UNIVERSITE ALIOUNE DIOP DE BAMBEY _ UADB
INGEGNERIE JURIDIQUE
LICENCE 2 _ Semestre 3
Travaux dirigés droit des contrats :
EQUIPE PEDAGOGIQUE
Chargé du cours: Pr. Mballo THIAM
Coordonnateur : Dr. Babacar SENE
Chargé (es) des Travaux dirigés
M. L. Y. DIATTA
M. DIBA
M. I. DIEDHIOU
M. A. NDIAYE
M. S. SENGHOR
M. B. SENE
Mme R. THIONGANE
M. M. WADE
Fiche N° 2 (séance 2)
Eléments de correction de la Séance No 2 en Droit des obligations
Exercice 1 : Commentaire de l’article 82 du COCC « Entre absents, le contrat se forme
comme personnes présentes au moment et au lieu de l’acceptation. Cependant, si l’offre est
acceptée tacitement, le contrat se forme au moment ou l’acceptation tacite est réputée être
intervenue. »
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Idée Générale : La formation du contrat par correspondance
Plan
I: La formation par la réception de l'acceptation de l’offre
Sans ambages, l'article 82 du COCC, en son alinéa premier, consacre la théorie de la
réception, au moins pour deux raisons majeures: le renvoi à la situation des personnes
présentes par rapport à l'échange des consentements, et la réception par le pollicitant de
l’acceptation de son offre.
A: Une assimilation au contrat entre présents dans l’échange des consentements
Le législateur a pris parti en faveur de la théorie de la réception ; c'est ce que l'alinéa 1 a voulu
dire avec la formule « comme entre personnes présentes", procédant à une assimilation du
contrat par correspondance maladroitement nommé « contrat entre absents », au contrat entre
présents.
Certes, le débat entre l'émission et l'acceptation n'est pas de mise dans la situation visée par le
renvoi du fait de la «simultanéité de la rencontre des consentements; mais c'est faire semblant
de méconnaître que ce renvoi n'est qu'une image, celle de la connaissance par chaque
contractant du consentement de l’autre, dans le contrat entre personnes présentes.
En procédant donc par analogie, le législateur a décidé que le contrat ne pouvait se former que
lorsque la décision de l'acceptant est connue du pollicitant ; c'est ce schéma qui gouverne la
formation du contrat lorsque les parties sont l'une en face de l'autre. La manière de le dire
aurait pu être moins indirecte et plus expressive.
Mais quand la loi est obscure, il faut en approfondir les dispositions pour en pénétrer l'esprit.
Et si malgré cet effort, l’obscurité persiste, Il est alors nécessaire et plus indiqué de rechercher
l'intention du législateur.
B: Une réception déterminatrice du moment et lieu de formation du contrat
Aujourd’hui, le temps de la réhabilitation de l'article 82 du COCC semble arrivé: la réception
de l'acceptation forme le contrat par correspondance (alinéa 1), sous réserve d'une acceptation
tacite (alinéa 2); l'évolution contemporaine n'est pas éloignée de cette orientation.
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Dans le droit OHADA, l’Acte uniforme révisé du 15 décembre 2010 portant sur le droit
commercial général est venu réaffirmer, de manière plus nette, la consécration de la théorie de
la réception assortie de tempérament : « L’acceptation d'une offre prend effet au moment où
l'expression de l'acquiescement parvient à l'auteur de l'offre.
Cependant, si en vertu des dispositions de l'offre, des pratiques établies entre les parties ou
des usages, le destinataire peut, sans notification a l'auteur de l'offre, exprimer qu'il acquiesce
en accomplissant un acte, l'acceptation prend effet au moment où cet acte est accompli »
(article 244 AUDCG).
II: La formation par l'acceptation tacite de l’offre
Il est en effet admis, sans contestation possible, que l'adverbe "cependant" induit
nécessairement une idée nuancée par rapport à celle qui précède. En outre, si l'alinéa 1 avait
consacré la théorie de l’émission, l’alinéa 2 aurait été inutile, car reproduisant la même
solution, et les mots auraient perdu tous leurs sens.
Donc, l’émission d’une acceptation, même tacite suffit à former le contrat par correspondance
bien que ne parvenant pas au pollicitant.
A: L’émission d’une acceptation tacite
L'alinéa 2 de l'article 82 du COCC dispose : « Cependant, si l'offre est acceptée tacitement, le
contrat se forme au moment où l'acceptation tacite est réputée être intervenue ». En clair, ce
texte a apporté une exception au principe posé par l'alinéa 1 : la formation par la réception…
Le droit français issu de l'ordonnance du 10 février 2016 portant réforme du droit des contrats,
du régime général et de la preuve des obligations dispose: « le contrat est conclu dès que
l'acceptation parvient à l'offrant. Il est réputé l'être au lieu où l'acceptation est parvenue »
(article 1121 du Code civil).
On sait qu'il en est de même au niveau international, notamment la Convention de Vienne sur
la vente internationale de marchandises, (article18 de ladite convention).
B: La notion d'acceptation tacite
Selon la loi sénégalaise, le consentement peut s'exprimer sous diverses formes : « le
consentement peut s'exprimer de quelque manière que ce soit. Toutefois, la manifestation de
volonté ne doit laisser aucun doute sur l'intention de son auteur » (article 60 du COCC).
