Dieu parle à son peuple assemblé
ADORER DIEU EN ÉCOUTANT LA PRÉDICATION DE SA PAROLE
~ 2 Timothée 3.16-4.5 ~
Prêché le 22 mars 2015, par Pascal Denault
Introduction
Le culte dominical n’est pas une simple réunion de l’Église, mais une rencontre avec Dieu.
Lorsque nous nous réunissons, nous n’adorons pas un Dieu absent, mais bien Celui qui est
présent et qui a promis à son peuple d’alliance qu’il serait là (Mt 18.20 ; Ps 100.2). Comment
Dieu est-il présent lorsque son peuple s’assemble? Dieu n’est pas matériel, sa présence n’est
donc pas physique. Il s’agit d’une présence par son Esprit au travers des moyens de grâce de
l’alliance. Autrement dit, Dieu est présent avec son peuple lorsque celui-ci utilise les moyens
donnés par Dieu pour que nous nous approchions de Dieu.
Le moyen par excellence par lequel l’Esprit de Dieu est présent est la Parole. Dieu n’a
pas une présence muette, il parle, mais tous n’ont pas des oreilles pour l’entendre (Dt 29.4 ;
Mt 11.15). Cependant, ceux à qui le Seigneur a donné des oreilles pour entendre sa Parole
entendent bien la voix de leur berger. C’est pourquoi ils sont dans la joie lorsqu’ils vont à la
maison de l’Éternel, car ils entendent sa Parole et leur âme est nourrie. Entendez-vous la
Parole du Seigneur? Reconnaissez-vous la voix de votre berger?
Il y a peu d’endroits aujourd’hui où Dieu parle distinctement. Nous vivons dans un
monde qui veut faire taire Dieu et qui refuse d’entendre sa Parole (Ps 12.5). L’Église doit être
sur la terre l’endroit par excellence où Dieu parle et où tout son conseil est accueilli par ceux
qui l’écoutent. L’Église est « la colonne et l’appui de la vérité » (1 Tm 3.15) dans le monde.
Elle doit élever et confesser la Parole de Dieu. Calvin comparait la chaire de la prédication au
trône à partir duquel Dieu dirige son peuple. Nous sommes les gens de son royaume, il est
notre Roi, nous sommes venus en sa Présence pour l’écouter et nous honorons sa majesté
lorsque nous recevons sa Parole et que nous nous y soumettons. Commençons avec un
passage des Écritures concernant la place de la Parole dans l’Église.
16
Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre,
pour corriger, pour instruire dans la justice, 17 afin que l’homme de Dieu soit
accompli et propre à toute bonne œuvre. 1 Je t’en conjure devant Dieu et devant
Jésus-Christ, qui doit juger les vivants et les morts, et au nom de son apparition et
de son royaume, 2 prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non,
reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et en instruisant. 3 Car il viendra un
temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais, ayant la
démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de
docteurs selon leurs propres désirs, 4 détourneront l’oreille de la vérité, et se
tourneront vers les fables. 5 Mais toi, sois sobre en toutes choses, supporte les
1
souffrances, fais l’œuvre d’un évangéliste, remplis bien ton ministère. (2 Tm 3.16-
4.5)
Nous aborderons ce texte sous le thème du culte d’adoration. Ce thème est plutôt
implicite dans le texte puisque l’apôtre Paul donne une exhortation générale à Timothée
concernant son ministère pastoral. Cependant, le contexte du culte est certainement le lieu
central où cette exhortation doit s’appliquer.
1. NOUS ADORONS DIEU EN ÉCOUTANT SA PAROLE PRÊCHÉE
Timothée doit appliquer l’exhortation de Paul dans l’ensemble de son ministère et en
particulier dans son appel comme prédicateur ; l’honneur de Dieu au milieu de son Église en
dépend. Lorsque l’Église s’assoit sous la prédication de la Parole de Dieu, elle démontre sa
soumission au Seigneur. Écouter la prédication n’est pas simplement recevoir une
instruction, c’est adorer Dieu.
