin
détourné. On pense immédiatement à remplacer le traitement inté­
gral du problème par le traitement différentiel équivalent et à
exprimer par le tenseur R l’algèbre de Lie f du groupe de Lie 0 e,
qui est une sous-algèbre de l’algèbre de Lie [End cT*,,), et non O e
lui-même (f s’appelle algèbre d'holonomie de la connexion II au
point b0).
300 LEÇON 20.

+ * *
Aussi, on reprend la formule (24) de la leçon 19 et on introduit
une courbe t>-+v(t) du groupe définie sur le segment [0, t0]\
*o = *2« Par
n u. si o < * < f 0l &vec s = Y t ,
(1; . "W -lid si t = o.
La formule (24) citée entraîne de suite que cette courbe est diffé­
rentiable au point t = 0 et que son vecteur tangent en * — 0 est
(au signe près) l’opérateur R (A, B). »
Ainsi, tous les opérateurs de la forme R (/l, B), A, B £
appartiennent à l'algèbre d'holonomie f.
Mais R (A, B) (et leurs combinaisons linéaires) n ’épuisent pas
en général l ’algèbre de Lie f. En effet, on sait qu’un chemin quel­
conque w entre b0 et un point b £ SS définit l’isomorphisme du grou,-
pe Ôe (b) sur le groupe Qe = <t>e (60), donc de l’algèbre f (fc) sur
l’algèbre f = f (b0). Soit w# ce dernier isomorphisme. Quels que
soient les vecteurs A , B 6 TV#, on définit dans l’algèbre f l’élé­
ment w#R (A, B). Ainsi, l’algèbre f contient do même tous les
opérateurs de la forme (A, B ), A , B £ Tb# , et, partant, toutes
leurs combinaisons linéaires. ;
Proposition 1. L'algèbre f est formée de toutes les combinaisons
linéaires des éléments de la forme w#R (A, B), A, B Ç TV#,
b£3B. .
Ainsi, si l’on connaît le tenseur R, on calcule l’algèbre de Lie f,
puis on reconstitue par f le groupe de Lie O e.
Nous proposons de démontrer l’affirmation énoncée par le pro­
cédé suivant.
Chaque élément de f est un vecteur tangent en t = 0 à une
courbe différentiable du groupe O e, qui passe pour t = 0 par le
point e. On suppose tout naturellement qu’on la détermine sur un
segment [0, J01 par la formule (1), avec u, la famille de lacets homor
topes à zéro qui dépendent différentiablement du paramètre s =
= J/T (telle que IIU* = id). Conformément au corollaire 1 du lemme 3
(leçon 18), chaque élément Ilu< est décomposable en produit
^ü<n • • • n - im), où u(5‘\ . . ., ùim) sont de petits lassos. On peut
évidemment le faire de façon que m soit le même pour tous les s
suffisamment petits et que chaque lasso u s’écrive wbu^W k\ où
les chemins wb ne dépendent pas de s et sont des petits lacets
qui dépendent différentiablement de s (et remplissent les conditions 1
à 4 do la leçon 19). Le vecteur tangent en t = 0 à la courbe (1) est
(voir problème 17 de la leçon 14) la somme de vecteurs tangents
aux courbes (1) associées aux lacets i.o. la somme d’éléments
de la forme w fR (A k, Bk), A hiB h Ç TVft(i) # . Ainsi, chaque élér
CONNEXION PLATE 301

nient de üalgèbre f est bien une combinaison linéaire des éléments


de la forme w'xR (A, B).
Ce raisonnement heuristique paraît assez convaincant, mais on
n’en fait une démonstration formelle de la proposition 1 qu’au
prix d’efforts techniques pénibles. Aussi, nous allons procéder
d’une autre manière.
* * *

La situation se simplifie sensiblement si R — 0 (i.e. si R}t =


= 0 sur chaque voisinage U). Dans ce cas, chaque terme de la som­
me intégrale en question (on dirait plutôt « du produit intégral ») est,
à des infiniment petits d’ordre supérieur près, l’opérateur identique
id, si bien que la limite dë la somme (resp. du produit) est égale à
id quel que soit l’ordre des termes (resp. des facteurs). Ainsi, =
= {£}.pour R — 0. La réciproque (i? == 0 pour = {e}) est évi­
dente, si bien qu’on a l’affirmation suivante (qui n’est certes qu’un
cas particulier de la proposition 1).
_ Proposition 2. L'égalité R = 0 est juste si et seulement si O* =

R = 0 o (!>,, = {e}.
; !
Une connexion correspondant à R = 0 est. dite plate.
Les considérations « intégrales » ci-dessus deviennent facilement,
jour.iî = 0, une démonstration ,très nette (le faire !), mais nous vou­
fons démontrer la proposition 2 de manière « différentielle » pour
s’on servir ensuito dans le cas plus difficile de la proposition 1.
On rappelle qu’un champ de vecteurs X sur l’espace total 8 d ’un
fibré £ est horizontal relativement à la connexion H si X p £ H P
pour tout point p £ 8 %i.e. si X H = X (voir leçon 10). Tous les
champs horizontaux forment un sous-espace de l’espace a8 des
champs de vecteurs sur 8. Nous désignons ce sous-espace par a [H]
(çf. notations introduites dans la leçon 14; on rappelle (voir pro­
blème 21 de la leçon 14) que les champs différentiables de sous-espa­
ces et les distributions sont la même chose).
Les champs horizontaux sont caractérisés localement (au-dessus
des voisinages de coordonnées trivialisants U) par les égalités
91 (X) = 0 , . . Q"(X) = 0 ,
où (voir leçon 10) 0', 1 ^ i ^ n, sont des formes différentielles sur U
telles que
0» = da' -f coja; , i = 1, . . ., n
(les formes de connexion (oj sont certes considérées comme formes
sur 8 u = n ”1# , i.e. ce sont en fait les formes n*û)j).
ouz LEÇON 20

Pour R = 0 (i.e. pour Q = 0), les formes o)} vérifient


= —Wp A Wj.
donc
d0' = dd<i‘ + (d©j) a} — (ùj /\ da-* ==
= — (“ p A <*>?) « ' - « j A (Ô> ~ <->p«p) = - û)j A e \
i.e.
d0* = 0> A <•>] (pour R — 0).
Ainsi, si X, Y £ a [HJ (donc 0‘ (X) = 0, 0J (Y) = ü), alors (voir
formule (6) de la leçon 11.8)
<10* (X, Y) = (6J /\ <oj) (X , Y) = e’ (X)<o}(Y)-a>}(X)eUr) = 0 .
D’autre part (voir formule (6) de la leçon II I.19),
de*(x, Y ) ^ x e i ( y ) - r e i (X)~-o<ix, Y ] = ~ o i ix, y \,
si bien que 0< [Xx Y\ = 0, i.e. [X , Y) Ç a \H l
Cela prouve que le sous-espace a [H] est pour R = 0 une sous-
algèbre de l'algèbre de Lie a8. Autrement dit, chaque connexion
plate H est une distribution inuolutive.
Par conséquent, la connexion H est complètement intégrable par
le théorème de Frobenius (voir leçon 14), i.e. il passe par tout point
p 0 6 # une variété intégrale maximale SC et une seule. Par défini­
tion, on a TpSC = H p en tout point p de SC. Aussi, la restriction
n |x de la projection n à SC est-elle étale, et elle constitue donc un
difféomorphisme local (voire un revêtement). En particulier, le
point b0 = n (p0) possède dans # un voisinage V au-dessus duquel
le fibré £ admet une section s: U — S telle que s (b0) = p 0 et.
s (U) = SC fl (On peut dire que s réalise un relèvement hori­
zontal de tout le voisinage U dans <£.)
Maintenant, on est en mesure de passer à la
D é m o n s t r a t i o n de la proposition 2. Quel que soit le la­
cet u au point b0 entièrement dans le voisinage [/, le composé s o u y
avec s la section U -*» # que nous venons de construire, est un lacet
en p0 sur SC, donc un lacet horizontal. Comme (s o u) (1) = p 0, on
a pour un tel lacet u: n u = id.
Aussi, la dernière égalité est également juste pour tout lasso petit
et, partant, pour tout lacet u homotope à zéro (voir leçon 18, corol­
laire 1 du lemme 3). Ainsi, (I>c = {e}. □
* * *
Une autre propriété de s est V$ = 0 (il suffit de dire que V*s =
= 0 pour tout champ de vecteurs X sur i?). D'autre part, si plf . . .
. . ., p n est une base de l’espace vectoriel = $ h%et si sit . . .
PASSAGE AUX FIBRES PRINCIPAUX 303

. . sn sont les sections correspondantes (i.e. sl (b0) — .. .


. . $n (b0) = p n), alors slt . . ., sn forment évidemment sur un
voisinage de b0 (on note U ce voisinage) une base du Ft/-module
T (Ç lu)- Inversement, soit U un voisinage de b0 tel que le F {/-mo­
dule T (£ |Lr) admette une base slt . . ., sn pour laquelle V$i =*
= 0, . . ., Vsn = 0. Alors R est évidemment égal à 0 sur [/, ce
qui prouve la
Proposition 3. Une connexion H sur un fibré vectoriel E =
:: (£, ji, 99) est plate si et seulement si la variété .99 est recouverte
par des ouverts U tels que le F U-module T (\ |(7) possède une base
. . ., sn pour laquelle
V$i = 0, . . Vsn = 0. □
On appelle slt . . . , sn trivialisation constante d'une façon co­
variante du fibré £ au-dessus de U.

* * *
Les connexions telles que le groupe d ’holonomie complet O soit
trivial sont dites à parallélisme absolu.
Problème 1. Démontrer qu’une connexion est à parallélisme
absolu si et seulement si, quels que soient les points fc0, bx Ç 99 y
l’application n u: iFd, est la même pour tous les chemins u
joignant b0 à bx.
On note que selon le théorème de réduction de la leçon 18, le
domaine d'existence d'une connexion à parallélisme absolu ne peut
être que le fibré trivial
L’existence de l’épimorphisme (6) de la leçon 18 prouve que si
8} est simplement connexe, le groupe O coïncide avec le groupe O*.
Aussi, la proposition 2 entraîne qu'une connexion sur un fibré vec­
toriel au-dessus d'une variété simplement connexe est à parallélisme
absolu si et seulement si elle est plate (et le fibré est trivial).
En particulier, un fibré sur une variété simplement connexe est
trivial s'il admet une connexion plate.
Ce critère géométrique différentiel de trivialité d’un fibré vecto­
riel différentiable est d’un emploi étonnamment fréquent.

* * *

Dans le cas général de la proposition 1, la démonstration so


complique du fait de l ’existence des isomorphismes w# qu’on éli­
mine d’ailleurs formellement si l’on choisit dans chaque fibre f bt
b Ç .99, une base p = (Pi, . . p n) pour passer ensuite des opéra­
teurs linéaires 9fb à leurs matrices par rapport à cette base.
LEÇON 20

Soit fp une algèbre de Lie de matrices à éléments dans l'algèbre


d'holonômie f&, et soit R v (A t B)y A, B Ç T6v?, la matrice de
l'opérateur de courbure R (A, B) rapporté à la base p.
On a appris dans la leçon 18 que si la base p de l'espace vectoriel
s’obtient de la base p0 de $ 0 = # 6, par transport parallèle le
long du chemin w joignant &0 à 6, alors l’isomorphisme O (&)-►■
->• O (60) induit par w envoie chaque élément du groupe (6) en
l'élément représenté par la môme matrice du groupe Ô (b0). Cela
signifie en particulier que la matrice dans la base p0 de l'élément
w#R (A f B), A y B £ Tb$?, de Valgèbre de Lie. f0 = fp9-est la ma­
trice Rp (A y B).
En langage matriciel, la proposition 1 affirme donc que quelle que
soit la base p0 de l'espace vectoriel J ?0, l'algèbre de Lie de matrices
îo = fp» a Pour éléments les combinaisons linéaires des matrices
Rp (A , B)y où p sont toüïes lès bases des fibres de |, qui s'obtiennent de
la base p0 par transport parallèle, et A et B ’soni des vecteurs'quelcon­
ques de l'espace T»,#, b = n (p).
Comme les bases p ne sont autres que les points du fibré princi­
pal des repères | = ($, ji, 37) associé au fibré vectoriel £ (qui est
différentiable ai £ l'est ; voir leçon 16), une question se pose : et si
une affirmation analogue est juste pour tout #-fibré principal £?
Pour y répondre, on généralise la notion do. transport parallèle et de
groupe (algèbre) .d'holonomie aux .fibrés principaux.

* * *

Soient un groupe de Lie,-.47'une variété séparéo différentiabie,


| = (?, Ji, .3?) un #-fibré principal différentiable sur et H
une connexion sur £.
Une courbe v: 7->•<£ . est dite horizontale si, v (t) Dour
tout t £ 7. On dit qu’une courbe v: 7 - ^ 8 est pn relèvement d^une
courbe u: I ->■ .37 si a = ji °tv. (Cf. définitions analogues pour les
fibrés vectoriels dans la leçon 11.)
Proposition 4. Quels que soient ia çourbe différentiable u: I .27*
le point t0 Ç 7 et le point p0 Ç f b9l b0 = n (p0), il existe un seul re­
lèvement horizontal v : tI de la courbe u, tel que v (J0) = p0.
La démonstration en sera donnée dans la leçon suivante. On
note pour l’instant que si £ est un fibré des repères d'un fibré vecto­
riel £, cette proposition découle de suite de la proposition 1 de la
leçon 11 (qui est son homologue dans le cas des fibrés vectoriels). [En
effet, il suffit, pour construire u, d'effectuer le transport parallèle do
chaque vecteur de la base p0 le long de u.l
On appliquera de règle la proposition 4 lorsque u est un chemin
(u est défini sur le segment I = [0, 11) et t0 = 0.
Comme dans le cas des fibrés vectoriels, on note n up0 le point
TRANSPORT PARALLÈLE ET GROUPE D'HOLONOMIE 305

pi = v(l)> et on appelle transport parallèle le long de u 1*application


n u: ? b. - » r b l , P o^ iiu P o,
où by — u (1). Si l’on compose les chemins, les transports associés
forment un produit ; on a pour u = utu2
(2) n u = n Ut o n Ul.
(Cf. formule (2) de la leçon 18.)
Problème 2. Déterminer l'application ITU pour les chemins u différentiables
par morceaux et montrer que la formule (2) reste valable. (Cf. leçon 18.)
La connexion H étant un champ équivariant de sous-espaces, le
chemin
R a o v: t >-*- v (t) a, t Ç / ,
est horizontal pour tout chemin horizontal v : I S et tout élé­
ment a Ç $ . Il s'agit d’un autre relèvement du chemin u: I -*• ,
dont l’origine est le point p0a et l’extrémité se confond avec pta.
Donc
(3) n„ (p0a) = (nuPo) s, o ç s?»
i.e.
nu » r 0 = Ra o n u
(l’application IIU commute avec les actions du groupe 'S sur les
fibres f bt et f bl respectivement).
Les applications n u associées aux lacets u en b0 constituent le
groupe de transformations de la fibre = .^a,. On dit, et on note
(b0), que ce groupe est le groupe d'holonomie du fibre principal |
à connexion H au point b0 6 .3?.
On choisit un point p0 de f 0 et on fait correspondre à un élé­
ment ü u Ç O* (b0) quelconque l’élément au du groupe qui vé­
rifie la relation
^uPo = Po^u-
Le groupe $ opère librement et transitivement sur jF 0, si bien
qu’il y a existence et unicité pour au.
La formule (3) entraîne pour deux lacets quelconques ul} u2,
en b0:
(iiUl ©n u#) pq = n Ul (p0au>) = (nUlPo) aUi = po^ut^u,»
égalité qui montre que Iïu *-*> au est un homomorphisme. Il y a
plus. C’est un monomorphisme du moment que au = e si et seule­
ment si n u = id. Son image (notée O6 (p0) ou, en abrégé, O (p0))
s’appelle groupe d'holonomie au point p0.
306 LEÇON 20

Problème 3. Démontrer que le groupe O (Po) est fornîé de a £ S tels que


le point poa soit joint au point p0 par un chemin horizontal.
Les groupes O (60) et O (p0) sont isomorphes par construction,
mais le premier est le groupe de transformations de la fibre $ Q
(qui commutent avec l’action de 3) et le second représente un sous-
groupe du groupe structural 3 lui-même.
Si £ est le fibre des repères du fibré vectoriel £, le groupe tf)* (b0)
a pour éléments les transformations de la variété de Stiefel V (n ,
f 0) = f o des bases de l’espace vectoriel !F0 = qui sont
induites par les éléments du groupe d’holonomie & (b0) de Ç. Dans
ce sens, les fibrés £ et | ont même groupe O (60).
Quant à (p0). ce n’est évidemment autre qu’un groupe matri­
ciel formé des matrices de O* (b0) dans la base p0.
Problème 4. Démontrer que quel que soit le fibré principal le groupe
oE (Po) possède une structure différentiable naturelle par rapport à laquelle il
est un sous-groupe du groupe de Lie $ et que si la variété .50 vérifié le deuxième
axiome de dénombrabilité, il s’agit de la structure différentiable la plus faible.
[Indication. Voir proposition 1 ae la leçon 18.1
Montrer de plus que cette structure transportée dans (b0) ne dépend pas
du choix du point p0 £ (ce qui définit par là même une structure naturelle
de groupe de Lie sur O* (60)).

L’algèbre de Lie TeO* (p0) du groupe de Lie cD* (p0) sera dé­
signée par f^ê (ou par fPo). L’algèbre fPi est par construction
une sous-algebre de l’algèbre de Lie 9 =
Si | est un fibré des repères, fp# est précisément l’algèbre de Lie
matricielle f0 introduite plus haut.

* * *

Le théorème de réduction (théorème 1 de la leçon 18) se transpo­


se lui aussi aux fibrés principaux.
Proposition 5. Un fibré principal £ admettant une connexion à
groupe d'holonomie O est réductible au groupe O.
D é m o n s t r a t i o n . Le résultat voulu découle de suite du
théorème 1 de la leçon 18 si l ’on est en présence du GL {n ; R)-
fibré principal des repères £ associé au fibré vectoriel £. En effet,
la réduction de £ au sous-groupe O ci GL (n\ R) est évidemment
équivalente à celle du fibré principal £. Dans le cas général, on imi­
te en fait la démonstration du théorème cité.
Soit (I> = O* (p0).
On construit un atlas trivialisant {(£/, 9)} du fibré £. A cet effet,
on regarde U comme un voisinage sphérique quelconque dans %} et
on définit la trivialisation q>: U X 3 ->• (Su (ou, plus précisé-
THÉORÈME DE RÉDUCTION POUR LES FIBRES PRINCIPAUX 307

ment, la section su : U S liée à cp par la relation cp (6, a) =


= su (b) a, a Ç &, b Ç U). On procède comme suit.
On choisit un chemin vP quelconque qui relie le point bn —
^ n (Po) au centre bu du voisinage U et on désigne par v%, avec
b £ U arbitraire, le composé vuWt du chemin i/ 7 et du chemin ra­
dial u>b joignant bu à b dans U. Soit su (b) l ’extrémité II u (Po)
Db
du relèvement horizontal d’origine p0 du chemin v%. Il est clair que
&u (b) £ Jfb* i.e. l ’application su : U est une section du
fibré | sur U.
Problème 5. Montrer que sv : U-+fëu est différentiable (appar­
tient à T ( | lu))*
Une fois l’atlas {(U, cp)} construit, on cherche le cocycle de re­
collement associé.
Soient Ua et U^ des voisinages sphériques dont l’intersection n ’est
pas vide, et soient <pa et cpp les trivialisations correspondantes.
L’application de transition
<Ppa= U a fl

est définie par


q>Pa(i») = T(st;« (£>), süP(6)), b e Ut ( ] U2,
T étant la translation pour le fibré | (voir problème 10 de la leçon
16). Or,
.sü»(6) « n BPo et 8^ ( 6) = n p
vb**0

par définition, où v%= v^a et vî — v si bien que


-t(sv*(b), su*(b)) = aw,
où aw est un élément de O associé au lacet
W= V%(Vb)"‘ = vUaw^<* (vu&)~1.
Ainsi, q>pa (b) 6 <I>, et le cocycle de recollement {<Ppa } est donc
un cocycle sur ie groupe O. Par conséquent, le fibré | est réductible
à <D. □
Si l ’on s’en- tient aux résultats généraux de la leçon 9 et que q
soit une réduction de |, l’espace &n est plongé dans l’espace g 6.
Problème 6. On suppose que le $ -fibré principal différentiable | est ré­
ductible à un sous-groupe, sous-groupe de Lie ae $. Montrer que t] ainsi obtenu
est différentiable lui aussi et que son espace total c?11 constitue une sous-variété
de la variété S*.
308 LEÇON 20

En particulier, l’espace TpSn est pour tout point p 6 <Sn un


sous-espace de
T p S ^ T p ^ e t f p . 6 = *(p).
Problème 7. Montrer que Hv cz Tp# 11 et que
Tp8 n = Tpf J © Hf .
Il s’ensuit que la correspondance p *-►H*, p 6 Sn définit sur q
une connexion Hi dont on dit qu’elle est induite par la connexion H.
Problème 8. Montrer que si H = Ann 6 (voir leçon 17), alors Un= Ann O*1»
avec O*1 la restriction de la forme 0 à la sous-variété S*1.
Ainsi, le vecteur A £ Tpg n, p Ç g n quelconque, est horizontal
relativement à la connexion Hn si et seulement s’il est horizontal
(en tant qu’un vecteur de Tp$ s) relativement à H.

* * *

Voyons ce qu’il en est, pour les fibres principaux, du tenseur de


courbure R ou, plus précisément, de la forme de courbure matricielle
Q, et mettons l’équation de structure (38') de la leçon 19 sous une
forme mieux maniable en vue des généralisations.
Soit | = (g, n, jf?) le fibré des repères associé à un fibré vecto­
riel |, et soit H = Ann 6 la connexion sur %associée à la connexion
H sur £. La lettre 6 désigne une forme différentielle linéaire sur g
à valeurs dans g( (n; R), i.e. une matrice 6 à éléments formes
différentielles ordinaires Oj sur g, qui s’écrit pour chaque voisinage
de coordonnées Su :
0 = C"1 d C + C-l(oC,
avec o) la matrice || coj || des formes de connexion H sur U qui est
relevée dans Su (voir formule (12') de la leçon 16). Aussi,
© = ce c-1 - dCC-1
et
d© = dC A 6C’1 + C d ec-1 - ce A dC-1 + dCA dC-1,
©A a = ce a ec-1 - dCA ec -1 - c e c -1a dc c - 1 +
+ dCC"1A dCC-1.
Vu que dC"1 = —C"1 dCC-1, il en résulte
d© 4- ©A © = C (d0 4“ 0A 0) C-1,
i.e.
(4) de 4- 0A 0 = C -‘£2C sur Su
FORME DE COURBURE D’UNE CONNEXION 309

La lettre Q désigne la forme matricielle de (38') de la leçon 19 qu’on


considère comme forme sur <$u (i.e., si l’on veut être rigoureux,
comme forme Jt*Q, ji étant la projection î£u U).
La formule obtenue signifie que la forme
(5) ft = d0 + 0A 9
à valeurs dans g( (n;R) (définie, il y a lieu de le souligner, sur #
tout entier) s’écrit C~lQC pour chaque voisinage <&u> ce qui en fait
un substitut cent pour cent des formes Q. A la différence de celles-ci,
la forme (5) présente l’avantage d’être définie sur la variété S tout
entière.
La formule (5) comprenant l’opération A définie pour les formes
matricielles seules ne saurait être étendue de suite à un fibré prin­
cipal quelconque. Nous allons donc lui faire subir certaines trans­
formations.
Quelle que soit l’algèbre de Lie 9, le module Fgâ? des fonc­
tions différentiables sur la variété différentiable 3C à valeurs dans
9 est évidemment une algèbre de Lie pour l’opération (/, g)
»-#* [/, g] définie par
t/. g1 (P) == 1/ (p). g (p)l. P 6 D’­
Ainsi, on définit pour n'importe quelles formes différentielles li­
néaires a et § sur SC à valeurs dans 9 (regardées comme applica­
tions linéaires aSC -*■ F $SC ; voir leçon 16) la forme [a, pi de degré 2
sur SC à valeurs dans 9 si l’on pose pour les champs X, Y £ aSC
quelconques :
ta, pl (X, Y) = (a (.X), P (7)1 - [a (Y), p (X)].
Remarque 1. On procède de même pour a et P de degré quelcon­
que. [On remplace partout, dans la définition usuelle de la forme
a / \ p, la multiplication de nombres par l’opération dans l’algè­
bre 9.I
Si 9 = 9( (n; R), on identifie les formes a , p et [a, p] aux ma­
trices || a j H, || pj || et || [a, plj || à éléments formes différentielles
ordinaires (de degré 1 et 2 respectivement). On a pour les champs
X, Y £ aSC quelconques
la, Plj (X, Y) =
= (al (X) p) (Y) - pi (Y) a) (X)) - (ai (Y) p$ (X) - pi (X) a) (Y)) =
= («x (*) P* (Y) (Y) p*j (X)) + (Pi (X) a* (Y) - pi (Y) a) (X)) =
= (ai AP5)(X. Y) + (P* A a j) (X, Y).
Donc
[a, Plj = ai A Pi + Pft A « i.
43 « k. 5*0
i.o. en notations matricielles
[a, ji] = a A P + PA a-
En particulier, on a pour a = P = 0
(0, 0] = 20A 0.
Par conséquent, on récrit la formule (4) :

(6) fi = d 0 + X 10, 01-


Elle a un sens pour toute connexion H = Ann 0 sur un $-fibré
principal £ arbitraire.
Définition 1. La forme (6) s'appelle forme de courbure de la con­
nexion H .
On souligne que quels que soient le point p Ç S et les vecteurs
A, B £ Tpg, cette forme a sa valeur Qp (A, B) dans l'algèbre de
Lie g du groupe de Lie

* * *
Fort de ces résultats, on peut énoncer et démontrer une proposi-
tion 1 pour les fibres principaux quelconques.
Théorème 1, Pour toute connexion H sur un S-fibré principal
% = (S, xc, 2?) et pour tout point p0 6 S, Valgèbre d'holonomie fp#
est formée des combinaisons linéaires de tous les éléments de la forme
fip (A, B), ou p est un point quelconque qu'on peut relier à p0 par un
chemin horizontal, et A, B £ H V sont des vecteurs horizontaux quelcon­
ques en p.
D é m o n s t r a t i o n . Conformément à la proposition 5, le
fibre | se réduit au fibré r\ à groupe et la forme de courbure Sln
de T| est (voir problème 6 et formule (8)) la restriction à g n de la
forme de courbure lï, si bien que SI et fi11 prennent mêmes valeurs
sur les vecteurs horizontaux. Aussi, le théorème 1 est vrai pour le
fibré | dès qu'il l'est pour r\. Il suffit donc de le démontrer sous la
seule hypothèse que le groupe d ’holonomie O se confond aveç le
groupe structural $ tout entier (et l'algèbre fp# coïncide donc
avec l'algèbre 9). Quand O = on joint tout point p 6 S à p0
par un chemin horizontal, et il suffit donc de démontrer que l'espace
vectoriel 9 est engendré pour O = (S par les éléments de la forme
ftp (A, 5), p Ç g, A , B £ H V.
D’autre part, Op (A, 5) = d0p (A, B) pour tout A et tout B
de //p parce que 0P (A) = 0, avec A Ç Hp quelconque. Ainsi, il
nous faut démontrer que si O = l'espace vectoriel 9 a pour gé­
nérateurs les éléments de la forme d0p (A, 5), p £ 8, A, B Ç /fp,
THÉORÈME D’AMBROSE-SINGER 311

i.e. d0 (X, Y) (p), où X et Y sont des champs de vecteurs arbitraires


sUr £7 et X et Y en sont des relèvements horizontaux (voir leçon 17).
Par suite de la formule générale (34) de la leçon 16,
d0 (X, Y) = X0 (Y) - Y 0 (X) - 0 ([X, f l) ,

où 0 (X ) = 0 et 0 (y) = 0 (puisque les champs X et Y sont hori­


zontaux) et, partant, d0 (X, Y) (p) = —0 ([X, y)) (p). Il nous faut
donc établir qu’avec fl) = $ , l’espace vectoriel 9 est engendré par
les éléments 0 ((X, y]) (p), p Ç <£, X, Y Ça*?, i.e. que 9 = 1), f)
étant un sous-espace de 9 engendré par tous ces éléments.
La forme 0 est équivariante, ce qui entraîne pour tout a Ç &
(Ad a) (0IX, ?J (p)) = (Ad a) (0p ([X, ?)„)) =

= 0pa((diîo)p(X, y ) p) = 0pa ((*;-■ l£ , *i)po) =


= 0 ( ^ M X , Ÿ\) (Pa )= 0 ([fl;-.x , /i;-,y ))(p a )= 0 (x , y )(p a )e ^
(voir problème 5 de la leçon 17), d’où (Ad quel que soit
Cela signifie dans le cas a — exp tA (voir problème 16 de la le­
çon 14) que o '^ ^ Æ Ç Ï), donc
ttû A _
(ad A) B = lira - ---- B 6 1),
/—O 1
i.e. [Ay B] Ç I) (voir problème 15 de la leçon 14).
C’est vrai pour tout A de 9 et tout B de t) (donc pour A y B Ç f)
quelconques), si bien que l) est une sous-algèbre de l'algèbre de Lie 9.
On désigne par ü£p, p Ç S quelconque, le sous-espace de Tp$
dont les éléments sont tous les vecteurs (X + .4**)pî où X Ç a37,
A £ f) (et A ** est le champ fondamental associé à l’élément A ;
voir leçon 17).
Soient (£/, z1, . . ., zn) une carte quelconque de la variété 37,
et X u . . ., X m les relèvements horizontaux dans Su des champs
d d
de base , . . ., sur U. Soient r = dim i), A t , . . ., A r une
base arbitraire de l’algèbre f), et soient A f ..........A f les champs
fondamentaux correspondants. Quel que soit le point p 6 <£1;. les
valeurs que les champs
(7) X ........... X m, A f ............ A?
prennent en p forment une base du sous-espace 3j p. Il en résulte de
suite (voir problème 4 de la leçon 10) que le champ de sous-espaces
Olù

p 3 P est différentiable, i.e. (voir problème 21 de la leçon 14)


qu’il correspond à une distribution 3) (de fibres 3 V) sur g.
On voit de plus que le sous-module a [3] associé à 3 de l’al­
gèbre de Lie ag (formé des champs do vecteurs H7 sur g tels que
Wp Ç 3 pjpour tout point p £ g) est engendré localement par les
champs (7), i.e. la restriction W lu à U de tout W Ç a [ 3 J est
combinaison linéaire des champs (7) (à coefficients dans l’algèbre
F U). Aussi a [3] est une sous-algèbre ( 3 est involutive) si et
seulement si le crochet do deux champs (7) quelconques est
combinaison linéaire des champs (7).
On sait d’autre part (voir formule (22) de la leçon 16 et proposi­
tion 2 de la leçon 17) que

U f , A f ) = \A„ A
et I/lf, XjJ = 0 quels que soient i, ; et k. Les champs M f , Af ] et
U f , Xftl s’expriment donc linéairement par les champs (7). Quant
aux champs [X*, X J, k, l = 1, . . m, la définition de la forme 0
(voir formule (3) de la leçon 17) fait que si A hi = 0 ([X*, XJ),
alors Aft = [X*, X JV et, partant, [X*, X J = Af i . En effet,
[X*, X J = [X*, X jl7 en vertu du problème 7 de la leçon 17 parce
que J = 0. Comme
[ ’dX* dX*
(d0 ) (X, Y) = X0 (Y) - YQ (X) - 0 ([X, Y)) = 0 ([X, Y))
pour X et y horizontaux quelconques (si bien que 0 ([X, y)) =
= —Q (X, y)), l’élément A kt de l’algèbre de Lie 9 appartient à
la sous-algèbre I), et le champ [X*, X J = Afi s’exprime lui aussi
moyennant les champs (7).
Ainsi, la distribution 3 est involutive, donc complètement inté­
grable en vertu du théorème de Frobenius de la leçon 14. Soit SC la
sous-variété intégrale maximale de 3 qui passe par le point p0 Ç g.
Tous les champs horizontaux appartiennent à la sous-algèbre a [3],
si bien que chaque chemin horizontal d’origine p0 est dans SC.
Comme tout point p £ g peut être relié à p0 par un chemin horizon­
tal (<D = $ par hypothèse), on a SC = g. En particulier,
m + r = dim 3 P, = dim SC = dim g = m + n,
donc r = n. Ainsi, I) = 9. □
Le théorème 1 est connu sous le nom de théorème d'Ambrose-S in-
ger, bien que ces mathématiciens n’en aient démontré qu’une varian­
te affaiblie (et que sa démonstration exhaustive soit duo à Ozeki).
APPLICATION DU THÉORÈME D’AMBROSE-SINGER 313

* * *
La proposition 1 en est une conséquence triviale pour le fibrédes
repères | associé à un fibre vectoriel £ et la connexion H induite sur
| par une connexion donnée H sur En effet, la forme de courbure
(l de H s’écrit dans chaque carte de Su selon (4) comme C~lQCy
Q étant la forme de courbure de H sur U transportée dans Su- Cela
signifie par définition que tout point p 6 Su de coordonnées
(C, x), C £ GL (n; ït), x £ Rm, et les vecteurs A y B Ç TPS quel­
conques vérifient la formule
Qp (A y B) = C~'Qb (A'y B') Cy
où b = n (p) et A'y B ' sont les images de A et B par l’application
(dn)p : TPS -** TPÆ*.
Par ailleurs, on a dit dans la leçon 19 que Qb (A'y B ')%A \B 'Ç Tb<B
quelconques, n’est autre que la matrice || R (A \ B')) || de l’opéra­
teur linéaire R (A'y B'): f b - ^ ^ b dans la base s (b) de l’espace
vectoriel $ b. Aussi, Qp (Ay B) est la matrice de R (A' y B') dans
une base reliée à s (b) par la matrice de passage C. Puisque cette
dernière base est par définition (voir leçon 16) précisément la ba­
se p, on a
fip (A y B) = /?p (A'y B')y
avec R v (A' , B') la matrice de R (A' y B') dans la base p. Le théorè­
me 1 relatif à la connexion H équivaut donc à la proposition 1 énon­
cée en termes de matrices. □
Bien que la proposition 4 nécessaire au théorème 1 ne soit dé­
montrée que dans la leçon suivante, la proposition 1 se trouve com­
plètement établie puisque la validité de celle-là est, on l’a déjà in­
diqué, évidente pour les fibrés des repères.
LEÇON 21

Lemme de l’espace tangent au produit direct et ses corollaires. — Une


équation différentielle. — Existence des relèvements horizontaux pour
les fibrés principaux. — Une deuxième définition de la forme de cour­
bure. — Identité de Blanchi pour la forme de courbure d'un fibré prin­
cipal. — Equation de structure d’Elie Cartan. — Formes horizonta­
les équivalantes. — Quatemions imaginaires. — Formes F>.t b.

La démonstration de la proposition 4 de la leçon 20 sera précé­


dée de plusieurs remarques de caractère général qu’à vrai dire nous
avons pu (et dû) faire dans les Variétés différentiables.
Soient 30 et y deux variétés différentiables, et soit 30 X y leur
produit direct. Quel que soit le point (p0, q0) £30 X y , les for­
mules
(/>) = (p. ?<>). ipt (?) = (Po. ?). P 6 g € 3^,
définissent les applications différentiables
(i) iq0: £ O - * œ x y , jp0: y ~ + £ O x y ,
liées aux projections
n { : 3 0 x y - + 3 C , n2 : S 0 x y V
par les relations
° = id, n2 ° J p0 =
Ces applications sont des injections, des monéomorphismes et des
immersions. Leurs images
iq30 ~{{p> q0) £ 3 C x y; />£#},
/p.3/ = {(Po» q ) £ 3 0 x y \ q £ y )
sont des sous-variétés plongées de 30 X 2/» difféomorphes à 30 et à
y respectivement. Les différentielles
(d*<?.)p0 : T(Pj)( qo) (3? X y ),
(d/p0)<70: ^q0y T(p0, ç0) {30 X y)
des applications (1) sont des monéomorphismes, et on suppose que
les espaces vectoriels TJy SC et Tç y sont plongés par ceux-ci dans
T(p0, q0)) {30 X y).
LEMME DE L'ESPACE TANGENT 315

Lemme 1. L'espace vectoriel T(P , q > (30 X 2/) est somme directe
de Tp#â? et T,o2/ :
Démonstration. Si (U, h) — {U, x1, . . x") et
(V, k) = (V, y1..........ym) sont des cartes centrées en p 0 et q0 res­
pectivement des variétés 3? et y , le couple (U X V, h X k) est
par définition (voir leçon II 1.15) une carte centrée en (p0, q0) de
30 X Les coordonnées locales de la dernière carte sont les fonc­
tions x1 « n t, . . ., x" » ni, y1 o n 2, . . ., ym » Ji.,, que nous allons
désigner par x1, . . xn, y1, . . ., ym pour alléger les formules.
En ces coordonnées, l’application iq est donnée par
x { = x', i = 1, . • . | fly
(3) y7 = 0, 7= 1, . . ., m
et l’application par
x‘ = 0, i = l, .. n,
(4)
•■m.
!l

11

Il correspond à (U, h) une base de Tv 30 formée des vecteurs


à la carte (K, k) une base de T,#27 formée de

et à la carte (U x V, h x k ) une base de


\ dy> / %
l ’espace T(po, (S7 x iy) dont les composantes sont les vecteurs
( - —r) i l^ i^ n , et ( — ,1^ ^ m. Ce faisant,
\ dzi /(p 0.?0) ^ ^ dy> I <p„.
\ dy> o*9ffl)
qo\ '
les formules (3) et (4) impliquent de suite (voir définition de la dif­
férentielle d’une application différentiable dans III. 12) que les
différentielles (2) des applications (1) opèrent par les formules

»= 1, i n,

7 = 1, , m,

ce qui prouve évidemment le lemme 1. □


Quels que soient les vecteurs A Ç Tp 30 et B Ç T , 2/, le vecteur
X 0)p0 A + B
sera désigné par (A , B).
S o it/: 30 X y % une application différentiable de X X y
dans une variété %, et soit
d/(p0. 9q) : %) X 27) —*■Tr %, r0= f (p0, q0),
316 LÆÇON 21

sa différentielle au point (p0, qa). On suppose que les applications


Rq iiSP" ^ 2 , Ltp \ y —
*0 M
>
sont définies par
\ p = f(p, ?o)> L Poq = f ( p 0, q).
(Si l’on considère / comme multiplication, est la multiplication
à droite par q0 et L p est la multiplication à gauche par p 0.)
Corollaire 1. Tout vecteur C Ç T(P#1 (5? X &) vérifie l'éga­
lité
(5 ) ( d /)< p„.90>^ = ( d f t ç j p q d +

où A Ç TP().2? et B Ç T sont des vecteurs pour lesquels C = {A, B).


