Cours de Droit Des Sociétés
Cours de Droit Des Sociétés
INTRODUCTION
I) L'Objet de la société
Il) La dénomination de la S.A.R.L.
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I) La signature des statuts
II) L'Assemblée Constitutive
III) Les formalités de publicité de la société
IV) Le retrait des fonds
I) L'administrateur
II) Le conseil d’administration
III) La Direction Générale de la S.A.
I) La responsabilité civile
II) La responsabilité pénale des dirigeants sociaux
III) La responsabilité en cas de redressement judiciaire, de liquidation des biens
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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INTRODUCTION
Une société est une structure économique travaillant de manière organisée en vue de fournir
des biens ou services dans un environnement concurrentiel (le marché) ou non concurrentiel
(le monopole). Elle repose sur un certain nombre de fonctions vitales, à savoir la création et le
partage des richesses. Pour exister dans un environnement concurrentiel, une entreprise doit
satisfaire ses clients et générer un profit ou bénéfice, c'est-à-dire réaliser un chiffre d'affaires
supérieur à ses coûts d'investissement (salaires et charges, achats, frais de fonctionnement,
amortissements des investissements, impôts et taxes, etc.).
Depuis le 1er janvier 1998, une importante reforme est intervenue en Côte d’Ivoire au sujet du
droit régissant la vie des sociétés commerciales. Cette nouvelle législation est basée sur un
traité international créant l’organisation et l’harmonisation du droit des affaires en Afrique
(OHADA). Ce droit uniformisé a abouti à l’adoption d'un texte fondamental portant création
et fonctionnement des sociétés commerciales dans l'espace OHADA en générale, et en Côte
d'Ivoire en particulier en tant qu'Etat partie à cette organisation. Il s’agit de l’acte uniforme
relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique publié au
JO n°53 du 22 décembre 1997 de la république de Côte d’Ivoire et applicable depuis le 1er
janvier 1998.
Aux termes des dispositions de l’acte uniforme : « la société commerciale est une structure
créée par deux ou plusieurs personnes qui conviennent, par contrat d’affecter à une activité,
des biens en numéraires ou en nature, dans le but de partager le bénéfice ou de profiter de
l’économie qui pourra en résulter. Les associés s’engagent à contribuer aux pertes dans les
conditions prévues par la loi ». Mais, selon l’article 5 de cette même loi : « une société peut
être créée par une seule personne, dénommée associé unique ». A partir de ces deux
dispositions, l’on peut conclure que la société est une structure peut être créée non seulement
par deux ou plusieurs personnes, mais également par une seule personne.
A l’issue de sa création, la société devient une personne morale, c'est-à-dire une entité dotée
de la personnalité juridique dont le patrimoine est distinct de celui de ses associés. Au regard
des dispositions de l'acte uniforme, on distingue deux groupes de sociétés commerciales:
● les sociétés de capitaux que sont les Sociétés Anonymes (SA) et les Sociétés à
Responsabilité Limitée (SARL). Dans ces types de sociétés, peu importe la qualité de
l'associé. Ce qui est important, ce sont ses capitaux qu'il apporte à la société. Dans ces
sociétés, la responsabilité des associés est limitée aux apports. Ainsi, sont-elles préférées par
la plupart des opérateurs économiques.
● les sociétés de personnes au nombre desquelles nous pouvons citer les sociétés en nom
collectif (SNC), les sociétés en commandite simple (SCS), les sociétés en participation, les
sociétés de fait et les sociétés créées de fait. Nous procéderons à la présentation sommaire
des sociétés de personnes, car elles sont rarement utilisées dans le monde des affaires.
- Les sociétés en nom collectif (SNC) : La société en nom collectif est celle dans laquelle
tous les associés sont commerçants et répondent indéfiniment et solidairement des dettes
sociales. La société en nom collectif est désignée par une dénomination sociale qui doit être
immédiatement précédée ou suivie en caractères lisibles des mots : " société en nom
collectif " ou du sigle : " S.N.C. ". Le capital social est divisé en parts sociales de même
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valeur nominale. Les parts sociales ne peuvent être cédées qu'avec le consentement unanime
des associés. La société prend en principe fin par le décès d'un associé.
- Les sociétés en commandite simple (SCS) : La société en commandite simple est celle
dans laquelle coexistent un ou plusieurs associés indéfiniment et solidairement responsables
des dettes sociales dénommés " associés commandités ", avec un ou plusieurs associés
responsables des dettes sociales dans la limite de leurs apports dénommés " associés
commanditaires " ou " associés en commandite ", et dont le capital est divisé en parts
sociales. Les parts sociales ne peuvent être cédées qu'avec le consentement de tous les
associés.
- Les sociétés de fait : C'est l'hypothèse des personnes qui se comportent comme des
associés sans avoir constitué entre elles une des sociétés prévues par l'acte uniforme.
- Les sociétés créées de fait : Il y a société créée de fait lorsque la société a été constituée
sans faire l'objet d'un écrit et qu'ainsi, elle ne peut être immatriculée.
Dans ces sociétés, la qualité des personnes est beaucoup prise en compte pour être admises
comme associés. Ainsi, l'entrée dans ce type de sociétés n'est pas permise à n'importe qui.
Enfin, il convient de noter que dans ces sociétés, la responsabilité des associés est indéfinie
et solidaire.
Après la présentation sommaire des sociétés de personnes, nous précéderons à une étude
approfondie des sociétés de capitaux, à savoir la société à responsabilité limitée (SARL) et la
société anonyme (SA). Ces deux types de sociétés sont les plus préférées par les opérateurs
économiques et les investisseurs dans le monde des entreprises. À cet effet, leur connaissance
détaillée présente assez d'intérêt.
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PREMIÈRE PARTIE: LA SOCIÉTÉ À RESPONSABILITÉ LIMITÉE
(SARL)
Selon l'article 309 de l'acte uniforme sur les sociétés commerciales, la société à
responsabilité limitée est une société dans laquelle les associés ne sont responsables des
dettes sociales qu'à concurrence de leurs apports et dont les droits sont représentés par des
parts sociales. Elle peut être constituée par une personne physique ou morale, ou entre deux
ou plusieurs personnes physiques ou morales. Elle est désignée par une dénomination sociale
qui doit être immédiatement précédée ou suivie en caractères lisibles des mots : "société à
responsabilité limitée " ou du sigle : " S.A.R.L. ".
La S.A.R.L. est une société à caractère hybride puisque la limitation de la responsabilité aux
apports fait penser aux sociétés de capitaux; tandis que l’intuitu personae dans ce type de
société fait penser aux sociétés de personnes. Celle-ci est dans les possibilités financières des
petits opérateurs économiques qui veulent créer des PME et PMI. En outre, elle peut être
constituée pour l'exploitation de toute activité; qu'elle soit de nature civile ou commerciale.
Mais quel que soit l'objet, la S.A.R.L est commerciale par la forme. Ces caractères vont
marquer la S.A.R.L aussi bien lors de sa constitution, lors de son fonctionnement que lors de
sa dissolution.
Elle doit remplir les conditions de fond et de forme de constitution de toutes sociétés
commerciales à savoir l'expression du consentement du ou des associés, l'écrit et la publicité.
A ces conditions générales, il faut ajouter des conditions particulières concernant les parties
à l'acte créateur de la société, l'objet de la société, les apports, le capital social de même que
la dénomination sociale.
La S.A.R.L se forme soit par le contrat que signent les associés, soit par l'acte de volonté
associé unique. En effet aux termes de l'article 309 al.2 de l'acte uniforme, " Elle peut être
constituée par une personne physique ou morale ou entre deux ou plusieurs personnes
physiques ou morales". Le ou Les associés donnent leur consentement en signant l'acte
constitutif de la société et tous, doivent, à peine de nullité, intervenir l'acte en personne; en
cas de mandat, le mandataire doit être muni d’un pouvoir spécial.
En cas de nullité dans ce cas, les premiers gérants et les associés auxquels elle est imputable
sont solidairement responsables envers les autres associés et les tiers des dommages qui en
résultent. Cette action en responsabilité se prescrit par 3 ans à compter du jour où la décision
d'annulation est passée en force de chose jugée.
Le contrat est conclu Intuitu personae. Il n'y a, certes, aucune solidarité entre les associés,
mais la considération de la personne est très Importante lors de la conclusion du contrat.
Cependant, l'erreur sur la personne n'est pas une cause de nullité du contrat de société.
I) La capacité pour être associé dans une S.A.R.L.
Les associés n’ayant pas la qualité de commerçant, il n'est pas nécessaire d'avoir la capacité
exigée pour faire le commerce pour entrer dans une SARL. Ainsi un mineur et majeur
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incapable peuvent, en principe, être associés dans une S.A.R.L, puisque la responsabilité des
associés est limitée aux apports. Cependant, ils se feront représenter dans leurs droits et
obligations liées au fonctionnement de la SARL. La responsabilité étant limitée aux apports,
il n'y a aucun risque de violation des règles protectrices des intérêts des incapables.
La jurisprudence permet à deux époux d'être associés dans une SARL puisque dans cette
société, la responsabilité est limitée aux apports. Cette solution a été admise puisque le
patrimoine personnel des époux sera toujours sauvegardé quelque soit les dettes ou la faillite
de la société.
I) L'Objet de la société
En principe la S.A.R.L. peut être constituée pour une activité quelconque; à savoir:
commerciale, industrielle, agricole etc. Mais que l'objet social soit civil commercial ou
industriel, la société sera commerciale par la forme et soumise aux lois et usages du
commerce.
La SARL est désignée par une dénomination sociale qui doit être immédiatement suivie ou
précédée en caractères lisibles des mots société à responsabilité limitée ou du sigle
S.A.R.L.".
Les fonds provenant de la libération des parts sociales font l'objet d'un dépôt immédiat par le
fondateur en banque, contre récépissé, dans un compte ouvert au nom de la société en
formation, ou en l'étude d'un notaire. La libération et le dépôt des fonds sont constatés par un
notaire du ressort du siège social, au moyen d'une déclaration notariée de souscription et de
versement qui indique la liste des souscripteurs avec les nom, prénoms, domicile pour les
personnes physiques, dénomination sociale, forme juridique et siège social pour les
personnes morales, ainsi que la domiciliation bancaire des intéressés, s'il y a lieu, et le
montant des sommes versées par chacun. Les fonds ainsi déposés sont indisponibles jusqu'au
jour de l'immatriculation de la société au registre du commerce et du crédit mobilier. A
compter de ce jour, ils sont mis à la disposition du ou des gérants régulièrement nommés par
les statuts ou par un acte postérieur.
La responsabilité des associés étant limitée au montant de leurs apports, l’apport en industrie
n'est pas admis dans la S.A.R.L; de plus les apports devant être libérés au moment de la
constitution de la société, il serait impossible de libérer, à ce moment-là, l'apport en
industrie. Reste les apports en nature et les apports en numéraire; l'acte uniforme n'ayant rien
prévu de contraire on doit dire que les S.A.R.L. ne peuvent être définitivement constituées
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qu'après que toutes les parts ont été réparties entre les associés dans l'acte de société et
qu'elles ont été intégralement libérées.
Désormais, les fonds provenant de la libération doivent être déposés en banque, contre
récépissé ou en l'étude d'un notaire. Cette libération et ce dépôt de fonds doivent être
constatés par un notaire au moyen d'une déclaration notariée de souscription et de versement
(DNSV) avec indication de toutes les informations relatives à la constitution de la société.
