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1ere Histoire D.labrune DeuxiaA Me Ra C Publique Et Le Second Empire

Le document traite de la Deuxième République (1848-1852) et du rôle d'Alphonse de Lamartine dans cette période politique. Il aborde les événements marquants de 1848, notamment l'abolition de l'esclavage et l'importance du suffrage universel, ainsi que le coup d'État de 1851 qui a mis fin à cette expérience républicaine. Lamartine, poète et homme politique, incarne les idéaux de la République tout en s'opposant à la violence et à la terreur.

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1ere Histoire D.labrune DeuxiaA Me Ra C Publique Et Le Second Empire

Le document traite de la Deuxième République (1848-1852) et du rôle d'Alphonse de Lamartine dans cette période politique. Il aborde les événements marquants de 1848, notamment l'abolition de l'esclavage et l'importance du suffrage universel, ainsi que le coup d'État de 1851 qui a mis fin à cette expérience républicaine. Lamartine, poète et homme politique, incarne les idéaux de la République tout en s'opposant à la violence et à la terreur.

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La difficile entrée dans

l’âge démocratique :
la Deuxième République
et
le Second Empire
I) La IIe République (1848-1852) : une expérience
politique originale
Sur quels principes et quelles valeurs s’organise la IIe République ?
Séance 1
1) 1848 : un temps de reconfiguration politique
Etude : Alphonse de Lamartine en 1848 (tâche complexe)
Consigne : Travail à préparer en dehors des heures de cours. Travail mené
obligatoirement en binôme.
Votre mission
✓ Elève 1 : En 1851, Alphonse de Lamartine se retire de la vie politique.
Correspondant en France, du journal britannique « The Times », vous êtes chargé de
réaliser une interview du poète français. Dans ce cadre, vous préparez une série de
questions permettant d’évoquer avec lui la façon dont il a vécu les événements qui
ont marqué l’année 1848 en France.
✓ Elève 2 : Vous êtes Alphonse de Lamartine et vous répondez aux questions du
journaliste du Times.
Votre travail doit être rendu imprimé sous format A4. Les sources utilisées pour le
réaliser devront être citées. N’hésitez pas à utiliser toutes les ressources offertes par le
CDI en particulier l’encyclopédia universalis.

⌂Après avoir écouté plusieurs travaux en classe et en avoir discuté avec les élèves
(environs 25% à 30% de la séance), on propose une synthèse fondée sur l’idée que le
parcours de Lamartine en 1848 est assez révélateur des événements qui ont marqué
l’année et alimenté la « régénération politique ».
❑ Poète et homme politique, Alphonse de Lamartine
(1790-1869) est né dans une famille de petite noblesse
attachée au roi. En 1820, il publie ses Méditations
politiques qui contribuent à l’essor des idées
catholiques et royalistes. Lors de la Révolution de
1830, il se présente à la députation et est élu en 1833.
En 1835, il s'intitule le chef du « parti social », et il
écrit à un de ses amis : « Je deviens de jour en jour
plus intimement et plus consciencieusement
révolutionnaire. »
❑ En février 1848, il est membre du gouvernement
provisoire et ministre des Affaires étrangères. Il
conserve au gouvernement nouveau le drapeau de la
monarchie de Juillet . Le 6 octobre 1848, il insiste pour
que la nomination du président de la République soit
confiée au suffrage universel.
❑ Il n'entre à l'Assemblée qu’en juillet 1849, et il y reste
jusqu’en 1851. Il prend la tête d’un journal, Le
Conseiller de Paris, organe de la république modérée.
Au lendemain du coup d’Etat de 1851, il abandonne la
vie politique. Il meurt en 1869.
Extrait du dictionnaire des parlementaires français de 1789 à
1889 (A.Robert et G.Cougny)
H. PHILIPPOTEAUX , Lamartine devant l’Hôtel de Ville de Paris le 25 février 1848 refuse le drapeau rouge, v. 1848, Huile sur toile, 63 x 27,5 cm, Musée Carnavalet, Paris.