D é m o n s t r a t i o n . L'égalité C = (A, B) s’écrit en dé­
taillant
^ = ( d 'V v 4 (djpt)q0B-
Aussi
d/(P0. 1JC = d (/ 0 % ) p 0A + d K » ÎPq)q0B -
On note que
R i, = / 0 *«0 et ^ ’o = 1 ° >v
et on a le résultat voulu. □
Soit if une autre variété différentiable.
Problème 1. Démontrer que
1° quelles que soient les applications différentiables u: if -+■ SC
et v: <&-*-*&, l'application
u x v: JP -+â? X y
donnée par
(u X v) (f) = (u (t), v (t)), t Ç if,
est différentiable ;
2° chaque application différentiable if -*■ SC X y admet une
représentation unique u X v\
3° tout vecteur D £ Tiif vérifie en chaque point t Ç if l’éga­
lité
(6) d (u x v)tD = (du) tD + (du),D.
Soit u>: i f -*-% l'application
fo(uxv):iP — ^ SCx 2/ Z.
UNE EQUATION DIFFERENTIELLE 317

Corollaire 2. Tout vecteur D 6 vérifie l'égalité


(7) (du>)jD = d (Æ„(d » u)tD -f- d (Z/U(o 0 v)tD. □
Dans le cas particulier où est le segment / de l’axe 31, u, v
et H’ sont donc les courbes / 30, I -*■ y , I -*• %, et D est le vec-
teur la formule (7) s’écrit

(8) w{t) = (dÆpdjJudjU (t) -r(dL u(j))t,(f)D(<).


(En effet, w (f) = (du>)< { par définition, et les formules ana­
logues ont lieu pour les courbes u et v.)

* * *

On aura besoin du
Lemme 2. Soit A : t>-+ A (t), t £ I, un chemin différentiable de
l'algèbre de Lie 9 = Te$ . Le groupe de Lie C S contient un seul
chemin différentiable a: t *-*• a (t), t £ I, d'origine e, tel que
(9) à (t) = (di?o{0M (0
pour tout t £ 1.
D é m o n s t r a t i o n . Le chemin A est par définition la res­
triction d’une courbe différentiable I W définie sur l’intervalle
ouvert / zd /. On suppose sans restreindre la généralité que I = K.
Ceci étant, on considère la.variété différentiable 30 = W X R.
Comme
T(«, , ) & = T a$ © T,R
pour tout point (a, s) Ç 301 la formule
X{0it) = (dRa)eA(s) + ( ± ) t
définit parfaitement sur 3C un champ vectoriel X. Il est clair que la
courbe intégrale de X passant pour t = 0 par le point (e, 0) s’écrit
t (a (f), t)%avec t *-*> a (t) une courbe de $ vérifiant (9) telle que
a (0) = e. Il suffit donc de démontrer, pour avoir le lemme 2, que
la courbe t (a (t), t) est définie pour tous les t Ç /.
Soit {cpf} le flux maximal sur X induit par le champ X (voir le-
çon II I.17). Il existe sur I une fonction continue strictement posi­
tive 6 (s) telle que, quel que soit le point (e, s), s £ îl, le point
<p* (e, s) soit manifestement défini pour tout t , | t | < 6 (&•) (et
<p0 (*» s) = (*. 5))* Il ©n découle en vertu de la compacité de / qu’il
existe un nombre ô0 > 0 pour lequel le point cp* (ey s), | t | < 60,
est défini pour s £ / quelconque.
318 LEÇON 21

Soit T 0 la borne supérieure des nombres T tels que le point


q>f o) = (a (t), t) soit défini pour 0 < t < T. Le lemme 2 sera
établi à condition de montrer que T0 1.
Soit T0 < 1. D’après la définition de la borne supérieure, on
trouve pour tout e > 0 un nombre t0 £ / tel que t0 < T0 < t0 -f e
et que le point cp<0 (e, 0) soit défini. Prenons le point cp, (e, tQ).
On a t0 6 / 1 si bien que ce point est défini pour | t | < ô0 et s’écrit
(b (f)* t + t0)i où b (t) = (d/?b(<))ei4 (t + £q) et &(0) = £. Aussi,
la courbe t »-*■ (b {t— tQ) a (£0), t) est définie pour t0 — ô0 < / <C
< t0 + 60 ; elle constitue une courbe intégrale du champ X et a
pour origine le point (a (f0), t0) = cpfo (e, 0). Cette courbe est donc
la restriction à )f0 — 60, tQ+ 6 0[de la courbe intégrale t cpt (e, 0)
(on utilise la propriété de celle-ci d’être maximale). Ainsi, le point
(p* (<e, 0) est défini pour 0 ^ / < t0 + 60, ce qui contredit l’hypothè­
se de T0 < 1 pour e. < ô0. □
* * *
On est en mesure de passer à la
D é m o n s t r a t i o n de la proposition 4 de la leçon 20. Soit
w : /-*• g un relèvement arbitraire d’origine p0 du chemin u dans
g. (Il existe au moins un relèvement w du moment que le fibré |
est localement trivial et le segment I est compact.) Tout relèvement
v d’origine p0 de u s’écrit t w {t) a (f), où a : t *-+ a (t) est un che­
min d’origine e du groupe de Lie Il faut montrer qu’on peut
prendre a de façon que le chemin u soit horizontal.
Le vecteur tangent v (t) au chemin u s’écrit conformément à la
formule (8) (où l’on substitue à u, v, w et SC, 2/, % les courbes
w, a, v et le triplet g, î?, g respectivement et où / fait place à
l’action g X & -*• g) :
• • •
v (t) = (d/?„(t))«,<oU> (0 + (dL„(0)o(0a (t).
Le dernier terme du second membre est transformé comme suit :

(dZ/u(())a(f)a (t) = [(dZ/u>(o)a<0 ° (d^a(o)e] ((dLa(f))* a (t)) =


(d^t*o)e ((d£û(o)«,a (0 )= {(dLa{t))ela (O)*/)
(voir formule (19) de la leçon 16), où La(<) de la première ligne
s’interprète comme translation à gauche dans le groupe $ , si bien
que le vecteur (dLa(<))êl a (t) s’assimile à un vecteur de = 9.
Aussi, on a pour toute forme fondamentale 0 sur g à valeurs dans 9

0c(O ((d£u>(n)a(/)a (0) = (d^a(o)ê1^ (0*


UNE DEUXIÈME DEFINITION D E LA FORME DE COURBURE 319

D’autre part, si 0 est équivariante, alors


0r(D ((d^a«))uXf)^ (0) = (Ad (O'1) Qw(i) (w (t)) =
= (dLa{t))-e' [(diî^oJee^d) (w (t))].
Par conséquent, l’égalité 0 ü(#) (v (t)) = 0 a lieu si et seulement si

(dfta(o)tût/:(0 (w (0) + a (0 = 0.
Cela prouve (pour H = Ann 0) que le chemin v: t w (t) a (0 est
horizontal sous la condition nécessaire et suffisante
(10) i ( 0 = — (<Ma(t))e0w(t)(w(0) Pour tout
Si l’on note que cette relation devient (9), (pour A (t) = —0^/) (w (0)
et si l’on utilise le lemme 2, on aboutit au résultat voulu. □

* * *

Lorsque nous avons introduit dans la leçon 20 la forme de cour­


bure Q de la connexion H sur le fibré principal §, notre but a été
de déduire à moindre frais du théorème d’Ambrose-Singer la propo­
sition 1 de la même leçon. Mais Q est susceptible d ’une autre défi­
nition qui s’avère plus commode à bien d’égards.
On considère la connexion H comme projecteur H : a $ a $
(voir leçon 17).
Proposition 1.
(11) Q = d0 o (H X H).
D é m o n s t r a t i o n . Cette formule signifie que
Si {X, Y) = de (X H, Y h)
quels que soient les champs de vecteurs X et Y sur 8, i.e. que
(12) Si, (A, B) = (d0)p (>lH, Bh)
pour tout point p 6 <£ et A, TJS quelconques. C’est cette
dernière formule que nous allons vérifier.
Comme les deux membres de (12) sont linéaires par rapport à A
et B , il suffit de démontrer l’égalité proposée dans l’hypothèse où
chacun des vecteurs A et B est soit horizontal, soit vertical.
Cas 1. Les vecteurs A et B sont horizontaux (i.e. 0P (A) = 0 et
0P (B) = 0), auquel cas [0, 0lp (il, B) = 0, donc fip (i4t B) =
= (dé)p (A , B). On a (12) parce*que A H = A et Bn = B.
Cas 2. Les vecteurs A et B sont verticaux (i.e. A H = 0 et B n =
= 0). Le second membre de (12) est nul et le premier est égal à la
320 Lt&CON 21

valeu r en p de la fonction
(13) ft(X, r ) = d0(X, y) + — (0, 0] (AT, Y)

à valeurs dans g, où X et Y sont des champs de vecteurs sur & tels


que X p = A et Y p = B. Il est d'ailleurs connu (voir problème 13
de la leçon 16) que X et Y peuvent être des champs fondamentaux,
i.e. on suppose que X = et Y = Z)**, avec C et D des éléments
(définis de façon unique) de l’algèbre de Lie g. Puisque 0 (Cn) =
= C = const et 0 (D**) = D — const, on a (voir formules (22)
et (34) de la leçon 16) pour X = C** et Y = D*
(d 0) (x, Y) = x e (Y) - y© (X) - 0 (x, y ] = - 0 ix , y] =
= - 0 [Cn , £>#] = - 0 [C, Z>P = - [C, D).
D'autre part,
[0, 01 (x , Y) = (0 (X), 0 (y)i - [0 (y), 0 (x)i =
= 2 (0 (X), 0 (y)l = 2 [C, D I
Aussi, la fonction (13) est identiquement nulle, si bien que sa valeur
en p est 0.
Cas 3. L’un de doux vecteurs est horizontal et l'autre vertical.
On suppose pour fixer les idées que c’est A qui est vertical ( B est
donc horizontal). Dans ce cas, A H = 0 avec le second membre
de (12). Comme 0 (B ) = 0, le premier membre est égal à (d0)p (A, B ) ,
donc à la valeur en p de la fonction
(14) do (x , y ) = x o (y) - Y6 (X) - 0 (ix, yj),

X étant un champ C C Ç g, tel que Cf = A, et Y un champ ho­


rizontal pour lequel Yp — B . Mais [X, y i = [Cft, y ) est alors hori­
zontal (voir proposition 2 de la leçon 17), si bien que 0 ((X, Y\) =
= 0. Vu qu’on a de plus 0 (y) = 0 et 0 (X) = C — const, la fonc­
tion (14) est identiquement nulle. Aussi, sa valeur en p est 0.
Cela achève la démonstration de la proposition 1. □
Corollaire 1. La forme Q est horizontale, □

* * *

Soit û> une forme différentielle quelconque de degré r sur la va­


riété S (à valeurs dans 7r en général). La forme
Dia = do » (H x . . . x H),
r-fi fois
ÉQUATION DE STRUCTURE D’ÊLIE CARTAN 321

i.e.
(Z>w) (X0, X lt . . ., X r) = (d©) (X*, X ", . . . . X?),
X0, X „ . . ., X r 6 aS,
s’appelle différentielle covariante extérieure de o>.
Chose à noter: quelle que soit o>, la forme Dca est horizontalo.
La proposition 1 signifie par conséquent que la forme de courbu­
re fl est la différentielle covariante extérieure de la forme déconnexion :
(15) il = DO.
Proposition 2 (identité de Blanchi). La différentielle covariante
extérieure de la forme de courbure est nulle:
(16) D il = 0.
Démonstration. Comme d » d = 0, on a Z? o d = 0,
donc
Z?fl = -^-Z>[0, 0] = - - d ( e , 0)o( H x H x H ) .
D’autre part, toute forme m de degré 2 à valeurs dans g et n’im­
porte quels champs de vecteurs X, Y, Z vérifient selon la formule
générale (35) de la leçon 16 l’égalité
d© (X, Y, Z) = X© (Y, Z) + Y<ù (Z, X) + Z<ù (X, Y) —
- <Ù([X, Y], Z) - (ù ((y, Z]t X) - û) ((Z, XI, Y).
Aussi
d© « (H X H X H) = 0
si la forme o sur S est verticale (est nulle à condition qu’au moins
un de ses arguments soit un champ horizontal).
Il nous suffit donc de démontrer que la forme (0, 0] est verticale.
Or, cette propriété découle de suite de la définition: puisque
[0, 0] (X, Y) = (0 (X), 0 (y)J - 1 0 (y), 0 (X)],
on a 10, 0] (X, Y) = 0 si, disons, X est horizontal (et, partant,
0 (X) = 0). □
On note que D « D 0 en général.
Problème 2. Montrer que si | est le fibré des repères d'un fibré vectoriel
l’identité (16) est équivalente à P identité de Biancni de la leçon 19 (voir pro­
position 1 et formule (39) de la leçon 19).

* * *
Une forme différentielle o> de degré r sur S à valeurs dans g
est dite équivariante si
Z?*û) = (Ad a-1) û)
ÔZZ LEÇON 21

pour tout élément a de i.e. si l’on a pour n’importe quels vec­


teurs A l% . . ., A r 6 Tpg en chaque p 6 S :
0)pa ((dBalpAu . . ., (di?a)p Ar) = (Ad a ’1) cop (Alf . . Ar).
Problème 3. Démontrer Viqulvariance de la forme de courbure Q. [Indication.
Utiliser le fait que i?;©// = H o R * sur les champs de vecteurs et que ÆJod
= doTÎJ sur les formes différentielles et démontrer que si © est une forme équi-
variante, alors il en est de même des ©o( H X . . . X H ) et d© (donc de JD©).]
Problème 4. Démontrer que
(17) Dtù = d© + [©, 0J
pour toute forme horizontale équivariante © sur jg. [Indication . Commencer
par le cas r = 2.1
La formule (17) est connue sous le nom d "équation de structure
d'Elie Cartan. Si co = 0, elle devient la formule (6) de la leçon 20v
qui est donc une équation de structure elle aussi.

* * *

Puisque Ad est une représentation du groupe structural & daus


l’espace vectoriel 9, on définit (voir leçon 17) le fibré vectoriel as­
socié | [Ad], si bien qu’on peut parler (voir leçon 16) des formes
différentielles de degré r 0 sur $ à valeurs dans \ [Ad].
Chacune de ces formes co fait correspondre par définition à tout
point b Ç 93 et aux vecteurs A lt . . A r quelconques de Tb#
l’élément ©*, (A,, . . A r) de la fibre f b (g [Ad]) du fibré l [AdL
D’autre part (voir leçon 1), les points de cette fibre sont autant d’or­
bites [p, A], p g A £ g, de l’action du groupe $ sur l’espace
% X 9, définie comme suit:
(p* A) a = (pa, (Ad a"1) A), aÇ
et la formule / p (A) = [p, A], A Ç g, détermine pour tout point
pÇ T isomorphisme de Pespace vectoriel 9 sur *fb ( | [Ad)).
Aussi, l ’égalité
©p (Ai , . . . , A r) = j^(^((djrJpA i, . ..* (dJt)pAr)
A|f • .. , Ar ÇTp%,
définit bien une forme différentielle © sur % à valeurs dans 9*
Problème 5. Montrer que
1° la forme © est différentiable, horizontale et équivariante;
A
2° © © établit un isomorphisme entre le F^B-module T (Hom {Ar%£&
® J [Adh) de toutes les formes différentielles de degré r sur ,58 à valeurs dans
6 [Ad] et le F.58-module des formes horizontales équivariautes de degré r sur
QUATKHN1UNS IMAUlixalt, cô oao

Ainsi, Us formes horizontaUs équivariantes sur § s'identifient na-


iurellement aux formes sur SS à vaUurs dans | (Ad].
En particulier, Us connexions sur U fibré principal £ = (g, ji, SS)
(,ou, plus précisément, Uurs formes de connexion) sont exactement Us
formes linéaires sur SS à vaUurs dans | (Ad].
Voilà une définition de la connexion de plus !
La forme de courbure fï de chacune de ces connexions est une
forme de degré 2 sur SS à valeurs dans £ (Ad].
Problème 6 . Montrer que 9i £ est le fibré des repères d’uu. fibré vectoriel £,
le fibré £ [Ad] est canoniquement isomorphe au fibré End £. [Indication. Chaque
point de l ’espace 8 (£ [Ad]) = « X 0 s’écrit [p, A], avec p = (p„ . . ., pn)
Ad
le repère dans une fibre SFh de £, A un élément de l ’algèbre cl (n\ R), et
(p, A] = [p', A '] si et seulement s’il existe une matrice C 6 GL (n ; R) telle
que p' = p C et A ' = C“lAC. Aussi, l ’opérateur linéaire $Fb -►& b de matrice
A dans la base p dépend du seul point fp, A].]
Problème 7. Démontrer que l’isomorphisme du problème 6 associe à la
forme de courbure de la connexion U sur £ la forme de courbure de U corres­
pondante sur £.
Ainsi, on n'a obtenu aucun fait nouveau relatif aux connexions
sur les fibrés des repères, comme il fallait d’ailleurs s’y attendre.
* * *

Le dernier sujet que nous abordons dans cette leçon est la cons­
truction de certaines SU (2)-connexions spéciales sur ^4. Leur
rôle et leur intérêt seront éclaircis dans la leçon suivante.
On rappelle (voir problème 5 de la leçon 7) que les quaternions
£ *= a + b] s’identifient naturellement aux matrices de la forme
a b
(18) A —b a
Puisque les matrices unitaires unimodulaires d’ordre 2 (éléments du
groupe SU (2)) sont exactement les matrices (18), où aa + bb = 1,
od voit en particulier que cette identification induit celle du groupe
SU (2) et du groupe Ss des quaternions de norme 1 (qui est la sphère
unité de l’espace euclidien H) :
SU (2) - S».
L’algèbre de Lie (3® du groupe S* (espace tangent en 1 à la
sphère 3®) s’identifie alors naturellement au supplémentaire orthogo­
nal de 1 dans H, i.e. à l’espace vectoriel H' de quaternions imagi­
naires. Les matrices A $ associées s’écrivent

, a réel,
O&k ùi

i.e. ce sont des matrices antihermitiennes de trace nulle. Celles-ci


forment l’algèbre de Lie gu (2) du groupe de Lie SU (2) (voir leçon
III.11), et la correspondance i est donc pour £ 6 H' un iso­
morphisme de l'espace vectoriel H' sur l'algèbre de Lie gu (2).
Cela nous autorise à interpréter toutes les formes différentielles à
valeurs dans gu (2) (par exemple, les formes de connexion sur les
SU (2)-fibrés principaux) comme formes à valeurs dans H'.
[Question. L’isomorphisme H' gu (2) permet de transporter
le crochet de Lie dans l’espace vectoriel H'. Qu’est-ce que cette opé­
ration ?]

* * *

En particulier, les SU (2)-connexions données sur R4 ne sont


autres que les formes différentielles linéaires à valeurs dans H'
(19) A (x) = A a (x) dx«,
où x = (i°, xl t x», æ3) et où a parcourt les valeurs de 0 à 3. Ce fai­
sant, il y a intérêt à identifier R4 à H, i.e. à considérer l’argument
x de (19) comme quaternion. (Faites attention au changement de
notations pour la forme de connexion.)
Soit donnée, par exemple, une forme (19) :
( 20) A (x) = Im * d* _ 1 *dx—dxx xÇ H.
1 + 1 * I* 2 l+|x|» ’

Les notations employées sont claires encore que conventionnelles.


La forme (20) s’écrit en détaillant
A fxï - *if+*«/+*»* dx 4- - * 0 * - aXi 4.
•A W - li+
+ ix
| x i»| t + |x |* dX,+
, X3i - X 0j - Xlk , — Z2i + xi; —x0fed
i+|x|* ■ 1+1*1*
_ x, dx„—x„ dxj+ xs dxf—x, dx, t ,
1+1*1* +
i xa dx0 —x„dx1—x0 dxt + x t dxa .
1+1*1*
I x3dxp+xt dxt —xt dx2—xt dx3
h 1+1*1»
Voici une autre formule pour cette forme :
x
i4(x) = Im {/(x)dx), où /(x)
1+1*1* •
FORMES F h, b 325

La forme de courbure de la connexion (20) notée F est définie par


F = dA+A A 4 =
= Im{d/(x) A dx + /(x)dx A / ( x) d*> =
_ t„ f (1+ I x I*) dx—x (dxx + xdx) A , xdx A xdx 1 _
“ lm\ (1H-1 x |*)* / ' aX "*~ ((1+
l+ | x |*)* /
= Im —x A j*
(l+ |x|*)* •
i.e. par
p_ dx A dx
( 21) (i+ |x |* )*
du moment qu’on a évidemment un quaternion imaginaire sous le
signe Im.
Soit, plus généralement, la forme

(22) A%
%b(x) = Im x>^ 7 xbLdbX|8 .
(aveo b £ H et X un nombre strictement positif quelconque. Elle
s’obtient à partir de (20) par la transformation
x Xx + b, b Ç H,
composée de l’homothétie x»-*- Xx et de la translation x »-*• x -f- b.
Problème 8. Montrer que la forme de courbure de la connexion
(22) s’exprime par
P _ X* dx A dx
(23) '*•' b~ X*+ | x—b |« -
Il se trouve que les formes (22) sont les seules parmi les formes
(19) à posséder deux propriétés importantes. La première a trait au
comportement de (22) si | x | oo.
Nous dirons qu’une fonction (une forme, et ainsi de suite...) est
définie au voisinage de oo s’il existe i?0 > 0 tel que cette fonction
(forme,...) le soit pour | x | > R 0.
On rappelle que deux fonctions numériques / et g définies au
voisinage de oo sont asymptotiquement égales pour | x | -> oo (ce qui
se note f ~ g pour | x | -v oo) si
/(*) 4 1 I
- ^ - ”►1 pow |x|-> -°o.
S’agissant de / et g à valeurs dans H' (ou dans tout autre espace
vectoriel f ) , la formule / ~ g, | x | -*■ oo, signifie par définition
l ’égalité asymptotique de toutes leurs coordonnées (i.e., en des
termes plus invariants, l o / ~ l o g pour toute fonctionnelle li­
néaire l : T -> ft). Pareillement, la formule A ~ B, | x I oo
326 IÆÇON 21

veut dire par définition pour deux formes différentielles A = A a dxa


et B = Ba dz° définies au voisinage de oo que A a ~ Ba pour tout
a = 0, 1, 2, 3.
Soit g: H -*■ S* une application différentiable définie pour
| x | > R 0. Quel que soit R > R 0, la composée de l’homothétie
x —*• R x et de la restriction de g à la sphère | x | = R est une ap­
plication différentiable S3 -*■ S 3, et son degré se trouve donc défini
(voir leçon III.26). Nous notons k ce dogré de signe contraire (voir
p. 335). ^
Problème 9. Montrer que le nombre k est indépendant du choix
de R.
Voici enfin la première propriété de la forme (22).
Propriété 1. Il existe une application différentiable g: H -*-<J3
définie au voisinage de oo pour laquelle
(24) >!>., i>(x) ~ g~* (x) dg(x) lorsque |x |-v o o
quels que soient X et b. Le nombre k associé est 1.
D é m o n s t r a t i o n . Il est clair que A ^t b ~ A pour | x J
oo, avec A = A lt 0 la forme (20). Il suffit donc de démontrer (24)
pour A.
Mais on établit aisément que

T + frîT = *", T ^ T r * ~ i "‘ lorsque |x |-v o o


et

dh|x |i = dj l K
/ " dxx+xdx
xx = — 2 | X| ,
a ( * \ _ d x | x | —d | x | x | x |*dx—xdxx - x d x —dxx
a l|x|^“ | x |* “ 2 1x |* “ X 2 1x|® *
Par conséquent,
A (x) ~ Im x-> dx = Im — î- x x - = g~l (x) dg (x) pour
|x| -KOO,
où g (x) = x • Il nous reste à dire que l’application g transforme
la sphère S3 dans elle-même et est la symétrie x >-*■ x sur S 3. La
propriété voulue est vérifiée. □
On passe à la seconde propriété.
Comme l’espace IR4 = H est muni d’une structure euclidienne
standard et d’une orientation, on définit sur lui pour les tenseurs
antisymétriques l’opérateur de Hodge *. Cet opérateur est défini
pour les tenseurs antisymétriques en chaque point de IR4, i.e. pour
les formes différentielles sur cet espace, et il opère sur les formes
FORMES F b 327

différentielles basiques de degré 2 par les formules


* (dx° A dx1) = dx2 A dx3, * (dx1 A dx2) = dx* f\ dx3,
(25) * (dx° A dx2) = — dx1 A dx3,* (dx1 A dx3) = —dx° A dx
♦ (dx° A dx3) = dx1 A dx2, * (dx2 A dx3) = dx° A dx1.
On étend ♦ par linéarité aux formes à valeurs dans un espace
vectoriel arbitraire (et, en particulier, aux formes à valeurs dans H').
On note que *2 = 1.
Une forme différentielle F de degré 2 sur l’espace îl4 est dite
autoduale si
*F = F
(elle est anti-autoduale pour *F = —F).
Propriété 2. Chaque forme (23) est autoduale.
D é m o n s t r a t i o n . Les formules (25) entraînent que la ba­
se de l’espace des formes autoduales est formée par
dx°A dx1 + dx2A dx3,
dx°A dx2 — dx1A dx3,
dx°A dx3 + dx1A dx2.
Puisque
dxA dx =
= (dx° -f dx1* -f dx2; + dx3fc)A (dx° — dx1*’ — dx2/ — dx3/:) =
= —2 {(dx°A dx1 + dx2A dx3) i -f J
-f (dx°A dx2 — dx1A dx3) / -f- (dx°A dx3 -'r dx1A dx2) A),
cela démontre la propriété 2. □
On a déjà dit que le rôle et l’importance de ces propriétés seront
révélés dans la leçon suivante.
LEÇON 22

Equations de Maxwell du champ électromagnétique. — Interpréta*


tlon opératorlelle. — Champs de jauge. — Instantons. — Formule
de la charge topologique. — Fonctionnelle de Yang-Mills. — Poly­
nômes invariants sur un espace de matrices. — Classes caractéristiques
des fibrés vectoriels.

Les dernières constructions de la leçon précédente paraissent


comporter un certain arbitraire, mais elles sont motivées par la
théorie moderne des champs physiques.
En physique, le champ électromagnétique est décrit par le vec­
teur champ électrique E et le vecteur champ magnétique H qui
vérifient dans le vide les équations de Maxwell
(1) — — = -ro tE , div H = 0,

(2) 4 —- = rotH , divE = 0.


Dans le formalisme de dimension 4 de la Relativité restreinte,
ces vecteurs forment le tenseur antisymétrique F dont les composan­
tes s’écrivent en coordonnées afi = ict, x1 = x, x2 = y, x* = z:
0 Pot f 02 F 03 0 if* Œ y iEz
**10
0 F it F is Ht
if* 0 ~H y
Et0 fa. 0 F 33 -H ziE y
---- 0 Hx
F 30 f*. f». 0 -iE z
Hy - H x 0

i.e., autrement dit, la forme différentielle


F— Faadxa A dx^ = c(Ex dx + Eu dy + E t dz) /\ d£ +
o<p
+ H t dx /\ dy—Hydx f\ dz + H x dy f\ dz
dont la différentielle extérieure est

dF = 2 dxy A d ï* A da# =
«<p dx

= (%■ - 1& A + T Ê f) <*' A I * 8 A d**+


+ { & - ■ & + H ? ) l l , A l * 'A W +
ÉQUATIONS DE MAXWELL 32»

■ t(^-^+ ^)d x °A d x -A d x > +

+ ( & - & ■ + ■ & ) <*** A dx> A d x - -

= ( ^ + ^ + i & )d * A d ,A d !-

—c ( 'I T ' Ir' + T t ) d< a d* a d«—


- ( T - T - T f ) * A ^ d ,
si bien que deux premières équations de Maxwell (1) équivalent à
dF identiquement nulle :
(3) dF = 0,
i.e. à F fermée.
Si l’on effectue des transformations formelles, il y a intérêt à
supposer toutes les variables z®, 0 ^ a ^ 4 (y compris cfi !), réelles,
i.e. à considérer la forme F sur l’espace ït4 (cela équivaut à intro­
duire le temps imaginaire it\ c’est la rotation de Wick des physi­
ciens). On fait agir sur F l’opérateur de Hodge *, ce qui donne la
forme
*F = F9l dx2A dx3 — F02 dx1A d*3 + ^oa dx‘A dx2 +
+ Fu dx°A dx3 - F13 dx°A dx2 + F 23 dx«A dx1 =
= ic (H x dx + H y dy -f Hz dz) A dt +
+ i (Ex dj/A dz — Ey dxA dz -f- Et dxA dy)
(voir formules (25) de la leçon 21). Comme

+ * !$ -) d l' A dx- A d*’ +


+ A d* A <** +
+ + A dx- A «1*»+
+ + - & + ■ & ) d*° A dx- A dx2 —
( ■ ^ ■ + ~ + - ^ - ) d x / [ di/Adx +

+ ,c( t J7 < - - i W + ^ r ) d ‘ A d y A d z +
330 LEÇON 22

+ * ' ( - 4 - î L- - ^ + ^ ) " A d . A d . +

+ Al*Adv.
les équations de Maxwell (2) équivalent à
(4) d * F = 0.
[En présence de charges, l’équation (3) subsiste, et l’équation (4)
s’écrit d * F = *4n(q>, où q> = p dt -f- j x da: -f j v dp + /* dz (avec
p la densité de charge et /'*, j t les composantes du vecteur densité
de courant).]
Selon un lemme de Poincaré (voir leçon 111.20), l’équation (3)
entraîne l’existence d’un potentiel sur (R4, i.e. l’existence d’une
forme linéaire
(5) A = A a (x) dxa, a = 0 , 1, 2, 3,
telle que
(6) F = dA.
Cela signifie, en ce qui concerne les coefficients* qu’on a

(7) « . P - o . i . 2. 3.
Le potentiel A doit vérifier l’équation du second ordre
(8) d + dA = 0
qu’on obtient en substituant F = dA dans (4). Il est défini à des
transformations
(9) A A + d/
près (/ étant une fonction arbitraire) qu’on appelle transformations
4e jauge.
Si l'on est en dimension 3, le quadrivecteur A se décompose en le potentiel
scalaire <p et le potentiel vectoriel A. On annule par (9) 9 et la divergence div A
(changement de faute de Lorentx). L'équation (8 ) devient par le changement de
jauge de Lorenlz Y équation d'onde de d'Alembert
1 d*X = AA,
c dt*
et l ’égalité (0) s’écrit

E~ r i r ’ H“ rotA-
Les champs E et H vérifient donc une même équation de d'Alembert, ce qui signifie
physiquement que dans le vide le champ électromagnétique a la forme d’ondes
électromagnétiques.
INTERPRÉTATION OPÊRÀTORIELLE 331

* * *
Chaque fonction différentiable / définit sur l'espace vectoriel F
de toutes les fonctions différentiables sur R4 l’opérateur linéaire
(10) Tf : \J> 6 F,
de la multiplication par /. Cet opérateur est inversible si et seule­
ment si / est partout non nulle.
Nous considérerons également sur F les opérateurs dérivation
partielle par rapport aux coordonnées

et les sommes da + T Il serait d’ailleurs bon d ’écrire / au lieu de


T f, donc da + / au lieu de da + T f.
Cela étant, on fait correspondre à chaque potentiel (5) le quadri-
vecteur opératoriel V de composantes
(H) Va = da + A at a = 0t 1, 2, 3.
Le commutateur de deux opérateurs VŒ» Vp (H) quelconques est
donné par la formule
(Va, Vpl = daA i - 5pA0.
On voit donc que, primo, ce commutateur est l’opérateur de la mul­
tiplication par une fonction et, secundo, cette fonction n'est autre
que le coefficient Fafi de la forme F (voir (7)). Ainsi,
(12) Faa = (Va, Vpl
pour n’importe quels a, (1 = 0, 1, 2, 3 (ce n ’est certes qu’une autre
façon d’écrire (6)).
Pour qu’on puisse interpréter les transformations de jauge (9)
en termes d’opérateurs, on considère, pour g une fonction quelcon­
que nulle part égale à 0, l’opérateur composé Va 0 Tg, i.e. l’opé­
rateur
Tf Va (rl>) = ipa + A„) (gr|>) = (dag) +
+ (da + A a) * = g (Va + g '^ a g )
On voit que
V a ' > T g = T g o v i,
où Vâ = Va + g~xàag sont les opérateurs (11) associés au potentiel
A' de composantes
Aa = A a + g~xdag = A a + da ln g.
i.e. au potentiel obtenu de A par une transformation (9), où / = ln g.
Ainsi, les transformations de jauge sont exactement les transforma-
832 LE(ÇON 22

tions A A' associées à Va Tgl ° Va ° T g ou à


(13) Va ^ r l o Vf t “ g
(transformations par les opérateurs g = Tg).
Faisons le bilan. On considère le potentiel du champ électroma­
gnétique comme quadrivecteur opératoriel de composantes (11), le champ
F comme forme différentielle sur R4 à coefficients opératoriels (12)
et les transformations de jauge comme transformations de la forme (13).
(Cela étant, les fonctions \|> subissant l’action des opérateurs s’in­
terprètent physiquement comme composantes du champ électron-
positron de Dirac.)
* * *
Cet énoncé admet une généralisation immédiate. On estime que
les fonctions A a des opérateurs (11) prennent leurs valeurs dans une
algèbre de Lie matricielle 9 cz ${ (n; K), i.e. on regarde le poten­
tiel (5) comme forme différentielle linéaire sur R4 à valeurs dans 9.
Comme la multiplication de matrices est non commutative, les
commutateurs (12) s’écrivent
= dai4p — d$Aa + [Aai A$].
Autrement dit,
F= S A dxP, a, 0 = 0, 1, 2, 3,
a<p
est une forme différentielle de degré 2 à valeurs dans 9 qui s’expri­
me moyennant A par la formule
(14) F = dA + A A A.
Le champ physique décrit par une forme (14) s’appelle champ
de jauge dérivant du potentiel A . Ainsi, le champ électromagnétique
n ’est autre qu’un champ de jauge dérivant d ’un potentiel à
valeurs dans 9( (1 ; R). (Nombreux sont d’ailleurs les cas où il
y a avantage à rester dans le cadre des algèbres de Lie des groupes
compacts, si bien qu’on doit multiplier tous les résultats par
l ’unité imaginaire i = J/" —1 et supposer que le potentiel du
champ électromagnétique prend ses valeurs dans l’algèbre de Lie
i!R = u (1) du groupe unitaire U (1).)
Quant aux transformations de jauge, on les définit pour les po­
tentiels matriciels comme transformations A A ' associées à (13),
où g est une fonction arbitraire sur R4 à valeurs dans le groupe de
Lie de matrices 3 d’algèbre de Lie 9.
Les coefficients des formes A ai F étant des matrices d’ordre n
opèrent sur les champs de vecteurs \|) de dimension n sur R4. Comme
tout champ \|) et toute fonction matricielle g à valeurs dans 3 véri-
CHAMPS DE JAUGE 333

fient les identités


(da°g)'\> = da (gÿ) = (d(lg)yb + g(da^), a = 0, 1, 2, 3,
avec dag> g = |Ujll. la matrice ||d agj||, on a
( r 1Va?) ♦ = («T11d*8) y + da\H - ( r ^ a ^ ) ÿ =
= (5a + r 1^ + r I a«g) ♦
(comme plus haut, on omet ©).
Cela signifie que les transformations de jauge s’écrivent
(15) A g~xAg -b g '1 dg
dans le cas des potentiels matriciels. La forme F devient par cha­
que transformation (15) :
d (g-'Ag + g~l dg) + (g~lAg + g-1dg) A (g^Ag + r 1dg) =
= dg”< A A g + g’ 1di4g —g~{A A dg + dg"1 A dg +
+ g~[A A Ag + g-'A A dg + g-1dg A g~lAg +
+ g~l dg A r 1d g = g "1(àA + A A A)g = g~{Fg
(on rappelle que dg”1 = —g”1 dg g-1). La transformation F - *
-►g~lFg est dite de jauge elle aussi.
Si l’on compare (14) avec l’équation de structure d ’Elie Cartan
(formule (38') de la leçon 19), on établit de suite que tout champ
de jauge n'est autre que la forme (tenseur) de courbure d'une con­
nexion et que son potentiel en est la forme ! Quant aux transfor­
mations de jauge (14), ce sont exactement les transformations des
formes de connexion dans diverses trivialisations (voir formule (17*)
de la leçon 10).
Oue viennent faire ici les connexions? En voici une explication.
Chaque champ de jauge F est en principe lié à un champ matériel .
S’agissant du champ électromagnétique, c’est le champ bispinoriel de Dirac
formé d'électrons et ae positrons. Dans le cas général, on se donne, pour construire
un champ matériel, un groupe de Lie matriciel 3 appelé groupe de symétries
intérieures. (Le groupe $ du champ électron-positron de Dirac est U (1), groupe
des transformations de phase i-> e*c\b.) Les particules du champ sont supposées
posséder une structure interne qui suhit l'action de $. Cette structure est dé­
crite pour le champ nucléonique (formé de protons et de neutrons) par le spin
isotopique, et le groupe $ est ici SU (2) (groupe de symétrie isotopique). Elle est
définie par un triplet de couleurs dans le cas au champ de quarks où le rôle de
$ revient à SU (3) (groupe de symétrie chromatique), et ainsi de suite. Lorsqu'une
particule se meut dans l'espace de Minkowski suivant deux lignes d'univers
distinctes d'origine x et d'extrémité y, ses états internes finaux ne sont pas les
mêmes en général. Physiquement, on l'attribue à l'action du champ de jauge
correspondant, et, géométriquement, la cause en est la transformation du groupe
d'holonomie 3 que subit le vecteur d'état.
d«S4 uaguN ti