L'ensemble des apports forme le capital social qui, aux termes de l’article 311 de l’acte
uniforme doit être de 1.000.000 F au moins.
Le capital social constituant le gage commun des créanciers, une société ne sera crédible aux
yeux des tiers que si son capital social est consistant. C'est pourquoi l'acte uniforme a
revalorisé le montant dérisoire de 250 000 F qui était exigé antérieurement. Le capital social
est divisé en parts sociales d'une valeur nominale égale; laquelle ne peut être Inférieure à
5000 F; et ce sont ces parts qui seront réparties entre les associés; c'est ce qu'on appelle la
souscription; sur la base de quoi chacun va faire son apport en nature ou en numéraire; ce
qu'on appelle la libération.
L'article 312 al.1 de l'acte uniforme dispose que ‘’Les statuts doivent contenir l'évaluation
des apports en nature…’’. Celle-ci sera faite par les associés ou par un commissaire aux
apports pour garantir les droits des tiers.
A) Mode d'évaluation
En principe l'évaluation est faite, non par l'apporteur du bien, mais par tous les associés; et
cette évaluation doit nécessairement figurer dans les statuts. Mais pour éviter tout risque de
surévaluation, et garantir les droits de la société et des créanciers sociaux, l'évaluation doit
être faite par un commissaire aux apports lorsque l'apport en nature est supérieur à 5.000.000
f.
B) La garantie de l'évaluation
L’acte uniforme impose aux associés une responsabilité solidaire et indéfinie vis-à-vis des
tiers et de la société de la valeur attribuée dans l’acte de société aux apports en nature et cela
pendant 5 ans. En réalité il s'agit d'une garantie légale dans l'intérêt des tiers et de la société.
Sont responsables d'abord les associés qui ont créé la société, mais également ceux qui
entrent dans la société ultérieurement.
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Aux termes de l'article 323 al.1 de l'acte uniforme, « La société à responsabilité limitée est
gérée par une ou plusieurs personnes physiques associés ou non. » Les fonctions de gérant
peuvent être gratuites ou rémunérées. la rémunération est fixée statutairement.
A) La nomination
Le ou les gérants peuvent être désignés à l’unanimité des associés dans l'acte constitutif de la
société; ils sont alors gérants statutaires; de même ils sont gérants statutaires lorsque leur
désignation intervient ultérieurement et leurs noms inscrits dans les statuts. Pour une
décision entraînant modification des statuts, elle sera prise par les associés représentant au
moins les 3/4 du capital social. Toute stipulation contraire des statuts est réputée non écrite.
A défaut de désignation statutaire, les gérants seront désignés par acte postérieur; dans ce
cas, ils seront gérants non statutaires. Ils seront désignés par des associés représentant plus
de la moitié du capital social sauf majorité supérieure prévue par les statuts. Si cette majorité
ne peut être atteinte à la première résolution, il y aura une seconde convocation; et dans ce
cas, la désignation interviendra à la majorité des votes émis quelle que soit la proportion du
capital représenté sauf stipulation contraire des statuts.
La durée des fonctions des gérants est fixée par les statuts. À défaut de précision, les gérants
demeurent en fonction pour 4 ans; ils sont rééligibles. Toutefois ils peuvent faire l'objet de
révocation. Celle-ci ne peut intervenir que pour des causes légitimes; à savoir par exemple:
Incapacité physique ou intellectuelle d'administrer la société, mauvaise gestion, abus de
pouvoirs etc...Les gérants ne sont donc pas révocables sur une base arbitraire. Si la
révocation intervient sans justes motifs, elle peut donner lieu à des dommages et intérêts.
L'une et l'autre procédure peuvent être employées. En effet tout associé a le droit de
demander en justice la révocation d'un gérant pourvu que les motifs qui fondent sa prétention
soient justes. En ce qui concerne les associés, ils peuvent prononcer la révocation du gérant.
Pour les conditions de majorité en vue de la révocation du gérant, l'acte uniforme ne
distingue pas selon qu'il s'agisse d'un gérant statutaire ou d'un gérant non statutaire. En effet
aux termes de l'article 326 dudit acte, "Le ou les gérants statutaires on non sont révocables
par décision des associés représentant plus de la moitié des parts sociales. Toute clause
contraire est réputée non écrite".
La loi confère aux gérants des S.A.R.L, des pouvoirs très étendus. Des limitations existent
toutefois mais qui ne sont pas opposables aux tiers. Comme corollaire à des pouvoirs aussi
étendus, les gérants ont une responsabilité très grande; soit envers la société, soit envers les
tiers.
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A) Détermination des pouvoirs du gérant
Vis-à-vis des tiers, les gérants sont investis des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes
circonstances au nom de la société...". Cela veut dire que le gérant est le garant de la société
et engage celle-ci par ses actes. Mais pour éviter de faire du gérant le maître absolu de la
société au détriment des intérêts des autres associés, la loi impose au gérant, le respect des
pouvoirs propres reconnus aux associés sous peine d'engager sa responsabilité envers la
société et envers les tiers.
L'étendue des pouvoirs des gérants est telle qu'ils peuvent engager la société en
accomplissant des actes qui ne relèvent pas de l’objet social. Sauf pour la société à prouver,
si elle ne veut pas être engagée, que le tiers savait que l'acte dépassait cet objet ou qu'il ne
pouvait l'ignorer compte tenu des circonstances. A l'égard des associés, le gérant peut faire
tous les actes de gestion dans, l'intérêt de la société, sauf détermination statutaire de ses
pouvoirs. Ce qui signifie qu'il peut faire, sans restriction aucune, tous les actes pourvu que ce
soit dans l'intérêt de la société.
Toutefois il est interdit aux gérants, à eux comme à leurs conjoint, descendants et ascendants
(ainsi qu'à toute personne interposée, de contracter sous quelque forme que ce soit, des
emprunts auprès de la société, de se faire consentir par elle un découvert en compte-courant
ou autrement, ainsi que de se faire cautionner ou avaliser par elle leurs engagements envers
les tiers.
Il est loisible aux associés de déterminer dans les statuts, les pouvoirs du gérant. Ainsi, il
peut lui être interdit de céder les immeubles appartenant à la société; de même en cas de
pluralité de gérants alors que chacun d'eux possède le pouvoir légal de représenter la société,
les statuts peuvent prévoir que pour les actes graves, ils devront agir d'un commun accord.
Aux termes des dispositions de l'article 329 al. 3 de l'acte uniforme," Les clauses statutaires
limitant les pouvoirs des gérants qui résultent du présent acte uniforme sont inopposables
aux tiers". Autrement dit ces clauses sont valables et les gérants son tenus de les respecter
sous peine d'engager leur, responsabilité s'il en résulte un préjudice pour les associés ou pour
la société. Mais à l'égard des tiers, Ces clauses limitatives des pouvoirs n'ont aucun effet ;
elles leur sont inopposables (sauf collusion frauduleuse entre le tiers et le gérant).
C) Responsabilité des gérants
En cours de vie sociale, les gérants peuvent engager leur responsabilité civile pour toutes les
fautes qu'ils peuvent commettre; notamment violation des dispositions législatives ou
réglementaires relatives aux S.A.R.L, violation des statuts, faute de gestion. Ils engagent leur
responsabilité envers la société et envers les tiers. Cela veut dire que lorsque la faute du
gérant aura causé un préjudice à la société, celle-ci pourra le poursuivre à travers ses
représentants ou les associés pour mettre en œuvre sa responsabilité contractuelle sur la base
du pacte social.
De même, un associé qui justifie avoir subi un préjudice" propre pourra le poursuivre. Il en
est ainsi enfin des tiers qui peuvent engager sa responsabilité délictuelle pour les préjudices
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que sa faute leur a causé. En cas de pluralité de gérants, cette responsabilité sera solidaire.
Seulement pour la réparation du dommage chacun supportera sa part contributive qui sera
déterminée par le tribunal. L’action en responsabilité se prescrit par 3 ans. N'étant pas
commerçant le gérant n'engage, par ses actes, que la société; il ne peut donc être mis en
faillite sauf s'il est établi qu'il a fait le commerce dans son intérêt personnel sous le couvert
de la société masquant ses agissements.
En cours de vie sociale les associés ont le droit de participer à l'administration de la société à
travers les assemblées générales ou, à défaut, par les décisions qu'ils prennent chacun en ce
qui le concerne. Au cours de la même période, doivent être résolus les problèmes de
cession et de transmission des parts sociales.
Les associés ont d'abord le droit d'être informé de la vie de la société et de participer à la
répartition des bénéfices ; ensuite ils interviennent dans la prise des décisions, en principe,
en assemblée générale. Ils n'ont cependant pas le droit, eux et leurs conjoints, descendants et
ascendants ainsi qu'à toute personne interposée, de contracter sous quelque forme que ce
soit, des emprunts auprès de la société, de se faire consentir par elle un découvert en compte
courant ou autrement, ainsi que de se faire cautionner ou avaliser par elle leurs
engagements envers les tiers.
Aux termes de 'article 344 "Les associés ont un droit d'information permanent sur les affaires
sociales. Préalablement à la tenue des assemblées générales, ils ont en outre un droit de
communication". Ce droit à l'information qui est permanent, permet à l'associé de jauger de
la performance de l'entreprise et d'apprécier son évolution d'une année à l'autre. Il peut ainsi,
après analyses, savoir pourquoi et comment il y a des bénéfices ou des pertes, C'est pourquoi
il lui est loisible de consulter et d'avoir copie non seulement des documents financiers et
comptables de l'année en cours mais également ceux des trois années écoulées. En ce qui
concerne le droit de communication, il s'exerce sur tous documents en rapport avec
l'assemblée générale envisagée et cela 15 jours avant la tenue de la réunion.
Chaque année les comptes de la société doivent être établis afin que les associés puissent
déterminer s'il y a des bénéfices ou des pertes. Si on constate qu'il y a des bénéfices, les
associés, sur proposition du gérant, vont décider de sa répartition. Tous les bénéfices ne
seront pas distribués dans un premier temps puisque la loi fait obligation de prélever, chaque
année, sur les bénéfices 1/10 au moins pour la constitution d'une réserve légale. Ce
prélèvement ne cesse que lorsque la réserve a atteint le 1/5du capital social. A côté de cette
réserve légale, les associés peuvent décider de constituer des réserves facultatives.
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En principe les décisions du ou des associés sont prises en assemblées. Il n'y a plus aucune
distinction à faire suivant que la société comporte au plus 20 associés ou alors plus de 20
associés. Cependant comme par le passé, il y a possibilité d'user de la consultation écrite.
Elles sont décidées par les associés à travers les statuts de la société. Excepté le cas de
l'assemblée générale annuelle, toutes les décisions peuvent être prises par consultation écrite
des associés. Dans un tel cas, chaque associé reçoit le texte des résolutions ou décisions à
prendre ainsi que tous les documents nécessaires à son information et doit disposer de 15
jours depuis cette communication pour émettre son vote, chaque associé émet son vote par
écrit; le gérant dépouille le scrutin et en dresse un procès-verbal qu'il signe. Les décisions
sont prises par un ou plusieurs associés représentant plus de la moitié du capital social à la
1ère consultation. Si ces conditions ne sont pas remplies, y aura une 2eme consultation; et
dans ce cas, les décisions seront prises à la majorité des votes quelle que soit la portion du
capital représenté sauf stipulation contraire des statuts.