La prédication devrait donc être approchée avec solennité et révérence et non pas avec
désinvolture. Ceci est autant la responsabilité du prédicateur que de l’Église. Je crois que la
tendance moderne à rendre la prédication le plus relaxe possible en éliminant la solennité
dans l’habillement et dans l’attitude du prédicateur est erronée. L’intention de vouloir rendre
le message chrétien plus accessible et plus proche des gens peut sembler louable, mais l’effet
pervers est souvent de faire de la prédication un discours ordinaire comme les autres. Est-ce
Dieu qui parle ou un simple mortel? Ce qui est dit est-il banal ou un message de la plus haute
importance? La réponse à ces questions devrait déterminer en grande partie la façon de
prêcher ainsi que la façon d’écouter. L’Église doit voir et pratiquer la prédication non pas
comme un simple discours d’homme qui peut être modelé et adapté selon les tendances et
les préférences, mais comme un acte d’adoration par lequel nous écoutons Dieu nous parler.
Voyez comment l’apôtre introduit cette injonction au verset 1 : « Je t’en conjure devant
Dieu et devant Jésus-Christ, qui doit juger les vivants et les morts, et au nom de son
apparition et de son royaume ». La Parole ne doit pas occuper une place quelque part dans le
ministère pastoral, elle doit être au centre. Les pasteurs ne sont pas premièrement des
administrateurs ou des leaders, mais ils sont des ministres de la Parole. S’ils font autre chose
avant cela, ils ne sont pas fidèles à leur appel! Voici un passage parallèle où Paul rappelle à
Timothée ce qu’il doit faire comme pasteur (1 Tm 4.13-16) :
13
Jusqu'à ce que je vienne, applique-toi à la lecture, à l'exhortation, à
l'enseignement. 14 Ne néglige pas le don qui est en toi, et qui t’a été donné par
prophétie avec l'imposition des mains de l'assemblée des anciens. 15 Occupe-toi de
ces choses, donne-toi tout entier à elles, afin que tes progrès soient évidents pour
tous. 16 Veille sur toi-même et sur ton enseignement; persévère dans ces choses,
car, en agissant ainsi, tu te sauveras toi-même, et tu sauveras ceux qui t’écoutent.
Timothée doit se donner entièrement au ministère de la Parole. Certains ministres
n’occuperont pas cette charge à temps plein (1 Tm 5.17), mais lorsqu’ils prêchent, ils doivent
le faire avec tout le sérieux et la diligence que requiert cette tâche. Le salut du ministère
2
pastoral en dépend, puisque l’homme de Dieu ne peut être équipé pour servir que par la
Parole (2 Tm 3.17). Le salut de l’Église aussi en dépend puisqu’il est écrit : « en agissant ainsi,
tu te sauveras toi-même, et tu sauveras ceux qui t’écoutent ».
Le verbe « sauver » n’a pas simplement le sens de « préserver », mais bien le sens
sotériologique de « sauver de l’enfer ». Bien que ce soit Dieu qui sauve, le verbe « sauver » est
souvent présenté avec un agent humain (Rm 11.14 ; 1 Co 9.22 ; 7.16 ; Jc 5.20 ; Jd 1.23).
Nous pouvons attirer beaucoup d’hommes à l’Église et les garder par toutes sortes de
moyens, mais nous ne pouvons en sauver aucun sans la prédication de la Parole de Dieu
(1 Co 1.21 ; Rm 10.17).
Cette responsabilité incombe premièrement aux ministres de la Parole. Cependant, toute
l’Église a la responsabilité de développer et d’entretenir une culture d’écoute de la Parole.
Nous devons nous présenter devant Dieu avec appétit. Nous devons nous préparer dans la
prière et, lorsque cela est possible, en ayant déjà médité le texte qui sera prêché. Nous
devons intercéder pour le ministère de la Parole de Dieu afin que le Seigneur le revête de son
onction et de sa bénédiction (Ep 6.19). Nous devons écouter la prédication de la Parole dans
un esprit d’adoration. Nous ne devons pas être passifs, mais chercher de tout notre cœur à
comprendre la Parole et lutter contre toutes les distractions intérieures et extérieures qui
nous empêchent d’entendre Dieu nous parler (2 Co 10.5). Nous ne devons pas écouter pour
écouter, mais écouter pour obéir à Dieu (Jc 1.22, 25).