L’équation de Maxwell (3) (on rappello qu’elle est vérifiée iden­


tiquement par suite de (6)) a pour analogue l'équation de Bianchi
àF = F A A — A / \ F (ou DF = 0 )
(qui présente la même propriété en vertu de (14)), et l’analogue de
(4) est
(16) D* F = 0
dite équation de Yang-Mills. (Ainsi, les champs de jauge ne sont pas
des connexions quelconques sur R4, mais celles qui vérifient
(16).)
Si '§ = SU (2), les champs de jauge s’appellent champs de
Yang-Mills.
L’égalité (14) signifie que F = DA (voir formule (15) de la le­
çon 21), si bien que l’équation (16) s’écrit pour le potentiel A :
(17) D * DA = 0;
c’est exactement la formule (8).
La nature physique des champs de jauge exige qu’ils s’annulent
à l’infini, i.e. que
(18) | x I-»- oo,
pour tout a et tout p.
On en tient compte par un procédé commode qui consiste à pas­
ser au compactifié R* (J {oo} de R4. (Le champ F est prolongé par
zéro en le point oo.) Il y a avantage à utiliser la projection stéréogra-
phique et à passer de l’espace R4 U{°°} à la sphère S 4- En coordon­
nées stéréographiques de pôle e4, le potentiel A est une forme dif­
férentielle linéaire sur la sphère épointée (/<+> == S 4\ { e4}> ot la
condition (18) est remplie si et seulement si l’on trouve sur la sphère
épointée £/<"> = S4\ { —e4) un potentiel B tel qu ’il soit égal à 0
en et et qu’il y ait, en dehors de ± e 4, une équivalence de jauge entre
B et A. Le potentiel B est défini sur R4 sauf en 0, et il est lié à A
en dehors de ce point par
(19) A = g~lBg -f g~l dg,
avec g une application différentiable fft4\{0}
L’application g considérée comme S 4\ { — e4, ei) $ n ’est
autre qu’un cocycle du recouvrement à deux éléments
de S4 sur l0 groupe si bien qu’elle définit un $-fibré principal |
au-dessus de S 4- Cela étant, les potentiels A et B sont les formes
d'une connexion V sur et le champ F est la forme de courbure de
V (sur U<+> = S 4\ { e 4}î par hypothèse, la forme de courbure de V
est nulle en e4).
INSTÀNTONS 33 f>

Comme B est nul on e4, la condition (19) équivaut sur R4 à l’éga­


lité asymptotique
(19') A ~ g’1 dg pour | x | -> oo.
Donner cette égalité, c’est définir de façon unique le fibré g et le
potentiel B , donc la connexion V*
Ainsi, on connaît deux langages absolument équivalents pour
décrire les potentiels des champs de jauge de groupe Ce sont
tan tô t les formes différentielles linéaires (5) sur R4 à valeurs
dans 9 qui vérifient (19'), avec g une fonction définie sur R4 au
voisinago de oo à valeurs dans $ , et tantôt les connexions sur les
ÿ-fibrés principaux de base S4, les fonctions g n ’étant autres que
les cocycles de recollement de ces fibrés.
Il existe entre deux champs (potentiels) une équivalence de jauge
s’ils se transforment mutuellement par un automorphisme de
sur S4-
On note que cette réduction des champs aux connexions ne sau­
rait être considérée comme complète puisque les premiers doivent
vérifier en outre l’équation de Yang-Mills (16) qui ne s’appuie pour
l’instant sur aucun support sensible.
Et pourtant un physicien en tirera profit. On voit par exemple
que chaque champ possède un invariant, classe d’homotopie des
applications S 3 3 . Dans le cas du groupe SU (2) = S3» cet
invariant est caractérisé par un nombre entier (degré) k. Ce nombre
de signe contraire est connu en physique sous le nom de charge to­
pologique.
♦ * *

D’autre part, on connaît un procédé d’élimination des équations-


mystérieuses (16). Il consiste à se borner aux champs autoduaux ou
anti-autoduaux, i.e. aux champs F (voir leçon 21) tels que
(20) *F = ± F .
Dans ce cas, (16) devient l’équation de Bianchi DF = 0 , i.e. elle est
nécessairement vérifiée. Ainsi, les potentiels des champs (anti-)auto-
duaux sur R4 sont exactement les connexions sur les fibrés principaux
sur S ‘ de formes de courbures (anti-)autoduales (qui s'annulent au
point e4).
Cette réduction à la géométrie est totalement adéquate.
On note que la notion de champs (anti-)autoduaux n ’a de sons
que sur R4 euclidien. [Bien qu’on définisse l’opérateur de Hodge * sur
l’espace de Minkowski, on a *2 = —1, si bien que les équations (20)
ont lieu pour F = 0 seul.]
Soit & = SU (2). Les champs autoduaux de charge positive et
les champs anti-autoduaux de charge négative s’appellent multi~
instantons. Un multi-instanton de charge k est un k-instanton. Ainsi,.
330 LEÇON 22

les /c-instantons sont les champs de Yang-Mills F de charge k tels que


*F = (sgn k) F.
[On verra plus loin que *F = —(sgn k) F n ’est possible que pour
F =0. 1 Les multi-instantons de k = 1 sont des instantons tout
court, et si k = —1, on parle des anti-instantons.
On comprend maintenant qu’à la fin de la leçon 21 nous avons
construit de façon explicite toute une série d'instantons F^%b. Belavin,
Polyakov, Schwartz et Tyupkin ont été les premiers à le faire en
1975. En 1978, Atiyah, Drinfeld, Hitchin et Manin ont montré que
tout instanton n'est équivalent au sens de la jauge qu'à un%et un seult
instanton F \ th- Il nous est impossible d’en reproduire la démonstra­
tion.
On construit les analogues des b pour tout k (et le théorème
d ’Atiyah, Drinfeld, Hitchin et Manin reste juste), mais cette descrip­
tion ne fournit pas pour | k \ > 1 de formules explicites (si k > l t
%et b sont le vecteur quaternionique X = (Xlt . . ., Xh) et la (k x k)-
matrice symétrique quaternionique B assujettis à certaines condi­
tions à étudier).
Ces conditions sont:
a) la matrice BB + X TX est réelle diagonale,
b) quel que soit le quaternion x ( H, les équations
BÊ = x |, u = o,
Ç = ( |lt . . Ç*)T étant une colonne des quaternions, admettent une solution
unique | = 0.
Le changement de signe de le se ramène à permuter dx et dx.

* * *
La notion de charge topologique des champs de Yang-Mills sou­
lève le problème de la calculer explicitement à l’aide du champ F
sans recours au potentiel A. Il se trouve que ce problème admet une
solution élégante.
Quelles que soient les formes
F = S Faft A <l*p. G = S Gap A dxP
a<0 a<0
de degré 2 sur R4, la forme F / \ * G est de degré maximal 4. Elle
s’exprime, on le constate facilement, par
(21) F A * G= ( S dx'
où dx = dxl / \ dx3/ \ dx3A dx*. Si F et G vérifient la condition
(18), i.e. on les considère comme formes sur SS alors il en est do
f UKAlULb] JDEr LA (îHAROE TOPOLOGXQUE 337

même de F A *G* si bien que la compacité de S 4 entraîne l’existence


de l’intégrale
J ( 2 ^ aPGaP)d x .
g4 R4 a<p

Si Z1 et G sont à coefficients numériques (réels), cette intégrale


est notée (F, G) (c’est le produit scalaire des formes F et G). La for­
mule (21) entraîne de suite que cette multiplication définit sur l’es­
pace des formes Q* (g4) une structure d’espace euclidien (ou encore
une structure d'espace préhilbertien, terminologie à préférer à cause
de la dimension infinie de Q2 (£>4)).
Si les coefficients des formes sont dans l’algèbre matricielle
gu (2), il faut au préalable prendre la trace. On multiplie de plus
par —1 pour obtenir le produit scalaire défini positif. Ainsi, on
pose pour les formes à valeurs dans su (2) :
(22) (F, G>= Tr(f? / \ *G).
S4
Si on les interprète comme formes à coefficients dans H', l’opération
de prise de la trace devient 2Re, si bien que
(22') (F, G > = - 2 J R b (F A * G).
S4
Problème 1. Montrer que la charge topologique k de tout champ de Yang-
Mills est donnée par

(23) k = -é r< F<*F>’


i.e. par
(23') J Tr (F A F).
S4
La formule (23) jouit d’une autre propriété inattendue, savoir
elle permet de caractériser les multi-instantons en tant que points
de minimum d’une fonctionnelle. En effet, l ’opérateur de Hodge *
est évidemment auto-adjoint (symétrique) par rapport au produit
scalaire (22). Aussi, ses sous-espaces propres associés aux valeurs
propres ± 1 (i.e. les espaces des formes autoduales et anti-autoduales)
sont-ils orthogonaux, et ils réduisent *. Cela signifie que toute for­
me F admet une représentation unique
F = + F<“>,
avec F ^ \ F orthogonales, la première étant autoduale et la se­
conde anti-autoduale. Le carré de la norme || F ||2 = (F, F ) vérifie
338 LJ^'ON zz

donc
Il F ||2 = || f<+> ||2 + || F<-> ||2,
et on a pour la charge topologique k:

* = 8H r ( l l ^ <+)ll2- Il Fl_) ||2).


Aussi
(24) ||F ||> 8 j» * |ft|l
l’égalité n ’ayant lieu que si *F = (sgn k) F, i.e. pour les multi-ins-
tantons. (On voit de plus que *F = — (sgn k) F est possible pour
F = 0 seul ; voir ci-dessus.)
D’autre part, le calcul direct par les formules explicites de Bela-
vin, Polyakov, Schwartz et Tyupkin de la leçon 21 montre que dans
le cas des multi-instantons l’inégalité (24) devient l’égalité.
Problème 2. Vérifier cette affirmation'pour k = 1.

* * *

On appelle jonctionnelle de Yang-Mills une fonctionnelle sur


l’espace de tous les potentiels A à valeurs dans §u (2), définie
par la formule
(25) A -+ || F a H,
où FA est la forme de courbure de la connexion A. Ainsi, les multi-
instantons (ou, plus précisément, leurs potentiels) sont exactement les
points de minimum d'une fonctionnelle de Yang-Mills.
Remarque 1. On introduit en analyse fonctionnelle non linéaire
(calcul des variations) la notion de point stationnaire d ’une fonction­
nelle (qui est un analogue de la notion de point stationnaire d ’une
fonction d’un nombre fini de variables). Il se trouve que les champs
de Yang-Mills sont exactement les points stationnaires d'une jonction­
nelle de Yang-Mills.
D’ailleurs, la question de savoir si ces champs qui ne sont pas
des multi-instantons existent reste ouverte. (La réponse est positive
pour le groupe SU (3) (champ de gluons).)

* * *
L’égalité maîtresse (23') est un exemple de formules intégrales
très générales relatives aux fibrés principaux arbitraires ou, ce qui
revient au même en principe, aux fibrés vectoriels £ quelconques,
qui en expriment les invariants topologiques (plus précisément, les
classes de cohomologie de certaines formes différentielles remarqua-
POLYNOMES INVARIANTS SUR UN ESPACE DE MATRICES 339

blés sur leurs bases) au moyen des formes de courbure des connexions
sur ces fibres.
On construit ces formes après certains préliminaires.
Soit Matn (K) 1*espace vectoriel de toutes les matrices carrées
d’ordre n sur un corps K (K = R ou K = C), et soit
(26) F : Matn (K)-> K
la fonction A *-►F (A), A Ç Matn (K), polynôme en les éléments
a) de la matrice A = || a) ||.
Définition 1. La fonction (26) telle que
F (AB) = F (BA)
pour A, 5 Ç M a t n (K) quelconques s’appelle polynôme invariant.
Problème 3. Montrer que la fonction (26) est un polynôme invariant
si et seulement si
F (C“MC) = F (A)
pour toute matrice non dégénérée C Ç GL (n ; K) (et toute A Ç
6 Matn (K)).
Les exemples de polynômes invariants sont la trace Tr A y le dé­
terminant det A et toutes les fonctions symétriques élémentaires
<j* (i4), 1 ^ k ^ n, des racines caractéristiques Xlt . . ., Xn de .la
matrice A (i.e., au signe de (—1)* près, les coefficients du polynôme
caractéristique f A (X) = det | A — XE | de 4 ).
On note que = Tr et an = det.
Problème 4. Démontrer que tout polynôme invariant F s'écrit
comme polynôme en les polynômes au . . ., on. [Indication. Démon­
trer que la valeur de F sur une matrice diagonale/? = diag (Xu . . .
. . ., Xn) quelconque est un polynôme symétrique en Xlf . . ., Xn,
si bien qu’elle constitue par le théorème fondamental de la théorie des
fonctions symétriques un polynôme en a1 (/?), . . <xn (D). Utiliser
ensuite la propriété des matrices C~lDC%C £ GL (n; C), d’être par­
tout denses dans Matn (K).]
Problème 5. Démontrer que si F est un polynôme invariant, alors
F (A ^) = F( A)
pour toute matrice A. IIndication. Les matrices A et A T ont mêmes
racines caractéristiques.]
Les polynômes invariants ci-dessous seront de règle homogènes.
Problème 6. Démontrer que les composantes homogènes d'un poly­
nôme invariant quelconque sont encore des polynômes invariants.
Ainsi, chaque polynôme invariant est somme de polynômes inva­
riants homogènes.
Soit F un polynôme, et soient F {= -— ■ les dérivées partiel­
les de F par rapport à ses indéterminés a). Quelle que soit la
O H \J LJSÇON 22

matrice ^46Matn (K), les valeurs F{ (A) de ces dérivées forment une
matrice ||i?{(-4)|| désignée par F' (A).
dF
On note que la formule classique dF = ~£~C dx' devient pour
la différentielle de la fonction (26):
dF = F{da),
et, en notations matricielles,
(27) d /’(v4) = T r ( r ( 4 ) d ^ ) .
Cette formule signifie qu’on a pour toute fonction matricielle
différentiable t A (t) = ||oj (i)|| :
(28) Tr ( F' (A( t ))l ±P~),

où est 1» matrice des dérivées

Lemme 1. Si le polynôme F est invariant, les matrices F'(A) et


A, A 6 Mat„ (K) quelconque, commutent :
(29) A F ' { A) = F ' ( A ) A .

D é m o n s t r a t i o n . Soit E* l’unité matricielle || ô*ô'-1|


(matrice dont tous les termes sont nuis sauf celui d'indice (k , l) qui
vaut 1). F étant invariant, on a pour tout t 6 IR
(30) F ((E + Œi) A) = F (A {E + tE })).
Comme la matrice
d (£ + l£ jM
dt = E{A
est donnée par
ÆU=||6*o}||
(toutes ses lignes sont nulles sauf peut-être la ligne k qui coïncide
avec la colonne l de la matrice 4 ) et la matrice
dil (£+<£{,)
dï A E lk
par
AEk = ||a*6j||
CLASSES CARACTÉRISTIQUES DES PIBRÉS VECTORIELS 341

(elle a toutes ses colonnes nulles sauf éventuellement la Z-ième qui


coïncide avec la ligne k de la matrice A), on dérive (30) par la for­
mule (28) et on pose t = 0, il vient
FÎ (4) a\ = F\ (A) a i
relation équivalente à cent pour cent à l’identité (29). □

★ * *
Soit £ = (#, ji, 30) un fibre vectoriel différentiable de rang n
sur une variété différentiable 30. On se donne arbitrairement sur £
une connexion H et on considère son tenseur de courbure jR et les
formes matricielles £2 qui définissent R sur les voisinages triviali-
sants U c 30 (voir leçon 19).
Chaque fonction (26) est évidemment prolongeable en les matrices
A dont les termes no sont pas des nombres, mais les éléments d ’une
algèbre commutative arbitraire sur K. Comme la multiplication des
formes différentielles de degré pair est commutative, on définit en
particulier sur chaque Z7, pour le polynôme homogène (26) quel­
conque, la forme différentielle F (£2) (on calcule F (£2) si l’on substi­
tue Qj à aj dans F et qu’on considère toutes les opérations de mul­
tiplication comme multiplications extérieures A)- La matrice £2
dépend du choix de la trivialisation de £ au-dessus de £/, et elle
devient C-1£2C par un changement de trivialisation, C étant la
matrice de passage sur l’algèbre F U qui lie ces trivialisations (bases
du F£/-module T (£ 1^)). Si F est invariant, la forme F (£2) ne dé­
pend donc du choix de la trivialisation au-dessus de t/, si bien que
F (£2) construites pour tous les voisinages U possibles sont compa­
tibles sur les intersections. Par conséquent, elles définissent une for­
me différentielle (sur K) sur la variété 30 tout entière.
Cette dernière forme sera désignée par F (R).
On note que F (R) est de degré 2r, r étant le degré de F (qui est,
on le rappelle, un polynôme invariant homogène).
Proposition 1. Quel que soit le polynôme invariant homogène F,
la forme F (R) est fermée :
dF (R) = 0.
D é m o n s t r a t i o n . Il suffit de montrer que AF (£2) = 0 sur
tout U. Comme l’opérateur d sur les formes de degré pair est une
dérivation (il vérifie la règle classique de dérivation d ’un produit),
on calcule dF (£2) par (27) qui devient pour A = £2 :
AF (£2) = Tr (F' (£2) A dQ).
D’autre part,
F9 (£2)A d£2 = F' (£2)A o>A Q — (£2)A &A œ
5 3 * k . 560
(voir identité de Bianchi; formule (39) de la leçon 19), et
F' (Q)A Q = £2A F' (£2)
conformément au lemme 1 (appliqué à la matrice A = Q). Aussi
F' (£2)A dQ = S A £2 - £2A S,
où S = F' (£2) A <*), donc
Tr (F' (£2)A d£2) = Tr (S A £2 - £2A S) = 0. □
On rappelle (voir leçon III.20) qu’on définit pour toute variété
SC et chaque A ^ 0 le groupe de cohomologie de de Rham HhSC (qui
est en fait un espace vectoriel sur R) à éléments les classes de coho-
mologie [col des formes fermées <o de degré A sur 30. Si les formes
considérées sont à coefficients complexes, on aboutit de même aux
groupes de cohomologie complexes H qSC.
Problème 7. Montrer que le vectoriel H ç X est le complexifié de l'espace
vectoriel H kX . [Indication. Si e> = <o* + (&>t , où ©x et (O, sont des formes à
coefficients réels, alors du = du* 4 - 1 du», avec dux et du. des formes à coeffi­
cients réels.]
Pour des raisons d’homogénéité, HkSC est également noté H^SC.
Selon la proposition 1, la forme F (R) est fermée, si bien qu’on
2r
définit dans H\0O sa classe de cohomologie IF (R)]. Il se trouve
que [F (il)) ne dépend pas du choix de la connexion H.
Proposition 2. Soient H 0 et H 1 deux connexions sur un K-fibré
vectoriel | , et soient R 0 et Ri leurs tenseurs de courbure respectifs. On
a, dans le groupe H^SO, pour tout polynôme invariant homogène F:
[F (R0)) = [F (Ri)).
D é m o n s t r a t i o n . Soient pr* H 0 et pr* Hi les images ré­
ciproques de H 0 et Hl par la projection pr: 30 X l -*■ SC. Comme les
connexions sur tout fibré vectoriel forment un espace affine (voir
leçon 18), on définit sur £ X / pour chaque s Ç R la connexion
H \ = (1 — s) pr* H 0 + s pr* Hi.
Les connexions H* constituent, c’est clair, une famille différen­
tiable et définissent donc la connexion {Hlt } sur ( | X 7) X I. Soit
H 1 = {H\ },=» sa diagonalisation (voir leçon 10), et soit R 1 la for­
me de courbure de H 1. On a pour tout t Ç / :
i*Hr = i*tHt
(voir formule (18) de la leçon 10), où it : 30 30 X / est l’injec­
tion b (b, t)» b £ 30. Mais pr o i t = id pour t quelconque de /,
CLASSES CARACTÉRISTIQUES DES FIBRÊS VECTORIELS 343

si bien que i?//f = (1 — s) H0 + sHu donc i*Hf = (1 — t) H 0 +


4. tHi. Par conséquent,
W * = (1 - t) H 0 + tH,
et, en particulier, ilH 1 = H 0, i*Hz = H v Aussi R 0 = ioR1, R\ =
= i*Rz (voir problème 1 de la leçon 19), donc
F (R0) = i%F (Rz), F (i?,) = ItF (R1).
Or, on sait (voir proposition 3 de la leçon III.20) que la corres­
pondance (û >-*• (pr)*io induit pour tout k l’isomorphisme de groupes
de cohomologie H k3C Hh (SC x I) (et, partant, l’isomorphisme
X /)).
Puisque pr « i t = id pour tout t 6 / , Pisomorphisme réciproque
est déterminé par © «—►t?o>9 d’où l’on tire que si © est une forme
fermée quelconque sur SC X /, la classe de cohomologie t? [co] =
= U?(d] sur SC ne dépend pas de t £ /. Quand t = 0 , 1, on a, en
particulier, DΩ1 = Dî©]. Si © = F (R1), cela fournit l’égalité
cherchée [F (R0)1 = IF (Rx)]. □ ,
Ainsi, quel que soit le polynôme invariant homogène F , la for­
mule
(t) = IF (R))
2r
définit complètement dans le groupe H]{SC un élément cF (£).
Définition 2. L’élément cF (£) est la classe caractéristique asso­
ciée à F du fibré vectoriel £.
Les classes cF (£) sont définies sous la condition nécessaire et
suffisante que le fibré £ = (#, n, SC) admette au moins une con­
nexion. Par conséquent (voir proposition 2 de la leçon 18), elles le sont
pour tout l vectoriel numérotable (en particulier, pour SC paracom-
pacte).
Dans la suite, la variété SC sera supposée paracompacte, ce qui
nous évitera des répétitions fastidieuses.
Soit K = C Puisque HçSC est le complexifié de Hf(SC = H2rSC,
on voudrait naturellement savoir pour quels F la classe caractéristi­
que (^(l) est réelle (appartient à IP rSC) ou imaginaire pure (s’écrit
i [©1, avec [©] Ç H 2rSC).
Soit F un polynôme invariant homogène de degré r à coefficients
réels.
Proposition 3. Quel que soit le fibré vectoriel complexe £, la classe
caractéristique c^(5) est réelle pour r pair et imaginaire pure dans le
cas contraire.
D é m o n s t r a t i o n . La variété SC est paracompacte, donc £
est numérotable, si bien qu’il existe sur £ une métrique et une con­
nexion H compatible avec la métrique (problème 7 de la leçon 11).
La matrice Q des formes de courbure de H par rapport à une base
orthonormée du module T (£ | y) est antihermitienne sur chaque voi-
sinage trivialisant U (voir proposition 4 de la leçon H), i.e. elle
vérifie
(31) QT = _ Q .
Mais on sait (problème 4) que F (QT) = F(Q). Le polynôme F étant
à coefficients réels,
F (Q) = F (Q).
Comme
F (-Q ) = ( - 1 Y F (Q),
cela prouve que
F (Q) = F (QT) = F (—Q) = ( - l ) r F(Q ).
Cela signifie pour r pair que la forme F (R) est réelle (si bien que sa
classe de cohomologie (F (R)] dans Hç3? appartient à H2r&?) et,
pour r impair, qu’elle s’écrit fco, avec ce une forme réelle (si bien que
sa classe de cohomologie est i [ceJ, où [col 6 □
Soit K = R.
Proposition 4. Quels que soient le polynôme invariant homogène F
de degré r impair et le fibré vectoriel réel £,
cF (6) = 0.
La d é m o n s t r a t i o n est une réplique de celle de la propo­
sition 3 à la différence près que l ’antihermiticité (31) fait place à
l ’antisymétrie
QT = —Q.
Aussi, F (Q) = (—l)r /^(Q), d’où F (Q) = 0 pour r impair, donc
F (R) = 0. Par conséquent,
cF (l) = 0. □
L’étude des classes caractéristiques cr (£) sera poursuivie dans
la leçon 23.
LEÇON 23

Classes caractéristiques de Chem et de Pontriaguine. — Nombres ca­


ractéristiques de Chem et de Pontriaguine. — Propriétés des classes
de Chem et de Pontriaguine. — Classes de Chem et de Pontriaguine
complètes. — Caractères de Chem et de Pontriaguine. — Classe carac-
A/

téristique d'Euler. — JfC-foncteur. — Fibres et espaces de type fini.

On rappelle (voir proposition 1 de la leçon II 1.19) qu’on a pour


deux formes différentielles (ùx et co2 quelconques
d (®xA û)2) = dffliA û)j + (—l)rû>iA d(o2l
avec r le degré de <ox. Par conséquent,
a) si o>x et o)a sont fermées, il en est de mémo de la forme <ü,A
A » a;
b) si l’une au moins des formes fermées (ùx et coa est exacte, la
forme < ùx/ \ g)9 l ’est également.
Aussi, la formule
^ A c2 = ItûiA û)21
définit bien le produit de deux classes de cohomologie cx = [(oj*
c2 = [co2] quelconques. Cette multiplication est associative et anti­
commutative (cxA c2 = (—l)rir2 c2 A cu où rx = deg cx, r2 =
= deg c2). En particulier, la multiplication des classes de cohomologie
de degré pair est commutative.
Nous écrirons de règle cxc2 au lieu de cx/ \
Remarque 1. Certains auteurs emploient la notation cx \J c2.
Le problème 3 de la leçon précédente entraîne de suite que chaque
classe caractéristique cT(\) est un polynôme en les classes caractéristi­
ques
(1) (I), . . (t)
associées aux polynômes invariants élémentaires ax, . . ., crn. Ce fait
explique la place spéciale des classes (1).
Définition 1. Si K = C, les classes caractéristiques
= r = l , . . . . n,
s’appellent classes de Chern d’un fibré vectoriel complexe
Selon la proposition 3 de la leçon 22, toutes les classes de Chern
sont réelles.
La classe cr (g) est de degré 2r, donc cT (£) = 0 si 2r > m, où m =
= dim «27. Aussi, seul nous intéresse le cas 2r ^ m.
040 LEÇON 23

La définition des classes cr (£) se généralise facilement à r = 0 si


Ton suppose par définition que
(6) = l
pour tout fibré £. (1 est en l’occurrence un élément du groupe H*SC
associé à la fonction s 1 ; voir proposition 2 de la leçon III.20.)
Définition 2. Si K = R, les classes caractéristiques

Pr(5)= (2rc)îr c r = l» •••» [ “2"] ’


s’appellent classes de Pontriaguine d’un fibré vectoriel réel (Les
classes c°2r+1 (£) = 0 par suite de la proposition 4 de la leçon 22.)
Par définition, on pose de plus
Po « ) = 1
pour tout fibré g.
La classe pr (£) est de degré 4r, aussi ces classes ne sont =tM) quo
pour 4r ^ m.
Remarque 2. En topologie algébrique, on définit les classes caractéristi­
ques de Chem et de Pontriaguine en tant qu'éléments des groupes de cohomologie
sur Z dont les éléments sont en général d'ordre fini. Les groupes de cohomologie
sur Z s'appliquent de façon naturelle dans les groupes de cohomologie de de
Rham H * X . Tous les éléments d'ordre fini deviennent naturellement 0, et cet
homomorphisme applique les classes caractéristiques sur Z dans les classes
définies ci-dessus (qu'on appelle alors classes caractéristiques sur R).

• * *
Si la variété SC est de dimension m paire, m = 21, et que SC soit
compacte et orientable, on définit pour tout fibré complexe £ sur SC
et toute décomposition l = ix + • • • + t* de Zen somme de termes
positifs (au signe fonction du choix de l ’orientation de SC près) le
nombre
C |( i) = J ^ C ,1 ( |) A ••• A °ih tè)> * = (*!• •••• **)>

appelé i~ième nombre de Chem du fibré complexe


On définit de même pour m = 4Z pour tout fibré réel 5 sur SC
le i-ième nombre de Pontriaguine
Pi (£ ) = \ P u <0 A ••• A P i k (9.
x
i = (ii. •../* * ), * ! + ...+ * * = *•
Fait remarquable (qui découle de suite de la remarque 2 et dont
la démonstration analytique directe est évidemment inexistante),
Ci (£) et pi (^) sont tous des entiers naturels.
PROPRIÉTÉS DBS CLASSES DE QHERN ET DE PONÏRIAGUINE 347

Exemple 1. Si dim SC = 4, on définit pour tout fibre complexe £


sur SC deux nombres de Chem c(ltl) (£) et C(2) (£) donnés (pour SC
orientée de façon convenable) par

C(1, i) (I) = -4^- 5 Tr n A Tr C(î) (|) = ^ det Q.


X X

Si £ est un SU (n)-fibré, si bien que la forme Q prend ses valeurs


dans l’algèbre de Lie §u(n) des matrices antihermitiennes de
trace nulle, alors Tr Q = 0, donc C(ltl) (£) = 0. Soit n = 2. On
établit de façon élémentaire que toute matrice antihermitienne de
irace nulle A d’ordre 2 vérifie det A = — | Tr A 2. Aussi,

c(2) (5) = J Tr (Q /[ £2).


X

Quand SC = S4» Ie second membre coïncide à des notations près


avec le second membre de la formule (23') de la leçon précédente.
Par conséquent, la charge topologique k d'un champ de Yang-Mills F
quelconque est égale au nombre\ de Chem C(a> (£) du fibré vectoriel cor­
respondant (associé au SU (2)-fibré principal sur lequel F est une
forme de courbure).
Ainsi, la notion de charge topologique s’incorpore en fait dans
la théorie générale des classes caractéristiques.
On voit de plus quo C(2) (£) du cas considéré est en réalité un
entier.
Problème 1. Démontrer qu'on a pour tout r > 0
Pr!(l) = ( —l)r «*r (EC).
avec le complexifié (voir leçon 6) du fibré vectoriel réel £•
* * *

Théorème 1. Les classes caractéristiques de Chern et de Pontriaguine


présentent les propriétés suivantes:
a. On a pour toute application différentiable f: X* -*• X et tout
r> 0
Cr (f*î) = f*Cr H), Pr {]*%) = f * Pr (?)•
b. Toutes les classes de degré positif sont nulles pour le fibré tri­
vial 0 = 0^.;
cr (0) = 0, pr(0) = 0 , r > 0.
348 LEÇON 23

c. Quels que soient les fibrés vectoriels £ et r| sur une même variété
SCy on a pour tout r ^ O
Cr(S© Tl)= 2
i+j^r
*, (£) C;(T1) ■=
= cr (Ç) + cr_, (?) Cl (Tl) + . . . +Ci (?) Cr_i (TJ) + Ct (T)),
M Ê © 1 1 )= 2 P l f à P j i ' l) =
t+;*=r
= P r (S) + P r - i ( t ) P l (T)) + • . • + Pi ( l ) P T- 1(tfl + Pt (ï|).
D é m o n s t r a t i o n . La propriété a découle évidemment des
propriétés correspondantes des connexions et des formes de courbure.
On a b sous la condition suffisante que le fibré trivial 0 admette une
connexion pour laquelle toutes les formes <oj et, partantf toute les
formes Qj sont identiquement nulles. Passons à la propriété c.
Soient Ht et des connexions arbitraires sur £ et \] respective­
ment. Dans chaque carte ♦ oif£ = £ ou r|f la connexion Ht est
l ’annulateur des formes
(C) (C) (C), (O, ,
(2) Qi = da,'+ rjh aj d:r\ 1= 1, ...» r]^ = dim £,
a) L
o\i a*, or sont les coordonnées dans associées à une trivialisation
donnée de Ç au-dessus de U et à un système donné de coordonnées
locales dans U (voir leçon 10). D’autre part, les trivialisations des
fibrés £ et T| au-dessus de U définissent naturellement celle du fibré
g ® n = (#, tiy SC) au-dessus de U qui est associée dans <Su aux
(!) <n>
coordonnées a{ , a3 , ar, 1 ^ i ^ n^ 1 ^ et 1 ^ k ^ m.
Aussi, on considère (2) comme formes sur 8u, dont l’annulateur
est (c’est clair) une connexion de £ © r\ sur U. Les connexions sur U
différents sont compatibles sur les intersections (le démontrer !),
et elles définissent donc la connexion H sur £ © r\ tout entier. La
matrice des formes de connexion H sur U est par construction la
matrice bloc
<i)5 0
0 tûl
avec <d* et (o*1 les matrices des formes de connexion H t et H11respec­
tivement. En d’autres termes, c’est la somme directe & t/\ ce11 des
matrices co* et co11. Mais il découle dans ce cas immédiatement de
l’équation de structure de Cartan que la matrice Q des formes de
courbure de la connexion H est somme directe Qt © Qu des matri­
ces des formes de courbure de H t et H11.
Problème 2. Montrer que n'importe quelles matrices A et B d'ordre
n1 et n2 respectivement vérifient l'égalité
(3) ar (A B) = S o, {A) o,(B), o0(A) = o0(B)= 1,
i+j=r
CLASSES DE CHERN ET DE PONTRIAGUINE COMPLETES 349

où crr à gauche et ai% Oj à droite sont manifestement des polynômes


invariants élémentaires en les matrices d’ordre nx -f- n a, nx et n%
xespectivement. [Indication. Soient (jj (X) et Oj (p) des fonctions sy­
métriques élémentaires des variables . . . » Xn, et \iXl . . ., p„t
respectivement, et soient ar (X, p) des fonctions symétriques élémen­
taires des variables Xlf . . Xn|f plt . . pn,. On a les identités

2 O i(X )t'= il (1 + M )
t-0 1
et des identités analogues pour Oj (X) et a r (X, p), si bien que
ni \ / n, \ Hi+n.
( S 0al (*■) t* J ( J j 0 O J (H) **) = S o O r (* . J*) t r ,

donc
Or ( K n )= S 0 ,{\)O j()l).
i+i*=*r
Cela prouve la formule (3) pour les matrices diagonales et, partant,
pour les matrices C 'XDC, D étant diagonale. On a par continuité le
cas général (cf. problème 4 de la leçon 22).]
On achève la démonstration du théorème si l’on applique (3) aux
matrices A = Q* et B = Q*1 (et si l’on prend en compte la nullité
des classes c°2r+i (Ç) quand K = IR). □
En termes de catégories, la propriété a des classes caractéristi
ques est leur fonctorialité. Cette propriété n ’est pas certes l’apanagf
des classes de Chern et de Pontriaguine, elle est inhérente à tout*
cF (5). Il en résulte que deux fibrés isomorphes £, £' et tout polynô
me invariant F vérifient l’égalité cp(l) = cf (ê'). Aussi, on regar
de cp comme application de l’ensemble Vect \(JSC de toutes clas
ses des fibrés vectoriels isomorphes de rang n sur SC dans le groupe
2r
de cohomologie H^SV.
L’application cp est dite classe caractéristique elle aussi (un nor
pas très réussi à notre avis).

* * *

La propriété c des classes de Chern et de Pontriaguine fait in


troduire les sommes directes
© H fâ © ... © H ^æ © ...
d ’espaces vectoriels H}£SC. L’espace H^SC a pour éléments les
sommes formelles
a = 0o + cl%+ • • • + CL%r + • • •
350 LEÇON 23

(qui s’arrêtent pour 2r > n), où a2r est un élément quelconque (appe­
lé composante homogène de l’élément a) de H^SC. Il est évidemment
possible d’étendre à ces sommes l’opération de multiplication, es
qui transforme en une algèbre commutative avec unité sur K.
On introduit maintenant une classe caractéristique cF(t) Ç H2â?
pour tout F invariant (non nécessairement homogène). On pose
c ' (6 )-< * (6 )+ < * (© + . . . + c yr(Ê )+ . . .
par définition, Fri r ^ 0, étant les composantes homogènes de F*
Définition 3. Les éléments

« G H 2 cr © = l + Ci(Ê)+ . . . + C „ ( 0 , K = C,
r=0

Ifl
P ® “ S o /»r(6)=l + P l( l)+ +/>[.» ] © . K = R,
de l’algèbre H 2*SC sont la classe de Chem complété du fibré complexe
E et la classe de Pontriaguine complète du fibré réel £ respectivement*
Chose à noter, la classe p (£) appartient en réalité à la sous-al-
gèbre
H “ â ? = H*3C © H'2C 0 . . . ® H*3C ® . . .
de H2*SC.
La propriété b du théorème 1 signifie que
(4) c (0) = 1 et p (0) = 1
pour le fibré trivial 0, et la propriété c équivaut à dire que
(5) c (l © ti) = c (l) c (ri) et p (l © ri) = p (£) p (q)
Ê et q étant des fibrés quelconques.
Les applications c : £ c (£) et p : l p (l) de Vect£3? et
Vectp?â? (on emploie le même symbole pour un fibré vectoriel et
pour sa classe de l’isomorphisme) dans H2%90 et HK*3C respective­
ment s’appellent classes de Chem et de Pontriaguine complètes elles
aussi.
Les applications c et p sont définies pour tout n ^ 0, si bien qu’on
les considère comme
c : Vectc p : VectR#

oo
VectK57 = U0 Vectfc#
est la réunion disjointe des ensembles Vectfi3F.
ÇARÀCTERBS DE CHERN ET DE PONTRIAGUINE 351

Remarque 3. Si la variété X est non connexe, il y a avantage à


assimiler Vect^Æ? à la réunion disjointe des ensembles Vect^«2?'
par rapport à tous les n ^ 0 et à toutes les composantes SC' de X
(i.e. à examiner les fibrés vectoriels dont le rang change avec la com­
posante de X ). Si notre formalisme y gagne en élégance, les restric­
tions triviales alourdissent par contre l'exposé. Aussi restons-nous
fidèle à la définition précédente. Le lecteur peut (et doit I) établir
de lui-même ce qu'il advient si le rang du fibré varie avec la com­
posante.
Si l'on remplace les termes d'une somme directe de fibrés par les
fibrés isomorphes, la somme devient un fibré isomorphe. Cola veut
dire que l'opération © est en fait définie sur l’ensemble Vect^â? qui
est (c’est clair) un demi-groupe commutatif pour ©.
Les formules (5) signifient que les classes caractéristiques c et p
sont des homomorphismes additifs-multiplicatifs (ils transforment les
sommes en les produits) des demi-groupes V e c tç X et Vect^.2? dans
les demi-groupes multiplicatifs des algèbres H2* X et H k* X {formés
de tous les éléments non nuis de ces algèbres).
[On conçoit qu’en réalité c et p sont des homomorphismes dans les
groupes multiplicatifs 1 + (H2*X) + et 1 -f (Hk*X) + formés des
éléments des algèbres H 2* X et H k* X dont la composante homo­
gène de degré 0 est 1.]
Remarque 4. La première formule (5) reste entière pour les
classes caractéristiques sur TL (voir remarque2), et la seconde tombe
en défaut (on lui adjoint des éléments d’ordre fini).