Il doit être tenu chaque année au moins une assemblée générale. A côté de cette assemblée
générale, d'autres assemblées peuvent être convoquées pour statuer sur des questions graves
de gestion ne relevant pas de l'assemblée générale ordinaire; ce sont des assemblées
générales extraordinaires qui doivent être convoquées à la diligence du gérant.
Elles sont convoquées par le ou les gérants, le cas échéant, par le commissaire aux comptes
ou par un ou des associés à des conditions de majorité et de quorum définies à l'article 337
de l'acte uniforme ou encore par un mandataire désigné par le tribunal. S’il s'agit de
l'assemblée générale ordinaire annuelle, elle doit être convoquée et se réunir dans les 6 mois
de la clôture de l'exercice sauf prorogation décidée par le juge à la requête des gérants.
Chaque associé a le droit de prendre part aux décisions, et chacun d'eux a un nombre de voix
égal au nombre des parts sociales qu'il possède. Les Assemblées Générales Ordinaires sont
sanctionnées par un procès-verbal signé par chacun des associés présents.
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Elles ont pour objet de statuer sur lés modifications des statuts; en la matière, les décisions
sont prises par les associés représentant au moins les trois quarts du capital social. Toute
clause contraire est réputée non écrite.
Toutefois s'agissant de certaines décisions, l'unanimité est requise; ainsi en est il:
- de l'augmentation des engagements des associés;
- de la transformation de la société en société en nom collectif;
- du transfert du siège social dans un Etat autre qu'un Etat partie au traité OHADA.
Lorsque la société ne comprend qu'un seul associé, les décisions qui doivent être prises en
assemblée générale ordinaire ou extraordinaire, relèvent de la compétence exclusive de
l'associé unique.
Il est assuré par les commissaires aux comptes dans des conditions déterminées par les
articles 376 et suivants de l'acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales. Et
éventuellement par un expert en gestion.
La nomination d'un ou plusieurs commissaires aux comptes est obligatoire dans les S.A.R.L.
remplissant l'une des conditions suivantes:
- capital social supérieur à dix millions;
- chiffre d'affaires annuel supérieur à deux cent cinquante millions;
- effectif permanent supérieur à 50 personnes.
Pour les autres, la nomination du commissaire aux comptes est facultative.
Le ou les commissaires aux comptes sont nommés par un ou plusieurs associés représentant
plus de la-moitié du capital social. A défaut, la nomination interviendra à la majorité des
votes émis quelle que soit la portion de capital représenté sauf stipulation contraire des
statuts. La durée du mandat du ou des commissaires aux comptes est de 3 exercices.
Les commissaires aux comptes vérifient les livres, la caisse, le portefeuille et les valeurs de
la société de même que la conformité des documents comptables aux règles en vigueur. Ils
font, chaque année, un rapport dans lequel ils certifient que les états financiers de synthèse
sont réguliers et sincères et donnent une image fidèle du résultat des opérations de l'exercice
écoulé ainsi que de la situation financière et du patrimoine de la société à la fin de cet
exercice.
Par analogie au contrôle dans les sociétés anonymes, on doit dire que ce rapport est mis à la
disposition du ou des gérants qui arrêtent les comptes de l’exercice. Ils doivent signaler à
l'assemblée générale les irrégularités et inexactitudes qu'ils ont reconnus dans les inventaires,
et constater, s'il y a lieu, les motifs qui s'opposent à la distribution des dividendes proposés
par le gérant. Ils s'assurent que l’égalité entre les associés est respectée, notamment que
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toutes les parts sociales bénéficient des mêmes droits. Ils informent le ministère public des
faits délictueux constatés dans l'exercice de leur mission sans que cela engage leur
responsabilité.
Ils ont pouvoir pour convoquer l’assemblée générale en cas de défaillance des gérants.
Chacun, d'eux répond de ses fautes personnelles dans l'exécution de ses fonctions soit envers
la société, soit envers les tiers. Cette faute peut consister par ex. à tolérer les agissements
irréguliers du gérant ou des associés; de même leur responsabilité sera engagée s’ils n’ont
pas fait preuve de diligence dans l’accomplissement de leur mission. Si la faute commise
est commune à tous les commissaires aux comptes, ils seront condamnés in solidum.
L’action en responsabilité se prescrit par 3 ans, sauf si le fait dommageable est qualifié de
crime; dans ce cas l’action se prescrit par 10 ans. Les commissaires aux comptes n’encourent
cependant aucune responsabilité à cause des actes et des résultats des gérants.
Elle est réglementée par les articles 317 à 320 de l'acte uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales qui en fixent les conditions de fond et les conditions de forme.
Les modalités de cette cession sont librement organisées par les statuts de la société; à
défaut, elle est libre car une telle cession ne modifie pas la composition de la société par
l’intrusion d'un étranger; elle modifie simplement la répartition du capital social; l’intuitu
personae étant conservé, aucune autorisation n’est exigée pour la cession à un associé.
Les tiers étrangers sont toute personne autre que les associés actuels. Même un ancien
associé devient un tiers étranger à la société. A leur égard également les modalités de cession
sont librement organisées par les statuts; à défaut, la cession n’est pas libre afin de préserver
l'intuitu personae. En effet les parts sociales ne peuvent, dans ce cas, être cédées qu'avec le
consentement de la majorité des associés non cédants représentant les 3/4 du capital social. II
faut donc une double majorité d'abord en nombre d'associés ensuite en valeur du capital
social.
En cas de refus de la cession, les associés sont indéfiniment et solidairement tenus dans le
délai de trois mois qui suit la notification du refus à l’associé cédant, d’acquérir ses parts. Le
prix sera fixé d'accord parties; à défaut d'accord, le prix sera fixé à dire d'expert nommé par
le tribunal à la demande de la partie la plus diligente.
Les statuts peuvent également prévoir les modalités de cession des parts sociales entre
conjoint, ascendants et descendants; à défaut, les parts sont librement cessibles entre les
intéressés. Cette disposition qui risque de faire entrer n’importe qui dans la société est
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certainement une des manifestations du caractère hybride de la S.A.R.L. : mi-société de
personnes, mi-société de capitaux.
Non seulement un écrit est exigé mais en plus il faut accomplir certaines formalités de
publicité.
1) L'exigence de l'écrit
Les cessions de parts sociales doivent être constatées par écrit qui peut être notarié ou sous
seing privé ; cette exigence ne vaut que pour la preuve et non pour la validité de la cession.
Pour l’opposabilité de ladite cession, il faut l’accomplissement des formalités de publicité.
Pour être opposables à la société et aux tiers, les cessions des parts sociales doivent avoir été
signifiées à la société par acte d’huissier ou alors avoir été acceptées par elle dans un acte
authentique; le terme acceptation utilisé, ici, ne signifie nullement consentement de la
société; mais tout simplement l’affirmation selon laquelle elle a pris acte de la cession. En
plus de cela, l’acte de cession doit faire l’objet du dépôt d'un original au siège social, d’une
modification des statuts et d’une publicité au registre du commerce et du crédit mobilier.
La cession des parts sociales entraîne le transfert de la propriété desdites parts du cédant au
cessionnaire avec tous les droits qui y sont attachés; à savoir droit aux bénéfices, droit de
participation à la gestion de la société etc. En outre le cédant doit garantir le cessionnaire
contre l’éviction et contre son fait personnel c’est-à-dire, contre la concurrence qu’il pourrait
exercer à l’encontre de la société dont il a cédé les parts.
La S.A.R.L n’est pas dissoute par le décès de l’un des associés et en principe, les parts
devraient être librement transmises aux héritiers; mais les associés ne connaissant pas
toujours les héritiers, peuvent prévoir des clauses d'agrément des ou de certains héritiers ex.
l’aîné des enfants. Ce principe tire son fondement de l'article 1868 du code civil qui permet
de façon générale aux survivants de racheter les parts sociales du défunt dans les conditions
prévues aux statuts (voir article 290 de l’A.U.).
II s’agit essentiellement des causes de dissolution communes à toutes les sociétés prévues
par l’article 200 de l’acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales. A côté de
celles-ci; la S.A.R.L peut être dissoute lorsqu’il y a réduction du capital social au dessous du
minimum légal; une telle perte est le signe que la société éprouve des difficultés. Mais la
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dissolution, dans un tel cas, ne pourra intervenir qu’à la suite d’une mise en demeure d’avoir
à régulariser la situation demeurée infructueuse. Les causes de dissolution propres aux
sociétés de personnes ne se retrouvent pas dans la S.A.R.L. Ainsi la société n’est pas
dissoute par l’incapacité, l’interdiction, la faillite, ou la mort d’un des associés.
15
DEUXIÈME PARTIE: LA SOCIÉTÉ ANONYME (SA)
Les sociétés anonymes sont présentes dans tous les secteurs importants de la vie
économique; Il y en a qui sont du type moyen au plan économique. Tandis que d’autres sont
gigantesques car couvrant plusieurs Etats avec des milliers d’actionnaires. Elle est
commerciale par la forme quel que soit son objet. L’acception de la société anonyme
constituée avec plusieurs actionnaires dans le but de permettre une concentration des
capitaux en vue de financer des activités d’une certaine envergure est battue en brèche sur,
au moins, un point. Il s’agit du fait que désormais une seule personne peut constituer une
société anonyme au lieu d’un minimum de 7 actionnaires, comme initialement exigé.
Ce faisant, alors que la procédure qui devait aboutir à la constitution de la société anonyme
était très complexe, l’acte uniforme va la simplifier quelque peu; quant à son
fonctionnement, il demeure toujours caractéristique de la société anonyme dans sa mise en
œuvre.
Il faut relever que, désormais, une seule personne peut constituer une société anonyme. Au
plan de sa conception, la société anonyme unipersonnelle, en tant que société, se conçoit au
regard de sa conception nouvelle de la société commerciale; mais au plan du
fonctionnement, il s’agit véritablement d'une entreprise individuelle.
II faut distinguer selon que la société est constituée avec apport en nature et stipulation
d’avantages particuliers ou non.
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C’est la procédure la plus simple de constitution d’une société anonyme; en effet, il n'y a
aucun problème d’évaluation relativement à quelque apport que ce soit. Les futurs
actionnaires souscrivent les actions et leurs apports vont constituer le capital social. Cela
devra se faire dans le respect des prescriptions de l’acte uniforme pour assurer la régularité
des opérations.
II s’agit de ‘’l’acte juridique par lequel une personne s’engage à faire partie d’une société par
actions, en apportant une somme (ou un bien en nature) d’un montant égal au nominal de ses
titres’’. Cette opération obéit à des conditions et produit des effets.
Elles sont relatives aux parties à l’opération de même qu'à la forme de la souscription.
