Cultures Constructives Vernaculaires Et Résilience Entre
Cultures Constructives Vernaculaires Et Résilience Entre
Présentée par
Annalisa CAIMI
préparée au sein de
l’Unité de Recherche AE&CC, Laboratoire CRAterre - ENSAG
dans l'École Doctorale n°454
Science de l’Homme, du Politique et du Territoire
Cultures constructives
vernaculaires et résilience.
Entre savoir, pratique et technique :
appréhender le vernaculaire en tant que
génie du lieu et génie parasinistre
Ce travail de recherche explore le potentiel présenté par les cultures constructives vernaculaires
dans le renforcement de la résilience locale. Et cela à partir des pratiques - constructives et
comportementales - développées par les populations, groupes et individus habitant des contextes
géographiquement exposés à des aléas naturels. Se fondant sur une forte interaction entre la théorie
et la pratique, cette recherche entame une (re)découverte de l’ingéniosité intrinsèque à ces savoirs
par le développement de deux axes thématiques. L’un investigue les dispositions et les dispositifs
vernaculaires à caractère parasinistre ayant démontré leur efficacité à réduire la vulnérabilité de
l’environnement construit envers différents types d’aléas naturels. L’autre axe questionne les
modalités de leur identification et contribution directe au renforcement des capacités de populations
et institutions dans la gestion des crises. une analyse technique s’associe l’élaboration d’un outil
méthodologique soutenant la mise en place d’une démarche de projet s’ancrant fortement aux
spécificités contextuelles selon une logique de continuité, tant culturelle que de pratique, entre
passé et futur, entre préparation et réponse aux catastrophes.
The concept of building culture embraces the social and technical aspects related to the construction
process and to the development of corresponding knowledge and know-how, intrinsically reflecting
the multiplicity of human societies and their indissoluble connection with the territories they inhabit.
The vernacular as characterization of ways of building, living and protecting oneself proves to be a
valuable source of practices, techniques and measures, tested over the years and during multiple
hazards, for contemporary construction of sustainable, accessible and safe built-environments.
This research explores the potential of vernacular building cultures in enhancing local resilience; and
this starting from- constructive and behavioural- practices developed by individual people and groups
living in contexts geographically exposed to natural hazards. Based on a strong interaction between
theory and action, this research undertakes a (re)discovery of vernacular knowledge through two
thematic focuses. One examines disaster resilient vernacular provisions and devices which have
demonstrated their effectiveness to reduce vulnerability of the built environment to various types
of natural hazards. The other one considers ways for their identification and direct contribution
to strengthening capacities of communities and institutions for disaster risk management. This
research combines a technical analysis with the development of a methodological tool, contributing
to set up a project approach strongly rooted into contextual specificities, linking culture and practice,
past experience and future needs, disaster response and preparedness.
Le croisement et l’échange mutuel entre la recherche et la pratique n’auraient pu avoir lieu sans les
contributions des personnes engagées dans les activités et projets sur le terrain, entre l’ici et l’ailleurs.
En Europe, merci à Alexandre Douline pour les occasions qu’il a su créer en Haïti, soutenant
simultanément ma recherche et le travail des partenaires locaux. Merci également à Christian Belinga
Nko’o, Elsa Cauderay, Laure Cornet, Florie Dejeant, Julien Hosta et Sophie Marongiu pour le temps qu’ils
m’ont dédié et leur esprit critique.
En Haïti, mèsi anpil aux membres des organisations haïtiennes Acape, Concert-Action, EPPMPH,
GID, IRATAM, Presten, Vedek et, en particulier, à M. Jean-Marie Louis, Mme Madeleine Casimir et
aux ingénieurs Jean Célin s et Lerismé St-Pierre du GADRU, pour leur intérêt dans mon travail et leur
engagement.
Au Bangladesh, dhan’yab da aux membres de Caritas Bangladesh, dont l’expérience a été une
source d’apprentissage privilégiée, et en particulier à M. Ratan Kumar Podder et M. Pintu William Gomes
(Caritas Bangladesh) ainsi qu’au Dr. Mohammad Shariful Islam et au Dr. Tahsin Reza Hossain (Bangladesh
University of Engineering and Technology) pour les échanges enrichissants et leur volonté d’expérimenter
ensemble.
Aux personnes rencontrées le long de mon cheminement - habitants, constructeurs, opérateurs de
terrain, chercheurs, responsables de projet - pour leur accueil et le partage des réflexions m’ayant permis
d’appréhender la « réalité du terrain » et de persévérer dans mes recherches.
Un grazie speciale va :
à mes proches, pour leur soutien constant dans mes choix, le grain de liberté qu’ils entretiennent et
l’attention aux « petits riens » qu’ils m’ont appris, source d’inspiration tout au long de mes explorations ;
à Chiara Sajidha Sautter et Stefano Zerbi, chers amis qui ont su avec délicatesse m’extraire de
temps à autres des méandres de mes recherches pour apporter un rayon de socialité humaine à mes
journées ;
à Milo, sans qui la joie de la découverte serait restée muette et solitaire et mes doutes et incertitudes
seraient parfois parus des obstacles insurmontables ; merci pour nos questionnements et discussions
continues, pour la tendresse de ta patience et ton soutien, entre les mots et les jours.
conclusion de l’expérience scientifique et humaine qui a été cette recherche en thèse, mes
remerciements vont également aux membres du jury qui ont accepté de lire et évaluer mon
travail ainsi que de participer au moment de son achèvement officiel. J’ai eu le privilège de
compter sur la présence et l’apport de quatre experts internationaux :
4. Démarches d’analyse 94
4.1. Le diagnostic : significations et enjeux 94
4.2. Participation et interrelations des acteurs 96
4.3. Méthodologies d’analyse : principes d’approches et de participation 100
4.3.1. Éléments pour un cadre méthodologique référentiel 101
4.4. Le bâti en zones à risques : procédures d’analyse 108
4.4.1. Évaluation post-catastrophe 108
4.4.2. Analyse participative en zones à risques :
l’habitat en tant que composante d’un environnement social 109
4.4.3. Analyse du bâti en zones à risques 111
4.4.4. L’analyse du bâti en zones à risques, entre culture et construit 114
11. Constats, pratiques et perspectives, pour une régénération des savoirs 260
11.1. Le vernaculaire parasinistre : entre évolution des pratiques et
dégénérescence des cultures 260
11.2. Pistes de recherche (et) action pour un changement de paradigme 264
Glossaire 287
Bibliographie 288
Annexes 329
A.1.1.Bangladesh :
Fiche de contexte 335
Fiche du programme 337
A.1.2. Haïti :
Fiche de contexte 339
Fiches par projet 341
Outils de communication dans la reconstruction post-séisme 365
A.2. Partie 2 / Méthodologie d’analyse des cultures constructives locales en zones à risques 375
Ce travail de thèse ancre le développement d’une réflexion théorique aux pratiques et réalités du
terrain, par l’établissement d’une interaction forte entre recherche scientifique et action située.
En particulier, il propose une approche méthodologique d’identification et d’analyse des cultures
constructives vernaculaires en zones à risques, expérimentée et testée en collaboration avec des
institutions locales et internationales dans le cadre de programmes de réduction de la vulnérabilité
de l’habitat, en Haïti et au Bangladesh. Cette recherche s’inscrit dans le projet ReparH – Reconstruire
parasinistre en Haïti, financé par l’Agence Nationale de Recherche suite au séisme de janvier 2010
en vue de dégager des enseignements pour l’amélioration de la réponse et de l’anticipation à des
futures crises, en Haïti comme dans d’autres régions exposées à l’impact d’aléas naturels.
Le concept d’habitat englobe toutefois une signification plus vaste que celle de simple abri, entendu
comme une structure naturelle et/ou construite à fonction de protection envers les intempéries
et d’autres types de dangers. Il se rapporte directement à la notion d’habiter en tant qu’action
d’« occuper habituellement un lieu » (Centre National des Ressources Textuelles et Lexicales),
associant ainsi une dimension spatiale et temporelle. Il désigne l’environnement physique mais aussi
social et culturel constituant le cadre de vie d’un groupe d’individus et comprenant l’« ensemble des
conditions d’organisation et de peuplement par l’homme du milieu o il vit » (Ibid.). Au sens large, le
terme d’habitat se réfère autant aux caractéristiques d’un territoire qu’aux modalités adoptées par
ses occupants pour s’y déplacer, l’utiliser en tant que support et ressource d’activités ainsi que pour
structurer le cadre de vie par l’articulation de ses composants naturels, construits et humains. La
notion d’habitat va donc au-delà de celle d’habitation mais elle y est étroitement corrélée car elle
recouvre l’ensemble des liens multiformes qui se nouent autour du logement dans lequel l’habitat
est simultanément un ensemble d’objets matériels, incluant leur arrangement et leurs configurations
à différentes échelles, et un ensemble de pratiques et de représentations, impliquant une gamme
d’acteurs qui va de l’individu à l’ tat en passant par tous les autres maillons de la vie sociale (Segaud,
Brun, Driant, 2002, p. vii-viii).
L’habitat et l’acte d’habiter assument par ce fait une connotation double (Turner, 1972) : celle
tangible des artefacts bâtis, de leurs particularités et de leur relation au milieu naturel ; celle
intangible de l’activité d’individus et groupes humains de construire et vivre un certain lieu. L’habitat
est ainsi concevable aussi bien comme produit que comme processus ; les deux sont directement
corrélés à la sphère socioculturelle vis-à-vis de laquelle l’habitation dépasse la dimension purement
structurelle devenant « une unité sociale d’espace » (Rapoport, 1969) : elle n’est pas simplement
l’enveloppe matérielle de la cellule qui abrite l’individu et la famille. Elle est un maillon essentiel de
la relation de l’individu à la société et au monde (Segaud, Brun, Driant, 2002, op. cit., p. vii).
Dans la forme de l’habitation, l’habitat assume un rôle particulièrement important dans la vie d’un
individu en tant que facteur de caractérisation de sa sécurité physique et économique, de sa position
sociale et en tant que correspondant symbolique. Ce qui en fait non seulement un besoin primaire
mais également un droit universel1. Cela ne se limite cependant pas au fait de pouvoir disposer
de « quatre murs et d’un toit » mais se réfère à la constitution d’un ensemble de conditions, aussi
bien physiques qu’économiques, sociales et politiques, permettant à tout homme, femme, jeune et
enfant d’obtenir et de conserver un logement s r dans une communauté o il puisse vivre en paix et
dans la dignité 2. Parmi ces conditions, le respect du milieu culturel et de l’expression de l’identité
culturelle des occupants font partie des critères minimaux, tout aussi fondamentaux que la simple
1 oute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment
pour l alimentation, l habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires (Nations
Unies, Déclaration universelle des droits de l’homme, 10 décembre 1948, art. 25 (1)).
2 Définition établie par le premier Rapporteur spécial sur le logement convenable pour le Haut Commissariat aux droits de
l’homme des Nations Unies (source : http://www.ohchr.org).
Support des activités et du vivre humain ainsi qu’élément de protection matérielle et symbolique,
l’habitat constitue l’interface o s’explicitent les interactions entre l’homme et le milieu naturel.
De ce fait, il est fortement influencé par certains événements qui, par leur ampleur, récurrence
et intensité, dépassent les manifestations ordinaires de la nature. Les phénomènes qui en sont
à l’origine intègrent un potentiel destructeur pouvant déterminer un renversement des logiques
attribuées et effectives : d’élément protecteur assurant la survie, l’habitat devient élément fragile
succombant à la puissance des forces naturelles jusqu’à constituer une menace tant pour la sécurité
immédiate de ses occupants que pour leur survie dans le long terme.
Séismes, cyclones, inondations sont entre les plus perceptibles des puissants phénomènes qui
animent la surface et les profondeurs terrestres et dont la manifestation a des répercussions directes
sur l’environnement naturel et construit et les populations humaines. En raison de leurs origines
reconductibles à des facteurs d’ordre géologique, atmosphérique et/ou hydrologique, certains aléas
naturels se manifestent de manière récurrente dans des zones géographiques particulières ; leur
présence et fréquence étant essentiellement indépendantes de l’action humaine. Toutefois, d’autres
aspects contribuent à favoriser la survenance d’événements à caractère catastrophique. Des
modifications des conditions environnementales, socioéconomiques, politiques, voire physiques,
se sont produites au cours des dernières décennies, aussi bien à échelle locale que mondiale. Ces
altérations déterminent une amplification des effets de ces phénomènes, leur apparition dans des
nouvelles régions, l’émergence de nouveaux facteurs et types de risques, exacerbant la vulnérabilité
des individus habitant certaines zones géographiques et/ou appartenant à certaines franges
économiques (UNISDR, 2009a).
Les données actuelles montrent une augmentation significative3 du nombre de personnes affectées
par des catastrophes, qui sont passées de 90 millions en 1990 à plus de 255 millions en 20034 (Guha-
Sapir, Hargitt, Hoyois, 2004). Cette évolution se révèle particulièrement marquée en relation à
des événements qui, bien que d’étendue limitée, sont néanmoins responsables d’une dégradation
importante des structures et des sources de subsistance (UNISDR, 2011). Si la plupart des pertes
humaines et économiques est provoquée par des aléas d’extrême violence mais relativement rares,
l’accumulation des pertes dues à des crises de faible ampleur, fréquentes et localisées engendre des
conséquences similaires à celles de catastrophes majeures5 (UNISDR, 2013b). Affectant de manière
directe l’environnement bâti, les séismes, les inondations et les cyclones sont statistiquement les
phénomènes qui causent le nombre6 le plus élevé d’habitations endommagées et détruites7 à
échelle mondiale.
Cette recherche s’articule autour de ces deux éléments : l’habitat humain et les aléas naturels, en
interrogeant la relation qui subsiste au niveau des matérialités et des pratiques qui s’y rapportent.
3 L’analyse des événements s’étant produits au cours du XX° siècle semble en indiquer une certaine recrudescence, qui
résulte toutefois en partie d’une systématisation et amélioration des procédures de récolte de données à partir des années
1960 (Guha-Sapir, Hargitt, Hoyois, op. cit.). Une augmentation effective de certains phénomènes, en particulier de type
hydrométéorologique, est néanmoins constatable au cours des derniers trente ans (Source : Munich Re, NatCatService).
4 Une étude conduite par le Centre for Research on the Epidemiology of Disasters – CRED (Université catholique de Louvain,
Belgique) a mis en évidence une augmentation de plus de 180% du nombre de personnes affectées entre 1990 et 2003,
contre une augmentation d’environ 60% des événements rapportés dans la même période (Ibid.).
5 Les premiers sont définis comme des risques de type intensif, « associés à l’exposition de grandes concentrations de personnes et
d’activités économiques face à des événements intenses, qui peuvent entraîner des dommages impliquant une mortalité élevée et
de très nombreux dommages », et les deuxièmes des risques de type extensif « associés à l’exposition des populations dispersées à
des risques répétés ou persistants, de faible ou de moyenne intensité, souvent de nature très localisée » (UNISDR, 2009b, op. cit.).
6 Une étude récente conduit en 21 pays et États a mis en lumière une forte augmentation du nombre d’habitations
endommagées par des aléas naturels, qui a quasiment sextuplé entre 1990 et 2009 (UNISDR, 2011, op. cit.).
7 Source : système de gestion des informations sur les catastrophes DesInventar : http://www.desinventar.net
Dans un nombre considérable de pays, la presque totalité des bâtiments composant l’environnement
construit est, et a été, réalisée sans le support d’un architecte et/ou d’un ingénieur. De fait, une large
partie8 de la population mondiale habite et travaille dans des constructions accomplies presque
exclusivement grâce à l’expérience et à l’observation directe de leurs constructeurs. D’ailleurs,
la construction par et pour la plupart des individus a toujours été l’affaire de ma tres d’œuvre
anonymes. Ces ma tres d’œuvre étaient en réalité des véritables ma tres du bâtiment, qui concevaient
et réalisaient directement sur le chantier (Belmont, 1970, p. 24).
L’intérêt particulier qui s’est développé à partir des années 1960 à l’égard de ces architectures
découle probablement d’une fascination pour une architecture des et par les gens ordinaires
(Oliver, 2003), antithétique à celle dérivant d’un processus d’institutionnalisation et de contrôle
de la part d’une élite restreinte, autant professionnelle que sociale (Rapoport, 1969, op. cit.).
ce propos, Rudofsky (1965) mène une critique explicite envers l’histoire de l’architecture qui se
focalise uniquement sur l’architecture au service du pouvoir, l’ architecture noble et la noblesse
architecturale , donnnant lieu à une anthologie de bâtiments de, par et pour les privilégiés (trad. A.
Caimi). En opposition à cette discipline strictement tournée vers l’architecture formelle, le concept
d’ Architecture without Architects émerge ainsi pour indiquer l’architecture réalisée et habitée par
les gens ordinaires, l’architecture du peuple.
l’heure actuelle les définitions et le champ d’analyse se sont élargis à d’autres typologies
architecturales et constructives. Néanmoins, le concept proposé par Rudofsky persiste dans
l’expression, aujourd’hui largement utilisée, de non-engineered structures désignant les bâtiments
construits spontanément et informellement avec aucune intervention d’architectes et ingénieurs
qualifiés (Arya, 2000, trad. A. Caimi). L’emploi de ces termes explicite la différence, voire
l’opposition, entre ces constructions et les bâtiments dont la conception et la réalisation s’effectuent
avec l’implication et la supervision de spécialistes formés dans les universités, s’appuyant sur une
validation structurelle préalable en référence à des paramètres et notions unanimement établis et
reconnus par la communauté scientifique9.
8 titre d’exemple, on retrouve les pourcentages suivants de constructions réalisées sans l’implication d’un architecte et/ou
d’un ingénieur en relation au nombre total d’habitations recensées : en Indonésie, environ 70% (Boen, 2006) ; 98% au Népal
(Dixit, Pradhanang, Guragain, et al., 2002) ; 81% au Bangladesh (Islam, 2013) ; 85% en Inde (Arya, 2000, op. cit.) ; plus du
70% au Mexique (Alcocer, Reyes, Bitran, et al., 2002) ; 60% au Pérou (Blondet, Villa Garcia, Brzev, et al., 2011).
9 Ces constructions sont dénommées engineered structures, en référence à la définition du verbe to engineer , signifiant
to design and build something using scientific principles (Cambridge Advanced Learner’s Dictionnary). Dans les chapitres
suivants, je traduis l’expression anglophone de non-engineered structures par « architectures sans architectes/ingénieurs ».
La notion d’architecture vernaculaire couvre en fait l’ensemble des éléments et des techniques de
construction, des motifs décoratifs et des typologies qui caractérisent l’architecture ordinaire d’un
lieu et qui constituent une sorte de dialecte local13, un « langage constructif » localement partagé
(Alexander, 1979). Cet ensemble se rapporte à des facteurs qui dépassent l’objet construit et qui
se réfèrent à l’environnement social et physique dans lequel il se situe. L’architecture vernaculaire,
en effet, comprends les habitations et tous les autres bâtiments des gens ordinaires, corrélés à
leur environnement contextuel et aux ressources qu’y sont disponibles, habituellement construits -
par le propriétaire ou la communauté – utilisant des technologies traditionnelles. outes les formes
d’architecture vernaculaire sont réalisées en réponse à des besoins spécifiques, en accord avec les
valeurs, les systèmes économiques et les modes de vie des cultures qui les produisent (Oliver, 1997,
p.ii, trad. A. Caimi).
Les architectures vernaculaires possèdent, par conséquent, certaines particularités qui les
différencient radicalement d’autres types de constructions : elles constituent une architecture
10 L’application littérale de cette dernière définition à la sphère du construit présente néanmoins quelques limites, en
particulier en relation à la nature des rapports entre bâtisseurs et habitants et au processus de construction pouvant avoir
recours à une spécialisation des tâches ainsi qu’à des ressources demandant une forme de rétribution. Pour certains auteurs
(Illich, 2005, op.cit ; Frey, 2010), l’utilisation du terme « vernaculaire » selon la signification attribuée par cette définition
vise à expliciter une opposition et une critique envers les modes de production modernes, en proposant un « retour » à une
conception du travail basé sur des activités ... qui assurent et améliorent l existence, mais qui sont totalement réfractaires
à toute analyse ayant recours aux concepts définis par l économie classique (Illich, 2005, op. cit., p. 117).
11 Le terme « architecture » reste, selon Oliver, néanmoins ambigu en raison de sa dérivation du grec arkhitekton signifiant
maître constructeur (de arkhi chef, tecton constructeur) et impliquant une position de prééminence de celui qui pratique la
construction.
12 Les deux termes sont ici entendus dans leur sens étymologique : science du latin scientia signifiant connaissance, savoir
et empirique du grec « celui qui se guide sur l’expérience » (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales).
13 Of course the patterns vary from place to place, from culture to culture, from age to age ... but still, in every age and every
place the structure of our world is given to it, essentially by some collection of patterns which keeps on repeating over and over
again. hese patterns are not concrete elements, like bricks or doors – they are much deeper and more uid – and yet they are
the solid substance, underneath the surface, out of which a building or a town is always made (Alexander, 1979, op. cit., p. 100).
Nombreux chercheurs se sont penchés sur la relation qui existe entre l’habitation humaine et la
société à laquelle elle se rapporte, avec une attention spécifique envers les facteurs déterminant
les aspects architecturaux et constructifs. Dans l’approfondissement de la corrélation entre forme
architecturale et constructive, signification fonctionnelle et symbolique et processus de réalisation
et utilisation, le rôle de la culture et de l’environnement dans lequel une communauté évolue
assument une importance centrale. Bien que les définitions terminologiques et les approches
analytiques diffèrent, deux perspectives se démarquent : l’une se concentrant sur une classification
des typologies à partir de facteurs environnementaux et culturels (Cataldi, 1986 ; Oliver, 1997,
op. cit.) ; l’autre se focalisant sur la compréhension et l’analyse du processus de création d’objets
et environnements construits (Guidoni, 1975 ; Rapoport, 1969, op. cit.). Parmi ces travaux, les
positions adoptées par trois différents auteurs font ressortir les principaux aspects caractérisant le
concept d’architecture vernaculaire.
Selon Enrico Guidoni (1975, op. cit.), l’architecture est simultanément le produit et l’instrument de
la cohésion sociale, se positionnant en tant que coordination et conditionnement spatial, et cela
avant même que comme construction. Dans tout contexte social, l’architecture assume un rôle
historiquement variable ; elle ne peut en aucune manière être isolée dans son aspect technologique
sans prendre en compte l’ensemble des facteurs qui lui sont corrélés (Ibid., p. 10, trad. A. Caimi).
L’architecture se réfère en fait à une dimension historique, sociale et culturelle, voire politique, et
elle assume le rôle d’instrument de la vie sociale, dont le fondement est l’espace physique, avec une
prédominance initiale de la relation sur la forme, la dimension, la matière, la solution technique . Par
conséquent, il est nécessaire d’entendre l’architecture de l’habitation et l’architecture du territoire
comme des pôles inséparables (Ibid.).
Sur la base d’une conception similaire, Giancarlo Cataldi considère l’architecture vernaculaire
comme étant spécifiquement fruit de l’union indissoluble entre un milieu naturel déterminé et une
culture humaine déterminée (Cataldi, 1989, p. 24). En explorant la corrélation entre la technique
et la forme, il considère les matériaux de construction en tant que principal facteur d’influence sur
le développement d’une typologie architecturale et constructive14. Le matériau constitue le degré
élémentaire d’un processus de transformation aboutissant à l’« organisme », unité structurelle
individuelle capable de s’auto-soutenir et dont la variation morphologique et technologique est
déterminée par les caractéristiques des matières premières localement disponibles (Cataldi,
1988). Le croisement de multiples facteurs (fonction d’une structure, système statique, matériaux
de construction et époque historique) donne lieu, au fil du temps, à la consolidation de formes
architecturales et de solutions techniques caractérisant précisément un environnement, en
symbiose avec la société humaine qui s’y établit (Cataldi, 1986, op. cit.).
14 Il materiale da costruzione prevalente è ci che ha pi inciso e incide sugli sviluppi tecnologici della cultura edilizia. All’origine
di ogni processo costru vo locale, c’è sempre la diversa disponibilità di un determinato materiale piuttosto che un altro. Da qui
il concetto di area geo-materiale, che si differenzia da quello di area culturale perché con esso ci si vuole riferire proprio a questa
peculiarità tecnologica primordiale, sorta di impronta indelebile in ogni processo futuro (Cataldi, 1989, op. cit., p. 18).
Environnement naturel et matières premières, milieu social et facteurs culturels, époque historique
et évolution temporelle : les architectures vernaculaires constituent en fait la matérialisation du
rapport d’interdépendance entre construit et non construit, entre matériel et immatériel, entre
humain et naturel, en une constante dialectique avec l’espace et le temps. Du point de vue
constructif, elles sont le langage du lieu, synthèse de la capacité d’une communauté d’harmoniser
sa propre culture et les défis posés par le milieu.
Le concept de « culture » se rapporte à un mode de vie typique d’un groupe, une manière particulière
de faire les choses ; toutefois il se réfère également à un système de symboles, significations et
schémas cognitifs transmis par des codes symboliques en relation duquel la culture constitue un
ensemble de stratégies adaptatives de survie qui se réfère au milieu écologique et à ses ressources
(Rapoport, 2007, p. 1961, trad. A. Caimi).
En association à la sphère du construit, la notion de culture embrasse aussi bien les artefacts que
les activités, les pratiques et les connaissances pour leur conception et réalisation. La mise au
point des savoir-faire techniques à la base de l’architecture vernaculaire est étroitement corrélée
au développement d’une connaissance spécifique des possibilités offertes par le milieu et du
potentiel des ressources disponibles en tant que matériaux de construction. De ce fait, l’architecture
vernaculaire est fortement marquée par l’acte même de bâtir, ses formes et spécificités étant
les résultantes directes d’une méthode expérimentale (Pierotti, Ulivieri, 2001, op. cit.) : les
connaissances relatives aux matériaux et aux savoir-faire constructifs qui leur sont inhérents étant
acquises de façon empirique par l’observation, l’expérimentation et l’ajustement continus. Elles
découlent d’innombrables expériences, dont les échecs ont été sans cesse corrigés tandis que les
réussites ont été transmises entre bâtisseurs, de génération en génération : il n’existait alors aucune
coupure entre la formation et le métier, l’un prolongeant exactement l’autre (Belmont, 1970, op.
cit., p. 108).
15 nowledge by its very nature is a collective, cumulative enterprise. It is based on exchange within a community. It is an
expression of human creativity; both individual and collective (Shiva, 2001, p. 21).
16 Il linguaggio dell architettura ... è, quindi, essenzialmente colle vo ; anche quando viene lasciato spazio alla iniziativa
individuale e familiare, esso non ha senso se non è comprensibile da tu , se, cioè, non è inseribile, anch esso come strumento,
in un campo globale all interno del quale la cultura si riconosce (Guidoni, 1975, op. cit., p. 28).
Cette culture est un phénomène collectif : des milliers de bâtiments différents sont produits par
des processus communs liés par des connaissances partagées – au regard de ce qu’il faut construire
mais aussi de comment le construire – plutôt que par des actes individuels de création. En effet la
construction est rarement un acte solitaire, isolé du monde matériel, social et esthétique qui l’entoure.
La construction d’un bâtiment est presque toujours intégrée dans un réseau reconnaissable de
relations humaines entre plusieurs participants, dont les actions et les décisions sont guidées par un
nombre relativement restreint de systèmes de règles et d’habitudes de croyances et comportements,
qui définissent la culture elle-même (Davis, 1999, p. 5, trad. A. Caimi). De fait, les institutions et les
gens se rapportant à une culture constructive sont les ultimes responsables de la forme du monde
construit. Elles agissent de manière prévisible en ce qui concerne la conception, la construction et le
financement des bâtiments ainsi que la fourniture des matériaux et la gestion des terres et du bâti. En
ce faisant, non seulement elles appliquent à des projets les connaissances contenues dans la culture
constructive, mais elles participent à la reproduction et perpétuation de cette même culture (Ibid. ,
p.107, trad. A. Caimi).
17 Le concept de « cultures constructives » a été proposé par l’équipe Dessin-Chantier de l’École Nationale Supérieure
d’Architecture de Grenoble lors d’une exposition à la Maison de l’UNESCO (Paris, 8-17 septembre 1993) et de la publication
de l’ouvrage Architecture et cultures constructives : éléments pour un pôle d’enseignement de la construction (Doat, Patrice,
Ferro, Sergio, Schneegans, Guy. Villefontaine : Edition CRATerre-ENSAG, 1993).
18 Nonaka, I.,1991. « The Knowledge Creating Company ». In Harvard Business Review, 69. p. 96-104, cité par Dekens, 2007,
p. 18, trad. A. Caimi.
19 Kroeber, Alfred Louis, 1923. Anthropology: Culture Patterns and Processes. New York : Harcourt, Brace & World, 1923. cité
par Oliver, 2006, op. cit., p. 148, trad. A. Caimi.
20 Ici entendue dans son sens étymologique, du latin traditio : transmission, enseignement ; de tradere : transmettre,
remettre (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales).
21 radition is not static and immutable condition but a dynamic system which evolved by making innovative aspects so much
integral part of itself that sometimes its reading becomes difficult (Laureano, 2000).
Grâce à l’équilibre qu’elle arrive à établir entre le milieu naturel et socioculturel dans lesquels elle
se situe, l’architecture vernaculaire est considérée par certains comme étant presque immuable
(Rudofsky, 1965, op. cit.). Cependant, le cours de l’histoire révèle l’évolution perpétuelle des
environnements construits, et donc la caractérisation de l’architecture vernaculaire en tant
qu’expression d’une dynamique sociale et spatio-temporelle co-produite par les gens ordinaires. Au
fil des siècles, d’importantes transformations et hybridations des pratiques constructives ont eu lieu,
l’intégration ou l’exclusion de certains éléments, la réutilisation des structures et l’entremêlement
des cultures se sont réfléchis dans les bâtiments laissant leur empreinte sur les artefacts construits.
D’un point de vue purement constructif, une distinction est opérable en relation à l’origine
des matériaux employés et aux techniques qui leur sont associées. D’une part, on distingue les
architectures dont la réalisation se base sur des pratiques anciennes, élaborées au cours du temps
et utilisant essentiellement des matériaux de construction naturels (terre, bois, pierre, bambou,
paille, etc.). D’autre part, dès la fin du XIX° siècle de nouvelles formes et pratiques architecturales
et constructives surgirent suite à l’apparition et à la généralisation de nouveaux matériaux (tels que
le ciment et l’acier) ; les artefacts qui en découlent intègrent des techniques d’origine récente et
emploient des matériaux naturels et/ou dérivant d’une production de type industriel (Boen, 2001).
La différenciation entre ces pratiques est marquée également par d’autres facteurs se rapportant,
en particulier, à la localisation et aux modalités d acquisition des savoirs et savoir-faire ainsi qu’à leur
élaboration et affinement (Boen, 2006, op. cit. ; Oliver, 2006, op. cit ; Jigyasu, 2008). L’évolution
relativement récente de certaines technologies constructives s’associe à l’émergence de nouveaux
modèles d’organisation des processus de production et de développement des connaissances
techniques ; facteurs qui modifièrent, parfois radicalement, les procédés de construction, la
matérialité et les formes du bâti, mais surtout le rôle et le degré de compétence de ses créateurs et
utilisateurs23.
22 Les connaissances indigènes désignent les connaissances uniques, traditionnelles et locales qui découlent de la situation
particulière des femmes et des hommes qui vivent dans une région particulière (Grenier, 1998, p. 1).
23 Les conditions dans lesquelles se produit le bâti deviennent doublement déterminées. Premier point : l’industrie de la
construction, en rationalisant et en optimisant ses processus, les uniformise et déplace massivement les centres de gravité de
la décision. Au terme de ce processus, le chantier n’est plus guère que formellement le lieu de production du bâti. Il n’est plus
qu’un lieu voué à l’assemblage d’éléments conçus et construits ailleurs . La division sociale du travail s’y est creusée. On y
rencontre d’un côté des techniciens hautement qualifiés aux méthodes de gestion, et de l’autre des manœuvres, littéralement
interchangeables et précarisés à l’extrême, affectés à des tâches subalternes et répétitives. La marchandise et le produit
tuent la production, et l’ouvrier du bâtiment est dépossédé de l’espace dans lequel il pouvait faire la preuve de son talent et de
sa créativité. Il est dépossédé de l’ouvrage qui pouvait faire sa fierté. Il est aliéné et repoussé dans la marge. Ces éléments
résultants de standards imposés par des fabricants, et des normes ou des cadres législatifs et réglementaires, produisent des
conséquences perverses. Si bien qu’à l’aliénation du travail sur le chantier se superpose celle de l’usager du bâtiment (Frey,
2010, op. cit., p. 29-32).
Même intégrant des technologies récentes, une grande majorité des constructions réalisées se
base encore actuellement sur des pratiques, modes d’apprentissage et de développement de
connaissances en partie similaires à ceux spécifiques aux pratiques « anciennes ». Le processus
technologique reste en effet fortement ancré dans le contexte : les matériaux employés sont ceux
disponibles sur place, les compétences auxquelles ont fait appel sont celles des constructeurs
locaux, les connaissances techniques sont apprises sur « le tas », améliorées et adaptées de manière
empirique. C’est dans les caractéristiques du produit qui en résulte qui se reflète la plus grande
différence, se rapportant à une qualité de conception, exécution et adaptation au milieu25.
24 Most Haitians are more oral than literate. he particular dangers of reinforced concrete arise from the mysterious
technical standards it requires. orking with it on a job site either teaches a builder that he knows nothing and cannot build
for himself, or it gives him a false sense that a rule-of-thumb understanding is good enough (Stouter, 2010a, p. 12).
25 Steel and cement are strong enough only when combined in certain magical proportions, determined by different
Les architectures sans architectes et ingénieurs correspondent à une large partie du secteur informel
de la production architecturale, passée et actuelle. Toutefois, seulement certaines d’entre elles
présentent des particularités permettant leur connotation en tant que « vernaculaires » :
• un caractère populaire2 , car elles sont créées par et pour les gens en fonction de leur quotidien.
Elles sont le fruit de l’ingéniosité et de l’esprit inventif de leurs constructeurs qui, de par leur
nature, qu’ils soient artisans ou habitants, se situent en dehors des canons institutionnels ;
• un caractère fonctionnel, car elles constituent une réponse aux besoins pratiques, symboliques
et économiques propres aux individus habitant un certain lieu. S’exprimant dans la forme
architecturale, la fonction illustre la raison d’être d’un bâtiment qui se rapporte avant tout à des
usages et/ou des représentations ;
• un caractère contextuel, car elles se produisent en étroite relation avec leur environnement
naturel et culturel. La variété des solutions constructives vernaculaires reflète, dans sa diversité,
la multiplicité des groupes ethniques et socio-économiques, des ressources, des contraintes et
des potentialités présents dans un lieu ;
• un caractère traditionnel, car elles s’inscrivent spatialement et temporellement dans les
habitudes et les pratiques constructives apprises et évoluées, héritées et transmises au sein
d’une même communauté sur la base de méthodes d’apprentissage propres à sa culture ;
• un caractère dynamique, car elles dérivent d’une évolution et transformation continues.
Les échanges inévitables et constants entre les régions et les peuples constituent un facteur
d’enrichissement mutuel se traduisant dans un processus d’adoption et assimilation de nouveaux
savoir-faire et nouvelles matières, ainsi que d’adaptation à des nouveaux besoins et aspirations.
L’architecture vernaculaire assume de fait une connotation fortement anthropique, n’étant pas un
objet statique mais le fruit de choix cohérents d’individus et groupes, un produit à l’image d’un
milieu, tant naturel que social, distinctif d’une région déterminée et expression d’un processus
culturel : un art commun, non produit par quelques intellectuels ou spécialistes mais par l’activité
continue et spontanée de toute une communauté partageant un héritage commun, agissant en vertu
d’une expérience communautaire 2 .
Cette recherche se rapporte aux différents éléments inhérents aux cultures constructives
vernaculaires, ici abordés à partir de l’échelle des constructions se référant à la vie quotidienne et
specialists. And inferior construction looks, until a catastrophe, as if it was strong enough (Stouter, 2010b, p. 2).
26 L’apparition relativement récente de certains matériaux (tels que la tôle ondulée ou les blocs de ciment) a permis, dans
certains cas, le développement de connaissances particulières sur la base d’un processus similaire à celui caractérisant
l’élaboration des pratiques « anciennes ». Parfois, l’utilisation de ces matériaux s’inscrit dans une continuité effective des
modes de construire, assurant une meilleure durabilité mais également le maintien de principes et pratiques se rapportant
à des pratiques « anciennes » et déterminant même l’émergence de nouvelles typologies vernaculaires spécifiques à ces
matières et techniques ou, au contraire, basées sur leur hybridation avec l’existant.
27 populaire : qui concerne l’ensemble d’une collectivité, la plus grande partie d’une population (Centre National de
Ressources Textuelles et Lexicales).
28 Pietro Belluschi cité par Rudofsky, 1965, op. cit., p. 3, trad. A. Caimi.
En différents contextes et époques une large partie de la population mondiale29 a été affectée
par des aléas naturels. Les effets de leur impact assument, dans certains cas, des proportions
particulièrement importantes, soit pour l’étendue de la zone concernée que par le nombre de
personnes touchées et/ou les dégâts occasionnés. Les catastrophes30 qui en découlent constituent
des événements d’envergure exceptionnelle nécessitant souvent l’intervention d’organismes
extérieurs pour répondre à la situation d’urgence et contribuer au redressement des communautés
sinistrées. Bien que parfois essentielle pour garantir la survie immédiate d’une population, l’action
de l’aide humanitaire, par son approche et ses objectifs, influence sur le long terme le degré de
vulnérabilité et les capacités de résilience d’une communauté.
L’histoire des interventions et des politiques liées à l’impact des aléas naturels a été marquée
par d’innombrables tentatives d’opérer, gérer et planifier de façon pragmatique l’urgence, le
redressement et le développement des pays et des collectivités affectées. Toutefois, ce n’est que
récemment que le champ d’action de l’aide humanitaire s’est élargi vers des approches indiquant la
réduction des risques comme une composante essentielle à intégrer dans tout programme d’urgence
et de développement, énonçant en outre la nécessité de passer d’une « culture de réaction » à une
« culture de prévention » (K. Annan, ancien secrétaire général des Nations Unies, IDNDR 1999).
29 Près de de la population mondiale vit dans des zones affectées au moins une fois, entre 1 0 et 2000, par un
phénomène tel que tremblement de terre, cyclone tropical, inondation ou sécheresse (UNDP, 2004).
30 Pour les définitions relatives à la terminologie spécifique associée à la notion de réduction des risques, je me rapporte
ici à l’ouvrage erminologie pour la Prévention des risques de catastrophe, publié en 2009 par la Stratégie Internationale de
Prévention des Catastrophes des Nations Unies - UNISDR. Un glossaire situé à la fin de ce document contient une explication
des principaux termes employés.
De fait, malgré les nombreuses lignes guides et recommandations, l’adoption effective d’une approche
globale de gestion des risques est aujourd’hui encore considérablement entravée par des facteurs
structurels intrinsèques à ses principaux promoteurs (bailleurs de fonds, gouvernements, institutions
31 Disaster prevention, mitigation and preparedness are better than disaster response . Disaster response alone is not
sufficient, as it yields only temporary results at a very high cost. e have followed this limited approach for too long.
Prevention contributes to lasting improvement in safety and is essential to integrated disaster management (Nations Unies,
rapport de la World Conference on Natural Disaster Reduction, Yokohama, 25-27 mai 1994, p. 17).
En relation aux situations d’urgence, les interventions se concentrent principalement sur une réaction
rapide et efficace par le recours à une logique de rationalisation et technicisation. L’impératif est de
fournir rapidement un toit aux plusieurs centaines, voire milliers de survivants ; ce qui demande une
logistique forte, supportée par des standards minimaux de base32 permettant de gérer de manière
efficace et relativement équitable la réponse à des besoins massifs.
D’autre part, on assiste à l’émergence de disciplines spécialisées (p.e. génie parasismique) s’attaquant
à la réduction de la vulnérabilité du bâti par l’élaboration de principes, règlements et normes, à la
fois techniques et fonctionnels ; des codes à caractère préventif destinés à contrôler les aspects
régissant la conception, la construction, les matériaux, la transformation et l’usage de toute structure
nécessaire pour assurer la sécurité et le bien-être humain, y compris la résistance à l’effondrement
et aux dégâts (UNISDR, 2009b). C’est de fait ce dernier aspect qui est souvent mis en avant : la
résistance d’une structure essentiellement dépendante d’une formalisation et « scientifisation » de
l’acte de bâtir, rapportées presque exclusivement aux sciences de l’ingénieur.
Ces aspects ont donné lieu à une réorientation d’une grande partie des acteurs internationaux
vers une démarche fondée sur une implication des communautés bénéficiaires dans les processus
décisionnels et de gestion (Arshad, Rasheed, 2011), ainsi qu’à l’émergence du concept du « build
back better »33 explicitant la nécessité, également dans le domaine de l’habitat, de concevoir les
interventions de l’aide humanitaire dans une logique de prévention (Clinton, 2006).
32 Des standards minimums et universels, tels que ceux énoncés dans le manuel élaboré dans le cadre du Projet Sphère,
constituant un outil universel qui apporte une réponse humanitaire prévisible indépendamment de la situation d’intervention
(source : http://www.sphereproject.org).
33 he build back better concept encourages reconstruction that reduces vulnerability and improves living conditions,
while also promoting a more effective reconstruction process (Jha, Duyne Barenstein, Phelps, et al., 2010, op. cit., p. 225).
L’urgence déclenchée par la crise, la nécessité de répondre rapidement à des besoins importants, les
contraintes de rentabilité posées par les bailleurs, les difficultés imposées par le cadre d’intervention,
souvent méconnu, et l’absence de stratégies de préparation spécifiques aux territoires concernés
poussent une grande partie des intervenants à opter pour l’adoption d’approches qui négligent
les caractéristiques du contexte et les savoirs existants localement, privilégiant le recours à des
éléments bien connus, et par ce fait considérés fiables. Du point de vue technique, cela se traduit
dans l’application de principes constructifs amplement reconnus et validés par les milieux spécialisés
et institutionnels, basés sur des technologies scientifiquement maîtrisées mais, en général,
considérablement différentes de celles employées localement. Du point de vue méthodologique,
la rationalisation et la simplification des paramètres à gérer par l’application de procédures et
indicateurs généralisés engendrent une homogénéisation des éléments en jeu : la même approche
de gestion et de mise en place du programme est appliquée à des situations parfois très différentes;
de même, le produit construit se limite à un modèle d’habitat unique, typologiquement et
constructivement identique, auxquels bénéficiaires très hétérogènes et parfois habitant des régions
géographiquement distinctes doivent s’adapter.
Ces approches ont un impact à long terme très limité, voire négatif, sur l’accès à un habitat sain et
sûr de la part des populations, mais également sur leurs pratiques constructives et leurs capacités à
gérer et faire face aux crises, allant jusqu’à déterminer un affaiblissement de leur propre résilience.
Les constructions réalisées dans le cadre de nombreux programmes post-catastrophe se basent
en effet sur des technologies qui, bien que reconnues et validées, sont dans la plupart des cas
économiquement, techniquement et physiquement inaccessibles aux bénéficiaires directs ainsi
qu’à la majorité de la population. Par conséquent, une fois les activités du projet terminées les
bénéficiaires et les autres membres de la communauté n’ont pas d’autres choix que de continuer
à construire de la même façon qu’avant la catastrophe. De plus, en introduisant des modèles
typologiques et technologiques nouveaux, un programme peut considérablement influencer les
pratiques constructives ainsi que déclencher ou amplifier certaines tendances relatives à l’imaginaire
collectif regardant l’habitat. Ce qui peut engendrer des tentatives d’imitation qui, sans la prise en
compte des règles de construction corrélées, déterminent un accroissement diffus de la vulnérabilité
(Caimi, Hofmann, 2010 ; Alvarez, Bossy, 2012).
Bien que ces programmes permettent une certaine amélioration des conditions de vie des
bénéficiaires directs, la vulnérabilité de l’environnement bâti et d’une communauté n’est pas
uniquement, et automatiquement, réduite par le fait de disposer d’un abri solide. La possibilité de
s’approprier, d’accéder et de reproduire de manière autonome les technologies proposées est un
facteur déterminant pour contribuer à une résilience sur le long terme.
34 Relocation is not only about rehousing people, but also about reviving livelihoods and rebuilding the community, the
environment, and social capital (Ibid.).
35 Dans la ville de Jean Rabel (département du Nord-Ouest, Haïti), un projet d’assainissement d’un quartier informel situé
au centre ville a été mené conjointement par la mairie et une organisation locale. Une délocalisation des habitats a été
entreprise pour offrir à la population urbaine vulnérable un habitat sain dans des zones non soumises aux risques naturels,
en accord avec le Plan d’Occupation des Sols de la ville (extrait de la demande de subvention soumise par l’organisation au
bailleur de fonds). Toutefois, les nouvelles habitations se situent sur des terrains à une heure à pied du centre ville, dans des
zones traditionnellement connues pour être inondables. De fait, les bénéficiaires de ce projet se retrouvent doublement
exposés : d’une part, à des risques naturels et, d’autre part, à une précarité économique et sociale due à l’éloignement du
centre d’activité économique (source : analyse de terrain, juin 2012).
• La permanence du provisoire
Les expériences du passé ont mis en évidence la précarité et vulnérabilité accrues dérivant
d’une pérennisation des solutions d’urgence de relogement après une catastrophe38. Ces risques
sont désormais devenus, au moins théoriquement, une évidence supportée par de nombreuses
évaluations et reportée dans la plupart des lignes directrices de l’aide humanitaire (Bekta , 2006 ;
Kennedy, Ashmore, Babister, et al., 2007 ; Gr ne ald, 2010 ; Davis, 2012). Celles-ci soutiennent
que ces structures devraient se caractériser par une adaptabilité à des multiples options d’évolutivité
fonctionnelle et spatiale, ainsi que par une flexibilité envers différentes modalités de re-construction
(Corsellis, 2012). Mais avant tout, elles devraient se fonder sur l’utilisation, ou la possibilité de
complémentarité, avec des ressources accessibles et disponibles localement, limitant de façon
moindre les choix futurs des populations affectées, voire en favorisant la mise en place spontanée
de solutions durables, sûres et confortables selon les exigences et aspirations de leurs occupants.
En fait, la vulnérabilité et les capacités à faire face et se redresser suite à des crises ne se rapportent
pas exclusivement à des questions purement techniques, constructives ou logistiques mais également
sociales, économiques, politiques, voire historiques, dont l’analyse et prise en compte requièrent un
« processus dédié » qui devrait être prévu et incorporé dans les stratégies de reconstruction depuis
leur phase initiale ainsi que supporté par des outils méthodologiques spécifiques (UN-HABITAT, 2011).
Fig.2: Indonésie, séisme et tsunami de 2004 : les habitations ont été reconstruites mais, en 2010, les infrastructures sont
toujours en attente
36 Dans un programme de reconstruction post-tsunami en Indonésie, des blocs de béton alvéolaires ont été utilisés pour le
remplissage d’une structure en béton armé. Les occupants de ces habitations apprécient les propriétés isolantes, la légèreté
(réduisant les risques d’atteinte physique grave en cas de séisme) et la facilité d’utilisation de ce matériau. Toutefois, importé
en grande quantité depuis la capitale pendant le projet, il n’est pas disponible sur le marché local et sa fourniture à échelle
réduite comporte des coûts extrêmement élevés. Pour les extensions et nouvelles constructions, la population est ainsi
retournée à utiliser les mêmes techniques et matériaux qu’avant la catastrophe (Caimi, Hofmann, 2010, op. cit.).
37 Dans les régions rurales haïtiennes, la construction se base souvent sur l’utilisation de bois local brut, tandis que les abris
transitionnels et les nouvelles habitations reconstruites après le séisme de 2010 emploient des éléments en bois équerrés,
de dimensions uniformes et régulières. Tout en reconnaissant l’intérêt des nouveaux dispositifs constructifs améliorant le
comportement de la structure, nombreuses personnes (bénéficiaires et non) ont manifesté une certaine perplexité quant à
la possibilité de les reproduire avec le bois disponible localement. Bien que cela relève principalement d’un facteur limitant
d’ordre perceptif et cognitif, avant que technique, cette vision peut influencer à priori la reproduction et l’appropriation de
certaines propositions constructives (Source : analyses de terrain 2011-2013).
38 Au-delà de nombreux exemples plus récents, un cas particulièrement frappant est celui de Messine (Italie), o 3 336
« baracche » (structures conçues pour un relogement temporaire rapide) construites après le séisme de 1908 sont, plus
de cent ans après, encore en place et habitées par les familles des bénéficiaires originaires ou par des nouveaux occupants
(Fiumi, 2008). Cos , alla fine, per disperazione, le famiglie fanno ormai le terremotate vita natural durante, dando vita a
un’interminabile catena di sant’Antonio della miseria (Speciale, 2008).
L’importance de briser les frontières entre les interventions à court et long terme, notamment par
une meilleure coordination des efforts de redressement et de reconstruction, sur la base d’approches
spécifiques telles que la liaison entre l’aide d’urgence, la réhabilitation et le développement , a été
constamment réitérée dans le cadre des politiques internationales de prévention des catastrophes
(UNISDR, 2013a). Cependant, depuis quelques années, les bilans des interventions conduites suite
à des événements exceptionnels (p.e. tsunami de 2004 dans l’Océan Indien) ont provoqué une
certaine tendance, de la part de bailleurs de fonds et d’organisations internationales, à se désengager
d’actions à caractère durable, telle que la reconstruction d’habitations permanentes, avec un retour
à une dynamique centrée sur la réponse d’urgence (Revet, 2008, op. cit.). Cette focalisation massive
sur des interventions à caractère provisoire entérine une logique à court terme, qui empiète sur le
processus de redressement, absorbant une grande quantité de fonds et entravant physiquement et
psychologiquement des dynamiques et des actions à long terme (Davis, 2012, op. cit.).
Néanmoins, on assiste à une reconnaissance croissante du rôle critique assumé par la compréhension
de l’interaction des facteurs naturels, physiques et comportementaux, à échelle individuelle
et collective, dans l’adaptation sur mesure des campagnes de promotion et des systèmes de
gouvernance des risques , en soulignant l’importance d’une prise en compte des connaissances
indigènes et traditionnelles comme du patrimoine culturel, aussi bien tangible qu’intangible, pour
concevoir de nouvelles politiques promouvant la socialisation de la réduction des risques, laquelle
devrait devenir « l’affaire de chacun » (UNISDR, 2013a).
Cela devient d’autant plus important si l’on considère que, dans la réponse aux besoins de
reconstruction après une catastrophe, l’impact des actions d’organismes gouvernementaux et non
se révèle en terme quantitatif souvent bien limité39. En effet, la reconstruction est en large partie40
le fait des populations elles-mêmes ; donc d’une « architecture sans architectes et ingénieurs »,
ne pouvant compter sur aucun aide extérieur et s’appuyant exclusivement sur ces propres moyens
cognitifs, techniques et économiques pour rebâtir des habitats qui, certainement, seront en futur à
nouveau soumis à l’impact des aléas naturels.
39 Suite au séisme de 2010 en Haïti, on estime que les Haïtiens ont reconstruit à eux-mêmes près de 10 fois plus de
maisons que les organismes d aide internationaux (FAU, 2012, p. 5). En milieu urbain, la reconstruction de structures
durables a été prise en charge à 90% par la population, sans aucun appui institutionnel ; de fait elle aurait rebâti des centaines
de milliers d’habitations contre le quelques dizaines de milliers fournies par l’aide international (Gr ne ald, 2014).
40 Des analyses conduites au Bangladesh suite aux cyclones Sidr et Aila (2007 et 2009) ont relevé comme environ un tiers
des habitats détruits a été reconstruit par leurs propriétaires grâce à leurs propres ressources, un autre tiers par l’aide
gouvernementale ou d’autres organismes. Le restant de la population a dû se débrouiller sans aucun support, ce qui dans une
grande majorité de cas a déterminé une non reconstruction ou une précarisation accrue, faute de moyens économiques et
de connaissances techniques pour des solutions abordables (Caritas Bangladesh, 2011).
Les interventions d’agents externes à une communauté et/ou à un lieu se révèlent parfois des
contributions indispensables ; dès lors, de quelles manières elles peuvent aller appuyer un processus
endogène de résilience et autodétermination, plutôt qu’alimenter l’imposition de modèles exogènes
et de logiques technocratiques ?
L’habitat vernaculaire et les cultures constructives qui y sont associées reflètent et découlent d’une
corrélation particulièrement forte entre milieu naturel et humain, tendant à un équilibre entre
ressources, capacités, aspirations et besoins des populations qui l’habitent ; par conséquent, ne
devraient-elles pas constituer la première référence à saisir pour identifier quel chemin entreprendre
vers la résilience ?
Habitant des régions affectées, souvent cycliquement, par des phénomènes naturels majeurs,
certaines populations ont été historiquement confrontées à la menace que ces événements
représentent ; comment ont-elles pris en compte et intégré ces risques dans leurs pratiques et leurs
modes de vivre et de bâtir ?
L’architecture, par la façon dont elle est accomplie, exerce une influence sur la vulnérabilité de
l’environnement bâti, mais également sur la capacité d’un système (communauté/société) à
absorber les effets d’un danger de manière efficace. Cette capacité repose sur le principe que, pour
chaque situation particulière, des réponses puissent être étudiées, mises en œuvre, évaluées et
si nécessaire améliorées en conséquence, de façon contextuelle. L’architecture ne peut donc pas
s’abstraire des individus et collectivités qui la génèrent et l’habitent, faute de quoi elle étoufferait
tout élan de créativité constructive et spatiale qui aurait le potentiel de générer une architecture
contemporaine saine, accessible et résiliente.
L’étude des techniques et des mesures mises en œuvre spontanément par les gens a le potentiel
de dévoiler tout un éventail de solutions constructives qui, qu’elles soient anciennes ou récemment
développées, employant des matériaux naturels ou industriels, représentent souvent l alternative
la plus viable, voire fiable, localement. La prise de conscience du potentiel des pratiques et des
connaissances vernaculaires dans la préparation, réponse et redressement aux crises constitue, à
mon avis, une piste pertinente pour que la (re)construction d’habitats et d’environnements de vie
participe au renforcement des capacités de résilience d’individus et groupes humains, ainsi qu’au
processus de leur autodétermination et autonomisation.
Cette recherche explore la relation entre les cultures constructives vernaculaires et les phénomènes
naturels caractérisant les milieux dans lesquels elles se situent. Ce travail se focalise sur les pratiques
- constructives et comportementales – développées par les populations habitant des contextes
géographiquement exposés à des aléas naturels majeurs, investiguant leur rôle potentiel en tant
que source d’information et d’inspiration technologique pour une réduction de la vulnérabilité à
long terme.
L’objectif est d’entamer une (re)découverte des savoirs vernaculaires contribuant à constituer des
nouvelles connaissances relatives à la dimension parasinistre des cultures constructives vernaculaires
ainsi qu’à favoriser une meilleure accessibilité et pertinence d’approches et d’actions, par une prise
en compte des pratiques et spécificités locales dans le renforcement des capacités des populations
et institutions face aux risques naturels.
Ce processus ne s’adresse pas uniquement à des scientifiques, des techniciens et des responsables
de projet mais également aux communautés, habitants et bâtisseurs, en soutenant simultanément
une reconnaissance par des instances et des acteurs institutionnels comme une restitution et une
valorisation de ces savoirs auprès de ceux qui en sont à l’origine et qui, par leur pratique quotidienne,
influencent et habitent le milieu construit.
41 FREY, Pierre. Learning from vernacular. ne exposition d’architecture. Dossier de presse, mai 2010.
Chaque étape de ce parcours a apporté des nouveaux éléments et ouvert des perspectives,
contribuant ainsi à poser les fondements, aussi bien conceptuels que pratiques, pour l’étape
importante ultérieure d’approfondissement qui a été cette recherche en thèse.
Le projet ReparH - Reconstruire parasinistre en Haïti a, à cet égard, offert une opportunité
particulièrement intéressante dans laquelle inscrire la continuité de ces réflexions et d’une approche,
alliant recherche et action, que j’ai adoptée depuis le début de ce chemin.
42 CAIMI, Annalisa, HOFMANN, Milo, 2005. From utcha to Pucca. Proposition de reconstruction d’habitats résistant aux
calamités naturelles pour les villages de l’Orissa (Inde). Thèse de Master en Architecture. Lausanne : École Polytechnique
Fédérale de Lausanne.
43 CAIMI, Annalisa, HOFMANN, Milo, 2007. Le localisme du bambou. Entre tradition et innovation: recherche au regard du
bambou et réalisation d’une construction économique, résistante aux calamités naturelles, avec les populations de l’Orissa
(Inde). Rapport final. Recherche financée par la Fondation pour l’architecture Geisendorf (Suisse).
44 CAIMI, Annalisa, HOFMANN, Milo, 2010. Aléas naturels, reconstruction et pratiques vernaculaires. Diplôme de Spécialisation
et d’Approfondissement – Architecture de Terre. Grenoble : École Nationale Supérieure d’Architecture. 2010.
45 GARNIER, Philippe, MOLES, Olivier, CAIMI, Annalisa, et al., 2011. Aléas naturels, catastrophes et développement local.
Villefontaine : CRAterre Editions, 2011.
46 CAIMI, Annalisa, HOFMANN, Milo, 2010. Etat des lieux de la reconstruction post-tsunami (province d’Aceh, Indonésie).
Sigli : CRAterre-ENSAG, Fondation Abbé Pierre.
47 Développement d’une mallette pédagogique dans le cadre de la phase pilote du programme Réduction de la vulnérabilité
aux inondations des populations (et de leur cadre bâti) d’Afrique Centrale et de l’Ouest, conduit par la Fédération Internationale
de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge.
la prise en compte, dans des processus de réduction de la vulnérabilité relatifs à l’habitat, des savoirs
et savoir-faire inhérents aux pratiques et cultures constructives vernaculaires contribue à renforcer
les capacités locales de résilience.
Toutefois, la résilience n’est pas uniquement déterminée par des facteurs d’ordre technique, mais
également par les connaissances, pratiques et ressources disponibles. Pareillement, les capacités
d’individus, communautés et organismes ne se rapportent pas uniquement à des questions
procédurales, mais à un ensemble d’approches, modalités, contenus et compétences dont les
spécificités et la variabilité sont directement corrélées aux particularités de chaque contexte. Ainsi,
de cette hypothèse, deux questions plus spécifiques découlent :
Quels sont les savoirs, les pratiques et les dispositions techniques développés par les bâtisseurs et
les populations pour réduire la vulnérabilité du bâti envers les aléas naturels ?
Selon quelles modalités ces savoirs et mesures pourraient-ils participer à renforcer la résilience et les
capacités à se préparer, gérer et répondre aux crises ?
Pour saisir de manière cohérente les questions fondant cette recherche, il m’est paru indispensable
qu’elle s’appuie, depuis ses débuts, sur une démarche tissant des liens entre plusieurs domaines,
échelles et niveaux d’expertise. L’approche adoptée se base ainsi sur l’établissement d’une relation
forte entre le niveau de la recherche scientifique et le niveau opérationnel, ce dernier correspondant
aux activités entreprises dans le domaine de l’habitat par des organismes intervenant dans des
contextes exposés à des aléas naturels ; ceci pour ancrer la réflexion théorique aux limites et
potentialités de la pratique de terrain. Cette liaison s’est traduite dans un processus d’allers et retours
continus entre la dimension théorique et appliquée de la recherche, se nourrissant réciproquement
tout au long de ces trois ans. Cette dynamique a été ultérieurement enrichie par un engagement
direct et proactif dans le cadre d’activités conduites par l’association CRAterre et ses partenaires,
qui a permis de formuler, vérifier et faire évoluer les hypothèses posées par la recherche apportant,
simultanément, une contribution directe au travail des acteurs impliqués dans ces programmes.
Pareillement, la prise en compte des aspects relatifs aux différentes phases d’intervention a été
effectuée par l’insertion de la réflexion dans une logique de liaison entre urgence, réhabilitation
et redressement, pour appréhender de la manière la plus complète les différents enjeux relatifs à
chacune de ces situations comme à leur interrelation.
La mise en place de cette démarche et la création d’une relation forte entre recherche et application
ont été favorisées par le double statut de laboratoire de recherche et d’association du CRAterre et,
plus particulièrement, par l’inscription de ce travail dans le projet de recherche ReparH (Reconstruire
Parasinistre en Haïti 2010-2015), soutenu par l’Agence Nationale de la Recherche- ANR dans le cadre
d’un appel émis suite au séisme de janvier 2010 en Haïti. Conciliant approche scientifique et réalités
de terrain, ce projet vise à appuyer des institutions haïtiennes et internationales dans l’élaboration
et la mise en place de stratégies de réduction de la vulnérabilité de l’habitat, par la proposition
de spécifications techniques et méthodologiques afin de développer une architecture de qualité
par la promotion de solutions constructives socialement adaptées et scientifiquement pertinentes,
et contribuer à leur large diffusion et utilisation par les populations (extrait du compte-rendu
Dans ce cadre, la présente recherche s’est fondée sur une analyse des stratégies adoptées par des
acteurs de la réhabilitation post-catastrophe, en particulier en Haïti, pour entamer une réflexion
et proposer des perspectives favorisant la mise en place d’approches de prévention et de gestion
adaptées au contexte. Parallèlement, ce travail a apporté une contribution directe aux actions
d’organismes haïtiens engagés dans la réhabilitation post-séisme ainsi qu’à l’objectif du projet
ReparH de produire des documents techniques et méthodologiques qui pourront être utilisés dans
les programmes de formation (professionnelle et universitaire) et de préparation aux risques, à Haïti
et dans d’autres régions du monde soumises à des aléas naturels similaires (extrait du projet soumis
en réponse à l’Appel à projets Flash Séisme Haïti, pour une reconstruction durable, avril 2010, p. 7).
Le développement d’une méthodologie d’analyse contextuelle et son expérimentation en contexte
réel (en Haïti et au Bangladesh) en vue de futures applications contextualisées, mais également
d’activités de sensibilisation et formation sur site ont constitué des apports concrets aux actions
mises en œuvres, en participant en outre à l’élargissement de leur perspective au delà de la phase
de post-catastrophe. Le travail entrepris avec les partenaires haïtiens – y compris des organisations
travaillant dans des régions non affectées par le séisme de 2010 – ont par ce fait directement
contribué à une durabilité des démarches adoptées dans le cadre de la reconstruction, en soutenant
leur inscription dans les priorités et les pratiques de travail de ces associations, dans une logique de
réponse à la crise mais également d’anticipation et préparation à celles à venir.
Le développement parallèle de ces différents éléments a été, d’une part, le résultat d’une volonté
explicite de permettre une définition progressive du cadre théorique ainsi qu’un enrichissement
réciproque des différents facteurs et niveaux considérés. D’autre part, cela a constitué également
une réponse pragmatique à la nécessite d’assurer un avancement de la recherche de manière
Le travail au regard de cet axe s’est concentré sur la spécification de la corrélation entre les notions
d’architecture vernaculaire et de culture constructive rapportées aux risques naturels. En particulier,
il approfondit le concept de « culture constructive du risque », en investiguant les formes par
lesquelles elle se manifeste dans les pratiques et les artefacts des bâtisseurs vernaculaires. L’analyse
se focalise sur la dimension constructive de cette relation, par l’identification des typologies et
des échelles d’application des mesures et dispositions qui permettent à certaines architectures
vernaculaires de faire face à l’impact des aléas naturels. La recherche considère les différents
niveaux de matérialisation de ces principes parasinistres en s’appuyant sur l’étude d’exemples
présents dans la littérature ainsi que découlant d’analyses conduites dans des contextes particuliers,
précédemment et au cours de cette recherche. Cette étude a permis d’identifier et caractériser
des approches, systèmes et dispositifs constructifs spécifiques à des pratiques et environnements
bâtis vernaculaires, en les rapportant également à des principes du génie parasinistre ainsi qu’aux
résultats de recherches scientifiques menées par d’autres chercheurs et institutions.
Si une prise en compte des pratiques existantes débute par l’identification des caractéristiques
du milieu d’intervention, elle se traduit ensuite dans des éléments techniques comme dans les
spécificités et modalités de mise en œuvre d’un programme. Il m’est paru donc indispensable
d’étudier de plus près les aspects qui, au niveau organisationnel, décisionnel et opérationnel,
participent à la définition et au déroulement du processus de projet ainsi qu’à ses résultats et à son
impact sur l’amélioration des capacités locales, tant au regard de la construction que de la résilience.
Pour ce faire, j’ai procédé à une analyse de plusieurs projets d’habitat dans lesquels les
caractéristiques du contexte ont exercé, depuis le départ, une influence importante sur les approches
Le développement de ce deuxième axe de recherche s’est en grande partie appuyé sur des activités
conduites en relation aux contextes suivants :
- la réhabilitation post-catastrophe en Haïti, en référence aux projets menés par différents
organismes engagées dans la reconstruction suivant le séisme qui a frappé le pays en 2010 ;
- un programme triennal de préparation aux catastrophes, renforcement des capacités locales
et amélioration de l’habitat au Bangladesh, conduit conjointement par la Caritas Bangladesh, le
Département d’ingénierie de la Bangladesh University of Engineering and Technology (BUET) et
le CRAterre-ENSAG.
Les facteurs d’intérêt ayant supporté le choix de ces contextes sont les suivants :
• les deux situations constituent des phases différentes du même processus dynamique : la
reconstruction post-catastrophe et la préparation aux risques représentent deux composantes
complémentaires de la gestion des risques. Prendre en compte ces deux situations a permis de
pousser la réflexion à explorer les modalités par lesquelles la reconstruction peut poser les bases
pour une démarche à long terme de préparation et réduction des risques et comment, à son
tour, la préparation peut influer sur les stratégies de reconstruction ;
• la différence de niveaux et de rôles des acteurs impliqués : au Bangladesh, les institutions en
charge du projet sont locales, l’une provenant du milieu universitaire et l’autre étant un organisme
non gouvernemental dont le personnel possède une grande expérience dans la réponse post-
catastrophe ; en revanche en Haïti les organismes agissant sur le terrain sont des structures
internationales et locales, ces dernières avec peu ou pas d’expérience dans la construction. Ces
différents niveaux d’engagement, de compétences et d’influence ont de fait permis de considérer
un éventail relativement large d’enjeux, synergies et potentialités présentes dans les différentes
situations étudiées ;
• une implication directe en tant que réponse à une nécessité effective exprimée par des acteurs
locaux et opérationnels, se rapportant et alimentant le développement d’aspects particuliers
considérés dans la recherche.
D’un point de vue méthodologique, les programmes en cours sur le terrain ayant fait l’objet d’un
approfondissement détaillé ont été choisis sur la base de plusieurs facteurs.
Tout d’abord, la définition des deux contextes de références - Haïti et Bangladesh - se rapporte à
deux pays parmi les plus pauvres de la planète48, régulièrement affectés par des événements à
caractère catastrophique déclenchés par l’impact d’aléas naturels. Des situations qui voient dans
une large majorité de cas, l’intervention d’organismes locaux et internationaux pour compenser les
faiblesses existantes au niveau social et institutionnel ainsi que pour épauler, voire parfois même
48 Selon les statistiques établies, en relation au produit intérieur brut sur la base des taux de parité de pouvoir d’achat par
habitant (bases de données consultées en avril 2014), par des organismes comme l’International Monetary Fund (World
Economic Outlook Database), la Banque Mondiale (World Development Indicators Database) et la Central Intelligence Agency
(World Factbook),
Les contextes de référence diffèrent tant du point de vue géographique et programmatique, que des
organismes et dynamiques en place. Cette hétérogénéité, ainsi que les contraintes et les opportunités
relatives aux deux situations, ont déterminé une différenciation des approches d’étude et des
possibilités d’approfondissement. cet égard, une double démarche a été adoptée, en analysant
en profondeur quatre programmes en Haïti et un au Bangladesh. Le choix de considérer, dans le
premier cas, plusieurs exemples et, dans l’autre, un seul dérive essentiellement de la diversité des
contextes à l’étude.
Le cas haïtien se réfère à une situation dans laquelle, suite à une catastrophe récente et de
grande ampleur (séisme de 2010), plusieurs organismes interviennent simultanément en relation
à des problématiques similaires (p.e. relogement et reconstruction d’habitats). Parmi ceux-ci, la
sélection des cas approfondis s’est basée sur des programmes qui, en terme d’approche globale,
se différencient considérablement de la majorité des autres organisations actives sur place. Plus
particulièrement, les paramètres considérés se rapportent à leur proximité géographique, une
étendue limitée aux zones affectées par le séisme de 2010, ainsi qu’à une localisation en région
rurale et/ou périurbaine. Un critère ultérieur a été l’adoption d’une approche située, s’inspirant des
pratiques constructives locales pour une reconstruction non seulement permanente mais surtout
durable, en termes d’accessibilité des technologies et des modes d’organisation proposés.
En relation au Bangladesh, le choix de considérer un seul exemple dérive de la particularité
du programme en question. En fait, il ne correspond pas à une intervention temporellement et
spatialement limitée, mais il découle au contraire d’un processus d’évolution de logiques et approches
s’articulant sur différentes zones et plusieurs années49. La focalisation sur un cas spécifique dérive
également de l’étendue de ce projet, couvrant simultanément plusieurs régions, à échelle nationale,
et englobant différentes typologies d’acteurs, avec une forte synergie au niveau local entre le
domaine opérationnel et académique.
Parmi les critères fondant la définition des cas analysés dans ces deux contextes, l’existence d’un
partenariat entre le laboratoire CRAterre-ENSAG et les organisations chargées de la mise en œuvre
des activités a, en outre, assumé une rôle déterminant, notamment pour consentir une implication
directe et un suivi continu, même loin du terrain.
Dans le cas du contexte haïtien, la pluralité d’organisations travaillant simultanément sur une
problématique similaire a ouvert une double perspective. D’une part, cela a permis de profiter de la
multiplicité des démarches pour saisir les différents éléments et approches nourrissant la réflexion
autour des possibilités concrètes de prise en compte des cultures constructives locales depuis la
phase de post-urgence. D’autre part, elle a permis d’apporter un complément à ces activités en
relation à une volonté manifestée par les représentants de certaines organisations haïtiennes
d’acquérir des compétences spécifiques pour une analyse située. Mon implication a ici concerné
des activités de sensibilisation et formation de responsables et techniciens; ce qui a contribué à un
élargissement des éléments considérés au regard de la méthodologie élaborée et de sa diffusion,
notamment par la confrontation avec des contextes, des compétences et des objectifs variés.
49 Le programme considéré est en effet une étape d’un processus, commencé en 2007 avec la reconstruction après un
événement particulier (cyclone Sidr), évoluant d’une approche de réaction vers une approche de prévention.
L’analyse de ces programmes s’est fondée sur deux logiques distinctes, qui dérivent de l’hétérogénéité
des situations considérées. En Haïti, le contexte de post-urgence a déterminé un avancement très
rapide des projets, en particulier en relation aux activités portant sur la production d’habitats. Ce
qui a permis de dresser plusieurs constats au regard des modalités de leur déroulement et des
retombées au niveau des populations bénéficiaires et non, comme des constructeurs, techniciens
et responsable locaux. D’autre part, le projet en cours au Bangladesh s’est focalisé essentiellement
sur le processus, non seulement de développement de solutions techniques mais aussi de
renforcement des capacités et de dialogue avec les communautés. Son objectif n’étant en effet pas
la production d’un nombre élevé de constructions mais l’élaboration et la mise au point de stratégies
méthodologiques et techniques ainsi que leur diffusion et appropriation par les différents acteurs
impliqués.
Cette différence de logiques s’est répercutée sur les modalités de synthèse des informations à leur
égard : dans un cas (Haïti) sous forme de fiches par projet, détaillant les différentes composantes
ainsi qu’un bilan critique des éléments identifiés ; dans l’autre (Bangladesh), par le biais d’une
fiche synthétisant l’historique et les spécificités programmatiques de l’exemple considéré.
L’approfondissement de ces programmes n’était de toute manière pas motivé par l’intention
d’effectuer une analyse comparative, mais plutôt d’investiguer les aspects propres à chaque situation
pour en dégager des considérations et des critères alimentant une réflexion d’ensemble au regard
d’une amélioration des approches de réduction de la vulnérabilité.
Le travail relatif à ces deux contextes a été effectué tout au long de ces trois ans, incluant une
analyse des programmes en cours ainsi qu’une étude des cultures constructives vernaculaires
dans les zones d’implantation des premiers. Ces investigations ont été conduites en parallèle au
développement d’une approche méthodologique d’analyse contextuelle qui est de fait devenu
l’objet et, simultanément, l’outil de la recherche.
La collecte et le traitement des données ont été effectués sur la base d’une double démarche visant
à assurer tant la scientificité de l’approche de recherche adoptée que la fiabilité des informations
obtenues, par une immersion prolongée dans les contextes à l’étude ainsi qu’une triangulation des
sources, méthodes et perspectives (Pourtois, Desmet, 2007).
Plusieurs déplacement sur le terrain - dont deux d’une durée d’un mois chacun au Bangladesh (en
2011 et 2012) et quatre en Haïti pour une durée totale de deux mois (en 2011, 2012 et 2013) - ont
permis d’acquérir une compréhension fine par un suivi sur trois ans, évitant le piège d’une position
d’observateur extérieur et ponctuel et, par conséquent, d’une généralisation d’aspects anecdotiques.
La récolte des informations s’est basée sur plusieurs méthodes qualitatives, dont la grande majorité
fait partie de l’approche méthodologique développée au regard d’une analyse située. Elles ont
en particulier compris : l’observation directe des spécificités tangibles des contextes considérés
comme des dynamiques en place au niveau individuel, communautaire et institutionnel ; des visites
accompagnées et plusieurs rencontres avec des acteurs variés, incluant des entretiens non directifs
avec des informateurs clé et des groupes focalisés conduits sur la base d’une liste de questions
ouvertes. Ces activités ont été associées à une documentation, des éléments discutés et observés,
par le biais de photographies et notes de terrain ainsi que par des comptes rendus des entretiens et
des visites qui ont été validés auprès des participants.
Plusieurs sites ont été cycliquement visités et plusieurs acteurs rencontrés pour saisir des éventuelles
évolutions du cadre contextuel et les influences des programmes analysés, comme pour questionner
l’ensemble des points de vue et des expériences se rapportant à ces projets et, de manière plus
large, au secteur de l’habitat en zones à risques.
La relation avec le terrain a néanmoins imposé plusieurs contraintes, en particulier vis-à-vis des
disponibilités et priorités des acteurs opérationnels, résultants dans des décalages parfois importants
entre les délais et les activités prévues et celles réellement possibles. Ce qui m’a conduit à saisir
d’autres opportunités qui ont permis d’acquérir des éléments supplémentaires et d’effectuer des
approfondissements ultérieurs :
- le suivi du travail d’analyse effectué en juin 2012 par deux étudiants du DSA-terre au regard
de différents programmes d’habitat réalisés en Haïti, dans le cadre d’un stage financé par la
Fondation Abbé Pierre ;
- la participation à la définition d’une grille d’évaluation interne au regard des programmes de
reconstruction d’habitations, conduit par quatre organisations haïtiennes avec le soutien de
l’organisation Misereor ;
- la contribution à l’élaboration d’un module de formation à l’analyse des cultures constructives
locales, s’adressant à des techniciens (ingénieurs et artisans expérimentés) d’organisations
haïtiennes, dans le cadre d’un projet conduit par UN-HABITAT en Haïti au cours de l’année 2013;
- la contribution et participation à plusieurs séminaires et conférences internationales :
- Ith International Conference on the Study and Conservation of Earthen Architectural Heritage
- erra 2012, 22-27 avril 2012, à Lima (Pérou),
- séminaire scientifique Disaster-resistant building cultures: the ways forward, 27-29 mai 2013,
à Grenoble (France),
- Second International Conference Structure and Architecture - ICSA2013, 24-26 juillet 2013, à
Guimar es (Portugal),
- International Conference on ernacular Heritage and Earthen Architecture - CIA 2013 th
A P erSus, 16-20 octobre 2013, à Vila Nova de Cerveira (Portugal).
50 Le nombre de bénéficiaires directs, constructeurs et membres des communautés rencontrés est difficilement quantifiable
avec précision, en raison de la nature propre de la méthodologie d’analyse adoptée, qui ne se focalise pas sur des échantillons
démographiques et/ou professionnels préétablis, mais cherche à instaurer un dialogue avec tout individu susceptible
d’apporter des informations et des considérations favorisant la compréhension du cadre et des contraintes contextuelles. Au
cours du travail sur le terrain, plusieurs échanges informels ont eu lieu avec des personnes rencontrées de manière imprévue
pendant des visites ou intervenant de manière ponctuelle aux rencontres communautaires. titre indicatif, lors des analyses
conduites au Bangladesh, 20 habitations par région ont été examinées de manière détaillée et pendant les entretiens avec
leurs propriétaires, plusieurs autres personnes (de 1 à 5) ont parfois participé.
Chaque partie développe de manière autonome une de ces thématiques, tout en se rapportant en
début et fin de chapitre à la réflexion d’ensemble constituant le « fil rouge » de cette recherche.
En outre, en conclusion de chaque partie, je propose des pistes contribuant à une diffusion des
résultats de ce travail entre chercheurs, praticiens et acteurs locaux, pour qu’ils puissent se rendre
utiles aux groupes et individus responsables de la mise en œuvre d’activités sur le terrain ainsi qu’en
charge de la construction d’environnements bâtis plus résilients.
La deuxième partie, Pratiques locales, risques et milieu : une méthodologie d’analyse contextuelle, se
focalise sur les modalités d’identification des cultures constructives vernaculaires par un processus
d’analyse située, comme étape préalable à l’élaboration de toute activité. Je procède tout d’abord à
une revue critique des méthodes et supports existants, en relation aux concepts d’analyse directe et
participative, d’habitat et architecture vernaculaire ainsi que de vulnérabilité et relation aux risques.
Par la suite, je présente la méthodologie d’analyse des cultures constructives locales développée
du point de vue du processus de son élaboration, de son approche globale, d’une caractérisation
des paramètres et supports considérés ainsi que des modalités de son application avec une
référence particulière au travail effectué sur le terrain. Cette partie se conclut avec des observations
au regard des facteurs d’adaptation, des modalités d’appropriation et des niveaux d’application,
s’accompagnant de propositions spécifiques à ces éléments en vue d’une diffusion et utilisation de
cette méthodologie dans le cadre d’initiatives relatives au bâti vernaculaire et à la résilience, dans
des contextes exposés à des aléas naturels.
En guise de conclusion finale de la thèse, des considérations sont dressées au regard des limites tant
de la recherche que des propositions effectuées, ouvrant également des perspectives en relation aux
principaux éléments traités ainsi qu’à une réflexion du rôle possible de l’architecte dans la prise en
compte des cultures constructives vernaculaires, en tant qu’observateur et acteur pluridisciplinaire
facilitateur.
Les indications des références, en bibliographie et dans le texte avec le système (nom de l’auteur, date,
page), utilisent le style « doctorant AE&CC » proposé par la responsable du centre de documentation
de l’unité de recherche AE&CC et correspondant à la norme bibliographique internationale ISO 690.
La bibliographie à la fin de ce document contient toutes les références citées, structurées en ordre
alphabétique. Dans les annexes, les références et les bibliographies relatives aux différents éléments
présentés sont directement introduites dans chaque document.
Plusieurs types d’images (schéma, graphiques, photos, croquis) illustrent les propos présentés dans
le texte. Tous les éléments dont les sources ne sont pas référencées sont de l’auteur.