* * *

On appelle série formelle invariante une somme formelle


(6) F ~ F $ -j- Fj . . . - } - Fr -f- • • •i
avec Fr des polynômes invariants homogènes de degré r sur Mat„ (K)
(composanteshomogènes de la série F). Comme cFr (É) = 0 si 2r > m>
la somme
CF (l)~C*'(© + . . . + ...
d’une telle série est finie. C’est un élément de l’algèbre H ^ X qu’on
appelle (ainsi que l’application cF : £ cF (£), £ 6 V ect^ X )
classe caractéristique associée à la série invariante F.
On construit la série (6) pour K = C à l’aide de la série for­
melle
F = F0 + Fi + . . . + Fr -f . . .,
XJUté IÆÇON 23

Fr étant des polynômes symétriques quelconques de degré r à n


indéterminées. On pose pour toute matrice A 6 Matn (C)
(7) F (A) = F (Xlt . . ., Xn),
avec Xlt les racines caractéristiques de A . Si l’on choisit
Fr de façon que les nombres (7) soient réels pour A réelles, on abou*
tit également à la série invariante (6) pour K = ft.
Soit, par exemple,
F { K . . . . Xn) = eW2n<+ ... + eV 2n\
î.e.

F (i , . . . . k ) = 2
r=0

OÙ Sr = M + •••

En théorie des polynômes symétriques, on démontre la formule do Warlng


qui donne

2 ( - .)• ■ -" • * - «N E •••■*■•


la sommation étant étendue à tous les entiers positifs („ . . tn , t, -f-
+ 2i, + . . . + ntn = r.
Définition 4. On appelle caractère de Chem, et on note ch, la
classe caractéristique sur Vect^â? associée à la série (8). Ses compo*
santés homogènes chr constituent les applications
chr : Vectc 5? H*9C.
La formule de Waring implique que quel que soit le fibré complexe
£, la classe chr | s'exprime par les classes de Chern:

(9) il! • •• in!


X

X C i© 1'® ,© 1» ••• c„(|)*n.


Par exemple,
ch0£ = n (n = dim |),
ch1| = c1(Ç),
ch25 = (£)2—2c2 (£),
Ch3g = C i(6 P -3 r i(S )2 ^ (6 ) + 3 r ,ft) (

et ainsi de suite.
CARACTERES DE CHERN ET DE PONTRIAGUINE 353

A l’instar des classes de Chem, le caractère de Chem est défini


pour tous les n ^ 0, si bien qu’on le considère comme application
ch : Vectc S C H 1*30,
et qu’on assimile ses composantes homogènes chr à
chr : V og%c S 0 -^ H v 30.
Avec la série invariante ex»/2n + . . . + et,'l/îrt on définit de
même le caractère de Pontriagulne
ph : VectR# _ * t f 4 * #
à composantes homogènes
phr : VectR.2? H kT3C.
Les composantes homogènes phr sur les fibrés £ de rang n s'ex­
priment par les classes de Pontriaguine:
(1°) (_ !)» •« •+ •••« ' X

avec l = la sommation étant étendue à tous les entiers positifs


klt k t , . . ki soumis à la condition k t + 2k%+ . . . -f Iki — r.
Proposition 1. Les applications c et p vérifient les relations
ch (£ © ri) = ch £ + ch tj, ph (£ © ti) = ph £ + ph q,
i.e. ce sont des homomorphismes des demi-groupes Vectq £0 et Vecl^SC
dans les groupes additifs des algèbres H"1*30 et HK*SO respectivement
(si bien que les applications chr et phr sont des homomorphismes dans
les espaces vectoriels H2rSO et HVSC).
D é m o n s t r a t i o n . Soient F (X) la série (8) des variables
Xi, . . ., F (p) la série (8) des variables p,, . . ., pnjl, et
F (X, p) la série (8) des Xlt . . ., Xni, p1( . . ., p ni). Il suffit de
prouver l’égalité
F (X, p) = F (X) + F (p).
Or, elle a évidemment lieu parce que
F (X) = e?-/2n‘ + . • • + e,'n*/2n<( F (p) = e**'/2"1+ . . . + eWn‘/2rti
et
F(X, p) = eV2*i_|_ . . . + e>-n*s/2'ti-(.e>«,/2n<+ . . . + c ,' n'i/2:,i. D
La structure additive des algèbres H7*SC et H ^SC est infini­
ment plus maniable que leur structure multiplicative, ce qui avan-
tage sensiblement les caractères de Chem et do Pontriaguine en
comparaison des classes complètes correspondantes.
[La présence des dénominateurs dans (9) et (10) empêche malheu-
reusement de définir ces caractères sur Z; voir remarque 2.)
Un autre avantage des classes caractéristiques ch et ph est qu'elles
constituent des homomorphismes pour la multiplication tensorielle
i.e. on a pour n’importe quels fibrés vectoriels £ et r|
ch (£ ® r]) = ch l ch ii pour K = C,
ph (Ç ® r\) = ph £ ph r\ pour K = S.
(Les classes c et p ne jouissent d’aucune propriété analogue.)
Hélas! la démonstration des formules (11) nous entraînerait
trop loin. (Voir d’ailleurs la remarque 3 de la leçon 24.)
Problème 3. Démontrer ces formules pour dim | = 1 et dim r\ =

* * *

En plus des classes cF, on définit pour les fibrés réels une autre
classe caractéristique remarquable.
Il est connu qu?on définit pour toute matrice antisymétrique A
d’ordre pair son pfaffien Pf A , polynôme en les éléments de A tel
que
(Pf A )2 = det A et Pf (C^ AC) = det C-Pf A ,
C étant une matrice quelconque.
On suppose maintenant qu’un fibré vectoriel réel £ est
a) orienté (voir leçon 7),
b) muni d’une métrique,
c) do rang pair n = 21.
Soient U cz 30 un voisinage trivialisant pour £, su . . ., sn une
base orthonormée positivement orientée du module F (£ |v ), et
£2 = || £2j || la matrice des formes de courbure dans su . . ., sn d’une
connexion sur £ compatible avec la métrique. La forme différentielle
Pf £2 est alors définie sur U. Si l’on change de base, la forme £2 est
remplacée par C_1£2C, avec C la matrice de passage. Comme C est
orthogonale (CT = C"1) et unimodulaire (det C = 1), Pf (C-1£2) =
= Pf £2. Ainsi, les formes Pf £2 sont compatibles sur les intersec­
tions, et elles constituent donc une forme différentielle Pf R de
degré n sur la variété FC tout entière.
Problème 4. Démontrer que dPf R = 0. [Indication. Démontrer
que les matrices P f /I = |J“ T"JJ A commutent pour A anti-
symétrique quelconque; voir lemrno 1 de la leçon 22.1
Problème 5. Démontrer que la classe de cohomologie [Pf /?] de la
forme Pf R ne dépend pas du choix de la métrique et de la connexion
CLASSE CARACTÉRISTIQUE D'EULER 35 5

métrique sur £. [Indication. Quelles que soient les métriques Q0 et


Ql sur E, la fonction (1 — t) Q0 + tOu 0 ^ t ^ 1, est une métri­
que.]
Définition 5. La classe de cohomologie

s’appelle classe d'Euler du fibré vectoriel réel orienté ï de rang n =


== 21.
Son degré est n, et
« &)' = Pi (6).
Si n est impair, on admet par convention que e (£) = 0.
Chose à retenir, à la différence des classes caractéristiques de
Pontriaguine, la classe d’Euler n’est définie que pour £ orienté.
Problème 6. Soit —£ le fibré dont l’orientation est opposée à
elle de E. Montrer que
e ( - a = -* (!)•
Quel que soit le fibré complexe £ de rang n, son décomplexifié
Er (voir leçon 6) est (voir leçon 7) un fibré vectoriel réel orienté de
rang pair 2n, si bien qu’on définit pour lui la classe d ’Euler e (£R).
Problème 7. Montrer que
e ( l H) = c n (£).
La classe d’Euler présente manifestement la propriété de foncto-
rialité (propriété a du théorème 1), et elle est nulle pour le fibré
trivial 0 (propriété b dudit théorème). On a également une répli­
que de c.
Problème 8. Démontrer que deux fibrés vectoriels orientés quel­
conques E et q vérifient l'égalité
(12) « « © il) = * U) « (n)
sous l’hypothèse évidente que l’orientation du fibré £ © q est indui­
te par celles de £ et q. [Indication. Démontrer que Pf (A © B) =
= Pf A-Pf B, A et B étant des matrices antisymétriques arbitrai­
res.]
On insiste sur la validité de (12) pour £ et q de rang quelconque
(inon nécessairement pair). Aussi, on a en particulier e (E) = 0 si £
a un terme direct de rang impair.
C’est le cas, par exemple, de £ admettant une section non nulle
en tout point (car cette section engendre (le démontrer !) un terme
direct de rang 1). Par conséquent, si e (E) 0, chaque section du fibré
£ s'annule en un point au moins.
Cette affirmation est à la base de la démonstration d’un nombre
étonammont grand de théorèmes géométriques élégants et ardus.
Exemple 2. En temps et lieu, on établira par un calcul direct
que la classe d’Euler e ( t ) est non nulle pour le fibre tangent t sur
la sphère bidimensionnelle S 2. Il n'existe donc sur S 2 aucun champ
différentiable partout non nul de vecteurs tangents. On dit de façon
imagée qu’on ne saurait polir un hérisson idéal (i.e. recouvert entiè­
rement de piquants) ou encore que le cuir chevelu de tout être hu­
main possède nécessairement un tourbillon. Ainsi, on donne à cette
affirmation le nom de théorème du hérisson ou de théorème du tour­
billon.
* * *
Les formules (4) et (5) entraînent de suite qu’on a pour tout
fibré vectoriel g Ç Vect^â? et tout h ^ 0
c (Ê + 0 h) = c (g) pour K = C,
( } P (l + 9h) = P (5) pour K = IR,
avec 0* un fibré trivial de rang h.
[On ne trouve pour la classe d ’Euler e (Q aucune formule analogue
à (13). Quant aux caractères de Chern et de Pontriaguine, il n'en
existe que pour les composantes homogènes de degré strictement po­
sitif :
chr ( | + 0h) = chr (t), phr (l + 0ft) = pl.r (S),
avec r > 0.1
Les formules (13) aidant, on introduit la
Définition 6. Deux fibrés vectoriels | et q de même base SC sont
stablement équivalents s’il existe des nombres h et k tels que les fibrés
£ © Qh et q © 0* soient isomorphes, i.e. si l’on a pour le demi-
groupe Vectj^â? :
£ + e* = + e*
(et dim £ + h est nécessairement égal à dim q + k).
Il s’agit évidemment d’une relation d’équivalence au sens algé­
brique général.
Le corps de base K est en l’occurrence non seulement C et R,
mais aussi le corps des quaternions H.
Remarque 5. Quand les variétés SC sont non connexes, la défi­
nition 6 n ’est guère commode. (Cf. remarque 3.) N’empêche que
nous la laissons telle quelle.
La classe de l’équivalence stable de | sera notée [£], et on em­
ploiera le symbole K^SC pour désigner l’ensemble de toutes les classes
de l’équivalence stable des K-fibrés vectoriels sur SC. [On écrit sou­
vent K03C ou KO {SC) au lieu de K^SC ; Kv SC ou KU{SC) au lieu
K-FON CTEUR 357

de #£«27, et K SpSC ou /fSp (57) au lieu de K^SC. Mise en garde:


La notation KçSC fait souvent place à K {SC). 1
Il est clair que la formule
U1 + [il! = U © n)
définit bien dans l'ensemble KySC une opération d’addition pour
laquelle il est un monoïde abélien (demi-groupe avec élément neu­
tre). Son élément zéro est la classe [0] des fibrés triviaux 0 \ h ^ 0.
[On indique que Vectj^57 ne possède pas d ’élément zérol)
Remarque 6. La construction du monoïde K y S C a un sens pour
tout espace topologique SC. Puisque chaque fibré vectoriel sur une
variété différentiable est isomorphe à un fibré différentiable, et deux
fibrés différentiables isomorphes le sont différentiablement (voir
remarques 1 et 2 de la leçon 10), cette généralisation conduit pour
SC différentiable au même monoïde K y S C .
La formule
y* U) = [y* g]
définit évidemment bien pour toute application continue /: SC* ->* SC
l’homom orphisme
y*: K y S C - + K y S C \
/N/
et (ici)* = id, (/ » g)* = g* o /* (i.o. K ^ est un joncteur contrava-
riant à valeurs dans la catégorie des ensembles).
/V
Chose étrange, le monoïde K y S C n’a pas reçu de nom sonore
(bien qu’il rende de grands services non seulement en géométrie,
mais aussi en théorie des équations différentielles et pseudo-diffé­
rentielles, pour ne citer que ce chapitre des mathématiques, et
soit en algèbre à la racine d’une théorie autonome importante et de
ses applications multiples). On l’appelle K~foncteur tout court (ou
encore K-groupe s’il est un groupe) de l’espace SC (et la théorie dont
nous venons do parler est dite K-théorie algébrique). Bien qu’il s’agis­
se là des appellations fortuites vides de sens, elles sont universelle­
ment admises.
Selon les formules (13), les classes caractéristiques c et p (ainsi
que chr et phr, r > 0) prennent même valeur sur les fibrés stable-
ment équivalents, i.e. les égalités
c [£] = c (£) pour K = C,
p [£1 = p (|) pour K = Ht
358 LEÇON 23

définissent parfaitement les homomorphismes additifs-niultiplica-


tifs
c : K c X - » l + (H2* X ) \
p : K R& - + l + (H**æy,
et les égalités
chr [£1 = chr£ pour K = C,
phr [g] = phr£ pour K = Jt
définissent les homomorphismes additifs
ch r : K c X - + H 2rX ,
ph r : K RX - + H * rX .
On souligne que les dernières applications n ’existent que pour
r > 0.
* * *
Puisque les groupes sont infiniment plus faciles à étudier que
les monoïdes, on voudrait savoir quand le monoïde K (X) en est
un. Le problème s’avère purement topologique sans aucun lien avec
la structure différentiable définie sur la variété X . Aussi, on le
traite en supposant que X est en général un espace topologiquo
séparé normal (voir définition 3 de la leçon II 1.9) quelconque, et les
variétés différentiables sont des fois appelées espaces différentiables.
Problème 9. Démontrer que t o u t e v a riété sé p a rée d i f f é r e n t i a b l e est u n espace
n o rm a l.

On rappelle (cf. définition 1 de la leçon 111.22) qu’une famille de


fonctions rjf : X ->* /, 1 <1 i ^ N (supposée finie dans notre cas)
est une partition de Vunité subordonnée à un recouvrement ouvert
{Uiy 1 ^ i ^ N) de l’espace X si i\x -f . . . -f r u = 1 et q, = 0
à l ’extérieur de l’ensemble t/,- pour tout i = 1, . . ., N. Si X est
différentiable, toutes les fonctions qt- sont supposées posséder cette
propriété.
Problème 10. Démontrer que pour tout recouvrement ouvert fini
^ i ^ N) d'un espace normal X , il existe une partition de
Vunité subordonnée. [Indication. Construire le recouvrement {F,}
subordonné à {[/*} (voir proposition 6 do la leçon II 1.9) et la fonc­
tion d’Urysohn <p< du couple (Uiy Vf) pour tout i = 1, . . N
(dans le cas général, l’existence de cette fonction est garantie par un
théorème d’Urysohn, et si X est différentiable, elle l’est par la
FIBRES ET ESPAQES DE TYPE FINI 359

proposition 2 de la leçon II I.14). Poser ensuite r|/ = cpf/cpt où <p =


= <Pi + • • • + TiV-l
Définition 7. Un fibré £ = (#, n, SC) est de type fini si Ton re­
couvre SC par un système fini d’ensembles ouverts sur chacun des­
quels £ est trivialisable. L’espace SC est de type fini s’il en est ainsi
de tout fibré £ sur SC.
Il est clair, par exemple, que tout espace compact SC est de type
fini.
Mais certains espaces (et certaines variétés) sont de type fini
sans être compacts.
Problème i l . Montrer que l'espace Rn est de type fini. [Indication. Démon­
trer que tout fibré vectoriel sur Rn est trivialisable.)
Proposition 2. Pour tout fibré vectoriel £ de type fini sur un espa­
ce normal SC, il existe un fibré vectoriel r| (différentiable si SC et £ le
sont) tel qu'on ait
(14) (£1 + [ql = 0
dans le monoide K^Sl'.
En particulier, le monoïde K (SC) est un groupe si SC est de type
fini.
D é m o n s t r a t i o n . Par hypothèse il existe pour £ =
= (#, n, SC) un atlas trivialisant fini {(£/*, q>i), 1 i ^ N}. Soit
{qjune partition de l’unité subordonnée au recouvrement {£/*} (voir
problème 10). On construit pour chaque 1, . . N l’applica­
tion gt : <$ Eln, n = dim £. A cet effet, on pose pour tout
point p Ç S
p l,(6 )x si p£?u, et cpf (p) = (b, x), 6Ç #, xÇRn,
,,0 ,) = U si p î S u,,
où b = 7i (p). Il est clair que l’application g( est continue (et diffé­
rentiable des que SC et | le sont).
Soit g l’application S -*■ Rn-V définie par
g (P) = (gi (P), . • -, grt (P)), P € #
(on identifie à R" X . . . X R" (N fois)), et soit
cp : £ ->■ 0n^
le morphisme correspondant (défini par (p (p) = (jx (p)t g (p))y
p 6 #) du fibré £ dans le fibré trivial 0nf* = (SC X 3V*iV, pr, SC).
L’application de fibres
q>6 : ^6 +
induite par cp n ’est autre, pour tout point b £ 30, que la restriction
de g à *Fb. Si cp6 (p) = 0, p 6 $ b, on a donc gt (p) = 0 quels quQ
soient i = 1, . . N. D’autre part, qx -f . . . -f q iV = 1, si bien
qu’il existe un indice i0 tel que t]lQ (6) 0. Alors p £ UiQ,
q<, (h) x = 0 si <pi# (p) = (&, x). Par conséquent, x = 0, et p est
donc l’élément zéro de l’espace vectoriel f b. Ainsi, l'application
linéaire (pb est un monomorphisme pour tout b Ç SD.
Soit un sous-espace de 30 X 5tnN, formé des points (6, x)
tels que le vecteur x £ RnN soit orthogonal à l’image Im (p& du mo­
nomorphisme cp&, et soit ri la restriction à <£’ de la projection
pr: SD x R"* 30.
Problème 12. Montrer que le triplet q = (#', r i , «2?) est urc /iôré
vectoriel (différentiable si tel est le cas de 30 et de £). (La seule chose à
démontrer est certes la trivialité locale.)
La somme directe des fibres de \ et q est isomorphe
par construction pour tout point b £ 30 à l’espace Im <p6 © =
= RnN . Aussi
| ® q = 0n*
ce qui est équivalent à (14). □
Corollaire 1. Le monoïde K (30) est un groupe pour toute variété
séparée compacte 30. □
LEÇ O N 24

X-fonctcur.—Jï-foncteur et K-foncteur. — Opérations ^ . — Opé­


rations d’Adams. — Groupes Kçj$n. — Invariant de Hopf. — Cons­
truction de Hopf. — Certaines implications élémentaires. — Un
théorème d’équivalence.

Un autre procédé d’obtention du groupe K (3?) (qui est plus


commode sous certains rapports) s’inspire de la construction algébri­
que générale du groupe de différences.
Quel que soit le demi-groupe abélien A/, le g r o u p e de d i f f é r e n c e s GM a pour
éléments les différences formelles a — b, où a, 6 6 A/, et deux différences a — 6
et ai — bx sont égales si et seulement s’il existe c 6 A/ tel que a -f- b x -f c =
= ûi + 6 -f c. L’addition dans G M est évidemment définie par
(a - 6) + (c - d) = (a + c) - (6 + d).

Problème 1. Vérifier qu’on aboutit effectivement à un groupe.


Quel est le rôle de l ’élément c?]
[ Q u es tio n .
Le groupe de différences est souvent appelé g r o u p e de G r o t h e n d i e c k , du nom
du mathématicien qui en a largement utilisé la construction et en a fait l ’objet
de l’attention générale. (En algèbre générale, cette construction a été d’ailleurs
connue bien avant Grothendieck ; il suffit de dire que c’est la façon dont on dé­
duit l ’ensemble des entiers à partir de celui des entiers naturels.)
La formule
%: a *-*(a + c) — cs c Ç M quelconque,
définit bien une application
X : M -> GM.

Par définition, x (a) = X (6) si et seulement si M contient un élé­


ment c tel que a -f- c = b -f- c.
Problème 2. Montrer qu’il existe pour tout homomorphisme /: M ->* G
du demi-groupe M dans G un homomorphisme G/: G M -► G unique, qui clôt
le diagramme commutatif
X
M GM

f 'Gf
G
362 LEÇON 24

Le groupe de différences du demi-groupe Vecti<«27 est noté


(les variantes K03C, Ku «27, . . . sont les mêmes que pour le mo-
noïdc £ K«27).
On conçoit que K ^ est naturellement un foncteur contravariant :
quelle que soit l'application continue /: «27' -> 30, la formule
f* (i — n) = /* ! — /*»i
définit parfaitement l’homomorphisme
/* : Ky3C -^K y3 C r
qui jouit des propriétés fonctorielles standard.
Problème 3. Montrer que quand K = ou K = C,
a) l'opération de multiplication tensorielle est transportée dans le
groupe Ky30\
b) K fc27 est un anneau pour cette opération.
L’anneau K^SO possède évidemment l’unité: 1 = %(01).
Les homomorphismes c, ch, p, ph prenant leurs valeurs dans les
groupes sont prolongeables de façon unique (problème 1) en les ho­
momorphismes
c, ch : K^3C HZ*3C pour K = C,
p, ph : KR30 -> Hk*3C pour K = R.
Ce sont ch et ph qui méritent une mention spéciale. En effet, les
formules (11) de la leçon 23 (que nous n’avons pas démontrées!) en
font des homomorphismes d'anneaux.
Remarque 1. Puisque les groupes H2*30 et / / 4*«27 sont des es­
paces vectoriels sur R, ch et ph induisent les homomorphismes
d’algèbres
cb.R - K c æ ® ï { - + H i*æ,
phR :
On montre (mais le théorème est ardu) qu’il s'agit des isomorphismes.
Ce théorème est justement la raison d’être principale des homo­
morphismes ch et ph.
* * ★
On établit facilement que quels que soient les fibrés vectoriels sta-
blement équivalents £ et q, dans le groupe Ky3C
\ _ 0" = q - e*
où n = dim E, m = dim q.
K-FONCTEUR ET K-FONGTEUR 363

En effet, on trouve par hypothèse des nombres h et k tels que


g -f = il + 0* dans Vect^J?. Aussi
g - 0" = (g + 0ft) — 0n+h = (q -f 0*) — 0n+h = q — 0m
dans K y & (on rappelle que n -J- h = m -f k et 0"+h = 0" © 0h). □
Par conséquent, la formule [gl g — 0", avec n = dim g, dé­
finit parfaitement une application
(1) KKœ - + K Yæ
qui est évidemment un homomorphisme.
On vérifie sans peine que Vhomomorphisme (1) a son noyau trivial.
En effet, si g — 0” = 0 dans K Y30, alors g © q = 0" © q dans
Vect^.3? pour tout fibré q. En particulier, g © 01 = O"-1 si q =
= 0 \ i.e. [g) = [0]). □
/V
Si le monoïde KySO est un groupe (l’espace 30 est, par exemple,
séparé, normal et de type fini), Vhomomorphisme (1) est donc un mo­
nomorphisme.
L’image de (1) est formée par construction de tous les éléments
E — 071, n = dim et elle est contenue par conséquent dans le
noyau de l’homomorphisme
(2) dim: Ky3C- +L
donné (évidemment bien) par
dim (E — r|) = dim E —dim q.
Il se trouve que si le monoïde Ky30 est un groupe, l'homomorphis­
me (1) est un isomorphisme sur le noyau de (2). En effet, soit dim (E —
— il) = 0, i.e. dim E = dim q. Kt^SO est un groupe, si bien qu’il
existe pour E et q des fibrés £' et q' et des nombres h et k tels que
E © E' = 0* et q © q' = 0*. Considérons le fibré Ç = E © V-
Son rang est dim E + (& — dim q) = k , et
6 - n = (S + V) — Oi + ti#) = C - e fc
dans le groupe K^3?. □
Les éléments du groupe K^SO s’appellent fibrés virtuels, et la
valeur de l’homomorphisrae (2) sur un fibré vectoriel virtuel est le
rang (ou la dimension) de ce dernier. Ainsi, sur les espaces séparés
normaux de type fini, les classes des fibrés vectoriels stablement équiva­
lents s’identifient naturellement aux fibrés virtuels de rang (dimension) 0.
364 LEÇON 24

S’agissant de ces espaces, on définit donc le groupe en tant que


le noyau de l’iiomomorphisme (2).
Les fibres virtuels de la forme x (£) sont dits positifs. On les dé­
signe d’ordinaire par (Mais le fibre x (0n) est noté /i.)
Avec ces notations, l’application
K ^æ ^K ^æ
est donc donnée par
dim î-
On identifie de règle [£] à £ — dim
Remarque 2. Si K = H (ou K = C), (2) constitue évidem­
ment un homomorphisme d’anneaux (car dim ( | ® q) = dim £ dim q).
Aussi, son noyau est-il un idéal de l ’anneau KySC et, en particulier,
un anneau. Si le monoïde KySC est un groupe, la formule
l£l [rj] = Il ® ql —m [£] — n Iq], n = dim |, m = dim q,
définit donc dans KySC, groupe pour Vaddition, la multiplication pour
laquelle KySC est un anneau.
Algébriquement, l’anneau K^SC s’obtient à partir de KySC par
l’adjonction formelle de l’unité.
* * *
L'anneau K^SC est muni d ’une structure algébrique supplémen­
taire remarquable.
On rappelle (voir problème 11 de la leçon 12) que pour tout K-
fibré vectoriel % sur SC (K = R ou C) et tout entier k ^ 0, on
définit le K-fibré vectoriel A h%. (Si k = 0, on estime par conven­
tion que A°£ = 01.)
Proposition 1. Il existe des applications
kh : KySC -*■ KySV, k ^ O ,
telles que
a) on ait
ku { * + y ) = 2 V ( * ) V ( y )
i+ j= *
pour tout x et tout y de KySC ;
b) si x — %(£)» alors
# (x) = X (A*6).
OPÉRATIONS >.ft 365

Ces propriétés caractérisent les applications Kh de façon unique.


D é m o n s t r a t i o n . Soit 1 + (KySC) (Ul] + le groupe mul­
tiplicatif de toutes les séries formelles de terme libre 1 sur l’anneau
KyŒ-
Soit l’application
At : Vectx # - * 1 + ( K K&) [[/]]+
définie par

A,S= S X (Aftl] th.


h=0

Problème 4. Démontrer que A( est un homomorphisme. [Indica­


tion. Quels que soient les espaces vectoriels T et W ■
>l’espace vecto­
riel A* (7' © I f ) est canoniquement isomorphe à la somme directe
A1 V © A> I f par rapport à tous les i ^ 0, / 0, i + / = A.)
Il existe donc (voir problème 2) l ’homomorphisme
Xt : K K æ + 1 + ( K y S C ) (M l +

unique qui clôt le diagramme commutatif

Vectra: ------- - KKæ

1+(KIKSC)[[t]]+
Soit

A,(ae)= 2 A* (*)«*, x ^ K ^ æ ,
ft= 0 |A
auquel cas Xh : x *-*■ Xk (x) sont les applications
K Kæ - + K Kæ

vérifiant la condition b).


Dire que Xt est un homomorphisme, c’est dire que
ht {x -f y) = X, (x) X, (y)
pour tout x et tout y de K ^ T , Si l’on ouvre les parenthèses, on
constate de suite que l’identité obtenue est équivalente à la condi­
tion a).
Ainsi, la proposition 1 se trouve démontrée. □
ouv Z*

Il est clair que les applications XAsont fonctortelles, i.e. on a pour


toute application continue /: î ÿ «27 le diagramme commutatif
KySC £ K Kâ7
/•I ^ J/*
K ^^K yp .
On a certainement X1 (a:) = x pour toutx Ç (i.e. X1 = id).
Nous donnerons plus loin (voir problème 7) une formule expli­
cite pour X*x, x = f — r), qui exprime le fibre virtuel X\t par les
fibres £ et q.
* * *
La série X< (x) étant inversible, on définit la série

dont le terme constant est nul, i.e. (x) s’écrit rj)1 (x) t + . . .
. . . + \|)* (x) th + . . . Les applications '

s’appellent opérations d'Adams.


Problème 5. Démontrer qu’on a pour tout n > k
(*) = (X1 (x), . . X» (*)),
avec sk (olf . . . » an) les polynômes de Newton qui expriment le polynôme
symétrique x* -f . . . - f 1» moyennant les polynômes symétriques élémentaires
<Jlt . . ., on. En particulier (voir formules de Waring, leçon 23),
\fl (x) = X1 (x) = x,
Ÿ* (x) = X1 (x)2 - 2X2 (x) = x2 - 2X2 (x),
\J)3 (x) = x3 + 3X3 (x) — 3xX2 (x), et ainsi de suite.
(Indication. Soit / (t) = (1 + x^) . . . (1 + xnt). On a

tx 1 txn
^ l n / ( 0 = 1+Xjf
1+*1^7 = h=\
S (*}+•..+*£)(-«)*•)

L’avantage des opérations \|)* comparées à X* tient à ce que yÿh


est pour tout k ^ 1 un homomorphisme d'anneaux, i.e. on a pour
tout x et tout y de K-^30
(3) V* (x + y) - il)* (x) + \|>* (y),
(4) \ph (xy) = \J)k (x) tl)* (y).
OPÉRATIONS D’ADAMS 367

La formule (3) étant équivalente à l’identité (x + y) =


= ÿt (*) + (y) est établie facilement:

+ —* 3 7 1,1 *>-«(*+y) = — 1 -fc - ln (^-i (*) *--t (y)) =

= ~ 1 j r lln x-« ^ + ln x-< = *•’*w + (y)-


Il en va autrement pour (4) qui traduit un résultat géométrique lourd
de sens. Sa démonstration s’inspire du
Principe de scission. Pour tout K-fibré vectoriel £ = (£, n, X ),
il existe un espace 2/ et une application continue /: % X pour
lesquels
a) Vapplication /* : Ky X. - + est un monomorphisme ;
b) le fibré /*£ sur ÿ est une somme de fibrés linéaires (i.e. leur
rang est 1).
Pour que ce principe soit juste, la base X de £ doit remplir cer­
taines conditions. Il suffit, par exemple, que X soit séparé et para-
compact (en particulier, compact). Ce faisant, l’espace ’ÿ peut ap­
partenir à la classe des espaces séparés paracompacts (resp. compacts).
Nous passons sur la démonstration du principe énoncé.
Problème 6. Construire le fibré P£ = (#', n 't JV) dont la fibre au-dessus
de b É X est l ’espace projectif P ( ^ ) sur l ’espace vectoriel SF\ (les points de
P (!zF\) sont les sous-espaces de dimension 1 de S71). Soit (ji')*£ l’image réci­
proque sur %’ du fibré vectoriel £. Montrer que le fibré (a')* 5 est somme directe
d'un fibré linéaire et d'un fibré de rang n — 1. [Indication. Les points de l’espace
total du fibré de rang i sont les couples (L, p), où L £ %' et p 6 L. 1
Avec ce résultat, on effectue un pas de récurrence dans la dé­
monstration du principe de scission.
Celui-ci et la formule (3) entraînent qu’il suffit de vérifier (4)
pour x et y des fibrés linéaires. D’autre part, si x Vest, alors
(5) * '( * ) = * *
(on l’établit aisément). [En effet, si x est de rang 1, alors X‘(x) = 0,
i ^ 2, donc Xj (x) = 1 + tx. Aussi,
cc
= — <-37 ln (!-<*) = 7377= 2

égalité équivalente à (5).) Par conséquent, on a pour x et y linéaires


>|>* (*y) = (xy)h = xhyh = V (x) i|/(y)
(on note que le fibré xy est linéaire avec x et p), ce qui prouve (4).Q
On démontre de façon analogue l ’égalité
\[h\pl (x) = \\>hl (x).
308 LEÇON 2k

(Si x est linéaire» il suffit d ’utiliser la formule (5). Le cas général


s’ensuit en vertu du principe de scission.) Cela signifie que
(6) \J)* o \j)/ =
quels que soient k, l ^ 1.
Remarque 3. Si 30 est différentiable, l’espace 0/ et l’application
/ du principe de scission sont supposés différentiables eux aussi. On
définit l ’homomorphisme /* : H*3C H*2/ qui est un monomor­
phisme.
Cela donne de suite (voir problème 3 de la leçon 23) les formu­
les (11) de la leçon précédente (i.e. les applications ch et ph spnt
des homomorphismes pour la multiplication).
Problème 7. Dans le cas des espaces vectoriels (donc des fibres vectoriels),
on considère, en plus de A*, k > 0, le foncteur S k qui fait correspondre à l ’espace
l ’espace vectoriel S h f* de tous les tenseurs symétriques d’ordre k sur cy9. Dé­
montrer pour S* l ’analogue de la proposition 1, i.e. construire les applications
«*: k ^ 0,

pour lesquelles r* (x) = % (Sk%) si x = x (£), et


*h (*+0)= S

quels que soient x, y ê K ^ X .


Démontrer également qu’on a dans l'anneau K y X pour les fibrés vectoriels
È et T) quelconques:
>.*<Ç-T1)= S ( - l ) {X<(|)^(tl)-

[Indication. Utiliser le principe de scission.)

* * *
Les groupes K ^ ' , avec 30 = offrent un intérêt particulier.
Nous nous placerons dans le cas K = C [le groupe O (n) étant non
connexe, les difficultés techniques sont un peu plus nombreuses pour
K = ft], et nous utiliserons à cet effet l’espace projectif complexe
CP11.
Les points de CP" sont par définition les sous-espaces de dimen­
sion 1 de l ’espace vectoriel Cn+1. Soit £ un sous-espace du produit
direct C” +1 X CP", dont les éléments sont les couples (z, L),
z Ç Cn+1. L £ CP", tels que z Ç L, et soit n : <f CP” la restric­
tion à if de la projection Cn+1 X CP,l->C P".
Problème 8. Montrer que le triplet r)A+i = (#, n, CP”) est
un fibré vectoriel de rang 1.
GROUPES K C <J" 369

La fibre de qn+1 au-dessus du point L Ç CPn est évidemment


l’espace L lui-même, ce qui explique le nom de fibré tautologique
qu’on donne à r\n+i.
Si n = 1, l ’espace CP1 n’est autre que la sphère de Riemann C+,
si bien qu’il s’identifie donc naturellement à la sphère S 2* Aussi,
le fibre q3 est un fibré complexe linéaire au-dessus de S 2, et il dé­
finit par conséquent l’élément (12 = [rj2l du groupe K ç S 2.
On montre (mais difficilement !) que ÆçS2 est un groupe cycli­
que infini de générateur P2. (Voir leçon 27.)
L’élément p2 considéré comme appartenant à l’anneau ÆçS2
est donné par
P2 = ^2 1•
On suppose que n = 2m et on identifie chaque point t = (*lf . . .
. . tn) £ l n au point (tlf . . ., t m) du produit I 2 X . . . X / 2, où
m fols
t/ = (^2<-n *21)» l = 1» . . ., m. Il est clair que le point t du cube
r est sur sa frontière I n si et seulement si t t appartient pour au
moins un t à la frontière du carré / 2. Il existe donc l ’application
continue
/ : S2 x . . . x Sz S 2m*
I_________ I
m fols
dernière ligne du diagramme commutatif
I 2 X . . . x / 2= / 2m
x2x...xx2
1______[ *2m
m fois

S2x x S 2-»-S2m.
avec Xn l ’application / n - ^ S n qui applique homéomorphiquemont
l ’intérieur de I n sur la sphère épointée S n\ {so} frontière
ï n en le point s0.
Soit pr< : S2 x • • ■ x S 2 Sn la projection sur. le i-ième
facteur, i = 1, . . ., m, et soit
Pn = prîP2- . . . • prmP26 (S2 x • • • X S 2) •
(Il s’agit certainement de la multiplication décrite dans la remarque
2.) On a les résultats suivants (qu’il est malheureusement impossible
de vérifier) :
a. L'homomorphisme
/ * : * c S 2m- * - * c ( S 2 x . . . x S 2)
est un monomorphisme.
370 LEÇON 24

b. L'élément p* appartient à Vimage de f* (si bien qu’il existe un


élément p„ défini univoquement de A^S2m tel que /* (pn) = p'n)k
c. L'élément pn est d'ordre infini. // engendre le groupe /^çS2m.
Ainsi, Kçg*™ est un groupe cyclique infini pour tout
[On montre que À^S2"1*1 = 0.]
Problème 9. Démontrer l’égalité PJ = 0. [Indication. Utiliser la
formule matricielle
0 —0 a 0 0 1 ab 0
a-> 0 0 b -1 0 0 1
et démontrer que r]2 ® r]2 = q2 ® ti2 © 01.]
Il en résulte que P2 = 0 pour tout n ^ 2.
Le fibré q2 est de rang 1, si bien qu’on a dans Panneau Kçf$2 =
= 1 + K çS2 pour tout k ^ 1 :
VPa =♦*(»!. - 1 ) = n h
t -i.
Mais tj2 = 1 + P2 et PJ = 0, donc rj2 = 1 + kf>2 et, partant,
S^Pa = ^P2«
Par conséquent,
^P n = prî (1^2). . . . •prî, (ti>*p2) = km(prîPj • . . . • prS.ps) = *mp;
vu la propriété de fonctorialité, et
(9) ^*Pn = Pn» * > 1, n = 2m
(on recourt de nouveau à la fonctorialité de l ’opération yfyh et à
l ’affirmation a).
* * *
Ces résultats relatifs aux groupes KçS" trouvent une applica­
tion absolument remarquable dans l’ensemble de problèmes soûle-
vés dans la leçon 8.
Soit
/ : s 2n- ‘ + s n
une application continue quelconque de la sphère S 2”-1 dans la
sphère S n- On l’utilise pour munir la réunion disjointe B2n [I Sn
de la boule E2n et de la sphère S” de la relation d’équivalence
suivante: deux points x et y sont équivalents si et seulement si ou
bien x = y, ou bien x Ç S 2*1"1» y 6 S”* / M = y* On note C (/)
l’espace quotient correspondant. Il contient un sous-espace homéo-
INVARIANT DE HOPF 371

niorphe à S", dont le supplémentaire Test à la boule ouverte È2n.