La société anonyme est, certes, commerciale par la forme mais les actionnaires n’ont pas la
qualité de commerçant ; ce faisant toute personne même incapable ou interdite peut
participer aux opérations de souscription par l’intermédiaire de son représentant légal. De
même deux époux peuvent être actionnaires dans la même société anonyme puisque la
responsabilité des actionnaires est limitée à leurs apports. Le consentement des souscripteurs
doit être exempt de vices. Cependant en cas de vice du consentement la société anonyme ne
sera pas annulée. Il en est de même en cas d'incapacité sauf si elle atteint tous les fondateurs.
b) La forme de la souscription
La souscription des actions se fait par la signature d'un bulletin de souscription. Il s’agit d’un
document établi par les fondateurs de la société dont la réglementation tend à protéger les
souscripteurs contre les erreurs et les tromperies. Ainsi doit-il contenir toutes les mentions
relatives à la société en constitution afin de renseigner les souscripteurs. C’est dans ce sens
qu’en cas d’appel public à l’épargne, les fondateurs sont tenus, avant le début des opérations
de souscription, de publier une notice dans les journaux d’annonces légales de l’Etat partie
du siège social et, le cas échéant, des Etats parties dont l’épargne est sollicitée. Cette notice
doit contenir les mentions destinées à renseigner sur la société en constitution; de même des
circulaires destinées à informer les futurs souscripteurs doivent être établies.
La réponse à cette interrogation est contenue dans l’article 81 de l’acte uniforme relatif au
droit des sociétés commerciales ; aux termes dudit texte, "sont réputées faire publiquement
appel à l’épargne :
- Les sociétés dont les titres sont inscrits à la bourse des valeurs d’un Etat
partie à dater de l’inscription de ces titres;
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- Les sociétés qui, pour offrir au public d’un Etat partie des titres, quels qu’ils
soient, ont recours soit à des établissements de crédit ou agents de change, soit à des
procédures de publicité quelconque, soit au démarchage;
- Il y a également appel public à l’épargne dès lors qu’il y a diffusion des titres
au-delà d’un cercle de 100 personnes »;
Le bulletin de souscription daté et signé par le souscripteur ou par son mandataire qui écrit
en toutes lettres le nombre de titres souscrits, est établi en deux exemplaires originaux, l’un
pour la société, l’autre adressé au Notaire chargé de dresser la déclaration de souscription et
de versement.
La société anonyme est demeurée une société de capitaux malgré la réduction du nombre
d’actionnaires pouvant la constituer; en effet le capital social minimum est fixé à 10.000.000
F divisé en actions dont le montant nominal ne peut être inférieur à 10. 000 F. En cas d'appel
public à l’épargne, le capital social minimum est de 100.000.000F. Cette disposition risque
de freiner la politique Ivoirienne de l’actionnariat populaire qui avait abouti à la réduction de
la valeur nominale des actions des sociétés anonymes à 500 F.
De même, alors qu’auparavant il n’y avait pas de capital social minimum exigé, 10.000 000
F de capital minimum semble être une somme très élevée eu égard au niveau de vie
contrasté dans les différents Etats parties au traité OHADA. Sauf à compter sur les
bailleurs de fond essentiellement.
Avant la signature des statuts et la tenue de l’assemblée générale constitutive, ce capital doit
être entièrement souscrit. A défaut de souscription intégrale, la société ne peut être
constituée car l’assemblée constitutive n’a pas pouvoir pour réduire le capital social au
chiffre qui a été atteint. En cas de souscription au delà du capital social prévu, il y aura
réduction des souscriptions par les fondateurs. Ceux qui ont une seule action ne sont pas
concernés; pour les autres, il y aura réduction au prorata de ce qui a été souscrit.
Libérer l’action c’est verser la somme qui correspond aux actions souscrites. Une fois le
versement effectué, un constat doit en être fait.
II est fait obligation à chaque souscripteur d’action en numéraire de libérer, au moins (il
s’agit donc d’un minimum), le quart de leur valeur nominale. Il s’agit non seulement de
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permettre à la société de disposer d’un minimum de fonds pour démarrer les activités mais
aussi d’éviter les souscriptions fantaisistes, de même que les spéculations sur des titres
souscrits sans aucun versement. D'ailleurs les actions ne sont pas négociables tant qu’elles
n’ont pas été libérées.
En cas de libération partielle, le versement du reliquat devra intervenir suivant les modalités
définies par les statuts ou par une décision du conseil d’administration ou de l’administrateur
Général et ce, dans un délai qui ne peut excéder trois ans à compter de l’immatriculation de
la société au registre du commerce et du crédit mobilier. Tant qu’il n’y a pas eu libération
intégrale du capital, la société ne peut ni augmenter son capital sauf si cette augmentation est
réalisée par apport en nature, ni émettre des obligations. Les actions représentants des
apports en numéraire non intégralement libérées doivent rester sous la forme nominative
c’est-à-dire avec la mention du nom du souscripteur de sorte à le retrouver en cas d’appel de
fonds.
Les sommes libérées et remises aux fondateurs ou à leurs mandataires doivent être déposées
soit en l’étude d’un notaire, soit dans une banque avec la liste des souscripteurs et le montant
versé par chacun d’eux sur un compte spécial ouvert au nom de la société en formation; et
cela dans un délai de huit jours à compter de la réception des fonds. Toutes ces précautions
tendent à éviter les détournements de fonds toujours possible.
Le dépositaire doit remettre au déposant un certificat de dépôt attestant le dépôt des fonds. Il
est également tenu de communiquer la liste des souscripteurs à tout souscripteur qui en fait
la demande.
L’avantage particulier rompt l’égalité entre actionnaires en accordant à certains d’entre eux,
en leur qualité d’actionnaire, un droit sur les bénéfices ou sur l’actif. L’avantage est attribué
par les statuts en rémunération de services rendus lors de la constitution de la société. Les
dividendes de celui qui en bénéficie seront, par exemple, plus importants que pour les autres.
Dans ces hypothèses, en plus des autres formalités de constitution, se pose surtout le
problème de l’évaluation des apports en nature et/ou des avantages particuliers.
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Cette évaluation sera faite par un commissaire au apports nommé, en principe, par les
associés ; ceci pour prévenir les risques de surévaluation.
Le commissaire aux apports choisi sur la liste des commissaires aux comptes est désigné à
l’unanimité par les futurs actionnaires ou alors par le juge à la demande d’un ou des
fondateurs. Alors qu’antérieurement, en cas d’apport en nature, il fallait tenir une première
assemblée pour faire apprécier la valeur de l’apport, l’acte uniforme ne prévoit pas cette
première assemblée. Elle n’est donc pas nécessaire. L’essentiel étant que l’expression du
consentement unanime des futurs actionnaires soit sans équivoque. C’est pour cela que le
recours au juge a été prévu en cas de blocage. Quelle est la mission des commissaires aux
apports ?
Le commissaire aux apports doit veiller à ce que l'apport en nature ait une valeur qui
correspond à la valeur du nominal des actions à émettre ; c’est à dire qu’il doit éviter les
surévaluations. Il en va de même de la détermination de l’avantage particulier. C’est pour
cette raison que, une fois la valeur fixée, il doit préciser le mode d’évaluation retenu et les
raisons de ce choix. A la suite de cette évaluation, il doit rédiger un rapport qu’il doit tenir à
la disposition des souscripteurs par dépôt à l’adresse prévue du siège social, 3 jours (au lieu
de 5) au moins avant la date de l’assemblée générale constitutive.
Aux termes de l’article 45 de l’acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales, ‘’les
apports en nature sont libérés intégralement lors de la constitution de la société’’. Cela veut
dire que les apporteurs doivent transférer à la société le bien ou le droit qui est l’objet de leur
apport.
Dans ce cadre-là, lorsque l’apport est en pleine propriété, l’apporteur en est garant vis-à-vis
de la société ; il s’agit de la garantie de son fait personnel, de la garantie d’éviction et de la
garantie des vices cachés. Lorsque l’apport est en jouissance, rapporteur en est garant envers
la société comme un bailleur envers son preneur ; il doit donc permettre à la société une
jouissance paisible du bien apporté.
Antérieurement, les actions d’apport créés pour représenter les apports en nature n’étaient
négociables que deux ans après la constitution de la société. Le fondement de cette règle
résidait dans la confiance en la société qu’on attendait de l’apporteur en nature. L’acte
uniforme a supprimé cette règle. Par conséquent, désormais, comme pour les actions de
numéraire, les actions d’apport sont négociables dès l’immatriculation de la société au
registre du commercent du crédit mobilier.
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Section 2 : Les formalités finales de constitution
Les statuts qui constituent le contrat de société en cas de pluralité d’associés, ou l’acte de
volonté d’une seule personne en cas d’associé unique sont rédigés par écrit qui peut être
notarié ou sous seing privé (avec des garanties d’authenticité) dans le respect des
prescriptions de l’acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales.
La signature des statuts par les souscripteurs eux-mêmes ou par leurs mandataires
n’intervient qu’après la déclaration notariée de souscription et de versement. Cette
déclaration qui atteste de la régularité de la formation du capital social, traduit, en même
temps, la ferme volonté des futurs actionnaires de constituer la société. La signature des
statuts qui consacre la constitution de la société conformément à l’article 101 alinéa 1 de
l’acte uniforme est la confirmation de cette volonté.
L’assemblée constitutive est convoquée par les fondateurs et présidée par l’actionnaire ayant
le plus grand nombre d’actions ou, à défaut, par le doyen d’âge. Tous les souscripteurs
doivent être convoqués à cette assemblée; et la lettre de convocation contenant l’ordre du
jour, le lieu, la date et l’heure de cette assemblée générale doit leur parvenir 15 jours au
moins avant la date de l’assemblée.
En cas d’irrégularité dans la convocation de cette assemblée elle peut être annulée sauf si
tous les souscripteurs étaient présents ou représentés. Sauf les cas dans lesquels l’unanimité
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est requise, notamment la réduction de la valeur attribuée aux apports en nature et la
modification des statuts, l’assemblée générale constitutive statue à la majorité des deux tiers
des voix dont disposent les souscripteurs présents ou représentées. Sur quoi l'assemblée
constitutive statue-t-elle ?
Elles sont prévues par les articles 408 à 410 de l’acte uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales. L’assemblée générale constitutive :
- Approuve ou désapprouve le rapport du commissaire aux apports sur
l’évaluation des apports en nature et l’octroi d’avantages particuliers.
- Constate que le capital est entièrement souscrit et que les actions ont été
libérées conformément à la loi.
- Adopte les statuts de la société.
- Nomme les premiers administrateurs ou l’administrateur général ainsi que le
premier commissaire aux comptes.
- Statue sur les actes accomplis pour le compte de la société en formation au
vu d'un rapport établi par les fondateurs.
- Donne, éventuellement, mandat à un ou plusieurs administrateurs ou à
l’administrateur général de prendre les engagements pour le compte de la société
avant son immatriculation au registre du commerce et du crédit mobilier.
Cette assemblée générale est sanctionnée par un procès-verbal signé par le Président de
séance et un autre associé ou par l’actionnaire unique. En cas d’acceptation de leurs
fonctions par les premiers administrateurs, ou par l’administrateur général ainsi que par le
premier commissaire aux comptes, le Procès-verbal de l'assemblée générale constitutive en
fait mention. Avec cette acceptation, la société est définitivement constituée et ceux-ci
devront se charger de procéder aux formalités de publicité.
II y a d’une part, l’insertion d’un avis ou d’un extrait des statuts dans un journal d’annonces
légales, d’autre part, il y a l’immatriculation de la société au registre du commerce et du
crédit mobilier de la juridiction du lieu du siège social. Celle-ci doit intervenir dans le délai
d’un mois à compter de la constitution de la société; si cela n’est pas fait dans le délai de 6
mois, tout souscripteur peut obtenir, par décision du Tribunal, que les fonds soient retirés et
distribués à tous les souscripteurs.
