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Urgences Pediatriques Evolution de La Demande de Soins

Les urgences pédiatriques font face à une augmentation des passages, souvent non justifiés, en raison de divers facteurs tels que l'accessibilité des soins et la méconnaissance des parents. La majorité des consultations aux urgences ne sont pas médicalement pertinentes, ce qui soulève des questions sur l'efficacité et le coût de ces services. Une évolution des pratiques est nécessaire pour mieux répondre aux besoins des familles et réduire la pression sur les urgences.

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Urgences Pediatriques Evolution de La Demande de Soins

Les urgences pédiatriques font face à une augmentation des passages, souvent non justifiés, en raison de divers facteurs tels que l'accessibilité des soins et la méconnaissance des parents. La majorité des consultations aux urgences ne sont pas médicalement pertinentes, ce qui soulève des questions sur l'efficacité et le coût de ces services. Une évolution des pratiques est nécessaire pour mieux répondre aux besoins des familles et réduire la pression sur les urgences.

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Urgences pédiatriques :

évolution Offre de soins, elles ont leur activité propre et ne


réduisent nullement les passages aux urgences.
de la demande de soins Installées au sein d’un établissement hospitalier,
elles pourraient même augmenter la charge
Gérard Cheron de travail du plateau technique. Une évolution
chef de service des urgences pédiatriques, positive de la démographie pédiatrique n’inter-
hôpital Necker-Enfants malades (Paris 15e) viendra pas avant une petite dizaine d’années.
Nos collègues en formation trouveront-ils dans
[email protected] une pratique libérale matière à concilier leurs
aspirations personnelles et professionnelles ?
La réponse qui pourra être apportée à des
demandes de soins non programmées sera
L’établissement public hospitalier a une mission fonction de l’évolution de nos organisations, la
de service public et donc de proximité. Ouvert population se dirigeant naturellement vers ce
vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours qui sera accessible et lisible.
sur sept, il est censé assurer la permanence des
soins, c’est-à-dire maintenir en permanence un Il n’est déjà pas de journée sans qu’une famille
plateau technique et d’hospitalisation. (ou plusieurs) s’excuse de venir aux urgences
parce qu’elle n’a pas réussi à joindre le service
Le développement d’une culture qualitative des consultations hospitalières ou son médecin
dans les établissements hospitaliers a certaine- traitant ; parce que la date du rendez-vous
ment contribué à l’augmentation du nombre proposée ne convenait pas et qu’une secré-
de passages aux urgences, la population ne taire a fini par conseiller d’aller aux urgences.
s’y trompant pas. Les conditions économiques, Comment ne pas s’étonner devant ce défilé
sociales, l’évolution démographique du corps de véhicules de secours déversant dans les
médical, le caractère optionnel de la perma- urgences des enfants en parfait état général ne
nence libérale des soins, sont aussi des facteurs justifiant tout au plus, neuf fois sur dix, qu’une
poussant un nombre accru de consultants vers consultation de proximité sans urgence ?
l’hôpital. Présentées comme le remède à tous Comment ne pas s’interroger sur l’angoisse de
les maux, les « maisons médicales » n’ont rien celui ou celle qui a sollicité l’intervention de ce
réglé des problèmes des services d’urgences. véhicule de secours ?
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Spirale 65 4 Société et culture

Gérard Cheron

Les difficultés de fonctionnement des urgences,


secondaires à ces problèmes, présenteraient
un intérêt moindre si la grande majorité des
urgences était pertinente.