Les annexes comprennent des documents élaborés au cours de cette recherche et servant de
support au développement de certains de ses parties, mais dont l’étendue ou le caractère trop
spécifique ne permet pas leur intégration dans le corps principal du manuscrit de thèse. Ils sont ainsi
regroupés à la fin, selon un principe correspondant aux chapitres auxquels ils se réfèrent.
L’expression « prendre en compte » assume ici une signification particulière, plus marquée que
« considérer », « intégrer » ou « tenir compte ». Ces dernières indiquent l’intégration d’un ou plusieurs
aspects (p.e. certaines caractéristiques du contexte) dans un ensemble défini (le programme), ce qui
sous-entend une certaine imprécision, voir marginalité, du rôle et de l’influence des premiers envers
les deuxièmes (le programme inclut des éléments du contexte, mais ces derniers peuvent avoir
une influence secondaire sur ses objectifs et contenus). Pour « prendre en compte », on entend en
revanche un mode de concevoir et procéder qui débute avec une analyse critique du contexte, pour
définir les objectifs et modalités de travail : c’est le programme qui s’inscrit dans le contexte à travers
un processus de compréhension préalable et de construction d’un projet émergeant des spécificités
de l’existant.
La cohérence et l’impact sur le long terme d’activités relatives au domaine de l’habitat sont
déterminées par les spécificités et la corrélation de quatre facteurs (Fig. 5). Le premier concerne
le contexte, qui établit le cadre de référence, tandis que les trois autres constituent les principaux
aspects caractérisant les programmes conduits par des organismes (non)gouvernementaux :
51 TURNER, John F.C., 1972. « Housing as a verb ». In : Freedom to build. New York : Macmillan, op. cit., p.153.
Dans les chapitres suivants, j’approfondis ces trois derniers aspects en référence à des activités
de préparation et réponse aux crises. Pour ce faire, je considère des initiatives récentes o les
caractéristiques contextuelles, en terme de ressources, savoir-faires, spécificités du milieu social,
construit et naturel, ont constitué des paramètres décisifs dans la définition des actions entreprises.
Cette démarche vise à saisir - néanmoins sans prétention d’exhaustivité - les facteurs d’influence du
cadre d’intervention sur les spécificités et l impact d’un programme, en explicitant les différentes
modalités de prise en compte des cultures constructives vernaculaires, en relation aux critères
considérés, choix opérés et priorités établies par les institutions à l’origine de ces activités.
Parmi les pratiques courantes des organismes opérationnels (OG et ONG d’aide humanitaire et/ou de
développement), deux approches principales sont identifiables en relation au positionnement et à
la démarche stratégique adoptés : l’une se focalise sur la fourniture d’un produit (providing) ; l’autre
soutient un processus de développement des capacités cognitives, opérationnelles et décisionnelles
de groupes et individus (enabling). Cette dernière approche remet en question la notion de
« bénéficiaire » en tant que simple destinataire des activités mises en place, s’orientant vers une
conception des acteurs locaux (populations, mais également associations, professionnels, autorités)
comme partenaires de travail à impliquer, écouter et soutenir (Gr ne ald, 2005). La participation
de différentes parties prenantes et les modalités de sa concrétisation assument un rôle déterminant,
allant bien au-delà d’une simple contribution matérielle. Dans cette logique, les actions entreprises
ne se limitent donc pas à une « distribution » de constructions résistantes, mais visent à constituer
les conditions (environnementales, sociales, politiques, économiques et techniques) pour que les
populations, les constructeurs et les organisations locales soient en mesure d’accéder et développer,
de manière autonome et durable, des mesures réduisant la vulnérabilité de l environnement bâti et
humain (UNDP, 2009).
L’approche d’un projet est, par conséquent, étroitement corrélée à son principal centre d’intérêt : la
réalisation de bâtiments et/ou le renforcement de capacités. Ces deux aspects ne sont pas exclusifs,
mais ils peuvent être considérés simultanément en tant que composantes complémentaires
d’un même projet. Toutefois, la prédominance de l’un entre eux est rapportable à l’importance
variable attribuée à plusieurs facteurs influençant le déroulement et les effets (in)directs des
actions entreprises (Projet Sph re, 2011) ; facteurs qui sont associables à trois niveaux distincts et
interreliés52 :
52 Ces facteurs représentent les aspects sur lesquels la mise en œuvre du projet agit de manière directe et tangible, dans
certains cas même quantifiable. Un quatrième niveau se rapportant à la sphère culturelle pourrait être considéré ; néanmoins
les facteurs qui lui sont associables (p. e. le renforcement de l’identité culturelle, l’adéquation aux modes de vie) se rapportent
à des aspects dont la pertinence et effectivité sont difficilement estimables par des tiers et directement corrélées au degré
d’influence des bénéficiaires et de leur communauté dans la prise de décision et la gestion du processus de projet.
La considération de ces trois niveaux influence considérablement l’impact53 à long terme d’un projet.
La concrétisation de l’approche adoptée est étroitement liée à la typologie des parties prenantes, à
leur système relationnel et au rôle spécifique de chacune d’entre elles dans les processus décisionnels
et de gestion des activités.
53 On différencie ici impact et effet. Le terme « effet » indique l’incidence de l’action sur le milieu physique et humain
environnant , conjuguant résultats de l’action et autres dynamiques ou contraintes provenant du milieu dans lequel se
déroule l’action (Graugnard, Heeren, 1999, p. 10), tandis que le terme « impact » désigne des changements durables
observables à long terme (OECD, 2002 ; Folke, 2005). En particulier, l’impact d’une action est la situation issue de
l’ensemble des changements significatifs et durables, positifs ou négatifs, prévus ou imprévus, dans la vie et l’environnement
des personnes et des groupes et pour lesquels un lien de causalité direct ou indirect peut être établi avec l’action (Graugnard,
Heeren, 1999, op. cit., p. 12).
Projet 1 :
Contexte : Haïti
Objectif : Favoriser l’accès à une habitation sécurisée, solide et adaptable aux populations des
quartiers défavorisés
Stratégie : Construction
- mise au point d’un modèle constructif parasinistre et
économique déclinable selon la fonction du bâtiment ;
- développement d’un produit financier de type crédit logement
favorisant l’accès au logement ;
- formation technique et à la gestion d’entreprise pour des micro-
entreprises locales spécialisées dans la construction ;
- création de nouvelles filières de production de matériaux de
construction à partir du recyclage des débris.
Projet 2 :
Contexte : Haïti
Objectif : Valoriser les architectures et ressources locales pour un habitat durable du point de
vue économique, culturel, social et environnemental
Stratégie : Reconstruction de nouvelles habitations
- fourniture d’un modèle d’habitation composé d’un noyau
permanent, évolutif et parasinistre dont la typologie varie selon la
zone d’intervention ;
- utilisation d’un système constructif s’inspirant des pratiques
existantes et de l’optimisation de certaines techniques basées sur
des matériaux naturels localement disponibles ;
- création de compétences relatives aux nouvelles techniques par la
formation d’artisans locaux ;
- renforcement des capacités de gestion des partenaires locaux et
de l’organisation sociale des associations paysannes.
54 Les éléments présentés découlent d’analyses détaillées effectuées sur la base d’une grille commune et présentées de
manière plus exhaustive dans les annexes (cf. annexe A.1.2).
55 Lors des analyses conduites dans le cadre de cette recherche, ces projets étaient encore en cours. Cependant, leur suivi
sur plusieurs années (2010-2013) a permis d’apprécier les premiers effets au niveau local, ainsi que les facteurs ayant conduit
à des changements et évolutions de contenu et d’approche.
Projet 3 :
Contexte : Haïti
Objectif : Contribuer à l’amélioration des conditions de vie des familles paysannes
Stratégie : Réparation d’habitats existants
- intégration aux constructions existantes de principes techniques
améliorant la durabilité et la résistance des systèmes constructifs
locaux ;
- appui financier et technique adapté au cas par cas ;
- formation technique d’artisans locaux ;
- renforcement des compétences de l’organisation de base dans la
gestion de projet et la mise en place de processus participatifs.
Projet 4 :
Contexte : Bangladesh
Objectif : Renforcer les capacités locales et institutionnelles pour la préparation et la réponse
aux crises
Stratégie : Consolidation d’habitats existants / construction d’habitations pilotes
- analyse des pratiques constructives, des ressources et des risques
en différentes régions du pays ;
- développement de prototypes d’habitat post-urgence en
adaptation aux spécificités de chaque zone ;
- définition et mise en œuvre de principes techniques pour la
réparation et l’amélioration de durabilité et de la résistance de
l’habitat des différentes zones considérées ;
- renforcement des compétences méthodologiques, opérationnelles
et techniques des communautés et de l’organisation locale, par la
mise en place de formations et d’un processus participatif.
Projet 5 :
Contexte : Haïti
Objectif : Améliorer la qualité des projets et des actions menées par différents organismes et
contribuer au renforcement des capacités locales
Stratégie : Communication
- constitution d’un centre de compétences techniques ;
- développement de matériel informatif et didactique au regard de
bonnes pratiques pour une construction parasinistre en relation à
une technique particulière ;
- création et amélioration des compétences techniques et
pédagogiques par la formation d’artisans et de formateurs locaux ;
- appui technique et méthodologique dans le cadre de projets de
reconstruction d’habitat menés par des organismes tiers.
NIVEAU
INTERNATIONAL BAILLEUR ORGANISATION ORGANISME DE
DE FONDS RESPONSABLE CONSULTANCE
NIVEAU AUTORITES /
NATIONAL DECIDEURS
TECHNICIENS /
OPERATEURS
NIVEAU ORGANISATION
LOCAL CONSTRUCTEURS POPULATION BÉNÉFICIAIRES
DE BASE
La présence constante de ces fonctions révèle l’importance qui leur est attribuée dans le processus
de projet. Leurs spécificités sont néanmoins variables en fonction du degré de contrôle assumé par
le bénéficiaire dans la définition et gestion des activités. cet égard, quatre démarches principales
sont identifiables parmi les pratiques courantes d’organismes (non)gouvernementaux. Leur
distinction s’effectue en relation à la catégorie d’acteurs en charge de la définition et de la gestion
des différentes phases d’un projet et, en particulier, des activités liées à la construction (Barakat,
2003 ; Jha, Duyne Barenstein, Phelps, et al., 2010, op. cit.) :
1_ gestion par l’agence d’aide : l’ensemble du processus est géré par l’organisme responsable ; le
degré d’implication des bénéficiaires et de la population peut être
très variable et les activités de construction être déléguées à des
entreprises privées ;
Les cinq programmes de référence ont été analysés sur la base de six critères établis à partir des
particularités de ces démarches, prenant en compte également le rôle des différents acteurs dans la
prise de décision et la gestion des activités que leur contribution aux activités de construction (Tab.
2). Ces exemples se réfèrent à trois des quatre modèles établis et il est intéressant de noter qu’à un
même modèle correspondent de fait plusieurs modalités et degrés d’implication des bénéficiaires.
projet 1
MODELE _1
projet 2
projet 3
MODELE _2
projet 4
MODELE _3 projet 5
Les acteurs impliqués dans un programme et le système relationnel (Tab. 4) régissant les échanges
qui se produisent sont représentatifs de l’approche adoptée et du groupe cible visé en tant que
destinataire direct des activités entreprises. Si la définition et le déroulement de ces dernières sont
directement influencés par le type et le nombre des parties prenantes ainsi que par les interrelations
subsistant entre elles, l’implication d’une multiplicité d’individus et de groupes, influençant les
processus décisionnels, peut conduire à une décentralisation et à une redistribution des rôles et
responsabilités.
De fait, le rôle spécifique à chaque catégorie d’acteur s’explicite par les modalités d’implication dans
les processus décisionnels et opérationnels du projet (Tab. 3). Plus particulièrement, l’influence que
le niveau de la « base » (les bénéficiaires et l’ensemble des populations de la zone de travail) a sur la
définition du cadre conceptuel d’un programme est révélatrice de l’importance attribuée aux acteurs
locaux par les agents externes59. L’approche d’un projet se rapporte, en effet, à la signification que
la notion de « participation » assume au sein de celui-ci (Oakley, 1991 ; Byrne, 2003 ; Groupe URD,
2010) :
- la participation comme moyen pour atteindre des objectifs prédéfinis et pour réaliser les activités
prévues de la manière la plus efficace et économique ; les résultats de ces activités sont de fait
considérés comme plus importants que l’acte de participer (projets 1 et 2) ;
56 Parmi les exemples récents, les cas de la reconstruction au Gujarat (séisme, 2001), en Inde et au Sri Lanka (séisme et
tsunami, 2004) ainsi qu’au Pakistan (séisme, 2005) sont à cet égard particulièrement représentatifs.
57 Dans la réhabilitation post-séisme au Pakistan, une approche basée sur la gestion par le « bénéficiaire avec un
accompagnement technique et financier » a été adoptée pour la reconstruction de 463 128 habitations, dont 45% employant
des techniques vernaculaires améliorées (ERRA, 2011).
58 Deux ans après le tsunami de 2004 dans l’Océan Indien, le 77% des 63 469 habitations reconstruites au Sri Lanka a été
réalisé sur la base d’une approche impliquant activement les bénéficiaires dans la définition et la gestion des activités de
reconstruction. Seulement 19% ont été réalisées selon une approche de gestion « par agence d’aide » (les 4% restant ont été
réalisées en dehors d’un programme officiel). De fait, dans ce dernier cas les constructions achevées représentent 48% du
total visé, tandis que dans le premier le 60% (Lyons, 2009).
59 La distinction entre acteurs locaux et agents externes s’effectue à des multiples niveaux : organisation internationale/
organisation locale ; organisation locale travaillant à échelle nationale/organisation de base ; etc.
stratégie et objectifs
caractéristiques du
produit construit
implication complète implication partielle
Tab.3: Niveaux décisionnels
relation directe
relation indirecte
limité à la technique et
conception/ méthodologique
exécution technique 1 2 4 3 continu
modèle dispositifs
typologique techniques
1 2 4 3
1 2 3 4
niveau(x) cible
1 2 3 4
niveau(x) cible
De cette analyse deux aspects ressortent comme conditionnant de manière directe le potentiel
des actions entreprises vis-à-vis de la construction d’un environnement bâti résilient et durable :
l’adaptation des propositions constructives aux choix et modes d’habiter des bénéficiaires et des
populations ; le renforcement des capacités techniques et de gestion des acteurs impliqués. partir
des cinq cas de référence, différents éléments émergent permettant la caractérisation des critères
influençant ces deux aspects.
L’adaptation des propositions constructives aux choix et modes d’habiter des bénéficiaires et des
populations, est directement corrélée :
• au type de propositions constructives. Les modèles typologiques se basent sur une uniformisation
de certains traits récurrents dans les architectures existantes. En particulier dans le cas de
modèles d’habitations, cela restreint sensiblement les possibilités d’adaptation à la diversité des
modes d’habiter et des caractéristiques du site ; ce qui comporte une adaptation des habitants au
produit fourni plutôt que l’adaptation de celui-ci aux nécessités et aspirations de ses occupants.
De fait, plus les propositions se concentrent sur des principes et dispositifs techniques, plus les
populations pourront les intégrer aux typologies architecturales qui mieux leur conviennent (Tab.
5 : lignes 5+6) ;
• à la diversité des solutions techniques proposées ainsi que leur possible application. La
proposition d’une variété d’options correspondant à différents niveaux de technicité et de
disponibilité financière favorise leur accessibilité à un large nombre d’individus appartenant à
divers groupes sociaux et/ou économiques. Ce faisant, les nouvelles propositions s’adaptent
aux capacités de chacun, ne limitant pas les choix futurs des bénéficiaires et des populations
(Tab. 5 : lignes 3+7). En outre, considérer des principes d’amélioration technique comme des
solutions pouvant être intégrées aussi bien à la réalisation de nouvelles constructions que lors
de la consolidation/réparation de l’existant, encourage la mise en place préventive de mesures
de réduction de la vulnérabilité ;
• au niveau d’influence des bénéficiaires et des populations locales dans la définition, la gestion
et la mise en œuvre des activités. La liberté de décider les conditions et les modalités de travail
en accord aux pratiques et modes habituels, ainsi que la possibilité de choisir parmi différentes
solutions techniques favorisent une adaptation maximale du processus constructif et du produit
construit aux besoins et aspirations des bénéficiaires (Tab. 5 : lignes 5+7+6) ;
• au soutien de l’existant. Fonder les choix techniques et opérationnels sur les pratiques, ressources
et compétences existantes en y associant une consultance technique aux différentes phases de
prise de décision contribue au développement d’un large éventail d’options, tant constructives
que méthodologiques, favorisant ainsi l’accessibilité et l’adaptation aux capacités, besoins et
désirs des populations (Tab. 5 : lignes 2+4+8+3).
• au degré d’implication des parties prenantes au processus décisionnel. En effet, une forte
participation à la prise de décision de la part des différents acteurs permet d’accroître les
contributions et de multiplier les possibilités d’apprentissage réciproque découlant d’un échange
de connaissances et compétences (Tab. 4+ Tab. 5 : ligne 9) ;
• à l’importance du rôle assumé par les acteurs locaux dans les processus décisionnels et
opérationnels. En effet, plus l’implication de la « base » dans la définition et gestion des
activités est importante, plus les capacités à échelle locale sont renforcées, tant au niveau de la
construction qu’au niveau de la gestion d’activités de projet et de processus participatifs (Tab. 5 :
lignes 1+9).
Dans les phases de réhabilitation post-urgence, les organismes d’aide proposent souvent
des systèmes constructifs reconnus comme structurellement efficaces (car répondant à des
réglementations et/ou à des critères scientifiquement validés), mais substantiellement différents
de ceux couramment employés par la population locale. Bien que les activités de construction
soient fréquemment associées à d’autres visant à la constitution de compétences relatives aux
nouvelles solutions techniques, plusieurs cas révèlent après quelques années un retour massif aux
technologies employées avant la catastrophe ; et cela principalement en raison d’une inadéquation
au contexte socioculturel et environnemental et/ou d’une inaccessibilité économique, technique et
matérielle des solutions proposées (Jigyasu, 2001, op. cit. ; Boen, Jigyasu, 2005 ; Caimi, Hofmann,
2010, op. cit.).
Les interventions qui exercent l’influence la plus directe sur la vulnérabilité à long terme et sur la
qualité de vie des populations affectées sont celles relatives à une construction de type permanent.
Elles comprennent la réparation, la consolidation et la re-construction du bâti, effectuées aussi bien
de façon préventive que suite à l’impact d’un aléa naturel. Ces différentes approches sont étroitement
corrélées au degré d’exposition au risque et d’endommagement subi par la construction, ainsi qu’à
la pertinence de l’investissement requis et à la volonté et capacités des populations elles-mêmes60
(Corsellis, Vitale, 2010 ; Schneider, 2012). La pertinence de chaque démarche varie au cas par
cas, tant entre régions différentes que dans la même zone et selon les caractéristiques du contexte.
Son choix se révèle par conséquent stratégique : si d’une part il peut favoriser une accélération
du processus de rétablissement (Barakat, 2003), d’autre part il peut également conduire à une
aggravation ultérieure de la précarité et de la vulnérabilité, à court et long terme (Cerasoli, 2009 ;
Labattut, Deprez, 2009, op. cit.).
Pour chaque type d’action, les modalités de prise en compte des modes locaux de construire
et d’habiter influencent directement les caractéristiques du produit construit. De même, elles
déterminent le potentiel d’accessibilité financière et technique, de réplication de la part des
populations ainsi que d’intégration des nouvelles solutions technologiques dans les pratiques
constructives courantes et, en particulier, leur assimilation en tant que composantes de la culture
constructive locale.
La caractérisation suivante de ces trois activités se fonde sur les définitions présentes dans la
littérature (Barakat, 2003, op. cit. ; Corsellis, Vitale, 2010, op. cit. ; Jha, Duyne Barenstein, Phelps,
et al., 2010, op. cit.) que j’associe à des exemples dérivant de programmes analysés au cours de cette
recherche. Pour ces derniers des éléments techniques propres à la démarche de construction et des
considérations se rapportant à un niveau méthodologique sont spécifiés. En effet, si l’impact d’un
programme va bien au delà de la dimension purement technique, ses composantes méthodologiques
en sont néanmoins étroitement liées.
60 Après le séisme de 2010 en Haïti, des analyses des pratiques existantes en relation à l’habitat et aux risques ont été
conduites en liaison avec la présente recherche (cf. chap. 5.9.1). Dans certaines zones rurales, celles-ci ont mis en évidence
comme plusieurs propriétaires d’habitations endommagées, mais facilement réparables, ont préféré reconstruire une
nouvelle maison à côté de celle préexistante, dans la plupart des cas sans même en réutiliser les matériaux. Les raisons de ce
choix résident, selon les personnes interrogées (habitants, membres de la communauté, opérateurs d’organisations locales),
dans des facteurs relatifs aux croyances religieuses.
En relation aux contraintes posées par cette approche, la démarche adoptée dans le cadre d’un
projet de réparation post-séisme en Haïti61, se révèle particulièrement intéressante. Elle se fonde
sur une adaptation au cas par cas, avec des interventions techniques dimensionnées aux dommages
effectifs et aux nécessités de chaque bénéficiaire. Les propositions constructives ont été adaptées
à chaque situation particulière, en respectant le site d’implantation et les surfaces habitables
d’origine. Les matériaux employés dérivent d’une récupération des débris et des parties structurelles
des habitations préexistantes ainsi que des ressources localement disponibles (en nature ou sur
le marché). Les bâtiments ont été, partiellement ou complètement, démontés et remontés, en
intégrant des dispositifs améliorant la durabilité et le comportement structurel, sur la base de
principes nouveaux ou déjà en utilisation au niveau local, facilement intégrables aux constructions
existantes et ne requérant pas des investissements économiques importants (Figs. 10 a, b et c).
Fig.10: Cap Rouge (Haïti), exemple d’intervention sur une habitation existante (crédits: O. Moles):
a) dégâts causés par le séisme de 2010 ;
b) travaux de réparation et amélioration de la structure originaire ;
c) état à travaux terminés
61 Projet conduit par l’organisation de base Vedek avec l’appui de la Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement
Alternatif (PAPDA) et le CRAterre-ENSAG, suite au séisme de 2010 en Haïti (cf. annexe A.1.2).
Fig.11: Région de Chittagong, adaptation à la typologie constructive Fig.12: Région de Dinajpur, protection de la base des
(crédits: O. Moles) : poteaux selon techniques et coûts différents :
a) habitation sur plateforme, contreventement de la a) bâche en plastique et traitement avec
structure portante ; créosote ;
b) habitation sur soubassement, masse d’usure b) base en ciment.
Pouvant s’effectuer également dans des contextes non exposés à des aléas
naturels, cette activité comprend la construction ex-novo de nouvelles
structures et/ou le remplacement de structures gravement endommagées, sur
la base de dispositions réduisant les facteurs de risque, parmi lesquelles on
inclut une éventuelle relocalisation.
En relation à des interventions de construction, plusieurs approches existent. Ici, j’en présente deux,
l’une qui s’inspire des architectures locales pour la reconstruction post-catastrophe, l’autre qui se
fonde sur une réinterprétation des techniques constructives existantes pour suggérer des pistes
pour une meilleure soutenabilité dans le domaine de la construction.
62 Programme conduit par Caritas Bangladesh avec un appui technique et méthodologique de la Bangladesh University of
Engineering and Technology et du CRAterre-ENSAG (cf. annexe A.1.1).
63 Programme conduit dans le cadre de la reconstruction suivant le séisme de 2010 en Haïti par quatre organisations locales
membres de la Plateforme d’Agroécologie et Développement Durable (PADED), en partenariat avec l’organisation allemande
Misereor (cf. annexe A.1.2).
Fig.13: Zone de Kenskoff (Haïti), reconstruction post-séisme : a) habitat existant (crédits: J. Hosta) ; b) habitation nouvelle
Le maintien des typologies architecturales et constructives existantes (par la réparation plutôt que
la construction et/ou par des propositions favorisant une évolution cohérente avec les pratiques
locales) contribue à une intégration maximale de l’intervention au contexte (Fig. 15).
Le principe de core house65 permet d’atteindre un grand nombre de bénéficiaires sur la base d’un
64 Projets réalisés au Bangladesh par l’organisation locale Dipshikha en partenariat avec l’architecte autrichienne Anna
Heringer. Ce projet n’a pas fait l’objet d’une analyse détaillée dans le cadre de cette recherche, mais son approfondissement
a été effectué lors d’une analyse de terrain en décembre 2011.
65 Construction d’un noyau habitable de base, composé d’au moins une pièce, pouvant par la suite être complété et agrandi
avec des structures complémentaires (extensions, annexes, etc.). Cette approche est considérée comme se situant à mi-
chemin entre la construction permanente et temporaire. Elle emploie en effet des technologies permettant la réalisation
Cette dernière approche requiert cependant une certaine souplesse du cadre de projet ainsi que
des compétences particulières des acteurs qui en sont en charge. Dans la réponse à une crise,
ces conditions peuvent déterminer une limitation de l’échelle du projet, en raison de la grande
variabilité des paramètres en jeu. Néanmoins, la multiplication de cas se fondant sur une adaptation
particularisée favorise la réponse à des besoins individuels d’un grand nombre de personnes, plutôt
que leur imposer de se conformer à un seul type de construction, répondant difficilement de manière
satisfaisante aux particularités de chacun. D’autre part, la flexibilité et les compétences nécessaires
représentent des éléments essentiels à développer dans des activités de préparation aux crises,
permettant ainsi de constituer des bases pour une réponse efficace et pertinente aux crises futures.
Si, au niveau opérationnel, cette approche demande l’établissement d’un processus de prise de
décision et de gestion clair et équitable pour assurer une conformité à des exigences effectives, la
variabilité de chaque situation particulière peut impliquer que l’aide prévue pour chaque bénéficiaire
ne soit pas totalement utilisée ; ce qui permet, dans certains cas, l’inclusion d’un plus grand nombre
de personnes qu’initialement prévu.
Fig.15: Cap Rouge (Haïti), intégration au paysage architectural : à gauche habitation réparée, à droite habitation existante
Fig.16: Zone de Kenskoff (Haïti), extension du module de base
d’une structure permanente, toutefois les dimensions de l’espace habitable ne sont généralement pas suffisantes pour un
(re)logement définitif (Corsellis, 2012).
Les interventions des agences d’aide se focalisent souvent sur des aspects extrêmement précis
et sectoriels (abris, équipements sanitaires, etc.), spécialement en situation de post-urgence.
Cependant, cette démarche risque d’exaspérer des tendances de dégradation de l’environnement
(p.e. déforestation) ou d’abandon de certaines pratiques permettant de réduire la vulnérabilité aux
aléas ainsi que d’assurer une gestion équilibrée et durable du cadre de vie.
Le niveau d’action considéré n’est toutefois pas nécessairement déterminé par la phase d’intervention
(préparation, réhabilitation, développement), mais plutôt par l’approche politique et opérationnelle
adoptée par les organismes d’aide et, relativement souvent, dictée par les bailleurs de fonds. Selon
les modalités d’intervention, les conditions du contexte et les éventuelles synergies avec d’autres
institutions, les activités concernant l’habitat se situent à différentes échelles, allant de la proposition
de solutions purement techniques et constructives jusqu’à l’intégration d’une planification et
gestion à échelle territoriale. Elles peuvent même se pousser au-delà de l’application sur le terrain,
s’inscrivant au niveau des politiques en matière de gestion de l’aide, de construction et d’éducation.
partir des cas précédemment considérés, j’ai identifié cinq différents niveaux d’action (Fig. 17):
la structure (p.e. dispositifs techniques intégrables aux structures existantes), l’habitation (p.e.
réalisation d’un nouveau noyau habitatif), l’espace de vie (p.e. habitations intégrant des équipements
sanitaires), l’environnement construit et naturel (p.e. planification communautaire du territoire), le
cadre politique (p.e. validation et certification d’un système constructif).
Pour les quatre premiers niveaux, une prise en compte des cultures constructives locales s’effectue
lors de la conception et de la mise en œuvre des activités, tandis que dans le cinquième niveau elle
s’opère en forme de plaidoyer en vue de leur reconnaissance par les instances officielles (organismes
gouvernementaux, bailleurs de fonds, etc.). La reconnaissance formelle des systèmes constructifs
vernaculaires assume en effet un rôle particulièrement important car elle permet leur inclusion dans
les normes et règlements de construction, dans les cursus d’enseignement et, lors de la réhabilitation
après une catastrophe, elle favorise le soutien financier et technique à des initiatives de particuliers
et d’organisations s’appuyant sur ces technologies66.
structure
habitation
espace de vie
environnement
construit et naturel
cadre politique
66 L’exemple de la reconstruction après le séisme de 2005 au Pakistan est particulièrement significatif. Les techniques de
construction officiellement approuvées pour la reconstruction se sont révélées adaptées uniquement à des zones aisément
accessibles. Dans les régions de montagne, les gens n’avaient pas d’autres options que de reconstruire et/ou réparer d’eux même
leur maison avec les matériaux et les techniques locales, sans aucun support (financier et technique) de l’Etat. Un plaidoyer
auprès du gouvernement pakistanais a été entrepris par des organisations internationales en vue d’une reconnaissance
des systèmes constructifs vernaculaires. La validation de ces techniques a permis non seulement leur intégration parmi les
critères permettant aux propriétaires d’obtenir un financement, mais également la mise en place de formation pour assurer
un support technique spécifique, favorisant ainsi une amélioration et persistance des pratiques (Schacher, 2008b).
Les populations entreprennent très rapidement des initiatives pour s’assurer un minimum de sécurité,
tandis que les interventions d’organismes (non)gouvernementaux sont limitées par les conditions
imposées par les mécanismes et politiques de gestion, tant de la crise que des ressources financières
pour y répondre. En particulier en relation à la phase d’urgence, la plupart des financements alloués
par des bailleurs internationaux sont assujettis à des échéances d’utilisation à très court terme.
Bien qu’il s’agisse de montants souvent très importants, les conditions auxquels ils sont soumis ne
permettent pas aux organismes en charge des interventions de concevoir et mettre en œuvre des
actions à long terme67.
Lors d’une catastrophe, des interventions particulières relatives à l’habitat s’interposent donc entre
le moment de l’impact de l’aléa et les activités concernant des structures permanentes. Dans la
phase d’urgence, différents types d’abris sont mis en place par la population et par des organismes
(non)gouvernementaux. De par leurs spécificités physiques, ces structures sont habituellement
conçues pour avoir une fonction provisoire et éphémère. En relation aux produits fournis par des
agences d’aide, une distinction peut être opérée entre deux types principaux d’un point de vue
de leurs propriétés et durabilité. Les abris temporaires ont l’objectif de fournir un refuge dans la
période immédiatement suivante une catastrophe ; ils se basent sur des principes et composants
simples (p.e. tentes ou bâches en plastique) favorisant une distribution et/ou une mise en œuvre
très rapide. En revanche, les abris transitionnels se caractérisent par une structure plus solide et
durable (p.e. ossature en bois clôturée par une bâche), fournissant un espace habitable couvert
destiné à accueillir la population dans l’attente d’une vérification de l’habitabilité des bâtiments, de
leur mise en sécurité ou de l’achèvement de la construction de nouvelles habitations. Ces sont donc
des structures dont l’utilisation peut varier entre quelques mois à plusieurs années.
Si les interventions relatives à une construction permanente vont directement influencer les
modes de vie et la vulnérabilité à long terme des populations concernées, celles spécifiques à une
phase transitoire ne sont pas de moindre importance, notamment vis-à-vis des possibilités qu’elles
offrent en vue d’un passage à des solutions de (re)logement plus durables. Les typologies d’abris
transitionnels habituellement fournis par les organismes d’aide se différencient selon leur fonction
potentielle une fois la construction permanente achevée. Vouées à une durabilité limitée, ces
structures peuvent présenter des potentiels intéressants, tant pendant qu’après leur utilisation,
rapportables à quatre principes applicables distinctement ou simultanément (Corsellis, Vitale,
2008, 2010, op. cit. ; Corsellis, 2012, op. cit). Leur définition s’appuie sur des cas concrets découlant
d’observations effectuées au cours et précédemment à cette recherche, faisant ressortir les
éléments, explicitement planifiés et/ou latents, favorisant une adaptabilité aux conditions sociales
et contextuelles ainsi qu’une transition vers des solutions plus à long terme.
67 Ce qui n’empêche cependant pas à certaines agences de conduire pendant plusieurs années des actions correspondantes
à un type d’intervention caractérisant généralement une phase d’urgence, telles que la fourniture d’abris transitionnels. En
Haïti, certaines organisations internationales étaient toujours en train de construire des structures éphémères deux ans et
demi après le séisme qui a déterminé leur intervention (source : analyse de terrain 2012).
Certains des abris fournis suite au séisme de 2010 en Haïti, reprennent les
caractéristiques constructives et architecturales de l’habitat local tout en les
optimisant en réponse à des questions logistiques. Constituées d’éléments
préfabriqués préparés en kit et transportées sur le terrain, ces structures
intègrent des dispositifs améliorant les modes de construction ordinaires, tant
du point de vue de la durabilité que de la résistance structurelle. En outre,
elles peuvent être pérennisées selon la même logique que les constructions
vernaculaires, par l’application d’un enduit effectuable par les habitants mêmes
(Figs. 18 a, b et c).
Grâce à la durabilité des matériaux employés, les abris fournis après le tsunami
de 2004 dans la province d’Aceh (Indonésie) ont été souvent reconvertis à
d’autres usages (en particulier comme échoppes) une fois la reconstruction
permanente terminée (Fig. 19a). Dans ce cas, la modularité des composants
limite toutefois considérablement leur réutilisation pour d’autres types de
structures.
Au fil des ans, les habitants apportent souvent des modifications de la structure
originaire pour en améliorer la durabilité et le confort. Ce qui a été le cas au
Bangladesh o la structure primaire de l’abri a été gardée, mais l’espace
habitable a été agrandi en clôturant la véranda et construisant une pièce à
l’arrière, les panneaux de clôture ont été substitués par des murs solides et ils
ont été utilisés pour réaliser un faux-plafond, pour réduire la chaleur causée par
la couverture de la toiture en tôle (Fig. 19c).
Fig.19: a) Indonésie, l’abri fourni suite au tsunami de 2004 est employé comme échoppe (droite) une fois la reconstruction
permanente achevée (gauche) ;
b) Haïti, abri post-séisme, le propriétaire envisage de vendre des parties de la structure en bois ;
c) Bangladesh, modification de l’abri fourni suite au cyclone de 2007
Les exemples présentés font émerger l’importance de situer chaque intervention dans une logique
de continuité temporelle qui, lorsqu’elle puise dans les pratiques et ressources existantes, ne peut
qu’apporter une contribution ultérieure au redressement des populations. Cette prise en compte
se révèle particulièrement pertinente non seulement pour la reconstruction permanente, mais
également dans le cas des abris transitionnels, voire même des abris temporaires. Anticiper le mode
d’évolution des structures pour qu’elles soient cohérentes avec une transition vers des solutions
permanentes, prévoir la réutilisation des matériaux mais également l’emploi de technologies dont
la modification, réparation et entretien peuvent être effectuées de manière autonome par les
habitants ainsi que permettre à des interventions et des investissements ciblant une période courte
de se révéler utiles sur le long terme, sont parmi les aspects qui mettent en évidence le potentiel et
l’importance d’une prise en compte des pratiques et cultures constructives locales depuis les phases
initiales des interventions post-catastrophe.
Les enseignements tirés des expériences de ces dernières décennies ont conduit à des changements
dans la conception des approches d’intervention et, plus particulièrement, de la transition entre
urgence et réhabilitation. Dans la réponse à une crise, la fourniture d’abris transitionnels n’est
plus concevable en tant que phase opérationnelle distincte, basée sur la distribution de produits
préfabriqués importés depuis l’étranger, mais elle devient « une manière de procéder » (Projet
Sph re, 2011, op. cit.), l’étape d’un processus progressif débutant avec l’apport d’une aide d’urgence
initiale et s’étalant jusqu’à des solutions de (re)logement définitif.
Si dès la phase d’urgence les interventions effectuées dans le domaine des abris et dans les domaines
connexes de l’habitat doivent appuyer les stratégies d’adaptation existantes et promouvoir
l’autosuffisance et l’autogestion au sein de la population concernée (Ibid., p. 280), l’approche
adoptée, les propositions constructives élaborées ainsi que les spécifications des matériaux et le
choix des techniques à utiliser doivent dépendre également de l’aptitude technique et financière de
la population touchée par la catastrophe à entretenir et réparer les abris (Ibid., p. 301).
En relation aux différents types et phases d’action, la prise en compte des cultures constructives
locales se révèle comme un facteur déterminant, présentant pour chacune d’entre elles un potentiel
de contribution considérable vers la re-constitution d’habitats résistants, résilients et répondant aux
désirs et besoins de leurs habitants.
D’une part, fonder les interventions d’urgence sur les techniques et les matériaux couramment
employés ainsi que sur les capacités des populations à ré-inventer des solutions constructives à partir
des ressources disponibles (p.e. recyclage de débris ou d’abris temporaires) favorise la proposition de
solutions pertinentes et efficientes, en terme de coût et de rapidité de la construction. D’autre part,
68 Dans la banlieue de Port-au-Prince (Haïti), une organisation internationale a entrepris un programme de distribution d’abris
transitionnels pour reloger provisoirement la population affectée par le séisme de 2010. Les activités ont été prévues sur une
période de trois ans, la même durée que la durabilité estimée des structures fournies. En fait, les premiers bénéficiaires
sont contraints de chercher rapidement d’autres solutions, tandis que les derniers ont dû en trouver par leurs moyens dans
l’attente de recevoir une structure qui demeure temporaire, tant en relation à sa durée de vie qu’à la fonction à laquelle elle
supposée répondre : offrir un abri dans l’attente d’une solution plus durable (source : analyses de terrain, février 2011).
Identifier des dispositifs techniques permettant une amélioration substantielle des constructions
existantes mais également une réparation suite à l’impact d’un aléa naturel (Fig. 20). Elaborer des
propositions d’abris d’urgence qui, dans leur conception et matérialité, incluent une évolution
future vers des constructions permanentes capables de répondre aux exigences individuelles et aux
contraintes contextuelles. La continuité des logiques et des pratiques entre avant et après la crise,
entre existant et nouveau ne peut de fait s’abstraire d’une approche d’anticipation, dans laquelle
les cultures constructives locales fournissent le canevas pour élaborer des nouvelles stratégies et
modalités de construction d’environnements bâtis résilients.
Dans ce processus, s’appuyer sur les connaissances, capacités et ressources existantes, au niveau
local, permet de situer la conception, tant de l’approche adoptée que des spécificités techniques
relatives à la construction, dans la continuité des pratiques constructives actuelles et futures.
Pareillement, la prise en compte des spécificités de l’habitat, des groupes et individus et du contexte
dans son ensemble contribue à tisser un lien étroit entre la réponse à une situation d’urgence,
la réhabilitation suivante une crise et la mise en place préventive de mesures de réduction de la
vulnérabilité. Et ceci en les inscrivant dans le parcours d’évolution de la culture constructive d’une
communauté.
existant consolidation
(re)construction
améliorée
crise
réparation
abri transitionnel
Fig.20: Phases de gestion des crises et de prise en compte des cultures constructives locales
69 Selon la définition établie par l’OCDE et adoptée par différentes institutions, le renforcement des capacités est le
processus par lesquels les individus, les organisations et la collectivité dans son ensemble libèrent, créent, renforcent, adaptent
et préservent les capacités au fil des ans (OCDE/CAD, 200 , p. 14).
70 he only form of building improvement programme which has the potential to result in widespread improvements is
one which changes the building decisions made by the poor in their own construction projects, designed and paid for by
themselves (Dudley, Haaland, 1993, p. 1).
Le renforcement des capacités se rapporte à trois différents niveaux étroitement corrélés, voire
interdépendants, caractérisant un même système contextuel (UNDP, 1998 ; Matachi, 2006) :
• le niveau individuel : constituant le premier niveau d’action pour réduire l’exposition des
individus aux aléas naturels, par la prise de connaissance et la mise en
œuvre, de la part de propriétaires et habitants, de mesures constructives
et/ou comportementales techniquement et financièrement accessibles
permettant de diminuer la vulnérabilité envers les risques locaux ;
• le niveau organisationnel : se référant à des organisations ou groupes formels et/ou informels
influençant une réduction de la vulnérabilité à échelle locale. Au-delà de la
dimension purement technique, ce niveau inclut des aspects opérationnels
relatifs à la préparation, gestion et réponse aux crises ;
• le niveau environnemental : comprenant les organismes responsables de la définition du cadre
institutionnel, sociopolitique et économique dans lequel s’inscrivent
les activités et les possibilités d’action d’individus et organisations. En
particulier, cela se réfère à la mise en place de politiques de réduction des
risques ainsi que de réglementations relatives au secteur de la construction.
Pour chacun de ces trois niveaux, une correspondance peut être établie avec différentes typologies
d’acteurs, dont les connaissances et compétences influent sur la résilience, de l’échelle de l’individu
à celle du système régissant les dynamiques et les actions au niveau contextuel (Fig. 21).
Pour assurer une pertinence des informations transmises et leur accessibilité effective de la part
des différents acteurs, les outils employés nécessitent de se rapporter au contexte (institutionnel,
géographique, social et construit) spécifique auquel ils se réfèrent. Cette mise en relation demande
des connaissances particulières (en relation aux risques ainsi qu’aux typologies et pratiques
constructives locales) et le développement de stratégies, activités et supports de communication
spécifiques (Schacher, 2008, op. cit.). Si la stratégie définit l’approche globale et le(s) niveau(x)
du système contextuel visé, les activités et les supports constituent les outils d’élaboration et
diffusion de connaissances et compétences. Les premières définissent le type d’action tandis que les
deuxièmes représentent les instruments effectifs, s’adressant à des publics particuliers, sur lesquels
les activités s’appuient.
Quatre activités principales sont au fondement du processus de renforcement des capacités (Fig.
22): l’information, la sensibilisation, la démonstration et la formation.
La complémentarité de ces quatre activités s’explicite tant en relation à un seul et même public
qu’envers des publics variés. L’acquisition de compétences particulières associées à des nouveaux
dispositifs constructifs nécessite une sensibilisation préalable au regard de leur rôle et intérêt en
relation aux aléas locaux et aux pratiques existantes. Pareillement, si une formation d’artisans à des
nouvelles solutions technologiques ne s’accompagne pas d’une sensibilisation des futurs maîtres
d’ouvrage, envers leur fonction et avantages, leur application risque d’être très réduite, surtout
lorsqu’elle implique un investissement plus important que les pratiques ordinaires. L’amélioration
des connaissances et compétences de différents acteurs permet en revanche d’établir une synergie
entre les décisions et les activités entreprises par chacun, favorisant une prise en compte diffuse
des risques et de mesures de réduction de la vulnérabilité (Mumtaz, Mughal, Stephenson, 2008).
En considération de l’influence que les savoirs et savoir-faire des populations, bâtisseurs, décideurs
et autres acteurs ont sur la construction d’un environnement bâti effectivement et durablement
résilient, il me paraît intéressant d’approfondir les spécificités relatives à chacune des quatre
activités identifiées, en relation aux supports utilisables ainsi qu’au public spécifique auquel ils
s’adressent. Pour ce faire, je m’intéresse essentiellement aux outils développés et mis en œuvre
par des organismes non gouvernementaux, principaux canaux de diffusion et d’introduction de
nouvelles connaissances et compétences. Les systèmes et mécanismes de diffusion traditionnels
constituent des moyens de communication également valables ; cependant leur caractéristiques,
fonctionnement et valeurs sont spécifiques à chaque milieu culturel et correspondent, souvent, à
une définition de rôles bien précise (entre maître et apprenti, entre savant et apprenant). Ce qui
rend assez difficiles et délicates leur identification et utilisation par des tiers, spécialement s’ils sont
extérieurs au contexte de travail. Néanmoins, une complémentarité entre ces deux systèmes peut
favoriser une majeure diffusion et assimilation des innovations proposées (D’Arcy, 1992 ; Dudley,
Haaland, 1993 ; Norton, Chantry, 2008).
Les contenus considérés peuvent se référer aussi bien à des pratiques locales déjà existantes, pour
en promouvoir leur reconnaissance et application, qu’à des nouvelles pratiques dérivant de la
recherche scientifique et/ou de mesures courantes dans d’autres régions et pays ayant démontré
leur efficacité et se révélant pertinentes du point de vue du contexte socioculturel, économique,
technique et naturel.
Toutes les activités ne sont pas forcement pertinentes et cohérentes avec les objectifs d’un programme
ainsi qu’avec les capacités (techniques, organisationnelles et communicatives) possédées par les
acteurs et organismes responsables. Plus particulièrement, la définition de la stratégie, des activités
et supports considérés pour le renforcement des capacités est représentative de l’importance
qui lui est attribuée dans l’approche de projet, et notamment du centre d’intérêt (construction/
capacités) spécifique au programme (cf. chap. 1.1). Par conséquent, différentes stratégies et outils de
communication peuvent être adoptés dans un même contexte selon les priorités et les compétences
des organismes qui sont présents. Et cela aussi bien dans le cadre d’initiatives de préparation que de
réhabilitation après une catastrophe.
autoconstructeurs
entrepreneurs,
grand public
fournisseurs
techniciens
formateurs
décideurs
artisans
promouvant un seul concept ou
Affiches et
structurées en série représentant des
peintures
étapes d’un même message
informations et documentation
Plateforme web
technique
71 Informer : faire savoir quelque chose à quelqu un, porter quelque chose à la connaissance de quelqu un (Centre National
de Ressources Textuelles et Lexicales).
autoconstructeurs
entrepreneurs,
grand public
fournisseurs
techniciens
formateurs
décideurs
artisans
supports graphiques de promotion
Calendriers des bonnes pratiques de construction
parasinistre
Fig.23: a) Haïti, affiche sur la voie public pour la préparation à la saison cyclonique ;
b) Pakistan, jeu de serpents et échelles de sensibilisation aux inondations (crédits : UN-HABITAT Pakistan);
c) Népal, clinique mobile de consultation sur chantier pour une construction parasismique (crédits: NSET)
72 Sensibiliser : rendre sensible, réceptif, attentif à quelque chose (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales).
autoconstructeurs
entrepreneurs,
grand public
fournisseurs
techniciens
formateurs
décideurs
artisans
échelle et typologie architecturale
Maisons pilotes similaires à celle des habitations
existantes et/ou à construire
Fig.24: a) Bangladesh, maquettes d’habitation pour la discussion avec les communautés (crédits: Caritas Bangladesh) ;
b) Népal, démonstration sur table vibrante mobile des bonnes pratiques parasismiques (crédits: NSET) ;
c) Haïti, essai sur table vibrante pour validation scientifique, projet ReparH
73 Démontrer : montrer (à plusieurs personnes assemblées), fournir la preuve de quelque chose (Centre National de
Ressources Textuelles et Lexicales).
Le caractère essentiel de cette activité est l’adoption d’une approche basée sur un effet multiplicateur
fractal : « multiplicateur » pour un élargissement et une diffusion progressifs des nouvelles
connaissances et compétences (Fig. 25) ; « fractal » pour une propagation de celles-ci à tous les
niveaux géographiques et d’action (de l’institutionnel au terrain, du chercheur à l’artisan) impliqués
dans la construction d’un environnement bâti durable et sûr (Fig. 26). En conséquence, au-delà
d’aspects purement techniques, une composante fondamentale de cette activité est la formation de
formateurs, c’est-à-dire la constitution de compétences spécifiques à la transmission, vérification et
validation des connaissances en relation à chaque niveau. Ce principe de diffusion peut s’appuyer
sur des réseaux officiels (universités, instituts de formation professionnelle, centre de construction)
ou, dans le cas d’une formation informelle, sur les mécanismes habituels de transmission des
connaissances (p.e. apprentissage direct de maître artisan à apprenti). En particulier dans ce dernier
cas, la supervision des applications basées sur les nouveaux acquis se révèle toutefois indispensable
pour assurer une ré-application cohérente des principes enseignés.
1 2 3 4
formation
supervision continue
Fig.25: Principes de formation/supervision à effet multiplicateur suivi ponctuel
1_ formation d’artisans de la part d’un formateur technique (ingénieur, opérateur de terrain, etc.)
2_ les artisans formés forment, à leur tour, d’autres artisans/apprentis, avec la supervision du formateur technique
3+4_ les artisans forment d’autres artisans avec la supervision continue des artisans-formateurs et ponctuelle du formateur
technique
74 Former : faire acquérir à quelqu un un niveau intellectuel, culturel, etc. en développant certaines connaissances, habitudes,
manières, qualités (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales).
75 Le premier se réfère généralement à l’acquisition de compétences et connaissances pratiques et immédiatement
applicables s’adressant principalement à des adultes ; le deuxième se relate à un processus, sur le long terme, d’initiation et
élargissement de connaissances et compétences transversales, concernant généralement un public jeune (Bemmerlein-Lux,
Born, Xiaoling, et al., 2003 ; Roegiers, 2003).
76 Pour informelle, on entend la formation ayant lieu en dehors de cursus offerts par des instituts officiels, se déroulant
principalement au cours de chantiers ou de séances sur le terrain (« formation sur le tas »).
entrepreneurs,
grand public
fournisseurs
techniciens
formateurs
décideurs
artisans
utilisables sur le chantier comme support
Fiches pédagogiques d’enseignement et référence pendant la
construction
graphiques : principes et étapes de
construction
Manuels
Techniques : incluant modélisations et
calculs
support à échelle réduite pour
Maquettes l’explication des principes techniques
proposés et des phases de leur exécution
professionnelle
Curricula de formation
académique
pays
région
zone
localité
Fig.27: a) République Démocratique du Congo, muret d’apprentissage
Fig.26: Principe de diffusion fractal (crédits: O. Moles);
b) Honduras : test de reconnaissance de terres (crédits: Misereor);
c) Pakistan, modèle d’assemblage (crédits: T. Schacher)
activités D F
activités S D F
activités S D F
I
destinataires cadres et gestionnaires de projet
opérateurs de terrain, animateurs
fournisseurs de matériaux
artisans
autoconstructeurs
communauté locale, bénéficiaires
activités I S D F
77 Ces programmes ont fait l’objet d’analyses détaillées conduites au cours de cette recherche (cf. annexes : A.1.2). Dans ces
analyses, les autres composants (approche de projet, produit construit) ont été également considérés, et ils ont été présentés
dans les chapitres précédents.
INFORMATION
S sensibilisation
PROJET 3 PROJET 3
PROJET 2 PROJET 4
SENSIBILISATION
PROJET 4 PROJET 1
DÉMONSTRATION
PROJET 2
FORMATION
83
PROJET 2 PROJET 1 PROJET 2 PROJET 3 PROJET 4
La diffusion de savoirs et savoir-faire particuliers ainsi que la création des conditions pour leur
application constituent des facteurs indispensables pour permettre un renforcement effectif des
capacités des populations pour construire un cadre bâti résilient.
D’un côté, les spécificités du bâti sont fortement dépendantes des connaissances et compétences
détenues par les propriétaires/habitants qui l’occupent et les individus/groupes en charge de sa
construction (niveau individuel). D’un autre côté, les possibilités d’amélioration, mise en œuvre et
innovation des pratiques existantes sont souvent étroitement corrélées aux décisions et priorités
établies par les responsables de la gestion politique et économique, en particulier lors d’interventions
de préparation ou réponse à des crises (niveau environnemental). Cette dynamique se heurte à
l’écart entre la quantité et l’accessibilité des compétences effectivement disponibles et la demande,
en particulier individuelle, pour la production d’objets construits. Dans nombreux pays, le nombre
de techniciens et artisans disposant de connaissances spécifiques à une construction parasinistre
est de loin suffisant à répondre aux besoins existants (Schacher, 2008, op. cit. ; Shrestha, Dixit,
2008, op. cit.). Ce manque s’accentue de manière considérable suite à une catastrophe et il est
amplifié par l’inaccessibilité aux technologies promues sur le marché et par des projets d’habitat ou
enseignées dans des centres de formation, qui se révèlent souvent économiquement inaccessibles
aux populations locales.
Une double nécessité s’explicite : la diffusion d’informations détenues par un nombre restreint de
techniciens et professionnels (« experts ») ; une prise de conscience de la part de la population comme
de la part de techniciens, décideurs et chercheurs. Ce processus ne concerne pas uniquement des
principes de construction préconisés par le génie parasinistre actuel, mais également les savoirs et
pratiques vernaculaires, la compréhension des systèmes constructifs et des mesures de la réduction
de la vulnérabilité élaborées par les populations ainsi que la vulgarisation et dissémination des
connaissances que les milieux scientifiques ont développées à leur égard.
Pour ce faire, le niveau organisationnel assume un rôle de pivot entre le niveau individuel et le
niveau environnemental. C’est en effet à ce niveau qui se situent les principaux « engrenages » de la
diffusion des connaissances et compétences : les formateurs, opérateurs techniques et animateurs
sociaux (Fig. 30). Agissant directement sur le terrain, ils jouent un rôle essentiel dans la création et
la diffusion d’une conscience et de compétences parasinistres. En fait, si les opérateurs diffusent
les compétences techniques parmi les constructeurs, entrepreneurs et fournisseurs locaux, les
animateurs éveillent l’intérêt parmi les populations et les habitants envers des pratiques constructives
et sociales de réduction de la vulnérabilité. L’implication de ces deux types d’acteurs favorise
donc l’instauration d’une dynamique bidirectionnelle et itérative : d’une part, en permettant aux
informations, améliorations et nouvelles solutions techniques de parvenir aux principaux créateurs
de l’environnement bâti; d’autre part, en mettant en exergue les priorités, besoins et caractéristiques
du contexte local, de sorte qu’ils soient intégrés dans la définition des approches, tant politiques
qu’opérationnels.
AUTORITES /
DECIDEURS
développement continu de
TECHNICIENS
fomation
technique
formation
technique
de base
ANIMATEURS OPERATEURS
SOCIAUX DE TERRAIN
Fig.30: Échanges, sensibilisation et formation entre parties prenantes (d’après Shrestha, Dixit, 2008)
Dans les régions exposées à des aléas naturels récurrents, le processus d’évolution et d’adaptation de
pratiques sociales et constructives à échelle individuelle et collective se caractérise par des phases
de crise et de réhabilitation qui, se présentant tout au long de l’histoire avec des intensités variables
et une fréquence régulière ou sporadique, sont parties intégrantes de la vie d’une communauté.
Leur développement est représentatif de la capacité de cette dernière à faire face aux défis posés
par son environnement.
Suite à l’impact d’un aléa naturel, un apport extérieur s’avère souvent indispensable pour faciliter
la réhabilitation des habitats. Toutefois, les choix stratégiques effectués par les organismes d’aide
influencent, inévitablement, les modes de vie des sinistrés et leur vulnérabilité future, contribuant à
créer des opportunités pour accroître de manière durable les capacités de résilience ou, au contraire,
augmentant la vulnérabilité physique et sociale existante.
Dès lors, il est nécessaire de repenser les projets d’habitat comme des projets de réponse à
l’urgence qui in uenceront un mieux vivre pérenne des populations locales (Moles, 2010, p. 11), en
inscrivant les interventions de réponse et réhabilitation aux crises dans la continuité de l’évolution
d’une société. Ce faisant, le développement79 assume le caractère d’un processus par lequel les
populations améliorent leurs capacités à produire ce dont elles ont besoin et à gérer leur vie politique
et sociale comme elles le souhaitent et, dans le même temps (en particulier dans des régions
soumises à des catastrophes) à réduire leurs vulnérabilités immédiates et à long terme envers des
événements qui menacent leur existence économique et sociopolitique (Anderson Woodro
1990, p.7, trad. A. Caimi) De fait, la qualité des interventions relatives aux abris, à l’habitat et
aux articles non alimentaires dépendra largement du degré de préparation. Cette préparation est
la résultante des capacités, relations et connaissances qu’ont pu développer les gouvernements, les
agences humanitaires, les organisations locales de la société civile, les communautés et les individus
pour anticiper les situations et gérer efficacement l’impact des dangers probables, imminents ou
actuels (Projet Sph re 2011, op. cit., p.284).
La préparation représente l’élément charnière entre les différentes phases de vie d’une communauté,
permettant d’anticiper la réponse d’urgence (p.e. définition de procédures opérationnelles et
conception d’abris temporaires/transitionnels) mais également de mettre en place des mesures
préventives de réduction des vulnérabilités existantes, au niveau de l’environnement naturel (p.e.
plantations), bâti (p.e. consolidation des structures) et humain (p.e. sensibilisation et formation).
Au travers leurs interventions, l’approche et rôle adoptés par les organismes non gouvernementaux
peuvent assumer un potentiel considérable dans la constitution des fondements cognitifs,
opérationnels et matériels favorisant une réduction durable de la vulnérabilité, à échelle locale,
régionale et nationale. Toute intervention influe, en fait, sur les capacités immédiates et futures
des différents acteurs impliqués et, de ce fait, elle peut contribuer à créer les conditions pour une
autodétermination et une autonomie80 d’individus, communautés et sociétés dans la création d’un
environnement de vie résilient.
Développer pour chaque site des stratégies et des capacités de préparation et de réponse aux crises,
sur la base d’une synergie entre les différents acteurs impliqués, ainsi que concevoir, à partir des
ressources matérielles et cognitives existantes, des propositions techniques favorisant une évolution
(de l’habitat existant à l’habitat futur, des abris transitionnels à un habitat permanent) des pratiques
et solutions constructives vers un environnement construit et social résilient, constituent les bases
indispensables pour que les individus et communautés puissent bâtir une résilience durable et
autonome. Et cela à travers un processus de conscientisation d’individus et d’institutions à échelle
locale et internationale.
Tant pour des interventions post-catastrophe que dans la préparation et prévention des risques,
l’analyse contextuelle constitue en fait le point de départ pour toute activité en rapport à l’habitat
(Fig. 31), contribuant à :
80 Autodétermination en tant que droit, possibilité et capacité à décider. Autonomie en tant que capacité à agir et gérer.
81 As housing action depends on the actors’ will and as the dominant actors in economies of scarcity are the people
themselves, they must be free to make decisions which most concern them (Turner, 1972, p. 174).
PROCEDURES
OPERATIONNELLES consolidation
existant
CULTURES
CONCEPTION
CONSTRUCTIVES (re)construction
TECHNIQUE améliorée
LOCALES
crise réparation
RENFORCEMENT
DES CAPACITES
abri transitionnel
Dans ce processus, la mise en place d’une démarche d’analyse des spécificités contextuelles constitue
le premier pas pour l’élaboration de principes méthodologiques et constructives soutenant un
renforcement des capacités techniques, décisionnelles et opérationnelles face à l’impact des aléas
naturels et donc, de la résilience d’une population par une régénération endogène de ses propres
« capabilités »82.
82 Le concept de « capabilité » inclut potentialités et capacités, les premières donnant aux individus les moyens de faire face
aux adversités et les deuxièmes leur permettant de tirer profit de leurs propres potentialités pour résister aux chocs négatifs
et pour se redresser suite aux crises. A person’s « capability » refers to the alternative combinations of functionings that are
feasible for her to achieve. Capability is thus a kind of freedom: the substantive freedom to achieve alternative functioning
combinations (or, less formally put, the freedom to achieve various lifestyles) (Sen, 1999, p. 75).
cet égard, deux aspects émergent comme facteurs particulièrement relevants en vue d’accroître
la prise en compte des cultures constructives vernaculaires et de bénéficier davantage du potentiel
qu’elles présentent dans le renforcement de la résilience face aux aléas. Tout d’abord, cela repose
sur un approfondissement de leur compréhension : d’une part en tant que processus situé en
considérant leur dimension localisée et leur ancrage à un milieu naturel et humain particulier ;
d’autre part en tant qu’ensemble de principes, règles et dispositifs qui, par leur caractère technique
et parasinistre, constituent une référence incontournable à complément du génie parasinistre.
cet approfondissement s’associe la dissémination des connaissances existantes relatives à ce
double statut des cultures constructives, facteur indispensable pour favoriser un processus de
conscientisation s’élargissant à l’ensemble des acteurs prenant partie, de manière directe et
indirecte, individuelle et collective, par la pratique et par la recherche, à la construction d’habitats
et communautés résilients.
Ce sont ces aspects que cette recherche investigue davantage. En se structurant en deux parties
distinctes, les chapitres suivants s’articulent autour du double caractère des cultures constructives
vernaculaires.
La partie qui suit - partie 2- est directement corrélée à la sphère opérationnelle ; elle se rapporte aux
modalités d’identification des caractéristiques de l’habitat d’une communauté ou dans une région
particulière, dans un processus de compréhension de l’environnement social, culturel et naturel qui
les déterminent.
La troisième partie relèvera du domaine technique, en poussant un pas plus loin la caractérisation
de la dimension parasinistre des cultures constructives vernaculaires.
En réponse au constat d’un « vide méthodologique » relatif à ce type d’approche, cette recherche
propose une méthodologie d’analyse permettant la définition d’un cadre référentiel pour l’élaboration
de démarches techniques et opérationnelles s’ancrant profondément dans les pratiques et cultures
constructives propres à un lieu. Elle constitue un outil d’investigation d’un milieu à partir de l’étude
des artefacts bâtis mais également par le dialogue avec les individus et les groupes qui les ont conçus
et réalisés, qui les entretiennent et les habitent. En particulier dans le cas de pratiques « vivantes »,
encore élaborées et mises en œuvre de nos jours, ce croisement d’expériences, de compétences et
de vécus se révèle indispensable pour comprendre la situation que l’on observe, de façon à établir
un lien étroit entre les savoirs, les pratiques, les vulnérabilités et les résiliences passées, actuelles et
futures. Selon cette approche, comprendre les caractéristiques de l’habitat et les stratégies de vie et
survie d’une population, de même que reconnaître ses savoirs et savoir-faire, constituent le véritable
point de départ pour une réduction durable de la vulnérabilité.
83 Corn all, Andrea, Guijt, Irene, Welbourn, Alice, 1999. « Processus de reconnaissance: défis méthodologiques posés à la
recherche et à la vulgarisation agricoles ». In : La reconnaissance du savoir rural : savoir des populations, recherche agricole et
vulgarisation. Paris : Editions Karthala. Coll. Économie et Développement. p. 158.
Le terme « diagnostic » appliqué au territoire désigne un processus de lecture visant à obtenir une
vision détaillée et holistique d’un milieu, en identifiant les phénomènes et les spécificités, les forces
et faiblesses ainsi que les grandes tendances qui lui sont propres. Cette analyse constitue rarement
une fin en soi, s’intégrant dans une perspective plus vaste qui suppose l’identification de pistes
d’actions en vue d’une amélioration ou de la résolution de certains aspects caractérisant la situation
existante (Monnet, Langlois, 2002). En effet, le diagnostic appliqué au milieu est l’opération qui
vise à analyser et juger des modes d’utilisation de l’espace, à un moment et à une échelle donnés, en
fonction d’objectifs de connaissance et de valorisation de cet espace (Ibid., p. 18).
Dans un processus de projet, le diagnostic représente une phase essentielle puisque c’est pendant
son déroulement que s’établit la connaissance d’une réalité, à partir de laquelle des décisions seront
prises et des initiatives proposées : il constitue une étape préalable à toute action permettant la
formulation d’activités précises et des modalités de leur mise en œuvre. L’analyse de la situation
d’une communauté doit être perçue dans sa globalité, sa complexité et son évolution. Globalité ne
veut pas dire totalité ; le diagnostic ne peut être totalement exhaustif. Mais il doit tenir compte
de l’interdépendance de ses composantes, des conséquences prévisibles et de l’incidence des
changements envisagés (Ibid.), en intégrant également les potentiels existants et les répercussions
et/ou l’évolution probable des facteurs limitants.
La conception de l’analyse d’un contexte selon une approche systémique met en évidence la
particularité de toute activité humaine pouvant être étudiée en tant que produit d’un système
complexe, composé de multiples éléments interconnectés et interdépendants les uns des autres.
L’adoption d’une telle démarche permet de saisir les différentes facettes caractérisant la complexité
de la réalité existante, en prenant également en compte d’autres aspects et domaines influant sur
l’objet d’étude (Bonnal, 2011). Toutefois, le type et les modalités d’investigation ainsi que l’éventail
des paramètres considérés et les compétences nécessaires sont essentiellement déterminés par la
finalité et les objectifs ultimes du diagnostic. Cette analyse peut, en effet, être multisectorielle ou
spécifique à un domaine (p.e. le secteur de la construction), étendue à des aspects généraux (p.e.
politiques, réglementations, etc.) ou focalisée sur un ou plusieurs facteurs caractérisant ce domaine
(p.e. état des constructions, typologies structurelles, etc.), à l’échelle globale (p.e. pays, région) ou
locale (p.e. village). Sa mise en place correspond à une multiplicité de situations, de secteurs et
perspectives d’application, qui influencent les spécificités mêmes du processus et les conditions de
son déroulement.
Le diagnostic représentant souvent la première phase d’interaction entre ces deux groupes,
les caractéristiques du processus d’analyse et les modalités d’interaction avec les acteurs locaux
traduisent l’approche dans laquelle les intervenants extérieurs se positionnent. Le diagnostic peut
donc être considéré comme l’opérationnalisation d’une vision plus générale d’une représentation
du monde , produite lors de l’interaction entre techniciens et populations locales au moment o
la nature de leur collaboration future est en train de se définir (Sellamna, Lavigne-Delville, 2000,
p. 8).
Cette vision s’inscrit en relation à trois principales approches, apparues successivement au cours
des dernières décennies. Elles se réfèrent à un processus qui fondamentalement se rapporte, et
est considéré initié, par des agents externes, dont la vision détermine simultanément les rôles des
différents acteurs (Chambers, Kenton, Ashley, 2004). l’origine une conception technique prévaut,
concevant le diagnostic comme une activité conduite par des spécialistes donnant lieu à des solutions
technologiques à transmettre aux populations (modèle du « transfert de technologie »). Ensuite,
une conception systémique s’affirme, s’efforçant de comprendre le fonctionnement des systèmes
locaux mais concentrant la définition des solutions dans les mains de l’intervenant externe. Enfin,
cette évolution déboucha sur une conception participative cherchant d’aller au-delà d’une approche
purement technocratique : les acteurs locaux sont censés définir eux-mêmes leurs besoins, la
recherche et le développement devant se mettre à leur service. L’émergence d’une nouvelle vision
n’implique pas nécessairement la disparition de celles précédentes ; au contraire, toutes les trois
sont encore couramment appliquées dans des projets situés en contextes différents85.
Plusieurs facteurs définissent le processus d’analyse s’influençant réciproquement (Fig. 33). Les
paramètres à prendre en compte en tant que critères d’analyse découlent de la situation à étudier, du
domaine de référence et des objectifs du diagnostic. Ces derniers influencent, et sont influencés par
la démarche d’ensemble et par les contraintes posées par le cadre institutionnel (bailleur de fonds,
organisme de recherche ou d’aide, gouvernemental et non). D’autre part, les acteurs concernés, leur
rôle et degré d’implication sont directement déterminés par le cadre contextuel (situation existante)
et conceptuel86 (vision politique, modèle culturel) dans lequel s’inscrit le travail.
84 La différenciation entre ces deux catégories est effectuée ici par l’utilisation de l’expression « acteur local » pour
indiquer tout individu, groupe ou organisation habitant dans la zone considérée (entendue en tant que territoire limité
de déroulement du diagnostic), et d’« agent externe » pour indiquer toute personnes et organisme n’appartenant pas au
contexte étudié (y compris provenant d’autres régions, provinces ou villes/villages). Le terme d’« agent » étant utilisé selon
son sens étymologique de « personne qui exerce une action », « qui est une force agissante, un principe d action » (Centre
National des Ressources Textuelles et Lexicales).
85 titre d’exemple :
Approche technique : reconstruction après cyclone, Orissa (Inde), Orissa Developement Technocrat Forum / UNDP, 2000-
2005 (Caimi, Hofmann, 2005, op. cit.) ;
Approche systémique : programme de préparation aux désastres (Bangladesh), Caritas Bangladesh, Bangladesh University
of Engineering and Technology, CRAterre-ENSAG, 2011-2014 (Caimi, 2011) ;
Approche participative : projet de réparation et reconstruction post-séisme (Haïti), Plateforme Haïtienne de Plaidoyer
pour un Développement Alternatif, Vedek, CRAterre-ENSAG, 2010-2013 (Moles, 2011, op. cit.).
86 Pour cadre conceptuel, on entend l’ensemble d’éléments constituant les points de repères théoriques qui orientent la
manière d’approcher la problématique, la démarche et la logique des différentes étapes, en déterminant la signification et
servant de référence pour l’évaluation des résultats.
cadre
conceptuel
objectifs méthodologies
outils acteurs
critères
cadre
contextuel
Fig.33: Interconnexions entre facteurs d’influence
Certains de ces facteurs sont des variables étroitement dépendantes de la particularité de chaque
situation. Parmi eux, deux aspects caractérisent fortement le processus d’analyse, dans son
déroulement et ses résultats, indépendamment du domaine de référence dans lequel il s’inscrit.
L’un concerne le type de méthodologie adoptée ; l’autre, le rôle et l’interaction entre les acteurs
impliqués. Ces deux facteurs sont intimement liés, tant dans la définition de leurs caractéristiques
réciproques que dans les modalités de leur mise en pratique, en s’influençant mutuellement et
influençant conjointement la démarche englobant l’activité de diagnostic.
En vue de la définition du cadre référentiel dans lequel inscrire le développement d’un outil d’analyse
des cultures constructives locales en zones à risque, ces deux aspects se révèlent particulièrement
importants : si d’une part ils constituent les moyens pour appréhender les caractéristiques de
l’existant, d’autre part ils explicitent et déterminent un processus d’action et d’interrelation dont
l’analyse ne constitue qu’une étape initiale.
La notion de participation assume une telle multiplicité de formes87 qu’affirmer que toutes les
sociétés, et en particulier celles vernaculaires ou traditionnelles, sont participantes devient en fait
quasiment une « tautologie » (Rahnema, 1992). Au niveau du sens le plus large, la participation
constitue la structure de base et le tissu de la vie sociale : les gens ayant toujours participé, selon
des niveaux et degrés variables, à l’élaboration des stratégies de survie, à la constitution de leur
propre culture et à la prise de décisions au sujet de leur développement. Pouvant en ces termes
être considérées comme participatives, une série de structures et de procédures ont émergées au
fil des siècles, de manière plus ou moins spontanées, pour définir et répondre aux besoins collectifs,
résoudre les conflits, établir des plans d’action et effectuer les démarches nécessaires pour les
réaliser88.
87 Participation signifie : « action de participer à quelque chose, part prise à quelque chose », mais également « contribution
et association des citoyens au pouvoir » (Dictionnaire Larousse).
88 hether through formal or informal organisations, autocratic or participatory means, people at the grassroots level
use vernacular planning processes to define their needs and to take steps necessary to implement them (Zazueta, A. .
A Matter of Interests: Participation, Equity and Environment in Policy-Making.Undpublished Draft. Washington D.C : World
Resources Institute, cité par Bass, Dalal-Clayton, Pretty, 1995, p. 29).
Dans le cadre d’activités menées par des institutions de recherche et des organismes d’aide, la notion
de participation a été conceptualisée en intégrant différents éléments se référant spécifiquement
au cadre de programmes de développement (Paul, 1987 ; World Bank, 1996 ; Stiglitz, 1998) ou
d’interventions en situation de crise (Byrne, 2003, op. cit. ; UNHCR, 2008 ; Groupe URD, 2010),
jusqu’à une dimension quasiment politique (Fals-Borda, 1992 ; Blanchet, 2001 ; Amoussou-
Guenou, 2003). Si certains définissent la participation comme un processus dans lequel les acteurs
influencent et partagent le contrôle des activités, des décisions et des ressources, pour d’autres
elle consiste dans la pleine et égale implication de tous les membres d’une communauté dans les
processus décisionnels et les actions qui affectent leur vie, à la fois dans la sphère publique que
privée.
Cette dualité dialectique entre la population locale et les intervenants extérieurs reste encore
aujourd’hui un élément central, en particulier en raison du fait que la plupart des réflexions au regard
de la participation ont été effectuées par des chercheurs et praticiens agissant en tant qu’externes au
contexte de travail. La question du rôle de l’agent externe dans le processus de participation se pose
de façon évidente, allant presque à assumer un caractère absolutiste : les extérieurs s’interrogent et
se positionnent par rapport à leur propre rôle et influence, tandis que peu de voix nous parviennent
de la part des populations directement concernées. Dès lors, la participation devient une forme
d’intervention avec des fonctions précises et dont les définitions et interprétations se focalisent
sur l’implication des bénéficiaires directs en relation à un cadre référentiel strictement lié à des
programmes menés par des organismes d’aide ou de recherche, gouvernementaux et non (Paul,
1987, op. cit.).
Les multiples significations attribuées à la notion de « participation » ainsi que les manières dont elle
est interprétée et utilisée sont synthétisables selon sept catégories. Elles reflètent les différentes
modalités d’interaction entre les intervenants extérieurs et la population, entre agents externes et
acteurs locaux, et se réfèrent à la mise en œuvre d’activités ainsi qu’à la gestion et au déroulement
de processus décisionnels et opérationnels (Tab. 10).
Les acteurs locaux sont informés de ce qui va se passer et de ce qui a été déjà décidé, ou de ce qui
Participation
s’est déjà produit. Il s agit d annonces unilatérales effectuées par les gestionnaires administratifs ou
passive
de projet, sans attention ni prise en compte des réactions des acteurs locaux.
Les acteurs locaux sont consultés et apportent l’information sur un sujet donné, défini par les
Participation par
agents externes. Ces derniers ne sont pas tenus de prendre en compte les opinions des premiers,
consultation
qui n’ont ni d’influence ni de pouvoir décisionnel sur l’ensemble du processus.
Les acteurs locaux fournissent des ressources nécessaires à l’exécution de l’intervention (p.e. main
d’oeuvre) en échange d’une rétribution (p.e. en argent ou en nature), sans être impliqués dans la
Participation
prise de décision ni dans le processus de projet.
par incitation
matérielle
participation
• L’application des technologies ou des pratiques montrées perd d’intérêt quand les mesures
incitatives terminent.
Les acteurs locaux apportent les matériaux, les fonds et/ou la main-d’oeuvre nécessaire à la mise
en place d’une intervention.
Participation • La participation devient un moyen d atteindre les objectifs du projet, notamment par une
fonctionnelle réduction des coûts.
• La participation peut être interactive et impliquer une prise de décision partagée ; cependant
cela tend à se produire seulement après que des décisions importantes ont été prises par des
agents externes.
Les acteurs locaux participent à une analyse conjointe, au développement de plans d action, à la
formation ou renforcement des institutions locales et ont une influence sur la prise de décision.
Participation
• La participation est considérée comme un droit.
interactive
• Étant donné que les acteurs locaux ont le contrôle sur les décisions et la gestion des ressources
disponibles, ils ont un intérêt dans le maintien des structures ou des pratiques, même à la fin
du projet.
Tab.10: Typologies de participation (d’après Arnstein, 1969 ; Pretty, 1995, op. cit. ; Dalal-Clayton, Bass, 2002, op. cit.)
Sur la base de cette classification, des correspondances peuvent être établies avec les rôles et les
modalités d’interaction entre acteurs locaux (population locale, bénéficiaires directes, organisations
et groupes) et agents extérieurs dans le cadre d’une activité d’analyse (Tab. 11).
analyse,
Action Les acteurs locaux analysent leur propre situation
facilitation action,
collective et prennent l’initiative d’agir ensemble. Participation
promotion
comme
Les acteurs locaux s’unissent pour chercher d’avoir redistribution
maîtrise, des pouvoirs
Prise en main plus de contrôle sur les processus décisionnels, appui
contrôle
dans une démarche explicitement politique.
Tab.11: Degré de participation, modalités d’analyse et rôles (d’après : Holtland, 2001 ; Chambers, 2006)
Selon cette catégorisation, la participation ne se relate pas à un processus uniforme, mais plutôt
elle se traduit dans un continuum d’approches qui, dans le cadre d’une analyse de contexte, vont
de la communication d informations jusqu à la recherche de type participatif. En référence à ces
différents caractères, la relation entre la gestion de l’information (récolte, vérification, validation et
possession) et le rôle des acteurs impliqués se présente sous trois formes distinctes :
• participation comme moyen d information : flux d information unidirectionnel d’un émetteur à
un destinataire (public, agents externes) ;
• participation comme symbole : flux d information bidirectionnel entre les coordinateurs et le
public, avec un partage du contrôle sur la prise de décision ;
• participation comme redistributions des pouvoirs : prise en main du contrôle de la prise de
décision et des ressources par les acteurs directement impliqués.
Une analyse des pratiques et cultures locales qui vise à poser les bases pour une amélioration des
conditions physiques et de résilience d’une communauté, ne peut que se fonder sur une implication
élevée des acteurs locaux et, plus particulièrement, des groupes et individus qui habitent, gèrent
et planifient la zone considérée. Dans le processus d’habiter un lieu de la part de ces derniers, un
programme n’apporte qu’une contribution spatialement et temporellement limitée. De ce fait, je
considère indispensable que la finalité de la mise en place tant d’une analyse que d’un programme
ne se limite pas à l’accomplissement de ses objectifs immédiats (obtention d’information, réalisation
de constructions, etc.), mais qu’elle devienne un « outil » pour la population locale d’accroître ses
propres compétences, en premier lieu dans la gestion de processus décisionnels et opérationnels.
Par conséquent, le niveau de participation le plus réduit auquel se réfère la méthodologie d’analyse
que cette recherche propose ne peut que correspondre à celui de la « consultation », tout en
considérant les niveaux successifs (« collaboration », « action collective », « prise en main ») comme,
sans aucun doute, plus pertinents en vue d’un renforcement des capacités et d’une amélioration
effective et à long terme de la résilience d’individus et communautés.
Une première différenciation entre méthodologies peut être effectuée sur la base de la typologie
des éléments recherchés, étroitement corrélée aux procédés et supports de collecte d’information
ainsi qu’aux objectifs ultimes de leur utilisation.
L’approche quantitative vise à obtenir des informations quantifiables, facilement organisables et
comparables, à partir de l’utilisation de supports rigides (p.e. questionnaires à réponse fermée),
en vue de représenter, expliquer et prédire des phénomènes (Bouchon, 2009). Une analyse
quantitative permet donc d’évaluer une situation à un moment donné, de découvrir « ce qui » se
passe, par l’examen de certains événements ou de certaines de ses caractéristiques (Oakley, 1991,
op. cit. ; Schoonmaker Freudenberger, 1999).
Les méthodologies basées sur une approche qualitative visent par contre à capturer les informations
non quantifiables, par l’emploi d’outils et procédés souples et ouverts permettant d’obtenir une
vue d’ensemble par la description détaillée des phénomènes et des dynamiques qui intéressent
le contexte étudié ainsi que par l’exploration des significations, des processus et des causes, en
identifiant les origines d’une situation particulière (IFRC, 2007b, op. cit. ; Bouchon, 2009, op. cit.).
Ces deux approches sont souvent employées conjointement sur la base d’une démarche éclectique
faisant correspondre le choix du type de méthodologie aux informations recherchées (Fetters, 1999).
Une différenciation ultérieure peut être effectuée en relation aux principes régissant le processus
décisionnel, de gestion et d’implication qui se rapportent à deux approches, dénotant aussi bien une
démarche procédurale que le mode de prise de décision et de pilotage d’un projet (Larrison, 2002).
Selon l’approche descendante, ou « top-down », la plupart des décisions concernant les problèmes
à examiner et la manière dont les informations seront utilisées sont prises par des agents externes,
représentant une figure d’autorité, professionnelle et spécialisée. La prise de décision s’effectue
par un décideur hiérarchiquement supérieur et se répercute ensuite sur les niveaux inférieurs,
qui ont comme seule fonction celle d’exécuter des consignes (Tab. 10 : participation passive, par
consultation, par incitation matérielle et fonctionnelle). Dans la phase de diagnostic, cela se traduit
par un rôle des populations et des acteurs locaux limité à la réponse à des questions établies par des
agents externes (Tab. 11 : apport d’information, coopération passive et consultation).