[On dit que C(f) est le résultat du recollement par / de B2n à g".]
Quels que soient Tespace 30 et son sous-espace A , on désigne par
SCIA l’espace quotient de SC par la relation d’équivalence suivante:
deux points de SC sont équivalents si et seulement si ou bien ils se
confondent, ou bien ils appartiennent à A .
Problème 10. Montrer que X I A est obtenu par recollement de l'espace X
au point pt par l'application A ->• pt.
En particulier, on définit pour C (/) l’espace C (/)/Sn.
Problème 11. Montrer que C (/) est canoniquement isomorphe à la sphère
s ,n-
Ainsi, on a deux applications
Sn - C ( / ) - ^ S 2n.
i étant une injection et J une application de passage au quotient.
Il se trouve que la suite de groupes et d'homomorphismes
0 -> KcS 2n ■£ KçC (/) -* KçS" 0
est exacte. Cette fois encore, on se passe de la démonstration.
Cette affirmation entraîne que si n = 2m, KçC (f) est un groupe
abélien libre de générateurs a et 6, où
« = /* (P ,» ), * * (* )= Pn
(a est défini de façon unique et b l’est à un terme ka près).
Cela étant, i* (62) = fi2 = 0 implique l’existence d’un nombre
H (/) tel que
b2 = H (f) a.
C’est Vinvariant de Hopf de l’application /. [Le nombre H (f) dépend
de la classe d ’homotopie de / seule, d’où son nom. Nous n’aurons
pas besoin de ce fait.]
L’application ]* est monomorphe, si bien que a2 = 0. Comme
i* (a) = 0, donc i * ( ab) == 0, on a ab = ea, b étant un nombre.
(Le nombre e est en fait égal à 0, mais cette précision est inutile.)
Aussi
{b + ka)2 = b2 + 2kza = (H (f) + 2kz) a.
On voit que si b change, H (f) varie d’un nombre pair (si bien
que seul son résidu modulo 2 est l’invariant). [Mais comme e = 0,
c’est bien H (f) qui reste invariant.]
Théorème 1. L'application f avec invariant de Hopf H (f) impair
n'existe que pour n = 2, 4, 8.
372 LEÇON 24

Toujours ces valeurs mystérieuses!


D é m o n s t r a t i o n . On suppose que / avec H (/) impair
existe. Soient C (f) l’espace correspondant, et a et b deux générateurs
du groupe KçC (/). Puisque V (pn) = &mP„ et \|>ft (pîn) = Ârnp2n,
on a
\J)ft (a) = kna et r|>h (b) = q (h) a + kmb, n = 2m,
avec q (k) un entier. En particulier, \J>2 (b) = q (2) a -f- 2mb. Or,
ij>2 (6) = b* - 2X2 (6) = H (/) a - 2X2 (6)
(voir problème 5), donc \)j2 (6) s a mod 2. Aussi, q (2) est impair
D’autre part,
>j>2\|>* (b) -= i|>2 (q (k) a -f &m6) =
= (2nq (k) + kmq (2)) a + 2mkmb = kmq (2) a mod 2m
et
>|>V (b) = r|>* (? (2) a + 2mb) =
= knq (2) a + 2m$ h (b) s knq (2) a mod 2m.
Cela prouve (puisque \|>2 » ^j>h = \j)h o ; voir (6)) que
kmq (2) s k" q (2) mod 2m
et que
km (km - 1) s 0 mod 2m
pour tout 1 (en effet, q (2) est impair et n = 2m).
En particulier, on a pour tout k impair la congruence
(10) km - 1 s 0 mod 2m.
Il en résulte pour k = 5 et m > 1 que 5m = 1 mod 4, résultat pos­
sible pour m = 21 pair seul. Mais dans ce cas
km = (1 + 2')2' = (1 + 2,+‘)' = 1 + 12,+1 mod 2m,
k = 1 + 21, et la congruence (10) n’a donc lieu que si I2l +ls 0 mod 2m,
i.e. si 21 &=s 0 mod 2‘. Comme la dernière congruence n’est juste
que pour l = 1 et 2, cela prouve que m = 1, 2 ou 4, i.e. n = 2, 4
ou 8. □
* * *
Afin d’appliquer le théorème 1 aux problèmes de la leçon 8, on
construit l’application
(11) " = 2m>
CONSTRUCTION DE HOPF 373

à partir (Tune multiplication continue quelconque


fi:S n" 1x S n“ 1- 5 n" 1
(sans unité en général) sur la sphère S ””1* On procède comme suit.
On suppose que S 2"”1 est la sphère unité de l'espace unitaire Cn
et que Cn est décomposé en somme directe Cm © Cm de deux
espaces Cm. Les points de S2”"*1 s'écrivent donc comme (u, v),
u, v £ O" et
i « r + i v i* = i .
On décompose maintenant la sphère S 2n~x en réunion H (J tf<+)
de deux ensembles, où est une partie de S 2"”1 formée des
points (u, v) tels que | u | ^ | v |, et H a pour éléments les points
(u, v) tels que | u | ^ | v |.
Problème 12. Montrer que les formules

<pO(u, v )= f ,.U .. , / 2 v ) . (u, v )tm * ),


' K l - |v |a •
q)(-)(u, v ) = ( ] /2 u , . ,v T ) , (u, v)Étf(-),
' y 1 — |u|* /
donnent les homéomorphismes
q>(+) : H<+) g "-* x Bn» <p(") : # Bn X S n‘ l »
où, comme toujours, g n-1 = {zÇCm; | z | = 1 ), B” = {* € Cm; | z | ^ 1 ) .
Les homéomorphismes q>(+) et (p<- ) coïncident sur l ’intersection //(°)=»
= //<-> fl #<*> ^caractérisée par les équations | u | = | v | = - ^ - J pour donner
l ’homéomorphisme
9<o):^(0)-i.gn“i x S n-1I (u, v) h^ ( / 2 u, / 2 v).
Soit, par exemple, m = 1. Le sous-ensemble Hi°) est homéomorphe au tore
S 1 X S 1» et Hir) et Hi+) sont des tores pleins à bord //(°).

Chaque point y de la sphère S" (dans l'espace Jtn+1 de base


e0, • • •» ©n) s’écrit comme
y = cos 0-x + sin 0*en,

où x e S ”' 1 et — - ^ 0 ^ - y . Lorsque —-—^ 0 ^ 0 , y sera noté


9 TT
[x, £]<“>, t = 1 + —0,
a et si 0 ^ 0 ^ z-5-, 011 emploiera le symbole
2
[x, t = i — —0 (dans les deux cas, t varie de 0 à 1, et si
t= 1, on obtient le point x, tandis qu’on a les points —en et en
pour f = 0).

G3âK. 560
Avec ces notations, on définit l'application c^ par les formules
f ^ 2 | v | ] <+) si (U, V ) Ç /*(♦>,

1 [ ^ ( t T T ’ T T t ) - ^ 2 | u | ] <" ) si (U , v )6 //<-).
On établit facilement qu'elles définissent parfaitement (même pour
u= 0 et v = 0) l'application continue (H). □
On dit que cM est obtenue à partir de la multiplication p par
la construction de Hopf.
Soit s0 un point de la sphère S'1"1. Fixons-le et considérons les
applications
(12) x »—►p (s0, x), x h - p(x, s0)
de S n l dans elle-même. Soient dx et d2 les degrés de ces applica­
tions. [Question. Dépendent-ils du choix de s0 ?]
c» étant l'application g 20-1 <J,lf n pair, possède l'invariant
de Hopf H (c^). On a
(13) H (Cy) = dxdt .
Nous en omettons également la démonstration.
Si la multiplication p a l ’unité s0l les applications (12) sont les
identités, si bien que dx = 1 , d2 = 1 . Alors H (c») = 1 , ce qui
n’est possible par le théorème 1 que pour n = 2, 4, 8.
Nous appelons unitoïdes les ensembles munis de la multiplica­
tion avec unité, et les espaces topologiques sont dits unitoïdes topo­
logiques s'ils sont des unitoïdes avec multiplication continue. Ainsi,
la sphère Sn n'est un unitoïde topologique que pour n = 1, 3, 7.
(D’autre part, on sait depuis la leçon 8 que S n est un quasi-groupe
différentiable pour ces valeurs de n.)

* * *
Dans la leçon 8, l'entier naturel n a été soumis aux conditions
suivantes :
Qua. La sphère S""1 admet une structure presque complexe;
Prl. La sphère S n est parallélisable ;
Qgr. La sphère S n est un quasi-groupe différentiable;
Div. L'espace ftn+1 est une algèbre à division ;
Dlvj. L'espace ]tn+1 est une algèbre à division avec unités
et on a établi certaines implications. Par exemple, Div => Divt
d’après le problème 14 de ladite leçon.
Nous ajoutons à cinq conditions citées
Unt. La sphère Sn es* un unitoïde topologique;
Odd. I l existe une application S 2n+1 S n+l à invariant de Hopf
impair.
CERTAINES IMPLICATIONS ELEMENTAIRES 375

(A vrai dire, la dernière condition suppose que n est impair, mais


désireux d’éviter des restrictions triviales, nous convenons qu’elle
a encore un sens pour n pair sans être jamais vérifiée.)
La formule (13) admise sans démonstration entraîne Unt =>■ Odd.
Dans la leçon 8, on a démontré Qgr => Prl. On prouve facile­
ment Prl =>- Unt, implication affaiblie de sens contraire. En effet,
l’existence d’un parallélisme sur Sn signifie qu’on définit en cha­
que point x Ç S" une base orthonormée fx (x), . . ., fn (x) de l’es­
pace tangent, qui dépend continûment de x. Soit A (x) une matrice
d’ordre n + 1 à lignes les vecteurs x, t l (x), . . ., fn (x). Elle est
orthogonale et telle que e0A (x) = x, avec e0 = (1, 0, . . ., 0).
Aussi, la formule
H (*. y) = (e0)-1 A (y)
définit sur S n multiplication avec unité e0. □
On appelle multiplication vectorielle l’opération bilinéaire x,
y x x y sur un espace euclidien Jl si, pour tout x et tout y de
a) le vecteur x X y est orthogonal à x et à y :
(x, x X y) = 0, (x X y, y) = 0 ;
b)
| x x y |2 + | (x, y) |2 = | x |2 | y |2
(nous désignons par (x, y) le produit scalaire de deux vecteurs x et
y; dans la Géométrie analytique, on a employé la notation xy).
Une opération quelconque (non nécessairement bilinéaire) x, y —►
►x X y sur un espace euclidien j l est la multiplication vectorielle
continue si elle remplit les conditions a) et b).
Un espace euclidien Jl qui est une algèbre sur R est dit algèbre
normée si
I *y I = I x | • | y |
quels que soient x, y Ç A.
Ces définitions sont à la base des conditions suivantes :
Vect. Il existe sur Rn la multiplication vectorielle ;
Cont. Il existe sur R/1 la multiplication vectorielle continue ;
Norm. I l existe sur Rn+1 la multiplication pour laquelle Rn est
une algèbre normée ;
Normj. I l existe sur Rn+1 la multiplication pour laquelle Rn
est une algèbre normée avec unité.
L’exemple de la multiplication vectorielle usuelle montre que
la condition Vect est satisfaite pour n == 3. Elle l’est de même quand
n = 1 . (S’agissant d ’un espace euclidien de dimension 1 , c’est la
multiplication nulle qui présente les propriétés a) et b).)
Si l’on prend les corps R, C, H et l’algèbre Ca, on voit que
la condition Norin1est remplie pour n + 1 = 1, 2, 4, 8.
Il est clair que toute algèbre normée est une algèbre à division
G*
d/0 U^ÇUN 24

(quel que soit a f les opérateurs x ► -*> ax et x xa ont leur


noyau nul, si bien qu’ils sont non dégénérés vu que A- est de dimen­
sion finie). Aussi Norm =>- Div.
Problème 13. Montrer que Norm <=> Norm(. [Indication. Cf. Pro­
blème 14 de la leçon 8.1
Soient e l’unité de l’algèbre normée A , et A L le complément
orthogonal de A . On désigne par x X y £ A 1 , x, y Ç A 1 quelcon­
ques, la projection orthogonale du vecteur xy sur A 1 .
Problème 14. Montrer que l ’opération x, y >-*x X y est la mul­
tiplication vectorielle sur A 1 . [Indication. Démontrer que
xy*y = (y» y) X, où y = k a —y' si y = ke -f y' et e _L y'.l
Par conséquent, Nom^ =>■ Vect.
Inversement, soit A ' un espace euclidien muni de la multiplica­
tion vectorielle, et soit A = Re 0 A ' un espace euclidien avec le
produit scalaire (ae + x, 6e + y) = ab + (x, y) (i.e. la somme di­
recte orthogonale de l’espace Re de dimension 1 et de A ').
Problème 15. Démontrer que Vespace A est une algèbre normée
avec unité e pour la multiplication
(ae + x) (6e -f y) = (ab — (x, y)) e + (ay + 6x -f x x y).
Par conséquent, Vect Normla
On a du même coup Cont =*►Unt.
On établit sans peine que Vect=> Qua. En effet, chaque multipli­
cation vectorielle dans Rn définit pour tout vecteur x Ç S "”1 dans
l’espace tangent /xSn_1 = (Rx)1 l’opérateur
/xy = x X y, y Ç /xS"-1.
Comme | x | = 1 et (x, y) = 0, on a | 1%y I2 = |x |2 | y |2 —
— (x, y)2 = | y |2, si bien que l’opérateur / x est orthogonal. / x est
antisymétrique vu que (/xy, y) = (x X y, y) = 0. Aussi, I l = —id
(voir problème 3 de la leçon 8), i.e. ces opérateurs sont les opérateurs
structure complexe. □
Cette façon d’agir a été en fait la nôtre dans la leçon 8.
L’implication de sens contraire sous forme affaiblie, i.e. Qua =>
=> Cont, est prouvée sans difficulté.
Soit x / x, x Ç S "-1, la structure presque complexe sur la
sphère S n-1 de Rn. On constate de suite que les vecteurs y et I x y,
avec y le vecteur unité quelconque de /xS”"1» sont linéairement in­
dépendants (ils forment une base du sous-espace [y, / xyl qu’ils en­
gendrent). [En effet, si ay -f 6 /xy = 0, alors a lxy — 6y = 0, donc
(a2 -f 62) y = 0.1 Aussi, on définit
yx y -(7xy* y) y
xx y
i ^ y - ( ^ y . y) y i
UN THEOREME D’EQUIVALENCE 377

(ce vecteur unité joint à y forme une base orthonormée de même sens
que y, Ixy du plan [yXï / xyl). Le produit x X y se trouve donc défini
pour n’importe quels vecteurs orthogonaux x, y Ç S”' 1-
On étend ce produit aux vecteurs x, y quelconques de ÜV' si Ton
pose
0 si x, y sont linéairement dépendants,
x x y=
V | x | 2— | y I2—(x, y)2(u X v) dans le cas contraire,

i, — x v_ I * l*y—(*. y)*
1*1’ || x I* y —(x, y)x |
son tle résultat du procédé d’orthonormalisation de Gram-Schmidt
appliqué à x et y. La multiplication ainsi construite possède (c’est
évident) les propriétés a) et b). □

Toutes les implications citées forment le schéma ci-dessous. Les


flèches fines représentent celles qui sont ou bien triviales, ou bien
établies de façon élémentaire. La flèche 1 équivaut au théorème de
;
Prl ---------------------------------------------------- Qua

Qgr » Unt - --------------Cont


yl
Odd

Div, —----- Div j

n-*-1= 1, 2 , 4 , 8

T ~
Norm Norm1 ------- —" Vect

Fig. 5.
378 LEÇON 24

Kirchhoff (proposition 2 de la leçon 8), et l’implication 4 découle de


l’existence des algèbres R, C, M etC a. Deux flèches grasses sont
les implications que nous avons démontrées partiellement et (ou)
avec des lacunes. La flèche 3 représente le résultat le plus profond
e t le plus difficile à prouver.
L’implication d’ordre technique 2 est beaucoup plus simple.
Nous en avons omis la démonstration qui s’appuie uniquement sur les
propriétés générales élémentaires des ^-groupes que nous n’avons
pas eu le temps d’énoncer.
Par une chasse au diagramme des implications, on voit de suite
qu’on passe d’une condition à n’importe quelle autre, i.e. dix condi­
tions imposées au nombre n sont toutes équivalentes.
Un résultat étonnant!
L’implication Prl => n H- 1 = 1, 2, 4, 8 correspond à l’affir­
mation B de la leçon 8.
On voudrait évidemment que l’équivalence des conditions Div,
Norm et Cont, par exemple, soit démontrée de façon plus directe.
On ne dispose sur ce plan que d’un théorème de Hurwitz (fin du
XIX e siècle) qui dit que toute algèbre normée avec unité est isomorphe
à Vune des algèbres IR, C, H, Ca(i.e. l’implication 4 est inversible).
LEÇON 25

fibrés principaux sur les sphères. — Application caractéristique pour


le fibré tgn+f — Application caractéristique pour le fibré t<jh+1. —
La non-existence d’un parallélisme sur les sphères S 4/+1- — Groupes
d’homotopie des espaces pointes. — Une autre définition des groupes
d’homotopie. — Groupes d'homotopie et classes d'homotopie des appli­
catio n s de sphères. — Groupes d'homotopie des espaces abéliens.

On a établi (voir leçon 24) que les applications à invariant de


Hopf impair n’existent que pour n = 1, 2, 4, 8. Outre qu’elle paraît
un peu artificielle, cette démonstration lacunaire ne touche pas au
fond du problème. Dans cette leçon et dans les deux leçons suivantes,
nous élaborerons un procédé plus direct, dépourvu du défaut mention­
né, qui nous permettra ensuite d ’aborder les /C-groupos. On s’ap­
puiera en l’occurrence sur l’exemple des sphères S n+1 non paralléli-
sables pour n = 41.

* * *
Soit £ = (8\ p, S n+1) un fibré principal arbitraire sur la sphère
5 n+1 (pour des raisons de commodité, la projection est ici notée p
ot non n comme antérieurement), et soient C/(_) et C/(+) deux ouverts
de Sn+1 formés des points x Ç S”+1 Pour lesquels xn+1 < 1/2 et
xn+l > —1/2 respectivement.
Problème 1. Montrer que le fibré £ admet une section sur cha­
que £/<_), £/(+). [Indication. Les ensembles t/(_) et C/(+) sont homéo-
o
morphes à la boule ouverte (n + l)-dimensionnelle Bn+1.]
Soient S(_j une section de £ sur C/(_), et $(+> celle sur Ui+). On
définit pour tout point x £ ^(+> (en particulier, pour tout
point x de l’équateur S" : zn+1 = 0) l’élément
Tx = x (S(+) (x), s(_) (x)),
avec t la translation pour g (voir leçon 1). (L’élément Tx est défini
pour le fibré (SO (n + 2), p, S " +1) de la leçon 8 par la formule
Tx = s7V‘, (x) s(_, (x).) Dans le cas général,
s<-) W = s(+) (x) Tx, x 6 S n-
L’application
<1) T : S n-+&, x ~ T x , x6S ".
est manifestement continue. C’est Y application caractéristique (pour
le fibré principal g).
380 LEÇON 25

L’application T dépend certainement du choix des sections


S(_) et s(+).
Soient s(L), deux autres sections de £ sur C/(_) et £/(+) respec­
tivement, et soit T' : S" -*-$ l’application caractéristique asso­
ciée. Si
h(-) • U{_)-*■&, h(+, : C/(+) -*■ ÿ
sont définies par
*(-)(*) = ^ (*<-)(*). s<->(x))>
A(+ ) ( x ) = t (S(+ ) ( x ), s ( + ) ( x )),

on a sur S"
r ( x ) ^ h ^ \ ( x ) r ( x ) h M (x), x 6 S n-
On introduit pour tout point x Ç S" et tout nombre t Ç /, / =
= 10, 11 les points p<_> (x, t), p(+) (x, t) de la sphère Sn+1 donnés;
par
!*(-)(*> O ^ c o s j f - ï - s i n y h e n + i ,
p(+)(x, t) = cos-y t-x -t-sin -î-t-en+1.
(Si t varie de 0 à 1, ces points parcourent les segments du méridien
de Sn+1 <Iui joint x de l’équateur aux pôles —en+1 et en+1 respecti­
vement.) La formule
F (x, t) = fcfj, (p(.) (x, t)) T (x) h(+) (p<+, (x, t)), x ÇS". 16/•
définit une homotopie
F: Sn X /-► £
(voir définition 3 de la leçon III.26) qui relie T' à l’application
a~xTb : x a~l T (x) b,
où a = h (.) ( —e n+1), b = k (+)(en+l).
On suppose que le groupe # est connexe par arcs (propriété évi­
dente pour le groupe SO (n -f- 2)) et qu’il existe donc dans $ deux
chemins u et v qui joignent les points a et b à l’unité e de S. La for­
mule (x, i) *— ►u (t)~xT (x) v (t) définit une homotopie reliant a~xTb
à T. Ainsi, les applications T et T' sont homotopes.
Autrement dit, si le groupe éc est connexe par arcs, la classe
(Vhomotopie lT] de Vapplication caractéristique (1) ne dépend pas
du procédé de construction (du choix des sections-S(_) et $(+>). On
l’appelle classe caractéristique du fibré (Il n’existe aucun lien di­
rect entre [7] et les classes caractéristiques des leçons 22 et 23.)
Si | est trivial (et admet donc une section s sur la sphère Sn+I
tout entière), on assimile $<_), s(+) aux restrictions de 5 à £/(_) et
FIBRÉS PRINCIPAUX SUR LES SPHÈRES 381

lf(+) respectivement et l’application caractéristique T ainsi obtenue


est l’application constante constc qui envoie S n on l ’unité e du
groupe Avec le nom de classe triviale qu’on donne à la classe
d’homotopie de const<, on dit par conséquent que la classe caracté­
ristique d'un fibré principal trivial est triviale.
On désigne par n n$ l’ensemble de toutes les classes d ’homotopie
des applications continues de la sphère Sn dans le groupe connexe
par arcs
Par définition [T] Ç n n$.

Problème 2. L ’ensemble ï S n de toutes les applications continues S " #


est muni de façon naturelle d'une structure de groupe. Montrer que
1° toutes les applications homotopes à l'application constante
conste : <Jn -> S,

forment un sous-groupe invariant de îfS” î


2° les classes suivant ce sous-groupe coïncident avec les classes d'homotopie des
applications S ”

L’ensemble n nV est donc défini naturellement en tant qu’un


groupe. En écriture additive, il s’appelle n-ième groupe d'homotopie
du groupe connexe par arcs S. Son élément zéro est la classe tri
viale [constj.
Il est clair que la classe caractéristique [ r i £ n n S dépend seule­
ment de la classe de l ’isomorphisme du fibré p r i n c i p a l i . e . elle est
la meme pour les fibrés isomorphes.
Problème 3. Montrer qu’inversement, les fibrés principaux de groupe S
sur la sphère S ”+* ont même classe caractéristique, sont isomorphes.

Dans ce sens, le groupe n nÿ classifie les #-fibrés principaux sur


s,i+1On. note que n ^ 1 dans ce cas.
Problème 4. Designer par ji0$ le groupe quotient de $ par sa composant
de l ’unité et montrer que le groupe n 0î§ classifie les %-fibrés principaux sur L
circonférence S*.

En particulier, si ç.§ est connexe par arcs, tout $ -fibré principa


sur S 1 est trivial.
On voit que l’affirmation B de la leçon 8 sur les sphères Sn no:
parallélisables équivaut à dire que la classe caractéristique d\
SO (n + 1)-fibré T<jn+i = (SO (n -f 2), n, S n+1) es^ non triviale
pour n =^= 1, 3, 7. C’est justement cet énoncé de B que nous allons
prouver. (On remarque que le problème 3 n’est rien pour la nouvelle
formulation de ladite affirmation.)
382 LEÇON 25

* * *
Il se trouve que l’application caractéristique T : S ” -*• SO (n + h
pour le fibré r<jn+1 peut être donnée par une formule explicite.
Soient a, b, b =j£ —a, deux points quelconques de S n+1. On dé­
signe par B (b, a) l’élément de SO (n + 2) qui laisse fixes tous les
vecteurs orthogonaux à a, b et qui réalise, dans le plan défini par a
et b, une rotation d’angle < n qui envoie a en b. (Si a = b, B (b, a)
est l’identité.) En particulier, la transformation X = B (en, cn+1)*
est une rotation d’angle n dans le plan engendré par deux dernières
coordonnées.
Problème 5. Montrer que la rotation R (b, a) est définie par

„R(b. a)x = x — £ ± £ £ i ( a + b ) + 2 ( a x ) b , *€*"♦*.

On note que B (a, b) = B (b, a)”1.


On définit pour tout point x Ç C/(_) (resp. x £ t/(+)) la rotation
X o B (Xx, en+1) (resp. B (x, eA+1)) qui transforme le vecteur en+1
en le vecteur x. Cela signifie que les formules
$<-) (x) = X o B (Xx, en+1), x 6 U{. h
s(+) (x) = B (x, en+1), x Ç £/(+)î
définissent les sections
$(_) : £/(_) -*■ SO (n + 2), $<+> : £/(+> ->■ SO (n + 2)
du fibré Tgn+i sur £/(_)et t/(+) respectivement. (Cela fournit la so­
lution du problème 1 dans le cas de Tgn+i.) Par conséquent, la
formule
^n+iX = B (©n+i* x) o X o B (Xx, en+i), x Ç 5 ,
donne
r » +i:S "-* S O (a + l),
application caractéristique pour le fibré tgn+i.
Problème 6. Démontrer que
^n*l*= ff(X| en+1)* = iSx o X £
avec Sx la symétrie de Rn+1 dans l ’hyperplan orthogonal en 0 au vecteur x*
[Indication. Il suffit d'établir que si x zteA, Ie3 rotations et R (x, en+j)r
opèrent identiquement sur la sphère de dimension 2 découpée sur S par l ’espace
de dimension 3 engendré p a rle s vecteurs x, en _lt eA.l

Ainsi, r n+1x laisse fixes tous les vecteurs de ?ln+1 orthogonaux


aux vecteurs x et en, et elle tourne d’angle double le plan défini par
x et en. (Si x = rfcen, la transformation r n+1x est identique.)
APPLICATION CARACTÉRISTIQUE POUR LE FIBRÊ T g n + i 383

Problème 7. Montrer que


^n+i* = II bl) %xixj II ‘ || o _j ||
pour tout point x = (ar0» • • •» xn) de la sphère S ” (ici E est toujours la matrice
unité d’ordre n\ les coordonnées sont cette fois munies d’indices inférieurs).
[Indication, La section s(+) est donnée par
* *0

S j;
«O
—s
1 xn
X Tl +l

H
H

j
1

e
0

où x = (x0l *n+1) ££/(*).)


En particulier, T ^ ^ x = Tn+1y a lieu si et seulement si y =
= i x . Aussi, l ’image Tn+jS71 Par ^n-fi de la sphère § n consti­
tue une sous-variété du groupe SO (n + 1), qui est difféomorphe à
l’espace projectif RPn (et l’application Tn+1: S" -> r n+1S" est
un revêtement à deux feuillets).
Problème 8. Montrer que Y application composée
(2) S B— SO(B+l)-^S"
de la sphère S71 sur elle-même, avec px la projection du fibré principal
tgn, est de degré0 pour n pair et de degré 2 pour n impair. [Indication,
On calcule le degré à l’aide de la proposition 1 de II I .26. On note
que (2) est sur chaque hémisphère xn > 0 et xn < 0 u n homéomor­
phisme sur la sphère épointée S n\ { —e n ) i et elle conserve l’orien­
tation sur xn > 0 (son degré est +1). Quant à son degré pour x11 <
< 0, il est égal au degré ( —l)n+1 de l’application antipodale x ^
m *-x.l
Si T n+i est homotope à une application constante (la classe carac­
téristique de Tn+i est triviale), il en est de même de (2) qui est
donc de degré 0. Par conséquent, Tn+X n’est pas homotope pour n
impair à une application constante, si bien quel le fibré Tgn+i n’est
pas trivial. Autrement dit, la sphère S n+1 n'est pas parallélisable
pour n impair.
Le cas de n pair (seul nécessaire au problème de complexification
des sphères) réclame des raisonnements plus subtiles.
* * *
Soit n = 2m pair. On considère la sphère S n+1 == S 2m+1 comme
sphère unité de l’espace unitaire Cm+1 (de base e0, . . ., em). Cela
permet d’introduire l’analogue unitaire Tyl+| du SO(n -f l)-fibré
0 0 4 LBQON 25

principal T<jn+i. Par définition


TS"+l=(U(ffl + l), pU, S n+1),
avec p u l’application U (m + 1) Sn+1 définie par
pv A = A em, A Ç U (m + 1).
[Question. Quelle est la relation entre le fibre tangent et le
fibre vectoriel complexe T<jn+i associé au fibré principal xjjn+j?)
L’application caractéristique 7\Y+i pour x<jn+i est l’application
S " - *- U (m), n = 2m, et elle peut être définie elle aussi par une
formule explicite.
Problème 9. Montrer que
2Ht}
r„ V = àt r (i+*m)*ir i , i ~ ° ....... m *’
pour tout point z = (z0l ...» zm), Re zm = 0, de l ’équateur <Jn sntl-
L’analogue de l’application composée (2) est
TU . PU
(3) S n— t i U ( m ) S"-‘.
avec p}1 la projection U (m) S ”-1 du fibré principal Xgn+t
A la différence de (2), c’est une application sur une sphère de dimen­
sion plus petite. Aussi, établir si elle est homotope ou non à une appli­
cation constante est un problème ardu et délicat.
Pôur établir un lien entre rj/+1 et r n+i (qui est notre objectif)*
nous utilisons l’identification Cm = Rn, n = 2m, qui fait du
groupe U (m) un sous-groupe de SO (n) (c’est exactement le groupe
symétrique orthogonal Sp (m; R) f| 0 (2m); cf. problème 4 de la
leçon II I.11). Ainsi, U (m) a SO (n), U (m + 1) c SO (n + 2), si
bien que les sections $<+), s(_) du fibré sont celles de T<jn+i
et les applications et Tn+1 sont liées par la formule
(4) 7’n+1 = to7’Y+1,
i étant l’injection U (m) SO (n) ci SO (n + 1).
[Pareillement, on définit pour m = 21 -f 1 (i.e. pour n = 41 + 2)
sur la sphère S n+l = Sii+3 Ie fibré principal (UH (l + 1), p %
S n+1) de groupe unitaire quaternionique UH (Z), et on a pour l’ap­
plication caractéristique Tf£i de ce fibré la formule
2’& i = * '• * % .
NON-EXISTENCE D’UN PARALLÉLISME SUR LES SPHERES g * * * 1 385

i étant l’injection UH (Z) -*■ U (21) a U (21 -f 1). Comme le grou­


pe U (21) est une fibre de la projection : U (21 -f 1) - ^ S w+l =
= S””1* il s’ensuit que Vapplication (3) est une application cons­
tante pour m impair.]
La mise en œuvre de la formule (4) doit être précédée de certaines
constructions générales.
* * *

On se place dans les espaces topologiques SC d ’une classe qui


comprend tous les groupes topologiques connexes par arcs S et tous
les espaces topologiques connexes par arcs et simplement connexes
(en particulier, les sphères Sm, m ^ 2). On munit pour tout n ^ 1
l’ensemble
7tnSC = [S’\
de toutes les classes d ’homotopie des applications continues Sn -*■ SC
de l’opération de multiplication pour laquelle cet ensemble est un
groupe abélien (dont l’élément 0 est la classe d ’homotopie [const]
d ’une application constante quelconque Sn «2?) et on démontre
(hélas! partiellement) les affirmations suivantes:
a. Si SC est un groupe topologique connexe par arcs le groupe
jinSC coïncide avec introduit plus haut.
b . Quelle que soit i’application continue f \ SC 2 / , l'applica­
tion /* : n nSC Jtn2/ définie par
/*« = 1/ o ni, a 6 nnSC,
avec u une application S n SC arbitraire de la classe d ’homotopie
a, est un homomorphisme. Cela étant, (id)* = id, (g <>/)+ =£*<>/*
(propriété de fonctorialité) et /* = g* si / et g sont homotopes (pro­
priété d'invariance homotopique). Si / est homotope à une application
constante, alors /* est un homomorphisme nul (il transforme tout le
groupe n nSC en l’élément zéro de n n&).
c. On définit pour tout groupe de Lie connexe par arcs ÿ et tout
son sous-groupe fermé connexe par arcs $S T homomorphisme
(5) d : Jin+1 (<§!$$) n n#g
tel que la suite
(6) . . . * ^ n n +1 (#/< #?) 7ln s e J T 71 . . .

de groupes et d’homomorphismes, où i : SC S est une injection et


C
p\ une projection, soit exacte (l’image de l’homomorphisme
incident de chaque terme coïncide avec le noyau de l’homomorphi­
sme sortant). Quel que soit 1*homomorphisme <p : ÿ qui envoio
X A C iV U i'i 43
WWW

le sous-groupe 3 ê ‘ en le sous-groupe <$£'' cr le diagramm e

«n+1 {9 !& ê) -* n ns e

\ !
n n+1 ($'/<#?') -t- nnf f i ,
où les flèches verticales sont induites par rhomomorphisme cp (plus
précisément, par les applications SB $£' et ’ô ÿ '/ÿ ê ' dé­
finies par cp), est commutatif (si l’on suit les flèches à partir de
l’angle supérieur gauche, tout chemin aboutit au même résultat).
d. 4
î i 3? = SO (n), SB = SO (n — 1), Vimage de Vhomomor-
phisme d : n n+1Sn -*■ n nSO (n) (on rappelle que SO (/* -f l)/SO(n) =
= S n) coïncide avec V image de Vhomomorphisme
( r n)*:nnSn-l - » x nSO(n)
induit par Vapplication caractéristique T n : S ”**1 SO (n).
e. Le groupe Jtn+iS71*1» n ^ 3, est non trivial.
f. L'application f: S" de degré pair induit pour n ^ 3
Vhomomorphisme nul /* : n n+1S n xtn+iSa-
g. Si n = 4 / , l'application (3) n'est pas homotope à une applica­
tion constante (elle donne un élément non nul du groupe Jtt/S4*"1).
Ces faits suffisent pour démontrer l’affirmation B de la leçon 8
dans le cas n = Al.
Proposition 1. Si n = Al, la sphère fc"*1 n'est pas parallélisable
(si bien que la sphère $ n n'admet pas de structure presque complexe).
D é m o n s t r a t i o n . Soit le diagramme (évidemment com­
mutatif)
*rt S O ( n - l ) - Xp SO (n - l )

Kn S O ( n + l )

(7) P*

*n(S 0(n + l)/S 0(n-l))

3' 3"

Jtn-'i SO(n l) =

dont les lignes et les colonnes sont exactes, avec


d l’homomorphisme (5) pour ÿ = SO (n + 1) et SB = SO (n)\
f l’injection SO (n) ->■ SO (n -f- 1) î
NON-EXISTENCE D’UN PARALLÉLISME SUR LES SPHÈRES g 4 / + 1 387

k l’injection induite g n-1 = SO (n)/SO (/* — 1) SO (n -f 1)/


/SO (n — 1) ;
i \ i ” les injections SO(n — 1) — SO (n), SO (n — 1)
SO (n + 1) ;
p yp" les projections SO (n) S’1-1, SO (n -{- 1) SO (n + 1)/
/SO (n - 1) ;
d'y d ” les homomorphismes (5) correspondants.
Soit ri £ JinS”' 1- Si A*q = 0, alors 5'q = d"A**q = 0, et il
existe donc (vu l’exactitude) un élément a £ ;tnSO (n) tel que p \a =
= q. De plus, p"j+a = k+pla = k+x\ = 0, et on trouve par con­
séquent un élément P Ç n nSO (n — 1) tel que i" P = /*a. Mais a =
= a — i'#p vérifie alors l’égalité
/*«' = ;* « —;* = ; * a - *;p = o,
si bien qu’il existe y 6 n n+iSn Pour lequel ây = a . [Cette façon
d’agir s’appelle chasse au diagramme : on raisonne mentalement tout
en promenant l’index sur les flèches.] Par conséquent, jinS"-1 con­
tient selon d un élément y' tel que {Tn)*y' = a, donc
ip' ° Tn)*y’ = pl<* = q.
Or, on sait que ou bien l’application p' o Tn : S*?-1 S "’1 est
homotope à une application constante (et elle induit donc l’ho­
momorphisme nul n ng n_1-v n ng ,I_1), ou bien elle est de degré 2
(auquel cas elle induit également un homomorphisme nul par suite
de f). Dans les deux cas, (p' o Tn)+y' = 0, d’où q = 0.
Ainsi, Y homomorphisme k+ du diagramme (7) est un monomorphisme.
Soit a 0 un élément du groupe n nSO (n), qui est la classe d ’ho-
motopie de l ’application considérée comme S n SO (n) en
vertu de l ’injection U (m) -> SO (n), m = 2i. Comme l’application
composée
U(TO)-»-SO(n)Xsn-«
n’est évidemment autre que la projection U (m) — S ”"1 du fibré
Tgn-i, l’élément p la Q est la classe d’homotopie de (3), si bien
qu’il est non nul selon g. L’application k* étant un monomorphisme,
on a de même p j \ a 0 — k \p la Q 0, donc j+a0 =£ 0 (on recourt
toujours à une chasse au diagramme).
On indique pour avoir le résultat voulu que la composée des
injections U (m) SO (n) et /: SO (n) SO (n -f- 1) est par dé­
finition exactement l’injection i : U (m) SO (/* -f 1) de (4), si
bien que cotte formule entraîne ;*a0 = [ r n+1], avec r n+1 l’appli­
cation caractéristique pour le fibré Tgn+1. Ainsi, (T’n + J ¥= 0» et la
sphère S7141 n’est pas parallélisable (tqn+i n’est pas trivial). □
utâ * u i> üo