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bancaire choisi, sur présentation au dépositaire du certificat du greffier attestant
l’immatriculation de la société au registre du commerce et du crédit mobilier. La société
peut, enfin, fonctionner.
Il s’agit de son administration, des droits qu’ont les actionnaires dans la vie sociale.
I) L'administrateur
Les administrateurs sont nommés, selon le cas, par les statuts, soit par l’assemblée générale
constitutive, par l’assemblée générale ordinaire ou par l’assemblée générale extraordinaire.
Alors que la loi de 1867 exigeait des administrateurs qu’ils soient des actionnaires, l’acte
uniforme a supprimé cette exigence; en effet aux termes de l’article 417 de l’acte uniforme
relatif au droit des sociétés commerciales, « le conseil d’administration peut comprendre des
membres qui ne sont pas actionnaires...»
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L’acte uniforme a prévu un nombre de sièges maximum pour les administrateurs; en effet un
administrateur ne peut pas appartenir simultanément à plus de 5 conseils d’administration de
sociétés anonymes ayant leur siège sur le territoire d'un état de l’OHADA. Au cas où cela
arrivait l’administrateur a 3 mois pour se démettre de l’un des mandats. A défaut, il est
démis de plein droit du dernier mandat d'administrateur. En cas de vacance d’un ou des
postes d’administrateurs, par décès ou par démission, le conseil d’administration peut
coopter, entre deux assemblées, de nouveaux administrateurs à charge de ratification par la
plus prochaine assemblée générale ordinaire. En cas de refus de ratification, elle en nomme
d’autres mais les décisions prises par ce conseil d'administration demeurent valables à
l'égard des tiers.
N’ayant pas la qualité de commerçant, les administrateurs n’ont pas à avoir la capacité de
faire le commerce. Il leur suffit d'avoir la capacité de faire des actes juridiques et ne pas
avoir été déchu du droit d'administrer ou de gérer une société par suite d’une décision de
condamnation pour crime de droit commun, vol, abus de confiance, escroquerie,
banqueroute etc.
C’est l’assemblé générale ordinaire qui révoque les administrateurs; et elle peut le faire à
tout moment, contrairement aux gérants des sociétés en nom collectif et des sociétés à
responsabilité limitée pour lesquels l’acte uniforme précise qu’ils doivent être révoqués pour
justes motifs, l’acte uniforme n’a rien précisé pour les administrateurs. Ceci voudrait-il dire
qu’ils sont révocables ad nutum ? Il faut répondre à cette interrogation par l’affirmative car,
non seulement, l’administrateur est investi d'un mandat; et comme tout mandataire, il est
soumis à la règle de la libre révocation.
L’acte uniforme a entériné cette solution jurisprudentielle puisque en son article 522, tout en
réaffirmant que l’assemblée ne peut délibérer que sur une question inscrite à l’ordre du
jour, il prévoit que la révocation des dirigeants sociaux est néanmoins possible
même sans inscription à l’ordre du jour. Il ne faut cependant pas que la révocation soit
injurieuse; sinon l’administrateur pourrait solliciter et obtenir des dommages et intérêts.
Quant à l’administrateur, il peut démissionner à tout moment. Mais s’il le fait à contretemps,
c’est-à-dire à un moment où la société a des difficultés et qu'il en résulte un préjudice, il peut
être condamné au paiement de dommages et intérêts.
C) La rémunération
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Les fonctions d’administrateurs ne sont pas exercées à titre gratuit; indépendamment des
sommes perçues dans le cadre d'un contrat de Travail, les administrateurs perçoivent deux
catégories de rémunération (au lieu de 3 comme par le passé).
- Ensuite ils ont droit à des rémunérations exceptionnelles pour les missions et mandats qui
leur sont confiés, ou à des remboursements pour les frais de voyage, de déplacements et
dépenses engagées dans l’intérêt de la société. Pour ces rémunérations et ces frais, il faut un
rapport spécial du commissaire aux comptes à l'assemblée générale.
A) Le fonctionnement
Quant aux décisions, elles sont prises à la majorité des membres présents ou représentés;
sauf si les statuts prévoient une majorité plus forte avec voix prépondérante au président de
séance en cas de partage des voix. Les séances présidées par le Président ou par
l’administrateur ayant le plus grand nombre d’actions ou par le doyen d’âge sont
sanctionnées par un procès-verbal certifié sincère par le Président de séance et par au moins
un administrateur. Deux administrateurs signent en cas d’empêchement du Président de
séance. Ce procès-verbal établi sur un registre spécial ou sur des feuilles mobiles, côté et
paraphé par le juge fait foi jusqu'à preuve du contraire.
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Ils sont prévus par les articles 435 et suivants de l’acte uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales qui en fixe l’étendue et les limites.
Comme pour les gérants des sociétés à responsabilité limitée dans leurs rapports avec les
tiers, le conseil d’administration est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toutes
circonstances au nom de la société. Notamment :
- Il précise les objectifs de la société et l’orientation qui doit être donnée à son
administration;
- Il exerce un contrôle permanent de la gestion; il arrête les comptes de chaque
exercice
L'évolution des pouvoirs au sein des sociétés anonymes a fait que le conseil d'administration
est devenu un organe qui a des pouvoirs propres concurrents de ceux de l'assemblée des
actionnaires. Il n'appartient donc pas à l'assemblée générale d'empiéter sur les prérogatives
du conseil en tant qu'organe élu par l'assemblée elle même.
La direction de la société anonyme avec conseil d’administration est assurée soit par un
Président Directeur Général (PDG), soit par un Président du Conseil d'Administration (PCA)
et un Directeur Général (DG). Ce qui signifie que lorsqu'un PDG est nommé, il cumule à la
fois les fonctions de PCA et de DG.
a) Nomination du président
C'est le conseil d'administration qui désigne parmi ses membres une personne physique en
qualité de président. Son mandat qui est renouvelable ne peut durer plus longtemps que son
mandat d'administrateur. Le cumul de plusieurs mandats de président de conseil
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d'administration est imité à 3. Quant au cumul avec le mandat d'administrateur Général ou de
directeur Général, il est limité à 2.
b) La révocation
Ils sont prévus par l'article 480 de l'acte uniforme. Il préside les réunions du conseil
d'administration et les assemblées générales. Il doit veiller à ce que le conseil
d'administration assure le contrôle de a gestion de la société confiée au Directeur Général. A
toute époque de l'année, il opère les vérifications qu'il juge opportunes et peut se faire
communiquer tous es documents qu'il estime utiles à l'accomplissement de sa mission.
d) Rémunération
2) Le Directeur Général
C'est lui qui est chargé de la gestion quotidienne de la société. Nommé par le conseil
d'administration parmi les administrateurs ou en dehors d'eux (pour des raisons de
compétence), il peut être assisté par un directeur général adjoint lui également nommé par le
conseil d'administration mais sur proposition de sa part. Il est chargé d'assurer la direction
générale de la société et de la représenter dans ses rapports avec les tiers ; c'est pourquoi il a
les pouvoirs les plus étendus.
Les limitations légales de ses pouvoirs sont les mêmes que celles du conseil d'administration
et sont soumises au même régime. Quant aux limitations statutaires de ses pouvoirs, celles
émanant des assemblées ou du conseil d'administration, elles sont inopposables aux tiers
mais à condition que ceux-ci soient de bonne foi.
En effet le tiers cocontractant qui sait que le directeur général agit au delà de ses attributions
et qui contracte avec lui quand même, ne peut invoquer à son profit l'inopposabilité des
clauses limitatives des pouvoirs. Si le directeur général est un administrateur, il est rémunéré
dans les mêmes conditions que le Président du conseil d'administration.
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Il y a, dans cette hypothèse, cumul des fonctions de président du conseil d'administration et
de Directeur Général ; eu égard aux responsabilités qui peuvent être trop lourdes pour une
seule personne, le Président Directeur Général peut obtenir de se faire assister par un
Directeur Général adjoint.
II est le représentant de la société anonyme dans ses rapports avec les tiers.
a) Nomination
Seule une personne physique peut être nommée Président Directeur Général par le conseil
d'administration ; celle-ci est choisie parmi les administrateurs. Il n'a pas la qualité de
commerçant. Le mandat de Président Directeur Général est renouvelable; mais sa durée ne
peut excéder celle de son mandat d'administrateur.
Il ne peut cumuler plus de 3 mandats de Président Directeur Général ; de même il ne peut
cumuler son mandat de Président Directeur Général avec plus de deux mandats
d’administrateur général ou de Directeur Général.
b) La révocation
c) Rémunération
Le Président Directeur Général est rémunéré dans les mêmes conditions qu’un Président du
conseil d’administration. L’acte uniforme précise qu’en dehors de son salaire, le cas échéant,
de ses indemnités et frais, le Président Directeur Général ne peut recevoir aucune autre
rémunération. Cette précision est très importante au regard de la position de maître absolu de
certains Présidents Directeurs Généraux qui ont tendance à inventer et à percevoir des
indemnités et autres commissions qui ne correspondent à aucune réalité.
d) Pouvoirs
Dans l’exercice de ses fonctions, les limitations légales de ses pouvoirs sont soumises au
même régime que celles du conseil d’administration ; sauf que, étant également Directeur
Général, les limitations non légales de ses pouvoirs ne sont inopposables qu’aux tiers de
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bonne foi ; comme pour un Directeur Général dans une société anonyme avec Président du
conseil d’administration.
Il lui est interdit, à lui comme à tout administrateur personne physique, ainsi qu’à leurs
conjoints, ascendants, descendants et à toute personne interposée, de contracter sous quelque
forme que ce soit, des emprunts auprès de la société, de se faire consentir par elle un
découvert en compte-courant ou autrement, ainsi que de se faire cautionner ou avaliser par
elle leurs engagements envers les tiers. Toutefois si la société exploite un établissement
financier ou bancaire, cette interdiction ne s’applique pas aux opérations courantes conclues
à des conditions normales.
Au cas où a société anonyme a été constituée par, au plus, 3 personnes, elle peut ne pas
constituer un conseil d'administration. Dans ce cas, il sera nommé un administrateur général
qui exercera les fonctions d'administration et de direction de la société. Cette faculté de
choix n'est même pas laissée à celui qui constitue tout seul une société anonyme. Il n'a que le
mode d'administration avec administrateur Général. On notera que la société fonctionnera
comme une entreprise individuelle.
Dans l'exercice de ses fonctions, l'administrateur Général peut obtenir de se faire assister par
un administrateur Général adjoint. Lorsque la société anonyme ne comprend qu'un seul
actionnaire, il représente les assemblées générales. Par conséquent pour toutes les questions
relevant de la compétence des assemblées générales, il faut penser à 'actionnaire unique. La
confusion des compétences est totale lorsqu'il se nomme lui-même administrateur Général.
Mais tels sont les principes dans a conception de la société.
Le premier administrateur est désigné dans les statuts ou par l'assemblée générale
constitutive pour un mandat qui ne peut excéder deux ans. En cours de vie sociale, il sera
nommé par l'assemblée Générale ordinaire parmi les actionnaires ou non. Dans ce cas, son
mandat ne peut excéder 6 ans. Le régime du cumul de mandat est identique à celui d'un
Président Directeur Général et à celui d'un Président du conseil d'administration.