Le caractère de l’approche adoptée devient de plus en plus participatif au fur et à mesure que les
populations et les autres acteurs concernés, assument un rôle central et actif tant dans la collecte
des données que dans le processus décisionnel et opérationnel dans son ensemble (Tab. 11 :
collaboration).
89 Dans le cadre de la présente recherche, le terme « méthode » est employé pour indiquer un type de procédé (p.e.
entretien structuré), tandis que le termes « outil » indique le support employé (p.e. questionnaire).
Dans un processus d’analyse, la signification et le rôle attribués aux divers intervenants déterminent
les méthodes adoptées, les supports employés ainsi que les sources d’information consultées.
leur tour, ces trois aspects influencent le type d’informations qu’on pourra obtenir ainsi que leur
fiabilité, niveau d’approfondissement et importance en relation aux objectifs et au cadre de travail.
Une grande variété de méthodologies existe, se différenciant par l’objet d’analyse, l’étendue
géographique, le niveau de participation et le rôle des acteurs impliqués ainsi que, pour certaines,
par la période d’apparition et de majeure utilisation.
Dans la partie suivante, je considère six approches méthodologiques correspondant à divers degrés
d’implication des acteurs locaux (population au sens large, groupes et individus) dans le processus
de diagnostic d’un contexte90. Bien que pour chaque niveau nombreux exemples existent, un choix
a été effectué en considérant ceux qui, de par leur nature et modalités, se revèlent particulierement
réprésentatifs en relation à cet aspect. Ces exemples comprennent des approches allant de
l’application d’un modèle préétabli à un processus d’apprentissage (Pretty, Guijt, Thompson, et al.,
1995), de la focalisation sur l’individu à la prise en considération du groupe, de l’énumération à
la comparaison, ainsi que des outils analytiques se fondant sur une communication fermée ou un
échange ouvert et flexible, du support verbal au visuel intégrant différentes dimensions (spatiale,
temporelle, relationnelle, causale) de la situation existante (Sch nhuth, Kievelitz, 1995 ; Rietbergen-
McCracken, Narayan-Parker, 1998 ; Groupe URD, 2002, op. cit.). Pareillement, les rôles des acteurs
sont variables : de l’exclusivité des agents externes à la population locale en tant qu’acteur principal
dans la conduite de l’analyse et dans la génération de données (FAO, 1997 ; Chambers, 2007).
Cet approfondissement est effectué en relation à trois éléments - le niveau de participation, les
principes méthodologiques, les modalités de mise en œuvre - permettant la construction d’un cadre
conceptuel et épistémologique de référence pour un nouveau « outil » spécifique à l’analyse des
cultures constructives vernaculaires.
90 Au cours de cette recherche, ces différentes méthodologies ont été analysées en profondeur, sans toutefois pouvoir
procéder à leur expérimentation directe. Les éléments présentés se fondent sur une revue critique de la littérature ainsi
que sur les retours d’expériences conduites par des tiers. Pour des questions d’étendue, seuls les éléments principaux sont
présentés de manière synthétique dans la partie qui suit.
Méthodologie associant diagnostic et formulation de projet sur la base d’une concertation et d’une
construction de consensus entre les parties prenantes. Elle s’appuie sur une modélisation linéaire de
la réalité mettant en évidence les relations de cause à effet, remontant aux causes sous-jacentes et
ne délimitant pas au préalable les problématiques à traiter (Holtland, 2001, op. cit.). Le processus
d’analyse se structure en deux phases réalisées progressivement sur la base de critères prédéfinis
ainsi que d’une visualisation de la discussion par l’utilisation de cartes modifiables, déplaçables et
combinables (Lamballe, 2001 ; Commission Européenne, 2004). Seules les idées des personnes
présentes sont prises en compte et influencent la conception du projet, avec par conséquent un
risque de partialité et de simplification des paramètres considérés (Ly, 2001). Ces aspects sont
accentués par l’utilisation d’une matrice qui permet difficilement de prendre en compte toute
la complexité d’un contexte et limite la compréhension des dynamiques sociales ainsi que des
comportements et des attitudes individuelles (COTA HHC/CA, [s.d.]). En outre, des compétences
de lecture/écriture de la part des tous les participants sont indispensables pour un suivi optimal du
processus de discussion et décision.
91 Également appelée : enquête par questionnaire, enquête globale, entrevue sur échantillon (Tremblay, 1968, op. cit.).
92 Les acteurs locaux ont comme unique fonction celle de source d information tandis que les agents externes interprètent
les données et tirent les conclusions (Chambers, 1981).
93 Connue en milieu anglophone comme Rapid Rural Appraisal.
94 Rapid Rural Appraisal is a way of organizing people and time for collecting and analyzing information where time
constraints demand decisions before a local situation can be fully understood (Beebe, 1987, p. 48).
95 D’autres dénominations sont souvent utilisées pour indiquer cette approche méthodologique : Planification des Projets par
Objectifs (PPO), Objective Oriented Project Planning (OOPP), iel Orientierte Project Planung (ZOPP) (Lamballe, 2001, op. cit.).
Approche fondée sur un processus collaboratif de recherche en situation réelle, conduit conjointement
par les communautés et les intervenants externes et donnant lieu à des résultats géographiquement
localisés (Kaihura, 2003). Reconnaissant la capacité d’expérimentation et innovation des populations
ainsi que de l’importance que leurs connaissances assument dans la résolution de problèmes
(Bebbington, 1999), les agents externes encouragent les acteurs locaux à expérimenter, inventer
et adapter de nouvelles formes de gestion et d’application technologique (van Veldhuizen, Waters-
Bayer, Wettasinha, 2005). Ce processus voit l’implication de trois catégories d’acteurs : les membres
de la communauté, expérimentateurs chargés de la mise en œuvre des solutions identifiées ; les
chercheurs, fournissant un appui technique ; des opérateurs de terrain d’organismes d’aide,
facilitateurs de l’interaction entre les parties prenantes (Huy, 2002). Cette dynamique se base sur
une collaboration étroite avec des « experts locaux », individus porteurs de savoirs spécifiques qui
deviennent les principaux concepteurs et diffuseurs de solutions technologiques.
Enquête Structurée Les données obtenir des données exactes sur la région
Chaque approche méthodologique possède des caractéristiques bien distinctes et, par conséquent,
se révèle plus appropriée à certaines situations et objectifs d’analyse. Cependant, en les comparant,
on peut relever comment la prise en compte et la compréhension des savoirs, compétences et
ressources locales sont directement proportionnelles au degré de « pouvoir d’agir » (Le Bossé, 2003)
et de décider des acteurs locaux, en particulier des populations, tout au long du processus. Non
seulement donc dans la collecte des informations, mais également dans la définition et la gestion
des activités et la prise de décision.
Toutefois, dans le processus d’analyse certaines compétences sont indispensables. Selon la démarche
adoptée, les techniques et les supports à employer demandent des connaissances techniques
spécifiques au domaine de référence, mais surtout des capacités de facilitation pour permettre un
réel échange, dialogue et participation des acteurs, outre qu’une collecte d’informations reflétant la
situation réelle et les différents points de vue des personnes concernées.
Ci après (Tab. 14), je synthétise les principaux particularités des méthodologies considérées, sur
la base de paramètres que j’ai défini en vue de faire ressortir, d’une part, les spécificités propres
à leurs modalités de mise en œuvre et, d’autre part, les potentialités qu’elles présentent tant en
relation à une intégration du diagnostic à une démarche de projet qu’à une prise en compte dans
celui-ci des savoirs et pratiques locales. Il est intéressant de noter comment ce dernier aspect
est proportionnellement dépendant de l’implication des acteurs locaux : plus le pouvoir d’agir
des acteurs locaux devient important, plus l’analyse devient partie d’un processus qui vise à un
changement endogène durable puisant dans les capabilités existantes.
Supports flexibles
- chercheurs et visuels +++
Triangulation - agences d’aide (OG
- opérateurs (représentations (connaissances
Facilitation et ONG) 3-10 jours ++ +++
- représentants graphiques, techniques et
Apprentissage - universités
degré de participation
locaux groupes de discussion, facilitation)
observation)
+++
- opérateurs - universités Supports interactifs
Connaissance (animation,
- groupes - collectivités (observation,
« Capabilisation » Plusieurs années recherche, ++++ ++++
d’entraide - individus, groupes et questionnement,
Autonomisation vulgarisation,
autoconstitués organisations locaux écoute)
médiation)
Tab.14: Comparatif des méthodologies analysées : principes de mise en oeuvre Légende : + : faible ; ++ : modérée ; +++ : élevée; ++++ : déterminante
105
Suite à l’analyse des spécificités de ces différentes approches méthodologiques, je procède à une
synthèse des éléments qui assument un caractère particulièrement relevant dans et pour le processus
d’identification des spécificités propres à un contexte. Dérivant de l’ensemble des méthodologies
considérées, ceux-ci permettent la définition d’un cadre méthodologique de référence en vue de
l’élaboration d’un outil d’analyse des cultures constructives locales.
Approche méthodologique :
• production, appropriation, diffusion de savoirs par les acteurs locaux à partir de leurs propres
connaissances et expériences ;
• analyse, évaluation et mise en œuvre conjointe par les différents acteurs impliqués ;
• participation en tant qu’apprentissage réciproque ;
• interaction et collaboration directe entre tous les acteurs ;
• rapidité relative et/ou fractionnement temporel de l’analyse pour limiter l’investissement requis par
le processus de la part des différents acteurs ;
• possibilité d’interventions ponctuelles de certains acteurs au cours de l’analyse ;
• définition de modalités permettant, selon les compétences et capacités existantes, la mise en
place d’un diagnostic sans le recours à certaines catégories d’acteurs (p.e. représentants du milieu
scientifique) ;
• association directe entre récolte d’information, élaboration des données et définition des actions ;
• analyse des caractères contextuels hétérogènes et de leurs origines ;
• exclusion de la prétention d’exhaustivité ;
• triangulation de sources, techniques et compétences ;
• reconnaissance effective et réciproque du rôle et des compétences de chaque acteur.
Outils d’analyse :
• combinaison et adaptation des outils d’analyse au contexte géographique, social et opérationnel ;
• diversité et flexibilité des techniques et des supports de collecte de l’information ;
• association d’outils et méthodes quantitatifs et qualitatifs :
• structuration de l’informalité ;
• communication verbale et visuelle ;
• visualisation de la discussion et des informations et utilisation de supports graphiques et modifiables.
Rôles et acteurs :
• populations locales en tant que fins connaisseurs du contexte socioculturel et naturel ;
• « experts locaux » en tant que détenteurs de savoirs et savoir-faire technologiques ;
• facilitateur en tant qu’agent intermédiaire ancré dans le contexte (opérateur de terrain, membre de
la communauté, etc.) ;
• agent externe agissant en tant qu’appui à un processus endogène ;
• complémentarité et mise en valeur des compétences de chacun.
Compétences spécifiques :
• adéquation et sélection des supports en relation aux capacités et compétences, pour éviter
l’exclusion ou la prédominance de certains acteurs ;
• importance de l’attitude de l’agent intermédiaire (le facilitateur), nécessitant des compétences et
connaissances tant techniques que sociales ;
• formation spécifique des facilitateurs pour réduire les risques d’une application machinale et
incohérente avec les principes de l’approche et les objectifs du diagnostic.
Limites opérationnelles :
• risque d’inexactitude des informations et de partialité de points de vue et paramètres considérés dus
d’une part à l’influence du contexte et des mécanismes socioculturels et, d’autre part, aux capacités
du facilitateur en relation au processus participatifs ainsi qu’aux critères considérés ;
• calibrage de l’investissement requis en relation aux capacités et disponibilités des différents acteurs.
Toutefois, c’est à travers des changements dans les « règles du jeu », des modifications significatives
des modes de contrôle des décisions et des flux financiers, qu’un glissement de pouvoir et un
renforcement des capabilités de certains groupes d’acteurs peuvent avoir lieu. En cela, une
démarche d’analyse qui soit participative, participante et participée pourrait contribuer à une prise
de conscience réciproque entre acteurs locaux et agents externes, entre recherche académique et
réalité de terrain, entre détenteurs de pouvoirs décisionnels, financiers et techniques et détenteurs
de connaissances et capacités spécifiques.
102 Entre autres : la gestion des ressources naturelles et des sources de subsistance ; l’alphabétisation, l’éducation et
l’autonomisation des adultes ; la santé et la nutrition ; la planification et développement urbain et rural ; l’établissement des
droits à la terre pour les communautés indigènes ; la négociation et résolution des conflits ; l’établissement et l’analyse des
politiques ; la gouvernance et la démocratie ; la réduction des risques et gestion des catastrophes.
103 Une organisation de base est un groupe auto-organisé d individus poursuivant des intérêts communs sur base bénévole ;
organisation sans but lucratif. Les organisations de base ont généralement un faible degré de formalité, mais un objectif plus
large que les groupes d entraide, les organismes communautaires ou les associations de quartier (Anheier, List, 2005).
Suite à l’impact d’un aléa, aucune action significative ou systématique ne peut être mise en œuvre
avant l’évaluation de la situation. De ce fait, le diagnostic constitue l’une des phases les plus essentielles
du processus de réponse à une catastrophe. Dans ce cas, son principal objectif est d’obtenir une
compréhension détaillée de la situation existante, des acteurs impliqués, des problèmes rencontrés
par les populations directement ou indirectement affectées, ainsi que des stratégies qu’elles ont
mis en place pour répondre à la crise. Les résultats de cette analyse contribuent à la conception
des interventions à mener et doivent, par conséquent, fournir des informations sur les besoins et
les demandes à traiter, les capacités locales pouvant être soutenues ainsi que les opportunités et
contraintes qui affecteront la mise en œuvre des activités (Groupe URD, 2010, op. cit.).
partir de la phase immédiatement suivante l’impact d’un aléa, les différents types d’évaluation
se structurent avant tout en relation à une échelle temporelle. Dans un premier temps ils doivent
permettre d’obtenir un aperçu global de la situation (analyse préliminaire), pour procéder le plus
rapidement possible à la définition des besoins (analyse rapide) et, ensuite, acquérir le maximum
d’information pour la définition et le ciblage des activités à mettre en œuvre (analyse détaillée). Ces
analyses se basent généralement sur des outils de type fermé ou semi-structurés et le niveau de
complexité et la spécialisation des compétences requises s’accroissent au fur et mesure du degré
d approfondissement. Si dans l’analyse immédiatement suivante la catastrophe, l’on considère que
toute personne présente sur place peut être chargée du diagnostic, pour les phases successives
des qualifications particulières sont retenues nécessaires. La composition de l’équipe conduisant
l’analyse peut dans ces cas se constituer de (IFRC, 2008 ; Corsellis, Vitale, 2010, op. cit.) :
• généralistes : personnes expérimentées mais avec aucune formation technique spécifique qui,
sur la base de lignes directrices préétablies, effectuent une analyse générale de la situation
servant de base à une intervention ciblée des spécialistes. Ce sont généralement des individus
appartenant à des organisations ou des communautés locales, disponibles et mobilisables dans
des délais très courts ;
104 Les Clusters sont des groupes d’organisations constitués en relation au différents secteurs de l’action humanitaire
(construction, santé, assainissement, etc.) et établis suite à une catastrophe pour appuyer les gouvernements, les instances
locales et les différents organismes intervenant dans la gestion de la crise et la coordination des acteurs (Scott, 2012).
Bien que les procédures d’évaluation incluent, parmi les généralistes, également des membres
des populations locales, l’implication des communautés affectées dans le processus de diagnostic
n’est toutefois pas toujours considérée comme indispensable (Ibid.) et l’utilisation de certains
outils dérivants des méthodologies participatives demeure considérablement limitée (Byrne, 2003,
op. cit.). Malgré les priorités et les contraintes caractérisant la phase d’urgence ne favorisent pas
l’instauration immédiate de processus participatifs (Slim, Mitchell, 1992), la mise en place d’analyses
basées sur des techniques dialogiques et participatives contribue considérablement à la pertinence
et efficacité du contenu et des modalités des réponses (Ra al, Prajapati, 2007 ; Groupe URD, 2010,
op. cit.). De fait, tant en situation de post-catastrophe que dans des activités de préparation et
réduction des risques, l’implication active des communautés, la compréhension des mécanismes et
capacités de survie d’une population ainsi que la reconnaissance des initiatives locales assument un
rôle déterminant. Elles permettent d’assurer l’adéquation des actions entreprises aux circonstances
spécifiquement locales ainsi que de les ancrer dans une perspective à long terme, tant du point
de vue des populations et des institutions les mettant en place, en favorisant une continuité entre
l’urgence, le redressement et la préparation aux futures crises.
Dans cette logique, différentes approches participatives ont été développées par des organismes
et agences d’aide pour soutenir un processus continu d’implication des populations locales dans
la préparation et la réponse aux crises (Anderson, Woodro , 1990 ; Davis, Haghebaert, Peppiatt,
2004). Elles s’inscrivent dans une démarche de gestion communautaire des risques reconnaissant
la participation directe de différents acteurs locaux comme un facteur incontournable pour le
renforcement des capacités de résilience et une réduction de la vulnérabilité sur le long terme105
(Abarquez, Murshed, 2004, op. cit. ; CordAid, 2007).
Certaines d’entre elles se réfèrent à des thématiques spécifiques, abordant de manière différente
et complémentaire l’analyse du milieu social, construit et naturel de communautés habitant des
régions exposées à des risques naturels.
Ici de suite j’en considère quatre s’appuyant sur des méthodes participatives et des supports de
communication verbale et visuelle simples106. Elles font ressortir des éléments qui me paraissent
particulièrement relevants pour la caractérisation d’un contexte et pour l’explicitation du rapport
entre les aléas naturels affectant une région et les populations qui l’habitent. Chacune de ces
approches se focalise sur des aspects particuliers qui sont, néanmoins, étroitement interdépendants
(Fig. 34). L’habitat est fortement influencé par les spécificités propres à chacun de ces facteurs.
105 Les dénominations varient à selon les organismes à la base du développement et mise en pratiques des méthodologies
reliées à ce type d’analyse. titre d’exemple : Analyse participative des risques de catastrophe, Participatory Disaster Risk
Assessment (Abarquez, Murshed, 2004, op. cit.), valuation participative des risques de désastres (Hansford, 2007, op. cit.).
106 D’autres méthodologies s’appuient sur des instruments de type analytique pour l’identification des risques et la prise de
décision, utilisant des progiciels (terme dérivant de la contraction de produit et logiciel) pour la réélaboration des informations
et s’adressant essentiellement à des planificateurs et gestionnaires de projet (p.e. méthodologie CRiSTAL, Community-based
Risk Screening Tool - Adaptation and Livelihoods).
L’implication des acteurs locaux dans le processus d’analyse est un facteur favorisant tant
l’identification fiable des spécificités d’un contexte que la compréhension d’autres aspects qui
participent de manière décisive à la détermination de la vulnérabilité effective d’une communauté.
Dans une analyse contextuelle, et plus particulièrement dans l’analyse d’une culture constructive
d’une région exposée à des aléas naturels, l’association entre la compréhension technique de
l’habitat et sa dimension culturelle et sociale résulte indispensable pour saisir le rapport existant
entre les risques et la résilience d’une communauté.
• Vulnérabilités et capacités
Alors que les risques peuvent être cartographiés à l’échelle internationale, nationale ou régionale,
les vulnérabilités ainsi que les capacités des populations pour y faire face sont, de par leur nature,
localisées et spécifiques à une certaine zone. L’analyse ciblée des vulnérabilités et capacités
existantes vise à déterminer la portée et les causes de la vulnérabilité d’une communauté, à évaluer
les principaux risques auxquels elle est exposée, ses capacités actuelles et les priorités locales (IFRC,
2006, op. cit. ; van Aalst, Cannon, Burton, 2008).
Méthodologie de référence : Analyse des Vulnérabilité et Capacités - AVC
• Habitat
Analyse portant sur l’identification des risques auxquels les constructions sont exposées, des
causes de leur vulnérabilité, la définition et hiérarchisation de stratégies pour améliorer la sécurité
de l’habitat ainsi qu’à l’établissement d’un plan pour leur mise en œuvre. Complémentaire et
conséquente à l’analyse des capacités et vulnérabilités, elle ne se rapporte pas exclusivement à une
réduction des risques spécifique au domaine de la construction mais également à une amélioration
des conditions de l’habitat au sens large.
Méthodologie de référence : Participatory Approach for Safe Shelter Awareness - PASSA107
107 Méthodologie développée et formalisée par la Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-
Rouge (IFRC, 2011).
stratégies
connaissances CAP d’ajustement
PASSA AVCA
AVC stratégies
habitat d’adaptation
L’étude technique du bâti en zone à risque relève essentiellement du domaine d’experts, faisant appel
à des compétences spécifiques ainsi qu’à une série de procédures et paramètres homogènes108.
Tant au niveau de la recherche académique qu’au niveau opérationnel, l’approche la plus diffusée se
focalise sur l’analyse des technologies de construction (techniques et matériaux) et du comportement
structurel des bâtiments. Les procédures existantes se rapportent à des aléas spécifiques109 et
concernent l’analyse de la vulnérabilité structurelle du bâti, par l’évaluation des dégâts effectifs
suivant un événement particulier (Pinto, Taucer, 2007) ou l’estimation des dommages attendus
(Cardoso, Lopes, Bento, 2005). Ces investigations font appel aussi bien à des techniques d’analyse
visuelle rapide (FEMA, 2002) établissant sur la base d’informations qualitatives une présomption de
vulnérabilité, qu’à des techniques quantitatives appliquant des modèles et des procédures analytiques
pour la modélisation de structures représentatives d’une typologie particulière (Karababa, 2007 ;
Wilcock, 2009). En relation à cette dernière approche, deux démarches sont couramment adoptées
se référant, l’une à la vulnérabilité prévue et l’autre à la vulnérabilité observée (Coburn, Spence,
2002). La première concerne l’évaluation de la performance attendue du bâti, établie sur la base de
modélisations et de spécifications de conception. La deuxième consiste dans une analyse effectuée
sur la base des dégâts ayant eu lieu lors des événements passés. Cette dernière est considérée la
plus appropriée pour des structures réalisées sans l’implication d’un architecte et/ou d’un ingénieur
(non-engineered structures) et/ou bâties avec des matériaux non homogènes, dont la résistance
effective est difficilement calculable mais, pour lesquelles, des données substantielles concernant
l’historique et les typologies de dommages peuvent exister (Abdessemed Foufa, Benouar, 2010).
Ces approches requièrent pour leur mise en œuvre une expertise spécialisée (Zacek, 2004), relevant
du domaine du génie parasinistre et employant des outils et des paramètres dont le niveau de
technicité permet rarement une utilisation par des non-spécialistes. De plus, dans l’étude de bâtiments
vernaculaires (soit relevant du patrimoine historique que correspondant à des architectures plus
récentes réalisées sans l’implication d’architectes et/ou ingénieurs), les procédures et les indicateurs
de référence découlent généralement d’une adaptation de méthodes d’évaluation de structures
conçues et réalisées avec le suivi d’un architecte et/ou ingénieur. Bien que reconnue et appliquée au
niveau mondial, cette démarche présente néanmoins certaines limites.
108 Dans la phase suivant immédiatement une catastrophe, cela se traduit par l’application de procédures d’évaluation rapide
de dommages (p.e. DaLA – Damage and Loss Assessment) auxquelles peuvent suivre des évaluations plus approfondies,
ciblant certains types d’aléas et/ou de typologies constructives.
109 Parmi les plus courantes, on peut citer : EMS98 et FEMA310 pour l’aléa sismique ; pour les inondations, les procédures
élaborées par la FEMA (agence américaine de gestion des situations d’urgence) et, pour les ouragans l’échelle Fujita.
110 Earthquake damage has o en been looked at with little understanding of what it represents in terms of loss of structural
capacity. he standards applicable to reinforced concrete, where a small crack can indicate a significant weakness, are o en
wrongly applied to archaic systems where even large cracks may not represent the same degree of degradation or even any
loss of strength. Because of the unrecognized lateral resistance provided by archaic structural elements, historical buildings
are thus o en forced to meet a level of lateral resistance that is, in effect, higher than that required of fully code-conforming
newly constructed buildings (Langenbach, 2007, p. 23).
111 If the building is addressed as a unit, the issue can be tackled globally since the stability of stone wall structures depends
more on what might be termed the collaborative action of all the structural elements than on the specific strength of each
individual component (Ferrigni, 2005, p. 259).
112 titre d’exemple : envers les phénomènes sismiques, l’insertion d’échelles horizontales en bois dans des murs
en maçonnerie (Aytun, 1981) ; envers les inondations, l’utilisation de briques de terre cuite dans la partie des murs en
maçonnerie d’adobe exposée à l’eau (UN-HABITAT Pakistan, 2010).
113 titre d’exemple : la différence entre un mortier fragile (en terre ou terre et chaux) et un mortier rigide dans le
comportement d’une structure soumise à des sollicitations sismiques (Langenbach, 2000, op. cit.).
114 En particulier par le biais de recherches scientifiques, de plateformes web (p.e. World Housing Encyclopedia-EERI/
IAEE) et de conférences s’adressant spécifiquement aux thématiques de la construction vernaculaire (p.e. CIAV-Conférence
Internationale sur l’Architecture Vernaculaire).
Les procédures analytiques se concentrant sur une analyse structurelle tissent rarement des liens
entre la sphère technique et celle socioculturelle et environnementale. Néanmoins, certaines
approches, se référant essentiellement au domaine de la préservation du patrimoine, reconnaissent
la forte interrelation existante entre ces différents facteurs et adoptent une démarche qui permet
de faire ressortir la dimension culturelle et sociale de la relation d’une communauté aux risques
ainsi que l’influence de celle-ci sur l’environnement bâti115 (Ferrigni, Helly, 1990 ; Jigyasu, 2002 ;
Karababa, 2007, op. cit.).
Le bâti vernaculaire et historique se fonde sur une relation étroite avec son milieu naturel et
humain. Ses spécificités physiques et ses mécanismes de fonctionnement en dépendent fortement.
Par conséquent, sa compréhension nécessite de s’ancrer dans la culture et la pratique de ses
constructeurs et habitants ainsi que de se référer au cadre social et institutionnel dans lequel il
évolue. Pour ce faire, l’analyse du bâti en zones à risques ne peut pas se limiter à une dimension
purement technique, mais elle requiert l’adoption d’une démarche multidisciplinaire, comprenant
les différents acteurs impliqués dans la conception, réalisation et évolution tant des artefacts
construits que de l’environnement qu’ils déterminent. Dans ce processus, si des procédés normalisés
permettent de répondre avec des informations quantitatives à des paramètres (essentiellement
techniques) établis par des conventions et règlements, des éléments essentiels à la compréhension
qualitative de l’environnement géographique, social, culturel et économique, ainsi que de la crise
elle-même, ne peuvent découler que d’un dialogue avec les communautés locales.
De fait, si l’étude en profondeur des caractéristiques techniques permet de mieux saisir les principes
régissant le comportement d’une structure, des procédures normalisées ne représentent cependant
pas la seule manière de l’investiguer et le comprendre. Intégrer aux procédés existants d’évaluation
pré et post-catastrophe, des critères et des méthodes analytiques spécifiques aux cultures et
architectures vernaculaires permet d’entreprendre un processus de compréhension « directe » des
particularités et du comportement de ces structures, selon la même démarche que celle adoptée
pour des bâtiments, des techniques et des matériaux « scientifiquement normés ».
Pour être en mesure de saisir tant la particularité des matériaux, des principes constructifs et
des dispositifs parasinistres présentent dans le bâti vernaculaire, que les facteurs humains et
environnementaux influençant ses spécificités et sa résilience, ces « nouvelles » approches devraient
toutefois se fonder sur des codes avant tout méthodologiques que numériques (Pierotti, 2005) et
se positionner en conscience du fait que la construction, en particulier en référence à l’habitat, ne
se rapporte pas uniquement à un domaine spécialisé qui voit une gestion et une action de seuls
« experts technocrates ».
115 L’approche et le travail développés par les chercheurs du Centro Universitario Europeo per i Beni Culturali (CUEBC,
Ravello, Italie) se situent dans cette perspective et ils sont particulièrement représentatifs de l’adoption de cette démarche. Ils
visent en effet à réduire la vulnérabilité du bâti historique envers les phénomènes sismiques par la récupération de la culture
sismique locale, au travers d’une investigation, compréhension et réutilisation des techniques parasismiques présentes dans
les bâtiments existants, à partir d’un diagnostic allant du niveau du détail constructif à celui du territoire (Ferrigni, 1990), et
comprenant aussi bien une analyse sismo et écohistorique (Pierotti, Ulivieri, 2001, op. cit.) que structurelle (Ferrigni, Helly,
Mauro, et al., 2005, op. cit.)
D’une part, les méthodologies d’analyse existantes requièrent des capacités de facilitation et
animation du processus participatif. Dans la manière d’aborder la question de l’habitat, elles
nécessitent également des compétences et d’une approche particulières permettant non seulement
de considérer des aspects purement techniques, mais également d’effectuer avec la contribution des
acteurs locaux une analyse des potentiels, faiblesses et réalités effectivement existants. D’autre part,
bien qu’une analyse des facteurs inhérents aux cultures constructives locales soit parfois effectuée de
manière spontanée par le personnel des organisations et instituts travaillant sur le terrain (Schacher,
2005 ; Cornet, 2009 ; Douline, Bellin, 2010), elle s’accomplit généralement sur la base de procédures
informelles, et donc, les modalités et paramètres considérés sont souvent strictement dépendants
de la personne effectuant l’analyse. Toutefois, des constatations et expériences relatives à des projets
de reconstruction post-catastrophe (Duyne Barestein, Pittet, 2007) ont mis en évidence la nécessité
d’effectuer des évaluations spécifiques au bâti vernaculaire et, plus particulièrement, de développer
des méthodologies utilisables par les opérateurs et techniciens travaillant sur le terrain et qui, plus
que des procédures standardisées, soient des vraies et propres approches d’analyse (UN-HABITAT
Pakistan, 2010).
L’analyse du bâti vernaculaire en zone à risque, des pratiques et savoir-faire qu’y sont corrélés, présente
de fait un potentiel considérable, tant pour la préservation du patrimoine que dans l’identification
de (nouvelles) propositions de reconstruction et d’amélioration de l’existant. L’identification des
caractéristiques constructives du bâti vernaculaire et des facteurs humains et environnementaux qui
influencent ses caractéristiques et vulnérabilité, ouvre une double perspective : une investigation en
profondeur du fonctionnement et des mécanismes de rupture propres à ces constructions ; la mise
en place d’initiatives favorisant une prise en compte effective des cultures constructives locales ainsi
qu’une consolidation et un élargissement des connaissance et compétences, tant au niveau technique
qu’opérationnel et institutionnel, de spécialistes, professionnels, constructeurs et habitants.
116 Parmi lesquels les représentants des suivantes institutions (entretiens conduits entre 2010 et 2013) : CRAterre (France),
Bangladesh University of Engineering and Technology, UN-HABITAT, Caritas Bangladesh, institutions PADED (Haïti), Misereor
(Allemagne), Département de la Coopération et du Développement (Suisse).
117 La nécessité de renforcer les moyens des intervenants de terrain afin de relier le développement et la réduction des
risques de catastrophe a été reconnue comme une question prioritaire à aborder au cours des prochaines années dans les
approches stratégiques des politiques gouvernementales et humanitaires de réduction des risques de catastrophe (UNISDR,
2013, op. cit.).
L’élaboration de la présente méthodologie s’est fondée sur une approche itérative de conception,
expérimentation, vérification et adaptation continues, grâce en particulier à des applications sur
le terrain dans le cadre de programmes d’amélioration de l’habitat et de réduction des risques (en
Haïti, au Bangladesh).
118 Professionnels rattachés respectivement aux organismes suivants : CRAterre, Caritas Bangladesh, Secours Catholique-
Caritas France, Caritas Luxembourg, Direction du Développement et de la Coopération Suisse, Fédération Internationale des
Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge, Groupe URD, Misereor, UN-HABITAT.
119 Centro Europeo per i Beni Culturali de Ravello (Italie).
120 Appui à l’amélioration physique des habitats endommagés par le séisme du 12 janvier 2010 à Cap Rouge (département du
Sud Est) ; partenaires de projet : association Vedek, PAPDA, CRAterre-ENSAG, Secours Catholique-Caritas France (2010-2011).
121 Projet Inscrire la reconstruction dans une perspective d’amélioration durable de l’habitat et des conditions de vie de la
population affectée par le séisme du 12 janvier 2010 dans le Sud Est ; partenaires de projet : UN-HABITAT, Agencia Espa ola de
Cooperaci n Internacional para el Desarrollo (AECID), Ministère Haïtien des Travaux Publics, Transports et Communications
(MTPTC), Direction du Développement et Coopération Suisse (DDC), CRAterre-ENSAG et École Atelier de Jacmel (2013).
122 GENIS, Léa, 2013. Pou kay la ka vin pi f . Approche ethnologique de cultures constructives parasinistres au Cap Haïtien,
Haïti. Mémoire de Master Environnement, Développement, Territoires et Sociétés. Paris : AgroParisTech Institut des Sciences
et Industries du Vivant et de l’Environnment, Muséum National d’Histoire Naturelle. 2013.
support
source
3. Adaptation des supports : modification des outils d’analyse en vue d’une mise en application au
Bangladesh, pour les adapter aux objectifs du travail et aux spécificités du contexte.
- traduction en anglais ;
- références aux typologies constructives et aspects socioculturels et environnementaux locaux.
5. Modification des supports : en vue d’une mise en application en Haïti, modification des outils et
des modes opératoires :
- sélection des méthodes et supports en relation aux compétences des partenaires locaux ;
- intégration d’éléments spécifiques au contexte ;
- traduction en français.
123 Cette carte conceptuelle synthétise graphiquement les concepts explorés et les principales références considérées,
mettant en évidence les liens qui subsistent entre les éléments traités.
124 2004 : analyse de l’architecture et des pratiques vernaculaires dans les régions de l’Orissa (Inde) exposées aux cyclones
et inondations.
2006-2007 : étude de l’utilisation du bambou dans l’architecture vernaculaire (Inde).
2010 : analyse de l’architecture vernaculaire en zone sismique (Indonésie).
2012 : étude technique de l’architecture vernaculaire en zone sismique (Turquie).
13. Diffusion 4 - Haïti (06.2013) : intégration de la méthodologie élaborée dans une mallette
pédagogique pour la formation de techniciens et opérateurs de terrain ainsi que dans le cursus de
formation de l’École Atelier de Jacmel (Haïti) dans le cadre d’un programme conduit par UN-HABITAT
(cf. note 121).
• la flexibilité et l’adaptabilité, tant des thématiques abordées que des techniques employées, aux
caractéristiques du contexte et aux conditions (temps, moyens financiers, personnes impliquées
et compétences disponibles) de mise en œuvre de l’analyse, par l’absence d’un protocole
rigide et de modèles préétablis ainsi que par l’utilisation de méthodes et outils modifiables et
combinables ;
• la facilitation des activités et des échanges constituant la composante la plus délicate car d’elle
dépendent le type, la qualité et la fiabilité des informations obtenues mais également les
caractéristiques de la relation s’instaurant entre acteurs locaux et agents externes ;
• des actions et des questions clés, les premières (observer, demander, vérifier) constituant les
fondements de toute investigation et les deuxièmes (quoi ? pourquoi ? comment ? par qui ?
quand ?) favorisant un approfondissement de l’état des faits, mais également les raisons,
mécanismes et dynamiques qui lui sont corrélés. En particulier, la combinaison de ces actions
avec ces questionnements permet de déceler des solutions et pratiques constructives, ainsi que
des mesures, comportements et connaissances, qui ne sauraient autrement pas perceptibles au
moment de l’analyse, ou qu’ils pourraient avoir été omis par les supports employés ou par les
interlocuteurs.
De nombreuses procédures d’analyse du bâti en zones à risques (FEMA, 1998 ; OAS, 2001 ; UNCHS,
2001 ; Pinto, Taucer, 2007, op. cit. ; Debray, 2008 ; Corsellis, Vitale, 2010, op. cit.), restreignent
les paramètres considérés à l’échelle de la construction, de ses caractéristiques physiques,
morphologiques et esthétiques. L’environnement proche est souvent pris en compte de manière très
limitée ; encore plus rares sont les approches d’investigation corrélant l’analyse d’objets construits à
celle de leur milieu, entendu au sens de contexte géographique et socioculturel.
Si le bâti peut être étudié en tant que simple artefact, il représente néanmoins une des composantes
les plus explicites de l’interaction qu’une communauté entretient avec son environnement : les
caractéristiques d’un territoire influent sur le milieu construit d’une communauté tandis que les
aspirations, besoins, expériences et savoir-faire des individus qui l’habitent façonnent les spécificités
constructives et architecturales du bâti à partir des matériaux, moyens et capacités disponibles sur
place. Dans les régions affectées par des aléas naturels, les facteurs influençant l’environnement
de vie d’une population s’entrelacent étroitement aux stratégies de prévention, préparation et
redressement qu’elle élabore en relation aux risques localement récurrents.
125 he observation of rules and building methods can only be correctly interpreted in every case, in every situation, if they
are viewed as parts of a wider behaviour pattern, as the manifestations of the a tudes of individuals and groups, recorded
• l’habitat, dans ses caractéristiques architecturales et constructives conçu en tant que réponse
aux besoins, aspirations et activités de ses occupants, mais également en tant que matérialisation
d’un ensemble de technologies et matériaux ;
• les ressources matérielles et immatérielles, incluant les matériaux, les moyens et les capacités
disponibles pour la réalisation et l’évolution de l’environnement construit ainsi que pour la
gestion et la préparation aux crises.
De ces axes trois niveaux d’analyse découlent : le territoire, le bâti, le processus constructif. Ce
dernier se concentrant sur les modalités de production et de gestion de l’habitat, de l’échelle
d’une construction particulière jusqu’à celle de l’intégralité du milieu bâti d’une communauté.
ces aspects, un quatrième s’ajoute au regard de l’interrelation entre les aléas naturels locaux et
les stratégies développées par les constructeurs et les populations locales pour y faire face (Fig.
36). C’est le niveau de la résilience. Se distinguant des trois autres par son caractère transversal et
pluridimensionnel, il touche aussi bien la dimension technique que comportementale et cognitive,
l’échelle territoriale que constructive, prenant en compte tous les précédents paramètres d’un point
de vue de leur relation aux risques.
un diagnostic de l’existant s’associe, donc, une anticipation de l’impact de futurs aléas, en identifiant
les éléments techniques, logistiques et organisationnels sur lesquels appuyer des interventions post-
catastrophe et de réduction préventive de la vulnérabilité. Sur la base des précédentes événements,
cet élargissement du champ d’analyse inclut en particulier les ressources disponibles (matériaux
réutilisables, disponibilités sur le marché local, difficulté et temps de approvisionnement) ainsi
que les capacités locales, tant au niveau de la population que des organismes actifs sur le terrain,
dans la gestion et la réponse à l’urgence (quantification des besoins, dimensionnement du projet,
compétences existantes, synergies possibles entre organismes). Ce qui permet de prévenir des
possibles facteurs de blocage, de bâtir de synergies et partenariats et d’entreprendre à l’avance des
initiatives de préparation comprenant différents domaines et niveaux.
in space and time, at a certain period – in brief, what we refer to as a culture (Helly dans Pierotti, 2005, op. cit., p. 93).
profil social
et économique
environnement institutions et
socioéconomique acteurs locaux
systèmes
organisationnels
valeurs et croyances
environnement
culturel perceptions et
répresentations
aménagement
du territoire
environnement infrastructures et
construit équipements
modèles
d’implantation
espaces et usages
configuration confort et
architecturale bioclimatisme
évolutivité
et pérennité
matériaux
et matériels
technologies
systèmes constructifs
constructives
détails et dispositifs
expériences et
compétences
pratiques et formes
connaissances d’organisation
transmission
des savoirs
intervenants et rôles
modes
activités et phasage
de production
facteurs décisionnels
coûts et
financement
ressources
matières premières
matérielles
produits
manufacturés
mesures
techniques
mesures
non techniques
Si l’environnement naturel et bâti ainsi que la population locale peuvent être considérés comme
des sources primaires indispensables, certains membres de la communauté assument un rôle
particulièrement important, notamment en relation à la nature de l’information dont ils sont
détenteurs. Ici de suite, je répartis les principaux interlocuteurs considérés en relation à trois groupes
principaux :
• population locale :
- membres des communautés : hommes et femmes d’ages et milieux d’appartenance différentes
- occupants et propriétaires des maisons
- aînés
• professionnels de la construction :
- artisans
- fournisseurs de matériaux
- entrepreneurs
• organismes :
- autorités : locales, régionales, nationales
- organisations et groupes actifs dans la zone à échelle communautaire, régionale, nationale,
internationale
L’identification de ces acteurs a été effectuée en relation à leur implication directe dans des activités
relatives à la construction et/ou dans la mise en place de mesures de réduction de la vulnérabilité. Ils
se caractérisent par différents degrés d appartenance et d’interrelation avec le milieu et possèdent
des savoirs, expériences et perspectives hétérogènes, dont la prise en compte est essentielle pour
assurer l’exhaustivité et la fiabilité des informations. Elles se rapportent à trois domaines distincts: le
« contexte » , l’« habitat » et les « aléas ».
Ci après, les informations spécifiques pouvant être apportées par les différentes sources sont
synthétisées en relation à ces trois domaines (Tab. 15). Cette mise en relation a été effectuée à partir
d’exemples présents dans la littérature (Abarquez, Murshed, 2004, op. cit. ; Fontil, 2009, op. cit.)
ainsi que sur la base d’expériences effectuées dans le cadre de cette recherche et de précédentes
analyses.
Représentants
- informations générales : secteurs, objectifs et modalités des
d’organismes et de
activités conduites ;
groupes actifs
- aléas : types d’intervention.
dans la zone
Bien que la méthodologie élaborée ait été conçue pour des non spécialistes, l’interpellation
de différentes sources et l’étude de l’environnement naturel et bâti, requièrent néanmoins des
compétences particulières.
L’implication active d’acteurs et membres des communautés locales demande des capacités de
facilitation pour assurer une réelle participation et animer les activités. Les méthodes considérées
favorisent la consultation, souvent simultanée, de multiples interlocuteurs au cours d’une période
assez limitée. En ce faisant, la dynamique d’échange qui s’instaure permet d’identifier les facteurs
saillants, d’élargir les éléments considérés et, éventuellement, de recentrer les propos (Baribeau,
2010). Toutefois, l’interaction entre les divers acteurs, en particulier lors d’activités collectives, peut
Pareillement, l’investigation des spécificités constructives d’un environnement bâti requiert des
compétences techniques pour déceler les forces et faiblesses existantes, en particulier dans le cadre
d’un contexte exposé à des aléas naturels majeurs. La mise en place de l’analyse implique donc
la participation de techniciens (ingénieurs et architectes) disposant des connaissances nécessaires
pour étudier et évaluer le cadre bâti d’un point de vue architectural et constructif.
La méthodologie élaborée s’appuie sur le large éventail de méthodes présentes dans nombreuses
approches participatives (Chambers, 1992, op. cit. ; Ly, 2001, op. cit. ; WFP, 2001, op. cit. ; IFRC, 2007a,
op. cit. ; UNHCR, 2008, op. cit. ; FAO, 2011, op. cit. ; IFRC, 2011, op. cit.). Parmi celles-ci, certaines
ont été identifiées comme indispensables pour obtenir un aperçu exhaustif des facteurs inhérents
au domaine de l’habitat et à la vulnérabilité envers des aléas naturels. Ces procédés correspondent
à deux modalités différentes et complémentaires de génération, récolte et élaboration des données
(Mukherjee, 1993, op. cit. ; UNHCR, 2006, op. cit.) : l’une se relatant à des opérations effectuées par
les agents externes, avec peu ou aucune implication des acteurs locaux ; l’autre se fondant sur une
participation directe des acteurs locaux.
Les méthodes considérées s’appuient sur deux modes distincts de communication, comportant une
différenciation importante des mécanismes et modalités sous-jacentes au processus communicatif
(Tab. 16) : l’un se base sur un échange d’information de type verbal, tandis que l’autre emploie
des moyens de visualisation et de représentation des informations utilisés directement par la
population .
126 (note relative au tableau 17 à p. 126) Étique : point de vue propre au chercheur et à sa culture ; émique : point de vue
s’appuyant sur les concepts et le système de pensée propres aux acteurs sociaux étudiés (Pike, 1967 ; Bromberger, 1986).
initiale et
interventions de l’agent externe continues et maintenues
progressivement réduite
les détails sont influencés par les catégories étiques les perceptions émiques
Tab.16: Comparaison entre modes de communication verbale et visuelle (d’après: Chambers, 1992, op. cit.)
Chacune des méthodes s’appuie, pour sa mise en œuvre, sur des supports spécifiques assurant la
récolte des informations indispensables et abordant les quatre axes thématiques selon des points
de vue et des degrés d’approfondissement complémentaires. Leurs caractéristiques et modalités
d’usage varient en relation à la méthode de référence, cependant trois principaux types de supports
ont été considérés :
• une liste de contrôle ou guide d’entretien : comprenant une série de sujets à aborder pendant
les échanges, facilitant un dialogue ouvert et fournissant les repères à partir desquels entamer
et/ou orienter le débat ;
• une grille d’observation : liste permettant de cibler les facteurs à prendre en compte, et facilitant
l’identification et la sélection d’éléments particuliers à approfondir ultérieurement ;
• matrices et questionnaires à réponses ouvertes et/ou semi fermées : spécifiques à des activités
visant la récolte d’informations particulièrement détaillées, quantitatives et/ou comparatives ; ils
permettent la collecte relativement rapide de nombreuses données et la constitution de critères
communs facilitant une synthèse et confrontation des résultats obtenus.
127 Une adaptation linguistique est également indispensable pour faciliter tant le travail des enquêteurs que leur interaction
avec les acteurs locaux. Cette adaptation inclus une traduction des outils dans la langue locale et/ou dans une langue
commune aux participants ainsi que la modification des termes employés avec l’introduction d’appellations et formulations
particulières utilisées couramment dans la zone analysée.
MODE DE DOMAINE
COMPÉTENCES
MÉTHODES COMMUNICATION SOURCES D’APPROFONDISSEMENT
D’ANALYSE D’INFORMATION
verbal Visuel facilitation technique contexte habitat risques
Cartographie Communauté
Communauté,
Observation directe environnement
physique
Représentants,
Visite accompagnée environnement
physique
Entretiens
Communauté
communautaires
Entretiens
Occupants, aînés
individuels
Professionnels,
Entretiens avec représentants
informateurs clés (communauté,
autorités, ONG)
Occupants,
Groupe focalisé
professionnels
Environnement
Relevé technique
physique
faible
modérée
élevée
observation membres de
directe la communauté
occupants /
relevé technique propriétaires
visite (auto)
accompagnée constructeurs
entretiens professionnels
individuels de la construction
entretiens répresentants
communautaires locaux
fournisseurs
groupe focalisé de matériaux
entretiens organisations /
informateurs groupes locaux
clés
Dans le cadre d’une analyse de l’habitat en zones à risques, cette technique répond à des objectifs
variés pouvant donner lieu à différents types de cartes, permettant d’obtenir une compréhension
commune et une vision d’ensemble de la zone et de l’organisation de l’environnement naturel et
construit :
• Carte habitat : caractérisant la région considérée par la définition de ses limites et des repères
naturels qui la dénotent, ainsi que par la représentation et l’emplacement des voies d’accès, des
habitations, infrastructures et bâtiments communautaires, ou encore de l’affectation des terres.
Des codes graphiques spécifiques (p.e. des couleurs différentes) sont utilisés pour identifier,
localiser et distinguer les différentes typologies de constructions ou pour définir leur état (Fig.
38). Cette distinction peut s’effectuer en relation aux matériaux utilisés (p.e. terre, pierre, brique),
aux techniques de mise en œuvre, au système structurel (p.e. murs massifs en bauge ou ossature
en bambou) ou encore aux typologies architecturales, en particulier quand leur différenciation
s’associe à des groupes socioculturels distincts.
• Carte ressources caractérisant les ressources naturelles disponibles sur place, notamment celles
en rapport au domaine de la construction, et indiquant le lieu de leur provenance (carrières,
plantations, sources, etc.).
• Carte risques : spécifique à des régions exposées à des aléas naturels et favorisant l’acquisition
d’importantes informations, spécialement si croisées avec la carte habitat. Tout d’abord, à
échelle de la région, cela permet d’identifier les zones les plus exposées, les types de risques qui
les affectent et les membres de la communauté qui sont les plus vulnérables (Fig. 41). Effectuée
Fig.38: Cartographie : emplacement des habitats, affectation du sol et typolo- Fig.40: Utilisation de la carte
gies constructives : construction en terre avec toiture en tôle (brun) ou en lors de la visite du site
chaume (rouge) et construction en bambou avec toiture en chaume (jaune) (Bangladesh)
Pour faciliter la réalisation de la carte et cibler les informations recherchées, le facilitateur peut
s’appuyer sur une liste synthétisant les aspects à prendre en compte. Le processus d’élaboration
s’accompagne par des commentaires et des discussions entre les participants fournissant nombreux
renseignements et pouvant faire ressortir des éléments supplémentaires à considérer ou approfondir.
De ce fait, cette activité est une des premières à réaliser car elle fournit un support d’ « orientation »
pour des personnes extérieures ainsi que d’autres activités à conduire par la suite.
Fig.41: Carte des risques: zones et structures affectées, points de rupture des digues et flux de l’eau lors d’une
inondation passée (Mymensingh, Dinajpur)
INDICATEURS
• Phase d’analyse : initiale
• Durée : variable (de 3-4 heures à une demi-journée) selon de l’étendue de
la zone considérée
• Nombre de participants : variable (6 minimum)
• Type de participants : membres de la communauté
• Source d’information : membres de la communauté connaissant bien la zone
• Supports : liste de contrôle
• Compétences nécessaires : facilitation (1 facilitateur par groupe)
EXEMPLE
Contexte de référence : région Rivière Froide, Haïti
INDICATEURS
• Phase d’analyse : tout au long
• Durée : continue
• Nombre de participants : 1 personne
• Type de participants : membres de l’équipe d’analyse
• Source d’information : environnement physique et social
• Support : grille d’observation
• Compétences nécessaires : technique
Lors d’une analyse concernant l’habitat et son exposition aux risques naturels, la visite accompagnée
est une méthode extrêmement utile pour saisir la diversité typologique du bâti existant ainsi que
pour comprendre les facteurs physiques de vulnérabilité. En plus de fournir une vision d’ensemble de
la zone (p.e. topographie, accessibilité), elle permet l’identification des principales caractéristiques
de l’habitat (organisation de l’environnement construit, modes d’implantation, types architecturaux
et constructifs, gestion et utilisation des espaces privés et communs) ainsi que d’éléments inhérents
au domaine de la construction (p.e. types, localisation et distribution des ressources) et à la
vulnérabilité envers les aléas (p.e. exposition au vent, proximité à des rivières ou ravines) (Monnet,
Langlois, 2002, op. cit. ; Abarquez, Murshed, 2004, op. cit.).
Le long du parcours, une analyse rapide des technologies constructives existantes ainsi que des
courtes visites aux constructions rencontrées permettent d’identifier une éventuelle différenciation
de l’habitat et des modes de construction récurents. L’identification des typologies constructives
et/ou architecturales est en effet un des objectifs clé de cette activité. La comparaison entre divers
types et entre variantes du même type est le cœur de la stratégie de sélection de ceux les plus
représentatifs qui, par la suite, seront étudiés de manière détaillée (p.e. avec un relevé technique
ou des entretiens individuels avec les habitants). Pour faciliter ce processus, un guide d’observation
fournit un appui à l analyse et à la discussion avec les accompagnateurs et les personnes rencontrées,
incluant des références des aspects à investiguer et à considérer pour la sélection d’exemples
représentatifs des typologies identifiées.
Fig.43: Visite accompagnée (Bangladesh): a) visite de la zone ; b) identification des typologies constructives et sélection des
habitats à analyser ; c) visite rapide et échanges avec les habitants
EXEMPLE
Contexte de référence : région de Mymensingh, Bangladesh
Les observations et les échanges directs avec les accompagnateurs et les habitants ont
permis de identifier une solution de réparation particulière et de saisir les facteurs à son
origine. Face à la recrudescence des inondations, la construction en terre massive (bauge)
a été remplacée par la réalisation de structures plus légères, pour réduire une mise en
danger du bâti et des ses occupants. L’utilisation de ces matériaux implique toutefois des
investissements économiques que certaines franges de la population ne peuvent pas se
permettre. Suite aux inondations d’août 2012, certains habitants ont utilisés des poteaux
en bambou en tant que structure porteuse de la toiture en la rendant indépendante des
murs en terre, susceptibles de s’effondrer lors des inondations. L’intérêt de cette solution
réside dans la combinaison entre l’utilisation de matériaux très économiques et localement
disponibles avec un système constructif permettant de sauvegarder les parties les plus
chères de la construction (toiture), tout en assurant une protection des habitants et leur
permettant de réparer rapidement leur maison, si endommagée.
Fig.44: a) construction en terre massive ; b) nouvelles pratiques constructives ; c) réparation d’une habitation en
terre crue suite à une inondation
INDICATEURS
• Phase d’analyse : initiale
• Durée : variable (de 2-3 heures à une demi-journée) selon de l’étendue de
la zone considérée
• Nombre de participants : entre 2 et 10 personnes
• Type de participants : membres de la communauté connaissant bien la zone
• Source d’information : accompagnateur, personnes rencontrées, environnement physique
• Support : guide d’observation
• Compétences nécessaires : facilitation + technique
Pendant une analyse des pratiques constructives locales, l’utilisation de ce procédé est
particulièrement utile pour appréhender de manière détaillée les facteurs et les connaissances
inhérentes à la construction, incluant aussi bien des composantes techniques partiellement
décelables par l’observation du milieu bâti (systèmes et méthodes de construction, modes
d’utilisation des matériaux, etc.), que des composants de type non-technique (savoirs, savoir-faire,
facteurs décisionnels, processus de construction et d’entretien, etc.).
Cette méthode permet, en outre, d’approfondir les particularités des aléas affectant la région (types,
fréquence et intensité, effet sur l’environnement et le bâti) et les stratégies d’adaptation qui ont
été développées, tant au niveau du construit que des comportements individuels et collectifs, et
qui peuvent exprimer une prise en compte particulière des risques. En particulier, elle favorise
l’appréhension des capacités locales (p.e. modes d’organisation, mesures de préparation, réponse
et redressement, recours à une assistance externe) ainsi que des dispositions existantes et possibles
de réduction de la vulnérabilité et de protection des personnes, des biens et des habitats (p.e. zones
de refuge, dispositifs constructifs, comportements particuliers, systèmes d’alerte).
Pour l’analyse de ces facteurs, plusieurs types d’entretiens ont été considérés, se différenciant par le
nombre et le type d’interlocuteurs ainsi que par les supports employés.
Des rencontres collectives avec les membres des communautés locales ont pour objectif de
présenter le travail et les modalités d’analyse ainsi que de récolter des informations au regard de
l’environnement socioculturel et naturel propre à la zone considérée. Il s’agit de renseignements
concernant le profil socio-économique de la population (nombre d’habitants, activités principales,
taille des ménages, organisations communautaires et systèmes d’entraide), le territoire qu’elle
habite (accessibilité, infrastructures, ressources) ainsi que les caractéristiques des constructions
existantes (taux d’occupation, types et dimensions, nombre et organisation des espaces, techniques
et matériaux, problèmes principaux et entretien) et leur processus de construction (rôles et tâches,
matériaux et artisans, solutions pour réduire les coûts, etc.).
Pareillement, des précisions au regard des aléas fournissent des renseignements détaillés au regard
de l’ampleur et des conséquences de leurs impacts ainsi que des mesures adoptées collectivement
pour y faire face. Et ceci en considérant également des activités conduites par des organismes ou
groupes externes ; ce qui permet d’identifier les facteurs de faiblesse qui existent, même en dehors
EXEMPLE
Contexte de référence : région de Dinajpur, Bangladesh
Les premiers rencontres avec la population du village de Gidari ont fait ressortir l’existence
de deux situations divergentes, influençant considérablement la vulnérabilité et le mode de
vie d’une partie de la population, comme la conception de leurs habitations.
Certains groupes sont installés de manière permanente dans des zones protégées par des
digues et affectées par des inondations de manière occasionnelle ; en revanche d’autres,
ayant perdu leurs terres, ont été contraints de s’installer temporairement sur les digues
proches de la rivière. Pour réduire les dégâts et les pertes lors des fréquentes inondations,
les habitations de ces derniers intègrent des dispositifs constructifs qui permettent un
démontage et un déplacement rapides de la construction. Cette différence se révèle
particulièrement importante à saisir pour pouvoir élaborer des propositions techniques
viables et particulières à chacun de ces deux cas.
Fig.45: a) habitations en zone protégée; b) habitations sur la digue ; c) ancrage de la structure de toiture avec un
assemblage permettant un démontage rapide (p.e. avec un coup de marteau)
INDICATEURS
• Phase d’analyse : initiale
• Durée : 2h30
• Nombre de participants : entre 20 et 30 personnes
• Type de participants : membres de la communauté locales
• Source d’information : représentants et membres de la communauté
• Support : guide d’entretien et/ou grille de contrôle
• Compétences nécessaires : animation + technique
Fig.46: Entretiens communautaires (Haïti) : a) réunion préliminaire avec les représentants des la communauté locale ;
b) rencontre avec l’ensemble de la communauté (crédits: O. Moles)
Le support corrélé à cette méthode assume différentes formes, selon les compétences de
l’enquêteur et les objectifs de l’analyse. Il peut être constitué d’un questionnaire à réponse
fermée, favorisant la collecte de données comparables et facilitant la prise en compte d’éléments
particuliers, spécialement quand ceux-ci sortent du domaine de compétences de la personne
réalisant l’entretien. Ou il peut se limiter à une liste de contrôle permettant de cibler les différentes
questions à investiguer et des précisions à effectuer lors de la discussion avec les habitants. Ce type
de support est particulièrement approprié quand l’enquêteur possède de bonnes compétences au
regard des thématiques traitées et de la facilitation du dialogue, car il présente l’avantage de favoriser
une discussion souple et ouverte permettant d’introduire des aspects supplémentaires découlant
de l’échange avec l’interviewé. Bien que les entretiens individuels s’adressent principalement aux
occupants des constructions existantes, ils peuvent être effectués de manière moins systématique
avec des personnes rencontrées occasionnellement lors des visites accompagnées.
EXEMPLE
Contexte de référence : région de Khulna, Bangladesh
Fig.48: Entretiens individuels (Bangladesh) : a) avec les habitants ; b) avec les anciens ; c) avec des personnes rencontrées
pendant la visite accompagnée
Lors des entretiens avec les habitants, ces derniers ont affirmé pouvoir anticiper l’imminence
d’un cyclone à partir de l’observation des changements dans l’environnement naturel. En
particulier, lors qu’un certain type d’arbre retourne ses feuilles ils savent qu’une tempête est
imminente. Ils procèdent alors à prévenir l’ensemble de la communauté, à mettre en sécurité
les biens et à faire réserve de nourriture pour être prêts à son impact. Cette connaissance
est toutefois détenue principalement par les anciens qui, à une époque o les moyens de
communication étaient moins répandus qu’aujourd’hui, ont appris par une lecture fine du
milieu de vie à identifier les signaux d’alerte envers les dangers qu’il présente.
INDICATEURS
• Phase d’analyse : intermédiaire
• Durée : entre 30 min et 1h
• Nombre de participants : 1 à 2 personnes
• Type de participants : membres de la communauté locale
• Source d’information : propriétaires, habitants, constructeurs et représentants de la
communauté
• Support : questionnaire et/ou liste de contrôle
• Compétences nécessaires : facilitation + technique
Certains individus sont considérés comme des « informateurs clés » en raison des leurs compétences,
expériences ou connaissances particulières relatives aux problématiques abordées. Ces personnes
peuvent être représentatives de catégories sociales et/ou professionnelles spécifiques et sont
détentrices d’informations permettant d’éclairer ou approfondir des questions précises (Sch nhuth,
Kievelitz, 1995, op. cit.). Dans un diagnostic concernant le bâti, les interlocuteurs privilégiés de ces
rencontres sont les professionnels de la construction (artisans, maçons, charpentiers, couvreurs,
etc.) couramment impliqués dans la réalisation de l’habitat et connaissant les différentes options
constructives existantes et mises en œuvre par la population locale.
Ces entretiens se déroulent de manière individuelle, ou en petit groupe, et ont pour objectif de
récolter des informations détaillées qui pourraient ne pas être connues par la communauté au
sens large. La présence d’artisans appartenant à différents corps de métier permet de bénéficier
simultanément de l’expertise de chacun d’entre eux ainsi que de comprendre les étapes et les
modalités de déroulement et d’organisation d’un chantier.
Les rencontres avec les professionnels locaux s’appuient sur une ou plusieurs matrices pour recenser
les matériaux utilisés en les croisant, par parties de la construction, avec les quantités, le temps et la
main d’œuvre nécessaires à la réalisation d’une maison, dont le type a été préalablement défini en
relation aux principales typologies existantes localement. L’estimation du coût d’un bâtiment et de
ses différentes parties fournit un ordre de grandeur au regard du prix total (parfois difficile à obtenir
des habitants mêmes) et, donc, des investissements que la population est disposée et/ou est en
mesure d’effectuer. ce propos, des personnes ayant récemment réalisé leur habitation peuvent
également être impliquées pour vérifier les quantitatifs et les prix les plus récents.
Les informateurs clés peuvent également inclure des représentants d’autorités ou de collectivités
disposant d’informations relatives aux aspects administratifs et politiques ainsi qu’à des
EXEMPLE
Contexte de référence : région de Cap Rouge, Haïti
INDICATEURS
• Phase d’analyse : conclusive
• Durée : entre 1h et 2h
• Nombre de participants : de 1 jusqu’à 3-4 personnes
• Type de participants : personnes ayant des connaissances particulières au regard de la
thématique traitée
• Source d’information : professionnels de la construction et autres informateurs clé
• Support : matrice + fiches spécifiques
• Compétences nécessaires : facilitation + technique
Fig.50: Entretiens avec informateurs clés (Bangladesh) : a) questions au regard des matériaux de construction lors d’un
rencontre pendant une visite accompagnée ; b) discussions avec un groupe d’artisans à propos des coûts et des
étapes de construction
Dans l’analyse du domaine de l’habitat en zones à risque, cette méthode a comme objectif principal
la récolte de renseignements précis sur le secteur de la construction ainsi que sur les compétences
et ressources disponibles. De ce fait, la discussion regroupe différentes personnes qui, par leur
intérêt ou profession, sont porteuses d’informations spécifiques en relation à ces sujets et qui de
manière continue et/ou ponctuelle sont directement impliquées dans la réalisation et l’entretien
des habitations. Cela comprend aussi bien des artisans, des constructeurs et autoconstructeurs que
des personnes en charge de tâches particulières et des habitants, d’ages, sexes et milieux différents.
Les thématiques traitées concernent trois niveaux : les caractéristiques des bâtiments existants, les
ressources disponibles et les aléas naturels.
Au cours de la discussion, les différentes typologies constructives présentes localement sont
détaillées en prenant en compte leurs caractéristiques spécifiques, les modalités de leur réalisation
et entretien ainsi que les facteurs à l’origine de l’apparition ou abandon de certaines pratiques
constructives et, donc, de leur évolution.
Par rapport aux ressources locales, les éléments à approfondir concernent aussi bien les matériaux
employés ou disponibles que les compétences et savoir-faire existants.
En relation aux aléas, la discussion vise à comprendre les manières dont ils affectent le bâti et les
dispositions prises localement pour réparer les constructions (parties intéressées, type de travaux
et d’investissement économique nécessaire, fréquence, compétences nécessaires) et améliorer
leur comportement (renforcements, détails et dispositions constructives spécifiques, mesures
permanentes et temporaires, solutions mises en œuvre et envisageables).
Ces échanges s’appuient sur un guide d’entretien, composé d’une liste de sujets à aborder et/ou
de questions ouvertes, favorisant la génération d’une discussion spontanée parmi les membres du
groupe et d’orienter les débats sur la base d’un processus de questionnement séquentiel non rigide
(Neogi, 2001, op. cit.).
Fig.51: Groupes focalisés : a) rencontre avec des artisans, des propriétaires, des autoconstructeurs et des femmes responsables
de l’entretien des habitats (Bangladesh) ; b) les constructions existantes sont supports de la discussion avec des
artisans et des propriétaires, c) explication des problèmes de construction devant une habitation en chantier (Haïti)
128 selon du domaine d’application, de la langue et de l’époque historique, cette technique a été associée à des appellations
multiples (Touré, 2010, op. cit. ; Leclerc, Bourassa, Picard, et al., 2011, op. cit.) : focused interviews, entretiens de groupe,
entretiens collectifs, groupes centrés sur la discussion, entretien focalisé, etc.
Les discussions réunissant les artisans locaux ainsi que quelques habitants de la zone ont
permis de comprendre les raisons d’une différence des typologies constructives existantes
et, en particulier, leur adaptation en relation à l’exposition au risque. Historiquement,
les habitations étaient réalisées entièrement en bauge. Suite à une augmentation des
inondations, les structures en terre ont été substituées par une ossature en bambou et
un remplissage léger, pour éviter l’effondrement et la mise en danger des occupants. Ce
type de construction s’avère être toutefois moins durable et moins agréable à vivre. Ainsi,
dans les zones mois fréquemment affectées une nouvelle solution constructive hybride
a été adoptée : une ossature en bambou pour préserver la toiture et des murs en terre
avec une hauteur limitée pour améliorer le confort intérieur tout en réduisant les risques
de blessure grave en cas d’effondrement. Dans les zones non affectées, la construction en
bauge continue à être utilisée.
Fig.52: a) croquis : typologies constructives selon site d’implantation ; b) demi mur endommagé par une inondation
temporairement remplacé par un panneau avec enduit ; c) structure légère en zone très exposée ; d) demi
mur en terre et structure indépendant soutenant la toiture en zone moyennement exposée ;
e) construction en terre massive en zone faiblement exposée
INDICATEURS
• Phase d’analyse : intermédiaire et conclusive
• Durée : maximum 2h
• Nombre de participants : entre 6 et 12 personnes
• Type de participants : groupes et individus impliqués dans des activités du secteur de la
construction
• Source d’information : artisans, autoconstructeurs, habitants
• Support : guide d’entretien et/ou liste de contrôle
• Compétences nécessaires : animation + technique
Ce procédé se base sur l’utilisation de fiches qui établissent des critères communs à l’analyse
des différentes constructions détaillant, avec des croquis et des annotations, les techniques, les
matériaux et les pathologies pour chaque partie de la construction ainsi qu’un dimensionnement de
l’ensemble du bâtiment et de ses éléments structurels. Ces paramètres comprennent également des
aspects spécifiques à la manière dont les aléas affectent le bâtiment et ses environs qui permettent
de déterminer, pour chaque typologie constructive, les facteurs d’affaiblissement ou d’amélioration
du comportement structurel et de la durabilité ainsi que des dispositions particulières dont la raison
peut être directement liée à des facteurs culturels ou de protection envers les phénomènes naturels
ou d’autres agents externes.
INDICATEURS
• Phase d’analyse : intermédiaire
• Durée : de 30min à 1h par construction
• Nombre de participants : entre 1 et 2 personnes
• Type de participants : membres de l’équipe d’analyse
• Source d’information : constructions et leur environnement proche, habitants et/ou
propriétaires
• Support : fiche technique
• Compétences nécessaires : technique
MODE DE
COMPÉTENCES
MÉTHODES COMMUNICATION
verbal visuel facilitation technique
Cartographie
Observation directe
Visite accompagnée
principales
Entretiens communautaires
Entretiens individuels
Groupe focalisé
Relevé technique
Classements et notations
complémentaires
Matrices
Les étapes indispensables intègrent les méthodes présentées dans les chapitres précédents
ainsi que des activités antérieures et postérieures au travail sur le terrain. Ce dernier détermine
incontestablement le type et la qualité des informations récoltées ; toutefois la phase préalable de
définition des modalités et des outils de travail et celle conclusive de réélaboration, vérification,
validation des éléments obtenus, exercent une influence non négligeable tant sur le processus de
diagnostic que sur son produit.
Le principe de mise en œuvre présenté ci-après (Tab. 19) se réfère au cas d’une analyse effectuée sur
un laps de temps relativement court (minimum 3-4 jours sur le terrain) par une équipe restreinte (1-2
personnes), dans un site peu ou pas connu. Cette séquence ou certaines des activités présentées
peuvent également être mises en place sur une période plus longue ainsi que par des agents qui
connaissent la zone (p.e. opérateurs et techniciens d’organismes travaillant sur place) et/ou qui en
proviennent (p.e. organisation de base, groupes communautaires).
Les différentes étapes sont présentées sur une base chronologique, toutefois, certaines d’entre
elles peuvent s’inverser ou se dérouler de façon simultanée. Le degré d’implication de la population
locale peut également varier, toutefois un niveau minimal est indispensable, pour limiter les
mésinterprétations ou la négligence de certains facteurs et pour assurer une coopération étroite
entre acteurs locaux et agents externes. Les mêmes principes méthodologiques peuvent cependant
s’appliquer dans le cas d’une participation s’étendant à toutes les phases du processus.
5_ entretien communautaire
6_ prise de contact avec les représentants des autorités et des communautés
locales et échange avec d’autres organismes travaillant dans la zone
7_ cartographie de la zone (environnement naturel, typologies constructives,
observation
• une « analyse simplifiée », pouvant être déterminée par des délais temporels très serrés et/
ou par des compétences limitées (tant en nombre qu’en qualification), permet de reconnaître
les principales problématiques, les éléments nécessitant une investigation ultérieure ainsi que
d’établir la nécessité effective d’envisager une intervention ;
• une « analyse complète », comprenant l’ensemble des principales méthodes considérées pour
identifier et caractériser les différents aspects concernant la situation existante, fournissant
une vision exhaustive à partir de laquelle des réflexions concernant d’éventuelles initiatives à
entreprendre peuvent être entamées ;
• une « analyse approfondie » s’étalant sur une longue période de temps et pouvant s’associer à
des domaines autres que celui de la construction.
Ces différents degrés peuvent également se référer à une succession temporelle d’étapes de travail
qui, au fur et à mesure, vont examiner de plus en plus en profondeur certains facteurs découlant
des précédentes phases d’analyse. Cette approche se révèle pertinente en particulier selon les
conditions et contextes de mise en œuvre du diagnostic : dans la phase immédiatement suivante
une catastrophe une « analyse simplifiée » permet d’effectuer une évaluation rapide des besoins et
de l’état des constructions ; par la suite, des investigations plus approfondies peuvent être conduites
pour identifier les activités de réhabilitation à entreprendre.
ANALYSE
MÉTHODES
SIMPLIFIÉE COMPL TE APPROFONDIE
Cartographie
Observation directe
Visite accompagnée
Entretiens communautaires
Entretiens individuels
Groupe focalisé
Relevé technique
Classements et notations
Diagrammes
Matrices
Supports traditionnels
Compétences techniques
Compétences de facilitation
Ces mises en situations ont été effectuées tout au long de ces trois dernières années, en alternant
des phases d’acquisition d’informations et de pratiques sur le terrain à l’élaboration et corrélation
de celles-ci avec un cadre et une réflexion théoriques ; processus enrichi par l’alternance du travail
entre deux contextes distincts. Cette démarche a permis notamment une étude et un suivi dans
le temps des modalités d’exécution et d’appropriation en relation à des conditions et situations
contextuelles hétérogènes, l’investigation des principes de structuration et répartition des rôles,
de facilitation du processus participatif dans la relation avec les communautés locales ainsi que les
facteurs d’appropriation et diffusion, en relation à des dynamiques distinctes.
Bangladesh
La relation avec des acteurs opérationnels s’est référée à deux situations,
la reconstruction post-catastrophe et la préparation aux futures crises,
représentant deux composantes complémentaires de la gestion des risques,
préparation reconstruction
s’interpénétrant réciproquement et ne pouvant nullement s’ignorer
l’une de l’autre. L’hétérogénéité des programmes de référence ainsi que
les contraintes et les opportunités spécifiques à chaque situation ont
déterminé une différenciation de la démarche d’étude et des possibilités Haïti
d’approfondissement, en s’accordant aux dynamiques en place. Fig.57: Contextes et phases
En Haïti, les activités se sont situées dans la continuité de l’approche fondant le programme de
reconstruction : la mise en application et la diffusion des principes méthodologiques s’intégrant
dans une démarche de création et renforcement des compétences des différentes organisations
haïtiennes. Au Bangladesh, l’analyse des cultures constructives locales s’est inscrite en tant que phase
effective du projet en cours et le travail s’est focalisé sur l’acquisition, affinement et appropriation
d’une expertise particulière de la part des différents niveaux opérationnels du partenaire local.
Une synthèse des activités et réflexions caractérisant ces deux mises en situation est présentée ci-
après. Pour permettre de saisir les apports et influences de ces deux expériences dans l’élaboration
de la méthodologie d’analyse et l’approche dans laquelle elle s’inscrit, seuls les éléments relatifs à ces
aspects sont considérés129. Pour chacune des deux situations les suivants éléments sont présentés :
129 Pour un approfondissement relatif aux caractéristiques des contextes et programmes de références se référer aux
respectifs dossiers dans les annexes (cf. annexes A.1).
Sur la base de l’expérience acquise pendant les premières phases de ce programme, les quatre
institutions locales ont exprimé l’intérêt d’acquérir une expertise spécifique leur permettant
d’adapter et faire évoluer les projets en cours ainsi que d’être en mesure, dans le futur, de mettre en
place cette démarche de manière indépendante. Engagés principalement dans des activités relevant
du secteur agroforestier, les membres de la PADED disposent d’une expérience assez limitée dans la
construction et dans la réponse à des catastrophes de grande ampleur. La démarche entreprise par
ces acteurs vise de fait à tirer parti des interventions post-séisme pour améliorer les connaissances et
qualifications des institutions et des populations envers des solutions constructives techniquement
et économiquement accessibles.
Le travail développé en Haïti au regard de l’analyse des cultures constructives s’inscrit dans une
approche d’appui aux acteurs locaux en relation tant aux projets en cours qu’en vue de futures
initiatives dans le domaine de l’habitat. Les activités conduites se sont adressées aux organisations
engagées dans la réhabilitation post-séisme ainsi qu’à d’autres institutions de la PADED souhaitant
comprendre et entreprendre une approche de projet se fondant sur une valorisation des cultures
constructives locales132. Cette démarche s’accompagne, en outre, de l’intention exprimée par
certaines de ces institutions de développer une méthodologie de diagnostic, planification, suivi et
évaluation, spécifique à des projets de construction.
130 ConcertAction, Encadrements des Petits Paysans des Mornes et Plaines D’Haïti (EPPMPH), Groupe d’Appui au
Développement Rural (GADRU), et Prese Pran Swen Tè Nou (Presten).
131 La PADED est un réseau qui depuis 2001 fédère 26 organisations haïtiennes, avec des expériences et qualifications
différentes, travaillant avec le soutien de Misereor dans le domaine de l’agroécologie en différentes régions du pays.
132 L’élargissement à d’autres membres de la PADED a été favorisé en particulier par le Colloque sur l’Habitat rural en milieu
rural. La reconstruction par les familles paysannes, organisé par PADED et FONDABHISA, avec l’appui de Misereor et du
laboratoire CRAterre-ENSAG (17-19 mai 2012, Belot, Kenskoff) et réunissant différents acteurs de la reconstruction.
Deux facteurs supplémentaires ont déterminé les modalités de travail : la nécessité de poursuivre
les activités de reconstruction, pour répondre aux besoins des populations sinistrées ; la volonté
du partenaire local d’améliorer ses propres capacités dans le domaine de l’habitat à partir de
l’expérience acquise pendant la réhabilitation post-séisme. Ces deux aspects ont conduit à l’adoption
d’une démarche permettant au GADRU de gérer et mettre en place de façon indépendante les
différentes phases d’acquisition de ces nouvelles compétences, supportée par un accompagnement
ponctuel. L’apprentissage de la méthodologie s’est ainsi déroulé en parallèle au programme de
reconstruction et a directement impliqué deux ingénieurs civils en charge de sa mise en œuvre. Ces
techniciens possédaient une certaine expérience, acquise dans le cadre de la réhabilitation post-
séisme, en relation à une approche de projet basée sur les cultures constructives locales, mais ils
ne disposaient que de compétences très réduites au regard de la mise en place d’un processus
participatif de collaboration avec les populations locales.
En vue de la mise en situation ainsi que de diffusion de la méthodologie, des modifications et des
adaptations aux spécificités locales ont été apportées, à plusieurs niveaux, tant aux méthodes et
supports de collecte d’information qu’au principe de déroulement du diagnostic.
Ces ajustements ont, tout d’abord, regardé l’introduction d’éléments particuliers au contexte haïtien
effectuée sur la base d’une revue de la littérature133, des connaissances des partenaires locaux et
d’observations conduites lors des visites de terrain en différentes régions rurales du pays, pendant
les premiers déplacements sur le terrain (février 2011 et mars 2012). De même, une adaptation aux
compétences existantes ainsi qu’aux conditions de mise en situation a également été opérée en
considération de deux aspects principaux : l’expérience du personnel impliqué et les modalités de
déroulement de l’apprentissage, se faisant de manière quasi autonome par les partenaires locaux.
En outre, en vue d’une diffusion à d’autres institutions de cette plateforme, une redéfinition de la
méthodologie et des outils de diagnostic s’est révélée nécessaire pour faciliter leur utilisation de la
part d’opérateurs ne disposant pas des compétences spécifiques au domaine de la construction.
Cela a conduit à l’utilisation, dans la phase d’apprentissage, d’une version « simplifiée » de
la méthodologie ; par la suite, l’ensemble des méthodes et des outils ainsi que des paramètres
supplémentaires ont été considérés, pour favoriser un élargissement et approfondissement des
aspects pris en compte lors de futures analyses.
133 Documents se référant au contexte aussi bien avant qu’après le séisme de 2010 (Cuny, 1982, op. cit. ; Fisher, Vlach,
1987 ; Emmanuel, Thermil, Philippe-Auguste, et al., 2000 ; Berthelot, Gaumé, 2002, op. cit. ; Douline, 2002 ; IHSI, 2003 ;
Douline, Bellin, 2010, op. cit. ; Langenbach, Kelley, Sparks, et al., 2010, op. cit. ; Moles, 2010, op. cit. ; Mora, Roumagnac,
Asté, et al., 2010 ; Stouter, 2010a, 2010b, op. cit. ; Audefroy, 2011 ; Davis, 2012, op. cit. ; Ventalon, Di Cecco, 2012, op. cit.).
1. phase pilote :
L’acquisition de compétences de la part des ingénieurs du GADRU s’est effectuée en deux étapes.
D’abord, un apprentissage de la méthodologie a eu lieu en relation à des zones d’implantation du
projet de reconstruction ; ce qui a permis aux techniciens de tester les différentes méthodes à fur
et à mesure de leurs déplacements sur le terrain. Ensuite, une mise en application effective a été
accomplie dans une région dans laquelle le GADRU envisage d’entamer des activités d’amélioration
de l’habitat et de réduction préventive de la vulnérabilité. L’articulation en deux moments distincts a
répondu à deux objectifs complémentaires : en un premier temps et dans des régions connues par
les deux ingénieurs, favoriser la compréhension des critères à prendre en compte et des modalités de
mise en place de l’analyse ; ensuite, dans une nouvelle zone, expérimenter l’ensemble du processus
de collecte d’informations et d’interaction avec les acteurs et communauté locales par une mise
en situation réelle. Ces activités ont été conduites de manière autonome par le GADRU avec un
accompagnement ponctuel en début, milieu et fin de la phase pilote.