* * *
On passe à la démonstration des affirmations a à g.
Définition 1. Un espace topologique 30 de point base x0 est dit
p o i n t é . Une application f \ 30 -+■ 2/ de deux espaces pointés do points
distingués x 0 et y Qest pointée si / (x0) = y0, et on note
/• (30, #o) (S^> ÿo)*
Deux applications pointées /, g: (Æ\ x0) (g/, g0) sont dites A0//10-
topes d'une façon pointée s’il existe une homotopie F : 30 X l -+• y
qui les relie et telle que F (x0î t) = y0 pour tout t Ç /. (Ce sont des
homotopies pointées.)
Soient
/ 7l = {teR/1; 0 < i 4< l , . . . , 0 < * n< l }
le cube unité de 3n, et P sa frontière (formée des points t pour les­
quels t* = 0 ou 1 pour au moins un indice i = 1, . . n). Nous gé­
néralisons la construction du groupe fondamental 7ix (30, x 0) de la
leçon 3 et nous considérons à cet effet pour un espace pointé (30, x0)
quelconque toutes les applications u : P 30 telles que u (P) =
= x 0. (Ce qui se note u: (P , P ) (30, x0).) Deux applications u
sont homotopes relativement à I n (en abrégé rel / n) s’il existe une
homotopie / : P X / ->• 30 qui les relie et qui présente la propriété
suivante : / (t, t) = x 0 pour tout t Ç P et tout t £ / (i.e. f%\ t
/ (t, t) est pour chaque t £ / l’application (In, P ) («27, x 0)).
On identifie P à P " 1 X / et on pose pour n ’importe quelles
applications u, v : (/n, / n) (30, x 0) :
f u(t, 21) si 0 < * < f / 2 ,
(u + y)(t, *) = ( 2t - i ) si 1 /2 < * < 1 ,
où t e /" - 1, t Ç I. Il est clair que u + v est continue et constitue
l’application (/", /") x0).
Problème 10. Montrer que
1° la relation d'homotopie rel P est une relation d'équivalence ;
2° la formule
(8) lu] + M = lu + v]
définit complètement une opération d'addition sur Vensemble n n (30, x 0)
de toutes les classes d'homotopie relativement à P des applications
(P , P ) -+(30, *o);
3° l'ensemble n n (30, x0) est un groupe pour l'opération (8), dont
l'élément zéro est la classe [constX0] de constX0 : t ►-> x0.
GROUPES D’HOMOTOPIE DES ESPACES POINTÉS 389

1Indication. Si n = 1, on retrouve les résultats de la leçon 3.1


Dans la leçon 3, nx (X , x0) a été muni d ’une opération de mul­
tiplication, ce qui nous oblige à réserver de règle les notations addi-
tives pour les cas n ^ 2.
Le groupe n n (*27, x0) coïncide manifestement avec jin (*270, ar0),
X 0 étant la composante connexe par arcs avec x0 de l’espace X .
Définition 2. n n (X , æ0) s’appelle n-ième groupe d'homotopie
(ou groupe d'homotopie de dimension n) de l’espace pointé X .
Remarque 1. On peut prendre au lieu de (Zn, I n) tout couple
homéomorphe (£, S) à condition de choisir et de fixer une fois pour
toutes un homéomorphisme (B , S) -*■ (/”, Jn). Les couples le plus
utilisés sont (B", S"’1) et (E(+), S ”-1)» (*'<->. S 71"1)» où E(+)
et E(_> sont les hémisphères xn ^ 0 et xn ^ 0 de S n.
Soit /: (X , x0)->-(S/, y0) une application pointée quelconque.
Problème 11. Démontrer que
1° quel que soit n ^ 1, la formule
/* M = [ / o u ] , u : ( / " , / " ) - *( Æ\ *0),
définit parfaitement une application
/* : *n ( # , *o) (S', yo) ;
2° cette application est un homomorphisme ;
3° si f = id, a/ors /* = id et (g o /)* = g+ o /* pour /es appli­
cations pointées / : (,27, *0) "MS'» ffo)> (S't ï/o) (s , zo) arfti-
traires.
La dernière propriété est la propriété de fonctorialité : en termes
de catégories, elle signifie que n n est un foncteur de la catégorie des
espaces pointés dans celle des groupes.
Si n ^ 2, chaque application u: (/n, I n) -> ( X y x 0) s’identifie
naturellement à l’application u# : (/n“\ / n-1) (52*27, ex*) dé­
finie par
u* W W = u (*, t), t g I n- \ t 6 /,
avec Q X = X (x0, X , x 0) l’espace des lacets en x 0 de X et exo :
t x0 un lacet constant (voir leçon 3; on identifie I n au cube
I X 7"-1).
Problème 12. Montrer que cela donne lieu à l’identification
(9) n n (X , x0) = (52S7, ex,), n> 2
(isomorphisme canonique) qu’on appelle isomorphisme de Hurewicz.
Si l ’espace «27 est un unitoïde topologique avec unité x0, i.e. s’il
est muni de la multiplication continue
*27 X X *27, (x, y) ►-* xy,
390 LEÇON 25

telle que x0x = xx0 = x pour tout point x de 30, la formule


lui-[y] = luv],
où (mi;) (t) = u (t) v (t), définit bien (le démontrer !) sur n n {30, £0)
ropération de multiplication dont l’unité est 0 = [constx0] du
groupe Jtn {30, x 0).
Cela reste évidemment vrai quand x 0 n’est que Vunité homotopu
que, i.e. quand x0x0 = x0 et x *-*> xx0, x>~+ x 0x, x Ç 30, sont homo-
topes d’une façon pointée à l’application identique id : 30-+30.
Problème 13. Montrer que Vaddition et la multiplication dans
Jin {30, x0) sont mutuellement distributives, i.e. qu’on a pour a, p, -y,
6 £ jxn {30, x 0) quelconques:
(a + P) (Y + 6) = cty -f- pfi.
En particulier,
«P = (a + 0) (0 + P) = aO + Op = a + p
et
«P = (0 + a) (P + 0) = 0p + aO = P + a.
Ainsi, quel que soit Vunitoide topologique 30 {ne possédant que l'unité
homotopique x 0 en général), le groupe n n{-30, x0) est abélien (et la mul­
tiplication et l ’addition dans n n {30, .r0) coïncident).
S'agissant des groupes nl {30, x 0), la dernière propriété a été dé­
montrée dans la leçon 15 (voir remarque 1 do ladite leçon).
(On note que l’opération de multiplication dans n n {30, x0) est
donc associative, commutative et inversible, ce qui n’est pas en gé­
néral le cas de celle dans 30.1
L’espace de lacets Q30 est un exemple d'unitoïde topologique
avec unité homotopique, si bien que tous les groupes n n (Q30, e^)
sont abéliens. Cela prouve en vertu de (9) que quel que soit Vespace
pointé 30, le groupe jtn {30, x 0), n ^ 2, est abélien.
La propriété des groupes n n {30, x0), n ^ 2, d’être abéliens
explique le nom d'addition qu’on donne à leur opération de groupe.

Problème 14. Construire pour u, u: (/'l, I n) (.ÎT, x0) quelconques l ’ho-


motopie rel I n qui relie les applications u + v et v 4* u et démontrer que
nn (&, z 0), n > 2, sont des groupes abéliens.

* * *
On choisit dans la sphère S ”, n ^ 1» uû point quelconque s0
(disons, le point e j , ce qui transforme S n en un espace pointé. On
définit pour tout espace pointé 30 l’ensemble
(Sn. X V = l(S n, »•). {X, i 0)l
UNE AUTRE DEFINITION DES GROUPES DMIOMOTOPIE 391

de toutes les classes d’homotopie pointées [/]’ des applications poin­


tées /: (Sr\ s0) {SC, x Q).
On note que le cube ouvert
/" = {t e à" ; o < tl < 1, . . o < tn < l }
étant une sous-variété ouverte de l'espace orienté !Rn est canoni­
quement orienté. Pareillement, la boule B7I+1, domaine de frontière
régulière de l'espace orienté R"*1, est canoniquement orientée elle
aussi, et il en est donc de même pour son bord S n.
Problème 15. Construire l’application continue
(10) *: (/ ", b -* C S " . so)
qui applique homéomorphiquement, en en conservant l’orientation,
o •
le cube ouvert I n = 7n\ / n sur la sphère épointée S n\ {s0} (autre­
ment dit, c’est un homéomorphisme de degré 1 sur 7n).
On choisit et on fixe (10), ce qui permet de faire correspondre à
chaque application pointée /: (Sn, s0) -*■ {SC, a:0) l ’application
/o X: (P , J") ->■ {SC, x 0).
Problème 16. Montrer que
1° la formule [/)* ->■ [/ o y] définit parfaitement une application
(H) ISn, « T - * * » ( 3 C , X q) ;
2° Vapplication (11) est une bijection.
On identifie par (11) le groupe n n {SC, x Q) à l’ensemble (Sn, SCY,
si bien que n n {•&, x0) a pour éléments les classes d ’homotopie
l/l- des applications /: (S71, s0) {cC, x 0).
Problème 17. Montrer que Végalité [fY = 0 a lieu dans 7in {SC, x 0)
si et seulement si Von prolonge Vapplication f '• S n SC en F:
Bn +1 ->• SC qui envoie tout le rayon Os0de la boule Bn +1 en le point x 0.
Remarque 2. Il est clair que (11) dépend seulement de la classe
d ’homotopie rel I n de l’application (10) (de l’élément [y] du groupe
n n (Sn, So))- D’autre part, on montrera plus loin (voir remarque 1 de
la leçon 26) que la classe d’homotopie rel I n d ’une application (10)
quelconque ne dépend que de deg y (sur 7n). Comme deg y = 1 par
hypothèse, il en découle que Videntification (11) est indépendante du
choix de (10).
En attendant, on doit être prudent et ne pas oublier que le choix
de (10) est absolument arbitraire.
Remarque 3. On pourrait très bien remplacer (Sn, s0) par tout
couple homéomorphe (»Sn, s0) (à condition de fixer, ne serait-ce qu’à
une homotopie pointée près, un certain homéomorphisme (Sn, s0)
392 LEÇON 25

(S ”, s0))- Puisqu’il existe pour to u ts0 et to u ts1 de S" un homéo­


morphisme (Sn, s0) (gn, Sj) (voire un déplacement) qui conservo
l’orientation, il en résulte en particulier (en vertu de la remarque 2)
que le choix de s0 £ S" n a aucune importance.
L'identification (11) transporte l’addition de n n (SC, x 0) dans
l’ensemble (S", SCY. Comment définir cette opération sans passer
aux applications (/", /") -*• (SC, x0)?
Il y a intérêt à supposer que s0 = rt.
Soit, une fois de plus, S "-1 l’équateur xn = 0 de la sphère g"
et soit g n/g n-1 l’équateur S""1 réduit à un point. [L’espace g"/gn-i
est par définition l’espace quotient de S" Par la relation
d ’équivalence ~ telle que x ~ y si et seulement si x = y ou x, y e
es*1-1.)
Problème 18. Montrer que l'espace g ’Vg'1-1 est canoniquement homéo-
morphe au sous-ensemble g" V S" du produit direct S" X g n, formé des
couples (x, y), x, y Çg", dont l’une des composantes au moins coïncide avec
ei —so (i-e. à la « croix de coordonnées »). [De façon imagée, g ” V S" est la
réunion de deux exemplaires de g" aux points et collés.)
On considère donc l’application de passage au quotient p : g n
->• S n/S n"1 comme
(12) M: S" “*• S" V S"-
L’espace g" V S" s’appelle bouquet.
Quelles que soient les applications /, g: (g", s0) -* (SC, x 9),
nous désignons par / V g l’application g" V g" SC qui coïnci­
de avec / sur une sphère du bouquet g " V S" avec g sur l’autre.
(Formellement, on définit / V ë Par les égalités
(/V?) (*. so) = / M , (fV e) (9o. y) = g (y). *. y 6 S"-)
Problème 19. Montrer que
I/]' + (?)* = I(/ V S) »pl’
dans le groupe n n («27, x0). C’est la réponse à la question posée ci-dos-
sus.
* * *
Comme chaque application pointée (Sn, s0) («27, x0) est une
application non pointée S n & et chaque homotopie pointée est
une homotopie non pointée, on fait correspondre à chaque élément
[/]’ de n n («27, x0) la classe d’homotopie non pointée [/I et on dé­
finit parfaitement une application
(13) n n («27, x 0) rtn3 /t
GROUPES D’HOMOTOPIE ET CLASSES D’HOMOTOPIE 393

où n57 — [S'\ 571 est toujours un ensemble des classes d’homotopie


usuelles (non pointées) des applications ->• 57.
Problème 20. Montrer que si l'espace 57 est connexe par arcs,
(13) est une surfection. [Indication. Quelle que soit l’application /:
Sn ->■ 57, Tapplication {/, u } o r : g n X /-> -57, avec r une ré­
traction du cylindre S” X I sur son sous-ensemble A = (Srt X 0) (J
(J (s0 x /}, u un chemin quelconque de 9C joignant le point / (s0)
à x 0 et {/, u} une application A ->- 57 donnée par
/(X ) si t = 0,
{/, u}(x, /) = {
u (t) si x = s0,
est l’homotopie X/ 57 qui relie / avec une application poin­
tée /x : (Sn, s0) -* {X, x0). Aussi, il suffit de construire une seule
rétraction r.]
Problème 21. Montrer que les groupes n n (X , x 0) et jin (57, xx)
sont isomorphes pous tous xQ et x1 de Vespace X-connexe par arcs.
[Indication. L’isomorphisme dépend du chemin u joignant le point
Xx au point x0 et il fait correspondre à chaque élément (/]'Ç jin (57, x,)
l’application finie f x de l’homotopie {/, u) ° r de l’indication du
problème précédent.]
Problème 22. Montrer que les isomorphismes jxn (X , Xj) -*■ x
X (57, x0) associés aux chemins homotopes u sont identiques. [Indica­
tion. Utiliser le même procédé, mais remplacer S n par Sn X / et A
par le sous-ensemble (gn X / X {0}) (J (S" X / X {1}) (JS "x
X {0} X /) (J ({so} X / X /) du produit S ” X / x /.]
On en tire en particulier que tout élément £ Ç nx (5 \ x0) définit
un automorphisme
Tin ( # \ *o) (57, x0), n > 1,
du groupe Jin (5*, x0).
Problème 23. Montrer que ce résultat définit Y action du groupe
jti (57, x0) sur Jin (57, x0), n 1 (l’homomorphisme de nx (57, x0)
dans le groupe des automorphismes de nn (57, x0), n ^ 1).
Problème 24. Montrer que l'automorphisme £** est pour n = 1 l’automor­
phisme intérieur a »->- ia l~ l associé à £ du groupe jix (#*, x0).
Si p = £#a, avec a, P Ç n n (57, x0), et si a = [/]', P = [g]', où
/» £ : (Su>so) (57, x0), alors f et g sont reliées par construction
par une homotopie F : S ” ->■ 57 telle que le lacet
u: t F (s0, Q, J Ç /,
appartienne à la classe J. Cela signifie en particulier que les élé­
ments a et P sont pour P — £#a collés par l ’application (13) (ils ont
même image).
394 LEÇON 25

Problème 25, Montrer que si, inversement, les applications


pointées /, g: (Sn, s0) («27, x0) sont reliées par une homotopie
F: S" 57 > alors
(14) P = g#a,
où \ Ç nx (57, x 0) est la classe du lacet t *-*> F (s0, t) et
a, p g n n(57, æ0) sont les classes des applications / et g.
Ainsi, cfews éléments a, P £ Jin (57, £0) son* collés par Vapplication
(13) si et seulement si Von a Végalité (14) pour un élément
£ 6 ni(«27» x0) (i.e. si a, P appartiennent à une même orbite de
P action de 7ix (5 \ x0) sur n n (57, £0)).

* * *
Définition 3. On dit qu'un espace topologique 57 est abélien (ou
homotopiquement simple) si
a) 57 est connexe par arcs ;
b) l'application (13) est injective pour tout n 1 (elle est donc
bijective), [Il vient du problème 21 que si elle est injective pour un
certain x Q, elle l'est encore pour tout autre choix de ce point; en ce
sens la condition b) ne dépend pas de x0.l
Si 57 est abélien, on identifie par (13) pour tout point x QÇ 57 le
groupe jtn (57, x0) à l'ensemble n n57 et on définit donc dans jin57 une
opération d'addition qui en fait un groupe.
Le groupe n n57 s'appelle n-ième groupe d'homotopie de l'espace
abélien 57.
On souligne que l’addition dans n n57 est définie seulement en
présence des identifications (13), i.e. par le choix d'un point x0 (qui
n’influe pas sur le résultat final) de 57. Aussi, les groupes n n3C (qui
seuls nous intéressent) s'obtiennent inévitablement à partir des
groupes n n (57, x 0).
On note que l'application
f: + #
définit Vélément zéro de n n3C si et seulement si elle est prolongeable en
une application Bn+1-*-57. Cf. problème 17.
Conformément aux résultats obtenus après le problème 25, un
espace connexe par arcs SC est abélien si et seulement si le groupe
nx (SC, x0) opère trivialement pour tout n ^ 1 et tout point x0 Ç 57 sur
le groupe n n (57, x 0).
Il en résulte en particulier (voir problème 24) que le groupe fon­
damental nx ( 5 , x 0) est abélien pour tout SC abélien, ce qui est la
raison d ’être du terme * espace abélien ».
On voit de plus que chaque espace simplement connexe SC est abé­
lien du moment qu’un groupe trivial opère trivialement sur tout
groupe.
GROUPES D’HOMOTOPIE DES ESPACES ABÊLIENS 395

Si 30 connexe par arcs est un groupe topologique (voire un uni-


toïde topologique) avec unité x0, la formule
F (x, t) = u (t) f (x), x 6 S n» * 6 /.
définit pour toute application pointée
/ : (Sn> ■ „ ) - * ( # . *•>
et tout lacet
u: (/, /)-M*27, x 0)
une homotopie F : g ” X / 30 telle que u (t) = F (s0, t), t £ /,
qui relie l ’application / avec elle-même. Aussi (voir problème 25),
a = avec a = [/]\ £ = [u], dans le groupe n n ( # , x0). Ainsi,
nx (*27, £0) opère trivialement sur les groupes n n (,27, or0), n ^ 1, si
bien que Vespace 30 est abélien.
La classe des espaces abéliens contient donc tous les espaces
connexes par arcs et simplement connexes et tous les groupes topo­
logiques connexes par arcs (et même tous les unitoïdes connexes par
arcs).
Ainsi, nous en avons fini avec la première étape de la démonstra­
tion de la proposition 1, savoir nous avons défini la classe qui con­
tient tous les espaces connexes par arcs et simplement connexes et
tous les groupes topologiques connexes par arcs, et nous avons muni,
pour tout 30 de cette classe et tout n ^ 1, l’ensemble n n30 d ’une
opération d’addition pour laquelle n n3? est un groupe abélien.
Il nous reste à prouver les affirmations a à g (ce que nous ferons
dans la leçon suivante).
LEÇON 26

Suite cThomotopie d’une fibration. — Groupes .TrnS m» » < m . —Sta­


bilisation des groupes rrnSO (m).— Classification des applications des
variétés dans les sphères. — Théorèmes d’Urysohn et de Tietze. —
Connexité du groupe Diffoït". — Démonstration du théorème de
prolongement de Hopf.

Notre but immédiat consiste à démontrer les affirmations a à g


de la leçon précédente.
D’ailleurs, on a déjà établi (voir leçon 25) les affirmations ana­
logues à a et b dans le cas général d’espaces pointés, dont a et b
sont, cela va de soi, des conséquences directes.
Quant à c, nous l’aborderons dans le cadre plus général des fi­
brations au sens de Hurewicz (voir leçon2), i.e.des applications con­
tinues p : S -*■ $ admettant une connexion (une application con­
tinue s qui associe à tout couple (e0, u), avec e0 un point de l’espace
S et u: I un chemin de l ’espace 8 tel que p (e0) = u (0), le
chemin 5 (e0, u) de ré d’extrémité e0 qui recouvre u, i.e. pour lequel
P ° s (e0, u) = u).
Problème i (cf. remarque 2 de la leçon 2). Démontrer que la projection
p: 8 & de tout fibré localement trivial (5, p, & ) de base espace séparé
compact (voire paracompact) est une fibration au sens de Hurewicz. [Indication.
Commencer par le cas où l’espace de base est recouvert par deux voisinages
trivialisants.]
En particulier, toute application par passage au quotient $ -*■ $/<££, avec
S un groupe de Lie et &€ son sous-groupe fermé, est une fibration au sens de Hure­
wicz.
Nous n ’appliquerons cette affirmation qu’aux fibrations de la forme
SO (n + m) -* SO _l m)/so (n) pour m = 1 et m = 2. Aussi, il suffit, à ce
qu’il paraît, de la démontrer dans ces cas seulement (la chose n ’en devient d’ail­
leurs pas moins difficile).

* * *
Ainsi, soit p : # -► 8 une fibration de Hurewicz à connexion s.
On choisit un point e0 de # et on pose b0 ” P (*o)» 5 — P ”1 (b0)*
On choisit un homéomorphisme (B7l+1, S n) - > ( / 7l+1, / ,l+1) de
degré 1. Il y a avantage à considérer les éléments du groupe ;tn+1 X
X (#» b0) comme classes d’homotopie relS n des applications
(1) u : (Bn+1, *o)
(voir remarque 1 de la leçon 25).
SUITE D’HOMOTOPIE D’UNE FIBRATION 397

On constate facilement que toute application (1) peut être relevée,


i.e. il existe une application continue u# : pour laquelle
on a p o u# = u. (Si Ton désigne, par exemple, les points do la
boule S,,+l par tx, x Ç Sn et t 6 /, on définit u# par
u* (tx) = s(u (0), ux) (0, x 6 S n, t ç /,
avec ux le chemin t u (tx).)
Puisque u (S”) = 60, on a ut* (S71) ci f , i-e. on assimile la
restriction v = u# |^n de u# à S 71 à l ’application

Problème 2. Montrer que la classe d'homotopie [v] Ç n nf de l'ap­


plication v ne dépend ni du choix de l'application u dans a = [u],
classe d'homotopie rel Sn, ni du choix du relèvement u#.
Sous l’hypothèse de f abélien (et connexe par arcs, en particu­
lier), la formule
da = (u]
définit donc parfaitement une application
(2) d : n n+1 (# , b0) n nf .
Problème 3. Démontrer que l'application (2) est un homomorphi­
sme.
Problème 4. Construire d pour iF non abélien. [Indication. On a dans ce cas
l ’homomorphisme jia+1 ( $ , b0) :tn %*0).]
Dans la suite, on suppose pour simplifier l ’exposé qu’en plus de
f i chacun des espaces SS et # est abélien (et, en particulier, connexe
par arcs), auquel cas (2) s’écrit
d : nn+j5? — n n&.
Cette application jointe aux homomorphismes p+ et i+ induits par la
fibration p: et l’injection i: f nous permet d ’écrire
la suite infinie à gauche
(3) . . . - ^ n n+| f n„f ^ ...
de groupes et d’homomorphismes. On l’appelle suite d'homotopie de
la fibration p : <$ ->• £?.
Problème 5. Démontrer que la suite (3) est exacte. [Indication.
Les inclusions Im cz Ker sont évidentes. Pour avoir Ker i* a
c Im d dans le groupe n nf , il suffit do dire que si l ’on prolonge
f : $ n - +- f en F: Bn+1 ->• #, alors [/] = d {uj, où u ~ p o F :
(Bn+1, Sn+1) (•#» bQ). Pareillement, si p <>/: g n -+* % est pro-
longeable pour / : S w en l ’application G: Bn+1 alors la
398 ZÜ

formule
F(x, t) = s ( f (x), Gx) (0, x Ç S n^ 6 / t
avec Gx le chemin t >-►G ((1 —- t) x), définit à condition que G (0) =
= b0 l ’homotopie F: § n X I ë qui relie / à l’application de la
forme S" .F. Si l’on trouve, pour le relèvement u#: $}n ë
de u : (Bn+1, S " ) ( j g \ &0)» l ’application g: Bn -> / qui coïn­
cide avec u# sur Sn, alors la formule
u # (<x) si e = 1,
/([X , * ]* )= {
si e = — 1, * 6 S". tei
i(i* )
(où le point (x, f]e de l ’hémisphère ex’,+1^ 0 de S rt+1 est sur le
méridien d’un point x de l’équation S" et en est distant de (1 —
— t) ) définit parfaitement une application continue /: S"+1 #
qui jouit de la propriété suivante : l’élément [p » f\ du groupe n n+i&
est donné par l’application u. Aussi, Ker p* ci Im i* dans le groupe
Jt„£, et Ker d c: Im p* dans le groupe n n+1&.\
Problème 6. Démontrer l’affirmation analogue pour $, 3è, SF non abé-
liens. [/ndicafion. Voir problème 4.]
Soit / : i$ un morphisme de p : <£ 3S dans p' : S'
-*-9}'. Cela signifie par définition (voir leçon 1) que le diagramme

est commutatif. Il est clair que si u$ : Bn+1 S est un relèvement


de u : (Bn+\ <J") ( # , b0), alors / » u# l’est pour g » u, et / induit
l ’application (notée encore /) de la fibre de p : # —►SS au-dessus
de ba dans la fibre § ' de p ' : au-dessus de 6' = g (b0).
Aussi, les applications v et v' construites pour u et u' = g o u sont
liées par l’égalité v' = / » v. Or, si a = [u], on a par définition
g*a = (u'1, da = (ni, d (g*a) = (u'1 et /* (Sa) = [/ » v],
ce qui prouve que d (g+ct) = /* (da), i.e. que le diagramme
n n+l& KnP
g, tI a 1▼/.

est commutatif.
Ce résultat joint à l’affirmation du problème 3 (dans le cas par­
ticulier d’un groupe de Lie connexe par arcs et de son sous-groupe
fermé connexe par arcs $ê) prouve c de la leçon 25.
STABILISATION DES GROUPES * nSO(m) 399

Passons à l’affirmation d. On a besoin de la suite d ’homotopie du


fibré Tcjm = (SO (m + 1), p, Sm), s’écrit en l ’occurrence
(4) ... n n+(S m- n„ SO (m) X n n SO (m + 1) X /tnS m
On s’en sert à condition d’être suffisamment renseigné sur les grou­
pes n„Sm.
Voyons ce qu’il en est pour n < m.

* * *

Conformément à la proposition 2 de III.26, chaque classe d ’ho­


motopie des applications S n " ^ S m contient /: S ” -*■ Sm diffé­
rentiable. D’autre part, si n < w, le théorème de Sard (voir leçon
III.15) exclut manifestement la surjectivité de /, si bien qu’on l’as­
simile à l’application de S a dans la sphère épointée S m\ { x 0}, xo
étant un point, et, partant, à l’application S ” de la sphère
s n dans l’espace euclidien 5tm (homéomorphe à Sm\ { x 0}). Mais
chaque application /: S n ->• est évidemment homotope à une
application constante (disons, en le point 0; on définit l ’homotopie
reliant la dernière application à / par F (x) = tf (x), où x Ç S n,
t Ç /). Ainsi, chaque application S n Sm es* homotope pour n < m
à une application constante, i.e.
(5) n nSm = 0 , n<m.
Cf. leçon 3 (démonstration de la propriété de S n> n ^ 2, d’être
simplement connexe).

♦ * *
Ce fait à lui seul permet d’établir certaines propriétés importan­
tes des groupes n nSO (m).
En effet, si n -f 1 < m (a fortiori n < m), le tronçon limité par
nn+iSm et n nSm de la suite (4) s’écrit en raison de (5) :
0 jin SO (m) jt* SO (m -f 1) 0.
Dire que cette suite partielle est exacte équivaut à dire que l1ho­
momorphisme i* est un isomorphisme, ce qui prouve que si n <
< m — 1, Vhomomorphisme
i* : n n SO (m) ->• jxnSO (m + 1)
est un isoinorphisme.
Ainsi, on a pour tout n ^ 1 les identifications naturelles
(6) jtnSO (n + 2) = n nSO (n x. 3) = . .
400 LEÇON Z0

i.e. les groupes jrnSO {n. -f- k), k ^ 2, se stabilisent. On appelle


n-ième groupe stable d'homotopie des groupes orthogonaux leur valeur
commune (G) et on emploie le symbole JinSO.
Le groupe n nSO (rc + 1), prédécesseur des groupes stables, est
dit métastable. Comme JtnSn+1 = 0» Vhomomorphisme
(7) r* : jrnSO (n + i)~+ n nSO
est un épimorphisme.
Il y a une trentaine d’années, Bott a calculé les groupes n nSO
par un procédé fort ingénieux qui relève de la théorie de Morse. (Cette
théorie établit une liaison entre les caractéristiques topologiques
d ’une variété différentiable SC, d’une part, et le nombre et le type
des points critiques des fonctions différentiables données sur ÊC,
de l ’autre.) Il se trouve que ces groupes dépendent seulement du
résidu modulo 8 de n {théorème de périodicité de Bott) et sont régis
par la table suivante :

n mod 8 0 1 2 3 4 5 6 7

Jtn SO Z/2 Z/2 0 ’Li 0 0 0 Z

où Z est un groupe cyclique libre et Z/2 un groupe d’ordre 2.


On connaît d’autres procédés qui donnent ce résultat sans s’ap­
puyer sur la théorie de Morse, mais leur complexité nous oblige à
les passer sous silence. [Dans sa Morse theory (Princeton, Univ. Press,
1963), J. Milnor expose brillamment la théorie en question, ainsi
que la démonstration de Bott du théorème de périodicité.!
La suite d ’homotopie
"n+1 S2m+1- n nU (m) - » n nU (m + 1) + n„S2m+I .
du fibre Tg2m+t = (U (m + 1), pu, S2m+1) étant exacte entraîne
de même que les groupes n n\J(m), n < 2m, se stabilisent eux aussi.
La notation correspondante est n nU.
Le théorime de périodicité de Bott pour les groupes unitaires dit
que les groupes n„U ne dépendent que du résidu modulo 2 de n, si bien
qu’ils sont isomorphes pour n pair au groupe n0U (1) = {1} (pour
le groupe n0 voir problème 4 de la leçon 25), et ils le sont à ntU (1) =
= "îS 1 = Z pour n impair (voir leçon 3). Ainsi, selon Bott
0 pour n pair,
Z pour n impair.
Bott a de même calculé le groupe métastable ft2mU (m) 9ui so
trouve être un groupe cyclique d'ordre m\ :
îtamU {m) == Z/m!.
APPLICATIONS DES VARIÉTÉS DANS LES SPHÈRES 401

Problème 7. Soit
c ÿ t c: . . . c ÿ n c ÿ n+1 cz . ..
une suite de groupes topologiques ordonnée par inclusion. Sa réunion $ est
manifestement un groupe. On définit sur $ une topologie en supposant U c= £
ouvert si et seulement si l'intersection U Ç] ÿ n l'est dans quel que soit
n ^ 1. Vérifier que
1° cette hypothèse munit bien ÿ d'une topologie ;
2° % est un groupe topologioue par rapport à cette topologie.
Si ÿ n = SO (n), le groupe ÿ est désigné par SO, et il l'est par U lorsque
ÿ n = U (n). On estime que les éléments de SO et U sont les matrices infinies
de la forme
A O
1
1
1 i

o '•
où A appartient à SO (n) ou à U (n) (le nombre n étant quelconque). Montrer
que quel que soit n > 1, les groupes stables d'homotopie JtnSO et n n U ne sont
là un isomorphisme naturel près) autres que les groupes d'homotopie de SO et U
(ce qui justifie les symboles employés).

* * *
Voyons ce qu’il advient pour les groupés n nS m, avec n = m.
Contrairement au cas m < n, le problème (qui est loin d’être trivial)
exige des efforts longs et pénibles.
Soit 30 une variété séparée compacte différentiable et orientée
de dimension n. On définit pour toute application différentiable
(voire continue) /: 30 Sn (voir leçon III.26) son degré deg / qui
dépend de la classe d’homotopie a = [/] seule (on rappelle que la
sphère Sn est supposée posséder une orientation naturelle ; voir le­
çon 25, ou, plus précisément, le texte entre les problèmes 14 et 15).
Aussi, la formule
deg a — deg /
définit parfaitement une application .
(8) deg: [30, +
avec [30, S nl l ’ensemble des classes d’homotopie des applications
continues 30 ->■ S n-
Proposition 1. Si la variété 30 est connexe, l'application (8) est
bijective.
D é m o n s t r a t i o n . On va prouver, que (8) est surjective,
puis qu’elle est injective.
<02 LEÇON 26

Surjectivité. Comme il existe des difféomorphismes q>: Sn Sn


de degré —1 (c’est le cas, par exemple, de la symétrio par rapport à
un hyperplan quelconque passant par l’origine des coordonnées) et
puisque deg (q) ©/) = —deg /, il suffit de construire une applica­
tion /: 30 de degré m, m > 0 quelconque.
Soient (Uly /ij), . . (£/„,, /im) des cartes positivement orien-
tées de 30 telles que
1) leurs supports UY, . . Um soient disjoints deux à deux;
2) chaque application hJt . . hm constitue un difféomorphisme
sur la boule è n.
On suppose de plus que */: (B”, S ”"1) ( S ”, s0) est une appli­
cation continue, difféomorphisme de degré 1 de Bn sur la sphère
épointée S 7,\ { s 0) (vo^r problème 15 et remarque 1 de la leçon 25).
La formule
I(X°*,)(P) si p 6C/£, ...» m,
' P ~ ls0 si P i U{ U • • • U
définit bien une application différentiable /: 30 S” Qui jouit des
propriétés suivantes:
a. Le point x0 = %(0) est une valeur régulière de /.
b. L’image réciproque f~x (x0) de x0 est formée de m points
Pi = K (0). . . . . / > « = * « (0).
c. Pour tout i — 1, . . m, la différentielle (df)P{ en p t de
l’application / est l’application linéaire non dégénérée Tvx30 -*•
Tx,Sn d’espaces vectoriels orientés qui conserve l’orientation (le
jacobien de / en p t est positif).
Selon la proposition 1 de III.26, on a donc deg / = m .
On note que la connexité de la variété 30 ne joue ici aucun rôle.
Injectivité. A la lumière des résultats de III.26, il suffit de dé­
montrer que deux applications différentiables /, g: 30 ->■ S n de même
degré sont homotopes, i.e. il existe une application continue
F: 30 X / - ^ S n> / = 10, U.
de la variété 3 = 30 X / à bord d£Ü = (30 X 0) LJ {30 X 1) dans
la sphère S n» Qui coïncide sur d3) avec l’application (/, g): 03)
définie par la formule

('■ * > (» « -{ ;$
On en tient compte et on note que toutes les cartes de la forme
(U X /, h X id) = (U X I, x1..........xn, t),
avec (U, h) = (U, x1, . . xn) une carte quelconque de la variété
SC, sont positivement compatibles (la chose est évidente) et recou-
ULà VAKlETtS UA.NS LES SP11-ERES 403

vrent entièrement la variété 3) = SC X /, i.e. elles en forment


l’atlas d’orientation. Aussi définissent-elles une orientation sur 3).
Cette orientation de 3) est notée o pour n pair et —o dans le
cas contraire. (Ainsi, o est une orientation définie pour tout n par
l’atlas {(U X / , t, x \ . . x11)}.)
Conformément à une construction générale de III.27, o induit
lforientation du bord d3) de 3 j = 30 X /, donc celle de ses compo­
santes SC X 0 et SC X 1.
Problème 8. Montrer que o induit sur la variété SC X 1 (identi­
fiée de façon naturelle à SC) Vorientation donnée de SC et Vorientation
opposée sur SC X 0.
On écrit de manière conventionnelle mais fort suggestive :
(9) d (SC X /) = SC X / — æ X 0.
La variété d (SC X 1) étant orientée, on définit deg (/, g) de l ’ap­
plication (/, g). Comme toute valeur régulière x0 de (/, g) est évidem­
ment celle de / et g, et que de plus
(/, g)-1 (X.) = (/^Xo X 0) U ( r ‘xo X 1),
il découle de suite de (9), en vertu de la proposition 1 de III.26, que
le degré de l'application (f, g) est égal à la différence du degré de f et
du degré de g:
deg (/, g) = deg g — deg /.
Par conséquent, la condition deg f = deg g fait que ce degré est =
= 0.
Aussi, l’injectivité de (8) découle immédiatement de la proposi­
tion 2 ci-dessous. □
Problème 9. Soit 3? une variété séparée compacte connexe et
orientée de dimension n à bord dSC 0 , et soit [(à?, d3?)y (S", s0)]
l’ensemble des classes d’homotopie rel 890 des applications continues
(,T, d3?)-*~(Sn, s0). Définir l’application
(10) deg: [(# , 5 # ), (S", s,)]-* Z
et démontrer que lorsque le bord dSC de SC est difféomorphe à la
sphère S ””1* W s’agit d’une bijection. [Indication. Quand on re­
couvre par recollement le bord dSC par a boule Bn, il vient une va­
riété n-dimensionnelle sans bord justiciable de la proposition 1.1
Remarque 1. L’affirmation du problème 9 implique que toutes
les applications %: (/”, (S” » so) de degré 1 sonthomotopes
relativement à I n (elles définissent un môme élément du groupe
«n GS". S0)).
Voir remarque 2 de la leçon 25.
Problème 10. Démontrer que V a p p l i c a t i o n (10) est t o u j o u r s b i j e c ti u e (pour
toute variété connexe X à bord d X quelconque).
404 Z»

Proposition 2. Soit 3) une variété séparée paracompacte connexe de


dimension n + 1 à bord dSû 0 , et soit
/: d 3 -+ S "
une application différentiable propre telle que
deg f — 0.
I l existe une application continue F: 3 -*■ S ” qui prolonge /, i.e.
on a
f — F l»3-
C’est le théorème de prolongement de Hopf.
Bien que l’idée à la base de la démonstration soit fort simple, on
a besoin de plusieurs constructions de caractère topologique géné­
ral qui sont très intéressantes en elles-mêmes.