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II) Révocation
L’Administrateur Général est révocable ad nutum par l'Assemblée Générale. Toute clause
contraire est réputée non écrite. En conséquence, si l'Administrateur Général est actionnaire
unique et en même-temps, assemblée Générale, il n'y aura jamais de révocation.
Ils sont prévus par l'article 498 de l'acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales.
- Il assure l'administration et la direction Générale de la société et la
représente dans ses rapports avec les tiers.
- Il convoque et préside les assemblées générales.
- Il est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir, en toutes circonstances,
au nom de la société.
En ce qui concerne les limitations légales et statutaires des pouvoirs de
l'administrateur général, elles ont le même régime que celles d'un Président Directeur
Général. Les conventions avec la société, interdites au Directeur Général, à son adjoint ainsi
qu'à tout administrateur, lui sont également interdites.
IV) Rémunération
L'administrateur Général peut conclure un contrat de travail avec la société, à condition que
cela corresponde à un emploi effectif et que cela soit autorisé par l'assemblée générale. Il va
de soi que si l'administrateur général est en même temps actionnaire unique, il s'autorisera
toujours la conclusion d'un contrat de travail puisqu'il y a une rémunération à ce titre.
En dehors de cela, l’assemblée générale peut lui allouer une indemnité annuelle fixe de
fonction en rémunération de ses activités. Elle peut lui allouer également des rémunérations
exceptionnelles pour es missions et les représentations ou autoriser le remboursement des
frais de voyages, de déplacements et les dépenses engagées dans 'intérêt de la société. Elle
peut également lui allouer des avantages.
En la matière, les risques de dérapage sont importants puisque l'administrateur général peut
être l'actionnaire unique. C'est pourquoi la loi interdit toute autre rémunération en dehors de
ce qu'elle-même a prévu. Mais quelle peut être la portée d'une telle disposition si
l'actionnaire unique est face à lui-même ?
I) La responsabilité civile
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Indépendamment de la responsabilité éventuelle de ia société, les administrateurs et autres
dirigeants sociaux sont responsables individuellement ou solidairement des dommages
causés par leurs fautes. II en est ainsi en cas de :
Commission d'un fait constitutif d'un délit pénal ; dans ce cas la réparation du
dommage pourra être demandée devant les Tribunaux répressifs;
A) L'action individuelle
Toute personne, actionnaire ou non, qui subît un préjudice par la faute d'un dirigeant social
trouve dans le droit commun de la responsabilité civile et dans les dispositions des articles
161 à 164 de l'acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales, le fondement d'une
action en responsabilité. Il faut, ce faisant, prouver la faute, le préjudice et le lien de
causalité. En plus s'il s'agit d'un actionnaire, il doit prouver que le préjudice subi est
personnel ; par exemple un détournement des dividendes à lui destinés. Si le préjudice causé
est l'œuvre de .plusieurs dirigeants sociaux, ils y seront tenus solidairement. L'action se
prescrit par 3 ans. 10 ans pour les crimes.
B) L'action sociale
Elle est mise en œuvre soit par la société soit par les actionnaires.
D'abord, l'action est mise en œuvre par les représentants de la société. Si c'est un seul
administrateur, par exemple, qui est en cause, l'action sera intentée par les autres. Par contre
s'ils sont tous impliqués, en principe, il faut attendre qu'il y ait de nouveaux administrateurs à
la suite de la révocation ou de la démission des autres, pour intenter l'action contre les
anciens. Cette situation est pleine d'inconvénients. C'est pourquoi la loi a permis qu'elle
puisse également être intentée par un ou des actionnaires. Dans ce cas, les risques d'abus sont
minimisés.
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Ceux qui sont habilités à agir ne peuvent se voir opposer aucune clause subordonnant
l'exercice de l'action à un avis ou une autorisation d'aucun organe de la société, ou qui
comporterait, par avance, renonciation à l'exercice de cette action.
Toutefois une transaction est toujours possible pour mettre fin au litige. L'exercice de l'action
est enfermé dans un délai de 3 ans pour les délits et de 10 ans pour les crimes.
La loi sanctionne les délits relatifs à l'administration de la société, ceux relatifs au bilan et
aux dividendes, à la tenue des assemblées générales, au mouvement du capital social, à la
dissolution de la société. Ainsi, encourent une sanction pénale:
● Les dirigeants sociaux qui, de mauvaise foi, font des biens ou du crédit de la
société un usage qu'ils savaient contraire à l'intérêt de celle-ci, à des fins
personnelles, matérielles ou morales, ou pour favoriser une autre personne morale
dans laquelle ils étaient intéressés, directement ou indirectement.
● Les dirigeants sociaux qui, lors d'une augmentation de capital auront émis
des actions ou des coupures d'actions sans respecter les prescriptions impératives de
l'acte uniforme.
Les dirigeants sociaux qui n'auront pas communiqué à qui de droit les pertes
ayant provoqué la réduction des capitaux propres en deçà de la moitié du capital
social.
Les dirigeants sociaux qui n'auront pas respecté les formalités prescrites en
cas d'appel public à l'épargne.
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III) La responsabilité en cas de redressement judiciaire, de liquidation des biens
Aux termes des articles 180 et suivants de l'acte uniforme relatif aux procédures collectives
d'apurement du passif, la responsabilité des dirigeants en cas de procédure collective
d'apurement du passif est très lourde. En effet dans l'hypothèse d'un règlement judiciaire ou
d'une liquidation des biens, lorsque la procédure fait apparaître une insuffisance d'actif, le
juge peut décider que les dettes de a société seront supportées par les dirigeants en cas de
faute de gestion ayant contribué à cette insuffisance d'actif. De même sera déclaré
personnellement en règlement judiciaire ou en liquidation des biens le dirigeant qui a :
A toute époque de la procédure la faillite personnelle de tout dirigeant peut être prononcée ;
notamment lorsque :
Par ailleurs en cas de commission d'actes de mauvaise foi ayant consisté par
exemple :
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- à poursuivre abusivement une exploitation déficitaire qui ne pouvait
conduire la société qu'à la cessation des paiements ; A tenir irrégulièrement les livres
de commerce
les dirigeants sociaux seront poursuivis pour banqueroute par application des
articles 227 et suivants de l'acte uniforme relatif aux procédures collectives. En plus
ils seront déchus du droit de gérer ou d'administrer une société.
Elle doit être réunie au moins une fois par an en vue de la mission à elle confiée par la loi.
L'Assemblée Générale Ordinaire doit se réunir dans les 6 mois de la clôture de l'exercice
sauf prorogation de ce délai par le juge. L'assemblée est convoquée par le conseil
d'administration ou, selon le cas, par l'administrateur général. En cas de carence, l'assemblée
peut être convoquée par le commissaire aux comptes si celui-ci n'obtient pas que la
convocation soit faite par l'organe habilité ; ou alors par un mandataire désigné par le
Tribunal à la demande de tout intéressé, en cas d'urgence, ou par des actionnaires
représentant le 1/10 du capital ou, enfin, par le liquidateur.
La convocation est faite par avis inséré dans un journal d'annonces légales ou envoyée aux
actionnaires lorsque toutes les actions sont nominatives. Cet avis doit indiquer la nature de la
réunion, ainsi que toutes les informations concernant la société ainsi que celles relatives au
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lieu et au moment de la réunion ; cet avis précise également l'ordre du jour ; lequel est arrêté
par le conseil d'administration ; sauf lorsque c'est un mandataire de justice qui convoque
l'assemblée, dans ce cas c'est le juge qui arrête l'ordre du jour.
Mais un ou des actionnaires peuvent aussi requérir l'inscription à l'ordre du jour d'un projet
de résolution à condition qu'ils détiennent :
5% du capital si celui-ci est inférieur à un milliard
3% du capital si celui-ci est compris entre un milliard et deux milliards
0,5% du capital si celui-ci est supérieur à deux milliards.
L'ordre du jour ne peut être modifié sur deuxième convocation. La réunion doit avoir lieu 15
jours, au moins, après la convocation s'il s'agit de la première et 6 jours au moins pour les
convocations suivantes ; sauf si la convocation est faite par mandataire de justice. En
principe tous les actionnaires ou leurs mandataires peuvent participer à l'assemblée générale
ordinaire. Il en est de même de toute personne habilitée légalement ou statutairement ; les
administrateurs non actionnaires par exemple. Il en est enfin, de toute personne habilitée par
le juge ou par l'assemblée des actionnaires.
Les statuts peuvent cependant exiger un nombre minimal d'actions, sans que celui-ci soit
supérieur à 10, pour ouvrir le droit de participer à l'assemblée. Pour atteindre ce nombre,
plusieurs actionnaires peuvent se regrouper ; Ils seront, alors, représentés par l'un d'entre
eux. L'importance de l'assemblée générale ordinaire justifie son annulation lorsqu'elle a été
irrégulièrement convoquée. L'action en justice est cependant irrecevable lorsque tous les
actionnaires étaient présents ou représentés. Des sanctions pénales peuvent aussi être
prononcées.
L'Assemblée Générale ordinaire est présidée par le Président Directeur Général ou par le
Président du conseil d'administration; à défaut, par le plus important actionnaire ; sinon par
le doyen en âge. Deux scrutateurs doivent être nommés ; il doit s'agir des actionnaires
représentant le plus grand nombre d'actions; un secrétaire de séance, actionnaire ou non, doit
être désigné par 'assemblée; il devra tenir la feuille de présence laquelle devra être émargée
au moment de 'entrée en séance par les actionnaires ou leurs représentants. Cette feuille de
présence à laquelle seront jointes les procurations devra être certifiée sincère et véritable par
les scrutateurs. La réunion est sanctionnée par un procès-verbal établi sur un registre spécial
côté et paraphé par le juge, II est tenu au siège social.
Elles sont prévues par l'article 546 de l'acte uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales. L'assemblée générale ordinaire prend toutes les décisions qui ne relèvent pas
d'une autre assemblée. Ainsi :
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et, éventuellement, son adjoint ainsi que le commissaire aux comptes;
- elle approuve ou refuse les conventions conclues entre les dirigeants sociaux
et la société;
- elle émet les obligations;
- elle approuve !e rapport du commissaire aux comptes,
Certes l'assemblée générale ordinaire ne peut délibérer sur une question non inscrite à son
ordre du jour. Mais elle peut révoquer les administrateurs, l'administrateur général ou son
adjoint et procéder à leur remplacement.
Cette stratégie vise à contrôler la société et à éviter toute prise de contrôle non souhaitée. De
même en cas d'augmentation du capital par incorporation de réserves, bénéfices ou primes
d'émission, le droit de vote double peut être conféré dès leur émission, aux actions
nominatives attribuées gratuitement à un actionnaire à raison d'actions anciennes pour
lesquelles il bénéficie d'un droit (Article 544 de l'acte uniforme). Ce régime est identique à
celui en vigueur en France.
Toutes les actions qui remplissent les conditions légales sont traitées également. Les
décisions doivent être prises de sorte qu'il n'y ait ni abus de majorité ni abus de minorité.