134 Groupe d’Initiative pour un Développement Durable (GID, département des Nippes), Institut de Recherche et d’Appui
Technique en Aménagement du Milieu (IRATAM, département du Nord), ACAPE (département du Sud), Développement
Communautaire Chrétien Haïtien-Caritas du Sud (DCCH, département du Sud) et le GADRU.
135 L’exposition Haïti. Programme de reconstruction de l’habitat rural par les organisations de la PADED (2011), un calendrier
(2013) ainsi qu’un kit de sensibilisation Pwogram f masyon ak konstriksyon PADED pou kay abitan nan m n Ayiti (2012),
élaborés dans le cadre du programme PADED-Misereor.
prévention
Fig.59:
a) carte : localisation des zones de travail des partenaires haïtiens et phases de diffusion
b) schéma : principe de diffusion parmi les organisations membres de la PADED
• Sensibilisation préalable
Dans le processus d’apprentissage, des connaissances préalables relatives à l’approche globale et
aux modalités par lesquelles elle peut se concrétiser, influencent considérablement l’appréhension
et l’appropriation des outils de diagnostic et de la démarche de projet. Cette connaissance peut
s’appuyer aussi bien sur une expérience directe que sur des activités de sensibilisation utilisant des
supports spécifiques pour l’illustration, communication et diffusion des principes de cette approche.
Pendant le travail en Haïti, cela a été constaté en relation à différents niveaux. Dans la phase
pilote, l’implication dans des programmes de reconstruction s’inspirant des cultures constructives
locales a favorisé une compréhension des principes méthodologiques de la part des techniciens
PADED. Pareillement, lors de la phase de diffusion élargie l’utilisation de supports de sensibilisation
et les échanges avec les techniciens du GADRU ont joué un rôle déterminant pour permettre aux
participants n’ayant pas une expérience directe de l’approche proposée, de saisir les principes
et la faisabilité de la démarche présentée. Ce qui explicite l’importance d’une mise en relation
directe entre le processus d’analyse et l’approche de projet, par le biais d’outils de communication
spécifiques inscrivant le premier dans une perspective concrète et fondant le deuxième dans une
vision à long terme.
• Modalités de formation
L’acquisition de compétences se base sur plusieurs étapes qui nécessitent d’être encadrées par
une personne expérimentée ainsi qu’ajustées aux capacités et qualifications des apprenants. Les
principales phases identifiées comme structurant ce processus de transmission sont les suivantes :
Une phase de formation, même assez courte, et un suivi, même réduit, se révèlent indispensables
pour assurer la compréhension des étapes à mettre en œuvre, des informations à rechercher et de
la synthèse des données recueillies. Dans le cas d’un apprentissage autonome, un suivi ponctuel est
nécessaire pour clarifier les modalités et le contenu de l’analyse dans la phase initiale et, par la suite,
pour consolider les compétences au regard de la collecte et élaboration des informations ainsi que
de la définition de recommandations.
La relation avec la pratique et l’interaction avec les populations assument également un rôle
important. Dans la phase de sensibilisation, elles permettent de rapporter les réflexions théoriques
et les concepts spécifiques à la démarche à des enjeux réels. Dans la phase de formation, des
simulations pratiques permettent de se familiariser avec la méthodologie et d’appréhender l’apport
des critères considérés à la compréhension du contexte.
• Diffusion
Le travail entamé a déclanché un processus de sensibilisation en cascade, allant de l’échelle d’une
organisation particulière à celle de la plateforme dans laquelle elle se situe.
La prise en compte du système organisationnel interne à un organisme et des modes d’organisation
et d’échange entre plusieurs institutions constitue une démarche particulièrement efficace en vue
d’une diffusion d’expériences, approches et connaissances. Cela permet d’ancrer les nouveaux acquis
aux pratiques de travail courantes et de favoriser une diffusion des éléments innovateurs, tout en
renforçant les capacités existantes. Les expériences effectuées montrent le potentiel représenté par
cette approche qui, à partir d’interventions ciblées en réponse à des situations particulières (p.e.
intervention de reconstruction post-catastrophe), permet de disséminer, via des réseaux existants,
des compétences qui seraient autrement confinées à un nombre restreint d’individus ou institutions.
Au cours des récentes crises, en raison de la nécessité d’une réponse rapide aux besoins massifs
dans le secteur de l’habitat (GOB, 2008 ; United Nations, 2010), la plupart des agences d’aide ont
fourni des abris correspondant à des modèles standardisés, employés pour répondre à des urgences
sur tout le territoire national. Lors de ces interventions, une même organisation utilise souvent un
seul type de structure, indépendamment du contexte d’intervention. Toutefois, quand plusieurs
organisations interviennent dans la même zone, une communauté se voit attribuer différents
modèles, allant de structures provisoires à permanentes (Kabir, 2009 ; Tithi, 2010) et correspondant
à des typologies architecturales et constructives très différentes. Les technologies utilisées pour ces
types de structures sont rarement reproduites et reproductibles par la population, à cause de leur
coût élevé et de la complexité des techniques employées (Caritas Bangladesh, 2011, op. cit.). Si
d’un côté, un grand écart existe entre les besoins réels et l’offre disponible après une catastrophe,
d’un autre côté, un décalage aussi considérable existe entre les produits fournis et les capacités des
populations à les entretenir, reproduire et à s’approprier des solutions permettant d’améliorer la
durabilité et réduire la vulnérabilité aux risques de leur habitat.
Le travail effectué au Bangladesh s’est situé en réponse et en appui à l’un des objectifs clés du
136 Environ 37 609 000 personnes ont perdu leur habitation suite à l’impact d’aléas naturels entre 1980 et 2000 (Source :
EM-DAT: The OFDA/CRED International Disaster Database)
137 Projet de construction de maisons pilotes à faible coût pour les familles victimes de désastre au Bangladesh ; financé par
le Secours Catholique-Caritas France et Caritas Luxembourg.
Cette mise en situation s’est référée à un appui méthodologique dans l’élaboration de supports
et d’une expertise spécifique ainsi que dans la diffusion et consolidation de compétences sur la
base d’un accompagnement intense associé à des phases gérées de manière autonome par Caritas
Bangladesh. Ce processus s’est articulé à partir de la structure organisationnelle de cet organisme,
incluant des responsables de projets et des opérateurs de terrain et allant du niveau national jusqu’au
niveau local. Le projet se situe en six régions différentes et comprend l’analyse dans des sites pilotes
avec un élargissement successif à des zones dans lesquelles Caritas Bangladesh mène des activités
de réduction communautaire de risques. Un suivi continu est assuré tout au long du projet par
un responsable au niveau national qui, activement impliqué dans la mise en place du programme,
représente le vecteur de diffusion de l’approche et des outils parmi le personnel de cette institution.
Le travail effectué en collaboration avec Caritas Bangladesh a été corrélé aux principales phases du
programme se rapportant à l’analyse des cultures constructives locales, assurant un accompagnement
intense et relativement long (deux fois un mois) en correspondance des différentes phases
d’expérimentation, formation et diffusion de la méthodologie élaborée jusqu’à sa mise en application
de façon opérationnelle.
1. phase pilote :
Une première expérimentation a été effectuée en trois sites pilotes, pour tester les outils et la
procédure de diagnostic ainsi que permettre au responsable national de s’approprier de l’approche
subjacente à cette analyse. Cette étape a impliqué les représentants de chaque institution engagée
dans le projet (Caritas Bangladesh, BUET et CRAterre), en intégrant également le personnel régional
de Caritas, de sorte à favoriser une première expérience de la démarche proposée.
2. phase de diffusion :
En vue de l’extension du programme à l’ensemble du pays, différentes activités ont été conduites
138 État au 30.06.2012. Source : correspondance personnelle avec Mr. Ratan Kumar Podder, responsable national du
programme Pilot LCH for disaster affected families of Bangladesh (05.06.2013).
139 Source : University Ranking by Academic Performance Research Laboratory, 2013.
3. phase d’application :
Par la suite, une mise en application a été effectuée de manière autonome par le personnel de
Caritas Bangladesh dans les trois régions restantes. Ce travail a été conduit par des équipes mixtes,
incluant une personne expérimentée impliquée dans la phase pilote, le responsable et un opérateur
de terrain de la zone considérée. Les résultats de ces analyses ont été vérifiés et validés lors du suivi
effectué dans le cadre de cette recherche. Sur la base de ces observations, un approfondissement
et une finalisation des analyses ont été par la suite effectués pour chacune de ces trois régions avec
un suivi du responsable national.
L’acquisition des nouvelles compétences au regard des modalités d’analyse s’étale et se renforce
au cours de la dernière phase du projet. Ce processus comprend des activités conduites par les
différentes équipes régionales : une investigation ultérieure des problèmes présents dans l’habitat
existant dans les sites pilotes, une analyse dans les différentes zones d’activité de réduction
communautaire de risques ainsi qu’une diffusion à d’autres membres de Caritas Bangladesh.
Dinajpur
Mymensingh Sylhet
Rajshahi
Dhaka
Khulna
Barisal Chittagong
sites pilotes
zones d’application 1 :
diffusion
zones d’application 2 :
zones d’activité de
réduction des risques
à base communautaire
Fig.60: a) carte : zones analysées et phases de travail ; b) schéma : principe de diffusion et d’application
• Aspects méthodologiques
Des compétences de facilitation sont indispensables pour établir une relation de coopération avec
les communautés locales et sont à la base de l’utilisation de certains outils d’analyse, toutefois des
compétences techniques sont également indispensables pour conduire une évaluation pertinente
de l’habitat et des pratiques constructives locales.
Dans le cas de ce projet, les compétences de facilitation sont détenues par les opérateurs de terrain,
provenant d’une formation en sciences sociales, tandis que les compétences techniques se situent
au niveau des responsables régionaux, ayant une formation spécifique au secteur de la construction.
Cette répartition correspond à une nécessité concrète : les premiers ont une connaissance profonde
du contexte local et un caractère polyvalent, assumant le rôle d’animateurs d’activités relatives
à des domaines variés ; les deuxièmes sont responsables de plusieurs projets de construction
dans différentes partie du territoire régional. Dans le processus d’analyse, la combinaison et la
complémentarité de ces compétences favorisent l’exhaustivité des informations, en facilitant la prise
en compte d’éléments aussi bien techniques que d’ordre socioculturel. Cela contribue également
à cibler la mobilisation du personnel en correspondance de phases spécifique : certaines activités
peuvent en effet être effectuées de manière indépendante par les deux agents ; de même, certains
outils peuvent se rapporter à l’une ou l’autre compétence favorisant la récolte d’informations
complémentaires au regard d’une même problématique ainsi que leur utilisation dissociée (p.e.
pour l’analyse des maisons individuelles : séparation entre la fiche technique pour le relevé et le
guide pour l’entretien individuel).
- formation au niveau des agents de terrain : inclut une partie théorique et une mise en pratique,
par des simulations et une expérimentation sur le terrain des différentes
étapes de travail ; ce qui favorise une compréhension des modalités et
contenus d’analyse ainsi qu’un affinement des principes relatives à une
démarche participative ;
- expérimentation indépendante par les agents de terrain dans des sites pilotes : couvre le
processus entier, de la modification des outils en relation aux spécificités
locales jusqu’à la synthèse et réélaboration des informations, avec la
supervision d’une personne expérimentée ;
- mise en œuvre effective du processus d’analyse dans le cadre d’un projet spécifique avec la
supervision initiale d’une personne expérimentée ;
Fig.61: Diffusion fractale inter (a) et intra (b) départements et niveaux de la même institution
La relation tissée entre le travail de recherche et un programme incluant l’analyse des cultures
constructives locales en tant qu’étape du processus de projet a permis de fonder le développement
de la méthodologie d’analyse sur des éléments concrets caractérisant la réalité de terrain, aspect
indispensable pour un outil qui se veut à usage de techniciens et opérateurs. En s’inscrivant
dans un programme comprenant également une phase d’élaboration de stratégies techniques et
opérationnelles, cette corrélation a aussi contribué à élargir davantage la réflexion par la prise en
compte d’aspects qui vont au-delà des spécificités propres à l’habitat, en intégrant les facteurs et
enjeux caractérisant les situations post-catastrophe.
La construction et consolidation des compétences rapporte cependant la réflexion au-delà du
niveau des organismes opérationnels et des populations locales, s’étendant au niveau des instituts
de formation des futurs professionnels, spécialistes de la construction (ingénieurs et architectes) et/
ou opérateurs humanitaires. Si cette démarche est particulièrement pertinente dans certains pays,
o les conditions géographiques et contextuelles rendent nécessaire la mise en œuvre de cette
approche, la qualification de professionnels étrangers amenés à travailler dans de telles régions joue
également une influence considérable sur l’efficacité et la pertinence des solutions et activités mises
en œuvre sur le terrain.
De plus en plus d’institutions (Sha , Uy, Baum oll, 2008 ; CRAterre-ENSAG, 2011 ; UNISDR, 2013,
op. cit.) reconnaissent la nécessité de prendre en compte les spécificités de l’habitat existant ainsi
que les cultures constructives locales qui y sont associées. Toutefois, l’identification de ces dernières
s’effectue généralement de façon informelle de la part de spécialistes, souvent étrangers, ou par
l’application de procédures standardisées demandant une expertise particulière pour la récolte
et l’analyse des informations. En outre, les initiatives visant à valoriser les ressources et savoirs
locaux se focalisent le plus souvent sur l’amélioration des technologies constructives à partir de
principes définis et élaborés par des intervenants extérieurs au contexte. Cependant, une fois le
projet terminé, sur place restent certes des compétences pour une meilleure pratique constructive,
mais les acteurs locaux sont-ils en mesure de reproduire et s’approprier ce processus d’inspiration,
analyse et amélioration des capacités et savoirs existants ? Cela est possible, à mon sens, si les acteurs
locaux sont parties prenantes de ce processus depuis son début et s’ils disposent de l’opportunité
de comprendre et apprendre l’intérêt d’une telle démarche ainsi que les modalités pour la mettre
en place.
partir des expériences et approfondissements effectués au cours de cette recherche, entre théorie
et pratique, les conditions et différents facteurs influençant l’appropriation et diffusion de cette
approche sont abordés, en complément de considérations effectuées lors des mises en situation.
L’adaptation des outils d’analyse au contexte de référence, aux objectifs et conditions de mise en
œuvre est un facteur qui influence considérablement le déroulement du diagnostic, ses résultats
ainsi que les modalités d’appropriation de la part d’autres acteurs. Dans la méthodologie élaborée,
cette adaptabilité concerne trois composants principaux : le contenu, les méthodes et les supports
d’analyse.
Le contenu se réfère aux critères pris en compte pour l’investigation s’articulant sur la base de quatre
axes thématiques qui, à leur tour, se décomposent en différents niveaux et paramètres (cf. chap.
5.4). Selon le contexte et les finalités du diagnostic, de nouveaux éléments peuvent venir s’ajouter
tant pour un approfondissement ultérieur des paramètres considérés que pour l’intégration de
facteurs supplémentaires, permettant également une ouverture à d’autres disciplines et domaines
au-delà de ceux directement corrélés à la construction (Fig. 62). titre d’exemple : l’investigation
peut inclure des critères relatifs aux propriétés physiques et mécaniques des ressources existantes,
se rapportant donc au domaine des sciences des matériaux, ou elle peut explorer les pratiques et les
savoirs d’une communauté en les associant aux signifiants, perceptions et représentations, du point
de vue ethnologique.
Les méthodes constituent les moyens par lesquels il est possible de collecter, vérifier et valider
les informations en s’appuyant sur des supports spécifiques (cf. chap. 5.6). Ceux-ci établissent le
lien entre le contenu et les outils de diagnostic. L’adaptabilité de ces derniers se caractérise par
la flexibilité des supports conçus selon un format facilement modifiable (p.e. fichier électronique
Word), tant dans son contenu que dans sa structure. Ce principe permet la modification de termes
et critères spécifiques au contexte considéré (traduction en langue locale, références aux typologies,
aléas et autres facteurs spécifiques, etc.), l’ajout de paramètres supplémentaires et l’introduction
de nouveaux supports en relation à des facteurs particuliers (p.e. fiches pour les fournisseurs de
matériaux). Cette modificabilité favorise une appropriation et diffusion de la méthodologie d’analyse,
car facilement personnalisables et adaptables aux nécessités d’acteurs différents.
140 Entendu selon la définition attribuée par UN-ISDR : « Redressement : La restauration, l’amélioration, l’installation de
moyens de subsistance et les conditions de vie des communautés touchées par des catastrophes, y compris les efforts visant
à réduire les facteurs de risque » (UNISDR, 2009, op. cit.).
CARTOGRAPHIE
ENTRETIENS ENTRETIENS
COMMUN. COMMUN.
GROUPE GROUPE
FOCALISÉ FOCALISÉ
RELEVÉ
TECHNIQUE
DURÉE DE L’ANALYSE
technique
COMPÉTENCES
facilitation
NÉCESSITÉ DE SUIVI
Tant la sensibilisation que la formation nécessitent ainsi de s’appuyer sur des supports et activités
s’adressant de manière spécifique à chacune de ces typologies d’acteurs (Tab. 21).
TYPE D’ACTIVITÉ
TYPOLOGIES D’ACTEURS
SENSIBILISATION FORMATION
Bailleurs de fonds X
Décideurs Autorités / collectivités X
Cadres et gestionnaires de projet X
Spécialistes du génie parasinistre X
Architectes / ingénieurs X X
Techniciens
Chercheurs X
Futurs professionnels X X
Techniques X X
Opérateurs Non techniques X X
Animateurs X
141 En particulier dans le cas de réseaux fédérant plusieurs organismes travaillant dans des pays géographiquement proches
(p.e. Asian Disaster Preparedness Centre) ou couvrant plusieurs territoires allant de l’échelle mondiale à celle locale (p.e.
réseau Caritas, Fédération Internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge).
Tout d’abord, elle peut se structurer par unités d’enseignement in(ter)dépendantes abordant des
thématiques distinctes ainsi qu’adaptables à différents niveaux de technicité et d’expertise (Tab.
23). Ces modules peuvent être mis en place aussi bien à niveau local/national qu’international et
s’appuyer sur des structures et réseaux de formation déjà existants. Elles peuvent s’intégrer aux
cursus d’enseignement d’universités et d’instituts de formation professionnelle, de façon à permettre
la création de nouvelles compétences parmi les futurs professionnels, ou à des formations continues
et/ou internes offertes par des instituts et organismes internationaux143.
De plus, la formation à l’analyse des cultures constructives locales peut s’associer à des modules
relatifs à des principes constructifs employant des matériaux naturels et/ou locaux ainsi qu’à des
dispositifs techniques d’amélioration de la durabilité et du comportement structurel du bâti. Ce qui
favorise la compréhension de l’approche proposée et apporte des compétences et connaissances
dont la complémentarité est extrêmement précieuse pour favoriser la mise en place de démarches
de prise en compte des pratiques et ressources locales144.
Ces différentes options impliquent une distinction des acteurs concernés qui, bien que se référant au
domaine opérationnel et/ou de la construction, présentent néanmoins des différences substantielles
en terme de compétences et rôle professionnel. Parmi les techniciens et opérateurs auxquels les
formations s’adressent, la distinction suivante peut être opérée :
142 Brochures, expositions, posters, calendriers, livres et articles, présentations et conférences, analyse coût-bénéfice,
études de cas tant au regard du caractère parasinistre de certaines architectures et pratiques vernaculaires que de projets et
réalisations fondés sur leur prise en compte et valorisation, etc.
143 cet égard, une première expérience a été effectuée dans le cadre du séminaire « Architecture et Cultures Constructives »
s’adressant aux étudiants de master 1 et 2 en concomitance avec le projet Organiser la reconstruction dans les contextes post
catastrophe : assurer le contiguum urgence / réhabilitation / développement pour établir une dynamique de développement
durable élaboré pour l’Université Virtuelle Environnement et Développement Durable, sur la base d’un partenariat entre
l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, la Fédération Internationale de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge
et le Groupe URD (octobre 2013-janvier 2014).
144 Une première expérimentation de cette approche a été effectuée dans le cadre du projet de formation Inscrire la
reconstruction dans une perspective d’amélioration durable de l’habitat et des conditions de vie de la population affectée par
le séisme du 12 janvier 2010 dans le Sud Est, conduit en Haïti par CRAterre-ENSAG et UN-HABITAT (cf. chap. 5.2).
5_ mise en pratique :
analyse de quelques exemples d’architecture proches du lieu
5a_exercise x
de formation
expérience de quelques principes méthodologiques sur le
5b_ expérimentation : - x x x
terrain en employant des méthodes et supports simplifiés
Tab.22: Ciblage des modules d’enseignement par rapport aux publics de référence Légende : x indispensable / - optionnel
Pour favoriser une large diffusion des compétences ainsi que leur enracinement dans les futures
pratiques de travail, ces différentes activités nécessitent non seulement de supports pédagogiques
particuliers à chaque activité et public mais également d’outils et sessions de préparation spécifiques
aux formateurs (p.e. mallettes pédagogiques, formation de formateurs, etc.).
Bien que la mise en place des actions de sensibilisation et formation puisse être envisagée aussi bien
en amont qu’après une catastrophe, le processus de compréhension, appropriation et maîtrise de
l’approche d’analyse nécessite un certain temps et disponibilité des parties impliquées. Une situation
de post-urgence n’est donc pas particulièrement propice, bien qu’elle puisse permettre d’entamer
des activités - de construction et d’information - posant les bases pour conduire successivement
des initiatives de formation. De ce fait, constituer et renforcer des capacités avant une catastrophe
permet, non seulement d’entreprendre à l’avance des actions de préparation et prévention, mais
également de mener, déjà depuis la phase d’urgence, des interventions fondées sur les ressources
et spécificités existantes favorisant ainsi une amélioration de la résilience locale.
La démarche proposée se situe, à ce propos, dans une perspective à long terme visant à une réduction
de la vulnérabilité à partir d’un renforcement des capacités méthodologiques, opérationnelles
et techniques à des niveaux multiples : local, par l’implication active et la « capabilisation » de la
population, des organisations et des collectivités locales ; national, par la création de nouvelles
compétences et connaissances parmi les professionnels, les responsables du monde politique et
de la formation ; international, par la sensibilisation de bailleurs de fonds, spécialistes et décideurs.
Tout d’abord, de par son approche et les caractéristiques de ses composants, cette méthodologie se
prête à être intégrée dans les démarches d’analyse participative et de gestion communautaire des
risques. Si certains critères sont déjà considérés dans les procédures existantes, ou font l’objet de
méthodologies spécifiques (cf. chap. 5.1), la question de l’habitat, entendu en tant que composant
d’une culture constructive, est pour l’instant encore marginalement abordée dans les pratiques
de diagnostic actuelles. De ce fait, associer la méthodologie élaborée à des processus participatifs
de réduction de la vulnérabilité apporte une perspective nouvelle et complémentaire, tant dans
la phase d’investigation du contexte que, par la suite, d’élaboration des initiatives à entreprendre.
Cette synergie est envisageable à deux niveaux : en intégrant des éléments spécifiques (paramètres,
méthodes, sources, etc.) à des procédures existantes d’analyse de l’habitat ou considérant
l’ensemble des composants méthodologiques en tant qu’outil d’approfondissement de thématiques
spécifiques, au même titre que d’autres méthodologies déjà disponibles. Cette association et
complémentarité se réfèrent aussi bien à des activités relevant du domaine de l’aide humanitaire
que de la préservation et protection du patrimoine. En effet, le bâti historique, en particulier celui
habitable et encore plus celui habité, est étroitement influencé par les actions et pratiques de ses
habitants. De ce fait, accompagner une investigation technique d’une analyse des connaissances,
perceptions et comportements contribue à l’identification des facteurs sur lesquels appuyer
la protection et amélioration de l’existant, mais également une (ré)génération des pratiques,
connaissances et savoir-faire qu’y étaient et sont associés.
L’approche et les outils relatifs à la méthodologie élaborée sont également employables en dehors
du champ de l’aide humanitaire, dans le travail des collectivités et instances locales de manière
à favoriser implication plus directe et déterminante des citoyens et acteurs dans la gestion et la
planification de l’environnement construit.
En relation à ces synergies et champs d’application, l’analyse des cultures constructives locales se
décline en une multiplicité de variantes d’une seule et même approche. Ci-après, quatre modalités
d’investigation illustrent différents niveaux d’application permis par cette méthodologie (Fig. 64).
Ces exemples se rapportent à des analyses effectuées au cours du travail de recherche en relation à
des contextes, objectifs et modalités de travail distincts. Ces éléments déterminent une variabilité
de certains paramètres donnant lieu à des produits (en terme de type d’informations ainsi que
de degrés d’approfondissement de celles-ci) différents, mais surtout à des typologies analytiques
présentant un potentiel de complémentarité réciproque (Fig. 65).
Pour des questions d’étendue, les rapports de synthèse relatifs à chacune de ces analyses n’ont
pas pu être intégrés à la suite de ce chapitre ni, dans leur intégralité, à ce document. Néanmoins,
des extraits sont présentés dans les annexes (cf. annexe A.2.3), à titre démonstratif des résultats
découlant des différents niveaux d’approfondissement et de technicité de la méthodologie élaborée.
Ces variables sont résumées ci-après en relation aux principales caractéristiques méthodologiques
de chaque exemple et à une comparaison schématique se référant aux cinq critères permettant de
mettre en évidence la polyvalence de la méthodologie élaborée.
Fig.64: Couvertures des rapports d’analyse Légende : degré d’importance + : faible ; ++ : modérée ; +++ : élevée
PARTICIPATION DES
ACTEURS LOCAUX
techniques
COMPÉTENCES
facilitation
Ce processus d’analyse se fonde sur une sélection flexible de méthodes participatives qui appuient
simultanément une collecte d’information et un apprentissage, tant par les opérateurs que par
les communautés locales, favorisant la définition et la mise en œuvre concertées de propositions
techniques et méthodologiques appropriées aux particularités du contexte et à la diversité
d’exigences et de capacités existantes.
Une mise en situation réelle a visé à faire en sorte que cette méthodologie ne se limite pas à un
exercice théorique mais puisse constituer un outil directement utilisable par les acteurs engagés
sur le terrain ; une approche d’ensemble adaptable à chaque situation particulière, plutôt qu’une
procédure spécifique à un site donné.
Au niveau du terrain, des actions de formation et sensibilisation ont permis à chacune de ces
institutions d’acquérir des nouvelles compétences et de mettre en perspective les expériences
précédemment effectuées - lors de projets de réhabilitation et préparation aux crises comme
d’amélioration de l’habitat-, favorisant une autonomie dans la mise en place de cette approche ainsi
qu’une consolidation des synergies existantes (p.e. entre les organisations haïtiennes membres de
la PADED).
Une analyse située permet de saisir les facteurs qui participent à la création et à la vulnérabilité
de l’habitat d’une communauté particulière, en contribuant à situer le bâti au sein de la culture
(constructive) qui le génère et qui assume parfois une connotation se référant explicitement aux
phénomènes qui affectent son milieu. D’autre part, l’investigation de l’influence exercée par les
aléas naturels sur l’architecture vernaculaire se rapporte directement aux spécificités et dispositifs
que celle-ci intègre et qui, déterminant ses caractéristiques physiques, découlent des pratiques et
savoirs élaborés et partagés à échelle individuelle et collective.
Le rapport entre construit et phénomènes naturels assume en fait un caractère complexe, o les
spécificités constructives et la vulnérabilité du bâti sont directement influencées par des aspects
culturels et humains. Saisir les artefacts bâtis en tant que produit d’une culture constructive ainsi
que définir un cadre référentiel intégrant la multiplicité des savoirs et des pratiques de résilience
qui lui sont associés, constituent des facteurs d’influence déterminante envers leur reconnaissance
effective au niveau opérationnel et scientifique.
Un large nombre de recherches et documents abordent ces questions en se focalisant sur l’architecture
d’une localité ou d’une région particulière, se rapportant donc à une échelle géographiquement
délimitée. Ces cas comprennent en grande partie des études des caractéristiques architecturales
et/ou constructives, sans toutefois souvent approfondir la relation possible entre certains dispositifs
spatiaux et/ou techniques et les phénomènes naturels locaux. D’autres analyses se concentrent
sur le comportement structurel de systèmes constructifs particuliers, omettant l’influence que les
perceptions et pratiques des bâtisseurs et habitants peuvent exercer sur l’environnement construit.
Relativement rares sont les ouvrages et les approches qui adoptent une perspective d’ensemble,
établissant des corrélations entre différentes recherches conduites à échelle locale. En fait, à « bien
creuser » une grande quantité d’informations existe. Elles restent toutefois éparpillées, souvent
spécifiques à des cas ponctuels, tissant rarement des liens entre la dimension technique et celle
culturelle et comportementale qui, pourtant, se révèlent particulièrement importantes dans la
détermination de la vulnérabilité effective du bâti146 ainsi que des capacités de résilience, réelles et
potentielles, d’une communauté.
La présente recherche propose une approche d’investigation effectuant une corrélation entre les
études conduites de manière située. Se rapportant à la pluralité et à la pluridimensionnalité des
dispositions vernaculaires à caractère parasinistre, cette prospection vise à spécifier les multiples
caractères et niveaux auxquels ces mesures correspondent. Il en découle la constitution d’un corpus
documentaire se référant spécifiquement à la dimension de résilience des cultures constructives
évoluant dans des régions exposées à des aléas naturels récurrents. En prenant du recul par rapport
à une échelle strictement locale, cette recherche participe à la réflexion autour du concept de
culture constructive du risque et de la définition de son cadre théorique, dans une démarche de
contribution au travail développé, au niveau régional, par une large communauté de chercheurs.
145 Barth, Britt-Mari, 1993. Le savoir en construction. Paris : Retz, 1993. Coll. Forum Éducation Culture. p. 74.
146 La vulnérabilité du bâti dépend donc non seulement de sa capacité de résistance mais aussi - ou surtout - du comportement
de la communauté qui l’ utilise (Ferrigni, 1990, op. cit., p. 19).
3.3. MESURES
2. CULTURES COMPORTAMENTALES
1. CULTURES
CONSTRUCTIVES
DU RISQUE
DU RISQUE
147 Les stratégies développées par les populations locales sont extrêmement nombreuses et, souvent, pas systématiquement
recensées ; par conséquent les éléments présentés n’ont pas la prétention d’en constituer une synthèse exhaustive.
Ces savoirs148 constituent un système inter et pluri disciplinaire comprenant des connaissances
(constructives, écologiques, historiques, etc.) et des pratiques (individuelles, familiales et collectives,
techniques et non techniques, à court et long terme, etc.) mais également des croyances, valeurs
et représentations du monde ancrés dans la façon de vivre d’une communauté. Cet ensemble
assume parfois le caractère d’une vraie et propre stratégie de résilience comportant des mesures,
spécifiques au niveau local, permettant une diminution de l’exposition aux risques et intégrant
des éléments de préparation, gestion et redressement envers des situations de crise ponctuelle
et soudaine (p.e. impact d’un aléa naturel) ainsi que des changements lents et progressifs (p.e.
réduction des ressources disponibles) (SAARC, 2008). Il inclue en effet aussi bien des stratégies
d’ajustement, comprenant des dispositions à court terme, immédiates et orientées vers la survie,
que des stratégies d’adaptation149 visant à une sécurité sur le long terme (T igg, 2004, op. cit. ;
Dazé, Ambrose, Ehrhart, 2010).
Allant de la tentative de donner une raison d’être à certains phénomènes150 jusqu’à la construction
d’une mémoire collective et dynamique, ces stratégies de résilience composent un système de
pratiques et dispositifs assumant la connotation d’une culture du risque. Indissociable d’une
dimension sociale, celle-ci en est le « produit partagé » permettant de se confronter à l’« expérience
partagée » des risques et des crises survenant au cours de l’histoire d’une communauté (Granet-
Abisset, 2000 ; Joshi, 2008).
148 Le terme « savoir » est utilisé ici pour indiquer l’« ensemble des connaissances d une personne ou d une collectivité
acquises par l étude, par l observation, par l apprentissage et/ou par l expérience », notion assumant donc une signification
plus élargie de celle de « connaissance » se rapportant à un domaine précis (Centre Nationale de Ressources Textuelles et
Lexicales).
149 La distinction entre ces deux types de stratégies est effectuée principalement dans la littérature anglophone (coping and
adaptive strategies) ; en français seul le terme « adaptation » est dans la plupart de cas employé (Dazé, Ambrose, Ehrhart,
2010, op. cit.). Néanmoins, la différence de signification entre ces deux concepts est ici considérée comme importante à
maintenir, en raison de l’explicitation qu’elle permet au regard de la particularité et la diversité des savoirs et des pratiques
vernaculaires.
150 Le questionnement des causes de certains phénomènes, notamment de ceux particulièrement dévastateurs et soudains
tels que les séismes, s’est présenté tout au long des siècles assumant parfois la connotation d’un vrai et propre débat
philosophique (Placanica, 1985). ce propos, l’échange qui eut lieu entre Voltaire et Rousseau, suite au séisme de Lisbonne
en 1755, résulte particulièrement représentatif des aspects caractérisant l’imaginaire et le vécu des populations à différentes
époques et dérivant parfois de conceptions diamétralement opposées. Les thèses soutenues par ces deux auteurs explicitent
les controverses marquant le siècle des Lumières (Guénard, Simay, 2011) : la conception de ces événements en tant que
conséquences d’une fatalité divine (Voltaire, Poèmes sur le désastres de Lisbonne et sur la loi naturelle, 1756), à laquelle
s’oppose une vision rationnelle, expression de l’esprit moderne. Rousseau rapporte en effet à l’homme et à ses choix la
responsabilité des conséquences désastreuses dérivant de la manifestation de certains phénomènes : e ne vois pas qu’on
puisse chercher la source du mal moral ailleurs que dans l’homme libre, perfectionné, partant corrompu ; et, quant aux maux
physiques, ils sont inévitables dans tout système dont l’homme fait partie ; la plupart de nos maux physiques sont encore
notre ouvrage. Sans quitter votre sujet de Lisbonne, convenez, par exemple, que la nature n’avait point rassemblé là vingt
mille maisons de six à sept étages, et que si les habitants de cette grande ville eussent été dispersés plus également, et plus
légèrement logés, le dégât e t été beaucoup moindre, et peut-être nul (J.J. Rousseau, Lettre sur la Providence, 18 août 1756).
L’élaboration de ces savoirs se fonde sur quatre aspects se rapportant à la capacité à décoder le milieu
ainsi qu’à élaborer et mettre en place des mesures ciblées de réduction de la vulnérabilité (Dekens,
2007a, op. cit.) :
Interprétation du milieu151
L’observation et la compréhension de signes prémonitoires présents dans l’environnement naturel
se rapportent aussi bien au monde végétal qu’animal.
En Haïti, pendant la saison cyclonique, les habitants de la zone de Cap Rouge savent que, quand un
certain type d’arbre « retourne en dessous dessus » ses feuilles, une forte tempête s’approche.
Au Bangladesh, les habitants des villages situés sur les berges du fleuve Jamuna surveillent
régulièrement le comportement des fourmis. Quand celles-ci grimpent jusqu’au niveau des toitures,
les gens se préparent : une inondation est imminente.
La manifestation de ces signaux a souvent lieu avec une certaine avance par rapport à l’impact
de l’aléa auquel ils se rapportent ; par conséquent, leur interprétation permet aux populations
de disposer de suffisamment de temps pour mettre en œuvre des mesures rapides de mise en
sécurité des biens et des personnes. Généralement, la constatation de ces changements enclenche
une suite d’opérations permettant la validation des observations conduites ainsi que l’activation des
procédures, au niveau individuel et collectif, pour gérer et réduire l’étendue de la possible crise.
titre d’exemple, à l’observation du comportement des fourmis s’associe celle de la couleur de l’eau
de la rivière et l’écoute de son bruit, permettant l’estimation de l’ampleur de l’inondation, à laquelle
suit la diffusion de l’alerte à l’ensemble de la communauté.
154 Sources : Fackler, 2011 ; Smits, 2011 ; Dias, Dutykh, O’Brien, et al., 2012.
En tant qu’ensemble des connaissances techniques évoluées et adaptées au fil du temps, l’architecture
vernaculaire de ces régions peut, par conséquent, être considérée comme la matérialisation des
efforts par lesquels des particuliers et des groupes cherchent à répondre à des besoins spécifiques,
soient-ils liés à la vie quotidienne, à des facteurs socioculturels ou à des phénomènes naturels tant
ordinaires qu’extrêmes. Les artefacts construits deviennent de ce fait l’expression d’une technologie
parasinistre purement locale.
La récurrence de certains aléas ainsi que la fréquence et l’intensité avec laquelle ils se manifestent
ont permis la naissance spontanée de vraies et propres cultures constructives du risque, étroitement
liées aux spécificités du contexte et à la mémoire que les populations acquirent du comportement du
bâti. Les cultures locales peuvent donc se caractériser par des pratiques sociales visant à réduire la
vulnérabilité des personnes et/ou par des dispositions constructives visant à réduire la vulnérabilité
de l’environnement construit. Une culture constructive du risque se définie alors comme l’ensemble
des connaissances techniques et des comportements cohérents constituant un ensemble efficace
pour réduire l’impact des risques locaux (Ferrigni, 1990, op. cit.), comprenant des mesures aussi
bien structurelles que non-structurelles155 améliorant la résilience d’une population et de son habitat
face aux aléas naturels. Leur développement est cependant directement corrélé à une fréquence et
une intensité des phénomènes telles à permettre la sédimentation d’un savoir-faire technique - qui
dans ce processus devient patrimoine commun de la communauté entière - conduisant à des formes
cohérentes de comportement (Helly, 2005, op. cit., p. 129, trad. A. Caimi), comportements qui
comprennent la totalité des pratiques, critères décisionnels et approches déterminant la manière
d’une communauté de concevoir, réaliser et améliorer son milieu bâti.
Le savoir à l’origine des techniques vernaculaires parasinistres a été acquis, et continuellement mis à
jour, de façon empirique par l’observation directe des effets des aléas naturels sur l’environnement
construit. Le développement des formes architecturales, des technologies et des dispositifs
constructifs se fonde par ce fait sur une approche de type expérimental156 : chaque événement
représente une opportunité pour tester l’efficacité des solutions et principes adoptés, en déclenchant
des progrès et des innovations dans la connaissance. Cependant, la constatation des dégâts et la
155 Elles incluent des dispositions à court et long terme et indiquent respectivement : [mesures non structurelles] toute
construction physique visant à réduire ou à éviter les impacts éventuels des aléas, ou l’application de mesures pour assurer
des structures ou systèmes résistants et résilients aux aléas ainsi que [mesures non structurelles] toute mesure qui utilise
les connaissances et la pratique visant à réduire les risques et les impacts, en particulier par le biais de politiques et de lois, par
la sensibilisation du public, la formation et l’éducation (UNISDR, 2009, p. 21, op. cit.).
156 It is possible that such forms of culture develop in resident populations through processes which we can term Darwinian
in their selection: following a calamity which has caused damage, buildings are not erected in the most affected areas so
that the memory of the event remains; situation which are generally considered dangerous are either removed or modified;
reconstruction work is carried out according to the designs which have shown to resist the event, and methods which have
proved useless are abandoned (Pierotti, 2005, p. 92, op. cit.).
La périodicité régulière (< 40 ans) d’un phénomène offre la possibilité d’analyser les dommages,
identifier des nouvelles solutions, les tester, en tirer des conclusions et les transmettre à la génération
suivante. Ce processus conduit à la constitution d’une culture du risque dite de la prévention158, qui
se fonde sur une mémoire vivante, continuellement entretenue et enrichie au fil du temps et des
événements. Cette culture génère des mesures de réduction de la vulnérabilité, tant du bâti que de
ses occupants, intégrées aux pratiques constructives et comportementales ordinaires et basées sur
les principes et dispositifs ayant prouvé leur efficacité et pertinence (Fig. 71a).
En revanche, si les phénomènes se manifestent avec une récurrence plus réduite (> 40 ans), la
mémoire des événements et de leurs effets s’atténue au fil du temps et les constructions sont
consolidées au fur et à mesure, sans le développement d’une vraie stratégie préventive de réduction
de leur vulnérabilité. Cette condition donne lieu à une culture dite de la réparation, caractérisée
par l’apparition d’éléments contrastant avec l’homogénéité architecturale et/ou constructive d’un
bâtiment : des « anomalies » 159 dérivant de modifications et améliorations ponctuelles (Fig. 71b),
apportées subséquemment à sa construction (Ferrigni, 1990, op. cit.).
Fig.71: a) Forme trapue et toiture à quatre pentes : aérodynamisme morphologique envers les vents
cycloniques (Khulna, Bangladesh) ;
b) Contrefort réduisant la largeur du passage : renforcement ponctuel envers les sollicitations
sismiques (Atrani, Italie)
Le concept associé au terme d’ « anomalie », entendu en tant qu’« élément anormale, particularité »,
pourrait être étendu également à d’autres aspects trouvant leur raison d’être dans l’importance
spécifique qu’ils assument vis-à-vis de la capacité du bâti à supporter l’impact de certains phénomènes.
L’utilisation de matériaux qui ne correspondent pas à des ressources localement disponibles, la mise
en œuvre d’une technique particulière ou l’adoption de solutions constructives demandant des
efforts considérables (tant en termes financiers que de travail ou de compétences requises) peuvent
157 For technical know-how to become « culture », and thus appreciably reduce vulnerability, the relevant knowledge must
lead to consistent modes of behaviour (Ferrigni, 2005a, op. cit., p. 302).
158 La caractérisation de ces différents types de culture du risque ainsi que la définition de l’influence de la fréquence et
intensité des événements sur leurs spécificités, font partie des travaux conduits en relation à l’aléa sismique par les chercheurs
du Centro Universitario per i Beni Culturali de Ravello (Italie), je me réfère en particulier aux ouvrages suivants : Ferrigni,
1990, op. cit. ; Ferrigni, Helly, Rideaud, 1993 ; Ferrigni, Helly, Mauro, et al., 2005, op. cit.
159 Elements which are evidence of alterations made a er a building was originally erected, which are out of keeping with
its architectural style and which usually encroach upon living comfort and/or reduce street width (Ferrigni, 2005c, p. 236).
L’enracinement des connaissances et pratiques dans la culture d’une communauté ne dépend pas
uniquement de la fréquence des aléas auxquels elle est exposée. L’ampleur de ces phénomènes
ainsi que des facteurs à caractère exogène peuvent déterminer la consolidation de différents types
de savoirs, ne conduisant pas nécessairement au développement d’une culture constructive du
risque161. Ceci peut se vérifier lors de l’introduction, dans des pratiques existantes, de nouveaux
principes constructifs ou comportementaux selon un procédé d’importation et/ou d’imposition ;
situations qui se présentent souvent après l’impact d’un aléa, par le recours à des technologies non
locales (p.e. dans le cadre de projets de reconstruction) ainsi que par la promulgation de règles de
construction ou des recommandations officielles (Ferrigni, Helly, Mauro, et al., 2005, op. cit.).
Deux exemples historiquement proches illustrent particulièrement bien l’imposition par des
autorités locales de mesures techniques référées au risque sismique.
Le premier cas concerne l’institution d’une politique préventive se rapportant aux dispositions
prises par le gouvernement portugais après le séisme de 1755. Pour la reconstruction du centre
ville de Lisbonne, un ensemble de prescriptions fut rendu obligatoire définissant la planification des
quartiers, l’architecture des nouveaux immeubles ainsi qu’un système constructif expressément mis
au point par un groupe d’ingénieurs (Fig. 72a ; cf. annexe A.3 : fiche « Gaiola Pombalino »).
Le deuxième cas se réfère à l’adoption de l’un des premiers règlements de construction parasismique
de l’histoire. Ceci se rapporte à un système constructif vernaculaire apparut en Italie centrale et
méridionale au cours du XIV° siècle, et dont la diffusion fut déterminée par la capacité, constatée
lors de différents événements, à supporter l’impact des séismes. Le caractère sismo-résistant de ce
système fut officiellement reconnu à partir de 1784, lors qu’il fut inscrit dans les instructions royales
promulguées par le gouvernement Bourbon pour la reconstruction après le séisme de 1783. Dès
lors, il a été intégré dans la normative de construction parasismique de plusieurs régions italiennes,
jusqu’aux réglementations éditées en 1909 pour la reconstruction post-séisme à Messine (Fig. 72b ;
cf. annexe A.3 : fiche « Casa baraccata – casa intelaiata »).
160 titre d’exemple, la réalisation de toiture à quatre pentes comporte un investissement décidemment plus important
qu’une toiture à deux pentes. Cependant, cette forme de toiture permet de réduire considérablement la vulnérabilité d’une
construction à l’impact du vent. Dans la région de Khulna (Bangladesh), frappée annuellement par des cyclones, les toitures
sont systématiquement réalisées avec quatre pentes, même dans le cas de structures très modestes (Source : analyses de
terrain, novembre 2012).
161 Des phénomènes particulièrement violents causant une destruction quasiment généralisée ou, à l’autre but du spectre,
d’intensité très faible, ne permettent pas d’effectuer une analyse des dommages avec une conséquente sélection des
techniques et dispositions les plus performantes. En fait, only earthquakes which follow upon one another at suitable time lags
and with « appropriate » recurrence and intensity are likely to result in a sound Local Seismic Culture (Ferrigni, 2005b, p. 207),
logique qui peut être entendue également à d’autres types d’aléas se présentant avec régularité historique (p.e. les cyclones).
De fait, s’ils ne sont pas assimilés et/ou reproductibles par les populations et les constructeurs, les
critères et prescriptions introduits ne deviendront pas partie intégrante de la culture constructive
locale. En revanche, l’élaboration et la constatation directe de l’efficacité de certaines mesures et
principes constructifs favorisent leur intégration dans le mode de construction particulier d’une
région, en déterminant par conséquent son architecture vernaculaire163. Si la fréquence et l’intensité
des phénomènes constituent des éléments décisifs pour le développement et l’affirmation
d’une culture constructive du risque, d’autres aspects (les matériaux employés, l’expérience des
constructeurs, les techniques en vogue à une certaine époque, des nouvelles routes commerciales,
etc.) influent également sur ses spécificités, la manière dont elle évolue et les expressions qu’elle
assume (Ferrigni, 2005c, op. cit.). Dans la caractérisation de la notion de culture constructive
du risque, deux paramètres émergent : les types de mesures mises en œuvre pour réduire la
vulnérabilité du bâti et les échelles physiques auxquelles celles-ci s’appliquent. Dans les chapitres
suivants, j’approfondie ces aspects de manière distincte, en identifiant d’abord les caractères que ces
dispositions assument (chap. 9), pour ensuite investiguer leur référence à des échelles différentes,
allant du territoire jusqu’au détail constructif (chap. 10).
162 Le cas des normes et des systèmes de construction parasismiques prescrits à partir de la fin du XVIII° siècle en Italie est,
à cet égard, assez emblématique. Les constats dressés suite aux événements qui eurent lieu au cours des siècles suivants
mirent en évidence deux aspects qui marquent leur insuccès. D’une part, le stesse case baraccate , o me sulla carta
dei tecnici, in realtà vennero costruite cos male che durante il terremoto calabro-siculo del 1 4 crollarono per la maggior
parte. Dalla relazione sull’inchiesta fatta per questo terremoto leggiamo: Le case baraccate fecero in massima ca va prova;
ma ci deriva essenzialmente da vizio di costruzione e dai materiali troppo pesanti (Laner, Barbisan, 1986, p. 59). D’autre
part, pare che la lezione del terremoto in una regione come la Sicilia, non venga neanche lontanamente recepita. Anche se il
dopo Messina è stato caratterizzato da numerosissime proposte per costruzioni antisismiche, molte di queste sono rimaste o
timido esperimento o utopistiche idee. Anzi, come purtroppo spesso accade in simili situazioni, tu si improvvisarono esperti
mescolandosi fra i pochi tecnici preparati (Ibid., p. 74).
163 Specialmente nelle aree dove esistono culture sismiche locali, la disposizione dei materiali che costituiscono l’edificato
(blocchi di pietra, mattoni, trabeazioni, legamenti e simili) è tutt’altro che casuale e obbedisce spesso a una precisa
disciplina, che la tradizione trasforma in regola d’arte (Pierotti, Ulivieri, 2001, p. 29, op. cit.).
Généralement, les mesures de réduction de la vulnérabilité sont différenciées selon leur caractère
« structurel » ou « non-structurel » (UNISDR, 2009, op. cit. ). Toutefois, l’investigation entreprise
au cours de cette recherche a déterminé l’identification d’une multiplicité d’expressions et de
modalités d’intégration des risques locaux dans les pratiques constructives vernaculaires, mettent
en particulier en évidence la relation étroite pouvant subsister entre la résilience du bâti et les
comportements adoptés par ses constructeurs et habitants. Les constats effectués m’ont conduit
à proposer un principe de différenciation qui soit directement référé aux pratiques parasinistres
inhérentes à l’architecture vernaculaire. Cette distinction s’articule sur la base de trois différents
caractères relatifs aux modes de bâtir et de contraster les conséquences potentielles de l’impact
des phénomènes naturels : des mesures techniques de type permanent, des mesures techniques
de type temporaire ainsi que des mesures comportementales. Ces trois dimensions exercent une
influence directe sur la conception et les spécificités du bâti ainsi que sur sa vulnérabilité effective
(Fig. 74). Elles ne sont pas exclusives ni nécessairement présentes de façon constante ou simultanée,
toutefois elles sont généralement adoptées de manière diffuse par la plupart ou l’ensemble des
membres d’une communauté. Dans la partie suivante, je définis164 ces trois types de mesures
se rapportant aux approches et principes relatifs à la dimension « construite » d’une culture du
risque, aux modalités donc par lesquelles elle se traduit dans les caractéristiques des artefacts et de
l’environnement bâti d’une communauté.
fréquence + intensité
croyances + valeurs
+ représentations
économiques + techniques
+ matérielles
164 Leurs particularités sont présentées sur la base d’exemples identifiés lors d’analyses de terrain conduites au Bangladesh
(entre 2011 et 2012) et en Haïti (entre 2011 et 2013), en parallèle au développement d’une méthodologie d’analyse des
cultures constructives locales (cf. partie 2).
Dans les régions affectées par différents types d’aléas, plusieurs mesures de type permanent peuvent
être intégrées à une même construction, en relation à chaque phénomène particulier.
Dans la région de Khulna (Bangladesh), la fréquence annuelle des cyclones a conduit les constructeurs
à ligaturer les tuiles de couverture à la structure de la toiture, pour en prévenir l’envol. des
intervalles réguliers, des cordes relient des bambous disposés en parallèle aux liteaux au-dessus des
tuiles, en créant une continuité de connexion avec la charpente du toit (Fig. 75b). Les constructions
vernaculaires de cette région présentent également l’utilisation d’une masse d’usure en tant
que dispositif de protection du soubassement en terre envers les inondations, particulièrement
récurrentes (Fig. 75c). Le soubassement se caractérise par une forme en double marche se rapportant
spécifiquement aux caractéristiques locales des inondations : la hauteur de la marche supérieure est
calibrée au niveau des phénomènes exceptionnels, tandis que celle inférieure correspond au niveau
des inondations saisonnières, en limitant ainsi les réparations à une zone réduite.
Un seul dispositif permet parfois d’améliorer le comportement de la structure envers des aléas
multiples. Dans les habitations vernaculaires des zones rurales d’Haïti, exposées aussi bien à des
cyclones qu’à des tremblements de terre, la faible hauteur sous toiture limite la prise au vent et,
baissant le centre de gravité du bâtiment, favorise également une bonne résistance aux séismes. En
outre, la stabilité de la structure envers les sollicitations imposées par ces deux types de phénomènes
est améliorée davantage par des contreventements horizontaux positionnés aux quatre angles de la
poutre sablière solidarisant l’ossature en bois.
Fig.75: Bangladesh: a) ancrage de la poutre sablière ; b) stabilisation des tuiles par ligature ; c) masse d’usure en double
marche ; d) Haïti : clôture de la galerie agissant comme un système de contreventement
165 Plusieurs exemples de dispositions correspondant à ce type de mesure sont analysés de manière approfondie dans le
chap. 10 : « Echelles d’application ».
Bien que contribuant à en réduire la vulnérabilité, ces mesures n’influencent généralement pas les
caractéristiques de la structure principale. Il s’agit en effet de mesures supplémentaires, souvent
en réponse à des problèmes et/ou faiblesses particulières qui demanderaient des investissements
trop importants pour des solutions de type permanent. Leur particularité réside dans la simplicité
de mise en œuvre et l’utilisation de matériaux très facilement, voire gratuitement, disponibles et/ou
couramment employés, même pour des activités autres que la construction. En fait, elles constituent
des solutions « à portée d’habitant », ne nécessitant pas de compétences particulières et pouvant
être mises en place et/ou substituées directement par les occupants mêmes.
Il est intéressant de noter comment, en relation à un problème spécifique le même type de solution
ait parfois été adopté dans des endroits bien différents, tout en adaptant les modalités de sa mise
en œuvre aux caractéristiques du bâti.
Dans certaines régions du Bangladesh, une disposition similaire est employée pour réduire la
vulnérabilité de la toiture au vent. Dans le district de Kanaighat (région de Sylhet), les habitations
ont généralement des toitures à deux pentes ; un système utilisant des bambous disposés en dessus
de la couverture en tôle et reliés avec des cordes à des piquets enfoncés dans le sol empêche son
arrachement lors des tempêtes qui affectent fréquemment la zone (Fig. 76a). En revanche, dans le
district d’Assassuni (région de Khulna) les toitures ont une forme à quatre pentes. Cette morphologie
de toiture permet une certaine limitation des effets du vent sur le bâtiment, néanmoins des dispositifs
supplémentaires sont mis en place pour en réduire ultérieurement la vulnérabilité aux cyclones
annuels. Aux angles du bâtiment, les poutres sablières son connectées avec des cordes à des piquets
enfoncés dans le sol (Fig. 76b), ou à des arbres en proximité, assurant ainsi une consolidation de
la charpente. Des filets de pêche et des grilles en bambou fixées à la structure primaire stabilisent
en outre la couverture. Le premier système étant assez souple est utilisé pour les toitures en tuiles
(Fig. 76c) tandis que le deuxième, plus rigide, est employé pour des couvertures en feuilles de
palmier (Fig. 76d). Ces solutions sont mises en place juste avant l’impact d’un cyclone et utilisent les
matériaux localement disponibles, y compris en recyclant des objets ne pouvant plus être employés
pour leur fin d’origine (p.e. filet de pêche irréparable).
Fig.76: Bangladesh : a) systèmes d’haubanage des toitures à (a) deux pentes et (b) quatre pentes ; stabilisation de la
couverture avec (c) des filets de pêche et (d) des grilles en bambou
L’exemple des communautés habitant dans la région de Dinajpur (Bangladesh) illustre particulièrement
bien ce concept167. Dans le district de Gaibandha, les villages situés le long des berges de la rivière
Yamuna sont affectés par des inondations annuelles relativement modérées (niveau de l’eau :
environ 40cm) et, tous les 2-3 ans, par des crues importantes (l’eau pouvant atteindre presque 2m).
Dans le premier cas, les populations locales ont été en mesure de mettre en œuvre des solutions
abordables pour protéger leur habitat. Par contre, toute tentative de construire des structures
capables de faire face à l’impact des phénomènes de grande ampleur s’avère quasiment impossible.
Une approche antithétique a donc été adoptée : à une construction résistante l’on privilégie une
construction temporairement déplaçable. Lors d’inondations exceptionnelles les habitations
sont démontées et transportées, à pieds ou par bateau, en un lieu sûr (digue ou intérieur des
terres) et leurs composants sont utilisés pour réaliser des abris temporaires. Une fois la situation
retournée à la normale, elles sont remontées à l’emplacement d’origine. Ces constructions sont de
fait conçues pour être rapidement et facilement démantelées et déplacées par les habitants eux-
mêmes (Fig. 77). Cette pratique a directement influencé la typologie architecturale et structurelle
de l’habitat, mais également le choix des matériaux (bambou, tôles, panneaux de roseaux, poteaux
en béton à section réduite, etc.) qui sont particulièrement légers et permettent la subdivision de
l’ensemble du bâtiment en parties aisément maniables, sans impliquer un démantèlement complet.
Pareillement, les système de connexion entre les différents éléments de la construction utilise des
assemblages réalisés de manière à être rapidement ouverts et réutilisés, tout en assurant une
certaine résistance envers l’impact de vents violents qui affectent la zone : cordes en bambou, fils
de fer, barres d’armature des poteaux en béton pliées à crochet dans lequel les poutres sablières
peuvent être (des)encastrées avec un coup de marteau.
Fig.77: Bangladesh, région de Dinajpur, district de Gaibandha : construction déplaçable en matériaux légers
(source photo b: www.sos-arsenic.net)
166 La vulnérabilité effective du bâti peut en outre être accentuée par d’autres facteurs relatifs à conditions particulières de
ses utilisateurs et propriétaires (p.e. site particulièrement exposé, précarité économique, etc.).
167 Bien que l’exemple présenté se réfère à un aléa prévisible, il n’est pas exclut que les comportements adoptés lors de
phénomènes soudains (tels que les séismes) puissent également déterminer des spécificités particulières du bâti.
mesures mesures
permanentes temporaires
En relation à ces trois caractères les suivantes considérations peuvent être effectuées :
• dans un même bâtiment, plusieurs dispositifs de type permanent peuvent être mis en place en
association à des dispositions temporaires et/ou comportementales. L’ensemble de ces mesures
constitue souvent un système extrêmement efficace de réduction de la vulnérabilité, tant du bâti
que des ses occupants ;
• les dispositions à caractère temporaire, outre à constituer des dispositifs simples à mettre en
œuvre, représentent également des solutions particulièrement économiques permettant, à ceux
qui n’ont pas les moyens d’adopter des solutions plus performantes, de réduire au moins en
partie la vulnérabilité de leur habitat ;
• les mesures de type comportemental peuvent avoir une influence non négligeable sur les
caractéristiques architecturales et constructives du bâti. Elles sont en fait particulièrement
représentatives des éléments considérés par la population comme prioritaires à sauvegarder
ainsi que des solutions qu’elle retient viables, face à des phénomènes dont l’ampleur ne consent
pas d’adopter des systèmes plus résistants et, au même temps, financièrement accessibles.
Selon la nature des aléas, la prise en compte de l’échelle territoriale dans le développement de
mesures de réduction de la vulnérabilité influence en manière considérable l’exposition effective
des populations et du bâti. Outre que par la proximité et la disponibilité stratégiques de ressources
naturelles garantissant la survie, le choix du site d’implantation d’un village ou d’une ville a souvent
été déterminé par des critères tels que la sécurité et la protection envers d’autres groupes humains
et des phénomènes naturels, climatiques, géologiques et atmosphériques.
Les communautés qui habitent dans des zones exposées à des aléas naturels développent
inévitablement certaines « règles de pratique » en matière de gestion territoriale qui tiennent en
compte les risques spécifiques au niveau local (Ferrigni, 2005c, op. cit., p. 190, trad. A. Caimi). Ces
règles se rapportent essentiellement à deux aspects : l’interprétation du territoire et la mise en place
de dispositions réduisant les effets potentiels des phénomènes locaux. D’une part, la capacité des
populations à déchiffrer les signaux présents dans l’environnement naturel, permettant notamment
d’identifier les sites particulièrement exposés (p.e. couloirs d’avalanche, zones inondables, etc.), est
à l’origine de la sélection des endroits les plus propices pour une installation durable de l’habitat168.
cet égard, les constructeurs vernaculaires ont parfois fait preuve d’une connaissance et une
compréhension remarquables envers des caractéristiques difficilement décelables (p.e. la nature
du sol) influençant de manière décisive les effets de certains aléas, dont la manifestation se révèle
rarement détectable à l’avance (p.e. les séismes)169. Cependant, certains phénomènes très localisés
(p.e. glissements de terrain) et/ou affectant de façon récurrente les mêmes zones (p.e. avalanches ou
inondations) conditionnent le choix du site d’implantation, mais n’influencent pas nécessairement
les techniques constructives employées pour le bâti ; la collocation dans un site protégé et/ou la
mise en place de mesures d’aménagement peuvent, dans ces cas, s’avérer suffisantes.
168 he founders of a city paid careful attention to the characteristics of the site. herever a community settles, it can
always be assumed to act in a long-term perspective since it simply cannot afford to risk investing the huge resources required
to lay out streets and build houses, temples or harbours in a place which in the end proves unsuitable and must be abandoned.
he ecohistorical analysis of how settlements were founded and gradually turned into towns, shows that sites were chosen
according to rigorous criteria: they had to be stable, easily protected and not far from strategic natural features (Ferrigni,
2005a, op. cit., p. 99).
169 ce propos, les constructions datant de l’époque minoenne à Crète révèlent une particulière adaptation au site
d’implantation. Elles se situent en correspondance de sols solides, particulièrement favorables en relation à la sismicité
locale, et elles reposent sur des fondations dont le type et la profondeur s’adaptent aux différents niveaux du substrat rocheux
(Poursoulis, Dalongeville, Helly, 2000).
D’autre part, l’expérience acquise au fil du temps et des événements a conduit à l’élaboration de
dispositions spécifiques pour réduire les conséquences potentielles découlant de l’impact des aléas
sur le territoire. Les mesures d’atténuation mises en œuvre peuvent comprendre la création de
structures de protection170 des zones habitées ainsi que des modalités particulières de gestion des
ressources naturelles171 (UNISDR, 2008, op. cit. ). Parfois, ces différentes approches s’associent,
en intégrant également une prise en compte des risques étendue à l’organisation et principe
d’implantation du bâti172.
Les mesures de réduction de la vulnérabilité à échelle territoriale constituent, de fait, des dispositions
de type préventif collectivement connues et pratiquées, souvent en rapport étroit avec les activités
quotidiennes et les sources de subsistance de la communauté. Ici de suite, je présente deux exemples
particulièrement explicites d’une prise en considération multi-échelle des aléas locaux (cf. exemple
1 : Japon), assumant dans certains cas le caractère d’une vraie et propre politique délibérée de
gestion du risque (cf. exemple 2 : Grèce).
170 Dans le district de Chitral au Pakistan, des murs de protection en maçonnerie de pierres avec des renforcements en bois
étaient réalisés pour protéger les zones habitées des crues éclairs affectant régulièrement les vallées de montagne (Dekens,
2007, op. cit.).
171 Dans la région de Mymensingh au Bangladesh, les populations tirent profit des caractéristiques propres à un type
particulier de plante pour atténuer leur exposition aux inondations et aux glissements de terrain. Le long des digues, des
berges des rivières et des terrains en pente, le vétiver est en effet régulièrement planté pour stabiliser le sol et pour réduire
l’effet d’érosion de l’eau, grâce à ses racines longues de plusieurs mètres (Source : analyses de terrain, novembre 2012).
172 Dans les régions exposées à des phénomènes cycloniques ou à des vents violents, les habitations sont souvent protégées
par de la végétation qui, entourant complètement les constructions ou se situant transversalement à la principale direction
du vent, constitue une barrière coupe-vent naturelle. Les essences plantées correspondent généralement à des types bien
particuliers, garantissant l’apport de nourriture (p.e. arbres fruitiers) et se caractérisant par une certaine souplesse (p.e.
bananiers, bambous, etc.), de manière à réduire le risque d’endommagement dérivant de la chute de parties ou de la plante
entière sur les habitations. En outre, les habitats sont disposés de manière à couper le flux du vent, en réduisant ainsi sa force
et son impact sur les constructions.
• Contrôle de l’érosion
Pour limiter la dégradation des berges et des digues, des structures (appelées hijiri-ushi) en bois
stabilisées avec des pierres étaient mises en œuvre le long des rivières pour réduire la force du
courant et les effets d’érosion (Fig. 80d). Cette mesure est encore employée aujourd’hui, avec
seulement une modification dans le type de matériau employé (le bois a été substitué avec le béton)
pour en augmenter la durabilité.
173 Sources : Hirunsalee, Janmaimool, Yusuke, et al., 2009 ; Karan, 2010 ; Sha , Takeuchi, 2007 ; Takeuchi, Kameda, Sha ,
et al., 2007 ; Takeuchi, Sha , 2008.
partir de 1750 av. J.-C. cette dernière typologie s’impose, s’optimisant en un plan symétrique
déterminant une structuration des bâtiments par association de blocs distincts. Les espaces
intérieurs sont divisés en unités indépendantes : les zones de distribution entre les différents blocs
assument le rôle de joints de séparation, conférant à chaque unité un comportement dynamique
autonome ; ce qui permet de réduire les dommages potentiels en cas de sollicitations sismiques.
Ce principe de déconnexion a été appliqué de l’échelle des habitations jusqu’à la structuration
de l’espace urbain avec une individualisation et désolidarisation des îlots (Fig. 81c). Ces mesures,
dont la mise en œuvre perdura tout au long de la civilisation Minoenne, explicitent une volonté de
gestion du risque assumant une connotation quasiment politique, étendue à plusieurs localités et
ensembles construits.
Fig.81: a) évolution du plan agglutinée de Myrtos Fournou Korifi (source: Whitela , 1983);
Plan découpé en blocs dynamiques : b) palais de Mallia (source: Poursoulis, Dalongeville, Helly, 2000),
c) ville de Kato Zakros (source: Poursoulis, 2011)
174 Sources : Whitela , 1983 ; Driessen, 1987 ; Poursoulis, Dalongeville, Helly, 2000, op. cit. ; Poursoulis, 2005, 2011.
Face à l’impact des aléas naturels, deux principales approches caractérisent les architectures
vernaculaires (Ferrigni, 2005b, op. cit.). L’une, dite de la rigidité, se traduit dans des structures
massives, dont la résistance dérive de spécificités constructives les rendant capables de contrecarrer
les sollicitations particulières provoquées par les différents phénomènes (sollicitations sismiques,
charges aérodynamiques, poussée de l’eau, etc.). L’autre approche, dite de la flexibilité, vise à
protéger un bâtiment par une souplesse et déformation de sa structure.
Les pagodes chinoises (X°- XIII° siècles) et japonaises (XIV° siècle) constituent un exemple d’application
de ce dernier principe en relation à l’aléa sismique. Dans les deux cas, des connexions particulières
favorisent le déplacement des masses et le mouvement de certaines parties structurelles ; toutefois
cela s’effectue selon deux logiques différentes. Dans le premier cas (Fig. 82a), chaque étage constitue
une structure rigide se déplaçant indépendamment les uns des autres (Ferrigni, 2005b, op. cit. ;
Zhiping, 2010). Dans le deuxième cas (Fig. 82b), la toiture et les différents niveaux sont suspendus
à un pilier central, dont suivent les oscillations grâce à un système de leviers et de compensateurs
(Nakahara, Hisatoku, Nagase, et al., 2000).
Fig.83: Habitat vernaculaire, île de Nias (Indonésie) : avant et après un séisme de M 8.7 en mars 2005,
la substructure s’est effondrée mais l’espace d’habitation est resté intact (crédits: B. Wolff)
175 Une démarche similaire est associable à l’œuvre de manutention pérenne caractérisant certaines architectures
vernaculaires japonaises. Ce pays est affecté par des phénomènes sismiques extrêmement fréquents. La sollicitation presque
quotidienne à laquelle les bâtiments sont soumis engendre une dégradation progressive, par un endommagement et une
déformation légers mais continus. En absence de mesures de prévention efficaces, une stratégie de réparation périodique a
été adoptée, en ciblant les éléments structurels, les délais d’intervention et l’ampleur des travaux. Les parties susceptibles
d être facilement endommagées (p.e. couverture en tuiles, murs en torchis) sont réparées régulièrement tandis que, environ
tous les 200 ans, l’ensemble de la structure est renforcé et/ou si nécessaire partiellement démonté et remonté. Des importants
travaux de réparation sont entrepris chaque 300-400 ans, en incluant le démantèlement complet, le remplacement de
certains éléments et le remontage du bâtiment entier (Ito, 2007).
176 Un exemple de cette approche est identifiable dans les constructions vernaculaires de l’île de Nias (Indonésie) conçues
de manière à pouvoir s’effondrer tout en assurant une certaine protection de leurs occupants et une réparation rapide (cf.
annexe A.3 : fiche « Nias »).
177 L’impossibilité, technique et souvent économique, de réaliser des constructions résistantes aux phénomènes sismiques
donna lieu, entre le XVIII° et le XIX° siècle en Italie, à une pratique qui associe l’acceptation d’une destruction de certaines
parties du bâtiment à des mesures de type comportemental. Elle consistait dans la création d’une pièce interne à l’habitation,
dont la structure était expressément renforcée pour lui apporter une rigidité et résistance plus élevée que le reste du
bâtiment. Appelée « chambre de sécurité », elle constituait un refuge sûr en cas de secousses sismiques, per cui senza
ricorrere alla dispendiosissima costruzione della casa baraccata, si ha almeno una camera dove nelle epoche di terremoto si
raduna la famiglia e vi rimane con maggiore tranquillità di restando altrove (Pesso, Luigi. 1895. Sul consolidamento delle
fabbriche in Calabria contro i danni dei terremoti , cité par Ruggieri, 2005, p. 4).
Dans les cas des phénomènes sismiques, les efforts auxquels une structure est soumise, de manière
ponctuelle et soudaine, sont considérablement différents de ceux ordinaires et permanents : les uns
correspondant à des sollicitations dynamiques et multidirectionnelles, les autres ayant un caractère
statique et unidirectionnel.
Dans l’approche de la rigidité, l’énergie produite par un séisme est métabolisée par une augmentation
temporaire des tensions inhérentes à chaque éléments structurel (Ferrigni, 2005b, op. cit. ,
p. 200, trad. A. Caimi) ; selon donc une logique de stockage ou d’absorption de l’énergie à travers
une augmentation de la capacité d’amortissement des sollicitations imposées par le tremblement
de terre et/ou de la résistance du bâtiment par un renforcement ou un surdimensionnement
structurels178 (Zacek, 1996). Bien que ce principe ait été parfois intégré à des ouvrages depuis leur
construction (généralement pour des bâtiments de relevance sociale ou culturelle particulière), son
application est particulièrement répandue en relation à des interventions de réparation179. Cette
approche englobe également d’autres mesures techniques qui, incorporées de manière préventive
au bâti, permettent d’augmenter les effets de frottement entre les éléments structuraux, accroissant
ainsi la capacité de la construction à dissiper l’énergie induite par un séisme.
Dans l’approche de la flexibilité, cette énergie est en revanche métabolisée par la déformation
élastique et/ou plastique, des différentes parties de la construction ainsi que de la structure dans
178 Dans une logique de surdimensionnement, la structure doit non seulement intégrer des dispositifs calibrés à l’intensité
des séismes qui se produisent de manière ordinaire, mais elle doit aussi prévoir une marge de sécurité permettant de
pallier l’imprévisibilité de phénomènes exceptionnels. Cette démarche présente certains inconvénients : d’une part, dans
son imprévisibilité un séisme peut simplement être trop puissant pour que son impact puisse être contrebalancé par des
dispositions constructives ; d’autre part, les efforts (financiers et matériels) nécessaires pour obtenir une structure capable
de résister à des telles sollicitations en font souvent un objectif économiquement inabordable et techniquement infaisable.
179 Ces techniques ont donné lieu à des dispositions particulières (p.e. arcs de contraste, contreforts, corps de bâtiments
adossés à des structures existantes) que les chercheurs du Centro Universitario Europeo per i Beni Culturali (Ravello, Italie)
ont défini en tant que « anomalies » (cf. chap. 8).
La dissipation de l’énergie induite par un séisme se produit grâce à la mise en œuvre de dispositifs
très différents contribuant de manière particulièrement favorable à la réponse d’un bâtiment et
associables à deux principaux mécanismes (Zacek, 1996, op. cit.) : l’amortissement et la ductilité.
Le premier se réfère aux déformations subies par les matériaux (frottement interne) ainsi qu’au
frottement se produisant aux interfaces entre différents matériaux et éléments structurels, ou en
correspondance de fissures qui se créent sous l’effet des sollicitations (frottement externe). D’autre
part, s’appliquant aussi bien au niveau du matériau que de la structure, la ductilité désigne la
capacité à subir des déformations irréversibles ou plastiques, sans une perte significative de capacité
portante. Elle permet donc de prévenir une rupture brutale et soudaine (Zacek, 2004, op. cit.), tout
en favorisant la dissipation d’une quantité importante d’énergie, avec une conséquente réduction
des sollicitations (Lestuzzi, 2008).
Ces deux principes ont souvent été mis en place de manière simultanée ou en relation à la fonction
et l’importance assumée par différents types de bâtiments182, ou dans une même structure, en
réponse à des contraintes pratiques (disponibilité et durabilité de matériaux, facilité de mise en
œuvre, usage etc.) et/ou à l’intégration explicite d’un composant de gestion et réduction de l’impact
d’un séisme sur la construction (p.e. cf. annexe A.3 : fiches « Nias » et « Lefkada »).
180 L’efficacité de cette approche dépend presque exclusivement du seuil de rupture choisi. Par conséquent, elle implique
une connaissance très précise des caractéristiques des aléas locaux, de la récurrence et intensité de leur impact, ainsi qu’une
utilisation astucieuse des ressources naturellement disponibles tirant le meilleur profit de leurs propriétés spécifiques
(Ferrigni, 2005b, op. cit.).
181 titre d’exemple, certaines constructions vernaculaires du Cachemire (Pakistan et Inde) associent des composants au
comportement fragile à un système à caractère ductile. Sous les sollicitations sismiques, la maçonnerie constituant les murs
ou des panneaux de remplissage est soumise à des déplacements et à une fissuration, défaillances qui sont compensées par
des éléments en bois (sous forme d’éléments insérés à une maçonnerie porteuse ou de cadre d’ossature) qui agissent comme
des confinements et renforcements assurant la résistance et la stabilité du bâtiment (Langenbach, 2009, op. cit.).
182 titre d’exemple, les temples des communautés précolombiennes se constituaient de constructions massives en
maçonnerie de pierre, capables d’absorber les efforts horizontaux d’un séisme grâce à des techniques particulières
d’imbrication et d’ancrages des blocs. En revanche, les habitations étaient construites avec des matériaux plus légers, mis
en œuvre avec un système à ossature flexible (p.e. technique de la quincha) capable d’absorber les sollicitations sismiques à
travers la déformation élastique de ses assemblages (Ferrigni, Helly, Mauro, et al., 2005, op. cit.).
Ce travail se fonde essentiellement sur une investigation de cas identifiés dans la littérature ainsi
que des analyses de terrain conduites précédemment et au cours de cette recherche. Leur sélection
a par conséquent été en grande partie déterminée par des facteurs d’accessibilité, physique et
linguistique, aux informations à leur égard. De ce fait, il ne s’agit pas d’une revue exhaustive des
exemples vernaculaires parasinistres existants et des études effectives conduites jusqu’à présent ; elle
constitue plutôt une première tentative d’identification et classification des variantes structurelles
et de leurs spécificités183.
La définition des paramètres de classification adoptés se rapporte aux spécificités des différents
cas identifiés et, en particulier, aux éléments présentant un potentiel de contribution à la réponse
aux sollicitations sismiques. Les cas analysés ont été divisés en deux catégories primaires : l’une se
rapportant à des systèmes constructifs ponctuels correspondant essentiellement à des structures
à ossature ; l’autre incluant des exemples basés sur l’utilisation d’un système porteur continu, dans
lequel s’inscrivent les constructions murales massives, en maçonnerie et monolithiques184.
183 Dans cette logique, l’identification de plusieurs exemples correspondant à la même typologie permet de fonder sa prise
en considération en tant que type constructif , évitant ainsi le piège d’une généralisation d’un cas isolé .
184 Dans le cas de systèmes mixtes, les techniques identifiées ont été reparties selon le système porteur spécifique auxquels
elles correspondent.
Pour chacun de ces deux systèmes, j’ai effectué un approfondissement spécifique de cas
constructivement représentatifs des typologies identifiées, et dont l’efficacité a été empiriquement
et/ou scientifiquement validée. Pour ce faire, j’ai défini les suivants critères permettant d’attester
leur capacité effective :
- une présence dans l’architecture vernaculaire d’une région identifiée comme sismiquement active et
assujettie à des phénomènes majeurs récurrents ;
- des témoignages dans des sources historiques (littérature, chroniques, peintures, etc.) attestant
la capacité d’un certain type de construction en relation à des phénomènes particuliers ;
- des événements spécifiques auxquels les constructions réalisées selon les systèmes considérés
ont survécu (informations dérivées de sources historiques ou de rapports techniques d’évaluation
post-séisme) ;
- des validations scientifiques effectuées par des centres de recherche et des universités ;
- l’intégration dans des normes de construction (codes de construction, lignes guides, etc.), en
raison du caractère parasismique du système de référence.
Pour chaque cas, une fiche synthétique a été élaborée sur la base de la trame suivante :
Titre
Caractérisation du système structurel
Localisation géographique : Carte des régions de diffusion
Sismicité locale : indication de la récurrence et intensité sur la base de trois classes
(élevée, modérée, faible)
Cartes (source : USGS):
- accélération maximale du sol
- densité de séismes par année avec magnitude égale ou supérieure
à M 5.0
1. Contexte : description du cadre historique et/ou socioculturel de
développement du système analysé
2. Principes constructifs : caractérisation des parties de la construction (fondations,
soubassement ; structure primaire et secondaire ; remplissage ;
enveloppe ; toiture ; finitions ; connexions)
3. Particularités constructives : exceptions, éléments typologiques particuliers, etc.
4. Spécificité parasinistres : facteurs et dispositifs améliorant la capacité du bâti face aux séismes
et à d’autres éventuels aléas naturels
5. Critères de vérification : indication des éléments permettant de considéré le cas analysé en
tant que système parasismique
6. Observations : remarques éventuelles relatives au type de construction considéré
7. Références : sources des informations
Pour chaque fiche le nombre de pages est limité à cinq. L’objectif n’étant pas d’effectuer une
description particulièrement minutieuses, mais d’extrapoler les principes essentiels permettant une
compréhension du système traité, tant du point de vue constructif que des aspects influençant son
comportement.
Fig.84: Types d’ossature : a) stabilité par poids propre, temple Foguang, Chine (source: http://humanscribbles.blogspot.ch) ;
b) stabilité par liaison, ossature en bambou, Indonésie (source: Langlais, )
L’emploi d’une ossature en tant que structure porteuse est largement diffus en plusieurs régions
du monde, même dans des zones très faiblement ou non sismiques, tant en Europe (o , associé à
un remplissage, il est connu comme « half-timbered », « colombage », « fachwerk ») qu’en Asie et
Amérique. Dans ces cas, les structures se caractérisent généralement par une maille plutôt dense
composée par des éléments structurels relativement lourds, tandis que dans de nombreuses régions
modérément ou fortement sismiques (p.e. Europe sud orientale, Moyen-Orient), ceux-ci sont en
comparaison plutôt légers et plus espacés (Ibid.).
185 Les constructions utilisant une structure ponctuelle en maçonnerie (piliers, murs trumeaux) sont considérées dans le
chapitre « Système porteur continu » ; leurs caractéristiques, constructives et structurelles, se rapprochent, en effet, à celles
des ces systèmes.
186 Reported to have survived as many as 40 earthquakes , la structure de la Pagode Sakyamuni du Fogong Temple (Chine)
se caractérise par a system timber framing braced with layers of brackets, all notched and mortised together without the use
of any nails or bolts, which has proven to be very resistant to earthquakes because of its exibility and redundancy, and also
the friction damping from the cribbage-like system of timber layers (Langenbach, 2010a, p. 7-8).
187 he main structural system in the [Turkish] houses was a timber skeleton like a box system where all the elements
were integrated for the stability of the system. he primary and secondary uprights between the oors, horizontal elements,
oor beams and diagonals, constituted panels and boxes. his system of continuous panels and boxes responds well under
the stress of earthquakes (Kuban, Do an, 1995. he urkish hayat house. Istanbul : Ziraat Bankasi, 1995. p. 238, cité par
Tobriner, 2000, p. 3).