Pour être fidèle à Dieu, l’Église doit maintenir deux choses : le contenu de la Parole de
Dieu et le contenant de la Parole de Dieu, c’est-à-dire la prédication. Commençons avec le
contenant.
2. « PRÊCHE… »
Il existe aujourd’hui toutes sortes de façons différentes pour communiquer la Parole de
Dieu. Ces moyens sont une bénédiction et doivent être utilisés par les chrétiens quand cela
leur est possible. Il y a cependant un moyen qui n’est pas négociable : la prédication.
Je t’en conjure devant Dieu et devant Jésus-Christ, qui doit juger les vivants et les
morts, et au nom de son apparition et de son royaume, 2 PRÊCHE LA PAROLE,
insiste en toute occasion, favorable ou non, reprends, censure, exhorte, avec toute
douceur et en instruisant. (2 Tm 4.1-2)
Il y a plusieurs verbes à l’impératif dans ce texte : prêche, insiste, reprends, censure,
exhorte. Je crois que le premier verbe est prédominant et que les autres verbes démontrent
comment « prêche » doit s’appliquer. Il s’agit du verbe khru,ssw, (kêruss ) qui a le sens de
« proclamer » Le nom kêrux (le proclamateur) a donné en français le mot héraut. La
prédication n’est donc pas n’importe quel type de communication, mais il s’agit d’une
proclamation orale. Le prédicateur est un héraut qui annonce la Parole de Dieu.
Cet impératif peut-il prendre d’autres formes? Qu’en est-il de la communication
interactive? La prédication pourrait-elle devenir un dialogue où les auditeurs interviennent
par des questions, des commentaires ou des partages? Le verbe « prêcher » ne fait aucune
3
place pour ce genre d’interaction. La prédication est un discours à sens unique où Dieu est le
seul orateur.
Par contre, il est essentiel qu’il y ait des dialogues et des interactions dynamiques dans la
vie d’une Église. C’est pour cela que plusieurs congrégations ont une école du dimanche ou
encore des groupes d’études et de discussions où la Parole est partagée de manière
interactive entre les croyants. Ce moyen peut être utilisé de manière formelle ou informelle,
mais il ne s’agit pas de la prédication et il prend place dans un autre contexte que celui du
culte d’adoration.
L’Église pourrait-elle « prêcher » la Parole par un autre vecteur que le discours oral? Par
exemple, certains artistes communiquent efficacement par le dessin. Pourquoi ne pas mettre
la Parole en image? Il y a encore les présentations actées qui sont souvent très efficaces pour
communiquer des vérités. Les films sont aussi des moyens extraordinaires de
communication. Quel usage peut-on en faire? Dans la mesure où nous comprenons que non
seulement le contenu, mais encore le contenant nous sont dictés par Dieu dans les Écritures,
l’Église n’a pas la liberté d’utiliser ces moyens pour communiquer la Parole de Dieu dans le
culte. En dehors du culte, lors d’événements d’évangélisation ou lors de soirées et d’activités
spéciales, l’Église peut, avec sagesse et discernement, utiliser ces moyens pour communiquer
la Parole de vérité. Ils sont uniquement exclus des moyens par lesquels Dieu est adoré.
Il en va de même avec les témoignages de conversions. Ceux-ci sont souvent très
intéressants et même puissants, mais ils ne sont pas une prédication. Les seuls témoignages
que nous devrions entendre lors d’un culte d’adoration sont les professions de foi publiques
en vue d’être membre ou en vue d’un office (1 Tm 6.12). Les détails biographiques entourant
la profession de foi devraient être minimaux et servir uniquement à démontrer l’authenticité
de la conversion. Encore une fois, d’autres contextes que celui du culte permettent des
partages et des témoignages plus élaborés, mais ne confondons pas témoignage et
prédication.