extrait du discours prononcé à l'Hôtel de Ville, 25 février 1848


« […] Quant à moi, jamais ma main ne signera ce décret. Je repousserai jusqu'à la mort
ce drapeau de sang, et vous devez le répudier plus que moi, car le drapeau rouge que
vous rapportez n’a jamais fait que le tour du Champs-de-Mars, traîné dans le sang du
peuple en 91 et en 93, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde, avec le nom, la
gloire et la liberté de la patrie. »
QUEL DRAPEAU POUR LA
RÉPUBLIQUE ?
« (…) Ce drapeau rouge qu'on a pu élever quelquefois quand le sang coulait comme un épouvantail contre des ennemis qu'on
doit abattre aussitôt après le combat en signification de réconciliation et de paix ! (...) Voulez-vous donc que le drapeau de
votre
république soit plus menaçant et plus sinistre que celui d'une ville bombardée ? » « Non, non, s'écrièrent quelques-uns des
spectateurs, Lamartine a raison mes amis ne gardons-pas ce drapeau d'effroi pour les citoyens ! - Si, si, s'écriaient les autres «
c'est le nôtre. c'est celui du peuple, c'est celui avec lequel nous avons vaincu, pourquoi donc ne garderions-nous pas après la
victoire le signe que nous avons teint de notre sang ? » « Citoyens », reprit Lamartine après avoir combattu par toutes les
raisons les plus frappantes pour l'imagination du peuple le changement de drapeau et comme se repliant sur sa conscience
personnelle pour dernière raison, intimidant ainsi le peuple qui l'aimait par la menace de sa retraite : « Citoyens vous pouvez
faire violence au gouvernement. Vous pouvez lui commander de changer le drapeau de la nation et le nom de la France. Si
vous êtes assez mal inspirés et assez obstinés dans votre erreur pour lui imposer une république de part et un pavillon de
terreur. Le gouvernement je le sais est aussi décidé que moi-même à mourir plutôt que de se déshonorer en vous obéissant,
quant à moi jamais ma main ne signera ce décret ! Je repousserai jusqu'à la mort ce drapeau de sang, et vous devriez le
répudier plus que moi ! car le drapeau rouge que vous nous rapportez n'a jamais fait que le tour du Champ-de-Mars traîné
dans le sang du peuple en 91 et en 93, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec le nom, la gloire, et la liberté de la
patrie ! » A ces derniers mots Lamartine interrompu par des cris d'enthousiasme presque unanimes tomba de la chaise qui lui
servait de tribune dans les bras tendus de tous côtés vers lui ! La cause de la république nouvelle l'emportait sur les sanglants
souvenirs qu'on voulait lui substituer. Un ébranlement général secondé par les gestes de Lamartine et par l'impulsion des
bons citoyens fait refluer l'attroupement qui remplissait la salle jusque sur le palier du grand escalier aux cris de « Vive
Lamartine ! Vive le drapeau tricolore! » "
Alphonse de Lamartine, Histoire de la Révolution de 1848, Paris, 1849
Le suffrage universel
a) Qu'est-ce que la démocratie ? C'est l'égalité (…) Par quel procédé les
citoyens participent-ils tous à tire égal au gouvernement et aux lois ? Par le
vote qu'ils portent tous à titre égal dans l'urne d'où sort sous leurs mains la
représentation nationale. (…) Quel est ce procédé ? Le suffrage universel. Le
suffrage universel est donc la démocratie elle-même.
Alphonse de Lamartine, Passé, présent et future de la République, 1850

b) "Au lever du soleil, les populations recueillies été mues de patriotisme se


formèrent en colonnes à la sorte des temples, sous la conduite des maires,
des curés, des instituteurs, des juges de paix, des citoyens influents,
s'acheminèrent par villages aux chefs-lieux d'arrondissement, et déposèrent
dans les urnes, sans autre impulsion que celle de leur conscience, sans
violences (...), les noms des hommes dont la probité, la vertu, le talent et
surtout la modération leur inspiraient le plus de confiance pour l'avenir de la
République."
extrait de A. de Lamartine, Histoire de la révolution de 1848
Extrait du décret relatif à l'abolition de l'esclavage dans les
colonies et les possessions françaises (27 avril 1848)