188 Dispositifs visant, dans le premier cas, à pallier à des phénomènes d’instabilité propres à certains éléments structurels, et
dans le deuxième à augmenter la capacité de la structure à résister à des sollicitations à caractère horizontal et externes à la
structure (séismes, vents, etc.). Dans la pratique, ces systèmes coïncident souvent dans un même dispositif (Battistini, 2010).
Fig.85: Herculanum (Italie), casa a graticcio : a) vue d’ensemble (crédits: R. Ulrich) ; b) structure de l’étage (crédits: P. Finkle);
c) composants structurels (source: van Krimpen-Winckel, 2009)
De l’Italie (casa baraccata) au Pakistan (dhajji dewari), en passant par la Grèce (tsatmas) et la
Turquie (hımış), les constructions vernaculaires utilisant un système à ossature avec différents types
de remplissage ont démontré leur capacité à résister aux sollicitations sismiques, lors de multiples
événements ; et cela souvent de manière plus remarquable que les constructions utilisant des
techniques plus récentes190 (Kalevras, 1981 ; G lhan, G ney, 2000).
En Haïti, les constructions utilisant un système en ossature en bois correspondent à deux typologies
architecturales distinctes : l’une, relativement modeste, caractérisant les habitations des zones
rurales (Fig. 86a); l’autre se rapportant aux architectures coloniales connues sous le nom de maisons
gingerbread présentes dans les grandes villes du pays, dont le style dérive d’une adaptation de
l’architecture française au contexte local (Figs. 86 b et c). Lors du séisme qui frappa le pays le 12
189 Une technique similaire est décrite par Vitruve dans l’ouvrage De Architectura (livre II), utilisant le terme de « cracticii » pour
indiquer un type particulier de construction employant une structure en bois avec un remplissage léger. Les interprétations
de ce terme varient selon les traducteurs : certains utilisent l’expression de « colombage », d’autres de « wattle and daub ».
Toutefois, les observations effectuées par Vitruve (en particulier ses critiques au regard du risque d’incendie et une tendance
à un gonflement et retrait du remplissage) ne correspondant pas aux caractéristiques du système découvert à Herculanum ;
ce qui conduit à penser qu’il se référait plutôt à la technique du torchis. Par conséquent, les exemples d’Herculanum ne
peuvent être que de loin liés à ce que Vitruve a décrit (Langenbach, 2003, op. cit.).
190 Lors du séisme de 1894 à Istanbul, D. Eginitis, directeur de l’Observatoire d’Athènes en charge d’étudier les effets sur
le bâti, observa : he timber-framed buildings have resisted the earthquake amazingly. hile some old timber structures
of a mediocre quality were still standing, some well built, nice and new masonry buildings, even the ones joined with steel,
were destroyed. It is clearly apparent that the timber buildings have resisted the earthquake better; on the contrary, the
masonry ones have rarely withstood (G han, 2007, p. 843). Pareillement, lors d’une évaluation des dommages causés par
le tremblement de terre de 1963 à Skopje, l’ingénieur N.-N. Ambraseys, rapporta que old adobe construction, particularly
those with timber bracing, resisted the shock with some damage, but behaved far better than the modern brick or the hybrid
reinforced concrete with brick infill construction (Langenbach, 1990, op. cit., p. 5).
Fig.86: Haïti, effets du séisme de janvier 2010 : a) habitat rural (crédits: A. Douline) ; maisons gingerbread (Port-au-Prince) :
b) chute de portions de remplissage de l’ossature (crédits: S. Kelley), c) bâtiment faiblement endommagé derrière les
reste d’un structure en béton armé (crédits: R. Langenbach)
Dans les régions sismiques de l’Amérique centrale et méridionale, les constructions vernaculaires
emploient des techniques similaires entre elles, basées sur l’utilisation d’une structure en
bambou associée à un mélange de terre mis en place comme remplissage confiné par des lattes
(bahareque)191 ou appliqué sur un support entre les poteaux (quincha). Au Pérou, la technique
de quincha déjà employée par des sociétés très anciennes, comme témoignent les découvertes
archéologiques effectuées dans le site de Caral datant de 5 000 ans, a été l’objet d’une des premières
réglementations de construction parasismique d’Amérique. En début du XVIII° siècle son utilisation
pour la construction de murs de grande hauteur était prescrite par une règle officielle qui, suite au
séisme du 1746, devint une vraie et propre norme visant à améliorer la sécurité des bâtiments (Saleme,
Navarro, 2002). De manière similaire, dans la région colombienne de Manizales, le bahareque se
développa en tant que véritable technique de construction parasismique, donnant lieu à un système
particulier appelé « estilo tremblorero » en raison de son caractère sismo-résistant (Mogoll n Sebá,
2002). Au cours d’événements, ces techniques ont fait preuve d’une capacité effective à dissiper
l’énergie dérivant des sollicitations causées par des tremblements de terre (Langenbach, 1989) et
elles sont inscrites, parfois depuis plusieurs décennies, dans les codes de construction parasismique
de plusieurs pays d’Amérique centrale et méridionale192.
Couramment utilisé par les bâtisseurs vernaculaires, le système porteur ponctuel basé sur un
principe d’ossature a été objet, dans des époques et pays différents (p.e. Portugal 1755, Italie 1783,
Philippines 1880), de règlements de construction et même de brevets expressément référés à un
type de construction à caractère parasismique193 (Masciari-Genoese, 1915 ; Laner, Barbisan, 1986,
op. cit.). Ces systèmes révèlent une capacité remarquable à supporter les sollicitations induites par
un tremblement de terre, grâce à des multiples chemins de descente des charges, qui fournissent un
niveau de sécurité supplémentaire assurant, en cas de défaillance d’un élément, une compensation
par ceux adjacents (Dogang n, Tuluk, Livao lu, et al., 2006 ; Karababa, 2007, op. cit.). Ce qui
présente plusieurs avantages, tels que la possibilité d’effectuer de manière aisée des réparations
191 Au Nicaragua, une technique similaire, le taquezal, utilise différents types de mélange : en terre, en gravats liés par un
mortier de terre, briques en terre crue maçonnées avec un mortier terre (Penalba, 1981 ; Quintallet, Samin, 2012, op. cit.).
192 Cette normalisation se base dans certains cas sur des modifications considérables des techniques originaires, tels que le
remplacement du remplissage en terre avec un remplissage en ciment (AIS, 2001).
193 Il est intéressant de noter comme l idée d’une construction parasismique employant une ossature en bois est parfois
étroitement liée à l expérience acquise dans la construction navale. Une analogie fut souvent établie entre le comportement
des bâtiments lors d’un séisme et le comportement des bateaux, capables de faire face aux sollicitations dynamiques et
multidirectionnelles transmises par la mer. Tel a été le cas pour la conception du système Gaiola Pombalino, employé pour
la reconstruction de la ville de Lisbonne suite au tremblement de terre du 1755 (cf. annexe A.3 : fiche d’approfondissement).
Fig.87: Effets des séismes : a) Turquie 1999, construction vernaculaire faiblement endommagée à côté d’un bâtiment en béton
armé effondré (source: Dogang n, Tuluk, Livao lu, et al.) ; b) El Salvador 2001, détachement des enduits (crédits: A.
Douline); c) Pakistan 2005, chute d’une portion de remplissage (crédits: T. Schacher)
194 If the timber framed buildings does collapse, large survival voids are created. Also the building has less concentrated,
rushing weight. Brick will cause many injures but less squashed bodies than concrete blocks (Dogang n, Tuluk, Livao lu,
et al., 2006, p. 988).
195 Dans un ouvrage du 1784, M. Sarcone décrit le comportement d’une construction de type baraccato lors du séisme
de 1783, en Calabre (cf. annexe A.3 : fiche d’approfondissement), en soulignant le caractère ductile de l’ossature en bois,
qui s’effondra seulement après nombreuses secousses. Bien que les assemblages aient cédé causant l’écroulement de la
structure, le bâtiment répondit parfaitement à la fonction d’abri parasismique pour laquelle il avait été employé, vu qu’avant
son effondrement, il donna des nombreux signes de déformation et de rupture imminente (Ruggieri, 2005, op. cit.).
196 Suite au séisme de 1967 au Cachemire, des recherches développées par le professeur Anand Arya montrèrent comme le
comportement de bâtiments survécus relativement intacts et réalisés avec la technique du dhajji dewari (ossature bois avec
remplissage en maçonnerie), soit étroitement corrélé à un amortissement par friction interne à la maçonnerie. Ceci peut se révéler
considérablement plus élevé que dans des structures employant des technologies plus récentes, grâce au fait que les constructions
vernaculaires présentent une quantité de plans de fissuration beaucoup plus importante (Langenbach, 2000, op. cit.).
197 Capacité (d’un matériau, d’un élément ou d’une structure) de subir des déformations plastiques (irréversibles) sans perte
significative de résistance avant de se rompre (Zacek, 2004, op. cit.).
198 his characteristic – the ability of the disparate materials, each of relatively low strength, to work together as a single
system to resist catastrophic damage from the overwhelming forces of earthquakes – is what makes these buildings so
important (Langenbach, 2000, op. cit., p. 6).
199 Ce qui a été constaté, par exemple, lors d’évaluations post-séisme en Haïti pour les maisons gingerbread employant
une charpente en bois (Langenbach, Kelley, Sparks, et al., 2010, op. cit.), ou au Salvador lors du séisme de 1986 pour des
constructions en bahareque (L pez, Bommer, Méndez, 2004).
Dans plusieurs zones rurales et urbaines de Turquie (p.e. provinces de Kastamonu, Karabük et Bursa),
les constructions se composent dans un grande nombre de cas d’un système porteur mixte associant
l’utilisation d’une maçonnerie pour les étages inférieurs, à une ossature avec remplissage pour les
niveaux supérieurs200 (Fig. 88a). Généralement, la base en maçonnerie suit la forme de la parcelle
tandis qu’aux étages une géométrie plus régulière est obtenue par l’utilisation de baies et volumes
en saillie (Fig. 88b). Outre aux propriétés spécifiques à chacun des systèmes employés, des aspects
particuliers améliorent le comportement de ces constructions sous des sollicitations sismiques.
D’une part, les volumes en saillie renforcent le bâtiment : les solives, qui s’étendent au-delà des
murs au-dessous, gardent ceux-ci fermement en place grâce au poids de surcharge qui apporte
une force de compression fournissant à la maçonnerie une résistance supplémentaire envers les
forces latérales (Langenbach, 2000, op. cit.). D’autre part, la structure est réalisée de façon que
chaque étage constitue une unité autonome très rigide qui peut glisser de façon indépendante des
autres niveaux, ce qui contribue à une dissipation de l’énergie exercée par le séisme (Ferrigni, Helly,
Mauro, et al., 2005, op. cit.).
Fig.88: Turquie : a) association à une maçonnerie porteuse (Narl ca) ; volumes en saillie (Safranbolu) ; c) indépendance des
structures des étages (Kastamonu)
200 Cette association entre système porteur en ossature et maçonnerie aussi bien en pierre qu’en briques de terre crue est
présente également dans l’architecture vernaculaire de nombreuses autres régions sismiques, en particulier de certains pays
entourant le Bassin Méditerranéen (Albanie, Bulgarie, Grèce, Macédoine) et le long de la chaîne Himalayenne (Afghanistan,
Inde, Pakistan) (cf. annexe : A.3).
Dans certains cas, la structure porteuse évolue en une structure hybride : le système primaire
(p.e. ossature) et secondaire (p.e. remplissage) assument des rôles presque équivalents et
complémentaires, se révélant tous les deux indispensables pour la stabilité de la structure ; et
ceci non seulement sous les sollicitations sismique mais également pour une reprise des charges
statiques.
Une typologie constructive présente dans la région afghane de l’Indu Kush, se compose d’un
empilement de poutres horizontales en bois, alternées à des rangées de maçonnerie en pierre et
stabilisées des deux côtés du mur par des clés verticales en bois (Fig. 89c). Il s’agit d’une structure
mixte, qui profite simultanément des capacités de résistance à la traction du bois et de celles
de résistance à la compression de la maçonnerie en pierre. Bien qu’elle présente un manque de
contreventement, la liaison des éléments horizontaux par des clés et des agrafes, ainsi que leur
entrecroisement aux angles, permettent pendant les séismes un mouvement sans une perte de
cohérence structurelle (cf. annexe A.3 : fiche « Nuristan »).
Une première distinction est effectuée entre les constructions o la charpente est laissée vide et
celles o , en revanche, les espaces parmi les éléments qui la composent sont remplis selon différents
procédés. Dans le premier cas (« vidé »), la charpente porteuse n’est souvent pas apparente, tant
pour des questions pratiques (p.e. clôture de l’espace de vie) que structurelles (p.e. dans le cas
qu’aucun système de contreventement soit employé). Dans le deuxième cas (« avec remplissage »),
l’espace entre les éléments structurels est rempli avec des matériaux et selon des techniques
variables. Ces deux catégories se déclinent à leur tour en différentes sous-catégories, selon le type
de matériaux employés et/ou les modalités de leur mise en œuvre.
rigide souple panneaux planches rondins pierres briques avec support confiné
Dans la partie suivante, je présente de manière synthétique ces différentes catégories, avec
la référence d’exemples situés. Huit entre les systèmes constructifs identifiés ont été détaillés
sous forme de fiches d’approfondissement, en développant les spécificités constructives et les
particularités parasismiques (cf. annexes A.3 : fiches d’approfondissement). La carte ci-après illustre
la localisation de l’ensemble des systèmes identifiés avec l’indication de ceux ayant fait objet d’un
approfondissement (Fig. 91).
211
aléa naturel spécifique
clissage palmiste tiwoch séismes casa baraccata casa intelaiata himis bagdadi
remplissage en éléments et en vrac structure vidée avec parement remplissage en maçonnerie
étude/validation scientifique structure vidée enveloppée remplissage en maçonnerie remplissage en maçonnerie remplissage en éléments
cyclones normes
Carte mondiale des aléas naturels, Münich Re, 2009
La structure primaire est laissée vide et elle est libre de se déformer sous les sollicitations sismiques,
seul des éventuels dispositifs de contreventement ou d’autres parties structurelles (p.e. structure
des planchers et de la toiture) en influencent le comportement. Toutefois, la nécessité de clôturer
l’espace, généralement pour des questions d’habitabilité, a conduit au développement de deux
systèmes dont la distinction s’effectue essentiellement en relation aux dispositions constructives
adoptées.
Ce système voit l’application d’un principe d’enveloppe basé sur la mise en œuvre de dispositifs de
cloison indépendants de la structure porteuse principale. Cette dernière est entourée à l’extérieur, et
parfois à l’intérieur, par des éléments autoporteurs, généralement en maçonnerie. Ceux-ci peuvent
être complètement déconnectés de la charpente ou lui être reliés par des ancrages, assurant la
stabilité de la structure secondaire (en particulier lors que celles-ci s’élève sur plusieurs étages).
Le système d’enveloppe participe à la stabilité de la structure primaire évitant des déformations
importantes, spécialement en cas d’absence ou insuffisance de contreventement.
Deux exemples permettent d’expliciter ce principe : les constructions de type « baraccato » utilisé
jusqu’au début du XIX° siècle dans certaines régions de l’Italie méridionale et un système constructif
vernaculaire constituant une portion importante de l’habitat de l’État du Maharastra (Inde).
Les constructions « baraccate » se caractérisent par une ossature en bois, subdivisée en deux parties
sur l’hauteur d’un étage et contreventée avec des éléments en croix (Figs. 92). Sur le côté extérieur,
un mur en maçonnerie de pierre est juxtaposé à la structure primaire, en la cachant complètement
à la vue (cf. annexe A.3 : fiche d’approfondissement).
Le système appelé « khan », particulièrement diffus dans la région de Marathwada (Maharastra,
Inde) pour les constructions à un étage, se compose d’une charpente en bois non contreventée
constituée de poteaux positionnés en retrait par rapport au périmètre du bâtiment, portant la
toiture, plate et relativement lourde. Un mur épais en maçonnerie de pierres liées par un mortier de
terre entoure l’espace de vie (Figs. 93). Bien qu’aucun élément de stabilisation ne soit employé, le
poids de la toiture maintien stable la structure en bois201 (Revi, Kishore, 1994 ; Arya, 1998, op. cit. ;
Brzev, Greene, Sinha, 2002).
201 Lors d’un séisme de M 6.4 qui frappa la région en 1994, les murs en maçonnerie subirent des importants dégâts. Dans
nombreux cas, la structure en bois resta cependant stable, maintenant en place la toiture et préservant la vie de ses occupants
(Arya, 1998, op. cit.) ; comportement qui permit de réduire considérablement le nombre de victimes (Revi, Kishore, 1994, op.
cit.). Un principe similaire a été adopté sur l’île grecque de Lefkada o , au rez-de-chaussée, un mur périmétral en maçonnerie
clôture des poteaux en bois portant la structure des étages supérieurs (Figs. 94 a et b). En cas de séisme, la maçonnerie peut
s’effondrer sans compromettre la stabilité de la structure supérieure (cf. annexe A.3. fiche d’approfondissement).
Un principe similaire est présent dans l’architecture vernaculaire de la région de Kabalo (République
Démocratique du Congo), affectée par des séismes d’intensité de moyenne à forte. Dans ce cas, il
s’agit d’un système qu’on pourrait définir à « enveloppe inversée » : la structure portant la toiture est
déconnectée et positionnée à l’extérieur des murs en maçonnerie de briques en terre crue clôturant
l’espace habitable ; ce qui assure sa sauvegarde même en cas d’écroulement des parois, permettant
ainsi une réparation et une réoccupation rapide de la construction 202 (Fig. 94c, Moles, Hosta, 2009).
Dans le cas de systèmes à « enveloppe », le comportement d’une construction sous des sollicitations
sismiques repose donc essentiellement sur la capacité propre à sa structure primaire à en faire face,
envers laquelle les caractéristiques des matériaux ainsi que les éventuels dispositifs (assemblages,
contreventements, raidisseurs, etc.) mis en place assument une importance considérable. Ce
système présente l’avantage de favoriser une préservation et une réhabilitation presque immédiate
de la structure, qui se maintient intacte et/ou qui contribue à la préservation d’autres parties de la
construction.
Fig.94: Grèce, île de Lefkada : a) vue extérieure (source: Karababa, 2007), b) fonctionnement lors de séismes (source: Ferrigni,
Helly, Mauro, et al., 2005) ; c) République Démocratique du Congo, habitat vernaculaire avec système à enveloppe
inversée (crédits: O. Moles)
Le deuxième système relatif à des structures vidées voit l’utilisation d’éléments de revêtement
appliqués directement sur la structure primaire, par unités individuelles ou par panneaux (Fig. 95).
Les matériaux utilisés se caractérisent par une relative légèreté et flexibilité, permettant un certain
mouvement de la structure porteuse. Toutefois, on effectue ici une distinction entre des matériaux
relativement rigides, comme le bois (p.e. bardage sous forme de planches) et ceux qui en comparaison
se révèlent plutôt souples, tels que le bambou (sous forme de lattes aplaties ou tressées) et des
éléments réalisés avec de roseaux ou d’autres types de plantes ou herbes. La souplesse des matériaux
et du système de fixation (ligatures, clous, etc.) peut favoriser une contribution du parement à la
stabilité de la structure (Zámolyi, Zámolyi, 2005 ; Langenbach, 2010b, op. cit.).
202 Employé pour des bâtiments d’un seul étage, ce système se révèle également pertinent face aux inondations qui affectent
régulièrement cette zone du pays.
Fig.95: Parement souple : a) panneaux en roseaux (Dinajpur, Bangladesh), b) panneaux en lattes de bambou tressées
(Nagaland, Inde) ; Bardage en planches : c) bardage extérieur (zones rurales, Haïti, crédits: E. Cauderay) ; d) bardage
intérieur, chute du remplissage suite au séisme de 2010 (zones urbaines, Haïti, source: Langenbach, Kelley, Sparks, et
al., 2010) ; e) double bardage avec cavité (Istanbul, Turquie)
Les éléments de parement peuvent être mis en place sur le côté extérieur, laissant la structure
visible à l’intérieur, ou sur les deux faces créant une cavité interne. Dans ce cas, ils servent souvent
de support à un enduit et l’espace entre la structure constitue un vide d’isolation, améliorant le
confort du bâtiment. Ce système peut également être associé à un remplissage avec des matériaux
en vrac ou en maçonnerie. Dans le premier cas, le parement assume la fonction de coffrage perdu;
tandis que dans le deuxième cas, le parement est employé uniquement sur la face extérieure du
mur, avec essentiellement une fonction de protection de la structure.
En cas d’effondrement, les occupants sont exposés à un danger moindre en raison de l’utilisation
d’éléments relativement légers qui résultent être facilement réutilisables. Lors qu’un remplissage
est mis en œuvre entre les éléments structurels, le parement peut, en outre, constituer un système
de protection supplémentaire. Pendant le séisme de 2010 en Haïti, le revêtement en planches de
bois caractérisant les constructions de type gingerbread a empêché l’écroulement vers l’intérieur
du remplissage en maçonnerie, protégeant ainsi les occupants de la chute des débris (Langenbach,
Kelley, Sparks, et al., 2010, op. cit.).
Dans la région de Sylhet (Bangladesh), les tremblements de terre associés à des inondations de plus
en plus fréquentes ont déterminé l’émergence d’une typologie constructive particulière aux zones
les plus exposées. Le mode de construction courant est en effet évolué passant d’une structure
porteuse massive, réalisée avec la technique de la bauge, à une ossature clôturée, dans sa partie
supérieure, par un parement en panneaux légers et, dans sa partie inférieure, par un mur en terre
déconnecté de la structure primaire (Fig. 96b). Ce système se révèle capable de mieux supporter
l’impact des aléas locaux admettant un endommagement de certaines parties de la construction
sans que cela engendre l’effondrement complet du bâtiment, permettant en outre une réparation
rapide ainsi qu’une mise en danger réduite de ses occupants (source : analyses de terrain, 2012).
Fig.96: Structure avec parement en zone sismique : a) bambous tressés avec structure en bambou (Nagaland, Inde) ;
b) panneaux végétaux avec enduit (Bangladesh) ; b) bardage en planches (Bartın, Turquie)
Ce type de remplissage se base sur la mise en œuvre de pièces coupées sur mesure entre les
composants de la structure primaire et secondaire. Les matériaux employés assurent une certaine
rigidité, tout en restant relativement légers. Ils sont utilisés sous forme de pièces pré-coupées
laissées à l’état brut (rondins) ou équerrées et polies (planches) et/ou assemblées en panneaux
(lattes ou branches tressées et/ou clouées sur un cadre), dont les dimensions sont calibrées en
relation à leur localisation. Surtout dans le premier cas, les pièces peuvent être orientées en plusieurs
directions (horizontale, verticale ou diagonale) et elles ne sont généralement pas connectées entre
elles. La fixation avec la charpente est effectuée à sec, par ligature et/ou par encastrement simple
(pression) ou au moyen d’assemblages particuliers (languette et rainure, encoches, etc.) réalisés
sur la structure porteuses et/ou sur les éléments de remplissage. Le remplissage permet ainsi la
constitution d’une structure continue en boîte, dans laquelle il assume la fonction d’élément
raidisseur et de contreventement.
Situées dans une zone fortement sismique, les constructions vernaculaires de l’île de Nias se
caractérisent par un espace habitable définit par une structure indépendante et semi-rigide
surélevée. Elle se compose de planches en bois glissées verticalement dans des rainures effectuées
dans les poutres du plancher et de toiture, ou horizontalement dans des montants secondaires (Fig.
97a). Lors de deux séismes de magnitude particulièrement élevée (M 9.1 en 2004 et M 8.7 en 2005),
ces structures ont montré une excellente capacité à rester intacte, même en cas de défaillance
de la substructure en pilotis (cf. annexe A.3 : fiche d’approfondissement). Ce principe caractérise
les constructions vernaculaires de nombreuses régions indonésiennes exposées à des phénomènes
particulièrement fréquents et violents, comme les habitations de la province d’Aceh, celles des
populations Karo Batak et Toba Batak (Sumatera Barat) ainsi que de celles Toraja de l’île Sulawesi.
Fig.97: Indonésie, remplissage en planches : a) île Nias (crédits: Nata’alui Duha) ; b) Karo Batak, Berastagi ;
c) Toba Batak, Danau Toba
Les autres deux types de remplissage en éléments présentent également des particularités
spécifiques. L’utilisation de panneaux se base sur des composants très légers qui, même en cas
d’effondrement, ne représentent pas un danger pour les occupants et dont les matériaux et les
modalités de mise en œuvre peuvent contribuer à un certain amortissement des sollicitations (p.e.
le tressage des lattes). Ce type de remplissage est souvent associé à la pose d’un enduit qui, selon
son épaisseur, peut aller coïncider avec la catégorie du remplissage « en vrac ».
Etant donné qu’elles se basent sur un principe d’assemblage par encastrement, les constructions en
rondins sont inclues dans cette catégorie, bien que dans ce cas la structure primaire coïncide avec
les éléments de remplissage.
Fig.98: a) remplissage en panneaux (kay klissage, Haïti) ; b et c) dizeme, remplissage en rondins (Bartın, Turquie)
Ce système se base sur la mise en œuvre d’unités (pierres, briques en terre crue ou en terre cuite)
maçonnées entre les éléments de la structure primaire et secondaire. Généralement en bois, celle-
ci est souvent subdivisée par des éléments (diagonales, entretoises, contreventements en croix,
etc.) qui, dans la plupart des cas, contribuent à la stabilité du système et qui, en le répartissant en
panneaux de taille réduite, limitent la propagation de fissures à travers la maçonnerie (Vintzileou,
Touliatos, 2005).
Les matériaux utilisés pour le remplissage, leur disposition, ainsi que la fréquence et les modalités de
répartition de la structure primaire, influencent considérablement le comportement des parties et
de l’ensemble de la construction. Sous l’impact d’un séisme, ces structures montrent généralement
une réponse de type plastique203 car elles répondent aux sollicitations par des déplacements des
éléments structuraux, des panneaux de remplissage et des unités maçonnées (Dikmen, 2010).
L’utilisation d’un mortier de nature plus fragile (terre, terre et chaux) que les unités qu’il relie (p.e.
briques ou pierres) permet un mouvement de ces dernières sous les sollicitations sismiques qui se
répartissent ainsi dans la structure et déterminent une déformation des panneaux de remplissage.
203 hen unreinforced masonry begins to crack, in terms of engineering analysis, it is usually described as having failed,
even if collapse does not occur. he internal elastic strength of the wall drops, and in repeated cycles, the wall undergoes
plastic deformations through movement along the mortar joints (in-plane), or in bending (out-of-plane). he most important
attribute of so mortar is that, when the mortar strengths are below that of the masonry units, when the wall does crack, it
does so along the mortar joints, resulting in greater overall stability (Langenbach, 1989, op. cit., p. 17).
L’absence de liaisons mécaniques entre les éléments structurels et la maçonnerie peut, pendant
un séisme, causer la chute de petites sections de remplissage (Langenbach, 2000, op. cit.).
Cependant, la défaillance de certains panneaux n’entraîne généralement pas une perte de stabilité
de la structure dans son ensemble. En effet, la subdivision de chaque travée avec une progression
d’éléments diagonaux, verticaux et horizontaux contribue à maintenir les murs en place, même en
cas d’effondrement de certains panneaux de remplissage (Tobriner, 2000, op. cit.).
Dans le Cachemire pakistanais, l’ossature en bois est subdivisée par un complexe système de
contreventements, réalisé avec des planchettes disposées selon une géométrie variable entre
les montants verticaux de la structure porteuse205. Le remplissage en maçonnerie se divise en
plusieurs panneaux de taille réduite, ce qui limite la propagation de fissures pouvant conduire à un
effondrement sur une grande hauteur (Fig. 100). Lors d’un séisme de M 8.7 qui a eu lieu en 2005, les
dommages subis par de nombreux bâtiments employant cette technique se limitèrent au délitement
de quelques panneaux de maçonnerie, ne compromettant pas la stabilité de la structure et facilitant
une réparation rapide (Langenbach, 2009, op. cit.).
204 Dans les constructions vernaculaires avec une ossature en bois et remplissage, the precompression stress provided by
the load bearing weight of the wall, combined with the weak and nonbrittle behavior of the mortar, enables the stresses to
be spread throughout the wall rather than being concentrated along the diagonal. Instead of one large tension crack, with
crushing failure at the comers, the so ness and give of the mortar encourages a more wide-spread, small-scale cracking
across the mortar joints of the whole panel. his also allows the building to dissipate energy, and thus perform in a ductile
rather than a brittle manner (Ibid., p. 16).
205 Cette répartition s’effectue avec des motifs très aléatoires résultant probablement de l’utilisation de chutes de bois,
disponibles avec des longueurs différentes, comme suggère l’appellation de cette technique, dhajji dewari qui, en persan,
signifie « patchwork » tissus fabriqués à partir de la récupération de restes de tissu (Langenbach, 2009, op. cit.).
Les observations conduites suite à deux séismes, en 1999 et 2000, en Turquie mettent en évidence
le comportement particulier des structures en hımış, constituées par une ossature en bois avec
un remplissage en maçonnerie (cf. annexe A.3 : fiche d’approfondissement). Le premier séisme a
eu lieu avec une intensité de M 7.6 et causa énormément de dégâts. La plupart des constructions
vernaculaires resta cependant intacte, présentant néanmoins des signes du travail206 de la structure
sous l’effet des sollicitations (p.e. fissuration des enduits, des chutes de petites sections de
remplissage) (G lhan, G ney, 2000, op. cit.). Le deuxième séisme fut d’intensité plus modérée (M
6.1) et provoqua un niveau d’endommagement similaire à celui causé par le premier séisme. Cette
correspondance dérive de la capacité des constructions vernaculaires à absorber des secousses
violentes avec une progression très faible des dommages subis (Langenbach, 2007, op. cit.), grâce
à une dissipation pouvant s’effectuer sur une longue période sans engendrer une dégradation
structurelle rapide207 (Langenbach, 2000, op. cit.).
Fig.101: Turquie : construction en hımış ayant survécu au séisme de Kocaeli de 1999, en revanche le bâtiment voisin en béton
armé s’est complètement effondré (crédits: R. Langenbach)
206 o use the term working to describe the behavior of the masonry infill when it sheds its stucco surface during an
earthquake is in contrast to describing it as cracking, deteriorating or failing. he use of the term working describes the
behavior as a positive one, emphasizing that it could continue safely over time. he use of the term failure focuses on the
notion that the masonry is breaking and is progressing towards collapse (Langenbach, 1999, op. cit., p. 13-14).
207 Les constructions vernaculaires assument un comportement considérablement différent de celles en béton armé.
En comparant ces deux types de constructions, on constata que ces derniers montrent une progression très rapide d’un
endommagement marginal à la destruction : celles qui semblent être des fissures mineures constituent le début de dégâts
qui, en cas de séisme puissant, conduisent rapidement à l’effondrement du bâtiment entier. Alors que les constructions
vernaculaires montrent un niveau similaire de dégâts dans des séismes d’intensité aussi bien modérée qu’élevée ; et cela
en dépit du fait que l’endommagement commence à se produire avec des secousses beaucoup plus faibles que pour les
structures en béton armé. Ce qui en fait leur caractéristique de protection la plus importante (Langenbach, 2003, op. cit.).
Dans des autres cas (« confiné »), le remplissage se constitue d’un mélange homogène (p.e. terre)
ou d’un amalgame de différents matériaux (p.e. terre, pierres de dimensions variables, morceaux de
briques) confinés par des lattes, des baguettes ou des éléments horizontaux espacés et fixés sur les
côtés extérieurs de l’ossature (Figs. 102 b, c et d).
Lors que le mélange intègre des matériaux disparates, ceux-ci peuvent être agglomérés à sec ou
être liés par un mortier fragile (p.e. terre, terre et chaux) ; ils ne composent pas une vraie et propre
maçonnerie, mais plutôt une sorte de béton cyclopéen pouvant être mis en œuvre avec un coffrage
temporaire ou perdu, réalisé avec des matériaux légers (p.e. planches de bois, canisses, lattes de
bambou, etc.).
Lors d’évaluations conduites suite à différents séismes (p.e. Nicaragua 1931, Salvador 1986, Colombie
1999), une désagrégation de l’enduit des bâtiments employant ce type de structure a été constatée
(Langenbach, 2000, op. cit.). Ce phénomène n’est toutefois pas synonyme d’un endommagement
structurel, mais au contraire il montre la répartition des sollicitations de manière uniforme à travers
le mur, grâce à des déplacements réduits de la matière qui reste renfermée entre la structure. Outre
à limiter la chute de gros éléments, le confinement constitue une liaison supplémentaire entre
les composants structurels contribuant à la résistance envers des sollicitations latérales, tout en
garantissant une certaine élasticité (G han, 2007, op. cit.).
Fig.102: a) torchis (Turquie) ; b) remplissage en terre confiné (Guatemala, crédits: M. Mas Gomes) ; c) taquezal avec gravat
(Nicaragua, source: Quintallet, Samin, 2012) ; d) bağdadi (Turquie) ; e) effet du séisme de 2010 sur un panneau en
clissage avec mortier de terre chaux (Haïti)
De par la nature des matériaux utilisés et les modalités de leur mise en œuvre, les structures
correspondantes à un système porteur continu se caractérisent généralement par une bonne
résistance à des charges en compression, mais une faible capacité à supporter des sollicitations en
cisaillement et en traction. Les efforts induits par un séisme peuvent, par conséquent, provoquer une
désolidarisation de certaines parties structurelles et un endommagement entraînant l’effondrement
du bâtiment entier (Korkmaz, Korkmaz, Donduren, 2010).
Fig.103: Cachemire pakistanais, après le séisme de 2005 : deux constructions réalisées avec des matériaux et des techniques
similaires mais n’intégrant pas les mêmes dispositifs : a) complètement effondrée (crédits: O. Moles), b) quasiment
intacte (crédits: T. Schacher)
208 Les caractéristiques de certains composants peuvent apporter une contribution considérable au comportement d’une
structure, notamment en relation au principe du frottement réduisant le niveau d’endommagement potentiel. Egalement
pour ces systèmes l’utilisation d’un mortier de type fragile, à base de terre et/ou de chaux, contribue à assure une stabilité
de l’ensemble structure et cela non seulement envers des sollicitations sismiques (Langenbach, 1989, op. cit.). he use of
lime-sand mortar ... furnishes a plastic cushion that allows bricks or stones some movement relative to each other. he entire
structural system depends upon some exibility in the masonry components of a building. A cushion of so mortar furnishes
sufficient exibility to compensate for uneven settlement of foundations, walls, piers and arches: gradual adjustment over a
period of months or years is possible (Harley McKee, 1980. Masonry. Washington: National Trust/Columbia University Series,
p. 61, cité par Ibid., p. 16).
Ci après, je propose une catégorisation typologique relative aux systèmes porteurs continus.
Elle se réfère aux caractéristiques et dispositifs identifiés dans plusieurs exemples d’architecture
vernaculaire de différentes régions exposées à des phénomènes sismiques. Les cas considérés
incluent des systèmes basés sur un principe de maçonnerie ainsi que sur des techniques donnant
lieu à des structures dont la composition est comparable à une masse homogène. La présence d’une
de ces catégories n’est pas exclusive envers d’autres techniques et systèmes ; plusieurs d’entre elles
peuvent être simultanément présentes dans le même ouvrage comme, souvent, être associées à un
système porteur de type ponctuel.
Une première distinction est effectuée entre deux principales typologies. L’une (« homogène ») se
rapporte à des structures présentant des dispositifs mis en place, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur
du mur, pour améliorer le comportement du bâti à partir de l’utilisation d’un seul matériau. L’autre
(« avec insertions ») inclut des constructions qui intègrent, de manière ponctuelle ou continue,
des éléments composés de matériaux différents de ceux composants la masse murale, et dont les
caractéristiques physiques et de mise en œuvre contribuent à la réponse de l’ensemble structurel
sous des sollicitations sismiques.
Ces deux catégories se déclinent à leur tour en différentes sous-catégories, selon le type de
dispositions et les variantes de mise en œuvre qu’elles présentent (Fig. 106).
avec ancrage avec bourrage ponctuel continu entre bâtiments horizontales horizontales et linéraire en treillis
verticales
L’explication de ces différentes catégories présentées dans la partie suivantes est accompagnée
d’exemples situés, parmi lesquels cinq systèmes constructifs ont été détaillés dans des fiches,
développant les spécificités constructives et les particularités parasismiques (cf. annexes A.3 : fiches
d’approfondissement). La carte ci-après illustre la localisation de l’ensemble des systèmes identifiés
avec l’indication de ceux ayant fait objet d’un approfondissement (Fig. 107).
En relation aux systèmes porteurs continus, une quantité d’informations considérablement plus
réduite que pour les systèmes ponctuels a pu être acquise, en particulier en référence au rôle et
influence spécifiques de certains dispositifs sur le comportement structurel lors de sollicitations
sismiques. Ce fait est peut-être en partie déterminé par la difficulté de calculer et modéliser ce
type de structures, à cause de la complexité et de la variabilité des matériaux, des interactions
entre les composants et des formes de construction209. La classification présentée ici de suite se
réfère, par conséquent, à des techniques et dispositifs relevés dans l’architecture vernaculaire de
régions sismiques, plutôt qu’à des typologies dont les spécificités ont été scientifiquement validées.
Toutefois, un certain nombre de données empiriques dérivantes d’observations effectuées suite
à des événements particuliers, de preuves historiques ainsi que d’expérimentations conduites à
échelle réelle (p.e. sur table vibrante), supporte leur prise en compte dans cette analyse et permet
également d’en dégager des principes référés à leur caractère parasismique ; néanmoins, le
comportement effectif de plusieurs des cas considérés reste souvent encore à établir.
209 cet égard, les limites des outils scientifiques actuels dans l’étude des mécanismes caractérisant ces structures ont été
explicitées par l’architecte Randolph Langenbach en référence à un des systèmes considérés dans les chapitres suivants: as
the bhatar system relies on structural stability and energy dissipation rather than strength characteristics, standard calculation
techniques appropriate for dyamic analysis if engineered structures have limited validity when applied to bhatar construction
(Langenbach, 2009, op. cit., p. 50).
Bien que certaines règles de l’art contribuent à réduire la vulnérabilité d’un ouvrage, les constructions
s’enrichissent souvent de dispositifs particuliers améliorant leur résistance aux efforts de torsions et
cisaillement induits par des sollicitations horizontales. cet égard, trois principes ont été identifiés
en relation à des cas basés sur des systèmes en maçonnerie, essentiellement en pierre210. Les
techniques qui en découlent favorisent un amortissement de l’énergie par une augmentation du
frottement interne (Ferrigni, 2005c, op. cit.), dérivant de l’utilisation d’ancrages particuliers entre
les blocs et/ou de la constitution de zones d’amortissement.
La réalisation de rangées très régulières et serrées permet d’amplifier la friction entre les éléments
du mur211 grâce à la régularité des leurs surfaces (Ferrigni, 2005b, op. cit.). Mais les constructeurs
ont également mis en œuvre des dispositifs permettant la concaténation des unités maçonnées par
un taillage particulièrement soigné ou par l’utilisation de pièces spécifiques assurant une connexion
et une certaine cohérence entre les éléments. Dans le premier cas (« par imbriquement »), l’ancrage
se fait directement par les blocs composant le mur, dont la surface est travaillée de manière à créer
des décrochements212 (Figs. 108). Des exemples très anciens ont été identifiés dans des bâtiments de
la vallée des temples en Egypte. Plusieurs structures présentent en effet des blocs avec des entailles
en correspondance des angles, permettant l’encastrement entre pierres contigu s ; ce qui pourrait
être considéré comme une mesure préventive envers les phénomènes sismiques (NIKER, 2010).
Fig.108: Imbriquement et ancrage de blocs en pierre, trois cas archéologiques : a) Egypte, vallée des temples (source: NIKER
2010) ; b) Cambodge, temple de Beng Mealea (crédits: E. Samin) ; c) Cuzco, architecture Inca (crédits: F. Bandarini)
210 Bien que ces principes soient parfois présents dans des bâtiments très connus et/ou historiquement anciens (p.e. la ville
Inca de Cusco au Pérou), très peu d’informations ont été repérées au cours de cette recherche au regard de leurs influences
sur le comportement du bâti sous des sollicitations sismiques.
211 hatever technique was used, anti-seismic effectiveness depended on how even each surface was: the smoother the
surface, the larger the area of contact and the greater the friction, so that the wall would be able to dissipate more energy
without breaking (Ferrigni, 2005b, op. cit., p. 258).
212 Un autre système permettant l’emboîtement des unités de maçonnerie se rapporte à l’utilisation d’éléments taillés
en forme polygonale et maçonnés à sec. Un exemple d’application de ce principe est visible dans des architectures des
civilisations précolombiennes et de la Grèce mycénienne, o ce principe était également employé en tant que technique de
réparation (Medley, Zekkos, 2007). Sa particularité est la constitution d’un vrai et propre réseau d’arcs internes à la maçonnerie
garantissant une certaine stabilité de l’ensemble, même lors de l’écroulement de parties de l’ouvrage (Ramis, 2008).
Fig.109: (gauche) a) Grèce, montage des blocs constituant le Parthénon (source: Stiros,
1995) ; b) Egypte, connexion entre blocs de la même rangée (source: NIKER 2010)
Parfois, l’augmentation de la friction dans la maçonnerie est obtenue par l’insertion d’éléments de
taille réduite (cailloux, morceaux de tuiles, etc.) entre des blocs plus grands, constituant ainsi des
zones d’amortissement internes à la masse murale (Figs. 110). Ce principe (« bourrage ») donne lieu
à plusieurs variantes selon les dimensions et la disposition des éléments. Dans le centre historique
de San Giuliano di Puglia, en Italie, la maçonnerie se compose de pierres de taille entrecoupées par
des pierres de proportions plus réduites constituant des vrais et propres « joints » entre les blocs.
Les constructions ainsi réalisées présentent généralement un bon comportement, comme il a été
constaté suite au séisme de M 5.9 qui frappa la région du Molise en 2002 (Decanini, De Sortis,
Goretti, et al., 2004). La mise en place d’un dispositif similaire est aussi observable dans les vestiges
archéologiques de Délos (Grèce) o , en revanche, les grands blocs de forme irrégulière sont intercalés
à des piles de pierres plates de taille réduite, composant des rangées relativement régulières (Fig.
110b). L’espacement entre les blocs de grandes dimensions peut être même assez important,
comme dans certaines constructions de l’île de Chypre, dans lesquelles les unités principales sont
parfois quasiment « noyées » entre les pierres plus petites, engendrant une disposition irrégulière
sans des rangées vraiment perceptibles (Fig. 110c, Meda Corpus, 2011).
213 he role of lead mantling iron clamps and dowels was not simply to protect them from corrosion, but to permit a plastic
deformation a er a certain stress level and prevent a brittle failure of the marble elements (Stiros, 1995, p. 732).
l’échelle du bâtiment, des renforts ponctuels ont souvent été mis en œuvre pour améliorer le
comportement du bâti existant, apportant solidité et cohérence à l’ouvrage (Fig. 111b). Ils sont
reconnaissables par exemples dans les contreforts, les loggias et les escaliers adossées aux façades
caractérisant l’architecture de nombreuses régions d’Italie (Pierotti, Ulivieri, 2001, op. cit. ;
Ferrigni, Helly, Mauro, et al., 2005, op. cit.). Ces renforcements peuvent également assumer un
caractère continu, en se prolongeant tout le long d’un bâtiment (Fig. 111c); disposition parfois
difficilement décelable, sinon dans les embrasures des ouvertures qui ne sont pas à la verticale (Fig.
111d, Ferrigni, 1990, op. cit.).
Fig.111: Renforts (Italie): a) entre bâtiments (Atrani) ; b) contrefort ponctuel à l’angle du bâtiment et réduisant la largeur du
passage (Atrani) ; c) contrefort continu (Bonefro, crédits: R. Langenbach) ; d) embrasure des ouvertures en biais (Atrani)
La nécessité de renforcer des structures envers les sollicitations typiques des phénomènes sismiques
a, parfois, donné lieu à des styles architecturaux très particuliers. Ce qui a été le cas pour certains
bâtiments coloniaux aux Philippines qui montrent l’adaptation de typologies architecturales et
constructives étrangères aux phénomènes sismiques locaux, sacrifiant l’élégance des formes au profit
de matériaux et techniques plus appropriés (Bankoff, 2007). Les interventions de reconstruction
et réparation, faisant suite à plusieurs séismes au cours du XVII° siècle, s’accompagnèrent de
l’apparition d’un nouveau style connu comme « earthquake baroque »214 caractérisé par une large
utilisation de contreforts (Fig. 112b, Rantucci, 1994). Cette évolution produit des bâtiments trapus,
assumant parfois une forme quasiment pyramidale (p.e. église San Agustin dans la région de Ilocos
Norte215, Fig. 112a), et utilisant des éléments architecturaux pour renforcer les points potentiels
faibles des édifices, comme dans l’église de Santo Tomas de Villanueva à Miag-ao (région d’Iloilo), o
des massifs clochers sont positionnés aux angles de la façade principale apportant un renforcement
supplémentaire216 (Fig. 112c).
214 Des bâtiments, en particuliers des églises, associés à ce style sont également présents dans des régions de l’Amérique
Latine (p.e. Guatemala) qui, comme les Philippines, ont été simultanément concernées à certaines époques historiques par
des phénomènes sismiques et une colonisation européenne s’inspirant du style baroque qui y était en vogue (Legarda, 1960).
215 Suite au séisme de M 7.7 (Source : USGS) qui frappa la région de Luzon en juillet 1990, bien qu’aucune évaluation
spécifique a été conduite, on constata que cette église ne présentait aucun dommage structurel évident (UNESCO, 1993).
216 Ce processus d’adaptation des modes de construction aux conditions et phénomènes locaux continua dans les siècles
Les éléments de renforts caractérisant l’architecture vernaculaire sont, dans la plupart de cas,
le résultat d’interventions visant à remédier à des dégâts survenus suite à un séisme et, dans ce
sens, ils se réfèrent essentiellement à une culture de la réparation (cf. chap. 8). Cependant, le style
« baroque earthquake » pourrait être considéré comme correspondant à une « culture de la massivité
préventive », étant donné que les renforts sont en effet directement intégrés aux bâtiments depuis
leur conception.
suivants, alimenté par la succession de phénomènes sismiques, portant à la substitution de la maçonnerie de pierre avec des
systèmes flexibles en bois, s’inspirant des modes de constructions vernaculaires couramment employés par les populations
indigènes (Bankoff, 2007, op. cit.).
L’intégration d’éléments à une structure en maçonnerie correspond à plusieurs variantes, selon leur
disposition dans le mur et l’influence qu’ils peuvent exercer sur le comportement de l’ensemble
structurel. Ces éléments sont généralement en bois et la structure porteuse en maçonnerie en
pierre sèche, ou en pierres ou briques (crues et cuites) liées par un mortier219.
Dans certaines régions, ce principe est mis en place dans une maçonnerie réalisée toujours avec
le même type de matériaux, tandis que dans d’autres cas son application se base sur l’emploi de
matériaux différents220 ; ce qui rapporte à la question des ressources accessibles localement. En effet,
d’une part le développement d’un certain système peut avoir été la conséquence des matériaux
disponibles, les constructeurs ne disposant pas d’autres solutions pour renforcer un certain type
d’ouvrage ; d’autre part, la réalisation d’une même disposition avec des techniques différentes ainsi
que la sélection et association de matériaux particuliers, pourraient expressément constituer une
réponses à des problèmes spécifiques221.
Fig.114: Basilique de Agios Nikolaos (Thessaloniki, Grèce) : a) déambulatoire avec insertions adossé au corps principal en
maçonnerie simple, b) façade principale, c) détail des insertions horizontales en bois
(crédits a et b: Buchh ndler ; source c: a3-3gymthes.blogspot.com)
217 Certains types d’insertions ont aussi très probablement une fonction de facilitation de la mise en œuvre de la maçonnerie;
en particulier en considération du mortier habituellement employé (un mélange de terre et/ou chaux), dont le séchage s’effectue
par un processus relativement lent. Les éléments positionnés à des intervalles réguliers travaillent en tant que liaison structurelle
le long et à travers le mur (Hughes, 2000, op. cit.), évitant l affaissement des parties basses de l’ouvrage ; ce qui permet d’avancer
en hauteur sans attendre le durcissement du mortier, en accélérant ainsi le temps d’exécution (Sumanov, 2003).
218 Certaines insertions permettent de contrebalancer les effets découlant de tassements différentiels sur des sols instables;
les angles ou certaines parties du bâtiment peuvent ainsi se trouver en porte-à-faux sans que la capacité portante de
l’ensemble soit compromise (Hughes, 2000, op. cit.). Toutefois, ce principe a été appliqué également dans le cas de sols
stables, ce qui renforce l’hypothèse d’une utilisation corrélée à une amélioration du comportement structurel envers des
sollicitations de type sismique (Langenbach, 2009, op. cit.).
219 Le type de structure qui en découle a été défini par l’architecte Randolph Langenbach avec l’expression « timber-laced
masonry », qu’on pourrait traduire comme maçonnerie lacée en bois (Ibid.).
220 titre d’exemple : dans le Cachemire pakistanais la mise en place d’éléments horizontaux en bois (technique du bhatar)
est effectuée uniquement avec une maçonnerie de pierre (Ibid.), tandis qu’en Turquie le même principe (hatıl) est appliqué
avec une maçonnerie aussi bien de pierre que de briques en terre crue (source : analyses de terrain).
221 La basilique d’époque Byzantine d’Agios Nikolaos à Thessaloniki (Grèce) représente un cas intéressant. Le corps principal
est entouré sur trois côtés par un déambulatoire réalisé, dans une période successive, également en maçonnerie de pierre
mais avec l’ajout d’insertions horizontales en bois. La nouvelle structure, outre à fournir une réponse à des exigences
fonctionnelles, pourrait également constituer une amélioration de celle originaire avec un système ayant démontré son
potentiel parasismique. Des informations plus précises n’ont cependant pas été trouvées au cours de cette recherche.
La mise en place d’éléments en bois disposés de manière horizontale est parmi le type d’insertion
le plus répandu. Cette pratique est relevable dans nombreux pays allant du Bassin Méditerranéen
jusqu’à la chaîne Himalayenne (cf. carte des typologies) et, en particulier, elle caractérise les
bâtiments ordinaires et des édifices majeurs (p.e. temples, palais) des territoires ayant fait partie de
l’Empire Ottoman.
Selon l’endroit, cette disposition assume des caractéristiques spécifiquement locales, tant en
relation à sa dénomination223 qu’aux variations qu’elle présente dans les matériaux employés,
les modalités de mise en œuvre, le nombre et les caractéristiques des éléments ainsi que leur
espacement et système d’assemblage. Une première distinction peut être opérée en relation à leur
disposition dans le mur. Je considère ici trois typologies : les deux premières se caractérisent par une
orientation bidirectionnelle des éléments, tandis que la troisième typologie intègre une dimension
quasi tridimensionnelle. Dans le premier cas, les insertions sont relativement écartées, avec un
espacement pouvant aller de l’hauteur d’un étage à quelques dizaines de centimètre (« espacées »).
Dans le deuxième, elles sont disposées de manière très rapprochée, voire pratiquement superposée,
constituant une trame presque continue sur le plan horizontal et vertical. Dans le troisième cas, des
éléments horizontaux faisant le pourtour du bâtiment sont associés à d’autres, de longueur plus
réduite, situés en correspondance des angles et des jonctions entre murs perpendiculaires (« en
colonne »).
222 ith timber-laced masonry, it is important to understand that the mortar is not designed to hold the bricks together –
but rather to hold them apart. It is the timbers that tie them all together. he benefits of energy dissipation are gained from
the non-destructive friction and cracking that can take place in a masonry wall that is surrounded and thus confined by the
timber bands (Ibid., p. 43).
223 Il est intéressant de noter comme, souvent, l’appellation locale attribuée à un certain système constructif se révèle
indépendante des matériaux utilisés, faisant plutôt référence à un principe de construction (p.e. le terme cachemiri taq,
indiquant une construction modulaire) ou à l’utilisation d’un certain type d’insertions (p.e. le terme turque hatıl, indiquant
des bandes horizontales réalisées avec des matériaux différents de la masse murale).
• Insertions en tirant
Dans le cas d’insertions simples, des éléments en bois et en métal ont été souvent employés sous
forme de tirants noyés dans la masse du mur. Dans la ville de L’Aquila (Italie), frappée en avril 2009
par un séisme de M 6.3, les dommages subis par l’église de Santa Maria del Suffragio ont mis en
lumière des poutres en bois intégrées, à différents niveaux, dans la maçonnerie de la coupole, et
dont la dégradation a été probablement un des facteurs déterminant l’effondrement de certaines
parties de l’ouvrage (Figs. 115 a et b, Lagomarsino, 2012). Ces tirants assurent généralement la
connexion entre murs différents et ont probablement aussi la fonction de réduire les mécanismes
de torsion hors plan des parties centrales des façades, notamment en absence de murs de refend et
en présence d’ouvertures. Leur apport à la stabilité du bâtiment dérive également de la friction qui
se produit entre la maçonnerie et toute la longueur d’élément en bois (Ibid.).
Fig.115: Insertions en tirant en bois : église de Santa Maria del Suffragio après le séisme de 2009, L’Aquila (Italie) : a) vue
de la coupole (source: focus.de) et b) détail des insertions (source: Lagomarsino, 2012) ; c) tirants en bois dans
maçonnerie en pierre brute hourdée, Tunisie (source: Meda Corpus, )
Ce type de dispositif est présent dans les architectures de plusieurs pays224, utilisant parfois des barres
métalliques à la place des poutres en bois225. Bien que n’évitant pas complètement l’endommagement
de la structure, ces insertions peuvent avoir une influence décisive dans la limitation des dégâts,
empêchant parfois un effondrement généralisé. Suite au séisme qui frappa Haïti en janvier 2010,
des évaluations des dommages subis par les constructions de type gingerbread (cf. chap. 10.4.1) ont
permis de constater le rôle joué par ce dispositif226. Les bâtiments se caractérisant par une structure
224 titre d’exemple, l’utilisation de tirants intégrés à la maçonnerie a été relevée en Grèce (Touliatos, 2003), Tunisie
(Meda Corpus, 2011), Turquie (analyses de terrain 2012) ainsi que dans les architectures de plusieurs régions d’Italie comme
le Molise (Decanini, De Sortis, Goretti, et al., 2004, op. cit.), la Toscane (Pierotti, Ulivieri, 2001, op. cit.) et Les Abruzzes
(D’Ayala, Paganoni, 2011 ; Poursoulis, 2012).
225 Dans la région de L’Aquila (Italie), les tirants métalliques correspondent essentiellement à des interventions de réparation
ou de renforcement, tandis que les tirants en bois sont intégrés à la structure depuis sa construction (Lagomarsino, 2012, op.
cit.) ; l’emploi du bois étant historiquement plus ancien (Ferrigni, Helly, Mauro, et al., 2005, op. cit.). L’utilisation de tirants
métalliques a été également observée pour les arcs des portiques internes du caravansérail Cinci Han de la ville de Safranbolu
(Turquie) en association à des doubles poutres en bois insérées dans la maçonnerie de pierre (Fig. 116a ; source : analyse de
terrain 2012).
226 hile the damage to some of the bearing-wall masonry buildings was severe, few of the houses built with masonry
actually collapsed . he more usual damage in load bearing masonry buildings tends to be at the top of the structure
where the accelerations are the greatest because of the resonance of the structure and where the overburden loads that
pre-compress the masonry, which gives it strength, are the least. In the Gingerbread Houses, the damage was most o en
concentrated in the ground oor, with far less damage in the upper story. A critically important protective feature of many
bearing-wall masonry Gingerbreads is the iron chains . As noted by several team members, the role of these lateral metal
ties in preventing even more severe damage is without question; the masonry buildings performed best when horizontal iron
tie rods were present at the tops of the exterior walls (Langenbach, Kelley, Sparks, et al., 2010, op. cit., p. 49-50).
Fig.116: Insertions en tirant métalliques : maisons gingerbread, Port-au-Prince (Haïti, source: Langenbach, Kelley, Sparks,
et al., 2010), (a) plaques d’ancrage et (b) dégâts sans effondrement complet lors du séisme de 2010 ; c) association
entre tirants métalliques et insertions horizontales en bois dans le caravansérail Cinci Han, Safranbolu (Turquie)
titre d’exemple, dans plusieurs régions de Turquie227 leur utilisation se limite à certaines parties de
la construction (Figs. 117 a et b), comme les soubassements et les étages inférieurs (p.e. province
de Bursa) en association à d’autres techniques (p.e. ossature avec remplissage). Cependant, ce
principe a parfois été adopté pour réaliser l’ensemble du bâtiment, comme dans la ville d’Erzurum
o il constitue la seule typologie constructive présente dans l’architecture vernaculaire existante
aujourd’hui (Fig. 117c). En complément, des éléments horizontaux ont été parfois intégrés de manière
ponctuelle pour renforcer des zones de fragilité (p.e. en proximité d’angles et d’ouvertures) ainsi que
pour solidariser deux murs perpendiculaires (Fig. 118d). L’épaisseur et les caractéristiques de ces
éléments varient entre zones géographiques distinctes mais également entre localités relativement
proches. Dans la ville de Safranbolu, certains bâtiments historiques se caractérisent par l’utilisation
de lames en bois d’une épaisseur très fine (entre 2 et 5mm), qui se plient et s’adaptent aux éléments
en maçonnerie, tandis que dans d’autres cas les insertions ont été réalisées avec des planches de
l’épaisseur de quelques centimètres (entre 1 et 4cm) qui, en une seule ou plusieurs pièces, traversent
complètement l’épaisseur du mur (Figs. 118 a, b et c ; cf. annexe A.3 : fiche d’approfondissement).
Fig.117: Utilisation des insertions horizontales (Turquie) : (a) en soubassement (Narl ca) ; b) pour les étages inférieurs (S l z);
c) pour la totalité du bâtiment (Erzurum)
227 Ces informations dérivent d’analyses de terrain conduites au cours de cette recherche (août 2012) en différentes régions
de la Turquie le long de la faille Nord Anatolienne.
Comportement et reconnaissance
La majorité des cas identifiés se rapporte à un principe d’insertion correspondant à un système « à
échelle » : deux poutres à section carrée ou rectangulaire disposées sur les deux faces des murs en
maçonnerie et connectées par des pièces de taille réduite, positionnées transversalement à des
intervalles réguliers. Ces pièces sont généralement placées en dessus des éléments longitudinaux,
la connexion se faisant par des clous métalliques et/ou des assemblages à mi-bois228. Chaque
composant de ces « échelles » a une influence directe sur la stabilité de l’ensemble de la masse
murale, tant dans le plan qu’en hors plan : les pièces transversales fonctionnent comme des pierres
traversantes reliant les deux faces du mur et solidarisent les poutres longitudinales qui, à leur tour,
lient les murs perpendiculaires entre eux améliorant leur résistance au cisaillement et limitant un
écroulement complet229 (Bothara, Hi yilmaz, 2008). Ces insertions amortissent les sollicitations
verticales et horizontales et agissent en tant que chaînage contribuant à maintenir la configuration
du plan des murs, même si un certain degré de déplacement latéral devait se produire (Duggan,
1999). Le rôle parasismique des insertions horizontales « à échelle » a été officiellement reconnu et
intégré dans les codes de construction turques230 et indiens et, suite au séisme de 2006 au Pakistan,
il fut intégré parmi les systèmes constructifs officiellement admis pour la reconstruction par les
autorités locales (Schacher, 2008, op. cit.).
Fig.119: Insertions à échelle : a) connexions entre poutres et avec traverse (Cumal k z k, Turquie) ; b) connexion entre poutre
et traverse (Çaml yamaç K yü, Turquie) ; c) superposition aux angles du bâtiment (Narl ca, Turquie), d) aussi bien
vers l’intérieur que l’extérieur (Cachemire Pakistanais, fort de Besham, 1750 ap. J.-C., crédits d : T. Schacher)
228 Des cas avec des traverses encastrées dans le même plan que les poutres ont également été identifiés (cf. annexe A.3 :
fiche d’approfondissement « Koti banal - Kath-khuni »).
229 Suite au séisme de M 7.6, en 2005 au Pakistan, on constata une limitation du niveau d’endommagement dérivant d’un
système constructif local (appelé bhatar) intégrant à une maçonnerie de pierre des éléments horizontaux en bois selon le principe
« à échelle » : the wall is trying to delaminate, but the timber through-stones are holding the wall together. he Batars have
effectively stopped the proliferation of localised failure into a global collapse mode (Bothara, Hi yilmaz, 2008, op. cit., p. 225).
230 Malgré la reconnaissance de son rôle structurel, ce principe est souvent repris dans les constructions récentes
uniquement en termes esthétiques, en appliquant des profils en bois sur la face extérieurs de murs en maçonnerie. Les
insertions horizontales perdent ainsi leur caractère parasismique devenant une simple décoration (source : analyses de
terrain 2012). En outre, le système considéré dans ce code se réfère uniquement au cas d’insertions « à échelle ». Au cours de
cette recherche, aucune référence a pu être identifiée au regard du rôle structurel des autres types d’insertions (p.e. planches
et lames en bois), bien que leur utilisation ait été constatée dans plusieurs bâtiments faisant objet d’ouvrages spécifiques au
regard de l’architecture vernaculaire turque ainsi que, dans certains cas (p.e. ville de Safranbolu), classés comme patrimoine
historique (p.e. par l’UNESCO en tant que patrimoine mondial).
Fig.121: Système taq, Srinagar (Inde, crédits: R. Langenbach) : a) modularité ; b) les poutres horizontales en bois solidarisent
le mur composé de matériaux disparates ; c) bâtiment ayant survécu au séisme de 1885, en dépit de l’important
tassement du sol la structure ne s’est pas effondrée ; d) construction partiellement endommagée, les insertions en
permettent un étayage ponctuel grâce à leur fonction de laçage de la maçonnerie
231 Dans la ville de Srinagar la maçonnerie est réalisée en briques cuites avec un mortier à base de terre et/ou de chaux.
Cette typologie constructive est présente également dans des zones rurales de certaines vallées d’Uri et de Baramullah (dans
la partie occidentale du Cachemire Indien) mais, dans ce cas, elle voit l’utilisation d’une maçonnerie de pierre pour les piliers,
et de briques en terre cuite pour le remplissage (Shah, Tayyibji, 2008).
232 Lors du séisme de 1885 qui frappa cette région, Arthur Neve qui fut témoin de l’événement nota : very many of the
houses are out of the perpendicular, and others, semiruinous. But the general construction in the city of Srinagar is suitable for
an earthquake country; wood is freely used, and well jointed; clay is employed instead of mortar, and gives a somewhat elastic
bonding to the bricks […]. If well built in this style the whole house, even if three or four stories high, sways together, whereas
more heavy rigid buildings would split and fall […] Prior to this earthquake, another British traveler to the ashmir, Frederick
Drew noted that these houses were locally recognized for their aseismic attributes, these mixed modes of construction are
said to be better as against earthquakes […] than more solid masonry, which would crack (Langenbach, 1990, op. cit., p. 3-4).
233 An increase in ductility augments the energy absorbing capacity of the structure, thereby increasing its chances of
survival during the course of an earthquake shock (Gosain et Arya dans Langenbach, 1990, op. cit., p. 4).
Un principe similaire est présent en Syrie o des rondins sont posés longitudinalement dans
l’épaisseur du mur en maçonnerie en briques en terre crue et sont reliés entre eux par des traverses
à section ronde235 (Meda Corpus, 2011, op. cit.). Il est intéressant de noter sa diffusion dans la région
de la ville de Damas ainsi dans le nord dans les alentours d’Alep, zones situées en correspondance
des limites des plaques tectoniques Arabique, Africaine et Eurasienne.
Fig.122: Insertions en rondins (Algérie) : a) traversant l’épaisseur du mur ; b) à la base des arcs et (c) en tête de colonne ; d)
variante de la région d’Arès
(sources : a) Abdessemed Foufa, Benouar, 2008 ; b et c) Foufa, 2007 ; d) Meda Corpus, )
234 En relation au système d’assemblage aux angles, particulièrement efficace en absence de tout élément vertical, Carette
(1850) écrivit les anciennes maisons mauresques [présentent] une précaution excellente prise par les constructeurs pour
consolider les angles. Elle consiste à placer horizontalement, de 0 en 0 cm de hauteur, des pièces de bois d environ 02
mètres de longueur. Ces pièces, noyées dans la maçonnerie, se prolongeaient alternativement suivant chacun des deux murs
et venaient se croiser dans l angle. ai vu des maisons sapées à la base et à moitié démolies se soutenir encore grâce à cet
artifice de construction (Abdessemed Foufa, Benouar, 2006, op. cit. p. 58)
235 Une autre variante de ce principe était employée sur l’île de Crète, à l’age de Bronze : des branches étaient utilisées pour
constituer des grilles horizontales intégrées, à des intervalles réguliers, à une maçonnerie de moellons avec mortier en terre
(Tsakanika-Theohari, 2009).
D’autres types de matériaux ont également été employés. Un cas particulier est celui d’un exemple
situé dans la ville de Khiva en Ouzbékistan (frontière avec le Turkménistan), o un lit de roseaux
aplatis et tressés a été inséré dans la partie inférieure des murs en maçonnerie en briques de terre
crue, en les désolidarisant complètement des fondations236 (Fig. 123b). L’élément d’insertion a ici
probablement une fonction très différente des cas cités précédemment, en se rapportant plutôt à
un principe d’isolation sismique237 (cf. chap. 10.5).
Une technique similaire a été décrite par Hérodote au regard du mode de construction utilisé
par les Babyloniens, système qui est encore visible aujourd’hui dans certains vestiges tels que la
ziggourat de Dur-Kurigalzu (1400 av. J.-C.) dans l’Irak actuel. Des nattes en roseaux étaient disposées,
toutes les cinq rangées, dans une maçonnerie en briques de terre crue de manière à traverser
complètement l’épaisseur de l’ouvrage238, soit-il un simple mur ou des structures monumentales
de taille exceptionnelle (Fig. 123c). Ce système favorise une distribution homogène des charges
(Ruggieri, 2005, op. cit.) ainsi qu’une limitation des déplacements horizontaux et de la fissuration
verticale (Sauvage, 2011).
Fig.123: a) bandes en briques cuites entre rangées en maçonnerie de pierres (mur théodosien, Istanbul) ;
nattes en roseaux dans maçonnerie en briques de terre crue : b) Turkménistan (crédits: D. Gandreau) et (c) ziggourat
Dur-Kurigalzu en Irak (crédits: T. J. Tritten)
• Catégories supplémentaires
Le principe d’insérer des éléments horizontaux espacés dans une masse murale s’effectue de fait
selon multiples façons. Outre aux principales typologies jusqu’ici présentées (« en tirants », « à
échelle », « en rondins »), je considère également trois catégories supplémentaires, bien qu’en
relation à la documentation accédée leur présence et diffusion paraissent moins répandues. Elles
se réfèrent à des insertions de type traversant, qui occupent donc complètement l’épaisseur de
l’ouvrage en les subdivisant en portions physiquement déconnectées. Leur différenciation se
rapporte essentiellement aux caractéristiques des éléments intégrés : des planches ou éléments
rigides en une seule pièce ou assemblées (« en plaques ») ; des nattes ou panneaux superposés,
réalisés avec des matériaux tressés (« en couche ») ; des lames d’épaisseur particulièrement réduit
(« en feuilles »).
Les constructions basées sur ce système montrent une grande ductilité, ce qui permet d’absorber
une importante quantité d’énergie avant leur effondrement ; si poussés à la limite de leur capacité,
les murs et les planchers tendent à céder graduellement tout en continuant à porter des charges
élevées (Rautela, Joshi, 2008b, op. cit.).
Fig.124: Construction kath-khuni / koti banal (Inde) : a) principe structurel (source : Rautela, Joshi, Singh, et al., 2008) ; b)
superposition aux angles ; c) traverse de connexion entre les poutres (crédits b et c: J. Thakkar)
Fig.125: Variantes de construction kath-khuni / koti banal : a) avec clés verticales de stabilisation (source : hrishichandanpurkar.
blogspot.ch) ; avec dernier étage en porte-à-faux en b) ossature bois (source: Rautela, Joshi, Singh, et al., 2008) et
(c) en maçonnerie avec insertions (crédits: T. Schacher)
239 Les appellations du système employées varient à échelle régionale : koti banal (Rautela, Joshi, 2008a, op. cit.), kath
khuni (Thakkar, 2008), chaukhat (Agra al, Shah, 2001) ou sumer (Saklani, Nautiyal, Nautiyal, 1999). Toutefois, bien
qu’en intégrant des variantes typologiques locales, les architectures réalisées avec ce système constructif présentent des
caractéristiques très similaires.
240 Ce principe est accentué par la mise en œuvre des pierres avec des côtés légèrement inclinées vers l’intérieur : chaque
mouvement du sol serre l’ensemble encore plus étroitement (Thakkar, Morrison, 2008).
Des poutres horizontales en bois (cators), positionnées sur les deux côtés des murs et assemblées
aux angles, relient l’ensemble du bâtiment et connectent entre elles des colonnes creuses
constituées par l’empilement (cribbage) de courts éléments en bois, superposés à deux à deux
et orientés en direction opposée, en correspondance des angles du bâtiment et des intersections
entre murs orthogonaux (Fig. 126a, Kontogiannis, 2010). Cette structure forme une sorte de cage
dont la section est remplie avec un maçonnerie de pierre, donnant lieu à un système mixte o les
charges verticales sont transférées au sol simultanément par la maçonnerie et par la structure en
bois (Hughes, 2000, op. cit.). Chaque composant joue un rôle particulier dans la réponse à des
sollicitations horizontales, en tirant profit des propriétés complémentaires des matériaux utilisés
(Fig. 126b). La structure en bois agit comme un chaînage tridimensionnel, fournissant ductilité et
un confinement du remplissage, qui est ainsi capable de supporter des importantes sollicitations
en hors plan (Hughes, 2007). Ce confinement est souvent renforcé dans les parties inférieures du
bâtiment, améliorant la capacité des colonnes envers des efforts pouvant provoquer une importante
déformation au cisaillement241 (Fig. 126c). Le remplissage est mis en place après la construction de la
structure en bois et il ne porte initialement aucune charge verticale. Avec le temps, les éléments en
bois se déforment sous les charges permanentes déterminant une pré-compression du remplissage.
Ce mécanisme résulte être le principal responsable de la stabilité des panneaux de remplissage
envers des déplacements en hors plan242, auquel s’associe la dissipation de l’énergie par la friction
interne à la maçonnerie et entre celle-ci et la structure en bois (Kontogiannis, 2010, op. cit.).
Ce type d’insertion correspond à une pratique constructive diffuse dans les régions de l’Himalaya : sa
présence a été constatée au Pakistan, dans le nord de l’Inde, au Népal et au Tibet (Ferrigni, 2005c,
op. cit.). Elle a été employée aussi bien pour des habitations que pour des constructions à caractère
défensif, datant de plusieurs centaines d’années comme le Baltit Fort (nord du Pakistan, XV° siècle)
et le Shigar Fort (Baltistan, XVII° siècle), voire des milliers d’années comme la tour Altit, dans la vallée
pakistanaise d’Hunza (Hughes, 2000, op. cit.). Une technique similaire a également été identifiée
en Syrie, dans la région de Damas, en association à une maçonnerie en briques de terre crue. Des
rondins en bois sont intégrés horizontalement aux murs et, en correspondance des angles des
bâtiments, un renforcement est réalisé par l’augmentation de leur fréquence et une superposition
orthogonale (Meda Corpus, 2011, op. cit.).
Fig.126: Construction cator and cribbage (Pakistan) : a) fort Baltit (crédits: T. Schacher) ; b) fort Shigar avec socle en insertions
espacées (source: ismaili.net) ; c) fort Altit, tour Shikari datant d’environ 1100 ans présentant un socle avec
renforcement du confinement par rapprochement des insertions (crédits: Plhiggs - Wikimedia Commons)
241 Il est intéressant de noter comme ce principe de renforcement du confinement à la base des colonnes est présent
également dans l’Eurocode 8 pour la construction en béton armé (Kontogiannis, 2010, op. cit.).
242 Les façades du Baltit fort (vallée de Hunza, Pakistan) présentaient, avant leur restauration, un déplacement du mur de 1.5m en
hors plan; les insertions horizontales en bois ont de fait permis d’éviter l’écroulement du bâtiment entier (Hughes, 2007, op. cit.).
Cette typologie correspond à une hybridation, tant au niveau constructif que structurel, entre
le système à ossature et à maçonnerie. Selon les modalités et les caractéristiques des éléments
intégrés, les insertions peuvent assumer une configuration à « portique » ou constituer un ensemble
continu tridimensionnel associable à une morphologie en « gabion », selon un principe pouvant
être considéré proche à la maçonnerie chaînée244. La partie murale assume en effet tant le rôle
de porteur des charges verticales et que de contreventement de la structure en bois, tandis que
cette dernière assure le confinement et la stabilisation de la maçonnerie245 ainsi que, en cas de son
effondrement, la stabilité des parties supérieures du bâtiment (Touliatos, 2003, op. cit.).
Un des exemples les plus anciens se situe en Grèce avec un système utilisé pendant l’époque
minoenne (Age de Bronze, période néo-palatiale), dont les traces sont visibles dans l’Akrotiri à Thera
(Santorin, 1500 av. J.-C.) ainsi que dans le palais de Cnossos et une villa d’Aghia Triada à Crète. Ces
édifices montrent la mise en place d’un renforcement de la maçonnerie en pierre par un système
« à portique » encastré dans le mur et assemblé de manière à résister à des fortes sollicitations en
traction. Il se compose de montants en bois disposés verticalement, par pairs d’une part et l’autre
du mur et connectés par une double lisse haute ainsi que par des éléments intermédiaires au niveau
des linteaux (Fig. 128, Touliatos, 1996 ; Tsakanika-Theohari, 2009, op. cit.).
243 Bien que cette typologie soit présente en différents pays, aussi bien dans des vestiges archéologiques particulièrement
anciennes (Crète, age de Bronze) que dans des architectures encore habitées aujourd’hui, très peu d’informations ont été
trouvées à son égard. D’autres auteurs ont également constaté comme elle n’a visiblement pas été étudiée de manière
systématique (Ibid.).
244 La maçonnerie confinée est une technique de construction adoptée en nombreuses régions sismiques. Sa mise en œuvre
s’effectue en réalisant, d’abord, les panneaux maçonnés et, dans un deuxième temps, les colonnes et poutres en béton armé.
La maçonnerie constitue la structure porteuse primaire et supporte les sollicitations sismiques, tandis que les éléments de
confinement (colonnes et poutres) assurent son maintien en évitant sa complète désagrégation (Brzev, 2007 ; Schacher,
2009, op. cit.).
245 Des recherches conduites au Portugal ont montré l’efficacité d’un système en cadre en bois pour le renforcement
du bâti historique en maçonnerie (Ar de, Mendes, Silva, et al., 2008). Le système étudié se constitue d’une structure
tridimensionnelle composée de montants verticaux et horizontaux connectés entourant le mur en maçonnerie. La capacité
de dissipation de l’énergie propre à une maçonnerie en pierre avec un mortier fragile est considérablement amplifiée lors que
la désagrégation de la maçonnerie est évitée, grâce à l’introduction du confinement en bois qui accroît, en outre, la capacité
de déformation latérale. Bien que le système considéré dans ces recherches concerne un cadre appliqué à l’extérieur du mur,
des analogies avec les systèmes présents dans l’architecture vernaculaire pourraient subsister (mais elles restent à vérifier).
Le système s’étant montré le plus efficace se compose d’éléments disposés orthogonalement ; ce qui est le cas de certains
systèmes identifiés (p.e. en Grèce).
En raison de leur localisation (angles du bâtiment, ouvertures, etc.), de la régularité de leur trame ainsi
que leurs dimensions, les montants verticaux constituent souvent une structure complémentaire
capable de porter, au moins temporairement, la charge de la toiture ou des étages supérieurs, en
cas de défaillance du mur en maçonnerie. La mise en place d’insertions horizontales ne se révèle pas
systématique et, quand elle a lieu, peut s’effectuer de différentes manières.
Dans certaines régions de Turquie, ce principe a été appliqué avec une épaisseur variable des éléments
horizontaux. Dans la région de Safranbolu, ils se constituent de minces planches déconnectées des
montants verticaux. En revanche dans la ville de Bursa et les villages de Cumal k z k, Narl ca et S l z,
les épaisseurs sont quasiment équivalents et les éléments horizontaux sont connectés entre eux par
des pièces transversales en bois et aux montants verticaux par des clous métalliques.
Fig.129: Variantes (Turquie) : a) insertion ponctuelle (Safranbolu) ; b) insertions horizontales fines et déconnectées de celles
verticales (Çerçen) ; c) insertions avec épaisseur équivalent (Bursa) ; d) insertions diagonales (Narl ca)
Ce type d’insertion est souvent employé en association à d’autres techniques (ossature bois et/ou
maçonnerie avec insertions horizontales) et/ou uniquement pour certaines parties du bâtiment (p.e.
pour les étages inférieurs associés à une ossature pour les niveaux supérieurs ou pour les portions
de mur en dessus de parties en saillie). Il est également utilisé dans une logique d’allègement
progressif du mur, comme dans certaines constructions de la province de Bursa se composant
d’un soubassement en maçonnerie de pierre avec insertions horizontales, surmonté d’un niveau
en maçonnerie de briques en terre crue avec insertions horizontales et verticales, auquel sont
superposés plusieurs étages en ossature bois avec remplissage en briques de terre crue246.
Fig.130: Turquie : a) insertions verticales en portique et horizontales à échelle (Tav anc l); b) en cas d’écroulement partiel ou
total de la maçonnerie les insertions verticales peuvent reprendre les charges des étages (Tav anc l) ; c) utilisation
ponctuelle en dessous des parties en saillies (Safranbolu) ; d) allégement structurel en vertical (Narl ca)
246 Source : analyses de terrain, 2012.
Fig.131: Chine, tulou : a) vue (source: Hanmin, 2010); b) insertions visibles suite à l’érosion du mur (source: Liang, Hota,
2009) ; c) insertions en bambou (crédits: M. Chamodot - B. Cloquet)
247 Certains bâtiments présentent, visibles en façade, des éléments en bois intégrés horizontalement aux murs en pisé et
courrant de façon continue tout le long du bâtiment. Ces insertions se présentent avec un espacement variable : dans le
village de Tanjiao (région de Nanjing) elles sont situées en correspondance des planchers des étages, tandis que dans la ville
de Longyan, notamment dans le bâtiment dénommé Schanchenglou, ces éléments sont disposés avec une fréquence plus
élevée correspondant à plusieurs éléments horizontaux sur l’hauteur d’un étage (Hanmin, 1991, op. cit.).
248 Ce type d’insertions est également utilisé en forme de L et disposés à une distance de trois banchées, pour renforcer les
angles des bâtiments à plan carré ou rectangulaire (Ibid.).
249 Le principe caractérisant ces constructions pourrait être rapporté à celui de la terre armé, technique utilisée pour la
réalisation d’ouvrages routiers et se basant sur l’association entre le matériau terre et des armatures linéaires, capables de
supporter des importants efforts en traction et apportant de la cohésion au matériau (Schlosser, 1969). C est le frottement
entre la terre et les armatures qui intervient en tant que phénomène essentiel dans la terre armée : la terre transmet aux
armatures par frottement les efforts qui se développent dans la masse, les armatures se mettent alors en traction et tout
se passe comme si la terre possédait, dans les directions o sont placées les armatures, une cohésion dont la valeur est
directement proportionnelle à la résistance à la traction des armatures (Schlosser, 1973, p. 80).