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Cette acceptation tacite pourrait donc aussi se traduire par un silence non équivoque, comme
le prévoit expressément l'article 81 alinéa 3 dans le cas où « les relations d'affaires entre les
parties les dispensent de toute autre manifestation de volonté ».
La règlementation de la vente à essai, tout en décidant que le transfert de propriété de la chose
résulte de l'acceptation, en dépit de la remise antérieure (article 345 du COCC), a aussi
précisé, au préalable, qu'en cas de silence de l'acheteur au-delà du délai pour se prononcer sur
l'essai, ou l'acte non conforme posé par ce dernier, la vente devient pure et simple (344
COCC).
Exercice 2 : Synthèse de l’article du professeur Isaac Yankhoba NDIAYE sur l’article 82 du
Code des obligations civiles du Sénégal
A côté du contrat signé entre des parties présentes, il y a une autre catégorie qui suscite la
controverse doctrinale : le contrat entre absents ou par correspondance. Au Sénégal, il trouve
son siège à l’article 82 du COCC qui dispose « Entre absents, le contrat se forme comme entre
personnes présentes au moment et au lieu de l’acceptation. Cependant, si l’offre est acceptée
tacitement, le contrat se forme au moment où l 'acceptation tacite est réputée être
intervenue ».
Le débat doctrinal souligne le caractère inintelligible de l’article 82 du COCC. Si le souci du
législateur ne semble pas être la cohérence, la solution qu’il donne a abouti à deux
interprétations dont l’une est hésitante alors que l’autre est plus tranchée.
En outre, selon certains auteurs, l’article semble adopter la thèse de l’émission dans son
premier alinéa mais le mot ‘’ cependant’’ utilisé dans le début du second alinéa, ouvre la voie
à une autre interprétation qui accrédite la thèse de l’émission. Finalement, l’article 82
n’apporte pas une solution claire aux problèmes qui se posent en la matière.
En lieu et place d’une maladresse rédactionnelle ou d’un raccourci selon les constats, il faut
tout simplement considérer l’incohérence de la solution de l’article 82 du COCC. Selon une
bonne partie de la doctrine, l’article 82 du COCC donne deux messages qui semblent
contradictoires à tous points de vue. Cependant, le clivage noté dans l’interprétation des
professeurs TOSI et NDIAYE affaiblit leurs arguments respectifs et n’aide pas à éclaircir la
thèse de l’article 82 du COCC.
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Dans une approche pragmatique, le texte semble dire que le contrat entre personnes non
présentes se fait de la même façon qu’entre personnes présentes et que le contrat est conclu au
lieu et au moment où l’acceptation est intervenue. » L’assimilation à des personnes présentes
par rapport à l'échange des consentements est conforté par l'intention du législateur.
Mais le raisonnement s’affaiblit lorsqu’on veut analyser séparément les deux alinéas de
l’article. La bonne démarche aurait été de les analyser ensemble or un des professeurs aboutit
à la solution que le législateur a pris parti en faveur de la théorie de la réception.
Face à une loi obscure, il faut procéder à l’analyse approfondie des dispositions pour se saisir
de l’esprit du texte et lorsque cette méthode dite de l’exégèse ne donne pas de résultats, il y a
lieu de tenter de comprendre l’intention du législateur en faisant recours aux travaux
préparatoires. Il faut aussi relever que toutes les décisions de justice rendues concernaient la
détermination du lieu du contrat et non sa formation. Cet aspect important a peut être pu faire
pencher l’analyse dans le sens de la théorie de l’émission.
L’analyse de certains auteurs semble montrer que l’al 2 de l’article n’a pas une grande utilité
car l’essentiel de l’article est contenu dans l’alinéa 1er. Par extension, même le silence peut
valoir mode d’acceptation tacite. C’est le cas lorsque l'offre de contracter a été faite dans le
seul intérêt du destinataire.
Une nouvelle lecture de l'article 82 du COCC peut conduire à la conclusion que l’alinéa 1 ne
dit pas autre chose que ‘’ la réception de l'acceptation forme le contrat par correspondance’’
alors que l’alinéa 2 ajoute simplement, sous réserve d'une acceptation tacite.
L’évolution du droit offre un début de solution dans la mesure où l’AU révisé du 15 décembre
2010 sur le Droit commercial général précise à son article 244 que : « L’acceptation d'une
offre prend effet au moment où l’expression de l'acquiescement parvient à l'auteur de l'offre.
Cependant, si en vertu des dispositions de l'offre, des pratiques établies entre les parties ou
des usages, le destinataire peut, sans notification à l'auteur de l'offre, exprimer qu’il acquiesce
en accomplissant un acte, l'acceptation prend effet au moment où cet acte est accompli. »
Donc l’interprétation a tendance à se généraliser et le droit français va dans le même sens car
l’article 1121 du Code civil dispose que « le contrat est conclu dès que l'acceptation parvient à
l'offrant. Il est réputé l'être au lieu où l'acceptation est parvenue. »
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Les lois sur les transactions électroniques portent d’ailleurs un grand espoir pour un
rapprochement des points de vue entre la théorie de l’émission et celle de la réception car
dans certains cas la frontière est ténue ou au moins autorise l’hésitation.
Bonne lecture !
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