* * *
Soit SC un espace topologique séparé normal, et soient W et V ses
ouverts, W a V.
Lemme 1. Il existe une fonction continue f : SC -*■ I, I = [0, lj,
égale à 1 sur W et à 0 à. l'extérieur de V.
Ce lemme s’appelle théorème d'Urysohn (ou encore grand lemme
d ’Urysohn). Nous en avons parlé dans la remarque 4 de III.24. La
fonction / y figurant est la fonction d'Urysohn du couple (V, W) ;
cf. définition 1 de III.14. Chose à noter : on n’exige pas en générai
que l’ensemble des points en lesquels f est égale à 1 (resp. à 0) coïn­
cide avec W (resp. avec 3 C W ).
S’agissant de SC métrisâble., la fonction d’Urysohn f est donnée
par
(11)
Pjs. X \ V )
/(* ) = p(x,> )+ p (x, V \ V) x£SC,
où p est la métrique sur SC et p (x , C), avec C cr SC un ensemble fer­
mé arbitraire, la distance
p(x, C)= inf p (x, y)
1IÎC

du point x à C. (La fonction f (x) de (11) est égale à 1 si et seulement


si x 6 W.) Ainsi, le théorème d'Urysohn est évidemment valable pour
SC métrisâble. Le cas de SC métrisâble s’étend on principe à toutes les
applications (car un théorème extrêmement difficile de Stone dit
qu’on munit d'une métrique tout espace séparé paracompact), si bien
qu’on n’a pas à démontrer le théorème d'Urysohn dans le cas. géné­
ral.
Lemme 2. Soient SC un espace séparé normal, et C sa partie fer­
mée. Toute application continue f: C Rn de C dans IR" est prolon-
geable à SC tout entier, i.e. il existe une application continue F: SC -*•
-y R" telle que
/ = F\c .
D é m o n s t r a t i o n . Il est clair qu’il suffit de démontrer le
lemme pour n = 1 (on l’applique pour tout n à chaque composante
de f) sous la seule hypothèse | / | < 1 (l’axe Jl est homéomorpho à
l’intervalle ] —1, 1[).
On raisonne par récurrence et on définit sur C les fonctions /„,
n ^ 1, en posant /„ = / et
2n
/n + l = f n H gn+i n »

avec gn la fonction d’Urysohn du couple

ou, plus précisément, la restriction de cette dernière fonction à C.


(On désigne par le symbole [/ < a), / étant une fonction et a un
nombre, l’ensemble des points en lesquels / prend une valeur infé­
rieure à a.)
Problème 11. Démontrer par récurrence que

\ f n ( x )\ ^ ( x ) n Pour
[■Indication. Si /„ (x) < -----------, on a /„+, (*) = /„ (x) -f ,
et si /„ (*) ^ 3"+i » Alors fn+l(x) ~ f n (®) 3»m • J
Ainsi, f n tend vers 0 uniformément sur C.
Soit
Fn = - — (2gn- \ ) .

Comme |/ 'n| et flue la suite numérique de terme général


• )T t

est évidemment convergente, la série fonctionnelle

converge partout sur SC et sa somme F est une fonction continue.


La somme partielle F 0 + + . . . -f Fn de la dernière série est
manifestement égale sur C à / 0 — f n = / — / n, si bien que F = /
sur C. □
Le lemme 2 s’appelle d’ordinaire théorème de Tietze (du nom du
mathématicien qui a été le premier à le démontrer pour SC me tri-
sable ; le cas général a été établi par Urysohn). On note que sa dé-
7 3IIC .589
monstration fait appel au théorème d’Urysohn, si bien qu’à vrai
dire nous n ’avons prouvé le lemme 2 que pour SC métrisable (dans
le cas Tietze).
* * *
Un autre lemme nécessaire a trait aux difféomorphismes de l ’es­
pace 51".
Soit DiffJ R" le groupe des difféomorphismes R" -*■ R" con­
servant l’orientation (difféomorphismes de degré 1) qui laissent
fixe le point 0.
Lemme 3. Quel que soit le difféomorphisme h Ç DiffoR", on trouve
une homotopie
(12) / / : Rn X / -»- R"
telle que
a) l'application
h t : R" -*■ R", x »-►H (x, t), x £ R"„
appartienne pour tout t £ I au groupe DiffJRn (et laisse, en particu­
lier, fixe le point 0);
b) on ait les égalités
h0 = id, hi = h.
[Si l ’on munit DiffJR" d'une topologie adéquate, l'application
tt-* h t est un chemin de ce groupe qui joint l'unité id à l’élément h.
Ainsi, le lemme 3 affirme la. connexité par arcs de DiffJ Rn.l
D é m o n s t r a t i o n . Le sous-groupe GL+ (n ; R) du groupe
considéré est connexe par arcs (voir leçon III.11), si bien qu’il suffit
de démontrer l’existence dans DiffJ R" d’un chemin (12) qui joint
le difféomorphisme h à sa différentielle A = (dh)0 au point 0 (par
suite de l’identification T0R" = R" et de l’égalité h, (0) == 0,
est une application linéaire R" -*• Rn conservant l’orientation).
Par définition,
h (x) = A x + s (x) x, x 6 R",
avec s: Rn -»-Rn une application différentiable dotée de la pro­
priété s (0) = 0. Aussi, on a pour t =^0
t~lh (tx) = A x -f s (fx) x.
Comme s (0) = 0 , la formule
t~lh (tx) si f # 0 ,
H si t = 0,
Ax
xÇ R", t £ / , définit une application continue (et même différen­
tiable) (12) pour laquelle h0 = A et hx = h. La démonstration
est achevée si l'on dit que quel que soit t = 0, l’application ht :
x h-* t~lh (tx) appartient manifestement au groupe DiffJ Rn. □
DÉMONSTRATION LM J r tI b A J I U S A iii un* l'n u L u o u ^ m u i^ i u u m » r i.
tu »

o•
La boule ouverte Bn est difféomorphe à l'espace Jln, d'où la
O
validité du lemme 3 pour le groupe Diff$ Bn de tous les difféomor-
O O
phismes B" -v Bn conservant l'orientation qui laissent lixe le
point 0.
* * *
Fort de ces résultats, on passe à la
D é m o n s t r a t i o n de la proposition 2. La condition
deg / = 0 revient à dire que l ’image réciproque f~lx 0 d ’un point x0Ç
ÇSn est formée des points en nombre pair tels qu'une moitié des
jacobiens de / soit positive en ces points et l'autre, négative.
Problème 12. Démontrer l'existence
1° des arcs inclus disjoints Qt joignant chaque point du premier
type de SD à un point du second type qui sont entièrement, sauf
O
leurs extrémités, dans l’intérieur 3> de la variété 2) et dont les ex­
trémités ne touchent pas le bord d3) ;
2° de leurs voisinages disjoints U/ (« tubes longeant Çj *) ;
3° des difféomorphismes
<Pi :Bn x
o
qui appliquent le segment 0 X / sur l’arc Qh le bord (Bn X 0) (J
(J (Bn x 1) du produit Bn x I sur l’intersection Ui CI 9 2 , tels
que les ensembles
I/<°> = y, (R" x 0), FV» = <p, (5ln x 1)
soient pour tout i les voisinages (dans dSD) des extrémités des Q{
qui s'appliquent difféomorphiquement par / sur un voisinage W (
du point x0.
Les jacobiens* des difféomorphismes / |v(o) et /|y(D sont de si­
gnes contraires par hypothèse. C’est également la propriété des
difféomorphismes (p|o^ et <p* i si bien que le jacobien du

difféomorphisme défini par

*■ “ (T'|b " x . ) (11” )''* ( t i ” ) *( , ” |b > X . )

est positif (on identifie ici Bn X 0 et Bn X 1 à B’1). De plus,


o
ht (0) = 0 par construction. Par conséquent, ht Ç DiffJ 8 n, et il
o
existe dans DiffJ B" le chemin
y. l ->-B"
7*
408 LEÇON 20

qui joint id à ht. Ce faisant, on définit sur le voisinage U = (J i/#


de l’ensemble fermé Q = |J Qt l’application g : £ /- ^ S n donnée
sur U%par

= 0) ojy|Oq>7,
L’application g est continue. Elle coïncide sur U f) à3> = (J (K-01 |j
(J VV’) avec / et jouit de la propriété g~l (x0) = Q.
Soit V un voisinage de Q tel que V c— U (on pose, par exemple,
V = (J<j>, (B"y2 X /), et soit C = V (J d2). Il est clair que la for­
mule
si pÇV,
Fi si p£d3>
définit une application continue Ft : C —v S" prolonge / : d£0
- * s n.
Aux termes d’un théorème de Dieudonné (voir remarque 4 de la
leçon III.24), la variété 3J est normale. Il y a plus. 2b étant connexe
et paracompacte vérifie le deuxième axiome de dénombrabilité
(remarque 2 de leçon III.24) et est donc plongeable dans (théo­
rème 1 de la leçon III.14). Par conséquent, 3.7 est de plus métrisable.
[Le résultat de Dieudonné est cité sans démonstration. Quant au
théorème 1 de III.14, on l’a établi pour les variétés compactes sans
bord. Aussi, nos raisonnements sont à vrai dire lacunaires. Le cas
3) = X / , SC étant une variété compacte sans bord, est par
contre complètement justifié.]
Ce faisant, on considère la restriction
F' = F i\c \y
de l’application Fl à l ’ensemble fermé c Cette appli­
cation laisse certes fixe le point x0, i.e. c’est une application dans
S"\ {*(,}. La sphère épointée est homéomorphe à l’espa­
ce Rn, si bien que P' est prolongeable en vertu du théorème de
Tietze (il est déjà connu qu’il s’applique en l’occurrence) en une
application continue
F2 : 2 > \ F - * S nM*o}-
On pose
si p£C ,
si p 6 3> \ V,
et on obtient évidemment le prolongement voulu F : Sb —*■Sn de>
l’application /. □
La proposition 2 se trouve démontrée, ainsi que la proposition 1.
LEÇON 27

Groupe jr«Sn. — Théorème de classe caractéristique. — Sa généra­


lisation. — Groupes d’homotopie d'un espace de revêtement. —
Fibration de Hopf et groupe JI3S2.— Groupes ttn+iS"* — Opération «
dans les groupes d’homotopie des sphères. — Calcul de la classe d’ho­
motopie de l’application — Liaison avec les K^-groupes^

Si 57 = S n» l’ensemble [57, S nJ est ï0 groupe n„Sn, et I m ­


plication (8) de la leçon 26 devient donc l’application
(1) deg : n nS n-* Z
de groupes.
Problème 1. Montrer que Vapplication (1) est un isomorphisme ~
Ainsi, n„Sn est un groupe cyclique libre.
Soit i n la classe d’homotopie [id] de l ’application identique
s n S n- Comme deg in = i, Vélément i n est un générateur du~
groupe n„Sn.
Si l ’on considère les éléments de jinS n comme classes d’homoto-
• a

pie rel J" des applications (/", I n) -*■ (Sn. s0), i„ est la classe [%l
de l’application % du problème 15 de la leçon 25.
* * «

Ainsi, le groupe nn+iSn+1 de la suite d’homôtopie


. . . -*■itn+iSn+i -*■ n "S0 (» + 1) « n s o -*■0, ji„ SO = n„ SO (n + 2)
du fibré T<jn+1 = (SO (n + 2), p, S "+1) constitue un groupe cycli­
que libre de générateur i„+lt et le noyau de l’épimorphisme i* :
n n+1SO (n + 2) -*■ n„SO est engendré par l’élément din+1.
Proposition 1. L'élément din+1 est la classe caractéristique du
fibre T<.n+i, i. e.
dl»+j = I?" n+lli
avec Tn+l : S" -*■ SO (n + 1) une application caractéristique.
D é m o n s t r a t i o n . Conformément à la remarque 1 de la le­
çon 25, le groupe n n+1 (37, x0) est supposé contenir pour tout espace
topologique pointé (37, x0) non seulement les classes d'homotopie
rel s0 des applications continues /: (Sn+1. s0) -*■ (37, x0), avec s0
un point fixe de la sphère S "+1 (dans la leçon 25, nous avons fait
l ’hypothèse de s0 = elt mais on peut également supposer que s0 =
410 LEQON 27

= en+i). mais aussi les classes d'homotopie rel S" des applications
continues g: (E ^j, S") -> (#*, x0), où E?±') est l’hémisphère
xn+1 ^ 0 de Sntl et S" son bord (équateur de Sn+1). Ce faisant, si
■a € Jin+i ( # , x0) est défini par / : (Sn+1, s0) (37, x0), il l’est de
même par g = f «y: (EgJ1, Sn) -*■ (# \ x0)t où y est une applica­
tion (E"l), S") ->■ GS"+\ 8o) quelconque qui applique homéomor-
phiquement, sans en renverser l'orientation, l’hémisphère ouvert
= E (-)\S * sur *a sphère épointée S "+l\ { s 0}.
C’est en particulier juste si SC — S "+1 et x0 = s0 = en+1,
-auquel cas le générateur tn+1 du groupe «„+iSn+1= *n+i (Sn+1. 8o)
est précisément la classe d ’homotopie [y] de l’application y. Aussi
(voir la construction de l’homomorphisme â de la leçon 26), il faut,
pour avoir l’application S n_> SO (n -f 1) de la classe din+1( cons­
truire
X '^ E f t1, Sn)->(SO (n + 2), SO(n + l)),
relèvement de y (i.e. on a p « X' = y), puis sa restriction à S” :
<2) 3ln+i= [X '|Sn].

On adopte donc pour y l’application


(3) (E("-V, S n) + ( S ntl. e„+i)r
qui laisse fixe —e„+i et transforme tout autre vecteur x Ç E”î) en
le vecteur y (x) £ Sn+1 du plan défini par x, en+1 qui forme avec
—e„+i un angle deux fois plus grand (chaque point distinct du
pôle —e„+! de l’hémisphère E"î) est déplacé par y sur son méridien
4e façon que sa distance au pôle augmente deux fois ; y jouit incon­
testablement de toutes les propriétés voulues). On définit l’applica­
tion y' par les formules
f S(_) (X (x)) SI X(x)ÇE?+‘,
<4) ( /( x ) = U +)(X(x)) ?V m (Xo(x)) si X ( x ) 6 E ? + ‘ ,
x€E?.t»,
avec «(_) et s<+) les sections construites dans la leçon 25 et y0 (x) le
point d ’intersection de l’équateur S" et du méridien passant par
x —en+1. [On note que y (x) £ E"î) signifie précisément que la
distance entre le pôle —e„+! et le point x du méridien est n/4 au plus
et que si X (x) Ç E£f), elle est n/4 au moins (et n/2 au plus).] Puis­
que les points x, y (x) Ç S", vérifient l’égalité y (x) = y0 (x) (et
comme = S(+)7’n+1), la formule (4) définit bien l’application
continue y'. Vu que p (s(+) (X (x)) 7\,+1 (y0)x))) = p (s(+) (y (x))) =
= y (x) et p (s(_) (y (x))) = y (x), l’application y' est un relève­
ment de y, et la restriction y' Un de y' à S" coïncide avec Tn+l
SA GÉNÉRALISATION 41 i

parce que x (x) = en+1 pour x 6 S et s(+) (c n+1) = R (en+1,


en-n) — id (voir leçon 25).
Conformément à la formule (2), cela démontre la proposition 1. □
Corollaire 1. Si ?i est impair, Vélément \T n+x] du groupe
n nSO (n + 1) est d'ordre infini et
d :n n +iS"+1+ *n S 0 (/I+ 1 )
e s t un monomorphisme.
D é m o n s t r a t i o n . Il suffit de noter qu’on a dans le grou­
pe a n5 n:
p W r n+1] = ( l + ( - l ) n) i n
(voir problème 8 de la leçon 25). □
Ainsi, le groupe stable jinSO est isomorphe pour n impair au
groupe quotient du groupe métastable jtnSO (n + 1) par un sous-
groupe cyclique infini.
* * *
Comme T n+X — Tn+X ©id, la proposition 1 s’écrit
n+l)* = ^n-fli
dn+2 étant Thomomorphisme n n+1S n+1-^ n nSO (n + 1).
Cet énoncé admet une généralisation importante.
Quels que soient x Ç S" f 6 f—1» 11» nous désignons par
[x, t] le point cos -—t-x + s in —--en+1 de la sphère S ”*1 (il est sur
le méridien passant par x Ç S n+1 dont ü es^ distant de -y-1\ ainsi, x
et t sont les analogues de la longitude et de la latitude des géogra­
phes).
Cette notation aidant, on fait correspondre à / : S” -** S m quel­
conque l’application E f : (Sn+1, en+1) -*■ (Sn,+1» em+1) définie par
(Ef) [x, t] = [f (x), fl, x 6 S n> - K < < 1-
Problème 2. Démontrer que
1° la formule E [ /) = [Ef] définit parfaitement une application
E : n nS m-+ n n+lS m+i;
2° E est un homomorphisme.
Il est clair que E (id) = id, donc E in = tn+1.
E s’appelle homomorphisme de suspension ou suspension tout court.
Une application g: Sn+1- ^ S m+1 (resp. classe d ’homotopie pÇ
6 ^n+iSm+1) est obtenue par suspension s’il existe une application
/: S n Sm (resp. classe d’homotopie a 6 ^nSm) teü e que g = E f
(resp. P = Ea). Tous les éléments p £ ^n+iSm+1 forment un sous-
groupe (image lin E do l’hoinomorphisme E) de n n+1S m+l.
412 LâDVUll i, l

Proposition 2. Quel que soit m ^ n, Vhomomorphisme composé

nnSm -5- «„+tSmtl~ n„SO (TO+ 1)


coïncide avec Vhomomorphisme (Tm+x)+\ n„Sm -*• n„SO (m + 1)
induit par Vapplication Tm+1\
(^m+l)# = ° E.
D é m o n s t r a t i o n . Soit a Ç n nSm défini par l’application
/ : Sn Sm, et soit le diagramme

(E<B-+>\ S n) — - (Er-V, Sm) ^ (S0(ro+2), S O (m + 1))


*n | J
(Sn+I. en+i) —►(Sm +1i «*+,)<£-(SO (m + 2), SO(m + l)),
où %n et xm sont les applications (3) pour n et m respectivement,
y'm est le relèvement (4) de Xm et E(_)/ est la restriction de l’appli­
cation E f à E"-). Le diagramme est évidemment commutatif, si
bien que %m o E ^ )f est un relèvement de %m « £(_>/ = E f » xn-
L’application E f o x„ donne par définition l’élément Ea du groupe
n n+iSm+x (considéré comme groupe des classes d’homotopie rel S"
des applications (E".)1, S") -»• (S"+1i ®n+i))> et la restriction g —
= (xîn « E(.)f) |gn de Xm « £<->/ à S n (regardée comme applica­
tio n s" SO ( m + 1)) définit donc l’élément dEa de n nSO (m + 1).
D’autre part,
£(-)/ |gn = f et Xm|<jm= Tm+i
entraînent g = Tm+1 » / et, partant, [g] = (Tm+1)+ [/I = (Tm+i)+a.
Par conséquent, dEa — (Tm+1)0a. □
Théorème 1. L'application
E :n „ S m^ n n+iS m+l
est pour n < 2ni — 1 un isomorphisme, et elle est un épimorphisme si
n = 2m — 1. □
Ce théorème porte le nom de théorème de Freudenthal (bien que
Pontriaguine l’ait prouvé un peu avant ce dernier). La démonstration
étant assez compliquée ne saurait être donnée dans ce livre.
On note que le théorème est trivial pour n ^ . m (car tous les
groupes y figurant sont triviaux pour n < m ; quand n = m, la cause
en est l ’égalité E in = i n+i)« Nous n ’aurons en fait besoin que du
premier cas non trivial, savoir n = m + 1.
Avec ce théorème, la proposition 2 entraîne
Im dm+i = Im (Tm+l)+
dans n nSO (m + 1) pour n ^ 2m — 1. Si n = m 4- 1, c’est exacte­
ment l’affirmation d de la leçon 25.
Passons à l'affirmation e et calculons explicitement pour tout
n > 1 les groupes Jin+1S * .

* * *
Soit p : (8, e0)-*- (SS, 60) un revêtement pointé quelconque (voir
leçon 5). Chaque revêtement est une fibration de Hurewicz (voir le­
çon 2), si bien qu’on a la suite exacte
(5) . .. n n (;f, e0) n n (8, e0) - - n n (%, b0) n n_{ ( f , e0)~+ . . .
D’autre part, jin (.f, e0) est trivial pour tout n ^ 1 vu que la fibre
JF est discrète. Aussi, l'exactitude de la suite (5) fait que Vhomomor-
phisme
P* •«».(#. «o) «n ( # . t>0)
induit par le revêtement p constitue un isomorphisme pour tout n ^ 2.
[Quant au cas n = 1, la propriété en question de (5) entraîne que
p* : j*! (8, e0) nx (3F, b0) est un monomorphisme, ce que nous
savons d'ailleurs (voir proposition 1 de la leçon 4).]
En particulier, le groupe (SS, b0), n ^ 2, est isomorphe pour
tout espace recouvrable 3? au groupe n n (8, e0) = jin8 du revête­
ment universel 8 (on rappelle que 8 est simplement connexe).
Puisque c’est la droite St qui. est l’espace 8 pour la circonférence
s 1 (voir exemple 1 de la leçon 2) et n n0t = 0 (voir ci-dessus le cal­
cul de JinS™ pour n < m), cela prouve que
(6) nnS1= 0 Pour n^2.
En particulier, jijS1 = 0.
* * *
On identifie la sphère § 2 au plan complété C+ des nombres com­
plexes (i.e. à la droite projective complexe CP1) et on assimile la
sphère S 3 à la sphère unité du plan complexe C2. Soit l’application
(7) f t:S 3+ S 2
donnée par
h(z0, z i) = ^ - t |z 0 p + h i l 2= l .
C'est la fibration de Hopf.
On identifie les points (z0, zA) Ç S3 aux quaternions £ = z0 -f-
+* zxj (i.e. S3 est considérée comme groupe des quaternions {■ de
norme | E | = 1) et on obtient de suite que les fibres de l’applica-
8 3 « k . $* o
tion A sont exactement les classes S 1! du groupe S3 suivant son
sous-groupe S 1 à éléments complexes z, | z | = 1. Par conséquent.
Vapplication (7) est un fibré localement trivial de fibre-type S 1 (ou,
plus précisément, un g 1-fibré principal localement trivial).
[Toutes les fibres de A, sauf deux, deviennent par la projection
stéréographique S3 R- U {°°} des courbes fermées de ^ dont
©
chacune rencontre le disque unité B2 du plan Oxy en un seul point,
et les deux fibres restantes se transforment l’une en l’axe Oz et l’au-
o
tre en le bord x2 -}- y2 = 1, z = 0, du disque B2. L’application A
admet donc une représentation géométrique sensible.]
La suite d’homotopie de la fibration de Hopf s’écrit
. . . —►
*rtn+lS*”*" **nS3 • • •»
ce qui entraîne de suite selon (6) que Y homomorphisme
• ^nS3 ^nS2 .
induit par h est un isomorphisme pour tout n ^ 2.
En particulier, le groupe jigS2 est isomorphe du groupe n2S2 =
= Z. L’isomorphisme
H: n sS2^ Z
est donné par
H = deg o A;1
(si bien que A* (a) = H (a) i2 pour tout élément a £ JI3S2).
Le nombre H (a) = Ha s’appelle invariant de Hopf de a 6 ji3S2
(ou de l ’application / : S 3~ ^ S 2 de la classe a). On le calcule en
choisissant dans la classe a une application go A, avec g: S2 -*• S2
(on sait déjà que ce choix est toujours possible), auquel cas
Ha = deg g.
La classe d ’homotopie de l’application A: S 3 -+■ S 2 est notée q3.
Comme A = id ®A, on a i/r|3 = 1, si bien que Vélément r|3 engendre
le groupe cyclique infini n £ 2.

* * *

Puisque n = 2m — 1 pour n = 3 et m = 2, aux termes du


théorème de Freudenthal, Vapplication E : ji^S2 J t^ 3 est un
épimorphisme, et toutes les applications
E : n n+tS"-*- n n+2S " +\ »>3,
sont des isomorphismes.
Par conséquent, tous les groupes n n+1S n> « ^ 3, sont des groupes
cycliques de générateurs qn+1 = E r\n = £ n”2q3.
OPÉRATION « DANS LES GROUPES D?flOMOTOPIE DES SPHÈRES /*15

Théorème 2. Les groupes Jin+iSni n ^ 3, sont des groupes cycli­


ques d'ordre 2.Q
C’est un autre théorème de Freudenthal (dont la première dé­
monstration est cette fois encore l ’œuvre de Pontriaguine). La véri­
fication en est même plus ardue que celle du théorème 1, et nous
nous en passons. [En fait, Freudenthal a prouvé un théorème qui
décrit le noyau.de l’épimorphisme E : n 2n-iSn ->• rc*nSn+1 pour
tout n ^ 2. On l’appelle d’ordinaire « partie difficile » du théorème
de Freudenthal dont la « partie facile » est le théorème 4.1
Le théorème 2 fournit en particulier l ’affirmation e de la le­
çon 25.
* * *
L’affirmation f traduit un fait infiniment plus simple.
Soient /: S ” S m ot B: S m S r deux applications continues
quelconques, et soient a 6 n nSm et p 6 nmSr leurs classes d ’ho-
motopie respectives.
Problème 3. Démontrer que la formule
P 0 « = '[£ 0 /I
définit bien l ’élément p o a du groupe n„Sr-
On note que p o a n’est autre que l’élément g+a:
P ° a = g+a.
Aussi, on a pour n ’importe quels éléments a u a 2 6 JinS mi P € JimSr
P ° (ax + a 2) = p o + p o «2
(distributivité à droite).
Chose curieuse, la distributivité à gauche
(Pi + P2) 0 « = p! o a + p2 o a , a 6 n„Sm, Pi, p2 6 *mSr.
n'a pas lieu en général. (On montre par exemple (le fairel) qu'on a
pour tout k 6 IL
(l3+ • ■• + l3) ° *13= kzx\z
J___________I
h fols
bien que t 3 o r)3 = r|3, résultat évident.) Mais si a est obtenu p a r
suspension, cette loi s’avère juste.
Problème 4. Montrer qu’on a pour n'importe quels éléments
sm-\ Pi. P * 6 n mSr
(Pi “f* P2) 0 EIcl = Pi 0 Ect “h P2 0 E cl.
fIndication. Toute application / : S"'* -»• S™"1 vérifie l’égalité
P o Ef = (E f V Ef) o p ,avec p l’application (12) de la leçon 25.1.
8*
*11U té l

Si g: est en particulier de degré k (donc [g] = kim),


alors g* (Ea) = kEa pour chaque a 6 nn-iSm~l- Supposons par
-exemple que k est pair et que tous les éléments du groupe n nS OT
-s’écrivent Ea et sont d’ordre 2 (or, c'est justement le cas de n =
= m -f- 1, m ^ 3). On a g* = 0.
Cela prouve l’affirmation f de la leçon 25.
Il ne nous reste qu’à vérifier l’affirmation g.

* * *
Le problème 9 de la leçon 25 implique que l'application p\> »
° Tn*i: S" S""1. n = 2m, de l'affirmation g est définie par
<8) wt = ZziZm-1 2 I «m-i I»
wm-l = 1 “ d + *m)* *
i = 0, m —2,
avec z0, . . zm les coordonnées du point z Ç S" et wo> • ■■> w m - i
celles de w = (pj* o T}*+1) (z) de S"-1- (N’oubliez pas que Re zm =
= 0.) Aussi, la restriction g de pj* » à l’équateur S"-1 (défini
par Im zm = 0, i.e. zm = 0) de la sphère est donnée par
wt.= —2zJzm_<1 i - 0 , m —2.
«’m - l = l - 2 | Z m- | | 2.
C'est donc une application de la sphère S"-1 de l’espace des z sur
l'équateur (d’équation Im wm = 0) de la sphère S "“l de l'espace
•des w. Il y a plus. Selon la dernière formule (8),
Im n?,»-! = i i l T j f » Im zm,
si bien que l'hémisphère supérieur E^., c: S" formé des points
z 6 S" tels que Im > 0 est envoyé par pV « T%¥l en l’hémisphè­
re supérieur E,"^1 c: S""1 formé des points w £ S""1 P°ur lesquels
•on a Im rnm_, 0. Pareillement, l'hémisphère inférieur E(n_,,
Im zm ^ 0, devient par cette application l’hémisphère inférieur
‘E "'/, Im < 0.
Problème 5. Montrer que toute application / : S" -*■ Sm <IV>i
transforme l’hémisphère E"+) de S" en l’hémisphère E/J, de
,Sm et l'hémisphère E("_) en E™_> (elle envoie donc l’équateur S " '1
de S" en l’équateur S”1"1 (Ie Sm) est homotope à l’application Eg,
g étant la restriction de / à S ”"1 qu'on considère comme S " '1
S*""1- IIndication. Les points / (x) et (Eg) (x), x 6 S", n’étant pas
diamétralement opposés peuvent être joints par un arc de grand
cercle de longueur inférieure à n.)
On voit en particulier que p J1 •> est homotope à Eg, g étant
d'application (9).
CALCUL DE LA CLASSE DMIOMOTOPIE DE p ^ a T J/+1 417

On en tient compte et on commence par le cas m = 2, l’applica­


tion g: S 3 S 2 étant définie par
(10) Wq = —2z0zl, wj = 1 — 2 | |2,
où | z0 I2 + |zx |2 = 1, Z0, zl 6 C et I w0 r2 + I wx I3 = I, Wq 6 C,
wx 6 R. La projection stéréographique S 2”^ C + est donnée par

(voir formule (28) de 1.29) si bien que g considérée comme S 3 C+


l’est par
—2z0Z j 2o_
2 I |f 2, *
et elle diffère donc de l’application de Hopf (7) par le difféomor-
phisme z *-*— —de la sphère C+. Ce dernier est évidemment do de­
gré 1, si bien que l’application g représente pour n = 2 le générateur
Ü3 de n 3S 2 et» partant, o 7*}/+1 représente le générateur =
= Er|3 du groupe ji4S3.
Cela démontre g pour n = 2.
Afin d’avoir co résultat pour m > 2 pair quelconque, il suffit
de montrer que Y application g: S*1"1 S "”2» n = 2m, m pair y est
homotope à l'application E n~fig2y où g2: S 3“^ S 2 est définie par
(10). On procédera en explicitant l’homotopie correspondante. (On
peut énoncer le problème analogue pour px ° T 2n+l dans le domaine
réel, auquel cas l’homotopie cherchée est construite géométrique­
ment, après quoi on transporte formellement les formules obtenues
dans le domaine complexe. Une fois les formules explicitées, on n ’a
pas à se soucier de la façon dont on les a obtenues.)
Problème 6. Montrer que Vapplication E n~ig2 est donnée par les
formules
Wi = zh i = 0, .. ., m —3,

(11)
... o zm-2 zm-i_____
m"2 y l*m-,l*+l *«-»!•
m = 1zm-2 I2 I zm~\ l2
m' ‘ / I «m-* l * + I *m-i I*

(on estime que wm_2= wm_, = 0 si zm-2 = zw_t = 0).______________


On pose m = 21, t = Y t (1 —t) et A = ]/1 —t + t (|zm_2|2+ |zm_,|2)
et on définit l ’homotopie S"- * X /-» -S n-2 Par

w if = tZ ,j + TZ2/+1 — 4 K1 _ 0 z 2 Jz m - l ~
418 LEÇON 27

W2/+ ! — t Z2j +i TZ2/ jl(^ 0 Z2 j+tZm-i “I" TZ2 j Zm- i l »

(12) 2 - 2
z m -2 z m - li U?rn-l — ^ ^ l z m - l | 2>

y = 0, 1, . . . . 1 - 2 , 0<t<l
(pour | zm_i |2+ [ z m _ 2 12 =#=0; si | «,„_! |2+ | zm-2 l2= °. d°nc 4 =
= 1^1 — t, on pose
U>2; = *Z2>+ 'tZ2/+i — 2 I K 1 — * z t J z m - l — V Zm_,J,
^27+1 = f z 2^+l — t z 2/ — 2 \V 1 — f z 27 + lz m - l + t / r * z 27z m - l l i

^ - 2 = 0 , ^ m-i = K i —<;
il est clair que la continuité est conservée).
Les formules (12) ont un sens (notons-le) pour m pair seul.
Elles deviennent (9) ou (11) selon que t = 0 ou t = 1.
Il ne faut donc que démontrer que (12) définissent effectivement
l'application S71"1 X f - * S n‘2> i e* <Iue

"S* l«>il2= l si S | zf | 2 = 1 et
i=0 <=0

(On note que wm„x de (12) est nécessairement réel.) Le seul moyen
d’y arriver est malheureusement un calcul direct fastidieux.
On a
I W2 j |2 = {^Z2 i 4 " Tz*/+i — —0 z2/zm-i T22/+izm-il) X

x ( tz2j 4 " TZ2i+i — TZ2/+lzm-tl) =


= t \ z2i |2+ (z2yz2;+i + z2;z2;+i) 4- j2 1z27+i !2—
— -J K1 - 0 < I z2/ I 2 + ( i — 2 0 TSt/2tH1 - T2 | Z„+t |2] Zm_, -

— -^-((1 — t ) t \ Z 2J |2 + (1 — 2 1) Z îfZ tj+i — T2 I Z2;+1 I2] Zm_1+

+ - ^ - 1 ( 1 — O 2 I z 27 P I z m - l l S —

— (1 — 0 T(*2/Z2/+lZ,n- 1“HZ2 /Z2 /+iZm- t)”t" ^2 I Z2/+l | 2 I Zm-1 |2)'


Pareillement,

I h^2 ; + i | 2 = ( f z 2 7 + i — t z 2> "2" 0 z 2 / + i z m -l 4~ Tz2 / z m - l l ) X

( ^ z 2 /+ i — Tz2 / -----J" 1 ( 1 — 0 z 2 f+lz m~l + Xz2jz m-i ]) =


LA1XUL. UtLI L.A L.UA:>£>£. U ÜUMU1UF1L JJt, P~ OJ
n»i 4iy

= <2 I *27+1 \ Z — ^ ( Z t i Z2 ) + l + Z 2 ) Z i ] + l ) + X 2 | Z 2 ) | 2 —

- 7 l ( i - 0 i | *27+1 I2 - ( 1 - 2 0 « 2 7 * 2 7 + 1 - t2 I *27 I2)*m-1 —

— X K1 - 0 M *27+1 | 2 - (1 - 2 0 «27*27+1 - * 2 I *27 I2l * m - l +

+ X - K 1 - O 2 1*27+1 I2 | * m - l | 2 +

+ (1 — 0 T ( z 2Jz î J + l & - I + *27 *2 7+i*m - 1 ) + ' ï 2 I *27 I2 I * m - l 1*1-


Aussi
m- 3
S I ®l P = ( <2 + T2 - X 1(1 - 0 «- T2 ) ( * » . , + Z m - l ) +
i= 0
m- 3
+ X - ( ( l - 0 2 + ^ 2 | * m - l | 2l ) 2 l * / | 2.
i= 0
donc
2 [a - |2 _ (^ a^-|~4 (1 — f) I Z m - Y la) (1 — 1 2 /n- 2 I2 — I 2m - i I2) ,

{=0
. 4 | z m. >l » U m - i l a + M 2- 2 | 2 m. 1 l 2)2
A 2

Le coefficient de | zm |4 du numérateur vaut —4 (1 — f) -f 4 =


= 4f, et celui de | zm_! |2 est
- A H + 4 (1 _ 0 (1 - I *m-2 I2) + 4 |2m_a |2 - AA* =
= — A H + A [(1 — 0 + M * m - a I2 — A 2) =
= — A H — A t | z m _t |2 .

Quant au terme constant, il s’exprime comme suit :


AH (1 - | zm_2 |2) + i44 = A2 (1 + * | zm |2).
Aussi

2 | Wi \ 2 - At I lA- ( 4 l | *m-l \* + A*t) 1 |» + >12(1 + <I zm-i l2) _ 1t


<=o A
ce qui prouve complètement l’affirmation g. □
Nous pouvons enfin estimer démontrée la proposition 1 de la
leçon 25 (encore ne l’est-elle que modulo les théorèmes 1 et 2 de
Freudenthal). Le non-parallélisme sur les sphères S n+1» n = Al + 2 r
l ^ 1, est établi de façon analogue par le théorème de Bott relatif
au groupe métastable n 2mU (m) (voir leçon 26). D’ailleurs, cette dé-
4ZU

monstration répète tout bonnement celle de T implication 3 de la


page 377 (dont on s’est passé). Cela tient à la liaison étroite entre
les Æc-groupes et les groupes stables d’homotopie n nU.

* * *
Comme deux fibres vectoriels sont isomorphes si et seulement
si c’est le cas des fibres principaux associés et comme un fibré vecto­
riel complexe quelconque de rang m est réductible au groupe U (m),
le problème 3 de la leçon 25 entraîne que l’ensemble Vect£Sn de
fibrés vectoriels complexes de rang m sur la sphère S n est en cor­
respondance biunivoque canonique avec le groupe n ^ U (m) et qu’il
correspond au fibré £ la classe caractéristique du U (m)-fibré princi­
pal associé. Soit Tl cette classe.
Problème 7. On suppose que la flèche verticale gauche du diagramme

VectcS " n n_xU (m)


1 T 1
Vectc+'S" ~ n „ - i U (m-f 1)
constitue l ’application l »-► | 0 0l et que la flèche droite est induite par l ’in­
clusion U (m) -*• U (m + 1). Montrer qu’il s’agit d’un d i a g r a m m e c o m m u t a t i f .
Il en résulte que la formule T [g) = T (£ + 0N), N étant uu
nombre quelconque supérieur à m -f- 1, définit parfaitement l’ap­
plication (évidemment bijective)
(13) rrjrc S -^ n ^ u .
Problème 8. Montrer que (13) est u n i s o m o r p h i s m e . [I n d i c a t i o n . Il suffit de
démontrer que auelles que soient les applications A : X -► U (mj), B : X -►
U (ma), l ’application A ® B : X -*• U (mj + m8) donnée par

g j |. pcæ-,

est homotope à AB: X -+• U (mx + mt) définie par


B(p) 0 I
( ^ X ' H l o 00 Emt 0 ErJ ’
avec Em la matrice unité d’ordre m; cl. formule (8) de la leçon 24.)
En vertu du théorème de Bott traitant les groupes jinU, cela dé­
montre l ’affirmation relative aux groupes K ç$n de la leçon 24.
Comme chaque point (z, a) de l’espace total du fibré tautologique
r)n+1 sur CPn (voir leçon 24) s’identifie canoniquement pour z 0
au point z, l’ensemble de tous ces points avec | z | = 1 est une sous-
variété plongée difféomorphe à la sphère S2*1*1-
LIAISON AVEC LES Kç-ünOUPES 421

Problème 9. Montrer que


1° la restriction de la projection du fibre qn+1 à cette sous-variété
est le fibré S 2U+1 de fibres les grands cercles de S 2n+1 (inter­
sections de S 2n+1 avec les plans bidimensionnels passant par le centre) ;
2° si n = 1, ce fibré est par suite de CP1 = S 2 exactement la
fibration de Hopf (7).
(Cela explique le nom de fibration de Hopf qu’on donne souvent
aux fibres tautologiques i]n+i-)
Problème 10. Montrer que la classe caractéristique du fibré r|2
est un générateur du groupe (1) = .'T1S1*
C’est exactement le théorème signalé dans la leçon 24 qui dit que
l’élément p2 engendre le groupe cyclique A^çS1-
Pareillement, les affirmations a à c des pages 369-370 constituent
une partie intégrante du théorème de périodicité de Bott.
ANNEXE

Construction des (TV, Sp (n))-instantons.— Description des (TV, Sp (/i))-


instantons. — Espace des modules de (TV, Sp (ft))-instantons. —
N-instantons. — 7V = 1. — TV = 2. — TV = 3.