250 La capacité de ces structures à faire face à des sollicitations latérales est néanmoins le résultat de multiples facteurs, tels
que la masse et le volume des murs en pisé qui garantissent une stabilité envers des sollicitations hors plan et qui permettent
une certaine dissipation de l’énergie, le fruit des murs et la structure intérieure en bois des étages qui apportent une certaine
rigidité à l’ensemble, en contrebalançant l’élevée ductilité du matériau terre (Hanmin, 2010, op. cit. ; Stanisla ski, 2011, op. cit.).
Le principe d’une armature interne aux murs voit parfois l’utilisation d’éléments disposés
verticalement ou constituant une sorte de grillage noyé dans la masse (« en treillis »).
Dans le site de Joya de Céren (Salvador), des fouilles archéologiques ont mis au jour les vestiges de
plusieurs constructions préhistoriques (environ 600 av. J.-C.) qui se composent de colonnes en terre
massive et des murs réalisés avec un système nommé, dans la littérature, « bajareque » (McKee,
1999 ; Bro n, Sheets, 2000), et qui paraît similaire à la typologie en ossature avec remplissage
en vrac sur support (cf. chap. 10.4.1). Le principe adopté pour les constructions de Joya de Ceren
présente toutefois certaines différences par rapport au système trouvable encore aujourd’hui dans
l’architecture vernaculaire de plusieurs pays d’Amérique Centrale. Les colonnes situées aux angles
des bâtiments sont structurellement déconnectées des murs réalisés selon le principe de garnissage
d’un support. Toutefois la masse en terre paraît plus épaisse et les éléments intégrés espacés et
souples. Ce sont de fait des murs autoporteurs armés par des insertions constituant une grille,
parfois double, noyée dans la masse du mur (Sheets, 2002).
Estimé sur la base de la forte sismicité du site archéologique (Bro n, Sheets, 2000, op. cit.), le
caractère sismo-résistant à la base de cette technique a été une source d’inspiration pour la
proposition d’une nouvelle technique constructive, le « bahareque céren » qui se réfère à un système
proche d’une typologie « confinée » : le matériau terre assume un rôle porteur et il est confiné par
une double grille, réalisée avec des éléments souples (p.e. cannes), retenant la masse murale et
conférant une certaine cohérence à la structure251 (Carazas Aedo, Rivero Olmos, 2003).
Fig.133: Joya de Céren, site archéologique : a) vestige d’une habitation (source: UNESCO) ; b) détail du principe constructif
(source: arqueoruta.blogspot.com) ; c) construction en bahareque céren réalisée suite au séisme de 2001 au
Salvador (crédits: W. Carazas-Aedo)
251 Après le séisme qui eu lieu en 2001 au Salvador, des prototypes de ce système constructif ont été réalisés dans le cadre
d’un programme de reconstruction d’habitat conduit par les organisation FUNDASAL et Misereor (FUNDASAL, 2001).
242 Fig.134: Localisation des cas identifiés selon système porteur Cultures constructives vernaculaires et résilience
En conclusion de cet approfondissement relatif aux principaux systèmes constructifs caractérisant
l’architecture vernaculaire en zone sismique, certaines observations peuvent être effectuées à
partir de l’ensemble des cas identifiés. Pour ce faire je me base sur un croisement entre des cartes
permettant une visualisation graphique de la distribution géographique des catégories typologiques
considérées. Ces supports ont été élaborés à partir d’une carte mondiale des aléas naturels indiquant
les zones sismiques, sur la base d’une évaluation probabiliste de l’intensité maximale (échelle Mercalli
Modifiée) pour une période de retour de 475 ans (Lestuzzi, 2008). Elle intègre également les zones
exposées à des phénomènes cycloniques ainsi que leurs principales trajectoires ; ce qui permet
d’élargir les considérations faites au potentiel caractère parasinistre, outre que parasismique, des
cas considérés252. Deux types de carte ont été élaborés253 : l’un, ci-contre, présente la localisation des
deux systèmes porteurs analysés ; l’autre est spécifique à chaque système et situe les cas identifiés
en les distinguant en relation aux typologies qui leur sont associées (Figs. 45 et 46). Les observations
relatives à ces cartes sont en outre supportées par une liste d’exemples classés par typologie (cf.
annexe A.3.4 : liste récapitulative) ainsi que par un tableau considérant leurs caractéristiques et
matériaux (cf. annexe A.3.5 : tableau récapitulatif). Étant donné que ces considérations se fondent
essentiellement sur les exemples repérés au cours de cette recherche, elles n’ont pas la prétention
d’exhaustivité ni d’établir des conclusions généralisables. Du travail et des observations conduites, il
me paraît néanmoins intéressant d’en dégager quelques questionnements et constatations, pouvant
constituer un point de départ pour des investigations ultérieures.
Tout d’abord, en relation à la distribution des deux systèmes porteurs (Fig. 44), on peut constater
comme ils sont tous les deux présents de manière relativement homogène en différentes zones
géographiques. Cependant, dans les régions affectées par des phénomènes de type cyclonique
(p.e. Amérique Centrale, Japon) les exemples identifiés se caractérisent majoritairement par des
systèmes de type ponctuel. Cette typologie structurelle est, en outre, largement répandue dans les
zones présentant une sismicité particulièrement élevée, telles que certaines régions situées le long
de la chaîne Himalayenne, autour du bassin méditerranéen ainsi que le long des côtes orientales
et occidentales de l’Océan Pacifique ; de fait en correspondance des celles considérées comme les
majeures zones sismiques à échelle mondiale : la ceinture du feu et la ceinture Alpino-Himalayenne254.
En correspondance de cette dernière zone, la présence de systèmes porteurs ponctuels est, dans
plusieurs cas (p.e. Bulgarie, Grèce, Turquie), concomitante avec celle de système porteurs continus.
Des structures à ossature sont en effet souvent associées à une maçonnerie porteuse, caractérisant
les étages inférieurs et/ou certains types de bâtiments (p.e. à caractère religieux ou communautaire).
La comparaison détaillée entre la localisation géographique et les spécificités des systèmes présents
dans l’architecture vernaculaire de différentes régions soulève plusieurs questionnements au regard
des facteurs à l’origine de certaines coïncidences relatives à la distribution spatiale et aux similitudes
de certains exemples. Parfois, des constats au regard de caractéristiques similaires des phénomènes
sismiques (fréquence, intensité) pourraient être dressés, néanmoins l’influence des spécificités
climatiques et géomorphologiques, se rapportant également aux ressources naturelles disponibles,
ainsi que les échanges culturels émergent comme des aspects potentiellement décisifs.
252 Le choix de prendre en compte, au niveau cartographique, également des aléas de type cyclonique se rapporte à leur
présence et récurrence historique qui sont déterminées par des facteurs d’ordre géographique et atmosphérique. Elles sont
donc relativement non influençables par l’action humaine et, à ce titre, comparables aux phénomènes sismiques (bien que
ces deux types de phénomènes présentent des différences substantielles dont, en outre, la prévisibilité de leur impact).
253 Les cas identifiés sont indiqués avec des points-repères qui correspondent à leur localisation exacte. Toutefois, lorsqu’un
ou plusieurs systèmes et/ou typologies sont présents de manière diffuse dans un pays, un seul repère par type structurel ou
catégorie typologique a été utilisé pour des questions de lisibilité des cartes ; cela concerne en particulier les suivants pays :
Bangladesh, Bulgarie, Grèce, Haïti, Italie, Macédoine, Portugal, République Dominicaine, Turquie.
254 La zone dénommée ceinture du feu couvre les régions autour de l’Océan Pacifique o se produisent environ le 90% des
séismes à échelle mondiale ; elle comprend les côtes occidentales de l’Amérique méridionale, centrale et septentrionale, le
Japon, les Philippines, l’Indonésie et la Nouvelle Guinée, les îles du Pacifique sud occidental jusqu’à la Nouvelle Zélande. Avec
environ 5-6% des séismes, la ceinture Alpino-Himalayenne constitue la deuxième région plus sismique au monde, s’étendant
du nord de l’Inde jusqu’au bassin méditerranéen, en passant par l’Iran et la Turquie (Source : USGS).
• En relation aux systèmes porteurs continus avec renforts, tant ponctuels que continus, il
est intéressant de noter comme les cas identifiés se situent majoritairement dans les pays à
sismicité modérée et fréquence de faible à modérée (conditions donc favorables à l’émergence
d’une culture de la réparation), entourant le bassin méditerranéen (p.e. Maroc, Italie centrale,
Portugal). En effet, les exemples répertoriés dans d’autres régions (Philippines et Guatemala)
relèvent essentiellement d’exemples pouvant être rapportés à des pratiques importées au cours
des colonisations européennes.
• Bien que les types de matériaux et les modalités d’insertions varient, la typologie structurelle
du système porteur continu avec des insertions horizontales résulte être largement répandue.
Dans les zones à sismicité élevée, le principe d’insertions intra étages d’éléments horizontaux en
bois dans une structure en maçonnerie se révèle être le plus diffus, en particulier dans la bande
géographique allant de l’Algérie jusqu’à la chaîne himalayenne et correspondant à la ceinture
Alpino-Himalayenne. Historiquement, cette zone corresponde à une région d’intenses échanges
culturels, occupations et déplacements de populations et constructeurs, facteurs qui, en
association à une disponibilité de ressources parfois très similaires, ont probablement influencé
le développement et la diffusion de techniques analogues.
• La mise en place d’un principe d’insertion avec d’autre matériaux est rapportables aux situations
suivantes : avec des végétaux, elle est présente principalement dans des régions relativement
arides à sismicité modérée (p.e. Irak, Ouzbékistan) ; en revanche les insertions en briques ou
en tirants dans une maçonnerie de pierre se rapportent en particulier à des cas situés autour
du bassin méditerranéen ou ayant connus une influence de pratiques européennes (p.e.
constructions gingerbread en Haïti), dans des zones o les phénomènes sismiques se manifestent
avec une récurrence de faible à modérée.
Les éléments contenus dans ce chapitre découlent des exemples analysés au cours de cette recherche;
ils concernent des principes que j’ai extrapolés en raison de l’intérêt particulier qu’ils présentent
en tant que dispositions spécifiques contribuant à une réduction de la vulnérabilité de parties ou
de l’ensemble structurel envers différents types d’aléas naturels. Un seul de ces dispositifs n’est
cependant généralement pas suffisant pour assurer une mise en sécurité totale d’une construction;
c’est en effet l’ensemble de plusieurs mesures appliquées simultanément, de la macro (territoire,
système constructif) à la micro (détail) échelle, qui détermine et/ou améliore la résilience effective
d’un bâtiment.
La partie suivante se structure en quatre sections, la première présentant des principes à échelle
de l’ensemble structurel et les trois suivantes se référant à des mesures ciblées à certaines parties
constructives et directement corrélables à trois types particuliers d’aléas naturels (cyclones,
inondations et séismes), qui sont statistiquement ceux qui plus affectent l’environnement bâti.
Pour chacun des principes extrapolés, je présente une définition synthétique du dispositif identifié
accompagné par un schéma explicatif ainsi qu’un ou plusieurs exemples représentatifs des modalités
et variantes de sa concrétisation
Parmi les exemples analysés, certains aspects soulignent la complexité des paramètres pris en
compte par les constructeurs vernaculaires, indépendamment du type d’aléas et des systèmes et
matériaux de construction mis en œuvre.
•
Certains éléments architecturaux répondant à des nécessités fonctionnelles et/ou esthétiques
assument également un rôle structurel.
•
Dans une construction, des dispositifs distincts peuvent être intégrés en réponse à la présence
d’aléas différents. Inversement, un seul de ces dispositifs améliore parfois le comportement de la
structure envers l’impact de plusieurs phénomènes.
•
La capacité d’une structure à faire face à l’impact de phénomènes naturels particulièrement violents,
est influencée également par l’état de conservation de ses composants. L’association entre durabilité
et résistance donne lieu parfois à des dispositifs limitant aussi bien la dégradation de l’ouvrage que
la vulnérabilité du bâti et de ses occupants.
•
Dans certains cas, l’impossibilité de réaliser des constructions suffisamment résistantes a donné
lieu à des systèmes constructifs prenant en compte l’éventualité d’un effondrement partiel ou total.
L’application de ce principe se traduit dans la réalisation d’éléments « sacrificiels » et/ou d’une
dissociation entre parties structurelles permettant la sauvegarde de celles plus importantes (p.e. en
raison de leur coût élevé) et favorisant une réparation rapide ainsi qu’une réutilisation des matériaux.
Fig.137: Principes d’ensemble : a) système de clôture/contreventement de la galerie, Haïti ; b) contreventement des poutres
sablières, Haïti ; c) simultanéité de techniques, Haïti ; d) système structurel double, Grèce (source: Vintzileou,
Touliatos, 2005) ; e) indépendance structurelle, République Démocratique du Congo (crédits: O. Moles)
•
Principe : bâtiment de forme trapue, avec hauteur totale très
réduite et limite inférieur de la toiture très bas ;
Rôle : réduction des charges aérodynamiques, en particulier
lors de sites très exposés sans éléments de protection
(p.e. plaines, absence ou insuffisance de barrières
végétales et/ou construites, etc.) ;
Référence : Bangladesh, région de Khulna (analyses de terrain 2012).
•
Principe : encastrement des entraits de la charpente de toiture
dans la masse des murs ;
Rôle : fixation de la structure de toiture pour en réduire la
vulnérabilité aux forces de soulèvement, en particulier
lors de débords de toiture importants ; l’ancrage est
assuré par la masse de la portion supérieure du mur ;
Référence : Bangladesh, région de Rajshahi
(analyses de terrain 2011).
•
Principe : déconnexion ou doublage de la structure entre le corps
principal et des parties secondaires (p.e. véranda) ;
Rôle : parties secondaires assumant le rôle d’éléments fusibles
dont l’arrachement ne compromet pas la structure
principale, limitant des dommages potentiels à la
structure primaire ;
Référence : Haïti, zone de Grande Rivière (analyses de terrain 2012).
•
Principe : planches perforées mises en place entre la partie
supérieure du mur et la toiture ;
Rôle : homogénéisation de la porosité de la structure
permettant un équilibrage de la pression entre intérieur
et extérieur réduisant les sollicitations susceptibles
d’arracher la couverture ;
Référence : Haïti, zones rurales dans les départements de l’Ouest et
du Sud-Est (analyses de terrain 2012).
•
Principe : masse d’usure en terre à la base des murs ;
Rôle : préservation de la stabilité de la structure primaire
par l’application d’une masse sacrificielle pouvant être
endommagée sans que la solidité globale du bâtiment
soit compromise, limitant en outre l’étendue des
réparations ;
Référence : Bangladesh, région de Khulna (analyses de terrain 2012).
•
Principe : revêtement extérieur ou réalisation de certaines parties
de l’ouvrage avec des matériaux résistants jusqu’en
dessus du niveau atteint par l’eau ;
Rôle : protection envers l’érosion et la désagrégation par
saturation de la base des murs réalisés avec des
matériaux (p.e. terre) vulnérables à l’eau stagnante et
avec forte courante ;
Référence : Pakistan, districts du Balochistan et Sindh
(UN-HABITAT Pakistan, 2010, op. cit.).
•
Principe : réalisation d’une double plateforme constituant deux
niveaux superposés ;
Rôle : mise hors de l’eau de la construction et constitution d’une
protection ultérieure envers le phénomène d’érosion et
de saturation du sol et de la base des murs ; hauteur
des plateformes souvent déterminée par les niveaux des
inondations fréquents et/ou exceptionnelles ;
Référence : Népal, région de Terai (Dekens, 2007, op. cit.) ; Inde, Etat
de l’Orissa (Caimi, Hofmann, 2005, op. cit.) ; Bangladesh,
région de Khulna (analyse de terrain 2012).
•
Principe : rehaussement fixe ou barrière mobile mise en place
devant les ouvertures ;
Rôle : protection envers la pénétration de l’eau à l’intérieur du
bâtiment ; système efficace envers des inondations de
faible ampleur et/ou en association à un soubassement
surélevant l’ensemble de la structure ;
Référence : Haïti, département du Nord Ouest
(analyses de terrain, 2012).
Fig.142: Phénomènes sismiques : Haïti, effets du séisme de 2010 sur l’habitat rural
(crédits : a) J. Hosta ; b) E. Cauderay ; c) A. Douline)
La dissipation de l’énergie induite dans une structure par des secousses sismiques constitue
un facteur particulièrement favorable, notamment dans la réduction des sollicitations et du
potentiel d’endommagement. Dans les constructions vernaculaires, elle peut se produire à des
échelles structurelles très différentes ainsi que par des dispositifs extrêmement variés. Le suivant
schéma synthétise les différents systèmes identifiés dont la mise en œuvre contribue à améliorer
considérablement la capacité de réponse d’un bâtiment (Fig. 143).
•
Ce type de disposition correspond au principe nommé par le génie parasismique actuel comme
« isolation sismique ». Les dispositifs qu’y se réfèrent séparent la superstructure du sol, en lui
permettant de se déplacer d’un seul bloc par des mouvements qui atténuent les sollicitations
internes, en réduisant de manière drastiques les dommages que ceux-ci peuvent engendrer.
Déconnexion continue
Principe spécifique à des systèmes porteurs continus (murs massifs ou en maçonnerie) et consistant
dans la mise en place d’un dispositif de séparation entre les fondations et le sol ou entre le
soubassement et la superstructure. Deux approches ont été identifiées :
- isolation par couche : séparation par un strate homogène de matériaux mis en place sous
les murs porteurs ou sous l’ensemble du bâtiment, amortissant les
sollicitations induites par les séismes :
b
Dissipation par des glissements à l’interface :
b : superposition de pierres avec des surfaces plates et lisses
Référence : Iran (Ibid.) ; Pérou (Schacher, 2005, op. cit.);
c : intégration de nattes en végétaux tressés
Référence : Ouzbékistan (Gandreau, 2012, communication
c personnelle).
255 L’intégration d’éléments en bois dans la maçonnerie en proximité de la base des murs est une pratique particulièrement
anciennes, dont on retrouve des témoignages même dans l’Ancien Testament en référence aux dispositions prescrites par le
roi Cyrus pour la construction de la maison de Dieu (actuelle mosquée al-Aqs) à Jérusalem : ue la maison soit rebâtie et
qu elle ait des solides fondements. Elle aura soixante coudées de hauteur, soixante coudées de largeur, trois rangées de pierres
de taille et une rangée de bois neuf (Livre d’Esdras, chap. 6, versets 3-4 ; cité par Naderzadeh, 2009). Jérusalem se situe par
ailleurs dans une région modérément sismique.
- isolation simple : les poteaux reposent sur une base ponctuelle souvent en pierre
e : sans connexion et avec dispositif augmentant le frottement entre
les fondations et la superstructure (p.e. natte) ;
Référence : Indonésie, régions de Nias, Aceh, Sumatera Utara
(analyses de terrain, 2010) ;
f : avec connexion par tenon et mortaise entre la base du poteau
et/ou une entaille dans la pierre de fondation
e f Références : Taiwan (Tsai, 2009) ; Nicaragua (Quintallet,
Samin, 2012, op. cit.) ; Grèce (Porphyrios, 1971) ;
•
Ce principe se base sur une dissociation entre les éléments de la structure principale favorisant
des mouvements mono ou pluri directionnels indépendants, contribuant à réduire les sollicitations
internes.
•
L’utilisation d’un mortier de type fragile constituant des points faibles répartis de manière homogène
dans la structure favorisant256 :
•
La répartition de la structure en des sections de taille relativement réduite, par l’introduction
d’éléments horizontaux dans une maçonnerie258 ou la division de panneaux de remplissage entre des
cadres d’ossature, contribue à limiter la création et propagation de fissures verticales et diagonales,
ainsi qu’à délimiter des portions endommagées en réduisant un potentiel effondrement total
256 Un fonctionnement similaire caractérise également certains types de remplissage (p.e. en vrac).
257 he behavior of these buildings relies on a disorganized combination of materials being stressed in tension, compression,
shear and bending all at once. If the earthquake forces were to become focused on one element in this interlocking puzzle, that
element would be shattered. However, because of the role of the so mortar and the internal damping it provides, this does
not happen (Langenbach, 2000, op. cit.,p. 14)
258 Un principe analogue est identifiable dans une technique caractérisant certaines architectures vernaculaires du nord
du Sultanat d’Oman, seule zone relativement sismique du pays (Qamaruddin, Al-Harthy, 2000). Dans une structure en
maçonnerie (pierres ou briques en terre crue), une répartition en couches horizontales est effectuée tous les 40cm par une
strate de mortier de chaux ; division qui, en cas d’endommagement d’une partie du mur, limite la propagation de dégâts aux
couches adjacentes (Walls, 2004). Son rôle effectif en relation à des sollicitations sismiques reste cependant à vérifier.
Confinement
Principe : laçage d’éléments en maçonnerie par une structure à
ossature et/ou par des insertions horizontales et/ou
verticales en bois intégrées dans sa masse261 ;
Rôle : chaînage de l’ensemble de la construction (p.e. insertions
horizontales dans une structure en maçonnerie) ou de
portions structurelles (p.e. panneaux de remplissage),
apportant ductilité et favorisant une résistance envers
des mouvements verticaux du sol ainsi qu’assurant
une stabilité des parties en dessus d’une portion
endommagée
Références : Turquie (Aytun, 1981, op. cit.) ; Inde, État du Jammu et
Cachemire (Langenbach, 2002, op. cit.)
Dispositifs d’ancrage
Principe : connexions entre unités ou parties d’une structure en
maçonnerie par système de crochets, rangées irrégulières
et/ou pièces en agrafes ;
Rôle : augmentation de la friction entre les éléments sans perte
de cohésion et amélioration de la capacité de résistance
à des sollicitations en hors plan ;
Référence : Pérou, Macchu Pichu (Schacher, 2005, op. cit.) ; Egypte
(NIKER, 2010 op. cit.) ; Italie (Decanini, De Sortis,
Goretti, et al., 2004, op. cit.).
Solidarisation souple
Principe : clés verticales et/ou horizontales connectant deux faces
d’un mur et/ou des murs perpendiculaires
Rôle : solidarisation de parties et/ou de l’ensemble structurel
envers des déplacements dans le plan et en hors plan ;
Référence : Afghanistan, région du Nuristan (Edelberg, 1984) ; Inde,
Etats de l’Uttarkhand et Himachal Pradesh (Rautela,
Joshi, Singh, et al., 2008, op. cit.).
Dans un monde en devenir, o les prérogatives et les ressources de hier ne correspondent souvent
plus aux exigences actuelles, et peut-être encore moins à celles futures, o l’influence de facteurs et
acteurs exogènes devient de plus en plus marquée et inévitable en imposant des modèles sociaux,
économiques, techniques, parfois même culturels, qui conditionnent et bouleversent dans l’espace
de quelques décennies les modes d’habiter et de construire, le déclin du vernaculaire en tant que
processus de construction de savoirs et savoir-faire fortement contextualisés paraît, à un premier
abord, inéluctable. Néanmoins, le questionnement des aspects permettant à cette dynamique de
persister, et à son tour d’évoluer, laisse entrevoir des formes et modalités nouvelles se caractérisant
par une pluralité d’acteurs et de modes de construction de nouveaux savoirs à partir d’une synergie
de connaissances, compétences et expériences.
Dans les parties suivantes, je dresse tout d’abord un constat des conditions et limites actuelles,
en explorant ensuite des pistes pour que la construction de savoirs et milieux construits puisse
continuer à bénéficier de l’ingéniosité intrinsèque aux cultures et architectures vernaculaires, tout
en profitant des nouvelles connaissances scientifiques et outils technologiques.
Dans des contextes exposés à des aléas naturels récurrents, les cultures constructives intègrent
souvent des dispositions pratiques et/ou techniques faisant partie d’une conscience collective du
risque, adaptée et évoluée en relation aux spécificités contextuelles. Ces stratégies se rapportent
aussi bien à une dimension constructive que cognitive et comportementale, impliquant une
transdisciplinarité de domaines et une multiplicité de niveaux qui leur confèrent le caractère d’une
vraie et propre « culture constructive du risque ».
En tant que matérialisation de cette culture, les architectures vernaculaires de ces régions
témoignent de dispositifs très efficaces, développés par les bâtisseurs anciens et contemporains. Ces
dispositions démontrent une maîtrise et une connaissance approfondies des spécificités propres aux
aléas locaux, du comportement structurel des constructions, des propriétés des matériaux mis en
œuvre ainsi qu’une capacité de conception allant du plus petit détail jusqu’à l’échelle du territoire.
Que ce soit pour des choix explicites ou en conséquence des contraintes que le milieu de vie
impose, nombreuses communautés ont adopté vis-à-vis des risques locaux une approche préventive
privilégiant une capacité de « rebondissement », plutôt qu’une recherche de sûreté maximale.
Nombreux des exemples analysés présentent en effet des dispositions qui, envers différents types
d’aléas, visent avant tout à éviter une rupture soudaine et brutale de la construction, à en favoriser
une réparation rapide, une réutilisation des matériaux ou encore une sauvegarde de ses parties les
plus importantes263 ; opposant donc une logique de « résilience » à celle de « résistance ».
262 JIGYASU, Rohit, 2002. Reducing Disaster ulnerability through Local nowledge and Capacity. he Case of Earthquake
prone Rural Communities in India and Nepal. PhD Thesis. Trondheim : Norwegian University of Science and Technology.
2002. p. 323.
263 La logique présente dans de nombreuses architectures vernaculaires trouve une correspondance dans certains
principes du génie parasinistre, et en particulier parasismique, préconisant la protection des vies humaines par un possible
Fig.145: Bangladesh, différentes stratégies de protection envers les phénomènes cycloniques : résistance du bâti (gauche),
résilience du milieu (droite)
Les pratiques constructives sont sujettes à une évolution continue qui a parfois lieu dans des
laps de temps particulièrement courts, sous l’influence de l’apparition de nouveaux matériaux, la
diffusion de nouveaux modèles socio-économiques, l’adoption de nouvelles références culturelles,
l’émergence de nouvelles priorités ainsi que l’introduction de nouvelles technologies265. Au cours
de ce processus, la modification des formes et solutions constructives « anciennes » n’implique pas
forcément une réduction effective de la vulnérabilité ; au contraire, ces changements contribuent
souvent à augmenter les pertes potentielles en termes de coûts matériels et de vies humaines
(Norton, Chantry, 2002).
La vulnérabilité des constructions basées sur des techniques anciennes résulte inversement
proportionnelle au développement d’une culture du risque ainsi que de dispositifs constructifs
et pratiques affinés et assimilés par une communauté, en relation aux spécificités du lieu qu’elle
habite. En revanche, la vulnérabilité des structures se basant sur des technologies plus récentes
dépend essentiellement de l’habileté de leurs constructeurs à élaborer et mettre en œuvre des
solutions conformément aux contraintes qui leur sont spécifiques. Les technologies associées à
certains nouveaux matériaux nécessitent le respect et l’exécution de règles spécifiques pour garantir
un comportement adéquat sous l’action des aléas. Elles impliquent d’autres savoir-faire que ceux
traditionnellement utilisés, des connaissances difficilement déductibles d’une expérimentation
empirique et qu’il est rarement possible de puiser dans l’expérience consolidée des maîtres
constructeurs. Des connaissances dont l’accès est directement dépendant de sources d’information
bien particulières (documentation, centre de formation, etc.) souvent hors de portée pour une
grande partie des bâtisseurs266. Aux aspects techniques267 s’ajoutent les facteurs « technologiques »,
endommagement, l’anticipation des modes de rupture, et l’élaboration de solutions techniques fondées sur des critères
économiquement justifiés et techniquement cohérents (Gr nthal, 2001, p. 3, op. cit.).
264 cet égard, on peut citer le cas d’Haïti, o la récurrence des phénomènes cycloniques a contribué à orienter la pratique
architecturale vers une construction « solide », privilégiant une maçonnerie en blocs de ciment et des structures en béton
armé. Lors du séisme de 2010, ces structures se sont révélées particulièrement meurtrières, au contraire des constructions
vernaculaires en ossature bois, plus susceptibles de subir des dégâts mineurs mais dont l’écroulement a exposé les occupants
à une mise en danger moindre (analyses de terrain 2011-2013).
265 Les interventions de reconstruction en situation de post-catastrophe ont un impact considérable sur ce processus, déterminant
parfois un changement rapide et massif du paysage construit ainsi qu’une dégénérescence des pratiques constructives.
266 et these people who are truly in charge of building , the contractors, the masons, the private builders, they don’t
know about earthquake resistant building techniques. hey can’t know, because current knowledge is written down in the
difficult language of engineers (Schacher, unpublished, p. 3).
267 Le respect des règles n’est pas déterminé uniquement par leur connaissance : l’insuffisance des moyens financiers
peut conduire à économiser sur la main d’œuvre et la qualité des matériaux, auxquels s’ajoute la négligence ou, parfois,
l’impossibilité d’assurer une mise en œuvre appropriée (p.e. cure du béton).
L’environnement construit contemporain se compose de fait de bâtiments réalisés par des habitants
et/ou des artisans en grande partie dépourvus de toute connaissance au regard de principes, actuels
mais souvent aussi anciens, de construction parasinistre et/ou des moyens pour les appliquer (Dixit,
Pradhanang, Guragain, et al., 2002, op. cit.) ; ce qui détermine une détérioration progressive de la
qualité du bâti, résultant en une fragilité accrue lors de l’impact, même relativement faible, d’un aléa
(Boen, Pribadi, 2009, op. cit.). La vulnérabilité des constructions basées sur les pratiques récentes
est donc inversement proportionnelle à la capacité à conserver et faire évoluer le savoir constructif
des anciens ainsi qu’à accéder aux connaissances techniques développées récemment.
268 Nombreux bâtiments ne sont pas achevés en une seule fois, mais par phases progressives, en adaptation temporelle et
spatiale avec les disponibilités et nécessités de leurs occupants. Souvent, les modifications et nouvelles extensions s’effectuent
de manière incohérente avec l’existant (ajout d’étages, connexions inadéquates entre la partie nouvelle et existante, etc.) et
des éléments structurellement importants (p.e. les fers d’armature) sont laissés exposés à une détérioration, compromettant
la stabilité et la durabilité d’une construction bien avant son achèvement. Cette pratique est toutefois peu répandue
en relation à la construction basée sur des pratiques anciennes, o chaque étape constitue un ensemble fini, au moins
temporairement, laissant rarement des parties exposées à une possible dégradation.
269 titre d’exemple, on peut citer un programme de réhabilitation de bâtiments historiques entrepris par une municipalité
turque selon une démarche de réutilisation des pratiques vernaculaires parasismiques. Le manque de connaissances
« vivantes » et de main d’œuvre compétente au regard des techniques localement existantes a engendré la mise en œuvre
de solutions constructives et/ou de matériaux (p.e. mortier en ciment) pouvant compromettre la logique de fonctionnement
propre à la structure originaire (source : analyses de terrain, 2012).
Dans un grand nombre de cas, les connaissances du génie parasinistre officiel ont toutefois un
impact très limité sur la réalité construite : leur principaux détenteurs (ingénieurs, architectes, etc.)
ne sont pas impliqués dans le processus de conception et réalisation de la plupart des bâtiments
composant l’environnement construit, et les principes qu’il préconise n’atteignent que très rarement
leurs « vrais » bâtisseurs 271(entrepreneurs, artisans, autoconstructeurs, etc.).
En même temps, les dispositifs parasinistres inhérents aux pratiques vernaculaires sont souvent
ignorés par les praticiens, les chercheurs et les décideurs en raison d’un manque de preuves
scientifiques et de la difficulté à en obtenir (Langenbach, 2009, op. cit.) ; contrainte qui découle
également d’un intérêt limité272 porté par les centres de recherche et d’enseignement à la
compréhension et diffusion de ces savoirs273.
Quand appliqué, le cadre normatif se révèle, en outre, considérablement limitant et ambigu : d’une
part en restreignant les options applicables et susceptibles de bénéficier d’un support technique et/
ou financier, tant au niveau public que privé ; d’autre part ne proposant souvent que des solutions
non accessibles ou non réalistes par rapport à la situation effective des populations et constructeurs,
négligeant de fait les facteurs « locaux » et sociaux. En particulier dans le cas du bâti historique
non-monumental, la conformité aux codes de construction parfois impose des interventions et
admet des modifications dont la légitimité au regard d’une cohérence constructive, structurelle et
historique se révèle pour le moins questionnable274, voire contradictoire, déterminant dans certains
cas même une augmentation de la vulnérabilité effective de l’ouvrage (Ferrigni, Helly, Mauro, et
al., 2005, op. cit.).
270 Et cela bien que des programmes (p.e. LINKS-Local and Indigenous Systems promu par l’UNESCO) et des organismes (p.e.
CIAV-International Committee of Vernacular Architecture, ICOMOS-International Council of Monuments and Sites) à statut
international, spécifiquement focalisés sur l’architecture vernaculaire et le patrimoine historique, existent depuis plusieurs
dizaines d’années.
271 he engineers follow what they learned in their professional education/training. Most of them are direct import from
developed countries and do not re ect conditions of construction site of developing countries. he workers conduct construction
works as they learn from their experience of construction works or advice from master builders or senior colleagues, who
have little opportunity to learn engineering . he owners and customers of non-engineered houses are mostly low
income people. hey can not afford to pay for technical services by professional experts like structure engineers, architects,
or examiners. herefore experts have rarely opportunities to get to know actual situation of non-engineered constructions
(Narafu, Imai, Matsuzaki, et al., 2008, p. 2-3).
272 Most of the engineers think non-engineered houses are out of their responsibility. Some say engineers do not have
knowledge on non-engineered structures because there is no engineering knowledge on those structures as their name non-
engineered’ shows (Ibid., p. 1).
273 On peut citer le cas du Bangladesh o , selon des récentes estimations, environ 81% des bâtiments est réalisé sans l’appui
d’un architecte et/ou d’un ingénieur mais seulement 1% de la recherche effectuée dans les universités du pays porte sur la
construction en milieu rural o la majorité de ces architectures se situent (Islam, 2013, op. cit.).
274 Ces codes n’incluent souvent pas des éléments spécifiques au bâti ancien et à sa réhabilitation et/ou consolidation,
mais ils peuvent exiger que les constructions historiques répondent aux mêmes critères que celles récentes allant jusqu’à
dénaturer la nature de l’ouvrage et sa valeur patrimoniale, en imposant par exemple le remplacement d’une structure
ancienne avec une nouvelle, supporting heritage components as non-structural elements, rather than making the use of the
existing materials by tying them together to make the system perform effectively (Cardona, 2005, p. 104).
Le concept d’une base de données rassemblant les résultats de recherches et analyses de terrain
n’est pas nouveau. Sous forme imprimée ou plus récemment informatique, des outils de référence
ont été développés depuis quelques dizaines d’année par des instituts et centres de recherche en
réponse aux constats et besoins exprimés aussi bien dans le milieu opérationnel que scientifique
(Touliatos, 1996, op. cit. ; Ferrigni, Helly, Mauro, et al., 2005, op. cit.). Certains de ces supports
adoptent une approche particulièrement vaste, englobant une grande variété de domaines liés aux
pratiques et connaissances vernaculaires275, tandis que d’autres restreignent le champ aux artefacts
construits en les rapportant à une dimension géographique, culturelle et/ou matérielle276. Parmi ces
derniers, certains se réfèrent spécifiquement à la problématique des risques naturels, en proposant
des bases de données à échelle locale277, nationale et transnationale278, voire mondiale279, relatives
toutefois essentiellement à des phénomènes de type sismique et avec des références variables
à un niveau opérationnel. Cependant aucune, parmi les sources et les plateformes consultées280
considère de manière systémique et systématique les cultures constructives du risque.
275 La « Traditional Knowledge World Bank », plateforme web développée par le centre de recherche sur les connaissances
traditionnelles et locales IPOGEA (Italie) en collaboration avec l’UNESCO, employant un système iconographique particulier
(System of Traditional Techniques and Innovative use - SITTI) pour enregistrer et identifier les techniques traditionnelles
relatives à plusieurs domaines (p. e. : agriculture, gestion de l’eau, etc.) (source : http://www.tkwb.org).
276 En format imprimé, on peut citer l’Encyclopedia of ernacular Architecture of the orld de Paul Oliver (1997) ainsi que
la cartographie qui lui a succédé (Vellinga, Oliver, Bridge, 2007) et, en format numérique, les fiches thématiques du projet
MedaCorpus présentant les typologies architecturales et constructives de plusieurs pays entourant la Méditerranée (source :
http://www.meda-corpus.net). Dans les deux cas la relation avec les risques naturels n’est pas approfondie.
277 Telle que la constitution d’une base de données des particularités constructives rapportables à une culture sismique
locale pour la zone de la Garfagnana et Lunigiana (Italie) en vue de l’identification de modalités d’intervention appropriées
pour une réhabilitation du bâti existant (Pierotti, Ulivieri, 2001, op. cit.).
278 titre d’exemple : le programme d’Atlas des Cultures Sismiques Locales conduit par le Centre Universitario Europeo per i Beni
Culturali (Italie) proposant des études de cas dans la région du basin méditerranéen et des activités promouvant une réduction de
la vulnérabilité du bâti historique par le renouvellement des cultures sismiques locales (Ferrigni, Helly, Rideaud, 1993).
279 Promue par l’Earthquake Engineering Research Institute et l’International Association for Earthquake Engineering, la
« World Housing Encyclopedia » est une plateforme web réunissant des ressources documentaires relatives à la construction
en zone sismique et des rapports au regard de différents exemples de constructions, vernaculaires et non, avec une
focalisation sur les aspects techniques (source : http://www.world-housing.net).
280 En outre, j’ai également consulté des plateformes relatives à des initiatives de réduction de la vulnérabilité référées tant à
des pratiques vernaculaires qu’initiées par des organismes opérationnels et de recherche (p.e. Disaster Reduction Hyperbase,
NIKER-New Integrated Knowledge based approaches to the protection of cultural heritage from Earthquake-induced Risk).
Ce recueil se veut une source d’inspiration et d’information fournissant des éléments de référence
pour élaborer des propositions techniques, opérationnelles et normatives respectant le bâti
existant et les spécificités contextuelles, ainsi que pour favoriser une reconnaissance scientifique
et institutionnelle des « intelligences » parasinistres corrélées aux architectures vernaculaires.
L’objectif de ce catalogue est triple : apporter des informations relatives à des endroits précis
pour des interventions et/ou des activités spécifiques à une région ; fournir des bases pour le
développement de recherches ultérieures, portant sur des niveaux géographiquement localisés
que sur des thématiques transversales (p.e. en relation à une typologie constructive) ; offrir une
documentation et des supports de sensibilisation et diffusion. De par ce fait, il s’adresse à un large
public, comprenant aussi bien des spécialistes, chercheurs, techniciens et opérateurs de terrain,
que des responsables en charge des prises de décision au niveau politique, économique et opératif
(autorités, cadres, bailleurs de fonds, etc.).
Cet atlas recueille de manière structurée et géoréférencée des informations au regard de systèmes,
dispositifs et pratiques vernaculaires relatives à des régions et types d’aléas naturels différents,
intégrant donc aussi bien des aspects de type technique - temporaire et permanent - que
comportemental. Pour ce faire, la littérature existante et les analyses effectuées dans le cadre de
projets situés, d’évaluations post-catastrophe et d’initiatives de réhabilitation et préservation du
patrimoine constituent des sources primaires, permettant l’acquisition d’informations ainsi que le
développement d’une expertise particulière aux milieux vernaculaires et à leur résilience.
En relation aux différentes typologies constructives et cas traités, des supports de sensibilisation
(publications, affiches, expositions, etc.), formation (manuels, outils pédagogiques, etc.) et
démonstration (expérimentation, vidéos, etc.) ainsi que des documents techniques pourraient
être développés promouvant les « bonnes pratiques » vernaculaires et les résultats des recherches
scientifiques, mais également offrant des informations concrètes pour leur réutilisation et application.
Le caractère dynamique proposé pour ce recueil se rapporte tant au niveau de son contenu que de
son fonctionnement ; je me réfère en particulier à un format de type plateforme web interactive,
à laquelle s’associent des publications thématiques, permettant l’accès à un large public à échelle
internationale. Ce format permet d’enrichir de manière évolutive la base de données, par l’ajout de
nouveaux cas d’étude et des approfondissements de ceux existants, ainsi que de mettre en évidence
des éventuelles analogies entre les exemples traités.
En suggérant des pistes pour contrebalancer les limites des outils actuels282, cette proposition
n’implique cependant pas forcement la création d’une nouvelle plateforme, mais envisage un
développement progressif se situant dans une démarche de complémentarité, tant des contenus
que des formats proposés, avec les supports existants.
281 Cette proposition se relie au projet scientifique « Atlas des cultures locales du risque », conduit en relation à la thématique
« Gestion des risques et reconstruction » auprès du laboratoire CRAterre-ENSAG pendant la période 2011-2014, et visant
à « documenter et analyser l’histoire des cultures locales du risque dans les régions exposées aux aléas de catastrophes
naturelles (séismes, inondations, cyclones) » (Guillaud, Rollet, 2009, p. 24).
282 Parmi lesquelles : la focalisation sur un seul type d’aléa ou une échelle très localisée, l’amalgame entre techniques
vernaculaires et récentes, une présentation et organisation ne favorisant pas une compréhension ni une accessibilité claire
aux informations, la prise en considération d’aspects uniquement techniques.
Fig.147: Possibilités d’évolution des supports élaborés dans le cadre de cette recherche
l’heure actuelle, la diffusion d’un nombre considérable de recherches reste cependant confinée
à la communauté scientifique ou, quand les résultats de ces études atteignent le terrain, ils se
révèlent souvent en décalage avec les conditions et possibilités (techniques, financières, matérielles,
etc.) qu’y existent. D’autre part, nombreux organismes travaillant dans le domaine de l’habitat ont
plutôt tendance à reproduire des technologies scientifiquement et/ou institutionnellement validées
(mais pas forcement contextuellement appropriées) qu’à proposer des pistes d’amélioration et de
réutilisation des modes de construction courants dans le contexte d’intervention.
En relation à ces dynamiques, une structuration des acteurs impliqués dans le secteur de la
construction peut être effectuée en relation à trois niveaux distincts, se rapportant aux rôles
spécifiques que ceux-ci assument :
- niveau de la « pratique » : comprenant les groupes et individus qui constituent les bâtisseurs
effectifs de l’environnement et des artefacts construits (habitants,
artisans, entrepreneurs, producteurs de matériaux, etc.) ;
- niveau de l’ « action » : incluant les professionnels et les décideurs qui, de par leur présence
et activité sur le terrain, présentent un potentiel d’influence sur
les pratiques courantes (p.e. techniciens, instances et collectivités,
organisations locales, nationales et internationales, etc.) ;
- niveau de la « recherche » : se rapportant aux milieux académiques mais également aux
institutions et chercheurs indépendants qui, par des recherches
fondamentales et appliquées, développent des connaissances
scientifiques et technologiques.
Pour que les objets et les résultats des travaux conduits dans les centres de recherches représentent
des alternatives effectives et viables pouvant s’intégrer aux politiques et pratiques constructives
courantes, une relation étroite entre la « recherche » et la « pratique » se révèle déterminante.
Dans l’instauration et le maintien de cet échange, le niveau de l’« action » présente un potentiel
substantiel pour favoriser une prise en compte des capacités et besoins effectifs, une vérification
directe de la faisabilité des propositions ainsi que leur application et diffusion. Deux approches,
se distinguant par la modalité d’interaction entre les niveaux et acteurs impliqués, me paraissent
présenter un intérêt particulier envers l’établissement d’une synergie entre pratique, recherche et
action284.
284 Les éléments présentés dérivent des expériences effectuées au cours de cette recherche se réfèrent aux deux projets
dans lesquels j’ai été directement impliquée pendant ces trois ans: le projet de recherche ReparH visant à apporter un appui à
des organismes opérationnels actifs dans la réhabilitation suivant le séisme de 2010 en Haïti, et un programme de préparation
aux catastrophes au Bangladesh, auquel participent aussi bien des organismes opérationnels que de recherche.
Le rapprochement entre pratique, recherche et d’action ainsi qu’une synergie entre les différents
acteurs (communautés locales, universités, organismes de terrain, mais également bailleurs de fond,
autorités et collectivités, etc.) exercent une influence considérable sur les contenus des travaux
entrepris par les milieux académiques, la pertinence des propositions effectuées par les organismes
opérationnels comme sur leur accessibilité et appropriation par les constructeurs et habitants.
285 Cette approche est à la base du projet ReparH, qui inclut deux recherches en thèse (celle-ci et une autre développée
auprès du laboratoire 3SR-UJF) qui, par le développement d’éléments particuliers (des outils méthodologiques et une étude
technique), ont directement contribué au travail de plusieurs organisations, tant locales qu’internationales, conduisant des
activités relatives à la construction (p.e. réparation et reconstruction post-séisme, construction nouvelle, amélioration du bâti
existant, etc.) en différentes régions d’Haïti.
286 Le programme de préparation aux catastrophes, au Bangladesh, se base sur cette approche. Pour chaque zone de
travail, la mise au point de propositions techniques s’effectue par un processus itératif de définition, discussion et validation,
impliquant l’ensemble des acteurs concernés (populations locales, organisme opérationnel et laboratoire de recherche).
L’investigation conduite a porté sur l’analyse d’une multiplicité de cas, en vue d’approfondir la notion
de « culture du risque » en association à la dimension vernaculaire du bâtir. Cette exploration a visé
à mettre en évidence la corrélation entre la dimension culturelle et constructive de cette prise en
compte du facteur « risque ». L’approfondissement des différents niveaux que cette interrelation
intègre, la considération des techniques mais également des pratiques liées à une résilience dans
l’habitat, la définition d’un principe de classification des typologies constructives, apportent une
perspective systémique complémentaire à la vision située des recherches développées à échelle
locale et régionale.
Ainsi, ce travail contribue à la définition d’un cadre référentiel théorique par la proposition d’une
approche situant les cultures constructives vernaculaires du risque en tant que systèmes complexes,
articulés et interreliés au contexte physique et social qui les génère, et dont les composants se
constituent rarement d’éléments fragmentés, dissociés, uniquement techniques ou structurels.
Cette recherche participe à élargir l’appréhension de ce système et à saisir les particularités des ses
différentes composantes. Toutefois, elle participe également à une prise de connaissance – et de
conscience – du caractère et du potentiel parasinistre précieusement enclos par les architectures et
les environnements bâtis vernaculaires ; ceci à travers une dissection et une mise en corrélation de
leurs caractéristiques avec les principes du génie parasismique actuel et des constatations effectives
pouvant être effectuées en relation aux événements du passé.
D’autre part, cette reconnaissance repose sur une appréhension des savoirs existants et sur leur
alimentation persistante par la pratique des bâtisseurs ordinaires, par l’étude scientifique et par
l’influence exercée par des institutions opérationnelles. ces aspects se réfèrent les propositions
effectuées dans les chapitres précédents : des pistes méthodologiques et pratiques pour favoriser
une plus ample synergie de savoirs, constituant simultanément un tremplin pour davantage
investiguer l’« intelligence » parasinistre vernaculaire et un socle solide sur lequel bâtir des actions
et des propositions techniques apprenant du vernaculaire au même titre que de la science formelle.
here is more to the traditional buildings than their veneer. nderstanding their structural
characteristics is, in so many ways, like coming to know someone in person, not just from a re ection
in a mirror.
In the final analysis, an understanding of premodern building technologies can provide an opportunity
to step back for a moment to evaluate where we are now, based, not just from a narrow view from the
commonly accepted standards of our time, but in comparison with all time. In so doing, we may be
able to discern the loss along with the gain, and thus re-capture some of the quality of inventiveness
that is manifest in the traditional buildings of so many national cultures. Only then, perhaps, will it be
possible, once again, to create new buildings that re ect the identities of their local cultures, rather
than add to the detached and ahistorical uniformity that so o en characterizes the modern buildings
that are now so o en interchangeable the world over. 2
287 Langenbach Randolph, 2002. « Survivors in the Midst of Devastation. A Comparative Assessment of Traditional Timber
and Masonry Construction in Seismic Areas ». In : th .S. National Conference on Earthquake Engineering ( NCEE).
Boston : Earthquake Engineering Research Institute, 21 juillet 2002. p.10.
Par son lien avec des activités en cours sur le terrain, cette thèse s’est tout naturellement rapportée
au questionnement des modalités et possibilités concrètes selon lesquelles ces échanges et
coopérations pourraient avoir lieu. Les expériences particulières du projet ReparH et du programme
de réduction des risques au Bangladesh ouvrent des voies sur lesquelles il est particulièrement
intéressant de s’engager davantage. Elles suggèrent des modes de coopération transnationale
et transdisciplinaire, s’éloignant des logiques de paternalisme et d’assistanat des « populations
démunies », vers des approches o la pratique, la recherche et l’action se fusionnent, à part et titres
égales.
L’une, approfondie et expérimentée au cours de cette recherche, porte sur l’analyse en tant
qu’instrument de compréhension et de fondement d’actions. L’autre, en partie amorcée dans certains
chapitres de cette thèse, se rapporte à la communication comme instrument de construction et
composant à part entière d’un projet. Ces deux pistes se détachent d’une focalisation étroite sur
les spécifications techniques du produit construit, dont le développement demeure important, sans
pour autant constituer le seul facteur de résilience et de pertinence.
Cette recherche apporte une contribution à la définition des fondements théoriques de la première
piste ; il s’agit de poursuivre dans son développement en tant que démarche de projet, envers lequel
les expériences conduites au cours de ces trois ans attestent d’une faisabilité et d’opportunités
réelles.
Quant à la deuxième piste, cette recherche propose une réflexion critique au regard de la
communication en tant qu’échange entre parties prenantes et mode de gestion - participation,
implication, pouvoir d’action et de décision - dans le cadre d’activités d’organisations d’aide ;
parallèlement elle esquisse des éléments de référence au regard de la communication en tant que
moyen de constitution de compétences, diffusion de connaissances et renforcement de capacités.
D’un point de vue théorique, cette piste reste encore à explorer ; cependant au niveau opérationnel,
plusieurs expériences existent, indiquant un potentiel effectif d’apport à une amélioration des
pratiques constructives et de résilience.
Comprendre les pratiques constructives et de résilience développées par les différents individus,
communautés et sociétés et, en même temps, reconnaître les connaissances et l’expertise
existantes peuvent de fait devenir un véritable point de départ pour renforcer la résilience, à des
multiples niveaux et à long terme, tout en s’inscrivant dans une continuité culturelle, constructive et
temporelle des pratiques et des approches.
É
PROCÉDURES
OPERATIONNELLES consolidation
existant
MÉTHODOLOGIE
ET OUTILS POUR CONCEPTION
TECHNIQUE (re)construction
UNE ANALYSE améliorée
CONTEXTUELLE
crise réparation
RENFORCEMENT
DES CAPACITÉS
abri transitionnel
Un des facteurs critiques pour favoriser une réduction de la vulnérabilité à long terme de
l’environnement bâti est donc non seulement celui de la compréhension du contexte, mais
également celui de la communication entre individus, groupes collectivités et institutions participant
à sa construction. Communication qui fonde le processus d’acquisition et renforcement de savoirs et
savoir-faire, d’analyse contextuelle et d’identification des pistes à entreprendre. Elle ne se limite pas
à des échanges entre « promoteurs » et « bénéficiaires » d’un projet mais à un engagement, voire
une participation de ses différents acteurs, car pour qu’il puisse avoir un impact effectif et durable,
un projet doit être compris, partagé et soutenu par une communauté entière, spécialement lors
qu’il implique un changement des comportements d’un ensemble d’individus.
décideurs : pour qu’ils prennent davantage en considération des approches situées et intégrées,
favorisant des conditions pour un rapport égalitaire effectif entre les parties
prenantes ainsi qu’un rapprochement avec le milieu de la recherche et la réalité du
terrain ;
chercheurs : pour que les connaissances qui existent soient développées et approfondies par une
mise en situation réelle, en (se) nourrissant de manière directe et dynamique (de)
celle-ci ;
professionnels : pour qu’ils soient en mesure de saisir les spécificités du contexte dans lequel ils
sont portés à travailler et proposer des approches constructives et méthodologiques
cohérentes ;
IDENTIFICATION
É
PROCÉDURES
OPERATIONNELLES consolidation
existant
CULTURES
CONCEPTION
CONSTRUCTIVES (re)construction
TECHNIQUE améliorée
LOCALES
crise réparation
RENFORCEMENT
DES CAPACITÉS
RECHERCHE
abri transitionnel
habitants et
communautés
locales
autorités et
décideurs
politiques
Les questionnements posés au début de cette recherche s’associant à ceux surgit pendant son
déroulement, m’ont conduit à explorer plusieurs thématiques qui à leur tour ont suscité des
questions, ouvert de nouvelles perspectives et fourni l’inspiration pour la proposition de pistes
futures.
D’une analyse des pratiques actuelles des organisations d’aide s’explicite la nécessité d’assumer,
de manière cohérente et concrète, une approche d’anticipation et préparation. Cela en prenant en
compte l’ensemble des paramètres qui conditionnent et favorisent un processus de résilience diffuse
et à long terme. Pour ce faire, le contexte naturel, humain et construit dans lequel l’intervention se
situe ne peut pas être ignoré. Il en constitue au contraire le point de départ.
Le potentiel représenté par une prise en compte des caractéristiques contextuelles et, en
particulier, des pratiques et cultures constructives vernaculaires est bien réel. Et il est également
reconnu par plusieurs acteurs, aussi bien au niveau opérationnel que décisionnel et scientifique. Sa
concrétisation se révèle néanmoins extrêmement dépendante de la sensibilité, expérience et intérêt
individuels de techniciens et opérateurs de terrain pour la définition des approches techniques et
méthodologiques, et de ceux de décideurs, autorités et bailleurs de fonds pour la délimitation du
cadre stratégique et opérationnel.
Des savoirs et mesures de résilience effectifs et efficaces existent parmi les cultures constructives des
populations habitant des régions affectées par des aléas naturels récurrents. Dans leur ensemble,
celles-ci révèlent une approche holistique, multi-échelle et pluridisciplinaire qui n’a rien à envier au
génie parasinistre actuel.
La question s’est posée alors de comment faire en sorte que le potentiel latent de connaissances
présentes dans les documents éparpillés dans les méandres des réseaux informatiques et empilés
au fond d’un tiroir, ou dans les modes de bâtir et de gérer les crises développés par une certaine
communauté, puisse se rendre manifeste et utile à d’autres constructeurs, praticiens et théoriciens.
Les pistes esquissées en conclusion des principales parties de ce document suggèrent, à cet égard,
des propositions concrètes.
288 Feyerabend, Paul, 1979. Contre la méthode. Esquisse d’une théorie anarchiste de la connaissance. Paris : Editions du Seuil,
1979. p. 16.
Le lien avec la dimension pratique et pédagogique a permis également de faire ressortir les éléments
qui restent à développer. Une étape ultérieure d’affinement de ces outils méthodologiques s’avère
nécessaire en vue de la définition des paramètres favorisant une adaptation à différents contextes
et niveaux de compétences. L’expérimentation dans d’autres situations géographiques et de projets
serait à ce propos très favorable. Il est en outre à mon avis important que cette évolution inclue
une application à des situations de post-catastrophe en appui à des interventions de réponse à
la crise, concernant aussi bien des structures temporaires/transitionnelles qu’une réhabilitation
et construction permanente. Cette réélaboration se réfère également à une formalisation des
procédures et supports méthodologiques pour le travail sur le terrain ainsi qu’au développement
d’outils de sensibilisation et de formation facilement diffusables s’adressant aux différents acteurs
impliqués dans des programmes de réduction de la vulnérabilité.
D’autre part, l’analyse détaillée des cultures constructive du risque est avant tout une exploration des
aspects qui, de manière directe et tangible, améliorent la résilience du bâti vernaculaire et qui, une
fois identifiés et compris, constituent des principes et mesures efficaces et économiques favorisant
la définition de pistes constructives et architecturales appropriées aux modes de vie contemporains,
en dialogue avec les aspirations, les capacités techniques et économiques de chacun. Ainsi, je ne peux
que m’associer aux chercheurs et praticiens qui, depuis désormais plusieurs années, expriment le
besoin pressant de développer des recherches, des cadres normatifs, des approches stratégiques
prenant en compte cette richesse qui est en train de se perdre mais qui, simultanément, se révèle
de plus en plus indispensable. Certes, cela n’est pas facile, lors qu’on se rapproche d’aspects qui,
pour leur nature intrinsèque, échappent aux logiques marchandes et aux intérêts des organes
économiques, politiques et gestionnaires détenant la barre des orientations prioritaires dans
lesquelles investir ressources financières, matérielles et humaines. Néanmoins, en dessous de cette
« croûte homogénéisante », de plus en plus d’initiatives surgissent et prennent de l’ampleur, aux
quatre coins de la planète.
Par la mise en relation de la théorie et de la pratique, cette recherche en thèse visait à expérimenter
des modalités pour rapprocher la recherche scientifique, les interventions opérationnelles et la
pratique quotidienne de bâtir, ainsi que pour relier les différentes phases caractérisant des contextes
à risques. Au regard de l’hypothèse et des questions de départ, ses apports reposent en particulier
sur le développement d’une méthodologie d’analyse contextuelle qui se réfère spécifiquement aux
cultures constructives vernaculaires, ainsi qu’à l’approfondissement de leur caractère parasinistre.
Le premier aspect se relate au domaine de la gestion des risques, en proposant une approche qui,
en se référant de manière spécifique et située aux caractéristiques et conditions locales, considère
simultanément la préparation et la réponse aux crises favorisant l’établissement d’une continuité
de logiques et de pratiques entre urgence, réhabilitation et développement. L’ensemble de cette
démarche a été expérimenté dans le cadre d’un programme de préparation aux catastrophes au
Lors du travail avec les partenaires des projets situés en Haïti et au Bangladesh, plusieurs modalités
d’application et diffusion de cette approche ont été expérimentées, en relation à trois principaux
niveaux: institutionnel, par une diffusion capillaire au sein d’un même organisme ainsi que, via
des réseaux existants, entre des organisations différentes ; territorial, à partir de sites pilotes
s’étendant ensuite à d’autres zones à risque, voire à l’ensemble d’une région ou des sites de travail
d’une organisation ; temporel, entre situations simultanées et temporellement successives. En ce
faisant, certaines activités et éléments développés par cette recherche ont directement contribué à
élargir l’apport des interventions des partenaires opérationnels, au-delà de leurs limites spatiales et
temporelles. Comme dans le cas du contexte haïtien o les activités de reconstruction ont constitué
une occasion pour certaines organisations locales de s’approprier l’approche proposée, ainsi que
pour la diffuser à d’autres zones et institutions non affectées par le séisme de 2010.
Outre un niveau pratique et opérationnel, les apports de cette recherche se réfèrent également à la
constitution de nouvelles connaissances, relatives en particulier à une reconnaissance de la dimension
parasinistre des cultures constructives vernaculaires. L’application in situ de l’approche d’analyse
élaborée a conduit à l’identification de plusieurs dispositions vernaculaires réduisant la vulnérabilité
envers différents aléas naturels. Ces investigations ont a permis d’approfondir la caractérisation des
types de mesures existantes et les échelles de leur application, ouvrant des nouvelles perspectives
pour une prise en compte des cultures constructives vernaculaires associant pratique et technique,
savoirs et savoir-faire, solutions permanentes et éphémères. En outre, les particularités parasinistres
détectées sur le terrain, associées à un croisement de plusieurs études localisées réalisées par
d’autres chercheurs, ont apporté une contribution directe au projet scientifique du laboratoire
CRAterre-ENSAG relatif à la constitution d’un atlas des cultures constructives du risque, projet qui
vise à documenter et analyser les différentes mesures de résilience élaborées par les populations et
les bâtisseurs vernaculaires.
Dans une mise en perspective du travail effectué dans le cadre de cette recherche, l’ensemble des
éléments découlant de l’investigation conduite au regard du caractère parasinistre du vernaculaire
assume de fait un potentiel double. D’une part, il constitue une source de solutions et stratégies, aussi
bien pratiques que constructives, qui présentent un potentiel effectif pour améliorer l’adaptation et
la pertinence des interventions en contexte à risque. D’autre part, il constitue un point de départ
pour développer des nouvelles connaissances relatives à des principes et mécanismes techniques,
comme pour élaborer des supports permettant leur reconnaissance et utilisation, tant au niveau
institutionnel que de la pratique quotidienne.
Via le projet ReparH et ses partenaires, ces aspects ont été mis en pratique sur le terrain et dans la
recherche, par l’expérimentation de différentes modalités supportant une valorisation des cultures
constructives vernaculaires à travers leur identification, étude, amélioration et diffusion. Vis-à-vis
de la problématique de l’habitat en contexte à risque et du renforcement des capacités locales de
résilience, elles constituent des pistes à explorer et développer davantage, dans une démarche
d’évolutivité - et non de remplacement - des pratiques et connaissances existantes. Et cela en
associant à des applications situées l’identification de nouveaux instruments de compréhension
comme le développement d’activités et outils favorisant une accessibilité des résultants de la
recherche aux différents acteurs impliqués dans la construction de milieux plus résilients. Non
seulement, de ce fait, envers des techniciens et responsables d’organismes opérationnels mais aussi
vers les communautés et les bâtisseurs, de manière à soutenir davantage leur reconnaissance et (re)
génération ainsi que la diffusion de connaissances locales et d’approches situées.
Il est peut-être temps d’adopter une approche pragmatique, alliant la dimension culturelle à celle
technique, associant la création de nouveaux savoirs et savoir-faire à la régénération de ceux
ayant démontré leur pertinence, au développement des connaissances dans les laboratoires et
sur le terrain, à leur compréhension, partage et (ré)utilisation, pour (ré)inventer des outils et des
approches qui nous permettent de bénéficier du « génie vernaculaire », en tant que genius loci et
génie parasinistre.
Une approche phénoménologique du construire résilient dans lequel l’architecte, en tant que
figure professionnelle actuelle, n’est pas le protagoniste omniscient du processus de création de
l’environnement construit, dans lequel d’ailleurs il n’est souvent même pas impliqué. Son rôle est de
fait à repenser, ou même, à réinventer, en le resituant en relation à la création de milieux bâtis en
tant que pratique collective composée d’actions individuelles, o la construction du sens s’effectue
par une participation de l’ensemble des acteurs.
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2014 unité d’enseignement Master ENAC Learning from Vernacular La terre crue
École Polytechnique Fédérale de Lausanne - EPFL (Suisse)
2013 séminaire Master Architecture et Cultures Constructives Le rôle de l’architecte dans les métiers de
l’aide internationale , Université virtuelle Environnement et Développement Durable
École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - ENSAG (France)
séminaire Master Initiation à la recherche
École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - ENSAG (France)
unité d’enseignement Master ENAC Learning from Vernacular La terre crue
École Polytechnique Fédérale de Lausanne - EPFL (Suisse)
2010-2014 membre du projet de recherche ReparH-Reconstruire parasinistre en Haïti,
financé par l’Agence Nationale de Recherche-ANR (France)
2012 chargée de cours
unité d’enseignement Master ENAC Learning from Vernacular La terre crue
École Polytechnique Fédérale de Lausanne - EPFL (Suisse)
supervision de stage dans le cadre de la formation DSA-terre, laboratoire CRAterre-ENSAG
État des lieux de projets de reconstruction en Haïti
travail mandaté par la Fondation Abbé Pierre (France)
séminaire Master Prévention et gestion des situations à risque ,
École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble - ENSAG (France)
2010 unité d’enseignement Master ENAC Learning from Vernacular L’eau
École Polytechnique Fédérale de Lausanne - EPFL (Suisse)
2007 Pillo Mody College of Architecture, Cuttack (Inde)
2006-2007 Le localisme du bambou : recherche autour de l’utilisation du bambou en tant que matériau de
construction dans les pratiques vernaculaires et institutionnelles,
recherche financée par la Geisendorf Stiftung (Suisse)
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local. Villefontaine: CRAterre Editions.
Caimi, A. Hofmann, M. 2007. Vernacular, a convivial process . Colloquium, organisé par le Centre Architecture
Anthropologie et Territoire et les Archives de la Construction Moderne -EPFL, Rossinière (Suisse).
thèse de doctorat
Université de Grenoble
soutenue publiquement le
8 avril 2014
Cultures constructives vernaculaires et résilience
A.1.1.Bangladesh :
Fiche de contexte 335
Fiche du programme 337
A.1.2. Haïti :
Fiche de contexte 339
Fiches par projet 341
Outils de communication dans la reconstruction post-séisme 365
Fiche de contexte
Fiche du programme : analyse détaillée de quatre programmes de reconstruction post-séisme
- Entrepreneurs du Monde
- Misereor / PADED
- Secours Catholique - Caritas France / PAPDA
- DDC - Centre Compétences Reconstruction
A.1.2. Haïti :
Fiche de contexte
Fiches par projet
Outils de communication dans la reconstruction post-séisme :
- information
- sensibilisation
- démonstration
- formation
APERÇU GÉNÉRAL
événements : 234
personnes tuées : 191 836
moyenne des personnes tuées : 6188/an
personnes affectées : 323 480 264
moyenne des personnes affectées : 10 434 847/an
Titre
Projet de construction d’habitations pilotes à faible coût pour les familles affectées par des
catastrophes au Bangladesh
Objectif général
Renforcer les capacités locales à faire face aux risques par une amélioration des pratiques
constructives locales et par l’implication directe des communautés dans la définition de
propositions techniques adaptées aux ressources et risques locaux ainsi qu’adoptables par la
population dans une logique de réduction des risques et de préparation envers des futures
crises. ©Moles
Résultats attendus
- Partage de connaissances et savoir-faire entre l’équipe CB et les communautés en vue de la
©Moles
construction des modèles d’habitat économique
- Renforcement des capacités techniques de CB par l’appui techniques et méthodologiques des 2009-2010_ réponse au cyclone Aila et habitat local (à droite)
partenaires impliqués
- Dans 6 régions différentes, construction de 84 habitations pilotes adaptées aux aléas locaux et
formation des bâtisseurs locaux (bénéficiaires et artisans) aux principes techniques employées
- Intégration des connaissances et de l’expertise acquises pendant le projet dans les pratiques et
les stratégies de CB et des communautés locales pour la préparation et la réponse aux crises
Activités
- Analyse des pratiques constructives, ressources et risques en 6 régions du pays
- Conception de modèles d’habitats économiques référés aux caractéristiques du contexte local
- Echanges entre institutions académiques et communautés locales
- Organisation de séminaires régionaux et nationaux
Partenaires
- Caritas Bangladesh (CB): gestion et mise en œuvre du projet
- Département d’ingénierie civile, Bangladesh University of Engineering and Technology
(BUET): support technique
- International Centre for Earth Construction – CRAterre: support technique et méthodologique
- Secours Catholique / Caritas France : bailleur de fonds
- Caritas Luxembourg: bailleur de fonds
©Moles
Durée du projet
2011-2014_ habitat local (à gauche) et construction pilote (droite)_
programme de préparation
régions de Dinajpur (haut) et Chittagong (bas)
Cultures constructives vernaculaires et résilience
Cultures constructives vernaculaires et résilience
Surface:totale : 27 750 km²
dont 60% présentant une
pente supérieure à 20%
Terre : 27 560 km²
Eau: 190 km²
DÉTAILS DU SÉISME
Magnitude : 7.0
Profondeur : 13 km
Localisation de l’épicentre : 25 km
sud-ouest de Port-au-Prince
Source : United State Geological Survey (USGS)
GRILLE D’ANALYSE
Contexte
- zones d’intervention (milieu urbain/rural/périurbain, accessibilité)
- typologies constructives existantes
- typologies architecturales existantes
- bonnes pratiques
- processus constructif
Programme
- vision globale
- objectifs
- stratégie
- partenaires (acteurs et rôles)
- besoins constatés
- localisation des programmes
- durée
- sélection des bénéficiaires (nombre, critères)
Construction
- type de bâtiment (logements, bâtiment public)
- techniques constructives
- coûts
- réalisation : qui les construit, durée du chantier
- apport du bénéficiaire
- apport du programme
-
-
Contexte
Programme
population
constructeurs
partenaire local
consultance technique / méthodologique
bailleur de fonds
relation directe
relation indirecte
-
-
Construction
phase 1
chantier formation
phase 2
bâtiments
démonstratifs
phase 3
phase 4
SYNTHESE DU PROJET
renforcement
des compétences
Sources
Rencontres avec :
- Florie Dejeant, Chargée de développement Habitat. Le 29 mars 2012 et
20 juin 2012 à Port-au-Prince.
- Franck Renaudin (Directeur et Responsable partenariats entreprises) et
construction
Guillaume Mellot (Coordinateur programmes post-urgence Haïti). Le 09
février 2010 et 13 février 2010 à Port-au-Prince.
Visites de terrain :
DEMARCHE DE PROJET 09 février 2010, 13 février 2010, 29 mars 2012, 20 juin 2012
Habitat, Carrefour Feuille ©EdM atelier, Camp Corail ©EdM
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Contexte
Programme
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Construction
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consultance technique / méthodologique
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population
constructeurs
partenaire local
consultance technique / méthodologique
bailleur de fonds
formation
supervision
chantier formation
chantier formation
phase 2
phase 3
SYNTHESE DU PROJET Sources
ALVAREZ, Nuria, BOSSY, Vincent, 2012. Etat des lieux des projets financés par la Fondation Abbé Pierre en Haïti. Haïti : CRAterre-ENSAG, Fondation
Abbé Pierre.
renforcement BELINGA NKO’O, Christian, 2011. Programme de reconstruction de l’habitat rural Par les organisations de la PADED Plateforme Agroécologique et
des compétences Développement Durable. ENH-PRESTEN. Rapport de mission. Haïti : Misereor.
CAUDERAY, Elsa, 2012a. Programme de reconstruction PADED Appui à CONCERT-ACTION 8e section de Petit-Goâve, Haïti. Rapport de mission. Port-
au-Prince : Misereor.
CAUDERAY, Elsa, 2012b. Visite de GADRU Mahotière, Haïti du 27.12 au 30.12.2011. Notes de mission. Haïti : Misereor.
construction DOULINE, Alexandre, 2002. Visite du département du Nord Est avec les partenaires du GADRU pour évaluer l’intérêt de construire avec les maté-
riaux locaux. Rapport de mission. Haïti : Misereor.
DOULINE, Alexandre, 2010. Programme de reconstruction de l’habitat rural par les organisations de la PADED Plateforme Agroécologique et
Développement Durable. Mission de conciliation et d’aide au montage financier des programmes de reconstruction. Rapport de mission. Haïti :
DEMARCHE DE PROJET Misereor.
DOULINE, Alexandre, 2011. Programme de reconstruction de l’habitat rural Par les organisations de la PADED Plateforme Agroécologique et Déve-
Rivière froide, zone EPPMPH loppement Durable. Séminaire d’évaluation des compétences des boss et contremaîtres. Préparation du démarrage des projets de Concert-Action
et GADRU. Rapport de mission. Haïti : Misereor.
dy
na replicabilité DOULINE, Alexandre, BELLIN, Jean-Paul, 2010a. Analyses de l’habitat et des infrastructures des partenaires de Misereor affectés par le tremblement
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ie iqu n de terre du 12 janvier 2010. Rapport de mission. Haïti : Misereor.
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s in io DOULINE, Alexandre, BELLIN, Jean-Paul, 2010b. Programme de reconstruction de l’habitat rural par les organisations de la PADED Plateforme
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Agroécologique et Développement Durable. Actualisation des listes de matériaux pour la reconstruction évolutive à partir d’une surface habitable
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de 22 m2. Dossier technique. Haïti : Misereor.
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DOULINE, Alexandre, CAUDERAY, Elsa, HOSTA, Julien, 2010. Programme de reconstruction de l’habitat rural par les organisations de la PADED Plate-
forme Agroécologique et Développement Durable. Démarrage de la 1ère phase opérationnelle pour 400 familles Agro-écologiques accompagnées
par EPPMPH et PRESTEN. Rapport de mission. Haïti : Misereor.
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DOULINE, Alexandre, MARONGIU, Sophie, 2011. Programme de reconstruction de l’habitat rural par les organisations de la PADED Plateforme
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Agroécologique et Développement Durable. Analyse de la 1ère phase opérationnelle pour EPPMPH et PRESTEN Montage du projet financier pour
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fo n Concert-Action et GADRU. Rapport de mission. Haïti : Misereor.
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n on Visites de terrain : 2011, 4-15 février / 2012, 26 mars-7 avril / 2012, 3-24 juin
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des risques confort Principaux entretiens :
- Sophie Marongiu (consultante Misereor), Sœur LEON des PSST, Marie Antonyne JUSTE, Boss Tony, Boss Jean Charles et M. Lemiel de l’association
EPPMPH. Le 5 et 6 avril 2011 à Rivière Froide.
RENFORCEMENT - Alexandre Douline, consultant Misereor et coordonnateur de projet en Haïti. Le 13 mars 2012 à Lausanne.
PROGRAMME CONSTRUCTION - Antony Eyma, directeur de Concert-Action. Le 28 mars 2012 à Port-au-Prince.
DES COMPETENCES
- Elsa Cauderay et Julien Hosta, consultants Misereor en Haïti. Le 24 mars 2012 à Lausanne.
- Jean Celines et Lerismé Saint Pierre, ingénieurs de terrain pour l’association GADRU. Le 2 avril 2012 à Port-au-Prince.
- Jean Marie Toussaint, Auldyng Charles, Albert Alexandre, Jean Désima Sainte, Angélinor Saint Fort de l’association Presten. Le 28 mars 2012 à
Port-au-Prince.
- Jean-Marie Louis directeur du GADRU et Madeleine Casimir. Le 27 mars 2012 à Port-au-Prince.
- Laure Cornet, consultante Misereor en Haïti. Le 22 mars 2012 à Grenoble.
- Marie Line Daphned et Josué Daphinis, ingénieurs de terrain pour le projet de Concert-Action. Le 30 mars 2012 à Port-au-Prince.
- Soeur Léon, directrice de EPPMPH et Antonyne Juste. Le 3 avril 2012 à Rivière Froide.
- Sophie Marongiu, consultante Misereor en Haïti. Le 3 et 4 avril 2012 à Port-au-Prince.
réduction des
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Contexte
Programme
population
constructeurs
partenaire local
consultance technique / méthodologique
bailleur de fonds
relation directe
relation indirecte
Fiche / analyse de projet 2
Construction
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-
-
-
population
-
constructeurs
-
- partenaire local
- consultance technique / méthodologique
- bailleur de fonds
relation directe
relation indirecte
population
constructeurs
partenaire local
consultance technique / méthodologique
bailleur de fonds
formation
supervision
chantier formation
chantier formation
phase 2
phase 3
SYNTHESE DU PROJET
Sources
Moles, O., 2011a. Projet de reconstruction de 100 maisons et 20 citernes Visite de terrain : 2011, 4-15 février
à Cap Rouge Suivi et Formation. Rapport de mission. CRAterre-ENSAG.
Entretiens avec :
construction Moles, O., 2010b. Reconstruction post séisme 2010. Etat des Lieux des - Eloi Bonal, chargé de projet pour le SCCF en Haïti. Le 27 mars 2012 à
différentes orientations d’intervention de partenaires Haïtiens. Rapport Port-au-Prince.
de mission.Haïti: SCCF et CRAterre-ENSAG. - les membres du VEDEK. Le 8 février 2011 à Cap Rouge.
- Blandine Salla et Jonathan Fort, chargés du projet pour le SCCF en
Moles, O. & Vieux-Champagne, F., 2010. Reconstruction post séisme Haïti. Le 7-8 février 2011 à Cap Rouge.
2010. Mise en place de la phase pilote du projet de reconstruction de
100 maisons à Cap Rouge avec VEDEK et PAPDA. Rapport de mission.
Haïti: SCCF et CRAterre-ENSAG.
renforcement
des compétences
Moles, O., 2011. Reconstruction post séisme 2010. Projet de
reconstruction de 100 maisons et 20 citernes à Cap Rouge. Suivi et
©Moles Formation. Rapport de mission. Haïti: SCCF et CRAterre-ENSAG.
DEMARCHE DE PROJET
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RENFORCEMENT
PROGRAMME CONSTRUCTION
DES COMPETENCES
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risques Cap Rouge, habitation réhabilitée (gauche) et habitation non concernée par le projet (droite)
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matériaux
population
constructeurs
partenaire local
consultance technique / méthodologique
bailleur de fonds
relation directe
-
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-
Petit-Gôave, chantier formation sur projet EPER Petit-Gôave, centre de formation INFP support de formation
SYNTHESE DU PROJET
construction
phase 1
renforcement
des compétences
DEMARCHE DE PROJET
phase 2 dy
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PROGRAMME CONSTRUCTION
DES COMPETENCES
réduction des
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Sources
autoconstructeurs
artisans
Depuis le début du projet, plusieurs rencontres mise en place du projet, la présentation des
ont eu lieu : au niveau de l’ensemble de la principes constructifs proposés ainsi que, par
zone de travail en réunissant les représentants la suite, la sélection des bénéficiaires sur base
des différentes communautés ; au niveau de participative.
chaque localité en rassemblant la population
locale. Ces assemblées ont concerné
©UNESCO
l’explication du contenu et des modalités de
Différents panneaux sont employés pour Cet outil est utilisable dans le cadre de
l’explication des activités de reconstruction, formations, séminaires et événements
des caractéristiques architecturales et particuliers, comme support de promotion de
constructives des habitations proposées ainsi principes techniques mais également d’une
que des éléments contextuels (pratiques approche de travail.
sociales, typologies constructives et
architecturales, etc.) fondant la démarche
d’ensemble du projet.
Différents formats d’affiches ont été exposés Chaque thème s’articule sur plusieurs
dans des zones très fréquentées (marchés, panneaux, disposés à des endroits différents,
carrefours, arrêts des transports publics, etc.) mais proches entre eux, et remplacés avec
de la ville de Port-au-Prince. Ces panneaux une fréquence périodique. Ces affiches
se structurent sur la base de cinq thèmes présentent un seul message très ciblé au
correspondant à des étapes, ou principes regard des caractéristiques des matériaux ou
essentiels, de la construction selon la technique des modalités de leur mise en œuvre.
de la maçonnerie chaînée.
Des visites et échanges ont été organisés entre d’expériences et de connaissances au regard
différents professionnels : des principes et techniques mis en œuvre ;
- entre artisans engagés dans le projet en - entre décideurs et techniciens de différentes
zones différentes, pour comprendre le type organisations locales et d’organismes
de structure sur lequel ils seront portés à internationaux pour des échanges et
travailler ; explications de l’approche adoptée.
- entre artisans impliqués dans des
©CRAterre
programmes différents, pour un partage
Différents types de visites ont été organisés En outre, des techniciens et cadres d’organismes
pour les participants au projet et des locaux, nationaux et internationaux travaillant
représentants d’autres institutions. Avant dans le secteur de la construction et de la
le début du chantier, chaque bénéficiaire formation, ont visité les sites du projet et
effectue une visite d’un bâtiment présentant rencontré les membres de l’organisation de
les améliorations techniques proposées, avec base pour saisir les caractéristiques de la
l’accompagnement de l’artisan choisi et de démarche mises en place.
l’animateur de l’organisation de base en charge
du projet.
Des sketches humoristiques focalisés sur des Ces vidéos ont été réalisés en collaboration avec
thématiques précises (p.e. mélange du mortier) des comédiens locaux, et ils sont conçus pour
vulgarisent des principes simples relatifs à la être diffusés via les médias conventionnels ou
technique de la maçonnerie chaînée, pour en complément de séance de sensibilisation et
améliorer la qualité de la mise en œuvre et la formation.
résistance de la structure.