L’impératif de la prédication est inconditionnel : « en toute occasion, favorable ou non ».
La prédication dominicale ne devrait être suspendue sous aucun prétexte. Il y a des temps
favorables pour la prédication, mais il y a aussi des obstacles difficiles. L’Église, par la grâce
de Dieu, doit veiller à maintenir la prédication de la Parole, peu importe le prix à payer.
Encore plus important que le contenant est le contenu. L’Écriture ne dit pas seulement
« prêche », mais elle dit aussi quoi prêcher : « LA PAROLE ».
3. « … LA PAROLE »
Avant la Réforme protestante du 16e siècle, le culte était rempli de rituels et très peu de la
Parole. Il ne s’agit pas d’un simple cliché, mais d’une réalité historique. Les réformateurs
voulaient redonner la place centrale aux Écritures. La façon la plus concrète dont cette
conviction s’est manifestée fut la prédication. La Réforme est allée jusqu’à affirmer que non
seulement la Bible est la Parole de Dieu, mais la Prédication de celle-ci est la Parole de Dieu.
Voici ce que nous lisons au chapitre 1 de la Confession helvétique postérieure de 1566 :
4
La prédication de la Parole de Dieu est la Parole de Dieu. C’est pourquoi lorsque
cette Parole de Dieu est prêchée dans l’Église par des prédicateurs dûment appelés,
nous croyons que la Parole même de Dieu est proclamée et reçue par les fidèles ; et
qu’aucune autre Parole de Dieu ne doit être inventée ou attendue du ciel, car
maintenant, la Parole même qui est prêchée doit être reçue non comme un ministre
qui parle, bien qu’il soit mauvais et un pécheur, mais comme la Parole de Dieu qui
demeure vraie et bonne.
L’écoute de la prédication n’est un acte d’adoration que dans la mesure où la Parole est
prêchée. Dieu ne parle dans un culte d’adoration que dans la mesure où sa Parole est lue et
prêchée. Qu’est-ce donc que la Parole de Dieu? Qu’est-ce que Paul désigne en disant à
Timothée « prêche la Parole »? Avant de lui donner ce commandement, Paul a défini aux
versets 16 et 17 ce qu’il entend par le mot Parole, il désigne « toute Écriture ». Il n’y a pas de
séparation entre la fin du chapitre 3 et le début du chapitre 4. Paul affirme l’efficacité et la
suffisance des Écritures pour préparer l’homme au service de Dieu, puis il déclare à
Timothée sa responsabilité pastorale : prêche cette Écriture! L’Écriture est la Parole, la
Parole est l’Écriture et la prédication des Écritures est la Parole de Dieu.
Le ministère de la prédication doit être fondé sur toute l’Écriture ; l’apôtre inclut
également les Écritures du Nouveau Testament dans cette expression. Par exemple il déclare
(1 Tm 5.18) : « Car l'Écriture dit: Tu n'emmuselleras point le bœuf quand il foule le grain. Et
l'ouvrier mérite son salaire. » La première citation provient de Deutéronome 25.4 et la
seconde de Luc 10.7. L’apôtre inclut donc les textes du Nouveau Testament dans l’Écriture
(voir aussi : 1 Co 14.37 ; Col 4.16 ; 1 Th 2.13 ; 2 Th 3.14 ; 2 P 3.16). Prêcher la Parole signifie
donc prêcher l’Écriture et en particulier l’Évangile qui y est révélé d’un bout à l’autre
(1 P 1.25) : « Mais la parole du Seigneur demeure éternellement. Et cette parole est celle qui
vous a été annoncée par l’Évangile. »
Ce que l’on prêche doit donc impérativement venir de l’Écriture. Que la prédication soit
expositoire ou thématique, elle doit être biblique, c’est-à-dire que sa substance doit provenir
des Écritures. Ce n’est pas suffisant de prêcher à partir des Écritures, il faut prêcher les
Écritures, affirmer ce qu’elles disent et s’en tenir à la révélation.
Qu’arrive-t-il lorsqu’un prédicateur affirme des choses qui ne sont pas bibliques ?