Cela veut dire que les décisions prises par la majorité doivent être conformes à l'intérêt de la
société. De même la minorité ne doit pas constituer un blocage au bon fonctionnement de la
société. Sinon, les auteurs des abus peuvent voir leur responsabilité engagée (voir article 130
de l'acte uniforme)
Elles sont prévues par l'article 551 de l'acte uniforme. L'assemblée générale extraordinaire
est seule habilitée à modifier les statuts dans toutes leurs dispositions à l'exclusion de toute
autre assemblée. En outre elle est compétente pour :
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- Autoriser .les fusions, scissions, transformations et apports partiels d'actif ;
- Transférer le siège social ;
- Dissoudre la société par anticipation ;
- Proroger la durée de la société.
Mais elle ne peut augmenter les engagements des actionnaires au delà de leurs apports sans
leur consentement.
C) L'assemblée spéciale
1) Attributions
Elles sont prévues par l'article 555 de l'acte uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales. L'assemblée spéciale approuve ou désapprouve les décisions des Assemblées
Générales lorsque ces décisions modifient les droits de ses membres.
Les conditions de quorum sont les mêmes que celles des assemblées générales
extraordinaires. Sauf qu'à une 3e convocation, le quart des actionnaires présents ou
représentés doit posséder au moins le quart des actions. Les décisions sont prises à la
majorité des deux tiers des suffrages exprimés. Là encore, il faut statuer sans aucun abus.
Au plan des principes, la société anonyme unipersonnelle doit tenir les Assemblées générales
ordinaires et extraordinaires de même que les assemblées spéciales. Comment cela peut-Il se
concevoir étant donné qu'il y a un seul actionnaire ? Difficilement; puisque l'acte uniforme
prévoit que toutes les décisions des Assemblées Générales sont prises par l'actionnaire
unique. Cette disposition conforte bien l'idée selon laquelle la société unipersonnelle
fonctionne comme une entreprise individuelle. En effet lorsque des organes qui, ayant des
attributions distinctes constituant autant de moyens de contrôle et de contre-pouvoirs pour
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les autres, sont incarnés par une seule personne, il y a bien le principe du fonctionnement
d'une entreprise individuelle. L'analyse faite à propos de la société à responsabilité
est valable pour la société anonyme unipersonnelle.
Les actionnaires ayant le droit de contrôler la gestion de la société, ils ont un droit à
l'information relativement à cette gestion ; de même ils ont un droit à la communication des
pièces relatives à cette gestion.
A) Le droit à l'information
Pour la régularité de la tenue des assemblées générales, les actionnaires doivent avoir
communication, au moins quinze jours à l'avance :
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Le contrôle externe de la société est, principalement, l'œuvre du ou des commissaires aux
comptes. Cette mission a été dévolue à des spécialistes afin de renforcer le contrôle effectué
par les actionnaires eux-mêmes directement. De même lorsque les circonstances le
commandent, notamment en cas d'investigation dépassant le cadre des missions des
commissaires aux comptes ou alors en cas d'insatisfaction à propos du rapport du
commissaire aux comptes au regard des résultats, l'acte uniforme ouvre la possibilité de faire
une expertise de gestion.
Pour permettre aux commissaires aux comptes d'accomplir leur mission avec les garanties de
compétence et d'indépendance, l'acte uniforme a édicté des dispositions qui font des
commissaires aux comptes, non pas de simples mandataires des actionnaires, mais un
véritable organe investit d'une mission légale de surveillance. Cela va transparaître dans les
conditions de leur nomination, leur révocation et les responsabilités qu'ils vont encourir dans
leur mission.
Toute société anonyme doit avoir un commissaire aux comptes et un suppléant. En cas
d'appel public à l'épargne, il en faut deux. Les premiers commissaires aux comptes sont
désignés dans les statuts ou par l'assemblée générale constitutive pour une durée de deux
exercices. En cours de vie sociale, leur désignation est de la compétence de l'assemblée
générale ordinaire, Dans ce cas ils sont désignés pour 6 exercices sociaux. Ils ne sont pas
rééligibles, sans doute pour éviter !a sclérose que pourrait provoquer la routine.
Dans le sens de cette rigueur et de l'indépendance recherchée, les commissaires aux comptes
sont choisis parmi les experts-comptables. De même leurs fonctions sont incompatibles avec
toute activité commerciale, tout emploi salarié, sauf en ce qui concerne l'enseignement, et de
façon générale, toute activité de nature à porter atteinte à leur indépendance. De même ne
peuvent être commissaires aux comptes les fondateurs, les actionnaires, les administrateurs
de la société ainsi que leurs parents et alliés jusqu'au 4e degré.
En cas d'irrégularité dans la désignation des commissaires aux comptes, les délibérations
prises peuvent être annulées; sauf s'il y a eu confirmation des délibérations par l'assemblée
générale
B) Révocation du commissaire
N'ayant plus le statut de mandataire des actionnaires, les commissaires aux comptes ne sont
plus révocables ad nutum cela pour renforcer leur protection.
La révocation se fait devant le Tribunal pour faute ou empêchement à la demande des
dirigeants sociaux ou des actionnaires représentant le dixième au moins du capital social.
Par faute, il faut entendre l'inexécution ou la mauvaise exécution par le commissaire aux
comptes de sa mission. Quant à l'empêchement, il est, soit juridique parce que résultant d'une
incompatibilité, soit physique parce que résultant d'une maladie par exemple.
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Le commissaire aux comptes n'a pas à vérifier l'opportunité des décisions prises par les
dirigeants sociaux; son rôle est de vérifier que les actes des dirigeants ont été pris dans la
légalité ; il s'agit donc d'un contrôle de légalité. C'est ainsi qu'aux termes de l'article 712 de
l'acte uniforme, "le commissaire aux comptes a pour mission permanente, à l’exclusion de
toute immixtion dans la gestion, de vérifier les valeurs et les documents comptables de la
société et de contrôler la conformité de sa comptabilité aux règles en vigueur. En outre le
commissaire aux comptes vérifie la sincérité et la concordance avec les états financiers de
synthèse, des informations données dans le rapport de gestion des dirigeants sociaux et dans
les documents sur la situation financière et les états financiers de synthèse de la société
adressés aux actionnaires.
Pour accomplir cette mission avec le maximum d'efficacité, le commissaire aux comptes a
pouvoir pour opérer, seul ou avec des collaborateurs de son choix, toutes vérifications et tous
contrôles qu'il juge opportuns; il peut se faire communiquer, sur place, toutes pièces qu'il
estime utiles à l'exercice de sa mission sans qu'on puisse lui opposer le secret professionnel.
Il peut même s'adresser à des tiers qui ont travaillé pour le compte de la société. Mais dans
ce cas, la communication de certains documents est soumise à l'autorisation du juge. Le
commissaire aux comptes doit faire un rapport à l'assemblée générale ordinaire pour :
Dans ce sens son rapport doit comporter toutes les irrégularités et les inexactitudes qu'il a
découvertes dans l'accomplissement de sa mission. Il est certes tenu au secret professionnel;
mais il doit signaler au Ministère public les faits délictueux dont i! a eu connaissance sans
que cela engage sa responsabilité. Il assiste à toutes les assemblées générales et aux réunions
des dirigeants sociaux ; et ce, dans le cadre de son pouvoir d'investigation permanente. Il a
pouvoir pour convoquer les assemblées générales en cas de carence des organes habilités.
Le ou les commissaires aux comptes perçoivent des honoraires, fixés globalement par
l'assemblée Générale, qu'ils se répartissent entre eux. En plus de cela, ils peuvent percevoir
une rémunération exceptionnelle pour :
- activité à l'étranger pour le compte de la société et mission particulière de
révision des comptes de sociétés dans lesquelles la société contrôlée détient une
participation ou envisage de prendre une participation.
- mission temporaire confiée par la société à la demande d'une autorité
publique.
Les rémunérations sont fixées par les dirigeants sociaux.
A titre de remboursement, ils perçoivent, les frais de déplacement et de séjour exposés dans
l'exercice de leurs fonctions.
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La responsabilité encourue par le commissaire aux comptes peut être civile et/ou pénale.
1) La responsabilité civile
II s'agit d'une responsabilité civile de droit commun qui est engagée pour fautes de
négligence ayant causé des dommages soit à la société, soit à des tiers. Par principe,
l'obligation à leur charge est de moyen; sauf si la loi en dispose
autrement. La faute consisterait par exemple à ne pas déclencher la procédure d'alerte alors
que les circonstances étaient telles qu'elle aurait dû être faite ; ou alors à ne pas révéler à la
plus prochaine assemblée les inexactitudes ou omissions constatées. Les commissaires aux
comptes répondent des fautes de leurs collaborateurs ; mais pas des dommages causés par les
infractions des dirigeants sociaux sauf s'ils ont omis de les révéler à l'assemblée générale.
L'action en responsabilité civile contre les commissaires aux comptes se prescrit par 3 ans.
2) La responsabilité pénale
Les commissaires aux comptes peuvent avoir leur responsabilité de droit commun engagée
pour crimes ou délits dans l'exercice de leurs fonctions. De même ils encourent une sanction
pénale s’ils acceptent, exercent ou conservent leurs fonctions nonobstant une
Incompatibilité ; leur responsabilité sera également engagée si, sciemment, Ils donnent ou
confirment des informations erronées sur la situation de la société. Ils encourent également
une sanction pénale en cas de violation du secret professionnel et en cas de non révélation
des délits commis par les dirigeants sociaux dont ils ont connaissance.
Parmi les moyens mis à la disposition des actionnaires pour la préservation de leurs intérêts,
figure la possibilité d'avoir recours à une expertise de gestion. Celle-ci sera demandée au
Tribunal par les actionnaires à condition qu'ils représentent au moins le cinquième du capital
social.
Une fois l'expert désigné par le juge, celui-ci aura pour mission de présenter un
rapport sur une ou plusieurs opérations de gestion dont la conformité avec l'intérêt social est
douteuse.
Il s'agit d'une ou de quelques opérations car la mission de l'expert nommé par le juge ne doit
pas se confondre avec la mission permanente légale conférée au commissaire aux comptes.
La vie d'une société se déroule conformément aux prescriptions légales et statutaires. Elle est
divisée en exercices sociaux. A la fin de chaque exercice, les comptes sont arrêtés et s'il y a
des bénéfices, l'assemblée générale ordinaire va décider de leur affectation. La vie étant faite
de mouvements, il est parfois nécessaire de modifier les statuts pour les adapter aux projets
en rapport avec l'évolution positive ou négative de la société.
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A la fin de chaque exercice, les dirigeants sociaux arrêtent les états financiers de synthèse et
établissent un rapport annuel de gestion à l'assemblée générale ordinaire. L'assemblée décide
alors de l'affectation des résultats ; il s'agit de la répartition des bénéfices s'il en existe et de
la dotation nécessaire aux réserves.
A) Les bénéfices
Comment sont déterminés les bénéfices ? En la matière, interviennent les règles comptables
relatives au compte de résultat destiné à renseigner sur les résultats de l'exploitation. Ce
compte récapitule les produits et les charges de l'exercice. A l'actif figure les produits, en
distinguant les produits d'exploitation, les produits financiers et les produits exceptionnels. A
l'inverse, le passif fait apparaître les charges d'exploitation, les charges financières parmi
lesquelles figurent les dotations aux amortissements et 'aux provisions, les charges
exceptionnelles et l'impôt sur les bénéfices. La différence entre la somme des postes de
l'actif et la somme des postes du passif détermine le bénéfice en cas de solde positif.