Différents supports visuels ont été élaborés faiblesses des architectures locales ainsi que
en relation au contenu du programme, avec les améliorations proposées par le projet de
des formats permettant leur utilisation dans reconstruction. En outre, différents exemples
des situations variées (projection vidéo et/ou d’architectures vernaculaires et d’architectes
fiches plastifiées à afficher). Les différentes renommés, en différentes parties du monde,
thématiques abordées concernent les visent à mettre en valeur le potentiel et
©Douline
pratiques et les matériaux couramment les différentes possibilités d’utilisation des
employés pour la construction, les forces et les matériaux naturels locaux.
constructions à usage privé et/ou public situées dans des endroits fréquentés, servant aussi bien
comme support de formation que de sensibilisation.
Différents bâtiments à caractère public ont Cette diversification typologique (un ou deux
été réalisés en milieu urbain et périurbain étages, toiture à quatre ou deux pentes, etc.) à
(gare routière, centre d’exposition, pépinière partir d’un système modulaire vise à répondre
d’entreprises, etc.). Ces constructions se à des contraintes pratiques dictées par le
basent sur un même système constructif, contexte, ainsi qu’à montrer les possibilités
en le déclinant architecturalement et permises par les principes adoptés.
esthétiquement selon la fonction à accueillir.
©Moles
Support relatif à une technique constructive Ces supports ont été réalisés lors des
spécifique rendant visibles des dispositifs et formations d’artisans, ce qui a permis de mettre
principes pour une construction de qualité, en pratique les enseignements théoriques.
ciblés en relation aux « mauvaises » pratiques Toutefois ils nécessitent d’être accompagnés
courantes. Ces outils comprennent des murets d’une explication pour assurer une bonne
démonstratifs et une axonométrie éclatée à compréhension des informations présentées.
échelle réelle, laissant apparents des détails
autrement cachés.
supports de synthèse par thématique à afficher sur le lieu de formation (salle de cours, chantier
formation, …) et à accompagner par une explication de la part d’un formateur.
Fiches techniques illustrant les différents détails Ces supports sont utilisables sur le chantier
et étapes relatives aux typologies constructives comme « manuel d’instruction » se référant
considérées pour la re-construction. spécifiquement aux techniques sélectionnées.
Elles définissent les dimensionnements des
différents éléments structurels, en fournissant
des indications spécifiques au regard des
critères à respecter pour la construction.
Formation d’une équipe sélectionnée d’un technicien ainsi que des cours théoriques
d’artisans au système technique proposé avec des sessions différées à selon du domaine
et aux principes de gestion d’entreprise. spécifique de travail des artisans (charpente,
Conduite par des consultants, elle a compris maçonnerie, etc.).
des sessions pratiques, incluant la réalisation
de plusieurs bâtiments sous la supervision
©Cauderay-Hosta
L’ensemble de ces outils constitue de fait une sorte de « kit » à usage des techniciens et des
opérateurs de terrain, en leur offrant les repères pour la mise en œuvre de l’analyse ainsi que
pour la récolte des informations.
Ce « kit » vient en support aux activités sur le terrain ainsi qu’à une phase préalable de
sensibilisation et/ou formation de ces utilisateurs. D’autres critères, supports et méthodes
peuvent venir s’ajouter selon les objectifs et le contexte de l’analyse ; de même, en relation à
ces facteurs une adaptation au niveau des paramètres considérés s’avère indispensable.
1- Preliminary work: data collection from secondary sources, adaptation of analysis tools and rapport building with local
communities and authorities.
2- Community meeting: meeting with inhabitants of the selected area: introduction of the survey team; explanation about the
purpose of the analysis and the way of its implementation as well as about the overall project; data
collection about the area and its social, economic and natural environment.
3- Door to door visit: collection of information about households and preliminary identification of existing building
typologies.
4- Mapping: development of one or more maps about built and natural environment, resources and risk
5- Transect walk: identification of the building typologies and the houses to be surveyed.
6- Individual housing survey: technical and detailed survey of selected houses and interviews with house owner and/or inhabitants.
7- Meeting with local artisans: data collection on building materials costs, availability, required quantity and provenance.
8- Focus Group Discussion: meeting with local artisans and people from the local community involved in construction: data
collection on housing, building process, available resources, existing skills and know-how.
9- Report and design strategy: analysis of the collected information and definition of preliminary criteria for project orientation.
10- Validation: meeting with local community: discussion and verification of survey findings and project orientation.
1- Introduction: presentation of the programme, explanation of objectives, request of participation, duration of the meeting
4- Construction process:
Season for construction
Transport of materials
Preparation of materials (production, treatment, transformation process, etc.)
Construction steps
Duration of construction
Ways to reduce costs
Who do what for the construction
Decision criteria for construction (about choice of site, materials, space arrangement)
Relation with artisans (type of contract, follow up)
5- Natural hazards:
Main features: (types, frequency, season, after how much time situation go back to normality, ordinary and
exceptional disasters, more exposed part of the area, access to the area)
Damages to buildings (types, which part is the most affected, repairing/reconstruction)
Collective measure for vulnerability reduction (arrangement to reduce risk, what people do before, during and after a disaster,
main difficulties)
Individual measure for disaster reduction (particular arrangements to improve resistance of the house)
Situation after a disaster (materials available in the area and on local market, recycling from destructed house, shortage)
6- Additional information:
Other GO/NGO working in the area (types of activity, aid in disaster situation)
Local and community-based organisation
One or more maps could be done according to thematic focus (resources, housing types, risks, etc.) or by portion of the area.
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1- Introduction: introduction of team member, presentation of the programme, explanation of objectives, request of
participation, duration of the meeting
4- Natural hazards:
Damages to houses (types, which part is the most affected and reasons)
Improvements to reduce house vulnerability
3- Construction process:
Season for construction
Transport of materials
Preparation of materials (production, treatment, transformation process, etc.)
Construction steps
Ways to reduce costs
Who do what for the construction
People in charge of particular tasks
Decision criteria for construction (about choice of site, materials, space arrangement)
Relation with artisans (type of contract, follow up)
4- Natural hazards:
Damages to buildings (types, which part is the most affected and reasons, repairing/reconstruction,)
Individual measure for disaster reduction (particular arrangements to improve resistance of the house)
Situation after a disaster (materials available in the area and on local market, recycling from destructed house,
shortage)
1. A map of the area should be done previously with the help of the community.
This map should show:
- location of houses
- differentiation of houses on the basis of construction types
- areas more exposed to local risks (e.g. floods)
3. Main types of construction should be identified according to materials and/or structural system employed for the construction
(e.g. mud house, bamboo posts; )
4. Selection should include 2-3 houses for each identified type according to:
- different sizes of the same type of construction
> this will allow to understand how the house evolve, which are the most important parts and how people extend their
house
- houses of different economic level (poor, medium and rich people)
> this will allow to identify different types of solutions and in which are the priority parts of the construction and in which
parts people invest more
5. During transect walk, short visit to different houses corresponding to the identified types will allow to complete data collected
with the individual survey
to visit different parts of the village, not only the one more exposed to risk
all the types of construction should be considered
the selected houses should be well representative of the construction type (e.g. for space size, construction)
during transect walk, look for particular constructive solutions (e.g. special connexions)
Main risks
a. natural hazards (according to local population as well as national risk maps)
for each type, specify:
- frequency of normal and exceptional disasters
- duration
- when do they generally happen?
- after how much time the situation return at normal?
- damages to houses : types according to building types, most affected parts, repairing needed
- damages to environment: types, arrangement to reduce risks
b. coping strategies
for each type of disaster, specify:
- how people know that a disaster is coming?
- what people do before, during and after a disaster?
- is there any thing that people do to improve house resistance?
Housing structure
a. foundations/plinth (materials and techniques, shape and dimensions, main problems and causes, existing solutions,
particular arrangement to improve durability and resistance)
b. main structure (materials, techniques and dimensions of load-bearing structure and secondary structure,
main problems and causes, existing solutions, particular arrangement to improve durability
and resistance)
c. roof (shape, materials and techniques for the structure, covering materials, main problems and
causes, existing solutions, is there any particular arrangement that improve durability and
resistance)
d. fences (materials and techniques, types, main problems and causes, existing solutions, particular
arrangement to improve durability and resistance, comfort inside the house according to type
of fence)
e. joints (types of connections and materials used, bonding, special cutting, main problems and causes,
existing solutions)
Cultures constructives vernaculaires et résilience
f. openings (number, shape, size, position)
not only doors and windows should be considered but also other types of solutions allowing
for ventilation and light (e.g. bamboo grid)
g. special provisions (according to survey findings: inside and nearby the house, for which purpose, where)
Building process
a. which are the criteria to choose : house position, house materials, artisans
b. construction season and why
c. duration of construction
d. construction steps
e. who do what
f. ways to reduce construction cost
Maintenance
a. average lifespan of each construction type
b. average lifespan of the materials according to the construction part for which they are used
c. parts that need maintenance (main problems and reasons)
d. what has to be done
e. who do it
f. frequency
Building materials
for each material used specify: types, dimensions, availability (in which season), provenance, solutions to improve
durability (e.g. treatment), availability after a disaster (quantity, cost after a disaster)
Construction costs
a. materials and labour costs
b. most expensive part of the house
c. average costs of existing houses
• Technical proposals should refer to different types of solutions for the different parts of the construction according to different
costs.
• Design strategy should try to solve the identified problems by suggesting new solution or integrating good local practices.
• For each part of the construction think about which are the existing problems and which are the solutions implemented by
population to overcome them:
- if these solutions work well, they should be integrated into the design strategy
- if they don’t solve the problem or they are too costly, suggest different types of possible solutions on the basis of: good
solutions found in other regions, basic engineering principles keeping them the most simple and the less expensive as possible.
Schéma extrait de :
CAIMI, Annalisa, 2012. Construction of Pilot Low Cost Houses (LCH) Project for the Disaster Affected families of Bangladesh.
Rapport de mission. Dhaka : CRAterre-ENSAG.
Annalisa Caimi
MÉTHODOLOGIE DE TRAVAIL
Ce travail concerne une étude des typologies constructives
présentes dans le bâti vernaculaire de quatre régions situées le
long de la faille Nord Anatolienne, dans la partie septentrionale
de la Turquie.
Les informations présentées se basent sur une recherche
documentaire et, en plus grande partie, sur les résultats
d’une analyse de terrain effectuée en août 2012 (durée : 3.5
semaines). Cette étude s’est focalisée sur les caractéristiques
techniques des artefacts construits, aussi bien en zone urbaine
que rurale. Les investigations ont pris en compte essentiellement
des aspects constructifs : matériaux, systèmes et détails,
pathologies et dispositifs particuliers.
Trois typologies constructives ont été identifiées, bien que leur
présence et spécificités varient d’une région à l’autre ainsi que
dans la même région :
• ossature en bois avec remplissage en torchis, maçonnerie
en pierres et en briques (en terre crue et cuite), mélange
de pierres et mortier de terre, rondins en bois, bardage en
planches de bois ;
• maçonnerie porteuse en pierre ou en brique (en terre crue
et cuite) avec insertions horizontales en bois de forme,
épaisseur et fréquence variables ;
• maçonnerie porteuse en pierre ou en brique (en terre crue et
cuite) avec insertions horizontales et verticales.
Des observations ont été conduites au regard des pathologies
présentes dans le bâti existant ainsi que de l’évolution et des
modifications des techniques, en particulier en association
à l’utilisation des matériaux récents. Ces observations ont
été enrichies avec des informations découlant d’échanges
avec les habitants et des représentants d’organismes et
autorités locales. Ces rencontres ont permis d’investiguer le
comportement du bâti vernaculaire lors des séismes passés, des
éventuels dispositifs particuliers mis en place pour réduire sa
vulnérabilité ainsi que les démarches de gestion du patrimoine,
en lien notamment avec des initiatives de revalorisation des
connaissances et savoir-faire techniques et de revitalisation des
quartiers historiques.
REGION ORIENTALE
Yusufeli
Ormanağzı
Çamlıyamaç Köyü
Derekapı
Tortum
Erzurum
SYNTHESE
ERZURUM
Typologie archiTecTurale
SySTème conSTrucTif
Planchers :
- poutres rectangulaires ou circulaires
- création de projections avec une extension des
poutres en dehors du plan de façade
- planches en bois clouées aux solives
Toiture et plafonds :
- structure en bois
- revêtement en terre damée (20-50cm) sur un lit
de branches de saule et de roseaux
Finitions :
- Enduit :
extérieurs : aucun ou badigeon de chaux
intérieurs : mortier de terre,
- Sol : terre battue, planches en bois
angles / maçonnerie en pierres de taille ; joint en biais murs intérieurs en maçonnerie porteuse avec chaînages
connectant des poutres perpendiculaires du chaînage horizontaux en bois
extérieur ; traverses reliant les poutres horizontales
joint de prolungation des poutres de chaînage coupe en biais de connexion pièce de connexion entre deux poutres
entre poutres de chaînages de chaînage en correspondance de
perpendiculaires l’ouverture de la porte
DiSpoSiTifS parTiculierS
angles / maçonnerie appareillé en angle biseauté avec angles / élément de contreventement intérieur en bois en
élément en biais de connexion entre chaînages extérieurs correspondance des chaînages horizontaux
perpendiculaires (rez-de-chaussée, façades sur rue)
maçonnerie en briques
cuites /
La maçonnerie en briques
cuites est parfois employée
pour les étages supérieurs.
renforcements / parfois la toiture est ancrée aux renforcement / cheminées subdivision de la maçonnerie
chaînages inférieurs par des éléments verticaux en en briques cuites avec courts sous les ouvertures par des
bois chaînages horizontaux en éléments verticaux en bois
bois entre les chaînages
obServaTionS
Ces constructions sont présentes seulement dans le
quartier historique (datant d’environ 600 ans) de la
ville, qui en est la partie la plus dégradée. Un grand
nombre de maisons a été démoli pour laisser place
à des tours de logements en béton armé. La plupart
des constructions sont abandonnées et presque en
ruine ; celles encore habitées sont dans un état
très détérioré. Seulement quelques constructions
ont été restaurées par la Mairie et seront gardées
comme témoignage de l’architecture traditionnelle
locale. Les autres, surtout privées, seront au fur et
à mesure démolies.
Modifications :
- surélévation des combles avec maçonnerie en
blocs de ciment et une toiture en tôle à une pente
- ajout d’un étage en maçonnerie de briques cuites
ou blocs de ciment
- agrandissement des ouvertures avec interruption
des chaînages.
TORTUM remplissage /
mortier en terre entre lattis en bois
remplissage /
mélange de pierres avec mortier
en terre entre branches écorcées
DEREKAPI
ÇAMLIYAMAÇ KÖYÜ
chaînage constitué
par deux poutres
parallèles réliées
par des traverses.
En cas de défaillance
de la maçonnerie en
dessous il empêche
l’effondrement de
l’étage
connexion traverse-
poutre de chaînage
lattis cloués
remplis avec du
mortier en terre
et/ou chaux
rez-de-chaussée
en maçonnerie de
pierres
ètages légers en
ossature bois et
remplissage
lattis avec
remplissage
en pierres et
structure de la galerie / mortier de terre
assemblages avec entailles arrondies
YUSUFELI
OMANAGZI
structure primaire en maçonnerie en pierre avec mortier charpente / assemblage à mi-bois avec coupe en biais
en terre et charpente en bois permettant un meilleur liaison des poutres de chaînage
poutres horizontales en bois intégrées à la maçonnerie traverses de connexion entre poutres horizontales avec
en corréspondance des ouvertures, sans continuité sur le prolongement consolidant l’ancrage entre les éléments
pourtour du bâtiment
extension légère avec ossature bois, lattis cloués et maçonnerie en pierre avec rejointement en mortier en
remplissage en terre terre fibrée
Références
COBURN, Andrew, SPENCE, Robin, BAYÜLKE, Nejat, et al., 1988. « Reducing Earthquake losses in Eastern
Turkey ». In : Proceedings. Tokyo-Kyoto : International Association for Earthquake Enginnering. p. 631-636.
KARPUZ, Haşim, 2005a. About Erzurum Houses. Selçuk University, Faculty of Applied Sciences & Literature.
KARPUZ, Haşim, 2005b. Wooden Houses of Anatolia: The Use of Timber Material in the Houses of Erzurum
and Konya. Selçuk University, Faculty of Applied Sciences & Literature.
SPENCE, Robin, COBURN, Andrew, 1987. Reducing earthquake losses in rural areas : A case study of Eastern
Turkey. Cambridge :The Martin Centre for Architectural and Urban Studies, University of Cambridge.
TURGUT, Hilal, YEŞIL, Pervin, ATABEYOĞLU, Ömer, et al., 2011. « Evaluation of the Current State of
Historical City Center of Erzurum and Production of Related Maps ». In : Artvin Çoruh Üniversitesi Orman
Fakültesi Dergisi. Vol. 11, n° 2, p. 30-42.
www.kultur.gov.tr
www.houshamadyan.org
www.erzurum-information.com
www.emsc-csem.org
Annalisa Caimi
Les informations suivantes découlent de visites effectuées avec les informations contenues dans les rapports des consultants
pendant 4 missions en Haïti, dans les zones de Grande Rivière, Misereor. Il ne s’agit donc pas de résultats découlant de la mise
Rivière Froide, Angibeau et Cajou, entre février 2011 et juin 2012. en place d’une analyse approfondie effectuée sur la base de la
méthodologie développée dans le cadre de la thèse.
Bien que ces visites n’aient pas eu comme objectif une analyse Le travail d’EPPMPH et le projet de reconstruction ne se limitent
en profondeur des cultures constructives locales (mais plutôt pas uniquement aux zones visitées. Pour cela les informations
une visite du programme de reconstruction post-séisme mené présentées ici de suite ne sont pas exhaustives par rapport aux
par l’organisation haïtiennes EPPMPH), certaines observations caractéristiques des constructions, aux pratiques et ressources
ont pu être effectuées au regard des caractéristiques des disponibles, mais elles permettent d’avoir un aperçu au regard
constructions locales. Ces données ont ensuite été complétées des pratiques constructives existantes.
© Google Earth
Sauf mention particulière, toutes les photos ont été prises par Annalisa Caimi. Les informations
dérivent en grande partie des observations effectuées par l’auteur lors de visite de terrain.
1. CONTEXTE
2. HABITAT LOCAL
© Google Earth
Implantation
Typologies architecturales
© Caimi
département: Nord-Ouest
zone : Mahotiere
localités: Kisa, Vye joupa, Nan Baie, Palmiste,
Chapino, Michel, Tante , Jaco
© Cauderay
© Caimi © Caimi
La 7ème section communale de Procy est une entité rurale La température oscille entre les 12 et 14°C au cours
de la commune de Carrefour située dans le département de l’année. Les différences ne résident pas seulement
de l’Ouest. La section de Procy est à 16 km de la commune au niveau du climat, mais aussi dans les modes de
de Kenscoff, pour arriver en voiture il faut environ une productions agricoles et la typologie de l’habitat. La
heure de temps. Elle est délimitée au Nord par la section plupart des localités de la zone ne sont accessibles qu’à
de l’Etang du Jonc, au sud par la section Berly, à l’Est par pied : de Belot à Clémenceau et Chauffard on peut arriver
La section Bongars et à l’Ouest par la section Laval. Sa en voiture 4x4 tandis qu’aux autres hameaux on y accède
superficie est estimée à 15,23km². Elle a une population uniquement à pied pour y accéder. La localité la plus
de plus de 4.000 habitants qui se répartissent dans 15 reculée est Bandaou.
hameaux et 22 localités. Le relief de Procy est caractérisé
par une étendue échelonnée qui s’étale entre Belot (à
1800 m d’altitude), Clémenceau (1600 m), Platon Fétè
(1350 m) et Lespère Bandaou (1200 m).
© Hosta
2. Construction à Procy
TYPOLOGIE 2
Les habitations ont une surface de 38.5m² et se composent
de deux grandes pièces et deux petites pièces : 2 utilisée
comme chambres à coucher, une comme dépôt et l’autre
comme salon. En outre, sur la parcelle on retrouve une
petite cuisine en clissage sans enduit et une toilette.
La structure est en poteaux en bois avec un demi mur
en pierre et la partie supérieure en clissage avec enduit
en ciment d’une épaisseur de 10 cm. La toiture est à
quatre pentes et les ouvertures sont placées aux angles
du bâtiment. La toiture est à deux pentes avec un
débordement vers la gauche.
Ces constructions ont une durée de vie moyenne de 42
ans. Le cas analysé a été construit en 1971.
© Hosta
Annalisa Caimi
January 2012
Les analyses effectuées ont visé à établir un état des lieux CAIMI, Annalisa, 2011. Construction of Pilot Low Cost
des caractéristiques, forces et faiblesses de l’habitat local Houses (LCH) Project for the Disaster Affected Families of
ainsi que des divers facteurs (ressources, compétences, Bangladesh. Survey of Local Building Practices. Dhaka :
risques, etc.) influençant les pratiques et les solutions CRAterre-ENSAG.
constructives adoptées par la population. Elles ont été
réalisées en six régions différentes sur la base de la CAIMI, Annalisa, 2012. Construction of Pilot Low Cost
méthodologie élaborée dans le cadre de cette recherche Houses (LCH) Project for the Disaster Affected families
de thèse. of Bangladesh. Rapport de mission. Dhaka : CRAterre-
La première année de projet, ce travail a concerné ENSAG.
trois régions (Chittagong, Rajshahi, Dinajpur) et a vu
l’implication des représentants de chaque organisme CARITAS BANGLADESH, 2011. Project Proposal on
partenaire du programme ; cela en vue d’une appropriation Construction of Pilot Low Cost Houses (LCH) Project for
de l’approche méthodologique de la part des acteurs the Disaster Affected Families of Bangladesh. Dhaka :
locaux ainsi qu’une adaptation des outils d’analyse au Disaster Management and Development Department,
contexte et compétences existantes. L’extrait ci-dessous Caritas Bangladesh.
présente certains des résultats de cette première phase. À
partir de la deuxième année de projet, les analyses ont été MOLES, Olivier, 2013. Construction of pilot Low Cost Houses
conduites dans trois autres régions (Mymensingh, Sylhet, (LCH) Project for the Disaster Families of Bangladesh.
Khulna) de manière autonome par le personnel de Caritas Rapport de mission. Grenoble : CRAterre-ENSAG.
Bangladesh. Simultanément, des propositions techniques
ont été effectuées pour les régions de la première année à Sauf mention particulière, toute photo a été prise par A.
travers un processus fortement participatif ; pour chaque Caimi.
Dinajpur_Gaibandha Sylhet_Kanaighat
Mymensingh_Dhobaura
Rajshahi_Porsha
Khulna_Assassuni Chittagong_Bandarban
Barisal_Kuakata
Dinajpur Mymensingh
Rajshahi Sylhet
region 3
Dinajpur Division_Gaibandha District
SOCIO-ECONOMIC
PROFILE
Population
The local community is
divided between people living
in the countryside (settled
people) and those installed
on the old embankment
(displaced every 5-7 years)
Main activities
agriculture labours, farmers
or daily labours
LOCAL RISKS
Floods River banks erosion
- annual floods: during rainy season, - every 5 years the embankment is
water level: house plinth destroyed
- regular floods: water level: 70-90cm, - continuous change of river path: the
every 2-3 years existing embankment is perpendicular
- extraordinary floods: water level 40- to the current river path
50cm, but sometimes upto
1.70m (1998, 2007) Strong winds
- sometimes with strong current - seasonal: months of April-May
(overflow or breaking of - cyclones: every 3 years
the embankment) - tornados: rare, once every 30 years
Gaibandha - local knowledge for flood prediction: (last time in 2007)
- observation of the river after some
days of rain Earthquakes
- behaviour of animals - medium risk
- ants come out from the ground - not reported by the population
and go up
- twhen kukua birds sing louder,
Gaibandha and the surveyed area
©GoogleEarth flood will comes shortly Cold waves
site
Upazila Sadar
Union Gidari
Ward 6
zone rural
morphology
flat land on the banks of
Jamuna river
access
45min by car from Gaibandha,
unpaved road
settlement implantation
site
- area protected by the
embankment (South Gidari)
- on top and on the sides of
the old embankment (Thakur
Vita)
facilities
2 primary schools
1 maternity clinic
households 178
enlarged families
family sizes:
- small: 3-4 p
- medium: 5-6 p
- large: 7-8 p
housing typologies
FOUNDATIONS/PLINTH
- no foundation
- the compressed earth plinth is built after the setting of the posts
- plinth height: 0-20cm for houses on the embankment, 20-50cm
for the houses on the countryside
- any drainage is done around the house
construction features
Joints
- often any type of bonding is done to connect structural members
- when a connection system is used: bamboo or jute ropes, iron wire
or nails
- to extend beams length sometimes metal plates are used
- on the top of RCC posts metal rods are provided as hooks to fix the
wall plate
- bonding with jute ropes allows for quick disassembly and
reassembly of the house On the top of bamboo posts a special carving is used for better fixing of the beam.
Special carvings are also done for bamboo beams and wooden posts connection.
ROOF
4 slopes roof: in the corner wooden rafters are used to improve wind resistance,
others rafters are in bamboo (reduction of the overall cost)
4 slopes roof: ridge piece with pointed shape to break the wind flow
construction features
FENCES
During floods all types of fences are damaged, except CGI sheets.
A gap (2.5-5cm) is left between the mud plinth and the fences to protect them
from humidity and insects
OUVERTURES
OPENINGS CEILING
For houses on the embankment, any window is generally provided. Generally no ceiling is provided. When provided, ceiling is made with
People have to shift periodically so that they don’t invest in openings. woven bamboo fences horizontally placed on the top of the posts.
On the countryside, houses have generally 1 or 2 windows per room. The interior and exterior space under the roof is used for storage
Usually they are cut in the CGI sheet or jute stick fences and of materials.
sometimes they have a wooden frame.
Under the door frame there is a gap, sometimes some bricks support
the frame.
coping strategies
- During floods:
If the family has no animals, people stay in the house and when
the water begins to enter inside the house, they move on the
embankment. They borrow CGI sheets from other people or they
used materials from the dismanteled house to build a temporary
shelter where they live for 2-3 months.
If the family has animals, people stay in the machan keeping the
lights on and without sleeping for fear of snakes. When the water
reaches the platform, they make rafts with banana trunks and they
install the animals on that.
©Nypost.com
maintenance
Bamboo structure:
- posts have to be changed every 2 years for damages due to insects in the
lower part in contact with the ground
- beams are not affected by insects and may have a lifespan superior to 10
years
- the damaged part of the posts is cut down and the rest of the post is reused
for other smaller constructions (kitchen)
- the new posts are cut by an artisan and installed by the owner repacking
the mud of the plinth
- Katla (RCC base) under wooden post increase timber lifespan of about 10
times, but it is generally not used due to its cost
- alternative solution to RCC base: PVC pipe filled with cement (solution seen
by a villager in the Dhaka district, but not reproduced in the village)
Fences:
- jute stick fences: to be changed every year
- bamboo woven fences:
lifespan: from 2 years (if in contact with water) to 7 years (if not in contact
with water)
more costly than CGI sheet due to the amount of work required for the
manufacture.
The damaged parts (posts and fences) are changed before the rainy season
to prevent them from breaking during floods.
Bamboo Wood
2 species: Species and treatment:
Makhla: dia 4cm - Eucalyptus and shishu: soaking in the
wall thickness 0.6-1cm water (10-30 days) and drying in the
used for fences sun (5-8 days)
Borak: dia 8cm - Neem and mango tree: no treatement
wall thickness 1.5cm
used for main structure RCC pillars
Treatement: - produced by an artisan of the village
- cutting when bamboo is mature - posts and metal rods dimensions:
(3 years old) 10x10cm – 8mm
- soaking in the water (10 days) 13x13cm – 10mm
- drying in the sun (15 days) - set 60 cm into the ground
ELEMENTS TO CONSIDER
Architectural typology
2 pilot house types according to local machan (to be built by the house
situation: owner)
Dimensions: 7.2x3m
Type 1: for settled people (countryside) (according to avarage existing size) possible machan main room secondary
extension room
Construction features
Foundations/plinth Roof Openings
- mud plinth: height 45-60cm (according to - 4 slopes roof - one entrance door and one inside door to
plot situation) - wooden rafters at the corners and connect rooms
- RCC base for bamboo posts with metal plate intermediary bamboo rafters - 1 window per room, in front of the door to
for connexion inside the bamboo post to - wooden purlings allow crossed ventilation
prevent rust - covering: CGI sheets and ridge piece with
- drainage around the house pointed shape to break the wind Ceiling
- bamboo woven fences horizontally placed
Load bearing structure Fences (storage space and thermal insulation)
Type 1 : - jute sticks, Kasia/Bati or Makhla bamboo
- RCC pillars at the corners and secondary fences Other
bamboo posts with bracing - fences divided into 2 parts to reduce - Treatment:
maintenance cost Bamboo: borax and boric acid (to be verified
Type 2 : - gap between plinth and fence to reduce in relation to local availability of
- bamboo posts fence damages materials)
- connections allowing for quick dismantling/ Jute sticks and kasia/bati (solution to be
reassembly and reuse of the construction found)
elements
- bracing
Firstly, one house for each model has been built and after feedbacks from
community and artisans and modification of the technical features, the
second house of each model has been constructed.
• plinth:
- 2 to 4 steps to protect from erosion and allow for easier repair 1 - inside: RCC posts and secondary bamboo posts
- smooth slope of the plinth steps to improve water evacuation 2 - inside: machan built by the house owner
3 - 3 parts fence with open bamboo for corner protection
4 - three-dimensional corner bracing (upper element covered by ceiling)
• foundations: different types have been tested
- polyethylene sheet up to 1’ from plinth level
- RCC round base for bamboo posts: connexion is done using metal
straps or metal pipe inside the bamboo
Gaiola Pombalino
Pays Indonésie
Localisation géographique
île de Nias
Sismicité
récurrence : élevée
intensité : élevée
1. Contexte
L’île de Nias se situe dans une région hautement sismique, en par rapport à la route principale. Ces constructions se caractérisent
correspondance d’une zone de subduction formée par la collision de par un plan à forme ovale, soutenu par une structure orthogonale
deux plaques tectoniques. Ces mouvements géologiques causent composée de plusieurs rangées de poteaux verticaux et des
des séismes particulièrement puissants (M majeure à 8), avec une contreventements diagonaux disposés en croix. La façade est
période de retour allant de 100 à 200 ans, auxquels s’accompagnent continue, sans une hiérarchisation effective, et elle est réalisée avec
des fréquents phénomènes intermédiaires de magnitude plus des cloisons en bois à mi-hauteur avec une ouverture dans la partie
réduite (BEETHAM, SINCLAIR, 2008). Une caractéristique des supérieure longeant tout le périmètre de l’habitation. La toiture a
séismes de subduction est la génération de tsunami, balayant les une forme « à chapeau » avec des ouvertures en rabat ; la structure
côtes et inondant le littoral avec des vagues violentes ; facteur qui interne est entièrement dégagé et l’espace est utilisé comme zone
a probablement déterminé l’implantation des habitats à l’intérieur habitable ou de stockage (GRUBER, HERBIG, 2005a).
des terres, loin de la mer (AMIRROL, 2010). Habitée depuis presque
1500 ans (GRUBER, HERBIG, 2005b), l’île se caractérise par une Dans la région centrale, les hameaux se caractérisent par plusieurs
subdivision en trois régions (nord, centre et sud), déterminée par les habitations individuelles, orientées vers la place du village. Elles se
caractéristiques topographiques du territoire. L’isolement politique et basent sur un plan rectangulaire, avec une substructure composée de
géographique a conduit à la constitution de trois zones culturelles poteaux verticaux et de contreventements disposés en V. La toiture a
distinctes et indépendantes, s’étant développées à partir d’une racine une forme à double pente fortement inclinée au sommet se terminant
commune (VIARO, 1980). avec une forme circulaire. La partie d’habitation est clôturée à mi-
hauteur par des panneaux obliques ; l’accès se fait par un côté
Cette distinction se reflète également dans l’habitat, au niveau avec un escalier externe. Parfois deux ou plusieurs habitations
tant du mode d’implantation et d’organisation des habitations que sont adossées, selon un principe de certaine continuité spatiale et
de leurs spécificités architecturales et constructives. Datant parfois structurelle (GRUBER, HERBIG, 2005a, 2005b).
de plusieurs siècles (BOEN, 2006), ces architectures vernaculaires
partagent des caractéristiques structurelles particulières dérivant de Dans la région méridionale, les hameaux se situent au sommet des
la capacité de leurs bâtisseurs à concevoir et réaliser des structures collines et ils se composent de plusieurs centaines d’habitations
capables de faire face à l’impact des puissants séismes. Pareillement, disposées en rangées le long de la route principale. Elles se basent
certains aspects typologiques et techniques sont similaires aux sur plan rectangulaire orienté avec le côté le plus court parallèle
constructions des trois régions, comme par la surélévation d’un à l’espace public d’une part, et privé de l’autre. Les façades sont
volume d’habitation reposant sur une plateforme supportée par obliques avec des ouvertures, tandis que les façades latérales sont
une complexe substructure en pilotis. Dans la description de leurs droites, souvent aveugles et portant la structure de la toiture. La
particularités, la référence à une région particulière sera spécifiée substructure se caractérise par des poteaux verticaux et deux
lors qu’une différenciation existe entre l’habitat des différentes zones. contreventements diagonaux en V, disposés en façade avec fonction
structurelle et décorative. La toiture est à double pente, fortement
Dans la région septentrionale, les habitats s’organisent en hameaux inclinée et parallèle à la façade principale. L’accès se fait en dessous,
de 6 à 12 habitations, indépendantes et orientées longitudinalement par une trappe dans le plancher (AMIRROL, 2010).
Illustrations
©Gruber, 2005
Région septentrionale : habitation
©Koji Sato
Région méridionale : village
2. Principes constructifs
Fondations / soubassement
Aucune excavation n’est effectuée.
La structure repose sur des pierres plates positionnées à même le sol.
Structure primaire
Substructure : surélévation avec pilotis (hauteur environ 3m)
Nord : - poteaux verticaux en bois disposés en rangées orthogonales
et sur le pourtour
- contreventements diagonaux en croix, disposés
orthogonalement sous la partie centrale de la plateforme
Centre : - poteaux verticaux
- contreventements diagonaux en V au centre de la plateforme
Sud : - poteaux verticaux disposés en 4 rangées dans la largeur du
bâtiment et 5 dans sa longueur
- contreventements diagonaux en V sur les façades principales
avec, dans le sens de la profondeur, deux rangées de ©Koji Sato
Espace habité :
Ossature en bois massif
dimensions des poteaux : diamètre : 20-25cm
longueur : 1.6-2.1 m
espacement : 1.0-1.5 m
Structure secondaire
Poteaux intermédiaires en bois
Remplissage
Planches en bois, insérées dans des fentes réalisées dans l’ossature
primaire et secondaire
- hauteur des parois externes : 1.6m
©Koji Sato
Région centrale
Enveloppe
---
Toiture
Charpente composée d’éléments horizontaux et verticaux en bois
Chevrons en bois et/ou en bambou
Couverture : superposition horizontale et verticale de panneaux de
feuilles de palmier pliées, cousues et renforcées avec des
lattes en bambou
Finitions
---
Connexions
Couverture : ligatures avec des cordes en rotin et en fibres de noix
de coco
Entre planches de cloisons, structure primaire/secondaire et plancher:
assemblages à rainure et languette
©Wolff
Structure primaire : encoches
Région méridionale
Nias, région méridionale dessins: Modigliani, Un viaggio a Nias, 1980 Nias, région méridionale: structure de la charpente ©Bouleau et al., 1992
3. Particularites constructives
4. Spécificités parasinistres
5. Critères de vérification
Sources historiques fortes ou, en cas de défaillance, de protéger la vie de leurs occupants.
--- Si, même lors de mouvements importants de la substructure, presque
aucun dommage n’a été constaté, l’effondrement partiel de certaines
Séismes habitations n’a en aucun cas provoqué des victimes (AYDAN, MIWA,
2004, 26 décembre M 9.1 avec tsunami KODAMA, ET AL., 2005 ; BOEN, 2006 ; GRUBER, 2007 ; BEETHAM,
2005, 28 mars M 8.7 avec tsunami SINCLAIR, 2008). En outre, des tests et modélisations ont permis
2010, 7 avril M 7.2 de confirmer la réduction des sollicitations internes à la structure
dérivant d’une absence d’ancrage des poteaux au sol, et donc le
Normes constructives rôle d’isolation sismique joué par le type de fondation utilisé. Sur
--- la base des résultats obtenus, la structure s’est démontrée être
très stable : même les modélisation relatives à un séisme avec une
Validations scientifiques période de retour de 500 ans ont montré comme les contraintes dans
Des analyses de terrain, conduites suites aux séismes de décembre tous les éléments de l’ossature restent encore en dessus des celles
2004 et mars 2005, ont permis de constater la capacité de ces structurellement admissibles (PUDJISURYADI, LUMANTARNA, LASE,
structures à supporter l’impact de sollicitations considérablement 2007).
6. Observations
Un complexe système de drainage des eaux de pluie protége les Lors des évaluations post-séisme, on constata comme les
pierres de fondation et évite l’érosion du sol pouvant compromettre effondrements partiel et/ou totaux avaient essentiellement été causés
la stabilité structurelle (GRUBER, 2007). par une détérioration des éléments en bois et par des changements
apportés à la structure originaire (étages supplémentaires, extension
L’architecture vernaculaire de l’île de Nias présente des éléments de la toiture) conduisant à une fragilisation et mise en danger de
communs aux constructions d’autres régions fortement sismiques l’intégrité structurelle. L’entretien de ces constructions résulte très
d’Indonésie, telles que les habitations Rumo Aceh (province d’Aceh), difficile en raison d’un manque de bois de qualité et des investissements
Karo batak et Toba Batak (Sumatera Barat) : importants qu’elles demandent. À ces facteurs s’ajoute une perte de
- détachement de la structure du sol par des appuis en pierre ; connaissances et compétences spécifiques à leur construction. Ces
- volume réparti verticalement en trois sections indépendantes ; structures ne sont à présent plus réalisées (BOEN, 2006).
- toiture avec un volume imposant mais une structure légère ;
- connexions sans clous et facilement fixables grâce à l’utilisant des L’espace commun entre les habitations est utilisé pour installer des
cales abris temporaires en cas de catastrophe.
7. Référence
AMIRROL, Hafiz, 2010. Structural Genius of Indigenous Nias House Architecture GRUBER, Petra, HERBIG, Ulrike, 2005a. « Research of environmental adaptation
[en ligne]. Institut Teknologi Bandung. of traditional building constructions and techniques in Nias ». In : CIPA 2005 XX
International Symposium [en ligne]. Torino.
AYDAN, Ömer, MIWA, Shigeru, KODAMA, Hiroyuki, et al., 2005. « The
Characteristics of M8.7 Nias Earthquake of March 28, 2005 and Induced Tsunami GRUBER, Petra, HERBIG, Ulrike, 2005b. Settlements and Housing on Nias Island:
and Structural Damages ». In : Journal of The School of Marine Science and Adaptation and Development. Vienna : Institute for Comparative Research in
Technology. Vol. 3, n° 2, p. 67-83. Architecture.
BEETHAM, Dick, SINCLAIR, Bill, 2008. « Uplift and Damage from the MW8.7 Nias LEHNER, Erich, 2007. The position of Nias within Southeast Asian building
Earthquake of 28 March 2005 ». In : 4th International i-REC Conference Building traditions [en ligne]. Nias Island Research Network.
resilience achieving effective post-disaster reconstruction. Christchurch.
LUMANTARNA, B., PUDJISURYADI, P., 2012. « Learning from Local Wisdom:
BOEN, Teddy, 2006. « Structural Damage in the March 2005 Nias-Simeulue Friction Damper in Traditional Building ». In : Civil Engineering Dimension. Vol.
Earthquake ». In : Earthquake Spectra. Vol. 22, n° S3, p. 419-434. 14, n° 3, p. 190-195.
BOULEAU, Christophe, CHILLARI, Salvatore, RUZICKA, David, 1992. Omo Sebua. PUDJISURYADI, P., LUMANTARNA, B., LASE, Y., 2007. «Base isolation in
Maison du chef à Bawomatalou, île de Nias, Indonésie. Ecole Polytechnique traditional building. Lessons learned from Nias March 28, 2005 earthquake».
Fédérale de Lausanne, Département d’Architecture. In : 1st International Conference of European Asian Civil Engineering Forum.
Jakarta.
DELLENBACH, Sophie, GRANDJEAN, Blaise, PITTET, Thierry, 1982. Maison
à Lololakha, Nias, indonésie. Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, VIARO, Alain M., 1980. Urbanisme et architecture traditionnels du Sud de l’ïle de
Département d’Architecture. Nias. UNESCO. Coll. Etablissements humains et environnement socio-culturel, 21.
GRUBER, Petra, 2007. Adaptation and Earthquake Resistance of Traditional Nias VIARO, Alain M., 1984. « Nias: habitat et mégalithisme ». In : Archipel. Vol. 27,
Architecture. Vienna: Institute for Comparative Research in Architecture. n° 1, p. 109-148.
Pays Haïti
Localisation géographique
départements de l’Ouest et du
Sud-Est
Sismicité
récurrence : faible
intensité : modérée
1. Contexte
Dans les zones rurales et périurbaines du Sud d’Haïti, l’habitat se différentes techniques, en relation aux matériaux disponibles
regroupe par localité. Il est souvent difficilement accessible, parfois localement : le bois de palmier caractérisant les technique du klissage
uniquement après plusieurs heures de marche à pieds. L’implantation et palmiste, l’une correspondant à la technique du torchis, l’autre
des habitations se fait de manière dispersée, sur les flancs des du bardage d’une structure porteuse ; les pierres, utilisées dans
collines qui caractérisent la plupart du pays. Protégé par la végétation la technique des tiwoch (en créole « petites roches »). Toutefois,
et d’une forme très compacte, l’habitat s’organise autour d’une cour dans les zones proches d’agglomérations urbaines le ciment est plus
accueillant une maison principale ainsi que plusieurs bâtiments largement utilisé pour la construction en maçonnerie de blocs de
annexes (cuisines, dépôts, abris pour les animaux). ciment, comme mortier ainsi que pour les enduits.
Appelées localement kay, les habitations se composent généralement Différents types d’aléas affectent le pays, parmi lesquels les plus
d’une ou deux pièces en enfilade avec une galerie le long de la importants sont les cyclones et les séismes : le premier ont lieu avec une
façade principale, parfois s’étendant également sur le côté le plus fréquence annuelle, tandis que les deuxième sont considérablement
dégagé. Les fenêtres sont positionnées en hauteur et aux angles plus rares et avec une période de retour d’environ 200 ans pour des
mais uniquement pour la pièce située à l’avant ; plusieurs portes phénomènes d’intensité élevée (dans la partie septentrionale du pays
d’accès sont présentes, dont au moins une donnant sur l’arrière ou les séismes ont une fréquence considérablement plus élevée) (MORA,
le côté de la maison. Pour chaque communauté, certains modèles et ROUMAGNAC, ASTE, ET AL., 2010).
styles prédominent, même si réalisés avec des matériaux différents
et, dans la même zone, les bâtiments peuvent être identiques dans L’habitat vernaculaire présente différents dispositifs améliorant son
la forme, jusqu’aux détails des portes et fenêtres. Les typologies comportement envers l’impact de ces aléas. Ceux-ci permettent aux
architecturales sont très similaires, toutefois selon les caractéristiques structures de survivre à des phénomènes assez puissants, même
du site d’implantation deux principaux types sont identifiables : l’un, dans le cas de constructions très anciennes et abandonnées depuis
typique des terrain en pente, est basé sur une morphologie allongée plusieurs années. Les constats effectués après le tremblement de
se développant en profondeur ; l’autre, généralement réalisé sur des terre de 2010 ont mit en évidence une meilleure sécurité sismique
terrain plat ou en faible pente, correspond à une morphologie étalée pour le bâti vernaculaire que pour les constructions en blocs de
se développant sur la largeur. ciment ou en béton : bien que ayant subi des endommagements
localisés dus aux sollicitations sismiques et souvent associés à une
Du point de vue constructif les habitations employant une structure détérioration structurelle antécédente, les bâtiments traditionnels
à ossature sont les plus répandues. Elles se basent sur une trame n’ont pas tué. En outre, les dégâts ont souvent affecté uniquement
régulière de poteaux en bois enfoncés directement dans le sol et les éléments secondaires, sans compromettre la structure primaire et
constituant le squelette du bâtiment. Les murs sont réalisés selon les parties les plus coûteuses, en facilitant ainsi la réparation.
Illustrations
©Cauderay
2. Principes constructifs
Fondations / soubassement
Aucun type de fondation est employé : les poteaux sont enfoncés
directement dans le sol à une profondeur d’environ 1m.
Parfois les bâtiments reposent sur un soubassement (hauteur 30-
40cm) constituant un socle continu sous l’ensemble de la construction.
Structure primaire
Charpente en bois : poteaux reliés par une poutre sablière
- trame structurelle : 80-120cm
- durée de vie des poteaux : variable de 10 à 40 ans
(selon qualité, protection à l’humidité, présence de termites)
technique du klissage
Structure secondaire
---
Remplissage
Klissage : lattes de bois de palmier tressées horizontalement en
panneaux insérés entre les éléments verticaux de la
structure en bois
- variante : garnissage des deux côtés du panneau avec
un mortier composé exclusivement de terre ou de terre
chaux
Tiwoch : pierres maçonnées entre les poteaux et sur leur côtés
extérieurs, avec un mortier de terre (tuf), terre et ciment
ou sable de tuf et ciment, constituant des murs d’une faible
épaisseur allant de 10 à 30cm
©Cauderay
- variante : remplissage confiné par des lattes clouées à technique du palmiste
des intervalles réguliers sur les deux côtés ou à l’intérieur
de la structure en poteaux
Enveloppe
Palmiste : planches en bois cloués horizontalement sur les côtés
extérieurs de la structure
Toiture
Toitures généralement à 2 pentes mais, dans les constructions les
plus anciennes, souvent à 4 pentes.
Charpente (fermes, chevrons et liteaux) en bois avec une couverture
le plus souvent en tôle ondulée, rarement en chaume ou écorces de
palmier.
Dans tous les cas, une peinture de plusieurs couleurs est souvent
employée.
Connexions
©Douline
Assemblages par tenon et mortaise et/ou clous technique du tiwoch : technique du klissage avec enduit :
dommages causés par le séisme de 2010 abri réalisé après le séisme de 2010
3. Particularites constructives
Structure porteuse :
- les éléments en bois sont rarement équerrés ; ils sont le plus souvent
laissés avec une forme ronde pour ne pas réduire ultérieurement
l’épaisseur déjà très faible du bois disponible ;
- le pourrissement de la base des poteaux à cause de l’humidité peut
déterminer une perte de stabilité ou l’inclinaison de l’ensemble de la
construction, avec un risque d’effondrement en cas de sollicitations
extérieures (cyclones ou séismes). Pour pallier à ce problème,
lorsque la base des poteaux est pourrie, on renforce l’épaisseur des
murs aux angles de la construction afin d’empêcher le basculement
et la déformation de la structure.
- si des bois droits ne sont pas utilisés, les éléments de remplissage
se gonflent et penchent vers l’extérieur. Des murs non verticaux
Renforcement aux angles du bâtiment
se détériorent rapidement ; après seulement quelques années ils
commencent à se déformer et, par la suite, ils se détachent de
l’ossature et ils s’effondrent (CUNY, 1982).
Kay klissage :
- flexibilité d’utilisation des lattes, qui sont modulables, démontables
et interchangeables ;
- le mortier ne contient pas de fibres et ne traverse pas le tressage
des lattes, qui sont très serrées ; ce qui compromet la durabilité du
garnissage ; ©Douline
- les lattes se font à partir des troncs de palmier royal, bois devenu Écroulement de la face externe du mur lors du séisme de 2010
très rare ;
- associées à une image de pauvreté et ancienneté, les constructions
en clissage sont généralement perçues comme transitoires. En
outre la pénurie de bois et l’association avec une image de pauvreté
ont déterminé un abandon progressif de cette technique, avec une
conséquente perte des compétences associées ;
- une variante plus ancienne de cette technique se base sur l’utilisation
de roseaux, branches ou bambou qui sont tissés directement entre
les poteaux et laissés apparents ou garnis d’un mortier en terre (kay
ajoupa) (CUNY, 1982).
Kay palmiste :
- facilité de réalisation et d’extension de la structure ainsi que Assemblage par tenon et mortaise Contreventement de la poutre sablière
recyclabilité des planches de bardage ;
- ce type de construction était une fois très répandu in Haïti, mais
la déforestation et les coûts élevés du bois ont déterminé son
inaccessibilité économique.
Kay tiwoch :
- technique caractérisant la plupart des habitations rurales, elle
est encore aujourd’hui employée pour la réalisation de nouvelles
constructions ;
- cette technique est souvent utilisée pour les murs extérieurs en
association au clissage pour les cloisons intérieures ;
- parfois le remplissage s’étend sur le côté extérieur de la structure,
qui reste noyée à l’intérieur du mur ;
Contreventement de la structure de toiture Planches perforées en dessous de la toiture
- dans certaines zones, les constructions se caractérisent par
l’application de plusieurs techniques pour la réalisation des murs,
ainsi que par l’utilisation de matériaux plus légers dans leurs parties
supérieures. Jusqu’à une hauteur d’environ 1m, l’ossature en bois
est enveloppée par une maçonnerie de pierres, tandis que dans la
partie supérieure des panneaux en clissage ou un remplissage fin
en maçonnerie sont mis en oeuvre entre les poteaux. Ce principe
présente un double avantage. D’une part, en cas d’effondrement
partiel des murs, les occupants ne sont pas exposés à des chutes
dangereuses de pierres. D’autre part, l’utilisation de matériaux
durables, mais demandant des efforts économiques et techniques
importants, se limite aux parties les plus exposées, tandis que les
matériaux plus économiques mais plus rapidement dégradables,
sont employés pour les parties hors contact avec l’eau.
- à selon de la zone, il y a une grande disponibilité de pierres dans les
champs, sans nécessité d’extraction.
4. Principes parasinistres
Structure porteuse:
- charpente souple et flexible, admettant un certain degré de
déformation grâce notamment aux assemblages utilisés ;
- sous l’effet de sollicitations extérieures, les poteaux maintiennent la
toiture en place, malgré un éventuel écroulement du remplissage.
La partie la plus coûteuse de la construction est préservée et la
réparation est faisable avec des investissements limités;
- dans les habitations les plus anciennes différents types de
contreventements sont utilisés : des contreventements horizontaux
aux quatre angles de la poutre sablière solidarisent la structure,
tandis qu’au niveau de la toiture, des contreventements diagonaux
ente la poutre faîtière et les ponçons des fermes assurent la stabilité
de la charpente. Les constructions plus récentes ne présentent
souvent pas de contreventement.
- des assemblages par tenon et mortaise permettent au bâtiment
de subir des légères déformations, tout en gardant une cohésion
structurelle.
©Douline
Kay klissage : Séisme de 2010: endommagement d’une kay tiwoch
- structure légère présentant un degré réduit de mise en danger de ses
occupant, grâce au tressage qui évite l’écroulement de gros blocs ;
- lors du séisme du 2010, la plupart de ces constructions ont bien
résisté aux secousses, les dégâts se limitant généralement à la
fissuration et au décollement des enduits, ce qui pourrait avoir
permis une partiale dissipation des sollicitations dues au séisme ;
Kay palmiste :
- les planches en bois apportent un certain contreventement, et donc
cohérence et solidité, à la structure ;
- du fait du type de matériaux de construction utilisé et du mode de
rupture sous lors de l’impact des aléas (cyclones / séismes), cette
technique est l’une des moins dangereuses. Même en cas de rupture Séisme de 2010 : écroulement du remplissage en tiwoch et découlement de l’enduit du klissage
Kay tiwoch :
- en cas de séisme, ce type de construction présente un potentiel
d’endommagement important :
- les pierres du remplissage ne sont pas appareillées, des grandes Déconnexion de la galerie
©Cauderay
Instabilité de la structure
pierres plates sont souvent maçonnées verticalement et il n’y a pas
de liaison entre les deux faces du mur ;
- l’utilisation d’un mortier fortement stabilisé détermine un
comportement monolithique du mur, avec un risque d’effondrement
par basculement du panneau entier ; effet qui est amplifié par
l’absence de liaisons entre le remplissage et la structure porteuse ;
- lors du séisme de 2010, le confinement du remplissage a
considérablement réduit la mise en danger des occupants : au lieu
de s’effondrer en un seul bloc, le remplissage s’est effrité sur lui-
même ou il s’est s’écroulé vers l’extérieur ;
- la réduction progressive de l’épaisseur des murs et l’utilisation
de matériaux plus légers pour la partie supérieure permettent de
protéger les occupants en cas d’effondrement partiel des parois et
de réduire le poids du mur en baissant le centre de gravité de la
construction.
Certains éléments architecturaux ne répondent pas uniquement à des sont employés à partir du niveau supérieur du soubassement, en
nécessités fonctionnelles ou esthétiques, mais assument également solidarisant la structure qui, même en cas d’écroulement du mur en
une fonction structurelle : dessous, maintient une certaine cohérence et évite l’effondrement.
- outre à fournir un endroit permettant la mise en sécurité des biens, Toutefois, ces éléments sont utilisés essentiellement pour la galerie.
le grenier fermé situé sous la toiture apporte une majeure résistance Rarement ils sont intégrés à la structure du corps d’habitation, mais
à l’ensemble du toit, en particulier dans le cas d’une couverture à uniquement dans la partie supérieure des constructions utilisant
deux pentes qui autrement risquerait d’être affectée par l’impact de pour les murs des techniques mixtes.
forts vents ; - les frises décoratives ornant les pignons permettent de générer des
- parfois, la galerie est clôturée avec des planches en bois positionnées tourbillons, brisant le flux du vent et minimisant les dépressions
en croix entre les poteaux. Ces derniers reposent sur un soubassement susceptibles de décoller la couverture (BARRE, DE LA FOYE, MOREAU,
en maçonnerie, sans atteindre le niveau du sol. Les contreventements 2011).
5. Critères de vérification
Sources historiques
---
Séismes
2010, 12 janvier M 7.0
Normes constructives
---
Validations scientifiques
---
À cause du manque de bois dérivant d’une déforestation massive, bon comportement, la technique du klissage a été utilisée par
les constructeurs ont été obligés d’utiliser des arbres de diamètre la population pour la réalisation d’abris d‘urgence ou pour des
et longueur réduits avec le résultat que les éléments structuraux réparations temporaires des maisons ;
importants ont subis une réduction de leurs dimensions pouvant - la technique du palmiste a été employée pour la réparation
entraîner un affaiblissement structurel (CUNY, 1982). provisoire de parties endommagées de constructions réalisées avec
d’autres techniques.
Les esclaves ne possédaient pas de terres, mais disposent de droits
sur leurs maisons. Celles-ci étaient construites de manière à être Dans les principales villes du pays, des architectures connues sous le
facilement démontées et déplacées (STOUTER, 2010a). Quand les nom de gingerbread constituent un mélange entre les architectures
colonisateurs ont été renversés en 1804, de nombreux esclaves ont locales et celles européennes, avec la reprise des technologies
quitté les plantations et se sont installés sur des parcelles dans les utilisées par les premières et une adaptation des typologies des
collines; ce qui est probablement à l’origine du mode d’implantation dernières aux conditions locales (climat, aléas naturels, matériaux,
des habitats actuels. etc.). Leur réalisation se réfère à une période historique bien précise
(du 1881 au 1925) et se rapporte à deux types de structure porteuse:
Les habitations traditionnelles se basent sur un principe spatial murs de maçonnerie de briques ou pierres ; ossature (charpente
modulaire facilitant l’extension et l’ajout de nouvelles pièces, selon entretoisée ou à colombage) avec un remplissage en maçonnerie et/
un développement progressif. L’agrandissement des habitations a lieu ou avec un bardage en planches de bois. Généralement plusieurs
en accord à la typologie architecturale : à l’arrière pour la typologie systèmes sont employés dans le même bâtiment, déterminant des
allongée, sur les côtés pour la typologie étalée. Dans les deux cas, typologies hybrides. Lors du séisme de 2010, les dispositifs utilisés
la création de nouvelles pièces s’effectue tout d’abord en clôturant (contreventement, type d’assemblages, etc.), notamment dans les
certaines parties de la galerie, en particulier quand celle-ci occupe constructions en ossature, ont permis d’éviter leur effondrement
les façades latérales. En zone urbaine, les extensions s’effectuent en complet (LANGENBACH, KELLEY, SPARKS, ET AL., 2010). Bien que
ajoutant un étage supplémentaire. le style gingerbread soit normalement associé à une architecture
des classes aisées, en milieu urbain des technologies similaires,
Suite au séisme de 2010 : mais moins élaborées, ont été également employées pour des
- grâce à la rapidité de son exécution et à la constatation de son constructions plus ordinaires.
7. Référence
CUNY, Frederick C., 1982. Improvement of rural housing in Haiti to withstand STOUTER, Patti, 2010a. Haitian Wisdom for Aid Buildings [en ligne].
hurricanes. Dallas : Intertect, OXFAM Regional Office for the Caribbean, Haitian
PVO Disaster Preparedness Commmittee. Analyses de terrain effectuées au cours de la recherche en thèse en février 2011
ainsi que mars et juillet 2012 dans les localités de :
DOULINE, Alexandre, BELLIN, Jean-Paul, 2010. Programme de reconstruction de - Cap Rouge (Jacmel)
l’habitat rural par les organisations de PADED. Haïti : Ageh-Misereor. - Angibeau, Cajou, Grande Rivière et Rivière Froide (Carrefour)
- Belo, Procy, Bongars (Kenskoff)
FISHER, Anthony Hart, VLACH, John, 1987. « The Popular Architecture of Haiti ».
In : MIMAR: Architecture in Development. n° 23, p. 12-19. Sauf mention particulière, toute photo a été prise par A. Caimi.
Pays Turquie
Localisation géographique
régions de Marmara, mer Noire, Anatolie centrale,
égéenne et méditerranéenne
Sismicité
récurrence : élevée
intensité : élevée
1. Contexte
Dans les régions centrale, occidentale et septentrionale de l’Anatolie, de la maçonnerie ou d’autres matériaux se révèle être plus courante
la construction à ossature bois est apparue entre la période médiévale (GÜLKAN, LANGENBACH, 2004).
et en début de celle Ottomane, mais elle s’est répandue en particulier
après la deuxième moitié du XVI siècle, pour des bâtiments de deux Les techniques constructives qui en découlent varient à selon du
et trois étages (GÜÇHAN, 2007). type de remplissage et de la présence de contreventement (DOGAN,
2010). Deux techniques principales peuvent être identifiées : le hımış,
Une augmentation de son utilisation pourrait être liée à l’observation ossature en bois avec un remplissage en maçonnerie et le bağdadi,
des conséquences du séisme du 1509 (GÜÇHAN, 2007) suite auquel, caractérisé par l’application de lattes en bois ou de roseaux sur les
à Istanbul, la construction à ossature en bois fut rendue obligatoire faces extérieures de la structure primaire confinant un remplissage
par un édit impérial (GÜLKAN, LANGENBACH, 2004). La capacité des léger (CERASI, 1998). D’autres techniques ont également été
structures en bois à faire face à des sollicitations sismiques était en développées, mais elles sont généralement moins utilisées : celle du
effet largement reconnue entre le XVII et le XIX siècle (DOGANGÜN, dizeme, employant des rondins encastrés entre les montants de la
TULUK, LIVAOĞLU, ET AL., 2006) et elle est probablement à l’origine structure, et celle du torchis, consistant dans le garnissage de lattes
de sa grande diffusion (TOBRINER, 2000). Cependant, la vulnérabilité ou branches tressées entre les éléments structurels avec un mortier
au feu de ce type de constructions conduit à l’obligation, établie avec de terre fibrée.
la réglementation publiée au début du XIX siècle par le gouvernement
Ottoman, de bâtir en employant un principe de maçonnerie. Les constructions à ossature bois furent bâties de manière courante
Successivement, à cause de graves partes en vies humaines et des jusqu’aux années 1960 ; ensuite on privilégia le béton et d’autres
dommages très importants subis par les bâtiments en maçonnerie, matériaux, spécialement en milieu urbain. Cependant, deux séismes
lors des séismes, la réglementation consentit à nouveau l’utilisation qui frappèrent la Turquie en 1999 reportèrent l’attention des experts,
du bois dans la construction (DISKAYA, 2007). de la population et des décideurs, sur la capacité non seulement du
système constructif à ossature bois, mais surtout des constructions
Selon la disponibilité et la présence de ce matériau, les méthodes traditionnelles, à faire face au risque sismique existant dans le pays.
de construction employées changent de région en région (ER En effet, on constata qu’un grand nombre de bâtiments anciens
AKAN, 2004). L’architecture traditionnelle d’Istanbul comprenait survécurent intacts tandis qu’énormément de structures en béton
historiquement des nombreuses habitations réalisées complètement armé avaient subi un degré d’endommagement très élevé et causé
en bois, avec une ossature recouverte à l’extérieur par un bardage des pertes humaines et matérielles considérables (GÜLHAN, GÜNEY,
en planches (DIKMEN, 2010). Avant la diffusion des scieries, les 2000).
charpentes en bois étaient souvent remplies avec une maçonnerie en
pierres ou en briques de terre cuite ou crue, tant pour la réalisation Après les séismes de 1999, la technique de construction employant
des murs intérieurs qu’extérieurs. En outre, en dehors d’Istanbul, l’ossature bois a été réintroduite en Turquie comme alternative pour
l’utilisation du bois était moins répandue et une combinaison avec la construction.
Illustrations
2. Principes constructifs
Fondations / soubassement
Semelle continue en maçonnerie de grosses pierres liées par un
mortier de terre ou chaux. Des poutres en bois sont parfois intégrées
à la partie supérieure de la maçonnerie, servant d’appui pour la
construction et l’ancrage de l’ossature en bois.
- profondeur d’excavation : 50-150 cm
- épaisseur : 50-90 cm
- hauteur du soubassement : 50-100cm
Structure primaire
Ossature en bois composées de :
- poteaux principaux : section carrée (10x10cm) ou rectangulaire
(15x20cm) avec espacement variable
- montants secondaires : section : 5x10cm;
espacement : 20-90cm
- lisses : section carrée (10x10/15x15cm) ou rectangulaire (10x15cm)
- contreventement :
primaire : reliant la lisse basse et la lisse haute
inclination : 45° ou 60°
secondaire : non continu
- planchers :
au rez-de-chaussée : les solives reposent sur des poutres
en bois intégrées aux murs à 20cm du sol
aux étages : plancher à double épaisseur, rempli avec de la
terre ou du sable
espacement des solives : 30-100cm
épaisseur du plancher : 30cm
- essence de bois : chêne, châtaigner, frêne, cèdre, pin jaune
- hauteur des étages : 3.50-4.50m
Structure secondaire
Cloisons : montants verticaux disposés avec un espacement de 30-
40cm sans remplissage
- épaisseur du mur : 17cm
Cumalıkızık Köyü: structure mixte avec rez-de-chaussée en maçonnerie étages en torchis et hımış
Remplissage
Hımış : remplissage dans le plan de l’ossature
• briques en terre crue :
- épaisseur du mur : 15-20cm
- espacement : poteaux principaux : 100-150cm
montants secondaires : 60-70cm
- dimensions des briques variables selon de la région (p.e. 30x30x10cm)
• pierres: de type calcaire ou schiste
- dimensions des pierres : 10-15cm
- mortier : terre et/ou chaux
- ossature : espacement des montants : 20-25cm
- épaisseur du mur : 20cm Sarayli Köyü : remplissage en dizeme (rondins)
Bağdadi :
ossature recouverte par un lattis en bois ou des roseaux cloués
horizontalement à la structure ; l’espace à l’intérieur de l’ossature est
laissé vide ou remplis avec un mélange léger d’écorces d’arbre, petites
pierres et mortier de terre ou terre-chaux (DIKMEN, 2010)
- lattis en bois : largeur 2-4cm; épaisseur 1-2cm; espacement 2-3cm
Narlıca : structure en hımış (briques en terre crue)
Dizeme :
remplissage en rondins en bois, grossièrement équerrés, coupés sur
mesure et fixés par encastrement entre les éléments structurels
Torchis :
remplissage avec un tressage de branches ou des lattes irrégulières en
bois garni avec un mortier de terre fibrée
Enveloppe
Bardage en planches de bois, dans ce cas l’ossature est laissée vide.
Toiture
À 2 ou 4 pente avec structure en bois
Couverture en tuiles de terre cuite. Değirmendere : remplissage en torchis
Finitions
Hımış : - briques : remplissage laissé apparent ; si un enduit
est utilisé il est souvent appliqué uniquement sur le
remplissage
- pierres : remplissage laissé apparent ou enduit des deux
côtés du mur
Bağdadi : murs intérieurs et extérieurs enduits avec un mortier de
chaux sur lattis en bois ou recouverts avec un bardage
en bois
Dizeme : rondins enduits ou apparents vers l’extérieur
Torchis : enduits avec un mortier en terre
Connexions
Chevilles, entailles, clous métallique (droit ou en U) : éléments
verticaux, horizontaux, diagonaux
Tenon et mortaise aux angles
Kadıbükü Köyü : structure en hımış (pierres)
3. Particularites constructives
4. Principes parasinistres
5. Critères de vérification
Séismes
1688, 17 août, Anatolie, M 8.0 1999, 17 août, Izmit
1766, Istanbul, M 6.5 (Marmara-Kocaeli) M 7.6
1894, 10 juillet, Istanbul, VIII-IX 1999, 12 novembre, Düzce M 7.2
1944, 01 février, Gerede, M 7.4 2000, 06 juin, Orta M. 6.1
1949, 17 août, Erzurum, M 6.8 (Source : USGS)
1951, 13 août, Kursunlu, M 6.7
1953, 18 mars, Yenice-Gonen
M 7.3
1967, 22 juillet, Mudurnu, M 7.3 Normes constructives
1970, 28 mars, Gediz, M 6.9 ---
Validations scientifiques
Des essais expérimentaux et des modélisations ont montré que : - l’utilisation d’un mortier fragile favorise le glissement le long des
- les structures en hımış et bağdadi présentent un comportement joints au lieu d’une fissuration dans les blocs de maçonnerie. Ce
ductile meilleur que celles en béton armé ; grâce à une faible principe permet une dissipation d’énergie et une réduction de
résistance dérivante des caractéristiques du matériau terre, la l’incompatibilité entre la rigidité des panneaux en maçonnerie et la
structure démontre une majeure capacité de déplacement et des flexibilité de l’ossature en bois (GÜLKAN, LANGENBACH, 2004) ;
valeurs de sollicitations potentiels plus élevées (DOGAN, 2010) ; - bien que la maçonnerie et le mortier soient fragiles, le système se
- en cas de remplissage en briques positionnées de façon inclinée, les comporte de manière ductile (IBID.) ;
déplacements et les sollicitations augmentent dans les composants - l’insuffisance ou le manque de liaisons mécaniques entre les
solides en comparaison à un remplissage disposé de façon éléments en bois et la maçonnerie peut déterminer la chute de
horizontale ou verticale ; et cela en raison d’une surface de contact petites sections de remplissage. Cependant, la défaillance de
réduite avec les éléments en bois (DOGAN, 2010) ; certains panneaux ne détermine pas une perte de stabilité de
- les structures en bağdadi présentent un comportement plus ductile la structure dans son ensemble, ni sa destruction progressive.
que celles en hımış, car elles possèdent une majeure capacité La subdivision de chaque travée avec des éléments diagonaux,
envers des forces de cisaillement et axiales (DOGAN, 2010). verticaux et horizontaux contribue à maintenir la structure en place
(TOBRINER, 2000); les montants très rapprochés préviennent la
Nombreuses évaluations effectuées suite à des séismes ont permis de propagation de fissures diagonales à l’intérieur des panneaux de
constater les suivants éléments : remplissage et, en cas de défaillance ou d’effet d’étage souple, les
- ces structures montrent un comportement de type plastique dégâts aux étages supérieurs restent limités (LANGENBACH, 2000);
car elles répondent aux sollicitations à travers une fissuration - si la déformation de la structure et les glissements du remplissage
incrémentale qui se distribue dans le mur par l’interaction des commencent en début des secousses, ces constructions sont
éléments structuraux en bois avec le remplissage en maçonnerie capables de maintenir la stabilité pendant plusieurs cycles avant
(DIKMEN, 2010) ; d’atteindre un niveau élevé de destruction (GÜLKAN, LANGENBACH,
- étant donné le manque de liaisons mécaniques entre les éléments 2004). Un endommagement similaire lors de séismes très violents
en bois et la maçonnerie de remplissage, la structure répond aux et plus modérés, montre la caractéristique de protection la plus
sollicitations par des glissements se produisant à l’interface entre importante de ces constructions : leur capacité à dissiper l’énergie
le remplissage et les éléments en bois. Ce « travail » le long des sur une longue période sans subir une dégradation structurelle
joints permet de dissiper une quantité considérable d’énergie et rapide et à supporter une intensité et une durée des sollicitations
se manifeste par une fissuration de l’enduit (DOGANGÜN, TULUK, croissantes, sans que l’endommagement ne progresse très au-delà
LIVAOĞLU, ET AL., 2006) ; des dégâts subis lors de séismes plus modérés (LANGENBACH,
- le glissement du remplissage et la conséquente dissipation d’énergie 2002). Ces bâtiments sont en effet capables de supporter des
affectent la fréquence de vibration de la structure, en réduisant sa grandes sollicitations en raison de l’absorption d’énergie fournie par
capacité à entrer en résonance avec le séisme (DOGANGÜN, TULUK, la ductilité du système (LANGENBACH, 2000).
LIVAOĞLU, ET AL., 2006) ;
6. Observations
ÇELEBIOGLU, Banu, LIMONCU, Sevgül, 2007. « Strengthening of Historic GÜLHAN, Demet, GÜNEY, Inci Özy’rük, 2000. « The Behaviour of Traditional
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2, p. 840-851. Sivas, Tokat, Safranbolu, Bartın, Bursa, Izmit, Istanbul. Photos de A. Caimi.
Pays Italie
Localisation géographique
Abruzzes, Calabre, Lazio, Sicile
Sismicité
récurrence : faible
intensité : modérée
©Google Earth ©USGS ©USGS Projet pour habitation, Reggio Calabria (dans Barucci 1990)
1. Contexte
Le système constructif baraccato apparut au XIV siècle en Italie Le système constructif de la casa intelaiata s’apparente à celui
centrale et méridionale et prend son nom d’un type de structure de la baraccata, tant pour ses régions d’origine que son principe
employé pour des abris d’urgence, les « baracche », souvent réalisés structurel. Dans la littérature, il ressort une certaine confusion quant
en bois Les premiers exemples dont on a connaissance remontent au à leur différenciation ; ce qui dérive en partie des nombreux projets
1300, à Rieti, lors que de nombreuses secousses sismiques affectèrent élaborés par des constructeurs et architectes de l’époque ainsi que
la région pendant une longue période et la population se réfugia dans des variations et évolutions locales (MASCIARI-GENOESE, 1915 ;
des cabanes en bois. Au 1600, la construction des « baracche » avec BARUCCI, 1990 ; BIANCO, ESPOSITO, TUZZA, 2009 ; VIVENZIO,
ossature en bois était assez répandue en Calabre et, spécialement 1783). “Le système baraccato […] consistait originairement en une
après le séisme du 1638, plusieurs chroniques se référèrent à cette ossature en bois composée d’une charpente dite à la beneventana,
technique comme à un principe pour une construction résistante aux constituée de nombreux poteaux en bois, croisés et boulonnés avec
séismes, constatant la capacité de ces structures à supporter l’impact autant de traverses ou sablières, dont les vides résultants étaient
de ces phénomènes. Tel est le cas du palais du Comte de Nocera, remplis avec un matériau léger ; ou encore mieux, avec un tissage
qui résista aux secousses pendant plus que deux siècles et dont en osier ou canisses, fixé à l’ossature par des fines lattes de chêne,
Giovanni Vivenzio en déclara la résistance lors du séisme du 1638, au et recouvert par un crépi bien lissé. Cependant, l’ossature du vrai
contraire du reste du village qui fut complètement détruit (MASCIARI- type baraccato était constituée par des robustes montants en bois
GENOESE, 1915). À partir du XVI siècle, le système baraccato se espacés d’environ 1,20m, croisés avec des poutres horizontales et
diffusa à d’autres régions de la péninsule, comme à L’Aquila pour celles en croix de Saint André et ensuite entièrement enveloppée par
la réalisation de « baracche » après le séisme de 1703 (RUGGIERI, la maçonnerie” (MASCIARI-GENOESE, 1915, p. 275 ; trad. A. Caimi).
2005).
La différence principale entre baraccata et intelaiata paraît être
Ce type de construction représentait une nette amélioration par la modalité de réalisation de l’ossature en bois et le type de
rapport aux constructions en pierre, étant faciles à construire, remplissage. Les deux termes qui les indiquent sont à leur origine
beaucoup plus légers et, donc, moins dangereux en cas assez vagues se référant l’un à une quelconque structure, l’autre à
d’effondrement (TOBRINER, 1997). Toutefois, ce n’est qu’avec la l’utilisation d’un squelette structurel (en italien, cadre : telaio d’où
reconstruction après le séisme du 1783, en Calabre, qu’on retrouve «intelaiata»: à ossature). Cependant, sur la base de la littérature
une définition claire de la typologie structurelle de la casa baraccata. existante (MASCIARI-GENOESE, 1915 ; BARUCCI, 1990 ; BIANCO,
Suite à cet événement, les Bourbons, qui gouvernaient la Sicile et ESPOSITO, TUZZA, 2009), on utilisera le terme baraccata pour
l’Italie méridionale, établirent une commission spéciale pour l’étude une structure à ossature en bois évidée et enveloppée par des
des dommages et du comportement du bâti dans les zones affectées, murs en maçonnerie, et intelaiata pour une structure à ossature
en vue de la définition d’une stratégie de reconstruction. En 1784, bois apparente avec remplissage léger. Le système intelaiato a été
des normes de construction parasismique furent émises en donnant historiquement moins considéré à cause de la structure en bois
des indications pour la conception et la réalisation d’habitations et visible qui résultait plus vulnérable aux agents atmosphériques et
de villes, selon le système constructif baraccato (TOBRINER, 1997). aux insectes et qui ne correspondait pas à l’image recherchée d’un
Les instructions royales éditées en 1786 prescrivaient, en effet, certain statut social (TOBRINER, 1997). Ces deux systèmes furent
l’utilisation de “structures en maçonnerie avec une ossature en bois, employés jusqu’au 1915, année à partir de laquelle l’utilisation du
conçues non en tant que des constructions provisoires destinées aux bois fut progressivement remplacée par celle d’éléments métalliques
pauvres, mais pour survivre à des nouveaux événements sismiques” ou en béton. Si de nombreux bâtiments baraccati du XVIII et XIX
(dans NIGLIO, 2011; trad. A. Caimi). Les instructions royales établies siècle ont été détruits, ceux qui encore existent sont très difficilement
par les Bourbons furent un des premiers règlements de construction identifiables en raison de l’enveloppe en maçonnerie qui, à un premier
parasismique de l’histoire (BARUCCI, 1990). abord, fausse la lecture du système structurel.
Illustrations
© Tobriner 1997
2. Principes constructifs
Fondations / soubassement
Aucune fondation n’était employée en cas de sol rocheux ou des
fondations en pieux réalisées enfonçant les montants structurels
verticaux directement dans le sol.
Radier ou soubassement en maçonnerie de pierre
- épaisseur : 1,20m ; hauteur : 0,6m
Structure primaire
Ossature en bois avec une trame d’environ 1,20m :
- montants en bois en correspondance des angles, des murs
transversaux et des ouvertures
- sablières au niveau du sol, du plancher et/ou de la toiture ainsi que
des appuis des fenêtres
- poutres et montants carrés (10x10cm)
Projet pour une casa baraccata, Reggio Calabria, 1913: coupes
- contreventement en croix de Saint André (ACRC, Urb, 10-7-2 dans Barucci 1990)
Structure secondaire
Montants verticaux non porteurs faiblement espacés, de façon à
empêcher le passage d’une personne en cas d’endommagement du
remplissage (MASCIARI-GENOESE, 1915).
Remplissage
Casa baraccata : aucun
Enveloppe
Casa baraccata :
à l’extérieur : maçonnerie en briques, petites pierres et mortier à la
chaux
à l’intérieur : parement en canisses fixé à l’ossature
Toiture
Charpente en bois reliant les montants de l’ossature
Couverture en tuiles romaines
Finitions
- Enduit avec mortier de terre, plâtre ou chaux hydraulique
- Casa intelaiata : revêtement intérieur en planche de bois
©Gioffré ©Plateroti
3. Particularites constructives
Structure primaire
4 montants dans les angles et de 2 en correspondance de chaque
mur transversal et des ouvertures. Ils composent deux cadres, l’un
à l’intérieur de l’autre, solidarisés par des éléments transversaux en
bois avec des assemblages à queue d’arondes et des chevilles (en
bois) et contreventés par des croix de Saint André.
Remplissage:
Briques et/ou pierres de taille maçonnées avec un mortier à la chaux
et liées entre elles avec des pinces métalliques ou avec de l’opus
incertum.
- utilisation de branches et de morceaux de bois pour la répartition
interne de l’ossature ;
- entre l’ossature principale et la maçonnerie : des clous seulement
partiellement enfoncés permettent l’accrochage du mortier.
4. Principes parasinistres
L’ossature connecte intimement toutes les parties de la structure et les source: proloco reggio calabria.it
différents éléments reliés les uns aux autres composent un système San Salvatore, casa intelaiata réalisée avant le séisme de 1908
structurel homogène et continu qui, en cas de séisme, assume un
comportement unitaire (TOBRINER, 1997) et dont les éléments
peuvent osciller à l’unisson comme s’ils étaient une masse unique
(Milizia dans RUGGIERI, 2005). La construction baraccata et celle
intelaiata se basent sur un système structurel conçu pour répondre
aux sollicitations sismiques et statiques dans les trois directions, dont
les assemblages, réalisés avec des encoches, des éléments en bois
ou des clous métalliques, assurent une ductilité élevée (RUGGIERI,
2005). En outre, la disposition des murs intérieurs, reliant les murs
extérieurs entre eux, contribue à solidariser et relier l’ensemble
structurel (TOBRINER, 1997).
Cloison intérieure
©Bianco-Esposito-Tuzza 2009
Consolidation de bâtiments en Calabre contre les dégâts dus aux tremblements de terre (dans Barucci 1990) Détail d’assemblage: structure du plancher - contreventement
5. Critères de vérification
6. Observations
Bien qu’excellentes dans les documents des ingénieurs, nombreuses événement sismique […] réduit à néant les connaissances et ramène
constructions avec le système intelaiato furent, en réalité, si mal les populations sinistrées en un état de profond sous développement
réalisées que pendant le séisme calabrosicilien de 1894 furent en [voire d’ignorance]” (LANER, BARBISAN, 1986, p. 56 ; trad. A. Caimi).
grande partie détruites. Dans le rapport de l’enquête menée suite à
ce tremblement de terre, on peut lire: “Les maisons baraccate [de par En outre, dans le sud d’Italie, région à haute sismicité “le séisme
sa description l’auteur se réfère en réalité au système intelaiato, sic!] qui eut lieu à Reggio Calabria et Messine en décembre 1908 […]
ne montrèrent pour la plupart pas une bonne capacité ; mais cela causa un énorme nombre de victimes, déterminant ainsi l’insuccès
dérive essentiellement de défauts de construction et de matériaux des techniques constructives, bien que localement la mémoire
trop lourds. Le système requiert que le matériau de remplissage soit sismique était toujours présente et bien qu’il ne manquait pas une
de nature à accompagner les mouvements de l’ossature pendant une connaissance de règles et préceptes pour atténuer les conséquences
secousse. Par ce fait, il doit être léger et renfermé à l’intérieur de la désastreuses des séismes. Des lois bien efficaces, comme celles des
structure” (LANER, BARBISAN, 1986, p. 56 ; trad. A. Caimi). Bourbons du 1700 o celles du 1905 […] introduisaient le concept de
construction à ossature en béton armé et affirmaient la validité du
Pareillement, il fut constaté qu’en Ombrie : “même si après le système en maçonnerie avec ossature en bois” (BARBISAN, 1997, p.
séisme de Norcia en 1859 une première ébauche de réglementation 116 ; trad. A. Caimi).
pour la construction parasismique fut éditée […], chaque nouveau
7. Référence
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particolare di quelli della Calabria e di Messina del MDCCLXXXXIII. Napoli :
MASCIARI-GENOESE, F., 1915. Trattato Di Construzioni Antisismiche Preceduto Da Stamperia Reale.