L’Écriture nous dit que ceux qui parlent au nom de Dieu seront jugés plus sévèrement parce
qu’ils ont une plus grande responsabilité (Jc 3.1). Les prédicateurs ne sont pas infaillibles,
mais ils doivent être fidèles au texte de la Bible. Être fidèle au texte implique de prêcher en
harmonie avec les doctrines qui servent de fondement à la vérité : Dieu et sa gloire, la
création, la chute et le péché, la grâce de l’Évangile, la personne et l’œuvre de Jésus-Christ.
Tout ce qui est affirmé dans une prédication doit être selon l’analogie de la foi (Rm 12.6).
La prédication ne doit donc pas être improvisée, mais elle doit être préparée. On ne doit
pas opposer ni séparer la préparation du prédicateur et l’œuvre du Saint-Esprit. En matière
d’homélie, sueur et onction sont inséparables. C’est en vue de cette préparation dans la
Parole que Paul dit à Timothée (2 Tm 2.15-16) : « Efforce-toi de te présenter devant Dieu
5
comme un homme éprouvé, un ouvrier qui n'a point à rougir, qui dispense droitement la
parole de la vérité. Évite les discours vains et profanes… »
L’Église, pour être fidèle à Dieu, doit garder farouchement la tribune comme les prêtres
gardaient le Saint des Saints sous l’Ancienne Alliance. Garder la Parole, prêcher tout le
conseil de Dieu, préserver la centralité des Écritures est un combat de tous les instants.
Depuis la chute, l’homme est affecté par une puissante tendance qui l’éloigne de la Parole. Le
prédicateur devra faire face à sa propre paresse spirituelle, à sa peur d’annoncer tout le
conseil divin et à un auditoire qui ne voudra pas toujours entendre la Parole de Dieu. Mon
commentateur favori sur les épîtres pastorales écrit ceci : « Les impératifs du verset
précédent [prêche, insiste, reprends, censure, exhorte] sont justifiés non seulement par les
exigences du ministère de la Parole, mais en particulier à cause de la tendance à s’éloigner de
la vérité chez certaines personnes qui professent la foi1. » Cette tendance est décrite par
l’apôtre aux versets 3 et 4 :
3
Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine;
mais, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une
foule de docteurs selon leurs propres désirs, 4 détourneront l’oreille de la vérité, et
se tourneront vers les fables.
La conjugaison au futur n’indique pas un temps eschatologique particulier ou une réalité
qui n’a jamais encore existé pour Paul. Le sens du futur signifie que ce qu’il décrit à
Timothée arrivera certainement durant son ministère puisqu’il s’agit d’une tendance
universelle depuis la chute. « Prêche la Parole et sois ferme dans ta résolution, car tu te
heurteras à de l’opposition de la part des hommes qui ne voudront pas entendre la vérité. »
Le monde ne veut pas entendre la Parole de Dieu, car il ne cherche pas premièrement la
vérité, mais un discours agréable. Il y a trop de choses désagréables à entendre dans la Parole
de Dieu pour que l’homme supporte ce discours. Il se donne ses propres prédicateurs qui lui
disent ce qu’il aime entendre et il croit ce qui est faux. N’allons pas croire que l’Église est
complètement à l’abri de cette tendance, en particulier si nous orientons le culte pour
accommoder les non-croyants. Ne sommes-nous pas à risque d’endurcir nos cœurs à la voix
de Dieu? Sinon, pourquoi cet avertissement (Hé 4.7) : « Aujourd'hui, si vous entendez sa
voix, n'endurcissez pas vos cœurs. »?
Nous retrouvons cette tendance dans les Églises dites évangéliques où nous voulons dire
la vérité par un discours uniquement inclusif, positif et encourageant. Nous seulement
avons-nous la démangeaison d’entendre des choses agréables, mais nous avons une
répugnance grandissante pour tout ce qui pourrait incommoder les auditeurs. S’il est vrai que
certains discours « chrétiens » sont toxiques par leur absence de douceur et de grâce, d’autres
discours sont toxiques par leur complaisance et leur absence de vérité. L’apôtre déclare que
1 George W. Knight III, The Pastoral Epistles, NIGTC (Grand Rapids, MI : Eerdmans, 1992), p. 454.
6
nous ne devons compromettre ni la vérité ni la douceur. Il est impossible d’enseigner la
vérité sans offenser l’homme.