• Extrait du décret relatif à l'abolition de l'esclavage dans les colonies et les possessions françaises (27 avril 1848)
• Le gouvernement provisoire,
• Considérant que l'esclavage est un attentat contre la dignité humaine ;
• Qu'en détruisant le libre arbitre de l'homme, il supprime le principe naturel du droit et du devoir ;
• Qu'il est une violation flagrante du dogme républicain, Liberté, Égalité, Fraternité ;
• Considérant que si des mesures effectives ne suivaient pas de très près la proclamation déjà faite du principe de
l'abolition, il en pourrait résulter dans les colonies les plus déplorables désordres,
• Décrète :
• Article 1er. L'esclavage sera entièrement aboli dans toutes les colonies et possessions françaises, deux mois après
la promulgation du présent décret dans chacune d'elles. À partir de la promulgation du présent décret dans les
colonies, tout châtiment corporel, toute vente de personnes non libres, seront absolument interdits.
• Article 6. Les colonies purifiées de la servitude et les possessions de l'Inde seront représentées à l'Assemblée
nationale.
• Article 7. Le principe que le sol de la France affranchit l'esclave qui le touche est appliqué aux colonies et
possessions de la République.
• Article 8. À l'avenir, même en pays étranger, il est interdit à tout français de posséder, d'acheter ou de vendre des
esclaves, et de participer, soit directement, soit indirectement, à tout trafic ou exploitation de ce genre. Toute
infraction à ces dispositions, entraînera la perte de la qualité de citoyen français.
• Les membres du Gouvernement Provisoire de la République Française - Signé : Dupont (de l'Eure), Lamartine,
Marie, Garnier-Pagès, Ledru-Rollin, Arago, Ad. Crémieux, Louis Blanc, Flocon, Armand Marrast, Albert (ouvrier).
a) La Révolution de février
b) Les journées de juin
c) Les élections présidentielles de décembre
Conclusion G. SAND
Caricature anonyme
conservée aux Archives
départementales de
l’Indre (cote 48J11B2-
27). Elle dénonce
l’influence politique de
George Sand auprès de
Ledru-Rollin (Ministre de
l’Intérieur du
gouvernement
provisoire, un des
artisans de la
promulgation du
suffrage universel).
Séance 2
2) La République sans les républicains
⌂Partie de cours dialogué (1/3 maximum de la séance).

3) Le coup d’Etat de décembre 1851


⌂La classe est partagée en 3 groupes, chargés d’enquêter à partir de
documents sur les conditions de réalisation d’un coup d’Etat contre la
République.
Chaque groupe travaille sur une partie de l’enquête (Pourquoi LNB envisage-t-il
un coup d’Etat, comment, avec quelle réussite ?).
Le travail a été préalablement préparé à la maison, la mise en activité en classe
consiste à mettre en commun et synthétiser le travail réalisé et à désigner un
rapporteur d’enquête (1/4 de la séance).
Les rapports d’enquête (et ajouts correctifs) occupent environs 40 % de la
séance.
Enquêter : Pourquoi et comment un coup d’Etat contre la république ?
Pourquoi Louis Napoléon Bonaparte envisage-t-il un coup d’Etat ?