Pays Portugal
Localisation géographique
ville de Lisbonne
régions de : Ribatejo, Alentejo,
Algarve
Sismicité
récurrence : faible
intensité : modérée
1. Contexte
Le système constructif gaiola pombalino doit son nom à un événement une ossature en bois constituant une sorte de cage tridimensionnelle
qui toucha le Portugal vers la moitié du XVIII siècle. Le 1er novembre (d’où le terme gaiola signifiant cage), enveloppée vers l’extérieur
du 1755 un tremblement de terre de magnitude 8.7 frappa la par une maçonnerie en pierre non porteuse. Ce principe en
partie méridionale du pays. Il fut ressenti dans une vaste région, cage tridimensionnellement contreventée n’était pourtant pas
comprenant la Suisse, la Finlande et la Suède ; le tsunami provoqué une invention nouvelle. Il était, en réalité, déjà employé avant le
arriva jusqu’aux côtes de l’Angleterre, des Pays-Bas et même du séisme et la structure tridimensionnelle en bois est probablement
Brésil (FERAH, 2009). La ville de Lisbonne fut gravement touchée par une amélioration des constructions qui lui survécurent (MEIRELES,
le séisme ainsi que par le tsunami et le vaste incendie qui suivirent et BENTO, 2010).
qui détruirent en particulier les districts de Baixa et Chiado.
Le choix et les spécificités de ce système furent déterminés aussi par
La réponse d’urgence et le processus de reconstruction furent gérés d’autres aspects, se référant à une solution astucieuse permettant
par le Marquis de Pombal, Premier Ministre du roi, qui délégua à un certain degré de préfabrication et, par conséquent, adaptée
un groupe d’ingénieurs le développement d’une solution structurelle à une reconstruction à grande échelle. En effet, l’expérience civile
garantissant une résistance sismique ainsi que de dispositifs visant à et militaire portugaise avait appris que la régularité géométrique
empêcher la propagation des incendies (CARDOSO, LOPES, BENTO, facilitait la construction en série, accélérant le processus de
2004a). Sur la base du savoir-faire de l’époque et de la connaissance construction. Une autre disposition de ce genre a été l’organisation
empirique dérivée de l’observation des bâtiments survécus au séisme, des étapes de construction: la gaiola et toute la structure en bois
un système constructif particulier fut mis au point et rendu obligatoire étaient les premières parties à être réalisées ; le remplissage en
pour la reconstruction urbaine : celui-ci connus de nos jours avec maçonnerie étant mis en œuvre par la suite, au même moment que la
l’appellation de gaiola pombalino (MEIRELES, BENTO, 2010). construction des murs extérieurs. Cette séquentialité permettait aux
différents artisans d’effectuer le travail rapidement, sans se gêner
La nécessité d’une reconstruction rapide et la peur d’un nouveau réciproquement (CARDOSO, LOPES, BENTO, 2004a).
séisme, conduirent au renforcement de la réglementation pour les
nouvelles constructions, introduisant des dispositions parasismiques L’utilisation du système à gaiola fut imposée pour toute nouvelle
ainsi que des prescriptions concernant l’aménagement urbain et construction. Bien qu’à l’époque des règles de construction n’étaient
l’architecture des façades et des plans des nouveaux bâtiments. pas éditées dans des documents officiels, ces dispositions devaient
Les districts de Baixa et Chiado furent rasés et reconstruits, en être strictement appliquées, peine la démolition du bâtiment par
organisant orthogonalement les constructions groupées en blocs ordre du roi.
réguliers. Les unités constructives (quarteirão) se basent sur deux
typologies d’îlots, avec disposition du plan et dimensions différentes L’importance du système gaiola pombalino réside dans le fait qu’il
ainsi qu’une largeur des rues définie par la hauteur des immeubles de a été délibérément sélectionné et amélioré pour une construction
manière à éviter un effet « domino ». parasismique à appliquer à une importante zone urbaine
La géométrie des immeubles en gaiola pombalino est également (KUSUMASTUTI, PRIBADI, RILDOVA, 2008) ainsi que dans la
très régulière, avec une forme rectangulaire et une configuration traduction de ce principe en une procédure systématique employée
symétrique. Ils sont réalisés avec, au rez-de-chaussée, un système en réponse à la nécessité d’une reconstruction rapide et à grande
porteur continu en maçonnerie en pierre et, aux étages supérieurs, échelle (FERAH, 2009).
Illustrations
©Langenbach
2. Principes constructifs
Fondations / soubassement
Semelle filante en maçonnerie s’appuyant sur une grille double et
croisée de rondins assez fins en bois, reposant à leur tour sur deux
rangées parallèles de pieux en bois
Structure primaire
Trame structurelle : entre 2.88 et 3.70 m
Rez-de-chaussée :
murs et piliers en maçonnerie de pierre reliés par un système
d’arcs et de voûtes en berceau ou à croisière en maçonnerie
de briques
- mortier en chaux hydraulique
- remplissage des voûtes avec des débris recyclés pour
niveler la surface de l’étage
- épaisseurs :
murs porteurs : 90-120 m se réduisant progressivement
vers le haut
murs secondaires : 50-70 cm
Structure en gaiola ©Paula-Coias 2006
Étages : Système gaiola : murs porteurs (frontals) composés d’une
ossature en bois avec des éléments verticaux (prumos) et
horizontaux (travessanhos), contreventée par des éléments
diagonaux en croix.
- épaisseur des murs : 18-25 cm
- espèce de bois : chêne, châtaigner et pin
Structure secondaire
Cloisons (tabiques): panneaux non porteurs composés de lattes en
bois clouées à des montants verticaux et diagonaux en bois
- épaisseur des murs intérieurs : 10-15 cm
Remplissage
Maçonnerie : briques en terre crue ou cuite, tuiles, moellons et débris
Mortier : chaux hydraulique, sable (dia 0.5-2mm)
Système de fondations : coupe ©Santos Assemblages : axonométries ©Cardoso
Enveloppe
Parement extérieur : murs en maçonnerie de pierres calcaires
liées avec un mortier de chaux à faible résistance, reliés
transversalement par des murs secondaires au rez-de-
chaussée
- épaisseur des murs : diminuant progressivement vers le haut
Rez-de-chaussée : 100-120 cm
Premier étage : 80-100 cm Assemblages : détails ©Ferah
Toiture
Fermes en bois et couverture de tuiles en céramiques
Finitions
Plafonds : parement en planches superposées (saia e camisa) ou
avec un enduit sur lattis
Enduit sur lattis : plâtre, chaux
Connexions
Encoches, clous, bandes métalliques
Connexions :
- poutres – solives : renforcée par des bandes métalliques ©Langenbach ©Cardoso-Lopes-Bento-D’Ayala
- gaiola - murs extérieurs : parfois par des ancrages métalliques Lattis recouvrant la structure Rez-de-chaussée, structure en pilliers et voûtes
3. Particularites constructives
Fondations :
- système adapté au sol alluvial présent sous le centre ville de
Lisbonne ;
- plutôt que transférer les charges vers une couche de sol plus
résistant se trouvant assez en profondeur (environ 15m), l’utilisation
de pieux vise à résister aux tassements pendant la construction
(Cardoso, et. al., 2005 dans FERAH, 2009) ;
- le bois était protégé de la détérioration par l’absence de lumière et
d’air ; les pieux se situant au niveau de la nappe phréatique.
Cloisons :
Ce type de parois présente une grande élasticité et une bonne
résistance aux sollicitations verticales (CORREIA, 2002).
Incendies :
- murs mitoyens en maçonnerie plus hauts que les niveaux des
toitures empêchant la propagation des incendies entre bâtiments
contigus ;
- réalisation des rez-de-chaussée en maçonnerie, pour empêcher une
diffusion aux étages supérieurs d’habitation d’éventuels incendies
dérivant des activités commerciales.
4. Principes parasinistres
La structure à gaiola a été conçue de telle sorte que, lors d’un séisme,
elle peut rester intacte, même si la maçonnerie est en ruine. Elle
constitue un élément structurel de grande force, avec une bonne
capacité à supporter des charges verticales et une excellente
performance envers les sollicitations horizontales. Cette capacité de
résister à l’action sismique est le résultat de la façon d’organiser le
système des connexions entre les différents éléments, c’est-à-dire la
précision et les détails constructifs (NESDE 2005).
©Paula-Coias
5. Critères de vérification
6. Observations
La gaiola se compose par plusieurs éléments reliés de façon à À cause d’une période de retour très longue des séismes affectant la
établir une solidarité presque parfaite entre les différents éléments région, la conscience envers le risque sismique se dilua dans le temps
structuraux, similaire aux meilleures solutions actuelles obtenues avec et la pratique constructive de la gaiola fut complètement abandonnée
le béton armé (NESDE 2005). dans les années 1880, laissant place d’abord au gaiolero et ensuite
au béton armé (FERAH, 2009). Les bâtiments en gaiolero, réalisés
La conception d’un système constructif parasismique à ossature est entre 1870 et 1930, présentent cependant des problèmes structurels
étroitement liée à l’expérience acquise dans la construction navale, très importants en relation aux séismes, déterminés par les suivants
qui inspira les ingénieurs militaires impliqués dans le processus de aspects (CORREIA, 2002) :
reconstruction. Une analogie fut établie entre le comportement des - un manque de connexion entre les éléments structuraux du système
bâtiments lors d’un séisme et celui des navires, capables de faire - l’utilisation de bois de mauvaise qualité
face aux sollicitations dynamiques exercées par la mer. L’excellente - le remplacement du système de connexion entre les éléments en bois
performance de ces derniers était essentiellement due à l’utilisation par des clous et des joints de basse qualité
d’une structure tridimensionnelle en bois ainsi qu’à des connexions - une mauvaise qualité de mise en œuvre de la maçonnerie.
permettant un comportement de la structure comme un ensemble
articulé (Pinho 2000 dans CORREIA, 2002). Pareillement, les bâtiments en gaiola encore existants sont affectés par
de nombreux problèmes :
Le système constructif employé pour la reconstruction était basé sur - des étériorations causant des déformations et une diminution
des règles établies par une commission d’architectes et d’ingénieurs; significative de la section des éléments structuraux ;
il peut dont être considéré comme une construction d’ingénierie au - des modifications des espaces en liaison avec leur affectation et à
sens d’engineered-structure. Sa mise en œuvre était effectuée par une amélioration du confort déterminant un affaiblissement et une
des artisans sous la supervision d’un contremaître. Bien qu’aucun perte de cohérence de l’ensemble structurel, tant au niveau d’un seul
document officiel n’ait été retrouvé, les prescriptions imposées par bâtiment que des îlots.
le Marquis de Pombal étaient pratiquées et transmises entre les - l’introduction de nouveaux matériaux avec un comportement
charpentiers et les maçons, assumées donc comme un code de bonne mécanique considérablement différent engendrant des changements
pratique (CARDOSO, LOPES, BENTO, ET AL., 2003). incontrôlés du système structurel originaire avec une possible
perte de résistance et de capacité à dissiper l’énergie associée aux
L’utilisation de matériaux très coûteux et de main d’œuvre experte, sollicitations sismiques (PAULA, COIAS, 2006).
dans un région caractérisée par la rareté de ressources comme - des méthodes intrusives de réhabilitation employant des technologies
l’Alentejo, pourrait se justifier dans l’intérêt de la population envers le basées sur une utilisation intensive du ciment, du béton armé et de
caractère parasismique de cette technique (CORREIA, 2002). l’acier.
7. Référence
CARDOSO, Rafaela, 2003. Vulnerabilidade Sísmica de Estruturas Antigas de of school building in Indonesia ». In : 14th World Conference on Earhquake
Alvenaria – Aplicação a um Edifício Pombalino. Thèse de maîtrise en Génie des Engineering [en ligne]. Beijing.
Structures. Lisbonne : Instituto Superior Técnico.
LANGENBACH, Randolph, 2008. « Parades Pombalinas and the “invention” of
CARDOSO, Rafaela, LOPES, Mario, BENTO, Rita, et al., 2003. Historic, braced earthquake-resistant construction ». In : International Seminar on Seismic Risk
frame timber buildings with masonry infill (’Pombalino’ buildings) [en ligne]. and Rehabilitation [en ligne]. Azores.
Housing Report. World Housing Encyclopedia.
LOURENÇO COSTA NEVES, Sílvia Margarida, 2008. Análise Sísmica de um Edifício
CARDOSO, Rafaela, LOPES, Mario, BENTO, Rita, 2004a. « Earthquake resistant da Baixa Pombalina. Thèse de Master en Ingénierie Civile. Lisbonne : Istituto
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on Earthquake Engineering. Vancouver.
MEIRELES, Helena A., BENTO, Rita, 2010. « Cyclic behaviour of Pombalino
CARDOSO, Rafaela, LOPES, Mario, BENTO, Rita, 2004b. « Seismic assessment of “frontal” walls ». In : 14th European Conference on Earthquake Engineering.
“Pombalino” buildings ». In : 13th World Conference on Earthquake Engineering. Ohrid.
Vancouver.
NESDE. « Departamento de Estruturas, Nucleo de Engenharia Sismica e Dinamica
CORREIA, Mariana, 2002. « Preliminary Report of the local seismic culture in de Estruturas (NESDE) Lisbonne ».
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Centro Universitario Europeo per i Beni Culturali. Coll. European Research Project. PAULA, Raquel, COIAS, Victor, 2006. « Rehabilitation of Lisbon’s old “seismic
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FERAH, Füsun Ece, 2009. 1755 Lisbon Earthquake and Protection of Cultural International Workshop on Earthquake Engineering on Timber Structures [en
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Analysis of Monuments and Historical Constructions. University of Minho. RAMOS, Luis F., LOURENÇO, Paulo B., 2003. « Seismic Analysis of the Old Town
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KUSUMASTUTI, Diana, PRIBADI, Krishna Suryanto, RILDOVA, 2008. « Reducing Masonry Conference [en ligne]. Clemson, South Carolina (USA).
earthquake vulnerability of non-engineered buildings: case study of retrofitting
Pays Grèce
Localisation géographique
île de Lefkada (Leucade)
Sismicité
récurrence : élevée
intensité : modérée
1. Contexte
Historiquement affectée par des phénomènes sismiques, l’île de colonisèrent l’île. Certaines analogies sont en effet décelables entre
Lefkada se caractérise l’utilisation d’un principe structurel particulier, les architectures de Lefkada et celles turques (occupation de l’île
datant d’avant 1800 et employé pour le rez-de-chaussée de bâtiments entre XV-XVI siècle) et vénitiennes (système de fondations similaire).
de deux et trois étages (PORPHYRIOS, 1971). Il consiste en un double Toutefois, la construction employant un double système maçonnerie-
système porteur, composé de murs périmétraux en maçonnerie de ossature est diffuse uniquement sur l’île de Lefkada, ce qui en fait une
pierre associés à une ossature en bois. spécificité constructive de cette région (KARABABA, 2007).
Pendant la colonisation britannique, ce principe structurel fut largement
En temps normal, les étages sont portés par les murs en maçonnerie. promu spécialement pour la reconstruction suivante le séisme de
Lors d’un séisme, des parties de ces murs peuvent s’écrouler 1825, qui vit son application systématique dans la réalisation de
laissant intacte la structure supérieure, supportée temporairement nombreux bâtiments témoins à caractère public (KARABABA, 2007).
par un système à poteaux-poutres, appelé localement pontelarisma En 1827, les autorités britanniques imposèrent par la promulgation
(TOULIATOS, 1996). Cette appellation dérive probablement du terme d’un code de construction une réglementation fondée sur la mise en
italien «ponte» ou «ponteggio», signifiant échafaudage. En effet, en œuvre de ce système (VINTZILEOU, TOULIATOS, 2005).
cas d’effondrement de la maçonnerie, il offre un support temporaire
des étages supérieurs. De plus, il présente par une grande flexibilité Ce type de construction fut réalisé jusqu’en début des années 1940.
d’application post-séisme à des structures existantes, en vue de leur Par la suite, l’introduction du béton et sa grande utilisation dans la
consolidation (KARABABA, 2007). reconstruction après le séisme de 1948 déterminèrent une graduelle
Ce principe structurel permet non seulement de sauvegarder une altération des pratiques constructives. Bien qu’il y ait eu une perte
partie importante de la structure et de protéger ses habitants, de connaissances tant de la part des constructeurs que des maîtres
mais également de consentir une réparation rapide sans que ses d’ouvrage au regard des spécificités et de la fonction du double
occupants soient obligés de la quitter pendant la période des travaux système, ce principe constructif était encore largement mis en œuvre
(KARAKOSTAS, LEKIDIS, MAKARIOS, ET AL., 2005). après les années 1950 ainsi que, bien qu’en mesure plus limitée,
jusqu’en 2005. Le recours systématique à ces pratiques constructives
L’élaboration de ce principe constructif fut, très probablement, parasismiques a été effectuée principalement dans la ville de Lefkada;
influencée par les caractéristiques de la sismicité locale et toutefois ce système a été employé également dans d’autres parties
les connaissances techniques des différentes populations qui de l’île, bien qu’en mesure plus limitée (KARABABA, 2007).
Illustrations
©Karababa
©Makarios-Demostenous
Ancienne mairie de la ville de Lefkas réalisée avec le double système porteur Système porteur à ossature bois
2. Principes constructifs
Fondations / soubassement
Semelle continue, en maçonnerie de pierre et mortier en chaux et
pouzzolane avec une sous-fondation composée d’une double ou
triple grille de rondins couvrant toute la surface du plan, remplie et
recouverte par un mortier composé de sable fin, moellons et poudre
de pouzzolane.
Profondeurs : - semelle : en dessus du niveau de l’eau (environ 70cm)
- grille : environs 60 – 100 cm
Structure primaire
Rez-de-chaussée : double système porteur
hauteur d’étage : 2.5 - 3.2m
- section : 12-22cm; distance entre les montants : 1-2m Ossature en bois à l’étage
Structure secondaire
Cloisons : montants verticaux en bois cloués au plafond et au plancher
avec un espacement horizontal de 50cm
- roseaux ou lattis cloués des deux côtés des montants
Remplissage
Tsatmas : briques en terre crue ou pierres poreuses bloquées dans le
cadre avec des cales en bois
épaisseur : 10-15cm
mortier : chaux, terre stabilisée, terre
Cloisons : paille
Enveloppe
---
Toiture
Fermes en bois avec une pente de 25-30° et couverture en tuiles de
terre cuites (20x16x45cm) fixées avec du mortier.
Finitions ©Makarios-Demostenous
Murs extérieurs et intérieur : enduit en mortier de sable et chaux avec Ossature en bois à l’étage
finition en badigeon de chaux
Revêtement extérieur : planches en bois ou, plus récemment,
panneaux en tôle
Sols : dallage en pierres ou en terre damée stabilisée à la chaux
(épaisseur 6-8cm)
Connexions
Assemblages par tenon et mortaise et en queue d’aronde
Cadres des ouvertures et maçonnerie : clous et tiges métalliques
Solives et poutres périmètrales : tenons et mortaise et/ou clous
Poteaux (tsatmas) et équerres / équerres - lisses (basse et haute) :
assemblages en queue d’aronde + clous carrés (longueur 15cm)
Poteaux et chapiteaux : tenon et mortaise
Poteaux et lisses (basses et hautes) : tenon et mortaise ©Vintzileou-Touliatos ©Vintzileou-Touliatos ©Makarios-Demostenous
Entretoise et tsatmas : encastrement Equerres de raidissement de l’ossature en bois
3. Particularites constructives
Toiture :
- la structure n’est pas clouée aux poteaux, ni les entraits aux lisses
hautes ; ces derniers sont fixés à la sablière au moyen d’un entaille.
- la différente orientation des fermes apporte rigidité à la structure.
(KARABABA, 2007).
Système de fondation avec semelle filante et grilles en rondins (adapté de Makarious & Demosthenous, 2006)
4. Principes parasinistres
ou effondrement partial), l’ossature en bois s’active pour porter les Effets du séisme du 14 août 2003 : détachement de l’enduit à l’étage supérieur
charges des étages supérieurs (KARAKOSTAS, LEKIDIS, MAKARIOS,
ET AL., 2005). Après un séisme, la maçonnerie peut être reconstruite
ou réparée, sans affacter la stabilité du bâtiment, qui sera à nouveau
en mesure de faire face à l’impact d’un nouveau séisme (VINTZILEOU,
TOULIATOS, 2005).
©Makarios-Demostenous
©Makarios-Demostenous
Rôle du système porteur secondaire en cas de séisme ©Vintzileou-Touliatos Effets du séisme du 14 août 2003 : écroulement du remplissage en maçonnerie aux agles des cadres en bois
5. Critères de vérification
6. Observations
Les changements d’affectation des bâtiments, spécialement la Les dégâts observés après le séisme du 2003 ont été les suivants :
transformation des rez-de-chaussée en espaces commerciaux, a - fissuration diagonale dans la maçonnerie en pierre des étages
conduit à la démolition des murs en maçonnerie qui ont été remplacés inférieurs, généralement dans les pans de mur situés entre les
par des façades vitrées déterminant une réduction critique de la ouvertures (KARABABA, 2007) ;
rigidité structurelle (KARABABA, 2008). - déplacement horizontal excessif de l’ensemble du bâtiment, dans
des constructions qui présentaient une démolition partielle de la
Entre 1444 et 2003, 25 séismes de magnitude majeure ou égale maçonnerie en pierre (VINTZILEOU, ZAGKOTSIS, REPAPIS, ET AL.,
à 6.0 se sont produits avec une récurrence d’environ 22 ans. Des 2007) ;
séismes de magnitude majeure à 5.0 ont eu historiquement lieu - déplacement horizontal permanent des poteaux du rez-de-
avec une récurrence de maximum 10 ans. Ces particularités de la chaussée, à cause d’une dégradation du bois des poutres servant
sismicité locale, avec une intensité assez importante pour causer des de support aux étages supérieurs (IBID.).
dégâts mais pas suffisante pour causer une dévastation complète
(destruction partielle ou modérée), ont permis la constitution d’une
mémoire relative à ces phénomènes, vivante et continuellement
alimentée par des nouveaux événements (IBID.).
7. Référence
DEMOSTHENOUS, Milton, MAKARIOS, Triantafyllos, 2006. « Seismic response TOULIATOS, Panos, 1996. « Prevencion de desastres sismicos en la historia
of traditional buildings of Lefkas Island, Greece ». In : Engineering Structures. de las estructuras en Grecia ». In : Desastres: Modelo para armar. Coleccion
Vol. 28, n° 2, p. 264-278.. de piezas de un rompecabezas social. Lima : Red de Estudios Sociales en
Prevencion de Desastres en América Latina (La Red).
KARABABA, Faye S., 2007. Local Seismic Construction Practices as a Means to
Vulnerability Reduction and Sustainable Development. A case study in Lefkada VINTZILEOU, Elisavet, TOULIATOS, Panos, 2005. « Seismic behaviour of the
Island, Greece. Thèse de doctorat. Cambridge : University of Cambridge. historical structural system of the island of Lefkada, Greece ». In : STREMAH
2005, Ninth International Conference on Structural Studies, Repairs and
KARABABA, Faye S., 2008. « Local seismic construction practices as a means Maintenance of Heritage Architecture. Malta : WIT Transaction on the Built
to vulnerability reduction and sustainable development ». In : 14th World Environment.
Conference on Earhquake Engineering [en ligne]. Beijing.
VINTZILEOU, Elisavet, ZAGKOTSIS, A., REPAPIS, C., et al., 2007. « Seismic
KARAKOSTAS, Christos, LEKIDIS, Vassilios, MAKARIOS, Triantafyllos, et al., behaviour of the historical structural system of the island of Lefkada, Greece ».
2005. « Seismic response of structures and infrastructure facilities during the In : Construction and Building Materials. Vol. 21, n° 1, p. 225-236.
Lefkada, Greece earthquake of 14/8/2003 ». In : Engineering Structures. Vol.
27, n° 2, p. 213-227.
Pays Afghanistan
Localisation géographique
région de l’Hindu Kush et vallées
de Parun, Waigal, Bashgal, Titin
Sismicité
récurrence : modérée
intensité : élevée
1. Contexte
Situés parfois à des altitudes supérieures à 3000m, les villages des stabilisateurs à clé verticale fixés avec des agrafes. Il s’agit d’une
vallées du Nuristan, dans le nord-est de l’Afghanistan, se caractérisent structure mixte, qui profite des capacités de résistance à la traction
par des constructions accolées les unes aux autres, souvent quasiment du bois et de celles de résistance à la compression de la maçonnerie
superposées, pour faire face aux contraintes dictées par le climat très en pierre.
rigide et le site d’implantation. Pour préserver les terres cultivables
dans les fonds des vallées, les habitations sont généralement bâties Ce système constructif est appliqué également pour la réalisation
sur les flancs très abrupts des montagnes et leurs toits constituent d’autres types d’ouvrages : bâtiments religieux, structures à caractère
souvent les seuls espaces extérieurs plats. défensif, ponts, murs de soutènement et système de stabilisation
des berges des rivières pour empêcher l’érosion lors de crues et
Les habitats s’articulent sur deux ou trois niveaux basés sur un inondations, ainsi que pour la création de routes le long des falaises.
plan compact, carré ou rectangulaire, avec une hauteur des étages Presque chaque village possède des tours de surveillance pouvant
d’environ 2-2.5m. Souvent plusieurs corps d’habitation sont adossés atteindre 4-5 étages d’hauteur. Elles se caractérisent par un corps
ou superposés, construits simultanément ou successivement, en principal en maçonnerie de pierre avec un chaînage en bois ou des
allant à constituer un seul grand bâtiment accueillant différents poutres en bois insérées horizontalement, auquel sont superposés un
ménages appartenant à la même famille. ou plusieurs étages, légèrement en saillie, construits avec le système
La construction se base sur l’utilisation d’une structure composée de plus léger des poutres horizontales agrafées. Ce même principe est
poutres horizontales en bois alternées à des rangées de maçonnerie parfois utilisé pour les étages inférieurs des habitations, en particulier
en pierre, stabilisée des deux côtés du mur par des éléments quand celles-ci se situent dans la partie inférieure du village.
Illustrations
© Edelberg&Jones, 1979
Densité des habitats
Implantation des habitats Habitat individuel : superposition des espaces et des fonctions
2. Principes constructifs
Fondations / soubassement
Terrassement d’une zone minimale.
Si la construction est posée directement sur la couche rocheuse
existante, aucune fondation est réalisée ; en cas contraire, elle
constitue une assise solide formée de murs en maçonnerie de pierre,
dont le vide est rempli avec un mélange de terre et de pierres
concassées.
Structure primaire
Étage inférieur :
maçonnerie de pierres avec ou sans chaînage en bois
- pierres plates maçonnées avec un mortier terre
- souvent les murs des fondations s’élèvent jusqu’à créer un
socle d’un ou plusieurs étages
Étages supérieurs :
superposition de poutres horizontales en bois, stabilisées sur
chaque côté du mur par des clés en bois, constituées par des
éléments verticaux insérés dans des agrafes © Edelberg, 1984
- bois : cèdre
- épaisseurs des murs :
maçonnerie (à tous les étages) : 13-20cm
total (y compris clés et agrafes) : 30-35 cm
Véranda :poteaux en bois posés dans une encoche entaillée dans une
poutre et soutenant une poutre encastrée dans une entaille
Remplissage
Maçonnerie en pierres plates avec mortier terre
Enveloppe
---
©Makarios-Demostenous
Toiture
Structure : poutres en bois reposant sur les murs extérieurs et sur les
poteaux intérieurs
Solives en bois recouvertes avec des planches en bois
Couverture : en couches superposées, dans l’ordre vers l’extérieur:
gravillons, copeaux de bois ou feuilles de chêne séchées,
pierre de schiste pulvérisée, terre damée (30-40cm) © Edelberg&Jones, 1979
Avant-toit : planches en bois ou poutres en saillie disposées Structure en poutres remplie avec de la maçonnerie en pierre
horizontalement sur les solives du toit
Finitions
Enduits :
à l’intérieur : mortier de terre
à l’extérieur : aucun ou parfois uniquement pour la pièce de
vie avec un mortier ou un badigeon de terre
Fenêtres : petites ouvertures intégrées entre les poutres horizontales
avec battant ou élément coulissant
- dimensions déterminées par l’espacement des madriers
3. Particularites constructives
© Edelberg, 1984
Structure de toiture : superposition de couches de couverture, solives en saillie
Murs : agrafes et croisement des poutrses structurelles
4. Principes parasinistres
Les poteaux insérés dans les agrafes sont légèrement plus courts que
la hauteur de l’étage. Ils ne sont donc pas porteurs mais travaillent
comme des clés permettant une stabilisation du mur et une réduction
des mouvements hors plan : ils constituent une sorte de chaînage
verticale permettant à la structure de fonctionner comme une boîte
creuse (EDELBERG, 1984). Les poutres horizontales sont parfois
reliées aux angles par le même système : des poteaux-clés sont
glissés dans des trous en correspondance des parties en saillies des
poutres, en allant à augmenter la cohérence de la structure envers
des mouvements horizontaux.
© Hallet&Samizay, 1980
Clé et agrafe reliant verticalement la structure en poutres superposés
Agrafe et clé de stabilisation de la structure de toiture à l’angle du bâtiment Clés de stabilisation à l’angle du bâtiment conférant unité à l’empilement des poutres
5. Critères de vérification
6. Observations
Ces architectures se situant dans des zones d’accès très difficile, tant
du point de vue géographique que, plus récemment, sécuritaire, les
informations disponibles sont très limitées et relèvent essentiellement
d’études ethnologiques menées dans les années 1980.
Pendant ces travaux, on constata comme dans les villages, parfois
situés à des altitudes supérieures à 3000m, nombreuses maisons
dataient d’avant 1896, année de l’invasion de l’Armée Afghane
(EDELBERG, 1984).
7. Référence
JETTMAR, Karl (dir.), 1974. Cultures of the Hindukush. Selected papers from
the Hindu-Kush Cultural Conference held at Moesgaard 1970. Wiesbaden :
Franz Steiner Verlag.
Utilisation du système d’agrafes avec clés verticales pour la stabilisation de routes Clés et agrafes pour la stabilisation des berges des rivières et des structures de toiture des habitats
Pays Iran
Localisation géographique
région du Gilân
Sismicité
récurrence : modérée
intensité : élevée
1. Contexte
Dans la pleine du fleuve Sefidroud, les constructions vernaculaires jusqu’à la charpente du toit, en passant par les murs et les planchers
sont réalisées totalement en bois, depuis les fondations jusqu’au toit, du rez-de-chaussée et des étages, avec un usage minimal de clous
en intégrant des dispositifs spécifiques en relation aux particularités et d’autres systèmes d’assemblage. Les principaux composants de
de ces territoires (KARBALAEE, 2011). la construction sont entièrement en matières végétales et le bois est
Cette région se caractérise son exposition à phénomènes sismiques utilisé sous une forme très proche de celle naturelle (MIRYOUSSEFI,
ainsi que par un climat particulièrement humide avec une pluviométrie 2010).
et une hygrométrie exceptionnelles, cette dernière oscillant entre 70
et 90% au fil de l’année et des heures de la journée (BROMBERGER, Des galeries périphériques entourent un noyau central : une tour de
1983). Les conditions climatiques et pédologiques posent des deux étages constituée par un empilement de rondins entrecroisés
contraintes considérables du point de vue architectural et constructif selon le système du « blockbau », appelé localement zagmeh. Le
: des sols saturés d’eau, des précipitations pluviales et des vents volume est divisé par un mur de refend qui définit deux pièces par
violents, un taux d’humidité très élevé, le froid hivernal, la chaleur niveau, chacune ouvrant directement sur la galerie de la façade
estivale, la prolifération des insectes et des parasites ainsi que, à la principale (GRODWOHL, 2005).
fonte des neiges, des inondations (BROMBERGER, 1983).
La particularité de ces architectures se situe dans l’utilisation d’un
Pour répondre à ces contraintes, les habitations locales présentent principe similaire tant pour les fondations que pour la structure
une surélévation du sol, une toiture à quatre pentes, la présence d’une primaire : la superposition d’éléments grossièrement équerrés
ou plusieurs galeries sur la façade ainsi que l’utilisation du bois pour capables de dissiper l’énergie induite par les séismes grâce à la
l’ensemble de la structure porteuse. Celle-ci s’étend de la fondation friction entre les différents éléments.
Illustrations
©treakearth.com
©Rainer ©Rainer
2. Principes constructifs
Fondations / soubassement
Plateforme surélevée en terre damée : hauteur 40-60cm
Tranchées ponctuelles comblées avec des couches alternées de terre
damée, cendre et charbons de bois ; profondeur 1-2m
Surélévation ponctuelle en rondins de bois empilés
perpendiculairement, en au moins 2 strates, chacun avec un nombre
d’éléments et des caractéristiques particulières :
- première strate, entre 4 et 8 à profil circulaire
- deuxième strate entre 3 et 4
- troisième strate à profile trapézoïdal
- quatrième strate : 1 rondin à profile trapézoïdal
Structure primaire
Système zagmeh : rondins grossièrement équerrés superposés et
assemblés aux extrémités, constituant une boîte continue.
Un écart est souvent laissé entre les éléments horizontaux
et une clé verticale en bois relie ponctuellement l’ensemble
des rondins sur la hauteur d’un étage. ©Grodwhol
Surélévation par empilement de rondins
Parfois, une ossature en bois (système zegâll) est employée,
en particulier lors de construction d’un seul étage.
- épaisseur des murs : 30-40cm
Structure secondaire
---
Remplissage
Système zagmeh : remplissage des espacements entre les rondins
avec un mortier de terre fibrée e stabilisée ;
Toiture
Toiture à quatre pente, fortement inclinée (environ 40°), avec
débordements latéraux descendant jusqu’au niveau de la galerie.
- charpente en bois sans utilisation de fermes
- couverture en jonc ou paille de riz sur liteaux en bois
Finitions ©Grodwhol
Façade principale et intérieur : enduit avec un mortier de terre en
plusieurs couches (de base et de finition) avec badigeon de
terre colorée ou à la chaux ;
Façades latérales : enduit grossier avec un mortier de terre.
Connexions
Utilisation de pièce avec des formes particulières (p.e. extrémités
fourchues).
Assemblage par encoches, entailles et tenon et mortaise.
Ligature avec des cordes végétales en aubier ou en paille de riz. ©Grodwhol ©Grodwhol
Rare utilisation de clous. Système en zagmeh : stabilisation par clés Système en zagmeh : boîte continue surélévée
verticales et cales en correspondance des ouvertures et remplissage avec un mortier en terre fibrée
©Grodwhol ©Grodwhol
Élévation ©Bromberger 1983 Coupe de la structure ©Rainer Remplissage et pose d’un enduit de base en terre Clé verticale à l’angle du bâtiment
3. Particularites constructives
Le noyau central est relié par des solives dont une extrémité est
jointe aux poteaux de la galerie constituant un système solidaire qui
reprend l’ensemble des charges. La charpente de la toiture est capable
de supporter des charges temporaires et permanentes ainsi que les
forces de flexion, grâce à un système à étais verticaux, horizontaux ©Rainer
©Grodwhol
4. Principes parasinistres
Détail des fondations ©Brazin Bromberger Détails des fondations en piles de rondins ©Grodwhol
5. Critères de vérification
©Grodwhol
6. Observations
7. Référence
RAINER, Roland, 1977. Anonymes Bauen im Iran. Graz : National Iranian Steel
Corporation. Phases de montage de la structure en bois ©Grodwhol
Pays Turquie
Localisation géographique
régions de l’Anatolie Centrale et Orientale, de la Mer
Noire, de Marmara et Egéenne
Sismicité
récurrence : élevée
intensité : élevée
1. Contexte
Le terme hatıl (au pluriel hatıllar) indique des bandes horizontales l’ensemble du bâtiment ou uniquement de certaines de ses parties.
réalisées avec des matériaux complètement différents par rapport Il est en outre souvent associé à des techniques basées sur un
à la masse murale, en la subdivisant en sections superposées. Dans système structurel en ossature avec différents types de remplissage:
plusieurs régions sismiques de la Turquie, cette répartition a été maçonnerie (hımış), en vrac (bağdadi), en rondins (dizeme) ou en
effectuée avec des éléments en bois disposés dans le mur entre deux torchis.
rangées de maçonnerie. Ces insertions ont été réalisées avec des
planches, des poutres ou même des lames d’épaisseur très réduite. L’application d’un principe d’insertion d’éléments horizontaux en bois
Parmi ces différents types, celui le plus répandu se base sur la mise dans un ouvrage en maçonnerie est présente en plusieurs zones
en place, longitudinalement au mur, de deux poutres parallèles sismiques du monde. En particulier elle caractérise l’architecture
connectées entre elles par des pièces transversales, constituant une vernaculaire et des bâtiments majeurs des régions ayant fait partie de
sorte d’échelle (DISKAYA, 2007). Ces éléments se superposent aux l’Empire Ottoman. Bien que certaines caractéristiques des systèmes
angles du bâtiment ainsi qu’aux intersections des murs orthogonaux, employés peuvent varier entre pays, et même entre localités, des
dans la plupart des cas liant l’ensemble structurel de manière continue similitudes très marquées sont identifiables entre le système en
(LANGENBACH, 2002). échelle spécifique aux constructions turques et ceux présents dans le
Selon la région, ce principe a été appliqué, avec une maçonnerie aussi bâti vernaculaire de l’Albanie, la Bulgarie, la Grèce, la Macédoine et
bien en pierres qu’en briques de terre crue, pour la réalisation de du Cachemire pakistanais.
Illustrations
2. Principes constructifs
Fondations / soubassement
Semelle continue en maçonnerie de pierres liées par un mortier de Bursa, village de Narlıca
terre ou de chaux.
Des poutres en bois sont positionnées à la base du mur sur ses deux
côtés.
- profondeur d’excavation: 50-150 cm
- épaisseur : 50-90 cm
- hauteur du soubassement : 50-100 cm
Structure primaire
Maçonnerie : à sec ou avec mortier de terre parfois stabilisé à la
chaux
unités maçonnées : moellons, pierre de taille,
briques en terre crue et
cuite
épaisseur du mur : Safranbolu, insertions en lames
en pierre : 60-90cm (au rez-de-chaussée équivalent
à 1 ½ celui de l’étage)
en briques en terre crue : 1 ½ longueur d’une
briques
Planchers :
Rez-de-chaussée : terre battue ou, parfois, des solives reposent sur
les poutres en bois intégrées aux murs à 20cm du
sol ;
Étages : plancher double (planches en bois appliquées sur
les faces supérieures et inférieures des solives)
rempli avec de la terre ou du sable ;
espacement des solives : 30-100cm
épaisseur du plancher : 30cm
Kastamonu, insertions en planches
Structure secondaire
---
Remplissage
---
Enveloppe
---
Toiture
Plate ou en pente à 2 ou 4 pans
Charpente en bois avec couverture en tuile de terre cuite ou, si toiture
plate, dalle en terre damée
Finitions
À l’extérieur : généralement aucune, ou enduit en terre, terre
chaux ou chaux parfois avec un badigeon à la chaux Narlıca, insertions en poutres (à échelle)
A l’intérieur : enduits en terre, terre chaux ou chaux Erzurum Sölöz
Connexions
Assemblages entre insertions horizontales :
- poutres : aux angles : entailles à mi-bois et/ou clous métalliques
raccordement dans la longueur : entailles à mi-bois,
coupe en sifflet avec ancrage et/ou clous métalliques
avec les traverses : entailles à mi-bois et/ou clous
métalliques
- planches : aux angles, dans la longueur et avec traverses : clous
métalliques
- lames : aucune connexion, uniquement par juxtaposition
3. Particularites constructives
Kastamonu
4. Principes parasinistres
5. Critères de vérification
6. Observations
L’efficacité de ce système est étroitement corrélée à la dégradation ont été effectués en relation au système d’hatıl à échelle (double
du bois et à une perte de cohérence des assemblages. En effet, poutres), le fonctionnement des autres types d’insertions (planches,
une désolidarisation poutres perpendiculaires peut engendrer une lames et bandes en briques cuites) paraît être jusqu’à présent
fragilisation de la maçonnerie conduisant à un possible écartement quasiment inexploré. Dans certains cas (planches et lames) le
de murs orthogonaux ainsi qu’à une fissuration continue de la masse caractère et la présence de ces éléments ne sont pas considérés dans
murale. les descriptions des architectures et typologies existantes.
Un principe similaire a été mis en oeuvre utilisant différents types Malgré la reconnaissance de son rôle structurel, ce principe est
de maçonnerie, comme dans le cas du mur Théodosien dans la ville souvent repris dans des constructions récentes uniquement en
d’Istanbul, où des rangées de maçonnerie en briques cuites sont termes esthétiques : des profils en bois sont appliqués sur la face
intégrées à une maçonnerie en pierre (LANGENBACH, 2007). extérieurs de murs en maçonnerie ; les insertions deviennent ainsi
juste une décoration perdant leur caractère parasismique (DUGGAN,
Très peu d’informations existent au regard du rôle spécifique des 1997).
insertions horizontales. Si certaines hypothèses et tests scientifiques
7. Référence
AYTUN, Alkut, 1981. « Earthen Buildings in Seismic Areas of Turkey ». In : Construction ». In : Getty Seismic Adobe Project 2006. Los Angeles : Getty
International Workshop Earthen Buildings in Seismic Areas. Albuquerque : Conservation Institute. p. 93-100.
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LANGENBACH, Randolph, 2002. « Survivors in the Midst of Devastation. A
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University Press. p. 383-392.
LANGENBACH, Randolph, 2007. « From “Opus Craticium” to the “Chicago
COBANCAOGLU, Tulay, TUZTASI, Ugur, 2005. « A material that has witnessed Frame”: Earthquake-Resistant Traditional Construction ». In : International
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Resistant Vernacular Architecture Of Kashmir. New Delhi : UNESCO.
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DUGGAN, T.M.P., 1997. « Fakery and folly in Kaleici? » In : Hürriyet Daily News Earthquakes. p. 98-115.
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DUGGAN, T.M.P., 1999. « The hatil and the lessons of history ». In : Hürriyet
Daily News [en ligne]. 25 août 1999. Etude de terrain (du 13.08 au 07.09.2012)
Villes et régions visitées :
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Pakistan ». In : Earthquake-Safe: Lessons to Be Learned From Traditional - Sivas - Bartın - Bursa
Construction [en ligne]. Istanbul : ICOMOS International Wood Committee. - Tokat - Izmit - Cumalıkızık Köyü
- Niksar - Tavşancıl - Narlıca
HUGHES, Richard, 2000b. « “Hatil” Construction In Turkey ». In : Earthquake- -Kastamonu - Sarayli Köyü - Sölöz
Safe: Lessons to Be Learned From Traditional Construction [en ligne]. Istanbul -Safranbolu - Degirmendere - Istanbul
: ICOMOS International Wood Committee.
ISIK, Bilge, 2006. « Seismic Rehabilitation Study in Turkey for Existing Earthen
Toutes les photos ont été prises par l’auteur
Pays Algérie
Localisation géographique
Casbah d’Alger, ville de Miliana
et région d’Aurès
Sismicité
récurrence : modérée
intensité : modérée
1. Contexte
L’Algérie est sujette à des séismes réguliers d’une intensité de modérée étaient basées sur l’utilisation d’une structure rigide composée de
à faible. Toutefois, ce n’est qu’à partir du XVIII siècle qui se sont murs porteurs en maçonnerie et d’une structure flexible, constituée
généralisées la prescription et l’application de principes constructifs par un système en arcades de forme ogivale ou brisée (ABDESSEMED
visant expressément à améliorer le comportement du bâti envers ces FOUFA, BENOUAR, 2006a). Les modifications des pratiques
phénomènes (ABDESSEMED FOUFA, BENOUAR, 2010). constructives concernèrent deux aspects particuliers : la réalisation
d’un chaînage reliant l’ensemble du bâtiment par l’insertion d’éléments
En 1716 un puissant séisme frappa la région d’Alger provocant des horizontaux en bois dans les murs en maçonnerie ; l’intégration de
dommages considérables. Suite à cet événement, le Dey (gouverneur) rondins dans les murs et en correspondance des arcades, dispositif
imposa des dispositions particulières pour la reconstruction et la visant à une réduction des efforts de cisaillement selon le principe de
réparation des bâtiments. Les mesures prescrites se basaient sur l’isolation sismique.
les pratiques constructives appliquées en différentes régions de
l’Empire Ottomane et répondaient aux dommages constatés. Ceux-ci Ces mesures ont été appliquées dans les immeubles de la Casbah
avaient été principalement déterminés par une intégrité structurelle d’Alger, composées de bâtiments d’environ trois étages, imbriqués les
insuffisante en raison, d’une part, d’un manque de connexion uns sur les autres, comme à des bâtiments plus nobles (Palais du Dey,
entre les murs porteurs ayant conduit à leur séparation sous les Dar Aziza et palais des Raïs). Elles furent introduites également dans
sollicitations en hors plan et, d’autre part, d’une désagrégation des d’autres villes, comme Dellys et Miliana, après la destruction de cette
murs, conséquence d’une fissuration diagonale. Ces facteurs furent à dernière par un séisme en 1724 (ABDESSEMED FOUFA, BENOUAR,
l’origine de l’effondrement partiel ou total de la plupart des bâtiments. 2010). Par la suite, l’efficacité de ces mesures a été prouvée lors de
nombreux séismes qui ont frappé la région, dont le dernier a eu lieu
Précédemment, les constructions, en particulier en zone urbaine, en mai 2003.
Illustrations
2. Principes constructifs
Fondations / soubassement
Généralement, aucune fondation n’est réalisée ; si existantes, elles
sont en maçonnerie de pierre avec un mortier de terre
- dimensions : entre 30-120cm
Structure primaire
Murs porteurs en maçonnerie selon type de maçonnerie :
- rangées de maçonnerie en briques cuites avec mortier de terre ou
de chaux, alternées à des rondins en bois : Maçonnerie en briques avec insertions
horizontales en bois ©Abdessemed Foufa-Benouar 2008
Maçonnerie en opus mixtum avec pierres
et briques cuites ©Abdessemed Foufa-Benouar 2008
- insertion de 3 rondins orientés de façons parallèle au mur
avec un espacement vertical de 80-150cm
- subdivision horizontale du mur en 3 ou 4 parties selon
sa hauteur
- bois : thuya, genévrier, cèdre, pin d’Alep, abricotier,
palmier
- maçonnerie en pierre de taille et mortier à base de terre et chaux
avec des insertions horizontales à double orientation
- double rangée de grosses pierres disposées de champ,
entre lesquelles de la menue pierraille est intercalée ;
- division du mur en plusieurs sections (espacement
Détail du plancher: superposition des solives Détail du plancher: encastrement
1m) par des branches de dimensions réduites posées ©Abdessemed Foufa-Benouar 2008 des rondins sur toute la largeur du mur
transversalement au mur à intervalles réguliers (30- ©Abdessemed Foufa-Benouar 2008
Planchers :
- structure : superposition de deux rangées de poutres en bois
insérées dans toute la largeur des murs porteurs créant
une différence de niveau
- entre les rondins : voligeage en bois
- revêtement : différentes strates de pierres et de terre, mortier et
carrelage
Structure secondaire
Encorbellements : extension en profondeur des pièces des étages
supérieurs
- structure de poutres en bois débordant du mur et ancrées
aux murs intérieurs
Remplissage Enveloppe
--- ---
Toiture
Toiture terrasse avec couverture en terre (épaisseur 40-70cm),
rarement avec un revêtement de briques posées à plat ou avec une
couverture en tuiles (ville de Dellys).
Finitions
Aucune (maçonnerie en pierre taillée) ou enduits en mortier de terre
avec des stabilisants naturels (bouse de vache) ou de chaux pour
l’intérieur (épaisseur : 30-35mm) ; badigeon de chaux
Connexions
(pas d’informations)
3. Particularites constructives
(pas d’informations) Modelisation: chaînage des murs porteurs ©Abdessemed Foufa-Benouar 2008
4. Principes parasinistres
Système arc-colonne :
- la disposition de rondins à la base de chaque arc et leur orientation
perpendiculaire par rapport à l’arcade favorisent une reprise des
efforts horizontaux en garantissant, grâce à un mouvement de
glissement, une bonne résistante au cisaillement (FOUFA, 2007) ;
- des dispositifs d’amortissement des sollicitations horizontales sont
également intégrés dans la maçonnerie en briques : dans les piliers Colonne avec rondins Rondins à l’intersection de deux arcades
soutenant les voûtes, une rangée de 4 à 5 rondins est insérée à un ©Abdessemed Foufa-Benouar 2008 ©Abdessemed Foufa-Benouar 2010
Planchers :
- les planchers des étages supérieurs reposent sur des poutres qui
dépassent les mur de plusieurs dizaines de centimètres ; ce qui évite
leur effondrement si des déplacements différés se produisent dans
les murs (ABDESSEMED FOUFA, BENOUAR, 2008) ;
- la structure composée par la superposition de deux rangées de
poutres en bois insérées dans toute la largeur des murs porteurs
facilite l’absorption des efforts horizontaux par un mouvement de
glissement ou de roulement en diminuant ainsi le risque de rupture
(ABDESSEMED FOUFA, BENOUAR, 2006a).
Encorbellement :
- les projections des étages supérieurs sont supportées par des
poutres en bois disposées diagonalement, formant une équerre
avec le mur et prévenant ou réduisant des oscillations importantes
de la partie en saillie, qui risquent d’en provoquer l’effondrement
(ABDESSEMED FOUFA, BENOUAR, 2008). Ce jambage minimise la
fréquence oscillatoire de l’encorbellement, en diminuant ainsi les
risques de rupture (ABDESSEMED FOUFA, BENOUAR, 2006a) ;
- les rondins de thuya et les poutres de cèdres sont dans un état de
constante flexion dynamique (FOUFA, 2007).
Disposition des rondins horizontaux dans les Comportement des murs porteurs sous Mur avec insertions horizontales en bois
murs en maçonnerie ©Abdessemed Foufa 2009 sollicitation sismique ©Abdessemed Foufa-Benouar 2008 ©Abdessemed Foufa-Benouar 2008
4. Principes parasinistres
Îlots :
La structure urbaine d’Alger se caractérise par une organisation selon
un réseau irrégulier de rues étroites, rarement rectilignes. Les blocs
qui en résultent sont de dimensions différentes et incluent un nombre
variable de bâtiments de dimensions disparates. La séparation des
blocs par des voies de communication les entourant sur tous les
côtés favorise, pendant un séisme, un comportement dynamique et
autonome de chaque îlot. Les routes et les passages jouent ainsi le
rôle de joint de séparation entre les blocs bâtis.
À ce propos, Peysonnel et Desfontaines (Voyages dans les régences de
Tunis et d’Alger. Tome I, 1838) ont écrit par rapport à la ville d’Alger:
“Certaines personnes croient que c’est à cause des tremblements de
terre que les rues sont étroites, mais ceux qui connaissent les Turcs,
et qui ont été dans les villes de la Turquie, savent que [la bas] des rues
très étroites sont couramment construites”. Il est de fait probable que,
pour la construction en milieu urbain, cette disposition corresponde
à une disposition dérivante de la Turquie, pays hautement sismique,
en vue de réduire les dommages et d’empêcher les structures de
©Abdessemed Foufa-Benouar 2008 ©Abdessemed Foufa-Benouar 2008
s’effondrer (ABDESSEMED FOUFA, BENOUAR, 2006b p 2).
Parcelles et habitations :
Les parcelles qui constituent les îlots sont entièrement construits et
les habitations sont mitoyennes, se chevauchant et se penchant les
unes contre les autres, en constituant une unité compacte, homogène,
avec des façades linéaires sur tout le périmètre et à l’intérieur du
bloc. Les immeubles situés sur le périmètre de l’îlot jouent un rôle de
contreventement en soutenant ceux dans les parties centrales, ce qui
favorise la stabilité de l’ensemble (ABDESSEMED FOUFA, BENOUAR,
2006b).
Sabats :
Nombreuses rues sont couvertes par des galeries au-dessus desquelles
les immeubles s’étendent en créant des passages couverts appelés
«sabats», qui constituent des éléments de coupures dans la continuité
linéaire des façades. Ces éléments, réalisés horizontalement avec
l’introduction de rondins en bois ou avec des voûtes en pierres ou
en briques, se comportent comme des renforts qui jouent un rôle
déterminant dans le contreventement des blocs entre eux (IBID.).
Arcs de décharge
Les constructions des médinas présentent un certain nombre d’arcs
de décharge en pierre ou en briques, dont la souplesse et l’élasticité
permettre le transfert des sollicitations horizontales vers le sol. Les ©Godeau
Îlots dynamiques
©Abdessemed Foufa-Benouar 2010
©Godeau
5. Critères de vérification
Sources historiques
“Ces pièces [en bois], noyées dans la maçonnerie, se prolongeaient
alternativement suivant chacun des deux murs et venaient se croiser
dans l’angle. J’ai vu des maisons sapées à la base et à moitié démolies
se soutenir encore grâce à cet artifice de construction” (Carette dans
Algérie. L’univers ou histoire et description de tous les peuples de
leurs religions, mœurs, coutumes, 1850).
Normes constructives
---
Validations scientifiques
--- ©Abdessemed Foufa-Benouar 2008
©Meda Corpus
Dans la région d’Aurès, le principe de roulement est mis en œuvre de pour relier les unités maçonnées est, dans cette région, à base d’une
manière légèrement différente. Le mur en maçonnerie se compose terre particulièrement adhérente, ce qui pourrait contribuer à la
d’une double rangée de grosses pierres de taille, intercalées à solidarisation des portions de mur, favorisant ainsi un comportement
des intervalles réguliers d’environ 1m à des couches hétérogènes. et un glissement unitaire lors de sollicitations horizontales. En outre,
Celles-ci se constituent d’une double strate d’éléments en bois : des les poteaux portant la toiture se caractérisent par une sorte de
branches de dimensions réduites disposées transversalement au chapiteau soutenant deux poutres parallèles et assumant souvent
mur, en dessus posés longitudinalement chaînent les murs (MEDA une forme courbe, ce qui permet des mouvements horizontaux tout
CORPUS, 2011a). Il est intéressant de noter comme le mortier utilisé en limitant les déplacements.
7. Référence
ABDESSEMED FOUFA, Amina, 2009. « Rediscovery and Revival of Traditional Fez) ». In : International Conference on Heritage Cities. The Contribution of
Traditional Earthquake Constructive Techniques in the Algerian and Maghreb Heritage to Sustainable Development. Luxor.
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Revival of Traditional Earthquake-Resistant Techniques in Algeria: The Casbah
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1ère Conférence régionale Euro-méditerranéenne. Architecture Traditionnelle
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Pays Grèce
Localisation géographique
régions d’Ampelakia (Athènes),
Kastoria (nord-ouest), Mont
Pélion, Thessaloniki, Vyzitsa
Sismicité
récurrence : élevée
intensité: modérée
1. Contexte
Dans nombreuses régions de la Grèce, l’architecture vernaculaire protéger des attaques et des fréquents conflits qui accompagnèrent
présente des caractéristiques constructives similaires à celles d’autres l’établissement de la domination Ottomane, donna lieu à une typologie
pays avoisinants (tels que la Bulgarie, la Macédoine et la Turquie). architecturale à caractère domestique défensif (SAKARELLOU-TOUSI,
Leurs principaux créateurs ont été les maçons et les charpentiers LAU, 2009). À ces aspects s’ajoute la constitution de corporations
grecs, toutefois leurs spécificités techniques dérivent d’un mélange d’artisans organisés en guildes, dont l’origine remonte à l’époque
de multiples facteurs, parmi lesquels très probablement les Byzantine, se déplaçant dans la région allant des Balkans et la Turquie.
phénomènes sismiques caractérisant la péninsule grecque. Bien que Ces groupes eurent une influence considérable sur l’introduction et
les séismes présentent une période assez courte (M <6 chaque 0.4 la diffusion de nouvelles techniques et ainsi que sur l’amélioration
ans et M<7 chaque 3 ans) (KALEVRAS, 1981), les caractéristiques de de celles existantes ; processus qui donna lieu à un style, tant
ces architectures s’ancrent dans des pratiques s’étant développées architectural que constructif, dont les principes sont communs à
essentiellement pendant le XVIII- XIX siècles et dont la constitution plusieurs régions mais qui se décline de fait en une multiplicité de
et affirmation dérivent également de transformations socio- variantes locales (KIZIS, 1977).
économiques qui ont eu lieu dans l’Empire Ottomane à partir de la
fin du XVI siècle. Les architectures qui en découlent se caractérisent par une
morphologie à tour associant deux système constructifs distincts :
L’architecture de certaines régions, comme celle du Mont Pélion, une maçonnerie en pierre avec des insertions horizontales aux étages
ne s’est pas développée comme un phénomène culturel autonome, inférieurs et une ossature en bois dans la partie supérieure ; cette
mais plutôt comme la conséquence de mouvements des populations dernière présente également des projections et des baies élargissant
qui, avec l’arrivée des Turcs, se déplacèrent dans des régions l’espace habitable et assumant un rôle fonctionnel du point de vue
montagneuses fondant des nouveaux villages. La nécessité de se constructif (protection des murs, stabilisation de la maçonnerie, etc.).
Illustrations
source: web
©Kizis
2. Principes constructifs
Fondations / soubassement
Aucune ou semelle filante en maçonnerie de pierre à faible profondeur
(environ 40cm).
Structure primaire
Rez-de-chaussée et étages inférieurs : maçonnerie de pierre avec
insertions horizontales en bois
- maçonnerie: murs en pierres liées par un mortier composé de terre
et/ou chaux ou de chaux et pouzzolane :
- faces extérieures : pierres de taille ou moellons
(calcaire, schiste)
- remplissage en tout-venant : pierres de taille réduites
et/ou briques
- épaisseur du mur : 70-90cm
- insertions bois : deux ou trois poutres insérées longitudinalement
sur les deux faces du mur et connectées par des
traverses
- espacement vertical : 1-1.5m à partir de 20-30cm
du niveau du sol
- bois : châtaigner, chêne, arbousier
- dimensions :
poutres : section carrée 10x10 cm ; longueur 4-6m
pièces transversales : section carrée 6x6cm;
longueur 70-100 cm
Structure secondaire
Parfois une structure interne en poteaux en bois porte les planchers
Remplissage
- torchis sur baguette de chêne intégrées à la structure primaire ou
sur branches de noisetier tressées (épaisseur 1-2.5cm,
espacement : 20-30cm)
- pour des panneaux étroits, lattis recouvert d’enduit avec remplissage
en vrac : mortier terre, chaux, sable et fibres
- petites ardoises, blocs de terre avec mortier terre, briques, Habitation de Verria: axonométrie
baguettes en bois ©Moutsopoulos
Enveloppe
---
Toiture
Toiture à 4 pans avec pente d’environ 40-50%
Poutres clouées aux chaînages avec parfois assemblage à mi-bois
- section des poutres : 18x18cm
- épaisseur des chevrons proportionnels à leur longueur
(10x10/20x20cm)
- liteaux cloués à distance de 1-1.2m avec une réduction d’épaisseur
vers le sommet du toit
- plafond avec des planches en bois clouées aux poutres horizontales
et voligeage au-dessus des chevrons
- couverture : ardoises posées sur un mortier en terre étalé sur le
voligeage
Finitions
Couches de base : enduit en terre avec fibres et stabilisants
organiques (bouse de vache) ©Kizis
épaisseur : 2.5-3.5cm
Couche de finition : mélange de chaux, sables fins, poils de chèvres
ou lin, et parfois plâtre
épaisseur : 3-5mm
stabilisant organiques : huile d’olive, œufs, lait, cire pour
augmenter les qualités adhésives) ;
Plafonds : planches en bois (30-50x5-20mm) disposées à une distance
de 10cm comme support pour un enduit (épaisseur : 10mm
première couche et 6mm couche de finition)
Connexions
Insertions horizontales :
- aux angles et pour la connexions avec des pièces transversales :
clous et/ou assemblages à mi-bois
- raccordements : assemblages à mi-bois, en sifflet parfois avec
entaille résistant à la traction et/ou avec pièce en bois clouée
3. Particularites constructives
Maçonnerie :
- harpage des pierres aux angles ;
- le mortier est progressivement lavé sur le côté extérieur du mur
donnant une apparence de maçonnerie sèche ; cela risque parfois
de provoquer une perte de cohésion du mortier.
Ossature :
- les poutres sont généralement surdimensionnées ;
- les éléments sont assemblés en constituant une ossature dont
l’équilibre final dépend moins du poids individuel de chaque pièce
et plus de leur liaison mutuelle ;
- les joints restent élastiques permettant à l’ossature de résister aux
sollicitations horizontales et diagonales (séismes, tassements du
sol).
©Kizis
Typologies architecturales
©Kizis
©Kizis
Habitation de Pélion ©Kizis
4. Principes parasinistres
©Moutsopoulos ©Moutsopoulos
5. Critères de vérification
Sources historiques
--- ©Kizis
Normes constructives
---
Validations scientifiques
Des essais expérimentaux et des modélisations effectuées à la
National Technical University d’Athènes ont permis de constater que
les insertions en bois (VINTZILEOU, 2008) :
- apportent une augmentation de l’ordre de 10-20% de la résistance
de la maçonnerie à la compression ;
- assument la fonction de renforcement et de confinement,
admettant une fissuration importante de la maçonnerie sans qu’une
désintégration se produise ; ce qui est témoigné notamment par
une amélioration de la capacité de résistance à une déformation
verticale. En effet, la présence d’insertions horizontales en bois
retarde la formation de fissures diagonales et détermine une
réduction significative de la profondeur des fissures transversales et
verticales sur les deux faces du mur ;
De fait, elles offrent des marges de sécurité sensiblement plus
importantes que la maçonnerie ordinaire, en particulier en
considération de la capacité de déformation avant la rupture et de la
résistance au cisaillement.
6. Observations
©Moutsopoulos
7. Référence
©Mecca
AKERMANN, Kristina, JUVANEC, Borut, 2011. Terra Europae: earthen
architecture in the European Union. Pisa : ETS. Coll. Progetti saperi sentieri.
KIZIS, Yannis, 1992. Thrace. Athènes : Melissa Publishing House. Coll. Greek
Traditional Architecture.
Pays Inde
Localisation géographique
nord de l’Etat de l’Uttarakhand:
vallées des rivières Yamunâ, Bhagirathi et Tons,
région de Rajgarhi, district de Uttarkashi
Sud de l’Etat de l’Himachal Pradesh :
vallée de la rivière Sutlej
Sismicité
récurrence : élevée
©Google Earth intensité: élevée ©USGS ©USGS ©Thakkar
1. Contexte
Le nom de ce système constructif varie selon les zones : en de pierres, donnant lieu à une structure porteuse hybride. En effet,
Uttarakhand il est appelé sumer ou koti banal, du nom d’un village elle présente un double mécanisme de répartition des charges : les
situé dans la vallée de la rivière Yamunâ, tandis qu’en Himachal murs en maçonnerie portent les charges verticales, tandis que les
Pradesh il est connu comme kath-khuni. Bien qu’en intégrant des poutres interconnectées reprennent celles horizontales (RAUTELA,
variantes typologiques locales, les bâtiments réalisés avec ce système JOSHI, 2007).
présentent des caractéristiques très similaires. Le style architectural
qui lui est associé témoigne de procédures de construction Des investigations par radiocarbone (C14) ont permis d’estimer que
particulières, dérivantes d’une compréhension des effets des séismes cette technique est employée dans ces régions depuis environs 1000
sur le bâti ainsi que de la capacité de ses constructeurs à élaborer de ans. Cependant, en raison de son caractère privilégiant des aspects
solutions pour les réduire (RAUTELA, JOSHI, SINGH, ET AL., 2008). strictement fonctionnels au confort des habitants, des modifications
du principe structurel originaire ont été apportées depuis déjà 700
Les bâtiments s’élèvent sur plusieurs niveaux et ils sont couronnés, ans (IBID.).
en correspondance des deux derniers étages, par une véranda
faisant, en porte-à-faux, le pourtour de l’édifice. Ils possèdent Ces anciennes constructions présentent différents dispositifs
essentiellement une fonction d’habitation unifamiliale mais, dans qui correspondent à certains principes préconisés par le génie
le passé, ils assumaient parfois le caractère de vraies et propres parasismique actuel (RAUTELA, JOSHI, SINGH, ET AL., 2008). À l’état
forteresses permettant une protection envers des attaques extérieurs, actuel, elles ne montrent aucun signe de dégâts rapportables à des
même pendant plusieurs semaines. phénomènes sismiques, bien qu’elles se situent dans une région où,
Leur construction se base sur l’utilisation d’un système de doubles au cours des siècles passés, plusieurs tremblements de terre se sont
poutres horizontales rapprochées et intégrées dans une maçonnerie produits (RAUTELA, JOSHI, 2008).
Illustrations
©Thakkar ©Thakkar
2. Principes constructifs
Fondations / soubassement
Les fondations se composent d’une tranchée excavée à une profondeur
d’environ 60-90cm (RAUTELA, JOSHI, 2007) et remplie avec des
moellons, parfois liés par un mortier de terre (SAKLANI, NAUTIYAL,
NAUTIYAL, 1999). En dessus des fondations, une plateforme en
maçonnerie en pierre sèche et remplie avec des gravats constitue le
socle du bâtiment.
Hauteur de la plateforme : 1.8 - 4m du sol
Structure primaire
Dimensions :
Hauteurs : - bâtiment : 7-12m, mais pouvant atteindre 17m
©Rautela et al 2008 ©Rautela et al 2008
- étages : 2.20-2.50m Plateforme de soubassement
Plan : longueur et profondeur : 4-8m avec une proportion
entre 1.1-1.4
Structure secondaire
Deux derniers étages : ossature en bois avec parement en planches
essence : cèdre
Remplissage
---
Enveloppe
--- ©Thakkar
Superstructure
Toiture
À 2 ou 4 pans avec structure et liteaux en bois
Couverture en tuiles d’ardoise
Finitions
À l’extérieur : aucune
À l’intérieur : parfois, badigeon et/ou enduit de terre ou de chaux
Connexions
Assemblages par tenon et mortaise, chevilles et clous ©Rautela et al 2008 ©Rautela et al 2008
Clés de cisaillement
Assemblages
3. Particularites constructives
Les bâtiments sont généralement isolés mais, dans les villages, ils
peuvent être proches les uns des autres, à une distance non inférieure
à 2-4m. Parfois, deux bâtiments rapprochés accueillant deux unités
de la même famille sont reliés entre eux au niveau des vérandas des
derniers étages, tout en restant indépendants au niveau structurel.
De manière similaire, dans certaines régions l’agrandissement
d’une maison se fait en ajoutant d’autres corps structurellement
indépendants mais reliés par des terrasses et des escaliers en bois ©Rautela et al 2008
(THAKKAR, MORRISON, 2008).
4. Principes parasinistres
portent aucune charge (RAUTELA, JOSHI, 2008). Temple - château de Joginis à Chaini
Les déplacements en hors plan des murs parallèles aux solives sont
restreints par l’intégration d’une poutre de la même longueur que
le bâtiment présentant deux trous aux extrémités dans lesquels est
insérés un élément vertical (clé de cisaillement) de la longueur de
plusieurs étages (RAUTELA, JOSHI, SINGH, ET AL., 2008).
- les connexions entre les murs, les planchers et la toiture : les murs Architecture Garhwali, village de Kharsali: détail
extérieurs sont connectés à chaque niveau diaphragmatique par des
ancrages permettant de contraster les sollicitations en hors plan
(IBID.).
- Cadres en bois : les assemblages par tenon et mortaise réduisent les
forces de cisaillement et fournissent une grande résistance envers
les forces d’inertie ;
- Toiture : bien que la couverture soit réalisée avec des matériaux
lourds, les tuiles gardent une certaines souplesse grâce à la fixation
à la charpente en un seul point ; ce qui favorise la dissipation
d’énergie et une adaptation aux charges de la neige (THAKKAR,
MORRISON, 2008) ;
- l’utilisation du bois comme matériau structurel à comportement
élasto-plastique apportant flexibilité au système et favorisant une
dissipation de l’énergie (RAUTELA, JOSHI, 2007).
source: web
5. Critères de vérification
Sources historiques
Middlemiss indique le bon comportement des ces constructions
situées près de l’épicentre du séisme du 1905 (Rautela et al. 2008):
Middlemiss, C.S. (1910) Preliminary account of the Kangra earthquake
of 4th April 1905, Mem.Geol. Soc. India, 32, 258-294, Geol. Surv.
India, Calcutta
Middlemiss, C.S. (1910) The Kangra earthquake of 4 April 2005,
Mem. Geol. Surv. India 38, 405.
Normes constructives
---
Validations scientifiques
Des analyses scientifiques ont montré que ce type de structures
présente un schéma complet de répartition de charges induites
par des sollicitations sismiques. Les sollicitations horizontales sont
transmises par les murs transversaux aux murs perpendiculaires par
les diaphragmes horizontaux, qui distribuent les efforts aux éléments
verticaux qui à leur tour transmettent les sollicitations aux fondations
(RAUTELA, JOSHI, 2007).
6. Observations
7. Référence
AGRAWAL, D.P., SHAH, Manikant, 2001. Earthquake Resistant Structures of SAKLANI, Pradeep M., NAUTIYAL, Vinod, NAUTIYAL, K.P., 1999. «Sumer,
Himalayas [en ligne]. Infinity Foundation. Earthquake Resistant Structures in the Yamuna Valley, Garhwal Himalaya,
India». In : South Asian Studies. Vol. 15, n° 1, p. 55-65.
RAUTELA, Piyoosh, JOSHI, Girish Chandra, 2007. Earthquake safety elements
in traditional Koti Banal architecture of Uttarakhand, India. Dehradun : Disaster SHANKAR, Pratyush, 2006. « Understanding change in Himalayan vernacular
Mitigation and Management Centre, Department of Disaster Management, houses ». In : 3rd International Seminar on Vernacular Settlements [en ligne].
Government of Uttarakhand. Surabaya : Montain Forum.
RAUTELA, Piyoosh, JOSHI, Girish Chandra, 2008. « Earthquake-safe Koti Banal THAKKAR, Jay, MORRISON, Skye, 2008. Matra. Ways of Measuring Vernacular
architecture of Uttarakhand, India ». In : Current Science. Vol. 95, n° 4, p. Built Forms of Himachal Pradesh. Ahmedabad : SID research Cell, School of
475-481. Interior Design, faculty of Design, CEPT University.
RAUTELA, Piyoosh, JOSHI, Girish Chandra, SINGH, Yogendra, et al., 2008. THAKKAR, Jay, MORRISON, Skye, 2009. « An Analysis of Kath-Khuni
Timber-reinforced Stone Masonry (Koti Banal Architecture) of Uttarakhand and Architecture as a Sustainable Humane Habitat in Himachal Pradesh ». In :
Himachal Pradesh, Northern India [en ligne]. Housing Report, World Housing International Conference on Humane Habitat (ICHH). Mumbai : International
Encyclopedia. Association for Humane Habitats.
Pays Pakistan
Localisation géographique
Cachemire : du Nuristan au
Baltistan (Vallée de Hunza);
Sismicité
récurrence : modérée
intensité : élevée
1. Contexte
La technique caractérisant les architectures des vallées du nord du bois (cators) positionnées sur les côtés intérieurs et extérieurs
Pakistan a une origine très ancienne, se situant probablement au de murs en maçonnerie en pierres (KONTOGIANNIS, 2010). Les
Ladakh (HUGHES, 2007b). Elle a été employée dans des constructions éléments composant ces colonnes sont connectés entre eux par
datant de plusieurs centaines d’années comme le Baltit Fort (Pakistan des assemblages, permettant à l’empilement de bouger de manière
du Nord, XV siècle) et le Shigar Fort (Baltistan, XVII siècle), voire des unitaire comme une colonne vertébrale. Le vide entre les éléments en
milliers d’années comme dans le cas de la tour Altit (HUGHES, 2000). bois est rempli avec une maçonnerie.
Apparue probablement à une époque préislamique, elle a été utilisée
essentiellement pour des ouvrages à caractère défensif (HUGHES, Pendant la campagne militaire du 1891, l’armée britannique constata
2007b) et en partie pour des bâtiments à usage civil tels que des les avantages de ce type de construction qui est capable de résister à
habitations, des mosquées et des tours de guet (pouvant atteindre des sollicitations dynamiques, telles que l’impact de boules de canons
5-6 étages de hauteur). ou de phénomènes sismiques (HUGHES, 2000).
L’appellation de cette technique, cator and cribbage, dérive du Ce système constructif ressemble, selon certains chercheurs
principe structurel employé, constitué par une cage creuse en bois. (HUGHES, 2007b), à une ancienne version du béton armé, où le
En correspondance des angles du bâtiment et au croisement de bois est employé pour sa capacité de résistance à la traction et à la
murs perpendiculaires, des colonnes sont réalisées par l’empilement flexion et la pierre pour sa résistance à la compression. Le principe
(cribbage) de pièces en bois à section carrée, superposées à structurel du cribbage peut être mis en relation avec la technique du
deux à deux et orientées en direction opposée. Ces empilements «cogs», employée dans les mines de charbon du XIX siècle, qui paraît
constituent des sortes de colonnes creuses hautes de un à plusieurs avoir été largement utilisée à Londres pendant l’époque romaine et
étages, connectées entre elles par des poutres horizontales en médiévale pour la construction des quais (HUGHES, 2000).
Illustrations
© Franzen
Baltistan, temple de Mir Aref Baltisan
source: web
village de Machlu
Khaplu, mosquée
2. Principes constructifs
Fondations / soubassement
En cas de substrat rocheux superficiel, aucune fondation n’est réalisée
Semelle continue en maçonnerie de pierres avec mortier de terre :
- profondeur : 30-75 cm
- épaisseur correspondant à celui de la superstructure
Aucune liaison n’est effectuée entre la structure en bois et les
fondations.
Structure primaire
Cage en bois constituée d’un empilement vertical de poutres avec un
système de colonnes creuses :
- colonnes (cribbage) : superpositions de courtes pièces en
bois orientées de façon perpendiculaire et connectées par des
assemblages avec tourillons
- poutres horizontales (cators) en bois disposées dans les côtés
intérieurs et extérieurs du mur :
- des traverses en bois les connectent entre elles à des
intervalles d’environ 1m, selon un principe d’échelle
- section 5x12cm
- espacement vertical : 30-130cm
- bois : pin, noyer, abricot, genièvre
Mosquée à Ganish: élévation © Hughes 2007b
Structure secondaire
Système en poteaux - poutres en bois pour des loggias, des vérandas
et des avant-toits
élément structurel à caractère parasismique:
Remplissage structure de couverture © Hughes 1986
---
Enveloppe
---
Toiture
Toiture plate avec poutres et planches en bois
Couverture : terre damée avec enduit en chaux et/ou terre
Finitions
Parfois, enduit en terre et/ou terre chaux et badigeon de chaux élément structurel à caractère parasismique:
structure portante verticale © Hughes 1986
Connexions
- si le bois est d’une longueur inférieure à celle du mur, deux ou plus
pièces sont assemblées avec des connexions sans clous résistantes
à la traction ;
- aux angles et aux intersections des murs, les cators et les cribbages
sont connectés entre eux par des assemblages à mi-bois et avec
tourillons, de façon à constituer un chaînage continu de l’ensemble
du bâtiment.
©Schacher ©Schacher
3. Particularites constructives
©Helky
4. Principes parasinistres
Maçonnerie :
- la fissuration du mortier et le glissement des blocs de maçonnerie le
long des joints augmentent le niveau d’amortissement de l’énergie
et contribuent à sa dissipation par le frottement entre le matériau
du remplissage et les joints entre les unités maçonnées et l’ossature
bois ;
- la réduction de l’épaisseur du mur permet une réduction de la
masse de la structure et donc une réduction des forces d’inertie que
le système doit supporter (KONTOGIANNIS, 2010). © Schacher
5. Critères de vérification
Sources historiques
---
Séismes
1981, Nord-ouest du Cachemire, M 6.3 (Natural Environment Research Council)
2005, 8 octobre, Jammu et Cachemire, M 7.6 (U.S.G.S.)
Normes constructives
---
Validations scientifiques
Tests de laboratoire ont démontré une résistance au cisaillement
supérieure à celle demandée dans le code de construction
parasismique pakistanais (KONTOGIANNIS, 2010).
6. Observations
source : web
source: web
7. Référence
HUGHES, Richard, LEFORT, Didier, 1986. « The Baltit Fort ». In : MIMAR 20:
Architecture in Development. p. 10-19.
ossature (Haïti) ossature contreventée (Italie) ossature contreventée avec boîte contreventée sur socle avec
socle massif (Portugal) insertions horizontales (Turquie)
boîte légère sur socle en maçonnerie avec maçonnerie avec insertions horizontales boîte en rondins superposés avec maçonnerie et poutres en bois agrafées
insertions horizontales espacées (Inde) en colonne (Pakistan) remplissage souple (Iran) (Afghanistan)
• Rapprochées
Inde : Etats de l’Uttarkhand et de l’Himachal Pradesh
(koti banal,kath khuni, sumer), et du Gujarat
(Langenbach, 2009a)
• Espacées Turquie : hatıl (analyses de terrain 2012)
- Inter étages
Simples (au centre du mur) • En colonne
Grèce : tirant en bois (Touliatos, 2003) Inde : Etat de l’Uttarkhand (koti banal/kath khuni) et de
Haïti : gingerbread : tirant métallique (Langenbach, l’Himachal Pradesh (thathara) (Rahul, Sood, Singh,
Kelley, Sparks, et al., 2010) et al., 2013)
Italie : régions du Molise (Decanini, De Sortis, Goretti, et Népal : (Saklani, Nautiyal, Nautiyal, 1999)
al., 2004) et de l’Abruzzo (tirant métallique et en Pakistan : cator and cribbage (Hughes, 2000)
bois) (Lagomarsino, 2012) Syrie : région de Damas (Meda Corpus, 2011i)
Tunisie : (Meda Corpus, 2011f) Tibet : (Ferrigni, 2005)
Turquie : (analyses de terrain 2012 et Arun, 2013)
Cultures constructives vernaculaires et résilience
Grèce : île de Santorin ; Crète (Touliatos, 1996 ; Tsakanika-
Theohari, 2009)
Inde : Jammu & Cachemire (Langenbach, 2007)
Népal : région de Solukhumbu (Dixit, Parajuli, Guragain,
2004)
Turquie provinces de Bursa ; Kocaeli ; Karabük ; Kastamonu ;
Erzurum (analyses de terrain 2012)
cuje
Gingerbread
palmiste
clissage
tiwoch
taquezal
quincha
bahareque
Matériaux de la
Localisation Système porteur ponctuel Système porteur continu Référence principale
structure primaire
ikra
khan
kath-khuni
koti banal
pol
dhajji dewari
taq
newari
Cator and
cribbage
dhajji dewari
bhatar
Casa baraccata
Casa intelaiata
maso
Opus craticium
Gaiola Pombalino
Matériaux de la
Localisation Système porteur ponctuel Système porteur continu Référence principale
structure primaire
dizième
hımış
bağdadi
hatıl