Chapitre 1 : Les espaces de production dans le monde ; une diversité croissante
Comment les espaces productifs organisent-ils l’espace mondial ?
I. La diversité des espaces productifs
II. Une production organisée par des entreprises multinationales
III. Une compétition entre acteurs et territoires productifs
Étude de cas : La Silicon Valley, un espace productif intégré à la mondialisation
Mots clés du chapitre :
- Économie numérique = ensemble des secteurs d’activité et des entreprises qui produisent
des biens et des services assimilés aux technologies de l’information et de la
communication (TIC) comme l’informatique, les télécommunications et l’électronique.
- Firmes transnationales (FTN) = entreprise implantée dans de nombreux pays et qui réalise
la majeure partie de son chiffre d’affaires en dehors de son pays d’origine.
- Paradis fiscaux = pays où la réglementation financière et la fiscalité sont plus favorables
que dans le reste du monde.
- R&D (Recherche et développement) = activité destinée à améliorer la qualité et la capacité
de production d'une entreprise. C'est un facteur majeur d'innovation, et donc de
compétitivité.
- Réseau = ensemble de lignes ou de relations permettant de connecter des lieux entre eux,
ainsi que les acteurs spatiaux qui y sont présents.
- Valeur ajoutée = supplément de valeur donné par une entreprise aux biens et aux services
entre le début et la fin de leur production.
- Zone franche = territoire bénéficiant d'avantages fiscaux et/ou douaniers.
Vidéos explicatives :
- Les espaces de production dans le monde : une diversité croissante
I. Des espaces productifs différenciés et partiellement spécialisés
La production mondiale est contrôlée par les grandes puissances économiques. Elle se définit par
l’ensemble des opérations (création, conception) qui, localisées dans différents pays, permettent
de réaliser un produit fini et contribuent à produire de la valeur ajoutée. À l’échelle mondiale, les
puissances occidentales (États-Unis, Allemagne, Royaume-Uni, France) et le Japon sont de plus en
plus concurrencées par les puissances émergentes (Chine, Inde, Brésil). Mais les États-Unis
conservent encore un tiers des dépenses de Recherche-Développement.
Le système productif mondial demeure dominé par les industries. La valeur de la production
industrielle a augmenté de plus de 30 % au cours des dix dernières années. Si l’Asie concentre 80%
de cette croissance, la Chine est la première puissance industrielle depuis 2013. Cependant, les
tâches de fabrication (textile, automobile, électronique...) sont de plus en plus dispersées et se
délocalisent en Turquie, au Maroc, en Europe orientale (Pologne, Roumanie...), en Asie du Sud-
Est (Thaïlande, Indonésie, Vietnam) et en Afrique (Afrique du Sud, Nigeria, Éthiopie).
Certaines économies reposent sur l’exploitation des ressources énergétiques, minières et
agricoles. C’est surtout le cas des pays d’Amérique latine, d’Afrique ou de la Russie. La valeur des
productions agricoles (➔ thème 3) et minières a été multipliée par deux depuis le début du XXIe
siècle. La Russie dépend encore largement de sa production d’hydrocarbures alors que les
pétromonarchies du Golfe persique se diversifient (le Qatar dans les investissements sportifs).
II. Une production organisée par des entreprises multinationales
Les firmes transnationales (FTN) sont les acteurs majeurs de la production. Sur les 500 premières
FTN en 2017, plus de 427 sont concentrées dans les pays développés, États-Unis en tête suivis des
pays d’Europe de l’Ouest et du Japon. Elles peuvent être d’importants groupes pétroliers (Schell,
Exxon, Total), agroalimentaires (Nestlé, Danone), automobiles (Toyota, Ford). Toutefois, les pays
émergents, en particulier les BRICS, comptent de plus en plus de FTN (Sinopec, Petro China en
Chine, Tata en Inde, Gazprom en Russie).
Les FTN structurent leur production en réseaux. De nombreux produits (textiles, chaussures,
matériels électroniques) sont fabriqués dans des usines appartenant à des sous-traitants
extérieurs, sans lien juridique avec les grands groupes donneurs d’ordres (par exemple, le groupe
taïwanais Foxconn qui assemble les smartphones d’Apple en Chine).
Les entreprises des pays développés sont des acteurs de l’économie numérique. Plus de 60 % sont
étatsuniennes (les GAFAM : Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), britanniques et
allemandes. Avec seulement quatre multinationales, le poids des pays émergents reste marginal
(Alibaba en Chine). Par ailleurs, de toutes petites entreprises et start-up aux Nords comme aux
Suds utilisent les plateformes numériques (EBay) pour vendre dans le monde entier. Dans les pays
développés, les services aux entreprises (activités comptables, numérique, publicité…)
constituent, en termes d’emplois et de chiffre d’affaires, le principal contributeur au secteur des
services.
III. Une compétition entre acteurs et territoires productifs
Les acteurs publics valorisent leurs atouts. Les États mettent en œuvre des politiques attractives
en subventionnant certains secteurs productifs (Recherche-Développement, aéronautique...), en
proposant une fiscalité avantageuse favorisant les bas salaires (Bangladesh, Thaïlande, Vietnam,
Éthiopie...) et des règles sociales et environnementales assouplies dans les zones franches. Ils
aménagent le territoire pour faciliter l’accès au numérique et au transport.
Quelques acteurs tentent d’imposer des règles de bonne conduite aux FTN. Certaines
organisations internationales (Banque mondiale), des ONG et certains médias tentent de lutter
contre leur absence de transparence financière (placement de leurs profits dans les paradis
fiscaux). Ils dénoncent aussi leur non-respect des règles (travail des enfants, conditions de travail).
Les territoires sont mis en concurrence. Alors que les pays développés ont du mal à lutter contre
les délocalisations industrielles, les pays émergents montrent leur capacité à orienter leur
économie vers les secteurs les plus porteurs. Copiant le modèle de la Silicon Valley californienne,
Shenzhen en Chine, la Silicon Wadi à Tel Aviv, la Silicon Oasis à Dubaï attirent chercheurs,
universitaires et entrepreneurs du monde entier qui coopèrent dans des pôles de l’innovation.
Étude de cas : La Silicon Valley, un espace productif intégré à la mondialisation
La Silicon Valley est un espace productif développé autour de l’université de Stanford au sud de
San Francisco où la recherche et l’industrie informatique travaille en réseau. Don Hoefler,
journaliste californien, invente l’expression de la Silicon Valley en référence au « silicium » (en
anglais silicon), désignant le matériau de base des puces électroniques.
Schéma Bilan