①Extraits du message du Président de la République à l'Assemblée législative (4 novembre


1851)

Vous venez d'entendre l'exposé fidèle de la situation du pays. Elle offre pour le passé des
résultats satisfaisants ; néanmoins un état de malaise général tend chaque jour à s'accroître.
(…).
Dans un tel état de choses, la première préoccupation du Gouvernement doit être de
rechercher les moyens de conjurer les périls et d'assurer les meilleures chances de salut. (…)
Aujourd'hui les questions sont les mêmes, et mon devoir n'a pas changé : c'est de maintenir
l'ordre inflexiblement, c'est de faire disparaître toute cause d'agitation, afin que les résolutions
qui décideront de notre sort soient conçues dans le calme et adoptées sans contestations. Ces
résolutions ne peuvent émaner que d'un acte décisif de la souveraineté nationale, puisqu'elles
ont toutes pour base l'élection populaire. (…)
Ce projet n'a donc rien qui puisse blesser cette Assemblée ; car, si je crois utile de lui demander
aujourd'hui le retrait de la loi du 31 mai, je n'entends pas renier l'approbation que je donnai
alors à l'initiative prise par le ministre qui réclama des chefs de la majorité, dont cette loi était
l'œuvre, l'honneur de la présenter.(…) La loi du 31 mai, dans son application, a même dépassé le
but qu'on pensait atteindre ; personne ne prévoyait la suppression de 3 millions d'électeurs,
dont les deux tiers sont habitants paisibles des campagnes. Qu'en est-il résulté ? C'est que cette
immense exclusion a servi de prétexte au parti anarchique qui couvre ses détestables desseins
de l'apparence d'un droit ravi et à reconquérir. Trop inférieur en nombre pour s'emparer de la
société par le vote, il espère, à la faveur de l'émotion générale et au déclin des pouvoirs, faire
naître, sur plusieurs points de la France à la fois, des troubles, qui seraient réprimés sans doute,
mais qui nous jetteraient dans de nouvelles complications.
• Extraits du message du Président de la République à l'Assemblée législative (4
novembre 1851)
• Vous venez d'entendre l'exposé fidèle de la situation du pays. Elle offre pour le
passé des résultats satisfaisants ; néanmoins un état de malaise général tend
chaque jour à s'accroître. (…).
Dans un tel état de choses, la première préoccupation du Gouvernement doit être
de rechercher les moyens de conjurer les périls et d'assurer les meilleures chances
de salut. (…) Aujourd'hui les questions sont les mêmes, et mon devoir n'a pas
changé : c'est de maintenir l'ordre inflexiblement, c'est de faire disparaître toute
cause d'agitation, afin que les résolutions qui décideront de notre sort soient
conçues dans le calme et adoptées sans contestations. Ces résolutions ne peuvent
émaner que d'un acte décisif de la souveraineté nationale, puisqu'elles ont toutes
pour base l'élection populaire. (…)
Ce projet n'a donc rien qui puisse blesser cette Assemblée ; car, si je crois utile de
lui demander aujourd'hui le retrait de la loi du 31 mai, je n'entends pas renier
l'approbation que je donnai alors à l'initiative prise par le ministre qui réclama des
chefs de la majorité, dont cette loi était l'oeuvre, l'honneur de la présenter.(…) La
loi du 31 mai, dans son application, a même dépassé le but qu'on pensait atteindre
; personne ne prévoyait la suppression de 3 millions d'électeurs, dont les deux tiers
sont habitants paisibles des campagnes. Qu'en est-il résulté ? C'est que cette
immense exclusion a servi de prétexte au parti anarchique qui couvre ses
détestables desseins de l'apparence d'un droit ravi et à reconquérir. Trop inférieur
en nombre pour s'emparer de la société par le vote, il espère, à la faveur de
l'émotion générale et au déclin des pouvoirs, faire naître, sur plusieurs points de la
France à la fois, des troubles, qui seraient réprimés sans doute, mais qui nous
jetteraient dans de nouvelles complications.
③ : L’échec de la voie légale
Le Président chercha donc dans un premier temps, à renouveler
son mandat et à prolonger sa présence à la tête du pouvoir. Il
passa par la voie légale. Les voyages présidentiels se
multiplièrent en 1851 pour renforcer son prestige ou s’assurer
de sa popularité. Puis en s’appuyant sur l’article 111 de la