Mais ce bénéfice n'est pas celui qu'il faut distribuer. En effet, pour déterminer le bénéfice
distribuable, il faut, au préalable, constituer les réserves. Ensuite c'est l'assemblée qui doit
décider de la distribution des bénéfices sous forme de dividendes.
B) Les réserves
Qu'est ce que les réserves? Il s'agit de sommes prélevées sur les bénéfices et laissées à la
disposition de la société jusqu'à décision contraire des organes de gestion. Il y a plusieurs
types de réserves; les réserves légales, les réserves statutaires, les réserves libres ou réserves
facultatives et les réserves temporaires ou report à nouveau.
1) Les réserves légales
Leur constitution est obligatoire. Elles sont faites à partir d'un prélèvement égal à un dixième
au moins sur le bénéfice de l'exercice. Ce prélèvement cesse d'être obligatoire lorsque les
réserves atteignent le cinquième du montant du capital social (Art.546-2). Les réserves
légales servent à renforcer le gage des créanciers; ainsi peuvent-elles servir à une opération
d'augmentation du capital. Elles pourraient aussi servir a combler les pertes de la société.
II s'agit d'un prélèvement facultatif fait sur les bénéfices distribuables. Organe de la société,
l'assemblée générale doit pouvoir constituer toutes les réserves qui lui paraissent nécessaires
pour renforcer les. moyens d'action de la société; notamment la possibilité de son
autofinancement. Mais le risque, c'est que les actionnaires majoritaires peuvent priver les
actionnaires minoritaires de leur droit au partage des bénéfices. C'est pourquoi, la décision
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de l'assemblée générale de ne pas distribuer tous les bénéfices doit être motivée par l'intérêt
de la société. Si tel n'était pas le cas, il y aurait abus de majorité.
II s'agit du report à nouveau qui est, juridiquement, une réserve de caractère temporaire
décidée par l'assemblée générale. Ce report à nouveau est la partie du bénéfice d'un exercice
qui n'est pas distribué et qui sera ajoutée au bénéfice de l'exercice suivant pour que les
actionnaires soient appelés à se prononcer à nouveau sur l'opportunité de sa distribution. Ce
report à nouveau est décidé par l'assemblée générale lorsque, par exemple, le bénéfice est
infime au point que toute distribution de dividendes aboutira à des sommes dérisoires.
C) Les dividendes
1) La notion de dividende
En cas de distribution de dividendes alors que la société n'a pas réalisé de bénéfices, il y aura
dividendes fictifs; de même il y a dividende fictif lorsque le bilan a été établi pour faire
apparaître un bénéfice qui n'existe pas; parfois aussi, il y a dissimulation de certains éléments
du passif ou alors les amortissements nécessaires ne sont pas pratiqués. La jurisprudence a
également admis qu'il y avait dividende fictif lorsqu'une société distribue ses réserves libres
en faisant croire qu'il s'agit de bénéfices provenant de l'exercice.
Les modalités de paiement sont fixées par l'assemblée générale ou par les dirigeants sociaux.
Toutefois le paiement doit intervenir dans un délai maximum de neuf mois après la clôture
de l'exercice, sauf prorogation de ce délai par le juge. Les paiements n'interviennent qu'une
fois que les prélèvements pour constituer les réserves ont été effectués. » Le principe est que
les dividendes sont répartis également entre actionnaires; ainsi deux actions de même
catégorie reçoivent un dividende identique.
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L'acte uniforme n'ayant prévu aucune solution particulière, les anciens principes demeurent
applicables; ainsi les actionnaires de bonne foi conservent les dividendes alors même qu'ils
sont fictifs; quant aux actionnaires de mauvaise foi c'est à dire ceux qui avaient connaissance
des inexactitudes comptables et financières, la société dispose d'une action en répétition
contre eux.
La société ayant une durée de vie, parfois, très longue, est amenée à subir les aléas liés à
l'exercice de son activité. Ainsi, selon qu'elle fait de très bonnes ou de très mauvaises
affaires, elle peut être amenée à une modification de son capital qui, pourtant, et par
principe, est intangible car constituant le gage des créanciers sociaux. Cette modification
peut s'analyser en une augmentation ou en une réduction du capital. Cette modification,
parce qu'elle implique une modification des statuts est de la compétence exclusive de
l'assemblée générale extraordinaire.
A) L'augmentation du capital
Par ce mécanisme, une société, en difficulté ou non, se procure les fonds nécessaires pour
son activité ou son expansion. S'agissant de capitaux propres, la société renforce son 'assise
financière et sa capacité d'autofinancement par rapport à l'emprunt obligataire qui accroît son
passif. Cette augmentation se réalise soit par émission d'actions nouvelles, soit par
majoration du montant nominal des actions existantes.
Dans ce cas, il y aura souscription de nouvelles actions; la procédure est identique à celle
mise en œuvre au moment de la constitution de la société.
a) Procédure
II faut une information préalable des actionnaires dans les conditions déterminées par l'acte
uniforme; c'est à dire par un avis personne! porté à leur connaissance, six jours au moins
avant la date d'ouverture des souscriptions. Il faut ensuite que le souscripteur signe un
bulletin de souscription en indiquant le nombre de titres souscrits, ensuite, les actions
souscrites doivent être libérées an fonction des modalités propres à chaque type d'apport.
Il faut, ensuite, une déclaration notariée de souscription et de versement attestant de la
régularité des opérations effectuées. Après quoi, le retrait des fonds pourra s'effectuer.
b) Le contenu de l'augmentation
Les actions nouvelles sont libérées, soit en espèces, soit en nature, soit par
compensation, soit par incorporation de réserves, bénéfices ou primes d'émission. Elles sont
émises soit à leur montant nominal, soit à ce montant majoré d'une prime d'émission pour la
sauvegarde des droits des anciens actionnaires.
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b-1) Par apports en numéraire
Son régime est identique à celui de l'apport en nature au moment de !a formation du capital;
sauf que le rapport du commissaire aux apports doit être déposé 8 jours au moins avant la
tenue de l'assemblée générale extraordinaire (au lieu de 3 jours au moment de la constitution
de la société).
C'est un droit d'entrée réclamé aux nouveaux actionnaires; ainsi si la valeur nominale de
l'action est de 10.000 F, il y aura, par exemple, une prime d'émission de 2.000 F en plus que
devront payer les nouveaux actionnaires.
Ce faisant, les anciens actionnaires ne sont pas lésés au regard de leurs droits sur les
réserves.
C'est un droit d'ordre public. Seule la volonté des actionnaires exprimée à travers une
assemblée générale extraordinaire peut supprimer, mais de façon ponctuelle, le droit
préférentiel de souscription. Ce droit est irréductible. Mais l'assemblée générale peut décider
expressément d'un droit réductible. Dans le premier cas, il s'agit de la possibilité pour tout
actionnaire dans une société anonyme de souscrire des actions de numéraire nouvelles
proportionnellement aux actions déjà détenues.
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Dans le second cas, la possibilité est offerte aux actionnaires de souscrire, à leur demande,
les actions qui n'ont pas été souscrites par ceux qui n'ont pas usé de leur droit préférentiel de
souscription. Les actionnaires peuvent, cependant, renoncer, mais alors à titre individuel, à
leur droit préférentiel de souscription au profit de personnes qu'ils choisissent ou même sans
indiquer pour qui ils renoncent.
Ceci se fait dans les sociétés prospères. Il s'agit d'apports internes; il n'y a donc pas
accroissement du patrimoine de la société. C'est sans doute pour cela que la décision est
prise par l'assemblée générale extraordinaire, mais statuant aux conditions de l'assemblée
générale ordinaire. La société va ainsi augmenter son gage vis-à-vis des créanciers en
convertissant les réserves, les bénéfices et les primes d'émission en actions. Ce mécanisme
est une simple écriture du point de vue comptable consistant à faire passer au compte capital
des sommes inscrites au compte réserves ou aux bénéfices. Au plan technique, i! y aura
distribution d'actions gratuites aux actionnaires. Cela est tout à fait avantageux pour les
actionnaires qui verront le nombre de leurs titres négociables augmenter.
II s'agit de l'augmentation du montant nominal des actions; ainsi pour un nominal de 10.000
F, la décision sera prise de l'augmenter a 20.000 F. Il n'y a donc pas création d'actions
nouvelles. Quelles sont les conditions de cette augmentation? Quelles sont ses modalités?
a) Conditions
b) Modalités
C'est une mesure qui intervient généralement lorsque la société éprouve des difficultés. Plus
rarement elle intervient en cas de prospérité; mais quand cela arrive, c'est qu'il s'agît de
réduire le capital pour ne pas avoir à recourir au reliquat des sommes versées partiellement
au moment de la formation du capital; celui-ci étant jugé déjà suffisant. Comment cette
réduction s'opère-t-elle?
1) conditions de forme
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La décision est prise par l'assemblée générale extraordinaire au vu d'un rapport
circonstancié du commissaire aux comptes. Pour lui permettre d'établir un tel rapport, il doit
être informé du projet de réduction au moins 45 jours avant la tenue de la réunion. Les
créanciers ont 30 jours depuis la publication de la décision de réduction pour faire leurs
oppositions. La réduction ne peut intervenir avant l'expiration de ce délai. La décision
intervenue, il faut procéder à une modification des statuts.
2) Procédés de réduction
II y en a deux :
L'inconvénient, dans ce cas est que ceux qui n'ont pas 3 actions seront
éliminés de la société. Maïs malheureusement, en cas de pertes, la société est parfois
obligée de procéder ainsi pour éviter la dissolution.
ou bien la réduction est motivée par des pertes; auquel cas, les créanciers ne
peuvent s'opposer à la réduction; car, comme pour les petits actionnaires en cas de
diminution des actions, ce passage est parfois obligé pour sauver la société.
Ou bien la réduction n'est pas motivée par des pertes; auquel cas, les
créanciers peuvent y faire opposition; seulement, il s'agit des créanciers dont la
créance est antérieure au projet de réduction du capital. Lorsque l'opposition est
fondée, ils devront être payés ou obtenir des garanties suffisantes.
Une fois la dissolution prononcée, la société devra être dissoute sauf si elle est
unipersonnelle.
A côté des causes communes de dissolution à toutes les sociétés commerciales, la société
anonyme sera dissoute par décision des associés prise au cours d'une assemblée générale
extraordinaire. De même, si du fait des pertes, les capitaux propres de la société deviennent
inférieurs à la moitié du capital social, la société peut être dissoute si la régularisation
n'intervient pas au plus tard à la clôture du deuxième exercice suivant le constat des pertes.
B) Effets de la dissolution
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II y aura liquidation de la société si elle est pluripersonnelle; et si l'actif social est supérieur
au passif, le boni de liquidation sera réparti entre les actionnaires proportionnellement au
nombre d'actions qu'ils détiennent, sauf clause contraire des statuts. En cas de pertes, la
responsabilité des actionnaires est limitée au montant de leurs apports. Dans le cas de la
société unipersonnelle, il n'y aura pas liquidation de la société mais transmission universelle
de son patrimoine à l'actionnaire unique après purge des oppositions des créanciers de la
société.
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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
- Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt
économique publié au JO n°53 du 22 décembre 1997 de la république de Côte d’Ivoire et
applicable depuis le 1er janvier 1998.
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