La construction des Æ-instantons dont nous avons (ait mention


dans la leçon 22 (pour des raisons de commodité, nous allons écrire
TV au lieu de k) constitue un cas particulier d’une construction géné­
rale unique des connexions sur les fibrés principaux (ou, ce qui re­
vient au même, sur les fibrés vectoriels) au-dessus de la sphère S4*
Dans cette Annexe, nous nous proposons (en suivant pour l’essen­
tiel Atiyah) de la décrire et de l’étudier au possible.
On rappelle (voir leçon 7) qu’on désigne par le symbole Sp (n) le
groupe UK (n) des isométries de l ’espace quaternionique Mn.
Définition 1. On appelle (TV, Sp (ri))-instanton un champ autodual
de Yang-Mills sur Je Sp (n)-fibré principal au-dessus de la sphère
S 4 dont le nombre de Chem c(2) (voir leçon 23) est égal à N > 0.
Quand n = 1, ce sont exactement les TV-instantons au sens de
la leçon 22 (parce que Sp (t) = SU (2)).
Afin de ne pas recourir aux cartes, on identifie S 4 à la droite
projective quaternionique MP1 dont les points sont les classes
(x : y) de la proportionnalité à droite des couples de quaternions.
[On n’emploie pas ici les caractères gras ; les couples (x, y) et (xlt yx)
sont proportionnels à droite (définissent un même point de HP1)
s’il existe un quaternion £ =£ 0 tel que xx = x%, yx == y \, i.e. si ou
bien yx = y = 0, ou bien xxy ^ = xy~x ; tous les couples (x, y) sont
bien sûr supposés être différents de (0, 0).] Si l ’on identifie la droite
HP1 à la sphère S 4 (ou, plus précisément, à l’espace ît4 (J {oo} =
= H (J {oo}), il correspond à (x: y), y =£ 0, le quaternion xy~l et à
(x: 0) le point oo.
Soient C et D deux matrices quaternioniques à n -f TV lignes et
TV colonnes telles que, quels que soient les quaternions x, y non si­
multanément nuis, la matrice
(1) v (x, y) = Cx + Dy
soit de rang TV maximal, i.e. ses colonnes engendrent dans l’espace
vectoriel à droite Hn+N sur H un sous-espace de dimension TV. Ce
dernier ne dépend certes que du point (x: y) 6 HP1, si bien qu’on
va le noter 7r {X: v)•
lA/naritLi/i'iUft UES (Ar, SP(/i))‘I*nî5TANTONtS 423

Soit f ( X : y) le supplémentaire orthogonal de f~(X: y) (par rapport


à la métrique standard de l ’espace Kn+iV; voir leçon 7).
Problème 1. Montrer que les sous-espaces ïf{x:y) et sont
des fibres des fibrés vectoriels quaternioniques sur S4. lIndication. La
somme de Whitney de ces fibrés est le fibré trivial S4 x Kn+iV.l
Nous désignons ces fibrés (et leurs espaces totaux) par # et <SL
respectivement. Le rang (sur H) de # est n, et celui de S 1 (fibré
auxiliaire) vaut Ar.
$ est par construction un Sp(n)-fibré vectoriel, donc un
SU (2n)-fibré vectoriel (par suite de l’inclusion naturelle Sp (n) ci
cz SU (2n)). Aussi, on définit (voir leçon 23) son nombre de Chem
C(2 ).
Problème 2. Montrer que le nombre de Chem c(2) du fibré # est
égal à N. [Indication, ë 1 est la somme de Whitney de N fibrés
quaternioniques linéaires dont le nombre de Chern c(2) est dans
chaque cas —1.1
Ainsi, les champs autoduaux de Yang-Mills sur 8 sont des
(TV, Sp (n))-instantons.
Chaque section s de 8 étant celle du fibré trivial S 4x Hn+N
n ’est autre qu’une fonction sur S 4 à valeurs dans qui pré­
sente la propriété suivante : on a pour tout point (x:y) £ S4
(2) s(* : y) e f ( x : V).
Aussi, tout champ de vecteurs X sur S 4 transforme s en la fonction
Xs à valeurs dans Hn+N. Mais Xs ne vérifie pas la condition (2).
On pallie à ce défaut si l’on projette orthogonalement, pour chaque
point ( s : [ / ) € S 4* le vecteur (Xs)(x : v) Ç sur f ( X:y)- Soit
( V A ; y) cette projection. Dans ce cas, l ’application Vx5 • (x • y)
v-*(Vxs)(x : v) est une section du fibré# et la correspondance s Vxs
est (le vérifier!) une dérivation covariante.
Ainsi, on a construit sur 8 (et, partant, sur le Sp (n)-fibré prin­
cipal associé) une connexion V-
Remarque 1. On observe que ce procédé général de construction
d’une connexion s’applique à un fibré £ arbitraire, sous-fibré d ’un
fibré trivial (par exemple, à un fibré de type fini quelconque sur un
espace normal; voir proposition 2 de la leçon 23). On montre (le
faire !) que ce procédé permet de construire, à une transformation de
jauge (automorphisme du fibré) près, toute connexion sur g.
Désireux de calculer explicitement V (plus précisément, sa for­
me de connexion qu’est le potentiel) sans utiliser les cartes, nous
faisons recours au projecteur orthogonal P(X -.y> qui projette l’es­
pace Hn+N sur le sous-espace f ix ; y). Soit Ç(x ; y) = E — Pix ; v) le
projecteur supplémentaire (sur r \ x ;y)).
La différentielle covariante Vs par rapport à la connexion V
d’une section s: S 4 8 quelconque du fibré 8 est donnée par
définition par la formule Vs= P A s = ds—Çds(on omet les argu-
ments). Or, Qs = 0, donc d (Çs) = 0, i.e. Q As = —(dÇ) 5 (on iden­
tifie tous les opératèurs à leurs matrices). Comme Q2 = Ç, on a de
plus Q ds = Q (Q ds) = — (Q dÇ) s. Par conséquent,
V$ = ds + (Q d Q) s = ds + Os,
où O = Q dÇ. Cela veut dire que l'opérateur dérivation covariante V
des sections du fibré <£ est une restriction de l'opérateur d -f- O défini
pour n*importe quelles fonctions S 4
La forme de courbure F<a associée à la dérivation d -f O s’écrit
(voir formule (14) de la leçon 22) F& = dO -(-
Mais Ç2 = Q%donc Ç-dÇ -f d(?-Ç = dÇ, si bien que
® A ® = Q-dQA Qd Q = Q-dQ-QA dQ =
— Q (dÇ - Q à Q ) A d Q - Q d Q A d Q - Q d Q A d Q = 0,
et F,p = dO, i.e. F<t> = dQ A dÇ. Il vient de suite pour la forme
de courbure F de la connexion V :
F = P (dQ A dQ) P.
Problème 3. Montrer que
Q = i;p”2i>T,
avec v la matrice (1) et p2 = vTv une matrice quaternionique d ’or­
dre N. (On omet les arguments.)
Comme Pv = 0 et vTP = 0 (on voit aisément — le démontrer ! —
que tout projecteur P vérifie l’égalité PT = P), il en découle que
P AQ = P Av'p~2vT et AQ P = vp~2AvTP.
Aussi
F = P d v A P~2 dvTP.
On substitue à la sphère S 4 = U {°°} sa partie H =
formée des points x = (x: 1), auquel cas v = Cx + Z), Av = C (U,
donc
F = PC d x A P“2 dxC1 P,

(3) p2 = (x Ct -f DT) (Cx + D).
Si la matrice (3) est réelle (pour tout x 6 K), elle commute avec
le quaternion dx, si bien que
(4) F = PC (dxA dx) p~2Crp.
Le fait que les différentielles des coordonnées interviennent dans
la forme différentielle F à valeurs dans (?i) comme^ groupo
d x A d x signifie (voir fin de la leçon 21) que F est autoduale et
qu’elle constitue donc un (N, Sp (/i))-instanton.
( i f w v /à l V <*, «J*» V ' » / / X .T U * J. VS4.XO 4Z5

Le projecteur P de la formule (4) s’écrit (voir problème 3) P =


= uu1 , où u = u (x) est une matrice dont les colonnes forment une
base orthonormée de l’espace $ x = *F(X: i), i.e. c’est une (n + N) X
X n-matrice quaternionique telle que
(5) uTu = E, uTv = 0,
avec v la matrice (1) (pour y = 1). Le champ (4) s’écrit dans cette
base comme forme différentielle
F = ÛTC (dx A dx) p~2CTu
* valeurs dans âP (fl)-
Problème 4. Montrer que le potentiel A de Vinstanton (4) est
donné par
(6) A = uTdu.
(Indication. F = duTÇA du.]
Ainsi, on vient de démontrer la
Proposition 1. Soient C et D des (n + N) X n~matrices quaternio-
niques rectangulaires telles que
a) la matrice (3) soit réelle pour tout quaternion x;
b) quels que soient les quaternions x et y non tous deux nuis, la
matrice (1) soit de rang maximal N . La formule (4) définit un
(Ny Sp (n))~instanton F à potentiel (6). □
Atiyah, Hitchin, Drinfeld et Manin ont montré que cette cons­
truction donne, à l ’équivalence de jauge près, tous les (/V, Sp (n))-
instantons.
* * ♦
Si l’on remplace u par uG, G étant une matrice quelconque de
Sp (n), le potentiel (6) subit évidemment une transformation de
jauge (tandis que l’instanton F} qui ne contient pas u sous forme
explicite, reste le même).
Pareillement, l’instanton F (voire le fibre #) reste inchangé par
la multiplication à droite de C et Z) par une matrice réelle non dé­
générée arbitraire d’ordre N (cette multiplication se ramène à un
changement de base pour chaque espace : y>) et par la multipli­
cation à gauche de C et D par une matrice quelconque de Sp (n -f N)
(ce qui se traduit par un changement de base dans Hn+N).
Aussi, l ’ensemble do tous les instantons (4) est obtenu à partir
de l’ensemble des couples (C, D) des matrices vérifiant les condi­
tions a) et b) si l’on effectue un passage au quotient par le groupe
GL (N ; 51) opérant à droite sur (C, D) et par le groupe Sp (n -f N)
qui opère à gauche sur ces couples.
Il y a plus. On utilise à juste titre sur HP1 = S4* au lieu des
coordonnées homogènes (x: y), les coordonnées (x' : y') qui leur sont
projectivement équivalentes:
(7) x = + tijt/', y = | 2x' + )i2y \
avec les quaternions 6lB r\x, £2i ^2 <1ni permettent d’exprimer x' et
y' par x et t/ ((7) est une transformation inversible). Avec ce chan­
gement de coordonnées, les matrices C et D deviennent (on le voit
sans peine) les matrices C£t — Z)ç2 et Cri! -f Z)i]2.
Problème 5. Montrer que la transformation (7) est inversible si et
seulement si ou bien 0 et — £i£2£flrli ¥* 0, ou bien ^ = 0-
et Êi^li ^ 0.
Problème 6. Montrer que
1° avec les coordonnées (x: y) choisies convenablement, on aboutit à
C dont N lignes inférieures forment une matrice quaternionique inver-
sible d'ordre N ;
2° toute matrice C ayant cette propriété est équivalente (au sens des
actions susmentionnées des groupes Sp (n + ;V) et GL (N ; R)) à une
matrice de la forme

avec E la matrice unité d'ordre N .


On suppose donc sans restreindre la généralité que C est de la
forme (8), si bien que (1), y = 1, s’écrit
01 A A
(9) Cx -J- T) = x+
E\ B B-xE
avec A et B des matrices quaternioniques constantes (indépendantes
de x) de dimension n X N et N X N respectivement.
La condition a) de la proposition 1 donne lieu à deux conditions
suivantes:
a') la matrice B TB + ATA est réelle ;
a ") la matrice B Tx + xB est réelle pour tout x f H.
Problème 7. Montrer que pour que a") soit remplie, il faut et il
suffit que la matrice B (donc B TB + ATA de a')) soit symétrique.
Quant à b), elle est évidemment équivalente à la condition
b') quel que soit le quaternion x £ H, les équations B \ = x£, A£ =
= 0 par rapport au vecteur Ç = (E^, . . ., |^ ) T admettent une solu­
tion unique £ = 0.
Si l’on veut construire le (A, Sp (n))-instanton associé aux matri­
ces considérées C et Z) (i.e. aux matrices A et B), il faut en premier
lieu trouver une (n -f N) X n-matrice u = u (x) satisfaisant aux
conditions (5). On la cherche comme
-W
( 10 ) •W =
uw ’
K SP A L 't U tJ i MUl>UL£.d DCj3 K*', H£él

où U est une matrice quaternionique de dimension A X n et W une


n X n-matrice quaternionique hermitienne (i.e. une matrice quater­
nionique pour laquelle W T = W).
Problème 8. Montrer que la matrice (10) vérifie
1° la condition uTu — E si et seulement si W est non dégénérée et
(11) W -2 = E + ÜTU;
2° la condition uTv = 0, v étant la matrice (9), si et seulement si
- A + Ü r (B - x E ) = 0 , Le.
(12) U = A( B — xE)~iT
B — xE étant supposée inversible.
Montrer de plus que le potentiel (6) associé à cette matrice est dé­
fini par
(13) A = w TJt d U W + W~l dW.\
Ainsi, deux matrices quaternioniques A et B vérifiant les conditions
a'), a") (B étant symétrique) et b') donnent un (IV, Sp(n))-instanton
F à potentiel (13), où U et W sont les matrices définies par (11) et (12).
Le potentiel (13) possède des singularités en x pour lesquelles
B — xE n’est pas inversible, mais on les élimine par une transforma­
tion de jauge (sans être consécutives à la construction, ces singula­
rités apparaissent avec tel choix de la jauge).

* * *
A et B différentes peuvent en général donner lieu à un même
(A, Sp (tt)Hnstanton F*
Problème 9. Montrer que les matrices A, B et Alf B x donnent un
même (A, Sp (n))-instanton F si et seulement s'il existe des matrices
R Ç O (A) et T Ç Sp (rc) telles que
(14) A x = T A fl, B x = RT BR.
Puisque BJ BX+ AJ Ax = fl"1 (Br B -f ATA) fl (on note que
R -1 = /fT)f il vient immédiatement par le théorème de réduction
aux axes principaux que la matrice réelle symétrique B TB + ATA
de la condition a') peut être supposée diagonale sans que cela nuise
à la généralité de l’exposé.
Ainsi, on a finalement la
Proposition 2. Les (A, Sp (n))-instantons sont paramétrés par les
couples des matrices quaternioniques (A, fl) de dimension n X N et
A X A respectivement telles que
10 la matrice B soit symétrique (flT = fl) ;
2° la matrice B TB + Â TA soit réelle et diagonale ;
3° quel que soit le quaternion x £ H, les équations Z?£ = x£, A£ =
= 0 par rapport au vecteur £ = (£lt . . £//)T admettent une solu­
tion unique £ = 0.
Deux couples (A, B) et (Alf fij) donnent un même instanton si et
seulement s'il y a entre eux les relations (14), oà R 6 O (N), T £ Sp (n). □
Si Ton introduit l ’espace quotient 9Jtn (N) de l’espace de tous
les couples (A, B) soumis aux conditions 1° à 3° par la relation
d ’équivalence donnée par (14), on peut donc dire que les (A, Sp (n))-
instantons F sont en correspondance biunivoque canonique avec les
points de 9Jtn (A).
On dit d’ordinaire que (A) constitue l'espace des modules des
(A, Sp (n))-instantons.
La topologie de 9ïtn (A) offre sans doute un grand intérêt, mais
on n’en sait que peu de chose.
Problème 10. Montrer que Vespace 9Jtn (A) contient un sous-
ensemble ouvert partout dense {i.e. son adhérence est égale à 9Jtn (N))
(A), variété différentiable de dimension 4 (n -f 1) A — n (2n -f 1)
(de dimension 8A — 3 si n = 1).
La nécessité de tenir compte du passage au quotient par les re­
lations (14) entrave la construction des cartes de (A). On peut
d ’ailleurs procéder comme suit. On soumet les couples (A, B) à la
condition supplémentaire qui exige que les matrices B TB -f- ATA
aient leurs éléments diagonaux non croissants. Dans ce cas, on peut
supposer que R des relations (14) est la matrice unité à l ’extérieur
d ’un ensemble fermé nulle part dense (qu’on chasse de SRn (A)
sans restreindre la généralité) associé aux couples (A, B) tels que
la matrice B TB -f ATA possède des éléments diagonaux identiques,
i.e. on suppose que les points de la variété (N) sont les classes des
couples (A, B) par la relation d'équivalence (Ai, Bx) ~ (A, B) qui a
lieu sous la condition nécessaire et suffisante
(15) Aj = T’A et Bx = 5 ,
où T £ Sp (n).
Cela simplifie certes le problème qui n’en demeure pas moins
très ardu et reste en fait ouvert.
* * *
Voyons de plus près le cas n = 1 où l ’on voit intervenir les A-
instantons au sens de la leçon 22.
Si n = 1, la matrice A est le vecteur quatemionique X = (Xi, . . .
. . ., XN) de longueur A, et les conditions 1° à 3° ne sont autres
que les conditions imposées au couple (X, B) (voir p. 336).
La matrice U définie par (12) est pour n = 1 la colonne quater-
nionique u = (wlf . . ., u N)J à A éléments, et la matrice W donnée
par (11) constitue un nombre réel positif.
iV-INSTÀNTONS 429

Problème 11. Montrer que la forme différentielle —W"1 dW à


coefficients réels est pour n = 1 la partie réelle de la forme différen­
tielle quatern ionique
uT du
WUT dUW =
1+ 1 * I**
- N _ N_
où | u |2 = u Tu = 2 | |2, uT d u = 2 Uidut.
t=i î
Par conséquent, la formule (13) donnant le potentiel des N-ins-
tantons s’écrit pour n = 1 (on omet une fois de plus l ’argument
x 6 H)
de)

où u = X (B — z)T (qui diffère sans doute de u de la formule (6)f


par exemple).
Quant aux relations (15), elles deviennent pour n = 1
(17) Xx = *X, Bx = B ,
où t Ç H, | t | = 1. Aussi, on norme pour Xx ^ 0 le vecteur X par la
condition « la coordonnée ^ est un nombre réel strictement positif ».
Cela norme X de façon univoque, mais les points pour lesquels hx =
= 0 (qui forment un autre ensemble fermé nulle part dense) se trou­
vent éliminés.
Aussi, on obtient une carte de la variété 2Jtn (N) (ou les para­
mètres indépendants des physiciens, qui donnent les N-instantons) à
condition d’exiger que \ x > 0 et de choisir, parmi les éléments de
la matrice B et du vecteur X de (X, B) soumis aux conditions 1° à
3°, les éléments indépendants qui servent à exprimer tous les autres.
Soit B = || bu ||, i, / = 1,. . ., N, avec btJ = bJt (cela vérifie
automatiquement la condition 1°). Les éléments diagonaux de ÆTZ? +
+ XTX s’écrivent

bjibu + XyXy= 5^ l&ivl2+ IM 2*

si bien qu’ils sont réels. La condition 2° se ramène donc à N (N —


— l)/2 relations
N _ _
(18) lîj^btjbik -\-Xj,kil = 0, /< & ,

qui signifient que les éléments non diagonaux de cette matrice sont
égaux à 0. Ainsi, on obtient une carte de la variété SR' (N) si l ’on
résout les équations (18), i.e. si l’on considère, plus précisément,
une partie des quaternions btJ, X; comme inconnues non principales
430 ANNEXE

pour exprimer avec eux les quaternions restants. Il faut également


tenir compte de la condition 3°. Korépin et Chataclivili ont été les
premiers à remarquer que Ton résout les équations (18) pour N ^ 3,
mais que des difficultés d’ordre algébrique surgissent dès N = 4 qui
s’avèrent insurmontables si Ton se borne aux quaternions.
* * *
Quand Àr = 1, les conditions (18) sont inexistantes, et les 1-ins-
tantons sont donnés par le quaternion b = 6U et le nombre \ = \ l >
> 0. Le potentiel A s’écrit donc
a _jp. X2(6 —x)-1d (6 —x)-1 t X2(b -x )-1(6—x)-1d z { b — x ) - 1
1 + X2 | b —x |*2 m l + X2| 6 - x | - 2 “
X2dx (6—x)_1 X2(6—x)-1 dx
= 1m X*-j- | b — z |* —Im >.2+ | b —x |2 ’

Problème 12. Montrer qu’iZ existe une équivalence de jauge (à


l'extérieur du point b) entre A et le potentiel A >rt b défini par la for­
mule (22) de la leçon 21. [Indication. Poser y = X2 (b — x)~x -f- 6.1
Revenons à N quelconque. Si B est une matrice diagonale à élé­
ments diagonaux blt . . ., 6iV distincts et si Xlt . . ., X^ sont réels
positifs, les conditions 1° à 3° sont automatiquement vérifiées, et on
considère le W-instanton ainsi obtenu comme superposition de N-ius-
tantons i = 1, . . ., N, de la leçon 21. Cette solution s’ap­
pelle solution de VHooft.
* * *
Si N = 2, on a une seule équation (18), savoir
^n&ia ^12^22 ^ 1^2 =
L’équation étant linéaire en bn est facilement résoluble. Il suffit
de regarder le nombre X* > 0 et les quaternions bl2, b22, X2 comme
inconnues non principales, auquel cas on a pour bi2 =£ 0

(19) ^12 (^22^12+ XxX2)


6ii = I *1* I8
La condition 3° équivaut pour n = 1 et N = 2 à exiger que les
équations
^llil ^12^2 =
^ 1 2 ^ 1 ”f“ ^ 2 2 ^ 2 = *^^21
Xi£i ~f~ X2 È2 ~ 0
n ’admettent pour tout x Ç 'H que la solution triviale ^ = 0t = 0.
N=3 431

Mais si l’on élimine h à l’aide de la troisième équatioL , on ob­


tient pour l 2:
(x\~lk2— + 612) Ço= 0 ’
( X -f- ^12^! 4^2 — ^ 22 ) ^2 = 0 .

Aussi, la condition 3° est remplie si et seulement si l ’un au moins dos


coefficients de est ici non nul pour tout quaternion x. On voit
aisément que cela a lieu pour X2 0 si et seulement si
(20) bn — bl2kiX2l ^ b22 — bl2\ l i\ 2.
Ainsi, le nombre Xj > 0 et les quaternions &12 =£ 0, b22 et X2 =*£ 0
soumis à la condition (20), avec frH défini par (19), forment un sys­
tème de paramètres indépendants dans un domaine de la variété
WJ (2) (i.e. ce domaine est un voisinage de coordonnées dont les coor­
données locales sont le nombre X et les coefficients des quaternions 6lai
&22 et X2). On constate en particulier qua (2) est de dimension
1 -f 3-4 = 13 = 8*2 —3; voir problème 10.
Si l’on veut construire la carte associée aux instantons éliminés
(pour X2 = 0 et bl2 = 0), le choix des inconnues non principales
doit être différent.
Dans la pratique, il suffit d’ailleurs de décrire les instantons
éliminés en tant qu’éléments d’une famille qui dépend d ’un nombre
inférieur de variables. (Géométriquement, leur ensemble constitue
une sous-variété (munie éventuellement de singularités) de dimen­
sion plus faible qui adhère au domaine de dimension 13 construit.)
Problème 13, Montrer que les 2-instantons avec bl2 = 0 et X2 = 0
sont paramétrés par le nombre Xx > 0 et les quaternions 6U, è22, bn +
+ b22 0 (et qu'ils forment donc une variété de dimension 9).

♦ * *
Le cas N = 3 est traité de façon analogue.
On a trois équations (18):
^11^12 4" ^12^22 4” ^13^23 4“ X^X2 = 0,
(21) ^11^13 4" ^12^23 "1“ ^13^33 4~ ^1^3 = 0»
b\2b13 "1“ ^22^23 4“ ^23^33 4“ ^2^3 = 0*
Si l’on considère les quaternions fc12, &13, &22, 623, X2 et le nombre
Xi > 0 comme inconnues non principales, on trouve pour 612 0
le quaternion bn à partir de la première équation, et les deux autres
équations en b33 et X3 s’écrivent
^13^33 4“ ^1^3 = Gf ^23^33 4“ ^2^3 =
432 ANNEXE

avec a et b des quaternions connus, si bien quelles admettent pour


X2 —^î&aa une solution unique. Compte tenu de 3° qui se ramène
(on le voit aisément) à certaines inégalités, cela donne une famille de
3-instantons qui dépendent de 1 + 5«4 =21 = 8-3 —3 paramètres
réels. Si X2 = — ou &12 = on obtient trois autres familles
dont deux dépendent de 17 paramètres réels (du paramètre numérique
Xx et des paramètres quaternioniques &12, b13, 622, 623 et bn , b22l b23t
X2 respectivement) et la troisième est fonction de 13 paramètres réels
(du paramètre numérique Xx et des paramètres quaternioniques 6n ,
^22» ^23) régis par des inégalités correspondantes.
Lorsque N = 4, la méthode ne fonctionne pas parce que les équa-
tions en b^ sont non linéaires (le vérifier !).
Tous ces calculs ne disent en fait rien sur la topologie de l’espace
m x (N).
INDEX

Action d’un groupe 17 Application de transition 98


continue 19 Applications homotopes d’une
différentiable 19 façon pointée 388
— principale 248 Applications homotopes relati
discrète 34 vement à In 388
à droite 17 Atlas trivialisant 89, 134
effective 18 Automorphisme(s) 91, 133
à gauche 17 intérieur 212
libre 18 d’un revêtement 80
linéaire 95
principale 20
topologiquement effective 135 Base duale 263
triviale 24 Base orthonormée 110
Algèbre associative 198 Bases d’un module 91
Algèbre à division 130 Bifoncteur 184
Algèbre d’holonomie d’une con­ Bouquet 392
nexion 299
Algèbres isotopes 130
Annulateur de la forme 0 256 Caractère de Chem 352
Annulateur des formes 0 \ . . . Caractère de Pontriaguine 353
. . 0" 152 Carte compatible 227
Anti-instanton 336 Cartes normales 210
Application adjointe 185 Champ décomposable 181
Application caractéristique 379 Champ différentiable do sous-
Application épimorphe 17 espaces 151
Application équivariante 20 Champ équivariant 242
Application exponentielle 208 Champ horizontal 260
Application fibre à fibre 16, 91 Champ invariant à gauche 199
Application localement homéo- Champ de jauge dérivant d’un
morphe 221 potentiel 332
Application pointée 388 Champ de sous-espaces horizon­
Application quotient 17 taux 151
Application relevable 61 Champ de vecteurs parallèles 161
434 INDEX

Champ vertical 248 Composantes d’un ^-tenseur 175


Champ de Yang-Mills 334 Connexion 40, 154, 242
Champ £-covectoriel 175 compatible avec la métrique
Champ i-tensoriel 175 174
Champ de ^-vecteurs 89, 161 sur le fibré |[ j H 262
Charge topologique 335 sur un fibré principal 242
Chemin(s) 37 — vectoriel différentiable 154
constant en un point 42 induite 308
élémentaire 274 métrique 174
généralisé 44 à parallélisme absolu 303
— différentiable 49 plate 301
— — par morceaux 49 au sens de Hirewicz 40
— spécial 50 Conoyau d’un homomorphisme 59
— symétrique 47 Constantes de structure 198
homotopes 42 Construction de Hopf 374
opposé 42 Coordonnées canoniques de deu­
spécial 274 xième espèce 231
Classe d’Euler 355 Coordonnées canoniques de pre­
Classe d’homotopie des chemins mière espèce 210
43 Coordonnées d’une forme à va­
Classe réalisable 77 leurs dans T 253
Classe triviale 381 Coordonnées normales 210
Classe(s) caractéristique(s) 343, Courbe différentiable par mor­
349, 351 ceaux 268
d’un fibré 380 Courbe horizontale 160, 304
Classe (s) de Chem 345 Courbe intégrale 162
complète 350 Cube unité d’un espace 388
Classe(s) de Pontriaguine 346
complète 350
Classes de cohomologie 102 Décomplexifié d’un fibré vecto­
Clefs des octaves 124 riel 93
Clefs quaternioniques 108 Dérivation covariante 169, 177,
Cocycle sur le groupe de revête­ 192
ment 100 Dérivée covariante d’un champ
Cocycle de recollement d’un fi­ 167
bré 100 Dérivée covariante partielle 165,
Cocycles cohomologues 102 178
Cocycles matriciels 100 Dérivée covariante d’une section
Cocylindre 38 163
Coefficients d ’une connexion 154 Diagonalisation d ’une connexion
Composante homogène 350 158
Composantes d’un champ de vec­ Diagramme commutatif 16
teurs 161 Différentielle covariante 192
Composantes homogènes d’une extérieure 321
série 351 Différentielle extérieure d’une
Composantes d’un tenseur 291 forme 254
INDEX 435

Dimension d’un fibre 89 Extrémité d’un chemin générali­


Dimension d’un homomorphis­ sé 44
me 363
Distribution complètement inté­
grable 216 Famille différentiable de con­
Distribution involutive 217 nexions 158
Distributions sur 30 215 Fibration de Hopf 413
Distributivité à droite, à gauche Fibration au sens de Hurewicz
415 40
Fibre 15
d’un fibré vectoriel 89
Ensemble bien recouvert 31 Fibre-type 16
Epimorphisme 17 Fibré(s) 15
Equation de Yang-Mills 334 affine 134
Equivalence de jauge des champs cotangent 185
335 de fibre-type 15
Espace abélien 394 isomorphes 16, 91
Espace de base d’un fibré 15 localement trivial 29
vectoriel 89 principaux triviaux 21
Espace commode 66 des repères 96
Espace contractile 48 au sens de Hurewicz 40
Espace dual 185 tangent 94
Espace euclidien quaternionique tautologique 369
110 tensoriel de type (r, s) 189
Espace fibré 15 trivial 24
Espace localement simplement de type fini 359
connexe 70 de type ($, 3F) 133
Espace non recouvrable 36 virtuel 363
Espace paracompact 115 — positif 364
Espace pointé 388 Fibré(s) vectoriel(s) 88
Espace préhilbertien 337 différentiable 147, 151
Espace quotient 17 euclidiens 112
Espace de revêtement 32 — quaternioniques 112
Espace semi-localement simple­ métrisable 115
ment connexe 70 numérotable 115
Espace simplement connexe 48 orientable 115
Espace simplement recouvrable orienté 112
60 pseudo-euclidien 115
Espace total 15, 89 stablement équivalents 356
Espace de type fini 359 symplectique 88, 112
Espace de type (!/, 3F) 132 trivial 93
Espace universellement recou­ de type î/ 112
vrable 77 unitaire 112
Espaces vectoriels à droite 88 Flux total 208
Extension d’un fibré 140 Foncteur complexification 185
Extrémité d’un chemin 37 Fondeur continu 186
436 INDEX

Foncteur contravariant 184, 357 Groupe d’homotopie d’un groupe


Foncteur covariant 184 connexe par arcs 381
Foncteur décomplexification 185 Groupe métastable 400
Foncteur différentiable 186 Groupe de monodromie 59
Foncteur double 184 Groupe du revêtement en un
Foncteur dualité 185 point 74
Foncteur /c-uple 184 Groupe de revêtement universel
Foncteur produit tensoriel 184 235
Foncteur puissance extérieure Groupe structural 20
p-ième 184 Groupe symplectique 111
Foncteur somme directe 184 Groupe topologique 18
Fonction de transition 98 Groupe de transformations 17
Fonction d’Urysohn 404 Groupe de Weyl 84
Fonctionnelle F -multili­ Groupes de cohomologie com­
néaire 177 plexes 342
Fonctionnelle de Yang-Mills 338 Groupe(s) de Lie 18
Fonctions asymptotiquement complexe 198
égales 325 localement isomorphes 234
Fonctions de recollement 101 de matrices 197
Fonctorialité 349, 385, 389 Groupoïde fondamental 47
Forme de connexion 155, 259
Forme de courbure 295, 310
Forme différentielle anti-auto­ Homomorphisme de suspension
duale 327 411
Forme différentielle autoduale Homotopie différentiable 269
327 par morceaux 269
Forme différentielle de degré r Homotopie avec origine et extré­
à valeurs dans T 252 mité libres 275
Forme différentielle horizontale Homotopies pointées 389
251
Forme équivariante 321
Forme fondamentale 255 Identité de Bianchi 321
Frontière d’un espace 388 Image réciproque d’une con­
nexion 157
Image réciproque d’un fibré 147
Géométries de Klein 133 Instanton 336
Groupe algébrique 227 Invariance homotopique 385
Groupe différentiable 18 Invariant de Hopf 371, 414
Groupe fondamental 47 Isométrie 110
Groupe d’holonomie 268, 305 Isomorphisme(s) 16, 91, 110
en un point 305 sur SP 16
restreint 269 de coordonnées 132
Groupe d’homotopie d’un espace d’un fibré vectoriel 91
abélien 394 do Hurewicz 389
Groupe d’homotopie d’un espace d’un revêtement 34
pointé 389
LftJJJSA. 437

Lacet homotope à zéro 269 Partie d’un fibré 29, 90


Lacet petit 271 Partie bilinéaire principale 196
Lacet en un point 44 Partie réelle d’une octave 125
Lacets combinatoirement équi­ Partie réelle d’un quaternion
valents 271 109
Lacets homotopes 268 Partie scalaire d’un quaternion
différentiablement 269 109
— par morceaux 269 Partition de l ’unité 115, 358
Lasso élémentaire 271 Point fixe 28
Lasso petit 271 Polynôme invariant 339
Principe de scission 367
Produit de chemins 42
Matrice des formes de courbure Produit kroneckerien de matri­
295 ces 182
Métrique 115 Produit scalaire 174
différentiable 173 de formes 337
Module d’une octave 125 Produit tensoriel d’applications
Monodromie 59 183
Morphisme(s) 16, 91 Produit tensoriel de champs 176
sur 2& 16, 91 Produit tensoriel de fibrés 188
d’un fibré vectoriel 91 Projection d’une courbe 160
réguliers 145 Projection d’un fibré 15, 89
Multi-instantons 335
Multiplication de Jacobson 199
Multiplication scalaire 110 Quasi-groupe 129
Multiplication vectorielle 376 différentiable 129
continue 375 de Lie 129
topologique 129
Quaternion imaginaire 109
Nombre de Chern 346 Quaternion réel 109
Nombre de feuillets d’un revête­ Quaternions conjugués 109
ment 32
Nombre de Pontriaguine 346
Nombres de Cayley 124 Rang d’un homomorphisme 363
Norme d’une octave 125 Recollement 371
Norme d’un quaternion 109 Recouvrement numérotable 115
Recouvrement trivialisant 89
Réduction d’un fibré 140
Octave(s) 124 au groupe ÿ 105
conjuguée(s) 125 principal 142
Opérateur courbure 288 au sous groupe 140
Opérateurs locaux 170 Relèvement 61, 160
Opérations d’Adams 366 d’une application 61
Orbites 18 d’une courbe 160, 304
Origine d’un chemin 37 horizontal 260
généralisé 44 Représentation adjointe 212
400

Représentation associée à une Tenseur de courbure 290


action 18 Théorème d’Ado 234
Représentation linéaire 262 Théorème d’Ambrose-Singer 312
Revêtement 31 Théorème de Freudenthal 230,
analytique complexe 35 412
différentiable 35 Théorème de Kirchhoff 123
à un feuillet 35 Théorème de Lie (troisième)
de groupe 235 234
majoré 76 Théorème de périodicité de Bott
à un nombre fini de feuillets 400
32 Théorème de prolongement de
pointé 82 Hopf 404
régulier 84 Théorème de réduction 277
simplement connexe 60 Théorème de Tietze 405
trivial 35 Théorème d’Urysohn 404
universel 77 Théorème de Yamabe 229
Théorie de Morse 400
Topologie compacte-ouverte 38
Section différentiable 162 Topologie quotient 17
Section d’un fibré 26, 89 Trivialisation 30, 89, 134
Série formelle invariante 351 constante d’une façon cova­
Somme de Whitney 106 riante 303
Sous-ensemble partout dense 274 différentiable 148
Sous-espace vertical 151 d’un fibré 30, 89, 134
Sous-fibré 215 Transformation élémentaire d ’un
Sous-groupe (s) 21 lacet 271
abstrait 214 Transformation de glissement 80
conjugués 74 Transformation de jauge 330
différentiable 198 Translation 20
discret 33 à gauche 25
de Lie 198 Transport parallèle 267, 305
à un paramètre 205
Sous-variété conservative 216
Stabilisateur d’un point 59 Unité homotopique 390
Structure différentiable la plus Unitoïdes 374
faible 229 topologiques 374
Structure presque complexe 118
Structure standard 106
Structures complexes 92, 107 Variété admettant une structure
Suite exacte 58, 358 presque complexe 118
en un terme 58 Variété intégrale 216
Suite d’homotopie 397 maximale 216
exacte 58 Variété parallélisable 95
Surfaces de section d’un fibré Variété presque complexe 118
162 Voisinage normal 210
Suspension 411 Voisinage sphérique 270
INDEX 43U

Voisinage trivialisant 30, 89, S-vectoriel 105


134 S-isomorphisme 20, 24, 106
Voisinages étoilés 210 S-variété 19
effective 19
libre 19
S-atlas équivalents 105 (£, JH-fibrés 134
S-espace 19 (ÿ, jFJ-géométrie 132
effectif 19 (S, .^J-isomorphisme 133, 134
libre 19 À*-instanton 335
principal 20 AMhéorie algébrique 357
vectoriel 106 /f-foncteur 357
S-fibré(s) 23 ^-groupe 357
principal 20 Ç-tenseur 175
triviaux 25

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