Constitution, il milita en faveur d’une révision constitutionnelle
qui permettrait en même temps la réélection du Président et
l’abrogation de la loi de mai 1850. Le procédé était habile (…),
des pétitions en faveur de la révision, certaines pour la seule
réélection, d’autres pour les deux demandes arrivèrent de toute
la France.
L’option constitutionnelle se révéla vite impossible, la majorité
conservatrice de l’Assemblée s’opposant à la révision. Elle
souhaitait, elle, une situation transitoire qui aurait permis le
retour d’un des prétendants au trône de France ».
in Quentin Deluermoz, Le crépuscule des révolutions, 1848-1871.
Histoire de la France contemporaine, volume 3 Paris, Le Seuil,
2012.
Enquêter : Pourquoi et
comment un coup d’Etat
contre la république ?
Comment se déroule le coup
d’Etat organisé par Louis
Napoléon Bonaparte ?
② L’Assemblée qui devait être le plus ferme appui de l’ordre,
est devenue un foyer de complots (…) ; je l’ai dissoute, et je
rend le Peuple juge entre elle et moi (…) Les hommes qui ont
déjà perdu deux monarchies veulent me lier les mains afin de
renverser la République, mon devoir est de déjouer leurs
perfides projets, de maintenir la République et de sauver le pays
en invoquant le jugement solennel du seul souverain que je
reconnaisse en France, le Peuple.
Si (…) vous avez encore confiance en moi, donnez-moi les
moyens d’accomplir la grande mission que je tiens de vous (…).
Si, au contraire , vous préférez un gouvernement sans force,
monarchique ou républicain, répondez négativement. (…) Mais
si vous croyez que la cause dont mon nom est le symbole, c'est-
à-dire la France régénérée par la Révolution de 1789 et
organisée par l’empereur est toujours la vôtre, proclamez-le en
consacrant les pouvoirs que je vous demande.
Fait au Palais de l’Elysée, le 2 décembre 1851
Louis Napoléon Bonaparte
③ Lettre du sous-préfet de Châtellerault au préfet du département
de la Vienne du 7 décembre 1851
Monsieur le Préfet
(…) Toutes les dépêches télégraphiques qui me sont parvenues,
imprimées en placards, ont été, sans le moindre retard, transmises
aux communes, pour y être publiées et affichées. Partout,
notamment dans les campagnes, on applaudit aux mesures
énergiques prises par le Prince-Président et l’on attend pour l’avenir
stabilité et sécurité (…)
Les rouges qui, il y a huit jours, se montraient encore si menaçants
sont consternés. C’est que l’arrivée très opportune d’un escadron de
dragons et de deux compagnies d’infanterie les a rendus prudents
(…). Dans les premiers jours, il y a eu quelques hésitations chez les
hommes d’ordre ; on est venu de la ville et des campagnes me les
soumettre avec confiance. J’ai fait comprendre qu’il s’agit d’une lutte
d’extermination entre la société et la barbarie, que si le Prince-
Président n’en sort pas vainqueur, tout ce qui tient à l’ordre périra,
corps et biens, que loin d’hésiter et de s’abstenir, il faut prêter tout
son concours au pouvoir exécutif et l’aider de tous ses efforts. (…)
Enquêter : Pourquoi et comment un coup d’Etat contre la république ?
Comment Louis Napoléon Bonaparte parvient-il à imposer le coup d’Etat ?
①Les Parisiens face au coup d’Etat du 2 décembre 1851
Dans ce roman autobiographique Jules Vallès (1832-1885) évoque sa
jeunesse à Paris dans les milieux républicains.
Les gens lisent les proclamations de Napoléon, les mains dans les poches,
sans fureur ! Oh ! Si le pain avait augmenté d’un sou, il y aurait eu plus de
bruit ! (…) On ne se battra pas ! Nous sommes perdus ! Je le sens, mon
cœur me le crie ! Mes yeux me le disent ! La République est morte, morte !
(…)
Les redingotes ont pris le fusil, les blouses, non ! Un mot, un mot sinistre
m’a été dit par un ouvrier à qui je montrais une barricade que nous avions
ébauchée. « Venez avec nous ! » lui criais-je. Il m’a répondu, en toisant
mon paletot, qui est bien usé cependant : « Jeune bourgeois ! Est-ce votre
père ou votre oncle qui nous a fusillés et déportés en Juin ? ». Ils ont gardé
le souvenir terrible de Juin et ils ont ri en voyant emmener prisonnière
l’assemblée des déporteurs et des fusillards1. Quelques hommes de cœur
ont fait le coup de feu - les ouvriers n’ont pas bougé.
Jules Vallès, Le bachelier, 1881, chapitre XII.