Quelques chiffres : 40 % des passages ont lieu


aux horaires de la permanence des soins, c’est-
à-dire entre 20 heures et 8 heures en semaine, température plus de quelques dizaines de
le samedi ou le dimanche ; 40 % des passages minutes, le temps d’arriver, y compris chez
aux urgences aux horaires de la permanence nombre de grands enfants ; d’assurance pour
des soins ne sont pas médicalement pertinents, traiter, sans nouvelle consultation, une varicelle
que l’étude porte sur un État européen ou en aisément diagnostiquée par une maman déjà
Amérique du Nord, et quelle que soit la grille informée par la maladie de ses aînés quelques
de lecture utilisée pour juger de la pertinence ; jours plus tôt ; de temps d’observation pour
l’analyse des coûts de ces passages, tarifés selon s’assurer, après administration d’un antalgique,
la nomenclature de la CNAM, les estime 50 % plus que rien n’est cassé puisque la mobilité est rede-
onéreux que la même consultation aux heures venue parfaite. Il faut également s’interroger sur
ouvrables. Lorsque la ressource est comptée les comportements induits par nos réponses à
et que les priorités se bousculent, le surcoût des demandes de rendez-vous, d’explications,
de dépenses induit par ces passages pose une sur la réassurance donnée ou procurée. Il y a
question à toute la collectivité. déjà de nombreuses années que des répon-
deurs téléphoniques orientent vers les urgences
L’évolution des venues aux urgences frappe tous faute de permanence des soins locale. Notre
les établissements quel que soit leur bassin de réflexion sur la prescription d’examens complé-
vie et sa composition socio-démographique. Les mentaires est-elle aboutie ? Ne dépense-t-on
urgences ne sont pas l’accès aux soins des seuls pas sans compter en réalisant à toute heure des
plus démunis. Les plus favorisés ayant accès examens complémentaires dont la pertinence
à tous les soins privilégient aussi la venue aux ne veut pas toujours qu’ils soient réalisés en
urgences, s’occupant le soir et le week-end de urgence ? Certains d’entre nous disent répondre
ce qui motivait une consultation en journée il ainsi à la demande des familles (et parfois,
y a encore vingt ans et une seule observation c’est peut-être incontournable), tout en se
familiale pleine de sagesse il y a plus longtemps. réassurant eux-mêmes, l’examen complémen-
taire devenant le garant d’une prise en charge
Trop souvent, il n’y a plus de bosse puisqu’il complète, remplaçant la parole, l’explication, le
s’agit de traumatisme crânien pour les chocs temps. Qu’il est donc difficile de rappeler que
les plus anodins ; plus de tolérance à 38° de la biologie n’est pas une aide au diagnostic
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Urgences pédiatriques : évolution de la demande de soins

Le médecin des urgences voit un enfant, ses


parents pour la première fois. Il n’a pas été
choisi par les parents. Il lui faut dans un laps
Quarante pour cent des passages de temps minimal apprendre à connaître un
ont lieu aux horaires de la permanence enfant, obtenir des parents les renseignements
des soins, c’est-à-dire entre vingt heures essentiels, gagner sinon leur totale confiance,
et huit heures. du moins leur adhésion à la démarche entre-
prise, proposer et faire accepter une solution au
d’appendicite ; qu’il est inutile de prescrire un problème de santé posé, dans un service d’ur-
ECBU devant une fièvre bien tolérée évoluant gence en règle générale bien plein, et bruyant. Il
depuis moins de 48 heures chez un nourrisson est difficile de définir la qualité de ces consulta-
sans antécédent urologique ; que la radiogra- tions d’urgence et il n’est pas acquis que parents
phie de thorax n’est pas conseillée en l’absence et pédiatres donneraient la même réponse en
de symptomatologie respiratoire chez cet enfant toutes circonstances.
fébrile ; ou qu’un enfant qui boit au moins la
moitié de ses biberons n’a pas besoin de venir Urgences pédiatriques. Ce terme n’existait pas,
à l’hôpital pour son premier épisode de bron- ou si peu, il y a vingt-cinq, ans parce qu’elles
chiolite. Les informations glanées sur le Net n’étaient pas sollicitées et que la spécificité de
par les familles ne sont pas toujours aidantes ces consultations, de ces organisations n’était
dans l’échange d’informations que représente pas débattue. Un petit nombre aura bataillé
une consultation, lorsqu’elles ne les conduisent pour offrir une réponse adaptée, améliorée aux
pas à réclamer que la prise en charge réponde familles, une présence complémentaire à celle
en tous points à ce qu’elles ont lu sur la toile. du médecin traitant, un enseignement aux plus
Il convient donc d’évoluer dans nos pratiques, jeunes, une réflexion sur les modes de prise en
d’anticiper ce que les familles feront, liront, charge à visée de diagnostic ou thérapeutique
penseront, afin d’aller au-devant des questions, par l’intermédiaire de protocoles de recherche.
expliquer pour faire partager et faire adhérer. Le Un temps aussi nécessaire pour partager avec
médecin traitant est dans son élément. Il reçoit nos collègues s’occupant d’adultes et faire
ses patients dans son cabinet où règne une découvrir que la médecine de l’enfant a ses
atmosphère feutrée, calme. Il ne s’agit pas d’une spécificités, ses particularités, qu’elle devait
première rencontre. Chacun est habitué à l’autre être professionnalisée et bénéficier de circuits
et la consultation est un moment de confiance. propres dans les services d’urgence.
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