Le culte agréable à Dieu n’est pas celui qui cherche à être agréable à l’homme. Les
croyants sont agréables au Seigneur lorsqu’ils veulent entendre non seulement ses paroles de
réconfort, mais aussi ses réprimandes. La Parole de Dieu a un double effet positif et négatif.
Elle enseigne positivement la vérité, mais elle réfute négativement l’erreur. Elle s’adresse
aussi à notre pensée et à notre conduite. Nous retrouvons ce double effet et ce double usage
sous la forme d’un chiasme au verset 16 (la version TOB rend mieux cette structure) :
« Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, pour réfuter, pour redresser,
pour éduquer dans la justice. »
Il y a deux verbes qui s’adressent à l’entendement et deux verbes qui s’adressent à la
conduite. Il y a deux verbes qui présentent une activité positive et deux verbes qui présentent
une activité négative. Voici la structure en chiasme de ce verset :
Enseigner vérité
Réfuter erreur
Réfuter conduite
Enseigner justice.
La première paire présente l’œuvre de la Parole au niveau des croyances. La prédication
doit donc enseigner positivement la vraie foi et réfuter les fausses croyances. La deuxième
paire présente l’œuvre de la Parole au niveau de la conduite. La prédication doit donc réfuter
la mauvaise conduite et instruire dans la voie de la justice. Voici ce que nous devrions
attendre de la prédication de la Parole de Dieu.
La place que nous accordons à la Parole de Dieu dans le culte et dans le contenu de la
prédication, détermine la foi que nous avons en sa suffisance. Croyons qu’elle soit suffisante
pour déclarer à l’homme du 21e siècle tout ce que Dieu veut qu’il croie et qu’il fasse? Si nous
croyons réellement qu’elle est suffisante, nous conserverons le moyen (la prédication) et le
message (la Parole). Assurons-nous que nous croyons à la suffisance de la Parole afin que ce
soit Dieu qui parle à son Église et que nous l’adorions en l’écoutant.
Conclusion
La prédication est plus qu'une communication humaine. Comme l'ont affirmé les
réformateurs du 16e siècle: « La prédication de la Parole de Dieu est la Parole de Dieu ».
L'écoute de la prédication est donc plus qu'une instruction, il s'agit d'un acte d'adoration.
Bien sûr pour qu'il en soit ainsi deux conditions sont nécessaires: « Prêche la Parole ». Le
contenant (prêche) et le contenu (la Parole) sont des conditions sine qua non d'une prédication
qui peut être dite "Parole de Dieu" et d'une écoute qui peut être appelée "adoration".
Cette exhortation paraîtra bien belle à certains, mais prêcher la Parole et s’assoir sous
tout son conseil vient avec des souffrances. La Parole nous blessera assurément par moment
7
et l’endurcissement du cœur de l’homme nous causera bien du chagrin. C’est pourquoi cette
exhortation termine en déclarant (2 Tm 4.5) : « Mais toi, sois sobre en toutes choses,
supporte les souffrances, fais l’œuvre d’un évangéliste, remplis bien ton ministère. » Ayons
cette sobriété d’esprit, cette patience dans la souffrance et cette fidélité dans le service rendu
à Dieu.
22
Ayant purifié vos âmes en obéissant à la vérité pour avoir un amour fraternel sincère,
aimez-vous ardemment les uns les autres, de tout votre cœur,
23
puisque vous avez été régénérés, non par une semence corruptible,
mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu.
24
Car toute chair est comme l’herbe, et toute sa gloire comme la fleur de l’herbe.
L’herbe sèche, et la fleur tombe ;
25
mais la parole du Seigneur demeure éternellement.
Et cette parole est celle qui vous a été annoncée par l’Évangile.
1 Pierre 1.22-25