1.De nombreux députés républicains ou royalistes du parti de l’Ordre,


furent arrêtés le 2 décembre 1851.
②Bilan de la répression militaire et judiciaire (sources
diverses)
Plus de 2000 morts lors des insurrections de décembre
1851, dont environ 400 à Paris.
26884 condamnations prononcées par les commissions
mixtes (composées dans chaque département du préfet,
du général commandant la force militaire et d’un
magistrat représentant le parquet) dont :
-247 renvois en conseil de guerre
-239 déportations au bagne de Cayenne ;
-9581 déportations en Algérie ;
-980 expulsions
-5194 mises en résidence surveillée dans une commune
françaises
II) Le 2nd Empire (1852-1870) : une
démocratie illibérale ?
En quoi la période du 2nd Empire ne constitue-t-il pas seulement un temps de
recul pour les pratiques démocratiques ?
Séance 3
1) Un régime assez singulier

⌂ Après une courte introduction, distribution d’un dossier


documentaire : « Comment définir le 2nd Empire ? ».

L’objectif est de sélectionner des informations dans des


documents afin de construire une argumentation.

Le travail est en partie guidé par un tableau à compléter.

La mise en activité des élèves occupe entre un tiers et 40% du


temps de la séance. Le reste du temps est consacré à la
Document 1 : Décret sur la presse du 17 février 1852.
Art. 1. Aucun journal ou écrit périodique traitant de matières
politiques ou d'économie sociale [...] ne pourra être créé ou
affiché sans l'autorisation préalable du gouvernement. [...]
Art.6. Les journaux seront soumis à un droit de timbre1. [...]
Art. 16. Il est interdit de rendre compte des séances du Sénat
autrement que par la reproduction des articles insérés au
Journal officiel.
Art.77. Il est interdit de rendre compte des procès pour délit
de presse.
Art.32. Un journal peut être suspendu par décision
ministérielle, alors même qu'il n'a été l'objet d'aucune
condamnation, mais après deux avertissements motivés. Un
journal peut être supprimé par un décret spécial du président
de ta République publié au Bulletin des lois.

1. Taxe perçue sur chaque journal publié.


Document 2 : Les consignes du ministre de l'intérieur aux
préfets (11 février 1852)

Dans les élections qui se préparent, le peuple français a un rôle


important à remplir. Mais ici, quel ne serait pas son embarras
sans l'intervention du gouvernement !
Comment huit millions d'électeurs pourraient-ils s'entendre
pour distinguer, entre tant de candidats [...], deux cent soixante
et un députés animés du même esprit, dévoués aux mêmes
intérêts ? Il importe donc que le gouvernement éclaire à ce sujet
les électeurs. En conséquence, Monsieur le Préfet, prenez des
mesures pour faire connaître aux électeurs de chaque
circonscription de votre département, par l'intermédiaire des
divers agents de l'administration, par toutes les voies que vous
jugerez convenables et au besoin par des proclamations
affichées dans les communes, celui des candidats que le
gouvernement de Louis-Napoléon juge le plus propre à l'aider
dans son œuvre réparatrice.
Document 3 : Lettre du sous-préfet de Fougères aux maires de son
arrondissement, 1859.
Monsieur le Maire,
Le scrutin ouvre demain. J’ai l’honneur de vous rappeler que vous devez
l’ouvrir immédiatement après la première messe ; que vous aurez sur le
bureau un certain nombre de bulletins portant le nom de M. de Dalmas
(candidat officiel) et pas d’autres ; qu’il est important que des personnes
intelligentes et sûre, munies de bulletins portant le nom de M. de Dalmas,
occupent les abords de la mairie et protègent les électeurs si bien
intentionnés de votre commune contre l’erreur et le mensonge (…).
Trois candidats sont en présence : M. de Dalmas, secrétaire. sous-chef du
cabinet de l'Empereur, candidat du gouvernement ; M. Le Beselm du
Champsavin ; M. Dréo, gendre de Garnier-Pagès, fondateur de la république
de 1848, un de ceux qui décrétèrent les 45 centimes dont vous avez gardé le
souvenir. M. de Dalmas représente le principe du dévouement au
gouvernement, à l’autorité, à l’ordre, et peut seul, par sa position, favoriser le
développement de nombreux intérêts de l’arrondissement. M. Dréo
représente la République, le socialisme, la misère ! Entre ces deux
candidatures opposées, (...) l’honorable M. Le Beselm doit s’effacer devant les
intérêts de l’ordre et de la société menacée. Faites voter en masse, M. Le
Maire pour M. de Dalmas, candidat du gouvernement, et, par votre conduite
éclairée et patriotique, vous servirez à la fois le gouvernement de l'Empereur
et l'intérêt général du pays.
Document 4 : Les institutions du 2nd
Empire
Document 5 : Napoléon III explique les principes du Second Empire
La Constitution actuelle proclame que le Chef que vous avez élu est
responsable devant vous : qu'il a toujours le droit de faire appel à votre
jugement souverain, afin que, dans les circonstances solennelles, vous
puissiez lui continuer ou lui retirer votre confiance. Etant responsable,
il faut que son action soit libre et sans entrave : de là l'obligation
d'avoir des ministres [...] qui ne forment plus un conseil responsable,
composé de membres solidaires, obstacles journaliers à l’impulsion
particulière du Chef de l’Etat, expression d'une politique émanée des
Chambres et par là même exposée à des changements fréquents qui
empêchent tout esprit de suite. [...] Une Chambre qui prend le titre de
Corps Législatif, vote les lois et l'impôt [...], discute librement la loi,
l'adopte ou la repousse, mais il n’y introduit pas à l'improviste de ces
amendements qui dérangent souvent toute l'économie d'un système
et l'ensemble d’un projet primitif. A plus forte raison n’a-t-il pas cette
initiative parlementaire qui était la source de si graves abus et qui
permettait à chaque député de se substituer à tout propos au
gouvernement en présentant les projets les moins étudiés, les moins
approfondis.

Louis-Napoléon Bonaparte, Proclamation du 14 janvier 1852


accompagnant la Constitution.
Séance 4
2) Des pratiques qui évoluent
⌂Après une introduction sous forme de cours
magistral rappelant rapidement l’importance de la
répression et le sort réservé à l’opposition (environs
15% de la séance), l’objectif de la séance consiste à
mesurer les évolutions du régime à partir des années
1860.

Cette partie du cours est articulé autour de l’étude


de deux documents avec consigne de type bac
(environs 45% de la séance). La correction est aussi
l’occasion de proposer des explications (environs
40% de la séance).
Consigne : Après avoir présenté les documents (en
insistant sur la date, les auteurs et les « lieux »
d’expression) vous expliquerez en quoi et comment
ils témoignent d’évolutions majeures du mode de
fonctionnement politique du Second Empire.

Les élèves prennent connaissance des documents et


relèvent sans rédiger les arguments permettant de
répondre à la consigne (20 minutes) ; certains
présentent ensuite leur travail sous forme orale.
Document 1 : extrait d’A. Thiers, Discours au Corps législatif, 11 janvier 1864
« (…) Il y a cinq conditions qui constituent ce qui s’appelle le nécessaire en fait de
liberté.
La première est celle qui est destinée à assurer la sécurité du citoyen (…). Il faut que
le citoyen soit garanti contre la violence individuelle et contre tout acte arbitraire du
pouvoir (…). Mais, quand le citoyen a obtenu cette sécurité, cela ne suffit pas. (…). Il
faut que le citoyen veille sur la chose publique. Pour cela, il faut qu’il y pense, (…) et
cela n’est possible que par la presse. Il faut donc qu’elle soit libre (…). Ainsi, pour
moi, la seconde liberté nécessaire, c’est cette liberté d’échange dans les idées qui
crée l’opinion publique. Mais, lorsque cette opinion se produit, il ne faut pas qu’elle
soit un vain bruit, il faut qu’elle ait un résultat. Pour cela il faut que des hommes
choisis viennent l’apporter ici, au centre de l’État – ce qui suppose la liberté des
élections – et, par liberté des électeurs, je n’entends pas que le gouvernement qui
est chargé de veiller aux lois n’ait pas là un rôle (…) : je me borne à dire qu’il ne faut
pas qu’il puisse dicter les choix et imposer sa volonté dans les élections. Voilà ce que
j’appelle la liberté électorale.
Enfin, Messieurs, ce n’est pas tout : quand ces élus sont ici mandataires de l’opinion
publique, chargés de l’exprimer, il faut qu’ils puissent à temps apporter un utile
contrôle à tous les actes du pouvoir (…). C’est là la liberté de la représentation
nationale (…) et cette liberté est selon moi, la quatrième des libertés nécessaires.
Enfin vient la dernière je ne dirai pas la plus importante, elles sont toutes également
importantes mais la dernière, dont le but est celui-ci : c’est de faire que l’opinion
publique, bien constatée ici à la majorité, devienne la directrice des actes du
gouvernement. »
Document 2 : Lettre de l‘empereur au ministre d’Etat Rouher, publiée dans le
Moniteur universel, le 20 janvier 1867.
Monsieur le Ministre,
Aujourd’hui je crois qu’il est possible de donner aux institutions de tout l’Empire le
développement dont elles sont susceptibles et aux libertés publiques une extension
nouvelle, sans compromettre le pouvoir que la nation m’a confié. (…) J’ai pensé que,
en envoyant les ministres au Sénat et au Corps Législatif, en vertu d’une délégation
spéciale, pour y participer à certaines discussions, j’utiliserais au mieux les forces de
mon gouvernement, sans sortir des termes de la Constitution qui n’admet aucune
solidarité entre les ministres et les fait dépendre uniquement du chef de l’Etat.
Mais là ne doivent pas s’arrêter les réformes qu’il convient d’adopter ; une loi sera
proposée pour attribuer exclusivement aux tribunaux correctionnels l’appréciation
des délits de presse et supprimer ainsi le pouvoir discrétionnaire du gouvernement,
il est également nécessaire de régler législativement le droit de réunion en le
contenant dans les limites qu’exige la sureté publique.
J’ai dit, l’année dernière, que mon gouvernement voulait marcher sur un sol affermi,
capable de supporter le pouvoir et la liberté. Par les mesures que je viens d’indiquer,
mes paroles se réalisent, je n’ébranle pas le sol que quinze années de calme et de
prospérité ont consolidé, je l’affermis davantage (…), en assurant par la loi aux
citoyens des garanties nouvelles (…).

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